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CALCUL 

DES STRUCTURES 
EN BÉTON ARMÉ 
 
Concepts avancés 
 
Édition préliminaire 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Bruno Massicotte 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Éditions da Vinci 
Collection scientifique 
CHAPITRE 14
THÉORÈMES DE PLASTICITÉ APPLIQUÉS AUX PLANCHERS

14.1 GÉNÉRALITÉS
La norme A23.3 autorise l'utilisation des méthodes basées sur les théorèmes de plasticité pour
le calcul de la résistance des planchers. Les méthodes, comme il est présenté dans ce qui suit,
permettent de faire la conception à l'état limite ultime. La norme souligne l'importance
d'adopter des hypothèses qui fassent en sorte que le comportement en service soit assuré,
notamment en ce qui concerne les effets associés au fluage et au retrait.

Deux méthodes associées aux théorèmes de plasticité sont identifiées : la méthode des bandes
et la méthode des lignes plastiques. Le premier est une approche limite inférieure alors que
l'autre est une approche limite supérieure. Les principes sont les mêmes que ceux appliqués
aux poutres. Avec la méthode des bandes, on choisit une répartition des charges selon les
différentes directions qui respecte la statique alors qu'avec la méthode des lignes plastiques,
c'est un patron de lignes formant un mécanisme cinématiquement admissible qui est retenu.
Dans les deux cas la solution optimale peut nécessiter la considération de différents scénarios.

Dans le commentaire de la norme on indique que les méthodes plastiques requièrent des
ductilité élevées, ce qu’on obtient si  s  0.03 , soit :
c c 0.0035
    0.104 (14.1)
d  s   c 0.03  0.0035
Avec les équations présentées à la section 13.2, l'armature maximale est exprimée comme
suit :
  c  1c f c
As    bd (14.2)
  s   c  s f y
où 1  1 1  0.82  0.0031 fc  0.45 (14.3)

En pourcentage d’armature, cela représente environ 0.29% pour fc  20 MPa et 0.72% pour
fc  60 MPa . En adoptant une interpolation linéaire, on peut écrire :
 S 0.03  0.1  0.01 f c (14.4)

Le taux d'armature donné par cette équation est assez peu élevé et ne tient pas compte de la
ductilité amenée par l'armature comprimée. Le respect d'un ratio c/d maximal de 0.1 apparaît
comme une limite raisonnable, plutôt qu'un taux d'armature.
14.2 Calcul des structures en béton armé – Concepts avancés

14.2 MÉTHODE DES BANDES


14.2.1 Généralités
La méthode des bandes (strip method) a été proposée par le Suédois Hillerborg en 1956 pour
le calcul des dalles. Son théorème peut s’énoncer ainsi :

“Si une distribution de moments satisfait l’équilibre et les conditions aux limites
pour une charge donnée, si la dalle est apte à résister aux moments en tout point,
alors la charge externe constitue une limite inférieure de la capacité de la dalle”.

L’innovation de Hillerborg a été d’éliminer la considération des efforts de torsion. Ceci a


conduit à la méthode des bandes. Il a aussi publié plus tard la méthode des bandes avancées.
D’autres auteurs ont par la suite introduit le concept de bandes fortes (strong band) qui a
permis de traiter du cas des dalles sans poutres et de celui des dalles avec des coins rentrants.
Cette méthode se prête bien à la conception. Elle donnera toutefois de meilleurs résultats, en
particulier en service, si la solution retenue est près de la solution élastique.

14.2.2 Principe
L’équation d’équilibre d’une dalle s’exprime comme suit (voir section 12.1.1), où q est la
charge par unité de surface :

 2 mx 2 2 m xy  2m y
   q (14.5)
x 2  x y y 2

En négligeant dans la solution le terme du milieu relié aux efforts torsion, on peut écrire :
 2 mx
  q (14.6)
x 2
 2my
  1    q (14.7)
y 2

où γ et (1γ) quantifient la quantité d’effort portée dans chaque direction. Comme vu avec les
méthodes élastiques, négliger le terme de torsion est tout à fait justifié pour les dalles en béton
armé car les efforts de torsion doivent être ajoutés aux efforts de flexion.

Pour une dalle, il s’agit donc d’identifier pour chaque zone la portion attribuée à chaque
direction et de faire l’analyse de bandes portant dans une direction. Pour la dalle illustrée ici,
Hillerborg propose 3 solutions.
Théorèmes de plasticité appliqués aux planchers 14.3

y
(a) (b)

Figure 14.1 – Dalle carrée simplement supportée sur 4 côtés

Solution 1
Dans cette solution, on divise la charge en deux parties égales (   0.5 ).

L
mfx
x Distribution
de la réaction
sur les appuis
qf dans la directiony
2
qf
2
a a Distribution de
m x maximum

qf L2 qf L
y
16 4
qf 2 Moment par unité de l'argeur
a a Chargement sur une bande
dans la direction x

qf L2 Moment m x
16 pour la bande aa

Figure 14.2 – Option 1 : Répartition égale de l'armature dans chaque direction

Avec cette solution le moment maximal dans chaque direction est égal à q f L2 16 , constant
sur toute la largeur de la dalle.
14.4 Calcul des structures en béton armé – Concepts avancés

Solution 2
Avec la solution 2, on modifie la distribution selon la zone considérée. On a soit une
distribution unidirectionnelle ou bidirectionnelle, le moment maximal dans ce cas est
5q f L2 64 ou q f L2 12.8 , dans la zone centrale, et q f L2 64 près des bords.

L 4 L2 L 4 5qf L2 6 4 3qf L 8

qf qf qf x
L
2 2 Distribution
4 de la réaction
qf qf
qf sur les appuis
2 2
2 dans la direction y
L qf qf qf
2
2
a a Distribution de
qf qf m x maximum
2 2
L b qf qf qf b
4 2 2

qf L2 qf L
Lignes de discontinuité 8
64
Moments unitaires - kN-m/m
qf qf
qf 2 Charge sur qf 2 qf 2 Charge sur
a a la bande aa b b la bande bb

L L

Moment m x Moment m x
2 pour la qf L2 pour la bande bb
5qf L bande aa
64 For 0  y  L / 4 and
64
3L / 4  y  L
For 0  y  L 2

Figure 14.3 – Option 2 : Répartition de l'armature en trois bandes dans chaque direction

Solution 3
La solution 3 attribue une valeur de   0 ou   1 dans chacune des zones. Le moment sur
la largeur varie de manière parabolique alors que le moment maximal est égal à q f L2 8 .
Théorèmes de plasticité appliqués aux planchers 14.5

x Distribution de la
qf réaction d'appuis
dans la directiony

qf qf

a a

qf Distribution de
mx maximum

Lignes de discontinuité qf L2 qf L
y
8 2
qf qf
Moments unitaires - kN-m/m
Charge sur
la bande strip aa
y y

Moment m x
pour la bande aa

qf y 2
For 0  y  L 2
2

Figure 14.4 – Option 3 : Répartition non uniforme de l'armature

Discussion
Ces trois exemples introduisent deux particularités de la méthode des bandes : la facilité avec
laquelle les moments peuvent être obtenus à partir de principes simples de la statique et la
grande variété de distributions de moments admissibles. Les trois options précédentes
conduisent à une quantité relative d'armature dans des rapports respectifs de 1.0 – 0.75 – 0.67.

