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L’Inflation est-elle essentiellement monétaire ? Le cas de la RDC

La Politique monétaire de la République Démocratique du Congo a fait de la stabilité


des prix son cheval de bataille. Elle s’inspire du courant monétariste qui stipule que
l’accroissement de l’offre de monnaie n’a pour effet à long terme que « l’inflation ».
D’après cette façon de voir les choses, l’inflation n’est qu’un phénomène monétaire de
par son origine, ses manifestations et sa propagation.

À ce sujet, Nsomue, J (NOTE) illustre un fait remarquable concernant l’inflation


congolaise qui avait atteint 526,6 % l’année 1999 contre 126,3 % une année plutôt
alors que pendant cette même année, la masse monétaire globale s’était… contractée
de 36,0 %.

Cet exemple, pris parmi tant d’autres, tend à prouver que l’inflation congolaise n’est
pas seulement et toujours d’origine monétaire. Il faudrait pour la maitriser, la saisir
sous toutes ses formes et en connaitre les causes.

C’est dans ce même ordre d’idée que Kabeya T (NOTE) estime que l’inflation
congolaise est loin d’être seulement d’origine monétaire ; pour sa part, il dresse une
liste des facteurs d’ordre structurels qui sont dus aux goulots d’étranglements et qui
expliqueraient les fluctuations de l’inflation qui rendent celle-ci presque insaisissable.

Ces facteurs sont entre autres :

1. L’extraversion élevée de l’économie congolaise qui fait que celle-ci reçoit


beaucoup plus des biens et services de l’extérieur et qui la rend très exposée à
l’inflation importée ;
2. La diversité constante des circuits employés par l’économie pour
s’approvisionner faisant que les conditions pour faire parvenir les produits sont
également diversifiées ;
3. Une hyper fragmentation de l’espace économique national engendrant des écarts
des prix à l’intérieur phénoménaux ;
4. L’étroitesse du secteur des échanges marchand caractérisé par une distribution
« poissonnière » ; Le climat des affaires délétère de la RDC induit que l’offre
peine à émerger d’où une inflation par manque d’offre et de concurrence.
5. Instabilité des modèles de consommation due au fait que les gens consomment
beaucoup plus sur base d’un réflexe de survie à cause de la faiblesse du revenu ;
6. Éventail étroit de financement des déficits publics qui souvent tentent le
gouvernement de céder à la séduction du financement monétaire qui mal utilisé
n’est porteur que des germes inflationnistes.

Caleb Mukadi est étudiant à la faculté des sciences économiques et de gestion/UNIKIN Page 1
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Par ailleurs, il sied de noter que le processus inflatoire passe par 4 étapes à
savoir :
• L’inflation courte et cumulative avec un taux d’inflation allant jusqu’à
2% l’an ;
• L’inflation rampante ou déclarée avec un taux de 3% à 5% pour les
économies développées et 3% à 20% pour les pays sous-développés ;
• L’inflation déclarée ou ouverte avec un taux d’inflation de 20% à 100% ;
• L’inflation galopante ou hyperinflation qui est caractérisée par un taux
d’inflation au-delà de 100%.

L’inflation a connu en RDC une évolution phénoménale pendant les deux


décennies passées et est donc passée toutes les étapes du processus inflatoire : dans un
tableau de KABUYA, K et TSHIUNZA, M (2006), le taux moyen d’inflation s’est
élevé à 60,6% de 1980 à1988, 1887,3% de 1989 à 2001, et de 18,86%1.

On pourrait bien se demander, quelle serait l’origine de l’inflation congolaise pendant


tout le processus inflatoire des années avant le vingt et unième siècle étant bien
entendu qu’en dehors des causes monétaires, l’inflation peut également être causée par
une insuffisance de l’offre à cause de la présence des coûts importants pour les
entreprises qui les répercutent sur leur prix de vente (inflation par les coûts), ou encore
comme le pense KABEYA, T, l’inflation peut être également causée par des
distorsions et des goulots d’étranglements au sein de l’économie et également par les
guerres qui perturbent la circulation des biens des lieux de productions vers les lieux
de consommations.

Par ailleurs, NGONGA, N et al (2011) affirment que seule l’inflation d’origine


monétaire peut franchir toutes les étapes jusqu’à l’hyperinflation alors que l’inflation
par les couts et /ou structurelle s’arrête seulement au niveau d’inflation modérée ou
rampante.

Pendant la décennie 1990, la principale cause de l’inflation est restée le déficit


budgétaire dont le financement se faisait par les avances de la Banque Centrale au
profit du Trésor qui conduisait à l’augmentation des prix intérieurs.

Cette situation a perduré durant toute la décennie, quand bien même la banque
centrale s’était fixé un seul objectif, celui de lutter contre l’inflation. L’inflation

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congolaise a connu toutes les phases possibles jusqu’à l’hyperinflation avant d’être
relativement maîtrisée en 2002 ; le taux d’inflation a été ramené de 511 % en 2000 à
135% en 2001 et 15,8% en 2002 (MUKOKO, S, 2002) suite à une cure (le programme
intérimaire renforcé-PIR-) administrée à l’économie congolaise par les bailleurs
internationaux comme condition préalable avant de renouer avec eux.

Tableau N°1 Tableau N°2

taux d'inflation taux d'inflation


12000
60
10000
50
8000
40
6000 tau
x 30
taux
4000 d'… 20 d'inflation
2000 10
0 0
2002

2010
1990
1992
1994
1996
1998
2000

2004
2006
2008

Par ailleurs, on peut constater comme ceci a été le cas dans certains pays en
développement qui souffraient d’hyperinflation, le processus de réforme débouche
parfois, une fois la crise passée, sur des taux de croissance bien supérieurs à ceux
pendant la crise (BRUNO, M, 1995). C’est ainsi qu’après la réforme du PIR, la série
de taux de croissance économique négatif a été rompue ; le taux de croissance
économique est passé de -2,1% en 2001 à 3,5% en 2002.

Après avoir cassé l’hyperinflation, l’inflation bien que faible a adopté un


comportement volatile (tableau N°2) qui continue de brouiller les anticipations des
agents économiques.

Cette situation démontre à suffisance que l’inflation congolaise est


multidimensionnelle et non seulement monétaire. Elle est plutôt due à d’autres
facteurs dont la faiblesse du tissu entrepreneurial qui rend les pays dépendants aux
aléas d’approvisionnement.

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