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Le rôle des mécanismes de gouvernance dans la

prévention de la fraude managériale


Khoufi Nouha, Khoufi Walid

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Khoufi Nouha, Khoufi Walid. Le rôle des mécanismes de gouvernance dans la prévention de la
fraude managériale. Management Accounting Research, Elsevier, 2016. <hal-01388419>

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Le rôle des mécanismes de gouvernance dans la

prévention de la fraude managériale

Khoufi Nouha, Khoufi Walid

Doctorante; Finance et méthodes comptables, Université de Sfax, FSEG 3018, Sfax,


Tunisie

Email : nouhakhoufi@yahoo.fr

Laboratoire Gouvernance, Finance et Comptabilité GFC : Lab.gfc@gmail.com

1
Résumé

Quoique relativement peu nombreuses, les fraudes commises par les dirigeants d’entreprises
sont souvent spectaculaires et entraînent parfois des pertes considérables pour les
investisseurs et autres parties prenantes (employés, gouvernements, créanciers). La présente
thèse propose d’étudier le rôle des mécanismes de gouvernement d’entreprise comme
instrument de prévention des pratiques frauduleuses des dirigeants en matière de l’obligation
de l’information financière des entreprises cotées. La validation empirique a été conduite sur
un échantillon de 50 entreprises françaises cotées sur une période de 5 ans (2009-2013). Les
résultats d’une estimation logistique montrent qu’un bon système de gouvernance contribue à
atténuer la gravité des pratiques frauduleuses.

Mots clés : Fraude managériale - mécanismes de gouvernement d’entreprise - coûts d’agence

2
1. Introduction

Au cours de ces dernières années, et avec la mondialisation de l'information et le transfert des

technologies et des sciences, les fraudes commises par les dirigeants d’entreprises,

représentent un danger sérieux qui coûtent très cher aux investisseurs, les créanciers et les

employés des sociétés visés et qui, à terme, mine le bon fonctionnement des marchés

financiers. En effet, En effet, toutes les manipulations correspondantes ont un point commun :

ce sont des tromperies délibérées commises en infraction à la loi et aux règlements et qui, au

bout du compte, lèsent la communauté.

Dans ce contexte, le droit boursier et la réglementation de l’autorité des marchés financiers

français (AMF) imposent des sanctions à l’encontre de toute personne (physique ou morale)

qui communiquerait au public des informations inexactes, imprécises et trompeuses. Ces

dispositifs, qui existent dans la plupart des pays industriels, ont pour principaux objectifs de

réinstaurer la confiance dans les états financiers publiés et de prévenir efficacement les

manipulations, les abus et les fraudes à l’information financière. Ainsi, les lois sur la

régulation des marchés financiers (Sarbanes-Oxley Act aux Etats- Unis et la Loi de Sécurité

Financière d’août 2003 en France) ont tenté de renforcer les mécanismes de contrôle externe

et interne dans le cadre de la gouvernance1 (Leuz et al. 2003 ; La Porta et al. 2006).

L’analyse de l’association présumée entre la gouvernance et la fraude a été au cœur des

débats initiés par les académiciens (Cohen et al. 2004), par les praticiens (KPMG et Ernst

&Young) et les législateurs. Ces études ont soulignés la relation entre les mécanismes de

gouvernement d’entreprise et la probabilité de fraude aux états financiers (Faber, 2005 ;

Cormier et Lapointe, 2006).

1
La gouvernance d’une entreprise peut être décrit comme le système par lequel une société est dirigée et contrôlée. Ce
système détermine les rôles et responsabilités ainsi que les droits des différents participants à la vie de la société tels que
leconseil d’administration (conseil de surveillance le cas échéant), les dirigeants, les actionnaires et autres parties prenantes
(MOREAU F. 2002).

3
Pour cela, dans le cadre de la théorie d’agence, on essayera d’étudier le comportement des

entreprises soupçonnées tout en analysant l’efficacité de certains mécanismes de gouvernance

visant à diminuer le risque que certains dirigeants d’entreprises peu scrupuleux profitent de

leur situation pour s’engager dans des activités frauduleuses.

En ce qui concerne l’organisation du présent papier, on va suivre la démarche suivante : en

premier lieu, on présente une revue de la littérature spécialisée dans ce thème de recherche

afin d’aboutir à l’élaboration de nos propres hypothèses de recherche. Ensuite, on présente

l’aspect méthodologique de notre papier. Enfin, on discute les résultats dégagés.

