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ABDOUL-NASSER OUSMANOU
Enseignant chercheur
PHD en sciences de gestion
Université de Yaoundé II / Cameroun
Email : gonzales9078@gmail.com
Résumé
L’objet de cette étude est d’analyser la pratique de l’audit dans un environnement caractérisé
par la faiblesse des institutions. L’analyse exploratoire basée sur vingt-et-huit entretiens
menés auprès des professionnels de l’audit et des parties prenantes liées montre d’une part,
que la pratique de l’audit est un facteur d’amélioration de l’exploitation de l’entreprise dans
sa diversité. Les enjeux de l’audit s’inscrivent dans les rapports de force entre les acteurs, et
ces derniers doivent garantir la qualité de l’audit qui représente à la fois une source de
contraintes et d’opportunités pour les auditeurs et les audités au sens de Sangué Fotso
(2015b).
Mots clés : Audit – institution – commissaires aux comptes – Qualité.
Abstract
The aim of this study is to understand the link between the professional beliefs of the
auditors and the quality of the audit as a factor in the perpetuation of Cameroonian
companies. The exploratory analysis, based on twenty-eight interviews with audit
professionals and those involved, shows that the quality of the audit is a factor in reducing
financial scandals if the auditors Manage to get rid of the weight of contradictions
surrounding the accomplishment of their mission; On the other hand, that the existence of
power play between the institutions and the auditors would lead to a deterioration in the
quality of the audit and would then constitute a source of constraints and not opportunities
for the latter according to Sangue Fotso (2015).
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Introduction
L’audit constitue un mécanisme de gouvernance souvent vu comme incontournable
et dont le principal objectif est la réduction considérable de l’asymétrie
d’information entre les parties prenantes. Il est une activité d’intérêt général qui, à ce
titre, doit être contrôlée. Ainsi, rien n’est évident, d’où la méfiance envers le devoir.
C’est une affaire d’éthique, de conviction et de cognition professionnelles mais
aussi, et d’abord, une affaire de réglementation, de non respect de la réglementation
et de non-sanction de ce manque de respect. En principe, c’est l’État qui a la charge
d’effectuer le contrôle de la qualité de l’audit ; mais dans la plupart des pays, l’État
délègue ce contrôle à l’organisme professionnel chargé de la déontologie de la
profession (les Ordres professionnels).
Les défaillances de ce contrôle peuvent donc se situer à différents niveaux : l’État,
du fait d’une réglementation non pertinente ; l’ordre professionnel, qui n’applique
pas la réglementation et qui n’a pas de structure de contrôle ; les cabinets, qui n’ont
pas mis en place un système de contrôle (charte qualité, pratiques de turn-over, …) ;
les auditeurs eux-mêmes, qui se soustraient aux règles de la profession et qui n’ont
aucune moralité. L’audit légal est une activité d’intérêt général dont la qualité
dépend essentiellement des contrôles exercés sur la profession (Causse et Ebondo
Wa Mandzila (2015).
La problématique de la pratique de l’audit demeure un champ de recherche prisé au
regard des indisciplines managériales (Sangué Fotso, 2015) qui ont secoué le milieu
des affaires (Humphrey et al. 1992). La pratique de l’audit renvoie à sa qualité qui
est, appréhendée selon De Angelo (1981), comme la capacité de l’auditeur à
découvrir des anomalies significatives dans le système comptable du client et à
mentionner cette anomalie. Elle est fortement liée autant à la personnalité de
l’auditeur qu’à sa capacité de pouvoir simultanément détecter les erreurs, les
dénoncer afin de faire des recommandations. Plusieurs travaux qui se sont intéressés
à la qualité de l’audit notamment ceux de De Angelo (1981), de Nichols et Smith
(1983) et d’Eichenseher et Shields (1989) ont retenu principalement deux critères
permettant de la définir à savoir : la compétence et l’indépendance. Certains travaux
(Bédard, 1998 ; Libby et Tan, 1994), qui se sont appesantis sur la notion de
compétence, ont mis en avant les variables technique et éthique telles que
développées par Sweeney (1995) et les capacités relationnelles de l’auditeur
(Richard et Reix, 2002 ; Richard, 2006).
