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Projet d’Appui à l’Amélioration du Climat des Affaires

pour les Jeunes et les Femmes au Burkina Faso (PACAJeF)

RAPPORT FINAL DE LA TROISIEME SESSION DE TASK FORCE

Thème : « Loi portant code des investissements


agro-sylvo-pastoral, halieutique et faunique
au Burkina Faso : opportunités et limites pour
l'entrepreneuriat des jeunes et des femmes. »

Avec le soutien de:


Loi portant code des investissements
agro-sylvo-pastoral, halieutique et faunique au
Burkina Faso : opportunités et limites pour
l'entrepreneuriat des jeunes et des femmes

RAPPORT FINAL DE LA TROISIEME SESSION DE TASK FORCE


SOMMAIRE
AVANT-PROPOS ............................................................................................... ii
PRESENTATION DE GEN BURKINA FASO ................................................... iv
ABREVIATIONS ................................................................................................. v
INTRODUCTION GENERALE .......................................................................... 1
A. METHODOLOGIE DE TRAVAIL ............................................................... 3
B. RESULTATS ................................................................................................. 3
I. Les fondements ..................................................................................... 4
II. Les opportunités ....................................................................................... 7
2.1. Les régimes privilégiés .................................................................... 8
2.2. Les avantages .................................................................................. 9
III. Limites et Obstacles de la loi ................................................................ 10
3.1. Quelques limites de la loi ............................................................... 10
3.2. Obstacles ....................................................................................... 12
IV. Les recommandations .......................................................................... 14
CONCLUSION ................................................................................................ 16
ANNEXE ....................................................................................................... 17

i
AVANT-PROPOS

Global Entrepreneurship Network (GEN Burkina Faso) a le plaisir de mettre à


la disposition des acteurs de l’écosystème entrepreneurial du Burkina Faso le
rapport de la Task Force thématique qui a pour thème « Loi portant code des
investissements agro-sylvo-pastoral, halieutique et faunique au Burkina
Faso : opportunités et limites pour l'entrepreneuriat des jeunes et des
femmes. »

La Task Force est un groupe de travail souple, de dimension suffisamment


réduite, pour produire une réflexion sur une thématique relative à
l’entrepreneuriat et proposer des recommandations. Elle est une des activités
du Projet d’Appui à l’Amélioration du Climat des Affaires pour les Jeunes et les
Femmes (PACAJeF) qui est financé par l’Ambassade des Pays Bas au Burkina
Faso, sur la période 2021-2023.

GEN Burkina Faso réitère sa profonde gratitude aux experts et aux autres
acteurs du public, du privé et de la société civile pour leur contribution
indispensable à la réalisation du présent document.

Nous profitons de l’occasion pour formuler nos remerciements à tous ceux qui
ont, d’une façon ou une autre, contribué à l’élaboration du présent rapport.

Nous sommes particulièrement reconnaissants à l’endroit du Royaume des


Pays Bas et de nos partenaires de mise en œuvre du projet ; notamment
OXFAM Burkina Faso, Conseil National du Patronat Burkinabè (CNPB) et
Association des Jeunes pour le Développement Durable (AJDD).

Malgré nos efforts pour améliorer le document, il pourrait avoir des


insuffisances. Par conséquent, nous serons heureux de recueillir toute
suggestion, critique visant à améliorer nos prochaines éditions.

ii
Nous espérons que ce document constituera un outil pouvant inspirer les
acteurs de l’écosystème entrepreneurial, surtout les décideurs publics, pour
créer un environnement des affaires favorable aux jeunes et femmes du
Burkina Faso.

Managing Director

Issa TRAORE

iii
PRESENTATION DE GEN BURKINA FASO

GLOBAL ENTREPRENEURSHIP NETWORK (GEN BURKINA FASO) est une


organisation à but non lucratif de droit Burkinabè. Elle exerce ses activités sur
toute l’étendue du territoire national. Son siège social est basé à Ouagadougou.

