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Durant leur alliance avec les Barberousse (avant 1518), les Belkadi régnaient sur

les terres allant du Djurdjura à Sétif et Constantine. Depuis la rupture avec les
Barberousse en 1518, l'essor d'un royaume berbère concurrent sur la rive orientale
de la Soummam, celui des Beni Abbes et l'influence croissante des Turcs de la
régence d'Alger dans l'est (prise de Jijel, Collo, Constantine...) va réduire leur
domaine à un territoire correspondant globalement à la Grande Kabylie qu'il
conservera au cours des siècles suivants9.

Durant tout le XVIe siècle, les Aït El Cadi jouèrent un rôle politique régional
important en s'alliant avec les Espagnols contre les Turcs ou avec les Turcs contre
les Espagnols, selon les opportunités politiques et les enjeux du moment. En 1520,
le sultan de Tunis, qui avait des inquiétudes sur la montée en puissance de
Barberousse, ayant prêté hommage à Constantinople, marche sur Alger. Barberousse
est trahi par les troupes kabyles de Koukou et forcé de s'enfuir. Les troupes de
Koukou qui occupent Alger s'y font haïr à cause de leur tyrannie, ce qui facilite
la tâche à Kheireddine pour récupérer ces territoires12.

Koukou fut alors considérée comme une puissance des

Bibliographie
Liens externes

Royaume de Koukou

Article
Discussion

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Page d’aide sur l’homonymie

Pour les articles homonymes, voir Koukou (homonymie).


Royaume de Koukou
ka (ber) Tagelda n Kuku / ⵜⴰⴳⵍⴷⴰ ⵏ ⴽⵓⴽⵓ
(ar) ‫مملكة جرجرة‬

c. 1515 – 1730
Drapeau
Description de cette image, également commentée ci-après
Carte de la régence d'Alger, du Royaume des Beni Abbès et du Royaume de Koukou au
XVIIIe siècle, avec la route Alger-Constantine.
Informations générales Statut Sultanat reposant sur une société tribale
Capitale Koukou
Langue(s) Kabyle, Arabe
Religion Islam
Histoire et événements 1509 à 1518 Établissement du pouvoir des Belkadi
1518 Implantation définitive de la capitale à Koukou et rupture avec la régence
d'Alger.
1520 à 1527 Prise d'Alger
1618 Affaiblissement de l'autorité des sultan (nommés dès lors Iboukhtouchen) sur
les grandes confédérations tribales.
XVIIIe siècle Effondrement de l'autorité des Iboukhtouchen sur les tribus du
Haut Sébaou.
Sultan 1510–1527 Sidi Ahmed ou el Kadhi
1546-1618 Si Amar At-Lqadhi
1618-1696 Si Ahmed Atounsi Boukhtouche
1696-1730 Si Ali Boukhetouche

Entités précédentes :

Hafsides

Entités suivantes :

Confédération des Zouaouas


Régence d'Alger
• Caïdat de Boghni
• Caïdat du Sebaou

modifier Consultez la documentation du modèle

Le royaume de Koukou est un royaume berbère de l'époque moderne qui régna sur une
grande partie de la grande Kabylie, fondé par Sidi Ahmed ou el Kadhi vers 1515,
descendant d'une illustre lignée de lettrés et savants religieux1,2. À son apogée,
l'autorité du royaume s'étend des montagnes de l'Atlas à Alger. De 1520 à 1527, le
royaume de Koukou contrôle Alger et exerce une influence sur une bonne partie du
nord de l'Algérie : il reçoit l'allégeance de Cherchell et de Bone, maintient
l'alliance avec les Zianides à la faveur de sa victoire contre Kheirredine
Barberousse à la bataille des Issers. Cette période a marqué la toponymie d'Alger
où une montagne s'appelle Djebel Koukou3. Kheirredine Barberousse reprend
progressivement le terrain perdu et le royaume de Koukou se restreint alors à un
domaine montagneux correspondant à l'actuelle Grande Kabylie.

Sa capitale est Koukou, qui s'établit sur un promontoire, avec environ 15 000
habitants. Koukou était l'un des deux grands royaumes kabyles, l'autre étant le
royaume concurrent des Aït Abbas. À son apogée, le royaume de Koukou entretient
même des rapports cordiaux avec l'Espagne et intrigue lors de l'expédition manquée
de Charles Quint contre Alger en 1541.

Le royaume de Koukou, siège de la confédération tribale des zouaouas, prend part à


des expéditions de la régence d'Alger — contre la Kalaa (1559), à Oran (1562),
Malte (1565), Tunis (1569) ou Fez (1576) — et fourni également des mercenaires dont
les services sont recherchés à Alger, mais également à l'étranger, à Tunis ou par
les Saadiens au Maroc comme lors de la Bataille des Trois Rois (1578).

L'histoire du royaume de Koukou s'inscrit dans le mouvement de dissidence politique


de certaines régions d'Algérie (royaume des Aït Abbas en Kabylie, Sultanat de
Touggourt et diverses confédérations du Sahara et des Hauts Plateaux) durant la
période de la régence d'Alger, et vis-à-vis de cette dernière.

L'affaiblissement du contrôle des Aït el Kadhi sur les tribus locales, dont la
confédération des Zouaouas.
Historiographie
La désignation comme « royaume »

Le terme de « royaume » n'est pas strictement adéquat, mais se rencontre dans des
textes français sur la Kabylie. Par exemple, Lucien Leclerc :

« À l'époque des Barberousse, nous voyons apparaître en Kabilie [sic] un petit état
connu dans l'histoire sous le nom de royaume de Koukou »4.

Louis Rinn écrit en 1891 dans une note de son ouvrage sur l'insurrection de 18715 :

« Le royaume de Koukou fut fondé en 1510 par Ahmed-ben-el-Qadi, qui était juge à la
cour des derniers rois de Bougie. Lors de la prise de cette ville, le 6 janvier
1509, il s’était réfugié chez les Qbaïls [= Kabyles] des Aït-Ghoubri ; il était
devenu le chef d’une confédération puissante ».
Longévité

Louis Rinn estime que cet État décline à partir du début du XVIIe siècle :

« À partir de 1618, la famille se divisa, son influence déclina, le nom même


d’Ouled-el-Qadi, porté par les chefs de Koukou, cessa d’être employé et il fut
remplacé par celui d’Ouled-Boukhetouch. Aujourd’hui la famille a été absorbée par
l’élément berbère et n’a plus qu’une influence insignifiante dans le haut Sébaou.
Koukou est une taddert [= village] de 600 habitants répartis en six hameaux ; il
fait partie de la fraction des Imessouhal des Aït-Yahia, aux sources du Sébaou »

Camille Lacoste-Dujardin estime que le royaume de Koukou a duré pendant deux


siècles6.
Contextes culturel et historique
Koukou, capitale du royaume du même nom.

Étant donné que le sujet concerne la Kabylie, les noms ont parfois deux versions,
berbère et arabe. C'est ainsi que « Ahmed ou el Kadhi » est une forme en partie
berbère, la forme arabe étant « Ahmed ibn el Qadi » ou « Ahmed ben El Qadi »,
prononcée« Ahmed Belkadi ». On a aussi le couple Aït Abbas/Beni Abbes, etc. (à quoi
s'ajoute le problème des transcriptions de l'arabe en français).

Sur le plan historique, le royaume de Koukou fait partie de l'histoire de la partie


est du Maghreb (Tunisie, Constantinois, Algérois) avec, au XVIe siècle, la
disparition des dynasties hafsides et la mise en place de la régence d'Alger, puis
de la régence de Tunis, toutes deux sous la tutelle de l'Empire ottoman ; un
phénomène secondaire mais non négligeable est constitué par l'expansion espagnole
sur le littoral algérien (Oran, Béjaïa, etc.).
Histoire
La fin de l'époque hafside et la fondation
Ancienne carte des royaumes de Koukou et de Beni Abbès
Carte du royaume de Koukou et du royaume des Beni Abbes selon une carte espagnole
du XVIe siècle, conservée aux archives de Simancas.

Deux hypothèses sont en concurrence pour expliquer la fondation du royaume de


Koukou.

L'une voudrait qu'il ait été fondé avant la prise de Béjaïa par les Espagnols en
1510 ; dans un contexte d'affaiblissement du pouvoir hafside. Cette hypothèse est
peu soutenue du fait qu'il est peu probable que les Hafsides tolèrent la
constitution de cette principauté avant la prise de Béjaïa7.

