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Marquié, J. C. (2016). Le travail de nuit : conséquences sur le sommeil et les


performances. Les Cahiers de l’Actif, 482, 27-42.

Article · January 2016

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Jean-Claude Marquie
University of Toulouse II Jean Jaurès,
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Marquié, J. C. (2016). Le travail de nuit : conséquences sur le sommeil et les performances. Les Cahiers de l’Actif, 482, 27-42.

1
Le travail de nuit : conséquences sur le sommeil et les
performances.

Jean-Claude Marquié,
Cognition, Langues, Langage, et Ergonomie
CLLE-LTC, CNRS, UMR 5263, MDR, Université Toulouse Jean Jaurès,
5 allée A. Machado, F-31058 - Toulouse Cedex 9, France
Courriel : marquie@univ-tlse2.fr

1. Les conséquences du travail de nuit : des connaissances encore incomplètes

Une part croissante de la population active est concernée par les horaires atypiques de
travail. En France, des données provenant de l’enquête SUMER (Surveillance médicale des
expositions aux risques professionnels ; DARES Analyses, 2012) montrent en effet que le
travail posté ne ralentit pas, avec par exemple dans le secteur privé 14,3% des travailleurs
concernés contre 12% en 20031. Ce phénomène est universel. Une étude portant sur une
population de travailleurs, hors régime agricole, âgés de 25 à 64 ans dans douze pays
européens, a montré que la prévalence des horaires atypiques de travail, incluant le travail du
soir, de nuit ou en postes alternants, varie de 14,5% au Luxembourg à 29,4% au Royaume-
Uni (Presser, Parashar, & Gornick, 2008). De même, environ un cinquième des travailleurs
aux États-Unis travaillent la plupart du temps le soir, la nuit, ou selon un horaire alternant ou
très variable. Ils sont bien davantage encore à travailler parfois, mais pas la majorité du temps,
le soir ou la nuit (Presser, 2003). Le travail de nuit, à lui seul, concerne 7,4% de salariés dans
l’Union Européenne (UE) des 27, contre 7% en 2001 dans l’UE à 152. Les résultats de la toute
dernière enquête européenne sur les conditions de travail (sixième enquête, Eurofound, 2015)
confirment ces tendances en montrant que 19% des travailleurs pratiquent, au moins
occasionnellement, du travail de nuit.

Le travail de nuit peut prendre des formes diverses. Il peut être permanent (nuits fixes), en
alternance avec d’autres horaires comme dans le travail en 3 x 8, ou occasionnel. Il peut être
total, c’est à dire couvrant la totalité de la période allant de 21h à 6h, ou partiel avec un
empiètement plus ou moins important sur la période de sommeil nocturne.3 Le travail de nuit
est associé à des perturbations dans les sphères biologique, psychologique et sociale de
l’individu, lesquelles peuvent avoir tout un ensemble de répercussions dans les domaines de la
santé, de la performance et de la sécurité. Si un certain nombre de ces répercussions, à court et
à long terme, sont d’ores et déjà clairement établies, beaucoup d’autres restent encore en
débat et font l’objet d’efforts importants de recherche, tant la complexité du phénomène est
grande.

1
Enquête réalisée en 2009-2010 auprès de 48 000 salariés. La statistique rapportée ici concerne uniquement un sous-
échantillon représentatif de 17 millions de salariés du secteur privé.
2
Eurostat, Labor Force Survey series, février 2012.
3
Dans cet article nous utilisons le terme de travail posté ou de travail de nuit, sachant que le travail en horaires
alternants, dont les formes les plus répandues sont le travail en 2x8 et en 3x8, inclut aussi le plus souvent du travail de
nuit, partiel ou total.
Marquié, J. C. (2016). Le travail de nuit : conséquences sur le sommeil et les performances. Les Cahiers de l’Actif, 482, 27-42.

2
Figure 1. Modèle conceptuel des différents problèmes associés au travail posté (d’après
Tucker & Folkard, 2012)

Caractéristiques
des horaires de
travail

Différences individuelles,
organisationnelles et situationnelles

Perturbation Sommeil
Vie familiale
de l’horloge raccourci et
et sociale
biologique perturbé

Exigences et Effets aigus sur


charge de travail l’humeur et la
performance

Stratégies d’adaptation

Effets chroniques sur la


santé mentale et la
performance

Santé et
sécurité
Marquié, J. C. (2016). Le travail de nuit : conséquences sur le sommeil et les performances. Les Cahiers de l’Actif, 482, 27-42.