La pratique de l’audit suppose une forte dose de subjectivité qui s’inscrit dans le
comportement des auditeurs. Il s’agit d’aller au-delà des techniques pour prendre en
compte l’état d’esprit de l’auditeur qui est encadré par son appartenance à un réseau
socio-culturel et la perception qu’ont les audités de l’activité d’audit. Les recherches
se sont beaucoup plus accentuées sur le rôle des différents acteurs impliqués dans le
processus de l’audit sans trop insister sur certaines variables liées au temps et à
l’environnement économique de l’auditeur. Ceci renvoie globalement à
l’environnement de l’audit tel que décrit par Garcia et Herrbach (2010) et qui est
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qui reste une véritable controverse tant dans le monde professionnel qu’universitaire.
Les recherches consacrées à la qualité de l’audit majoritairement de l’Occident ont
plus mis l’accent sur la qualité de l’auditeur (De Angelo, 1981a ; Nichols et Smith,
1983 ; Citron et Taffler, 1992 ; Carcello et al. 1992 ; Prat dit Hauret, 2003 ;
Chemangui, 2004 ; Manita, 2008). Ces auteurs reconnaissent à la qualité de l’audit,
la capacité de l’auditeur à déceler les anomalies et à les dénoncer. Cette perception
de la qualité semble limitée en ce sens qu’elle n’intègre pas les risques liés à la
sélection adverse (Watts et Zimmerman, 1986 ; Behn et al. 1997) et les contextes
culturel et traditionnel des pays du Sud en termes d’institution et de représentation.
La conceptualisation de la qualité de l’audit est fondée sur le diptyque compétence et
indépendance présentées par De Angelo (1981) comme principaux critères de la
qualité de l’audit. La compétence d’un auditeur peut être appréhendée comme la
capacité à acquérir et à évaluer des preuves sur lesquelles son opinion est fondée ;
l’indépendance quant à elle est définie comme un état mental dans lequel l’auditeur
n’est ni relié ni subordonné à l’influence et aux pressions de conflits d’intérêts (Lee
et Stone, 1995). La compétence et l’indépendance forment alors l’équilibre de la
qualité de l’audit.
Toutefois, ces deux variables n’ont de sens que si elles sont comprises dans
l’environnement global de l’entreprise qui tient compte des caractéristiques
organisationnelles, de la cognition managériale, du niveau du personnel et du
processus d’audit qui intègre le réseau relationnel de l’auditeur. Certaines études
s’appuient sur des compétences interrelationnelles pour cerner la qualité de l’audit
au prisme des différents acteurs de son processus (Sutton, 1993 ; Herrbach, 2001 ;
Colasse, 2003 ; Richard, 2006 ; Guénin-Paracini, 2008 ; Compernolle, 2009 ; Piot et
Kermiche, 2009). D’autres analysent l’indépendance sous l’angle de
l’incompatibilité et des coûts des honoraires (Francis, 2006 ; Robinson, 2008 ;
Wines, 1994).
Au Cameroun, et selon Sangué Fotso (2015b), l’émergence des concepts
d’indépendance et de compétence reste à souligner pour aboutir au développement et
au renforcement de l’activité d’audit comme creuset de fiabilité de l’information
financière dans un environnement en proie à la faiblesse institutionnelle. S’il est
admis que ces deux éléments sont complexes (Richard 2006 ; Ben Saad et Lesage
2008), il n’en demeure pas moins que leur mise en œuvre constitue une exigence
professionnelle (Barhon et Aboueljaouad, 2019). Cette étude est par conséquent
réalisée en vue d’identifier d’autres critères susceptibles de renforcer la qualité de
l’audit perçue en tenant compte du jeu des acteurs aux intérêts parfois divergents. La
stabilité du cadre institutionnel n’est pas de nature à renforcer la qualité de l’audit.
