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881
EwJeo Classiques Grecs
MANUEL
D'ÉPICTÈTE
( Texte Grec )
par
M. GUYAU
Librairie Ch . Delagrave
15 , rue Soufflot , 15
PARIS
THE UNIVERSITY
OF ILLNIOIS
LIBRARY
881
E39e.
CLASSICS
MANUEL
D'ÉPICTÈTE
DU MÊME AUTEUR :
D'ЁРIСТЕТЕ
TEXTE GREC
PAR
M. GUYAU
PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE
PARIS
LIBRAIRIE CH . DELAGRAVE
58, RUE DES ÉCOLES , 58
1876
Tout exemplaire de cet ouvrage non revêtu de ma
griffe sera réputé contrefait.
(bagelagranada
1
881
Euge.ge
3A9988
VI NOTICE SUR ÉPICTÈTE .
« Rufus , pour m'éprouver, avait coutume de me dire :
« Il t'arrivera de ton maitre ceci ou cela . -
- Rien qui ne
« soit dans la condition de l'homme , lui répondais -je.
« Et lui alors : - Qu'irais -je lui demander pour toi, quand
-
1. "Eypaye toldá, dit Suidas, mais par suite d'une confusion évi
dente .
2. Né à Nicomédie , en Bithynie, général romain, gouverneur de
Cappadoce, auteur d'une grande Histoire d'Alexandre.
XIV NOTICE SUR ÉPICTÈTE .
Ταύτα έχων αεί εν χερσί και τρίβων αυτός παρά σαυτώ , και
πρόχειρα ποιών, ουδέποτε δεήση του παραμυθουμένου, του επιρ
ρωννύντος 4. » Le Manuel est destine a faciliter cette per
pétuelle présence des maximes à l'esprit du Stoïcien .
1. Marc-Aurele, II , XIII. Cf. Simplicius, Pref. ' Εγχειρίδιον δε αυτό
επιγέγραπται , διά το πρόχειρον αεί αυτό δεϊν και έτοιμον είναι τοίς
βουλομένοις ευ ζην και γαρ και το στρατιωτικών εγχειρίδιον ξίφος εστί
πρόχειρον αεί τοϊς χρωμένοις οφείλον είναι.
2. V. Manuel , LII.
3. Sénèque, Ep ., XIV ; De benef., vii , 1 .
2
ΕΓΧΕΙΡΙΔΙΟΝ
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Α (I) .
'
1. Των όντων τα μέν έστιν εφ ' ημίν 1 , τα δε ουκ εφ' >
" 1. Tò èp ' huiv est le terme consacré par Aristote et les philosophes grecs pour
désigner le pouvoir sur soi, la liberté morale .
Ici tà top hjuty désigne les objets extérieurs sur lesquels s'exerce librement ce
pouvoir intérieur. Selon Épictète, toutes les choses existantes se divisent pour
nous en deux classes : les unes (tà è o nužv) dépendent étroitement de notre volon
té, ou plutôt ne sont que des formes diverses de notre volonté même : par exem
ple, le désir et l'aversion ; les autres (tà oùx équi mutu) ne dépendent point de notre
volonté, et par cela même la feraient dépendre d'elles et la rendraient esclave si
la volonté s'y attachait. Diviser ainsi les choses (dialgeiv) et faire en quelque sorte
deux parts dans le monde : mettre d'un côté notre liberté et ce qui dépend d'elle ,
de l'autre ce qui ne dépend pas d'elle et ne doit être que la matière indifférente
de ses actes (ünn ådiácopos, Entret ., II, 5, init .), c'est là le point essentiel de la
philosophie pratique, ce doit être le premier soin du philosophe ( Entret ., I, 16 ,
4 ; I, 22, 10 ; II, 2, 14 ; II, 5 , 4. Voir plus loin , ch. 18 ).
Maintenant, une question se pose : de quelle manière Épictète, déterminist
comme tous les stoïciens, concevait-il cette liberté qu'il plaçait seule en face du
monde entier soumis au destin, et comment pouvait- il affranchir l'homme des
lois de la nécessité universelle ?
L'idée qu'Épictète se fait de la liberté humaine est digne de remarque : il le
conçoit surtout comme une liberté pratique. Avoir conscience, quoi que nous voua
G. Épictète . 1
୭
2 ΕΓΧΕΙΡΙΔΙΟΝ .
και ενί λόγω όσα ημέτερα έργα 1.. ουκ εφ ' ημίν δε το
aussi , je le veux . Veut-il que je désire quelque chose ? moi aussi, je le veux . »
( Entret., IV, 1, 89.) La raison universelle ayant fixé à chaque espèce animale les
objets vers lesquels il est convenable qu'elle se porte (cò zabýxovta) , l'individu n'a
plus qu'à comprendre et à suivre spontanément l'impulsion que lui imprime la
nature, et le moment où sa liberté est le plus grande, c'est celui où elle se
confond le plus avec la nécessité. Ainsi s'explique cette doctrine d'Épictète :
« L'homme est le simple spectateur de Dieu et de ses œuvres » (0 :07ro aútgū es
xai tūvēpywy tūv avtoő. Entret., I , 6. Voir notre Étude sur la philosophie d'Épic
tète) . Et Épictète ajoute*: « Non - seulement il en est le spectateur, mais l'inter
prete » (ού μόνον θεατήν , αλλά και εξηγητών αυτών) ; on peut dire plus encore, d'a
près le passage de Chrysippe qui précède : Non -seulement l'homme est l'inter
prète des auvres de la nécessité, mais il en est le coopérateur.
Par cette doctrine stoïcienne , la liberté, affirmée avec force dans l'ordre de la
pratique , semble encore sauvegardée dans l'ordre métaphysique ; en sera-t-il de
même dans l'ordre moral ? Cette volonté qui ne peut se détacher de la nécessité
et ne semble faire qu'un avec elle, conservera -t- elle un mérite vraiment moral ?
Puis -je réellement m'attribuer à moi-même les actions dont je ne puis trouver le
véritable principe en moi, les mouvements dont je ne suis point la cause et que
j'ai contribué à propager sans pouvoir les produire ? Il ne suffit pas de concevoir
la liberté comme une simple condition de nos actes ; elle doit en être le principe
même, et ce n'est pas d'ailleurs, mais de soi, qu'elle doit recevoir sa primitive
impulsion .
Ici est le point faible de la théorie d'Épictète. Les premiers stoïciens admet
taient que celui qui fait bien , mérite ; que celui qui fait mal, démérite . Mais , dit
Épictète, comment celui qui fait mal , pourrait-il volontairement faire mal et dé
mériter ? Le vouloir est fait pour le bien, comme le désir pour l'utile, comme la
pensée pour le vrai (I , 18) . Celui qui veut le mal le prend donc pour un bien ;
par là il se contredit lui-même , et toute faute renferme une contradiction ( II, 26).
Or, l'âme humaine est naturellement ennemie de la contradiction . Qu'on lui
montre donc qu'elle se trompe ; qu'on lui montre que, là où elle croit voir le bien,
l y a le mal : elle renoncera à son erreur. « Mais si vous ne le lui montrez pas,
c'est à vous que vous devez faire des reproches, et non à autrui » (II, 26 ) . Le
vice, selon Épictète, appelle la « pitié »,, jamais « l'indignation » (I, 18) . Mais,
d'autre part, que devient alors la vertu ? Le démérite de la faute supprimé , il
semble que le mérite de l'action bonne soit supprimé ; que le bien , comme le mal,
s
soit une affaire de logique ; que tout s'explique par les lois nécessaires du raison
nement, et que la liberté , déjà reléguée au second rang dans l'ordre métaphy
sique, devienne inutile dans l'ordre moral. Sur ce point, la doctrine d'Épictète
reste implicite.
En somme, Épictète å eu pour rôle principal, dans l'histoire de la philosophie,
d'établir l'indépendance de la volonté au point de vue pratique ; en fait il l'a
dégagée de toute contrainte extérieure , il l'a rendue, comme il le dit lui -même,
åvaváyxaotoy ; ce n'était pas assez, car l'absence de contrainte extérieure n'est
pas encore la véritable liberté, qu'Épictète lui-même a si bien définie en disant :
theubepia, aùtegoúolóv ti xai autóvojov . Il eûl fallu, dans la théorie même, maintenir
notre volonté moralement libre et responsable de ses actes. En cette dernière
tâche le stoïcisme a échoué.
1. Épictète cite d'abord l'utóanyes ou opinion , qui est l'auvre de l'intelligence ;
puis l'oggeri ou élan vers les objets, qui est l'euvre de l'activité volontaire ; enfin
le désir-et l'aversion, õpegis, éxxhdois, qui sont l’æuvre de la sensibilité. L'homme
se forme d'abord une opinion (utomap Egyetv) des objets qui l'entourent ; puis, d'après
4 ΕΓΧΕΙΡΙΔΙΟΝ .
l'opinion qu'il s'en est formée, il les veut et se porte vers eux (ópuõx) , ou au
contraire ne les veut pas et s'éloigne d'eux ( d.copuõn); enfin, à ce mouvement
d'élan ou de recul s'ajoute un sentiment de désir dans le premier cas (opéyeolai) ,
d'aversion dans le second cas (inxhivelv ).
Sur l'utóantes ( susceptio in mentem ), qui se ramène, suivant les stoïciens, à un
jugement volontaire, voir Saumaise, in Epictet. ( Lugd . Batav . , 1640 , in-4 ), p . 29 .
- L'opinion fausse consiste à affirmer plus qu'on ne voit, à ajouter par conjecture
quelque chose à la réalité : Topogenidotá Selv ; par exemple, étant donnée l'idée de
la mort, c'est-à-dire de la dissolution des organes , on ajoute que la mort est
une chose terrible :: là est l'erreur. Il dépend de nous de n'avoir jamais d'opi
nion fausse ; car nous pouvons suspendre notre jugement partout où nous ne
possédons pas la certitude ; « nul ne peut nous forcer à avoir les opinions que nous
D
ne voulons pas avoir » (Entret. , II , vi , 21 ; voir II , XXI ; III, xxiv) .
L'opuý ou l'apopun servent, dans la langue stoïcienne, à désigner le mouvement
par lequel la volonté ss'approche ou se retire des objets extérieurs, et qui n'a pas
sa source en ces objets, mais dans la raison. Tandis que le désir a pour fin
l'agréable ou l'utile tò oudeçépov, l’élan volontaire a pour fin le convenable, tò xx
Oñxov (Entret ., I , 18 , 2 ) . Celui qui a apaisé en lui les désirs et les aversions s'est
par là même arraché au trouble et au malheur qu'ils causent ; celui qui se sert
selon la raison de l'activité volontaire fait davautage : il remplit son devoir et sa
fonction d'homme. « La seconde partie de la philosophie, dit Épictète dans un
« passage jusqu'à présent peu compris, concerne l'opuests et l'acopues, ou en un seul
« mot le convenable : elle a pour but de régler l'épzeń selon l'ordre et la raison,
« avec le secours de l'attention » (Entret. , III, 11 : 0 Tepi rås oppàs xal açopuds, xai
απλώς ο περί το καθήκον , ίνα τάξει, ίνα ευλογίστως , ίνα μή αμελώς) .
Le vrai sens du mot oppeń dans Épictète n'a pas toujours été saisi. Les anciens
traducteurs d'Épictète rendent opuchi par penchant, inclination. Ritter ( Hist.
de la phil. anc ., t. IV ) et M. Ravaisson (Essai sur la Mét. d'Arist., t. II, p. 268 )
traduisent également ce terme par celui de penchant. C'est là , semble-t-il, con
fondre l'opzein choyos , qui est le propre des animaux, avec l'éppen evhoyos , qui est le
propre de l'homme. Stobée ne va-t-il pas jusqu'à dire : ndoas de càs oquàs ouyxa
tabboels tiva. (II , p . 160). L'idée de penchant et d'inclination implique l'idée de
fatalité : or, Épictète place précisément l'oppeń au nombre des choses qui dépen
dent uniquement de notre volonté ; sans cesse il répète qu'elle est absolument
libre, et que rien ne peut triompher d'elle si ce n'est elle-même (IV , 1'. Enfin ,
il la confond si peu avec le penchant et l'instinct, qu'il va jusqu'à l'attribuer à
Dieu : tås opjas toũ (coû ( Entret., IV, 1 , 100). Par un excès tout contraire,
semble-t-il, à celui dont nous venons de parler, M. Fr. Hurot, dans sa savante
traduction du Manuel, rend opień par détermination. En réalité, l'opuen n'est
ni un penchant de la sensibilité , ni une détermination de l'intelligence, c'est un
acte de la volonté, c'est un vouloir ; ce vouloir a pour objet le convenable, comme
l'opebis a pour objet l’utile, comme la ouyxatábeous a pour objet le vrai ou le ra
tionnel (Entret., III, 11) . V. notre trad. franç. du Manuel, p. ix.
Gomme nous aurons souvent lieu de le remarquer, Épictète simplifie la langue
complexe familière aux stoïciens. Stobée subdivise l'ópies en huit espèces : İlçóleois,
επιβολή , παρασκευή , εγχείρησις , αίρεσις , προαίρεσις, βούλησις , θέλησις (II, 162 ) . Epictete ,
lui, ne se sert qu'assez rarement de ces subdivisions scolastiques, et ne conserve
que la distinction fondamentale entre l'équen et l'opéges. D'autre part, öpeces est
synonyme pour lui de désir passionné, émiguula : de là ce précepte (11): Tyx opečiv
παντελώς ανελε.
