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Conditions de travail

L'analyse des conditions de travail


Michel GOLLAC et Sage VOLKOFF

Mots-clés : Conditions de travail, ergonomie, intensification, organisation du travail, salaires, santé au travail. o
an Résumé : L'objectivation des conditions de travail dépend de processus sociaux et n'a rien d'automatique. Elle peut être
contrariée par le manque d'information, voire par une « censure » psychique de la part des salariés. Les effets du travail sur la
santé sont multiples, et souvent différés dans le temps, Au-delà de l'examen, souvent décevant, des taux d'accidents ou des
maladies profes-sionnelles, ces effets s'apprécient en étudiant la mortalité différentielle, les nuisances pathogènes, les « petits »
troubles (mauvais sommeil, douleurs articulaires...), ou encore les formes de mobilisation de la personnalité dans le travail.
L'approche ergonomique, qu'elle soit analytique et normative ou centrée sur une compréhension de l'activité grâce à des
observations et entretiens, définit des axes d'amélioration. Le rôle de l'organisation du travail est déterminant : plus rarement
monotones ou humiliantes, les situations de travail sont davantage marquées par l'irrégularité des horaires et l'accumulation des
contraintes de rythme - même si cette « intensi-fication » n'est pas toujours mal ressentie. Le jeu du marché ne suffit pas à garantir
des différences de rémunérations qui compense-raient la pénibilité du travail et inciteraient à y remédier, La mise en visibilité des
conditions de travail reste un instrument essentiel d'action pour leur transformation. an
éboueur manipule sans cesse des objets lourds et sales, ce
cadre a une tâche si lourde qu'il doit travailler le dimanche.
a modernisation technique, le poids cwissant des services, Mais quand on parle de conditions de travail, on se livre à
l'existence d'une réglementation abondante et de dispositifs une opération d'abstraction. On détache certains aspects du
de négociation dans les entreprises devraient aboutir à une travail de ce qui serait un travail « normal ». Les conditions de
amélioration régulière des conditions de travail. Or les
travail, c'est ce qui est perçu, selon les cas, comme n'étant
enquêtes statistiques françaises et européennes, et les études
pas inhérent au fait même de travailler, ou de travailler dans
de terrain, témoignent d'une évolution plus contrastée. Ainsi,
un métier déterminé. Le chantier du couvreur pourrait être
depuis le milieu des années 1980, le pourcentage de salariés
mieux protégé. La charge du cadre est particulièrement
qui déclarent porter des charges lourdes, travailler dans une
lourde. Toutes les infirmières ne travaillent pas de nuit. Tous
posture pénible ou voir leur rythme de travail fortement
les métiers n'ont
contraint s'est consi-dérablement accru.
Les conditions de travail en France sont médiocres par
rapport aux pays européens comparables. Dans notre pays,
ceci explique peut-être cela, le débat social sur la qualité de
vie au travail n'est pas des plus vivaces (Piotet, 1988).
Analyser les conditions de travail, au niveau national comme
à celui de l'entreprise, fait partie des actions pouvant
conduire à leur amélioration (Gollac et Volkoff, 2000).

1. Les « conditions de travail » : réalité et construction sociale


L'idée de conditions de travail renvoie à des réalités objectives.
Qu'on y soit attentif ou non, ce couvreur risque de tomber et de
se tuer, cette caissière fait le même geste du poignet plusieurs
dizaines de fois par minute, cette infirmière travaille de nuit, cet
aspect du travail à la survenue de pathologies articulaires elles-
mêmes « anormales », « invalidantes et inadmissibles chez de
pas une pénibilité comparable à celle du métier d'éboueur et jeunes femmes
n'exposent pas aux mêmes nuisances. Divers acteurs peuvent contribuer à faire des gestes répétitifs
une condition de travail. Si les caissières discutent entre elles,
1,1. L'objectivation des conditions de travail elles constateront que les troubles de santé dont elles souffrent
L'opération mentale qui constitue des éléments du travail en ne leur sont pas personnels. Les syndicats pourront intervenir,
conditions de travail est conditionnée par des processus sociaux. ainsi que les médecins du travail. Ils s'appuieront sur les travaux
En effet, savoir si un aspect du travail est normal ou pas n'a rien de spécialistes des maladies musculo-squelettiques, sur des
d'évident. Les mouvements répétitifs que doit faire la caissière enquêtes faites par des épidémiologistes. Des journalistes feront
peuvent apparaître comme une caractéristique banale voire connaître la question à l'opinion (favorisant ainsi la prise de
« inévitable » du travail de caissière. Tel est d'ailleurs l'avis de conscience par d'autres caissières d'un lien entre leurs
certaines caissières. Mais on peut aussi en faire des conditions de conditions de travail et leurs problèmes de santé). Au terme de
travail qui doivent être améliorées, en s'appuyant sur le fait que le ce processus d'objectivation, les représentants des partenaires
travail des caissières n'a pas toujours été ainsi, que les sociaux et les juristes de l'administration définiront les « mou-
mouvements répétitifs sont un « problème » aggravé par l'orga- vements répétitifs » et les pathologies associées et les inscriront
nisation des grandes surfaces, leur informatisation, l'usage des dans un tableau de maladies professionnelles.
lecteurs optiques de codes barres... ; ou encore en reliant cet La durée et l'efficacité de ces processus sont très variables.