L’audit fait partie des professions libérales dont les tenants se réclament d’une
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certaine autonomie qui n’est pas toujours en phase avec l’expertise. Ainsi, on est
plus porté vers l’indépendance et la compétence de fait et d’apparence du
professionnel telles que développées par Flint (1988). La compétence et
l’indépendance semblent aujourd’hui ne plus être des éléments acquis au regard de
la configuration du marché de l’audit camerounais.
L’activité d’audit étant humaine, il n’est pas possible d’admettre que le CAC soit
totalement objectif dans les faits. Toutefois, il doit faire preuve d’un niveau
acceptable d’indépendance et d’objectivité qui s’inscrit dans le temps et dans
l’espace comme l’indique Sikka et al. (1998). Selon Compernolle (2009),
l’indépendance du commissaire aux comptes se construit alors en fonction de
l’intensité des conflits d’intérêts auxquels il est confronté au cours du processus
d’audit ; elle se construit également en fonction de la capacité de l’auditeur à gérer
ces conflits.
Cette indépendance du CAC est également fonction de la relation professionnelle
qui lie l’auditeur à l’audité en termes de durée de mandat et de rémunération. Au
Cameroun, la logique de la pratique de l’audit est basée sur le réseau social dont la
conséquence est l’accroissement des conflits d’intérêts qui créent l’inertie. Parce
qu’en situation de conflit, chaque partie prenante tire les avantages liés à sa position.
Donc, la logique du conflit n’est pas à appréhender au sens des entreprises du Nord.
Plusieurs études expérimentales ou normatives se sont intéressées à la qualité de
l’audit. À la lecture de ces travaux, il ressort quatre groupes d’analyse comme nous
pouvons le relever avec Manita (2008). Le premier groupe a mis l’accent sur les
variables relatives à la taille, aux honoraires et à la réputation de l’auditeur (Hay et
al. 2006 ; Carey et Simnett, 2006). Le deuxième groupe s’est intéressé à la structure
organisationnelle du cabinet comme facteur de qualité de l’audit. (Wooten, 2003).
Le troisième groupe étudie les attributs et le comportement des membres de l’équipe
d’audit (McNair, 1991 ; Malone et Roberts, 1996 ; Wooten, 2003). Le quatrième
groupe procède à une analyse multicritériée qui varie en fonction des personnes
impliquées dans le processus de l’audit et porte sur la qualification, l’expérience et
la composition de l’équipe d’audit, les déterminants du cabinet d’audit, le processus
d’audit et le contrôle des travaux d’audit (Carcello et al. 1992 ; Groveman, 1995 ;
Sikka et al. 1998).
Dans cette perspective, nous proposons d’autres éléments permettant d’apprécier la
qualité de l’audit en rapport avec la fiabilité de l’information financière. Les
entretiens menés nous ont permis d’obtenir différentes réponses à la question de
savoir quels sont les facteurs explicatifs de la qualité de l’audit. Une part importante
des réponses souscrit à la définition donnée par De Angelo (1981), celle-ci étant
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obtenir des informations. Chaque entretien a duré environ 01 heure. Les entretiens
ont été centrés sur les cinq principales rubriques prédéfinies selon les
recommandations de Miles et Huberman (2003) qui précisent que l’intérêt de centrer
les entretiens est d’éviter une large dispersion des réponses de l’interlocuteur et la
collecte de nombreuses informations superflues.
Nous avons rencontré des difficultés liées à l’obtention des informations sur la durée
des mandats des CAC. Nous avons présumé que le respect de la durée du mandat
constituerait un élément de la qualité de l’audit. Lors de nos entretiens, tant en
entreprise que dans les cabinets d’audit, aucun interviewé n’a souhaité répondre à
notre préoccupation sur la durée des mandats des CAC. Pour contourner cette
difficulté, nous nous sommes rapprochés de certains responsables de l’ordre des
professionnels.
Malheureusement, personne n’a souhaité communiquer sur la durée des mandats en
entreprise. Néanmoins, les responsables contactés à l’ONECCA répondent ainsi :
« en général, les CAC ne respectent pas les mandats ». Après cette étape de l’ordre,
nous nous sommes rendus à la CDC et au CONSUPE où les responsables rencontrés
ont recommandé d’exploiter les Déclarations Statistiques et Fiscales pour avoir des
informations sur la durée des mandats en 2014.
