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Montaubin
Abstract
Literary criticism took a variable place in the daily newspapers of the XIXth century. At the opposite of the dramatic «feuilleton», it
did not have a regular periodicity and it was spread about several columns (bibliography, «feuilleton», miscellanies, «nouvelles à
la main», etc.) and signed by different persons. In fact, the critical text is built in the meeting of pieces, day after day, page after
page, depending on the time and the daily newspapers. The changes in the newspapers at the end of the century and the birth of
literary interview deeply altered its statute. Quite entirely pushed away from daily newspapers, criticism found a new place in
reviews or in supplements created by the press. This specialisation allowed it to become an autonomous genre. But the
disappearance of critical writings weakened the vocation of daily newspapers as it had been defined during the century, when
literary criticism and democracy were linked together.
Résumé
La place et l'importance de la critique littéraire ont considérablement varié dans la presse quotidienne du XIXe siècle. Au
contraire du «feuilleton» dramatique, elle ne bénéficie pas d'une périodicité régulière, était disséminée dans plusieurs rubriques
(«bibliographie», «feuilleton», «variétés», «nouvelles à la main», etc.) et n'avait pas un signataire attitré. En fait, la «critique»
journalistique était la réunion aléatoire de textes hétéroclites, différents selon les jours, selon les pages et selon les époques
aussi bien que selon les journaux. Les transformations de la presse à la fin du XIXe siècle et la naissance de l'interview littéraire
ont profondément modifié son statut. Chassée des quotidiens, la critique a trouvé asile dans les revues et dans les suppléments
littéraires des journaux. Cette spécialisation lui a permis de devenir un genre autonome. Mais la disparition d'articles de critique
marquait un renoncement à la vocation qui fut celle des journaux pendant tout le siècle, lorsque critique littéraire et démocratie
allaient de pair.
Melmoux-Montaubin Marie-Françoise. Autopsie d'un décès. La critique dans la presse quotidienne de 1836 à 1891. In:
Romantisme, 2003, n°121. pp. 9-22.
doi : 10.3406/roman.2003.1198
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/roman_0048-8593_2003_num_33_121_1198
Marie- Françoise MELMOUX-MONTA UBIN
1. Ces bornes correspondent à deux dates essentielles dans l'histoire de la critique et de la presse au
XIXe siècle: le lancement de La Presse de Girardin en 1836 réserve à la littérature une place privilégiée en
«inventant» le feuilleton; «L'Enquête sur l'évolution littéraire» de Jules Huret en 1891 fait entrer le trait
ement de la question littéraire dans une ère nouvelle.
2. Marie-Eve Thérenty et Alain Vaillant, 1836, L'An I de l'ère médiatique. Analyse littéraire et historique
de La Presse de Girardin, Nouveau Monde éditions, 2001, p. 248.
3. La critique destinée aux revues n'a pas grand chose à voir avec la critique du quotidien. Comme
l'écrit très justement Barbey d'Aurevilly, les revues, par leur «gravité» et leurs «développements»,
«touchent au livre» («Notre critique et la leur», Le Réveil, le 2 janvier 1858, repris dans Les Œuvres et les
Hommes, Critiques diverses, Lemerre, 1909, p. 83). Les deux approches doivent donc être distinguées. C'est
la critique dans la grande presse qui va retenir ici mon attention.
4. Sur la forme que prend la critique, voir les développements plus détaillés dans Marie-Françoise
Melmoux-Montaubin^ «"Contes de lettres" et écriture de soi. La critique littéraire dans la presse du xixe
siècle», dans Marie-Eve Thérenty et Alain Vaillant (éd.), Presse et plumes. Journalisme et littérature au
XIXe siècle, Nouveau Monde éditions, 2003 [sous presse].
bien cette investigation; c'est évidemment difficile. Aussi cette étude repose-t-elle sur
des sondages portant sur différents quotidiens qui couvrent la totalité du siècle 5.
critique joue au poète u. Dotée d'une excellente visibilité, la critique dramatique const
itue pour la critique littéraire un modèle envié, mais inaccessible: «[...] j'ai en face
de moi, je crois, une idée bonne que je vais expliquer en deux mots. / On donne, une
fois par semaine, dans les grands journaux, un feuilleton dit du lundi, qui tient le
public au courant du mouvement dramatique. Eh bien, ce que l'on fait pour le théâtre,
je voudrais le faire pour le roman» 12.
