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Deuxième trimestre 2023 - n°2

Equinoxe
« Être paysan c’est être exactement à la mesure de
l’homme. » (Jean Giono)

Spiritualité
Histoire de la Wicca

Héritage
Le retour à la Terre

Écologie
Le Mouvement paysan
en Allemagne Spiritualité Héritage Écologie
2

Eternel retour
Comme flux et reflux des marées
La vie se renouvelle
Reformulant sans cesse la même vérité
L’univers change mais l’essence persiste

Le monde s’attache aux illusions éphémères


Succombe à l’esthétique de domination
Nous savons lire l’éternel derrière l’apparence
Découvrir dans l’insignifiant l’essence du divin
Et derrière le rêve de puissance
L’infinie vanité des hommes de ce temps
Thomas de Pieri, Nord

Prenez... … et semez !

Sommaire :
Edito ………………………………………………….……………..….P.3
L’histoire de la Wicca, des origines à nos jours ……………….......P.4
Le retour à la terre ..………………………………….…..…………...P.12
Retour aux sources d’un mouvement paysan européen ……...….P.26
L’épopée du baron Roman von Ungern-Sternberg ...…………......P.29
TRIBUNE LIBRE : Réaction sans filtre à la validation par la justice
du déboulonnage de la statue de la Vierge de La Flotte-en-Ré ....P.33
L’électroculture ou l’art de cultiver avec l’électricité naturelle …….P.36

Ont participé à ce numéro :


Robert TYL
Philémon PONT-DES-ARTS
Laurent CHAVANETTE
Sylvain LABARTHE-BERNET
Thomas DE PIERI
3

EDITO
« La terre, elle, ne ment pas. » C’est suite à cette affirmation, que l’on prête volontiers à
Philippe Pétain, que l’on voit ressurgir dans les années 1940, en France, la notion de retour à la
terre ; non pas, à l’époque, au sens immédiat d’exode urbain ou de migration volontaire des villes
vers les campagnes, mais au sens d’un retour aux valeurs de la terre.
Plus près de nous, suite notamment à la pandémie de coronavirus et au confinement qui
en a découlé, des urbains quelque peu avisés, souvent petits fils ou arrière-petit fils de paysans,
ont songé à un retour sur la terre de leurs ancêtres. La possibilité du télétravail, qui ne s’est véri-
tablement développée qu’en ces temps de crise, a fait le reste. Mieux encore, certains se sont
décidés à trouver une activité locale, principalement en tant que paysans ou artisans.
Le manque d’espace, qui s’est fait ressentir lors de l’assignation à résidence, voulue par le
pouvoir, explique en grande partie cette migration. Il est pourtant d’autres raisons, tout aussi vita-
les. La violence qui sévit en ville, doublée d’une quasi-impunité des fauteurs de troubles, est un
des ressorts qui ont poussé les citadins hors de leurs appartements. L’attrait de la vie au grand
air en est un autre.
Avec ce mouvement de population, est apparue la possibilité de reformer des communau-
tés campagnardes autour de valeurs qui ont longtemps été celles de la paysannerie européenne,
comme la solidarité, l’entraide, l’échange, le commerce de proximité, les fêtes champêtres et mê-
me les religions de la nature, issues d’un passé lointain mais toujours aussi vivantes.

Dans ce second numéro d’Equinoxe, nous aborderons justement une religiosité européen-
ne probablement née à l’époque de nos ancêtres latins, slaves, celtes ou germains, qui a refait
surface dans les années 1940 en Angleterre. Il s’agit de la Wicca. Elle fait une synthèse de la reli-
gion des druides et d’une pensée païenne de plus vaste extension. Toutes deux sont inspirées
des pratiques magiques traditionnelles britanniques, d’une approche spirituelle de l’existence et
d’une recherche de la sagesse. Par certains côtés, la Wicca est proche du mouvement de pen-
sée New-Age. Sa philosophie procède d’une vision de l’homme et du monde proche de la nature.
Nous nous pencherons ensuite véritablement sur le retour à la terre, avec un article pré-
sentant quelques solutions pour tendre vers l’autarcie. Il sera suivi d’une rétrospective sur la Ré-
volution conservatrice en Allemagne et ses développements agrariens. Nous nous attacherons à
décrire, dans ses grandes lignes, la pensée de Walther Darré, pionnier dans le domaine de la
protection de la nature et de ce que l’on nomme aujourd’hui « l’agro-écologie ».

Nous ne nous limiterons pourtant pas au seul retour à la terre. En complément, nous abor-
derons la vie du Baron Roman von Ungern-Sternberg, véritable aventurier européen et fédérateur
de peuples. Nous le suivrons en Eurasie dans ses combats contre les bolchéviques et contre l’a-
liénation de la Russie par le communisme.
Nous aborderons aussi un exemple de dés-historicisation de la France, au travers du dé-
boulonnage de la statue de la Vierge Marie du village de la Flotte-en-Ré. Le ton volontiers rude et
polémique de l’auteur est à la mesure de l’agression subie par les habitants des lieux qui ne com-
prennent pas le sectarisme, l’intolérance et la haine du groupuscule associatif La libre pensée,
qui est à l’origine de la décision de justice relative à ce monument.
Pour finir, nous vous proposerons de découvrir l’électroculture qui, comme son nom l’indi-
que, est un ensemble de techniques destinées à faire pousser des végétaux grâce à des cou-
rants électriques et des champs magnétiques de faible intensité.

Le trait d’union entre tous ces articles est la notion de « Terre ». La Terre comme substrat
de l’écocomplexe paysan ; la Terre comme concept philosophique ; la Terre comme inspiration
de l’idéologie agrarienne et comme lieu d’éclosion d’une pensée identitaire. La Terre, qui est la
nôtre, et qui voit revenir par cycles, non seulement les saisons, les années et les âges, mais en-
core, sur une échelle de temps plus restreinte, les défaites et les triomphes de nos peuples occi-
dentaux face à l’adversité.
Bonne lecture !
TdP
4
L'histoire de la Wicca : des origines à nos jours
Par Philémon Pont-des-Arts

La Wicca, une religion moderne qui s'inspire


des anciennes traditions païennes
La Wicca est une tradition spirituelle qui l'occultisme, la magie et la spiritualité. Il a étu-
a connu une évolution complexe au fil des siè- dié les travaux de plusieurs occultistes britan-
cles. Bien qu'elle ait été influencée par de niques, notamment Aleister Crowley et Dion
nombreuses cultures et religions anciennes, la Fortune.
Wicca moderne est souvent considérée com- Dans les années 1940, Gardner a com-
me une forme de néo-paganisme. Elle met mencé à s'intéresser à une tradition de sorcel-
l'accent sur la nature, la magie et l'énergie vi- lerie populaire qui était pratiquée dans certai-
tale. Elle est caractérisée par des célébrations nes régions de Grande-Bretagne. Il a enquêté
saisonnières et des rituels magiques. sur cette tradition et a finalement été initié
dans un coven (groupe) de sorcières en 1946.
Les origines de la Wicca remontent à Gardner a ensuite créé son propre coven et a
l'Antiquité, voire à la protohistoire. Mais la for- commencé à enseigner la Wicca, qu'il consi-
me moderne de la Wicca, telle que nous la dérait comme une forme moderne de sorcelle-
connaissons aujourd'hui, est souvent associée rie.
à Gerald Gardner, un britannique né en 1884 Au cours des années suivantes, Gard-
et décédé en 1964. Gardner est souvent ner a écrit plusieurs livres sur la Wicca et a
considéré comme le fondateur de la Wicca contribué à populariser cette tradition. Son li-
moderne, bien que sa contribution à l'émer- vre le plus connu, « Witchcraft Today », a été
gence de cette tradition soit controversée. publié en 1954 et a attiré l'attention du public
Gardner est né à Blundellsands, dans sur la Wicca et la sorcellerie en général.
le nord-ouest de l'Angleterre, et a mené une Gardner a également fondé un musée
vie aventureuse en tant qu'explorateur et écri- de la sorcellerie à Castletown, dans l'île de
vain. Il a voyagé en Asie, en Afrique et en Man, en 1951, qui est devenu un lieu de pèle-
Amérique du Sud, et a étudié les cultures et rinage pour les Wiccans du monde entier.
les religions de ces régions. Au cours de ses Cependant, la contribution de Gardner
voyages, Gardner a développé un intérêt pour à la Wicca est controversée. Certains cher-
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cheurs estiment que Gardner a créé la Wicca mant des bougies et en honorant la renaissan-
en utilisant des éléments empruntés à d'autres ce du soleil.
traditions païennes et occultes, tandis que
d'autres estiment qu'il a véritablement redé- Imbolc (1er février) : cette fête mar-
couvert une tradition ancienne de sorcellerie que le début du printemps et la fin de la pério-
britannique qui avait été largement oubliée. de sombre de l'hiver. Les Wiccans honorent la
déesse Brigit, qui est associée à la guérison et
La Wicca a rapidement gagné en popu- à la créativité.
larité en Grande-Bretagne et a commencé à
se répandre dans d'autres parties du monde. Ostara (21 mars) : cette fête marque
Dans les années 1960, un certain nombre de l'équinoxe de printemps et le retour de la ferti-
groupes de Wicca ont été fondés aux États- lité de la terre. Les Wiccans célèbrent cette
Unis, où la religion est devenue très populaire fête en semant des graines, en décorant des
auprès des mouvements de la contre-culture. œufs et en honorant la déesse de la fertilité
Eostre.
Les successeurs de Gardner, tels que
Doreen Valiente, ont continué à développer et Beltane (1er mai) : cette fête mar-
à promouvoir la Wicca dans les décennies sui- que le début de l'été. Elle est associée à la
vantes. Doreen Valiente a contribué à élargir fertilité et à la passion. Les Wiccans célèbrent
la portée de la Wicca, en ajoutant des élé- cette fête en dansant autour du mât de mai,
ments de la magie traditionnelle et en mettant en décorant des arbres et en honorant les
l'accent sur la pratique de la divination. dieux et les déesses de l'amour.

Un autre personnage important de l'his- Litha (21 juin) : cette fête marque le
toire de la Wicca est Alex Sanders, qui a fon- solstice d'été et le jour le plus long de l'année.
dé son propre coven dans les années 1960. Les Wiccans célèbrent cette fête en allumant
Sanders a développé sa propre version de la des feux de joie, en honorant le soleil et en
Wicca, appelée Alexandrian Wicca, qui a in- célébrant la fertilité de la nature.
corporé des éléments de magie sexuelle.
Au fil du temps, la Wicca est devenue Lughnasadh (1er août) : cette fête
de plus en plus diversifiée, avec de nombreux marque le début de la récolte. Elle est asso-
groupes et traditions différents se formant ciée à l'abondance. Les Wiccans célèbrent
dans le monde entier. Les pratiquants de la cette fête en récoltant des fruits et des légu-
Wicca sont connus sous le nom de mes, en honorant le dieu Lugh et en célébrant
« Wiccans » et ils ont tendance à mettre l'ac- l'abondance de la nature.
cent sur la célébration de la nature, la pratique
de la magie et la recherche de la sagesse et Mabon (21 septembre) : cette fête
de la spiritualité. marque l'équinoxe d'automne et le début de la
période sombre de l'année. Les Wiccans célè-
Voici une liste des huit principales brent cette fête en réfléchissant sur les récol-
fêtes de la Wicca, également appelées Sab- tes de l'année, en honorant la déesse de la
bats : lune et en se préparant pour la saison sombre.

Samhain (1er novembre) : égale- Chacune de ces fêtes est importante


ment connue sous le nom de « Halloween », pour les Wiccans. Chacune est célébrée avec
cette fête marque la fin de l'année et le début des rituels et des pratiques spécifiques. Les
de la période sombre de l'hiver. Les Wiccans Sabbats marquent les cycles de la nature et
croient que le voile entre le monde des vivants les changements de saison, et sont une occa-
et des morts est le plus mince à cette période sion pour les Wiccans de se connecter à la
de l'année, et ils honorent leurs ancêtres et les terre et à leurs propres pratiques spirituelles.
êtres chers décédés.
La Wicca a un impact important sur un
Yule (21 décembre) : cette fête mar- certain nombre de personnes de nos jours,
que le solstice d'hiver et le retour de la lumiè- notamment en ce qui concerne leur pratique
re. Les Wiccans célèbrent cette fête en allu- spirituelle et leur engagement dans des com-
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munautés religieuses. généralement une vénération de la Déesse et


Pour beaucoup de gens, la Wicca re- du Dieu, qui sont vus comme des énergies
présente une alternative aux religions tradi- complémentaires et interconnectées. La Dées-
tionnelles, en particulier celles qui ont une se représente la nature, la fertilité, la vie, la
orientation plus patriarcale. La Wicca est une croissance et la guérison, tandis que le Dieu
religion qui célèbre la nature, la diversité et représente le soleil, la force, la mort et la re-
l'équilibre entre les sexes. Elle encourage naissance.
également la pratique de la magie et l'explora-
tion de l'inconscient. Enfin, la Wicca a un im- La Déesse : Aussi appelée la Grande
pact sur la façon dont les gens voient la magie Mère, la Déesse est souvent représentée sous
et les pratiques spirituelles. La Wicca encoura- différentes formes, comme la Vierge, la Mère
ge l'utilisation de la magie pour la guérison, la et la Vieille, qui représentent différents as-
croissance personnelle et la protection ; elle a pects de la vie. Certaines des déesses les
contribué à populariser l'utilisation de la magie plus populaires dans la Wicca incluent la
dans la culture populaire. Cependant, il est déesse grecque Aradia, la déesse égyptienne
important de noter que la Wicca est une reli- Isis, la déesse celtique Brigit et la déesse ro-
gion relativement nouvelle et que, par consé- maine Diana.
quent, elle est souvent mal comprise ou mal Le Dieu : Aussi connu sous le nom de
représentée. Cornu ou de Dieu cerf, le dieu est souvent re-
présenté comme un dieu de la nature et de la
Voici un aperçu de quelques divini- chasse. Le Dieu est également associé à la
tés wiccanes populaires : mort et à la renaissance, car il représente le
cycle de la vie et de la mort. Certains des
Le panthéon des déités wiccanes est dieux les plus populaires dans la Wicca in-
varié et peut légèrement changer d'une tradi- cluent le dieu celtique Cernunnos, le dieu grec
tion à l'autre. Cependant, dans la Wicca, il y a Pan, et le dieu égyptien Osiris.

