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SYMBIOSE ACTINORHIZIENNE
Une association biologique durable et réciproque entre deux ou plusieurs organismes vivants.
Introduction
Une relation permanente entre deux organismes d'espèces différentes et qui se traduit par des effets
bénéfiques aussi bien pour l'un que pour l'autre.
l'ectosymbiose
le symbiote vit à la surface de l'hôte
l'endosymbiose
Le symbiote est situé dans l'espace intercellulaire ou
intracellulaire (Intravacuolaire ou libre dans le
cytoplasme) de l’hôte.
Plusieurs plantes ont développé des symbioses bénéfiques, elles ont la capacité unique de mettre en place une
symbiose avec les bactéries diazotrophes présentes naturellement dans le sol, qui convertissent l’azote de l’air (N2)
présent dans leur environnement en une forme intermédiaire, l’azote ammoniacal (NH3), grâce à une enzyme
bactérienne spécifique, la nitrogénase.
L’azote ainsi réduit sous forme de NH3 est ensuite assimilé par la plante, pour constituer ses molécules organiques,
notamment les protéines.
Modèle résumé de la fixation symbiotique de l'azote chez les légumineuses par les rhizobiums
(Lindström & Mousavi, 2019)
La symbiose fixatrice d’azote (Rappel)
Arbre phylogénétique des huit familles actinorhiziennes et de la famille des légumineuses qui forment
des symbioses de nodules racinaires, toutes appartenant au clade Fabid (Perrine-Walker et al., 2011)
Familles de plantes participantes à l'endosymbiose intracellulaire (A) et l'évolution des associations symbiotiques mutualistes : un scénario
possible (B)(modifié de Martin et al., 2017); a, associations de type mycorhize arbusculaire et/ou mucoromycotine ; b, mycorhizes arbusculaires;
c, ectomycorhize; d, mycorhizes arbusculaires; e, Frankia N-fixation; f, fixation de N rhizobien (Wei Dong and Yuguang Song, 2020).
Plantes actinorhiziennes
Les plantes susceptibles d'établir une symbiose fixatrice d'azote avec l'actinomycète Frankia.
La quantité d’azote maximale qu'un système La quantité d’azote fixée dans un système qui
donné est capable de fixer. n’a pas été optimisé.
• L'expression du PFN est limitée par des contraintes climatiques ou édaphiques, une mauvaise gestion, l'absence
ou l'insuffisance d'irrigation ou de fertilisation, des attaques de pathogènes et ennemis divers, l'âge des plantes
(la fixation augmente pendant les premières années, puis tend à diminuer après un laps de temps variable de 10
à 20 ans à la suite de divers processus, dont l'accumulation d’azote disponible dans le sol),….
Symbiose actinorhizienne
C’est une symbiose fixatrice d’azote moléculaire. Les bactéries
responsables de cette symbiose sont du genre Frankia (famille des
Frankiaceae).
Ces bactéries ont une morphologie typique des actinobactéries avec
des hyphes ramifiées et segmentées, des sporanges multiloculaires et,
en plus et d’une façon exclusive, des vésicules où la nitrogénase est
synthétisée (diazovésicules).
Ce sont des bactéries qui fixent l’azote en symbiose avec un large
spectre de plantes dicotylédones, appelées plantes actinorhiziennes.
Règne Bacteria
Embranchement Actinobacteria
Ordre Frankiales
Symbioses actinorhiziennes, a: Discaria chacaye (arbustes poussant le long d'une rivière
Sous-ordre Frankineae dans nord-ouest de la Patagonie), b: pousse de Discaria trinervis avec fruits mures, c: nodule
multilobé, Discaria trinervis maturenodule en coupe longitudinal emontrant centrale
Famille Frankiaceae caractéristique tissu vasculaire (vt), méristème apical (m) et cellules infectées pleines des
grappes de vésicules colorées en bleu, e: culture liquide de Frankia souche DcI45 isolée à
Genre Frankia partir de nodules racinaires de Discaria chacaye ; f: Souche de Frankia DaI1 isolée de Dicsaria
articulata montrant des hyphes caractéristiques (E.E. Chaia et al., 2010).
Plantes actinorhiziennes
Sur le plan fondamental, l’intérêt des plantes actinorhiziennes s’est développé considérablement
lorsque Callaham et col. (1978) ont parvenu pour la première fois à isoler Frankia à partir d’un
nodule de Comptonia peregrina et le cultiver in vitro (souche CpI1).
Datisca glomerataa
Classification et distribution géographique des PA
Dans les régions tropicales arides et semi-arides, les arbres actinorhiziens de la famille des Casuarinaceae sont
très utilisés pour réhabiliter les sols dégradés, protéger les zones côtières, les cultures de l’ensablement, et
pour fournir du bois de chauffe.