Pour bien comprendre la complexité des liens entre les horaires de travail et la santé, les
performances et la sécurité il suffit de considérer les différents facteurs et mécanismes qui
sont en jeu dans cette relation, tels qu’ils sont décrits dans le modèle de Tucker et Folkard
(2012) (Figure 1). Un des principaux mérites de ce modèle est d’attirer l’attention sur la
manière dont les différents facteurs interagissent entre eux. Déjà, à lui seul, le premier niveau
(caractéristiques des horaires de travail) recèle une grande diversité de cas de figures dont on
se rend bien compte lorsqu’on combine de différentes manières les divers paramètres qui
régissent l’organisation temporelle du travail posté ou de nuit (voir Encadré 1). Les
conséquences des horaires de travail se manifestent dans les rythmes biologiques de
l’individu, dans la durée et la qualité de son sommeil, et dans sa vie familiale et sociale.
L’ampleur de ces conséquences est dépendante elle-même de facteurs individuels,
organisationnels et situationnels (ex., âge, genre, chronotype de la personne, temps de trajets
domicile-travail). Les perturbations des rythmes biologiques, du sommeil, et de la vie
familiale et sociale ont des répercussions aigues sur l’humeur et les performances. Il est
important de noter que ces répercussions exacerbent en retour les perturbations des rythmes
biologiques, du sommeil et de la vie familiale et sociale. Les effets aigus sur l’humeur et les
performances peuvent déboucher sur des effets chroniques sur la santé mentale et la
performance. Ici encore, les modes de « coping », c’est à dire la manière de faire face à ces
problèmes, les stratégies d’adaptation adoptées par les individus, peuvent atténuer ou
amplifier ces effets indésirables. À nouveau, on peut assister à des rétroactions des effets
chroniques sur l’humeur et la performance, venant exacerber les effets aigus déjà présents.
Enfin, la santé et la sécurité sont influencées à la fois par les effets aigus sur l’humeur et la
performance, et par les effets chroniques sur la santé mentale et la performance.

Beaucoup des effets sur la santé, en particulier à long terme, restent à préciser et les
recherches dans ce domaine se heurtent à des difficultés méthodologiques. Une de ces
difficultés est de séparer les influences liées au travail et celles non liées au travail. Une autre
tient au fait que certains effets surviennent parfois très tard dans la vie adulte, ou bien ne
peuvent pas être observés avec les méthodes actuelles d’investigation et, par conséquent, ne se
manifestent que lorsqu’ils atteignent des proportions importantes. D’autres complications
d’ordre théorique et méthodologique sont liées (i) à l’objet « santé » lui-même : s’intéresse-t-
on à la pathologie avérée ou bien aux troubles de santé moins sévères mais nombreux ou
fréquents et qui altèrent néanmoins la qualité de la vie, (ii) aux phénomènes de sélection tels
que « l’effet du travailleur sain »4 ; (iii) à l'interaction entre les changements historiques
survenus dans le monde du travail et les changements individuels, et (iv) aux compensations
comportementales qui peuvent masquer des déficiences de santé ou détourner les troubles
vers d'autres fonctions ou parties du corps.

4
Possible biais d’interprétation lié à la survivance dans les emplois étudiés des travailleurs les plus robustes, alors que
les travailleurs dont la santé est plus fragile et dégradée ont quitté ces emplois antérieurement, et ne sont donc plus
représentés dans les échantillons étudiés.
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Encadré 1

Différents paramètres de l’organisation du travail posté

- Heure de début et durée des postes,


- Heures de début des périodes hors-travail consécutives aux postes,
- Fréquence et durée des pauses,
- Durée des périodes hors-travail consécutives aux postes,
- Nombre de postes successifs d’un même type,
- Séquence de durée des postes,
- Nombre de jours de travail successifs,
- Heure de début d’une période de jours de repos,
- Nombre de jours de repos successifs,
- Fréquence et durée de périodes plus longues de repos (ex., congé annuel),
- Autres: Régularité/irrégularité des horaires postés ; possibilité de choix ou d’échange
des horaires ; fréquence et étendue des heures supplémentaires imprévues ; …

