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Projet de Fin d’Étude : La Banque dans

un Financement
Islamique

❖ Réalisé par :

ABDESSAMAD AZZOUZI

❖ Encadré par :

Mme JALILA AIT SOUDANE

Filière : Finance Comptabilité

Année Académique : 2017/2018


La Banque dans un
Financement Islamique

Projet réalisé par : ABDESSAMAD AZZOUZI


Encadré par : Mme JALILA AIT SOUDANE
Université : Mohammed V - Agdal -
Faculté : Sciences Juridiques, Economiques, et Sociales - Rabat -
Filière : Economie et Gestion
Licence : Finance Comptabilité
Année académique : 2017/2018
Promotion : 2015/2018
Dédicaces
À mes chers parents

À mes chers frères et sœurs

À ma famille
Toutes les dédicaces du monde ne
Sauraient exprimées, mon amour, mon intime attachement et ma reconnaissance pour
votre inéluctable patience, sacrifice et prières tout au long de mes années de
formation. Ce travail n'aurait pu prendre naissance sans votre inconditionnel conjugué
à l'affectation que vous consentez notre égard.
Que dieu tout puissant vous accorde sa sainte miséricorde, santé et longue vie afin
que je puisse vous combler
À ma tour.

À mes chers collègues et amis


Au nom des agréables moments que nous avons passé ensemble durant nos années de
formation veuillez trouver ici le témoignage de notre tendre affection.
À toutes les personnes
Qui ont participé de près ou de loin dans l'élaboration de ce travail,
À Wijdane, Doha, Najat, Omar, Adil et mon frère Othman
Veuillez trouver ici l'expression de mon vive gratitude et ma considération.

2
Remerciement
Je tiens à exprimer mes sincères remerciements et
reconnaissance à Mme JALILA AIT SOUDANE, Docteur
et Professeur à la Faculté des Sciences Juridiques,
Economiques et Sociales Rabat-Agdal, pour sa disponibilité,
sa modestie et ses compétences tout au long de ce projet.

Ma reconnaissance va également à Mme Khaoula NOUNA,


qui m’a guidé à la réalisation de ce travail, pour ses
précieux conseils et ses encouragements.

3
Sommaire :

Introduction générale.…………………………………………………………………………………………….…06

Chapitre I : La Finance classique et l’émergence de la finance Islamique…………………...07

Section 1 : La finance classique.………………………………………………………....…….……..........…..10

Section 2 : L’émergence de la finance islamique.……………………....………………………...........13

Chapitre II : Les produits Participatifs.…………………………………...…………………………...……24

Section 1 : Présentation des produits islamiques..………………………….....…………………........27

Section 2 : Distinction entre la MOURABAHA et un crédit simple....................................54

Chapitre III : Les Banques Islamiques et sa Mode de Fonctionnement.........................43

Section 1 : Les banques islamiques...................................................................................45

Section 2 : La Mode de fonctionnement et financement des banques islamiques..........54

Conclusion générale...................................................................................................62

Bibliographie..............................................................................................................64

Tableau des matiéres..................................................................................................66

4
Liste des abréviations

IFSB : Islamic Financial Services Board


AAOIFI : Organisation de comptabilité et
d’audit pour les institutions financières IFSB : Conseil des services financières
Islamiques (Accounting and Auditing Islamique (Islamic Financial Services
Organization for Islamic Financial Institutions) Board)
BID : Banque islamique de Développent MAP : Maghreb Arabe Presse
BID : La banque islamique de développement
NSB : NASSER SOCIAL BANK
CCG : Conseil de coopération du Golfe
OCI : l’Organisation de la Conférence
islamique
DIB : Dubaï Islamic Bank
PME : petit et moyenne entreprise
DMI : Dar Al-Maal Al-islami
SBI : Système des Banques Islamiques
FC : Finance Classique/ Conventionnel
UEMOA : union économique et Monétaire Ouest
FI : finance islamique
Africaine

HSBC : Hong Kong & Shanghai Banking


Corporation

Liste des figures

Figure 01 : Schéma explicative du positionnement des banque Islamiques/conventionnelles par


rapport à l’économie globale.
Figure 02 : Tableau comparatif entre l’économie Classique et Islamique
Figure 03 : Décomposition des actifs islamiques par pays
Figure 04 : La tendance d’évolution des actifs bancaires islamiques
Figure 05 : Les principaux produits islamiques
Figure 06 : Contrat MOUDARABA
Figure 07 : Contrat MOUCHARAKA
Figure 08 : Contrat MOURABAHA
Figure 09 : Contrat IJARA
Figure 10 : Contrat SALAM
Figure 11 : Mécanisme global du processus des SUKUK).
Figure 12 : Tableau tarification d’un financement Islamique
Figure 13 : Tableau tarification d’un financement Classique
Figure 14 : Tableau distinctif des banques Islamiques commerciales.

5
Introduction générale :
Dans les années soixante les banques islamiques ne constituaient qu'un
épiphénomène du marché financier, qui a suscité quelques recherches et des études
portant le plus souvent sur sa viabilité. La finance islamique se développe étonnamment
vite, avant une quarantaine dès maintenant, le nombre des institutions financières
islamique dans le monde a été puisque nul, elles ont passé d’une seule en 1975 à plus de
420 institutions (Année 2014) dans plus de 75 pays, elles sont installées premièrement dans
le moyen orient et l’Asie du Sud-Est, passant aussi de l’Europe et aux états unis.

Avant d’entamer l’étude des banques islamiques, il importe de discuter quelques


éléments introductifs relatifs aux finances, conventionnelle et islamique, en peux pas passer
à une finance islamique sans préparer d’un environnement islamique, plutôt d’une
économie islamique. Le but est de montrer quelques différences fondamentales entre ces
deux approches. Signalons de prime à bord, que l’économie islamique ne se présente pas
comme un substitut à l’économie conventionnelle, mais comme une approche qui se
développe en interaction avec l’approche économique conventionnelle pour améliorer la
situation des gens.

Ce travail cible ainsi un double objectif. Le premier objectif est de faire la distinction
entre la finance classique et la finance participative au niveau de fonctionnement et des
principes. Le deuxième est de savoir le fonctionnement des banques participatives,
commençant par l’historique et les typologies passant des services soumis et terminant par
les modes de financement.

D'une part La banque islamique est conforme aux prescriptions du droit musulman,
et d'autre part elle présente une variété de produits qui se sont montrés plus avantageux,
non seulement aux banques et aux clients, mais aussi pour les économies qui l'ont accueilli,
d'où s'impose la question suivante : Quel est le nouveau mode de fonctionnement des
banques dans une économie participative ?

6
Chapitre I :
La finance classique et l’émergence
de la finance islamique
Chapitre I : La Finance Classique et l’Emergence de la Finance Islamique

Au niveau de ce chapitre, on va essayer de mettre la distinction entre la finance


participative et la finance classique, mentionnant les différences majeures entre ces deux
approches au niveau du fondement, des origines, et des principes.
Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, il faut savoir tous d’abord les points
communs et divergence entre l’économie islamique et conventionnelle.

 La différence entre l’économie islamique et l’économie conventionnelle :

Figure 01: Schéma explicative


L’économie conventionnelle du positionnement des banque
et islamique Islamiques/conventionnelles
par rapport à l’économie
globale.
La finance conventionnelle
et islamique

Les banques
conventionnelles
et islamiques
Animation personnelle

Une économie se présente sous forme d’un très grand nombre de transactions
réalisées par un très grand nombre d’agents, ces transactions réalisées ont classé en cinq
catégories : Les opérations de financement, celles de production, celles de consommations,
celles d’échanges et celles de répartitions, chaque catégorie a une finalité donnée, nous
allons commencer par le financement, car toutes activités économiques exigent un
financement.

Nous allons discuter maintenant les points communs et les points de divergences
entre l’économie islamique et l’économie classique selon les cinq domaines susmentionnés.

- Le financement : Il a différences majeures entre les deux économies cette différence


apparaitre au niveau des principes, les outils et les modes de financement proposés par
chaque école, une différence notable qu’existe entre les deux est l’interdiction de l’intérêt
(L’usure) dans la finance islamique.
- La production : ce domaine n’a pas de différences fondamentales, certes, l’islam interdit la
production de quelques biens.
- La répartition : le marché joue un rôle fondamental dans la répartition de la richesse, mais il
n’est pas un mécanisme de répartition idéale et par suit, la répartition qu’il génère est

8
Chapitre I : La Finance Classique et l’Emergence de la Finance Islamique

généralement très inégalitaire et pire encore injuste. L’islam reconnait l’utilité du marché
dans le fonctionnement de l’économie, il a proposé des instruments et des mécanismes pour
corriger les distorsions en matière de répartition des revenus dans une société, parmi ces
instruments il y’a la ZAKAT, elle est utilisée pour corriger les distorsions de la répartition des
revenus engendrés par le marché.
- La consommation : la consommation des biens consiste à les utiliser pour en tirer une
satisfaction, l’islam autorise la consommation de la plupart des biens, à part quelques
interdits par la religion
- L’échange : l’activité d’échange consisté à réaliser des opérations entre des contractions pour
échanger des biens et services et l’échange se fait à un instant fixe, il y’a le principe de la
primauté du marché, le principe de la tolérance et de la flexibilité dans la négociation des prix
d’achat et de vente.

Devant nous un tableau comparatif des principes majeurs entre l’économie


islamique et l’économie classique.
Economie Classique Economie islamique
Production Efficacité Efficacité
Répartition Marché Justice sociale
Consommation Les gens sont libres Modération
Financement Tout est possible - Lier le financement à une
activité réelle
- Interdiction de l’interdit
Echange Contrats - Contrats
- Marché
Figure 02 : Tableau comparatif entre l’économie Classique et Islamique

A ce point ci, après la présentation des points communs et des divergences entre
l’économie conventionnelle et l’économie islamique, on peut entamer à la première
partie, qui est la finance classique et la divergence de la finance islamique.

9
Chapitre I : La Finance Classique et l’Emergence de la Finance Islamique

• Section 1 : La finance classique


i. Introduction à la finance classique

On appelle tous élément se rapportant à la finance non-islamique par


« Conventionnel ». La finance conventionnelle est définie selon VERNIMMEN1 comme
l’ensemble des activités qui rendent possible et organisent le financement des agents
économiques ayant des besoins de capitaux (Exemple : Entreprise) par des agents ayant des
surplus (Ex : Institutions financières).2

La finance conventionnelle est le format le plus répandu au monde jusqu’à


maintenant, il s’agit des banques que nous côtoyons tous les jours à travers nos comptes,
chèques courants, sur carnets …, Ce format de banque pratique la prise de risques, la
rentabilité, deux principes sur lesquels elle s’appuie, et auprès du grand public, cette
manière de faire est appelée « performance ».

La banque conventionnelle est une entreprise de services qui exerce son activité en
faveur de sa clientèle dans plusieurs domaines, chacun de ces domaines doit être
générateur de rentabilité.

Le client est au centre de ce modèle économique. Il fournit les ressources nécessaires


à la pérennité de la banque, utilise les produits à la pérennité de la banque, ainsi que les
produits et services de la banque moyennant un paiement. La banque donc de sa
performance à adapter la gamme de ses produits et services aux besoins et aux attentes des
clients et des prospects. Quel que soit le segment de clientèle considéré, la banque se
positionne à tous les niveaux d’intervention envisageable :

❖ Elle propose des comptes bancaires spécifiques et des services attachés.


❖ Elle met à la disposition de client des moyens de paiement.
❖ Elle offre des formules de placement de tous types.
❖ Elle octroie des crédits sur toutes échéances.
❖ Elle effectue des prestations de services divers en faveur de cette clientèle.

1
Pierre Vernimmen (1946-1996) était un économiste français, il était intéressé par de nombreux
sujets relatifs à l’économie, la finance et la gestion des entreprises.
2
KARIM CHERIF : « La finance islamique : analyse des produits financiers islamique ».

10
Chapitre I : La Finance Classique et l’Emergence de la Finance Islamique

Le système financier classique autorise tout investissement quel que soit leur nature,
et les institutions financières traditionnelles donnent des crédits différents selon leur
nature, durée et forme. Parmi eux, il existe le crédit-bail, crédit à la consommation, crédit
immobilier…, ces crédits sont disponibles selon le critère de la durée. On distingue trois
types de prêts :

❖ À très court terme : dans la durée de remboursement est jusqu’à 3 mois.


❖ À court terme : dans la durée de remboursement est inférieur À 2 ans.
❖ À moyen terme : dans la durée de remboursement varie entre 2 et 7 ans.
❖ À long terme : dans la durée de remboursement est supérieur À 7 ans.

Généralement le système bancaire conventionnel, les banques ont un rôle de collecter


des fonds et les utilisé dans les opérations de prêts, donc l’intermédiation financière visant à
la transformation des dépôts à court et moyen terme en des prêts à moyen et long terme.

La finance classique contrairement à la finance islamique, elle est basée


principalement sur le profit par intérêt, on parle directement d’un crédit avec échéance plus
des intérêts imposés par les institutions financières traditionnelles et supportés par les
emprunteurs.3

ii. Les principes de la finance conventionnelle

La finance conventionnelle, consiste totalement sur deux grands majeurs principes : Le


risque et la rentabilité, dit aussi la performance bancaire à investir les dépôts, afin de
générer les gains sous formes d’intérêt, avec le moins possible des risques, cette
performance apparait au niveau des services soumis par ces institutions financières
traditionnelles, elles canalisent de plus en plus de ressources vers l’acquisition de bons du
trésor, et d’autres obligations gouvernementales, qui génèrent un taux de rendement élevé,
représentent peu de risque, et s’accompagnent d’avantages importants.4
En Finance Conventionnelle, les clients et les banques paient ou perçoivent des
intérêts. Cela peut s’appliquer sur les crédits, ou l’épargne. C’est d’ailleurs grâce aux intérêts

3
ZERROUK EL MEHDI : « La finance participative et la finance conventionnelle au Maroc ».
4
El AATMI Rachid : « La banque Islamique ».

11
Chapitre I : La Finance Classique et l’Emergence de la Finance Islamique

que les banques font des bénéfices. Enfin, la Finance conventionnelle applique des taux
usuriers sur les découverts par exemple.
La finance conventionnelle pratique :
❖ Les intérêts (sur l’épargne, les crédits, les pénalités) ;
❖ Le profit à court terme ;
❖ La spéculation ;
❖ Les produits dérivés financiers ;
❖ Les produits dérivés qui jouent le rôle d’assurance.

