Le Dag

17 avril 2023 Publication du Comité Interuniversitaire des Nations Unies de Paris Edition n°4

L'ACTUALITE INTERNATIONALE EN BREF

ECONOMIE

p. 2 La Tanzanie et le Burundi s’associent pour développer des infrastructures cruciales au

développement

p. 3 Une cyber-attaque russe vise Hydro-Québec

p. 4 La Chine en contrôle partiel du premier train à grande vitesse d'Indonésie pour 80 ans

POLITIQUE

p. 5 Floride : port d'armes sans permis, sécurité publique menacée ?

p. 6 L’éventuelle chute de l'empire Trump

p. 7 Tensions après l'annulation d'une rencontre entre la Chine et les îles Fidji

p. 9 Macron se rend en Chine avec de grandes attentes pour sauver l'Europe

p. 10 La démocratie tchèque à l’épreuve de la guerre en Ukraine

L
 AFRIQUE - ECONOMIE
La Tanzanie et le Burundi s’associent pour développer des
infrastructures cruciales au développement
La Tanzanie et le Burundi ont lancé un appel d’offres pour la
conception et la construction d’un chemin de fer électrifié qui
reliera les deux pays d’Afrique.
Un appel d’offre historique
L’offre fait état de la création d’une ligne d’environ 282
kilomètres. « Les deux gouvernements de la Tanzanie et du
Burundi ont conclu un accord bilatéral pour mettre en œuvre
ce projet multinational en tant que projet unique dans les
territoires de la Tanzanie et du Burundi », selon le document
d’appel d’offre. Le point de départ se situera dans la ville
d’Uvinza, dans le nord-ouest de la Tanzanie. La ligne de
chemin fer passera à travers la République Démocratique du
Congo (RDC) le long de la rivière Malagarasi. Les villes
burundaises de Gitega et Musongati seront les points d’arrivée
de la ligne.
« Ce projet de chemin de fer
n’est pas anodin et s’inscrit dans
une multitude de projets
d’infrastructures de chemin de fer
dans une grande partie des pays
d’Afrique de l’Est. »
Un projet pour se moderniser
Ce projet à long terme s’inscrit dans une volonté de certains
pays africains d’améliorer et de moderniser leurs
infrastructures ferroviaires. L’objectif est de s’imposer sur la
future Zone de Libre-Échange Continentale Africaine
(ZLECA). La ZLECA serait amenée à combiner près de 1,4
milliard de personnes et un PIB de 3 milliards de dollars
USD. Une fois le projet accompli, il deviendrait le deuxième
chemin fer transfrontalier d’Afrique après celui reliant
Djibouti et l’Ethiopie. Afin de financer ce projet, les
gouvernements tanzanien et burundais ont demandé une aide
au financement de construction auprès de la Banque africaine
de développement.
Comité Interuniversitaire des Nations Unies de Paris
Le Dag
La Tanzanie, un projet pour émerger sur la scène
africaine
Grâce à cette nouvelle ligne avec le Burundi et un
contrat signé avec la Chine en 2022, la Tanzanie
sera au premier plan au niveau régional, et
deviendra sans doute la plus grande économie
d’Afrique de l’Est. Le contrat avec la Chine est
primordial dans cette optique. Avec une valeur
d’environ 2,2 milliards de dollars, la Tanzanie et la
Chine ont la volonté de réaliser un réseau ferroviaire
d’environ 2 561 kilomètres reliant des pays comme
la RDC, le Rwanda, le Burundi ou encore
l’Ouganda. Ce projet de chemin de fer n’est pas
anodin et s’inscrit dans une multitude de projets
d’infrastructures de chemin de fer dans une grande
partie des pays d’Afrique de l’Est.
Un rapport 2023 du Forum économique mondial,
intitulé « AFCFTA : une nouvelle ère pour les
entreprises et les investissements mondiaux en
Afrique », prévoit que l’Afrique deviendra le plus
grand marché unique au monde et augmentera la
demande de fret intra-africain de 28%, entraînant
une demande de près de 2 millions de camions, 100
000 wagons, 250 avions et plus de 100 navires, d’ici
2030. Cette étude peut expliquer l’investissement de
certaines grosses économies mondiales comme la
Chine.
Pierre-Alexandre KERAVAL
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 AMERIQUE DU NORD- ECONOMIE Le Dag