1. Aóčar (ai Tepi npõr) , les opinions des autres sur notre compte: — sóba, au sin
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Α (1) . 5
ημέτερα έργα 1 .
2. Και τα μεν2
εφ' ημίν έστι φύσει ελεύθερα , ακώλυτα ,
απαραπόδιστα 2 , τα δε ουκ εφ' ημίν ασθενή 3 , δούλα,
κωλυτά , αλλότρια .
3. Μέμνησο ουν ότι , εάν τα φύσει δούλα ελεύθερα οληθής,
και τα αλλότρια ίδια4 , εμποδισθήση, πενθήσεις , ταραχθήση,
2
σόφου λόγος, νεκρός έστι και αυτός, και ο λέγων » (Ιο., 28). C'etait la l'efet que produi
saient les discours de Musonius Rufus, le maitre d'Epictete: « Είωθε λέγειν ο Ρούφος
ει εύσχολείτε επαινέσαι με, εγώ δ' ουδέν λέγω. Τοιγαρούν ούτως έλεγεν, ώσθ' έκαστον ημών
καθήμενον οίεσθαι ότι τις ποτε αυτόν διαβέβληκεν ούτως ήπτετο των γινομένων, ούτω προ
οφθαλμών ετίθει τα εκάστου κακά . Ιατρείόν έστιν, άνδρες, το του φιλοσόφου σχολείον· ου δεί
ή σθέντας έξελθείν, αλλ' άλγη σαντας » (Ιο. , 29 ). Les discours d'Épictete lui
même ne faisaient pas sur les âmes une moindre impression : leur but unique
était de les secouer et de les exciter au meilleur: « λέγων αυτός ουδενός άλλου δηλος ήν
εφιέμενος, ότι μη κινήσαι τας γνώμας των ακουόντων προς τα βέλτιστα » (Αr, ad
Gell., 5) . Le Manuel n'est qu'un choix des pensées d'Épictète les plus propres à
produire cet effet : « εκ των Επικτήτου λόγων τα κινητικώτατα των ψυχών. » Le
style en est essentiellement nerveux et cinétique , « δραστηριον και κινητικόν »(Simplic .
Comment. in Enchir . 1) .
C'est que, selon les stoïciens, la fin à laquelle doit s'attacher le philosophe, ce
n'est pas de charmer ceux qui l'écoutent et de provoquer leurs louanges : le beau,
a écrit Aristote, comporte la louange, mais le bien est au -dessus d'elle. Or, c'est
le bien et le vrai , dans leur austérité, que le stoïcien doit s'efforcer de commu
niquer : cela ne peut se faire sans une certaine douleur, car il faut parfois souffrir
pour s'arracher au mal même .
1. S.-e. των ουκ εφ' ημίν. - Il faut, parmi les choses exterieures, rejeter entiere
ment celles qui sont entièrement incompatibles avec la dignité et la liberté, c'est
à-dire qui impliquent l'idée de mal moral et de servitude morale vis-à -vis des
passions ; il faut remettre à un autre temps celles qui peuvent Υy être compatibles.
2. Ταύτ' se rapporte aux choses qui dependent de nous, τα εφ ' ημίν .
3. Τυχόν, « peut-etre, » s'oppose a πάντως γε.
4. Τούτων designe άρχειν και πλουτεΐν (τα ουκ εφ ' ημίν) ; εκείνων se rapportera ταύτ '
(τα εφ' ημίν) .
5. Ελευθερία και ευδαιμονία, la liberté et le bonheur, qui sont inseparables pour
les stoïciens. — Selon Épictète, le bonheur ne nous vient pas du dehors et des biens
extérieurs ; il naît du plus profond de nous-mêmes , de notre volonté affranchie
d'entraves et consciente de sa puissance indépendante. Sois libre, et tu seras
heureux.- Ce passage semble une allusion aux Épicuriens, qui voulaient concilier
la recherche de la vertu avec la recherche des biens extérieurs.
6. Φαντασία τραχεία. « Representation desagréable, incommode, penible >> .
asperum , incommodum , rejiciendum , dit Cicéron (de Fin., V, 26) ; sævum , terrifi
cum, dit Aulu- Gelle (xix , 1 ) .
. 7. Μελέτα, exerce-toi. V. dans les Entret. tout le chap. ΧVΙ , 1. ΙΙ : "Οτι ου με
λετώμεν χρήσθαι τοίς περί αγαθών και κακών δόγμασιν.
8. 'Etiéyely. Le sens primitif est : ajouter à ce qu'on a dit. Il ne faut pas,
selon Épictète, se contenter de ce que les sens nous montrent, mais il faut que la
raison parle apres qu'ils ont parle (επιλέγειν), et apprécie la réalité des representa
8 ΕΓΧΕΙΡΙΔΙΟΝ .
2 3
κανόσιν 2 οίς έχεις 3 , πρώτα δε τούτω και μάλιστα ,
2
>
5
πότερον και περί τα εφ' ημίν έστιν ή περί τα ουκ εφ' ημίν : 6
κάν περί τι των ουκ εφ' ημίν ή, πρόχειρον έστω και το , διότι
Ουδέν προς εμέ .
CC
tions qui lui sont fournies par eux. Cf. Entret., III , 16 : Επιλέγω τοίς απροαιρέτους ,
ουδέν προς εμέ.V. plus loin, III, IV, 1X ,XII, 2 , L.- Rapprocher επιλέγειν de προσεπιδοξάζειν .
1. Το φαινόμενον, Γ'objet que tu parais etre . Distinction entre le phenomene sub
jectif ( sentiment de crainte ) et la réalité objective. D'après les stoïciens, les
objets extérieurs nous sont indifférents; mais les représentations ou partagiai
que nous avons de ces objets, nous font apparaître les uns comme bons, les
autres comme mauvais . Il ne nous faut donc pas accepter au hasard toutes nos re
présentations, il faut rejeter celles qui pourraient porter obstacle à notre libre
arbitre : notre liberté devient ainsi , dans une certaine mesure , le criterium de la
vérité. - Cf. Cic. , Acad., II, 11, 33. Id ., 1, 11 : « Assensionem esse in nobis posi
tam et voluntariam . » De Fato, XIX, 43 : « Visum objectum imprimet illud qui
dem et quasi signabit in animo suam speciem, sed assensio nostra erit in potes
tate . » Aulu -Gelle, Noct. Attic. XIX, 1, 15 : « Visa animi, quas φαντασίας philo
sophi appellant... non voluntatis sunt neque arbitrariæ , sed vi quadam sua inferunt
sese hominibus noscitandæ ; probationes autem, quas ouyxatallégels vocant, quibus
eadem visa noscuntur ac dijudicantur, voluntariæ sunt fiuntque hominum arbi
tratu. Propterea cum sonus aliquis formidabilis aut cælo aut ex ruina, aut repentinus
nescio cujus pericli nuntius , vel quid aliud est ejusmodi factum , sapientis quoque
animum paulisper moveri et contrahi et ( vultum ) pallescere necessum est, non opi
nione alicujus mali percepta, sed quibusdam motibus rapidis et inconsultis officium
mentis atque rationis prævertentibus... Insipiens qualia sibi esse primo animi sui
ulsu visa sunt sæva et aspera , talia esse vero putat et... sua quoque assensione
approbat , και προσεπιδοξάζει... Sapiens autem, cum. breviter et strictim colore at
que vultu motus est, ου συγκατατίθεται, sed statum vigoremque sententiae sue reti
net, quam de hujuscemodi visis semper habuit, ut de minime metuendis, sed
fronte falsa et formidine inani territantibus. » Sextus Empiricus, Adv. mathemati
cos, VIII, 397 : Η απόδειξις, ώς έστι παρ ' αυτών ακούειν, καταληπτικής φαντασίας συγ
κατάθεσις, ήτις διπλούν έoικεν είναι πράγμα, και το μέν τι έχεις ακούσιον, το δε εκούσιον
και επί τη ημετέρα κρίσει κείμενον. Το μεν γάρ φαντασιωθήναι άβούλητον ήν και ουκ επί τω
πάσχοντι έκειτο , αλλ' επί το φαντασιoύντι το ουτωσι διατεθήναι... το δε συγκαταθέσθαι τού
τω τω κινήματι έκειτο επί το παραδεχομένω την φαντασίαν .
2. Kavóolv,« règles » , mot qui de la langue épicurienne passa dans la langue stoï
cienne. On sait que la canonique formait une des trois parties de la philosophie
épicurienne. Elle n'était chez les stoïciens qu'une simple division de la logique.
V. Diogene , 42 : Το μεν ούν περί κανόνων και κριτηρίων παραλαμβάνουσι προς το την αλήθειαν
ευρείν εν αυτώ γάρ τας των φαντασιών διαφοράς απευθύνουσι .
3. ois énels. Il ne faut pas oublier que le Manuel s'adresse à ceux qui ont déjà
reçu au moins les premiers principes de la philosophie stoïcienne.
4. Ipúty. Épictèle ne cite pas ensuite de seconde règle . Il faut donc entendre
première non au point de vue de la quantité, mais au point de vue de la qualité ;
c'est la principale règle morale pourÉpictète.
3. Πότερον. La régle consiste a savoir si... On trouve des exemples d'ellipses
analogues dans les auteurs français du dix -septième siècle.
6. Πρόχειρον έστω το, ad manum ou promptum hoc esto : aie presente a l'esprit
cette pensée .
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Α (1). 9
Appendice 1 . -
Où donc est le bien ? Dis-nous-le , philosophe . — Il est
où vous ne croyez pas qu'il soit, et où vous ne voulez pas le chercher.
Car, si vous vouliez, vous le trouveriez en vous, sans errer au dehors,
à chercher comine vous appartenant des choses qui ne sont pas à
vous . Rentrez en .vous-mêmes ; étudiez-y vos notions naturelles .
Que vous représentez-vous comme le bien ? La tranquillité, la féli
cité , la liberté . Ne vous le représentez- vous pas aussi comme une
grande chose par sa nature, comme une chose d'un prix très
élevé, et qui est au-dessus de toute atteinte ? Cela dit, où vous
faut- il chercher la tranquillité et la liberté ? Dans ce qui est assu
jetti , ou dans ce qui est indépendant ? Dans ce qui est indé
pendant . - Eh bien ! votre corps est - il indépendant ou assujetti ?
Nous n'en savons rien . - Vous ne savez pas qu'il est assujetti à
la fièvre, à la goutte, à la cécité, à la dyssenterie , aux tyrans , au
feu, au fer, et à tout ce qui est plus fort que lui ? — Qui, il leur est
assujetti . Comment donc alors une partie quelconque du corps
-
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ B (II) .
4. Αρον την έκκλισιν ... και μετάθες... Expressions energiques , qui peignent bien
le travail intérieur que le stoïcien accomplit sur lui-même.
KEPAAAION B (II) . 11
Lorsque l'on est dans cette disposition d'esprit à l'égard des objets,
quel homme peut-on redouter encore ? Comment, en effet, un homme
peut-il être redoutable pour un autre homme, soit qu'il se trouve
devant lui, soit qu'il lui parle, soit même qu'il vive avec lui ? Il ne
peut pas plus l'être qu'un cheval pour un cheval, un chien pour un
chien, une abeille pour une abeille. Ce que chacun redoute , ce sont
les choses ; et c'est quand quelqu'un peut nous les donner ou nous
les enlever, qu'il devient redoutable à son tour .
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Γ (ΙΙΙ) . 13
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Γ (ΙΙΙ) .
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Δ (IV)
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Ε ( v )
1. 'Eq' ois autós tapéroel xaxūs, au sujet des maux qu'il éprouve. Les vrais
maux, selon les stoïciens, ne sont pas ceux qu'on éprouve (Tipácoely xaxūs) , mais
ceux qu'on fait (TOLETV xaxūs).
2. *HQYHLEVOU Taldeícolas , celui qui commence à s'instruire dans la philosophie.
Synonyme de : Tipoxótetovtos.
3. Neraideupévou, celui qui est tout à fait instruit, le philosophe accompli .
A chaque degré de science correspond ainsi, suivant les stoïciens, un degré
de tranquillité et de liberté .
4. Mhte ale unte éautò. Il n'accuse personne parce qu'il comprend tout et
supporte tout .
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Ε (v ) . 19
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ 5 ( VI)
CE QUI SEUL DOIT NOUS RENDRE FIERS, c'est le BON USAGE
QUE NOUS FAISONS DE NOS OPINIONS .
qu'ils ne doivent point voir, et les dirige sur d'autres objets ? Est-ce
la vue? Non ; mais notre faculté de juger et de vouloir. Quelle est
celle qui bouche nos oreilles ou les ouvre toutes grandes ? Quelle est
celle qui nous fait empressés de savoir et questionneurs , ou indiffé
rents à ce qu'on dit ? Est-ce l'ouïe ? Non ; mais notre faculté de juger
et de vouloir . Eh bien ! cette faculté, quand elle reconnaît qu'elle
intervient dans toutes les autres, et que celles-ci , sourdes et aveu
gles, ne peuvent s'entendre à autre chose qu'aux actes mêmes dans
lesquels elles sont destinées à être ses subordonnées et ses servantes,
tandis que seule elle voit clair, et sait apprécier la valeur de cha
cune des autres, pourrait-elle nousdire que ce qu'il y a de meilleur
en nous ce n'est pas elle ?
