Vous êtes sur la page 1sur 2

CPFB

Année 2022-2023
Responsabilité civile

Le 01.10.2017, la SA TRAVOIT a endommagé une canalisation d’eau sur la voie publique,


interrompant l'approvisionnement en eau de la SA ODIAL, spécialisée dans la préparation de
saumon fumé, entre 13H30 et 15H30.

A la suite de cette coupure, la SA ODIAL affirme n'avoir pu réaliser un dessalage d'une quantité de
1200kg de saumon dans ses installations.

Le jour même la SA ODIAL écrivit à la SA TRAVOIT en faisant état des pertes subies à raison de la
somme de 19.000 euros.

Dans une attestation du 22.10.2017, le Dr Jean DUMONT de l'institut d'expertise vétérinaire relate
une visite sanitaire au sein de la SA ODIAL au terme de laquelle il affirme avoir goûté du saumon
sous vide comestible mais ne pouvant être commercialisé en raison d'une trop grande salinité.

Par citation du 07.04.2019 introduite devant le tribunal de l’entreprise du Hainaut division


Charleroi, la SA ODIAL exposait que :

− Du fait de cette coupure d’eau, elle n’avait pu dans les délais requis aux opérations,
essentielles pour la qualité du produit fini, de dessalage de 1.200 kg de saumon,
− Elle avait pourtant tout mis en oeuvre pour y parvenir, notamment, le transport de sa
marchandise chez un de ses clients à MARCINELLE,
− Ces saumons étaient, de ce fait, impossibles à commercialiser,
− Elle avait subi une perte de 19.000 euros, selon l’évaluation faite par la SPRL fiduciaire
PARDOEN ;
− Elle sollicitait la condamnation de la SA TRAVOIT à lui payer cette somme outre les
intérêts.

Par jugement du 07.10.2019, le tribunal :

− Dit l'action fondée en son principe et condamnait TRAVOIT à payer à la SA ODIAL, la


somme d'un euro provisionnel ;
− Avant de statuer sur le surplus des demandes, désignait en qualité d'expert Monsieur Jean-
Pierre ENCE, avec pour mission de donner son avis quant au dommage réclamé par la
demanderesse ;

Dans un rapport unilatéral du 11.12.2019 établi à la demande de la SA ODIAL, M. ALEN, de la


fiduciaire PARDOEN , affirmait notamment que :

− Une grande partie des archives de la SA ODIAL avait été détruite ;


− La mémoire informatique relative à la période concernée a disparu ;
− Il a été nécessaire de travailler par recoupements en utilisant les données subsistantes dont
les factures d'achat de poissons de septembre et novembre 2017 et les factures de vente
d'octobre 2017 ;
− Les factures d'achat d'octobre 2017 ont disparu ;
− Il n'y a pas d'éléments probants pour déterminer la quantité de poisson achetée en octobre
2017 ;
− Il n'est pas possible de déterminer à quel niveau le stock se situait au 30.09.2017, une
extrapolation est faite en se basant sur un stock minimum supposé ;
− La firme RICRAC atteste avoir repris 1292 kg de saumon le 23.10.2017 ;
− Le préjudice de 19.000 euros tel qu'allégué à l'époque par la SA ODIAL semble plausible.

Ce rapport unilatéral comporte 6 annexes (bilans, déclarations TVA etc...), lesquelles ne sont pas
produites.

Par courriel du 20.03.2020, M. ALEN précisait avoir rencontré l'expert judiciaire le 30.12.2019,
date à laquelle il lui a remis son rapport unilatéral ainsi que diverses explications.

Dans son rapport provisoire, l'expert fait état de ce qu'il a visité seul les locaux de la SA ODIAL, visite
à l'occasion de laquelle il a eu l'occasion de se faire expliquer le processus de fabrication de la
société et l'importance du rôle de l'eau.

Ce rapport unilatéral fut communiqué par l’expert judiciaire, sans ses annexes, au conseil de
TRAVOIT le 05.05.2020.

Par courrier du 09.06.2020 adressé à l’expert judiciaire, le conseil de la SA TRAVOIT faisait état de
ce que les annexes au rapport n'avaient pas été communiquées et de ce que ledit rapport était
établi sur des bases non probantes et invérifiables.

Par courriel du 15.06.2020 adressé à l'expert judiciaire, M. ALEN soulignait que seul ce dernier
avait reçu son rapport avec ses annexes.

Par courriel du même jour, l'expert judiciaire avisait M. ALEN de ce qu'il n'était pas nécessaire
d'imprimer les annexes.

Dans son rapport du 14.09.2020, l'expert ENCE, se basant essentiellement sur le rapport de M.
ALEN, évaluait le préjudice de la SA ODIAL à 19.000 euros.

Ce rapport ne comporte pas la signature de l’expert prévue par l'article 978 du Code judiciaire.

La SA TRAVOIT invoque la nullité et/ou l’inopposabilité du rapport d’expertise et sollicite que la SA


ODIAL soit déboutée du surplus de sa demande.

Par citation du 15.10.2020, la SA ODIAL forme une demande en garantie contre l’expert-judiciaire
dans la mesure où par son fait la société n’obtiendrait pas gain de cause , elle invoque l’existence
d’une perte de chance dans son chef et postule la condamnation de ce dernier au paiement de la
somme de 19.000 euros.

Vous aimerez peut-être aussi