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« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

Epigraphe

« Banks were the happiest engines that were invented for spurring
economic growth »

Alexander Hamilton(1981)

i
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

Dédicace

A mon Père Gilbert Mukandila Dikebela et ma Mère Miandabu Lukusa


Joanne;

A Papa Mukadi Bonyi,

A Papa Germain Mulowayi kayembe

A Papa Guillaume Kalonji Muasa patoka

A Papa Jean Marie Kayembe

Vous m’avez toujours assisté moralement, matériellement et


financièrement.

Je vous dédie ce travail fruit de votre patience et de mon


assiduité au travail.

Caleb Mukadi

ii
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

Remerciements

Au terme de nos études de licence, nous remercions

infiniment notre Dieu pour nous avoir assisté au long de

ce parcours académique.

Nous tenons à remercier, le Professeur Omer

TSHIUNZA MBIYE, qui malgré ses multiples occupations a

accepté de diriger ce travail et au Chef de travaux Paul

LUWANSANGU dont le riche encadrement a permis la

rédaction de ce travail malgré ses multiples taches .

A mes frères Mushiya Mukandila Esperance ‘’hope’’,

MPOYI MUKANDILA Adonaï ‘’Jojo’’, NDAYA Séphora

MUKANDILA ‘’coucou’’, pour leur affection et leurs

encouragements durant ce parcours.

Que Freddy Nyamabo, Edouard YOMBO, Monique

MUSHIYA, Alain KABEMBA, J.P KAYEMBE, Evariste MBAYA,

Jean MPANYA, Pierre KAYEMBE, Anita Mushiya, Michael

MUKENDI, Merchior BUKASA, Bonyi MUKADI Jr, Pierrot

KAYEMBA, Emmanuel DIYOKA, Olivier MPINGA, Sandrine

NDAYA et Joly MULOWAYI mes frères trouvent ici

l’expression de notre amour pour eux.

Nous pensons également à ceux qui nous ont

toujours encouragé à tenir bon comme les Assistants

Remy NGEWAMPADIO, Alain MALATA, Eliane MANYONGA,

Oasis Kodila, Jonas Kibala, Gilles Bertrand UMBA, Eva

KABONGO, Bienaimé Koto.

iii
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

A mes amis : Man David KIALA, Patrick Basume,

Modeste Nyembo, Benedict Konso, Nathan Mwamba, joel

Mwamba, Pascal NTONDO, Tosta KAMBOLO, Guelord

KATAMBA, Ange Mayasi, doyen MBARUKU, Flore Djema,

Harmonie Bambi, Regine MBUYI, Benedicte MAKONGA,

Theresia BOY, Christelle, Yvette, sharonne Malanda,

Urbain Manoka, Melissa KAMUANYA, Rose Ngoma, Joelle

TSHIBANDA, Ernest MALANGU, Naomie MVUMBI, Kevin

NGUNZA, Massy NSAPU. La liste n’est pas exhaustive.

À tous les chérubins juniors et segnors Notament,

Damas Kasonga, Kady Kadima, Manassé Katuku, Frank

Mukanya, Christian KAMBAMBA, Aimé RAMAZANI, Mica

NDALA.

Nous ne pouvons pas oublier les familles LUHENGA

MALU, CIOWELA MATESU, MUKENA, MPINGA, MANUANA,

MBOYOLO, MUKENDI, KAMUNGA Carlos, KABANDA, et

toutes les autres qui ont d’une façon ou d’une autre

participé à la réalisation de ce travail ainsi que pour

leur soutient tant financier, moral que matériel.

Caleb MUKADI

iv
Liste d’abréviations et sigles
1. BCC : Banque Centrale du Congo
2. CADECO : Caisse d’Epargne du Congo
3. FMI : Fond Monétaire International
4. FPI : Fond pour la Promotion de l’Industrie
5. GECAMINES : Générale des Carrières des Mines
6. PIB : Produit Intérieur Brut
7. PIR : Programme Intérimaire Renforcé
8. PEG : Programme Economique du Gouvernement
9. Pm : Productivité marginale
10. PM : Productivité moyenne
11. PME : Petite et Moyenne Entreprise
12. PMI : Petite et Moyenne Industrie
13. PT : Production Totale
14. RDC : République Démocratique du Congo
15. SOFIDE : Société Financière de Développement
16. SONAS : Société Nationale d’Assurance
17. USA : United States of America
18. USD : United States Dollar

iv
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

LISTE DES GRAPHIQUES

N° Titre Page
1 Illustration de la loi des rendements non proportionnels 17
2 Evolution du taux de croissance économique de 1980 à 1989 41
3 Evolution du taux d'inflation de 1980 à 1989 42
4 Evolution du taux de croissance économique de 1990 à 2001 43
5 Evolution du taux d'inflation de 1990 à 2001 45
6 Evolution su taux de croissance économique de 2002 à 2012 46
7 Evolution du taux d'inflation de 2002 à 2012 48
8 Evolution du total bilantaire des banques de 2006 à 2012 56
9 Evolution des crédits de 2005 à 2012 56
10 Evolution des dépôts de 2005 à 2012 56
11 Répartition des crédits en fonction de leur nature en RDC 57
12 répartition des crédits selon l'horizon temporel 57
13 répartition des dépôts selon l'horizon temporel 58
14 Evolution des crédits de 2005 à 2012 62
Réponse du taux d'inflation aux chocs sur le taux de
15 croissance 73
16 Réponse du taux d'inflation aux chocs sur le crédit bancaire 74
17 Réponse du taux d'inflation aux chocs sur l'intermédiation 74
18 Réponse du crédit bancaire aux chocs sur le taux de croissance 75

LISTE DES TABLEAUX

N° Titre Page
1 Evolution du taux de croissance par secteur de 1990 à 2001 44
2 Participation sectorielle au PIB de 2002 à 2012 47
3 Décote de la monnaie scripturale de 1992 à 1997 49
4 Evolution des crédits par secteurs d'activité de 2005 à2012 59
5 Nombre des guichets bancaire par province 61
6 Etude de la stationarité des variables 68
7 Détermination du décalage optimal 69
8 Résultats des estimations 72
9 Décomposition de la variance du taux de croissance 76
10 décomposition de la variance du crédit bancaire 76
11 Décomposition de la variance de l'intermédiation 77
12 Décomposition de la variance du taux d'inflation 77

LISTE DES SCHEMAS

N° Titre Page
1 Système financier d'une nation 25
2 La crise bancaire en RDC 51
3 Structure du système financier 54
4 Schéma de causalité des variables 71

v
0. INTRODUCTION
« Tout passe d’abord par le « fictif », c’est-à-dire, l’imaginaire des savants »

R.E. LUCAS

1
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

1. Problématique de la recherche

La croissance économique demeure d’actualité dans la littérature économique et


dans les débats d’économistes. Elle s’avère même être d’après R. Lucas et R.E
Barro, l’un des phénomènes les plus passionnants de la science économique. En
effet, tout pays aspire au bien-être et ce dernier n’est envisageable que dans un
contexte d’accumulation des richesses conduisant à la croissance économique.

La théorie de la croissance est à ce jour très abondante, et elle s’éclate en deux


blocs : la théorie de la croissance dite exogène et celle dite endogène. Les deux
tendances reconnaissent bien le rôle moteur du progrès technique dans la
croissance économique. Les modèles traditionnels de la croissance économique
ont ignoré le rôle du système financier et plus particulièrement des banques
dans la croissance économique. D’après ces modèles, le progrès technique qui
est le moteur de la croissance économique est exogène.

En partant de la théorie développée par les néoclassiques avec Solow en tête, la


croissance économique est optimale et équilibrée. Il n’y a aucune justification
pour la politique économique car le progrès technique qui en est le moteur est
exogène et est considéré comme un « bien libre »1. Les modèles de croissance
endogène quant à eux, accordent aussi une grande importance au progrès
technique, mais par contre, affirment qu’il est endogène et par conséquent, il a
besoin d’être financé. C’est dans cette optique que l’intégration des banques
dans l’analyse de la croissance économique devient possible et permet le
financement de l’innovation.

L’importance des banques dans le financement de l’innovation passe par le fait


que les banques permettent une allocation d’une grande quantité d’épargne aux
projets d’investissement. Selon SCHUMPETER, « les banques constituent à la
fois un mécanisme de sélection des innovations et un mode de contrôle des
entreprises qui en sont à l'origine 2 »; en outre, souligne-t-il, les banques doivent
financer les investissements en innovation et la croissance. Elles ne se limitent
donc pas au prêt de court terme et à l’encaisse de transaction mais interviennent
dans la création du capital3. La littérature de la croissance endogène soutient

1
DARREAU, P., Croissance et politique économique, de Boeck, Bruxelles, 2003, p .32.
2
LAGUERRE, L., « Le crédit et le capitalisme : la contribution de J. A SCHUMPETER à la théorie monétaire »,
in cahier d’économie politique CAIRN, L’Harmattan, paris, 2006, p. 259.
3
DIATKINE, S., Les fondements de la théorie bancaire : des textes classiques aux débats contemporains, éd.
Dunod, Paris, 2002, p. 53.

2
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

qu’un système financier et bancaire développé favorise la croissance


économique.

Par ailleurs, l’économie congolaise depuis 2002 a rompu avec les années de
décroissance et a gardé la même performance jusqu’à ce jour comme l’illustre
le taux de croissance dont l’évolution est restée positive de 2002 à 2012, avec un
taux moyen de 5,98%.

Cependant, malgré cette performance macroéconomique, la RDC dispose d’un


système bancaire encore embryonnaire et dont le rôle et la participation aux
performances actuelles restent à examiner.

Pour ce faire, les préoccupations essentielles de notre étude tournent autour des
questions ci-après :

- Le système bancaire congolais garantit-il une croissance auto-entretenue ?


- les crédits bancaires en RDC sont-ils de nature à soutenir la croissance
économique?

2. Hypothèse de recherche

En vue de répondre à la question soulevée ci-haut, nous émettons les hypothèses


ci-dessous, et ce travail est appelé à les tester:

- Le système bancaire congolais ne garantit pas une croissance auto-


entretenue ;
- Les crédits bancaires ne sont pas de nature à soutenir la croissance
économique en RDC.

a. Objet de l’étude

L’objet de cette étude est « le système bancaire congolais » et plus


particulièrement les banques commerciales qui sont censés financer l’économie
par une allocation optimale des ressources à tous les secteurs économiques.
b. Objectifs de l’étude

Ce travail poursuit deux objectifs, à savoir :


 dresser la revue de la littérature sur le rôle des banques dans l’économie,
notamment la relation existant entre le système bancaire et la croissance
économique ;

3
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

 déterminer les facteurs qui empêchent le système bancaire de jouer son


rôle dans l’économie congolaise et qui font de lui un obstacle à une
croissance auto-entretenue et autodynamique.

c. Intérêt de l’étude

La présente étude revêt un double intérêt scientifique et pratique.

Au plan scientifique, elle va dans le même sens que les travaux que nous avons
énumérés dans la revue de la littérature, qui analysent la relation système
financier et croissance, en Haïti, au Sénégal et ailleurs. Mais pour sa part, cette
étude se veut originale du fait qu’elle vérifie si les conclusions trouvées ailleurs,
et principalement sur le sens de causalité, se vérifient aussi pour le cas de la
RDC.

Au le plan pratique, elle vise à donner aux concepteurs des politiques


macroéconomiques des informations précises sur le rôle du système bancaire
afin que ceux-là puissent savoir comment le système financier congolais agit et
réagit en rapport avec d’autres indicateurs économiques comme la croissance
économique.

d. Méthodologie et techniques de recherche

Etant donné que toute démarche scientifique requiert une méthodologie, la


présente étude utilise deux méthodes des sciences sociales, à savoir la méthode
dialectique et la méthode historique.

La méthode dialectique consiste en une théorisation de la relation et s’occupe


du problème de cohérence en opposant une thèse et une antithèse. La relation
entre le système financier et la croissance selon certains auteurs va de la
croissance économique au système financier et pour d’autres par contre la
relation va du système financier à la croissance économique. Ce travail pour sa
part, partira de la relation banques (système financier) vers la croissance comme
thèse, de la relation croissance économique vers le système bancaire (système
financier) comme antithèse pour aboutir à une synthèse qui traduira la relation
existant pour le cas spécifique de la RDC ;

La méthode historique aide l’historien ou l’économiste pour notre cas, à


construire son récit. Dans la présente étude, elle a permis d’une part, de pouvoir
rendre compte de l’évolution des théories de la croissance économique à travers

4
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

le temps et d’autre part, de tracer l’évolution économique de la RDC dans le


temps.

Les techniques: ce travail a connu l’utilisation de la technique documentaire et


la technique descriptive accompagnées de l’économétrie pour tester les relations
entre les indicateurs retenus.

e. Délimitation spatio-temporelle

La présente étude s’étale sur la période allant de 1980 à 2012. Notre choix se
justifie du fait que pendant cette période, l’économie congolaise a connu deux
grande phases, notamment une décroissance du produit intérieur brut couplée
avec une diminution du nombre des banques pendant la décennie 1990 et une
croissance du produit intérieur brut couplé avec une augmentation des banques
durant la décennie 2000.

Sur le plan spatial, l’étude se base sur la République démocratique du Congo, et


principalement sur le système bancaire de toute la République.

3. Canevas du travail

Hormis l’introduction et la conclusion, le présent travail est constitué de trois


chapitres ; le premier chapitre concerne les « Considérations générales sur les
banques et la croissance économique »; le deuxième chapitre présente
l’évolution économique et le système bancaire de la RDC»; le troisième chapitre
quant à lui fait une « analyse empirique de la relation banques et croissance
économique en RDC ».

5
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

CHAPITRE I. Considérations générales


« Les idiots ignorent la complexité.
Les pragmatiques en souffrent.
Certains parviennent à l’éviter,
Mais les génies la suppriment. »

Alan J. Perlis.

6
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

Pour rendre intelligible cette étude, certains concepts clés auxquels elle se
rapporte régulièrement seront clairement expliqués et contextualisés dans ce
chapitre. A cet effet, ce chapitre comportera trois sections. La première section
va s’intéresser aux notions relatives à la croissance économique. La deuxième
section traitera des banques et du système financier de manière générale tout
d’abord et en suite spécialement en RDC. La troisième section qui boucle ce
premier chapitre fera une revue de la littérature sur la relation « système
financier bancaire et croissance économique ».

1.1. La Croissance économique

La croissance économique selon François PERROUX, est un processus continu


et soutenu dans le temps d’élévation du produit intérieur réel d’une économie
dans le temps. Cette définition a été critiquée par certains auteurs pour qui il est
préférable de parler en termes de « croissance de la production réelle par
habitant »car une croissance du produit intérieur brut réel inférieure à celle de
la population n’est pas en soi une croissance économique. C’est notamment le
cas des économistes du développement.

Certains économistes, notamment R. LUCAS et R.E. BARRO estiment que la


croissance économique est l’un des phénomènes les plus passionnants de la
science économique. Ceci peut se justifier par le fait que la compréhension du
phénomène croissance permet de rendre compte non seulement du processus
d’enrichissement des nations mais aussi du creusement des écarts de niveau de
vie entre pays riches et pauvres. Etant donné que tous les hommes aspirent au
mieux-être et que les performances économiques débouchent sur des revenus
accrus et des plus grandes possibilités en termes de consommation et de loisir, la
réalisation de la croissance économique constitue un objectif majeur de la
politique économique et des politiques de développement 4. De là, plusieurs
économistes se sont proposé d’analyser la croissance économique afin d’en
comprendre les facteurs déterminants.

L’analyse de la croissance part d’une fonction de production pour avoir une idée
des relations qu’il y’a entre la production et les facteurs qui sont à la base de sa
réalisation, soit :

4
NSHUE. M., « Macroéconomie de long terme », Notes de cours de licence en économie mathématique, inédit,
UPC, 2010, p. 48.

7
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

Y = AF(K, L) (1)

Dont, Y= le PIB de l’économie,

K= le capital ;

L= le travail ;

A= le progrès technique.

En partant d’une fonction de production de type Cobb-Douglass, mettant en


relation les différents éléments de l’équation (1) les théories de la croissance
permettent de déterminer les sources de la croissance économique :

(2)

Les paramètres α et (1-α) représentent les élasticités de substitution entre le


facteur travail et le facteur capital, et leur somme indique la nature des
rendements d’échelle. Pour la fonction ci-dessus, les rendements d’échelle sont
constants parce que la somme des élasticités est égale à 1.

Par déterminants ou sources de la croissance économique, il faut en définitive


entendre tous les facteurs qui contribuent à l’accroissement de la production de
l’économie dans le temps. L’importance de ces facteurs diffère en fonction de
leurs effets sur la production, lesquels effets peuvent être des effets de court
terme ou des effets de long terme. Plusieurs facteurs sont traditionnellement
invoqués pour expliquer le processus de croissance économique. Leur recours et
la justification liée à leur utilisation ont suivi le développement de la pensée
économique. Les premiers économistes s'intéressaient principalement à
l'accumulation du capital physique et l’accroissement de la main-d’œuvre pour
expliquer les variations de la production. Ainsi, l’investissement et
l’accroissement de la population active sont considérés comme les premières
sources de la croissance. Ils entraînent un élargissement des possibilités de
production de l’économie en ce qu’ils accroissent la capacité productive du
pays. Il sied de noter que l’accumulation du capital physique devrait se faire à
un rythme supérieur à la croissance de la population active pour que l’intensité
capitalistique et le produit par tête augmentent 5.

L'échec très vite de certaines politiques de développement, alors même que des
économistes ayant opté pour des choix économiques différents prenaient leur
5
NSHUE, M., op.cit. p.10.

8
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

essor, a remis en cause la relation absolue entre croissance et investissement.


C’est à cause de ces limites que le progrès technique est considéré actuellement
comme la troisième source de la croissance économique et comme facteur
pouvant expliquer les différences de productions à l’instar des facteurs
traditionnels. Le progrès technique mesure l’amélioration de la technologie de
production « A ». Quand il y a progrès technique ou amélioration de la
technologie de production des biens, avec une même intensité capitalistique, le
travailleur atteint un niveau de production supérieur à celui d’avant. Ceci revient
à dire que le progrès technique conduit à une amélioration de la productivité de
l’économie ou des travailleurs qu’emploie l’économie.

Par ailleurs, suivant l’évolution de la pensée économique, la croissance


économique a connu une évolution en rapport avec chaque courant de pensée en
partant des classiques en passant par les néoclassiques jusqu’ aux nouvelles
théories de la croissance économique à ces jours.

1.1.1. La croissance économique chez les classiques

Pour les classiques, l’augmentation de la production provient de l’accumulation


des facteurs traditionnels (capital et travail) mais en admettant la présence des
rendements décroissants6.

Cette hypothèse de rendements décroissants amena les classiques à conclure


qu’à long terme la croissance doit disparaître et s’annuler vers un état
stationnaire et que la croissance durable n’est pas possible.

La dynamique du système repose sur l’accumulation du capital. Elle entraîne


une hausse de la demande de main d’œuvre qui induit des salaires plus élevés
que leur niveau normal jusqu’à ce qu’un ajustement malthusien par la
démographie se mette en place. Si on a plus de travailleurs, la production
augmente et l’on met en culture des terres de moins en moins productives ce qui
tend à élever le prix du grain et la rente foncière qui est définie comme la
différence entre le coût de production sur une terre donnée et le prix du marché
qui est lui égal au coût de production de la terre la moins productive. Du fait que
le salaire est défini comme le minimum vital, il augmente également. Ainsi les
salaires et la rente augmentent au détriment des profits qui vont s’abaisser
jusqu’à ce que l’investissement, c’est-à-dire l’accumulation du capital, s’arrête.
En effet, les profits qui sont définis comme un revenu résiduel, c’est-à-dire la
6
C’est-à-dire que plus on ajoute la quantité des facteurs de production, la quantité produite augmente de plus en
plus faiblement au fur et à mesure qu’on ajoute encore les facteurs.

9
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

part du revenu non captée ni par les travailleurs ni par les propriétaires fonciers,
est le motif de l’accumulation. Il doit être suffisamment intéressant pour que le
capitaliste investisse. Si l’accumulation du capital s’arrête on a moins besoin de
travailleurs, l’on va arrêter de cultiver les terres les moins fertiles, les salaires
vont donc baisser et il y a une stabilisation de l’économie vers un état
stationnaire (GUELLEC et RALLE, 1995)7.

En partant de cette théorie “ classique ”, les “ fondamentalistes ” du capital


(Lewis 1954 ou Rostow 1960) estiment que l’accumulation du capital est le
facteur clé de la croissance.

En bref, bien que KARL MARX et SCHUMPETER donnaient déjà pour l’un
l’importance à l’accumulation continue du capital et pour l’autre l’importance
de l’innovation pour soutenir la croissance économique, les classiques se
mettent tous d’accord sur le fait que la croissance tend à s’épuiser à long terme.
Par contre, au cours des années, les faits ont prouvé le contraire : en considérant
les données de long terme BARRO et DE LA FUENTE, (1997) observent des
taux de croissance par habitants positifs et persistants pendant plus d’un siècle
sans tendance à la baisse. C’est dans cette optique que le courant néoclassique a
tenté de formuler un modèle permettant d’éviter la décroissance des rendements
à long terme.