14.2.3 Lignes de discontinuité


Les lignes pointillées entre les zones sont appelées lignes de discontinuité. C’est la position
de ces lignes associée au type de dispersion choisi qui définit les moments de calcul. On
retrouve deux types de lignes de discontinuité.

Lignes partant des coins


Hillerborg a proposé initialement d’utiliser une approche où les charges sont amenées aux
supports par le chemin le plus court, ou encore, à l’appui le plus près. Il a donc proposé les
règles suivantes pour l’orientation des lignes de discontinuité afin d’arriver à la solution la
plus économique :
 pour deux appuis encastrés ou deux appuis simplement supportés, la ligne de
discontinuité suit la bissectrice de l’angle;
14.6 Calcul des structures en béton armé – Concepts avancés

 lorsqu'un appui simple joint un appui encastré, l’angle du côté encastré est de 1.5 à
2.0 fois celui du côté simple.

 = 45°  1 = 1.52 à 2 2

2

(a) (b) (c)

Figure 14.5 – Lignes de discontinuité partant des coins

Les diagrammes de moments obtenus de l’utilisation de lignes de discontinuité partant des


coins requièrent une variation rapide de la quantité d’armature et rendent les calculs
relativement complexes, comme l’illustrent les deux figures suivantes.
b b
b
x -
qf
a a
+

qf

b b
b
Lignes de discontinuité
Charge sur Moment m y
qf qf la bande bb pour la bande bb

a a Charge sur
la bande aa

-
a a Moment m
x
+ pour la bande aa

Figure 14.6 – Exemple de lignes de discontinuité partant des coins


Théorèmes de plasticité appliqués aux planchers 14.7

qf x 2 2 qf Ly 2 8 qf Ly 2
x
b
b b
x x
y  = 45° 45°
qf y 2
a a
Ly Ly

qf
45° 45° x
b b
b
y Lignes de discontinuité
Charge sur Moment m y Distribution de Distribution
la bande bb pour la bandebb mx maximum de la réaction
qf qf sur les appuis
a a Charge sur dans la directiony
y y la bande aa
Lx
a a
qf y 2 Moment m x
pour la bande aa
2

Distribution de
qf Ly 2 m y maximum
8

Ly 2 Ly 2

qf Ly Distribution
2 de la réaction
sur les appuis
dans la directionx

Figure 14.7 – Exemple de lignes de discontinuité partant des coins

Il a été démontré que cette approche n’est pas la seule et qu’utiliser des lignes de discontinuités
perpendiculaires aux bords était tout aussi valable, en autant que les dalles soient sous armées.
C’est d’ailleurs ce qui est fait lorsque les moments sont uniformisés avec les lignes partant
des coins.

Lignes partant des bords


Les lignes partant des bords permettent de calculer les moments en suivant toujours les lignes
partant des coins mais, ici, en utilisant une ligne en escalier, comme illustré sur la figure
suivante.
14.8 Calcul des structures en béton armé – Concepts avancés

Ly

y Dispersion des charges Bandes dans la direction x

Les zones chargées


sont en gris

Bandes dans la direction y

Figure 14.8 – Lignes de discontinuité en escalier

Hillerborg a d’ailleurs opté pour cette approche lors de développements additionnels apportés
à sa méthode. Il propose ainsi de diviser la dalle en bandes le long des bords ayant une largeur
de L 4 alors que la bande centrale est de largeur égale à L 2 . Ceci est en fait conforme à la
pratique suggérée par les normes A23.3 et ACI pour les bandes de poteaux et bandes médianes
pour les planchers avec une disposition régulière des appuis. Les deux figures suivantes
illustrent cette méthode.
Théorèmes de plasticité appliqués aux planchers 14.9

Lx qf Ly 2
Ly 4 Lx  Ly 2 Ly 4 64 qf Ly 2
qf 8
Ly qf 2 qf 2 x
4 qf /2

Moment m y

Moment m y
qf 2 qf 2

Charge
Ly

Load
qf qf qf +

+
2
qf 2 qf 2 qf /2
Ly
4 qf 2 qf 2

Bande de rive Bande médiane


y direction y direction y

Lx
2
qf 2 qf 2 qf Ly
Bande de rive
direction x 64
Charge qf L y 2
2 8
qf Ly
+
64 Moment mx
Distribution de my maximum
qf qf
Ly
Bande médiane
direction x qf Ly 2 qf Ly 2
Charge
64 32
qf Ly 2
+ Distribution de mx maximum
32
Moment mx

qf Ly
2 qf Ly
2
qf Ly qf Ly 2 4
8 8

Lx Ly
Distribution de la Distribution de la
réaction d'appuis réaction d'appuis
dans la direction x dans la direction y

Figure 14.9 – Bandes de largeurs égales

Dans l’exemple suivant le concepteur choisi  afin d’avoir des résultats raisonnables. Pour
le cas illustré ici, on devrait utiliser 0.36    0.40 . Pour un cas doublement encastré ou les
cas simplement supportés,   0.5 est une valeur raisonnable. Il s’agit en fait d’essayer
d’équilibrer les moments positifs et négatifs.
14.10 Calcul des structures en béton armé – Concepts avancés

Lx
1   Ly Lx  Ly 2  Ly 2
qf  2L y 2 16 qf  2L y 2 2
2 qf
 Ly qf 2 qf 2 x
qf /2  Ly
2 qf 2 qf 2

Moment m y

Moment m y
Ly

Charge

Charge
qf
qf qf +

+
2
qf /2
qf 2 qf 2
qf 2 qf 2
- -
1  Ly
y qf 1 2 Ly 2 qf 1  2  Ly 2
2
16 2
qf 2 qf 2 Bande de rive Bande médiane
Bande de rive
Charge direction x direction y direction y
qf 1  2 Ly 2
16 + qf  2Ly 2 16
Moment m x

qf qf
Bande médiane
Charge direction x
qf 1  2 Ly 2
8 -
+ qf  2Ly 2 8
Moment m x

Figure 14.10 – Bandes de largeurs inégales

14.2.4 Bandes fortes


L'utilisation de bandes fortes permet de traiter les cas de discontinuités tels que les :
 dalles avec ouvertures;
 dalles avec coins rentrants;
 dalles sans poutres supportées par des poteaux;
 dalles avec des bords libres.

