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EDF-CIH REFERENTIEL TECHNIQUE

GUIDE POUR LE CALCUL DES BARRAGES-POIDS


DIMENSIONNEMENT ET VERIFICATION
(EXTRAIT)
COMBINAISONS DES DIFFERENTS CAS DE CHARGE

Les notations suivantes sont adoptées :


- RN : Retenue Normale
- PHE : Plus Hautes Eaux
- PP : Poids Propre + précontrainte éventuelle
- SP : Sous-Pression
SP100 %: Pour les barrages drainés, dans le cas où l’efficacité du drainage serait nulle. Cela équivaut à utiliser
le profil de sous-pression maximum triangulaire du barrage non drainé.
- MCE : Séisme Maximal Vraisemblable (Maximum Credible Earthquake)
- E : Envasement

Trois cas de charge de base sont préconisés pour analyser la stabilité des barrages. Les conditions
normales, exceptionnelles et extrêmes sont établies suivant des notions de probabilité d'occurrence. Elles
sont à mettre en correspondance avec les valeurs des coefficients de sécurité . Il s’agit des :
* CONDITIONS NORMALES :
cas n°1 : RN + PP + SP + E
* CONDITIONS EXCEPTIONNELLES :
cas n°2 : PHE + PP + SP + E
Pour certains projets à l'international, on peut être amené à vérifier le cas spécifique où les drains ne
rempliraient plus leur fonction : RN + PP + SP100% + E
* CONDITIONS EXTREMES :
cas n°3: RN + PP + SP + E + MCE
CALCUL DES CONTRAINTES

Pour une section non fissurée les contraintes calculées sont exprimées à partir de la relation suivante :

(1)

ϭ: contraintes verticales aux extrémités de la section (compression ou traction)


N : l’effort normal y compris la force de sous-pression
L : largeur de la section
M : moment résultant calculé par rapport au centre de gravité de la section
I : moment d’inertie de la section.

Les contraintes obtenues par cette formule, linéaires dans la section, sont calculées en tenant compte de
toutes les forces appliquées, y compris donc les forces de sous-pression considérées comme des forces
extérieures (calcul en contraintes effectives).

Les diagrammes de sous-pression sont différents pour les barrages drainés et non drainés (voir plus loin).
Prise en compte de la fissuration

Le barrage est soumis à des sollicitations pouvant engendrer un état de traction en parement amont. Les
matériaux utilisés (maçonnerie, béton) présentent une résistance à la traction faible en particulier au niveau
des reprises de bétonnage ou aux interfaces entre éléments de maçonnerie. C'est pourquoi le risque de
fissuration doit être évalué, ainsi que celui de l'extension d'une éventuelle fissure horizontale s’amorçant en
parement amont.
Le processus de calcul consiste donc à trouver la longueur de la fissure telle qu'à l'extrémité amont de la
partie non fissurée, la contrainte dans le matériau f soit égale à la résistance à la traction retenue.

Pour une section fissurée, la contrainte , dans la partie non fissurée, est obtenue par la formule indiquée en
(1) pour une section non fissurée, mais avec ici :
N : effort normal, en prenant en compte la force de sous-pression,
L : la largeur de la partie non fissurée de la section.
M : Moment résultant de toutes les forces par rapport au centre de gravité de la partie non fissurée,
v : distance du point considéré à la fibre moyenne de la partie non fissurée,
I : moment d'inertie de la partie non fissurée.
Différentes valeurs de résistance à la traction sont indiquées plus loin, en fonction du type de matériau et des
différents cas de charge et permettent le calcul, par itérations, de la longueur fissurée, lorsque la contrainte
de traction verticale amont dépasse ces valeurs.