1.1.2. La croissance économique chez les keynésiens

Tout en intéressant épisodiquement les économistes RAMSEY et YOUNG


(1928), SCHUMPETER (1934), KNIGHT (1944) la problématique de la
croissance disparait de la scène pendant une longue période, la théorie de la
croissance n’a été ravivée que plus tard avec les travaux des keynésiens
HARROD (1939) et DOMAR (1946) 8.

Les modèles de DOMAR et HARROD s’interrogent sur les possibilités d’une


croissance équilibrée. Ils cherchent à rendre compte des conditions et des
caractéristiques d’une économie capitaliste en croissance 9. Ces modèles se
basent sur la théorie keynésienne, mais dépassent celle-ci par le fait qu’ils
poussent leurs analyses vers le long terme et considèrent que l’investissement
est un facteur qui accroit les capacités de production dans le long terme et qui

7
NATHALIE, A., FRANCOISE, N, « Théorie de la croissance : les leçons pour les pays en développement », in
Revue sélective de la littérature théorique et empirique, Paris, 2002, p.2.
8
RODOLPH, E., et MURAT, Y, « Croissance économique », Working paper, Paris, Novembre 2008, p.8.
9
MR DIEMER, « Economie générale », cours dispensé à l’université IUFN AUVERGNE, France, 2009, p.5.

10
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

constitue un moteur de la croissance, alors que KEYNES réfléchissait à court-


terme et ne considérait l’investissement que comme un déterminant de la
demande. C’est ainsi que certains auteurs qualifient ces modèles de « modèles
postkeynésiens ».

L’analyse de HARROD et DOMAR se fonde sur la théorie keynésienne qui se


base sur le modèle ci-dessous :

(1)

(2)

Avec,

(3)

(2) et (3) dans (1) implique que :

(4)

(5)

* +[ ] (6)

En supposant que la consommation autonome C 0 est nulle, la consommation


est égale à çY et d’après l’équation (1),

Y= kI0 avec k qui représente le multiplicateur keynésien * +

L’investissement à court terme reste exogène chez Keynes.

En prolongeant l’ analyse dans le long terme, HARROD et DOMAR se posent


la question : qu’arriverait-il au modèle Keynésien si on s’inscrivait dans une
analyse de long terme ?

Pour répondre à cette question, ils passent par la notion d’accélérateur pour
analyser la stabilité de la croissance dans le long terme. Ils considèrent pour leur
part non plus I0 mais plutôt Iy pour passer d’une analyse statique (keynésienne)
11
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

à une analyse dynamique (postkeynésienne).Cette analyse repose sur trois


équilibres :

- Investissement-Epargne : I= sY
- Utilisation maximale des capacités de production : I= βΔY= uΔY
t
- Plein emploi du facteur travail : L= VY=L0[1+n]

HARROD et DOMAR considèrent une fonction de production


complémentaire avec des coefficients techniques u et v:

[ ]

La production est fonction du facteur de production le moins abondant. Pour le


cas de HARROD et DOMAR dans le contexte de la crise de 1929, c’est le
capital qui était le facteur le moins abondant. Ainsi,

(1.2)

(1.3)

(1.4)

Étant donné que I=S,

g est appelé taux de croissance effectif, il représente le rythme auquel croit


effectivement le revenu national dans l’économie.

À ceci, il faudrait également ajouter le taux de croissance naturel qui est le taux
de croissance compatible avec la résorption du chômage. C’est-à-dire que la

12
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

croissance de l’économie doit avoir un même rythme avec la croissance


démographique afin de garantir l’emploi à toute la population active.

C’est ainsi que pour HARROD et DOMAR, la croissance est dite équilibrée si
elle respecte l’égalité ci-dessous :

Cependant, en pratique, en pratique cette égalité est quasi impossible ou à la


limite ne peut résulter que du hasard d’autant plus que :

 le taux d’épargne dépend des choix d’épargne des ménages ;


 le coefficient technique représente le degré de développement de la
technologie ;
 le coefficient d’accélération reflète l’optimisme des investisseurs ;
 le taux de croissance démographique dépend des choix de fécondité et
du planning familial des ménages de la société.
 la croissance est donc instable dans le long terme pour HARROD et
DOMAR. C’est la notion d’équilibre sur le fil de rasoir :

Ils rejoignent KEYNES du fait que la difficulté d’obtenir une croissance


équilibrée nécessite l’intervention de l’Etat.

Ce modèle a été fortement critiqué et principalement par SOLOW qui dans


son modèle néoclassique part d’une fonction de production à facteurs
continuellement substituables contrairement à HARROD et DOMAR qui
ont fait allusion à une fonction de production avec facteurs de production
complémentaires.

1.1.3. La croissance économique chez les néoclassiques« le modèle de


SOLOW »
Le modèle néoclassique tente de dépasser le pessimisme de la vision classique
pour qui la croissance s’annulerait à long terme. De ce fait, les néoclassiques et
principalement SOLOW (1956), introduisent une variable de« progrès technique
exogène », ce qui permet un déplacement au cours du temps de l’équilibre
économique de telle sorte que le niveau d’activité est de plus en plus élevé. Les
résultats du modèle ont montré que la croissance à long terme dépend du taux

13
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

de croissance de la population et du progrès technique (lui-même fonction de


l’évolution de la technologie).

1.1.3.1. Présentation du modèle de SOLOW

Le modèle de SOLOW (1956) est un prolongement de l’équilibre général


statique à un cadre dynamique. Il décrit une économie fermée concurrentielle,
avec un bien unique (noté Y) produit par une technologie néoclassique F (celle à
rendements d’échelle constant), supposé du type Cobb-Douglas pour raison de
simplification. Le progrès technique (noté A) est neutre au sens de HARROD
(il améliore l’efficacité de travail). Il n’y a ni biens publics, ni monopoles et la
croissance est équilibrée et optimale ce qui ne laisse aucune justification à la
politique économique 10.
Dans le modèle de SOLOW, les variables endogènes sont la production réelle
(Y), l’investissement (I), la consommation (C) et le stock de capital physique
(K).
Tandis que l’évolution de l’emploi total (L), l’évolution de l’indice d’efficacité
de l’input travail (A), le taux d’épargne (s) et le taux de dépréciation du capital
physique sont supposés exogènes. Ce modèle suppose par ailleurs qu’il n’y
aucune justification pour la politique économique de croissance puisque celle-ci
ne dépend que de l’évolution du progrès technique (x) et de la population (n)
l’état régulier, soit (g=x+n) .
Le modèle est ainsi identifié, et en voici la structure théorique 11:

……………………………………… (1)

…………………………………………..(2)

̇ …….….(3)

[ ]………………………………….(4)

………………………(5)

C’est-à-dire : ∫ ∫ ∫ L’exponentielle de ces


deux membres nous donne ce qui suit (avec , :

(Cfr développement précédent)…..(6)

10
DARREAU, P., op cit, P32.
11
Lire à ce sujet, KIBALA, K, (2010), et Darreau. P. (2003).

14
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

̅ …………………………………………….(7)

̅ ……………………………………………..(8)

1.1.3.2. Hypothèses du Modèle

Le modèle de SOLOW est basé sur les hypothèses suivantes :

H1 : La concurrence pure et parfaite : dans ce modèle, les agents sont price


takers.
H2 : L’économie considérée est fermée, avec un bien unique qui sert à la fois à la
production et à la consommation. Ce bien est produit selon la technique de
production au sens de HARROD : Cfr l’équation 4 ci haut. Il est
supposé également l’équilibre sur le marché des biens et services : .
La quantité produite de ce bien correspond à la quantité consommée et investie.
H3 : Le taux d’épargne (s) ne change pas avec le temps, il est exogène : .
C’est la fraction constante du revenu après avoir consommé (Y-C).
H4 : Le marché des capitaux est supposé en équilibre tel que la coordination des
stratégies des agents privés et le plein emploi des facteurs de production sont
assurés. Dans une économie fermée, l’investissement est par définition la fraction
non consommée de la production/l’épargne : .
H5 : L’investissement est tel qu’il accroît le stock de capital physique dans le
temps : ̇ . A long terme, le capital s’use et son stock se
déprécie au taux constant « », et l’accroissement net du capital est :
̇ .
H6 : La population employée croît à un taux exogène constant « n » (avec A0, le
niveau initial de l’emploi):
ou, DL/L= n
Et il y a équilibre sur le marché de l’emploi : Ld=Ls
H7 : La fonction de production est de type « néo-classique » ; de ce fait, elle
vérifie des propriétés impliquant l’existence, l’unicité et la stabilité de l’équilibre.
Ces propriétés sont :
Rendements factoriels : Les productivités marginales du capital
et du travail sont positives et décroissantes. Autant dire que
lorsque la quantité d’un input augmente, la production s’accroît ; mais cet
accroissement diminue au fur et à mesure que la quantité du facteur s’élève :

Rendements d’échelle constants : soit . Suivant le


théorème d’EULER, le degré d’homogénéité de correspond à la
somme des élasticités de l’out put par rapport à tous les inputs qu’elle utilise si
la relation suivante est divisée par Y : . Cette

15
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

propriété permet de travailler avec la forme intensive de la fonction de


production et les variables par tête efficaces suivantes :

̅ ̅

Conditions d’Inada :

1ère Condition :

L’augmentation progressive des facteurs de production a pour


conséquence l’augmentation moins que proportionnelle de la
production jusqu’à atteindre le maximum (ce qui correspond à la
nullité de la productivité marginale). Graphiquement, cela peut
s’illustrer comme suit :

GRAPHIQUE N°1 :Illustration de la loi de rendement non proportionnel


Maximum
PT PT *
PT : Production Totale
PM : Productivité Moyenne
Pm : Productivité marginale

PM K, L
0

Pm Pm = 0

2ème condition : Ceci implique que l’absence de


l’un des facteurs a pour conséquence l’arrêt de la
production d’autant plus qu’ils sont globalement
complémentaires au sens d’Isidore EDGEWOLTH (FKL
.
H9 :Le progrès technique est neutre au sens de HARROD augmentant
l’efficacité du travail : F(K,AL), Cfr l’équation 3.4. Cela implique que le travail
et le progrès technique jouent un rôle similaire. Comme pour l’augmentation

16
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

implicite du travail, le progrès technique croit à un taux exogène constant


̇
(la valeur initiale de l’indice
d’efficacité du travail) est normalisé à 1, ce qui fait que tout se passe comme si
le facteur travail efficace (AL) croissait au taux
.
Bien que le modèle de SOLOW reste la référence de la théorie néoclassique de
la croissance économique, telle qu’on la conçoit aujourd’hui, elle a été
développée successivement par RAMSEY (1928), SOLOW (1956), SWAN
(1956), CASS (1965) et KOOPMANS (1965).

Dans son article intitulé « A Contribution to the Theory of Economic Growth »


et paru en 1956 dans the Quarterly Journal of Economics, ROBERT SOLOW
(prix Nobel en 1987) attribue l’origine de la croissance par tête au montant de
capital technique investi (machines, équipements, logiciels, infrastructures…).
Lorsque l’investissement par tête dépasse le montant de la dépréciation du
capital par tête existant, chaque travailleur dispose d’un équipement plus
performant et peut produire davantage. Toutefois, lorsqu’on augmente le capital
par tête, la production augmente, mais pas de façon proportionnelle (c’est le
principe des rendements décroissants). Ainsi à force d’augmenter le capital par
tête, il arrivera un moment où la production par tête augmentera moins vite que
cela ne coûte. La croissance par tête va cesser, c’est ce que SOLOW appelle
l’état régulier.

L’état régulier dépend du coût relatif du capital. Si ce dernier diminue (un


renchérissement du coût du travail incitera les entreprises à substituer du capital
au travail), alors l’investissement par tête va augmenter de nouveau jusqu’à ce
qu’un nouvel état régulier soit atteint.

Ce modèle rend compte de plusieurs faits importants : Le niveau de production


d’un pays est déterminé par l’investissement par tête qui y est effectué. Tant que
le niveau d’état régulier n’est pas atteint, un investissement supplémentaire est
toujours générateur de croissance économique. Entre deux pays, celui qui
investit moins, a une croissance moindre. Il explique les phénomènes de
rattrapage des pays qui ont commencé leur croissance économique plus
tardivement. L’hypothèse retenue par ce modèle, c’est la propriété de
convergence (plus le niveau de départ du PIB/hab est faible, plus le taux de
croissance attendu est élevé).C’est le cas de la France vis à vis des Etats Unis
entre 1950 et 1970, du Japon entre 1960 et 1980. Le modèle de Solow délivre un

17
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

message optimiste : tous les pays qui font un effort d’investissement, sont
susceptibles de connaître une croissance économique.

A terme, on se dirige vers une convergence, puisque tous les pays proches de
leur état régulier connaissent, pour un taux d’investissement donné, une
croissance plus faible que celles des pays qui en sont moins proches. Si tous les
pays étaient identiques (à l’exception de leur intensité de départ en capital) : la
croissance des pays les plus pauvres serait plus rapide que celle des pays les plus
riches. Si tous les pays sont hétérogènes (propension à épargner, accès à la
technologie, taux de fécondité…), la convergence ne se réalisera qu’à certaines
conditions : le taux de croissance est d’autant plus élevé que le PIB de départ par
habitant est faible par rapport à sa situation d’équilibre de long terme. La
propriété de convergence tient à l’existence de rendements du capital
décroissants. Les économies qui ont un niveau de capital/travailleur faible (par
rapport à son niveau de long terme), tendent à avoir des niveaux d’équilibre et
de croissance plus élevés. Il s’agit d’une convergence conditionnée car les
niveaux d’équilibre du capital et de la production/travailleur dépendent de la
propension à épargner, du taux de croissance démographique…

Le modèle de SOLOW met en lumière ce que l’on a coutume d’appeler la règle


d'or. Cette dernière consiste à déterminer le taux d'épargne « s » associé au
capital par tête « k » qui permet la plus grande consommation par tête à chaque
instant. Ce taux d'épargne est tel qu'il conduit à une formation de capital dont la
productivité marginale est égale au taux de croissance de l'économie. La règle
d'or s'écrit alors : Productivité marginale du capital = Taux de croissance de
l'économie. Si on suppose que le taux d'intérêt réel est donné par la productivité
marginale du capital, la règle d'or devient : Taux d'intérêt réel = Taux de
croissance de l'économie.

Dans le modèle de SOLOW, on attribue l’origine de la croissance par tête au


montant de capital technique investi (machines, équipements, logiciels,
infrastructures…). Lorsque l’investissement par tête dépasse le montant de la
dépréciation du capital par tête existant, chaque travailleur dispose d’un
équipement plus performant et peut produire davantage. Toutefois, lorsqu’on
augmente le capital par tête, la production augmente, mais pas de façon
proportionnelle (c’est le principe des rendements décroissants). Ainsi, à force
d’augmenter le capital par tête, va venir un moment où la production par tête
augmentera moins vite que cela ne coûte. La croissance par tête va cesser, c’est
que SOLOW appelle l’état régulier. L’état régulier dépend du coût relatif du

18
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

capital. Si ce dernier diminue (un renchérissement du coût du travail incitera les


entreprises à substituer du capital au travail), alors l’investissement par tête va
augmenter de nouveau jusqu’à ce qu’un nouvel état régulier soit atteint. Le
modèle de SOLOW repose sur des hypothèses de type néoclassique : toute
l’épargne est investie, les rendements sont décroissants, la substitution du capital
au travail (selon les coûts relatifs de l’un à l’autre), la concurrence empêche
l’existence de rentes de monopole et de comportements Price-maker.

Dès lors, le taux de croissance/habitant de long terme devenait entièrement


déterminé par une variable exogène : le taux de progrès technique. Et comme le
taux de croissance à long terme dépend aussi d’une donnée exogène (le taux de
croissance démographique) on se retrouve avec un modèle qui n’explique pas la
croissance à long terme, mais simplement le fait que la tendance à la stagnation
du produit par tête pouvait être évitée suite à un progrès technique miraculeux
(engendrant des effets externes positifs). De ce fait la politique économique ne
peut pas permettre d’assurer la croissance économique de long terme qui dépend
d’éléments exogènes (progrès technologique et croissance démographique).

1.1.4. De la croissance économique exogène « le modèle de SOLOW », à la


croissance endogène

Les travaux des années suivantes se sont efforcés d’apporter une solution à la
croissance de long terme, en proposant une théorie du progrès technique. Les
hypothèses de la concurrence doivent alors subir quelques modifications : dose
minimale de non-rivalité (caractéristique des biens publics), existence
d’hypothèses de rendements constants des facteurs de production (travail non
qualifié, capital, terre), voire possibilité de rendements croissants.

ARROW (1962) et SHESHINSKI (1967) ont alors proposé des modèles dans
lesquels les découvertes étaient des retombées de la production ou de
l’investissement (mécanisme décrit comme l’apprentissage). Chaque découverte
a des retombées immédiates sur l’économie (diffusion rapide). Le modèle de
Solow fût enrichi en y intégrant la notion d’investissement en capital humain.
Sous l’impulsion de GREGORY MANKIW, DAVID ROMER et DAVID
WEIL, la notion d’investissement en capital humain fût assimilée à un
investissement de court terme. Si une formation permet de transformer du travail
non qualifié en travail plus qualifié, donc d’utiliser des équipements plus
complexes et d’en tirer meilleur profit, le niveau technologique du pays
augmente de même que son état régulier et son rythme de croissance. Certes, ce

19
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

modèle continue à faire appel au progrès technique exogène pour expliquer que
la croissance ne se ralentit pas au fur et à mesure que l’on se rapproche de l’état
régulier. Toutefois, l’investissement en capital humain permet d’endogénéiser
une partie de ce progrès technique. Dans cette problématique, la formation rend
l’apport du facteur travail plus efficace, ce qui contribue à stimuler la croissance
économique sans qu’il soit nécessaire de faire appel autant que dans le modèle
de SOLOW au progrès technique. Contrairement à l’investissement matériel, qui
engendre des rendements décroissants, l’investissement humain engendre des
rendements constants (toute année de formation supplémentaire augmente
l’efficacité du travail dans la même proportion) qui empêchent que la croissance
ralentisse. L’état régulier est repoussé au fur et à mesure que l’on s’en approche
(à condition que le niveau de formation s’élève). Toutefois, même dans ce
modèle enrichi, le rôle du progrès technique exogène persiste.

Tous ces travaux ont été poursuivis par GROSSMAN et HELPMAN (1991),
AGHION et HOWITT (1992), BARRO et SALA-I-MARTIN (1995)…Le
progrès technique résulte ainsi d’un objectif fixé en recherche-développement,
activité récompensée selon SCHUMPETER (1934) par la détention d’une forme
de pouvoir monopolistique ex-post. S’il n’y a pas de tendance à l’épuisement de
ces découvertes, les taux de croissance peuvent rester positifs à long terme. Dans
ce cas, le taux de croissance à long terme dépend des actions des gouvernements
(politique fiscale, respect des lois, fourniture de biens collectifs, système
financiers…). Le gouvernement a un pouvoir d’infléchissement du taux de
croissance à long terme. Les théories de la croissance endogène reposeraient
donc sur l’idée que la concurrence parfaite n’est pas une situation à souhaiter, et
que l’activité économique nécessite une concurrence imparfaite et une
intervention publique. En même temps, elles postulent l’idée selon laquelle, sur
le long terme, ni le taux d’investissement, ni l’effort de formation ne suffisent à
assurer une réduction des écarts de développement entre pays.

Vu l’échec des prédictions du modèle de SOLOW, et surtout à cause de la non


convergence des pays sous-développés, actuellement, les modèles de croissance
ont été relancés ces dernières années grâce à l’intégration de nouvelles variables
explicatives (régime politique, démocratie, développement financier…).

Le progrès technique n'est plus une variable exogène, inexpliquée, mais une
variable économique qui renvoie à des comportements et à des grandeurs
macroéconomiques. Comprendre les mécanismes de la croissance, pour pouvoir
les influencer, apparaît comme l'une des tâches primordiales des économistes,

20
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

puisque la croissance est perçue comme étant nécessaire pour pouvoir


s'acheminer vers le plein emploi. Parce qu'elles réhabilitent le rôle de l'Etat dans
l'économie, et redonnent des objectifs pour atteindre une croissance seine, les
théories de la croissance endogène sont un enjeu majeur des développements
récents de la théorie économique 12.