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Cette gestion de la peur est courante dans le bâtiment, la chimie...
Mais la peur de ne pouvoir demeurer compétent, qui tend à se
L'idée même que les accidents du travail ont quelque chose
généraliser avec les nouvelles formes de travail, peut avoir des
d'anormal est relativement récente : pendant des siècles, ils ont
conséquences analogues.
fait partie du cours ordinaire du travail. Il a fallu ensuite des
décennies pour que la notion soit inscrite dans la loi. La
2. Evaluer les liens entre travail et santé
transformation actuelle du rapport à l'avenir, au corps, à la
Pour rendre visibles les effets des conditions de travail, il faut
souffrance physique et mentale, la généralisation des préoccu-
repérer, et si possible évaluer, des atteintes à la santé qui soient
pations pour l'environnement et pour une vie saine tendent à
imputables, au moins partiellement, au travail.
accélérer l'objectivation des conditions de travail. Totalement
Ces atteintes peuvent prendre la forme de maladies avérées et
ignoré il y a seulement quelques années, le « harcèlement moral
diagnostiquées. Mais l'OMS définit la santé non seulement
» devient un concept juridique. La mobilisation de cer-taines
comme une absence de maladie mais comme « un état
professions peut aussi conduire à l'objectivation brutale de leurs
conditions de travail. Ainsi, les conflits mena par les infirmières à
la fin des années 1980 ont fait reculer les idées de don de soi et
de dévouement sans limites : elles ont alors admis, par exemple,
qu'un malade qu'il faut manipuler s'apparente à une charge
lourde (comme le confirment les problèmes de santé qui en
découlent). De même les policiers ou les convoyeurs de fonds
jugent aujourd'hui nécessaire qu'on leur évite, autant qu'il est
possible, d'être exposés aux balles des braqueurs, ce qui,
naguère encore, « faisait partie du métier ».

1,2. Is obstacles à
L'objectivation des conditions de travail n'a donc rien d'auto-
matique. Elle n'est peut-être même pas irréversible car il y a
aussi des mécanismes sociaux qui jouent en sens inverse.
Les salariés manquent fréquemment d'information. Par
exemple ils sous-estiment massivement les effets à long terme
du travail de nuit, de certains efforts physiques... Les connais-
sances scientifiques sont d'ailleurs elles-mêmes insuffisantes et
sujettes à révision. Il peut arriver que des éléments importants
des conditions de travail, par exemple l'exposition à un toxique,
soient passés sous silence par l'employeur. Plus souvent, celui-
ci est de bonne foi et les ignore lui-même. Les organisations
actuelles, faisant largement appel à la sous-traitance et juxtapo-
sant plusieurs entreprises sur un même chantier, sont propices
à cette ignorance.
La vision que salariés ont de leur travail peut aussi occul-
ter certaines pénibilités ou certains risques par une véritable
« censure » psychique en partie inconsciente. Face à un risque
grave dont on ne peut se protéger, ressentir de la peur est inutile et
même néfaste car une peur excessive risque de dégénérer en
panique. Les collectifs confrontés à ce genre de situation ont
développé des stratégies de défenses (Dejours, 2000). On évite
d'évoquer le danger. On le défie et on le dénie par des prises de
risque volontaires. On parvient ainsi à en refouler la conscience.
partie des invalidités chez les retraités est due à la pénibilité de

