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CONSERVATOIRE NATIONAL
DES ARTS ET METIERS
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SOMMAIRE
PRELIMINAIRES ................................................................................................................................................ 3
Préliminaires
En France le régime de responsabilité et d'assurance obligatoire dans le domaine de la construction
s'appuie sur une loi très importante, la loi « Spinetta » du 4 janvier 1978. Cette loi faisait suite au
dépôt d'un rapport, le 25 juin 1975, d'une commission interministérielle présidée par l'ingénieur
général des Ponts et Chaussées Adrien SPINETTA. Cette commission déplorait notamment :
l'augmentation importante des sinistres, dont le nombre avait doublé de 1969 à 1974 et qui
était attribuée au développement des technologies nouvelles et au manque de qualification
des entreprises.
la lenteur des opérations d'expertise et des délais de règlement des sinistres
l'absence d'incitations à la prévention
une importante sous-assurance des constructeurs, aggravée par la position de monopole
de l'assurance construction.
La loi « Spinetta » du 4 janvier 1978, votée à l'unanimité, apportait des solutions à ces problèmes en
instaurant des garanties légales et en imposant des obligations d'assurance.
Si le législateur visait avant tout l'exécution des travaux neufs, la question s'est rapidement posée de
l'application des dispositions de la loi en cas d'intervention sur le bâti existant.
Après avoir rappelé les principales notions d'assurance-construction, nous examinerons ses
conséquences dans le cas de la création d'un ouvrage neuf sur un ouvrage existant.
Si cette loi du talion, édictée il y a plus de 4000 ans, avait été scrupuleusement appliquée, aurions-
nous des constructions totalement exemptes de vices ?
A l'époque romaine le constructeur devait répondre sur son patrimoine des préjudices occasionnés.
L'obligation à réparation était née, mais les Romains qui connaissaient pourtant la caution n'eurent
pas l'idée de l'assurance...
L'ancien droit coutumier français faisait état d'une responsabilité de 10 ans (décennale) que le code
Napoléon a repris dans des articles déjà numérotés 1792 et 2270.
Le début du XXe siècle voit naître les premières propositions d'assurance-construction et en 1928 la
loi Loucheur contraint les architectes et les entrepreneurs participant à la construction de logements
économiques à contracter une assurance.
En 1941 l'ordre des architectes impose à ses membres une obligation d'assurance de leur
responsabilité professionnelle.
Après la seconde guerre mondiale le système d'assurance-construction se développe à la faveur
d'une période de forte reconstruction consécutive aux destructions de la guerre et à la vétusté du parc
immobilier.
La loi du 3 janvier 1967 modifie le code Napoléon et réglemente, dans un contexte de scandale
immobilier, la vente d'immeubles à construire afin de protéger les acquéreurs.
Dans les années 70 il existe encore un nombre important de constructeurs non assurés. Le pouvoir
politique prend alors conscience de l'absolue nécessité d'une réforme de fond : c'est la création de la
commission interministérielle présidée par Adrien Spinetta.
inscrits sur la liste des réserves à la réception, sont exclus de la garantie décennale et font
normalement l'objet de la garantie de parfait achèvement (1 an).
La réception des travaux a pour effet d'exonérer les constructeurs des vices apparents à cette date et
qui n'ont pas fait l'objet de réserves. Ces vices ne peuvent plus donner lieu à une quelconque
responsabilité, le maître d'ouvrage étant censé les avoir vus et acceptés.
Toutefois il n'est pas toujours aisé de déterminer si un désordre était apparent ou non au moment de
la réception...
D'autres désordres peuvent ne présenter qu'une forme bénigne lors de la réception et ne révéler toute
leur gravité que par la suite... Dans ce cas, la jurisprudence considère que le vice était réputé caché
lors de la réception.
Dans le cas où les constructeurs n'auraient pas respecté les règles de l'art (voir chapitre 2 du présent
cours), et dans la mesure où ces défauts de conformité de l'ouvrage aux règles de construction
n'entraînent aucun désordre matériel, c'est la responsabilité contractuelle (et non pas la responsabilité
décennale) qui s'appliquera.
Pour que la responsabilité décennale s'applique, il faut que les désordres affectant l'ouvrage se
révèlent dans un délai de 10 ans à compter de la réception et qu'ils revêtent un certain caractère de
gravité.
C'est donc la gravité des désordres qui détermine l'application de la responsabilité décennale.
