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L’ORIGINE DU NOM TOTÉMIQUE ET LITURGIQUE

DU PEUPLE BASSA/BASSOo, DE L´ANTIQUITÉ ÉGYPTIENNE


A L´AFRIQUE NOIRE MODERNE.

COMMUNICATION DE SIM MI NSONKON RÉMY A LA CONFÉRENCE - LES BASSAA DU


CAMEROUN, SOUS L´ÉGIDE DE L´ASSOCIATION DES BASSAA DE BELGIQUE (Samedi 15
Mai 2004, à Bruxelles)

INTRODUCTION

C´est à la demande de l´un des intervenants, M. Justin Nouind , conférencier sur - Les
Basaa du Cameroun, que je publie cette étude. Cette assise se tiendra le 15 Mai 2004 et
elle est dirigée par l´Association des Basaa de Belgique.

Travaillant depuis plusieurs années sur l´origine des Bisoo/Bakoko dans l´Egypte
Ancienne, j´ai pu constater que ce groupe est l´un des rameaux du peuple Sao moderne,
au même titre que les Soninké, les Songhay, les « autochtones » Dogon, détenteurs de
la religion d´Amma et du Sigui, les Beti (Cameroun, Gabon), Les Nso (population
anglophone dans le Sud-Ouest du Cameroun), les Akoko du Nigeria, etc. Tous, sauf les
Basa, sont les descendants des Prêtres-Médecins de l´Egypte pharaonique connus par le
nom Saou.

Les affinités culturelles entre les Basaa et les Bisoo/Bakoko sont très étroites et
complexes. Certains chercheurs ont tenté l´explication de celles-ci, par le biais de
plusieurs disciplines scientifiques (Ethnologie, Sources orales, etc.). C´est ainsi qu´en
1947, le Père Caret écrivait que : « Basaa et Basso [Bisoo/Bakoko] étaient
vraisemblablement deux tribus voisines et alliés habitant quelque part du côté de Tibati
ou plus haut et qui furent refoulés voilà Treize ou quinze générations par les invasions
Foulbé. Ils traversèrent ensemble la Sanaga de compagnie et s´établirent sur Babimbi,
Eseka, Yabassi, et même Kribi où l´on retrouve l´extrême pointe de leur migration Basso
sur le Ntem et la bordure de la Guinée. Ils ont probablement des ancêtres communs,
mais d´assez loin puisque leurs langues sont très différenciées, le Basoo est beaucoup
proche de l´Ewondo que du Bassa, mais il est très évident, comme vous le remarquez
vous-mêmes que tous ces gens-là sortent de la même trappe bien que cela doive
remonter assez loin ; calculez ce que peuvent représenter treize générations de
moyenne. De toute façon ils étaient déjà différenciés à leur installation dans notre Sud-
Cameroun (1). »

Nous adoptons la transcription « Basa » pour la désignation de ce peuple en Afrique noire


et son rameau du Cameroun par le nom « Basaa ».

Le peuple Basa s´est dispersé depuis plusieurs siècles avec pour conséquence la
formation de plusieurs rameaux en Afrique noire. Il se pourrait que les Basa (Liberia,
Nigeria, Cameroun), Bassar (Togo), Bassari (Sénégal), Bisa (Burkina-Faso), etc.,
auraient une origine commune. Nous ne pouvons pas conclure sur cette hypothèse à l
´état actuel de nos recherches.

Plusieurs chercheurs ont tenté d´appréhender l´origine du nom totémique Basa. Mais il n
´a demeure pas moins que la complexité de la question n´échappe à personne, comme l
´expose le Professeur Ndigi Oum (2), enseignant à l´Université de Yaoundé
(Cameroun). Toutes ses thèses sont basées sur ce vocable. L´on semble oublier une
autre piste qui peut s´avérer fructueuse. En effet dans leurs langue liturgique qu´est le
Bisoo/Bakoko, les Basa du Cameroun ne sont pas presque pas désigner par ce terme,
mais plutôt par l´expression « Benë ». Et les Beti les appellent « Mvelë », terme parallèle
à « Benë ». Pourquoi les Bisoo/Bakoko et Beti appellent-ils respectivement leurs voisins
par l´expression « Benë », « Mvelë » et non pas par « Basaa » ? Y aurait-ils une
explication a cela ?