Une bande forte est une zone linéaire contenant une concentration d’armature, agissant aussi
comme une poutre dans la dalle. Les figures suivantes illustrent l’application des bandes
fortes.

Typiquement les bandes fortes autour des ouvertures devraient avoir des largeurs de l'ordre
de 3 à 5 fois l'épaisseur de la dalle. Pour les bandes fortes dans les axes des poteaux pour des
dalles sans poutres, la largeur des bandes fortes correspond à ce qui est indiqué dans la norme
A23.3, typiquement le quart de la plus petite dimension d'un panneau, de part et d'autre de
l'axe des poteaux (voir figure 11.8).

Il importe de prendre en considération que les bandes fortes ne sont pas des poutres et qu'une
solution réaliste devrait s'assurer que les flèches sont compatibles. Les recommandations
suivantes peuvent être énoncées pour les exemples de la figure suivante.
1. Pour la figure 14.12a, la répartition des charges dans chaque des directions pour
chacune des zones devrait telle que la flèche de la bande forte sur la rive libre doit la
Théorèmes de plasticité appliqués aux planchers 14.11

même que dans la zone adjacente.


2. Pour la figure 14.12b, les deux bandes fortes devraient avoir la même flèche au point
où elles se croisent.
3. Pour figure 14.12c, une répartition typiquement égale dans chacune des régions
pourrait être adoptée.
4. Pour la figure 14.12d, les efforts dans la bande forte pourraient être déterminés en pour
faire en sorte que le moment positif dans la direction x pour la partie longue soient les
mêmes que ceux dans la direction x pour la partie courte.
4 3
c d c d 3 4 5
b b
b b
re
e r tu
2 uv 2
O
a a a a

1 1

c d c d 3 4 5
5 4 3

a a Bande forte

b b

1 1

2 2

Figure 14.11 – Bandes fortes autours des ouvertures

a) Bord libre b) Bandes croisées

c) Bandes de poteaux d) Bandes courtes

Figure 14.12 – Exemples de bandes fortes


14.12 Calcul des structures en béton armé – Concepts avancés

14.2.5 Cas particuliers


La méthode des bandes permet de traiter des cas de dalles biaises ou triangulaires. Quelques
cas sont illustrés sur la figure suivante.

Figure 14.13 – Exemples de bandes fortes

14.3 MÉTHODE DES LIGNES PLASTIQUES

14.3.1 Principes de base et hypothèses


Cette méthode a été inventée par Ingerslev en 1923 et développée par Johansen vers les années
1940. La méthode des lignes plastiques (yield line theory) est une approche de limite
supérieure de la théorie de plasticité. La charge de rupture est déterminée en supposant un
mécanisme cinématiquement admissible. Généralement, plusieurs mécanismes doivent être
considérés avec souvent le doute que le mécanisme le plus critique n’a pas été utilisé. La
solution peut être obtenue à l’aide de deux techniques : en appliquant principe du travail
virtuel ou en utilisant l’équilibre de forces.

Bien que le cas des dalles avec armatures non uniformes puisse être traité, la méthode des
lignes plastiques est plus aisément applicable aux dalles armées uniformément dans chacune
 , mry et mry
des directions, où mrx , mrx  sont différents mais uniformes. Le moment résistant le
long d’une ligne plastique est donc constant. Les armatures non orthogonales peuvent être
considérées.

14.3.2 Ductilité
Pour que les lignes plastiques puissent se former, il est essentiel que les dalles soient ductiles,
donc sous armées, l’armature comprimée améliorant la ductilité. Lors de l’application de
charges, les lignes plastiques apparaissent progressivement.
Théorèmes de plasticité appliqués aux planchers 14.13

Extension des lignes Formation d'un mécanisme


plastiques de rupture

Figure 14.14 – Comportement ductile d'une dalle chargée uniformément


– Vues de la face tendue

Les sections où se produisent les premières lignes doivent donc subir de grandes rotations
plastiques. Une fois les lignes formées, on obtient un mécanisme. Le mécanisme est idéalisé
par des lignes simples bien qu’en réalité un réseau de fissures se forme.

14.3.3 Axes de rotation


Une fois le mécanisme de rupture formé, les déformations plastiques le long des lignes
plastiques sont beaucoup plus grandes que les déformations élastiques entre les lignes. Il est
donc raisonnable de supposer que les segments entre les lignes plastiques sont rigides et plats.

La figure suivante illustre différents patrons de lignes de plastiques et indique la convention


pour illustrer les lignes, axes et appuis.

L’examen des lignes plastiques permet d’établir les règles suivantes.


1- Les lignes plastiques sont droites, forment des axes de rotation permettant le
mouvement des segments.
2- Les appuis agissent comme des axes de rotation. Des lignes plastiques se forment à un
appui encastré. Les axes de rotation passent au-dessus des poteaux.
3- Les lignes plastiques passent par l’intersection des axes de rotation entre des segments
adjacents.
14.14 Calcul des structures en béton armé – Concepts avancés

asymétrique

ou ou

Lignes de plastiques Conditions d’appui


Axe de rotation Bord libre
Ligne plastique positive Appui simple

Ligne plastique négative Encastrement


Poteaux

Figure 14.15 – Comportement ductile d'une dalle chargée uniformément (en construction)

Les lignes plastiques adoptent un profil en escalier tel que vu au chapitre 13. La convention
adoptée est la suivante.
m ry
x

n m rn
m rx

 mrt

Figure 14.16 – Sens positif des moments

On peut écrire (voir Éq. 13.14) :


Théorèmes de plasticité appliqués aux planchers 14.15

mrn  mrx cos 2   mry sin 2 


(14.8)
 
mrt  mrx  mry sin  cos 

14.3.4 Analyse selon le principe du travail virtuel


Équation du travail virtuel
Supposons un corps en équilibre sous l’action d’un système de forces. Si ce corps subit un
petit déplacement arbitraire, la somme du travail fait par les forces est nulle car les forces sont
en équilibre. Ceci est le principe du travail virtuel. Le travail fait par les forces externes est
égal à :
WE   qu    x, y dxdy  Q (14.9)

où Q est la somme des charges et  le déplacement au centre de gravité de ces charges


uniformes.

