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es arbres fixateurs d’azote possèdent I avec des frankias).

On peut supposer
qu’ils pourraient non seulement
subvenir à leurs propres besoins en
azote inais aussi assurer, au moins
ainsi totalement à leurs propres besoins e partiellement, la nutrition azotée de
cultures associées. E n fait, ce rôle
n’est pas clairement établi (GANRY
et DOMMERGUES, sous presse). Les
essais au champ et les observations
in situ donnent des résultats très
divergents. C’est ainsi que certaines

34032MonlpellierCedex 1, Fronce
t Y.R. DOMMERGUES
BSFT, CIRAD <orêtORSTOM
45 bis, ovenue de lo Belle Gabrielle biums) ou des plantes
94736, Nogent-sur-Morne, Fronce
-I__---

Agriculture et développement E no7 - Septembre 1995


r -
Mobilisatio
I
.

remobilisatic ----o Récolte


Fixation d’azote

Autres intrants(1)
arbre fixateur phréatophyte (c’est-
à-dire capable d’utiliser l’eau des
nappes phréatiques profondes) asso-
cié à une culture annuelle. L‘azote
provient du processus de fixation et
des apports par les pluies et les pous-
sières (dépôts secs et humides, d e
l’ordre de 3 à 1O kilogrammes d’azote
par hectare et par an). Les pertes sont
Emondes
constituées essentiellement par les
exportations de la culture, par la

Azote
-I
-l
Litières aériennes
Résidus de récolte
Azote

culture
Récolte
. _
Surface
du sol
vo I at i I isat io t i , I a dé ti it r if ica t ion I le
lessivage et I’érosion.

Nous nous intéressons ici à la fixation


et aux transferts (ou flux) d’azote pour
de I
I P I I . I . P Y . I
“ I m E m e

l‘arbre
Ï Absordon
annuelle des écosystènies agroforestiers et
forestiers.
par les cultures
Absorption Litières souterraines
par l’arbre <
(recyclage) Azote
* du
sol La fixation
biologique de
Y
itières souterraines
-I---
- Pertes (2)
I’azoie par Ilarbre
(1) apportsautres que la fixation d’azote : dépôts secs et humides, absorption de NH, irrigation, I l est essentiel de déterminer avec
apports par alluvions, eau du sous-sol. autant d e précision que possible
(2) pertes : lessivage, drainage, érosion par l’eau, érosion por le vent, pertesgazeuses
(dénitrification,volatilisation de NH,). l’entrée d’azote dans chaque écosys-
tème renfermant une espèce fixatrice
Figure 1. Les trois principaux pools de l’azote (azote de l‘arbre, azote du sol et azote d’azote. Pour effectuer ces mesures,
des récoltes), les apports et les pertes dans un système agroforestier constitué on emploie les méthodes suivantes :
par un arbre fixateurd’azote et une culture annuelle associée. bilans, méthodes par différence,
techniques isotopiques (notamment
la dilution isotopique, l’abondance
naturelle en azote 15N, la méthode.
d e la valeur A), évaluation de la
nodulation, détermination des
ureides et des amides dans la sève du
xylème, méthode d e réduction d e
l’acétylène (PEOPLES et al., 1989 ;
DANS0 et al., 1992). Dans le cas des
arbres, I‘évaluation d e la fixation
d’azote est compliquée par I’inter-
férence de processus spécifiques liés
à leur nature péren’ne.

Pour une espèce végétale donnée


associée à une bactérie fixatrice don-
née, la quantité d’azote fixée varie
cons idé ra Is I e ni e iit avec I es co ti d i -
tions de climat et de sol. Sans facteur
I i in i ta nt, l’arbre ex p r i in era it p I e irie-
nient son potentiel fixateur, ou fixa-
tion potentielle (PFN). Si un facteur
Stabilisation de dunes littoralesau nord de Dakar l i m i t a n t intervient, la fixation est
par des plants de Casuarina equisetifolia inoculés. réduite : on niesute alors la fixation
Clich& Y R Duinnielyues d’;ILuIc ìicllc (l’NI<; lcibleciuI ) .

Agriculture et développement no7 - Sentemhre 1995 / i!’


Tableau 1. Potentiel fixateur d‘azote et fixation réelle d’azote pour Casuarina equisetifolia. C. equisetifolia peut fixer des quantités
d’azote importantes lorsqu’il est cultivé dans des conditions quasi optimales (cas de Bel-Airà Dakar, Sénégal). Au champ,
’ en conditions semi-arides,la fixation réelle de cette même espèce est réduite sous l’effet de contraintes de climat et de sol :

dix fois moins pour Notto (Sénégal) et deux fois moins pour Malika (Sénégal). La différence entre les deux stations peut être
attribuée à trois faits : le sol de Notto est plus pauvre que celui de Malika ;Notto est située à cinq kilomètres de la mer, alors que
Malika est en bordure de la côte et bénéficie de précipitations occultes non négligeables(embruns marins et rosées nocturnes) ;
les méthodes employées pour les évaluations sont différentes.
Site et référence bibliographique Méthode Age de la Azote fixé Azote fixé
de mesure* plantation par arbre par arbre
(valeur et par an
cumuIée) (moyenne)
Potentiel fixateur d’azote (arbres cultivés dans des conditions optimales d’irrigation et de fertilisation
en conteneurs d‘un mètre cube)
Bel-Airà Dakar TN D 24 mois 848 g 42,4 g
(SOUCOUFARA et al., 1990) AV 24 mois 84’4 g 42,2 g
Fixation réelle d‘azote
Notto (SOUGOUFARA et al., 1989) TN D 3 ans 13,4 g 4,s g
Notto (MARIOTTI et al., 1992) TND 3 ans 18,O g 6,O g
Notto (MARIOTTI et al., 1992) NA 3 ans 13,o g 4,3 g
Malika (DOMMERGUES, 1963) Bilan 13 ans 377,O g** 29,o g
Méthode de mesure de la fixation d’azote : TND, niéthode par différence ;AV, valeur A ; Bilan, méthode des bilans ;
NA, abondance naturelle de lSN.
** En admettant que la densité de plantation est de 2 000 arbres par hectare.

La fixation potentielle La fixation réelle


I I est bien établi que la fixation poten- La fixation réelle d’azote a souvent Casuarina equisetifolia aú Sénégal ou
tielle dépend des caractéristiques été surestimée. Les quantités d’azote d’A Ilocasuarina verticilla ta e ti Tun¡sie
génétiques de la souche de la bacté- fixé sont en général inférieures à (DOMMERCUES, comm. pers.).
rie associée et de celles de la plante 30-50kilogranimes par hectare et par
hôte. Jusqu’alors, les projets forestiers an ( S U T H E R L A N D et S P R E N T , Tableau 2. Classement des espèces
ou agroforestiers, à quelques excep- 1993). Certa,ins facteurs environne- d’arbres fixatrices d’azote, en fonction
tions près ( B R U N C K et al., 1990)’ mentaux en limitent le processus : la de leur potentiel de fixation (PFN)
n’ont jamais pris en compte l‘aptitude carence en phosphore, la sécheresse, (DOMMERCUES, 1995).
d’une souche d e rhizobium ou de l’acidité et l’alcalinité du sol, l’excès Espèces à PFN élevé
frankia à fixer l’azote en symbiose d’azote (favorable à la croissance de Leucaena leucocepl-rala,
(c’est ce que l’on appelle I‘effectivité la plante niais inhibiteur de l’activité Calliandra spp.,
d’une souche). Le rôle de l’arbre dans de fixation). Casuarina equisetifiolia, C. glauca,
la symbiose est aussi très important. C. cunninghamiana,
Des observations suggèrent que, dans
En se fondant sur les résultats publiés Acacia mearnsii, A. mangium,
un écosystènie fermé, la fixation a
jusqu’à présent concernant la nodu- A. auriculiformis, A. crassicarpa,
tendance à diminuer avec I’âge de la Gliricidia sepiuni, Sesbania spp.
lation et la quantité d’azote fixé, il a plantation par suite d e l’accumu-
été possible de classer quelques-unes Espèces 5 PFN moyen
lation progressive d’azote disponible. Prosopisjuliflora,
des espèces les plus utilisées en folic- Cette accumulation serait respon- Acacia saligna
tion de leur potentiel fixateur (tableau 2) sable de la raréfaction de la nodu- (synonyme : A. cyanophylla)
(NATIONAL RESEARCH COUNCIL, lation souvent observée dans les Espèces à PFN faible
1980, 1983, 1984 ; G I L L E R et peuplements âgés. Acacia raddiana, A. senegal,
WILSON, 1991 ; D A N S 0 et al., 1992 ;
A. cyclops, Faidherbia albida
S U B B A R A 0 e t al., 1993). En Par ailleurs, il est probable que la
Espèces à PFN nul
première approximation, on peut durée de fixation active d’une plan-
(les légumineuses non nodulantes
considérer qu’une espèce a un tation varie beaucoup suivant les figurant ci-dessousappartiennent
potentiel de fixation élevé lorsqu’elle espèces ligneuses, la densité de plan- à la sous-familledes césalpiniacées,
fixe en moyenne 30 à 50 grammes tation et les conditions de climat et sauf Parkia biglobosa qui est
d’azote par arbre et par an. Cela de sol. La nodulation et la fixation une mimosacée)
correspond à 60 à 100 kilogrammes d’azote peuvent aussi rester actives Ba uh inia sp .’ Cassia siamea,
d’azote fixé chaque année par une longtemps : c’est l e cas des plan- Ceratonia siliqua, Parkia biglobosa,
p l a n ~ i o de
n 2 O00 arbres par hectare. tations d’une vingtaine d’années de Parkinsonia aculeata, Tamarindus indica