Une cyberattaque contre Hydro-Québec

La société d’État Hydro-Québec, responsable de la

production, de la distribution et du transport de
l’électricité partout dans la Belle Province, a été la cible
d’une attaque par déni de service dans la nuit du
mercredi 12 au jeudi 13 avril dernier. Cet incident
s’inscrit dans une série de cyberattaques qui ont frappé
quinze entités canadiennes depuis lundi 10, dont des
banques et des ports, mais également le Sénat et le site
personnel du premier ministre Justin Trudeau.

Les filous en ligne de la guerre économique hybride
Il est des coupables qui se cachent et des coupables qui
se targuent. Le responsable de ces incidents appartient à
la seconde catégorie : il s’agit du groupe de pirates
prorusse NoName057 (16), qui « a revendiqué cette
cyberattaque sur les réseaux sociaux ». Il se targue et il
nargue : il fait étal de ses prouesses sur son canal
Telegram, où des images d’ours railleurs accompagnent
leurs « visites au Canada » au gré des différents sites
qu’ils ont mis hors service. Si le procédé est puéril, il
n’en participe pas moins de l’effort de guerre hybride
russe contre tous les soutiens de l’Ukraine : comme le
note le Devoir, « ces affronts coïncident avec la visite du
premier ministre ukrainien au Canada ».
Plus de peur que de mal - du moins, pour le moment
Justin Trudeau voit le bon côté des choses : « de toute
évidence, la position ferme et sans équivoque du Canada
en faveur de l’Ukraine et contre les actions illégales de
la Russie est gênante pour le gouvernement russe et pour
les pirates informatiques prorusses ».
Selon Philippe Archambault, porte-parole d’Hydro-
Québec, si l’attaque « a entraîné la fermeture de notre
site Internet et de l’application mobile », en revanche, «
les systèmes critiques d’Hydro-Québec n’ont pas été
« Comme le note le Devoir, « ces
affronts coïncident avec la visite
du premier ministre ukrainien
au Canada »»
impactés », « il n’y a eu aucune infiltration ou
exfiltration de données” et « aucune donnée
personnelle n’a été compromise ».
Paul Laurier, un ancien policier qui gère
aujourd'hui une société spécialisée en
cyberenquête, estime cependant le succès de
l’attaque « anormal », ajoutant : « je m’attends
du fleuron québécois de l’électricité qu’il soit
beaucoup plus résilient à ce type d’attaque-là,
qui est somme toute assez simple ». Ce
diagnostic est d’autant plus pertinent que «
Hydro-Québec indique employer notamment
300 personnes pour prévenir autant que possible
les cyberattaques et pour les contrer lorsqu’elles
se manifestent ». D’une manière générale, aux
yeux de Paul Laurier, « les gouvernements et
les entreprises québécoises comme canadiennes
ne prennent pas suffisamment au sérieux les
risques d'une cyberattaque ».
Hugo MARTIN

Comité Interuniversitaire des Nations Unies de Paris Page 3

 ASIE-PACIFIQUE - ECONOMIE Le Dag

La Chine en contrôle partiel du premier train à grande

vitesse d'Indonésie pour 80 ans
Le ministère du transport d'Indonésie approuve un
prolongement du droit d'opération à la Société du train à
grande vitesse Indonésie-Chine ou PT KCIC (Perseroan
Terbatas Kereta Cepat Indonesia-Cina, 40% appartenant
à une entreprise d’Etat chinoise) à 80 ans. Selon le
directeur général du réseau ferroviaire du ministère du
transport, Risal Wasal, le droit n’est pas encore
officiellement validé, mais a reçu l’accord du ministre.
Ce droit d'opération se traduit par le droit de PT KCIC à
recevoir tous les profits du projet jusqu'à 2103.