Qu'est-ce que sait faire l'æ il tout grand ouvert, si ce n'est de
regarder ? Mais qu'est-ce qui nous dit ce qu'il faut regarder ? Notre
faculté de juger et de vouloir . Qu'est-ce qui nous dit s'il faut croire
ou rejeter ce qu'on nous débite, et, quand nous le croyons, nous en
émouvoir ou non ? N'est-ce pas notre faculté de juger et de vouloir ?
Et cet art de la parole , qui sait si bien arranger les mots (en suppo
sant qu'il y ait là un art spécial) , que fait-il, quand nous avons à
parler de quelque chose ? Il arrange et dispose les mots, comme les
coiffeurs les cheveux . Mais , vaut-il mieux parler que de se taire ;
vaut-il mieux parler dans ce sens ou dans cet autre ; ceci est-il
séant ou ne l'est-il pas ; quel est le moment de placer chaque mot ;
quel est son emploi légitime : qui nous dit tout cela, si ce n'est notre
faculté de juger et de vouloir ? Voudrais-tu donc qu'elle vînt pronon
cer contre elle-même ?
Eh bien ! si les choses sont telles , ce qui sert peut-il être supé
rieur à celui qui s'en sert ? le cheval , supérieur au cavalier ? le
chien , au chasseur ? l'instrument, au joueur de lyre ? les servi
teurs, au roi ? Or, en nous, qu'est- ce qui se sert du reste ? Notre
faculté de juger et de vouloir . Qu'est-ce qui veille sur tout le reste ?
Cette même faculté . Qu'est-ce qui fait périr l'homme tout entier,
par inanition, lacet ou précipice ? Elle encore . Qu'y a-t- il alors
de plus fort qu'elle dans l'homme ? Et comment ce qui peut être
entravé pourrait-il être plus fort que ce qui ne connaît point d'en
traves ? Or , y a - t - il des choses dans la nature qui puissent faire
obstacle à notre faculté de voir ? Oui : notre faculté de juger et de
vouloir, et plus d'une chose en dehors d'elle. De même pour notre
faculté d'entendre ; de même pour l'art de parler. Mais est-il quel
que chose dans la nature qui puisse faire obstacle à notre faculté de
juger et de vouloir ? Riep en dehors d'elle ; elle seule se fait obsta
cle à elle m
- ême, quand elle cesse d'être droite . Aussi c'est elle seule
qui est le vice, elle seule la vertu...
Les choses en elles-mêmes sont indifférentes, mais l'usage que nous
en faisons n'est pas indifférent. Comment donc tout à la fois maintenir
son âme dans la tranquillité et dans le calme , et faire avec soin ce que
l'on fait, sans précipitation comme sans lenteur ? On n'a qu'à imiter
22 ΕΓΧΕΙΡΙΔΙΟΝ . Η
ceux qui jouent aux dés. Indifférents sont les points ; indifférents les
dés. Comment savoir, en effet, le dé qui va venir ? Mais jouer avec
attention et habileté le dé qui est venu, voilà ce qui est mon affaire .
De même dans la vie ce qu'il y a d'essentiel, c'est de distinguer,
c'est de diviser, c'est de se dire : « Les choses extérieures ne sont pas
« à moi , mais ma faculté de juger et de vouloir est à moi . Où donc
« chercherai-je le bien et le mal ? Au dedans de moi, dans ce qui est
« à moi . » Ne dis jamais des choses extérieures qu'elles sont bonnes
ou mauvaises , utiles ou nuisibles , ni quoi que ce soit en ce genre.
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Ζ ( VII).
.
TOUT CE QUI N'EST PAS NOUS, NE DOIT ÊTRE POUR NOUS QU'UN ACCESSOIRE .
de l'homme (to éprou) , c'est, selon Épictète, de suivre cette route où les dieux
marchent devant lui (έπεσθαι θεοίς, Entret., I, XII ; IV, 1, 91 ) et qui conduit a la
liberte (επ ' ελευθερίαν, IV , 1, 131 ). L'ouvre « accessoire » (το πάρεργον), c'est tout
ce qui, selon Épictète, ne se rattache qu'indirectement au grand but : on doit
faire tout cela en passant, sans s'arrêter, sans détourner les yeux de la fin su
prême.
2. 'Eti èTotoy. Il faut avoir l'attention fixée sur le navire : m. á m. l'intelligence
tendue vers lui. Épictète a dit avec la même énergie, en parlant de la sagesse
a acquérir : τετάσθαι (δεί) την ψυχήν επί τούτον τον σκοπόν ( Diss. IV, XII, 15 ) .
3. Επιστρέφεσθαι μη , te retourner (pour voir) si... , regarder derriere toi si ...
4. Εμβληθής , (de peur que) tu ne sois jeté dans le vaisseau (par le pilote irrite) .
3. Γυναικάριον , diminutif de mépris. Tout ce qui n'est pas sa volonté propre
n'est rien pour le stoïcien, et il enveloppe dans un même dédain les autres choses
les autres personnes.
6. Ουδέν κωλύσει, rien ne te les interdira, tu pourras les prendre.
7. Καλούντος , Sous-entendu κυβερνήτου .
8. D'après les commentateurs du Manuel (V. Simplicius, in Enchirid.), la mer,
KEQAAAION Z (VII) . 23
pourquoi n'a-t- elle pas étudié notre doctrine ? Je ne veux pas dire
par là que tu ne doives pas faire d'efforts pour qu'elle ne pleure plus,
mais que tu ne dois pas vouloir à toute force une chose qui est en
dehors de toi . Le chagrin des autres est en dehors de moi ; le mien
seul est à moi . Je ferai cesser à toute force le mien, car cela dé
pend de moi ; quant à celui des autres , j'y ferai mon possible, mais
je n’entreprendrai pas de l'apaiser à toute force...
- « Mais si mes amis de là -bas viennent à mourir ? » – Eh bien ! -
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Η ( VIII) .
1. S'il faut céder à la nécessité des choses, c'est que, selon Épictète, sous cette
nécessité même, se cache une harmonie et une éternelle beauté qu'il est digne
de nous de réaliser librement.
2. Cf. Dissert . I , XII , 15 : Το παιδεύεσθαι, τούτ ' έστι , μανθάνειν έκαστα ούτω θέλειν ,
ως γίνεται. Πώς δε γίνεται ; Ως διέταξεν αυτά και διατάσσων... , υπέρ συμφωνίας των όλων .
3. Kai euponoils , et tu couleras bien ta vie. De même que Démocrite avait compare
KEỢAAAION H (VIII). 25
Appendice. -
Il n'y a de libre que celui à qui tout arrive comme
il le veut, et que personne ne peut contraindre. Mais quoi! la li
berté serait- elle l'esprit d'égarement ? A Dieu ne plaise ! car la folie
et la liberté ne peuvent jamais se trouver réunies. Mais j'entends
que tout ce que je veux arrive, quoi que ce soit que je veuille. · Tu
es fou , tu perds la tête !
Ne sais -tu pas que la liberté est une belle et noble chose ? Or,
prétendre que se réalise au hasard ce que nous voulons, cela
risque fort de n'être pas beau , et mieux encore , d'être ce qu'il
y a de plus laid. Comment faisons-nous pour l'orthographe ? Est-ce
que je prétends écrire le nom de Dion à ma volonté ? Non ; mais
j'apprends à l'écrire comme il doit l'être. Et pour la musique ?
même chose . Que faisons -nous, en un mot, dans tout ce qui est art
ou science ? (La même chose.) Autrement à quoi bon apprendre ce
qui devrait se conformer à notre volonté ? Et ce serait juste ici, où
il s'agit de la chose capitale, de la chose essentielle, ma liberté, qu'il
me serait permis de vouloir au hasard ! Non pas, non ; je dois ici
m'instruire, c'est-à-dire apprendre à vouloir chaque chose comme
elle arrive . Et comment arrive - t - elle ? Comme l'a réglé celui qui
règle tout. Or, il a réglé que, pour l'harmonie de l'univers, il y
aurait des étés et des hivers , des temps d'abondance et des temps de
disette, des vertus et des vices , et tous les autres contraires. Il a en
plus donné à chacun de nous un corps et des parties de ce corps,
avec des possessions et des compagnons.
Il faut aller aux leçons, avec la pensée de cet ordre, non pour
changer l'état des choses (car cela n'est pas possible et ne nous serait
pas utile) , mais pour apprendre, tandis que les choses qui nous en
tourent sont comme elles sont et comme il est dans leur nature d'être,
à conformer notre propre volonté aux événements. Voyez en effet :
« Pouvons-nous fuir les hommes ? - Eh ! comment le pourrions
nous ? - En vivant avec eux , pouvons-nous du moins les changer ?
Qui nous en a donné les moyens ? Que reste-t-il donc de
-
est ; d'où il suit que Socrate n'était pas en prison , car il y était vo
lontairergent...
Jamais je n'ai été empêché ni contraint . Et comment y ai - je pu
arriver ? J'ai disposé ma volonté selon celle de Dieu. Veut-il que
j'aie la fièvre? Moi aussi, je le veux. Veut-il que j'entreprenne quel
que chose ? Moi aussi , je le veux . Veut-il que je désire ? Moi aussi ,
je le veux. Veut-il que quelque chose m'arrive ? Moi aussi , je le
veux. Ne le veut-il pas ? Je ne le veux pas. Veut-il que je meure ?
Veut-il que je sois torturé ? Je veux mourir ; je veux être torturé.
Qu'est-ce qui peut alors m'entraver ou me forcer contrairement à ce
qui me semble bon ? On ne le peut pas plus pour moi que pour
Jupiter.
Homme, renonce à tout, suivant le proverbe, pour être heureux ,
pour être libre, pour avoir l'âme grande. Porte haut la tête ; tu es
délivré de la servitude. Ose lever les yeux vers Dieu , et lui dire :
Fais de moi désormais ce que tu voudras ; je me soumets à toi :
« je t'appartiens. Je ne refuse rien de ce que tu jugeras convenable ;
a conduis-moi où il te plaira ; revêts-moi du costume que tu vou
u dras. Veux-tu que je sois magistrat ou simple particulier ? Que je
« demeure ici ou que j'aille en exil ? Que je sois pauvre ou que je
« sois riche ? Je te justifierai de tout devant les hommes ; je leur
« montrerai ce qu'est en elle-même chacune de ces choses. »
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Θ (ΙΧ) .
L'HOMME NE PEUT RENCONTRER D'AUTRE OBSTACLE QUE LUI-MÊME .
« Crois-tu qu'il ait pu permettre que son propre fils devînt esclave ?
« Tu es le maître de ma carcasse ; prends-la ... )
Voici le moment d'avoir la fièvre ; qu'elle vienne, et sois conve
nable. Voici le moment d'avoir soif ; aie soif, et sois convenable .
Voici le moment d'avoir faim ; aie faim , et sois convenable. Cela ne
dépend -il pas de toi ? Quelqu'un peut-il t'en empêcher ? Le médecin
t'empêchera de boire ; mais il ne peut t'empêcher d'être convenable
en ayant soif. Il t'empêchera de manger ; mais il ne peut t'empêcher
d'être convenable en ayant faim .
« Mais (en cet état) je ne puis pas étudier ! » -- A quelle fin
étudies - tu donc , esclave ? N'est-ce pas pour arriver au calme ? à la
tranquillité ? N'est-ce pas pour te mettre et te maintenir en conformité
avec la nature ? Or, quand tu as la fièvre, qui t'empêche de mettre
cet accord entre la nature et ta partie maîtresse ? C'est ici le moment
de faire tes preuves ; c'est ici l'épreuve du philosophe ; car la fièvre
fait partie de la vie, comme la promenade, les traversées, les
voyages par terre. Est-ce que tu lis en te promenant ? — Non . — Eh
bien , c'est la même chose quand tu as la fièvre. Si tu restes conve
nable en te promenant, tu es ce que doit être un promeneur ; si tu
es convenable ayant la fièvre, tu es ce que doit être un fiévreux.
Qu'est-ce donc qu'être convenable en ayant la fièvre ? C'est de ne
t'en prendre ni à Dieu ni aux hommes ; c'est de ne pas te désoler de
ce qui arrive ; c'est d'attendre dignement et convenablement la mort.
« Se peut-il bien, dis-tu , que je sois estropié d'une jambe ? »
-
Esclave ! c'est pour une misérable jambe que tu prends l'uni.
vers à partie ! Ne peux-tu en faire le sacrifice au monde ? Ne sau
rais-tu t'en séparer ? Ne peux-tu la rendre gaiement à celui qui
te l'a donnée ? Vas-tu t'emporter, t'indigner contre les arrêts de Ju
piter, contre ce qu'il a lui-même décidé et arrêté avec les Parques,
quand elles assistaient à ta naissance avec leurs quenouilles ? Ne
sais-tu pas quelle minime fraction tu es par rapport au tout ? Ceci
(bien entendu) est dit de ton corps ; car par ta raison tu n'es pas
au-dessous des Dieux mêmes , tu n'es pas moins grand qu'eux.
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝΙ (Χ ) .
A CHAQUE IDÉE OU REPRÉSENTATION QUI NOUS VIENT DU DEHORS
CORRESPOND EN NOUS UNE FACULTÉ CAPABLE D'EN FAIRE USAGE .
1
'Εφ' εκάστου των προσπιπτόντων μέμνησο , επιστρέφων
επί σεαυτόν, ζητείν τίνα δύναμιν έχεις προς την χρήσιν
1. Epictete prend souvent επιστρέφειν dans le sens de επιστρέφεσθαι. - Conversus
in se, dit aussi Sénèque en parlant du sage. Cf. plus loin, XXIII : ČEW otpa qñval.
