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Imagerie musculosquelettique : pathologies locorégionales, par A. Cotten. 2017, 2e édition, 1024 pages.
Échographie abdominale, par O. Lucidarme. 2017, 352 pages.
Guide d'échographie, par P. Legmann. 2017, 5e édition, 448 pages.
Guide pratique d'écho-Doppler vasculaire, par A. Long, 2017, 336 pages.
Comprendre l'IRM, par B. Kastler et D. Vetter. 2017, 8e édition, 448 pages.
Cas cliniques en imagerie digestive, par C. Marcus, 2017, 224 pages.
Neuro-imagerie diagnostique, par J.-L. Dietemann. 2017, 3e édition, 992 pages.
Lecture radiologique aux urgences : l'indispensable, P. Raby, 2017, 2e édition, 380 pages.
Échographie et imagerie pelvienne en pratique gynécologique, par Y. Ardaens, J.-M. Levaillant, Ph. Coquel,
Th. Haag, 2017, 6e édition, 750 pages.
Imagerie de la colonne vertébrale et de la moelle épinière, F. Lecouvet, G. Consard, J.-L. Dietemann, 2017, 3e édition,
352 pages.
Cas cliniques en neuro-imagerie, par J.-L. Dietemann. 2016, 256 pages.
Traité d'imagerie vasculaire, F. Joffre, 2015, 648 pages.
Écho-Doppler vasculaire et viscéral, M.-F. Bellin, P. Legmann, 2015, 400 pages.
Radioprotection en milieu médical, Y.-S. Cordoliani, 2014, 3e édition, 248 pages.
Échographie en urgence pour le radiologue, M. Bléry, 2014, 160 pages.
Sous la direction de Michel Bléry
IRM
en pratique
clinique
Imagerie neuroradiologique,
musculosquelettique,
abdominopelvienne, oncologique
et hématologique, corps entier,
et cardiovasculaire
Alain Luciani
Professeur des universités-praticien hospitalier
Service d'imagerie médicale
CHU Henri Mondor, AP-HP
Inserm, Unité U955 IMRB, Équipe 18
Université Paris-Est Créteil, Créteil
Alain Rahmouni
Professeur des universités-praticien hospitalier
Chef du service d'imagerie médicale
CHU Henri Mondor, AP-HP
Université Paris-Est Créteil, Créteil
Nous tenons à remercier particulièrement :
Le regretté Professeur Michel Bléry qui nous a convaincu de réaliser cet ouvrage, le regretté Professeur Nobert Vasile qui
a permis l'installation de la première IRM « corps entier » sur le site du CHU Henri Mondor en 1988, le Professeur Didier
Mathieu qui a initié les premiers travaux sur l'IRM du foie au CHU Henri Mondor, tous les radiologues et neuroradiologues
du CHU Henri Mondor anciens et actuels, qui ont permis la formation de beaucoup de radiologues en France dans le cadre
du Diplôme d'Université d'IRM en pratique clinique de la faculté de médecine de Créteil – Université Paris-Est-Créteil ainsi
que la réalisation de cet ouvrage. Nous remercions tous nos collègues des autres facultés de médecine de France et de l'étran-
ger qui ont bien voulu contribuer à cet ouvrage, ainsi que les ingénieurs et physiciens qui ont participé aux développements
instrumentaux et à la partie physique de cet ouvrage.
Nous remercions aussi tous les professionnels de santé des services d'Imagerie médicale et de Neuroradiologie du CHU
Henri Mondor.
Illustrateur :
- Cyrille Martinet pour les dessins 1.1 à 1-5, 1-11, 1-15, 1-16, 1-18 à 1-27, 1-30, 1-32 à 1-35, 4-5 à 4-8, 4-11, 4-17 à 4-20, 5-9,
5-10, 10-1, 23-1a, 24-1, 24-4, 25-1 à 25-6, 25-13, 27-1, 27-17, 27-18, 31-1, 36-2, 43-1
- Les auteurs des chapitres concernés pour les autres dessins.
DANGER
Ce logo a pour objet d'alerter le lecteur sur la menace que représente pour l'avenir de l'écrit, tout particulièrement dans le domaine
universitaire, le développement massif du « photo-copillage ». Cette pratique qui s'est généralisée, notamment dans les établissements
d'enseignement, provoque une baisse brutale des achats de livres, au point que la possibilité même pour les auteurs de créer des
œuvres nouvelles et de les faire éditer correctement est aujourd'hui menacée.
LE Nous rappelons donc que la reproduction et la vente sans autorisation, ainsi que le recel, sont passibles de poursuites. Les demandes
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intellectuelle).
© 2017, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
ISBN : 978-2-294-72502-9
e-ISBN : 978-2-294-73961-3
Aude Amato, assistant des hôpitaux, département de radio- Samia Boussouar, praticien hospitalier, service d'imagerie
logie, Fondation Hôpital Saint-Joseph, Paris. médicale, CHU Pitié-Salpêtrière, AP-HP, Paris.
Daniel Azoulay, professeur des universités-praticien hos- Pierre Brugières, praticien hospitalier, service de neurora-
pitalier, service de chirurgie digestive, CHU Henri Mondor diologie, CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil.
AP-HP Université Paris-Est Créteil, Faculté de médecine, Créteil.
Francis Brunelle, professeur des universités-praticien hos-
Laurence Baranes, praticien hospitalier, service d'imagerie pitalier, service de radiologie pédiatrique, Hôpital Necker-
médicale, CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil. Enfants Malades, AP-HP ; Inserm U1000, Université Paris
Descartes, Paris.
Jean-Michel Bartoli, professeur des universités-praticien
hospitalier service d'imagerie médicale, Hôpital de la Francesco Brunetti, praticien hospitalier, service de chirur-
Timone 2 ; Centre d'investigation pour l'imagerie (CIPIM) gie digestive, CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil.
AP-HM, Université Aix-Marseille II, Marseille.
Julien Calderaro, maître de conférences des universités-
Alexandre Basle, interne de DES de cardiologie, service d'image- praticien hospitalier, service d'anatomopathologie, CHU
rie diagnostique et thérapeutique, Hôpital Louis Pradel, Hospices Henri Mondor, AP-HP ; Université Paris-Est Créteil, Faculté
Civils de Lyon ; Université Claude Bernard Lyon 1, Lyon. de médecine, Créteil.
Julie Benzimra, praticien attaché, service de radiologie, Hôpitaux Raphael Calmon, praticien attaché, service de radiologie
Universitaires Paris Nord Val de Seine, Beaujon, Clichy, AP-HP ; pédiatrique, Hôpital Necker-Enfants Malades, AP-HP ;
Université Paris Diderot, Sorbonne Paris Cité, Paris. Inserm U1000, Paris.
Jerry Blustajn, praticien hospitalier, service d'imagerie, Robert-Yves Carlier, professeur des universités-praticien
Fondation ophtalmologique Rothschild, Paris. hospitalier, service d'imagerie médicale, Hôpital Raymond
Poincaré, Garches ; Université Paris Descartes.
Nathalie Boddaert, professeur des universités-praticien
hospitalier, chef du service de radiologie pédiatrique, Jérôme Caudron, radiologue, service de radiologie, Hôpital
Hôpital Necker-Enfants Malades, AP-HP ; Université Paris privé de l'Estuaire, Le Havre.
Descartes et Inserm U1000, Paris.
Julia Chalaye, praticien hospitalier, service de médecine
Stéphanie Bombois, praticien hospitalier, service de neuro- nucléaire, CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil.
logie, CMRR de Lille, CHRU de Lille.
Frédérique Charbonneau, praticien hospitalier, ser-
Marie-Paule Boncoeur-Martel, praticien hospitalier, service vice d'imagerie, Fondation ophtalmologique Rothschild,
de neuroradiologie diagnostique, Hôpital Dupuytren, Limoges. Paris.
Mohammed Bouanane, praticien hospitalier, service d'ima- Cécile Charpy, praticien hospitalier, service d'anatomopa-
gerie médicale, CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil. thologie, CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil.
Malika Boucenna, praticien hospitalier, service d'imagerie, Mourad Cheguettine, manipulateur en électroradiologie,
Fondation ophtalmologique Rothschild, Paris. GIE IRM 74, Annecy.
Isabelle Boulay-Coletta, praticien hospitalier, département Mélanie Chiaradia, praticien hospitalier, service d'imagerie
de radiologie, Fondation Hôpital Saint-Joseph, Paris. médicale, CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil.
V
VI Auteurs et collaborateurs
Laurianne Colson Durand, praticien hospitalier, service de Céline Dubron, chef de clinique assistant, service de neuro-
radiothérapie, CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil. radiologie, CHRU de Lille, Université de Lille 2.
Philippe Compagnon, professeur des universités-praticien Christelle Dufour, oncologue pédiatrique, département de
hospitalier, service de chirurgie viscérale et transplanta- cancérologie de l'enfant et de l'adolescent, Institut Gustave
tion hépatique, CHU Henri Mondor, AP-HP ; Faculté de Roussy, Villejuif.
Médecine, Université Paris-Est Créteil, Créteil.
Soraya El-Ghannudi, praticien hospitalier, service de radiolo-
Lucie Corno, praticien hospitalier, département de radio gie et de médecine nucléaire, Nouvel Hôpital Civil, Strasbourg.
logie, Fondation Hôpital Saint-Joseph, Paris.
Solène Ferey, radiologue, médecin associé Radiologie
François Cotton, professeur des universités-praticien hos- Pédiatrique, Clinique pédiatrique des Grangettes, HUG, Genève
pitalier, service de radiologie, CH Lyon Sud, Pierre Bénite, (Suisse).
Université Claude Bernard, Lyon.
Antonin Flavian, praticien hospitalier, service d'imagerie
Jean-Nicolas Dacher, professeur des universités-praticien médicale, Hôpital de la Timone 2 ; Centre d'investigation
hospitalier, chef du service d'imagerie médicale, Hôpital pour l'imagerie (CIPIM), Marseille.
Charles Nicolle, CHU de Rouen ; Université de Rouen
(Inserm U1096), Rouen. Julien Frandon, praticien hospitalier, service d'imagerie
médicale, Hôpital de la Timone 2 ; Centre d'investigation
Volodia Dangouloff-Ros, chef de clinique assistant, service pour l'imagerie (CIPIM), Marseille.
de radiologie pédiatrique, Hôpital Necker-Enfants Malades,
AP-HP ; Inserm U1000, Paris. André Gaston, professeur des universités-praticien hos-
pitalier, service de neuroradiologie, CHU Henri Mondor,
Thu-Ha Dao, praticien hospitalier, service d'imagerie médi- AP-HP ; Université Paris-Est Créteil, Créteil.
cale, CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil.
Adeline Germain, praticien Hospitalier, service de chirur-
Béatrice Daoud, praticien attaché, service d'imagerie médi- gie digestive, Hôpitaux de Brabois Adultes, CHU de Nancy.
cale, Hôpital privé d'Antony, Antony.
Philippe Germain, cardiologue attaché, service de radiolo-
Nicola de Angelis, chef de clinique assistant, service de gie UF 2027, Nouvel Hôpital Civil, Strasbourg.
chirurgie digestive, CHU Henri Mondor, AP-HP ; Université
Paris-Est Créteil, Faculté de médecine, Créteil. Sylvie Grand, maître de conférences des universités-
praticien hospitalier, CLUNI (Clinique universitaire de neu-
Christine Delmaire, praticien hospitalier, service de neuro- radiologie et IRM), CHU Grenoble Alpes.
radiologie, CHRU de Lille.
David Grévent, service de radiologie pédiatrique, Hôpital
Jean-François Deux, professeur des universités-prati- Necker-Enfants Malades, AP-HP ; Inserm U1000, Université
cien hospitalier, service d'imagerie médicale, CHU Henri Paris Descartes, Paris.
Mondor, AP-HP ; Université Paris-Est Créteil, Créteil.
Jacques Grill, oncologue pédiatrique, département de cancérolo-
Marjan Djabbari, praticien hospitalier, service d'imagerie gie de l'enfant et de l'adolescent, Institut Gustave Roussy, Villejuif.
médicale, CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil.
Françoise Héran, praticien hospitalier, service d'imagerie,
Philippe Douek, professeur des universités-praticien hos- Fondation ophtalmologique Rothschild, Paris.
pitalier, responsable du PAM imagerie, Hospices Civils de
Lyon ; Université Claude Bernard Lyon 1, Lyon. Jérôme Hodel, professeur des universités-praticien hospita-
lier, chef du service de neuroradiologie, CHU Henri Mondor
Jean-Luc Drapé, professeur des universités-praticien hospita- AP-HP ; Université Paris-Est Créteil, Créteil.
lier, chef du service de radiologie B, Hôpital Cochin, AP-HP ;
Université Paris Descartes Sorbonne Paris Centre, Paris. Philippe Host, médecin spécialiste CLCC, service de radio-
logie, Centre Paul Strauss, Strasbourg.
Benjamin Dubourg, chef de clinique assistant, départe-
ment d'imagerie médicale, CHU Charles Nicolle, Rouen ; Andras Hoznek, praticien hospitalier, professeur associé au
Université de Rouen. CMPH, service d'urologie, CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil.
Auteurs et collaborateurs VII
Emmanuel Itti, professeur des universités-praticien hospitalier, Chieh Lin, professeur assistant, département de la médecine
service de médecine nucléaire, CHU Henri Mondor, AP-HP ; nucléaire, Chang Gung Memorial Hospital, Gueishan, Taiwan.
Faculté de médecine, Université Paris-Est Créteil, Créteil
Alain Luciani, professeur des universités-praticien hospi-
Alexis Jacquier, professeur des universités-praticien hospi- talier, service d'imagerie médicale, CHU Henri Mondor,
talier, service d'imagerie médicale, Hôpital de la Timone 2 ; AP-HP ; Inserm, Unité U955 IMRB, Équipe 18 ; Université
Centre d'investigation pour l'imagerie (CIPIM), Université Paris-Est Créteil, Créteil.
Aix-Marseille 2, Marseille.
Anne Maraval, praticien hospitalier, service de neuroradio-
Mi Young Jeung, praticien hospitalier, service de radiologie logie, CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil.
UF 2027, Nouvel Hôpital Civil, Strasbourg.
Anh Minh Chuong, chef de clinique assistant, département
Paul Kauv, chef de clinique assistant, service de neuro de radiologie, Hôpital Bicêtre, AP-HP, Le Kremlin-Bicêtre.
radiologie, CHU Henri Mondor, AP-HP ; Université Paris-
Est Créteil, Créteil. Jean-Luc Montazel, radiologue, service de radiologie,
Clinique générale, Annecy.
Hicham Kobeiter, professeur des universités-praticien hospita-
lier, service d'imagerie médicale, CHU Henri Mondor, AP-HP ; Guy Moulin, professeur des université-praticien hospitalier,
Université Paris-Est Créteil, Faculté de médecine, Créteil. service d'imagerie médicale, Hôpital de la Timone 2 ; Centre
d'investigation pour l'imagerie (CIPIM), Université Aix-
Stéphane Kremer, professeur des universités-praticien hos- Marseille II, Marseille.
pitalier, service de neuroradiologie, CHU de Strasbourg,
Université de Strasbourg. Sébastien Mulé, CCA, service d'imagerie médicale, CHU
Henri Mondor, AP-HP, Créteil.
Alain Kulski, praticien hospitalier, service de radiologie,
CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil. Xavier Orry, praticien hospitalier, service de radiologie,
Hôpitaux de Brabois Adultes, CHU de Nancy.
François Lafitte, praticien hospitalier, service d'imagerie,
Fondation ophtalmologique Rothschild, Paris. Phalla Ou, professeur des universités-praticien hospitalier,
service de radiologie, imagerie cardiovasculaire diagnos-
Marie Lafitte, chef de clinique assistant, service de radiolo- tique et interventionnelle, CHU Bichat-Claude Bernard,
gie, Hôpitaux de Brabois Adultes, CHU de Nancy, Université AP-HP ; Université Paris Diderot, Paris
de Lorraine, Nancy.
Christelle Paul, radiologue, service de radiologie, Clinique
Marine Lataud, chef de clinique assistant, radiologie A, générale, Annecy.
Hôpital Cochin, AP-HP ; Université Paris Descartes, Paris.
Mickaël Pernodet, radiologue, service de radiologie,
Clinique générale, Annecy.
Alexis Laurent, professeur des universités-praticien hospitalier,
service de chirurgie digestive, CHU Henri Mondor, AP-HP ;
Faculté de médecine, Université Paris-Est Créteil, Créteil. Isabelle Petit, praticien hospitalier, service de radiologie,
Hôpitaux de Brabois Adultes, CHU de Nancy
Valérie Laurent, professeur des universités-praticien hospita-
lier, service de radiologie Brabois Adultes, Hôpitaux de Brabois Laurent Peyrin-Biroulet, professeur des universités-
Adultes, CHU de Nancy ; Université de Lorraine, Nancy. praticien hospitalier, service d'hépato-gastro-entérologie,
Hôpitaux de Brabois Adultes, CHU de Nancy ; Université de
Lorraine, Nancy.
Caroline Le Breton, praticien hospitalier, service d'imagerie
médicale, Hôpital Raymond Poincaré, AP-HP, Garches.
Frédéric Pigneur, praticien hospitalier, service d'imagerie
médicale, CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil.
Valentin Lefebvre, médecin attaché, département d'image-
rie médicale, CHU Charles Nicolle, Rouen.
Stéphanie Puget, professeur des universités-praticien hos-
pitalier, service de neurochirurgie pédiatrique, Hôpital
Paul Legmann, professeur des universités-praticien hos- Necker-Enfants Malades, AP-HP ; Université Paris
pitalier, radiologie A, Hôpital Cochin, AP-HP ; Université Descartes, Paris.
Paris Descartes, Paris.
Alain Rahmouni, professeur des universités-praticien hos-
François Legou, praticien hospitalier, service d'imagerie pitalier, chef du service d'imagerie médicale, CHU Henri
médicale, CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil. Mondor, AP-HP ; Université Paris-Est Créteil, Créteil.
VIII Auteurs et collaborateurs
Chawkat Ramadane, interne, département de radiologie, Luc Valancogne, interne des hôpitaux, service de radiolo-
Fondation Hôpital Saint-Joseph, Paris. gie, Hôpital Charles Nicolle, CHU de Rouen.
Alban Redheuil, professeur des universités-praticien hospita- Pascale Varlet, praticien hospitalier, laboratoire de neuro-
lier, département d'imagerie cardiovasculaire et de radiologie pathologie, Hôpital Sainte-Anne, Paris.
interventionnelle et ICAN, Institut de cardiologie, Hôpital La
Pitié-Salpêtrière, AP-HP ; Université Pierre et Marie Curie, Arthur Varoquaux, praticien hospitalier, service d'imagerie
Paris. médicale, Hôpital de la Conception, Marseille.
Didier Revel, professeur des universités-praticien hospi- Vincent Vidal, professeur des universités-praticien hospi-
talier, chef de service d'imagerie thoracique et vasculaire, talier, service d'imagerie médicale, Hôpital de la Timone 2 ;
Hôpital Louis Pradel, Bron ; Université Claude Bernard Centre d'investigation pour l'imagerie (CIPIM), Université
Lyon 1. Aix-Marseille II, Marseille.
Fourat Ridouani, chef de clinique assistant, service d'ima- Alexandre Vignaud, docteur en sciences, ingénieur cher-
gerie médicale, CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil. cheur, UNIRS, NeuroSpin, Institut Frédéric Joliot, Direction
de la recherche fondamentale du CEA, CEA saclay,
Maxime Ronot, maître de conférences des universités- Gif-sur-Yvette.
praticien hospitalier, service de radiologie, Hôpitaux
Universitaires Paris Nord Val de Seine, AP-HP ; Université Olivier Vignaux, professeur des universités-praticien hos-
Paris Diderot, Sorbonne Paris Cité, Paris ; Inserm U1149, pitalier, Hôpital Américain de Paris, Neuilly-sur-Seine.
centre de recherche biomédicale Bichat-Beaujon, CRB3, Paris.
Valérie Vilgrain, professeur des universités-praticien hospi-
Marion Roux, praticien hospitalier, service de radiologie, talier, chef du service de radiologie, Hôpitaux Universitaires
CHU Vaudois, Lausanne (Suisse). Paris Nord Val de Seine, AP-HP ; Université Paris Diderot,
Sorbonne Paris Cité ; Inserm U1149, centre de recherche
Catherine Roy, professeur des universités-praticien hospi- biomédicale Bichat-Beaujon, CRB3, Paris.
talier, chef du service de radiologie B, CHU de Strasbourg,
Nouvel Hôpital Civil ; Université de Strasbourg. Nicolas Vinurel, chef de clinique assistant service d’ima-
gerie thoracique et vasculaire, Hôpital Louis Pradel, Bron ;
Christian Sainte-Rose, professeur des universités-praticien Université Claude Bernard Lyon l.
hospitalier, ancien chef du service de neurochirurgie,
Hôpital Necker-Enfants Malades, AP-HP ; Université Paris Manuel Vitellius, assistant spécialiste, service d'imagerie
Descartes, Paris. médicale, CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil.
Vania Tacher, maître de conférences des universités- Pierre Wagner, médecin spécialiste de CLCC, chef du ser-
praticien hospitalier, service d'imagerie médicale, CHU vice de radiologie, Centre Paul Strauss, Strasbourg.
Henri Mondor, AP-HP ; Université Paris-Est Créteil, Créteil.
Marc Weinraub, ORL libéral, Bondy.
Philippe Thomas, praticien hospitalier, service de neurora-
diologie, CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil. Marc Williams, praticien hospitalier, service d'imagerie,
Fondation opthalmologique Rothschild, Paris.
Mélissa Tir, praticien hospitalier, service de neurologie,
CHU d'Amiens. Nathalie Zee, chef de clinique assistant, service de radiolo-
gie B, Hôpital Cochin, AP-HP ; Université Paris Descartes
Christophe Tournigand, professeur des universités- Sorbonne Paris Centre, Paris.
praticien hospitalier, chef du service d'oncologie médicale,
CHU Henri Mondor, AP-HP ; Université Paris-Est Créteil, Benhalima Zegai, praticien hospitalier, service d'imagerie
Faculté de médecine, Créteil. médicale, CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil.
Guillaume Tréhan, radiologue, service de radiologie, Pierre Zerbib, manipulateur en électroradiologie, service
Clinique générale, Annecy. d'imagerie médicale, CHU Henri Mondor AP-HP, Créteil.
Bertrand Vacherot, radiologue, service de radiologie, Marc Zins, praticien hospitalier, chef du service d'imagerie
Clinique générale, Annecy. médicale, Fondation Hôpital Saint-Joseph, Paris.
Préface
Je suis très honoré de préfacer cet ouvrage magnifique dirigé et au service de tous les patients. Le lecteur trouve dans
par les Professeurs Alain Rahmouni et Alain Luciani. Ce ce traité, richement illustré, l'ensemble des connaissances
travail est le fruit d'une longue expérience clinique et uni- dont il a besoin au quotidien pour améliorer sa pratique.
versitaire et souligne s'il en était besoin l'importance de la Différentes spécialités sont abordées ce qui rend l'ouvrage
pédagogie dans le champ des hospitalo-universitaires et la très complet. C'est aussi une réflexion sur l'importance des
fierté d'une faculté et de son doyen de voir une « école » de plateaux techniques de haute technicité pour que l'innova-
spécialité reconnue sur le plan national et international. La tion profite à tous.
première IRM capable d'explorer un autre organe que le Au-delà du traité, qui doit rappeler notre rôle essen-
cerveau a été mise en place à l'hôpital universitaire Henri tiel dans la formation initiale et continue, tout au long de
Mondor en 1988. Cette ancienneté rend compte d'une la vie, je voudrais saluer le travail de l'équipe dirigée par
expertise majeure nationale et internationale dans l'utilisa- Alain Rahmouni. Il est important pour un doyen d'assister
tion de l'IRM et dans son développement pour explorer le à la construction d'une grande équipe à la fois hospitalière
corps entier tout particulièrement dans ses applications aux et universitaire, attractive pour les plus jeunes mais aussi
hémopathies et à l'hépatologie carcinologique. C'est aussi pour l'écosystème économique, tournée vers la formation
un objet de recherche par la mise au point indispensable de et la recherche d'excellence. Cette équipe en expansion
nouvelles séquences de type diffusion en corps entier (foie, est une vraie pépinière de formation et de recrutement
muscle, cœur). de praticiens de talent. Je le remercie ainsi que son équipe
Le DU « IRM en pratique clinique » a débuté en 1996 à la pour son dynamisme et son exigence professionnelle non
faculté Paris-Est-Créteil. Celui-ci forme 40 à 50 radiologues négociable.
par an, tant hospitaliers que libéraux, et bientôt aura à son Professeur Jean-Luc Dubois-Randé
actif 1000 praticiens formés depuis sa création. En pratique Professeur des universités-praticien hospitalier
clinique signifie « bien comprendre les aspects techniques Service de cardiologie
pour adapter les séquences radiologiques au patient, à sa CHU Henri Mondor
pathologie et exploiter au mieux les possibilités offertes par Doyen de la Faculté de médecine de Créteil
l'IRM ». Une radiologie personnalisée de haute technicité Université Paris-Est Créteil
IX
Préface
L'IRM, dont les premières images spectaculaires ont à peine à un enseignement théorique et pratique au quotidien car
plus de trente ans, a très vite occupé, encore plus que toute nourris par leur expérience du DU d'IRM en pratique cli-
autre modalité d'imagerie en coupe, une place diagnostique nique qu'ils ont mis en place sur Paris et conduit avec suc-
de choix incontournable dans de nombreuses pathologies cès depuis 22 ans sous la houlette d'Alain Rahmouni. Ils se
jusqu'alors inaccessibles. Les radiologues et imageurs de sont également entourés de nombreux experts bien recon-
ma génération ont été les acteurs mais aussi les spectateurs nus dans leur domaine. Il faut ainsi saluer le travail colossal
émerveillés des contributions spectaculaires incessantes de réalisé dans cet ouvrage permettant la parution d'un manuel
l'IRM. Au-delà de l'anatomie d'emblée en coupes multipla- d'exploration IRM complet novateur, et souhaité dans le
naire - et par opposition au scanner- l'IRM a permis l'accès paysage des livres francophones.
à la caractérisation tissulaire, puis à l'imagerie fonctionnelle Cet ouvrage, dont les qualités didactiques sont indé-
à part entière. L'IRM a ainsi ouvert la voie à une exploration niables, s'adresse à la fois aux radiologues en formation, mais
passionnante du corps humain bien au-delà de ses premiers aussi à ceux qui veulent compléter ou vérifier leurs connais-
domaines de prédilection, le système nerveux central et l'os- sances. Il faut lui souhaiter le succès qu'il mérite et, qu'in
téo-articulaire. Il en va ainsi entre autres de l'IRM cardiaque, fine, il trouve sa place auprès des consoles d'IRM comme
qui m'a fait basculer vers l'imagerie médicale, dont nous d'autres ouvrages plus théoriques qu'il complète bien.
avons été parmi les promoteurs et défenseurs à Strasbourg Si vous faites partis des lecteurs qui lisent les préfaces
dès 1986 avec mon ami Philippe Germain et dont les retom- après avoir abordé un ouvrage vous avez déjà dû beau-
bées pratiques qui se sont imposées tardivement sont main- coup apprendre et parfaire vos connaissances. Dans le cas
tenant là aussi incontournables. contraire, je vous en souhaite une bonne et passionnante
Aucun ouvrage, même de cas cliniques pratiques, ne peut lecture.
prétendre remplacer l'apprentissage par compagnonnage au Bruno Kastler
quotidien. Cependant, cet ouvrage d'IRM « corps entier » Licencié en physique, CES de radiologie et cardiologie
sans prétendre être exhaustif dans chaque domaine, est clai- Professeur de radiologie, université Paris-Descartes
rement rédigé dans un esprit d'approche pratique. Il a été Médecin des hôpitaux, radiologie adulte,
piloté par des enseignants experts chevronnés et rompus hôpital Necker et HEGP
X
Abréviations
XV
XVI Abréviations
PLAN DU CHAPITRE
Principes fondamentaux de l'imagerie Description de l'appareillage . . . . . . . . . . . . . . 8
par résonance magnétique (IRM). . . . . . . . . . . 1 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
Aimantation
La résonance magnétique nucléaire (RMN) est un phéno-
mène mis au jour en 1945 indépendamment par Felix Bloch
[8] d'un côté et Edward Purcell [9] de l'autre. Ils reçurent Fig. 1.1 Représentation d'un proton, inspirée par Tofts [10], qui
conjointement le prix Nobel 1952 pour cette découverte. Ils outre tourné sur lui-même, précesse autour de l'axe du champ B0
découvrirent que l'application d'un champ électromagné- à la fréquence angulaire de Larmor ω0 dans lequel il est plongé.
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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2 IRM en pratique clinique
w0 = gB0 (1.1)
Où γ est le rapport gyromagnétique du noyau considéré
en rad.s–1.T–1 et B0 l'intensité du champ magnétique en Tesla.
Pour l'hydrogène, γ1H = 267,5 × 106 rad.s–1.T–1. L'équation
(1.1) peut aussi être présentée sous la forme suivante :
f 0 = g B0 (1.2)
g 1H
Avec g 1
H = = 42, 58 106 Hz/T.
2p
Fig. 1.3 Estimation expérimentale du rapport signal sur bruit (RSB) en fonction de l'intensité de B0. Les auteurs ont modélisé une évo-
lution en RSB = B01,65 [12] largement supralinéaire lorsqu'on s'éloigne de 1,5 T. Selon la dénomination des auteurs, dans la légende, « cerveau »
représente l'association de la moyenne du « cortex » avec le « cerveau interne », ce dernier comprenant la plus grande partie de la matière blanche
comme mise en évidence sur la présentation schématique de droite.
Fig. 1.4 Spectre de longueurs d'ondes (λ = c/ν dans le vide (c variant notablement dans les tissus biologiques) et de fréquences pour
les ondes électromagnétiques. En bleu est représenté le domaine des ondes électromagnétiques utilisées en IRM, consigné dans les radiofré-
quences, pour une gamme de champ magnétique allant de 1,5 à 12 T.
Ainsi, les protons plongés dans B0, sous l'influence d'un tions dans un repère tournant à ω0 par F. Bloch [8]. Elle peut
champ RF, noté B1+, vont être excités. Au niveau macros- s'écrire sous une forme compacte :
copique, l'excitation RF va produire un basculement de
l'aimantation M0 engendrée par B0 (fig. 1.5a). Dès lors,
l'aimantation va commencer à relaxer vers l'état d'équilibre
dépendamment des propriétés du milieu dans lequel se
trouvent les spins (fig. 1.5b). æ Mx ö
ç ÷
Ce retour va être observable par l'expérimentateur grâce à ç T2 ÷
l'antenne ayant servi à l'excitation. La composante transver-
dM ç M ÷
sale de l'aimantation peut être assimilée en première approxi-
dt
(
= g M´B -ç
ç
) T2
y
÷
÷
mation à un aimant en rotation sur lui-même dont l'intensité
diminuerait au cours du temps. La rotation de l'aimant va ç (M - M ) ÷
induire dans le circuit de l'antenne un petit courant oscillant ç z 0 ÷
ç T ÷
mesurable. On parlera de « fid » (pour free induction decay). è 1 ø (1.4)
Le comportement de l'aimantation manipulée à l'aide de
champs magnétiques oscillants ou non a été mis en équa-
4 IRM en pratique clinique
Fig. 1.5 (a) À l'aide de l'antenne, un champ RF B1+ provoque le basculement de l'aimantation M0 initialement positionné le long de
B0. (b) L'aimantation M0 va précesser à ω0, regagnant progressivement l'équilibre en relaxant. Durant ce phénomène, la composante
transversale (dans le plan xy) va induire dans l'antenne un courant mesurable par l'expérimentateur.
Mx Mz
Avec M = My
Mz le vecteur d'aimantation à un ins- M0
tant t, B le vecteur décrivant toutes les contributions du
champ magnétique, qu'il soit oscillant avec B1+ (t) ou pulse RF, T1
et/ou statique, en particulier lorsque des gradients de champ
magnétique sont appliqués G (t) [14]. On notera d'ailleurs temps
que les pionniers de la RMN maintenaient un champ RF
constant et modifiant le champ B0. Il a fallu attendre Hahn
pour introduire la RMN sous la forme qu'on lui connaît Mx, y
aujourd'hui, avec B0 statique associé à des séquences d'im-
pulsions RF [15]. M0
Après la simple application d'un pulse RF menant à une T2
bascule de 90°, sans autre manipulation de l'aimantation, il
est aisé de résoudre l'équation (1.4) et de montrer que :
temps
æ -
t
ö
M ( z ) ( t ) = M 0 ç 1 + e T1 ÷ Fig. 1.6 Représentation de l'évolution de l'aimantation M après
ç ÷ une excitation RF de 90° dans le repère tournant ω0 selon Mz et
è ø (1.5)
Mx,y suivant les équations (1.5) et (1.6) respectivement corres-
t
- pondant à un retour à l'équilibre M0. Deux constantes de temps
M x , y (t ) = M0e T2
sont associées à ce retour, T1, le temps de relaxation longitudinale, et
(1.6)
T2, le temps de relaxation transversale.
L'évolution de Mz et Mx,y après une telle excitation est moments magnétiques entre les spins à l'intérieur du
proposée dans la figure 1.6. système, qui fait perdre progressivement de la cohérence.
On appréhende immédiatement en lisant les équations Nous parlerons plus tard de déphasage. En RMN, T2 est
(1.4), (1.5) et (1.6) que deux grandeurs vont dicter la façon appelé temps de relaxation « spin-spin » puisque cette
dont le retour à l'équilibre va s'opérer : fois-ci l'énergie reste majoritairement dans le système.
■ T1, le temps de relaxation longitudinale qui rend compte T1 est toujours supérieur à T2 dans un liquide et même
macroscopiquement de la perte de moment magnétique fortement supérieur au T2 dans un tissu biologique. Les
des spins dans des collisions avec des atomes par mou- temps de relaxation T1 et T2 étant intimement liés à la dif-
vements browniens. En RMN, T1 est aussi appelé temps fusion brownienne des molécules portant les spins, ils
de relaxation « spin-réseau », car cette énergie est défini- dépendent donc du temps de corrélation τc entre deux col-
tivement perdue pour le système de spins participant au lisions, donc de la température et du type de milieu [10].
signal RMN ; Pour les tissus biologiques, T1 dépend aussi de l'intensité de
■ T2, le temps de relaxation transversale qui rend compte B0 [13], ce qui n'est pas le cas des liquides [16]. Tout cela est
macroscopiquement principalement de perte de résumé dans la figure 1.7.
Chapitre 1. Technologies d'instrumentations transversales 5
Liquides non Liquides
Avec an les coefficients de la série de Fourier respectivement
visqueux visqueux n 2nπ
aux fréquences fn = [Hz] ou aux pulsations wn = .
Fig. 1.7 Dépendance de T1 et T2 au temps de corrélation τc, c'est- T T
à-dire au temps séparant deux collisions, lui-même inversement Lorsqu'on a affaire à un signal complexe au sens mathé-
proportionnel à la température T. On remarque sur ce diagramme matique du terme, comportant une partie réelle et une
deux régimes, l'un pour les liquides non visqueux ou le T1~ T2, l'autre partie imaginaire, comme en IRM, une solution de décom-
visqueux auquel peuvent s'apparenter sous certains aspects les tissus position en série de Fourier reste possible et peut alors être
biologiques et pour lequel T1 >> T2. La courbe en pointillés montre écrite sous la forme suivante :
l'évolution du T1 en fonction de B0. On voit que la modification affecte
principalement T1 des tissus biologiques pendant qu'il n'affecte pas æ 2pnt ö
iç
s ( t ) = å = - ¥ cn e è
+¥ ÷
celui des liquides tels que l'eau, le liquide céphalorachidien (LCR) et le T ø
sang. (D'après Oppelt [16].) (1.8)
Où cn sont les coefficients de la série de Fourier com-
Ainsi, ces deux grandeurs vont avant tout régir la manière plexes à ωn.
dont le signal va disparaître. Plus T1 et T2 sont longs, plus le Ainsi, il devient possible de décrire tout signal avec une
signal est observable longtemps. En revanche, cela signifie série de coefficients caractéristiques de chaque fréquence
aussi que la repousse de l'aimantation M0, avant d'être de w
nouveau utilisable, va être longue. On comprend également f
n = 2πn étudiée. On parle alors de décomposition spec-
que si ces constantes dépendent de l'environnement, cela trale car elle nous informe sur l'importance relative de
peut devenir un atout considérable en termes de caractéri- chaque fréquence contenue dans un signal. Il est possible
sation, ce qu'avait parfaitement mis en évidence Damadian d'accéder à cette décomposition spectrale très simplement
dans son article de référence [17]. Le contraste des en utilisant un outil mathématique nommé transformée de
images en IRM est d'ailleurs principalement guidé par ces
Fourier ( ).
constantes qui vont rendre compte du type de milieu dans
lequel se trouvent les atomes excités. L'extraction spatiale
(s(t)) = 1 ∫ − ∞ s(t)eiwt dt
+∞
S(ω) =
quantitative de ces paramètres a longtemps été cantonnée 2p (1.9)
au laboratoire car extrêmement longue. Grâce à l'apparition
de nouvelles méthodes de mesures séparées ou simultanées En acoustique, par exemple, cette transformation permet
[18–20], ces informations sont dorénavant compatibles avec de mettre en évidence la présence de basses fréquences ou, à
les contraintes d'un examen clinique routinier et devraient l'inverse, de fréquences plus aiguës. Dans cet espace, il
dans les années à venir modifier profondément l'approche devient aisé de manipuler les différentes composantes de
diagnostique par IRM. signal pour modifier le rendu, par exemple en exagérant les
basses fréquences, c'est-à-dire en augmentant l'amplitude
Encodage spatial relative des coefficients de ces fréquences. Une fois les adap-
tations effectuées, la transformée de Fourier inverse peut
Séries et transformée de Fourier être appliquée de la même manière ( –1) pour retrouver le
L'IRM a la réputation d'utiliser, à l'inverse des autres modali- signal ainsi modifié dans l'espace initial. La transformée de
tés d'imagerie médicale, une stratégie d'encodage spatial peu Fourier est donc un outil essentiel du traitement du signal
intuitive, complexe et difficilement compréhensible. La rai- pour laquelle des solutions discrètes numériques très effi-
son en est relativement simple. En mesure directe, comme caces existent, aussi appelées FFT ou fast Fourier transform.
on le ferait en photographie, la résolution spatiale maximale En imagerie, quelle que soit sa provenance, il est possible
est régie par le critère de Rayleigh. Elle correspond à la lon- par une transformée de Fourier 2D d'obtenir de la même
6 IRM en pratique clinique
Fig. 1.9 Sur la première ligne, on peut observer les parties réelles des plans de Fourier ou « k-spaces » des images d'IRM présentées
sur la seconde ligne. Le k-space encadré représente la partie réelle du signal acquis à l'issue d'une séquence d'IRM. Il comporte tous les coef-
ficients de Fourier permettant de reconstituer l'image originale. Au centre, les coefficients correspondant aux hautes fréquences, c'est-à-dire les
bords du k-space, ont été mis volontairement à zéro. L'image ainsi reconstituée comporte beaucoup moins de détails fins, elle semble plus floue.
À l'inverse, en retirant le centre du k-space, c'est-à-dire les basses fréquences de l'image, à droite, l'image résultante ne comporte plus que les
détails fins. (D'après McRobbie [7].)
manière la distribution spectrale des fréquences spatiales de tiale qu'on nomme plan de Fourier, espace réciproque ou
l'image ; c'est-à-dire la liste des coefficients cn pour chaque « k-space » en IRM. À l'inverse de l'acoustique, où le signal
ωn de la série de Fourier qui permettrait de reconstituer d'origine est temporel, ici le signal est d'origine spatiale.
l'image initiale avec une somme de sinus et de cosinus. Cela Tout cela occupe une place centrale en IRM puisque
prend la forme d'un espace de même taille que l'image ini- l'astuce utilisée pour outrepasser la limite du critère de
Chapitre 1. Technologies d'instrumentations transversales 7
My, Mx
B1(t )
t ∆w
Fig. 1.12 À gauche, est présenté le profil temporel B1(t) d'une impulsion radiofréquence sinus cardinal (sinc) à 5 lobes apodisée par
une fonction de Hamming pour éviter les ondulations dans le domaine fréquentiel. À droite, le profil fréquentiel de l'aimantation
transversale Mx,y(ω) obtenu à l'issue du motif complet de sélection de coupe incluant la RF et les gradients. Ce profil fréquentiel
est aussi le profil spatial d'excitation de l'aimantation le long de l'axe des gradients appliqués. En pointillé est également présentée la phase de
l'aimantation presque complètement constante dans l'épaisseur de la coupe. (D'après Bernstein [5].)
ky Encodage de phase
Le décalage dans le k-space dans la direction ky s'effectue
grâce à l'application d'un gradient préalable appliqué durant
une durée limitée décrit sur la figure 1.10 afin de provoquer
un Δky. On parle alors d'encodage de phase (fig. 1.14).
Pour remplir l'intégralité du k-space, il est donc nécessaire
de repasser sur le chronogramme présenté à la figure 1.10
autant de fois qu'il y a de lignes dans celui-ci afin de cou-
kx vrir l'espace entre ± ky max. Le temps d'acquisition total pour
obtenir l'image est donc TA = Ny × TR, ce qui peut selon les
paramètres choisis et le contraste souhaité être relativement
long. Comme nous le verrons plus loin, des solutions d'ac-
célération existent, en particulier en profitant d'un réseau
phasé d'antennes de réception.
Fig. 1.13 En reprenant la formulation proposée dans l'équation Il ne s'agit bien entendu pas de la seule manière de remplir
(1.11), il est possible de graduer l'espace de Fourier de l'image en le k-space. Des méthodes alternatives plus rapides existent, par
kx et ky, d'où son appellation de k-space (ici seule la partie réelle exemple utilisées en echo planar imaging (EPI), proposées ini-
du signal est présentée). L'application d'un simple gradient Gx selon tialement par Mansfield [21], ou spirale [23]. Dans ces deux
l'axe physique x durant l'acquisition du signal permet d'enregistrer une cas, elles peuvent être single-shot, c'est-à-dire qu'elles rem-
information s(kx,ky) remplissant la ligne centrale de cet espace (flèche
plissent le k-space après une seule impulsion RF. Ces méthodes
bleue). Une succession de combinaisons judicieuses de Gx et Gy selon la
stratégie d'acquisition retenue remplira le reste du k-space pour recons-
peuvent aussi être segmentées si nécessaire. Il est également
tituer après transformée de Fourier inverse ( − 1) l'image souhaitée. possible, comme l'avait suggéré Lauterbur, d'utiliser une cou-
verture radiale permettant une approche de reconstruction
ω(x) = γ Gx(x).x, dans le repère tournant ω0. On récupérera proche de celle utilisée en tomographie à rayon X [22, 24] et
donc bien un signal pour lequel l'aimantation sera encodée qui recèle des avantages indéniables pour l'imagerie à temps
en fréquence, le long de l'orientation choisie pour appli- d'écho ultra-court (UTE) [25]. Les trajectoires dans le k-space
quer le gradient. La transformée de Fourier inverse d'un tel de ces techniques sont présentées sur la figure 1.15. Dans tous
signal nous permettra bien par conséquent de remonter à les cas, il est assez aisément possible de déduire le chrono-
la projection de l'aimantation présente le long de cet axe. gramme de séquences associées en ajustant judicieusement
Si on reprend l'exemple de l'image d'IRM présentée sur la les gradients pour visiter le k-space comme souhaité. Même si
figure 1.9, cela correspond à remplir la ligne centrale du plan ces méthodes recèlent d'incontestables avantages, elles portent
de Fourier comme indiqué sur la figure 1.13. Sur le chrono- aussi leur lot de limitations qui font qu'en général elles restent,
gramme de la figure 1.10, la situation décrite correspond à jusqu'à présent, cantonnées à des applications bien spécifiques.
un gradient d'encodage de phase nul. On note aussi sur le
diagramme que l'encodage fréquentiel est produit à l'aide de
deux gradients, l'un de préparation et l'autre d'acquisition.
Description de l'appareillage
Le premier est nécessaire pour se positionner à –kx max avant L'IRM est composée de trois dispositifs produisant des
d'acquérir l'espace entre ± kx max correspondant au FOV champs électromagnétiques de différents types partici-
(field of view) fixé au préalable par l'utilisateur. pant à la formation de l'image. Cette deuxième section est
Il reste maintenant à compléter les autres lignes et, pour consacrée à leur description. Nous nous intéresserons en
cela, il s'agit de savoir comment il est possible de se déplacer premier lieu à l'aimant qui produit le champ magnétique
le long de ky dans cet espace. statique, par là même, l'aimantation sur laquelle s'appuie
Chapitre 1. Technologies d'instrumentations transversales 9
la formation du signal en RMN. Nous décrirons ensuite Les aimants d'IRM actuels sont des électroaimants
comment l'insert de gradient participe au shimming actif du constitués d'une série de bobines ou solénoïdes. Puisqu'un
champ de vue et à l'encodage spatial de l'information. Enfin, aimant doit comporter une région extrêmement homogène,
nous étudierons le système de RF à l'émission, ainsi que le correspondant au champ de vue d'exploration aussi nommé
système de sécurité qui lui est associé. Nous nous attarderons FOV, afin de pouvoir produire des images de bonnes quali-
plus particulièrement sur l'introduction récente de système tés, l'architecture pourrait s'apparenter à celle d'un solénoïde
de transmission parallèle afin d'en comprendre les principes infini pour lequel le champ magnétique B est parfaitement
et le potentiel qu'il recèle pour l'avenir. Nous terminerons homogène à l'intérieur. Le champ magnétique à l'intérieur
avec l'instrumentation utilisée à la réception en insistant sur de la bobine d'un tel circuit s'écrit :
leur importance dans le cadre de l'imagerie rapide. m nI
B= 0
l (1.12)
Aimant Avec B, l'intensité du champ magnétique [T], μ0 = 4π ×
L'aimant est le composant principal d'une machine IRM. 10–7 [T⋅m/A], la perméabilité du vide, n le nombre de spires
Les lois physiques sur lesquelles repose l'IRM imposent des sur chacune des bobines, I [A] l'intensité du courant élec-
contraintes fortes sur l'intensité de son champ magnétique trique continu appliqué, et l [m] la longueur du solénoïde.
statique, ainsi que sur son homogénéité spatiale et tempo- Étant donné que cela est en pratique impossible à réali-
relle dans la région imagée. D'autres limitations logistiques ser, l'aimant d'un IRM, en général, sera produit grâce à la
liées à l'encombrement, au poids, au confort du patient, à mise en série de plusieurs bobines judicieusement agencées
la sécurité et au coût interviennent aussi dans le design de en fonction de leur dimension de leur nombre de spires à
celui-ci. l'image de bobines d'Helmholtz. Un exemple de design sim-
plifié est proposé à la figure 1.16. Avec un tel dispositif, un
champ homogène est produit dans un volume sphérique au
centre de l'aimant. Au moment de l'installation de l'appareil
ky et afin d'affiner son homogénéité, sont glissées, à l'intérieur
de l'ouverture, de petites plaques en acier judicieusement
disposées dans des glissières prévues à cet effet. On parle
alors de shim passif. L'homogénéité est donnée en partie par
million (ppm) suivant l'expression :
dB (T )
∆ky dB ( ppm ) = Df = ´ 106
B (T ) (1.13)
kx
Elle est typiquement de 1 à 3 ppm en moyenne sur le
volume et de 20 à 40 ppm pic localement sur une sphère de
50 cm de diamètre (DSV ou diameter of spherical volume),
volume typique correspondant au FOV maximal utilisé
Fig. 1.14 L'application d'un gradient de phase préalable à en IRM. Il est en plus important que la dérive temporelle
l'acquisition du signal durant le gradient de Gx permet de se moyenne n'excède pas quelques ppm/heure. De tels stan-
déplacer le long de ky dans le k-space et ainsi de remplir les dards d'homogénéité sont essentiels pour être en mesure
différentes lignes de l'espace entre ± ky max. Il est donc nécessaire
de réaliser des examens d'IRM de qualité, en particulier
de répéter le chronogramme présenté à la figure 1.10 autant de fois
qu'il y a de lignes Ny dans l'image qu'on souhaite reconstituer ce qui
lorsqu'ils comportent des acquisitions en saturation de
peut s'avérer, suivant les contrastes et surtout en fonction de la matrice graisse ou en spectroscopie.
de l'image souhaitée, très coûteux en temps.
Fig. 1.15 Remplissage alternatif de l'espace réciproque. De gauche à droite, l'echo planar imaging (EPI) [21], la spirale [23], tous deux en
single-shot, c'est-à-dire avec une couverture complète à l'issue d'un unique pulse d'excitation RF, puis enfin le radial [22, 24]. Pour les deux pre-
miers, il est aussi possible de les segmenter. Ces techniques constituent des options au remplissage ligne à ligne décrit en détail dans la section
du texte.
10 IRM en pratique clinique
Fig. 1.19 Graphique représentant les harmoniques sphériques et leur impact jusqu'à l'ordre 2 sur une surface d'une sphère. De haut
en bas respectivement, les composants d'ordre zéro à 2. (D'après Wachowicz [30].)
Il est donc aisé de moduler l'intensité et le sens du gradient à la consigne durant les phases de transition (montée ou
requis dans la séquence d'imagerie en jouant simplement descente du gradient). Comme nous l'avons vu, les gra-
avec l'intensité du courant injecté dans le circuit. dients encodent spatialement l'information recueillie après
La production de gradients de champ magnétique dans l'excitation RF. La différence entre le gradient effectivement
les deux directions perpendiculaires à l'axe principal de l'ai- appliqué et la consigne va provoquer des distorsions de
mant est plus complexe. Du fait des propriétés des équations l'image préjudiciables à leur utilisation pour le diagnostic.
de Maxwell, il est nécessaire d'adopter une autre architec- L'ajout d'un système de pre-emphasis, qui compense pour
ture composée de deux couples de bobines en selle de cheval ces effets, améliore grandement la situation (fig. 1.24). Sur
comme présentée sur la figure 1.21. les appareils d'IRM récents, les gradients sont activement
Pour obtenir l'effet souhaité dans une direction orthogo- blindés et ne nécessitent presque plus de compensations
nale restante (droite-gauche, R>>L), il suffit d'ajouter une [35] comme montré sur la droite de la figure 1.21. On note
copie du dispositif précédent pivoté de 90°. Au total, l'insert néanmoins que certaines séquences spécifiques poussant les
de gradient permettant d'encoder spatialement l'infor- gradients à leurs limites, telles que les séquences pondérées
mation en IRM peut se représenter de manière simplifiée en diffusion, nécessitent une attention particulière malgré
comme indiqué à la figure 1.22. ces avancées. Ainsi Reese [36] a-t-il proposé, par exemple,
Un appareil d'IRM comporte des gradients capables d'at- un module double spin-echo diffusion pour parer aux pro-
teindre selon les systèmes de 20 à 80 mT/m maximal et 10 à blèmes résiduels provoqués par la commutation rapide et
40 mT/m nominal, c'est-à-dire en fonctionnement intensif. extrêmement intense demandée aux gradients pour ce type
Un appareil peut monter à ces valeurs avec des temps de de séquence.
montée ou un slew-rate qui peuvent aller jusqu'à 200 T/m/s.
Cette dernière spécification n'est pas liée à une limitation
technique mais bien à des considérations physiologiques. En
effet, au-delà de cette limite, il est possible, selon l'anatomie
du patient, de provoquer des stimulations nerveuses péri-
phériques (SNP, aussi appelées PNS pour peripheral nerve
stimulation), extrêmement pénibles [33, 34].