Dispersée sous plusieurs rubriques, la critique littéraire bénéficie rarement d'un jour
précis 13, mais se déplace au gré des nouvelles à insérer. Moins facile à identifier, elle
alterne avec les variétés politiques, le commentaire de revues médicales, la semaine
scientifique ou musicale. En troisième ou quatrième page, désignée par cette position
comme un élément subsidiaire voire, quand elle se trouve en dernière page, comme un
appendice publicitaire, la «bibliographie» a pour tâche de présenter un livre en quelques
lignes. Toujours brève, généralement non signée, encore qu'elle soit parfois confiée à
des écrivains 14, elle voisine le plus souvent avec le «Cours de la bourse» ou les
«Nouvelles maritimes», moins bien lotie par exemple que les faits divers et la chronique
des tribunaux. Consacrée aux publications du jour, elle remplit une fonction essentiell
ement publicitaire. Certains le déplorent - mais ils ne sont qu'une minorité l5 -; la valeur
«commerciale» de la rubrique est généralement admise: «la bibliographie n'a pas tou
jours la même mission à remplir, le même service à rendre; son rôle varie suivant la
nature des travaux qu'elle examine, mais encore suivant l'époque où elle intervient.
S'agit-il d'un livre nouveau, elle peut inaugurer une réputation, hâter une seconde édi
tion. Alors l'éloge ou le blâme agissent sur le public et sur l'auteur; alors la critique est
décisive [...] Vienne le jour d'une bibliographie tardive, celle-ci se borne à constater ce
qui est, à savoir la force, le talent, le succès auquel elle n'a pas aidé» l6. Bibliographe, le
critique compte au nombre des «publicistes»; il est un maillon de la chaîne qui unit la
presse aux maisons d'édition, les directeurs de journaux aux industriels.
Plus prestigieux, le «feuilleton littéraire» participe au découpage horizontal de la
page du journal qui distingue deux espaces: celui de l'information et celui de la
11. Voir par exemple «La Semaine dramatique» du 12 juillet 1858, consacrée aux Sonnets humouristi-
ques de Joséphin Soulary. Le propos se compose de 39 quatrains versifiés. Le 2 août de la même année,
«La Semaine dramatique» de Janin mélange critique dramatique et critique littéraire; Janin y considère
«Théâtre italien musico-français: Le Bourgeois gentilhomme, comédie-ballet en 5 actes par M. de Molière,
musique de M. Lully; Les Campagnes du Marquis d'O, comédie en deux actes, en prose; et Le Clos
Pommier, joli petit roman en un tome in-18, par M. Amédée Achard».
12. Jules Vallès, «Les Romans nouveaux», Le Progrès de Lyon, le 14 février 1864 (repris dans Jules
Vallès, Œuvres, 1. 1, 1857-1870, texte établi, présenté et annoté par Roger Bellet, Gallimard, coll.
«Bibliothèque de la Pléiade», 1975, p. 323-324).
13. Les «Causeries du lundi» de Sainte-Beuve sont un contre-exemple; tous les critiques contemporains
rêvèrent de bénéficier du même traitement.
14. Barbey d'Aurevilly assura ainsi la «bibliographie» au Pays à partir de 1852. Il faut attendre 1856
pour qu'il y obtienne une publication sous forme de feuilleton. Encore reste-t-elle irrégulière.
15. Barbey d'Aurevilly par exemple s'élevait dans un article écrit pour Le Pays en 1857 contre les
conditions de rédaction de la rubrique bibliographique: «Nous voudrions parler de quelques livres avec
lesquels nous sommes en retard. [...] Malheureusement, un bulletin bibliographique ne se fait pas unique
mentavec du libre arbitre et de l'intelligence; il doit subir l'ordre ou le désordre des publications de chaque
jour. Il faut qu'elles viennent comme elles peuvent s'entasser et se presser dans ce cadre étroit, kaléidoscope
sans éclat et sans variété de sottises et de choses médiocres ! Il est des badauds ou des railleurs qui appellent
cela donner une idée de la marche de l'esprit humain.» On ne s'étonnera pas que le quotidien ait refusé cet
article. Il n'a été publié que des années plus tard, sous le titre «Emile Augier, Louis Bouilhet, Reboul»,
dans Poésies et poètes. Les Œuvres et les Hommes. Troisième série, Lemerre, 1906, p. 83-84.
16. Docteur Michel Lévy, «Bibliographie», Le Journal des Débats, le 12 juillet 1858. La notice porte
sur «Le Traité de médecine opératoire, bandages et appareils par le docteur Charles Sédillot».
«culture», marqué par les prétentions littéraires. Cette bipartition qui se perpétue jus
qu'à la fin du siècle joue un rôle décisif dans l'autonomisation de la presse: délimitant
l'espace du littéraire, elle le circonscrit par là même et libère le «haut» du journal des
exigences de littérarité. Il faudra certes attendre des années pour que cette libération
soit effective; mais elle est en germe déjà dans cette partition de l'espace quotidien.