Dépassement de coûts de 1,2 milliard USD
PT KCIC a demandé un prolongement du droit
d'opération de 50 ans à 80 ans à la fin de l'année
dernière en citant quelques soucis. Pour commencer, le
coût du projet a dépassé la projection initiale par 1,2
milliard USD au point que le gouvernement indonésien
s’est endetté de 560 millions USD auprès de la Banque
de développement de Chine. De plus, le directeur
général de PT KCIC a constaté que le projet ne sera
rentable qu’à partir de l'année 2061
une coentreprise avec le Japon, qui a aidé à la
construction du premier système de métro dans
le pays en 2019. Pourtant, la Chine s’est offert
comme partenaire en promettant que l'Indonésie
ne devrait rien dépenser sa caisse nationale pour
le projet, qu’elle n’aurait pas besoin de garantir
la construction du projet et que la Chine
partagerait sa technologie. La proposition
chinoise était plus intéressante et PT KCIC a été
établi avec 40% d'actionnaires chinois.

15 906 projets chinois sur le sol indonésien

« Ce projet n’est qu’un des 15 906
projets chinois en Indonésie,
pour une valeur totale de 30,8
milliards USD »
L’implication chinoise dans le premier train à
grande vitesse d'Indonésie
Ce réseau ferroviaire s'étend sur 142,3 km, reliant la
capitale Jakarta et Bandung, la quatrième plus grande
ville du pays. Au début, le gouvernement a voulu créer
Protasius ISYUDANTO
Le ministre de la mer et de l’investissement,
Luhut Pandjaitan, a constaté que « le transport
en commun n’est pas rentable. C’est pourquoi je
n’ai aucun problème avec la durée du droit de
concession ». Ce projet n’est qu’un des 15 906
projets chinois en Indonésie, pour une valeur
totale de 30,8 milliards USD. Le fait positionne
le pays est-asiatique comme le deuxième plus
grand investisseur en Indonésie, derrière
Singapour.

Comité Interuniversitaire des Nations Unies de Paris Page 4

 AMERIQUE DU NORD - POLITIQUE
Floride : port d'armes sans permis,
sécurité publique menacée ?
Sécurité publique menacée ou droit à l'autodéfense
renforcé ?
La Floride a récemment promulgué une nouvelle loi
autorisant les résidents de l'État à porter une arme dissimulée
sans permis à compter du 1er juillet prochain. Cette décision
controversée suscite des implications et des interrogations
quant à la sécurité publique, aux droits individuels et à la
légitimité de la législation.
Les faits sont clairs : la Floride devient le premier État
américain à permettre le port d'armes sans permis. Les
partisans de cette loi affirment que cela renforce leur droit à
l'autodéfense comme l’affirme le 2ème amendement,
considérant le port d'armes comme un moyen légitime de se
protéger eux-mêmes et leur famille. Les opposants, quant à
eux, sont préoccupés par la sécurité publique. Ils craignent
que cette décision ne provoque une augmentation de la
violence armée, permettant ainsi aux personnes inaptes à
posséder des armes de les acquérir facilement, ce qui
augmenterait le risque de tirs accidentels ou de crimes
commis avec des armes à feu. En outre, cela pourrait faciliter
l'accès des personnes ayant des antécédents criminels à des
armes.
« Les partisans du port d'armes
soutiennent que cela renforce leur droit
à l'autodéfense. Cependant, les
opposants estiment que la sécurité
publique doit primer sur les droits
individuels »
Tensions sociales et droits individuels en jeu
Les implications de cette loi sont multiples. Tout d'abord, cela
soulève la question de la sécurité publique. En autorisant le
port d'armes sans permis, la Floride peut potentiellement
Comité Interuniversitaire des Nations Unies de Paris
Le Dag
augmenter le nombre d'armes en circulation, ce qui
peut avoir des conséquences dangereuses pour la
société. Cela pourrait notamment et indéniablement
aggraver les tensions sociales et politiques déjà
existantes en permettant aux citoyens de régler leurs
différends avec des armes;,
Cette extension législative pose des questions sur les
droits individuels. Les partisans du port d'armes
soutiennent que cela renforce leur droit à
l'autodéfense. Cependant, les opposants estiment
que la sécurité publique doit primer sur les droits
individuels, considérant que l'État devrait être
responsable de la protection de ses citoyens.
Décision légale ou violation des lois fédérales et
de la Constitution ?
Cette décision remet aussi largement en question la
légitimité de la législation. En autorisant le port
d'armes sans permis, la Floride peut être considérée
comme violant les lois fédérales sur les armes à feu
et les exigences de la Constitution américaine. En
outre, cette décision peut encourager d'autres États à
adopter des lois similaires, ce qui peut
potentiellement créer un environnement
réglementaire incohérent et surtout dangereux.
Noémie KIRAZIAN
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 AMERIQUE DU NORD - POLITIQUE Le Dag