Notre étude consiste dont, dans un premier temps, à explorer le nom liturgique « Benë »
et comparer par la suite les conclusions acquises avec les hypothèses évoquées
concernant le nom Basaa. Remarquons que le Pr. Ndigi Oum qui est le chercheur le plus
prolixe sur ce peuple n´a pas étudier le vocable « Benë » dans sa thèse de Doctorat - Les
Basa du Cameroun et l´Antiquité Pharaonique Egypto-Nubienne : recherche historique et
linguistique comparative sur leurs rapports culturels à la lumière de l´Égyptologie, Lille,
1997.

LES THÈSES SUR L´ORIGINE DE L´ETHNONYME BASA


Éléments toponymiques

Concernant l´oronyme Basa du Togo, P. de Barros affirme : « Le paysage physique de la


région Bassar se caractérise avant tout par deux chaînes discontinues de montagnes
orientées dans le sens nord/sud et séparées par une pénéplaine d´environ 25 à 30 kms
(...). La région est habitée par les Bassar, nom dérivé d´une divinité associée au Mont
Bassar qui s´élève à 450 m au-dessus de la vallée de Katcha (3). »

Éléments ethnologiques

Jean-Francois Champollion écrit à propos du toponyme Bésa : « Antinoé. - Bésa. Cette


ville, située sur la rive orientale du Nil, devint sous les Romains une place importante et
célèbre par la magnificence de ses monuments, après que l´empereur Hadrien l´eût
embellie et appelée Antinoë (...), du nom de son favori. Mais on croit que sous les
Pharaons, elle fut connue sous le nom de Besa. Ce fut une place peu importante. Si ce
fait était bien prouvé, son nom pourrait dériver de celui d´une espèce de personnage
théologique des Égyptiens, et qui était fort vénéré au témoignage d´Ammien-Marcellin.
(4). »

Plusieurs chercheurs fond le rapprochement entre le divin égyptien Bès et l´ethnonyme


Basa. Particulièrement le Professeur Ndigi Oum qui écrit à propos : « Il nous apparu, par
la suite, que le mythe de l´origine divine, révélateur de la rencontre entre l´ethnonyme
Basa et le nom divin égyptien Bès/ Basa, était susceptible de servir de fil conducteur
fécond (5). »

Nous ne partageons pas ce rapport entre Bès (divin) et Bes (religion). Pour nous, Bes en
tant qu´institution égyptienne vient du rituel de la jambe perdue d´Osiris lors de son
combat avec Seth. Le verbe « sauter » se dit en égyptien pasah. Le même vocable
signifie bis en langue Basaa et Bisoo/Bakoko. Pasah était une institution religieuse dans l
´Egypte pharaonique. Et c´est de ce Pasah qu´est né la fameuse Fête Pascale que les
Chrétiens célèbrent aujourd´hui. Elle n´est pas d´origine juive, mais égyptienne.

L´ORIGINE DU NOM LITURGIQUE, BENË, DU PEUPLE BASSA

L´Ibis sacré Benu dans la Barque du Dieu Râ.

