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Formation aux Eléments Finis

appliqués au Bâtiment

Modélisation des structures : définition des


appuis
- Types d’appuis et de relâchements
- Appuis rigides et élastiques
- Raideur des appuis
Stabilité d’ensemble d’une structure
• Une structure modélisée est instable si on ne lui introduit pas des appuis en nombre suffisant, pour empêcher tout mouvement
de corps rigide, que ce soit de translation ou de rotation.
• Si la structure est en un seul morceau, il faut bloquer :
• 3 DDL dans une structure plane avec déplacements dans son plan (translation en X et Y, rotation d’ensemble en Z).
• 3 DDL dans une structure plane avec déplacements hors de son plan(translation en Z et rotation en X et Y).
• 6 DDL sans une structure spatiale (3 déplacements et 3 rotations).
• Ceci est valable que les éléments modélisés soient avec ou sans raideur en flexion.
• Si les éléments de structure ont une raideur en flexion (poutres, coques), on peut bloquer la structure par des encastrements. Sinon, c’est par des blocages en
translation (il en faut 2 non alignés dans le sens de l’appui, pour bloquer une rotation).

• Si la structure est en plusieurs morceaux disjoints, il faut autant de fois ces appuis qu’il y a de morceaux.
• S’il y a plus d’appuis que le nombre mini indiqué ci-dessus, la structure est extérieurement hyperstatique.
• Une structure peut être extérieurement ou intérieurement, isostatique ou hyperstatique : 4 cas possibles.
• Une structure hypostatique (instable) ne peut être calculée, sauf avec des options spéciales de logiciels avancés (Nastran : option BAILOUT, qui
permet non pas d’obtenir des résultats exploitables, mais de rechercher des erreurs dans le modèle qui sera à relancer après correction).
Stabilité d’ensemble : cas particuliers
• Pour une raison quelconque, on souhaite modéliser en 3D une simple poutre sur 2 appuis parallèle à X global. Il faut bloquer 6 DDL.
• Appui 1 : on bloque FX, FY et FZ ; appui 2 : on bloque FY et FZ mais pas FX (car aligné avec l’appui 1).
• Il manque un DDL : la poutre est libre de tourner sur elle-même (torsion). Il faut bloquer Theta-X.
• Imaginons que cette poutre soit oblique dans le plan XY :
• Si on bloque X et Y aux deux extrémités, on empêche la poutre de se dilater librement.
• Si on bloque X et Y à une extrémité et X ou Y à l’autre, il existera aussi un blocage en dilatation.
• Si on veut bloquer la torsion de la poutre sur elle-même, un encastrement selon X global et/ou Y global bloquera aussi la flexion, alors qu’on ne le souhaite pas.
• Attention : contrairement à une force, les blocages d’un appui ne sont pas projetables !
• Dans un tel cas, il faut des appuis en axes obliques (parallèles et perpendiculaires à l’axe de la poutre).
• Si le logiciel n’en dispose pas (c’est le cas d’Effel), il faut créer des biellettes avec des blocages en axes globaux, et des rotules pour ne transmettre que les blocages locaux souhaités.
• Ces biellettes peuvent créer des problèmes en grands déplacements (voir paragraphe spécifique).

