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DES STRUCTURES
EN BÉTON ARMÉ
Concepts avancés
Édition préliminaire
Bruno Massicotte
Éditions da Vinci
Collection scientifique
CHAPITRE 14
THÉORÈMES DE PLASTICITÉ APPLIQUÉS AUX PLANCHERS
14.1 GÉNÉRALITÉS
La norme A23.3 autorise l'utilisation des méthodes basées sur les théorèmes de plasticité pour
le calcul de la résistance des planchers. Les méthodes, comme il est présenté dans ce qui suit,
permettent de faire la conception à l'état limite ultime. La norme souligne l'importance
d'adopter des hypothèses qui fassent en sorte que le comportement en service soit assuré,
notamment en ce qui concerne les effets associés au fluage et au retrait.
Deux méthodes associées aux théorèmes de plasticité sont identifiées : la méthode des bandes
et la méthode des lignes plastiques. Le premier est une approche limite inférieure alors que
l'autre est une approche limite supérieure. Les principes sont les mêmes que ceux appliqués
aux poutres. Avec la méthode des bandes, on choisit une répartition des charges selon les
différentes directions qui respecte la statique alors qu'avec la méthode des lignes plastiques,
c'est un patron de lignes formant un mécanisme cinématiquement admissible qui est retenu.
Dans les deux cas la solution optimale peut nécessiter la considération de différents scénarios.
Dans le commentaire de la norme on indique que les méthodes plastiques requièrent des
ductilité élevées, ce qu’on obtient si s 0.03 , soit :
c c 0.0035
0.104 (14.1)
d s c 0.03 0.0035
Avec les équations présentées à la section 13.2, l'armature maximale est exprimée comme
suit :
c 1c f c
As bd (14.2)
s c s f y
où 1 1 1 0.82 0.0031 fc 0.45 (14.3)
En pourcentage d’armature, cela représente environ 0.29% pour fc 20 MPa et 0.72% pour
fc 60 MPa . En adoptant une interpolation linéaire, on peut écrire :
S 0.03 0.1 0.01 f c (14.4)
Le taux d'armature donné par cette équation est assez peu élevé et ne tient pas compte de la
ductilité amenée par l'armature comprimée. Le respect d'un ratio c/d maximal de 0.1 apparaît
comme une limite raisonnable, plutôt qu'un taux d'armature.
14.2 Calcul des structures en béton armé – Concepts avancés
“Si une distribution de moments satisfait l’équilibre et les conditions aux limites
pour une charge donnée, si la dalle est apte à résister aux moments en tout point,
alors la charge externe constitue une limite inférieure de la capacité de la dalle”.
14.2.2 Principe
L’équation d’équilibre d’une dalle s’exprime comme suit (voir section 12.1.1), où q est la
charge par unité de surface :
2 mx 2 2 m xy 2m y
q (14.5)
x 2 x y y 2
En négligeant dans la solution le terme du milieu relié aux efforts torsion, on peut écrire :
2 mx
q (14.6)
x 2
2my
1 q (14.7)
y 2
où γ et (1γ) quantifient la quantité d’effort portée dans chaque direction. Comme vu avec les
méthodes élastiques, négliger le terme de torsion est tout à fait justifié pour les dalles en béton
armé car les efforts de torsion doivent être ajoutés aux efforts de flexion.
Pour une dalle, il s’agit donc d’identifier pour chaque zone la portion attribuée à chaque
direction et de faire l’analyse de bandes portant dans une direction. Pour la dalle illustrée ici,
Hillerborg propose 3 solutions.
Théorèmes de plasticité appliqués aux planchers 14.3
y
(a) (b)
Solution 1
Dans cette solution, on divise la charge en deux parties égales ( 0.5 ).
