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REMFO N°10 mars 2020 ISSN 2489-205X 1

Revue D’Etudes en Management et Finance D’Organisation


N°10 mars 2020
PRATIQUE DE L'AUDIT DANS UN CONTEXTE DE PAYS EN
DEVELOPPEMENT
AUDIT PRACTICE IN A CONTEXT OF DEVELOPING COUNTRIES

ABDOUL-NASSER OUSMANOU
Enseignant chercheur
PHD en sciences de gestion
Université de Yaoundé II / Cameroun
Email : gonzales9078@gmail.com

Résumé
L’objet de cette étude est d’analyser la pratique de l’audit dans un environnement caractérisé
par la faiblesse des institutions. L’analyse exploratoire basée sur vingt-et-huit entretiens
menés auprès des professionnels de l’audit et des parties prenantes liées montre d’une part,
que la pratique de l’audit est un facteur d’amélioration de l’exploitation de l’entreprise dans
sa diversité. Les enjeux de l’audit s’inscrivent dans les rapports de force entre les acteurs, et
ces derniers doivent garantir la qualité de l’audit qui représente à la fois une source de
contraintes et d’opportunités pour les auditeurs et les audités au sens de Sangué Fotso
(2015b).
Mots clés : Audit – institution – commissaires aux comptes – Qualité.

Abstract
The aim of this study is to understand the link between the professional beliefs of the
auditors and the quality of the audit as a factor in the perpetuation of Cameroonian
companies. The exploratory analysis, based on twenty-eight interviews with audit
professionals and those involved, shows that the quality of the audit is a factor in reducing
financial scandals if the auditors Manage to get rid of the weight of contradictions
surrounding the accomplishment of their mission; On the other hand, that the existence of
power play between the institutions and the auditors would lead to a deterioration in the
quality of the audit and would then constitute a source of constraints and not opportunities
for the latter according to Sangue Fotso (2015).

Key words: audit quality - ethics - institution - auditors - financial scandals.

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Introduction
L’audit constitue un mécanisme de gouvernance souvent vu comme incontournable
et dont le principal objectif est la réduction considérable de l’asymétrie
d’information entre les parties prenantes. Il est une activité d’intérêt général qui, à ce
titre, doit être contrôlée. Ainsi, rien n’est évident, d’où la méfiance envers le devoir.
C’est une affaire d’éthique, de conviction et de cognition professionnelles mais
aussi, et d’abord, une affaire de réglementation, de non respect de la réglementation
et de non-sanction de ce manque de respect. En principe, c’est l’État qui a la charge
d’effectuer le contrôle de la qualité de l’audit ; mais dans la plupart des pays, l’État
délègue ce contrôle à l’organisme professionnel chargé de la déontologie de la
profession (les Ordres professionnels).
Les défaillances de ce contrôle peuvent donc se situer à différents niveaux : l’État,
du fait d’une réglementation non pertinente ; l’ordre professionnel, qui n’applique
pas la réglementation et qui n’a pas de structure de contrôle ; les cabinets, qui n’ont
pas mis en place un système de contrôle (charte qualité, pratiques de turn-over, …) ;
les auditeurs eux-mêmes, qui se soustraient aux règles de la profession et qui n’ont
aucune moralité. L’audit légal est une activité d’intérêt général dont la qualité
dépend essentiellement des contrôles exercés sur la profession (Causse et Ebondo
Wa Mandzila (2015).
La problématique de la pratique de l’audit demeure un champ de recherche prisé au
regard des indisciplines managériales (Sangué Fotso, 2015) qui ont secoué le milieu
des affaires (Humphrey et al. 1992). La pratique de l’audit renvoie à sa qualité qui
est, appréhendée selon De Angelo (1981), comme la capacité de l’auditeur à
découvrir des anomalies significatives dans le système comptable du client et à
mentionner cette anomalie. Elle est fortement liée autant à la personnalité de
l’auditeur qu’à sa capacité de pouvoir simultanément détecter les erreurs, les
dénoncer afin de faire des recommandations. Plusieurs travaux qui se sont intéressés
à la qualité de l’audit notamment ceux de De Angelo (1981), de Nichols et Smith
(1983) et d’Eichenseher et Shields (1989) ont retenu principalement deux critères
permettant de la définir à savoir : la compétence et l’indépendance. Certains travaux
(Bédard, 1998 ; Libby et Tan, 1994), qui se sont appesantis sur la notion de
compétence, ont mis en avant les variables technique et éthique telles que
développées par Sweeney (1995) et les capacités relationnelles de l’auditeur
(Richard et Reix, 2002 ; Richard, 2006).
La pratique de l’audit suppose une forte dose de subjectivité qui s’inscrit dans le
comportement des auditeurs. Il s’agit d’aller au-delà des techniques pour prendre en
compte l’état d’esprit de l’auditeur qui est encadré par son appartenance à un réseau
socio-culturel et la perception qu’ont les audités de l’activité d’audit. Les recherches
se sont beaucoup plus accentuées sur le rôle des différents acteurs impliqués dans le
processus de l’audit sans trop insister sur certaines variables liées au temps et à
l’environnement économique de l’auditeur. Ceci renvoie globalement à
l’environnement de l’audit tel que décrit par Garcia et Herrbach (2010) et qui est

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susceptible de générer des expériences affectives positives ou négatives. Ce qui


