Vous êtes sur la page 1sur 61

Centre des Hautes Etudes de la Construction - CHEC

Formation CHEMER
19.06.2018

Les maçonneries en pierre du


patrimoine architectural bâti :
morphologies et mécanismes d’altération, et
recherche de solutions durables

jean-didier.mertz@culture.gouv.fr
www.lrmh.fr
CRACK & DEFORMATION
FISSURE & DÉFORMATION
ICOMOS-ISCS :
Illustrated glossary on stone deterioration patterns
Glossaire illustré sur les formes d’altération de la pierre DETACHEMENT
DETACHEMENT

FEATURES INDUCED BY MATERIAL LOSS


FIGURES INDUITES PAR UNE PERTE DE
MATIÈRE

DISCOLORATION & DEPOSIT


English-French version
ALTÉRATION CHROMATIQUE ET DÉPÔT
Version Anglais-Français

BIOLOGICAL COLONIZATION
MONUMENTS AND SITES
MONUMENTS ET SITES XV COLONISATION BIOLOGIQUE

ICOMOS International Scientific Committee for Stone (ISCS) .


Comité scientifique international “Pierre” de l’ICOMOS
http://www.international.icomos.org 1
Morphologies et mécanismes d’altération

Encroûtements noirs
Dissolutions
Patines superficielles

Desquamations
Dilatations thermo-hydriques

2
Porte Noire
Besançon (IIème siècle)

2008 2012 3
Apport d’eau ou d’une solution agressive (pluie, brouillard…) :
SO2 + H2O H2 SO4
gaz liquide solution

Apport de particules d’origine variée (atmosphère) :


• pollution industrielle (centrale thermique, fly-ash..)
• chauffage (particules carbonée..)
• trafic automobile (diesel, PM10..)

Réaction à l’interface avec le substrat :


CaCO3 + H2SO4 + H2O CaSO4. 2H2O + CO2
calcaire solution acide gypse gaz carbonique

Ca : puisé dans le substrat, véhiculé à l ’état d’ion par l’atmosphère


4
Croûte noire
0.5 mm Propriétés superficielles des
pierres en œuvre revêtues de
croûtes noires gypseuses

MOP (LN et LP+) 5


Les dissolutions

Lapiaz calcaire (Lhurs, 64) Grès siliceux (Fontainebleau, 77) 6


• lessivage
croissante

de dépôts (nature, épaisseur,…)


intensité

• ruissellement fonction du type de substrat (nature, cohésion,…)


• ravinement de solutions (nature, flux,…)

Dissolution à 25°C d’un cristal de 1 mm de différentes


natures minérales dans de l’eau pure à pH=5

34 millions d’années

7 mois
(Lasaga, 1984) 7
Dissolution du marbre

• Altération des pierres par ravinement


• Evacuation des joints

• Evolution du type d’altération selon :


- localisation par rapport à la source
- l’état de rugosité des surfaces

Dissolution Encroûtement
perte de apport de
compétitivité matière
matière
originelle exogène

Temple d’Augustus,
Ankara, Turquie 8
Alternance de zones encrassées/encroûtées et dissoutes
• importance des apports
• zone protégée ou non des pluies battantes ou ruisselantes
• énergie et charge ionique de l’eau
• propriétés de surface des substrats

Basilique Saint Denis Thann, collégiale 9


Strasbourg, cathédrale, massif sud
Patine argilo-ferrugineuse 10
Tour de Croisée de la cathédrale Notre Dame de Strasbourg
Colonnettes d’origine de la Tour Klotz (XIIème siècle)

zone
dissoute

croûte patine

11
Patine argilo-ferrugineuse (croûte noire vernissée)

Lame mince observée en LNP


30 µm (lame à porosité colorée) 12
Mécanismes probables de formation
• Participation bactérienne dans l’oxydation du fer en milieu alcalin (Dorn et Oberland, 1981)
• Echange des ions Fe dans les minéraux argileux en voie de dégradation (Engel et Sharp, 1958; Dorn, 1998)
• Altération en milieu acide et libération des ions Fe qui précipitent en surface (Nord et Ericsson, 1992)

Modèle 1 adhésion chimique


Modèle 2 gradient d’humidité (transport en solution)