Cette démarche s’est avérée infructueuse. Ensuite, nous nous sommes rendus au
greffe des villes de Yaoundé et Douala, principaux lieux de concentration des
entreprises et des cabinets d’audit. Sur place, les agents nous ont opposé la
confidentialité des informations sollicitées (publicité sur le mandat des CAC, procès-
verbaux des conseils d’administration sur lesquels les CAC sont nommément cités,
etc.). Pour obtenir des informations exploitables sur la durée des mandats, nous
avons mobilisé notre réseau relationnel notamment les anciens camarades de
l’Université travaillant dans les cabinets et entreprises, certains CAC avec qui nous
travaillons ensemble dans le cadre des réflexions sur la gouvernance d’entreprise et
les étudiants que nous encadrons dans le cadre des Masters II professionnels en
Comptabilité Contrôle Audit.
Concernant les anciens camarades et les CAC, ces derniers n’ont pas émis de doute
sur la finalité des informations fournies ; qui est plus à vocation de recherche que
d’espionnage au profit des institutions étatiques de contrôle. Tous les entretiens ont
eu lieu dans les bureaux des personnes contactées et ont duré en moyenne 1 heure.
Les tableaux 1 et 2 ci-dessous retracent l’échantillon de notre étude et les
caractéristiques du marché de l’audit.
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traitement des contenus afin de dégager les items. Nous avons procédé enfin, à
l’analyse manuelle desdits contenus qui montre la représentation des opinions
émises par les interviewés.
3. Résultats et discussion
Les résultats sont issus des entretiens effectués et portent sur les éléments de la
qualité de l’audit susceptibles de réduire les scandales financiers. Nous avons
identifié quelques facteurs usuels à même d’améliorer la connaissance sur la qualité
de l’audit.
3.1. Les parties prenantes de l’audit joue un rôle important dans l’amélioration
du processus global de la pratique de l’audit
Le rôle dévolu au principal bénéficiaire n’est pas encadré par les textes. Son
engagement émotionnel et éthique est important pour rendre fructueuse une mission
d’audit. Les points suivants ont été soulignés lors des entretiens.
Une mission d’audit est encadrée dans le temps et dans l’espace selon une
planification bien définie. La contrainte de temps peut constituer un élément
important de la qualité de l’audit comme le souligne CDC1 : « La qualité de l’audit
dépend de l’auditeur ; le rapport des audits, qu’il soit pertinent, déposé à temps (…)
parce que l’audit n’est utile que lorsqu’il est remis en temps opportun ; il ne faut
pas que le rapport soit présenté trop tard. Il faut que le rapport soit bien, qu’il
reflète la qualité du travail. Donc c’est la qualité du rapport déposé par l’auditeur
suivant le temps qu’il a mis».
Le CAC1 abonde dans le même sens lorsqu’il souligne l’importance de
l’appropriation des nouvelles technologies de l’information et de la communication
comme facteur de maîtrise du temps : « La qualité de travail d’un auditeur peut
aussi être facilitée par les équipements appropriés. Il y’a même des logiciels déjà
conçus pour faciliter les audits alors que les audits sont encore manuels aujourd’hui
donnant beaucoup de peine aux auditeurs pour pouvoir réaliser le même travail que
ceux qui font avec un logiciel déjà conçu aujourd‘hui en temps moderne. Donc il
gagne en temps et en qualité ». Les étapes d’une mission d’audit sont nécessaires
pour en garantir la qualité. C’est ainsi que le CSE1 souligne : « Les délais alloués
pour mener les investigations doivent être suffisants ». Le CAC2 complète en
martelant : « le délai de production des états financiers est un indicateur de la
qualité de l’audit ; au Cameroun, le délai n’est pas toujours respecté ». Le temps ne
doit pas faire l’objet d’une pression de nature à compromettre la qualité de l’audit au
sens de Malone et Roberts (1996).