L
mfx
x Distribution
de la réaction
sur les appuis
qf dans la directiony
2
qf
2
a a Distribution de
m x maximum
qf L2 qf L
y
16 4
qf 2 Moment par unité de l'argeur
a a Chargement sur une bande
dans la direction x
qf L2 Moment m x
16 pour la bande aa
Avec cette solution le moment maximal dans chaque direction est égal à q f L2 16 , constant
sur toute la largeur de la dalle.
14.4 Calcul des structures en béton armé – Concepts avancés
Solution 2
Avec la solution 2, on modifie la distribution selon la zone considérée. On a soit une
distribution unidirectionnelle ou bidirectionnelle, le moment maximal dans ce cas est
5q f L2 64 ou q f L2 12.8 , dans la zone centrale, et q f L2 64 près des bords.
L 4 L2 L 4 5qf L2 6 4 3qf L 8
qf qf qf x
L
2 2 Distribution
4 de la réaction
qf qf
qf sur les appuis
2 2
2 dans la direction y
L qf qf qf
2
2
a a Distribution de
qf qf m x maximum
2 2
L b qf qf qf b
4 2 2
qf L2 qf L
Lignes de discontinuité 8
64
Moments unitaires - kN-m/m
qf qf
qf 2 Charge sur qf 2 qf 2 Charge sur
a a la bande aa b b la bande bb
L L
Moment m x Moment m x
2 pour la qf L2 pour la bande bb
5qf L bande aa
64 For 0 y L / 4 and
64
3L / 4 y L
For 0 y L 2
Figure 14.3 – Option 2 : Répartition de l'armature en trois bandes dans chaque direction
Solution 3
La solution 3 attribue une valeur de 0 ou 1 dans chacune des zones. Le moment sur
la largeur varie de manière parabolique alors que le moment maximal est égal à q f L2 8 .
Théorèmes de plasticité appliqués aux planchers 14.5
x Distribution de la
qf réaction d'appuis
dans la directiony
qf qf
a a
qf Distribution de
mx maximum
Lignes de discontinuité qf L2 qf L
y
8 2
qf qf
Moments unitaires - kN-m/m
Charge sur
la bande strip aa
y y
Moment m x
pour la bande aa
qf y 2
For 0 y L 2
2
Discussion
Ces trois exemples introduisent deux particularités de la méthode des bandes : la facilité avec
laquelle les moments peuvent être obtenus à partir de principes simples de la statique et la
grande variété de distributions de moments admissibles. Les trois options précédentes
conduisent à une quantité relative d'armature dans des rapports respectifs de 1.0 – 0.75 – 0.67.
lorsqu'un appui simple joint un appui encastré, l’angle du côté encastré est de 1.5 à
2.0 fois celui du côté simple.
= 45° 1 = 1.52 à 2 2
2
qf
b b
b
Lignes de discontinuité
Charge sur Moment m y
qf qf la bande bb pour la bande bb
a a Charge sur
la bande aa
-
a a Moment m
x
+ pour la bande aa
qf x 2 2 qf Ly 2 8 qf Ly 2
x
b
b b
x x
y = 45° 45°
qf y 2
a a
Ly Ly
qf
45° 45° x
b b
b
y Lignes de discontinuité
Charge sur Moment m y Distribution de Distribution
la bande bb pour la bandebb mx maximum de la réaction
qf qf sur les appuis
a a Charge sur dans la directiony
y y la bande aa
Lx
a a
qf y 2 Moment m x
pour la bande aa
2
Distribution de
qf Ly 2 m y maximum
8
Ly 2 Ly 2
qf Ly Distribution
2 de la réaction
sur les appuis
dans la directionx
Il a été démontré que cette approche n’est pas la seule et qu’utiliser des lignes de discontinuités
perpendiculaires aux bords était tout aussi valable, en autant que les dalles soient sous armées.
C’est d’ailleurs ce qui est fait lorsque les moments sont uniformisés avec les lignes partant
des coins.
