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DES STRUCTURES
EN BÉTON ARMÉ
Concepts de base
Troisième édition
Bruno Massicotte
Éditions da Vinci
Collection scientifique
Planchers bidirectionnels réguliers ii
NOTE AU LECTEUR
Cet ouvrage est d'abord destiné à l'enseignement des cours de béton armé. Bien qu'un grand
soin ait été apporté à sa préparation, il n'est pas exclu qu'il puisse comporter des erreurs ou
interprétations des normes et des codes qui puissent ne pas respecter intégralement l'esprit de
ceux-ci. L'auteur et l'éditeur déclinent toute responsabilité quant au contenu de cet ouvrage et
des erreurs ou omissions qui pourraient résulter suite à l'utilisation des informations qu'il
contient. Les utilisateurs sont priés de se référer aux normes en vigueur pour juger de la
pertinence et la justesse de leurs exigences.
Toutes suggestions visant à améliorer le contenu de cette publication pour les éditions futures
peuvent être envoyées à l'auteur.
iv Calcul des structures en béton armé – Concepts de base
v
AVANT-PROPOS
La conception des structures en béton fait appel à de nombreuses notions provenant des lois
de la résistance des matériaux, des connaissances acquises lors d'essais sur des éléments en
béton armé, ou du comportement réel des ouvrages. L'ingénierie des structures en béton était,
à ses débuts, davantage un art qui s'appuie aujourd'hui sur des principes établis sur des bases
scientifiques solides. Au cours de la seconde moitié du XXe siècle, les normes de calcul ont
atteint une maturité qui a permis de bien encadrer la construction en béton armé. Le bagage
de connaissances requis pour concevoir adéquatement les structures en béton, qui s'est agrandi
considérablement avec l'accumulation des données scientifiques, doit être transmis aux
ingénieurs.
L'objectif du présent ouvrage est de permettre aux étudiants en génie de bien comprendre le
comportement des pièces en béton armé et l'intégration de celles-ci dans les structures en
béton. Issu de notes de cours qui, au fil des ans, ont subi des améliorations continuelles, cet
ouvrage est d'abord destiné aux étudiants en génie des structures. Toutefois, il s'adresse
également aux praticiens comme ouvrage de référence.
Ce livre présente les concepts fondamentaux appliqués au calcul d'éléments simples et sera
suivi d'un second ouvrage portant sur les systèmes structuraux et la conception d'éléments
plus complexes. Ce premier tome porte, dans les premiers chapitres, sur la présentation des
concepts fondamentaux : les ouvrages en béton, le calcul aux états limites, les matériaux, la
flexion, le comportement en service, l'effort tranchant, les mécanismes d'interaction armature-
béton, et la compression. Ensuite, une série de chapitres présentent la conception de systèmes
simples : les éléments de fondation isolés, les planchers formés d'éléments unidirectionnels et
les planchers bidirectionnels réguliers. Bien que l'ouvrage aborde les notions de base du calcul
aux états limites des ouvrages en béton, la présentation des sujets est telle que l'étudiant sera
en mesure d'acquérir les principaux outils nécessaires à la conception de structures en béton
armé conventionnelles. Le second tome abordera les problèmes plus complexes comme la
méthode des bielles et tirants, les méthodes d'analyse des planchers, les refends, la flexion
biaxiale et les éléments élancés.
Bruno Massicotte
Septembre 2017
vi Calcul des structures en béton armé – Concepts de base
Planchers bidirectionnels réguliers 327
CHAPITRE 11
PLANCHERS BIDIRECTIONNELS RÉGULIERS
Au chapitre 1, on a présenté les six principaux types de planchers en indiquant les plages de
portées pour lesquelles chacun d'eux est économique. Il faut cependant sélectionner le système
de plancher selon la nature de l'utilisation prévue. Des planchers supportant des charges
permanentes ou vives importantes, des charges concentrées ou encore sujets à des vibrations
devront être conçus avec des considérations particulières.
Dans les édifices à bureaux ou d'habitations, les planchers-dalles et les dalles avec ressauts
(Fig. 1.2d et e) constituent souvent le choix le plus économique parce qu'ils permettent de
réduire les coûts associés aux coffrages. De plus, comme ces types de planchers sont
généralement plus minces, ils permettent également de réduire la hauteur des édifices et ainsi
d'avoir une incidence sur les autres composantes du bâtiment comme le revêtement extérieur
ou les murs de refend. Par contre, les systèmes avec dalle mince sans poutres présentent
parfois des problèmes de flèches qui peuvent être plus difficiles à contrôler si les charges
permanentes et les charges vives agissant à long terme sont grandes.
On utilise des planchers avec dalle et poutres (Fig. 1.2b) lorsque les charges à supporter sont
importantes. Dans ces systèmes les flèches à long terme posent moins de problèmes. Les
systèmes de dalles nervurées portant dans deux directions (Fig. 1.2f) permettent d'atteindre de
plus grandes portées. Enfin, lorsqu'on utilise la précontrainte dans ces systèmes de planchers,
les portées peuvent être augmentées d'environ 50% en comparaison avec la solution en béton
armé.
11.2.1 Généralités
La répartition des efforts dans les planchers est dictée par la disposition et la rigidité des
appuis. La compréhension du comportement des dalles s’explique aisément en observant leur
déformée et le cheminement qu’emprunte une charge appliquée sur la dalle pour se rendre aux
éléments porteurs. Lorsque les dalles sont supportées par des poutres espacées de telle sorte
que le rapport des portées des dalles dans les directions orthogonales est supérieur à 2.0 2.2,
on suppose que les dalles portent dans une seule direction. Dans ce cas, comme le montre la
figure 11.1, la dalle fléchit en courbure simple sur la presque totalité de sa surface. Ainsi, une
328 Calcul des structures en béton armé – Concepts de base
charge concentrée P1 agissant au centre de la dalle est d’abord amenée vers les poutres sur les
axes 1 et 2, puis par les poutres jusqu’aux appuis. Les charges P2, qui sont appliquées à
proximité de l’extrémité de la dalle, sont amenées tant vers les poutres des axes 1 et 2 que vers
celles des axes A ou B. Dans ce cas, la dalle est fléchie en courbure double. On a donc, dans
la majeure partie de la dalle, des moments agissant dans une seule direction qui requièrent des
aciers de flexion parallèles à la direction la plus courte. Dans les zones d’extrémité des dalles
unidirectionnelles, on doit cependant ajouter des aciers dans les deux directions vu l’effet
bidirectionnel des efforts dans ces zones.
mx my
1
mxy mxy B P2
mx 2
my
B
P1
P2
y
A
_0
my ~ x
mx
1 A
2 mx
_0
my ~
Fig. 11.1 Moments de flexion dans une dalle bidirectionnelle rectangulaire avec poutres
Dans le cas d’une dalle sur poutres où le rapport des portées de la dalle dans des directions
orthogonales est inférieur ou égal à 2.0, la dalle agit de façon bidirectionnelle, selon l'article
2.2 de la norme. Dans ce cas, une charge P agissant au centre de la dalle, comme montré sur
la figure 11.2, engendre des moments d’amplitude comparable dans les deux directions
orthogonales. Pour une dalle carrée, la réaction sur chacune des poutres sera égale à P/4. Dans
les dalles bidirectionnelles, les charges induisent des efforts de flexion de même ordre de
grandeur dans les deux directions principales du système de plancher de sorte qu'il est
nécessaire de disposer les aciers de flexion dans ces deux directions.
mxy
mxy
mx my
mxy
mxy mxy mxy
mx _0
mx et my ~
my
_0
mx ~
P
mx my
mx
my _0
mxy ~
Fig. 11.2 Moments de flexion dans une dalle bidirectionnelle carrée avec poutres
Planchers bidirectionnels réguliers 329
Pour une dalle sans poutres, portée par des poteaux ou des appuis ponctuels, la déformée de
la dalle sera courbée dans les deux directions, comme illustré sur la figure 11.3. Dans ce cas,
on ne peut plus supposer que la dalle repose sur des appuis rigides car les portions de la dalle
situées dans les axes des poteaux sont flexibles. Néanmoins, ces zones attireront des efforts
provenant du centre de la dalle et les retransmettront vers les appuis ponctuels. Pour ce
système, tout comme pour le précédant, des moments fléchissants seront générés dans les deux
directions principales, ce qui requiert des aciers dans deux directions.
1 2
Pour un plancher supportant une charge pondérée par unité de surface qf, les charges que l'on
doit considérer pour le calcul des efforts générés dans chacune des directions principales
dépendent des conditions de support.
B Bande de largeur
unitaire
RB
A RA
RB Bande de
largeur
unitaire ab
b qb qa + qb = qf
Charge qa qb
uniforme qf
A RA
a
RA B
Réactions sur
le périmètre RA
Fig. 11.4 Efforts dans une dalle bidirectionnelle sur appuis rigides
EXEMPLE 11.1
Pour une dalle supportée sur des murs telle que montrée sur la figure 11.4, on peut faire
l’hypothèse, pour fin d'illustration, que pour le cas où a = 1.5b, la réaction R A de la dalle est
le double de RB , de sorte que :
RA qb b / 2 2 RB 2 qa a / 2
2 2
qb b 2 3q f b qa a 2 q f a 9
m fb et m fa q f b2
8 32 8 32 128
ce qui conduit à un rapport mfb sur mfa égal à 4/3. Dans cet exemple, les charges uniformes
RA et RB sont transmises directement aux murs.
b q
q
Ma
ma
Ma = ma
R
R
R
q
R = q a b/4
Ma = 2R a/2 - q b a/2 a/4
Mb Ma = q ba2/8
R
Mb = q ab2/8
R
mb
Mb = mb
EXEMPLE 11.2
Si on reprend l'exemple précédent illustré sur la figure 11.4, avec cette fois des poutres sur les
axes A et B, on obtient les efforts suivants sur ces poutres :
RA 3q f b / 8 et RB q f a / 8
Le moment total dans cette direction au centre de la travée est donc égal à :
q f a2 3q f b a 2
M a m fa b 2M pA b 2
4 8 8 8
2
1 3 a
M a q f b a2 q f b
32 32 8
ce qui est égal au moment causé par toutes les charges. Refaire l'exemple selon l'autre direction
nous permettrait d'arriver à la même conclusion
Dans le cas des dalles sans poutres, on arrive aux mêmes conclusions que pour le cas
précédant, à savoir que toutes les charges doivent être considérées dans chacune des directions
afin de déterminer les efforts agissant dans chacune d’elles. Cette conclusion s'applique à tous
les systèmes de planchers bidirectionnels pour lesquels l'analyse est faite de façon
indépendante dans chacune des directions.
332 Calcul des structures en béton armé – Concepts de base
Principes
Il existe plusieurs méthodes d'analyse des systèmes de planchers bidirectionnels. Certaines
sont issues d'analyses exactes alors que d'autres sont empiriques. La norme A23.3 [13.5.1]
indique que toutes les méthodes d'analyse satisfaisant les conditions d'équilibre et de
compatibilité géométrique sont acceptables en autant que les efforts pondérés et les conditions
d'utilisation rencontrent les limites stipulées dans la norme.