B0
B0
a b
Fig. 1.21 À gauche, le schéma représentant l'architecture classique du circuit produisant un gradient dans la direction antéroposté-
rieure (A>>P) (d'après Descorps [3]). Lorsque les circuits sont mis sous tension, il s'installe entre les deux couples de bobines un gradient de
champ magnétique linéaire A>>P. Le tracé jaune représente l'intensité du champ qui se superpose à B0 le long de cet axe. À gauche en rouge,
le design réel dit en « emprunt digital ». En jaune sont présentées les bobines de blindage actif afin de limiter les courants de Foucault dans la
structure du cryostat. (Figure b : remerciements à Eva Eberlein Siemens Healthineers.)
Fig. 1.22 Représentation simplifiée des bobines composant la partie du fourreau de gradient d'IRM permettant d'encoder le signal
RMN spatialement. Chaque couleur correspond aux bobines et aux gradients produits. En bleu, R>>L (droite-gauche), en vert H>>F (tête-pied),
et orange A>>P (antéropostérieur). La sphère en pointillés rappelle le DSV de l'aimant décrit dans le texte.
Antennes radiofréquences
Les antennes constituent une pièce essentielle de l'IRM tant
pour produire le signal que pour le recevoir. Elles doivent
émettre et recevoir autour de la fréquence de Larmor spéci-
fique au B0 de l'IRM considérée. Sachant que ces fréquences,
comme nous l'avons vu, sont dans le domaine des radiofré-
quences, le dispositif électronique en mesure d'effectuer
cette tâche est un circuit RLC (contenant une résistance
électrique R, une bobine L et un condensateur C), filtre
passe-bande, centrés sur ω0 (fig. 1.26).
Hoult a édicté le principe de réciprocité qui prédit un
comportement similaire à l'émission du champ B1+ et à la
réception du champ B1– [42] permettant l'utilisation du
même dispositif à l'émission et à la réception. Pourtant,
compte tenu des exigences très fortes imposées tant à l'émis-
sion qu'à la réception sur ce matériel, les appareils d'IRM
contemporains n'utilisent plus que dans des cas très rares la
même antenne à l'émission et à la réception. Dans la section
qui suit, nous en étudierons les raisons pratiques.
Antennes émettrices
Théorie
À l'émission, le cahier des charges pour une antenne est très
Fig. 1.23 Au moment de la mise sous tension de la bobine, le simple. Il s'agit d'illuminer l'intégralité de la région d'intérêt
champ magnétique (en bleu) qu'elle crée induit dans le conduc- de la manière la plus homogène possible et la plus efficace
teur adjacent, ici une plaque métallique, des courants de possible, c'est-à-dire en dispersant le moins possible d'éner-
Foucault qui, à leur tour, vont induire un champ magnétique gie dans le patient.
opposé au premier (en jaune). La résultante du champ magnétique
En effet, nous l'avons vu, le signal obtenu dépend en
localement s'écarte donc sensiblement de ce qui était initialement
souhaité.
premier lieu de la manière dont il a été excité, de l'angle
de bascule utilisé en particulier. Ne pas exciter les spins
de la même manière sur l'intégralité du volume d'intérêt
(volume of interest [VOI]), c'est prendre le risque de per-
turber le contraste des images pondérées par un des para-
mètres physiques auxquels l'IRM nous donne accès [43].
C'est aussi se priver du RSB optimal que peut produire une
séquence lorsqu'elle est appliquée avec l'angle de bascule
ciblé. Bien entendu, d'autres spécifications s'ajoutent à
celles mentionnées ci-dessus. Elles répondent plus à des
considérations industrielles, de reproductibilité et de sta-
bilité dans le temps que nous ne développerons pas dans
ce qui suit.
Fig. 1.25 À gauche, le fourreau de gradient est représenté au repos pendant qu'à droite il est déformé par la force de Laplace induite
par une consigne d'encodage (F>>H) le long de l'axe principal du cylindre. (D'après Roosen [40].)
1
w0 =
Fig. 1.26 Schéma de principe d'un circuit RLC filtre « passe-bande » résonnant à LC , avec L l'inductance de la bobine [H], C la
capacité du condensateur [F], R la résistance [Ω]. Un tel dispositif, s'il est alimenté, est susceptible de produire un champ radiofréquence à ω0.
Si à l'inverse, il est branché sur un instrument de mesure, tel qu'un voltmètre, il peut capter un champ radiofréquence dans la même gamme.
mauvaise, y compris sur de petits organes tels que le cer- l'amplitude et la phase des impulsions radiofréquences
veau (fig. 1.29). Les équations de Maxwell, régissant les lois envoyées de manière à ce que la somme des champs soit
de l'électromagnétisme, mettent en évidence que lorsqu'on la plus homogène possible suivant l'équation suivante :
augmente la fréquence de résonance, la longueur d'onde
diminue (voir fig. 1.4), et l'onde radiofréquence a de plus B1+ ( r ,t ) = p ( t ) å c =1 a c B1+,c ( r ,t ) (1.14)
n
Fig. 1.29 Évolution de contrastes d'une image pondérée en T2 simulée en fonction de B0 avec une excitation opérée à l'aide d'une
antenne birdcage. On observe un assombrissement caractéristique au niveau des lobes temporaux qui s'étend avec l'augmentation de B0. Il
s'accompagne d'un hypersignal centré de plus en plus intense avant de s'estomper à 12 T. (Source : Webb AG. Dielectric materials in magnetic
resonance. Concepts in Magnetic Resonance Part A 2011 ; 38A : 148-84. Reproduction autorisée.)
Chapitre 1. Technologies d'instrumentations transversales 17
Fig. 1.30 (a) Antenne birdcage simple, corps entier, installée dans une IRM 3 T standard. (b) Antenne birdcage deux canaux alimentés
par deux amplificateurs séparés pouvant être contrôlés de manière complètement différenciée. Cette antenne peut être utilisée comme
celle présentée en (a) lorsque les inhomogénéités sont limitées (mode de polarisation circulaire ou CP). Elle peut aussi être utilisée après calibration
en shimming B1 statique [46] ou de manière dissociée comme dans le texte.
Débit d'absorption spécifique (DAS) masse corporelle du patient dans la machine, et le DASlocal
L'un des risques principaux relevés en IRM est celui lié à calculé par unité de 10 g. Cette dernière mesure permet de
l'échauffement du patient durant l'examen à cause de la dis- rendre compte de l'échauffement localisé qui pourrait dété-
sipation d'énergie causée par l'excitation RF [59]. Dans la riorer un tissu localement sans forcément représenter au
gamme de fréquences auxquelles les IRM modernes fonc- total une quantité d'énergie dangereuse au niveau global.
tionnent, une part non négligeable de l'énergie est absorbée Pour ces deux grandeurs, des mesures sont effectuées sur
par le corps, provoquant un échauffement qui, s'il est trop des fenêtres glissantes de 10 secondes et de 6 minutes, de
important, peut causer de graves dommages. Cette part aug- manière à rendre compte à la fois de puissances instantanées
mente d'ailleurs avec l'accroissement de B0 et donc de la fré- et moyennes inacceptables.
quence. En première approximation, lorsqu'on vise un angle Ainsi, des études ont montré que des températures de
de bascule constant dans un volume, elle augmente en B02 [46]. 38 °C localisées dans la tête, 39 °C dans le tronc et 40°C
Il est donc impératif de maintenir l'échauffement tissu- dans les extrémités ne sont pas susceptibles d'avoir des
laire maximal en dessous de 2 °C dans le mode normal d'uti- effets nocifs [60]. D'autres expérimentations sur des ani-
lisation de l'IRM selon les reommandations internationales maux anesthésiés pour lesquels différentes valeurs de DAS
les plus récentes [34], afin de ne pas entraîner de dommages (1,5, 2, 4 W/kg) ont été essayées ont permis de déterminer
irréversibles. L'appareillage actuel n'étant pas capable de une élévation de 0,46 °C maximale sur des examens de 60 à
mesurer directement la température générée à l'intérieur 90 minutes [61]. En fonction de ces études, le DAS est limité
des tissus en temps réel, des limitations de la puissance de d'après les normes IEC 601-2-33 [34], rendant l'imagerie à
la radiofréquence transmise ont été établies fondées sur des haut champ de fait plus contraignante mais pas plus dan-
études préalables expérimentales. Ainsi, le débit d'absorp- gereuse puisque toujours soumise aux mêmes règles. Ces
tion spécifique (DAS), parfois appelé TAS (taux d'absorp- dernières sont différentes selon qu'il s'agisse du cerveau, du
tion spécifique) mais aussi SAR (specific absorption ratio), tronc ou des extrémités. La norme stipule aussi la possibilité
est la grandeur retenue pour rendre compte de l'énergie d'utiliser un mode dit de niveau 1 permettant d'augmenter
dissipée par unité de temps dans le patient (W/kg). Le DAS ces limites sous une surveillance médicale. Tout cela est
existe sous plusieurs formes : le DASglobal moyenne sur la résumé dans le tableau 1.1 dans le cas de la tête humaine.
18 IRM en pratique clinique
Tableau 1.1 Normes internationales de DAS (débit d'absorption spécifique) concernant les limites
acceptables pour une tête humaine, et cela quelle que soit l'intensité du champ magnétique statique B0
considéré.
Mode de Normal Niveau 1
fonctionnement
Fenêtre de mesure 10 s moyennée 6 min moyennée 10 s moyennée 6 min moyennée
DASlocal (W/kg) 20 10 40 20
DASglobal (W/kg) 6,4 3,2 6,4 3,2
Pour accéder à ces grandeurs et s'assurer tout au long de donc difficilement détectable. La sensibilité de l'antenne
l'examen qu'elles ne dépassent pas les limites acceptables, les est privilégiée à son homogénéité. L'architecture d'antenne
constructeurs d'IRM ont mis en place plusieurs solutions. sélectionnée est la simple boucle de surface ou surface loop.
D'abord, une estimation du DASglobal et du DASlocal est réa- L'expression du signal lorsqu'on s'éloigne d'une antenne
lisée avant le début de chaque acquisition en fonction du loop de rayon r [m] et d'une distance y [m] s'écrit comme
choix de la séquence, des paramètres utilisés, de la région suit et est décrite graphiquement sur la figure 1.31 :
anatomique, du poids et de la taille du patient, de ce qui a
r2
été précédemment acquis et en fonction d'une simulation B1- ( y ) µ 3
du comportement de l'antenne sur un modèle humain. Une
seconde sécurité « temps réel » mesure la puissance dissipée (r 2
+ y2 ) 2
(1.16)
dans le patient sur une fenêtre glissante de 10 secondes et
6 minutes tout au long de l'acquisition grâce à des coupleurs Ces antennes sont donc profondément inhomogènes à la
directionnels installés sur la ligne de transmission. En s'ap- réception et il sera nécessaire de compenser avec des méthodes
puyant sur ces mesures et en suivant les mêmes règles de de normalisation pour s'en affranchir visuellement [63].
calcul que celles utilisées à l'estimation préalable au démar- Une antenne de réception ne mesure qu'une tension,
rage de l'acquisition, des calculs de DASglobal et de DASlocal généralement très faible, proportionnelle à l'aimantation
conservatifs sont effectués en continu. En cas d'excès, ou l'ayant induit. Il est cependant possible de remonter à une
même de trop grandes différences entre l'estimation et la seconde information ; l'astuce est de démoduler le signal
mesure, l'acquisition s'arrête immédiatement. reçu avec la même porteuse provenant du synthétiseur
Dans le cas des IRM comportant une chaîne de transmis- ayant servi à moduler l'impulsion d'excitation à l'émission
sion parallèle, du fait de l'utilisation possible d'impulsions (fig. 1.32). Ainsi, tous les déphasages de l'aimantation per-
différentes sur chacun des canaux qui interfèrent entre elles çus et ayant eu lieu entre l'excitation et la réception du signal
pour produire une distribution du champ B1+ en adéquation vont pouvoir être quantifiés et même mis à profit pour
avec la requête de l'utilisateur, la dissipation de puissance mesurer le flux [64], la température [65], la susceptibilité
peut localement grandement varier d'un patient à l'autre magnétique relative des tissus [66].
pour une séquence donnée. Une approche trop conserva-
tive empêche de profiter pleinement et en toute sécurité Réseau phasé en réception
du potentiel de ce type de solution. Pour s'octroyer de la
flexibilité, tout en maintenant la sécurité, il est nécessaire Il est possible de calculer très simplement le rayon optimal
de calculer le DASlocal et le DASglobal pour chaque situation ropt d'une antenne boucle pour obtenir le RSB optimal dans
et idéalement en temps réel sur un modèle assorti d'une un voxel à une distance y0 donnée de l'antenne [67] :
marge de sécurité plus faible. Faire ces calculs de DAS sur y
ropt = 0
un modèle de corps entier en temps réel n'est cependant 5 (1.17)
pas réaliste avec les moyens informatiques actuels. Pour
cette raison a été introduit le concept de virtual observation
points (VOP) [62] qui permet de ne calculer qu'un certain
nombre de points caractéristiques qui assurent une mesure
B1 (ua)
sécurisée et rapide de cette grandeur en temps réel, offrant
une estimation systématique légèrement surestimée. Cette
nouvelle approche laisse entrevoir un essor important pour
ce type de matériel et les possibilités qu'elle offre, en parti-
culier pour tirer pleinement parti du potentiel des IRM à
ultra-hauts champs.
Y/R
Fig. 1.32 Schéma de principe d'un système de réception numérique en IRM. Le signal acquis au niveau de l'antenne est amplifié avant d'être
numérisé avec le convertisseur analogique numérique (CAN). Ensuite, le signal est démodulé (x) en utilisant le signal ayant servi à la modulation de
l'impulsion d'excitation afin d'obtenir la partie réelle et la partie imaginaire enfin stockées. Cette astuce permet d'ajouter une information de phase
qui s'est immiscée dans le signal après l'excitation et qui rend compte de phénomènes qui peuvent être exploités ou corrigés. (D'après Descorps [3].)
Fig. 1.33 (a) Schéma de principe d'un réseau d'antennes de réception. On remarque le chevauchement des antennes qui permet
d'obtenir un rapport signal sur bruit (RSB) stable le long de z (b), à une profondeur donnée, en tenant compte de leur couplage
respectif. En pointillés, le comportement de chacune des antennes seules. On notera qu'à l'image de ce qui est présenté sur la figure 1.31, le RSB
diminue en profondeur lorsqu'on s'écarte du réseau. En général, les constructeurs d'IRM proposent de placer un réseau antérieur et postérieur de
manière à limiter la zone dans laquelle le RSB devient trop faible.
Si on considère comme cible la demi-épaisseur d'un sition des images pour la plupart des séquences d'IRM. La
patient, cette expression nous indique qu'il n'est alors pas reconstruction d'une image pour laquelle R = 2 sans les
possible d'obtenir une image couvrant totalement un organe lignes manquantes reviendrait à faire une image repliée. La
avec de telles antennes étant donné qu'elle ne « voit » qu'à reconstitution de l'information manquante passe donc par
l'intérieur de son rayon (par exemple si y0 = 15 cm, alors l'utilisation de la complémentarité qu'offre le fait d'avoir
ropt < 7 cm). Pour contrer ce problème sont apparus progres- acquis l'image avec plusieurs antennes tout en connaissant le
sivement des réseaux d'antennes de surface permettant de profil de réception du réseau d'antenne. À la figure 1.34 est
bénéficier du maximum de sensibilité tout en profitant d'une proposé un diagramme illustrant la méthode de reconstruc-
couverture confortable en termes de VOI. Les constructeurs tion de l'information manquante pour une des techniques
ont ainsi progressivement introduit des réseaux d'antennes d'imagerie parallèle appelée SENSE (SENSitivity Encoding)
de réception (fig. 1.33). [68]. Il s'agit de l'une des techniques les plus populaires ;
L'utilisation, à la réception, d'un réseau d'antennes de elle est aussi la plus simple à appréhender. Une évolution de
surface, en lieu et place de l'antenne volumique utilisée à cette technique appelée m-SENSE a été introduite quelques
l'émission, augmente très notablement le RSB des images, années après permettant d'obtenir le profil de réception
permettant du même coup d'obtenir des résultats de meil- indispensable à la reconstruction des images en même
leure qualité sans faire de compromis sur le VOI d'intérêt temps que le reste de l'information. Une version compatible
considéré. Pourtant, cela ne constitue pas le seul atout de avec l'imagerie 3D appelée 2D SENSE a ensuite été propo-
cette stratégie. sée, permettant d'utiliser des facteurs d'accélération 2D [69].
En effet, les réseaux d'antennes de réception autorisent Ainsi, il est possible de réduire la durée d'acquisition
le sous-échantillonnage de l'espace de Fourier. Il s'agit de de la majorité des séquences proportionnellement à R.
n'acquérir qu'une partie du k-space décrit plus haut. R est Malheureusement, cela ne vient pas sans quelques désa-
le facteur d'accélération. Si R vaut 2, une ligne sur deux gréments et, en particulier, une diminution notable du RSB
seulement est acquise, réduisant d'autant la durée d'acqui- suivant l'équation suivante :
20 IRM en pratique clinique
Fig. 1.34 Illustration décrivant la méthode de reconstruction SENSE pour une image cartésienne sous-échantillonnée d'un facteur R
= 2, c'est-à-dire pour laquelle seulement une ligne sur deux du k-space a été acquise dans la direction de phase. Le patient est entouré
de deux antennes (bleues), pour lesquelles il est nécessaire de connaître le profil de réception séparément (colonne de gauche). Les images brutes
sous-échantillonnées sont présentées sur la colonne du milieu. On notera le repliement caractéristique de ces images. Pour reconstituer l'image
dépliée, il faut extraire A et B des équations du signal en se fondant sur les informations de profils de réception et d'images repliées.
La majorité des séquences cliniques routinières en années 2010, semble en marche pour révolutionner l'ac-
IRM restent, à ce jour, principalement acquises avec des quisition IRM 2D. Cette technique est nommée excitation
séquences multi-coupes 2D [81]. Dans ce cas, jusqu'à il y multibandes (MB) [83] ou simultaneous multislice (SMS)
a peu, outre le fait que les facteurs d'accélération étaient [84]. Cantonnée dans un premier temps à l'EPI (echo pla-
intrinsèquement limités, comme on l'a vu, il n'y avait pas la nar imaging) sous toutes ses formes, elle semble progres-
possibilité non plus de profiter d'une seconde direction de sivement être intégrée au reste du catalogue de séquences
phase comme en acquisitions 3D qui permettait de manipu- disponibles pour le diagnostic en IRM [85]. Le principe en
ler plus avant l'encodage spatial, améliorant ainsi g. est simple : au lieu d'exciter une unique coupe avec cha-
Muller [82] introduit une solution qui ne fut pas sui- cune des impulsions RF, plusieurs vont l'être simultané-
vie d'effets immédiatement mais qui, depuis le début des ment. L'image obtenue, si elle n'est pas traitée, correspond
à l'empilement de plusieurs coupes. Toute la difficulté
réside dans la capacité de séparer l'information. La tech-
nique reste compatible avec les méthodes d'accélération
dans le plan (GRAPPA ou SENSE principalement). Cela
permet ainsi, en combinant les facteurs d'accélération dans
le plan et en coupe, d'atteindre des R très importants. On
comprend alors pourquoi la technique est longtemps res-
tée en silence, puisqu'elle nécessite une capacité de calcul
très importante, mais aussi et surtout d'un réseau d'an-
tennes de réception très dense pour assurer une dissocia-
tion correcte de l'information. L'adaptation des méthodes
CAIPIRINHA [86] à ce type d'acquisition a grandement
aidé dans ce contexte.
`` Conclusion
L'IRM est une incroyable machine, fruit de compétences à
Fig. 1.35 Évolution du facteur géométrique pour un réseau
la croisée de la physique sous toutes ses formes, de l'électro-
d'antenne donné en fonction de l'intensité de B0 et du facteur nique, de l'informatique, de la mathématique, de la méde-
d'accélération R utilisé pour sous-échantillonner les images. On cine et des neurosciences. Elle recèle une infinie complexité,
note que pour des B0 élevés, g diminue pour des facteurs d'accéléra- mais aussi des possibilités d'améliorations techniques à tous
tion élevés, amenuisant d'autant la perte en RSB attendue. (D'après les niveaux. Au cours de cette revue, sont apparues un cer-
Wiesinger [71].) tain nombre d'avancées qui, mises bout à bout, devraient
Fig. 1.36 Images 3D écho de gradients pondérées en T1 sur l'abdomen d'un patient avec un réseau d'antennes comportant 6 antennes
antérieures et 6 postérieures acquises avec deux stratégies de sous-échantillonnage cartésien menant à R = 4 identique et donc à
un temps d'acquisition identique. Ce facteur d'accélération est obtenu par l'acquisition d'une ligne sur deux dans le plan et d'une sur deux
dans la direction de coupe (R = 2 × 2). À gauche, méthode classique (GRAPPA) pour laquelle on voit l'ordre des échantillons acquis dans le k-space
en haut ; à droite, en CAIPIRINHA. Les vignettes dans l'angle droit des images anatomiques montrent la cartographie de facteur géométrique g
correspondant aux deux approches. Elle confirme la diminution du g, en particulier dans le segment droit du foie qui se traduit sur l'image par un
gain en RSB notable dans le cercle orange comme le prédit l'équation (1.18). (Source : Image courtesy of Breuer F, Blaimer M, Griswold M, Jakob
P. Caipirinhia revisited. Reprinted from Magnetom Flash 3/2015 ; 63 : 8-15. Reproduction autorisée.)
22 IRM en pratique clinique
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Chapitre
2
Accidents vasculaires
cérébraux
P. Brugières, P. Kauv, P. Thomas, A. Maraval
PLAN DU CHAPITRE
Épidémiologie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 ischémiques artériels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
Rappel physiologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 Cas particulier des accidents ischémiques
Vascularisation cérébrale. . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 transitoires (AIT). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
Évolution chronologique en IRM d'un accident Particularités IRM en fonction de l'étiologie
vasculaire cérébral ischémique constitué. . . . . 29 des AVC ischémiques artériels. . . . . . . . . . . . . . 41
IRM en fonction de la topographie des AVC
Épidémiologie [1] cas, l'ischémie siège plus volontiers dans une zone située à
la jonction entre deux territoires vasculaires (ischémie dite
Les accidents vasculaires cérébraux (AVC) constituent une du dernier pré).
pathologie fréquente (145 000 patients/an en France) surve- Deux éléments vont conditionner le pronostic du patient :
nant préférentiellement chez le sujet âgé (dans 75 % des cas ■ le degré d'hypoperfusion (qui dépend de l'existence
au-delà de 65 ans) caractérisée par la survenue brutale d'un d'éventuels systèmes de suppléance) ;
déficit neurologique focal. ■ la durée d'exposition à cette hypoperfusion.
Ils regroupent l'ensemble des pathologies vasculaires Normalement, le débit sanguin cérébral est supérieur à
cérébrales : 50 ml/min/100 g de tissu cérébral.
■ ischémiques d'origine artérielle : AVC ischémiques tran- Entre 20 et 50 ml/min/100 g, le parenchyme cérébral est
sitoires ou constitués ; en état d'oligémie dans lequel l'hypoxie cellulaire est partiel-
■ hé mor r ag i qu e s : hé mor r ag i e s c é rébr a l e s ou lement compensée par une augmentation du taux d'extrac-
cérébroméningées ; tion de l'oxygène.
■ les thrombophlébites cérébrales. La pénombre ischémique survient pour des valeurs de per-
Chez l'adulte, ils représentent la première cause de han- fusion situées entre 10 et 20 ml/min/100 g. À ce stade, il existe
dicap moteur acquis et la troisième cause de décès après les une perturbation de l'activité électrique du parenchyme céré-
maladies cardiovasculaires et le cancer. bral sans nécrose tissulaire constituée. Si le débit sanguin se
Ils constituent une urgence thérapeutique car leur pronos- normalise, le territoire impliqué par la pénombre ischémique
tic dépend de la rapidité de la prise en charge à la phase aiguë. est susceptible de récupérer une fonction normale.
Au-dessous de 10 ml/min/100 g, la production d'adéno-
sine triphosphate (ATP) est interrompue, ce qui entraîne
Rappel physiologique [2, 3] un dysfonctionnement des métabolismes cellulaires dépen-
Le fonctionnement cérébral normal nécessite un apport dants d'un apport énergétique comme les pompes NA+/
continu en oxygène et en glucose. L'interruption brutale du K+-ATP-dépendantes. Il en résulte un œdème cytotoxique,
flux artériel est responsable de la souffrance parenchyma- l'inhibition de la recapture de neurotransmetteurs excito-
teuse du territoire dépendant de l'artère intéressée. toxiques comme le glutamate, ce qui aboutit secondaire-
La cause de cette interruption est le plus souvent consé- ment à la nécrose parenchymateuse. La nécrose ischémique
cutive à une occlusion artérielle d'origine thrombotique apparaît également lorsque la durée d'exposition au stade de
ou thrombo-embolique. Plus rarement, elle est liée à une pénombre ischémique est prolongée (fig. 2.1).
cause hémodynamique par baisse de la pression artérielle On peut ainsi considérer qu'en cas d'infarctus cérébral,
en rapport avec une sténose serrée d'un gros tronc artériel il existe :
(terminaison de carotide, origine d'une artère sylvienne), ■ une zone centrale (core) dans laquelle la nécrose isché-
ou d'origine systémique (arrêt cardiovasculaire). Dans ce mique est immédiatement présente ;
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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28 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
60
cérébelleuses antéro-inférieures et les artères cérébelleuses
50
supérieures, des perforantes pour le tronc cérébral, et se termine
40
Oligémie en donnant deux artères cérébrales postérieures (fig. 2.3b).
30 Hypo- Le polygone de Willis constitue un système anastomo-
perfusion tique qui, dans sa forme complète, relie les deux artères
20
Pénombre cérébrales antérieures par l'artère communicante antérieure
10 Ischémie et la terminaison des carotides internes à la jonction P1/P2
Infarctus
des artères cérébrales postérieures par le biais des artères
Fig. 2.1 Débit sanguin cérébral (DSC) : seuils physiologiques. communicantes postérieures.
Dans un but pratique, nous ne détaillerons dans ce cha-
■ une zone périphérique correspondant à la zone de pitre que les territoires dont l'ischémie est susceptible d'être
pénombre ischémique dans laquelle les perturbations visualisée en IRM (fig. 2.4) :
métaboliques sont susceptibles d'être réversibles si le ■ artère cérébrale antérieure : elle vascularise la face inférieure
débit sanguin est rétabli dans les toutes premières heures et interne du lobe frontal, la face interne du lobe pariétal,
suivant le déficit et qui constitue la cible du traitement les deux tiers antérieurs du corps calleux. Son territoire
fibrinolytique ou de la thrombectomie. profond alimente le bras antérieur de la capsule interne, la
partie antéro-inférieure du pallidum, la partie inférieure de
la tête du noyau caudé (artère récurrente de Heubner) ;
Vascularisation cérébrale ■ artère cérébrale moyenne : elle vascularise la face externe
du lobe frontal, du lobe pariétal, de la partie antérieure
L'encéphale est vascularisé par les artères carotides internes du lobe temporal ainsi que l'insula. Les branches lenti-
et par le système vertébrobasilaire (fig. 2.2). culostriées issues de M1 vascularisent la partie latérale
A. carotide interne :
segment intracaverneux A. vertébrale
segment V4
A. carotide interne :
segment du foramen lacerum
A. vertébrale
A. carotide interne : segment V3
segment intrapétreux
A. carotide interne :
segment cervical
A. carotide
Bulbe carotidien externe
A. sous-clavière A. vertébrale
segment V1
A. communicante
antérieure
A. cérébrale A. cérébelleuse
postérieure supérieure
A. communicante
A. choroïdienne postérieure
antérieure A. cérébelleuse
ACP segment P2 Tronc antéro-inférieure
basilaire
ACP segment P1
A. cérébelleuse
postéro-inférieure
a b
Fig. 2.3 Polygone de Willis (a) et (b) territoire vertébrobasilaire.
TB
ACAI
ACAI
ACPI
ACPI
ACPI
a b c
ACA
AChA LS
Acho A Acom P
ACM Acho A
ACM
ACM
ACS
d e f
ACA ACA
ACA
Acho A
L.S L.S LS
ACM ACM
ACM
ACP
ACP
ACP
g h i
Fig. 2.4 a–m. Territoires artériels. Territoires jonctionnels (en noir). ACA : artère cérébrale antérieure ; ACAI : artère cérébelleuse antéro-infé-
rieure ; Acho A : artère choroïdienne antérieure ; ACM : artère cérébrale moyenne ; Acom P : artère communicante postérieure ; ACP : artère céré-
brale postérieure ; ACPI : artère cérébelleuse postéro-inférieure ; ACS : artère cérébelleuse supérieure ; LS : artères lenticulosriées issues de l'ACM
et de l'ACA ; TB : perforantes issues du tronc basilaire.
Chapitre 2. Accidents vasculaires cérébraux 31
ACA
ACA
ACM ACM
ACAI
ACP ACPI
ACP
j k l
ACA
L.S
ACM
ACP
m
Fig. 2.4 a–m. Suite.
2. L'imagerie d'écho de gradient à TE long (T2*) permet 3. L'imagerie FLAIR (fluid-attenuated inversion recovery)
d'éliminer un hématome parenchymateux (qui peut éga- permet de dater l'AVC qui, classiquement, ne se présente
lement se présenter en diffusion restreinte) et de dépis- en hypersignal qu'à partir de la 6e heure [11]. La visuali-
ter d'éventuels microsaignements parenchymateux [9] sation d'un hypersignal FLAIR dans le territoire ischémie
qui pourraient orienter vers une pathologie associée qui constitue donc une contre-indication à la fibrinolyse. Cette
pourrait contre-indiquer la thrombolyse (angiopathie séquence est d'un intérêt majeur pour la prise en charge des
amyloïde, nombre important de microsaignements). Elle AVC découverts au réveil du patient. Cette imagerie per-
permet surtout dans certains cas de visualiser un caillot met dans plus de la moitié des cas de mettre en évidence un
intraluminal sous la forme d'un hyposignal linéaire cor- ralentissement circulatoire sous la forme d'un signal hype-
respondant à un artéfact de susceptibilité lié à la désoxyhé- rintense intéressant les vaisseaux artériels situés en amont
moglobine intracellulaire. Ce thrombus est plus souvent du tissu ischémié [12]. Il est à noter que l'hypersignal de
visualisé sur les segments M1 et M2 de l'artère cérébrale ralentissement circulatoire observé en imagerie FLAIR 2D
moyenne. La présence d'un thrombus intraluminal sur le peut ne pas être retrouvé en imagerie FLAIR 3D [13].
segment M1 de l'artère sylvienne doit faire discuter – dans 4. L'imagerie vasculaire en temps de vol est la technique
un centre spécialisé – la thrombectomie par voie artérielle de référence pour l'exploration vasculaire cérébrale. Elle
dont la fenêtre thérapeutique peut être étendue à 6 heures. repose sur une technique d'écho de gradient 3D à haute
L'imagerie de susceptibilité magnétique (SWI, SWAN) résolution spatiale (épaisseur de coupe 0,8 mm, taille du
est plus sensible que l'imagerie d'écho de gradient pour la voxel 0,8 mm × 0,8 mm) associée si possible à un trans-
détection des microsaignements. Elle permet également à fert d'aimantation et un angle de bascule variable (ram-
la phase ultraprécoce de mettre en évidence le brush-sign ped flip angle). L'utilisation de plusieurs (4 à 5) volumes
qui correspond à l'augmentation de la concentration en d'imagerie de faible épaisseur est indispensable pour évi-
désoxyhémoglobine des veines médullaires cérébrales ter la saturation des spins artériels à l'intérieur du volume
situées dans le territoire ischémié [10]. d'imagerie. L'apparition des imageurs 3 T apporte une
32 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
a b c
d e
Fig. 2.5 AVC ischémique à la phase hyperprécoce (< 6 heures). AVC sylvien superficiel droit de localisation insulaire postérieure en hyposignal
sur la cartographie du coefficient apparent de diffusion (ADC) (a) et hypersignal sur l'imagerie Trace b1000 (b) avec : visibilité du caillot (flèche)
en EG T2* (c) ; occlusion d'une branche de la trifurcation sylvienne (flèche) sur l'angio-IRM (d) ; absence d'hypersignal T2 du territoire ischémié
mais ralentissement circulatoire (flèche) visible sur l'imagerie FLAIR (e). Cet AVC peut bénéficier d'une thrombolyse voire d'une thrombectomie.
a b c
d e f
Fig. 2.6 AVC ischémique sylvien superficiel droit à la phase hyperprécoce en imagerie de diffusion (a) et en cartographie d'ADC (b).
Visibilité du caillot (flèche) en M2 sur la séquence d'EG T2*(c). Occlusion d'une branche de la sylvienne (flèche) sur l'angio-IRM (d). Le caillot en
M2 est trop distal pour envisager une thrombectomie. L'AVC apparaît également en hypersignal b100 dans la région frontorolandique droite (e).
On note en imagerie de susceptibilité magnétique (SWI) une trop bonne visibilité des veines médullaires en franc hyposignal (flèches), ce qui traduit
une augmentation de la concentration veineuse en désoxyhémoglobine dans le territoire ischémié (f) : cet aspect correspond au brush-sign.
Chapitre 2. Accidents vasculaires cérébraux 33
Fig. 2.7 AVC ischémique sylvien total au stade aigu (> 6 heures). Cet AVC dont le signal est déjà intense en FLAIR (a) apparaît en signal
intense en imagerie Trace (b) b1000 et en hyposignal sur la cartographie du CAD (c). L'AVC intéresse le territoire cortical de l'artère sylvienne
gauche mais également les noyaux gris centraux du même côté : il s'agit donc d'un AVC sylvien total. Compte tenu de l'étendue des lésions et du
délai écoulé, cet AVC n'est pas accessible à la fibrinolyse.
qualité comparable à celle de l'angiographie digitalisée rivée du bolus au niveau de la crosse aortique, l'utilisation de
par voie artérielle. L'imagerie en temps de vol du poly- séquences rapides à temps d'écho (TE) et temps de répétition
gone de Willis permet de localiser l'occlusion vasculaire (TR) extrêmement courts (TR < 5 ms, TE < 3 ms) associées
lorsque celle-ci siège sur un gros tronc (siphons caroti- généralement à un balayage elliptique-centrique du plan de
diens, tronc basilaire) ou sur une branche principale de Fourier. Cette technique permet de dépister une sténose ou
division des artères cérébrales (jusqu'au segments A2 une occlusion vasculaire. Elle a tendance à surestimer les sté-
et M2). L'intérêt est ici surtout de comprendre le méca- noses artérielles. La qualité de l'angiographie par résonance
nisme de l'AVC (occlusion tronculaire, sténose proximale magnétique (ARM) des TSA est également améliorée à 3 T.
pouvant expliquer un accident jonctionnel, etc.) afin
de pouvoir discuter la meilleure option thérapeutique
(thrombolyse/thrombectomie).
Au stade aigu compris entre
Au stade hyperprécoce, il est nécessaire d'entreprendre la 6e heure et les 24 premières heures
le plus rapidement possible le traitement fibrinolytique. L'AVC se présente toujours en diffusion restreinte (fig. 2.7)
Toute autre séquence d'imagerie ne doit donc être envisagée et l'imagerie conventionnelle permet de retrouver (fig. 2.8) :
qu'après le début du traitement fibrinolytique ou lorsque ce ■ des anomalies en rapport avec le ralentissement
traitement est contre-indiqué. circulatoire :
À ce stade, l'imagerie de perfusion permettrait de mettre – sur l'imagerie pondérée en T2, un vaisseau artériel
en évidence l'hypoperfusion du territoire ischémie sous la circulant qui se présente en franc hyposignal (void-
forme d'un allongement des paramètres temporaux – temps sign). La disparition de cette absence de signal au sein
du pic (time to peak [TTP]) et temps de transit moyen d'un vaisseau occlus est un signe précoce qui peut être
(mean transit time [MTT]) – et d'une diminution du débit observé dès les premières minutes de l'occlusion vas-
sanguin cérébral relatif (relative cerebral blood flow [rCBF]). culaire. En écho de gradient pondéré en T1, l'occlusion
La confrontation entre l'imagerie du volume sanguin céré- vasculaire se traduit par la disparition de l'hypersignal
bral relatif (relative cerebral blood volume [rCBV]) et du (lié à l'effet d'entrée de coupe) normalement observé
débit sanguin cérébral relatif (rCBF) permet d'évaluer le dans la lumière d'un vaisseau circulant ;
degré d'autorégulation : la vasodilatation réflexe peut-elle – l'hypersignal vasculaire en imagerie FLAIR ;
compenser l'augmentation du MTT ? – en cas d'injection de gadolinium, la présence d'un
Surtout, la confrontation avec l'imagerie de diffusion rehaussement vasculaire trop intense dans le terri-
permet de déterminer la zone de pénombre ischémique toire ischémié qui traduit le ralentissement du flux
[14, 15] dont la définition précise ne fait pas consensus et vasculaire.
qui correspond à une zone hypoperfusée (en rCBF et MTT) ■ des signes caractéristiques de l'œdème cytotoxique :
sans restriction en imagerie de diffusion à la même période. – épaississement du ruban cortical qui apparaît en hypo-
L'exploration des troncs supra-aortiques (TSA) repose signal T1 et en hypersignal T2. On peut néanmoins par-
sur l'injection d'un chélate de gadolinium en bolus (15 ml, fois observer à ce stade un hyposignal T2 de la substance
3 ml/s), la détection semi-automatique (Care-bolus®, Bolus- blanche en regard du cortex ischémié (désoxyhémoglo-
track®, Fluoro-trigger®) ou automatique (Smart-prep®) de l'ar- bine, dépôts ferriques, dépôts de radicaux libres ?) ;
34 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
a b
Fig. 2.8 AVC à la phase aiguë. Hypersignal gyriforme sur les séquences pondérées en T2 sans (a) et avec effacement du signal de l'eau (FLAIR, b)
correspondant à l'œdème cytotoxique cortical effaçant les sillons corticaux et débordant dans la substance blanche sous-corticale.
Fig. 2.9 AVC à la phase aiguë. L'hypersignal observé sur l'imagerie b1000 (b) s'explique à la fois par la restriction diffusionnelle observée sur la
cartographie d'ADC (c) et par l'effet T2 lié à l'augmentation d'eau dans le parenchyme ischémié et visible sur l'imagerie FLAIR (a).
– perte de la visibilité de l'interface substance blanche/ L'hypersignal observé en imagerie pondérée en diffusion
substance grise en raison de la diffusion l'œdème en (Trace b1000) à ce stade correspond donc à la fois à la res-
sous-cortical ; triction diffusionnelle et à l'augmentation du T2 du paren-
– effacement des sillons corticaux. chyme ischémié (fig. 2.9).
L'imagerie FLAIR présente ici une meilleure sensibilité En cas d'injection de gadolinium, on observera parfois
que les séquences de SE-T2 (fig. 2.8). une prise de contraste leptoméningée qui traduirait le déve-
Le mode brutal de survenue du déficit et la topographie loppement d'anastomoses piales.
vasculaire « artérielle » des lésions font évoquer le diagnostic
qui sera confirmé par l'imagerie de diffusion qui retrouve Phase subaiguë,
une diffusion restreinte dans le territoire ischémié.
Secondairement, en fonction du volume du territoire du 2e jour à la fin de la 2e semaine
infarci, peuvent apparaître une extension de l'hypersignal En imagerie de diffusion, cette phase se caractérise par une
T2/FLAIR et un effet de masse. élévation progressive de l'ADC du territoire ischémié qui
Chapitre 2. Accidents vasculaires cérébraux 35
Fig. 2.10 Évolutions comparatives de l'ADC et de l'imagerie pondérée en diffusion. Alors que l'ADC de l'AVC ischémique, abaissé à J0 (c)
se normalise vers le 7e jour (d), l'hypersignal b1000 observé à J0 (a) perdure à J7 (b). L'imagerie pondérée en diffusion ne permet pas à elle seule
de dater l'ancienneté d'un AVC.
se « normalise » entre 7 et 10 jours. Néanmoins, à ce stade, Rarement, on peut observer en imagerie FLAIR réalisée
l'imagerie de l'AVC reste en franc hypersignal sur l'imagerie quelques heures après l'injection de gadolinium une élévation
pondérée en diffusion (fig. 2.10). du signal du liquide cérébrospinal (LCS) au sein des sillons
En imagerie conventionnelle, elle se caractérise par : corticaux contigus à un foyer ischémique cortical qui ne doit
■ l'apparition d'une rupture de la barrière hémato-encé- pas être confondue avec une hémorragie sous-arachnoïdienne.
phalique (BHE) qui se traduit par une prise de contraste On peut également observer une transformation hémor-
serpigineuse du ruban cortical après injection de ragique qui se traduit par un hypersignal T1 et un hyposi-
gadolinium ; gnal T2 et T2*. Cette transformation hémorragique intéresse
■ l'apparition d'un œdème extracellulaire notamment préférentiellement les noyaux gris centraux (noyaux lenti-
vasogénique lié à l'ouverture de la BHE et se traduisant culaires) et le cortex cérébral. On considère que ces rema-
par une plage cortico-sous-corticale en hyposignal T1 et niements hématiques sont plus fréquents en cas de cause
en hypersignal T2 et FLAIR ; cardio-embolique ou dans les AVC jonctionnels. La trans-
■ un effet de masse qui va atteindre son maximum vers le formation hémorragique du cortex se traduit au stade de la
cinquième jour pour disparaître progressivement vers la méthémogmobine par un hypersignal T1 gyriforme.
troisième semaine. Cet effet de masse peut présenter un
risque vital chez le patient, notamment en cas d'engage- Phase chronique,
ment temporal ou cérébelleux.
Classiquement, la prise de contraste méningée et le trop dès la 3e semaine (fig. 2.11)
beau rehaussement vasculaire disparaissent à la fin de la À ce stade, on observe une disparition progressive de l'effet
première semaine. de masse. Le territoire ischémié évolue vers la résorption
36 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
Fig. 2.11 AVC à la phase chronique. Résorption du tissu ischémique nécrosé qui évolue vers une cavité liquidienne résiduelle en hypersignal T2
sur l'imagerie b0, en hyposignal b1000 et en hypersignal sur la cartographie d'ADC.
Fig. 2.12 Fogging effect : l'AVC ischémique cérébelleux hémisphérique droit (étoile) est à peine visible en imagerie T1 (a) et T2 (b).
Il se rehausse après injection de gadolinium (c).
du tissu nécrosé remplacé par de la gliose, la constitution La prise de contraste gyriforme va persister plusieurs mois.
d'une cavité liquidienne séquellaire et d'une atrophie loco- Deux tableaux particuliers peuvent s'observer à cette
régionale (dilatation ventriculaire, élargissement des sillons période :
corticaux). Le territoire infarci apparaît donc en hyposignal ■ la normalisation de l'imagerie T2 et FLAIR au sein
T1 et en hypersignal T2. du parenchyme ischémié correspond au fogging-effect
Les remaniements hématiques, lorsqu'ils existent, per- (fig. 2.12) qui peut être démasqué par l'injection
sistent en hyposignal T2*. de gadolinium qui démontre une prise de contraste
L'imagerie de diffusion met en évidence une élévation du [16] ;
coefficient de diffusion. Le signal en imagerie pondérée en ■ la survenue progressive d'une dégénérescence wallé-
diffusion reste élevé jusqu'à sa normalisation aux environs rienne [17, 18] reconnue au stade tardif par une atro-
de la fin du 2e mois. phie pédonculaire et un hypersignal T2 et FLAIR sur
Chapitre 2. Accidents vasculaires cérébraux 37
le trajet du faisceau corticospinal (corona radiata, bras On prêtera un intérêt tout particulier à l'association de
postérieur de la capsule interne, tronc cérébral) et éga- lésions thalamiques et du territoire cérébral postérieur qui
lement bien mise en évidence en imagerie de diffusion doivent conduire à la réalisation obligatoire d'une ARM.
[19]. Certains infarcissements cérébelleux sont souvent très
Nous rapportons dans la figure 2.13 et le tableau 2.1 l'évo- œdémateux et peuvent se compliquer d'engagements céré-
lution temporelle comparée du signal de l'AVC en imagerie belleux associés ou non à une hydrocéphalie triventriculaire
de diffusion, sur la cartographie de diffusion et en imagerie à l'étage sus-tentoriel.
conventionnelle.
Infarctus jonctionnels (fig. 2.22)
IRM en fonction de la topographie Un infarctus jonctionnel survient en cas d'une vascularisa-
tion insuffisante à la limite de deux territoires artériels.
des AVC ischémiques artériels Son siège peut se situer :
(fig. 2.13 à 2.21) ■ soit à la jonction des anastomoses terminales entre
deux territoires superficiels – infarctus dit du « dernier
Infarctus de la fosse postérieure pré » ;
(fig. 2.14 à 2.17) ■ soit à la jonction d'un territoire superficiel et d'un terri-
Ces infarctus se manifestent cliniquement le plus souvent toire profond d'une artère cérébrale.
par un syndrome alterne. À l'étage sus-tentoriel, ces infarctus s'observent surtout
Il faut y penser devant un tableau clinique associant devant l'association d'une sténose carotidienne, d'un réseau
des troubles fluctuants de la conscience et une atteinte des de suppléance insuffisant et d'une baisse du débit sanguin
paires crâniennes : l'occlusion par thrombose ou dissection cérébral. Ils se traduisent par des lésions « en bande » situées
du tronc basilaire nécessite une prise en charge en urgence à la jonction entre deux territoires vasculaires, touchant à la
(thrombolyse artérielle à discuter). fois la substance blanche et la substance grise.
38 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
CDA
Temps
b c d
CDA
Temps
Fig. 2.14 Accident ischémique dans le territoire de l'artère cérébelleuse postéro-inférieure droite. Le territoire ischémié est visualisé en
signal intense sur l'imagerie FLAIR (a) et Trace b1000 (b) et en très discret hyposignal sur la cartographie d'ADC (c). L'ancienneté de cet AVC est
d'une semaine environ. Le caractère œdémateux est fréquemment observé dans cette localisation.
Fig. 2.15 Accident ischémique dans le territoire de l'artère cérébelleuse postéro-inférieure gauche. L'occlusion de l'artère cérébelleuse
postéro-inférieure gauche est responsable d'une ischémie hémisphérique cérébelleuse mais aussi d'une ischémie de la fossette latérale du bulbe
(flèche) expliquant le syndrome de Wallenberg présenté par ce patient.
Fig. 2.16 (a, b) Accident ischémique dans le territoire de l'artère cérébelleuse supérieure. On notera le caractère œdémateux de cet AVC,
responsable d'un engagement vermien supérieur débutant et d'une dilatation ventriculaire à l'étage sus-tentoriel.
40 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
Fig. 2.17 (a, b) AVC ischémique pontique paramédian droit correspondant à une occlusion d'artérioles perforantes naissant directe-
ment du tronc basilaire. Cet aspect peut s'observer dans le cadre d'une vascularite infectieuse (maladie de Lyme).
Fig. 2.18 AVC ischémique temporo-occipital interne gauche aigu dans le territoire de l'artère cérébrale postérieure en imagerie
de diffusion (a) et en cartographie d'ADC (b).
Fig. 2.19 (a–c) Lésions ischémiques bithalamiques correspondant à l'occlusion de l'artère de Percheron de type IIIb qui naît du seg-
ment P1 d'une artère cérébrale postérieure. Cet aspect doit faire rechercher une occlusion du tronc basilaire.
Chapitre 2. Accidents vasculaires cérébraux 41
Fig. 2.20 AVC ischémique dans le territoire de l'artère cérébrale antérieure. AVC ischémique dans le territoire de l'artère cérébrale antérieure
(a). Visibilité de rétrécissements de calibre sur le trajet de l'artère cérébrale antérieure (ACA) sur l'imagerie en temps de vol du polygone de Willis (b).
Fig. 2.22 (a, b) AVC ischémique jonctionnel dans un territoire situé entre les territoires de l'artère sylvienne et de l'artère cérébrale
postérieure gauches.
42 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
Fig. 2.23 AVC ischémiques d'âges différents et siégeant dans des territoires artériels différents (a–c). Cet aspect est évocateur d'acci-
dents ischémiques d'origine embolique.
Fig. 2.26 (a, b) L'imagerie 3D T1 spin écho (à « sang noir ») Infarctus lacunaires
démontre ici une dissection de l'artère vertébrale droite dans
son trajet V3 (flèches) ainsi que les trajets V3.
Les lacunes sont des lésions de petite taille (< 1,5 cm de dia-
mètre) qui correspondent en anatomopathologie :
■ soit à de petits infarctus cérébraux anciens en rapport
avec l'occlusion d'une artère perforante par lipohyali-
■ des signes directs qui seuls établissent le diagnostic en nose, embolie, ou artériosclérose. Ils siègent typiquement
visualisant l'hématome de paroi. dans les noyaux gris centraux, la substance blanche des
Nous disposons de deux types de séquences présentant centres semi-ovales, la protubérance ;
une bonne sensibilité diagnostique à partir du moment où le ■ soit à des hémorragies par rupture de micro-anévrismes
thrombus apparaît en hypersignal T1 et T2. de Charcot et Bouchard.
■ coupes axiales fines 2D : Elles se traduisent en IRM par des lésions arrondies ou
– soit en écho de gradient (EG) T1 avec effacement de ovalaires en hyposignal T1 et en hypersignal T2 compara-
graisse associé à une présaturation vasculaire sus- et tivement au parenchyme cérébral. Elles présentent habi-
sous-jacente afin d'éliminer le signal des flux artériels tuellement une gliose périphérique en hypersignal FLAIR
et veineux ; permettant de les différencier des espaces périvasculaires de
– soit en turbo spin écho (TSE) T2 avec effacement de Virchow-Robin [22].
graisse. L'hématome apparaît en hypersignal excentré
par rapport à la lumière vasculaire parfois persistante
et alors identifiable sous la forme d'un franc hypo- Vascularites cérébrales [23–28]
signal circulant. Le problème de l'imagerie 2D est Les vascularites cérébrales (fig. 2.27 à 2.29) se caractérisent
représenté par sa faible couverture en hauteur : elle par la présence de lésions inflammatoires intéressant la
constitue donc habituellement une imagerie de deu- paroi des vaisseaux artériels intracrâniens.
Chapitre 2. Accidents vasculaires cérébraux 45
Fig. 2.27 (a, b) Patient drépanocytaire présentant une occlusion de la carotide interne droit et de l'artère sylvienne droite. On note également
la mauvaise visibilité de la distalité de l'artère cérébrale postérieure gauche (flèche blanche) en rapport avec un AVC ischémique antérieur. A contrario,
on note une dilatation de l'artère cérébrale postérieure droite (flèche jaune) et la visibilité d'un réseau moya-moya (flèches rouges). L'imagerie 3D-T1 spin
écho après injection de gadolinium met en évidence un aspect inflammatoire de la carotide interne droite dans son segment intrapétreux.
Fig. 2.28 (a–c) Multiples lésions ischémiques sus- et sous-tentorielles. Cet aspect est compatible avec des embolies d'origine cardiaque.
Chez ce patient, on observe de multiples rétrécissements de calibre des artères cérébrales en rapport avec une artérite cérébrale (flèches).
Fig. 2.29 (a, b) AVC ischémique récent en hypersignal b1000. L'imagerie 3D T1 spin écho après injection de gadolinium met en évidence une
prise de contraste de la paroi du bulbe carotidien (flèche blanche) traduisant le caractère inflammatoire de la plaque athéromateuse ainsi qu'un
caillot flottant dans la lumière vasculaire (flèche jaune).