13
Propriétés des patines argilo-ferrugineuses
Caractères Croûte noire gypseuse Patine d’oxydes

Localisation zone humide non lessivée zone exposée et lessivée


Aspect épais (mm à cm) fine (~20µm) et dure
Texture scoriacée, friable très cohérente
Adhésion variable adhésive (intégrée)

Composition chimique élémentaire


grès1 patine1 grès2 patine2 croûte noire
SiO2 83,6 83,6 85,6 80,8 16,0
Al2O3 8,3 7,7 7,6 6,9 1,9
MgO 0,47 0,46 0,26 0,25 0,16
CaO 0,12 0,16 0,14 2,36 30,47
Fe2O3 1,5 1,7 0,8 1,0 0,5
MnO 0,01 0,009 0,03 0,04 0,012
TiO2 0,5 0,49 0,38 0,34 0,10
Na2O 0,18 0,17 0,12 0,16 0,13
K20 4,33 4,22 3,69 3,71 1,29
P2O5 0,11 0,10 0,09 0,19 0
carbone 0,04 0,28 0,02 0,30 1,21
sulfure 0,02 0,05 <0,01 0,56 15,0 14
(Thomachot et al., 2004)
Cathédrale de Strasbourg - desquamation

Calcaire crayeux
d’Apremont

Eglise de Saint Etienne de Nevers (58) 15


Situation d’altération accentuée par la présence
d’argile dans la roche

Cathédrale de Fribourg (CH)


Grès molassique 16
Dilatations hygrique et hydrique
Toute augmentation d’humidité (ou de la saturation) se traduit par une expansion
tandis que toute diminution d ’humidité se traduit par une contraction.

• vapeur hygrique
• eau liquide hydrique

(Jimenez et Scherer, 2004) 1


17
Dilatations hygrique et hydrique
Toute augmentation d’humidité (ou de la saturation) se traduit par une expansion
tandis que toute diminution d ’humidité se traduit par une contraction.

• vapeur hygrique
• eau liquide hydrique

L’altération apparaît préférentiellement au cours du séchage car la résistance


en traction est toujours inférieure à la résistance en compression. 17
Fatigue hydrique des pierres en oeuvre
Dilatation hydrique en imbibition capillaire
1,6

1,4
Grès
1,2 molassique

Dilatation L/L (mm/m)


1
Saint
Grès Khmers Maximin
0,8

0,6
Grès des
0,4 Vosges
Migné
0,2 Tuffeau

0
0 10 20 30 40 50
Porosité totale (%)

 Pression capillaire exercée aux joints de grains (P~r -1)


 Fixation d’eau en position interfoliaire dans certains minéraux (argile) 18
Nature et répartition des argiles dans les milieux granulaires

illite chlorite smectite kaolinite

19
Zones de solvatation et d’hydratation des argiles

Particule (10-3) Couche (10-6) Feuillet (10-9) Plan (10-10)

T
O
T
T-O Kaolinite d=7Å
T
O T-O-T Illite d=10Å
T T-O-T Montmorillonite (Sm) d=15Å

T
O
T 20
Dilatation hygrique d’argiles pures compactées
à 0,15 MPa (Tiennot et al., ICOM-CC, 2014)
12 120

10 sm
100
8

6 80
dilatation (µm/mm)

ill

T(°C) - HR(%)
4
60
2
kaol
0 40
0 100 200 300 400
-2
20
-4
Temps (h)
-6 0

  Kaolinite (TO) Illite (TOT) Montmorillonite (TOT + interfol.)


Dilatation hygrique (10 ) -3
0,5 6,7 15,5
21
Interactions fluide-minéral dans les réseaux poreux
Quelle est la force-motrice qui gouverne la dilatation ?
Quel est le rôle de la microstructure dans l’expression de la pression capillaire ?
Comment les minéraux argileux sont-ils impliqués dans le mécanisme d’expansion/contraction ?

Cas 1 :

grains propres

• l’expansion résulte d’un «ramollissement» de la structure et du relâchement des


contraintes de cohésion dans les angles dièdres aux joints de grains
• l’expansion est compensée par la qualité de la cohésion des grains et des
contacts inter-granulaires

Franzini et al., 2007 - Eur. J. Mineral., 19, 113-123 22


Interactions fluide-minéral dans les réseaux poreux
Cas 2 :

Structure à «coating» argileux


d, épaisseur du film d ’argile
D, taille du grain
a, fraction volumique des argiles
Kr/Ka, ratio entre les modules de compressibilité
de la roche et des argiles
E s E h
s = et h = 

avec contrainte 
• pression intracristalline ou de disjonction
E: module d’élasticité ; • pression osmotique
coefficient de Poisson.