L’éventuelle chute de l'empire Trump

Les accusations contre l'ex-Président américain

Maintenant que Donald Trump n'est plus en fonction et qu'il

ne peut plus se prévaloir de l'immunité présidentielle, il est
confronté à deux enquêtes portant sur d'éventuels agissements
frauduleux. L'une d'elles a été ouverte le mois dernier par un
procureur de Géorgie, qui enquête sur les efforts déployés par
Donald Trump pour modifier les résultats des élections dans
cet État. L'enquête la plus importante quant à elle est menée
par le procureur de Manhattan, Cyrus Vance Jr, qui étudie les
pratiques commerciales financières de Trump, en examinant la
possibilité que l’ancien Président américain et la Trump
Organization se soient livrés à des fraudes fiscales, bancaires
et d'assurance. Dès lors, si Donald Trump est inculpé, il
deviendra le premier ancien président à être accusé d'une
infraction pénale. Les répercussions de l'inculpation

« Dès lors, si Donald Trump est
inculpé, il deviendra le premier ancien
président à être accusé d'une infraction
pénale »
Le prix de l'impunité
popularité au lieu de le faire trépasser.
Demeurer inactif viendrait à l’encontre totale des valeurs
américaines prétendant que personne n'est au-dessus de la loi.
Mais ce refus de tenir des fonctionnaires responsables de leurs
crimes est pourtant concrètement sur la table. Cela suscite des
inquiétudes quant à l'équité et à l'intégrité du système
juridique, et porte aussi atteinte aux principes de justice et
d'égalité devant la loi.
Le fait de ne pas poursuivre Donald Trump a déjà entraîné des
coûts importants mais il reste bon nombre d’appréhensions à
avoir à ce sujet et pour cause. Cette situation ne s’apaise pas,
c’est même tout le contraire puisque l’ancien Président
américain continue même d'aviver la violence : celui-ci agit
comme s'il restait intouchable ; ses soutiens quant à eux
restent présents et surtout lui demeurent bien fidèles.
Tous les accusés sont présumés innocents du moins
jusqu'à ce que leur culpabilité soit prouvée.
Néanmoins il demeure sidérant que le fait d'être
inculpé ou même condamné n'empêcherait pas pour
autant Trump de devenir Président en soi, puisqu’il
n'y a factuellement pas de restrictions dans la
Constitution. Et rien n’assure que cette situation ne
va pas au contraire lui permettre de renforcer sa
Mais en cas de condamnation, une incarcération
impliquerait des restrictions de liberté qui
compromettrait considérablement non seulement la
capacité du Président à diriger mais qui feraient dans
le même temps émerger de nombreuses implications
internationales que cela soit sur la légitimité du
dirigeant, la tenue des relations diplomatiques mais
aussi la stabilité des institutions américaines. La
tournure des prochaines semaines demeure en tout
cas incertaine et dépend notamment des prochains
chefs d’accusation qui tomberont bientôt.
Noémie KIRAZIAN