46 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
Lésions hypoxiques/anoxiques
(fig. 2.30 et 2.31)
Ces lésions correspondent habituellement à la conséquence
d'une hypoperfusion cérébrale prolongée : hypotension
sévère prolongée, arrêt cardiaque, intoxication au monoxyde
de carbone.
L'aspect caractéristique est représenté par la présence de
lésions bilatérales des noyaux lenticulaires parfois hémorra-
giques [29, 30]. Également évocatrice, la sclérose laminaire
[31,32] (touchant électivement les couches 3, 5 et 6 de Betz)
se traduit par un hypersignal T1 et une prise de contraste
Fig. 2.30 Anoxie cérébrale vue 15 jours après un arrêt cardiores- corticale plus ou moins étendue et intense.
piratoire résolutif : hypersignal FLAIR du striatum (putamen et Enfin, dans ce cadre, des infarctus jonctionnels peuvent
noyaux caudés). également être rencontrés.
Fig. 2.31 Anoxie cérébrale vue précocement. Hypersignal FLAIR (a) et b1000 (c) du cortex rolandique qui apparaît en hyposignal T1 (b).
Chapitre 2. Accidents vasculaires cérébraux 47
PLAN DU CHAPITRE
Généralités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49 Présentations radio-anatomiques. . . . . . . . . . . 56
Signes directs de la thrombose Pièges diagnostiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
veineuse cérébrale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
Signes indirects de la thrombose
veineuse cérébrale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
SLS
S .latéral
VJI VJI
a b c
Fig. 3.1 Phlébogramme normal en vue antéropostérieure (a), craniocaudale (b) et latérale (c). SLS : sinus longitudinal supérieur ; VBR :
veine basilaire de Rosenthal ; VCI : veine cérébrale interne ; VJI : veine jugulaire interne.
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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50 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
a b c
d e f
Fig. 3.4 Thrombose veineuse corticale. Hyposignal œdémateux cortico-sous-cortical T1 (a), hypersignal T2 (b) et FLAIR (c), diffusion restreinte
du ruban cortical en imagerie de diffusion b1000 (d), blooming d'une veine corticale sur l'imagerie T2* (e) qui ne s'opacifie pas après injection de
gadolinium sur l'imagerie T1 post-gadolinium (f).
L'angiographie en résonance magnétique doit être et conduire à des diagnostics de TVC par excès. Cette
effectuée au moindre doute. Trois types de séquences sont technique d'imagerie nécessite une conduite interactive :
disponibles : il faut savoir diminuer la gamme des vitesses afin de ne
■ l'imagerie veineuse 2D en « temps de vol » qui présente pas méconnaître un flux lent (fig. 3.5) ;
l'inconvénient de visualiser, en plus des flux circu ■ l'imagerie 3D T1 gadolinium est souvent la technique
lants, les tissus à T1 courts (graisse, sang au stade de la plus performante. On peut, pour une lecture plus
la méthémoglobine, tissus prenant le contraste après facile, éliminer les parties molles de la face afin d'ob
injection de gadolinium). Cette technique est de plus tenir une imagerie 3D en MIP (maximum intensity
sensible à la saturation des flux lents au sein du volume projection) : l'adjonction à la séquence d'imagerie 3D
d'imagerie et peut conduire à des diagnostics de TVC d'un pulse de saturation de graisse rend cette segmen
par excès ; tation plus aisée. Le caillot se traduit par le défaut de
■ l'imagerie 3D en contraste de phase qui ne visualise que remplissage d'un sinus veineux pouvant prendre la
les flux circulants (insensible à l'effet T1, donc utilisable forme, sur les coupes perpendiculaires au sinus lon
après injection de gadolinium), mais qui nécessite de gitudinal supérieur ou aux sinus transverses, du clas
déterminer a priori l'ordre de grandeur des flux que l'on sique signe du delta vide. Nous avons vu l'intérêt de la
souhaite visualiser (en pratique de l'ordre de 15 cm/s). confrontation de l'imagerie T2* et de l'imagerie 3DT1
Elle peut être prise en défaut en présence de flux lents gadolinium.
52 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
a b c
Fig. 3.5 Incidence de la détermination des vitesses maximales en angiographie par contraste de phase. Le choix de valeurs de vitesses
maximales trop élevées peut faire conclure à tort à une occlusion veineuse (flèche en a, b, c).
c d
Fig. 3.6 Thrombose du sinus latéral gauche. Elle se traduit par un hypersignal T2 non circulant sur l'imagerie coronale T2 (a), un blooming sur
l'imagerie T2* (b), un défect de remplissage du sinus après injection de gadolinium (c, d).
Chapitre 3. Thrombophlébites cérébrales 53
a b c
Fig. 3.7 Au stade de la méthémoglobine extracellulaire, le caillot au sein du sinus droit apparaît en hypersignal T1 (a). De ce fait, la
phlébographie IRM après injection de gadolinium peut faire croire à tort à la perméabilité du sinus (b). La phlébographie en contraste de phase,
qui ne visualise que les flux circulants, démontre ici l'occlusion du sinus droit (c).
a b c
Fig. 3.8 Lésion cortico-sous-corticale temporale gauche en hyposignal T1 (a), en hypersignal FLAIR (b) comportant de minimes
remaniements hématiques en écho de gradient T2* (c). Cette lésion doit faire évoquer une thrombose veineuse et la localisation fait envisager
une occlusion du sinus latéral.
a b c
d e f
Fig. 3.9 Lésion cortico-sous-corticale parasagittale gauche frontorolandique. En hyposignal sur l'imagerie T1 (a), en hypersignal sur l'image-
rie T2 (b) et FLAIR (c) et comportant des remaniements hématiques en hyposignal sur l'imagerie en écho de gradient T2* (d). Il existe probablement
une atteinte controlatérale en FLAIR et en T2*. Occlusion de la portion médiane du sinus longitudinal supérieur sur la phlébographie-IRM (e) visible
en imagerie coronale T1 gadolinium (f) sous la forme d'un delta vide (flèche).
a b
Fig. 3.10 Infarctus veineux hémorragique en situation sous-corticale se présentant en hyposignal T2* (a) et en signal hétérogène sur
l'imagerie b100 avec diffusion restreinte en périphérie (b).
Chapitre 3. Thrombophlébites cérébrales 55
a b c
d e f
Fig. 3.11 Thrombose veineuse profonde. Lésions en hyposignal T1 (a), hypersignal T2 (b) et FLAIR (c), présentant des zones en diffusion res-
treinte (e, f) correspondant à des remaniements hémorragiques en écho de gradient T2* (f). La localisation des lésions (thalamus, striata, capsules
internes) est incompatible avec un AVC ischémique artériel et doit faire évoquer une thrombose veineuse profonde (g).
a b
c d
Fig. 3.12 Hémorragie méningée visible au sein du sillon prérolandique gauche en hypersignal FLAIR (a), et hyposignal T2* (b).
On observe un blooming T2* (c) d'une veine corticale qui ne s'opacifie pas en imagerie 3D T1 après injection de gadolinium (d). Cet aspect
est caractéristique de la thrombose d'une veine corticale.
56 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
a b
c d
Fig. 3.13 Lésion hémisphérique cérébelleuse gauche en hypersignal T2 (a) en regard d'une mastoïdite. Prises de contraste annulaires (b)
correspondant à des abcès en diffusion restreinte (c) associés à une thrombose du sinus latéral gauche (d).
Encadré 3.1 Protocole IRM proposé et raisonné devant une suspicion de thrombose veineuse
cérébrale (TVC)
■
Imagerie axiale SE T1 : recherche d'un hypersignal T1 du ■
Imagerie 3D T1 gadolinium : permet le plus souvent
thrombus sur le trajet des veines cérébrales et des sinus le diagnostic de l'occlusion d'un sinus veineux dural.
veineux duraux. Si on suspecte un thrombus en hypersignal Elle peut être prise en défaut en cas d'un thrombus en
T1, il faut effectuer une phlébographie en contraste de phase hypersignal T1.
et au besoin des coupes coronales pondérées en T2 ■
Phlébographie 3D en contraste de phase : elle n'est pas
■
Imagerie axiale T2 TSE, FLAIR à la recherche d'une ischémie influencée par le T1 tissulaire et peut être réalisée après
veineuse parenchymateuse et d'une hémorragie sous- une injection de gadolinium. Elle peut néanmoins être à
arachnoïdienne en FLAIR l'origine d'un diagnostic de TVC par excès en cas de flux
■
Imagerie axiale T2* à la recherche de remaniements lents ou devant une granulation de Pacchioni. Il faut alors
hémorragiques et du blooming d'une veine corticale confronter cette imagerie à l'imagerie 3D T1 gadolinium et
■
L'imagerie de diffusion qui peut retrouver des zones du foyer avec l'imagerie morphologique T1 et T2 réalisée sans moyen
ischémique en diffusion restreinte n'a pas d'intérêt particulier de contraste.
dans le bilan diagnostique de la TVC.
58 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
a b c
Fig. 3.14 Granulation de Pacchioni. Les granulations de Pacchioni sont des villosités arachnoïdiennes qui traversent la dure-mère et qui s'insinuent dans
les sinus veineux duraux intracrâniens. Elles permettent la résorption du liquide cérébrospinal. Elles apparaissent en hyposignal T1 (a), en hypersignal T2 (b),
sans prise de contraste après injection de gadolinium (c) et se traduisent ici par un défect au sein du sinus latéral droit à ne pas confondre avec un caillot.
PLAN DU CHAPITRE
Diagnostic positif des hémorragies – le sang Causes des hémorragies intracrâniennes
en IRM. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 de l'adulte. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
Imagerie IRM des hémorragies. . . . . . . . . . . . . 61
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
© 2017, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 59
60 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
d e f
g h
Fig. 4.1 Hémiplégie droite et aphasie datant de 2 heures 30 chez une patiente de 64 ans. (a) Écho de spin T1. (b) T2 Turbo spin écho. La
partie centrale de l'hématome est en hypersignal T2 (sphérocytose des globules rouges). La partie la plus périphérique de l'hématome est déjà
en hyposignal, témoignant de la dégradation de l'oxyhémoglobine en désoxyhémoglobine, elle-même bien visible sur la séquence T2*. (d) Noter
l'hypersignal T2 franc de l'œdème. (c) Séquence FLAIR. (d) T2*. À ce stade, l'examen est suffisant pour affirmer, dans le contexte clinique, l'hémor-
ragie. L'imagerie de diffusion présentée (e, f) a été réalisée en raison du fait que le protocole conseillé l'inclut systématiquement et du fait que
le diagnostic d'ischémie ne pouvait être exclu a priori. (e) Diffusion b1000. (f) Coefficient apparent de diffusion (ADC). (g) Imagerie de diffusion
ADC. (h) T2*. Concernant les figures g et h, la présence d'un T2* positif suffit à affirmer l'hémorragie et rend inutile voire trompeuse l'imagerie
de diffusion, en particulier l'ADC montrant un signal pouvant simuler la diffusion restreinte d'une ischémie aiguë.
Les séquences dites T2* et SWI sont des séquences en écho hyposignal facilement identifiable dont la présence permet d'éli-
de gradient à pondération T2. Elles sont très sensibles pour miner une origine ischémique à un déficit aigu. À un stade tardif,
la détection d'une hémorragie [2, 3]. À la phase aiguë, le sang, ces séquences restent très utiles pour authentifier un saignement
même fraîchement épanché, se traduit par des zones de franc ancien et des microhémorragies (ou microbleeds, voir plus loin).
Chapitre 4. IRM des hémorragies intracrâniennes non traumatiques 61
Fig. 4.2 Hématome thalamique gauche 48 heures après sa survenue chez un homme de 63 ans. Iso-intensité en écho de spin T1 (a) et
hyposignal T2 (b) compatible avec un caillot de désoxyhémoglobine. Noter que la partie la plus interne de l'hématome est en hypersignal T1 au
niveau de son ouverture dans le 3e ventricule par accélération de la dégradation du caillot au contact du liquide cérébrospinal (LCS).
Fig. 4.3 Hémorragie intra-adénomateuse chez un homme de 44 ans. Céphalées brutales, vomissements, hémianopsie bitemporale. L'écho
de spin T1 (a) montre un hypersignal, tandis que la séquence T2 (b) montre un hyposignal.
Imagerie IRM des hémorragies injection) et/ou par une angio-IRM des troncs artériels
supra-aortiques (TSA).
En cas de déficit neurologique aigu, il faut commencer à
titre systématique l'examen par les séquences suivantes :
■ SWI (qui remplace désormais la séquence T2*) ;
Hématome intracérébral
■ diffusion optimisée (valeur de b augmentée et/ou aug- Phase suraiguë
mentation du nombre de directions) ; À la phase suraiguë (6 premières heures), l'hématome
■ séquence FLAIR ; (fig. 4.5 et voir fig. 4.1) est composé d'oxyhémoglobine
■ angiographie cérébrale en temps de vol. intracellulaire, n'entraînant pas de modification des temps
Le reste de l'examen dépend du résultat des premières de relaxation T1 et T2. Les globules rouges sont intacts
séquences. mais augmentent de volume (sphérocytose). Les éléments
On pourra notamment compléter l'examen par une figurés du sang (du fait du contenu riche en eau) sont res-
séquence de perfusion (ASL [arterial spin labeling] ou après ponsables d'un signal élevé sur les séquences pondérées en
62 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
Fig. 4.4 Hémorragie subaiguë. Séquence T2* (a), T1 (b) et T2 (c) : l'évolution du signal varie avec sa topographie. La partie centrale reste en
hyposignal T1 et T2 (désoxyhémoglobine) tandis que la partie périphérique montre un double hypersignal T1 et T2 en rapport avec la présence de
méthémoglobine extra-érythrocytaire. Ce phénomène est lié à la plus grande rapidité de la dégradation de l'hémoglobine dans la partie périphé-
rique de l'hématome.
Fig. 4.6 Désoxyhémoglobine (intra-érythrocytaire). Le noyau de globine est imperméable et empêche les interactions entre la désoxyhémo-
globine et les protons du milieu. En revanche, l'accumulation des noyaux de fer intra-érythrocytaires est responsable d'un effet paramagnétique T2.
Fig. 4.7 Méthémoglobine intra-érythrocytaire. Le noyau de globine est perméable aux protons du milieu (d'où l'hypersignal spontané sur les
séquences pondérées en T1). L'absence de lyse des globules rouges qui piège les noyaux de fer dans l'espace intracellulaire est responsable de
l'effet paramagnétique T2 (baisse du signal).
Fig. 4.9 (a, b) Même patient que sur la figure 4.2 5 jours plus tard. Noter la double hyperintensité T1 et T2 traduisant la présence de méthé-
moglobine extra-érythrocytaire.
a b
Fig. 4.11 (a, b) Évolution chronologique du signal de l'hématome.
Fig. 4.12 Hémorragie méningée : hyperdensité des espaces sous-arachnoïdiens contaminés par l'hémorragie. Noter la présence d'un
niveau liquide de sang sédimenté dans les cornes occipitales. Ce sang traduit simplement le reflux de sang hémorragique à travers le trou de
Magendie lors du saignement anévrismal.
Elles traduisent trois principales pathologies de l'adulte : respond au premier signe clinique. Les tumeurs responsables sont
■ les microhémorragies de l'hypertension artérielle, qui surtout malignes. L'hémorragie complique l'hypervascularisation
sont les plus importantes en pathologie courante car et les nécroses tumorales. Il n'existe pas de critère formel permet-
elles traduisent une pathologie de la microcirculation tant de différencier un hématome spontané d'une hémorragie
cérébrale. Elles se rencontrent plus souvent en cas de tumorale. On retiendra en faveur de l'origine tumorale (fig. 4.15) :
récidives d'AVC, ou d'hémorragie que lors du premier ■ des saignements multiples ;
accident vasculaire. Elles sont responsables de la surve- ■ un aspect hétérogène de l'hématome dû à la coexistence
nue d'hémorragies lors de traitement au long cours par d'hémoglobine à des âges différents de dégradation ;
des antivitamines K, ou en cas de nécessité de thrombo- ■ un anneau discontinu d'hémosidérine à la périphérie de
lyse IV dans les premières heures d'une ischémie aiguë. l'hématome ;
Il n'existe à ce jour pas d'argument formel pour que leur ■ l'absence de régression de l'œdème.
constatation doive faire renoncer à ces traitements s'ils On retrouve également des hémorragies intra-adénoma-
sont bien indiqués [6]. Il n'en demeure pas moins qu'elles teuses de l'hypophyse ; les adénomes hypophysaires, comme
doivent être dûment signalées dans les comptes-rendus ; toutes les tumeurs endocrines, sont hypervasculaires. Ces
■ l'angiopathie amyloïde ; adénomes peuvent comporter des ramollissements hémor-
■ une cavernomatose. ragiques [7]. Ils peuvent ne se traduire que par un signal
hématique subaigu n'occupant qu'une partie de la lésion.
Hémorragies tumorales Ils sont souvent visibles, minimes et non symptomatiques
chez les patientes soumises à un traitement par la bromo-
De très nombreuses tumeurs cérébrales peuvent comporter un criptine (Parlodel®) pour un prolactinome [8]. Au contraire,
secteur hémorragique (voir chapitre 5). Parfois, l'hémorragie cor- ils peuvent compliquer de façon brutale l'évolution de
66 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
a b
c
Fig. 4.13 Diagnostic par l'IRM d'une hémorragie méningée de la convexité pendant la « normalisation » du scanner (flèches).
(a) Scanner sans contraste : le sang est devenu isodense par rapport au cortex et obscurcit seulement le sillon précentral à droite. (b) Séquence
FLAIR, visualisation objective du sang dans le sillon. (c) T2* : visibilité du caillot sous forme d'une franc hyposignal en T2.
l'adénome sous forme d'une hémorragie aiguë occupant De ce fait, les sidérophages sont éliminés dans la circulation.
toute la lésion. Le tableau clinique simule une hémorragie Plusieurs mois après l'hémorragie, les traces de saignement
méningée et, dans les cas les plus graves, s'accompagne de ont habituellement totalement disparu [9].
troubles visuels dus à la compression du chiasma optique. L'hémorragie intra-adénomateuse doit être distinguée
L'évolution du signal est différente de celui d'une hémor- du syndrome de Sheehan, fonte hémorragique d'une glande
ragie cérébrale. En effet, l'endothélium vasculaire de l'anté- normale ordinairement en post-partum laissant à terme une
hypophyse est fait de capillaires fenêtrés, très perméables. selle turcique vide [10].
Chapitre 4. IRM des hémorragies intracrâniennes non traumatiques 67
Hypertension artérielle
L'hypertension artérielle (HTA), indépendamment de sa
responsabilité dans la rupture des anévrismes cérébraux,
est à l'origine d'une angiopathie ciblée sur des artères per-
forantes de 300 à 500 microns nées principalement du tronc
basilaire, des artères cérébrales moyennes en M1. Ces artères
sont fragiles (paroi très fine) et sont soumises à la pression
artérielle systémique avec deux types de lésions : les lésions
thrombosantes responsables des lacunes de Fischer (lésions
ischémiques) et des ruptures avec ou sans anévrismes de
Charcot et Bouchard (fig. 4.16) et les microbleeds.
Les signaux IRM n'ont pas de spécificité et ont été décrits
plus haut.
Les hémorragies de l'HTA siègent approximativement
à 80 % à l'étage sus-tentoriel (région capsulothalamique
et capsulolenticulaire), plus rarement en position plus
périphérique (lobaires). Pour les 20 % restants, elles
Fig. 4.14 Microbleeds compliquant une hypertension artérielle atteignent la fosse postérieure : tronc cérébral (10 %)
chronique, séquence T2*. Noter la topographie centrale des lésions et album cérébelleux (10 %). Les microbleeds compliquant
correspondant sur cette coupe au territoire des artères lenticulostriées l'angiopathie de l'HTA siègent avec la même distribution
de l'artère cérébrale moyenne. (Remerciements au Pr Leclerc, Lille.) topographique.
Fig. 4.15 (a, b) Hémorragie intratumorale. L'IRM est pratiquée le jour de l'admission de la patiente. On observe, outre la présence d'une zone
de signal liquidien (hyposignal T1, hypersignal T2) à la partie antérieure de la lésion, une zone hétérogène postérieure comportant une zone péri-
phérique en double hypersignal T1 et T2 (méthémoglobine extra-érythrocytaire) et une partie centrale en double hyposignal T1 et T2 compatible
avec la présence de désoxyhémoglobine. La découverte d'une hémorragie subaiguë dès les premiers signes cliniques traduit une hémorragie
silencieuse, souvent distillante non symptomatique. Ces anomalies se rencontrent principalement dans des tumeurs malignes (métastases des
tumeurs vasculaires, tumeurs gliales malignes).
68 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
a b
Fig. 4.16 (a) Hémorragie centrale de l'hypertension artérielle. (b) Dessin original des anévrismes de Charcot et Bouchard.
(Remerciements au Pr Poirier.)
Anévrismes intracrâniens
C'est une dilatation sacculaire caractérisée par un collet de
taille variable et un sac. Dans les formes rompues, le fond du
sac est souvent doublé d'un « sac fils » traduisant l'augmenta-
tion récente du volume lors de la rupture. Une autre carac-
Fig. 4.18 Représentation schématique des anévrismes de la caro- téristique est la constance topographique par rapport au
tide interne intracrânienne. polygone de Willis et au système vertébrobasilaire (fig. 4.17
Chapitre 4. IRM des hémorragies intracrâniennes non traumatiques 69
à 4.20). La genèse des anévrismes intracrâniens est mal de l'hémorragie et de l'anévrisme. Le recours à l'IRM ne se
connue. Elle comporte une nécrose médiale aboutissant à justifie habituellement pas, surtout lorsque le patient est très
l'affaiblissement de la paroi. Leur développement est favorisé agité ou que son état nécessite une réanimation [11].
par l'hypertension artérielle et le tabagisme. Il existe d'au- L'IRM est en revanche indispensable pour diagnostiquer
thentiques formes familiales. En cas de polykystose rénale une hémorragie méningée minime (notamment avec les
familiale, la fréquence des anévrismes intracrâniens est très séquences DIR et SWI) ou en voie de résorption, ou même
élevée. pour préciser le côté qui a saigné en cas d'anévrisme bilaté-
Les anévrismes de grande taille peuvent se compliquer, ral. On rappelle que l'IRM est positive plusieurs semaines
outre de rupture, de thrombose et d'embolies distales, voire après la normalisation du scanner. L'étude du caractère
de compressions nerveuses (fig. 4.21). inflammatoire de la paroi anévrismale est également désor-
La rupture de l'anévrisme est le mode de révélation habi- mais possible en routine clinique à l'aide des séquences
tuel. Le développement de l'imagerie non invasive (scanner, « sang noir » pondérées en T1.
angioscanner, IRM, angio-IRM) permet actuellement le dia- En FLAIR et en DIR, l'hémorragie méningée apparaît en
gnostic « fortuit » d'anévrismes asymptomatiques. hypersignal par rapport au LCS qui est noir. En cas de sai-
gnement récent, l'hémorragie prédomine dans la citerne de
Rupture anévrismale LCS où baigne l'anévrisme (fig. 4.22 à 4.25 et voir fig. 4.12
Une rupture anévrismale peut survenir en méninge libre et 4.13).
ou se compliquer d'un hématome dans une citerne, dans La présence d'un hypersignal FLAIR/DIR peut se ren-
le cerveau et/ou dans les ventricules. Il est urgent de dia- contrer également dans les circonstances suivantes :
gnostiquer et de traiter l'anévrisme en raison du risque de ■ méningites infectieuses et carcinomateuses ;
resaignement rapide. ■ augmentation des protéines dans le LCS (injection préa-
Dans le contexte de l'urgence, le scanner et l'angioscan- lable de gadolinium, insuffisance rénale) [12] ;
ner par un appareil multibarrette permettent le diagnostic ■ élévation de la concentration en oxygène du LCS
(malades ventilés) [13].
En séquence T2*/SWI, le signal du sang est au contraire
très bas. Il peut s'accumuler dans les méninges de la conve-
xité, rendant le diagnostic tardif plus facile [14] (voir
fig. 4.13).
L'ARM en temps de vol artériel sans contraste est la
séquence de référence. L'étude doit couvrir le crâne depuis le
trou occipital jusqu'à la zone correspondant à la hauteur suf-
fisante pour couvrir la bifurcation des artères péricalleuses.
L'adjonction d'une injection de gadolinium à l'ARM est
discutée :
■ elle pourrait être supérieure à l'ARM standard si l'ané-
vrisme est égal ou supérieur à 13 mm ;
■ dans le suivi longitudinal par ARM des anévrismes trai-
tés, il ne semble pas y avoir de bénéfice [15–18].
Enfin, une référence récente montre que les anévrismes
évolutifs (hémorragiques, symptomatiques ou subissant une
modification morphologique, s'accompagnent d'une prise
Fig. 4.20 Représentation schématique des anévrismes du sys- de contraste significativement plus fréquente que les ané-
tème vertébrobasilaire. vrismes stables [19, 20].
Fig. 4.21 Anévrisme sacculaire. (a) Anévrisme sacculaire, thrombose. (b) Ultrastructure d'un anévrisme sacculaire expérimental de la bifurcation
de l'artère cérébrale moyenne chez le rat (A). Noter l'absence de média présente sur les parois artérielles saines.
70 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
a b c
d e
Fig. 4.22 (a) Citerne péribulbaire : localisation des hémorragies secondaires aux anévrismes des artères cérébelleuses inférieures et
aux dissections hémorragiques de l'artère vertébrale intracrânienne. (b) Citerne périmésencéphalique. Topographies préférentielles
des hémorragies des anévrismes de la terminaison du tronc basilaire (flèche verte) ; de la terminaison de la carotide interne (flèche bleue) ; des
anévrismes du segment P2 de l'artère cérébrale postérieure et des dissections hémorragiques de P2. (c) Citerne optochiasmatique en continuité
avec le segment M1 de la vallée sylvienne. Site de l'hémorragie des lésions suivantes : terminaison de la carotide interne ; anévrismes du segment
P2 de l'artère cérébrale postérieure et des dissections hémorragiques de P2 (flèches jaunes) ; anévrismes de l'artère cérébrale moyenne (flèches
rouges). (d) Scissure interhémisphérique et segment M2 de la vallée sylvienne. Hémorragies des anévrismes du complexe cérébral antérieur (flèchs
blanches) ; hémorragies des anévrismes de l'artère cérébrale moyenne. Possibilité d'hématome temporal avec ou sans hémorragie méningée. (e)
Mêmes structures, coupe plus haute. (f) Scissure interhémisphérique, citerne péricalleuse. Hémorragies des anévrismes de l'artère péricalleuse, des
anévrismes du complexe cérébral antérieur. Possibilité d'hémorragies disséquantes du corps calleux.
La principale limitation pour le diagnostic positif de Sur les coupes natives, la maille des coils de platine
l'anévrisme lui-même reste une taille inférieure ou égale à apparaît en vide de signal. La recanalisation se traduit
3 mm (baby aneurism). par un signal élevé équivalent à celui des vaisseaux circu-
L'ARM représente la meilleure technique de suivi des lant. Cette zone d'hypersignal peut être limité au collet ou
anévrismes traités par embolisation (compactage pos- être plus importante dans la maille des coils (fig. 4.25).
sible des coils dans le fond de l'anévrisme) ou par mise en L'interprétation pertinente n'est envisageable qu'en connais-
place d'un clip chirurgical (les clips sont actuellement non sant l'iconographie initiale et post-traitement. Pour la majo-
ferromagnétiques). rité des équipes, les patients sont suivis par ARM plusieurs
Chapitre 4. IRM des hémorragies intracrâniennes non traumatiques 71
a b
c d
Fig. 4.23 Hémorragie méningée due à la rupture le matin même d'un anévrisme dit de la communicante postérieure droite. (a, b)
Séquence FLAIR, hyperintensité des citernes périmésencéphaliques et de la partie haute de la citerne de l'angle pontocérébelleux droit. (c) Angio-
IRM-TOF, reconstruction en MIP : projection latérale montrant la cavité anévrismale. (d) Angiographie par cathétérisme de la carotide interne droite.
Fig. 4.24 Anévrisme de la terminaison du tronc basilaire développé vers la droite. (a) Angiographie IRM-TOF, projection reconstruite axiale
montrant le polygone de Willis et la lésion. (b) Angiographie par cathétérisme en injection vertébrale, incidence oblique antérieure droite.
72 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
a b
Fig. 4.25 Suivi par ARM d'un anévrisme de la terminaison du tronc basilaire traité par coils. (a) Angiographie par cathétérisme : recana-
lisation partielle au collet (flèche jaune). En regard de l'artère cérébrale postérieure (ACP) gauche, la maille de coils est lâche sans que l'on puisse
dire si l'on voit l'ACP par transparence ou s'il existe une authentique recanalisation. (b) ARM-TOF axiale, coupe native (épaisseur 1 mm). La zone
en vide de signal correspond à la maille des coils et l'hypersignal à une partie circulante de l'anévrisme (flèche rouge ; recanalisation dans la maille
des coils délivrés lors du traitement) expliquant l'image angiographique.
années après le traitement pour dépister une recanalisation en hypersignal sur les séquences T1 en écho de gradient
et/ou la survenue d'un nouvel anévrisme. (confusion possible avec un signal circulant) ;
■ que l'application d'une bande de présaturation épaisse des
Anévrismes non rompus protons positionnée sous la base du crâne fait disparaître
Comme pour les anévrismes rompus, la lecture doit com- tous les signaux artériels ascendants (fig. 4.26 à 4.28).
porter une étude des coupes natives millimétriques, puis Les anévrismes fusiformes se rencontrent dans certaines
les reconstructions MIP (maximum intensity projection) phacomatoses (maladie d'Ehlers-Danlos), après une dissec-
en coupes plus épaisses en utilisant les projections les plus tion artérielle intracrânienne possiblement passée inaper-
utiles, souvent atypiques. Les deux principales causes de çue, ou sans étiologie évidente autre qu'un terrain artériel.
méconnaissance sont la confusion avec une boucle vascu- Dans ce dernier cas, le syndrome tumoral et les accidents
laire (mauvaise connaissance de l'anatomie des bifurcations ischémiques sont plus fréquents que les hémorragies
ou trifurcations des artères ainsi que de leurs courbures) et (fig. 4.29). L'injection IV de gadolinium peut aider à diffé-
l'insuffisance de couverture en Z (couverture insuffisante rencier les différents compartiments circulants et non circu-
fréquente de l'entrée des artères vertébrales dans la fosse lants. Et pour authentifier une éventuelle prise de contraste
postérieure). de la paroi.
En cas de découverte d'un anévrisme, une attention toute
particulière doit être portée aux autres axes artériels sous- Malformations artérioveineuses
arachnoïdiens vu la fréquence d'anévrismes multiples. cérébrales
Les malformations artérioveineuses cérébrales (MAVC)
Anévrismes géants se caractérisent par de multiples shunts artérioveineux de
Par définition arbitraire, on parle d'anévrisme géant si la taille variable, sans interposition de structures capillaires
taille est supérieure à 25 mm. Ces anévrismes peuvent rester (nidus). Elles siègent dans l'encéphale et sont de taille
sacculaires et avoir un collet très large ou être fusiformes. variable, de quelques millimètres à d'importantes lésions
Le diagnostic positif est habituellement simple dès lors transhémisphériques. Si elles peuvent se révéler à tous les
que des signaux circulants sont diagnostiqués par l'ARM- âges, elles se révèlent habituellement chez l'adulte après
TOF (angiographie-IRM-time of flight). En revanche, il est 30 ans. Macroscopiquement, une MAVC est une accumu-
nécessaire de définir si un tel anévrisme est ou non partiel- lation de vaisseaux dilatés qui rappelle l'aspect d'un paquet
lement thrombosé. de vers. Le diagnostic peut être fait devant une hémorragie
On rappelle : (ordinairement cérébrale) ou des symptômes dits mineurs
■ qu'un thombus intravasculaire est en hypersignal T1 et (crises d'épilepsie, céphalées) ; les MAVC peuvent encore
T2 ; être diagnostiquées de façon fortuite à l'occasion d'une
■ qu'un flux circulant est en vide de signal sur les séquences imagerie cérébrale (imagerie des sinus par exemple). En
T1 et T2 en écho de spin et en FLAIR, tandis qu'il est dehors de MAVC de petite taille compliquées d'un gros
Chapitre 4. IRM des hémorragies intracrâniennes non traumatiques 73
a b
c
Fig. 4.26 Anévrisme géant de l'artère cérébrale moyenne (ACM) droite. (a) ARM-TOF, reconstruction en MIP, projection axiale.
(b) Angiographie par cathétérisme, projection antéropostérieure. (c) Angiographie par cathétérisme : reconstruction 3D de l'axe cérébral moyen
en projection axiale. Noter qu'une seule branche sort du sac alors que l'angiographie montre une vascularisation normale du territoire de l'ACM.
Le temps de transit allongé des protons dans la cavité (turbulence) explique leur saturation et leur perte de signal sur le TOF 3D. Noter que le TOF
étant un écho de gradient T1, il n'est pas possible de distinguer un thrombus intrasacculaire du flux tourbillonnaire intra-anévrismal.
hématome, l'imagerie IRM permet habituellement d'en Les séquences SWI et ASL sont très utiles pour détecter
faire le diagnostic grâce à l'identification de structures de petites lésions montrant respectivement un effet TOF
vasculaires. (fig. 4.30). Les vaisseaux ont une cinétique éle- veineux et la présence de protons marqués dans le secteur
vée (shunts artérioveineux). Ils apparaissent typiquement veineux.
en vide de signal sur les séquences en écho de spin et les Les MAVC peuvent s'accompagner d'anévrismes qu'il
séquences longues (T1, T2, FLAIR) ; au contraire, ils sont faut rechercher avec la plus grande attention en cas d'hé-
en hypersignal sur les séquences d'ARM en TOF. D'autres morragie méningée pure très inhabituelle en cas de rupture
signaux moins constants peuvent accompagner les signaux de la MAVC elle-même. L'ARM permet, dans les limites
vasculaires : cicatrices gliales (hypersignaux T2 et FLAIR), déjà exposées, de diagnostiquer les anévrismes du polygone
formations kystiques (hypersignal T2 FLAIR, hyposignal de Willis. Il peut être difficile de diagnostiquer les ané-
T1). Les cicatrices d'hémorragies anciennes se voient sous vrismes les plus distaux (portés par les artères alimentant
forme de zones de franc hyposignal sur les séquences SWI/ la MAVC ou les anévrismes paranidaux). Ils sont habituel-
T2*. Les hémorragies aiguës et subaiguës n'ont pas de signal lement identifiés de façon formelle par l'angiographie par
spécifique. cathétérisme.
74 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
a b
c d
e f
Fig. 4.27 Anévrisme géant non thrombosé de la carotide interne droite. (a) Angiographie par cathétérisme de la carotide droite.
(b) ARM-TOF reconstruite en MIP, projection axiale. Angiographie TOF sans présaturation artérielle (c) et avec présaturation (d). La présaturation
consiste à appliquer une bande épaisse atteignant la base du crâne qui efface tous les signaux vasculaires ascendants (son efficacité est attestée
ici par l'absence de signaux artériels). La disparition de tout signal dans la cavité de l'anévrisme témoigne du caractère strictement circulant des
hypersignaux vus en c. (e, f) Même protocole d'exploration après occlusion thérapeutique de la carotide interne droite. Angiographie TOF sans
présaturation artérielle (e) et avec présaturation (f) (dont l'efficacité est attestée par l'absence de signaux artériels). Hypersignal non modifié dans
la cavité de l'anévrisme témoignant d'un caillot frais en hypersignal puisque la séquence TOF est un écho de gradient à pondération T1.
Chapitre 4. IRM des hémorragies intracrâniennes non traumatiques 75
a b
c d
e
Fig. 4.28 Forme pseudotumorale d'un anévrisme géant thrombosé de la carotide interne. (a, b) IRM coronale séquence T1 sans (a) et
après injection de gadolinium (b). Aspect de tumeur hétérogène avec prise de contraste périphérique. (c) IRM, T1 axiale. (d) ARM-TOF : absence de
signaux circulants. (e) Angiographie par cathétérisme de la carotide primitive gauche : thrombose de la carotide interne et blush d'allure tumorale.
À l'intervention, découverte d'une masse noirâtre dont l'histologie montre une paroi vasculaire inflammatoire.
76 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
a b c
Fig. 4.29 Anévrisme fusiforme partiellement thrombosé de l'origine du tronc basilaire révélé par des signes de compression des
derniers nerfs crâniens. (a) Angiographie par cathétérisme. (b) Scanner cérébral injecté. La partie circulante n'occupe qu'une faible partie de
l'anévrisme, occupé principalement par le thrombus. (c) IRM T1 en écho de gradient. Noter l'hypersignal franc du chenal circulant et le thrombus
moins hyperintense.
a b
Fig. 4.30 Malformation artérioveineuse frontale gauche révélée par des crises d'épilepsie. (a) Séquence T2 : les veines dilatées appa-
raissent en vide de signal. Une zone kystique apparaît en franc hypersignal à la partie antérieure de la lésion. (b) T1 en écho de gradient. Les
dilatations vasculaires apparaissent en hypersignal.
L'ARM permet, après traitement, de détecter les flux rési- gnostic précis repose sur l'artériographie cérébrale. En dehors
duels du nidus de façon non invasive (fig. 4.31). C'est parti- de l'hémorragie, les dilatations veineuses parfois anévris-
culièrement utile chez les patients traités par embolisation males, la présence de veines trans-cérébrales et d'interruption
(l'Onyx® très employé, apparaît en vide de signal sur toutes de la perméabilité des sinus duraux du crâne accompagne les
les séquences) et/ou par radiochirurgie (irradiation stéréo- formes agressives potentiellement hémorragiques.
taxique), l'efficacité pouvant être attendue pendant 2 ou 3 ans.
Cavernomes [20, 21]
Fistules artérioveineuses (FAV) de la dure- Ce sont des malformations vasculaires que l'on rattache au
mère crânienne système veineux. Les cavernomes sont formés de lacs vei-
Les FAV durales se définissent par la présence de shunts neux localisés remaniés par des thromboses et des hémor-
artérioveineux alimentés par des artères méningées. C'est un ragies. Leur aspect est très évocateur devant une lésion
groupe de lésions polymorphes de pronostic varié allant d'un entourée d'un anneau d'hémosidérine en hyposignal T2,
souffle isolé (acouphène pulsatile) à des formes responsables comportant plusieurs plages de saignements à des stades
d'hémorragies ou de congestion veineuses de l'encéphale. chronologiques différents produits de microsaignements et
En cas d'hémorragie, comme pour les MAVC, la présence de microthromboses (aspect « pop-corn »). Les cavernomes
de signaux vasculaires associés à l'hémorragie fait suspecter peuvent occasionnellement être multiples, réalisant une
une cause sous-jacente sans qu'il soit possible de distinguer cavernomatose détectée par l'imagerie en écho de gradient
MAVC et FAV durales sur l'imagerie non invasive. Leur dia- T2* et SWI (fig. 4.32 et 4.33).
Chapitre 4. IRM des hémorragies intracrâniennes non traumatiques 77
a b
c d
e f
Fig. 4.31 Malformation artérioveineuse temporale gauche. (a) T2, Turbo spin écho. (b) ARM-TOF, coupe native. IRM diagnostique. Coupes
passant par le nidus. Celui-ci est en hypersignal sur l'ARM (b) et en vide de signal sur la séquence T2 (a). (c) Artériographie diagnostique avant
embolisation. (d) Masque non soustrait montrant le cast d'Onyx® (produit d'embolisation). (e) Artériographie de contrôle avant traitement par
irradiation multifaisceaux. Angiographie numérisée par cathétérisme montrant la dévascularisation de la partie antérieure de la malformation.
(f) IRM post-embolisation avant radiochirurgie passant par le nidus et montrant le cast d'Onyx® en vide de signal. (La radio-opacité du produit
d'embolisation est due à l'adjonction de poudre de Tantale, métal responsable de l'absence de signal.)
78 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
a b
c d
Fig. 4.33 Cavernomatose. Comparer les performances diagnostiques des séquences T2 (a, c) et T2* (b, d). Les séquences T2* montrant un
nombre plus important de lésions. L'association de ces microbleeds aux aspects de cavernome suffit à faire porter le diagnostic de cavernomatose
et à déclencher une enquête génétique.
Chapitre 4. IRM des hémorragies intracrâniennes non traumatiques 79
a b
c d
Fig. 4.34 Anomalies veineuses de développement, coupes axiales (a, c) et sagittale (b) (T1 gadolinium). Aspect caractéristique compor-
tant une zone de convergence d'un groupe de veines profondes convergeant vers la partie droite du plancher du 4e ventricule à partir de laquelle
le collecteur veineux traverse le tronc cérébral pour se drainer dans le sinus pétreux supérieur. (d) Coupe axiale en écho de gradient T2* : présence
de cavernomes associés (francs spots d'hyposignal) qui représentent le seul élément potentiellement responsable d'hémorragie.
habituellement pas nécessaire de recourir à l'angiographie l'abri d'une nouvelle hémorragie. L'hématome mural pourra
par cathétérisme. L'AVD n'a pour elle-même pas de com- être visualisé avec la séquence 3D T1 « sang noir ».
plication, mais on connaît son association fréquente avec
un cavernome qui siège dans la convergence des veines. Le
pronostic est lié au cavernome et non pas à l'AVD propre- Artérites cérébrales – complications
ment dite. On doit s'assurer qu'une séquence T2* a bien été des endocardites (fig. 4.36)
réalisée au cours de l'examen [22]. Les artérites cérébrales sont secondaires à de très nom-
breuses causes infectieuses, toxiques, etc. dont le diagnos-
tic de nature n'est habituellement pas fait par la radiologie.
Dissections artérielles On peut les suspecter devant l'association de lésions péri-
intracrâniennes (fig. 4.35) phériques associant des infarctus et des lésions hémorra-
Contrairement aux dissections des artères extracrâniennes, dont giques. Le diagnostic des lésions aspergillaires (malades
la média est épaisse et dont le caillot siège dans la paroi (patholo- immunodéprimés, lésions pulmonaires) et celui des arté-
gie obstructive), les dissections des artères intracrâniennes sous- rites compliquant les endocardites infectieuses peuvent
arachnoïdiennes conduisent à une rupture totale ou subtotale être utiles au patient en raison d'un traitement spécifique
du fait de leur fragilité (épaisseur réduite de leur média). possible.
Elles sont responsables d'une hémorragie méningée ou Concernant les hémorragies des endocardites, elles
cérébroméningée. Elles affectent plus souvent le système compliquent les embolies septiques [23–25]. Ces embolies
vertébrobasilaire que carotidien. Elles sont favorisées par se compliquent d'infarctus cérébraux (parfois suppurés) et
les efforts violents, l'hypertension artérielle et la dysplasie par colonisation bactérienne de la paroi des anévrismes
fibromusculaire. dits « mycotiques », siégeant le plus souvent dans la dis-
Lorsque le patient survit à la rupture artérielle, le diagnos- talité du territoire de l'artère cérébrale moyenne. La rup-
tic repose à la fois sur la présence d'une hémorragie ménin- ture de ces anévrismes est responsable d'hémorragies
gée et sur la présence d'une dilatation fusiforme de la lumière méningées de la convexité et d'hématomes superficiels.
de l'artère atteinte avec ou sans thrombose partielle sur la Les anévrismes mycotiques sont habituellement invisibles
séquence d'ARM-TOF. Seule l'occlusion de la totalité du seg- en IRM/ARM du fait de leur petite taille. Parfois, l'IRM
ment d'artère disséquée, lorsqu'elle est possible, peut mettre à peut retrouver une prise de contraste de la paroi artérielle.
80 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
a b
c d e
Fig. 4.35 Hémorragie cérébroméningée par dissection aiguë (rupture spontanée d'une branche M2 de l'artère cérébrale moyenne
droite). (a) Scanner sans contraste : hémorragie occupant la partie la plus postérieure de la vallée sylvienne droite. (b) ARM-TOF, coupe native.
L'hypersignal est composite, associant l'hémorragie elle-même et les signaux artériels. (c) Même séquence, reconstruction en MIP. L'hématome est
bien visible, de même que les hypersignaux artériels. On rappelle que le TOF utilisé est un écho de gradient à pondération T1. (d) Confirmation du
diagnostic de dissection de la branche M2. L'image est celle d'un anévrisme fusiforme en raison de la création d'une néolumière correspondant
à l'élargissement de la lumière initiale (hémostase fragile grâce au caillotage périvasculaire, à la méninge et au cerveau adjacents). (e) Contrôle
artériographique après occlusion de l'artère disséquée par des coils. Seule l'exclusion de la totalité de la zone disséquée met à l'abri d'une récidive
hémorragique.
a b
Fig. 4.36 Hémorragie méningée de la convexité révélatrice d'un endocardite infectieuse. (a) IRM axiale, séquence FLAIR. Noter l'hyperin-
tensité des sillons de la convexité gauche (flèche). (b) Angiographie cérébrale de la carotide interne gauche montrant le faux anévrisme responsable
du saignement (flèche).
Chapitre 4. IRM des hémorragies intracrâniennes non traumatiques 81
a b c
d e f
g h
Fig. 4.37 Angiopathie amyloïde. Comparaison de la sensibilité de différentes séquences : écho de gradient à pondération T1 (a), T2 Turbo
spin écho (b), FLAIR (c) : absence de visibilité des multiples lésions. (d) Séquence T2*. Bonne visibilité des multiples lésions en franc hyposignal.
Noter leur caractère principalement périphérique. (e–h) Construction de l'image d'une acquisition en séquence de susceptibilité magnétique.
(e) Imagerie de magnitude (f) : imagerie de phase. (g) Fusion des images e et f. (h) Image reconstruite en projection d'intensité minimale.
82 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
Leur diagnostic de certitude est fait par l'angiographie par rance dynamics of Gadolinium chelate : a potential diagnostic pitfall.
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avec l'avancée en âge de la population. Il est responsable
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Chapitre
5
Diagnostic des tumeurs
intracrâniennes de l'adulte
A. Gaston, P. Brugières, P. Kauv, P. Thomas, A. Maraval
PLAN DU CHAPITRE
Classification histopathologique. . . . . . . . . . . . 84 Diagnostic étiologique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
Explorations neuroradiologiques . . . . . . . . . . . 84
La découverte d'une néoformation intracrânienne peut se (notamment un abcès cérébral, fig. 5.5) ou inflammatoire
faire soit dans un contexte clinique initialement peu inquié- (fig. 5.6).
tant, soit devant une complication, principalement une hyper- L'étape suivante consiste à déterminer l'origine extra- ou
tension intracrânienne, qu'elle soit due au processus expansif intracérébrale de la lésion (fig. 5.7 et 5.8), les structures fonc-
lui-même (fig. 5.1 et 5.2) ou à une hydrocéphalie obstructive tionnelles atteintes, et dans la mesure du possible à en éta-
(fig. 5.3 et 5.4), voire à une hémorragie intratumorale (voir blir la nature en sachant que les algorithmes diagnostiques
chapitre 4) qui demandent un traitement urgent. reposent sur la convergence des arguments suivants : l'âge
La première étape de la démarche diagnostique consiste du patient, la symptomatologie clinique et les données de
à éliminer un diagnostic différentiel : lésion infectieuse l'imagerie.
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
© 2017, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 83
84 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
b Explorations neuroradiologiques
Fig. 5.3 (a, b) Hydrocéphalie aiguë par obstruction du trou de Le scanner sans injection montre les calcifications, les struc-
Magendie et du trou occipital par développement d'une tumeur
tures osseuses ainsi que des zones d'insertion tumorale telles
du plancher du 4e ventricule chez une jeune femme de 19 ans
imposant la réalisation d'une ventriculocisternostomie en
que les ostéomes d'insertion des méningiomes.
urgence. La patiente a pu être opérée secondairement après sédation L'IRM cérébrale comporte une exploration morpholo-
des signes d'hypertension intracrânienne. gique classique (en pondération T1, T2, FLAIR avec injection
de produit de contraste). L'IRM fonctionnelle est habituelle-
a b c
d e
Fig. 5.5 Abcès cérébral à pyogène. (a–c) T1, T2, T1 gadolinium : noter l'hypodensité de la coque de l'abcès en T2 et la prise de contraste arrondie
à paroi fine. À ce stade de l'exploration, il n'est pas possible formellement de faire la différence entre un abcès (hautement curable) et une tumeur
nécrosée. Séquence de diffusion : b1000 (d) et cartographie du coefficient de diffusion apparent (ADC) (e). Noter la diffusion restreinte en ADC
(signal inverse du LCS) permettant d'affirmer le diagnostic d'abcès.
Fig. 5.6 Sclérose en plaques (SEP) pseudotumorale dite de Balo. Coupe T2 coronale (a) et T1 gadolinium parasagittale (b). Aspect caractéris-
tique en bulbe d'oignon de la prise de contraste. Noter l'atteinte très évocatrice de SEP du corps calleux.
86 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
a b c
Fig. 5.7 Tumeur extracérébrale : méningiome de la base du crâne. Coupe coronale T1 (a), axiale T2 (b), axiale FLAIR (c). Noter l'emboutisse-
ment et le refoulement du cortex cérébral (a, flèches rouges), le piégeage de LCS (c, flèches oranges) autour de la lésion (axiale) et l'œdème (c).
a b c
Fig. 5.8 (a–c) Tumeur intraparenchymateuse – tumeur insulaire droite.
Fig. 5.10 Principales configurations spatiales des tumeurs Tableau 5.5 Prise de contraste en scanner et effet
cérébrales. T1 de l'injection de gadolinium des autres tumeurs
intracérébrales les plus fréquentes.
Tableau 5.3 Prise de contraste en scanner et effet T1 Histologie Vascularisation Prise de contraste
du gadolinium pour les principales tumeurs gliales. tumorale
Histologie Vascularisation tumorale Prise de Méningiomes, Absence de + Quelle que soit
contraste schwannomes, capillaires continus l'histologie, bénigne
Astrocytome grade II Capillaires continus 0 métastases ou maligne
méningées et
Astrocytome grade III Capillaires perméables + + osseuses
Néoangiogenèse
Glioblastome Capillaires perméables ++ +
Néoangiogenèse +++ mise la détection du gadolinium. Utilisé seul, avant l'injec-
Oligodendrogliome Densité capillaire variable Possible tion de produit de contraste, le transfert de magnétisation
grade II accentue la visibilité d'une tumeur (fig. 5.11). Il faut donc
Oligodendrogliome Capillaires perméables ++ + toujours comparer les séquences avec transfert de magnéti-
grade III Néoangiogenèse +++ sation avant et après l'injection.
La prise de contraste iodée des tumeurs intracrâniennes et le renforcement
du signal après injection de gadolinium (effet T1) traduisent la perméabilité Perfusion tissulaire
des capillaires de la lésion. Elle n'apporte pas de renseignements « purs » sur L'imagerie de perfusion analyse le compartiment vasculaire
le compartiment vasculaire de la tumeur.
des tumeurs, c'est-à-dire la néoangiogenèse. Cette méthode,
88 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
Fig. 5.11 Comparaison de la prise de contraste : sans transfert de magnétisation (a) et avec (b). Observer l'augmentation du contraste
entre la tumeur et le cerveau (en rapport avec la baisse globale du signal du cerveau sain).
rCBV proportionnel
espace vasculaire de la tumeur
Recirculation
Fig. 5.12 Principe de l'imagerie de perfusion appliqué à une tumeur gliale infiltrante. Lors du premier passage d'un bolus de gadolinium, le
signal de la structure traversée par les vaisseaux diminue puis recroît. On réalise la mesure séquentielle du signal correspondant au bolus (courbe).