Les études épidémiologiques permettent de dégager un consensus sur quelques grandes


conséquences sur la santé. Il s’agit principalement des affections du tube digestif (ulcères),
des maladies cardiovasculaires, des dysfonctionnements métaboliques, du cancer du sein, des
difficultés de reproduction, et plus généralement d’une aggravation des troubles médicaux
existants (Knutsson, 2003). Des effets aigus pendant les postes de nuit et les jours suivants ont
aussi été observés sur la sécurité et les performances (Folkard & Tucker, 2003), reflétant
probablement des effets sur la vigilance et l'efficience cognitive (Ansiau, Wild, Niezborala, et
al., 2007 ; Folkard, 1996 ; Meijman, van der Meer, & van Dormolen, 1993 ; Vidacek,
Kaliterna, Radosevitc-Vidacek, et al., 1986). Les effets à plus long terme sont dans ce
domaine beaucoup moins connus, mais commencent à faire l’objet d’études plus
systématiques (Cho, 2001 ; Marquié, Tucker, Folkard, Gentil, & Ansiau, 2015 ; Rouch, Wild,
Ansiau, & Marquié, 2005).

Nous présentons ci-dessous quelques éléments de connaissance concernant les


conséquences du travail posté sur le sommeil et sur les performances. Nous les illustrerons par
des résultats obtenus dans le cadre du programme VISAT (vieillissement, santé, travail) que
nous conduisons depuis 20 ans avec l’aide de la médecine du travail. Les données recueillies
dans le cadre de ce programme ont été obtenues au cours des examens de santé annuels
effectués par les médecins du travail et leurs assistant-e-s dans trois régions du sud de la
France (Midi-Pyrénées, Aquitaine, Languedoc-Roussillon). Il est important de signaler que le
secteur hospitalier a été un contributeur important de données à cette étude. Ces données
concernent 3237 salariés actifs et retraités de tous secteurs qui étaient âgés de 32, 42, 52 ou 62
ans au moment de la première collecte de données en 1996. Deux autres phases de collecte de
données ont suivi en 2001 et 2006. D’autres formes de recueil se poursuivent, permettant des
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analyses centrées sur les liens entre conditions de travail et la mortalité. Un grand nombre
d’informations ont été recueillies sur les conditions de travail actuelles et passées, la santé
(mesures subjectives collectées via un questionnaire, et mesures objectives recueillies lors de
l'examen médical), la vie hors travail, le sommeil, et le fonctionnement cognitif. Le lecteur
pourra trouver plus de détails sur la méthodologie de cette étude dans Marquié, Jansou,
Baracat, Martinaud, Gonon, Niezborala, et al. (2002), et dans les articles originaux dont les
résultats évoqués ici sont tirés, et qui sont mentionnés dans le texte.

2. Conséquences sur le sommeil.

Les perturbations du sommeil représentent un des effets du travail de nuit que les
travailleurs perçoivent immédiatement dans leur vie quotidienne, et souvent péniblement. Ces
perturbations ont été observées dans de nombreuses études et dans une grande variété de
métiers et de secteurs de production et de services. Le temps total de sommeil, qu’il soit
évalué par la méthode du questionnaire, de l’agenda de sommeil, ou bien par
polysomnographie ou actimétrie, est significativement raccourci chez les travailleurs de nuit.
L’amputation est d’une à deux heures par 24h, parfois davantage, ce qui aboutit avec le temps
à une dette chronique de sommeil (ex., Akërstedt & Wright, 2009). La somnolence pendant la
période d’éveil est souvent une conséquence de cette dette de sommeil. Les études mettent
aussi en évidence certains troubles du sommeil plus fréquents chez les travailleurs de nuit,
notamment les difficultés d’endormissement et le réveil précoce (ex., Marquié & Foret, 1999).

Si les effets à court terme du travail posté sur le sommeil ont été assez largement
documentés, on ne sait presque rien, par contre, sur ses effets chroniques. Est-ce qu’à côté des
autres effets connus ou soupçonnés sur la santé, la désynchronisation des rythmes circadiens
qui accompagne la pratique du travail de nuit pendant de nombreuses années affecte
durablement, voire de manière irréversible, la qualité du sommeil ?