complet de bien-être physique, psychique et social ». Or des leur vie profession-nelle (Cassou, 2001).
conditions de travail difficiles ou pénibles peuvent aussi se
2,1. La mortalité
traduire par la peur, la gêne, l'inconfort, l'irritation, les dou-
Il est difficile d'analyser les taux de mortalité dans une entre-
leurs, l'ennui, la détérioration de l'aspect physique,
prise pour y trouver des éléments d'appréciation sur la
l'apparition de déficiences même légères. A l'inverse, le
pénibilité du travail. La mortalité aux âges de la vie
travail peut contri-buer puissamment à la construction de la
professionnelle est faible : moins de 0,5 % vers 30-40 ans,
santé, s'il respecte l'intégrité physique et psychique et s'il
moins de I % dans la cinquantaine. En outre la population des
offre des possibilités d'accomplissement de soi.
salariés est « sélection-née » : les personnes atteintes de
Les liens entre santé et travail se présentent rarement sous
maladies graves sont souvent absentes du monde du travail ; à
la forme d'une relation simple de cause à effet. Une même
âge égal, c'est chez les inactifs que la mortalité est la plus forte.
contrainte de travail peut avoir plusieurs effets sur la santé : la
Mais pour une réflexion à plus long terme, la mortalité
pénibilité des postures entraîne à la fois une usure des
différentielle présente l'intérêt d'intégrer les relations multiples
articula-tions et une sollicitation de l'appareil cardio-
et différées entre travail et santé. Les écarts entre professions
respiratoire. En sens inverse, une dégradation de la santé peut
au sein d'une même catégorie sociale (donc à conditions de vie
avoir plusieurs causes, professionnelles ou non. Les troubles
comparables) proviennent en partie des conditions de travail.
du sommeil dépendent à la fois des horaires, de la pression
Ainsi s'expliquent, par exemple, les écarts entre la mortalité des
temporelle dans le travail, des conditions de trajet, de l'habitat,
outilleurs et celle des plombiers (au détriment de ces derniers),
de l'ali-mentation et de la vie familiale. A son tour, l'état de
ou entre les différents métiers de l'imprimerie de presse.
santé influe sur la façon de travailler : une baisse de l'acuité
visuelle entraîne un changement de position du corps pour
2.2. Les risqua de maladie
rapprocher l'œil de la tâche à effectuer. En outre, l'état de
Selon les épidémiologistes, on estime que chaque année appa-
santé joue un rôle dans l'affectation à tel ou tel poste.
raissent 5 000 à 10 000 cancers attribuables à des expositions
Les effets des conditions de travail sont souvent différés
aux toxiques en milieu professionnel (ce qui ne signifie pas que
dans le temps. Certaines expositions professionnelles (a-ux
ces cancers sunriennent pendant la vie de travail elle-même). Les
cancérogè-nes notamment) provoquent des pathologies qui
conditions dans lesquelles les substances incriminées consti-
apparaissent vingt ou trente ans plus tard, alors que
tuent réellement des facteurs de risque ne sont pas toujours
l'exposition a peut-être cessé depuis longtemps. De même, une
établies clairement. Leur liste évolue en fonction des connais-
sances scientifiques, les seuils de danger sont discutés, la

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mêmes, la hiérarchie, le corps médical, etc. En particulier, les
composition des produits utilisés dans le travail est souvent campagnes de mobilisation orientées vers l'objectif du « zéro
mal connue. Reste que selon une enquête conduite par les accident » peuvent à la fois renforcer les actions en sécurité
médecins du travail en 1994 (Héran-Leroy et Sandret, 1996), 9 % du travail et inciter à une moindre déclaration des accidents
des salariés étaient exposés à des cancérogènes : huiles les moins graves. Or, ce sont souvent ces accidents « bénins
minérales, poussières de bois, benzène, amiante, etc. Le cas de » — sans parler de ceux qui sont évités de peu — qui
l'amiante est révélateur des difficultés auxquelles se heurte la fournissent les informations les plus précieuses pour la
prise en charge sociale de ces risques. Le caractère pathogène prévention.
de cette substance est établi depuis plusieurs décennies au
Quant aux maladies professionnelles, leur définition elle-
plan interna-tional. Mais c est seulement quand ces dangers ont
même traduit un important travail juridique. La reconnaissance
été révélés au grand public qu'on a pris conscience de la
d'une maladie comme « professionnelle » dépend de son
présence massive d'amiante dans des isolants, des enduits, des
sols en plastique ou en fibrociment. appar-tenance à une liste limitative de « tableaux ». Chacun
En dehors des cancers, l'évaluation des maladies attribuables d'eux
au travail s'intéresse à plusieurs autres grandes catégories de
risques. Les agents biologiques sont susceptibles de causer des
infections, des allergies ou des intoxications (notamment dans
toute la filière agroalimentaire et dans les tâches de nettoyage).
Le bruit est à l'origine non seulement de pathologies auditives,
mais aussi de troubles digestifs ou d'hypertension artérielle. Les
manutentions lourdes causent des hernies discales, des sciati-
ques et des lumbagos. Les efforts répétitifs sont en cause dans
l'expansion récente et très rapide de tendinites et périarthrites
(les « T MS » : troubles musculo-squelettiques),
Nous ne faisons pas figurer ici les atteintes à la santé
mentale, parce que la souffrance psychique en lien avec le
travail prend rarement la forme d'une pathologie clairement et
précisément diagnostiquée
à l'exception peut-être du « burn-out », syn-
drome d'épuisement professionnel, constaté surtout dans les
services sanitaires et sociaux, et dû à une combinaison de grande
fatigue et d'insatisfaction sur les résultats du travail.