Etant autonome, GEN BURKINA FASO est affiliée à GLOBAL


ENTREPRENEURSHIP NETWORK (GEN GLOBAL) dont le siège social se
trouve aux Etats-Unis.

La vision de GEN Burkina Faso est : « rendre possible pour tous, partout ; la
création, la gestion et le développement d’entreprises ». Sa mission est de
travailler à créer un écosystème entrepreneurial qui éduque, accélère
l’innovation, renforce la croissance économique et crée des emplois.

GEN Burkina Faso exécute des projets au Burkina Faso financés par des
partenaires tels que les Pays Bas, le PNUD, USAID, etc. :

- Projet d’Appui à l’amélioration du Climat des Affaires pour les Jeunes


et les Femmes (PACAJeF) ;
- Sustainable Shea Initiative (SSI) ;
- Projet de développement du Crowdfunding (financement participatif) au
profit des ONGs et OSCs du Burkina Faso ;
- Global Entrepreneurship Week (GEW) ;
- Entrepreneurship World Cup (EWC).

Contact :
Site Web : www.genglobal.org
Email : itraore@genglobal.org
Téléphone : +226 25 33 55 54

iv
ABREVIATIONS

AJDD : Association des Jeunes pour le Développement Durable


AN : Assemblée Nationale
ASPHF : Agro-sylvo-pastoral, halieutique et faunique
CIASPHF : Code des investissements agro-sylvo-pastoral, halieutique
et faunique
CNPB : Conseil National du Patronat Burkinabè
DPAM : Direction de la Prévision et des Analyses
Macroéconomiques
EWC : Entrepreneurship World Cup
GEN : Global Entrepreneurship Network
GEW : Global Entrepreneurship Week
IRVM : Impôt sur les Revenus des Valeurs Mobilières
OCDE : Organisation de Coopération et de Développement
Économiques
OHADA : Organisation pour l’harmonisation du droit des affaires en
Afrique
OXFAM : Oxford Committee For Relief Famine
PACAJeF : Projet d’Appui à l’Amélioration du Climat des Affaires pour
les Jeunes et les Femmes au Burkina Faso
PFNL : Produits Forestiers Non Ligneux
PIB : Produit Intérieur Brut
PNSR : Programme National du Secteur Rural
PNUD : Programme des Nations-Unies pour le Développement
SCADD : Stratégie de Croissance Accélérée et de Développement
Durable
TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée
USAID : Fondation des Etats-Unis d’Amérique pour le
Développement en Afrique

v
INTRODUCTION GENERALE

L’agriculture constitue la principale source de revenus pour les populations


rurales les plus pauvres du pays selon un rapport de la Banque Mondiale publié
en 2012.

Malgré son poids démographique, l’agriculture ne contribue qu’à seulement


35% au Produit Intérieur Brut (PIB). Une croissance tirée ces dernières années
par le secteur minier, alors que le secteur agricole emploie 86 % de la
population active.

Selon un rapport de la Banque Mondiale publié en 2006, un travailleur employé


dans les exploitations agricoles du Burkina Faso génère une valeur ajoutée de
164 dollars par an. Le Burkina accuse un grand retard dans ce domaine par
rapport au Botswana et au Bénin, où la valeur ajoutée générée par tète
d’exploitant est estimée à 412 et 610 dollars respectivement.

La contribution du secteur agricole à la création de richesses a chuté ces


dernières années non seulement à cause du boom minier, mais aussi et surtout
à des contraintes structurelles qui pénalisent les efforts de développement du
secteur.

L’agriculture burkinabè est aussi caractérisée par la faiblesse de


l’investissement privé en dépit de la disponibilité de ressources.