L ;4

ce)!, Agriculture et développement 1 no7 - Septembre 1995


I

r,
I

Ax!
Les symbioses fixatrices d’azote
II existe trois groupes d e bactéries où ils subissent une différenciation en
fixatrices d’azote associées aux plantes bactéroÏdes ; c’est à c e stade final de
supérieures : l’infection que les bactéries synthétisent
- l e vaste groupe des Rhizobium, la nitrogénase, enzyme catalyseur de la
associés àdes légumineuses(’) ; la symbiose fixation de l’azote de l’air.
est p l u s frequente a v e c les espèces
Dans le cas de la symbiose actinorhizienne,
des sous-familles des papilionacées et
les hyphes de frankias qui ont pénétré
des mimosacées qu‘avec c e l l e s des
dans les cellules végétales se différencient
césalpiniacées ;
en vésicules. Celles-cisont le siège de la
- les Frankias, bactéries filamenteuses
synthèse de la nitrogénase.
sporulante (actinomycètes), associées
aux plantes dites actinorhiziennes. Ces La morphologie et la structure du nodule
dernières, sauf exception, sont des arbres rhizobien diffèrent de celle du nodule
et des arbustes, par exemple des genres actinorhizien. Pour le premier, les tissus
Alnus, Casuarina, Elaeagnus ; vasculaires entourent la zone infectée,
- les cyanobactéries, associées à des alors que pour le second, c’est la zone
hôtes divers allant des cycadesl2) aux infectée qui entoure les tissus vasculaires.
A z d l a (petite fougère aquatique que l’on
rencontre en particulier dans les rizières). Quelques plantes (par exemple Sesbania
C e troisième groupe ne concerne pas les rostrata, Aechynomene spp., Casuarina
plantes ligneuses. cuniijnghamiana) portent des nodules à
la fois sur les racines et sur les tiges.
Reconnaissance et étapes
préliminaires L‘équation cliiniique de la fixation Nodules rhizobiens sur le système racinaire
U n e Iiactérie doit être compatible avec biologique d’azote d‘Acacia holosericea. Contrairement aux
l’hôte auquel elle s‘associe. En d’autres nodules sphériques qui sont déterminés,
Le processus de fixation biologique de
termes, il existe une relation spécifique, ces nodules sont de type indéterminé :
l’azote consiste dans la réduction de
d’intensité variable, entre les deux parte- ils peuvent continuer à croitre par leur apex.
l’azote atmosphérique (N2) SOUS la forme
naires de la symbiose. Cette spécificité Cliché A. Goliono
ammoniacale, utilisable par la plante :
implique un système de reconnaissance
parfois désigné par l‘expression (( dia- N2 + Ge-+ 2 NH, (1)
logue moléculaire )). Dans le cas de la
symbiose rhizobienne, il a été montré I I y a simultanément réduction d’au
q u e la plante o u v r e l e dialogue moins deux protons en hydrogène :
en exsudant des flavonoi’des qui activent
les gènes de la nodulation de la bactérie. n e- + n Ht -+ n/2 H2 (2)
Cette activation provoque la synthèse
La réaction globale est donc la suivante :
d‘une molécule-signalde la nodulation
(Iip o c h itoo Iigo sa c c h a ri de) q u i, à son N2 + (6+ 11)e-+ (G + n) Ht-+2 NH3 +
tour, d é c l e n c h e c h e z la plante des
nì2 H 2 (3)
processus préparant la pénétration de la
bactérie dans la racine et la genèse du En fait, n peut varier de 2 à 9 ; niais on
nodule ; déformation de poils absorbants admet souvent que n = 2. L’équation
(dans l e cas d’une infection par cette globale devient alors :
voie), activation d e l a d i v i s i o n des
c e l l u l e s corticales, formation d’un N, + 8 e-+ 8 H t 4 2 NH, + H2 (4)
méristème nodulaire.
La réaction de fixation d‘azote est cataly-
infection e t développement sée par un complexe enzymatique connu
du nodule sous le nom de nitrogénase. Les trois
caractéristiques majeures de la réaction
L’infection de la racine par les rhizo- de fixation sont sa sensibilité à l’oxygène,
biums ou par les frankias a lieu soit par son coût énergétique élevé et son inhibi-
les poils absorbants, soit directement à tion par l’azote minéral.
travers I’épidernie racinaire. Après péné-
tration dans les tissus végétaux, les rhizo- D e nombreux composés, autres que
biums s’installent à l‘intérieur de cellules l’azote atmosphérique, qui renferment
aussi des triples liaisons, peuvent être
réduits par la nitrogénase, par exemple
[I). La grande famille des légumineuses l’acétylène (C2H2), qui est réduit en
comprend trois sous-familles : les papilionacées, éthylène (C2H4) :
les mimosacées, les césalpiniacées. Nodules de Casuarina equisetiFolia.
C2H2 + 2 e- + 2 Hf --t C2H4 (5)
Ces nodules actinorhiziens peuvent devenir
12). Les cycades sont des gymnospermes
primitifs à allure de fougères arborescentes ou Cette réaction està la base de la méthode très volumineux : leur diamètre dépasse
de palmiers, qui forment des nodules fixateurs de mesure indirecte de la fixation d’azote fréquemment dix centimètres dans le cas
d’azote - dits racines corallo’ides - avec des (ARA), qui consiste à évaluer la quantité d‘arbres âgés d’une dizaine d’années.
cyanoboctéries. d’étliylène formé par un système fixaleur. Cliché Y. R. Dommergues

i; ,fi:;i
\--

Agriculture et développement U no 7 - Septembre 1995 ’ - ?