Il a été souvent observé que les anciens travailleurs de nuit présentaient des plaintes du
sommeil assez proches de celles des travailleurs actuellement concernés par ce type d’horaire.
Une des questions largement restée sans réponse jusqu’ici est de savoir si et dans quelle
mesure ces difficultés du sommeil des anciens travailleurs de nuit sont la manifestation d’un
sommeil initialement plus fragile, ou le résultat d’une altération causée par le travail de nuit. Il
faut aussi chercher à évaluer le rôle des mécanismes de sélection en examinant par exemple si
ces mécanismes peuvent expliquer l’absence de relation observée entre la durée d’exposition
au travail de nuit et la qualité du sommeil.

Nos travaux sur ce sujet (Tucker, Folkard, Ansiau, Marquié, 2011) ont montré que ceux
qui avaient quitté le travail de nuit assez tardivement dans leur vie de travail (au début de la
cinquantaine ou plus tard) connaissaient une amélioration ultérieure de la qualité du sommeil
à la différence de ceux qui avaient quitté le travail de nuit plus tôt (avant la cinquantaine). Ces
derniers avaient continué à rapporter un mauvais sommeil après leur retour en horaires
normaux. Leur sommeil était de moins bonne qualité que celui de leurs homologues qui
n'avaient jamais travaillé en poste (en dépit du fait qu’aucun des deux groupes n’était en
travail posté au moment de l’étude). En outre, ces anciens travailleurs postés qui étaient assez
rapidement retournés en horaire normal faisaient état du même niveau de difficultés de
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sommeil que leurs homologues actuels postés, lesquels devraient logiquement présenter des
difficultés de sommeil plus grandes du fait de leurs horaires de travail décalés.

Pourquoi ceux qui ont quitté le travail posté tôt dans la vie de travail continuent-ils à
éprouver des problèmes de sommeil à la différence de ceux qui retournent en horaire normal
après 50 ans ? Il se peut que ceux sortis précocement du travail posté aient continué à
éprouver des problèmes de sommeil provoqués à l'origine par leur exposition au travail posté,
c’est-à-dire que les effets perturbateurs sur le sommeil ont persisté après leur abandon du
travail posté. Cependant, il n'y a pas de raison évidente pour que les problèmes causés par le
travail posté se maintiennent dans le groupe de ceux qui sont retournés précocement en
horaire normal, mais pas dans le groupe des personnes qui ont quitté le travail posté à un âge
plus avancé.

L'explication est vraisemblablement que le groupe « départ précoce » était composé de


personnes plus fragiles sur le plan du sommeil quand elles ont commencé à travailler en poste,
ou qui étaient particulièrement vulnérables aux effets perturbateurs du travail posté. Il se peut
que du fait de ces difficultés au début de leur carrière de travailleurs postés elles n’aient pu
tolérer le travail posté et soient assez rapidement retournées en horaires normaux. À l'inverse,
le groupe de ceux qui sont restés dans le travail posté relativement tard ont pu le faire parce
qu'ils étaient plus tolérants au travail posté et n'ont pas connu de tels effets négatifs sur leur
sommeil. Pour eux, le passage du travail posté à un travail de jour plus tard dans la vie active
est certainement davantage lié à un processus normal de progression de carrière. Ils avaient
probablement moins de risques que des graves problèmes de sommeil les poussent à retourner
rapidement en horaires normaux, à la différence de ce qui s’est peut-être passé pour les ex-
travailleurs postés plus jeunes.

D’autres analyses apportent des indices supplémentaires soutenant l’idée que les effets du
travail posté ne persistent pas après avoir quitté le travail posté. Les participants qui ont quitté
le travail posté au cours de l’étude entre deux recueils successifs de données, n'ont pas montré
de changement dans la qualité du sommeil, tandis que ceux dont la situation de travail est
restée inchangée cinq ans plus tard (travail posté à t1 et à t2) ont montré une augmentation des
problèmes de sommeil (voir Figure 2). À première vue, cela pourrait suggérer que les
problèmes de sommeil du premier groupe ont persisté après la sortie du travail posté.
Cependant, les résultats dans l’autre groupe ainsi que dans celui des « jamais » postés qui a
été aussi examiné, indiquent une tendance générale à l’augmentation des difficultés de
sommeil entre deux mesures espacées de cinq ans. Il semble donc que l'abandon du travail
posté compense l'augmentation progressive (probablement liée à l'âge ; voir Marquié,
Folkard, Ansiau, & Tucker, 2012) des problèmes de sommeil qui a été observée dans les
autres groupes, dont la situation au regard du travail posté n’a pas changé dans la même
période.

