Vous êtes sur la page 1sur 15

Chapitre I

Théorie des Lignes de transmission

I.1 Préambule : mise en évidence des phénomènes de propagation en


électronique
Il s’agit ici de montrer que lorsque la fréquence des signaux se propageant sur une
ligne augmente, il devient nécessaire de prendre en compte les phénomènes de
propagation.

− à basse fréquence :

à un instant t, les points du montage reliés par un conducteur sont au même


potentiel : (vA - vB)(t) = (vC – vD)(t).

Les liaisons A  C et B  D peuvent représenter les 2 conducteurs d’un câble coaxial


par exemple, ou les 2 fils d’une ligne bifilaire.

− à haute fréquence :

Lorsque la fréquence f du signal émis augmente suffisamment, les différences de potentiel


entre 2 points reliés par un fil n’ont plus les mêmes valeurs : (vA - vB)(t) ≠ (vC – vD)(t)

Page 1
Soit la longueur d’onde λ du signal qui se propage à la fréquence f, elle est définie comme :

Dans le vide (ou l’air) : c = 3.108 m.s-1.

Conclusion : chaque fois que λ est de l’ordre des dimensions physiques des fils reliant 2
éléments, il faut prendre en compte les effets de propagation  c’est la théorie des lignes.

I.2 Principales Lignes de Transmission


Il existe différents supports de transmission utilisés qui varient en fonction de la
fréquence du signal qui s’y propage et de la technologie utilisée. On présente ici les types les
plus communs de ligne de transmission.

I.2.1 Lignes à plusieurs conducteurs :

a. La ligne bifilaire :
La ligne bifilaire est historiquement le premier type de ligne qui a été utilisé pour les
liaisons télégraphiques et téléphoniques. Ses deux conducteurs étaient maintenus à distance
constante au moyen de supports isolants régulièrement espacés.

L’affaiblissement des lignes bifilaires était très faible et permettait de liaison de


plusieurs dizaines de kilomètres sans amplification, mais on ne pouvait pas transmettre avec
une ligne qu’une seule communication téléphonique, d’où une infrastructure très lourde dès
qu’il fallait transmettre plusieurs dizaines de communications.
b. La ligne Coaxiale :
Le câble coaxial est le type de ligne de transmission le plus commun. Ce type de ligne
de transmission permet de transporter des signaux de toutes les fréquences, selon les
dimensions.
Les lignes coaxiales présentent des bandes passantes très importantes, ce qui permet
d’acheminer simultanément plusieurs centaines de communications téléphoniques.

Page 2
c. La ligne à bandes et à fentes :
Les principaux types de ces lignes sont :
La ligne Microruban
La ligne à fente
La ligne coplanaire

+ La ligne microruban :
Ligne microruban (microstrip en anglais) est le type de guide d’onde le plus utilisé
pour les circuits intégrés à haute fréquence. La ligne microruban est composée d’un substrat
(en Si, ou GaAs, ou InP, etc.) dont le dessus comporte une ligne de métal. Le dessous du
substrat est plaqué en métal et fournit le plan de masse .

+ La ligne à fente
La ligne à fente ou ligne à encoche est une structure constituée d’un substrat
diélectrique métallisé sur un côté seulement. La métallisation comporte une rainure de
séparation étroite et gravée qui constitue la ligne.

Page 3
+ Ligne coplanaire :
La ligne coplanaire est un guide d’onde souvent utilisé dans les circuits intégrés. Il
ressemble à la ligne microruban, sauf que les mises à terre sont placées de chaque côté du
conducteur.

I.2.2 • Guides d’ondes :


Pour des fréquences supérieures aux dizaines de GHz, pour lesquelles on trouve
essentiellement des applications radars ou spatiales, on utilise principalement des guides
d’ondes, rectangulaires ou cylindriques, du fait de leurs meilleures propriétés électriques ou
mécaniques.

Les guides d’ondes sont des tuyaux métalliques, de section rectangulaire ou circulaire
remplis, en général, par de l’air à la pression normal.