.
Les méthodes d e mesure d e la fixation d’azote
I
I
Aucune étude sérieuse de la fixation La méthode de réduction Si N t est la teneur en azote total de la
, d’azote ne peut se concevoir sans com- de I’acéylène (test de [‘ARA) plante fixatrice, la quantité fixée est :
porter une évaluation quantitative in situ. Ndfa = % Ndfa x Nt.
Différentes méthodes sont utilisées pour De la comparaison des réactions (4) et (5)
Cette méthode est appliquée avec succès
cela ; si aucune n’est parfaite, la combi- (voir encadré (( L‘équation chimique de la
à la sélection des clones.
naison de plusieurs d’entre elles permet fixation biologique d‘azote 21, on déduit
de quantifier le processus avec une préci- que la réduction d‘une molécule de N2 Méthode de l‘abondance naturelle
implique 8 électrons (8 e-)’ alors que
I
sion satisfaisante. L’azote de l‘atmosphère est constitué
celle de C2H2 implique 2 électrons (2 e-).
I
I
La métliode par différence
Deux cas doivent être distingués.
Le coefficient permettant de convertir la
quantité d’acétylène réduit en azote fixé
est alors de 218 = 114.
essentiellement de 14N2(99,6336 OO/
d’atomes), le reste (0,3603 % d’atomes)
étant de l’azote SOUS la forme 15N,. En
1.Si la plante fixatrice est cultivée sur un revanche, beaucoup de sols sont enrichis
milieu dépourvu d‘azote, la teneur en Pratiquement, la plante est soigneu- nautrellement en l5N. Coninie cet enri-
I azote total de la plante à la récolte repré- sement déracinée. Le système racinaire chissement est faible, il est exprimé par le
sente la quantité d’azote fixé pendant la avec les nodules est mis en incubation taux de 15N (en parties pour mille,
culture. Cette méthode, très fiable, est pendant 30 à 60 minutes dans un réci- 6 15N).
couraniment employée en chambre de pient étanche dont 10 % de l’air a été Réch.* - Ratni.**
culture OU en serre pour tester I’effectivité remplacé par de l’acétylène. On prélève 6 15N(%o) = Ratl~,** x 1O00
(aptitude à fixer l’azote) des souches de ensuite un échantillon du gaz d’incu-
ihizobiumset de frankias. bation pour y doser I’éthylène formé, en o Ù R = 15N+ 14N
chromatographie en phase gazeuse. 14N+ 14N
2. Si la plante fixatrice est cultivee sur un
( * : échantillon du sol ou de plante ;
milieu contenant de l’azote, il devient
L’analyse des composés azotés ** : atmosphère)
nécessaire de cultiver en même temps,
dans le m h e milieu et dans des condi- du xylème
Les végétaux non fixateurs ont le même
tions identiques, une plante de référence Cette méthode, au demeurant assez élé-
taux de 15Nque le sol sur lequel ils pous-
non fixatrice. L‘hypothèse de départ est la gante, ne concerne que les légumineuses
sent. Les plantes fixatrices ont en
suivante : la plante fixatrice absorbe la qui exportent, sous forme d’uréides
revanche un taux plus faible car elles pui-
niênie quantité d’azote du sol (Ndfsi) que (allantoïne, acide allantoi’que) l’azote fixé
sent une partie de l’azote de l’air, pour
la plante non fixatrice (Ndfso) : dans les nodules. II s‘agit en fait de
lequel 6 15Nest par définition nul.
Ndfsi = Ndfso. La quantité fixée (Ndfa) est quelques arbres : Sesbania grandiflora,
mesurée par la différence entre la teneur Acacia niearj~sii.La proportion de ces Le principe de la quantification de la
en azote total de la plante fixatrice composés dépendant de l’activité fixa- fixation de l’azote par la méthode de
(Ndfa + Ndfsi) et la teneur en azote total trice, il est possible d’estimer le pourcen- l‘abondance naturelle est le même que
de la plante non fixatrice (Ndfso). tage d’azote fixé de la plante (% Ndfa) celui de la dilution isotopique après enri-
On peut alors écrire : en s’appuyant sur I’évaluation de la chissement en 15N, mais aucun apport
+
Ndfa = (Ndfa Ndfsi) - Ndfso. proportion d’ur6ides dans la sève. supplémentaire de 15N n’est fait puisque
seule la teneur naturelle des sols et des
La méthode des bilans Les méthodes isotopiques végétaux est prise en compte. Le pourcen-
Dans un écosystèmedonné, si l’on admet (deux exemples) tage d’azote fixé (% Ndfa) est calculé à
que les apports d’azote (autres que la fixa- partir de la formule :
tion) sont égaux aux pertes, la fixation est Dilution isotopiqueaprès YONdfa = (6 ‘*Nr- 6 15Nf)/(6 15Nr - b) x 100
alors égale à l’accroissement en azote des enrichissement du sol en 15N avec
deux pools d’azote (sol et plante) pendant Les plantesfixatrices et non fixatrices sont 6 15Nr composition isotopique
une période considér6e. On détermine la cultivées sirnultanément sur un sol ayant de la plante de référence non fixatrice ;
teneur en azote total des deux pools en reçu la même quantité d’engrais azoté 6 15Nf composition isotopique
début et en fin d’expérience et on en enrichi en 15N(jusqu‘à 30 % d’atomes). de la plante fixatrice ;
déduit la quantité d’azote fixé Ndfa : Le postulat sur lequel est fondée cette b, coefficientde fractionnement isotopique
+
Ndfa = Ntpi + Ntsi - (Ntpo Ntso) méthode est que les deux plantes utilisent tenant compte de la légère diminution de
avec dans la même proportion l’azote du sol et 15N (0’2 à 2 pour mille) dans l’azote fixé,
Ntpi azote total de la plante en fin l’azote de l‘engrais azoté l S N . Le pour- entraînée par le processus de fixation.
d‘expérience ; centage d’azote fixé (% Ndfa) est donné
Ntsi azote total du sol en fin d’expérience ; par la formule : L’évaluation du nombre et du poids
Ntpo azote total de la plante en début Yo Ndfa = (1 - EiIEo) x 1O0 des noduIes
d‘expérience ; avec L’évaluation du nombre et du poids des
Ntso azote total du sol en début Ei excès isotopique dans la plante fixatrice ; nodules est une approche simple, trop
d’expérience. Eo excès isotopique dans la plante non souvent négligée, qui donne un ordre de
Pour déterminer la fixation d‘azote d’une fixatrice. grandeur de la fixation de l‘azote.
plantation d’atbres, il est égalenient pos- L’excès isotopique E est égal à la diffé- Lorsque les conditions de niilieu sont
sible de comparer la teneur en azote total rence (YOd’atomes 15N dans les tissus favorables, on admet, en moyenne’ que
du système sollplantation avec un végétaux - 0,3663 YO),la valeur 0,3663 Yo 1 gramme de nodules (poids sec) d‘un
système témoin, par exemple une correspondant à la proportion naturelle arbre fixateur (léguniineuse et espèce
parcelle maintenue en jachère nue ou d’atomes de 15N dans l’atmosphère ter- actinorhizienne) fixe 1 gramme d’azote
non ieboi+e reqlre. par an.

Agriculture et développement ti no 7 - Septembre 1995


-
œ Espèces du sous-bois
Feuilles de leucaena
Branches de leucaena

-2 2
O 1 2 3 4 5 6 7
Années écoulées
depuis la plantation de leucoena

Figure 2. Variation en fonction du temps des


valeurs moyennesdu taux de 15N (6’5N)
des feuilles et des branches de Leucaena
leucocephala ainsi que des plantes
non fixatrices d’azote du sous-bois
(VAN KESSEL et al., 1995).
Cultures en couloir entre haies de Leucaena Ieucophah à Machacos, Kenya.
Cliché Y. R. Dommergues

Particularités de la continuer à fixer l’azote même


Les modalités
lorsque les horizons supérieurs du sol
nodulation des arbres sont desséchés. mises en œuvre
La nodulation des arbres présente Ld nodulation aérienne est connue A nioins de faire ainsi appel au niar-
trois caractéristiques que l’on ne depuis longtemps pour des Iégunii- quage isotopique, il est difficile de
retrouve pas, ou plus rarement, pour neuses annuelles appartenant notam- suivre le transfert de l’azote fixé dans
les plantes annuelles : elle peut être nient aux genres Sesbania et les différents compartiments de I’éco-
pérenne, profonde ou aérienne. AeSChytJbtiiene. Elle a aussi été système, en raison de l’interférence
observée récemment sur des espèces d e trois processus liés à la nature
La nodulation est pérenne pour pérennes telles qu’Aescliynomene pérenne de l’arbre fixateur :.
toutes les espèces actinorhiziennes. elaphroxylon, Casuarina CU1JiiiiJgha- recyclage, niobilisation et remobili-
Pour les légumineuses, les nodules miana et C. glauca (DUHOUX et al., sation,dans les tissus de l’arbre, redis-
pérennes semblent plus rares, bien 1993). La nodulation aérienne confè- tribution dans le profil du sol.
qu’ils aient été observés dans le cas rerait à l’arbre une certaine indépen- Pratiquement, on fait une évaluation
d‘Albizia lebbeck. La pérennité des dance à I’égard d e diverses approximative de ces transferts en
nodules présente un avantage certain contraintes du milieu : excès d’azote déterminant les variations d e l a
puisque la fixation d’azote peut d ispo iiib Ie, e ngo rge me nt to x ic ités teneur en azote du sol ou celles des
recommencer dès que les conditions ni inerales. rendements des cultures annuelles
sont favorables : il n’est pas néces-
associées.
saire d’attendre une nouvelle infec-
tion, processus q u i requiert des
conditions plus difficiles à réunir que Les transferfs te recyclage partiel de l‘azote
la reprise de l’activité à partir de
nodules déjà existants (REDDELL, d’azote Tous les arbres réutilisent (ou recy-
1993). clent) en partie l’azote minéralisé à
Le processus de transfert de l’azote partir des litières organiques (feuilles,
La nodulation profonde a été signalée fixé à des plantes non fixatrices a été ranieaux, fleurs et fruits tombés) et
pour des espèces phréatophytes Iégu- clairement montré par une expé- des résidus racinaires (desquamation
mineuses - Prosopis juliflora, (FEL- rience de VAN KESSEL et al. (1995)’ et exsudations racinaires, nodules),
KER et CLARK, 1982 ; JENKINS et al., qui a consisté à suivre les variations qui se décomposent dans le sol sous
1988) - ou actinorhiziennes comme en fonction du temps, de I’abon- l‘effet d e la niicrofaune et des
Allocasuarina decaisneana. Dans ce dance naturelle de l’azote 15N in icroo rganisines. II faut éga I em ent
dernier cas, des nodules ont été trou- dans uti peuplement dense d e ajouter le flux d’azote résultant du
vés à des profondeurs supérieures à L . leucocephala comportant un lessivage des houppiers et du ruissel-
1 O mètres (REDDELL, 1993). Cette so us-bo is d’espèces non fix at rices lement de l’eau le long des troncs
caractéristique permet il’arbre dc d‘azote (figure 2). (sk,11-170rw).