Ly
Hillerborg a d’ailleurs opté pour cette approche lors de développements additionnels apportés
à sa méthode. Il propose ainsi de diviser la dalle en bandes le long des bords ayant une largeur
de L 4 alors que la bande centrale est de largeur égale à L 2 . Ceci est en fait conforme à la
pratique suggérée par les normes A23.3 et ACI pour les bandes de poteaux et bandes médianes
pour les planchers avec une disposition régulière des appuis. Les deux figures suivantes
illustrent cette méthode.
Théorèmes de plasticité appliqués aux planchers 14.9
Lx qf Ly 2
Ly 4 Lx Ly 2 Ly 4 64 qf Ly 2
qf 8
Ly qf 2 qf 2 x
4 qf /2
Moment m y
Moment m y
qf 2 qf 2
Charge
Ly
Load
qf qf qf +
+
2
qf 2 qf 2 qf /2
Ly
4 qf 2 qf 2
Lx
2
qf 2 qf 2 qf Ly
Bande de rive
direction x 64
Charge qf L y 2
2 8
qf Ly
+
64 Moment mx
Distribution de my maximum
qf qf
Ly
Bande médiane
direction x qf Ly 2 qf Ly 2
Charge
64 32
qf Ly 2
+ Distribution de mx maximum
32
Moment mx
qf Ly
2 qf Ly
2
qf Ly qf Ly 2 4
8 8
Lx Ly
Distribution de la Distribution de la
réaction d'appuis réaction d'appuis
dans la direction x dans la direction y
Dans l’exemple suivant le concepteur choisi afin d’avoir des résultats raisonnables. Pour
le cas illustré ici, on devrait utiliser 0.36 0.40 . Pour un cas doublement encastré ou les
cas simplement supportés, 0.5 est une valeur raisonnable. Il s’agit en fait d’essayer
d’équilibrer les moments positifs et négatifs.
14.10 Calcul des structures en béton armé – Concepts avancés
Lx
1 Ly Lx Ly 2 Ly 2
qf 2L y 2 16 qf 2L y 2 2
2 qf
Ly qf 2 qf 2 x
qf /2 Ly
2 qf 2 qf 2
Moment m y
Moment m y
Ly
Charge
Charge
qf
qf qf +
+
2
qf /2
qf 2 qf 2
qf 2 qf 2
- -
1 Ly
y qf 1 2 Ly 2 qf 1 2 Ly 2
2
16 2
qf 2 qf 2 Bande de rive Bande médiane
Bande de rive
Charge direction x direction y direction y
qf 1 2 Ly 2
16 + qf 2Ly 2 16
Moment m x
qf qf
Bande médiane
Charge direction x
qf 1 2 Ly 2
8 -
+ qf 2Ly 2 8
Moment m x
Une bande forte est une zone linéaire contenant une concentration d’armature, agissant aussi
comme une poutre dans la dalle. Les figures suivantes illustrent l’application des bandes
fortes.
Typiquement les bandes fortes autour des ouvertures devraient avoir des largeurs de l'ordre
de 3 à 5 fois l'épaisseur de la dalle. Pour les bandes fortes dans les axes des poteaux pour des
dalles sans poutres, la largeur des bandes fortes correspond à ce qui est indiqué dans la norme
A23.3, typiquement le quart de la plus petite dimension d'un panneau, de part et d'autre de
l'axe des poteaux (voir figure 11.8).
Il importe de prendre en considération que les bandes fortes ne sont pas des poutres et qu'une
solution réaliste devrait s'assurer que les flèches sont compatibles. Les recommandations
suivantes peuvent être énoncées pour les exemples de la figure suivante.
1. Pour la figure 14.12a, la répartition des charges dans chaque des directions pour
chacune des zones devrait telle que la flèche de la bande forte sur la rive libre doit la
Théorèmes de plasticité appliqués aux planchers 14.11
1 1
c d c d 3 4 5
5 4 3
a a Bande forte
b b
1 1
2 2
Bien que le cas des dalles avec armatures non uniformes puisse être traité, la méthode des
lignes plastiques est plus aisément applicable aux dalles armées uniformément dans chacune
, mry et mry
des directions, où mrx , mrx sont différents mais uniformes. Le moment résistant le
long d’une ligne plastique est donc constant. Les armatures non orthogonales peuvent être
considérées.