La norme énonce également certains principes que l’on doit suivre si l’on désire faire la
conception d’une dalle en utilisant la théorie élastique des plaques 13.6 ou les méthodes
élaborées à partir des théorèmes de plasticité 13.7.
Méthodes simplifiées
La norme A23.3 propose au chapitre 13 trois méthodes d'analyse simplifiée : la méthode
directe [13.9], la méthode des cadres élastiques [13.8] et la méthode des dalles sur poutres
rigides [B]. Les deux premières méthodes permettent le calcul des efforts pour les dalles avec
ou sans poutres alors que la dernière est limitée aux dalles supportées sur leur périmètre par
des poutres rigides ou des murs. Ces méthodes comportent cependant certaines limites et des
mises en garde sont faites dans la norme [13.5 à 13.12].
Dans le cas d'un bâtiment complet, il est commode de diviser la structure en cadres équivalents
dans chacune des directions. Pour chacun de ces cadres et dans chacune des deux directions,
on applique toutes les charges, permanentes et vives, afin de déterminer les efforts totaux dans
chacune des directions. Le cadre peut représenter l'ensemble de la structure ou une partie de
celle-ci.
Planchers bidirectionnels réguliers 333
11.3.1 Principes
La façon usuelle de procéder est de diviser le plancher en cadres rigides indépendants, centrés
sur les axes des poteaux et délimités par les lignes médianes entre les axes des poteaux, tel
que montré sur la figure 11.6. Pour analyser chacun des cadres, il faut attribuer des propriétés
à chacun des éléments structuraux de sorte que le comportement réel soit reproduit.
11.3.2 Définitions
La notation adoptée par la norme A23.3 sera utilisée pour distinguer les directions, dimensions
et efforts. Comme on effectue des analyses indépendantes dans chacune des directions, le
système de notation réfère à la direction selon laquelle l’analyse est effectuée, identifiée par
le chiffre 1, alors que la direction transversale est identifiée par le chiffre 2. Les paramètres
les plus courants sont identifiés au tableau 11.1 alors que la figure 11.7 illustre certains d’entre
eux.
334 Calcul des structures en béton armé – Concepts de base
Paramètre Définition
1 Portée de la dalle dans la direction de l’analyse, mesurée centre-à-centre des
appuis.
n Portée nette de la dalle dans la direction de l’analyse, mesurée à la face des
appuis (poteaux).
2 Distance transversale des axes des poteaux.
2a Largeur tributaire du plancher utilisée dans l’analyse.
c1 ; c2 Dimensions des poteaux selon les directions parallèle et transversale à la
direction de l'analyse.
m(B) Moment par unité de largeur de dalle agissant le long de l’axe B.
Mbp(B) Moment total agissant dans la bande de poteaux le long de l’axe B.
Mbm(B) Moment total agissant dans la bande médiane le long de l’axe B.
MP(B) Moment supporté par la poutre dans la bande de poteaux le long de l’axe B.
bp ; bm Largeurs de la bande de poteaux (bp) et la bande médiane (bm).
À titre d'exemple, pour un poteau de dimensions 900 400 mm, on aura : c1 = 900 mm et
c2 = 400 mm pour l'analyse selon une direction et c1 = 400 mm et c2 = 900 mm lors de
l'analyse dans l'autre direction. Il en va de même pour les distances entres les poteaux : 1 et
2 , les rapports de rigidité 1 et 2, etc.
Zone chargée
C 1
B
Axe de
l'analyse
2a B
A 2(B-C)
2
A
1
1 2(A-B)
2
2
3
M2 4
Ms2
M3
M2
2 2
m2 m2
B B
B B
2 2
m2 m2
Amplitude
des moments 2
m2
B Mbm/2
Mbp - dalle/2
Mp Mbp
Mbp - dalle/2 B
2 Mbm/2
La norme A23.3 donne les règles permettant d’analyser les dalles bidirectionnelles en les
assimilant à des cadres plans tels qu’illustré sur la figure 11.6. La norme propose trois
méthodes d'analyse simplifiées pour déterminer les efforts dans les dalles bidirectionnelles :
la méthode des cadres prismatiques, la méthode des cadres non prismatiques et la méthode
directe. Seule cette dernière est traitée dans ce chapitre et présentée à la section 11.4.
336 Calcul des structures en béton armé – Concepts de base
Comme il a été vu précédemment, toutes les charges appliquées sur un plancher doivent être
utilisées dans chacune des directions. Il est fort utile de définir le moment statique causé par
ces charges dans chacune des travées d'un plancher. On utilisera deux définitions, soit le
moment statique Ms qui correspond au moment total causé par les charges pour une portée
égale à l’espacement des poteaux:
q f 2a 21
Ms (11.1)
8
et Mo qui représente le moment statique total calculé à la face des appuis:
q f 2a 2n
Mo (11.2)
8
La largeur tributaire du cadre équivalent, 2a , est subdivisée en deux bandes [2.2] : la bande
de poteaux – Column strip – et la bande médiane – Middle strip. Une telle distinction sera
utile afin de distribuer l’armature en fonction de l’amplitude des moments qui varient
transversalement selon que l’on se situe dans les axes des poteaux ou entre ces axes (voir
figure 11.7). La bande médiane d’un cadre donné est divisée en deux, soit une demi-bande
médiane de chaque côté de la bande centrale. Les moments fléchissants de la bande centrale
incluent ceux de la dalle et de la poutre lorsque celle-ci est présente.
La largeur de la demi-bande de poteaux est égale à 25% de la plus petite distance entre les
poteaux (moindre de 1 et 2) selon les deux axes des poteaux comme illustré sur la figure
11.8. La bande médiane, quant à elle, est la portion de la dalle bordée par deux bandes de
poteaux. On obtient donc :
Pour 2 1 alors 1/2 bp 1 (11.3)
4
Pour 2 1 alors 1/2 bp 2 (11.4)
4
Planchers bidirectionnels réguliers 337
2A 2B
1
Comme indiqué sur la figure 11.7, la répartition transversale des moments dépend de la
présence des poutres, que l’on soit dans une zone de moments négatifs pour m2 ou dans une
zone de moments positifs pour m2'. Il est d’usage courant de comparer les variations
transversales des moments en subdivisant le plancher en bandes de poteaux et bandes
médianes, tel qu’indiqué sur la figure 11.8.
Pour distinguer chacune des régions, on utilise l’expression panneau qui identifie une zone de
plancher située entre quatre poteaux pour les constructions usuelles. Sur la figure 11.7, la zone
située, par exemple, entre les axes 2 et 3 et les axes A et B constitue un panneau.
EXEMPLE 11.3
Le calcul des largeurs totales des bandes pour fin d'analyse est le suivant :
338 Calcul des structures en béton armé – Concepts de base
Rive
7200
A B C
2 - axe 1 2 - axe 2 2 - axe 3
1650 1650 1650 1650 1650 1650 1650 1650 1800 2400 2400 1800
Dans le cas du plancher montré sur la figure 11.7, on fera l'hypothèse, pour les explications
données ici, que seule la zone centrale du plancher est chargée. La discussion porte
uniquement sur les efforts de flexion sur l'axe B. Le moment longitudinal total varie le long
de l’axe B comme pour un cadre plan. L’amplitude des moments aux axes 2 et 3, M(2) et M(3),
est fonction des patrons de chargement et de la rigidité relative des éléments.
La rigidité des poutres affecte la distribution des efforts et les flèches des systèmes de
planchers. Pour quantifier cet aspect, la norme A23.3 utilise la rigidité relative poutre/dalle,
dénotée . La norme A23.3 définit en [13.2.5] l'inertie d'une poutre utilisée dans le calcul des
flèches et la rigidité amenée par les poutres afin de déterminer la répartition des efforts. Cette
Planchers bidirectionnels réguliers 339
définition n'a rien à voir avec le calcul de la largeur effective pour le calcul de la résistance au
moment positif, tel que présenté au chapitre 4.
La partie de la dalle considérée comme faisant partie de la poutre est définie comme étant
égale à la projection horizontale de la plus grande partie de la poutre excédant la dalle, au-
dessus ou au-dessous, sans toutefois excéder quatre fois l'épaisseur de la dalle [N13.1.2],
comme illustré sur la figure 11.10. La largeur s est égale à la distance entre les lignes
médianes des axes des poteaux, mesurée transversalement à l'axe de la poutre considérée.
min [max (h1 ; h2) ; 4 hs]
min [h3 ; 4 hs]
h1
hs
h2
h3
On peut ainsi déterminer les rigidités flexionnelles de la dalle (EcsIs) et de la poutre (EcpIp).
Pour la dalle, I s s hs 3 / 12 alors que pour la poutre Ip est calculé par rapport au centre de
gravité de celle-ci. La norme propose la relation approximative suivante pour calculer la
valeur de Ip [13.2.5] pour une poutre intérieure :
bw h3 hs
Ip 2.5 1 (11.5)
12 h
Ecp I p Ip
(11.6)
Ecs I s Is Ecp Ecs
Ainsi, plus est grand, plus la poutre offre un support rigide à la dalle et attire une plus grande
portion des efforts. Les tableaux 5.1 et 5.2 du CDH permettent d'obtenir rapidement la valeur
de . Dans ces tableaux, la longueur est la largeur tributaire associée à chaque axe d'analyse,
tel qu'illustré sur les figures 11.8 et 11.10. Dans l'équation 11.6, Ecs et Ecp sont respectivement
les modules élastiques du béton de la dalle et de la poutre.
340 Calcul des structures en béton armé – Concepts de base
EXEMPLE 11.4
Pour le plancher de la figure 11.9, les valeurs de peuvent être calculées si des poutres sont
présentes entre les poteaux. Pour illustrer la méthode de calcul, supposons que la dalle a une
épaisseur de 180 mm, que les poutres sont de même largeur que les poteaux et qu’elles ont une
profondeur totale de 600 mm, mesurée sur le dessus de la dalle.
I p 870 1803 450 4203 12
a / hs = 600/180 = 3.333
bw / hs = 450/180 = 2.50
f = 1.33
3
450 600
1.33 6.29
3525 180
I p 1290 1803 450 4203 12
a / hs = 600/180 = 3.333
bw / hs = 450/180 = 2.50
f = 1.57
3
450 600
1.57 3.49
7500 180
Afin de répondre aux états limites d'utilisation, les dalles doivent avoir une épaisseur
minimale. La norme impose une épaisseur minimale de 120 mm 13.2.1. Même si la norme
demande la vérification des flèches, il est possible de se soustraire à cette obligation si la dalle
respecte certaines épaisseurs limites pour des charges usuelles.
Les épaisseurs minimales sont habituellement calculées pour chaque région de la dalle
comportant une géométrie différente et ensuite uniformisées pour un plancher. Il est rare
d’avoir une dalle dont l’épaisseur varie sur un même plancher. Chacune des équations
considérées fait intervenir la portée libre n . Pour un panneau donné, la portée libre maximale
selon les deux directions doit être utilisée. Les équations, exprimées pour toutes les nuances
d'armature, sont aussi exprimées pour le cas où fy est égal à 400 MPa.