Dans cette démarche, la théorie de la croissance endogène s’est abondamment


développée notamment avec les travaux de:

 Paul ROMER sur l’apprentissage par la pratique (Learning by doing) en


1986, selon lesquels la croissance résulterait des externalités positives
induites par l’investissement et la pratique professionnelles. Il a également
effectué des travaux sur la recherche et développement (1990) en
considérant que l’économie dispose d’un secteur spécifique qui produit
les connaissances (les améliorations technologiques) qui permettront à
l’économie de produire plus de biens dans le futur et de ce fait il faudrait
accroitre les ressources consacrées à la recherche et développement pour
améliorer la productivité de l’économie ;
 R.E. LUCAS (1988) qui considèrent le capital humain comme un
déterminant du progrès technique des nations. Le capital humain est
l’ensemble des aptitudes et qualifications productives d’un individu.
C’est un stock accumulable de plusieurs façons dont l’éducation, la santé,
etc. le capital humain a pour particularité, le fait qu’il est rival13et
excluable14et générateur d’externalités15.
 BARRO [1990] qui considère que les dépenses publiques sont un
déterminant du progrès économique. BARRO proposa le concept de «
taille optimale de l’Etat » pour montrer que ce dernier doit intervenir
dans l’économie pour améliorer la productivité du secteur privé, tout en
réduisant au strict maximum, les distorsions fiscales qui découleraient de
son intervention financière. Mais il est à souligné que les dépenses qui
soutiennent la croissance sont les dépenses relatives aux investissements
productifs comme la construction des ports, routes, aéroport, etc. et non
pas les dépenses comme sociales et autres non productives. L'Etat en
investissant dans des infrastructures peut conduire à l'amélioration de la
productivité des entreprises privées. En effet, les infrastructures publiques
12
NSHUE, M., Op.cit. p.26.
13
C’est le fait qu’un ingénieur par exemple ne peut pas être utilisable simultanément dans deux activité.
14
C’est le fait que les individus sont propriétaires de leurs compétences et de ce fait cette connaissance ne peut
pas être dissociée de l’individu qui la possède.
15
La connaissance d’un individu permet d’améliorer sa productivité et celle des autres qui travaillent avec lui.

21
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

constituent un facteur de croissance qui engendre des rendements


croissants à long terme en raison des économies internes qu'elles
permettent pour les producteurs privés. ASCHAUER [1989] a mené une
étude empirique à propos de cette question.

A travers les années, la lutte contre la pauvreté est devenue une aspiration
profonde pour bien des pays en développement (PED) et s’avère être l’objectif
premier de toutes les politiques de développement envisagées aujourd’hui ou à
mettre en œuvre dans les jours à venir par les dirigeants. Par ailleurs, y parvenir
n’est pas chose facile. En effet, en observant la profondeur des crises
économiques et de la pauvreté dans les pays sous-développés particulièrement
ceux d’Afrique subsaharienne qui n’ont pas tendance à converger pour rejoindre
les pays développés comme le supposaient SOLOW et ses contemporains,
extirper la pauvreté ou en réduire l’incidence nécessite beaucoup d’efforts et des
politiques actives des pouvoirs publics. L’intérêt accordé aux problèmes
soulevés par la pauvreté a donné lieu à un volume considérable de théories
explicatives de la croissance, lesquelles théories se proposent de mettre en
relation la croissance à certains phénomènes pouvant l’influencer. A la
différence des théories de croissance endogène, ces théories ne cherchent pas à
expliquer le progrès technique mais plutôt à mettre en évidence certains facteurs
qui lui seraient favorables ou défavorables. Il s’agit entre autres, de la relation
entre la croissance et l’ouverture sur l’extérieur, de la relation entre la croissance
et l’endettement extérieur, et la relation entre la croissance et le système
financier, etc.

En effet, en partant de la relation qui existe entre Investissement et épargne


(I=S), le système financier qui permet d’assurer cette relation de façon directe
ou indirecte est également considérée comme un déterminant de la croissance en
passant par le rôle de l’investissement sur celle-ci.

Ce travail s’intéresse à la relation entre la croissance économique et le système


financier et particulièrement le système bancaire. Plusieurs études ont été
menées sur cette relation, c’est ce que tentera de présenter la section suivante.
Le modèle de PAGANO et celui de ROUBINI et SALA-I-MARTIN (1995) qui
s’inscrivent dans la lignée des modèles de croissance endogène serviront de base
à cette étude.

22
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

1.2. Les banques et le système financier

Les banques sont une composante importante du système financier d’une


économie. Il ne serait pas aisé d’évoquer les banques sans clarifier leur place et
leur spécificité au sein du système financier. La présente section portera d’une
part, sur les notions générales du système financier et d’autre part sur la
présentation du système financier.

1.2.1. Définition et rôle du système financier

Le système financier permet de transférer des fonds depuis les agents


économiques (ménages, entreprises, collectivités publiques) qui épargnent – car
leurs dépenses sont inférieures à leurs revenus – vers les agents économiques qui
souhaitent emprunter – c’est à-dire dépenser plus que leur revenu. On dit qu’il
sert d’intermédiaire entre les agents à capacité de financement et les agents à
besoin de financement. Dans l’analyse microéconomique des opérations
financières, on parle de prêteurs (ou investisseurs) et d’emprunteurs. La
fonction d’intermédiation peut être réalisée de deux manières principales. La
première manière de relier prêteurs et emprunteurs est appelé finance directe ;
elle est représentée en bas de la figure. Dans la finance directe, les emprunteurs
obtiennent directement des capitaux de la part des prêteurs en leur vendant des
titres (ou instruments financiers) sur le marché financier. Les titres sont des
droits de créance sur les revenus futurs de l’emprunteur ou sur ses actifs. Ils
sont donc des actifs pour ceux qui les achètent(les prêteurs ou investisseurs),
mais des dettes (ou engagements) pour ceux qui les émettent (les emprunteurs
ou émetteurs)16.

La seconde manière de relier prêteurs et emprunteurs c’est la finance indirecte


ou finance intermédiée. Dans la finance intermédiée, les emprunteurs
obtiennent les capitaux dont ils ont besoin en s’adressant à des intermédiaires
financiers (les banques) qui leur accordent des prêts. Les prêteurs pour leur part,
prêtent leur capitaux non pas directement aux agents à besoin de financement
mais aux intermédiaires financiers, spécialement sous forme de dépôts.

16
KABUYA, K., « Economie bancaire », notes du cours dispensé en première licence économie monétaire,
UNIKIN, Kinshasa, 2007, p.2.

23
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

SCHEMA N°1 : schéma du système financier dans une nation

Il existe actuellement une vaste littérature traitant des bienfaits et des


inconvénients de chaque système :

1.2.1.1. Le système financier dominé par les marchés (finance directe):

D’après LEVINE et ZERVOS (1998), ce système présente l’avantage de la


diversification et la gestion du risque contrairement aux banques. Les marchés
permettent également aux investisseurs de résoudre le problème de liquidité
par le fait qu’ils peuvent vendre leurs titres sur des marchés liquides 17. Une des
limites liée aux marchés est le fait que l’information n’y est pas parfaite et que
les agents dans ce marché ne cherchent pas à connaitre la réalité mais
plutôt, ils cherchent à déterminer l’opinion des différents agents sur la réalité.

KEYNES cité par KRUGMAN (2009) compare les marchés financiers à un


casino dans lequel les concurrents doivent choisir les six visages les plus
avenants sur une centaine. Le vainqueur de la partie est celui dont le choix se
rapproche le plus de la moyenne des choix de tous les concurrents. De ce fait,
chaque concurrent doit choisir non pas le visage qu’il trouve plus beau mais

17
Actuellement cette possibilité est fortement mise en doute après la crise des subprimes aux USA.

24
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

plutôt ceux qu’il pense qu’ils sont à même d’être choisis par les autres
concurrents. En conclusion, KEYNES considérait que c’était une très mauvaise
chose de laisser des tels marchés dicter d’importantes décisions en matière
d’économie et que quand l’ensemble de l’économie devient un sous-produit des
activités d’un casino, on ne peut que s’attendre à ce que le travail soit mal fait.

1.2.1.2. Le système financier dominé par les banques (finance indirecte) :

Les auteurs favorables à ce système mettent l’accent sur les perspectives de


long terme. En effet, l’intermédiation bancaire crée des relations de long terme
entre les banques et les entreprises qu’elles financent, c’est le point de vue
d’AMABLE et CHATELAIN (2005).

Par ailleurs, BECK (2010) énumère quatre avantages liés au système basé sur
les banques, notamment :

 la relation qui lie les banques aux entreprises permet de réduire le cout
relatif à l’acquisition de l’information ;
 les banques favorisent l’innovation en identifiant et finançant les travaux
les plus méritants ;
 Les banques peuvent réduire le risque de liquidité par la concentration de
l’épargne et la répartition adéquate de l’investissement entre le court et le
long terme ;
 Le système basé sur les banques permet aux investisseurs individuels de
partager le risque et entreprendre des projets plus risqués et aux
rendements élevés

A l’instar de la collecte de l’épargne et de l’octroi des crédits, les banques, dans


un tel système, assurent plusieurs activités : elles interviennent sur le marché des
actions et des obligations, participent à la gestion des trésoreries des
entreprises, facilitent les opérations de fusions et acquisitions, etc.

En ce qui concerne la relation entre les banques et la croissance économique,


SCHUMPETER avait une vision claire du type de système bancaire qu'il
considérait comme le plus apte à financer l'innovation et à promouvoir
l'évolution économique. Selon lui, « les banques doivent créer de nouveaux
moyens de paiement et ne doivent pas être de simples intermédiaires
financiers »18. Les crédits qu'elles font créent des dépôts. Il s'oppose ainsi à la
théorie bancaire classique, celle qui fonde la catégorie de banque commerciale,
18
DIATKINE, S., op.cit. p.51.

25
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

qui limite l'activité des banques à celle de banque de dépôt, accordant des crédits
à partir des dépôts reçus, à partir de l'épargne des agents. Cette théorie n'a pas
saisi le sens fondamental du métier bancaire, selon lui. De plus, il considère que
« les banques ne doivent pas se limiter au prêt à court terme et encore moins se
baser sur la règle des effets réels19 qui leur donne pour objectif de financer
l'activité courante, c'est-à-dire de n'escompter que des traites gagées sur des
marchandises existantes ou en cours de fabrication ». Schumpeter s'oppose
clairement à la tradition issue de Smith selon laquelle les banques doivent
accorder les crédits pour financer l’encaisse de transactions et non
l’accumulation et la formation du capital et donc ne prêter qu’à court terme.

THORNTON 20rejeta déjà cette règle et contredisait SMITH d’autant plus que
selon lui, « la règle des effets réels ne garantit pas la solvabilité du crédit, d'une
part, et la stabilité des prix, d'autre part. Elle ne permet pas de financer
l'innovation. » Or, selon SCHUMPETER, seule l'innovation permet de
développer la production de façon à assurer véritablement la solvabilité du crédit
accordé et la stabilité des prix puisque la vente de produits futurs
supplémentaires rendra possible le remboursement de ce crédit.

Actuellement il existe presque un consensus sur le développement des banques


comme facteur déterminant de la croissance économique 21. Il existe des
éléments qui sont des facteurs clés du développement des banques.

1.2.2. Le développement du système financier

Il existe plusieurs facteurs qui influencent le développement des banques.


KAGNI KPODAR22 distingue deux catégories des déterminants, à savoir :

1°) les facteurs institutionnels, légaux et économiques et

2°) les facteurs politiques, économiques et structurels.

19
A. SMITH faisait une distinction entre effets réels et effets fixes et recommandait que les banques
n’escomptent que les effets réels qui sont émis lors de la vente effective de marchandises et non les effets fictifs
qui ne recouvrent qu’une reconnaissance de dette en l’absence de contrepartie réelle.
20
Cité par DIATKINE, S. Op.cit. p.51.
21
La revue de la littérature à la section suivante expose les récentes études sur le débat entre le développement
financier et la croissance économique.
22
Cité par MUKUNDI, N, (2013).

26
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

1.2.2.1 Les facteurs institutionnels, légaux et économiques

Dans cette catégorie nous avons :


 les facteurs institutionnels d’ordre judiciaire : dans un pays où le système
judiciaire facilite les contrats entre les agents économiques privés et
protège les droits de la propriété privée, des créanciers, et des
investisseurs, les épargnants sont plus disposés à investir dans les
entreprises, à placer leurs fonds dans les institutions financières et
contribuer à l’expansion des banques. Par contre, dans les pays où les
droits de propriété sont bafoués, le développement financier est
enfreint ;
 les facteurs institutionnels d’ordre économique : les institutions
économiques dont il s’agit ici sont « l’ensemble des règles qui régissent
l’activité économique ». Dans ce sens, les facteurs qui nous intéressent
pour le cas des institutions bancaires sont : la surveillance et la régulation
bancaire qui peuvent être éclatés en 5 points :
a. la nature de l’autorité de régulation : à cause de l’imperfection des
marchés, plusieurs études ont conclu qu’il serait important de réguler
l’activité bancaire. Cependant, quant à la nature de l’autorité de
régulation (institution publique ou privée) peu importe, il suffit qu’elle
soit indépendante, elle conduit au développement financier ;
b. l’étendue du pouvoir de l’autorité : Bien que la régulation soit
importante, l’autorité de régulation ne doit disposer ni de trop de
pouvoir, ni de moins de pouvoir d’autant plus qu’une régulation trop
imposante peut diminuer les marges bancaires et être à la base d’une
perte d’efficacité du système financier. Il est nécessaire de disposer d’une
régulation adéquate basée sur une politique macroéconomique efficace en
vue de garantir la stabilité financière ;
c. restrictions à l’activité bancaire : une banque qui exerce plusieurs
autres activités, que celle de collecte de l’épargne et octroi des crédits est
une banque complexe, elle est de ce fait difficile à contrôler par l’
autorité de régulation et peut disposer de plus de pouvoir sur le marché ,
être à mesure de prendre excessivement des risques et être une entrave à
la concurrence.
En outre, ces restrictions empêchent aux banques les économies
d’échelle éventuelles qui seraient dues à la multiplicité d’opérations
dans le cas d’activité complexe. Cependant, il ne serait pas prudent de

27
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

permettre aux banques des pays sous-développés et ne disposant pas des


structures fortes d’exercer des activités complexes ;
d. assurance dépôts : ce système a pour qualité d’attirer les dépôts
(accroitre l’épargne), mais reste encore discutable d’autant puisqu’il
incite les banques à s’engager dans des opérations de plus en plus
risquées (aléa moral), et dans le cas des pays à secteur financier peu
développé, et dont l’environnement légal est de faible qualité, il n’est pas
efficace ;
e. cadre comptable : plusieurs études sur le système financier trouvent une
relation positive et significative entre la qualité des normes comptables
et le niveau de développement financier.

1.2.2.2. Les facteurs politiques, économiques et structurels :

a. Le climat politique et sécuritaire : un pays qui jouit d’une stabilité tant


politique que sécuritaire est un milieu adéquat pour le développement des
acticités d’intermédiation financière d’autant plus que dans le cas
contraire, les guerres et troubles politiques entrainent une incertitude sur
l’activité économique, mettent en doute la rentabilité des projets
finançables en accroissant la probabilité de défaut des emprunteurs (le
risque) et par ricochet, le coût des financements devient élevé.
b. La croissance économique et l’inflation : un pays qui connait une
expansion de son activité et une faible inflation est un signe de stabilité
macroéconomique, et ceci favorise le développement financier.
Cependant, une inflation forte et une activité économique en décroissance
influence négativement l’intermédiation financière.
Une forte inflation est un indicateur de déficience du cadre
macroéconomique, elle baisse le rendement réel de tout actif y compris le
crédit. De ce fait, l’offre de crédit sur le marché des fonds prêtables
diminue et son coût augmente.
c. Banques à capitaux publics : certaines études ont conclu que les banques à
capitaux publics ont un impact positif sur le développement financier
d’autant plus qu’elles financent les projets en tenant compte non
seulement de la rentabilité financière mais également de la rentabilité
économique. Ce type de banques est soutenu par quelques auteurs dont
STIGLITZ (1994) qui estime que les banques publiques sont efficaces
dans l’orientation optimale des crédits contrairement au contrôle des
taux
28
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

d’intérêt et des subventions. Cependant, ce point de vue a été vivement


attaqué par les partisans de la libéralisation financière pour qui,
l’existence des banques publiques entrainerait des distorsions dans les
marchés.
d. Existence des banques étrangères : les banques étrangères peuvent
influencer le développement financier dans la mesure où, elles peuvent
faire des économies d’échelle, et permettre une diversification de risque
plus importante que les banques domestiques. Les banques étrangères
peuvent contribuer à la réduction du coût de l’emprunt et augmenter la
concurrence sur le marché local.

1.3. Revue de la littérature théorique et empirique sur la relation « système


financier et croissance économique »

1.3.1. Revue de la littérature théorique

En ce qui concerne la relation entre la croissance économique et le système


financier, la théorie économique, est divisée en deux tendances antagonistes. Il y
a d'une part, ceux de la lignée de BAGEHOT et HICKS, qui évoquent le rôle
actif du système financier dans le démarrage de l'industrialisation et d’autre part,
ceux de la lignée de, ROBINSON (1952) et LUCAS (1988) qui sont les
principaux économistes de la tendance qui ne croit pas à l'importance de la
relation entre finance et croissance économique.

SCHUMPETER (1911), en se penchant sur l’importance du système financier


dans le développement, déclare qu’ «on ne peut devenir entreprise qu’en ayant
été préalablement un débiteur». Il souligne, le rôle moteur du crédit dans
l’aspiration à la croissance économique. En (1912), dans son ouvrage « La
théorie de l'évolution économique » SCHUMPETER indique que le crédit sert
de levier à la création et à l’innovation donc au développement industriel.

Nonobstant les divergences des auteurs sur cette question, la plupart des travaux
laissent entrevoir une relation positive entre le volume du financement bancaire
et la création de richesse d’une nation et prennent comme indicateurs d’analyse,
le rapport crédit bancaire à l’économie sur le Produit Intérieur Brut (PIB). Aussi
en poursuivant la même logique, une abondante littérature théorique et
empirique détermine un lien positif entre le développement financier et la
croissance économique connue comme l’accroissement du PIB annuel global
d’une nation. D’après les travaux de GOLDSMITH (1969) et MC KINNON

29
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

(1973) à travers l'école dite de la répression financière, le secteur financier joue


un rôle important dans le processus de la croissance économique mais il peut
être limité dans un contexte de répression financière 23. Ainsi, la libéralisation
financière entraîne un développement financier conduisant à une meilleure
mobilisation de l'épargne et sa répartition efficiente pour le financement des
investissements. Cette façon d’appréhender le problème sera simplifiée par les
travaux d’auteurs comme (KAPUR, 1976), (COLLIER et GUNNING, 1999) qui
considèrent que développement financier est synonyme d’assouplissement des
conditions de taux d'intérêt et de proximité des marchés financiers.

LEVINE (1996) considère que cinq arguments sous-tendent la théorie de


l'existence d'un lien positif entre le financement bancaire et la croissance
économique :

 le système financier faciliterait la protection contre le risque ;


 il permettrait une allocation optimale des ressources ;
 il permettrait un meilleur contrôle des dirigeants et de l'entreprise par les
actionnaires ;
 il faciliterait la mobilisation de l'épargne domestique ;
 s'il est suffisamment développé, il faciliterait l'échange des biens et
services.

La banque en offrant un service de dépôt à l’épargnant et gérant de façon


optimale les actifs liquides et illiquides, améliore le niveau de vie de l’épargnant
en garantissant un rendement indépendant de l'état du monde connu par
l'emprunteur (BENCIVENGA et SMITH, 1991).

En 1989, dans son rapport sur la question, la banque mondiale présentait déjà
une étude approfondie du lien entre finance et croissance et a insisté sur le
développement du secteur financier dans les pays en développement pour
renforcer la croissance économique. Aussi, le rapport du FMI publié en 2006
indique que les économies qui ont connu la croissance la plus rapide entre 1960
et 2004 parmi les pays d'Afrique subsaharienne autres que les pays producteurs
de pétrole, sont celles qui sont le plus développées sur le plan financier.
Cependant, la causalité entre ces deux phénomènes a connu une importance de
taille lors de l'évaluation au début des années 90 des politiques de libéralisation
financière des entreprises à la fin des années 80 et surtout la prise en compte du

23
Il faut entendre par répression financière, « l’ensemble des mesures réglementaires qui empêchent les
intermédiaires financiers d’opérer à leur potentiel technologique maximal ».

30
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

contexte de financement des économies africaines par des intermédiaires


bancaires où les marchés financiers sont naissants.

AGLIETTA (2001) a souligné le rôle capital des banques dans une économie
monétaire. Il attire l’attention sur le fait que, les banques peuvent donner des
fonds à l’emprunteur sans épargne préalable. Le pouvoir de création monétaire
des banques, facilite l’accumulation de capital et de l’épargne.

Comme souligné plus haut, cette étude s’inscrit dans le cadre de la théorie de la
croissance endogène. Dans cette optique, deux modèles théoriques de cette
lignée traitant de la relation système financier croissance économique endogène
ont retenu notre attention. Il s’agit du modèle de PAGANO et de celui de
ROUBINI et SALA-I-MARTIN.

1. Le modèle de pagano24

Le modèle de PAGANO se fonde sur le modèle de ROMER (1986) dans lequel


la production agrégée est exclusivement une fonction du stock de capital. La
fonction de production de l’économie s’écrit comme suit :

(1)
L’’équation relative à l’investissement s’écrit :
(2)

Où δ représente le taux de dépréciation du capital dans le temps.


Le modèle de PAGANO suppose qu’une partie (1- Ø) de l’épargne totale est
perdue dans le processus d’intermédiation financière. Cette perte se rapporte au
coût d’intermédiation et aux règles prudentielles telles que les réserves
obligatoires. Ainsi, on peut écrire :
(3)
Ou S représente l’épargne totale. En tenant compte de (1), le taux de croissance
d’une année à l’autre s’écrit :
( ) ( ) (4a)
A partir de (2) et (3) on peut déduire le taux de croissance stationnaire g :
* += ( ) (4b)

24
NSHUE, M., op.cit, p.42.

31
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

Oû, S/Y est le taux d’épargne brut.