Au regard des contraintes et suite aux recommandations de la Revue du cadre


d’actions pour l’investissement agricole durable au Burkina Faso conduite par
le Ministère en charge de l’agriculture avec l’appui de l’OCDE en 2010, il est
apparu nécessaire d’adopter des mesures de protection, de facilitation des
investissements et de mise en œuvre d’un dispositif spécifique d’incitation et de

1
promotion des entreprises agricoles. D’où l’élaboration d’une loi portant code
des investissements agro-sylvo-pastoral, halieutique et faunique au Burkina
Faso (CIASPHF).

La loi N°17-2018/AN du 17 mai 2018 portant code des investissements agro-


sylvo-pastoral, halieutique et faunique au Burkina Faso a été adoptée en 2018
afin de stimuler et de dynamiser les investissements dans le secteur rural.
L’application de cette loi doit permettre d’améliorer l’environnement des affaires
au profit des acteurs de ce secteur notamment les femmes et les jeunes. Elle
offre des avantages à tous les promoteurs privés qui veulent se lancer dans les
activités du secteur agro-sylvo-pastoral, halieutique et faunique afin de
permettre un investissement massif dans ce secteur. Elle vise également la
promotion de l’emploi et la fixation des jeunes dans leur terroir ainsi que
l’amélioration de leur condition de vie.

Malgré cet état de fait, la loi reste méconnue par la majorité des jeunes et des
femmes. En outre, il y a l’inexistence d’un dispositif d’accompagnement de ces
acteurs pour la demande d’agrément au CIASPHF.

Fort de cela, GEN Burkina Faso a organisé la présente Task Force qui a pour
thème : « Loi portant code des investissements agro-sylvo-pastoral, halieutique
et faunique au Burkina Faso : opportunités et limites/obstacles pour
l'entrepreneuriat des jeunes et femmes. »

Le présent rapport fait le point sur la réflexion des membres de la Task Force,
visant à contribuer à l’amélioration du climat des affaires pour les jeunes et les
femmes au Burkina Faso.

2
A. METHODOLOGIE DE TRAVAIL
Dans le principe, les Task Forces sont composées de sept (07) Experts issus
du secteur privé, du secteur public et des organisations de la société civile (cf.
Liste en annexe).
La Task Force est un groupe de travail souple et de dimension suffisamment
réduite pour permettre un réel travail collectif et la production des résultats
escomptés, sans générer des coûts difficiles à assumer. Elle est sollicitée pour
produire une réflexion de qualité dans un court délai.
Pour cette troisième session, la thématique globale est scindée en trois sous-
thèmes suivants :
- Sous-thème 1 : Fondements d’élaboration de la loi portant code des
investissements agro-sylvo-patoral, halieutique et faunique au Burkina
Faso ;
- Sous-thème 2 : Opportunités de la loi pour l’entrepreneuriat des jeunes
et femmes au Burkina Faso ;
- Sous-thème 3 : Les limites/obstacles de la loi pour la promotion des
entreprises des jeunes et des femmes au Burkina Faso.
Les Experts ont été regroupés en 3 équipes. Chaque équipe a préparé un
exposé sur un sous-thème. A l’issue de cette étape, une séance de travail
plénière a permis à chaque équipe d’exposer ses analyses et de bénéficier des
discussions des autres membres de la Task Force. A la fin des discussions, a
émergé des recommandations consensuelles qui ont été validées par des
parties prenantes du projet lors d’un autre atelier.

B. RESULTATS
De la présentation des exposés suivie de débats et des contributions de
l’ensemble des membres de la Task Force, un rapport provisoire a été élaboré.
Ce rapport a bénéficié des observations de divers acteurs de l’écosystème
entrepreneurial du Burkina Faso, à l’occasion d’un atelier de validation. Après
3
la prise en compte des principales observations formulées lors de la validation,
il ressort ce qui suit ci-dessous.