L'autre l'attribue aux Belkadi, des imrabden (un lignage maraboutique), une famille
de lettrés au service du sultan de Béjaïa (dissident des Hafsides de Tunis) et
originaires du village d'Achallam des Aït Ghoubri (Grande Kabylie). Ils seraient
d'ailleurs les descendants d'un illustre grand cadi de Béjaïa du XIIIe siècle, Abu
Abbas El Ghoubrini. Au service des Hafsides il est donc complexe d'imaginer qu'ils
auraient pu constituer leur principauté avant la chute de Béjaïa7.
Flissa est un sabre traditionnel originaire du savoir faire de la tribu kabyle des
Iflissen lebhar, au British Museum.
Lors de la chute de Béjaïa (1510) et lors de la reprise de Jijel par les
Barberousse en 1514, les Hafsides (morcelés entre un sultan à Tunis et un autre à
Constantine) confient à Ahmed Belkadi la charge de défendre la partie occidentale
de leurs États avec le titre de khalifa et non d'émir car il n'est pas un Hafside.
Si ce titre de khalifa est incertain (la tradition locale affirme qu'il aurait
occupé les fonctions de gouverneur de Annaba à l'époque hafside), ces
responsabilités au niveau de la partie occidentale des possessions hafsides après
la prise de Béjaïa lui donnent son rôle politique de premier plan. En réalité,
Ahmed Belkadi est un chef qui coalise les forces locales dans une « guerre sainte »
face aux Espagnols qui ont pris Béjaïa7. Les Barberousse qui sont devenus
souverains à Alger et possèdent la ville de Jijel, comptent s'implanter au Maghreb
central. Arudj Barberousse est lié d'une profonde amitié avec Ahmed Belkadi avec
lequel il mène les campagnes contre les places tenues par les Espagnols : Belkadi
et ses contingents kabyles attaquent par la terre et Arudj Barberousse par la mer.
En 1512, l'émir local de Bougie, en exil, fait appel au corsaire pour le
débarrasser des Espagnols, il promet à Arudj, en cas de succès, non seulement de le
rémunérer, mais de le faire seigneur de Béjaïa, dont le port lui assurerait
sécurité toute l'année. Cependant, le siège de Béjaïa est un échec, Arudj perd de
plus son bras gauche8.

Arudj va se réserver comme territoire propre les environs d'Alger et définir deux
territoires, un à l'est et l'autre à l'ouest. Il laisse celui de l'est comme fief
héréditaire à Belkadi et part en campagne à Tlemcen contre le sultan Zianide allié
aux Espagnols. Pour les Barberousse cette campagne est un désastre et se solde par
la mort d'Arudj. Belkdadi va rompre son alliance avec les Barberousse et implanter
sa capitale en plein pays zouaoua (à Aourir puis à Koukou) et s'attirer les
représailles de Kheireddine, frère et successeur d'Arudj Barberousse9. Les Belkdadi
ont pour principal soutien la tribu des Aït Ghoubri dont ils sont originaires ; ils
sont dès lors désignés, notamment dans l'historiographie espagnole, comme rois de
Koukou (reyes de Couco) et des Zououas (los Azuagos)9.

D'après Hugh Roberts, il faut voir le royaume de Koukou comme une subsistance de
l'ancien ordre hafside qui s'est employé à défendre ses positions dans la région.
Confronté à l'effondrement de ces derniers, puis à une politique plus agressive de
la régence d'Alger il se rapprochera ensuite des Espagnols pour conclure une
alliance10.
Entrée en conflit avec la régence d'Alger
Les conflits entre royaumes de Koukou, de Beni Abbès et la régence d'Alger du XVIe
siècle au XVIIIe siècle.

En 1519, Kheireddine, à la tête de la régence d'Alger, entre en campagne contre les


Belkadi. Le sultan hafside de Tunis fait parvenir des troupes de renfort aux
Belkadi et inflige une très lourde défaite à Kheïreddine sur l'oued Isser dans le
territoire des Aïth Aïcha. Kherreddine, privé des appuis intérieurs (tribus
kabyles, revers en 1518 à Tlemcen) et sous pression espagnole, décide de demander
l'appui du sultan Sélim Ier. Il se joue donc une rivalité entre Kheïreddine, sa
régence d'Alger avec l'appui des Ottomans, et Belkadi, appuyé par les Hafsides de
Tunis. Dans les années qui suivent, Belkadi va s'emparer d'Alger (1520) et dans les
faits être à la foi roi de Koukou et d'Alger de 1520 à 1525/152711.
Carte de la régence d'Alger, du Royaume des Beni Abbès et du Royaume de Koukou au
XVIIIe siècle, avec la route Alger-Constantine.

Durant leur alliance avec les Barberousse (avant 1518), les Belkadi régnaient sur
les terres allant du Djurdjura à Sétif et Constantine. Depuis la rupture avec les
Barberousse en 1518, l'essor d'un royaume berbère concurrent sur la rive orientale
de la Soummam, celui des Beni Abbes et l'influence croissante des Turcs de la
régence d'Alger dans l'est (prise de Jijel, Collo, Constantine...) va réduire leur
domaine à un territoire correspondant globalement à la Grande Kabylie qu'il
conservera au cours des siècles suivants9.
Durant tout le XVIe siècle, les Aït El Cadi jouèrent un rôle politique régional
important en s'alliant avec les Espagnols contre les Turcs ou avec les Turcs contre
les Espagnols, selon les opportunités politiques et les enjeux du moment. En 1520,
le sultan de Tunis, qui avait des inquiétudes sur la montée en puissance de
Barberousse, ayant prêté hommage à Constantinople, marche sur Alger. Barberousse
est trahi par les troupes kabyles de Koukou et forcé de s'enfuir. Les troupes de
Koukou qui occupent Alger s'y font haïr à cause de leur tyrannie, ce qui facilite
la tâche à Kheireddine pour récupérer ces territoires12.

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Royaume de Koukou
ka (ber) Tagelda n Kuku / ⵜⴰⴳⵍⴷⴰ ⵏ ⴽⵓⴽⵓ
(ar) ‫مملكة جرجرة‬

c. 1515 – 1730
Drapeau
Description de cette image, également commentée ci-après
Carte de la régence d'Alger, du Royaume des Beni Abbès et du Royaume de Koukou au
XVIIIe siècle, avec la route Alger-Constantine.
Informations générales Statut Sultanat reposant sur une société tribale
Capitale Koukou
Langue(s) Kabyle, Arabe
Religion Islam
Histoire et événements 1509 à 1518 Établissement du pouvoir des Belkadi
1518 Implantation définitive de la capitale à Koukou et rupture avec la régence
d'Alger.
1520 à 1527 Prise d'Alger
1618 Affaiblissement de l'autorité des sultan (nommés dès lors Iboukhtouchen) sur
les grandes confédérations tribales.
XVIIIe siècle Effondrement de l'autorité des Iboukhtouchen sur les tribus du
Haut Sébaou.
Sultan 1510–1527 Sidi Ahmed ou el Kadhi
1546-1618 Si Amar At-Lqadhi
1618-1696 Si Ahmed Atounsi Boukhtouche
1696-1730 Si Ali Boukhetouche

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Confédération des Zouaouas


Régence d'Alger
• Caïdat de Boghni
• Caïdat du Sebaou

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Le royaume de Koukou est un royaume berbère de l'époque moderne qui régna sur une
grande partie de la grande Kabylie, fondé par Sidi Ahmed ou el Kadhi vers 1515,
descendant d'une illustre lignée de lettrés et savants religieux1,2. À son apogée,
l'autorité du royaume s'étend des montagnes de l'Atlas à Alger. De 1520 à 1527, le
royaume de Koukou contrôle Alger et exerce une influence sur une bonne partie du
nord de l'Algérie : il reçoit l'allégeance de Cherchell et de Bone, maintient
l'alliance avec les Zianides à la faveur de sa victoire contre Kheirredine
Barberousse à la bataille des Issers. Cette période a marqué la toponymie d'Alger
où une montagne s'appelle Djebel Koukou3. Kheirredine Barberousse reprend
progressivement le terrain perdu et le royaume de Koukou se restreint alors à un
domaine montagneux correspondant à l'actuelle Grande Kabylie.

Sa capitale est Koukou, qui s'établit sur un promontoire, avec environ 15 000
habitants. Koukou était l'un des deux grands royaumes kabyles, l'autre étant le
royaume concurrent des Aït Abbas. À son apogée, le royaume de Koukou entretient
même des rapports cordiaux avec l'Espagne et intrigue lors de l'expédition manquée
de Charles Quint contre Alger en 1541.

Le royaume de Koukou, siège de la confédération tribale des zouaouas, prend part à


des expéditions de la régence d'Alger — contre la Kalaa (1559), à Oran (1562),
Malte (1565), Tunis (1569) ou Fez (1576) — et fourni également des mercenaires dont
les services sont recherchés à Alger, mais également à l'étranger, à Tunis ou par
les Saadiens au Maroc comme lors de la Bataille des Trois Rois (1578).

L'histoire du royaume de Koukou s'inscrit dans le mouvement de dissidence politique


de certaines régions d'Algérie (royaume des Aït Abbas en Kabylie, Sultanat de
Touggourt et diverses confédérations du Sahara et des Hauts Plateaux) durant la
période de la régence d'Alger, et vis-à-vis de cette dernière.

L'affaiblissement du contrôle des Aït el Kadhi sur les tribus locales, dont la
confédération des Zouaouas.
Historiographie
La désignation comme « royaume »

Le terme de « royaume » n'est pas strictement adéquat, mais se rencontre dans des
textes français sur la Kabylie. Par exemple, Lucien Leclerc :

« À l'époque des Barberousse, nous voyons apparaître en Kabilie [sic] un petit état
connu dans l'histoire sous le nom de royaume de Koukou »4.