signifie que l’homme est au cœur du processus de l’audit et en tant que tel, ce
dernier relève de l’irrationnel, car faisant appel à la sensibilité de l’auditeur sur
différents points de ses attributs cognitifs. L’audit est alors une technique à laquelle
s’ajoutent des considérations d’ordre éthique imposées par la profession.
La contribution des auditeurs à l’amélioration de la qualité de l’information
financière, notamment de la gouvernance des entreprises (Gharrafi et Kerfali, 2019 ;
Amoush, 2017) et à la pérennisation des entreprises reste un défi selon Babeau et
Chanlat (2011). L’entreprise étant un univers où se nouent les relations d’alliance et
d’affrontement et Sangue Fotso (2011) est un lieu de rapport de forces où chaque
groupe social déploie sa stratégie face aux autres. Notre étude s’appuie sur les
leviers susceptibles de garantir la qualité de l’audit. Dans cette perspective, la qualité
sera pourvue, comme l’indique Prat dit Hauret (2003 et 2007), par la prédisposition
de l’auditeur à résister aux pressions exercées, dans une entreprise par les parties
prenantes, et par la maîtrise des émotions et de l’état affectif (Herrbach, 2005 ;
Garcia et Herrbach, 2010). Ce qui induit la question de recherche suivante :
comment la pratique de l’audit contribue-t-elle à garantir la pérennité de
l’entreprise?
L’objet de cet article est d’analyser la pratique de l’audit en rapport avec
l’environnement des auditeurs. La pertinence de notre problématique trouve son
fondement dans les actions posées par les auditeurs en termes de fiabilité de
l’information financière. Seront successivement abordés, la revue de littérature (1) ;
la démarche méthodologique (2) ; la présentation et discussion des résultats (3).
1. LA REVUE DE LITTERATURE
L’activité de l’audit obéit à l’application des normes édictées comme référentiel à
partir desquelles, l’on porte un jugement. Selon Baker et Hayes (1998), les normes
professionnelles ont pour objectif de permettre à l’auditeur d’accomplir sa mission
d’intérêt général, d’une part, en l’aidant à atteindre un haut niveau de qualité de
l’audit ; d’autre part, en permettant la mise en place d’actions disciplinaires contre
les auditeurs qui violent les réglementations professionnelles et les codes de
déontologie. Elle porte sur l’ensemble du processus de réalisation d’une mission
d’audit. Il s’agit de baliser le contexte de l’audit au Cameroun qui fait face à une
logique venue du Nord, ensuite de présenter le cadre théorique relatif à la qualité de
l’audit susceptible de réduire les scandales financiers.
La qualité de l’audit est un concept polysémique et complexe dès lors qu’on
s’intéresse à sa mise en œuvre (Pigé, 2011). La multiplication des scandales
financiers confirment la difficulté à cerner les déterminants de la qualité de l’audit

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qui reste une véritable controverse tant dans le monde professionnel qu’universitaire.
Les recherches consacrées à la qualité de l’audit majoritairement de l’Occident ont
plus mis l’accent sur la qualité de l’auditeur (De Angelo, 1981a ; Nichols et Smith,
1983 ; Citron et Taffler, 1992 ; Carcello et al. 1992 ; Prat dit Hauret, 2003 ;
Chemangui, 2004 ; Manita, 2008). Ces auteurs reconnaissent à la qualité de l’audit,
la capacité de l’auditeur à déceler les anomalies et à les dénoncer. Cette perception
de la qualité semble limitée en ce sens qu’elle n’intègre pas les risques liés à la
sélection adverse (Watts et Zimmerman, 1986 ; Behn et al. 1997) et les contextes
culturel et traditionnel des pays du Sud en termes d’institution et de représentation.
La conceptualisation de la qualité de l’audit est fondée sur le diptyque compétence et
indépendance présentées par De Angelo (1981) comme principaux critères de la
qualité de l’audit. La compétence d’un auditeur peut être appréhendée comme la
capacité à acquérir et à évaluer des preuves sur lesquelles son opinion est fondée ;
l’indépendance quant à elle est définie comme un état mental dans lequel l’auditeur
n’est ni relié ni subordonné à l’influence et aux pressions de conflits d’intérêts (Lee
et Stone, 1995). La compétence et l’indépendance forment alors l’équilibre de la
qualité de l’audit.
Toutefois, ces deux variables n’ont de sens que si elles sont comprises dans
l’environnement global de l’entreprise qui tient compte des caractéristiques
organisationnelles, de la cognition managériale, du niveau du personnel et du
processus d’audit qui intègre le réseau relationnel de l’auditeur. Certaines études
s’appuient sur des compétences interrelationnelles pour cerner la qualité de l’audit
au prisme des différents acteurs de son processus (Sutton, 1993 ; Herrbach, 2001 ;
Colasse, 2003 ; Richard, 2006 ; Guénin-Paracini, 2008 ; Compernolle, 2009 ; Piot et
Kermiche, 2009). D’autres analysent l’indépendance sous l’angle de
l’incompatibilité et des coûts des honoraires (Francis, 2006 ; Robinson, 2008 ;
Wines, 1994).
Au Cameroun, et selon Sangué Fotso (2015b), l’émergence des concepts
d’indépendance et de compétence reste à souligner pour aboutir au développement et
au renforcement de l’activité d’audit comme creuset de fiabilité de l’information
financière dans un environnement en proie à la faiblesse institutionnelle. S’il est
admis que ces deux éléments sont complexes (Richard 2006 ; Ben Saad et Lesage
2008), il n’en demeure pas moins que leur mise en œuvre constitue une exigence
professionnelle (Barhon et Aboueljaouad, 2019). Cette étude est par conséquent
réalisée en vue d’identifier d’autres critères susceptibles de renforcer la qualité de
l’audit perçue en tenant compte du jeu des acteurs aux intérêts parfois divergents. La
stabilité du cadre institutionnel n’est pas de nature à renforcer la qualité de l’audit.
L’audit fait partie des professions libérales dont les tenants se réclament d’une

