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CONNAISSANCE DU BÂTI ANCIEN – TECHNIQUES DE REHABILITATION CCV124

CONSERVATOIRE NATIONAL
DES ARTS ET METIERS

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Chapitre 4 : Assurance & contentieux des travaux 1/10 Gabriel BAJEUX


CONNAISSANCE DU BÂTI ANCIEN – TECHNIQUES DE REHABILITATION CCV124

SOMMAIRE
PRELIMINAIRES ................................................................................................................................................ 3

1. NOTIONS D’ASSURANCE CONSTRUCTION ....................................................................................... 3


1.1 BREF HISTORIQUE .................................................................................................................................... 3
1.2 L’OBLIGATION D’ASSURANCE .................................................................................................................. 4
1.3 PARTICULARITES DE L’ASSURANCE « DECENNALE »................................................................................ 4
1.4 L’ORDONNANCE DU 8 JUIN 2005 .............................................................................................................. 5
2. L’APPLICATION DES REGLES DE L’ART ........................................................................................... 7
2.1 LES TEXTES TRADITIONNELS .................................................................................................................... 7
2.2 L’APPRECIATION DES TECHNIQUES INNOVANTES ..................................................................................... 8
2.3 LES LACUNES ........................................................................................................................................... 9
3. APPLICATION AUX TRAVAUX SUR BATI ANCIEN .......................................................................... 9
3.1 DEUX DIFFICULTES : DES TECHNIQUES ANCIENNES ET DES SUPPORTS ANCIENS........................................ 9
3.2 LA JURISPRUDENCE .................................................................................................................................. 9
CONCLUSION.................................................................................................................................................... 10

Chapitre 4 : Assurance & contentieux des travaux 2/10 Gabriel BAJEUX


CONNAISSANCE DU BÂTI ANCIEN – TECHNIQUES DE REHABILITATION CCV124

Préliminaires
En France le régime de responsabilité et d'assurance obligatoire dans le domaine de la construction
s'appuie sur une loi très importante, la loi « Spinetta » du 4 janvier 1978. Cette loi faisait suite au
dépôt d'un rapport, le 25 juin 1975, d'une commission interministérielle présidée par l'ingénieur
général des Ponts et Chaussées Adrien SPINETTA. Cette commission déplorait notamment :
 l'augmentation importante des sinistres, dont le nombre avait doublé de 1969 à 1974 et qui
était attribuée au développement des technologies nouvelles et au manque de qualification
des entreprises.
 la lenteur des opérations d'expertise et des délais de règlement des sinistres
 l'absence d'incitations à la prévention
 une importante sous-assurance des constructeurs, aggravée par la position de monopole
de l'assurance construction.
La loi « Spinetta » du 4 janvier 1978, votée à l'unanimité, apportait des solutions à ces problèmes en
instaurant des garanties légales et en imposant des obligations d'assurance.

Si le législateur visait avant tout l'exécution des travaux neufs, la question s'est rapidement posée de
l'application des dispositions de la loi en cas d'intervention sur le bâti existant.
Après avoir rappelé les principales notions d'assurance-construction, nous examinerons ses
conséquences dans le cas de la création d'un ouvrage neuf sur un ouvrage existant.

1. Notions d’assurance construction

1.1 Bref historique


Avant l'application de la loi Spinetta et le développement de l'assurance-construction, la responsabilité
des constructeurs avait été engagée sous diverses formes.
En 2100 avant Jésus-Christ, le code d'Hammourabi , retrouvé en Mésopotamie et exposé au musée
du Louvre, premier recueil de droit connu au monde, indique : « si la maison s'écroule et tue le maître
de la maison ou l'un de ses enfants on tuera l'architecte (le maçon) ou l'un de ses enfants... »

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Si cette loi du talion, édictée il y a plus de 4000 ans, avait été scrupuleusement appliquée, aurions-
nous des constructions totalement exemptes de vices ?
A l'époque romaine le constructeur devait répondre sur son patrimoine des préjudices occasionnés.
L'obligation à réparation était née, mais les Romains qui connaissaient pourtant la caution n'eurent
pas l'idée de l'assurance...
L'ancien droit coutumier français faisait état d'une responsabilité de 10 ans (décennale) que le code
Napoléon a repris dans des articles déjà numérotés 1792 et 2270.
Le début du XXe siècle voit naître les premières propositions d'assurance-construction et en 1928 la
loi Loucheur contraint les architectes et les entrepreneurs participant à la construction de logements
économiques à contracter une assurance.
En 1941 l'ordre des architectes impose à ses membres une obligation d'assurance de leur
responsabilité professionnelle.
Après la seconde guerre mondiale le système d'assurance-construction se développe à la faveur
d'une période de forte reconstruction consécutive aux destructions de la guerre et à la vétusté du parc
immobilier.
La loi du 3 janvier 1967 modifie le code Napoléon et réglemente, dans un contexte de scandale
immobilier, la vente d'immeubles à construire afin de protéger les acquéreurs.
Dans les années 70 il existe encore un nombre important de constructeurs non assurés. Le pouvoir
politique prend alors conscience de l'absolue nécessité d'une réforme de fond : c'est la création de la
commission interministérielle présidée par Adrien Spinetta.