La finance classique utilise l’assurance conventionnelle dans la gestion des ressources,


les compagnies d’assurance investissent l’argent de leurs assurés dans des domaines qui ne
respectent aucunement les obligations religieuses de leurs clients. Aussi, les intérêts
récoltés ne sont en aucun cas partagés entre l’assureur et l’assuré. Notamment, les
assurances commerciales conventionnelles fonctionnent sur l’incertitude : en signant une
police d’assurance auprès d’une compagnie classique, l’assuré ne connait pas, ou ne saisit
pas tous les points mentionnés dans le contrat qui lui est proposé, à moins de s’y connaitre,
et de comprendre parfaitement cet univers pour le moins complexe.

12
Chapitre I : La Finance Classique et l’Emergence de la Finance Islamique

• Section 2 : L’émergence de la finance islamique


i. Notion et historique de la finance islamique ;

Elle est relativement, connu dans l'islam en premier lieu les injections positives qui
encouragent le bien et interdit le mal. Toutefois, nous traiterons principalement la nécessité
d'avoir une finance dit islamique. À l'instar les instruments financiers utilisés dans les
matières sociales et économiques, peuvent être utilisées pour faire le bien, que pour faire le
mal. En appelant islamique toute utilisation de ces instruments pour faire que le bon plutôt
que le mal.

Il n’existe pas de définition universelle de la finance islamique mais ce terme est


aujourd’hui largement utilisé pour désigner les activités financières et commerciales qui
respectent les principes du droit et de la jurisprudence islamiques, plus communément
désignés sous le vocable CHARIA5. Le respect de tels principes permet ainsi d’investir et de
réaliser des profits en conformité avec les règles du droit musulman. De manière générale,
les produits et instruments financiers compatibles avec la CHARIA visent à offrir une
alternative éthique viable aux outils de financement traditionnels6.

Etant donné que le système bancaire islamique est un produit de l'idéologie islamique,
dans son ensemble il comporte donc, des spécificités propres qui lui assurent ses principaux
points de divergence avec le système bancaire conventionnel, qui est basé sur le taux
d'intérêt, le système financier islamique est un système basé sur le principe de partage des
gains et les pertes, dans un environnement sans taux d'intérêt. Alors, comment cette
théorie était fondée ?

L'économie islamique comme la plupart des autres théories cherche à atteindre les
désirs et satisfaire les besoins de sa société dans les ressources utilisées d'une façon
optimale et les richesses répartis équitablement, la priorité et de respecter les principes de
la CHARIA.

5
La CHARIA correspond à ce que l’on a coutume d’appeler la « loi islamique ». Tirant son origine
du Coran, Sounna … (Sources de la CHARIA).
6
d’HERBERT SMITH : « Guide de la finance Islamique ».

13
Chapitre I : La Finance Classique et l’Emergence de la Finance Islamique

On peut maintenant dire que la finance islamique est aussi une finance qu'il focalise
dans son mode de financement, sur les principes de la CHARIA, bien dit que l'islam interdit
l'usure (RIBA), tout sens d'interdiction de l'intérêt, ce terme existe dès l’émergence de
l'islam, malgré cela nous étions obligés d'attendre les années 1970, pour entendre le terme
finance islamique pour la première fois.

La première expérience était en Égypte entre 1963-1967 sous forme de caisse


d'épargne rurale dans un village appelé « MIT GHAMR » procurant de microcrédit, cette
expérience a rencontré un échec dû principalement à des raisons politique.

Dans les années 70 éclata la guerre du Kippour qui opposait l’Israël à un certain
nombre de pays arabe défendant la cause Palestinienne, cette crise a eu pour conséquence
le premier choc pétrolier. Le choc pétrolier a contribué à l’enrichissement rapide des pays
du golf7 exportateur de pétrole. L’afflux de pétrodollars dans ces pays accentuait la
nécessité de la création d’institutions financières pour une gestion durable de ces fonds et
surtout une gestion conforme aux valeurs de l’islam. Ainsi les pays concernés, regroupés au
sommet de Lahore au Pakistan en 1974 décidèrent la création de la banque islamique de
développement (BID). A sa création, la banque islamique de développement disposait d’un
capital de plus 2.270 millions de Dollars. La création de la BID ouvrit la voie aux banques et
autres institutions financières islamiques. La Dubaï Islamic Bank (DIB) créée en 1975 fut la
toute première banque privée islamique, la création de banques islamiques dans les pays du
golf va ainsi s’accélérer.8

ii. Sources de la finance islamique ;

Le système économique islamique s’appuie sur la CHARIA, ensemble de règles qui


régissent la vie économique et sociale. La CHARIA prend sa source dans le CORAN ainsi que

7
Les États arabes du Golfe, les États du Golfe ou les États arabes du golfe Persique sont des
termes qui font référence à des États arabes riverains du golfe Persique, à savoir le Koweït,
l'Irak, Bahreïn, Oman, le Qatar, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis (EAU). La plupart
de ces pays font partie du Conseil de coopération des États arabes du Golfe (anciennement le
Conseil de coopération du Golfe ou CCG).
8
MOUSSA YABRE : « Banques islamiques : Les principes de base et les modes de financement
islamiques proposés aux PME ».

14
Chapitre I : La Finance Classique et l’Emergence de la Finance Islamique

dans la SOUNNA du prophète MOHAMMED. Ce sont les sources primaires. Les docteurs de
la loi ont ensuite précisé, et continuent à préciser, ces règles. Ce sont les sources
secondaires.

1) Les sources primaires ;


Les sources primaires se subdivisent en deux. Il s'agit du CORAN et de la SOUNNA :
❖ CORAN :
Le CORAN est la source la plus importante de l’islam puisqu’il contient les révélations
faites par ALLAH au Prophète MOHAMMED « Salla Allah alayhi wa salam ».

Evidemment, le CORAN n’est pas qu’un texte de loi, néanmoins sur plus de 6000 versets il
contient approximativement 500 injonctions de nature légale dont 20 portent sur des
questions économiques. Ce sont des textes pragmatiques abordant des cas d'espèces plutôt
que des principes théologiques. Ils font appel à l'équité et au bon sens, à la faculté
d'adaptation. La seconde source primaire (SOUNNA) vient pour apporter plus de détails sur
la précédente.
❖ HADITHS et SOUNNA :
Dans la hiérarchie des normes de la religion musulmane, les HADITHS viennent tout
juste après le CORAN dans la formulation des principes généraux de conduite : ils se
constituent essentiellement des traditions ou des paroles du Prophète MOHAMMED
« Salla Allah alayhi wa salam » durant sa vie.
La SOUNNA a été assimilée aux pratiques du précepte, transmis par les narrateurs de
la tradition authentique.
La SOUNNA est un recueil des traditions établies à partir du comportement et des
paroles HADITH du Prophète MOHAMMED « Salla Allah alayhi wa salam » et
rapportées par ses compagnons. C'est aussi une source de la CHARIA en ce qu'elle fournit
des réponses à des questions non abordées par le CORAN.

2) Les sources secondaires ;


Elles sont multiples et permettent de trouver des réponses aux questions sur
lesquelles les sources primaires ne se sont pas prononcées. Elles évoluent et s'adaptent

15
Chapitre I : La Finance Classique et l’Emergence de la Finance Islamique

selon le temps et l'espace permettant ainsi à la législation islamique d'être dynamique. Les
plus importantes sont :
❖ IJMA ou consensus des théologies :
Ce terme signifie littéralement « décider » ou « être déterminé à faire quelque
chose». Mais dans la terminologie du FIQH, ce dernier désigne le consensus des savants
musulmans après la mort du Prophète « Salla Allah alayhi wa salam » sur une question de
la CHARIA.
Le consensus informel de la communauté des universitaires religieux, a donc été établi
non pas pour régler des questions de foi ou d’observations fondamentales des pratiques
religieuses « sur lesquelles ils étaient tous d’accord » mais pour l’application de la CHARIA
dans les affaires mondaines.
Cette source de normes est très importante pour la finance islamique puisque les
modèles de la banque islamique ne sont mentionnés ni dans les HADITHS, même si les
principes fondamentaux les régissant y sont évoqués. Par conséquent, le développement de
la banque islamique s’est largement appuyé sur le consensus des théologiens musulmans
modernes et sur la jurisprudence aux niveaux national et international.
❖ Le QIYAS :
Il veut dire littéralement « évaluer une chose d'après la valeur de son équivalent ». Il
s'agit, dans le sens technique du raisonnement par analogie. Cette méthode consiste donc à
rattacher une affaire pour laquelle il n'existe pas de jugement dans les trois premières
sources, à une affaire pour laquelle il existe un texte pour son jugement parce que les deux
affaires ont en commun la cause qui a motivé ce jugement.
❖ L'ISTIHSAN :
Au sens littéral, ISTIHSAN signifie « considérer quelque chose comme bien ». Le sens
technique quant à lui veut dire préférer un jugement exceptionnel à un jugement universel
à cause d'une preuve qui lui est apparue et qui justifie cette préférence. Il ne s'agit pas de
l'intégralité des sources secondaires.9

9
MOUNKAILA ILLIASSOU : « La finance Islamique : réglementation et financement des PME
dans la zone UEMOA ».

16
Chapitre I : La Finance Classique et l’Emergence de la Finance Islamique

iii. Les principes de la finance islamique ;

La finance islamique est un système fondé sur plusieurs règles et principes, qui
gèrent l’ensemble des opérations et des transactions effectuées, en respectant les lois de la
CHARIA. On peut les représentes en 5 grands principes, et on peut classer ces principes en
deux catégories :

Principes restrictifs :

❖ L’interdiction de la RIBA (L’intérêt) ;


❖ L’interdiction du GHARAR et du MAYSIR ;
❖ L’interdiction des investissements illicites.

Principes positifs :

❖ Le partage de profits et de pertes ;


❖ Adosser les investissements à des actifs tangibles « asset-backing ».

1) L’interdiction de la RIBA (L’intérêt)

Tout avantage ou surplus perçu par l’un des contractants sans aucune contrepartie
acceptable et légitime du point de vue de la CHARIA.

La finance islamique a pour fondement principal la prohibition de l’intérêt


considéré comme l’usure communément dénoncé sous le nom de RIBA. La force et la
vigueur avec lesquelles la CHARIA interdit le RIBA attirent l’attention sur la nature et le sens
de ce mot.

L’islam encourage le profit mais interdit le paiement d’intérêts c'est-à-dire


impossibilité de réclamer ou de verser des intérêts lors d’une transaction financière, L’islam
interdit le RIBA, mot arabe signifiant à la fois usure et intérêt. L’interdiction de l’usure figure
dans la loi islamique, elle est à la base de la finance islamique. C’est-à-dire, que tout
avantage ou surplus versus par l’un de contractant, sans aucune contrepartie acceptable et
légitime du point de vue CHARIA.

17
Chapitre I : La Finance Classique et l’Emergence de la Finance Islamique

La RIBA est explicitement condamnée au plusieurs places dans le CORAN. Bien que ce
dernier ne précise pas un type particulier de RIBA, les savants musulmans ont classés en
deux types : RIBA ANNASIAH, et RIBA AL-FADL.

❖ RIBA ANNASIHA : C’est une somme payée pour l’usage de capitaux empruntes ou en
contrepartie d’un rééchelonnement dans le paiement d’une date : c'est-à-dire vous
donnes un crédit a quelqu’un il vous rembourse plus tard le somme plus un surplus,
c'est-à-dire que le délai accordé pour le paiement de crédit est facturé. Allah (Gloire à
Lui) dit dans le CORAN à ce propos : « Ceux qui pratiquent (mangent) l'intérêt ne se
lèvent qu'à la manière de celui qui, frappé défolie, est rossé à tord et à travers par le
Diable. Et ce parce qu'ils ont dit que le commerce n'était rien d'autre qu'une forme
d'intérêt. Or Dieu a permis le commerce et a interdit l'intérêt. »
❖ RIBA AL-FADL : Vente ou échange d'un bien contre un autre de même nature avec un
surplus. Selon un HADITH, fréquemment cité, le prophète « Salla Allah alayhi wa
salam » aurait en effet interdit l’échange en quantités inégales de l’or, de l’argent, du
blé, due l’orge, des dattes et du sel « Le Prophète « Salla Allah alayhi wa salam » dit : "
De l'or contre de l'or, de l'argent contre de l'argent, du blé contre du blé, de l'orge contre
de l'orge, des dattes sèches contre des dattes sèches, du sel contre du sel : quantité
égale contre quantité égale, main à main. Celui qui donne un surplus ou prend un
surplus tombe dans l'intérêt…" (Rapporté par Muslim, n° 1584).

2) L’interdiction du GHARAR et du MAYSIR

Le terme « GHARAR » signifie incertitude et aléa. En islam, désigne toute vente à


caractère aléatoire ou possédant un élément vague, imprécis, ambigu, incertain, caché ou
dépendant d’autre événement. De ce fait, la notion de « GHARAR » se rapporte à tout
échange dans lequel il y a des éléments de déception, soit à cause de l’ignorance sur les
biens ou les prix, soit à cause d’une fausse description des biens. La transaction est en
conflit avec les principes de la CHARIA uniquement si les termes de l’échange sont
conditionnels à un événement futur incertain, hors de contrôle des parties prenantes.

18
Chapitre I : La Finance Classique et l’Emergence de la Finance Islamique

Le « GHARAR » est considéré comme normal dans une transaction s'il n'est pas
excessif et si son impact sur l'économie ou la société est minimal. Exemple : on ne peut pas
vendre les poissons dans l’eau ou l’oiseau dans le ciel ; c’est du « GHARAR » excessif.

L’interdiction est tirée notamment de l’HADITH suivant : « Le prophète « Salla Allah


alayhi wa salam » a interdit l’achat d’un animal non né dans la matrice de sa mère, la vente
du lait dans la mamelle sans mesure, l’achat d’un butin de guerre avant sa distribution,
l’achat des dons de charité avant leur réception, et l’achat de ce qu’a péché un pécheur
avant sa pêche. »

Quant au « MAYSIR », il se définit comme toute forme de contrat dans lequel le droit
des parties contractantes dépend d'un événement aléatoire. C'est notamment ce principe
que l'on trouve dans les jeux de hasard.

L’interdiction de la spéculation « MAYSIR » concerne toute activité entachée d’aléas,


ce qui implique les jeux de hasard, qu’ils portent sur de biens ou des flux. Cette activité rend
les gens en addiction et les détourne de leurs devoirs sociaux et économiques, en leur
faisant miroiter des gains sans travail, sans force, peine et difficulté10.