Les élémentaux : Dans la Wicca, il y a


aussi une vénération des éléments naturels,
tels que la terre, l'air, le feu et l'eau. Chaque
élément est associé à une énergie particulière
et est souvent représenté par un esprit ou un
élémental.

Les ancêtres : Dans certaines traditions


wiccanes, il y a aussi une vénération des an-
cêtres, qui sont considérés comme des esprits
bienveillants qui veillent sur les vivants et leur
apportent leur sagesse et leur protection.

Les Personnages importants dans


l’histoire de la Wicca

Gerald Gardner (1884-1964) est consi-


déré comme le fondateur de la Wicca moder-
ne. Né en Angleterre, Gardner a travaillé com-
me fonctionnaire colonial en Asie du Sud-Est
et en Malaisie pendant une grande partie de
sa vie. Pendant ce temps, il a développé un
intérêt pour l'occultisme et a étudié les prati-
ques magiques des populations locales.
En 1939, Gardner a été initié dans un
Trois sorcières de la Wicca coven de sorcières en Angleterre, une expé-
sur le site Witches radio rience qui a changé sa vie. Il a commencé à
(la radio des sorcières) pratiquer la Wicca et a travaillé avec d'autres
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Les « flower children »


Lorsque la beauté rejoint la spiritualité, le divin s’invite sur terre

wiccans pour développer la tradition Gardne- années 1950 et a travaillé avec lui pour déve-
rienne de la Wicca. Gardner a également écrit lopper la Wicca Gardnerienne. Elle a égale-
plusieurs livres sur la Wicca, dont "Witchcraft ment apporté de nombreuses contributions à
Today" (1954) et "The Meaning of Wit- la pratique, notamment en écrivant certains
chcraft" (1959). des chants et des poèmes les plus célèbres
Gardner était un personnage complexe de la tradition wiccane. Elle a également re-
et controversé. Certains wiccans le considè- manié certains des textes de Gardner, ajou-
rent comme un fondateur vénéré et un vision- tant de nouveaux éléments et des références
naire, tandis que d'autres le voient comme un historiques qui ont élargi et enrichi la pratique
charlatan qui a créé la Wicca à partir de rien… wiccane.
Néanmoins, il est indéniable que Gardner a En 1953, Valiente a été initiée dans la
été un pionnier dans le développement de la tradition Gardnerienne et a rapidement gravi
Wicca moderne et a incité des milliers de per- les échelons pour devenir la Grande Prêtresse
sonnes à travers le monde à pratiquer cette du coven de Bricket Wood. Elle a également
religion. Sa vision de la Wicca comme une re- été l'une des premières personnes à diffuser
ligion de la nature, centrée sur la pratique de publiquement des informations sur la Wicca,
la magie et l'équilibre entre les sexes, a eu un écrivant des livres sur la pratique et donnant
impact durable sur les pratiques wiccanes qui des interviews à la presse.
ont suivi. En dehors de son travail dans la Wicca,
Valiente a également été une poétesse et une
Doreen Valiente (1922-1999) était une écrivaine renommée, publiant plusieurs re-
sorcière britannique, poétesse et écrivaine qui cueils de poésie ainsi qu'un livre sur les
a joué un rôle clé dans le développement de la croyances païennes et les pratiques magiques
Wicca moderne. Elle en est souvent considé- intitulé An ABC of Witchcraft. Elle a également
rée comme la mère spirituelle aux côtés de été une ardente défenseure de la liberté de
Gerald Gardner, et est également reconnue religion et de la reconnaissance publique de la
pour avoir apporté de nombreux ajouts impor- Wicca comme une religion légitime.
tants à la pratique wiccane. Aujourd'hui, Doreen Valiente est consi-
Valiente a rencontré Gardner dans les dérée comme l'une des figures les plus impor-
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tantes de la Wicca moderne et sa contribution en Grande-Bretagne.


à la pratique est reconnue dans le monde en-
tier. Sa poésie, ses chants et ses écrits ont Janet et Stewart Farrar étaient un cou-
inspiré des générations de wiccans, et sa dé- ple de wiccans britanniques qui ont contribué
termination à faire connaître la Wicca au de manière significative à la Wicca moderne.
grand public a ouvert la voie à la Janet Farrar (née en 1950) a
reconnaissance et à la légitimité
de cette religion.

Alex Sanders, né en 1926


et décédé en 1988, était un des
plus célèbres et controversés pra-
tiquants de la Wicca en Grande-
Bretagne. Il est considéré comme
le fondateur de la tradition wicca-
ne alexandrienne.
Sanders a commencé à
pratiquer la Wicca dans les an-
nées 1950 et a commencé à en-
seigner la tradition dans les an-
nées 1960. Il était connu pour sa
pratique publique de la Wicca et a
été l'un des premiers à amener la
pratique de la Wicca à la vue du
public.
Il était également connu
pour ses rituels spectaculaires et
théâtraux, qui ont contribué à po-
pulariser la Wicca auprès du
grand public. Il a également attiré
l'attention en raison de son style
de vie excentrique et de ses vête-
ments et bijoux extravagants.
En plus de son travail dans
la communauté wiccane, Sanders
était également impliqué dans le
monde du spectacle. Il a travaillé
comme artiste de cirque et a éga- De gauche à droite et de haut en
lement travaillé comme acteur et bas :
consultant sur des productions ci- Gerald Gardner
nématographiques telles que The Doreen Valiente
Witches (1966) et Curse of the Alex Sanders
Crimson Altar (1968). Janet et Stewart Farrar
Sanders a publié plusieurs Dion Fortune
livres sur la Wicca, dont The Alex
Sanders Lectures (1984) et The Witchcraft of commencé à pratiquer la Wicca dans les an-
Alex Sanders (1988). Il a également été impli- nées 1970 et a rapidement gravi les échelons
qué dans plusieurs controverses liées à son pour devenir une grande prêtresse de la tradi-
travail, notamment des allégations d'abus tion Alexandrienne de la Wicca, l'une des prin-
sexuel et de mauvaise conduite financière. cipales branches de la Wicca. Elle a égale-
Aujourd'hui, la tradition alexandrienne est tou- ment écrit plusieurs livres sur la pratique wic-
jours pratiquée dans le monde entier et a in- cane, notamment The Witches' Way (co-écrit
fluencé de nombreuses autres traditions wic- avec Stewart Farrar) et The Witches' God-
canes. Sanders reste une figure importante de dess.
la Wicca moderne et de l'histoire de la Wicca Stewart Farrar (1916-2000) était un au-
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teur et journaliste britannique qui a également connue pour son travail en faveur de la justice
commencé à pratiquer la Wicca dans les an- environnementale, de l'égalité des sexes et de
nées 1970. Il est devenu un grand prêtre de la la coopération plutôt que de la compétition.
tradition Alexandrienne de la Wicca, travaillant Elle est l'auteure de plusieurs livres sur
avec Janet Farrar pour écrire plusieurs livres la Wicca, notamment The Spiral Dance
sur la pratique wiccane. En plus de ses contri- (1979), qui est devenu un classique de la pra-
butions à la Wicca, Stewart Farrar a égale- tique wiccane et est souvent considéré com-
ment écrit des romans, des pièces de théâtre me un texte fondateur du mouvement féminis-
et des scénarios pour la télévision et le ciné- te spirituel. Starhawk a également fondé le
ma. Covenant of the Goddess, une organisation
Ensemble, Janet et Stewart Farrar ont wiccane internationale qui promeut la pratique
écrit plusieurs livres sur la Wicca. The Witche- de la Wicca et les droits des wiccans.
s' Way est devenu un classique de la pratique Starhawk est connue pour sa pratique
wiccane. Ils ont égale- de la magie wiccane axée
ment travaillé ensemble sur l'action politique et socia-
pour développer et pro- le. Elle a travaillé pour cons-
mouvoir la pratique de la truire des communautés in-
Wicca, en particulier en tentionnelles, notamment le
créant des rituels et des Starhawk's Earth Activist
célébrations qui ont été Training, qui vise à former
adoptés par de nombreux des militants et des agri-
wiccans. culteurs à utiliser la magie et
Les Farrar ont éga- la spiritualité pour transfor-
lement été des défen- mer les communautés.
seurs de la reconnaissan- En tant que militante
ce publique de la Wicca et auteure, Starhawk a reçu
comme une religion légiti- de nombreux prix et distinc-
me et ont travaillé pour tions, notamment le prix de
promouvoir une compré- l'ONU pour la Paix en 1987
hension plus large de la et le prix de la Fondation de
pratique wiccane. Ils ont Miriam Simos l'Environnement Global en
contribué à populariser la 2013. Aujourd'hui, Starhawk
Wicca dans le monde entier et ont été une in- continue d'écrire et de travailler pour promou-
fluence majeure sur de nombreux wiccans voir la pratique de la Wicca, la justice environ-
modernes. nementale et les mouvements sociaux. Elle
Aujourd'hui, Janet et Stewart Farrar est une figure importante de la Wicca moder-
sont largement considérés comme des figures ne et a inspiré de nombreux wiccans à travers
clés de la Wicca moderne, ayant apporté des le monde.
contributions importantes à la pratique et à la
compréhension de cette religion. Leur travail Les Sabbats
continue d'inspirer de nombreux wiccans et
leur influence sur la pratique est encore large- Les « sabbats » font référence à des
ment ressentie à ce jour. célébrations saisonnières dans les pratiques
religieuses de plusieurs traditions païennes
Starhawk, de son vrai nom Miriam modernes, telles que Wicca, la sorcellerie, la
Simos est une auteure, militante et prêtresse magie cérémonielle, etc...
wiccane américaine née en 1951. Elle est Les sabbats sont généralement célé-
considérée comme l'une des figures les plus brés huit fois par an, aux solstices, aux équi-
influentes de la Wicca moderne et du mouve- noxes et aux points intermédiaires, et ils sont
ment féministe. associés aux cycles de la nature, à la fertilité,
Starhawk a commencé à pratiquer la à la récolte, à la mort et à la renaissance. Les
Wicca dans les années 1970 et a rapidement sabbats sont souvent célébrés en plein air et
été impliquée dans les mouvements de justice incluent des rituels, des offrandes, des dan-
sociale, notamment les mouvements pour les ses, des feux de joie et des banquets.
droits des femmes et pour la paix. Elle est Dans les pratiques wiccanes, les huit
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sabbats sont souvent divisés en deux grou- tions.


pes: les sabbats majeurs (Samhain, Yule, Im- Bien que la Wicca soit souvent mal
bolc, Ostara, Beltane, Litha, Lammas ou Lugh- comprise et stigmatisée, cette religion conti-
nasadh, et Mabon) et les sabbats mineurs (qui nue de croître en popularité et de nombreux
sont souvent des fêtes lunaires telles que les pratiquants trouvent dans la Wicca une source
Esbats). Les sabbats sont un moment impor- d'inspiration, de guérison, et de connexion
tant pour la communauté wiccane, car ils four- avec la nature et le divin. 
nissent une occasion de se rassembler pour
célébrer et renforcer les liens avec la nature,
Principaux ouvrages de référence
la communauté et le divin.
 Le Livre des Ombres de la Sorcière de
Les esbats
Phyllis Curott
Contrairement aux sabbats qui sont cé-  La Danse en Spirale de Starhawk
lébrés aux moments clés de l'année, les es-  La Wicca : Guide de pratique indivi-
bats sont des célébrations régulières qui ont duelle de Scott Cunningham
lieu à chaque pleine lune ou nouvelle lune.
Les esbats sont considérés comme des mo-  Balai magique pour débutants de Sil-
ments pour se connecter avec les énergies ver Ravenvolf
lunaires, pour manifester ses intentions et  Le manuel de la Wicca de Eileen Hol-
pour se concentrer sur la croissance person- land
nelle et spirituelle.
Les rituels d'esbat peuvent inclure la  La Sorcellerie aujourd'hui de Gerald
méditation, la divination, la pratique de la ma- Gardner
gie, la création de cercles magiques, l'offrande  La Magie blanche et noire de Marie-
de nourriture et de boissons, la danse et la Louise von Franz
musique. Les esbats peuvent être célébrés
 Wicca - Rituels, sorcellerie et magie
seul ou en groupe, en fonction des préféren-
de Dj Conway
ces et des besoins de chacun.
Dans la tradition wiccane, il existe gé-  La Bible de la Wicca de Ann-Marie
néralement deux types d'esbats : les esbats Gallagher
de la pleine lune et les esbats de la nouvelle  L'Almanach de la Sorcière de Kaya et
lune. Les esbats de la pleine lune sont sou- Christiane Muller
vent associés à la fertilité, à la guérison et à
l'illumination, tandis que les esbats de la nou- Cette liste est loin d'être exhaustive
velle lune sont associés à la purification, à la et il y a de nombreux autres livres sur la
création et aux nouveaux départs. Wicca et les pratiques païennes disponi-
Les esbats sont considérés comme des bles sur le marché. Je vous encourage à
moments sacrés pour se connecter avec les explorer différentes sources pour trouver
énergies de la lune et de la nature, pour hono- celles qui répondent le mieux à vos be-
rer les divinités et pour manifester ses inten- soins et intérêts.
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Expérience

Entre la vie et la mort


Il y a ce bref voyage
Vers l’illumination

Le retour est tragique


La vie prend des reliefs abrupts
Plus que la perfection
Nous attendons l’absolu
Une lumière bleue hante nos nuits
Thomas de Pieri, Nord
Le retour à la terre 12