L'épaisseur minimale qui permet de se soustraire à l'obligation de vérifier les flèches est
donnée par 13.2.3 :
hs
n 0.6 f y 1000
n
(11.7)
30 30 f y 400MPa
Pour une dalle située sur un bord libre, la dernière équation requiert que des poutres de rive
ayant une valeur de 0.8 soient utilisées. Si cette exigence ne peut être rencontrée,
342 Calcul des structures en béton armé – Concepts de base
l'épaisseur minimale est majorée de 10%. La rigidité relative des poutres et de la dalle a été
définie à l’équation 11.6.
Les ressauts sont utilisés pour trois raisons (figures 1.1, 1.2e et 6.24) : augmenter le bras de
levier au moment négatif afin de diminuer As, augmenter l'aire effective de la dalle autour du
poteau afin d'accroître Vr pour éviter les ruptures par poinçonnement, et enfin aider à contrôler
les flèches.
Les conditions à respecter pour sélectionner la dimension des ressauts sont spécifiées à l'article
[13.2.4] qui sert à déterminer l'épaisseur de la dalle avec ressauts afin de limiter les flèches.
On peut utiliser des ressauts ayant des dimensions dictées par la résistance et excéder les
limites stipulées à l'article [13.2.4]. Cependant, la portion excédentaire des ressauts ne pourra
être considérée dans le calcul de l'épaisseur minimale.
Il est d'usage courant d'avoir des ressauts dont les dimensions en plan (xd + c/2) sont environ
égales au 1/6 de la dimension de la dalle, alors qu'une épaisseur additionnelle moindre que 1/4
de l'épaisseur de la dalle est peu courante (hd 1.25 hs).
Pour une dalle avec ressauts, l’épaisseur minimale pour éviter le calcul des flèches est donnée
par 13.2.4 :
hs
n 0.6 f y 1000 2 xd 2x
h n d h (11.8)
30 n 30 n f 400MPa
y
où xd est la longueur entre la face du poteau et la fin du ressaut et hd est l’épaisseur totale de
la dalle et du ressaut.
Dans l’utilisation de cette équation, le plus petit des rapports 2xd /n dans chaque direction
doit être retenu. De plus, xd ne peut être supérieur à n /4. La dimension h est égale à
l'épaisseur du ressaut sous la dalle. La valeur utilisée dans le calcul de l'épaisseur minimale
de la dalle ne peut excéder hs.
Dans le cas des dalles avec des poutres dans toutes les directions, l’épaisseur minimale est
donnée par [13.2.5] :
hs
n 0.6 f y 1000 n
(11.9)
30 4 m 30 4 m f y 400MPa
Planchers bidirectionnels réguliers 343
Il est possible de calculer les dalles comme reposant sur des murs ou des poutres rigides au
moyen d'une méthode simplifiée présentée à l'Annexe B de la norme. Dans ce cas, l'épaisseur
minimale est celle donnée en [13.2.5] pour les dalles avec poutres auxquelles on ajoute les
exigences suivantes [B.3.1] :
1) hs 100 mm ;
2) hs périmètre/140 lorsque la dalle est discontinue sur un côté ou plus ;
3) hs périmètre/160, pour les dalles continues sur tout le périmètre.
11.5.1 Généralités
La méthode directe est aux systèmes de planchers bidirectionnels ce que l'article [9.3.3] est
aux poutres. Cette méthode permet la détermination des efforts dans les dalles et les poutres à
partir de valeurs forfaitaires associées à chacune des parties du système de plancher. En
pratique cette méthode est probablement moins utilisée pour la conception finale que la
méthode des cadres car cette dernière est basée sur une analyse élastique. Par contre, la
méthode directe permet de faire rapidement une conception préliminaire ou de vérifier les
résultats d'une méthode analytique, pratique qui est fortement encouragée.
Les limites d'application propres à la méthode directe présentées au tableau 11.3 [13.9.1]
s'ajoutent celles mentionnées précédemment au tableau 11.2.
- Il doit y avoir un minimum de trois travées continues dans chacune des directions.
- La portée centre-à-centre des appuis de deux travées adjacentes ne doit pas différer de plus
du tiers de la portée la plus longue de ces deux travées.
- Seules les charges de gravité doivent être présentes et celles-ci doivent s'appliquer
uniformément sur une travée entière.
- La charge vive pondérée ne doit pas excéder deux fois la charge morte pondérée: qlf 2 qdf
344 Calcul des structures en béton armé – Concepts de base
Le moment statique [13.9.2.2] est calculé en considérant une bande délimitée de chaque côté
par la ligne centrale entre les axes de supports. Le moment statique est alors donné par
l'équation (11.2) répétée ici.
q f 2a 2n
M0 (11.2)
8
Avec la méthode directe, 2a est la valeur moyenne de longueur centre-à-centre des travées de
chaque côté pour un axe intérieur alors que pour un axe extérieur, 2 est calculée jusqu'au bord
libre. De plus, on doit respecter la limite maximale suivante pour le calcul de M0 [13.9.2.3] :
n 0.65 1 .
Ce moment Mo, pour une travée, est égal au moment positif à mi-travée plus la moyenne des
deux moments négatifs aux extrémités de cette travée :
M g M d
M0 M f (11.10)
2
Le moment statique M0 est d'abord calculé pour chaque travée, ensuite distribué entre les
zones de moments positifs et négatifs. La distribution longitudinale des moments est propre à
la méthode directe, comme présenté dans section suivante. Par contre la répartition
transversale entre les bandes de poteaux et médiane est la même peu importe la méthode
d'analyse longitudinale adoptée. Le cas des dalles sans poutre est présenté à la section 11.6.4
alors que celui des dalles avec poutres est détaillé à la section 11.7.2.
La distribution des moments entre les zones de moments négatif et positif est donnée en
13.9.3 en fonction de la position de la travée, intérieure ou d'extrémité, et, pour ces dernières,
des conditions d'appui à la rive. Le tableau 11.4 résume les règles de la norme.
Une fois les moments calculés aux appuis et au centre des travées, la norme permet de modifier
les moments positifs et négatifs jusqu'à 15% [13.9.3.3]. Ceci est permis parce que les dalles
bidirectionnelles sont sous-armées de sorte qu'elles ont un comportement ductile qui permet
la redistribution des moments entre les dalles et les poteaux. Une telle permission permet, par
exemple, d'ajuster les moments négatifs de chaque côté d'un poteau au niveau du plus faible
des deux moments, tant que la limite du 15% est respectée pour les moments positifs et
négatifs. En diminuant le moment négatif, le moment positif au centre de la travée doit
obligatoirement être augmenté afin de respecter l'équilibre des moments statiques. À un
poteau donné, l'acier d'armature doit évidemment être calculé pour le moment négatif le plus
grand provenant de travées adjacentes si celles-ci sont différentes [13.9.3.4].
Planchers bidirectionnels réguliers 345
Travée intérieure
Moments négatifs 65%
Moment positif 35%
Travée extérieure
Appui extérieur Dalle avec Dalle sans poutre Appui extérieur
non retenu poutres entre tous entre les appuis encastré
les appuis intérieurs
-
M ext 0 16% 26% 65%
M+ 66% 59% 52% 35%
-
M int 75% 70% 70% 65%
Les moments de part et d'autre d'un poteau, sauf exception, sont généralement inégaux dû à
une répartition non uniforme des charges vives où des différences géométriques entre les
travées. La différence entre les moments fléchissants de chaque côté d'un poteau, appelé
moment non équilibré, Mfne , est transférée à celui-ci. Le moment non équilibré est séparé
entre le poteau à l'étage supérieur et celui à l'étage inférieur proportionnellement à leur rigidité
flexionnelle. Selon la méthode d'analyse utilisée, la valeur du moment non équilibré est
obtenue différemment. Cependant, quelle que soit la méthode de calcul choisie, ce moment
doit être transféré du plancher aux poteaux.
Pour la méthode directe le moment non équilibré est issu des analyses ayant conduit à cette
méthode en fonction de ses limites d'applications [13.9.1] :
2
M fne 0.07 qDf 0.5qLf 2 a 2n q'Df '2 a 'n (11.11)
où q'Df , '2a et 'n réfèrent à la travée ayant la portée nette la plus courte.
Avec cette équation, la norme suppose donc que le moment non équilibré le plus critique
survient lorsque la moitié de la charge vive est appliquée seulement sur la travée la plus longue
alors que l'autre est considérée complètement vide, ce qui est raisonnable compte tenu des
limites associées à cette méthode. Le facteur 0.07 correspond à 56% du moment statique, soit
65% de Mo pour la portion attribuée au moment négatif, réduit de 15% comme permis par la
norme en [13.9.2.3] : 1/8 0.65 0.85 = 0.069.
Dans le cas des dalles sans poutres, le transfert du moment non équilibré s'effectue de deux
façons : par les aciers de flexion qui traversent ou sont ancrés dans le poteau, et par les
346 Calcul des structures en béton armé – Concepts de base
contraintes de cisaillement qui agissent dans la dalle sur le périmètre du poteau, tel qu'illustré
sur la figure 11.11.
c1
c2 vfv
Contraintes de cisaillement
dues au transfert de moment
Axe de d/2
l'analyse 2
+
d/2
1
vfv
b2
Contraintes de cisaillement
b1 dues au charges
b1 = c 1 + d
b2 = c 2 + d vfv
Contraintes de cisaillement
b0 = 2b1 + 2b2
totales
Si on note Mfne le moment non équilibré, on obtient 13.3.5.3 pour les dalles sans poutres:
1
où f (11.14)
1 2 3 b1 b2
et v = 1 – f (11.15)
Pour le transfert par flexion du moment non équilibré, les aciers de flexion devant résister à
cette portion du moment fléchissant doivent être localisés sur une largeur de 1.5hs de chaque
côté du poteau ou chapiteau [13.10.2], comme illustré sur la figure 11.12. Les valeurs de b1
et b2 sont égales à la largeur des segments du périmètre critique b0 selon les axes longitudinal
et transversal, tel que montré sur la figure 11.11.
Planchers bidirectionnels réguliers 347
c2 + 3hs c2 + 3h s
1.5 hs h 1.5 hs
hs hs hs
c2 c2 c2
Fig. 11.12 Largeur de répartition des armatures dans les bandes de poteaux
en zones de moment négatif
Les contraintes associées à la portion du moment non équilibré transférée par cisaillement
s’ajoutent aux contraintes de cisaillement dues aux charges de gravité de l’aire tributaire
associée à un poteau, comme l'indique la figure 11.11 pour un poteau intérieur.
Lors d’un calcul préliminaire, il est important de considérer l’augmentation des contraintes de
cisaillement induites par le transfert de moments. Une façon usuelle de procéder est de majorer
les efforts obtenus des charges agissant sur l’aire tributaire d’un poteau. Les valeurs suggérées
dans le CDH pour les planchers-dalles, les dalles avec ressauts et les dalles avec chapiteaux
sont données au tableau 11.5.
