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REPUBLIQUE DU SENEGAL

UN PEUPLE-UN BUT- UNE FOI


*****************
MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE
******************
DIRECTION DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR PRIVE

Bill Jobs Institute « B.J.I »


Institut Supérieur d’Enseignement Technique Professionnel et Universitaire

MEMOIRE LICENCE PROFESSIONNELLE


Option : Agrobusiness

Thème :
Analyse typologique des pratiques
maraîchère
Cas : Zone des Niayes

Présenté par :
Moussa GOUDIABY
Encadré par :
Licence en Agrobusiness
M. Ahmet FALL
Ingénieur Agronome

Année Académique 2021-2022


Moussa GOUDIABY
Etudiant licence 3 Agrobusiness
Bill Jobs Institute

Dakar, le……………………….

A
Monsieur le président du jury
Des licences professionnelles

Objet : lettre de soutenance

Monsieur, le président,

Je viens respectueusement soumettre à votre attention mon mémoire portant sur


« Analyse Typologique des pratiques maraîchères cas : zone des Niayes ».
Pour l’obtention d’une licence professionnelle en Agrobusiness.

En vous en souhaitant une bonne réception, je vous en prie d’agréer, Monsieur


le président l’expression de mes salutations respectueuses.

L’intéressé
DEDICACE
REMERCIEMENTS
AVANT PROPOS

Bill Jobs Institute est un Institut Supérieur Privé d’Enseignement Technique et


Professionnel et Universitaire, sis Liberté VI Extension Cité CPI Villa N°001 Il
forme des étudiants du BTS au Master en passant par les Licences
Professionnelles, dans plusieurs domaines d’activités à savoir :

 Sciences de Gestion ;
 Sciences et Technologies ;
 Sciences Agronomique ;

C’est dans ce dernier domaine que tout étudiant pour obtenir la Licence
professionnelle en Agrobusiness doit soutenir un mémoire devant un Jury.

Ainsi j’ai choisi le sujet portant sur « Analyse Typologique des pratiques
maraîchères cas : zone des Niayes ».
Table des matières
DEDICACE................................................................................................................. iii

REMERCIEMENTS..................................................................................................iv

AVANT PROPOS........................................................................................................v

Introduction:..............................................................................................................1

PREMIERE PARTIE CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE...................3

CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE.....................................................................3

Section1 : Contexte de l’étude...................................................................................3

Section 2 : Problématique..........................................................................................3

Section 3 : Revue littéraire.........................................................................................4

Section 4 : Définition conceptuelle............................................................................5

Section 5 : Objectif de recherche...............................................................................7

Section 6 : Hypothèse de recherche...........................................................................7

CHAPITRE II : CADRE METHODOLOGIQUE.....................................................7

Section 1 : Délimitation du Champ de l’étude :.....................................................7

Section 2 : Techniques d’investigation et outils de collecte de données....................8

Section 3 : Difficultés rencontrés...............................................................................8

DEUXIEME PARTIE CADRE ORGANISATIONNEL ET ANALYTIQUE..............9

CHAPITRE I : CADRE ORGANISATIONNEL.......................................................9

Section 1 : Présentation de la zone des NIAYES.......................................................9

1.1Conditions climatiques....................................................................................11

1.2Sols et espaces de production agricole............................................................12

1.3Ressources en eau...........................................................................................13

Section 2 : Dynamique démographique...................................................................14

CHAPITRE II : CADRE ANALYTIQUE...............................................................14


Section 1 : Fonctionnement et dynamique de la filière maraîchère..........................14

1.1Acteurs impliqués dans le processus de production........................................14

1.2Les circuits de distribution des produits..........................................................17

1.3L’offre des produits de la filière......................................................................18

1.4Politique et problématique de financement.....................................................18

1.5Caractéristiques socio-économiques...............................................................21

Section 2 : Présentation des résultats et Données.....................................................24

Conclusion :.............................................................................................................31

Bibliographie...............................................................................................................33
Introduction:
Le domaine très large de l’Agriculture comporte le secteur horticole qui à son tour
englobe le maraîchage, l’arboriculture et la floriculture. Le maraîchage ou la culture
des légumes est une activité très répandue au Sénégal, elle est concentrée
principalement dans la bande littorale des Niayes et dans la vallée du fleuve Sénégal.
La zone des Niayes (de Dakar à Saint-Louis), qui, est créditée de plus de 60% des
récoltes du pays, fournit les légumes comme l’oignon, la pomme de terre, la carotte, le
chou, la tomate, l’aubergine, la laitue et le piment ; alors que la vallée du fleuve, avec
ses immenses potentialités est spécialisée dans la production de tomates industrielles,
d’oignons et de patates douces.

Au Sénégal, le calendrier agricole est essentiellement pluvial et saisonnier. Mais les


activités maraîchères se déroulent suivant deux périodes, la Contre Saison Sèche
Chaude (CSSC) qui commence au mois d’Avril pour terminer au mois de Juin et la
Contre Saison Sèche Froide (CSSF) qui va du mois d’Octobre au mois de Mars. Le
maraîchage en CSSF mobilise un grand nombre de ménages horticoles au Sénégal,
plus de cinquante-trois mille (53000) selon le rapport définitif du dernier RGPHAE.
Les cultures les plus cultivées sont dans l’ordre l’oignon (40,1%), le piment (35,5%),
l’aubergine amère (28,4%), le chou (27,2%) et l’aubergine douce (26,3%). Par contre,
il est dénombré environ trente mille (soit 29800) ménages agricoles qui pratiquent le
maraîchage en CSSC. Et tout comme la CSSF, l’oignon (38,3%) et le piment (37,3%)
restent les cultures les plus pratiquées avec des pourcentages importants de ménages
maraîchers. Ensuite viennent dans l’ordre la tomate (36,5%), l’aubergine amère
(28,9%), le gombo (27,5%), l’aubergine douce (27,0%) et le chou (26,3%).

Le monde, se tournant de plus en plus vers des économies de marché, il est plus que
jamais important de disposer de données agricoles, à jour et fiables pour prendre les
décisions qui s’imposent aux niveaux national et international. De nos jours, les
statistiques agricoles jouent un rôle capital dans les prises de décision des
gouvernements en termes de sécurité alimentaire et nutritionnelle. Pourtant, les
statistiques agricoles, étant mal connues, détiennent d’innombrables outils et méthodes
concernant tous les domaines scientifiques. On peut ainsi citer les méthodes de

1
sondages agricoles, les méthodes de suivi évaluation de projets agricoles, les méthodes
de traitement de données agricoles sans oublier les techniques de modélisation et de
prévision agrométéorologique.

Au Sénégal, la Direction de l’Horticulture (DHORT) est la structure compétente ayant


la responsabilité de produire des statistiques horticoles annuelles au service du
gouvernement. Au-delà même de cette fonction, la DHORT favorise la centralisation
et la diffusion de ses informations au sein des autres structures partenaires.

2
PREMIERE PARTIE CADRE THEORIQUE ET
METHODOLOGIQUE
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE
Section1 : Contexte de l’étude
Cette présente étude se focalisera sur la pratique des cultures maraîchères à savoir
l’oignon, la tomate, l’aubergine amère, l’aubergine douce, la pomme de terre, la
carotte, le chou, le concombre et le navet.

La région des Niayes s'inscrit administrativement dans les quatre régions bordant la
frange maritime du nord du pays : Dakar, Thiès, Louga et Saint-Louis ( voir figure 1 ).
Elle s'étire sur une longueur de 180 km, et sa largeur varie de 5 à 30 km à 1'interieur
des terres. Elle est généralement limitée dans sa partie intérieure par la route nationale
Dakar-Saint-Louis. Elle constitue un milieu assez original caractérisé par des dunes et
des dépressions souvent inondées par 1'affleurement de la nappe phréatique et par un
climat assez favorable. Ce milieu n'a pas manqué d'attirer la population et de donner
également à la région toute sa vocation agronomique.