Le volume sanguin (rCBV), proportionnel à l'espace vasculaire de la lésion, correspond à l'aire sous la courbe figurée en positif.
dite du premier passage, permet dans des conditions idéales symétrique saine de l'hémisphère opposé. L'augmentation
d'imperméabilité entre le secteur vasculaire et interstitiel de du volume sanguin tumoral accompagne les transformations
connaître le volume sanguin relatif (VSR) qui compare le vers la malignité des gliomes infiltrants de l'adulte (fig. 5.12
volume sanguin dans et autour de la tumeur avec une région à 5.14). La perméabilité des capillaires tumoraux peut cepen-
Chapitre 5. Diagnostic des tumeurs intracrâniennes de l'adulte 89
Fig. 5.13 Comparaison des deux régions d'intérêt (region of interest [ROI]) : tumeur versus zone saine de l'hémisphère gauche.
a b
Fig. 5.14 Application de la cartographie couleur (la tumeur a un volume sanguin supérieur à la ROI symétrique).
dant altérer l'exactitude des mesures. On peut corriger par- IRM de diffusion
tiellement cet effet en présaturant le secteur interstitiel par En dehors des caractéristiques diagnostiques qui seront
une injection précédant celle du bolus et par la correction détaillées avec chaque type de lésion, l'imagerie de diffu-
mathématique du signal total mesuré grâce à la soustraction. sion montre une corrélation entre le degré de malignité et
Cette technique permet de mesurer un taux de transfert du les chiffres du coefficient apparent de diffusion (ADC) dans
contraste vers le secteur interstitiel (Ktrans). De nombreuses les tumeurs gliales astrocytaires. L'ADC est significativement
publications corrèlent la malignité des tumeurs gliales à la plus bas dans les astrocytomes de plus haut grade (fig. 5.15 et
mesure du volume sanguin relatif [1–5].
90 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
a b c
d e f
Fig. 5.15 Astrocytome insulaire de grade II. Coupes axiales T1 (a), FLAIR (b), T2 (c). Hypersignal de la masse sur les séquences FLAIR et T2.
Imagerie de diffusion b0 (d), b1000 (e), cartographie d'ADC (f). Absence de restriction de la diffusion en faveur du caractère peu cellulaire de la
tumeur. Aspect habituel dans les astrocytomes infiltrants de grade II.
5.16) chez les malades avec un profil clinique évolutif et dans La spectroscopie est utile au diagnostic des tumeurs
les tumeurs exprimant le marqueur Ki-67 associé à la prolifé- gliales infiltrantes pour différencier les tumeurs de bas
ration tumorale [4]. Après irradiation, l'ADC permettrait de grade (grade II) des tumeurs de haut grade (grades III et
distinguer dans les zones de prise de contraste les repousses IV de l'Organisation mondiale de la santé [OMS]). Dans
tumorales (où il est significativement plus bas) des zones les deux cas, la disparition neuronale s'accompagne d'une
sans récidive tumorale [6–8]. baisse du N-acétyl aspartate (NAA) et d'une augmenta-
tion de la choline. Les lipides signent la malignité (glio-
blastomes, lymphomes, métastases). Les tumeurs dites
Spectroscopie protonique de bas grade ont une créatinine normale et une élévation
La suppression du signal de l'eau permet de détecter des molé- modérée du myoinositol. L'analyse spectroscopique dans
cules présentes normalement ou non dans l'encéphale (fig. 5.17). les anomalies de signal situées à la périphérie de la prise
Le spectre recueilli au niveau de la tumeur et au niveau des de contraste par étude multivoxel (chemical shift imaging
zones adjacentes peut aider à la caractérisation tissulaire. [CSI]) permet d'opposer les infiltrations des gliomes où
Le tableau 5.6 résume les métabolites normaux et anor- l'on détecte des métabolites tumoraux de l'œdème vasogé-
maux présents dans une spectroscopie ainsi que le spectre nique entourant une tumeur non infiltrante, en particulier
des principaux types tumoraux. une métastase [9–12].
Chapitre 5. Diagnostic des tumeurs intracrâniennes de l'adulte 91
a b
c d
Fig. 5.16 Astrocytome de grade III. Coupes axiale T1 (a) et coronale (b) après injection. Coupe axiale T1 (c) et cartographie du coefficient appa-
rent de diffusion (d). Noter la restriction du coefficient de diffusion (signal inversé par rapport au LCS). Aspect en faveur d'une forte cellularité de
la tumeur qui l'oppose au cas précédent (fig. 5.15) et habituel en cas d'astrocytome de grade III.
Fig. 5.17 Spectroscopie monovoxel incluant les parties charnues et nécrosées de la tumeur à deux TE différents. Noter l'augmentation
de la choline et la baisse du NAA non spécifique. La présence des lactates et des lipides témoigne de la nécrose. L'utilité du choix de ce type de cible
apporte peu d'arguments par rapport à l'imagerie MR conventionnelle. Seule la zone environnant la prise de contraste est intéressante à étudier
en multivoxel (chemical sift imaging [CSI]) pour distinguer l'œdème de la prolifération tumorale.
92 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
Tumeurs gliales
Tumeurs astrocytaires
Il s'agit d'un groupe hétérogène de tumeurs d'origine astro-
cytaire. Les plus fréquentes chez l'adulte sont les astrocy-
tomes dits habituels ou diffus, de malignité variable, mais
ayant tous une tendance infiltrante (fig. 5.18). Ils s'opposent
aux astrocytomes pilocytiques de l'enfant et sont très rares
chez l'adulte jeune (fig. 5.19).
Astrocytomes infiltrants
de bas grade (grade II de l'OMS)
La tumeur est faite d'astrocytes sans prolifération micro-
vasculaire ou nécrose. Des microkystes ou macrokystes
sont possibles ainsi que des calcifications. L'astrocytome Fig. 5.18 Astrocytome infiltrant de l'hémisphère gauche. Observer
infiltre largement la substance blanche même à distance le caractère infiltrant de la lésion et son homogénéité. (Remerciements
de la masse principale. La croissance est lente et l'infiltra- au Pr F. Chrétien.)
tion des structures normales reste longtemps compatible
avec des fonctions cérébrales conservées. L'âge de survenue
est de 20 à 40 ans ; les crises d'épilepsie sont fréquemment
révélatrices. Les déficits neurologiques et l'hypertension
intracrânienne accompagnent l'augmentation de volume
et/ou l'évolution vers les grades III et IV. L'évolution, même
lente, se fait vers la transformation maligne. L'extension de la
tumeur au moment du diagnostic contre-indique habituelle-
ment une exérèse chirurgicale, d'autant que sous traitement
antiépileptique efficace, une vie normale reste longtemps
possible. Le siège habituel est la substance blanche même si
l'infiltration peut finir par envahir le cortex. La recherche
d'une prise de contraste fait partie de la surveillance radio-
logique et sa survenue accompagne l'éclosion de zones de
transformation maligne.
Au scanner, sans contraste, il existe une hypodensité
mal limitée. Calcifications et kystes sont possibles. Il n'y a
pas de prise de contraste. L'astrocytome est hypo-intense
en T1, hyperintense en T2 et FLAIR et est mal limité. La
diffusion ne montre pas de restriction de l'ADC (fig. 5.20
et 5.21). Il n'y a pas de prise de contraste. En IRM de per-
fusion, le VSTr est normal ou bas. Toute augmentation au Fig. 5.19 Astrocytome pilocytique de l'adulte.
Chapitre 5. Diagnostic des tumeurs intracrâniennes de l'adulte 93
a b c
d e
Fig. 5.20 Premières crises d'épilepsie chez un patient de 25 ans : découverte d'un volumineux astrocytome frontocalleux. (a) Scanner
injecté : hypodensité mal limitée, absence de prise de contraste. (b, c) IRM T2 et T1 gadolinium : envahissement du corps calleux, mauvaise limita-
tion, absence de prise de contraste. (d, e) IRM T2 coronale et sagittale confirmant l'absence de limitation de la tumeur.
a b c
d e
Fig. 5.21 Astrocytome insulaire droit. (a) FLAIR. (b) T1 injecté avec transfert de magnétisation. (c) Cartographie du volume sanguin ; absence
d'hypervascularisation. (d, e) Spectroscopie monovoxel à 35 ms et 135 ms : baisse du NAA et augmentation de la choline, augmentation du myoinositol.
94 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
Astrocytomes anaplasiques (grade III de l'OMS) des mitoses, de la nécrose et une prolifération microvascu-
Ces astrocytomes comportent des zones de transforma- laire et endothéliale.
tion maligne. Cette transformation peut compliquer un Au scanner, la tumeur est iso- ou hypodense et com-
astrocytome infiltrant connu, ou bien il peut être diagnosti- porte des zones de nécrose. Des hémorragies sont pos-
qué lors des premiers signes cliniques. sibles. La prise de contraste est massive, irrégulière, ou en
La survenue est plus tardive (40 à 50 ans). Des mitoses et anneau. En IRM (fig. 5.22), le signal est hétérogène sur
des anomalies cytonucléaires apparaissent sans nécrose. Le toutes les séquences, hypo- et isosignal T1, hypersignaux
pronostic est de 2 à 3 ans. Il existe une tendance à l'infiltra- T2 en rapport avec la nécrose centrale. Des hémorragies
tion du cortex. subaiguës avec un double hypersignal T1 et T2 peuvent
Au scanner non injecté, il existe une hypodensité mal se rencontrer. L'hyperintensité entourant la prise de
limitée avec des zones de prise de contraste limitées. En contraste correspond à l'infiltration tumorale et à l'œdème
IRM, l'astrocytome anaplasique est plus hétérogène que vasogénique. En théorie, il n'existe pas de diffusion res-
l'astrocytome de grade II. En T1, des zones hypo- et iso- treinte ; néanmoins, les zones en ADC le plus bas sont
intenses sont observées, et en T2 et FLAIR, la lésion est les zones les plus malignes. La prise de contraste est très
en hypersignal hétérogène. En diffusion, l'ADC est plus intense. L'extension peut se faire à la paroi épendymaire
bas par endroits que dans un astrocytome de grade II. On et/ou à la méninge, et le long des faisceaux de substance
observe des prises de contraste. En IRM de perfusion, le blanche, vers l'hémisphère opposé. Le VSTr est augmenté,
VSTr est plus élevé que dans un astrocytome de grade II. En le NAA est abaissé, la choline, les lactates et les lipides
spectroscopie, NAA et créatinine sont diminués, et le pic de sont augmentés.
choline est élevé. Lorsque l'on découvre cette tumeur au premier examen
Dès lors qu'un traitement invasif est envisagé, une cer- d'imagerie, on peut discuter un abcès cérébral (dans ce cas,
titude histologique devient nécessaire. Elle pourra être la restriction de l'ADC ne correspond pas aux zones rehaus-
obtenue par la chirurgie si une indication d'exérèse même sées par le gadolinium mais à la zone d'allure nécrotique,
partielle est portée. Bien souvent, c'est une biopsie stéréo- ce qui permet de redresser le diagnostic) ou une métastase
taxique qui est requise. Celle-ci est guidée par l'IRM et des unique. Il faut recourir à la spectroscopie et à la mesure du
prélèvements sont ciblés sur les plages de prise de contraste volume sanguin cérébral de la zone immédiatement adja-
à celles où le VSTr est augmenté et à celles où l'ADC est cente à la prise de contraste. L'environnement immédiat
le plus bas [9]. La baisse du NAA et l'élévation de l'indice de la prise de contraste est fait de gliome infiltrant en cas
d'anisotropie (imagerie du tenseur de diffusion) évoluent de glioblastome ; celui d'une métastase est fait d'œdème. Le
parallèlement ; ils reflètent l'importance de la désorgani- volume sanguin est plus élevé en cas de gliome qu'en cas de
sation structurelle accompagnant la transformation des métastase (1,31 ± 0,97 versus 0,39 ± 0,19). L'élévation des
tumeurs gliales [13]. taux de choline en cas de gliome est plus importante qu'en
cas de métastases (rapport choline/créatinine 2,28 ± 1,24
versus 0,76 ± 0,23) [11]. Le FLAIR aide à différencier
Glioblastome autour de la prise de contraste les gliomes infiltrant le cor-
Il s'agit d'une tumeur hautement maligne dont le pro- tex (hypersignal relatif sans rehaussement sur les séquences
nostic vital est de moins d'un an. L'âge de survenue est T1 de l'œdème périlésionnel d'une métastase unique (hype-
de 50 à 70 ans, mais elle peut survenir à tous les âges. rintensité dans les zones ne se renforçant pas en T1 gadoli-
L'histopathologie montre des monstruosités cytonucléaires, nium) [14] (fig. 5.23).
Fig. 5.22 Glioblastome. Séquences FLAIR (a), T1 gadolinium (b), cartographie de perfusion (c). Présence d'une nécrose, d'une prise de contraste
(noter le foyer controlatéral). L'hypervascularisation de la zone non nécrosée.
Chapitre 5. Diagnostic des tumeurs intracrâniennes de l'adulte 95
a b
Fig. 5.23 Cartographie de l'extention tumorale par spectroscopie multivoxel. (a) Spectroscopie multivoxel (CSI). Le principe est d'étudier
une tranche de cerveau en appliquant une séquence : la lecture permet d'étudier simultanément de nombreux voxels et permet d'analyser le cer-
veau à distance de la prise de contraste. (b) Présentation du rapport choline/NAA : on rencontre un rapport élevé (présence importante de choline)
à distance traduisant le caractère infiltrant de la tumeur. (c–e) Vérification par spectroscopie monovoxel des données du CSI respectivement dans la
zone de la bordure entre la nécrose et la prise de contraste, la partie antérieure de l'hypersignal T2 (augmentation de la choline) et dans la région
thalamique (spectroscopie normale). L'augmentation de la choline dans la partie antérieure de l'anomalie T2 est en faveur d'une tumeur infiltrante
versus une métastase.
96 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
Fig. 5.24 (a–d) Oligodendrogliome grade II. Noter l'infiltration du cortex, l'absence de prise de contraste. Il n'est pas possible d'affirmer la
nature histopathologique de la lésion. Le diagnostic de tumeur infiltrante sans prise de contraste compatible avec une tumeur gliale primitive
(astrocytome ou oligodendrogliome) est suffisamment informatif.
Chapitre 5. Diagnostic des tumeurs intracrâniennes de l'adulte 97
les grades II. White montre une prise de contraste dans deux Les métastases siègent au niveau des hémisphères céré-
groupes d'oligodendrogliomes de bas et de haut grades his- braux dans 80 % des cas. La topographie la plus fréquente est la
tologique [17]. Il semble que le type de vascularisation capil- jonction substance grise/substance blanche. Outre des exten-
laire intense de certains oligodendrogliomes soit à l'origine sions hématogènes, il existe des propagations leptoméningées,
de ce phénomène. Le VSTr d'un oligodendrogliome bénin épendymaires, intra- ou périvasculaires. Elles sont uniques au
peut être aussi augmenté que celui d'un grade élevé [18]. moment du diagnostic dans près de la moitié des cas, et se
pose alors le problème du diagnostic d'une tumeur primitive.
Oligodendrogliomes anaplasiques (OA) Certaines tumeurs sont spontanément hémorragiques, en
Les OA peuvent se rencontrer de novo ou compliquer un oli- particulier les tumeurs les plus vasculaires (reins, tumeurs
godendrogliome connu. Ils se caractérisent par des mitoses, endocrines, tumeurs à tropisme vasculaire, métastases de
une grande cellularité et des atypies cytonucléaires. Les cal- choriocarcinomes, myxomes de l'oreillette gauche).
cifications sont fréquentes. Le pronostic est mauvais, avec L'aspect en imagerie est très polymorphe : hypo- ou isodenses
une médiane de survie d'environ 4 ans. Au scanner sans en scanner, accompagnées d'un œdème péritumoral de taille
contraste, la tumeur est iso-hypodense, corticale, les calcifi- variable qui peut à lui seul représenter 80 % du volume du pro-
cations fréquentes, et les kystes possibles. Au scanner injecté, cessus expansif. La prise de contraste est habituelle. Les métas-
les prises de contraste sont habituelles et d'intensité variable. tases sont en iso- ou hyposignal T1. Les formes hémorragiques
En IRM T1, l'OA est hétérogène, iso- et hypo-intense, de sont hyperintenses en T1 dès le premier examen (présence de
même qu'en T2 FLAIR (iso-hyperintensité). Calcifications méthémoglobine due à l'hémorragie intratumorale préexis-
et hémorragies avec des formations kystiques sont possibles. tante, asymptomatique souvent distillante). Ce phénomène
L'OA envahit le cortex. La prise de contraste en T1 gadoli- n'est pas spécifique aux métastases et se rencontre également
nium est habituelle. En SRM, le NAA est abaissé, la choline dans les gliomes malins. En cas de mélanome, la tumeur peut
augmentée. Des pics de lactates et de lipides sont possibles. être d'emblée hyperintense en T1. En T2 et FLAIR, les lésions
En IRM de perfusion, le VSTr est augmenté. sont hyperintenses ; l'œdème vasogénique est habituellement
très intense. En IRM T1 gadolinium, la prise de contraste est
Métastases intense, de forme variable, allant de renforcements homogènes
à une prise de contraste en anneau. En SRM, le NAA est effon-
Ce sont les tumeurs intracrâniennes les plus fréquentes dré, la choline augmentée, avec dans les formes nécrosées des
(environ 20 %) et elles sont secondaires à un cancer du pou- lactates et des lipides En cas d'œdème vasogénique, les métabo-
mon (34 %), du sein (17 %), du tube digestif (6 %), du rein lites tumoraux, en particulier la choline, sont effondrés dans les
ou à un mélanome. Dans 20 % des cas, aucun cancer primitif zones d'anomalie de signal en T2/FLAIR (fig. 5.25). L'IRM de
n'est retrouvé. perfusion de la lésion elle-même montre un VSTr variable selon
a b
Fig. 5.25 (a, b) Métastase unique d'un cancer du sein. Situation fréquente en pratique clinique. En dehors de l'analyse de la zone entourant
la prise de contraste sur la séquence FLAIR, la différence avec une tumeur infiltrante (voir fig. 5.22) peut se faire grâce à la spectroscopie CSI.
Contrairement à une tumeur infiltrante, l'œdème accompagnant la périphérie immédiate de la prise de contraste montre un spectre des métabo-
lites « effondré », courbe plate, par dilution (flèches jaunes), contrairement à des zones saines à distance (flèches oranges).
98 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
le type plus ou moins hypervasculaire de la métastase (très Certaines métastases d'adénocarcinome ont un franc
élevé en cas de carcinome rénal par exemple). L'IRM de diffu- hyposignal T2, suffisamment inhabituel pour qu'on en
sion ne montre habituellement pas de diffusion restreinte. Les évoque le diagnostic au même titre qu'un lymphome chez
métastases des mélanomes ont des présentations polymorphes. l'adulte (fig. 5.28) [20, 21].
En cas de lésions non hémorragiques, les lésions chargées en
pigments mélaniques ont un hypersignal T1, un hyposignal ou
un isosignal en T2 et FLAIR. En cas de métastase mélanotique,
Tumeurs primitives non gliales
le signal est celui d'autres tumeurs cérébrales (hyposignal T1, Lymphomes cérébraux primitifs
hypersignal T2) [19]. Les remaniements hémorragiques sont Tumeurs constituées de lymphocytes B, les lymphomes
très fréquents et sont responsables d'un effet de susceptibilité cérébraux primitifs sont caractérisés par un grand polymor-
magnétique sur les séquences en T2* réputées améliorer leur phisme radiologique chez les patients immunodéprimés
détection (fig. 5.26 à 5.28). [21–26].
Fig. 5.26 (a–f) Métastases cérébelleuses d'un mélanome. Noter l'hyperintensité de la mélanine sur la séquence T1 sans gadolinium.
Chapitre 5. Diagnostic des tumeurs intracrâniennes de l'adulte 99
Chez le patient immunocompétent, ce sont de volu- rapport avec la richesse cellulaire et le fort rapport nucléocy-
mineuses tumeurs prenant fortement le contraste toplasmique des lymphocytes tumoraux. En T1 gadolinium,
(fig. 5.29 à 5.32). Elles sont très évocatrices lorsqu'elles sont la prise de contraste est homogène. En SRM, le NAA est bas,
bilatérales et qu'elles siègent au niveau des noyaux gris cen- la choline augmentée, les lipides et lactates sont élevés [20]. Le
traux, même si leurs topographies sont ubiquitaires (hémis- VSTr est plus bas que celui des tumeurs gliales de haut grade.
phères cérébraux, corps calleux, noyaux gris centraux, La courbe de perfusion est caractéristique par l'ascension pro-
cervelet, épendyme). Il est très important d'en évoquer le gressive après le premier passage du contraste.
diagnostic dès le premier examen radiologique. En effet, ces Chez les malades immunodéprimés (fig. 5.32), les lym-
lésions sont d'une extrême sensibilité à la corticothérapie ; phomes sont souvent nécrosés, la prise de contraste peut
elles peuvent ainsi régresser temporairement avec des doses être très discrète ou périphérique, « en anneau » simulant
faibles de corticoïdes prescrites pour soulager l'hypertension une toxoplasmose. Les similitudes morphologiques de cette
intracrânienne. Même s'il s'agit d'un bon signe diagnostique infection avec le lymphome peuvent d'ailleurs conduire
indirect, l'absence de certitude histologique empêche dans ce à réaliser un traitement antiparasitaire d'épreuve dont les
cas la conduite d'un traitement efficace d'emblée. Les lym- délais de réponses sont heureusement assez courts. L'ADC
phomes sont iso- ou hyperdenses, avec une prise de contraste des lésions est toutefois souvent plus élevé dans la toxoplas-
franche et homogène. En T1, ils sont iso- ou hypo-intenses. mose que dans le lymphome. Bien qu'il existe un recouvre-
En T2, une hypo-intensité est très évocatrice du diagnostic. ment de certaines valeurs, un ADC > 1,6 serait en faveur de la
L'ADC peut être bas. L'hyposignal T2 et l'ADC bas sont en toxoplasmose. En cas de lésions de toxoplasmose, la tendance
100 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
a b c
d
Fig. 5.28 Métastase d'un adénocarcinome colique. Noter le franc hyposignal T2 (a) et la diffusion restreinte (c) de la paritie périphérique de
la lésion, contrastant avec l'aspect le plus fréquent et non spécifique des tumeurs en hyposignal T1 et hypersignal T2. (b) Prise de contraste non
spécifique. (d) PET-scan montrant l'hyperfixation de la tumeur colique.
Chapitre 5. Diagnostic des tumeurs intracrâniennes de l'adulte 101
Fig. 5.29 Lymphome cérébral. (a) Coupe neuropathologique montrant l'aspect d'un lymphome chez un malade immunocompétent (remercie-
ments au Pr Poirier pour cette pièce anatomique). (b) IRM T2 axiale. Cas récent d'un volumineux lymphome.
a b c
Fig. 5.30 Aspect caractéristique d'un lymphome cérébral chez un malade immunocompétent non traité. (a) T1 sans contraste. (b) T2.
Noter l'hypo-intensité du corps tumoral par rapport à l'œdème périlésionnel. Cet aspect est inhabituel car la majorité des tumeurs non hémorra-
giques sont en hypersignal T2. (c) Prise de contraste massive et homogène.
102 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
Fig. 5.31 (a, b) Mesure du volume sanguin cérébral dans trois régions d'intérêt (RI) chez le même patient qu'en figure 5.29 : RI rouge,
lymphome ; RI jaune, parenchyme sain controlatéral ; RI verte, œdème périlésionnel. Noter une forte augmentation du volume sanguin de la RI
rouge (lymphome) par rapport aux deux autres. Par ailleurs, noter l'importance de la pente de la courbe après le retour de la courbe aux valeurs
initiales. Cela traduit l'importance de la perméabilité vasculaire, là encore très évocatrice du diagnostic de lymphome cérébral.
a b
est à l'hypoperfusion. Chez certains patients immunodépri- médullaires, tumeurs rénales, chémodectomes, etc. selon
més, les lymphomes profonds étendus sans prise de contraste l'intensité de l'expression de l'affection) [2].
peuvent en imposer pour une phlébite profonde (fig. 5.33 et En scanner, c'est une tumeur solide ou kystique avec un
5.34). Les séquences de phlébographie IRM permettent faci- nodule, siège d'une intense prise de contraste. En IRM, le
lement de redresser le diagnostic. Enfin, le lymphome peut kyste est hyperintense en T2 et FLAIR, ainsi que le nodule
avoir un tropisme vasculaire (artères, veines et parois des tumoral. Celui-ci se renforce considérablement avec l'injec-
sinus duraux) (fig. 5.35). La symptomatologie est non spé- tion de gadolinium. Contrairement aux tumeurs nécrosées et
cifique : trouble du comportement des fonctions supérieures aux astrocytomes pilocytiques kystiques, les parois du kyste ne
ou déficit neurologique. Les signes IRM principaux sont des se renforcent pas. Des structures vasculaires dilatées (veines
lésions, d'allure ischémique, corticales et profondes, bilaté- drainant la tumeur) peuvent être identifiées à la fois avant
rales et asymétriques pouvant prendre le contraste. En l'ab- (flow voids) et après injection de contraste. L'angiographie
sence d'autres localisations, le diagnostic peut être difficile. montre un aspect pathognomonique ( dilatation des artères
nourricières de la tumeur, opacification massive du corps
tumoral ou des nodules sans shunt artérioveineux précoce, et
Hémangioblastomes (fig. 5.36) dilatation des veines de drainage). Cet examen n'est pas fait à
Ce sont des tumeurs vasculaires bénignes (grade I de l'OMS), titre diagnostique pur, mais pour préparer la stratégie opéra-
uniques et alors le plus souvent dans les lobes cérébelleux toire, éventuellement pour réaliser une embolisation préopé-
(80 %) chez l'adulte, ou multiples dans la maladie de von ratoire. Ces lésions ne récidivent pas après chirurgie d'exérèse
Hippel-Lindau (hémangioblastomes multiples cérébelleux, complète [27].
a b c
d
Fig. 5.33 Lymphome infiltrant les noyaux gris centraux. L'aspect d'hypersignal T2 et FLAIR (b et c) bilatéral doit également faire évoquer
une thrombophlébite cérébrale. Cette cause curable par le traitement anticoagulant a justifié la réalisation de cette phlébographie-IRM (d). Ici, le
système veineux profond (veines cérébrales internes, basales, ampoule de Galien et sinus droit) est perméable.
104 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
Fig. 5.34 (a, b) Lymphome à extension épendymaire, T1 gadolinium. Cet aspect de prise de contraste intense épendymaire n'est pas spéci-
fique et peut se rencontrer dans des métastases, en particulier de cancer pulmonaire à petites cellules.
b c
Fig. 5.35 Lymphome intravasculaire. Séquences FLAIR (a) T2 Turbo spin écho (b), T2* (c). Le T2* montre l'accumulation des lymphocytes tumo-
raux dans les vaisseaux. Là encore, cette image n'est pas spécifique et peut se rencontrer dans des métastases.
Chapitre 5. Diagnostic des tumeurs intracrâniennes de l'adulte 105
a b
c d
a b
Fig. 5.37 Tumeur dysembryoplasique neuroépithéliale (DNET). T1 (a) et T2 (b). Noter le caractère partiellement liquidien et hétérogène de la
lésion. L'histoire clinique (épilepsie de l'enfance), la topographie, la déformation de la table interne et l'absence de prise de contraste (non montrée
ici) sont en faveur du diagnostic.
Chapitre 5. Diagnostic des tumeurs intracrâniennes de l'adulte 107
Subépendymomes (fig. 5.39) en périphérie. En IRM T1, le kyste est soit hyper-, soit iso-
Ce sont des tumeurs bénignes (grade I de l'OMS), déve- intense. Le signal en T2 dépend de l'hydratation du kyste
loppées dans le système ventriculaire (4e, 3e ventricules et typiquement iso-intense. En cas de contenu très visqueux,
ventricules latéraux). Elles surviennent chez l'adulte, le plus le signal T2 est franchement bas et permet de prévoir des
souvent au-delà de 40 ans. Elles sont asymptomatiques ou difficultés à affaisser ce kyste par ponction simple en cas de
responsables d'une hydrocéphalie obstructive. La tumeur est chirurgie endoscopique [35].
iso- ou hypodense, parfois calcifiée en scanner, sans prise de
contraste En T1, la lésion est iso- ou hypo-intense, hyperin- Méningiomes intraventriculaires
tense en T2, hétérogène en cas de calcifications ou de kystes. Ces méningiomes se développent à partir de cellules arach-
Typiquement, il n'y a pas de prise de contraste, sauf au niveau noïdiennes dans les ventricules latéraux au niveau des carre-
du 4e ventricule [32]. fours. Ils ont peu de particularités radiologiques par rapport
aux variétés des autres méningiomes.
Papillomes des plexus choroïdes
Ces papillomes sont très rares chez l'adulte et siègent princi- Tumeurs de la région pinéale
palement dans le ventricule latéral. Les pinéaloblastomes et les tumeurs germinales se ren-
contrent surtout chez l'enfant. Les pinéalocytomes atteignent
Neurocytomes centraux (fig. 5.40) les adultes jeunes. Les pinéalocytomes sont des tumeurs len-
Ce sont des tumeurs à différenciation neuronale se déve- tement évolutives. Elles se manifestent par des céphalées, une
loppant à l'intérieur des ventricules sus-tentoriels, le plus paralysie de l'élévation (syndrome de Parinaud), une hydro-
souvent dans les ventricules latéraux (grade II de l'OMS). céphalie. C'est une masse relativement bien limitée, typique-
Elles surviennent principalement chez l'adulte et se révèlent ment inférieure à 3 cm.
par des signes d'hypertension intracrânienne et/ou d'hydro- Au scanner sans injection, la tumeur est hypo- ou isodense
céphalie en cas d'obstruction des foramens de Monro. Les avec des calcifications périphériques. La prise de contraste
caractéristiques en imagerie sont les suivantes : présence de est hétérogène. La lésion est hypo-iso-intense en IRM T1,
kystes et de calcifications, signal spontané en IRM T1 et T2 hyperintense en T2, hyperintense et arrondie en FLAIR, avec
hétérogène, prise de contraste hétérogène et plus ou moins une prise de contraste en IRM T1 gadolinium.
intense [33, 34].
Tumeurs extra-axiales
Kystes colloïdes (fig. 5.41) Ces tumeurs se développent à partir des enveloppes ménin-
Ce ne sont pas à proprement parler des tumeurs mais des gées (méningiomes) et des gaines schwanniennes des nerfs
formations kystiques contenant un liquide plus ou moins crâniens (schwannomes). Certaines tumeurs peuvent se
épais attaché à la paroi antéropostérieure du troisième ven- développer dans les espaces sous-arachnoïdiens à partir d'un
tricule. Elles peuvent être de découverte accidentelle ou être point de départ encéphalique ou ventriculaire, ou à partir de
responsables d'une hydrocéphalie biventriculaire par obs- tissu ectodermique migré lors de la fermeture du tube neural
truction des foramens de Monro. (kystes épidermoïdes). Nous n'envisagerons ni les métastases
En scanner, la lésion est spontanément hyper- ou méningées, ni les tumeurs osseuses de la voûte ou de la base
isodense ; elle ne prend pas le contraste, sauf quelquefois du crâne.
Fig. 5.39 Subépendymome. T1 (a), T1 gadolinium (b), FLAIR (c). Noter l'aspect légèrement hétérogène sans prise de contraste.
108 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
a b c
d e
Fig. 5.40 Neurocytome central. T1 (a), T2 (b), FLAIR (c). Tumeur hétérogène obstruant les trous de Monro et responsable d'une hydrocéphalie
obstructive (liseré de résorption transépendymaire au niveau des carrefours ventriculaires sur la séquence FLAIR). T1 gadolinium, coupes sagittale
(d) et parasagittale (e). Noter le caractère hétérogène de la prise de contraste.
Schwannomes (fig. 5.42 et 5.43) loureuse pour les atteintes du trijumeau. Ces tumeurs peuvent
Ce sont des tumeurs extra-axiales, bénignes, classées grade I par élargir les canaux osseux qu'elles traversent (élargissement du
l'OMS, lentement évolutives, développées aux dépens des cel- méat acoustique interne [MAI], du trou ovale). Elles sont rare-
lules de Schwann des gaines nerveuses des nerfs crâniens, plus ment calcifiées, iso- ou légèrement hyperdenses par rapport au
souvent sensoriels ou sensitifs que moteurs. Ce sont des tumeurs cerveau ; elles s'accompagnent d'une forte prise de contraste.
encapsulées développées le plus souvent aux dépens de la por- En pondération T1, la masse est iso- ou hypo-intense, hyperin-
tion vestibulaire de la huitième paire. Les autres localisations tenses en T2, se renforçant après injection de gadolinium. Les
sont plus rares (nerfs trijumeau, oculomoteur). Les symptômes schwannomes vestibulaires à développement intracrânien ont
sont en rapport avec les nerf crâniens atteints : surdité de per- une expansion centrée sur cette structure, tandis que les ménin-
ception pour les schwannomes vestibulaires, hypoesthésie dou- giomes du rocher ont un développement asymétrique par
Chapitre 5. Diagnostic des tumeurs intracrâniennes de l'adulte 109
Fig. 5.41 Kyste colloïde du 3e ventricule. Dilatation peu active des ventricules latéraux. T1 (a) et T2 (b) coronales. Noter le caractère très hypo-
intense en T2 du kyste associé à un contenu très visqueux de celui-ci.
Fig. 5.42 Schwannome vestibulaire. T1 gadolinium (a) et T2 (b). Masse occupant la plus grande partie de l'angle pontocérébelleux droit
centré sur le méat du conduit auditif interne. La prise de contraste est hétérogène. La tumeur repousse et trappe du LCS, donnant un aspect
« pseudokystique ».
Fig. 5.43 Schwannome du trijumeau droit transcrânien. (a) T1 coronal injecté. La masse prend fortement le contraste et traverse la base du
crâne par le trou ovale pour envahir l'espace masticateur. (b) Scanner 3D, vue inférieure de la base du crâne. Noter l'élargissement du trou ovale
droit par rapport à la gauche, traduisant la poussée lente de la tumeur depuis plusieurs années.
110 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
rapport au MAI : plus antérieur pour les méningiomes pétro- Méningiomes (fig. 5.44 à 5.47)
clivaux, plus postérieur pour les méningiomes du bord postéro- Tumeurs bénignes (grade I de l'OMS) dans la grande majorité
supérieur du rocher. Les méningiomes sont plus fréquemment des cas, et lentement évolutives, les méningiomes déplacent
calcifiés et entraînent volontiers des condensations osseuses. Les et compriment lentement l'encéphale, ce qui explique qu'ils
schwannomes peuvent être kystiques. Les formes multiples se soient souvent très volumineux lors de leur diagnostic.
rencontrent dans la neurofibromatose de type 2.
Fig. 5.44 Méningiome du trou occipital massivement calcifié. (a, b) Scanner en fenêtre osseuse et parenchymateuse. (c) IRM axiale T2 :
l'intensité de la tumeur est voisine de celle de l'encéphale. Noter la déformation du bulbe.
a b c
Fig. 5.45 Méningiome frontal droit. T1 (a), T2 (b), FLAIR (c). Aspect très évocateur, absence
d'hyposignal T1 ; intensité voisine de celle de la substance grise en T2 et en FLAIR. (d) T1 gado-
d linium : prise de contraste massive et homogène.
Chapitre 5. Diagnostic des tumeurs intracrâniennes de l'adulte 111
Fig. 5.46 Méningiome de la faux du cerveau envahissant la lumière du sinus sagittal supérieur. T1 gadolinium coronal (a) et sagittal (b).
Fig. 5.47 Méningiome olfactif révélé par une hypertension intracrânienne et un syndrome frontal. Anosmie. La masse est largement
insérée sur l'étage antérieur. Masse homogène d'intensité voisine à celle du cortex et prenant massivement le contraste. (a) Coupe coronale T1
sans contraste. (b) Coupe axiale T2. (c) Coupe coronale T1 injectée.
La tumeur se développe à partir de cellules arachnoï- recherche de perméabilité des sinus sagittal supérieur et laté-
diennes, ce qui explique leurs topographies très ubiquitaires raux se fait par phlébographie-IRM. L'angiographie en réso-
et même intraventriculaire. Malgré leur bénignité histolo- nance magnétique (ARM) par temps de vol montre bien les
gique, certaines localisations au niveau de la base du crâne pédicules artériels nourriciers. La SRM montre une élévation
ont un pronostic redoutable. La majorité siège à la convexité des taux de glutamate et d'alanine. Il existe un aspect très
supratentorielle, les formes parasagittales pouvant envahir caractéristique en angiographie, ce geste étant actuellement
le sinus sagittal supérieur, ou au niveau de la base (gouttière réservé à l'embolisation préopératoire lorsqu'elle est indi-
olfactive, parasellaire). Dans la fosse postérieure, ils occupent quée. Les signes de masse extracérébrale sont : le refoulement
souvent la face postérosupérieure du rocher. Leur insertion de la limite substance grise/substance blanche en T1, la pré-
méningée large sur la dure-mère, voire les ostéomes d'inser- sence de zones de piégeage du LCS à la jonction de la tumeur
tion en facilitent le diagnostic. Des formes multiples sont et de l'encéphale, enfin la présence de veines bordantes entre
possibles. la masse et le cerveau.
Au scanner, la tumeur peut être calcifiée, parfois réali- Si le diagnostic de méningiome est relativement facile
sant une véritable pierre ; elle est souvent spontanément à évoquer, il est important d'essayer de prédire l'évolution
hyperdense. L'utilisation des fenêtres osseuses aide à recon- postopératoire. Si les formes authentiquement malignes sont
naître les zones d'hyperostose aux points d'attache du ménin- très rares et que certaines tumeurs se développant dans les
giome. Il existe un fort renforcement homogène (sauf en cas méninges ont un pronostic plus grave comme l'hémangiopé-
de nécrose) après injection de contraste. L'œdème cérébral ricytome, la pratique s'accorde à distinguer des méningiomes
est mieux visible en IRM. dits typiques authentiques (tumeurs de grade I de l'OMS) des
En IRM T1, la masse est iso- ou légèrement hyperintense méningiomes qualifiés d'atypiques, caractérisés histologique-
par rapport au cortex. En T2, la masse est souvent iso-intense ment par une activité mitotique élevée, une hypercellularité,
par rapport à l'encéphale. L'œdème vasogénique périlésion- des zones de nécrose. Cette distinction est importante puisque
nel est bien visible en FLAIR, les calcifications en T2*. En le taux de récidive postopératoire est de 7 et 20 % selon les
T1 gadolinium, le renforcement est homogène, intense. La séries pour les méningiomes typiques, et de 29 à 41 % pour
112 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
les méningiomes atypiques. Peut-on avoir une estimation en en fréquence les troisièmes tumeurs de cette région après
imagerie de l'appartenance d'un méningiome à l'une ou l'autre les schwannomes et les méningiomes. Ces formations
de ces catégories ? Les données morphologiques sont limitées kystiques s'insinuent entre les différents éléments et en
principalement à l'envahissement du cortex (mushrooming). enrobant les structures vasculonerveuses. Leur aspect
L'imagerie de perfusion, en particulier la mesure du taux de radiologique est voisin de celui du liquide cérébrospinal
transfert du contraste de l'espace vasculaire vers l'interstitium (LCS) en scanner, en IRM T1 et T2. Elles ne prennent pas
tumoral (Ktrans) montre une différence entre les méningiomes le contraste ou de façon très minime en périphérie. De ce
atypiques dont le taux est plus élevé (0,0066 s–1 ± 0,0026) que fait, elles pourraient être confondues avec un kyste arach-
celui des méningiomes typiques (0,0016 s–1 ± 0,0012) [32]. noïdien. La distinction se fait grâce à la séquence FLAIR et
Les chiffres d'ADC sont également susceptibles d'apporter à l'imagerie de diffusion. En FLAIR, l'extinction du signal
une orientation préopératoire. Les méningiomes atypiques de la lésion est incomplète alors qu'elle l'est en cas de kyste
auraient un ADC plus bas (0,75 ± 0,21) que les méningiomes arachnoïdien. En diffusion, les kystes épidermoïdes sont
typiques (1,17 ± 0,21) [36, 37]. en hypersignal effet T2 persistant avec un ADC inférieur à
celui du LCS et voisin de celui de l'encéphale. La restriction
Kystes épidermoïdes (fig. 5.48) de l'espace de diffusion est en rapport avec les protéines
Ces tumeurs se développent à partir de tissu ectoder- et la kératine. La chirurgie de ces lésions est difficile du
mique piégé lors de la fermeture du tube neural. La plupart fait de leur caractère infiltrant. La séquence en diffusion
d'entre elles se développent au niveau de l'angle pontocé- permet de diagnostiquer les résidus postopératoires et les
rébelleux dans les espaces liquidiens où elles représentent récidives [38].
Fig. 5.48 Kyste épidermoïde prépontique. (a) T1 écho de gradient. (b) T2 sagital. (c) Diffusion axiale b1000. (d) Cartographie d'ADC. L'imagerie
T1 et T2 n'est pas spécifique et peut dans l'absolu être également celle d'un kyste totalement liquidien tel un kyste arachnoïdien. L'imagerie de
diffusion permet de différencier le kyste épidermoïde qui est tissulaire. Son signal en b1000 est en hypersignal relatif par rapport au LCS et en ADC
en diffusion relativement restreinte par rapport au LCS.
Chapitre 5. Diagnostic des tumeurs intracrâniennes de l'adulte 113
PLAN DU CHAPITRE
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115 Principaux types de tumeurs. . . . . . . . . . . . . . . 115
Protocole d'imagerie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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116 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
a b
Fig. 6.1 Astrocytome pilocytique. IRM en coupes axiale T1 sans injection (a) et avec injection (b). La tumeur est localisée au niveau de l'hémi
sphère cérébelleux gauche avec un kyste associé à un nodule mural qui prend le contraste.
apparaît en hypersignal T2 et FLAIR et prend le contraste classées en « haut risque » et « risque standard », selon 1)
dans la majorité des cas. Elle est en hypersignal diffusion la qualité de l'exérèse, 2) la taille éventuelle d'un résidu
en raison de son hypercellularité et présente une perfusion postopératoire (> ou < 1,5 cm2), 3) l'âge de l'enfant et 4)
élevée en ASL. En spectroscopie, on peut retrouver spécifi- la présence de métastases. Actuellement, le taux de survie
quement un pic de taurine [3]. des enfants traités pour un médulloblastome de risque
Il peut exister des métastases arachnoïdiennes d'emblée standard est de 70 à 80 % à 5 ans et de 55 à 76 % dans
au diagnostic et il faut donc réaliser dès le diagnostic une les formes de haut risque [4]. Les médulloblastomes des-
IRM médullaire avec injection de produit de contraste. moplasiques SHH et à nodularité extensive, formes de
Les métastases encéphaliques seront bien détectées par la l'enfant jeune (< 3 ans), ont un très bon pronostic avec un
séquence de diffusion. taux de survie de plus de 85 % [5].
La première étape du traitement est la chirurgie dont
la qualité est un facteur pronostique majeur. Le traite- Épendymomes à différenciation épendymaire
ment associe à la chirurgie de la chimiothérapie et de la Ce sont des tumeurs malignes, classées en grades II et III
radiothérapie dans la plupart des cas. Ces tumeurs sont selon la classification de l'OMS 2016. Cependant, il est
clairement démontré que cette classification n'a pas d'im-
pact pronostique. Le pic de fréquence est situé entre 3 et
5 ans. De même que les médulloblastomes, elles se déve-
loppent le plus souvent dans le 4 e ventricule, à l'origine
d'une hydrocéphalie triventriculaire, mais ont la parti-
cularité, à l'inverse des médulloblastomes, de s'insinuer
vers les foramens de Luschka et de Magendie. Il n'est pas
rare alors de voir un contingent tumoral entourer le tronc
cérébral et/ou descendre en rétromédullaire à l'étage
cervical.
La tumeur présente des calcifications (50 %) asso-
ciées à des kystes (20 %). Elle s'étend par les trous de
Luschka et de Magendie vers les angles pontocérébelleux
et les citernes de la base du crâne (fig. 6.3). Son rehausse-
ment est souvent hétérogène. Son signal en diffusion est
variable, mais le plus souvent en hypersignal. Sa perfu-
sion est élevée en ASL. Il est exceptionnel qu'il existe des
métastases au diagnostic.
Le traitement associe la chirurgie, qui a un rôle pronos-
tique primordial, associée ou non à la radiothérapie locale.
Le rôle de la chimiothérapie est encore controversé mais
Fig. 6.2 Médulloblastome classique. Scanner sans injection mon reste le traitement complémentaire de choix pour les enfants
trant que la tumeur est hyperdense spontanément et se localise au de moins de 2 ans. Les récidives surviennent dans 50 à 60 %
niveau du vermis. des cas à 5 ans.
a b
Fig. 6.3 Épendymome. IRM en axial T1 après injection de produit de contraste (a) et sagittal T1 (b) après injection de produit de contraste. La
tumeur est hétérogène et prend le contraste ; elle s'étend par les trous de Luschka et de Magendie vers les angles pontocérébelleux et les citernes
de la base du crâne.
118 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
a b
Fig. 6.4 Gliome infiltrant du tronc. IRM en coupe axiale FLAIR (a) et sagittale T1 sans injection de produit de contraste (b). L'IRM très typique
montre également un élargissement majeur du pont qui est hyperintense en FLAIR et hypo-intense en T1.
Chapitre 6. Imagerie des tumeurs cérébrales de l'enfant 119
a b
Fig. 6.6 Glioblastome. À l'IRM, la tumeur est infiltrante et se présente sous la forme d'une masse hémisphérique nécrotique associée à un œdème
tumoral, un important effet de masse et un rehaussement marqué. Il existe une dissémination le long des fibres de substance blanche.
Chapitre 6. Imagerie des tumeurs cérébrales de l'enfant 121
Tumeurs tératoïdes rhabdoïdes atypiques (ATRT) En imagerie, ces tumeurs se présentent sous la forme de
Il s'agit d'une tumeur rare du petit enfant (moins de 5 ans) masses intraventriculaires de bonne taille prenant très forte-
dont l'incidence est probablement sous-estimée. Elle se déve- ment le contraste, aux contours lobulés. La distinction entre
loppe en situation supratentorielle ou en infratentorielle. papillome et carcinome est difficile, reposant sur la présence
En IRM, il s'agit souvent de très volumineuses lésions éventuelle dans les carcinomes d'une invasion parenchy-
d'aspect hétérogène, bien limitées, avec une importante mateuse et sur une perfusion ASL plus élevée des carci-
prise de contraste. Elles restreignent fortement la diffusion nomes (> 120 ml/min/100 g) [8]. De manière surprenante,
et présentent une franche hyperperfusion en ASL. les papillomes sont souvent associés à une hydrocéphalie,
Elles sont traitées par chirurgie et chimiothérapie. Le contrairement aux carcinomes.
pronostic est sombre avec un taux de survie à 2 ans de 20 %. Le traitement de choix est la chirurgie, complétée par
une chimiothérapie et/ou une radiothérapie si la tumeur est
Épendymomes sus-tentoriels maligne et selon l'âge de l'enfant.
Comme les épendymomes sous-tentoriels, il s'agit de
tumeurs provenant de cellules épendymaires. Cependant, Références
au niveau supratentoriel, ces tumeurs sont rarement
[1] Louis DN, Perry A, Reifenberger G, et al. The 2016 World Health
intraventriculaires mais sont le plus souvent intraparen-
Organization Classification of Tumors of the Central Nervous
chymateuses, sans avoir forcément de connexion avec System : a summary. Acta Neuropathol (Berl) 2016 ; 131(6) : 803–20.
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sion intracrânienne, des déficits neurologiques focaux et to predict brain tumor grading in children : correlations between his-
des crises d'épilepsie. topathologic vascular density and perfusion MR imaging. Radiology
En IRM, la tumeur est bien limitée et intraparenchyma- 2016 ; 152228.
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nodule mural rehaussé, ou d'une masse plus hétérogène, Diagn Interv Imaging 2014 ; 95(10) : 965–83.
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[5] Rutkowski S, Bode U, Deinlein F, et al. Treatment of early childhood
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medulloblastoma by postoperative chemotherapy alone. N Engl
tuellement pas de métastases à la découverte. J Med 2005 ; 352(10) : 978–86.
Le traitement comporte une chirurgie suivie de radiothé- [6] Castel D, Philippe C, Calmon R, et al. Histone H3F3A and HIST1H3B
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Dysembryoplastic neuroepithelial tumor : a surgically curable tumor
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tumeurs bénignes (papillomes de grade I ou papillomes aty- [8] Dangouloff-Ros V, Grevent D, Pagès M, et al. Choroid plexus neo-
piques de grade II) ou malignes (carcinomes de grade III) plasms : toward a distinction between carcinoma and papilloma using
peuvent se développer à ce niveau. arterial spin-labeling. AJNR Am J Neuroradiol 2015 ; 36(9) : 1786–90.
Chapitre
7
Imagerie des pathologies
inflammatoires cérébrales
S. Kremer, M.-P. Boncoeur-Martel, F. Cotton
PLAN DU CHAPITRE
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123 Diagnostics différentiels : autres pathologies
Protocole d'exploration. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123 démyélinisantes non inflammatoires . . . . . . . . 135
Sclérose en plaques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
Autres pathologies inflammatoires . . . . . . . . . 129
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
© 2017, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 123
124 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
■ séquence de diffusion avec cartographie ADC : aide au ■ coupes axiales T2 EG : l'écho de gradient permet de
diagnostic différentiel avec les lésions ischémiques et sur- s'affranchir des artéfacts de flux et de différencier la subs-
tout les lésions de leuco-encéphalite multifocale progres- tance blanche de la substance grise qui a une forme de H ;
sive (LEMP) ; ■ coupes sagittales STIR : elles sont plus sensibles que le T2
■ coupes axiales 2D DP/T2 TSE ou 3D T2 : la densité de pour la détection des lésions intramédullaires.
proton serait plus sensible pour la détection des lésions L'exploration sagittale devra couvrir l'ensemble de la lon-
infratentorielles que le T2 et le FLAIR ; gueur du cordon médullaire.
■ injection de gadolinium (0,1 mmol/kg) : un délai de L'exploration IRM commencera par la moelle en cas
5 minutes devra être respecté entre l'injection et l'acqui- d'orientation clinique en faveur d'une atteinte médullaire
sition de la séquence T1 injectée afin d'optimiser l'éven- prédominante. L'exploration pourra alors être poursuivie
tuelle prise de contraste (la séquence FLAIR sera acquise par l'encéphale afin d'asseoir le diagnostic. Dans les autres
entre l'injection et le T1 injecté) [2] ; cas, l'exploration débutera par l'encéphale et pourra dans
■ séquence 3D FLAIR ou 2D FLAIR : plus sensibles que certains cas être poursuivie par la moelle, en particulier
le T2 pour la détection des lésions juxtacorticales et jux- lorsque les critères diagnostiques ne sont pas réunis. En
taventriculaires, mais moins sensibles pour la détection cas d'exploration des deux niveaux dans le même temps
des lésions de la fosse cérébrale postérieure que le T2 et la d'examen, il ne sera pas procédé à une nouvelle injection de
densité de proton ; contraste.
