Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
appliqués au Bâtiment
• Le choix entre ces différentes solutions est à l’appréciation du modélisateur, mais peut aussi être imposé par sa hiérarchie, les
intervenants au projet (maître d’œuvre, bureau de contrôle voire assureurs).
• Dans tous les cas, il nécessite une expérience et un bon sens d’ingénieur certains.
Exemples d’artefacts montrés dans la suite
• Auto-reprise des dalles en flexion
• Participation des dalles en flexion, au contreventement d’ensemble
• Structures de voiles + poteaux avec déchargement des poteaux (structures en pont)
• Dalles flottantes
• Etc
Raideur des dalles
• La raideur habituelle des dalles de bâtiment est en deux parties :
• La raideur en membrane, où la dalle distribue les efforts de contreventement entre tous les verticaux ;
• La raideur en flexion, où la dalle ramène les charges qu’elle supporte aux porteurs verticaux.
• Les anciens cours de structure de bâtiment considèrent que les dalles sont infiniment rigides dans leur plan, afin de permettre un
calcul manuel.
• L’expérience montre que cette hypothèse est souvent fausse.
• La raideur en flexion des dalles peut tenir compte de la réduction d’inertie due à la fissuration.
• Pour cela il faut donc faire un premier passage, qui permet de calculer les aciers théoriques, donc les inerties fissurées, puis un
second passage avec ces inerties remplaçant les inerties brutes. Ce cycle peut devoir être répété.
• Cette façon de faire est complexe si elle n’est pas automatisée.
• Son automatisation devrait donner, dans chaque élément, des raideurs différentes dans le sens des aciers x et y (en général
perpendiculaires), donc conduisant à utiliser une modélisation orthotrope.
• Les logiciels qui disposent de cette fonction retiennent généralement une seule raideur pour la dalle fissurée.
• La valeur retenue peut être la raideur minimale, ou la raideur moyenne.
• Que ce soit l’une ou l’autre, prendre les mêmes raideurs est contestable lorsqu’elles sont très différentes.
Raideur des dalles en flexion
• Souhaite-t-on faire travailler les dalles dans le contreventement général du bâtiment ?
• En effet, prendre en compte l’inertie de flexion complète des dalles les fait travailler en portique avec les verticaux qui les portent.
• Elles reprennent donc des moments « en dent de scie » entre les porteurs (voiles, poteaux), en plus de la flexion courante.
• Ces moments conduisent à mettre en œuvre des aciers :
• À la jonction des voiles et des dalles, l’acier forfaitaire habituel (0.15 M 0) étant très souvent insuffisant ;
• À prévoir des aciers aux appuis intermédiaires, là où habituellement il n’y a que les chapeaux de flexion. Ces aciers doivent être additionnés aux chapeaux, mais parfois
mis en partie basse si le moment de contreventement est supérieur au moment négatif sur appui.
• En général, ce fonctionnement n’est pas souhaité : le contreventement doit passer dans les verticaux.
• Si la flexion des dalles reprend du contreventement, cela signifie aussi que les éléments de contreventement « habituels » (voiles,
noyaux, portiques) en prendront moins.
• Cela peut-il mettre en cause la sécurité de la structure ?
Raideur des dalles (suite)
• Plusieurs solutions envisageables pour réduire cet effet :
• Mettre des charnières sur le pourtour de toutes les dalles, mais on empêche l’existence des moments négatifs sous charges en travée (continuité)
• Mettre des charnières sur les verticaux à chaque croisement d’une dalle
• Réduire la raideur en flexion des dalles.
• Attention : le changement d’épaisseur de la dalle donne des aciers de flexion faux, sauf si on corrige l’épaisseur prise en compte lors
du calcul d’armatures (si le logiciel le permet).
Auto-reprise des dalles chargées en travée
• Nous présentons un exemple d’une dalle à 2 travées avec :
• Les appuis latéraux en voiles ;
• L’appui central est une poutre sur poteaux.
• Les voiles latéraux ont une section très supérieure à celle du poteau central, donc tassent moins.
• Sur un bâtiment à étages, cet effet s’amplifie lorsqu’on monte.
• Quelle influence a cet effet sur les efforts de flexion dans la dalle ?
• Est-il pertinent de réduire la raideur en flexion de la dalle ?
• Schéma de l’exemple analysé :
• 8 niveaux avec dalle de portée 2 fois 6 m
• Entraxe poteaux 5 m, 4 travées dans ce sens, hauteur d’étage 3.50 m
• Voiles latéraux de 25 cm
• Poteaux 40*40 rotulés en tête et en pied
• Poutre centrale 40*80h rotulée à chaque appui intermédiaire
• Appuis rigides
• Charge 5 kN/m2, pas de poids propre
• Dalle d’épaisseur variable, de 15 à 35 cm
• Est il souhaitable ?