1.2 L’obligation d’assurance


Régi par les articles 1792 à 1792-6 du Code civil, le régime de responsabilité prévu par la loi Spinetta
est articulé autour de trois garanties légales qui s'appliquent à partir de la date de la réception des
travaux de construction de l'ouvrage concerné :
 la garantie de parfait achèvement (1 an)
 la garantie de bon fonctionnement des éléments d'équipement (2 ans)
 la garantie décennale (10 ans).
Il faut noter que les garanties de parfait achèvement et de bon fonctionnement ne sont pas soumises
à l'obligation légale d'assurance. Seule la garantie décennale, qui part également de la date de
réception, est soumise à l'obligation légale d'assurance.
En réalité l'obligation d'assurance pèse d'une part sur le maître de l'ouvrage (assurance dommage
ouvrage) et d'autre part sur les constructeurs (entreprises, architectes, contrôleurs techniques) au titre
de l'assurance décennale. C'est pourquoi on parle d'un système à double détente .
 Le maître de l'ouvrage doit souscrire une assurance particulière, dommage ouvrage, afin d'obtenir
une réparation rapide des désordres sans recherche préalable des responsabilités grâce à un
mécanisme de préfinancement.
 Les constructeurs, quant à eux, doivent souscrire une assurance de responsabilité décennale.
Le point de départ des différentes garanties et responsabilités est la réception des travaux (article
1792-6 du Code civil).
La réception des travaux est unique et marque l'acceptation de l'ouvrage avec ou sans réserve par le
maître de l'ouvrage.
En l'absence de réception formelle une notion de jurisprudence s'est développée : la réception tacite.
Elle peut être prononcée judiciairement sous réserve qu'il n'y ait aucun doute sur la volonté du maître
d'ouvrage de recevoir les travaux.

1.3 Particularités de l’assurance « décennale »


Tout d'abord les responsabilités restituées par la garantie décennale ne s'appliquent évidemment
qu'aux désordres qui se révèlent après la réception des travaux. Les désordres réservés, c'est-à-dire

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inscrits sur la liste des réserves à la réception, sont exclus de la garantie décennale et font
normalement l'objet de la garantie de parfait achèvement (1 an).
La réception des travaux a pour effet d'exonérer les constructeurs des vices apparents à cette date et
qui n'ont pas fait l'objet de réserves. Ces vices ne peuvent plus donner lieu à une quelconque
responsabilité, le maître d'ouvrage étant censé les avoir vus et acceptés.
Toutefois il n'est pas toujours aisé de déterminer si un désordre était apparent ou non au moment de
la réception...
D'autres désordres peuvent ne présenter qu'une forme bénigne lors de la réception et ne révéler toute
leur gravité que par la suite... Dans ce cas, la jurisprudence considère que le vice était réputé caché
lors de la réception.
Dans le cas où les constructeurs n'auraient pas respecté les règles de l'art (voir chapitre 2 du présent
cours), et dans la mesure où ces défauts de conformité de l'ouvrage aux règles de construction
n'entraînent aucun désordre matériel, c'est la responsabilité contractuelle (et non pas la responsabilité
décennale) qui s'appliquera.
Pour que la responsabilité décennale s'applique, il faut que les désordres affectant l'ouvrage se
révèlent dans un délai de 10 ans à compter de la réception et qu'ils revêtent un certain caractère de
gravité.
C'est donc la gravité des désordres qui détermine l'application de la responsabilité décennale.
Sont soumis à garantie décennale les dommages :
 compromettant la solidité de l'ouvrage, c'est-à-dire affectant l'un des éléments
constitutifs de la construction : viabilité, fondation, ossature, clos ou couvert ;
 compromettant la solidité d'un équipement indissociable du bâtiment ;
 ou rendant l'ouvrage impropre à sa destination, et ce, quel que soit l'élément affecté :
élément constitutif, ou même élément d'équipement dissociable ou indissociable.
Le critère d'impropriété à la destination est certainement le plus délicat à manier. Il est généralement
interprété très largement par la jurisprudence dès lors que les désordres présentent une gêne certaine
pour les utilisateurs. Les juges apprécient ce critère dans sa globalité en fonction de l'usage qu'en
attend le maître d'ouvrage.
Il sera intéressant de suivre l'évolution de la jurisprudence, par exemple, en cas de dysfonctionnement
de panneaux à cellules photovoltaïques installés sur une toiture et destinés à la revente du courant
électrique.
La garantie décennale instaure également la présomption de responsabilité pesant sur le
constructeur, dès lors que le maître d'ouvrage établit qu'il subit un dommage trouvant sa source dans
l'ouvrage réalisé par le constructeur. Le maître d'ouvrage ne doit pas rapporter la preuve d'une faute,
c'est au constructeur recherché qu'il appartiendra de prouver l'existence d'une cause étrangère pour
s'exonérer de la responsabilité qui pèse légalement sur lui. Au-delà de la période de 10 ans la charge
de la preuve s'inversera et c'est le maître de l'ouvrage qui devra prouver la faute du constructeur.