■ séquence 3D T1 après injection de gadolinium : les
séquences 3D T1 écho de gradient (EG) avec injec-
tion de gadolinium seraient plus sensibles pour la
Techniques d'imagerie « avancée »
détection des prises de contraste que les lésions Les techniques d'imagerie conventionnelle en IRM sous-
2D T1 SE [3]. estiment les lésions de SEP, en particulier au sein de la subs-
Les séquences optionnelles sont : tance blanche d'aspect normal, mais également au sein de la
■ un tenseur de diffusion avec au moins 15 directions : en substance grise [4]. Cela explique probablement en partie la
remplacement de la séquence de diffusion ; dissociation clinicoradiologique observée dans cette patho-
■ une séquence 2D T2 EG : au moment du diagnostic afin logie [5].
d'éliminer un diagnostic différentiel en recherchant des De nombreux travaux dans la littérature, utilisant les
microbleeds qui orienteraient dans ce cas plutôt vers une techniques de transfert de magnétisation, de spectrosco-
pathologie vasculaire. pie, de diffusion ou de tenseur de diffusion, des IRM à très
Le plan d'acquisition devra également être repro- haut champ (7 T) et de post-traitement avancés (mesure
ductible, le plan bicalleux (bord inférieur du rostrum de volume lésionnel ou cérébral, mesures de temps de
et bord inférieur du splénium du corps calleux) étant relaxation T1 ou T2, mesures des paramètres de diffusion)
préconisé par le groupe d'experts, car plus reproductible ont montré la dissémination des anomalies en cas de SEP
que le plan CA-CP (commissure antérieure/postérieure). [6–10].
L'épaisseur des coupes devra également être la plus fine Cependant, ces techniques n'ont pour l'instant pas d'ap-
possible, une épaisseur inférieure ou égale à 3 mm étant plications pratiques car ne permettant pas d'analyse indivi-
préconisée. duelle, mais uniquement des analyses de groupe.
De nouvelles séquences d'IRM ont été développées
ces dernières années et sont utilisées en routine clinique,
Exploration de la moelle comme les séquences en double inversion récupération
Pour l'exploration de la moelle, le protocole est le suivant : (DIR), ou les séquences de susceptibilité magnétique.
■ coupes sagittales T2 FSE ; Les séquences DIR semblent prometteuses pour la détec-
■ injection de gadolinium (0,1 mmol/kg) ; tion des lésions corticales de SEP, mais également pour la
■ coupes sagittales T1 après injection de gadolinium : un détection des lésions de LEMP chez les patients SEP trai-
délai de 5 minutes devra être respecté entre l'injection et tés par natalizumab [11]. Les séquences de susceptibilité
l'acquisition de la séquence T1 injectée afin d'optimiser magnétique sont plus sensibles que les séquences T2 EG
l'éventuelle prise de contraste. L'injection de chélate de pour la détection des microbleeds, mais surtout pour per-
gadolinium permettra de poser le diagnostic différentiel mettre la mise en évidence du caractère périveinulaire des
avec une tumeur ou une malformation vasculaire. La lésions de SEP [12].
séquence sera réalisée sans saturation de graisse afin de
ne pas diminuer le rapport signal/bruit.
Des séquences optionnelles sont possibles en cas de Sclérose en plaques
lésion ou de doute :
■ coupes axiales T1 après injection de gadolinium : en cas Séméiologie radiologique [13–16]
de prise de contraste, les séquences axiales permettent de Les lésions de la substance blanche découvertes en IRM
conforter la suspicion de lésion observée en sagittal, mais devront être analysées, à la recherche des éléments séméio-
également de localiser la lésion au sein de la substance logiques qui orienteront le diagnostic vers une probable
blanche ou de la substance grise ; pathologie démyélinisante inflammatoire.
Chapitre 7. Imagerie des pathologies inflammatoires cérébrales 125
Fig. 7.1 Sclérose en plaques (SEP). Coupes axiales FLAIR (a) et T2 (b) : les lésions juxtaventriculaires sont mieux détectées sur le FLAIR
que sur le T2, grâce à l'effacement du signal de l'eau.
a b c
Fig. 7.2 Lésions typiques de SEP : lésions ovalaires et radiaires atteignant la substance blanche juxtaventriculaire et juxtacorticale.
Coupes axiale FLAIR (a), sagittale T1 (b) et axiale T1 après injection de gadolinium (c). Certaines de ces lésions se rehaussent après injection
de gadolinium et apparaissent alors en hyposignal T1 sur la séquence avant injection traduisant un œdème intralésionnel.
126 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
Fig. 7.3 Localisations typiques de lésions de SEP. Coupes sagittales (a, b, e) et axiales (c, d) FLAIR. Localisations au sein du corps calleux (a),
au niveau de la jonction callosomarginale (b), au niveau juxtaventriculaire et juxtacortical (c–e).
pont. La séquence axiale T2 ou densité protonique (DP) est qui sont respectées. L'autre élément du diagnostic différen-
plus sensible que le FLAIR pour la détection de ces lésions. tiel est que la prise de contraste présente généralement un
Plus rarement, on peut retrouver des lésions au sein aspect en anneau ouvert, alors que dans une tumeur la prise
du cortex et des noyaux gris centraux, en particulier le de contraste est en anneau fermé. Enfin, ces pseudotumeurs
thalamus. sont souvent associées à des lésions typiques de SEP au
Les lésions récentes, où les phénomènes inflammatoires niveau cérébral mais également médullaire.
sont les plus actifs, prennent une forme en cocarde en T2, Ces lésions doivent également être distinguées des autres
et peuvent apparaître en discret hyposignal en T1. Elles sont pathologies démyélinisantes pseudotumorales comme le
rehaussées après injection de gadolinium, prenant un aspect Marburg, la sclérose concentrique de Balo et la maladie de
nodulaire ou en anneau complet ou plus souvent incomplet Schilder, correspondant à des entités anatomopathologiques
(anneau ouvert). La prise de contraste régresse générale- différentes et qui ont un pronostic péjoratif.
ment en moins de 4 semaines mais peut persister jusqu'à
3 mois. L'hyposignal T1 régresse en moins de 3 mois. Lésions médullaires [16, 18, 19] (fig. 7.7)
Les lésions médullaires sont fréquemment associées aux
Lésions cérébrales atypiques [17] lésions cérébrales, et peuvent permettre de conforter le
Certaines lésions peuvent poser des difficultés diagnos- diagnostic lorsque les critères ne sont pas remplis au niveau
tiques, en particulier les formes pseudotumorales de SEP cérébral.
(fig. 7.6). Celles-ci apparaissent comme des lésions de Mais les lésions médullaires peuvent être isolées, notam-
grande taille, prenant le contraste, entourées d'un œdème ment dans les SEP de forme progressive.
périlésionnel. Elles se présentent comme un hypersignal T2, périphé-
Ce qui permettra de redresser le diagnostic est la dis- rique, au sein de la substance blanche, mais les limites avec
proportion entre la taille de la lésion et l'effet de masse qui la substance grise sont souvent non respectées. Les lésions
est modéré, en particulier sur les structures ventriculaires, sont localisées préférentiellement dans les cordons posté-
Chapitre 7. Imagerie des pathologies inflammatoires cérébrales 127
Fig. 7.4 Localisations typiques de lésions de SEP au sein de la fosse cérébrale postérieure. Coupes axiale FLAIR (a), axiale T2 (b) et sagittales
FLAIR (c). Localisations à la partie périphérique du pont (a), au niveau du pédoncule cérébelleux moyen (b) et au niveau du plancher du quatrième
ventricule (c).
rieurs et latéraux de la moelle, ne dépassant pas 50 % de sa décompte afin de s'assurer qu'elles répondent aux critères
surface dans le plan axial et s'étendant sur moins de deux IRM de dissémination spatiale et de dissémination tempo-
segments vertébraux en hauteur. relle. Les critères de dissémination spatiale et temporelle ont
Les lésions récentes présentent les mêmes caractéristiques été simplifiés, et dans certains cas peuvent être établis sur
qu'au niveau cérébral avec une prise de contraste transitoire une seule IRM.
après injection de gadolinium. Elles peuvent même dans ce Ces critères seront ensuite associés aux critères cliniques
cas déformer les contours médullaires. (nombre de poussées, nombre de lésions définies clinique-
On peut également rencontrer des formes pseudotumo- ment) et biologiques (ponction lombaire [PL] : bande oli-
rales au niveau médullaire. goclonale immunoglobuline G [IgG] et/ou augmentation de
l'index d'IgG) pour établir le diagnostic de SEP. Le diagnos-
tic de SEP ne pourra pas être établi sur les seules données
Nouveaux critères diagnostiques : critères IRM.
de McDonald révisés [20–23] ■ Critères IRM de dissémination spatiale. Au moins une
Après avoir reconnu les lésions de la substance blanche lésion T2 dans deux des localisations suivantes :
comme étant possiblement d'origine démyélinisante, il fau- – juxtaventriculaire ;
dra les classer en fonction de leur localisation et en faire le – juxtacorticale ;
128 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
Fig. 7.5 SEP : différentes formes de prise de contraste : nodulaire, annulaire, en anneau ouvert. Coupes axiales T1 après injection
de gadolinium (a–f).
Fig. 7.6 SEP : lésion pseudotumorale pariétale droite, n'exerçant qu'un effet de masse modéré sur le ventricule latéral. Coupes sagit-
tale T2 (a), axiales FLAIR (b), T1 après injection de gadolinium (c) et diffusion (d). La lésion présente une bordure périphérique en hypersignal en
diffusion et prend le contraste en anneau ouvert.
Fig. 7.7 SEP : lésions en hypersignal T2, rehaussées après injection de gadolinium en regard de C2–C3 et de T8. Coupes sagittales T2 (a), T1
après injection de gadolinium (b), axiales T2 (c) et T1 après injection de gadolinium (d). Les lésions sont périphériques touchant la substance blanche (c–d).
Fig. 7.8 SEP évoluée : lésions confluentes de la substance blanche. Coupes sagittales FLAIR (a–c), axiales T1 avant et après injection de gado-
linium (d, e) et axiale T2 (f). Certaines de ces lésions apparaissent en hyposignal T1 (trous noirs). Amincissement du corps calleux, élargissement
des espaces sous-arachnoïdiens et des ventricules évoquant une atrophie. Présence d'une lésion rehaussée après injection de gadolinium.
Les lésions médullaires, se traduisant cliniquement par Neurosarcoïdose [35, 36] (fig. 7.14)
un syndrome médullaire aigu (myélite), seraient également La neurosarcoïdose est une granulomatose atteignant pré-
d'origine vasculaire et se traduisent en IRM par des hyper- férentiellement les espaces leptoméningés, mais il peut s'y
signaux T2 plus étendus en hauteur mais également en sur- associer une atteinte parenchymateuse dont la nature exacte
face sur les coupes axiales que les lésions de SEP. De plus, ces est discutée.
lésions sont plus volontiers expansives. Au niveau cérébral, elle se présente en IRM comme une
leptoméningite micronodulaire de la base ou diffuse avec
Maladie de Behçet [31–34] (fig. 7.12 et 7.13) atteinte secondaire des nerfs crâniens, du chiasma optique
Les lésions correspondent à une atteinte inflammatoire péri- et de la région hypothalamo-hypophysaire. Il peut exister
vasculaire avec perte neuronale et myélininique au contact. une extension des prises de contraste le long des espaces
Au niveau cérébral, la maladie de Behçet se traduit périvasculaires vers le parenchyme cérébral se traduisant
en IRM par des hypersignaux T2 au sein de la substance par des lésions nodulaires rehaussées entourées d'œdème.
supratentorielle, pouvant prendre le contraste et dont l'as- Il peut s'associer à ces lésions des hypersignaux T2 au sein
pect est proche des lésions de SEP. Mais ces lésions sont plus de la substance blanche juxtaventriculaire dont l'aspect est
fréquemment associées à des hypersignaux T2 au niveau proche des lésions de SEP. Certaines de ces lésions peuvent
du tronc cérébral, des capsules internes et des noyaux gris prendre un aspect expansif avec prise de contraste pouvant
centraux, en particulier du thalamus, ce qui permet de les mimer une forme pseudotumorale de SEP.
différencier d'une SEP. De plus, en cas de forme évoluée, Au niveau médullaire, on peut retrouver le même type
il existe une atrophie marquée, prédominant au niveau du d'atteinte au niveau des espaces leptoméningés, auquel peut
tronc cérébral, ce qui n'est pas le cas dans la SEP. s'associer une atteinte intraparenchymateuse se présentant
Les lésions médullaires sont rares mais très proches des en IRM comme une lésion expansive prenant le contraste
lésions de SEP et il est souvent difficile de les différencier. pouvant mimer une tumeur ou une SEP.
132 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
Fig. 7.9 ADEM : lésions de la substance blanche supratentorielle d'allure démyélinisantes inflammatoires, situées en région juxtaven-
triculaire et juxtacorticale. Coupes axiales T2 (a) et FLAIR (b–d). Il s'y associe une lésion thalamique droite, atypique pour une SEP.
Que ce soit au niveau cérébral ou au niveau médullaire, Les lésions cérébrales correspondent souvent à des
le diagnostic différentiel est généralement aisé, car ces hypersignaux non spécifiques de la substance blanche. Mais
hypersignaux ou ces lésions pseudotumorales s'associent elles peuvent s'accompagner d'atteintes ORL ou orbitaires,
généralement aux lésions leptoméningées micronodulaires, d'épaississement pachyméningé diffus ou de contiguïté et
permettant d'évoquer le diagnostic de sarcoïdose. d'atteintes hypothalamo-hypophysaires.
Fig. 7.10 Neurolupus : lésions d'allure démyélinisantes inflammatoires cérébrales et médullaires. Coupes axiales FLAIR (a–c), coupes
sagittales médullaires T2 (d). Certaines lésions sont localisées au sein de la substance blanche profonde, ce qui est atypique pour une SEP.
Elles prédominent à la partie centrale de la moelle. Elles évo- la majorité des cas, soit des hypersignaux proches des lésions
luent vers l'atrophie avec dilatation du canal de l'épendyme. de SEP, soit plus rarement des hypersignaux dans les régions
Les atteintes des nerfs optiques se traduisent par un riches en aquaporine 4. Dans ce dernier cas, les atteintes
hypersignal T2 avec prise de contraste. Elles prédominent prédominent en région périventriculaire, périaqueducale,
à la partie postérieure des nerfs et au niveau du chiasma et au niveau hypothalamique et au niveau de la partie posté-
peuvent être bilatérales. Elles évoluent vers l'atrophie. rieure du tronc cérébral.
Les atteintes cérébrales sont de trois types : soit des Des lésions pseudotumorales avec ADC augmenté au
hypersignaux T2 aspécifiques de la substance blanche dans sein des hémisphères cérébraux, des hypersignaux du
134 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
Fig. 7.11 Hypersignaux de la substance blanche associées à des lésions corticales évoquant des lésions vasculaires et ne présentant
aucune spécificité permettant de distinguer différentes maladies de système. Coupes axiales FLAIR (a–i). (a–c) Lupus. (d–f) Syndrome des
antiphospholipides. (g–i) Sclérodermie.
Chapitre 7. Imagerie des pathologies inflammatoires cérébrales 135
Fig. 7.12 Neuro-Behçet : hypersignaux T2 et FLAIR d'allure démyélinisants inflammatoires touchant le corps calleux, les régions jux-
taventriculaires et juxtacorticales et le pédoncule cérébelleux supérieur gauche. Coupes sagittale FLAIR (a) axiales FLAIR (b, d) et axiale T2
(c). On note en revanche des lésions thalamiques bilatérales très atypiques pour une SEP.
splénium du corps calleux et des hypersignaux étendus des Dilatation des espaces de Virchow-Robin
faisceaux corticospinaux ont également été décrits. [45] (fig. 7.16)
Des prises de contraste sont possibles soit linéaires sous-
épendymaires, soit hétérogènes à limites floues. Les espaces de Virchow-Robin correspondent à l'extension
Plus rarement, des lésions corticales et leptoméningées des espaces sous-arachnoïdiens autour d'un vaisseau péné-
ont été rapportées. trant le parenchyme cérébral. Ils peuvent être bien visibles
aux deux extrémités de la vie, en particulier chez le sujet âgé
du fait d'une atrophie cérébrale.
Diagnostics différentiels : autres En IRM, ils se traduisent par des hypersignaux T2
pathologies démyélinisantes non ovoïdes prenant un aspect radiaire le long des vaisseaux
intraprenchymateux. Ce qui permet de les différencier de
inflammatoires lésions de SEP est la disparition de l'hypersignal sur la
Nous ne parlerons pas des étiologies induisant une démyé- séquence FLAIR avec un aspect en hyposignal du fait du
linisation ne posant pas de problème de diagnostic différen- contenu liquidien. Néanmoins, il peut persister un dis-
tiel en pratique courante telles que les causes métaboliques cret hypersignal FLAIR du fait de leur association chez
(myélinolyse, leucodystrophies) et toxiques (radiothérapie, le sujet âgé avec des lésions démyélinisantes d'origine
chimiothérapie). En effet, le contexte clinique et les antécé- ischémique.
dents du patient permettent d'orienter le diagnostic. Nous Les dilatations des espaces de Virchow-Robin ont
insisterons plus spécialement sur les lésions vasculaires, des localisations préférentielles au sein de la substance
qu'elles soient physiologiques et non démyélinisantes blanche supratentorielle ou au sein des ganglions de la base
(espaces de Virchow-Robin) ou acquises d'origine isché- (sous-lenticulaires) ou, plus rarement, au niveau du tronc
mique et induisant une démyélinisation. cérébral.
136 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
Fig. 7.13 Neuro-Behçet : lésion du tronc cérébral latéralisée à gauche, rehaussée après injection de gadolinium étendue en hauteur.
Coupes axiales FLAIR (a–c), axiale et coronale T1 après injection de gadolinium (d, e).
Fig. 7.14 Neurosarcoïdose : prises de contraste leptoméningées micronodulaires prédominant au sein des vallées sylviennes,
de la région hypothalamo-hypophysaire et touchant la fosse cérébrale postérieure avec extension médullaire. Coupes axiale FLAIR (a),
coronale et sagittale T1 après injection de gadolinium (b, c). Hypersignaux corticaux en regard sur la séquence FLAIR.
Fig. 7.15 Neuromyélite optique de Devic : lésion médullaire cervicale étendue de C2 à C4 en hypersignal T2 hétérogène. Coupes
sagittales T2 (a), T1 après injection de gadolinium (b, c), axiales T2 (d, e) et T1 après injection de gadolinium (f). La lésion touche la substance
blanche et la substance grise et s'étend à plus de la moitié de la moelle sur les coupes transversales. Il existe une prise de contraste hétérogène
après injection de gadolinium.
Fig. 7.16 Dilation des espaces de Virchow-Robin : lésions bien limitées en hypersignal T2, hyposignal FLAIR et diffusion au sein
de la substance blanche frontale droite. Coupes axiale T2 (a), FLAIR (b), diffusion (c), coronale et axiale T1 après injection de gadolinium
(d, e). Après injection de gadolinium, on visualise au sein des lésions une structure vasculaire. L'effacement des lésions en FLAIR permet de
conforter le diagnostic.
Fig. 7.17 Lésions vasculaires : lésions en hypersignal FLAIR non ovalaires, non radiaires, au sein de la substance blanche profondes,
périventriculaire et sous-corticale. Coupes axiales FLAIR (a–c).
Chapitre 7. Imagerie des pathologies inflammatoires cérébrales 139
PLAN DU CHAPITRE
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141 Lésions extra-axiales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141
Protocole d'exploration. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141 Lésions intra-axiales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
© 2017, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 141
142 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
Fig. 8.1 Méningite se traduisant par des prises de contraste leptoméningées en pondération T1 postcontraste, et des hypersignaux
des espaces sous-arachnoïdiens en FLAIR. Coupes axiales T1 avec contraste (a) et FLAIR (b).
Bulles d’air
a b c
d e
Fig. 8.2 Empyèmes sous-duraux de la tente du cervelet compliquant une chirurgie ORL. Coupe axiale de scanner en fenêtre osseuse (a),
coupe axiale T2 (b), coupe coronale T1 (c), coupe coronale T1 avec contraste (d), coupe axiale T1 avec contraste et suppression de graisse (e).
Fig. 8.3 Ventriculite compliquant une méningite. Coupes axiales T2 (a) et T1 postcontraste (b).
144 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
Fig. 8.4 Atteinte frontotemporale dans le cadre d'une encéphalite herpétique. Œdème cytotoxique temporal cortical et hippocampique
se traduisant par un hypersignal en diffusion (b). Prise de contraste gyriforme de l'insula (c et e). Coupes axiales FLAIR (a), diffusion (b) et T1
postcontraste (c). Coupes coronales T2 (d) et T1 avec contraste (e).
Chapitre 8. Imagerie des pathologies infectieuses cérébrales 145
États-Unis. En IRM, on observe des hypersignaux en diffu- titution immunitaire (immune reconstitution inflammatory
sion et en FLAIR/T2 des noyaux gris centraux, du thalamus syndrome [IRIS]), secondaire à la mise en route du traite-
et du pont. ment antirétroviral et à la remontée du taux de CD4 dans le
sida, ou à l'arrêt du natalizumab dans la sclérose en plaques.
Entérovirus En IRM, en cas de sida, la LEMP se traduit par des lésions
L'entérovirus entraîne, cliniquement, une atteinte du tronc de la substance blanche touchant les fibres en U (fig. 8.5),
en hyposignal T1, hypersignal T2/FLAIR. Ces lésions
cérébral, et en IRM des lésions hyperintenses en FLAIR/
n'exercent généralement pas d'effet de masse sur les struc-
T2 et diffusion du tronc cérébral et des noyaux dentelés du
tures adjacentes et ne présentent pas de prise de contraste.
cervelet.
Elles sont souvent bilatérales mais asymétriques. Elles pré-
dominent au sein des régions pariéto-occipitales et du corps
Rougeole
calleux, mais elles peuvent également atteindre la fosse céré-
La rougeole peut être responsable d'une encéphalite aiguë, brale postérieure ou le faisceau corticospinal.
mais aussi d'un tableau de panencéphalite sclérosante subai- Plus rarement, il existe des atteintes de la substance grise,
guë. Il s'agit d'une atteinte cérébrale survenant de manière un effet de masse, des microhémorragies ou une prise de
différée, chez l'enfant ou l'adolescent, 3 à 15 ans après une contraste périphérique modérée.
rougeole, deux fois plus fréquente chez les enfants de sexe La séquence de diffusion apporte des éléments au dia-
masculin. Le risque de survenue est majoré quand l'infec- gnostic en montrant une présentation typique, avec une
tion virale survient avant l'âge de 18 mois (risque multiplié zone centrale en hyposignal avec augmentation du coeffi-
par 10 en l'absence de vaccination). Initialement, on observe cient de diffusion correspondant à la démyélinisation, et un
des difficultés de langage et des troubles du comportement. halo périphérique en hypersignal en diffusion avec chute du
Surviennent ensuite des troubles cognitifs, des mouvements coefficient de diffusion correspondant au front de progres-
anormaux, des convulsions, des troubles visuels. L'évolution sion de l'infection avec gonflement des oligodendrocytes.
se fait vers le coma et le décès. Le diagnostic est étayé par la La spectroscopie montre généralement une chute du
présence d'anticorps spécifiques dans le LCS. NAA, une augmentation de la choline et des lactates et des
L'IRM objective des anomalies de signal de la substance valeurs de myoinositol variables, pouvant être augmentées
blanche périventriculaire et sous-corticale, des noyaux gris dans les lésions évolutives.
centraux (notamment les putamens), du cervelet et du Pendant la phase de reconstitution immunitaire, on
pont. Dans les formes évoluées, on note une sévère perte note l'apparition d'un œdème périlésionnel avec prises de
neuronale résultant en une atrophie cortico-sous-corticale contraste périphériques. Il s'y associe un effet de masse.
marquée. La spectroscopie révèle une baisse du N-acétyl La LEMP sous natalizumab [5] (fig. 8.6) a une présen-
aspartate (NAA), une élévation de la choline, du myoinosi- tation radiologique un peu différente. Les lésions prédo-
tol et la présence de lactates et lipides. minent dans les régions frontales (48 % des cas). Il existe
souvent une prise de contraste (41 % des cas) témoignant
Atteintes de la substance blanche du caractère inflammatoire, pouvant être discrète et diffuse,
Leuco-encéphalite multifocale progressive (LEMP) périphérique ou punctiforme. Il existe, plus fréquemment,
une atteinte de la substance grise, en particulier du cortex,
La LEMP est secondaire à une infection du système nerveux pouvant être isolée, et des noyaux gris centraux.
central touchant les oligodendrocytes et les astrocytes par le La LEMP peut se présenter à la phase précoce sous la
JC virus, du nom du premier patient chez qui le virus a été forme de petits hypersignaux punctiformes ou nodulaires
isolé, appartenant à la famille des polyomavirus. en T2 et FLAIR, prenant le contraste. Au sein et autour
Elle survient chez l'immunodéprimé, 79 % des patients de lésions volumineuses, il existe souvent de petits hyper-
ayant le sida, 13 % une affection hématologique, 5 % étant signaux T2 d'allure microkystique, prenant un aspect de
transplantés, et 3 % ayant une pathologie auto-immune trai- « voie lactée » et pouvant prendre le contraste. Ces hyper-
tée par immunosuppresseurs ou immunomodulateurs, en signaux pourraient correspondre à une réponse immune
particulier le natalizumab [3]. précoce dans les espaces périvasculaires avec infiltration de
L'infection se traduit par une atteinte de la substance lymphocytes T.
blanche avec multiples foci de démyélinisation s'étendant La LEMP peut également survenir en dehors d'un
progressivement et évoluant vers la confluence. Au sein de contexte d'immunodépression [6].
cette zone de démyélinisation, des astrocytes contenant des
noyaux bizarres immunopositifs pour le virus JC sont pré-
sents. En périphérie de cette plage de démyélinisation, des Encéphalite à VIH
oligodendrocytes apparaissent élargis, contenant des inclu- Sur le plan clinique, ce sont des troubles cognitifs, du com-
sions intranucléaires et également immunopositifs pour le portement ou des troubles moteurs attribués à l'infection du
virus JC. cerveau par le VIH, en l'absence d'infection opportuniste.
Il existe en revanche une différence entre la LEMP du En imagerie, on observe des lésions diffuses de la subs-
sida où la réaction inflammatoire est absente et la LEMP tance blanche, bilatérales et symétriques, respectant les
sous natalizumab où il peut exister une réaction inflamma- fibres en U, pouvant toucher le corps calleux et le trigone,
toire avec infiltrat lymphocytaire [4]. associées à une atrophie diffuse (fig. 8.7). La meilleure tech-
Dans tous les cas, il existe un infiltrat lymphocytaire, au nique diagnostique est l'IRM. Contrairement à la LEMP, les
sein de la lésion démyélinisante, pendant la phase de recons- anomalies sont souvent peu visibles en pondération T1, se
146 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
Fig. 8.5 Atteinte des fibres en U dans le cadre d'une leuco-encéphalite multifocale progressive (LEMP), avec hyposignal marqué en
pondération T1 par destruction de la myéline. Coupe coronale FLAIR (a), coupes axiales T2 (b, d, e) et FLAIR (c), coupe sagittale T1 avec
contraste (f).
traduisant par un hypersignal en pondération T2/FLAIR. Il Plusieurs stades se succèdent en imagerie [7, 8].
n'existe pas de prise de contraste. Au stade précoce d'encéphalite focale présuppurative
(cérébrite), on note une lésion hypodense au scanner, appa-
raissant en IRM en hyposignal T1, hypersignal T2/FLAIR,
Lésions focales hypersignal en diffusion avec augmentation de l'ADC
Les principales étiologies sont bactériennes, mycotiques et (œdème vasogénique), pouvant présenter des microhémor-
parasitaires, et le mode de dissémination est soit hématogène, ragies en T2*. Après injection de chélate de gadolinium, il
soit par contiguïté à partir d'une infection nasosinusienne. peut exister des prises de contraste mal définies.
Au stade suivant, apparaît un anneau périphérique
Infections bactériennes discrètement hyperdense au scanner, en hypersignal T1,
hyposignal T2 et T2* (microhémorragies) avec œdème péri-
Abcès à pyogènes lésionnel, et centre en hyposignal T1, hypersignal T2/FLAIR
Il s'agit d'une zone de nécrose purulente enclose dans une et hypersignal en diffusion avec chute de l'ADC. Cet anneau
capsule fibreuse. prend le contraste de manière irrégulière.
L'abcès cérébral se propage à partir d'un foyer infectieux Ultérieurement, l'anneau périphérique devient mieux
ORL (sinusite, otite, mastoïdite), complique un traumatisme défini, spontanément hyperintense en T1, avec une prise de
ou un geste neurochirurgical, ou apparaît de dissémination contraste fine qui est induite par la perméabilité capillaire.
hématogène, alors volontiers localisé à la jonction cortico- Il apparaît en hyposignal T2 du fait de microhémorragies,
sous-corticale ou dans les noyaux gris centraux (blocage mais également de la présence de collagène et de radicaux
dans les artères lenticulostriées). Le germe n'est identifié libres. La zone centrale devient liquidienne et apparaît dis-
que dans la moitié des cas ; les plus souvent en cause sont crètement en hypersignal T1, en hypersignal T2/FLAIR et
streptocoques, staphylocoques et entérocoques. en hypersignal en diffusion avec chute de l'ADC.
Chapitre 8. Imagerie des pathologies infectieuses cérébrales 147
a b
c d
Fig. 8.6 LEMP sous natalizumab. Aspect pseudotumoral en pondérations T2 et FLAIR (a et b) ; prises de contraste hétérogènes (d) ; hyposignal
habituel en T1 (c). Coupes axiales T2 (a), FLAIR (b), T1 (c) et T1 avec contraste (d).
Fig. 8.7 Encéphalite à VIH se traduisant par des hypersignaux de la substance blanche symétriques. Coupes axiales FLAIR (a, b).
148 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
Au stade ultime, l'anneau périphérique s'épaissit et peut jonction substance blanche/substance grise. Ils peuvent
présenter des contours plus irréguliers avec un caractère également compliquer une méningite tuberculeuse (fig. 8.9)
feuilleté. Du fait du caractère plus vascularisé du cortex en par propagation le long des espaces de Virchow-Robin.
comparaison avec la substance blanche, la coque de l'abcès Toutefois, moins de 10 % des méningites se compliquent de
en contact du cortex apparaît plus épaisse et mieux définie tuberculomes.
qu'au contact de la substance blanche. Cela explique égale- Les abcès cérébraux diffèrent des tuberculomes par une
ment la croissance centripète en direction des ventricules. taille plus importante et par la zone centrale qui contient
La séquence de susceptibilité magnétique (SWI, vein non pas une nécrose caséeuse mais du pus avec la présence
bold) révèle un aspect en double coque spécifique [9], per- de bacilles vivants.
mettant le diagnostic différentiel avec un glioblastome : la En imagerie, les tuberculomes apparaissent soit sous la
coque interne, correspondant à du tissu de granulation, forme annulaire, soit sous la forme nodulaire. Dans ce der-
apparaît hyperintense, alors que la coque externe, riche en nier cas, ils apparaissent en iso- ou hypersignal T1, en hypo-
radicaux libres et macrophages, est hypo-intense. signal T2, avec prise de contraste après injection de chélate
L'imagerie de diffusion [10] est fondamentale, apportant de gadolinium. En cas de forme annulaire, la partie centrale
aussi des informations complémentaires pour le diagnostic apparaît soit en hypersignal T2, soit en hyposignal.
différentiel entre abcès et tumeurs nécrotiques. En effet, L'aspect en diffusion dépend de leur signal en T2 : si les
en diffusion, le centre nécrotique des tumeurs apparaît en tuberculomes apparaissent en hyposignal en T2, ils sont
hyposignal avec augmentation de l'ADC, alors que le pus généralement en hyposignal en diffusion avec augmentation
au sein des abcès à pyogènes apparaît en hypersignal avec du coefficient de diffusion, alors que s'ils apparaissent en
chute du coefficient de diffusion. Cette restriction de l'ADC hypersignal en T2, ils sont généralement en hypersignal en
est induite par l'hypercellularité et le caractère visqueux du diffusion avec chute du coefficient de diffusion.
pus, réduisant le mouvement des molécules d'eau. Elle n'est En spectroscopie, on note généralement une élévation
toutefois pas pathognomonique, étant retrouvée également des lipides et des lactates et l'absence d'acides aminés [12].
en cas d'hémorragie au sein d'une nécrose tumorale. Les abcès tuberculeux ont volontiers un aspect
La spectroscopie est une technique de complément, utile multiloculé.
en cas de doute diagnostique persistant, retrouvant au sein
des abcès à pyogènes un multiplet d'acides aminés (leucine, Listériose
isoleucine, valine) centré à 0,9 ppm qui aide aussi à les diffé-
La listériose est due à Listeria monocytogenes. La contamina-
rencier des tumeurs nécrotiques [11].
tion se fait par voie digestive, après consommation de char-
La perfusion apporte également des arguments pour le
cuteries ou fromages contaminés.
diagnostic différentiel entre un abcès et une lésion tumorale
La neurolistériose peut se manifester par une méningite,
en montrant un ratio de volume sanguin cérébral, entre la
une encéphalite et/ou une myélite. Le tableau radioclinique
zone lésionnelle prenant le contraste et la substance blanche
le plus évocateur est celui d'une rhombencéphalite [13]
servant de référence, proche de 1.
(fig. 8.10).
L'utilisation de l'ensemble de ces séquences permet donc
Après une phase pseudogrippale, le tableau neurologique
d'aboutir au diagnostic d'abcès, la diffusion étant la pierre
est dominé par des paralysies des nerfs crâniens en raison de
angulaire du diagnostic (fig. 8.8).
cette localisation typique au rhombencéphale.
L'évolution des lésions en imagerie après traitement
La cytologie du LCS révèle une réaction lymphocytaire.
montre la persistance des prises de contraste pendant plu-
L'IRM objective une atteinte bulbopontique sous forme
sieurs mois. On note, en revanche, une diminution de l'hy-
d'un hypersignal en pondération T2/FLAIR. De possibles
posignal T2 de la capsule et une augmentation de l'ADC au
micro-abcès peuvent se traduire par des prises de contraste
sein de la zone centrale.
nodulaires ou annulaires.
Tuberculose Neurosyphilis
La tuberculose correspond soit à une granulomatose avec Le tableau clinique est volontiers dominé par des troubles
trois types d'atteinte (méningée isolée, cérébrale isolée psychiatriques.
ou cérébroméningée), soit, plus rarement, à des abcès Des atteintes méningées et vasculaires sont classiques,
cérébraux. avec infiltration méningée lymphocytaire, et sténoses et
La méningite tuberculeuse est une méningite de la base, occlusions artérielles des vaisseaux de gros et moyen calibre
qui se complique d'artérite dans 20 % des cas, d'où l'intérêt (artérite d'Heubner). Une atteinte des petits vaisseaux est
de la séquence de diffusion, à la recherche de complications aussi possible (artérite de Nissl). Des prises de contraste des
ischémiques. nerfs crâniens peuvent s'observer dans le cadre de l'infiltra-
Le parenchyme cérébral est contaminé par voie hémato- tion méningée. Des gommes non spécifiques (nodules pre-
gène avec constitution de tuberculomes qui sont générale- nant le contraste) peuvent poser un problème de diagnostic
ment de petite taille ou plus rarement d'abcès. différentiel avec des lésions tumorales.
Les tuberculomes correspondent à une réaction granu-
lomateuse périphérique circonscrivant une zone centrale
de nécrose caséeuse. Les tuberculomes sont localisés pré- Maladie de Lyme
férentiellement au niveau de la fosse cérébrale postérieure C'est une borréliose, due à Borrelia burgdorferi, transmise
(tronc cérébral, cervelet), des noyaux gris centraux et à la par piqûre de tique.
Chapitre 8. Imagerie des pathologies infectieuses cérébrales 149
a b c
d e f
g h
Fig. 8.8 Abcès cérébral. Coupes axiales T1 (a), T2 (b), T1 avec contraste (c), diffusion (d), cartographie ADC (e), perfusion (f), spectroscopie-IRM
(g, h). Le pus apparaît typiquement en hypersignal en diffusion (d) avec chute de l'ADC (e), avec présence d'acides aminés en spectro-IRM à temps
d'écho court (h). La coque est fine, hyper-intense en T1 (a) et hypo-intense en T2 (b), non hypervascularisée en perfusion (f, g), rehaussée par le
contraste (c).
Après une phase initiale marquée par des signes cliniques rations FLAIR/T2, pouvant être rehaussées en cocarde,
d'inoculation (érythème chronique migrant, réaction inflam- associées à des prises de contraste des nerfs crâniens, plus
matoire ganglionnaire, syndrome pseudogrippal), les signes évocatrices (fig. 8.11). Enfin, des infarctus secondaires à une
neurologiques apparaissent secondairement (en quelques vascularite sont également possibles, localisés dans des ter-
semaines à quelques mois) dans 10 % des cas, à type de ménin- ritoires artériels différents.
gite lymphocytaire, paralysie des nerfs crâniens (le facial
notamment), myélite, radiculite. En l'absence de traitement, Maladie de Whipple
une phase tardive peut s'observer des mois à des années plus Il s'agit d'une granulomatose chronique due à Tropheryma
tard, associant des signes articulaires, cutanés et neurologiques. whipplei. Les signes cliniques associent diarrhée, arthralgies,
L'imagerie révèle des anomalies de signal de la substance fièvre, perte de poids. En cas d'atteinte neurologique clinique
blanche périventriculaire à type d'hypersignal en pondé- (5 % des cas, contre 50 % d'atteinte de l'encéphale sur les
150 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
a b c
d e f
Fig. 8.9 Méningite tuberculeuse de la base, de forme granulomateuse, évoluant vers la formation de tuberculomes (e, flèche). Coupe
axiale T2 (a), coupe sagittale T1 (b), coupe sagittale T1 avec contraste (c), coupe coronale T1 avec contraste (d), coupes axiales T1 avec contraste (e et f).
Fig. 8.10 Listériose se traduisant par des micro-abcès du rhombencéphale (flèches en b et d), cernés d'œdème (a et c). Coupe axiale T2 (a),
coupe sagittale T1 avec contraste (b), coupe coronale FLAIR (c), coupe coronale T1 avec contraste (d).
Chapitre 8. Imagerie des pathologies infectieuses cérébrales 151
Fig. 8.11 Maladie de Lyme associant des anomalies de la substance blanche (a) et des prises de contraste des nerfs crâniens (flèches
en b et c). Coupe axiale FLAIR (a), coupes axiales T1 avec contraste (b et c).
Fig. 8.12 Hématome intraparenchymateux (flèche en a) par rupture d'un anévrisme mycotique (flèche en b), compliquant une endo-
cardite infectieuse. Scanner sans contraste (a), artériographie carotidienne droite (b).
Le centre nécrotique apparaît en hyposignal T1, en hypersi- La distinction avec une infection aspergillaire n'est pas
gnal T2/FLAIR et en hyposignal en diffusion avec augmen- aisée en imagerie, et la spectroscopie peut également mon-
tation du coefficient de diffusion. Chez les patients les plus trer un aspect très proche.
immunodéprimés, on ne retrouve pas cette coque abcédée.
On note en revanche un liseré périphérique mal limité en Candidose
hypersignal T1, hyposignal T2 et T2* témoignant de micro-
hémorragies et en hypersignal en diffusion avec chute de Les infections à Candida sont généralement secondaires
l'ADC. Il n'existe généralement pas de prise de contraste. à une dissémination par voie hématogène. Elles se mani-
En diffusion, la zone centrale apparaît en hyposignal avec festent alors par des micro-abcès ou plus rarement par
augmentation de l'ADC [15]. des abcès de grande taille. En imagerie, ces abcès ne pré-
La présentation en diffusion permet donc, chez le sujet sentent pas de caractéristiques spécifiques en dehors de
immunocompétent, de distinguer les abcès aspergillaires la présentation en diffusion proche des abcès aspergil-
des abcès à pyogènes. La spectroscopie apporte également laires avec un centre en hyposignal, avec augmentation
des éléments au diagnostic différentiel, en mettant parfois du coefficient de diffusion, et un anneau périphérique
en évidence un pic à 3,6–3,8 ppm qui correspond à du disac- en hypersignal avec chute du coefficient de diffusion.
charide tréhalose. En revanche, certaines lésions peuvent La spectroscopie peut retrouver des acides aminés et du
présenter des acides aminés, ce qui ne permet pas de les dis- disaccharide tréhalose, mais en très faible quantité. Il
tinguer d'abcès à pyogènes. existe un pic important de lipides.
Enfin, en cas de dissémination par contiguïté, l'atteinte
nasosinusienne permettra l'orientation diagnostique vers Cryptococcose
une infection fongique en montrant un comblement et un L'infection s'étend des méninges de la base vers les espaces
épaississement des parois, généralement en hyposignal T2. de Virchow-Robin le long des artères perforantes, induisant
la constitution de microkystes par production mucoïde
Mucormycose par le pathogène donnant un aspect de « fromage suisse ».
La mycose touche l'encéphale par extension directe à partir Il n'existe généralement pas de réaction inflammatoire
des cavités nasosinusiennes, plus rarement par voie hémato- associée. Plus rarement, il existe une atteinte des plexus
gène. Le germe présente également un caractère angio-inva- choroïdes ou des lésions intraparenchymateuses avec consti-
sif qui aboutit à des lésions d'infarcissement hémorragique. tution de cryptococcomes.
En IRM, on note un comblement des cavités nasosinu- En IRM, on peut donc noter une dilatation des espaces
siennes, avec un épaississement des parois en hyposignal T2, de Virchow-Robin au sein des noyaux gris centraux, des
avec défects osseux, qui peut s'accompagner d'une extension thalamus, du tronc cérébral et du cervelet, avec un centre
aux parties molles profondes, à la face ou aux orbites. Au en hyposignal FLAIR et diffusion et une augmentation de
niveau cérébral, on note des plages d'ischémie hémorragique, l'ADC, et un anneau périphérique en hypersignal FLAIR,
associant hyposignal et hypersignal en T1, hypersignal et généralement sans prise de contraste. Les cryptococcomes
hyposignal en T2/FLAIR, T2*, et hypersignal en diffusion apparaissent comme des lésions annulaires ou nodulaires
avec chute de l'ADC. Il peut exister des prises de contraste prenant le contraste au sein des plexus choroïdes ou du
périphériques mal délimitées. En diffusion, on peut parfois parenchyme.
avoir, au centre des lésions, une augmentation du coefficient La spectroscopie montre généralement un pic important
de diffusion avec une chute en périphérie [16]. de disaccharide tréhalose.
Chapitre 8. Imagerie des pathologies infectieuses cérébrales 153
Fig. 8.13 Toxoplasmose cérébrale. Localisation thalamique gauche démontrant l'aspect de « cible excentrée » (flèche en a). Coupe
axiale T1 avec contraste (a), coupe coronale T2 (b).
Fig. 8.14 Maladie de Creutzfeldt-Jakob. Atteinte lenticulocaudée bilatérale bien visible en diffusion (flèches en a–d). Coupes axiales
en diffusion (a–d) et FLAIR (e–h).
clé du diagnostic, car plus sensible que les précédentes [2] Weingarten K, Zimmerman RD, Becker RD, et al. Subdural and epi-
(fig. 8.14). La forme variante se manifeste par une atteinte dural empyemas : MR imaging. AJR Am J Roentgenol 1989 ; 152(3) :
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Chapitre
9
Imagerie dans la pathologie
neurodégénérative
C. Delmaire, C. Dubron, S. Bombois, M. Tir
PLAN DU CHAPITRE
Imagerie des démences. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157 Imagerie des syndromes parkinsoniens . . . . . . 162
Imagerie des démences male d'une maladie d'Alzheimer définie comme le MCI
amnésique, le taux annuel de conversion vers la démence
L'apport de l'imagerie dans la prise en charge des patients étant estimé entre 12 et 15 % [2, 3].
déments a longtemps été limité au diagnostic différen- Dans la maladie d'Alzheimer, les études volumétriques
tiel, permettant d'éliminer des pathologies simulant des des hippocampes montrent, dès un stade précoce, une dimi-
démences, comme les hématomes sous-duraux chroniques nution significative (parfois asymétrique) du volume hippo-
ou certaines tumeurs cérébrales. Actuellement, l'imagerie campique, corrélée aux données anatomopathologiques et
cérébrale fait partie intégrante de l'exploration d'un trouble neuropsychologiques [4, 5] (fig. 9.1a,b). Une atrophie parié-
cognitif et une IRM doit être réalisée devant toute démence tale interne s'associe à l'atrophie hippocampique pouvant
d'apparition récente [1]. Elle permet de rechercher des parfois prédominer (fig. 9.1c). Avec l'évolution de la mala-
signes positifs de démence neurodégénérative, comme une die, l'atrophie s'étend vers les régions inférieures du cortex
atrophie de localisation évocatrice, des lésions vasculaires, préfrontal et le cortex pariétal, et devient généralisée, mais
mais permet également d'éliminer la présence d'une lésion reste toujours plus sévère au niveau des lobes temporaux
neurochirurgicale. (fig. 9.1d).
Il existe peu d'anomalies de signal sur les séquences
Maladie d'Alzheimer FLAIR (fig. 9.1e). En cas d'hypersignaux confluents de la
substance blanche associés à des facteurs de risque cardio-
La maladie d'Alzheimer est la plus fréquente des démences
vasculaires, il faudra évoquer une étiologie mixte (vasculaire
neurodégénératives après 65 ans (60 %). Un diagnostic pré-
et dégénérative).
coce permet d'améliorer la prise en charge des patients au
Au stade prodromal de la maladie d'Alzheimer (MCI), on
sein d'une filière adaptée et de débuter tôt un traitement par
note une atrophie temporale médiane avec un aspect relati-
inhibiteurs de l'acétylcholinestérase dont l'effet bénéfique
vement préservé du reste du cerveau [6] (fig. 9.2).
est d'autant plus marqué qu'il a été initié précocement.
En routine clinique, l'appréciation de la sévérité de
l'atteinte temporale médiane pourra se faire visuellement
Le concept de MCI et la phase prodromale de la grâce à l'échelle de Scheltens [7]. Cette échelle repose sur
maladie d'Alzheimer trois items cotés sur une coupe coronale : la taille de l'hippo-
De nombreux travaux ont porté sur la phase prédémen- campe, l'élargissement de la corne temporale ventriculaire
tielle de la maladie d'Alzheimer. La définition d'une entité et l'élargissement de la fissure choroïdienne (tableau 9.1,
clinique nommée MCI (mild cognitive impairment, déclin fig. 9.3). Cette analyse visuelle présente de moins bonnes
cognitif léger) vise à identifier un état intermédiaire entre le sensibilité et spécificité pour distinguer des patients présen-
vieillissement physiologique et la démence, afin de cibler les tant un MCI amnésique des sujets contrôles, mais permet
patients à fort risque de développer une démence dans le but de prédire la conversion vers une maladie d'Alzheimer si
d'instaurer précocement un traitement. Le MCI est un syn- l'atrophie hippocampique constatée se majore sur différents
drome défini par un déclin cognitif plus important que celui examens [8] (fig. 9.2).
que l'on s'attend à trouver à un âge et un niveau d'éducation
donnés, mais qui n'a pas de retentissement sur les activités Microbleeds
de la vie quotidienne. Le MCI représente un concept cli- Les microsaignements cérébraux (microbleeds) sont visibles sur
nique hétérogène au sein duquel se situe la phase prodro- les séquences T2* sous forme d'un hyposignal évocateur d'un
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
© 2017, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 157
158 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
Fig. 9.1 Aspects IRM d'une maladie d'Alzheimer (MA). (a–c) Coupes coronales pondérées en T1. Différentes formes évolutives de la MA :
forme modérée, l'atrophie prédomine au niveau de l'hippocampe et du gyrus parahippocampique (a) ; majoration de l'atrophie temporale médiane
ainsi que de la dilatation de la fissure choroïdienne (flèche) et de la corne temporale du ventricule latéral (flèche épaisse) (b). (c) Une atrophie
pariétale médiane sur la coupe sagittale. (d) Forme évoluée : l'atrophie hippocampique s'associe à une atrophie corticale et sous-corticale généra-
lisée. (e) Séquence FLAIR axiale : on retrouve peu ou pas d'anomalie de signal de la substance blanche. (f) MA patient de 77 ans, présence d'une
microhémorragie corticale pariétale droite (flèche).
Fig. 9.2 Un patient de 67 ans a consulté en 1997 pour un trouble de la mémoire (MCI amnésique). Aggravation des troubles en 2001.
L'évolution clinique et radiologique de l'atrophie temporale médiane sur l'IRM réalisée en 2001 fait suspecter une évolution vers une démence
neurodégénérative (MA).
b c
d e
dépôt d'hémosidérine. Ils sont des marqueurs de la sévérité de La topographie de l'atrophie est corrélée aux différentes
la microangiopathie et sont plus fréquents chez les sujets hyper- présentations cliniques de la pathologie :
tendus. On distingue classiquement les microbleeds profonds ■ la DFT se traduit par une atrophie bilatérale des lobes
(localisés dans le tronc, le cervelet, le thalamus et les noyaux frontaux et des régions temporopolaires. Un hypersignal
gris centraux) liés à l'hypertension artérielle des microbleeds FLAIR des régions antérieures est fréquent [13] (fig. 9.5) ;
corticaux plus volontiers liés à l'angiopathie amyloïde [9] ■ l'aphasie primaire progressive non fluente est associée
(fig. 9.4a,b). L'association entre la présence de microsaigne- à une atrophie périsylvienne antérieure hémisphérique
ments et le déclin cognitif a été suggérée chez le sujet sans et gauche [14] (fig. 9.6) ;
avec pathologie neurologique. Ils peuvent être retrouvés dans ■ la démence sémantique est caractérisée par une atrophie
la maladie d'Alzheimer dans 20 % des cas [10, 11], mais égale- temporale antérieure et latérale à prédominance gauche
ment dans les démences frontotemporales [11] (voir fig. 9.1). et affectant également l'amygdale et l'hippocampe [14]
(fig. 9.7).
Dégénérescences lobaires
frontotemporales Démence à corps de Lewy
La dégénérescence lobaire frontotemporale regroupe plu- La démence à corps de Lewy (DCL) est la deuxième cause
sieurs variants syndromiques : le variant comportemental de démence dégénérative. Elle comprend une démence, des
ou démence frontotemporale (DFT) et les variants langa- hallucinations, un syndrome extrapyramidal et des fluctua-
giers, à savoir la démence sémantique caractérisée par des tions de l'état cognitif, signes qui peuvent être diversement
troubles prédominants de la mémoire sémantique et l'apha- associés entre eux. L'imagerie morphologique montre une
sie progressive non fluente caractérisée par la présence de atrophie corticale généralisée, alors que l'atteinte des hippo-
difficultés de production du langage (réduction des élé- campes et celle du lobe temporal apparaissent moins sévères
ments grammaticaux et phrases courtes) [12]. que dans la maladie d'Alzheimer, voire parfois absentes au
160 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
Fig. 9.4 Coupes axiales SWIP. (a) Microhémorragies profondes thalamiques liées à une hypertension artérielle. (b) Microhémorragies corticales
décrites dans le cadre d'une angiopathie amyloïde.
Fig. 9.5 Démence frontotemporale. Patiente de 51 ans. Indifférence affective, irritabilité, propos déplacés, appétence pour les produits sucrés,
troubles comportements et attentionnels avec stéréotypies. Il existe une atrophie nette frontale et temporale bilatérale (a, b) associée à un hyper-
signal FLAIR de la substance blanche des régions frontales (c).
Fig. 9.6 Aspect IRM d'une aphasie primaire progressive. Les coupes coronale (a) et sagittales T1 au niveau de l'hémisphère gauche (b) et
au niveau de l'hémisphère droit (c) mettent en évidence une atrophie prédominant dans les régions insulaires gauches. Il existe également une
atrophie hippocampique et temporale gauche.
Chapitre 9. Imagerie dans la pathologie neurodégénérative 161
a b
c d
Fig. 9.7 Aspect IRM d'une démence sémantique. Les coupes coronales anatomiques T1 (a–d) mettent en évidence une atrophie au niveau du
pôle temporal prédominant à gauche.
