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Ti700 - Agroalimentaire
Agroalimentaire :
risques et sécurité
III
Cet ouvrage fait par tie de
Agroalimentaire
(Réf. Internet ti700)
composé de :
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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Agroalimentaire
(Réf. Internet ti700)
Jean-Luc BOUTONNIER
Enseignant en génie des procédés alimentaires et sciences de l'alimentation,
Lycée des métiers de l'alimentation de Villefranche-de-Rouergue
Sébastien ROUSTEL
Ingénieur du Génie rural, des eaux et des forêts, Ministère de l'agriculture
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V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :
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VI
Agroalimentaire : risques et sécurité
(Réf. Internet 42427)
SOMMAIRE
OGM dans l'alimentation : cadre légal en France et dans l'Union européenne F1155 69
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VII
Compléments alimentaires à base de plantes. Évolutions réglementaires PHA3063 99
Contrôle bactériologique in situ dans les unités de cuisine collective F1140 115
Détection des corps étrangers dans les produits alimentaires F1210 117
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Agroalimentaire : risques et sécurité
(Réf. Internet 42427)
1
1– Réglementation, normes et gestion des risques Réf. Internet page
OGM dans l'alimentation : cadre légal en France et dans l'Union européenne F1155 69
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9
Compléments alimentaires à base de plantes. Approche analytique PHA3064 105
10
Référence Internet
F1109
1. Tableaux................................................................................................... F 1 109v3 - 2
2. Conclusion............................................................................................... — 33
3. Abréviations............................................................................................ — 33
Pour en savoir plus ........................................................................................ Doc. F 1 109v3
epuis le début des années 2000, l’évolution des règles du commerce inter-
D national et les exigences croissantes des consommateurs ont fait de la
sécurité des aliments une préoccupation majeure des acteurs de la filière ali-
mentaire. Les quelques crises alimentaires, qui ont frappé le secteur de
l’agroalimentaire au cours de ces dernières années, ont forcément contribué
au renforcement des exigences de transparence et de confiance des
consommateurs.
Tous les exploitants de la chaîne alimentaire doivent répondre à des obliga-
tions réglementaires s’agissant de la conformité des denrées qu’ils mettent sur
le marché.
La réglementation en matière de sécurité des aliments applicable aux orga-
nismes est vaste et étendue. Les textes de base en la matière sont les
règlements européens constituant le « paquet hygiène ». Ils sont applicables à
l’ensemble des professionnels de la chaîne alimentaire, de la production pri-
maire jusqu’au consommateur.
Les plans de maîtrise sanitaire et les dispositifs d’autocontrôles, mis en place
par les professionnels ont renforcé au fil des ans la sécurité et la qualité sani-
taire des produits.
Pour tout organisme intervenant dans le secteur agricole et agroalimentaire,
ces textes réglementaires de base peuvent être complétés par des documents
normatifs volontaires.
Une liste des abréviations utilisées est présentée en fin d’article.
Parution : février 2017
11
Référence Internet
F1109
1. Tableaux
Les tableaux 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8 et 9 présentent les différents Leur validité a été vérifiée en avril 2016. Il se peut, qu’après cette
documents normatifs de gestion des risques sanitaires des date, certains d’entre eux soient annulés et/ou remplacés par
aliments (listes non exhaustives de normes – françaises, euro- d’autres documents, ils seront signalés dans la prochaine version
péennes ou internationales – classées par domaines). de cet article.
1 Tableau 1 – Hygiène
Titre du document normatif Date Référence officielle
Hygiène des denrées alimentaires et des aliments pour animaux – Méthodologie pour
Mars 2006 NF V01-001
l’élaboration des guides de bonnes pratiques d’hygiène et d’application des principes HACCP
Hygiène des aliments – Glossaire français-anglais Déc. 2015 NF V01-002
Hygiène des aliments – Place de l’HACCP et application de ses principes pour la maîtrise de la
Sept. 2008 NF V01-006
sécurité des aliments et des aliments pour animaux
Traçabilité et sécurité des aliments – Management et hygiène – Recommandations pour la
Sept. 2016 FD V01-014
détermination de la durée de vie microbiologique des aliments
Traçabilité et sécurité des aliments – Management et hygiène – Évaluation du niveau d’hygiène en
Avr. 2016 PR NF V01-015
restauration commerciale
Systèmes de management de la sécurité des denrées alimentaires – Exigences pour les
organismes procédant à l’audit et à la certification de systèmes de management de la sécurité des Avr. 2014 XP ISO/TS 22003
denrées alimentaires
Systèmes de management de la sécurité des denrées alimentaires – Exigences pour tout
Oct. 2005 NF EN ISO 22000
organisme appartenant à la chaîne alimentaire (en cours de révision )
Systèmes de management de la sécurité des denrées alimentaires – Recommandations pour
Déc. 2014 NF ISO 22004
l’application de l’ISO 22000
Viandes et produits à base de viande – Élevage et transport des porcs charcutiers destinés à
Août 2001 NF V46-013
l’abattage
Sécurité des machines – Lubrifiants en contact occasionnel avec des produits – Exigences relatives
Juil. 2006 NF EN ISO 21469
à l’hygiène
Commerce interentreprises du secteur agricole et agro-alimentaire – Engagements communs et
spécifiques au commerce interentreprises des secteurs pommes de terre, fruits et légumes, vins, Déc. 2005 BP V01-100
céréales, oléoprotéagineux et agrofournitures
Programmes prérequis pour la sécurité des denrées alimentaires – Partie 1 : fabrication des
Juin 2010 XP ISO/TS 22002-1
denrées alimentaires
Programmes prérequis pour la sécurité des denrées alimentaires – Partie 2 : restauration Févr. 2013 XP ISO/TS 22002-2
Programmes prérequis pour la sécurité des denrées alimentaires – Partie 3 : agriculture Avr. 2012 XP ISO/TS 22002-3
Programmes prérequis pour la sécurité des denrées alimentaires – Partie 4 : fabrication des
Avr. 2014 XP ISO/TS 22002-4
emballages destinés aux denrées alimentaires
Emballages – Management de l’hygiène dans la fabrication des emballages destinés aux denrées
Avr. 2008 NF EN 15593
alimentaires – Exigences
Programmes prérequis pour la sécurité des denrées alimentaires – Partie 6 : fabrication d’aliments
Juin 2016 XP ISO/TS 22002-6
pour animaux
Ouvrages (éditions AFNOR)
Certification ISO 22000 – Les 8 clés de la réussite – Sept. 2010 – Réf. : 3465270 – ISBN : 978-2-12-465270-9
De l’HACCP à l’ISO 22000 – Management de la sécurité des aliments – Juil. 2014 – Réf. : 3465470 – ISBN : 978-2-12-465470-3
ISO 22000, HACCP et sécurité des aliments – Recommandations, outils, FAQ et retours de terrain – Août 2009 – Réf. : 3465198 – ISBN :
978-2-12-465198-6
Recueils (éditions AFNOR)
Vade-mecum de l’auditeur agroalimentaire – Juin 2010 – Réf. : 3190701 – ISBN : 978-2-12-190701-7
Hygiène des aliments – Oct. 2013 – Réf. : 3186041 – ISBN : 978-2-12-186041-1
Lait et produits laitiers – Juin 2014 – Réf. : 3190471CD – ISBN : 978-2-12-190471-9
Agroalimentaire – Les outils de maîtrise de l’hygiène et de la sécurité alimentaire – Mars 2010 – Réf. : 3053521CD – ISBN : 978-2-12-053521-1
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Référence Internet
F1109
Activités de service de nettoyage industriel – Aide à l’élaboration d’un cahier des charges tech-
Sept. 2006 NF X50-791
niques pour une prestation de propreté
Activités de service de nettoyage industriel – Partie 1 : système de contrôle de résultat sur site.
Oct. 2001 NF X50-794-1
Concepts d’élaboration et de mise en œuvre
Activités de service de nettoyage industriel – Partie 2 : système de contrôle de résultat sur site.
Oct. 2001 FD X50-794-2
Exemples d’application
Antiseptiques et désinfectants chimiques – Essai quantitatif de surface non poreuse pour l’évalua-
tion de l’activité bactéricide et/ou fongicide des désinfectants chimiques utilisés dans le domaine
Juin 2015 NF EN 13697
de l’agroalimentaire, dans l’industrie, dans les domaines domestiques et en collectivité – Méthode
d’essai sans action mécanique et prescriptions (phase 2, étape 2)
Antiseptiques et désinfectants – Secteur agroalimentaire – Juil. 2007 – Réf. : 3177253 – ISBN : 978-2-12-177253-0
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Référence Internet
F1109
1
Mars 2004 NF EN ISO 14698-2
2 : évaluation et interprétation des données de biocontamination
Salles propres et environnements maîtrisés apparentés – Partie 1 : classification de la propreté
Févr. 2016 NF EN ISO 14644-1
particulaire de l’air
Salles propres et environnements maîtrisés apparentés – Partie 2 : surveillance du maintien des
Févr. 2016 NF EN ISO 14644-2
performances de la salle propre pour la propreté particulaire de l’air
Salles propres et environnements maîtrisés apparentés – Partie 3 : méthode d’essai Mars 2006 NF EN ISO 14644-3
Salles propres et environnements maîtrisés apparentés – Partie 4 : conception, construction et
Juil. 2001 NF EN ISO 14644-4
mise en fonctionnement
Salles propres et environnements maîtrisés apparentés – Partie 5 : exploitation Déc. 2004 NF EN ISO 14644-5
Salles propres et environnements maîtrisés apparentés – Partie 6 : vocabulaire Sept. 2007 NF EN ISO 14644-6
Salles propres et environnements maîtrisés apparentés – Partie 7 : dispositifs séparatifs (postes à
Déc. 2004 NF EN ISO 14644-7
air propre, boîtes à gants, isolateurs et mini-environnements)
Salles propres et environnements maîtrisés apparentés – Partie 8 : classification de la propreté
Avr. 2013 NF EN ISO 14644-8
chimique de l’air
Salles propres et environnements maîtrisés apparentés – Partie 9 : classification de la propreté des
Sept. 2012 NF EN ISO 14644-9
surfaces par la concentration de particules
Salles propres et environnements maîtrisés apparentés – Partie 10 : classification de la propreté
Avr. 2013 NF EN ISO 14644-10
chimique des surfaces
Salles propres et environnements maîtrisés apparentés – Partie 12 : classification de la propreté de
Mai 2013 PR NF EN ISO 14644-12
l’air en fonction de la concentration des nanoparticules
Salles propres et environnements maîtrisés apparentés – Partie 13 : nettoyage des surfaces afin
Avr. 2016 PR NF EN ISO 14644-13
d’obtenir des niveaux de propreté par rapport aux classifications particulaire et chimique
Salles propres et environnements maîtrisés apparentés – Partie 14 : évaluation de l’aptitude à
l’emploi des équipements par la détermination de la concentration de particules en suspension Janv. 2015 PR NF EN ISO 14644-14
dans l’air
Salles propres et environnements maîtrisés apparentés — Partie 15 : évaluation de l’aptitude à
l’emploi des équipements et des matériaux par la détermination de la concentration chimique Juin 2006 PR NF EN ISO 14644-15
aéroportée (en enquête publique )
Ouvrages (éditions AFNOR)
Salles propres et zones à environnement contrôlé – Conception, réalisation et exploitation – Mars 2006 – Réf. : 3475516 – ISBN :
2-12-475516-1
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Référence Internet
F1109
1
Janv. 2015 NF EN 454
sécurité et à l’hygiène
Machines pour les produits alimentaires – Élévateurs/basculeurs de cuve – Prescriptions relatives
Mars 2010 NF EN 13288+A1
à la sécurité et à l’hygiène
Machines pour les produits alimentaires – Élévateurs/basculeurs de cuve – Prescriptions relatives
Mars 2010 NF EN 13288/IN1
à la sécurité et à l’hygiène (Liste de corrections. Document non utilisable tout seul )
Machines pour les produits alimentaires – Batteurs et fouets portatifs – Prescriptions relatives à la
Juin 2010 NF EN 12853+A1
sécurité et à l’hygiène
Machines pour les produits alimentaires – Batteurs et fouets portatifs – Prescriptions relatives à la
Juin 2010 NF EN 12853/IN1
sécurité et à l’hygiène (Liste de corrections. Document non utilisable tout seul )
Pompes pour liquides – Prescriptions de sécurité – Matériel agroalimentaire – Règles de
Juin 2012 NF EN 13951
conception pour assurer l’hygiène à l’utilisation
Matériels agroalimentaires – Stérilisateurs discontinus – Aptitude à la fonction Janv. 1990 NF U61-100
Machines pour les produits alimentaires – Coupe-légumes – Prescriptions relatives à la sécurité et
Juin 2010 NF EN 1678+A1
à l’hygiène
Machines pour les produits alimentaires – Coupe-légumes – Prescriptions relatives à la sécurité et
Juin 2010 NF EN 1678/IN1
à l’hygiène (Liste de corrections. Document non utilisable tout seul )
Machines pour les produits alimentaires – Éplucheuses à légumes – Prescriptions relatives à la
Juin 2010 NF EN 13208+A1
sécurité et à l’hygiène
Machines pour les produits alimentaires – Éplucheuses à légumes – Prescriptions relatives à la
Juin 2010 NF EN 13208/IN1
sécurité et à l’hygiène (Liste de corrections. Document non utilisable tout seul )
Machines pour les produits alimentaires – Essoreuses à salade – Prescriptions relatives à la sécu-
Juin 2010 NF EN 13621+A1
rité et à l’hygiène
Machines pour les produits alimentaires – Essoreuses à salade – Prescriptions relatives à la
Juin 2010 NF EN 13621/IN1
sécurité et à l’hygiène (Liste de corrections. Document non utilisable tout seul )
Machines pour les produits alimentaires – Broyeurs verticaux à moteur montés sur chariot – Pres-
Avr. 2010 NF EN 12854+A1
criptions relatives à la sécurité et à l’hygiène
Machines pour les produits alimentaires – Broyeurs verticaux à moteur montés sur chariot – Pres-
criptions relatives à la sécurité et à l’hygiène (Liste de corrections. Document non utilisable tout Avr. 2010 NF EN 12854/IN1
seul )
Machines pour les produits alimentaires – Marmites avec agitateur et/ou mixer motorisé – Pres-
Mai 2010 NF EN 13886+A1
criptions relatives à la sécurité et à l’hygiène
Machines pour les produits alimentaires – Marmites avec agitateur et/ou mixer motorisé – Pres-
criptions relatives à la sécurité et à l’hygiène (Liste de corrections. Document non utilisable tout Mai 2010 NF EN 13886/IN1
seul )
Machines pour les produits alimentaires – Lave-vaisselle avec convoyeur – Prescriptions relatives
Févr. 2010 NF EN 14957+A1
à la sécurité et à l’hygiène
Machines pour les produits alimentaires – Lave-vaisselle avec convoyeur – Prescriptions relatives
Févr. 2010 NF EN 14957/IN1
à la sécurité et à l’hygiène (Liste de corrections. Document non utilisable tout seul )
Machines pour les produits alimentaires – Machines à couper les baguettes – Prescriptions rela-
Mai 2010 NF EN 14655+A1
tives à la sécurité et à l’hygiène
Machines pour les produits alimentaires – Machines à couper les baguettes – Prescriptions rela-
Mai 2010 NF EN 14655/IN1
tives à la sécurité et à l’hygiène (Liste de corrections. Document non utilisable tout seul )
Machines pour les produits alimentaires – Laminoirs à pâte – Prescriptions relatives à la sécurité et
Nov. 2015 NF EN 1674
à l’hygiène
Machines pour les produits alimentaires – Façonneuses – Prescriptions relatives à la sécurité et à
Janv. 2015 NF EN 12041
l’hygiène
15
Référence Internet
F1109
1
Mai 2014 NF EN 12042
sécurité et à l’hygiène
Machines pour les produits alimentaires – Fours à chariot rotatif – Prescriptions relatives à la sécu-
Janv. 2010 NF EN 1673+A1
rité et à l’hygiène
Machines pour les produits alimentaires – Fours à chariot rotatif – Prescriptions relatives à la sécu-
Janv. 2010 NF EN 1673/IN1
rité et à l’hygiène (Liste de corrections. Document non utilisable tout seul )
Machines pour les produits alimentaires – Pétrins horizontaux – Prescriptions relatives à la sécurité
Mars 2010 NF EN 13389+A1
et à l’hygiène
Machines pour les produits alimentaires – Pétrins horizontaux – Prescriptions relatives à la sécurité
Mars 2010 NF EN 13389/IN1
et à l’hygiène (Liste de corrections. Document non utilisable tout seul )
Machines pour les produits alimentaires – Élévateurs-enfourneurs – Prescriptions relatives à la
Mars 2010 NF EN 13591+A1
sécurité et à l’hygiène
Machines pour les produits alimentaires – Élévateurs-enfourneurs – Prescriptions relatives à la
Mars 2010 NF EN 13591/IN1
sécurité et à l’hygiène (Liste de corrections. Document non utilisable tout seul )
Machines pour les produits alimentaires – Chambres de repos – Prescriptions relatives à la sécu-
Janv. 2015 NF EN 12043
rité et à l’hygiène
Machines pour les produits alimentaires – Fonceuses à tartes – Prescriptions relatives à la sécurité
Mars 2010 NF EN 13390+A1
et à l’hygiène
Machines pour les produits alimentaires – Fonceuses à tartes – Prescriptions relatives à la sécurité
Mars 2010 NF EN 13390/IN1
et à l’hygiène (Liste de corrections. Document non utilisable tout seul )
Installations de production de pâtes – Séchoirs et refroidisseurs – Prescriptions relatives à la sécu-
Mars 2013 NF EN 13289+A1
rité et à l’hygiène
Installations de production de pâtes – Séchoirs et refroidisseurs – Prescriptions relatives à la sécu-
Mars 2013 NF EN 13289/IN1
rité et à l’hygiène (Liste de corrections. Document non utilisable tout seul )
Machines pour pâtes alimentaires – Presses pour pâtes alimentaires – Prescriptions relatives à la
Mars 2013 NF EN 13378+A1
sécurité et à l’hygiène
Machines pour pâtes alimentaires – Presses pour pâtes alimentaires – Prescriptions relatives à la
Mars 2013 NF EN 13378/IN1
sécurité et à l’hygiène (Liste de corrections. Document non utilisable tout seul )
Machines pour pâtes alimentaires – Étendeuses, dégarnisseuses-découpeuses, convoyeurs de
Mars 2013 NF EN 13379+A1
retour des cannes et accumulateurs de cannes – Prescriptions relatives à la sécurité et à l’hygiène
Machines pour pâtes alimentaires – Étendeuses, dégarnisseuses-découpeuses, convoyeurs de
retour des cannes et accumulateurs de cannes – Prescriptions relatives à la sécurité et à l’hygiène Mars 2013 NF EN 13379/IN1
(Liste de corrections. Document non utilisable tout seul )
Machines pour les produits alimentaires – Machines à couper le pain – Prescriptions relatives à la
Avr. 2010 NF EN 13954+A1
sécurité et à l’hygiène
Machines pour les produits alimentaires – Machines à couper le pain – Prescriptions relatives à la
Avr. 2010 NF EN 13954/IN1
sécurité et à l’hygiène (Liste de corrections. Document non utilisable tout seul )
Machines pour les produits alimentaires – Machine pour la mouture et la transformation de farines
Juin 2009 NF EN 14958+A1
et de semoules – Prescriptions relatives à la sécurité et à l’hygiène
Machines pour les produits alimentaires – Machine pour la mouture et la transformation de farines
et de semoules – Prescriptions relatives à la sécurité et à l’hygiène (Liste de corrections. Document Juin 2009 NF EN 14958/IN1
non utilisable tout seul )
Machines pour les produits alimentaires – Malaxeurs – Prescriptions relatives à la sécurité et à
Juil. 2010 NF EN 13570+A1
l’hygiène
Machines pour les produits alimentaires – Malaxeurs – Prescriptions relatives à la sécurité et à
Juil. 2010 NF EN 13570/IN1
l’hygiène (Liste de corrections. Document non utilisable tout seul )
Machines pour les produits alimentaires – Trancheurs – Prescriptions relatives à la sécurité et à
Oct. 2009 NF EN 1974+A1
l’hygiène
16
Référence Internet
F1109
Machines pour les produits alimentaires – Machines à découenner, éplucher et peler – Prescrip-
1
Juil. 2010 NF EN 12355+A1
tions relatives à la sécurité et à l’hygiène
Machines pour les produits alimentaires – Machines à découenner, éplucher et peler – Prescrip-
Juil. 2010 NF EN 12355/IN1
tions relatives à la sécurité et à l’hygiène (Liste de corrections. Document non utilisable tout seul )
Machines pour les produits alimentaires – Cutters à cuve tournante – Prescriptions relatives à la
Juil. 2010 NF EN 12855+A1
sécurité et à l’hygiène
Machines pour les produits alimentaires – Cutters à cuve tournante – Prescriptions relatives à la
Juil. 2010 NF EN 12855/IN1
sécurité et à l’hygiène (Liste de corrections. Document non utilisable tout seul )
Machines pour les produits alimentaires – Scies à ruban – Prescriptions relatives à la sécurité et à
Déc. 2014 NF EN 12268
l’hygiène
Machines pour la transformation des produits alimentaires – Machines et appareils portatifs et/ou
guidés à la main munis d’outils coupants mus mécaniquement – Prescriptions relatives à la sécu- Juil. 2010 NF EN 12984+A1
rité et à l’hygiène
Machines pour la transformation des produits alimentaires – Machines et appareils portatifs et/ou
guidés à la main munis d’outils coupants mus mécaniquement – Prescriptions relatives à la sécu- Juil. 2010 NF EN 12984/IN1
rité et à l’hygiène (Liste de corrections. Document non utilisable tout seul )
Machines pour les produits alimentaires – Préparateurs culinaires et blenders – Prescriptions rela-
Juin 2010 NF EN 12852+A1
tives à la sécurité et à l’hygiène
Machines pour les produits alimentaires – Préparateurs culinaires et blenders – Prescriptions rela-
Juin 2010 NF EN 12852/IN1
tives à la sécurité et à l’hygiène (Liste de corrections. Document non utilisable tout seul )
Machines pour les produits alimentaires – Scies circulaires – Prescriptions relatives à la sécurité et
Juin 2010 NF EN 12267+A1
à l’hygiène
Machines pour les produits alimentaires – Scies circulaires – Prescriptions relatives à la sécurité et
Juin 2010 NF EN 12267/IN1
à l’hygiène (Liste de corrections. Document non utilisable tout seul )
Machines pour les produits alimentaires – Machines à pousser et machines auxiliaires – Prescrip-
Déc. 2014 NF EN 12463
tions relatives à la sécurité et à l’hygiène
Machines pour les produits alimentaires – Machines automatiques à fendre les carcasses d’ani-
Janv. 2009 NF EN 15166
maux de boucherie – Prescriptions relatives à la sécurité et à l’hygiène
Machines pour les produits alimentaires – Machines à attacher – Prescriptions relatives à la sécu-
Juil. 2010 NF EN 13885+A1
rité et à l’hygiène
Machines pour les produits alimentaires – Machines à attacher – Prescriptions relatives à la sécu-
Juil. 2010 NF EN 13885/IN1
rité et à l’hygiène (Liste de corrections. Document non utilisable tout seul )
Machines pour les produits alimentaires – Machines à injecter de la saumure – Prescriptions rela-
Juil. 2010 NF EN 13534+A1
tives à la sécurité et à l’hygiène
Machines pour les produits alimentaires – Machines à injecter de la saumure – Prescriptions rela-
Juil. 2010 NF EN 13534/IN1
tives à la sécurité et à l’hygiène (Liste de corrections. Document non utilisable tout seul )
Machines pour les produits alimentaires – Machines à couper en cubes – Prescriptions relatives à
Déc. 2014 NF EN 13871
la sécurité et à l’hygiène
Machines pour les produits alimentaires – Machines à étêter et à fileter le poisson – Prescriptions
Févr. 2015 NF EN 15467
relatives à la sécurité et à l’hygiène
17
1
18
Référence Internet
F1110
écurité sanitaire est, pour les aliments, un terme dont l ’ emploi a été
S consacré en France par la loi du 1 er juillet 1998 qui a institué une Agence
française de sécurité sanitaire des aliments. Plus récemment, le règlement
(CE) no 178/2002 du Parlement européen et du Conseil du 28 janvier 2002
établissant les principes généraux et les prescriptions générales de la
législation alimentaire a précisé les prescriptions relatives à la sécurité des den-
rées alimentaires dans les termes suivants (article 14) :
« 1. Aucune denrée alimentaire n’est mise sur le marché si elle est dangereuse.