Le feuilleton apparaît ainsi comme le lieu de la confusion. Tantôt littéraire à propre
mentparler, quand il prend la forme du «feuilleton-roman», il flirte avec le littéraire
quand il propose de la critique. Sans doute est-ce l'une des raisons pour lesquelles il
est, comme le feuilleton dramatique, le plus souvent signé, la signature équivalant à la
reconnaissance d'une sorte de propriété littéraire 17. Mais s'il est présenté comme
«littéraire», il est fréquent pourtant que le feuilleton se dégage des considérations
esthétiques ou formelles: les livres commentés ne relèvent pas nécessairement de la
littérature, tant s'en faut; quand même ils s'y inscrivent, le feuilletoniste privilégie
souvent d'autres types d'approche et préfère aux questions de forme ou à l'évocation
d'un style un bref rappel de l'anecdote, sous forme de «causeries» 18 soutenues de
commentaires historiques ou moraux19. Cette indifférence au «littéraire» est accrue par
l'absence de régularité du feuilleton, le plus souvent partagé entre diverses plumes.
Cet éclatement pourrait être signe d'ouverture et marquer l'engagement d'un quotidien
soucieux de préserver son indépendance face aux coteries et désireux de fournir une
information «objective». Il manifeste surtout la volonté de tenir le critique en respect:
la correspondance de Barbey d'Aurevilly20 ou le journal intime de Léon Bloy 21 mon-
17. La reconnaissance d'une forme de propriété littéraire s'accompagne de l'affirmation de la responsab
ilité du feuilletoniste ou critique. C'est ainsi que le rédacteur en chef de L'Événement, en 1891, se
désolidarise d'un de ses critiques à propos d'un article de page 1 publié sous le titre «Paul Verlaine» et
précise en note de bas de page: «Cet article, consacré par M. Pierre Dufay au poète des Fêtes galantes,
déborde d'un enthousiasme tel qu'au moment de le publier, nous croyons devoir informer nos lecteurs que,
fidèle à sa tradition d'hospitalité littéraire, L'Événement l'a accueilli sans accepter aucune solidarité avec les
vues et les critiques de l'auteur.»
18. «Causerie» est très vite devenu le terme consacré pour évoquer le style du feuilleton. Employé par
Sainte-Beuve dès son premier article de la Revue de Paris en avril 1829 («Ce sera assez pour nous de
causer librement de Boileau», texte cité dans Portraits littéraires, Gérald Antoine (éd.), Laffont, coll.
«Bouquins», 1993, p. 6), il servit ensuite pour désigner ses «Causeries du lundi» dans le Constitutionnel.
Le terme prévaut encore à la toute fin du siècle. Anatole France présente ainsi les textes de La Vie littéraire,
t. II, Calmann-Lévy, s.d., p. i: «Le public lettré a accueilli la première série de ces Causeries avec une
bienveillance qui m'honore et me touche». On pourrait citer encore le mot légèrement décalé de Barbey sur
Janin, dans «Jules Janin», ouvr. cité, p. 141: «Aux Débats, ils voulaient un jugeur, ce fut un jaseur qu'ils
obtinrent. Mais de quelle amusante et étincellante jaserie ! »
19. Le propos est parfois explicite, comme dans le feuilleton de Rigault du Journal des Débats le 22
juillet 1858. Rigault s'intéresse à «La Société française du dix-septième siècle d'après Le Grand Cyrus de
Mademoiselle de Scudéry par M. Cousin; Mme de Montmorency, mœurs et caractères au dix-septième
siècle par M. Amédée Renée». Il précise, p. 1: «Plus tard, je l'espère, je pourrai revenir sur ces deux
ouvrages pour les étudier en détail au point de vue historique et littéraire. Aujourd'hui, je ne veux considér
er ces peintures du dix-septième siècle que par le côté des sentiments, des affections de la vie privée et des
mœurs de cette grande époque qu'il faut admirer.»
20. On lit par exemple dans la lettre à Trebutien du 27 février 1856 à propos de la collaboration critique
de Barbey au Pays: «on me refuse des articles, on me les coupe, on met une forêt de bâtons dans mes
roues, on me prodigue tous les dégoûts, toutes les tracasseries, toutes les indignités. J'avais d'abord quatre
articles par mois [...] - de ces quatre articles, on en a fait deux» (dans Barbey d'Aurevilly, Correspondance
générale, t. V (1856), Philippe Berthier et Andrée Hirschi (coord.), Besançon, Annales littéraires de l'Uni
versité de Besançon, 316, 1985, p. 54-55).
21. Voir par exemple dans le Journal inédit, 1. 1 (1892-1895), Michel Malicet et Pierre Glaudes (dir.),
Lausanne, L'Age d'Homme, 1996, le 18 décembre 1892, p. 272: «Ce matin, j'ai la surprise de ne pas
trouver mon article. L'immensité de celui de Leblanc m'a fait renvoyer à demain». On lit de même le 9
novembre 1892, ouvr. cité, p. 248: «Le Gil Bias n'annonce pas mon article. Je crains de perdre une
semaine»; ou le 1er janvier 1893, ouvr. cité, p. 283: «Réveil triste. L'angoisse la plus cruelle me serre le
cœur. [...] Le Gil Bias ne m'annonce pas.»
pourtant qu'un même critique passe du feuilleton aux «Variétés» ou inversement, par
fois dans le même journal ; est-ce alors le feuilleton qui perd son charme de causerie
ou la variété qui dépouille sa gravité26? Le transfert d'une rubrique à l'autre marque le
caractère fluctuant des frontières de la critique. Le poste de rédacteur de «Variétés»
n'est d'ailleurs pas davantage fixe que celui de feuilletoniste littéraire: privée de
l'assurance d'un retour régulier, la critique de «Variétés» n'a pas les moyens de se
construire sur la durée 27.