Le travail interne peut provenir de deux sources : l’effort tranchant et le moment fléchissant.
Pour une fissure de longueur  0 on trouve :
WI ,M  2  m     0  2m  0 (a)

WI ,V  V    V    0 (b)
G
  

m m
v v

Figure 14.17 – Travail réalisé par les efforts internes

Tout comme pour l’effort tranchant dont la somme du travail virtuel sur une dalle est égale à
zéro, le travail virtuel dû au moment de torsion mT aussi égal à zéro sur l’ensemble de la dalle.
Seul celui dû à la flexion est non nul :
WI  mn n  0 (c)
où  n est la rotation le long d’une ligne plastique de largeur  0 . Le signe négatif provient du
fait que le moment et la rotation agissent en sens inverses.

Donc, le travail total d’une dalle est donné par :


WE  WI  0 (d)
Q    mn  0  0 (e)
Q   mn  0 (14.10)
14.16 Calcul des structures en béton armé – Concepts avancés

EXEMPLE 14.1 – Dalle unidirectionnelle

Le travail interne est égal à :


WI   mr1  mr 2  2mr  B
Le travail externe est égal à :
mʹ r1 mr mʹr2
  L   
WE  2  q   
  2  2
 B
Par géométrie on a :    2 L
L2
Avec W  WI , on obtient :
L
 mr1  mr 2  2mr  B   q mʹr    mʹr

2
2  L 2
ou encore  mr1  mr 2  2mr  B q mr
L 2
L/2 L/2
L2 Figure 14.18 – Exemple d'une dalle
 mr1  mr 2  2mr  B  q
 
unidirectionnelle
4
L2
si mr1  mr 2  mr  mr  mr  q
8

Même si formellement le travail interne est négatif, on utilisera WI en valeur absolue, afin
d’alléger la présentation. On supposera donc dans le reste du texte : W  WI .
Théorèmes de plasticité appliqués aux planchers 14.17

EXEMPLE 14.2 – Dalle carrée simplement supportée

Deux lignes plastiques sont supposées pour la dalle carrée.


L
En posant mrx  mry  mr , on peut écrire B

selon l'équation (14.6) : mn  mr q

   L 2   2  L
L E
 2L 
WI  mrn n  0  2  mrn  2 
2 
B


4 8  C D
 mrn L  mrn 2   L  8mrn 2
2 2 L
 L 1  L2  E
WE  Q  4  L   q    q
 2 2 3 3
C L
2
qL 2
WE  WI , soit mrn 
24
mrn Figure 14.19 – Exemple d'une dalle
ou encore q  24 2 bidirectionnelle carrée
L

14.3.5 Composantes du travail virtuel interne


Comme les dalles sont souvent rectangulaires avec l’armature orientée parallèlement aux
côtés, il est souvent plus facile de séparer le travail fait dans les directions x et y .

Lx

x Ly Lx

y x
y x y
Ly y x
Ln = o
 
cos  = Ly / o
sin  = Lx / o W Ix  m rx  y L y W Iy  m r y  x  L x

Figure 14.20 – Exemple d'une dalle bidirectionnelle carrée

À partir de l’équation d’équilibre, on peut écrire l’équation du travail interne comme suit :
 Ly 
 

mrn n  0   mrx cos 2   mry sin 2   n Ln    mrx n cos 
0
L
 0  mry n sin  x  0 
0 
Avec n cos    y et  n sin    x , on peut écrire :
14.18 Calcul des structures en béton armé – Concepts avancés

mrnn 0  mrx y Ly  mryx Lx (14.11)

On peut donc écrire :


WIx  mrx  y  Ly
(14.12)
WIy  mry  x  Lx

EXEMPLE 14.3 – Dalle carrée simplement supportée

La géométrie permet donne :



x   y   2 L , mrx  mry  mr et Lx  Ly  L
L2
À partir des dernières équations on peut écrire :
Segment ACE : WI  WIx  WIy  mr   y  L y  0  2 mr 

Segment ABE : WI  WIx  WIy  0  mr   x  Lx  2 mr 

Pour les 4 segments : WI  8mr 

14.3.6 Travail externe pour une charge uniforme


Le travail externe fait par une charge uniforme est égal au volume formé par la dalle dans la
position déformée selon le mécanisme adopté. Pour la dalle carrée de l’exemple 14.2 on a :
WE  q  L2  3 .

A
L3
Ly L x - L1 - L2 Lx

Ly - L3
L2

D
B
y
x
E
F

L3 L1
L3 L1
Lx
Ly   Lx - L1 - L2
Ly - L3
L2

Figure 14.21 – Volume associé au travail externe d'une charge uniforme


Théorèmes de plasticité appliqués aux planchers 14.19

Pour une dalle rectangulaire illustrée sur la figure suivante, on a deux types de volumes :
 
Parties triangulaires : V  L1  L y et V  L2  L y
6 6
  L  L2   Lx  L1  L2  
Parties trapésoïdales : V   1   L3   Lx  2 3  L1  L2   L3  2
 6 2 

Pour le cas particulier où L3  L y 2 et L1  L2 , on a : VTOTAL   3Lx  2 L1  L y  ,
6

14.3.7 Principe de la charge minimale


La position des lignes plastiques est définie en fonction d’un certain nombre de paramètres.
Une seule valeur de ces paramètres conduira à la solution optimale, c’est-à-dire celle donnant
la charge minimale.

On peut écrire l’équation donnant Q f sous la forme Q f  f  x1 , x2 ,...xn  .


La charge minimale est obtenue résolvant simultanément :
Q f Q f Q f
 0;  0; ...  0, , … (14.13)
x1 x2 xn

L2
L1 L1
L1
L3

Figure 14.22 – Recherche de la charge minimale

La solution analytique existe dans quelques cas particuliers. Pour des cas quelconques, une
solution numérique s’impose.
14.20 Calcul des structures en béton armé – Concepts avancés

EXEMPLE 14.4 – Dalle rectangulaire simplement supportée

À partir de la figure 14.21, on trouve pour le cas où L1  L2 et L3  Ly 2 , on obtient pour le


travail externe :

WE  q  3Lx  2 L1  L y
6
Le calcul du travail interne se réalise comme indiqué au tableau suivant.