2. Une denrée alimentaire est dite dangereuse si elle est considérée comme :
a) préjudiciable à la santé ;
b) impropre à la consommation humaine.
3. Pour déterminer si une denrée est dangereuse, il est tenu compte :
a) des conditions d’utilisation normales de la denrée alimentaire par le con-
sommateur à chaque étape de la production, du traitement et de la distribution ;
b) de l’information fournie au consommateur (...) concernant la prévention
d’effets préjudiciables à la santé propres à une denrée alimentaire particulière ou
à une catégorie particulière de denrées alimentaires.
4. Pour déterminer si une denrée alimentaire est préjudiciable à la santé, il est
tenu compte :
a) de l’effet probable immédiat et/ou à court terme et/ou à long terme de cette
Parution : septembre 2003
denrée alimentaire sur la santé non seulement d’une personne qui la con-
somme, mais aussi sur sa descendance ;
b) des effets toxiques cumulatifs probables ;
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Agroalimentaire F 1 110 − 1
19
Référence Internet
F1110
1. Enjeux de la sécurité Quoi qu’il en soit, ni l’opinion publique, ni les responsables politi-
ques et administratifs de la santé publique ne peuvent admettre que
sanitaire des aliments la qualité sanitaire des aliments ne soit pas aussi irréprochable que
possible.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
F 1 110 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Agroalimentaire
20
Référence Internet
F1110
démarche a commencé à faire l’objet d’une attention au niveau leurs domaines de compétences propres, les avis de l’Autorité ; ils
international, notamment à l’Organisation pour l’alimentation et ont la possibilité d’organiser, le cas échéant, des débats publics. Ces
l’agriculture (FAO) et à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), groupes sont au nombre de huit :
puis au Codex Alimentarius, programme mixte de ces deux organi- — additifs alimentaires, arômes, auxiliaires technologiques et
sations. matériaux en contact avec les aliments ;
Le concept de l’analyse des risques appliquée à l’alimentation est — additifs et produits ou substances utilisés en alimentation
maintenant devenu classique, au point que le règlement commu- animale ;
— santé des plantes, produits phytosanitaires et leurs résidus ;
1
nautaire du 28 janvier 2002 stipule que « la législation alimentaire se
fonde sur l’analyse des risques. » Ce texte donne aussi les défini- — organismes génétiquement modifiés ;
tions suivantes. — produits diététiques, nutrition et allergies ;
— risques biologiques ;
— contaminants de la chaîne alimentaire ;
■ « Analyse des risques » : un processus comportant trois — santé animale et bien-être des animaux.
volets interconnectés : l’évaluation des risques, la gestion des
risques et la communication sur les risques ; ■ Au niveau mondial, la FAO et l’OMS ont institué depuis long-
temps des comités mixtes pour les additifs alimentaires et les
■ « Danger » : un agent biologique, chimique ou physique pré- contaminants (Joint FAO/WHO Expert Committee on Food Additi-
sent dans les denrées alimentaires ou les aliments pour ani- ves, JECFA, 1956), pour les résidus de pesticides (Joint FAO/WHO
maux, ou un état de ces denrées alimentaires ou aliments pour Meeting on Pesticides Residues, JMPR, 1963) et, plus récemment,
animaux, pouvant avoir un effet néfaste sur la santé ; pour l’évaluation des risques microbiologiques (Joint FAO/WHO
Meetings on Microbiological Risk Assessment, JEMRA, 1999). Ces
■ « Risque » : une fonction de la probabilité et de la gravité d’un organisations internationales interviennent également dans le cadre
effet néfaste sur la santé, du fait de la présence d’un danger ». du Codex Alimentarius qui travaille à établir des normes pouvant
être adoptées par les États, par exemple sur l’hygiène alimentaire
En vue de garantir l’indépendance des experts chargés de l’éva- (aspects microbiologiques). L’Organisation internationale des épi-
luation des risques, il doit exister une séparation marquée entre ges- zooties (OIE) apporte son expertise pour évaluer et contrôler les
tion des risques et évaluation des risques, même si certaines maladies animales, ce qui est en lien étroit avec la sécurité sanitaire
interactions sont indispensables dans une approche pragmatique. des aliments d’origine animale. L’OCDE (Organisation de coopéra-
tion et de développement économique) produit pour sa part des
lignes directrices pour l’évaluation des substances chimiques, appli-
cables à l’évaluation toxicologique des composants de l’alimenta-
tion. Elle a également des activités d’étude dans le domaine de la
3. Évaluation des risques sécurité des aliments, par exemple pour ceux qui sont issus de bio-
technologies.
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Tableau 1 – Liste et domaines de compétences des Comités d’experts spécialisés (CES) de l’Afssa
(arrêté du 23 août 2000) ; nombre d’avis par domaine en 2001
Titre des comités Nombre d’avis
Domaine d’expertise
d’experts spécialisés rendus en 2001
Évaluation des risques nutritionnels, des propriétés et de l’intérêt nutritionnels et fonctionnels des
CES Microbiologie Évaluation des risques microbiologiques et parasitologiques liés aux denrées alimentaires
et à leurs procédés d’obtention. 19
Évaluation des risques sanitaires des produits contenant des organismes génétiquement modifiés
CES Biotechnologie ou produits à partir de tels organismes, destinés à l’alimentation humaine et animale.
Évaluation des risques sanitaires et de l’intérêt des préparations enzymatiques destinées 22
à la consommation humaine.
CES Encéphalopathies
spongiformes Évaluation des risques pour l’animal liés aux encéphalopathies spongiformes subaiguës transmis-
subaiguës sibles et des risques sanitaires des produits alimentaires destinés à la consommation humaine au 37
transmissibles regard des encéphalopathies spongiformes subaiguës transmissibles.
CES Résidus et conta- Évaluation des risques sanitaires liés à la présence de contaminants et de résidus chimiques et
minants chimiques et physiques dans les aliments et aux modifications induites par les traitements physiques et thermi- 13
physiques ques des aliments.
CES Alimentation Évaluation des risques nutritionnels et sanitaires et de l’intérêt des produits entrant dans l’alimen-
animale tation animale et des procédés de traitement des aliments pour animaux ainsi que des risques 50
associés pour les denrées d’origine animale destinées à la consommation humaine.
CES Matériaux Évaluation des risques sanitaires liés au contact entre les aliments et les matériaux utilisés lors de
au contact des denrées 15
alimentaires leur production ou de leur conditionnement.
Évaluation des risques sanitaires pour l’animal et pour l’homme des maladies animales.
CES Santé animale 28
Questions relatives à la santé animale, à la lutte contre les maladies et au bien-être des animaux.
Évaluation des risques sanitaires des eaux destinées à la consommation humaine, des eaux miné-
CES Eaux 55
rales naturelles ainsi que des eaux intervenant dans la chaîne alimentaire.
Les agents biologiques, chimiques et physiques qui constituent ■ La seule évaluation qualitative, qui se limiterait à la constatation
des dangers sont extrêmement variés. Beaucoup sont « naturels », et à la description des effets adverses, ne serait pas suffisante, car
qu’il s’agisse de constituants des aliments eux-mêmes, de toxines elle donnerait peu d’indications utiles pour la gestion des risques
sécrétées par des organismes vivants, ou de composés qui se for- inhérents à une fonction dont on ne peut se passer, l’alimentation.
ment spontanément au cours de préparation des aliments. Il n’y a C’est pourquoi la caractérisation des dangers comporte la
donc pas lieu de focaliser toute son attention et toutes ses craintes détermination du seuil de toxicité et l’évaluation de la relation dose-
sur le « chimique », l’« artificiel » ou la contamination accidentelle réponse, c’est-à-dire la détermination de la relation entre le niveau
par l’environnement. Le tableau 2 présente quelques exemples, d’exposition (dose) à un danger et la fréquence et la gravité des
choisis parmi les plus significatifs mais qui sont loin d’être exhaus- effets adverses pour la santé.
tifs, de dangers liés à l’alimentation. On notera, en particulier, la Pour les agents chimiques, la détermination du seuil de toxicité
variété des « agents chimiques », qui concernent l’environnement est souvent délicate : on considère qu’elle n’est pas possible pour la
de la production et de la transformation, les matières premières ali- génotoxicité et la cancérogénicité. Pour les autres effets patholo-
mentaires et industrielles tout aussi bien que les produits finis. giques, elle est généralement déterminée à partir de l’extrapolation
de courbes de relation dose-réponse obtenues expérimentalement
avec des animaux d’expérience. Cette extrapolation repose sur
3.2.2 Caractérisation des dangers l’emploi de modèles mathématiques, qui peuvent donner des résul-
tats relativement différents pour les doses faibles, et qui reposent
La caractérisation des dangers est l’évaluation qualitative et jusqu’à présent sur l’hypothèse de l’existence d’un effet de seuil, ou
quantitative de la nature des effets adverses pour la santé associés sur celle d’une relation dose-réponse linéaire. Ces hypothèses ne
aux dangers définis au paragraphe 3.2.1. Elle nécessite le recours à sont pas toujours vérifiées : il peut y avoir à très faibles doses des
des essais conduits sur des animaux et in vitro, en suivant des effets analogues à ceux des fortes doses, et opposés à ceux des
méthodes bien décrites (OCDE, FOSIE 2002, divers « guidelines » doses intermédiaires (phénomènes d’hormésis, courbes de réponse
des comités scientifiques de l’Union européenne). Il n’y a pas dans en U ou en J).
le cas des substances chimiques de protocole universel, mais on (0)
considère qu’un minimum d’études doit être réalisé : toxicité aiguë ■ Le concept le plus utilisé est celui de « dose journalière admis-
(dose unique), toxicité chronique (doses répétées), études de repro- sible pour l’homme » (DJA). Initialement établi pour les additifs ali-
duction et de développement, de neurotoxicité, de génotoxicité, de mentaires, il peut être étendu à toute substance chimique définie. La
cancérogénicité, d’immunotoxicité, d’allergénicité, études méta- DJA d’une substance est la quantité qui peut être ingérée quotidien-
boliques et pharmacocinétiques, méthodes d’analyses et définition nement pendant toute la durée de la vie sans entraîner de risque
des spécifications de pureté... appréciable pour la santé des consommateurs, sur la base des faits
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A P – ISO/TS 22002-1, Programmes prérequis pour la sécurité des
denrées alimentaires – Partie 1 : Fabrication des denrées
alimentaires ;
C D
– ISO/TS 22002-2, Programmes prérequis pour la sécurité des
9. Évaluation 8. Réalisation denrées alimentaires – Partie 2 : Restauration ;
des performances des activités – ISO/TS 22002-3, Programmes prérequis pour la sécurité des
opérationnelles denrées alimentaires – Partie 3 : Agriculture ;
– ISO/TS 22002-4, Programmes prérequis pour la sécurité des
denrées alimentaires – Partie 4 : Fabrication des emballages desti-
Figure 1 – Structure cadre universelle de la norme (dite HLS) nés aux denrées alimentaires ;
– ISO/TS 22002-5, Programmes prérequis pour la sécurité des
denrées alimentaires – Parie 5 : Transport et stockage (à l’état de
projet) ;
– ISO/TS 22002-6, Programmes prérequis pour la sécurité des
denrées alimentaires – Partie 6 : Production des aliments pour ani-
P (Plan) D (Do) maux.
PRÉVOIR FAIRE En outre, la famille comprend les publications suivantes :
– ISO/TS 22003:2013, Systèmes de management de la sécurité
des denrées alimentaires – Exigences pour les organismes procé-
A (Act) C (Check) dant à l’audit et à la certification de systèmes de management de
RÉAGIR VÉRIFIER
la sécurité des denrées alimentaires (en cours de révision au
niveau international) ;
– ISO 22005:2007, Traçabilité de la chaîne alimentaire – Principes
généraux et exigences fondamentales s’appliquant à la conception
du système et à sa mise en œuvre.
Figure 2 – Roue de Deming (cycle PDCA) Tous ces textes liés à l’ISO 22000 sont maintenant présentés
sous la forme d’une « ligne de produits », conçue pour guider les
organismes tout au long de leur projet qualité, constituée :
contribuer à l’efficacité et l’efficience de l’organisme pour atteindre
les résultats escomptés. – du manuel Comment utiliser l’ISO 22000 (How to use
ISO 22000) : il aide les petites et moyennes entreprises (PME) à
L’approche processus doit s’appuyer sur une identification systé- bien cerner la norme pour la mettre en œuvre. Il explique les prin-
matique et un management des processus. Cette approche com- cipales étapes de la démarche et les subdivise en tâches faciles à
prend également un travail sur les interactions entre processus, de comprendre, assorties de conseils pratiques. Il contient aussi des
manière à obtenir les résultats escomptés conformément à la poli- informations destinées spécifiquement aux organisations qui
tique de sécurité des denrées alimentaires et à l’orientation straté- veulent obtenir la certification de conformité à la norme. Publié ini-
gique de l’organisme. tialement en 2013, ce document est en cours de révision pour
La norme mentionne que le management des processus et du s’adapter aux nouvelles exigences de l’ISO 22000:2018 ;
système dans son ensemble peut être réalisé en appliquant le – de l’ISO 22000:2018, Systèmes de management de la sécu-
cycle PDCA. rité des denrées alimentaires – Exigences pour tout organisme
Le PDCA est le principe de l’amélioration continue selon appartenant à la chaîne alimentaire ;
une roue partagée en quatre secteurs (figure 2) : – de l’ISO 19011:2018, cette norme fournit des lignes direc-
trices sur l’audit de systèmes de management, comprenant les
– P (Plan) : prévoir, planifier, spécifier, définir ; principes de l’audit, le management d’un programme d’audit et la
– D (Do) : faire, mettre en œuvre (en maîtrisant) ; réalisation d’audits de systèmes de management. Elle donne éga-
– C (Check) : vérifier, évaluer ; lement des lignes directrices sur l’évaluation de la compétence des
– A (Act) : réagir, agir, améliorer. personnes impliquées dans le processus d’audit. Ces activités
Dans la norme et comme le montre la figure 3, l’approche concernent le(s) responsable(s) du management du programme
processus utilise le cycle PDCA à deux niveaux. L’un couvre d’audit, les auditeurs et les équipes d’audit. Elle est applicable à
le cadre global du SMSDA (cf. chapitres 4 à 7, 9 et 10 de la tous les organismes qui doivent planifier et réaliser des audits
norme ISO 22000:2018). L’autre concerne la réalisation des activi- internes ou externes de systèmes de management ou manager un
tés opérationnelles (cf. chapitre 8). Cela signifie que la communica- programme d’audit.
tion entre les deux niveaux est essentielle. Ces trois textes peuvent être articulés selon la logique du cycle
PDCA qui, dans ce contexte, se traduit de façon suivante :
– P (plan) et D (do) : je comprends et je construis (manuel How
2.3 Relation avec les autres normes to use ISO 22000) le système de management selon une approche
de systèmes de management logique ;
– C (check) : je démontre (ISO 22000) l’aptitude du système de
La norme définit les exigences spécifiques d’un SMSDA pour les management à répondre aux exigences ;
organismes intervenant à tous les niveaux de la chaîne alimen- – A (Act) : j’améliore (ISO 19011) l’efficacité du système de
taire. management par la pratique de l’audit.
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5. Leadership opérationnelles
6. Planification
7. Support (y compris
maîtrise des
processus, produits
ou services fournis
par des prestataires
externes)
PRP
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Le principe de précaution
Approches conceptuelles
par Sébastien ROUSTEL
1
Ingénieur du génie rural, des eaux et des forêts
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1
sécurité des personnes.
Son « succès » ne clarifie pas pour autant la signification qui lui est donnée, ni
la portée qui lui est reconnue ou promise. Pour apporter quelques éclairages et
tenter de comprendre les actuels développements du principe de précaution, ce
document tente d’aborder ce principe sous différents angles : conceptuel, cultu-
rel, politique, économique, juridique, social et, bien sûr, scientifique.
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l’organisation du suivi médical du personnel, du plan de lutte
Le plan de maîtrise sanitaire (PMS) décrit les mesures prises contre les nuisibles, du plan de nettoyage et de désinfection,
par l’établissement pour assurer l’hygiène et la sécurité sani- des règles d’hygiène à suivre par le personnel, etc.
taire de ses productions vis-à-vis des dangers biologiques, phy-
siques et chimiques. • Le plan HACCP : son application est strictement limitée à la
sécurité des aliments. Il repose sur le fait que les mesures de
maîtrise ont des effets mesurables sur le produit fini.
Il comprend les éléments nécessaires à la mise en place et les
preuves de l’application : • Les procédures de traçabilité et de gestion des non-conformi-
tés : elles permettent la mise en œuvre effective des plans de
– des bonnes pratiques d’hygiène ou prérequis ;
retraits ou de rappels.
– du plan HACCP fondé sur les sept principes retenus par le
règlement (CE) no 852/2004 ;
– de la gestion des produits non conformes (procédure de
retrait/rappel) ;
– de la mise en place d’un système de traçabilité. 3. Présentation détaillée
Le PMS est l’outil pour atteindre les objectifs de sécurité sani-
taire des aliments et notamment ceux des règlements (CE)
d’un PMS
no 178/2002, no 852/2004 et no 853/2004 (voir § 1.1).
3.1 Bonnes pratiques d’hygiène
2.2 Éléments constitutifs du PMS :
3.1.1 Quelques rappels sur les bonnes pratiques
une structure pyramidale constituée d’hygiène
d’éléments en interaction
Elles concernent l’ensemble des opérations destinées à garantir
Le plan de maîtrise sanitaire peut être schématisé sous la forme l’hygiène dans un établissement, c’est-à-dire la sécurité et la salu-
d’une pyramide (figure 1) ; celle-ci montre clairement la place pré- brité des aliments. Pour éclairer cette première approche, il appa-
pondérante des bonnes pratiques d’hygiène dans le système de raît tout d’abord nécessaire de préciser la définition de certains
maîtrise. Les bonnes pratiques d’hygiène constituent les prérequis termes.
sans lesquels le système, et notamment le plan HACCP, n’aurait
aucune efficacité dans la maîtrise de la sécurité sanitaire.
Les différents éléments constitutifs du plan de maîtrise sanitaire D’après la norme AFNOR NF V01-002 d’août 2003 – Hygiène
ne sont donc pas totalement indépendants les uns des autres. des aliments Glossaire français-anglais, nous retiendrons les
L’interaction des bonnes pratiques d’hygiène et de l’HACCP est définitions suivantes :
d’ailleurs essentielle dans l’identification et la gestion des moyens – Sécurité (innocuité) des aliments : « assurance que les ali-
de maîtrise. L’analyse des dangers (1er principe de l’HACCP, voir ments ne causeront pas de dommage au consommateur quand
§ 3.2) et l’identification des mesures de maîtrise permettent de dis- ils sont préparés et/ou consommés conformément à l’usage
tinguer les mesures qui feront partie des bonnes pratiques auquel ils sont destinés ».
d’hygiène de celles qui rentreront dans le plan HACCP. C’est la – Salubrité des aliments : « assurance que les aliments quand
cohérence générale du système qui en fait son efficacité. ils sont consommés conformément à l’usage auquel ils sont
destinés, sont acceptables pour la consommation humaine ».
– Hygiène des aliments : « ensemble des conditions et des
mesures nécessaires pour assurer la sécurité et la salubrité des
aliments à toutes les étapes de la chaîne alimentaire ».
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d’évaluation elle-même.
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comparaison des coûts et des bénéfices. L’introduction de ces élé- que l’on appelle les « erreurs humaines » sont plus souvent incrimi-
ments complémentaires est donc implicitement renvoyée à la res- nées que des défaillances du matériel. Dès lors que cette dimension
ponsabilité du décideur politique, sans que soient précisés les devient prépondérante, ne faut-il pas l’intégrer explicitement dans
outils à mettre en œuvre pour réaliser cette comparaison avanta- l’analyse de risque, en considérant globalement les systèmes tech-
ges/désavantages. niques comme des « hybrides homme-machine », tels que défini
Enfin, en terme de communication du risque, ce modèle consi- par B. Latour [4] ?
dère que les experts évaluent le risque « réel » et que la perception — le fait de négliger les effets d’interaction et de système en se limi-
1
du risque par la société (le risque « perçu ») est plus grossière et iné- tant à l’évaluation au cas par cas est une autre cause possible de sous-
vitablement entachée de subjectivité. L’objectif de la communication évaluation des risques. Ainsi, l’apparition de bactéries multirésistantes
sur le risque est donc de réduire cette distorsion en amenant le aux antibiotiques est un véritable problème de santé publique, alors
citoyen à percevoir le risque réel. que tous les antibiotiques ont été correctement et individuellement
On peut donc qualifier ce modèle standard de : évalués avant leur mise sur le marché. C’est l’utilisation conjointe et
non organisée de ces antibiotiques qui a conduit à la sélection involon-
— positiviste, car il est entièrement et strictement fondé sur les taire de ces bactéries « improbables ». La question des risques liés à la
acquis indiscutables de la science ; culture simultanée ou successive d’OGM variés sur un territoire donné
— quantitatif, car il propose une évaluation du risque en terme se pose en termes similaires et ne peut être traitée uniquement par
de grandeurs chiffrées ; l’examen individuel des caractéristiques de chaque OGM.
— réductionniste, car, d’une part, il limite son champ au risque
technique en l’absence de dysfonctionnements humains (les ris-
ques asymptotiques) et, d’autre part, il considère les risques comme
strictement additifs et néglige les effets d’interactions ; 3.2 Interrogations internes à la science
— technocratique, car il est basé essentiellement sur des experts
techniques et ne fait intervenir les citoyens que comme des
« récepteurs » d’informations.
Parallèlement à cette critique externe et empirique de l’expertise
se développait une critique endogène à la science, portant sur sa
capacité à évaluer véritablement le comportement de phénomènes
complexes, dès lors qu’ils se réalisaient dans des conditions très dif-
3. Crise du modèle standard férentes du laboratoire. Parmi les limites identifiées par la science
et émergence du principe elle-même figurent en particulier les points suivants.
– La prise en compte des temps longs. La théorie des systèmes
de précaution dynamiques non-linéaires, popularisée par la notion de chaos déter-
ministe, montre que l’évolution à long terme de tels systèmes
devient totalement imprévisible au-delà d’un certain horizon tempo-
rel, dès lors qu’une modification infime des conditions initiales
3.1 Regard critique de la société change complètement la situation finale. C’est la fameuse image de
l’effet d’une aile de papillon sur le déclenchement de cyclones et il
est hélas difficile de dire a priori si un système, même relativement
Au cours des années quatre-vingt, plusieurs crises sanitaires sont simple, obéit à de telles dynamiques.
apparues dans les domaines médicaux (sang contaminé), alimen-
taires (encéphalopathie spongiforme bovine ESB, listeriose, L’un des exemples les plus simples de système imprévisible à long
dioxine...) et environnementaux (amiante, Sevezo...). Crises politi- terme est le devenir de plus de deux corps en interaction gravitation-
ques et sociales, ces crises sont également apparues comme des nelle, comme par exemple le système solaire.
crises de l’expertise, dans la mesure où les phénomènes en cause
semblent avoir été sous-estimés, voire parfois franchement ignorés, – La prise en compte des espaces hétérogènes, dans lesquels
au moins à l’origine, par les experts. Si l’on analyse ces défaillances certains processus ne peuvent être prédits par la mesure de para-
de l’expertise, plusieurs causes peuvent être identifiées : mètres statistiques simples du milieu (densité moyenne) et
nécessite donc des études empiriques en situation réelle. C’est par
— dans certains domaines, le rythme de la recherche peut avoir
exemple le cas de la propagation des incendies de forêt ou de la
des difficultés à suivre le rythme des innovations. Le rapport Kou-
percolation des polluants dans les sols. Dans le domaine alimen-
rilsky-Viney [2] estime par exemple que 7 % des molécules chimi-
taire, ce sera la prolifération de bactéries dans un milieu de texture
ques sont aujourd’hui correctement évaluées pour leurs effets sur la
complexe (et la fixation des dates limites de conservation qui en
santé ou l’environnement. De nombreuses relations sont encore à
résultent), ou la dispersion du pollen des plantes transgéniques
l’état d’hypothèses de travail et le temps nécessaire à leur validation
dans un écosystème réel. Là aussi, des phénomènes non-linéaires,
est souvent important (cas des effets de l’amiante, de la transmis-
en particulier des effets de seuil, apparaissent, les processus pou-
sion à l’homme de l’ESB). L’émergence de plus en plus fréquente de
vant changer considérablement pour de faibles fluctuations des
controverses scientifiques montrant les désaccords entre experts
paramètres du milieu.