Par Thomas de Pieri

« Toutes les inventions des hommes ne haitent s’installer en milieu rural, ainsi qu’à
sont que des imitations assez grossières ceux qui y résident déjà. Je m’adresse tout
de ce que la nature exécute avec la derniè- particulièrement aux personnes qui recher-
re perfection. » chent, à défaut d’une parfaite autarcie, une
(Georges-Louis Leclerc de Buffon) certaine autonomie alimentaire et énergétique.
Je m’adresse aux amoureux de cette Europe
L’exode urbain des peuples, des patries et des provinces, fai-
te de savoirs ancestraux, de traditions et de
Un mouvement de retour à la terre est particularismes, qui attend de ses fils légitimes
en cours. Certains fuient la promiscuité des qu’ils fassent un premier pas vers une nouvel-
centres urbains et la maladie à coronavirus. le « Révolution conservatrice » agraire.
D’autres désertent les banlieues cosmopolites
où règnent la loi du plus fort, la drogue et les La faillite écologique du productivisme en
armes. D’autres encore refusent la compro- agriculture
mission ethnique et la soumission à des hor-
des de déracinés analphabètes et violents. Contrairement à ce que l’on pourrait
D’autres enfin, policiers et gendarmes, bais- penser, ce qu’il est convenu d’appeler au-
sent les armes face à ces tribus sauvages, jourd’hui la « biodiversité » (je préfère utiliser
protégées par une justice laxiste et entrete- le terme de « biocomplexité » - Voir Equinoxe
nues par des politiciens de tous bords, avides n°1 page 11) est tout autant, si ce n’est plus,
de pouvoir et d’argent. Ces tribus au compor- le fait des espaces de l’agriculture traditionnel-
tement brownien constituent en effet une sour- le que des espaces forestiers. Le
ce inépuisable d’électeurs, qu’une rhétorique « paysan » (j’emploie ici ce terme à dessin, et
de bazar suffit à fédérer… presque en opposition au terme
« agriculteur », qui renvoie bien trop souvent à
J’adresse mon propos à ceux qui sou- l’image de « l’exploitant agricole productivis-
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te ») est celui qui, au fil des siècles, a construit des pistes suggérées, en fonction de son envi-
un écosystème stable et harmonieux composé ronnement propre. En fait, à chacun de trou-
de la ferme et des êtres vivants (sauvages et ver sa voie.
domestiques) qui y vivent. La diversité naturel-
le et cultivée des espaces agricoles était enco- S’installer ?
re, au début du siècle dernier, bien plus éle-
vée que la diversité sylvestre. Les choses ont Ce mot n’est pas entendu ici au seul
bien changé : pensons simplement aux petits sens de « s’installer comme agriculteur », bien
oiseaux des champs (chardonnerets, pinsons, que cela puisse être le choix de certains, mais
linottes, verdiers, serins…) et aux plantes sau- en un sens plus général, qui correspond à plu-
vages (orchidées d’Europe, glaïeuls sauva- sieurs autres orientations de vie. Il concerne
ges, lys, primevères…), jadis si nombreux et donc aussi ceux qui ont un métier en milieu
en voie de disparition aujourd’hui… Mais qui rural autre que l’agriculture et ceux qui ont les
s’en soucie ? Sont-ils vraiment moins impor- moyens d’exercer une activité à distance
tants que la production agricole surabondante (télétravail).
et empoisonnée que nous procure notre systè-
me agricole actuel, destinée à nourrir des po-
Devenir agriculteur ?
pulations étrangères pléthoriques et affamées,
que l’absence d’une politique malthusienne et
l’abandon des cultures vivrières dans leur pro- S’installer comme agriculteur n’est pas
pre pays amènent aux portes de nos cités - et chose facile. Cette démarche présuppose des
bientôt de nos villages ? connaissances agronomiques, qui peuvent
s’acquérir en reprenant des études, mais aus-
si en suivant les formations proposées par des
Avertissement
associations, comme il en existe tant dans les
milieux dits « alternatifs ».
Je n’aborderai pas ici le sujet de la bas- A mon avis, qui n’est pas celui d’un
se-cour et du petit élevage. agriculteur de métier, je le précise, la meilleure
Je présenterai dans ce texte, pour le solution est de pratiquer une activité d’agri-
reste de l’activité agricole, des orientations gé- culture biologique en polyculture-élevage,
nérales, des réflexions, des conseils, parfois avec tout de même une dominante. Sur les
illustrés d’exemples, mais pas de recettes affi- espaces cultivés, il est possible et souhaitable
nées ni de données techniques très précises. de combiner des arbres et des cultures - pen-
A chacun de mener ses recherches à partir sons à l’agroforesterie, qui associe sur la mê-

Comment avons-nous pu en arriver là ?


14

Parcelle agroforestière combi-


nant noyer et maïs. Le noyer
capte les excès d’azote, fixe les
produits phytosanitaires et évite
ainsi la pollution des nappes
phréatiques. Tout en produisant
du bois.

me parcelle une production de bois ou de sieurs types d’occupation du sol. Au plus près
fruits et une activité agricole (céréalière, vitico- de la VILLA se trouve le jardin potager
le, d’élevage…). Il a été démontré, dans cer-
tains systèmes agroforestiers, que pour pro- Les énergies grises
duire autant qu’une parcelle d’agroforesterie il Elles englobent l’ensemble des énergies
fallait une surface en cultures séparées « invisibles », auxquelles on ne pense pas
(baptisée la SEA ou Surface équivalente asso- immédiatement, consommées pour emballer
lée), supérieure à celle de la surface agrofo- un produit, le transporter, le stocker, le distri-
restière. buer, le vendre, l’utiliser, l’entretenir et le re-
L’agriculture biologique, et son cadre de
cycler.
développement, la permaculture, sont respec-
tueuses de l’environnement comme de la san-
L’agriculture biologique
té des hommes d’aujourd’hui et de leurs des-
« L'agriculture biologique est un système de
cendants.
production qui maintient la santé des sols,
Être agriculteur pour adopter les métho-
des écosystèmes et des personnes. Elle
des chimiques des multinationales est un non
s'appuie sur des processus écologiques, sur
sens au regard de la démarche de celui qui
la biodiversité et sur des cycles adaptés aux
effectue un retour à la terre. La croyance que
conditions locales, plutôt que sur l'utilisation
l’agrochimie seule est à même de nourrir un
d'intrants (engrais et molécules de synthèse,
peuple (voire des peuples dans une économie
extérieurs à l’écosystème) ayant des effets
mondialisée) est une grossière erreur, soi-
néfastes. L'agriculture biologique allie la tra-
gneusement entretenue par les cercles de
dition, l'innovation et la science au bénéfice
pouvoir soumis à ces mêmes multinationales.
de l'environnement commun [...] »
Chaque peuple, chaque communauté et cha-
(International Federation of Organic Agriculture Move-
que individu, peut et doit vivre de son propre ments)
sol. Le mouvement de l’agriculture biologi-
Comme corollaire à l’agriculture biologi- que est né d’une réaction à l’agrochimie
que, la commercialisation dans des circuits (apparue au milieu du XXe siècle) et à l’usa-
commerciaux courts est une solution qui dimi- ge d’engrais minéraux (effectif dès la fin de
nue les frais générés par les énergies grises la première guerre mondiale). Il s’accompa-
et les pollutions liées au transport. La vente et gne d’une critique des pratiques agricoles et
l’achat peuvent être remplacés par le troc, ser- de la vision réductionniste, matérialiste et in-
vice contre service, produit contre produit ou dustrielle qui prévaut aujourd’hui. Il plaide
service contre produit. pour un retour aux pratiques traditionnelles,
aux libertés paysannes et à « une relation
La « VILLA » gallo-romaine, un exemple plus spirituelle à la nature », selon les idées
d’organisation de l’espace de Rudolf Steiner (1861-1925).
Il combat la mainmise des intérêts fi-
Atour du centre de gravité que consti- nanciers et commerciaux dans la conception
tuent la VILLA (PARS URBANA ou PRAETORIUM, et la gestion des exploitations agricoles. Il
résidence du maître) et ses dépendances s’oppose aux développements technologi-
(PARS RUSTICA), en s’éloignant toujours plus ques qui se font aux dépends de la fertilité
de ce centre, il est possible de recenser plu- des sols.
15

(HORTUS), où poussent des légumes, des Le jardin est la pierre angulaire de toute
plantes et quelques petits fruitiers de faible recherche d’autosuffisance. Lorsqu’il est bien
développement. Vient ensuite le verger pensé et que sa surface est suffisante (800 à
(POMETUM) avec des arbres de plus fort déve- 1200 m2), il peut nourrir une famille de cinq
loppement. En s’éloignant toujours plus vien- personnes toute l’année.
nent les terres cultivées (AGER), ainsi que les Le maraîchage, dans l’idéal sur une
prairies d’élevage (PRATUM). Pour finir, vien- surface de 1,5 à 2 hectares (plus si l’on veut
nent les « bois » et les forêts (SILVA). Entre les laisser les sols se reposer), peut apporter un
deux, se trouvait à l’époque romaine le SAL- revenu non négligeable. Il demande un fort
TUS, une zone intermédiaire entre les cultures degré d’organisation pour pouvoir répondre à
et la forêt, où se pratiquaient l’élevage extensif la demande des clients. L’étalement des pro-
et la culture d’arbres fruitiers rustiques ductions, pas toujours aisé, est un élément
(certains pommiers, poiriers et cormiers), dis- majeur de réponse à la demande de la clientè-
séminés au milieu d’arbres forestiers épars. le actuelle.

Devenir actif rural ou être agriculteur ? La première chose à faire, pour le jardi-
nier comme pour le maraîcher, est le diagnos-
S’installer comme actif rural ou être té- tic du sol. Est-il sableux, argileux, limoneux ou
létravailleur, est une bonne solution pour vivre une combinaison des trois ? Est-il acide, basi-
à la campagne, plus facile que l’installation que ou neutre ? Est-il profond ou superficiel ?
comme agriculteur. Si la surface idéale d’une Les sols argilo-limoneux avec une certaine
ferme en agriculture biologique est de 50 à 80 proportion de sable, neutres ou légèrement
hectares, la surface idéale d’une propriété acides (ph = 6 ou 7) et profonds, sont les meil-
d’actif non agriculteur est, elle, de 2 à 3 hecta- leurs. Les sols sableux et acides (ph = 2 à 5)
res. Lui aussi gagnera à pratiquer une agri- sont en général très pauvres. Les sols calcai-
culture sans pesticides ni engrais minéraux. res (ph = 8 à 13), sont les plus délicats, car
Si l’on veut être précis, l’occupation du toutes les plantes ne peuvent pas supporter la
sol d’une ferme en polyculture-élevage se ré- présence de carbonate de calcium dans la ter-
partit entre le jardin (ou les surfaces en maraî- re fine. Les sols argileux lourds sont difficile-
chage), le verger, les grandes cultures, les vi- ment exploitables par les racines des plantes.
gnes, les prairies, les friches accompagnées
et la forêt. Les éléments végétaux linéaires Le choix des variétés végétales est lié
(haies, agroforesterie intra- et extra- au type de sol, chaque plante ayant ses préfé-
parcellaire) et ponctuels (arbres isolés) sont rences. Un sol limono-argilo-sableux à ph neu-
essentiels. A cela s’ajoutent les ruisseaux, les tre ou légèrement acide convient à toutes les
cours et les plans d’eau, qu’il est possible d’u- plantes. Un sol sableux acide convient aux vé-
tiliser, sans pour autant les tarir. gétaux dits « acidiphiles ». Il ne retient pas
L’actif rural non agriculteur, à son l’eau : il est donc nécessaire d’arroser fré-
échelle et sur son temps libre, peut organiser quemment. Il peut aussi être amendé par ap-
sa propriété comme une mini-ferme en poly- port de marnes (terres calcaires et plus com-
culture élevage mais ne pratiquera ni le maraî- pactes), de façon à augmenter son ph et sa
chage ni les grandes cultures. Les produits de capacité à retenir l’eau. Un sol calcaire ne
cette activité para-agricole pourront être auto- convient pas aux plantes dites « calcifuges ».
consommés, échangés, ou vendus sur les Il restreint beaucoup le choix du jardinier, mais
marchés de pays, procurant ainsi un complé- il peut être amélioré par un apport de matière
ment de revenu. organique, de copeaux de bois de résineux,
ou par un semis de plantes améliorantes
Le jardin familial et le maraîchage (engrais vert formé, par exemple, par de la
moutarde). Un sol argileux peut être grande-
La différence majeure entre ces deux ment amélioré par un apport de matière orga-
activités est essentiellement d’ordre économi- nique et par une augmentation de son ph.
que. Le jardin est prévu pour l’autoconsomma- D’une façon générale, les sols de fonds
tion, éventuellement les échanges et les ven- de vallons, situés près de cours d’eau perma-
tes occasionnelles. Les parcelles de maraî- nents ou temporaires, bénéficiant d’un collu-
chage sont destinées à produire un revenu. vionnement (dépôt de limons et d’éléments
16

nutritifs en provenance du bassin versant) et La permaculture


parfois de l’expansion des crues (avec un dé- La notion de permaculture a été présentée
pôt de limons fluviatiles), sont de très bons dans les années 1970 par le biologiste aus-
sols pour un jardin. Il existait autrefois, en tralien Bill Mollison (1928-2016) et reprise par
complément du jardin près de la maison, de l’écologue (et « écologiste ») de même natio-
petits jardins délocalisés en de tels lieux. nalité David Holmgren (1955-). Ce dernier est
Pour ce qui est de la façon dont peut l’observateur lucide et interrogatif du mouve-
être conduit un jardin, la permaculture me ment de « Retour à la terre » des années
semble être une bonne solution. Un jardin 1970.
peut être considéré comme un écosystème La permaculture s’inspire de l’ouvrage
complexe, dont le fonctionnement peut être Tree crops : A permanent agriculture (1929)
étudié par l’analyse systémique, dans le cadre de Russel Smith, mais aussi et surtout de En-
d’une vision holistique de l’ensemble (Se re- vironment, Power and Society (1971) de l’é-
porter à Equinoxe n°1, premier trimestre 2023, cologiste américain Howard Thomas Odum
p. 9 à 11). Une telle conduite ne peut-être me- (1924-2002).
née à bien qu’avec un certain nombre de Il s’agit d’un terme générique dési-
connaissances agronomiques bien sûr, mais gnant, en horticulture comme en agriculture,
aussi en écologie générale et en autécologie une gestion durable et permanente des éco-
des diverses plantes cultivées (étude des rela- systèmes agraires, fondée sur leur observa-
tions d’une espèce avec son milieu et les es- tion minutieuse et sur le respect des cycles
pèces avoisinantes). Les plantes spontanées naturels qui s’y déroulent. Elle est à l’agrono-
peuvent avoir un caractère « indicateur » et en mie ce que la sylviculture proche de la nature
cela nous renseigner sur l’état du sol. est à la foresterie. Elle consiste à considérer
un terrain (ou un ensemble de terrains) agri-
Autre choix essentiel au jardin : le choix cole(s) comme un « système intégré et en
des plants et des semences. Il est primordial évolution d'espèces d'animaux et de plantes
d’éviter les semences du grand commerce. Il pérennes utiles à l'homme ». Une définition
plus récente parle de « paysages consciem-
Jardin en permaculture ment créés imitant les modèles et les rela-
tions rencontrés dans la nature, tout en récol-
tant en abondance la nourriture, les fibres et
l'énergie satisfaisants les besoins lo-
caux » (dans Parmaculture one de David
Holmgren, 1978).
Chose intéressante : les travaux et les
ouvrages de Holmgren inspirent chez l’an-
glais Rob Hopkins (1968-) la volonté de
« préparer les communautés à la double crise
du choc pétrolier et du dérèglement climati-
que ». Nous sommes, pour partie, dans le
sujet qui nous préoccupe !
17