2,3. Des indicateurs usuels, mais fragiles : les accidents


du travail et les maladies professionnelles
Les chiffres d'accidents du travail et de maladies professionnel-
les sont examinés de près, et régulièrement, dans les entreprises.
Ils jouent le rôle d'indicateurs des conditions de travail. Rassem-
blés ensuite par la Caisse nationale d'assurance maladie des
travailleurs salariés, ils alimentent des statistiques nationales,
régionales ou par grandes branches (CNAM-TS, 1998). Utiles pour
connaître les dépenses occasionnées par les accidents et
maladies, ces résultats reflètent les erocédures et les pratiques de
déclaration ou de reconnaissance. A ce titre, leur portée pour la
connaissance des risques et pour la prévention est limitée.
Le fait qu'un accident soit déclaré ou non, et donne lieu à un
arrêt de travail plus ou moins long, dépend de la gravité de la
lésion, mais aussi des stratégies des acteurs . les salariés eux-
», longueur et espacement des repos, répartition des tâches aux
décrit une pathologie et les expositions susceptibles de la pro- diverses heures...) prend d'autant plus d'importance (Quéinnec et
voquer. Ces « tableaux » font l'objet de difficiles négociations alii, 1992).
entre les partenaires sociaux. La procédure de reconnaissance Il en va de même pour un autre « petit » trouble très
elle-même peut durer plusieurs années. De nombreux cas sont répandu : les douleurs articulaires, celles notamment qui
laissés en chemin parce que non déclarés, non reconnus ou non affec-tent les vertèbres lombaires, les épaules ou les genoux.
indemnisés. Dans une entreprise, même grande, il est rare que Leur fréquence est liée aux efforts physiques dans le travail, et
le nombre de maladies professionnelles puisse être utilisé l'inté-rêt d'une prévention dans ce domaine est bien connu. On
comme un indicateur précis sur les risques du travail. sait moins que des paramètres relevant de l'organisation du
travail jouent ici un rôle important. Dans les enquêtes en santé
au travail, le fait de déclarer « ne pas avoir les moyens (en
2,4, Is
« petits » troubles temps, informations ou matériel) pour réaliser un travail de
De nombreux troubles, sans constituer en soi un grave pro- bonne qualité » est très fortement lié à l'apparition des
blème de santé, peuvent devenir difficiles à supporter et entraî- lombalgies. L'observation des situations de travail (voir ci-
ner des difficultés dans le travail. Ils débouchent parfois sur une après) permet de comprendre ce résultat : un fort déséquilibre
fragilisation de la santé. Ils sont statistiquement liés à une pro- entre les objec-tifs de travail et les moyens pour le réaliser ne
babilité plus forte de perte d'emploi dans les années qui suivent permet pas au salarié d'adopter des stratégies de travail qui
(Saurel-Cubizolles et alii, 2001). Or les liens entre ces « petits » ménagent son organisme.
troubles et les conditions de travail sont très forts (Derriennic et
alii, 1996). 2,5, La construction de la santé
Ainsi, les troubles du sommeil (notamment le plus répandu La contribution du travail à la construction de la santé repose
d'entre eux : s'éveiller trop tôt et ne pas réussir à se rendormir) ont essentiellement sur les formes de mobilisation de la personna-
beaucoup à voir avec les modalités d'horaires. Les horaires lité. La psychodynamique du travail (Dejours, 2000) analyse en
décalés, et surtout le travail de nuit, s'accompagnent de troubles particulier les processus de mise en œuvre de l'intelligence et
plus fréquents et durables : tous les anciens travailleurs postés ne de la créativité dans le travail. Si ces processus ne sont pas
récupèrent pas une bonne qualité de sommeil en revenant à des trop contrariés par les conditions et l'organisation du travail,
horaires diurnes et réguilers. On comprend donc l'intérêt d'une ils permettent à chacun de transformer sa propre situation,
bonne maîtrise sociale du volume global d'horaires décalés. Et assu-rant ainsi l'efficience de ses actions et l'apport du travail
quand il est difficile d'agir sur ce volume lui-même, la réflexion sur à l'accomplissement de soi.
l'organisation de ces horaires (fréquence et durée des « brigades

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aspects. Les personnes qui se prêtent à ces études appartiennent
souvent à des collectivités nombreuses et peu coÛteuses à ras-
Mais cette mobilisation créatrice implique une dynamique sembler (étudiants, militaires du contingent).
collective. L'engagement de chacun trouve sa contrepartie dans Ces analyses, abondantes et précises, débouchent sur de
la « reconnaissance », manifestée notamment par les pairs, les nombreuses applications : recommandations sur des dimen-
collègues de travail : le travail est jugé utile, il a été réalisé dans sionnements, sur la présentation des informations, normes à
les règles du métier, en même temps il porte la marque singu- respecter pour éviter les inconforts voire la dégradation de la
lière de celui ou celle qui l'a effectué. Une visibilité suffisante du santé. Ces normes, reprises dans des réglementations nationales
travail de chacun est pour cela nécessaire. Le problème est de ou internationales, permettent d'éviter certaines erreurs graves
savoir si cette visibilité comporte ou non un risque, celui de dans la conception des outils et des équipements.
dévoiler ses savoir-faire ou d'avouer que l'on transgresse certai- Mais, en simplifiant l'analyse et en créant des dispositifs
nes consignes. C'est pourquoi des conditions de travail unique-
d'étude artificiels, on court le risque de négliger des aspects
ment « pensées d'en haut », quelles que soient les compétences
des concepteurs, offrent peu d'espace à cette construction indi-
viduelle et collective de la santé. Elles ne favorisent pas l'élabo-
ration de relations confiantes entre collègues, le façonnage en
commun de règles de métier, l'expression de l'originalité de
chacun (Clot, 1999).