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certaine autonomie qui n’est pas toujours en phase avec l’expertise. Ainsi, on est
plus porté vers l’indépendance et la compétence de fait et d’apparence du
professionnel telles que développées par Flint (1988). La compétence et
l’indépendance semblent aujourd’hui ne plus être des éléments acquis au regard de
la configuration du marché de l’audit camerounais.
L’activité d’audit étant humaine, il n’est pas possible d’admettre que le CAC soit
totalement objectif dans les faits. Toutefois, il doit faire preuve d’un niveau
acceptable d’indépendance et d’objectivité qui s’inscrit dans le temps et dans
l’espace comme l’indique Sikka et al. (1998). Selon Compernolle (2009),
l’indépendance du commissaire aux comptes se construit alors en fonction de
l’intensité des conflits d’intérêts auxquels il est confronté au cours du processus
d’audit ; elle se construit également en fonction de la capacité de l’auditeur à gérer
ces conflits.
Cette indépendance du CAC est également fonction de la relation professionnelle
qui lie l’auditeur à l’audité en termes de durée de mandat et de rémunération. Au
Cameroun, la logique de la pratique de l’audit est basée sur le réseau social dont la
conséquence est l’accroissement des conflits d’intérêts qui créent l’inertie. Parce
qu’en situation de conflit, chaque partie prenante tire les avantages liés à sa position.
Donc, la logique du conflit n’est pas à appréhender au sens des entreprises du Nord.
Plusieurs études expérimentales ou normatives se sont intéressées à la qualité de
l’audit. À la lecture de ces travaux, il ressort quatre groupes d’analyse comme nous
pouvons le relever avec Manita (2008). Le premier groupe a mis l’accent sur les
variables relatives à la taille, aux honoraires et à la réputation de l’auditeur (Hay et
al. 2006 ; Carey et Simnett, 2006). Le deuxième groupe s’est intéressé à la structure
organisationnelle du cabinet comme facteur de qualité de l’audit. (Wooten, 2003).
Le troisième groupe étudie les attributs et le comportement des membres de l’équipe
d’audit (McNair, 1991 ; Malone et Roberts, 1996 ; Wooten, 2003). Le quatrième
groupe procède à une analyse multicritériée qui varie en fonction des personnes
impliquées dans le processus de l’audit et porte sur la qualification, l’expérience et
la composition de l’équipe d’audit, les déterminants du cabinet d’audit, le processus
d’audit et le contrôle des travaux d’audit (Carcello et al. 1992 ; Groveman, 1995 ;
Sikka et al. 1998).
Dans cette perspective, nous proposons d’autres éléments permettant d’apprécier la
qualité de l’audit en rapport avec la fiabilité de l’information financière. Les
entretiens menés nous ont permis d’obtenir différentes réponses à la question de
savoir quels sont les facteurs explicatifs de la qualité de l’audit. Une part importante
des réponses souscrit à la définition donnée par De Angelo (1981), celle-ci étant

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complétée par la capacité d’analyse voire l’esprit critique et la communication


(Salma et Ibrahim, 2018 ; Amoush, 2017 ; Dhiaa & Thuraiya, 2017, Barac et al,
2016 ; Lenz et Hahn, 2015). Au-delà des critères couramment avancés dans la
littérature pour définir la qualité de l’audit à savoir l’indépendance, la compétence,
l’objectivité et le processus d’audit, etc. ; nous en avons identifié quelques-uns à
même d’expliquer la qualité de l’audit : la représentation de l’audit pour ces
utilisateurs, le soutien de la mission d’audit par la hiérarchie, le contrôle qualité,
l’évaluation des travaux des auditeurs par d’autres pairs et l’engagement responsable
du professionnel.
2. DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE
2.1. Collecte des données
La démarche méthodologique suivie, est qualitative de type abductif, est
recommandée par Gendron (2009) et Humphrey (2008) pour sa pertinence.
Également, l’insuffisance des informations dans ce domaine de recherche dans les
pays en développement comme le Cameroun induit alors la subjectivité de
l’interprétation, fondement de la démarche qualitative inductive (Hlady-Rispal,
2002). Pour Yin (2003), dans le déroulement d’une telle étude qualitative, le
chercheur peut procéder par des observations directes, par des entretiens surtout
semi-directifs à l’aide de guides d’entretien souples et thématiques, par des études
documentaires. Notre idée comme le mentionne Bourgeois (2007) n’est pas de
produire une connaissance du réel mais d’expliquer la réalité, c'est-à-dire la
comprendre.
L’entretien est le principal outil permettant de cerner la pratique de l’audit en ce sens
qu’il est comme le soulignent Blanchet et Gotman (1992) l’instrument privilégié de
l’exploitation des faits dont la parole est le vecteur principal. Ces faits concernent les
systèmes de représentations et les pratiques sociales (faits expérimentés).
Nous avons effectué, entre février 2019 et décembre 2019, 28 entretiens auprès des
parties prenantes liées à la pratique de l’audit notamment, les commissaires aux
comptes, les auditeurs, les bénéficiaires des audits, des responsables de la Chambre
des Comptes (désormais CDC), et des responsables du CONSUPE. La CDC et le
CONSUPE sont des institutions étatiques de contrôle qui interviennent le plus
souvent après l’audit des Commissaires Aux Comptes (désormais CAC). Cette
approche méthodologique a été utilisée par Sangué Fotso (2015b) dans le même
contexte. Un guide d’entretien a été rédigé à cet effet. Les entretiens étaient
effectués à l’aide d’un dictaphone sur autorisation des interviewés. La technique
d’entretien adoptée consistait à poser une question à notre interlocuteur et à le laisser
dire tout ce qu’il savait sur la question. Ensuite, nous le relancions pour davantage

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obtenir des informations. Chaque entretien a duré environ 01 heure. Les entretiens
ont été centrés sur les cinq principales rubriques prédéfinies selon les
recommandations de Miles et Huberman (2003) qui précisent que l’intérêt de centrer
les entretiens est d’éviter une large dispersion des réponses de l’interlocuteur et la
collecte de nombreuses informations superflues.
Nous avons rencontré des difficultés liées à l’obtention des informations sur la durée
des mandats des CAC. Nous avons présumé que le respect de la durée du mandat
constituerait un élément de la qualité de l’audit. Lors de nos entretiens, tant en
entreprise que dans les cabinets d’audit, aucun interviewé n’a souhaité répondre à
notre préoccupation sur la durée des mandats des CAC. Pour contourner cette
difficulté, nous nous sommes rapprochés de certains responsables de l’ordre des
professionnels.
Malheureusement, personne n’a souhaité communiquer sur la durée des mandats en
entreprise. Néanmoins, les responsables contactés à l’ONECCA répondent ainsi :
« en général, les CAC ne respectent pas les mandats ». Après cette étape de l’ordre,
nous nous sommes rendus à la CDC et au CONSUPE où les responsables rencontrés
ont recommandé d’exploiter les Déclarations Statistiques et Fiscales pour avoir des
informations sur la durée des mandats en 2014.
Cette démarche s’est avérée infructueuse. Ensuite, nous nous sommes rendus au
greffe des villes de Yaoundé et Douala, principaux lieux de concentration des
entreprises et des cabinets d’audit. Sur place, les agents nous ont opposé la
confidentialité des informations sollicitées (publicité sur le mandat des CAC, procès-
verbaux des conseils d’administration sur lesquels les CAC sont nommément cités,
etc.). Pour obtenir des informations exploitables sur la durée des mandats, nous
avons mobilisé notre réseau relationnel notamment les anciens camarades de
l’Université travaillant dans les cabinets et entreprises, certains CAC avec qui nous
travaillons ensemble dans le cadre des réflexions sur la gouvernance d’entreprise et
les étudiants que nous encadrons dans le cadre des Masters II professionnels en
Comptabilité Contrôle Audit.
Concernant les anciens camarades et les CAC, ces derniers n’ont pas émis de doute
sur la finalité des informations fournies ; qui est plus à vocation de recherche que
d’espionnage au profit des institutions étatiques de contrôle. Tous les entretiens ont
eu lieu dans les bureaux des personnes contactées et ont duré en moyenne 1 heure.
Les tableaux 1 et 2 ci-dessous retracent l’échantillon de notre étude et les
caractéristiques du marché de l’audit.