1.4 L’ordonnance du 8 juin 2005


A l'origine l'assurance construction obligatoire ne s'étendait qu'aux travaux de bâtiment tandis que la
garantie décennale couvrait toutes les réalisations d'ouvrage. Le législateur de 1978 n'avait pas jugé
indispensable de faire relever d'une garantie obligatoire les ouvrages autres que des bâtiments.
Cependant la jurisprudence a largement étendu le champ d'application de l'assurance obligatoire en
soumettant à l'obligation d'assurance les ouvrages réalisés à l'aide des « techniques de travaux de
bâtiment ». De ce fait certains ouvrages qui n'étaient pourtant pas des bâtiments tels qu'une digue ou
un remblai s'y trouvaient assujettis.
Afin de remédier à cette situation, source d'insécurité juridique et lourde de conséquences sur le plan
financier pour les assureurs, il a été décidé de substituer la notion d'ouvrage à celle de bâtiment et
corrélativement de dresser une liste exhaustive des ouvrages exclus du champ des obligations
d'assurance.
C'est l'objet de l'ordonnance du 8 juin 2005 qui modifie le champ d'application des assurances
construction obligatoires : assurance dommage ouvrage et assurance responsabilité civile décennale.

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Cette ordonnance est importante dans la mesure où elle donne une liste exhaustive des ouvrages
exclus du champ d'application de l'assurance construction. C'est-à-dire qu'a contrario un ouvrage ne
figurant pas dans cette liste est soumis à l'assurance construction obligatoire.
Ne sont pas soumis à obligation d'assurance :
 les ouvrages maritimes, lacustres, fluviaux ;
 les ouvrages d'infrastructure routière, portuaire, aéroportuaire, héliportuaire,
ferroviaire ;
 les ouvrages de traitement de résidus urbains, de déchets industriels et d'effluents,
les éléments d'équipement de l'un ou l'autre de ces ouvrages.
Sont également exclus, mais à condition qu'ils ne constituent pas l'accessoire d'un ouvrage soumis à
obligation d'assurance :
 les voiries, les ouvrages piétonniers, les parcs de stationnement ;
 les réseaux divers, les canalisations, les lignes ou câbles et leurs supports ;
 les ouvrages de transport, de production, de stockage et de distribution d'énergie ;
 les ouvrages de télécommunication ;
 les ouvrages sportifs non couverts.
A titre d'exemple, une piscine sera donc exclue du champ de l'assurance construction obligatoire, sauf
si elle est incorporée au bâtiment et constitue ainsi l'accessoire d'un ouvrage soumis à l'obligation
d'assurance...
À la suite de cette ordonnance le code des assurances a été modifié et en particulier son article
traitant des ouvrages existants et de l'assurance obligatoire (article L. 243-1-1-II nouveau).
Lors de la réalisation de travaux sur un bâtiment existant aboutissant à la réalisation d'un ouvrage
(travaux de rénovation lourde ou adjonction d'éléments nouveaux tels qu'une cheminée), il est acquis
que le maître de l'ouvrage, ainsi que ses constructeurs, sont soumis à l'obligation d'assurance.
En revanche, de longs débats ont eu lieu, tant en doctrine qu'en jurisprudence, pour savoir si en cas
de désordre sur des ouvrages existants du fait de travaux neufs, la garantie de l'assureur dommage
ouvrage ou responsabilité décennale devait couvrir les désordres affectant les travaux neufs
uniquement, ou également ceux affectant les ouvrages existants.
De manière prétorienne, la Cour de Cassation a considéré que les assureurs étaient tenus à
réparation pour l'ensemble lorsque les travaux nouveaux étaient devenus matériellement indivisibles
des ouvrages anciens.
De manière plus inattendue, la Cour de Cassation a également considéré que les assurances
obligatoires pouvaient être mises en jeu au titre des dommages aux existants, lorsque les travaux
nouveaux ont joué un lien causal dans la survenance du dommage.
En l'occurrence, il s'agissait de la réalisation d'une cheminée dans une construction existante. Cette
cheminée avait provoqué un incendie ravageant l'ensemble de l'habitation. L'assureur du constructeur
responsabilité civile décennale avait été tenu de réparer l'ensemble du sinistre (célèbre arrêt
« Chirinian » qui a longtemps traumatisé les assureurs…).
Afin de faire échec à cette seconde jurisprudence de la Cour de Cassation, le code des assurances
prévoit désormais que les assurances obligatoires « ne sont pas applicables aux ouvrages existants
avant l'ouverture du chantier, à l'exception de ceux qui, totalement incorporés dans l'ouvrage neuf, en
deviennent techniquement indivisibles ».
Reste à savoir comment cette précision législative sera interprétée par la jurisprudence qui, dans
ses dernières décisions, imposait à la réparation des désordres affectant les ouvrages existants lors
d'opérations de rénovation au motif que les travaux nécessaires à la réparation des vices propres des
existants ont été laissés « à tort et contrairement aux règles de l'art à la suite d'une erreur de
diagnostic hors du champ d'intervention des travaux nouveaux ne présentant techniquement aucun
caractère d'indivisibilité au plan matériel ».