Genus : Casuarina
Species : Casuarina sp. L.
Allocasuarina verticillata
• Ceuthostoma palawanense
• Ceuthostoma terminale
Ceuthostoma terminale
Symbiose actinorhizienne
Les plantes actinorhiziennes constituent, après les légumineuses, le deuxième groupe de plantes capables
de fixer biologiquement l'azote atmosphérique
La stérilisation de surface est délicate, car les cellules renfermant l’endophyte fixateur d’azote ne sont pas
situées à l’intérieur du nodule, comme chez les légumineuses, mais sont proches de la surface.
Pour éviter de tuer les Frankia, il faut donc que l’agent stérilisant ne pénètre pas trop profondément dans
les tissus de nodule (Le tétroxyde d’osmium répond à cette exigence tout en étant très efficace).
A B C
I : zone méristématique
II : zone d'infection
II-III : interzone II-III
IV : zone de sénescence
Structure des nodules de légumineuses et des plantes actinorhiziennes. A : Nodule de Légumineuse de type indéterminé. B : Nodule de
Légumineuse de type déterminé. C : Lobe nodulaire actinorhizien.(Pawlowski et Bisseling, 1996)
La bacterie Frankia
Isolement de Frankia à partir du sol
Frankia est une bactérie de sol présente dans différents habitats. En 1984, Baker & O’Keefe (1984)
sont les premiers à isoler cette bactérie du sol, ils ont utilisé un sol associé à Cercocarpus, Ceanothus, Casuarina
et à Myrica.
• Des suspensions de chaque sol ont été préparées et réparties dans un milieu minimum, avec un gradient de
sucrose.
• Frankia fixatrice de N2 a été isolé seulement à partir de la rhizosphèrique de Cercocarpus montanus, mais
malheureusement son pouvoir infective n’a pas été démontré par Baker & O’Keefe (1984).
La bacterie Frankia
Isolement de Frankia
Il existe plusieurs méthodes d’isolement, mais la moins coûteuse et la plus efficace consiste, après stérilisation, à
couper les lobes des nodules en petits fragments et de les déposer sur un milieu de culture gélosé. Les premières
microcolonies apparaissent au bout d’un temps variable entre une semaine à trois mois.
Dans certains cas, la souche isolée peut être incapable de noduler la plante hôte d’origine mais nodule un autre
hôte; ces souches sont appelées souches atypiques.
On décrit ces souches sous les termes de «souches Nod- sur l’hôte d’origine» et «souches Nod+ sur un autre
hôte».
La bacterie Frankia
Isolement de Frankia (Exigences nutritionnelles)
Les souches de Frankia présentent une grande diversité en ce qui concerne les substrats carbonés.
Les souches nodulant Alnus poussent bien sur les acides gras à chaînes carbonées courtes (acétate, propionate),
de façon variable sur succinate, malate, Tween 80, pyruvate et pratiquement pas sur les sucres.
Les espèces génomiques qui infectent les Elaeagnacees et les Casuarinacees poussent aussi bien sur les sucres que
sur les acides gras.
Le propionate est la source de carbone la plus utilisée pour la culture de Frankia.
Les Frankia peuvent utiliser les sources d’azote variées; acides aminés, urée, nitrate, ammoniaque et N2.
Toutes les souches de Frankia connues actuellement n’exigent pas de facteurs de croissance particuliers (=
prototrophes ≠ auxotrophes) et peuvent donc être cultivées sur un milieu minimal.
Les souches de Frankia sont, en général, aérobies; mais certaines d’entre elles ont une tendance à la microaérophilie
La bacterie Frankia
Isolement de Frankia (Milieux de cultures)
Les milieux habituellement utilisés pour cultiver Frankia sont de deux types:
- Milieu complexe contenant des substances organiques par ex. peptone, extrait de levure, très favorables à la
préservation de ce microorganisme (milieu Qmod);
- Milieu minéral contenant le chlorure d’ammonium comme source d’azote et le propionate de sodium comme source de
carbone (milieu BAP).
Parmi les vitamines, seule la biotine paraît avoir un effet stimulant significatif.
L’addition des substances telles que Tween 80, la lécithine ou le charbon actif au milieu de base peut améliorer la
croissance de Frankia.
Le plus souvent Frankia est cultivé en milieu liquide avec du propionate comme source de carbone.
Certaines souches peuvent aussi être cultivées sur milieu gélosé. Des colonies à partir d'une seule spore ont pu être
obtenues.
Frankia préfère un pH neutre ou alcalin (Certaines souches poussent à des pH élevés qui peuvent atteindre 9,5).