• Schémas à faire
Appuis rigides et élastiques
• Il est toujours plus simple de rentrer des appuis rigides dans un modèle : pas besoin de calculer leur raideur.
• Dans une structure extérieurement isostatique, la raideur des appuis ne change pas la répartition des efforts (mais change les
déplacements).
• Dès que la structure est extérieurement hyperstatique, se pose la question du choix entre appuis rigides et élastiques.
• Dans les constructions réelles, les appuis rigides n’existent pas : tout appui d’une structure (sur une autre structure, sur le
sol, sur un massif d’ancrage…) produit des déplacements sous la charge appliquée par la structure appuyée.
• Ce qui compte est de savoir si ces déplacements sont suffisamment importants et changent les résultats dans la structure, ou
s’ils sont négligeables.
• Il existe beaucoup de structures simples pour lesquelles le fait de prendre des appuis rigides est justifié et ne conduit pas à
d’importantes erreurs.
• Il existe aussi des structures plus complexes pour lesquelles il est interdit de mettre des appuis rigides – exemple : le radier
d’un bâtiment.
• Pour ce type de structures, il faut donc introduire une raideur, qui en général est complexe à calculer, variable dans l’espace
(le sol d’appui d’un grand radier est rarement homogène) et aussi variable avec la charge appliquée : la raideur baisse quand
la contrainte au sol augmente.
• On peut être amené à faire un calcul avec une fourchette de raideurs, de façon à encadrer le comportement de la structure.
• En avant-projet, quand on ne dispose pas de valeurs précises des raideurs fournies par un BE de sol (il n’y a qu’une étude
sommaire), il vaut mieux inventer une raideur (ou en prendre une tirée d’un autre chantier, quand c’est possible avec un sol
de propriétés voisines) que de mettre des appuis rigides.
Appuis isostatiques des structures
• Une structure extérieurement isostatique aura ses efforts internes indépendants de la raideur des appuis.
• Si on ne s’intéresse pas aux déplacements, on peut donc retenir des appuis rigides, ce qui évite d’avoir à calculer leur raideur.
• Mais si on veut avoir aussi les déplacements, il faut tenir compte de la raideur des appuis.
• Exemple : profilé isostatique de menuiserie supportant un vitrage. Il s’appuie sur la structure principale du bâtiment.
• Pour avoir les efforts en travée, pas besoin de chercher la raideur des appuis.
• Pour avoir les déplacements précis, permettant notamment de calculer la largeur des joints de façade, il faut tenir compte de la raideur des appuis.
• Leur déplacement est une ligne droite (oblique si raideurs différentes) qui se cumule à la déformée du profilé sur appuis rigides.
• Exemple : profilé au 1er étage d’un bâtiment sur caisse d’infra considérée rigide, à l’échelle de la façade.
• Il s’appuie à gauche sur un mur, à droite sur une poutre CM en console.
• À gauche : appuis du fer bloqués ; à droite : appuis inférieurs de la structure seuls présents.
• Flèche de la console = 4.9 mm qui se cumule à la flèche isostatique du profilé. En milieu de travée : flèche totale = 16.57 + (0.02 + 4.91)/2 = 19.03 mm.
Appuis « cachés » des structures
• Les logiciel éléments finis permettent presque tous de bloquer une partie (ou tous) des DDL d’un nœud.
• Cela revient à créer un appui « caché » car il n’est pas indiqué comme tel ni entré dans le logiciel comme un appui.
• Cela peut être indispensable dans certains logiciels qui considèrent systématiquement 6 DDL/nœud : un modèle à 2 ou 3 DDL/nœud (treillis ou
portique plan) est créé en bloquant automatiquement les 4 ou 3 DDL excédentaires de tous les noeuds.
• On peut bloquer un DDL d’un nœud par une fausse manœuvre, dans la saisie graphique d’un modèle.
• Exemple sur Effel : un clic par inadvertance sur une des 6 cases bloque le DDL concerné du nœud.
• Cela n’est plus visible dans l’affichage graphique, sauf si on re-clique sur ce nœud.
• Cela se voit sur le fichier texte du modèle (archive), mais personne ne le lit.

• Lancer un modèle avec de tels blocages erronés peut donner des résultats catastrophiquement faux :
• Création d’un appui inexistant
• Non-édition de la réaction d’appui à cet endroit : on ne constate donc pas une réaction inattendue dans la liste des réactions d’appui
• Perturbation massive de la structure
• En général cela se voit dans l’affichage des déplacements, mais pas toujours, notamment si le blocage est un encastrement en flexion

• En cas de résultats bizarres, cela peut être un indice à rechercher.