Position Majoration1
Poteau intérieur 1.2
Poteau de rive 1.6
Poteau de coin 2.0
1 : Applicable pour les calculs préliminaires uniquement
Le calcul des contraintes réelles est plus complexe. Le transfert par cisaillement de la portion
du moment non équilibré s'effectue sur un périmètre situé à une distance d/2 de la face du
poteau. La contrainte de cisaillement maximale doit ainsi inclure la portion de l'effort
tranchant vertical provenant des charges de gravité plus les contraintes induites par le transfert
du moment non équilibré. La contrainte maximale est ainsi obtenue de l'expression suivante
pour le cas où des moments non équilibrés agissent selon les deux axes :
où bo est le périmètre de la section critique située à d/2 de la face du poteau. Les efforts selon
les axes 1 et 2 doivent être obtenus d'une analyse avec des charges concomitantes.
348 Calcul des structures en béton armé – Concepts de base
Les propriétés J1 et J2 sont les moments d'inertie polaire associés à la résistance aux moments
fléchissants agissant respectivement selon les axes 1 et 2. Ces propriétés sont calculées au
centre de gravité des sections résistant aux efforts. Les excentricités e1 et e2 correspondent à
la distance entre l'axe de flexion situé au centre de gravité de la section résistante selon la
direction considérée et le point où surviennent les contraintes maximales, tel qu'illustré sur la
figure 11.13.
d/2 d/2 d/2 d/2 d/2
c2 c2 c2
Rive Rive Rive
d/2
c1 Mne1=Mf1
Mne1 c1
c1 d/2 e1 Mne1=Mf1
e1 Mne2
d/2 e1
d/2 e2
Rive
Mne2=Mf2
e2
Poteau intérieur Poteau de rive Poteau en coin
Fig. 11.13 Sections critiques pour le calcul de l'effort tranchant autour des poteaux
Dans le cas d'un moment non équilibré Mfne2 (autour de l'axe 2 ou z selon la figure 11.14),
des contraintes de cisaillement verticales et horizontales sont générées sur les faces latérales
alors que des contraintes verticales uniquement sont induites sur les faces transversales. La
contribution des contraintes générées par le transfert du moment non équilibré conduit aux
quantités suivantes retrouvées dans le calcul de l'inertie polaire.
J flh I x b1 d 3 / 12 (11.17)
Face latérale, contraintes verticales avec axe excentré de x1, vv :
Face transversale, v0 :
J ft b2 d b1 / 2 x1 2 (11.19)
Planchers bidirectionnels réguliers 349
D y
b1 Face
latérale
B
b2
Rive d
A
x
B
Face
transversale
b1/2 Face
x1 latérale
vv e1
vh z
v0
vv
N.B.: L'axe z est situé au centre de gravité des faces
résistantes AB, BC et CD
Selon que l'on soit en présence d'un poteau intérieur, un poteau de rive ou un poteau de coin,
la géométrie conduira à différentes expressions pour les termes des équations 11.17 à 11.19.
Le tableau 11.6 présente les relations servant au calcul des propriétés requises. Pour les
poteaux de rive le moment non équilibré selon un axe parallèle à la rive est égal au moment
pondéré maximal, tout comme pour les deux moments pour les poteaux en coin.
L'équation 11.16 pour un poteau intérieur fait appel à un seul moment non équilibré à la fois,
Mfne1 ou Mfne2 , qui doit être appliqué indépendamment selon chacune des deux directions.
Les poteaux de rive et de coin font également intervenir un moment non équilibré Mfne2
agissant simultanément avec Mfne1 dans la direction perpendiculaire à l'axe d'analyse. Les
paramètres géométriques requis pour l'utilisation de l'équation 11.16 en parallèle avec le
tableau 11.6 sont définis sur la figure 11.13.
Dans le cas où les poteaux sont circulaires, on suggère11.3 d'utiliser des poteaux carrés de côté
ce ayant la même surface que le poteau circulaire, soit pour un poteau intérieur : ce = 0.886 D,
où D est le diamètre du poteau.
350 Calcul des structures en béton armé – Concepts de base
Poteau intérieur(1)
b1= c1 + d b0= 2 (b1 + b2) b2= c2 + d
b1 b2
e1 e2
2 2
b1 d 3 d b13 b2 d b12 b2 d 3 d b23 b1 d b22
J1 J2
6 6 2 6 6 2
Poteau de rive(1)
b1= c1 + d/2 b0= 2 b1 + b2 b2= c2 + d
b12 b2
e1 e2
b0 2
2 b2 d 3 db23
b d 3 d b13 b J2 2 b1 d e22
J1 1 2 b1 d 1 e1 b2 d e12 12 12
6 6 2
Poteau en coin(1)
b1= c1 + d / 2 b0= b1 + b2 b2= c2 + d / 2
b12 e2 = e b2
2
e1 2
2b0 2b0
2 2
b1 d 3 d b13 b b2 d 3 d b23 b
J1 b1 d 1 e1 b2 d e12 J2 b2 d 2 e2 b1 d e22
12 12 2 12 12 2
La résistance à l'effort tranchant des planchers sans poutres est exprimée en fonction de la
contrainte reprise par le béton multipliée par l'aire de la section critique :
La contrainte vc varie selon le mode de rupture alors que b0 est la longueur du plan de rupture
qui est déterminée selon le mode de rupture et la position du poteau (intérieur, en rive ou en
coin) tel que montré sur la figure 11.14 et donné au tableau 11.6. La profondeur du plan de
rupture, d, inclut l'épaisseur du ressaut lorsque celui-ci est présent. On calcule d à partir de la
Planchers bidirectionnels réguliers 351
face inférieure de la dalle jusqu'à la position des aciers de flexion au moment négatif et
inversement au moment positif. Comme les dalles ont des armatures principales de flexion
dans deux directions, il est d'usage d'utiliser dans ce cas la valeur moyenne de d pour le calcul
du cisaillement bidirectionnel (poinçonnement) alors que la valeur de d des armatures dans la
direction considérée sont utilisées pour le cisaillement unidirectionnel de type poutre.
Dans les systèmes de planchers portant dans deux directions, il y a trois modes de rupture à
vérifier : le poinçonnement autour du poteau, le poinçonnement autour du ressaut (si
applicable) et le cisaillement de "type poutre" à la face du ressaut (si applicable) ou à la face
du poteau.
2
c 1 0.19 c fc (11.22)
c
d
c s 0.19 c fc (11.23)
bo
c 0.38c fc (11.24)
La norme introduit deux limites aux paramètres des équations précédentes. Tout d'abord la
quantité limitée d'essais pour des bétons de haute résistance amène une limite maximale à la
résistance du béton. Ainsi pour les équations (11.22) à (11.24) f c 8 MPa [13.3.4.2].
L'effet d'échelle pour les éléments sans armature en cisaillement est pris en compte en
diminuant la valeur Vr obtenue de l'équation (11.20) par la relation suivante pour les
épaisseurs supérieures à 300 mm [13.3.4.3] :
1300
Vc vc b0 d (11.25)
1000 d
La comparaison des équations (11.22) et (11.24) nous permet de conclure que l'équation
(11.22) gouverne pour les poteaux rectangulaires dont le rapport des côtés c excède 2.0. Cette
équation a, de fait, été introduite pour quantifier la baisse de confinement observée lorsque les
poteaux ont une forme rectangulaire allongée par rapport à ceux ayant une forme carrée. Dans
352 Calcul des structures en béton armé – Concepts de base
le cas des poteaux circulaires, les équations (11.23 et 11.24) doivent être utilisées alors que
l'équation (11.22) n'est pas applicable.
L'équation (11.23) prend en considération le fait que le confinement autour des poteaux
décroît avec l'augmentation de la dimension relative des poteaux par rapport à la dalle. Pour
un poteau intérieur, l'équation (11.23) gouverne pour des valeurs de b0 supérieures à 20d alors
que pour les poteaux de rive, cette équation devient applicable si b0 excède 15d.
La longueur du périmètre b0 à considérer pour le calcul de Vr est donnée au tableau 11.7. Dans
le cas où des ouvertures divisent la ligne de rupture, la norme indique 13.3.3.4 comment
réduire la longueur de calcul de b0. Dans le cas où on traite un poteau de rive où la dalle
excède le poteau, la norme n'indique pas explicitement comment calculer b0. Le commentaire
de l'article 13.3.3.4 fournit une solution qui est issue de la norme européenne CEB-7811.4.
Type de poteau b0
Intérieur, rectangulaire 2 (c1 + c2 + 2d)
Intérieur, circulaire (D + d)
Rive, rectangulaire 2c1 + c2 + 2d
Coin, rectangulaire c1 + c2 + d
Dans le cas des ressauts, il est fort probable que l'équation (11.23) soit la plus critique vu le
plus grand rapport b0 / d dans ce cas.
Pour les dalles dont l'épaisseur excède 350 mm il faut s'en remettre aux équations décrites au
chapitre 6 applicables aux poutres.
Planchers bidirectionnels réguliers 353
c1 c2 d b0 c1 c2 3d (11.27)
Une fois la distribution longitudinale des moments réalisée à l'aide des trois méthodes
mentionnées à la section 11.3, la norme indique aux articles [13.11 et 13.12] les règles à suivre
pour effectuer la répartition transversale des moments à chaque section entre la bande de
poteaux et les deux demi-bandes médianes adjacentes.
La figure 11.15 indique la portion des moments longitudinaux calculés dans chacun des cadres
répartis transversalement dans la dalle. Dans tous les cas, l'armature ne doit jamais être
moindre que l'armature minimale. Pour les bandes médianes, on additionne les moments
provenant des deux demi-bandes adjacentes. Les moments trouvés dans chacune des bandes
sont ensuite convertis en moments par unité de largeur afin de déterminer l'armature requise.
2a-B 2a-C
B C
Côté C2
extérieur
Coupe
transversale
1/2 1/2 1/2 1/2 1/2
Bande de bande bande Bande de bande bande Bande de bande
poteaux médiane médiane poteaux médiane médiane poteaux médiane
Axe A Axe A Axe B Axe B Axe B Axe C Axe C Axe C
Position
sur l'axe Distribution transversale des efforts des cadres (%)
longitudinal
Mfa Mfb Mfc
Appui
extérieur 100 0 0 100 0 0 100 0
M-
Mfa Mfb Mfc
Appui
intérieur 70 à 90 10 à 30 5 à 15 70 à 90 5 à 15 5 à 15 70 à 90 5 à 15
M-
Additionnés Additionnés
Disposition de l'armature
L'acier d'armature doit être distribué uniformément sur la largeur de chaque bande. Cependant,
pour les zones de moments négatifs des bandes de poteaux, il faut concentrer l'armature près
des poteaux. Pour les poteaux extérieurs, les armatures doivent être disposées sur une largeur
égale à la largeur du poteau plus une fois et demie l'épaisseur de la dalle de part et d'autre du
poteau (c2 + 2 1.5 hs) comme montré sur la figure 11.12. Pour les poteaux intérieurs au
moment négatif, le tiers du moment total doit être résisté par des armatures localisées dans
une bande de même largeur (c2 + 3 hs).
figure 13.1. Pour les dalles de travées adjacentes de longueur différente, le prolongement
des aciers au moment négatif est déterminé en fonction de la portée la plus longue.