L’équation (4b) indique les trois canaux par lesquels le système financier peut
affecter la croissance économique : (i) d’abord en augmentant la proportion de
l’épargne allouée à des investissements productifs. Selon PAGANO,
l’augmentation de Ø peut être due à l’augmentation de l’efficacité de la
sphère financière. Lors de la libéralisation du système bancaire, on peut aussi
penser à une baisse des réserves obligatoires ou des taxes associées aux
transactions ; (ii) ensuite en augmentant la productivité marginale de A, grâce à
la collecte d’information et à l’incitation des investisseurs à replacer leurs fonds
dans des projets plus risqués à cause du partage du risque plus significatifs de la
part des intermédiaires ; (iii) enfin, le secteur financier influence la croissance
économique par l’intermédiaire du taux d’épargne des ménages ou individus.
Tous les services du système financier sont susceptibles de contribuer à la
croissance économique mais, dans certaines études, la causalité est inverse.

2. Le modèle de ROUBINI et SALA- I- MARTIN (1995)25:

Le modèle de ROUBINI et SALA –I- MARTIN, s’inscrit également dans la


lignée des modèles de croissance endogène, mais pour sa part, il démontre
l’effet négatif attaché à la répression financière tout en précisant que dans
certains pays en développement, l’Etat peut désirer utiliser la répression à
cause du fait que le système financier constitue pour lui une source facile de
ressources pour le budget( la taxe d’inflation). Par ailleurs, la libéralisation
financière permettrait plutôt d’améliorer l’allocation de l’épargne et favorise
l’investissement productif. Il faudrait dans cette mesure que la politique
économique globale choisisse un degré adéquat de répression. La répression
financière dans pareille situation dépend de l’évasion fiscale. Plus l’évasion
fiscale est élevée, comme il en est généralement le cas pour les pays sous-
développés, la répression financière sera également élevée pour augmenter le
seigneuriage. Dans un pays où se pratique la répression financière, le système
financier perd petit à petit son efficacité, l’investissement diminue et la
croissance diminue également. Dans une telle situation, on peut conclure que
c’est l’évasion fiscale qui est à l’origine de la répression financière.

25
Lire à ce sujet, DARREAU, P., op. cit. p.141.

32
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

Hypothèses du modèle :

 H1 : l’économie est composée de N agents et d’un Etat dans lequel les


agents privés peuvent accumuler le capital et la monnaie.
 H2 : la fonction de production par tête est donnée par :

(1)

 H3 : l’Etat réalise des transferts forfaitaires (v) aux agents privés, le


montant agrégé des transferts forfaitaires (V=Nv) est proportionnel au
stock de capital V= ϕ.K26, il finance ces transferts par l’impôt sur le
revenu (T= Nt) et par la création monétaire qui croit au taux exogène
constant μ. Il a donc deux sources de financements : « l’impôt et le
seigneuriage27 »
Le seigneuriage correspond au revenu que l’Etat se procure grâce à son
pouvoir de battre la monnaie. En théorie, on suppose que le coût
d’émission des billets est négligeable par rapport au bénéfice qu’on en
tire. Et cela parce que la valeur faciale d’un billet peut être de loin
supérieure à son coût d’émission 28.

 H4 : il y’a évasion fiscale. L’impôt sur le revenu imposé au secteur privé


(dont la valeur agrégée T) représente une fraction τ du revenu déclaré (R)
par les agents économiques :
T=τR.

26
Du fait que Y=AK, les transferts sont proportionnels au revenu et à la consommation.
27
Le seigneuriage vaut :

En temps discret :
en cas d’inflation, les agents subissent une
perte réelle détenue en t-1 égale à :

28
BOFOYA, K., Economie politique, ed. GALLIMAGES, Kinshasa, p.129.

33
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

L’ampleur relative de l’évasion fiscale dépend positivement du taux


d’imposition. Plus ce taux est élevé, plus l’incitation à l’évasion fiscale est
forte.
Avec, 0 < α ≤ 1 et 0 < ç ≤ 1.
Plus les paramètres α et ç sont proches de l’unité, plus l’évasion fiscale est
faible (pour α = ç=1, il n’y a pas d’évasion fiscale : R= Y), l’impôt sur le
revenu collecté par l’Etat est donc :

Le taux offert est τ, le taux effectif payé par agent est :

L’impôt par tête est :

L’ampleur de l’évasion fiscale (α et ç) joue un rôle important dans les choix de


financements de l’Etat, et influence ses décisions en matière de répression
financière.
 H5 : l’utilité d’un agent dépend positivement de son niveau de
consommation c et de l’encaisse monétaire réelle m qu’il détient. En
outre, l’utilité marginale de la monnaie dépend négativement du niveau
de développement financier F atteint par l’économie étudiée. L’idée est
que les innovations financières ont pour effet de réduire les besoins en
monnaie des agents économiques :

∫ ou, (2)

Avec β’(F) < 0 et β’’(F) > 0

F est un instrument de politique économique totalement contrôlé par l’Etat, cette


hypothèse permet d’interpréter le choix d’une valeur de F inférieure à sa
valeur maximale notée (F*), comme la mise en œuvre d’un politique de
répression financière.
Le développement financier exerce une double influence sur le comportement
des agents économiques privés : une hausse de F réduit l’utilité marginale de la
monnaie et donc la demande d’encaisses, elle permet également d’améliorer la
transformation de l’épargne en investissement.
 H6 : plus le secteur financier est développé (plus F est élevé), plus la
transformation de l’épargne en capital est efficace :
et donc

34
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

Ø(F) est une fonction strictement croissante en F tel que Ø(F) = 1 pour F=F*, où
F* est le niveau de développement financier le plus élevé que peut atteindre
l’économie. De ce fait, pour une épargne donnée, toute hausse de F entraine
une augmentation de l’investissement réalisé.
La contrainte budgétaire de l’agent représentatif se présente comme suit :
[ ] (3)
Avec : qui est l’investissement brut par tête réalisé, est le taux
d’inflation, Dm+(n+ ).m est la demande totale d’encaisses monétaires
(accroissement du stock de monnaie, et reconstitution de l’encaisse réelle par
tête, rendue nécessaire par la croissance démographique et par l’inflation), s est
l’épargne par tête, égale au revenu net (revenu par tête plus transfert par tête,
moins impôt par tête) moins la consommation.
L’agent économique maximise sa fonction d’utilité (2) sous la contrainte (1) et
(3).

1.3.1. Revue de la littérature empirique

Sur le plan empirique, plusieurs économistes ont étudié la nature du lien entre
financement bancaire et croissance économique entre autres nous avons :

SENDENIZ ET YÜNCÜ (2006) qui ont fait une analyse de causalité au sens de
GRANGER, dans 11 pays de l’OCDE, sur le rôle du crédit bancaire dans le
secteur réel. Ils ont relevé que, le secteur bancaire joue un rôle de choix dans le
secteur réel.

MEAGON (2005) a étudié l’impact du financement bancaire sur la croissance


économique au Sénégal. Il ressort de son analyse que la croissance au Sénégal
s’explique principalement par le niveau du crédit à l’économie et les dépôts
totaux.

SOUMARE (2009) a analysé le même problème sur l’économie malienne et a


abouti à la conclusion que le crédit bancaire agit négativement sur la croissance
et les dépôts agissent positivement mais faiblement sur elle.

Il a en plus avancé que le secteur financier impacte le taux de croissance de


longue période via deux principaux canaux : le taux d'investissement et la
productivité marginale du capital.

35
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

Le taux d’investissement :

Il est fonction du taux d'épargne et de la proportion d'épargne allouée aux


investissements.

PAGANO (1993) dans son modèle, indique que le développement des


intermédiaires financiers améliore la sécurité des ménages et les incitent à
diminuer leur épargne de précaution. En outre, les effets de la diversification du
portefeuille sur le taux d'épargne dépendent du coefficient d'aversion pour le
risque des ménages. JAPELLI et PAGANO (1994) démontrent que ce
desserrement de la contrainte de liquidité, découlant du développement des
intermédiaires financiers incite les jeunes ménages à moins épargner.

GREGORIO (1994) souligne que les contraintes de liquidités dues au faible


développement des intermédiaires financiers ou leurs imperfections ont une
influence positive sur le taux d'épargne des ménages, et donc sur le taux de
croissance de l'économie. Cependant, si les difficultés d'emprunt des ménages
conduisent à une moindre accumulation du capital humain, le taux de croissance
de l'économie pourrait être négativement affecté. La part de l'épargne revenant
effectivement aux investissements regorge deux aspects : Du point de vue des
entreprises, le développement du système bancaire permet de diminuer l’épargne
de précaution et d’augmenter les ressources d'investissement. Les entreprises
peuvent désormais, résoudre leurs problèmes de liquidité et de financement des
investissements à travers les banques (BENCIVENGA et SMITH, 1991). Aussi,
l'existence de contrats de financement permet d’améliorer la gouvernance des
entreprises.

Du point de vue des ménages, le développement du système bancaire augmente


la part de l'épargne dans les circuits financiers. En effet, les banques rendent
compatible le besoin de détenir des liquidités et le désir de constituer une
épargne longue.

La productivité marginale du capital :

La productivité est fonction de la gestion du risque de liquidité, soit du


financement d'investissements productifs. BENCIVENGA et SMITH (1991)
présentent un modèle intergénérationnel à trois périodes où l'économie comporte
deux actifs. Le premier, liquide rapporte un rendement r pour une unité investie
à la période t, quelle que soit la date de liquidation. Le second, illiquide,
rapporte n unités à la période t+2 et x unités si l'investissement est liquidé à la

36
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

période t+1. Les intermédiaires financiers ont un impact positif sur le taux de
croissance grâce à deux mécanismes : tout d'abord, ils entraînent un
accroissement du taux de rentabilité du capital en dirigeant l'épargne collectée
vers des investissements peu liquides mais productifs ; enfin, ils évitent des
liquidations prématurées du capital. Sans intermédiaires financiers, un agent
ayant un besoin de liquidité en t+1 ; vend les actifs de l'entreprise dans laquelle
il a placé son épargne en t, et le taux de croissance est moins important en t+2.

Dans le domaine de l’orientation de l'épargne vers des placements plus


productifs, BARTHELEMY et VAROUDAKIS (1994) ont mis au point un
modèle dans lequel, le rôle des banques est par excellence de collecter des
informations sur les projets d'investissements. Comme les coûts de recherche
des informations sont indépendants des masses financières traitées par le secteur
financier, plus le montant de l'épargne est important ; plus la productivité du
travail dans les banques est élevée. Le développement du secteur financier
entraîne une plus grande concurrence bancaire, une augmentation de la taille des
banques et un accroissement de l'épargne allouée aux investissements. Lorsque
le secteur financier est faiblement développé ; en raison de l'existence de coûts
fixes et d'effets d'apprentissage ; la productivité marginale du travail est
moindre. Cette situation correspond à l'équilibre « bas » de piège de pauvreté où
le démarrage du processus de croissance est bloqué. Pour que l'économie
converge vers l'équilibre « haut », la taille du secteur financier doit dépasser un
seuil critique.

37
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

CHAPITRE II. Evolution économique et


bancaire de la RDC
« Un savant doit ordonner : on fait la
science avec les faits comme une maison
avec des pierres, mais une accumulation
des faits n’est pas plus une science qu’une
accumulation des pierres n’est pas une
maison. »

Henry Poincaré

38
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

2.1. Evolution économique globale de la RDC

Cette section donne un aperçu global de l’évolution économique de la RDC


pendant la période sous étude (de 1980 à 2012), d’autant plus que l’économie est
avant tout « mouvement 29». Divisée en deux sous sections dont la première
donne un aperçu de l’évolution économique globale et la deuxième s’occupe
précisément de l’évolution du secteur financier congolais, cette section suit la
démarche de la méthode historique.

2.1.1. Evolution économique de la RDC de 1980 à 2012


Durant la période sous étude, l’économie congolaise a connu une évolution très
contrastée qui a été particulièrement marquée par une grande contreperformance
au courant de la décennie 1990. Pour faciliter l’analyse, il serait mieux comme
le proposent KABUYA et TSHIUNZA (2001),de distinguer trois grandes sous
périodes d’autant plus que « pour apprécier l’évolution et la cohérence du
mouvement économique, il faut le décomposer en une série d’étapes
élémentaires cruciales, faisant ainsi apparaitre les fluctuations de courte
période qui sont des modalités premières du mouvement économique 30 ».

En gardant en mémoire que la décennie avant 1980 était caractérisée par un


taux de croissance économique moyen de 0,27%, nous retenons les 3 sous
périodes suivantes :

 1980-1989 : période caractérisée par une croissance et relative stabilité


dues entre autres au programme d’ajustement structurel.
 1990- 2001 : période caractérisée par une baisse très prononcée de
l’activité économique, une instabilité de tous les indicateurs
macroéconomiques et l’arrêt de la coopération avec les institutions
financières internationales (FMI et Banque mondiale) c’est « la déglingue
économique31 ».
 2002-2012 : cette période est marquée par une relative stabilité du cadre
macroéconomique et une reprise de l’activité économique couplée à une
augmentation du nombre des banques qui sont passées de 10 banques à 20
banques et de ce fait, les crédits et les dépôts ont été multipliés par 86 et
33 respectivement.
29
Lire à ce sujet DUPRIEZ, P. cité par KABUYA, K. ET TSHIUNZA, M., « La politique économique revisitée
en RDC : pesanteurs d’hier et perspectives », in l’Afrique des grands lacs, annuaire 2005-2006, KINSHASA,
2006, pp.307-326.
30
KABUYA, K et TSHIUNZA, M., « L’économie congolaise en 2000-2001 : contraction, fractionnement et
enlisement », in l’Afrique des grands lacs, annuaire 2000-2001, KINSHASA, juin 2001, p.2.
31
KABUYA, K et TSHIUNZA, M, idem

39
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

S’agissant de la période 1980 à 1989 il y’a lieu de noter que, pendant cette
période, la RDC a subi la discipline et la rigueur des programmes d’ajustement
structurels dits de « première génération32 » (1983 et 1987-1988), qui permirent
une certaine reprise de l’activité économique (taux de croissance moyen 1,81%)
soutenue par une hausse des dépenses en capital et donc une augmentation de
l’investissement33.

Malgré la situation macroéconomique assez acceptable, les faiblesses dans la


gouvernance persistaient toujours, la situation s’est rapidement détériorée.
GRAPHIQUE N°2 : Evolution du taux de croissance économique de 1980 à1989 en RDC

Taux de croissance de 1980 à 1989


6,00
5,54
5,00 4,72
4,00
3,00
2,68
2,00 2,19 2,35 taux de croissance
1,41
1,00
0,47 0,47
0,00
-0,46
-1,001978 1980 1982 1984 1986 1988 1990
-1,27
-2,00

Source : calculs de l’auteur, sur base des données de la Banque Centrale du Congo

A travers ce graphique, on peut lire clairement qu’au cours de la période 1980-


1989, le taux de croissance est resté positif sur presque toute la période et a
même atteint un niveau de 5,4% en 1984, du certainement à la hausse des
investissements induits par l’augmentation des dépenses en capital. La tendance
haussière du taux de croissance s’est plutôt inversée à la fin de la décennie
jusqu’à clôturer la période avec un taux de croissance négatif (-1,27%) en 1989.

S’agissant de la situation sur le marché des biens et services, il importe de


souligner, comme on peut le lire à travers le graphique N°3.

32
Expression tirée de KABUYA, K., et TSHIUNZA, M., (2006), op.cit, p14.
33
Les dépenses en capital par rapport au total, sont passées de 5,1% en 1979 à 11,2% en 1988, et l’investissement
est passé de 9,9 % du PIB à 14% de 1980 à 1987.

40
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

GRAPHIQUE N°3 : Evolution du taux d’inflation de 1980 à1989 en RDC

140
120
Taux d'inflation

100
80
60 inflation1980-1989
40 Linéaire (inflation1980-1989)
20
0
1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990
Années

Source : calculs de l’auteur, sur base des données de la Banque Centrale du Congo

Le taux d’inflation qui a été ramené à son plus bas niveau en 1985
comparativement à toute la période, et ceci pendant la période d’ajustement
structurel, a repris une tendance plutôt ascendante vers la fin de la période.

S’agissant de la période de 1990 à 2001 il y’a lieu de noter que, pendant cette
période: cette période connu sous le vocable de « déglingue économique 34» est
caractérisée par une instabilité générale du cadre macroéconomique qui a
coïncidé avec l’arrêt de la coopération internationale et du programme
d’ajustement structurel de « première génération » vers entre 1990 et 1992.

Le climat économique n’est pas le seul à s’être détérioré au cours de cette


période, il s’est accompagné des remous sociaux et politiques entre autres des
pillages (1991-1993) et d’interminables guerres civiles (1996) et d’agression
(1998-1999).

Pendant cette période, le système bancaire qui aurait pu soutenir l’activité, fut
également mis par terre en favorisant des pratiques peu ou carrément pas
recommandables tel que les jeux d’argents « BINDO35 » qui mirent le système
bancaire par terre.

Il faut également noter que suite à des politiques budgétaires et monétaires


irresponsables et incohérentes, pendant cette période, les déficits budgétaires ne
34
KABUYA, K. et, TSHIUNZA, M., (2001). op.cit., p2.
35
Du nom de leur initiateur, ces jeux consistaient en des placements à taux d’intérêts très attrayants et pour des
échéances courtes, soit de 3 jours à 1 mois. Alors que les banques de dépôts n’offraient que des taux créditeurs
très faibles, ces jeux proposaient des taux d’intérêt allant de 50% à 100% . Ces jeux détournèrent l’épargne des
agents économiques du circuit bancaire vers ce circuit spéculatif qui ne tarda pas à s’effondrer et ruiner les
citoyens.

41
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

pouvant plus être financés ni par des prélèvements à cause de la situation déjà
difficile des ménages et des entreprises, ni par le concours extérieur à cause de
la suspension de la coopération avec les bailleurs internationaux, le seul moyen
de financement est resté « le financement monétaire » avec pour effet d’une
part, l’inflation qui s’est élevée jusqu’à son plus fort niveau en 1994, soit un
taux d’inflation de 9796,9 %(cfr graphique N°5 ci-dessous), et d’autre part le
gonflement de la dette extérieure dû principalement à l’accumulation des
arriérés du service de la dette pendant la période de suspension de la coopération
internationale. Le stock de la dette extérieure s’est gonflé par effet boule de
neige, laissant à l’Etat un fardeau de 13,7 milliard d’USD en 2009, soit plus de
140% du PIB.
GRAPHIQUE N°4 : Evolution du taux de croissance économique de 1990à 2001 en RDC

2
0
1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002
-2
-4
-6
taux de croissance 1990-2001
-8
-10
-12
-14
-16

Source : calculs de l’auteur, sur base des données de la Banque Centrale du Congo

Comme on peut le lire sur ce graphique, le taux de croissance économique est


resté négatif pendant toute cette période, jusqu’à atteindre son niveau record en
1994, soit -13,5%.

42
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

TABLEAU N°1 : Evolution du taux de croissance par secteurs de 1990 à2001 en RDC

Secteurs d’activité 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001

A. Sect des biens -7,2 -6,3 -8,2 -2,7 -0,8 0,7 -0,5 -7,3 -0,7 -1,9 -8,2 -3,3

4. Agriculture 2,6 2,8 3,1 1,9 -0,8 -2,3 -2,9 -2,8 -1,4 -5,1 -11,7 -3,9

5. Extraction 15,6 -22,8 -36,3 -20,3 1,9 6,3 3,2 -13,9 9,6 7,9 29,1 0,8

6. Manufacture -14,6 -21,5 -27,6 -12,2 -10,2 13,1 -3,4 -21,8 -7,3 4,3 -10,9 -16,2

7. Electr et eau 3,2 6,2 7,8 -17,1 -3,3 6,8 18,9 -10,6 -5,9 10,5 -6,6 8,6

8. Construction -39,7 -16,5 -35 -11,3 20 18,7 24,7 -30,7 4,5 13,7 3,5 6,7

B. Sect des services -5,7 -10,1 -12 -29,4 -10 -0,6 -2,3 -1,3 -4,7 -6,8 -6,9 -3,5

1. Commerc gr et de -2,5 -12 -9,7 -28,5 -2,3 -0,6 -0,2 -1,6 -6,7 -11,9 2,3 -0,7

2. Transp et comm -27,6 -15,9 13,7 -25,7 -2,8 -0,6 -3,5 -8,4 -8,5 -20,7 28,5 8,1

3. services marcha 31,6 -18,4 -26,2 -21,3 -1,3 -0,5 -0,5 -2 -6,5 -5 -18,7 -10

4. services non march 7,3 25,2 -9,2 -38,7 -53,8 -1,5 -21,2 15,4 21,7 33,6 -44,7 -23,6

5. Droits, Tax Import -31,6 -30,1 -48,9 -29 -2 47,9 -4,3 58,9 -21,3 -49,4 25,1 44,4

PIB -6,6 -8,4 -10,5 -13,5 -3,9 0,7 -1,1 -5,4 -1,7 -4,3 -6,9 -2,1

Source : calculs de l’auteur, sur base des données de la Banque Centrale du Congo

Ce tableau présente les taux de croissance de chaque secteur d’activité


(composantes du PIB). Il illustre la baisse de l’activité économique secteur par
secteur pendant toute la décennie 1990. La baisse de la production dans le
secteur des biens a entrainé la baisse de la production des services. Mais
également on peut lire à travers ce tableau, la baisse des droits et taxes à
l’importation. Le secteur d’extraction a connu une baisse si sensible au cours de
cette période, à cause entre autres de la baisse de la production de la
GECAMINES, la production de la Gécamines qui s’élevait à près de 450 000
tonnes de cuivre en 1990, est tombée à près de 40 000 tonnes vers l’an 2000.
L’agriculture a gardé une tendance positive durant les 4 premières années, mais
est restée caractérisée par des gros problèmes d’ordre structurel qui ne lui
permettaient pas d’atteindre un niveau de production optimal.