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Tableau 1 : caractéristiques de l’échantillon


Qualité Expérience Fonction dans Objectifs visés Identification, date et durée de
répondant l’Organisation l’entretien
CAC1 : l’entretien s’est déroulé le 17
Commissaires juillet 2019, 1h d’enregistrement.
aux comptes CAC2 : l’entretien est réalisé le 4
inscrits à 10 et 20 ans février 2019, 3/4h d’enregistrement.
l’ONECCA
Identifier les CAC3 : l’entretien est effectué le 13
principaux indicateurs février 2019, durée d’enregistrement 1h.
Gestionnaire du
de la qualité d’audit et CAC4 : l’entretien est mené le 6 mars
cabinet et
comprendre la relation 2019, 1h d’enregistrement.
planificateur de la
entre CAC et les CAC5 : entretien conduit le 01 août
mission d’audit.
mandataires sociaux. 2013, 1h30 d’enregistrement.

CAC6 : entretien effectué le 31 août


21 ans et plus
2019, durée 1h20
CAC7 : entretien conduit le 12 avril
2019, 3/4h d’enregistrement.
CAC8 : entretien conduit le 17 avril
2019, 3/4h d’enregistrement.
CAC9 : entretien conduit le 10 avril
2019, 3/4h d’enregistrement.
CAC10 : entretien conduit le 23 avril
2019, 3/4h d’enregistrement.

AJ1 : entretien mené le 10 avril, 1/2h


S’assurer de la d’enregistrement.
Recueil des cohérence du AJ2 : entretien conduit le 8 mai 2013,
1 à 3 ans
informations ; processus d’audit et de 3/4h d’enregistrement.
dépouillement des la méthode de travail AJ3 : entretien réalisé le 28 mai, 1h
Auditeurs
documents et en entreprise. d’enregistrement.
juniors
vérification des Déterminer le niveau AJ4 : l’entretien est conduit le 3 juillet
Plus de 4 ans pièces comptables de collaboration des 2014, 1h d’enregistrement.
et imputation. personnels de AJ5 : l’entretien est conduit le 10 juillet
l’entreprise auditée. 2019, 1h d’enregistrement.
AJ6 : l’entretien est conduit le 8 juillet
2019, 1h d’enregistrement.
Cerner la démarche de
la conduite de l’audit AS1 : l’entretien est conduit le 17
et le comportement décembre 2013, 3/4h d’enregistrement.
Préparation de entre l’auditeur et AS2 : entretien déroulé le 25 juillet
l’intérim ; l’audité d’une part ; le 2014 pour 1h d’enregistrement.
coordination des rapport entre le chef de AS3 : entretien mené le 22 août 2014
travaux sur le mission et le CAC pour 1h d’enregistrement.
terrain ; dans la transmission
3 et 5 ans
encadrement des des données constatées
Auditeurs auditeurs juniors et sur le terrain et la
séniors rédaction des rédaction du rapport
rapports d’étapes. final d’autre part. la
capacité également de
détecter des erreurs et
de les dénoncer.

Responsables Confronter le rapport CDC1 : entretien effectué le 10


Conseiller maître et
CDC final du CAC et celui septembre 2014, 1h d’enregistrement.
auditeur des
de la CDC afin de CDC2 : entretien réalisé le 10 novembre
Plus de 20 ans entreprises
s’assurer du strict 2013, 3/4 h.
publiques et
respect des normes en
d’économie mixte.
matière d’audit.
Plus de 20 ans Partenaire Connaître les CDC3 : entretien déroulé le 20

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technique désigné différentes normes en septembre 2013, 1/2h d’enregistrement.


par l’Union matière d’audit et
Européenne comparer les pratiques
de l’audit en Occident
et au Cameroun.
Responsable Comprendre la SE : entretien effectué le 15 juin 2015,
GICAM philosophie de la 2h enregistrement.
10 ans Secrétaire exécutif
pratique de l’audit au
Cameroun.
Responsables Plus de 20 ans Chef de division du CSE1 : entretien réalisé le 30 août 2014,
CONSUPE contrôle des 3/4h d’enregistrement.
établissements Rapprocher la conduite
publics de l’audit par les CAC
administratifs de celle menée par le
Auditeurs CONSUPE afin de CSE2 : entretien conduit le 16
dégager des écarts. décembre 2013, 1h d’enregistrement.
3 à 7 ans
CSE3 : entretien mené le 21 octobre
2013, 3/4h d’enregistrement.
Entreprises Plus de 4 ans Administrateurs et Savoir si les CG, entretien conduit le 03 septembre
dirigeants mandataires sociaux 2013, durée 2h15.
évaluent la qualité de
travail des CAC. ADM1 : entretien réalisé le 18 juin
2019, 1h30 d’enregistrement.
Entreprise Plus de 6 ans Administrateur ADM2 : entretien réalisé le 25 juin
2014, 1h30 d’enregistrement.

