Hakim ABDMEZIEM
(Service des études et travaux d’infrastructure)
Les quais en pieux
Adaptés pour
A priori toute condition de profondeur et toute charge
Des conditions où la réduction de l’agitation résiduelle est importante
Avantages :
La structure en pieux est idéale pour les structures d’accostage des postes isolés
(tankers et GNL)
Possibilité d’accueillir les plus grands navires
Possibilité de s’adapter à toutes conditions géotechniques
Problèmes à considérer :
Coûts locaux des enrochements naturels
Délais d’exécution
Quai sur pieux :
Fonctions :
2 types :
• Ouvrage relié à la terre par des passerelles qui participent à la reprise des sollicitations
horizontales
• Ouvrage en avancé importante par rapport à la terre. Les efforts horizontaux importants
doivent être équilibrés par des caissons (structures rigides) et/ou par une ligne de DACs
indépendants.
Pour mettre en évidence l’intérêt de ce type de quai, considérons un soutènement simple avec tirant
ancré en tête. Ce rideau a une simple fonction de soutènement des terres et de retenue de l’eau.
Cette ouverture permet d’économiser de l’acier mais pose le problème de la tenue du talus et de la
stabilité du soutènement.
Pour limiter la largeur de la superstructure et la pente du talus il est possible de reporter le soutènement
en arrière de l’ouvrage. Le soutènement en partie basse pour le quai semi-ouvert passe en partie haute de
l’ouvrage en appui sur la superstructure.
Le rideau arrière, qui doit équilibrer des poussées importantes (composantes horizontales de poussée des
terres et des surcharges de terre-plein.), présente une fiche importante du fait d’une butée offerte faible.
Le plus souvent, le quai ouvert simple reste économiquement plus intéressant (quantité de préfa plus
important donc plus rentable que le rideau arrière) et techniquement plus sûr.
Les appontements
Dans le cas où il n’est plus nécessaire de soutenir des terre-pleins en arrière de l’ouvrage, il n’y a
plus lieu de prévoir un soutènement. Le quai est composé simplement de la structure sur pieux.
Les éléments constitutifs du quai
•La plateforme
Peu de souplesse d’utilisation si n’y a pas de remblais (au moins 0.8 m d’épaisseur :
passage réseaux et diffusion des charges ponctuelles). Une épaisseur de remblais trop
importante surcharges les pieux et conduit à prendre en compte des efforts de sous
pression.
Les éléments constitutifs du quai
•Les pieux
Généralement métalliques car ils présentent l’avantage d’être légers et maniables. En
outre, ils peuvent être rallongés par soudure et sont mieux adaptés aux effets de flexions
importants. Attention toutefois à la corrosion (cf EC 3 – partie 5). Les pieux sont placés
par file au droit des charges les plus lourds (front d’accostage, voie de roulement) et de
façon à limiter les portées des poutres. Le maillage est également défini en fonction de la
capacité portante admissible par le sol.
Petite maille : pieux plus nombreux, faible diamètre, éléments préfabriqués de platelage
plus légers et nombreux
Grande maille : pieux de plus fort diamètre, éléments préfabriqués de platelage plus lourds
•Les tirants
Ils assurent la reprise des efforts horizontaux qui ne peuvent être repris par la seule
flexion des pieux. Les pieux inclinés peuvent assurer la même fonction si la mise en
place des tirants est difficile.
•Pieuxinclinés
Le déplacement de la structure doit se faire pour mobiliser les pieux (élasticité).
Risque de soulèvement des pieux verticaux situés en arrière des pieux inclinés qu’il
convient de compenser par du poids.
•Remblais arrière
A mettre en place par des couches successives de 30 à 50 cm.
Stabilité générale (externe):
Normes :
Un quai sur pieux est constitué d’éléments de structure très différents dans leur
comportement :
Les modèles de calcul amènent à travailler sur des fichiers complexes et volumineux
(nombreux nœuds, barres, surfaciques, appuis souvent élastique voire parfois en butée,
multiplicité des cas de charge parfois roulants) ce qui soulève le problème du contrôle des
données et l’exploitation des résultats.