Le produit de l’audit appartient aux différentes parties prenantes à la vie de
l’entreprise. Leur perception tient à la compétence reconnue dans le passé et dans
des dossiers déjà traités. La façon dont elles accueillent une mission d’audit peut
traduire sa qualité. La priorité est accordée aux mandataires sociaux tels les
administrateurs et les Directeurs Généraux. C’est ainsi que le CG souligne : « …si
la mission d’audit fait des recommandations et on ne prend pas en compte ;
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finalement quand elle vient encore, elle ne va plus créer de la valeur comme on
l’aurait voulu par l’entreprise. C'est-à-dire si par exemple, l’auditeur fait une
mission et que ses recommandations ne sont pas prises en compte, puisqu’il ne fait
que des recommandations, si la hiérarchie donne l’impression que ses
recommandations ne servent à rien, évidemment même les auditeurs peuvent se
décourager et ne plus faire le travail comme il faut. Si par contre on sait que quand
l’auditeur a fait ses missions, c’est pris en considération, l’organisation se mobilise
autour des recommandations faites par l’auditeur, ça peut être un puissant
instrument de valeur ». La communication sur les activités de l’auditeur améliore
son image et par conséquent la qualité de son travail. Cet aspect est rare voire
inexistant au Cameroun. Les CAC2 et CAC3 relèvent fort opportunément : « les
rapports des CAC qui doivent être déposés aux greffes ne sont pas faits au mépris de
la loi ».
La qualité de l’audit est dépendante de l’organisation du contrôle interne et du
soutien apporté par la Direction Générale et le Conseil d’Administration. Cette
observation pertinente est cohérente avec les travaux de Salma et Ibrahim, 2018 ;
Barac et Mbewu, 2017 ; Barac et al, 2016 ; Sangué Fotso, 2015b). Pour ce qui est du
contrôle interne, un interviewé CAC8 relate : « le contrôle interne est très important
car il est au centre du travail de l’auditeur et permet à celui-ci de comprendre le
mode de fonctionnement des activités ». Il ressort également de l’entretien mené
avec (CG) que : « l’audit ne sera puissant, fort et utile que s’il a l’appui et le soutien
de la hiérarchie». Ce qui signifie implicitement que, l’efficacité de l’audit dépend de
la forte contribution du mécanisme interne. Ce résultat corrobore ceux obtenus par
Azzali et Mazza, 2018 ; Salma et Ibrahim, 2018 ; Dhiaa & Thuraiya, 2017, Barac et
Mbewu, 2017 ; Barac et al, 2016.
Dans un environnement caractérisé par l’absence de la culture de contrôle et de
rendre compte, il convient de mettre en exergue, comme l’indique Pigé (2011), la
visibilité de l’objet du contrôle qui consiste à évaluer le travail des CAC. Il est
couramment admis que l’une des difficultés rencontrées par les auditeurs est le refus
de collaboration des personnels de l’entreprise. Djongoué (2008) a également relevé
ces difficultés internes relatives à la production de l’information financière en
contexte camerounais. Il distingue trois éléments : la mauvaise gestion de
l’entreprise, l’incompétence du personnel de l’entreprise et le refus de communiquer
les informations financières. Colasse (2003), quant à lui, a identifié quelques
facteurs à même de réduire la qualité de l’audit en contexte français.
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notamment des contrôles qui sont exercés sur les conditions d’exercice de la
profession et sur l’activité elle-même.
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Le succès d’une entreprise dépend aujourd’hui non seulement du respect des règles
du jeu économique, mais aussi de la référence à des valeurs supérieures telles que
l’honnêteté, le respect des autres, l’affection et la solidarité. L’éthique d’entreprise
ne nie pas le profit et la performance, mais devient au contraire une nécessité
économique : les entreprises sont évaluées par leur public sur des critères éthiques.
Elles s’expriment au travers d’un système de valeurs partagées par les dirigeants et
les salariés, des méthodes de management et des comportements de l’ensemble du
personnel (Lepineux, 2006).
