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Recherches
germaniques
HS 13 | 2018
Un roman alchimique à Strasbourg
Les Noces Chymiques au sein de différents courants de l'occultisme occidental
AURÉLIE CHONÉ
p. 203-220
https://doi.org/10.4000/rg.679
Résumés
Français Deutsch English
À l’intérieur de la Société théosophique fondée à New York en 1875, il existe un
courant rosicrucien qui considère la Rose-Croix comme « la lumière divine de la
connaissance de soi » (Franz Hartmann, 1838-1912). Mais la littérature
théosophique ne comprend pas de commentaire dédié spécifiquement aux Noces
Chymiques. À l’instar de Helena Blavatsky (1831-1891), co-fondatrice de la
Société théosophique, le théosophe autrichien Rudolf Steiner (1861-1925) est
convaincu que les mystères de la Rose-Croix sont « uniquement transmis par
tradition orale » (1906). Devenu en 1902 Secrétaire général de la section
allemande de la Société théosophique, Steiner pense pouvoir découvrir des rituels
rosicruciens authentiques en intégrant la franc-maçonnerie, à l’exemple de son
mentor Goethe. Mais comme les théosophes, il constate que le véritable esprit de
la Rose-Croix n’anime plus les sociétés secrètes de son époque. À partir de 1906,
« le Rose-Croix de la Société théosophique » présente le « mystère du Golgotha »,
qui eut lieu lors de la mort du Christ sur la croix, comme un fait unique dans
l’histoire de l’humanité et de l’univers, ce qui va à l’encontre de l’égale
importance accordée à toutes les religions dans la Société théosophique. En
1917, dix ans après avoir quitté l’École ésotérique d’Annie Besant (1847-1933) et
cinq ans après avoir fondé la Société anthroposophique, Steiner fait paraître à
Berlin une étude consacrée aux Noces Chymiques. Notre contribution montrera
que ce commentaire écrit est un moyen pour lui de se situer dans la continuité de
la tradition rosicrucienne du christianisme ésotérique en présentant sa propre
théosophie, baptisée « anthroposophie » ou « Science de l’esprit », comme
l’héritière des « Rose-Croix authentiques ». La référence à cette source qui fait
autorité lui permet d’illustrer et de justifier ses propos antérieurs sur
1) l’existence réelle de Christian Rose-Croix et de l’Ordre rosicrucien, 2) les sept
étapes de l’école initiatique rosicrucienne, 3) le rosicrucianisme comme chemin
initiatique le plus adapté à l’homme moderne européen, 4) la « vision éthérique »
du Christ à partir de l’action du « corps éthérique » de Christian Rose-Croix. Ces
idées influenceront un certain nombre d’ésotéristes occidentaux comme Neville
Meakin (†1912), Max Heindel (1865-1919) et Jan van Rijckenborgh (1896-1968).
Entrées d’index
Mots-clés : Noces Chymiques, Christian Rose-Croix, Société théosophique,
anthroposophie, Rudolf Steiner, occultisme, ésotérisme, christianisme ésotérique,
franc-maçonnerie
Keywords: Chymical Wedding, Christian Rosenkreutz, Theosophical Society,
anthroposophy, Rudolf Steiner, occultism, esotericism, esoteric christianity,
freemasonry
Schlagwortindex: Chymische Hochzeit, Christian Rosenkreutz, Theosophische
Gesellschaft, Anthroposophie, Rudolf Steiner, Okkutlismus, Esoterik, esoterisches
Christentum, Freimauerei
Texte intégral
1 Les Noces Chymiques de Christian Rosencreutz ont fait l’objet d’une
importante réception1 au sein de certains courants ésotériques
occidentaux modernes2, en particulier depuis la fin du XIXe siècle. Dans
un contexte de critique du positivisme et d’engouement pour le spiritisme
venu des États-Unis, l’occultisme avait le vent en poupe en Europe autour
de 1900, et les Rose-Croix étaient un sujet à la mode. En France par
exemple, l’écrivain martiniste Joseph Péladan (1858-1918) organisa
entre 1892 et 1897, dans des galeries d’art parisiennes, plusieurs Salons
de la Rose-Croix auxquels prirent part des artistes symbolistes connus
comme le peintre belge Fernand Khnopff. Dans cette contribution, je
m’intéresserai surtout à la période allant de 1875 – date de la Fondation
de la Société théosophique à New York par l’occultiste russe Helena
Blavatsky, le Colonel Henry Steel Olcott et quelques autres personnes – à
1917, année de la parution à Berlin du Commentaire des Noces
Chymiques de Christian Rose-Croix par l’occultiste autrichien Rudolf
Steiner. Il s’agira de comprendre de l’intérieur le commentaire de
Steiner, d’en reconstituer la logique interne dans une perspective
émique3, et de percevoir ce faisant la construction du mythe rosicrucien
propre à cette vision ésotérique4 du monde qu’est l’anthroposophie. Il
s’agira aussi de resituer ce commentaire dans la littérature théosophique
qui l’a précédé et de mettre au jour son influence sur la littérature
ésotérique ultérieure.
Référence électronique
Aurélie Choné, « La postérité des Noces Chymiques dans la littérature théosophique et
anthroposophique », Recherches germaniques [En ligne], HS 13 | 2018, mis en ligne le 05
février 2019, consulté le 13 février 2023. URL : http://journals.openedition.org/rg/679 ; DOI :
https://doi.org/10.4000/rg.679
Auteur
Aurélie Choné
Maître de conférences HDR, Université de Strasbourg
achone[at]unistra.fr
Droits d’auteur
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