Tableau 14.1 – Exemple de calcul du travail interne

Segment x y Lox Loy mrx y Loy mry x Lox

ADE 0  L1 0 Ly mrx  L1  Ly 0

ABFE 2 L y 0 Lx 0 0  
mry 2 Ly Lx

BCF 0  L1 0 Ly mrx  L1  Ly 0

DCEF 2 L y 0 Lx 0 0  
mry 2 Ly Lx

 Ly  Lx
Donc : WI  mrn n  o  2mrx  4mry
L1 Ly
En posant WI  WE et en isolant q , on trouve :

12  mrx Ly 2mry Lx 
q   

Ly 2 3 Lx Ly  2 L1 Ly   L1 Ly 

Comme il n’y a qu’un seul paramètre variable, L1 , on peut dériver par rapport à L1 pour
déterminer la valeur optimale, soit :
1
 2  2
dq L1 1  Lx mrx  mrx  Ly mrx
 0 donne :  3 
dL1 Ly 2  L m  mry  Lx mry
 
y ry

24mry
pour conduire à : q  2
 1 1 
  m  L 2  2 L m  2

y y
Ly 2  3  rx      rx  
  mry  Lx   Lx  mry  
 
Théorèmes de plasticité appliqués aux planchers 14.21

EXEMPLE 14.5 – Dalle triangulaire simplement supportée sur 2 côtés

En posant mrx  mry  mr , une charge B


x
uniforme q et  en D F
kL
avec xo  yo tan  

D
E
A
(x o, yo)

Figure 14.23 – Dalle triangulaire


Travail interne :
 
Segment ABD :  y   et  x  0
xo yo tan 
   
Segment BCD :  x   et  y  
FD yo 1  tan  cot   ED yo  tan   tan  

    
WI  mrnn o  mr   yo   yo   yo tan  
 yo tan  yo  tan   tan   yo 1  tan  cot   
WI  mr   cot   cot      

Travail externe :
 L  L sin   sin 
WE  q  Airedessegments   q   q kL2
3 2 3 6
6mr cot   cot      
WE  WI : q 
kL2 sin 
Le minimum pour q est trouvé en posant dq d  0 . Ceci conduit à :    2 , donc :
6mr
q
kL2 sin 2   2 
6mr
Pour le cas où   90 et k  1.6 : q   1.2mr .
1.6  2.52 sin 2  45 
Si q  12 kN/m 2 , cela donne mr  10 kN-m/m
14.22 Calcul des structures en béton armé – Concepts avancés

14.3.8 Analyse par les équations d'équilibre


Généralités
L’analyse des dalles par la méthode des lignes plastiques en utilisant les équations d’équilibre
est faite en considérant indépendamment chacun des segments et les forces internes agissant
sur ceux-ci (moments de flexion et de torsion, efforts tranchants) afin de déterminer la force
externe correspondante. Cette méthode n’implique pas de dérivation afin d’obtenir la solution
optimale. Même si cette méthode se nomme méthode d’équilibre, elle est une approche de
limite supérieure. En fait, elle est la méthode de travail virtuel présentée sous une autre forme.

Cette méthode a été proposée par Johansen en 1943, mais ce n’est que dans les années 1960
que Jones, Wood et autres chercheurs ont jeté les bases théoriques de la méthode. Comme il
sera montré plus loin, les équations d’équilibres s’appliquent dans la majorité des situations à
l’exception de quelques-unes.

Forces de cisaillement équivalentes


Lorsqu’on isole les segments de dalles, on retrouve le long des lignes plastiques des efforts
tranchants en plus des moments de flexion et torsion. L’effort tranchant et le moment de
torsion sur chaque ligne peuvent être remplacés par deux forces équivalentes aux extrémités
de chaque ligne. La force agissant sur le segment A au point b est dénoté QAb . À un nœud
donné, la somme des forces nodales est nulle :
QAb  QBb  QCb ... 0 (14.14)

d
Moment fléchissant
Moment de torsion

c A Effort tranchant
c

e a
a b b
B mun
C
m unt V
(b)
f
d
(a)

d qdc

A c

a c
A c qcd b
e
a QAb
qcb b C
a B b
b
qab QBb QCb
q ba qbc f
f
(c)
(d)

Figure 14.24 – Équilibre des segments


Théorèmes de plasticité appliqués aux planchers 14.23

Amplitude des forces nodales


La démonstration de l’équation donnant la force nodale à un coin est assez lourde. Seule la
solution est présentée ici. Pour le cas où 3 lignes plastiques se joignent, l’équation d’équilibre
donne :
Q1.2   mn3  mn1  cot 1.3   mn3  mn 2  cot 2.3   mt 2  mt1  (14.15)

 23 Ligne 3
Ligne 1

12
 13
Lit 2
Ligne 2

Ligne 1

Lit 1

Figure 14.25 – Définitions pour la méthode des forces


Q1.2  force nodale entre les lignes 1 et 2
m n1  moment dû aux armatures de la ligne 1, calculé le long de la ligne 3
mn2  moment dû aux armatures de la ligne 2, calculé le long de la ligne 3
m n 3  moment dû aux armatures de la ligne 3, calculé le long de la ligne 3
m t1  moment torsionnel dû aux armatures de la ligne 1, calculé le long de la ligne 3
mt 2  moment torsionnel dû aux armatures de la ligne 2, calculé le long de la ligne 3
1.3  angle entre les lignes 1 et 3, antihoraire
2.3  angle entre les lignes 2 et 3, antihoraire

Application
Il est essentiel de numéroter les lignes nodales dans le sens antihoraire et que les lignes 1 et 2
délimitent la zone où la force nodale est requise. Seule la ligne 3 (et son orientation) entre en
considération dans les calculs

Les composantes des moments de flexion et torsion des maillages 1 et 2 sont calculées par
rapport à la ligne 3 en utilisant les équations (13.15) lorsque l’armature est orthogonale et
parallèle aux axes et les équations (13.12) pour des armatures orientées de façon quelconque :
 armatures parallèles aux axes :
mn  m p1 cos2   m p 2 sin 2 
(13.15)
 
mt  m p1  m p 2 sin  cos 
14.24 Calcul des structures en béton armé – Concepts avancés

 cas quelconque :
mn  m p1 cos2  1  m p 2 cos2  2
(13.12)
mt  m p1 sin 1 cos 1  m p 2 sin 2 cos 2

