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Chapitre IV Caractéristiques de base des antennes

IV-1. Introduction
L’antenne est un dispositif indispensable pour tout les systèmes de communications sans
fil permettant de rayonner (ou de capter) des ondes électromagnétiques (OEM). En effet,
l’antenne peut être utilisée en mode émission ou encore en mode réception.

Figure IV.1: Système sans fil comportant une antenne émettrice et une antenne réceptrice

Antenne en mode d’émission


Afin d’assurer la propagation des OEM dans l’espace libre, il est nécessaire qu’un
dispositif génère une onde rayonnée. Le rôle de l’antenne émettrice est de convertir la
puissance électromagnétique guidée, issue d’un générateur en une puissance rayonnée.

Antenne en mode de réception


La puissance rayonnée peut être captée par une antenne de réception. Dans ce sens,
l’antenne apparaît comme un capteur et un convertisseur de puissance rayonnée en
puissance électromagnétique guidée (signal électrique).

Réciprocité de l’antenne

Dans la plupart des cas, une antenne peut être utilisée en réception ou en émission avec les
mêmes propriétés rayonnantes. On l’appelle une antenne émettrice/ réceptrice et on dit que
son fonctionnement est réciproque. Dans quelques cas exceptionnels pour lesquels les
antennes comportent des matériaux non linéaires ou bien anisotropes, elles ne sont pas
réciproques.

IV-2. Caractéristiques de rayonnement

IV-2.1. Surface caractéristique

On considère une antenne émettrice alimentée avec une puissance donnée, on appelle
"surface caractéristique de rayonnement" la surface fermée obtenue en portant, à partir
d’un point pris comme origine, un vecteur dont la longueur est une fonction simple du
champ créé à une distance constante de l’antenne, dans la direction du vecteur. Cette
fonction simple peut être le champ lui même, le carré du champ ou le logarithme du
champ.

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Chapitre IV Caractéristiques de base des antennes

Figure IV.2: Surfaces caractéristiques de rayonnement : (a) Rayonnement isotrope, (b)


Rayonnement directif

IV-2.2. Digramme de rayonnement

Le diagramme de rayonnement est la représentation géométrique des champs


électromagnétiques existant en champ lointain dans les différentes directions de l’espace.
Le diagramme de rayonnement peut se faire en trois dimensions dont des diagrammes
polaires représentant plusieurs plans, ou en deux dimensions dont des diagrammes de
rayonnement représentés dans deux plans de coupe: horizontal (vu de dessus) et vertical
(vu de côté). Les diagrammes en 2 dimensions peuvent être représentés en coordonnées
cartésiennes ou en coordonnées polaires (voir l’exemple de la figure ci-dessous).

Figure IV.3: Diagrammes de rayonnement en 2D: (a) représentation cartésienne, (b)


représentation polaire

En général, un diagramme de rayonnement présente plusieurs lobes séparés par des


directions où le rayonnement est nul. On appelle ‘lobe principal’ le lobe contenant la
direction de rayonnement maximal. Les autres lobes sont des ‘lobes secondaires’ ou
encore mineurs. Un ‘lobe latéral’ est un lobe dans une direction autre que celle souhaitée
pour le rayonnement de l’antenne, donc tous les lobes latéraux sont secondaires et vice
versa.

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L’angle d’ouverture (θ-3dB ) qui est appelé aussi la largeur du faisceau (du lobe principal) à
moitié puissance représente l’angle entre deux directions où la densité de puissance est la
moitié de la valeur maximale.
On définit le niveau des lobes latéraux (SLL: side lobe level) comme suit:

(1)

En général, après une normalisation, on a . Ceci implique que:

(2)

IV-2.3. Densité surfacique de puissance

Considérons une onde électromagnétique produite par une antenne et traversant un élément
de surface en un point à l’espace distant de par rapport à l’antenne. Soit la
puissance électromagnétique traversant cet élément .
La densité surfacique de puissance , dite également densité de puissance par unité de
surface, au point est mathématiquement définie par la relation suivante:

(3)

IV-2.4. Puissance rayonnée

Une antenne sert à convertir une puissance électrique en une puissance rayonnée, c’est-à-
dire transportée par une onde électromagnétique, qui peut se propager dans toutes les
directions de l’espace. Les directions dans lesquelles cette puissance va dépendre des
caractéristiques de l’antenne.
En se basant sur la figure IV.4 pour exprimer la puissance rayonnée par une antenne
quelconque, dont le centre est placé au centre d’un repère sphérique et connectée à une
source qui lui fournit une puissance électrique .