Fig. 9.8 Aspect IRM d'une dégénérescence corticobasale. L'atrophie prédomine nettement dans les régions centrales bilatérales (flèche en a).
lobaires frontotemporales. L'atrophie est observée dans le ment dans le diagnostic différentiel avec les autres syndromes
cortex prémoteur, le cortex pariétal supérieur et le striatum, parkinsoniens, qu'ils soient dégénératifs ou entrant dans le cadre
prédominant dans l'hémisphère gauche [17] (fig. 9.8). d'autres affections (vasculaire, inflammatoire, métabolique,
tumorale, maladie de surcharge, hydrocéphalie chronique de
l'adulte). Dans le diagnostic des syndromes parkinsoniens dégé-
Autres maladies neurodégénératives nératifs, différents signes radiologiques discriminants peuvent
associées à des démences être mis en évidence pour orienter le diagnostic vers une
Dans la maladie de Huntington, l'IRM retrouvera des ano- atrophie multisystématisée (AMS) ou une PSP. Mais même si,
malies neuropathologiques, en particulier l'atrophie de la actuellement, les séquences morphologiques IRM représentent
tête du noyau caudé reconnue par la disparition de l'em- une aide incontestable, les anomalies observées sont parfois
preinte de cette tête du noyau caudé sur la corne frontale inconstantes ou apparaissent à un stade tardif.
[18]. Il s'y associe parfois sur les séquences en pondérations
T2 et FLAIR des hypersignaux au niveau de la tête atrophiée
du noyau caudé, mais également au niveau des putamens. Aspects IRM de l'atrophie
Dans la maladie de Parkinson, la sévérité des troubles multisystématisée (AMS)
cognitifs dépend d'un certain nombre de facteurs comme On décrit pour l'AMS des signes sus-tentoriels et des signes
l'âge, la durée d'évolution de la maladie, la forme clinique. sous-tentoriels dont la présence est corrélée à la diffusion
En IRM, l'aspect se rapprocherait de celui observé dans la des lésions et à la forme clinique de la maladie (forme céré-
démence à corps de Lewy avec une atrophie corticale diffuse belleuse ou parkinsonnienne). Les signes IRM décrits ont
et hippocampique. Dans le syndrome de paralysie supranu- une sensibilité de 88 % et une spécificité de 91 %, mais, dans
cléaire progressive (PSP), les troubles frontaux prédominent 47 % des cas, l'IRM n'est pas caractéristique alors que le dia-
(apathie, troubles exécutifs, trouble initiation) en relation gnostic clinique est possible [19, 20].
avec une atrophie frontale qui s'associe à l'atrophie mésencé-
phalique caractéristique sur les vues sagittales. Ce syndrome
est associé aux dégénérescences lobaires frontotemporales. Signes sus-tentoriels
Hypersignal bordant le putamen
Cet hypersignal est uni- ou bilatéral, visible sur les
Imagerie des syndromes séquences axiales en pondération T2 (fig. 9.9a,b). Cette
parkinsoniens bande hyperintense (hyperintense rim ou margination laté-
rale) peut s'étendre de manière variable le long du putamen.
L'IRM conventionnelle ne montre pas d'anomalies spécifiques Cet hypersignal est considéré comme secondaire à l'atro-
dans la maladie de Parkinson et offre donc un intérêt limité dans phie du putamen avec élargissement consécutif de l'espace
le diagnostic positif de la maladie. Son intérêt réside principale- interstitiel entre le putamen et la capsule externe associé
Fig. 9.9 Aspects IRM de l'atteinte du putamen dans le cadre d'une atrophie multisystématisée (AMS). Coupes axiales pondérées T2.
(a) Aspect normal du putamen chez un sujet sain. (b) Patient présentant une AMS : la margination latérale du putamen (flèche) traduit l'atrophie
du putamen. (c) Patient présentant une AMS : atrophie sévère du putamen postérieur de façon bilatérale avec au niveau du putamen gauche un
hyposignal et une dédifférenciation du putamen et du pallidum témoignant de la surcharge en fer (flèche). On retrouve la margination latérale au
niveau du putamen droit.
Chapitre 9. Imagerie dans la pathologie neurodégénérative 163
à de la gliose. La margination peut parfois être vue sous ■ un hypersignal pontique en forme de croix (hot-cross bun
forme d'un hyposignal sur les séquences pondérées en T1. des Anglo-Saxons), qui est mieux visible sur les coupes
Cependant, si ces anomalies sont hautement évocatrices du axiales en densité de proton que sur les coupes pondé-
diagnostic d'AMS, celles-ci sont inconstantes, souvent tar- rées en SE T2. Cet hypersignal témoigne d'une atrophie
dives et corrélées au degré de dégénérescence striatale. Ce et d'une gliose des fibres transverses pontocérébelleuses
signe est décrit plus particulièrement dans les AMS-P (de (fig. 9.10a,b). Il apparaît généralement dans les formes C
type parkinsonien) et présente de hautes sensibilité et spé- dans les 2 ans après le début de la maladie et est corrélé à
cificité. Une margination latérale a été rapportée chez 50 % la durée d'évolution. Dans l'AMS-P, il survient dans seu-
des patients atteints d'AMS-P dans les 3 ans après le début lement 20 % des cas dans les 5 ans après le début de la
des symptômes et chez 86 % dans les 6 ans. Elle apparaît de maladie. Le signe de la croix est associé aux symptômes
façon plus tardive dans les AMS-C (de type cérébelleux). Sur cliniques cérébelleux, tandis que la margination du puta-
les séquences pondérées en T2 obtenues avec les machines à men est liée aux symptômes parkinsoniens ;
haut champs 3 T, la margination latérale du putamen semble ■ une atrophie et la présence d'un hypersignal floconneux
en fait banale et non spécifique [21]. des pédoncules cérébelleux moyens. L'atrophie est cor-
rélée à l'hypersignal pontique. L'hypersignal des pédon-
Hyposignal uni- ou bilatéral de la partie cules cérébelleux moyens sera analysé sur les séquences
postérieure du putamen (putamen sensorimoteur) en densité de proton et il traduit la dégénérescence des
L'isosignal normal du putamen est remplacé par un hypo- fibres entre le pont et le cervelet (fig. 9.10a,b) ;
signal sur les séquences pondérées en T2, rendant difficile ■ un hyposignal des noyaux dentelés en pondération T2,
la différenciation entre le putamen et le pallidum (fig. 9.9c). témoin de l'augmentation de la teneur en fer (fig. 9.10a,b).
Cet hyposignal est attribué à une augmentation de la charge
en fer dans cette structure. Ce signe n'est pas spécifique et
peut également être décrit dans la PSP (24 %) et la maladie Aspect IRM de la paralysie supranucléaire
de Parkinson (9 %). progressive (PSP)
Seule l'association des deux anomalies de signal précé- Les anomalies décrites dans la PSP consistent en une atro-
demment décrites au niveau du putamen semble d'une très phie mésencéphalique, une atrophie tegmentale et des
grande spécificité pour le diagnostic positif d'AMS. pédoncules cérébelleux supérieurs. L'atrophie mésencé-
L'atrophie cérébrale corticale au cours de l'AMS montre phalique peut se voir sous forme d'une diminution du
par ailleurs une prédominance de l'atteinte corticale dans les diamètre antéropostérieur du mésencéphale, d'une dilata-
régions temporales et frontales. tion du V3, et un aspect modifié de la forme du toit du
mésencéphale (normalement convexe vers le V3 chez le
Signes sous-tentoriels sujet sain), donnant l'aspect caractéristique du bec de coli-
Sur les séquences en densité de protons, on peut observer bri sur la coupe sagittale médiane (la forme du mésencé-
dans l'AMS-C le « signe de la croix » au niveau protubé- phale et le pont représentant respectivement la tête et le
rantiel, une atrophie protubérantielle et cérébelleuse, des tronc du colibri) [22, 23] (fig. 9.11). Sur la coupe axiale
hypersignaux des pédoncules cérébelleux moyens, et un passant par le mésencéphale, l'atrophie se traduit par un
hyposignal du noyau dentelé (fig. 9.10a–e). élargissement de l'angle interpédonculaire (fig. 9.12a,b).
On retrouve : Des anomalies de signal peuvent être vues sous forme d'un
■ une atrophie protubérantielle visible sur la coupe IRM hypersignal T2 intéressant la substance grise périaquedu-
sagittale médiane. À un stade modéré, une perte de la cale, l'olive inférieure et le pédoncule cérébelleux supé-
convexité antérieure du pont est un signe évocateur de rieur. L'atteinte corticale consiste en une atrophie frontale,
l'atrophie (fig. 9.10c–e) ; temporale et insulaire.
■ une atrophie cérébelleuse principalement ver- Au final, si l'ensemble de ces signes ont montré leur pos-
mienne, bien visualisée sur la coupe sagittale médiane sibilité de discriminer les sujets présentant un syndrome
(fig. 9.10c–e) ; parkinsonien en comparaison à des sujets sains, aucun n'est
■ une dilatation du V4 en rapport avec l'atrophie réellement spécifique pour différencier les syndromes par-
cérébelleuse ; kinsoniens entre eux.
164 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
a b
c d e
Fig. 9.10 Aspects IRM de l'atteinte sous-tentorielle dans le cadre d'une atrophie multisystématisée (AMS). (a, b) Coupes axiales pon-
dérées en T2. Atrophie du tronc, du cervelet et des pédoncules cérébelleux moyens (élargissement de l'espace liquidien au niveau de l'angle
pontocérébelleux), hypersignal en croix du pont (flèche) et hypersignal floconneux des pédoncules cérébelleux moyens (grosse flèche). Hyposignal
des noyaux dentelés sur la figure b (flèche). (c–e) Coupes sagittales médianes pondérées en T1. (c) Sujet sain : aspect convexe du pont (flèche).
(d) Sujet présentant une AMS : perte de la convexité du pont qui apparaît rectiligne (flèche). (e) Sujet présentant une AMS : aspect en coup de
hache du pont témoignant de l'atrophie sévère.
Chapitre 9. Imagerie dans la pathologie neurodégénérative 165
Fig. 9.11 Aspects IRM dans le cadre d'une paralysie supranucléaire progressive. Coupes sagittales médianes pondérées en T1. (a) Aspect
convexe du toit du mésencéphale chez un sujet sain. (b–d) Différents aspects d'atrophie mésencéphalique dans le cadre d'une paralysie supranu-
cléaire progressive (PSP) avec perte de la convexité du toit du mésencéphale, amincissement du diamètre antéropostérieur et diminution de hauteur
du mésencéphale, dilatation de l'aqueduc du mésencéphale (flèche).
Fig. 9.12 Aspects IRM dans le cadre d'une paralysie supranucléaire progressive. Coupes axiales pondérées en T1. (a) Sujet sain. (b) Patient
présentant une paralysie supranucléaire progressive (PSP) avec une atrophie mésencéphalique. La coupe axiale au niveau du mésencéphale met en
évidence une ouverture avec un aspect en cupule de l'angle interpédonculaire (flèche).
166 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
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Chapitre
10
Neuro-ophtalmologie –
notions utiles
F. Héran, F. Charbonneau, F. Lafitte
PLAN DU CHAPITRE
Vision. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167 Oculomotricité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170
Atteintes des voies optiques antérieures (nerf Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174
optique, chiasma). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
Atteintes des voies optiques postérieures
(bandelettes et radiations optiques) . . . . . . . . 170
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
© 2017, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 167
168 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
b
Fig. 10.3 Névrite optique gauche. (a) Nerf optique gauche inflamma-
toire en hypersignal T2 (flèche). (b) Prise de contraste du nerf (flèche).
b
Fig. 10.4 HTIC idiopathique. (a) Dilatation des espaces péri-optiques
(flèche). (b) Sténose des deux sinus latéraux (flèches). Fig. 10.6 Gliome du nerf optique gauche.
170 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
Le FO met en évidence une atrophie optique Chez l'enfant, il faut penser plutôt aux lésions chias-
avec une excavation papillaire matiques (gliome du chiasma) ou au craniopharyngiome
Outre les compressions, on recherche des arguments pour (fig. 10.7). Cette lésion suprasellaire a des composants kys-
un glaucome à pression normale. En sa faveur, on retient tiques (riches en protides) et solides, et des calcifications
l'absence de lésion compressive, une atrophie chiasmatique possibles (intérêt du scanner dans les lésions suprasellaires
marquée. de l'enfant).
■
SWI > T2 EG
■
axial ou 3D T1 avec injection
imagerie dans des délais très brefs, voire une imagerie
2. Si nécessaire : immédiate car ils peuvent révéler une pathologie qui met en
■
perfusion T2 jeu le pronostic vital du patient.
■
diffusion
■
spectro-RM
Nerf abducens ou VI
Son noyau est protubérantiel, dans le plancher du V4 en
regard du colliculus du facial. Il naît du sillon bulboprotubé-
Fig. 10.8 AVC dans le territoire cérébral postérieur gauche. rantiel, en dedans du paquet acousticofacial, dans la citerne
prépontique, remonte vers le clivus et l'apex pétreux, pénètre
à la base du sinus caverneux par le canal de Dorello. Il entre
Rappels physiopathologiques dans l'orbite par la fissure orbitaire supérieure et innerve le
et anatomiques droit latéral. Il est en rapport étroit avec l'os de la base et les
méninges.
Nerf oculomoteur ou III
Son noyau est situé à la partie postérieure du pédoncule Nerf trochléaire ou IV
cérébral, en avant de l'aqueduc de Sylvius. Le nerf sort dans
Seul nerf crânien à naître de la partie postérieure du
la citerne interpédonculaire à la face interne du pédoncule
mésencéphale, le nerf trochléaire a un noyau pédonculaire
cérébral, descend vers la partie supérieure du sinus caver-
bas, croise la ligne médiane dans le tronc, naît sous la plaque
neux qu'il longe, pénètre dans l'orbite par la fissure orbitaire
quadrijumelle, contourne le pédoncule dans la citerne cir-
supérieure. Pendant son trajet intracisternal, il est en contact
cumpédonculaire, chemine dans la paroi externe du sinus
avec de nombreux vaisseaux (artères cérébrale postérieure,
caverneux, entre dans l'orbite par la fissure orbitaire supé-
communicante postérieure, cérébelleuse supérieure, termi-
rieure et innerve l'oblique supérieur. Il est long, grêle et fra-
naison carotidienne et du tronc basilaire). Il contient des
gile et est souvent lésé lors des traumatismes crâniens.
fibres motrices (III extrinsèque) qui innervent les muscles
Devant une diplopie brutale par atteinte du IV, il faut
droit supérieur, médial inférieur, le releveur de la paupière
d'abord rechercher une atrophie du muscle oblique supé-
supérieure et l'oblique inférieur et un contingent parasym-
rieur (trajet à la partie haute de l'orbite parallèle au toit de
pathique (noyau d'Edinger-Westphal) assurant la constric-
tion pupillaire ou myosis (III intrinsèque). Une atteinte du
III entraîne une mydriase. Ces fibres sont périphériques et
une mydriase doit toujours faire rechercher une compres-
sion du III.
À l'inverse, le sympathique assure la dilatation de la
pupille (mydriase) et innerve le muscle de Müller, qui initie
l'élévation de la paupière supérieure.
Fig. 10.10 Nerf oculomoteur (III) droit – anévrisme de la commu- Fig. 10.11 Nerf oculomoteur (III) – brutal AVC sur le noyau
nicante postérieure. gauche.
Fig. 10.14 Nerf abducens (VI) droit – métastase osseuse. Fig. 10.15 Sarcoïdose avec atteinte du sinus caverneux gauche.
Atteinte orbitaire
L'atteinte orbitaire responsable d'une diplopie peut être
musculaire, liée à une masse ou une infiltration. On doit y
penser devant une exophtalmie et des douleurs locales. Une
diplopie post-traumatique immédiate fait rechercher en
urgence une incarcération musculaire qui complique le plus
souvent une fracture du jeune ou de l'enfant, avec un foyer
de petite taille (fig. 10.16) [13]. C'est une urgence thérapeu-
tique (décompression, réintégration). Fig. 10.16 Fracture du plancher gauche avec incarcération
musculaire.
Protocole IRM devant une diplopie abduction à une paralysie de l'adduction controlatérale.
■
Axial ou 3D FLAIR Ces OIN sont dues à une lésion sur le trajet de la bandelette
■
Coronal T2 fin centré sur les orbites et les sinus caverneux longitudinale postérieure (qui assure les connexions entre
■
Puis, selon les cas, si brutal protocole vasculaire (diffusion, les noyaux des nerfs crâniens), souvent dans le cadre d'une
T2 EG ou SWI ; 3D TOF voire TSA sclérose en plaques.
■
Si plus progressif ou si le patient est jeune, protocole sclérose Un nystagmus battant vers le bas (down-beat nys-
en plaques (SEP) (axial ou 3D T1 gadolinium, FLAIR), pro- tagmus) doit faire rechercher une lésion de la charnière
tocole tumeur. cervico-occipitale.
■
Une recherche précise sur le trajet d'un nerf peut nécessiter
des coupes T2 inframillimétriques centrées sur le nerf dans
son trajet intracisternal, des coupes axiales T1 fat sat avec
Encéphalopathie de Gayet-Wernicke
injection ou Dixon fines. Cette pathologie associe une diplopie avec troubles de la
motilité conjuguée chez un patient alcoolique instable et
confus. Les lésions sont bien visibles en hypersignal FLAIR
Troubles de l'oculomotricité conjuguée autour de l'aqueduc de Sylvius et le long du V3, voire sur
les tubercules mamillaires qui peuvent prendre le contraste
Nystagmus (fig. 10.17). Une vitaminothérapie substitutive (PP, vita-
Le nystagmus associe une secousse oculaire lente, puis un mines B6, B12, folates) entraîne l'amélioration très rapide des
retour rapide qui définit le côté du nystagmus. symptômes et la disparition des images. Cette encéphalopa-
Il est décrit dans les ophtalmoplégies internucléaires thie peut compliquer les vomissements incoercibles (gros-
(OIN) qui associent un nystagmus ataxique de l'œil en sesse) et certaines interventions digestives.
174 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
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■ il faut connaître l'anatomie des voies de l'oculomotricité 482–9. discussion 490–5.
et de la vision ;
■ il convient de savoir quand réaliser l'examen en urgence.
En pratique, un trouble oculomoteur douloureux, un
Chapitre
11
IRM et syndromes neuro-ORL
F. Héran, M. Williams, J. Blustajn, M. Boucenna, M. Weinraub
PLAN DU CHAPITRE
Généralités sur les syndromes neuro-ORL . . . . 175 Lésions de l'oreille interne . . . . . . . . . . . . . . . . 177
IRM de l'oreille. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175 Lésions du rocher. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178
Lésions du conduit auditif externe. . . . . . . . . . 175 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179
Lésions de l'oreille moyenne. . . . . . . . . . . . . . . 176
Généralités sur les syndromes « idiopathique » (jeune femme obèse, œdème papillaire, sté-
nose des sinus latéraux).
neuro-ORL
Ces syndromes sont essentiellement liés à des lésions de la Surdités
fosse postérieure, isolées ou associées à une maladie plus Un déficit auditif se traduit en perte de décibels. On dis-
diffuse. Leur imagerie repose sur l'IRM et le scanner haute tingue deux types d'hypoacousie :
résolution, surtout utile pour l'étude de l'oreille moyenne ■ les atteintes de la perception (récepteurs, nerf), qui font
(osselets, capsule otique) et de la base du crâne. évoquer chez l'adulte un schwannome (IRM) et chez
l'enfant une malformation (IRM, scanner) ;
Vertiges ■ et les atteintes de la transmission liées à une lésion de
Un vertige est une sensation erronée de mouvement du l'oreille moyenne ou de la capsule otique (scanner).
corps et/ou de l'environnement. Il est d'origine centrale
(lésion du tronc cérébral, etc.) ou périphérique (lésion d'un IRM de l'oreille
nerf vestibulaire).
Schématiquement, en fonction de la durée, on peut L'oreille est une région anatomique et fonctionnelle. Elle assure
évoquer : l'audition et participe à l'équilibre. L'os temporal est une voie
■ secondes : un vertige paroxystique bénin (VPB), lié à une de passage (vaisseaux, nerfs, VII en particulier). L'imagerie de
atteinte de l'oreille interne généralement par dysfonction cette région va être motivée par l'apparition de surdité, de ver-
otolithique ; tiges, d'acouphènes parfois associés à des douleurs.
■ heures : une origine vasculaire ; Les problèmes que se pose le radiologue sont : quoi faire
■ jours : une névrite vestibulaire. (IRM, scanner ?) ? Quelles séquences et incidences utiliser ?
Quels sont les signes des principales pathologies ?
Ce texte va permettre d'aider à répondre à ces questions.
Acouphènes Nous proposerons les protocoles utiles d'IRM et détaillerons
Très fréquents en cas de surdité de perception (le cerveau l'analyse des caractéristiques principales des lésions du tem-
remplace les fréquences qui manquent), les acouphènes font poral en fonction de leur siège.
craindre une origine vasculaire s'ils sont isolés (l'audition
est préservée), pulsatiles, synchrones du pouls, audibles.
On recherche en particulier une fistule durale. Ils sont alors Lésions du conduit auditif
explorés au mieux par angio-IRM (ARM) dynamique. Ils externe [1]
peuvent être « projetés » (hypertension artérielle, sténose
carotidienne, grosse jugulaire, anévrisme, etc.) ou tra- Tumeurs
duire l'existence, par traction sur les VIII, d'une hypoten- Les tumeurs sont d'étiologies multiples et en général acces-
sion intracrânienne ou d'une hypertension intracrânienne sibles à l'examen clinique. L'imagerie n'est demandée qu'en cas
(HTIC). Dans ce dernier cadre, il faut penser à l'HTIC de doute sur une extension profonde ou une lésion maligne.
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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176 Partie 1. Imagerie neuroradiologique
Il peut s'agir de lésions muqueuses (polypes, papil- extension intralabyrinthique ou intracrânienne (lyse
lomes, tumeurs des glandes cérumineuses), de choles- du tegmen tympani sur le scanner), une exceptionnelle
téatome du conduit auditif externe (CAE), de kératose thrombose du sinus latéral. Elle est l'examen de référence
obturante ou d'extension au CAE d'autres lésions (par pour la surveillance des comblements de la cavité opé-
exemple tumeur glomique, schwannome de la troisième ratoire qui se traduisent par une masse tissulaire non
portion du facial). Les tumeurs malignes sont représen- spécifique en TDM. Elle peut correspondre à une hyper-
tées par des épithéliomas ou carcinomes épidermoïdes trophie inflammatoire de la muqueuse de la caisse du
(basocellulaire, spinocellulaire) souvent peu invasifs, les tympan ou tissu cicatriciel ou à un cholestéatome rési-
carcinomes adénoïdes kystiques à point de départ souvent duel ou récidivant.
parotidien, très agressifs, douloureux, ayant une propen- L'IRM va permettre de différencier ces deux évolutions
sion à s'étendre par voie périneurale. Les lymphomes sont en utilisant leur comportement très différent en diffusion et
rares, souvent d'allure peu agressive. Les mélanomes, sus- après injection [4].
pectés cliniquement, ont un signal qui varie en fonction Le protocole est simple : exploration centrée sur les
de leur contenu en mélanine. rochers par coupes T1 fines (2 à 3 mm) 30 minutes après
Chez l'enfant, une masse suspecte est souvent un rhabdo- injection de gadolinium, coupes en diffusion, complétées
myosarcome, extensif, lytique. par des coupes T2 inframillimétriques axiales T2 et des
coupes T2 fines coronales (brèche du tegmen ?).
Otite maligne externe Le tissu cicatriciel prend le contraste et est en isosignal
en diffusion ; le cholestéatome ne prend pas le contraste
Cette lésion agressive du temporal touche essentiellement (fig. 11.2a) et est en hypersignal en diffusion avec un ADC
les sujets âgés diabétiques. C'est une ostéite du CAE, de bas (fig. 11.2b). Il faut essayer d'interpréter l'IRM avec le
la base, d'évolution lente, insidieuse, destructrice, inva- scanner que le patient devrait logiquement avoir passé la
sive, s'étendant aux structures tissulaires (nerfs crâniens, localisation des zones d'hypersignal diffusion devant être
méninge, espace rétropharyngé, etc.) (fig. 11.1) [2, 3]. celle des opacités suspectes.
Cet aspect entraîne des retards et erreurs diagnostiques
car une tumeur est évoquée, et les éventuels prélèvements
sont envoyés en anatomopathologie et non en bactériologie.
L'imagerie associe IRM (parties molles, méninges, nerfs crâ-
niens) et scanner (lyse osseuse). Elle permet de faire le bilan
de l'extension endocrânienne, de rechercher une thrombose
septique de voisinage (sinus latéral).
Otites chroniques
Leur bilan repose essentiellement sur le scanner. L'IRM
peut être utile dans un bilan préopératoire de choles-
téatome compliqué, pour rechercher ou confirmer une
a
b
Fig. 11.1 Otite maligne externe gauche. Fig. 11.2 (a, b) Cholestéatome (flèches).
Chapitre 11. IRM et syndromes neuro-ORL 177
Fig. 11.4 Schwannome gauche avec extension labyrinthique. Fig. 11.6 Paralysie faciale a frigore, prise de contraste du facial
droit.
Vaisseaux
Références
Les carotides aberrantes sont retrouvées chez moins de 1%
de la population et sont généralement asymptomatiques. [1] Xia S. Radiological findings of malignant tumors of external audi-
La pathologie essentielle associée à la veine jugulaire est tory canal : a cross-sectional study between squamous cell carcinoma
le paragangliome (tumeur glomique). and adenocarcinoma. Medicine (Baltimore) 2015 ; 94(35) e1452.
[2] Orioli L, Boute C, Eloy P, et al. Central skull base osteomyelitis : a rare
Les malformations vasculaires sont rares mais pour-
but life-threatening disease. Acta Clin Belg 2015 ; 70(4) : 291–4.
voyeuses d'acouphènes pulsatiles, parfois audibles par le [3] Adams A, Offiah C. Central skull base osteomyelitis as a complication
clinicien synchrones du pouls. Les plus fréquentes sont les of necrotizing otitis externa : Imaging findings, complications, and
fistules durales, et l'examen à faire en priorité, en dehors de challenges of diagnosis. Clin Radiol 2012 ; 67(10) : e7–16.
l'échographie-Doppler couleur, est une ARM dynamique. [4] Songu M. Correlation of computed tomography, echo-planar diffu-
sion-weighted magnetic resonance imaging and surgical outcomes in
middle ear cholesteatoma. Acta Otolaryngol 2015 ; 135(8) : 776–80.
Protocole d'examen IRM de la fosse [5] Sweeney AD, Carlson ML, Wanna GB, et al. Glomus tympanicum
postérieure tumors. Otolaryngol Clin North Am 2015 ; 48(2) : 293–304.
Surdité progressive avec acouphènes non pulsatiles [6] Westerhof JP, Rademaker J, Weber BP, et al. Congenital malforma-
■
T1 sagittal → plan de coupe, charnière tions of the inner ear and the vestibulocochlear nerve in children with
■
T2 TSE/FLAIR axial/3D encéphale → maladie diffuse (sclé- sensorineural hearing loss : evaluation with CT and MRI. J Comput
rose en plaques, etc.) Assist Tomogr 2001 ; 25(5) : 719–26.
■
T2 TSE inframillimétrique → labyrinthe [7] Benoudiba F, Toulgoat F, Sarrazin JL. The vestibulocochlear nerve
S'il s'agit d'un patient âgé, avec une surdité progressive bilatérale (VIII). Diagn Interv Imaging 2013 ; 94(10) : 1043–50.
et que l'examen ne retrouve aucune anomalie des MAI, on peut [8] Warren FM, Shelton C, Wiggins 3rd RH, et al. Imaging characteris-
s'arrêter là. tics of metastatic lesions to the cerebellopontine angle. Otol Neurotol
Sinon : 2008 ; 29(6) : 835–8.
■
T1 injecté axial ± fat sat (ou T1 Dixon) 3 mm → schwan-
nome, névrite
■
T1 injecté coronal 5 mm/3D encéphale → lésion encéphale
Vertige
En cas de vertige brutal, qui dure, d'allure centrale (peu de
signes associés), on pense à un AVC et on commence l'explora-
tion par une diffusion.
Acouphènes pulsatiles, vertiges
■
ARM dynamique → malformation vasculaire
■
T1 sagittal → plan de coupe, charnière
■
T2 TSE/FLAIR axial encéphale → maladie diffuse (sclérose
en plaques, etc.)
■
T2 TSE inframillimétrique → labyrinthe
■
T1 injecté axial 5 mm → schwannome, névrite
Chapitre
12
Principes techniques basiques
en IRM ostéoarticulaire
J.-L. Montazel, M. Cheguettine
PLAN DU CHAPITRE
Les antennes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183 Les paramètres. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
Les séquences. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183 Arthro-IRM. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186
Suppression de graisse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184 Angle magique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186
Matériel chirurgical et séquences. . . . . . . . . . . 185 Contre-indications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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184 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
Les séquences en SE rapides sont aussi appelées fast SE possibilité d'acquérir les images en 3D avec suppression de
(FSE) ou turbo SE (TSE). Elles associent un bon RSB avec une graisse permet une bonne évaluation des structures cartila-
excellente résolution spatiale. Leur gain en temps peut être gineuses. Les temps d'acquisition de ces séquences sont de
considérable par rapport aux séquences SE pour une même moins de 5 minutes, donnant des images de moins de 1 mm
résolution spatiale, surtout si le train d'écho est élevé. Elles dans les trois plans, avec un voxel isotrope et une résolu-
ont cependant deux inconvénients. Tout d'abord, la graisse tion anatomique comparable dans tous les plans [4]. Elles
apparaît plus intense qu'en SE sur les séquences pondérées restent toutefois délicates à manier en raison d'un signal
T2 et elle peut avoir un signal identique à celui des lésions différent des séquences habituelles, en particulier concer-
inflammatoires ou tumorales qui peuvent ainsi être mas- nant les structures osseuses, les ménisques ou les ligaments
quées. La résolution en contraste est alors diminuée et les dégénératifs. L'utilisation de TR et de TE très courts per-
lésions liquidiennes peuvent être plus difficiles à apprécier met de réaliser des séquences ultrarapides pondérées en T1
dans un environnement graisseux de signal intense (rupture qui, associées à l'injection en bolus de produit de contraste
tendineuse ou ligamentaire, épanchement). L'association à intraveineux, permettent d'apprécier le rehaussement des
une technique de suppression de graisse permet de résoudre tumeurs et des lésions inflammatoires (synovites). Elles
ce problème. L'autre inconvénient à connaître est un effet de peuvent être réalisées soit en mode monoplan privilégiant la
flou des structures anatomiques d'autant plus marqué que le résolution temporelle (temps d'acquisition d'une seconde),
train d'écho est plus long, la matrice plus petite et le TE plus soit en mode multicoupes ou maintenant en 3D. L'intérêt
court. Ce flou est gênant dans l'appréciation de la morpholo- de ces acquisitions 3D repose sur la possibilité de privilégier
gie des ménisques, des tendons de la coiffe des rotateurs, du soit la résolution temporelle avec des temps d'acquisition de
labrum glénoïdien et du ligament triangulaire entre autres. l'ordre de quelques dizaines de secondes, soit la résolution
Cet effet est moins apparent à haut champ et avec des gra- spatiale avec des matrices élevées et un voxel isotrope per-
dients rapides (20 mT/m ou plus). Les études réalisées pour mettant d'apprécier le rehaussement dans les trois plans de
comparer les séquences en SE et en TSE dans le diagnostic l'espace en seulement quelques minutes.
des lésions méniscales ont montré que les fissures étaient Des séquences 2D ou 3D avec cartographie couleur auto-
visualisées un peu moins fréquemment avec les séquences matisée permettent d'analyser le cartilage en fonction de son
TSE ou bien, lorsque les résultats étaient équivalents, le gain signal en T1 ou T2 avec des séquences en EG ou en TSE. Ces
en temps était nul [2]. On peut actuellement utiliser un train séquences sont intéressantes notamment dans les lésions tout
d'écho à 5 ou à 3, afin de diminuer le flou méniscal, sans à fait débutantes, entraînant une augmentation du contenu
contrainte sur les temps d'acquisition comme c'était le cas hydrique du cartilage et donc de son T2 sans modification
auparavant, avec des matrices de 512 voire 1024, dont la morphologique, ou pour analyser les greffes de cartilage.
résolution spatiale est remarquable comparativement aux Des séquences ont été développées pour supprimer les
séquences SE. Certaines séquences TSE utilisent des angles artéfacts de mouvement. Elles sont donc particulièrement
de bascule variables et diminuent la décroissance du T2, intéressantes en IRM abdominopelvienne ainsi que pour les
réduisant significativement ce flou, ce qui permet le rem- articulations pour lesquelles le positionnement est parfois
placement des séquences SE par les TSE et la réalisation de difficile à tenir sans bouger ou chez les patients dont la com-
séquences 3D TSE. Le temps d'acquisition en TSE 3D T1 ou préhension est limitée [5, 6].
T2 est de l'ordre de 6 à 7 minutes, donnant des images qui se D'autres techniques telles que diffusion et angio-4D
rapprochent de celles utilisées en routine, avec ou sans satu- peuvent être utilisées dans la pathologie tumorale. La trac-
ration de graisse, avec une épaisseur inframillimétrique (0,6 tographie peut être appliquée à l'étude des muscles et ten-
à 0,7 mm) et la possibilité de reconstruire les images dans dons, ainsi que pour les nerfs périphériques.
tous les plans. Elles sont utilisées en routine pour l'étude
du genou [3]. Sans ou surtout avec saturation de graisse,
les séquences TSE, grâce à leur matrice élevée, sont d'excel- Suppression de graisse
lentes séquences pour l'étude des cartilages articulaires.
Les séquences en écho de gradient (EG) permettent des Les techniques de suppression de graisse sont largement uti-
temps d'acquisition courts. Elles ont été largement utili- lisées en IRM ostéoarticulaire, en particulier la saturation
sées dans ce but en imagerie ostéoarticulaire notamment sélective de la graisse et l'imagerie STIR [7].
à bas champ. Les séquences en EG ont habituellement un Les séquences en saturation sélective de la graisse (fat
RSB et une résolution spatiale inférieurs aux séquences saturation ou fat sat) reposent sur le principe de la diffé-
TSE. Elles sont sensibles aux hétérogénéités de champ et rence de fréquence de résonance des protons hydriques et
aux phénomènes de susceptibilité magnétique liés à la dif- graisseux, et consistent en une impulsion initiale dont la
férence de magnétisation des tissus et restent les séquences radiofréquence (RF) est égale à celle de la graisse pour un
de référence dans la détection de l'hyposignal T2 lié au fer champ donné, suivie d'un gradient qui annule ce signal.
et donc à l'étude des synovites villonodulaires. Ainsi, les Cette technique peut être utilisée avec les séquences SE, EG
artéfacts de déplacement chimique qui dépendent du TE et TSE. Celles-ci peuvent être réalisées en pondération T1,
sont plus marqués et il existe une diminution du signal au DP ou T2. Elles amplifient les différences de T1 et T2 des
contact des travées osseuses avec diminution de la résolu- tissus, renforçant la résolution en contraste des séquences.
tion en contraste. Elles ont souvent un TE court et sont donc Elles donnent les meilleurs résultats lorsque l'organe étudié
exposées au risque d'artéfact d'angle magique pour l'ana- est placé au centre de l'aimant et sur les machines à champ
lyse tendineuse, ligamentaire et méniscale. En revanche, la modérément élevé et homogène. Ainsi, sur les séquences
Chapitre 12. Principes techniques basiques en IRM ostéoarticulaire 185
pondérées en T2, la suppression de graisse améliore la temps d'acquisition (pas de module préparatoire), notam-
détection des épanchements liquidiens intra-articulaires, ment en T1 (le gain de temps étant plus marginal en T2),
des lésions tendineuses et surtout de l'œdème médullaire avec des TR plus courts, la pondération T1 étant alors plus
lors des lésions traumatiques. En T1, l'appréciation des marquée, avec pour corollaire une sensibilité accrue à l'in-
prises de contraste est facilitée. De même, lors d'injection jection de gadolinium. À temps d'acquisition identique, elles
intra-articulaire de gadolinium, ces séquences sont les plus permettent l'utilisation de matrices plus élevées, améliorant
adaptées à l'étude de l'ensemble des éléments anatomiques. la résolution spatiale, et de positionner plus de coupes. En
Leur inconvénient principal est le caractère délicat de l'ex- outre, leur homogénéité est supérieure à la fat sat, bien que
tinction du signal graisseux du fait d'inhomogénéités du non parfaite. Ces séquences sont donc intéressantes pour
champ magnétique B0. l'exploration des articulations distales et pour la pathologie
Ces inhomogénéités sont plus importantes avec des musculaire ou tumorale [8].
champs de vue larges en bordure du champ, avec l'utilisa- Les séquences IDEAL (Iterative Decomposition of water
tion d'antennes de surface, ou lors de la présence de corps and fat with Echo Asymmetry and Least-squares estimation) ou
étrangers métalliques ou d'air dans la région étudiée ou Dixon acquièrent en une seule séquence EG, SE ou TSE des
à proximité. Ces séquences sont donc difficiles à réali- images en excitation d'eau, de graisse, en phase et en oppo-
ser en cas de présence de matériel chirurgical métallique. sition de phase, pondérées en T1, DP ou T2 en fonction des
Comparativement aux séquences standard, elles entraînent paramètres. La place de ces séquences n'est pas encore bien
une baisse discrète du RSB et de la résolution spatiale avec définie, mais elles sont intéressantes, entre autres, pour l'étude
des temps d'acquisition plus longs (surtout en T1), mais des lésions graisseuses, de la moelle osseuse et du cartilage.
améliorent significativement la résolution en contraste. La La saturation de graisse est homogène, y compris en cas de
suppression de graisse adiabatique consiste à homogénéi- présence de matériel d'ostéosynthèse, rendant ainsi cette tech-
ser le signal de l'onde RF lors de l'impulsion et permet de nique intéressante chez les patients précédemment opérés [9].
s'affranchir en partie des problèmes d'homogénéité de B0.
L'extinction du signal graisseux est supérieure à la simple fat
sat au prix d'un discret lissage de l'image. Matériel chirurgical et séquences
Les séquences STIR donnent un « mélange » de pondé-
ration T1 et T2. Les tissus dont le T1 se rapproche de la L'introduction de matériel métallique ferromagnétique ou
graisse sont aussi saturés et ces séquences ne sont donc pas non (titane, zirconium) dans l'organisme est à l'origine d'une
adaptées aux injections intraveineuse ou intra-articulaire de majoration des artéfacts de susceptibilité magnétique avec
gadolinium. Elles peuvent aussi annuler le signal des lésions les tissus environnants. Il en résulte d'importantes pertur-
mucineuses, hémorragiques et riches en contenu protéique. bations du signal, une impossibilité d'obtenir une saturation
Ces séquences sont cependant intéressantes car contrastées, de graisse satisfaisante et une distorsion géométrique gênant
peu sensibles aux inhomogénéités de champ et utiles pour l'analyse des régions anatomiques au voisinage du matériel.
étudier les régions anatomiques difficiles à positionner au Les artéfacts induits sont dépendants de la nature de l'implant,
centre de l'aimant (pied, poignet, coude). Elles sont aussi mais aussi du champ magnétique B0 et du type de séquences
utilisées dans le bilan lombopelvien des spondylarthropa- utilisées. Pour pouvoir obtenir des images exploitables, il est
thies séronégatives et pour l'étude des prothèses. donc impératif d'adapter les séquences chez ces patients. Il
Une troisième technique dite « in-op » est utilisée surtout faut privilégier les séquences TSE avec des TE intermédiaires
en EG T1, reposant sur la différence de phase des protons (pondération DP), un train d'écho et un nombre d'excitations
hydriques et graisseux en fonction du TE, permettant soit augmentés, les bandes passantes d'émission et de réception
d'additionner (in-phase) le signal des protons, soit de le larges (aux dépens du RSB qui va s'altérer et du SAR ou spe-
soustraire (opposition de phase), rendant les structures cific absorption rate), les matrices élevées (notamment dans
modérément riches en graisse plus ou moins intenses selon la direction de la fréquence) avec des coupes relativement
le TE. Cette technique est intéressante pour l'étude de fines et les techniques de type Dixon et surtout STIR, moins
structures dont le contenu graisseux est modéré et est sur- sensibles que les techniques de saturation de graisse. D'autres
tout utilisée en pathologie hépatique (stéatose) ou surréna- techniques peuvent être utilisées comme le VAT (view angle
lienne (incidentalome versus métastase), nettement moins tilting), le SEMAC (slice encoding for metal artifact correction)
en pathologie ostéoarticulaire où elle peut être éventuelle- ou le MAVRIC (multi-acquisition variable-resonance image
ment intéressante dans le bilan d'un lipome arborescent à combination). Ces techniques permettent l'analyse de l'os et
la recherche d'inclusions graisseuses synoviales de petite de la capsule articulaire au contact de l'implant métallique.
taille échappant aux techniques de suppression de graisse Les artéfacts de susceptibilité étant par ailleurs dépendants de
classiques. l'intensité du champ B0, les machines à 1,5 T seront préférées
La technique de water-excitation (WE) est plus intéres- à celles à 3 T pour explorer ces patients [10].
sante, permettant d'obtenir des images de qualité identiques
à celle des fat sat, quelles que soient la séquence (SE, TSE,
EG) ou la pondération (T1, DP, T2). À la place d'une impul-
Les paramètres
sion de saturation préparatoire comme dans la fat sat, cette L'analyse multiplanaire est indispensable quelle que soit
technique repose sur l'excitation coupe à coupe (dans le sens l'articulation étudiée, les plans de coupes étant adaptés
du gradient z) des protons hydriques. Les avantages com- à la pathologie. Les matrices habituellement utilisées en
parativement à la fat sat sont multiples. Elles diminuent les ostéoarticulaire sont du type 256 × 256 pour les articulations
186 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
périphériques. Les IRM actuelles ont la possibilité d'utiliser [11, 12]. Elle est cependant peu réalisée notamment parce
des matrices plus élevées, notamment avec les séquences qu'elle n'entraîne pas de distension articulaire. La seconde
rapides, sans perte de temps, et avec un gain important technique consiste en l'injection intra-articulaire de sérum
en résolution spatiale, permettant une imagerie en haute physiologique ou d'un liquide contenant du gadolinium
résolution. Plus le champ de la machine est élevé, plus il est (1 ml de gadolinium dans 250 ml de sérum physiologique).
possible d'acquérir des séquences en haute résolution sans Les séquences sont ensuite réalisées soit en pondération T2
conséquence sur le temps d'acquisition, ou bien au contraire en l'absence de gadolinium, soit en pondération T1 avec
de conserver une même résolution en un temps d'acquisi- saturation de graisse lors d'injection de gadolinium [13]. La
tion moindre. plupart des auteurs utilisant cette technique réalisent préala-
De même, les champs de vue (fields of view [FOV]) blement une arthrographie et ajoutent de l'iode au mélange.
sont importants pour l'analyse des éléments anatomiques. L'arthro-IRM est surtout utilisée pour l'épaule, le coude, le
Certaines antennes permettent d'obtenir des FOV de 60 poignet ou la hanche, en fonction de la pathologie étudiée.
voire 40 mm. Cependant, à matrice égale, une diminution
du FOV entraîne une diminution du RSB et expose aux phé-
nomènes de repliement. Angle magique
L'épaisseur de coupe peut être abaissée à 2 mm en TSE Cet artéfact spécifique de l'IRM ostéoarticulaire se ren-
et jusqu'à 0,6 mm en 3D. L'épaisseur de coupe influence contre dans les tissus très riches en collagène (tendons,
aussi le RSB et doit être déterminée en tenant compte de la cartilages, ménisques et ligaments) et dont l'orientation par
matrice et du FOV. Épaisseur de coupe et matrice entraînent rapport à B0 est proche de 55°. Il est retrouvé sur toutes les
des contraintes en ce qui concerne le temps d'examen et séquences à TE court (SE, TSE ou EG) et se traduit par un
doivent être adaptées en fonction de celui-ci. L'ensemble hypersignal pouvant faire suspecter une pathologie tendi-
des paramètres est donc important dans la mise au point des neuse ou cartilagineuse. Cet hypersignal n'est pas retrouvé
séquences, chaque modification imposant des contraintes sur les séquences à TE long et disparaît lors du changement
aux autres paramètres, la séquence idéale étant celle qui d'orientation de la structure étudiée par rapport à B0 [14].
apporte la réponse en termes de rapidité, de résolution ana- Sur les machines de 1,5 T, cet artéfact est atténué si le TE est
tomique ou de résolution en signal. supérieur à 30 ms en EG, 40 ms en SE et 70 ms en TSE [15].
La puissance du champ magnétique est par ailleurs En pratique courante, il est rencontré au niveau des ten-
importante à prendre en compte dans les paramètres des dons de la cheville sous les malléoles où les tendons changent
séquences, car plus le champ est élevé, plus les résolutions d'orientation pour prendre une direction plus verticale par
temporelle et spatiale sont importantes. Théoriquement, rapport à B0, au niveau des tendons de l'épaule et surtout du
si l'on tient compte de l'augmentation du bruit, la résolu- supra-épineux, et au niveau de n'importe quelle articulation
tion spatiale peut doubler à 3 T comparativement à 1,5 T. en fonction de l'orientation anatomique des tendons et des
De même, le temps d'une séquence pourrait être divisé par ligaments (fig. 12.1). Il est toutefois isolé, sans épaississe-
deux. En pratique et pour de multiples raisons, ces gains ne ment et sans anomalie de signal des tissus de voisinage qui
sont pas toujours aussi conséquents. accompagnent habituellement les lésions tendineuses. On
le rencontre aussi au niveau des ligaments (fig. 12.2), et des
cartilages articulaires en fonction de l'orientation des diffé-
Arthro-IRM rentes couches le constituant, cela rend l'analyse du signal
Deux techniques sont utilisées pour modifier le contraste cartilagineux difficile. Ainsi, le diagnostic de chondropathie
intra-articulaire. La première consiste à étudier l'articu- ou de tendinopathie devant un hypersignal ne peut être
lation 45 à 60 minutes après injection IV de gadolinium porté que sur les échos tardifs des séquences SE pondérées
a b c
Fig. 12.1 Angle magique. (a, b) Tendon court fibulaire en hypersignal sur une coupe sagittale en DP, la mesure de l'angle sur l'image b montrant
une orientation de 55° du tendon par rapport à B0. (c) Le tendon court fibulaire est en hyposignal normal sur la même coupe en pondération T2.
Chapitre 12. Principes techniques basiques en IRM ostéoarticulaire 187
Références
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notion traumatique et sans instabilité. tive to fat saturation in MR imaging : preliminary results in musculos-
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[9] Gerdes CM, Kijowski R, Reeder SB. IDEAL imaging of the muscu-
en T2. Ce phénomène peut aussi intéresser les ménisques loskeletal system : robust water-fat separation for uniform fat sup-
et plus particulièrement le segment postérieur du ménisque pression, marrow evaluation, and cartilage imaging. AJR 2007 ; 189 :
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Les contre-indications de l'IRM ostéoarticulaire sont celles [12] Rahmouni A, Mathieu D, Chambon C, et al. Intraarticular tolerability
de l'IRM en général. Les contre-indications absolues sont and kinetics of Gadolinium tetra-azacyclododecane tetraacetic acid.
les stimulateurs cardiaques, les corps étrangers métalliques Acad Radiol 1995 ; 2(5) : 413–7.
intraoculaires, certains implants oculaires, auditifs ou vas- [13] Helgason JW, Chandnani VP, Yu JS. MR arthrography : a review of
culaires et certaines valves de dérivations cérébrales. current technique and applications. AJR 1997 ; 168 : 1473–80.
Le matériel de fixation orthopédique métallique et les [14] Erickson SJ, Prost RW, Timins ME. The “magic angle” effect : back-
prothèses articulaires ne représentent pas une contre- ground physics and clinical relevance. Radiology 1993 ; 188 : 23–5.
indication à l'examen IRM ; il peut cependant être source [15] Li T, Mirowitz SA. Manifestation of magic angle phenomenon compara-
d'artéfacts d'autant plus gênants que ce matériel est ancien, tive study on effects of varying echo time and tendon orientation among
various MR sequences. Magn Reson Imaging 2003 ; 21(3) : 741–4.
et nécessite l'utilisation de séquences adaptées.
Chapitre
13
IRM de l'épaule
J.-L. Montazel, A. Kulski
PLAN DU CHAPITRE
Technique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189 IRM dans les instabilités . . . . . . . . . . . . . . . 198
IRM et coiffe des rotateurs . . . . . . . . . . . . . 189 Pathologies diverses . . . . . . . . . . . . . . . . . . 202
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
© 2017, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 189
190 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
à des lames d'origine ligamentaire et à du tissu conjonctif Les éléments osseux sont graisseux, à l'exception des
de soutien, et du fait de la dégénérescence physiologique corticales, et se présentent en hypersignal sur les séquences
survenant avec l'âge, l'hyposignal des tendons de la coiffe T1 et T2 TSE. En FS, ils sont donc en hyposignal. Deux
est généralement hétérogène, voire intermédiaire, surtout éléments sont importants, l'apophyse coracoïde et surtout
concernant le supra-épineux [1]. Seul le tendon du long l'acromion, délimitant avec la tête humérale des défilés au
biceps (TLB) est habituellement en hyposignal marqué et sein desquels cheminent les tendons, le subscapulaire pour
homogène, comme la plupart des tendons longs à l'état nor- le premier et les supra- et infra-épineux pour le second.
mal (fig. 13.1 et 13.2). L'acromion est classé en trois types selon la morphologie de
Pour les muscles de la coiffe, la jonction myotendineuse son bord antérieur : plat dans le type 1, peu agressif pour la
se fait par plusieurs lames tendineuses, plus ou moins coiffe sous-jacente ; courbe dans le type 2 ; et crochu avec
épaisses et profondes, en nombre variable, plus nom- un bec antéro-inférieur dans le type 3, agressif vis-à-vis des
breuses pour le subscapulaire, les fibres musculaires se tendons sous-jacents avec lesquels il est susceptible d'entrer
terminant souvent à hauteur de la tête humérale et partici- en conflit. L'acromion en continuité avec le ligament acro-
pant aussi au signal intermédiaire du tendon. Les muscles miocoracoïdien forme une arche constituant le toit du défilé
sont normalement homogènes et ne contiennent pas ou au sein duquel chemine la coiffe couverte par la BSAD.
peu de graisse. Les tendons s'étudient sur l'ensemble des séquences. Le
Les articulations glénohumérale et acromioclavicu- supra-épineux est mieux apprécié sur les coupes coronales
laire ne contiennent qu'une faible quantité de liquide à et sagittales obliques, l'infra-épineux, le petit rond et le subs-
l'état normal et il en est de même pour la bourse sous- capulaire sur les coupes transversales et sagittales obliques.
acromio-deltoïdienne (BSAD). L'orientation différente des segments du TLB fait qu'il est
a b c
Fig. 13.1 Aspect IRM normal des tendons de la coiffe. (a) Coupe coronale T2 FS montrant le tendon supra-épineux (flèche). (b) Coupe sagittale
T2 FS montrant les tendons supra- (flèche) et infra-épineux (flèche pointillée). (c) Coupe transversale T2 FS montrant les tendons subscapulaire
(flèche) et du chef long du biceps (flèche pointillée).
a b c
Fig. 13.2 Aspect angio-IRM normal des tendons de l'épaule. (a) Coupe coronale T1 FS montrant le tendon supra-épineux. (b) Coupe sagittale
T1 FS montrant les supra- et infra-épineux ainsi que le subscapulaire en avant (flèche noire) et le long biceps dans son trajet articulaire (flèche
blanche). (c) Coupe transversale T1 FS montrant le subscapulaire et le chef long du biceps. Noter le signal intermédiaire des tendons sur certains
plans de coupe du fait du TE bas de la séquence (angle magique) et leur aspect hétérogène lié à la jonction myotendineuse.