Scherer & Jimenez- Gonzalez, 2008 – International Symposium: stone consolidation in cultural heritage, p.29-40 23
Effet combiné des argiles et des sels sur la
dilatation hygrique (thèse E. Colas, 2011) Desquamation (effet des sels)

Délitage (dilatation hydrique + gel)

24
Comportement en dilatation hygrique (10-97%HR)
97% 10%

0% NaCl

0.8% NaCl
(Colas, 2011)
25
Dilatométrie thermo-hydrique : contraintes liées au
gel-dégel

Stèle (cimetière juif, Bischheim) Fissuration fleuron sculpté (Strasbourg, cathédrale) Balustrade, nef coté sud (Strasbourg)
26
Théorie des pressions capillaires
(Everett, 1961) Modèle schématique en système fermé

P atm P atm
Piston A fixe
Pe = P atm
A.
Pg > Pe glace
eau

T°C T°C

eau A. glace

• l’eau commence à geler dans les pores les plus grands


• l’eau au contact de la glace se refroidit et gèle par cryosuccion
• l’augmentation de volume (9%) provoque une surpression sur l’eau encore contenue dans les
capillaires les plus fins  fracturation hydraulique si Pg = 2 / r >  t
27
Dilatométrie thermique : contraintes liées aux variations
de température

Cimetière israélite de Sélestat (67)


28
Dilatation thermique différentielle : propriétés tensorielles
des cristaux
c c
= 8.10-6/°K = 25.10-6/°K

= 13.10-6/°K

= - 6.10 /°K


-6

Quartz Calcite
Hexagonal Trigonal
Np 1.5442 Np 1.4865
Ng 1.5533 Ng 1.6584
U+ U-
29
Désagrégation granulaire du marbre : effet de la température
et d’une orientation cristallographique préférentielle

Photo LRMH
Cimetière israelite de Sélestat (67) 30
Altérations par les sels
Nature et propriétés

Méthodes de dessalement
Diffusion et advection

Consolidation de la pierre
Objectifs
Procédés actuels
Incompatibilités
31
Principaux sels solubles rencontrés dans les pierres
des monuments (~ 50 espèces)
Sylvite KCl
Chlorures Halite NaCl
Cations :
Antarcticite CaCl2.6H2O
– calcium Ca++
– magnesium Mg++
– sodium Na+ Nitronatrite NaNO3
– potassium K+ Nitrates Niter KNO3
– ammonium NH4+ Nitrocalcite Ca(NO3)2.4H2O

Kieserite / Epsomite MgSO4.(7)H2O


Anions : Sulfates Arcanite K2SO4
– sulfates SO4= Gypsum CaSO4.2(H2O)
– chlorures Cl- Thenardite / Mirabilite Na2SO4.(10H2O)
– carbonates CO3=
– nitrates NO3- Carbonates Calcite CaCO3
– oxalates C2O5= Natron Na2CO3.10H2O
Trona NaH(CO3)2.H2O
Sels complexes
ThaumasiteCa3Si(CO3)(OH)6(SO4).12H2O
Ettringite K2Ca6Al2(SO4)3(OH)12.26H2O 32
Sels primaires
TYPE DE SELS ORIGINES POSSIBLES
Sulfate de sodium (mirabilite, ciments, mortiers au ciment*, liants
thénardite) hydrauliques, lessives, briques

Carbonate de sodium, de potassium ciments, mortiers au ciment,


lessives, résidus de nettoyage
chimique
Chlorure de sodium (halite) eau de mer, embruns, sels de
déverglaçage, sel de salaison
Chlorure de potassium (sylvite) sol
Sulfate de calcium (gypse, plâtre, enduits, mortiers contenant
anhydrite, bassanite) du plâtre, ciments, mortiers au
ciment, SO2 atmosphérique,
embruns, activités bactériennes
Nitrate de sodium, de potassium sol, engrais, matières organiques
décomposées, activités
bactériennes
Sulfates de magnésium roches et mortiers riche en Mg
soluble

Sels secondaires
CaSO4.2H2O + Na2CO3.10H2O  Na2SO4 + CaCO3 + 12H2O
gypse natron thénardite calcite 33
Propriétés des sels
Solubilité nature du sel (calcite 0,02g/l, gypse 2g/l, nitre 130 g/l)