Cette interdiction est une mise en garde contre le risque. Elle se traduit de différentes
manières : d’une part, on ne peut vendre un bien que l’on ne possède pas, d’autre part,
toute opération doit être adossée à un actif tangible.

3) L’interdiction des investissements illicites

Des exigences sont liées à la nature de l’activité. L’investissement doit se faire dans
une activité conforme à la CHARIA. Ainsi, les activités en relation avec l’alcool, avec
l’élevage porcin ou encore avec l’industrie de la drogue, du tabac, de l’armement (exception
faite pour les États), ou des activités suscitant ou suggérant la débauche ou la déchéance de
l’être humain sont des secteurs d’investissement prohibés. Les activités illicites sont dites

10
Aldo Lévy : « Finance Islamique : Opération financières autorisées et prohibées vers une
finance islamique ».

19
Chapitre I : La Finance Classique et l’Emergence de la Finance Islamique

HARAM par opposition aux activités ou produits HALAL. Les principales activités et produits
illicites sont les suivants :

❖ Le commerce dans certains secteurs d’activité : Ces secteurs sont ceux de l’alcool,
de la viande de porc, des armes, des jeux, et par extension les opérations avec les
entreprises que l’on considère comme compagnies écrans. Ce sont les compagnies qui font
commerce de produits HARAM. Ces entreprises écran peuvent être des banques, des
compagnies de loisirs, etc.
❖ Les transactions portant sur l’or, l’argent, la monnaie : L’objectif de cette mesure
est d’éviter la spéculation.
❖ Certains types de contrats comme : Les contrats comportant une condition
suspensive ou les contrats doubles, c’est-à-dire comprenant deux contrats en un (vente et
prêt par exemple). Le rachat à une personne d’un bien qu’on lui a précédemment vendu.

4) Le partage de profits et de pertes

L’intérêt est prohibé mais le prêt n’est pas interdit. Il est même conseillé dès lors qu’il
profite à ceux qui en ont besoin. Mais, les banques islamiques n’étant pas des organisations
caritatives, il faut donc trouver un système de rémunération alternatif : c’est le partage des
profits et pertes résultant de l’opération de financement.

La prohibition de l’intérêt et le principe de partage des pertes et profits vont de pair.


Ce dernier apparaît comme une solution alternative à la rémunération du prêteur en
l’absence de taux d’intérêt. Mais il s’agit d’un procédé de rémunération tout à fait conforme
aux valeurs du système économique islamique, basées sur le partage du risque et de la
rémunération, et à la nature des relations entre le prêteur et l’emprunteur. La banque prête
de l’argent à une entreprise qui devient partenaire, de même le déposant peut être
considéré comme un actionnaire de la banque. Les deux parties assumant un risque ont
intérêt à s’engager dans des opérations rentables et à œuvrer à la réussite du projet
financé11.

11
Geneviève Causse-Broquet : « La finance Islamique ».

20
Chapitre I : La Finance Classique et l’Emergence de la Finance Islamique

5) Adosser les investissements à des actifs tangibles « asset-backing »

Toute transaction financière doit être sous-entendue par un actif pour être valide
selon la CHARIA. La tangibilité de l’actif signifie que toute opération doit être
obligatoirement adossée à un actif tangible, réel, matériel et surtout Détenu.

Ce principe de l’Asset-Backing permet de renforcer le potentiel en termes de stabilité


et de maîtrise des risques et rassure notamment quant aux problématiques de déconnexion
de la sphère financière à la sphère réelle.

Le principe de la tangibilité des actifs est également une manière pour la finance
islamique de participer au développement de l'économie réelle par la création d’activité
économique dans les autres domaines.

iv. Le poids de la finance islamique dans le monde ;

Malgré le scepticisme concernant l'adaptation de la finance islamique au système


financier international, les grandes banques achètent des obligations islamiques et créent
des succursales qui opèrent partout dans le monde en appliquant dans leurs modes de
financement, le principe de la CHARIA, à savoir l’interdiction de l’intérêt. D’une manière
générale, ils s’appliquent à des opérations d’investissement, d’achat de marchandises, de
services ou d’actifs immobilisés. Mais il faut relativiser la part de la finance participative
dans la finance en général : les actifs islamiques représentent que 1%12 des actifs bancaires
mondiaux.

12
Source : « Regards, lettre d’information : Finance Islamique, état des lieux et perspective ».

21
Chapitre I : La Finance Classique et l’Emergence de la Finance Islamique

Dans le monde islamique, on trouve que l’Iran vient à la première place à la


décomposition des actifs islamique suivis par l’Arabie Saoudite et la Malaisie vient à la
troisième place. (Graphe ci-dessous)

Décomposition des actifs Islamiques par pays (2011)


2,40%
Iran
3,90%
Arabie Saoudite
1,00%
1,10% Malaisie
4,80%
1,10% Emirats Arabes Unis
2,60% 35,70%
5,30% Koweit
Bahrain
7,30% Qatar
Turquie
Soudan
8,70%
Bangladesh
Indonésie
12,30% 13,90%
Autres pays OIC

Figure 03 : Décomposition des actifs islamiques par pays

Depuis une dizaine d’années, la finance islamique a connu un développement rapide


s’imposant de plus en plus comme un modèle alternatif d’intermédiation financière. Les
marchés historiquement très développés sont ceux des pays MENA13 et des pays du Golfe,
mais on voit depuis quelques années se développer d’autres marchés :

❖ Au Moyen Orient : Turquie, Syrie, Liban, Egypte ;


❖ En Asie : Indonésie, Hong Kong, Singapour ;
❖ En Europe et Amérique du Nord : Royaume Uni, France, Allemagne, Canada.

13
MENA (Moyen East et Afrique de nord)

22
Chapitre I : La Finance Classique et l’Emergence de la Finance Islamique

Figure 04 : tendance d’évolution des actifs bancaires islamiques

Conclusion :

On voit bien qu’aujourd’hui, la finance islamique devient une concurrente de la


finance conventionnelle. Ainsi, les banques islamiques se développent partout à travers le
monde et enregistrent des taux de croissance inhabituels dans le secteur. La finance
islamique a connu une croissance rapide au cours des dernières années, mais reste
concentrée dans quelques pays. Les actifs bancaires islamiques ont enregistré une
croissance à deux chiffres au cours de la dernière décennie, passant d’environ 200 milliards
de dollars en 2003 à 1,8 trillion à la fin de 201314. Cependant, malgré cette croissance
fulgurante, les actifs bancaires islamiques restent concentrés dans la région du CCG (Conseil
de coopération du Golfe), et des pays de l’Asie (cf. figure 03). Sur le plan mondial, le poids
de la finance islamique est relativement faible, les actifs bancaires islamiques représentent
seulement 1 % de la finance mondiale.

14
(Ernst & Young, 2014; IFBB, 2014 et Oliver Wyman, 2009)
Figure 04: Source “Islamic Financial Services Industy”

23
Chapitre II :
Les produits Participatifs
Chapitre II : Les produits participatifs

La finance islamique repose sur des modes de financement qui ne font pas intervenir
le paiement d’intérêt. D’une manière générale, ils s’appliquent à des opérations
d’investissement, d’achat de marchandises, de services ou d’actifs immobilisés.

Les banques islamiques assurent le financement en utilisant deux méthodes


principales : La première méthode s’applique aux opérations de participation aux profits et
aux pertes en faisant intervenir la MUDARABA et la MUSHARAKA. Dans ce cas, la
rémunération n’est pas fixée à l’avance et dépend des résultats réalisés en aval de
l’opération de financement. La seconde s’applique aux opérations de vente de
marchandises ou de services à crédit et conduit donc à un endettement de la partie qui
achète ces biens et services. Elle fait intervenir un certain nombre de modes de financement
tels que la MURABAHA, L’IJARAH, le SALAM, l’ISTISNAA... La rémunération de la banque
dans ces cas est une partie du prix de vente. Ces modes de financement sont uniques pour
deux raisons principales. En premier lieu, la dette associée au financement sur la base d’une
marge déterminée est le résultat d’une opération de vente/achat de marchandises et
services bien réels mais pas le résultat d’une opération d’un prêt ou d’un emprunt
d’argent.15

Les banques islamiques allouent la majeure partie de leurs ressources dans des
contrats qui sont basés sur trois logiques différentes : la logique de partage, la logique
d’ancrage commercial ou la logique de participation, et enfin la logique de bienfaisance en
utilisant les produits financiers dont les plus connus sont la MOURABAHA, la MOUDARABA,
la MOUCHARAKA et l’IJARA. Ces contrats financiers islamiques ont pour caractéristique
d’être l’expression variée des principes précités qui marquent l’originalité de la finance
islamique. Vu le nombre de contrats existants actuellement, nous allons citer les contrats les
plus utilisés et les plus connus dans le secteur de la finance islamique. Ceux-ci ont joué un
rôle principal dans la croissance de la finance islamique.

15
Site Web : Doc-Etudiant.fr : « La finance islamique »

25
Chapitre II : Les produits participatifs

Financement de
Opération de Opération
transaction
participiation concessionnelle
commerciale

MOURABAHA MOUDARABA QARD HASSAN

IJARA MOUSHARAKA

ISTINAA

Source : Iqbal & Mirakhor, 1987


complété et modifié par Lachemi
SALAM Siagh

Figure 05 : les principaux produits islamiques

Dans un premier temps, nous commençons par les produits les plus typiques de la
finance islamique qui matérialisent les participations de l’entrepreneur et de la banque
islamique aux pertes et aux profits de l’activité économique. Ce financement se base sur le
principe de 3P. Ensuite, nous exposons les opérations commerciales qui n’impliquent pas un
partenariat en capital. Enfin, nous allons présenter le dernier instrument à savoir les
opérations concessionnelles.16

16
ELMEHDI MAJIDI : « La finance Islamique et la croissance économique : Quelles
interactions dans les pays de MENA ? »

26
Chapitre II : Les produits participatifs

• Section 1 : Présentation des produits islamiques


i. MOUDARABA

C’est une forme de partenariat dans lequel l'un des partenaires (RAB-AL MAL) fournit
le capital nécessaire pour un projet et agit en tant qu’associer commanditaire, tandis que
l'autre partie MOUDARIB (entrepreneur) gère les investissements en utilisant son expertise.
Il s’agit dès lors d’un contrat d’association entre le capital financier et le capital physique.

La MOUDARABA est un contrat entre l’investisseur et l’entrepreneur, par lequel


l’investisseur accepte de financer le projet sur une base de partage des profits selon un ratio
prédéterminé convenu par les deux parties concernées. Tandis qu’en cas de perte c’est
l’investisseur qui la subit.

Investisseur RAB AL MAL Entrepreneur MOUDARIB

Capital Financier Capital Humain

Projet d’investissement

Figure 06 : Contrat MOUDARABA

Malgré ce dernier point, l’instrument de MOUDARABA est considéré comme une


structure de partage de profit dans laquelle l’entrepreneur perd son temps, son travail et
son effort, mais rien de plus si aucun bénéfice n’est généré. Dans ce cas, le MOUDARIB n’a
droit à aucun salaire pour la gestion de l’entreprise. Le MOUDARIB est, par sa nature, aussi
bien un fidéicommissaire, qu’un agent d’affaires puisqu’il est tenu d’agir avec prudence et
bonne foi, et il est responsable des pertes dues à sa négligence intentionnelle s’il viole
certaines règles du contrat.

27
Chapitre II : Les produits participatifs

En pratique, il est préférable que le contrat MOUDARABA soit fait par écrit avec des
témoins appropriés, pour éviter tout malentendu. La MOUDARABA correspond en fait à un
contrat de prêt avec une participation aux bénéfices. La banque islamique apporte le capital
de la MOUDARABA en sa qualité de bailleur de fond et finance le projet de l’entrepreneur
(MOUDARIB) qui contribue par son expérience et son effort à l’investissement des fonds.
Les profits seront partagés entre les deux parties selon un taux prédéterminé. S’il n’y a pas
de bénéfices, le MOUDARIB ne peut prétendre à aucune rémunération. La banque (ou le
bailleur de fonds) supporte toute seule la perte sauf en cas de mauvaise gestion, ou d’une
négligence intentionnelle, ou du non-respect de la réglementation de la clause de contrat de
la part du MOUDARIB.

Le contrat MOUDARABA, en réalité, fait intervenir plus que les deux partenaires
directs : banque et entrepreneur, il y a aussi les déposants, qui constituent les principaux
bailleurs de fonds. La banque peut solliciter alors les dépôts du public, qui se voit proposer
plusieurs instruments à terme fixe, tels que les comptes d’épargne, les comptes affectés et
non affectés, etc. Les déposants associés avec la banque selon le principe de « participation
aux pertes et aux profits » partageront avec elle les risques de la société.

Compte tenu du risque élevé de ce mode de financement (incapacité de recouvrer le


capital engagé et absence de garantie offerte aux déposants), les banques sont à ce titre,
légitimement rigoureuses dans la sélection des partenaires et dans l’examen des projets en
vue. Dans le but de diversifier ses mécanismes de substitution à l’intérêt, la banque
islamique utilise dans ses opérations bancaires et financières la technique de
MOUCHARAKA, où chaque associé contribue au capital et à la gestion17

ii. MOUCHARAKA

Aux yeux de la CHARIA, la MOUCHARAKA est la forme la plus désirée dans le domaine
du financement. Cette forme répond à tous les éléments essentiels promulgués par la
CHARIA comme l’absence du taux d’intérêt, la présence du risque, le principe des partages

17
ELMEHDI MAJIDI : « La finance Islamique et la croissance économique : Quelles
interactions dans les pays de MENA ? ».

28
Chapitre II : Les produits participatifs

de profits et des pertes et la connexion directe de l’investissement du capital à l’actif sous-


jacent. La MOUCHARAKA est une relation contractuelle formée par un consentement
mutuel entre les parties pour mener un projet. Ce contrat se distingue par le fait que les
pertes sont partagées en proportion du capital apporté par chaque partenaire et les
bénéfices sont négociés librement, en général sur un ratio prédéterminé. Selon cette
technique, la banque islamique et ses partenaires collaborent ensemble à la gestion de
l’entreprise. C’est pour cette raison que la MOUCHARAKA est considérée comme un
partenaire actif.

Le MOUSHARAKA est un contrat de financement qui part du même principe que la


MOUDARABA, seulement ici on est dans le cas d’une association qui ressemble souvent à
une société de fait. Le MOUSHARAKA est un contrat de partenariat entre deux ou plusieurs
parties en général entre une institution financière et un ou groupe d’entrepreneurs où
chaque partie doit réaliser un apport soit en numéraire ou en nature.