Louis Rinn écrit en 1891 dans une note de son ouvrage sur l'insurrection de 18715 :

« Le royaume de Koukou fut fondé en 1510 par Ahmed-ben-el-Qadi, qui était juge à la
cour des derniers rois de Bougie. Lors de la prise de cette ville, le 6 janvier
1509, il s’était réfugié chez les Qbaïls [= Kabyles] des Aït-Ghoubri ; il était
devenu le chef d’une confédération puissante ».
Longévité
Louis Rinn estime que cet État décline à partir du début du XVIIe siècle :

« À partir de 1618, la famille se divisa, son influence déclina, le nom même


d’Ouled-el-Qadi, porté par les chefs de Koukou, cessa d’être employé et il fut
remplacé par celui d’Ouled-Boukhetouch. Aujourd’hui la famille a été absorbée par
l’élément berbère et n’a plus qu’une influence insignifiante dans le haut Sébaou.
Koukou est une taddert [= village] de 600 habitants répartis en six hameaux ; il
fait partie de la fraction des Imessouhal des Aït-Yahia, aux sources du Sébaou »

Camille Lacoste-Dujardin estime que le royaume de Koukou a duré pendant deux


siècles6.
Contextes culturel et historique
Koukou, capitale du royaume du même nom.

Étant donné que le sujet concerne la Kabylie, les noms ont parfois deux versions,
berbère et arabe. C'est ainsi que « Ahmed ou el Kadhi » est une forme en partie
berbère, la forme arabe étant « Ahmed ibn el Qadi » ou « Ahmed ben El Qadi »,
prononcée« Ahmed Belkadi ». On a aussi le couple Aït Abbas/Beni Abbes, etc. (à quoi
s'ajoute le problème des transcriptions de l'arabe en français).

Sur le plan historique, le royaume de Koukou fait partie de l'histoire de la partie


est du Maghreb (Tunisie, Constantinois, Algérois) avec, au XVIe siècle, la
disparition des dynasties hafsides et la mise en place de la régence d'Alger, puis
de la régence de Tunis, toutes deux sous la tutelle de l'Empire ottoman ; un
phénomène secondaire mais non négligeable est constitué par l'expansion espagnole
sur le littoral algérien (Oran, Béjaïa, etc.).
Histoire
La fin de l'époque hafside et la fondation
Ancienne carte des royaumes de Koukou et de Beni Abbès
Carte du royaume de Koukou et du royaume des Beni Abbes selon une carte espagnole
du XVIe siècle, conservée aux archives de Simancas.

Deux hypothèses sont en concurrence pour expliquer la fondation du royaume de


Koukou.

L'une voudrait qu'il ait été fondé avant la prise de Béjaïa par les Espagnols en
1510 ; dans un contexte d'affaiblissement du pouvoir hafside. Cette hypothèse est
peu soutenue du fait qu'il est peu probable que les Hafsides tolèrent la
constitution de cette principauté avant la prise de Béjaïa7.

L'autre l'attribue aux Belkadi, des imrabden (un lignage maraboutique), une famille
de lettrés au service du sultan de Béjaïa (dissident des Hafsides de Tunis) et
originaires du village d'Achallam des Aït Ghoubri (Grande Kabylie). Ils seraient
d'ailleurs les descendants d'un illustre grand cadi de Béjaïa du XIIIe siècle, Abu
Abbas El Ghoubrini. Au service des Hafsides il est donc complexe d'imaginer qu'ils
auraient pu constituer leur principauté avant la chute de Béjaïa7.
Flissa est un sabre traditionnel originaire du savoir faire de la tribu kabyle des
Iflissen lebhar, au British Museum.

Lors de la chute de Béjaïa (1510) et lors de la reprise de Jijel par les


Barberousse en 1514, les Hafsides (morcelés entre un sultan à Tunis et un autre à
Constantine) confient à Ahmed Belkadi la charge de défendre la partie occidentale
de leurs États avec le titre de khalifa et non d'émir car il n'est pas un Hafside.
Si ce titre de khalifa est incertain (la tradition locale affirme qu'il aurait
occupé les fonctions de gouverneur de Annaba à l'époque hafside), ces
responsabilités au niveau de la partie occidentale des possessions hafsides après
la prise de Béjaïa lui donnent son rôle politique de premier plan. En réalité,
Ahmed Belkadi est un chef qui coalise les forces locales dans une « guerre sainte »
face aux Espagnols qui ont pris Béjaïa7. Les Barberousse qui sont devenus
souverains à Alger et possèdent la ville de Jijel, comptent s'implanter au Maghreb
central. Arudj Barberousse est lié d'une profonde amitié avec Ahmed Belkadi avec
lequel il mène les campagnes contre les places tenues par les Espagnols : Belkadi
et ses contingents kabyles attaquent par la terre et Arudj Barberousse par la mer.
En 1512, l'émir local de Bougie, en exil, fait appel au corsaire pour le
débarrasser des Espagnols, il promet à Arudj, en cas de succès, non seulement de le
rémunérer, mais de le faire seigneur de Béjaïa, dont le port lui assurerait
sécurité toute l'année. Cependant, le siège de Béjaïa est un échec, Arudj perd de
plus son bras gauche8.

Arudj va se réserver comme territoire propre les environs d'Alger et définir deux
territoires, un à l'est et l'autre à l'ouest. Il laisse celui de l'est comme fief
héréditaire à Belkadi et part en campagne à Tlemcen contre le sultan Zianide allié
aux Espagnols. Pour les Barberousse cette campagne est un désastre et se solde par
la mort d'Arudj. Belkdadi va rompre son alliance avec les Barberousse et implanter
sa capitale en plein pays zouaoua (à Aourir puis à Koukou) et s'attirer les
représailles de Kheireddine, frère et successeur d'Arudj Barberousse9. Les Belkdadi
ont pour principal soutien la tribu des Aït Ghoubri dont ils sont originaires ; ils
sont dès lors désignés, notamment dans l'historiographie espagnole, comme rois de
Koukou (reyes de Couco) et des Zououas (los Azuagos)9.

D'après Hugh Roberts, il faut voir le royaume de Koukou comme une subsistance de
l'ancien ordre hafside qui s'est employé à défendre ses positions dans la région.
Confronté à l'effondrement de ces derniers, puis à une politique plus agressive de
la régence d'Alger il se rapprochera ensuite des Espagnols pour conclure une
alliance10.
Entrée en conflit avec la régence d'Alger
Les conflits entre royaumes de Koukou, de Beni Abbès et la régence d'Alger du XVIe
siècle au XVIIIe siècle.

En 1519, Kheireddine, à la tête de la régence d'Alger, entre en campagne contre les


Belkadi. Le sultan hafside de Tunis fait parvenir des troupes de renfort aux
Belkadi et inflige une très lourde défaite à Kheïreddine sur l'oued Isser dans le
territoire des Aïth Aïcha. Kherreddine, privé des appuis intérieurs (tribus
kabyles, revers en 1518 à Tlemcen) et sous pression espagnole, décide de demander
l'appui du sultan Sélim Ier. Il se joue donc une rivalité entre Kheïreddine, sa
régence d'Alger avec l'appui des Ottomans, et Belkadi, appuyé par les Hafsides de
Tunis. Dans les années qui suivent, Belkadi va s'emparer d'Alger (1520) et dans les
faits être à la foi roi de Koukou et d'Alger de 1520 à 1525/152711.
Carte de la régence d'Alger, du Royaume des Beni Abbès et du Royaume de Koukou au
XVIIIe siècle, avec la route Alger-Constantine.

Durant leur alliance avec les Barberousse (avant 1518), les Belkadi régnaient sur
les terres allant du Djurdjura à Sétif et Constantine. Depuis la rupture avec les
Barberousse en 1518, l'essor d'un royaume berbère concurrent sur la rive orientale
de la Soummam, celui des Beni Abbes et l'influence croissante des Turcs de la
régence d'Alger dans l'est (prise de Jijel, Collo, Constantine...) va réduire leur
domaine à un territoire correspondant globalement à la Grande Kabylie qu'il
conservera au cours des siècles suivants9.

Durant tout le XVIe siècle, les Aït El Cadi jouèrent un rôle politique régional
important en s'alliant avec les Espagnols contre les Turcs ou avec les Turcs contre
les Espagnols, selon les opportunités politiques et les enjeux du moment. En 1520,
le sultan de Tunis, qui avait des inquiétudes sur la montée en puissance de
Barberousse, ayant prêté hommage à Constantinople, marche sur Alger. Barberousse
est trahi par les troupes kabyles de Koukou et forcé de s'enfuir. Les troupes de
Koukou qui occupent Alger s'y font haïr à cause de leur tyrannie, ce qui facilite
la tâche à Kheireddine pour récupérer ces territoires12.
Koukou fut alors considérée comme une puissance des plus redoutables de la
Méditerranée13. Sidi Ahmed ou El Kadi est prisonnier à la suite d'une bataille et
tué par les troupes du Royaume des Beni Abbès — ses frères ennemis — et sa tête fut
promenée à Alger. Privées de leur chef, les troupes kabyles se dispersent. Les
Turcs, accueillis en libérateurs, redeviennent les maîtres d’Alger.