Chapitre 13. IRM de l'épaule 191
étudié dans le plan sagittal oblique dans son trajet hori- v olontiers le supra-épineux, mais peuvent toucher isolément
zontal au sein de l'articulation et dans le plan transversal ou en association les autres tendons (fig. 13.5).
dans son trajet vertical au sein du sillon intertuberculaire. Les ruptures tendineuses sont soit partielles, intéressant
Le défilé sous-acromial est étudié dans les plans sagittal plus souvent la face profonde articulaire du tendon, moins
et coronal obliques, le plan sagittal permettant de classer souvent la face superficielle ou bursale, soit transfixiantes,
l'acromion selon sa morphologie. Le défilé coraco-huméral
est étudié dans les plans transversal et sagittal oblique. Les
muscles sont analysés dans les plans transversal et sagittal
oblique afin de rechercher une infiltration graisseuse ou une
amyotrophie.
b
Fig. 13.4 Tendinose du supra-épineux avec bursite. (a) Coupe
coronale T2 FS montrant un tendon hétérogène, sans signal liquidien,
avec hypersignal osseux du tubercule majeur et bursite sous-acromiale
(flèches). (b) Coupe coronale angio-IRM T1 FS montrant l'absence de
Fig. 13.3 Tendinose du supra-épineux. Coupe coronale T2 FS mon- rupture associée. La tendinose et la bursite ne sont pas appréciables
trant un tendon épaissi et de signal élevé, non liquidien (flèche). sur cette séquence.
192 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
a b c
Fig. 13.5 Tendinose isolée de l'infra-épineux. L'IRM montre un épaississement hétérogène de signal intermédiaire du tendon situé à la partie
postérosupérieure de la tête humérale. (a) Coupe coronale T2 FS. (b) Coupe sagittale T2 FS montrant les tendons infra- (flèche) et supra-épineux
(flèche pointillée). (c) Coupe transversale T2 FS.
a b c
Fig. 13.11 Rupture myotendineuse de l'infra-épineux avec hématome en hypersignal hétérogène siégeant en amont du tendon
distal. (a) Coupe coronale T2 FS. (b) Coupe sagittale T2 FS. (c) Coupe transversale T2 FS.
a b c
Fig. 13.12 Lésion du tendon subscapulaire. (a) Coupe coronale T2 FS antérieure montrant un tendon discontinu, de signal élevé et hétérogène
(flèche) au sein duquel on distingue le chef long du biceps (flèche pointillée). (b) Coupe sagittale T2 FS montrant la lésion du subscapulaire (flèche)
et le tendon bicipital instable (flèche pointillée) ainsi qu'une rupture des supra- et infra-épineux (tête de flèche). (c) Coupe transversale montrant
la rupture profonde du subscapulaire (flèche), le tendon bicipital luxé (flèche pointillée) avec un sillon intertuberculaire vide (flèche noire) et un
hypersignal du tubercule mineur (tête de flèche).
a b c
a b c
Fig. 13.14 Calcification du supra-épineux à l'origine d'un épaississement hétérogène du tendon et d'une bursite sous-acromiale.
(a) Coupe coronale T2 FS. (b) Coupe sagittale T2 FS montrant la calcification sous forme nodulaire en hyposignal marqué (flèche), silhouettée
par un discret hypersignal tendineux et par la bursite (flèche pointillée). (c) Coupe transversale T2 FS montrant le caractère nodulaire et focal de
l'hyposignal calcique (flèche).
a b c
Fig. 13.15 Tendinose du chef long du biceps. (a) Coupe sagittale T2 FS montrant un tendon du long biceps intra-articulaire épaissi et de signal
élevé à la partie antérieure de l'articulation (flèche). (b, c) Coupes transversales T2 FS montrant l'épaississement intra-articulaire (b) (flèche) et un
signal hétérogène du tendon dans le sillon intertuberculaire (c) (flèche).
causes d'épanchement, en particulier les bursites infec- elles ont une incidence sur le résultat de la réparation en cas
tieuses ou inflammatoire (polyarthrite rhumatoïde). Des d'intervention. Une rupture ancienne s'associant à une infil-
corps étrangers peuvent se voir au sein de l'épanchement tration graisseuse importante et à une amyotrophie mar-
intra-articulaire, d'autant plus que les lésions sont anciennes quée incitera à réaliser une arthroplastie avec mise en place
et qu'une arthrose complique la rupture. d'une prothèse inversée plutôt que de tenter une réparation
L'analyse des éléments osseux permet de mettre en évi- tendineuse.
dence des signes d'instabilité, la tête humérale étant excen- La dégénérescence musculaire est en général secondaire à
trée, soit dans le plan coronal, soit dans le plan transversal la rupture du tendon ou à une dénervation. Elle a été classée
(fig. 13.18). Au maximum, la tête humérale vient au contact en cinq stades [4]. Un corps musculaire sans graisse corres-
de l'acromion dans les vastes ruptures anciennes. Des pond au stade 0. La présence de quelques stries graisseuses
lésions d'omarthrose peuvent se voir avec des remaniements en faible nombre correspond au stade 1. Des stries grais-
osseux sous-chondraux, plus fréquents sur le versant glénoï- seuses en plus grand nombre, intéressant toutefois moins
dien. L'acromion est analysé dans le plan sagittal oblique et de la moitié du corps musculaire, correspondent au stade 2.
la présence d'un bec ou d'un os acromial doit être signalée. Dans le stade 3, les stries graisseuses sont en proportion
De même, des remaniements dégénératifs de l'articulation équivalente au reste du muscle. Le stade 4 correspond à une
acromioclaviculaire peuvent se voir avec parfois une ostéo- prédominance de la graisse comparativement au tissu mus-
phytose inférieure agressive pour le versant superficiel du culaire (fig. 13.19). Le stade 2 correspond à un stade char-
supra-épineux. Les lésions chondrales et labrales sont plus nière puisque, au-delà, le risque de rupture itérative après
difficiles à voir, y compris en arthro-IRM, l'arthroscanner réparation chirurgicale est plus important.
étant plus sensible pour ces lésions. L'infiltration ou dégénérescence graisseuse a été initiale-
Les ruptures tendineuses peuvent s'accompagner de ment évaluée sur des coupes scannographiques transversales
modifications musculaires. Il s'agit d'atrophie ou d'infiltra- passant par l'ensemble des corps musculaires. Elle nécessite
tion graisseuse. Ces deux anomalies sont importantes car donc une fenêtre de visualisation élargie incluant l'ensemble
Chapitre 13. IRM de l'épaule 197
b
Fig. 13.16 Tendinose bicipitale avec clivage longitudinal. (a)
Coupe sagittale T2 FS montrant un tendon en hypersignal et épaissi
(flèche) en arrière de la coracoïde (flèche pointillée). (b) Coupe trans-
versale T2 FS montrant les deux faisceaux tendineux dans le sillon
intertuberculaire silhouettés par le liquide contenu dans la gaine bici-
pitale (flèche). b
Fig. 13.17 Instabilité du tendon bicipital. (a) Coupe coronale T2 FS
de l'écaille de la scapula. Elle peut intéresser l'ensemble du antérieure montrant le tendon du long biceps luxé (flèche) en avant
muscle ou bien une partie de celui-ci, nécessitant ainsi la du subscapulaire, dans le même plan que le tendon du court biceps
visualisation de la totalité du corps musculaire. La moyenne (flèche pointillée). (b) Coupe transversal T2 FS montrant le tendon du
des infiltrations graisseuses des supra- et infra-épineux et long biceps (flèche) en avant du subscapulaire non rompu.
du subscapulaire correspond à l'index de dégénérescence
graisseuse globale (IDG) qui est la somme des stades d'infil-
tration graisseuse divisée par le nombre de muscles.
L'analyse de la trophicité musculaire ne concerne que Le stade 2 correspond à une atrophie modérée avec un taux
le muscle supra-épineux et est appréciée en IRM sur une d'occupation compris entre 0,4 et 0,6. Enfin, le stade 3 cor-
coupe sagittale oblique pondérée en T1, dite en Y, passant respond à une atrophie sévère avec un taux d'occupation
entre le bord médial de la coracoïde et le bord latéral de inférieur à 0,4. Ce dernier stade est le plus important
l'échancrure spinoglénoïdienne [5]. Elle est déterminée par puisqu'il correspond en général à une rupture étendue dans
le taux d'occupation du corps charnu du supra-épineux par le plan sagittal et frontal avec un risque de rupture itérative
rapport à la fosse osseuse limitée en haut par l'extrémité important après réparation chirurgicale. Certains appré-
de la clavicule, correspondant au rapport de la superficie cient sur cette coupe l'infiltration graisseuse musculaire.
du muscle sur celle de la fosse supraspinale qui le contient. Cependant, les muscles sont vus dans leur petit axe et la sta-
Le stade 1 correspond à une trophicité normale ou une dification de l'infiltration musculaire est plus délicate. De
atrophie faible avec un taux d'occupation supérieur à 0,6. même, le plan de coupe coronal ne permet pas d'apprécier
198 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
Fig. 13.20 Trophicité du muscle supra-épineux. Coupes sagittales T1 en « Y » chez trois patients différents. (a) Trophicité normale où le muscle
occupe toute la fosse supra-épineuse. (b) Amyotrophie sévère sans dégénérescence graisseuse apparente. (c) Amyotrophie sévère s'accompagnant
d'une dégénérescence graisseuse musculaire.
Chapitre 13. IRM de l'épaule 199
a b c
Fig. 13.22 Lésion de Bankart. (a, b) Arthro-IRM. (a) Coupe transversale T1 FS montrant le décollement capsulopériosté et la désinsertion labrale
antéro-inférieure (flèche). (b) Coupe sagittale T1 FS montrant le décollement capsulopériosté et la perte osseuse antérieure de la cavité glénoï-
dienne (flèche). (c) Autre patient. Coupe transversale T2, sans opacification intra-articulaire montrant la lésion de Bankart (flèche).
200 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
a b c
Fig. 13.24 Fracture de Malgaigne. (a, b) Luxation récente montrant un hypersignal postérosupérieur de la tête humérale (flèche). Coupe frontale
T2 FS postérieure (a) et transversale T2 FS supérieure (b). (c) Coupe transversale T2 FS montrant une vaste encoche postérieure dans une luxation
ancienne (flèche).
Chapitre 13. IRM de l'épaule 201
a b c
Fig. 13.25 Luxation postérieure. (a) Coupe sagittale T2 FS montrant un hypersignal huméral antérieur en regard du tendon subscapulaire
(flèche). (b) Coupe sagittale T2 FS montrant un hypersignal postérieur de la cavité glénoïdienne (flèche) et du périoste (flèche pointillée). (c) Coupe
transversale T2 FS montrant une désinsertion labrale postérieure (flèche) et l'hypersignal du périoste postérieur de la glène (flèche pointillée).
a b c
Fig. 13.26 SLAP lésion chez un patient présentant par ailleurs une instabilité antérieure.
(a) Coupe coronale T2 FS montrant un hypersignal hétérogène du labrum supérieur et de l'inser-
tion labrale du tendon du long biceps (flèche). (b) Coupe coronale T1 FS après injection intra-
articulaire de gadolinium (IIAG), montrant l'opacification de l'insertion labrale du TLB. (c) Coupe
transversale T1 FS après IIAG montrant l'opacification de la désinsertion de tout le labrum supé-
rieur (flèche) ainsi qu'une fracture de Malgaigne (flèche pointillée). (d) Coupe sagittale T1 FS
après IIAG montrant l'extension postérieure de la SLAP lésion (flèche) et la désinsertion labrale
d antérieure liée à l'instabilité (flèche pointillée).
nératives labrales à la désinsertion circonférentielle totale du supérieur en dehors et la cavité glénoïdienne en dedans, sur-
labrum. Ces lésions sont fréquentes chez les sportifs pratiquant tout s'il se prolonge en dehors et en haut au sein du labrum et
des sports de lancer ou nécessitant des mouvements violents de l'insertion du TLB (fig. 13.26). Cet hypersignal doit mesurer
bras armé tels que les smatchs. L'arthro-IRM est plus sensible plus de 2 mm d'épaisseur en IRM et 2,5 mm en arthro-IRM et
que l'IRM pour caractériser ces lésions. L'aspect lésionnel se doit se prolonger sur l'attache labrale en arrière de l'insertion
caractérise par un hypersignal s'interposant entre le labrum bicipitale. Il peut s'associer à un aspect irrégulier du labrum.
202 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
En pratique, le diagnostic reste délicat, de nombreuses lésions pour la fixation du greffon coracoïdien sont à l'origine d'arté-
n'étant diagnostiquées qu'à l'arthroscopie ; de plus, la significa- fact plus gênant que les ancres utilisées pour le Bankart.
tion pathologique de ces lésions est controversée et dépend du
contexte clinique, de l'âge du patient et des lésions associées,
notamment de la coiffe [9]. Pathologies diverses
Les lésions labrales peuvent s'accompagner de kystes. Ces
derniers ont tendance à s'étendre vers les régions de moindre Capsulite de l'épaule
pression, en arrière du labrum, en dedans de la cavité glénoïde. Le diagnostic de capsulite de l'épaule est clinique, caractérisé
Ils peuvent être volumineux et, lorsqu'ils se développent à la par une douleur d'apparition progressive empêchant de dor-
partie supérieure de la cavité, ils peuvent entrer en conflit mir sur l'épaule et s'associant à une limitation progressive et
avec le nerf suprascapulaire au niveau de l'échancrure spino- invalidante de la mobilité active et passive, cela en l'absence
glénoïdienne et entraîner une souffrance des muscles supra- d'autre anomalie pouvant expliquer les symptômes. L'IRM
ou infra-épineux (fig. 13.27). Ils se présentent en hyposignal avec injection intraveineuse de gadolinium montre un
T1 et hypersignal T2 et peuvent se remplir de contraste après rehaussement capsulosynovial de l'intervalle des rotateurs et
arthro-IRM, mais la fissure labrale associée n'est pas toujours du récessus axillaire (fig. 13.28), circonscrivant le ligament
opacifiée, en particulier lorsqu'elle est de petite taille. coracohuméral épaissi (> 4 mm), le ligament glénohumé-
L'IRM peut aussi être utilisée dans le suivi des instabilités ral supérieur et l'insertion du TLB [10]. De plus, le triangle
opérées, en particulier dans les interventions de type Bankart. graisseux subcoracoïdien peut être oblitéré par un processus
Dans les butées glénoïdiennes de type Latarjet, les vis utilisées inflammatoire en hyposignal T1, visible sur les coupes trans-
a b c
Fig. 13.27 Kyste labral. (a) Coupe transversale T2 FS montrant un kyste labral postérosupérieur communicant avec l'articulation glénohumérale
par une fissure labrale postérieure (flèche). (b) Coupe sagittale T2 FS montrant l'extension supra- et rétroglénoïdienne du kyste. (c) Coupe sagittale
T2 FS plus postérieure montrant un hypersignal homogène du muscle infra-épineux en rapport avec une atteinte distale du nerf suprascapulaire.
a b c
Fig. 13.28 Capsulite. (a) Coupe transversale T1 montrant un comblement iso-intense de l'intervalle des rotateurs (flèche). (b) Coupe transversale
T1 avec injection IV de gadolinium, montrant un rehaussement de l'intervalle des rotateurs (flèche). (c) Coupe sagittale T1 FS post-injection mon-
trant le rehaussement de l'intervalle des rotateurs (flèche) et du récessus axillaire (flèche pointillée).
Chapitre 13. IRM de l'épaule 203
versales ou sagittales obliques. Ce signe spécifique est peu montrer une diminution du volume du récessus axillaire et
sensible (30 %). Plus récemment, il a été démontré la présence de la gaine du TLB. Toutefois, en l'absence de valeurs de réfé-
d'un hypersignal T2 FS du ligament glénohuméral inférieur et rence strictes, ces signes subjectifs sont difficiles à apprécier.
en périphérie de la capsule articulaire au niveau du récessus
axillaire, reflétant l'inflammation (fig. 13.29). Ces signes ont
une sensibilité et une spécificité intéressantes puisque supé-
Neuropathies
rieures à 90 % [11]. De plus, ils sont visibles sur les protocoles Les neuropathies sont à l'origine de 2 % des douleurs de
habituellement utilisés dans l'exploration d'une épaule dou- l'épaule. Elles intéressent plus particulièrement le nerf
loureuse, ne nécessitant pas de séquences supplémentaires suprascapulaire, et moins fréquemment les nerfs axillaire,
ou d'injection, qui n'est réalisée que lorsque le diagnostic cli- thoracique long, spinal accessoire ou musculocutané.
nique était déjà évocateur, rendant alors l'IRM anecdotique. Le nerf suprascapulaire naît du plexus brachial et traverse l'in-
Devant une capsulite, l'arthro-IRM présente l'avantage cisure scapulaire située en dedans de la base de l'apophyse cora-
de l'injection intra-articulaire de contraste qui se fait contre coïde, et innerve les muscles supra- et infra-épineux. Le nerf peut
résistance à partir de 4 à 5 ml et est relativement doulou- être soit comprimé, en général par un kyste, soit lésé par hyper-
reuse, caractéristiques très évocatrices du diagnostic. Elle sollicitation, en particulier chez les sportifs. La lésion nerveuse
permet l'injection dans le temps arthrographique d'un cor- peut aussi être une complication de la chirurgie, notamment de
ticoïde. Hormis les signes décrits précédemment, elle peut la coiffe. La symptomatologie est fonction du site de conflit pou-
vant affecter les deux muscles lorsque le conflit est proximal, ou
bien uniquement l'infra-épineux en cas de conflit plus distal [12].
L'IRM permet non seulement d'éliminer les autres causes
de scapulalgies, mais elle met de plus en évidence l'œdème
musculaire, conséquence précoce du conflit neurologique,
en particulier sur les séquences T2 FS où il apparaît sous
forme d'un hypersignal diffus et homogène (voir fig. 13.27).
Les séquences T1 sans FS permettent d'apprécier l'amyo-
trophie et la dégénérescence graisseuse, d'autant plus fré-
quentes que la dénervation est ancienne, au-delà de 6 mois.
L'atteinte des muscles supra- et/ou infra-épineux est caracté-
ristique d'une lésion du nerf suprascapulaire. L'IRM permet
de plus de rechercher une compression, en particulier par
un kyste de l'échancrure spinoglénoïdienne ou une tumeur.
L'atteinte du nerf axillaire se fait dans l'espace quadrilatère
de Velpeau limité en haut par le bord inférieur du petit rond,
en bas par le bord supérieur du grand rond, en dedans par le
chef long du triceps brachial et en dehors par le col chirurgi-
cal de l'humérus. Elle est parfois en rapport avec des bandes
fibreuses. En IRM, l'atteinte du nerf axillaire se traduit par une
a
atteinte des muscles deltoïde et petit rond avec la même sémio-
logie que pour l'atteinte du nerf suprascapulaire. Lorsque la
branche motrice postérieure du nerf axillaire est impliquée
isolément, seul le petit rond présente des anomalies en IRM.
L'atteinte du nerf thoracique long est à l'origine du syn-
drome « des ailes d'ange » ou scapula alata, entraînant un décol-
lement avec bascule de la scapula. Il en résulte une souffrance
du muscle dentelé antérieur (fig. 13.30). L'atteinte du nerf spi-
nal accessoire donne un tableau clinique similaire avec bascule
latérale et dénervation du muscle trapèze. Cette neuropathie
est plus rare et souvent liée à un geste chirurgical (curage gan-
glionnaire cervical). L'examen IRM doit être réalisé en pleine
connaissance des symptômes cliniques, car elle nécessite un
élargissement du champ d'exploration à toute la paroi thora-
cique. L'atteinte du nerf musculocutané est à l'origine d'une
dénervation des muscles bicipital et coracobrachial [13].
L'œdème musculaire n'est pas spécifique des lésions de
dénervation et il faut envisager toutes les autres causes comme
les traumatismes, les myosites infectieuses, inflammatoires ou
b postradiques, ou encore le syndrome de Parsonage-Turner
Fig. 13.29 Capsulite. (a) Coupe coronale antérieure montrant un (SPT). Ce syndrome correspond à une névrite brachiale aiguë
hypersignal de l'intervalle des rotateurs circonscrivant le ligament coraco- et est caractérisé par un début brutal, associant douleur et
huméral (flèche). (b) Coupe sagittale T2 FS montrant l'hypersignal de faiblesse musculaire. Il intéresse surtout les nerfs suprascapu-
l'intervalle des rotateurs (flèche) et du récessus axillaire (flèche pointillée). laire (97 %) et axillaire (50 %), mais peut affecter d'autres nerfs
204 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
(nerfs radial, phrénique ou tout le plexus brachial) et être bila- n'intéressent qu'un seul territoire, le SPT intéresse plus sou-
téral. Une origine auto-immune est suspectée. Comme dans vent plusieurs nerfs et se traduit par un hypersignal T2 ini-
les autres neuropathies, l'IRM montre initialement un œdème tial fréquemment hétérogène (fig. 13.31) au sein de plusieurs
musculaire puis une amyotrophie et une dégénérescence groupes musculaires [14].
graisseuse musculaire. Contrairement aux neuropathies qui
Arthropathies
L'omarthrose peut être primitive ou compliquer une
rupture ancienne de la coiffe des rotateurs ou bien
une instabilité chronique. L'atteinte primitive prédo-
mine souvent à la partie postérieure de l'articulation
et sur le versant glénoïdien. Elle peut être associée à
une dysplasie glénoïdienne. Elle associe perte de subs-
a tance chondrale avec pincement articulaire, épanche-
ment intra-articulaire plus ou moins corps étrangers,
et remaniements osseux sous-chondraux et ostéophy-
tose (fig. 13.32). L'arthrose acromioclaviculaire doit
b
Fig. 13.30 Scapula alata. (a) Coupe transversale T2 FS montrant un
hypersignal du muscle dentelé antérieur droit (flèche) en rapport avec
une neuropathie aiguë du nerf thoracique long. (b) Coupe transversale
T1 montrant un autre cas avec amyotrophie et infiltration graisseuse
du muscle dentelé antérieur droit (flèche) en rapport avec une souf-
france chronique du nerf thoracique long.
b
Fig. 13.32 Omarthrose centrée. (a) Coupe transversale T2 FS mon-
trant le pincement articulaire, la perte cartilagineuse qui prédomine sur
Fig. 13.31 Syndrome de Parsonage-Turner. Coupe sagittale T2 FS la cavité glénoïdienne et les remaniements sous-chondraux. (b) Coupe
montrant un hypersignal relativement intense et hétérogène des coronale T2 FS montrant l'ostéophytose humérale inférieure (flèche)
supra- et infra-épineux. ainsi qu'un épanchement articulaire. Le supra-épineux est normal.
Chapitre 13. IRM de l'épaule 205
attirer l'attention lorsqu'il existe un aspect congestif conflexe) ou systémiques. La sémiologie IRM est identique
avec hypersignal T2 dans l'articulation et au niveau à celle de la hanche et est traitée dans le chapitre correspon-
des berges osseuses, pouvant alors être à l'origine des dant (fig. 13.35).
douleurs si le reste de l'épaule est normal. Elle peut
de plus s'accompagner d'une ostéophytose marginale
en particulier inférieure, pouvant être à l'origine de
Pathologies inflammatoires et synoviales
lésions superficielles de la jonction myotendineuse L'épaule est moins atteinte que les autres articulations dans
du supra-épineux. Il faut mentionner l'exceptionnelle les pathologies articulaires inflammatoires. Celles-ci peuvent
arthropathie syringomyélique qui se caractérise par une
destruction importante de l'épaule qui contraste avec
des symptômes cliniques mimines du fait des troubles de
la sensibilité (fig. 13.33). Une IRM médullaire confirme
le diagnostic en montrant la cavité syringomyélique
cervicale. L'épaule de Milwaukee a une présentation
similaire, avec destruction articulaire majeure, rupture
de coiffe et épanchement hémorragique, en rapport avec
une athropathie secondaire à des dépôts d'hydroxyapa-
tite. Rare, elle touche préférentiellement la femme âgée.
Fractures
L'IRM peut être réalisée dans les suites d'un traumatisme
qui reste douloureux sans lésion osseuse ou tendineuse
retrouvée sur le bilan initial. Elle peut montrer soit des
fractures occultes avec solution de continuité corticale Fig. 13.34 Contusion osseuse traumatique chez un patient
non visibles sur les clichés standard, soit une contu- restant algique malgré un bilan radio-échographique normal.
sion osseuse, comme dans les traumatismes du genou Coupe transversale T2 FS montrant une contusion du tubercule mineur
(fig. 13.34). sous forme d'un hypersignal.
Ostéonécroses
Plus rares à l'épaule qu'à la hanche ou au genou, les ostéo-
nécroses sont avant tout traumatiques (lésion de l'artère cir-
Fig. 13.33 Arthropathie syringomyélique. Coupe coronale T2 FS Fig. 13.35 Ostéonécrose de la tête humérale droite. Coupe coro-
montrant une arthropathie destructrice évoluée chez un patient pauci- nale T2 FS montrant une nécrose épiphysaire humérale avec déforma-
symptomatique, avec lacune humérale étendue, épanchement articu- tion de la plaque osseuse sous-chondrale chez un patient qui présente
laire et coiffe continue. par ailleurs un infarctus diaphysaire.
206 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
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T2 FS montrant de multiples corps étrangers intra-articulaires de Médical ; 2005. p. 107–21.
dimension et signal différents. (b) Coupe transversale T1 après injec- [14] Gaskin CM, Helms CA. Parsonage-Turner syndrome : MR imaging
tion intraveineuse de gadolinium montrant un rehaussement synovial findings and clinical information of 27 patients. Radiology 2006 ;
circonscrivant les corps étrangers. 240 : 501–7.
Chapitre
14
IRM du coude
J.-L. Montazel, J.-L. Drapé
PLAN DU CHAPITRE
Technique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 207 Atteinte inflammatoire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212
Lésions ligamentaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208 Neuropathies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212
Lésions tendineuses. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208 Fractures. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213
Ostéochondrite disséquante,
atteinte ostéochondrale et corps étrangers
intra-articulaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 210
Technique ser des séquences STIR dont la résolution spatiale est moins
bonne et le temps d'acquisition plus long. Elle présente de
La réalisation technique d'une IRM du coude se heurte plus l'inconvénient de ne pouvoir utiliser que les antennes
à différents écueils, plus ou moins liés les uns aux autres, souples dont les performances techniques moindres donnent
concernant le positionnement du patient, l'utilisation des des images de qualité diminuée avec des temps d'acquisition
antennes et les séquences réalisées. De plus, l'IRM du coude plus longs comparativement aux antennes rigides.
est fortement concurrencée par l'échographie, son apport Une troisième position est parfois utilisée. Le patient est
dans la pathologie tendineuse ou nerveuse en faisant la en procubitus, le membre supérieur au-dessus de la tête et le
technique d'imagerie de référence en pratique quotidienne. coude fléchi à 90°, le pouce vers le haut. Elle présente l'avan-
Pour obtenir la meilleure qualité d'image, il est nécessaire tage de pouvoir analyser le tendon bicipital dans son grand
que l'articulation à explorer soit positionnée à proximité de axe jusqu'à son insertion sur la tubérosité radiale et est donc
l'isocentre du champ magnétique. Idéalement, le patient est réservée aux pathologies de ce tendon. Elle présente le même
donc en procubitus avec le membre supérieur au-dessus de inconvénient de tolérance que la position de « superman » [1].
la tête et le coude en extension, l'avant-bras en supination, Les séquences transversales sont habituellement paral-
le pouce vers le haut, dans la position de « superman » ou lèles à l'axe bi-épicondylien sur les coupes coronales de
du nageur. Cette position, pour le moins inconfortable, doit repérage et perpendiculaires au grand axe huméral sur les
être bien expliquée au patient et celui-ci doit être minutieu- coupes sagittales de repérage. Les séquences coronales sont
sement installé, avec des cales et des oreillers permettant un parallèles à l'axe bi-épicondylien sur les coupes de repérage
confort et une immobilisation optimisés. Elle présente plu- transversales et à la palette humérale sur les coupes sagit-
sieurs avantages. Tout d'abord, elle offre le meilleur rapport tales. Pour l'étude du ligament collatéral ulnaire, il peut être
signal sur bruit (RSB) du fait du positionnement central utile d'incliner les coupes de 0 à 20° d'avant en arrière par
dans l'anneau, et rend la réalisation des techniques de sup- rapport à la diaphyse humérale en fonction de l'extension
pression de graisse plus aisée. De plus, elle permet d'utiliser du coude (si l'extension est complète, il faut incliner de
une large sélection d'antennes de surface, en particulier les 20° ; plus le coude est fléchi, moins il faut incliner), afin de
antennes multicanaux avec possibilité d'acquisition en ima- visualiser au mieux le faisceau ligamentaire antérieur. Les
gerie parallèle. L'inconvénient majeur de cette position est séquences sagittales sont perpendiculaires au plan transver-
son inconfort, en particulier chez les patients présentant une sal et coronal. L'épaisseur de coupe varie de 3 à 4 mm, le
épaule douloureuse, source d'artéfact de mouvement ren- champ de vue est de 10 à 15 cm en moyenne et la matrice au
dant les images difficilement interprétables. moins 256 × 256. Des séquences sont acquises dans les trois
En cas d'impossibilité pour le patient de tenir cette posi- plans en pondération densité de proton (DP) et T2, en privi-
tion, il est allongé en décubitus dorsal avec le membre à légiant les séquences avec saturation de graisse (fat sat), plus
explorer le long du corps, le coude en extension complète et sensibles aux phénomènes inflammatoires et traumatiques.
le pouce vers le haut. Du fait de la localisation du coude à la Les antennes rigides rendent possible la réalisation de
périphérie du champ magnétique, cette position de substitu- séquences 3D, mais au prix d'une immobilité stricte, souvent
tion entraîne une diminution du RSB et rend l'utilisation des délicate à obtenir pour cette articulation. Des séquences T1
séquences de suppression de graisse délicate, incitant à réali- fat sat sont réalisées en cas d'arthro-IRM, associées à des
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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208 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
séquences T2. L'arthro-IRM est indiquée dans l'exploration intéressante en complément de l'échographie quand un doute
des lésions ligamentaires et ostéochondrales. L'injection persiste, ou bien lorsqu'une décision chirurgicale est discutée.
intraveineuse de gadolinium est réservée aux tumeurs et Les tendons épicondyliens latéraux forment un tendon
pathologies inflammatoire type polyarthrite rhumatoïde. extenseur commun regroupant le court extenseur radial du
Si malgré toutes ces précautions les images ne sont carpe, le plus antérieur et le plus souvent lésé, l'extenseur
pas de qualité diagnostique du fait des mouvements liés commun des doigts, l'extenseur propre de l'auriculaire et
à l'inconfort du positionnement, des techniques de sup- l'extenseur ulnaire du carpe. L'épicondylite latérale ou « ten-
pression des artéfacts de mouvement peuvent être utili- nis elbow » est une enthésopathie de l'insertion commune
sées afin de rendre les images de qualité satisfaisante pour des tendons extenseurs sur le condyle huméral latéral. Outre
établir un diagnostic. le tennis, les sollicitations professionnelles répétitives sont
fréquemment à l'origine de cette enthésopathie.
Le plan coronal permet de bien analyser le tendon commun.
Lésions ligamentaires Le tendon du court extenseur radial du carpe est constam-
Le coude est composé de trois compartiments articulaires ment atteint. Les anomalies siègent à l'insertion humérale puis
(radio-huméral ou radiocapitellaire, ulno-huméral et radio- s'étendent vers la distalité. Les coupes transversales sont elles
ulnaire supérieur) entourés d'une capsule commune. aussi intéressantes. L'atteinte se traduit par un hypersignal T2
Les ligaments du coude sont le ligament collatéral médial dans le tendon et à sa périphérie. Un hypersignal liquidien tra-
ou ulnaire (LCU) et le ligament collatéral latéral (LCL), lui- duit une rupture au sein des fibres tendineuses (fig. 14.1). Les
même constitué du ligament annulaire et des ligaments col- calcifications ne sont pas visibles en IRM. L'épicondyle peut
latéraux radial (LCR) et latéral ulnaire (LCLU). parfois présenter un hypersignal. L'atteinte conjointe du LCL
Les lésions ligamentaires surviennent lors de traumatismes sous-jacent est un facteur de mauvais pronostic, l'instabilité
violents, en particulier lors d'une luxation du coude ou bien entretenant les lésions tendineuses [3].
lors de sollicitations répétées surtout sportives, notamment
dans les sports de lancer ou chez les gymnastes. Chez l'enfant,
il peut exister des lésions chroniques du noyau d'ossification
secondaire de l'épicondyle médial. Le plan ligamentaire peut
être étiré, partiellement ou complètement rompu. L'atteinte
prédomine à l'insertion humérale du LCU. En IRM, ces
lésions se traduisent par un épaississement hétérogène avec
augmentation du signal, une interruption partielle ou com-
plète du faisceau antérieur du LCU. Dans les lésions récentes,
il peut exister un hypersignal T2 des tissus en périphérie et
dans l'os, notamment en cas d'avulsion associée. L'arthro-
IRM est plus sensible pour détecter les lésions partielles,
notamment sur l'insertion distale, en montrant du contraste
séparant l'insertion ligamentaire du bord médial du processus a
coronoïde, donnant une image en T [2]. L'IRM montre aussi
les associations lésionnelles intéressant les tendons médiaux,
le nerf ulnaire ainsi que le capitellum. Chez l'enfant, le noyau
d'ossification épicondylien médial est moins résistant que
le LCU et peut être le siège de lésions chroniques liées aux
valgus répétés, présentant alors une hypertrophie, voire une
fragmentation avec hypersignal osseux de la physe et de l'os
médullaire de part et d'autre de celle-ci [3].
L'atteinte du LCL, plus rare, prédomine sur le LCLU
atteint à son insertion humérale avec un aspect hétéro-
gène, épaissi, distendu ou une interruption et un hypersi-
gnal osseux de l'épicondyle. Sur les coupes sagittales, la tête
radiale peut être en subluxation postérieure par rapport au
capitellum [1]. Une atteinte du tendon extenseur commun
est souvent associée à une lésion du LCL du fait de la proxi-
mité anatomique de ces structures.
b
Lésions tendineuses Fig. 14.1 Tennis elbow avec enthésopathie fissuraire des tendons
extenseurs. (a) Coupe transversale DP FS montrant un épaississement
Les lésions tendineuses du coude sont une cause fréquente de hétérogène du tendon conjoint des extenseurs (flèche), s'associant à
consultation et peuvent prendre un caractère chronique par- un hypersignal périphérique ainsi qu'intra-osseux (flèche pointillée). (b)
ticulièrement invalidant, notamment lorsqu'elles sont à l'ori- Coupe coronale T2 FS montrant un signal liquidien intratendineux en
gine d'épicondylites. Le diagnostic est clinique et l'IRM est relation avec une fissure (flèche).
Chapitre 14. IRM du coude 209
Les tendons épicondyliens médiaux ont eux aussi un ten- pour venir s'insérer sur la tubérosité radiale. Il est accompagné
don conjoint regroupant le fléchisseur radial du carpe, le par une aponévrose qui prolonge le fascia du muscle et présente
long palmaire, le fléchisseur ulnaire du carpe et le fléchis- fréquemment un aspect bifide avec deux tendons séparés pro-
seur superficiel des doigts. L'épicondylite médiale intéresse venant des chefs court et long du biceps brachial. Il n'a pas de
l'insertion de ce tendon conjoint réalisant une enthésopathie gaine mais est séparé du radius par une bourse. Compte tenu
favorisée par les sollicitations professionnelles et les sports de son orientation anatomique, il est difficile de visualiser ce
de lancers ou le golf (« golfer's elbow »). Elle est plus rare que tendon en entier selon son grand axe. C'est pourquoi il est pos-
l'atteinte latérale. Les indications et les constatations IRM sible de réaliser l'examen coude fléchi à 90° en supination avec
sont identiques à celles de l'atteinte des tendons extenseurs le pouce vers le haut ; dans cette position, le tendon est visible
(fig. 14.2). Il faut rechercher une atteinte du LCU susceptible en entier sur les coupes coronales et sagittales [4].
de pérenniser l'atteinte tendineuse [2]. Une rupture peut survenir lors de mouvements en flexion
Le tendon bicipital chemine à la face antérieure du coude ini- brutale et contre résistance. Si l'aponévrose est aussi rompue,
tialement superficiel, puis plonge en profondeur et en dehors le tendon se rétracte et le muscle remonte au niveau du tiers
inférieur du bras, le diagnostic clinique étant alors évident. Si
la rupture est partielle sur un tendon bifide ou si l'aponévrose
est intacte, alors le diagnostic peut être plus difficile. L'IRM
montre une interruption du tendon, plus ou moins épaissi
et rétracté, de signal hétérogène sur toutes les séquences
(fig. 14.3), avec un hématome de signal hétérogène et avec
a a
b
b
Fig. 14.3 Rupture distale du tendon bicipital au coude, patient
Fig. 14.2 Épicondylite médiale ou épitrochléite ou golfer's en position « superman ». (a) Coupe coronale DP FS montrant un
elbow. (a) Coupe coronale T2 FS montrant un épaississement du ten- hypersignal hématique hétérogène séparant le moignon tendineux
don conjoint des fléchisseurs (flèche) avec hypersignal osseux (flèche (flèche) du radius. (b) Coupe transversale T2 FS montrant la rupture
pointillée). (b) Coupe transversale T2 FS montrant un hypersignal liqui- distale (flèche), le moignon tendineux (flèche pointillée) et un épan-
dien intratendineux en rapport avec une fissure (flèche). chement dans la bourse bicipitale (tête de flèche).
210 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
a b c
Fig. 14.4 Rupture distale d'un tendon bicipital bifide, patient positionné avec le coude fléchi. (a) Coupe transversale DP FS montrant les
deux tendons, épaissis et de signal hétérogène (flèche). Coupes sagittale DP FS (b) et coronale T2 FS (c) montrant les deux tendons dans leur grand
axe (flèche).
Ostéochondrite disséquante,
atteinte ostéochondrale et corps
étrangers intra-articulaires
L'ostéochondrite disséquante (OCD) est une affection du
compartiment radiocapitellaire relativement rare due à des
microtraumatismes répétés par impaction radiocapitellaire,
notamment lors de mouvements en valgus répétés. Elle
touche principalement le garçon sportif entre 10 et 16 ans
et atteint surtout le bras dominant chez les gymnastes et les
Fig. 14.5 Bursite bicipitale. (a) Coupe sagittale T2 FS. (b) Coupe lanceurs au base-ball.
transversale DP FS. Les coupes montrent un tendon bicipital discrè- L'IRM est intéressante dans les formes débutantes lorsque
tement épaissi et hétérogène avec un épanchement liquidien dans sa l'aspect hétérogène du capitellum, les signes de fragmen-
bourse. tation et les séquestres ne sont pas encore apparus sur les
Chapitre 14. IRM du coude 211
b
Neuropathies
Fig. 14.8 Lésion ostéochondrale du capitellum chez un adulte.
(a) Coupe coronale T1 montrant une irrégularité sous-chondrale anté-
Les atteintes nerveuses périphériques sont particulière-
rieure du condyle huméral latéral (flèche). (b) Coupe sagittale T2 FS ment fréquentes au coude et sont nettement dominées par
montrant un hypersignal sous-chondral et une interruption du carti- l'atteinte du nerf ulnaire, second syndrome canalaire du
lage en regard de l'encoche sous-chondrale. membre supérieur après le canal carpien.
Le nerf ulnaire présente un trajet superficiel dans le canal
ulnaire, en dedans de l'olécrâne, en arrière de l'épicondyle
Chez l'adulte, les atteintes ostéochondrales du coude huméral médial. En raison de son siège superficiel, ce nerf est
touchent principalement le capitellum, le compartiment exposé aux traumatismes directs, aux compressions par des
latéral condyloradial et le compartiment postérieur huméro- masses adjacentes (ostéophyte olécrânien, hématome, calci-
olécrânien. Elles résultent d'un traumatisme par stress fication, corps étrangers articulaires, kyste synovial, muscle
en valgus avec impaction, créant une hyperpression et un accessoire intracanalaire – anconeus epitrochlearis, présent
phénomène de cisaillement. Elles sont souvent associées à chez 4 à 34 % des sujets), aux processus inflammatoires ainsi
des atteintes ligamentaires médiales. Elles procèdent le plus qu'aux stress chroniques causés par le contact avec l'épi-
souvent de microtraumatismes répétés mais peuvent être condyle médial dans les instabilités. Une flexion prolongée
Chapitre 14. IRM du coude 213
PLAN DU CHAPITRE
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 215 Principales indications . . . . . . . . . . . . . . . . . 224
Technique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 215 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 231
Anatomie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221
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216 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
Épaisseur de coupe
L'épaisseur de coupe dépend du plan de coupe. Les coupes
longitudinales (coronales et sagittales) sont souvent sujettes
aux artéfacts de volume partiel et l'épaisseur des coupes doit
être particulièrement fine, de l'ordre de 3 mm à 1,5 T ou
2 mm à 3 T avec les séquences 2D (fig. 15.5). Les coupes
axiales peuvent avoir des épaisseurs un peu supérieures
a (3,5 à 4 mm) car les structures anatomiques sont souvent
orthogonales au plan de coupe (fig. 15.6), et donc moins
sujettes aux artéfacts de volume partiel. Pour obtenir des
coupes plus fines, les séquences 3D en FSE (fast spin echo) ou
b
Fig. 15.2 Tumeur glomique sous-unguéale : comparaison IRM/
échographie. (a) Coupe IRM axiale T1. (b) Coupe axiale échogra-
phique. Les résolutions spatiales sont proches et permettent la détec-
tion d'une lésion de 2,5 mm de diamètre malgré un signal ou une
échogénicité proche du derme environnant grâce au repérage d'une
capsule périphérique (flèche) et d'une encoche corticale osseuse (tête
de flèche).
a b
Fig. 15.3 Rupture du long fléchisseur du pouce droit dans l'émi-
nence thénar. Large écart intertendineux de 9 cm avec rétraction des a b
extrémités. Prise de contraste intense de la gaine tendineuse vide de
l'éminence thénar. Coupes coronales T1 écho de gradient avec satura- Fig. 15.5 Kyste synovial dorsal scapholunaire : importance des
tion de graisse après injection de gadolinium. (a) Centrage proximal : coupes fines. (a) Coupe sagittale 2D T2 FS avec une épaisseur de
repérage du moignon proximal à hauteur de l'articulation radiocar- coupe de 3,5 mm. Absence de visualisation du pédicule. (b) Coupe
pienne (flèche). L'absence de visibilité du moignon distal impose un sagittale 3D T2 FS avec une épaisseur de coupe de 1,5 mm. Le pédi-
second centrage plus distal. (b) Centrage distal : repérage du moignon cule (flèche) est repéré avec son extension vers le segment dorsal du
distal à hauteur de l'articulation MCP (flèche). ligament scapholunaire.
Chapitre 15. IRM du poignet et de la main 217
Contraste/pondération
Au niveau du poignet, après les repérages, le protocole
commence avec une séquence « scintigraphique » à la
recherche de foyers de signal intense signalant des mani-
festations œdémateuses ou inflammatoires, voire pseu-
dotumorales ou tumorales. Il s'agit de séquences de type
STIR ou DP/T2 avec saturation de la graisse (fat sat ou
FS). Le choix de la séquence dépend de l'homogénéité du
champ magnétique sur l'appareil employée en cas de satu-
ration de la graisse. Celle-ci est plus difficile à régler si la
Fig. 15.7 Kyste arthrosynovial de la portion dorsale du ligament
lunotriquétral. Seule la séquence 3D axiale avec des coupes de 1 mm
main est excentrée le long du corps. Le positionnement
d'épaisseur met en évidence l'infiltration du segment dorsal du liga- de la main au-dessus de la tête avec le bras en élévation
ment lunotriquétral (flèche). chez un patient en décubitus ventral (position de « super-
man ») permet de placer le poignet au centre de l'aimant
et ainsi d'obtenir un meilleur rapport signal sur bruit et
une homogénéité de la saturation de la graisse [6]. Ce
placement autorise ainsi les deux types de séquences. Une
séquence avec saturation de la graisse bien réglée com-
porte un signal plus important et des détails anatomiques
plus précis que la séquence STIR, mais elle n'est utilisable
qu'à haut champ. La séquence STIR est plus robuste et
peut être employée à bas champ. Cette première séquence
doit être confrontée avec une séquence T1 dans le même
plan afin de pouvoir raisonner sur un foyer d'anomalie de
signal. La suite du protocole pourra être adaptée en fonc-
tion de ces premiers résultats.
Plans de coupe
Il est difficile d'avoir un protocole unique valable pour toute
indication dans l'exploration du poignet ou de la main. Il
b faut favoriser un plan de coupe principal d'autant mieux
choisi que l'indication sera précise. Deux pondérations au
minimum (T2 avec saturation de la graisse ou STIR et T1)
seront pratiquées, avec éventuellement une séquence com-
plémentaire T1 injectée. Au moins un plan de coupe com-
plémentaire doit être associé dans la pondération la plus
informative. Le plan axial est adapté pour les pathologies
tendineuses et vasculonerveuses. Le plan coronal est plus
adapté aux pathologies ostéochondrales et ligamentaires.
Le plan sagittal est souvent un plan complémentaire. Des
coupes sagittales en double obliquité déroulant parfaitement
le nerf médian sont souvent indispensables dans l'explora-
tion d'un canal carpien.
Pour les doigts, les mêmes règles doivent être appli-
quées en insistant sur l'importance des coupes axiales qui
permettent une analyse optimale des différents comparti-
Fig. 15.10 Tendinopathie du fléchisseur radial du carpe. (a) Coupe ments des doigts. Elles permettent également d'optimiser
axiale STIR ne montrant qu'un tendon épaissi (flèche). (b) Coupe axiale
l'orientation des séquences longitudinales (coronale ou
T1 FS après injection de gadolinium : foyers d'hypervascularisation de
la partie médiale du tendon et de sa gaine.
sagittale).
a b c
Fig. 15.11 Poche de décollement traumatique du rétinaculum propre de l'extenseur ulnaire du carpe. Coupes axiales T1 (a) et STIR (b)
ne montrant pas d'anomalie de signal en dehors d'un discret épaississement de l'insertion médiale du rétinaculum de l'extenseur ulnaire du carpe
(étoile). (c) Coupe axiale T1 FS après injection de produit de contraste montrant un net rehaussement au niveau de la poche de décollement
(flèche).
Chapitre 15. IRM du poignet et de la main 219
a b c
Fig. 15.12 Intérêt de l'angio-IRM dans une malformation vasculaire de la paume. (a) Coupe axiale STIR : malformation vasculaire (flèche
blanche) de part et d'autre des tendons fléchisseurs des doigts et des muscles lombricaux. Nombreux foyers de bas signal faisant discuter des
flow voids ou des calcifications (flèche rouge). (b) Radiographie oblique centrée sur les métacarpes démontrant la nature calcique (phlébolites)
des images de bas signal (flèche). (c) Séquence angiographique MIP coronale : malformation veineuse aux dépens de l'arcade palmaire profonde
(flèche).
a b c
d
Fig. 15.13 Intérêt de l'angio-IRM pour la cartographie des tumeurs glomiques. (a, b) Coupes axiales T1 FS après injection. (c) Angio-IRM,
coupe coronale MIP. (d) Coupe axiale d'échographie-Doppler puissance. Deux tumeurs hypervasculaires se rehaussent, l'une sous-matricielle sur
la ligne médiane (flèches jaunes en a et c) avec une encoche de la corticale osseuse (flèche orange en a), l'autre plus distale et latérale dans le lit
unguéal (flèches rouges en b et c). L'échographie n'a détecté que la lésion proximale la plus volumineuse (flèche jaune en d).
220 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
a b
Fig. 15.14 Angio-IRM et polyarthrite rhumatoïde : cartographie des synovites et ténosynovites. Coupes coronales MIP après injection de
gadolinium chez deux patients différents. (a) Synovite carpienne, des 2e, 3e et 5e métacarpophalangiennes (MCP), et de la 3e interphalangienne
proximale (IPP). (b) Ténosynovite des fléchisseurs des 2e et 4e doigts associée aux synovites articulaires.
Arthro-IRM
L'IRM standard est insuffisante pour faire un bilan pré-
cis des lésions ligamentaires du poignet, en particulier du
ligament lunotriquétral et de l'insertion périphérique du
ligament triangulaire. L'arthro-IRM du poignet est encore
limitée en France où l'arthroscanner reste largement prati-
qué pour le bilan des séquelles traumatiques ligamentaires.
L'arthro-IRM devrait cependant peu à peu se substituer à
l'arthroscanner car elle présente des atouts non négligeables.
Elle permet, en plus du bilan ligamentaire et chondral, de
détecter les anomalies de signal de la médullaire osseuse
rencontrées dans les fractures occultes [8] et les collections
liquidiennes non communicantes avec l'articulation (kystes
synoviaux, bursopathies). Les ligaments extrinsèques du
carpe sont mieux analysés en arthro-IRM qu'en arthroscan-
ner [9]. Leur étude n'est pas encore passée en routine, mais
l'association de lésions ligamentaires extrinsèques et intrin-
sèques semble fournir la majorité des instabilités du poignet.
Les acquisitions 3D FSE avec des coupes fines jointives
millimétriques ou inframillimétriques sont particulière-
Fig. 15.15 Angio-IRM, coupe coronale MIP tardive d'une main
de sclérodermie. Persistance de l'opacification artérielle avec aspect
ment adaptées pour l'étude des ligaments et du cartilage. Au
grêle et interruption proximale des artères digitales propres. Déficit moins une séquence en pondération T2 doit être réalisée
du retour veineux et hypoperfusion des extrémités des 3e et 4e doigts pour la mise en évidence des collections liquidiennes non
(flèches). communicantes (fig. 15.16).
Chapitre 15. IRM du poignet et de la main 221
a b
Fig. 15.16 Kyste arthrosynovial dorsal scapholunaire non communiquant. (a) Arthroscanner, coupe axiale : le segment dorsal du ligament
est discrètement épaissi sans opacification intraligamentaire et extracapsulaire. (b) IRM 3D T2 en coupe axiale : infiltration kystique du segment
dorsal du ligament (flèche) et extension intracapsulaire (têtes de flèche).
a b
Fig. 15.17 Lésion traumatique de l'insertion des ligaments extrinsèques sur la face dorsale du triquétrum. (a) Coupe axiale T1 FS après
injection de gadolinium : rehaussement de la rupture ligamentaire (flèche). (b) Coupe sagittale 3D T2 FS : avulsion osseuse de la crête dorsale du
triquétrum (tête de flèche) en regard de l'épaississement capsulaire (flèches).
a b
Fig. 15.18 Variantes du tendon long abducteur du pouce. Coupes axiales T1. (a) Faisceau unique du long abducteur du pouce (flèche).