(effets des résidus d’hormones ou de pesticides, impacts des
OGM...) souligne l’importance de cette partie immergée de l’iceberg – Les problèmes d’extrapolation, par exemple pour estimer l’effet
de la connaissance scientifique et brise l’image d’une science con- de faibles doses d’une substance chimique ou biologique chez
sensuelle et certaine, même si certains nient parfois l’existence de l’homme, dès lors que l’on ne dispose que de modèles animaux et
telles fêlures [3] ; de quelques points accidentels à forte dose chez l’homme. Selon
— le caractère asymptotique de l’évaluation du risque par les que l’on optera pour un modèle linéaire ou non, passant ou non par
experts élimine de fait des risques liés aux conditions concrètes des l’origine, les conséquences pourront être très différentes sur l’éva-
activités humaines. Le risque de recyclage des huiles usagées était luation du risque sans qu’il soit vraiment possible de valider l’un ou
intrinsèquement faible si ce recyclage avait été parfaitement l’autre modèle sur la base des données disponibles.
contrôlé ; la viande bovine ne présente peut-être aucun danger de Si l’on admet l’existence d’une dose minimale sans effet, on peut estimer cette dose par
transmission de l’ESB si elle est parfaitement débarrassée des tissus la valeur de l’intersection de la droite de régression dose/effet avec l’axe horizontal. Si l’on
à risque... Il apparaît en outre que, dans beaucoup de risques tech- considère, comme pour les substances classées cancérigènes, que toute dose a un effet, on
nologiques, la dimension purement technique est un facteur de ris- calcule une régression dose/effet par une droite passant par l’origine. Dans le premier cas,
des variations de résidus au-dessous de la dose minimale sans effet sont supposées
que négligeable par rapport à ceux liés à l’interaction entre l’homme n’avoir aucune incidence. Dans le deuxième cas, ces variations sont au contraire suscepti-
et la technique : dans le transport ou dans l’industrie nucléaire, ce bles de se traduire par des variations de morbidité.
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Responsabilité juridique
des acteurs de la filière alimentaire
1
par Étienne RIONDET
Docteur en Droit, Avocat à la cour de Paris, Cabinet RIONDET associés
Cet article est la réédition actualisée de l’article éponyme du même auteur paru en 2002
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1
développe de façon croissante une approche du phénomène par le
L’intoxication alimentaire, sauf comportement fautif du droit, et ce, dans toutes ses composantes.
consommateur (non-respect des dates de limite de péremption,
Si l’intoxication alimentaire renvoie à la faute et à la responsabi-
par exemple), repose sur le développement discret de micro-orga-
lité du producteur et du consommateur, c’est par l’appréhension
nismes pathogènes et/ou la présence dans l’aliment de
des règles classiques de la responsabilité civile.
contaminants chimiques ou biologiques.
Ils ne sont pas décelables par le consommateur. Bien souvent,
ils n’altèrent ni l’apparence, ni le goût, ni l’odeur de l’aliment ; Celle-ci est fondée sur des principes relativement simples,
celui-ci est consommé de façon tout à fait normale et naturelle. ceux du Code civil énoncés à l’article 1382, qui définit la res-
Surviennent alors les symptômes classiques : douleurs abdomi- ponsabilité en termes généraux : « Tout fait quelconque de
nales, coliques, diarrhées, vomissements, etc. Dans certains cas l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la
(salmonellose majeure, listériose...) l’hospitalisation est de mise. faute duquel il est arrivé, à le réparer ».
Rarement l’intoxication conduit au décès. Ces dispositions sont complétées par les dispositions de
l’article 1383 qui rend chacun « responsable du dommage
causé par sa négligence ou son imprudence ».
On considère cependant que 9 000 personnes décéderaient Quant à l’article 1384, il rend responsable toute personne qui
chaque année aux États-Unis à la suite d’intoxications alimen- cause un dommage, du fait des choses « que l’on a sous sa garde ».
taires.
En France, on en décompterait environ un millier par an.
Ces dispositions ont traditionnellement permis, et permettent
toujours du reste, la mise en cause de la responsabilité juridique
Fort heureusement, de nombreuses intoxications alimentaires des acteurs de la filière alimentaire.
sont sans gravité. On estime que seul un cas sur cent infections
serait rapporté aux autorités sanitaires. Las, le législateur est allé encore plus loin. Et ce, par l’introduc-
tion d’un concept juridique moderne, à savoir la notion
■ Création de l’ANSES d’« obligation de sécurité et de résultat ».
Cependant, en ces temps de consumérisme croissant, les autori-
tés ont estimé nécessaire de créer une agence dédiée : l’Agence ■ Notion d’obligation de sécurité et de résultat
nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environne- Cette innovation conceptuelle a donné lieu à la rédaction d’un
ment et du travail (ANSES). Voir site internet dans le Pour en corpus législatif incorporé au Code civil sous les articles 1386-1 à
savoir plus. 1386-18. Ces dispositions instituent une sorte de responsabilité de
Cet organisme public à caractère administratif est placé sous la plein droit du producteur au nom du principe de sécurité.
tutelle conjointe des ministères chargés de la santé, de l’agricul-
À côté de ces règles de droit civil (figure 1), qui ont pour but la
ture, de l’environnement, du travail et de la consommation.
réparation du préjudice par une indemnisation sous forme de dom-
Créé en juillet 2010, il est le fruit de la fusion de l’AFSSA mages et intérêts, subsiste tout le champ de la responsabilité pénale
(Agence française de sécurité sanitaire des aliments) et de l’AFS- qui a pour origine historique la grande loi du 1er août 1905 sur « la
SET (Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et répression des fraudes dans la vente des marchandises et des falsi-
du travail). fications des denrées alimentaires et des produits agricoles ».
LA RESPONSABILITÉ CIVILE
SANCTIONS : DOMMAGES ET
INTÉRÊTS
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■ Service de la répression des fraudes Ainsi, la victime n’aura pas à prouver une faute du fabricant, et
Comme conséquence pratique à cette loi qui fonde, d’une cer- ce, à la différence du régime classique des articles 1382 et suivants
taine façon, le droit de la consommation a été créé le service de la du Code civil, ce qui démontre une nouvelle fois sa supériorité.
répression des fraudes (1907). Dès lors que la victime fait état d’un dommage et que ce dom-
Aujourd’hui, c’est la Direction générale de la concurrence, de la mage est relié à un défaut du produit, quel qu’il soit, la responsa-
consommation et de la répression des fraudes, et son corps d’ins- bilité de l’acteur est encourue.
pecteurs, qui en assume la continuité. Ces inspecteurs des fraudes Cette loi représente le point d’orgue de l’évolution de la jurispru-
1
sont les principaux acteurs de la détection des infractions, et de dence française.
leur poursuite devant les juridictions répressives.
De son côté, l’Administration ne demeure pas en reste puisqu’
elle joue un rôle important de contrôle et de surveillance. Dans un arrêt du 3 mars 1998, la Cour de cassation avait
indiqué : « le fabricant est tenu de délivrer un produit exempt
En définitive, on est en présence d’un empilement de textes juri- de tout défaut de nature à causer un danger pour les person-
diques et administratifs divers qui dirigent la matière. nes ou les biens, c’est-à-dire un produit qui offre la sécurité à
■ Contexte de l’article laquelle on peut légitimement s’attendre » (Cour de cassation,
1re chambre civile, 3 mars 1998, no 96-12.078).
L’objet de cet article est de présenter un schéma clair et classique
d’un point de vue pratique.
L’angle retenu est celui de l’acteur : La législation consacre le principe prétorien de sécurité de
– sa responsabilité civile est en jeu : il s’expose à des dommages résultat [2].
et intérêts ; Ce principe est concrétisé et inscrit dans le marbre de la loi par
– sa responsabilité pénale est en jeu : il s’expose à des peines l’article 1386-1 du Code civil.
d’amende ou/et de prison ;
– sa responsabilité réglementaire est en jeu : il s’expose à des
mises en garde et/ou à des sanctions administratives.
2.3 Conditions de responsabilité si
produits défectueux
2. Responsabilité civile
2.3.1 Produit
2.1 Responsabilité du fait des produits La définition du produit est particulièrement intéressante et per-
défectueux tinente dans le cadre de la filière agricole, puisque le produit est
C’est sous la pression de la Communauté européenne que le défini comme « tout bien meuble, même s’il est incorporé dans un
législateur français a modifié le Code Napoléon en ajoutant pas immeuble, y compris les produits du sol, de l’élevage, de la chasse
moins de 18 articles, les articles 1386-1 à 1386-18. et de la pêche. »
Leur positionnement dans le Code civil n’est pas innocent. Ils La directive européenne avait laissé le choix à chaque pays
viennent immédiatement après les articles 1382 et suivants qui d’inclure ou non dans le champ d’application de la loi les matières
traitent de la responsabilité de façon traditionnelle. premières agricoles.
Le système introduit aux articles 1386-1 et suivants, par la loi du La France a décidé de les inclure. À l’époque, on se souvient que
19 mai 1998 vient compléter le système traditionnel français fondé le public était fortement traumatisé par la crise de l’encéphalite
sur l’article 1382 du Code civil. bovine spongiforme.
De fait, cependant les dispositions classiques ont perdu de leur Les associations de consommateurs souhaitaient fortement
intérêt. l’inclusion des matières premières agricoles dans le champ de la
En effet, si par souci (peut-être) de ne pas vexer, ne serait-ce que loi.
de façon posthume, les auteurs du Code Napoléon, la loi du 19
mai 1998 a permis aux victimes de continuer à se prévaloir du
régime de la responsabilité contractuelle, et extracontractuelle, du 2.3.2 Produit défectueux
droit commun.
C’est le fondement objectif de la responsabilité. Un produit est
Mais cette précaution est bien inutile : on imagine difficilement considéré défectueux dès lors « qu’il n’offre pas la sécurité à
un consommateur se priver d’invoquer les dispositions des articles laquelle on peut légitimement s’attendre » (article 1386-4).
1386-1 et suivants, introduites dans le droit français par la loi du 19
mai 1998, en application de la directive communautaire du 25 Cette définition est beaucoup plus large que celle du droit
juillet 1985 sur la responsabilité du fait des produits défectueux. commun (article 1641 et suivants du Code civil). Elle prend en
Ces textes étaient dès le départ voués à un grand succès [1]. considération le simple défaut du produit, et non pas sa capacité à
Ce succès est confirmé par la jurisprudence si tant est que les rendre ou non le service que l’on attend.
conditions de la responsabilité, du fait de produits défectueux, En ce sens, là aussi, le renforcement du caractère objectif de la
sont larges et ouvertes. loi est patent.
2.2 Responsabilité objective Mais, la notion de produit est également entendue de façon
extensible.
La loi pose le principe de la responsabilité objective du produc-
teur. L’article 1386-4, alinéa 2, précise que « dans l’appréciation de
la sécurité à laquelle on peut légitimement s’attendre, il doit
être tenu compte de toutes les circonstances, et notamment
Le texte ne saurait être plus clair : article 1386-1 du Code de la présentation du produit, de l’usage qui peut en être rai-
civil : « le producteur est responsable du dommage causé par sonnablement attendu, et du moment de sa mise en
un défaut de son produit... » circulation. »
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1
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1. Contexte............................................................................................... F 1 117 - 2
1.1 De l’histoire ancienne ........................................................................... — 2
1.2 Années 2000 : la prise de conscience.................................................. — 2
2. Aspects réglementaires et juridiques.......................................... — 4
2.1 Contexte juridique français .................................................................. — 4
2.2 Position de l’Union européenne .......................................................... — 4
3. Position des acteurs de la chaîne agroalimentaire
(distributeurs) ..................................................................................... — 4
3.1 Le GFSI................................................................................................... — 4
3.2 Référentiels............................................................................................ — 5
4. Définitions et types de fraudes..................................................... — 5
4.1 Définitions.............................................................................................. — 5
4.2 Différents types de fraudes .................................................................. — 5
5. Mise en place d’un plan de lutte contre les fraudes –
Une méthodologie par étape.......................................................... — 7
5.1 Création d’une équipe « lutte contre les fraudes » ............................ — 7
5.2 Cartographie de la chaîne d’approvisionnement
(matière/marché/fournisseurs)............................................................. — 7
5.3 Veille sur les risques de fraudes et les possibilités de détection...... — 7
5.4 Évaluation et identification des points de vulnérabilité
de la chaîne............................................................................................ — 9
5.5 Mise en œuvre et surveillance des mesures de maîtrise du plan
de réduction de la fraude ..................................................................... — 10
5.6 Mise à jour et revue du système de lutte contre les fraudes ............ — 10
6. Conclusion........................................................................................... — 11
7. Glossaire .............................................................................................. — 11
8. Sigles .................................................................................................... — 12
Pour en savoir plus .................................................................................... Doc. F 1 117
i les cas de fraudes alimentaires sont aussi anciens que le commerce des
S denrées lui-même, la médiatisation de certaines crises ces dernières
années a fortement éprouvé la confiance des consommateurs.
Conscient de la vulnérabilité de la chaîne alimentaire vis-à-vis des fraudes, le
Parlement européen a souligné dès 2014 les points faibles de l’Europe à ce
sujet. Depuis, les différents acteurs du secteur se sont mobilisés pour mettre
en œuvre des dispositifs permettant de lutter contre les fraudes et de garantir
ainsi la conformité aux exigences des réglementations du paquet hygiène.
Différentes catégories de fraudes existent dont la substitution, la dissimula-
tion, la dilution, et l’étiquetage frauduleux. Si elles ne présentent pas toutes un
Parution : décembre 2020
risque sanitaire, elles sont toutes intentionnelles et liées à une volonté de gain
économique.
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Référence Internet
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La position du Global Food Safety Initiative (GFSI) sur le sujet, ainsi que les
exigences des différents référentiels de SMSDA (Système de management de
la sécurité des denrées alimentaires) privés (IFS et BRC), demandent aux
industriels de réaliser une analyse de leur vulnérabilité vis-à-vis des fraudes,
ainsi que la mise en place de mesures de maîtrise pour réduire cette
vulnérabilité.
Cet article présente le contexte et les démarches mises en place par les
1 entreprises agroalimentaires pour concevoir et pour mettre en œuvre leur plan
de lutte contre les fraudes.
Le lecteur trouvera en fin d’article un glossaire et un tableau des sigles
utilisés.
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Référence Internet
F1117
1
évidence une traçabilité complexe impliquant de nombreux intermédiaires dont des négociants et des traders dans
divers pays.
Un plan de contrôle lancé par la DGCCRF sur les produits à base de bœuf a révélé la présence de viande de cheval
dans plus de 4,5 millions de produits, représentant plus d’un millier de tonnes de produits expédiés dans plusieurs
pays européens.
En janvier 2019, le procès s’est ouvert et quatre personnes ont comparu. Les coupables ont été condamnés :
– pour le trader hollandais, à l’origine de la tromperie, à 2 ans d’emprisonnement ferme avec mandat d’arrêt et
interdiction définitive d’exercer toute activité professionnelle au sein de la filière viande ;
– pour le responsable de l’entreprise Spanghero, à 2 ans d’emprisonnement dont 18 mois avec sursis, à l’interdiction
d’exercer toute activité professionnelle au sein de la filière viande pendant 2 ans, ainsi qu’à la confiscation à hauteur
de 100 000 € des sommes saisies dans son patrimoine ;
– pour leurs deux assistants, hollandais et français, à 1 an d’emprisonnement avec sursis.
Francisation des Le service national des enquêtes de la DGCCRF a mené entre fin 2016 et début 2018 une enquête pour contrôler la
kiwis loyauté des informations relatives à l’origine des kiwis commercialisés en France. La majorité des acteurs de la filière
française de négoce du kiwi (37 établissements) ont été contrôlés. La DGCCRF s’est appuyée sur les données
communiquées par les douanes, ainsi que sur des alertes mettant en avant la présence de pesticides pourtant
interdits en France.
Au total, ces investigations ont conduit à identifier une fraude portant sur environ 15 000 t de kiwis francisés sur une
période de 3 ans, soit environ 12 % des kiwis « origine France » commercialisés sur le territoire national et un
bénéfice illicite total de l’ordre de 6 M€. Sept sociétés ont été suspectées de pratiques frauduleuses (6 sociétés
françaises et 1 société italienne), et ont fait l’objet de procédures judiciaires.
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1
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epuis les années 1950, les industries agroalimentaires ont mis en place
D différents outils pour assurer la mise sur le marché de produits présen-
tant une qualité sanitaire optimale : contrôle des matières premières à
réception, contrôles des en-cours de fabrication et des produits finis, audits
des fournisseurs, HACCP (Hazard Analysis Critical Control Point), bonnes pra-
tiques d’hygiène, systèmes de traçabilité de plus en plus performants, etc.
Pour que ces outils soient efficaces et que la sécurité sanitaire des aliments
soit durable, il faut que cette dernière fasse partie intégrante de la politique de
l’entreprise. Le groupe de travail du GFSI (Global Food Safety Initiative) va au-
delà en y ajoutant une dimension qui touche à l’humain et parle de culture de
la sécurité sanitaire des aliments, communément appelée la « Food Safety
Culture » (FSC). Ce concept initialement développé dans les pays anglo-saxons
est encore trop peu présent dans les entreprises françaises.
La position du GFSI sur le sujet, ainsi que les exigences des différents réfé-
rentiels de Systèmes de Management de la Sécurité des Denrées Alimentaires
Parution : septembre 2021
(SMSDA) privés (IFS Food et BRC Food), demandent aujourd’hui aux indus-
triels d’évaluer leur niveau de maturité, afin d’identifier et de mettre en place
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1
utilisés.
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– d’après les chiffres de l’OMS (2015), les maladies d’origine ali- sécurité des aliments, puisqu’elle peut être vérifiée de manière
mentaire causent 420 000 décès dans le monde chaque année et impromptue. Elle doit se vivre au quotidien et trouver sa place
les enfants représentent 1/3 des décès ; dans la culture même de l’entreprise et de ses collaborateurs.
– les entreprises identifiées comme source d’intoxications ali-
mentaires peuvent subir des dommages importants : impact sur En 2018, le Global Food Safety Initiative (GFSI, Initiative mon-
l’image de marque, pertes financières et, dans un tiers des cas, la diale de sécurité alimentaire) publie un guide sur la FSC [6], consi-
faillite [2]. dérant que « la sécurité sanitaire des aliments doit s’inscrire dans
la culture même de l’entreprise », et l’intègre en 2020 dans les exi-
En 2009, Franck Yiannas publie un ouvrage sur un nouveau
1
gences de son Guidance Document GFSI v2020.1 [7].
concept : la Food Safety Culture – Creating a Behavior-Based Food
Safety Management System [3]. Il présente une nouvelle approche Cette nouvelle exigence est ensuite reprise par les différents
du management de la sécurité des aliments, non pas en approfon- référentiels associés et reconnus par le GFSI.
dissant les aspects scientifiques et techniques (microbiologie, toxi-
Ainsi, la version 8 du BRC Food [8] a pour nouvelle exigence :
cologie, maîtrise des paramètres de process…), mais en
s’intéressant aux sciences comportementales, à la dynamique de « 1.1.2 : La direction du site doit définir et suivre un plan clair
groupe et à la culture des organisations. pour le développement et l’amélioration continue d’une culture de
Le constat est qu’il est possible de pallier ces défaillances en fai- sécurité et de qualité des denrées alimentaires. Ce plan doit
sant de la sécurité des aliments une culture d’entreprise, car inclure :
l’engagement de la direction ne suffit pas. – des activités définies impliquant toutes les sections du site qui
En effet, des études indiquent, que si certains aspects du com- ont une incidence sur la sécurité des produits ;
portement concernent l’individu, plus de 40 % peuvent être liés à – un plan d’action indiquant comment les activités seront réali-
la culture organisationnelle dominante en matière de sécurité des sées et mesurées, ainsi que les délais prévus ;
aliments [2].
– un examen de l’efficacité des activités réalisées ».
On note également qu’il y a 54 % d’erreurs en moins dans les
entreprises qui ont une culture forte de la sécurité des aliments [4]. Ce concept de culture de la sécurité sanitaire des aliments est
également présent dans la certification FSSC 22000 v5.1 [9] et l’IFS
Frank Yiannas devenu Deputy Commissioner for Food Policy and
Food version 7 (§ 2.2) [10].
Response pour la FDA a fortement participé au déploiement de la
culture de la sécurité sanitaire des aliments. Les travaux de mise à jour des principes généraux d’hygiène du
Ce concept est ainsi déjà bien en place dans les pays anglo- Codex Alimentarius ont également intégré la culture de la sécurité
saxons, où les autorités compétentes (Royaume-Uni, Australie, des aliments [11].
Nouvelle Zélande) prennent en compte dans leurs programmes En mars 2021, le règlement UE 2021/382 de la Commission euro-
d’évaluation la maturité de la culture de la sécurité sanitaire des péenne du 3 mars 2021 a modifié les annexes du règlement (CE)
entreprises [5]. n° 852/2004 du Parlement européen et du Conseil relatif à l’hygiène
des denrées alimentaires, en ce qui concerne la culture de la sécu-
rité alimentaire avec l’annexe XI bis.
1.3 Fin des années 2010 à nos jours :
le management laisse la place Des travaux de normalisation sont également en cours au
niveau du BSI avec la publication prévue en 2021 d’un PAS BSI
à la culture 320.
La mise en place des audits inopinés ces dernières années a ini- La figure 1 présente les évolutions de la démarche qualité et
tié et renforcé une nouvelle dimension dans le management de la sécurité des aliments au cours des années 1960 à 2020.
2020
Culture de la sécurité
des aliments
PAQUET HYGIÈNE
2000 2010
Management qualité
et sécurité des aliments
1990
Assurance
qualité Audits
HACCP FSSC inopinés
1960 1980 22000
Lutte contre
ISO 22000 les fraudes
Contrôle
Lutte contre
IFS BRC
ISO 9001 la malveillance
BRC IOP
Gestion des alertes
et des crises
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Sécurité microbiologique
des procédés alimentaires
1
par Jean-Yves LEVEAU
Professeur à l’École nationale supérieure des industries agricoles et alimentaires (ENSIA)
Jean-Paul LARPENT
Professeur à l’université Blaise-Pascal, Clermond-Ferrand
et Marielle BOUIX
Professeur à l’École nationale supérieure des industries agricoles et alimentaires (ENSIA)
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Agroalimentaire F 1 120 − 1
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atteindre, en laissant une certaine latitude quant au choix des moyens à mettre
en œuvre.
Les souhaits des consommateurs sont en contradiction avec leur besoin de
sécurité quand ils demandent des produits à la fois moins traités, plus proches
du naturel et plus sûrs. La sécurité alimentaire n’étant pas négociable et l’exi-
gence d’innocuité microbiologique toujours plus forte, la parfaite maîtrise de la
1
contamination est indispensable. Elle repose sur une bonne connaissance du
monde microbien et fait appel au génie des procédés pour prendre en compte et
maîtriser les phénomènes microbiens de façon très rigoureuse à chaque étape
de la production, de la transformation et de la distribution.
Par rapport aux autres agents de contamination chimiques ou particulaires, les
micro-organismes ont une propriété importante et remarquable : ils sont capa-
bles de se reproduire. Ainsi, lorsque les conditions sont favorables à cette repro-
duction, ce qui est souvent le cas pour les micro-organismes des produits
naturels et alimentaires, la biocontamination s’autoamplifie. Le risque d’altéra-
tion et d’intoxication éventuelle associé à ce phénomène nécessite sa maîtrise.
La stratégie de maîtrise du risque microbiologique doit intégrer de façon opti-
male les différentes démarches de prévention, de destruction, d’inhibition, d’élimi-
nation et de compétition des micro-organismes dans les matières premières et
dans les produits de transformation, au niveau du matériel et de l’environnement
de la production.
En ce qui concerne la prévention, tout doit être fait afin d’éviter l’apport de
micro-organismes, en particulier pathogènes, à chacune des étapes de la chaîne
agroalimentaire. L’emballage notamment permet de protéger denrées et pro-
duits du risque de contamination.