I.3 Modélisation de la ligne de transmission


La méthode des lignes de transmission permet d’analyser des circuits à hautes
fréquences en termes familiers à l’analyse de circuits : tension, courant, impédance. A
hautes fréquences, ces termes dépendent des équations de Maxwell, mais on cherche à
simplifier l’analyse pour éviter l’utilisation des champs électriques et magnétiques.

I.3.1 Le Modèle
On utilise le modèle de la figure suivante pour schématiser une ligne de transmission.
La ligne comporte une tension et un courant qui varient en fonction du temps et en fonction
de la distance z. On analyse une petite section Δz de la ligne. Cette petite section de ligne est
modélisée à l’aide d’éléments idéaux, comme montrer la figure.

Page 4
Schéma d’une ligne de transmission

Modélisation d’une ligne de transmission

Les éléments idéaux représentent tous des caractéristiques réelles de la ligne :


 En série, une résistance R et une inductance L pour représenter respectivement les
pertes d’énergie active et réactive dans les conducteurs de la ligne.
 En parallèle, une conductance G et une capacité C pour représenter respectivement
les pertes d’énergie active et réactive dans les diélectrique de la ligne.

Pour une ligne sans pertes, R = G = 0.

I.3.2 Les équations de propagation


Plaçons-nous en un point d’abscisse z par rapport à l’origine et raisonnons sur
l’élément compris entre z et z+dz.

Soit , et i , représentent les valeurs complexes instantanées de la tension et


du courant au point d’abscisse z.

Page 5
En régime harmonique, la tension et le courant s’écrivent :

Avec : - V(z) et I(z) sont les amplitudes réelles ou modules

- sont les phases.

Premier loi de Kirchoff :

+! + +

" +# + +

+ − − −!

+ − −" −#

du fait que dz est une longueur infinitésimale, on peut écrire :

+ −

+ −

− −! ……….. 1
&
'ù:
−" −# ……….. 2

0
1 < > 0
− −! 1 2 ……… 3

On remplace (2) dans (3), on obtient:


0

0
" + # −! 1 2

0 0
> 0
" + # +!" +!# 0

0 0
> 0
−!# 0
− #+!" − " 0 …… 4

Page 6
Même chose pour le courant i(z), on utilise l’équation 2, on obtient :
0 0

0
−!# 0
− #+!" − " 0 …… 4

0 0
< 0
−!# 0
− #+!" − " 0
Donc :
;
0 0

: 0
−!# 0
− #+!" − " 0

Ce sont les équations de télégraphistes

Dans le cas où le régime est sinusoïdal :

, = >?
= ,
=
=>

i , =I >?
= ,
=
=>

, / >? ,
@
, / >? ,

Les équations 1 et 2 deviennent :

− − >!? − + >!?
>
−" − >#? − " + >#?

Alors :
0 0
< 0
− + >!? < 0
+ >!? " + >#?
>
; ;
0 0

: 0
− " + >#? : 0
+ >!? " + >#?

On pose :

B0 + >!? " + >#? > B C + >!? " + >#? …… (6)

B D + > E : Constante de propagation complexe.


0
< 0
− B0 0 ……… 7
;
0

: 0
− B0 0 ……… 8

(7) et (8) sont les équations de propagation de la tension et du courant le long de la ligne.

Page 7
I.3.3 Solutions des équations de propagation
Les équations de propagation (7) et (8) admettent des solutions de la forme :
HI
+ I
@ J
HI
+ J
I

Avec , J, J sont les constantes d’intégrations.

HI
+ J
I
> −B HI
+ B J
I

On a aussi d’après (1) :

− + >!?

=> −B HI
+ B J
I
− + >!? HI
+ J
I

Par identification :

" + >!? " + >!?


K −K
+ >#? J
+ >#? J

+ >#?
− K
J

J " + >!?

+ >#?
'L M'N ∶ PQ K
" + >!?

La quantité Zc que l’on appelle l’impédance caractéristique de la ligne

+
Donc :
HI I
J
R 1 HI
− I
PQ J

I.3.4 Etude des solutions des équations de propagation


Nous voyons dans l’équation (6) que B est de la forme α+j β, donc :
HI
+ J
I H S T
+ J
S T

, > , HS HT
+ J
S T

Page 8
Cette expression est la somme de deux termes :

1ere terme : L’amplitude diminue lorsque z augmente, c-à-d. pour un déplacement du


générateur vers la charge. Il caractérise une onde Incidente.
2eme terme : L’amplitude diminue lorsque z diminue, c-à-d. pour un déplacement de
la charge vers le générateur. Il caractérise donc une onde réflechie.

