Cours de physique Spé TSI

Chapitre 12 : Réflexion d’une onde électromagnétique sur un

conducteur parfait

I. Domaine de validité de la loi d’Ohm en régime variable

1. Modèle de Drude

a) Description du modèle

• Le réseau du conducteur est constitué d’ions fixes plongés dans un gaz dilué (densité
particulaire faible) d’électrons de conduction sans interaction entre eux.

• Les collisions d’un électron de masse m avec les imperfections du réseau sont modélisées
m
par une force d’amortissement de type visqueux f~v = − ~v . ~v est la vitesse de l’électron
τ
par rapport au référentiel lié au réseau et τ le temps de relaxation des électrons.

• En plus de f~v , l’électron est soumis à d’autres forces dont la résultante est F~ .

b) Équation du mouvement de l’électron

Dans le référentiel lié au réseau supposé galiléen, le PFD appliqué à l’électron donne :

d~v m
m = − ~v + F~
dt τ

On a négligé le poids de l’électron (de l’ordre de 10−29 N ) devant les autres forces.
Sous l’action d’un champ électromagnétique (E, ~ B)
~ l’électron est soumis à la force :

F~ = −e(E
~ + ~v ∧ B)
~

Comparons les forces électrique et magnétique :

k f~m k ~ k
k −e~v ∧ B vB
= ≤
k f~e k k −eE~ k E

B 1
Par exemple dans le vide, = . Donc :
E c

k f~m k v
≤
k f~e k c

Dans le cadre de la mécanique non relativiste v << c, soit k f~m k<<k f~e k. On négligera
donc la force magnétique devant la force électrique.
Par suite, l’équation du mouvement s’écrit :

d~v ~v e ~
+ =− E
dt τ m

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c) Loi d’Ohm généralisé - conductivité complexe

Dans le cas d’un champ électrique harmonique E ~ = E ~ 0 eiωt , l’équation du mouvement

donne :
1 e~ −eτ /m ~
(iω + )~v = − E ⇒ ~v = E
τ m 1 + iτ ω
Si l’on désigne par n la densité particulaire (nombre d’électrons par unité de volume) alors
~j = −ne~v et donc :
2
~j = ne τ /m E~
1 + iτ ω

2
~ : c’est la loi d’Ohm généralisé et γ(ω) = ne τ /m est la conducti-
On écrit alors ~j = γ(ω)E
1 + iτ ω
vité complexe.
La conductivité est indépendante de ω et donc de la fréquence f si :

1 1
τ ω << 1 c − à − d ω << ou f <<
τ 2πτ

ne2 τ
Dans ce cas γ = γ(0) = .
m

Ordre de grandeur :

Pour le cuivre γ ≈ 6, 7.107 S.m−1 et n ≈ 1029 m−3 donc τ ≈ 2.10−14 s.

1
La loi d’Ohm est valable si f << ≈ 7, 5.1012 Hz.
2πτ

2. Relaxation d’un conducteur ohmique

L’équation de conservation de la charge électrique s’écrit :

∂ρ ~ = ρ
~ et div E
div~j + = 0 avec ~j = γ E
∂t ε0

D’où l’équation différentielle vérifiée par ρ :

∂ρ ρ ε0
+ 0 = 0 avec τ 0 =
∂t τ γ

La solution de cette équation donne :

0
ρ(M, t) = ρ(M, 0)e−t/τ

ρ décroît et tend vers 0 au bout de quelque τ 0 .

Ordre de grandeur :

Pour le cuivre : γ = 6, 7.107 S.m−1 ; ε0 = 8, 85.10−12 F.m−1 . D’où : τ 0 = 1, 3.10−19 s (très petite).

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Conclusion :

À l’intérieur d’un conducteur : ρ = 0 .

3. Courant de déplacement dans un conducteur

On a :
~
k~jD k ε0 k ∂∂tE k ε0 ω
= =
~
kjk γkEk ~ γ

Ordre de grandeur :
ε0
Pour le cuivre = 1, 3.10−19 s.
γ
Donc pour des fréquences usuelles très inférieures à 1018 Hz : k~jD k << k~jk.

4. Équations de maxwell dans un conducteur ohmique

~ alors :
Puisque ρ = 0 ; k~jD k << k~jk et ~j = γ E
~
∂B
~ = 0 ; (M.F) −
(M.G) div E
→~
rotE =− ~ = 0 ; (M.A) −
; (M.Φ) div B
→~
rotB ~
= µ0 γ E
∂t

II. Propagation dans un conducteur : Effet de peau

1. Équation de propagation

L’équation de (M.F) implique :

−→ −→ ~ ∂ −→ ~ −−→ ~ = − ∂ (µ0 γ E)
~ − ∆E ~
rot(rotE) = − rotB ⇒ grad(div E)
∂t ∂t
~ = 0, alors :
Puisque div E
~
∂E
~ − µ0 γ
∆E = ~0
∂t
Cette équation faisant intervenir une dérivée première par rapport au temps est couram-
ment appelée équation de diffusion (voir cours de diffusion thermique).