Les associations par MOUSHARAKA peuvent revêtir la forme d’une société anonyme
et jouir de tous les droits en tant que telle. Dans cette opération toutes les parties
prenantes sont associées à la gestion du projet sauf en cas de refus de l’une d’elles d’y
prendre part. La rémunération des associés est basée sur les bénéfices et le partage se faire
au prorata des apports. De même les pertes sont supportées par chaque associé en fonction
de sa participation. Aussi les associés sont rémunérés pour les fonctions qu’ils assument
dans la conduite du projet et cela indépendamment de la répartition générale des
bénéfices.

À la différence de la technique de MOUDARABA, dans la MOUCHARAKA le partenaire


(MOUCHARIK) peut participer à la fois au travail, au capital ou à la gestion. La majorité des
banques islamiques utilisent cette technique. Ce contrat implique plusieurs apporteurs de
fond. L’entrepreneur fait également un apport en capital (Figure 07).

29
Chapitre II : Les produits participatifs

Entrepreneur Contrat de la Investisseur RAB


MOUCHARAKA AL MAL

X % de Participation Y % de Participation
Profit

Positive Négative

Figure 07 : Contrat MOUCHARAKA

La MOUCHARAKA se focalise sur le bénéfice du projet, sur la moralité du client et


surtout sur l’aspect de la relation de confiance. Elle constitue un véhicule de « financement
participatif actif » souple auquel les établissements financiers pourraient faire appel dans le
cadre de montages variés.

Pour simplifier, dans ce type de contrat, le client et la banque, par exemple,


participent ensemble au financement d’un projet et assument conjointement le risque au
prorata de la contribution de chacun au capital et ils partagent les dividendes selon des
parts convenues à l’avance.18

18
ELMEHDI MAJIDI : « La finance Islamique et la croissance économique : Quelles
interactions dans les pays de MENA ? ».

30
Chapitre II : Les produits participatifs

iii. MOURABAHA
Le MOURABAHA est un contrat de vente entre une banque islamique et un client de
la banque. Le client donne l’ordre à la banque d’acquérir pour son compte un actif et
s’engage dans un contrat à racheter le bien au prix de revient avec une marge de bénéfice
revenant à la banque. Cette marge est déterminée à la suite de négociations entre la
banque et le client donneur d’ordre. Le calcul de cette marge se fait sur la base de la même
formule de calcul que le taux d’intérêt. Le contrat de MOURABAHA ne porte que sur des
actifs existant au moment de la signature du contrat. Le MOURABAHA fait intervenir la
banque sur deux terrains, d’abord elle identifie et signe un contrat d’achat avec le
fournisseur et en suite signe un contrat de vente avec son client (le donneur d’ordre).
Après la signature du contrat, la banque se charge de toutes les opérations liées à
l’acquisition et au transfert du bien au donneur d’ordre. Après la livraison, le bien devient la
propriété exclusive du donneur d’ordre. Ce dernier à la possibilité de payer comptant le bien
après la livraison ou opter pour un paiement différé. Dans ce dernier cas, le paiement peut
être sous forme de loyers avec un échéancier bien défini que le client doit s’engager à
respecter.

Cette modalité de paiement amène certains auteurs a affirmé que le MOURABAHA


est identique au prêt à intérêt, parce que ces loyers comprennent la marge de profit de la
banque et peuvent être considérés comme des intérêts versés par le client. En guise de
réponse les théoriciens de la finance islamique affirment que la différence entre ces deux
opérations est que le prêt à intérêt classique ne concerne que l’argent alors que le
MOURABAHA ne porte que sur des actifs réels. Le MOURABAHA pose les mêmes conditions
de validité du droit contractuel, d’abord les cocontractants doivent manifester librement
leur consentement, jouir de la capacité de contracter et le bien objet du contrat doit être
connu en détaille. Les dossiers de demande de financement sous forme de MOURABAHA
déposés par les clients doivent comprendre non seulement la nature, la qualité, les
quantités mais aussi les caractéristiques techniques des biens concernés. Il ne doit y avoir
aucune ambiguïté au sujet du prix du bien, la banque et son client doivent être informés en
détaille sur toutes les charges liées à l’acquisition de l’immobilisation. Ainsi la banque ne
peut sous aucun prétexte modifier le prix fixé au départ dans le contrat sauf avec l’accord

31
Chapitre II : Les produits participatifs

du client donneur d’ordre. Pour les opérations de MOURABAHA, les banques islamiques
demandent les mêmes types de garantie que les banques classiques. (Figure : 08)19

Transfert de propriété
de la banque au client Transfert de propriété

Fournisseur d’un bien Banque Islamique Client

Paiement du prix Paiement du prix


d’achat (P) majoré (P+X)

Figure 08 : Contrat MOURABAHA

iv. IJARA

L'IJARA en islam ressemble, en beaucoup de points, au contrat de location ou leasing


conventionnel. Le contrat de location correspond non pas à la vente d'un objet, mais à la
vente de l'usufruit de l'objet pendant une période déterminée. La propriété du bien reste
donc en possession de l'agence de leasing jusqu'à la fin du contrat, alors que le client
dispose du bien contre le paiement d'un loyer et à un rythme spécifié au début du contrat.

Transfert de l’actif
Actif loué au client

Vendeur Banque Islamique Entrepreneur

Paiement du prix Amortissement


d’achat

Figure 09 : Contrat IJARA

19
ELMEHDI MAJIDI : « La finance Islamique et la croissance économique : Quelles
interactions dans les pays de MENA ? ».

32
Chapitre II : Les produits participatifs

Malgré cette similitude quasi parfaite, il y a quelques règles auxquelles la validité du


contrat est subordonnée qui le distinguent d'un contrat de leasing classique.

Dans un contrat de leasing classique, le locataire du bien devra payer une indemnité
correspondant à un pourcentage du montant total s'il manquait à un de ses paiements. Ce
type de pénalité est interdit sous la CHARIA puisqu'il correspond au paiement d'un intérêt.
Si une sanction est souhaitée par la banque en cas de retard dans le paiement, elle doit être
déterminée au début du contrat.

Une autre condition importante de la validité du contrat est que l'institution qui
donne le bien en location doit garder la propriété de ce bien durant toute la durée du
contrat. D'après différences peuvent encore être soulevées, mais celles-ci sont celles qui
posent le plus souvent problème. Cette première forme de leasing correspond à celle sans
option d'achat. Récemment, les juristes musulmans ont mis au point un contrat avec option
d'achat appelé IJARA WA IQTINA. Lorsque l'option d'achat est activée, le transfert de la
propriété et la détermination de la valeur résiduelle doivent faire l'objet d'un second contrat
distinct du premier.

L’IJARA WA IKTINA est un contrat de crédit-bail au même titre que l’IJARA cité ci-
dessus, la seule différence est que le locataire s’engage dès le départ à racheter le bien à la
fin du contrat. Dans cette opération, les loyers payés servent à la fois de rémunération à la
banque mais aussi de marge bénéficiaire.20

v. SALAM

Le contrat SALAM est la vente d’un bien dont la livraison se fera dans le futur alors
que son paiement se fait au comptant. Contrairement à la MOURABAHA, la banque
islamique intervient ici comme un acheteur de marchandise qui sera livrée à terme à son
client. Ce contrat constitue une exception au principe d’interdiction du GHARAR. À
l’époque, les contrats SALAM ont été pratiqués régulièrement, par les Arabes surtout dans
le commerce saisonnier et l’agriculture. Toutefois, ce type de contrat doit être encadré par

20
ELMEHDI MAJIDI : « La finance Islamique et la croissance économique : Quelles
interactions dans les pays de MENA ? ».

33
Chapitre II : Les produits participatifs

un certain nombre de conditions limitant tout abus éventuel. Par exemple, les spécificités
de la vente (qualité, quantité, la nature du bien, prix du bien, délais et modalités de
livraison) sont fixées au moment de la signature du contrat. En principe, toute opération
commerciale dont l’objet est inexistant, est prohibée par la CHARIA car celle-ci implique le
hasard (GHARAR). (Figure 10 : Contrat SALAM)

Transfert de l’actif
Actif loué au client

Vendeur Banque Islamique Entrepreneur

Paiement du prix Amortissement


d’achat

Figure 10 : Contrat SALAM

L’opération Salam permet à la banque islamique d’avancer des fonds de roulement :


salaires, facilité de caisse, droits de douane, etc. À ce titre, le contrat salam trouve plusieurs
applications, notamment pour le financement de certaines catégories d’activités
économiques, telles que l’artisanat et l’agriculture, l’import-export…etc.21

vi. ISTINA’A

Il s’agit d’un contrat d’entreprise par lequel une partie demande (MOUSTASNI'I) à une
autre (SANI’I) de lui construire un objet moyennant un paiement comptant, fractionné ou à
terme. La description de la marchandise, les délais de livraison, le prix et les modalités de
paiement (comptant ou différé) doivent être bien précisés dès le départ. Bien que ce mode
de financement soit semblable à celui de SALAM, l’ISTISNA présente la particularité d’avoir
un objet du contrat non achevé à l’initiation du contrat. Par différence avec le contrat salam,

21
ELMEHDI MAJIDI : « La finance Islamique et la croissance économique : Quelles
interactions dans les pays de MENA ? ».

34
Chapitre II : Les produits participatifs

le prix n’est pas payé en totalité au moment de la vente, ni même à l’avance. Le paiement
s’effectue plutôt en fonction de l’avancement du projet. À la fin, le constructeur livre la
marchandise à la banque qui la transfère à son client lequel règle celle-ci selon les modalités
convenues.
C’est un contrat irrévocable qui peut s’apparenter à un contrat d’entreprise, contrat
par lequel une des parties s’oblige à exécuter un ouvrage ou à accomplir un travail
moyennant une rémunération que l'autre partie s'engage à lui payer.
Dans la pratique, cette transaction procure aux entreprises un financement à moyen
et long terme pour la fourniture, la construction ou la fabrication de produits finis. Cette
technique est souvent additionnée à d’autres contrats, comme l’IJARA, lors de projets
immobiliers. Ce contrat est souvent utilisé pour le financement de projets dans plusieurs
secteurs tels que la construction d’infrastructures, l’industrie aéronautique ou navale.

vii. KARD HASSAN

Cet instrument peut être utilisé afin de dépanner un entrepreneur faisant face à des
difficultés ou aider les individus qui sont en difficulté ou ont besoin d’argent. La plupart des
banques islamiques possèdent des fonds de ZAKAT (basé sur l’obligation islamique de
ZAKAT ou aumône prescrite, l’un des cinq piliers de l’islam) sur lesquels elles peuvent
compter pour venir en aide aux emprunteurs en détresse22. Ces prêts qui sont encouragés
par le CORAN ont pour objectif de faire circuler la richesse entre les acteurs dans la société
et créer de la richesse.

viii. SUKUK
1) Définitions :

En réalité, il ne s’agit pas d’un produit financier proprement dit mais plutôt d’un titre
financier issu de montage juridique établis sur l’un des contrats suivants : « L’IJARA, la
MOURABAHA, la MOUCHARAKA ou le SALAM ».

22
Warde Ibrahim : « Islamic Finance in the Global Economy ».

35
Chapitre II : Les produits participatifs

Les SUKUKS sont donc, des obligations islamiques adossées à un actif tangible ou à un
investissement dans une firme. Les rendements de l’actif ou de l’entreprise vont permettre
de rémunérer l’investisseur. La rémunération perçue par leur porteur est fonction de la
performance économique de l’actif sous-jacent et du seul écoulement du temps.

Selon l’AAOIFI23, les SUKUK sont définis tels que des « titres à valeur égale
représentant des parts indivises dans la propriété d’un bien défini, dans l’usufruit d’un bien
défini, de services définis, ou encore d’un projet d’investissement déterminé ». L’IFSB24
quant à lui les définit comme des « certificats qui représentent une participation
proportionnelle du porteur dans une partie indivise d'un actif sous-jacent lorsque le titulaire
du certificat assume tous les droits et obligations à cet actif ».
Le schéma ci-dessous représente le mécanisme global du processus des SUKUK :

Figure 11 : Mécanisme global du processus des SUKUK.

23
Organisation de comptabilité et d’audit pour les institutions financières Islamiques (Accounting
and Auditing Organization for Islamic Financial Institutions), Bahrain. Elle est une organisation
sans but lucratif, elle est responsable de la préparation et l’émission et la publication des normes
de comptabilité financière, d’audit, de contrôle et d’éthique pour les institutions financières
Islamique.
24
Conseil des services financières Islamiques (Islamic Financial Services Board), est un
organisme international qui établit des normes et offre des conseils aux banque institutions
financières Islamiques.

36
Chapitre II : Les produits participatifs

1) Quelques typologies
➢ SUKUK de MOUSHARAKA

Titres de participation qui représentent des projets ou des activités gérées selon les
principes de MUSHARAKA en désignant l’un des associés ou un tiers pour la gestion.
Similaire à une joint-venture, l’apport en capital est réalisé selon des pourcentages définis au
préalable.

- Emetteur : Celui qui lance l’appel à participation dans un projet.


- Souscripteurs : les associés dans le contrat de MUSHARAKA.
- Le montant collecté pendant les souscriptions : la part des souscripteurs dans le capital
de ma MOUSHARAKA.
- Conséquences sur les porteurs des Sukuk : Ils sont les propriétaires des actifs de la
société. Ils se partagent les pertes et bénéfices de la société. Ainsi les profits sont
distribués selon des ratios définis contractuellement. Ces profits peuvent différer de la
proportion du capital investi par chaque partie mais les pertes sont toujours réparties au
prorata de l’apport en capital réalisé.

➢ SUKUK de MUDARABA :

Ils sont les propriétaires des actifs de la société. Ils se partagent les pertes et bénéfices
de la société. Ainsi les profits sont distribués selon des ratios définis contractuellement. Ces
profits peuvent différer de la proportion du capital investi par chaque partie mais les pertes
sont toujours réparties au prorata de l’apport en capital réalisé.

- Emetteur : Le MUDARIB ou le gérant qui apporte son savoir-faire et son temps pour
assurer la gestion au jour le jour du projet.
- Souscripteurs : Le RAB AL MAL celui qui apporte les fonds et qui est considéré
propriétaire de l’affaire.
- Le montant collecté pendant les souscriptions : Le capital ou les fonds propres de la
MUDARABA.
- Conséquences sur les porteurs des SUKUK : Ils sont propriétaires des actifs de la
MOUDARABA. Les profits sont répartis selon des ratios définis contractuellement mais à
la différence de la MOUSHARAKA, les pertes sont supportées uniquement par les
investisseurs. Ce principe repose sur l’idée que la contribution du gérant, ses efforts et son

37
Chapitre II : Les produits participatifs

expertise ont une valeur, à l’exception du cas où celui-ci commet une erreur grave ou ne
respecte pas les termes du contrat.