Isolement de Frankia (Milieux de cultures)
Composition du milieu BAP (Murry et al., 1984) pour un litre de solution
Courbe de la croissance de la
souche de Frankia Br obtenue
sans agitation ou avec agitation
(200 tpm). La biomasse est
exprimée en µg de protéines
/ml.
La bacterie Frankia
Morphologie de Frankia
Les colonies de Frankia ont été séparées en trois types de cellules distinctes: hyphes, vésicules et des
sporanges multiloculaires renfermant des spores non mobiles).
Les Frankia forment un groupe homogène qui se différencie très nettement des autres actinomycètes par les
caractères suivants :
Sa morphologie (hyphes, vésicules, sporanges multiloculaires renfermant des spores non mobiles).
La nature chimique de sa paroi cellulaire (paroi de type III, c'est-à-dire renfermant l’acide meso-
diaminopimélique, alanine, acide glutamique, acide muramique et glucosamine).
Cependant, ce regroupement n’est pas strict du fait que les souches présentent différents degrés de spécificité
vis à vis des plantes hôtes allant d'une spécificité stricte (souches d'Alnus rubra), à une spécificité relative
(souches des Elaeagnaceae) ou à une absence totale de spécificité (souches des Myrica).
La bacterie Frankia
Classification
Ce sont les critères génétiques et plus particulièrement l’analyse de l'ARNr 16S qui ont permis de mieux définir
les relations existant entre le genre Frankia et les autres genres des actinomycètes.
Les gènes nifK, nifD et nifH responsables de l'enzyme nitrogénase ont été clonées et séquencé à partir de Frankia
La spécificité d’hôte est l’un des critères les plus étudiés et qui a permis de grandes avancées dans la taxonomie des
microorganismes pathogènes et symbiotiques. Les tests d'inoculation croisée de Baker (1987) portant sur 50 cultures
pures de Frankia, disponibles dans les différentes collections internationales, ont permis de définir quatre groupes
d’infectivité;
L’ADN des souches de Frankia est caractérisé par un pourcentage élevé de G+C similaire aux actinobactéries, compris
entre 66 et 72 % et la taille du génome varie de 8,7 à 12. 106 pb, et des plasmides, dont la taille est comprise entre 7 à
190 kb.
L’analyse de génome par séquençage total de trois souches de Frankia a montré la présence d’un seul gène de
nodulation similaire à ceux de Rhizobium (Normand et al, 2007), mais avec une similarité très faible.
Un nombre très restreint de gènes a pu être détecté par hybridation hétérologue sur le génome de Frankia.
Parmi des gènes impliqués dans la symbiose, on peut citer les gènes codant la nitrogénase (nif), l’hydrogénase
d'absorption (hup) et le squalène hopane cyclase (SHC) (biosynthèse de bactériohopane).
Phylogénie moléculaire de Frankia, chronogramme et phylogénie moléculaire des plantes actinorhiziennes, montrant leurs relations symbiotique,
Benson and Dawson (2007), van Velzen et al. (2019), Ardley and Sprent (2020).
Espèces actinorhiziennes au sein des Fagales sont
infectés a travers la courbure des poils absorbants.
Benson and Dawson (2007), van Velzen et al. (2019), Ardley and Sprent (2020).
Seulement quelques souches de Frankia appartenant au groupe 2
contiennent homologues des gènes nod rhizobiens, nécessaires
au dialogue moléculaire qui initie des relations symbiotiques
entre légumineuses et rhizobiums.
Chez les Bétulacées (Alnus), les Casuarinacées et les Myricacées (Comptonia et Myrica), l’infection et
l’ontogenèse nodulaire se déroulent en six étapes :
pénétration du Frankia au niveau d’un poil absorbant ;
progression des hyphes de Frankia dans le cortex racinaire par voie intracellulaire ;
prolifération en amont des hyphes de cellules du cortex donnant naissance à un renflement appelé
prénodule ;
infection des cellules du prénodule ;
initiation à partir des cellules du péricycle d’un primordium nodulaire ;
croissance du primordium et infection du cortex nodulaire à partir de Frankia présent dans le prénodule.
Symbiose actinorhizienne
L’infection
Infection intercellulaire
Chez les Elaeagnacées, les Rhamnacées et les Rosacées, l’infection et l’ontogenèse nodulaire se
déroulent en 4 étapes :
Quel que soit la nature d’infection, le nodule lui-même se développe de la même manière
qu’une racine latérale.
• Un primordium du lobe nodulaire est initié dans le péricycle en réponse à des signaux émis
par les hyphes de Frankia.
• Les primordia ont une structure de racine et se développent à une certaine distance du
prénodule; ils croissent en traversant les régions du cortex de la racine qui ne sont pas
encore infectées.
• La croissance du lobe est assuré par un méristème qui se trouve en position apicale.