L’inhibition de la croissance microbienne peut être obtenue en appliquant des
conditions de température, de pH et d’activité de l’eau défavorables. Elle peut
aussi être obtenue en introduisant dans l’aliment des substances chimiques
appelées conservateurs dont l’utilisation est soumise à une réglementation
stricte. Le recours à des micro-organismes antagonistes de ceux que l’on cher-
che à inhiber est une voie intéressante qui conduit aux aliments fermentés. Le
conditionnement sous atmosphère modifiée est utilisé pour ralentir la crois-
sance microbienne.
La destruction des micro-organismes est très utilisée, notamment pour
conserver les denrées alimentaires. La connaissance des modalités de cette des-
truction est importante afin d’en tirer, en pratique, le meilleur parti possible. Il est
impératif, notamment, de prendre en compte l’extraordinaire résistance des
endospores bactériennes. Dans le cas des produits alimentaires, la destruction
est le plus souvent obtenue par voie thermique. Dans l’environnement de la pro-
duction, la maîtrise industrielle de la biocontamination implique l’hygiène des
surfaces des matériels et des locaux. La destruction des micro-organismes est,
dans ce cas, obtenue par voie chimique grâce à l’utilisation de désinfectants.
L’élimination des micro-organismes est à envisager car la taille et le mode de
reproduction des micro-organismes, notamment dans le cas des moisissures,
font qu’ils sont disséminables et donc transmissibles. L’air pouvant être souvent
impliqué dans les phénomènes de contamination, sa qualité microbiologique
peut être un élément déterminant de la maîtrise de celle des aliments. La filtra-
tion est fréquemment utilisée pour améliorer la qualité de l’air des locaux de pro-
duction afin d’éviter les phénomènes de contamination.
La compétition microbienne est mise en jeu. Certaines espèces microbiennes,
notamment des bactéries lactiques et des levures, sont assez largement utilisées
dans les produits laitiers, carnés et végétaux, ainsi que dans les boissons fer-
mentées. Leur maîtrise, grâce principalement aux fermentations lactique et
alcoolique, permet d’obtenir des produits stables. L’inhibition des bactéries
d’altération et pathogènes résulte de l’abaissement du pH et de la teneur en
éthanol mais repose aussi sur des phénomènes d’antagonisme.
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F 1 120 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Agroalimentaire
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1. Contamination des produits de certains fromages à pâte molle). Ces moisissures ont un pouvoir
de sécrétion d’enzymes important qui leur confère une grande apti-
naturels et des chaînes tude à la dégradation de la matière organique.
Chez les moisissures appartenant aux classes des Ascomycètes et
de fabrication des Deuteromycètes, les filaments mycéliens sont cloisonnés. Les
hyphes fructifères sont appelés conidiophores et les spores, formes
de reproduction asexuée, sont les conidies. La morphologie des
1
Les micro-organismes des produits naturels et des aliments sont conidiophores est différente d’un genre à l’autre et l’observation
pour la plupart des champignons microscopiques (levures et microscopique permet l’identification. Les principaux organismes
moisissures) et des bactéries. Certaines denrées peuvent aussi rencontrés appartiennent aux genres Penicillium, Aspergillus,
renfermer des parasites tels que des protozoaires, des métazoaires Neosartorya, forme parfaite de certains Aspergilli et Byssochlamys.
et des virus pouvant être responsables de maladies d’origine Certaines espèces, comme Aspergillus flavus, méritent une atten-
alimentaire. tion particulière car elles sont toxinogènes. Au contraire, P. camem-
berti et P. roqueforti jouent un rôle bénéfique en fromagerie.
1.1 Levures
1.3 Bactéries
Les levures et les moisissures appartiennent au règne végétal Omniprésentes dans l’environnement et dans l’organisme
et sont réparties dans les quatre classes de champignons humain, les bactéries occupent une place prépondérante dans les
(mycetes). Ce qui différencie principalement les levures des préoccupations de l’hygiéniste.
moisissures est leur structure cellulaire. Dans les deux cas, il Le sol constitue un très important réservoir naturel de bactéries.
s’agit de cellules eucaryotes, mais les levures sont au moins à On peut y distinguer des espèces naturellement présentes et
une étape de leur cycle biologique sous forme unicellulaire, tan- d’autres provenant de contaminations, notamment par les déjec-
dis que les moisissures sont des champignons microscopiques tions des animaux. La teneur en bactéries de l’intestin des animaux,
filamenteux. L’ensemble des filaments (hyphes) constitue le mais aussi des humains, est très élevée. Le sol constitue pour elles
mycélium. le réceptacle terminal normal. Par voie de conséquence, les eaux,
notamment de ruissellement, et les surfaces de toute nature sont
contaminées. De ce fait, le risque de contamination des denrées
Les levures ne constituent pas un groupe de mycètes bien défini. naturelles, végétales ou animales, et des produits alimentaires est
En fait, on les trouve dans deux classes de champignons, Ascomy- permanent tout au long des chaînes de transformation.
cètes et Basidiomycètes selon l’ultrastructrure de la paroi. Dans La propriété commune à toutes les bactéries est leur structure
chacune des deux classes, on trouve des levures parfaites (télé- cellulaire procaryotique caractérisée principalement par l’absence
omorphes) car elles ont à la fois un mode de reproduction asexuée de membrane nucléaire. Le chromosome unique chez ces organis-
(bourgeonnement ou scissiparité) et un mode de reproduction mes est présent de manière diffuse dans le cytoplasme. Sur la base
sexuée (asques et ascospores ou basides et basidiospores) et des de cette propriété, les bactéries constituent un groupe important
levures imparfaites (anamorphes) qui n’ont que le mode de repro- d’organismes, hétérogène si on prend en compte leurs autres
duction asexuée. propriétés, et n’appartenant ni au règne animal, ni au règne végétal.
Les levures sont naturellement présentes sur les fruits ; le sol ne Un très grand nombre d’espèces bactériennes est connu, elles sont
constitue pas pour elles un habitat favorable. Elles ont une bonne réparties en trente-trois sections dans la classification de Bergey [1].
aptitude à métaboliser les sucres de faible masse molaire en aéro- On note une très grande diversité des propriétés des bactéries,
biose (respiration) ou en anaérobiose (fermentation). Les espèces d’une section à une autre et à l’intérieur d’une même section ; des
qui ont la faculté de métaboliser les sucres en anaérobiose, plus différences notables existent entre espèces. La figure 1, déduite de
particulièrement celles du genre Saccharomyces, sont les organis- la classification de Bergey, présente les principaux genres bacté-
mes de choix pour la fermentation alcoolique. De ce fait, des appli- riens rencontrés dans les produits alimentaires qu’il convient de
cations importantes ont été développées, comme la production prendre en compte pour la qualité microbiologique et la maîtrise
d’éthanol industriel, de boissons fermentées (bières, vins, cidres) et industriel de l’hygiène.
d’alcools de bouche ainsi que la fermentation pannaire. La première distinction entre bactéries résulte d’une différence
très importante de structure et de composition des enveloppes
cellulaires, qui conduit à l’observation des bactéries au microscope
après une coloration différentielle : la coloration de Gram qui
1.2 Moisissures permet de distinguer les bactéries à Gram positives (+) des bactéries
à Gram négatives (–).
Les moisissures fréquemment rencontrées dans les industries Le deuxième élément de distinction des bactéries consiste à
alimentaires appartiennent à trois classes de champignons. Les considérer leur morphologie. Il existe deux types principaux de
Zygomycètes ou Phycomycètes sont les plus primitifs. Les filaments cellules : les cellules sphériques appelées coques et les cellules
en forme de tube non cloisonné sont principalement constitués de cylindriques appelées bacilles. Dans tous les cas, la taille des cellu-
chitine et renferment une masse cytoplasmique mobile contenant de les est de l’ordre du micromètre pour le diamètre des coques et la
nombreux noyaux (structure cœnocytique). À l’extrémité de certains largeur des bacilles, leur longueur étant de 2 à 3 µm mais pouvant
filaments, une structure en forme de sac, le sporange, renferme les les dépasser.
spores. Rhizopus et Mucor sont des genres fréquemment impliqués Selon le mode de division cellulaire, on observe au microscope
dans l’altération de certains produits comme les fromages à pâte des associations de cellules typiques du genre ou de l’espèce. Lors-
molle. Lorsque le sporange arrive à maturité, il s’ouvre et les spores que la division cellulaire n’a lieu que dans un seul plan, on observe,
ou sporangiospores, en grand nombre et ultra-légères, sont dissémi- dans le cas des coques, des cellules groupées par deux, diplo-
nées et entraînées par l’air. Leur dépôt sur les produits ou sur les coques, dans lesquels les cellules peuvent ne pas être parfaitement
surfaces permettant leur germination peut être à l’origine de dégâts sphériques. Après plusieurs phases de division, l’association
importants, notamment dans les haloirs (locaux destinés à l’affinage comprend plusieurs cellules disposées en chaîne, aspect caractéris-
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Halococcus streptocoques lactiques thermophiles ont une température opti-
male de croissance de 45 °C, avec comme espèce Streptococcus
Aérobies Section 4 Acetobacter thermophilus, bactérie lactique présente dans le yaourt à côté de
Gluconobacter Lactobacillus delbrueckii bulgaricus. Certaines bactéries possèdent
Gram – deux, voire trois plans de reproduction perpendiculaires deux à
Legionella
deux. Cela conduit à des amas de coques par quatre dans un plan
Alcaligenes
appelés tétrades (pédiocoques) ou de huit coques disposées au
Brucella sommet d’un cube. Certaines bactéries, appelées communément
sarcines, rencontrées en particulier dans certaines altérations des
bières, sont dans ce cas. Ces bactéries appartiennent au genre
Escherichia Pediococcus. Les staphylocoques donnent au microscope des amas
Shigella
de coques irréguliers « en grappe » car ils possèdent vraisemblable-
Salmonella
ment de nombreux plans dans lesquels la division peut s’effectuer.
Citrobacter
Klebsiella
Staphylococcus aureus, bactérie pathogène des produits alimen-
Bacilles Enterobacter taires responsable de toxi-infection, est dans ce cas.
Erwinia
Dans le cas des bactéries cylindriques, on peut observer égale-
Aérobies Serratia
ment des détails morphologiques. Les dimensions des cellules sont
anaérobies Section 5 Hafnia
Edwarsiella
plus diversifiées, du gros bacille court (1 à 2 µm sur 2 à 3 µm) au fin
facultatives
Proteus bacille long (0,5 à 1 µm sur 3 à 10 µm), bacille droit ou incurvé. La
Yersinia section 15 de la classification de Bergey [1] regroupe des bacilles
repliés ou ramifiés. Les associations de cellules sont aussi remar-
Vibrio quables. La plus fréquente est la disposition en file de deux cellules,
Aeromonas diplobacille, ou de plus de deux, streptobacille. Certains bacilles
sont accolés les uns aux autres dans leur longueur, association dite
Zymomonas « en palissade » (Corynebactéries).
La figure 1a fait apparaître un caractère distinctif important des
Anaérobies Section 6 Bacteroides bactéries : le type respiratoire. Les bactéries qui ne sont capables de
se reproduire qu’en présence d’oxygène sont dites aérobies strictes.
a Gram négatives Les bactéries capables de croître en l’absence d’oxygène sont ana-
érobies. Un assez grand nombre d’espèces peut se développer aussi
bien en absence qu’en présence d’oxygène. Ces bactéries sont dites
Micrococcus
Staphylococcus
aérobies-anaérobies facultatives. Des bactéries importantes en
technologie alimentaire sont en particulier celles qui appartiennent
Streptococcus au genre Clostridium, qui ne possèdent pas l’équipement enzymati-
Non que pour réduire l’oxygène (bactéries oxydases négatives) et qui,
Section 12 Leuconostoc
sporulées cultivées en aérobiose, sont tuées par effet du peroxyde d’hydro-
Pediococcus
gène dont elles ne peuvent pas se débarrasser, étant de surcroît
Aerococcus catalases négatives. Ces bactéries sont dites anaérobies strictes. Ce
Coques
Peptococcus genre regroupe un grand nombre d’espèces dont certaines sont
Peptostreptococcus pathogènes et peuvent être présentes dans les aliments : Clostri-
Ruminococcus dium perfringens et Clostridium botulinum, pour n’en citer que
Sarcina deux. Les bactéries microaérophiles, quant à elles, exigent des
ambiances gazeuses particulières dans lesquelles la pression
Sporulées Bacillus partielle d’oxygène est inférieure à ce qu’elle est dans l’air sans être
Gram + Section 13 Clostridium nulle. L’étude du comportement vis-à-vis de l’oxygène est aussi utili-
Sporulés Sporosarcina sée pour la distinction des genres et espèces de bactéries Gram
positives.
Lactobacillus Les bacilles Gram + des genres Bacillus et Clostridium (section 13
Non Listeria de la classification de Bergey [1]) ont la propriété remarquable de
Section 14
sporulés Erysipelothrix pouvoir former une endospore, forme de reproduction mais surtout
Bacilles Brochothrix de résistance. C’est un élément sphérique ou ovoïde apparaissant
dans les cellules, en fin de croissance, en phase stationnaire, lors-
Corynebacterium que les conditions de culture deviennent difficiles du fait de l’appau-
Formes Brevibacterium vrissement du milieu. Il s’agit d’une cellule en état de dormance
Section 15
irrégulières Propionibacterium métabolique, très résistante aux agents physico-chimiques et capa-
Bifidobacterium ble de germer, si les conditions redeviennent favorables, pour
b Gram positives donner une cellule normale. L’endospore bactérienne peut résister à
un traitement thermique de huit heures et demie à 100 °C. Cette
particularité a beaucoup de conséquences technologiques, notam-
Figure 1 – Principaux genres de bactéries impliqués ment dans les procédés alimentaires mettant en œuvre un traite-
dans les produits alimentaires (d’après [1]) ment thermique.
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des produits déshydratés La chaleur se propage spontanément du corps le plus chaud vers
à usage alimentaire celui le plus froid jusqu’à ce que leurs températures soient égales.
Physiquement, c’est un flux de chaleur qui se propage par transfert
d’énergie thermique de molécule à molécule voisine. Les transferts
Ce premier paragraphe est consacré à la définition des caractéris- thermiques s’effectuent selon trois processus : la conduction, la
tiques physico-chimiques et des microflores contaminantes des pul- convection et le rayonnement.
vérulents alimentaires.
Dans la majorité des procédés thermiques de décontamination
des poudres, les échanges de chaleur combinent des phénomènes
de convection (poudre brassée dans un flux d’air chaud) et de
1.1 Caractéristiques physico-chimiques conduction (diffusion de la chaleur au sein des particules).
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150 °C 80%
Répartition
100 °C granulométrique
20%
en nombre
1 µm 10 µm
0 °C
– 50 °C
105,5 J
332,2 J 418,6 J 2256,3 J 92,5 J
Énergie
Soit une population de 10
particules sphériques :
99,6%
Répartition
1
– 8 avec un diamètre de 1 µm granulométrique
0,04% en volume ou
– 2 avec un diamètre de 10 µm
p p 1 µm 10 µm en masse
p p p Figure 2 – Représentation normalisée de la granulométrie
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strictes de production et un contrôle de qualité rigoureux réalisé qui varient en fonction du type d’aliment et des micro-organismes
chez le producteur pourraient permettre de s’affranchir d’une étape considérés [17]. L’aw conditionne la stabilité microbiologique des
supplémentaire de décontamination. De plus, l’utilisation de produits alimentaires et influe fortement sur l’efficacité
sécheur moderne, un nettoyage à l’eau propre et un emballage décontaminante des traitements thermiques.
hygiénique permettent de réduire en général la charge microbienne (0)
1
dans les épices [6]
ment stables tant qu’ils demeurent à l’état sec ; par conséquent, les
conditions de stockage de ces produits sont prépondérantes pour Composés antimicrobiens Épices
assurer une bonne conservation [5] [6] [7].
La localisation géographique des zones de production et la faible Allicine Ail
activité de l’eau des poudres alimentaires font que la plupart des Allylisothiocyanate Moutarde
germes présents sont thermotolérants et xérophiles, ce qui rend
encore plus difficile leur élimination. En effet, les micro-organis- Anéthol Anis
mes présents sur les poudres subissent un premier stress osmoti- Capsicidine Paprika
que qui a pour conséquence d’augmenter leur thermotolérance [8]
[9] [10]. Capsaicine Piment de Cayenne, paprika
Les spores du genre Bacillus, dont certaines sont productrices Carnosol Romarin
de toxines, représentent le plus souvent près de 50 % de la charge Carvacrol Origan, sarriette, thym
microbienne. Les plus fréquentes sont B. subtilis, B. licheniformis,
B. megaterium, B. pumilus, B. brevis, B. polymyxa et B. cereus [6]. Aldéhyde cinnamique Écorce de cannelle
Salmonella est présente dans 8 % des échantillons de poivre [11]. Cuminaldéhyde Cannelle, graines de cumin
De nombreuses moisissures, essentiellement des Aspergillus
(Aspergillus flavus fait partie des contaminants principaux du poi- Eugénol Allspice, clou de girofle
vre noir) et des Penicillium, ainsi que Clostridium perfringens (10 à Géraniol Gingembre, thym
100/gramme) constituent le reste des contaminants principaux des
poudres [12]. Des souches de Staphylococcus aureus et d’Escheri- Composés dérivés du p-menthane Menthe
chia coli sont fréquemment rencontrées dans le lait déshydraté, Thymol Origan, thym
dans les aliments à base de lait en poudre ainsi que dans la farine
de blé [13]. Acide ursolique Romarin
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produits finis.
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Le présent article s’appuie sur les données tirées du rapport de l’AFSSA cité
et, donc, focalisées sur l’évaluation des risques liés à la présence des myco-
toxines dans les céréales destinées à l’alimentation humaine. Un autre article,
traitant cette fois de la gestion des risques et, précisément, de la réglementa-
tion, des plans de contrôle, et des mesures préventives couvrant notamment
les pratiques agricoles, a été publié par MM. Grosjean et Gourdain [F 1 138].
Enfin, cet article ne traite pas des méthodes de détection et de dosage (consulter
1 le [P 3 330] dans le Pour en savoir plus).
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Ochratoxine A
Penicillium verrucosum,
Aspergillus ochraceus
L’investigation menée lors de la « maladie X du dindon », qui a
sévi en 1960 en Angleterre, a permis de mettre en évidence la pré-
sence d’une toxine dans la nourriture de ces volailles, comportant
1
Fusarium verticillioides, des tourteaux d’arachide. Des études conduites sur la matière pre-
Fumonisines B1, B2, B3
F. proliferatum mière contaminée par une moisissure, du genre Aspergillus, abou-
Fusarium langsethiae, tirent à la caractérisation des aflatoxines [2]. Ces travaux furent à
F. sporotrichioides, F. poae, l’origine de la découverte des toxines de moisissures ou myco-
Trichothécènes des groupes toxines.
F. graminearum, F. culmorum,
A et B
F. crookwellense, F. tricinc-
tum, F. acuminatum ■ Facteurs de développement fongique et de production
d’aflatoxines
Fusarium graminearum,
Zéaralènone Les aflatoxines B1, B2, G1 et G2 sont susceptibles d’être pro-
F. culmorum, F. crookwellense
duites par certaines souches d’espèces appartenant au genre
Alcaloïdes d’ergot Claviceps purpurea, Aspergillus, telles que :
(dit « ergot du seigle ») C. paspali, C. africana
– A. flavus pouvant produire les aflatoxines B1 et B2 ;
– A. parasiticus et A. nomius (rencontré rarement) pouvant pro-
respectivement lors de la production et de certains procédés de duire, en plus, les aflatoxines G1 et G2 ;
transformation des céréales. – A. flavus est le principal agent de contamination du maïs et
des graines de coton ;
Il est à noter que les mycotoxines sont généralement thermo- – A. parasiticus est présent, surtout, dans les graines
stables et ne sont pas détruites par les procédés habituels de cuis- d’arachide [3].
son et de stérilisation.
Les conditions les plus favorables pour un développement
On peut aussi classer les mycotoxines selon leurs principaux d’A. flavus et une production d’aflatoxines sont une activité en eau
effets toxiques : (Aw) de 0,84-0,86 et une température comprise entre 25 et
– pouvoir hépatotoxique (aflatoxines) ; 40 oC [4]. Ces proliférations fongiques et les productions d’afla-
– œstrogéniques (zéaralènone) ; toxine ont lieu au champ et au cours du stockage.
– immuno/hématotoxiques (trichothécènes) ; Au champ, les insectes attaquent la surface des grains facilitant
– fumonisines ; l’accès de la moisissure aux structures internes qui contiennent les
– dermonécrosantes (trichothécènes) ; nutriments et augmente le risque de contamination de la partie
comestible. Un tel scénario ne concerne pas seulement les zones
– néphrotoxiques (ochratoxine A).
tropicales et les cultures d’arachide, mais aussi les zones tempé-
Certaines mycotoxines sont reconnues ou suspectées d’être rées et certaines cultures comme le maïs, lors de saisons particu-
cancérogènes (tableau 2). lièrement chaudes et sèches.
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L a gestion des risques liés aux mycotoxines dans les céréales découle de
l’évaluation des risques réalisée. Elle doit se faire au cas par cas, c’est-à-dire
pour chaque couple mycotoxine/substrat, du fait de la multiplicité des facteurs
agro-climatiques et des techniques culturales entrant en jeu. Elle s’est beaucoup
développée depuis 20 ans, mais elle n’est documentée correctement que sur
quelques mycotoxines (aflatoxines, ochratoxine A, désoxynivalénol, zéaralè-
none et fumonisines), ainsi que sur l’ergot (dit « de seigle », mais qui peut se
trouver aussi sur d‘autres grains).
Du fait de la grande diversité des situations pouvant être rencontrées, les élé-
ments de gestion présentés ci-après ne concernent que la France et les
mycotoxines les plus fréquemment rencontrées.
La gestion du risque « mycotoxines » s’exerce au travers de la législation, au
travers de plans de surveillance publics et privés, et au travers d’actions techni-
ques préventives et curatives. Ces dernières concernant les différents stades de
travail des grains, depuis la production au champ, la récolte, la conservation,
jusqu’à la mise à disposition des industries d’utilisation qui les introduisent dans
Parution : mars 2010
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1 laire une homogénéité dans les textes en vigueur dans les différents
états membres, mais n’exclut pas la possibilité de textes nationaux
pour des mycotoxines particulières (mais, dans ce cas, le pays doit
régions ;
– répartition hétérogène de l’humidité dans un silo due à une
différence de température entre face ensoleillée et face non
en demander l’autorisation à la Commission). ensoleillée ;
Ces textes sont de différents types : – ventilation incomplète d’un silo qui crée une zone plus humide
– règlements ; à une certaine hauteur ;
– directives ; – ventilation mal conduite provoquant une réhumidification sur
– recommandations ; les parois du silo ou sur le dessus du tas de grains....
– textes nationaux qui transposent les directives européennes.
La préoccupation de la législation pour les méthodes d’analyse
Nota : un règlement est applicable à tout justiciable de l’Union, alors qu’une directive, est également compréhensible étant donnée la difficulté des ana-
pour être applicable dans un pays, doit être transposée dans le droit national. Ainsi, lyses qui concernent des molécules présentes à de très faibles
lorsqu’il existe un règlement européen, il n’y a pas de texte national correspondant.
doses (en général de 0,01 à 100 µg/kg).