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2. L’application des règles de l’art


Les clauses limitatives de l'obligation d'assurance ainsi que l'application de franchise ne sont pas
opposables à la victime, le maître de l'ouvrage. Cependant elles peuvent permettre à la compagnie
d'assurances, après avoir dédommagé le maître de l'ouvrage, d'exercer un recours contre le
constructeur.
Ainsi le code général des assurances stipule dans son article A243-1 :
« l'assuré est déchu de tout droit à garantie en cas d'inobservation inexcusable des règles de l'art ».

On voit donc combien il est important pour tous les professionnels de la construction de bien connaître
les textes qui régissent les règles de l'art de leur profession.

2.1 Les textes traditionnels


Les règles de l'art sont définies (Dicobat) comme l'ensemble des techniques et procédés traditionnels
de construction dont le bien-fondé, justifié par l'expérience, est admis par l'ensemble d'une profession.

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Les compagnies d'assurance reconnaissent comme risque normal, c'est-à-dire ne nécessitant pas de
déclaration particulière ni de surprime, les techniques mettant en oeuvre des matériaux traditionnels
ou de technique courante. Ces matériaux et ces techniques sont généralement décrits dans les
documents ci-après :
 Les normes produit
Il existe environ 2000 normes sur les produits utilisés dans la construction. Ces normes
définissent les critères minimaux de performance et les essais de laboratoire permettant de
les estimer.
 Les normes-DTU de mise en oeuvre
Il existe une soixantaine de documents techniques unifiés, incorporés depuis quelques
années dans le corpus normatif, et qui décrivent les bonnes pratiques de mise en oeuvre
des ouvrages traditionnels.
C'est souvent le document de référence le plus important lorsqu'il s'agit de règles de l'art
 Les règles professionnelles
En l'absence de normes DTU, certaines professions ont formalisé par écrit des guides de
bonnes pratiques : les règles professionnelles. Ne pouvant prétendre au même degré
d'impartialité qu'une norme DTU, les règles professionnelles sont cependant souvent
reconnues par les compagnies d'assurance.

2.2 L’appréciation des techniques innovantes


Lorsqu'un procédé ne fait pas encore l'objet d'un DTU il peut néanmoins être reconnu comme ne
présentant pas de risques particuliers, sous réserve qu'il ait bénéficié d'un avis favorable du Centre
Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB).
Ces avis techniques sont établis aux frais du demandeur et ont généralement une durée de validité de
trois ans. Ils sont renouvelables.
Certains avis techniques font l'objet d'une mise en observation si l'on constate un risque de sinistralité
particulier concernant le procédé qui y est décrit.
Le CSTB propose aussi d'autres moyens de reconnaissance pour des produits ou procédés nouveaux
(ATEx: appréciation technique expérimentale, Pass'innovation, etc., ...).