• Sur d’anciens modèles où le nombre de DDL était limité, il était envisageable de modéliser les voiles d’un bâtiment en membrane, et bloquer les 3
DDL de rotation des nœuds appartenant uniquement à un voile sans intersection avec une poutre ou une dalle (les nœuds entre planchers).
• Cela réduisait la taille de la matrice à inverser.
• La puissance des matériels et logiciels actuels rend inutile cette pratique.
Appuis des poutres continues
• Les logiciels de béton armé comme Arche Poutre permettent de calculer les armatures et les flèches de poutres continues, en
respectant toutes les prescriptions règlementaires.
• Mais, dès que la poutre a plus de 2 appuis et devient donc hyperstatique, se pose la question de la raideur de ces appuis.
• En général on considère des appuis rigides, et certains de ces logiciels ne permettent pas de mettre une raideur élastique à
chaque appui.
• Cela a-t-il une influence sur les résultats dans ces poutres ? Il est logique de penser que oui.
• Les écarts entre le calcul avec appuis rigides et appuis élastiques sont-ils importants ?
• Présentation de plusieurs tests pour avoir une idée de ces écarts.
• Premier test : une poutre continue avec appuis de raideur voisine et élevée (poteaux ou voiles).
• Deuxième test : appuis de raideur voisine mais faible (poutre secondaire sur plusieurs poutres principales).
• Troisième test : appuis de raideur très hétérogène.
• Les écarts constatés interdisent-ils d’utiliser un calcul avec appuis rigides ?
• L’expérience passée des bâtiments construits ne montre pas de sinistres nombreux dus à cette simplification.
Premier test : poutre continue à 5 travées, appuis de forte raideur
• Poutre de section 50*80h, travées de longueur irrégulière, console à une extrémité. Charge uniforme et charge ponctuelle sur une travée unique
• Raideur des appuis : celle d’un poteau 50*50 H=4 m soit ES/L = 800 MN/m.
• On compare avec la même poutre à appuis rigides.

• Pas d’écart important entre les appuis rigides (1er résultat) et les ressorts des poteaux (2e résultat) : 3 % d’écart.
• Cela valide (s’il en était besoin) le fait de considérer ces appuis « durs » comme des appuis rigides.
2e test : même poutre continue à 5 travées, appuis de faible raideur
• Poutre de section 50*80h, travées de longueur irrégulière, console à une extrémité. Charge uniforme et charge ponctuelle sur une travée unique
• Poutre secondaire posée sur une série de poutres principales 60*100h de 7 m de portée : raideur = 48 EI/L 3 = 80 MN/m, 10 fois moins.
• On compare avec la même poutre à appuis rigides.

• Cette fois, l’écart avec les appuis rigides (1er résultat) et les ressorts « faibles » (2e résultat) : +21 % d’écart sur les moments maxi.
• Cet écart consomme une part significative des coefficients de sécurité, mais l’expérience montre que les poutres béton s’adaptent, dès l’instant
que la « courbe enveloppe » est respectée (un moment trop faible en travée compensé par un moment plus élevé sur appui, ou l’inverse).
3e test : même poutre continue à 5 travées, appuis hétérogènes
• Cette poutre est posée sur des poteaux (800 MN/m) pour certains appuis et des poutres de reprise (80 MN/m) pour d’autres.
• On compare avec la même poutre à appuis rigides.

• Cette fois, l’écart entre les appuis rigides et les ressorts hétérogènes est considérable, il y a des appuis où le moment change de signe.
• Il semble indispensable de faire un vrai modèle pour une telle poutre.
• Il est cependant certain que de nombreuses poutres de ce type ont été calculées, que ce soit à la main (méthode Caquot) ou sur des logiciels
comme Arche Poutre, sans donner trop de sinistres, avec des fissures d’adaptation prononcées mais sans rupture.
Rotules principales et secondaires
• Reprenons l’exemple des 3 bielles de la page précédente. Et cette fois considérons le fonctionnement dans l’espace, hors du plan de la charpente.
• Leur détail d’attache ressemble au premier des 2 schémas ci-dessous : attache à chape et cavalier.
• Le deuxième schéma est utilisé pour avoir une véritable rotule physique dans les 2 sens (par exemple attelage d’un outil agricole sur un tracteur),
mais presque jamais en charpente métallique.