2. Effet de peau

a) Relation de dispersion dans un conducteur

~
Cherchons une solution de l’équation de diffusion sous la forme : E(M, ~ 0 ei(ωt−kz) .
t) = E
On a :
~
∂2E ~
~ =
∆E ~ et ∂ E = iω E
= −k 2 E ~
∂z 2 ∂t
D’où la relation de dispersion :
k 2 = −iµ0 γω

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b) Effet de peau

(1 − i)2
r r
µ0 γω 1−i 2
Puisque −i = alors : k = ±(1 − i) =± avec δ = une grandeur
2 2 δ µ0 γω
homogène à une longueur appelée épaisseur de peau.

Ordre de grandeur de δ :

Pour le cuivre γ = 6, 7.107 S.m−1 avec µ0 = 4π.10−7 H.m−1 :

• si f = 50 Hz ; δ = 8, 7 mm.

• si f = 1 GHz ; δ = 1, 9 µm.

Si la propagation se fait suivant ~ez alors :

~ 0 e− zδ ei(ωt− zδ )
~ =E
E

Si la propagation se fait suivant −~ez alors :

~ 0 e zδ ei(ωt+ zδ )
~ =E
E

Le champ électrique décroît dans le conducteur avec une longueur caractéristique δ. Ce

champ représente une onde évanescente et c’est l’effet de peau.

c) Modèle du conducteur parfait

Un conducteur parfait est un matériau dont la conductivité γ est formellement infinie.

Conséquences :

Dans un tel conducteur δ = 0.

~ = ~0 .
Puisque la puissance volumique Pv = γE 2 est finie tandis que γ est infinie alors E
~ = ~0 .
L’équation de (M.F) implique B

Enfin l’équation de (M.A) implique ~j = ~0 .

III. Réflexion d’une onde électromagnétique sur un conducteur

parfait

1. Cadre de l’étude

• Le conducteur, supposé parfait, occupe le demi-espace z > 0. Le demi-espace z < 0 est

occupé par le vide (figure 1).

• On se propose d’étudier la réflexion, sous incidence normale, d’une OEPPM sur la sur-
face plane du conducteur en z = 0.

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• L’OEPPM est décrite par le champ électrique E ~ 0 ei(ωt−kz) (avec k = ω ) et le champ

~i = E
c
~
e x ∧ ~0
E
~i = B
magnétique B ~ 0ei(ωt−kz) ~0 =
avec B .
c

Vide Conducteur
Onde incidente

~k

0 z
Onde réfléchie

k~0

Figure 1

2. Existence de l’onde réfléchie

Puisque ρ = 0 et ~j = ~0 à l’intérieur du conducteur, alors les charges et les courant vont se

répartir sur la surface avec des densités σ et ~js .
Le champ électromagnétique doit vérifier les relation de passage en z = 0 :

~ = 0− ) = σ ~ez et B(z
~ = 0+ ) − E(z
E(z ~ = 0− ) = µ0~js ∧ ~ez
~ = 0+ ) − B(z
ε0

~ = 0+ ) = ~0 et B(z
Le conducteur étant parfait, on a alors : E(z ~ = 0+ ) = ~0.
D’autre part, puisque le champ E ~ est transverse alors il est parallèle à la surface du
conducteur et donc continu en z = 0.
On en déduit :
~ = 0− ) = ~0 et B(z
E(z ~ = 0− ) = −µ0~js ∧ ~ez

Le champ (E ~ i, B
~ i ) seul ne vérifiant pas ces relations de passage, on admet l’existence d’une
onde réfléchie décrite par le champ (E ~r, B
~ r ) tel que :

~ i (z = 0− ) + E
• E ~ r (z = 0− ) = ~0

~ i (z = 0− ) + B
• B ~ r (z = 0− ) = −µ0~js ∧ ~ez

3. Caractérisation de l’onde réfléchie

L’onde réfléchie est décrite par le champ électrique :

0
~ 0 ei(ω0 t+k0 z) avec k 0 = ω
~r = E
E 0
c

~ i (z = 0− ) + E
La condition E ~ 0 = −E
~ r (z = 0− ) = ~0 implique : E ~ 0 ei(ω−ω0 )t .
0
~ 0 est une constante indépendante de t. Donc : ω 0 = ω .
Or E 0

~ 00 = −E
Par suite k 0 = k et E ~0 .

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Finalement :
~ r = −E
E ~ 0 ei(ωt+kz)

D’autre part :
~
~ r = −~ez ∧ E r ⇒ B
B ~r = B
~ 0 ei(ωt+kz)
c
Les champs électriques incident et réfléchi sont en opposition de phase tandis que les
champs magnétiques incident et réfléchi sont en phase (figure 2).