I. Les fondements

Le secteur primaire constitué par l’agriculture, l’élevage, la pêche et la


foresterie, principale source d’activité économique, emploie 80% de la
population active et contribue à 20,6% au Produit intérieur brut PIB (DPAM 1,
2022). Par ailleurs, ce secteur regorge d’énormes potentialités exploitables
avec notamment plus de 2 100 barrages, 9 000 000 d’hectares de terres
cultivables dont 50% seulement est exploitée et plusieurs zones pastorales
(PNSR2, 2018).

Cependant, en dépit des immenses potentialités disponibles, l’investissement


dans le secteur rural au Burkina Faso demeure faible comparativement aux
autres secteurs. Les techniques de production restent majoritairement
archaïques et tributaires des aléas climatiques. De même, l’accès au
financement ainsi qu’aux équipements et intrants agricoles est fastidieux. Ce
paradoxe, pour bon nombre d’analyses, trouverait son explication dans un
environnement fiscal, douanier et administratif fort défavorable.

Certes, il existe des dispositifs d’incitation à l’investissement tels que le Code


des investissements et la loi d’orientation de l’investissement au Burkina Faso.
Mais, ces dispositifs ne prennent pas suffisamment en compte les spécificités
du secteur rural qui est principalement caractérisé par des petits exploitants
dont la production est principalement destinée à l’autoconsommation. Toute

1
Direction de la prévision et des analyses macroéconomique/Ministère de l’économie,
des finances et de la prospective
2
Programme National du Secteur rural
4
chose qui ne génère pas d’importants revenus pour des investissements
d’envergure et qui n’incite pas les promoteurs à la formalisation de leurs
entreprises agro-sylvo-pastorales, halieutiques et fauniques.

Au regard de ces contraintes et suite aux recommandations de la Revue du


cadre d’actions pour l’investissement agricole durable au Burkina Faso conduite
par le Ministère en charge de l’agriculture avec l’appui de l’OCDE en 2010, il
est apparu nécessaire d’adopter des mesures de protection et de facilitation
des investissements et, de mettre en œuvre un dispositif spécifique d’incitation
et de promotion des entreprises agricoles. D’où l’élaboration d’une loi portant
code des investissements agro-sylvo-pastoral, halieutique et faunique au
Burkina Faso (CIASPHF).

Bien avant l’élaboration du CIASPHF, il existait des textes législatifs relatifs à


l’investissement parmi lesquels on peut citer :

 La loi 007-2010/AN du 29 janvier 2010 portant Code des investissements


au Burkina Faso ;
 La loi n° 25-2012/AN du 04 juin 2012 portant institution d’un régime fiscal
et douanier spécial applicable aux conventions d’investissement signées
avec l’Etat dans le cadre de la SCADD ;
 La loi de finances rectificative n°021-2013/AN du 23 mai 2013 portant
extension des avantages fiscaux et douaniers accordés dans le cadre du
régime fiscal et douanier spécial applicable aux conventions
d’investissement signées avec l’Etat dans le cadre de la SCADD au Pôle
de croissance de Bagré ;
 La loi de finances n°037-2013/AN du 21 novembre 2013 portant extension
des avantages fiscaux et douaniers accordés dans le cadre du régime fiscal

5
et douanier spécial applicable aux conventions d’investissement signées
avec l’Etat dans le cadre de la SCADD aux autres pôles de croissance.

Une analyse approfondie de ces textes montrait que le secteur agricole n’était
pas suffisamment pris en compte. En effet, certaines insuffisances existaient
telles que :

 L’inexistence d’un droit des entreprises agricoles, à l’image de ceux du Mali


et du Sénégal, constituant un frein à la formalisation des entreprises
agricoles au Burkina Faso ;
 L’inexistence d’une définition claire de l’entreprise agricole dans le Code
des investissements au Burkina Faso ; ce qui rend difficile leur formalisation
suivant les procédures en vigueur ;
 La difficulté pour les entreprises agricoles de remplir les conditions de
formalisation conformément à l’Acte uniforme de l’Organisation pour
l’harmonisation du droit des affaires en Afrique (OHADA) sur les sociétés
commerciales, puisqu’elles ne sont pas définies comme telle.
Au regard des insuffisances sus relevées, les promoteurs d’entreprises
agricoles ne disposaient pas de moyens juridiques pour justifier leurs statuts
auprès des services de la douane et des impôts aux fins de bénéficier des
avantages fiscaux et douaniers accordés en la matière.