Ouvertures
Il est courant que l'on ait à pratiquer des ouvertures dans les dalles, soit pour passer des
conduits de mécanique ou pour des fins architecturales. Si des poutres sont présentes autour
de l'ouverture, on analyse la dalle en conséquence comme dans le cas d'un bord libre. Dans le
cas où on ne dispose pas de poutres autour de l'ouverture, la norme distingue diverses
situations selon l'endroit où se trouve l'ouverture [13.10.10]. Dans le cas où deux bandes
médianes se croisent, il n'y a pas de limites à la dimension des ouvertures, en autant que l'acier
d'armature total, sans ouverture, soit disposé de chaque côté de celle-ci.
Les ouvertures situées à l'intersection de deux bandes de poteaux ne doivent pas excéder 1/8
de la dimension de ces deux bandes de poteaux et l'acier d'armature interrompu doit être
disposé de chaque côté de l'ouverture.
Enfin, pour les ouvertures situées à l'intersection d'une bande de poteaux et d'une bande
médiane, les limites précédentes s'appliquent, à la différence que la dimension maximale de
l'ouverture peut être du double, soit 1/4 des largeurs de ces bandes dans chaque direction.
Même si la norme ne l'exige pas, une règle de bonne pratique veut que des barres
additionnelles soient ajoutées le long des faces et en diagonale à chacun des coins afin de
contrôler la fissuration à ces endroits. De plus, lorsque l'ouverture est située à une distance
moindre que 10hs d'un point de support, l'aire efficace pour le calcul de la résistance est
réduite en proportion de la surface occupée par l'ouverture [13.3.3.3].
Afin d'éviter des ruptures en chaîne s'il arrivait que les charges à un étage donné fassent en
sorte que la rupture de la dalle survienne en cisaillement, la norme requiert une quantité
minimale d'armature située du côté inférieur de la dalle, égale à [13.10.6.1] :
2 Vse
Asb fy
(11.28)
L'effort Vse est la réaction totale transmise au poteau due aux charges appliquées non
majorées, sans être moindre que deux fois le poids propre de la dalle, alors que Asb correspond
à l'armature totale sur chacune des faces du poteau. De puis, Asb calculé selon cette équation
doit être constitué d'au moins deux barres dans chaque direction [13.10.6.2] alors que les
détails de chevauchement et continuité sont spécifiés à l'article [13.10.6.3].
356 Calcul des structures en béton armé – Concepts de base
Efforts tranchants
La répartition des efforts tranchants entre la dalle et les poutres est fonction de leur rigidité
relative 13.4.1. Pour un rapport 1 2a / 1 1.0, on suppose que le transfert de l'effort
tranchant procède d'abord de la dalle aux poutres puis ensuite des poutres aux poteaux. Le
découpage des aires tributaires s'effectue en traçant des lignes à 45 degrés dans les coins des
dalles.
Lorsque les poutres sont moins rigides que la limite de 1.0 mentionnée plus haut, on interpole
linéairement entre 0 et 1.0 afin de répartir les efforts aux poutres et à la dalle [13.4.2]. Par
exemple, pour un rapport égal à 2/3, on attribuerait aux poutres les 2/3 du transfert des efforts
aux poteaux alors que 1/3 serait attribué à la dalle en ignorant la présence des poutres, comme
pour une dalle sans poutres.
Les charges transférées aux poutres sont celles venant de la dalle auxquelles s'ajoutent celles
appliquées directement aux poutres [13.4.3]. La résistance des dalles doit également être
vérifiée. Les poutres doivent être dimensionnées selon les règles du chapitre 11 de la norme
tel qu'indiqué au chapitre 6 de ce texte.
1 2
M poutre 1 M cadre (11.29)
0.3 1 3 1
Les moments causés par les charges directement appliquées sur les poutres doivent être
résistés par celles-ci.
Les moments non repris par les poutres sont attribués aux dalles. Pour les cadres adjacents, on
additionne les moments des dalles des deux cadres que l'on répartit uniformément sur toute la
largeur de la dalle entre les poutres.
Planchers bidirectionnels réguliers 357
Les poutres de rives doivent être calculées pour résister à la torsion selon la portion de
moments d'encastrement induits par l’ancrage des aciers de la dalle qu'elles ont à supporter
[13.12.2.2]. Le moment transféré au poteau de rive doit être pris égal au plus grand du moment
calculé et du moment résistant Mr .
L'acier d'armature des dalles dans chaque direction doit au moins être égal à 0.002 Ag [7.8.1
et 13.10.1]. Dans le cas où les dalles sont soumises à des conditions d'exposition critiques où
l'on doit limiter la fissuration, de l'armature additionnelle à celle calculée pour résister aux
efforts de flexion doit être ajoutée.
11.8.2 Espacement
L'espacement maximal des aciers situés dans la dalle est donné au tableau 11.9.
Les barres des dalles doivent être ancrées adéquatement en tous points. Aux bords libres, une
certaine attention doit être portée afin que l'acier se prolonge suffisamment près de l'extrémité.
L'armature résistant au moment positif et perpendiculaire à un bord libre doit être ancrée dans
la poutre de rive sur une longueur minimale de 150 mm (droit ou avec crochet) [13.10.5.1],
tel qu'illustré sur la figure 11.16. L'armature résistant au moment négatif et perpendiculaire à
un bord libre doit être ancrée au moyen de crochets dans la poutre de rive afin de pouvoir
développer sa pleine résistance à la face du support [13.10.5.2]. Dans le cas où il n'y a pas de
358 Calcul des structures en béton armé – Concepts de base
poutre de rive ou lorsque la dalle est en porte-à-faux au-delà des appuis, les aciers de flexion
doivent être ancrés dans la dalle [13.10.5.3].
Cote à spécifier
11.8.4 Armature supplémentaire de coin pour les dalles sur poutres ou murs
Les coins des dalles simplement déposées sur des poutres et sans retenue contre le
soulèvement ont tendance à se relever lorsque des charges sont appliquées sur ces dalles.
Comme les dalles en béton sont monolithiques avec les poutres, cette tendance au soulèvement
est empêchée, ce qui nécessite l'ajout d'acier d'armature supplémentaire afin d'éviter que les
coins ne fissurent. Cette situation survient en particulier le long des bords libres. La norme
[13.12.5.1] requiert de l'acier supplémentaire lorsque la rigidité des poutres est telle que
> 1.0.
L'acier d'armature doit pouvoir résister à un moment par unité de largeur de dalle égal au
moment positif maximal calculé dans la dalle [13.12.5.2]. Cette armature doit résister aux
efforts dans les directions suivantes [13.12.5.3] :
- acier du côté supérieur : dans la direction parallèle à la diagonale du coin;
- acier du côté inférieur : dans la direction perpendiculaire à la diagonale du coin.
Cet acier doit se prolonger dans la dalle sur une longueur égale à 1/5 de la portée la plus longue
[13.13.5.3]. De plus, elle doit être placée selon l'une ou l'autre des alternatives suivantes
[13.13.5.3] montrées sur la figure 11.17 :
- dans une bande dans la direction du moment (parallèle ou perpendiculaire à la
diagonale);
- dans deux bandes parallèles et perpendiculaires aux bords de la dalle.
Planchers bidirectionnels réguliers 359
/5 /5
Fig. 11.17 Armature de coin additionnelle des dalles supportées sur quatre côtés
Les poutres de rives des dalles sans poutres intérieures doivent pouvoir reprendre le moment
négatif provenant de l'ancrage de la dalle même si la totalité l’acier de flexion est concentrée
dans la bande centrale près du poteau. En effet, même si les moments de calcul sont nuls dans
les régions de la dalle éloignées du poteau, on y dispose néanmoins des aciers de flexion
correspondant à l’acier minimal. Cet acier induira un couple de torsion croissant dans les
poutres de rive. Dans ce cas, la norme permet en [11.2.9.2] de limiter l’effort de torsion
maximal à 67% de Tcr.
La méthode des dalles sur appuis rigides s’applique uniquement dans le cas où une dalle est
supportée sur son périmètre par des poutres rigides ou des murs. Cette méthode permet
l’analyse directe des dalles dans deux directions. On détermine d’abord les moments dans la
dalle puis la réaction de la dalle sur les poutres. On calcule ensuite les poutres en utilisant les
réactions.
Comme cette méthode est d’application moins générale, elle est moins utilisée que les
méthodes d’analyse de cadres. Pour cette raison, la norme A23.3 a relégué celle-ci à l’annexe
B. Elle ne sera pas couverte dans ce texte. Le CDH présente cependant un exemple utile.
Les étapes de dimensionnement des dalles bidirectionnelles sont résumées aux tableaux 11.10
et 11.11.
360 Calcul des structures en béton armé – Concepts de base
11.10 EXEMPLES
Les exemples suivants illustrent l'application des règles de la norme pour la conception des
dalles bidirectionnelles.
EXEMPLE 11.5
Pour le plancher montré sur la figure 11.18, on désire déterminer les dimensions requises pour
les quatre conditions suivantes : dalle sans poutres, dalles avec poutres de rives mais sans
poutres intérieures, dalle sans poutres avec ressauts et dalle avec poutres. Les autres données
sont les mêmes que celles utilisées dans l'exemple 10.1 : les poteaux sont de dimension 600
600 mm, la charge permanente additionnelle est de 1.30 kPa et la charge vive est égale à 2.4
kPa, les poutres (lorsqu'applicable) ont une largeur de 600 mm. On suppose en plus que le
revêtement extérieur pèse 6 kN/m. Le béton a une résistance à la compression de 30 MPa et
l'armature est de nuance 400 MPa. Des barres 15M sont considérées pour la dalle, avec un
enrobage de 25 mm pour les lits près de faces de la dalle.
1 2 3 4
600 (typ)
Panneau Panneau
de rive intérieur
7000
C
SYM
[mm]
n 6900
hs 230 mm
30 30
Cette valeur doit être augmentée de 10% dans un cas sans poutres sur le périmètre, soit hs ≥
362 Calcul des structures en béton armé – Concepts de base
La résistance pondérée à l'effort tranchant d'une dalle autour d'un poteau sans ressaut est
donnée par l'équation 11.24 :
Au stade de calcul préliminaire, il est supposé que le centre de gravité moyen des rangs
d'armature est situé à 25+15 mm de la face de la dalle, soit 40 mm, ce qui donne une valeur
de d pour le calcul de la résistance à l'effort tranchant de 220 mm (260 – 40 = 220 mm).
Le périmètre de la dalle autour du poteau participant à la résistance à l'effort tranchant est égal
à:
L'effort tranchant pondéré de conception causé par les charges directes est égal à :
v f 2.0 224 103 1420 220 2.0 0.72 1.44 MPa 1.35 MPa
On constate que cette contrainte excède la résistance du béton. Deux options sont donc
possibles : épaissir la dalle ou considérer des poutres de rive. Cette seconde option est
considérée dans la suite de cet exemple.