Symbiose actinorhizienne
Le nodule actinorhizien, appelé également actinorhize est formé sur le système racinaire de
la plante après un processus complexe d’interactions cellulaires et moléculaires entre la
plante-hôte et Frankia.
Dans la symbiose rhizobienne, la chaîne Dans le cas de la symbiose actinorhizienne, les mécanismes
moléculaire d’événements intervenant dans son moléculaires de la formation de l’actinorhize ne sont pas
établissement est bien connue:
encore bien connus.
• une émission de signaux flavonoïdes,
• expression du gène nod de la bactérie, Les gènes de plantes exprimés de manière spécifique en
• sécrétion du facteur Nod,
réponse à l’infection par Frankia sont appelés gènes de
• déclenchement chez la plante de la
déformation des poils absorbants et de la nodulines actinorhiziennes par homologie aux nodulines
division des cellules corticales racinaires. des Légumineuses. On distingue des nodulines précoces
exprimées pendant les premières phases de l’infection, et
des nodulines tardives impliquées dans le fonctionnement
du nodule.
Le développement du nodule actinorizien ne se produit qu’en situation de carence azotée.
Les racines émettent des signaux qui sont perçus par Frankia. Par analogie avec les légumineuses, les flavonoïdes sont
suspectés jouer ce rôle de signalisation.
En effet, les flavonoïdes pourraient effectivement intervenir pour affecter la nodulation, puisqu’on a montré que des
composés ressemblants à des flavonoïdes extraits des graines d’Alnus pouvaient soit stimuler soit réduire la nodulation.
En présence des cultures de Frankia, les poils absorbants de plusieurs plantes actinorhiziennes se déforment. Un test
biologique a été mis au point pour déceler si les flavonoïdes sont impliquées dans le cas de la symbiose Casuarina-Frankia.
Le test proposé consiste à :
1) préparer un extrait de flavonoïdes à partir de graines de Casuarina
2) ajouter cet extrait à une culture de Frankia,
3) appliquer à des racines de plantules axéniques de Casuarina le surnageant de la culture de Frankia additionné de
flavonoïdes.
B
Résultat:
L’azote représente 78 % de l’air et constitue la principale source de cet élément. On le trouve sous forme
gazeuse ou minérale. Pour son incorporation dans les molécules biologiques on distingue deux processus : la fixation
biologique, caractéristique uniquement des microorganismes fixateurs, et la fixation non biologique portant sur
l’azote minéral.
Quelle que soit sa forme (fixation biologique, réduction des nitrates ou des nitrites, absorption directe de l’ion
ammonium), l’azote est converti en ammoniac (NH3). Ce dernier est toxique pour l’organisme. Il sera transformé en
fonction amine ou amide non toxique. On parle alors de l’assimilation de l’ammoniac. Trois enzymes interviennent :
la glutamate déshydrogénase (ou GOGAT : glutamine 2-oxoglutarate aminotransférase), la glutamine synthétase et
la glutamate synthase.
Métabolisme de l’azote fixé par Frankia ex planta
Fixation d’azote
En aérobiose En microaérobiose
Chez les plantes actinorhiziennes, l’activité nitrogénase est optimale pour une pO2 de
20 kPa. Elle est inhibée significativement au-dessus de 25 kPa. La protection de la
nitrogénase contre l’oxygène est assurée par 4 mécanismes dont l’importance relative
varie considérablement suivant l’espèce considérée:
vésicules, barrière de diffusion, hémoglobine et switch-off transitoire de la
nitrogénase.
Métabolisme de l’azote de Frankia in planta
(ii) celle d’une réduction de la quantité de nitrogénase active dans les nodules, en d’autres
termes, une diminution des protéines constitutives de la nitrogénase. Cette deuxième
hypothèse serait confortée par le fait que l’apport d’ammonium entraîne au bout de 4 jours
la dégénérescence des vésicules dans les nodules d’Alnus incana.
Autres fonctions de la symbiose actinorhizienne
Le rôle de l’endophyte Frankia ne se limite pas seulement à la fixation d’azote. Ainsi, Frankia
pourrait:
améliorer la tolérance de plantes hôtes réputées comme non halophiles (ex. Casuarina
cunninghamiana) à une légère salure du sol en accroissant son potentiel osmotique par
l’intermédiaire de produits de fixation d’N2 comme la citruline, d’où réduction du risque de
plasmolyse.
améliorer la croissance de la plante hôte en synthétisant des facteurs de croissance
(phytohormones). On a pu mettre en évidence que les jeunes tissus de nodules renferment
des quantités importantes de composés conjugués avec des auxines et de dérivés de
cytokinines.
faciliter la nutrition minérale de son partenaire végétal et notamment l’absorption d’oligo-
éléments, et plus particulièrement le fer, en produisant les sidérophores de type
hydroxamate ou de type catécholate.