28 ΕΓΧΕΙΡΙ
ΔΙΟΝ .
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ . ΙΑ (ΧΙ) .
PERDRE ET RENDRE . LES VOYAGEURS ET L'HÔTELLERIE .
KEQAAAION IB (XII).
LE RENONCEMENT A TOUTES LES CHOSES EXTÉRIEURES EST LE PRIX
DONT S'ACHÈTE LE BONHEUR .
ves. Mais Eurysthée était ce qu'il était, et ne régnait pas plus réelle
ment sur Argos et sur Mycènes qu'il ne régnait sur lui-même : tan
dis qu'Hercule , par toute la terre et par toute la mer , était
9
Esclave, ne peux -tu supporter ton frère, qui a Jupiter pour premier
père, qui est un autre fils né de la même semence que toi , et qui a
la même origine céleste ? Parce que tu as été mis à une place plus
élevée que les autres, vas-tu te hâter de faire le tyran ? Ne te rap
pelles-tu pas qui tu es, et à qui tu commandes ? Ne te rappelles-lu
pas que c'est à des parents, à des frères par la nature, à des descen
dants de Jupiter ? Mais je les ai achetés , et ils ne m'ont pas
acheté, eux ! Vois-tu vers quoi tu tournes tes regards ? Vers la
terre, vers l'abime, vers les misérables lois des morts ! Tu ne les
tournes pas vers les lois des dieux.
KEMAAAION IT (XIII).
PARAÎTRE ET ÊTRE .
1
Εί προκόψαι θέλεις , υπόμεινον ένεκα των εκτός ανόητος
2
δόξας 2? και ηλίθιος ,, μηδέν βούλου δοκείν επίστασθαι ·• κάν .
3
δόξης της είναι 3 τισιν , απίστει σεαυτώ 4. "Ισθι γαρ ότι ου.
1. "Evexa tūv èxtós, au sujet des choses du dehors (que le philosophe doit dé
daigner ).
2. 'Ynóvelvov dócas, souffre de paraître . Le participe s'emploie ainsi , au lieu de
l'infinitif, dans les verbes qui expriment, non tel ou tel acte distinct , mais la
continuation d'un même acte , ou au contraire sa cessation : ljeplévely, naveola ..
3. Tiş civar . On connaît le sens de cet idiotisme.
4. 'Ariotel GEAUTÕ , défie -toi de toi-même. Le stoïcien, selon Épictète, doit être
à la fois plein de confiance et de défiance, d'assurance (Cápsos) et de circonspection
34 ΕΓΧΕΙΡΙΔΙΟΝ .
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙΔ (XIV) .
ON PEUT DEVENIR INDÉPENDANT DE TOUT HOMME EN DEVENANT MAÎ : JE
DE SES DÉSIRS SUR TOUTES CHOSES .
KEDAAAION IE (XV) .
COMMENT ON PEUT DEVENIR, DANS LE BANQUET DE LA VIE ,
UN CONVIVE DIGNE DES DIEUX .
1
Μέμνησο ότι ως και εν συμποσίω σε δεί αναστρέφεσθαι .
1. "Ote us... Quelques éditeurs lisent rūg. Cette hypothèse serait plausible s
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙΕ (xv ) . 37
1
Περιφερόμενον 1 γέγονε τι κατά σε ; εκτείνας την χείρα
κοσμίως μετάλαβε. Παρέρχεται και μη κάτεχε. Ούπω ήκει ;
μη επίβαλλε πόρρω την όρεξιν , αλλά περίμενε μέχρις αν
γένηται κατά σέ. Ούτω προς τέκνα 2 , ούτω προς γυναίκα ,
ούτω προς αρχάς, ούτω πρός πλούτον » και έση ποτέ άξιος
των θεών συμπότης 3. "Αν δε και παρατεθέντων σοι μη
λάβης , αλλ' υπερίδης , τότε ου μόνον συμπότης των θεών
έση, αλλά και συνάρχων . Ούτω γαρ ποιών Διογένης κ4αι και
5
Ηράκλειτος και και οι όμοιοι αξίως θεϊοί τε ήσαν και ελέ
γοντο 6.
Appendice. Les autres êtres ne sont pas nés pour commander, et
ils ne sont pas des parties de Dieu. Toi tu es né pour commander ; tu
es un fragment détaché de la Divinitéz tu as en toi une partie de son
être . Pourquoi donc méconpais -tu ta noble origine ? Ne sais - tu pas d'où
tues venu ? Ne consentiras - tu pas à te rappeler, quand tu es à table,
qui tu es, toi qui es à table , et qui tu nourris en toi . Lorsque tu cau
ses avec quelqu'un , lorsque tu t'exerces , lorsque tu discutes, ne
sais-tu pas que tu nourris en toi un dieu ? C'est un dieu que tu
exerces ! Un dieu que tu portes partout ; et tu n'en sais rien , mal
heureux ! Et crois -tu que je parle ici d'un dieu d'argent ou d'or en
dehors de toi ? Le dieu dont je parle, tu le portes en toi - même ; et
tu ne t'aperçois pas que tu le souilles par tes pensées impures et tes
actions infâmes ! En présence de la statue d'un Dieu , tu n'oserais
rien faire de ce que tu fais ; et, quand c'est le Dieu lui -même qui
est présent en toi , voyant tout , entendant tout, tu’ne rougis pas de
Épictète donnait ici un précepte particulier sur la manière dont on doit se con
duire dans un banquet ; mais il ne se sert de l'idée de banquet que comme d'un
point de comparaison, et le précepte qu'il donne a pour objet la vie tout entière.
" Ως peut donc seul convenir : on sous-entendra, si l'on veut, εν τω βίω.
1. Περιφερόμενον, qu'on porte autour de la table.
2. "Ουτω προς τέκνα, (uses-en) ainsi envers des enfants, ainsi envers unefemme, etc.
3. Cette comparaison de la vie à un banquet ne fait ressortir que mieux le
défaut de la doctrine stoïcienne , qui confond les mets et les convives, la manière
dont on doit se conduire à l'égard des plats, et celle dont on doit se conduire
à l'égard des hommes.
4. Diogènc de Sinope , avec son tonneau pour maison, des graines pour nourri
ture , de l'eau pour boisson , — Diogène qui , esclave , sut conserver la liberté de
son âme, et en présence d'Alexandre sut être sincère , resta toujours pour les
stoïciens et les cyniques le type du vrai sage. Épictète cite à tous moments son
nom et son exemple.
5. C'est à Héraclite d'Éphèse que les stoïciens avaient emprunté en partie leur
conception du monde .
3. Αξίως retombe sur ελέγοντο .
( : . EPICTET » . 3
38 ΕΓΧΕΙΡΙΔΙΟΝ .
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Ις (ΧVΙ) .
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙΖ ( XVII) .
LA COMÉDIE HUMAINE .
1
Μέμνήσο ότι υποκριτής εί δράματος , οίου και αν θέλη και
διδάσκαλος 2. αν βραχύ , βραχέος · αν μακρόν , μακρού . "Αν 4
3
πτωχόν υποκρίνεσθαι σε θέλη, ίνα 3 και τούτον ευφυώς *
5
υποκρίνη : αν χωλόν και , αν άρχοντα , αν ιδιώτην 6. Σον γάρ
>
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙΗ (XVIII) .
LES PRÉSAGES .
1. Διαίρει (s.-e. : ότι τών όντων τα μέν εισιν εφ' ημίν , τα δε ουκ εφ ' ημίν) . V. Epict.
Entret ., I , XXI , 10 .
2. Εμοί , comme προς εμέ. V. plus haut, I, 3 .
3. Ωφεληθήναι απ ' αυτού , ex hoc fructum capere. - Le sage peut tirer du bien
de tout, en faisant de tout un bon usage, un usage conforme à sa raison et à sa
liberté .
KEVAAAION 10 (x1x) . 43
pas vrai ? Et , tandis que celui qui me saisit par le cou, qui place
comme il convient mes hanches et mes épaules, m'est utile ; tandis
que mon maître de gymnastique fait bien de me dire : « Enlève
ce pilon des deux mains ; » tandis que, plus ce pilon est lourd , mieux
il vaut pour moi, faudrait - il dire que celui qui m'exerce à être calme
ne m'est pas utile ? Ce serait ne pas savoir tirer parti des hommes .
Mon voisin est-il méchant ? C'est pour lui qu'il l'est ; pour moi il est
bon : il m'exerce à la modération , à la douceur. Mon père est-il mé.
chant ? Il l'est pour lui ; pour moi il est bon .
C'est là la baguette de Mercure . « Touche ce que tu voudras , me
« dit-il , et ce sera de l'or . » Non pas ; mais apporte ce que tu veux ,
et j'en ferai un bien . Apporte la maladie, apporte la mort, apporte
l'indigence, apporte les insultes et la condamnation au dernier sup
plice ; grâce à la baguette de Mercure, tout cela tournera à notre
profit. Que feras -tu de la mort ? - Eh ! qu'en ferai -je, sinon un
-
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙΘ (XIX) .
COMMENT ON PEUT ÊTRE INVINCIBLE . PLACER LE BIEN EN NOUS SEULS,
EST LE SEUL MOYEN DE SUPPRIMER EN NOUS L'ENVIE.
βαίνης,,őv
ον ουκ έστιν επί σοί νικήσαι 1“.
2. "Ορα μήποτε ιδών τινα προτιμώμενον ή μέγα δυνά 2
μενον ή άλλως ευδοκιμούντα μακαρίσης 2 , υπό της φαντα ?
1. ' Eri ooi yıxňool. Le combat où il dépend de nous de vaincre, c'est celui que
nous devons livrer au dedans de nous , contre les désirs mauvais et les opinions
fausses .
2. Maxaplons, tu estimes heureux.
44 ΕΓΧΕΙΡΙΔΙΟΝ .
σίας συναρπασθείς. Εάν γαρ εν τοίς εφ' ημίν η ουσία και του
αγαθού η , ούτε φθόνος ούτε ζηλοτυπία χώραν έχει 2 , σύ τε
αυτός ο στρατηγός , ου πρύτανις ή ύπατος είναι θελήσεις ,
οδος προς τούτο 33,, καταφρόνησις των
αλλ' ελεύθερος.. Μία δε odds
'
ουκ εφ' ημίν .
Appendice. § 1. Le sage est invincible ; il ne combat, en effet,
que là où il est le plus fort. « Tu veux ce qui est dans mon champ :
prends le ; prends mes serviteurs, prends mon pouvoir , prends mon
corps ; mais tu ne feras pas que mes désirs soient trompés ou que
je tombe dans ce que je cherche à éviter , » Le sage ne descend au
combat que pour les choses qui dépendent de son libre arbitre ;
comment alors ne serait-il pas invincible ?
§ 2. Quand j'entends vanter le bonheur de quelqu'un , parce qu'il
a reçu de César quelque dignité, je me dis : « Que lui arrive-t-il ?
« Une préfecture . Mais lui arrive-t-il aussi l'opinion qu'il en doit
« avoir ? Une charge de procurateur. Mais lui arrive-t-il aussi la
a façon de s'y conduire ? »
Jerez des raisins secs et des noix, les enfants les ramassent en
hâte , et se battent entre eux ; les hommes ne le font pas ; c'est trop
peu de chose pour eux. Mais jetez des coquilles, les enfants eux
mêmes ne les ramasseront pas. Eh bien , on distribue des prétures ,
c'est aux enfants d'y voir. On distribue de l'argent, c'est aux enfants
d'y voir. On distribue des généralats, des consulats ; que les enfants
les pillent ; qu'ils se fassent renvoyer et frapper ; qu'ils baisent la
main de celui qui les doune, et jusqu'à celle de ses esclaves ; il n'y a
là pour moi que des raisins secs et des figues . Que doit -on donc faire ?
Si tu les manques quand on les jette, ne t'en inquiète pas ; si une
figue arrive dans ta robe , prends-la et mange-la ; il t'est permis de
faire assez de cas des figues pour cela. Mais quant à me baisser, quant
à faire tomber quelqu'un ou me faire renverser par lui , quant à flatter
ceux qui ont leurs entrées, la figue n'en vaut pas la peine, non plus
qu'aucun de ces biens que les philosophes m'ont appris à ne pas
regarder comme des biens.
1. Oioia toữ dyaboū. Pour Épictète comme pour les autres stoïciens (voir Diog.
Laërce, VII, 150), ouoia est synonyme de can . C'est ainsi que, pour désigner la main ,
Épictète emploie indifféremment un ou oủoia oñs xetpós (Entret. III, 7, 24 et 25 ) .
Ovoia toll gyaloī désigne ce qui constitue le bien, la substance du bien , et cette
substance du bien n'est autre, selon Épictète, que le libre arbitre : ouvia tou àyo.hou,
Tepoaipeols (Entret., I , 29) .
2. « L'envie ni la jalousie n'a plus de lieu . » C'est que celui-là n'envie rien ,
qui est riche de tous les biens ; or, si les seuls vrais biens résident dans notre
volonté, chacun de nous peut en être riche : il n'a qu'à vouloir. Par la volonté ,
tous, grands et petits, sont donc égaux : la richesse morale, suivant la parole de
Sénèque, se partage sans se diviser : « elle est toute à chacun et toute à tous. »
3. Τούτο (το ελεύθερον).
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΚΑ (xxi) . 45
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ K (XX) .