En résumé, nos résultats suggèrent que lorsque les travailleurs ont la possibilité de quitter
le travail posté (en revenant à des horaires normaux de jour ou lors de leur départ à la retraite),
s'ils ont du mal à supporter ces effets sur leur sommeil et leur bien-être, et lorsqu'ils ne sont
pas contraints de rester dans le travail posté après la cinquantaine, il existe une probabilité
assez faible que les effets du travail posté sur le sommeil persistent après le retour en horaires
normaux. Alors que les troubles du sommeil semblent être une conséquence temporaire du
Marquié, J. C. (2016). Le travail de nuit : conséquences sur le sommeil et les performances. Les Cahiers de l’Actif, 482, 27-42.

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travail posté pour les personnes qui sont restées dans le travail posté jusqu'à la cinquantaine,
pour ceux qui ont quitté le travail posté plus tôt dans leur vie de travail, la mauvaise qualité du
sommeil semble avoir été une cause de leur intolérance au travail posté.

Figure 2. Troubles du sommeil à deux moments de l’étude selon l’expérience actuelle et


passée du travail posté. Le score est composé à partir de cinq symptômes de troubles
rapportés de sommeil.

2 2,05 2,1 2,15 2,2 2,25 2,3 2,35 2,4

Troubles du sommeil
t1 à deux moments
Travail posté :
Jamais distincts (t1 et t2 : 5
t2
ans d’intervalle)

(d’après Tucker, Folkard, Ansiau,
Marquié, 2011)

t1
Travail
posté t2
à t1 et à t2

t1
Travail posté
à t1 mais pas à t2 t2

Dans les analyses concernant les effets du travail posté sur le sommeil nous n’avons pas
trouvé d’interaction avec l’âge. Il est probable que cela ne signifie pas que les effets du travail
posté sur le sommeil soient semblables à tous les âges. Cela reflète plus vraisemblablement la
sélection qui s’opère entre les travailleurs qui résistent assez bien et ceux qui résistent moins
bien aux effets délétères des horaires décalés : ce sont les plus résistants qui auraient une plus
grande probabilité d’être encore présents à des âges avancés dans ce système d’horaires
postés.

Comme l’indique le modèle de Tucker et Folkard (2012) présenté plus haut, le contenu et
l’intensité du travail sont susceptibles d’interagir avec les effets du travail posté. Pavard,
Vladis, Foret, et Wisner (1982), par exemple, ont trouvé une corrélation négative entre la
charge mentale durant le poste du soir et la durée du sommeil consécutif. Les troubles du
sommeil apparaissent aussi avec une intensité différente selon les activités exercées comme
cela a été observé chez des employés municipaux par Partinen, Kaprio, Koskenvuo, et
Langinvainio (1984). Ces auteurs avaient observé que la difficulté à s’endormir et le réveil
précoce le matin étaient associés à une charge mentale élevée. Dans l’étude VISAT nous
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avons trouvé, pour notre part, que les activités à dominante mentale ou relationnelle étaient
davantage associées à une insatisfaction générale du sommeil que les activité professionnelles
dominées par l’activité physique (Ansiau et al., 2008). De même, une charge de travail élevée,
indépendamment de la nature de cette charge, était associée à une durée plus courte et à une
fragmentation plus grande du sommeil. Dans une étude antérieure (Marquié, Foret &
Quéinnec, 1999) nous avions aussi trouvé que c’était moins un type particulier d’exigences
que le niveau d’intensité ou de pénibilité de ces exigences qui étaient associés à un mauvais
sommeil. Ces études montrent par conséquent que les effets du contenu du travail viennent
s’ajouter aux effets propres du travail de nuit sur le sommeil.