Se fondant sur ce qui précède, la loi n°017-2018/AN du 17 mai 2018 portant


code des investissements agro-sylvo-pastoral, halieutique et faunique au
Burkina Faso, a été adoptée.
Les textes d’application ont été également adoptés en décembre 2019. Il
s’agit de :

6
 Décret n°2019-1377/PRES/PM/MAAH/MRAH/MEEVCC/MCIA/MINEFID
fixant les conditions d’application de la loi n°017-2018/AN du 17 mai 2018
portant Code des investissements agro-sylvo-pastoral, halieutique et
faunique au Burkina Faso ;

 Décret N° 2019-1378/PRES/PM/MAAH/MRAH/MEEVCC/MCIA/MINEFID
portant conditions de bénéfices des avantages prévus aux articles 33 et
34 de la loi n°017-2018/AN du 17 mai 2018 portant Code des
investissements agro-sylvo-pastoral, halieutique et faunique au Burkina
Faso.

Cette loi offre des opportunités aux jeunes et aux femmes désirant entreprendre
dans le secteur agricole.

II. Les opportunités

L’adoption de la loi permet désormais entre autres de :

 Disposer d’une définition claire et consensuelle de l’entreprise agricole ;


 Faciliter la formalisation et le suivi des entreprises agricoles ;
 Disposer de moyens juridiques pour justifier leurs statuts auprès des
services de la douane et des impôts afin de bénéficier effectivement des
avantages incitatifs.
Tout promoteur désirant bénéficier des avantages de la loi doit déposer un
dossier de demande d’agrément à un régime privilégié auprès du ministère en
charge de l’industrie. L’agrément est prononcé par un arrêté conjoint du
Ministère de l’Industrie et des Finances.

7
2.1. Les régimes privilégiés

Il existe cinq régimes privilégiés, pour les entreprises évoluant dans les
domaines agro-sylvo-pastorale, halieutique et faunique, définis comme suit :

 Le « Régime A » concerne les entreprises dont l’investissement est


inférieur ou égal à quinze millions (15 000 000) de francs CFA hors taxes
et entrainant la création d’au moins un emploi permanent ;

 Le « Régime B » concerne les entreprises dont l’investissement est


supérieur à quinze millions (15 000 000) de francs CFA et inférieur à cent
vingt-cinq millions (125 000 000) de francs CFA hors taxes, et entraînant
la création d’au moins cinq emplois permanents ;

 Le « Régime C » concerne les entreprises dont l’investissement est égal


ou supérieur à cent vingt-cinq millions (125 000 000) de francs CFA et
inférieur à cinq cent millions (500 000 000) de francs CFA hors taxes, et
entraînant la création d’au moins sept emplois permanents ;

 Le « Régime D » concerne les entreprises dont l’investissement est


supérieur ou égal à cinq cent millions (500 000 000) de francs CFA hors
taxes, et entraînant la création d’au moins dix emplois permanents ;

 Le « régime E » concerne les entreprises de transformation semi-


industrielle dont l’investissement est égal ou supérieur à deux cent
cinquante millions (250 000 000) de francs CFA hors taxes, et répondant
aux critères supplémentaires suivants : création d’au moins sept emplois
permanents ; production destinée à l’exportation égale ou supérieure à
80%.

8
Le seuil d’investissement prend en compte l’évaluation du capital
productif y compris les droits fonciers et les ressources naturelles.