Cas particulier – Maillages isotropes mais différents


Soit le cas où : mn1  mn 2  mn3

Dans ce cas mx1  my1  m1 et mt1  0


mx 2  my 2  m2 et mt 2  0
mx3  my33  m3 et mt 3  0
On trouve :
Q1,2   m3  m1  cot 1,3   m3  m2  cot 2,3 (14.16)

Cas particulier – Maillages orthotropes mais identiques pour toutes les lignes
Ceci est le cas le plus courant, correspondant à un nœud intérieur. Comme les composantes
des moments sur les trois lignes sont calculées le long de la ligne 3, on a mn1  mn 2  mn3 et
mt1  mt 2 de sorte que tous les termes entre parenthèses s’annulent dans l’équation (14.15) :
Q1,2  0 (14.17)

Cela permet de conclure qu'à la jonction de 3 lignes plastiques associées au même maillage,
chaque force nodale est nulle si toutes les lignes plastiques sont soit positives, soit négatives.

Cas particulier – Bord libre


Pour un bord libre on associe le bord libre aux lignes 2 et 3 avec une résistance nulle. On
trouve à partir de l’équation (14.15) :
Q1,2  mn1 cot   mt1 (14.18)

Aussi, comme la somme des forces nodales est nulle, on trouve :


Q1,3  Q1,2 (14.19)

On peut ainsi conclure qu’une valeur négative correspond à une force qui entre dans la feuille
alors qu’une valeur positive est une force sortant de la feuille.

Pour le cas où les aciers sont orthogonaux et parallèles aux bords, avec mb le moment de
l’armature perpendiculaire au bord libre, on a :
Théorèmes de plasticité appliqués aux planchers 14.25

Qb  mb cot  (14.20)

Le signe Qb est donné sur la figure suivante.

3 x

Bord y Bord libre Bord libre


Dalle
libre  

Lit d'armature
1 2
Force vers le haut Ligne plastique Ligne plastique
Force vers le bas moment positif moment négatif

Figure 14.26 – Effort concentré sur le bord libre

Restrictions
L'équation d’équilibre ne peut être utilisée dans certaines conditions.

 L’équation (14.15) ne peut être utilisée lorsque le nœud est un point fixe, ou un point
d’ancrage de la ligne plastique. Sur la figure suivante on peut déterminer les forces
nodales dans le cas (a) mais pas dans le cas (b).
 L’équation (14.15) ne peut être utilisée pour déterminer les forces nodales aux points
d’appui : point B en (a).
 L’équation (14.15) ne peut être utilisée où il y a plus de 3 lignes qui s’y joignent.
Exemple, point C (c). On peut utiliser l’équation (14.15) pour le cas (e) mais non le
cas (f).

A C
tur e

e
tur

A
ve r

ve r
Ou

Ou

(a) (b) (c)

r A
A

(d) (e) (f)

Figure 14.27 – Restrictions de l'utilisation de la méthode des forces


14.26 Calcul des structures en béton armé – Concepts avancés

14.3.9 Méthode de résolution pour la méthode d'équilibre


L'utilisation de la méthode d'équilibre pour les lignes plastiques suit les étapes suivantes `:
1. établir le schéma des lignes plastiques;
2. calculer la valeur des forces nodales;
3. écrire les équations d’équilibre en calculant les moments autour des axes de rotation;
a) Le nombre d’équations d’équilibre requis est un de plus que le nombre de
paramètres définissant la position des lignes plastiques.
b) Lorsque l’on calcule les moments dans l’équation d’équilibre, il est plus aisé
d’adopter une ligne plastique en escalier selon l’orientation des armatures. Dans ce
cas, les moments de torsion sont nuls selon le critère de Johansen.
4. résoudre les équations d’équilibres afin de déterminer les charges.

EXEMPLE 14.6 – Dalle rectangulaire unidirectionnelle

Chacun des segments A et B procurent une équation d’équilibre. Comme la ligne plastique
est perpendiculaire au bord libre,   90 donc cot   0 , de sorte que les forces nodales en
b et en e sont nulles.
a b c
Cas #1 : L1  L2  L 2
Dans ce cas les deux segments donnent la B A B
même solution :
BL L
M ad  0 : mB  q A  0
2 4 d e f
2 L
qAL 8m
m ou q A  2
8 L
mB
Ce qui est la solution exacte. qBL2

mB
Cas #2 : L1  L 3 et L2  2 L 3
L1/2 L1/2 L2/2 L2/2
Si on avait choisi une mauvaise position on
aurait eu : L1 L2

Segment A : L
LL 18m L 1 + L2 = L
M ad  0 : mB  q   q  2
3 6 L Figure 14.28 – Dalle rectangulaire
Segment B : unidirectionnelle
2L 2L 4.5m
M cf  0 :  mB  q B B   qA  2
3 6 L

Ceci nous indique que la position de la ligne doit être déplacée vers la droite. La moyenne des
valeurs est égale à : q  11.25 m L2 , ce qui est supérieur à la valeur exacte.
Cas #3 : L1  0.4 L et L2  0.6 L
Théorèmes de plasticité appliqués aux planchers 14.27

Dans ce cas on obtient : q A  12.5 m L2 , qB  5.56 m L2  q  9.03 m L2


On voit que la variation de q est très sensible à une légère variation de la position de la ligne
plastique. Ceci est normal car les moments varient selon le carré de la longueur.

Cas #4 : L1  0.4 L et L2  0.6 L Application de la méthode du travail virtuel


1   L1  2.5  L ;  2   L2  1.67  L  WI  4.17 mBL
WE  BqL 2  q  8.33m L2
soit 4% de plus que la solution exacte, ce qui illustre la complémentarité des deux méthodes
de calcul.