Section 2 : Problématique


Selon le dernier rapport définitif du Recensement Général de la Population, de
l’Habitat, de l’Agriculture et de l’Elevage (RGPHAE), l’horticulture est une activité
très répandue au Sénégal en ce sens qu’elle est pratiquée dans toutes ses régions.
Hormis ma passion dans ce domaine phare et très prometteur du secteur Agricole, le
thème Analyse exploratoire multidimensionnelle et typologie des pratiques
maraîchères est choisi dans un contexte particulier et un cadre de désir personnel.

En plus de cela, il est constaté que les champs horticoles et même maraîchers sont sous
le point d’être abandonnés par les jeunes du pays. Et pourtant, les fruits et légumes
consommés au quotidien par les ménages proviennent du maraîchage. C’est dans ce
sillage qu’il a été choisi de faire l’étude avec les cultures de légumes, les plus
particulièrement consommés par les ménages, comme l’Oignon, la Pomme de Terre,
les Aubergines, le Chou, la Tomate, la Carotte, le Navet, et le Concombre.

3
Et donc, afin d’atteindre une autosuffisance alimentaire, il est plus que jamais
important de s’intéresser au maraîchage, qui est pour moi une clé qui pourrait
beaucoup aider. En effet, cette situation m’a poussé à la recherche pour songer sur des
questions motrices et voir le statut actuel des pratiques maraîchères. Au Sénégal,
lorsqu’on parle de maraîchage, on pense automatiquement à la zone des Niayes (les
régions de Dakar, Thiès, Louga et le département de Saint Louis) et à la vallée du
fleuve Sénégal (les départements de Dagana et Podor), milieux où résident la presque
totalité des ménages maraîchers du pays.

Section 3 : Revue littéraire


Le maraichage est une forme d’activité agricole tournée vers les productions
légumières sur de très petites surfaces, cultivées de manière très intensive. L’origine
du terme vient de ce que cette forme de production agricole s’est développée au XVIII
et XIXe siècle aux abords des grandes villes dans les zones alluviales des rivières
(notamment le Marais à Paris). Même si beaucoup de maraichers utilisent des
pesticides et des engrais de synthèse, les pratiques d’agriculture biologiques
conviennent bien au maraichage, dans la mesure où cette forme d’agriculture est par
nature, peu mécanisée, très demandeuse de main d’œuvre et valorise bien les engrais
organiques.

La majorité des nouvelles installations de maraichage concernent des exploitations bio.


Beaucoup de villes mettent en œuvre des plans d’aménagement visant à voir se
redévelopper une ceinture verte de maraichage urbain bio censée permettre de
relocaliser l’approvisionnement alimentaire urbain en fruits et légumes. Cette politique
est souvent préconisée aussi dans le cadre de la protection des zones périurbaines de
captage d’eaux souterraines. On sait pourtant peu de chose sur les pertes d’azote
auxquelles donnent lieu le maraichage (bio ou non), notamment vers l’hydrosystème.
une typologie des pratiques de maraichage dans la zone des Niayes, afin d’en évaluer
les risques de contamination des hydrosystèmes. On cherchera aussi à évaluer la
capacité des grandes agglomérations à s’approvisionner localement en fruits et
légumes.

4
Alors que la culture de plantes alimentaires en potager concerne plutôt
l'autoconsommation, le maraichage concerne les cultures pour la vente à la
consommation. Les producteurs maraîchers vendent leurs récoltes soit en « circuit
long » à des chaînes de supermarchés, à des centrales d'achat (grossistes en
alimentation) ou à l'industrie agroalimentaire, soit en « circuit court », directement de
l'agriculteur aux consommateurs, sur un marché, dans d'autres places, comme pour
les AMAP, en ce qui concerne la France, par abonnements de paniers de légumes dans
l'agriculture contractuelle de proximité (ACP)  en Suisse.
3

Le maraîchage intensif est un type d'agriculture intensive, qui vise à maximiser


l'utilisation du sol (il n'est plus qu'un support auquel des fertilisants chimiques sont
apportés) et à produire dans des cycles de temps très courts. En contrepartie, il
nécessite des moyens parfois importants (serres, chauffage, stérilisation du sol, réseau
d'irrigation, etc.) et une main-d'œuvre abondante, la mécanisation étant plutôt difficile
à mettre en œuvre dans ce type de cultures.

Le maraîchage extensif est un type d'agriculture extensive, qui vise à utiliser la


ressource nourricière du sol pour une ou plusieurs récoltes puis à cultiver ailleurs pour
laisser ce sol se régénérer (rotation/assolement). Une fertilisation est également
employée mais en utilisant de préférence des engrais verts, du compost, des fumures
d'origine animale, des déchets d'abattoir, etc.

Section 4 : Définition conceptuelle


o Maraîchage

Le maraîchage ou horticulture maraîchère est la culture de légumes, de certains fruits,


de certaines fines d’herbes et fleurs à usage alimentaire, de manière professionnelle,
c'est-à-dire dans le but d'en faire un profit ou simplement d'en vivre. Le maraîchage
s'est d'abord développé dans la proche périphérie des villes pour approvisionner les
marchés en légumes frais, souvent dans des zones marécageuses (Zones humides),
comme les hortillonnages ou le plus souvent dans les plaines alluviales des fleuves
comme les jardins maraîchers. Ce type de maraichage se caractérise par la petite
surface des exploitations de type familiales, par sa production diversifiée et souvent

5
par la vente directe traditionnelle, les maraichers tenant eux-mêmes un étal dans les
marchés locaux.

Le métier de maraîcher est attrayant et passionnant mais requiert un investissement


personnel important notamment les premières années. S’installer dans de bonnes
conditions demande une attention particulière dans ses choix de foncier et de matériel,
une stratégie commerciale et de communication bien étudiée, de la rigueur dans
l’organisation du travail et la gestion de la ferme pour parvenir à vivre de son métier
tout en dégageant des plages de repos indispensables.

o Les maraîchers hors-sol :

femmes dans les quartiers urbains qui cultivent des légumes feuilles (salades, menthe)
sur des tables (hors-sol – solution hydroponique pour les pépinières, substrat pour les
cultures), selon des techniques diffusées par le projet spécial sécurité alimentaire
(FAO/Ministère de l’agriculture), >

o Les maraîchers périurbains :

hommes, en milieu urbain ou rural, qui exerçaient un petit métier urbain ou étaient
agriculteurs et pour qui la maraîchage est devenue la principale activité (seule source
de revenu), exercée dans des zones non constructibles (légumes feuilles);

o Les maraîchers « préservés » :

hommes qui ont bénéficié de l'aide d'ONG, ont obtenu une parcelle « clé en main »,
sans investissement, n'ont pas de métier pour s'insérer dans la ville (milieu rural). Les
périmètres sont fréquemment délimités dans des espaces mis en danger par l'extension
de la ville. Ces maraîchers, dont les périmètres sont le plus souvent dans la
communauté rurale, sont ceux qui pratiquent le plus l'agriculture biologique (légumes
variés).

o Les néo maraîchers :

citadins (hommes) dans une logique de sécurisation foncière des parcelles qu’ils ont
achetées en périphérie de la ville. Ils plantent des arbres fruitiers puis développent le

6
maraîchage (expérimentation, innovation, culture de nouveaux légumes pour la zone)
qui est une activité annexe, un loisir pour préparer leur retraite

o Les maraîchers ruraux :

maraîchers (hommes) en zone rurale qui exploitent les bas-fonds dans des logiques
proches du droit coutumier. Production d’oignons et surtout de piment zone réputée
pour la production de piment).

Section 5 : Objectif de recherche


L’objectif de cette étude est d’utiliser toutes les méthodes de la statistique exploratoire
multidimensionnelle (analyse univariée, bivariée comme multivariée). Cela permettra
de faire sortir une analyse multidimensionnelle catégorielle pour mieux distinguer les
pratiques maraîchers considérés dans les Niayes mais aussi dans la vallée du fleuve
Sénégal. Puisque ces zones sont les plus importantes, car étant fréquentées par les
exploitants sur une bande de terre allant de la région de Dakar à la région de St Louis,
le présent document exposera l’ensemble des résultats de l’étude.