«Bibliographie», feuilleton28 et «variétés» n'épuisent pas la part de la critique li
t éraire, encore qu'ils en constituent les catégories les plus stables. D'autres rubriques
présentent à l'occasion des morceaux critiques, mêlés aux considérations les plus
hétéroclites, en une démarche contraire à celle du feuilleton: quand ce dernier distin
guesoigneusement le littéraire du reste des informations que dispense le journal 29, ces
rubriques mixtes tendent à confondre les nouvelles du monde et celles des belles let
tres, comme si le compte rendu de la fiction et celui du réel participaient de la même
recherche. Sous le titre de «Nouvelles diverses», L'Impartial du 14 juillet 1833 mêle
ainsi des propositions de type bibliographique, la présentation de «l'un des plus beaux
monuments scientifiques et littéraires de ce siècle» et l'annonce de la mort du tapir
que le gouvernement avait acheté à grands frais pour le Jardin des Plantes30. L'impli
cationcritique est également fréquente dans les «Nouvelles à la main» du Figaro711 ou
dans les «Commérages» du Voltaire712. Les «Instantanés» du même journal offrent une
variation presque quotidienne sur l'activité critique et présentent des portraits d'écri-
26. J. Habans dans la «Semaine littéraire» du Figaro du 3 janvier 1858 ironise sur le contre-emploi du
«savant universitaire» et dénonce le passage de Rigault des «Variétés» au «feuilleton»: «l'auteur remarqué de La
Querelle des Anciens et des Modernes, le professeur applaudi, l'écrivain brillant et spirituel auquel nous devons
des critiques incisives, des notices substantielles, des articles érudits, s'est mis comme tout le monde à pépier à
propos de tout et de rien. Ses réflexions morales touchant le théâtre contemporain sont mortes du spleen, les
malheureuses! et sur leur tombe des esprits mal intentionnés ont écrit: ci-gît l'esprit de M. Rigault.» (p. 3). Il est
vrai que cette année-là, les textes de Rigault sont placés tantôt dans la rubrique «Variétés» (les 4, 6 et 14 juillet
par exemple), tantôt dans le feuilleton (par exemple les 8 et 22 juillet). Le critique est donc publié sous des
rubriques diverses et sans périodicité fixe, à des jours variables. Difficile dans ce contexte de s'y reconnaître.
27. Barbey d'Aurevilly a été l'un des premiers à mettre explicitement le doigt sur cette faiblesse.
«Notre critique et la leur», article d'une perspicacité exceptionnelle, souligne ainsi les bornes qui s'imposent à
l'auteur de «Variétés»: «Eh bien, dans cette spécialité des journaux qu'on appelle le compte rendu littéraire,
le mal est plus grand qu'au feuilleton même! Au feuilleton, nous l'avons déjà dit, la critique n'est pas. Ici,
elle n'est pas davantage. De plus, nous avons l'anarchie. L'examen littéraire se partageant entre plusieurs
plumes, dans ce cantonnement mobile de la Variété qui devrait être une forteresse et qui n'est qu'une place
publique, nous avons, sur le talent des mêmes hommes et la tendance et la portée des mêmes ouvrages, les
appréciations les plus contradictoires. Où l'un a blâmé, l'autre a admiré. C'est le sic et non perpétuel, mais
l'Abélard, c'est le journal, auquel on retranche sa dignité» («Notre critique et la leur», ouvr. cité, p. 89).
28. Nous gardons le terme générique de «feuilleton», quel que soit le titre sous lequel le texte paraît; ce
peut être aussi bien «Semaine littéraire», comme par exemple dans Le Figaro. L'important est que le texte se
trouve au rez-de-chaussée du journal et participe de cette séparation horizontale de la page évoquée plus haut.
29. Il arrive pourtant que le feuilleton adopte lui aussi une structure mixte, qui mêle le commentaire
littéraire aux considérations sur la vie quotidienne ou au récit de faits divers; mais c'est surtout vrai au
début du siècle, quand les structures du feuilleton ne sont pas encore totalement fixées. L'Impartial du 8
juillet 1834 présente ainsi sous le titre de «Feuilleton. Littérature»: «La Dame en noir de Doona, roman
historique, traduit de l'anglais de Sir Maxvell par Paquis, par Ch. de B.»; le feuilleton se déploie sur le rez-
de-chaussée de deux pages; en fin de seconde page, une rubrique «Modes», collée au commentaire du
roman, insiste sur les précautions que doivent prendre les femmes pour goûter les plaisirs de la pêche.