La force de sous-pression, suivant la définition donnée est, dans le cas d’une section fissurée, la somme de
deux forces :
- une force qui résulte de la pression hydrostatique appliquée par l’eau dans la fissure. Cette force est
une force extérieure, à l'instar de la poussée hydrostatique qui s’exerce sur le parement du barrage,
- une force qui résulte de la pression interstitielle s’appliquant sur la partie non fissurée de la section
(et à laquelle on devrait, en réalité, réserver le terme de sous-pression). Cette force est une force intérieure,
mais que l’on doit considérer comme une force extérieure dans la méthode de calcul retenue dans ce
document (méthode en contraintes effectives).
CRITERES DE DIMENSIONNEMENT

Les trois critères de dimensionnement retenus sont :


1. Le critère de stabilité au glissement.
2. Le critère de non-écrasement des parements et de la fondation.
3. Le critère de fissuration
Le critère de non-renversement est purement théorique et est presque toujours rempli.

Critère de stabilité au glissement.


Le mode de rupture supposé est un glissement le long de la ligne définissant la section observée. La plupart
du temps horizontale, cette ligne de glissement peut néanmoins être inclinée au contact barrage-fondation.
Le barrage doit être en équilibre sous l’action :
- de forces stabilisatrices telles que P, Rvm, Vv, Rhv, Rvv, Fp, Spv
- de forces déstabilisantes telles que Rhm, Vh, Fg, Fsp, Fi, Sph.
Le coefficient de sécurité au glissement, dans le cas d'une section horizontale est défini par :
N . tg  c. L
Fg =
Avec :
T
N : l’effort vertical total appliqué sur l'ensemble de la section
f : l’angle de frottement des surfaces en contact (béton/béton, béton/rocher)
c : la cohésion le long de la partie non fissurée (maçonnerie/maçonnerie ou maçonnerie/rocher, selon les
cas)
L : largeur de la section non fissurée
T : l’effort horizontal résultant.
Les efforts horizontaux et verticaux s’expriment respectivement par :

T  Rhm  Vh  Rhv  Fg  Fi  S ph

N  P  Rvm  Vv  Rvv  Fp  S pv  Fsp


Les valeurs de frottement et de cohésion à retenir sont les valeurs de pic, les valeurs résiduelles ne sont utilisées
que pour certains cas particuliers : fissuration et déplacement après chargement en conditions exceptionnelles
et/ou en conditions extrêmes, risque de rupture progressive en fondation .

Les coefficients de sécurité au glissement doivent vérifier :

- F g > 1,33 en conditions normales,


- F g > 1,10 en conditions exceptionnelles,
- F g > 1,05 en conditions extrêmes.

Critère de non-écrasement des parements et contrainte limite en fondation

Ce critère fait intervenir l’évaluation des contraintes maximales de compression engendrées par les différentes
actions appliquées au barrage et à sa fondation. Ces contraintes sont déterminées par une méthode basée sur
les hypothèses de la résistance des matériaux .
On indiquera plus loin les valeurs à adopter pour respecter les critères de non-écrasement des parements et de
la fondation.

Critère de fissuration

Les sollicitations subies par le barrage peuvent engendrer des tractions. Si les contraintes de traction dépassent
un seuil, il y a fissuration du matériau. La méthode définie précédemment permet le calcul des contraintes de
traction, et éventuellement celui de l’extension de la zone fissurée.
La fissuration d’un profil peut être admise dans certains cas de charges exceptionnelles et extrêmes, à condition
de limiter l’extension de la zone fissurée et de vérifier que le profil du barrage reste stable après fissuration. On
indiquera plus loin les critères de fissuration en fonction des types de barrage et des cas de charge et les valeurs
maximales de résistance à la traction admissibles.
CHOIX DES VALEURS DES PARAMETRES DE CALCUL
MASSE VOLUMIQUE DU BARRAGE
La plage de variation des valeurs de masse volumique des barrages-poids est souvent comprise entre 2200
et 2500 kg/m3. En l’absence de toute autre donnée, on pourra, en première approche, adopter la valeur de
2350 kg/m3 pour un ouvrage en béton et de 2200 kg/m3 pour un ouvrage en maçonnerie (des valeurs de
2400 kg/m3 et 2200 kg/m2, respectivement, sont admises dans certains règlements étrangers). Lorsque la
stabilité est critique pour ces valeurs, il faut faire un test de sensibilité.