Section 6 : Hypothèse de recherche


Cette étape est donc capitale pour une évaluation de la dispersion et de l’analyse de
l’homogénéité ou de l’hétérogénéité associées à leurs caractères. Quant à l’estimation
de la qualité des variables, elle sera mise en exergue par des tests univariés appelés
plus communément tests d’ajustement. En réalité, ces tests permettent de poser des
hypothèses sur l’existence de différence significative entre les fréquences des
modalités des variables qualitatives (pour juger la typologie des pratiques
maraîchères . En ce qui concerne les variables quantitatives, on cherche l’existence de
différence significative entre les moyennes (test de normalité) par ajustement avec une
loi de probabilité comme celle de la loi normale.

7
CHAPITRE II : CADRE METHODOLOGIQUE
Section 1 : Délimitation du Champ de l’étude :
Cette étude a eu pour cibles les agriculteurs et agricultrices en milieu urbain dans la
zone des Niayes. Pour une étude qualitatives, un échantillonnage raisonné a été élaboré
pour servir de base à des discussions avec les personnes clefs du secteur.

L’agriculture urbaine se pratique autour des grandes villes du Sénégal, mais


principalement dans la zone qui s’étend du littoral de Dakar à Saint-Louis. Cette zone
agroécologique « naturelle », appelée les Niayes, recouvre trois grandes composantes :
la partie ouest polarisée par Dakar avec Pikine, Guédiawaye, Sangalcam et Rufisque ;
la partie centrale dans la région administrative de Thiès ; et le Gandiolais à son

extrême sud partagé entre les régions administratives de Louga et de Saint-Louis.

Section 2 : Techniques d’investigation et outils de collecte de


données
Les instruments de mesure découlant de la recherche sont de deux types : Outil
quantitatif : les thématiques recherchées ont été examinées lors de l’atelier
méthodologique. Ainsi, deux modèles de questionnaire dont l’un pour les acteurs
producteurs et l’autre pour les institutions de financement ont été élaborés pour la
collecte de données quantitatives :

1. questionnaire destiné aux agriculteurs et agricultrices en milieu urbain des


zones étudiées
2. questionnaire à l’endroit de l’Union des producteurs maraichères

Outil qualitatif : il permet de collecter des informations complémentaires avec des


groupes (focus groups) ou individus. L’entretien semi-structuré est utilisé sur la base
de guides d’entretien élaborés sur la base d’un consensus.

Section 3 : Difficultés rencontrés


La quête d’information est souvent vaste et délicate souvent associé à des difficultés
car étudiant des facteurs sociaux, économiques et psychologiques qui affectent le

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comportement humain. Ainsi, durant le processus de recherche nous avons eu à
rencontrer un certain nombre de difficultés à savoir :

 L’insuffisance d’études sur la production maraîchères dans ces trois dernières


années
 La difficulté d’administration du questionnaire surtout au sein de l’Union des
producteurs maraichères
 Difficile de convaincre les producteurs sur certaines questions

DEUXIEME PARTIE CADRE ORGANISATIONNEL ET


ANALYTIQUE
CHAPITRE I : CADRE ORGANISATIONNEL
Section 1 : Présentation de la zone des NIAYES
La région naturelle des Niayes s’étend sur le littoral du Cap-Vert, aux marges du Delta
du Fleuve Sénégal sur 250 km2 . Cette bande côtière de 15 km de large est occupée
par une population d’environ 15 000 habitants. Elle est partagée entre les régions
administratives de Dakar, Thiès, Louga et Saint-Louis. La région des Niayes est
caractérisée par son modèle dunaire et son climat tempéré. Elle est essentiellement
composée de dunes blanches et jaunes semi-fixées et de cuvettes inter-dunaires. La
zone était autrefois couverte d’une végétation dense qui a été en grande partie
défrichée pour faire place au maraîchage. En raison de ce défrichement et de l’action
des vents, les dunes semi-fixées sont parfois ravivées. Les bandes de filao (Casuarina
équisetifolia) plantées le long de la plage ont cependant réduit l’érosion éolienne.

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Une nappe phréatique peu profonde, parfois sub-affleurante dans les cuvettes, la
douceur d’un climat tempéré par l’influence de l’océan et la prédominance de sols
sableux ont fait des Niayes la principale zone maraîchère du pays. On y cultive en
irrigué des légumes : oignons, carottes, choux, navets, pommes de terre, patates
douces, tomates, aubergines, piments, etc. L’oignon est le légume le plus cultivé dans
sa partie sud-est. Bien qu’ayant perdu le rôle important qu’il jouait jadis, l’élevage est
encore pratiqué sous forme sédentaire, surtout celui des petits ruminants et de la
volaille ainsi que l’embouche bovine. La pêche artisanale et la transformation du
poisson jouent un rôle économique croissant.

Les Niayes constituent le site de prédilection des cultures maraîchères (près de 80 %


de la production nationale). Son expérience dans les cultures d’exportations, sa
proximité d’avec les infrastructures de base (aéroport, port, gare de fret, complexe
feltiplex) la mettent dans une position privilégiée. Les objectifs majeurs de
développement assignés à cette zone par les pouvoirs publics sont :

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1. augmenter et diversifier les productions agricoles et animales dans le cadre des
systèmes intégrés ;
2. intensifier le développement des cultures d’exportations horticulture et
floriculture) ; et
3. assurer une gestion durable des ressources naturelles (ISRA, 1996).

Cependant, la zone enregistre des contraintes liées à l’urbanisation avancée diminuant


de façon progressive les surfaces agricoles, à la forte pression anthropique sur les
ressources, à une paupérisation de cette population et à la faible disponibilité en eau
(tarissement des nappes ou contamination par le biseau salé et les nitrates) et en terres.

L’agriculture mobilise à Dakar près de 3 000 chefs d’exploitations qui cultivent sur
113 sites de production horticole. Le système de production intensive et intégrée est
préconisé à travers la rationalisation des ressources limitées en eau et en foncier dans
cette zone. Ceci permettrait de mener à bon escient et à temps les différentes options
culturales, malgré ces contraintes. Les produits principalement ciblés dans cette zone
pour les exportations sont le haricot vert, le haricot Bobby, la tomate cerise, la
mangue, et le melon. Les autres produits à forte potentialité d’expansion sont : le maïs
doux, la patate douce, les herbes, fleurs, bissap frais ou séchés, le gombo, l’aubergine
africaine, les courgettes, dont le volume d’exportation est marginal.

1.1 Conditions climatiques


Le climat de la zone est de type sahélien marqué par une longue saison sèche d’octobre
à juin, et une courte saison pluvieuse de trois mois. Les précipitations moyennes
annuelles sont peu abondantes et diminuent du sud au nord, passant d’environ 500
mm/an à Dakar à 300 mm/an à Saint-Louis. Toutefois, la saison sèche reçoit quelques
précipitations entre décembre et février. Ces pluies résultent d’intrusions d’air polaire
issu des régions tempérées (Seck, 1965). Bien que très faibles et irrégulières, elles
jouent un rôle non négligeable au plan agronomique, notamment sur la régénération de
la végétation et la floraison des arbres fruitiers.

La caractéristique majeure de la zone des Niayes est de bénéficier d’un microclimat,


grâce à l’influence de l’alizé maritime. Ce vent stable, frais et humide permet à la zone

11
d’avoir des températures modérées, une forte hygrométrie et de fréquentes rosées
nocturnes.

Les températures moyennes annuelles se situent entre 23,7°C et 25°C. Les


températures moyennes mensuelles les plus élevées oscillent entre 27,5°C et 28,1°C et
surviennent pendant la saison des pluies. De novembre à février, les températures
minimales et maximales sont respectivement inférieures à 18°C et à 28°C. La présence
de l’harmattan élève en début d’hivernage les températures qui atteignent un maximum
de 31°C en mai et juin. L’humidité relative de l’air demeure élevée et atteint des taux
de 90 % à proximité de la côte, avec des minima supérieurs à 15 % dans les parties
intérieures des Niayes.