Tel que déterminé dans la première partie de l'exemple, la résistance pondérée à l'effort
tranchant est de 1.35 MPa. Pour un poteau intérieur type (3C) la surface de la dalle à considérer
est :
L'effort tranchant pondéré de conception causé par les charges directes est égal à :
À l'étape de conception préliminaire, une dalle de 230 mm d'épaisseur satisfait donc les critères
de flèche et de résistance au poinçonnement.
Pour que la poutre de rive puisse être considérée comme rigide, elle doit présenter un rapport
de rigidité 0.8. En considérant la poutre de rive sur l'axe 1 entre les axes B et C, l'inertie
de la dalle à considérer est égale à :
de sorte que selon l'équation 11.6, I p 0.8 3950 106 3160 106 mm 4 . S'il s'agissait d'une
poutre intérieure l'équation 11.5 donnerait une hauteur de 393 mm. En choisissant une valeur
de h = 400 mm, l'abaque 5.1 du CDH, donne une valeur de ≈ 0.9. Il s'agit d'une valeur
minimale qui permet de respecter de manière préliminaire les critères de flèche.
n 2 xd 6900 2 1200
hs h 55 230 19 211 mm .
30 n 30 6900
364 Calcul des structures en béton armé – Concepts de base
Avec un ressaut de 110 mm (voir tableau 1.6), l'épaisseur minimale devient égale à 192 mm.
Un ressaut de 110 mm avec une dalle de 200 mm sont retenus.
q f 1.25 (0.200 24 1.3) 1.5 2.4 11.2 kN/m2 où la dalle est de 200 mm.
q f 1.25 (0.310 24 1.3) 1.5 2.4 14.5 kN/m2 où la dalle est de 310 mm.
Tel que déterminé dans la première partie de l'exemple, la résistance pondérée à l'effort
tranchant est de 1.35 MPa autour du poteau. Autour du ressaut, l'équation 11.23 donne la
résistance suivante où d = 160 mm et b0 = 4×(2×1200+160+600) = 4×3160 = 12 640 mm :
sd 4 160
c 0.19 c f c 0.19 1.0 0.65 30
b0 12 640
c 0.241 1.0 0.65 30 0.857 MPa
Les surfaces de plancher hors ressaut et associé au ressaut sont égales aux valeurs suivantes
en considérant une valeur de d = 160 mm :
L'effort tranchant pondéré de conception causé par les charges directes est égal à :
v f 1.2 610 103 3480 270 1.2 0.649 0.78 MPa 1.35 MPa
À l'étape de conception préliminaire, une dalle de 200 mm d'épaisseur avec des ressauts de
110 mm satisfait donc les critères de flèche et de résistance au poinçonnement.
Planchers bidirectionnels réguliers 365
n long 6900
1.078
n court 6400
n 6900 6900
hs 201 mm
30 4 m 30 4 1.078 1.0 34.3
Pour des poutres plus rigides (m = 2.0), l'épaisseur minimale pourrait être réduite à 180 mm.
On voit que l'utilisation de poutres intérieures a une influence limitée sur l'épaisseur de la dalle
en ce qui concerne les critères de flèches pour des charges usuelles. Toutefois les flèches,
surtout celles dues au fluage ou induites par les vibrations, seront plus faibles avec les poutres.
EXEMPLE 11.6
Le calcul des efforts est réalisé pour le cas avec ressauts présenté dans l'exemple précédent.
On considère qu'une poutre de petite dimension est utilisée sur les rives (cas b) alors que des
ressauts sont utilisés pour les poteaux intérieurs. La méthode directe est utilisée pour
déterminer les moments dans la direction de l'analyse le long de l'axe C.
a) Charges et géométrie
Pour simplifier les calculs, la charge uniforme moyenne appliquée est considérée égale à :
q f 11.2 kN/m2 où la dalle est de 200 mm et q f 14.5 kN/m 2 où la dalle est de 310 mm.
Adalle 7.5 7.0 3.02 43.5 m2 et Aressaut 3.02 0.62 8.64 m2
q f 11.2 43.5 14.5 8.64 43.5 8.64 11.75 kN / m 2
q Df 11.75 1.5 2.4 11.75 3.6 8.15 kN/m 2
Le long de l'axe C, la largeur transversale est de 7.0 m, les portées nettes sont de 6.6 m pour
la travée de rive et 6.9 m pour les travées intérieures. Selon les règles de la norme, la largeur
de la bande de poteau est égale à la moitié de la largeur transversale le long de l'axe C, soit
3.5 m.
On peut vérifier que les limites d'applicabilité de la méthode directe sont respectées pour la
géométrie du plancher et le rapport charges vives et charges permanentes.
b) Moments globaux
Le moment statique donné par l'équation 11.2 est égal aux valeurs suivantes pour les travées
intérieures et extérieures :
Les moments non équilibrés aux poteaux situés sur les axes 2 et 3 prennent les valeurs
suivantes :
M ne2 0.07 8.15 0.5 3.6 7.0 6.92 8.15 7.0 6.62 58.2 kN-m
M ne3 0.07 8.15 0.5 3.6 7.0 6.9 8.15 7.0 6.9 42.0 kN-m
2 2
Le long de l'axe 3, les moments statiques donnés par la méthode directe prennent les valeurs
suivantes pour la condition dalle sans poutres entre les appuis intérieurs est retenue pour la
travée extérieure (voir tableau 11.4) :
Il est permis de réduire les moments d'au plus 15% [13.9.3.3] en autant que les moments
positifs soient augmentés proportionnellement, d'au plus 15%. Le plus petit moment positif
étant égal à 171 kN-m, l'augmentation de 15% correspond à 25 kN-m. De plus les moments
négatifs au poteau de l'axe 2 peuvent être considérés égaux. Pour la travée de rive,
l'augmentation du moment positif est égale à environ la moitié de la diminution du moment
négatif au poteau intérieur. En retenant ces hypothèses, les moments deviennent :
Les bandes médianes et de poteaux ont une largeur de 3.5 m. Les moments correspondants par
mètre de largeur sont donc :
Planchers bidirectionnels réguliers 367
d) Moments résistants
Dans tous les calculs, des armatures 15M sont considérées, ce qui donne une valeur moyenne
de d = 200 – 25 – 15 = 160 mm, considérant que les armatures dans la conception finale auront
des positions différentes selon chacune des directions.
L'espacement maximal des armatures est de 3hs, soit 600 mm ou 500 mm, valeur qui contrôle.
L'armature minimale est de 0.2%Ag , soit 0.002×200×1000 = 400 mm2/m, qui est obtenu avec
des armatures 15M à 500 mm qui offrent une résistance de 20.6 kN-m/m. Un espacement à
300 mm donne une résistance de 33.0 kN-m/m alors qu'un moment résistant de 68.2 kN-m/m
est obtenu avec des 15M à 125 mm.
La disposition des armatures doit être spécifiée pour chacune des bandes et chacun des lits.
Comme les valeurs minimales des la portion des moments a été retenue pour la bande de
poteau, il est possible d'augmenter ces moments et de réduire en proportion ceux de la bande
médiane si cela permet une meilleure utilisation de l'armature.
Parmi les méthodes d'analyse des cadres, certaines sont plus couramment utilisées que
d’autres. De plus, la norme A23.3-94 a introduit des modifications importantes aux méthodes
simplifiées des cadres, principalement dues à l’accessibilité des ordinateurs. Ces méthodes ont
même changé de nom, ce qui peut porter à confusion. Le texte qui suit permet de faire le point
entre les méthodes et la terminologie les anciennes normes (A23.3-84 et antérieures) et les
éditions subséquentes.
L’ingénieur d’avant la période des ordinateurs calculait les structures hyperstatiques au moyen
de la méthode de redistribution des moments, ou méthode de Cross, du nom de son inventeur.
Dans cette méthode, on encastre les extrémités de toutes les pièces afin de calculer les
moments d’encastrement causés par les charges. Sur la figure 11.19, ce moment
d'encastrement au nœud B est dénote MeB .
368 Calcul des structures en béton armé – Concepts de base
D
P
A B C
MeB
MRD
MRA
MeB MRC
MRE
Le relâchement des moments à un joint envoie une partie du moment d’une extrémité à l’autre
d’une pièce. La répartition du moment d’encastrement Me est faite selon la rigidité relative
des pièces rattachées à un nœud. Pour une pièce à inertie constante, cette valeur est égale à
4EI/L alors qu’elle augmente pour un patron d’inertie variable, comme illustré sur la figure
11.19. Une fois ces moments répartis entre les poutres et poteaux, ceux-ci sont répercutés aux
nœuds éloignés. Pour une pièce à inertie constante, le moment répercuté Mr est égal à la moitié
du moment Ma appliqué à l’extrémité relâchée de la membrure, alors que cette portion est plus
élevée pour une membrure a inertie variable, tel qu’illustré sur la figure 11.20. Comme ces
moments ne sont généralement pas en équilibre, on relâche tour à tour les nœuds de sorte
qu’après un nombre d’itérations généralement raisonnable, de 3 à 5, on converge vers une
solution équilibrée.
Ma
1 Mr
Ma Mr / Ma
4 EI 0. 5
L
EI
11.09 EI 0.723
L
8 EI EI 8 EI
15.56 EI
L 0.786
EI = EI =
La méthode de Cross fut, à l'époque où elle est apparue, une révolution à l'analyse des
structures hyperstatiques. Elle est restée populaire jusqu'à la fin des années 1960. L'arrivée
des ordinateurs dans les années 1970 l'a fait disparaître quoiqu'elle demeure toujours utile d'un
point de vue pédagogique afin de comprendre la répartition des efforts dans les systèmes
structuraux. Une description plus détaillée de cette méthode est présentée dans la plupart des
livres d'analyse structurale.
C’est ainsi, afin de pouvoir utiliser la méthode de distribution des moments, que les éditions
du CDH antérieures à la version de 1995 comportaient des tables permettant de calculer les
coefficients de rigidité et les coefficients de répercussion pour des poutres et poteaux non
prismatiques. De nombreux ouvrages de référence sur le calcul des structures en béton armé
contiennent des exemples où cette méthode est utilisée. Bien qu’il s’agisse d’une méthode de
calcul fort instructive, elle n’est plus utilisée par les ingénieurs modernes.
Néanmoins, la norme A23.3 a proposé dans éditions antérieures à celle de 1994, la méthode
des cadres équivalents qui permettait à la fois de calculer les inerties des dalles, poutres,
poteaux et ressauts pour faire une analyse avec la méthode de distribution ou à l’aide de
logiciels d'analyse structurale. Cette méthode attribue des inerties variables aux éléments
structuraux afin de pouvoir appliquer la méthode d’analyse désirée.
Dans l’édition 1994 de la norme A23.3, la méthode des cadres équivalents a été renommée la
méthode des éléments non prismatiques, faisant ainsi référence aux poutres à inertie variable.
L’attribution des valeurs des inerties propres à cette méthode est présentée à la section 11.11.4.