Comité Interuniversitaire des Nations Unies de Paris Page 6

 ASIE-PACIFIQUE - POLITIQUE
Tensions après l'annulation d'une rencontre
entre la Chine et les îles Fidji
Une controverse diplomatique a éclaté entre la Chine et les
îles Fidji, après que le premier ministre fidjien Sitiveni
Rabuka a annulé un rendez-vous avec le vice-ministre des
affaires étrangères chinois Ma Zhaoxu en raison d'un décès
dans sa famille. Les diplomates chinois auraient mal accueilli
cette nouvelle et dans un premier temps, ils auraient refusé de
s'adresser à quelqu'un d'autre que le premier ministre fidjien.
Ce fais apparemment divers fait ressortir les récentes tensions
entre les deux pays qui travaillaient pourtant à approfondir
leurs liens ces dernières années.
Montée des tensions depuis l'arrivée au pouvoir du
nouveau gouvernement fidjien
En arrière-plan, les tensions autour du futur de
Arrivé au pouvoir en décembre 2022 après un passage en
1992-1997 suite à deux coups d'Etat réussis, Sitiveni Rabuka
se démarque notamment de son prédécesseur par sa politique
étrangère. Alors que les îles Fidji s'étaient rapprochées de la
Chine, le nouveau premier ministre a annoncé son intention
de revenir vers ses « alliés traditionnels », à savoir l'Australie
et la Nouvelle-Zélande. Plus tôt dans l'année, il a aussi annulé
un accord de sécurité important avec la Chine et a autorisé le
bureau de représentation taïwanais à utiliser son nom officiel
(« République de Chine »), ce qui a fortement déplu aux
diplomates chinois. Dernier élément en date, Sitiveni Rabuka
a fait savoir qu'il voulait enquêter sur les allégations du
président micronésien qui affirme avoit été suivi par des
espions chinois lors d'un voyage aux îles Fidji. Beijing a
démenti.
Les relations restent correctes, et les deux parties ont se sont
peu épanché en public sur l'affaire, principalement relayée par
les médias australiens. Néanmoins, elles sont révélatrices des
enjeux diplomatiques qui se jouent dans le Pacifique.
« De plus en plus de
gouvernements [du Pacifique]
commencent à dénoncer la façon dont
ils se sentent instrumentalisés »
Comité Interuniversitaire des Nations Unies de Paris
Le Dag
Taïwan
Si une solution a rapidement été trouvée puisque les
représentants du gouvernement chinois ont
rencontré le président de l'Assemblée fidjienne, la
presse locale rapporte que la première annulation
avait été très mal accueillie par les diplomates
chinois. Ces derniers temps, le Pacifique s'est
transformé en un champ d'affrontement
diplomatique dans lequel la Chine manœuvre pour
gagner des alliés et isoler Taïwan. Alors que les
relations entre Beijing et les différents Etats de la
région sont le plus souvent bonnes, marquées par
des exportations importantes vers le continent, le
tourisme insulaire ou encore l'aide au
développement, de plus en plus de gouvernements
commencent à dénoncer la façon dont ils se sentent
instrumentalisés par les grandes puissances
régionales (Chine, Australie, Etats-Unis). Les îles
Fidji ont récemment rappelé que leur premier
objectif était de « survivre », notamment en
relançant leur économie qui a souffert de la
pandémie et en combattant les effets du changement
climatique qui mettent en péril un bon nombre d'îles
du Pacifique.
Marie-Alix KERAVAL
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 ASIE-PACIFIQUE - POLITIQUE
Un regard sur la table ronde « Héritage en commun en
Corée du Nord et du Sud » du 12/04/2023
Le mercredi 12 avril se tenait une table ronde sur l’héritage en