1.2 Sols et espaces de production agricole


La zone est caractérisée par des formations dunaires séparées par des couloirs inter
dunaires et entrecoupées de cuvettes et de dépressions où affleure la nappe et dont les
sols sont plus ou moins argileux. On distingue trois principaux ensembles dunaires. Le
long de la côte s’étirent les dunes blanches littorales caractérisées par des plages de
sables coquilliers. Ces dunes vives, soumises à l’action du vent font l’objet depuis plus
de trois décennies de travaux de stabilisation par des plantations de filaos (Casuarina
equisetifolia). En arrière des dunes littorales se développent les dunes jaunes ou semi-
fixées entrecoupées de lacs et de vallées asséchées et parsemées de nombreuses mares
temporaires qui ne gardent l’eau que durant un à trois mois après la saison des pluies.
L’intérieur des Niayes est occupé par les dunes rouges continentales.

La nature et les caractéristiques des sols varient dans la zone, selon le type de dunes et
la position dans la topo séquence. Les dunes vives se caractérisent par des sols
essentiellement sableux (sols bruts), presque dépourvus de matières organiques. Dans
la partie septentrionale des Niayes, on rencontre dans les dépressions, à l’intérieur des
dunes blanches et jaunes, de petites cuvettes maraîchères à l’abri de la bande de filaos.
Ces cuvettes sont mises en valeur par de petites exploitations familiales à la faveur de
lentilles d’eau douce (petites nappes d’eau discontinues et peu profondes contenues
dans les sables) et grâce à d’importants amendements organiques. Les dunes rouges

12
sont constituées de sols ferrugineux tropicaux non lessivés. Ces sols pauvres en
matière organique couvrent plus des deux tiers de la zone des Niayes. Les sols de ces
dunes rouges étaient, jusqu’à la fin des années 1960, cultivés sous pluie (céréales et
arachide) et exploités par l’élevage qui utilisait alternativement les pâturages des dunes
et des cuvettes.

Par suite de la diminution de la pluviométrie et de l’augmentation de la demande


résultant de l’accroissement démographique et du développement des marchés urbains,
ce système de production a évolué progressivement vers une agriculture plus
productive, fondée sur l’association cultures maraîchères/arboriculture et élevage
sédentaire, avec en parallèle le développement de la pêche dans les villages côtiers.
Aujourd’hui, cette partie des Niayes se caractérise par la présence de moyennes et de
grandes exploitations horticoles qui incluent souvent une ferme avicole ou d’élevage
laitier. Les dépressions inter dunaires appelées Niayes, qui ont donné leur nom à la
région, sont caractérisées par des cuvettes peu profondes, une nappe affleurante, des
sols très riches en humus et des fonds souvent tourbeux. Ces sols riches sont
favorables à une gamme variée de produits horticoles. En fonction de la proximité et
de l’abondance de la nappe phréatique, ces cuvettes sont exploitées en culture irriguée
et en culture de décrue dans leurs parties les plus basses, avec parfois un arrosage
d’appoint. Du fait de leur rareté et de la richesse de leurs sols, les cuvettes des Niayes
sont densément occupées.

1.3 Ressources en eau


La zone des Niayes est dépourvue d’eau de surface permanente. Les ressources en eau
de la zone sont constituées essentiellement des eaux souterraines. La principale réserve
d’eau est constituée par un aquifère peu profond et de bonne qualité qui s’étend dans
toute la zone comprise entre Dakar et Saint-Louis. Cette nappe qui joue un rôle
primordial dans l’alimentation en eau pour l’ensemble des besoins subit une forte
pression qui s’accroît du nord au sud. De plus, elle est menacée par de sérieux risques
d’intrusion des eaux marines.

13
Section 2 : Dynamique démographique
La zone se caractérise par une forte concentration démographique et des disparités
inter-régionales marquées. Les quatre régions concernées comptaient 3,6 millions
d’habitants en 1988 et 5,5 millions en 2001, soit environ 52,5 % de la population
nationale. La densité moyenne est de 193 hab/km2. La concentration démographique
dans la zone, produit du croît naturel, résulte également de migrations inter-régionales
du nord vers le sud et de l’hinterland sahélien vers les côtes. Ces flux migratoires se
sont accélérés depuis le milieu des années 1970, entraînant une urbanisation rapide.

De plus en plus, l’extension des villes phagocyte l’espace rural, tandis que la
concentration démographique et l’intensification croissante de l’agriculture liée aux
opportunités offertes par les marchés urbains engendrent une pression forte et continue
sur les ressources naturelles des Niayes. Il s’ensuit une émergence de pôles de
développement urbain et industriel qui sont progressivement reliés entre eux.

CHAPITRE II : CADRE ANALYTIQUE


Section 1 : Fonctionnement et dynamique de la filière
maraîchère
1.1 Acteurs impliqués dans le processus de production
Le producteur constitue l’acteur clé de la filière et assume les risques de production et
de commercialisation. Il peut s’agir d’un producteur individuel ou d’un groupement de
producteurs. Le collecteur joue le rôle de relayeur. Le collecteur–producteur, appelé
communément producteur-bana-bana, collecte et vend au niveau du marché primaire et
souvent de gros. Il supporte les risques de production (pour son propre champ) et de
commerce (notamment vis-à-vis des courtiers).

Le collecteur-commerçant ou bana-bana est rattaché à un ou plusieurs marchés de gros


et se déplace dans les zones de production ou les marchés hebdomadaires pour acheter
des produits ensuite revendus aux consommateurs finaux, aux autres commerçants
(grossistes) ou par l’intermédiaire de courtiers. Cet acteur est impliqué, dans plusieurs
cas, dans le financement des intrants agricoles. En effet, le bana-bana accorde des

14
crédits /intrants aux producteurs et, en retour, achète la production à crédit et à des prix
relativement bas. Cet acteur gère parfois des boutiques qui ravitaillent les producteurs
en produits alimentaires et en sacs d’emballage pour les produits de la récolte. Il
partage le risque financier avec le producteur à travers le financement en intrants
agricoles.

Le courtier ou coxeur est un intermédiaire entre les chargeurs de marchandises et les


camionneurs ou entre les vendeurs et les acheteurs moyennant une commission. Dans
le premier cas (le mode prédominant dans les Niayes du département de Louga), le
courtier aide les camionneurs qui se déplacent pendant la campagne de
commercialisation à trouver du fret retour moyennant une commission estimée à 9000
FCFA par camion. Le deuxième cas concerne le coxeur installé dans les marchés de
collecte et de gros et qui assure la vente à la place du propriétaire des marchandises. Il
préfinance le transport, vend à crédit ou au comptant et reçoit une commission de 200
FCFA par sac écoulé sur le marché. Il partage le risque commercial avec son protégé
(collecteur bana-bana ou producteur) en cautionnant les crédits accordés.

Il peut aussi acheter et revendre pour le compte d’autres courtiers qui leur délèguent
leurs missions en souhaitant, par exemple, se débarrasser rapidement de leurs
marchandises. Il contrôle ainsi totalement le marché de consommation en négociant les
prix avec les producteurs et les bana-bana collecteurs. Il travaille avec les collecteurs
et/ou producteurs et intervient dans plusieurs marchés.

Le commerçant grossiste dit stockeur approvisionne les demi-grossistes, les


détaillants, les intermédiaires et autres (institutions privée, publique et paramilitaire).
Cependant, il est plus orienté vers la distribution des produits maraîchers importés. Le
demi-grossiste joue généralement le rôle de relais entre le grossiste et le détaillant. Le
demi-grossiste intermédiaire travaille, le plus souvent, sur les produits locaux. Ancien
collecteur bana-bana spécialisé par groupe de produits, il achète à crédit auprès des
courtiers et revend ensuite aux demi-grossistes distributeurs ou aux détaillants. Le
demi-grossiste distributeur assure la liaison des circuits de distribution.

15
Le détaillant constitue le dernier maillon dans la chaîne des intervenants. Il rapproche
le producteur du consommateur final. Il demeure un élément important de la
distribution.

Tous ces acteurs interagissent pour assurer le bon fonctionnement de la filière.