RESISTANCE A LA COMPRESSION DU BETON ET DU ROCHER


La contrainte maximale de compression sur les parements doit vérifier :
ϭmax < 0,33.Rc en condition normale (F = 3)
ϭmax < 0,50.Rc en condition exceptionnelle (F = 2)
ϭmax < Rc en condition extrême (F = 1)
avec Rc résistance à la compression, à 90 jours pour les barrages en projet, ou mesurée sur les barrages
existants, du matériau constituant l'ouvrage (béton ou maçonnerie).
La contrainte maximale de compression admise dans le rocher est calculée avec un coefficient de sécurité
supérieur de 1,25 fois à celui admis pour le constituant du barrage en raison de sa plus grande hétérogénéité
et de la plus grande difficulté pour la connaître.
Elle doit donc vérifier :
ϭmax < 0,26.Rcr en conditions normales (F = 3,75)
ϭmax < 0,40.Rcr en conditions exceptionnelles (F = 2,50)
ϭmax < 0,80.Rcr en conditions extrêmes (F = 1,25)
avec Rcr résistance à la compression du rocher.
Le choix de la valeur Rcr peut être délicat (hétérogénéité et discontinuités de la fondation, effet d'échelle, etc.)
et doit se faire en concertation avec le géotechnicien.
RESISTANCE DU BETON A LA FISSURATION ET CRITERE DE FISSURATION

En conditions normales :
Pour tous les barrages, existants ou en projet, drainés ou non, il ne doit pas y avoir de fissuration du
parement amont, ni du parement aval (dans le cas du barrage vide plus précontrainte éventuelle), en prenant
en compte :
Rt = 0,005 à 0,01. Rc pour les barrages en maçonnerie et en BCR rustique, selon la qualité du joint
(valeur basse à retenir en cas de doute),
Rt = 0,01. Rc pour les barrages en BCV et en BCR à pâte riche.
En conditions exceptionnelles :
Pour les barrages en projet, drainés ou non, et pour les mêmes valeurs de résistance à la traction
qu’indiquées ci -dessus, il ne doit pas y avoir de fissuration du parement amont.
Pour les barrages existants drainés, et pour les mêmes valeurs de résistance à la traction qu’indiquées ci -
dessus, la longueur de fissuration doit être inférieure à la distance parement amont-voile de drainage et la
stabilité doit être assurée sur la partie intacte (non fissurée).
Pour les barrages existants non drainés, et pour les mêmes valeurs de résistance à la traction qu’indiquées
ci-dessus, la fissuration est admise à condition que la stabilité soit assurée sur la partie non fissurée.
En conditions extrêmes :
Pour tous les barrages, existants ou en projet, drainés ou non, les contraintes étant calculées par la méthode
pseudo-statique, la fissuration du parement amont est admise et la stabilité doit être assurée sur la partie
intacte (non fissurée), en prenant en compte :
R t = 0,015 à 0,02. Rc pour les barrages en maçonnerie et en BCR rustique,
R t = 0,02 à 0,03. Rc pour les barrages en BCV et en BCR à pâte riche,
selon la qualité des joints (valeurs basses à retenir en cas de doute).

Ces critères de non-fissuration ou de fissuration tolérée remplacent à présent tous les anciens critères
concernant la fissuration (M.Lévy, Lieckfeldt, Leliavsky, Hoffman, etc).
PARAMETRES DE CISAILLEMENT

Les caractéristiques de cisaillement du matériau permettent de transmettre, jusqu’en fondation, les efforts
suivant la direction amont-aval. Elles interviennent dans le critère de stabilité au glissement de l’ouvrage.
Dans le cas des barrages en béton, la résistance au glissement est critique non dans la masse de béton,
mais aux joints de reprise horizontaux.
Quels que soient les types de matériaux constitutifs du barrage (maçonnerie, BCV, BCR), et du contact
barrage-rocher, il est admis qu’il existe toujours une certaine cohésion apparente, et /ou une certaine
cohésion réelle sur une partie plus ou moins importante de la section . Il paraît donc raisonnable de compter
sur une cohésion minimale de pic dans tous les cas, même si la résistance à la traction est nulle.
Il est important de noter que, par rapport à des cohésions mesurées, minorées de deux écarts-types pour
prendre en considération leur dispersion, il faut inclure des coefficients de sécurité partiels élevés (au
minimum de 2), lorsqu'on introduit ces valeurs dans les calculs de stabilité au glissement, pour tenir compte
des parties de la section où le collage pourrait être déficient, du rapport entre le cisaillement maximal et le
cisaillement moyen dans la section, de l'effet d'échelle.