■ Les mycotoxines sont concernées par des textes législatifs
généraux relatifs à la sécurité sanitaire des aliments constitués par ■ La législation de l’alimentation animale ne concerne qu’une
les règlements 178/2002, 852/2004, 853/2004, 854/2004, 882/2004 et seule mycotoxine : l’aflatoxine B1. Les textes qui la régissent sont
183/2005 (dits « du paquet hygiène »). Les mycotoxines sont aussi les directives européennes concernant les substances et produits
concernées par des textes législatifs particuliers, distincts pour indésirables (directive 2002/32 du Parlement et du Conseil de
l’alimentation humaine et pour l’alimentation animale. Ces textes l’Union européenne, modifiée par la directive 2003/100) transcrites
concernent la gestion des lots (notamment le mélange, le traite- par les arrêtés français du 12 janvier 2001 et du 5 juillet 2004.
ment physique, le traitement chimique, l’étiquetage...), des teneurs La législation prévoit que les matières premières susceptibles de
limites dans les denrées alimentaires pour l’alimentation humaine contenir cette mycotoxine doivent faire l’objet de contrôles. Par
et les aliments pour animaux, ainsi que la qualité des prélève- ailleurs, elle fixe des teneurs maximales en AFB1 dans les matières
ments d’échantillons et la qualité des dosages (pour les contrôles premières et dans les aliments composés (tableau 2), et précise que
officiels). les matières premières qui contiennent des teneurs supérieures aux
■ Le texte de base traitant des mycotoxines en alimentation limites réglementaires ne peuvent pas être incorporées dans les ali-
humaine est le règlement 1881/2006 de la Commission, modifié ments composés, au prétexte que la fabrication d’un aliment
par le règlement 1126/2007. Ce règlement stipule qu’il est interdit : consiste en un mélange de lots dont certains seraient sains.
– d’utiliser des produits si leurs teneurs sont supérieures à cer- Cette double limitation (dans les matières premières et les ali-
taines limites ; ments composés) correspond donc à une interdiction de dilution
– de mélanger des lots non conformes avec des lots conformes de lots contaminés (au-dessus de la limite maximale). Cette dispo-
(dans un but de dilution) ; sition a été transposée en Droit français par l’arrêté du 5 août 2003,
– de décontaminer des produits par traitement chimique. modifiant l’arrêté du 12 janvier 2001 concernant les substances
indésirables dans l’alimentation des animaux.
Ce texte fixe des limites pour un certain nombre de mycotoxines
dans différentes denrées alimentaires. Pour les céréales et produits La législation alimentation animale, concerne aussi les prélève-
céréaliers consommées directement, ou devant être transformés ments et analyses réalisés dans le cadre des contrôles officiels,
avant consommation, il s’agit de l’aflatoxine B1 (AFB1), de la mais uniquement pour l’aflatoxine B1 (seule mycotoxine régle-
somme des aflatoxines B1 + B2 + G1 + G2, du désoxynivalénol mentée). Cette législation consiste en le règlement 152/2009 qui
(DON), de la zéaralènone (ZEN), des fumonisines B1 et B2 (somme abroge la directive 1976/371 (méthode de prélèvement) et la direc-
FB1 + FB2), de l’ochratoxine (OTA) (tableau 1). Ce règlement prévoit tive 1976/372 (méthode d’analyse), et, par là même, leur transposi-
d’être complété dans quelques années pour introduire des valeurs tion en Droit français par l’arrêté du 19 septembre 1983 modifié.
limites pour d’autres fusariotoxines, telles que les toxines T-2 et
HT-2. ■ D’autres mycotoxines, comme le désoxynivalénol, la zéaralè-
Les valeurs limites dans les grains s’appliquent aux céréales none, les fumonisines et l’ochratoxine A, ont fait l’objet de projets
brutes mises sur le marché en vue de leur première transfor- législatifs de la part de la Commission pour compléter la directive
mation, c’est-à-dire à partir du moment où elles sortent des orga- 2002/32. Pour le moment, la Commission a reporté ces projets à
nismes stockeurs ou des stockages fermiers. Cela permet aux une date ultérieure, et dans cette attente, a formulé une
stockeurs de nettoyer, éventuellement, les grains par triage/tami- recommandation le 17 août 2006 (recommandation 2006/576).
sage puisque cette opération, qui sépare des grains propres, d’une Ce texte recommande aux États de faire des contrôles, et de
part, et des impuretés (poussières, glumes, glumelles, morceaux veiller à ce que les fabricants d’aliments utilisent des teneurs
de paille, morceaux d’épis et graines étrangères), d’autre part, limites en mycotoxines (cf. tableau 2) pour les matières premières
conduit à des grains moins contaminés (voir plus loin). (principalement des céréales et co-produits céréaliers) et divers ali-
ments destinés aux différentes espèces animales. Cette
■ Le règlement 1881/2006 modifié est complété par le règlement recommandation pose problème car elle s’adresse aux États (et
401/2006, pour ce qui concerne le mode d’échantillonnage et les
non aux professionnels de l’alimentation), sans préciser comment
méthodes d’analyse réalisés dans le cadre des contrôles officiels.
les États doivent la faire respecter.
La préoccupation de la législation pour l’opération d’échantillon-
nage est compréhensible, car l’échantillonnage introduit une De plus, elle ne précise rien en matière de prélèvement d’échan-
erreur bien supérieure à celle de l’analyse proprement dite. Cela tillon, ni en matière d’analyse. Enfin, les teneurs limites proposées
est dû à la répartition habituellement très hétérogène des myco- pour les céréales ne concernent que les lots destinés aux animaux
toxines dans les lots de denrées alimentaires pour l’alimentation les moins sensibles aux mycotoxines ce qui est peu précis.
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1
Préparations à base de céréales pour enfants en bas âge.......................................... 0,1
Aflatoxines
Céréales............................................................................................................................. de 4 à 10 (3)
B1 + B2 + G1 + G2 (1)
Céréales brutes................................................................................................................. 5
Ochratoxine A (1) Produits céréaliers ou céréales pour consommation directe ...................................... 3
Préparations à base de céréales pour enfants en bas âge.......................................... 0,5
Céréales autres que blé dur, avoine et maïs................................................................. 1 250
Blé dur, avoine, maïs ....................................................................................................... 1 750
Farines, grits, semoule de maïs dont la taille est < 500 µm ........................................ 1 250
Autres farines, grits, semoules ....................................................................................... 750
Désoxynivalénol (1)
Pain, pâtisserie, biscuits, snacks, petits déjeuners ....................................................... 500
Céréales en consommation directe, farine, son .......................................................... 75
Pâtes sèches ..................................................................................................................... 750
Céréales pour alimentation infantile .............................................................................. 200
Céréales sauf maïs ........................................................................................................... 100
Maïs ................................................................................................................................... 350
Céréales en consommation directe, farine, son .......................................................... 75
Farines, grits, semoule de maïs dont la taille est < 500 µm ........................................ 300
Zéaralènone (1) Autres farines de maïs, grits, semoules ........................................................................ 200
Pain, pâtisserie, biscuits, snacks, petits déjeuners ....................................................... 50
Snacks, petits déjeuners à base de maïs....................................................................... 50
Céréales autres que maïs pour alimentation infantile ................................................. 20
Maïs pour alimentation infantile .................................................................................... 20
Maïs ................................................................................................................................... 4 000
Farines, grits, semoule de maïs dont la taille est < 500 µm ........................................ 2 000
Fumonisines
Farines, grits, semoule de maïs dont la taille est > 500 µm........................................ 1 400
B1 + B2 (1)
Biscuits, snacks, petits déjeuners ................................................................................... 800/1 000
Aliments à base de maïs pour alimentation infantile .................................................. 200
Ergot (2) Blé tendre, blé dur pour l’intervention .......................................................................... 500
(1) Règlement européen no 1881/2006 modifié.
o
(2) Règlement européen n 687/2008.
(3) Selon le produit et son stade de transformation.
■ Cas de l’ergot mondial à un cours moins cher que le cours du marché intérieur)
À côté des textes législatifs parlant des mycotoxines au sens et ne s’applique qu’aux lots de blé tendre et de blé dur (0,5 g
strict, il faut associer les textes qui traitent de l’ergot des céréales d’ergot/kg de céréale).
(Claviceps purpurea, appelé généralement ergot de seigle). En
effet, les mycotoxines de Claviceps (alcaloïdes) sont réglementées • En alimentation animale, la directive 2002/32 et l’arrêté du
indirectement par des limites sur la proportion pondérale d’ergot 12 janvier 2001 limitent la présence d’ergot à 1 g d’ergot par kg
dans un lot de céréales. d’aliment pour animaux « contenant des céréales non moulues ».
• En alimentation humaine, l’ergot est réglementé par le règle- Il est possible que, dans l’avenir, tous les textes relatifs à l’ergot
ment 687/2008 relatif à l’intervention (exportation de céréales déci- évoluent pour se baser, non plus sur la proportion pondérale
dée par les Autorités européennes avec une participation d’ergot dans un lot de céréales, mais sur la teneur en certains alca-
financière permettant au lot d’être commercialisable sur le marché loïdes de ce lot.
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Organismes génétiquement
modifiés et sécurité alimentaire
1
par Antoine RAS
Diplômé de Maîtrise de biologie cellulaire et physiologie
Responsable OGM et mycotoxines chez SGS (Société générale de surveillance)
Laboratoire Crépin, Rouen
en collaboration avec :
Yvon GERVAISE
Membre de la Société des experts chimistes de France
Expert près la Cour d’appel de Rouen
Expert français auprès de l’Organisation de coopération et de développement économique
(OCDE)
Ingénieur INSCIR (Institut national supérieur de chimie industrielle de Rouen)
Directeur SGS Laboratoire Crépin, Rouen
et Dalila HACHANI
Diplomée de DUESS techniques de mesures et analyses appliquées aux bio-industries
Responsable OGM et cadre de l’UT alimentaire de SGS Laboratoire Crépin, Rouen
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1 Principales abréviations
Abréviation Développé
ADN acide désoxyribonucléique
ARN acide ribonucléique
ARNm acide ribonucléique messager
PCR polymerase chain reaction
dATP désoxyadénosine triphosphate
dCTP désoxycytidine triphosphate
dGTP désoxyguanosine triphosphate
dTTP désoxythymidine trisphosphate
dNTP désoxynucléotide triphosphate
CTAB hexadécyl-triméthyl-ammonium-bromide
UDG uracyle-D-glycosylase
dUTP désoxyuridine triphosphate
1.1 Définition
1.2 Mise au point d’une plante
Exemple : Un organisme génétiquement modifié (OGM) est un transgénique
organisme vivant dont le matériel génétique a été modifié autrement
que par multiplication ou recombinaison naturelles, c’est-à-dire par
modification de l’expression de l’un de ses gènes ou par addition d’un L’ensemble des techniques permettant ces interventions sur le
gène étranger. génome constitue le génie génétique, secteur majeur des biotechno-
logies ; il repose sur la connaissance des lois de l’hérédité que l’on
doit à Mendel (fin du 19e siècle), des techniques de culture in vitro
L’ADN (acide désoxyribonucléique) est le support de l’information principalement développées dans les années 1950 à 1970 et des
génétique transmise de génération en génération. Le gène constitue techniques de biologie moléculaire plus récentes.
l’unité de base de cette information.
On peut distinguer trois parties dans la schématique du plan
La chronologie de l’expression d’un gène est la suivante d’obtention d’une plante transgénique :
(figure 1) :
— la séquence d’ADN porteuse du gène est convertie, transcrite ■ En amont, intervient tout d’abord l’identification, dans une autre
en un autre type d’acide nucléique : l’ARN (acide ribonucléique) espèce, du gène d’intérêt (gène codant pour le caractère recherché).
messager ; Les avancées, dans le séquençage des génomes et dans l’étude
— ensuite, intervient un autre transfert de l’information : la tra- fonctionnelle des gènes, multiplient les possibilités.
duction protéique ; l’ARNm (ARN messager) sert de patron à la syn- On inclut ce gène dans une construction complète virale ou plas-
thèse d’une protéine particulière : à un gène spécifique correspond midique, comprenant des séquences régulatrices indispensables à
une protéine donnée. l’expression du gène d’intérêt : ce sont des séquences promotrice
L’introduction d’un gène étranger dans le génome d’un orga- (la plus couramment utilisée est le promoteur 35S du virus de la
nisme confère à cet organisme la capacité de synthétiser lui-même mosaïque du chou-fleur) et terminatrice (le terminateur NOS issu du
la protéine qu’il ne produit pas naturellement. gène de la nopaline synthase d’Agrobacterium tumefaciens).
Le transfert d’un gène (transgénèse) est rendu possible par le fait Le gène est alors intégré dans un vecteur d’expression.
que tous les organismes vivants (virus, bactéries, végétaux, Des gènes rapporteurs, comme le gène GUS (gène codant pour
animaux) possèdent le même système de codage et d’expression de une β-glucuronidase), permettront quant à eux un repérage visuel
l’information génétique. Cette universalité offre une infinité de plus ou moins quantifiable des cellules transformées.
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classes de risques pour les études. La physiologie de la nouvelle
plante est évaluée.
Transcription La CGB (Commission du génie biomoléculaire) autorise ou non
ARN intron les cultures en champs et la Commission européenne les commer-
a : transcrit primaire exon cialisations.
AUG STOP
5' 3'
1.3 Applications
b : épissage AUG STOP
des introns 5' 3' Le génie génétique est un outil très intéressant pour la recherche
fondamentale dans le cadre, entre autres, de la biologie et de la
physiologie du développement. Il permet d’identifier de nouveaux
c : « capping » 5' AUG STOP 3' gènes et de mieux comprendre leurs fonctions en provoquant une
de l'extrémité 5'
surexpression, une expression localisée, spécifique d‘un tissu ou
c' : ajout d'une d’un organe, une expression conditionnelle ou une suppression
Passage de l'ARN « queue » poly-A
messager « mature »
d’expression.
à l'extrémité 3'
dans le cytoplasme Outre la recherche fondamentale, on peut distinguer plusieurs
secteurs d’applications des plantes transgéniques (tableau 1) [2]
comme :
Cytoplasme
Traduction — la résistance aux agents pathogènes et aux ravageurs (virus,
(Déplacement des ribosomes) champignons, bactéries, insectes, nématodes) illustrée par des
variétés de maïs résistantes à la pyrale ; ici le principe est de faire
5' AUG STOP 3' produire par la plante une nouvelle protéine inhibitrice de protéase
ARN messager ou d’α-amylase empêchant la digestion chez l’insecte, autrement dit
Ribosome l’insecte meurt de faim. Les recherches actuelles visent à dévelop-
NH2
Chaîne polypeptidique per des stratégies à long terme pour éviter l’apparition de mutants
NH2 en diversifiant les mécanismes entomopathogènes afin de mainte-
nir des populations sensibles ;
ATG, AUG : séquences repères du début du gène (bases A, T, G, C, U...)
— la tolérance aux herbicides illustrée par les variétés de soja
tolérant au glyphosate (Round-Up Ready™, Monsanto Company).
Figure 1 – Structure générale d’un gène et cheminement
Les stratégies pouvant être mises en place sont la surexpression de
transcription-traduction
la cible de l’herbicide, la mutation de cette cible ou la détoxification ;
— la résistance aux facteurs environnementaux comme la séche-
resse, le froid, la salinité ou différentes formes de pollution. Dans la
De plus, des gènes marqueurs comme des gènes de résistance à nature, ces mécanismes sont multigéniques. Ce niveau de com-
un antibiotique où à un herbicide permettront d’isoler les plantes plexité est un écueil aujourd’hui pour la mise en application ;
effectivement transformées par pression de sélection. — la création de plantes mâles stériles pour la sélection. La tech-
Le vecteur ainsi obtenu est transféré dans des bactéries ou des nique Terminator (à ne pas confondre avec les séquences termina-
levures où il sera multiplié en grand nombre : c’est le clonage du trices régulatrices comme le terminateur NOS) permet de
gène. déclencher l’expression d’un gène à un stade précis du développe-
ment de la plante. La mise au point de semences donnant naissance
■ La seconde partie correspond au transfert du vecteur d’expres- à des plantes capable de produire des fruits sans graines est une
sion dans une cellule de la plante hôte par différents moyens selon application pouvant intéresser les producteurs. Encore plus moti-
la nature de la plante. vante, la possibilité de créer des semences à l’origine de produc-
On distingue les modes de transfert direct et indirect : tions végétales stériles interpelle les sélectionneurs du monde
entier. De telles semences garantiront une protection de leurs
— le transfert direct (par voie physique) peut se faire par l’élec- obtenteurs, car les agriculteurs ne pourront pas semer à partir des
troporation (ainsi ont été obtenus les premiers maïs transgéniques) récoltes. D’autre part, elles pourraient aussi limiter le recours aux
ou par la biolistique qui utilise un canon à microparticules recouver- herbicides dans le cas de cultures donnant lieu à des repousses
tes d’ADN recombinants avec lequel on tire sur les tissus à indésirables, notamment avec des variétés OGM ;
transformer [1] ; — la modification des propriétés physiologiques d’une plante
— le transfert indirect (par voie biologique) est effectué le plus requiert la connaissance des voies de synthèse ou de dégradation.
couramment via Agrobacterium tumefaciens. Cette bactérie para- La tomate à maturité retardée ou les fleurs dont on modifie la cou-
site a naturellement la capacité de transférer une partie de son ADN leur en sont des exemples ;
plasmidique dans le génome de la cellule qu’elle a prise pour hôte. — la modification des propriétés nutritionnelles : cela peut être la
En agissant sur l’ADN plasmidique, la bactérie permet le transfert modification de la composition en acides gras de l’huile de colza ou
souhaité. de la composition en acides aminés des protéines du maïs ou bien
Ces deux modes se complètent face aux difficultés techniques encore des betteraves plus riches en saccharose ;
rencontrées lors de la mise au point des protocoles, en fonction des — la production de molécules d’intérêt pharmaceutique
tissus et des espèces végétales manipulés. (tableau 2). (0)
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Les OGM et produits issus d’OGM peuvent être les suivants : – les effets sur la dynamique des populations d’espèces dans
– plantes, semences et plants ; l’environnement récepteur et la diversité génétique de chacune de
– matières fertilisantes et produits phytopharmaceutiques ; ces populations ;
– animaux de laboratoires, animaux d’élevage (de rente) ; – une altération de la sensibilité aux agents pathogènes facilitant
– médicaments à usage humain et vétérinaire ; la dissémination de maladies infectieuses et/ou créant de
– denrées alimentaires pour la consommation humaine et pro- nouveaux réservoirs ou vecteurs ;
duits destinés à l’alimentation des animaux et aux matériaux et – une diminution de l’efficacité des traitements médicaux, vétéri-
objets au contact de ces denrées ; naires et phytosanitaires prophylactiques ou thérapeutiques, par
– ingrédients, additifs et supports d’arômes utilisés ou destinés à
être utilisés dans ou sur les denrées alimentaires ;
– biocides et constituants entrant dans la composition des pro-
exemple par le transfert de gènes conférant une résistance aux
antibiotiques utilisés en médecine humaine ou vétérinaire ;
– les effets sur la biogéochimie (cycles biogéochimiques), en
1
duits de nettoyage des matériaux et objets destinés à entrer en particulier le recyclage du carbone et de l’azote par le biais de
contact avec des denrées, produits ou boissons destinés à l’ali- modifications de la décomposition des matières organiques du sol.
mentation de l’homme ou des animaux. Les effets négatifs peuvent se produire directement ou indirecte-
ment, par des mécanismes pouvant comprendre :
1.2 Techniques d’obtention – la propagation des OGM dans l’environnement ;
– le transfert du matériel génétique inséré à d’autres organismes
■ Sont concernés par les dispositions législatives OGM, les orga- ou au même organisme, qu’il soit génétiquement modifié ou non ;
nismes obtenus notamment par les techniques définies ci-après – l’instabilité phénotypique et génétique ;
(directive 2001/18/CE) : – les interactions avec d’autres organismes, les modifications de
la gestion, y compris, le cas échéant, des pratiques agricoles.
1. les techniques de recombinaison de l’acide désoxyribonu-
cléique impliquant la formation de nouvelles combinaisons de
matériel génétique par l’insertion de molécules d’acide nucléique, 1.3.2 Incidences potentielles sur l’environnement
produit de n’importe quelle façon hors d’un organisme, à l’inté- de la dissémination ou de la mise
rieur de tout virus, plasmide bactérien ou autre système vecteur et sur le marché du ou des OGM
leur incorporation dans un organisme hôte à l’intérieur duquel Sur la base d’une évaluation des risques pour l’environnement
elles n’apparaissent pas de façon naturelle, mais où elles peuvent effectuée conformément aux principes et aux méthodes décrites
se multiplier de façon continue ; dans l’annexe III de la directive 2001/18/CE, les informations sur
2. les techniques impliquant l’incorporation directe dans un les points énumérés dans les paragraphes 1.3.2.1 ou 1.3.2.2
organisme de matériel héréditaire préparé à l’extérieur de l’orga- doivent figurer, le cas échéant, dans les notifications afin d’aider à
nisme, y compris la microinjection, la macroinjection et le tirer les conclusions concernant les incidences potentielles sur
microencapsulation ; l’environnement que peuvent avoir la dissémination ou la mise sur
3. les techniques de fusion cellulaire (y compris la fusion de pro- le marché d’OGM.
toplastes) ou d’hybridation dans lesquelles des cellules vivantes
présentant de nouvelles combinaisons de matériel génétique héré- La directive 2002/811/CE du 3 octobre 2002 précise également le
ditaire sont constituées par la fusion de deux cellules ou davan- contenu du plan de surveillance par rapport à la santé humaine et
tage au moyen de méthodes qui ne sont pas mises en œuvre de l’environnement qui doit accompagner le dossier d’un OGM pré-
façon naturelle. senté par un notifiant.
■ Sont exclues des dispositions législatives relatives aux OGM les 1.3.2.1 Dans le cas des OGM autres que les plantes
organismes obtenus à partir des techniques mentionnées qui ne supérieures
sont pas considérées comme entraînant une modification géné- 1. Probabilité que l’OGM devienne persistant et se propage dans
tique et répondant aux conditions ci-après : des habitats naturels dans les conditions de la ou des dissémina-
1. elles n’impliquent pas l’emploi de molécules d’acide nucléique tions proposées.
recombinant ou d’OGM obtenus par des techniques/ méthodes 2. Avantages ou désavantages sélectifs conférés à l’OGM et leur
autres que celles qui sont exclues par le point 2., sont : probabilité d’apparition dans les conditions de la ou des dissémi-
nations proposées.
a) la fécondation in vitro,
3. Possibilité de transfert de gènes à d’autres espèces dans les
b) les processus naturels tels que la conjugaison, la trans- conditions de la dissémination proposée de l’OGM et avantages ou
duction, la transformation, inconvénients sélectifs conférés à ces espèces.
c) l’induction polyploïde ; 4. Incidences potentielles immédiates et/ou différées que les
2. qu’elles n’impliquent pas l’utilisation d’OGM en tant qu’orga- interactions directes ou indirectes entre l’OGM et des organismes
nismes récepteurs ou parentaux : cibles peuvent avoir sur l’environnement (le cas échéant).
5. Incidences potentielles immédiates et/ou différées que les
a) la mutagenèse,
interactions directes ou indirectes entre l’OGM et des organismes
b) la fusion cellulaire (y compris la fusion de protoplastes) de non ciblés peuvent avoir sur l’environnement, notamment les inci-
cellules végétales d’organismes qui peuvent échanger du matériel dences sur les niveaux de population des concurrents, proies,
génétique par des méthodes de sélection traditionnelles. hôtes, symbiotes, prédateurs, parasites et agents pathogènes.
6. Effets immédiats et/ou différés éventuels sur la santé humaine
résultant des interactions directes ou indirectes potentielles entre
1.3 Travaux et risques l’OGM et des personnes travaillant ou entrant en contact avec le
ou les OGM disséminés, ou se trouvant à proximité.
1.3.1 Effets négatifs potentiels sur la santé 7. Effets immédiats et/ou différés éventuels sur la santé des ani-
humaine, animale et végétale des OGM maux et conséquences pour la chaîne alimentaire résultant de la
consommation de l’OGM ou de tout produit dérivé s’il est destiné
Ils varient d’un cas à l’autre et peuvent comprendre : à être utilisé en tant qu’aliment pour animaux.
– les maladies pouvant affecter l’homme, y compris les effets 8. Effets immédiats et/ou différés éventuels sur les processus bio-
allergisants ou toxiques ; géochimiques résultant des interactions directes ou indirectes
– les maladies pouvant affecter les animaux ou les végétaux, y potentielles entre l’OGM et des organismes cibles ou des organis-
compris les effets toxiques et, le cas échéant, allergisants ; mes non-cibles se trouvant à proximité du ou des OGM disséminés.
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9. Incidences immédiates et/ou différées, directes ou indirectes, En cas d’hésitation quant à la classe la mieux adaptée à l’utilisa-
que les techniques spécifiques utilisées pour la gestion de l’OGM tion confinée prévue, les mesures de protection les plus strictes
peuvent avoir sur l’environnement lorsqu’elles sont différentes de doivent être appliquées, à moins que des preuves suffisantes
celles utilisées pour les organismes non génétiquement modifiés. soient apportées pour justifier l’application des mesures moins
strictes.