➢ SUKUK de MURABAHA :

Les SUKUK de MURABAHA constituent des financements d’acquisitions de


marchandises destinées à la vente, ce sont des titres à valeurs égales dans but de financer
l’achat de la marchandise objet de l’opération MURABAHA.

- Emetteur : Le vendeur de la marchandise de la MURABAHA.


- Souscripteurs : Les acheteurs des marchandises objet de la MURABAHA.
- Le montant total collecté pendant les souscriptions : Le coût d’achat de la marchandise.
- Conséquences sur les porteurs de SUKUK : Ils sont propriétaires de la marchandise
objet de la MOURABAHA et ils ont le droit de disposer de son prix de vente.25

ix. L’assurance TAKAFUL

Définition :

Le Takaful est un type d’assurance islamique dans lequel les membres mettent de
l’argent en commun pour bénéficier d’une garantie mutuelle contre pertes ou dommages.
Fondé sur les préceptes de la CHARIA, l’assurance dite Takaful procède de l’idée que les
individus doivent coopérer entre eux et se protéger mutuellement. Les compagnies
d’assurance Takaful constituent une alternative aux compagnies d’assurance commerciales
classiques, qui vont à l’encontre des principes de la CHARIA.

Depuis les années 2000, le marché du Takaful a connu un grand essor. Aujourd’hui,
environ 300 sociétés dans le monde sont spécialisées dans le secteur du Takaful avec un taux
de croissance exponentielle.

L’industrie mondiale du Takaful a augmenté d'environ 8% à 19 milliards de dollars en


2012, dépassant l'assurance conventionnelle en termes de taux de croissance.

25
LAASSILIA JIHAD : « Les Sukuk, La titrisation selon la finance Islamique ».

38
Chapitre II : Les produits participatifs

Principes généraux du TAKAFUL

Tout d’abord, rappelons les principes fondamentaux de la finance islamique et plus


généralement de toute transaction en ligne avec la loi islamique (CHARIA) :

L'absence de Riba (intérêt ou usure), l'absence de Gharar et de Maysir (incertitude et


spéculation), l'absence de HARAM ou produits illicites et enfin le principe solidaire de
l'obligation de partages des profits et des pertes.

Les principes du Takaful sont les suivants : Les souscripteurs d’un contrat d’assurance
coopèrent entre eux pour leur bien commun. Chaque souscripteur paie sa prime pour aider
ceux qui sont dans le besoin. Les pertes sont partagées et les dettes réparties suivant le
système de "POOLING26". Le caractère incertain est éliminé par la souscription et la
compensation. Cela n’entraine aucun avantage à l’un qui coûterait quoique ce soit aux autres.
En théorie, le Takaful est perçu comme une assurance coopérative, où ses membres versent
une certaine somme dans un pot commun. Le but de ce système n’est pas le bénéfice mais la
garantie du principe de "se porter assistance l’un l’autre". L’assurance commerciale est
strictement illicite pour le musulman comme en ont convenu la majorité des savants
contemporains.27

Pour résumer :

26
Outil de gestion de trésorerie et plus précisément de gestion bancaire. Proposé par les
banques et donc soumis à des frais supplémentaires.
27
BABACAR NDIAYE : « Aperçu sur l’assurance Islamique : Focus sur le continent Africain ».

39
Chapitre II : Les produits participatifs

• Section 2 : Distinction entre la MOURABAHA et un crédit simple


i. Tarification de la MOURABAHA

L'arrivée au Maroc des techniques bancaires conformes aux préceptes de l'islam est
désormais une réalité. BANK ALMAGHREB a enfin annoncé l'introduction de nouveaux
produits bancaires conformes à la CHARIA dès le mois d'octobre 2007, cette annonce a été
faite par le WALI du BANK AL-MAGHREB ABDELLATIF JOUAHRI lors d'une
conférence de presse tenue à Rabat mardi 23 Mars 2007. L'introduction de ces produits«
"IJARA", "MOUCHARAKA" et "MOURABAHA"» devrait permettre d'élargir la gamme
de services bancaires et de contribuer à une meilleure bancarisation de l'économie », a relevé
M. le wali dans une déclaration publié par l'agence de presse MAP28/29.

L'introduction au Maroc, de ces trois techniques de financement qui sont parmi les
opérations islamiques les plus répondu dans le monde, vient d'une part dans un contexte
international dans le quelle la présence des techniques de financement islamiques dans le
marché est de plus en plus pesante.

 Sachant bien que le client doit :


❖ Payer le double des droits d’enregistrement ;
❖ Être taxé au double de la TVA ;
❖ S’acquitter de ce double de la TVA et sur le capital et sur la marge ;
❖ Et enfin, accepter la non déduction de la marge de l’impôt sur le revenu.
Et afin de confirmer la véracité des articles de la presse spécialisée insistant sur la
cherté de la FI au Maroc, nous procèderons à la comparaison suivante (en prenant en
considération les informations les plus fiables que possible).
L’hypothèse que nous avons choisie, est celle d’un client qui aura à acquérir un bien
immobilier au prix de 1 000 000 DH, il se trouve devant 2 options :
❖ Soit le recours à la banque islamique (avec un crédit qui ne peut s’étaler au-delà de
20 ans) ;
❖ Soit le recours à une banque conventionnelle (avec un crédit au taux fixe ou
variable, sur une durée qui peut s’étaler entre 20 ou 25 ans).

28
SOULEIMANI RACHID : « La finance Islamique : évolution et perspectives ».
29
Agence Marocaine de Presse, proposant l’info marocaine et du monde.

40
Chapitre II : Les produits participatifs

▪ Cout d’un financement islamique (DAR ASSAFAA30)

Le produit bancaire dont il s’agit est MOURABAHA. La banque islamique aura à définir
une marge commerciale en fonction de plusieurs paramètres, le coût de revient, les frais, les
impôts, mais aussi le profil de risque du client, nous avons opté pour 4 scénarios : des
marges commerciales de 10%, 15%, 30% et 50 %.

NB : Pour l’assurance Décès-invalidité, nous nous sommes alignées sur


l’assurance de la banque conventionnelle (étant donné le manque
d’information chez la banque islamique de la place).

Figure 12 : Tableau tarification d’un financement Islamique

ii. Tarification d’un crédit simple et comparaison avec MOURABAHA


▪ Cout d’un financement traditionnel
❖ Prix de l’acquisition : MAD 1.000.000 ;
❖ Frais annexes (7.5%) : MAD 75.000 (Frais d’étude, droit d’enregistrement et de
timbres …)
❖ Assurance habitation (3.62%) sur 25 ans : MAD 36 200 ou bien 3.09% sur 15 à 20
ans : MAD 30 900. (En supposant qu’elle sera financée par la banque et intégrée
dans la traite mensuelle).
❖ Assurance vie 800 DH annuellement (soit MAD 192.000 sur 240 mois,
144.000 sur 1 5ans ou 240.000 sur 300 mois) Taux d’intérêt Fixe : 6.45 %
sur 25 ans ; 6.25 % sur 20 ans ; 6.15% sur 15 ans Taux d’intérêt variable :
5.67 %.

30
Bank Assafa est un établissement bancaire 100% marocain spécialisé dans la finance
participative qui propose un ensemble de produits bancaires éthiques, conformes aux directives
du conseil supérieur des Oulémas.

41
Chapitre II : Les produits participatifs

Soit les montants de crédit globaux et les traites suivantes :

Figure 13 : Tableau tarification d’un financement Classique

La traite à laquelle nous nous intéresserons est celle du crédit étalé sur 15 ans, et en
premier lieu celle en rapport avec un taux fixe (traite inchangée). 15 ans est la durée
maximale de crédit qu’offre DAR ASSAFAA. Mais nous avons jugé utile de faire la simulation
également sur 20 et 25 ans, car le client au final prend en considération l’étalement de la
durée comme option qui l’aide à diminuer le poids de la dette.

• Conclusion :
En terme de cette comparaison, il nous apparaît claire, que la traite qui sera prélevée
par la banque islamique est proche du niveau de celle de la banque conventionnelle (avec
des caractères même semblables à savoir : montant de traite fixe sur 15 ans) dans le cas où
la marge commerciale est de 30%.
Il est évident, qu’en diminuant la marge commerciale au-dessous de 30%, la traite de
la banque islamique aura à diminuer, et vice versa.
En somme, nous pouvons avancer l’hypothèse selon laquelle la marge commerciale
est le paramètre qui influence le caractère de surcoût de la FI. Dans notre cas, 30% est le
seuil au-dessus duquel la FI > FC, et au-dessous duquel la FI < FC.
Toutefois, il y a lieu de signaler que la banque conventionnelle octroie un avantage
compétitif à savoir l’étalement de la durée. Il y a de fortes chances que notre client ait opté
pour une durée supérieure à 15 ans, à moins que la banque islamique révise sa marge (à
10% par exemple, comme le montre le tableau en haut).

42
Chapitre III :
Les banques islamiques et sa mode de
fonctionnement
Chapitre III : Les banques islamiques et sa mode de fonctionnement

Les banques sont des institutions financières dont l’ensemble de ces opérations est de
soumettre des crédits. La discussion au niveau de ce chapitre sera répartie en deux parties,
la première va être sur les banques islamique, historique, typologies et principaux services,
et la deuxième partie, sera sur le fonctionnement et le financement des banques islamiques.

Dans le système conventionnel, les banques agissent essentiellement en tant


qu'administrateurs du système de paiement de l'économie et comme intermédiaires
financiers entre les épargnants et les investisseurs. Elles seront nécessaires pour
l'exploitation des imperfections des marchés financiers. Parmi ces imperfections, on
retrouve la divisibilité imparfaite des actifs financiers, l'imperfection de l'information
disponible, les coûts de transaction, de recherche et d'acquisition de ces actifs...

La banque islamique diffère de la banque conventionnelle en plusieurs points.


Premièrement par sa définition, elle possède une philosophie distincte, basée sur les
principes islamiques de justice sociale, d'équité et d'équilibre. Pour cela, elle va intégrer les
lois, les pratiques, les procédures et les instruments qui vont l'aider à maintenir et à
dispenser cette justice et Cette équité.

Dans un second temps, la banque islamique se distingue de la banque conventionnelle


dans son rôle : plutôt que de remplir la seule fonction d'intermédiaire, elle va jouer le rôle
d'un investisseur direct. En effet, étant donné que son fonctionnement est basé sur le
principe de Partage des Pertes et des Profits et que le risque n'est pas à sa seule charge mais
est supporté tant par elle que par le dépositaire, elle ne peut se contenter d'une simple
relation prêteur-emprunteur. C'est plutôt une véritable association qui naîtra entre les deux
parties, association où des enjeux communs seront partagés. Les points suivants nous
permettront de mieux structurer l'écart qui existe entre le fonctionnement de ces deux
institutions.31

Les banques islamiques ont développé un concept propre à elle qui tire sa spécificité
de l'application des règles du droit musulman qui interdisent l'intérêt et ne donne à l'argent
aucune valeur propre, c'est-à-dire que si sa circulation ne traduit pas une activité
économique réelle, il serait illicite qu'elle rapporte quelque prime que ce soit.

31
SOULEIMANI RACHID : « La finance Islamique : évolution et perspectives ».

44
Chapitre III : Les banques islamiques et sa mode de fonctionnement

• Section 1 : Les banques islamiques


i. Historique des institutions financières islamiques

La banque islamique est une institution qui reçoit des dépôts et mène toutes les
activités bancaires à l’exception de l’opération de prêt et d’emprunt à intérêt. Le passif est
constitué par l’ensemble des fonds mobilisés selon la formule de MUDARABA ou de
WAKALA (agent). Elle accepte, aussi, des dépôts à vue qui sont considérés comme des prêts
sans intérêt des clients envers la banque, et de ce fait, ils sont garantis. L’actif se constitue
par les fonds avancés sur la base de partage des profits et des pertes ou bien sur la base
d’un endettement conforme aux principes de la CHARIA. Elle joue le rôle d’un manager
d’investissement vis-à-vis des déposants dont les fonds appartiennent à la catégorie des
dépôts d’investissement. En sus de cela, la participation en capital ainsi que le financement
de l’actif circulant (stock de marchandise) et de l’actif fixe constitue une partie intégrale des
opérations de la banque islamique. La banque islamique partage ses gains nets avec ses
déposants au prorata de la date et du montant de chaque dépôt. Les déposants doivent être
informés en amont de la formule de partage des profits avec la banque.

L’idée de créer des banques islamiques remonte déjà aux années 40, et la première
tentative de création a été faite au Pakistan durant la décennie suivante, mais elle n’a pas
duré. En 1963, et dans une ville du delta du Nil (MIT GHAMR), en Egypte, a eu lieu La
création d’une banque d’épargne rurale. L’efficacité de la mobilisation des ressources par
ces caisses d’épargne rurales a été impressionnante, mais l’expérience n’a pas duré
longtemps pour des raisons politiques (surtout en 1967). Néanmoins cette expérience a
ouvert la voie aux banques islamiques ultérieures, telle que la Nasser Social Bank en 1971, la
première banque islamique qui a lancé des services à caractère social pour les groupes à bas
revenu. L’objectif de la banque d’épargne islamique de MIT GHAMR a été d’entreprendre
l’industrialisation des villages égyptiens, sans ingérence de l’Etat. Pour aboutir à cet objectif,
il a fallu intégrer la population de la région au processus de la mobilisation de l’épargne, la
banque d’épargne a influencé considérablement la région, son impact a été ressenti sur le
plan économique comme sur le plan social.