Tableau 2 : caractéristiques du marché de l’audit au Cameroun


Facteurs Caractéristiques
Dispositif juridique L’audit n’est pas obligatoire dans toutes les entreprises
Structure du marché Nationale et concurrentielle (appel d’offres national)
Appropriation du rôle de Contrainte et indifférence
l’audit
Composition équipe d’audit Equipe de petite taille
Clientèle Logique de fidélisation

2.2. Traitement des données


Les entretiens ont fait l’objet d’une analyse thématique reposant sur les techniques
préconisées par Miles et Huberman (2003) dont l’objectif est d’identifier les
variables de la qualité d’audit. Nous avons retranscrit et synthétisé les interviews par
personne contactée de façon exhaustive. En privilégiant l’approche interprétative,
une analyse thématique verticale et horizontale a été effectuée. Il ne s’agit pas de
décrypter l’existant, mais de comprendre la pratique de l’audit qui, sur le double
plan professionnel et éthique, constitue le principal dilemme de l’auditeur. L’analyse
des contenus des entretiens permet alors d’observer de manière méthodique les
divers renseignements et facilite l’étude en profondeur de la complexité d’un
phénomène (Quivy et Campendhoudt, 1995 ; Patton, 2002).
La documentation que nous avons exploitée, principalement de source secondaire
provenant des cabinets d’expertise comptable, de journaux et de la CDC, a subi un

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traitement des contenus afin de dégager les items. Nous avons procédé enfin, à
l’analyse manuelle desdits contenus qui montre la représentation des opinions
émises par les interviewés.

3. Résultats et discussion
Les résultats sont issus des entretiens effectués et portent sur les éléments de la
qualité de l’audit susceptibles de réduire les scandales financiers. Nous avons
identifié quelques facteurs usuels à même d’améliorer la connaissance sur la qualité
de l’audit.

3.1. Les parties prenantes de l’audit joue un rôle important dans l’amélioration
du processus global de la pratique de l’audit
Le rôle dévolu au principal bénéficiaire n’est pas encadré par les textes. Son
engagement émotionnel et éthique est important pour rendre fructueuse une mission
d’audit. Les points suivants ont été soulignés lors des entretiens.
Une mission d’audit est encadrée dans le temps et dans l’espace selon une
planification bien définie. La contrainte de temps peut constituer un élément
important de la qualité de l’audit comme le souligne CDC1 : « La qualité de l’audit
dépend de l’auditeur ; le rapport des audits, qu’il soit pertinent, déposé à temps (…)
parce que l’audit n’est utile que lorsqu’il est remis en temps opportun ; il ne faut
pas que le rapport soit présenté trop tard. Il faut que le rapport soit bien, qu’il
reflète la qualité du travail. Donc c’est la qualité du rapport déposé par l’auditeur
suivant le temps qu’il a mis».
Le CAC1 abonde dans le même sens lorsqu’il souligne l’importance de
l’appropriation des nouvelles technologies de l’information et de la communication
comme facteur de maîtrise du temps : « La qualité de travail d’un auditeur peut
aussi être facilitée par les équipements appropriés. Il y’a même des logiciels déjà
conçus pour faciliter les audits alors que les audits sont encore manuels aujourd’hui
donnant beaucoup de peine aux auditeurs pour pouvoir réaliser le même travail que
ceux qui font avec un logiciel déjà conçu aujourd‘hui en temps moderne. Donc il
gagne en temps et en qualité ». Les étapes d’une mission d’audit sont nécessaires
pour en garantir la qualité. C’est ainsi que le CSE1 souligne : « Les délais alloués
pour mener les investigations doivent être suffisants ». Le CAC2 complète en
martelant : « le délai de production des états financiers est un indicateur de la
qualité de l’audit ; au Cameroun, le délai n’est pas toujours respecté ». Le temps ne
doit pas faire l’objet d’une pression de nature à compromettre la qualité de l’audit au
sens de Malone et Roberts (1996).
Le produit de l’audit appartient aux différentes parties prenantes à la vie de
l’entreprise. Leur perception tient à la compétence reconnue dans le passé et dans
des dossiers déjà traités. La façon dont elles accueillent une mission d’audit peut
traduire sa qualité. La priorité est accordée aux mandataires sociaux tels les
administrateurs et les Directeurs Généraux. C’est ainsi que le CG souligne : « …si
la mission d’audit fait des recommandations et on ne prend pas en compte ;

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finalement quand elle vient encore, elle ne va plus créer de la valeur comme on
l’aurait voulu par l’entreprise. C'est-à-dire si par exemple, l’auditeur fait une
mission et que ses recommandations ne sont pas prises en compte, puisqu’il ne fait
que des recommandations, si la hiérarchie donne l’impression que ses
recommandations ne servent à rien, évidemment même les auditeurs peuvent se
décourager et ne plus faire le travail comme il faut. Si par contre on sait que quand
l’auditeur a fait ses missions, c’est pris en considération, l’organisation se mobilise
autour des recommandations faites par l’auditeur, ça peut être un puissant
instrument de valeur ». La communication sur les activités de l’auditeur améliore
son image et par conséquent la qualité de son travail. Cet aspect est rare voire
inexistant au Cameroun. Les CAC2 et CAC3 relèvent fort opportunément : « les
rapports des CAC qui doivent être déposés aux greffes ne sont pas faits au mépris de
la loi ».
La qualité de l’audit est dépendante de l’organisation du contrôle interne et du
soutien apporté par la Direction Générale et le Conseil d’Administration. Cette
observation pertinente est cohérente avec les travaux de Salma et Ibrahim, 2018 ;
Barac et Mbewu, 2017 ; Barac et al, 2016 ; Sangué Fotso, 2015b). Pour ce qui est du
contrôle interne, un interviewé CAC8 relate : « le contrôle interne est très important
car il est au centre du travail de l’auditeur et permet à celui-ci de comprendre le
mode de fonctionnement des activités ». Il ressort également de l’entretien mené
avec (CG) que : « l’audit ne sera puissant, fort et utile que s’il a l’appui et le soutien
de la hiérarchie». Ce qui signifie implicitement que, l’efficacité de l’audit dépend de
la forte contribution du mécanisme interne. Ce résultat corrobore ceux obtenus par
Azzali et Mazza, 2018 ; Salma et Ibrahim, 2018 ; Dhiaa & Thuraiya, 2017, Barac et
Mbewu, 2017 ; Barac et al, 2016.
Dans un environnement caractérisé par l’absence de la culture de contrôle et de
rendre compte, il convient de mettre en exergue, comme l’indique Pigé (2011), la
visibilité de l’objet du contrôle qui consiste à évaluer le travail des CAC. Il est
couramment admis que l’une des difficultés rencontrées par les auditeurs est le refus
de collaboration des personnels de l’entreprise. Djongoué (2008) a également relevé
ces difficultés internes relatives à la production de l’information financière en
contexte camerounais. Il distingue trois éléments : la mauvaise gestion de
l’entreprise, l’incompétence du personnel de l’entreprise et le refus de communiquer
les informations financières. Colasse (2003), quant à lui, a identifié quelques
facteurs à même de réduire la qualité de l’audit en contexte français.