EXEMPLE 14.7 – Dalle carrée encastrée

Due à la symétrie, la position du point e est fixe b


ce qui rend invalide l’équation (14.13) selon la
restriction  . Cependant comme  Q  0 à un
A e
nœud et par symétrie tous les nœuds doivent avoir
la même valeur, donc tous les Q  0 . En faisant
l’équilibre des moments par rapport à ad on
d c
trouve pour le segment A :
mL  mL  1 4 qL2  L 6  q  24  m  m  L2 L

Figure 14.29 – Dalle carrée encastrée

EXEMPLE 14.8 – Dalle rectangulaire isotrope, simplement supportée

Dans le cas où l’armature est identique sur toutes les lignes plastiques, on a Q  0 . On peut
écrire les équations d'équilibre pour chaque segment.
L1  L2 L1
Segment A : mL2    q  m  qL12 6 ou q  6 m L12
2 3
 L  L2 L2   L  L  2 L1  
Segment B : mL   2 1 2   L  2 L1   2  q  qL22  1  
 4  6 2  4  12 8 
En posant   L1 L et   L2 L , on trouve en appliquant dm d   0 :
2 2
1 qL
   3 2   4   2  et m  1  3   2   
2   24  
14.28 Calcul des structures en béton armé – Concepts avancés

a b

B
e f
L2 C

d c
L1 L - 2 L1 L1
L

Figure 14.30 – Dalle rectangulaire isotrope simplement supportée

EXEMPLE 14.9 – Dalle avec armature orthotrope supportée sur trois côtés

Selon l’équation 14.18 on a : QBc  my cot  alors que cot   L2 L1 . On trouve :

QBc   m y  L2 L1 , où Q Bc pointe vers la feuille.

L
L2 L2
e d 3 c 2 b
x

C B

L1 mx 1
my
Force vers le hau
f a Force vers le bas

Figure 14.31 – Dalle rectangulaire avec armature orthotrope supportée sur trois côtés

Par équilibre Qn  0 , on trouve que Q Ac  Q Ad  m y  L2 L1 , et Qcd   m y  L2 L1


L2 2 L1L22 L1L22  L22 
Segment B : M ba  0 : mx L1  m y q  q  L1  mx  m y 2 
L1 23 6  L1 


Ou encore : q  6 mx  my  L22 L12  L22

L2 3 L12 2 L12 L2 
Segment A : M af  0 : 2my L2  2my  L1  qL  L  2 L2    2
L1  2 23 
my  L2
Ou encore : q  24 3  L  2 L2   4 L2 
L1L3
Théorèmes de plasticité appliqués aux planchers 14.29

En posant :   my mx ;   L1 L ;   L2 L , la solution optimale pour  est :

2   4   2  2 L2   9  
    2
  , ce qui donne : m  q   4  2   2
   9   3  24      

14.3.10 Charges concentrées


Généralités
Lorsque des charges concentrées sont appliquées sur une dalle, il est plus probable qu’un
mode de rupture local avec une ligne plastique circulaire en moment négatif et des lignes
plastiques radiales en moment positif survienne plutôt qu’un mode de rupture global avec de
larges segments triangulaires et rectangulaires.
B
2 r
n
L/2
r

L C r

Segment

L/2
L
(a) (b)

Figure 14.32 – Charge concentrée

Pour la dalle de la figure (a) ci-haut, armée de manière isotope en moment positif et négatif,
mr et mr , on trouve par équilibre :

 L
Par équilibre :  mr  mr  L    0 . donc
4 2
P  8  mr  mr  (14.21)

Pour le cas (b) où on considère un mode de rupture impliquant n triangles reprenant chacun
une charge P n , on peut écrire :
 2 
Composante : m  2mr sin  2   r , donc m  mr  r si  petit . Donc m  mr  r
 n 
 2   2  Pr
Par équilibre on trouve : mr  r   mr  r   0 , soit :
 n   n  n
P  2  mr  mr  (14.22)
14.30 Calcul des structures en béton armé – Concepts avancés

 r2 mr
 q   mr  mr (14.23) 
2 6 mr

Figure 14.33 – Équilibre d'une pointe

On constate que la rupture locale conduit à une charge maximale égale à 79% de la charge
correspondant à un mode de rupture global. Il est intéressant que dans les deux cas la
dimension de la dalle L ou le rayon de l’éventail r n’entrent pas dans l’équation. Le mode de
rupture local aura donc un rayon quelconque, compris à l’intérieur de la dalle. Ceci n’est vrai
que pour une charge concentrée seule. Si une charge uniforme agit en parallèle, ce qui est
souvent le cas, l’éventail le plus grand possible conduira à la solution la plus critique :

Évantails circulaires
L’analyse de la rupture en éventail s’effectue plus
aisément en appliquant le principe du travail virtuel. mr
Le travail interne est égal à : d

 r mr
WI  mrn n  0   mr  mr   rd  ,
r
donc WI   mr  mr   d
r

Pour l’éventail complet, on a :  =  /r

Figure 14.34 – Paramètres du
WI    mr  mr   d   mr  mr     (14.24)
travail virtuel
0

EXEMPLE 14.10 – Charge concentrée

La figure 14.35 montre une dalle simplement supportée avec une charge concentrée. Cinq
modes de rupture sont considérés. La méthode du travail virtuel est utilisée.

Mode 1 : WE   u    WI  2 mr  b
0.5 L
mr
donc Pu  4 b (14.25)
L
   
Mode 2 : WE  u    WI  2mr   2a  2  mr  mr   L
 0.5L  a
mr  a L
u  8  2  mr  mr 
L a
mr  mr
d  da  0  a  0.5 L
mr

donc u  8  mr  mr  mr (14.26)


Théorèmes de plasticité appliqués aux planchers 14.31

L/2 L/2
L L

a) Géométrie b) Mode 1


L 
cot /2 /2
a 2 2
b
2a
b

L/2 L/2
L L
c) Mode 2 d) Mode 3

b b /2
a L 
cot 
b 2 2 b

L/2 L/2
L L
e) Mode 4 f) Mode 5

Figure 14.35 – Patrons de rupture d'une dalle longue soumise à une charge concentrée

Mode 3 : WE     WI  2mr  0.5L  L  cot  2  2  mr  mr    


u  4mr cot  2  2  mr  mr  
d  d  0  cot  2   mr mr

Pour mr  mr  cot  2  1, ce qui donne    2 donc Pu  10.28 mr (14.27)

Pour mr  0  cot  2  0 ,ce qui donne    donc Pu  6.28 mr (14.28)

Dans tous les cas, le mode 3 est plus critique que le mode 2 qui donne Pu  8.0mr pour mr  0
14.32 Calcul des structures en béton armé – Concepts avancés

et Pu  11.31mr pour mr  mr .