Figure IV.4: Puissance rayonnée par une antenne dans une direction de l’espace

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La puissance rayonnée dans une direction quelconque dans un angle solide


(exprimé en stéradian sr) est donnée par:

(4)

La puissance fournie à une surface élémentaire située à une distance est donnée par:
(5)
La puissance rayonnée totale correspond à la somme des puissances rayonnées dans toutes
les directions de l’espace est exprimée par:

(6)

IV-2.5. Intensité de rayonnement

L’intensité de rayonnement est définie comme étant la puissance rayonnée par unité
d’angle solide , mathématiquement s’écrit comme suit:

(7)

Figure IV.5: Définition de l’angle solide et l’intensité de rayonnement

or on peut écrire: et

il vient alors:

(8)
Mais on sait que la densité de puissance est proportionnelle à , et alors on note
que l’intensité de rayonnement est indépendante de la distance . C’est une grandeur
caractéristique de l’antenne dans la direction , la distance considérée.
L’intensité de rayonnement d’une source isotrope est constante sur tout l’espace, sa valeur
est notée .
On note, que l’angle solide représente le quotient entre la superficie d'une surface sur une
sphère et le carré du rayon de la sphère. Et l’angle solide élémentaire d’une antenne est
exprimé par :

(9)

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IV-2.6. Directivité

La directivité dans la direction ( ) est le rapport entre la puissance rayonnée par unité
d’angle solide dans cette direction et la puissance qui serait rayonnée par une source
isotrope qui émet la même puissance totale.

(10)
La directivité est maximale dans la direction où il y a un maximum de rayonnement:

(11)

Figure IV.6: Illustration de la directivité: (a) rayonnement isotrope, (b) rayonnement


directionnel

IV-2.7. Rendement

Le rendement de l’antenne qui s’appelle aussi efficacité de rayonnement et qu’on note


considère le rapport de la puissance rayonnée à la puissance fournie par l’émetteur à
l’entrée de l’antenne .

(12)

On peut même exprimer le rendement en fonction des résistances (résistance de


rayonnement et résistance d’entrée).

(13)

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Avec et sont respectivement puissance de pertes et résistance de pertes.

IV-2.8. Gain

Le gain et la directivité, souvent confondus, expriment presque la même chose sauf que le
gain considère les pertes intrinsèques de l’antenne. Le gain est souvent donné pour une
direction donnée:

(14)

Pour une antenne sans perte, c’est-à-dire son rendement est 100%, le gain en puissance et
la directivité sont égaux.
Le gain est exprimé en décibel:

(15)

Avec représente la valeur maximale du gain qui est obtenue dans la direction du
maximum de rayonnement.

IV-2.9. PIRE

La P.I.R.E qui signifie Puissance Isotrope Rayonnée Equivalente, est une caractéristique
importante d’un émetteur. Elle correspond à la puissance émise par l’émetteur, augmentée
du gain d’antenne. Elle s’exprime ainsi:

(16)

Avec : est la puissance d’alimentation de l’antenne, et est le gain de l’antenne


émettrice.
On exprime la PIRE souvent en dBw ou dBm:

(17)

(18)

IV-3. Caractéristiques électriques


IV-3.1. Modèle électrique et comportement fréquentiel

Le comportement électrique d’une antenne passive (qui présente un comportement


linéaire) peut se résumer ainsi: une antenne stocke des charges (comportement capacitif),
s’oppose aux variations des courants qui y circulent (comportement inductif) et dissipe une
partie de l’énergie (pertes ohmiques et par rayonnement).
D’un point de vue électrique, une antenne passive peut donc être modélisée par un circuit
équivalent RLC série c.à.d. un circuit passif et déphaseur de courant, comme montre la
figure suivante:

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Figure IV.7: Modèle électrique d’une antenne passive

L’impédance d’entrée complexe vue à l’entrée de l’antenne est donnée par l’équation
suivante:

(19)

Avec : est la pulsation, : la réactance, et : la


résistance de rayonnement + la résistance de perte.
Il est à noter que ce modèle n’est valide que sur une bande de fréquence étroite. De plus,
vue de l’émetteur l’antenne est une impédance à laquelle l’émetteur doit transmettre le
maximum de puissance.
 Cette impédance est complexe, sur une bande de fréquence.
 Elle est purement réelle à la fréquence de résonance, où l’inductance et la capacité
sont égales en magnitude et leurs effets s’annulent.
 Elle doit être adaptée à la ligne provenant de l’émetteur pour éviter les ondes
stationnaires et recevoir le maximum de puissance.