« Comme chef tributaire indépendant, le plus puissant é

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Royaume de Koukou
ka (ber) Tagelda n Kuku / ⵜⴰⴳⵍⴷⴰ ⵏ ⴽⵓⴽⵓ
(ar) ‫مملكة جرجرة‬

c. 1515 – 1730
Drapeau
Description de cette image, également commentée ci-après
Carte de la régence d'Alger, du Royaume des Beni Abbès et du Royaume de Koukou au
XVIIIe siècle, avec la route Alger-Constantine.
Informations générales Statut Sultanat reposant sur une société tribale
Capitale Koukou
Langue(s) Kabyle, Arabe
Religion Islam
Histoire et événements 1509 à 1518 Établissement du pouvoir des Belkadi
1518 Implantation définitive de la capitale à Koukou et rupture avec la régence
d'Alger.
1520 à 1527 Prise d'Alger
1618 Affaiblissement de l'autorité des sultan (nommés dès lors Iboukhtouchen) sur
les grandes confédérations tribales.
XVIIIe siècle Effondrement de l'autorité des Iboukhtouchen sur les tribus du
Haut Sébaou.
Sultan 1510–1527 Sidi Ahmed ou el Kadhi
1546-1618 Si Amar At-Lqadhi
1618-1696 Si Ahmed Atounsi Boukhtouche
1696-1730 Si Ali Boukhetouche

Entités précédentes :

Hafsides

Entités suivantes :
Confédération des Zouaouas
Régence d'Alger
• Caïdat de Boghni
• Caïdat du Sebaou

modifier Consultez la documentation du modèle

Le royaume de Koukou est un royaume berbère de l'époque moderne qui régna sur une
grande partie de la grande Kabylie, fondé par Sidi Ahmed ou el Kadhi vers 1515,
descendant d'une illustre lignée de lettrés et savants religieux1,2. À son apogée,
l'autorité du royaume s'étend des montagnes de l'Atlas à Alger. De 1520 à 1527, le
royaume de Koukou contrôle Alger et exerce une influence sur une bonne partie du
nord de l'Algérie : il reçoit l'allégeance de Cherchell et de Bone, maintient
l'alliance avec les Zianides à la faveur de sa victoire contre Kheirredine
Barberousse à la bataille des Issers. Cette période a marqué la toponymie d'Alger
où une montagne s'appelle Djebel Koukou3. Kheirredine Barberousse reprend
progressivement le terrain perdu et le royaume de Koukou se restreint alors à un
domaine montagneux correspondant à l'actuelle Grande Kabylie.

Sa capitale est Koukou, qui s'établit sur un promontoire, avec environ 15 000
habitants. Koukou était l'un des deux grands royaumes kabyles, l'autre étant le
royaume concurrent des Aït Abbas. À son apogée, le royaume de Koukou entretient
même des rapports cordiaux avec l'Espagne et intrigue lors de l'expédition manquée
de Charles Quint contre Alger en 1541.

Le royaume de Koukou, siège de la confédération tribale des zouaouas, prend part à


des expéditions de la régence d'Alger — contre la Kalaa (1559), à Oran (1562),
Malte (1565), Tunis (1569) ou Fez (1576) — et fourni également des mercenaires dont
les services sont recherchés à Alger, mais également à l'étranger, à Tunis ou par
les Saadiens au Maroc comme lors de la Bataille des Trois Rois (1578).

L'histoire du royaume de Koukou s'inscrit dans le mouvement de dissidence politique


de certaines régions d'Algérie (royaume des Aït Abbas en Kabylie, Sultanat de
Touggourt et diverses confédérations du Sahara et des Hauts Plateaux) durant la
période de la régence d'Alger, et vis-à-vis de cette dernière.

L'affaiblissement du contrôle des Aït el Kadhi sur les tribus locales, dont la
confédération des Zouaouas.
Historiographie
La désignation comme « royaume »

Le terme de « royaume » n'est pas strictement adéquat, mais se rencontre dans des
textes français sur la Kabylie. Par exemple, Lucien Leclerc :

« À l'époque des Barberousse, nous voyons apparaître en Kabilie [sic] un petit état
connu dans l'histoire sous le nom de royaume de Koukou »4.

Louis Rinn écrit en 1891 dans une note de son ouvrage sur l'insurrection de 18715 :

« Le royaume de Koukou fut fondé en 1510 par Ahmed-ben-el-Qadi, qui était juge à la
cour des derniers rois de Bougie. Lors de la prise de cette ville, le 6 janvier
1509, il s’était réfugié chez les Qbaïls [= Kabyles] des Aït-Ghoubri ; il était
devenu le chef d’une confédération puissante ».
Longévité

Louis Rinn estime que cet État décline à partir du début du XVIIe siècle :

« À partir de 1618, la famille se divisa, son influence déclina, le nom même


d’Ouled-el-Qadi, porté par les chefs de Koukou, cessa d’être employé et il fut
remplacé par celui d’Ouled-Boukhetouch. Aujourd’hui la famille a été absorbée par
l’élément berbère et n’a plus qu’une influence insignifiante dans le haut Sébaou.
Koukou est une taddert [= village] de 600 habitants répartis en six hameaux ; il
fait partie de la fraction des Imessouhal des Aït-Yahia, aux sources du Sébaou »

Camille Lacoste-Dujardin estime que le royaume de Koukou a duré pendant deux


siècles6.
Contextes culturel et historique
Koukou, capitale du royaume du même nom.

Étant donné que le sujet concerne la Kabylie, les noms ont parfois deux versions,
berbère et arabe. C'est ainsi que « Ahmed ou el Kadhi » est une forme en partie
berbère, la forme arabe étant « Ahmed ibn el Qadi » ou « Ahmed ben El Qadi »,
prononcée« Ahmed Belkadi ». On a aussi le couple Aït Abbas/Beni Abbes, etc. (à quoi
s'ajoute le problème des transcriptions de l'arabe en français).

Sur le plan historique, le royaume de Koukou fait partie de l'histoire de la partie


est du Maghreb (Tunisie, Constantinois, Algérois) avec, au XVIe siècle, la
disparition des dynasties hafsides et la mise en place de la régence d'Alger, puis
de la régence de Tunis, toutes deux sous la tutelle de l'Empire ottoman ; un
phénomène secondaire mais non négligeable est constitué par l'expansion espagnole
sur le littoral algérien (Oran, Béjaïa, etc.).
Histoire
La fin de l'époque hafside et la fondation
Ancienne carte des royaumes de Koukou et de Beni Abbès
Carte du royaume de Koukou et du royaume des Beni Abbes selon une carte espagnole
du XVIe siècle, conservée aux archives de Simancas.

Deux hypothèses sont en concurrence pour expliquer la fondation du royaume de


Koukou.

L'une voudrait qu'il ait été fondé avant la prise de Béjaïa par les Espagnols en
1510 ; dans un contexte d'affaiblissement du pouvoir hafside. Cette hypothèse est
peu soutenue du fait qu'il est peu probable que les Hafsides tolèrent la
constitution de cette principauté avant la prise de Béjaïa7.

L'autre l'attribue aux Belkadi, des imrabden (un lignage maraboutique), une famille
de lettrés au service du sultan de Béjaïa (dissident des Hafsides de Tunis) et
originaires du village d'Achallam des Aït Ghoubri (Grande Kabylie). Ils seraient
d'ailleurs les descendants d'un illustre grand cadi de Béjaïa du XIIIe siècle, Abu
Abbas El Ghoubrini. Au service des Hafsides il est donc complexe d'imaginer qu'ils
auraient pu constituer leur principauté avant la chute de Béjaïa7.
Flissa est un sabre traditionnel originaire du savoir faire de la tribu kabyle des
Iflissen lebhar, au British Museum.

Lors de la chute de Béjaïa (1510) et lors de la reprise de Jijel par les


Barberousse en 1514, les Hafsides (morcelés entre un sultan à Tunis et un autre à
Constantine) confient à Ahmed Belkadi la charge de défendre la partie occidentale
de leurs États avec le titre de khalifa et non d'émir car il n'est pas un Hafside.
Si ce titre de khalifa est incertain (la tradition locale affirme qu'il aurait
occupé les fonctions de gouverneur de Annaba à l'époque hafside), ces
responsabilités au niveau de la partie occidentale des possessions hafsides après
la prise de Béjaïa lui donnent son rôle politique de premier plan. En réalité,
Ahmed Belkadi est un chef qui coalise les forces locales dans une « guerre sainte »
face aux Espagnols qui ont pris Béjaïa7. Les Barberousse qui sont devenus
souverains à Alger et possèdent la ville de Jijel, comptent s'implanter au Maghreb
central. Arudj Barberousse est lié d'une profonde amitié avec Ahmed Belkadi avec
lequel il mène les campagnes contre les places tenues par les Espagnols : Belkadi
et ses contingents kabyles attaquent par la terre et Arudj Barberousse par la mer.
En 1512, l'émir local de Bougie, en exil, fait appel au corsaire pour le
débarrasser des Espagnols, il promet à Arudj, en cas de succès, non seulement de le
rémunérer, mais de le faire seigneur de Béjaïa, dont le port lui assurerait
sécurité toute l'année. Cependant, le siège de Béjaïa est un échec, Arudj perd de
plus son bras gauche8.