• Il sous-évalue l’effort du poteau central,
jusqu’à consommer plus que les coefficients de sécurité
• Il sous-évalue aussi la poutre centrale
• Et évidemment il sous-évalue les aciers de flexion (chapeaux)
• Le phénomène serait aggravé si les appuis étaient compressibles, et dimensionnés
avec la descente de charge ci-dessus
Auto-reprise des dalles chargées en travée : limitation de ces effets
• Adaptation des raideurs en flexion des dalles : par réduction de leur épaisseur
• En divisant l’épaisseur réelle par 2, les résultats de la dalle de 30 cm correspondraient à ceux de la dalle de 15, ou 17.5 pour la dalle
de 35 cm
• L’effet de redistribution reste présent mais est réduit, on ne change plus le signe du moment sur appui de la dalle, mais il reste divisé
par 2.
• Les écarts sur le poteau sont encore de -25%.
• Avec cette réduction, on peut considérer qu’on s’est rapproché du fonctionnement réel (inconnu) de la structure, qui n’est pas égal
au calcul analytique : ce dernier ignore complètement le tassement différentiel des appuis centraux, qui existe dans tous les cas.
• Inversement, utiliser tel quel le résultat du modèle conduirait à ne mettre aucun acier de chapeau sur l’appui intermédiaire pour les
dalles les plus épaisses, ce qui ne peut que heurter le bon sens, et dans la réalité aurait toutes les chances de faire apparaître une
fissure en haut de dalle sur cet appui.
• Un plan de ferraillage avec aucun acier de chapeau sur l’appui intermédiaire aurait à coup sûr un visa refusé par un Bureau de
contrôle…
• Cet effet est immédiatement visible sur cet exemple de géométrie très simple. Il peut apparaître sur des structures plus complexes,
et ses effets bien plus difficiles à déceler.
• Cela montre que les dalles avec une raideur prise « plein pot » peuvent transférer de très importants efforts et s’éloigner d’un
schéma de calcul intuitif.
• La réduction d’épaisseur à prendre en compte peut être une division par 1.5, par 2, par 3 ; plus, cela semble difficile à envisager.
• Cette réduction n’est pas justifiable en tant que telle : on décide de réduire la raideur en flexion des dalles, afin de limiter les reprises
d’efforts par ces dernières. Aucun calcul règlementaire ne peut préconiser une réduction plutôt qu’une autre, ou justifier sa valeur.
Auto-reprise des dalles chargées en travée : modèle chargé aux porteurs
• Nous reprenons ce modèle en le chargeant aux porteurs : plus de charge uniforme sur les dalles.
• Report manuel isostatique sur les voiles latéraux et la file centrale de poteaux, puis report semi-analytique (modèle d’un niveau
avec appuis au niveau des verticaux, les réactions étant ensuite introduites comme charges).
• Résultats des 2 analyses :
• Certains maîtres d’œuvre peuvent exiger un calcul « à l’infini » où la structure a oublié
comment elle a été construite : dans ce cas, une 3 e valeur est « G non phasé » seul.
Résultats du calcul phasé (6 phases)
• La rangée haute des poteaux a une descente de charges isostatique de 1600 kN (2
niveaux chargés supportés), contre 1417 et 1590 ici.
• La rangée basse supporte 4590 & 4796 kN, au lieu de 4800 en isostatique.
• Cette fois les écarts avec le calcul isostatique sont très largement plus faibles.
• Le pont n’a une influence que sur la dernière charge (1/6e du total).
• Ce calcul ignore le fluage et les 3 types d’analyses proposés dans la page précédente.
• Mais il montre que la construction d’un bâtiment ne se fait jamais en une seule fois, et
que la prise en compte du phasage peut grandement changer les résultats des calculs
de certaines structures.
• Retenir un intervalle de calcul comme celui proposé ci-avant :
[phasage seul] puis [(1 – k) * calcul phasé + k * calcul non phasé]
ou [phasage seul] puis [calcul non phasé seul] (la structure « oublie » son phasage)
peut s’avérer indispensable, car l’écart de résultats du poteau le moins chargé (qui passe
de 770 à 1418 kN entre les deux calculs) dépasse très largement les marges dues aux
coefficients de sécurité.
• Seule l’expérience du modélisateur peut lui faire voir les structures où ce type
d’analyse en fourchette est indispensable.
Structure instable par nature : dalle flottante
• Une dalle flottante est une dalle posée sur une autre structure (autre dalle, radier) avec entre les deux, une couche de matériau
spécial (absorbant, élastique, résilient…)
• Une « vraie » dalle flottante serait comme une savonnette sur un carrelage : parfaitement glissante donc incapable de reprendre la
moindre charge horizontale. Une telle structure instable ne peut être modélisée.
• Une dalle flottante posée sur un autre matériau est souvent adhérente à ce dernier et peut donc reprendre des forces horizontales.