45
Chapitre III : Les banques islamiques et sa mode de fonctionnement

❖ Sur le plan économique Il y eu une augmentation des dépôts et un accroissement


des actifs et des profits de la banque. Le nombre de caisses d’épargne est passé de zéro en
1963 à deux en 1971. Le nombre de clients avait atteint un million en 1971. La banque a
développé l’agriculture de la région, a contribué à la construction de logements et industrie
légères sur base de participations.
❖ Sur le plan social La banque a changé l’attitude des villageois qui est passée de
l’indifférence, de la passivité et du fatalisme à la positivité. Il est certain qu’un tel succès
n’était possible si la banque avait négligé les valeurs islamiques de la population. La banque
d’épargne islamique de MIT GHAMR a démontré que, d’une part, les musulmans aspirent à
posséder leur propre système bancaire, d’autre part, l’établissement d’une banque
islamique est faisable et est souhaitable, car c’est la seule institution financière susceptible
de gagner la confiance de ces peuples. Donc c’est à partir de la seconde moitié des années
70, que les banques islamiques ont effectué leur percée tant au niveau du monde arabe
qu’au niveau des pays musulmans non arabes. D’où les années 80 ont été le théâtre d’une
prolifération des banques islamiques à travers le monde. On comptait en 2014 plus de 420
institutions financières islamiques réparties dans plus de 75 pays. Le Moyen-Orient et l’Asie
sont deux des principaux marchés sur lesquels les banques islamiques prospèrent. L’Arabie
saoudite, Bahreïn, les Émirats arabes unis, le Koweït et le Qatar, sont actifs au Moyen-
Orient, suivis de près par l’Égypte, le Liban, Oman et la République arabe syrienne. En Asie,
la Malaisie est d’ores et déjà dotée d’un système de finance islamique pleinement
développé (banques, TAKAFUL, ou assurance, des opérations sur le marché des capitaux et
sur le marché monétaire). Parmi les autres protagonistes de pays en développement
figurent Brunei Darussalam, l’Indonésie, le Pakistan, les philippines et la Thaïlande. La
croissance de ces marchés est en partie alimentée par la demande naturelle de la
population musulmane de ces pays. Avec la plus grande prise de conscience de la finance
islamique et à mesure que les banques islamiques élargissent leurs services, même des
clients non musulmans se tournent vers ces établissements. En Malaisie, par exemple, dans
certains cas jusqu’à la moitié de la clientèle des banques islamiques n’est pas musulmane.
En occident, les banques sont aussi en concurrence pour se tailler une part du gâteau
lucratif que représente la banque islamique. Le premier établissement de finance islamique,
la islamic Finance House a été créé au Luxembourg à la fin des années 70, suivi par la islamic

46
Chapitre III : Les banques islamiques et sa mode de fonctionnement

Finance House du Danemark, la islamic Investment Company de Melbourne, Australie, et la


American Finance House LARIBA aux États-Unis. La « islamic Bank of Britain » a été fondée
au Royaume-Uni en 2004, et en 2008 cinq banques islamiques avaient vu le jour dans le
pays. CITIBANK, HSBC, STANDARD CHARTERED, ABN AMRO et DEUTSCHE BANK sont
quelques-unes des banques conventionnelles qui ont fait leur entrée dans le secteur de la
banque islamique. Dans un premier temps, le secteur s’est concentré sur les activités de
banque de détail et commerciale alors que les activités liées au marché des capitaux,
comme la gestion de fonds islamiques et d’obligations islamiques (SUKUK) a connu une
envolée après les années 90. Avec le développement des activités sur le marché des
capitaux, de plus en plus de pays prennent le train en marche. En 2007, Singapour a créé sa
première banque islamique, The islamic Bank of Asia, et aspire à devenir la première place
financière islamique en Asie. Hong Kong (Chine) et le Japon affichent les mêmes objectifs. Le
développement du marché des capitaux permettrait à ces pays non-musulmans de tirer
parti des investisseurs aisés du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et de continuer à
jouer un rôle de premier plan sur les marchés internationaux des capitaux. 32

ii. Typologie des banques islamiques

Il n’existe pas de modèle unique de banques islamiques. On distingue des banques à


caractère social, commercial, des banques d’affaires ou intergouvernementales. Depuis la
création des banques islamiques, les banquiers musulmans ont donné à leurs initiatives
différentes formes, d’après leur propre interprétation du commerce ou de l’économie
islamiques ; mais, surtout, en fonction des circonstances réelles dans lesquelles ces banques
doivent opérer. La typologie des banques islamiques nous montrera que le Système des
Banques islamiques (SBI), est plus diversifié que ne pourraient le laisser croire les simples
oppositions "local international" et "privé-public".

32
International Journal of Innovation and Applied Studies : « Islamic finance : evaluation
from 1970 to today ».

47
Chapitre III : Les banques islamiques et sa mode de fonctionnement

1) Banques à caractère social


La première banque islamique, qui a lancé des services à caractère social pour les
groupes à bas revenus, est la NASSER SOCIAL BANK (NSB). Créée en Egypte, en 1971, la NSB
était financée et contrôlée par le Ministère des Affaires Sociales et des Finances. Elle
assumait en quelque sorte le rôle d’une organisation de bienfaisance, en assistant les
personnes défavorisées qui n’avaient pas accès à une autre banque conventionnelle. Bien
qu’elle ait réalisé des bénéfices considérables, elle ne peut être considérée comme une
véritable banque islamique car ses ressources principales provenaient des taxes
gouvernementales, à savoir 2% des bénéfices nets des entreprises publiques. La NSB est
placée sous le contrôle de la Banque Centrale d’Egypte, soucieuse d’intégrer les institutions
islamiques au système bancaire du pays. Afin d’assumer son rôle en tant que banque
sociale, la banque octroie des prêts sans intérêts aux catégories sociales défavorisées et
assiste les personnes en nécessité et leur accorde une aide financière appelée "QUARD
HASSAN". Elle a également élaboré un système de pensions et d’assurances sociales pour
ceux qui ne bénéficient pas des régimes de pensions et d’assurances existants. En 1979, elle
avait 25 branches dans toute l’Egypte, ses bénéfices pour l’exercice 1978-1979 étaient de
17,3 millions de dollars US. La NSB était le précurseur des banques islamiques ; elle a
apporté son expérience et son aide pour les nouvelles banques.

2) Banques à caractère commercial

On peut distinguer deux types de banques à caractère commercial :


- Les banques commerciales d’investissement ;
- Les banques commerciales de financement ;
Elles sont soit privées (la Jordan islamic Bank), soit mixtes avec une participation
importante de l’Etat (Kuwait Finance House). Les deux catégories effectuent toute une série
d’opérations bancaires, commerciales, de financement et d’investissement, sur le plan
national et international.

48
Chapitre III : Les banques islamiques et sa mode de fonctionnement

Banques Commerciales Banques d’affaires et d’investissement


❖ Al Baraka Bank ;
❖ Dubaï islamic Bank, 1975 ;
❖ islamic Investment Company of the Gulf,
❖ Kuwait Finance House, 1977 ;
Sharjah, 1978;
❖ Faysal islamic Bank d’Egypte et du
❖ Sharia Investment Services, Genève,
Soudan, 1977 ;
1980;
❖ Jordan islamic Bank, 1978 ;
❖ Bahrain islamic Investment Bank,
❖ Massraf Faysal Al-islamic, unite
Manama, 1980;
offshore, 1982.
❖ islamic Investment House Amman, 1981
Figure 14 : Tableau distinctif des banques Islamiques commerciales

3) Banques internationales et sociétés d’investissement de portefeuille islamique

Cette catégorie comprend les "banques de clientèle" qui concentrent leurs opérations
sur la clientèle non financière, les ménages et les entreprises ; elles récoltent les dépôts, les
emploient sur base de partage des bénéfices et des risques. On a aussi des sociétés
d’investissement de portefeuille islamique, qui recherchent leurs moyens d’action sur le
marché national et international et auprès de grosses entreprises, plutôt que via un réseau
d’agences locales. Par leur vocation internationale, ces types de banques sont axés sur la
haute finance et ont un champ d’action mondial. Cependant, certaines de ces banques
opèrent massivement sur les deux marchés, national et international. La plupart de ces
institutions ont été créés au début des années 80. Elles ont joué un rôle innovateur pour le
SBI, en introduisant une coordination et une organisation des opérations des banques
islamiques au niveau international. Ce sont notamment les banques suivantes :

❖ Islamic Investment Company, Nassau, 1977 ;


❖ Islamic Investment Company of the Gulf, Sharjah, 1978 ;
❖ Sharia Investment Service, Genève, 1980 ;
❖ Bahrian Investment Bank, Manama, 1980 ;
❖ Dar Al-Maal Al-islami, Bahamas, 1981 ;
❖ Dar Al-Maal Al-islami Ltd, Genève, 1981.

49
Chapitre III : Les banques islamiques et sa mode de fonctionnement

Le groupe Dar Al-Maal Al-islami (DMI), fondé en 1981, par des personnalités et chefs
des gouvernements de Bahrian, d’Egypte, de Guinée, du Koweït, de Malaisie, du Pakistan,
du Qatar, du Soudan et des EAU. Le groupe a créé un réseau mondial de banques filiales
islamiques, de sociétés d’investissement et d’assurance ainsi que des sociétés de
développement à caractère commercial. Dotée de 2 milliards de dollars, dont 70% sont
détenus par des Saoudiens, la DMI est enregistrée comme fonds fiduciaires aux termes des
lois des Bahamas (DMI Ltd). Sa société d’exploitation qui est une filiale à 100%, effectue la
majorité de ses activités dans les pays islamiques ; elle entreprend toutes les opérations
financières demandées par les musulmans et investit dans un contexte économique
islamique. Elle a déclaré participer à l’économie des pays hôtes par des financements des
projets. Depuis sa création, de nombreux projets ont été réalisés, en particulier dans les
pays pauvres. La DMI dispose de filiales islamiques, des TAKAFUL Compagnies (sociétés
d’assurances islamiques) et des banques d’affaires dans de nombreux pays.

4) Banques intergouvernementales de développement

Bien que toutes les banques islamiques soient, de par leur nature même, des banques
de développement, la création de la Banque islamique de Développement (BID) en 1975 à
Jeddah, constitue un événement important de l’histoire de la banque islamique. Par la
création de la BID, une dimension nouvelle est donnée au mouvement des banques
islamiques. La BID est une institution intergouvernementale, souscrits par 43 pays membres
de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI33). La BID occupe une place assez
particulière sur la scène du système bancaire islamique, à la hauteur de celui de la Banque
Africaine de Développement, pour ne citer qu’un exemple. Les principaux actionnaires sont :
Arabie Saoudite 25%, Lybie 16%, Emirats Arabes Unis 14%, Koweït 13% et Autres pays
islamiques 32%. La BID a pour objectif de "favoriser le développement économique et le
progrès social dans les pays membres et dans les communautés musulmanes suivant les
principes de la loi islamique". De par sa nature particulière à la fois internationale et axée
sur le développement, ce type de banque requiert une organisation interne différente de

33
L’Organisation de la coopération islamique (OCI), appelée Organisation de la conférence
islamique jusqu'en 2011, est une organisation intergouvernementale créée le 25 septembre 1969.
Son siège se situe à Djeddah en Arabie saoudite et elle possède une délégation permanente
aux Nations unies.

50
Chapitre III : Les banques islamiques et sa mode de fonctionnement

celle des autres banques islamiques. Le risque que court la banque, est différent de celui des
autres banques qui travaillent à partir des capitaux déposés par des particuliers et des
institutions privées. Organe de développement, la BID fournit des prêts non assortis
d’intérêt pour les projets de développement ; elle est également engagée dans le
financement du commerce international et apporte son assistance technique aux pays du
Tiers-Monde. La plupart des investissements sont orientés vers des projets à long terme, en
particulier les projets d’infrastructure des services sociaux.

5) Autres types de banques islamiques

Le système bancaire comprend aussi :

❖ Une banque centrale unique (Banque islamique d’Iran) ;


❖ Des agences islamiques pour l’échange avec des banques européennes (ex : en
Egypte, 25 agences opérant pour le compte des banques conventionnelles
égyptiennes) ;
❖ Des sociétés à forme bancaire (ex : la société "Al-Baraka" pour l’investissement et
le développement à Jeddah) ;
❖ Des sociétés d’assurances islamiques (ex : les filiales du groupe Al-Barak et de la
Dar Al-Maal Al-islami).

A côté des institutions financières islamiques créées à travers le monde, certains


pays ont islamisé, intégralement, leur système bancaire : Le Pakistan et l’Iran, le Soudan est
dans la même voie. De même, le gouvernement de Jordanie et de la Malaisie ont montré
une attitude positive vis-à-vis des banques islamiques, en introduisant des mesures
législatives exceptionnelles qui faciliteraient leurs activités.

D’autres gouvernements, principalement dans la région du Golfe, comme ceux de


l’Arabie Saoudite, du Koweït, des Emirats Arabes Unis et du Bahreïn, après des réticences, se
sont également mis à islamiser le système financier. Néanmoins, il ne s’agit là que de
mesures à portée limitée n’ayant aucun effet réel. D’autres pays musulmans ont adopté une
attitude très prudente vis-à-vis des banques islamiques et n’ont pas encore autorisé
l’installation de telles banques sur leur territoire, craignant des transferts d’argent massifs
des banques conventionnelles vers les banques islamiques. Cependant, un seul pays

51
Chapitre III : Les banques islamiques et sa mode de fonctionnement

musulman s’est engagé, depuis 1977, dans le processus d’islamisation de toute l’économie,
donnant un exemple à suivre : le Pakistan.34

iii. Les services soumis par les banques islamiques

Les services bancaires ordinaires offerts par les banques islamiques : Les banques
islamiques offrent à leur clientèle tous les services bancaires classiques ne donnant pas lieu
à une perception ou paiement d’intérêt. Dans leurs activités de collecte de dépôts les
banques islamiques proposent des produits tels que :

1) Les comptes de dépôt


Le compte courant dans les banques islamiques est le même que celui des autres
banques mais quelques différences sont à souligner. En effet, les dépôts sur ce compte sont
mobilisables à vue par chèque, virement bancaire ou par transfert. Les titulaires de ce
compte par contre ne paient ou ne reçoivent aucune somme d’argent comme rémunération
en rapport avec leurs dépôts quel que soit le solde du compte. Les banques islamiques en
principe ne pratiquent pas non plus le découvert bancaire car elles se soucient de l’usage
des fonds prêtés et aussi parce que cette opération est liée à l’intérêt.

2) Les comptes d’épargne


Ce sont des dépôts à terme qui fonctionnent comme celles des banques classiques,
seulement comme les comptes courants ils ne bénéficient d’aucune rémunération basée sur
un taux d’intérêt. Cependant ce compte peut avoir un objet spécifique (épargne logement,
équipement, pèlerinage…) et à un certain moment permettre au titulaire d’obtenir un
financement complémentaire (prêt sans intérêt).