nnelles et les plantes sauvages - et produire matière organique, d’autres, symbiotiques,


des végétaux dangereux pour la santé). s’associent aux racines des végétaux cultivés,
L’achat de semences paysannes an- d’autres enfin sont des parasites.
ciennes offre le double avantage de la rustici- Enfin, le maintien de l’intégrité du sol
té et de la pérennité (le jardinier peut produi- nécessite, le respect des strates (horizons) qui
re, année après année, ses propres semen- le composent dans un ordre bien déterminé.
ces). Même si leur rendement est plus faible,
le fait faut éviter tout particulièrement les se-
mences hybrides (utilisées par les semen-
ciers pour obliger les jardiniers à acheter des
semences chaque année, car leur descen-
dance n’est pas génétiquement stable) et les
semences génétiquement modifiées (qui
peuvent polluer génétiquement les plantes de
jardin traditionnelles et les plantes sauvages
- et produire des végétaux dangereux pour la
santé.
L’achat de semences paysannes an-
ciennes offre le double avantage de la rustici-
té et de la pérennité (le jardinier peut produi-
re, année après année, ses propres semen-
ces). Même si leur rendement est plus faible,
le fait est que leur pouvoir nutritif est supé-
rieur. Le jardinier a aussi pour fierté de parti-
ciper à la conservation génétique des ces va-
riétés ancestrales, sélectionnées au fil des
siècles par des générations de paysans.
L’association « Kokopelli » par exemple, pro-
pose 1677 variétés libres de droits. Le ré-
seau « Semences paysannes » poursuit des
objectifs similaires tout en proposant des sa- Greffe des arbres fruitiers
voir-faire liés à ce choix de production.
Un sol ne doit jamais être retourné. Il
Comme principes de base des jardins peut cependant être aéré, par des outils ou
en permaculture biologique, la notion de cou- par les racines de certaines plantes comme le
vert permanent du sol est essentielle. Elle Rumex obtusifolius (la patience sauvage).
permet de limiter les plantes adventices, de
maintenir le sol en vie et, en se dégradant, Les principes de la permaculture s’ins-
de produire de la matière organique. Ce cou- pirent du fonctionnement des écosystèmes
vert peut être composé de végétaux vivants forestiers, qui, sans demander une quel-
(en hiver par exemple, après semis d’autom- conque intervention humaine, donc sans in-
ne de couvre-sols améliorants) ou de végé- trants, produisent de la matière organique en
taux morts (paille, foin, bois raméal fragmen- permanence par le simple fait du recyclage
té…). des bois, racines et feuilles morts et de la pho-
Autre notion essentielle : les associa- tosynthèse.
tions de plantes. Certaines peuvent être en
synergie physiologique (par contacts racinai- Le verger
res ou transmission de molécules volati-
les…), d’autres en association (de petits ar- Il vient en complément du jardin. Il est
bres fruitiers, comme les pêchers, au milieu composé d’arbres fruitiers, pour la plupart
de cultures légumières, permettent d’atténuer greffés sur des arbres dits « porte-greffes ».
l’effet desséchant du soleil lors des canicu- Le choix de la surface idéale est dicté par le
les). Le rôle des champignons du sol, très type d’entretien et le choix des types de
étudié en milieu forestier, est aussi important plants. Un petit verger (500 m2) sera planté
en permaculture. Certains transforment la d’arbres greffés sur porte-greffe faibles, sou-
18

Paysage de vergers hautes tiges (arbres de plein vent) en Suisse

La greffe La greffe est connue des agronomes de


C’est est un système qui vise à souder un l’Antiquité. Des générations de paysans
clone (un rameau baptisé « greffon ») d’une
l’ont pratiquée par la suite pour reproduire
variété fruitière, qui ne pourrait pas être re-
produite avec fidélité par semis, sur un autre fidèlement des variétés découvertes par ha-
arbre (le « porte-greffe »). Un arbre greffé est sard dans la nature (croisements non
une chimère, au sens biologique du terme, contrôlés de diverses variétés existantes
composée de deux être vivants de patrimoi- donnant parfois naissance à une nouvelle
nes génétiques différents associés par leurs variété intéressante) ou pour installer chez
tissus. La partie aérienne est produite par le eux la variété du voisin… Les variétés ont
greffon, la partie souterraine et une partie du
ainsi voyagé, se sont adaptées au contexte
tronc sont issues du porte-greffe. Pour que la
greffe prenne, les deux végétaux doivent écologique et social local (penser aux nom-
avoir des affinités : même espèce (pommier breuses variétés endémiques du Pays Bas-
sur pommier) ou même famille (néflier sur au- que).
bépine).
Les porte-greffes sont choisis en fonc-
tion du sol (acide, calcaire, neutre…) et de la Un grand verger (5000m2), sera planté d’ar-
bres vigoureux sur porte-greffes francs ou pro-
vigueur que l’on veut conférer à l’ensemble.
ches des ancêtres sauvages de la variété, qui
Les porte-greffes dits « francs » et surtout les peuvent être en croissance libre (on parle d’ar-
variétés sauvages donnent par exemple des bres fruitiers « plein vent ») avec très peu de
arbres de plein vent, que l’on ne taille que soins.
pour organiser leur architecture (et seulement
les premières années). Ainsi, le cerisier, sur Mais où acheter des arbres fruitiers ?
son ancêtre forestier le merisier, donnera un Suite à la forte diminution du nombre des va-
riétés fruitières consommées actuellement en
grand et bel arbre. Il en est de même du poi-
France et dans le monde, du fait notamment
rier et du pommier sur leurs variétés sylves- de l’industrialisation de l’arboriculture fruitière,
tres. les (très) nombreuses variétés traditionnelles
sont en danger de disparition. Des associa-
mis de préférence à la taille de fructification et tions telles Les Croqueurs de pommes, com-
à un entretien régulier. Un verger moyen posée de 64 associations locales, le Conser-
(1000m2), sera planté d’arbres fruitiers greffés vatoire végétal régional d’Aquitaine ou encore
sur des porte-greffes de vigueur moyenne qui le Conservatoire d’espèces fruitières et de
peuvent être taillés, par exemple en gobelet. vignes anciennes de Puycelsi dans le Tarn,
19

essaient de les conserver et de les diffuser. Les jachères (parcelles mises au repos)
C’est à ces associations qu’il faut s’adresser sont laissées en herbe, avec des plantes sau-
pour acheter les variétés destinées au verger. vages dans l’idéal, ou semées en espèces
Ces variétés seront bien souvent résistantes améliorant le sol, et éventuellement mellifères.
aux maladies et diversifiées (durée de conser- Les parcelles cultivées sont, si c’est
vation, goût, adaptation au contexte écologi- possible, ensemencées, après récolte, par des
que, esthétique aussi, pourquoi pas…). espèces transitoires permettant le semis direct
sous couvert végétal, vivant ou mort. Il s’agit
Les terres cultivées en grandes cultures d’un semis au sein même d’une culture en pla-
ce, préalablement passée au rouleau ou dévi-
Certaines des idées avancées plus en talisée par le froid de l’hiver, sans travail du
amont dans le chapitre consacré au jardin et sol.
au maraîchage biologiques, sont applicables,
peut-être avec moins de finesse d’intervention L’assolement, qui correspond à la ré-
sur le milieu, aux terres de grandes cultures. partition spatiale des productions, pour une
Nous allons aborder ici certaines de leurs par- année donnée, peut être soumis à une rota-
ticularités, sans prétendre épuiser le sujet (qui tion de cultures. Un même type de production
est très vaste). réapparaîtra donc de façon cyclique à plu-
sieurs années d’intervalle, sur une même par-
Plus que l’agriculture dite
« raisonnée », qui utilise avec modération les
produits de synthèse, et bien plus encore que
l’agriculture conventionnelle ou productiviste,
qui combine produits agro-pharmaceutiques,
Les intrants
Un intrant est un élément extérieur apporté
au sol, qui ne provient ni de l’exploitation agri-
cole, ni de sa proximité. Il est donc étranger à
l’agro-écosystème. Il est possible de distin-
guer les intrants biologiques (le purin d’ortie
en est un), qui, en général, sont compatibles
avec le fonctionnement naturel du sol, des Litière d’un sol vivant, alimentée par des
intrants minéraux et chimiques qui artificiali- feuilles et des aiguilles d’arbres voisins
sent le substrat de culture et qui conduisent
les agriculteurs à se priver des avantages celle. Ce système permet d’éviter l’épuisement
d’un sol vivant. des sols par une culture permanente (penser
engrais minéraux, semences génétiquement à la monoculture du maïs), les sols se régéné-
modifiées par transgénèse, sur-mécanisation rant d’autant mieux dans l’intervalle de la rota-
ultra-technicité… l’agriculture biologique res- tion que les cultures successives ne deman-
pecte les équilibres naturels. Elle n’utilise que dent pas les mêmes éléments nutritifs, et que
peu d’intrants, sans effet sur l’écosystème, et l’on apporte, directement ou par des semis de
des outils adaptés à la configuration des lieux plantes améliorantes et couvre-sol, de la ma-
de culture. Elle s’appuie sur l’agriculture tradi- tière organique. Des éléments minéraux peu-
tionnelle qui existait avant la révolution agrico- vent être remontés des profondeurs par des
le du début du XXe siècle. Elle ne refuse pas plantes. Le seigle, sur sols pauvres, remplit
systématiquement les outils de haute techno- très bien cette fonction. Le Rumex obtusifolius
logie, mais peut aussi accepter des méthodes (patience sauvage, déjà citée) a le même type
anciennes remises au goût du jour, comme d’action : ses racines peuvent descendre jus-
des attelages à chevaux couplés à des outils qu’à 1 mètre 10 de profondeur. De l’azote
modernes conçus pour eux. pourra être captée dans l’air par des
L’agriculture biologique considère le sol « légumineuses » (« fabacées » aujourd’hui)
comme un être vivant, un écosystème dans comme la féverole ou le trèfle.
l’écosystème, qu’il faut à tout prix garder en
état de fonctionnement. Une ferme en agriculture biologique ga-
20

Vigne biologique à l’automne, parcourue par des moutons, qui fument la parcelle
tout en maîtrisant la végétation herbacée
gne à être plantée de haies. Elles assurent
une protection contre l’érosion des sols et l’ef-
fet desséchant du vent. Elles permettent l’aug- Avant l’apparition du phylloxéra, en
mentation de la diversité des espèces vivant 1863, la vigne européenne n’avait pas de véri-
sur la propriété et fournissent un refuge aux table ennemi. Cette maladie, venue d’Améri-
espèces auxiliaires des cultures (oiseaux, in- que du nord, létale dès la troisième année
sectes, petits mammifères…). Ces haies, que d’infestation, a décimé nos vignobles. Pour y
les forestiers appellent parfois « forêt linéai- répondre, dans un premier temps, les euro-
re » fourniront périodiquement du bois de péens ont acclimaté des vignes américaines,
chauffage, du fourrage (feuillage) et du broyat résistantes ou tolérantes au phylloxéra. Mais
de bois vert (bois raméal fragmenté ou BRF), le goût du vin ne plaisait pas. L’idée a vu le
qui peut être très utile comme couvre-sol dans jour de greffer les vignes européennes sur des
le jardin ou les parcelles de maraîchage. vignes américaines : le phylloxéra, dont les
colonies mortelles se trouvent autour des raci-
Une telle ferme peut aussi contenir des nes, a été ainsi vaincu.
parcelles d’agroforesterie. Ce terme générique Restaient bien d’autres maladies, non
désigne l’association d’arbres (à bois, à fruits, létales mais préjudiciables à la santé de la vi-
à feuillage) à une culture agricole ou à un éle- gne et à la récolte du raisin. Les plus connues,
vage. Parmi les combinaisons possibles, nous originaires d’Amérique du nord elles aussi,
pouvons citer l’association de peupliers avec sont le mildiou (apparu en France en 1878) et
du maïs, d’arbres fruitiers plein vent avec de la l’Oïdium (apparu en France en 1851), respec-
prairie (pré-verger), de noyers avec du blé, de tivement sensibles au cuivre et au soufre, qui
cormiers avec de la vigne… sont de ce fait utilisés en traitement préventif.
Certains pépiniéristes « hybrideurs »
ont eu l’idée de croiser des vignes européen-
La vigne
nes avec des vignes américaines. Dans le
meilleur des cas, les vignes américaines ont
Chaque ferme possédait autrefois, à transmis des gènes de résistance au phylloxé-
défaut de parcelles de vigne pour le commer- ra, au mildiou et à l’oïdium et les vignes euro-
ce du vin, un petit carré pour l’usage familial. péennes les propriétés organoleptiques. De ce
Je n’aborderai pas ici en détail le métier fait, il a été possible de bouturer, sans les
de vigneron. Il faut simplement savoir, en pre- greffer, ces nouveaux cépages (que l’on ap-
mier lieu, que les vignes actuelles en agri- pelle aussi hybrides producteurs directs) et
culture conventionnelle sont traitées avec des d’en faire un vin qui, même s’il n’a pas parfai-
produits très nocifs pour l’environnement et tement le même goût que celui produit par les
pour les hommes, en second lieu que la viti- vignes européennes, n’en est pas moins de
culture biologique gagne du terrain.
21

bonne qualité. Ces cépages, du nom de leurs teurs directs.