14.3.2 Ductilité
Pour que les lignes plastiques puissent se former, il est essentiel que les dalles soient ductiles,
donc sous armées, l’armature comprimée améliorant la ductilité. Lors de l’application de
charges, les lignes plastiques apparaissent progressivement.
Théorèmes de plasticité appliqués aux planchers 14.13
Les sections où se produisent les premières lignes doivent donc subir de grandes rotations
plastiques. Une fois les lignes formées, on obtient un mécanisme. Le mécanisme est idéalisé
par des lignes simples bien qu’en réalité un réseau de fissures se forme.
asymétrique
ou ou
Figure 14.15 – Comportement ductile d'une dalle chargée uniformément (en construction)
Les lignes plastiques adoptent un profil en escalier tel que vu au chapitre 13. La convention
adoptée est la suivante.
m ry
x
n m rn
m rx
mrt
Le travail interne peut provenir de deux sources : l’effort tranchant et le moment fléchissant.
Pour une fissure de longueur 0 on trouve :
WI ,M 2 m 0 2m 0 (a)
WI ,V V V 0 (b)
G
m m
v v
Tout comme pour l’effort tranchant dont la somme du travail virtuel sur une dalle est égale à
zéro, le travail virtuel dû au moment de torsion mT aussi égal à zéro sur l’ensemble de la dalle.
Seul celui dû à la flexion est non nul :
WI mn n 0 (c)
où n est la rotation le long d’une ligne plastique de largeur 0 . Le signe négatif provient du
fait que le moment et la rotation agissent en sens inverses.
2
2 L 2
ou encore mr1 mr 2 2mr B q mr
L 2
L/2 L/2
L2 Figure 14.18 – Exemple d'une dalle
mr1 mr 2 2mr B q
unidirectionnelle
4
L2
si mr1 mr 2 mr mr mr q
8
Même si formellement le travail interne est négatif, on utilisera WI en valeur absolue, afin
d’alléger la présentation. On supposera donc dans le reste du texte : W WI .
Théorèmes de plasticité appliqués aux planchers 14.17
L 2 2 L
L E
2L
WI mrn n 0 2 mrn 2
2
B
4 8 C D
mrn L mrn 2 L 8mrn 2
2 2 L
L 1 L2 E
WE Q 4 L q q
2 2 3 3
C L
2
qL 2
WE WI , soit mrn
24
mrn Figure 14.19 – Exemple d'une dalle
ou encore q 24 2 bidirectionnelle carrée
L
Lx
x Ly Lx
y x
y x y
Ly y x
Ln = o
cos = Ly / o
sin = Lx / o W Ix m rx y L y W Iy m r y x L x
À partir de l’équation d’équilibre, on peut écrire l’équation du travail interne comme suit :
Ly
mrn n 0 mrx cos 2 mry sin 2 n Ln mrx n cos
0
L
0 mry n sin x 0
0
Avec n cos y et n sin x , on peut écrire :
14.18 Calcul des structures en béton armé – Concepts avancés
A
L3
Ly L x - L1 - L2 Lx
Ly - L3
L2
D
B
y
x
E
F
L3 L1
L3 L1
Lx
Ly Lx - L1 - L2
Ly - L3
L2
Pour une dalle rectangulaire illustrée sur la figure suivante, on a deux types de volumes :
Parties triangulaires : V L1 L y et V L2 L y
6 6
L L2 Lx L1 L2
Parties trapésoïdales : V 1 L3 Lx 2 3 L1 L2 L3 2
6 2
Pour le cas particulier où L3 L y 2 et L1 L2 , on a : VTOTAL 3Lx 2 L1 L y ,
6
L2
L1 L1
L1
L3
La solution analytique existe dans quelques cas particuliers. Pour des cas quelconques, une
solution numérique s’impose.