1.3.2.2 Dans le cas des plantes supérieures génétiquement Les éléments à prendre en considération pour l’évaluation du
modifiées (PSGM) risque concernent :
1
1. Probabilité que les PSGM deviennent plus persistantes que les – les maladies pouvant affecter l’homme, y compris les effets
plantes parentales ou réceptrices dans les habitats agricoles ou se allergisants ou toxiques ;
propagent plus rapidement dans les habitats naturels. – les maladies pouvant affecter les animaux ou les végétaux pré-
2. Avantages ou inconvénients sélectifs conférés aux PSGM. sents dans l’environnement susceptibles d’être exposés ;
3. Possibilité de transfert de gènes aux mêmes espèces ou à – les effets délétères dus à l’impossibilité de soigner une mala-
d’autres espèces végétales sexuellement compatibles dans les die ou de disposer d’une prophylaxie efficace ;
conditions de plantation du PSGM et avantages ou inconvénients – les effets délétères dus à l’établissement ou à la dissémination
sélectifs conférés à ces espèces végétales. dans l’environnement ;
4. Incidences immédiates et/ou différées que les interactions – les effets délétères dus au transfert naturel dans d’autres orga-
directes ou indirectes entre les PSGM et les organismes cibles, tels nismes de matériel génétique inséré.
que prédateurs, parasitoïdes et agents pathogènes peuvent avoir
sur l’environnement (le cas échéant). L’évaluation doit être fondée sur les éléments suivants :
5. Incidences immédiates et/ou différées que les interactions 1. l’identification de tout effet potentiellement nocif, notamment de
directes ou indirectes entre les PSGM et des organismes ceux qui sont liés au :
non-cibles (compte tenu également des interactions d’organismes a) micro-organisme récepteur,
avec les organismes cibles), notamment les incidences sur les b) matériel génétique inséré (provenant de l’organisme don-
niveaux de population des concurrents, herbivores, symbiotes (le neur),
cas échéant), parasites et agents pathogènes. c) vecteur,
6. Effets immédiats et/ou différés éventuels sur la santé humaine d) micro-organisme donneur (pour autant que le micro-orga-
résultant des interactions directes ou indirectes potentielles entre nisme donneur soit utilisé au cours de l’opération),
les PSGM et les personnes travaillant ou entrant en contact avec la e) micro-organisme génétiquement modifié qui en résulte ;
ou les PSGM disséminées ou se trouvant à proximité.
2. les caractéristiques de l’opération ;
7. Effets immédiats et/ou différés éventuels sur la santé des ani-
3. la gravité des effets potentiellement nocifs ;
maux et conséquences pour la chaîne alimentaire résultant de la
consommation de l’OGM ou de tout produit dérivé s’il est destiné 4. la possibilité de voir les effets potentiellement nocifs se réaliser.
à être utilisé en tant qu’aliment pour animaux.
8. Incidences immédiates et/ou différées sur les processus bio- 1.3.4 Classification des OGM
géochimiques résultant des interactions directes et indirectes
potentielles de l’OGM et des organismes cibles et non-cibles à Les organismes, en particulier les micro-organismes, généti-
proximité du ou des OGM disséminés. quement modifiés sont classés en groupes distincts en fonction
9. Incidences immédiates et/ou différées, directes ou indirectes, des classes de risques qu’ils présentent pour la santé publique ou
que les techniques spécifiques de culture, de gestion et de récolte l’environnement, et notamment de leur pathogénicité.
utilisées pour la PSGM peuvent avoir sur l’environnement En fonction des classes de risques (cf. § 1.3.3), les OGM sont
lorsqu’elles sont différentes de celles utilisées pour des plantes répartis en deux groupes.
supérieures non génétiquement modifiées.
■ Le groupe I est constitué par des systèmes expérimentaux
mettant en œuvre des organismes non pathogènes de classe 1 de
1.3.3 Utilisation confinée des OGM ne bénéficiant risque pour lesquels la nature du vecteur ou de la séquence donnée
pas d’une autorisation de mise sur le marché ne justifie pas une modification de classe de risque.
et classes de risque des opérations
Sont classés dans ce groupe les organismes, en particulier les
Ces classes ne concernent pas le stockage, la culture, le trans- micro-organismes, génétiquement modifiés répondant à tous les
port, la destruction, l’élimination ou l’utilisation des micro-orga- critères suivants :
nismes qui ont bénéficié d’une autorisation de mise sur le marché. 1. l’organisme, en particulier le micro-organisme, récepteur ou
• Classe 1 : opérations pour lesquelles le risque est nul ou parental, n’est pas susceptible de causer une pathologie chez
négligeable, c’est-à-dire opérations pour lesquelles le l’homme, les animaux ou les végétaux ;
niveau 1 de confinement est indiqué pour protéger la santé 2. le vecteur et l’insert sont de telle nature qu’ils ne puissent pas
humaine et l’environnement. doter l’organisme, et notamment le micro-organisme, généti-
quement modifié, d’un phénotype susceptible de causer une
• Classe 2 : opérations présentant un risque faible, c’est-à-dire pathologie chez l’homme, les animaux ou les végétaux ou causer
opérations pour lesquelles le niveau 2 de confinement est des effets négatifs sur l’environnement ;
indiqué pour protéger la santé humaine et l’environnement.
3. l’organisme, en particulier le micro-organisme, génétiquement
• Classe 3 : opérations présentant un risque modéré, c’est-à- modifié n’est pas susceptible de causer une pathologie chez
dire opérations pour lesquelles le niveau 3 de confinement l’homme, les animaux ou les végétaux ou causer des effets néga-
est indiqué pour protéger la santé humaine et l’environne- tifs sur l’environnement.
ment.
■ Le groupe II est constitué par des systèmes expérimentaux
• Classe 4 : opérations présentant un risque élevé, c’est-à-dire mettant en œuvre des organismes génétiquement modifiés autres
opérations pour lesquelles le niveau 4 de confinement est que ceux mentionnés au groupe I ci-dessus et comprend notam-
indiqué pour protéger la santé humaine et l’environnement. ment les micro-organismes des classes de risque 2, 3 et 4. Ces
Les exigences détaillées de ces niveaux de confinement sont classes de risque correspondant respectivement aux groupes 2, 3
développées dans l’annexe IV de la directive 98/81/CE modifiant la et 4 tels que définis à l’article R. 231-61-1 du Code du travail
directive 90/219/CEE. (décret no 93-774 modifié du 27 mars 1993).
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1.3.5 Classement des agents biologiques Les mesures et définitions des niveaux de confinement minimal
à mettre en œuvre pour les agents biologiques, y compris les OGM :
Au sens de l’article R. 231-61-1 du Code du travail, sont – dans les laboratoires de recherche, de développement et
considérés comme « agents biologiques » les micro-orga- d’enseignement ;
nismes, y compris les micro-organismes génétiquement modi- – dans les laboratoires industriels ;
fiés, les cultures cellulaires et les endoparasites humains qui – dans les établissements industriels ou agricoles, à des fins de
sont susceptibles de provoquer une infection, une allergie ou production,
1
une intoxication. comportent quatre niveaux (cf. § 1.3.3).
En France, le manuel 2000 « principes de classement et guides
Les agents biologiques sont classés en quatre groupes en fonc- officiels de la commission de génie génétique », des circulaires du
tion de l’importance du risque d’infection qu’ils présentent : ministère chargé de l’environnement (18 avril 1996, 24 juin 2002 et
– groupe 1 ; agent qui n’est pas susceptible de provoquer une 15 mai 2003) donnent des précisions complémentaires.
maladie chez l’homme ; La procédure obligatoire d’agrément de ces laboratoires est
– groupe 2 ; agent pouvant provoquer une maladie chez développée dans le Code de l’environnement, partie réglementaire
l’homme et constituer un danger pour les travailleurs ; sa propaga- Titre III, articles R. 532-1 à R. 532-17 (décret no 2007-1467 du
tion dans la collectivité est improbable ; il existe généralement une 12 octobre 2007).
prophylaxie ou un traitement efficace ;
– groupe 3 ; agent pouvant provoquer une maladie grave chez
l’homme et constituer un danger sérieux pour les travailleurs ; il peut 1.3.7 Procédure de notification
présenter un risque élevé de propagation dans la collectivité mais 1. Avant la mise sur le marché d’un OGM ou d’une combinaison
il existe généralement une prophylaxie ou un traitement efficace ; d’OGM en tant que produits ou éléments de produits, une notification
– groupe 4 ; agent provoquant des maladies graves chez l’homme est adressée à l’autorité compétente de l’État membre où cet OGM
et constituant un danger sérieux pour les travailleurs ; il peut pré- sera mis sur le marché pour la première fois. L’autorité compétente
senter un risque élevé de propagation dans la collectivité ; il n’existe accuse réception de la notification en prenant acte de la date de
généralement pas de prophylaxie ni de traitement efficace. celle-ci et transmet immédiatement la synthèse du dossier aux auto-
Sont considérés comme agents biologiques pathogènes, au rités compétentes des autres États membres et à la Commission.
sens de l’article R. 231-61 (décret no 94-352 du 4 mai 1994), les L’autorité compétente examine sans tarder si la notification est
agents biologiques des groupes 2, 3 et 4. conforme et, si cela est nécessaire, demande au notifiant des infor-
mations complémentaires.
Cette répartition, celle des OGM en groupe I ou II et les Si la notification est conforme et au plus tard au moment où elle
classes de risque des opérations réalisées sur des OGM sont à envoie son rapport d’évaluation, l’autorité compétente en transmet
la base des règles de confinement qui doivent être respectées une copie à la Commission, qui la transmet au plus tard dans les
pour la sécurité des travailleurs et de l’environnement dans trente jours qui suivent sa réception aux autorités compétentes
les établissements concernés (décret no 94-352 du 4 mai 1994, des autres États membres.
arrêté du 2 juin 1998 et arrêté du 16 juillet 2007).
2. La notification contient :
a) les informations requises par la directive 2001/18/CE. Ces infor-
1.3.6Installations classées mations tiennent compte de la diversité des sites d’utilisation des
Sont concernées par la législation sur les installations classées OGM en tant que produits ou éléments de produits et incluent les
pour la protection de l’environnement les établissements dans les- données et les résultats obtenus lors de disséminations effectuées
quels sont mis en œuvre, dans un processus de production indus- au titre de la recherche et du développement sur les conséquences
trielle ou commerciale, des OGM. Ils sont soumis : de la dissémination pour la santé humaine et l’environnement ;
– à déclaration sous la rubrique no 2680-1 si les OGM sont clas- b) l’évaluation des risques pour l’environnement ;
sés dans le groupe I. Les prescriptions générales applicables sont c) les conditions pour la mise sur le marché du produit, y
fixées par arrêté du 2 juin 1998 ; compris les conditions spécifiques d’utilisation et de
– à autorisation sous la rubrique no 2680-2 si les OGM sont clas- manipulation ;
sés dans le groupe II. Les règles techniques auxquelles ils doivent
d) la durée proposée pour l’autorisation, qui ne devrait pas
satisfaire sont fixées par arrêté du 2 juin 1998.
dépasser dix ans ;
Les textes de références sont :
e) un plan de surveillance conforme, y compris une proposition
– le Livre V, préventions des pollutions, des risques et des nui- relative à la durée de ce plan ; cette durée peut être différente de la
sances du Code de l’environnement, titre Ier Installations classées durée proposée pour l’autorisation ;
pour la protection de l’environnement ;
– le décret no 94-352 du 4 mai 1994 relatif à la protection des f) un projet d’étiquetage qui satisfait aux exigences spécifiées, à
travailleurs contre les risques résultant de leur exposition à des l’annexe IV de la directive 2001/18/CE. L’étiquetage indique claire-
agents biologiques ; ment la présence d’un OGM. La mention « Ce produit contient des
– les arrêtés du 2 juin 1998 relatifs aux prescriptions générales organismes génétiquement modifiés » doit figurer sur une éti-
applicables aux établissements soumis à déclaration (no 2680-1) quette ou sur un document d’accompagnement ;
ou à autorisation (no 2680-2). g) un projet d’emballage qui intègre les exigences spécifiées à
Les activités portant sur la mise en œuvre dans un processus de l’annexe IV de la directive ;
production industrielle ou commerciale d’OGM : h) une synthèse du dossier.
– du groupe I, soumises à déclaration (no 2680-1) sont éxonérées Si, sur la base des résultats d’une dissémination notifiée ou
de la taxe générale sur les activités polluantes ; d’autres considérations scientifiques de fond motivées, un noti-
– du groupe II, soumises à autorisation (no 2680-2), sont assujet- fiant estime que la mise sur le marché et l’utilisation d’un OGM en
ties à la taxe générale sur les activités polluantes. Le montant, tant que produit ou élément de produit ne présentent pas de ris-
quelle que soit la capacité de l’activité, s’élève à huit fois le taux de ques pour la santé humaine ni pour l’environnement, il peut pro-
base prévu par la loi no 76-663 du 19 juillet 1976 (décret no 83-929 poser à l’autorité compétente de ne pas fournir tout ou partie de
du 21 octobre 1983 modifié). certaines informations exigées.
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OGM DANS L’ALIMENTATION : CADRE LÉGAL EN FRANCE ET DANS L’UNION EUROPÉENNE _______________________________________________________
3. Le notifiant inclut dans cette notification des informations sur méthodes prévues dans la demande sont précises et suffisamment
les données ou les résultats des disséminations du même OGM ou efficaces pour détecter les OGM dans les échantillons de denrées
de la même combinaison d’OGM qu’il a déjà notifiées ou qu’il noti- alimentaires et d’aliments pour animaux.
fie actuellement et/ou auxquelles il a procédé ou procède à l’inté- Le CCRC anime le réseau des laboratoires nationaux de contrôle
rieur ou à l’extérieur de la Communauté. [European Ne/ork of GMO Laboratories]. La liste des laboratoires
4. Le notifiant peut également se référer à des données ou à des français membres du réseau est encadrée dans ce dossier.
résultats fournis lors de notifications adressées antérieurement par Il comprend également l’Institute for Health and Consumer
1
d’autres notifiants ou présenter toute autre information qu’il juge Protection (IHCP). La mission de l’IHCP est d’améliorer les
pertinente, à condition que les informations, données et résultats connaissances scientifiques et techniques au sein des services de
ne soient pas confidentiels ou que ces notifiants aient donné leur la Commission de l’UE et des autorités compétentes des États
accord par écrit. membres quant aux dangers que pourraient présenter les produits
5. Une notification distincte est nécessaire pour qu’un OGM ou et procédés de divers types auxquels les citoyens européens pour-
une combinaison d’OGM puisse être utilisé à d’autres fins que cel- raient être exposés.
les qui sont spécifiées dans la notification.
Si de nouvelles informations concernant les risques que l’OGM
présente pour la santé humaine ou l’environnement sont devenues 2.2 En France
disponibles avant que l’autorisation écrite soit accordée, le noti-
fiant doit prendre immédiatement les mesures nécessaires pour
protéger la santé humaine et l’environnement et en informe l’auto- 2.2.1 Haut Conseil des biotechnologies
rité compétente. Le notifiant révise, en outre, les informations et Le Haut Conseil des biotechnologies a pour missions d’éclairer
les conditions spécifiées dans la notification. le gouvernement sur toutes questions intéressant les organismes
génétiquement modifiés ou toute autre biotechnologie et de for-
muler des avis en matière d’évaluation des risques pour l’environ-
nement et la santé publique, que peuvent présenter l’utilisation
2. Instances concernées confinée ou la dissémination volontaire des organismes généti-
quement modifiés, ainsi qu’en matière de surveillance biologique
du territoire, sans préjudice des compétences exercées par les
2.1 Au niveau de l’Union européenne agences de sécurité sanitaire des aliments et de celle des produits
de santé. Ses avis et recommandations sont rendus publics.
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Confinement rapproché
dans les IAA au moyen d’isolateurs
par Valérie LERICHE-SIBILLE
Ingénieur en agroalimentaire, docteur en sciences de l’alimentation
Ingénieur technico-commercial, société La Calhène
1
et Philippe FONTCUBERTA
Directeur des ventes, société La Calhène
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1. Techniques Historique
de l’ultrapropreté
La technologie des salles propres s’est développée dans les
domaines médicaux en même temps que dans l’industrie de
1.1 Salles blanches l’armement, à l’époque de la Seconde Guerre mondiale. Les
premières applications industrielles, réalisées aux États-Unis et
1.1.1 Définition en Grande-Bretagne, visaient à améliorer la qualité et la fiabilité
de l’instrumentation utilisée pour les armes, les chars et les
Une salle propre est définie comme « un local où le degré de avions [2]. Au début des années 1960, l’évolution technologique
contamination est connu et maîtrisé » [5]. Les contaminants peu- que connaissait l’industrie microélectronique (production de
vent être d’origine particulaire (particule inerte ou vivante) ou composants de plus en plus miniaturisés, de plus en plus
chimique (sous forme gazeuse, liquide ou solide). Ils peuvent pro- complexes et au fonctionnement sensible à la présence de
venir de sources multiples (équipements de production, présence particules microscopiques) l’a conduite à utiliser ce nouvel outil
et activité du personnel, usure des plans de travail ou des surfaces pour réduire le nombre de produits défectueux tout en
des locaux...) et être véhiculés par l’air, les surfaces, le personnel, améliorant la productivité [3]. Les salles blanches ont connu
les fluides, etc. ensuite un essor important dans de nombreux autres secteurs
Plusieurs termes existent pour désigner les salles blanches : (industries spatiale, automobile, pharmaceutique, agroalimen-
salle propre, salle (ou zone) à contamination contrôlée (ZAC), salle taire, biotechnologies...) car elles répondaient aux contraintes
(ou zone) à empoussièrement contrôlé. En industrie agroalimen- technologiques de fabrication (micro- et submicrotechnologies,
taire, le terme de salle microbiologiquement maîtrisée (SMM) est industrie automobile pour les ateliers de peinture), aux
fréquemment employé car la source de contamination majeure à contraintes de sécurité et de conformité réglementaire (indus-
contrôler est non pas les particules inertes ou les contaminants tries pharmaceutique et agroalimentaire) et aux exigences du
chimiquement actifs (contaminants chimiques ou moléculaires) marché qui imposait une baisse des coûts de production et un
mais les particules vivantes que sont les micro-organismes. certain niveau de qualité (diminution des défauts). Elles
procuraient aussi un avantage concurrentiel par la qualité des
produits fabriqués et par l’image de marque qu’elles
1.1.2 Conception générale offraient [4].
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l’industrie microélectronique. En pratique, une préfiltration par des L’accès à la zone propre s’effectue obligatoirement par l’inter-
filtres à haute ou à moyenne efficacité précède les filtres HEPA ou médiaire de sas de transfert. Ces sas sont conçus pour préserver
ULPA pour éliminer les plus grosses particules (filtres de type la qualité particulaire de la salle blanche : ils présentent un gra-
opacimétrique 85 %), protéger les éléments de la centrale de trai- dient de pression médian entre les deux locaux qu’ils desservent.
tement d’air, et allonger ainsi la durée de vie des filtres à très haute Chaque sas possède une fonction spécifique (sas de transfert de
efficacité. matériel, sas d’entrée et de sortie du personnel...). L’ouverture des
portes y est synchronisée et temporisée. Le principe de la marche
(0)
en avant des produits doit être respecté.
⭓ 99,95 ⭓ 99,75 H13 — fournissent des exigences et des conseils sur la conception, la
construction et l’exploitation des installations ;
⭓ 99,995 ⭓ 99,975 H14 — définissent des méthodes de sélection d’appareils de mesures
et des procédures d’essais pour réaliser des contrôles ou inter-
⭓ 99,9995 ⭓ 99,9975 U15 préter des résultats d’essais ;
— classent les salles blanches en fonction de leur degré
⭓ 99,99995 ⭓ 99,99975 U16 ULPA d’empoussièrement (exprimé en nombre de particules d’une
certaine taille par unité de volume). La norme ISO 14644-1 rem-
⭓ 99,999995 ⭓ 99,9999 U17 place des normes européennes et remplacera bientôt la norme
américaine FED-SID 209E. Le tableau B [Doc F 1 200] présente les
La dimension de la particule la plus difficile à arrêter (MPPS : most équivalences entre ces différentes normes. Dans la plupart des
penetrating particule size ) est comprise entre 0,1 et 0,2 µm selon les filtres applications alimentaires, seules les unités viables méritent d’être
et la vitesse de passage de l’air dans le média.
étudiées. Or, il n’existe pas de relation proportionnelle entre la bio-
Efficacité MPPS : particules retenues /particules incidentes.
contamination et la contamination particulaire [7]. Le dénombre-
L’efficacité MPPS globale est déterminée par comptage particulaire sur ment et la mesure de la taille des particules ne renseignent donc
l’ensemble du filtre.
pas sur la propreté microbiologique de l’air. En 2001, seuls le guide
L’efficacité MPPS locale est déterminée par comptage particulaire point
par point. de Bonnes Pratiques de Fabrication des médicaments [10] et la
norme ISO 14698 intègrent cette notion de biocontamination en
définissant des classes particulaires et microbiologiques.
Les salles blanches délimitent un grand volume qui accueille les
Un brassage d’air important entraîne les particules générées opérateurs, les machines et tout le matériel de production. La
dans la salle blanche. Dans une salle conventionnelle, le taux de propreté de l’air de ces salles blanches et la qualité microbiologi-
renouvellement de l’air est situé entre 20 et 60 vol/h [2]. Cette que résultante des produits traités dépendent donc étroitement
valeur est fixée en fonction de la classe de l’enceinte, de l’activité des machines, des individus, de leur nombre et de leur activité à
(dégagement de particules) et des apports calorifiques internes : l’intérieur de la salle. Les machines installées en salles propres
plus les performances à atteindre sont hautes, plus le taux de bras- peuvent émettre plusieurs centaines de millions de particules de
sage est important. 0,5 µm par minute. L’homme est à la fois vecteur et source de
contamination potentielle pour l’aliment. C’est la première source
Le maintien d’une surpression (ou d’une dépression dans le cas
de rejet de particules : il libère en permanence des « particules
de manipulations de produits dangereux pour l’environnement)
vivantes » à partir des cheveux, de la peau (desquamation cuta-
dans la zone propre évite la pénétration (ou la sortie) de particules
née), de la bouche et du nez (émission rhino-pharyngée). Les par-
véhiculées par l’air. Les gradients de pression entre les différents
ticules vivantes émises peuvent être transportées par les
locaux de la salle blanche sont définis en fonction de l’étanchéité
mouvements d’air, se déposer sur les surfaces et les coloniser,
de l’enceinte et de la classe d’empoussièrement que l’on souhaite
entraînant la formation de biofilms qui, une fois installés, sont par-
atteindre. Ils permettent d’instaurer un flux d’air de la zone la plus
ticulièrement difficiles à éliminer, même avec des procédures
propre (ou la zone la moins toxique) vers la zone la moins propre
d’hygiène drastiques [11]. La stratégie de contrôle consiste à éta-
(ou la plus toxique). La surpression (ou la dépression) la plus éle-
blir des procédures de nettoyage-désinfection rigoureuses et à
vée est appliquée dans la zone la plus sensible et la pression la
recouvrir les opérateurs de vêtements (combinaison, surbottes,
plus basse (ou la plus haute) dans la zone la moins sensible (cas-
cagoule...) dont la texture a été spécialement conçue pour limiter
cade de pression). La pression différentielle entre deux locaux est
la diffusion et la dispersion particulaire [12] [13]. Ainsi, les indivi-
en pratique supérieure ou égale à 15 Pa.
dus évoluant dans une salle propre avec des vêtements inadé-
Une finition adéquate des surfaces intérieures est exigée. Les quats vont émettre en moyenne 2 · 10 6 particules de 0,5 µm,
salles blanches sont construites avec des matériaux qui ne génè- 3 · 105 particules de 5 µm et 160 bactéries par minute [2]. Le port
rent pas de particules et qui sont faciles à nettoyer. Les surfaces d’une tenue vestimentaire spécialement étudiée pour limiter la dif-
des murs, des sols et des équipements sont conçues pour être fusion et la dispersion particulaire permet de réduire le taux de
accessibles au nettoyage et ne pas présenter de « nids à pous- particules émises de 50 à 88 % et le taux de micro-organismes de
sières ». 92 % [2].