• Premier schéma : perpendiculairement au plan de l’oreille supportant une rotule, on peut aussi admettre une rotule pour chaque bielle : elles
sont d’inertie de flexion réduite (plat dans son inertie minimale prolongeant le tube), et le moindre jeu d’assemblage rend très difficile la
transmission d’un moment perpendiculaire au plan de cette charpente, qui serait transmis uniquement par le plat précité.
• Si on souhaite une rotule dans un seul sens et un encastrement dans l’autre sens, il faut un détail d’attache comme ci-dessous, là aussi rarement
utilisé en charpente métallique.
• On comprend que la barre qui s’attachera à cette pièce, sera encastrée dans le sens
perpendiculaire à la rotule, si le jeu d’assemblage est suffisamment faible.
Rotules centrées et excentrées
• Comme nous l’avons rapidement vu dans l’exemple des 3 bielles, une rotule physique peut être centrée ou excentrée.
• Il existe des cas où l’excentrement ne peut pas être négligé :
• Poteau large avec oreille pour porter une poutre CM
• Poteau ou trumeau en maçonnerie supportant une poutre béton à son nu
• Commentaire : cette structure est DANGEREUSE, la poutre BA aurait dû
coiffer le poteau sur sa section complète (1 brique ½)

• Une charge excentrée crée des moments dans l’élément porteur : ces moments peuvent être significatifs (ci-dessus, le « poteau » en maçonnerie
risquerait d’être tendu sur la face opposée, si la poutre BA ne se prolongeait pas par un linteau en blocs coffrants). Nota : il est probable que ce
« poteau » ne respecte pas les règles EC6 (largeur d’appui de la poutre trop faible), sauf s’il inclut un chaînage vertical dans des briques spéciales.
• La répétition d’excentrements de poutres sur un poteau multi-étages peut changer la descente de charges en pied.
• Exemple d’une structure plane de 20 étages avec un poteau CM à gauche, un trumeau à droite et des poutres CM rotulées à chaque niveau. Les deux étages inférieurs sur le schéma.
• A gauche la rotule est à l’axe du poteau CM, à droite éloignée de 30 cm (axe de la rotule physique).
• Ecart de +5 % pour l’effort normal N du poteau mais quasi-triplement du moment My, ce qui peut être significatif en CM. Le moment de flexion My de la poutre baisse de 8.7 % (portée inférieure).
• Le moment sur appui de la poutre CM n’est pas à reprendre par cette dernière : il s’agit du transport de l’effort tranchant à la rotule, vers l’axe du poteau, fait « gratuitement » par ce dernier.
• Ces écarts pourraient être plus importants avec une structure plus complexe et plus hyperstatique.
Autres types de rotules en construction métallique
• L’attache d’un profilé à un poteau par son âme sans continuité des semelles : assimilable à une rotule (avec un peu de jeu pour
les boulons, aucun moment ne peut être repris). Avec ou sans trous oblongs pour libération de l’effort normal.

• Les grains : rotules physiques sans les chapes vues précédemment


• Un tel assemblage est une rotule quasi-parfaite dans un sens.
• Si on souhaite la rotule dans les deux sens, il faut un appui en calotte sphérique.
Rotules en effort tranchant
• Ces rotules sont plus rares mais pas impossibles.
• Elles peuvent par exemple correspondre à un pied d’ouvrage sur appui glissant Téflon.

• Dans cet exemple, l’appui a une rotule à la fois en tranchant et en moment.