A Ngok-Lituba, montagne sacrée des peuples Beti, Basaa, Bisoo/Bakoko, Yambasa, etc., l
´on célébrait durant des siècles la religion Ahoum (Um en Basaa). Ce sont les prêtres
Bisoo/Bakoko qui officiaient cette messe. L´on ne pouvait être un véritable initié que si l
´on parlait le bisoo/bakoko. Cette langue est demeurée jusqu´à nos jours la langue
liturgique de tous ses peuples (6). Nous rapprochons l´Ahoum des Bisoo/Bakoko à Amma
du peuple Dogon et à Amon dans l´Egypte pharaonique. Fait très surprenant, les
Bisoo/Bakoko ne désignent pas les Basaa par leurs nom. Mais par l´expression « Benë
» . Benë est un nom connu seulement par les Basaa, Beti (Mvelë) et les Bisoo/Bakoko.
Cet ethnonyme, tout comme son équivalent mvelë chez les Beti, semble être méconnu
des autres peuples aux environs qui ne savent que le terme Basaa. La raison en est que :
la désignation Benë appartient au domaine de l´initiation, du secret, de la liturgique des
peuples de Ngok-Lituba. Notons également que Benoun est un nom de personne chez les
Basa.

Benoun, le nom propre que porte certains bassa et Benë sont deux grands indices qui
nous incitent à établir leurs rapports avec l´oiseau sacré égyptien Benu.

L´oiseau Benu était d´abord associé a Atoum et Râ. Plus tard, Benu était connu comme
étant l´incarnation d´Osiris lorsque celui-ci se situait dans les ténèbres du Douat pendant
son périple de résurrection. Comme le dieu solaire, Benu se régénère lui-même.

Le nom de Benu dérive du verbe weben qui signifie « se lever », « briller ». Benu sera le
phoenix sacré dans la légende grecque.

Dans le mythe Égyptien, Isis découvre à Abydos le phallus, séparé du corps, de son
défunt mari Osiris dans le Nil. Quatre partie de ce phallus avait été dévoré par le
Lepidotus, le Phagrus, et l´Oxyrhynchus, poisson sacré pour les Égyptiens.

Pour la philosophie chinoise, il existe quatre groupe de créatures magiques : Bai Hu


(tigre) ou Ki-Lin pour l´Ouest, Gui Xian (le serpent) pour le Nord, Long (dragon) pour l
´Est et pour le Sud, Feng, le phoenix. Feng représente le pouvoir et la prospérité et était
attribué à l´empereur de Chine tout comme Benu est associé au pénis d´Osiris

L´ORIGINE DU NOM TOTÉMIQUE BASSA


Plus haut, nous avons écarté l´hypothèse faite par plusieurs chercheurs, sur le rapport
entre l´institution religieuse égyptienne Bes et le divin Bès. Nous avons clairement
prouvé que cette institution provenait de la jambe d´Osiris.

Maintenant, nous allons démontré l´origine du nom totémique Basa.

La relation entre l´organe génital de l´homme et le poisson sacré

Dans le mythe Égyptien, Isis découvre à Abydos le phallus, séparé du corps, de son
défunt mari Osiris dans le Nil. Quatre partie de ce phallus avait été dévoré par le
Lepidotus, le Phagrus, et l´Oxyrhynchus, poisson sacré pour les Égyptiens.

Pour la philosophie chinoise, il existe quatre groupe de créatures magiques : Bai Hu


(tigre) ou Ki-Lin pour l´Ouest, Gui Xian (le serpent) pour le Nord, Long (dragon) pour l
´Est et pour le Sud, Feng, le phoenix. Feng représente le pouvoir et la prospérité et était
attribué à l´empereur de Chine tout comme Benu est associé au pénis d´Osiris

Le mythe autour du poisson sacré et sa confirmation linguistique

Plusieurs peuples ont forgé un mythe autour du vocable « poisson brillant » (bas en
Bassa, bacchus en grecque, etc.) :
Dans la mythologie grecque, Dionysus ou Bacchus, fils de Jupiter, était l´équivalent d
´Osiris égyptien. Le nom de Bacchus commença à être utilisé dans la Grèce ancienne au
Vème siècle av. J.-C.

Pour les Romains, Bacchus eut une naissance peut ordinaire: sa mère fut foudroyée pour
avoir voulu admirer son amant dans toute sa splendeur. On revoit ici le mythe d´Osiris
souligné plus haut. Mais l´intérêt ici est la présence de Bacchus. Alexander Hislop
rapporte à propos que « fish Latus evidently just being another name for the fish-god
Dagon. We have seen that Ichthys, or the Fish, was one of the names of Bacchus; and
the Assyrian goddess Atergatis, with her son Ichthys is said to have been cast into the
lake of Ascalon. (7) ».