2. Revue de la littérature et élaboration des hypothèses de recherche

L’information comptable et financière constitue pour le dirigeant un levier de pouvoir qu’il

peut utiliser au détriment des partenaires dans le cadre de la relation contractuelle. A travers la

politique comptable, le dirigeant peut mettre en œuvre des pratiques frauduleuses donnant une

« fausse » réalité de l’entreprise. Ces pratiques inexactes et trompeuses justifient le

renforcement des mécanismes de contrôle de la réalité des informations publiées. À travers

une revue de la littérature spécialisée, il s’avère nécessaire de formuler les hypothèses de

recherche relatives aux paramètres de gouvernance des entreprises. Nous allons nous focaliser

sur le conseil d’administration, son comité d’audit, la structure de propriété, l’audit externe et

l’endettement.

On a essayé de classer nos hypothèses de recherches selon les variables à tester sur le terrain :

2.1. Hypothèses liées aux caractéristiques du conseil d’administration

2.1.1. La taille du conseil d’administration

Le nombre d’administrateurs formant le conseil est un aspect important dans le rôle de

contrôle que joue le conseil d’administration. Les résultats des études empiriques portant sur

la taille du conseil d’administration n’ont pas fait l’objet d’un consensus. En effet, Zahra et al.

(1989) ont affirmé qu’un grand nombre d’administrateurs tend à renforcer ses capacités de

4
contrôle, à améliorer ses sources informationnelles et à fournir des meilleurs liens

environnementaux en faisant preuve d’une meilleure compétence, ce qui aide à atténuer les

tentatives des pratiques illégales des dirigeants (Dalton et al. 1999). Cependant, ces avantages

peuvent être anéantis par la difficulté de coordonner les contributions individuelles lors de la

prise de décisions, à cause de la difficulté de maintenir de bonnes relations entre les membres

et pour les coûts élevés de communication (Beasley, 2005).

Nous anticipons un effet négatif de la taille du conseil d’administration sur la fraude

managériale. D’où l’hypothèse suivante :

H 1: La taille du conseil d’administration est associée négativement à la fraude

managériale.

2.1.2. L’indépendance des membres du conseil

Cette hypothèse se concentre sur la proportion des directeurs externes à qui les actionnaires

ont délégué leur pouvoir pour les représenter dans les réunions ainsi que dans la prise des

décisions stratégiques. Il faut signaler que ces administrateurs ne peuvent être ni actionnaires

ni salariés dans l’entreprise.

Les évidences empiriques qui ont traité l’efficacité du contrôle exercé par les administrateurs

indépendants soutiennent l’idée que ces administrateurs peuvent utiliser leurs compétences

particulières et leurs détachements pour apporter une vision critique des problèmes ou projets

soumis par les dirigeants (Feki, 2008).

Pour cela, on se permet d’élaborer l’hypothèse suivante :

H2: La présence d’administrateurs indépendants est associée négativement à la fraude

managériale.

5
2.1.3. Cumul des fonctions de direction et de présidence du conseil

d’administration

Le cumul des fonctions de direction et de présidence du conseil d’administration consiste à

confier à la même personne une double mission de direction et de contrôle et par conséquent

être juge et partie.

Dans le même sillon, Gul et al (2002) affirment que le cumul des fonctions de direction et de

présidence du conseil d’administration fait augmenter les coûts d’agence, résultant de

l’accumulation du pouvoir entre les mains d’une seule personne et de l’absence de contrôle.

Par contre, il y a des recherches qui ont soutenu que l’entreprise doit être dirigée par une seule

personne. Pour ces chercheurs, le cumul des deux fonctions permet d’avoir un leadership clair

dans une perspective de formulation et de mise en œuvre de la stratégie et devrait par

conséquent, conduire à une performance supérieure (Godard, 1998). On se référant aux études

de Salterio (2001) ; Gul et Srinidhi. (2003), on juge pertinent de présenter l’hypothèse de

recherche suivante :

H3 : Le cumul des fonctions de direction et de présidence du conseil d’administration est

associé positivement à la fraude managériale.

2.2. Hypothèses liées aux caractéristiques du comité d’audit

2.2.1. L’indépendance du comité d’audit

Les résultats des travaux d'Abbott et al, (2004) et de Farber (2005) confirment que les

comités de vérification indépendants prennent les mesures nécessaires, à l'intérieur de leur

aire de contrôle, pour augmenter le niveau de qualité perçue des services de vérification et le

degré d'indépendance du vérificateur.