14.20 Calcul des structures en béton armé – Concepts avancés
ADE 0 L1 0 Ly mrx L1 Ly 0
ABFE 2 L y 0 Lx 0 0
mry 2 Ly Lx
BCF 0 L1 0 Ly mrx L1 Ly 0
DCEF 2 L y 0 Lx 0 0
mry 2 Ly Lx
Ly Lx
Donc : WI mrn n o 2mrx 4mry
L1 Ly
En posant WI WE et en isolant q , on trouve :
12 mrx Ly 2mry Lx
q
Ly 2 3 Lx Ly 2 L1 Ly L1 Ly
Comme il n’y a qu’un seul paramètre variable, L1 , on peut dériver par rapport à L1 pour
déterminer la valeur optimale, soit :
1
2 2
dq L1 1 Lx mrx mrx Ly mrx
0 donne : 3
dL1 Ly 2 L m mry Lx mry
y ry
24mry
pour conduire à : q 2
1 1
m L 2 2 L m 2
y y
Ly 2 3 rx rx
mry Lx Lx mry
Théorèmes de plasticité appliqués aux planchers 14.21
D
E
A
(x o, yo)
WI mrnn o mr yo yo yo tan
yo tan yo tan tan yo 1 tan cot
WI mr cot cot
Travail externe :
L L sin sin
WE q Airedessegments q q kL2
3 2 3 6
6mr cot cot
WE WI : q
kL2 sin
Le minimum pour q est trouvé en posant dq d 0 . Ceci conduit à : 2 , donc :
6mr
q
kL2 sin 2 2
6mr
Pour le cas où 90 et k 1.6 : q 1.2mr .
1.6 2.52 sin 2 45
Si q 12 kN/m 2 , cela donne mr 10 kN-m/m
14.22 Calcul des structures en béton armé – Concepts avancés
Cette méthode a été proposée par Johansen en 1943, mais ce n’est que dans les années 1960
que Jones, Wood et autres chercheurs ont jeté les bases théoriques de la méthode. Comme il
sera montré plus loin, les équations d’équilibres s’appliquent dans la majorité des situations à
l’exception de quelques-unes.
d
Moment fléchissant
Moment de torsion
c A Effort tranchant
c
e a
a b b
B mun
C
m unt V
(b)
f
d
(a)
d qdc
A c
a c
A c qcd b
e
a QAb
qcb b C
a B b
b
qab QBb QCb
q ba qbc f
f
(c)
(d)
23 Ligne 3
Ligne 1
12
13
Lit 2
Ligne 2
Ligne 1
Lit 1
où
Q1.2 force nodale entre les lignes 1 et 2
m n1 moment dû aux armatures de la ligne 1, calculé le long de la ligne 3
mn2 moment dû aux armatures de la ligne 2, calculé le long de la ligne 3
m n 3 moment dû aux armatures de la ligne 3, calculé le long de la ligne 3
m t1 moment torsionnel dû aux armatures de la ligne 1, calculé le long de la ligne 3
mt 2 moment torsionnel dû aux armatures de la ligne 2, calculé le long de la ligne 3
1.3 angle entre les lignes 1 et 3, antihoraire
2.3 angle entre les lignes 2 et 3, antihoraire
Application
Il est essentiel de numéroter les lignes nodales dans le sens antihoraire et que les lignes 1 et 2
délimitent la zone où la force nodale est requise. Seule la ligne 3 (et son orientation) entre en
considération dans les calculs
Les composantes des moments de flexion et torsion des maillages 1 et 2 sont calculées par
rapport à la ligne 3 en utilisant les équations (13.15) lorsque l’armature est orthogonale et
parallèle aux axes et les équations (13.12) pour des armatures orientées de façon quelconque :
armatures parallèles aux axes :
mn m p1 cos2 m p 2 sin 2
(13.15)
mt m p1 m p 2 sin cos
14.24 Calcul des structures en béton armé – Concepts avancés
cas quelconque :
mn m p1 cos2 1 m p 2 cos2 2
(13.12)
mt m p1 sin 1 cos 1 m p 2 sin 2 cos 2
Cas particulier – Maillages orthotropes mais identiques pour toutes les lignes
Ceci est le cas le plus courant, correspondant à un nœud intérieur. Comme les composantes
des moments sur les trois lignes sont calculées le long de la ligne 3, on a mn1 mn 2 mn3 et
mt1 mt 2 de sorte que tous les termes entre parenthèses s’annulent dans l’équation (14.15) :
Q1,2 0 (14.17)
Cela permet de conclure qu'à la jonction de 3 lignes plastiques associées au même maillage,
chaque force nodale est nulle si toutes les lignes plastiques sont soit positives, soit négatives.