30. L'Impartial, «Nouvelles diverses», le 14 juillet 1833.
31. Voir par exemple Le Figaro, le 3 janvier 1858; les «Nouvelles à la main», texte composite, com
prend entre autres un bref développement consacré à Lamartine.
32. Le Voltaire, en 1888 par exemple, propose en première page une rubrique légère, intitulée
«Commérages». Cette rubrique comporte fréquemment des morceaux de critique littéraire.
vains. Dans tous les cas, le tissu du journal est extrêmement serré et les diverses
approches se répondent et se complètent page après page. Les «Instantanés» peuvent —
et doivent - se lire comme une série. En janvier 1888, Le Voltaire propose ainsi des
portraits de Maupassant, Dumas, Gyp, Flourens..., tous signés «Collodion». Mais ces
«Instantanés» tirent leur saveur de la confrontation avec le reste du journal. Le merc
redi 11 janvier 1888 par exemple, la rubrique «Commérages» se penche sur le statut
des nègres littéraires : la mort de Marquet, qui fournissait à Dumas les renseignements
historiques indispensables à son œuvre sert de prétexte à cette étude signée «Candide».
Le lendemain, L. Serizier consacre un long article de première page, sur plusieurs
colonnes, à la collaboration littéraire, comme «une des formes de l'exploitation, de
l'usure et du trafic». Le samedi suivant, l'instantané de Collodion présente sans surprise
Alexandre Dumas. Jour après jour, le quotidien construit une réflexion sur la
«collaboration littéraire»: le texte bref et «facile» de l'« Instantané» ou du «Commérage»
vaut comme pièce d'un ensemble. La spécificité de la critique quotidienne réside pré
cisément dans cette composition en réseau, chaque texte étant conçu comme fragment
d'un ensemble qui se découvre selon les cas jour après jour ou page après page33.
Débats, se donne pour mission d'étudier Racine44, comme Barbey rend compte dans le
Nain jaune du 2 décembre 1866 de «L'Œuvre de M. Léon Gozlan»45. Ces propos de
plus vaste envergure se déploient pourtant de préférence dans la revue. L'approche
générique est également peu pratiquée. Si les interrogations sur la critique même sont
assez fréquentes et remarquablement précoces 46, la réflexion sur les autres genres reste
jusqu'à la fin du siècle un phénomène remarquable 47. «L'Enquête sur l'évolution
littéraire» de Jules Huret constitue à cet égard un tournant décisif. Sur son modèle, de
nombreux journaux vont désormais publier des enquêtes, consacrées pour la plupart à
l'étude du genre romanesque et à ses avatars48; mais ces enquêtes constituent une
forme nouvelle, puisque la parole y est donnée à des écrivains, tandis que le
«critique» endosse la posture de l'interviewer.
on ne l'accuse pas d'être eunuque52, il est désigné à la vindicte comme prostitué. Après
le provocant article de Latouche sur «La Camaraderie littéraire» 53, nombreux sont les
critiques mêmes qui reprennent cette accusation. Gustave Planche l'évoque dans son
vaste tableau des différents types de critique: la «critique marchande»54 et «la critique
écolière» 55 sont placées aux deux extrémités de la présentation des différents types de
critique. Chacun admet que la critique sous toutes ses formes, éventuellement indifférente
aux lettres, participe au mouvement économique: «Un livre se lance aujourd'hui comme
un quinquina, tel écrivain et Dubonnet ne sont que de bonnes marques.» 56
Dans ce contexte, la tentation est grande pour le critique de montrer que son œuvre
ne se résume pas à la production d'un encart publicitaire et qu'il est, comme son
confrère écrivain, capable d'« écrire». Critique et littérature se mêlent étroitement, sans
qu'il soit toujours facile de les distinguer. L'un des intérêts du recueil d'articles cons
iste précisément à propulser la critique dans le champ littéraire 57. Dans l'article
même, l'abandon du commentaire au profit du récit et l'adoption d'une écriture
«poétique» manifestent une tentative de «littérarisation»; elle s'accomplit dans des
expériences originales et donne lieu à un travail du fragment, précurseur des recher
cheslittéraires de la toute fin du siècle 58. Sainte-Beuve, Gautier ou France par exemple
cèdent presque toujours dans leurs critiques aux sirènes du récit; mais Barbey lui-
même, pourtant attentif à ne pas mêler les genres, s'y laisse parfois prendre et réécrit
le roman dont il devait parler59, quand même il ne dresse pas «l'auteur du Chevalier
52. Barbey avait ainsi créé le néologisme «nizarder», fondé sur le nom du célèbre critique et présenté
comme synonyme de «châtrer»: «Ils me nizardent, excellent mot que je vous recommande, quand vous
voudrez vous servir du synonyme de châtrer» (Lettre à Yzarn-Freissinet du 20 juillet 1851, dans Correspon
dance générale, ouvr. cité, t. III, p. 79).