commun des deux Corées et la possibilité d’une réunification
dans les années à venir, organisée conjointement par
l’association KCRC France (Conseil coréen pour la
Réconciliation et la Coopération France) et l’association
Promethei.
Présentation de l’évènement
Quelques mots sur les hôtes tout d’abord, l’Institut National
des Langues et Civilisations Orientales (INALCO) qui a
accueilli les débats et fourni le support nécessaire à
l’évènement. L’association Promethei, co-organisatrice de cette
table ronde, découle de l’Inalco puisqu’elle rassemble
notamment les étudiants de la filière Relations Internationales
de l’Inalco. Promethei fait également partie du Comité
Interuniversitaire des Nations Unies, comme 23 autres
associations étudiantes. La table ronde a également été portée
par KCRC France, une organisation à but non gouvernemental,
antenne de son homonyme coréenne, militant pour
l’établissement d’une paix durable entre Séoul et Pyongyang
afin de renforcer la coopération internationale et de contribuer
à la paix sur la scène internationale. Cette table ronde organisée
sur le thème de l’héritage commun des deux Corées avait donc
pour finalité de nourrir la réflexion sur les possibilités de paix
dans la péninsule coréenne.
Une solution à chercher dans les origines de l’identité
coréenne ?
Trois experts étaient présents pour débattre et apporter leurs
connaissances à l’audience : Isabelle Sancho, docteure de
l’INALCO spécialiste du confucianisme et du néo-
confucianisme au début de la période Joseon (période
monarchique particulièrement prolifique en Corée qui s’étend
du XIVe au XIXe siècle), mais aussi Alban Schmid, expert de
l’histoire de l’Asie de l’Est ainsi que Song Young-gil, ancien
député sud-coréen, actuellement professeur invité à l’ESCP.
Comité Interuniversitaire des Nations Unies de Paris
Le Dag
S’est ainsi posée la question d’une potentielle
identité commune qui serait le vecteur de la
réunification. Les avis partagés différent sur la
question, spécifiquement sur les influences du
confucianisme chinois. En effet, si certains tendent à
dire que la Corée du Nord voit le confucianisme
comme un vestige féodal au service des plus dotés,
d’autres soulignent l’influence de ce courant
philosophique et politique sur la construction de
l’Etat Nord coréen. A contrario, la Corée du Sud a
longtemps érigé le confucianisme comme une
influence puissante par le passé, politiquement et
socialement. Au-delà d’une langue, qui trouve elle
aussi des divergences au Nord et au Sud, quels
sont les vecteurs communs qui pourraient
parvenir à déterminer les origines d’une identité
coréenne unique ? Les réponses apportées par cette
conférence tendent à établir qu’il n’existe pas de tels
vecteurs, encore moins avec de telles
caractéristiques.
Aujourd’hui, les influences du confucianisme
tendent à disparaître, notamment du champ de
conception de la population des tranches d’âge en
dessous de 40 ans. La construction de l’identité
coréenne est une question complexe sur laquelle les
avis des analystes ont peine à converger. En
somme, les vestiges d’une culture commune ne
peuvent parvenir, du moins seuls et dans un délai
court, à rétablir des liens suffisamment solides pour
permettre une réunification.
Se pose alors non seulement la question de la
faisabilité de la réunification mais également de la
volonté des acteurs extérieurs de voir réunis les deux
parties de la péninsule.
Bérénice CROZIER
Page 8
 EUROPE - POLITIQUE Le Dag