3) Le compte d’investissement islamique


C’est un compte à terme comme le compte d’épargne cité plus haut. Le titulaire du
compte grâce à un contrat met les fonds à la disposition de la banque qui va les investir
dans des opérations de financement de projet. La banque est responsable du choix des

34
International Journal of Innovation and Applied Studies : « Islamic finance : evaluation
from 1970 to today ».

52
Chapitre III : Les banques islamiques et sa mode de fonctionnement

projets. La rémunération du titulaire se fait à partir d’un taux fixé au préalable lors des
négociations entre la banque et le déposant. Au cas où les investissements produisent des
bénéfices, le déposant est rémunéré selon les termes du contrat et en cas de perte sont
compte est débité selon le même taux. C’est la raison pour laquelle certains considèrent le
compte d’investissement comme des actions sans le droit de vote. Ce compte joue aussi un
rôle dans les opérations de crédit-bail comme l’IJARA ou l’IJARA WA IKTINA ou il sert à
recueillir les loyers payés par le détenteur du bien considéré.35

iv. La position du système de banque islamique vis-à-vis du système


conventionnel

Plusieurs études théoriques consacrées à la finance et aux banques islamiques ont


introduit un modèle de participation aux profits en le comparant au modèle basé sur
l’intérêt. Nous nous référons au modèle pur de partage des profits pour procéder à une
comparaison afin de démontrer qu’un système basé sur le partage des profits n’est pas
seulement viable, mais il présente des avantages qui font de lui un système supérieur à celui
basé sur l’intérêt.

❖ L’affectation des ressources financières sur la base de la participation aux profits et


aux pertes donne plus d’importance à la rentabilité des projets, alors que celle basée sur
l’intérêt ne s’intéresse qu’à la solvabilité des débiteurs. On peut s’attendre à ce qu’une
affectation faite sur la base de rentabilité soit beaucoup plus efficace que celle qui se fait sur
la base de l’intérêt.
❖ Un système basé sur la participation aux bénéfices serait beaucoup plus stable qu’un
système basé sur le calcul d’un intérêt fixe sur le capital. Dans ce dernier système, la banque
est obligée de payer un montant fixe sur les comptes de dépôts indépendamment de leur
destinée même si les conditions économiques se détériorent. Dans l’autre système, en
revanche, les revenus payés sur les obligations de la banque dépendent directement du
résultat global de son portefeuille d’investissement. Par conséquent, le coût du capital
s’ajustera automatiquement en s’adaptant aux changements de conditions de production.

35
YABRE MOUSSA : « Banques islamiques : Les principes de base et les modes de financement
islamiques proposés aux PME ».

53
Chapitre III : Les banques islamiques et sa mode de fonctionnement

En outre, tout choc affectant le passif du bilan sera automatiquement amorti. Cette
flexibilité, non seulement prévient l’échec des entreprises en quête de financement, le cash-
flow de l’entreprise et le remboursement de ses dettes, ce qui constitue un facteur de
stabilité du système financier.
❖ Le fait que la richesse est créée en fonction des opportunités d’investissement au
niveau du secteur réel de l’économie, les facteurs réels liés à la production des biens et des
services (en contraste avec les facteurs financiers) deviennent les principaux éléments de
formation des taux de rendement du secteur financier.
❖ La transformation du système de l’intérêt en un système basé sur l’assomption
solidaire des pertes et des profits aide à la réalisation des objectifs de la croissance
économique car il aboutit à une augmentation de l’offre de capitaux à risque ; cela
encourage donc les entrepreneurs à investir dans le domaine de la production du fait que
les bailleurs de fonds prennent leur part de risque.36

36
Site Web : Doc-Etudiant.fr : « La finance islamique »

54
Chapitre III : Les banques islamiques et sa mode de fonctionnement

• Section 2 : La Mode de fonctionnement et financement des banques


islamiques
i. Le Cadre juridique

En sus de l’observation scrupuleuse de la CHARIA, les banques islamiques doivent


également respecter la réglementation bancaire des Etats dans lesquels elles sont
implantées. Le problème de l’application de la CHARIA ne se pose pas puisqu’il est
clairement défini dans les statuts de chacune des banques islamiques. Sur ce plan, toutes les
activités de la banque islamique sont supervisées par un comité de la CHARIA qui veille à la
conformité de tous les produits des banques islamiques aux prescriptions de la CHARIA. Ces
comtés sont souvent composés de 3 à 7 experts de la loi islamique.

Les banques islamiques cependant rencontrent beaucoup de difficulté concernant la


réglementation bancaire dans les pays d’accueil. Les lois commerciales, bancaires et des
sociétés dans la plupart des pays islamiques sont définies selon le modèle occidental. Ces
lois ont souvent pour effet la limitation des activités bancaires islamiques par rapport aux
banques conventionnelles. Selon la réglementation bancaire (ex : UEMOA37) les banques
islamiques sont en infraction, concernant leurs activités qui englobent les domaines
commerciaux, industriels et agricoles. Parce qu’il est tout simplement interdit aux banques
d’exercer ces activités. Pour résoudre ce problème, les pays ont adopté diverses approches,
l’une de ces démarches consistait à soumettre les banques islamiques à un régime de
réglementation et de contrôle par la banque centrale qui est différent de celui appliqué aux
autres banques. C’est le cas dans les pays comme le Yémen et la Malaisie. La seconde
reconnaît le caractère particulier des activités bancaires islamiques, mais consiste à les
placer sous le même régime de contrôle et de réglementation par la banque centrale que
pour les banques classiques tout en les accordant à ces banques islamiques des dérogations
spéciales. C’est le cas dans les Etats du Bahreïn et du Qatar au Moyen-Orient et dans la zone
UEMOA. Dans la zone UEMOA, pour attirer davantage les capitaux provenant des Etats du
Golfe, le conseil des ministres de finance a adopté les 22 et 23 Septembre 1982 un 3ème
alinéa à l’article 2 de la loi cadre portant réglementation bancaire. Cet article donne
l’autorisation aux gouvernements pour accorder des dérogations nécessaires aux banques

37
L’Union économique et Monétaire Ouest Africaine

55
Chapitre III : Les banques islamiques et sa mode de fonctionnement

islamiques afin de faciliter leur fonctionnement dans la zone. Les seuls pays qui ne
connaissent pas ce problème de réglementation bancaire sont l’Iran, le Pakistan et le
Soudan qui ont entièrement islamisé leur système financier.

En dehors de ces difficultés juridiques et réglementaires, les banques islamiques sont


aussi confrontées à des problèmes de normalisation sur le plan de la comptabilité. En effet,
toutes les banques doivent respecter des normes comptables comparables afin de
permettre aux banques centrales de publier aisément les bilans consolidés des banques et
de jouer son rôle de supervision. Le problème c’est que les banques islamiques ont souvent
des méthodes de comptabilisation un peu différentes de celles des autres banques surtout
concernant les opérations basées sur le système de partage des pertes et des profits. Pour
l’enregistrement de ces opérations les banques islamiques utilisent souvent plusieurs
comptes. En plus ces opérations sont souvent enregistrées différemment selon les banques
islamiques car les comités de la CHARIA n’ont pas toujours les mêmes opinions sur le
caractère halal de ces opérations. Ce qui entraine beaucoup de difficulté dans
l’établissement des comptes de profit ou de perte. La détermination d’un cadre
réglementaire et juridique de fonctionnement et l’établissement de normes comptables
internationales permettront de favoriser la stabilité et le bon fonctionnement des banques
islamiques dans le monde38.

ii. Le fonctionnement des banques islamiques

La banque islamique, comme toute autre banque, est une institution dont la
principale activité est la mobilisation de fonds auprès des agents excédentaires (épargnants)
et l’offre de ces fonds aux agents déficitaires (entreprise, hommes d’affaires), les ressources
des banques islamiques proviennent d’abord de leur capital, des dépôts, des commissions
sur les services rendus et des profits réalisés grâce aux projets financés. En dehors de cela,
les banques islamiques bénéficient de subventions. C’est une société par actions où les
actionnaires fournissent le capital initial. Elle est gérée par ces mêmes actionnaires à travers

38
YABRE MOUSSA : « Banques islamiques : Les principes de base et les modes de financement
islamiques proposés aux PME ».

56
Chapitre III : Les banques islamiques et sa mode de fonctionnement

leurs représentants au conseil d’administration. Alors que la banque traditionnelle utilise le


taux d’intérêt pour la mobilisation de fonds auprès des agents excédentaires et l’offre de
financement aux agents déficitaires, la banque islamique accomplie ces mêmes fonctions en
utilisant plusieurs modes de financement compatibles avec la CHARIA.

S’agissant de la mobilisation des ressources, elle utilise le contrat MUDARABA et


WAKALA avec les déposants. Dans le premier contrat, le revenu net de la banque est
partagé entre les actionnaires et les titulaires des dépôts d’investissement selon un ratio de
partage prédéterminé. En cas de perte, celle-ci est supportée par toutes les parties en
proportion du capital investi. Concernant les dépôts d’investissement, ils peuvent l’objet
d’un compte commun (pool funds) ou d’un compte particulier où chaque dépôt est destiné
pour le financement d’un projet bien spécifique. En plus de cela, nous avons les comptes
courants qui ne sont autres qu’un prêt sans intérêt pour la banque. La banque garantie le
montant nominal mais ne paie aucun profit sur ces comptes. Elle est autorisée à utiliser ces
fonds mais à ses risques et périls. Quant à l’emploi des ressources collectées, la banque
utilise un certain nombre d’instruments financiers, sans-intérêt, destinés à assurer le
financement des agents déficitaires. Une variété de ces modes de financement est
aujourd’hui disponible. Plusieurs d’entre eux ont été présentés précédemment.

iii. Le financement des banques islamiques ;

L’ensemble de la pratique de la finance islamique repose sur des modes de


financement qui n font pas intervenir le paiement d’intérêt. D’une manière générale, ils
s’appliquent à des opérations d’investissement, d’achat de marchandises, de services ou
d’actifs immobilisés. Les questions qui suivent touchent à la nature, à l’utilisation et aux
portées de ces modes de financement islamiques.

Les banques islamiques assurent le financement en utilisant deux méthodes


principales. La première méthode s’applique aux opérations de participation aux profits et
aux pertes en faisant intervenir la MUDARABA et la MUSHARAKA. Dans ce cas, la
rémunération n’est pas fixée à l’avance et dépend des résultats réalisés en aval de
l’opération de financement. La seconde s’applique aux opérations de vente de

57
Chapitre III : Les banques islamiques et sa mode de fonctionnement

marchandises ou de services à crédit et conduit donc à un endettement de la partie qui


achète ces biens et services. Elle fait intervenir un certain nombre de modes de financement
tels que la MURABAHA, L’IJARAH, le SALAM, et L’ISTISNAA. La rémunération de la banque
dans ces cas est une partie du prix de vente. Ces modes de financement sont uniques pour
deux raisons principales. En premier lieu, la dette associée au financement sur la base d’une
marge déterminée est le résultat d’une opération de vente/achat de marchandises et
services bien réels mais pas le résultat d’une opération d’un prêt ou d’un emprunt d’argent.

❖ Utilisation des modes de financement islamiques :

Les banques islamiques utilisent les modes de financement islamiques de deux côtés :
le premier concerne le passif ou bien la mobilisation des ressources, le second concerne
l’actif ou bien l’utilisation des ressources. S’agissant de la mobilisation des ressources, la
formule de la MUDARABA, ouverte ou limitée à un segment d’activités, est le mode de
financement le plus usité. La banque et les titulaires de dépôts d’investissement se
partagent les bénéfices réalisés selon les ratios convenus lors de la signature du contrat. Les
dépôts en comptes courants sont considérés comme des prêts des clients à la banque et de
ce fait leurs titulaires ne reçoivent aucun gain. Toutefois, étant des prêts au profit de la
banque, le montant principal est garanti par celle-ci. Les banques islamiques ont en effet
réalisé un succès significatif en mobilisant de substantielles ressources sur la base du contrat
MUDARABA. L’utilisation de ces ressources à des fins lucratives oblige la banque islamique à
faire usage de modes de financement à revenu fixe tel que la MURABAHA ou L’IJARA
(crédit-bail ou leasing) et de modes de financement à revenu variable tels que la
MUDARABA et la MUSHARAKA. S’agissant du passif, les banques islamiques ont fait un
progrès significatif en promouvant la formule de participation aux résultats, cela n’étant pas
le cas pour ce qui concerne l’actif. La part des modes de financement participatifs dans le
total des financements offerts par les banques islamiques est très faible. Le gros du
financement se fait selon la formule de la MURABAHA.

58
Chapitre III : Les banques islamiques et sa mode de fonctionnement

❖ Les modes de financement pouvant être utilisés en l’absence du taux d’intérêt dans
les opérations de prêt :

En règle générale, tout arrangement financier convenu entre les parties est licite tant
qu’il n’y a aucune transgression aux principes islamiques. L’islam ne se limite pas prohibition
de l’intérêt.

Il offre plusieurs modes de financement sans intérêt pouvant être utilisés à des fins
variées. Ces modes de financement peuvent être groupés en deux catégories. La première
catégorie comprend les financements offerts selon la règle du partage des profits et des
pertes. On peut citer à titre d’exemple les financements MUDARABA, MUSHARAKA
dégressive, en plus de la participation au capital des entreprises. La seconde catégorie
comprend les modes de financement destinés à l’achat/location de biens (meubles et
immeubles) et services sur la base d’une marge fixe. Cela s’applique aux modes de
financement MURABAHA, ISTISNAA, SALAM et leasing.

Dans le commerce et l’industrie, La MUDARABA, la vente à tempérament, L’IJARA (le


leasing) et le SALAM conviennent beaucoup plus aux activités commerciales, alors que
L’ISTISNAA convient aux activités industrielles. D’une manière générale, dans le commerce
comme dans l’industrie, on a besoin de financement pour l’achat de matières premières, de
bien intermédiaires, d’actifs fixes et pour faire face aux besoins de fonds de roulement tel
que le paiement de salaires et autres charges similaires. La MURABAHA peut être utilisée
pour le financement de l’achat de matières premières et autres stocks de marchandises.
Pour ce qui est de l’acquisition d’éléments d’actifs fixes, tel que le site de l’usine, les
machines et les bâtiments, etc., on utilise la vente à tempérament ou le leasing.
Concernant le financement de fonds de roulement, on utilise la technique des avances sur
vente de produits finis sous forme de SALAM ou D’ISTISNAA.39

39
Site Web : Doc-Etudiant.fr : « La finance islamique »

59
Chapitre III : Les banques islamiques et sa mode de fonctionnement

iv. Le taux d’intérêt dans les banques conventionnelles et la marge


commerciale dans les banques islamiques
La première différence et sans doute la plus significative entre les modes de
financement des deux types de banque (islamique et classique) est le taux d’intérêt. En
effet, si les banques classiques travaillent sur la base du taux d’intérêt considéré comme ‘’ le
loyer de l’argent prêté pour une période déterminée’’, les banques islamiques récusent
cette pratique, expressément interdite dans le CORAN et la SOUNNA, et la considèrent
comme du RIBA.