53. Henri de Latouche, «La Camaraderie littéraire», Revue de Paris, octobre 1829, t. VIL
54. Gustave Planche, «De la critique française en 1835», ouvr. cité, p. 6: «II y a une critique aujourd'hui
fort à la mode, c'est la critique marchande; elle n'exclut pas le talent, mais elle s'en passe très bien.»
55. Ibid., ouvr. cité, p. 16-17: «Pour se consoler de leurs mécomptes, les poètes d'aujourd'hui ont inventé
une critique à leur usage [...] qui accompagne chacun de leurs pas d'un chant de triomphe; c'est la critique
écolière [...]. La critique écolière n'a qu'une loi, mais une loi inexorable: proclamer à toute heure, en tout lieu,
à tout venant, la beauté souveraine de l'œuvre du maître. [...] Un jour le grand homme devient Dieu, le
disciple monte au rang d'apôtre. Pour compléter l'apothéose, il faut abolir le polythéisme; pour assurer l'av
ènement de la religion nouvelle, il faut déclarer impies les autels qui sont encore debout. » Latouche dans son
article sur «La Camaraderie littéraire» utilisait le même type de termes: «Que si vous n'étiez pas doué à un
très-haut degré de la faculté d'applaudir en face, d'atteindre à l'exaltation d'un enthousiasme à bout portant, de
guinder votre ivresse au degré qui produit l'extase, nous ne vous conseillerions pas d'aborder jamais cette
réunion qui [...] s'appelle modestement un Cénacle et trouve dans son sein ses martyrs et ses divinités.»
56. Maurice Le Blond, «Le Journal littéraire. À M. José-Maria de Heredia», Revue naturiste, juillet 1900,
p. 35. Le critique conclut: «Aussi les directeurs de journaux considèrent-ils un livre comme une denrée comm
erciale. Cela regarde le service de la publicité, et on traite directement avec l'administration.» (loc. cit.)
57. L'une des manifestations les plus évidentes du changement de statut du texte qui accompagne la
mise en recueil réside dans la modification du pacte de lecture, bien mise en évidence par Hippolithe
Rigault («Variétés», le 4 juillet 1858, article cité): «Les lecteurs du journal qui supposent la plupart que les
journalistes écrivent à tire d'aile, se croiraient un peu dupes, s'ils ne lisaient à la volée. Leurs yeux glissent
sur les phrases et le meilleur du style leur échappe, le plus délicat, le plus fin. Le livre, avec son air
majestueux, commande plus d'attention!»
58. Sur cette question, voir Marie-Françoise Melmoux-Montaubin, «"Contes de lettres" et écriture de
soi», article cité.
59. Barbey d'Aurevilly, «La Vengeance de Mme Maubrel, par X. Aubryet», Le Constitutionnel, le 26 mai
1873 (repris dans «Xavier Aubryet et Albéric Second», Romanciers d'hier et d' avant-hier, Les Œuvres et les
Hommes, Lemerre, 1904, p. 261-263): «La Vengeance de Madame Maubrell Ce n'est même pas une vengeance
du tout que cette prétendue vengeance, qui m'avait fait tout d'abord me pourlécher les lèvres comme un vampire
mis en appétit. [. ..] Et moi, je faisais mieux que d'espérer, je voyais poindre la vengeance que j'avais rêvée, et
le détail de cette vengeance sur laquelle je comptais aurait été tout à la fois délicieux, cruel et sublime. . . ».
60. Barbey d'Aurevilly, «Le Chevalier de Kéramour par Paul Féval», Le Constitutionnel, le 2 mars
1874 (repris dans «Paul Féval», Romanciers d'hier et d 'avant-hier ; ouvr. cité, p. 134): «Voilà ce que
l'auteur du Chevalier des Touches avait à dire à l'auteur du Chevalier de Kéramour]».
61. Anatole France, «A M. Adrien Hébrard, sénateur, directeur du Temps», lettre dédicace de La Vie
littéraire, 1. 1, Calmann-Lévy, s.d., p. V.
62. Adolphe Retté, réponse à l'«Enquête sur la presse», Revue naturiste, mars 1900, p. 241: «Et pourt
ant, malgré tous ces vices, grâce à la liberté presque illimitée de la Presse [...]. un peu de beau langage,
quelques hautes pensées parviennent à surnager parmi cet océan de mauvais français, de niaiseries dange
reuses et de déclamations vides où barbotent la majorité des journaux. » Retté évoque précisément les arti
cles d'Anatole France.
63. Barbey d'Aurevilly, «Lettre à Trebutien, le 19 avril 1853», dans Correspondance générale, t. III,
ouvr. cité, p. 205: «Le journalisme pour moi, vous le savez, c'est la vie, c'est les mémoires acquittés du
tailleur et du bottier».