· NUL OUTRAGE NE PEUT NOUS VENIR D'AUTRUI, MAIS DE NOUS- MÊMes,
mêmes qui nous mettons à la gêne, nous- mêmes qui nous mettons
à l'étroit ; c'est-à - dire, que ce sont nos façons de juger qui nous y
mettent . Qu'est-ce, en effet, que d'être injurié ? Place - toi en face
d'une pierre , et injurie-la ; que produiras -tu ? Si donc quelqu'un se
fait semblable à une pierre , quand il s'entend injurier, à quoi abou.
tira celui qui l'injuriera ? Mais, si la faiblesse d'esprit de l'insulté est
comme un pont pour l'insulteur, c'est alors qu'il arrivera à quelque
chose . « Dépouille cet homme ! » (dis-tu ). — Qu'ordonnes -tu de me
faire ? - « Arrache son manteau , dépouille - le ; » (reprends-tu ) , et tu
ajoutes : « Je t'ai fait injure. » - Grand bien t'arrive !
C'est là ce que Socrate méditait sans cesse κ;αι et c'est pour cela qu'il
eut toute sa vie le même visage. Mais nous, il n'est rien à quoi nous
n'aimions mieux réfléchir et nous exercer qu'aux moyens d'être
libres et sans entraves. Paradoxes (dit-on ), que les propos des philo
sophes ! Mais dans les autres sciences n'y a -t-il donc point de para
doxes ? Qu'y a-t-il de plus paradoxal que de percer l'æil de quelqu'un
pour qu'il voie clair 2 ? Et si l'on disait cela à un homme qui ne
saurait rien de la médecine , ne rirait- il pas au nez de celui qui le lui
dirait ? Qu'y a-t- il donc d'étonnant à ce que dans la philosophie aussi
il y ait des vérités qui paraissent des paradoxes à ceux qui ne s'y
connaissent pas ?
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ KA (XXI).
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ KB ( XXII) .
S'ATTACHER AU BIEN SANS CRAINDRE LA RAILLERIE .
1. Pascal cite cette pensée dans l'Entretien avec de Saci, ainsi que la xiº et la
la xvirº. Il la comprend sans doute à la manière chrétienne, comme si Épictète
avait voulu , par cette image de la mort sans cesse présente à nos yeux , nous ra
baisser nous-mêmes, nous faire sentir notre impuissance et nous plier devant
Dieu. Loin de là, Épictėte veut nous élever au-dessus de la mort même et de
ces maux imaginaires que notre raison prévoit et accepte ; il veut nous faire con
naître notre puissance, nous faire sentir le dieu qui est en nous , et nous faire
monter vers le Dieu qui est au-dessus de nous.
2. 'Etaveaube, il nous est revenu soudain philosophe. – On conseillait à ceux
qui voulaient devenir philosophes de quitter pour quelque temps leur pays et
leur famille, afin de mieux rompre d'un seul coup le pli des anciennes habi
tudes. V. Entret. , III, 16, 11 : Τών πατρίδων συμβουλεύουσιν αποχωρείν οι φιλόσοφοι , ότι τα
παλαιά έθη περισπά , και ουκ έα αρχήν γενέσθαι τινά άλλου εθισμού, ουδε φέρομεν τους απαν
τώντας και λέγοντας « 'Ιδ ' ο δείνα φιλοσοφεί , ο τοιος και τoίoς. »
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΚΓ (AXIII). 47
1
και « Πόθεν ημίν αύτη ή οφρύς 1; » Συ δε οφρύν μεν μη
σχής: τών δε βελτίστων σου φαινομένων ούτως έχου, ως
υπό του Θεού τεταγμένος εις ταύτην την χώραν μέμνησο
τε διότι , εαν μεν εμμείνης τοϊς αυτούς , οι καταγελώντές
2
σου το πρότερον , ούτοι σε ύστερον θαυμάσονται 2, εάν δε
ήττηθής αυτών 3 , διπλούν προσλήψη καταγέλωτα.
Appendice . On dira : « Pourquoi cet homme porte-t-il si haut
« la tête, et prend-ji cet air d'importance ? » Je ne le fais pas en
core comme je le devrais ; car je n'ai pas encore une confiance en
tière dans ce que j'ai appris et dans ce que j'ai accepté : je redoute
encore ma propre faiblesse. Laissez-moi prendre cette confiance, et
vous verrez alors le regard et le port qu'on doit avoir ; je vous mon
trerai alors la statue achevée et polie . Mais que croyez-vous que cela
soit ? L'air arrogant ? A Dieu ne plaise ! Est-ce que Jupiter à Olympie
a l'air arrogant ? Non , mais il a le regard assuré comme doit l'avoir
celui qui peut dire :
« Tout est irrévocable chez moi , et tout y est sûr . »
C'est là ce que je vous ferai voir en moi , avec la sincérité , l'hon
nêteté, la noblesse de cour , le calme absolu . Me verrez-vous exempt
de la mort, de la vieillesse, de la maladie ? Non ; mais vous me verrez
comme un dieu en face de la mort , comme un dieu en face de la ma
ladie . Voilà ce que je sais , voilà ce que je puis ; tout le reste, je ne le
sais, ni ne le puis. Je vous ferai voir la force d'un philosophe. Et en
quoi consiste cette force ? A ne jamais manquer ce qu'on désire, à ne
jamais tomber dans ce qu'on redoute , à se porter toujours vers des
choses convenables, à donner tous ses soins à ce qu'on se propose de
faire, à ne croire jamais qu'après mûr examen . Voilà ce que vous
verrez .
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΚΓ ( XXIII) .
S'ATTACHER AU BIEN SANS DÉSIRER LA LOUANGE .
4 5
Εάν ποτέ σου γένηται έξω στραφήναι και , προς το και βού
1. Οφρύς , supercilium, orgueil. On sait qu'Épictète, ayant essayé de parler
philosophie à la plebe romaine, se vit ainsi forcé au silence.
2. C'est ce qui est arrivé à Épictète lui-même.
3. Εάν ηττηθής αυτών,, si tu es vaincu par eux, si tu leur cedes , et renonces a la
philosophie.
4. 'EĞw otpaojivai, te tourner au dehors, c.-à-d . vers les choses du dehors , vers
ce qui ne dépend pas de toi.
3. Προς το , dans le but de .
48 ΕΓΧΕΙΡΙΔΙΟΝ .
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΚΔ ( XXIV ) .
S'ATTACHER A CE QUI DÉPEND DE NOUS, C'EST ÊTRE VRAIMENT UTILE A
NOUS-MÊMES, AUX AUTRES, A NOS AMIS, A LA PATRIE .
ΙV, 4 , 10 ) .
4. Rapprocher de ce chapitre ces beaux passages des Fragments : « "Ωσπερ οιεπί
των λιμένων πυρσοί, δι' ολίγων φρυγάνων πολλών ανάψαντες φλόγα, ταϊς αλωμέναις ανά το πέ
λαγος ναυσιν ικανήν εργάζονται βοήθειαν. ούτω και ανήρ λαμπρός εν πόλει χειμαζομένη , αυτός
ολίγοις αρκούμενος , μεγάλα τους πολίτας ευεργετεί (Fragm. 78 ) . - Ευποιήσεις συ τα μέγιστα
την πόλιν , ει μή τους ορόφους υψώσης, αλλά τας ψυχάς αυξήσης. 'Αμεινον γαρ εν μικρούς οικήμασι
μεγάλας οικείν ψυχάς, ή εν μεγάλαις οικίαις ταπεινά φωλεύειν ανδράποδα (Fragm . 81). - Μη
τοίς εξ Ευβοίας και Σπάρτης λίθους τους τοίχους τη κατασκευή ποίκιλλες αλλά γαρ τη εκ της
Ελλάδος παιδεία τα στέρνα των πολιτών και των πολιτευομένων διακόσμει. Γνώμαις γαρ ανδρών
ευ οικούνται πόλεις , αλλ' ου λίθους και ξύλοις ( Fragm. 82). " Ωσπερ, ει λέοντας έβούλου
τρέφειν, ουκ άν σοι της πολυτελείας των ζωγρείων έμελεν , αλλά της πράξεως των ζώων· ούτως ,
εί πολιτών πειρά προϊστασθαι , μη τοσούτον της πολυτελείας των αναστημάτων φρόντιζε , οπόσον
της ανδρείας των ενδιατριβόντων επιμελού (Fragm . 83 ) .
52 ΕΓΧΕΙΡΙΔΙΟΝ .
à tous les titres qui naissent de nos différentes relations. Mais ils
sont magistrats, et tu ne l'es pas ! Consens à te dire à toi-même la
vérité : tu n'as rien fait pour l'être , et eux ont tout fait. Or, il serait
souverainement absurde que celui qui poursuit un but l'atteignît
moins que celui qui ne s'en occupe pas .
« Non , dis-tu ; mais comme je m'occupe d'avoir des opinions
« justes, il est logique que je sois au premier rang. » Oui, pour les
choses dont tu t'occupes, pour les opinions. Mais dans les choses
dont d'autres se sont occupés plus que toi , cede-leur le pas ; c'est
comme si , parce que tu as des opinions justes, tu demandais à mieux
réussir que les archers en tirant de l'arc, et que les forgerons en
forgeant. Laisse de côté ta préoccupation des opinions, et tourne- toi
vers les choses que tu veux obtenir ; et alors pleure , si elles ne t'ar
rivent pas, car tu es bien digne de pleurer . Mais aujourd'hui tu nous
dis que tu t'attaches à autre chose, que tu travailles à autre chose ;
or , le vulgaire dit très-bien qu'on ne fait pas deux choses à la fois .
Un tel , levé dès l'aurore, cherche qui saluer parmi les gens du pa
lais, à qui adresser une parole flatteuse, à qui envoyer un cadeau ,
comment plaire au danseur favori, comment nuire à l'un pour avoir
les bonnes grâces de l'autre . Quand il prie, c'est pour cela qu'il
prie ; quand il offre un sacrifice, c'est pour cela qu'il l'offre. Le
précepte de Pythagore
« Ne permets pas que le sommeil entre dans tes yeux appe
« santis, avant d'avoir examiné par trois fois tous les actes de
« ta journée . »
c'est à cela qu'il l'applique : « Qu'ai -je omis, se dit-il, en fait de
« flatterie ? Comment me suis-je conduit ? Aurais-je , par hasard , agi
« en homme indépendant, en homme de cæur ? » Et, s'il trouve qu'il
a agi de la sorte , il se le reproche et s'en accuse. « Qu'avais-tu be
« soin de parler ainsi ? (se dit -il.) Ne pouvais -tu pas mentir ? Les
« philosophes eux-mêmes disent qu'il est permis de faire un men
« songe. » Toi, au contraire , si réellement tu ne t'es jamais occupé
que de faire des représentations l'usage que tu en dois faire, dis-toi
dès le matin, sitôt que tu es levé : « Que me manque-t-il pour m'élever
« au -dessus de toutes les passions, au-dessus de tous les troubles ? »
Repasse alors dans ton esprit ce que tu as fait : « Qu'ai-je omis de
« ce qui conduit à la tranquille félicité ? Quel acte ai-je commis qui
« ne soit ni d'un ami , ni d'un citoyen ? A quel devoir ai-je manqué
« dans ce sens ? »
Eh bien ! quand il y a entre vous une telle divergence dans les dé
sirs, dans les actions, dans les prières , tu voudrais avoir la même
part que ces gens aux choses pour lesquelles tu n'as pas travaillé ,
tandis que c'était pour elles qu'ils travaillaient ! Et tu t'étonneras ,
tu te fâcheras, s'ils te plaignent ! Mais eux ne se fâchent pas, quand
tu les plains. Pourquoi ? Parce qu'ils sont convaincus que leur lot
est le bon , tandis que tu n'as pas la même conviction pour toi . C'est
pour cela que tu ne te contentes pas de ce que tu as, et que tu dé
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ KB (xxv) . 53
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΚΕ (XXV)
LA DIGNITÉ HUMAINE . DE QUEL PRIX ON ACHÈTE
LES BIENS EXTÉRIEURS .
1
1. Προετοιμήθη σου τις εν εστιάσει ή εν προσαγορεύσει ή
4. Il ne s'agit pas seulement dans l'État de revenus, de finances , d'intérêts,
mais de droit et de justice .
54 ΕΓΧΕΙΡΙΔΙΟΝ .
a mourir. -
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Κς (XXVI) .
COMMENT ON PEUT CONNAÎTRE LA LOI DE LA NATURE ET APPLIQUER
NOS NOTIONS NATURELLES .
2
Το βούλημα της φύσεως καταμαθείν έστιν εξ ών 2 ου
1. To Botanga, la volonté, l'intention de la nature .
2. ' Eę cv, pour èx toútoy Tepi tiv...
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Κς (XXVI). 57
fou lui-même fait-il autre chose que ce qui lui paraît bien ? Et '
serait- ce donc là chez lui aussi un critérium suffisant ? « Ce n'en
« est pas un suffisant. » Arrive donc à quelque chose qui soit
supérieur à l'apparence . Mais quel est ce quelque chose ?
Le voici. Le commencement de la philosophie, c'est de s'aperce
voir des contradictions qui existent entre les hommes, d'en recher
cher la cause, de faire peu de cas de la simple apparence , de la
tenir pour suspecte, d'examiner avec soin si elle est fondée, de
trouver un moyen de jugement qui soit pour elle ce qu'a été l'inven
tion de la balance pour les poids , l'invention du fil à plomb pour les
lignes droites ou courbes. Voilà le commencement de la philoso
phie .