Certains d’entre eux sont spécialisés par légume ou par groupe de légumes. Selon les
résultats issus des entretiens organisés dans le cadre de cette étude, la distribution des
acteurs selon le sexe laisse apparaître des différences importantes. L’implication des
femmes se situe à l’échelle de la distribution. Au stade de la commercialisation, on les
retrouve dans les fonctions de collecte (bana-bana) au niveau des zones de production
ou marchés hebdomadaires de collecte, et de détaillants dans les marchés des centres
urbains. Cependant, les fonctions de grossistes et de demi-grossistes sont presque
exclusivement exercées par les hommes car elles requièrent des assiettes financières
souvent non disponibles chez les femmes.

On note une tendance à la spécialisation par genre à l’échelle de la production. Ainsi,


les hommes sont le plus souvent impliqués dans les cultures de grande consommation
(oignon, pomme de terre, etc.). Les femmes font beaucoup de légumes de type africain
(tomate Xina, jaxatu, piment, navet, etc.). Cette spécialisation s’explique par le fait
que le système d’appropriation et d’utilisation du foncier et l’assiette financière sont
plus favorables aux hommes. En outre, les systèmes traditionnels maraîchers sont
basés sur une longue expérience accumulée surtout par les hommes, et qui a généré un
paquet technique constitué de pratiques plus ou moins généralisées dans les Niayes.

Chez les femmes, les mécanismes de crédit sont axés sur les activités de
commercialisation en termes de période et de volumes. Des lignes de crédit
appropriées pour le commerce des produits de la récolte pourraient intéresser les
femmes. En plus, le développement de ce secteur (distribution) aura des effets
bénéfiques pour les producteurs dont la revendication majeure reste l’écoulement des
productions. Cependant, pour une meilleure pénétration de la femme dans le circuit de
production, il serait souhaitable de favoriser l’accès à la terre. L’appui de financement
devrait être orienté sur des volumes plus substantiels pour prendre en charge les
besoins de fonctionnement des cultures de grande consommation et des facilités de

16
crédit. Les hommes mettent beaucoup l’accent sur les crédits à moyen terme souples
pour prendre en charge les besoins d’investissement en équipement d’irrigation de
goutte-à-goutte, de motopompe, tandis que les femmes ont besoin de petits crédits
mobilisables à moyen terme dont le taux d’intérêt serait moins élevé que celui
actuellement pratiqué.

1.2 Les circuits de distribution des produits


Au sein de la filière, on distingue des circuits de distribution différenciés selon
l’origine des produits maraîchers et, souvent, le type de produit. Au niveau du
commerce des produits maraîchers importés, on note deux types de circuit. Le premier,
dit primaire, relie directement l’importateur au grossiste-stockeur. Ce circuit est réduit
si ce dernier est aussi importateur. Le second circuit dit secondaire, embrasse les
chaînes de distribution de l’importateur ou grossiste-stockeur au détaillant en passant
par les demi-grossistes distributeurs ou intermédiaires. Au niveau de la distribution des
produits locaux, les circuits sont souvent différenciés selon le type de légume ou le
groupe de légumes. On dénombre trois types de circuits.

Le circuit dit court relie le lieu de production à celui de la consommation. Il est assuré
par le collecteur (bana-bana) qui se déplace dans les zones de production, achète
auprès des producteurs et vend ensuite aux sociétés. Ce circuit concerne certains
légumes hautement périssables comme la tomate industrielle. Il est marginal pour les
légumes de grande consommation (oignon, pomme de terre, etc.).

Le circuit dit direct relie les producteurs au consommateur. Il est assuré par les
femmes qui écoulent leur productions ou celles de leurs maris. Il concerne les produits
commercialisés en petites quantités.

Le circuit dit long mobilise plusieurs intervenants. À l’échelle du gros, on note


l’intervention des courtiers et collecteurs-ramasseurs. Au stade du demi-gros, il met en
activité les demi-grossistes/distributeurs et/ou intermédiaires. Enfin, les détaillants,
spécialisés ou non, entrent en jeu. Ce circuit est emprunté par les produits maraîchers
de grande consommation (tomate de table, chou, oignon, pomme de terre, etc.). Le
circuit d’approvisionnement en intrants dépend de la nature de la filière maraîchère.

17
Les semences des produits maraîchers de type européen sont, pour la plupart,
importées alors que celles des légumes de type africain sont en majorité produites
localement. La majorité des producteurs de la région préfèrent s’approvisionner à
Dakar (via les boutiquiers de leurs localités à crédit) par l’intermédiaire des
commerçants et payent en nature au moment de la commercialisation. La fourniture
des engrais et produits phytosanitaires est aussi assurée par des commerçants privés
qui desservent les zones de production via leurs marchés hebdomadaires.

La cession à crédit et la vente directe des intrants sont effectuées principalement par
les ONG (AQUADEV, PPMEH, etc.) et des grainetiers installés dans les principaux
marchés. Certains producteurs qui dépendent du crédit reçoivent tardivement leurs
intrants, ce qui a des répercussions néfastes sur le niveau de production. En outre, du
fait de la difficulté d’accéder au crédit et de la rareté de l’épargne, la majorité des
producteurs achète des produits de tout venant à des prix relativement bas, ce qui
influe sur le niveau faible des rendements de certains produits.

1.3 L’offre des produits de la filière


Au niveau national, on distingue deux principales campagnes maraîchères : la saison
des pluies de juin à septembre et celle de contre-saison entre octobre-novembre et
mars. Du fait de la libéralisation complète du secteur, les importations ne sont plus
contrôlées. Depuis 2004, le comité interprofessionnel sur l’oignon statue sur le quota
des importations en fonction de la production et de la demande nationales. Dans les
Niayes et particulièrement dans les zones de production, certaines cultures maraîchères
se pratiquent toute l’année : la tomate, le piment, l’aubergine, la patate, le jaxatu.

L’intensification des cultures semble être le credo de la plupart des producteurs en


milieu urbain du fait de la forte pression foncière et des difficultés des ressources
hydriques. Les systèmes de production maraîchère en zone urbaine jouent un rôle
important dans la satisfaction des besoins en liquidités des producteurs. Par
conséquent, une amélioration de la productivité est un gage pour sécuriser et sécuriser
le revenu et les conditions de vie des producteurs. Cependant, des marges de progrès

18
restent à couvrir, particulièrement au niveau local où de réelles possibilités de
développement de la filière existent.

1.4 Politique et problématique de financement


La promotion de l’agriculture urbaine permet de lutter contre la pauvreté. Or, la
situation actuelle de son financement, marquée par le faible engagement des banques
commerciales classiques, ne permettra pas de répondre aux besoins d’une population
urbaine galopante. La question se situe au niveau du système de financement lui-même
(origine, source, volume, montant, type et modalités de financement) de la rentabilité
et de la solvabilité des acteurs au regard des types de crédit actuels. L’agriculture
urbaine fait face à des contraintes qui limitent son efficacité et son expansion. Parmi
elles, il convient de citer celles relatives à la faiblesse de la production, au manque
d’eau, de financement, etc. Ce dernier point se distingue par sa récurrence et son
impact. Il existe une contradiction apparente entre les enjeux réels de l’agriculture
urbaine dans la dynamisation du tissu économique urbain et les difficultés de
financement notées dans ce secteur.

Considérée le plus souvent, à tort, comme une activité marginale et non rentable,
l’agriculture urbaine est défavorisée au profit des grandes cultures des zones rurales et
des activités de services. Le secteur horticole qui constitue le principal bassin
d’activités agricoles en zone urbaine a été longtemps négligé par l’État au profit des
cultures céréalières et de rente (Fall, 2005). Ainsi, on note un soutien financier à
certaines spéculations principalement, l’arachide, le coton, la tomate industrielle et le
riz irrigué. Le peu de soutien financier des dix dernières années est orienté vers le
secteur d’exportation des produits horticoles avec le programme de promotion des
exportations (PPEA/PMC, 2001).

