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Dès l'exorde de son discours, le ministre des affaires étrangères français rappelle la nécessité de
maintenir l'unité du conseil de sécurité de l'ONU. En effet, le 8 novembre 2002 était adoptée la
résolution 1441 sur le désarmement de l'Irak, résolution visant à un désarmement du pays par la
voie des inspections : des rapporteurs de l'ONU sont envoyés sur place pour contrôler la présence
d'armes chimiques, nucléaires, bactériologiques, et leurs quantités, ainsi que la bonne coopération
du gouvernement de Saddam Hussein.
Peu avant le début du discours de Dominique de Villepin, deux rapporteurs de l'ONU ont rendu
compte de l'absence actuelle de preuves quant à la présence de ces armes, et des efforts faits par le
gouvernement irakien, ayant remis tous les documents demandés par l'ONU, créé des commissions
d'investigation, fourni des rapports balistiques et liés aux armes chimiques, de même pour les
recherches nucléaires en cours. Le ministre français rappelle donc de manière exhaustive la liste de
ces efforts fournis par l'Irak, qui a aussi accepté le survol de son territoire, l'interrogatoire de
scientifiques sans témoins, et enfin la mise en place d'un projet de loi prohibant toute fabrication
d'armes de destruction massive.
Dominique de Villepin n'oublie pas de rassurer les Américains en rappelant que Saddam Hussein est
un dictateur auquel il n'accorde nul soutien, d'où la nécessité future de vérification et de
confirmation de cette bonne volonté de l'Irak.
D’autre part, Dominique de Villepin rebondit sur le discours de Donald Rumsfeld du 23 janvier
qui avait qualifié la France et l'Allemagne de "Vieille Europe" qui n'aurait plus le poids géopolitique
qu'on lui attribue habituellement : le ministre français s’empare de cette formule, et la retourne
contre les Etats-Unis. La France est effectivement un vieux pays ayant connu nombre de conflits
ouverts au cours de son histoire, l'occupation, la libération et qui sait donc que la guerre doit être
considéré comme l'ultime recours, quelle que soit la situation.
Ainsi, nous avons donc montré ici comment le ministre des affaires étrangères Dominique de
Villepin positionnait ici sa solution comme étant la plus judicieuse par rapport au recours à la force,
en exposant tous les avantages des inspections menées suite à la résolution 1441 adoptée par le
conseil de sécurité de l’ONU, la nécessité de maintenir une unité entre pays membres du conseil de
sécurité, et enfin en exposant toutes les conséquences que pourrait engendrer une guerre hâtive
décidée par le gouvernement américain.
Brillant par sa rhétorique et la qualité de son discours, le ministre français est applaudi au terme
de celui-ci par les ambassadeurs non-membres du conseil de sécurité de l'ONU, l’un d’entre eux
déclarant : "Aujourd'hui la France a parlé en notre nom à tous, et nous l'avons fait savoir aux
Américains."
Pourtant, un mois plus tard, le 17 mars, contre l’avis du conseil de sécurité de l’ONU, le président
américain Georges W.Bush lance un ultimatum au chef d'état irakien Saddam Hussein en lui
exhortant de quitter, avec ses fils, le commandement du pays. Dès le 19 mars, les États-Unis
envahissent le pays avec le soutien de l'Angleterre. Le conflit provoquera plus d'un million de morts
selon certains spécialistes, et Colin Powell avouera dix ans plus tard avoir menti quant à la présence
d'armes de destruction massive en Irak dans le but de justifier l'intervention militaire américaine.