CONTACT BARRAGE-ROCHER

Pour un ouvrage existant, il est recommandé, en première analyse, de retenir des valeurs prudentes de la
cohésion et de l’angle de frottement. Si suite à cette analyse, les critères de stabilité ne sont pas vérifiés, il
est recommandé :
- soit de réaliser au laboratoire des essais de cisaillement, en particulier si les critères sont presque
atteints avec les valeurs prudentes. Les essais doivent être effectués sur le mortier des joints (contact
mortier/moellon)
- soit de préconiser la mise en œuvre de travaux de renforcement qu’il faut alors pré-dimensionner.
En première analyse et s’il n’existe aucun essai et que l’ouvrage et sa fondation sont mal connus, on
recommande, pour la cohésion de pic au contact barrage-rocher, une valeur de 0,10 MPa à 0,35 MPa selon
le type de rocher, la liaison à ce contact et son traitement éventuel. Dans le cas de fondation très défavorable
(par exemple marne, schiste, etc.), on peut adopter une cohésion de pic minimale de 0,10 MPa, quel que soit
le type de barrage-poids. Les cohésions résiduelles au contact barrage-rocher, peuvent être très faibles. Des
valeurs de 0 à 0,05 MPa peuvent être adoptées lorsqu'on doit retenir les cohésions résiduelles.
peut être prise égale à 1 ( = 45 degrés). Cette valeur étant acceptable pour des joints rugueux, étant donné le
phénomène de la dilatance, surtout sensible pour les faibles valeurs des contraintes normales, sauf pour une
fondation très défavorable (par exemple marne, schiste, etc.) où des valeurs de 0,50 à 0,75 peuvent être
adoptées après justification. La tangente de l’angle de frottement résiduel peut être prise égale à 0,75 ( = 37
degrés).
Pour un ouvrage en projet, selon la taille du barrage et la nature du rocher en fondation, il faut, autant que
possible, procéder à des essais de cisaillement in situ et/ou sur des carottes en laboratoire. On peut aussi
chercher à se recaler sur des valeurs mesurées figurant dans les données publiées, après avis du géologue-
géotechnicien. A un stade d’APS, on peut retenir les valeurs prudentes évoquées ci-dessus. A un stade d’APD, si
on souhaite affiner le profil projeté, l’étude de stabilité doit s’appuyer sur des essais de laboratoire.
Il est important de noter que la stabilité de l'ouvrage peut être conditionnée par une faible résistance au
cisaillement de couches en fondation : existence d'un joint argileux, remplissage d'une diaclase. Une analyse
particulière devra alors être effectuée selon le plan de glissement potentiel. Comme indiqué dans l'introduction, ce
guide n'aborde pas le problème de la stabilité au glissement dans la fondation, qui est parfois plus critique qu'au
contact barrage-rocher, et pour lequel il est souvent très difficile de distinguer entre la cohésion et la résistance au
frottement pour les matériaux autres que les roches intactes. Dans l'étude de la stabilité au cisaillement à long
terme, le long des surfaces de discontinuité (failles), avec en particulier la possibilité de rupture progressive, il est
prudent de supposer une très faible cohésion (inférieure à 0,05 MPa) et un frottement égal à la valeur résiduelle.