On peut ainsi conclure qu’une valeur négative correspond à une force qui entre dans la feuille
alors qu’une valeur positive est une force sortant de la feuille.
Pour le cas où les aciers sont orthogonaux et parallèles aux bords, avec mb le moment de
l’armature perpendiculaire au bord libre, on a :
Théorèmes de plasticité appliqués aux planchers 14.25
3 x
Lit d'armature
1 2
Force vers le haut Ligne plastique Ligne plastique
Force vers le bas moment positif moment négatif
Restrictions
L'équation d’équilibre ne peut être utilisée dans certaines conditions.
L’équation (14.15) ne peut être utilisée lorsque le nœud est un point fixe, ou un point
d’ancrage de la ligne plastique. Sur la figure suivante on peut déterminer les forces
nodales dans le cas (a) mais pas dans le cas (b).
L’équation (14.15) ne peut être utilisée pour déterminer les forces nodales aux points
d’appui : point B en (a).
L’équation (14.15) ne peut être utilisée où il y a plus de 3 lignes qui s’y joignent.
Exemple, point C (c). On peut utiliser l’équation (14.15) pour le cas (e) mais non le
cas (f).
A C
tur e
e
tur
A
ve r
ve r
Ou
Ou
r A
A
Chacun des segments A et B procurent une équation d’équilibre. Comme la ligne plastique
est perpendiculaire au bord libre, 90 donc cot 0 , de sorte que les forces nodales en
b et en e sont nulles.
a b c
Cas #1 : L1 L2 L 2
Dans ce cas les deux segments donnent la B A B
même solution :
BL L
M ad 0 : mB q A 0
2 4 d e f
2 L
qAL 8m
m ou q A 2
8 L
mB
Ce qui est la solution exacte. qBL2
mB
Cas #2 : L1 L 3 et L2 2 L 3
L1/2 L1/2 L2/2 L2/2
Si on avait choisi une mauvaise position on
aurait eu : L1 L2
Segment A : L
LL 18m L 1 + L2 = L
M ad 0 : mB q q 2
3 6 L Figure 14.28 – Dalle rectangulaire
Segment B : unidirectionnelle
2L 2L 4.5m
M cf 0 : mB q B B qA 2
3 6 L
Ceci nous indique que la position de la ligne doit être déplacée vers la droite. La moyenne des
valeurs est égale à : q 11.25 m L2 , ce qui est supérieur à la valeur exacte.
Cas #3 : L1 0.4 L et L2 0.6 L
Théorèmes de plasticité appliqués aux planchers 14.27
Dans le cas où l’armature est identique sur toutes les lignes plastiques, on a Q 0 . On peut
écrire les équations d'équilibre pour chaque segment.