Les calculs de propriétés rattachées à l’utilisation de cette méthode sont relativement lourds.
Pour cette raison, la norme A23.3-94 a introduit la méthode des éléments prismatiques qui
utilise les propriétés réelles des éléments. La distinction entre les deux méthodes est assez
subtile, comme on le verra aux sections suivantes. Les mêmes appellations ont été conservées
dans la norme A23.3-14.
Il apparaît cependant clairement que la méthode des éléments non prismatiques disparaîtra
progressivement de la norme, la nouvelle méthode étant plus simple d’utilisation tout en
s’apparentant davantage aux modèles d’analyses familiers aux ingénieurs. De plus, les tables
requises pour l’analyse avec la méthode de distribution des moments n’étant plus disponibles
avec la dernière édition du CDH, il est certain qu’une telle approche perdra sa pertinence. Elle
ne sera donc pas utilisée dans cet ouvrage.
La méthode des cadres permet l'analyse élastique de cadres en béton armé formés de la dalle,
des poutres longitudinales et transversales ainsi que des poteaux s'y rattachant. La norme
A23.3 définit en 13.9 les règles à suivre afin de faire une analyse juste.
Des cadres indépendants doivent être analysés dans chacune des directions. On peut faire
l'analyse d'un cadre complet ou isoler un étage en encastrant les poteaux à leur extrémité
éloignée comme illustré sur la figure 11.6. Pour la direction de l'analyse, la dalle et la poutre,
si présente, sont considérées comme une poutre délimitée par la ligne moyenne entre les axes
des poteaux adjacents. L'analyse est faite en considérant la distance centre-à-centre des
poteaux ou des appuis dans la direction longitudinale.
370 Calcul des structures en béton armé – Concepts de base
Lorsque des cadres comportent plusieurs baies, il n'est pas nécessaire de les considérer toutes
à la fois. La norme [13.9.1.3] permet de faire l’analyse de portion de cadres en ne considérant
que deux travées au-delà de celle analysée, l’extrémité de la dernière travée étant encastrée.
Cette simplification peut se faire en autant que le cadre réel se prolonge au-delà de
l’encastrement.
La norme exige que l'on utilise des propriétés des éléments qui représentent fidèlement le
comportement des systèmes de planchers [13.9.1.5]. Pour représenter l'inertie des poutres et
dalles dans le sens de l'analyse, le calcul des propriétés est simple. Cependant, comme indiqué
plus loin à la section suivante, le transfert des moments entre deux travées adjacentes est plus
délicat. Comme on fait une analyse dans le plan d'un système tridimensionnel, il faut prendre
en compte correctement les effets des éléments transversaux dans le comportement
longitudinal. Il importe de bien quantifier les moments transférés aux poteaux. En effet, les
poteaux reprennent les moments non équilibrés dus à des conditions géométriques ou de
chargements différents entre deux travées adjacentes. Utiliser directement l'inertie des poteaux
surestime la rigidité réelle des systèmes tridimensionnels. Une rigidité flexionnelle trop
grande des poteaux affecte la distribution des moments entre les éléments horizontaux et les
poteaux, ceux-ci attirant des efforts plus grands qu'en réalité.
La norme propose donc deux méthodes d'analyse de cadres : la méthode des cadres non
prismatiques [13.9.2] et la méthode des cadres prismatiques [13.9.3]. L'essentiel de la
différence entre les deux méthodes a trait à la détermination de l'inertie équivalente des
poteaux.
Une poutre continue sur plusieurs appuis ou un cadre rigide plan peuvent être analysés en
utilisant directement les propriétés des éléments qui les composent. Le cas des dalles
bidirectionnelles analysées comme des cadres plans est cependant quelque peu différent.
En effet, si on isole à la figure 11.21 la région du poteau d'axe 2 de la figure 11.7, on observe
que les moments agissant sur le côté droit de l’axe 2 sont équilibrés en partie par ceux du côté
gauche de cet axe et par les poteaux en haut et en bas du plancher. On peut aisément assumer
que le système formé des poutres longitudinales et des poteaux se comporte comme un cadre
rigide, le moment dans le poteau équilibrant la différence de moments dans les poutres.
Cependant, le déséquilibre des moments provenant de la dalle est repris par le poteau
uniquement, selon la capacité de la poutre transversale de l’axe 2 à transmettre ces efforts au
poteau. Ainsi la portion des moments transférés au poteau est fonction de la rigidité
flexionnelle du poteau et de la rigidité torsionnelle des poutres transversales : plus les poutres
sont rigides en torsion, plus une portion importante du moment déséquilibré sera reprise par
les moments du poteau.
Planchers bidirectionnels réguliers 371
Mch 2
mg
B
Mpg md
mg
Mpd B
Mcb
2 md
Comme le couplage dalle - poutre transversale - poteau est un système en série, on doit
additionner les flexibilités torsionnelles des poutres transversales aux flexibilités flexionnelles
des poteaux afin de déterminer le comportement de l’ensemble :
1 1 1
f système f torsion f flexion (11.29)
poutre poteau K système K torsion K flexion
poutres poteau
où f est une flexibilité alors que K est une rigidité.
Il en résulte donc un système plus flexible ou moins rigide que si l’on ne considérait que la
rigidité des poteaux. Comme on le verra plus loin, la norme attribue aux poteaux une rigidité
flexionnelle réduite afin de prendre en considération la flexibilité accrue provenant de la
torsion de la poutre transversale.
Comme on réalise une analyse bidirectionnelle, le transfert des moments d'un côté à l'autre
d'un appui est influencé par la rigidité des poteaux. Toutefois, la présence de poutres dans la
direction transversale à celle de l'analyse contribue également à la retenue à cet endroit et doit
être considérée. Comme la dalle est ancrée dans la poutre transversale et que le transfert des
efforts au niveau du joint poutre-poteau est assuré par la rigidité torsionnelle de la poutre, on
est en présence d'un système structural en série. Pour combiner la rigidité flexionnelle du
poteau et la rigidité torsionnelle de la poutre, on doit additionner les flexibilités de ces
éléments, comme stipulé à l'équation 11.29.
La norme indique que l’on doit utiliser la rigidité d'un poteau équivalent (Kec), obtenue de la
somme de la flexibilité torsionnelle des poutres transversales (1/ Kt) et de la flexibilité
flexionnelle des poteaux réels (1/ Kc) [13.8.2.5 et 13.8.2.6]:
1 1 1
(11.30)
Kec Kc Kt
372 Calcul des structures en béton armé – Concepts de base
Tout comme pour le calcul des poutres, la norme indique que l'on peut prendre l'inertie brute
non fissurée du béton et que les variations de section des poteaux doivent être prises en
considération. La norme indique également que l'inertie du poteau sur la longueur comprise
entre le dessus de la dalle et le dessous de la dalle ou le dessous des poutres longitudinales
doit être considérée comme infinie [13.9.2.4].
où lnc est la longueur libre du poteau mesurée entre le dessus de la dalle et le dessous des
poutres orientées dans le sens de la direction de l'analyse ou du ressaut selon le cas.
La poutre transversale, montrée à la figure 11.21, qu’elle soit réelle ou constituée de la dalle
uniquement, est définie pour fin d’analyse comme étant la plus grande des sections suivantes
[13.8.2.7] :
3- Une poutre définie selon le commentaire de l'article [13.1.2] tel que présenté
précédemment sur la figure 11.10.
Une fois les dimensions de la poutre déterminées, la rigidité torsionnelle est obtenue par
[13.8.2.8 et 13.8.2.9] où C est égale à l'inertie torsionnelle J d'une section prismatique :
Kt
9 Ecs C (11.32)
l 2 a ( 1 c 2 / l 2 a )3
x x3 y
où C 1 0.63 (11.33)
y 3
L’origine de ces deux équations est expliquée au moyen de la figure 11.22. La rigidité
torsionnelle de la poutre transversale vient de l’hypothèse que le couple de torsion par unité
de largeur m(x) transféré au poteau varie d’une valeur nulle à mi-distance entre les axes des
poteaux à une valeur maximale mo à l'axe des poteaux. Le couple de torsion total varie donc,
quant à lui, selon une fonction du deuxième degré :
4To 2
T ( x) x (11.34)
l 22
Planchers bidirectionnels réguliers 373
c2
mo
m(x)
mo l 2
To = 4 T(x)
θface
θ(x)
ext
(x)
La rotation par unité de longueur d’une section d’inertie torsionnelle J est égale à la relation
suivante où G est le module de cisaillement :
T ( x) 4To 2
( x) x (11.35)
GJ GJ l 22a
À la face du poteau, située à x l 2a c2 / 2 ou l 2a 1 c 2 / l 2a / 2 , la rotation unitaire est
égale à :
2
T c
face o 1 2 (11.36)
GJ l 2a
L’intégrale d’une fonction du second ordre est égale à la valeur maximale de cette fonction
multipliée par la longueur d’application et divisé par trois, de sorte que la rotation totale au
bout de la demi-poutre transversale, en assumant que la rotation est nulle vis-à-vis le poteau,
est :
2 3
1 T c l c To l 2a c
ext o 1 2 2a l 2 1 2 (11.37)
3 GJ l 2a 2 l 2a 6GJ l 2a
La norme adopte ensuite les hypothèses suivantes : ext et G = E/2, de sorte que :
3
374 Calcul des structures en béton armé – Concepts de base
3
T l c
o 2a 1 2 (11.38)
9GJ l 2a
T 9 EC
Kt o (11.39)
c
3
l 2a 1 2
l 2a
Cette équation, qui est une approximation d'une équation beaucoup plus complexe pour une
section rectangulaire, conduit tout de même à des résultats suffisamment précis.
X2
Y1
A) X1 X2
X1
X1
Y2
B) X2
Cette méthode, introduite pour la première fois dans la norme A23.3-94, consiste à attribuer
aux éléments à l'extérieur des poteaux une valeur de l'inertie correspondant à la valeur des
sections réelles en utilisant des éléments de propriétés différentes lorsque celles-ci changent.
Avec la méthode des cadres prismatiques, les propriétés des poteaux sont déterminées par une
relation simple basée sur la géométrie des éléments attachés à un poteau. Ainsi, l’inertie
effective Ic du poteau, pour la zone située à l’extérieur de la dalle et des poutres, en fonction
Planchers bidirectionnels réguliers 375
Ic I g (11.41)
1 l2a
où pour l2a / l2 ≤ 1.0 0.3 0.7 (11.42)
l1
l2 a l l
où pour l2a / l2 > 1.0 0.6 0.5 1.3 0.6 2 a 1 2a (11.43)
l1 l1 l1
Dans cette équation les limites suivantes s'appliquent : 0.3 1.0 alors que 1l2a / l1 1.0.
Dans l'axe longitudinal, on considère que le système poutre-dalle constitue une poutre
équivalente dont les propriétés doivent représenter le plus possible la réalité. Toutefois,
comme il s'agit d'une analyse élastique, il importe surtout que les rigidités relatives soient le
plus juste possible.