Dès lors, le rapport du Blue Ribbon Committee (BRC) considère l’indépendance comme une

qualité primordiale pour que le comité d’audit accomplisse son rôle de surveillance. En effet,

ce rapport avance que plusieurs études récentes ont dégagé une corrélation entre

6
l’indépendance du comité d’audit, le degré de surveillance et le niveau de la fraude dans les

états financiers (Choi et al 2004). Ce constat soutient l’idée que l’affectation des

administrateurs externes indépendants au comité d’audit est de nature à limiter les

pratiques frauduleuses des dirigeants (Abbott et al. 2004. Farber, 2005).

Sur la base de cette pluralité d’études empiriques, on se propose de prendre comme

hypothèse:

H4 : L’indépendance de comité d’audit est associée négativement à la fraude managériale.

2.2.2. L’expertise du comité d’audit

La revue des investigations empiriques s’occupant de la validation de la relation entre

l’expertise des membres de comité d’audit et la prévention de fraude paraît évidente.

En effet, pour accomplir leur responsabilité de surveillance, les membres du comité d’audit

doivent posséder l’expertise nécessaire essentiellement sur le plan comptable et financier.

Par ailleurs, Bédard et al, (2004) précisent que la présence d’au moins un expert en

finance ou en comptabilité améliore la qualité des rapports et minimise la possibilité de

gestion des résultats, ce qui améliore la qualité du contrôle exercé par le conseil

d’administration.

À travers une revue de la littérature des validations empiriques faites par une panoplie

considérable de chercheurs (Yang et al (2005), Bédard et al (2004), Dezoort et al (2001)), on

suppose la significativité de l’expertise de comité d’audit comme déterminant à la prévention

des pratiques frauduleuses des dirigeants. Pour cela, on se permet d’élaborer l’hypothèse

suivante :

H5 : L’expertise des membres de comité d’audit est associée négativement à la fraude

managériale

7
2.3. Hypothèses liées à la structure de propriété

Nous nous intéressons à deux aspects de propriété à savoir la propriété managériale et la

propriété actionnariale (concentration de capital).

2.3.1. Propriété managériale

La propriété managériale a été largement citée dans la littérature comme un mécanisme de

gouvernance assurant l’alignement des intérêts. Jensen et Meckling (1976) considèrent que les

problèmes d’agence peuvent être réduits lorsque les dirigeants sont propriétaires d’une part du

capital de l’entreprise qu’ils gèrent. En d’autres termes, le dirigeant détenant une portion

élevée des actions a peu d’intérêt à maximiser sa richesse personnelle par des comportements

opportunistes préjudiciables pour le patrimoine de l’entreprise.

Toutefois ce rôle actif de la propriété managériale dans la réduction de son comportement

opportuniste n’a pas pu être validé par toutes les recherches. En effet, Certaines auteurs

considèrent une relation non linéaire entre la propriété managériale et la probabilité de fraude

(Hermalin et Weisbach, 1988; Chung et Pruitt, 1995). Ils confirment la coexistence de deux

hypothèses contradictoires à savoir l’hypothèse de la « convergence des intérêts » et celle de

« l’enracinement managérial ». Ces deux hypothèses sont alternatives et apparaissent à des

stades différents de l’évolution des dirigeants dans l’entreprise. Les résultats sont donc non

concluants. Nous anticipons par conséquent l’existence d’une interaction entre la

propriété managériale et la fraude managériale et laissons le sens de cette relation (négative

ou positive) se dégager des données empiriques. D’où l’hypothèse suivante :

H6 : La participation des dirigeants dans le capital de l’entreprise est associée positivement

ou négativement à la fraude managériale.

2.3.2. Concentration de propriété

L’influence de la concentration du capital comme un gage d’efficacité du contrôle de la

gestion des dirigeants, était la problématique de plusieurs chercheurs qui ont adopté des

8
démarches très différentes pour mettre en évidence le sens de cette influence. Dans ce cadre,

Fernández & Arrondo (2005) ainsi que Denis et al. (1997), montrent que plus la propriété est

concentrée, plus les dirigeants sont mieux contrôlés. En effet, les actionnaires détenant une

part significative du capital pourront trouver un intérêt à assumer le contrôle des dirigeants

dans la mesure où ils s’approprieront une part non négligeable des bénéfices supplémentaires

ainsi réalisés. Leur incitation à agir constitue la meilleure garantie de leur efficacité et

probablement la moins onéreuse en termes de coûts d’agence (Dechow et al, (1996).