43
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

GRAPHIQUE N°5 : Evolution du taux d’inflation de 1990 à 2001 en RDC

Taux d'inflation 1990-2001


12000
10000
8000
6000
Taux d'inflation 1990-2001
4000
2000
0
-20001988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002

Source : calculs de l’auteur, sur base des données de la Banque Centrale du Congo

Au cours de cette période, toutes les possibilités de financement n’étant plus


accessibles, les dépenses ne purent être financées que par les avances de la
banque centrale, leseigneuriage36est resté le seul moyen de financement de
l’Etat.
En fin, la période de 2002 à 2012 au cours de laquelle, la RDC a renoué avec la
croissance économique qui paraissait quasi-impossible. Par ailleurs, il faut le
préciser, cette performance est la résultante des réformes entreprises pour
réorganiser l’économie en vue de la sortir de la récession et du marasme
économique dans lequel elle se trouvait. Des réformes macroéconomiques et
structurelles ont été mises en œuvre pour stabiliser l’économie nationale et
assurer sa relance. Ces réformes ont bénéficié de l’appui technique et financier
des partenaires au développement. C’est ainsi qu’ont été mis en place, le
Programme intérimaire renforcé (PIR en sigle) et le programme économique du
gouvernement (PEG en sigle) qui ont eu pour objectif de casser l’hyperinflation
et de sortir le pays de la série des taux de croissances négatifs. Le PIR avait pour
objectif de casser l’hyperinflation pour tracer la voie d’une croissance
économique durable, il a donné des résultats globalement satisfaisants ; le taux
d’inflation qui était de 511% en 2000 est tombé à 135% en 2001 et à 15% en
200237. Le pays connu pour la première fois depuis plus d’une décennie, un taux
de croissance économique positif (3%) en 2002, et maintint des taux de
croissance économiques positifs jusqu’à ces jours.
36
Cette situation correspond exactement à la « répression financière » énoncée au chapitre 1. Dans un contexte
pareil, les banques ne peuvent pas exercer leur fonction d’intermédiation comme il le faut.
37
KABUYA, K. et TSHIUNZA, M., « Patrimonialisme et implosion de l’Etat en RDC : quel avenir pour l’Etat
congolais ? », in L’Afrique des grands lacs, annuaire 2002-2003. P.18.

44
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

L’évolution économique de la RDC pendant cette période reste dominée par le


maintien d’une tendance de taux de croissance économique positif.
GRAPHIQUE N°6 : Evolution du taux de croissance économique de 2002 à 2012 en RDC

10
Taux de croissance

8
Economique

6
Taux de croissance 2002-2012
4

2 Linéaire (Taux de croissance


2002-2012)
0
2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014
Années

Source : calculs de l’auteur, sur base des données de la Banque Centrale du Congo

Comme on peut, l’observer à travers ce graphique, le taux de croissance


économique est resté positif durant toute la période, malgré le choc négatif
relatif à la crise financière économique de 2007-2008 qui avait entrainé un
fléchissement du rythme de la croissance de l’activité économique, le situant à
2,7 % en 2009.
TABLEAU N°2: Participation sectorielle au PIB de 2002 à 2012 en RDC

Secteurs d'activité/années 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
I. AGRICULT CHASSE PECHE 6,5 9,9 4,4 15,6 23,6 20,6 18,8 40,6 15,8 15,7 14,5
II. INDUSTRIES 54,3 44,8 62,3 46,9 21,5 20,6 30 39,8 57,9 49 49,1
Activités extractives et métallurgiques 30,3 25,6 29,7 22,9 2,1 5,4 23,7 12,1 45,9 35,3 32
Activités de fabrication 8 -2,4 13,9 3,2 0,7 5,4 1,8 2 0,9 1 1
Prod et distr d'eau, d'électricité
et de gaz 0,7 1,3 -1 0,2 0,6 3,4 -0,6 -0,4 0,1 -0,2 -0,1
Construction 15,2 20,3 19,6 20,6 18,2 7,1 5 26,2 11,1 12,9 16
II. SECTEURS DES SERVICES 42,1 41,5 34,4 34,5 50,6 57,2 53,5 30,6 19,9 26,6 33,2
9,1 11 15,3 22,4 28,8 38,8 39,5 32,2 13,1 15,9 22,2
Transport, entreposage et comm 21,2 19,7 8,4 6,7 11,8 9,8 8 6,3 4,2 4,8 4,7
Services marchands 9,9 6,2 7,1 6,4 8 6,7 4,7 7,6 2,6 5,8 5,8
Adm Publ, et défense, sécurité sociale 1,9 4,7 3,5 -0,9 2 1,9 1,3 -16 0 0,1 0,4
Source : calculs de l’auteur à partir des données de la Banque Centrale du Congo

En examinant l’évolution des composantes du PIB par branche d’activités, il est


clair de constater que la force de la croissance pendant toute la période sous

45
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

étude est principalement le fruit des performances affichées dans les industries
extractives, le commerce de gros et de détail, la construction, la communication
et l’agriculture.

Mais en poussant plus loin le raisonnement, on peut bien voir que la croissance a
été essentiellement impulsée par les secteurs minier, le commerce, et les
télécommunications et non pas par les secteurs structurants tels que l’agriculture
et la manufacture qui couvrent souvent un large segment de la population et qui
peuvent rendre la croissance susceptible de pouvoir réduire sensiblement le
chômage et la pauvreté; cette croissance soutenue par les grandes entreprises
minières et des télécommunications qui sont réputées être à forte intensité
capitalistique qui utilisent plus de machines et nécessitent une faible main
d’œuvre généralement hautement qualifiée a du mal à pouvoir impulser le
développement, elle est la résultante d’un développement des activités des
grandes entreprises au détriment des petites structures du secteur privé telles que
les micros, petites et moyennes entreprises.

Par ailleurs, en ce qui concerne le marché des biens et services, au cours de


cette période, nous allons apprécier l’évolution des prix au cours de la période à
travers le graphique ci-dessous.
Graphique N°7 : Evolution du taux d’inflation de 2002 à 2012en RDC

60
50
Taux d'inflation

40
30 Taux d'inflation 2002-2012

20
Linéaire (Taux d'inflation
10 2002-2012)
0
2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014
Années

Source : calculs de l’auteur, sur base des données de la Banque Centrale du Congo

A la lumière de ce graphique, on peut clairement constater que le taux


d’inflation a connu depuis 2002 un comportement certes très volatile, mais avec

46
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

une tendance générale à la baisse comme l’indique la linéaire ci-haut, et a atteint


son point minimum en 2012, soit un taux d’inflation de 2,72%.

2.2. Crise bancaire congolaise et aperçu du système bancaire en


RDC

2.2.1. La crise bancaire congolaise

La période de 1990 à 2001 a connu une destruction de l’économie du pays par


une crise généralisée touchant tous les secteurs. Le secteur bancaire n’a pas
échappé aux conséquences de ce marasme.

Avant 1990, comme le souligne KABUYA, K (2005), « les banques


commerciales congolaises ont affiché pendant longtemps leur capacité à
survivre, mieux, à surmonter la crise. Mais, depuis 1991, l’îlot de prospérité,
l’iceberg qui défiait les eaux tumultueuses de la tourmente économique tend à
s’enfoncer. En effet, le système bancaire se trouve plongé dans une crise
profonde de désintermédiation financière38 ».

En tant qu’intermédiaires financiers, les banques ont pendant longtemps été


fragilisées. Le crédit bancaire s’est situé à 3% du PIB en 1990, il est tombé à
0,56% en 1991 et 0,7% en 1992. Le ratio dépôts/PIB est passé curieusement de
11,9% en 1990 à 13,8% et 23,4% respectivement en 1991 et 1992. Une
augmentation certes, anormale mais qui s’explique si on considère les
informations du tableau ci-dessous.
TABLEAU N°3 : décote de la monnaie scripturale par rapport à la monnaie fiduciaire de 1992 à 1997

Mois 1992 1993 1994 1995 1996 1997


Janvier 1 12 2 3,5 1 3
Fevrier 1 16 10 3,4 1 3
Mars 1 18 10 1,2 1 48
Avril 2 30 6 1,2 1 1,1
Mai 2,5 60 16 1,1 1 1
Juin 3 170 4 1,15 1 1
Juillet 3,5 80 3 1,08 1 1
Aout 4,5 50 1,5 1,1 1 1
Sept 5,5 30 1,5 1,18 1 1
Oct 6 1 1,4 1,02 1 1
Nov 6,5 1 1,2 1 1 1
Dec 11 1,5 1,9 1 3 1
Source : KABUYA, K., « macroéconomie», cours de license, UNIKIN, p.72,2005,

38
KABUYA, K., Macroéconomie, notes du cours dispensé en première licence , Academic printing Company,
Kinshasa, 2005, p72.

47
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

Ce tableau illustre la décote de la monnaie scripturale pendant la période de


1992 à 1997, due au fait que l’Etat payait ses fournisseurs locaux en ordonnant
des virements bancaires non couverts par des espèces. La monnaie scripturale
augmentait alors que les banques ne disposaient pas des espèces
correspondantes. Il s’est finalement créé un écart important entre les dépôts et
la couverture en espèces. L’existence d’une quantité excédentaire du
scriptural a conduit les banques à une incapacité de faire face à la demande
d’espèces du public, qui fit naître un marché parallèle sur lequel se déversait
cette demande, au prix d’une décote. Les espèces circulaient ainsi hors circuit
bancaire, créant un assèchement des billets dans le système bancaire. Cette
situation explique pourquoi les dépôts à terme, qui sont les seuls à être
rémunérés et qui mesurent la véritable épargne mobilisée par les banques ont
diminués. « Il s’avère cependant que le ratio dépôts à terme/PIB s’est
progressivement amenuisé : 1,9% en 1990 ; 0,5% en 1991 et 0,2% en 1992 39 ».

La crise du système bancaire pendant cette période est également tributaire des
politiques irresponsables et des comportements inadaptées notamment de la part
de l’Etat en matière de politique budgétaire, la banque centrale en matière de
financement des opérations financières du trésor. C’est ce qu’illustre le schéma
ci-dessous de KABUYA, K (2008).

39
KABUYA, K., (2005), op.cit. p.70.

48
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

SCHEMA N°2 : la crise bancaire en RDC

Source : KABUYA, K., « Economie bancaire », notes du cours dispensé en 1ère licence économie monétaire, UNIKIN/UPC, 2008, p.39.

Dans ce schéma on peut lire que le déficit budgétaire de l’Etat financé par la création monétaire entraine l’éviction du crédit
à l’économie au profit du crédit à l’Etat. L’expansion monétaire et la forte circulation fiduciaire hors banque qui en résulte

49
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

génèrent l’hyperinflation et la dollarisation entrainant par la suite la baisse des


activités productives. La forte circulation fiduciaire hors banque et la réduction
du crédit à l’économie amènent au rationnement des liquidités. De ces
perturbations macroéconomiques on débouche sur une contraction des dépôts
et des crédits bancaire. La hausse du coefficient des réserves obligatoires et du
taux de réescompte contribue à la réduction des crédits bancaires. Les crédits
faisant les dépôts, quand ceux-là diminuent, ceux-ci également diminuent, et il
s’en suit également une baisse des dépôts. La contraction simultanée de ces
deux variables d’intermédiation bancaire, des pratiques malsaines tel que les
jeux des placements spéculatifs appelé « Bindo », les deux vagues de pillages
qui ont affecté leurs agents économiques, font apparaître les conditions
nécessaires d’une crise bancaire.

2.2.2. APERCU DU SYSTEME FINANCIER ET BANCAIRE


CONGOLAIS
Le système bancaire congolais est composé de la banque centrale du Congo et
des établissements de crédit.

Sont qualifiés d’établissements de crédit au sens de la loi N°003/2002 du 02


février 2002 relative à l’activité et au contrôle des établissements de crédit : les
banques, les coopératives d’épargne et de crédit, les caisses d’épargne, les
institutions financières spécialisées, ainsi que les sociétés financières.

Le gros des opérations de financement de l’économie est assuré par le système


bancaire, c’est une caractéristique qui correspond au système « Bank oriented »,
communément appelé économie d’endettement. Le système financier congolais
peut se subdiviser en 3 catégories suivantes :

 les institutions bancaires: la Banque centrale du Congo(BCC), les banques


créatrices de monnaie qui sont les seules à faire les opérations des
banques;
 les autres établissements de crédits : la Caisse d’épargne du
Congo(CADECO), la Société financière de développement (SOFIDE) et
la Banque de crédit agricoles (BCA);
 les autres Institutions financières: la Société nationale
d’Assurances(SONAS), l’Institut nationale de sécurité Sociale(INSS), le
Fonds pour la promotion de l’industrie(FPI).

50
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

SCHEMA N°3 :structure du système financier en RDC

Source : LOKOTA, I., Système financier et croissance économique en RDC, mémoire de licence, UPC, KINSHASA, 2008, p.9.

A. La Banque centrale du Congo40 : elle est chargée de définir et mettre en


œuvre la politique monétaire du pays dont l’objectif principal est
d’assurer la stabilité du niveau général des prix. Outre son objectif
principal, la banque centrale a pour missions :
 assurer la stabilité interne et externe de la monnaie nationale ;
 détenir et gérer les réserves officielles de la république ;
 promouvoir le bon fonctionnement des systèmes de compensation et de
paiement ;
 élaborer la réglementation et contrôler les établissements de crédit, les
institutions de micro-finance et les autres intermédiaires financiers ;
 édicter les normes et règlements des opérations sur les devises
étrangères ;
 participer à la négociation et à tout accord international comportant des
modalités de paiement et en assurer l’exécution ;
 promouvoir le développement des marchés monétaires et des capitaux.
B. Les banques créatrices de monnaie : elles sont les seuls intermédiaires
financiers qui partagent le privilège de la création de la monnaie avec la

40
Journal officiel, Loi 005-2002 relative à la constitution, à l’organisation et au fonctionnement de la banque
centrale du Congo, art 3 et 6, 07 mai 2007.

51
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

Banque centrale du Congo41. A fin 2012, le nombre des banques agréées


en RDC s’élevait à 20 alors qu’en 2002 il n’y en avait que 10. Ces
banques sont quasiment composées de capitaux étrangers. Elles sont la
composante principale de l’intermédiation financière en RDC.
C. Les coopératives et les caisses d’épargne et de crédit : ces institutions
peuvent dans la limite des textes législatifs et réglementaires qui les
régissent, traiter les autres opérations des banques et recevoir du public
des fonds à vue, à terme fixe ou avec préavis.
D. Les institutions financières spécialisées : ce sont des établissements de
crédit auxquels l’Etat a confié une mission d’intérêt public. Elles ne
peuvent effectuer d’autres opérations des banques que celles afférentes
à leur seule mission.
E. Les sociétés financières : elles sont des institutions qui ne peuvent
effectuer que les opérations de banques résultants soit de la décision
d’agrément qui les concerne, soit des dispositions réglementaires qui
leurs sont propres.

L’essentiel du financement de l’activité économique étant exercé en RDC par


les banques créatrices de monnaie, les lignes qui suivent vont s’intéresser
principalement à elles. Toutes fois, il convient de noter que pendant la période
de 2002 à 2012, le secteur bancaire s’est fortement accru. Le nombre des
banques a pratiquement doublé au cours de cette période, et de même l’activité
d’intermédiation que les banques exercent a sensiblement augmenté comme on
peut le constater à travers le graphique N° 8 Ci-dessous.
GRAPHIQUE N°8 : Evolution du total bilantaire des banques de 2006 à 2012 en RDC

Total bilantaire des banques de 2006-2010


2500
2000
1500
Total bilantaire 2006-
1000
2010
500
0
2004 2006 2008 2010 2012

Source : Banque centrale du Congo, Rapport sur la supervision des intermédiaires financiers, 2010, p.25.

41
MUKUNDI, N., 2012. Op.cit, p.101.

52
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

D’après ce graphique, le bilan du système financier est en croissance, de USD


622,38 millions en 2006, le total bilan taire est passé à USD 2296 millions en
2010. Cette croissance explique également la croissance des crédits et dépôts
distribuées par ces banques.
GRAPHIQUE N°9 et 10 : Evolution des dépôts et crédits de 2005 à 2012 en RDC

1000
Dépots
800
2000

Crédits
600 Cédits
1500
400
1000 200 Linéaire
Dépots
(Cédits)
500 0
2004 2008 2012
0 Années
2004 2006 2008 2010 2012

Source : Banque centrale du Congo, Rapport sur la supervision des intermédiaires financiers, op.cit., p25.

Ces deux graphiques montrent l’évolution des dépôts et des crédits de 2005 à
2010, il s’observe une augmentation à travers le temps de ces deux composantes
de l’intermédiation financière, malgré leur baisse en 2008-2009, la tendance est
plutôt croissante. Cette croissance n’est pas suffisante pour analyser l’efficacité
de l’intermédiation bancaire eu égard aux enjeux de croissance économique et
de développement. Il serait mieux de pousser l’analyse plus loin jusqu’à la
nature temporelle des crédits et des dépôts, la répartition des crédits par
secteurs d’activité, le taux d’intermédiation bancaire, le taux de bancarisation,
etc.
GRAPHIQUE N°11 : Répartition des crédits en fonction de leur nature en RDC

Nature des crédits


crédits
d'engagement
19%
Crédits à
décaissement
81%

Source : Rapport Annuel Banque Centrale du Congo, 2012.

53
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

Le gros des crédits octroyés par les banques créatrices de monnaie est constitué
des crédits à décaissements (81%) qui débouchent sur le versement des espèces
et l’augmentation de la circulation fiduciaire hors banque, alors que les crédits
d’engagement qui consistent en des simples écritures comptables et qui sont
constitués en grande partie des crédits documentaire à l’importation et à
l’exportation ne constituent que 19% du total des crédits.
GRAPHIQUE N°12 : répartition des crédits à décaissement selon l’horizon temporel en RDC

Crédit à décaissement par Terme


Crédit à Moyen
31%

Crédit à Court
Terme
69%

Source : Rapport Annuel Banque Centrale du Congo, 2012.

D’après la nature temporelle des crédits octroyés, les crédits sont à hauteur de
69% de court terme. Les crédits à moyen terme ne représentent que 31% du
total, dans un contexte de quasi inexistence des crédits à long terme qui
constitue des prêts sur lesquels peuvent reposer des gros investissement
productifs capable de soutenir une croissance économique soutenable et durable.
GRAPHIQUE N°13 : répartition des dépôts selon l’horizon temporel en RDC

Dépots Bancaires par horizon temporel


11%

Dépôt à vue
89% Dépôt à terme

Source : calculs de l’auteur, sur base des données de la Banque Centrale du Congo

Ce graphique informe que les dépôts que reçoivent les banques commerciales
sont en grande partie à court terme, soit pour une part de 89%, alors que les

54
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

dépôts à terme qui sont rémunérés et qui constituent la véritable épargne


mobilisée par les banques ne représentent qu’à peine 11% du total.
TABLEAU N°4 : Evolution des crédits par secteurs d’activité de 2005 à 2012

2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012


I. Créd à
Décaiss 63,6 126,4 200,8 490,4 480,8 647,5 963,3 1340,9
A. Crédità C T 60,6 115,2 169,3 412,3 367,5 436,9 681 930,9
1. Agriculture 5,2 9,7 7,9 15,2 69,2 43 19 34,3
2. Industrie 9,9 13,4 16,4 29,9 36,3 31,1 78 95
3. Distribution 10,9 16,4 23,3 79,8 53,4 56,5 124,2 322,2
4. Transport 6,4 23,6 33,8 34,4 37,4 66,3 96,3 128
5. Autres 28,2 52 88 253 171,1 240 363,5 351,4
B. Crédit à M T 3 11,2 31,5 78,2 113,4 210,6 282,3 410
1.Inv productifs 1,2 4,8 6,5 9,8 17,9 85,5 107 131,2
2. Prets spéciaux 0 0 2,3 8,6 0 0 0 0
3. Autres 1,8 6,4 22,7 59,7 95,5 125,1 175,3 278,8
II.Créd d’engag 50,2 57,1 77,6 108 65,9 167,8 254,5 320,7
1. Crédoc Import 10,8 15,8 38,6 49,9 23,1 72,6 66,1 124,9
2. Crédoc Export 1,2 0 0 0 0 0 0 14,8
3. Autres 38,3 41,3 58,1 58,1 42,8 95,2 188,4 181
Total Créd 113,9 183,5 598,4 598,4 546,7 815,4 1217,9 1661,6
Source :Banque centrale du Congo Rapports annuels 2005-2012

En ce qui concerne l’absorption du crédit bancaire par les différents secteurs


économique, le tableau ci-dessus nous renseigne que le crédit à court terme
absorbe une part importante, mais pour financer les activités de distribution et
d’autres secteurs non identifiés, l’industrie et l’agriculture n’absorbent qu’une
faible partie de ces crédits. Les crédits à moyen terme ne représentent qu’une
faible partie des crédits à décaissement alors que ceux-ci comprennent les
crédits destinés aux investissements productifs qui sont susceptibles de soutenir
la croissance économique à moyen et long terme. Par ailleurs, en considérant les
crédits d’engagement, les crédits à l’importation et les crédits à l’exportation ne
représentent qu’une infime partie du total, la part importante est absorbée par
d’autres rubriques, à savoir, les avals, les lettres de garanties et les cautions.