Si les économies de marché ont fait la distinction entre l’intérêt et l’usure, le premier
étant le loyer de l’argent et le second l’intérêt prohibitif (partie interdite de l’intérêt), l’islam
n’opère guère une pareille distinction et considère l’intérêt et l’usure comme du RIBA.

Cette interdiction du RIBA par le droit musulman trouve son fondement dans le
déséquilibre entre les obligations respectives des deux parties dans une convention. En
effet, en droit musulman, l’exécution d’un contrat synallagmatique exige, par sa réalisation
que les obligations respectives des deux parties constituent une sortie d’équilibre : si
l’équilibre est à l’avantage de l’une d’entre elles, celle-ci, profitant de cette inégalité est
appelée usurière. Le RIBA pouvant alors être défini comme la somme supplémentaire
demandée dans un échange du type argent/argent ou l’augmentation sans valeur ajoutée
dans une transaction marchandise/marchandise.

Ainsi, dans le cas des prêts octroyés par les banques classiques, la banque prête une
somme d’argent à l’emprunteur, celui-ci doit, après un certain délai, remettre une somme
d’argent qui n’est pas l’équivalent de cette qui lui avait été prêtée.

L’intérêt qui consiste la différence entre la somme d’argent prêtée et celle remboursée
est du RIBA, prohibé par l’islam. Les banques devaient avoir une solution de rechange leur
permettant de pouvoir investir leur argent, tout en s’assurant d’une croissance et d’une
rentabilité dans le financement des projets. C’est le CORAN qui, en distinguent la vente du
prêt à intérêt, A permis aux financiers musulmans l’innovation par rapport au système
bancaire classique, en créant des banques dont les opérations de financement peuvent être

60
Chapitre III : Les banques islamiques et sa mode de fonctionnement

fondées sur la base d’une vente à terme ou la participation directe dans un projet
d’investissement dont la rentabilité est assurée.

Les techniques de financement utilisées par les banques islamiques peuvent être
regroupés en deux catégories : les financements dans lesquels la marge est fixées d’avance ;
c’est le cas des « MOURABAHA », des ventes à tempérament ou du leasing, et les
financements dans lesquels la marge est aléatoire et est fonction des bénéfices générés par
le projet financé ; c’est le cas de la « MOUDARABA », de la « MOUCHARAKA », etc.

Il s’agit donc dans les banques islamiques d’une marge bénéficiaire tirée d’une
opération de vente au profit d’un client donné, ou d’un bénéfice (aléatoire) tiré d’un projet
déterminé.

Cette prise de participation dans les projets conduit les banques islamiques à assumer
davantage de risque que leurs homologues classiques. C’est pourquoi la répugnance du
risque chère aux analystes de l’économie occidentale, est présente à un degré moindre dans
les banques islamiques40.

40
Institut Islamique de Recherches et de Formation Banque Islamique de Développement :
« Introduction aux techniques Islamiques de financement ».

61
Conclusion générale :

En conclusion, la finance islamique, jugée désuète et peu créative il n’y a pas encore
si longtemps, séduit aujourd’hui pour ses principes éthiques et ses actifs en croissance
depuis une dizaine d’années. Ses perspectives de développement dans le monde, avec une
importante population musulmane, sont réelles. Après des débuts modestes dans les
années 1970, la finance islamique brasse maintenant plus de mille milliards de dollars. On
estime que la finance islamique est promise à un futur brillant en raison d'une démographie
favorable et de l'augmentation des revenus des communautés musulmanes. Même à
l’extérieur du monde islamique, certaines des plus grandes banques mondiales ont ouvert
des filiales dédiées à ce secteur porteur. Longtemps raillé pour être un système financier
très peu lucratif, la banque islamique apparait désormais comme un refuge pour les
banques occidentales malmenées par la crise. Certains observateurs considèrent déjà que
les principes de la finance islamique seraient une bonne alternative au monde financier
occidental. Les centres financiers non musulmans (Londres, Singapour et Hong-Kong) ont
adopté des lois spécifiques pour faciliter les opérations des banques islamiques et des
institutions financières qui leur sont associées.

A travers notre étude, on a essayé de tracer le parcours de la finance islamique, en


commençant par son apparition, son mode de fonctionnement et de financement, en
passant par l’étude de son évolution à travers le monde, pour terminer avec les défis à
relever par cette dernière. On peut dire au final que, certes la finance islamique est partie à
la conquête du monde entier, et elle réalise d’un jour à l’autre un nouvel exploit, la preuve
chaque année des dizaines d’agences ou succursales s’installent quelque part sur la planète
terre, pour satisfaire les besoins d’une communauté musulmane qui connait une
augmentation grandissante, mais aussi une communauté non musulmane attirée par les lois
régissant le fonctionnement des institutions financières islamiques et qui leur conviennent
mieux que le système traditionnel qui n’as pas vraiment prouvé son efficacité. Cependant le
développement de la finance islamique se heurte à de nombreux obstacles d’ordre
réglementaire, fiscaux et symbolique. La finance islamique soit efficace, il est certain que
cette dernière, nécessite quelques aménagements : d’ordre fiscaux pour supprimer des
doubles taxations qui pourraient intervenir lors d’opérations d’achat revente; d’ordre

62
législatifs pour permettre le transfert de responsabilité lors d’opérations distinguant le
propriétaire d’un bien et son bénéficiaire et également d’ordre réglementaires pour intégrer
la comptabilité des produits de la finance islamique dans la comptabilité bancaire du pays
en question (c’est à dire le pays qui adopte un système financier islamique).

Enfin, il faut dire que la finance islamique a connu beaucoup de progrès, d’une seule
banque pendant les années 70, le monde entier ou presque est envahi par les institutions
financières islamiques. Mais, malgré les efforts consentis pour développer ce secteur, il
reste beaucoup à faire dans un monde où la globalisation financière s’annonce intense et
inégale (ne profitant pas à tous).

63
Bibliographie :

❖ OUVRAGES MEMOIRE ET THESES :


ALDO LEVY : « Finance Islamique : Opération financières autorisées et prohibées vers une finance
islamique », 2éme Edition 2012.

CHERIF KARIM : « La finance Islamique : Analyse des produits financiers Islamiques ». Travail
réalisé en vue de l’obtention du Bachelor 2008, Haute Ecole de Gestion de Genève.

EL-AATMI RACHID : « La banque Islamique ». Mémoire de Fin d’Etude de la licence


fondamentale 2007, Faculté des Sciences Juridiques Economiques et Sociales de Salé.

ELMEHDI MAJIDI : « La finance Islamique et la croissance économique : Quelles interactions


dans les pays de MENA ? ». Thèse pour le Doctorat en Sciences Economiques 2016. Académie de
Bordeaux, Université de Pau et des Pays de l’Adour, Faculté de Droit, d’Economie et de Gestion.

GENEVIEVE CAUSSE-BROQUET : « La finance Islamique », 2éme Edition 2012.

ILLIASSOU MOUNKAILA : « La finance Islamique : réglementation et financement des PME


dans la zone UEMOA ». Mémoire Licence en Finance Comptabilité 2013, Ecole Supérieure de Technologue
et de Management de Dakar.

LAASSILIA JIHAD : « Les Sukuk, La titrisation selon la finance Islamique ». Mémoire de Fin
d’Etude Finance des Entreprise, Institut Supérieur de Commerce et d’Administration des Entreprises
centre de Casablanca.

NDIAYE BABACAR : « Aperçu sur l’assurance Islamique : Focus sur le continent Africain ».
Mémoire de Fin d’Etude 2014, Université Paris.

OUVRAGE DU GROUPE DE RECHERCHE : ZINEB CHAIBI, AMEL BAIDI et YASSINE


RAMADAN NASSR : « L’Islamisation de la finance ».

WARDE IBRAHIM : « Islamic Finance in the Global Economy ». 2éme édition 2010.

YABRE MOUSSA : « Banques islamiques : Les principes de base et les modes de financement
islamiques proposés aux PME ». Mémoire Master Finance 2008, Institut Supérieur de Management.

ZERROUK EL MEHDI : « La finance participative et la finance conventionnelle au Maroc ».


Mémoire de Fin d’Etude de la licence fondamentale Année, Faculté des Sciences Juridiques
Economique et Sociales Kénitra.

ZERROUK EL MEHDI : « La finance participative et la finance conventionnelle au Maroc ».


Mémoire de Fin d’Etude de la licence fondamentale 2017, faculté des Sciences Juridiques
Economique et Sociales –Kénitra-.

64
❖ RAPPORTS :
GRANT THORNTON : « Regards, lettre d’information : Finance Islamique, état des lieux et
perspective ».

HERBERT SMITH en collaboration avec GLEISS LUTZ et STIBBE : « Guide de la finance »


2009.

❖ ETUDES ET PUBLICATIONS DIVERS :


International Journal of Innovation and Applied Studies : « Islamic finance: evaluation
from 1970 to today ».

Islamic Financial Services Board : Islamic services industy stability report 2015.

❖ SITES WEB :
Ribh.wordpress.com : « Simulation MOURABAHA pour acheter une maison ».

Www.doc-etudiant.fr : « La finance Islamique ».

Www.leconomiste.com : « MOURABAHA, les hostilités sont ouvertes ».

Www.memoireonline.com : « La finance islamique : évolution et perspectives » - Rachid


SOULEIMANI.

65
Tableau des matières
DEDICACES................................................................................................................................... 2
REMERCIEMENT ........................................................................................................................... 3
SOMMAIRE .................................................................................................................................. 4
LISTE DES ABREVIATIONS ............................................................................................................. 5
LISTE DES FIGURES ....................................................................................................................... 5
INTRODUCTION GENERALE : ......................................................................................................... 6
CHAPITRE I : LA FINANCE CLASSIQUE ET L’EMERGENCE DE LA FINANCE ISLAMIQUE ...................... 7
SECTION 1 : LA FINANCE CLASSIQUE................................................................................................................... 10
i. Introduction à la finance classique ................................................................................................. 10
ii. Les principes de la finance conventionnelle .................................................................................... 11
SECTION 2 : L’EMERGENCE DE LA FINANCE ISLAMIQUE ........................................................................................... 13
i. Notion et historique de la finance islamique .................................................................................. 13
ii. Sources de la finance islamique ..................................................................................................... 14
CORAN .................................................................................................................................................................. 15
HADITHS et SOUNNA ........................................................................................................................................... 15
IJMA ou consensus des théologies ....................................................................................................................... 16
Le QIYAS ............................................................................................................................................................... 16
L'ISTIHSAN ............................................................................................................................................................ 16
iii. Les principes de la finance islamique ............................................................................................. 17
L’interdiction de la RIBA (L’intérêt)...................................................................................................................... 17
L’interdiction du GHARAR et du MAYSIR ............................................................................................................. 18
L’interdiction des investissements illicites .......................................................................................................... 19
Le partage de profits et de pertes ........................................................................................................................ 20
Adosser les investissements à des actifs tangibles « asset-backing » ................................................................ 21
iv. Le poids de la finance islamique dans le monde ............................................................................ 21

CHAPITRE II : LES PRODUITS PARTICIPATIFS ................................................................................ 24


SECTION 1 : PRESENTATION DES PRODUITS ISLAMIQUES ......................................................................................... 27
i. MOUDARABA ................................................................................................................................ 27
ii. MOUCHARAKA .............................................................................................................................. 28
iii. MOURABAHA ................................................................................................................................ 31
iv. IJARA ............................................................................................................................................. 32
v. SALAM ........................................................................................................................................... 33
vi. ISTINA’A ........................................................................................................................................ 34
vii. KARD HASSAN................................................................................................................................ 35
viii. SUKUK ........................................................................................................................................... 35
Définitions ............................................................................................................................................................ 35
Quelques typologies ............................................................................................................................................. 37
SUKUK de MOUSHARAKA .............................................................................................................................. 37
SUKUK de MUDARABA .................................................................................................................................. 37
SUKUK de MURABAHA ................................................................................................................................... 38
ix. L’assurance TAKAFUL ..................................................................................................................... 38
Définition : ............................................................................................................................................................ 38
Principes généraux du TAKAFUL .......................................................................................................................... 39

66
SECTION 2 : DISTINCTION ENTRE LA MOURABAHA ET UN CREDIT SIMPLE ................................................................ 40
i. Tarification de la MOURABAHA .......................................................................................................... 40
ii. Tarification d’un crédit simple et comparaison avec MOURABAHA ................................................... 41

CHAPITRE III : LES BANQUES ISLAMIQUES ET SA MODE DE FONCTIONNEMENT ............................ 43


SECTION 1 : LES BANQUES ISLAMIQUES .............................................................................................................. 45
i. Historique des institutions financières islamiques .............................................................................. 45
ii. Typologie des banques islamiques ...................................................................................................... 47
Banques à caractère social ................................................................................................................................... 48
Banques à caractère commercial ......................................................................................................................... 48
Banques internationales et sociétés d’investissement de portefeuille islamique ............................................. 49
Banques intergouvernementales de développement ......................................................................................... 50
Autres types de banques islamiques ................................................................................................................... 51
iii. Les services soumis par les banques islamiques ................................................................................. 52
Les comptes de dépôt .......................................................................................................................................... 52
Les comptes d’épargne ......................................................................................................................................... 52
Le compte d’investissement islamique ................................................................................................................ 52
iv. La position du système de banque islamique vis-à-vis du système conventionnel ............................ 53
SECTION 2 : LA MODE DE FONCTIONNEMENT ET FINANCEMENT DES BANQUES ISLAMIQUES ............................................ 55
i. Le Cadre juridique ............................................................................................................................... 55
ii. Le fonctionnement des banques islamiques ....................................................................................... 56
iii. Le financement des banques islamiques ............................................................................................ 57
iv. Le taux d’intérêt dans les banques conventionnelles et la marge commerciale dans les banques
islamiques .................................................................................................................................................. 60

CONCLUSION GENERALE :........................................................................................................... 62


BIBLIOGRAPHIE : ........................................................................................................................ 64
TABLEAU DES MATIERES ............................................................................................................ 66

67

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