• En général, ces rotules en tranchant ne sont pas parfaites : il reste un effort résiduel voisin d’une partie de l’effort normal appliqué (quelques pour-cents). La
modélisation d’un tel effort est assez complexe (le plus simple est, après calcul, de regarder la force verticale et d’appliquer la force horizontale parasite comme
une charge extérieure, à 2 endroits : sur le profilé et sur le pot, pour obtenir une résultante nulle). Attention à son sens : si la structure portée peut bouger dans
les 2 sens suivant le cas de charge, il faut envisager 2 cas pour les efforts parasites.

• Il est difficile, mais pas impossible, d’envisager une rotule en tranchant mais un encastrement en flexion : cela nécessite un assemblage avec une partie
coulissante suffisamment large pour reprendre un moment. Peu courant en CM. Le schéma de principe est ci-dessous.

• Dans les logiciels qui ignorent les rotules en tranchant, on peut modéliser l’appui glissant avec 2 rotules en flexion. Cela n’est pas exactement la même chose et
est équivalent uniquement en petits déplacements.
Joints de dilatation et goujons de type CRET ou TITAN
Il en existe de plusieurs types :
• goujons type 1 uniquement coulissants à jeu réduit : seul l'effort axial est libéré, la tige du goujon est encastrée et peut supporter un moment.
• si un seul goujon est présent, ou une file alignée, l'élément repris sera encastré par la flexion – limitée en capacité - de la ou des tige(s). Il s’agit d’un relâchement en effort normal strict.
• Il est fréquent qu’on souhaite la transmission de tranchants mais pas de moments : la flexion de la tige n’est utilisée que pour transporter le tranchant à travers le joint, et pas un moment.
• S’il existe plusieurs goujons non alignés, non parallèles suite à des défauts de pose, le joint de dilatation n’est plus assuré : ça coince !
• S’il existe plusieurs goujons non alignés, parfaitement parallèles, aucun moment ne peut être repris :

• goujons coulissants + permettant un déplacement latéral (type 2) : ne reprennent qu'un effort Fz, le jeu latéral excluant la reprise d'efforts tranchants
horizontaux. L'encastrement en torsion est maintenu s'il y a plusieurs goujons juxtaposés (mais non superposés). Il faut libérer N, Fy, My et Mz et
éventuellement Mx dans la rotule.
• goujons coulissants à jeu élevé (type 3) : ils ne reprennent qu'un effort vertical après que l'élément porté sera descendu jusqu'à mettre en contact la tige et
le fourreau. Aucune autre reprise d'effort n'est généralement prévue même en cas de goujons multiples, les jeux étant suffisamment importants pour s'y
opposer.
• La modélisation précise de tels goujons est un « problème
de contact » non linéaire dont la résolution complexe n’est pas
à la portée de tous les logiciels.
Rotules physiques dans les structures béton
• Contrairement aux charpentes métal ou bois, une rotule physique dans une structure béton est complexe à réaliser. On n’obtient
généralement que des rotules approchées.
• La rotule dite « articulation Freyssinet » permet une rotation aisée sans moment de rappel important. Il existe d’autres types.

• On peut libérer un tranchant et une rotation avec une double rotule Freyssinet. Mais on utilisera plutôt un appui élastomère.
• Un affaiblissement local peut fournir une « rotule » suffisante dans une structure réelle. Elle ne sera pas parfaite (un moment pourra toujours
être transmis) mais, vu les incertitudes dans toute structure réelle, l’approximation faite sera largement suffisante.
Rotules dans les poutres excentrées
• La plupart des logiciels prévoient la possibilité d’excentrer une poutre du plan d’une dalle qui la contient.
• Cela évite d’avoir à modéliser la poutre décalée de cette dalle, et d’ajouter une barre rigide de jonction à CHAQUE nœud
intermédiaire de la poutre.
• La poutre est géométriquement positionnée à l’axe de la dalle, mais mécaniquement équivalente au schéma ci-dessous.