3. Conséquences sur la performance et la cognition

Il n’est pas toujours sans conséquences de faire fonctionner l’organisme à contretemps par
rapport à son rythme biologique normal. Bien que les capacités d’adaptation de l’organisme
soient importantes, les travaux les plus autorisés montrent que, même chez les travailleurs de
nuit permanents, le rythme circadien ne s’inverse pas totalement (Folkard, 2008). Au-delà des
conséquences sur la fatigue, le bien-être individuel et familial, l’état de santé à court et à long
terme, cette absence d’adaptation totale du biologique au rythme propre de la vie de travail
interroge aussi la question de la sécurité et des performances. L’enjeu est de taille, si on
considère le coût humain et économique des conséquences. On rappelle régulièrement que
diverses catastrophes industrielles pour lesquelles une implication de l’erreur humaine a pu
être mise en cause, au moins partiellement (Three Mile Island, Chernobyl, Bhopal, Exxon
Valdez), ont eu lieu la nuit. Bien que difficile à établir de façon absolue (d’autres facteurs de
risque indépendants de l’opérateur augmentent aussi la nuit), le rôle de l’état de réactivité de
l’organisme sous le double effet de la désynchronisation de ses rythmes biologiques (facteur
circadien) et de la fatigue accumulée (facteur homéostatique) ne doit pas être négligé. Malgré
les difficultés méthodologiques, beaucoup d’études sur les risques de blessure, par exemple,
convergent vers un triple constat : (i) le risque est plus élevé la nuit, (ii) il augmente de façon
quasi-linéaire sur les quatre premiers postes successifs, au moins, et (iii) il est plus grand pour
les postes de 12h que pour ceux de 8h. On trouvera dans Folkard & Tucker (2003) une
description beaucoup plus complète des conséquences du travail posté sur la sécurité et les
performances au travail (voir aussi Tucker & Folkard, 2012).

Fatigue, ralentissement des réactions, difficultés de vigilance, d’attention, et de mémoire à


court terme sont probablement en cause dans le processus qui conduit à ces événements
regrettables sur la sécurité et les performances. Pour le vérifier, il convient aussi d’examiner
les effets du travail de nuit sur les capacités cognitives des travailleurs. Les ressources
cognitives sont une part intégrante de la santé, en tant qu’elles déterminent sa capacité d’agir
de manière adaptée dans son environnement. L’enjeu de mieux comprendre les atteintes
portées aux capacités cognitives du fait de la pratique du travail en horaires décalés va au-delà
de la seule sphère professionnelle. Les conséquences se manifestent aussi dans le domaine
public (accidents de transport, par exemple) et privé. Les effets aigus du travail de nuit, c’est à
dire à court terme (conséquences immédiates ou dans les jours suivants) sur les performances
cognitives ont été mis en évidence par diverses études. On a pu observer par exemple, dans
l’étude VISAT, des performances significativement diminuées chez les personnes qui avaient
travaillé la veille avant 6h00 du matin ou après 22h00, spécialement dans des tâches de
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mémoire (rappel immédiat et rappel différé) et d’attention, mais pas dans des tâches
impliquant la vitesse de traitement (Ansiau et al., 2007).

Très peu d'études ont évalué les conséquences à long terme, sur le fonctionnement cognitif,
de la perturbation chronique des rythmes circadiens qui est associée à la pratique du travail
posté pendant de nombreuses années. Les horaires de travail atypiques peuvent affecter les
performances cognitives soit par l'intermédiaire des mécanismes de stress engendrant une
altération du fonctionnement cérébral (Cho, 2001; Cho, Ennaceur, Cole, et al., 2000), soit par
l’intermédiaire de la privation chronique de sommeil qui résulte du travail posté (Killgore,
2010), soit encore par l’intermédiaire du syndrome métabolique qui est aussi une conséquence
possible du travail en horaires décalés (Esquirol, Perret, Ruidavets, et al., 2012 ; Raffaitin,
Gin, Empana, et al., 2009 ; Tucker, Marquié, Folkard, Ansiau, & Esquirol, 2012). Des
carences en vitamine D sont aussi évoquées. Des analyses transversales que nous avions
conduites sur la base du premier recueil de l’étude VISAT avaient mis en évidence des scores
d’efficience cognitive plus bas chez des travailleurs postés de sexe masculin (Rouch et al.,
2005). Les résultats n’avaient pas permis cependant de trouver un lien entre ce phénomène et
la qualité perçue du sommeil qui, il est vrai, ne reflète pas nécessairement une privation
chronique de sommeil. Plus récemment, nous avons analysé les données longitudinales de
VISAT (suivi à cinq et dix ans) afin de poursuivre et approfondir l’exploration de cette
question. Un des avantages de l’étude VISAT est qu’elle permet d'examiner à la fois l'effet de
la durée d'exposition au travail posté et la réversibilité des effets éventuels. Par ailleurs, divers
facteurs possibles de confusion ont été contrôlés, tels que l'âge, le sexe, le statut socio-
professionnel, la consommation d'alcool et de tabac, le stress perçu, la qualité du sommeil.