Arudj va se réserver comme territoire propre les environs d'Alger et définir deux
territoires, un à l'est et l'autre à l'ouest. Il laisse celui de l'est comme fief
héréditaire à Belkadi et part en campagne à Tlemcen contre le sultan Zianide allié
aux Espagnols. Pour les Barberousse cette campagne est un désastre et se solde par
la mort d'Arudj. Belkdadi va rompre son alliance avec les Barberousse et implanter
sa capitale en plein pays zouaoua (à Aourir puis à Koukou) et s'attirer les
représailles de Kheireddine, frère et successeur d'Arudj Barberousse9. Les Belkdadi
ont pour principal soutien la tribu des Aït Ghoubri dont ils sont originaires ; ils
sont dès lors désignés, notamment dans l'historiographie espagnole, comme rois de
Koukou (reyes de Couco) et des Zououas (los Azuagos)9.

D'après Hugh Roberts, il faut voir le royaume de Koukou comme une subsistance de
l'ancien ordre hafside qui s'est employé à défendre ses positions dans la région.
Confronté à l'effondrement de ces derniers, puis à une politique plus agressive de
la régence d'Alger il se rapprochera ensuite des Espagnols pour conclure une
alliance10.
Entrée en conflit avec la régence d'Alger
Les conflits entre royaumes de Koukou, de Beni Abbès et la régence d'Alger du XVIe
siècle au XVIIIe siècle.

En 1519, Kheireddine, à la tête de la régence d'Alger, entre en campagne contre les


Belkadi. Le sultan hafside de Tunis fait parvenir des troupes de renfort aux
Belkadi et inflige une très lourde défaite à Kheïreddine sur l'oued Isser dans le
territoire des Aïth Aïcha. Kherreddine, privé des appuis intérieurs (tribus
kabyles, revers en 1518 à Tlemcen) et sous pression espagnole, décide de demander
l'appui du sultan Sélim Ier. Il se joue donc une rivalité entre Kheïreddine, sa
régence d'Alger avec l'appui des Ottomans, et Belkadi, appuyé par les Hafsides de
Tunis. Dans les années qui suivent, Belkadi va s'emparer d'Alger (1520) et dans les
faits être à la foi roi de Koukou et d'Alger de 1520 à 1525/152711.
Carte de la régence d'Alger, du Royaume des Beni Abbès et du Royaume de Koukou au
XVIIIe siècle, avec la route Alger-Constantine.

Durant leur alliance avec les Barberousse (avant 1518), les Belkadi régnaient sur
les terres allant du Djurdjura à Sétif et Constantine. Depuis la rupture avec les
Barberousse en 1518, l'essor d'un royaume berbère concurrent sur la rive orientale
de la Soummam, celui des Beni Abbes et l'influence croissante des Turcs de la
régence d'Alger dans l'est (prise de Jijel, Collo, Constantine...) va réduire leur
domaine à un territoire correspondant globalement à la Grande Kabylie qu'il
conservera au cours des siècles suivants9.

Durant tout le XVIe siècle, les Aït El Cadi jouèrent un rôle politique régional
important en s'alliant avec les Espagnols contre les Turcs ou avec les Turcs contre
les Espagnols, selon les opportunités politiques et les enjeux du moment. En 1520,
le sultan de Tunis, qui avait des inquiétudes sur la montée en puissance de
Barberousse, ayant prêté hommage à Constantinople, marche sur Alger. Barberousse
est trahi par les troupes kabyles de Koukou et forcé de s'enfuir. Les troupes de
Koukou qui occupent Alger s'y font haïr à cause de leur tyrannie, ce qui facilite
la tâche à Kheireddine pour récupérer ces territoires12.

Koukou fut alors considérée comme une puissance des plus redoutables de la
Méditerranée13. Sidi Ahmed ou El Kadi est prisonnier à la suite d'une bataille et
tué par les troupes du Royaume des Beni Abbès — ses frères ennemis — et sa tête fut
promenée à Alger. Privées de leur chef, les troupes kabyles se dispersent. Les
Turcs, accueillis en libérateurs, redeviennent les maîtres d’Alger.

« Comme chef tributaire indépendant, le plus puissant était le roi de Koukou, de la


famille Ben-el-Kadi, maître de la Kabylie de Djurdjura, que nous avons vu
successivement l'allié et l'adversaire de Barberousse, et qui avait fini par
accepter la domination turque. C'est un feudataire absolument maître chez lui et
n'ayant d'autre obligation que de servir une redevance, dont nous ignorons le
chiffre, au pachalik d'Alger, et de lui fournir son concours militaire. Nous
verrons les Turcs s'appliquer sans relâche à réduire son autonomie et à empiéter
sur son territoire »14.
ait le roi de Koukou, de la famille Ben-el-Kadi, maître de la Kabylie de Djurdjura,
que nous avons vu successivement l'allié et l'adversaire de Barberousse, et qui
avait fini par accepter la domination turque. C'est un feudataire absolument maître
chez lui et n'ayant d'autre obligation que de servir une redevance, dont nous
ignorons le chiffre, au pachalik d'Alger, et de lui fournir son concours militaire.
Nous verrons les Turcs s'appliquer sans relâche à réduire son autonomie et à
empiéter sur son territoire »14.

Koukou fut alors considérée comme une puissance des plus redoutables de la
Méditerranée13. Sidi Ahmed ou El Kadi est prisonnier à la suite d'une bataille et
tué par les troupes du Royaume des Beni Abbès — ses frères ennemis — et sa tête fut
promenée à Alger. Privées de leur chef, les troupes kabyles se dispersent. Les
Turcs, accueillis en libérateurs, redeviennent les maîtres d’Alger.

« Comme chef tributaire indépendant, le plus puissant était le roi de Koukou, de la


famille Ben-el-Kadi, maître de la Kabylie de Djurdjura, que nous avons vu
successivement l'allié et l'adversaire de Barberousse, et qui avait fini par
accepter la domination turque. C'est un feudataire absolument maître chez lui et
n'ayant d'autre obligation que de servir une redevance, dont nous ignorons le
chiffre, au pachalik d'Alger, et de lui fournir son concours militaire. Nous
verrons les Turcs s'appliquer sans relâche à réduire son autonomie et à empiéter
sur son territoire »14.
plus redoutables de la Méditerranée13. Sidi Ahmed ou El Kadi est prisonnier à la
suite d'une bataille et tué par les troupes du Royaume des Beni Abbès — ses frères
ennemis — et sa tête fut promenée à Alger. Privées de leur chef, les troupes
kabyles se dispersent. Les Turcs, accueillis en libérateurs, redeviennent les
maîtres d’Alger.

« Comme chef tributaire indépendant, le plus puissant était le roi de Koukou, de la


famille Ben-el-Kadi, maître de la Kabylie de Djurdjura, que nous avons vu
successivement l'allié et l'adversaire de Barberousse, et qui avait fini par
accepter la domination turque. C'est un feudataire absolument maître chez lui et
n'ayant d'autre obligation que de servir une redevance, dont nous ignorons le
chiffre, au pachalik d'Alger, et de lui fournir son concours militaire. Nous
verrons les Turcs s'appliquer sans relâche à réduire son autonomie et à empiéter
sur son territoire »14.

En 1546, Si Amar Oulkadhi succède à son père. Il régnera jusqu’en 1618, date de son
assassinat par son frère Mohamed, qui s’empare du pouvoir15. Sa veuve, Aïcha,
enceinte, se réfugie chez ses parents, dans la famille royale des Hafsides de Tunis
vers 1618. La même année, elle donne naissance à un garçon. Surnommé Boukhtouche («
l’homme au javelot »), Si Ahmed Atounsi Boukhtouche, encore adolescent, retourne en
Kabylie, à la tête d'une troupe de soldats mis à sa disposition par le Sultan
Hafside de Tunis, il renverse l’usurpateur, reprend le trône de son père, et
s'installe à Aourir16. Durant son règne, il repousse les incursions des janissaires
et réussit à sauvegarder l’indépendance du royaume. À défaut de soumettre les
Koukou, les Turcs se contentent de les contenir16.
À la mort de Si Ahmed Atounsi, en 1696, la famille est déchirée par une sanglante
guerre de succession. Le second fils de Si Ahmed Atounsi, nommé Si Ali, lui succède
en 1696, il est le chef du Sod Tahtani17. Fragilisée par les divisions, la Kabylie
devient une proie accessible aux visées turcs, et, au début du XVIIIe siècle, les
Turcs fondent un bordj à Tazarart sur la rive droite de Sébaou. Celui ci, situé en
plaine, est rapidement détruit par les Kabyles18.