• Inconvénient : les flexions sont en grande partie transformées en efforts normaux opposés dans la poutre et la dalle.
• Imaginons qu’on souhaite mettre une rotule en flexion dans une telle poutre : comment faire ?
• Si on se contente de mettre une rotule en moment, cela n’empêchera pas l’excentrement de créer un moment dès le début de la
poutre excentrée.
• Si on prévoit en plus une rotule en effort normal, il n’y aura plus de moment dû à l’excentrement : on aura bien la rotule complète
en flexion.
• Mais on aura aussi relâché l’effort normal dans la poutre, alors que ce n’est pas forcément ce qui est souhaité.
• Il faut choisir mais on ne peut pas avoir à la fois blocage en effort normal et rotule complète en flexion !
Rotules « de modèle » dans une structure béton
• Cette fois il n’existe aucune disposition constructive pour avoir une rotule (partielle ou totale) dans la structure.
• Il est cependant pertinent de modéliser une rotule à certains endroits d’une structure.
• Attention : cela ne signifie pas qu’on peut mettre une rotule « n’importe où », si ça nous arrange, alors que, sans
modéliser une rotule, la structure aura tendance à faire apparaître des moments importants à l’endroit envisagé.
Exemple : poutre continue coulée en place où on décide d’avoir zéro moment sur appui et M 0 dans toutes les travées.
• Dans un tel cas, l’adaptation se fera et la structure (si elle est suffisamment dimensionnée avec un autre schéma
mécanique) supportera la charge, mais moyennant l’apparition de fissures et de désordres qui peuvent être
significatifs.
• Nous allons voir plusieurs cas ci-après.
Rotules sur l’appui de rive d’une poutre, disposé sur un mur « relativement mince »
• Par défaut, ces poutres sont encastrées dans le mur dans le modèle.
• Or le moment négatif sur appui d’une poutre parfaitement encastrée, peut être plus élevé que son moment en travée.
• Même si le modèle calcule le moment négatif en tenant compte de la raideur du voile support (mais en aucun cas de sa capacité de résistance), il est à craindre que le voile ne
supporte pas un tel effort (alors que la poutre en est capable).
• Une rotule à l’extrémité de la poutre est la seule solution pour résoudre ce problème.

• Exemple de calcul de la structure ci-dessous avec et sans rotule en rive, et des poutres de 120*70h et 60*70h :

• Sans rotule, le moment à retourner dans le voile (la dalle ne peut en aucun cas l’équilibrer) atteint 1179 kNm, soit presque 31 % de M 0
• Le moment en travée est réduit de 12.5 %
• Il est très difficile d’assurer la continuité entre des aciers verticaux de voile et des chapeaux de poutre : complexité du chantier
• Il est bien plus économique de retenir le schéma avec rotule en rive
• Le moment repris par le voile décroît quand le ratio [Inertie poutre]/[Epaisseur voile] augmente : plus la poutre est raide, moins elle « se décharge » sur le voile support. Avec
une hauteur de 1.20 m au lieu de 0.70, le moment négatif en rive vaut environ 340 kNm.
• On constate, sur l’appui central, un « saut de moment » de 443 kNm (cas sans rotule) ou 485 kNm (avec rotule) que le modèle envoie dans le 2 e voile. On peut ramener ce
moment à zéro en mettant dans la 2e travée des poutres, le moment négatif maximal et pas celui de la 2e travée.
Rotules sur l’appui de rive d’une poutre, disposé sur un mur « épais »
• Cette fois le mur est épais et peut a priori reprendre un moment négatif amené par une poutre. Il y a de la place pour disposer un important
ferraillage.
• Exemple : un mur de 0.60 m supportant des poutres de 0.70 m de haut.
• A-t-on intérêt à encastrer ces poutres dans ce voile ?
• On peut envisager 2 points de vue :
• On n’encastre pas pour des raisons de simplicité de chantier.
• Les poutres seront plus armées en travée ou aux appuis intermédiaires.
• Elles donneront une flèche plus élevée.
• Mais leur exécution se fera en laissant une simple réservation dans le voile.
• Autre point de vue :
• On encastre les poutres pour réduire leurs efforts.
• On a par exemple des problèmes de gabarit et on ne peut pas prévoir de poutres trop hautes.
• Les moments en travée seront réduits.
• Les flèches seront réduites.
• La complexité de réalisation du ferraillage du voile pour reprendre le moment négatif, a toutes les chances d’annuler l’économie d’acier des poutres moins
chargées en travée.
• S’il s’avère que le voile est très fortement chargé, sa compression peut réduire voire annuler les aciers verticaux dimensionnés pour reprendre le moment négatif.
Il ne sera nécessaire que de prévoir des équerres pour les chapeaux des poutres.
• Dans ce cas, attention au phasage de construction : l’effort normal élevé peut n’arriver sur ce voile, que bien plus tard que la charge sur la poutre encastrée.