Pression de cristallisation P = (RT/V).lnC/Cs (Correns, 1949)


P : pression générée pendant la croissance du cristal (MPa)
R : constante des gaz parfaits (8.317 J.K -1.mol-1)
T : température
V : volume moléculaire (cm3/mol)
C : concentration de la solution pendant la cristallisation
Cs : concentration de la solution saturée

Hygroscopicité HRE (point de déliquescence) nature du sel


HR air

• HR > HRE sel : dissolution


HRE • HR < HRE sel : cristallisation
Dissolution
Dans un système ouvert (cas d’une
pierre en extérieur), l’état du sel est
Adsorption contrôlé par les conditions
environnementales (T,HR, vent…)

34
masse
Méthodes de réduction des teneurs en sel
Cl-, SO42-, NO3-, Ca2+, Na+, Mg2+, K+
méthode électrique
3,6% autres
immersion 2,1%
13,2%

enduits
Batz-sur-mer, portail de l’église Saint Guénolé d'assainissement
élimination 14,1%
manuelle/mécanique
30,1%

compresses
36,9%

fflorescences et subefflorescences de KNO3


(source : Projet UE Desalination, 2009) 35
Dessalement par immersion dans des bains

DIFFUSION

équilibre ionique

Différence de concentration ionique entre l ’eau du bain et la solution dans l’objet


dissolution des sels 
• Renouvellement périodique de l’eau
• Contrôle de l’efficacité par suivi de la conductivité électrique de l’eau
• Méthode longue mais efficace
• A adapter selon le volume de l’objet et ses propriétés capillaires
• Risque de ‘ramollissement ’ et perte de matière
• Risque de dissolution de sels peu solubles (CaCO3,...) 36
Dessalement par immersion dans des bains

 Bildarchiv Preussischer
Kulturbesitz (d’après Franzen et al., 2008)
Immersion des fragments de brique (Porte d’Ishtar,
Babylone)
Berlin, Staatliche Museen, 1928

37
Principe du dessalement par compresses

Azay-le-Rideau, château

compresse eau renouvellement


humide compresse

• Transfert de l’eau de la compresse dans le substrat


• Dissociation des sels en ions
• Transfert en retour de la solution du substrat dans la compresse 38
Mécanismes impliqués dans le dessalement par compresses
Grasseger et al., 2003 - recommandations WTA Merkblatt 3-13-01/E, « Non destructive
desalination of natural stones and others porous building materials with poultices »

1er mécanisme : DIFFUSION

• Préserver un milieu humide pour


conserver la diffusion des ions et leur
distribution homogène

• Changer de compresse pour ré-équilibrer


et diminuer la concentration ionique dans

les deux milieux au fur et à mesure du


dessalement
39
Mécanismes impliqués dans le dessalement par compresses
Grasseger et al., 2003 - recommandations WTA Merkblatt 3-13-01/E, « Non destructive
desalination of natural stones and others porous building materials with poultices »

2eme mécanisme : ADVECTION

écoulement de l ’eau

diffusion advection

uniformisation accumulation
(selon WTA ) COMPETITION 40
Force motrice de l’advection = pression capillaire

2
Pc = r 

(Pel, 2009)
• Plus les pores d ’un milieu poreux sont fins, plus forte sera la pression capillaire
• Pour assurer le transfert d ’une solution dans une compresse, il suffit que
ses pores soient plus petits que ceux du substrat (objet) 41
Mécanismes de dessalement et distribution porale des matériaux

Phase
d’humidification
pores
réservoirs
Taille des
substrat compresse substrat compresse pores

advection

Phase
de séchage
pores
diffusion diffusion réservoirs
vides Taille des
substrat compresse substrat compresse pores

(d’après Pel et al., 2010) 42


Mécanismes impliqués dans le dessalement par compresses

2eme mécanisme : ADVECTION


Avantages
• Transfert rapide des sels dans la compresse au fur et à
mesure de son séchage
• Faible degré de saturation en eau de la pierre qui s’assèche