En 172019, Ali Khodja fonde un bordj dans la vallée du Sébaou, et en 1724, dans
celle de l'oued Boghni20. Le chef de la résistance est Si Ali Boukhtouche ; il est
vaincu à Draâ Ben Khedda, puis plus tard à Boulzazen18. En 1730, Ali Khodja
organise le makhzen des Amraouas (tribu de la Kabylie), puis restaure le bordj de
Tazarart. Les pachas d'Alger ne cherchent pas à établir directement leur autorité
sur la Grande Kabylie, mais créent un grand commandement dans la partie du pays qui
n'obéissait plus aux pouvoir central kabyle, les Turcs mirent à sa tête des hommes
des grandes familles du pays, ayant déjà de l'influence personnelle sur les
populations17.

Le successeur d’Ali Khodja, le bey du Titteri, Mohamed Ed-Debbah dit « l'égorgeur


», dirige contre les Kabyles de nombreuses expéditions, sans succès. Ed-Debbah est
tué en 1754 lors d'une bataille contre les Ath Irathen près de Tala n Semdha. Ses
troupes, sont chassées au-delà des rives du Sébaou21.
Un Guerrier Kabyle par Martinus Rørbye.

Après la mort d'Ed-Debbah en 1754, une violente révolte éclate en Kabylie contre le
régime turc. Dans la nuit du 16 juillet 1756, les Kabyles attaquent le bordj
Boghni, tuent le caïd Ahmed, chassent la garnison turc, puis détruisent
complètement la forteresse. Le 25 août 1756, encouragés par ce succès, les Kabyles
attaquent le bordj Bouira, mais sont repoussés. Il fallut trois colonnes Turcs pour
vaincre l'insurrection. Le bordj Boghni est de nouveau reconstruit22, mais Cherif
Agha trouve la mort dans les combats.

En 1818, le bordj est détruit une deuxième fois lors du soulèvement des deux tribus
makhzen de Kabylie, les Amraouas du Sébaou et les Guechtoula de Boghni : la
garnison turc avait dû capituler après 7 jours de siège22. Le nouvel agha des
Arabes, Yahia ben Moustapha, nommé le 8 septembre 1817, fort de la neutralité des
autres confédérations, vint à bout de la révolte. Il fit exécuter leurs chefs lors
d’un guet-apens. Les bordjs de Boghni et du Sebaou furent reconstruits et pourvus
de nouba23.

Quelques années plus tard la Kabylie orientale prenait à son tour l’offensive. Les
Mezzaïa bloquent Bougie et les Beni Abbès interrompaient les communications entre
Alger, Bougie et Constantine. En 1824, Yahia Agha mène contre eux plusieurs
campagnes sans grand résultat. Puis il devait se tourner contre les Aït Ouaguenoun
et les Ait Djennad qui refusaient de fournir le bois nécessaire aux constructions
navales. Faute d’une victoire définitive, les Turcs finirent par se contenter d’un
accord assez humiliant mais qui leur laissait le contrôle des plaines23.

Ibrahim Agha, qui succéda en 1828 à Yahia Agha, exécuté par ordre du dey, fut le
dernier agha des Arabes du régime turc. Il n’intervint pratiquement pas en
Kabylie23.
Relations étrangères et diplomatie

Dans diverses lettres de négociations entre l'Espagne et Koukou, on apprend


plusieurs choses : un désir d'alliance contre le Turc, considéré comme un ennemi
commun : pour cela le royaume de Koukou peut mobiliser jusqu'à 100 000 hommes, se
disant supérieur à l'ennemi. il demande néanmoins l'envoi de poudre et de plomb24.
Le roi de Koukou fait miroiter divers avantages au roi espagnol dont la possibilité
de construire une place forte à Oran. Le roi de Koukou souhaitant voir 50 galères
mouiller dans un de ses ports, durant l'année 1604, une tentative de ravitaillement
effectuée par des frégates de Majorque échoue néanmoins.

Deux notables du royaume (nommés Amar

Bibliographie
Liens externes

Royaume de Koukou

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Page d’aide sur l’homonymie

Pour les articles homonymes, voir Koukou (homonymie).


Royaume de Koukou
ka (ber) Tagelda n Kuku / ⵜⴰⴳⵍⴷⴰ ⵏ ⴽⵓⴽⵓ
(ar) ‫مملكة جرجرة‬

c. 1515 – 1730
Drapeau
Description de cette image, également commentée ci-après
Carte de la régence d'Alger, du Royaume des Beni Abbès et du Royaume de Koukou au
XVIIIe siècle, avec la route Alger-Constantine.
Informations générales Statut Sultanat reposant sur une société tribale
Capitale Koukou
Langue(s) Kabyle, Arabe
Religion Islam
Histoire et événements 1509 à 1518 Établissement du pouvoir des Belkadi
1518 Implantation définitive de la capitale à Koukou et rupture avec la régence
d'Alger.
1520 à 1527 Prise d'Alger
1618 Affaiblissement de l'autorité des sultan (nommés dès lors Iboukhtouchen) sur
les grandes confédérations tribales.
XVIIIe siècle Effondrement de l'autorité des Iboukhtouchen sur les tribus du
Haut Sébaou.
Sultan 1510–1527 Sidi Ahmed ou el Kadhi
1546-1618 Si Amar At-Lqadhi
1618-1696 Si Ahmed Atounsi Boukhtouche
1696-1730 Si Ali Boukhetouche

Entités précédentes :

Hafsides

Entités suivantes :

Confédération des Zouaouas


Régence d'Alger
• Caïdat de Boghni
• Caïdat du Sebaou

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Le royaume de Koukou est un royaume berbère de l'époque moderne qui régna sur une
grande partie de la grande Kabylie, fondé par Sidi Ahmed ou el Kadhi vers 1515,
descendant d'une illustre lignée de lettrés et savants religieux1,2. À son apogée,
l'autorité du royaume s'étend des montagnes de l'Atlas à Alger. De 1520 à 1527, le
royaume de Koukou contrôle Alger et exerce une influence sur une bonne partie du
nord de l'Algérie : il reçoit l'allégeance de Cherchell et de Bone, maintient
l'alliance avec les Zianides à la faveur de sa victoire contre Kheirredine
Barberousse à la bataille des Issers. Cette période a marqué la toponymie d'Alger
où une montagne s'appelle Djebel Koukou3. Kheirredine Barberousse reprend
progressivement le terrain perdu et le royaume de Koukou se restreint alors à un
domaine montagneux correspondant à l'actuelle Grande Kabylie.

Sa capitale est Koukou, qui s'établit sur un promontoire, avec environ 15 000
habitants. Koukou était l'un des deux grands royaumes kabyles, l'autre étant le
royaume concurrent des Aït Abbas. À son apogée, le royaume de Koukou entretient
même des rapports cordiaux avec l'Espagne et intrigue lors de l'expédition manquée
de Charles Quint contre Alger en 1541.

Le royaume de Koukou, siège de la confédération tribale des zouaouas, prend part à


des expéditions de la régence d'Alger — contre la Kalaa (1559), à Oran (1562),
Malte (1565), Tunis (1569) ou Fez (1576) — et fourni également des mercenaires dont
les services sont recherchés à Alger, mais également à l'étranger, à Tunis ou par
les Saadiens au Maroc comme lors de la Bataille des Trois Rois (1578).

L'histoire du royaume de Koukou s'inscrit dans le mouvement de dissidence politique


de certaines régions d'Algérie (royaume des Aït Abbas en Kabylie, Sultanat de
Touggourt et diverses confédérations du Sahara et des Hauts Plateaux) durant la
période de la régence d'Alger, et vis-à-vis de cette dernière.

L'affaiblissement du contrôle des Aït el Kadhi sur les tribus locales, dont la
confédération des Zouaouas.
Historiographie
La désignation comme « royaume »

Le terme de « royaume » n'est pas strictement adéquat, mais se rencontre dans des
textes français sur la Kabylie. Par exemple, Lucien Leclerc :

« À l'époque des Barberousse, nous voyons apparaître en Kabilie [sic] un petit état
connu dans l'histoire sous le nom de royaume de Koukou »4.

Louis Rinn écrit en 1891 dans une note de son ouvrage sur l'insurrection de 18715 :

« Le royaume de Koukou fut fondé en 1510 par Ahmed-ben-el-Qadi, qui était juge à la
cour des derniers rois de Bougie. Lors de la prise de cette ville, le 6 janvier
1509, il s’était réfugié chez les Qbaïls [= Kabyles] des Aït-Ghoubri ; il était
devenu le chef d’une confédération puissante ».
Longévité

Louis Rinn estime que cet État décline à partir du début du XVIIe siècle :

« À partir de 1618, la famille se divisa, son influence déclina, le nom même


d’Ouled-el-Qadi, porté par les chefs de Koukou, cessa d’être employé et il fut
remplacé par celui d’Ouled-Boukhetouch. Aujourd’hui la famille a été absorbée par
l’élément berbère et n’a plus qu’une influence insignifiante dans le haut Sébaou.
Koukou est une taddert [= village] de 600 habitants répartis en six hameaux ; il
fait partie de la fraction des Imessouhal des Aït-Yahia, aux sources du Sébaou »

Camille Lacoste-Dujardin estime que le royaume de Koukou a duré pendant deux


siècles6.
Contextes culturel et historique
Koukou, capitale du royaume du même nom.