Nous voyons que Bacchus est un nom anthropologique, fort diffèrent du rapprochement
fait par le Professeur Ndigi Oum entre l´institution religieuse égyptienne Bes et l
´ethnonyme Basa. Difficilement, un nom totémique ne peut pas devenir une institution
religieuse.

Le vocable Ichthys « poisson » se dit tchobi en langue Bassa. Aussi c´est à Abydos que
ce mythe du phallus mangé par le poisson est né. Notons que le phallus se dit bak en
égyptien. Fait surprenant, ce bak s´écrit avec le déterminatif du phallus et le signe de la
jambe tout comme l´institution religieuse Bes. D´où : peut-être la confusion autour du
rapport Bes (Religion)/Bès (divin).

Jean-Francois Champollion rapporte que : « La ville d´Abydos, dit [Ammien-Marcellin ],


est situé dans la partie la plus reculée de la Thebaïde; c´est là qu´un oracle d´un dieu,
appelé dans le pays Besa, prédisait autrefois l´avenir. Les habitants des contrées
voisines avaient coutume de lui rendre un culte d´après les anciens rites. Le nom de
cette divinité existe encore parmi les noms des Coptes. Il est écrit BICA ou BHCA, Bisa. C
´est ainsi qu´on trouve ABBA BICA, l´abbé Bisa. (8). »

Nos investigations sur le nom liturgique Benë éclairent l´une des l´hypothèses soulignées
par le Professeur Ndigi Oum concernant l´ethnonyme Basa. Il s´agit du poisson égyptien
respectivement bs/mbas en langue Bassa (mbâ en bisoo/Bakoko). Il écrit : « En bassa, le
même radical bas, « écaille de poisson » , « écailler » désigne aussi l´éclat de la coque
de noix de palme (...). Cette description [de Barbus bynni] dans laquelle nous avons
souligné l´aspect « blanc argenté très brillant » présente pour nous le plus grand intérêt,
car elle renvoit strictement à celle d´un poisson connu en basaa sous le nom de mbas
(...). Rappelons que bas signifie aussi « brillant » en basaa (9). »

Le Barbus bynni était un large poisson du Nil, très estimé sur le plan alimentaire, dans l
´Egypte ancienne.

Logiquement Bacchus est la version grecque du nom totémique du peuple Basa.


Confirmation faite par le Livre des Morts égyptien qui précise : « Send the purified ´Abd
´-fish before the boat of Ra (10). »

Traduction : « Envoyé le poisson purifié Abd avant le bateau sacré de Râ ».

La parenté linguistique suivante ne peut en aucun car être le fruit d´un hasard :
égyptien : Abd, « poisson purifié dans les eaux du Dieu Râ »

bassa : mbas, « poisson brillant »


bisoo/Bakoko : mbâ, « poisson brillant »

grecque : Barbus bynni, poisson blanc argenté très brillant

On remarque nettement qu´il s´agit dans toutes les langues citées : du poisson « brillant
».

L´adjectif « brillant » confirme l´origine commune du vocable « poisson » analysé dans


le texte.

CONCLUSION
Notre étude prouve que le peuple Bassa dispersé à travers l´Afrique noire porte deux
noms depuis l´Antiquité égyptienne :

- Le nom totémique Basa qui n´a pas profondément changé jusqu´aujourd´hui.

- Le nom liturgique Benë qui provient de l´ibis sacré Égyptien Benu.

Tous les deux noms ont un un rapport très étroit avec la religion d´Osiris.

Il faut étudier et connaître le peuple Basa dans sa dimension panafricaine et non pas par
son appartenance ethnique c´est-à-dire Camerounaise. Et c´est la raison principale de
notre communication.

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