De l’indépendance jusqu’aux années 1980, le pouvoir central sénégalais a compté sur


les banques nationales de développement pour financer le secteur agricole. Les
programmes d’amélioration de l’accès au crédit des ménages ruraux par ces banques
commerciales n’ont pas atteint leurs objectifs malgré des taux d’intérêts
subventionnés. La mission de ces banques traditionnelles commerciales n’était pas en

19
cohérence avec les objectifs d’accès au crédit des ménages ruraux pauvres qui ne
disposaient pas de garanties requises. En outre, les coûts de transactions de ces
banques étaient trop élevés pour de faibles volumes de crédits souhaités par les petits
producteurs ruraux. Le financement des activités du secteur informel en général et
celui de l’agriculture urbaine en particulier pose problème.

Le Sénégal a été secoué par une grave crise économique dans la décennie qui a suivi
son indépendance. Le secteur primaire, principal poste de ressources du pays, a fait
face à de sérieux blocages suite aux sécheresses de 1974 et 1979, à la non-
diversification des cultures de rente (arachide et coton) et à la détérioration des termes
de l’échange. Du fait de l’instabilité pluviométrique, mais aussi de la concurrence
d’autres pays, les exportations d’arachide ont fortement baissé et la population, rurale
à plus de 55%, s’est retrouvée endettée et appauvrie. La conséquence de ces crises fut
la constitution de grandes vagues migratoires vers les centres urbains, notamment
Dakar.

Outre un environnement peu favorable, les banques ont connu d’énormes difficultés
financières et structurelles pour avoir permis à l’État, fortement endetté après la
dilution de ses recettes d’exportation, d’assurer ses charges (salaires des
fonctionnaires, financement du secteur public), par des prêts rarement remboursés. En
outre, par les effets du clientélisme politique, des prêts ont été accordés à des
dignitaires du régime sans qu’ils se soient acquittés des remboursements, au point
qu’une société de recouvrement a été créée en 1989 pour tenter de limiter les pertes.
Pour se sécuriser et reprendre un nouveau souffle, les banques classiques sont
devenues beaucoup plus exigeantes en termes de garanties.

La Caisse nationale de crédit agricole du Sénégal (CNCAS) a pris en charge le


financement de l’agriculture. Cependant, les problèmes d’efficacité du crédit
institutionnel pour le secteur agricole en général et urbain en particulier demeurent. En
dépit des efforts accomplis, l’accès au crédit reste limité et contraignant. L’échec de
plusieurs programmes de financement du monde agricole (rural et urbain) a suscité de
nouvelles réformes du système de crédit en milieu urbain avec l’appui des partenaires
extérieurs sur la micro-finance et les mutuelles d’épargne et de crédit. Les réformes

20
institutionnelles sur le crédit agricole constituent l’un des piliers centraux des
changements entrepris par le gouvernement sénégalais au cours de la dernière décennie
dans le domaine de l'agriculture pour revitaliser son économie. L'objectif de ces
politiques a été d’améliorer l’accès des ménages agricoles et urbains au crédit et de
rentabiliser les infrastructures de production. De ce point de vue, la CNCAS fait partie
des rares banques si ce n’est la seule à se déclarer à « vocation agricole ». Toutefois,
comme le secteur agricole vit une crise qui perdure depuis plus d’une décennie, la
CNCAS se comporte de plus en plus comme une banque commerciale, notamment en
diversifiant sa clientèle. Aujourd’hui, la politique de « délocalisation » des banques
renseigne sur les velléités de conquêtes de clientèles pas forcément agricoles.
Néanmoins, l’essor des mutuelles atténue les effets de cette réorientation d’autant que
la CNCAS est la banque qui a le plus « pratiqué » la collaboration avec les mutuelles
afin de créer les conditions d’un meilleur financement des agriculteurs.

1.5 Caractéristiques socio-économiques


L’activité maraîchère domine dans la production végétale. Sur les 31 producteurs
enquêtés, 25 sont des maraîchers à plein temps et le reste l’associe avec d’autres types
de cultures). Pour l’arboriculture fruitière, 21 producteurs s’y activent en association
avec le maraîchage, mais 21 % de ces acteurs le font en priorité et principalement sont
localisés entre Sangalkam gorome bayakh. Un seul producteur fait de la floriculture
une activité dominante et un autre en association avec le maraîchage. Par ailleurs, ces
producteurs ont en moyenne plus d’une vingtaine d’années de pratiques.

Pour les cultures maraîchères, la superficie moyenne exploitée par producteur est de
1,83 ha dans l’ensemble de la zone, mais elle varie en fonction des sites. Si la zone de
Thiès exploite en moyenne 3 ha par producteur avec un minima de 0,002 ha et un
maximum de 45 ha, les disponibilités limitées à Dakar ne permettent qu’une taille
moyenne de 0,45 ha par producteur avec une pointe de 3 ha. Saint-Louis vient par
contre en deuxième position en termes de disponibilité foncière avec une variation de
0,60 à 20 ha par producteur dont une moyenne de 2,5 ha.

21
Les réserves foncières pour la floriculture sont de 125 m² en moyenne pour les deux
producteurs recensés avec un maximum de 200 m², tandis que l’arboriculture fruitière
occupe 331 m² en moyenne par exploitant. Ces contraintes foncières limitent les
stratégies d’intensification par extension des surfaces exploitées. Le recours à
l’intensité culturale (plusieurs cultures par an sur la même parcelle) et à la haute
technologie (réseau d’irrigation, système de goutte à goutte, nouvelles variétés, etc.)
exigent des investissements conséquents difficiles à réaliser pour les petits
producteurs. L’appui de l’État, des partenaires au développement, des structures de
financement décentralisées, du secteur privé est toujours un capital important.
L’amélioration durable de ces secteurs d’activités en zones urbaines et périurbaines
dépend fortement de l’accroissement des capacités de production de ces acteurs et
participe au renforcement de la compétitivité de ces filières agricoles.

Les spéculations par activité sont très variées et par zone et par campagne. Les cultures
sont planifiées en fonction des saisons et par rapport à leur aptitude relative aux
contraintes du milieu. Ainsi, en maraîchage, on note une forte diversité des produits
(oignon, tomate, piment, aubergine, jaxatu, etc.). Cependant, bien que diversifié, le
maraîchage semble être spécialisé dans les régions. Dans la zone de Saint-Louis,
l’oignon est dominant, tandis que la zone de Thiès pratique plus les légumes dits
africains (piment, jaxatu, etc.). La zone de Dakar, plus diversifiée, produit des cultures
d’exportation comme le haricot vert, le haricot bobby, les cerises, etc.).

22
L’arboriculture fruitière se fait le plus souvent sur les agrumes (manguiers, sapotiers,
citronniers, mandariniers) et, en particulier, les manguiers mais aussi les bananiers, les
cocotiers, etc. Les essences ornementales sont préférées dans la floriculture pour les
producteurs enquêtés. De façon globale, les recettes nettes issues de ces activités
recensées en zone urbaine sont estimées à 510 millions de FCFA (tableau 3). Même
s’il n’atteint pas le niveau du revenu moyen agricole du ménage urbain3 , force est de
constater qu’il est relativement plus élevé que celui du revenu agricole du ménage
rural du Bassin arachidier évalué à 282 092 FCFA en 2005 (Fall et al., 2005).

Ces chiffres montrent l’importance relative de ces activités agricoles dans le revenu du
ménage urbain. Cependant, la globalité de ces chiffres masque de grandes disparités
entre les revenus moyens par producteur et par ville. Les coefficients de variation très
élevés des recettes et dépenses montrent la forte variabilité au niveau des producteurs
d’une même localité ou entre différents sites. Par ailleurs, dans la répartition des
revenus moyens par ville, on note la dominance de Dakar avec 39 % du revenu net
moyen de la zone, suivi de Thiès (32%) et de Saint-Louis (29 %).