64. Albert Fleury, réponse à 1' «Enquête sur la presse», Revue naturiste, mars 1900, ouvr. cité, p. 223-224.
65. Maurice Le Blond, «Le Journal littéraire», ouvr. cité, p. 27.
66. Cet article, dont on n'a pas retrouvé la publication dans la presse et dont on ignore de ce fait la date
exacte a été repris dans «Sainte-Beuve», Les Critiques ou les Juges jugés, ouvr. cité, p. 66: «L'article de
journal est devenu la grande chose de cette petite, - la littérature du XIXe siècle. L'article de journal a
remplacé le livre».
Critique et démocratie
La place accordée à la critique littéraire par le quotidien participe d'un processus
démocratique inscrit au cœur de la vocation du journal. À la fin du siècle encore, une
vaste et passionnante enquête rétrospective revient sur la mission de la presse et sa
fonction d'enseignement et de formation 67. Il ne s'agit pas tant d'instruire, que de
guider les goûts, former les esprits. Le feuilleton, dans sa légèreté même, a son rôle à
jouer, comme le souligne sur un mode plaisant la critique du «Feuilletonisme» dans
L'Impartial de 1833: «Après cela, faites donc des feuilletons! Mais ne faut-il pas
alimenter ce besoin dévorant de lecture qui se fait sentir dans toutes les classes de la
société [...] Il Décidément, un feuilleton est une providence, le feuilletonisme une
religion et le feuilletoniste un apôtre chargé de la plus belle mission envers la
société.»68 Le choix de parler à «toutes les classes de la société» légitime si nécessaire
l'adoption d'un ton susceptible de séduire et d'entraîner tant les «abonnés oisifs,
blasés» 69 et bourgeois que les couches supérieures des classes populaires, également
insensibles a priori au mouvement littéraire.
Ce projet est explicitement pris en charge par un certain nombre d'écrivains, le
plus souvent hommes «de gauche». C'est le cas par exemple de Jules Vallès ou
d'Octave Mirbeau. On ne saurait nier le poids des circonstances: il est certain que
Vallès n'a pas «choisi» à proprement parler d'écrire de la critique pour Le Progrès de
Lyon en 1864, mais s'est contenté de se rallier à une proposition qui lui était faite.
C'est pourtant pour un quotidien, provincial qui plus est, qu'il se lance dans son uni
que expérience de critique littéraire et s'efforce d'adapter sa plume au public du jour
nal. Ses premiers articles définissent ainsi une posture critique paradoxale, Vallès se
posant en «naïf» parmi les naïfs 70 et se défendant d'être plus que d'autres au fait des
questions littéraires: le refus de parler seulement à ceux «du bâtiment» 71 est au principe
de ses choix. S'il s'attache en priorité aux romans de l'année, c'est parce que le genre
est «moderne», en prise sur le quotidien, et plus facile d'accès que ne le serait la
poésie : le privilège accordé au roman vaut comme geste esthétique et démocratique 72.
La même préoccupation est à la base de la pratique critique de Mirbeau. On peut
admettre que le jeune critique n'ait guère eu la possibilité de faire la fine bouche et se
soit contenté des quotidiens qui voulaient bien lui ouvrir leurs colonnes. Mais à partir
de la publication de Sébastien Roch, plus encore après l'Affaire Dreyfus, Mirbeau fait
67. Il s'agit de «L'Enquête sur la presse», diligentée par la Revue naturiste en mars 1900. Un grand
nombre d'écrivains et de journalistes de renom (Paul Alexis, Saint-Georges de Bouhélier, Paul Brulat,
Albert Fleury, Adolphe Retté...) sont interrogés pour savoir si la presse remplit convenablement sa mission
d'éducation morale du peuple et s'il faut ou non légiférer pour modifier le cas échéant le fonctionnement de
la presse et la rendre plus propre à assumer sa fonction démocratique.
68. «Du feuilletonisme», L'Impartial, le 6 septembre 1833.
69. Ibid., loc. cit.
70. Jules Vallès, «Les Romans nouveaux», Le Progrès de Lyon, le 14 février 1864, ouvr. cité, p. 323:
«j'ai vu surtout les romanciers [...] courir après le jugement des simples, et chercher, en dehors des feuille
tonsde la critique, ce qu'avait dit leur œuvre à l'âme du lecteur.» Le critique entend ainsi explicitement se
faire l'écho de ce «jugement des simples» et se situer «en dehors des feuilletons de la critique», posture
malgré tout improbable pour un feuilletoniste.
71. Ibid., ouvr. cité, le 12 décembre 1864, p. 455: «II me semble qu'un grain de vérité vaut mieux qu'une
moisson de phrases, et je désire qu'il ne soit pas nécessaire, pour être flatté, ému, de faire partie du bâtiment.»