L1 L2 L1
Segment A : mL2 q m qL12 6 ou q 6 m L12
2 3
L L2 L2 L L 2 L1
Segment B : mL 2 1 2 L 2 L1 2 q qL22 1
4 6 2 4 12 8
En posant L1 L et L2 L , on trouve en appliquant dm d 0 :
2 2
1 qL
3 2 4 2 et m 1 3 2
2 24
14.28 Calcul des structures en béton armé – Concepts avancés
a b
B
e f
L2 C
d c
L1 L - 2 L1 L1
L
EXEMPLE 14.9 – Dalle avec armature orthotrope supportée sur trois côtés
Selon l’équation 14.18 on a : QBc my cot alors que cot L2 L1 . On trouve :
L
L2 L2
e d 3 c 2 b
x
C B
L1 mx 1
my
Force vers le hau
f a Force vers le bas
Figure 14.31 – Dalle rectangulaire avec armature orthotrope supportée sur trois côtés
L2 3 L12 2 L12 L2
Segment A : M af 0 : 2my L2 2my L1 qL L 2 L2 2
L1 2 23
my L2
Ou encore : q 24 3 L 2 L2 4 L2
L1L3
Théorèmes de plasticité appliqués aux planchers 14.29
2 4 2 2 L2 9
2
, ce qui donne : m q 4 2 2
9 3 24
L C r
Segment
L/2
L
(a) (b)
Pour la dalle de la figure (a) ci-haut, armée de manière isotope en moment positif et négatif,
mr et mr , on trouve par équilibre :
L
Par équilibre : mr mr L 0 . donc
4 2
P 8 mr mr (14.21)
Pour le cas (b) où on considère un mode de rupture impliquant n triangles reprenant chacun
une charge P n , on peut écrire :
2
Composante : m 2mr sin 2 r , donc m mr r si petit . Donc m mr r
n
2 2 Pr
Par équilibre on trouve : mr r mr r 0 , soit :
n n n
P 2 mr mr (14.22)
14.30 Calcul des structures en béton armé – Concepts avancés
r2 mr
q mr mr (14.23)
2 6 mr
On constate que la rupture locale conduit à une charge maximale égale à 79% de la charge
correspondant à un mode de rupture global. Il est intéressant que dans les deux cas la
dimension de la dalle L ou le rayon de l’éventail r n’entrent pas dans l’équation. Le mode de
rupture local aura donc un rayon quelconque, compris à l’intérieur de la dalle. Ceci n’est vrai
que pour une charge concentrée seule. Si une charge uniforme agit en parallèle, ce qui est
souvent le cas, l’éventail le plus grand possible conduira à la solution la plus critique :
Évantails circulaires
L’analyse de la rupture en éventail s’effectue plus
aisément en appliquant le principe du travail virtuel. mr
Le travail interne est égal à : d
r mr
WI mrn n 0 mr mr rd ,
r
donc WI mr mr d
r
Pour l’éventail complet, on a : = /r
Figure 14.34 – Paramètres du
WI mr mr d mr mr (14.24)
travail virtuel
0
La figure 14.35 montre une dalle simplement supportée avec une charge concentrée. Cinq
modes de rupture sont considérés. La méthode du travail virtuel est utilisée.
Mode 1 : WE u WI 2 mr b
0.5 L
mr
donc Pu 4 b (14.25)
L
Mode 2 : WE u WI 2mr 2a 2 mr mr L
0.5L a
mr a L
u 8 2 mr mr
L a
mr mr
d da 0 a 0.5 L
mr
L/2 L/2
L L
a) Géométrie b) Mode 1
L
cot /2 /2
a 2 2
b
2a
b
L/2 L/2
L L
c) Mode 2 d) Mode 3
b b /2
a L
cot
b 2 2 b
L/2 L/2
L L
e) Mode 4 f) Mode 5
Figure 14.35 – Patrons de rupture d'une dalle longue soumise à une charge concentrée
Dans tous les cas, le mode 3 est plus critique que le mode 2 qui donne Pu 8.0mr pour mr 0
14.32 Calcul des structures en béton armé – Concepts avancés
L
Mode 5 : WE WI 2mr 0.5 L b cot 2 mr mr
2
mr b
Pu 4 2mr cot 2 mr mr
L
d u d 0 cot 2 mr mr
mr b
Pour mr mr 2 Pu 5.14mr 4 (14.30)
mr b
Pour mr 0 Pu 3.14mr 4 (14.31)
L
Dans le cas du mode 4, on aurait eu comme solution une valeur du premier terme égale à 5.66
et 4.0 respectivement. Le mode 5 est donc toujours plus critique que le mode 4.