3.2. L’audit de l’audit comme facteur d’amélioration des pratiques


Si la quasi-totalité des personnes interrogées soulignent l’importance du contrôle
qualité et l’évaluation des travaux des auditeurs ; ces éléments n’apparaissent pas
explicitement dans le processus de l’audit. Un certain nombre d’interviewés
notamment (CG, CAC7, CSE2 et CSE3) soulignent l’importance du contrôle
qualité qui doit s’opérer à trois niveaux en ces termes : « … devait relever des

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différents ordres, parce que le contrôle de la qualité de l’audit devrait relever de


l’entreprise même qui a demandé l’audit. C’est pour cela d’ailleurs que l’auditeur
doit restituer son rapport et qu’il doit faire l’objet de validation par l’entreprise.
Pour les commissaires aux comptes, cette qualité est l’œuvre de l’ONECCA qui
veille sur cette qualité avec les normes de contrôle qui sont éditées en leur sein. La
qualité aussi se fait à l’intérieur du cabinet qui a des normes de pratique interne,
donc ce contrôle se fait d’abord au niveau du bénéficiaire de la prestation d’audit,
au niveau de l’auditeur lui-même qui a certainement des normes pour exécuter leur
mission.
Et puis au niveau de l’ordre professionnel auquel appartient l’auditeur… ».
L’importance du contrôle qualité n’est plus à démontrer au regard des dérives qui
ont marqué l’activité d’audit au Cameroun. Il doit être systématique tant dans les
cabinets d’audit que dans les entreprises bénéficiaires.
Concernant l’entreprise, l’interviewé (CG) déclare : « On contrôle le plan qualité de
l’auditeur, par exemple quand on fait la restitution, nous relevons évidemment que
lors de cette validation que l’audit a atteint les objectifs ou pas, ou même ses
recommandations ne sont pas praticables ou bien ne sont pas pertinentes ». Le
contrôle qualité et l’évaluation des travaux des auditeurs sont faits a posteriori par
d’autres organes. L’objectif à ce niveau est de faire de ces deux attributs de la
qualité, un impératif a priori. Les cabinets devraient développer une cohérence
organisationnelle à même d’assurer un service de qualité à leurs clients en dépit des
dysfonctionnements qui caractérisent le marché d’audit. Les dysfonctionnements
sont dus à la mauvaise organisation du marché, les cabinets se comportent comme
des entreprises commerciales qui doivent conquérir et conserver indéfiniment des
clients.
Ceci s’observe par l’exercice au-delà de la durée légale et de l’absence de contrôle
du marché par l’ordre des professionnels. Cette préoccupation du marché où
certaines entreprises surtout privées accordent peu d’importance à l’audit interpelle
sur les enjeux de sa pratique. Un interviewé (CAC7) relate : « Le marché demande
encore à être expliqué, à être travaillé pour que les entreprises au Cameroun
comprennent que l’audit est beaucoup plus un instrument d’amélioration et non pas
un instrument d’espionnage ou de police. C’est un instrument d’amélioration de la
gestion, parce que les conclusions de l’auditeur prévoient des recommandations
pour pouvoir améliorer tel ou tel point de faiblesse dans l’entreprise ».
Le contrôle qualité s’imposerait comme une fonction fondamentale dans les cabinets
d’audit. Un interviewé (CAC5) indique à cet effet : « le contrôle qualité revêt une
grande importance car il permet que le produit issu des vérifications soit de très
bonne qualité et couvre les phases de planification, d’exécution et du rapport
final ». L’exercice du contrôle qualité exige une bonne dose d’éthique, d’intégrité et
l’introduction de la logique de régulation. Globalement, notre résultat est cohérent
avec les travaux de Causse et Ebondo (2015) sur l’audit de l’audit. Ces auteurs
estiment que La qualité de l’audit légal dépend de nombreux facteurs, elle dépend

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notamment des contrôles qui sont exercés sur les conditions d’exercice de la
profession et sur l’activité elle-même.

3.3. L’inobservation du cadre institutionnel comme un frein à la qualité de


l’audit
Les dirigeants d’entreprises camerounaises sont pris pour la plupart dans une
contradiction dont ils n’arrivent pas à s’affranchir, concernant le dyptique
comptabilité et fiscalité comme c’est le cas en contexte tunisien Bouaziz et Omri
(2013). Celle-ci conduit le plus souvent à la production des informations en fonction
du destinataire, remettant en cause la transparence des informations communiquées.
Il ressort des entretiens avec les interviewés (AJ3 et AJ4) que : « … le premier
facteur de blocage c’est le manque de transparence, on est toujours penché vers le
camouflage, simplement parce que l’environnement ne nous permet pas toujours
d’étaler tout ce que nous faisons, (…) quand l’audit viendra, l’entrepreneur ne sait
pas toujours jusqu’où l’auditeur pourrait amener son dossier d’audit, si ça ne peut
pas servir à éclairer le fisc sur sa vraie situation, donc ils deviennent réticents à
l’audit ».
Le processus de recrutement du CAC a un impact sur la qualité de l’audit. Il
convient alors d’adopter une démarche qui puisse garantir la transparence,
l’indépendance et l’objectivité du CAC. L’indépendance est un concept difficile à
cerner en ce sens qu’on ne peut pas la mesurer ; elle est d’essence cognitive. Elle
peut être d’apparence au sens de Lee (1993) ou de fait d’après Richard et Reix
(2002). Dans tous les cas, elle ne saurait être totale en contexte camerounais où le
marché d’audit est mal organisé et déséquilibré ; rejoignant ainsi la conclusion de
Antle (1984). La procédure de recrutement peut fragiliser l’efficacité de l’audit. Il
ressort des propos du SE et de l’ADM) que : « … cette procédure est conduite en
général par le Conseil d’Administration, or l’auditeur est amené à contrôler
justement ces personnes-là. Donc, il peut y avoir un problème, cette procédure ne
favorise pas l’efficacité de l’audit ». La manière dont un CAC obtient une mission
d’audit peut influencer sa crédibilité.
Un interviewé répond en ces termes : « Oui, absolument, la manière dont il est
recruté peut jouer sur son indépendance. S’il est recruté à la suite d’un appel
d’offres, il va se sentir moins redevable aux personnes qui l’ont recruté que si on le
recrutait comme ça sur la base des critères un peu arbitraires. Donc, la manière
dont il est recruté peut jouer sur sa crédibilité et même sur sa compétence puisque
ce serait une sélection au moins disant ». Le mode de recrutement varie selon
qu’une entreprise est à capitaux privés ou publics. Les entreprises privées recrutent
sur la base de la confiance et des relations entretenues dans le passé avec le CAC ;
un interviewé (CAC2) précise : « en réalité, le recrutement du CAC se fait par
affinité par le biais des connaissances, c'est-à-dire de bouche à oreille ». Il est clair
que le mode d’accès aux fonctions de CAC peut constituer un véritable outil de
qualité de l’audit. C’est ainsi que (CAC1 et CDC2) relèvent fort opportunément
que : « On ne peut pas en même temps demander à un Commissaire aux Comptes de