Agriculture et développement E no 7 - SeDtembre 1995 7;


Certaines observations suggéreraient
que la proportion d’azote recyclé des Les champignons mycorhiziens
arbres fixateurs serait inferieure à
c e l l e des arbres n o n fixateurs : et la mycorhization
environ 20 Yo d e l’azote assimilé
pour ces derniers, 3 % pour Alnus Les champignons mycorhiziens sont des espèces (fixatrices ou non) appartenant
glutinosa (aulne) et 7 Yo pour Acacia champignons symbiotiques des racines p a r e x e m p l e au g e n r e Acacia
qui forment sur ces dernières des organes (LE TACON et al., 1989).
holosericea (LANCKAMP et al., 1982 ;
mixtes rac ine/c liani p ig no n appe Iés
WHEELER, 1991). mycorhizes. Ils sont de deux types : Symbioses multiples
endomycorhizien OU ectoniycorhizien. Les arbres fixateurs d’azote peuvent être
ta mobilisation et la associés avec leur symbiote fixateur
remobilisation de l’azote Les champigli ons endoni y CO rfi ir i en s (rhizobium OU frankia) et avec un ou
à vésicutes et arbuscules (VAM) pIus¡eurs champignons niycorh izieris. La
Les réserves azotées de l’arbre (résul-
Ces clia’mpignons primitifs ne sont pas plante bénéficie de l’apport d’azote
tat d’un processus de mobilisation) visibles à l‘œil nu car ils se développentà atmosphérique des bactéries fixatrices ,et
subissent une remobilisation et des l’intérieur des racines. Ils s’associent à la tire parti de l‘amélioration de I’alimen-
transferts qui peuvent être importants plupart des plantes, dont de nombreux tation en phosphore et en eau permise
puisque, d‘après D O M E N A C H et arbres fixateurs d’azote, par exemple des par les champignons.
KURDALI (1989), 10 % des réserves espèces des genres Leucaena, Acacia,
azotées d’A. glutinosa sont niobili- Dalbergia, Casuarina. La m y co rli i zatio I
sées et transférées pour la repousse. Cette opération consiste à introduire une
Les champignons ectomycorhiziens cu Iture de clia nip ig no t i niy co rliiz ien
Ils sont plus évolués (truffe, bolet, scléro- dans le sol,.à proximité, ou sur des
ta redistribution de l‘azote
derme, etc.) et parfaitement visibles à racines d’une plante. Elle est nécessaire
dans le profil du sol l’œil nu. Le champignon est présent dans seulement dans le cas où l‘objectif est la
Les arbres, qu’ils soient fixateurs la racine et à l’extérieur, formant un régénération de sols dont la microflore
manchon continu de niycélium autour mycorhizienne est réduite ou absente :
d’azote ou non, remontent en surface
des racines courtes. Ils s’associent en remblais, déblais, sols épuisés et dégra-
des éléments nutritifs, situés dans les
particulier à des conifères ou à des dés, sols désertiques.
horizons profonds, notamment l’azote
minéral. Les espèces phréatophytes
remontent e n outre des éléments
nutritifs des nappes phréatiques Plantations forestières
situées jusqu’à plus de 30 mètres non exploitées
(JENKINS et al., 1988 ; D U P U Y et
DREYFUS, 1992). Parmi les déments Dans un sol sodique de la station de
redistribués en surface, le phosphore Banthra à Lucknow en Inde, C A R G et
occupe une place importante, surtout J A l N (1 992) constatent qu’en
dans le cas où les arbres sont myco- 8 ans, la teneur en azote du sol (à
rhizés (WHEELER, 1991). En effet, le l’origine de O,O2 %) a été multipliée
système racin a ire des arbres, q u’ iI s par 4 sous une plantation d‘Acacia
soient fixateurs ou non, peut former nilotica et par 6 sous une plantation
des symbioses a v e c des cham- de P.juliflora.
pignons. L’une des principales Au Sénégal, dans u n reboisement de
propriétés de ces champignons dits C. equisetifolia âgé de 13 ans, DOM-
(( mycorhiziens )) est de faciliter la M E R G U E S (1963) a évalué le stock
nutrition d e l a plante hôte e n d’azote du sol à 309 kilogrammes par
éléments minéraux peu mobiles, hectare alors que dans le sol voisin
notamment le phosphore. de même nature, hors reboisement,
ce stock était de 80 kilogrammes par
hectare. Plus récemment, MAILLY et
Exemples de transfert MARGOLIS (1992) ont trouvé que le
de l‘azote des arbres stock d’azote du sol sous des plan-
tations de C. equisetifolia situées
vers le sol dans la même région était d’environ
Les données d’enrichissement du sol 1567 kilogrammespar hectare ; mais
en azote grâce aux arbres fixateurs cette évaluation, nettement plus
sont très variables e t dépendent élevée que la première, correspond
largement des conditions expéri- à des plantations plus’ âSées
mentales et des conditions naturelles. (17-34 ans) et à des sites différents.

Agriculture et développement E no 7 - Septembre 1995


Pluntations forestières Tableau 3. Biomasse et teneur,en azote des composantes d‘une plantation
d’Acacia mangium âgee de G,8 ans (HALENDA, 1989).
de production
Composantes Biomasse (poids sec) Azote
Lorsqu’il s’agit de plantations exploi- tonnes par hectare % kilogrammes par hectare %
tées pour leur biomasse, la situation ~

Fruits et fleurs 016 03 14’7 2’4


est également variable. Dans certains
Feuilles 4’7 3’8 148’1 24’0
cas, le bilan azoté du sol est positif,
Rameaux
probablement parce que la fixation (diamètre > 1 cm) 2’9 2,4 24’9 4’0
est très active. En Afrique du Sud, Branches
O R C H A R D et D A R B Y (1956) ont (diamètre > 1 cm) 12,4 10,o 111‘5 18,l
c o m p a r é six sites plantés en Branches niortes 52 4’2 32,6 5’3
A. decurrens var. mollissima (syno- Troncs 97,4 79,O 284’2 46’1
nyme A. mearnsid et six sites témoins TOTAL 123,2 616’0
non plantés, Après 3 0 années de
culture (trois générations d‘arbres)
d’A. mearnsii, la teneur moyenne en
azote des sols était passée de 0’35 à de 7 ans renferme G I 6 kilogramnies défrichement de la forêt secondaire
0’53 Yo, c e qui correspond à un d‘azote par hectare (tableau 3). Si les âgée de 5 ans, était d e 0,214 Yo
apport m o y e n d’azote d e 180 exportations portaient sur la totalité dans l’horizon 0-5 centimètres et de
40 kilogrammes par hectare et de cette biomasse, les pertes d’azote 0,134 YO dans l’horizon 5-1 O.centi-
par an. seraient considérables et l’on abou- mètres en 1982. Après quatre années
tirait ainsi à I’épuisenient du stock d e mise e n culture e n maïs
L e b i l a n d’azote sous plantation d’azote du sol. Pour diminuer ces et e n niébé (Vigna Unguiculata),
forestière peut être négatif si les pertes, il faudrait limiter I’exploi- en l’absence de haies vives de L. leuco-
coupes exportent plus d’azote qu’il tation au bois seul, qui correspond à cephala, la teneur en azote est tom-
n’en a été fixé. En Malaisie, HALEN- u n e exportation moindre, d e b é e à 0,038 o/o pour l’horizon
D A (1989) constate que la totalité 284 kilogrammes d‘azote par hectare 0-5 centimètres (1 7 YO de la teneur
d e la bioinasse aérienne d’une en 6 ans. En fait, il faut aussi compta- initiale) et 0,042 O/O pour l’horizon
plantation d’Acacia mangium âgée biliser les pertes dues aux autres pro- 5-10centimètres (31 Yo de la teneur
cessus - le lessivage, I’érosion et le initiale) e n 1986. E n revanche,
drainage, la volatilisation de l’azote l’installation des haies vives d e
animoniaca II Ia déi1itrification. EI I es L. leucocephala, avec application
pourraient atteindre 1O à 20 kilo- des branchages émondés sur le sol
grammes par hectare et par an (WET- cultivé, a eu pour conséquence une
SELAAR et GANRY, 1982 ; GANRY, diminution moindre de la teneur en
1990). E n d’autres termes, pour azote du sol : 0,103 Yo (48 Yo de
obtenir un bilan d’azote équilibré en l a teneur initiale e n azote) dans
l’absence d’apport d’engrais azoté et l’horizon 0-5 centimètres et 0,090 Yo
en limitant les exportations au bois ( 6 7 YO de l a teneur initiale) dans
seul, i1 serait nécessaire que la l’horizon 5-1 O centimètres en 1986.
fixation d’azote atteigne ou dépasse Les pertes d’azote sont probablement
50-60 kilogrammes par hectare et dues en majeure partie aux expor-
par an. tations des cultures successives de
mai’s et de niébé ainsi qu’à des pertes
Arbres associés à des cultures d’origine physique (érosion, lessivage,
vo Iat iIisat io n) o u in icrobio I o gique
annuelles ou pérennes (dénitrification). Elles n’ont été que
Les arbres fixateurs peuvent contri- part ie I I e in e n t c o lnpensées pa r
buer à la nutrition azotée des cultures l’association avec L. leucocepliala.
*^
an nuelles associées.
Acacia raddiana cultivé en conteneurs Dans d‘autres contextes, SANCHEZ
de polyéthylène. Dans le cas particulier des obser- (1987) suppose que, lorsque les
De gauche à droite : vations faites après défrichement de arb res poussent spontanéine nt I e
inoculation avec rhizobium seul (1R) ; forêt, cet apport n’est pas suffisant niveau relativement élevé de fertilité
double inoculation avec rhizobium pour prévenir la diminution de la observé à leur proximité o u sous
et champignon endomycorhizien (1RM) ; teneur du sol en azote qui suit le leurs houppiers est antérieur à leur
inoculation avec rhizobium seul et apport défrichement. LAL (1989) le constate installation. G E I G E R et al. (1992)
de phosphate (1RP). au sud d u Nigeria : l a teneur en émettent la même hypothèse pour le
Cl;ch6 Y R Dcmlneigucs nzolc (lu sol, irnn~6diateinontaprPs couvcrl de F;I;~/R-Y/J~~Ia/bkh, 1-6pui&