• Mais on ne souhaite pas non plus coupler ces deux structures pour créer un « sandwich » : le frottement important entre la dalle
flottante et son support n’est pas souhaité, car le matériau intermédiaire ne le supporterait pas.
• Une façon de modéliser cette dalle est de la relier à son support par une forêt de bielles verticales.
• Idéalement il faudrait une bielle par nœud du maillage. On peut aussi envisager des bielles régulièrement espacées mais moins
serrées.
• Si on souhaite représenter le décollement de la dalle flottante son support, ces bielles doivent être modélisées en butons
supportant uniquement une compression (calcul non linéaire).
• Si ces bielles sont verticales et possèdent une rotule à chaque extrémité, la dalle flottante est instable.
• Elle peut être artificiellement stabilisée si les bielles ne sont pas parfaitement parallèles, avec seulement l’erreur d’arrondi sur les
coordonnées des extrémités de la bielle.
• Nous allons analyser les conséquences d’une telle modélisation, et voir que faire pour stabiliser le modèle.
Structure instable par nature : dalle flottante
• Dalle de 4 m sur 4, posée sur un radier de 5 m sur 5 fondé sur sol élastique.
• 121 Bielles de contact verticales, rotulées en flexion à leurs 2 extrémités.
• Ce modèle instable (la dalle peut se translater et tourner sur un axe vertical) ne devrait pas tourner.
• Les résultats obtenus sous charge verticale partielle (coin inférieur gauche) sont les suivants :
• Déplacement vertical 0.36 mm
• Efforts verticaux dans les bielles : résultante = 144 kN = charge appliquée
• Les résultats obtenus sous charge horizontale partielle sont les suivants :
• Efforts horizontaux Tz dans les bielles : résultante = 5 kN ; charge appliquée = 6.28 kN
• Déplacement horizontal 6200 km (!)
• Les résultats obtenus sous charge horizontale partielle sont les suivants :
• Efforts horizontaux dans les bielles : proviennent de l’effort normal des bielles penchées, qui atteint jusqu’à 720 kN
• Plus de tranchant horizontal
• Déplacement horizontal 2150 mm, ce qui est irréaliste.
• Les efforts normaux ci-contre le sont aussi !
• Pour obtenir des déplacements réalistes sous charge horizontale, nous allons changer l’inclinaison des bielles jusqu’à obtenir un
déplacement acceptable (quelques millimètres).
Dalle flottante stabilisée par inclinaison des bielles (suite)
• Nous stabilisons ce modèle en inclinant 6 bielles (avec une pente de 8 %) pour qu’elles puissent reprendre des efforts horizontaux.
• Les résultats obtenus sous charge horizontale partielle sont les suivants :
• Efforts horizontaux dans les bielles : proviennent de l’effort normal des bielles penchées, qui atteint jusqu’à 45 kN « seulement »
• Plus de tranchant horizontal
• Déplacement horizontal 8.5 mm, ce qui est cette fois réaliste.
• L’inconvénient de cette stabilisation est qu’elle concentre les efforts sur les seules bielles inclinées et leurs voisines immédiates.
• Pour limiter ce phénomène on pourrait incliner toutes les bielles, pour étaler les charges de stabilité sur toute la dalle flottante.
• Cela complique la saisie géométrique quand la structure n’est pas aussi simple.
Dalle flottante stabilisée par encastrement des bielles
• Nous encastrons à la base toutes les bielles pour qu’elles puissent reprendre des efforts horizontaux.
• Nous n’encastrons pas la liaison haute de la bielle avec la dalle flottante car cette dernière ne le serait plus vraiment. Elle ne transmettra à la bielle qu’un effort
tranchant.
• Leur inertie doit être limitée pour éviter de faire travailler la structure en sandwich.
• Nous cherchons l’inertie minimale pour obtenir les déplacements millimétriques comme précédemment.
• Les résultats obtenus sous charge horizontale partielle sont les suivants :
• Avec une inertie de la bielle de 0.00000001 m4 (soit une raideur 3 EI/L3 de 9 kN/m environ, ce qui ne veut pas dire grand-chose pour une autre structure), le déplacement latéral de la
dalle flottante est de 11 mm, et de 1.2 mm avec une inertie 10 fois plus forte.
• Efforts horizontaux dans les bielles (schémas ci-dessous) : proviennent de l’effort tranchant Tz de toutes les bielles, qui se répartit sur toute la surface de la dalle flottante.
• Si l’inertie des bielles est trop forte, le tranchant des bielles se concentre à l’endroit d’application des charges. Ce n’est pas le fonctionnement d’une dalle flottante.
• Plus aucun effort normal dans les bielles.
• Cette façon de faire semble la meilleure pour représenter une dalle flottante sans craindre l’instabilité du modèle ni une trop grande liaison
avec le support.
• Cet exemple n’étant pas représentatif, il faut faire un test de sa structure en changeant l’inertie des bielles pour trouver la bonne valeur.