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dénoncer les irrégularités occasionnées par un Directeur Général dans une


structure alors que c’est ce même Directeur Général qui l’a recruté. Mais, s’il y’a
un décret qui nomme les Commissaires aux Comptes de manière indépendante (…)
ils auront le courage de dénonciation qu’on exige d’un Commissaire aux Comptes».

3.4. L’éthique organisationnelle au cœur des meilleures pratiques d’audit


Les différents scandales financiers connus de par le monde interpellent sur l’éthique.
La compétence de l’auditeur n’est pas seulement technique, mais également éthique.
Elle est le reflet des institutions et dépend du mode de fonctionnement des
Organisations. D’après Prat dit Hauret (2003), la réalité quotidienne du travail de
l’auditeur le place au cœur d’importants conflits d’intérêt pour lesquels le code de
déontologie professionnelle n’offre pas de solutions simples. La précarité
économique exige une bonne dose de courage pour la mise en œuvre de l’éthique.
Les interviewés (SE, CSE3, CDC1 et CAC3) abondent dans le même sens : « Le
courage demeure dans le rapport des observations. Donc, même en dépit de
l’environnement, un auditeur qui est professionnel, qui a une formation
professionnelle solide, qui est intègre et courageux doit pouvoir faire son travail
(…) C’est un élément clé. Il faut être courageux » ; ensuite « l’auditeur en tant que
personne doit résister aux tentations externes et internes qui peuvent compromettre
sa mission » ; enfin « il ne doit pas être complice des fraudes et corruption, il doit
travailler en toute objectivité car le respect de son travail et de sa personne en
dépend ; il doit avoir le courage de dénoncer les situations irrégulières ».
L’éthique est transversale, c’est-à-dire qu’elle s’applique à l’ensemble du processus
d’audit qui part de l’acceptation de la mission à la production du rapport final. Pour
Lemaître et Krohmer (2010), l’acteur compétent n’est pas celui qui applique
automatiquement les prescriptions de son supérieur hiérarchique, mais plutôt celui
qui sait reconnaître les situations singulières au lieu de déroger aux règles établies ou
d’en inventer de nouvelles. Le respect du dispositif légal est une question
d’opportunité. Dans le processus de la qualité d’audit, deux logiques convergent à
savoir la logique des normes et celle de l’éthique.
Elle peut être appréhendée dans la pratique des affaires selon Puel (1989) comme
l’interpellation, la réflexion et le discernement qui obligent les mandataires sociaux
à élaborer leur propre réponse individuelle ou organisationnelle face à une situation
perçue comme étant moralement problématique. La formalisation de l’éthique tient
compte de la délimitation des frontières de l’Organisation en ce sens que l’audit est
un travail qui s’effectue en équipe sous le contrôle d’un cabinet. Ainsi, il est
nécessaire de distinguer l’éthique individuelle de l’éthique organisationnelle. Cette
démarche est cohérente avec les travaux de Mercier (2000, 2002) qui préconisent la
rédaction du cadre réglementaire, les codes de bonne conduite devant guider le
comportement des parties prenantes. L’approche cognitive de l’éthique doit
s’imbriquer dans l’entreprise comme mécanisme contribuant à la satisfaction de
toutes les parties prenantes.

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Le succès d’une entreprise dépend aujourd’hui non seulement du respect des règles
du jeu économique, mais aussi de la référence à des valeurs supérieures telles que
l’honnêteté, le respect des autres, l’affection et la solidarité. L’éthique d’entreprise
ne nie pas le profit et la performance, mais devient au contraire une nécessité
économique : les entreprises sont évaluées par leur public sur des critères éthiques.
Elles s’expriment au travers d’un système de valeurs partagées par les dirigeants et
les salariés, des méthodes de management et des comportements de l’ensemble du
personnel (Lepineux, 2006).
Les préoccupations éthiques couvrent la capacité de l’auditeur à renoncer aux
incompatibilités et interdictions énumérées aux articles 378 et 697 à 700 de l’Acte
Uniforme OHADA sur le droit des sociétés commerciales ; aux pressions et aux
chantages de la part des dirigeants. A posteriori, l’éthique se trouve sanctionnée par
la capacité de l’auditeur à prouver qu’il a observé toutes les démarches nécessaires
pour s’assurer qu’il émettra un jugement sans complaisance. À cet effet, un
interviewé (CAC5) évoque : « Quand on accepte un audit sans avoir fait les
premières vérifications apparentées, par exemple est-ce que c’est ma fille qui gère,
est-ce que je serais vraiment libre de donner mon opinion sur cette personne-là,
donc il y’a des liens familiaux parfois qui amènent l’auditeur à ménager ses
conclusions en fonction de ses relations avec les audités. Donc, la norme
internationale demande généralement de refuser ce type d’audit et de le laisser à un
collègue qui n’aurait aucune relation de familiarité avec la structure. Mais on voit
beaucoup d’experts qui acceptent de le faire quand même parce que le marché de
l’audit est difficile, pour avoir un marché d’audit déjà ce n’est pas facile, comment
faut-il en refuser quand on est bien conscient qu’on ne peut pas très bien le faire ».
L’éthique, en dépit de rester une préoccupation majeure pour le développement
socio-économique, est directement liée à un environnement, une culture et un temps.
Quatre variables principales conditionnent l’éthique de l’auditeur. Il s’agit de
l’éducation, de la responsabilité, du respect des normes et procédures, l’intégrité et
la morale. Les pratiques sociales et managériales doivent constituer le noyau dur de
ces variables à travers le développement du management par la valeur comme
mécanisme de mise en œuvre de l’éthique. Un interviewé (CDC3) dit ceci : « Je
crois que l’audit avant tout est une affaire de la qualité de l’auditeur, parce que
l’environnement peut être mauvais ; si l’auditeur est un homme intègre et
professionnel, il doit pouvoir faire son travail. Quel que soit l’environnement, si
l’auditeur est intègre et a les qualités professionnelles, il doit pouvoir rendre sa
copie. L’intégrité est primordiale, parce que tu peux, malgré l’environnement
défavorable, faire un bon travail ». Les analyses effectuées nous permettent de
mettre en évidence quelques illustrations des pratiques d’audit au Cameroun.
Conclusion
Cet article a développé une vision de la pratique de l’audit comme un construit
socio-culturel nécessaire à la protection des actifs de l’entreprise au sens de
L’OHADA 2017. Il identifie ses principaux facteurs et met en évidence les
contraintes. L’analyse empirique relève que les CAC sont pris dans une sorte de