Agriculture et développement O no 7 - Septembre 1995 I, i!


e n région sahélienne pour l’effet réabsorbe u n e partie et que des appliquées sur ma’is. Les émondes
favorable qu’il a sur les rendements pertes interviennent siniultanénient. apportent 300 kilogranimes d’azote
du mil, de l‘arachide ou du sorgho. L’expérience de V A N KESSEL et al. par hectare ; cela se traduit par une
Seules des expérimentations précises (1995) citée plus haut, niontre sans augnientation de rendement du ma’is
conduites dans différents milieux ambigui’té qu’il y a transfert d e équivalente à celle de l‘application
pourraient permettre de confirmer ou l’azote fixé vers les plantes du d’une, trentaine de kilogrammes par
d‘infirmer ces observations. sous-bois. hectare de sulfate d‘ammonium.
Cette faible efficacité s’expliquerait
Dans ce domaine, des données exis-
par l e fait q u e les feuilles et les
Exemples de transfert tent pour les systèmes agroforestiers rameaux Ii bè rent rap ide nient Ie ur
suivants : cultures en couloirs, parcs
azote (50 YO a u cours des quatre
de l’azote des arbres arborés, jachères forestières, anien-
premières semaines après leur appli-
dements avec des composts ( V O N
aux cultures associées CARLOWITZ, 1989).
cation sur le sol) qui est minéralisé et
perdu en grande partie par volati-
L’azote fixé par des légumineuses
lisation ou lessivage ( S A N G I N G A
annuelles n e semble pas toujours
Cultures en couloirs et al., 1988). U n e autre partie de
transféré à d’autres plantes. Ce pro- l’azote fixé est transférée aux cultures
cessus dépendrait donc de conditions Dans le cas des systèmes en couloirs
par les litières foliaires et racinaires
encore mal connues (FUJITA et al., (alley cropping), les cultures sont ins-
(y compris les nodules). Dans I’expé-
1992 ; A N D E R S O N et SINCLAIR, tallées sur des bandes entre des haies
rience de M U L O N G O Y (1983); la
1993). En revanche, dans le cas des d’arbres souvent fixateurs d’azote,
quantité d’azote transféré par cette
arbres fixateurs, ce transfert existe, appartenant ndta ninie t i t a ux gen res
voie serait sensiblement la même que
bien qu’il ne porte pas sur la totalité Erytllrina, Gliricidia, Inga, Leucaena,
la quantité apportée par les émondes.
d e l’azote fixé puisque l‘arbre en Mimosa, RObiiJia et Sesbania. Les
arbres sont régulièrement émondés et
les émondes (prunings) sont appli- Parcs à Faidherbia albida
quées sur le sol cultivé et constituent
ou Prosopis cineraria
un engrais vert (green manure) ou un
muIch. Les parcs à F. albida ( S a h e l ) o u
P. cineraria (Inde) sont considérés
En Australie, sous un climat tropical
conime d’excellents systèmes agro-
semi-aride continental, X U et al.
forestiers. O n a depuis longtemps
(1993) constatent que cette pratique
améliore significativenient les rende-
ments du ma‘is cultivé en couloirs
entre des haies de L. leucocephala
distantes de 4’5 mètres. Au Nigeria,
sur la station de l’International
Institute of Tropical Agriculture (IITA)
à Ibadan, SANGINGA et al. (1988)
conduisent le même système cultu-
ral. Ils observent qu‘une partie de
l’azote fixé par 1. leucocephala est
transféré au nia’is par les émondes. II
s’en suit une augmentation de rende-
ment du ma‘is équivalente à celle
induite par 80 kilogrammes par
hectare d’engrais azoté pour les
parcelles où L. leucocephala a été
i n o c u l é (souche de rhizobium
I R c 1045) ou équivalente 2 c e l l e
procurée par 40 kilogrammes dans le
cas des haies sans inoculation.

B i e n souvent, l’azote apporté par


les émondes est mal utilisé par la
Culture de maii entre haies de Leucaena culture, comme le montre I’expé-
leucocephala qui viennent d’être émondées rience de M U L O N G O Y (1983)
à Machacos, Kenya. conduite dans le sud du Nigeria pour
Cliché Y R. Dommergues les émondes d e L. /eucOcephn/a

Agriculture et développement: 1 no7 - Septembre 1995


remarqu6 que les rendements des pourrait ne pas être négligeable, niais
cultures installées sous ces arbres jusqu’à présent, il n’existe aucune
étaient significativement plus élevés mesure sur le flux correspondant.
que hors de leur couvert (MUTHANA,
Quant à P. cineraria, les données
1985 ; CTFT, 1988 ; A R Y A et al.,
sur la fixation réelle sont encore
1991 ; V A N DEN BELT, 1992). Mais
insuffisantes pour apprécier la
en zone sahélienne (climat semi-
participation de cet arbre à I’approvi-
aride, moins de 600 niillimètres de
sionnement du sol en azote.
pluie par an), la fixation potentielle
de f. albida est faible et inférieure à
celle de certains Acacia (A. seyal, les jachères forestières
G U E Y E , comni. pers.). La fixation améliorées
réelle, déterminée par la méthode de
La jachère forestière améliorée est
l’abondance naturelle, est également
une plantation d’arbres fixateurs
faible (SCHULZE et al., 1991). Cela
d’azote insérée dans le c y c l e
n’est pas surprenant parce que la
cultural. C’est l’un des systèmes agro-
tiod u I at ion est pratiquement inex is-
forestiers les plus réalistes à condition
tante dans ces conditions. Sous
que la phase de culture ne soit pas
F. albida, l’amélioration de fertilité
trop longue et ne conduise pas à des
observée n’est pas due à la fixation
modifications irréversibles du milieu.
symbiotique mais plutôt à d’autres
facteurs, coninie la matière orga- A N D E R S O N et S I N C L A I R (1993)
nique laissée par les animaux par- décrivent un système expérimenté en
qués à l’ombre des houppiers. En zone sahélienne. Acacia senegal est
revanche, en Casamance (sud du c u l t i v é pendant u n e dizaine
Sénégal), sous un climat plus humide d’années. La végétation est ensuite
(1 000-1500 niillimètres de pluie par brûlée pour laisser la place à une ou
an), la nodulation est abondante deux années de sorgho. Les jeunes
( D U P U Y et D R E Y F U S , 1992) ; la semis d‘A. senegal se réinstallent
contribution de la fixation d’azote à spontanément sur le sol laissé en
l‘amélioration de la fertilité du sol jachère. Puis le cycle recommence.

A la Réunion, les cultures de géra-


nium ont été traditionnellement ins-
tallées après défrichement de la forêt.
Après 5 à 7 années de culture, les Prosopis juliflora (algaroba) est une
terres sont abandonnées et recolo- espèce phreatophyte multicauleoriginaire
nisées par Acacia mearnsii. Cette du Pérou. Elle est plantée sur de grandes
espèce, à fort potentiel fixateur, surfaces depuis 1944 dans le nord-est
régénère le sol et constitue ainsi une du Brésil et peut produire jusqu‘à
bonne jachère améliorée (BENOIT, 400 kilogrammesde gousses par an.
1991 ; GIRARD et SICALA, 1991). Ces gousses constituent un aliment
de premier choix pour le bétail.
U n e expérimentation a été récem- Cliché Y. R. Dommergues
ment mise en place par le Centre de
coo pér at io n inter t i at ion a I e en
recherche agronomique pour l e teneur ni le rendement (tableau 4). En
développement (CIRAD, France) en revanche, la jachère à A. lebbeck a
Côte d’Ivoire. Elle permet de conipa- u n effet significatif favorable
rer l’effet de quatre jachères de légu- sur l’efficience de l‘engrais lorsque
mineuses arborées (Acacia mangium, le m u l c h issu du feuillage des
i- “
A. auriculiformis, Albizia lebbeck,
r*

arbres n’est pas brûlé. Le brûlis est


AU sein des nodules actinorhiziens, les frankias L. leucocephala) et d’une jachère déconseillé, car s’il se traduit par un
ment des structuresspéciales appelées vésicules, naturelle herbacée (Chromolaena accroissement de rendement et une
qui sont le siège de la fixation d‘azote. odorata, synonyme : Eupatorium moindre pénibilité du travail en
Ces vésicules sont sphériques dans des nodules odoratum), sur la teneur en azote première année, i l provoque une
I’Hippopbae rbamnoi’des obtenus par inoculation total du sol et sur le rendement en diminution du stock d‘azote du
avec Ia souche D11. ma‘is. La jachère forestière ne modifie sol par volatilisation (OLIVER et
Cllclié D Gouthier pas d e façon spectaculaire cette GANRY, 1994).