Par conséquent, la tension sur la ligne résulte de la superposition de deux ondes se


propageant en sens contraire, même chose pour le courant.

I.3.5 Caractéristiques de ces ondes :


Les caractéristiques de ces ondes sont :
0U
T
 de période dans l’espace (la longueur d’onde) et dans le temps

2W
V
?

X
 Le paramètre de propagation Y :
 Ces ondes se déplacent avec une vitesse constante appelée vitesse de phase.

B D+>E

avec :

α : coef d’atténuation [Neper/m] ou dB/m

1 dB=0.1151 NP

β: Déphasage linéique [rad/m]

1 rad= 57.30 °

Cas d’une ligne sans pertes: R=G=α=0

on a: B C + >!? " + >#? D + >E

dans ce cas : B C>!? . >#? >? √!# >E

? 1
E √!#

Page 9
I.3.6 Expressions de la tension, du courant et de l’impédance
On suppose que V0, I0, γ et Zc sont des quantités connues. Nous voulons
calculer V(z) et I(z) en fonction de ces quantités.

HI
+ J
I
On a : R
HI
+ J
I

0 \
à z=0: R
0 \

\ + J ….. 1
donc: R
\ + J ….. 2

on a aussi :

− PQ ……… 3
J

on cherche à exprimer , J, ] J L 'L 'L \ , \ , PQ B

on remplace (3) dans (2), on obtient :

1
− − ……. 4
J
\
PQ PQ PQ J

1 2 − PQ
∗ 1 − 4 − +
\ J J \ \
PQ PQ \
PQ PQ PQ J J
2

_L ` ∶ \ + J > \ − J

− PQ + PQ
> − >
\ \ \ \
\
2 2

Même chose pour les courants J :

\ + PQ \
2PQ

PQ \− \
J
2PQ

Page 10
HI
+ J
I
..…….
Nous avons : R
HI
+ J
I
………

+ PQ − PQ
⇔ +
\ \ HI \ \ I
2 2
I
+ HI I
− HI
⇒ \1 2 − PQ
2 \
2

Et puisque :
S
+ HS
cosh D
2 ⇒ \ cosh B − PQ \ sinh B
S
− HS
sinh D
2
De même pour le courant I(z) :

+ PQ PQ −
⇔ +
\ \ HI \ \ I
2PQ 2PQ
HI
+ I I
− HI
⇒ \1 2−
\
2 PQ 2

⇒ cosh B − sinh B
\
\
PQ

Et pour l’impédance Z(z) :

\ cosh B − PQ \ sinh B
⇒ P ………..
\ cosh B − P\ sinh B
Q

On dévise III par \ cosh B ∶

P\ − PQ th B P\ − PQ th B
⇒ P ⇒ P PQ
P PQ − P\ th B
1 − P \ th B
Q

1- Cas particulier d’une ligne sans pertes : α=0

On a B D + >E ⇒ B >E

⇒ \ cosh B − PQ \ sinh B ⇒ \ cosh >E − PQ \ sinh >E


T
+ H T T
− H T
⇒ − PQ
\
2 \
2

Page 11
sin D −
g S H S
et puisque : R
0

cos D +
g S H S
0

Alors : \ cos E − >PQ \ sin E

de même façon on trouve la valeur de I(z) :

\ cos E −> sin E


\
PQ

Pour l’impédance Z(z) :

\ cos E − >PQ \ sin E

\ cos E − > P\ sin E


Q

On devise Z(z) par \ cos E , 'L h'i :

P\ − >PQ tg E P\ − >PQ tg E
⇒ PQ
P PQ − >P\ tg E
1 − > P\ tg E
Q

2- Calcul de l’impédance d’entrée Z0 en fonction de l’impédance de charge ZR (Cas avec


pertes)

pour k⇒P k Pl

P\ − PQ th Bk
Pl PQ
PQ − P\ th Bk

⇒ Pl PQ − P\ th Bk = PQ ( P\ − PQ th Bk)

Pl + PQ th Bk
donc :

P\ PQ ……..
PQ + Pl th Bk

Si la ligne est sans pertes : B >E

Pl + >PQ tg Ek
P\ PQ
PQ + >Pl tg Ek

Page 12
I.3.7 Etude des cas particuliers

I.3.7.1 Ligne terminée par une impédance ZR=Zc

si ZR=Zc, il vient d’après (III) : P\ PQ

Il apparait donc que l’impédance d’entrée de la ligne est égale à l’impédance caractéristique.