Les résultats de ces analyses ont révélé une association, aux trois temps de la mesure (t1,
t2, t3), entre le travail posté et les scores obtenus aux tests neuropsychologiques. L'examen de
l'effet de la durée du travail posté a conduit à préciser que l'effet est significatif pour les
travailleurs qui ont été exposés pendant plus de dix ans (voir Figure 3). Les pertes peuvent
être évaluées à un équivalent de 6,5 années de vieillissement cognitif normal, tel qu’évalué
dans cette cohorte. Des analyses ont aussi été conduites pour étudier la réversibilité ou
irréversibilité de ces effets. Nous avons comparé les quatre groupes suivants : (i) travailleurs
postés actuels, (ii) anciens travailleurs postés retournés en horaires normaux de jour depuis
cinq ans ou moins, (iii) anciens travailleurs postés retournés en horaires normaux de jour
depuis plus de cinq ans, et (iv) travailleurs jamais exposés au travail posté. La comparaison a
révélé que les deux premiers groupes avaient des performances cognitives similaires (voir
Figure 4). En revanche, les personnes qui avaient cessé le travail posté depuis plus de cinq ans
présentaient des performances cognitives supérieures, au même niveau que les personnes qui
n’avaient jamais travaillé en horaires postés. Nous n'avons pas trouvé d’interaction avec la
qualité du sommeil, ce qui suggère que les effets observés sont indépendants de ce facteur
sommeil, tel que mesuré dans cette étude. De nouvelles analyses ont été conduites en
comparant deux sous échantillons contrastés de participants, l’un présentant un nombre
important de signes répondant aux critères du syndrome métabolique et l’autre ne présentant
aucun de ces signes. Un lien significatif entre le syndrome métabolique et la cognition a pu
être observé, mais aucune interaction n’a été trouvée entre le syndrome métabolique et le
travail posté. Ceci suggère que les dysfonctionnements métaboliques ne sont pas impliqués,
non plus, ou pas de façon majeure, dans la relation entre travail posté et cognition.
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Figure 3. Lien entre durée d’exposition cumulée au travail posté et cognition (d’après
Marquié et al., 2015).

60#

59#

58# Durée#cumulée#d'exposition#au#travail#posté#
Score#cognitif#global#

57#

56#

55#

54#

53#

52#

51#

50#
Jamais#postés#
Never% #1#>10#ans#
1'10%years% ##>#10#ans#
>%10%years%

Figure 4. Lien entre pratique du travail posté et cognition (d’après Marquié et al., 2015).
Jamais exposés au travail posté = histogramme 1, Actuellement exposés au travail posté =
histogramme 4, Anciennement exposés au travail posté avec retour en horaires normaux
depuis plus de 5 ans = histogramme 2, et Anciennement exposés au travail posté avec retour
en horaires normaux depuis moins de 5 ans = histogramme 3.

59#

58#

57#
Score#cognitig#global#

56#

55#

54#

53#

52#

51#

50#
Travail#posté#:##
Never%experienced% Retour#en#horaire##
>5%years%recency% Retour#en#horaire##
≤5%years%recency% Travail#posté#:##
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Marquié, J. C. (2016). Le travail de nuit : conséquences sur le sommeil et les performances. Les Cahiers de l’Actif, 482, 27-42.

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Les résultats soutiennent donc plutôt une interprétation en termes de mécanisme de stress qui
serait lié à la perturbation chronique des rythmes biologiques. Ce mécanisme serait à l’image
de ce que Cho (2001) et Cho et al. (2000) ont mis en évidence dans des équipages d’avion
soumis à des décalages horaires fréquents. Mais d’autres travaux sur ce sujet sont nécessaires
pour confirmer et préciser ces résultats dans d’autres populations.

Grâce aux grandes capacités de compensation des employés et à certains mécanismes


organisationnels susceptibles de jouer un rôle d’amortisseur des risques (ex., le travail
collectif), les conséquences de la fatigue liées au travail de nuit sur les performances sont la
plupart du temps négligeables. Toutefois, la fatigue et les compensations des travailleurs ont
leurs limites, et l’organisation du travail aggrave parfois les risques au lieu de les amortir.
C’est alors que peut survenir l’accident ou l’erreur, aux conséquences parfois graves. Au-delà
des effets sur la sécurité et les performances, il faut aussi regarder les effets sur le
fonctionnement cérébral et cognitif comme des problèmes en soi, qui altèrent la qualité de vie
(Marquié, 2008).