Agriculture et développement E no 7 - Septembre 1995


Tableau 4. Effet de jachères forestières de 4 ans à Acacia.nJangiunJ,A. auriculifornJis, tes composts
Albizia lebbeck, Leucaena leucocephala et d‘une jachère naturelle à Cliromolaena sp. Certains résidus d‘arbres (émondes)
du même âge, sur la teneur du sol en azote total (horizon 0-15 centimètres) et sur
se décomposent trop rapidement ;
l’absorption d’azote par le nia‘is (OLIVER, non publié).
cette décomposition n’est pas syn-
Espèce Teneur du sol Azote absorbé par le niai’s chronisée avec les besoins de la plan-
en azote total (%) (grammes par mètre carré) te cultivée. Leur compostage pourrait
améliorer la qualité de la matière
~~

Jachères forestières
A. mangiuni 0,185 b 14/85a* organique incorporée au sol. U n e
A. auriculiformis 0,159 b 7,55 b tentative a été effectuée dans ce sens
A. lebbeck 0,248 a 13,58 ab pour valoriser les bas-fonds inondés
L . leucocephala 0,213 ab 11,20 ab et non cultivés au Sahel (GANRY et
Jachère naturelle GUEYE, 1992). Les bas-fondsont été
C/JrOlJJO/ae/JaSp. 0,205 ab 9/99 ab plantés en Sesbania rostrata qui a été
* Dans chaque colonne, les chiffres suivis par la même lettre ne diffèrent pas ensuite composté pour être apporté à
significativement suivant le test de NeVman-Keuls(P = 0,05). des cultures. On a suggét:é que ces
coni posts pou rra ient être e n rich is
e n résidus à décomposition lente,
Tableau 5. Stratégies d‘amélioration de la fixation de l‘azote. provenant d’espèces telles que les
Amélioration de la plante hôte casuarinacées afin d’allonger l a
phase d e minéralisation e t d e
Critères Potentiel fixateur d’azote élevé
répondre p l u s efficacement aux
Croissance rapide
Enracinement profond besoins de la plante cultivée.
Compétition réduite à I’égard des autres végétaux
Tolérance aux contraintes du milieu, notamment
salinité et sécheresse L‘amélioration de la
Nodulation aérienne (dans certains cas particuliers)
Méthodes Amélioration génétique par les voies classiques fixation biologique
- -
(notamment hybridation)
Tri de provenances ou d’individus d’élite, suivi de l’azote
de leur multiplication végétative, puis identification
des combinaisons hôte/rhizobiuiii ou frankia Les essais au champ conduits dans de
les plus performantes nombreux pays tropicaux inontretit
Transformation (transfert de gènes) que, sauf exception, la fixation réelle
est insuffisante pour assurer le main-
Amélioration des souches compatibles de rhizobiums ou de frankias
tien des réserves azotées du sol
Critères Effectivité (aptitude à fixer l’azote) élevée chaque fois qu’il y a u n e récolte
Aptitude compétitive élevée exportée, forestière ou agricole. II est
Tolérance aux contraintes du milieu
possible d’améliorer la fixation biolo-
Aptitude à modifier favorablement la physiologie
gique grâce à différentes stratégies
de la plante hôte
(tableau 5) (DREYFUS et a/., 1988 ;
Méthodes Tri de souches sauvages
DANS0 et al., 1992 ; HARDARSON,
Construction de nouvelles souches par génie génétique
1993).
Inoculation ’ Culture de rhizobiumsou de frankias
Pr6paration et conditionnement des inoculums
Elimination de contraintes environnementales L‘a mé1ioration
Sécheresse Récolte des eaux pluviales de l’arbre hôte
Irrigation
L’amélioration de la plante, hôte de
Déficiences FeltiI isation et mycorhization
la bactérie fixatrice d’azote, peut
nutritionnelles
porter sur plusieurs points :
Facteurs Pesticides et lutte biologique
- la capacité de fixation de l’azote en
biologiques Stérilisation, y compris solarisation*
présence d‘un certain seuil d’azote
défavorables
disponible dans le sol ;
* La solarisation est l’opération qui consiste à appliquer, pendant un ou deux mois, - l’architecture du système racinaire
un film plastique noir à la surface d’une parcelle dont le sol a été préalablement de l’arbre ;
humidifié (STAPLETON et DEVAY, 1986). Si l‘ensoleillement du site considéré est
- les conditions de l’inoculation
suffisant, la température du sol s’élève assez pour détruire une partie de la microflore
et de la microfaune pathogènes (par exemple les nématodes). Des microorganismes préa I a ble.
utiles sont également tués, comme certains champignons mycorhiziens ; i l faut alors On a déjà souligné que la teneur en
les réintroduire par inoculation. azote disponible du sol (azote

Agriculture et développement ¡X no7 - Septembre 1995


minéral et azote minéralisable) fortement (figure 3). Ils peuvent Faidherbio albida
inhibe la fixation à partir d’un certain ainsi induire une perte de 50 % de Poids des racines : 0,31 kg
seuil (SANCINGA et al., 1987). O n rendement jusqu’à une distance de Poids de la tige : OJO kg
Diamètrede la tige au collet : 1,7 cm
sait que l’aptitude à fixer l’azote en 2,50 mètres de la ligne d‘arbres. Hauteurde Ia tige : 0,70 m
présence d’azote combiné est fonc- Dans l e cas d e P. j u l i f l o r a , l a
tion des différences génétiques compétition est minime et n e
(HERRIDGE et BETTS, 1988). Bien provoque pas de baisse significative
r ’7”’ - -
1 , O m 0,5m
-1-
0,5 m 1,0 m

que les connaissances actuelles de production des cultures associées


0,5 m
soient restreintes dans le cas des (CAZET, 1989).
arbres, il apparait que quelques
U n autre problème a été soulevé par 1,0 m
espèces continuent à fixer l’azote
les chercheurs : est-il judicieux de
dans ces conditions, comme
sélectionner la plante hôte de la bac- 1,5 m
l’aulne ( D O M E N A C H et al,, 1989 ;
térie fixatrice pour une plus grande
WHEELER, 1991). Les investigations
promiscuité, c’est-à-direpour qu’elle 2,o m
portant sur cette particularité méri-
puisse noduler a v e c un grand
teraient d’être largement dévelop-
nombre de souches de bactéries 2,O m
pées afin d’identifier les espèces,
existant déjà dans le milieu, ce qui
les provenances o u les clones 1,Om 0 5 m 0,5m 1,Om
évi tera it I ’ inocu I at i o ti (HE NZELL,
les plus (( tolérants )) à l’azote
1988) ? La promiscuité présente
disponible.
l’inconvénient grave d’exposer la
plante à l’infection par des souches à
L’architecture du système racinaire
faible effectivité. La tendance actuelle
de l’arbre est une caractéristique
est, au contraire, de sélectionner la
essen ti e I I e e t i agro f o rest e rie, e n
plante hôte pour une plus grande
regard d e la compétition entre les Acacia ni/oficassp. adstingens
spécificité par rapport à la souche.
plantes cultivées associées et les Poids des racines : 0,98 kg
Une méthode simple vient d’être pro-
arbres. Avec son système racinaire Poids de la tige : 1,50 kg
posée pour trier des génotypes ayant Diamètre de la tige au collet : 3,8 cm
pivotant, F. albida ne montre aucune
une préférence marquée pour une Hauteurde la tige : 1,50 m
compétitivité à I‘égard des cultures
souche effective ( H A R D A R S O N ,
adjacentes d’arachide, de mil ou de
1993). Figure 3. Systèmes racinaires d‘Acacia
niébé, alors que des arbres dont le
nilofica et de Faidherbia albida âgés de
système racinaire est traçant, comme D’une manière générale, I’amélio- 32 mois, plantés dans un sol ferrugineux
A. nilotica et A. tortilis (synonyme : ration de l’arbre peut être obtenue en tropical très sableux, à la station de
A. r a d d i a n a ) , les concurrencent suivant les approches de sélection Thinaba au Sénégal (CAZET, 1989).
--
L’amélioration des propriétés
symbiotiques de l’arbre fixateur d’azote
La fixation de l’azote peut être améliorée Depuis quelques années, la transfor-
en sélectionnant les plantes hôtes en mation génétique est tentée pour
fonction de leur potentiel fixateur (nodu- quelques espèces d‘arbres fixateurs
lation et quantité d’azote fixé) et de leur (Robinia pseudoacacia, Allocasuarina
tolérance aux contraintesde I’environne- verticillata). En 199 1, /’&quipe
ment (en particulier la salinité et l’excès
de DUHOUX et al. (1992) a réalisé la
d’azote minéral).
transformation d‘A. verticillata en
Pour cela, les techniques classiques utilisant une souche d’Agrobacterium
fondées sur l‘hybridation sexuée n’ont rhizogenes comme vecteur de gènes.
pas encore été employées. En revanche, Mais le phénotype obtenu était anormal
le tri des provenances et des clones a (absence de dominance apicale et
déjà été utilisé, le principeétant identique abondance du systèine racinaire). C‘est
à celui qui préside à la sélection seuI em en t to ut récemniment que des
des souches. Une fois les clones d’élite
chercheurs ont obtenu un phénotype
identifiés, il faut procéderà leur multipli-
normal grâce à Agrobacter tumefaciens
cation végétative. Les progrès dans les
nié t li o de s de mic ro propa gat ion (AISSATOU et FRANCHE, comm. pers.). Bouturage de Casuarina equisetifolia en vue
permettent d’envisager à moyen terme Des recherches approfondies sont de l’obtention de clones résistants à
la mise en place de plantations encore nécessaires pour maîtriser Pseudomonas solanacearum.
niuIticIona les lia utement performantes. parfaitement ces techniques. Cllché D.Gnulhier