Étant donné que le sujet concerne la Kabylie, les noms ont parfois deux versions,
berbère et arabe. C'est ainsi que « Ahmed ou el Kadhi » est une forme en partie
berbère, la forme arabe étant « Ahmed ibn el Qadi » ou « Ahmed ben El Qadi »,
prononcée« Ahmed Belkadi ». On a aussi le couple Aït Abbas/Beni Abbes, etc. (à quoi
s'ajoute le problème des transcriptions de l'arabe en français).

Sur le plan historique, le royaume de Koukou fait partie de l'histoire de la partie


est du Maghreb (Tunisie, Constantinois, Algérois) avec, au XVIe siècle, la
disparition des dynasties hafsides et la mise en place de la régence d'Alger, puis
de la régence de Tunis, toutes deux sous la tutelle de l'Empire ottoman ; un
phénomène secondaire mais non négligeable est constitué par l'expansion espagnole
sur le littoral algérien (Oran, Béjaïa, etc.).
Histoire
La fin de l'époque hafside et la fondation
Ancienne carte des royaumes de Koukou et de Beni Abbès
Carte du royaume de Koukou et du royaume des Beni Abbes selon une carte espagnole
du XVIe siècle, conservée aux archives de Simancas.

Deux hypothèses sont en concurrence pour expliquer la fondation du royaume de


Koukou.

L'une voudrait qu'il ait été fondé avant la prise de Béjaïa par les Espagnols en
1510 ; dans un contexte d'affaiblissement du pouvoir hafside. Cette hypothèse est
peu soutenue du fait qu'il est peu probable que les Hafsides tolèrent la
constitution de cette principauté avant la prise de Béjaïa7.

L'autre l'attribue aux Belkadi, des imrabden (un lignage maraboutique), une famille
de lettrés au service du sultan de Béjaïa (dissident des Hafsides de Tunis) et
originaires du village d'Achallam des Aït Ghoubri (Grande Kabylie). Ils seraient
d'ailleurs les descendants d'un illustre grand cadi de Béjaïa du XIIIe siècle, Abu
Abbas El Ghoubrini. Au service des Hafsides il est donc complexe d'imaginer qu'ils
auraient pu constituer leur principauté avant la chute de Béjaïa7.
Flissa est un sabre traditionnel originaire du savoir faire de la tribu kabyle des
Iflissen lebhar, au British Museum.

Lors de la chute de Béjaïa (1510) et lors de la reprise de Jijel par les


Barberousse en 1514, les Hafsides (morcelés entre un sultan à Tunis et un autre à
Constantine) confient à Ahmed Belkadi la charge de défendre la partie occidentale
de leurs États avec le titre de khalifa et non d'émir car il n'est pas un Hafside.
Si ce titre de khalifa est incertain (la tradition locale affirme qu'il aurait
occupé les fonctions de gouverneur de Annaba à l'époque hafside), ces
responsabilités au niveau de la partie occidentale des possessions hafsides après
la prise de Béjaïa lui donnent son rôle politique de premier plan. En réalité,
Ahmed Belkadi est un chef qui coalise les forces locales dans une « guerre sainte »
face aux Espagnols qui ont pris Béjaïa7. Les Barberousse qui sont devenus
souverains à Alger et possèdent la ville de Jijel, comptent s'implanter au Maghreb
central. Arudj Barberousse est lié d'une profonde amitié avec Ahmed Belkadi avec
lequel il mène les campagnes contre les places tenues par les Espagnols : Belkadi
et ses contingents kabyles attaquent par la terre et Arudj Barberousse par la mer.
En 1512, l'émir local de Bougie, en exil, fait appel au corsaire pour le
débarrasser des Espagnols, il promet à Arudj, en cas de succès, non seulement de le
rémunérer, mais de le faire seigneur de Béjaïa, dont le port lui assurerait
sécurité toute l'année. Cependant, le siège de Béjaïa est un échec, Arudj perd de
plus son bras gauche8.

Arudj va se réserver comme territoire propre les environs d'Alger et définir deux
territoires, un à l'est et l'autre à l'ouest. Il laisse celui de l'est comme fief
héréditaire à Belkadi et part en campagne à Tlemcen contre le sultan Zianide allié
aux Espagnols. Pour les Barberousse cette campagne est un désastre et se solde par
la mort d'Arudj. Belkdadi va rompre son alliance avec les Barberousse et implanter
sa capitale en plein pays zouaoua (à Aourir puis à Koukou) et s'attirer les
représailles de Kheireddine, frère et successeur d'Arudj Barberousse9. Les Belkdadi
ont pour principal soutien la tribu des Aït Ghoubri dont ils sont originaires ; ils
sont dès lors désignés, notamment dans l'historiographie espagnole, comme rois de
Koukou (reyes de Couco) et des Zououas (los Azuagos)9.

D'après Hugh Roberts, il faut voir le royaume de Koukou comme une subsistance de
l'ancien ordre hafside qui s'est employé à défendre ses positions dans la région.
Confronté à l'effondrement de ces derniers, puis à une politique plus agressive de
la régence d'Alger il se rapprochera ensuite des Espagnols pour conclure une
alliance10.
Entrée en conflit avec la régence d'Alger
Les conflits entre royaumes de Koukou, de Beni Abbès et la régence d'Alger du XVIe
siècle au XVIIIe siècle.

En 1519, Kheireddine, à la tête de la régence d'Alger, entre en campagne contre les


Belkadi. Le sultan hafside de Tunis fait parvenir des troupes de renfort aux
Belkadi et inflige une très lourde défaite à Kheïreddine sur l'oued Isser dans le
territoire des Aïth Aïcha. Kherreddine, privé des appuis intérieurs (tribus
kabyles, revers en 1518 à Tlemcen) et sous pression espagnole, décide de demander
l'appui du sultan Sélim Ier. Il se joue donc une rivalité entre Kheïreddine, sa
régence d'Alger avec l'appui des Ottomans, et Belkadi, appuyé par les Hafsides de
Tunis. Dans les années qui suivent, Belkadi va s'emparer d'Alger (1520) et dans les
faits être à la foi roi de Koukou et d'Alger de 1520 à 1525/152711.
Carte de la régence d'Alger, du Royaume des Beni Abbès et du Royaume de Koukou au
XVIIIe siècle, avec la route Alger-Constantine.

Durant leur alliance avec les Barberousse (avant 1518), les Belkadi régnaient sur
les terres allant du Djurdjura à Sétif et Constantine. Depuis la rupture avec les
Barberousse en 1518, l'essor d'un royaume berbère concurrent sur la rive orientale
de la Soummam, celui des Beni Abbes et l'influence croissante des Turcs de la
régence d'Alger dans l'est (prise de Jijel, Collo, Constantine...) va réduire leur
domaine à un territoire correspondant globalement à la Grande Kabylie qu'il
conservera au cours des siècles suivants9.

Durant tout le XVIe siècle, les Aït El Cadi jouèrent un rôle politique régional
important en s'alliant avec les Espagnols contre les Turcs ou avec les Turcs contre
les Espagnols, selon les opportunités politiques et les enjeux du moment. En 1520,
le sultan de Tunis, qui avait des inquiétudes sur la montée en puissance de
Barberousse, ayant prêté hommage à Constantinople, marche sur Alger. Barberousse
est trahi par les troupes kabyles de Koukou et forcé de s'enfuir. Les troupes de
Koukou qui occupent Alger s'y font haïr à cause de leur tyrannie, ce qui facilite
la tâche à Kheireddine pour récupérer ces territoires12.

Koukou fut alors considérée comme une puissance des plus redoutables de la
Méditerranée13. Sidi Ahmed ou El Kadi est prisonnier à la suite d'une bataille et
tué par les troupes du Royaume des Beni Abbès — ses frères ennemis — et sa tête fut
promenée à Alger. Privées de leur chef, les troupes kabyles se dispersent. Les
Turcs, accueillis en libérateurs, redeviennent les maîtres d’Alger.

« Comme chef tributaire indépendant, le plus puissant était le roi de Koukou, de la


famille Ben-el-Kadi, maître de la Kabylie de Djurdjura, que nous avons vu
successivement l'allié et l'adversaire de Barberousse, et qui avait fini par
accepter la domination turque. C'est un feudataire absolument maître chez lui et
n'ayant d'autre obligation que de servir une redevance, dont nous ignorons le
chiffre, au pachalik d'Alger, et de lui fournir son concours militaire. Nous
verrons les Turcs s'appliquer sans relâche à réduire son autonomie et à empiéter
sur son territoire »14.
le Vieux et Abdelmalek) vont ainsi se rendre à la cour de Philippe III25. La
médiation se fait par l'intermédiaire d'un moine franciscain, les ambassadeurs du
royaume de Koukou sont hébergés pendant plusieurs mois à Majorque en 1603, l'un
d'entre eux se convertira au catholicisme26.