Inconvénients
• Renouvellement des compresses (risque de rétro-diffusion des sels)
• Nécessité d’adapter la distribution des tailles de pores de la
compresse en fonction de celle du substrat à dessaler
• Risque de concentration des sels à l’interface pierre-compresse si la
continuité hydraulique se rompt au cours du séchage

optimisation des propriétés et de la microstructure de la compresse


43
Porosimétrie au mercure (MIP)
distribution des tailles de pores
Loi de Laplace : P = -2cos /r
Vide Introduction volume injecté Hg = 480 mN/m
poussé du Hg V=f(pression)
Hg=136°
< 0,00163 mbar (20°C)

P(bar) =7.5/r(µm)

V
160

Volume injecté (mm3/g)


140
120
100
80
60
40
20 Pression (bar)
0
0,1 1 10 100 1000 10000
Ra 44
Propriétés requises des compresses
• Constituer un réservoir en eau suffisant pour humidifier le substrat (Wc)
masse d ’eau contenue dans la compresse
Wc (%)=
masse de la compresse sèche

• Assurer l’adhésion au support dès l’application et pendant le dessalement

optimisation des propriétés rhéologiques

Consistance (EN459-2) Ouvrabilité (EN 459-2)


Optimum de teneur en eau Test d’étalement (mise en œuvre aisée)
(texture plastique souple et adhérente)
• Nature des composants (mélanges sable-argile-cellulose)
- granulométrie des sables : meilleure adhésion, réduit le retrait
- nature des argiles : petits pores, ralenti le séchage
- longueur des fibres de cellulose : améliore l’adhésion, augmente le retrait

• Efficacité du dessalement
- Suivi de la conductivité électrique (compresse, bain)
- Profil de répartition des sels
- Dosages des ions par chromatographie ionique avant/après dessalement 45
Perte de cohésion superficielle
Consolidation

Objectifs :

renforcer la cohésion
matricielle et les liaisons entre les
grains par pontage

conférer à la partie superficielle


altérée une cohésion (dureté)
équivalente à celle de sa partie
non altérée en profondeur

Accroissement
de la rugosité
= traitement curatif
Eglise St Michel, Bordeaux, portail Nord 46
Réaction des consolidants actuels

Silicate d’éthyle (= Tétra-EthOxy-Silane)


Matière active

• Produit d’imprégnation liquide à faible viscosité capable de migrer


profondément (mouillant)
• Colmate modérément la porosité (respiration)

• Gel de silice amorphe, dur, incolore et stable (durable, irréversible)

(C2H5O)4-Si + nH2O  SiO2.nH2O + 4C2H5OH


TEOS solide alcool
hydrolyse Polymérisation
47
Réaction des consolidants actuels

Silicate d’éthyle (= Tétra-EthOxy-Silane)


Matière active

• Produit d’imprégnation liquide à faible viscosité


capable de migrer profondément (mouillant)
• Colmate modérément la porosité (respiration)

• Gel de silice amorphe, dur, incolore et stable


(durable, irréversible)
(C2H5O)4-Si + nH2O  SiO2.nH2O + 4C2H5OH
TEOS solide alcool
hydrolyse Polymérisation
48
Risques liés à l’emploi d ’un consolidant

75%
30%
Wacker OH Matière active Matière sèche
= produit commercialisé

• Sous-consolidation ou sur-consolidation

 un colmatage excessif de la porosité en subsurface


 une modification significative des autres propriétés de la pierre :
point dur, surface étanche, brillance
Appliquer le traitement localement et
uniquement sur les surfaces dégradées 49
Silicate d’éthyle Motema (Interacryl)
Vitesse de durcissement = f(concentration, catalyseur, pré-condensation, t°C)

Transition
liquide/solide:
1 mois

Transition
liquide/solide:
1 jour

Cliché à 100 jours 50


Avantages et inconvénients du TEOS
Retrait et fissuration
• création d’un réseau capillaire microporeux (perméance)
• accroissement de la surface spécifique (réactivité  dilatation)
heures
0%
0 200 400 600 800
-10%

-20%

perte de masse %
amorce fissuration 3 semaines
-30%

-40%

-50%

-60%
Perte de masse du Funcosil 500E

51
Incompatibilités argile-TEOS

Projet PNRCC ARTEMIE (2012-2014)

La consolidation des pierres argileuses pose des problèmes et peut


nécessiter un traitement préalable d’inhibition des propriétés de
gonflement des argiles