Sont soumis à garantie décennale les dommages :
compromettant la solidité de l'ouvrage, c'est-à-dire affectant l'un des éléments
constitutifs de la construction : viabilité, fondation, ossature, clos ou couvert ;
compromettant la solidité d'un équipement indissociable du bâtiment ;
ou rendant l'ouvrage impropre à sa destination, et ce, quel que soit l'élément affecté :
élément constitutif, ou même élément d'équipement dissociable ou indissociable.
Le critère d'impropriété à la destination est certainement le plus délicat à manier. Il est généralement
interprété très largement par la jurisprudence dès lors que les désordres présentent une gêne certaine
pour les utilisateurs. Les juges apprécient ce critère dans sa globalité en fonction de l'usage qu'en
attend le maître d'ouvrage.
Il sera intéressant de suivre l'évolution de la jurisprudence, par exemple, en cas de dysfonctionnement
de panneaux à cellules photovoltaïques installés sur une toiture et destinés à la revente du courant
électrique.
La garantie décennale instaure également la présomption de responsabilité pesant sur le
constructeur, dès lors que le maître d'ouvrage établit qu'il subit un dommage trouvant sa source dans
l'ouvrage réalisé par le constructeur. Le maître d'ouvrage ne doit pas rapporter la preuve d'une faute,
c'est au constructeur recherché qu'il appartiendra de prouver l'existence d'une cause étrangère pour
s'exonérer de la responsabilité qui pèse légalement sur lui. Au-delà de la période de 10 ans la charge
de la preuve s'inversera et c'est le maître de l'ouvrage qui devra prouver la faute du constructeur.
Cette ordonnance est importante dans la mesure où elle donne une liste exhaustive des ouvrages
exclus du champ d'application de l'assurance construction. C'est-à-dire qu'a contrario un ouvrage ne
figurant pas dans cette liste est soumis à l'assurance construction obligatoire.
Ne sont pas soumis à obligation d'assurance :
les ouvrages maritimes, lacustres, fluviaux ;
les ouvrages d'infrastructure routière, portuaire, aéroportuaire, héliportuaire,
ferroviaire ;
les ouvrages de traitement de résidus urbains, de déchets industriels et d'effluents,
les éléments d'équipement de l'un ou l'autre de ces ouvrages.
Sont également exclus, mais à condition qu'ils ne constituent pas l'accessoire d'un ouvrage soumis à
obligation d'assurance :
les voiries, les ouvrages piétonniers, les parcs de stationnement ;
les réseaux divers, les canalisations, les lignes ou câbles et leurs supports ;
les ouvrages de transport, de production, de stockage et de distribution d'énergie ;
les ouvrages de télécommunication ;
les ouvrages sportifs non couverts.
A titre d'exemple, une piscine sera donc exclue du champ de l'assurance construction obligatoire, sauf
si elle est incorporée au bâtiment et constitue ainsi l'accessoire d'un ouvrage soumis à l'obligation
d'assurance...
À la suite de cette ordonnance le code des assurances a été modifié et en particulier son article
traitant des ouvrages existants et de l'assurance obligatoire (article L. 243-1-1-II nouveau).
Lors de la réalisation de travaux sur un bâtiment existant aboutissant à la réalisation d'un ouvrage
(travaux de rénovation lourde ou adjonction d'éléments nouveaux tels qu'une cheminée), il est acquis
que le maître de l'ouvrage, ainsi que ses constructeurs, sont soumis à l'obligation d'assurance.
En revanche, de longs débats ont eu lieu, tant en doctrine qu'en jurisprudence, pour savoir si en cas
de désordre sur des ouvrages existants du fait de travaux neufs, la garantie de l'assureur dommage
ouvrage ou responsabilité décennale devait couvrir les désordres affectant les travaux neufs
uniquement, ou également ceux affectant les ouvrages existants.
De manière prétorienne, la Cour de Cassation a considéré que les assureurs étaient tenus à
réparation pour l'ensemble lorsque les travaux nouveaux étaient devenus matériellement indivisibles
des ouvrages anciens.
De manière plus inattendue, la Cour de Cassation a également considéré que les assurances
obligatoires pouvaient être mises en jeu au titre des dommages aux existants, lorsque les travaux
nouveaux ont joué un lien causal dans la survenance du dommage.
En l'occurrence, il s'agissait de la réalisation d'une cheminée dans une construction existante. Cette
cheminée avait provoqué un incendie ravageant l'ensemble de l'habitation. L'assureur du constructeur
responsabilité civile décennale avait été tenu de réparer l'ensemble du sinistre (célèbre arrêt
« Chirinian » qui a longtemps traumatisé les assureurs…).
Afin de faire échec à cette seconde jurisprudence de la Cour de Cassation, le code des assurances
prévoit désormais que les assurances obligatoires « ne sont pas applicables aux ouvrages existants
avant l'ouverture du chantier, à l'exception de ceux qui, totalement incorporés dans l'ouvrage neuf, en
deviennent techniquement indivisibles ».