3. L'ergonomie et l'observation des situations de travail


La dégradation de la santé ou l'épanouissement dépendent, on
l'a vu, d'aspects multiples du travail. Les connaissances utiles
pour agir relèvent de nombreuses disciplines, parmi lesquelles
la toxicologie, la physiologie de l'effort, l'épidémiologie, la
méde-cine, la psychologie, ainsi que des approches plus
globales dans le champ de la sociologie ou de l'économie.
Nous privilégierons dans ce paragraphe l'apport des analyses
ergonomiques, pour lesquelles les conditions de travail
constituent un objet d'inter-vention essentiel. Pour simplifier
cette présentation, nous dis-tinguerons deux grands courants
(de Montmollin, 1997). Le premier (plutôt développé dans
l'ergonomie anglo-saxonne) s'attache à « décomposer » les
conditions de travail. Le second (porté davantage par
l'ergonomie des pays francophones) accorde une large place à
l'analyse de l'activité dans son ensemble.

3,1. Les « Human Factors »


La revue américaine Human Factors et de nombreux
chercheurs et praticiens en ergonomie qui se réclament de ce
courant, adoptent une approche analytique détaillée des «
composants » d'une situation de travail : postures,
mouvements, informations visuelles ou auditives, outils,
dialogues homme-machine, fac-teurs environnementaux, etc.
Les effets de chaque composant sur la santé et les performan-
ces sont étudiés un à un, de préférence en laboratoire, dans des
situations expérimentales où l'on reproduit une caractéristique
du travail, et où on la fait varier en « contrôlant » les autres
vus surviennent — et ils surviennent beaucoup plus fréquem-
ment que les concepteurs, en général, ne l'ont imaginé. L'ergo-
importants de l'activité concrète. C'est d'ailleurs ce même nomie propose d'analyser cette activité,
dilemme — l'apport et les pièges du découpage et de la catégo- au
risation — que l'on rencontre avec les barèmes de cotation des moyen
contraintes de travail utilisés dans certaines entreprises, même d'observations attentives et en recueillant les commentaires
si ces cotations sont très utiles quand on les élabore avec soin des opérateurs sur les résultats de ces observations (ce qui
(Falluel et Sailly, 1995). suppose qu'une relation de confiance s'établisse, donc que les
objectifs de l'analyse soient explicites pour chacun). L'analyse
3,2. L'analyse de l'activité de l'activité permet de prendre en compte la variabilité des
Mettre un capot sur une machine bruyante paraît un progrès en soi. événements dans le déroulement de l'activité, et les régulations
Mais si cet aménagement prive le travailleur d'informations que l'opérateur ne cesse de mettre en œuvre pour préserver à la
auditives importantes, si celui-ci doit sans cesse soulever le capot fois sa santé et son efficacité.
pour assurer correctement la production, le bénéfice est maigre.
Un télémanipulateur supprime la manutention manuelle d'un 4. L'organisation du travail est déterminante
objet lourd : a priori, c'est une amélioration. Mais si l'utilisation de Quand on évoque l'amélioration des conditions de travail, on
ce robot ralentit l'action, désorganise l'ordre des opérations ou pense souvent aux dispositifs matériels. Au cours des dernières
demande un soin particulier pour ne pas abîmer l'objet transporté, années, des efforts importants ont été faits en matière de
cette aide sera laissée de côté, ou compliquera le travail. Un conception des locaux, des postes de travail ou des machines.
nouveau logiciel soulage une secré-taire de certaines sollicitations Pourtant, les conditions de travail perçues par les salariés se
inutiles de la mémoire. Elle peut s'en trouver satisfaite, sauf si le sont dégradées, et cette dégradation ne paraît pas pouvoir être
logiciel, faute que soient prévues les incessantes interruptions expli-quée uniquement par une différence de perception. Le rôle
dans l'activité de secrétariat, ne permet pas ensuite de retrouver de l'organisation du travail est déterminant.
facilement « où l'on en était ». Ces exemples (relevés au cours
Le contact avec les clients peut être vécu comme une relation
d'interventions dans des entreprises) et de nombreux autres
sociale agréable ou comme une source de tension insupportable.
montrent la nécessité d'une compréhension globale de l'activité de
L'employé peut-il adapter la relation aux caractéristiques du
travail (Guérin et alii, 1997). L'opérateur (c'est le terme qu'utilisent
les ergono-mes) ne cesse de recueillir des informations en
client et à sa propre personnalité ou doit-il respecter une pro-
observant et cédure d'accueil standardisée et rigide ? Est-il évalué en fonction
écoutant ; il raisonne ; il ordonne ses tâches et les prépare ; il de la qualité des informations fournies ou en fonction du flux de
modifie en temps réel leur exécution si des événements impré- clients débité ? A-t-il un pouvoir de négociation vis-à-vis de