Ces arguments avancés dans le cadre de la théorie de l’agence montrent bien que la présence

d’actionnaires majoritaires constitue un facteur très important pour un bon gouvernement

d’entreprise. Donc, on peut supposer l’hypothèse suivante :

H7: La présence de détenteurs de blocs de contrôle est associée négativement à la fraude

managériale.

2.4. Hypothèse relative à la qualité d’audit externe

Dans ce cadre, la théorie d’agence analyse le recours à l’audit externe comme un moyen

de limiter les possibilités de manipulations comptables des dirigeants, de réguler les conflits

et de réduire l’asymétrie informationnelle entre le principal et l’agent. Cependant, plusieurs

terminologies de l’audit externe existent ; à savoir la vérification externe, le contrôle légal

ou statutaire et le commissariat aux comptes (Dumontier & al, 2006). Sa qualité est

définit par Watts & Zimmerman (1981) et DeAngelo (1981) comme : « la probabilité

jointe que l’auditeur va à la fois découvrir les fraudes ou irrégularités dans les états

financiers du client (dépend de la compétence globale de l’auditeur : ses capacités

technologiques, son niveau d’expertise…), et révéler au marché les fraudes ou

irrégularités qu’il aura découvertes (dépend du niveau d’éthique professionnelle et de

son indépendance vis-à-vis de son client) ».

9
Notons que les auditeurs externes ne présentent pas les mêmes garanties de compétence. En

effet, plusieurs auteurs soutiennent l’hypothèse que l’appartenance à un réseau international

« Big Four » est associé à une plus grande qualité d’audit grâce à l’existence de trois raisons

qui plaident en faveur de grands cabinets d’audit: ils ont une excellence réputation à protéger

(De Angelo, 1981), ils ont une meilleure capacité de surveillance (Watts et Zimmerman,

1986) et ils ont une grande expérience dans la résolution des différents litiges.

En conséquence, on juge pertinent de présenter l’hypothèse de recherche suivante :

H8 : La présence d’un vérificateur externe appartenant à un cabinet international d’audit

est associée négativement à la fraude managériale.

2.5. Hypothèse relative au niveau d’endettement

Selon la théorie de l’agence, un endettement élevé est souvent considéré comme un dispositif

pour « gouverner» le comportement opportuniste des dirigeants. En fait, le rôle disciplinaire

de l’endettement est démontré dans plusieurs recherches empiriques (Jensen, 1986 ; Kaplan,

1989 ; Lehn et Poulsen, 1989 ; Aghion et Bolton, 1992).

Dès lors, l'augmentation de la proportion de la dette a donc une double finalité : d'une part,

elle permet aux actionnaires d'obliger les dirigeants à prendre des décisions de gestion

permettant de dégager un résultat d'exploitation suffisant pour rembourser les charges de dette

et, d'autre part, de renforcer le contrôle des dirigeants par les banques .

Dans le même courant, qui s’intéresse au rôle de l’endettement dans le contrôle du

comportement managérial frauduleux, Poincelot (1999) ne parvient pas à valider les

prédictions de la théorie d’agence. En effet, l’auteur constate, que l’endettement est une

variable manipulée par les dirigeants plutôt qu’une variable de contrôle. Une entreprise dont

le niveau d’endettement est important est plus susceptible d’agir illégalement.

10
A l’instar de Dechow et al. (1996), Persons (1995), Djama (2003), nous supposons un effet

indéterminé de l’endettement sur la fraude managériale. On se propose de tester l’hypothèse

de recherche suivante :

H9 : Le niveau d’endettement est associé positivement ou négativement à la fraude

managériale.

3. Méthodologie

Dans la présente étude, notre objectif consiste à étudier les caractéristiques des entreprises

soupçonnées de fraude managériale ainsi que l’efficacité de leurs mécanismes de gouvernance

dans la prévention de fraudes commises par les dirigeants.

3.1. Présentation de l’échantillon

L’échantillon de notre étude est constitué de 50 entreprises Françaises cotées sur la bourse de

Paris2 qui ont commis des fraudes sur une période qui s’étale sur 5ans (2009-2013).

Les données financières sont collectées des états financiers à partir des Bulletins mensuels et

rapports annuels disponibles dans le site de l’Autorité de Marchés Financiers 3 (AMF)

www.amf-france.org/sanctions.