CORPS DU BARRAGE

Pour les barrages existants en maçonnerie ou en béton, il est recommandé, en première analyse, de retenir des
valeurs prudentes de la cohésion et de l’angle de frottement . Si suite à cette analyse, les critères de stabilité ne
sont pas vérifiés, il est recommandé :
- soit de réaliser au laboratoire des essais de cisaillement, en particulier si les critères sont presque
atteints avec les valeurs prudentes. Les essais doivent être effectués sur le mortier des joints (contact
mortier/moellon)
- soit de préconiser la mise en œuvre de travaux de renforcement qu’il faut alors pré-dimensionner.
Dans le cas des barrages existants en béton, les éventuels essais de cisaillement doivent être réalisés à partir
d’échantillons prélevés par carottage, afin de déterminer la cohésion et l’angle de frottement aux joints de reprise.
En première analyse et lorsqu’il n’existe aucun essai, on peut adopter, pour la cohésion de pic, des valeurs de :

• 0,05 à 0,15 MPa pour la maçonnerie, suivant sa qualité,


• 0,15 à 0,25 MPa pour les BCR rustiques, suivant la qualité du traitement du joint,
• 0,25 à 0,35 MPa pour les BCV et BCR à pâte riche, suivant la qualité du traitement du joint.

Si l'ouvrage est mal connu ou sa construction non parfaitement contrôlée, il faut par prudence se limiter aux
valeurs basses de l'intervalle.

La tangente de l’angle de frottement de pic peut être prise égale à 1 et celle de l’angle de frottement résiduel
égale à 0,75.

Pour un ouvrage en projet :

• si le barrage est en BCV, on peut adopter les valeurs indiquées ci-dessus,


• si le barrage est en BCR, selon la taille de l'ouvrage et le type de BCR, on peut se référer aux valeurs
indiquées ci-dessus ou, pour les grands barrages, procéder à des mesures sur planches d'essai.
LES LOIS DE SOUS-PRESSION
BARRAGES EN PROJET
BARRAGES NON DRAINÉS

Le diagramme théorique (cas théorique d'un milieu homogène isotrope) de sous-pressions maximales au
contact barrage-rocher est normalement pris linéaire, avec une charge H sous le parement amont et une
charge Hv sous le parement aval. Le diagramme théorique ne tient donc pas compte des injections
(consolidation et voile d'étanchéité). Cependant lorsque le voile d'injection est assez éloigné du parement
amont, on peut être conduit à adopter une sous-pression égale à wH dans toute la zone à l'amont du voile
d'injection, si on estime que cette zone est relativement perméable. Selon les cas de charge envisagés, on
doit choisir les cotes les plus appropriées pour les niveaux d'eau amont et aval, sachant que pour la
résistance au glissement un niveau aval élevé diminue en même temps les composantes horizontale (contre-
poussée) et verticale (à cause de la sous-pression) de la résultante générale des efforts appliqués au
barrage. Une étude de sensibilité permet alors d'adopter la combinaison (H,Hv) réellement la plus défavorable
lorsqu’on a déterminé la loi hauteur-débit à l’aval du barrage.
Dans le cas particulier des barrages avec une zone plus étanche à l’aval (colmatage par de la calcite des
barrages en maçonnerie) ou des fondations stratifiées horizontalement, avec alternance de couches plus ou
moins perméables et déformables, et avec des fissures ayant tendance à se refermer à l’aval sous l’action de
la charge d’eau appliquée au barrage ou de bancs étanches quasi verticaux à l'aval, des hypothèses de
répartition de sous-pression plus défavorables doivent être envisagées, après avis du géologue-
géotechnicien.
Si la section est fissurée, la pleine sous-pression amont est appliquée sur toute la surface de la fissure, et elle
décroît ensuite linéairement jusqu'à la charge aval sur le parement aval. Cette hypothèse, très généralement
admise, est probablement prudente. Les diagrammes sont aussi valables pour le corps du barrage, s'il n'y a
pas de drain en élévation.
BARRAGES DRAINÉS
La valeur de la sous-pression théorique au contact béton-rocher doit être prise égale à la charge de la
retenue (H) au niveau du parement amont, sans tenir compte des injections (consolidation et voile
d'étanchéité).
Une sous-pression amont inférieure à wH peut être adoptée s’il existe un tapis étanche amont. Une sous-
pression égale à wH sous toute la zone à l'amont du voile d'injection peut également être adoptée, dans
certains cas, comme pour les barrages non drainés.
La valeur de la sous-pression aval est identique à celle des barrages non drainés. La charge au droit du voile
de drainage est définie par :