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© Techniques de l’Ingénieur, traité Agroalimentaire F 1 200 − 3
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Référence Internet
F1200
Les salles blanches traitées en flux turbulents peuvent ainsi à l’intérieur de la zone sensible mais son efficacité est beaucoup
atteindre les performances d’une classe 1 000 en activité mais sont plus délicate à établir sur des zones de ligne de production sans
généralement de classe 10 000 ou plus. cesse perturbées par les flux de produits et les interventions des
opérateurs. De par ces difficultés, les flux laminaires équipant les
lignes de production sont toujours placés dans des salles à atmo-
sphère contrôlée pour minimiser les risques de contamination. Ils
1.1.4 Applications en IAA sont donc sujets aux mêmes contraintes d’utilisation que celles
imposées en salle blanche (respect des règles d’hygiène, port
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Référence Internet
F1200
Jet rapide
Stabilisation du jet lent
Demi-gaine étanche
Jet lent
Séparation
des atmosphères
1
Zone protégée Demi-gaine poreuse
Alimentation Alimentation de la
du jet rapide ventilation interne
Alimentation
Échappement de l'air
du jet lent
Ventilation
interne 0,75 m
Plan de travail
Reprise externe
1,20 m
0,70 m
Tête perforée
b application à un poste de confinement profilée
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1
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Référence Internet
BN3908
5. Conclusion................................................................................................. — 18
Pour en savoir plus .......................................................................................... Doc. BN 3 908v2
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Référence Internet
BN3908
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Référence Internet
BN3908
Bq.m–2
Interception
et retention
Bq.kg–1
1
Remise
en suspension
et éclaboussement
Égouttement
Croissance lessivage Translocation
Absorption racinaire
Incorporation
Homogénéisation
Les processus qui contribuent au transfert foliaire sont indiqués en vert ; ceux qui contribuent au transfert du sol
aux plantes sont indiqués en marron ; les processus d’incorporation et d’homogénéisation dans le sol des radio-
nucléides déposés à sa surface sont traités dans l’article [BN3907].
dépôt au niveau de la surface du sol est estimé à partir de l’activité Une partie des radionucléides interceptés par la masse foliaire
volumique de l’air pour un sol nu ou herbeux [BN 3 907], une cou- des végétaux va assez rapidement s’y fixer par adsorption (créations
verture végétale plus haute, ayant une capacité de captation des de liaisons chimiques entre les atomes de la matière organique de
radionucléides présents dans l’air significativement plus importante la plante et les radionucléides). Cette adsorption intervient en
qu’un sol herbeux, peut conduire à un dépôt foliaire plus important quelques heures ; la fraction labile (non retenue) de l’activité dépo-
que le dépôt au niveau du sol ainsi estimé ; cela se traduit alors par sée du radionucléide est sujette, du fait notamment des précipita-
un facteur d’interception supérieur à 1 ; c’est le cas de l’interception tions atmosphériques, à des pertes précisées plus loin dans
par la canopée d’une forêt qui peut atteindre 500 % du dépôt sur un cet article.
sol nu (FI de l’ordre de 5). Certains modèles utilisés en radioécologie
relient le facteur d’interception à la surface foliaire à l’aide d’un
index dénommé Leaf Area Index (LAI) exprimé en m2 de feuilles par 1.1.2 Transfert des radionucléides des feuilles
m2 de sol [1] [2]. D’autres modèles le relient au rendement de bio- vers la partie consommée du végétal
masse foliaire (en kg.m–2 de feuilles et de tiges).
Pour les denrées agricoles dont on ne consomme pas les
L’interception est moins efficace en cas de pluie en raison de feuilles, il convient de s’intéresser au transfert des radionucléides
l’égouttement ; les feuillages ne peuvent pas retenir toute l’eau de la masse foliaire qui a intercepté les dépôts radioactifs, aux par-
qu’ils reçoivent et donc les radionucléides qu’elle contient. La biblio- ties consommées : grains, fruits, racines ou tubercules. Ce trans-
graphie est mince sur ce sujet. Dans le modèle ASTRAL-SYMBIOSE fert, dénommé « translocation », est représenté par un facteur de
développé par l’IRSN [3] et dans le modèle allemand ECOSYS déve- translocation, Ft, qui est défini comme le rapport entre l’activité
loppé par le Forschungzentrum für Umwelt und Gesundheit [2]), il contenue dans la partie consommée du végétal à la récolte par
est retenu que, pour une faible hauteur de pluie (inférieure à 1 mm), unité de surface de sol (Bq.m–2) et l’activité contenue dans les
le facteur d’interception est proche de celui qui est retenu pour les feuilles après les dépôts par unité de surface de sol (Bq.m–2) ; il est
dépôts secs. En revanche, des facteurs d’interception respective- donc sans dimension et peut s’exprimer sous forme d’un pourcen-
ment deux et trois fois plus faibles sont retenus pour des hauteurs tage. L’intensité de la translocation dépend des radionucléides qui
de pluie de 10 mm et de 15 mm [3]. De manière très générale, on sont généralement classés en deux catégories en fonction de leur
retiendra que, lorsque le dépôt pluvieux est dix fois plus important utilité pour la plante (pour ses besoins nutritifs) qui détermine leur
[BN 3 907], la contamination des feuilles des végétaux qui en résulte mobilité au sein de la plante. Les éléments mobiles comme l’iode,
n’est que deux à trois fois plus importante. le césium, le cobalt… sont classés dans le groupe du césium ; les
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Référence Internet
BN3908
éléments peu mobiles comme le strontium, les actinides (notam- massique du radionucléide à la récolte qui résulte du transfert
ment le plutonium et l’américium), l’argent, le ruthénium… sont foliaire est obtenue en divisant l’activité contenue dans la partie
classés dans le groupe du strontium. L’intensité de la translocation consommée du végétal exprimée par unité de surface de sol
est maximale lorsque les besoins nutritifs de la plante sont les plus (Bq.m–2) par le rendement cultural Rc tel qu’il est habituellement
importants, notamment lors de la fructification ; c’est plus particu- défini en agriculture, exprimé en kg.m–2. Le facteur de transfert
lièrement le cas pour le césium qui est un analogue chimique du foliaire peut alors s’exprimer par la relation (1) :
potassium, élément indispensable au développement de la plante.
Toutefois, même pour un élément très mobile comme le césium et
Tableau 1 – Valeurs du facteur de transfert foliaire utilisées dans le modèle ASTRAL-SYMBIOSE de l’IRSN [3]
Délai avant récolte [j] Délai avant récolte [j] Délai avant récolte [j]
Culture Radionucléide 0 30 à 60 90 0 30 à 60 90 0 30 à 60 90
Céréales d’hiver Iode 5 10–2 9 10–2 9 10–3 5 10–3 9 10–3 9 10–4 1,7 10–4 3 10–3 3 10–4
Groupe Cs* 5 10–2 9 10–2 9 10–3 1,7 10–2 3 10–2 3 10–3 8,3 10–3 1,5 10–2 1,5 10–3
Groupe Sr** 4 10–2 1 10–1 1 10–2 1,3 10–2 1,3 10–2 1 10–4 6,7 10–3 1,7 10–3 1,7 10–4
Fruits de verger Groupe Cs* 2 10–1 1 10–1 2 10–2 5 10–2 1,7 10–2 7 10–3 2,7 10–2 1,0 10–2 3 10–3
*Groupe du césium : Br, Cl, Co, Cs, Fe, I, Mn, Mo, Np, Rb, Sb, Tc, Te, Zn.
**Groupe du strontium : Ag, Am, Ba, Cd, Ce, Cm, Cr, Eu, Ir, La, Nb, Nd, Ni, Pm, Pr, Pu, Rh, Ru, Sm, Sn, Sr, U, Y, Zr.
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Référence Internet
NM4500
1
par Marie-Hélène ROPERS
Chargée de recherche
BIA, INRAE, Nantes, France
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Référence Internet
NM4500
Nanomatériau
Matériau ayant une dimension externe à l’échelle de longueur
Organisation internationale Norme ISO/TS 80004-1:2015 (norme
s’étendant approximativement de 1 nm à 100 nm ou ayant une
de normalisation internationale)
structure interne ou une structure de surface à l’échelle
nanométrique.
Nanomatériau
Matériau naturel formé accidentellement ou manufacturé
contenant des particules libres, sous forme d’agrégat ou sous Recommandation n 2011/696/UE (Union
Commission européenne
forme d’agglomérat, dont au moins 50 % des particules, dans la européenne)
répartition numérique par taille, présentent une ou plusieurs
dimensions externes se situant entre 1 nm et 100 nm.
86
Référence Internet
NM4500
Nanomatériau manufacturé
Matériau produit intentionnellement présentant une ou plusieurs
dimensions de l’ordre de 100 nm ou moins, ou composé de
1
parties fonctionnelles distinctes, soit internes, soit à la surface,
dont beaucoup ont une ou plusieurs dimensions de l’ordre de
Règlement n 1169/2011 dit INCO (d’informations
100 nm ou moins, y compris des structures, des agglomérats ou
des consommateurs sur les denrées alimentaires)
Parlement européen des agrégats qui peuvent avoir une taille supérieure à 100 nm
puis règlement n 2015/2283 dit Novel Foods
mais qui conservent des propriétés typiques de la nanoéchelle.
(Union européenne)
Les propriétés typiques de la nanoéchelle comprennent : i) les
propriétés liées à la grande surface spécifique des matériaux
considérés ; et/ou ii) des propriétés physico-chimiques
spécifiques qui sont différentes de celles de la forme non
nanotechnologique du même matériau.
Nanomatériau
Matériau insoluble ou bio-persistant fabriqué intentionnellement Règlement n 1223/2009 sur les cosmétiques
Parlement européen
et se caractérisant par une ou plusieurs dimensions externes, ou (Union européenne)
une structure interne, sur une échelle de 1 à 100 nm.
87
1
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P152
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Référence Internet
P152
1
1. Compléments alimentaires 2. Composition
à visée cosmétique : des compléments
ce que dit la réglementation alimentaires à visée
cosmétique : quelle
Il n’existe pas de définition réglementaire des denrées alimen-
taires à visée cosmétique. justification des effets
On peut postuler que ce sont des produits à la frontière entre les revendiqués
denrées alimentaires (règlement 2002/178/CE, directive 2002/46/CE)
et les produits cosmétiques (directive 76/768/CE).
Si le niveau de preuve exigible fait encore l’objet de débat, force est
Nota 1 : règlement no 2002/178/CE du Parlement européen et du Conseil du 28 janvier
de constater que de nombreux dossiers sont encore éloignés des
2002 établissant les principes généraux et les prescriptions générales de la législation ali- standards (lignes directrices) d’une évaluation scientifique adéquate.
mentaire, instituant l’Autorité européenne de sécurité des aliments et fixant des L’Autorité européenne de sécurité sanitaire des aliments qui est
procédures relatives à la sécurité des denrées alimentaires. aujourd’hui chargée de l’évaluation centralisée des allégations
insiste, comme l’Anses l’a régulièrement fait avant l’harmonisation,
Nota 2 : directive no 2002/46/CE du Parlement européen et du Conseil du 10 juin 2002
relative au rapprochement des législations des États membres concernant les
sur l’importance de disposer de la totalité des données disponibles.
compléments alimentaires. Toutefois, si les données expérimentales in vitro et chez l’animal sont
On entend par compléments alimentaires les denrées alimentaires dont le but est de
utiles pour expliciter les mécanismes mis en jeu dans les effets reven-
compléter le régime alimentaire normal et qui constituent une source concentrée de diqués, seules des études cliniques contrôlées permettent d’établir
nutriments ou d’autres substances ayant un effet nutritionnel ou physiologique seuls ou un lien de cause à effet entre la consommation d’un complément ali-
combinés, commercialisés sous forme de doses, à savoir les formes de présentation [....] mentaire de composition donnée et les effets revendiqués.
destinées à être prises en unités mesurées de faible quantité.
Or, peu d’études réalisées chez l’homme dans les conditions de
Nota 3 : directive no 76/768/CEE du Conseil du 27 juillet 1976 concernant le rapproche- composition et de consommation préconisées pour le CA à visée
ment des législations des États membres relatives aux produits cosmétiques.
cosmétique sont disponibles dans la littérature. Pour celles qui sont
On entend par produit cosmétique toute substance ou préparation destinée à être fournies, les évaluations permettent d’évoquer plusieurs écueils :
mise en contact avec les diverses parties superficielles du corps humain (épiderme, sys-
tèmes pileux et capillaire, ongles, lèvres et organes génitaux externes) ou avec les dents – l’extrapolation de données obtenues sur des modèles in vitro à
et les muqueuses buccales, en vue exclusivement ou principalement de les nettoyer, de
les parfumer et de les protéger afin de les maintenir en bon état, d’en modifier l’aspect
des effets nutritionnels par voie orale, sans disposer de données
ou de corriger les odeurs corporelles. sur la biodisponibilité cutanée des nutriments et substances ;
– l’inadéquation entre les effets revendiqués et les réalités
Le décret 2006-352 du 20 mars 2006 fixe, au niveau national, les physiologiques ; par exemple, comment peut-on justifier une allé-
dispositions générales relatives à la composition des compléments gation portant sur la « beauté de la peau » sans disposer de para-
alimentaires (CA) (nutriments, substances, plantes et extraits de mètres biologiques objectifs ? ;
plantes...), à l’étiquetage, aux déclarations de mise sur le marché
– l’absence de prise en compte du caractère multifactoriel d’un
et demandes d’autorisation d’emploi (dont le cas des CA venant
effet ; par exemple, la qualité de la masse capillaire inclut le nombre
d’un autre État membre), etc.
de cheveux, leur diamètre ainsi que leur résistance à la traction,
Par ailleurs, l’arrêté du 9 mai 2006 relatif aux nutriments pou- paramètres qui doivent être testés de manière concomitante ;
vant être employés dans la fabrication des compléments alimen- – l’existence de données statistiquement significatives mais avec
taires précise la liste des vitamines et minéraux pouvant être des incertitudes sur la plausibilité biologique et l’interprétation
utilisés pour la fabrication des CA, leurs formes chimiques ainsi physiologique ;
que leurs doses journalières maximales. – l’utilisation fréquente de questionnaires d’auto-évaluation par
Enfin, et depuis 2006, la communication « santé » sur les den- les sujets, rendant difficile l’objectivation des résultats obtenus ;
rées alimentaires a été harmonisée et les différentes revendica- – certains micronutriments présents dans les CA à visée cosmé-
tions, incluant celles à visée cosmétique, relèvent du règlement tique sont impliqués dans des réactions biochimiques au niveau
européen 1924/2006/CE du 20 décembre 2006 concernant les allé- du derme (vitamine C et synthèse de collagène, EPA et DHA et
gations nutritionnelles et de santé. L’évaluation des allégations, constitution de la double couche phospholipidique membranaire,
qui se faisait jusqu’alors par chaque État membre est maintenant vitamine E, beta-carotène, zinc, sélénium, cuivre et leurs activités
centralisée et confiée à l’Autorité européenne de sécurité des ali- antioxydantes) mais la modulation de ces effets par l’apport ali-
ments (European food safety authority-Efsa). Sur la base des avis mentaire reste à étudier ; de plus, d’autres micronutriments et
rendus par l’Efsa, une liste de 222 allégations de santé autorisées, microconstituants présents dans les CA à visée cosmétique n’ont
portant pour une grande part sur les vitamines et minéraux, vient pas fait la preuve de leur implication dans la biologie des phanères
d’être publiée par la Commission européenne. (vitamine B1/Thiamine, isoflavones).
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PHA3061
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PHA3061
1
Ils ont également, depuis 2002, une législation propre. Un solide en l’absence d’actes d’exécution pris par la Commission euro-
arsenal juridique réglemente les compléments alimentaires, dont péenne (CE) pour la mise en œuvre de cette directive, la Cour de
le texte fondateur est la directive 2002/46/CE du Parlement euro- justice de l’Union européenne (CJUE) a fragilisé cette construction
péen, donnant un statut propre et un cadre strict aux compléments normative à la faveur des approches nationales.
alimentaires.
Cible Peut cibler un ou plusieurs États membres Cible tous les États membres
Fixe les objectifs aux États membres, mais Fixe un objectif et les moyens pour
Moyens et objectifs
laisse le choix des moyens pour les atteindre l’atteindre
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Référence Internet
PHA3061
1 Réglementation
tous les EM qu’elle vise.
La figure 3 reprend quelques exemples de ces transpositions
dans quelques EM ([5] [6] [7] [8]). Règlements concernés :
concernant les – décret royal 1487/2009 ;
denrées – ordonnance n° 47 ;
alimentaires
– elektrooniline Riigi Teataja.
En France, cette directive a été transposée en droit français par
le décret n° 2006-352 du 20 mars 2006 [5]. Ce texte précise le cadre
réglementaire relatif aux compléments alimentaires, en particulier
Réglementation en termes de :
spécifique aux – composition ;
complément – règles d’étiquetage spécifiques ;
alimentaires
– procédures de notification (mise sur le marché).
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Référence Internet
PHA3061
Réglementation
alimentaire
générale
Hygiène
Enrichissement
des denrées 1
alimentaires
alimentaire
(hors vitamines
et minéraux)
Vitamines et
minéraux
autorisés
Substances à Plantes et
Qualité et but nutritionnel préparations de Additifs, enzymes
contaminants ou physiologique plantes et arômes
autorisées (1)
autorisées(1)
COMPLÉMENT
ALIMENTAIRE
DJM vitamines
Traçabilité Notification (1) Novel food
et minéraux (1)
Règles
d’étiquetage
spécifiques
Communication :
allégations Résidus
nutritionnelles de pesticides
et de santé
Étiquetage
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Référence Internet
PHA3061
EUROPE
1
Directive 2002/46/CE
Transposition
nationale
Figure 3 – Exemples de transpositions nationales de la directive cadre des compléments alimentaires dans quelques EM
Oxyde de zinc
Zinc
2.1.1 Nutriments : Vitamines et Minéraux Chlorure de zinc
■ Les formes de nutriments
Les vitamines et minéraux autorisés dans les compléments ali-
■ Les doses de nutriments
mentaires, ainsi que les formes de chacun d’eux, sont définis dans
la directive 2002/46/CE modifiée par le règlement n° 1170/2009 • Les VNR
([15] [16]). Ces nutriments autorisés sont repris dans le tableau 3,
Les valeurs nutritionnelles de référence (VNR) constituent un
auxquels il faut ajouter le bore et le silicium.
ensemble complet de recommandations nutritionnelles et de
Le tableau 2 illustre quelques exemples de formes de nutriments valeurs de référence, telles que :
autorisées. – les apports de référence de la population ;
– les besoins moyens ;
Par exemple, le zinc possède une quinzaine de formes autorisées, – le niveau approprié de consommation ;
dont l’oxyde de zinc et le chlorure de zinc. – le seuil de consommation minimum.
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Référence Internet
PHA3061
Prévue depuis la directive cadre des compléments alimentaires, Il est à noter qu’un projet d’arrêté concernant une modification
l’harmonisation de la Dose journalière maximale de nutriments des DJM des nutriments a été soumis à l’Anses en octobre
(DJM) au niveau européen est toujours en discussion. 2014 [18]. L’Anses ayant rendu un avis défavorable, le projet est
actuellement en attente.
La problématique est relative au partage des apports entre les
denrées alimentaires, les denrées alimentaires enrichies et les Dans l’attente de l’évolution de cet arrêté, des limites indicatives
compléments alimentaires, afin de ne pas conduire à un dépasse- des DJM en France, repris au tableau 4, sont proposées par la
ment des doses dans l’objectif de protéger la santé du consomma- Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la
teur. répression des fraudes (DGCCRF). Les recommandations sanitaires
incluent des teneurs maximales par portion journalière recomman-
Puisqu’aucun consensus n’a été trouvé, les DJM renvoient donc dée, mais aussi des avertissements à destination de populations à
encore aux législations nationales. En outre, cette situation est risque [19].
divergente entre les EM car certains pays ont adopté des DJM et
d’autres non. Les DJM peuvent de plus être très différentes d’un
État membre à un autre. 2.1.2 Substances à but nutritionnel
Concernant la France, l’arrêté du 9 mai 2006 détermine ces DJM
ou physiologique
pour les nutriments [9]. Suite à une décision du Conseil d’État [10],
cet arrêté est en partie annulé sur ce qu’il fixe, à son annexe III, les Ces SBNP sont très nombreuses. Elles recouvrent principale-
doses journalières maximales pouvant être utilisées dans les com- ment les composés chimiques, c’est-à-dire les substances
pléments alimentaires, compte tenu des portions recommandées chimiques pures constituées d’atomes liés entre eux par des liai-
par le fabricant, pour les vitamines K, B1, B2, B5, B8 et B12. sons chimiques.
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1
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PHA3063
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PHA3063
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PHA3063
1
France Pharmacien 134
1.2.1 Formations Allemagne Pharmacien 140
En France, le diplôme d’herboriste ayant été aboli en 1941 sous
États-Unis Pharmacien –
le régime de Vichy, la seule formation autorisant la dispensation
de plantes médicinales est celle de pharmacien. Canada Herboriste 500
Or, si l’on compare une formation d’herboriste reconnue par un
pays comme le Canada (OHA, Ontario Herbalists Association) ou
l’Angleterre (NIMH, The National Institute of Medical Herbalists), ments alimentaires à base de plantes élaborant leurs produits à
aux formations des pharmaciens en France, en Allemagne ou aux partir de plantes entières. Le plus souvent, des poudres ou des
États-Unis, il existe une nette différence en ce qui concerne le extraits sont employés, rendant, en amont de la fabrication, l’iden-
nombre d’heures d’enseignements obligatoires dans le domaine tification de la plante difficilement réalisable. De plus, ces prépara-
de la botanique et de la pharmacognosie (tableau 1). tions sont souvent le résultat d’extractions par des solvants,
Cependant, sur la base du volontariat, les pharmaciens le sou- amenant parfois à l’exclusion de composés d’intérêts, ou dans les
haitant peuvent approfondir leurs connaissances des simples : cas les plus critiques, à concentrer sensiblement la teneur en subs-
pour les étudiants en pharmacie, au travers des unités d’enseigne- tances réputées dangereuses. Et c’est après leur commercialisation
ments optionnelles ; pour les pharmaciens en exercice, au travers que les instituts de veille sanitaire sont alertés des effets indési-
des diplômes universitaires (DU). rables constatés (tableau 2).
Cet écart a eu deux impacts : premièrement, de par une forma- Détaillons les cas du thé vert et du fang-ji.
tion moins poussée et une marge financière moins importante, les
plantes médicinales sont longtemps restées non valorisées et diffi-
Exemple 1 : le Camellia sinensis, dit théier ou thé vert, commer-
cilement accessibles dans les officines de pharmacie et, deuxième-
cialisé sous la spécialité pharmaceutique Exolise® en 1999 a été retiré
ment, afin de répondre à cet engouement pour les produits
du marché 4 ans plus tard suite à sa mise en cause dans 13 atteintes
naturels un marché parallèle de plantes médicinales a émergé et
hépatiques aigües. Pourtant, l’autorisation de mise sur le marché de
connu un essor exponentiel via internet, entraînant un grand
ce complément amaigrissant délivré sans ordonnance a été accordée
nombre d’acteurs à pratiquer l’exercice illégal de la pharmacie [6].
sur la base d’un large recul sur son emploi traditionnel. Ce recul
s’était fait sur l’utilisation de la plante sous forme de tisane, or la spé-
1.2.2 Incidents sanitaires cialité était commercialisée sous la forme d’un extrait hydro-alcoo-
lique. Cette forme galénique, bien plus concentrée en
Le marché des matières premières naturelles a largement évolué épigallocatéchine gallate, augmenta considérablement l’hépatotoxicité
ces dernières décennies et rares sont les fabricants de complé- des doses absorbées.