r, ‘ ilt
Agriculture et développement Q no 7 - Septembre 1995
I

; J- 2 ,‘
/ir' La fixation biologique de l'azote
Culture de Frankia incluse dans des billes d'alginate.
Diamètre des billes : 3-5millimètres. La coloration
rouge, qui résulte de la réduction du colorant (INT)
ajouté aux billes en INT-Formazan,indique
que les cellules de frankia sont bien vivantes
après leur inclusion dans l'alginate.
Cliché H.G. Diem

inoculum de champignon endomycorhizien


(Glomus mosseae) inclus dans l'alginate. Comme
on ne sait pas cultiver ce champignon in vifro
(contrairementaux rhizobiums et aux frankias), on le
multipliesur des racines vivantes découpées en petits
fragments, que l'on aperçoit à l'intérieur des billes.
Cliché H.G. Diem

Rhizobium en culture in vitro.


Cliché E. 1.Schmidt

Champignon endomycorhizier
vésicuio-arbusculaire(Glomus mosseae)
vésicules dans le cortex d'une racine.
Cliché H.G. Diem
'-colonies(diamètre
1 à 200 pm) de Ia

e de frankia Br
:e in vitro (culture
de 4 iours).
J. Schwencke

Culliandra caloihyrsus
est une espèce fourragère
qui fixe activement
l'azote à condition
Fleurs de leucaena leucocephala.
d'être inoculée.
Cliché Y R. Dommerguris
Chcl16 Y. 2 Dùrrirneryues
-.f--j?

0"J Agriculture et développement EI no7 - Septembre 1995


traditionnelle, en pratiquant le tri
de génotypes ou en envisageant L’ inocu Iat i on
dans l‘avenir des transformations ,,‘ .
génétiques ( D U H O U X et al., 1992 ; Préparation de I’inoculum
SOUGOUFARA et al., 1992). II faut d’abord préparer une culture de la bacterie fixatrice d’azote. La culture in vitro
des rhizobiums est au point depuis très longtemps. Pour les frankias, l’isolement et la
culture présentaient des difficultés dont la plupart sont résolues depuis peu. La
I‘améliorationde Ia bactérie bactérie est adsorbée sur un support, en général de la tourbe stérile. Un nouveau inode
de conditionnement consiste en l’inclusion des cellules bactériennes dans des billes
et de l’inoculation d’alginate (DIEM et al., 1988). Les résultats ont été satisfaisants pour l’inoculation de
Casuarina glauca en Egypte (GIRGIS et al., 1991) et d‘Acacia niangiumen Afrique de
L’amélioration de la bactkrie synibio- l’Ouest (LESUEUR et al., 1994). Ce type de conditionnementa également été utilisé avec
tique est obtenue par tri de souches succès pour la préparationde I’inoculum de champignons endomycorhiziens.
sauvages que l’on teste in vitro ou en
serre (figure 4) et au champ de faGon Conservation et contrôle de la qualité
à obtenir les meilleures conibi- Le contrôle de la qualité des inoculumsest indispensable. I I porte sur le nombre de bac-
naisons entre le génotype de l’arbre téries vivantes (supérieur à un certain seuil) et sur les contaminations éventuelles.
et la souche de rhizobium ou de
Application de I’inoculum
frankia (SOUGOUFARA ef al., 1992).
Ces souches sélectionnées sont utili- Dans le cas des arbres, I’inoculum est mélangé aux graines au moment du semis en
pépinière ; il peut aussi être mis dans des trous autour des grains quelques semaines à
sées pour l’inoculation des arbres en
quelques niois après le semis.
pépinière (BRUNCK et al., 1990). La
technique d’i nocuIat ion revêt un e Quand est-ilnécessaire d‘inoculer ?
grande importance (SOUGOUFARA
L’inoculation des espèces tropicales est indispensable toutes les fois que les popu-
et al., 1989 ; DIEM et al., 1988). lations natives du symbiote compatible (c’est-à-direcapable de s’associer avec un arbre
donné) sont inexistantes ou insuffisamment nombreuses (approximativement moins de
50 rhizobiums par gramine de sol). La nécessité d’inoculer dépend dans une large
Acocio mongium mesure de la spécificité des arbres à I’égard de leurs syriibiotes. De ce point de vue, les
a
I 1.84 arbres fixateurs d’azote, comme les autres plantes fixatrices, peuvent être
I 1,62 classés en deux groupes.
b =
0,85 Le premier groupe comprend les plantes hôtes très spécifiques. Elles nodulent et fixent
l’azote de l’air avec un nombre limité de souches. C’est le cas de Leucaena
leucocephala, Acacia mangium, Gliricidia sepium, CaIliandra calorhyrsus,
Allocasuarina spp., Casuarina spp. L’inoculation est presque toujours nécessaire. En
l’absence d’inoculation, la croissance de la plantation est défectueuse, sauf dans les
sols exceptionnellenientriches en azote.
Le second groupe comporte les plantes hôtes peu (ou non) spécifiques.‘Elles nodulent
23c 13c TAL72 AG3 PBG3 EoyelRORS800CB756 par le biais d‘un large éventail de souches génétiquementdifférentes. On peut citer
Souches Acacia crassicarpa, A . auriculiformis, Albizia lebbeck, Tephrosia candida,
Acocio ouriculiformis Paraseriantlies falcataria, Gpnostoma spp. L’inoculation est en général inutile, car il
existe assez de souches compatibles dans le sol, sauf dans le cas des sols très dégradés.
Toutefois, l‘inoculation pourra se révéler utile lorsque l’on disposera de souches
compétitives, nieilleures fixatrices que les souches natives.