2.2. Les avantages

Le CIASPHF offre des avantages fiscaux et douaniers ainsi qu’il suit :

 Pendant la phase d’investissement : les principaux avantages accordés


vont de l’acquittement des droits de douane de la catégorie 1 du tarif des
douanes au taux de 5% sur les équipements d’exploitation et le premier lot
de pièces de rechange les accompagnant et de l’exonération de la TVA
sur lesdits équipements dans certaines conditions. Pour les entreprises
nouvelles et en cas d’extension, elles bénéficient de l’exonération, de la
TVA sur les équipements d’exploitation fabriqués localement ;
 Pendant la phase d’exploitation : les entreprises bénéficient selon les
régimes, d’une exonération de la contribution de la microentreprise, de
l’impôt sur les sociétés, de la contribution de la patente, de la taxe
patronale et d’apprentissage et des droits de mutation à titre onéreux sur
toutes les acquisitions immobilières effectuées dans le cadre de
l’investissement, etc. La durée de ces exonérations va de cinq (05) à sept
(07) ans en fonction des régimes. Ces avantages ne sont reconnus qu’aux
entreprises détentrices d’un agrément à un régime privilégié ;
 Avantages supplémentaires :
Des avantages supplémentaires sont accordés aux :
- Entreprises réalisant des investissements nouveaux dans les
zones à climat difficile ou à ressources agricole, sylvicole,
pastorale, halieutique ou faunique insuffisamment exploitées : Les
entreprises réalisant des investissements dans ces zones

9
bénéficient pour chaque avantage à l’exploitation d’une durée
supplémentaire de 3 ans ;

- Entreprises évoluant dans le domaine de la protection de


l’environnement ou utilisant des technologies et/ou des techniques
innovantes bénéficient des avantages supplémentaires ci-après :

o Prorogation de deux ans des avantages liés à


l’exploitation ;
o Exonération pendant sept ans de l'impôt sur les
revenus des valeurs mobilières (IRVM).

III. Limites et Obstacles de la loi

La loi s’applique à un grand nombre d’activités relevant du secteur agro-sylvo-


pastoral, halieutique et faunique (ASPHF) à savoir la production,
l’aménagement hydro-agricole, la transformation, la conservation, l’exploitation
des Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL) et ou de concession de chasse.
Les investissements dans ces domaines permettent la création d’une
exploitation ou d’une entreprise, sa modernisation ou son extension, ainsi que
la diversification ou la transformation des activités, pourvu que l’activité nouvelle
continue de relever de l’un des secteurs d’activités définis par la loi. Toutefois,
certains limites et obstacles peuvent être relevés à travers l’examen et la mise
en œuvre de la loi portant CIASPHF.
3.1. Quelques limites de la loi
Plusieurs limites existent dans la loi portant code des investissements agro-
sylvo pastoraux, halieutiques et fauniques pour les entreprises des jeunes et
des femmes au Burkina Faso. Il s’agit de :

10
 L’exclusion des opérations de commercialisation des produits
ASPHF

Cette activité peut être un atout pour le secteur ASPHF notamment pour les
femmes et les jeunes car elle permettra de développer un climat des affaires
entre les producteurs/trices et les commerçants/tes des produits ASPFH.
Également, l’intégration d’une telle activité dans la loi sera un atout à
l’écoulement de la production, ce qui sera une opportunité pour les jeunes et
les femmes œuvrant dans ce secteur ou qui désirent y investir. Elle favorisera
le développement de l’agriculture contractuelle et le développement de marché
des produits ASPHF.

 La non définition de la frontière entre les entreprises de


transformation semi-industrielle et industrielles des produits agro-
sylvo-pastoraux, halieutique et faunique

La présente loi circonscrit son application aux activités de transformation


artisanale et semi-industrielle, les entreprises industrielles relevant du code
général des investissements. Cependant, aucune définition explicite de concept
industriel et semi-industriel n’étant précisée, l’interprétation de la loi prête à des
confusions.