Les données sur les mécanismes de gouvernance (le conseil d’administration, comité d’audit,

structure de propriété…) sont collectées à partir des prospectus d’émission des entreprises

2
Les différents marchés de la Bourse de Paris : NYSE Euronext Paris, Aternext Paris, Enternext Paris.
3
L’AMF : contrôle l’information financière permanente, périodique et occasionnelle délivrée par les sociétés cotées : elle
surveille le fonctionnement du marché lui-même et peut ouvrir des enquêtes sur d’éventuelles infractions boursières (délits ou
manquements d’initiés, manipulations de cours, fausses informations…). Selon le texte qui les a créées, les infractions
constituent un délit ou un manquement : de par la loi, les délits d’initié, de manipulation de cours ou de diffusion de fausse
information sont punissables d’amendes ou de peines de prison. Leur définition est proche mais légèrement différente de
celle des manquements correspondants définis par le Règlement Général de l’AMF qui peuvent faire l’objet d’une sanction
pécuniaire par l’AMF.

11
frauduleuses disponibles sur le site de l’AMF et à partir des rapports annuels et des états

financiers des entreprises soupçonnées de fraude.

Sont exclues de l’échantillon, les banques, les assurances et les institutions financières en

raison de leurs spécificités puisqu’elles sont régies par des lois particulières et assujetties à

certaines obligations concernant leurs systèmes de gouvernance.

3.1. Définition et mesure des variables

A ce stade, nous essayons de présenter une description des variables à étudier. Nous

commençons par la variable dépendante. Par la suite nous présentons les variables

indépendantes selon l’identité des acteurs de gouvernance impliqués dans la prévention des

pratiques frauduleuses des dirigeants. Ensuite, nous présentons les variables de contrôle.

3.1.1. Mesure de la variable dépendante : la fraude managériale (FRAUD)

Les valeurs attribuées à notre variable dépendante sont les suivantes :

- Fraude managériale égale à 1 : si l’entreprise i a commis une fraude managériale

pendant l’année t.

- Fraude managériale égale à 0 : sinon

3.1.2. Mesure des variables indépendantes

Les variables indépendantes sont collectées une année avant la détection de la fraude par

l’AMF. Les variables indépendantes, ou exogènes, représentent les mécanismes de

gouvernement d’entreprise étudiés. Elles se divisent en quatre groupes. Il s’agit de mesures

des variables relatives au conseil d’administration, à la structure de propriété, à la qualité de

l’audit externe et au niveau d’endettement de l’entreprise.

Tableau 1 : Mesure des variables indépendantes

Variables indépendantes Abréviation Mesure Auteurs Signe

12
prévu

Taille du conseil TAILL-CA Nombre total des administrateurs Abbott et al. (2004), -

d’administration composant le conseil Beasley (1996) ;

d’administration. Farber, Chtourou et al.

(2001).

Indépendance des IND-CA Nombre des administrateurs externes Beasley et Petroni, (2001) ; -

administrateurs / Nombre total des administrateurs. Baber et al (2005).

Cumul des fonctions de CUMUL variable dichotomique égale à 1 Dechow et al. (1996) ; +

directeur général et si le directeur général est le président Person (2005),

président de conseil. du conseil ; 0 sinon.

Indépendance de comité IND-COM Pourcentage de membres indépendants Abbott et al. (2004) ; Farber -

d’audit dans le comité. (2005)

L’expertise du comité EXPERT-COM variable dichotomique égale à 1 s’il Yang et Krishnan (2005) ; -

d’audit existe au moins un expert en Bédard et Chtourou (2004).

comptabilité ou en finance dans le

comité d’audit ; 0 sinon.

Concentration de propriété Le pourcentage de capital détenu par Defond et Jiambalvo, (1991)

(actionnaire de référence) les actionnaires majoritaires ; Dechow et al. (1996),

CONC

(un actionnaire est majoritaire si sa -

détention dépasse 5% du capital).

La propriété managériale DIRIG Pourcentage de capital détenu par le Johnson et Hearly +/-

dirigeant. (2003) ;Erickson et al.

(2005).

La qualité de l’audit AUDIT Une variable dichotomique qui prend DeAngelo, 1981; Baber et

externe la valeur 1 si l’entreprise est auditée Kang. 2005 ; Teoh et Wong,

par auditeur externe appartient aux (1993).

« Big » et 0 dans le cas contraire. -

Le niveau d’endettement END Total des dettes financières/ Total des Jenson (1986) ; Dechow et al. +/-

actifs. (1996), Persons(1995)

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Tableau 2 : Récapitulation des variables de contrôle

Variables de contrôle Abréviation Mesure Auteurs Signe prévu

Taille de l’entreprise SIZE Logarithme naturel de la Peace et Zahra +/-

valeur comptable du total des (1989) et de

actifs. Godard (2002).