Une modélisation simplifiée plan est souvent nécessaire à une pré analyse du comportement
de la structure sous différents cas de charge et apprécier l’ordre de grandeur et la sensibilité
des données sur les résultats.
Généralement, les pieux sont relativement espacés pour ne pas être sensibles aux effets de
groupe. Il faut par contre tenir compte du frottement négatif et des poussées horizontales
du fait du remblaiement réalisé lors de la construction.
Au minimum l’encastrement effectif dans la couche porteuse est pris égal 3.B si B<0.5m
1.5m sinon
La valeur de la pression limite nette équivalente pl*e est déterminée à partir de l’expression générale
L’effort limite mobilisable par frottement axial sur la hauteur concernée du fût de la
fondation profonde doit être calculé à partir de l’expression suivante
pour les pieux mis en œuvre par vibrofonçage, il y a lieu de faire un abattement de 30% sur les valeurs de qs.
La charge limite caractéristique de la portance est déterminée à partir de la charge limite ultime Rc
et du facteur de modèle définit à l’annexe F, tableau F.2.1.
Calcul pour un pieu isolé travaillant en compression.
en compression
sans refoulement
avec refoulement *
Les sollicitations de calcul (charges permanentes + surcharges) doivent être comparées aux
résistances de calcul.
Méthode de TERZAGHI
La charge limite totale des pieux calculés en pieux isolés ne doit pas dépasser la charge limite du massif de sol.
L
q s
H
q u
-Calcul du Ce selon Terzaghi.
On définit le coefficient de groupe comme étant le rapport de la capacité portante de la fondation
équivalente par la capacité portante des « n » pieux pour chaque état limite.
A l’ ELS quasi-permanent,
si<1 sinon 1
A l’ELU fondamental,
si<1 sinon 1
z
L
Modélisation et Raideurs des pieux
Pour le calcul d’ensemble d’une structure sur pieux sous efforts verticaux et
horizontaux, il est possible de schématiser la structure
Mais dans tous les cas de calculs se pose le problème de la schématisation du sol le long des pieux.
1°/ pour les petites structures avec peu de pieu, le sol peut être modélisé par des ressorts le long
des pieux et en pointe. Cette disposition génère un grand nombre de nœud et pénalise les temps de
calcul et doit être limitée aux petites structures .
2°/ pour les structures plus importantes, il est nécessaire de schématiser l’ensemble « pieu-sol »
par un appui donnant les mêmes déplacements que le pieu réellement en place.
3°/ Une schématisation 2D à l’aide d’un calcul aux éléments finis type « plaxis » offre l’avantage
d’intégrer l’ensemble des sols et de la structure dans le même calcul .
Schématisation 2D
-40.000 -20.000 0.000 20.000 40.000 60.000 80.000 100.000
20.000
0.000
-20.000
-40.000
-60.000
Deformed Mesh
-3
Extreme total displacement 295.41*10 m
(displacements scaled up 20.00 times)
Mais dans ce cas le calcul des éléments de structure longitudinaux, telles que les poutres de roulement ainsi
que l’effets des sollicitations non réparties uniformément sur la structure; accostage et amarrage, doivent
faire l’objet d’une analyse différente.
Modélisation 3 D : Appontement minéralier MCT 6
Modélisation de la structure complète
Dans le cas d’un calcul d’ensemble, la modélisation comporte la détermination des raideurs
verticales et horizontales des pieux.
Appontement minéralier
Structure : filaires + surfaciques + appuis élastiques
Amarrage
Accostage
Transporteur
2 portiques accolés
Appuis élastiques ou en butée (verticaux + horizontaux)
Raideur verticale
La raideur verticale peut être déterminée à partir de l’annexe L de la norme F P 94-262
(cf également ls fascicule 62 annexe G.4)
D e B / 100
Soit par la méthode de Franck et Zhao
Cette méthode permet de déterminer la contrainte en fonction du déplacement aussi bien pour le
frottement latéral et la pointe .
de cette méthode, il possible de tracer une courbe charge - enfoncement et d’en déduire les
rigidités tangentes ou sécantes.