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Les horaires de travail sont devenus plus irréguliers, plus
dépendants des besoins des entreprises (Bué et Rougerie,
la production ? Ces variables détermineront la qualité de ses 1999). Le travail de nuit, le travail du dimanche ont progressé.
conditions de travail. Dans un atelier fonctionnant en juste-à- Cette évolution, assez lente, a sans doute été accélérée par le
temps, le montage peut devenir très compliqué si certaines passage aux 35 heures. Le travail de nuit est une agression
pièces arrivent en retard (même de très peu) et qu'on tient à pour l'organisme et le psychisme ; mais sa nocivité dépend
fonctionner en zéro stock. Un chauffeur conduisant un camion beaucoup de ses modalités d'application et des autres
moderne et confortable sera néanmoins confronté à des péni- caractéristiques du travail. Les horaires atypiques perturbent
bilités physiques importantes si les bouleversements constants la vie sociale, la vie culturelle et surtout la vie familiale (en
de son planning de livraison l'obligent à réaménager sans cesse revanche la réduction du temps de travail a profité à celle-ci).
le chargement de son véhicule, et à le faire tout seul parce que L'imprévisibilité des horai-res est particulièrement pénalisante
les salariés des entreprises clientes sont occupés à d'autres car elle pèse sur l'utilisation du temps non travaillé. Elle est
tâches quand il arrive. On pourrait multiplier ces exemples. devenue un mode de gestion des irrégularités de la demande
dans les hypermarchés. Les varia-
4.1. Les transformations des organisations :
autonomie et flexibilité
L'organisation du travail s'est profondément transformée depuis
les années 1980 (Actes de h recherche en sciences sociales,
1996 ; Kergoat et alii, 1998 ; Boltanski et Chiapello, 1999 ;
Paugam, 2000). Certains changements représentent en eux-
mêmes une amélioration des conditions de travail. Le travail
entièrement prescrit et répétitif entraîne une dégradation des
capacités cognitives, voire des atteintes de la perSònnalité. Le
nombre des travailleurs astreints à respecter des procédures
rigides a diminué : le travail est devenu moins monotone, moins
humi-liant aussi. La rupture avec les aspects les plus négatifs
du taylorisme et du fordisme n'est cependant pas générale.
Dans l'agro-alimentaire, le travail à la chaîne s'est répandu. Dans
les hypermarchés, les centres d'appels, c'est une partie du
travail de service qui a été taylorisée. La tendance dominante
est cepen-dant inverse.
D'autres évolutions sont beaucoup moins favorables. C'est le
cas de la diffusion des emplois « atypiques ». Les titulaires de
contrats à durée déterminée et les intérimaires ont, à profession
égale, un travail plus pénible. Ils sont exposés à plus de nuisan-
ces. Ils courent plus de risques d'accidents. Leur rythme de
travail est plus contraint. Pour une part, les conditions de travail
des « précaires » sont plus mauvaises parce qu'on leur donne les
plus mauvais postes. Mais la précarité est aussi, en elle-même,
une cause de dégradation des conditions de travail. Les salariés
temporaires sont moins bien informés des diffcultés et des
dangers. Leur réseau d'entraide est plus restreint. Ils n'ont pas le
temps de trouver la manière de travailler qui leur convient le
mieux. Ils peuvent encore moins contribuer à l'élaboration de
stratégies de travail collectives. Pour des raisons analogues, le
recours excessif à la sous-traitance crée les mêmes problèmes.
créatrice. L'intensification annule donc une grande part des
bienfaits de l'autonomie procédurale. Toutes choses égales par
tions inopinées des horaires des routiers sont une conséquence ailleurs, les salariés soumis à un travail très intense déclarent
fréquente du mauvais ajustement des rythmes de production entre davantage de pénibilités, en parti-culier psychologiques.
clients et fournisseurs. Pour travailler efficacement sans mettre en péril sa santé, il
faut pouvoir organiser ses gestes, ses réflexions et ses
4,2. du travail décisions. Il faut pouvoir réaliser une partie de son travail de
Une autre évolution préoccupante est l'intensification du travail façon presque automatique « sans y penser », anticiper au
(Bué et alii, 1999 ; Gollac et Volkoff, 2001). Le rythme de travail des contraire d'autres actions et les préparer soigneusement.
salariés est de plus en plus soumis à des contraintes diverses : L'accumulation de contraintes de temps en partie imprévisibles
cadence des machines, normes de production, travail des et pas toujours compatibles entre elles contrarie ces stratégies.
collègues, demandes des clients... Les organisations inno-vantes Par exemple, on s'est organisé pour respecter les normes, mais
sont complexes car elles cherchent à combiner la régula-rité des la demande a changé, en quantité ou en qualité. Ou une
organisations industrielles ou bureaucratiques tradition-nelles et la nouvelle demande imposerait un temps d'apprentissage, mais
flexibilité des organisations tournées vers le marché. Cette le camion du client attend dans la cour, Le temps consacré aux
complexité n'est pas toujours maîtrisée. Souvent elle se traduit, apprentissages, aux expériences, aux réflexions, aux choix
pour le travailleur, par le cumul des contraintes propres passe souvent pour improductif. Il tend à être sacrifié et le
à chacune des formes d'organisation élémentaires. Une mau-vaise temps visiblement pro-ductif risque d'envahir tout le temps de
organisation perturbe aussi le travail quand des tâches réputées travail. Une telle évolu-tion est en fait contradictoire avec
plus urgentes obligent sans cesse à interrompre celle dans l'intellectualisation croissante du travail.
laquelle on est engagé, Néanmoins, l'intensité du travail n'est pas toujours mal res-
L'intensification du travail n'a pas seulement pour effet de faire sentie. Face à une forte pression dans son travail, on peut
réaliser plus souvent la même opération physique ou mentale. essayer de faire face, s'impliquer fortement, tirer des satisfac-
Elle crée un stress spécifique auquel l'organisme réagit par une tions du défi relevé. Une telle réussite exige de disposer de
rigidité, source de douleurs et peut-être de patho-logies. Elle ressources : compétences personnelles, capacité à peser sur
oblige aussi à travailler autrement, Sous forte contrainte de les décisions concernant le travail, entraide et soutien moral.
temps, le travailleur doit opérer de la façon la plus rapide, qui Des exigences élevées combinées avec des ressources élevées
n'est pas forcément celle qui lui convient le mieux. Son attention condui-sent à un développement personnel au travail et hors du
est concentrée sur ce qui est urgent, aux dépens de son activité
travail (Karasek et Theorell, 1990).