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Référence Internet
PHA3063
Exemple 2 : le cas du Stephania tetandra, dit fang-ji, a eu des Ce binôme est toujours écrit en italique avec, seule, la première
conséquences bien plus désastreuses. Dans les années 1990, une lettre du genre en majuscule. Il doit être suivi du nom du décou-
confusion lors de l’identification de la plante a conduit à l’emploi acci- vreur ou son initiale qui, lui, n’est pas en italique. Cette nomencla-
dentel d’Aristolochia fangchi dans des préparations utilisées à des fins ture permet d’éviter les confusions telles que celles induites par
amaigrissantes, causant une centaine de cas d’insuffisances rénales certains abus de langage comme l’emploi du nom commun Camo-
terminales. Suite à cela, le gouvernement français de l’époque a mille pour désigner les espèces Chamaemelum nobile et Matrica-
publié le décret n° 98-397 du 20 mai 1998 relatif aux interdictions ria recutita. Cette typologie prend toute son importance lorsqu’une
concernant les plantes dénommées Stephania tetrandra et Aristolo- espèce présente de nombreux synonymes tels que ceux apparte-
Règne
Embranchement ou Phylum
Classe
Ordre
Famille
Genre
Espèce
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1
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1. Notions de botanique tères génétiques, est amenée à être enrichie grâce au progrès de la
phytochimie.
Nota : cette partie fait l’objet d’un développement approfondi dans l’article
Des connaissances approfondies en botanique sont les pre- [PHA 3 063].
mières garantes d’un contrôle qualité adéquat. Elles permettent
d’avoir le recul nécessaire pour une bonne interprétation d’un
résultat. 1.2 Phytochimie des plantes
106
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PHA3064
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PHA3064
Isoprène
Polyphénols Phénylpropanes Chromone
Glycoside Glucosinolate Coumarine
Phospholipide Furanocoumarine
cyanogène Monoterpène (C10) Iridoïdes Glycéride/ Acide gras/
Céramides acétyléniques Phtalide
Cystéine Sesquiterpène
sulfoxide (C15) Flavanone Xanthone
Flavonol Flavone Isoflavone Acide Lignane
Dérivés soufrés
Diterpène (C20) Stéroïde Triglycérides cinnamique
(C21-29) Groupe des lipides Homoisoflavonoïde Flavan-3-ol Stilbène
Triterpène (C30)
Tanins
Anthraquinone Oligomère
Groupe des saccharides Anthocyane Procyanidine
Tétraterpène (C40) Saponoside (C30) de procyanidine
Polysaccharides
Groupe des terpénoïdes Groupe des polyphénols
Oligosaccharides
Monosaccharides
Photosynthèse
Chlorophylle
Plantes ou Produits
plantes broyées formulés
EXTRACTION
– couleur Extraits
– odeur Extraits
végétaux
– goût…
ANALYSE
MÉTABOLOMIQUE
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en.
x330
a éléments caractéristiques de l’espèce Pimpinella anisum L. [6] b espace de travail avec microscope
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1
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Agroalimentaire : risques et sécurité
(Réf. Internet 42427)
Contrôle bactériologique in situ dans les unités de cuisine collective F1140 115
Détection des corps étrangers dans les produits alimentaires F1210 117
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© Techniques de l’Ingénieur, traité Agroalimentaire F 1 130 − 1
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ainsi interférer avec la détection de bactéries pathogènes spécifi- tés sous forme de galeries de 10, 20 et 50 caractères sont proposées
ques. La composition physico-chimique des aliments est également pour différents micro-organismes (entérobactéries, staphyloco-
très variable : liquide, solide, semi-solide et d’autres formes mixtes. ques, streptocoques, lactobacille, levure...) ainsi que les « tubes
Ces différences de viscosité peuvent également gêner la réalisation Roche » (enterotube, oxyfermtube...). Ces systèmes de tests combi-
de prises d’essai homogènes assurant une analyse alimentaire nés permettent un gain de temps considérable pour les phases de
reproductible. préparation et d’ensemencement. Par contre, les temps d’incuba-
tion restent de l’ordre de 24 heures.
Outre l’extrême variété des matrices alimentaires, la microflore
naturelle présente, parfois abondante peut également gêner l’isole- Il existe également des galeries API pour la recherche d’activité
ment et l’identification de bactéries pathogènes spécifiques [3]. enzymatique. La lecture est alors effectuée après 4 heures d’incuba-
Cette interférence est d’autant plus préjudiciable que les bactéries tion. Il s’agit des systèmes rapid 20 E pour les entérobactéries, staph
pathogènes à détecter sont présentes en faible nombre dans l’ali- ident pour les staphylocoques.
ment. D’autre part, de nombreux traitements sont utilisés pour favo- La plupart des tests biochimiques miniaturisés utilisés en analyse
riser la conservation des aliments : la chaleur, le froid (réfrigération alimentaire identifient les entérobactéries. Tous les kits commer-
ou congélation), l’addition de conservateurs, etc. [4]. cialisés exigent une culture bactérienne pure. Comparés aux
méthodes traditionnelles d’identification, les kits biochimiques
Les cellules bactériennes stressées sont extrêmement sensibles d’identification sont fiables de 80 à 99 % [19]. La plupart des kits
aux différents ingrédients utilisés dans les milieux sélectifs. Elles décrits par Hartman et al. (1992) [11] sont produits par de nombreux
peuvent ainsi être facilement non détectées par les méthodes micro- industriels. Néanmoins, seules quelques systèmes ont fait l’objet
biologiques traditionnelles. Pour résoudre ces différents problèmes, d’études collaboratives entre différents laboratoires et ont obtenu la
les microbiologistes ont dû modifier les protocoles et les milieux uti- validation AOAC (Association of Official Analytical Chemists) pour
lisés en les adaptant spécifiquement aux bactéries pathogènes. Le l’identification des bactéries à l’origine d’accidents alimentaires.
procédé le plus efficace est sans doute l’étape d’enrichissement des
échantillons alimentaires qui facilite la détection de ces pathogènes Exemple : le système API 20 E de bioMérieux Vitek (Hazelwood,
spécifiques [17], [18]. MO) ou le système enterotube II de Becton Dickinson (Cockeysville, MD)
ont obtenu la validation AOAC pour l’identification des différents séro-
Généralement, le procédé commence par une phase de préenri- types de salmonelles [6], [14].
chissement pendant laquelle les échantillons alimentaires sont
incubés dans un milieu nutritif non sélectif permettant la revivifica- Il existe désormais sur le marché des instruments utilisés essen-
tion des bactéries stressées [12]. Ensuite, les échantillons préenri- tiellement en clinique qui permettent d’identifier automatiquement
chis sont transférés dans un milieu d’enrichissement sélectif qui les bactéries à partir de leurs caractères biochimiques et de détermi-
permet la croissance de la bactérie cible tout en diminuant celle de ner leur antibiorésistance.
la microflore saprophyte. La dernière étape consiste en un isole-
Exemple : le système autoMicrobic de bioMérieux Vitek permet
ment à partir du bouillon d’enrichissement sur des milieux sélectifs
l’identification automatique de bactéries pathogènes dans l’aliment.
et ou chromogènes permettant une reconnaissance facile des colo-
nies suspectes. Ces dernières sont ensuite l’objet d’identification
avec réalisation d’une série de tests biochimiques et, éventuelle-
ment, caractérisation sérologique [9], [10]. 2.2 Tests physico-chimiques
Bien que ces méthodes de détection bactériologique tradi-
tionnelles aient prouvé leur efficacité, elles nécessitent pour leur
réalisation beaucoup de temps (4 à 5 jours) et parfois une grande Plusieurs systèmes peuvent détecter la présence de bactéries
technicité. Elles ne répondent donc pas aux exigences des indus- dans l’aliment en mesurant les changements générés par la crois-
triels de l’agroalimentaire qui veulent des méthodes rapides de sance ou le métabolisme bactérien. La plupart de ces tests sont
détection [11]. entièrement automatisés mais ils nécessitent une culture bacté-
rienne pure. Jay (1985) [13] a recensé et détaillé l’ensemble des tests
physico-chimiques ainsi que leurs applications en analyse agro-
alimentaire, seules l’impédance et la bioluminescence seront
détaillées ci-après.
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prises agroalimentaires incluant l’identification des points critiques, les
mesures préventives de surveillance et actions correctives, la recherche de par-
tenaires en amont et en aval :
— connaissance des corps étrangers potentiellement présents depuis la
matière première jusqu’au produit fini, identification de leur nature, leur origine
et leur fréquence ;
— sélection et mise en application des mesures de prévention adaptées ;
— choix, en complément, des solutions de détection et de tri minimisant la
probabilité de trouver un corps étranger dans le produit fini ;
— définition de mesures de traçabilité, alertes et rappels produits ;
— préparation à une crise potentielle pour mieux la gérer le cas échéant.
L’essentiel dans cette démarche est le travail sur la prévention, qui fait avant
tout appel au bon sens, à la rigueur des pratiques sur ligne, à la formation et
à la responsabilisation des personnels de production et de maintenance.
Les dispositifs de détection et de tri ne doivent intervenir qu’en complément,
comme l’ultime rempart contre une occurrence accidentelle en amont, ou
lorsqu’un incident machine toujours possible impose une surveillance continue
(bris de contenant en verre sur une ligne de remplissage, par exemple).
Différentes techniques existent, décrites dans cet article, pour réaliser la
détection, le repérage spatial et le tri en vue de l’éjection des corps étrangers
éventuellement présents : la capture des particules ferromagnétiques avec des
aimants, les technologies électromagnétiques (détecteur de métaux), les tech-
nologies utilisant l’imagerie industrielle, soit au moyen de caméras (systèmes
de tri optique à longueurs d’onde diverses – visible, ultraviolet, infrarouge,
multispectrale), soit au moyen d’images « reconstituées informatiquement » à
partir de balayages rapides du produit ou de capteurs spéciaux (imagerie laser
d’examen de surface ou imagerie par rayons X, seule technique permettant la
détection en profondeur du produit, et donc le contrôle d’un produit dans son
emballage).
Chaque technologie est présentée dans son principe et ses applications. Une
assistance au choix de technologie de détection est proposée pour aider les
industriels à s’orienter vers les équipements les mieux adaptés à leurs cas
particuliers, ainsi que quelques exemples de démarches expérimentales pour
l’évaluation et la validation des performances. Enfin, ce document est complété
d’un panorama de l’offre européenne de matériels et de services relatifs à cette
thématique (dans la partie « Pour en savoir plus »).
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2
font généralement l’objet de définitions et de tolérances dans les buteurs type International Food Standard. Cette sélection est uti-
contrats de fourniture de matières premières d’origine végétale. lement complétée par la réalisation d’audits. Un partenariat bien
compris vaut mieux qu’une relation de méfiance ou conflictuelle.
● Corps étrangers apportés accidentellement avec les
La prévention des corps étrangers exogènes repose sur la dis-
matières premières (présents avec les matières premières mais
cipline de tous et une grande rigueur dans l’application du plan
ne pas faisant partie du produit) :
HACCP et des règles simples et de bon sens. Les clefs du succès
— insectes vivants ou morts, rongeurs, batraciens sont principalement : la conception hygiénique des équipements et
(« récoltés » avec les légumes, les fruits, ou provenant des zones le soin apporté à l’ergonomie des postes de travail, la formation et
de stockage intermédiaire des matières premières) ; sables et la responsabilisation des équipes de maintenance, une vigilance
cailloux dans les produits végétaux ; aiguilles en inox dans les constante des personnels, une gestion stricte de la propreté des
viandes (venant des pistolets à vaccins) ; plombs de chasse dans stocks et de l’état des palettes.
les viandes de gibier ; verre et métaux provenant des parcelles de
culture (bris de bouteilles, douilles et cartouches de chasse, etc.) ; Les cas de figure critiques comme la fabrication de produits en
bocaux de verre doivent faire l’objet d’une surveillance renforcée
— fragments d’emballage des matières premières : ficelles, des postes de dépalettisation ; lavage, ou soufflage (avec
sacs plastiques, liens métalliques, film de palette, éclats de bois aspiration !) des bocaux vides ; procédure soigneuse d’isolement,
de palette et de pallox de stockage vrac, cartons, agrafes de nettoyage, contrôle approfondi, en cas de bris de verre sur
carbons, ruban adhésif et colles de fermeture des carbons. convoyeur ou machine.
■ Mesures préventives possibles : sélection des fournisseurs,
avec cahier des charges
● Prévention en amont agricole : sélection des parcelles,
entretien et propreté des machines de récolte, des pallox de
2. Prévention des corps
stockage, prévention du danger verre sur matériels de récolte ; étrangers métalliques :
bonnes pratiques agricoles et de récolte ; spécifications sur les
conditions de transport : nettoyage des camions, entretien, utilisation des aimants
bâchage et protection des denrées, utilisation exclusive pour le
transport alimentaire ; prévention du danger « métal » : pistolet L’utilisation des aimants pour séparer les particules magnétiques
à vaccins, agrafe d’identification des animaux, hameçon, etc. ; est sans doute le plus ancien moyen mis en œuvre dans les
produits végétaux : entretien soigneux des épierreurs sur ligne. industries agroalimentaires (IAA) pour prévenir le risque de corps
● Spécification des matières premières pour les corps étrangers. Ce n’est pas une technique de tri à proprement parler,
étrangers, par type et taille : détaillées par famille de matériaux, mais elle trouve sa place au chapitre des mesures préventives :
type de corps étrangers, et par taille de particule pour chaque dispositifs simples et peu coûteux.
matériau. É tablir ces exigences assorties de tolérances.
P are xem ple,p o ur de sfi l
e ts dep oisso ne nc ai
ssesisolan
tes: 2.1 Tri magnétique : principe
— f ra gmen ts d ep eau :m a m
xi um5c m 2 par uni
téd eve nte
co
n som m ateur ; Un aimant puissant est disposé sur le passage, au contact ou à
— a rê s <à20 m
te m:m axim um5p ark i
logram me; >à20 m m: proximité immédiate du produit circulant en vrac. Les particules de
ab
se nc eda n
s 1k g; métaux ferreux, magnétiques, éventuellement présentes sont
— a utre
s p articules d angereuse s (verre, c ai
ll
oux o u attirées, séparées physiquement et se collent sur l’aimant d’une
métall
iques):a b se nc e; façon que l’on souhaite irréversible.
— f ra gmen ts d ep o lystyrèn ee xpan sé: m ax. 2 fragments On utilise par ordre de puissance croissante (et par ordre de coût
<3 m m ,da ns 5k g . croissant) :
— aimants ferrites (ferrites de baryum ou strontium frittées) ;
● Spécifications sur les emballages et les palettes : nature
— aimants alnico (alliage aluminium – nickel – cobalt – fer) ;
des matériaux plastiques (matériaux, épaisseur des films),
absence de bois, d’agrafes, de verre, de métal, de liens plas- — aimants samarium – cobalt (aimants céramiques frittés) ;
tiques et ficelles ; emballages prédécoupés permettant une — aimants néodyme (alliages de fer-bore et de terres rares).
ouverture « propre et nette » ; couleur bleue ou autre couleur Les matériaux qui sont aimantables et donc séparables par cette
détectable pour les emballages plastiques jetables. Bon état technique sont :
général des palettes en bois, absence de clous apparents, — les limailles de fer, d’acier, d’inox magnétisé (certaines nuances
d’échardes, de graviers, etc. Il est impératif d’exercer une sur- d’inox spéciaux), et bien sûr toutes les pièces diverses en fer et acier,
veillance renforcée sur l’état des palettes bois sur le site (un des même galvanisé ;
premiers vecteurs de contaminants denses en IAA). Obligation — les fragments de rouille et oxydes ferreux (attraction net-
d’utiliser des intercalaires cartons ou isorels pour isoler les pro- tement moindre).
duits d’un contact direct avec les palettes, obligation de filmage
La plupart des aciers inoxydables utilisés en IAA – « 304 » ou
et d’une coiffe sur chaque palette, etc.
« 316L » par exemple – sont peu aimantables.
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Référence Internet
F1210
■ Nature et origine ● Conception hygiénique des matériels : elle doit intégrer le ris-
que de présence de corps étrangers. Préférer les grosses vis de
● Matériaux d’emballage neufs mis en œuvre : fragments de car-
ton, fragments métalliques, plastiques divers ; fientes, insectes et fixation pour toutes les parties démontables, utiliser des fixations
déjections de rongeurs (corps étrangers apportés par les emballa- rapides inamovibles, des détrompeurs, etc. ; relier les parties
ges vides stockés en zone « sèche » de l’usine) ; éclats de verre pro- démontables par des chaînettes ; utiliser des écrous-freins ; placer
venant des pots industriels. les écrous coté extérieur et les têtes de vis côté produit ; etc. ;
maintenance préventive des équipements.
● Machines de process et de transfert : lubrifiants et graisses,
produits de nettoyage, encres de marquage, colles d’étiquette ; frag- ● Règles d’hygiène générale et règlement intérieur de l’usine :
ments de machine arrachés par l’usure : poils de brosse, glissières, absence de bijoux (l’alliance est toujours tolérée conformément à la
● Structures de l’usine : poussières et insectes tombant des ● Hygiène et prévention en entretien – maintenance : utiliser une
structures ; éclats de verre (éclairage, voyants, vitrages, etc.) ; trousse à outils ; collecter tout ce qui est démonté et tous les débris ;
écailles de peinture, fragments de sol, éclats de paroi (mousse iso- interdiction de percer ou meuler à proximité du produit ; isoler et/ou
lante thermique). bâcher la zone d’intervention, arrêter et vidanger la ligne avant inter-
● Objets « oubliés » par les équipes de maintenance : gaines
vention, ou jeter le produit présent ; nettoyer le chantier soigneuse-
plastiques de fils électrique ; ruban de Téflon utilisé en étanchéité ; ment après toute intervention. Faire une double validation de la
ruban adhésif ; colliers serrecâbles ; rondelles, pièces métalliques, propreté de la zone avant redémarrage.
fil de cuivre, d’inox, copeaux d’usinage (très dangereux !) ; boulet-
● Élimination des déchets générés sur ligne : des poubelles avec
tes de soudure et fragments de baguette à souder à l’arc, fragments
couvercle, dédiées à chaque type de déchet en tri sélectif doivent
de disques à tronçonner ; lubrifiants en excès.
être mises à disposition abondamment sur les lignes et régulière-
● Produits et matières organiques « oubliés » sur les lignes : ment remplacées pour être vidées à l’extérieur.
— matière organique bloquée dans sa progression, coincée
dans une zone peu accessible ou collée sur une goulotte de trans- ● Formalisation des pratiques de déballage et ergonomie des
fert gravitaire, et qui se détache de manière imprévisible (présente postes : le déballage des matières premières est la première source
également un grave risque sanitaire) ; identifiée d’introduction de corps étrangers dans les produits ali-
— fragments de pâte à base de céréales, collés, puis séchés et mentaires en usine. Il faut formaliser les procédures de décondition-
durcis, qui se détachent et tombent dans le produit humide (en nement soigner particulièrement l’ergonomie du poste de travail :
industrie de panification, biscuiterie et pâtisserie industrielle). Ces — mettre à disposition des outils tranchants personnels (type
fragments sont souvent très acérés et durs, et donc dangereux. cutter à lame monobloc rétractable) ;
— prévoir une élimination facile des emballages vides.
■ Mesures préventives possibles : démarche HACCP approfondie
sur site ● Prévention des dangers spécifiques (verre ; animaux ; cailloux,
● Conception générale des lignes : conception hygiénique des etc.) : capotage des néons ou gainage des tubes ; suppression des
équipements ; validation des opérations de nettoyage/désinfection. ampoules nues ; bouteilles en verre interdites ; remplacement du
Éviter les caillebotis pour les passerelles de circulation au-dessus des verre par du plastique (vitres et pH-mètres) ou recouvrement des
lignes, ou les poser sur tôle pleine et démontable, avec rives vitres par film adhésif ; toutes les portes et fenêtres restent fermées
d’au-moins 15 cm ; les tapis et équipements en contrebas, dans les- autant que possible, en permanence ; présence de désinsectiseurs
quels circulent les produits, doivent impérativement être capotés. Les régulièrement entretenus ; plans de désinsectisation et de
matériels vibrants ne doivent jamais être solidarisés à des matériels dératisation ; utilisation de laves-bottes et/ou surchaussures pour
non conçus pour supporter des vibrations. Aucun produit ne doit cir- éviter les graviers ; interdiction d’utiliser les chaussures ou bottes de
culer à moins de 30 cm du sol (élévateurs, tapis de transfert, etc.). travail à l’extérieur du bâtiment.
2.2 Applications et géométries des aimants Les principales applications concernent les poudres et particules
en transfert gravitaire (figure 2), parfois les liquides. La variante à
Les aimants sont mis en œuvre sous forme de plaques ou de cône central magnétique (avec espace annulaire), de géométrie
barreaux aimantés, parfois d’électroaimants pour les fortes puis- très compacte et de grande efficacité, est utilisée pour le tri de
sances (tri des déchets). farines, de semoule, de riz, etc.
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F1210
Produit contenant
des impuretés ferromagnétiques Entrée Sortie
du produit du produit
Produit épuré
2.3 Mise en œuvre des aimants :
Figure 2 – Épurateur magnétique gravitaire pour produits granulaires
emplacement, utilisation
èss
(d’apr ociét
é Raoul Lenoir
) et maintenance
Le choix de l’emplacement dans la ligne de production dépend
des priorités de l’utilisateur :
adaptation existe pour les liquides et les produits pompables de — pour la protection prioritaire des broyeurs, cutters, raffi-
viscosité limitée, sous forme de pots magnétiques à barres neuses, trancheuses, etc., on disposera les aimants avant les
(figure 4). machines ;
— pour la protection prioritaire du produit contre les fragments
métalliques issus de l’usure de ces machines, on disposera les
2.2.3 Séparateurs à tambours magnétiques aimants plutôt après les machines de coupe ou de broyage, de
tournants, extracteurs tamisage. C’est particulièrement le cas en minoterie ;
— en contrôle et protection du produit, dans les phases finales,
L’aimant réalisé sous forme de tambour (aimant semi-circulaire) on les place juste avant le conditionnement.
permet un tri continu du produit en vrac en chute sur le tambour,
avec séparation en continu des corps étrangers magnétiques. Les Pour la maintenance de l’équipement et les réglages, les para-
séparateurs avec poulies magnétiques installées en bout de tapis mètres les plus importants sont :
attirent les corps étrangers à travers le tapis, pour une séparation — la distance de l’aimant au produit : la puissance d’attraction
continue sur des produits en vrac. Les extracteurs magnétiques diminue avec le carré de la distance ;
sont des aimants, ou plus souvent électroaimants, très puissants — l’encrassement de l’aimant par les particules déjà attirées : les
suspendus au-dessus du produit circulant en vrac sur tapis, surtout couches successives sont de plus en plus instables. Des agrégats
pour le tri des matières premières agricoles à réception à l’usine de particules peuvent même se détacher sous l’effet de chocs
(légumes racines, betteraves sucrières, céréales, etc.). provoqués par les particules de produits. Il est donc indispensable
121
2
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Après un rappel des opérations permettant la formation d’un serti sur une
boîte métallique, cet article présente les outils et les moyens de contrôle de la
qualité du serti, ainsi que la méthodologie permettant de réaliser son contrôle.
La corrélation entre l’étanchéité et les mesures dimensionnelles reste toute-
fois complexe à établir car elle dépend de nombreux facteurs variables. Des
boîtes présentant des défauts dimensionnels (valeurs en-deçà des recomman-
dations) peuvent être étanches lors des tests d’étanchéité ; et à l’inverse, des
boîtes ayant des mesures dimensionnelles proches des recommandations
peuvent être, dans certains cas, non étanches au test par bullage (test par
dépression).
2
Le lecteur trouvera en fin d’article un glossaire des termes importants
utilisés.
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2
a boîte « 3 pièces » (avec un fond b boîte « 2 pièces emboutie », vue du dessous
dit « fabricant » déjà serti)
c fond à sertir (ou couvercle) d’une boîte, d fond à sertir (ou couvercle) d’une boîte,
face interne face externe
Boîte sertie
Boîte ouverte
(avant sertissage)
Ourlet
Serti
Joint
d’étanchéité
Couvercle
Serti du couvercle
Montage Corps
Agrafe électrosoudée
Rebord Moulures
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2.1 Matériel
Hauteur ourlet
2.1.1 Sertisseuses
∅ extérieur ourlé Il existe sur le marché de nombreux fournisseurs capables de
∅ de cuvette proposer aux conserveurs plusieurs gammes de sertisseuses :
Jonc Gradin – sertisseuses manuelles (surtout utilisées par les artisans) ;
Rosace
(ou étage) – sertisseuses semi-automatiques (adaptées aux PME) ;
(ou macaron)
– sertisseuses automatiques (destinées aux cadences
industrielles).
La figure 4 présente certains de ces modèles.
Joint Profondeur de cuvette
Les sertisseuses automatiques fonctionnent le plus souvent en
126
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