La politique pratiquée par la régence d'Alger sous Hassan Pacha semble cependant
changer l'attitude das Belkadi. Hassan Pacha épouse la fille du roi de Koukou en
échange de son alliance. Cela explique probablement le renversement de l'alliance
entre Koukou et les Hafsides au même moment27.

Les Zouaouas participent ainsi aux expéditions de Hassan Pacha. En 1559, des
troupes zouaouas participent au siège de la Qalaa. En 1562, 12000 Kabyles de Koukou
et Beni Abbès participent au grand siège d'Oran et Mers el Kébir. En 1565, parmi
les 5000 hommes dirigés par Hassan Pacha lors du Grand Siège de Malte, 2000 sont
des janissaires turcs et 3000 des « Maures et Kabyles ». Sous son successeur Euldj
Ali, l'expédition contre Tunis de 1569 est renforcée sur son passage d'une
cavalerie maure de 6000 cavaliers dépendant des sultans de Koukou et de Beni Abbès
et d'autres chefs. Les Zouaouas de Koukou participent également à l'expédition
contre Fez en 1576 en envoyant 1 000 hommes aux côtés des 300 janissaires de
Ramadan Pacha, et restent en garnison dans la ville. Sur la demande du sultan
saadien 'Abu Marwan Abd al-Malik qui retrouve le pouvoir à la faveur de cette
expédition, ils forment avec les janissaires sa garde d'honneur27.

Les zouaouas participent également aux garnisons des villes de la régence d'Alger.
Hassan Pacha voyant dans leur recrutement un moyen de contrecarrer l'influence de
l'odjack des janissaires. Il sera cependant déposé par ces derniers ne voulant pas
être marginalisés à terme du pouvoir27.
Pouvoir et société
Lettre de 'Amar Belkadi, sultan de Koukou, à Philippe II d'Espagne (16 juin 1598).

La nature du pouvoir royal exercée par le sultan sur les tribus, notamment les
Zouaoua, ne pouvait prendre la forme d'une administration centralisée. Aucune tribu
ou village ne semble disposer à abandonner les djemaa locales élues
démocratiquement et les sultans de Koukou n'ont pas tenté de les réformer. Le
sultan de Koukou apparaît en fait, comme un grand seigneur disposant d'une armée
assez forte pour rétablir un ordre assez souvent troublé sur le plan intérieur et
entreprendre des expéditions à l’extérieur. Selon Marmol et Carjaval, au début de
son histoire le sultanat dispose d'un corps régulier de 5 000 arquebusiers et 1 500
cavaliers, et d'autres troupes d'hommes issus du pays sachant manier les armes. Au
cours de son histoire, ces troupes semblent renforcées : Amar Belkadi écrit au roi
Philippe II d'Espagne qu'il peut lever « 100 000 hommes ». Cette armée est souvent
employée, soit contre la régence d'Alger, soit au contraire dans le cadre
d'alliances pour lui venir en aide dans l'ouest algérien ou contre des puissances
chrétiennes, soit (souvent) contre le royaume rival des Aït Abbès9.

Toutes les populations des plaines ou des hautes montagnes participent à l'effort
de guerre pour le prestige religieux que la dynastie des Belkadi inspire, le jeu
des alliances villageoises et beaucoup moins pour des raisons politiques. Pour
entretenir leurs troupes et leur immenses domaines de la plaine, les Belkadi
exigent impôts, redevances et corvées. Cependant ces revendications se font avec
beaucoup de difficultés, notamment auprès des tribus de haute montagne qui se
sentent à l'abri de leur autorité. Les souverains locaux ont donc un pouvoir assez
limité sur leur société et possèdent de modestes demeures seigneuriales à Koukou ou
Achallam9.
Culture populaire

En Algérie, l’histoire officielle réduit les rois de Koukou à une « légende ».


Aucun établissement, aucun édifice public n’est dédié à leur histoire et à leur
résistance28.

Un poème de l'Australien Kenneth Slessor est sur le roi de Koukou29.


Notes et références

(en) Hugh Roberts, Berber Government : The Kabyle Polity in Pre-colonial Algeria,
I.B. Tauris, 2014, p. 165
Bernard Lugan, Histoire de l'Afrique du Nord : Des origines à nos jours, Editions
du Rocher, 2 juin 2016, 736 p. (ISBN 978-2-268-08535-7, lire en ligne [archive]),
p. 216
Roberts 2014, p. 155
Lucien Leclerc, Une Mission médicale en Kabylie, J.-B. Ballière, 1er janvier 1864,
251 p. (lire en ligne [archive]), p. 61
Louis Rinn, L'insurrection de 1871 [archive], page 10, note de bas de page.
Camille Lacoste-Dujardin, Le Voyage d'Idir et Djya en Kabylie : Initiation à la
culture kabyle, Éditions L'Harmattan, 2003 (ISBN 2747540324), p. 70.
(en) Hugh Roberts, Berber Government : The Kabyle Polity in Pre-colonial Algeria,
I.B.Tauris, 30 août 2014, 224 p. (ISBN 978-1-84511-251-6, lire en ligne [archive]),
« Rise and fall of the lords of Koukou »
Diego de Haedo 1881, p. 8
Légende des rois de Koukou : Sidi Àmer Ou-Elquadi : Sidi Hend, le tunisien, Le
Fichier périodique, 1er janvier 1974 (lire en ligne [archive])
Hugh Roberts, op.cit, p. 209
Hugh Roberts, op.cit, p. 188
Bernard Bachelot, Louis XIV en Algérie : Gigeri - 1664, Editions L'Harmattan, 1er
octobre 2011, 352 p. (ISBN 978-2-296-47088-0, lire en ligne [archive])
André de Montpeyroux-Brousse (Marquis de Montpeyroux), Pirates d'hier et soldats de
France : de la croix au croissant en passant par les Conciles, Tour St. Jean, 1er
janvier 1967 (lire en ligne [archive]), p214
Ernest Mercier, Histoire de la berbérie, t. III, 1891, p. 144
Il s'agit probablement de Si Ahmed Boukhetouche, qu'un acte arabe indique comme
étant émir en 1625-1626.
Société historique algérienne, Revue africaine, 1873 (lire en ligne [archive]), p.
135
Société historique algérienne, Revue africaine, 1873 (lire en ligne [archive]), p.
136
Société historique algérienne, Revue africaine, 1873 (lire en ligne [archive]), p.
137
Nous ne connaissons pas exactement l'époque de l'arrivée de ce chef turc en
Kabylie: la seule pièce portant une date, où il est cité, est de 1720-21.
(en) Hugh Roberts, Berber Government : The Kabyle Polity in Pre-colonial Algeria,
I.B.Tauris, 19 août 2014, 352 p. (ISBN 978-0-85773-689-5, lire en ligne [archive]),
p. 262
Société historique algérienne, Revue africaine, 1873 (lire en ligne [archive]), p.
138
Société historique algérienne, Revue africaine, 1873 (lire en ligne [archive]), p.
140
P. Boyer, Encyclopédie berbère, Aix-en-Provence, Éditions Peeters, 1er novembre
1985 (ISBN 2-85744-209-2, lire en ligne [archive]), p. 254–258
Pierre Boyer, « Espagne et Kouko. Les négociations de 1598 et 1610 », Revue de
l'Occident musulman et de la Méditerranée, vol. 8, no 1, 1970, p. 25–40 (DOI
10.3406/remmm.1970.1080, lire en ligne [archive], consulté le 2 décembre 2017)
André de Montpeyroux-Brousse (Marquis de Montpeyroux), Pirates d'hier et soldats de
France : de la croix au croissant en passant par les Conciles, Tour St. Jean, 1967
(lire en ligne [archive])
Les Musulmans dans l'histoire de l'Europe - tome 1 : Une intégration invisible,
Albin Michel, 5 octobre 2011, 656 p. (ISBN 978-2-226-26752-8, lire en ligne
[archive]), p. 530
Hugh Roberts, op.cit, p.170-171
« Le royaume de Koukou (1514 – 1730) », Une histoire occultée, 2014 (lire en ligne
[archive])

(en) Douglas Stewart, Modern Australian Verse, University of California Press,


1964 (lire en ligne [archive]), p. 3

Voir aussi
Bibliographie

Joseph Nil Robin, « L'organisation turque administrative et militaire en


Kabylie », Revue Africaine, 1873.
Louis de Marmol, Descripcion général de Africa, 1573-99.
Carrera de Cordoba, Relaciones de las cosas succedidas en el corte de Espana
desde 1599 hasta 1614, Madrid, 1857
Mustafa Ben Hussain Al-Hussayni dit « Djennabi », El bahr ez zekhan wa l'ilem
et teyyar, vers 1590 (traduction E. Fagnan, Alger, 1924).
A. Noureddine, Ghazawat Aroudj wa Kheir eddin, Alger, 1934

Liens externes

Généalogie des rois de Koukou [archive]

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Histoire de l'Algérie
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Antiquité

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