obtenteurs, sont le Clinton, le Jacquez, l’Othel-
lo et le Noah, obtenus dans un premier temps, Les prairies
le Baco, le Castel, le Couderc, le Seibel, le
Seyve-Villard… dans un second temps (fin du Les prairies peuvent être naturelles ou
XIXe). Ils ont permis de belles récoltes sans artificielles, et dans le premier cas humides ou
trop de traitements. Et c’est bien là ce que sèches.
l’Autorité leur a reproché : ces cépages ont Les anciennes prairies humides étaient
entraîné une surproduction. Le faux-procès vouées à l’élevage et à la récolte de foin. Au
leur a été fait de produire un vin trop riche en moins une fois dans l’année, elles étaient re-
méthanol, qui plus est avec un goût trop éloi- couvertes d’eau, à la saison des crues, ce qui
gné du standard des cépages européens. En était à la fois un handicap (pâture impossible)
France, ils ont en fait mis en péril la filière viti- et un avantage (enrichissement en limons fer-
cole traditionnelle, notamment par les centai- tiles). Elles étaient fauchées en juin puis par-
nes de milliers d’hectolitres produits en Afrique fois livrées au pâturage. Elles étaient riches en
du nord. A quelques exceptions près, ils ont plantes de milieux humides que la fauche, suf-
été interdits dans les années 1950. Il aurait fisamment tardive, laissait se reproduire natu-
pourtant suffit de mettre en place des quot- rellement. La sauvagine y abondait, ainsi que
tas… Des vignerons se battent aujourd’hui sur les cours d’eau voisins.
pour réhabiliter ces hybrides. Ils trouvent un Les prairies sèches étaient parcourues
écho favorable chez les viticulteurs dits « bio » par le bétail, elles étaient pauvres en biomas-
ou « alternatifs », mais ne plaisent pas aux se mais riches en plantes sauvages dites
firmes agropharmaceutiques qui voient dans « xérophiles » (aimant, ou plutôt supportant
leur retour la fin de bénéfices conséquents. l’aridité).

Un amateur qui voudra installer de la A l’heure actuelle, avec le recul de l’éle-


vigne chez lui se procurera, s’il veut faire du vage, les prairies humides ont été dans une
jus de raisin ou du vin, des hybrides produc- très large mesure drainées et ensemencées
teurs directs. Il pourra les trouver auprès de en céréales, dont la plus célèbre, « avaleuse
collectionneurs et des pépiniéristes passion- de terres et avide d’eau », est le maïs. Parfois,
nés. Il pourra les bouturer facilement. Deux à elles ont été plantées en peupliers de culture,
trois traitements annuels à la bouillie bordelai- qui est la forme la plus « agricole » des planta-
se suffiront pour éviter le mildiou et l’oïdium. tions forestières. C’en est fini des écosystè-
S’il veut du raisin de table, il pourra se mes humides ou nichait le vanneau, le courlis
procurer certains hybrides spécialement desti- cendré et la bécassine des marais.
nés à cet usage, comme le « dattier » (quatre Les prairies (ou pelouses) sèches sont
à cinq traitements par an à la bouillie bordelai- maintenant semées en tournesol ou abandon-
se). Il pourra aussi trouver des obtentions ré- nées à la forêt. Les orchidées qui s’y dévelop-
centes de variétés résistantes aux principales
maladies (donc sans traitement). Pour ces Races rustiques
dernières, dont le caractère résistant n’est pas Les races rustiques de vaches (maraîchine,
forcément le fait d’un nombre de gènes très marine, highland cattle, camarguaise…), de
élevé, le contournement de ce caractère moutons (vendéen...) ou de chevaux
(su rt ou t po u r la ré sista n ce d it e (camarguais, barthais de l’Adour…) sont nom-
« monogénique ») est très probable à moyen breuses dans les zones humides, bien que
terme. Mais la vigne entre en production très souvent, hélas, inscrites au registre des races
vite et son remplacement est rapide… menacées. Certaines se maintiennent mieux
que d’autres, portées par un renouveau cultu-
Différentes méthodes de taille sont pos- rel, comme en Camargue et sur l’ensemble
sibles pour la vigne. La taille Guillot est la plus des lagunes méditerranéennes. Dans l’Ouest,
connue. Des livres anciens (par exemple la dans les basses vallées angevines par exem-
Viticulture moderne d’E. Chancrin, daté de ple, les initiatives d’éleveurs pour sauver des
1919), que l’on peut trouver chez les bouqui- races locales et valoriser leur image commen-
nistes, donneront pas mal d’informations, no- cent à émerger.
Zones humides infos, 2012
tamment pour la taille des hybrides produc-
22

Chevaux des Barthes de l’Adour

paient ont disparu. dance, mais permettant de maintenir le milieu


ouvert, ce qui est propice au maintien de la
Pour celui qui possède encore des prai- diversité agreste, animale comme végétale.
ries humides, la récolte et la commercialisa-
tion de foin est une bonne solution. Avec les Les prairies sèches sont, pour l’agri-
années sèches que nous connaissons, il culteur productiviste, d’un faible intérêt. Les
prend de la valeur. En complément, le pâtu- plantes sauvages rares et en voie de disposi-
rage par des vaches, des moutons, ou même tion, comme certaines orchidées, y sont nom-
des chevaux est une bonne idée. Il faut alors breuses. Le foin y est par contre peu abon-
choisir des races anciennes. dant. Un élevage extensif peut être pratiqué
Pour ce qui concerne les vaches, il est pour maintenir l’ouverture du milieu.
possible de produire d’un côté un lait riche et Le laisser-faire, qui conduit le plus sou-
agréable (effet de la consommation de plantes vent à la « friche » puis à la forêt, est possible
sauvages, dans les Alpes ou les Pyrénées par avec un certain degré d’intervention sur le mi-
exemple), de l’autre une viande au goût parti- lieu pour pouvoir circuler, tailler les arbres
culier. Parmi les races dites « rustiques » et spontanés et maintenir une certaine surface
« en conservation », figurent d’anciennes ra- en herbe.
ces à lait, comme la Bordelaise, la Bretonne
Pie Noir, la Ferrandaise, la Froment du Léon Pour conclure le chapitre sur les prai-
et la Villard de Lans. Parmi les races en ries, je finirai par ce qu’il y a de pire : la prairie
conservation et à viande, nous pouvons citer artificielle, semée sur sol travaillé et fertilisé.
l’Armoricaine, la Béarnaise, la Casta, la Lour- Ici, plus de plantes sauvages mais des grami-
daise, la Maraîchine, la Mirandaise, la Nantai- nées sélectionnées. D’un point de vue de la
se et la Saosnoise … Restent les races mix- diversité biologique, une prairie artificielle est
tes : la Bleue du Nord, la Parthenaise, la Vos- ce qu’il y a de plus pauvre.
gienne…
Chose intéressante parmi tant d’autres, La friche accompagnée
la race ancienne Mirandaise, qui porte le nom
d’une localité du Gers, fait partie d’un cheptel
Cette solution de gestion, car c’en est
que les Wisigoths auraient acclimaté au Ve
une, permet à ceux qui ne possèdent pas de
siècle.
parcelle boisée d’en obtenir une à moindre
coût et avec un minimum d’effort. La condition
Pour ceux qui ne vivent pas de l’éleva- est d’avoir de la patience. Le principe est sim-
ge, mais qui possèdent des prairies humides, ple : il suffit de choisir une parcelle, qui peut
deux solutions sont possibles. La première est être une prairie, un ancien labour, une friche
la fauche tardive (aux alentours du 14 juillet) naissante, que l’on souhaite transformer en
et la vente de foin « sur pied ». La seconde forêt.
est l’élevage extensif avec des races rusti-
ques, ne produisant ni lait ni viande en abon-
23

La première opération est de passer un conseillé d’élever ses plants à partir de grai-
gyrobroyeur (ou une faucheuse s’il s’agit d’une nes récoltées localement, (se référer au princi-
prairie) sur une bande de 7 mètres de large, pe de la marque de qualité dite « végétal lo-
puis de laisser 3 mètres sans intervention, cal », imposée à certains pépiniéristes pour
puis de recommencer la même opération jus- des plantations de haies ou des parcelles
qu’à ce que l’on ait ainsi traité toute la parcel- agroforestières). Il est essentiel de ne broyer
le. Le résultat est un ensemble de bandes pa- qu’une seule fois par an et à la bonne période.
rallèles alternativement broyées et laissées en Pour les plantations, il faut choisir des plants
évolution libre. Aux deux extrémités, il faut d’un an ou de deux ans, pas plus, qui seront
laisser une tournière (espace pour manœu- installés en novembre.
vrer). A partir du moment où les arbres se se-
Au fil des années, la partie broyée ou ront développés (entre 3 et 5 ans), il peut être
fauchée constituera une prairie naturelle et la intéressant d’effectuer une taille de formation
partie intermédiaire deviendra une friche dans forestière. Sans entrer dans les détails, cette
laquelle des arbres commenceront à pousser, taille peut être décrite comme une opération
grâce à des graines transportées par des ani- visant tout à la fois à obtenir une tige unique
maux (des oiseaux comme le geai des chê- pour chaque arbre, par des suppressions de
nes, la corneille noire, la grive…, des mammi- fourches, et à anticiper sur l’opération d’élaga-
fères comme le renard, le blaireau, l’écu- ge. L’élagage forestier (à ne pas confondre
reuil…). Pour accélérer le processus d’ense- avec l’élagage en arboriculture) est la sup-
mencement naturel, des branchages pourront pression systématique des branches sur la mi-
être disposées sur les bandes de 3 mètres hauteur d’un tronc, alors que l’arbre fait 10 à
afin que des oiseaux viennent s’y poser et re- 14 mètres de haut.
jettent les graines des fruits qu’ils viennent de En enlevant au fil des ans les branches
consommer. En complément à cette de plus fort diamètre, la taille de formation li-
« régénération naturelle assistée », il est tou- mite la surface des plaies de l’élagage, qui lui
jours possible de planter des arbres élevés succède. Après l’opération d’élagage, l’arbre
dans sa propre pépinière. produira jusqu’à sa récolte du bois sans
Pour bénéficier du maximum de diversi- nœuds au-delà du noyau central du tronc cor-
té génétique sur les 7 mètres de prairie, il est respondant aux années précédant cette opé-
préférable de broyer ou de faucher à partir de ration.
la mi-juillet, jusqu’au début du mois de sep- Lorsque le peuplement forestier sera
tembre. Les graminées seront alors épuisées formé, c'est-à-dire que les plus beaux arbres
et les plantes plus rares auront eu le temps de (dits « arbres objectifs ») auront été traités par
produire leurs graines. Pour conserver le patri- la taille et l’élagage, et que le couvert se sera
moine génétique des arbres de pays, il est fermé, (c'est-à-dire au bout de 20 ans envi-

Friche accompagnée, issue d’une « régénération naturelle assistée », au printemps.


24

ron), il sera possible de passer aux éclaircies. dits de « franc pied » (souche à tronc uni-
Une éclaircie consiste à supprimer les arbres que) ? Est-il une combinaison des deux ? Est-
dont l’enlèvement a un effet bénéfique sur la il composé d’essences d’arbres multiples
croissance et le développement des arbres avec, sur le même espace, des arbres de tous
objectifs. Il peut y avoir, dans un peuplement âges et de toutes dimensions qui se côtoient
de chêne, plus d’une dizaine d’éclaircies. Les pied par pied ?
premières fourniront du bois de chauffage, les Dans le premier cas, il s’agit de
dernières du bois de chauffage et du bois « taillis ». Il est généralement utilisé pour faire
d’œuvre. La coupe définitive fournira elle aussi du bois de chauffage, car les brins sont de fai-
les deux types de produits, mais le bois d’œu- ble diamètre.
vre sera majoritaire. Dans le second cas, il s’agit de
Il faut noter que le scénario décrit ci- « futaie ». Le bois peut-être utilisé pour des
dessus est celui d’une futaie régulière (arbres usages architecturaux (charpente, ossature),
issus de graines et de même âge, sur la par- pour la menuiserie, l’ébénisterie et une très
celle). D’autres conduites sont possibles, mais grande variété d’objets (pensons, parmi les
difficiles à mettre en place, comme le taillis- usages les plus nobles, à la lutherie qui est la
sous-futaie ou la futaie irrégulière (qui est sou- fabrication d’instruments de musique en bois
vent conduite avec des méthodes « proches » et à cordes).
ou « inspirées » de la nature - voir plus avant). Dans le troisième cas, il s’agit de
« taillis-sous-futaie » ou de taillis avec réser-
La forêt ves, qui associe un sous-étage de taillis de
même âge à un étage supérieur de tiges de
En guise de préambule et d’avertisse- futaie de classes d’âge différentes appelées
ment, et par souci de ne pas faire perdre de « réserves ». Dans le quatrième et der-
temps au lecteur, je ne parlerai pas longtemps nier cas, il s’agit de futaie irrégulière à espè-
ici des plantations résineuses pures, faites à ces multiples, qui produit du bois d’œuvre
grand renforts de subventions et sous l’in- pour l’essentiel.
fluence des industriels du bois, dans les an-
nées d’après-guerre. Ces plantations, sous Bien que la tronçonneuse soit d’un usa-
prétexte d’exode rural et de désertification des ge plutôt dangereux, la récolte de bois de
campagnes, ont non seulement détruit les ter- chauffage dans du taillis simple, c'est-à-dire
roirs de certaines provinces historiques fran- non associé à des arbres de futaie, est à la
çaises, mais aussi conduit à un désastre éco- portée de tous. Si le taillis est très diversifié en
logique et ethnologique (destruction de l’éco- âges, il est possible de fractionner l’ensemble
complexe paysan). en unités de passage en coupe, dont la surfa-
Mal en a pris aux forestiers productivis- ce est égale à la division de sa surface totale
tes : les plantations d’épicéa de plaine (un par le nombre d’année (la « rotation ») que
exemple parmi tant d’autres) sont aujourd’hui met le taillis à se régénérer sur ses souches.
dévastées sur des milliers d’hectares, par des De cette façon, chaque année, le taillis produi-
insectes, sous l’effet d’un affaiblissement phy- ra un certain nombre de « stères » (unités de
siologique lié à la sécheresse - et aux hiver cubage du « bois de feu »). Le point délicat
trop doux qui favorisent la reproduction de ces est la création de ce décalage de la récolte,
parasites. Et le pire est encore à venir... qui, si le taillis à des stades d’évolution voi-
sins, demandera de faire attendre les espaces
Les parcelles forestières à tendance non exploités plus longtemps que la durée
naturelle sont les plus intéressantes, à bien prévue de la rotation. Une fois parvenue à l’é-
des titres. Tout d’abord comme réserves de tat d’équilibre, et si le sol est également riche
bois de chauffage et de bois d’œuvre, ensuite sur toute la surface, l’ensemble produira cha-
comme lieux de cueillette, de promenade, de que année un même nombre de stères, ce qui
repos, de conservation d’un écosystème parti- est pratique pour ceux qui consomment régu-
culièrement riche… lièrement une même quantité de bois.
La première des choses à faire est de
bien observer les lieux. Le « peuplement fo- La récolte de bois d’œuvre en futaie est
restier » est-il composé de cépées (souches à une affaire de professionnels ou d’amateurs
plusieurs « brins ») ? Est-il composé d’arbres éclairés ayant suivi une formation spécifique.
25