• Conclusion :
• Le choix entre ces 2 options de modélisation n’est pas un problème d’éléments finis, mais un problème de bon sens d’ingénieur.
• Il est souhaitable de consulter l’équipe chantier pour leur demander leur avis, si les deux options sont acceptables au niveau bureau d’études.
• En aucun cas, on ne peut envisager d’encastrer la poutre dans le voile, mais d’« oublier » de mettre dans ce dernier les aciers pour reprendre le moment négatif.
Réseaux de poutres croisées
• Il s’agit d’un plancher constitué de poutres maîtresses et de poutres secondaires (voire en plus de nervures tertiaires).
• Il y a donc en de nombreux endroits, des poutres portées perpendiculaires à des poutres porteuses.
• Faisons l’hypothèse de l’absence totale de préfabrication : tout est coulé en place.
• Comme dans le cas des appuis de rive sur voiles porteurs, on trouve celui des appuis de rive de poutres secondaires sur des
poutres maîtresses (ou ordre 3 sur ordre 2).
• Si on encastre tout (et a priori aucune disposition de coffrage ne prévoit la moindre rotule), on trouvera des moments négatifs sur
les poutres portées, et des moments de torsion dans les poutres porteuses.
• Le fait de réduire les inerties de torsion (voir présentation « Propriétés des poutres »), réduira cet effet sans le supprimer si les
poutres maîtresses sont assez grosses.
• Il est donc préférable de rotuler les poutres portées à leurs appuis de rive sur les poutres porteuses.
Jonctions entre poutres et poteaux porteurs
• Nous verrons dans une autre présentation qu’il n’est pas toujours pertinent de charger les planchers porteurs (dalles et poutres) en travée dans le modèle d’un
bâtiment complet (et non d’un plancher seul).
• Faisons l’hypothèse que les horizontaux du bâtiment sont chargés. Il existe donc des poutres et des poteaux porteurs.
• Il fait partie des « errements habituels » en France, depuis plus d’un siècle, de considérer les horizontaux non encastrés dans leurs porteurs, et de calculer ces
derniers (hors contreventement) en compression centrée.
• Une des raisons de ces « errements » est le calcul d’une poutre maîtresse de forte inertie sur des poteaux minces : le retournement des moments de flexion
dans ces poteaux les fera « exploser », alors qu’ils sont dimensionnables sous charges verticales pures.
• Dans un tel cas, si le contreventement est 100 % repris par des voiles et noyaux, aucun poteau ne prendra d’autres efforts que des charges verticales. S’il y a
des portiques de contreventement, les poteaux prendront les efforts correspondants, mais pas de retournement de moments de flexion des poutres.
• Dans un modèle aux horizontaux chargés, est-il nécessaire de rotuler les poteaux en tête, pour éviter de retourner les moments des poutres portées, qui
peuvent être importants et conduire à l’impossibilité de tenue des poteaux ?
• Vu l’expérience passée sur des milliers de constructions, on peut dire oui, sauf cas exceptionnels. A faire valider par la Moe et le bureau de contrôle.
• Si les poteaux prennent une partie du contreventement, un calcul phasé devra être prévu :
• Phase « charges verticales » avec poteaux rotulés sous les poutres des planchers ;
• Phase « charges de contreventement » avec l’encastrement de ces poteaux ;
• Combinaisons linéaires mélangeant ces 2 types de cas de charges, où en conséquence les poteaux ne prennent que du contreventement.