Macron se rend en Chine

avec de grandes attentes pour sauver l'Europe
L’objectif officiel de la visite de Macron en Chine était de
ramener tout le monde à la table des négociations dans la
guerre russo-ukrainienne. Le choix de l'entourage de Macron,
une délégation de 50 hommes d'affaires français, ne laissait
aucun doute sur le fait que la principale raison de son voyage
était économique. La présidente de la Commission
européenne, Ursula von der Leyen, a participé à certaines de
ces réunions, car on pense que les relations économiques
sino-européennes pourraient rendre le message du dirigeant
français sur l'Ukraine plus convaincant.

Troisième dirigeant européen à se rendre en Chine ces

l« réfléchir » afin d'aider à mettre fin à la guerre en
derniers mois
Ukraine. Dans son allocution d'ouverture lors des

pourparlers à Pékin, Macron a déclaré que la Russie

Alors que les États-Unis tiennent à neutraliser leurs alliés et
avait « mis fin à des décennies de paix en Europe »
même à les éloigner de l'approfondissement des relations avec
et que parvenir à une « paix durable » respectant les
la Chine, les Européens sont moins disposés à souffrir d'une
frontières internationalement reconnues était « une
guerre froide entre la Chine et les États-Unis, qui leur ont
question importante pour la Chine, autant qu'elle
vendu du gaz à des prix élevés suite à la coupure de gaz russe
l'est pour la France et l'Europe ». Il est à noter que la
qu'ils ont provoquée et qui ont commencé à perdre l'avantage
Chine, qui a adopté la neutralité dans ce conflit et
de la domination mondiale du dollar. Von der Leyen a déclaré
qui tente d'encadrer son rôle d'agent de paix, a
qu'elle ne considérait pas le découplage de la Chine comme
refusé de condamner l'invasion russe et a continué à
une stratégie viable ou souhaitable pour l'UE, mais plutôt
resserrer ses liens économiques et diplomatiques
comme une approche plus prudente pour réduire les risques de
avec le Kremlin au cours de l'année écoulée, y
la relation UE-Chine. Cela explique pourquoi le président
compris avec une visite d'État de Xi à Moscou le
français est le troisième dirigeant européen à se rendre en
mois dernier.
Chine ces derniers mois.

Commentant la visite, la porte-parole du département d'État
américain, Vendant Patel, a déclaré que les observateurs ne
devraient pas considérer la visite de Macron en Chine comme
un signe de la rupture entre la politique américaine et
française envers le pays. « Les États-Unis et la France
partagent leurs inquiétudes quant au défi que la République
populaire de Chine pose à l'ordre international fondé sur des
règles, notamment par le soutien continu de Pékin à la guerre
de la Russie contre l'Ukraine », a souligné Patel.
Macron compte sur la Chine pour aider à mettre fin à la
guerre
Le président français Emmanuel Macron a déclaré à son
homologue chinois Xi Jinping qu'il comptait sur lui pour
Fortes attentes françaises quant à la capacité de
la Chine à mettre fin au conflit
Macron est arrivé à Pékin avec de grands espoirs
d'une éventuelle percée dans la collaboration avec la
Chine pour trouver des solutions pour mettre fin à la
guerre de la Russie contre l'Ukraine, une façon de
créer des initiatives et de créer une « façon de
définir une solution à cette guerre ». Surtout après
que la Chine a réussi à mener une réconciliation
entre l'Iran et l'Arabie saoudite, deux des relations
les plus complexes et les plus incendiaires du
Moyen-Orient.
Oumaima GUIZANI