e Fermenteurconstitué par une bonbonnede 20 litres


-5?
._ pour la culture de Frankia. Ce iype de fermenteur
E
-1 très simple permet de préparersuffisammentde
culture pour ensemencer environ 500 semis en
pépinière, ce qui correspondaprès la transplantation
O
ORS8OOTA 72 13c PEG3 AG3 CE756 BoyelR 2% à 0,25 hectare si la densité de plantation est de
Souches 2 000 plants par hectare.
Clichés M Glrgts
Figure 4. Tri en serre, sur le critère de
I’effectivité de souches de rhizobium
(Bradyrhizobium sp.) associéesà
Acacia mangium et A. ouriculiformis.
Les valeurs qui ne diffèrent pas
significativement (test de Newman-Keuls, Inoculumde Frankia séché à l’air et conservé
P = 0,05) sont regroupées sous la même dans des sachets en plastique. Cet inoculum peut
barre horizontale. Pour chaque groupe se conserver plusieurs années. Pour l’utiliser, on
de voleurs, on a fait figurer la moyenne le remet en suspension
à droite de Ia barre correspondante dons une solution de phosphale
(GALIANA et al., 1990).
A l’heure actuelle, les méthodes de minéral en phosphore et en calciuni systèmes racinaires des arbres
bio I og ie ino I é c u Ia ire ont 1 er ni is afin d’assurer l’installation des arbres présente en outre le danger de conta-
d’établir une carte génétique des rlii- et de permettre le fonctionnement miner les cultures adjacentes. Les
zobiunis, d’identifier les souches par correct des nodules, puis, ultérieu- nématodes peuvent être éradiques
des marqueurs génétiques, d’es- rement, le recyclage des éléments par des pesticides chimiques. Pour
quisse; une taxonomie moderne des minéraux. En effet, plus les arbres l’agriculteur d’Afrique de l’Ouest, ces
symbiotes et d‘obtenir de nouvelles poussent rapidement, plus vite leurs produits sont chers, pas toujours
souches par inan ipuI ation géiiét iq ue. rac in es rein o nte nt I es éI ém e n ts disponibles et dangereux à mani-
A l’exception de souches marquées ni iné ra ux des ho riz o t i s p ro fo n d s puler. II serait préférable de prévenir
utilisées pour I’étude de leur survie et ( S A N C H E Z , 1987). Y A D A V et les infestations de nématodes en
de la compétition dans les sols, la KHANNA (1992) ont testé I’élagage plantant des espèces résistantes.
p I upart des so uc li e s transfo r ni é es des racines pour réduire la compéti- Certa ins arbres résis tent à
n’ont pas été testées au champ, en tion pour l’eau et les éléments nutri- Meloidogyne incognita :A. senegal,
raison de la régiementation qui limite tifs entre les arbres et les cultures. L. leucocephala, Sesbania tetraptera
stricte inen t I e u r d iffu s ion d a tis Cette pratique consiste à creuser le et certaines variétés de Sesbania
I’environneii!ent. I I est vrai aussi sol au pied de l’arbre et à couper les macrocarpa (PROT, 1986 ; D’HONDT-
qu’aucune de ces souches n’est pour racines latérales superficielles jus- DEFRANCQ, 1993). I I serait en outre
l’instant meilleure que celles olite- qu’à GO centimètres de profondeur. souhaitable de disposer de méthodes
nues par tri de souches sauvages. I I Dans le cas de P. cineraria, elle a éli- d e lutte biologique efficaces.
est toutefois probable que les progrès miné la compétition avec la culture Certaines espèces ligneuses fixatrices
en génie génétique permettront adjacente (moutarde) et n’a pas (I.leucocephala) ou non fixatrices
d’associer des (( suimsouches )) à des réduit la croissance de l’arbre. On (Tamarindus indica) don nen t*
hôtes dont les qualités symbiotiques ignore cependant dans quelle mesure des litières dont les produits d e
et dont la tolérance aux contraintes cette pratique modifie la fixation de d écom posit io t i so n t n éni a t ic ides
du milieu auront été aussi significati- l’azote par l‘arbre. (D’HONDT-DEFRANCQ, 1993). Des
vement a niél iorées. espèces herbacées de jachère
l a maitrise des iransferts naturelle (C. odorata) auraient des
propr iétés néniat icides (SC HR O T H I
Les méthodes d’azote (restitutions) comm. pers.).
Pour assurer une synchronisation
agronomiques aussi bonne que possible entre le pic
L’agronome peut améliorer la fixa- de minéralisation des émondes et les
tion de l’azote en réduisant l’effet des Imoins des plantes cultivées, il fau- Conclusion
facteurs limitants, notamment par la drait programmer les dates d’émon-
Pour assurer la pérennité des ren-
niaitrise de l’eau et de la fertilisation. dage (SANGINCA et al., 1988). Mais
dements agricoles, il est nécessaire
II peut favoriser les transferts d’azote cette prévision est délicate car on ne
ou réduire la compétition entre les coniiaCt pas la cinétique de la minéra- de mettre en œuvre des méthodes
tendant à équilibrer le bilan des
différentes coniposantes des systèmes lisation des feuilles et des rameaux
éléments nutritifs. En ce qui concerne
agroforestiers. des espèces ligneuses. Elle dépend en
particulier de l’activité de la macro- l’azote, cet équilibre peut être atteint
par deux voies : la fertilisation ; la
ta maitrise de l’eau faune et de la microfaune du sol
fixation par les plantes cultivées et
(LAVELLE et al., 1990 ; ANDERSON
et de la fertilisation par les arbres associés.
et SINCLAIR, 1993).
La sécheresse est un facteur limitant Dans les conditions actuelles de ges-
La restitution des éléments exportés
majeur. Outre les niéthodes de tion des systèmes agroforestiers, la
reste de toute façon une règle essen-
conservation, de stockage ou de contribution des arbres à I’équilibre
tielle de bonne gestion de la fertilité
récupération des eaux, i l faudrait azoté des sols est insuffisante. A long
des sols cultivés (GANRY, 1990).
chois i r des espèces p li réatop li y tes terme, l’amélioration de la fixation
(Prosopis alba, f.juliflora, P. cine- symbiotique s’appuiera sur le déve-
raria, P.tamarugo) ou des espèces te contrôle des parasites loppement de la transformation géné-
capables d‘absorber l’eau des préci- et des maladies tique des plantes hôtes. Les objectifs
pitations occultes (C. equisetifolia, sont divers, niais on pense notani-
La fixation est fortement réduite par
P.cineraria, A. tortilis) (GATES et ment à l’obtention de lignées résis-
les nialadies et les attaques de pai-a-
BROWN, 1988). tantes aux nématodes, capables de
s ites ( néni ato d es 1 at liogè1-1es). Ces
fixer l’azote même dans des sols
Dans de nombreuses situations, en dernières sont graves pour la plupart
infestes.
~iarticulierpour les cultures en cou- des Sesbania ainsi que pour A. ko/ose-
loirs sur sol peu fertile, i l est indis- r-icea,A. saligna, f.juliflora. La proli- Dans I ’ i ni inéd i at, no us d is po so n s
pensa1-1le d’a 111xri1c r u ti CO ni11 Iément F6ration des nématodes clans les d é j 5 cl e t ec h n i (1 iI es p e rfo rm a n t es

Agriculture et développement re no 7 - Septembre 1995


pour stimuler la fixation, en parti- CAZET M., 1989. Les plantations linéaires ’ FUJITA K., OFOSU-BUDU K.G., OGATA S.,

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Tropiques 222 :27-37. soil 141 : i55-i75.
potentiel de fixation élevé. M a i s
CTFT (CENTRE TECHNIQUE FORESTIER GALIANA A., CHAUMONTj., DIEM H.G.,
l’application de ces techniques expé- TROPICAL), 1988. Faidherbia albida (Del.) DOMMERGUES Y. R., 1990. Nitrogen-fixing
rimentales est encore loin d‘être réa- A. Chev. (Synonyme Acacia albida Del.). potential of Acacia mangiuni and Acacia
lisée. L’inoculation des jeunes arbres CIRAD-Forêt, Nogent-sur-Marne,France, 72 p. auriculiformis seedlings inoculated with
en pépinière est d’un coût très réduit, D A N S 0 S.K.A., B O W E N G . D . , Bradyrhizobiun~and Rhizobium spp. Biol.
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plantes annuelles au champ : il s’agit 141 : 177-196. méthode isotopique à I’étude des bilans azotés
de traiter 1 O00 à 2 O00 jeunes plants D’HONDT-DEFRANCQ M., 1993. en zone tropicale sèche. Thèse de doctorat,
par hectare alors que ce sont 200 000 Nématodes et agroforesterie. L’Agroforesterie université de Nancy I, France, 355 p.
à 400 O00 plantes qu’il faut traiter en aujourd’hui 5 : 5-9. GANRY F., GUEYE F., 1992. La mise en
DIEM H.G.,BEN KHALIFA K., NEYRA M., valeur des bas-fondsde la zone sahélienne
culture annuelle. Ce raisonnement
DOMMERGUES Y. R., 1988. Recent advances par Sesbania rostrata est-elle possible ?
s’applique également à la multi- L’agronomie Tropicale 46 : 155-159.
in the inoculant technology with special
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Ad v a nced Tech noI o gies for I nc reas ed le maintien de la fertilité azotée des sols.
Il existe peu d’études économiques Agricultural Production, LEONE U., RlALDl G., In Actes de l‘atelier sur l a gestion durable
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ont montré qu’une culture maraî- Italy, Università degli Studi di Genova (USG). 15-19 novembre 1993, Dakar, Sénégal.
chère en couloirs entre des haies de DOMENACH A.-M., KURDALI F., 1989. CIRAD-CA,Montpellier, France .
L. leucocephala était rentable avec Influence des réserves azotées sur la formation GARG V.K., JAlN R.K., 1992. Influence of
u ne fert iIisat ion com p Iéme t ita ire des feuilles d’Alnus glutinosa et ses fuelwood trees on sodic soils. Can. J. For. Res.
minime (30 N-13 P-24 K par hectare). conséquences dans I’estimation de la fixation 22 : 729-735.
de l’azote. Can. J. Bot. 67 : 865-871. GATES P.J., B R O W N K., 1988: Acacia
O n peut même penser que la renta-
D O M E N A C H A.M., KURDALI F., tortilis and Prosopis cineraria :leguminous
bilité de ce système serait plus élevée BARDIN R., 1989. Estimation of dinitrogern trees for arid areas. Outlook on Agriculture
si L. leucocephala était inoculé avec fixation in alder forest by the method based on 17 : 61-64.
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no7 - Septembre 1995

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