Ce qui paraît vrai à chaque homme l’est-il réellement ? Com
ment des choses contradictoires pourraient- elles être également
vraies ? Eh bien ! ce ne sera pas ce qui paraît vrai à chacun ,
mais ce qui nous paraît vrai à nous ? Mais pourquoi à nous plutôt
qu'aux Syriens ? Pourquoi à nous plutôt qu'aux Egyptiens ? Pourquoi
de préférence ce qui paraît vrai à moi ou à un tel ? Pas de raison
pour cela. Donc, parce qu'une chose paraît vraie à quelqu'un , ce
n'est pas une raison pour qu'elle le soit . C'est ainsi qu'en fait de
poids et de mesures nous ne nous en tenons pas à l'apparence , et
KEPAAION KZ (XXVII). 59
N'y a-t-il donc pas ici un moyen de juger qui soit supérieur à
l'apparence ? Eh ! comment se pourrait-il que ce qu'il y a de plus
nécessaire à l'homme fût impossible à découvrir et à reconnaître ?
Ce moyen existe donc .
Pourquoi alors ne pas nous mettre à le chercher, à le trouver,
pour nous en servir, après l'avoir trouvé , sans plus nous tromper
désormais, car nous n'étendrons même plus le doigt sans recourir à
lui ? Or, ce moyen , le voici , je crois : désormais nous ne partirons
que de principes bien reconnus et bien déterminés, et nous com
mencerons par bien éclaircir nos notions premières avant de les ap
pliquer aux faits particuliers ,
Quel objet se présente donc à notre examen en ce moment ? Le
plaisir. Applique -lui la règle ; mets -le dans la balance. Le bien doit
il être de nature à nous donner toute sécurité et à nous inspirer
toute confiance ? Nécessairement . Or, peut-on être sûr de ce
qui est instable ? Non . Le plaisir est-il stable ? Non . -
KEQAAAION KZ (XXVII) .
DE L'EXISTENCE DU MAL .
Appendice 1. -
La substance du bien est dans une certaine façon
de vouloir ; la substance du mal, dans une certaine autre . Et les
objets extérieurs, que sont-ils ? Des matières pour notre faculté de
vouloir ; et suivant la manière dont elle se comporte vis -à-vis
d'eux, elle arrive au bien ou au mal . Comment arrivera - t- elle au
bien ? Si elle ne s'en laisse pas imposer par les choses ; car des ju
gements sains sur les choses nous font une volonté droite à son
tour ; des jugements erronés et à côté du vrai , nous en font une dé
pravée. C'est là une loi qu'a établie Dieu lui-même, qui a dit : « Si
a tu désires quelque bien , tire-le de toi - même. » Non , dis - tu ;
mais d'un autre. << Non pas ; de toi-même... »
Lorsqu'il faudra écrire à un ami , la grammaire dira comment il
faut lui écrire . Mais la grammaire ne vous dira pas s'il faut ou non
écrire à cet ami. La musique vous enseignera de même les notes ;
mais elle ne vous dira pas s'il faut pour le moment chanter et
jouer de la lyre , ou s'il ne faut ni chanter ni jouer de la lyre. Qui
donc vous le dira ? la faculté qui se juge elle- même et juge tout le
reste . Et quelle est -elle ? La faculté rationnelle, car celle-ci est la
seule qui nous ait été donnée pouvant se rendre compte d'elle-même,
de sa nature, de sa puissance , de sa valeur, ainsi que de tous les
autres modes d'exercice de l'esprit ...
Les dieux donc, ainsi qu'il convenait, n'ont mis en notre pouvoir
que ce qu'il y a de meilleur et de plus excellent dans le monde, le
bon usage des représentations . Le reste , ils ne l'ont pas mis en
notre pouvoir. Est-ce donc qu'ils ne l'ont pas voulu ? moi je crois que ,
s'ils l'avaient pu , ils nous auraient également faits maîtres du reste .
Mais ils ne le pouvaient absolument pas , Car, vivants sur la terre,
et enchaînés à un tel corps et à de tels compagnons, comment au
rions - nous pu ne pas être entravés pour ce reste par les objets du
dehors ?
Que dit Jupiter ? « Epictète, si je l'avais pu , j'aurais encore fait
« libres et indépendants ton petit corps et ta petite fortune. Mais, ne
« l'oublie pas, ce corps n'est pas à toi; ce n'est que de la boue artis
« tement arrangée. Comme je n'ai pu l'affranchir, je t'ai donné une
« partie de nous-mêmes, la faculté de te porter vers les choses ou de
« les repousser, de les désirer ou de les éviter, en un mot , de savoir
« user des représentations. Si tu la cultives , si tu vois en elle seule
« tout ce qui est à toi, jamais tu ne seras empêché ni entravé ; jamais
« tu ne pleureras ; jamais tu n'accuseras ni ne flatteras personne. »
Eh quoi trouves-tu que ce soit là peu de chose ? A Dieu ne
-
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΚΗ (XXVIII)
LA PROSTITUTION DE L'AME .
θυμίαν .
4. Ούτω θεασάμενοί τινες φιλόσοφος 7, και ακούσαντες >
1. Παρορύσσεσθαι, creuser. On s'est livre a une foule de conjectures sur le vrai sens
de ce mot (V. a ce sujet la savante edition de Coray, Σημειώσεις εις το 'Επικτήτου εγχει
pidcov, p. 128 , et Schweigbæuser ,Epict. Diss., III , 15, 4, note). Les lutteurs antiques
avaient l'habitude, avant le combat , de creuser des fosses où ils se roulaient, se
couvrant ainsi de poussiere, pour que leur corps offrit plus de prise : « Ψάμμον ταύ
την βαθείαν υποβαλλόμενοι εν τω ορύγματι πάττουσι τε αλλήλους και αυτοί εχόντες επαμώνται
την κόνιν, άλεκτρυόνων δίκην » ( Lucien , Περί γυμνασ. 2). En rapprochant du passage
d'Épictète ce passage de Lucien, il semble que trapoptoosolai doive simplement si
gnifier : creuser des fosses. Pourtant, ce sens n'a pas été adopté par tous les
critiques. L'un d'eux a cru que παρορύσσεσθαι devait s'appliquer aux blessures, aux
trous que les lutteurs se faisaient aux yeux et aux dents, et il a appuyé son in
terprétation d'un passage de Galien . Enfin, troisième hypothèse, l'expression
peut se prendre métaphoriquement, comme dans ce passage des Psaumes. « 'Sapu
ξαν χείράς μου και πόδας μου . » – Peut -être, en effet, l'interprétation la moins sub
tile consisterait a prendre metaphoriquement παρορύσσεσθαι, mais nullement dans
le sens des Psaumes, et à traduire : « Puis dans la lutte il faudra en tombant
creuser la poussière ; or, il est possible que tu te démettes la main, etc. » La mé
taphore ainsi entendue serait en tous cas plus juste que celle-ci , devenue banale :
mordre la poussiere. Remarquer que, dans cette hypothese, έστι δε ότε χείρα έκβα
λείν, suit tout naturellement et sans lacune .
2. Χείρα εκβαλείν, se démettre la main.
3. Αφήν, poussiere . V. aussi Lucien , Περί γυμνασ. 8 3 : ψάμμου αναπεπλήσθαι
το στόμα.
4. Μαστιγωθήναι , au sens propre , et non au sens figure, comme l'ont voulu quel
ques commentateurs : être fouetté ( par les surveillants des jeux). ,
3. Περιοδεύσας , ayant tourne autour. On dit en français : ayant tourné et re
tourné la chose .
6. Ψυχράν, sans chaleur, peu vif.
7. Θεασάμενοι φιλόσοφον , ayant νu un philosophe . Les philosophes, surtout les
cyniques , se distinguaient alors facilement des hommes du commun (idiótal) à
leur air grave, leur longue barbe et leurs longs cheveux . Aussi ne voyait-on
63
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΚΘ (XXIX).
1
ούτω τινός λέγοντος ως Ευφράτης ' λέγει (καίτοι τίς ούτω
δύναται ειπείν, ως εκείνος ;) , θέλουσι και αυτοί φιλοσο
2
φεϊν.
5. "Ανθρωπε , πρώτον επίσκεψαι όποϊόν εστι το πράγμα.
είτα και την σεαυτού φύσιν κατάμαθε , ει δύνασαι βαστάσαι .
2
Πένταθλος 2 είναι βούλει ή παλαιστής και ίδε σεαυτού τους
βραχίονας , τους μηρούς, την οσφύν κατάμαθε . "Αλλος γάρ
προς άλλο πέφυκε .
6. Δοκείς ότι ταύτα ποιών 33 ώσαύτως δύνασαι εσθίειν ,
ώσαύτως πίνειν, ομοίως ορέγεσθαι , ομοίως δυσαρεστείν *;
souvent dans la philosophie que le costume, et certains philosophes n'y voyaient
eux-mêmes pas autre chose. V. Entret. , IV, viII : « Un tel, dit-on , est philosophe.
Pourquoi ? parce qu'il porte le vieux manteau et les cheveux longs. Mais
qu'est-ce que portent les charlatans ?... Est -il une autre profession que la philo
sophie dont on juge sur les vêtements et la chevelure ? quelle est celle qui n'a
pas ses objets d’étude, sa matière et sa fin ? qu'est-ce qui est donc la matière du
philosophe ? son manteau ? non , niais sa raison. Et quel est son but ? de porter
un manteau ? non , mais d'avoir une raison saine. Et quels sont les objets de ses
études ? les moyens d'avoir une longue barbe ou une chevelure' épaisse ? non ,
mais bien plutôt la connaissance du raisonnement. »
1. Euphrate, dont parle avec cet éloge Épictète, et dont il parle ailleurs en
core (Entret. , II, 15 ; VII, 57 ) , était un philosophe syrien (Cf. Pline le Jeune,
Epist., Ι , 10) : « Euphrates , Syrus philosophus, est obvius et expositis et plenus
.
τατον της ψυχής , εν ώ αι φαντασίαι και αι ορμαι γίνονται και όθεν ο λογός εται:
όπερ είναι ένα καρδία. Stobee (114) : 'Αρετάς δ' είναι πλείους φασί και αχωρίστους απ’ αλ
λήλων και τας αυτάς τα ηγεμονικώ μέρει της ψυχής καθ ' υπόστασιν .
8. Remarquez ce to cautoü rejeté à la fin de la phrase, pour l'opposer mieux
ά τα εκτός .
9. Φιλοτεχνείν, travailler en artiste a , mettre tous ses soins a . - Cela rappelle
le précepte stoïcien : ars est bonum fieri.
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Λ (Xxx ). 65
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΛΑ (ΧΧΧΙ) .
LE VRAI CULTE ENVERS LA DIVINITÉ 1.
νατον 4.
4. "Ενθεν και πατήρ υπό υιού λοιδορείται , όταν των
δοκούντων αγαθών είναι το παιδί μη μεταδιδό, και Πο
λυνείκην και Ετεοκλέα τούτ ' έποίησε πολεμίους αλλήλοις,
το αγαθόν οίεσθαι την τυραννίδα 5. Διά τούτο και ο γεωρ
au même endroit, il cite cette phrase des Entretiens ( III, 1 , 18 ) : Eis taútry try
χώραν εαυτόν κατατέταχε, il ( Apollon) s'établit en ce lieu( a Delphes) . Schweighaeuser
n'a pas vu que rien n'empêche de comprendre de la même manière sautóv... xa
τατεταχέναι dans la phrase du Manuel, et de traduire avec M. Dübner ita te com
parare, ut , etc. Ce qui rendrait ce dernier sens préférable, c'est que le Dieu
des Stoïciens ne peut pas imposer à l'homme le rôle de l'obéissance ; selon les
Stoïciens, c'est l'homme qui librement prend ce rôle et librement obéit à Dieu :
ακολουθεί, εκόντα .
1. Υπό της ... επιτελουμένοις , produites par la pensée la meilleure . C'est l'affir
mation de l'optimisme.
2. 'Αλλως... εάν μή άρης, autrement... si tu n'otes ; tourner : autrement... que si
tu otes .
3. Τους αιτίους , les causes de ces choses , les dieux.
4. Ce passage renferme une conception originale et féconde en conséquences.
(V. notre édition française du Manuel.)
5. Le fils qui accable son père de reproches , c'est l'homme blasphémant Dieu και
Polynice et Étéocle, ce sont les hommes qui, tous frères, sont trop souvent des
frères ennemis . - Épictète revient plus d'une fois sur cette comparaison des
frères ennemi .
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΛΑ (ΧΧΧΙ). 69
γος λοιδορεί τους θεούς 1 , διά τούτο ο ναύτης , διά τούτο και
έμπορος, δια τούτο οι τας γυναίκας και τα τέκνα απολ
λύντες . "Όπου γάρ το συμφέρον , εκεί και το ευσεβές2•2 . ώστε,
όστιςεπιμελείται του ορέγεσθαι ως δεί και εκκλίνειν , εν τω
3
αυτώ και ευσεβείας επιμελείται 8. 6
KEQAAAION AB (XXXII).
COMMENT IL FAUT CONSULTER LES ORACLES .
KEPAAAION AT ( XXXill )
D'UN TYPE IDÉAL DE CONDUITE .
1
1. Ταξον τινά ήδηκαι χαρακτήρα σαυτό και τύπον2, ονov >
διαβεβλημένου . Cependant c'est cette derniere version que Coray a adoptée : dans
ce cas, il semble qu'il faudrait ιδιώτου, et non ιδιωτικόν. D'ailleurs , ne peut-on
comprendre διαβεβλημένον en le prenant au neutre et en sous-entendant le mot état .