En effet, le risque pris à abattre des arbres de


plusieurs mètres-cubes est fort. Comme pré- Maintenir où créer une futaie irrégulière
alable à l’abattage, les opérations de classe- (composée d’arbres de tous âges) qui plus est
ment des bois selon leur usage futur, de calcul plurispécifique (à plusieurs essences) est le
du « volume sur pied » pour chaque qualité et meilleur des cadeaux que l’on puisse faire à
de marquage à la peinture des arbres à récol- l’écosystème, au paysage, aux promeneurs, à
ter (en éclaircie ou en coupe définitive, voir le l’économie au sens large (production de bois
paragraphe sur les friches accompagnées) d’œuvre supérieure, en proportion, à celle d’u-
sont essentielles. Si le propriétaire souhaite ne futaie régulière) et à l’économie domesti-
commercialiser son bois, il aura tout intérêt à que en particulier (bois de chauffage, cueillette
en connaître la valeur donc à s’informer sur le de champignons, de plantes et de fruits sau-
classement et la valeur commerciale, auprès vages). Elle nécessite, non plus seulement
de diverses personnes ou organismes res- des connaissances techniques, mais aussi et
sources. Dans le cas d’une récolte pour son surtout des connaissances poussées en éco-
usage propre, il devra savoir quel arbre choisir logie générale et « autécologie » des essen-
en fonction de ce qu’il veut en faire. ces. Elle demande en outre un bon sens de
l’observation, qui fait du forestier ou du pro-
Posséder du taillis-sous futaie, combi- priétaire avisé un véritable écologue-
nant production de bois de chauffage et de naturaliste. La conduite d’un peuplement en

Taillis-sous-futaie : réserves (en vert)


dominant des cépées de taillis (en gris)

bois d’œuvre est une très belle opportunité, futaie irrégulière plurispécifique est souvent
bien que ce mode de conduite de la forêt soit nommée « sylviculture d’arbres », au sens où
considérée comme obsolète par certains fo- le forestier réfléchit de façon particulière à
restiers « progressistes ». A rotation voisine chaque bouquet ou petit ensemble d’arbres,
de celle d’un taillis simple, 20 à 25 ans par au lieu de réfléchir au niveau d’une parcelle et
exemple, le taillis est entièrement coupé sur la de systématiser les opérations. Cette conduite
parcelle et le propriétaire en profite pour d’une est aussi dénommée sylviculture « proche de
part récolter les arbres mûrs, d’autre part ré- la nature », au sens où la forêt est considérée
colter quelques arbres d’âge intermédiaire à comme un écosystème que l’on doit guider
titre d’amélioration du peuplement et de maîtri- doucement vers la production de bois, sans
se du couvert de la réserve sur le tailis, et en- pour autant remettre en cause son équilibre.
fin recruter de jeunes arbres qui étaient au mi- Les forestiers profitent ainsi du travail gratuit
lieu du taillis pour remplacer ceux qui ont été de la nature. Un vieil adage ne dit-il pas
récoltés. L’opération se répète à chaque rota- « Imiter la nature, hâter son œuvre » ? 
tion, sans que jamais la parcelle ne soit com-
plètement mise à nu. Là encore, le propriétaire
de la forêt peut se charger du bois de chauf-
fage du taillis et des « houppiers » (branches)
des arbres de réserve, et il doit s’y limiter.
Retour aux sources d’un mouvement paysan européen
26

Par Thomas de Pieri

La Révolution conservatrice et sa déclinaison agraire en Allemagne :


Le « Mouvement du peuple et de la terre » et sa mutation
national-socialiste, 1928-1945 - Le personnage de Walther Darré
La naissance de la Révolution conservatri- d’un bouleversement politique, orienté par
ce exemple vers la dictature du prolétariat. Il ne
correspond pas non plus à une étape de l’his-
La Révolution conservatrice est un toire, perçue comme linéaire, mais au retour
mouvement né au début du XXe siècle, dont le d’un cycle à un état antérieur et à la renais-
nom a été employé pour la première fois en sance d’un système de valeurs. Parmi ces va-
Allemagne en 1927 - discours de Hugo von leurs, nous le verrons plus loin, figurent le res-
Hofmannsthal (1874-1929), sous la république pect de la nature, de la terre et du métier de
de Weimar. Ce mouvement a été conceptuali- paysan.
sé dans l’après guerre par Armin Mohler (1920 Au départ, cette révolution est à la fois
-2003), personnage clé de d’une mouvance nationaliste, conservatrice, antidémocratique,
paneuropéenne incluant la Nouvelle droite antilibérale et antimarxiste. Elle regroupe des
française. Il est évident que le mot courants très variés et des personnages non
« révolution » n’est pas employé ici au sens moins variés comme Oswald Spengler (1880-
27

1936), Ernst Niekisch (1889-1967), Carl paysannerie traditionnelle, qui permettait aux
Schmitt (1888-1985) et Ernst Jünger (1895- ruraux de vivre dans un certain état d’autarcie
1998). La figure de proue, à la naissance de tout en fournissant à suffisance des biens ali-
ce mouvement, est Moeller van den Bruck mentaires aux citadins. Les paysans sont dé-
(1876-1925). sormais soumis à la loi du marché. La spécu-
La Révolution conservatrice s’oppose à lation sur les produits de la terre en vient à
la philosophie des Lumières et au triomphe de gouverner leur destinée.
la bourgeoisie éclairée. Elle est empreinte d’u- L’année 1928 voit apparaître des mou-
ne nostalgie qui s’attarde sur un monde euro- vements de masse corporatistes, tout d’abord
péen révolu, dont elle refuse le déclin. Elle est pacifiques puis ensuite plus violents, qui s’op-
orientée vers un ordre politique nouveau d’où posent à la république de Weimar. Les
renaîtrait la civilisation. Elle s’oppose ferme- paysans et leurs représentants les plus radi-
ment à la « table rase du passé » qu’ont théo- caux rêvent d’un Etat populaire agrarien. A la
risé et mis en œuvre les révolutionnaires fran- fin de cette même année, le
çais de 1789 et prône ce que l’on pourrait « Landvolkbewegung », nom que l’on peut
nommer une « nostalgie du futur » - c'est-à- aussi traduire par « Mouvement du peuple de
dire quelque chose d’attendu, qui est à la fois la terre », est fondé. Un journal voit aussi le
ancien et nouveau, qui se reformule et renaît jour, Das Landvolk ou Le peuple de la terre.
de ses cendres, sous un nouvel avatar, dès L’ensemble est complété par les
que le peuple est en danger. « Wachtvereinigungen » ou « Associations de
garde » paramilitaires, proches des Corps
Le développement du Mouvement paysan Francs.

Des cinq groupes qui composent le La métamorphose du mouvement paysan


mouvement de la Révolution conservatrice, à et le personnage de Walther Darré
savoir les Völkischen (difficile à traduire, si ce
n’est par « ceux qui défendent promeuvent Le mouvement paysan est ensuite ab-
l’esprit du peuple »), les Jungkonservativen sorbé par le National-socialisme, du double
(jeunes conservateurs), les Nationalrevolutio- fait de son inclinaison naturelle et de l’action
näre (nationaux-révolutionnaires), les Bündis- de l’agronome, puis ministre de l’Agriculture et
chen (membres des fédérations de jeunesse) de l’alimentation du Reich, de 1933 à 1942,
et les membres du Landvolkbewegung Richard Walther Darré (1895-1953).
(Mouvement paysan). Ce dernier concerne Darré, auteur de La Paysannerie en
directement notre propos. tant que source de vie de la race nordique
(1928) et de La Race, nouvelle noblesse du
Le Landvolkbewegung est né dans les sang et du sol (1934), critique la vie urbaine
années 1920, d’un élan spontané de révolte décadente et professe la noblesse de l’autar-
contre la faiblesse et l’incapacité de la Répu- cie et de l’autosuffisance alimentaire. Membre
blique de Weimar à résoudre les problèmes dans sa jeunesse des Artamans (ligue de la
agricoles liés à la pénurie alimentaire, et mouvance völkisch), il affiche clairement son
contre les sacrifices qui sont imposés aux intérêt pour un retour à la terre, que sous-tend
paysans. Dans les années de forte inflation, le concept de « Blut und Boden » (La sang et
1922 et 1923, la paysannerie est mise à le sol). Sous ce concept, il fait apparaître,
contribution et sacrifiée. Des hypothèques sur avant que ne se développe sa conception du
le foncier agricole la fragilisent. « Drang nach Osten » (élan vers l’Est), la no-
Selon un mécanisme bien connu lié à tion de « colonisation interne » - à savoir la
ce qu’il est convenu d’appeler le « progrès », réoccupation des espaces agricoles par une
la perte de revenus doit être compensée par nouvelle caste de paysans, notion qui s’oppo-
des gains de productivité. Une politique de se aux velléités néocolonialistes de la Républi-
croissance économique se met en place. La que de Weimar qui veut retrouver l’empire co-
mécanisation s’impose et avec elle le cercle lonial allemand d’avant guerre - et vise donc
vicieux d’inter-émulation du progrès technique une « colonisation externe ».
et de la croissance. Les paysans allemands Darré, en ce qu’il défend une gestion
sont happés par le maelström des échanges des terres plus naturelle, la protection des fo-
internationaux. C’en est fini des siècles de rêts et l’établissement de liens entre ces deux
28

graphique), autorise l’utilisation d’intrants


(pesticides et engrais), le développement de la
mécanisation et, pour couronner le tout, une
déforestation de grande ampleur… Nous som-
mes loin de l’esprit völkisch et de la Révolution
conservatrice.
Déjà à l’époque, l’agriculture (et la fo-
resterie) « proches de la nature » sont la cible
des productivistes, qui arguent de meilleurs
rendements en agrochimie pour imposer une
vision moderne de l’activité agricole, dans le
cadre de la « bataille de la production ». Le
fait qu’une agriculture, dite aujourd’hui
« biologique », puisse être elle aussi intensive,
ainsi que le fait constaté du plus grand pouvoir
nutritif des produits qui en sont issus, sont oc-
cultés.
Darré fait face, entre autres, à l’aveu-
glement de Göring et du ministre de l’écono-
mie Hjalmar Schacht (1877-1970), qui lui font
de faux procès. Comme tous les vérita-
bles socialistes au sein du NSDAP, Darré doit
Richard Walther Darré aussi faire face aux milieux d’affaires. Enfin,
sa vision agrarienne de l’expansion allemande
occupations du sol, impressionne un autre dans l’Est est remise en cause par la politique
membre des Artamans, à savoir Heinrich Him- belliqueuse et agressive d’Himmler. Darré est
mler. Il devient son proche collaborateur en neutralisé en 1939, puis écarté du pouvoir. Il
1931, alors que le NSDAP se rapproche du démissionne en 1942. Il a pourtant été l’un
pouvoir. Darré participe ensuite à l’adoption des théoriciens les plus importants et les plus
des premières lois sur la protection de la natu- influents dans la mise en place du corpus
re. Il est le promoteur de la politique « Rasse idéologique du National-socialisme en matière
und Raum » (race et espace) et s’oppose, d’agriculture.
avec Alfred Rosenberg (1893-1946) et Robert
Ley (1890-1945), au christianisme latin citadin, La dimension à la fois idéaliste et ar-
qu’il distingue de la germanité originelle rurale. chaïque de la politique de Walther Darré fait
Selon lui, la paysannerie est le vivier de la ra- de lui un continuateur fidèle du Mouvement
ce nordique. Il entend que de nouveaux liens paysan allemand, mis à mal par la politique
soient tissés entre la jeunesse et les espaces productiviste du NSDAP. Par certains côtés, le
agricoles et forestiers. Il demande aux grands conflit actuel au sujet de la croissance ou de la
propriétaires terriens de donner une partie de décroissance de l’économie en général, et de
leurs terres arables à de nouveaux (petits) l’économie agricole en particulier, n’est que la
agriculteurs qui désirent s’installer. Il organise continuation de celui qui opposa les conserva-
un corporatisme agraire et défend les paysans teurs agrariens et les progressistes allemands,
contre la mainmise des négociants sur l’éco- avant et pendant le second conflit mondial.
nomie agricole. Le 13 septembre 1933, il pro-
pose une loi sur la régulation des prix et du Comme les conflits, les révolutions se
marché des productions agricoles. Les idées répètent, tout en atteignant à chaque fois un
de Darré, qui constituent les prémices de l’a- degré supérieur d’acuité. La prochaine révolu-
gro-écologie moderne, sont mises à mal dès tion sera celle d’un retour à la terre. Elle verra
1936 par Hermann Göring (1893-1946) qui, naître la scission puis le conflit entre les villes
dans la perspective annoncée d’une guerre, et les campagnes, entre l’artifice et la naturali-
met en œuvre un « Plan de quatre ans ». Ce té, entre le marchand et le paysan, entre le
plan, au nom d’une autarcie mal comprise (qui monde de l’argent et celui de la Terre. 
vise une forte augmentation de la production
agricole, en prévision de la croissance démo-
L’épopée du baron Roman von Ungern-Sternberg29
Par Philémon Pont-des-Arts