72. Que cette critique littéraire ait aussi ou d'abord été politique, comme le montre Corinne Samina-
dayar-Perrin («Dire et ne pas dire: Juin 1848 dans la chronique littéraire de Vallès au Progrès de Lyon
1864-1865», Les Amis de Jules Vallès, n° 29, juillet 2000, p. 5-28) ne fait en réalité que confirmer le dis
positif de départ: écrire de la critique littéraire dans un quotidien de province était déjà un geste idéologique.
figure d'autorité. Sollicité par différentes revues, le plus souvent prestigieuses, il n'en
continue pas moins à écrire dans des quotidiens voués à toucher un lectorat plus mêlé,
comme le Figaro13, Le Gaulois14, Le Journal15, L'Écho de Paris16, mais aussi L'Aurore11
par exemple après 1898. Dans ces quotidiens, son œuvre critique voisine avec ses
analyses politiques, les unes venant éclairer l'autre. C'est aussi que la critique littéraire
n'a de signification à ses yeux que pour autant qu'elle ouvre le monde du livre à ceux
qui l'auraient ignoré, qu'elle découvre dans les milieux les moins attendus des esprits
frères qui ne demandaient qu'à se laisser toucher: «J'ai songé qu'il y a tout de même,
quelque part, des inconnus, à qui une telle œuvre donnerait de la joie, et qui m'aimer
aientde la leur révéler, des inconnus, comme il s'en rencontre dans nos âmes, qui
traversent, au loin, sans se faire voir, notre vie, et qui ne sont ni hommes de lettres, ni
peintres, ni gens du monde, ni rien de ce que nous révérons d'ordinaire, qui sont tout
simplement, je pense, une émanation lointaine et ignorée de notre pensée, de notre
amour, de notre souffrance.»78 Moyen privilégié de s'adresser à ceux qui ne sont «ni
hommes de lettres, ni peintres, ni gens du monde», la critique quotidienne travaille
avant tout l'émotion et le pathos 79; plutôt qu'à la culture ou à l'intelligence, c'est au
cœur qu'elle s'adresse.
Cette détermination explicitement idéologique reste pourtant minoritaire et on
aurait peine à trouver l'expression d'un sentiment démocratique chez la plupart des
écrivains qui se lancèrent dans l'aventure de la critique dans le journal. Il n'est que de
lire les anathèmes de Barbey contre la démocratie sous toutes ses formes pour se
convaincre que son œuvre critique n'avait pas pour vocation originelle de promouvoir
une culture de masse. Il n'en reste pas moins que le quotidien, «littéraire» par obliga
tion souvent80, se donne pour mission de faire «une âme aux citoyens» 8I et considère
que la littérature et la culture en général ont leur rôle à jouer dans ce processus. Les
années 1880 marquent à cet égard un tournant décisif: une «ère nouvelle» s'ouvre pour
le journalisme, décidé à «ne publier, par les moyens rapides, que des informations»82
et à dépouiller les «douceurs des paresses littéraires» 83, au profit d'une efficacité «à
l'américaine». À partir de ce moment-là, la critique littéraire est souvent repoussée
hors du quotidien, dans lequel elle se réduit à une peau de chagrin, et rejetée dans des
73. Voir par exemple le 24 août L890, «Maurice Maeterlinck»; le 29 novembre 1890, «Henry
Becque», le 14 décembre 1890, «Une page d'histoire» (sur Barbey d'Aurevilly)...
74. Le Gaulois du 18 juillet 1896 contient par exemple un article sur «Edmond de Goncourt».
75. Plusieurs articles critiques au Journal: par exemple le 15 mars 1896, «Georges Rodenbach»; le 19
avril 1896, «Lettre ouverte à M. Alphonse Allais»...
76. Le 22 décembre 1890, Mirbeau publie dans L'Écho de Paris un article sur Henry Becque, «L'idée
de M. Henry Becque»; le 17 mars 1891, «Le cas de M. de Goncourt»; le 18 août 1891, «Paul Hervieu»...
77. Par exemple le 2 février 1899, «L'Iniquité» (sur le livre de Georges Clemenceau) ou le 14 mai
1901, «Travail», critique du roman de Zola...
78. Octave Mirbeau, «Maurice Maeterlick», art. cité.
79. Sur cette question, voir Marie-Françoise Melmoux-Montaubin, «De l'émotion comme principe
poétique», Cahiers Octave Mirbeau, n° 10, 2003, p. 86-100.
80. On sait bien que l'appellation de «presse littéraire» a pendant des années servi à se protéger d'une
censure toujours aux aguets. Il faut attendre la fin du siècle et l'assouplissement des lois sur la presse pour
qu'émerge une presse explicitement politique et, face à elle, une presse authentiquement «littéraire».
81. Maurice Le Blond, «Le Journal littéraire», ouvr. cité, p. 27: «il fallait en faire (du journal) une institution
dans le but supérieur d'organiser les sensibilités, de solidifier les intelligences, de faire une âme aux citoyens».
82. Paris-Midi Paris-Minuit, editorial sans titre, le 15 janvier 1883, p. 1. L' editorial est signé Octave
Mirbeau.
83. Ibid., loc. cit.