Ainsi, même lorsque les poutres sont fissurées, la rigidité des poutres et dalles est calculée
selon l'hypothèse d'une section brute non fissurée. De plus, la variation longitudinale du
moment d'inertie doit être prise en compte 13.8.2.2.
Le découpage en différents types d'éléments est illustré sur la figure 11.24 alors que le tableau
11.12 résume le calcul des propriétés attribuées à chacun des types d'éléments.
376 Calcul des structures en béton armé – Concepts de base
A B C D
lch
hd hs h d - hs hs /2
Niveau
analysé
lcb
ce cj cj ce
xde xde xdi xdi xde xde
STRUCTURE
hd - hs/2 Icj
Ic
lch - hd
Icj Id
hs/2
hd - hs/2 Isj Is
lcb - hd
hs/2
ce /2 cj /2 cj /2 ce /2
xde xdi xde xde
xde cj /2 xdi cj /2
MODÈLE STRUCTURAL
Inertie de la
poutre/dalle Équation 11.44 Is ou Id
dans le joint : Isj
Inertie du poteau Ic
dans le joint : Icj
Inertie du poteau: Équation 11.30 Équation 11.41
Ic
Comme l'analyse est faite en considérant la distance centre-à-centre des poteaux et que l'inertie
de la poutre ou de la dalle dans la portion située à l'intérieur des poteaux Isj tend vers l'infini,
la norme stipule que l'on doit augmenter l'inertie de la poutre en considérant la dimension
transversale relative du poteau et du cadre équivalent. On utilise donc une inertie équivalente
augmentée du facteur suivant 13.8.2.3 pour la portion de la poutre située dans le poteau :
1
I sj I poutre (11.44)
dalle (1 c2 / l 2a ) 2
Afin de charger les planchers selon des agencements critiques réalistes, la norme 13.8.4
requiert de faire les analyses selon les cas identifiés au tableau 11.13.
Pour le moment négatif, on utilise les moments à la face des poteaux, sans toutefois, pour les
poteaux rectangulaires, utiliser une valeur supérieure à 0.175 l1 mesurée à partir du centre du
378 Calcul des structures en béton armé – Concepts de base
poteau [13.8.5.1]. Dans le cas des poteaux extérieurs avec chapiteaux ou corbeaux, on peut
utiliser une section critique située à la demi-longueur de la portion de ces éléments qui
excèdent le poteau.
Enfin, pour les poteaux de section circulaire ou polygonale, un poteau carré équivalent de
même section est utilisé pour déterminer la position des sections critiques.
- Si la variation de la charge vive d'une région à une autre est connue, on doit l'appliquer.
- Si qL 0.75 qD , on peut appliquer ces deux charges simultanément sur toutes les
travées à la fois.
- Lorsque qL 0.75 qD, les efforts maximaux sont obtenus avec des chargements
partiels:
: q sur toutes les travées et 0.75 q sur des travées alternées ;
M max D L
- En aucun temps, les efforts doivent être moindres que lorsque que wD et wL sont
appliqués sur toutes les travées.
- Pour l'analyse, qD et qL sont majorés.
Tout comme pour la méthode directe qui autorisait une modification des moments positifs ou
négatifs jusqu'à une limite de 15%, la norme permet aussi 9.2.4 de modifier les moments
jusqu'à concurrence de 20% sans excéder la valeur suivante en pour cent :
Fm 30 50 c / d (11.45)
Le rapport c sur d donne une indication de la possibilité qu’une section puisse présenter un
comportement ductile. La limite de 20% est atteinte pour un rapport c/d égal à 0.2. En se
référant au chapitre 4, on peut montrer pour une poutre rectangulaire que la limite d'armature
à partir de laquelle l'équation (11.45) gouverne est donnée par la relation suivante :
11 c f c
0.2 (11.46)
s f y
Le tableau 11.14 indique les limites d'armature obtenues avec l'équation précédente pour une
poutre rectangulaire lorsque pour fy = 400 MPa, c = 0.65 et s = 0.85.
Il est très avantageux de réduire les moments négatifs. En effet, il est moins coûteux d'armer
une poutre en T au moment positif qu'au moment négatif. De plus, la congestion des aciers
d'armature dans les poteaux s'en trouve réduite, de même que la partie des moments non
Planchers bidirectionnels réguliers 379
équilibrés transférés par cisaillement. Enfin, comme la réduction des moments négatifs
conduit à l'augmentation des moments positifs, on améliore la résistance à l'intégrité
structurale, l'acier positif étant plus efficace en dernier recours.
20 0.56
30 0.81
40 1.03
50 1.22
60 1.39
La norme énonce également certains principes que l’on doit suivre si l’on désire faire la
conception d’une dalle en utilisant la théorie élastique des plaques 13.6 ou les méthodes
élaborées à partir des théorèmes de plasticité 13.7.
Dans le cas de la théorie des plaques, on détermine les efforts de flexion en tout point de la
dalle, généralement en utilisant un logiciel d’analyse de plaques ou encore en faisant une
analyse par éléments finis. Comme le montre la figure 11.25, des moments de flexion dans les
deux directions orthogonales, mx et my , en parallèle avec des moments de torsion, mxy
résistent aux charges appliquées. L’analyse de ces moments afin d’en déterminer les valeurs
maximales se fait comme pour le cas des contraintes planaires.
La convention utilisée est illustrée sur la figure 11.25. Les moments identifiés par la lettre
minuscule m sont par unité de longueur. Les aciers d'armature orientés dans la direction x
procurent une résistance mrx, alors que les aciers orientés dans la direction y génèrent un
moment résistant mry. Au moment négatif, comme indiqué sur la figure 11.25, on utilise les
termes m'rx et m'ry pour désigner les moments résistant dans chacune des directions
orthogonales. Les moments causés par les charges sont, quant à eux, identifiés par les termes
mfx , mfy , m'fx et m'fy respectivement.
380 Calcul des structures en béton armé – Concepts de base
y y
x mry x m'ry
mrx m'rx
A'sy
Asy
Une analyse élastique fournit en tout point les valeurs des moments indiqués précédemment,
positifs ou négatifs, auxquels s'ajoutent les moments de torsion mfxy . Pour des moments
positifs agissant sur un élément unitaire de dalle, l’expression donnant les moments maximal
et minimal sont :
2
mx m y mx m y 2
mmax m xy
(11.47)
2 2
2
mx m y mx m y 2
mmin m xy
(11.48)
2 2
On peut donc déterminer mmax et mmin en tout point de la dalle et positionner les aciers selon
l'orientation des axes principaux des efforts, comme montré sur la figure 11.26. Cependant,
une telle disposition n'est pas pratique et il est plus courant de disposer les aciers selon les
axes orthogonaux du plancher. On doit donc déterminer la contribution des aciers orthogonaux
à la résistance des efforts de torsion qui s'ajoutent, dans la majorité des cas, aux efforts mx et
my.
Planchers bidirectionnels réguliers 381
mxy y
x
my
mxy mx
mx
my mxy mx
θ
mmax
mxy my
mxy
mxy
As1
= Asx
y
θ
x As2 Asy
Ces équations sont valides pour des dalles faiblement armées, soit pour 0.5% sur chaque
face et dans chaque direction. Pour des dalles plus fortement armées, certains travaux de
recherche11.1 ont démontré que ces équations étaient non sécuritaires et surestimaient la
résistance.
Afin d'éviter des erreurs d'interprétation des résultats d'analyse et de s'assurer que les calculs
sont sécuritaires, la norme canadienne 13.6.4 a choisi une valeur de égale à 1.0, ce qui
indique que le moment de torsion est repris également par les aciers dans chacune des
directions orthogonales. Pour l'armature en flexion positive on obtient les relations suivantes
:
mxDES m fx m fxy 0 (11.54)
De plus, comme les moments varient d'un point à l'autre, la norme permet de calculer les
valeurs moyennes de mx et my sur des bandes et de disposer l'acier d'armature uniformément
sur ces bandes en respectant toutefois les deux règles suivantes [13.6.5]. La valeur du moment
résistant moyen doit être égale ou supérieure à aux moments dus aux charges sur cette bande
alors que la valeur moyenne ne soit pas inférieure au 2/3 des valeurs maximales de ces mêmes
moments à l’intérieur d'une même bande, tel qu'illustré sur la figure 11.21.
mDES max
mr
mDES
mr 2/3 mDESmax
mDES
mr mDES
Largeur de la bande
Dans le cas de l’analyse plastique, il existe deux grandes théories : la méthode des lignes de
rupture, dite approche de limite supérieure, et la méthode des bandes, dite approche de limite
inférieure.
Dans le cas de la méthode des lignes de rupture, on doit assumer un mécanisme de rupture
défini par des lignes le long desquelles la dalle atteint sa résistance plastique maximale. Pour
un schéma complexe de dalle, on doit étudier tous les patrons possibles de lignes de rupture.
Au mieux, on identifiera le patron le plus critique et on obtiendra la charge de rupture exacte,
alors qu'autrement on la surévaluera, d’où le qualificatif d'approche de limite supérieure.
Cette méthode donne donc au mieux la réponse exacte et peut conduire à des résultats non
sécuritaires.
En contrepartie, avec la méthode des bandes, on décide dans quelles directions sont portées
les charges et on dispose l’armature selon les efforts obtenus. Dans ce cas, on identifiera au
mieux la distribution optimale, alors qu'autrement on disposera les armatures en quantité
surabondante mais sécuritaire, d'où le qualificatif d'approche de limite inférieure.
A
q a/4
a2 B q/2
m = q
24 q q/2 q a/2
Fissures
sous la dalle
q a/4
q/2 q/2
A
Rotule plastique
q q
q/2
B
Fig. 11.28 Calcul de la résistance des dalles selon les théorèmes de plasticité
EXEMPLE 11.7
La méthode des bandes, quant à elle, demande que l'on décide dans quelle direction seront
portées les charges. Pour la même dalle, on peut adopter les hypothèses illustrées sur la
figure 11.28b. Dans une telle condition de dispersion des charges, le moment maximal
dans la bande près de la rive est égal à :
a2
m fA q f
64
La solution exacte pour ce cas, donnée par la méthode des lignes de rupture prenant
en considération des lignes additionnelles dans les coins, est égale à :
a2
mf qf
21.7
pour laquelle les valeurs numériques donnent un moment causé par les charges de
16.6 kNm/m.
L'exemple précédant illustre la précision offerte par chacune des méthodes. On peut constater
que la méthode des lignes de rupture procure le résultat exact si le patron de lignes plastiques
exact est utilisé alors que la même méthode est non sécuritaire d'environ 11% pour l'exemple
précédent lorsque le patron choisi ignore certaines lignes plastiques. La méthode des bandes
est quant à elle sécuritaire par une marge de 2 % pour le même exemple.
Dans le cas d'un bâtiment complet, il est commode de diviser la structure en cadres équivalents
dans chacune des directions. Pour chacun de ces cadres et dans chacune des deux directions,
on applique toutes les charges, permanentes et vives, afin de déterminer les efforts totaux dans
chacune des directions. Le cadre peut représenter l'ensemble de la structure ou une partie de
celle-ci.
11.13 GLOSSAIRE
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