4. Conclusion : quelles mesures pour diminuer ces conséquences ?

Les conséquences des horaires décalés sur le bien être, la santé et les performances sont
diverses, et suffisamment établies, d’ores et déjà, pour qu’on les prenne au sérieux.
Concernant le sommeil et la cognition, les résultats obtenus dans VISAT suggèrent que les
troubles ne sont pas irréversibles. Les études à venir devront confirmer ce résultat
encourageant. Notons, toutefois, qu’il faut quatre ou cinq ans pour que les troubles cognitifs
disparaissent totalement après le retour en horaires normaux selon ce que nous avons trouvé.
Et notons surtout que cette réversibilité n’existe pas pour d’autres troubles graves suspectés
d’être associés au travail de nuit (voir plus haut). Mais au-delà de ces effets à long terme, il
faut aussi considérer la pénibilité immédiate du travail posté. Elle a été mise en évidence dans
de nombreux travaux (Bahu, Mermilliod, & Volkoff, 2011 ; Gregoire, 2011 ; Quéinnec,
Gadbois, & Prêteur, 1998).

Des moyens d’action existent afin de minimiser les effets négatifs du travail de nuit sur la
santé, dans ses différentes composantes, et la sécurité. Ces moyens peuvent être regroupés en
trois domaines : l’organisation du travail, le suivi médical et les mesures individuelles. Les
actions d’amélioration de l’organisation du travail doivent être considérées comme une
priorité. L’organisation du travail peut être optimisée par l’employeur, par exemple en
agissant sur le nombre de postes de nuit consécutifs, la durée des postes, le sens de la rotation
des postes, les horaires de démarrage du poste du matin (en évitant une prise de poste aux
heures favorables au sommeil) ; en donnant les plannings le plus tôt possible. On peut agir
aussi en réservant des postes de jour pour le reclassement des travailleurs de nuits en
mauvaise santé, alors que les tâches concernées sont parfois sous-traitées à des entreprises
extérieures. D’autres mesures importantes sont les facilités offertes par l’entreprise en matière
d’alimentation, de repos sur place, ou d’assistance pour certaines démarches administratives
qui ne peuvent se faire que le jour. On pourra trouver dans Ansiau, Marquié, Folkard, et
Tucker (2013) des recommandations à destination des employés et des employeurs qui
complètent ces quelques suggestions. Ces recommandations ne sont pas applicables telles
quelles dans toutes les situations. Ce sont des pistes qui doivent être explorées, adaptées, et
Marquié, J. C. (2016). Le travail de nuit : conséquences sur le sommeil et les performances. Les Cahiers de l’Actif, 482, 27-42.

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négociées collectivement avec les employés eux-mêmes, en fonction des caractéristiques du
personnel, des contraintes de la production, et en tenant compte de l’environnement technique
et économique. Car comme on peut le voir dans l’encadré 1, les paramètres qui régissent les
aspects temporels du travail posté sont divers et interdépendants : toucher à un de ces
paramètres a des conséquences sur les autres.

Un suivi médical personnalisé par la médecine du travail est indispensable, aussi, pour
adapter les mesures au cas particulier des personnes, de leur santé, de leur situation sociale et
de leurs conditions de travail. Les effets sur la santé mis en évidence par les études
épidémiologiques reflètent des effets sur un individu moyen. Des troubles considérés comme
probables après dix années d’exposition pour certaines personnes peuvent apparaître plus tôt
chez d’autres. Des expérimentations sont en cours, actuellement à Toulouse et dans d’autres
régions françaises, sous la direction du Dr Yolande Esquirol (CHU, Inserm, CNRS) pour tester
des aménagements qui pourraient être apportés à ce suivi médical afin de le rendre plus
efficace.
Enfin, une meilleure sensibilisation des salariés aux différentes mesures d’hygiène
alimentaire, de sommeil, d’activité physique, et aux mesures favorables à la préservation des
liens sociaux fortement mis à mal par les horaires décalés, serait utile. Les connaissances dans
ce domaine sont très diversement partagées et leur mise en pratique reste compliquée pour
beaucoup de travailleurs.

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