2.2.3. Faiblesses du système bancaire congolais et nécessite de


refondation du système financier national

Malgré l’évolution positive de certains indicateurs bancaires présentés dans la


section précédente, le système bancaire congolais se caractérise par certaines
faiblesses qui démontrent l’importance de la refondation et la diversification du
système financier national, afin d’assurer le financement de la croissance

55
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

économique et le développement. Cette section relève quelques faiblesses du


système bancaire congolais.

L’accès aux services bancaires : En effet, face aux conditions souvent raides
d’accès aux services bancaires, la plupart d’agent économique dégageant des
besoins de financement se tournent vers le secteur informel. Dans plusieurs
milieux de la république, L’accès aux services bancaires, tant pour les
entrepreneurs que pour les particuliers, est très limité et est souvent réservé aux
nantis et la plupart des banques n’octroient des crédits qu’aux institutions
internationales opérant dans le pays. Ces banques évoluent presqu’en tant que
pourvoyeurs de financements pour les secteurs des mines et du pétrole alors que
ces secteurs qui sont d’une grande importance en terme de participation dans la
croissance économique actuelle, n’ont presque pas d’effet d’entrainement
pouvant permettre de rehausser le niveau de vie et soutenir une croissance pro-
pauvre.
TABLEAU N°5 : nombre des guichets bancaires par province en RDC

Nombre des guichets


Province bancaires
Bandundu 1
Bas-congo 21
Equateur 0
Kasai-occ 1
Kasai-or 1
Katanga 26
Kinshasa 94
Maniema 0
Nord-Kivu 19
Prov-or 14
Sud-Kivu 9
RDC 186
Source : MUKUNDI, N., op.cit. p. 203.

Ce tableau renseigne une forte concentration des banques et de leurs services


dans quelques provinces au détriment d’autres. Il se dégage une forte
concentration des banques dans la capitale Kinshasa, la province du Katanga et
le Bas-Congo,

Origine des capitaux : Les banques commerciales étrangères dominent


l’industrie bancaire congolaise, cependant malgré les avantages 42 que peuvent

42
Les banques étrangères sont attirées par l’existence d’opportunités dans les pays d’accueil, il y a une relation
positive entre la croissance économique du pays d’accueil et l’arrivée des banques étrangères, elles réduisent le
cout de l’information influencent l’intermédiation en baissant les coûts des opérations, elles bénéficient de
l’ « effet taille » par rapport à leurs tailles beaucoup plus importantes que les banques domestiques, ce qui fait
réduire leurs couts unitaires. Elles ont également une bonne gestion des risques que les banques domestiques.

56
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

offrir les banques étrangères, elles ont aussi des effets négatifs entre autres elles
peuvent réduire la stabilité des crédits des banques domestiques en facilitant
la fuite des capitaux en période de crise, en augmentant le risque de contagion
et le transfert des chocs négatifs venant des pays d’origine.
GRAPHIQUE N°14 : Evolution des crédits de 2005 à 2012 en RDC

900
800
700
600
Crédits

500 Cédits
400
300
Linéaire
200
(Cédits)
100
0
2004 2006 2008 2010 2012
Années

Source : l’auteur à partir des données de la Banque Centrale du Congo

Ce graphique illustre la croissance régulière des crédits au cours de la période


2005- 2012 en dépit de la baisse qu’ont connu ces crédits pendant la période de
la crise financière internationale qui a affecté les USA et les pays européens
pendant la période de 2007 à 2009, les banques congolaises étant quasiment
étrangères, ce choc extérieur a sensiblement affecté les crédits en RDC.

Taux de bancarisation : Le taux de bancarisation de la RDC qui est le rapport


entre le nombre des comptes bancaires et la population totale d’un pays est
l’un des plus faibles se situant selon l’étude de MUKUNDI, N (2013) à 0,31%
en 2008. A fin en 2012, le nombre des comptes bancaires est passé à près de
3millions, soit à peu près un taux de bancarisation de 4%43 , alors qu’il se situait
au début 2012, à environs 2%.

Absence et inactivité d’institutions financières spéciales : Les possibilités de


financement de gros projets par les banques commerciales sont limitées au vue
de la comparaison du niveau des fonds propres (en moyenne 12 millions USD

43
Ce chiffre est principalement dû à la bancarisation de la paie des agents et fonctionnaires de l’Etat. Mais ceci
ne constitue pas une bancarisation dont l’économie à effectivement besoin, à cause du fait que ces comptes
d’après leur fonctionnement actuel, ne sont qu’un moyen de paiement et non un moyen de collecte des dépôts
pour financer les crédits.

57
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

par banque) et de leur forte aversion aux risques, alors qu’il existe des gros
besoins de financements des PME et PMI de l’agriculture et de la manufacture
susceptibles de créer des emplois nouveaux et soutenir la croissance
économique. La Société financière de développement (SOFIDE) qui finance des
secteurs sensibles et prioritaires tel que l’agriculture, à court et moyen terme
n’a plus bénéficié des ressources nécessaires pour son fonctionnement de la part
de ses bailleurs de fonds depuis plus d’une décennie, a reçu un financement de
la part de l’Etat (l’un de ses actionnaires), à hauteur de près de 20 millions de
USD en 2012, avec promesse d’un complément de 10 millions d’ USD en 2013.
Ce type d’institutions est capable de soutenir et encourager l’entrepreneuriat
local.

Dans un autre registre, se trouve la caisse d’épargne du Congo (CADECO) qui


fut créée en 1950, « avec pour but d’inciter les autochtones à s’acclimater au
système moderne d’épargne liquide », elle a l’avantage par rapport aux banques
commerciales Congolaise, d’avoir des agences, malgré le fait que celles-ci ne
fonctionnent plus, presque partout sur l’étendue du territoire national, soit dans
5344 villes du pays depuis 1950-1960. La CADECO a contribué au financement
des grands projets économiques et sociaux (construction de la voirie,
électrification de la ville de Kinshasa, etc.). Cette institution financière
possédant à son actif un parc immobilier important et une créance certifiée de
près de 29 millions de USD, est capable de mobiliser l’épargne des plus
démunis qui sont incapables de recourir aux services d’une banque. Par ailleurs,
nous pouvons également citer la Banque de crédit agricole (BCA) qui a été
liquidée depuis plusieurs années. Ces institutions d’une importance capitale
pour le financement de l’économie nationale nécessitent une remise en activité.

Dans un tel contexte, les entreprises qui n’ont pas accès facile au financement
bancaire ne recourent qu’à leurs fonds propres ou quelques fois à la micro
finance.

Nous ne pouvons pas clore cette section sans évoquer le contexte politique, les
faiblesses de l’appareil judiciaire et l’environnement des affaires de façon
générale qui n’encouragent pas les banques à octroyer des prêts à long terme
bien que le pays en a besoin pour rajeunir son appareil de production.

44
MUKUNDI, N, (2013), Op.cit. p105.

58
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

CHAPITRE III.
BANQUES ET CROISSANCE ECONOMIQUE EN
RDC : vérification empirique de la relation
« Les mathématiques n’assurent bien sûr que
la cohérence même des théories et non pas la pertinence
de leurs hypothèses. D’autres outils relevant de la
statistique et de l’économétrie doivent être mobilisés
pour cela… l’économiste doit donc maitriser
tout un ensemble d’outils pour conduire son analyse et
cela se rapproche dans une certaine mesure de
l’ingénieur. »

Murat Yidizoglu

59
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

Ce chapitre va porter sur l’analyse empirique de la relation banques et


croissance économique en RDC. Cette analyse sera essentiellement
économétrique en vue de pouvoir apporter une réponse à la préoccupation du
sens de causalité. La première section sera consacrée aux données d’analyse, la
deuxième à la technique ou au modèle retenu, et enfin la troisième et dernière
section concernera l’analyse empirique proprement dite.

3.1. Présentation des données d’analyse

Afin d’éffectuer une analyse empirique, notre choix a porté sur six variables qui
sont : le taux de croissance économique, le creditbancaire en pourcentage du
PIB, le taux d’inflation, le taux brut de scholarisation au sécondaire,
l’intermédition finacière, l’approfondissement financier.
Ce choix n’a été que préliminaire, par ce qu’en définitive, l’entrée des variables
dans le modèle a été dicté par l’éxistence d’une rélation causale. Voici les
variables choisies pour l’analyse :

Le crédit bancaire en pourcentage du PIB(CREBAN) :elle saisit le


comportement du système bancaire congolais dans le financement de la
croissance économique. Cette variablepermet également de saisir le
niveau de développement du système financier d’un pays ;
L’intermédiation financière (interm) : cette variable mesure la part des
crédits accordées par les banques commerciales aux entréprises du
secteurprivé, elle est l’indicateur qui saisit l’éfficacité du système
bancaire ;
Le taux d’inflation(TINFL) : cette variable a été choisie à cause de son
importance pour mesurer le coût de la vie. Par ailleurs, le taux d’inflation
est également un indicateur de choix pour le comportement d’épargne
dans un pays. Plus il est élévé, moins il y’aura d’épargne, moins il y’aura
d’épargne, moins des banque et des crédits et donc, la croissance aura du
mal à être financée et rélancée ;
Le taux de croissance économique(TC) : cet indicateur mesure la
variation de la production nationale d’une année à une autre.C’est une
variable clé de cette étude de part même son intitulé ;
L’éducation (EDU) : ayant opté pour une approche de la croissance
endogène, le taux brut de scolarisation au sécondaire nous sert de
variable de contrôle de la croissance économique et est considéré comme
la variable qui saisit le capital humain ;
L’approfondissement financier (M2/PIB) : cette variable permet de
saisir la quantité des moyens de paiement disponibles dans l’économie

60
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

considérée. Certaines études sur le système bancaire utilise cet indicateur


comme proxy du système financier national.

3.2. Présentation du modèle d’analyse

Pour mieux capter les relations qui existent entre le système bancaire et la
croissance économique, nous pouvons recourir à plusieurs méthodes. Comme
présenté dans la revue de la littérature, il semble d’après certains chercheurs,
que le système bancaire et la croissance économique sont liés par une certaine
relation. Cependant, plusieurs courants s’opposent quant au sens de causalité.
Pour notre cas, où nous cherchons à analyser les relations système bancaire
croissance économique en RDC, nous allons procéder par une démarche
économétrique qui va nous préciser les sens de causalité entre d’une part le
système bancaire et d’autre part la croissance économique.

A cet effet, nous allons recourir au test de causalité. Ce dernier est d’autant plus
important qu’il permet d’établir les liens d’interdépendance entre les variables,
déterminant ainsi laquelle d’elles est la cause ou l’effet des autres. Pour
répondre à cette question, on recourt traditionnellement à deux tests : celui de
SIMS (1980) et celui de GRANGER (1969).

La causalité au sens de SIMS considère que pour deux variables(X et Y par


exemple), les valeurs futures de X permettent d’expliquer les valeurs présentes
de Y45. En effet, selon SIMS, si les valeurs futures de permettent
d’expliquer les valeurs présentes de , et vice versa.

Du point de vue économique, cette approche permet aux décideurs de la


politique économique de saisir les anticipations des agents économiques.

Par ailleurs, en ce qui concerne la causalité au sens de GRANGER, c’est un test


qui consiste à vérifier si la prédictibilité de Y – faites à partir de ses valeurs
passées – est améliorée lorsque l’on incorpore les valeurs passées de X, alors
dans ce cas, nous pouvons dire que X cause Y au sens de GRANGER.

En d’autres termes, au sens de GRANGER, pour deux variables données, Y 1 Y2,


Y1 cause Y2 si la connaissance du passé de Y 1 permet d’améliorer la prévision
de Y2 à tout horizon et vice versa.

Par rapport au sujet de cette recherche, nous nous proposons ainsi de procéder
par le test de causalité au sens de Granger afin de savoir si la prédictibilité du
45
BOURBONNAIS, R, Econométrie, 7ème édition, éd DUNOD, Paris, 2009, P 271.

61
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

taux de croissance économique –faite à partir de ses valeurs passées- est


améliorée lorsqu’on incorpore les valeurs passées du système bancaire.

Le test de causalité de GRANGER, est exécuté dans le cadre de la modélisation


VAR (vecteur auto régressif). Ce modèle permet d’analyser les effets des
variables au travers des simulations aléatoires. Mais cette analyse s’effectue en
postulant la constance de l’environnement économique « toutes choses restant
égales par ailleurs ».

Ainsi, le modèle VAR s’écrit généralement de la manière suivante :

[ ] * + * +[ ] * +[ ] * +[ ] * +

Comme tout processus scientifique, la résolution d’un problème par la


modélisation VAR suit une certaine logique que nous résumons par les étapes
suivantes :

 La vérification de la stationnarité ;
 La détermination du nombre de décalage optimal ;
 Le test de causalité ;
 L’estimation des paramètres du modèle ;
 L’analyse de la dynamique du modèle VAR.

3.3. Analyse proprement dite

3.3.1. Vérification de la stationnarité

Etant donné que les séries temporelles peuvent être affectées par des effets de
tendance ou de saisonnalité, il est nécessaire de les stationnariser afin d’ôter
toute influence déterministe ou stochastique.

Pour ce faire, il existe plusieurs méthodes permettant de déterminer les


caractéristiques d’une série en ce qui concerne la stationnarité. Pour ce qui nous
concerne, nous avons utilisé le test de DICKEY FULLER Augmenté (ADF) qui
consiste à comparer la statistique calculée de ADF et celle de MAKINNON
prises toutes en valeur absolue. L’hypothèse de non stationnarité est acceptée si
la première statistique est inférieure à la deuxième et elle est rejetée au cas
contraire.

Une série non stationnaire peut suivre un processus TS ou DS :

62
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

-Le processus TS (Trend Stationnary) représentant le processus de non


stationnarité de nature déterministe et qui peut devenir stationnaire par l’écart à
la tendance.

-Le processus DS (Difference Stationnary) représentant la non-stationnarité de


nature stochastique et qui peut devenir stationnaire par la méthode des
différences.

La non stationnarité des séries peut conduire à des conséquences allant jusqu’à
l’invalidation des tests statistiques et à l’invalidation même de l’analyse faite.
TABLEAU N°6 : Etude de la stationnarité des données

Variables variables initiales Variables différenciée


ADF Seuil VCM Décision ADF seuil VCM Décision Ordre
1% -2,62
-
TC
2,74
5% -1,94
10% -1,61
S I(0)

1% -2,62 1% -2,71
CREBAN
-
1,25
5% -1,95
10% -1,61
NS/DS -6,7 5%
10%
-1,95
-1,61 S I(1)

1% -2,62 1% -2,63
INTERM
-
1,21
5% -1,95
10% -1,61
S -8,9 5%
10%
-1,94
-1,61 S I(1)

1% -3,61
M2PIB -5,7 5% -2,93 S I(0)
10% -2,6
1% -2,62
-
TINFL
2,37
5% -1,95 S I(0)
10% -1,61
1% 2,63
EDU 3,24 5% 1,95 S I(0)
10% 1,61
Source : calculs de l’auteur à l’aide du logiciel E-views 5

Ce tableau nous renseigne que toutes les variables de l’étude sont stationnaires à
niveau sauf deux qui déviennent stationnaire après la diférence prémière, il
s’agit de creban et intermau départ et le sont devenues après différences. La
variable M2pib est stationnaire par ce qu’en comparant sa valeur ADF calculée à
celle tabulée de MCinoon, celle-là est supérieure à celle-ci lorsqu’on les
prends en valeurs absolues. Par ailleurs, on peut également noter que toutes les
variables non stationnaires sont rendus stationnaire après la prémière différence
Elle sont donc I(1) alors que toutes les autres sont I(0).

63
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

3.3.2. Détermination du LAG optimal


L’estimation d’un modèle à variables explicatives échelonnées à décalage fini
pose un problème majeur, celui du nombre de décalages à utiliser. Avant de
passer aux méthodes d’estimation de ces modèles, il s’avère nécessaire de
déterminer au préalable le lag optimal, c’est-à-dire déterminer le retard
maximum. Pour déterminer le nombre optimal de retards d’un modèle à retards
échelonnés, en général on utilise les critères AKAIKE et SCHWARTZ. La
procédure à suivre pour la détermination du lag optimal consiste à estimer le
modèle à différents ordres allant de 0 à h (h étant le retard maximum admissible
par la théorie économique ou par les données disponibles). Ensuite on calcule
les fonctions AIC(p) (Critère de AKAIKE) et SC(p) (Critère de SCHWARTZ)46.
TABLEAU N°7 : détermination du décalage optimal

MODELE/CRITERE AIC SC
Modele1 34.06079 34.94052*
Modele2 33.74813 35.33165
Modele3 33.62391* 35.91121
Source : calculs de l’auteur à l’aide du logiciel E-views 5

Après avoir utilisé les critères d’AKAIKE et de SCHWARZ pour déterminer le


retard optimal du modèle du modèle VAR pour un ordre allant de 0 à 3, le
critère AIC est minimisé au troisième décalage alors que le critère SC est
minimisé au premier décalage. En partant du principe de parcimonie et du fait
qu’il est plus facile d’interpréter un VAR dont le décalage est 1 que celui d’un
décalage plus élevé, nous avons retenu 1 comme décalage optimal. Ce décalage
correspond à la valeur au plus faible des critères soit : p=1.

3.3.3. Test de causalité


En vue de donner aux concepteurs des politiques macroéconomiques des
informations précises sur le rôle du système bancaire afin qu’ils puissent savoir
comment le système financier congolais agit et réagit avec d’autres indicateurs
économiques surtout en terme de lien de cause à effet, le test de causalité tient
lieu. Comme relevé plus haut, ce dernier est d’autant plus important qu’il
permet d’établir les liens d’interdépendance entre les variables ; déterminant
ainsi laquelle d’elles est la cause et la quelle est l’effet. Pour ce faire, on recourt

46
KINTAMBU, M., «introduction à l’économétrie », Syllabus du cours, inédit, UNIKIN, Kinshasa, 2006-2007,
p.102.

64
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

traditionnellement à deux tests : celui de SIMS (1980) et celui de GRANGER


(1969).

La causalité au sens de SIMS considère que pour deux variables(X et Y par


exemple), les valeurs futures de X permettent d’expliquer les valeurs présentes
de Y47. Du point de vue économique, cette approche permet aux décideurs de la
politique économique de saisir les anticipations des agents économiques.

Par ailleurs, en ce qui concerne la causalité au sens de GRANGER, c’est un test


qui consiste à vérifier si la prédictibilité de Y – faites à partir de ses valeurs
passées – est améliorée lorsque l’on incorpore les valeurs passées de X, alors
dans ce cas nous pouvons dire que X cause Y au sens de GRANGER.

Nous avons exécuté le test de causalité au sens de GRANGER à un seuil de


5% pour toutes les six variables de l’étude, les résultats de ce test indiquent
que pour les six variables de l’étude, seules quatre variables ont une relation
causale à un seuil de 5%, notamment :

- Le taux de croissance économique (TC) cause le crédit bancaire au sens


de GRANGER, à un seuil de 5% ;
- Le taux de croissance économique (TC) cause le taux d’inflation (TINFL)
au sens de GRANGER, à un seuil de 5% ;
- Le crédit bancaire (CREBAN) cause le taux d’inflation (TINFL) au sens
de GRANGER, à un seuil de 5% ;
- L’intermédiation financière (INTERM) cause le taux d’inflation (TINFL)
au sens de GRANGER, à un seuil de 5%.

Schématiquement, les relations de causalité entre les variables sont représentées


comme suit :
SCHEMA N°4 : Schéma de causalité des variables

DCREBAN

TC TINFL

DINTERM
Source : Calculs de l’auteur à l’aide du logiciel E-views 5

47
BOURBONNAIS, R., « Econométrie », 7ème édition, DUNOD, Paris, 2009, p.271.

65
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

Ce schéma renseigne que pour toutes les variables considérées, chacune d’elle
cause l’inflation en RDC, toutes les trois variables, à savoir, le taux de
croissance économique, le crédit bancaire et l’intermédiation financière sont la
cause et le taux d’inflation est l’effet et que le taux de croissance économique
cause le crédit bancaire. C’est sur base de ce test que sont introduites les
variables dans le modèle à estimer.