Vide x Conducteur
~i
E
Onde
incidente
~k

~i
B

0 z
~0
k
Onde
réfléchie
~r
B
y
~r
E
Figure 2

4. Charges et courants induits

~ i (z = 0− ) + E
La condition E ~ r (z = 0− ) = ~0 implique σ = 0 .
~ i (z = 0− ) + B
La condition B ~ r (z = 0− ) = −µ0~js ∧ ~ez implique :

~ 0 eiωt = −µ0~js ∧ ~ez ⇒ 2~ez ∧ B

2B ~ 0 eiωt = −µ0~ez ∧ (~js ∧ ~ez ) = −µ0 [(~ez .~ez ).~js − (~ez .~js ).~ez ] = −µ0~js

~ 0 = cB
Puisque E ~ 0 ∧ ~ez alors :

~js = 2 E ~ 0 eiωt = 2ε0 cE

~ 0 eiωt
µ0 c

5. Applications

a) Antenne réceptrice

Le courant surfacique ayant la même fréquence du champ incident c’est ainsi que l’in-
formation contenue dans l’onde électromagnétique peut être transposée en un courant élec-
trique.

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b) Principe des polariseurs

Soit une grille métallique constitué de fils parallèles équidistants (figure 3). On suppose
que l’espacement des fils est suffisamment petit devant la longueur d’onde.
L’onde incidente est non polarisée. Le champ électrique associé est E ~ =E~ // + E
~ ⊥.
~ // est la composante parallèle à la direction des fils.
E
~ ⊥ est la composante orthogonale à la direction des fils.
E
La composante E ~ // développe des courants surfaciques le long des fils et sera totalement
réfléchie. L’onde transmise sera constituée essentiellement de E ~ ⊥ et sera donc polarisée rec-
tilignement et perpendiculairement à la direction des fils de la grille.

Grille
métallique

~ //
E

~
E
~k

~⊥
E ~⊥
E
Onde Onde
incidente transmise

Figure 3

IV. Superposition de l’onde incidente et de l’onde réfléchie - Ondes

stationnaires

1. Champ électromagnétique résultant

Le champ électrique résultant de la superposition des ondes incidente et réfléchie est :

~ =E
E ~i + E
~r = E
~ 0 (ei(ωt−kz) − ei(ωt+kz) ) = −2iE
~ 0 sin(kz)eiωt

Soit en notation réelle :

~ = 2E
E ~ 0 sin(kz)sin(ωt)

Le champ magnétique résultant est :

~ =B
B ~i + B
~r = B
~ 0 (ei(ωt−kz) + ei(ωt+kz) ) = 2E
~ 0 cos(kz)eiωt

Soit en notation réelle :

~ = 2B
B ~ 0 cos(kz)cos(ωt)

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~ et B,
Dans les expressions de E ~ les paramètres temps et espace sont séparés. Ce champ
ne constitue pas une onde progressive ; on l’appelle onde stationnaire.
Dans l’onde résultante, les amplitudes Em (z) = 2E ~ 0 sin(kz) et Bm (z) = 2B
~ 0 cos(kz) des
~ ~
champs E et B dépendent de z et sont en quadrature de phase (déphasées de π/2) (figure
4).
Les points où l’amplitude est maximale sont appelés ventres de vibration. Les points où
l’amplitude est nulle sont appelés nœuds de vibration.
Les ventres de E~ coïncident avec les nœuds de B
~ et vice-versa.

Em (z)
Bm (z)

Figure 4

2. Aspect énergétique

Calculons la moyenne temporelle du vecteur de Poynting.

On a :
→
− ~ ∧B
E ~∗ ~0 ∧ B
E ~0
Π = = −4i sin(kz)cos(kz)
µ0 µ0
D’où :
→
− 1 ~ =0
< Π >t = Re(Π)
2

Conclusion :

En moyenne, l’énergie électromagnétique ne se propage pas. L’onde résultante de la su-

perposition de l’onde incidente et l’onde réfléchie est une onde stationnaire.

3. Cavité à une dimension

Une cavité d’axe Oz et de longueur L est constituée par l’association de deux miroirs
métalliques parfaits confondus avec les plans z = 0 et z = L (figure 5).
On a :
~ = 2E
E ~ 0 sin(kz)sin(ωt)

E~ étant parallèle aux deux miroirs, il est continu et donc nul au niveau du plan en z = L.
Donc sin(kL) = 0.

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Par suite kL = nπ (n étant un entier) et :

λ 2π
L=n puisque k =
2 λ
.
Cette relation montre que seules certaines ondes peuvent exister dans la cavité. Ces ondes
s’appellent les modes propres de la cavité.
c
La fréquence du mode n est fn = . D’où :
λ
c
fn = n = nf1
2L
c
avec f1 = est la fréquence du mode fondamental (n = 1).
2L

Conducteur Conducteur
Vide
parfait parfait

0 L

Figure 5

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