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théorie des différences compensatoires, mais beaucoup ont conclu
qu'elle était fausse. Les études dis-posant de meilleures données
Toutefois, les exigences sont si fortes aujourd'hui que l'équi- ont conduit à un résultat plus nuancé : certaines conditions de
libre risque de n'être que temporaire, surtout dans le cas de travail sont compensées mais
travailleurs peu ou moyennement qualifiés, dont les ressources pas toutes (Baudelot et Gollac, 1993).
sont modestes. On ne peut pas être toujours au mieux de sa Au cours d'une carrière, une dégradation des conditions de
forme. Les travailleurs obligés de côtoyer sans cesse leurs travail ne paraît entraîner une hausse du salaire que dans le
propres limites sont exposés à craquer sous l'effet de l'usure ou cas de risques très graves où la vie du salarié est en danger. A
d'une surcharge due à un changement dans leur vie profes- un moment donné, les pénibilités ou les risques qui sont bien
sionnelle ou personnelle. Or, les formes modernes d'organisa- objectivés, faciles à observer, font en général l'objet d'une
tion n'offrent pas de position de retrait. De plus, elles exigent une compensation salariale. C'est le cas par exemple du travail
forte mobilisation psychologique de la part des salariés : un posté, du travail de nuit. C'est le cas aussi de certains risques
indice en est la généralisation du sentiment de responsabilité
quant aux coûts, à la qualité... « Craquer » expose donc à la fois à
un risque de perte d'emploi et à de graves souffrances morales.

5, L'analyse des conditions de travail,


préalable au jeu du marché
Le simple jeu du marché ne va-t-il pas pousser les entreprises à
améliorer les conditions de travail ? Au XVIIIe siècle déjà, Can-
tillon puis Adam Smith avaient jeté les bases de la théorie des
différences compensatoires », reprise depuis par la plupart des
économistes se réclamant du paradigme néoclassique standard :
les salariés n'acceptent de mauvaises conditions de travail qu'en
échange d'un salaire plus élevé ; au contraire, ils acceptent des
rémunérations plus faibles s'ils trouvent leur travail
particuliè-rement agréable ou intéressant.
Selon cette théorie, les entreprises ont donc intérêt à amélio-
rer les conditions de travail, tant que le coût de cette améliora-
tion n'excède pas l'économie qu'elle permet sur les salaires. Le
marché ne conduira pas toujours à l'amélioration des conditions
de travail : quand celle-ci sera très coÛteuse, ou quand les
travailleurs seront peu exigeants, les entreprises auront intérêt
à ne rien changer. Mais le jeu du marché devrait, en principe,
être de nature à éviter les excès.