3.3.4. Estimation des paramètres du modèle

Le modèle à estimer dans cette étude se présente comme suit :


Tc=α1+βTct-1+ λ1 DCREBANt-1 +δ1DINTERMt-1 +τ1TINFLt-1 + v1

DCREBAN = α2+βTct-1 + λ2 DCREBANt-1 +δ2DINTERMt-1 +τ2TINFLt-1+ v2

DINTERM = α4+βTct-1 + λ3 DCREBANt-1 +δ4DINTERMt-1 +τ4TINFLt-1+ v3

TINFL = α5+βTct-1 + λ4 DCREBANt-1+δ5DINTERMt-1 +τ5TINFLt-1+ v4

C’est un modèle multi équationnel dont les coefficients α, β, λ, δ, τ, v de chaque


équation sont à estimer, soit 20 coefficients à estimer mais plus précisément
pour cette étude, la première et la quatrième équation sont d’une très grande
importance. En effet, la première équation met en relation la croissance
économique comme variable dépendante des variables du système financier et
de l’inflation et la quatrième équation quant à elle met en relation les variables
du modèle et l’inflation, pour appuyer les résultats du test de causalité de
GRANGER selon lequel, toutes les trois autres variables du modèle causent
l’inflation.

66
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

Présentation des Résultats :

TABLEAU N°8 : Résultats des estimations

C TCt-1 DCREBANt-1 DINTERMt-1 TINFLt-1 R2 F_STAT


Modèle
TC 0.834321 0,396691 -0,250319 0,55723 -0,002413 52,9 % 9,26
(1.09862) (2,28698) (-1,42625) (0,98047) (-2,09454)

DCREBAN 0.337548 0,193073 -0,075441 0.100467 -0.000792 24,6 % 2,69


(0.42810) (-1,42625) (-0,41400) (1.70259) (-0.66251)

DINTERM 0.246265 0.232042 -0.577796 -0.447361 -0.000842 17,6 % 1,77


(0.10174) (0.41972) (-1.03291) (-2.46969) (-0.22929)

TINFL 96.564556 -20.60309 34.520963 -17.306543 0.725198 63,6 % 14,39


(0.89007) (-0.83144) (1.37681) (-2.13156) (4.40558)

N 38 38 38 38
Les chiffres entre ( ) correspondent aux statistiques du test de Student (T_Stat)

Interprétation économétrique
Il ressort des estimations que :

- le taux de croissance dépend positivement et significativement du taux de


croissance retardé d’une période, il dépend négativement et de façon
statistiquement significative du taux d’inflation décalé d’une période. le
taux de croissance ne dépend pas du crédit bancaire et de
l’intermédiation. Le taux de croissance est expliquée à hauteur de 48% par
les variables de la première équation, et ce, de manière statistiquement
significative comme le prouve la statistique de FISHER.
- Les proxys du système bancaire ne sont pas expliqués de façon
statistiquement significative par les variables prise dans le modèle comme
le montrent les statistiques de FISHER de la deuxième et troisième
équation. De même les coefficients de détermination (R2), étant très
inférieurs à 50%, traduisent que les variables du modèle n’expliquent pas
les variations des proxys du système financier.
- Le taux d’inflation quant à lui est expliqué positivement par le crédit
bancaire. Par contre, il dépend négativement et de façon statistiquement

67
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

significative de l’intermédiation financière retardée d’une période.


L’inflation dépend aussi positivement de ses propres valeurs retardées
d’une période, et les variables de la quatrième équation expliquent
l’inflation à 58% et ce, de façon statistiquement significative comme le
prouve la statistique de FISHER.

L’analyse de la décomposition de la variance des erreurs va nous permettre de


comprendre les causes des variations de chaque variable du modèle par d’autres
variables, de même l’analyse des fonctions de réponses impulsionnelles va
permettre de saisir les réponses de chaque variable aux chocs sur d’autres
variables.

1. Analyse de la dynamique du modèle VAR

A. Fonctions des réponses impulsionnelles

Les graphiques qui suivent, exécutés à l’aide du logiciel EVIEWS, représentent


les réponses à des chocs des 4 variables du modèle qui ont une relation causale,
à savoir TC, DCREBAN, DINTERM et TINFL sur chacune de variable.
L’horizon temporel des réponses des variables aux chocs est fixé à 10 ans, cet
horizon représente le délai nécessaire pour que les variables retrouvent leurs
niveaux de long terme.
GRAPHIQUE N°15 : réponse du taux d’inflation au choc du taux de croissance économique

Response of TINFL to Cholesky


One S.D. TC Innovation
300
200
100
0
-100
-200
-300
-400
-500
-600
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Source : Calculs de l’auteur à l’aide du logiciel E-views 5

Ce graphique montre qu’à un choc positif sur le taux de croissance correspond


une réponse rapide du taux d’inflation. Ce dernier baisse pendant les deux
premières années, et augmente à partir de la troisième année et retrouve son
niveau de long terme presqu’à la dixième année.

68
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

GRAPHIQUE N°16 : réponse du taux d’inflation au choc du crédit bancaire

Response of TINFL to Cholesky


One S.D. DCREBAN Innovation
300

200

100

-100

-200

-300

-400
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Source : Calculs de l’auteur à l’aide du logiciel E-views 5

A un choc positif sur le crédit bancaire correspond une réponse rapide du taux
d’inflation. Ce dernier augmente fortement pendant les deux premières années,
et un peu faiblement la troisième année après quoi, il diminue à partir de la
quatrième année jusqu’à atteindre son niveau de long terme presqu’à la sixième
année.
GRAPHIQUE N°17 : réponse du taux d’inflation au choc de l’intermédiation financière
Response of TINFL to Cholesky
One S.D. DINTERM Innovati on
400

300

200

100

-100

-200

-300

-400
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Source : calculs de l’auteur à l’aide du logiciel E-views 5

A un choc positif sur l’intermédiation financière, le taux d’inflation baisse au


cours des deux premières années et commence à augmenter à partir de la
troisième année, baisse à nouveau à la quatrième année jusqu’à retrouver son
niveau de long terme à partir de la sixième année.

69
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

GRAPHIQUE N°15 : réponse du crédit bancaire au choc du taux de croissance économique


Response of DCREBAN to Cholesky
One S.D. TC Innovation
4

-1

-2

-3

-4
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Source : calculs de l’auteur à l’aide du logiciel E-views 5

Ce graphique montre qu’à un choc positif sur le taux de croissance correspond


une réponse rapide du crédit bancaire. Ce dernier augmente pendant les deux
premières années, baisse à partir de la troisième année jusqu’à retrouver son
niveau de long terme à la neuvième année.

B. Décomposition de la variance

Outre l’analyse des réponses impulsionnelles, la modélisation VAR permet de


répondre à la question : « quelle variable produit plus d’impact sur une autre
variable ? » Ceci est possible grâce à l’analyse de la décomposition de la
variance de l’erreur. Les tableaux suivants, exécutés avec le logiciel Eviews
présentent la décomposition de la variance de l’erreur de chaque variable du
modèle.
TABLEAU N°9 : Décomposition de la variance du taux de croissance économique

Variance
Decomposition
of TC:
Period S,E, TC DCREBAN DINTERM TINFL

1 3,83 100,00 0,00 0,00 0,00


2 4,78 93,06 0,80 0,20 5,94
3 5,14 87,81 0,84 0,44 10,91
4 5,32 84,91 0,79 0,42 13,88
5 5,43 83,24 0,77 0,43 15,56
6 5,49 82,30 0,75 0,43 16,51
7 5,53 81,77 0,74 0,43 17,06
8 5,55 81,46 0,74 0,43 17,37
9 5,56 81,28 0,74 0,43 17,55
10 5,57 81,17 0,74 0,43 17,66
Source : Calculs de l’auteur à l’aide du logiciel E-views 5

Ce tableau indique que près de 85% des variations du taux de croissance sont
expliquées par ses propres innovations, 13,24% sont dues aux variations du taux

70
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

d’inflation, 0,69% sont dues aux variations du crédit bancaire et 0,37%


seulement sont dues aux variations de l’intermédiation financière.
TABLEAU N°10 : Décomposition de la variance du crédit bancaire

Variance
Decomposition
of
DCREBAN:
Period S,E, TC DCREBAN DINTERM TINFL

1 3,97 31,60 68,40 0,00 0,00


2 4,38 37,90 56,44 4,90 0,76
3 4,48 38,05 54,09 5,82 2,05
4 4,52 38,16 53,13 5,78 2,92
5 4,55 38,19 52,59 5,76 3,46
6 4,56 38,21 52,28 5,73 3,78
7 4,57 38,21 52,11 5,71 3,97
8 4,57 38,22 52,00 5,70 4,08
9 4,58 38,22 51,94 5,69 4,15
10 4,58 38,22 51,91 5,69 4,18
Source : calculs de l’auteur à l’aide du logiciel E-views 5

A travers ce tableau on peut lire que 54,49% des variations du crédit bancaire
sont dues à ses propres innovations, 37,50% sont dues aux innovations du taux
de croissance économique, 5,08% sont dues aux innovations de l’intermédiation
financière et 2,94% sont dues aux innovations du taux d’inflation.
TABLEAU N°11: Décomposition de la variance de l’intermédiation financière

Variance
Decomposition
of DINTERM:
Period S,E, TC DCREBAN DINTERM TINFL

1 12,20 19,28 0,31 80,41 0,00


2 13,28 16,28 1,44 82,18 0,09
3 13,42 15,95 1,65 82,30 0,11
4 13,44 15,91 1,68 82,30 0,12
5 13,44 15,91 1,68 82,29 0,12
6 13,44 15,91 1,68 82,29 0,13
7 13,44 15,91 1,68 82,28 0,13
8 13,44 15,91 1,68 82,28 0,13
9 13,44 15,91 1,68 82,28 0,13
10 13,44 15,91 1,68 82,28 0,13
Source : Calculs de l’auteur à l’aide du logiciel E-views 5

Ce tableau renseigne que 82% des variations de l’intermédiation bancaire sont


dues à ses propres innovations, 16,29% aux innovations du taux de la croissance

71
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

économique, 1,52% dues aux innovations du crédit bancaire, et 0,11%


seulement sont dues aux innovations du taux d’inflation.
TABLEAU N°12: Décomposition de la variance du taux d’inflation

Variance
Decomposition
of TINFL:
Period S,E, TC DCREBAN DINTERM TINFL

1 546,80 2,32 10,72 8,94 78,01


2 722,67 19,63 6,14 6,08 68,15
3 806,52 23,37 5,02 5,52 66,08
4 849,91 25,03 4,53 4,98 65,47
5 874,78 25,85 4,28 4,75 65,12
6 888,92 26,30 4,15 4,61 64,95
7 897,15 26,54 4,07 4,54 64,85
8 901,94 26,68 4,03 4,49 64,79
9 904,74 26,77 4,01 4,47 64,76
10 906,38 26,81 3,99 4,45 64,74
Source : Calculs de l’auteur à l’aide du logiciel E-views 5

On peut lire dans ce tableau que 66,29% des variations du taux d’inflation sont
dues à ses propres innovations, 22,93% sont dues aux innovations du taux de
croissance économique 5,28% sont dues aux innovations d é l’intermédiation
bancaire et 5,10% sont dues aux innovations du crédit bancaire.

Interprétation économique

En partant du test de causalité de GRANGER jusqu’aux estimations du modèle


VAR, il se dégage que l’essentiel des relations va des proxys du système
bancaire et de la croissance économique vers l’inflation, et qu’il n’existe pas de
relation allant du système bancaire vers la croissance économique. Ceci est une
preuve de l’incapacité du système financier à soutenir la croissance économique
en RDC, du fait des problèmes structurels. Ce fait traduit à juste titre que le
crédit octroyé par les banques en RDC ne soutient pas du tout l’innovation et la
croissance48 mais plutôt la consommation et toutes choses restant égales, la
consommation qui augmente sans que la production n’ait augmenté entraine un
ajustement par les prix (hausse de l’inflation). Cela est d’autant évident qu’en
RDC les banques de dépôts octroient essentiellement les crédits à court terme. Il
n’existe presque pas de banques spécialisées dans l’octroi de crédits à long

48
Un peu plus haut nous avons pu constater que les crédits des banques sont plus des crédits de court terme, à
hauteur de près de 70%.

72
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

terme pouvant financer l’investissement dans la Recherche-Développement


susceptible de générer de l’innovation et soutenir la croissance.

La causalité qui existe allant du taux de croissance économique vers le crédit


bancaire traduit le fait que, plus il y’a croissance économique en RDC, plus les
banques trouvent mieux de s’installer par ce qu’une croissance économique
laisse entrevoir des profits pour le secteur bancaire. D’après les résultats des
estimations du modèle, tout effort qui pourrait être fait pour accroitre le
développement du système financier (crédit bancaire en pourcentage du PIB) au
temps t-1,n’exercera aucun effet sur les variables du secteur réel, à savoir le taux
d’inflation et la croissance économique au temps t.

Par ailleurs, les résultats démontrent également que le taux d’inflation dépend
significativement des valeurs de l’efficacité du secteur financier(Dinterm) décalé
d’une période. C’est-à-dire qu’on peut réduire l’inflation en augmentant
l’efficacité du système financier étant donné que son coefficient est lié
négativement avec l’inflation. En considérant cette relation, nous pouvons
affirmer que l’efficacité du système financier agit sur le taux de croissance
économique de manière indirecte en passant par le taux d’inflation par ce que ce
dernier est quant à lui relié négativement au taux de croissance économique ;
augmenter l’efficacité du système bancaire entraine une baisse du taux
d’inflation qui à son tour entraine une augmentation du taux de croissance
économique. Par ailleurs, cette situation reste en phase avec la théorie selon
laquelle la stabilisation de l’inflation à long terme est fonction notamment de la
stabilité du système financier.

Cependant, l’analyse de la variance nous a démontré que malgré l’éclosion des


banques, elles ne sont pas réparties d’une façon optimale et équilibré à travers le
pays. Elles sont beaucoup plus implantées dans des centres villes. Les réserves
des banques en RDC sont généralement excédentaires ce qui correspond à une
situation de surliquidité, qui se traduit par le taux d’emploi de dépôts sous forme
des crédits (Crédits/Dépots) qui se situe de loin en deçà de 20%. Les fonds
mêmes collectés auprès du public ne sont pas affectés au crédit de manière à
soutenir l’innovation et la création des nouveaux emplois.

73
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

3.3.5. Considérations finales par rapport aux hypothèses

Pour démontrer l’existence de la relation entre banques et croissance


économique, nous avions formulé les hypothèses suivantes :

- Le système bancaire congolais ne garantit pas une croissance auto-


entretenue ;
- Les crédits bancaires ne sont pas de nature à soutenir la croissance
économique en RDC.

Au regard du développement ci-dessus, nous pouvons établir ce qui suit :

- le système bancaire congolais est handicapé par des problèmes relatifs au


système juridique qui ne permettent pas la protection des investisseurs et
le respect des droits des créanciers ;
- les potentiels innovateurs sont limités par l’accès aux services financiers
dont ils ont besoin pour soutenir leurs activités ;
- les institutions financières spécialisées et les sociétés financières sont
quasi inexistantes alors qu’elles sont susceptibles de soutenir la croissance
du fait qu’elles ont la particularité de s’intéresser à des secteurs
prioritaires ;
- la relative stabilité du cadre macroéconomique pendant près d’une
décennie a permis de rassurer les investisseurs dans le secteur bancaire
congolais bien que les fruits de cette éclosion des banques demeurent
presqu’invisibles ;
- le secteur bancaire congolais est actuellement composé essentiellement
des banques à capitaux étrangers.

74
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

CONCLUSION

Les objectifs de cette étude étaient d’une part, de dresser une revue de la
littérature sur la question, et de déterminer les facteurs qui empêchent au
système bancaire de jouer son rôle et qui font qu’il ne soit pas capable de
soutenir une croissance auto-entretenue.

Au niveau de la revue de la littérature, nous avons constaté que bien qu’il existe
plusieurs positions sur la relation croissance économique et système financier,
pour la plupart des travaux, le système bancaire favorise la croissance
économique.

A l’issue de ce travail, nous avons affirmé toutes les deux hypothèses de ce


travail, à savoir que « le système bancaire congolais ne garantit pas une
croissance auto-entretenue » et que « les crédits bancaires ne sont pas de nature
à soutenir la croissance économique en RDC. »

Nous sommes partis du constat selon lequel, le système financier congolais est
fondé sur les banques « Bank Oriented » et de ce fait, l’essentiel du
financement des activités doit nécessairement passer par les banques.
Cependant, l’économie congolaise est sous bancarisée et les crédits octroyés par
le système bancaire sont à près de 80% des crédits de court terme et ne sont
pas absorbé en grande partie par des secteurs qui sont susceptibles de soutenir
fortement une croissance économique inclusive.

En vue de saisir de façon empirique les relations entre le système bancaire et la


croissance économique et de répondre à la préoccupation du sens de causalité,
nous avons estimé un modèle vectoriel auto régressif(VAR).

Les résultats obtenus ont démontré que pendant la période considérée toutes les
variables considérées dans le modèle, à savoir le taux de croissance
économique, le crédit bancaire, l’intermédiation financière causent le taux
d’inflation et qu’aucune d’elles ne cause le taux de croissance économique, mais
aussi que le taux de croissance économique cause le crédit bancaire.

De même, les résultats des estimations du modèle VAR ont démontré que le
taux de croissance économique et le taux d’inflation sont reliés de façon
statistiquement significative par une relation négative. Pour sa part,
l’intermédiation financière est liée au taux d’inflation de façon statistiquement
significative par une relation négative. Ces résultats attestent qu’il existe une
quasi déconnection entre les indicateurs du système bancaire et la croissance
75
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

économique sauf qu’à travers la relation négative qui lie l’intermédiation


financière au taux d’inflation, il existe une relation positive indirecte entre
l’intermédiation financière et la croissance économique en passant par le taux
d’inflation, d’autant plus que le taux d’inflation et le taux de croissance sont liés
par une relation négative. Augmenter l’efficacité du système bancaire
(intermédiation financière) entraine une baisse du taux d’inflation toute baisse
entraine une augmentation du taux de croissance économique.

En Considérant la variable crédit bancaire qui est l’indicateur qui saisit le


niveau de développement du système bancaire, ces résultats confirment les
résultats trouvés par les études antérieures portant sur la même question mais
ayant utilisé un seul proxy pour saisir l’action du système bancaire.

En effet, comme souligné dans le texte parmi les déterminants du


développement du système financier il y’a des déterminants d’ordre économique
et d’ordre institutionnel. La RDC pour l’instant connait des performances sur le
plan économique tandis que sur le plan institutionnel, et de la gouvernance il n’y
a presque pas de progrès visible. De même plusieurs études ont avancé qu’en
dessous d’un certain seuil de développement financier son impact sur la
croissance économique est quasi nul comme c’est le cas pour la RDC dont le
niveau de développement financier est l’un des plus bas du monde.

En d’autres termes, les résultats trouvés nous conduisent à confirmer les


hypothèses :

 Le système bancaire congolais ne garantit pas une croissance auto-


entretenue ;
 Les crédits bancaires ne sont pas de nature à soutenir la croissance
économique en RDC.

Au regard des résultats obtenus dans cette étude, nous suggérons ce qui suit :

(i) La mise en place des mesures de politique économique consistant en


l’amélioration du cadre juridique et légal pour la protection des
investisseurs et de respect des droits des créanciers ;
(ii) Promouvoir et soutenir la recherche et développement et encourager
l’entrepreneuriat pour que les projets innovants des entrepreneurs
puissent bénéficier des financements du système financier;
(iii) Mettre en place et rétablir les institutions financières spécialisées et les
sociétés financières en vue de soutenir certains facteurs particuliers

76
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

mais dont la participation à la croissance économique est


potentiellement énorme;
(iv) Maintenir un cadre macroéconomique stable pendant le plus
longtemps possible en vue de rassurer les acteurs financiers de la
sureté de l’exercice de leur activité au pays.
(v) Stimuler et favoriser l’émergence des banques à capitaux nationaux en
agissant sur les conditions d’entrée dans la profession bancaire.

Enfin, disons que notre modèles est loin d’être parfaits et que d’autres
techniques d’estimation et de modélisation de la relation « banques et
croissance économique »méritent d’être exploitées aux fin d’approfondir les
connaissances. Toutefois, nous proposons à d’autres études de pouvoir
s’intéresser aux effets de seuil du développement du système bancaire en vue de
déterminer le seuil à partir duquel son amélioration pourrait entrainer la
croissance économique en RDC.

77
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

BIBLIOGRAPHIE
A. OUVRAGES
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271 p.
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Bruxelles, 2003, 158 p.