Cotisation sur un marché COT variable dichotomique qui -

financier étranger prend la valeur 1 si la firme est (Boritz, 2006)

cotée sur le marché financier

étranger et 0 sinon.

3.2. Présentation du modèle de la recherche

Le modèle ci-dessous permet de tester nos hypothèses ainsi que la présumée relation entre les

mécanismes de gouvernance et la fraude.

Avec :

FRAUD it = β0 + β1Taill-CAit,+ β2 Ind-CA it,+β3 CUMUL+β4 Ind-COM it,+β5 Expert-


COMit,+β6CONCit,,+β7 DIRIG it,+β8 AUDIT it,+β9 END it,+ β10COT it,+ β11 SIZE it,+ є it.

i = 1 à N et t = 1 à T
Soit,
N : nombre des entreprises et T : période d’estimation ;

β0 : constante

β1 à β11 : paramètres représentatifs du poids relatif de chaque variable exogène sur la variable
à expliquer FRAUD.

εit : erreurs.
4. Analyse des résultats

Afin d’analyse des résultats empiriques obtenus à partir de notre échantillon d’étude, nous

utilisons des données de type panel. Ces données dans leurs dimensions individuelle et

temporelle présentent d’importantes disparités inter et intra-individuelles. Comme méthode

14
d’analyse statistique des données, nous avons utilisé la méthode d’analyse logistique

longitudinale qui s’avère appropriée à la spécificité de nos variables d’étude. En effet,

notre variable endogène est une variable dichotomique qui prend la valeur 0 ou 1. Le logiciel

utilisé pour cette fin est STATA 11.

4.1. La matrice de corrélation

Afin de vérifier que les variables indépendantes ne sont pas ou peu corrélées entre elles, nous

examinons les coefficients de corrélation de Pearson. Une corrélation est considérée comme

importante si le coefficient de Pearson est supérieur à 0,8. L’examen des coefficients de

corrélation de Pearson contenus dans le tableau 4 montre qu’aucune corrélation critique ne

peut être relevée à partir de ce tableau. Nous appliquons, donc la régressions logistique sur

notre modèle sans craindre l’existence d’un problème sérieux de multi-colinéarité entre les

variables exogènes incluses.

Tableau 4 : Corrélation entre les variables indépendantes

Fraud TAILL- IND CUMUL IND- EXPERT- CONC DIRI AUDIT END COT SIZE
CA -CA COM COM G
Fraud 1
TAILL- -0.1162* 1
CA
IND-CA -0.2247** 0.1711* 1
CUMUL 0.2053** -0.0329 0.0844 1
IND- -0.0684 0.3505** 0.2153** 0.0209 1
COM
EXPERT -0.0921 0.1059* 0.1828* -0.1192* 0.3167 1
-COM
-0.0106 0.0333 0.065 0.0962 0.0321 -0.0253 1
CONC
DIRIG -0.0412 0.0594 -0.1314* -0.0981 -0.2163** -0.1635* -0.1825* 1
AUDIT -0.2254** 0.3433 0.3218** 0.0046 0.2685** 0.0518 0.0424 0.0931 1
END -0.1379* 0.0524 -0.0215 -0.1548 -0.0499 0.1281* -0.1513* 0.1764* -0.0034 1
COT -0.0522 0.2646** 0.0671 0.0675 0.2516** 0.0804 -0.0972 -0.0461 0.0619 0.1516* 1
SIZE 0.0109 -0.1120* 0.0450 0.0364 0.0983 0.0278 0.1682* -0.1023* -0.0196 0.1222* -0.0695 1
* : une significativité statistique au seuil de 5%, ** : une significativité statistique au seuil de 1%.

4.2. Résultats de l’analyse logistique

Les résultats présentés au tableau 5 montrent que notre modèle de base présente une bonne

capacité prédictive par un indice du ratio de vraisemblance de 21.11%. Concernant le critère

d’information Akaike. Nous remarquons que l’AIC est faible, donc on peut conclure une

15
qualité bonne d’ajustement linéaire de notre modèle. En outre, les statistiques de Wald (χ2)

suggèrent une significativité globale du modèle. En effet, ces statistiques permettent de

rejeter l’hypothèse nulle selon laquelle tous les coefficients des modèle sont nuls.