IV-3.2. Adaptation et condition d’adaptation

Une antenne est reliée à la source par une ligne de transmission d’impédance
caractéristique . Pour assurer un transfert maximal de puissance entre l’alimentation et
l’antenne, il est nécessaire d’assurer une adaptation d’impédance. L’adaptation permet
d’annuler le coefficient de réflexion ou à l’entrée de l’antenne.

Figure IV.8: Antenne reliée à la source par une ligne de transmission

Le coefficient de réflexion est le rapport entre l’onde réfléchie en entrée de l’antenne et


l’onde incidente. Il dépend de l’impédance d’entrée de l’antenne et de l’impédance
caractéristique.

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(20)

(21)
A l’adaptation, il faut que: .
Dans les notes d’application d’antennes, l’adaptation de l’antenne est souvent caractérisée
par le rapport d’onde stationnaire (ROS) ou en anglais (VSWR : Voltage Standing Wave
Ratio) qui est exprimé comme suit:

(22)

Le ROS est le rapport entre l’amplitude maximale et l’amplitude minimale de l’onde


stationnaire, et il est lié au coefficient de réflexion.
Le ROS est souvent noté de la manière suivante : 1.9 : 1, qui signifie un ROS = 1.9, c’est-
à-dire que le rapport entre l’amplitude max de l’onde stationnaire est 1.9 fois plus grande
que l’amplitude min. Le coefficient de réflexion ( ) est alors de 0.31. La perte de
puissance par désadaptation sera alors de 10 % de la puissance incidente, soit une perte de
0.44 dB.

IV-3.3. Bande passante

Généralement, la bande passante d’une antenne représente la bande de fréquence pour


laquelle les performances radioélectriques de cette antenne restent conformes à une norme
imposée. Par exemple, l’impédance d’entrée dont la considération est fondamentale pour
les problèmes d’adaptation (transfert d’énergie). La bande passante est alors celle pour
laquelle la partie réelle de l’impédance d’entrée est supérieure ou égale à 0.707 fois sa
valeur maximale (Figure IV.9).

Figure IV.9: Bande passante d’une antenne

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D’une manière générale :


 La bande passante d’une antenne diminue si l’antenne devient petite par rapport à
la demi-onde : il n’existe pas d’antennes large bande et compactes. Du moins avec
des pertes raisonnables.
 La bande passante d’une antenne filaire augmente si le diamètre du conducteur
augmente.
Certaines antennes dites « multibandes » peuvent fonctionner correctement sur des
segments discontinus de bande de fréquences sans dispositif particulier. D’autres
nécessitent l’emploi d’un circuit adaptateur d’impédance pour fonctionner correctement.

IV-3.4. Polarisation d’une antenne

La polarisation d’une antenne caractérise la polarisation de l’onde électromagnétique


rayonnée par cette antenne en champ lointain. Elle est définie comme étant l’orientation du
vecteur champ électrique d’une onde électromagnétique. En général, la polarisation est
décrite par une ellipse. Les deux types de polarisation qui sont la polarisation linéaire et la
polarisation circulaire sont deux cas spéciaux de polarisation elliptique.
Afin d’assurer un transfert maximum de la puissance entre une antenne de transmission et
une antenne de réception, les deux antennes doivent avoir la même orientation spatiale, le
même sens de polarisation et le même rapport axial. Par contre, lorsque les antennes ne
sont pas alignées ou n’ont pas la même polarisation, il y aura une réduction de transfert de
puissance entre elles. Cette réduction de transfert de puissance réduira l’efficacité globale
du système.
Lorsque les antennes de transmission et de réception sont toutes deux linéairement
polarisées, une déviation de l’alignement physique de l’antenne entraînera une perte par
déséquilibre de polarisation, ce qui peut être calculé en utilisant la formule suivante:

(23)

Où est la différence dans l’angle d’alignement entre les deux antennes.

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