 La centralisation de la réception des dossiers de demande d’agrément


à la commission nationale des investissements basée à Ouagadougou

L’éloignement du lieu de dépôt et du traitement des dossiers d’agrément peut


constituer un obstacle pour les investisseurs femmes et jeunes vivant dans les
zones reculées. Selon les dispositions de la présente loi, les dossiers sont reçus
et traités par le ministère du commerce et de l’Industrie, basé à Ouagadougou.
Afin de faciliter les traitements des dossiers et la délivrance de l’agrément, une
déconcentration du lieu de dépôt et du traitement de l’agrément est nécessaire.

11
Les Directions régionales peuvent être chargées de la réception et du
traitement des dossiers ainsi que la délivrance de l’agrément.

 La non prise en compte de l’examen des dossiers d’agrément des


promoteurs ASPHF dans le décret portant création, organisation et
fonctionnement de la commission nationale des investissements

Le décret portant création, organisation et fonctionnement de la commission


nationale des investissements n’ayant pas intégré l’examen des dossiers de
demande d’agrément des promoteurs ASPHF, aucun dossier d’agrément ne
peut être examiné actuellement.

3.2. Obstacles
Au-delà des limites, il existe des difficultés qui s’apparentent à des obstacles à
la mise en œuvre efficace de la loi. Il s’agit de :

 L’occupation anarchique des terres agricoles à des fins


immobilières et urbaines

L’occupation des terres agricoles à des fins immobilières et urbaines limite


l’accès à la terre fertile et adaptée pour des investissements ASPHF par les
promoteurs. Elle constitue un frein à l’engagement des jeunes et des femmes
qui désirent se lancer dans le secteur ASPHF. De ce fait, dans les dispositions
de la présente loi, l’Etat et les collectivités territoriales doivent veiller à
l’occupation des terres agricoles à but ASPHF conformément aux plans
d’aménagements communaux du territoire. Et des sanctions doivent être
prévues pour des investisseurs ASPHF et tout promoteurs qui mènent des
activités ne relevant pas du secteur ASPHF sur des domaines agricoles (Bas-
fond, plaine aménagée, aires de pâture, glacis, etc.).

12
 Du difficile accès à la terre par des jeunes et des femmes
La terre constitue le premier capital de production ASPHF. Le coût élevé de sa
cession peut constituer un frein à l’entreprenariat des jeunes et des femmes
dans le domaine de l’ASPHF au regard de leurs conditions socioéconomiques
difficile. Pour ce faire, il est primordial de rendre effectif la mise en œuvre de
l’article 21 de la présente loi pour faciliter l’accessibilité de la terre pour les
couches vulnérables en particulier les femmes et les jeunes.

 L’insuffisance de la vulgarisation de la loi au profit des entrepreneurs


jeunes et des femmes

La loi n’est pas suffisamment connue des acteurs notamment jeunes et


femmes. Ce qui peut constituer un frein à l’engagement des jeunes à investir
dans le domaine ASPHF. Il est nécessaire de mettre l’accent sur la vulgarisation
de la loi et de ses opportunités au profit des jeunes et des femmes.

 La faible culture entrepreneuriale des jeunes


La faible culture entrepreneuriale des jeunes est un obstacle à l’engagement
des jeunes à investir dans le secteur ASPHF afin de profiter des opportunités
offertes par la loi. Cependant, des dispositions doivent être prises pour
renforcer les capacités techniques et opérationnelles des jeunes à la création
d’entreprises ASPHF et la gestion des risques.
 L’absence d’un dispositif d’accompagnement des jeunes pour la
demande d’agrément

Des opportunités existent dans la loi mais l’agrément est une condition pour en
bénéficier alors que le montage de dossier de l’agrément est complexe. Pour
ce faire, les promoteurs font généralement recours à des consultants qui leur
demandent des moyens qui ne sont pas toujours à la portée des jeunes et des
femmes entrepreneurs. Par conséquent, il est nécessaire que l’Etat dans le

13
cadre de la présente loi, accompagne les jeunes et les femmes pour le montage
des dossiers d’agrément.