Il voulait rétablir la monarchie


Portrait asiatiques sous un même drapeau, et là, nous
pourrions penser à l’influence secrète du
Le Baron Roman Fedorovitch von Un- royaume sous-terrain de l’Agartha…
gern-Sternberg, également connu sous les Le baron considère la monarchie com-
noms de « Baron Sanglant » ou de « Baron me la seule forme de gouvernement suscepti-
fou », était un aventurier russe du début du ble de sauver la civilisation occidentale de la
XXe siècle. Sa vie a été marquée par des ex- corruption et de l’autodestruction. Son ambi-
ploits militaires, des voyages exotiques et des tion étant de combattre la décadence de la ci-
convictions ésotériques profondes (La famille vilisation occidentale en ramenant l’esprit divin
est bouddhiste depuis trois générations). dans le cœur des hommes.
Roman von Ungern-Sternberg est né le En 1920, il a organisé une armée de
29 décembre 1885 à Graz en Autriche dans cavaliers mongols et russes, la division asiati-
une famille noble de la Baltique qui avait des que de cavalerie et a lancé une campagne
liens étroits avec la cour impériale russe. pour prendre le contrôle de la Mongolie. Von
Après avoir étudié dans une école militaire, il a Ungern-Sternberg a été admiré par les Mon-
rejoint l'armée impériale russe en 1906. Pen- gols pour sa passion pour leur culture et ses
dant la première guerre mondiale, il a servi sur efforts pour restaurer le bouddhisme tibétain.
plusieurs fronts et s'est distingué par son cou- Mais sa victoire a été de courte durée. Les for-
rage et sa ténacité. Après la Révolution russe ces soviétiques ont envahi la Mongolie et l’ont
de 1917, il a rejoint les armées blanches, qui capturé, sur dénonciation. Il a été exécuté en
étaient opposées aux bolcheviques. septembre 1921 à l’âge de 35 ans.
C'est à cette époque que la personnali- Le Baron Von Ungern-Sternberg reste une
té étrange et mystique du Baron a commencé figure énigmatique et controversée de l'histoi-
à se manifester. Il croyait en l'existence d'un re.
empire mongol qui devait réunir les peuples
30

La division asiatique de cavallerie unités militaires les plus colorées et les plus
mystérieuses de l'histoire de la Russie impé-
La Division Asiatique de Cavalerie a été riale. Sa composition multiethnique et son ca-
l'une des unités militaires les plus fascinantes ractère indiscipliné en ont fait une force redou-
de l'histoire de la Russie impériale. Composée table, mais aussi difficile à contrôler. Son rôle
de cavaliers Mongols, Bouriates, Kalmouks, dans la guerre civile russe et dans la lutte pour
Kazakhs, Bachkirs et même Japonais, elle a l'indépendance mongole a laissé une emprein-
joué un rôle crucial dans la guerre civile qui a te durable dans l'histoire de la région.
suivi la révolution russe de 1917. Son histoire
remonte à la Première Guerre mondiale, lors- L’ataman Grigori Semenov
que des régiments de cavaliers mongols ont
été formés pour servir dans l'armée impériale Grigori Mikhailovitch Semenov était un
russe. Ces cavaliers se sont distingués sur personnage complexe et controversé de l'his-
plusieurs fronts, notamment en Galicie, où ils toire de la Russie. Né en 1890 à Omsk, en Si-
ont été utilisés pour des missions de recon- bérie, il a commencé sa carrière militaire en
naissance et de sabotage. Après la révolution tant que sous-lieutenant dans l'armée impéria-
de février 1917, les régiments mongols sont le russe, avant de rejoindre les rangs de l'Ar-
restés fidèles au gouvernement provisoire, mée blanche pendant la guerre civile. Seme-
mais ont rapidement été désarmés par les bol- nov est surtout connu pour son rôle dans la
cheviques. formation et le commandement de la Division
En 1918, les Mongols se sont rebellés asiatique de cavalerie. Semenov a été nommé
contre les bolcheviques et ont créé leur propre commandant en chef de la division en 1919.
état indépendant en Mongolie. Leur chef, le Sous le commandement de Semenov,
Baron von Ungern-Sternberg, a donc organisé la Division asiatique de cavalerie est devenue
une armée de deux mille cavaliers mongols et une force redoutable sur le champ de bataille.
russes pour soutenir leur lutte. Cette armée a Les cavaliers mongols étaient particulièrement
été rebaptisée la Division asiatique de cavale- efficaces en tant que guérilleros, utilisant leurs
rie et a été placée sous le commandement du compétences en équitation et en archerie pour
général Grigori Semenov. Cette division a infliger des pertes importantes à l'ennemi. Ce-
combattu avec courage et détermination pendant, la division était également connue
contre les bolcheviques, utilisant des tactiques pour sa tendance à se livrer au pillage et au
de guérilla et de harcèlement pour affaiblir massacre des civils.
leurs positions. Les cavaliers mongols étaient Semenov a été critiqué pour son man-
particulièrement redoutables, utilisant des arcs que de contrôle sur ses troupes et pour son
et des flèches ainsi que des sabres dans les comportement brutal envers les civils. Il a éga-
combats rapprochés. lement été accusé d'être impliqué dans le tra-
En 1920, les forces soviétiques ont en- fic d'opium, une accusation qui a été large-
vahi la Mongolie et ont capturé la Division ment rapportée dans les journaux de l'épo-
asiatique de cavale- que ; bien entendu
rie. Les soldats ont Le Baron Fou, vu par Hugo Pratt nous pouvons aussi
été exécutés ou en- douter de la véracité
voyés en exil, et la de ces accusations,
division a cessé émanant de la pro-
d'exister. Cependant, pagande bolchevi-
l'héritage de la divi- que.
sion a survécu dans Après la dé-
la mémoire populaire, faite de la Division
ainsi que dans les Asiatique de Cavale-
œuvres d'écrivains et rie, Semenov est
d'artistes qui ont été parti en exil en Chi-
inspirés par son his- ne, où il a continué à
toire. mener des actions
Ainsi, la Divi- de guérilla contre les
sion asiatique de ca- forces soviétiques.
valerie a été l'une des Après une vie aven-
31

tureuse, il est capturé par les En 1921, le Baron


soviétiques en 1946 en Chine. von Ungern-Sternberg a
Il sera jugé et reconnu coupa- entrepris une campagne
ble d’actions contre- militaire pour reprendre le
révolutionnaires, condamné à contrôle de la Mongolie et
mort et exécuté par pendaison de la Sibérie. C'est lors de
le 30 août 1946. cette campagne que la
La vie de Grigori Seme- ville d'Ourga, située en
nov est un exemple frappant Mongolie, est tombée aux
de la complexité de la guerre mains de ses troupes. La
civile russe et de la diversité ville était défendue par
des forces qui se sont oppo- des troupes chinoises,
sées les unes aux autres. Son soutenues par des bandes
rôle dans la Division asiatique de partisans mongols. Ce-
de cavalerie a été à la fois cru- pendant, la résistance n'a
cial et controversé. Il a été sa- pas réussi à contenir la
lué comme un héros par cer- force de l'armée du Ba-
tains et condamné comme un Armoiries de la famille ron. Sa cavalerie, a réussi
criminel de guerre par d'autres. von Ungern-Sternberg à surmonter les obstacles
Cependant, quel que soit le ju- qui se dressaient sur son
gement porté sur lui, son nom restera associé chemin, grâce à sa mobilité et à sa maîtrise de
à l'une des unités les plus mystérieuses de la guérilla.
l'histoire militaire. Lorsque les troupes du Baron ont at-
teint la ville, ils ont lancé une attaque féroce,
La prise d’Ourga qui a duré plusieurs jours. Les rues étaient
jonchées de cadavres, les maisons et les
La prise de la ville d'Ourga par le Baron commerces étaient pillés et incendiés. La po-
von Ungern-Sternberg est l'un des événe- pulation civile a été soumise à des exactions
ments les plus spectaculaires de l'histoire de et des atrocités qui ont choqué le monde en-
la guerre civile russe. Cet épisode a été mar- tier. Pourtant, malgré la violence, la prise
qué par la violence et la brutalité, mais aussi d'Ourga a été considérée comme un grand
par la force et la détermination du Baron et de succès militaire pour le Baron. La ville était
ses troupes. stratégiquement importante pour la poursuite
de sa campagne, et sa prise a permis à ses
Les cosaques troupes de prendre le contrôle de la région. La
32

victoire du Baron a également inspiré la crain- ont même prétendu avoir trouvé l'entrée de ce
te et le respect chez ses ennemis, qui l'ont royaume mystique, mais la plupart n'ont ja-
surnommé « l'Attila de Sibérie ». mais été en mesure de prouver leur découver-
Une fois maître des lieux, le Baron von te.
Sternberg rétablit le Bogdo Khan dans ses Malgré cela, l'histoire de l'Agartha conti-
fonctions (le Bogdo Khan en Mongolie étant nue de captiver l'imagination des gens du
l’équivalant du Dalaï Lama au Tibet, à savoir monde entier, un rappel constant que les limi-
le guide spirituel et l’autorité religieuse de tes de notre monde ne sont pas encore com-
Mongolie), ce dernier bénit le Baron Sternberg plètement comprises, que les secrets les plus
et lui donna le titre de Khan de Mongolie. profonds peuvent être cachés juste sous nos
Thubten Gyatso, le 13e Dalaï Lama pieds, attendant d'être découverts.
(décédé en 1933) disait que le Baron Stern- Selon certains récits, le Baron Von Un-
berg était une émanation de Mahakala, une gern-Sternberg s’intéressait tellement à l’idée
divinité protectrice du bouddhisme Tibétain. de recruter une aide « Agarthienne » pour son
Pourtant, la prise d'Ourga a également mar-
combat contre les bolcheviques, qu’il aurait
qué le début de la fin pour le Baron von Stern-
berg. Ses troupes, indisciplinées et parfois envoyé deux expéditions à la recherche de la
même dépravées, ont commencé à semer la mythique cité. La seconde expédition a dispa-
terreur dans les régions qu'elles occupaient. ru sans laisser de traces. 
Les alliés potentiels du Baron se sont retour-
nés contre lui, et sa fin est arrivée rapidement.
Malgré cela, la prise de la ville d'Ourga
par le Baron Von Ungern-Sternberg reste un
moment fascinant de l'histoire de la guerre ci-
vile russe. Elle est un exemple de la complexi-
té de cette période, où des personnages hauts
en couleur ont lutté pour le pouvoir et l'influen-
ce dans une région en crise.

Le royaume de l’Agartha

L'Agartha est un royaume légendaire,


caché dans les profondeurs de la terre. Selon
la Tradition, il serait situé quelque part sous la
chaîne de l'Himalaya, là où les montagnes
sont les plus hautes et les plus majestueuses.
Il est dit que ce royaume est habité par des
êtres dotés de pouvoirs surnaturels, des êtres
qui vivent dans la paix et l'harmonie, protégés
du monde extérieur par des barrières invisi-
bles et impénétrables.
Mais l'histoire de l'Agartha ne s'arrête
pas là. Selon certaines versions de la légende,
ce royaume mystique aurait été fondé il y a
des milliers d'années par des êtres venus
d'une autre planète, des êtres qui possédaient
une technologie avancée et des connaissan-
ces secrètes. Ils auraient enseigné leur savoir
aux humains, les aidant à construire les gran-
des civilisations de l'Antiquité, avant de se reti-
rer dans leur royaume souterrain.
Au fil du temps, l'Agartha est devenu un
symbole de l'utopie, de la perfection, un lieu
où les hommes peuvent trouver la sagesse, la
connaissance et la paix intérieure. Certains
Tribune libre 33