Incidence de la souplesse axiale des pieux
Exemple de résultats de calcul : courbe enveloppe de moment
Dispositions les plus pénalisantes des charges de portiques : Les lignes d’influence
Raideur horizontale et de rotation
(en se basant sur les prescriptions définies dans l’annexe I de la norme NF P 94-262 de juillet
2012 similaires à celles du fascicule 62 titre V)
Dans le paragraphe précédent, nous avons traité de la schématisation verticale que nous pouvons
matérialiser par un ressort vertical de raideur kz.
Cette hypothèse purement élastique, sans représenter exactement la réponse du sol, permet
d’appréhender l’ensemble sol pieu.
Dans le cadre de pieux simplement articulés en tête, la schématisation par ce seul ressort vertical
est suffisante si la structure est parfaitement bloquée pour les efforts horizontaux ce qui est
rarement le cas.
Interaction sol-structure
Rigidité horizontale
La norme 94-262 définit en Annexe I la modélisation du comportement transversal d’une
fondation profonde.
=> La raideur des ressorts est fonction des caractéristiques pressiomètriques* Em et pl du sol et d’un
coefficient rhéologique fonction du type de sol et de son état de consolidation
avec Bo = 0.60 m
Kf – Sollicitations de courte durée d’application
Kf/2 – Sollicitations de longue durée d’application
Surconsolidé ou très serré > 16 1 > 14 0.66 > 12 0.5 > 10 0.33
Normalement consolidé ou
serré 9 à 16 0.66 8 à 14 0.5 7 à 12 0.33 6 à 10 0.25
Sous consolidé altéré et
remanié ou lâche 7à9 0.5 5à8 0.5 5à7 0.33
- au droit de talus tant que l’épaisseur horizontale de sol mis en butée est inférieure à 5B,
- distance de nu à nu entre éléments placés dans le sens du déplacement inférieure à
2 max (B,L).
Attention :
dans le cas de talus, la raideur n’est pas équivalente si les sollicitations sont vers le
haut du talus ou vers le bas. Il y a lieu dans ce cas de faire une double modélisation
pour les efforts dans chaque sens.
Dans la plupart des cas, il est nécessaire d’analyser et de définir les raideurs des appuis sous
efforts horizontaux et moments.
L’objectif est de définir un élément fictif avec les mêmes possibilités de déplacements que le pieu
sous efforts équivalents pour réduire les temps de calcul et taille des fichiers à traiter.
M T
M T
h
E m
pl
k
E m
pl
kz
Pour chaque pieu, il faut définir la matrice de rigidité en tête.
Chaque pieu isolé de la structure soumis à une charge horizontale et à un moment en tête se
déplace horizontalement et en rotation.
Les sollicitations et les déformations sont reliées par une matrice de rigidité à coefficients croisés
y = 1. T + 2 M
= 2. T + 3 M
Pour chaque pieu il faut définir la matrice de rigidité en tête.
Chaque pieu isolé de la structure soumis à une charge horizontale et à un moment en tête se
déplace horizontalement et en rotation.
Les sollicitations et les déformations sont reliées par une matrice de rigidité à coefficients croisés
y = 1. T + 2 M
= 2. T + 3 M
A notre disposition 3 équations (1, 2, 3) à 4 inconnues (k1, k2, k3 et L) avec des raideurs
nécessairement positives.
Ces caractéristiques sont déterminées pour chaque pieu en fonction du sol rencontré et
remplacent dans la modélisation le pieu réel.
Les Talus
Le talus est souvent la partie d’un quai sur pieux qui pose le plus de problème.
Sa stabilité d’ensemble doit être parfaite et il faut que sa pente soit maintenue dans le temps (glissement
de peau ).
Les incidents que l’on rencontre proviennent en général de la méconnaissance des caractéristiques
géotechniques des matériaux en place ou d’apport et des régimes hydrauliques internes au talus et/ou de
la sous estimation des efforts sollicitant : houles, courant etc...