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2.3 Les lacunes


Lorsque l'on aura à intervenir sur du bâti ancien il ne sera pas toujours aisé de respecter les règles de
l'art.
S'il s'agit d'un monument classé monument historique on a vu que l'on n'était pas tenu de respecter
les normes en vigueur.
Mais s'il s'agit d'un simple bâtiment ancien on devra parfois recourir à des méthodes anciennes
(traditionnelles) en voie de disparition.
Les professionnels capables de mettre en œuvre ces techniques seront très rares et très difficiles à
trouver.
On a vu qu'il faudra pourtant couvrir par une assurance décennale obligatoire les travaux réalisés
avec une incertitude quant aux règles de l'art applicable.

3. Application aux travaux sur bâti ancien

3.1 Deux difficultés : des techniques anciennes et des


supports anciens.
Comme nous venons de l'évoquer, il y a une difficulté juridique et une incertitude sur le plan de
l'assurance-construction à mettre en œuvre des techniques anciennes sur un bâti ancien.
Et pourtant pour effectuer des travaux de rénovation ou de réhabilitation, il vaudra mieux souvent faire
appel au savoir-faire particulier d'un homme de l'art plutôt qu'aux spécifications techniques d'un
industriel.
On aura donc tout intérêt à bien préciser les choses par écrit au moment de la commande. En effet en
cas de contentieux, le juge confiera à un expert la mission de « dire si, à son avis, les travaux ont été
conduits conformément aux documents contractuels et aux règles de l'art ».
On voit donc que les documents contractuels priment sur les règles de l'art et que, vis-à-vis de
l'assureur, il convient de bien l'informer des dispositions techniques contractuelles avant exécution des
travaux.
Afin d'être parfaitement couvert on aura souvent intérêt à diligenter un diagnostic des supports
anciens pour définir les techniques les plus adaptées pour les travaux envisagés.

3.2 La jurisprudence
Une entreprise amenée à intervenir sur un ouvrage existant devra en effet se renseigner de façon
extrêmement précise sur l'état de cet ouvrage, afin d'émettre, le cas échéant, toutes les réserves
nécessaires, allant même jusqu'au refus d'exécuter les travaux demandés par le maître de l'ouvrage
ou son maître d'œuvre.
De la même manière l'entreprise devra bien faire la distinction entre les travaux de rénovation lourds
assimilables à de la construction d'ouvrages (parfois sujet à un nouveau permis de construire), et les
travaux de rénovation légers relevant davantage de l'entretien, de la réhabilitation ou de la
maintenance.
En effet l'ordonnance du 8 juin 2005 a introduit une modification importante du code des assurances,
qui stipule dorénavant (article L.243-1-1-II nouveau) que :
 les assurances obligatoires « ne sont pas applicables aux ouvrages existants avant
l'ouverture du chantier, à l'exception de ceux qui, totalement incorporés dans l'ouvrage neuf,
en deviennent techniquement indivisibles ».
Cela signifie que, pour que la garantie décennale joue, sur des travaux neufs de réparation exécutés
sur des ouvrages existants, il faut démontrer :

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 soit que les dommages affectent les travaux neufs eux-mêmes (à condition qu'ils aient une
certaine importance structurelle, ce qui exclut la simple rénovation) ;
 ou qu'il y ait eu apport d'éléments nouveaux (exemple : ravalement assurant une fonction
d'étanchéité), ce qui exclut le simple nettoyage ou la peinture d'une façade ;
 soit que les travaux neufs (à l'origine des dommages) soient indissociables et totalement
incorporés dans les parties existantes réhabilitées.
Cette notion d'indivisibilité, qui doit rendre impossible toute dissociation entre les travaux neufs et les
ouvrages existants, paraît devoir s'imposer par sa logique et son bon sens.
Ainsi en est-il lorsque le travail sur existant absorbe l'existant. C'est alors l'ensemble de l'ouvrage qui
relèvera de la garantie décennale.
Encore faut-il que les désordres soient de nature décennale, c'est-à-dire :
 qu'ils portent atteinte à la solidité de l'ouvrage
 ou qu'ils l'affectent dans l'un de ses éléments constitutifs
 ou qu'ils le rendent impropre à sa destination.

Conclusion
Le droit des assurances de la construction est évidemment beaucoup plus complexe que ces petits
rappels ne semblent l'indiquer.
Il conviendra cependant de retenir :
 les notions d'obligation d'assurance,
 de présomption de responsabilité, d'ouvrages,
 et d'incorporation des travaux neufs à l'ouvrage existant.

FIN DE DOCUMENT

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