Les modes 1, 3 et 5 doivent être considérés pour ce type de dalle. Le mode 1 gouverne pour
des valeurs de b/L petites, le mode 3 contrôle pour les dalles larges (b/L grand) pour une charge
près du centre alors que le mode 5 gouverne pour une dalle large avec une charge près du
bord.
a a
Soulèvement
b b
Ces patrons de lignes conduisent à des charges plus petites, le patron avec un éventail
circulaire donnant la plus petite valeur des quatre. L’effort de calcul requis pour prendre en
considération l’effet de coin est important, tel que l’illustre l’exemple suivant.
WI 4 mr mr L cot
0.5L 4 2
WI 4mr 8mr cot
4 2
Le travail externe est égal à la somme des 4
L ot
éventails plus celui des 4 triangles : 4 2
L
2
L q L2 q
WE 4 cot
2 2sin 4 2 3 4 4 2 3
q L2 L2
WE q cot 4 2
6sin 2 4 2 3
24mr 2 cot 4 2
Ce qui donne : q 2
L sin 4 2 2 cot 4 2
2
14.34 Calcul des structures en béton armé – Concepts avancés
q 21.7 mr L2 (14.32)
Cette valeur est près de 10% moindre que la solution initiale. On peut démontrer que la valeur
réelle est égale à q 21.4 mr L2 avec un éventail hyperbolique.
On peut cependant démontrer qu’avec de l’acier d’armature au moment négatif égal à celui
du moment positif ( m r m r ), la valeur de la charge ultime est égale à la valeur calculée avec
les lignes simplifiées. Les coins obtus sont également plus critiques.
En pratique il est plus commode de réduire la capacité de la charge maximale selon le type de
coin. Le tableau 14.2 présente des taux de réduction associés à chaque source de réduction de
la capacité associée aux effets de coin.
Tableau 14.2 – Réduction de la capacité pour tenir compte des effets de coin
Réduction par coin (%)
Pas de restreinte de moment le long des Rives retenues
rives en partie
Type de dalle Type de charge Type Avec armature Sans armature supérieure des
d'angle supérieure dans supérieure dans coins
les coins les coins
Tous les côtés Uniforme Obtus 0 0 0
supportés Droit 0 -1 -2
Aigu -2 -5 -5
Rive libre – Uniforme Obtus 0 -1 -1
Dalle carrée Droit -1 -3 -3
rectangulaire Aigu -3 -7 -7
Tous les côtés Charges Obtus 0 -2 -2
supportés concentrées Droit 0 -4 -5
prédominantes Aigu -4 -12 -12
Les coins réentrants ne cons pas considérés dans ce tableau
L'armature supérieure est au moins égale à l'armature inférieure
Les dalles longues ou avec des bords libres sujettes à des charges concentrées importantes demandent des considérations
spéciales
Théorèmes de plasticité appliqués aux planchers 14.35
On suppose un mode de rupture tel qu’illustré sur la figure suivante pour une dalle armée en
moment positif uniquement sans armature de coin en partie supérieure.
14.4 ANNEXE
Les tableaux suivants présentent des relations utiles au pour le calcul des efforts dans les
poutres simples et continues pour des charges uniformes partielles ou charges concentrées.
1 2 3 1 2 1 2 3
G a b c D G a D G a a D
L L L
x x x y