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B. Articles et publications scientifiques


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panel, in revue économique, Vol. 49, N°1, Paris, 1998, pp. 195-206.
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« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

9. KABUYA, K et TSHIUNZA, M, « La politique économique revisitée


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10. KABUYA, K et TSHIUNZA, M, « Patrimonialisme et implosion de
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grands lacs , Annuaire 2002-2003, KINSHASA, Mars 2003, 28. p.
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12. KING, R, et LEVINE, R, « Finance and GROWTH : SHUMPETER
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13. LAGUERRE-LAKOMSKI, O, « Le crédit et le capitalisme : la
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14. LEVINE, R, « Financial developement and economic growth : views
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15. LUCAS, R, « On the mechanics of economic developement » in
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16. NATHALIE, A, FRANCOISE, N, « Théorie de la croissance : les
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17. RODOLPH, E, et MURAT, Y, « Croissance économique », working
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1. KIBALA, K, « Intégration régionale, agglomérations naturelles et
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économétrique. », mémoire de licence, Faseg/UNIKIN, 2011, 47. p.
2. LOKOTA, I, « Développement du système financier et croissance
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2009, 55. p.
3. MUKUNDI, N, « Analyse des effets de modifications du taux
directeur de la Banque Centrale du Congo sur les activités des
banques créatrices de monnaie », thèse de doctorat, UNIKIN, 2013,
276. p.
4. SOUMARE, « Contribution du financement bancaire à la croissance
économique en Afrique Subsaharienne : expérience Malienne »,
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79
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

D. Cours et Working Papers


1. BOFOYA, K, « Econométrie approfondie », Notes du cours de deuxième
licence économie mathématique, UNIKIN, 2010.
2. DIEMER, M, « Economie générale », cours dispensé en licence, IUF
d’auvergne, 2010, 50. p.
3. DIEMER, M, « Economie générale », cours dispensé à l’université IUFN
AUVERGNE, France, 2009, 50. p.
4. KABUYA, K, « Macroéconomie », syllabus du cours de licence,
Université de Kinshasa, Kinshasa, 2005, 102. p.
5. KABUYA, K, « Economie bancaire », notes du cours dispensé en
première licence économie monétaire, UNIKIN, Kinshasa, 2007, 42. p.
6. KINTAMBU, M, « Introduction à l’économétrie », notes de cours, inédit,
UNIKIN, Kinshasa, 2006-2007, 142. p.
7. MUKENDI, M, « Modèles de croissance économique », première licence
économie mathématique, UNIKIN, KINSHASA, 2011.
8. NSHUE, M, « Macroéconomie de long terme », notes des cours, première
licence économie mathématique, inédit, UPC, KINSHASA, 2010, 48. p.

E. Rapports et autres documents officiels

1. Banque Centrale du Congo, (rapports annuels 2006-2012)


2. Banque Centrale du Congo, (rapports sur la supervision des intermédiaires
financiers, 2010)
3. Journal officiel, Loi 005-2002 relative à la constitution, à l’organisation
et au fonctionnement de la banque centrale du Congo, mai 2007.

80
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

ANNEXES

81
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

Année Taux de croissance Crédit bancaire/PIB Intermédiation bancaire Taux d'inflation M2/PIB
1970 -0,25 5,79 42 -2,84 8,52
1971 6,01 6,72 42 8,2 8,00
1972 0,15 7,96 44 10,18 8,81
1973 8,14 8,14 47 17,89 9,53
1974 3,13 11,56 45 18,24 10,39
1975 -4,98 14,84 10 12,27 10,71
1976 -5,31 15,56 37 57,4 9,92
1977 0,76 16,01 35 68,9 11,42
1978 -5,35 18,15 31 48,8 14,50
1979 0,43 11,72 29 101,77 7,51
1980 2,19 9,24 28 46,6 7,90
1981 2,35 9,70 23 35,4 8,81
1982 -0,46 12,79 19 36,7 10,78
1983 1,41 13,45 39 76,5 72,37
1984 5,54 6,28 39 52,2 6,62
1985 0,47 5,55 39 23,8 6,90
1986 4,72 7,35 42 44,4 8,07
1987 2,68 6,68 52 78,7 8,78
1988 0,47 9,94 44 71,1 10,56
1989 -1,27 11,21 60 104,1 8,52
1990 -6,57 25,33 34 81,3 12,89
1991 -8,42 18,07 25 2154,4 15,21
1992 -10,50 14,31 53 4129,2 15,84
1993 -13,47 16,40 27 1986,9 30,68
1994 -3,90 3,43 35 2373,1 8,40
1995 0,70 1,70 39 541,9 6,74
1996 -1,02 1,01 20 492,4 0,00
1997 -5,62 1,02 15 198,5 0,00
1998 -1,62 3,22 13 29,1 0,00
1999 -4,27 3,27 9 284,9 0,00
2000 -6,91 8,12 4 513,9 15,18
2001 -2,10 1,84 6 359,9 4,84
2002 3,47 0,19 3 31,5 4,86
2003 5,79 1,40 3 12,9 5,42
2004 6,64 1,11 6 4 8,09
2005 7,80 2,88 8 21,6 7,78
2006 5,58 4,13 10 13,1 9,98
2007 6,26 5,31 21 16,7 12,28
2008 6,16 8,88 34 18 15,08
2009 2,83 7,10 41 46,1 16,37
2010 7,17 0,81 42 23,5 16,36

82
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

Null Hypothesis: TC has a unit root


Exogenous: None
Lag Length: 0 (Automatic based on SIC, MAXLAG=9)

t-Statistic Prob.*

Augmented Dickey-Fuller test statistic -2.740933 0.0074


Test critical values: 1% level -2.625606
5% level -1.949609
10% level -1.611593

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

Augmented Dickey-Fuller Test Equation


Dependent Variable: D(TC)
Method: Least Squares
Date: 02/23/14 Time: 22:47
Sample (adjusted): 1971 2009
Included observations: 39 after adjustments

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

TC(-1) -0.333874 0.121810 -2.740933 0.0093

R-squared 0.164783 Mean dependent var 0.078960


Adjusted R-squared 0.164783 S.D. dependent var 4.329160
S.E. of regression 3.956427 Akaike info criterion 5.613866
Sum squared resid 594.8260 Schwarz criterion 5.656522
Log likelihood -108.4704 Durbin-Watson stat 1.959447

MODELE/CRIT HANNAN
AKAIKE SCHARTZ
ERE QUIN
Modele1 34.06079 34.94052* 34.36784
Modele2 33.74813 35.33165 34.30082*
Modele3 33.62391* 35.91121 34.42224

83
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

Null Hypothesis: TINFL has a unit root


Exogenous: None
Lag Length: 0 (Automatic based on SIC, MAXLAG=9)

t-Statistic Prob.*

Augmented Dickey-Fuller test statistic -2.368681 0.0190


Test critical values: 1% level -2.625606
5% level -1.949609
10% level -1.611593

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

Augmented Dickey-Fuller Test Equation


Dependent Variable: D(TINFL)
Method: Least Squares
Date: 02/23/14 Time: 22:48
Sample (adjusted): 1971 2009
Included observations: 39 after adjustments

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

TINFL(-1) -0.257339 0.108642 -2.368681 0.0230

R-squared 0.128650 Mean dependent var 1.254872


Adjusted R-squared 0.128650 S.D. dependent var 662.3920
S.E. of regression 618.3173 Akaike info criterion 15.71719
Sum squared resid 14528021 Schwarz criterion 15.75984
Log likelihood -305.4852 Durbin-Watson stat 1.937186

84
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

Null Hypothesis: DCREBAN has a unit root


Exogenous: None
Lag Length: 0 (Automatic based on SIC, MAXLAG=9)

t-Statistic Prob.*

Augmented Dickey-Fuller test statistic -6.709799 0.0000


Test critical values: 1% level -2.627238
5% level -1.949856
10% level -1.611469

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

Augmented Dickey-Fuller Test Equation


Dependent Variable: D(DCREBAN)
Method: Least Squares
Date: 02/23/14 Time: 22:50
Sample (adjusted): 1972 2009
Included observations: 38 after adjustments

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

DCREBAN(-1) -1.099468 0.163860 -6.709799 0.0000

R-squared 0.548841 Mean dependent var -0.071424


Adjusted R-squared 0.548841 S.D. dependent var 6.405054
S.E. of regression 4.302172 Akaike info criterion 5.782080
Sum squared resid 684.8213 Schwarz criterion 5.825175
Log likelihood -108.8595 Durbin-Watson stat 2.004373

85
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

Null Hypothesis: DINTERM has a unit root


Exogenous: None
Lag Length: 0 (Automatic based on SIC, MAXLAG=9)

t-Statistic Prob.*

Augmented Dickey-Fuller test statistic -8.904302 0.0000


Test critical values: 1% level -2.627238
5% level -1.949856
10% level -1.611469

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

Augmented Dickey-Fuller Test Equation


Dependent Variable: D(DINTERM)
Method: Least Squares
Date: 02/23/14 Time: 22:52
Sample (adjusted): 1972 2009
Included observations: 38 after adjustments

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

DINTERM(-1) -1.367771 0.153608 -8.904302 0.0000

R-squared 0.681795 Mean dependent var 0.184211


Adjusted R-squared 0.681795 S.D. dependent var 20.94117
S.E. of regression 11.81284 Akaike info criterion 7.802214
Sum squared resid 5163.097 Schwarz criterion 7.845309
Log likelihood -147.2421 Durbin-Watson stat 2.152040

Null Hypothesis: M2PIB has a unit root


Exogenous: Constant
Lag Length: 0 (Automatic based on SIC, MAXLAG=9)

t-Statistic Prob.*

Augmented Dickey-Fuller test statistic -5.684326 0.0000


Test critical values: 1% level -3.610453
5% level -2.938987

86
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

10% level -2.607932

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

Augmented Dickey-Fuller Test Equation


Dependent Variable: D(M2PIB)
Method: Least Squares
Date: 01/07/14 Time: 10:03
Sample (adjusted): 1971 2009
Included observations: 39 after adjustments

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

M2PIB(-1) -0.934749 0.164443 -5.684326 0.0000


C 10.31398 2.573453 4.007836 0.0003

R-squared 0.466179 Mean dependent var 0.201195


Adjusted R-squared 0.451751 S.D. dependent var 15.68304
S.E. of regression 11.61232 Akaike info criterion 7.791931
Sum squared resid 4989.303 Schwarz criterion 7.877242
Log likelihood -149.9427 F-statistic 32.31156
Durbin-Watson stat 1.996026 Prob(F-statistic) 0.000002

la variable m2pib est stationnaire à niveau.

Exogenous: None
Lag Length: 0 (Automatic based on SIC, MAXLAG=9)

t-Statistic Prob.*

Augmented Dickey-Fuller test statistic 3.235396 0.9995


Test critical values: 1% level -2.625606
5% level -1.949609
10% level -1.611593

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

Augmented Dickey-Fuller Test Equation


Dependent Variable: D(EDU)
Method: Least Squares
Date: 01/07/14 Time: 09:48
Sample (adjusted): 1971 2009
Included observations: 39 after adjustments

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

EDU(-1) 0.027856 0.008610 3.235396 0.0025

87
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

R-squared -0.060690 Mean dependent var 0.741244


Adjusted R-squared -0.060690 S.D. dependent var 1.264128
S.E. of regression 1.301922 Akaike info criterion 3.390867
Sum squared resid 64.41006 Schwarz criterion 3.433523
Log likelihood -65.12191 Durbin-Watson stat 1.456918

la variable edu est stationnaire à niveau

TEST DE CAUSALITE DE GRANGER

Pairwise Granger Causality Tests


Date: 01/07/14 Time: 10:17
Sample: 1970 2009
Lags: 1

Null Hypothesis: Obs F-Statistic Probability

DCREBAN does not Granger Cause TC 38 0.39766 0.53240


TC does not Granger Cause DCREBAN 7.23152 0.01090

EDU does not Granger Cause TC 39 0.24259 0.62533


TC does not Granger Cause EDU 0.08837 0.76797

DINTERM does not Granger Cause TC 38 0.33629 0.56569


TC does not Granger Cause DINTERM 0.54564 0.46503

TINFL does not Granger Cause TC 39 1.78030 0.19049


TC does not Granger Cause TINFL 5.91628 0.02010

M2PIB does not Granger Cause TC 39 1.70405 0.20004


TC does not Granger Cause M2PIB 0.17071 0.68193

EDU does not Granger Cause DCREBAN 38 0.31579 0.57773


DCREBAN does not Granger Cause EDU 0.82991 0.36853

DINTERM does not Granger Cause DCREBAN 38 4.74827 0.03615


DCREBAN does not Granger Cause DINTERM 0.99699 0.32489

TINFL does not Granger Cause DCREBAN 38 3.50175 0.06968


DCREBAN does not Granger Cause TINFL 5.49072 0.02493

M2PIB does not Granger Cause DCREBAN 38 10.3886 0.00274


DCREBAN does not Granger Cause M2PIB 0.65085 0.42526

DINTERM does not Granger Cause EDU 38 0.49362 0.48696


EDU does not Granger Cause DINTERM 1.71733 0.19857

TINFL does not Granger Cause EDU 39 8.1E-05 0.99287


EDU does not Granger Cause TINFL 0.00352 0.95303

88
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

M2PIB does not Granger Cause EDU 39 0.03267 0.85758


EDU does not Granger Cause M2PIB 0.01286 0.91034

TINFL does not Granger Cause DINTERM 38 0.07634 0.78395


DINTERM does not Granger Cause TINFL 10.2121 0.00295

M2PIB does not Granger Cause DINTERM 38 1.00963 0.32189


DINTERM does not Granger Cause M2PIB 0.31192 0.58006

M2PIB does not Granger Cause TINFL 39 0.52016 0.47543


TINFL does not Granger Cause M2PIB 0.86806 0.35770

Inverse Roots of AR Characteristic Polynomial


1.5

1.0

0.5

0.0

-0.5

-1.0

-1.5
-1.5 -1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0 1.5

Roots of Characteristic Polynomial


Endogenous variables: TC DCREBAN DINTERM TINFL
Exogenous variables: C
Lag specification: 1 1
Date: 02/25/14 Time: 12:29

Root Modulus

0.766192 0.766192
-0.343556 0.343556
0.254696 0.254696
-0.078246 0.078246

No root lies outside the unit circle.


VAR satisfies the stability condition.

89
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

Included observations: 38

Component Skewness Chi-sq df Prob.

1 0.265407 0.570692 1 0.4500


2 0.207372 0.351178 1 0.5534
3 -0.081744 0.055157 1 0.8143
4 1.368996 10.67048 1 0.0011

Joint 11.64751 4 0.0202

Component Kurtosis Chi-sq df Prob.

1 1.580458 9.357973 1 0.0022


2 2.916566 0.313916 1 0.5753
3 2.077375 1.200279 1 0.2733
4 6.563041 0.498968 1 0.4800

Joint 11.37114 4 0.0227

Component Jarque-Bera df Prob.

1 9.928665 2 0.0070
2 0.665094 2 0.7171
3 1.255436 2 0.5338
4 11.16945 2 0.0038

Joint 23.01864 8 0.0033

VAR Residual Serial Correlation LM Tests


H0: no serial correlation at lag order h
Date: 02/25/14 Time: 12:24
Sample: 1970 2009
Included observations: 38

Lags LM-Stat Prob

1 25.13066 0.0676
2 29.00494 0.0239
3 20.24783 0.2093
4 9.562529 0.8885
5 15.36672 0.4980
6 16.10182 0.4459

90
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

7 16.14861 0.4426
8 23.49054 0.1012
9 12.86575 0.6825
10 9.206735 0.9047
11 13.34429 0.6474
12 6.931392 0.9746

Probs from chi-square with 16 df.

VAR Residual Heteroskedasticity Tests: No Cross Terms (only levels and squares)
Date: 02/25/14 Time: 12:27
Sample: 1970 2009
Included observations: 38

Joint test:

Chi-sq df Prob.

128.3389 80 0.0005

Individual components:

Dependent R-squared F(8,29) Prob. Chi-sq(8) Prob.

res1*res1 0.140345 0.591808 0.7765 5.333107 0.7215


res2*res2 0.265665 1.311436 0.2769 10.09525 0.2584
res3*res3 0.168499 0.734588 0.6605 6.402976 0.6022
res4*res4 0.330709 1.791178 0.1197 12.56694 0.1276
res2*res1 0.280700 1.414623 0.2323 10.66661 0.2213
res3*res1 0.186121 0.828981 0.5844 7.072614 0.5288
res3*res2 0.337396 1.845839 0.1086 12.82104 0.1182
res4*res1 0.457854 3.061390 0.0126 17.39845 0.0262
res4*res2 0.680595 7.724216 0.0000 25.86260 0.0011
res4*res3 0.349981 1.951759 0.0898 13.29927 0.1020

91
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

Vector Autoregression Estimates


Date: 03/04/14 Time: 15:51
Sample (adjusted): 1972 2009
Included observations: 38 after adjustments
Standard errors in ( ) & t-statistics in [ ]

TC DCREBAN DINTERM TINFL

TC(-1) 0.396691 0.193073 0.232042 -20.60309


(0.17346) (0.18009) (0.55285) (24.7799)
[ 2.28698] [ 1.07207] [ 0.41972] [-0.83144]

DCREBAN(-1) -0.250319 -0.075441 -0.577797 34.52096


(0.17551) (0.18223) (0.55939) (25.0732)
[-1.42625] [-0.41400] [-1.03291] [ 1.37681]

DINTERM(-1) 0.055723 0.100467 -0.447361 -17.30654


(0.05683) (0.05901) (0.18114) (8.11918)
[ 0.98047] [ 1.70259] [-2.46969] [-2.13156]

TINFL(-1) -0.002413 -0.000793 -0.000842 0.725198


(0.00115) (0.00120) (0.00367) (0.16461)
[-2.09454] [-0.66251] [-0.22929] [ 4.40558]

C 0.834322 0.337549 0.246265 96.56456


(0.75943) (0.78849) (2.42047) (108.492)
[ 1.09862] [ 0.42810] [ 0.10174] [ 0.89007]

R-squared 0.528997 0.246472 0.176387 0.635587


Adj. R-squared 0.471905 0.155135 0.076555 0.591416
Sum sq. resids 483.4559 521.1686 4911.184 9866853.
S.E. equation 3.827555 3.974039 12.19933 546.8049
F-statistic 9.265804 2.698495 1.766837 14.38915
Log likelihood -102.2438 -103.6709 -146.2917 -290.7947
Akaike AIC 5.644409 5.719522 7.962719 15.56814
Schwarz SC 5.859881 5.934994 8.178191 15.78361
Mean dependent -0.107776 0.009880 -0.026316 374.0618
S.D. dependent 5.267028 4.323530 12.69494 855.4440

Determinant resid covariance (dof adj.) 4.42E+09


Determinant resid covariance 2.51E+09
Log likelihood -626.9247
Akaike information criterion 34.04867
Schwarz criterion 34.91056

92
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

Table des matières


Dédicace ....................................................................................................................................... ii
0. INTRODUCTION ..........................................................................................................................1
1. Problématique de la recherche .................................................................................................2
2. Hypothèse de recherche ...........................................................................................................3
a. Objet de l’étude .......................................................................................................................3
b. Objectifs de l’étude .................................................................................................................3
c. Intérêt de l’étude .....................................................................................................................4
d. Méthodologie et techniques de recherche .................................................................................4
e. Délimitation spatio-temporelle ................................................................................................5
3. Canevas du travail...................................................................................................................5
CHAPITRE I. Considérations générales ..............................................................................................6
1.1. La Croissance économique ..................................................................................................7
1.1.1. La croissance économique chez les classiques ..............................................................9
1.1.2. La croissance économique chez les keynésiens ........................................................... 10
1.1.3. La croissance économique chez les néoclassiques« le modèle de SOLOW »............... 13
1.1.3.1. Présentation du modèle de SOLOW ....................................................................... 14
1.1.3.2. Hypothèses du Modèle ........................................................................................... 15
1.1.4. De la croissance économique exogène « le modèle de SOLOW », à la croissance
endogène 19
1.2. Les banques et le système financier.................................................................................... 23
1.2.1. Définition et rôle du système financier ........................................................................... 23
1.2.2. Le développement du système financier ..................................................................... 26
1.3. Revue de la littérature théorique et empirique sur la relation « système financier et
croissance économique » ............................................................................................................... 29
1.3.1. Revue de la littérature théorique ................................................................................. 29
1.3.1. Revue de la littérature empirique ..................................................................................... 35
CHAPITRE II. Evolution économique et bancaire de la RDC ........................................................... 38
2.1. Evolution économique globale de la RDC .......................................................................... 39
2.1.1. Evolution économique de la RDC de 1980 à 2012 ...................................................... 39
2.2. Crise bancaire congolaise et aperçu du système bancaire en RDC ...................................... 47
2.2.1. La crise bancaire congolaise ....................................................................................... 47
2.2.2. APERCU DU SYSTEME FINANCIER ET BANCAIRE CONGOLAIS .................... 50
2.2.3. Faiblesses du système bancaire congolais et nécessite de refondation du système
financier national ...................................................................................................................... 55

93
« Analyse de la relation banques et croissance économique en RDC »

CHAPITRE III.................................................................................................................................. 59
BANQUES ET CROISSANCE ECONOMIQUE EN RDC : vérification empirique de la relation ..... 59
3.1. Présentation des données d’analyse .................................................................................... 60
3.2. Présentation du modèle d’analyse ...................................................................................... 61
3.3. Analyse proprement dite .................................................................................................... 62
3.3.1. Vérification de la stationnarité ................................................................................... 62
3.3.2. Détermination du LAG optimal .................................................................................. 64
3.3.3. Test de causalité......................................................................................................... 64
3.3.4. Estimation des paramètres du modèle ......................................................................... 66
3.3.5. Considérations finales par rapport aux hypothèses .......................................................... 74
CONCLUSION ............................................................................................................................... 75
BIBLIOGRAPHIE.......................................................................................................................... 78
ANNEXES ....................................................................................................................................... 81

94

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