Application d’un produit antigonflement: Funcosil® Antihygro


(Vp4t de Remmers, sel organique insoluble et stable) 52
Programme de recherche UE SCOST (1998-2001)
non traité traité
Comportement des pierres
traitées par des produits puis
contaminées par des sels 0%

 Application de produit de traitement


 Imbibition par saumure (sulfate de sodium) 2.5%
 Transfert, évaporation et cristallisation

5%

7.5%
53
Programme de recherche UE SCOST (1998-2001)
non traité traité
Comportement des pierres
traitées par des produits puis
contaminées par des sels 0%

 Application de produit de traitement


 Imbibition par saumure (sulfate de sodium) 2.5%
 Transfert, évaporation et cristallisation

5%

7.5%
53
Programme de recherche UE SCOST (1998-2001)
non traité traité
Comportement des pierres
traitées par des produits puis
contaminées par des sels 0%

 Application de produit de traitement


 Imbibition par saumure (sulfate de sodium) 2.5%
 Transfert, évaporation et cristallisation

5%

7.5%
53
Programme de recherche UE SCOST (1998-2001)
non traité traité
Comportement des pierres
traitées par des produits puis
contaminées par des sels 0%

 Application de produit de traitement


 Imbibition par saumure (sulfate de sodium) 2.5%
 Transfert, évaporation et cristallisation

5%

Seuil de dégradabilité 7.5%


Grès à Meules ~ 0,6 % de SO4 54
• Teneur admissible : teneur en sulfate (Na2SO4) ne provoquant
pas de dégradation dans les conditions du test
• Seuil de dégradation : teneur en sulfate (Na2SO4) à partir de
laquelle des dégradations sont observées dans les conditions du test

Matériau teneur seuil de


admissible dégradation
(M%) (M%)

Plâtre > 2.3 -


Tuffeau 0.6 1.3 Teneurs limites en sels solubles
St Maximin 0.05 0.2
Migné 0 0 chlorures < 0.1%
Lavoux 0 0
Courville 0.2 0.5 nitrates < 0.5%
Savonnières 0.03 0.1 sulfates < 0.1%
Massangis 0.2 0.3
Euville > 0.3 - gypse quelques %
Grès à Meules 0.4 0.6 (Ouvrages de Maçonnerie, fascicule
technique; juin 2006, DAPA)
55
Recherches sur la consolidation de la pierre
Années 1990
• injection sous vide d’hydroxyapatite (cristallites 10-40 nm, brevet EDF)
• gel de silice sans rétraction au séchage, silicate d’éthyle élastifié (Funcosil)
• produit avec agent couplant pour consolidation des calcaires
Années 2000
• formulation en crème ou en émulsion aqueuse (meilleures conditions de transfert,
respect de l’environnement, réglementation REACH)
• biominéralisation (calcite Bioconcept):
Pulvérisation des bactéries à la surface de la pierre

Pulvérisation du milieu (nutriments)

Croissance et multiplication bactérienne

Formation de cristaux de calcite

Années 2010
• nanoparticules de carbonates ou d’hydroxydes de calcium (CaloSil) Projet UE StoneCore (2011)
• système nanostructurées d’alcoxydes de calcium Projet UE Nanomatch (2014)
• procédé Kbyo : stimulation de bactéries carbonatogènes naturellement présentes
56
Bibliographie
 Amoroso G.G. et Fassina V. (1983) - Stone decay and Conservation. Ed.
Elsevier “ Materials Science Monographs ”, 11, 453p

 Sasse H.R. & Snethlage R. (1997) - Saving our Architectural heritage. The
conservation of historic stone structures. Baer, N.S.& Snethlage R. Editors,
Report of the Dalhem Workshop, Berlin, 1996, 425 p

 Collectif (2003) -Ouvrages en pierre de taille, fascicule technique, CCTP.


MCC, DAPA, SDMH, Mission Etudes et Travaux, 205p
 Bromblet P, Mertz J.-D, Vergès-Belmin V. et Leroux L. (2002) -
Consolidation et hydrofugation de la pierre. Momumental 2002, Monum,
Editions du Patrimoine, p.200-243

 Collectif (2009) - Pierre et patrimoine, connaissance et conservation. Actes


Sud/Cefracor, Arles, 214p

 Siegesmund S.& Snethlage R. (2011) – Stone in Architecture : properties,


durability. Siegesmund and Snethlage Ed., 4eme Ed., Berlijn, Springer, 552p 57

Vous aimerez peut-être aussi