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controverse dont ils ne peuvent se défaire. Ils ne prennent pas toujours en


considération l’ensemble des éléments permettant de garantir la qualité de l’audit.
Le cadre légal n’offre pas assez d’assurance en termes de qualité. Cette controverse
trouve sa justification dans les institutions qui ne stimulent pas au respect des règles,
et dont la résultante est la corruption. Les raisons qui expliquent ce comportement
peu orthodoxe sont multiples.
La première raison est d’ordre économique : les CAC acceptent de renoncer au
respect des normes professionnelles parce qu’ils y trouvent un intérêt financier. La
seconde est sociale : en dehors des risques de sanctions qui pèsent sur le CAC, c’est
l’absence d’éducation à la citoyenneté et aux valeurs éthiques qui le poussent à ne
pas respecter la réglementation. La troisième est culturelle : elle renvoie au poids de
la tradition et du territoire sur la perception de l’audit ; celui-ci étant perçu plus
comme une contrainte qu’un signal visant à améliorer les pratiques managériales.
Globalement, la qualité de l’audit relève d’un état d’affection qui peut garantir les
meilleures pratiques et conduire à la réduction substantielle des scandales financiers.
Les résultats permettent de tirer les principaux enseignements suivants : d’abord, la
pratique de l’audit dépend incontestablement de la triple action compétence-
indépendance-éthique. Il est admis que l’audit est un travail collectif et
multidimensionnel qui intègre la contribution de toutes les parties prenantes à la
sécurisation et la fiabilité de l’information financière. Ensuite, l’indépendance est
un état d’esprit qui découle du jeu des pouvoirs entre l’audité et le CAC, et de la
capacité de ce dernier à gérer les conflits d’intérêts. Enfin, il existe un écart entre la
pratique et les textes.
Sur un plan théorique, nos apports se situent à trois niveaux. Premièrement, ils
montrent que loin d’être vécu de façon naturelle, cet acte de contrôle réduit encore
un peu plus les risques managériaux connus aux dirigeants d’entreprise au sens de
Jensen et Meckling (1976). Ils révèlent un comportement organisationnel, qui
aboutit à des scandales financiers, récurrents et cumulatifs. Ce qui induit une
complexification de rôle pour sortir des dérives managériales. Ils font singulièrement
ressortir un moment clé de la pratique de l’audit que la littérature ne considère pas
absolument : il s’agit de l’implication des parties prenantes à la réalisation de l’audit,
que les acteurs ont qualifié d’épée de Damoclès, et qui constitue probablement la
source de d’inefficacité la plus redoutable. Deuxièmement, notre travail confirme
l’idée que la justice organisationnelle affecte la pratique de l’audit.
Ces résultats sont cependant à nuancer au regard des sensibilités individuelles,
celles-ci pouvant être variables selon que les auditeurs et les audités aient des
stratégies différentes. Troisièmement, ce travail fait ressortir trois familles
principales de facteurs d’influence (respectivement liées à l’économie, au social et à
la culture des auditeurs), dont le croisement permet d’identifier des zones à risque.
Celles-ci révèlent des anomalies singulières qui peuvent nécessiter des ajustements
des fautes de gestion dans le but de réduire plus efficacement l’exposition des
mandataires sociaux aux possibles conséquences sur la performance de l’entreprise.
Sur un plan pratique, l’audit fait partie des préoccupations des acteurs institutionnels

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et organisationnels, telles qu’on peut constater dans les lois de 2017 sur les
entreprises publiques et le droit OHADA 2017. Ce qui fait qu’encore peu de
dirigeants préparent convenablement une mission d’audit, est le doute qui prévaut
dans leur esprit. Il paraît donc aujourd’hui nécessaire d’élaborer des mécanismes
d’audit, visant à inscrire l’importance de l’audit comme réducteur des risques
managériaux dans la culture des dirigeants. De même, on pourrait insister sur
l’assimilation de l’audit à un nouveau défi interpersonnel, pour faire écho aux
routines d’un mode de fonctionnement largement partagé par les parties prenantes.
En dépit de ses contributions, cette recherche n’est pas exempte de limites qui
peuvent donner lieu à des voies de recherches futures. Cette recherche pourrait être
améliorée sur le plan de sa validité interne. Il nous paraît indispensable de mener une
collecte de données sur des intervalles de temps plus longs pour aller au-delà du sens
subjectif de l’audit. Il s’agirait de mesurer les contours de l’audit, à travers un
questionnaire cerner les déterminants de ses différents processus. Il serait, ensuite,
pertinent d’interroger, à titre complémentaire, les collaborateurs de l’auditeur et des
audités dans une perspective de triangulation des données. Une analyse multi-acteurs
permettrait d’objectiver la pratique de l’audit. Enfin, au niveau de la validité externe,
cette recherche s’est focalisée sur l’audit légal.

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