D’après certains rapports les évolutions récentes en matière de conception de navire semblent être à
l’origine d’incidents plus graves ( puissance des moteurs, propulseurs latéraux…)
L’impact érosif le plus important sur les talus est le fait des hélices et propulseurs au moment
des accostages et des déhalages.
La protection du talus doit permettre de s’assurer des risques d’éboulement ou glissement de
surface du talus
La protection du fond en avant du quai doit éviter tout affouillement susceptible de provoquer la
ruine de l’ouvrage (défaut de portance des fondations, surcharge de poussée de talus etc..)
U m ax / U o
0.8
0.6
0.4
Distance axe hélice au fond Ch = 1.85 m
0.2
Hp = Ch+0.5 Dp 5.85 m
0
Hp / Do = 1.03 0 1 2 3 4 5
D 5 0 m m ta ille m o ye n n e d e s
3
Calibrage des enrochements 0.5 W50 150 kg
e n ro c h e m en ts
2.5
à 2
2 W50 599 kg 1.5
1
épaisseur de couche 1.5 D50 0.9 m 0.5
à 0
1.8 D50 1.08 m 0 2 4 6 8 10
vitesse au fond Umax ( m/s)
rid e a u d e s o u té n e m e n t
o u b ê c h e b é to n
1 m
5 m m in i
Les Matériaux
Caractéristiques normalisées des aciers
Valeur supérieure de la limite d'élasticité ReH ( MPa Valeur supérieure de la limite d'élasticité
) ReH ( MPa )
ep = épaisseur en mm 3 < ep < 50 50< ep < 100 100< ep < 150
ep = épaisseur en mm
S460 460 440 400
EN S240 GP 240
S500 500 480 440
S270 GP 270
EN S550 550 530 490
10137 S620 620 580 560 10248 S320 GP 320
S690 690 650 630 S355 GP 355
S890 890 830 - S390 GP 390
S960 960 - - S430 GP 430
Pour les fondations d’ouvrages maritimes; duc d’Albe ou quai sur pieux les profilés les plus
employés sont : les tubes circulaires
les profilés H ou similaires,
les palplanches ou caissons reconstitués.
Résistance des structures
Règlement de calcul
lf = longueur de flambement c’est la longueur d’une barre fictive bi-articulée de même section
= l’élancement qui est égal à lf/ avec étant le rayon de giration égal à (I / S)
En présence de sol Pierre Souche a calculé en fonction des raideurs du sol kh la charge critique
d’EULER à appliquer pour calculer la contrainte *.
Ces abaques sont parues dans les Annales de ITBTP N°423 1984 et concernent plusieurs
conditions d’appuis en tête et en pied de pieu.
L’Eurocode 3 permet de cerner plus précisément le voilement des éléments en fonction de leur
forme.
Pour les tubes circulaires, il y a lieu de se reporter à la présentation des Ouvrages d’accostage.
Pour les profilés, il est reporté ci-après les conditions de voilement.
En classe 4 les éléments doivent être vérifiés au voilement. Pour les classes inférieures 1 à 3, la
limite élastique est atteinte avant celle de voilement.
En fonction des rapports d / t ou c / t le profil peut être classé dans une des quatre
classes. C’est le classement le plus fort qui classe le profilé.
Pour les classes 1 à 3, il n ’y a pas de risque de voilement locale, la contrainte limite est
égale à e limite élastique
Pour la classe 4, la contrainte de calcul doit être inférieure à cette contrainte de
voilement.
Dans le cas de profilé rempli de béton il est possible de tenir compte du renforcement
apporté par le remplissage. Pour ces profilés il n’y a plus de risque de voilement. Pour la
vérification de ces pieux, il est possible de se référer à l ’Eurocode 4 « construction mixte
en acier : Conception et dimensionnement des structures mixtes acier-béton »
Il est rappelé que les Eurocodes ne sont pas directement applicables pour les structures
autres que les bâtiments.
En pratique le béton de remplissage n’est pas pris en compte dans la résistance du profilé.
Epaisseur minimale des tubes
Pour le battage il est nécessaire de prévoir une épaisseur minimale des tubes qui peut
être évaluée par la relation