Reste à savoir comment cette précision législative sera interprétée par la jurisprudence qui, dans
ses dernières décisions, imposait à la réparation des désordres affectant les ouvrages existants lors
d'opérations de rénovation au motif que les travaux nécessaires à la réparation des vices propres des
existants ont été laissés « à tort et contrairement aux règles de l'art à la suite d'une erreur de
diagnostic hors du champ d'intervention des travaux nouveaux ne présentant techniquement aucun
caractère d'indivisibilité au plan matériel ».
On voit donc combien il est important pour tous les professionnels de la construction de bien connaître
les textes qui régissent les règles de l'art de leur profession.
Les compagnies d'assurance reconnaissent comme risque normal, c'est-à-dire ne nécessitant pas de
déclaration particulière ni de surprime, les techniques mettant en oeuvre des matériaux traditionnels
ou de technique courante. Ces matériaux et ces techniques sont généralement décrits dans les
documents ci-après :
Les normes produit
Il existe environ 2000 normes sur les produits utilisés dans la construction. Ces normes
définissent les critères minimaux de performance et les essais de laboratoire permettant de
les estimer.
Les normes-DTU de mise en oeuvre
Il existe une soixantaine de documents techniques unifiés, incorporés depuis quelques
années dans le corpus normatif, et qui décrivent les bonnes pratiques de mise en oeuvre
des ouvrages traditionnels.
C'est souvent le document de référence le plus important lorsqu'il s'agit de règles de l'art
Les règles professionnelles
En l'absence de normes DTU, certaines professions ont formalisé par écrit des guides de
bonnes pratiques : les règles professionnelles. Ne pouvant prétendre au même degré
d'impartialité qu'une norme DTU, les règles professionnelles sont cependant souvent
reconnues par les compagnies d'assurance.
3.2 La jurisprudence
Une entreprise amenée à intervenir sur un ouvrage existant devra en effet se renseigner de façon
extrêmement précise sur l'état de cet ouvrage, afin d'émettre, le cas échéant, toutes les réserves
nécessaires, allant même jusqu'au refus d'exécuter les travaux demandés par le maître de l'ouvrage
ou son maître d'œuvre.
De la même manière l'entreprise devra bien faire la distinction entre les travaux de rénovation lourds
assimilables à de la construction d'ouvrages (parfois sujet à un nouveau permis de construire), et les
travaux de rénovation légers relevant davantage de l'entretien, de la réhabilitation ou de la
maintenance.
En effet l'ordonnance du 8 juin 2005 a introduit une modification importante du code des assurances,
qui stipule dorénavant (article L.243-1-1-II nouveau) que :
les assurances obligatoires « ne sont pas applicables aux ouvrages existants avant
l'ouverture du chantier, à l'exception de ceux qui, totalement incorporés dans l'ouvrage neuf,
en deviennent techniquement indivisibles ».
Cela signifie que, pour que la garantie décennale joue, sur des travaux neufs de réparation exécutés
sur des ouvrages existants, il faut démontrer :
soit que les dommages affectent les travaux neufs eux-mêmes (à condition qu'ils aient une
certaine importance structurelle, ce qui exclut la simple rénovation) ;
ou qu'il y ait eu apport d'éléments nouveaux (exemple : ravalement assurant une fonction
d'étanchéité), ce qui exclut le simple nettoyage ou la peinture d'une façade ;
soit que les travaux neufs (à l'origine des dommages) soient indissociables et totalement
incorporés dans les parties existantes réhabilitées.
Cette notion d'indivisibilité, qui doit rendre impossible toute dissociation entre les travaux neufs et les
ouvrages existants, paraît devoir s'imposer par sa logique et son bon sens.
Ainsi en est-il lorsque le travail sur existant absorbe l'existant. C'est alors l'ensemble de l'ouvrage qui
relèvera de la garantie décennale.
Encore faut-il que les désordres soient de nature décennale, c'est-à-dire :
qu'ils portent atteinte à la solidité de l'ouvrage
ou qu'ils l'affectent dans l'un de ses éléments constitutifs
ou qu'ils le rendent impropre à sa destination.
Conclusion
Le droit des assurances de la construction est évidemment beaucoup plus complexe que ces petits
rappels ne semblent l'indiquer.
Il conviendra cependant de retenir :
les notions d'obligation d'assurance,
de présomption de responsabilité, d'ouvrages,
et d'incorporation des travaux neufs à l'ouvrage existant.
FIN DE DOCUMENT