Z\ − Zw th γz Z\ − Z\ th γz
et d’après cette relation Z z Zw Zw
Zw − Z\ th γz Z\ − Z\ th γz

nous voyons que Z(z)=Zc

donc en toute point de la ligne, l’impédance Z(z) égale à l’impédance caractéristique Zc.

dans ces conditions et comme :

+ PQ + PQ
;
\ \ \ \
2PQ 2

PQ − − PQ
;
\ \ \ \
J
2PQ J
2

Il en résulte : P\ PQ

+ PQ P\ + P\
P\ 0
\ \ \ \
2 2 \ \ J

+ PQ P\ + P\
0
\ \ \ \
2PQ 2P\ \ J

d'où :
HI HI
\ \

Lorsqu’une ligne est terminée sur son impédance caractéristique, il n’y a pas d’onde
réfléchit, le régime qui s’établit sur cette ligne est appelé régime d’ondes progressives.

Ce régime d’ondes progressives est le régime de fonctionnement d’une ligne le plus


favorable pour le transport de l’énergie.

I.3.7.2 Ligne en court-circuit : ZR=0

Cela signifié que pour :

k→P k 0 k 0

Page 13
On a:

\ cosh B − PQ \ sinh B

cosh B − sinh B
\
\
PQ

cosh Bk
k 0 \ cosh Bk − PQ \ sinh Bk ⇒ PQ \ \
sinh Bk

cosh Bk
donc :

\ cosh B − sinh B
\
sinh Bk

\ sinh Bk cosh B − \ cosh Bk sinh B



sinh Bk

Or on a : sinh D − E sinh D cosh E − cosh D sinh E

sinh γ k −
donc:

\
sinh Bk

de la même manière, on trouve :

cosh γ k −
\
cosh Bk

th γ k −
P ⇒ P P\
th Bk

Nous avons trouvé aussi que :

cosh Bk \ cosh
Bk cosh Bk
PQ ⇒ PQ P\ P\ ' ℎBk
\ \
sinh Bk I\ sinh Bk sinh Bk

P\ PQ ℎ Bk

Pour le cas des lignes sans pertes :

sin β k −
< \ sin β k
| cos β k −
|
\ cos β k
; tg β k −
|P P\
tg Ek
|
: P\ >PQ ~ Ek

Page 14
I.3.7.3 Ligne en circuit ouvert : ZR= ∞

Cela signifié que pour :

k→P k ∞ k 0
'L ` ∶ \ cosh B − PQ \ sinh B

\ cosh B − sinh B
\
PQ
sinh Bk
k 0 cosh Bk − sinh Bk ⇒ PQ
\
\
PQ \ \
cosh Bk
sinh Bk
` : \ cosh B − sinh B
\
cosh Bk

\ cosh Bk cosh B − \ sinh Bk sinh B



cosh Bk
Or on a : cosh D − E cosh D cosh E − sinh D sinh E

cosh γ k −
donc:

\
cosh Bk

de la même manière, on trouve :

sinh γ k −
\
sinh Bk

th Bk
P ⇒ P P\
th γ k −

Nous avons trouvé aussi que :

sinh Bk \ sinh Bk sinh Bk


PQ ⇒ PQ P\ P\ ℎ Bk
\ \
cosh Bk I\ cosh Bk cosh Bk

P\ PQ ' ℎ Bk

Pour le cas des lignes sans pertes :

cos β k −
< cos β k
\
| sin β k −
|
| \ sin β k
tg Ek
; P P\
| tg β k −
| PQ
| P\
: > ~ Ek

Page 15

Vous aimerez peut-être aussi