 L 
SPD  H v  1  d H  H v 
 Lb 
H : charge amont.
Hv : charge aval.
α : rapport des différences de charge (par rapport à Hv), au droit du voile de drainage, pour les cas
avec et sans drainage. Le choix de a fait appel au jugement de l’ingénieur. Une valeur prudente de 0,5
pour α peut être proposée pour les études d’avant-projet.
Ld : distance entre le parement amont et le voile de drainage.
Lb : largeur de la section.
Dans le cas d'une section fissurée (avec longueur de fissure inférieure à la distance entre le parement amont du
barrage et le voile de drainage), la sous-pression est égale à la charge amont sur toute la surface fissurée et elle
décroît ensuite linéairement jusqu'à la valeur SPD au voile de drainage. A l'aval du voile, elle décroît linéairement
de SPD à Hv (on suppose ainsi que la capacité d’évacuation des drains est suffisante pour imposer le potentiel
SPD au niveau des drains quelle que soit la longueur de la fissure). Il est à noter que dans le cas d'une section
fissurée, la longueur de la fissure augmente avec la valeur donnée à α.
Ce diagramme théorique de sous-pression est aussi valable pour le corps de l'ouvrage s'il comporte des drains en
élévation.

BARRAGES EXISTANTS

EN FONDATION
Les diagrammes théoriques définis respectivement pour les barrages non drainés et drainés doivent être utilisés.
Si l’ouvrage est équipé de piézomètres en fondation fournissant des données représentatives de la sous-pression,
les valeurs d’auscultation peuvent être utilisées dans le calcul de stabilité au contact béton-rocher, mais
uniquement pour apprécier la marge de sécurité par rapport au cas théorique.
CORPS DE L’OUVRAGE

Les diagrammes de sous-pression à adopter, dans les barrages non drainés ou drainés, sont les diagrammes
théoriques donnés au chapitre précédent, si aucune donnée représentative de la pression interstitielle n’est
disponible dans le corps de l’ouvrage, comme c’est très souvent le cas.

REMARQUES GENERALES SUR LES SOUS-PRESSIONS

1. Les diagrammes de sous-pression, réellement mesurés au contact avec la fondation, peuvent être très
différents d’un ouvrage à l’autre, qu’il y ait drainage ou pas.
2. Les valeurs de sous-pression dépendent du rapport des perméabilités des milieux traversés par les
écoulements, et non de leur perméabilité absolue. C'est pourquoi pour les barrages-poids, les réductions de sous-
pressions à l'aval des voiles d'étanchéité ne sont significatives que si le rocher est très perméable. Ce cas étant
peu fréquent, on ne tient pas compte en général de l'existence du voile d'étanchéité dans le diagramme des sous-
pressions. Dans le cas de petits barrages-poids ou de barrages mobiles, posés sur des alluvions, avec écran
d'étanchéité (voile d'injection ou paroi moulée par exemple), il y a, par contre, une forte réduction des sous-
pressions à l'aval de cet écran.
3. Les variations de la charge amont et aval peuvent se transmettre très rapidement, même si le milieu est
relativement étanche, c'est pourquoi il faut adopter par prudence la pression maximale amont H = PHE en cas de
crue, même si cette hypothèse est souvent très prudente.
4. Dans le cas d’un séisme, il ne faut pas tenir compte de la surpression hydrodynamique pour les sous-
pressions, et il faut supposer que la sous-pression n’est pas modifiée par rapport au cas normal, l’écoulement
n’ayant pas le temps de se modifier pendant le chargement dynamique.
5. Il faut également noter que les plots de rive peuvent, dans certains cas, présenter une piézométrie supérieure
au niveau de retenue normal. Ce phénomène se produit en particulier, lorsqu’il existe une nappe de versant
remontant au-dessus de la cote d’exploitation. Pour ces plots, la vérification de la stabilité doit être menée en
tenant compte d’un diagramme de sous-pressions plus défavorable que le profil théorique.
6. Comme préconisé dans la plupart des règlements, on recommande, dans ce document, de calculer la stabilité
des barrages-poids en supposant que la sous-pression s’exerce sur toute la surface de la section, qu’elle soit
fissurée ou non.

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