IV. Les recommandations

A l’issue de l’analyse de la loi portant CIASPHF, il en résulte les


recommandations suivantes :

 Opérationnaliser le CIASPHF : les dispositions du décret portant création,


organisation, attribution et fonctionnement de la commission nationale
d’investissement ne prennent pas en charge l’examen et l’approbation des
dossiers de demande d’agrément au CIASPHF ;
 Relire le décret portant création, organisation et fonctionnement de la
commission nationale des investissements pour étendre les attributions de
la commission nationale des investissements à l’examen des dossiers de
demande d’agréments des promoteurs ASPHF ;
 Créer à terme une commission spécifique pour le traitement des dossiers
d’agréments des promoteurs ASPHF. Compte tenu de la spécificité du
secteur ASPHF et de ses enjeux pour le développement socio-
économique, il conviendrait de traité avec diligence les dossiers y afférent.
La seule commission nationale pourrait rendre le processus lourd ;
 Opérationnaliser la disposition de la loi d’orientation agro-sylvo-pastorale,
halieutique et faunique qui stipule qu’un quota de 30% au moins des terres
aménagées de l’Etat et des collectivités territoriales soit accordé à des
groupes vulnérables notamment les femmes et les jeunes exploitants
(article 106 de la LOASPHF) ;
 Mettre en place une stratégie de promotion des produits agricoles
transformés au Burkina Faso ;
 Mettre en place un dispositif intégré d’accompagnement financier et non

14
financier des jeunes et des femmes entrepreneurs agricoles ;
 Renforcer les capacités techniques et opérationnelles des jeunes à la
création d’entreprises ASPHF et la gestion des risques ;
 Opérationnaliser les décrets d’application de la loi 034 portant régime
foncier rural au Burkina Faso notamment la question de la mise en valeur
temporaire ;
 Mettre l’accent sur la vulgarisation de la loi et de ses opportunités au profit
des jeunes et des femmes à travers la diffusion de la loi.

15
CONCLUSION

La loi N°17-2018/AN du 17 mai 2018 portant code des investissements agro-


sylvo-pastoral, halieutique et faunique au Burkina Faso, offre de réelles
opportunités pour les promoteurs dans le secteur ASPHF notamment les
femmes et les jeunes. Sa mise en œuvre efficace par les acteurs pourrait
développer le secteur ASPHF et relever de nombreux défis auxquels il est
confronté. Toutefois, un examen rigoureux de la loi a permis de relever
quelques limites et obstacles dont leurs prises en compte pourraient être une
opportunité pour les promoteurs et favoriser l’expansion de ce secteur. De cette
analyse, découle des recommandations de la Task Force afin de transformer
les opportunités en acquis et de limiter les faiblesses. Du reste, il convient que
les différentes parties prenantes s’engagent résolument à jouer le rôle qui leur
est dévolu et que l’Etat communique davantage sur la loi et ses nombreux
avantages qu’elle offre aux femmes et aux jeunes afin de susciter plus
d’engouement à l’adhésion des promoteurs.

16
ANNEXE

Liste des membres

NOM & PRENOM Email

BADO Emile badmil61@gmail.com


COULIBALY Sinaly sinalycb@yahoo.fr
BANANZARO Jean bananzaro_jean@yahoo.fr
BADINI Ousmane ousmane.badini@yahoo.fr
ZONGO Ousmane ouszongo15@gmail.com
TRAORE Drissa Sidsoré traore_dri@yahoo.fr

17
© GEN BURKINA FASO
Achevé d’imprimer, Décembre 2022
Ouagadougou-Burkina Faso
Contact :
Site Web : www.genglobal.org
Email : itraore@genglobal.org
Téléphone : +226 25 33 55 54

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