Les préoccupations éthiques couvrent la capacité de l’auditeur à renoncer aux
incompatibilités et interdictions énumérées aux articles 378 et 697 à 700 de l’Acte
Uniforme OHADA sur le droit des sociétés commerciales ; aux pressions et aux
chantages de la part des dirigeants. A posteriori, l’éthique se trouve sanctionnée par
la capacité de l’auditeur à prouver qu’il a observé toutes les démarches nécessaires
pour s’assurer qu’il émettra un jugement sans complaisance. À cet effet, un
interviewé (CAC5) évoque : « Quand on accepte un audit sans avoir fait les
premières vérifications apparentées, par exemple est-ce que c’est ma fille qui gère,
est-ce que je serais vraiment libre de donner mon opinion sur cette personne-là,
donc il y’a des liens familiaux parfois qui amènent l’auditeur à ménager ses
conclusions en fonction de ses relations avec les audités. Donc, la norme
internationale demande généralement de refuser ce type d’audit et de le laisser à un
collègue qui n’aurait aucune relation de familiarité avec la structure. Mais on voit
beaucoup d’experts qui acceptent de le faire quand même parce que le marché de
l’audit est difficile, pour avoir un marché d’audit déjà ce n’est pas facile, comment
faut-il en refuser quand on est bien conscient qu’on ne peut pas très bien le faire ».
L’éthique, en dépit de rester une préoccupation majeure pour le développement
socio-économique, est directement liée à un environnement, une culture et un temps.
Quatre variables principales conditionnent l’éthique de l’auditeur. Il s’agit de
l’éducation, de la responsabilité, du respect des normes et procédures, l’intégrité et
la morale. Les pratiques sociales et managériales doivent constituer le noyau dur de
ces variables à travers le développement du management par la valeur comme
mécanisme de mise en œuvre de l’éthique. Un interviewé (CDC3) dit ceci : « Je
crois que l’audit avant tout est une affaire de la qualité de l’auditeur, parce que
l’environnement peut être mauvais ; si l’auditeur est un homme intègre et
professionnel, il doit pouvoir faire son travail. Quel que soit l’environnement, si
l’auditeur est intègre et a les qualités professionnelles, il doit pouvoir rendre sa
copie. L’intégrité est primordiale, parce que tu peux, malgré l’environnement
défavorable, faire un bon travail ». Les analyses effectuées nous permettent de
mettre en évidence quelques illustrations des pratiques d’audit au Cameroun.
Conclusion
Cet article a développé une vision de la pratique de l’audit comme un construit
socio-culturel nécessaire à la protection des actifs de l’entreprise au sens de
L’OHADA 2017. Il identifie ses principaux facteurs et met en évidence les
contraintes. L’analyse empirique relève que les CAC sont pris dans une sorte de
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et organisationnels, telles qu’on peut constater dans les lois de 2017 sur les
entreprises publiques et le droit OHADA 2017. Ce qui fait qu’encore peu de
dirigeants préparent convenablement une mission d’audit, est le doute qui prévaut
dans leur esprit. Il paraît donc aujourd’hui nécessaire d’élaborer des mécanismes
d’audit, visant à inscrire l’importance de l’audit comme réducteur des risques
managériaux dans la culture des dirigeants. De même, on pourrait insister sur
l’assimilation de l’audit à un nouveau défi interpersonnel, pour faire écho aux
routines d’un mode de fonctionnement largement partagé par les parties prenantes.
En dépit de ses contributions, cette recherche n’est pas exempte de limites qui
peuvent donner lieu à des voies de recherches futures. Cette recherche pourrait être
améliorée sur le plan de sa validité interne. Il nous paraît indispensable de mener une
collecte de données sur des intervalles de temps plus longs pour aller au-delà du sens
subjectif de l’audit. Il s’agirait de mesurer les contours de l’audit, à travers un
questionnaire cerner les déterminants de ses différents processus. Il serait, ensuite,
pertinent d’interroger, à titre complémentaire, les collaborateurs de l’auditeur et des
audités dans une perspective de triangulation des données. Une analyse multi-acteurs
permettrait d’objectiver la pratique de l’audit. Enfin, au niveau de la validité externe,
cette recherche s’est focalisée sur l’audit légal.
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