5,1. « Differences compensatoires


De nombreux chercheurs ont confronté la théorie des différen-ces
compensatoires aux obsewations. Ils ont utilisé des techni-ques
économétriques pour isoler les conditions de travail des autres
déterminants du salaire (la formation, l'expérience, le sexe...). Ils
n'ont pas toujours disposé d'échantillons statistiques nombreux, ni
de données détaillées sur les conditions de travail. D'autre part,
comment être sûr qu'on connaît tous les éléments qui, en dehors
de celles-ci, contribuent à déterminer le salaire ? Il n'est donc pas
surprenant que les résultats soient contra-dictoires d'une étude à
l'autre. Certains auteurs ont obtenu des résultats conformes à la
L'absence de compensation des pénibilités et des risques est
en effet une source importante d'insatisfaction. La conception
que l'entreprise ne peut ignorer et a même tout intérêt à du juste salaire est variable d'une personne à l'autre. Toutefois
connaître, comme le risque d'explosion qui peut concerner tout une étude statistique récente montre qu'en moyenne, les
un établissement. En revanche, les astreintes difficiles à salariés ont une conception de l'équité qui ne correspond pas à
évaluer précisément, comme les postures pénibles, ne donnent la hiérarchie des salaires observés (Godechot et Gurgand,
droit à aucun bonus salarial. Il en est de même de la plupart 2000). Ils attribueraient moins de valeur (monétaire) à une haute
des risques encourus individuellement par les salariés. qua-lification, mais souhaiteraient des bonus plus substantiels
pour compenser les mauvaises conditions de travail.
5,2, ou marché segmenté Le marché est donc loin d'égaliser les plaisirs et les peines. Il
De tels résultats peuvent s'intégrer dans une autre théorie du lien gule seulement certaines astreintes, comme le travail posté ou
entre conditions de travail et salaire : celle de la segmenta-tion, les risques extrêmes. Pour le reste, tout dépend de la place des
esquissée au XIXe siècle par John Stuart Mill. Selon celle-ci, au conditions de travail dans la gestion de l'entreprise.
sein d'un groupe de qualification donné, les salariés de certains
secteurs ou de certaines professions ont à la fois de bonnes Conclusion
conditions de travail, des emplois stables et des salaires L'analyse des conditions de travail n'est pas un exercice
relativement élevés, tandis que les autres cumulent bas salaires, abstrait. Elle s'inscrit dans une perspective de transformation :
emplois instables et mauvaises conditions de travail. Dans le favoriser la préservation et la construction de la santé ;
premier cas, des collectifs de travail s'établissent, les syndicats maintenir ou améliorer l'efficacité de l'entreprise ; influer sur la
ont une certaine force, la négociation sociale existe à divers culture de celle-ci, sa vision du travail, ses outils d'évaluation.
niveaux : ces conditions sont favorables à la prise de conscience En cas de danger grave et imminent ou face à des
des conditions de travail et à leur mesure. En retour, l'évalua-tion nuisances importantes et manifestes, il n'est pas nécessaire
des conditions de travail donne une base à leur compensa-tion,
d'attendre les résultats de longues analyses pour décider
ce qui incite la main-d'œuvre à la stabilité. Dans le second cas, au
d'une politique de prévention. Un travail d'étude peut
contraire, il se forme un cercle vicieux. L'instabilité des salariés,
cependant être mené en parallèle avec des actions
la faiblesse ou l'inexistence des syndicats et du dialogue social
d'amélioration, pour étayer et ajuster celles-ci.
ne permettent pas de rendre visibles les conditions de travail.
L'analyse des conditions de travail remédie d'abord à un
Elles ne sont donc pas compensées et les travailleurs,
manque de visibilité de celles-ci. Elle vérifie, ou permet de
mécontents, quittent d'eux-mêmes leur emploi quand ils le
contester, l'idée d'une amélioration « naturelle » liée au
peuvent, ce qui accroît l'instabilité.

L'analyse des conditions de travail 189


progrès technique ou à l'assouplissement de l'organisation. Elle acteurs concernés (responsables d'entreprises, salariés et
précise les domaines dans lesquels des actions peuvent se mener repré-sentants du personnel...), sans estomper les différences
à plus ou moins long terme, en évitant à la fois les solutions de points de vue. A ce titre, elle mériterait sans doute
hâtives et l'inertie face à des contraintes supposées incontourna-bles d'occuper une place plus conséquente dans le pilotage des
(« c'est le métier qui veut cela »). Elle ouvre des perspectives de systèmes de production.
transformation, et propose ainsi des bases de travail aux

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