• Exemple :
• portique supérieur avec poteaux rotulés, et inférieur encastrés
• Moment de 24.84 Tm dans les poteaux (sens petite inertie)
• Baisse faible du moment maxi en travée dans la poutre maîtresse…
• Mais augmentation équivalente du moment sur appui => pas de gain d’aciers
• Le poteau a toutes les chances de ne pas supporter les 25 Tm de moment
• Evidemment, si on rotule les poteaux, il faut que le contreventement de
ce portique soit fait par d’autres structures non visibles dans ce schéma.
Rotules plastiques en béton et CM
• Dans les matériaux homogènes, le schéma de principe d’une rotule plastique est le suivant.
• En béton armé, le principe est similaire :
La plasticité correspond à la ruine des matériaux béton et acier, soit l’un après l’autre, soit ensemble.
• Pour calculer une structure avec des rotules plastiques, il faut un logiciel adapté.
• Certains logiciels de mécanique de haut niveau ne savent pas le faire « en natif ».
• A défaut d’un tel logiciel, on peut faire un calcul simplifié d’une structure avec des rotules plastiques :
• Lancer un modèle sans aucune rotule plastique, encastrer tout ce qui peut l’être.
• Repérer dans les résultats du modèle les nœuds de structure où la capacité de résistance est dépassée.
• Par exemple, le moment dans une poutre CM atteint 20 Tm, alors qu’elle plastifie à 15 Tm.
• Mettre des rotules à ces endroits où la résistance est dépassée.
• Appliquer deux couples opposés correspondant à la capacité maximale.
• Relancer le modèle avec ces nouvelles rotules et ces charges limites. Les moments ne changeront pas.

• Il est possible que de nouvelles sections dépassent à leur tour leur capacité, dans ce cas refaire une itération.
• Attention : le calcul de la capacité portante doit se faire en flexion composée, sachant que pour la plupart des poteaux, on peut réduire leur moment mais pas leur effort normal, qui provient de la descente de
charges.
• Cette procédure est à répéter pour toute combinaison de cas de charges conduisant à des dépassements de résistance de type « rotules plastiques ».
• Elle fait l’hypothèse qu’on ne souhaite pas ou ne peut pas renforcer les sections de capacité insuffisante : profilé supérieur en CM, ferraillage majoré en BA.

• Ce processus est assez laborieux ; en cas d’analyses nombreuses de ce type, il est préférable d’adopter un logiciel qui sait faire.
Assemblages semi-rigides en charpente bois et métal
• Certains assemblages de ces deux matériaux sont prévus pour n’être ni des rotules parfaites, ni des encastrements parfaits. L’EC3
prévoit de tels cas alors que les règlements précédents les excluaient.
• En CM,cette classification tient compte de la possibilité de plastification du nœud d’assemblage.
• Extrait de « Calcul des ouvrages généraux de construction », Hermès, 1997 :

• En structure bois, la raideur des assemblages tient compte des capacités de résistance des différents organes d’assemblage (boulons,
plaques, clous, etc).
• Ces raideurs « concentrées » nécessitent d’intercaler dans le modèle, entre deux éléments liés :
• Soit un élément ressort ponctuel transmettant l’effort d’un élément à l’autre
• Soit un tronçon court de l’un des deux éléments auquel on donne des propriétés réduites, pour représenter la raideur limitée de l’assemblage.
• Eléments à utiliser à bon escient.
• Les rotules béton vues précédemment sont aussi semi-rigides, mais on néglige leurs capacités, sans dommages pour la structure.

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