On aurait alors le contraire de l'etat de tranquillité désigné tout à l'heure par to
ευσταθές. Cf. plus haut, IV : αγανακτώ προς τα γινόμενα.
1. Εν ταις ομιλίαις, dans la conversation .
2. Μεμνήσθαι , raconter .
3. Και, meme.. En cette circonstance , le Stoïcien doit aller jusqu'à enfreindre
le précepte qui lui recommande de ne point se montrer un censeur importun :
μη επαχθής ... μηδέ ελεγκτικός.
78 ΕΓΧΕΙΡΙΔΙΟΝ .
« un méchant homme ; un tel est honnête ; ceci a été bien fait ; cela
a l'a été mal ? » Et si c'est un moqueur, un persifleur, une mau
vaise langue ? Avez- vous donc les ressources du musicien , qui , dès
qu'il a pris sa lyre, et qu'il en a touché les cordes, reconnaît celles
qui ne sont pas justes, et accorde son instruinent ? Avez-vous donc
le talent de Socrate, qui , dans toute liaison , savait amener à ses
sentiments celui avec qui il vivait ? Et d'où vous viendrait ce talent ?
Forcément, ce serait vous qui seriez entraînés par les hommes ordi .
naires .
Et pourquoi sont- ils plus forts que vous ? Parce que toutes ces
sottises, c'est avec conviction qu'ils les disent ; tandis que vous,
toutes ces belles choses, c'est des lèvres seulement que vous les
dites. Aussi sont- elles dans votre bouche sans force et sans vie ;
aussi prend -on en dégoût les exhortations qu'on vous entend faire,
et la misérable vertu -que vous vantez à tort et à travers. C'est là ce
qui fait que les hommes ordinaires vous battent. Car partout la con
viction est forte , partout la conviction est invincible.
Jusqu'au momont donc où tous ces beaux principes seront pro
fondément gravés en vous, et où vous serez devenus assez forts pour
n'avoir rien à craindre , je vous conseille d'y regarder à deux fois
avant de descendre au milieu des homines ordinaires ; autrement,
tout ce que dans l'école vous aurez écrit en vous, s'y fondra jour à
jour comme la cire au soleil. Tenez-vous donc bien loin du soleil,
tant que vos principes seront de cire.
C'est pour cela encore que les philosophes nous conseillent de
quitter notre pairie, parce que les vieilles habitudes nous entraînent,
et ne nous permettent pas de prendre d'autres plis ; parce que
aussi nous ne savons pas résister à ceux qui disent, en nous ren
contrant : « Regarde donc ! Un tel est philosophe, lui qui était ceci
« et cela ! » C'est ainsi encore que les médecins envoient dans un
autre pays, et sous un autre ciel ceux qui sont malades depuis
79
KEVAA AION AT ( XXXIII) .
ongtemps ; ils ont raison ! Vous aussi , inoculez-vous d'autres mæurs ,
'gravez profondément en vous les principes, exercez -vous à les appli
quer.
Appendice au § 8 . D'abord, pour ce qui t'est personnel, il faut
qu'on ne te voie plus rien faire qui ressemble à ce que tu fais main
tenant... Les autres hommes ont mille manières de se cacher ; mais
le philosophe, en place de tout cela , doit mettre sa retenue entre les
yeux et lui . Voilà sa maison, voilà sa porte , voilà le gardien de sa
chambre, voilà ses ténèbre ne doit vouloir cacher rien de ce
qu'il fait. Autrement, c'en est fait, il a détruit en lui le philosophe,
l'homme qui peut vivre au grand jour, et qui est vraiment libre...
Il te faut donc commencer par purifier ta partie maîtresse ; et
voici quels doivent être tes principes :: Mon âme est la matière que
je dois travailler , comme le charpentier le bois, comme le cordon
nier le cuir ; et ce que j'en dois faire, c'est une âme qui se serve con
venablement des représentations. Mon corps n'est rien pour moi; ses
membres ne sont rien pour moi.
Avant tout , il faut que la partie maîtresse du philosophe soit plus
pure que le soleil ... Les rois et les tyrans ont des gardes et des ar
mes, qui leur donnent les moyens de réprimander les autres et
de les punir quand ils font mal , quelque pervers qu'ils soient eux
mêmes ; mais le cynique n'a ni armes ni gardes : il n'y a que sa
conscience qui puisse lui donner ce même pouvoir. Quand il se
voit veillant et travaillant par amour pour l'humanité ; quand il se
voit s'endormant le cour pur et se réveillant plus pur encore ;
quand il voit que toutes ses pensées sont les pensées d'un ami des
Dieux , d'un de leurs ministres, d'un associé à la souveraineté de
Jupiter ; quand il voit que partout il a présent à l'esprit ce mot :
« 0 Jupiter, ô destinée , conduisez-moi ; »
et cet autre encore :
« Si les Dieux le veulent ainsi, qu'il en soit fait ainsi. »
pourquoi n'aurait-il pas le courage de parler librement à ses frè
res , à ses enfants , à sa famille, en un mot ? Aussi n'est- il ni un
curieux , ni un indiscret quand il agit ainsi ; car ce n'est pas de sa
part s'occuper indiscrètement des affaires d'autrui que d'inspecter
l'humanité, c'est s'occuper de ses propres affaires . Autrement, il
faudrait dire que le général, lui aussi , est un indiscret quand il ins
pecte ses soldats, les examine, les surveille, et punit ceux qui ne
font pas bien . Mais, si tu te mettais à gourmander les autres, en
ayant une friandise cachée sous ton manteau, je te dirais : « Va-t'en
(
plutôt dans un coin dévorer ce que tu as volé ! Que t'occupes-tu
« des affaires d'autrui? Qui es-tu , en effet ? Es-tu le taureau ? Es-tu
« la reine des abeilles ? Montre -noi les insignes de ta supériorité,
« comme ceux que la reine tient de la nature . Si tu n'es qu'un fre
« lon , et que tu oses réclamer la royauté parmi les abeilles, crois-tu
« que tes concitoyens ne le chasseront pas, comme les abeilles chas
v sent les frelons ? »
80 EIXEIPIAION .
Appendice au g 10. — Un procurateur de l'Épire avait favorisé un
histrion d'une manière inconvenante, et le public lui avait dit des
injures ; il était venu alors raconter ces injures à Epictète , et il s'in
dignait contre ceux qui les lui avaient adressées .
Qu'ont- ils fait de mal ? lui dit celui - ci . Ils ont donné des marques
de leur faveur, tout comme toi .....
Qui la multitude peut-elle imiler , si ce n'est vous qui êtes au
dessus d'elle ? Et, quand elle va au théâtre, sur qui a-t-elle les yeux,
si ce n'est sur vous ? « Vois , dit - on , comme l'intendant de César
« regarde le spectacle ! Il a crié ! Je crierai donc, moi aussi . Il tré
« pigne d'enthousiasme ! Je trépignerai donc aussi . Ses esclaves,
« assis à ses côtés , poussent des clameurs ! Moi, je n'ai pas d'es
« claves ; je vais , à moi seul, si je le puis, en pousser autant que
« tous . » Il te fallait savoir , quand tu es entré au théâtre, que tu
y entrerais pour servir de règle et d'exemple aux autres, sur la ma
nière dont on doit regarder . Pourquoi donc t'ont- ils injurie ? parce
que tout homme hait ce qui le contrarie . Ces gens voulaient qu'un
tel fût couronné ; toi , tu voulais que ce fût un autre : ils te contra
riaient , tu les contrariais . Tu t'es trouvé le plus fort ; ils ont fait
ce qu'ils pouvaient faire : ils ont injurié qui les contrariait . Que
voudrais - tu donc ? que tu fisses ce que tu veux, et que ces gens ne
pussent même pas dire ce qu'ils veulent ?.....
Que conclure de là ? Que tu devais te dire, en arrivant au théâtre,
non pas : « Il faut que Sophron soit couronné; » mais : « J'aurai soin
« dans cette occasion que ma volonté soit conforme à la nature .
« Personne ne m'est plus cher que moi-même. Il serait donc ridi
« cule de me nuire à moi-même, pour faire triompher l'un des
a.comédiens. Quel est donc celui que je veux voir vainqueur? Celui
« qui le sera . De cette façon celui qui vaincra sera toujours celui
« que j'aurai voulu . » — « Mais je veux, dis-lu, que la couronne
« soit à Sophron ! » Fais célébrer alors dans ta maison tous les jeux
que tu voudras, et proclame-le vainqueur aux jeux Néméens, aux
Pythiens, aux Isthmiques et aux Olympiques . Mais en public pas
d'empiétements : ne t'arroge pas ce qui appartient à tous . Sinon ,
supporte les injures; car, lorsque tu agis comme la multitude, tu te
mets toi-même à son niveau .
Appendice au g 12. Veuille te plaire à toi-même ; veuille être
beau aux yeux de Dieu ; veuille vivre pur avec toi-même qui resteras
pur, et avec Dieu . Puis, quand il se présentera à toi quelque appa
rition entraînante, Platon te dit : « Recours aux sacrifices expiatoires ;
« recours , en suppliant, aux temples des dieux tutélaires ; » mais il
te suffira de te retirer pour ainsi dire dans la société de quelqu'un
des sages , et de rester avec lui en ' te comparant à lui , qu'il soit
' un de ceux qui vivent ou un de ceux qui sont morts...
Lorsque tu vois un homme au visage fatigué, sois comme le mé
decin , qui dit d'après le teint : « Un tel est malade de la rate, et un
« tel du foie. » Dis, toi aussi : « Le désir et l'aversion sont malades
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΛΓ (XXXIII ). 81
« chez lui ; ils ne vont pas bien ; ils sont en feu. » Il n'y a jamais que
cela en effet qui nous fasse changer de couleur, trembler, claquer
des dents ; il n'y a que cela
« Qui fasse que les genoux nous manquent, et que nous nous af
a faissions sur nos deux jambes. »
Aussi Zénon était-il tranquille, au moment de se trouver en pré
sence d'Antigone, parce que pas une des choses dont il faisait cas ne
dépendait de ce dernier, et que tout ce qui dépendait de ce dernier
lui était indifférent.
« Comment, dit-on, cet homme va-t- il m'accueillir ? Comment va
« t- il m'écouter ? » Comme il le voudra, esclave ! Que l'occupes-tu
des affaires des autres ? N'est- ce pas à lui que sera la faute, s'il ac
cueille mal ce qui viendra de toi ?
Mais ce qui m'inquiète, c'est la façon dont je lui parlerai . Eh
bien ! n’es-tu pas le maître de lui parler comme tu le voudras ?
Oui , mais je crains de ne pas m'en tirer .
N'as-tu donc pas appris à parler ? Et quelle autre chose as-tu
apprise dans les écoles ? - J'ai appris les syllogismes et les sophismes .
- A quelle fin, si ce n'est de discuter en homme exercé ?
Socrate avait vraiment appris હૈà parler, lui qui tenait aux tyrans ,
aux juges et dans la prison , ce langage que vous savez. Diogène avait
appris à parler, lui qui disait ce que vous savez à Alexandre , à Phi
lippe, aux pirates, à celui qui l'avait acheté . Leur assurance venait
de leur savoir .
Appendice au & 13. « Quel est ton avis ? Veux- tu que je fasse
« la cour à un tel , et que je me présente à sa porte ? » – Si la raison
le demande, pour ta patrie, pour ta famille, pour l'humanité, pourquoi
ne le ferais -tu pas ? Tu ne rougis pas de te présenter à la porte d'un
cordonnier, lorsque tu as besoin de chaussures, ni à celle d'un jardi
nier, lorsque tu as besoin de laitues, pourquoi rougirais -tu de te pré
senter à celle des riches , lorsque tu as quelque besoin analogue
« Oui , mais je ne m'extasie pas devant le cordonnier. » Eh bien !
ne t'extasie pas devant le riche non plus . - « Je ne vais pas pour
« flatter le jardinier. » -– Ne flatte pas le riche non plus . · « Mais
-
a comment obtiendrai -je de lui ce que je désire ? » — T'ai-je dit d'y aller
pour l'obtenir à tout prix ? Ne l'ai -je pas dit simplement d'y aller pour
faire ce que tu dois faire ? –- « Pourquoi donc m'y présenterai.je
-
« alors ? » – Pour y aller ; pour faire ton devoir de citoyen , ton devoir
de frère, ton devoir d'ami . Souviens-toi seulement que c'est chez un
cordonnier que tu vas , chez un vendeur de légumes, qui n'a à sa
disposition rien de grand ni de respectable, si cher qu'il vende sa
marchandise . Tu vas là comme on va vers des laitues . Elles valent
une obole et non pas un talent . Qu'il en soit de même vis-à-vis du
riche . Dis-toi :: « La chose vaut la peine de se présenter à sa porte.
Soit ! J'irai. Elle vaut la peine de lui parler . Soit ! Je lui parlerai .
Mais il faudrait lui baiser la main et le flatter par quelques com
pliments ! Ecartons cela : ça vaudrait un talent. Il n'est utile, ni à
5.
82 ΕΓΧΕΙΡΙΔΙΟΝ .
moi , ni à la ville, ni à mes amis, que le citoyen et l'ami honnêtes
périssent en moi . »
- « Mais si je ne réussis pas , je semblerai n'y avoir pas mis tous
mes soins ! » As-tu donc oublié de nouveau pourquoi tu Υy allais ?