Comité Interuniversitaire des Nations Unies de Paris Page 9

 EUROPE - POLITIQUE
La démocratie tchèque
à l’épreuve de la guerre en Ukraine ?
La criminalisation de la désinformation, qui est dans les
cartons de l’appareil législatif tchèque depuis au moins
décembre 2022, est d’une actualité brûlante. Au mois de mars
dernier, la police tchèque a procédé à deux inculpations
différentes au motif du crime de négation, d’interrogation,
d’approbation et de justification du génocide. C’est de
l’Ukraine qu’il est question, et non pas de celle du
Holodomor, mais bien de celle de l’invasion russe débutée en
février 2022. Les accusés sont : une enseignante accusée
d’avoir déclaré à ses élèves en avril 2022, enregistrement pris
par eux à l’appui, que « rien ne se passe à Kiev” ; un jeune qui
avait défilé dans une manifestation anti-gouvernement « un
écusson Z sur son sac à dos” et en ayant “fait coudre le logo
du groupe mercenaire russe Wagner sur la manche de sa
veste”.
« Pro-ukrainiens de la première
heure, les Tchèques le demeurent,
dans leur coeur comme dans leur
bourse »
La ferveur ukrainophile prétexte à une dérive autoritaire ?
Pro-ukrainiens de la première heure, les Tchèques le
demeurent, dans leur coeur comme dans leur bourse : bien que
« la société tchèque s’oppose depuis longtemps à l’acceptation
de réfugiés », l’agression russe a fait changer le pays de face et
« des centaines de milliers de réfugiés » de cette guerre ont été
accueillis sur le sol tchèque ; début février dernier et malgré les
retombées économiques de la pandémie, les cagnottes tchèques
pour l’Ukraine avaient récolté « près de cinq milliards » de
couronnes tchèques [~214 millions d’euros].
Le président Pavel, au pouvoir depuis mars dernier, général à la
retraite et ancien président du comité militaire de l’OTAN,
passait en janvier pour avoir « une idée dangereusement
Comité Interuniversitaire des Nations Unies de Paris
Le Dag
autoritaire de la présidence » aux yeux de l’opinion
médiatique tchèque suite à son refus déclaré de
nommer ministre tout membre d’un parti réputé pro-
russe, anti-UE ou anti-OTAN, le parti en question
pesât-il au parlement et le membre en question fût-il
fondé à occuper le ministère.
Retour de frappe et petite frappe frappée
d’interdit
Expulsée de l’école qui l’employait en août 2022,
l’enseignante a perdu en février dernier le procès
qu’elle avait intenté à son ancien établissement pour
contester cette décision. Si les faits qui lui sont
reprochés remontent à avril 2022, ce n’est que le 27
mars dernier que « le dossier ainsi que la proposition
d’inculpation ont été soumis au procureur », qui « va
maintenant se familiariser en détail avec les
documents soumis et décider s’il faut déposer un
acte d’accusation dans l’affaire ou traiter l’affaire
d’une autre manière ». Quant au jeune manifestant,
il a été rapidement jugé. Il écope de 12 000
couronnes [~514 euros] d’amende et de six mois de
prison avec sursis, mais également d’un
bannissement de la ville de Prague d’une durée d’un
an. Acharnement, ou bien l’ont-ils bien cherché ?
Hugo MARTIN
Page 10
 Le Dag

Dag Hammarskjöld
Dag Hammarskjöld (1905-1961) est le second secrétaire général des Nations Unies de 1953 à
1961. Diplomate émérite et promoteur de la paix, il a marqué son époque en tentant de renforcer
l’indépendance et la neutralité du Secrétariat général dont il mène l’engagement dans de
nombreux conflits, et notamment lors des crises de Suez, de Jordanie et du Congo, ce qui lui vaut
le prix Nobel de la paix à titre posthume. Mort en fonction lors d’un déplacement au Congo, il est
considéré par ses pairs comme « le plus grand homme d’Etat du XXe siècle ».

La Rédaction
Marie-Alix Keraval - Directrice de rédaction Noémie Kirazian- Rédactrice
Contact : mariealix.keraval@cinup.fr Contact : noemie.kirazian@cinup.fr

Victor Martin - Coordinateur de publication Hugo Martin - Rédacteur

Contact : victor.martin@cinup.fr Contact : hugo.martin@cinup.fr

Charles Jeanne - Coordinateur de publication Bérénice Crozier - Rédactrice

Contact : charles.jeanne@cinup.fr Contact : berenice.crozier@cinup.fr

Oumaima Guizani - Rédactrice

Contact : oumaima.guizani@cinup.fr

Protasius Isyudanto - Rédacteur

Contact : protasius.isyudanto@cinup.fr

Pierre-Alexandre Keraval -
Contributeur externe

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