   
Mode 4 : WE  u    WI  2mr    a  2b    mr  mr   L
 0.5L  a
4mr  a  b   mr  mr 
Pu   L
L a
Pu mr  mr
 0  a  0.5 L
da mr
4 mr 
Pu  4  mr  mr  mr  b (14.29)
L

 L 
Mode 5 : WE      WI  2mr  0.5 L  b  cot  2     mr  mr     
 2 
mr   b
Pu  4  2mr cot  2    mr  mr  
L
d u d  0  cot  2   mr mr
mr   b
Pour mr  mr     2  Pu  5.14mr  4 (14.30)

mr   b
Pour mr  0      Pu  3.14mr  4 (14.31)
L

Dans le cas du mode 4, on aurait eu comme solution une valeur du premier terme égale à 5.66
et 4.0 respectivement. Le mode 5 est donc toujours plus critique que le mode 4.

Les modes 1, 3 et 5 doivent être considérés pour ce type de dalle. Le mode 1 gouverne pour
des valeurs de b/L petites, le mode 3 contrôle pour les dalles larges (b/L grand) pour une charge
près du centre alors que le mode 5 gouverne pour une dalle large avec une charge près du
bord.

14.3.11 Effet de coin


Dans les coins on a supposé jusqu'ici que les lignes plastiques se rendaient jusqu’à
l’intersection des lignes d’appui. Cependant, si le coin est libre de se soulever les lignes se
sépareront (Fig. b) alors que si le coin ne peut se soulever, une ligne plastique au moment
négatif apparaîtra.
Théorèmes de plasticité appliqués aux planchers 14.33

Ligne plastique Ligne plastique Ligne plastique

a a

Soulèvement

b b

(a) (b) (c) (d)

Figure 14.36 – Effet de coin

Ces patrons de lignes conduisent à des charges plus petites, le patron avec un éventail
circulaire donnant la plus petite valeur des quatre. L’effort de calcul requis pour prendre en
considération l’effet de coin est important, tel que l’illustre l’exemple suivant.

EXEMPLE 14.11 – Effet de coin dans une dalle carrée

On suppose un mode de rupture tel qu’illustré


 
sur la figure suivante. 
4 2

Le travail interne est égal à :


 

WI  mrnu  n L
 4 2

       
WI  4  mr      mr    L cot    
  0.5L   4 2 
  
WI  4mr  8mr cot   
 4 2
Le travail externe est égal à la somme des 4   
L ot   
éventails plus celui des 4 triangles : 4 2
L

Figure 14.37 – Calcul de l'effet de coin

 2 
  L  q   L2     q  
WE  4      cot     
 2  2sin  4   2   3 4  4 2 3 

q      L2   L2
WE   q cot  4   2
6sin 2   4   2 3

 
24mr    2 cot  4   2  
Ce qui donne : q  2 
L  sin  4   2    2 cot  4   2  
2
 
14.34 Calcul des structures en béton armé – Concepts avancés

Dans le cas où   0 , q  24mr L2 comme obtenu précédemment. En calculant dq d   0 ,


on trouve que   30  , ce qui donne :

q  21.7 mr L2 (14.32)
Cette valeur est près de 10% moindre que la solution initiale. On peut démontrer que la valeur
réelle est égale à q  21.4 mr L2 avec un éventail hyperbolique.

On peut cependant démontrer qu’avec de l’acier d’armature au moment négatif égal à celui
du moment positif ( m r  m r ), la valeur de la charge ultime est égale à la valeur calculée avec
les lignes simplifiées. Les coins obtus sont également plus critiques.

En pratique il est plus commode de réduire la capacité de la charge maximale selon le type de
coin. Le tableau 14.2 présente des taux de réduction associés à chaque source de réduction de
la capacité associée aux effets de coin.

Les conditions suivantes doivent s'appliquer :


 seuls les coins où une ligne plastique simple a été utilisée doivent être considérés;
 les angles aigus sont limités à 40 , soit   40 .

Tableau 14.2 – Réduction de la capacité pour tenir compte des effets de coin
Réduction par coin (%)
Pas de restreinte de moment le long des Rives retenues
rives en partie
Type de dalle Type de charge Type Avec armature Sans armature supérieure des
d'angle supérieure dans supérieure dans coins
les coins les coins
Tous les côtés Uniforme Obtus 0 0 0
supportés Droit 0 -1 -2
Aigu -2 -5 -5
Rive libre – Uniforme Obtus 0 -1 -1
Dalle carrée Droit -1 -3 -3
rectangulaire Aigu -3 -7 -7
Tous les côtés Charges Obtus 0 -2 -2
supportés concentrées Droit 0 -4 -5
prédominantes Aigu -4 -12 -12
Les coins réentrants ne cons pas considérés dans ce tableau
L'armature supérieure est au moins égale à l'armature inférieure
Les dalles longues ou avec des bords libres sujettes à des charges concentrées importantes demandent des considérations
spéciales
Théorèmes de plasticité appliqués aux planchers 14.35

EXEMPLE 14.11 – Effet de coin dans une dalle quelconque

On suppose un mode de rupture tel qu’illustré sur la figure suivante pour une dalle armée en
moment positif uniquement sans armature de coin en partie supérieure.

Coin Caractéristique Réduction


A Aigu 5%
B Obtus 0% B
q
C Droit 1%
D Aigu 5%
TOTAL 11%
C D

Figure 14.38 – Exemple


d'application

14.3.12 Dalle sur poutres


On a supposé jusqu’à ce point que la rupture se produisait dans la dalle. Cependant si les
poutres sont de petite dimension, elles peuvent être impliquées dans le mode de rupture. Les
moments résistants qu'elles apportent peut-être ajouté au travail interne.
14.36 Calcul des structures en béton armé – Concepts avancés

14.4 ANNEXE
Les tableaux suivants présentent des relations utiles au pour le calcul des efforts dans les
poutres simples et continues pour des charges uniformes partielles ou charges concentrées.

Tableau 14.3 – Relations utiles – Charge uniforme partielle


w

1 2 3 1 2 1 2 3
G a b c D G a D G a a D
L L L
x x x y

Poutre simplement supportée


RG  w b  b  2c  2 L RG  w a  2 L  a  2 L RG  RD  w a
RD  w b  2 a  b  2 L RD  w a 2 2 L M1  w x  a  x 2
M1  RG x M 1  RG x  w x 2 2 M 2  w a2 2
M 2  RG x  w 2  x  a  M 2  RD  L  x 
2
M3  w y  a  y 2
M3  RD  L  x  où y  L  x
Poutre doublement encastrée
w  4
L  L  a L 
3
MG  2 
12 L

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