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Malheureusement, certains d’entre eux abritent du public et donc peuvent occasionner des
pertes de vies humaines en plus des dégâts matériels colossaux engendrés et souvent chiffrés
à plusieurs millions. Comme exemple, il y a le fameux Wharf de Laâyoune (photo) construit sur
une longueur de 3.200 m en béton précontraint, un matériau pas du tout adapté au milieu marin
où il se situe. Du coup, l’ouvrage a subi d’importantes dégradations et se trouve encore
aujourd’hui soumis à des travaux de réparations intenses. Cette situation, qui dure depuis plus
de 35 ans, est si pathétique que certains professionnels préconisent au maître d’ouvrage de
l’édifice de le détruire et de le reconstruire selon la norme 10.1.008. En effet, «cette norme,
entrée en vigueur le 5 juin 2010, permet de construire des ouvrages à longue durée de vie (plus
de 100 ans) dans n’importe quel environnement. Elle est beaucoup plus complète que la norme
précédente dont l’objectif principal dans la constitution du béton était de lui fournir un bon
niveau de résistance. Si dans l’ancienne norme les essais en laboratoire se limitaient en termes
mécaniques et physiques, avec la nouvelle norme, il y a un ajout d’essais chimiques et
géologiques», explique Abdallah Choukir, directeur du CEMGI (Centre expérimental des
matériaux et du génie industriel).
La norme 10.1.008 prévoit pratiquement tout pour permettre aux ouvrages du génie civil de
résister aux effets néfastes de l’environnement. Le pont Moulay El Hassan du Bouregreg a été
construit en respect de cette norme. Autre exemple : tous les bâtiments de la Marina de
Casablanca ont été dimensionnés et également construits suivant cette norme de durabilité du
béton. Alors pourquoi certains constructeurs qui n’appliquent pas cette norme dite d’application
obligatoire parviennent quand même à passer par les mailles du filet ? C’est d’une part parce
que les pouvoirs publics ne se sont pas donnés les moyens de faire entrer cette norme dans les
mœurs. L’État n’a pas suffisamment organisé de séminaires pour sensibiliser les acteurs de la
construction dans les quatre coins du pays. Le dispositif nécessaire de contrôle de son
application effective sur le terrain n’est par ailleurs toujours pas mis en place.
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Éco du 27 septembre 2016
D’autre part, même si la norme fixe et délimite les responsabilités des différents intervenants
dans une construction (le prescripteur est responsable de la spécification du béton (art.6), le
producteur est responsable de la conformité et du contrôle de production du béton (art.8 et 9),
tandis que l’utilisateur est responsable de la mise en place du béton dans la construction),
l’appareil judiciaire chargé de juger les fraudeurs et leurs infractions n’a pas été formé à cette
norme. Du coup, il lui est difficile de statuer sur des cas qui s'y rapportent. Enfin, l’application de
cette norme pêche par son prix jugé «trop élevé». Les professionnels avancent que «peu de
prescripteurs ont les moyens de l’appliquer».
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