Tableau 5 : Résultats de la régression logistique du modèle

Variables Modèle logit

Coefficient estimé Significativité Effets marginaux

TAILL- CA -0.031** 0.021 166.144

IND-CA -7.434*** 0.003 0.447

CUMUL 1.450*** 0.002 0.556

IND-COM -0.442 0.675 0.544

EXPERT-COM 0.089 0.841 0.648

CONC -1.472 0.297 0.320

DIRIG 0.729 0.612 0.129

AUDIT -1.465*** 0.005 0.444

END -4.240*** 0.009 0.187

COT -0.518 0.267 0.452

SIZE 0.043 0.582 10.899

Constante -2.491 0.347 -

N 250

Wald (χ2) 27.60**

Log vraisemblance (contraint) L1 -81.328

Log vraisemblance (contraint) L0 -103.100

Indice du ratio de vraisemblance (%)4 21.11 %

AIC5 190.656

* significativité au seuil de 10%, ** : significativité statistique au seuil de 5%, *** : significativité statistique au
seuil de 1% ; Wald(χ2) : Statistique renseignant sur la significativité globale du modèle. Wald (χ2) : Statistique
renseignant sur la significativité globale du modèle. L0 : est la valeur maximale de la fonction log de vraisemblance du
modèle contraint, c’est-à-dire, quand tous les paramètres, à l’exception de la constante, sont mis à zéro. L1 est la valeur
maximale de la même fonction pour le modèle non contraint composé de tous les paramètres en plus de la constante.
AIC est une mesure de la qualité du modèle statistique proposé

4
L’indice du ratio de vraisemblance = 1-L1/L0. C’est une mesure du pouvoir prédictif proposé par McFadden (1974) pour
les modèles logistiques. Son interprétation est semblable à celle du coefficient de détermination R2 pour une régression
linéaire. Plus cet indice est proche de 1, plus adéquate est la capacité prédictive du modèle
5
AIC= -2Ln L(Mk) +2P/N avec : L(M) est le maximum de vraisemblance du modèle M k , N est le nombre d’observations
et P est le nombre de paramètres introduits dans le modèle.

16
L’examen des résultats relatifs, aux variables conduit aux interprétations suivantes : la

variable taille de conseil (TAILL-CA) affecte négativement et significativement sur la fraude

managériale (P=0.021) au seuil de 5%. Ce résultat est conforme à ceux de Zahra et al. (1989)

et (Dalton et al. 1999). En d’autres termes, ce résultat stipule que les conseils

d’administrations de grande taille sont synonymes d’un contrôle plus efficace sur les

dirigeants. Par ailleurs, nous trouvons que la présence des administrateurs indépendants au

sein du conseil d’administration agit négativement et significativement sur la fraude

managériale (P=0,003) au seuil de 1%. Ce résultat confirme l’idée que la présence des

administrateurs externes indépendants augmente l’efficacité du contrôle des dirigeants et

favorise une gestion plus efficace des fonds disponibles (Klein, 2002 ; Feki et al. 2008).

Par ailleurs, les résultats obtenus montrent que le coefficient associé à la variable (CUMUL)

est positif et statistiquement significatif au seuil de 1% (P=0,002). Dans ce cadre, Jensen

(1993) recommande de distinguer le poste de président du conseil de celui de chef de la

direction pour réduire le pouvoir opportuniste du dirigeant et assurer l’efficacité du conseil

d’administration. Notre hypothèse relative au cumul des fonctions de président du conseil

d’administration et de chef de direction est donc acceptée.

Le deuxième mécanisme auquel nous nous intéressons est le comité d’audit. Il s’avère que les

deux variables relatives aux caractéristiques de comité d’audit (IND-COM et EXPERT-COM) ne

semblent pas exercer une influence statistiquement significative sur la fraude managériale.

Nos hypothèses quatre et cinq sont ainsi rejetées. Cela s’explique par le fait que la législation

française définit le comité d’audit comme un simple corps consultatif émanant du conseil

d’administration. Elle ne se prononce pas sur la composition, les attributions et le

17
fonctionnement du comité, en laissant ainsi le choix du mode d’organisation s’effectuer selon

les besoins de l’entreprise6.

En ce qui concerne les variables liées à structure de propriété retenues : la concentration de

propriété et la participation des dirigeants dans le capital de l’entreprise. Les résultats de

l’estimation indiquent que la variable CONC a un effet négative mais non significatif sur la

fraude de dirigeant. Ces résultats soutiennent l’hypothèse de passivité des détenteurs de blocs

de contrôle (Del Brio et al. 2003 ; Nekhili 1999). Ces actionnaires majoritaires ne peuvent pas

contrôler le gaspillage ou la mauvaise utilisation des fonds disponibles du fait qu’ils ne sont

pas capables d’accéder à toutes les informations détenues par les dirigeants. Ceci ne nous

permet donc pas de valider notre sixième hypothèse.