Culture de l’effacement

Réaction sans filtre à la validation par la justice du déboulonnage


de la statue de la Vierge de La Flotte-en-Ré
Voilà que la justice demande de débou- textes...
lonner la statue de la Vierge Marie de La Flot- La source de la chrétienté est oubliée
te-en-Ré ! Ce sont les membres d'un groupus- depuis des siècles et ce n'est pas la soupe du
cule nommé (pourtant) « La libre pensée » qui dimanche, repassée mille fois dans la passoi-
ont fait cette demande au nom de la laïcité... re des temps nouveaux qui nous révèlera la
Cette « gauche » ayant délaissé le peu- lecture sensible et transcendante des origines.
ple, est formée des zélotes du système de Le concile Vatican II de 1965 n'en est que la
l'oligarchie capitaliste. Ils la servent tout en concrétisation, le Vatican étant devenu une
pensant s'y opposer, et s'en prennent à un officine bancaire... comme les autres.
symbole d'amour et de paix. Car c'est tout un La Vierge Marie est notre représenta-
symbole, c'est le cas de le dire... Ils mettent tion du féminin sacré, de l'altérité, de la créa-
en avant les méfaits de la religion dans l'histoi- tion, de la part sensible et féconde du monde,
re... Pourtant, les religieux « déviants » ne de la beauté, de la pureté, de la paix, de l'ab-
sont ni la religion ni les symboles de la reli- sence d'ostentation et de la miséricorde. Elle
gion. Ils ne sont bien souvent que la preuve de est la mère de tous, de nos anciens et de ceux
l'aspect néfaste d'une mauvaise lecture des à venir, la mère de la Nature, la Lune devisant
34

avec le Soleil, pour un ordre cosmique apai- dont on peut s’évader pour aborder l'infini,
sant et inspirant. C'est surtout cela, la Vierge pour finalement, en bout de course, y revenir...
Marie. Mais ces gens ne l'ont certainement jamais lu
et encore moins compris.
Les représentants de la gauche ont du
pain sur la planche, avec tous les problèmes Revenons à cette statue, sur cette île…
du monde d'aujourd'hui, et ils devraient s’atta-
cher à les résoudre, au lieu de s'en prendre à Les habitants de ce village l'aiment
la destruction de symboles qui devraient nous mais aucun ne donne de raison religieuse
inspirer pour ce qu'ils ont de meilleur, d'autant pour défendre sa présence. La première rai-
plus en ces temps troublés. Mais ces miséra- son est qu'elle jamais gêné personne. C'est
bles valident tout, et les capitalistes peuvent juste qu'ils aiment cette vision, qui est une
se frotter les mains car, avec des pseudo- douce habitude. Elle représente l'immuable
révolutionnaires comme ceux-là, ils n'ont pas dans les tourments du monde et de l'existen-
grand chose à craindre... ce, elle suscite la joie de cet homme qui a
Ils se sentent opprimés par le système quitté son île pendant trente ans pour travailler
alors qu'ils en sont les enfants chéris et les à l'étranger et la retrouve avec émotion à son
agents. Ils critiquent la « bien-pensance » retour.
alors que ce néologisme, justement, corres- Cette statue, c’est aussi ces enfants qui
pond à ce qu’ils sont. Ils valident la néfaste jouent, sans se rendre compte de sa présen-
injection au nom de la science, votent pour le ce, c'est encore la petite mamie qui se signe
destructeur du deuxième tour, par crainte que discrètement sous son manteau tout en tenant
la centriste Marine (avec sa « colloc » et ses fermement sa baguette contre elle, dans le
petits chatons) ne se transforme en Himmler. vent… et c'est cette femme qui l'a offerte à la
Ils discriminent pour lutter contre la discrimina- ville, juste après la guerre : elle l'a priée durant
tion, sont violents pour lutter contre la violen- tout le conflit pour que son fils et son mari re-
ce, valident totalement l'immigration de masse
qui est un vrai « truc » de la droite.
Ils font aussi la police de la pensée au
nom de la liberté de penser, méprisent les
gens du petit peuple en les traitant de fachos,
ne parlent que de couleur de peau au nom de
l'antiracisme, détruisent au nom de la cons-
truction et traitent ceux qui disent la vérité de
dangereux complotistes.
Enfin, ils défendent l'assassin Zelenski
au nom de la paix, agressent des manifestants
ou des manifestations violemment au nom de
l'anti-fascisme, et surtout ne veulent pas sortir
de l'Union Européenne et trouvent admirable
cette institution. L’Europe de Maastricht est
pourtant destructrice, corrompue, punitive,
mensongère, amie des marchés financiers,
des banques, des lobbies de l'agro-business,
des vendeurs d'armes et de vaccins, et des
fauteurs de guerre… car vouloir se débarras-
ser de tout cela serait... populiste et fasciste.

J’ai aussi observé qu'ils utilisaient l'ima-


ge de Jean Jaurès... Jean Jaurès, qui fut un
des artisans de la loi de 1905. Certes, il ne se
qualifiait pas de catholique ni d'aucune religion
en particulier mais évoquait Dieu dans ses
écrits. Jaurès était aussi celui qui parlait de
l'idée d'Unité, d'Ensemble, du Dieu en pensée Jean Jaurès
35

viennent, et elle sait très bien qu'elle a été en- teurs !


tendue, tout simplement parce qu'ils sont re- Jean Jaurès disait que le Socialisme
venus... n'aurait pas uniquement les revendications
Ce sont aussi toutes ces petites choses immédiates de « ceux qui souffrent », mais
qui font le charme de la vie et qui s'en iront ; et aurait « les rêves des âmes tendres » et
le pire est que cette association ne propose « l'austère fierté des consciences libres ». Ces
même pas autre chose pour remplacer la sta- abrutis, car il faut bien les nommer pour ce
tue. S'ils demandaient au moins une autre sta- qu’ils sont, ne correspondent ni aux uns ni aux
tue en l'honneur d'une vraie révolutionnaire autres. Quelque chose me dit que je vais aller
comme Louise Michel par exemple, pour sym- faire un petit tour là-bas, s'il se passe quelque
boliser un autre « champ vital » sans pour au- chose, c'est probable...
tant retirer la Vierge, je comprendrais, et j'ap-
plaudirais des deux mains... mais visiblement Vive le socialisme authentique et la vraie…
la vertu de l'ajout, la construction, la positivité Libre pensée. 
et le respect sont au-delà de leurs moyens in-
tellectuels. Ce sont plutôt la destruction, l'irres-
pect, l'inversion accusatoire, la bêtise et la
mauvaise foi auxquelles ils se soumettent
avec application qui expliquent finalement leur
positionnement, toujours inverse aux valeurs
qu'ils revendiquent - et toujours au service des
forces du Mal.

Ils sont l'avant-garde du projet oligar-


chique qu'ils seraient censés combattre, car ils
participent à l'effacement de l'histoire, de la
culture, de la transcendance et de la raison,
pour la construction du crétin digital, du sous-
homme consommateur, sans passé, sans
avenir, sans âme...

Honte à ces imbéciles, poison qui a in-


festé toute la gauche d’aujourd'hui. La Gauche
que j'aime, la vraie, ils en sont les liquida-
L’électroculture ou l’art de cultiver 36

avec l’électricité naturelle (Première partie)


Par Sylvain Labarthe-Bernet

beaucoup de réactions chimiques et sert de


L’électroculture est un sujet extrême- liaison dans les molécules.
ment vaste et je n’ai pas la prétention de
connaitre entièrement le sujet. Je me conten- Il faut savoir que notre planète Terre,
terai de faire une légère approche, afin de est magnétique. Elle est traversée par des
pouvoir vous expliquer les bases de cette mé- courants telluriques. Notre boussole l’atteste :
thode, qui malgré son nom moderne date déjà elle nous montre le Nord géographique, qui
de plusieurs siècles. est en définitive le Sud magnétique… une
L’électroculture est un nom composé complication de plus ! Cette dernière réagit au
qui regroupe l’électron et la culture. magnétisme que produit naturellement la Ter-
« êlektron » en grec signifie « ambre jaune ». re. C’est une preuve irréfutable que quelque
Cette résine naturelle fossilisée qui, frottée chose d’invisible se passe pour nous hu-
avec une peau de bête, attire les objets. Tha- mains.
lès de Milet, philosophe, scientifique et mathé-
maticien grec l’a découverte, en son temps, Depuis que notre planète bleue existe,
c’est à dire au VIe siècle avant JC. environ quatre milliards d’années, on peut être
Petit rappel important pour comprendre l’élec- en droit d’imaginer que ce magnétisme terres-
troculture : l’électron est un composant de l’a- tre à contribué ou tout du moins à influencé la
tome, il est chargé négativement. Cette partie mise en place de nos écosystèmes dans leur
de l’atome est primordiale car elle participe à globalité. Mais quel est le pont qui relie l’élec-
37

tricité naturelle et la culture ou plutôt l’agri- pour recevoir et accueillir le magnétisme et le


culture ? paramagnétisme terrestre.
Le mot culture vient du latin « cultura »
qui veut dire honorer, soigner, respecter, ado- Un des nombreux ponts entre le ma-
rer. Nous honorons la terre en faisant de l’a- gnétisme et l’agriculture est trouvé. Il l’est
griculture… Depuis plusieurs millénaires les d’autant plus que quelques années après l’in-
différentes civilisations qui ont peuplé notre vention du paratonnerre de Franklin, des ob-
planète ont composé avec le visible et l’invisi- servations visuelles ont permis de mettre en
ble. Le concret et l’abstrait ainsi qu’avec les évidence que les plantes aux environs immé-
éléments. diats du paratonnerre, de même qu’aux
abords des descentes de dalles en zinc, pous-
Si nous regardons les vestiges du saient mieux que nulle part ailleurs. C’est à
temps passé tels que les pyramides d’Egypte, partir de ce moment-là que voit le jour ce que
nous ne pouvons qu’être admiratifs devant de l’on nomme aujourd’hui l’électroculture.
telles constructions. Mais croyez-vous que
ces constructions aux formes géométriques De 1745 à 1910 environ 450 scientifi-
parfaites et agréables à regarder sont unique- ques ont travaillés sur le sujet, c’est dire s’il
ment faites pour accueillir la dépouille d’un est pris au sérieux. L’utilisation des ondes ap-
pharaon sans aucune autre signification ou pliquée à l’agriculture n’était pas le seul do-
utilisation cachée ? maine d’application, la santé en faisait partie,
Le savoir de nos anciennes civilisations dont le traitement contre le cancer.
était autre que le nôtre mais il était basé sur
l’observation des cycles et des éléments, et Il s’agit bel et bien d’ondes électroma-
sur des croyances ésotériques qui ont donc gnétiques dont nous parlons. Dans le monde
influencé la vie des hommes de l’époque. de l’électroculture, le célèbre savant Georges
C’est pourquoi, si nous regardons de plus Lakhovsky (1869-1942), qui a repris les tra-
près les dimensions et les angles de la pyra- vaux de son prédécesseur le professeur Arsè-
mide de Khéops, nous nous rendons compte ne d’Arsonval (1851-1940), à montré par le
que rien n’est dû au hasard, tout est calculé biais de nombreuses expériences scientifiques

Arsène d’Arsonval
38

mondiale, que Phil Callahan fait une constata-


tion qui va changer sa vie. Il remarque qu’au-
tour d’anciennes tours de pierre, cylindriques,
l’herbe est plus abondante et que les bergers
n’hésitent pas à faire un grand détour pour y
venir faire paitre leurs brebis. Le constat des
berger est très simple : le pâturage y est meil-
leur et en plus grande quantité. Son temps li-
bre est consacré à l’étude de ces tours hau-
tes de plusieurs dizaines de mètres, avec des
proportions bien précises. Leur fonction est de
capter les rayonnements cosmiques pour les
envoyer dans le sol et favoriser ainsi la circu-
Georges Lakhovsky lation d’électrons, qui permet elle-même
d’augmenter la fertilité du milieu et la croissan-
que l’univers et les êtres vivants qui le peu- ce des plantes qui se trouvent dans l’entoura-
plent et donc les cellules qui le composent, ge.
fonctionnent et sont régies par les ondes élec-
tromagnétiques. Ces cellules en sont grande- La France a été en pointe dans le do-
ment influencées. Par leur constitution interne, maine de l’électroculture. Etienne-Justin
elles constituent de petites centrales électri- Christofleau (1865-1938) est un ingénieur et
ques. inventeur de talent. On lui doit notamment l’in-
La mise en lumière de la notion d’oscil- vention du pétrin de boulanger mécanique. A
lation cellulaire, grâce aux travaux de Lak- l’aide des travaux de ses prédécesseurs dont
hovsky, a permis de concevoir le circuit oscil- l’Abbé Pierre-Nicolas Bertholon De saint Laza-
lant, bien connu dans le monde de l’électro- re (1741-1800) et son géomagnétifère, il fabri-
culture. Son principe est de recréer un circuit que une antenne aérienne permettant de cap-
électromagnétique oscillant naturel grâce, en- ter l’électricité et le magnétisme ambiants. Ces
tre autres, à un fil de cuivre cintré. Son but est résultats sont spectaculaires. En 1932 Alexis
d’augmenter la circulation du courant électri- Danan (1890-1979) écrit sur Christofleau dans
que, et donc des électrons. Paris-Soir « Il obtenait des résultats stupé-
Les travaux de ce scientifique étaient fiants…des poireaux de trente centimètres de
dans un premier temps orientés vers la santé circonférence, des carottes de deux kilos lon-
humaine ; de nombreux témoignages de gué- gues d’un demi mètre, des choux de 4.20 m
risons, transmis par des confrères médecins, de diamètre, des poires de 1.2 kg pièce, du
attestent que le circuit oscillant fonctionne sur persil de soixante cm de haut…. » Le tout
de nombreuses pathologies. La santé par les sans fumure chimique ! Il obtient également
ondes, exposé des théories de G. Lakhovsky, dans un champs ni irrigué ni fumé du foin de
publié en 1929 relate, grâce aux témoignages 2m15 de haut, du trèfle de 1m60, des pom-
de ses confrères médecins, les résultats de ce mes de terres de 1m 90 avec 30 à 35 tubercu-
type de traitements. les par pieds, des vignes atteintes par le phyl-
A la suite de ces travaux, Lakhovsky à loxéras furent guéries et régénérés.
travaillé également sur les plantes et a permis
de mettre en place des procédés techniques Toutes les recherches et tous les pro-
destinés à augmenter leur vitesse de croissan- cédés mis en œuvre par ces chercheurs de
ce, par le biais, en autres, d’anneaux de cui- génie avaient pour but de capter l’électroma-
vre, cintrés et orientés vers le Nord. gnétisme contenu naturellement dans l’atmos-
phère, de le condenser et de le canaliser pour
D’autres éminents scientifiques ont aus- en faire bénéficier les plantes et les animaux.
si œuvré dans le domaine de l’électroculture. Une fertilisation gratuite, sans danger pour no-
L’américain Philip Callahan (1923-2017) est tre santé, ni polluante et encore moins nocive
un entomologiste de formation et bio-physicien pour nos sols qui sont le socle fondateur de
réputé dans le monde entier pour ses travaux. notre Terre nourricière.
C’est lors d’une mission donnée en Irlande par Malheureusement les lobbies des pro-
l’armée américaine lors de la seconde guerre duits chimiques de l’époque, à force d’achar-
39

nement, de ténacité et d’intimidations, ont eu


raison de ce mode de fertilisation totalement
inoffensif pour nos plantes, nos insectes et
notre planète. Son seul défaut était tout sim-
plement de travailler avec les énergies de la
terre, énergies invisibles à l’œil nu. Un œil
maintenant tourné vers le capitalisme à ou-
trance, préférant les produits et les engrais
chimiques avec les conséquences que nous
connaissons aujourd’hui. 

Électroculture de la vigne

Tour d’énergie en pierre


40

Fleurs sauvages d’avril - Edith Holden


Bonne fête de Beltaine, le premier mai !

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