Ne sais-tu pas que le sage n'agit jamais en vue de paraître, mais en
vue de bien faire ?
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΛΔ ( ΧΧΧΙV).
COMMENT ON PEUT LUTTER CONTRE LE PLAISIR .
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΛΕ (XXXV) .
NE PAS CRAINDRE D'ÊTRE VU QUAND ON AGIT .
e/
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΛΘ (XXXIX) .
LA MESURE DE LA PROPRIÉTÉ .
ορέξεως έμπλησις · όψον δε και ηδονή, αυτή η όρεξις » και ούτε πλείονα
των δεόντων προσοίση , ούτε οψοποιών δεήση , ποτώ τε τα παραπεσόντι
αρκεσθήση 3.
Φρόντιζε, όπως σε μή τα εν τη γαστρί σιτία πιαίνη , αλλ' ή εν τη ψυχή
ευφρασία. Επεί τα μεν αποσκυβαλίζεται, και συνεκρεϊ ο έπαινος· η δε,
κάν η ψυχή χωρισθή, διαπαντός ακήρατος μένει 4 .
' Εν ταϊς εστιάσεσι μέμνησο, ότι δύο υποδέχη , σώμα , και ψυχήν· και
ότι αν τω σώματι δώς, τούτο ευθύς εξέχεας· ότι δ' άν τη ψυχή, διαπαντός
τηρείς και .
Εί τις υπερβάλλοι το μέτριον, τα επιτερπέστατα ατερπέστατα αν γί
γνοιντο 6 .
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ M (XL) .
DE L'ÉDUCATION DES FEMMES .
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ MB ( XLII) .
ÊTRE DOUX ENVERS CEUX QUI FONT MAL , CAR ILS SE TROMPENT.
est vraie ; une seule à leurs négations, la conviction que telle chose
est fausse; une seule à leurs doutes, la conviction que telle chose
est incertaine ; une seule à leurs vouloirs , la conviction que telle
chose est convenable ; une seule à leurs désirs , la conviction que
telle chose leur est utile ; s'il leur est impossible de désirer autre
chose que ce qu'ils jugent utile, et de vouloir autre chose que ce
qu'ils jugent convenable, pourquoi nous emporter contre la plupart
d'entre eux ? - Ce sont des filous et des voleurs , dis-tu ! — Qu'est-ce
donc que les filous et les voleurs ? Des gens qui se trompent sur ce
qui est bon et sur ce qui est mauvais . Par suite , est -ce l'indignation
ou la pitié qu'ils doivent t’inspirer ? Montre-leur qu'ils se trompent,
et tu verras comme ils cesseront de faire mal . S'ils ne voient pas
leur erreur, ils n'ont rien qu'ils puissent préférer à leur opinion .
Quoi donc ! ce voleur et cet adultère ne devraient-ils pas périr ?
-
- Ne parle pas ainsi ; mais dis plutôt : « Cet homme qui s'égare et
« qui se trompe sur les sujets les plus importants, cet homme aveu
« glé, non dans ces yeux du corps qui distinguent le blanc du noir,
« mais dans ces yeux de l'esprit qui distinguent le bien du mal, ne
« devrait-il pas périr ? » Et si tu parles ainsi, tu reconnaîtras com
bien ton dire est inhumain , combien il ressemble à celui-ci : « Cet
« homme aveugle et sourd ne devrait- il pas périr ? » Car si le plus
grand de tous les dommages est d'être privé des plus grands biens,
et si le plus grand de tous les biens est un jugement droit, pourquoi
t'emporter encore contre celui qui en est privé ?
O homme, il ne faut pas que les torts des autres produisent sur
toi un effet contraire à la nature ; aie pitié d'eux plutôt. Laisse là
ces mots de colère et de haine, ces exclamations de la multitude :
a Quelle canaille ! Quel être odieux ! » Es-tu donc, pour la part, de
venu sage en un jour ? Te voilà bien sévère !
Pourquoi donc nous emportons-nous ? Parce que nous attachons
du prix à ce qu'on nous enlève . N'attache pas de prix à ton man
teau , et lu ne t'emporteras pas contre son voleur. Tant que tu atta
cheras quelque prix à ces choses-là, c'est de loi que tu devras être
mécontent , et non pas des autres.
Vois un peu : tu as de beaux vêtements, tandis que ton voisin
n'en a pas ; tu as une fenêtre, veux-tu les'y mettre à l'air ? Il ne sait
pas quel est le bien de l'homme, et s'imagine que c'est un bien d'a
voir de beaux vêtements, ce que tu crois toi-même ; et il ne viendrait
pas te les prendre ! Tu montres un gâteau à des gourmands, et tu le
manges seul ; et tu veux qu'ils ne te l'arrachent pas ! Ne les tente
pas ; n'aie pas de fenêtre ; ne mets pas à l'air tes vêtements. Moi ,
avant- hier, j'avais une lampe de fer devant mes dieux pénales ; j'en
tendis du bruit à ma porte ; je courus , et je trouvai qu'on avait en
levé ma lampe . Je me dis que celui qui l'avait volée n'avait pas fait
une chose déraisonnable . Qu'arriva- t-il donc ? Je dis : « Demain tu
« en auras une de terre cuite ... »
(C
Quoi donc ! ne nuirai-je pas à qui m'a nui ? » Vois d'abord
ΙΟΝ
90 ΕΓΧΕΙΡΙΔ .
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΜΓ ( XLIII) .
LES DEUX ANSES .
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΜΕ ( XLV) .
NE PAS JUGER LA CONDUITE D'AUTRUI .
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Mς (ΧLVΙ ) .
NE PAS SE DIRE PHILOSOPHE, MAIS L'ÊTRE .
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ MZ (XLVII) .
ÊTRE AUSTÈRE SANS S'EN VANTER .
froid tenait embrassées des statues (V. Diog: Laërce, VI, 23) ; mais Épictète, qui a
une sorte de culte pour Diogènc, ne l'eût pas ainsi comparé aux funambules. De
plus , lorsqu'il parle « d'embrasser les statues » , ce n'est pas comme d'un exer
cice où l'on dompterait la douleur et qui , à ce titre, pourrait encore être utile,
c'est comme d'un tour de force difficile et périlleux ( dúoxonov xai ēnexivduvov ) . Voy .
encore Entretiens , IV, V , 14 : Ο μη δυνάμενος λέγοντας πνίγειν ή ανδριάντας περιλαμ
>
βάνειν .
G : Épictète. 0
98 ΕΓΧΕΙΡΙΔΙΟΝ .
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ MH ( XLVIII ).
SIGNES AUXQUELS ON RECONNAÎT L'HOMME ORDINAIRE ET LE PHILOSOPHE .
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΜΘ (XLIX).
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ N (L) .
LES LOIS MORALES ,
ότι παρά μίαν ημέραν και ένα πράγμα και απόλλυται προ
κοπή και σώζεται .
1
3. Σωκράτης ούτως απετελέσθη1, επί πάντων των προσ >
KEQAAAION NB (LII).
LES TROIS PARTIES DE LA PHILOSOPHIE .
1
1. Ο πρώτος και αναγκαιότατος τόπος ' έστιν εν φιλο
σοφία , και της χρήσεως των θεωρημάτων , οίον το μή
ψεύδεσθαι 2. ο δεύτερος, και των αποδείξεων, οίον πόθεν 3
1. Tótos , partie .
2. La morale pratique , qui déduit des théorèmes moraux les règles de la con .
duite .
3 , 11 , S.-e. ryt !.
106 ΕΓΧΕΙΡΙΔΙΟΝ .
ότι ου δεί ψεύδεσθαι 1.. τρίτος και αυτών και τούτων βεβαιω
. 2
3
τικός και διαρθρωτικός , οίον πόθεν ότι τούτο απόδειξις;
?
(logiques) , qui ne sont pas faites pour toi ? Elles conviennent à ceux
qui peuvent les acquérir , étant déjà au - dessus de tous les troubles
de l'âme ; à ceux qui peuvent dire : Je n'ai ni colère , ni chagrin ,
« ni haine . Que me reste-t-il à faire ? J'ai du loisir , et je suis en
« repos. Voyons comment on doit se tirer de la conversion des syllo
« gismes ; comment, après avoir posé une hypothèse, on évitera de
« tomber dans l'absurde. » Voilà ceux auxquels ces études con
viennent. Quand on a une navigation heureuse , on a le droit d'allu
mer du feu, de dîner, et même, à l'occasion , de chanter et de dan
ser ; mais toi , c'est quand le navire est en danger de sombrer, que
tu viens déployer tes plus hautes voiles .
KEÞAAAION NI ( LIII) .
SENTENCES DIVERSES .
1. lletepouévn , destinée .
2. ' 124, car .
3. Ces vers sont de Cléanthe, le poëte philosophe. On sait son histoire . Né à Assos ,
en Éolie, vers l'an 310 environ , il se destinait au métier d'athlète , lorsqu'il connut
Zénon à Athènes. Contraint par la pauvreté à se mettre au service des jardiniers
d'Athènes, il passait les nuits à arroser les plantes , les jours à entendre Zénon
et à étudier. Il succéda à Zénon dans l'enseignement du Portique . On a conservé
de lui un hymne à Jupiter dont voici quelques extraits : « Salut à toi , ò le plus
« glorieux des immortels, être qu'on adore sous mille noms , Jupiter éternellement
« puissant ; à toi , maître de la nature ; à toi qui gouvernes avec loi toutes choses !
« C'est le devoir de tout mortel de t'adresser sa prière ; car c'est de toi que nous
« sommes nés, et c'est toi qui nous as doués du don de la parole , seuls entre tous
« les êtres qui vivent et rampent sur la terre . A toi donc mes louanges, à toi
« l'éternel hommage de mes chants ! Ce monde immense qui roule autour de la
« terre conforme à ton gré ses mouvements, et obéit sans murmure à tes ordres ...
« Roi suprême de l'univers, ton empire s'étend sur toutes choses . Rien sur la
« terre, Dieu bienfaisant, rien ne s'accomplit sans toi , rien dans le ciel éthéré et
« divin, rien dans la mer ; hormis les crimes que commettent les méchants dans
« leur folie ... Jupiter, auteur de tous les biens, dieu que cachent les sombres
« nuages, maître du tonnerre, retire les hommes de leur funeste ignorance ; dis
sipe les ténèbres de leur âme, ò oti père , et donne-leur de comprendre la
a pensée qui te sert à gouverner le monde avec justice . » Les vers que cite
Epictète sont cités et traduits en latin par Sénèque (Epist., cyli) . Il ajoute celui-ci
plus énergique encore :
Ducunt volentem fata, nolentem trahunt.
109
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΝΓ (Σιιι) .
2. “Όστις δ' ανάγκη συγκεχώρηκεν καλώς
αι
,
σοφός παρ' ημϊν 1, και τα θεϊ ” επίστατ 2.
γενέσθω 3.
4. 'Έμε δε "Ανυτος και Μέλιτος αποκτεϊναι μεν δύ
νανται , βλάψαι δε ου 4.
1. Παρ' ημίν , selon nous , a notre avis .
2. Ces deux vers sont d’Euripide, auquel Épictète et Marc- Aurèle empruntent
souvent des citations .
3. Réponse de Socrate à Criton, qui vient lui annoncer qu'il doit mourir le len
demain. V. le Criton de Platon , ch . 11 , 43 d .
4. Voir Platon, Apologie de Socrate, ch. xviiI, p. 30 C : 'Euè viv yap oudtv år
βλάψειεν, ούτε Μίλητος ούτε Άνυτος : ουδέ γάρ αν δύναιτο( ού γαρ οίομαι θεμιτόν είναι αμείνον
ανδοί υπό χείρονος βλάπτεσθαι )· αποκτείνεις μέντ’ αν ίσως η εξελάσειεν η ατιμώσειεν.
FIN
TABLE DES MATIÈRES
Pages .
Notice sur Épictète... V
XIX .
le bien en nous seuls, est le seul moyen
de supprimer en nous l'envie .. 43
112 TABLE DES MATIÈRES .
Chap. XX . Nul outrage ne peut nous venir d'autrui ,
mais de nous-mêmes ... 45
-
XXI . · Ce que nous devons avoir sans cesse de .
vant les yeux .... 45
XXII . S'attacher au bien sans craindre la rail
lerie ..... 46
XXIII . S'attacher au bien sans désirer la louange . 47
XXIV . S'attacher à ce qui dépend de nous, c'est
être vraiment utile à nous- mêmes et aux
autres, à nos amis, à la patrie.... 49
-
XXV . La dignité humaine . De quel prix on
achète les biens extérieurs.. 53
XXVI . Comment on peut connaître la loi de la na
ture et appliquer nos notions naturelles.. 56
XXVII . De l'existence du mal .. 59
XXVIII . La prostitution de l'âme. 61
XXIX . Comment il faut examiner une action avant
de l'entreprendre..... 61
XXX . Nos devoirs sont définis par nos relations .. 65
XXXI . Le vrai culte envers la Divinité 67
XXXII . Comment il faut consulter les oracles . 70
XXXIII . D'un type idéal de conduite.. 73
XXXIV . Comment on peut lutter contre le plaisir . 82
XXXV . Ne pas craindre d'être vu quand on agit ... 84
IIIII
FIN DE LA TABLE .
... 46
e. 47
est
ux
49
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on
at
clx
UNIVERSITY OF ILLINOIS -URBANA
881E29E.G C001
MANUEL D'EPICTETE PARIS
3 0112 023782599
IN LABORE
GROHUR