Bien que les superficies emblayées en arboriculture soient moins élevées que celles du
maraîchage et le nombre de producteurs impliqués moins important, le revenu tiré de
l’arboriculture fruitière semble être plus payant. Cependant, la production de ces
recettes prend plus de temps ; en effet, il faut trois à quatre campagnes pour pouvoir
récolter. Les producteurs qui sont d’habitude pressés de rentrer immédiatement dans
leurs fonds ne sont pas favorables à de telles activités. La solution adoptée par ceux
qui pratiquent l’arboriculture est de l’associer au maraîchage et à d’autres activités.
Cette diversification permet donc de disposer de revenus plus stables afin d’assurer les
dépenses au sein de l’exploitation. On note une forte variabilité des dépenses par
secteur d’activité. En moyenne, les dépenses indiquées par les producteurs sont
estimées entre 165 000 FCFA en moyenne pour la floriculture et 785 000 FCFA dans
le maraîchage. Par ailleurs, les investissements de départ sont estimés à 312 000 FCFA
avec un maximum de 20 millions FCFA. Au regard de ces éléments, le besoin de
financement de ces producteurs dépourvus d’épargne se justifie. Quels sont ces
besoins et l’état de leur satisfaction ?

23
Section 2 : Présentation des résultats et Données
La base de données agropastorale issue de ce recensement général, obtenue par le biais
de la DAPSA, comportait un nombre important et complexe de variables. Afin
d’obtenir une base de données horticole, maraîchère fiable portant sur les régions de
Dakar, Saint Louis, Thiès et Louga, une extraction de variables d’intérêt relatives à
l’étude a été effectuée, puis un redressement de la base de données. Cette procédure a
permis de s’assurer de la fiabilité des données afin de constituer une nouvelle base
d’analyse avec le logiciel statistique SPSS.

Le tableau des correspondances est un tableau de croisement explicitant les effectifs


conjoints associés aux modalités de chacune des deux variables catégorielles (DEPT et
CULTURE).

24
Les effectifs observés montrent que les cultures les plus développées dans les zones
étudiées sont dans l’ordre, l’oignon, la tomate, le chou, l’aubergine douce,
l’aubergine amère, le navet, la carotte, le concombre et la pomme de terre. Les
départements sont appelés points lignes et les cultures sont appelées points colonnes.
Ainsi, on peut déterminer la structure des tableaux profils lignes et profils colonnes.

L’inertie est la quantité moyenne d’information véhiculée par un ménage dans un


département donné en fonction de ses pratiques culturales. Elle est quantifiée par les
valeurs propres au niveau de chaque facteur, ainsi, chaque facteur possède sa valeur
propre. La racine carré d’une valeur propre est appelée valeur singulière. Celle-ci
signifie le degré d’importance du facteur. De ce fait, les trois (3) premières facteurs
véhiculent 82,9% de la quantité totale d’inertie véhiculée par tous les ménages de la
base de données. Le test de khi-deux effectué ici (qui donne une valeur de 451,041) est
appliqué pour mesurer le degré d’association des facteurs. Et la valeur du coefficient
de corrélation des axes (-0,002) montre qu’en réalité, la pratique culturale est
indépendante des départements du point de vu global. Ceci étant dit, on retient qu’en
CSSF, dans un cadre général, les pratiques culturales changent d’un département à un
autre et qu’aucun département n’est forcément lié à des cultures maraîchères.

Le premier facteur à l’inertie de point de dimension prend en compte les distributions


des départements de Mbour, Tivaouane et Louga, alors que le deuxième facteur prend
en compte les distributions des départements de Saint-Louis, Thiès et Louga. En
réalité, seul le département de Louga a été tenu en compte par les deux (2) axes de
point à l’inertie de dimension. Cela est dû au fait que ce département renferme une

25
quantité importante d’informations concernant la pratique maraîchère. Cependant, en
observant les contributions des dimensions à l’inertie des points, on peut retenir pour
le premier axe, tous les départements considérés à l’exception de Saint Louis et Thiès.
Pour le deuxième axe, on retient Podor, Saint Louis, Thiès et Louga. Donc, on peut
dire que seuls les départements de Louga et Podor sont bien représentés par les deux
(2) axes. En résumé, c’est le département de Louga qui a été tenu en compte à la fois
par les axes, de par sa contribution à l’inertie mais surtout par sa place importante
qu’on peut déduire à partir des dimensions à l’inertie des points. En conséquence, à
partir de ces tendances, on peut visualiser le diagramme des points lignes ci-dessous.
Celui-ci traduit les mêmes scénarios en matière de contribution des départements
retenus sur les axes. Les attirances qui sont observées au niveau des départements de
Thiès et de Podor peuvent s’expliquer non pas par une proximité géographique mais
plutôt par les particularités spécifiques dans la pratique maraîchère. Le département de
Mbour, étant très proche de l’axe des Niayes, est éloigné des autres départements de
cette zone ; cette situation serait due aux larges potentialités liées aux sols, au climat et
à la présence juvénile (notamment à Ndianda qui « est l’avenir du maraîchage au
Sénégal »).

L’axe Vallée du fleuve tient en compte les départements de Podor, Dagana et Saint
Louis. Ainsi, Saint Louis qui a toujours été considéré comme faisant partie de la zone
des Niayes présente des affinités par rapport aux départements de la vallée du fleuve.
Ceci permet de dire que les ménages agricoles maraîchers du département de Saint
Louis sont bien adaptés aux techniques d’irrigation comme les autres pratiquants de la
région.

2.1 Caractéristiques des points colonnes CULTURE


Le facteur un (1) de point à l’inertie de dimension prend en compte les cultures telles
que l’aubergine amère, le navet, et la pomme de terre alors que le second facteur tient
en compte l’aubergine, la carotte, le chou, et le concombre. Ainsi, aucune culture n’a
été prise en compte par les deux (2) axes de points à l’inertie de dimension. Pour le
premier facteur de dimension à l’inertie de point, il est mis en exergue la pratique de
l’aubergine amère, de la carotte, du chou, du navet, de l’oignon et de la pomme de

26
terre. Tandis que l’aubergine douce, la carotte, le chou, la pomme de terre et la tomate
ont contribués pour la construction du deuxième axe.

En résumé, on peut dire que seuls la carotte, le chou et la pomme de terre sont retenues
à la fois par les deux facteurs de dimension à l’inertie de point. Finalement, on peut
retenir qu’aucune culture n’a été tenue en compte à la fois par les axes tant par sa
contribution à l’inertie que par sa contribution à partir des dimensions à l’inertie de
point. Cependant, la carte factorielle ci-dessous est représentative et illustrative de ces
tendances.

Dans la vallée du fleuve (les départements de Saint Louis, Podor et Dagana), le constat
est que, l’oignon reste la principale culture développée par les maraîchers (soit 18,73%
de l’ensemble des ménages maraichers étudiés). Ensuite, s’y ajoute (par ordre
d’importance), la tomate, l’aubergine douce, le navet, le chou, l’aubergine amère, le
concombre, la carotte et enfin la pomme de terre qui est faiblement pratiquée. Ces
tendances observées aussi bien dans les Niayes que dans la vallée du fleuve, illustrent
que, chaque zone agroécologiques présente des réalités liées à la pratique maraîchère.
Ces disparités peuvent être dues aux méthodes de pratiques mais aussi aux types de
sols et du climat reçu par la zone. Cette partie a permis d’exposer l’ensemble des
techniques de la statistique exploratoire multidimensionnelle. La production de
graphiques et indicateurs synthétiques a servi de résumer les structures et principales
caractéristiques de la base de données. Les méthodes d’analyses multidimensionnelles
proposées sont venues en complément les outils de la statistique uni ou

27
bidimensionnelle qui sont un préalable à une approche inférentielle et décisionnelle
des données étudiées.

2.2 Rôles et devenir du maraichage dans la zone


Nous avons retenu d’analyser les résultats autour de 2 questions :

1. le rôle ou l’importance des activités maraîchères dans la zone,


2. les capacités d’adaptation aux contraintes et opportunités de la ville pour
conclure

sur le devenir et la nécessité de préserver les espaces maraîchers dans la planification


urbaine.