Par ailleurs, nous remarquons que la propriété managériale exerce un effet positif non

significatif sur la fraude managériale comme le soulignent (Erickson et al. 2005). En effet, les

dirigeants, possédant des parts importantes de l’entreprise, bénéficient d’un grand pouvoir, ce

qui peut réduire l’efficacité des mécanismes de contrôle et rendre la rentabilité tributaire de

leurs présences. Une autre explication possible a été fournie par Stulz (1990). A un niveau de

propriété donné, le dirigeant peut négliger certains mécanismes de gouvernance et gère, par

conséquent, l’entreprise selon ses propres intérêts, ce qui aggrave le conflit entre dirigeants et

actionnaires. Entant que mécanisme externe de gouvernement d’entreprise, la qualité de

l’audit externe a un effet négatif et significatif au seuil de 1% (P=0.005) sur la fraude

managériale. Ce résultat est conforme à ceux de DeAngelo, (1981) et Dye, (1993).

L’hypothèse 8 est donc confirmée.

6
Le code de commerce français ne contient actuellement aucune disposition portant directement sur le comité d’audit. De
même, la nouvelle loi relative à la sécurité financière (L. 2003-706 du 1er août 2003) ne comporte pas de dispositions
exigeant la mise en place de comités d’audit. Récemment, une loi européenne, votée le 17
décembre 2008, impose la présence d’un comité d’audit dans les sociétés cotées et dans les entreprises financières. Par
l’instauration de comité d’audit, la directive entend augmenter les garanties quant à la qualité de l’information financière, et
ainsi renforcer la confiance du public dans le caractère sincère et complet de cette information.

18
Cependant, il s’avère que l’endettement exerce une influence statistiquement

significative mais de signe négatif au seuil de 1% (P=0.009), sur la fraude des dirigeants. Ce

constat corrobore les résultats de Defond et Jiambelvo, (1994).

Pour ce qui est des variables de contrôle, nous avons trouvé que le coefficient relatif à la

cotation (COT), est négatif mais statistiquement non significatif (P=0,267). Alors que le

coefficient de la variable (SIZE) est positif mais statistiquement non significatif (P=0,582).

Ce résultat vient confirmer les affirmations de Daboub et al (1995) et Rezaee (2001).

Conclusion

Notre étude constitue un apport enrichissant de la documentation actuelle sur l’efficacité des

mécanismes de gouvernance utilisés pour prévenir les pratiques frauduleuses des dirigeants

d’entreprises.

Les résultats d’une estimation logistique montrent que les entreprises caractérisées par un

conseil d’administration de grande taille et indépendant n’incite pas les dirigeants à frauder,

mais réduit leur attitude opportuniste et particulièrement leur volonté à manipuler

l’information financière. Tandis ce que la variable liée au cumul des fonctions de président du

conseil d’administration et le directeur général augmente la probabilité de fraude managériale

conformément aux résultats de (Klein, 2002 ; Feki et al, 2008).

En ce qui concerne la structure de propriété, nous constatons que la présence des actionnaires

majoritaires semble avoir un impact négatif sur les probabilités de fraude. Toutefois, la

présence des dirigeants-actionnaires n’exerce aucune influence significative sur la fraude

managériale des entreprises françaises.

Les résultats révèlent également qu’une meilleure réputation de l’audit externe pourrait

réduire la fraude des dirigeants corroborant les résultats de Bamber et al. (2005).

19
Nos résultats et conclusions que nous en tirons doivent cependant être interprétés en tenant

compte de quelques limites.

Certaines variables relatives à la gouvernance manquent à notre analyse. Une possibilité

serait d’intégrer d’autres modes de gouvernance pour mieux apprécier la relation éventuelle

entre celles-ci et la probabilité de fraude (tels que les investisseurs institutionnels, la

rémunération du dirigeant, le marché de prise de contrôle…) et de vérifier l’effet éventuel de

ces mécanismes sur la fraude. Notons également que le contrôle de certains mécanismes de

gouvernance n'offre pas une garantie absolue contre le risque de fraude dans les entreprises. Il

existe un risque inévitable que certains cas de fraude ne soient pas détectés. Nous sommes

d’avis qu’il vaut mieux investir pour améliorer la gouvernance et de concentrer les efforts

d’inspections.

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