 Rôle (fonctions) du maraîchage dans la zone d’étude

Une fonction économique et sociale : offre d’emplois et source de revenu Nous nous
intéressons ici à la fonction économique et sociale ( lutte contre la pauvreté et insertion
socio-économique) de la filière. L’étude a estimé qu’environ 900 personnes (chefs
d’exploitation, pour l’essentiel des chefs de famille) tiraient des revenus de l’activité
de production. Cela représente une part relativement faible de la population de la zone,
de l’ordre de 4 % des ménages17. Cependant, cette activité constitue la principale
source de revenu (voir l’unique) pour la moitié d’entre eux (98 % des revenus pour les
maraîchers périurbains et 46 % pour les « privilégiés ») qui n’ont pas ou peu d’autres
opportunités d’emploi et de revenus (anciens agriculteurs ou petits métiers urbains
avec faibles revenus) et une source de revenu significative pour les maraîchers ruraux
(26 %). Les analyses économiques réalisées montrent que le revenu mensuel moyen
pour les maraîchers périurbains est d’environ 160 000 F CFA (soit plus de 4 fois le
SMIG – 35 000 F CFA/mois) et de 26 000 F CFA pour les « privilégiés ». Pour les
maraîchers ruraux qui produisent essentiellement du piment en hivernage (soit pendant
4 mois), le revenu mensuel moyen durant cette période est d’environ 24 000 F CFA.

Une part importante de ces exploitations (notamment celles qui ont les plus forts
chiffres d’affaires) emploient des « surgas , venant souvent du milieu rural, qui
trouvent dans cette activité une source de revenu pendant la saison sèche avec, semble-

28
t-il, l’objectif de se constituer un petit capital pour démarrer une activité commerciale
(rôle d’insertion économique des jeunes non scolarisés). Le maraîchage fait intervenir
également un nombre important d’intermédiaires et offre ainsi de nombreux emplois
aux urbains. D’après l’enquête ménages, 12 % des femmes font du commerce de détail
de légumes. Ce chiffre paraît élevé par rapport à la population totale de la zone mais
on estime que plus de 800 détaillantes sont concernées. Il s’agit donc d’une activité
importante pour une des couches les plus vulnérables de la population, ayant un faible
capital et peu d’opportunités de revenus.

 Une fonction alimentaire : autoconsommation et approvisionnement de la


ville

Les producteurs maraîchers de la zone jouent un rôle important dans


l’approvisionnement en légumes feuilles de Thiès. Cela s’explique en grande partie par
le fait que la fraîcheur est un critère de qualité majeur pour les légumes-feuilles
(confirmé dans d’autres travaux (Cerdan et al. 1995). Ces produits sont offerts par les
maraîchers périurbains, les maraîchers hors-sol, les maraîchers préservés. Les
producteurs ruraux et les maraîchers « préservés » proposent des légumes-fruits, et
surtout le piment (la zone de Thiès est reconnue pour la qualité du piment), qui
commercialisés dans des circuits longs.

Ces deux circuits sont indépendants sur la majorité du parcours : ils ne se rejoignent
qu’à la fin par l’intermédiaire de certaines détaillantes qui proposent aussi bien des
légumes-fruits que des légumes-feuilles. Toutefois la majorité des détaillantes se
spécialisent dans l’un ou dans l’autre, selon les saisons. Ils sont indépendants mais
complémentaires puisque les légumes fruits viennent majoritairement des Niayes alors
que les légumes-feuilles proviennent exclusivement de notre zone d’étude.

Les producteurs urbains et péri-urbains se sont donc spécialisés dans les produits qui
ont un avantage comparatif par rapport à ceux de la zone des Niayes. Plus de 90 % des
ménagères considèrent qu’il est important que des produits maraîchers soient cultivés
près de chez elles. C’est avant tout la proximité géographique et ses avantages
(fraîcheur, accès rapide) qui sont recherchés. Plus de 3 ménagères sur 4 veulent des

29
champs maraîchers en ville. Les principales raisons évoquées sont la proximité (29 %),
la disponibilité (22 %) et dans une moindre mesure la fraîcheur (7 %) et la création
d’emploi (5 %).

Une fonction d’aménagement du cadre de vie non évoquée Cette fonction évoquée
dans diverses publications dont un article récent (Temple et al. 2004), ne semble pas
du tout concerner le maraîchage dans la ville de Thiès. La préservation de ces espaces
est souhaitée par la plupart des ménagères mais elles n’évoquent pas cet aspect.
Cependant pour les élus, cette fonction pourrait être prise en compte pour limiter la
densité du bâti et valoriser des espaces difficilement constructibles (anciennes
carrières, bas-fond).

 Capacités d’adaptation aux contraintes et opportunités de la ville

Une part importante des maraîchers ont orienté leurs activités vers des produits
demandés par les consommateurs urbains pour lesquels ils ont des avantages
comparatifs par rapport à ceux de la grande zone de production maraîchère du Sénégal,
non loin de Thiès (les Niayes). Les maraîchers ruraux quant à eux maintiennent une
activité de production de piment qui correspond également à une demande urbaine
plus éloignée (Dakar et autres villes secondaires) et pour laquelle cette zone est
réputée. On peut donc conclure que les maraîchers ont su profiter de l’opportunité de
la présence de la ville en tant que marché de consommation alimentaire. Concernant
les contraintes et notamment la pression foncière liée à l’expansion urbaine, dans le
long terme, les maraîchers hors sol sont les seuls à être faiblement menacés par
l’expansion de la ville. Ce type de maraîchage se développe déjà dans un contexte de
forte pression foncière. Il est très sécurisé car les tables sont installées à l’intérieur
même des concessions. Le volume de production et les revenus sont cependant faibles
et le devenir incertain (pérennité des dispositifs d’appui, de l’approvisionnement en
intrants, …).

30
Conclusion :
Les éléments qui militent en faveur de la préservation de ces espaces dans l’espace
urbain et périurbain renvoient avant tout à la fonction économique et sociale du
maraîchage dans la zone (emplois et revenus pour des couches de populations les plus
vulnérables). Ce sont des arguments auxquels la commune semble sensible puisqu’elle
affiche une volonté d’aménager ces espaces (carrière et bas-fonds) pour des questions
de lutte contre la pauvreté mais en confinant ces activités à des espaces difficilement
constructibles. Le fait de mettre à disposition des données plus précises sur la
localisation et le rôle des activités maraîchères permettraient donc à la commune de
mieux évaluer l’importance économique mais également de prendre conscience que les
citadins (ou en tous les cas les ménagères) sont favorables au maintien de ces espaces
maraîchers à proximité ou dans la ville pour fournir des légumes feuilles de qualité, ce
qui constitue un argument supplémentaire et peut être un moyen pour les acteurs de la
filière de « faire pression » sur les élus pour qu’ils concrétisent leurs objectifs
d’aménagement de ces espaces. Nous avons vu que la dimension foncière mais
également les aspects environnementaux étaient aussi importants et nécessitaient des
collaborations avec les autres volets du programme.

Le fait que l’étude conclue à la préservation de espaces maraîchers périurbains et


urbains essentiellement en raison de leur fonction économique et sociale (en tous les
cas du point de vue des acteurs interrogés) posent la question de leur devenir quand la
pression foncière s’accentuera et que les activités urbaines se développeront. Les
maraîchers actuels ne chercheront-ils pas à s’insérer dans les activités urbaines ? La
demande en parcelles d’habitation ne poussera-t-elle pas la commune à récupérer les
zones maraîchères ? La fonction alimentaire pourrait ne pas suffire à justifier le
maintien de ces espaces car on peut penser que si les infrastructures et les moyens de
transport s’améliorent, il sera possible de produire ces légumes dans un espace plus
éloigné de la ville. Ces questions amènent à formuler deux autres questions. Comment
anticiper sur la demande en parcelles d’habitation ? La réponse se trouve peut-être
dans les conflits actuels entre la commune et la communauté rurale, cette dernière
revendiquant son « droit » à aménager des espaces pour recevoir les urbains. Si la

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commune accepte que des parcelles soient aménagées dans la communauté rurale, la
pression sur l’espace communal sera réduite (lien à faire avec les travaux et restitution
du volet1 du programme sur l’analyse des dynamiques foncières). Une autre solution a
été évoquée lors des enquêtes : le déclassement de la forêt à l’Ouest de Thiès qui
permettrait de préserver les espaces agricoles à l’Ouest . Cette forêt est en effet très
dégradée et les sols seraient de moins bonnes qualité que ceux des espaces maraîchers
actuels.

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