(b) Faisceaux multiples du long extenseur du pouce (flèches).
ne doivent pas être confondus avec une lésion fissuraire Sa partie palmaire est de forme trapézoïdale et de signal
(fig. 15.18) [12]. Certains de ces faisceaux vont s'insérer sur hétérogène intermédiaire à élevé. Elle s'insère sur la corti-
le trapèze ou le rétinaculum des fléchisseurs. cale osseuse. Le segment central est triangulaire de signal
hétérogène intermédiaire et s'insère sur le cartilage. Il est
Court et long extenseurs radiaux du carpe fin et sa perforation a peu de répercussion clinique [13]. La
Ces tendons constituent le deuxième compartiment des partie dorsale a une forme de bande épaisse de bas signal
extenseurs et ils présentent de façon quasi constante une et s'insère sur le cartilage et/ou la corticale osseuse. C'est
lame liquidienne dans leurs gaines [12]. la partie la plus épaisse du ligament et la plus importante
sur le plan biomécanique. La perforation isolée de la partie
Long extenseur du pouce centrale évoque une étiologie dégénérative, tandis qu'une
atteinte complète des trois segments, de la portion unique-
Ce tendon constitue le troisième compartiment des exten- ment dorsale ou ventrale, évoque une atteinte traumatique
seurs. Il présente un trajet oblique en dessous du tubercule [14]. Les coupes axiales fines 3D sont essentielles pour étu-
de Lister et croise superficiellement les tendons extenseurs dier les parties palmaire et dorsale.
radiaux du carpe (deuxième compartiment). Cette obliquité
du tendon dépend de l'abduction du pouce et l'expose à Ligament lunotriquétral
l'artéfact d'angle magique sur les séquences à TE court (T1
et DP) (fig. 15.19). Le calibre du tendon n'est cependant pas Ce ligament est très difficile voire impossible à étudier sur
modifié et, en cas de doute, une séquence T2 à TE long véri- une IRM sans injection intra-articulaire de contraste. Le
fiera la normalité du tendon [12]. ligament est très fin, en forme de bande ou en U, et très
oblique dans le plan frontal. Sa visibilité est inconstante. De
nombreuses anomalies de signal intraligamentaire ont été
Extenseur ulnaire du carpe
décrites comme variantes de la normale [15].
Ce tendon (sixième compartiment des extenseurs) présente
souvent un foyer de signal intermédiaire intratendineux
central. Il serait dû à la conformation spiralée des faisceaux Complexe fibrocartilagineux
tendineux issus des deux chefs musculaires insérés sur l'épi- triangulaire du carpe (TFCC)
condyle latéral.
Le complexe TFCC, pour triangular fibrocartilage complex,
comprend :
Long fléchisseur du pouce ■ le fibrocartilage triangulaire (TFC) ;
Ce tendon appartient à la loge thénarienne. Du fait de son ■ les ligaments ulnocarpiens (ulnolunaire et ulnotriqué-
obliquité, il est également soumis aux artéfacts d'angle tral) palmaires et dorsaux ;
magique (fig. 15.20). ■ les ligaments radio-ulnaires dorsal et palmaire ;
■ le ménisque homologue ;
Variantes ligamentaires ■ le ligament latéral interne ;
■ la gaine du tendon extenseur ulnaire du carpe.
Ligament scapholunaire L'épaisseur du fibrocartilage triangulaire dépend de l'in-
Ce ligament est le plus souvent analysable, mais la présence dex ulnaire : ce ligament est plus épais en cas d'index ulnaire
de liquide spontané au sein d'une perforation est incons- négatif, il est plus fin et verticalisé en cas d'index ulnaire
tante. Son évaluation se fera au mieux par arthro-IRM. La positif [16, 17]. Le ligament s'insère sur le cartilage hyalin
morphologie du ligament et ses insertions sont variables. radial dont le signal intense sur certaines séquences ne doit
Chapitre 15. IRM du poignet et de la main 223
Variantes osseuses
Les os accessoires au niveau du poignet sont nombreux.
Ils peuvent, comme pour le carpe bossu, mimer une masse
des tissus mous cliniquement. Le carpe bossu correspond à
une proéminence osseuse ferme constitutionnelle (os sty-
loidium) ou acquise à la face dorsale de la main à la base
Fig. 15.22 Insertion ulnaire du TFCC en regard de la fovéa, du deuxième ou troisième métacarpien et du capitatum. La
de signal plus hétérogène que la portion centrale à ne pas plupart des carpes bossus sont asymptomatiques mais, en
confondre avec une désinsertion. Deux faisceaux (proximal et dis- cas de douleur, l'IRM peut retrouver des anomalies à type
tal) sont habituellement visibles (flèches). d'œdème osseux, de bursopathie ou, plus rarement, de ten-
dinopathie des extenseurs radiaux du carpe [27].
médian au quart inférieur de l'avant-bras, puis il surcroise
par en avant le nerf pour se terminer au bord supérieur du
rétinaculum des fléchisseurs où il se prolonge par l'apo- Principales indications
névrose palmaire moyenne. Il peut également prendre un Ruptures tendineuses
aspect musculaire hypertrophique ou présenter un muscle
bitendineux se réunissant au muscle fléchisseur ulnaire du Les tendons fléchisseurs de doigts sont particulièrement
carpe [19, 20]. Le long palmaire peut également présenter exposés aux plaies pénétrantes, mais aussi aux traumatismes
un trajet endocanalaire dans le canal carpien, en relation fermés au cours d'accidents sportifs aigus (rugby ou jersey
étroite avec le nerf médian (palmaris profundus) [21, 22]. Il finger). L'imagerie aide au repérage des extrémités tendi-
peut être responsable de compression nerveuse. neuses qui peuvent se rétracter de plusieurs centimètres (voir
fig. 15.3). Le compte-rendu doit mentionner précisément la
position des extrémités tendineuses et l'écart interfragmen-
Muscle abducteur accessoire du 5e doigt taire. Un deuxième centrage peut être nécessaire pour repé-
Ce muscle accessoire serait assez fréquent [23]. Il présente un rer l'une des extrémités si le champ de vue est trop limité. Sur
trajet oblique en bas et en dedans vers la loge de Guyon. La le plan des séquences, la pondération T1 est essentielle, per-
forme du muscle dépend de son insertion proximale sur l'apo- mettant un excellent détail anatomique. Elle doit comprendre
névrose antébrachiale ou la face médiale du tendon long pal- des plans axiaux et sagittaux obliques dans l'axe du tendon.
maire. Après une insertion de relais sur le pisiforme, le muscle L'injection de gadolinium n'est pas indispensable mais peut
et son tendon se terminent sur la base de la phalange proximale aider à trancher entre un artéfact d'angle magique et une
et la partie ulnaire de la dossière des interosseux du 5e doigt. Il rupture tendineuse, car le rehaussement de la gaine tendi-
va donc surcroiser le pédicule vasculonerveux ulnaire lors de neuse est souvent intense en cas de rupture. Les séquences
son trajet. Une compression nerveuse est possible [24]. Une en pondération T2 ont l'avantage d'être moins soumise aux
étude échographique portant sur 115 volontaires sans syn- artéfacts d'angle magique et de retrouver des épanchements
drome canalaire a mis en évidence un tel muscle dans 35 % des tendineux. En IRM, la zone de rupture est remplacée par une
cas [25]. Un muscle de moins de 1,7 mm d'épaisseur ne serait fine gaine vide de signal intermédiaire spontanément et se
pas responsable de compression nerveuse. rehaussant fortement après injection de gadolinium (voir
fig. 15.3). La longueur intertendineuse doit être mesurée au
mieux sur une coupe longitudinale car, au-delà de 3 cm, une
Muscles fléchisseurs communs greffe tendineuse est préférée à une simple suture [28, 29].
des doigts digastriques Les tendons extenseurs sont moins exposés aux trauma-
Les muscles fléchisseurs communs superficiels et profonds tismes, mais citons en particulier les ruptures du tendon
des doigts peuvent être digastriques avec une masse habi- long extenseur du pouce à hauteur du tubercule de Lister
tuelle à l'avant-bras, un tendon intermédiaire, puis une dans les fractures du radius. Cette rupture peut survenir en
Chapitre 15. IRM du poignet et de la main 225
deux temps après une lacération initiale passée inaperçue. La bande sagittale radiale est le plus souvent atteinte, asso-
Elle survient alors le plus souvent entre la 3e semaine et le ciée ou non avec une luxation ou subluxation ulnaire du
3e mois après le traumatisme [30, 31]. Les ruptures tendi- tendon [38]. Le diagnostic initial peut être difficile en raison
neuses peuvent également survenir sur des conflits osseux de l'œdème dorsal et de la douleur. À terme, une instabilité
dans le cadre de rhumatismes inflammatoires [32].
Les complications postopératoires des sutures tendi-
neuses sont compliquées à gérer cliniquement. L'IRM est
une aide au démembrement de ces complications [33] : nou-
velle rupture, désunion des fils de suture avec cal d'allon-
gement du tendon, adhérences péritendineuses. Les prises
en charge peuvent être radicalement différentes (poursuite
de la rééducation, nouvelle intervention). L'imagerie permet
également d'évaluer les lésions associées des poulies et des
paquets vasculonerveux (fig. 15.23).
Épreuves dynamiques
Des études dynamiques peuvent être pratiquées en IRM,
l'image en stress sensibilisant la détection des lésions trau-
matiques tendineuses. a
L'épreuve en supination impose un stress sur le tendon
extenseur ulnaire du carpe et son rétinaculum propre [34,
35]. Une rupture traumatique aiguë du rétinaculum de l'ex-
tenseur ulnaire du carpe est possible au tennis et peut être
confondue avec une lésion du TFCC. Les coupes axiales en
supination recherchent une luxation ou une subluxation du
tendon au niveau d'une poche de décollement de l'insertion
médiale du rétinaculum le plus souvent. L'instabilité isolée
du tendon ne peut traduire qu'une simple laxité. L'épreuve
en stress peut également ouvrir une lésion fissuraire de l'ex-
tenseur ulnaire du carpe (fig. 15.24).
L'épreuve de flexion des métacarpophalangiennes (MCP)
permet de sensibiliser la détection des lésions de l'appareil
extenseur (boxer knuckle) [36, 37]. Les microtraumatismes b
peuvent induire des lacérations du tendon extenseur, une
Fig. 15.24 Épreuves dynamiques en pronation-supination.
bursite avec des remaniements hémorragiques, une rupture
Coupes axiales T1FS après injection de gadolinium. (a) Pronation.
de plaque palmaire et des lésions ostéochondrales de la tête Tendon extenseur ulnaire du carpe avec anomalie de signal intraten-
métacarpienne [37] (du médius le plus souvent compte tenu dineuse. Le tendon est en place dans sa gouttière malgré une poche
de sa proéminence en comparaison aux autres MCP [38]). de décollement de l'insertion médiale de son rétinaculum (flèche).
Des lésions traumatiques aiguës peuvent rompre une bande (b) Supination. Subluxation du tendon extenseur ulnaire du carpe et
sagittale, participant à la stabilisation du tendon extenseur. ouverture de la fissure tendineuse.
a b
Fig. 15.23 Adhérences postopératoires dans le canal digital après suture des fléchisseurs commun profond et superficiel de l'index
droit. (a) Coupe sagittale T1 après injection de contraste montrant la continuité et une subluxation des tendons fléchisseurs, traduisant une
déhiscence des poulies A2, A3 et A4. (b) Coupe axiale T1 après injection de produit de contraste : les tendons apparaissent de bonne qualité et de
faible signal. Tissu cicatriciel à développement palmaire et vers le paquet vasculonerveux médial (flèches).
226 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
Pathologies synoviales
L'IRM de la main n'est pas systématique pour le diagnos-
tic précoce et le suivi des rhumatismes inflammatoires, à la
différence de l'échographie-Doppler. L'IRM sera pratiquée
dans les diagnostics difficiles ou en cas de discordance cli-
nico-échographique. La détection des pannus synoviaux
nécessite une injection IV de gadolinium, au mieux des
séquences T1 FS avec séquences dynamiques. L'IRM dyna-
mique est utilisée pour évaluer l'activité de la maladie. Elle
a correspond à une acquisition répétée en écho de gradient
ultrarapide après injection intraveineuse de contraste de
0,2 ml Gd-DTPA/kg de poids avec un débit de 3 ml/s. Les
séquences sont réalisées dans le plan axial centré sur une
synoviale épaissie ou en coronal sur l'ensemble des mains.
Les courbes de rehaussement sont analysées selon deux
paramètres :
■ le taux de rehaussement précoce (TRP) est mesuré entre
10 et 60 secondes après injection ;
■ le rehaussement relatif est un plateau qui survient envi-
ron une minute à une minute et demi après injection de
gadolinium [43, 44].
Le TRP de la membrane synoviale renseigne au mieux
b sur l'inflammation active visible en histologie par la pro-
lifération vasculaire (angiogenèse). De même, la prise de
Fig. 15.25 Rupture traumatique de l'appareil de contention
du tendon extenseur au niveau de l'articulation MCP du médius.
contraste précoce est plus fiable pour déterminer le volume
Coupe axiale T1 injectée (a). Épaississement inflammatoire de la bande synovial, le contraste ayant tendance à diffuser dans l'épan-
sagittale radiale (flèche). Le tendon extenseur est en place (tête de chement sur les séquences tardives. L'IRM statique pré-
flèche). (b) Coupe axiale T1 FS avec injection de gadolinium et épreuve sente une moins bonne corrélation pour l'inflammation et
en flexion de la MCP. Subluxation ulnaire du tendon extenseur (tête de le volume de la synoviale [43, 44]. Les séquences précoces
flèche). Les ligaments collatéraux mis en tension par la flexion articu- d'angio-IRM avec reconstruction MIP (maximum intensity
laire sont mieux analysés (flèches). projection) donnent une cartographie globale des synovites
et des ténosynovites de la main (voir fig. 15.13). Par ailleurs,
du tendon extenseur avec ressaut douloureux est possible. l'IRM a l'avantage de montrer des signes précoces de la
Les coupes d'IRM axiales avec flexion de l'articulation MCP maladie rhumatismale : les synovites, l'œdème intra-osseux
mettent en tension les bandes sagittales et révèlent une et les érosions infraradiologiques (voir fig. 15.4). Elle per-
luxation du tendon dans l'espace intermétacarpien contro- met également d'évaluer l'évolution de la maladie afin d'ins-
latéral à la bande sagittale lésée (fig. 15.25) [38], tuméfiée taurer rapidement le traitement le plus adapté et de suivre
et inflammatoire. Sur le 5e doigt, la lésion peut toucher le son efficacité [45, 46]. Elle fait concurrence à l'échographie-
rétinaculum interposé entre les tendons extenseurs propre Doppler par sa supériorité pour la détection des érosions
et commun. L'épreuve de stress révèle un diastasis entre les [47] et de l'œdème intraosseux, ce dernier étant le meilleur
deux tendons. La flexion met également en tension les fais- facteur pronostique d'évolutivité de la maladie et de l'appa-
ceaux principaux des ligaments collatéraux qui sont mieux rition des érosions osseuses [48].
analysés (fig. 15.25). Une entorse d'un ligament collatéral
ou une lésion d'une jonction myotendineuse d'un interos- Pathologies osseuses
seux peuvent s'associer à la lésion de l'appareil extenseur.
Ces dernières lésions ne sont pas accessibles en échographie Traumatismes
entre les têtes métacarpiennes. De nombreuses études récentes ont comparé les perfor-
L'épreuve en flexion des doigts met en tension les poulies et mances diagnostiques des radiographies, du scanner, de
sensibilise la détection des ruptures, plus fréquentes au niveau l'IRM et de la scintigraphie osseuse pour les fractures du
des 3e et 4e doigts. Cette épreuve est cependant plus facile à scaphoïde [49]. Les radiographies standard réalisées en
réaliser en échographie [39, 40]. L'importance de la subluxa- première intention occultent entre 20 et 25 % des fractures
tion palmaire des tendons fléchisseurs dépend du nombre de [50, 51]. L'IRM apparaît comme l'examen de référence. Elle
poulies lésées (voir fig. 15.23). La poulie annulaire A2 est la présente une sensibilité de 98 %, une spécificité de 99 %, une
plus longue, la plus puissante et la plus souvent rompue [41]. précision de 96 %, une valeur prédictive négative (VPN)
L'association lésionnelle la plus fréquente est A2 et A4 [41]. ajustée de 1 et une valeur prédictive positive (VPP) ajustée
D'autres épreuves dynamiques réalisées en échographie de 0,88. Elle présente une performance discrètement supé-
ne sont pas possible en IRM, comme la mobilisation de rieure à la TDM (sensibilité 94 %, spécificité 96 %, précision
l'aponévrose de l'adducteur du pouce pour la détection des 96 %, VPN ajustée 0,99 et VPP 0,75 [49]). La scintigraphie
lésions de Stener [42], ou la mobilisation des tendons opérés au technétium 99 avec trois phases osseuses présente une
à la recherche d'adhérences. sensibilité proche de 100 %, avec une VPP de 93 % [51, 52].
Chapitre 15. IRM du poignet et de la main 227
Cependant, cette technique présente des inconvénients : mière ou deuxième rangée du carpe, ce qui peut modifier
acquisition longue (4 à 6 heures), irradiation non négli- la prise en charge chirurgicale. L'IRM permet également de
geable (pouvant correspondre à l'équivalent de 200 radio- redresser le diagnostic car d'autres pathologies peuvent être
graphies de thorax [51]) et surtout un manque de spécificité associées à un œdème du lunatum : un kyste intraosseux
du fait de la difficulté de localiser l'hyperfixation de l'isotope ou un syndrome d'impaction ulnolunaire. Dans ce dernier
[51, 53]. syndrome, l'œdème osseux prédomine à la face proximale et
L'IRM détecte non seulement les fractures corticales, ulnaire du lunatum. Il s'y associe aussi une variance positive
mais aussi les impactions trabéculaires du scaphoïde comme de l'ulna et des lésions dégénératives du TFCC [67, 68]. La
des autres os du carpe. Elle permet également de retrouver rupture du ligament lunotriquétral peut s'intégrer dans ce
des lésions des tissus mous comme les lésions ligamen- syndrome et être associée à un œdème osseux du triqué-
taires extrinsèques du poignet [54]. L'American College trum au niveau de l'attache ligamentaire.
of Radiology (ACR) reconnaît la valeur de l'IRM dans la La maladie de Preiser est exceptionnelle et correspond
suspicion de fracture du scaphoïde et le recommande en à une ostéonécrose du scaphoïde en l'absence de fracture
deuxième ligne d'investigation après la réalisation de radio- préalable. Elle serait en rapport avec un défaut de vascu-
graphies standard [55]. Elle semblerait également être l'atti- larisation du pôle proximal du scaphoïde et serait associée
tude la plus économique permettant de poser le diagnostic à des microtraumatismes répétés ou à une complication
de contusion ou de fracture, d'empêcher une immobilisation médicamenteuse [69]. L'IRM dans cette pathologie est l'exa-
ou un suivi inutile et en minimisant l'irradiation du patient men de choix permettant de distinguer deux formes [70] ;
[56]. Malheureusement, compte tenu d'un parc insuffisant le type I est caractérisé par une anomalie de signal diffuse
en France, il est difficile de proposer une IRM du poignet en du scaphoïde avec un risque important de développer une
urgence pour les suspicions de fracture du scaphoïde à radio- arthrose secondaire ; le type II est caractérisé par une ano-
graphies douteuses. Le scanner est actuellement l'imagerie de malie de signal inférieure ou égale à 50 % du scaphoïde et
deuxième intention la plus répandue, malgré une sensibilité serait de meilleur pronostic.
inférieure à l'IRM pour la détection des impactions trabécu-
laires. Les retards de consolidation sont appréciés au mieux
au scanner. En revanche, l'évaluation de la viabilité osseuse Syndromes canalaires
en cas de pseudarthrose du scaphoïde [57–59], comme pour Syndrome du canal carpien
la maladie de Kienböck, repose sur l'IRM avec injection IV Il est le syndrome canalaire le plus fréquent, apparaissant
de gadolinium. Les séquences T1 et T2 ne suffisent pas à entre 35 et 60 ans chez la femme. L'électromyogramme
apprécier cette viabilité. Le rehaussement osseux a une excel- (EMG) est actuellement l'examen de référence permettant
lente VPN de nécrose osseuse, alors que l'absence de rehaus- de poser le diagnostic et de quantifier la souffrance nerveuse
sement ne signe pas obligatoirement la nécrose. Elle oriente [71]. L'IRM n'est pas indiquée dans le bilan préopératoire
cependant vers certaines prises en charge, comme une greffe d'un syndrome carpien. Elle peut être indiquée en face d'un
osseuse pédiculée vascularisée en cas de pseudarthrose du terrain atypique (sujet jeune) ou d'un syndrome canalaire
scaphoïde [60]. L'injection dynamique de gadolinium a été d'effort. Il faut alors suspecter une compression extrinsèque
proposée, mais sa valeur ajoutée reste discutée [61]. du nerf médian par un kyste synovial ou un muscle intra-
canalaire. Une simple hypertrophie ou l'incursion d'un ou
Nécrose avasculaire de plusieurs muscles fléchisseurs superficiels des doigts ou
La maladie de Kienböck correspond à une ostéonécrose des lombricaux par des jonctions myotendineuses intra-
du lunatum d'étiologie indéterminée. Elle touche préféren- canalaires peut être responsable d'une compression du
tiellement l'homme, la main dominante et les travailleurs nerf médian lors de l'effort [72, 73]. Le palmaris profun-
manuels entre 20 et 40 ans [62]. Elle est habituellement dus, muscle accessoire du palmaris longus, peut également
unilatérale. Elle est associée à une variance ulnaire négative accompagner le nerf médian dans sa gaine [74]. Il est
(78 % des patients contre 23 % de la population normale) important de porter le diagnostic car les infiltrations sont
[63]. Elle est classée en quatre stades [64]. Le stade I cor- inefficaces et la libération par endoscopie contre-indiquée.
respond à une radiographie normale mais avec une IRM L'IRM recherche une augmentation de la surface du
retrouvant une anomalie de signal diffuse ou focale du nerf médian (la surface normale au niveau du pisiforme est
lunatum. Le stade II retrouve une augmentation de den- évaluée entre 9 et 11 mm2 [75]), un aplatissement du nerf à
sité du lunatum en comparaison avec les autres os du carpe hauteur de l'hamatum, un bombement du rétinaculum des
en radiographie standard et un hyposignal T1 diffus, un fléchisseurs [76] et une atrophie des muscles thénariens à
hypersignal T2 épars du lunatum en IRM. Le stade III cor- un stade tardif. En pondération T2 FS, le nerf médian est en
respond à un effondrement du lunatum par fracture de la hypersignal, traduisant l'œdème intraneural ou la démyélini-
plaque osseuse sous-chondrale. Il est séparé en deux sous- sation. Il est plus rarement en hyposignal T2 FS, traduisant
groupes : IIIA lorsqu'il persiste un ligament scapholunaire de la fibrose intraneurale. Le nerf normal ne présente pas de
intact et IIIB lorsqu'il y a une rupture ligamentaire. Le rehaussement après injection de gadolinium. Des troubles de
stade IV correspond à un effondrement du lunatum asso- la vascularisation endoneurale sont fréquents en cas de com-
cié à une arthrose radiocarpienne puis médiocarpienne [65, pression, soit à type de rehaussement (œdème et fibrose), soit
66]. L'IRM aide au diagnostic à la phase initiale à radiogra- à type d'hypoperfusion (ischémie) [77]. L'IRM peut retrou-
phie normale. Elle permet également, lorsque le diagnostic ver des signes de dénervation des muscles thénariens à type
est posé, de détecter une atteinte cartilagineuse de la pre- d'œdème (subaigu) ou d'amyotrophie graisseuse (chronique).
228 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
L'indication principale de l'IRM du canal carpien est la superficielle extensive entre le bord palmaire du nerf et
récidive douloureuse postopératoire [78]. Les complications le tendon palmaris longus, et une fibrose profonde sur la
après libération du canal carpien ne sont pas exceptionnelles face dorsale du nerf médian exerçant un effet de masse
(3 à 19 % des cas sur de larges séries) et nécessitent de nou- sur les tendons fléchisseurs adjacents ou en endoneu-
velles explorations dans 12 % des cas [79]. Le diagnostic ral, mieux détectée sur les séquences axiales T1 et T1 FS
clinique et électrique postopératoire est difficile et nécessite après injection IV de gadolinium ;
souvent des EMG itératifs. L'IRM peut aider au démembre- ■ névrome traumatique postopératoire d'une branche de
ment des complications [78, 80–83] : division du nerf médian (cutané palmaire, thénarienne)
■ section incomplète du rétinaculum des fléchisseurs avec ou du nerf médian lui-même. L'IRM retrouve alors un
persistance d'une empreinte focale sur le nerf médian élargissement du nerf médian ou d'une de ses branches,
(fig. 15.26) ; une augmentation du signal T2 du nerf, et surtout une
■ persistance d'une compression extrinsèque du nerf prise de contraste intense du nerf en T1 après injection
médian par un kyste ou un muscle non vu lors de la libé- intraveineuse de gadolinium. La disparition de l'appa-
ration endoscopique ; rence fasciculée normale du nerf est un signe très spéci-
■ tissu cicatriciel périneural. Deux types de fibroses sont fique [78].
décrits dans les séries chirurgicales [79] : une fibrose
Syndrome de la loge de Guyon
La compression du nerf ulnaire au niveau de la loge de Guyon
est rarement primitive, à la différence du nerf médian, et
nécessite systématiquement une imagerie. L'échographie
ou l'IRM sont efficaces pour détecter une étiologie à ce syn-
drome. On distingue les causes extrinsèques et intrinsèques.
L'IRM permet une exploration complète du canal de Guyon
(parties proximale, moyenne et distale). Elle peut être réa-
lisée lorsque la symptomatologie clinique est atypique ou
inhabituellement sévère, lorsque les explorations neurophy-
siologiques sont non concluantes ou lorsque l'on suspecte
une tumeur. En l'absence de cause extrinsèque ou intrin-
sèque évidente, l'IRM peut objectiver une augmentation du
nerf ou d'un de ses rameaux de division, un œdème neural
et des muscles innervés par le nerf ulnaire ou ses branches
de division [84]. Les principales étiologies sont :
■ un kyste synovial provenant de l'articulation pisotriqué-
trale (fig. 15.27) ;
■ les lésions osseuses et articulaires traumatiques [85] :
– la fracture de l'hamulus de l'hamatum est le plus sou-
vent responsable, bien que rare (2 à 4 % des fractures du
carpe). Elle intéresse dans la majorité des cas la base ou
le tiers proximal de l'hamalus. Elle survient après une
chute sur le bord ulnaire de la main en extension. Elle
a résulte également de microtraumatismes répétés dans
les sports de raquette (main dominante) ou le golf (main
b
Fig. 15.26 Libération incomplète du nerf médian dans le canal
carpien. (a) Coupe sagittale T1 après injection de gadolinium.
Persistance d'une empreinte extrinsèque du rétinaculum des fléchis-
seurs sur le nerf médian associée à un rehaussement endoneural Fig. 15.27 Syndrome de la loge de Guyon en rapport avec un
(flèche). (b) Vue peropératoire avec névrome de continuité proximal kyste arthrosynovial de l'articulation pisotriquétrale. Coupe
(flèche) traduisant la compression persistante. axiale STIR : le nerf ulnaire est refoulé en superficie (flèche) par le kyste.
Chapitre 15. IRM du poignet et de la main 229
non dominante). Le diagnostic n'est pas toujours facile Plus rarement, le syndrome touche la branche sensitive
sur les clichés standard et le recours à des incidences du nerf ulnaire. Elle s'observe essentiellement chez le cycliste
complémentaires tend à être remplacé par le scanner. amateur ou professionnel [87], chez des patients réalisant
L'hamuli proprium (absence de fusion d'un point d'os- des arts martiaux, des sports de raquette ou chez les travail-
sification secondaire) ne doit pas être confondu avec leurs exposés aux vibrations prolongées (marteau-piqueur)
une fracture. Le retard diagnostique de la fracture peut [85]. Des phénomènes de cisaillement ou des traumatismes
conduire à une rupture secondaire des tendons fléchis- directs (cadre du vélo par exemple) sont responsables de la
seurs des derniers doigts. Le retard de consolidation ou lésion nerveuse.
la pseudarthrose seront surveillés par scanner ; Une tumeur du nerf ulnaire, le plus souvent un schwan-
– la fracture du pisiforme est très rare mais aussi sous- nome, peut aussi être responsable du syndrome. Les
estimée, car difficilement visualisée sur les incidences patients se présentent avec une masse de croissance len-
radiologiques standard. La mise en évidence de petits tement évolutive. L'importance des signes neurologiques
fragments ostéochondraux dans les récessus articu- n'est pas corrélée à la taille tumorale mais au degré de
laires peut être évocatrice. Elle résulte le plus souvent compression du nerf. Le diagnostic est facilement fait en
d'une chute avec impact direct sur le pisiforme. Les échographie, mais l'IRM est souvent nécessaire dans le
sports de raquette (badminton) et le volley exposent bilan préthérapeutique.
aux fractures de fatigue et aux instabilités du pisi-
forme. Des pathologies d'insertion du fléchisseur
ulnaire du carpe peuvent s'y associer. Pseudotumeurs et tumeurs
■ les variantes anatomiques autour du canal de Guyon Elles Les masses du poignet et des doigts sont le plus souvent des
sont fréquentes (35 % des poignets) avec une plus grande pseudotumeurs ou des tumeurs bénignes. Les deux lésions
prévalence pour le sexe masculin. La principale anomalie les plus fréquentes sont les kystes synoviaux et les tumeurs
musculaire est une variante du muscle abducteur de l'au- à cellules géantes des gaines tendineuses. L'échographie en
riculaire [25]. L'épaisseur moyenne du muscle accessoire mode B et Doppler est efficace pour le diagnostic de kyste
est de 1,7 mm et ne varie ni avec le sexe, ni avec le côté synovial et pour les malformations vasculaires, le plus sou-
dominant, ni avec le caractère manuel de l'activité profes- vent veineuses. L'IRM est indiquée pour retrouver les lésions
sionnelle. Ces variantes musculaires ne sont significatives kystiques profondes palmaires, pour caractériser les lésions
que si le muscle fait plus de 4 mm d'épaisseur ; « solides » ou les kystes atypiques, pour éliminer des pseu-
■ le syndrome du marteau hypothénarien [86]. Il touche domasses dues à une synovite ou un tendon rompu rétracté.
essentiellement l'artère ulnaire. La paroi intimale de Elle permet également d'aider la planification d'un éventuel
l'artère ulnaire est lésée en s'impactant contre l'hamu- acte chirurgical en précisant la localisation et l'origine d'un
lus de l'hamatum, conduisant à une sténose voire une kyste synovial [88].
thrombose de l'artère. L'angio-IRM retrouve des images
de thrombose, de dissection, de sténose, d'anévrisme Lésions kystiques
ou encore un aspect dysplasique « en tire-bouchon » Les lésions kystiques représentent 60 % des masses des
(fig. 15.28). Des emboles distaux au niveau des doigts mains [88, 89]. On estime leur incidence annuelle à 25 et
peuvent également être révélés par l'angio-IRM. La for- 43 pour 100 000 hommes et femmes respectivement [90].
mation d'un anévrisme résulte d'une lésion de la média. Les kystes se rencontrent chez les sujets jeunes, essentielle-
Celui-ci peut être tapissé d'un thrombus qui libère des ment entre 20 et 40 ans, mais des extrêmes de 3 et 89 ans
micro-emboles. Cette ischémie digitale est majorée par ont été rapportés. La prédominance féminine est habituelle
un vasospasme réflexe de la circulation collatérale. (deux femmes pour un homme). Les deux mains sont
atteintes de façon égale. L'apparition des kystes est le plus
souvent spontanée, progressive, mais environ 15 % des
patients rattachent l'apparition de leur kyste à un trauma-
tisme. Certains kystes semblent apparaître le lendemain
d'un traumatisme ou dans les jours suivant une hyperutili-
sation du poignet [89]. L'augmentation de volume est le plus
souvent progressive, parallèle à l'augmentation de la gêne
fonctionnelle. A l'inverse, les microkystes dorsaux sont par-
ticulièrement douloureux et deviennent souvent indolores
lorsqu'ils augmentent de volume.
Le kyste dorsal scapholunaire est le plus fréquent (entre
57 % et 70 %) (voir fig. 15.5) [88], suivi du kyste de la gout-
tière du pouls (15 %).
Les kystes dorsaux communiquent presque toujours,
à travers la capsule, avec une zone de dégénérescence
du segment dorsal du ligament scapholunaire. Cette
Fig. 15.28 Syndrome du marteau hypothénarien. Angio-IRM,
communication se fait à travers des conduits tortueux au
coupe coronale MIP avec aspect dysplasique en « tire-bouchon » de sein de la capsule [91, 92]. L'opacification du kyste par injec-
l'artère ulnaire (flèche). tion intra-articulaire n'est pas la règle (voir fig. 15.16).
230 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
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Chapitre
16
IRM du rachis non tumoral
C. Le Breton, R.-Y. Carlier
PLAN DU CHAPITRE
Techniques d'étude du rachis . . . . . . . . . . . . . . 235 Principales pathologies
Anatomie IRM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 237 achidiennes non tumorales. . . . . . . . . . . . . . . . 239
Techniques d'étude du rachis offrent une étude « myélographique » sagittale excellente qui
permet d'apprécier la taille des espaces sous-arachnoïdiens.
Antennes En étude axiale, cette séquence est sensible aux artéfacts de
L'étude rachidienne en IRM s'effectue avec des antennes de flux du liquide céphalorachidien (LCR) qui peuvent être
surface dont la configuration permet une couverture plus ou réduits par différentes techniques.
moins étendue. Les antennes segmentaires ne permettent Cette séquence est peu sensible à l'œdème ou l'infiltra-
pas de couvrir plus de 30 cm. Les antennes en réseau phasé, tion tumorale de la médullaire osseuse.
juxtaposition de plusieurs antennes, permettent de couvrir
jusqu'à environ 50 cm. STIR
L'étude rachidienne en IRM est toujours un compromis Cette séquence d'inversion-récupération permet une annu-
entre la longueur de la zone d'analyse et la résolution nécessaire lation du signal de la graisse de la médullaire osseuse. Elle
à la mise en évidence d'anomalies morphologiques ou de signal. est très sensible pour la détection des remplacements œdé-
Si l'on souhaite une résolution spatiale importante sur mateux et tumoraux de la moelle osseuse normale. C'est une
un niveau rachidien précis, on étudiera au mieux le niveau séquence d'exploration rachidienne quasi scintigraphique.
lésionnel à l'aide d'une antenne segmentaire ou de l'antenne Elle est néanmoins sensible aux artéfacts respiratoires et aux
en réseau phasé avec un petit champ de vue. Dans le même artéfacts de susceptibilité magnétique et ne donne pas la
ordre d'idée, l'étude de la charnière crâniorachidienne s'ef- même qualité d'exploration anatomique que les séquences
fectuera de façon plus précise sur certaines machines à l'aide T1 ou TSE T2. La séquence STIR procède d'un effet T1,
de l'antenne céphalique ou cervicocéphalique en quadrature même si les images sont proches des images pondérées en
qu'avec une antenne de surface rachidienne. T2. Il est impératif de réaliser cette séquence avant injection
Inversement, si l'on souhaite une large couverture pour de gadolinium au risque de méconnaître de nombreuses
détecter l'étendue des sites lésionnels d'une même patholo- lésions inflammatoires et tumorales.
gie (par exemple traumatique, infectieuse, etc.), on utilisera
une antenne permettant une couverture du rachis en un, Densité protonique fat sat
deux ou trois passages (rachis entier). Cette séquence est très sensible pour la détection de lésions
œdémateuses, en particulier pour l'œdème osseux post-
Séquences contusif ou sur sepsis. On lui préférera la séquence STIR
pour la détection des infiltrations tumorales.
SE ou fast SE T1
Ces séquences sont peu sensibles aux artéfacts même en Myélo-IRM (fig. 16.1)
présence de matériel de fixation rachidien en titane. Elles Dérivées des séquences de bili-IRM, ces séquences offrent la
sont sensibles à la chute du signal de la médullaire osseuse même sémiologie que les saccoradiculographies (SRG) et myé-
en cas d'œdème ou d'infiltration tumorale. lographies, mais aussi les mêmes limitations pour les conflits
Elles ne doivent jamais être effectuées d'emblée avec foraminaux (au-delà des gaines radiculaires). Leur réalisation
injection de gadolinium au risque de méconnaître de nom- jambes en extension compense partiellement le décubitus
breuses lésions inflammatoires et tumorales. comparativement aux SRG effectuées en orthostatisme.
Étude dynamique du rachis ■ à l'étage lombaire, l'interligne est courbe ; il est sensible-
Cette étude peut être réalisée à la recherche d'instabilités ment vertical dans le plan frontal, avec une inclinaison
segmentaires en flexion, en particulier, à l'étage cervical. moyenne de 45° dans le plan sagittal.
■ concernant la contusion médullaire, les séquences T2 et – les entorses discales (ou hernies discales) ont les
STIR permettent de visualiser une grosse moelle œdé- mêmes caractères que les entorses discales non trau-
mateuse. On doit compléter l'étude par des séquences en matiques. Elles seraient plus fréquentes à l'étage
écho de gradient T2, sensibles à la détection de dérivés cervical.
de l'hémoglobine. En effet, les contusions médullaires
avec pétéchies ou hématomyélie seraient de plus mauvais Pathologies discales [1, 11–16]
pronostic ;
■ les hématomes intrarachidiens répondent à la même L'articulation vertébrale intersomatique est touchée par des
sémiologie que les hématomes intracrâniens : pathologies identiques à celles observées sur les articulations
– l'hématome sous-dural est plus étendu en hauteur. Il périphériques : traumatiques, dégénératives, infectieuses ou
est de siège intradural ; sur les coupes axiales, sa face inflammatoires.
interne est concave, sa face externe est limitée en La particularité de cette articulation est de se situer au
dehors par l'hyposignal dure-mérien ; contact immédiat du sac dural et des racines qui viennent en
– l'hématome extradural est peu étendu en hauteur ; relation très intime avec les parties latérales et postérieures
sur les coupes axiales, sa face interne convexe refoule de la capsule articulaire, d'où une symptomatologie clinique
l'hyposignal dure-mérien. Il est très souvent compres- d'ordre nerveux : radiculalgie, paresthésie, parésie, para-
sif. Sa face externe est au contact des éléments osseux lysie dans le territoire correspondant à la racine en cause.
(fig. 16.10) ; Ces manifestations secondaires viennent se surajouter aux
manifestations propres douloureuses qui ne sont pas spéci-
fiques à l'articulation intersomatique et qui touchent n'im-
porte quelle articulation agressée.
Le disque intervertébral se détériore avec apparition de
manifestations dégénératives, d'autant plus importantes que
ses contraintes sont considérables : diminution progressive
d'épaisseur et d'hydratation du contenu de l'espace inter-
somatique dont la cavité devient de plus en plus étendue
à travers l'anneau fibreux capsulaire. Des épanchements
intra-articulaires écartent les plateaux vertébraux, faisant
croire à une épaisseur discale normale. Cela rend compte
de la possibilité de déchirure aiguë de l'anneau avec passage
cataclysmique du liquide intra-articulaire dans l'espace péri-
radiculaire. Cet aspect, communément appelé « hernie dis-
cale rompue », possède un tableau clinique caractéristique
et s'avère spontanément résolutif par résorption progressive
du liquide.
Le pincement discal et les ostéophytes marginaux carac-
térisent la discarthrose. Du fait de l'affaiblissement des
moyens de contention intersomatique, on peut observer
des subluxations plus ou moins importantes qui reten-
tissent aussi sur les moyens de contention et les articula-
tions postérieures du rachis. De plus, il y a une relation
directe entre la hauteur de l'espace intersomatique et le
bombement périphérique des tissus fibreux annulaires, ce
qui retentit sur les dimensions du canal rachidien et des
gouttières radiculaires.
Modifications du signal
du corps vertébral (tableau 16.4)
Modic et al. ont décrit les remaniements de l'os spon-
gieux des plateaux vertébraux au cours de l'évolution de la
discarthrose :
■ le type l (fig. 16.14) se caractérise par un hyposignal en
Fig. 16.12 Vue sagittale T2 : bombement discal et hyposignal SE T1 et un hypersignal modéré en SE T2, disposé de
en L4–L5. part et d'autre du disque et prédominant au niveau des
listels marginaux antérieurs. Il se rencontre dans 4 % de
Ruptures de l'anneau fibreux (fig. 16.13) la population. L'injection de gadolinium met en évidence
des plages de rehaussement linéaires ou en mottes, en
On ne peut pas mettre en évidence de rupture entre le liga- rapport avec les phénomènes d'œdème inflammatoire.
ment interosseux et la partie profonde de l'anneau. En Ce type peut évoluer vers le type II ;
revanche, il est possible de visualiser certaines ruptures péri- ■ le type II (fig. 16.15) est retrouvé chez 10 % de la popu-
phériques. Seules certaines ruptures radiaires étendues à lation. Il se manifeste par un hypersignal en SE T1 et un
l'anneau externe peuvent être reconnues sous la forme d'un iso- ou hypersignal en SE T2. Sa topographie est iden-
hypersignal T2 linéaire particulièrement bien visible sur les tique à celle du type I ; il traduit la dégénérescence grais-
séquences en saturation de graisse. Les ruptures concentriques seuse de l'os spongieux ;
ne sont pas identifiées ; les ruptures des fibres transverses de ■ le type III (fig. 16.16) se manifeste par un hyposignal en
Sharpey se présentent sous forme d'hypersignaux adjacents SE T1 et SE T2. Il correspond à l'ostéosclérose sur les
aux plateaux. L'existence d'hypersignaux radiaires au niveau radiographiés standard.
de la partie postérieure de l'anneau laisse présager un risque Une corrélation a pu être établie entre les types décrits
accru de migration postérieure de matériel issu de l'articula- par Modic en T1 et T2 et les séquences T2 avec saturation de
tion intersomatique. graisse et STIR (fig. 16.14) :
■ le type I se caractérise par un hypersignal des plateaux ;
Prises de contraste péridiscales ■ le type II, par un hyposignal ;
Celles-ci sont possibles, à l'instar de celles vues en TDM. ■ le type III, par un hyposignal.
242 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
Vide discal
Le vide discal (fig. 16.18) se traduit par un hyposignal
linéaire bien repéré en SE T1 et surtout en EG T1. Il peut
être difficile à repérer s'il se trouve au contact du plateau
vertébral. La confrontation avec les radiographies standard
et la TDM est le plus souvent nécessaire.
Fig. 16.15 Aspect de Modic II en T1 (a) et T2 (b). Au niveau cervical, où une grande résolution spatiale est
nécessaire afin de bien visualiser la petite structure qu'est le
foramen, saillies discales ou disco-ostéophytiques sont repé-
rées sur les coupes sagittales T2. Mais en cas d'ostéophytose
très latéralisée, les coupes sagittales peuvent être normales,
ce qui complique le problème de localisation. Des acquisi-
tions axiales, destinées à préciser leur morphologie, sont
réalisées par des séquences bi- ou tridimensionnelles en
écho de gradient permettant d'augmenter le rapport signal
sur bruit ou de diminuer l'épaisseur de coupe.
Hernie discale
La hernie discale, ou entorse de l'articulation vertébrale
intersomatique, a une expression clinique inconstante :
rachialgie plus ou moins associée à une radiculalgie.
En cas de mouvements inappropriés (extension, hyper-
flexion, compression), une déchirure de la capsule et des
ligaments peut avoir lieu en avant, latéralement ou plus
Fig. 16.16 Aspect de Modic III en T1 (a) et T2 (b). fréquemment en arrière. Du point de vue anatomopatho-
logique, on constate la solution de continuité des fibres
capsulaires, et ligamentaires avec l'apparition d'un œdème
focal plus ou moins important. En cas de déchirure com-
Cependant, il est possible d'observer des formes « mixtes » plète de la capsule fibroligamentaire postérieure, il se forme
dans le type II, associant un hypersignal T1, T2 et un discret une communication de la cavité articulaire avec l'espace
hypersignal STIR. Certaines discarthroses de type I, d'aspect épidural et une migration du liquide articulaire de l'espace
très « œdémateux », peuvent poser de difficiles problèmes de intersomatique jusqu'à la partie postérieure.
diagnostic différentiel avec la spondylodiscite, surtout au Ces manifestations inflammatoires et œdémateuses
début de l'infection. sont susceptibles d'entraîner une compression radiculaire :
Pfirrmann [16] a décrit une classification en IRM qui névralgie cervicobrachiale, névralgie intercostale, sciatique,
analyse le signal discal et la diminution de l'hydratation du cruralgie.
nucleus pulposus (tableau 16.5). L'IRM permet de mettre en évidence aisément cette aug-
mentation de volume tissulaire local.
« Vides » de signal IRM L'évolution se fait vers la disparition de la symptomatolo-
Ostéophytes et calcifications discales gie clinique sous traitement médical et, en imagerie, la dis-
Les ostéophytes et les calcifications discales, en raison de parition complète de cette tuméfaction a été rapportée par
leur contenu calcique, sont généralement responsables d'un de nombreux auteurs dans la littérature (fig. 16.19).
hyposignal, parfois difficile à reconnaître. Ce vide de signal Lorsqu'il existe un arrachement de l'insertion osseuse
est mieux visualisé sur les séquences en écho de gradient, en associé à la lésion ligamentaire, la hernie et l'œdème péri-
raison de leur effet de susceptibilité magnétique. phérique sont particulièrement volumineux, d'où une
Chapitre 16. IRM du rachis non tumoral 243
Fig. 16.18 (a) Hyposignal L5–S1 en T1 correspondant à une Fig. 16.19 (a, b) Vues sagittale et axiale T2 : hernie discale volu-
image gazeuse. (b) Correspondance en scanner. mineuse et exclue paramédiane droite. (c, d) 3 mois plus tard,
disparition complète de la hernie sous traitement médical.
compression radiculaire associée, d'autant plus qu'elle se retentissement nerveux de voisinage. L'injection de produit
développe dans le foramen. de contraste n'est pas nécessaire, sauf en cas de localisation
Là encore, l'évolution spontanée se fait vers la régression, foraminale de la masse qui peut poser un problème dia-
mais souvent l'élément squelettique arraché ne se fusionne gnostique avec un processus tumoral ; dans ce cas, il existe
pas. Il en résulte des phénomènes douloureux locaux ulté- un rehaussement périphérique de la masse en rapport avec
rieurs peu sensibles aux traitements. l'hypervascularisation inflammatoire.
Sémiologie IRM (fig. 16.19) Atteintes microcristallines (fig. 16.20)
Hernie discale Dans l'articulation intersomatique, on peut observer des
La hernie discale se traduit par une masse épidurale et/ou dépôts calciques (pyrophosphate de calcium ou phosphate
foraminale inflammatoire dont le signal en T1 est inter- d'hydroxyapatite). Ces dépôts calciques se manifestent éga-
médiaire entre l'hypersignal graisseux et l'hyposignal des lement par des arthroses érosives dont l'aspect IRM peut être
espaces sous-arachnoïdiens. En T2, son signal est variable : proche de celui des discopathies inflammatoires ou même
soit de signal élevé en raison de son contenu hydrique, soit infectieuses ; le diagnostic est difficile s'il existe une sympto-
en hyposignal comparable à celui du disque dégénératif. matologie clinique douloureuse aiguë. La mise en évidence
L'étude multiplanaire offre une excellente analyse de son des calcifications par TDM est d'un apport important.
244 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
Lésions épiphysaires
Les épiphyses vertébrales peuvent être le siège, soit précoce-
ment pendant la croissance, soit ultérieurement pendant la
vie adulte, de dystrophie localisée qui en altère la résistance.
Il en résulte la formation de fissures qui aboutissent parfois
à des kystes intraosseux (ou hernies intraspongieuses) que
Schmörl décrivait sous le nom de « nodules ». La maladie de Fig. 16.21 Maladie de Scheuermann. (a) Hernies intraspongieuses
en T1. (b) Inflammation du spongieux autour des hernies en STIR.
Scheuermann ou épiphysite de croissance s'accompagne de
hernies intraspongieuses, associées à des pincements discaux
et à une cunéiformisation avec aplatissement antérieur des
vertèbres (fig. 16.21) ; l'atteinte prédomine à l'étage thora-
cique et peut être à l'origine d'une cyphose importante. Une
inflammation des plateaux vertébraux peut s'observer dans
les formes débutantes, souvent douloureuses, de l'adolescent.
a b c
d e f
Fig. 16.26 Spondylodiscite L1–L2. En T1 (a), STIR (b) et T1 Gd avec fat sat (c–e). Inflammation des corps vertébraux, du disque, épidurite et abcès
du psoas gauche. Vue en STIR du rachis entier : atteinte plurifocale cervicale et lombaire (f).
– ou aspect typique d'abcès (rehaussement périphé- disposants sont le diabète et une atteinte dégénérative arti-
rique) vu sur les coupes axiales et aussi coronales en culaire préexistante. Le tableau clinique est souvent très
utilisant un champ large pour évaluer leur extension bruyant, avec des lombalgies intenses et un état septique
en hauteur. sévère. L'association avec une endocardite a été rapportée
■ Atteinte des parties molles épidurales : dans plusieurs cas.
– masse épidurale iso-intense à la moelle en T1, effaçant Sur la séquence STIR ou T2 fat sat, on observe un épan-
la graisse épidurale ; chement articulaire avec œdème osseux en miroir des
– hyperintense en T2 et vue au mieux après injection de berges articulaires, en hyposignal T1, et une masse œdé-
produit de contraste sur les coupes axiales et sagittales ; mateuse souvent mal limitée entourant le massif articulaire.
– l'importance de la compression médullaire doit être Après injection de produit de contraste sur des séquences
évaluée. avec suppression de la graisse en coupe axiale et sagittale,
on retrouve un rehaussement intense des berges articulaires,
Spondylite (fig. 16.27) des récessus synoviaux et de l'abcès des parties molles posté-
C'est une atteinte vertébrale uni- ou plurifocale. La séméio- rieures. Dans 80 % des cas, il existe une extension épidurale
logie IRM est identique à celle de la spondylodiscite, sans associée.
atteinte discale. Elle est fréquente dans la tuberculose. En
fait, elle est le plus souvent associée à une atteinte des parties Infection intracanalaire [2, 35]
molles. Épidurite
Par ordre de fréquence décroissante, l'épidurite intéresse
Arthrite zygapophysaire (fig. 16.28) [2, 33, 34] l'étage lombaire, cervical puis thoracique.
Leur fréquence serait largement augmentée. Leur nombre L'aspect en IRM est le même que dans les épidurites asso-
progresse du fait du vieillissement de la population et du ciées aux spondylodiscites ; la réalisation de coupes sagittale
nombre croissant d'infiltrations locales. Les facteurs pré- et axiale et l'injection de produit de contraste avec fat sat
sont indispensables au diagnostic.
Abcès sous-dural
Cet abcès est rare. L'IRM montre une collection intradurale
sur les séquences T2. Le contour du sac dural en hyposignal
est respecté. L'injection de gadolinium sur des séquences
avec fat sat rehausse les parois de l'abcès intradural.
Fig. 16.28 Arthrite apophysaire postérieure à staphylocoque doré. (a) Hyposignal osseux des berges articulaires en T1, inflammation péri-
et intra-articulaire en T1 Gd FS (b, c).
248 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
Fibrose cicatricielle
La fibrose cicatricielle, phénomène physiologique, se sta-
bilise en l à 2 ans. Ce processus peut suivre une évolution
« pathologique ».
Le tissu cicatriciel présente des aspects IRM dépendants
de son « âge » :
■ avant injection :
– au 8e jour : il présente un signal homogène dont l'in-
tensité est proportionnelle à sa composante hémorra-
gique en SE T1 et un hypersignal homogène en SE T2 ;
il s'étend des parties molles au disque cureté en tra-
versant la brèche opératoire dans le ligament vertébral
commun postérieur. Il peut réaliser un effet de masse
sur les structures intracanalaires, constituant parfois
l'aspect d'une fausse hernie. Le patient peut être d'ail-
leurs complètement asymptomatique ;
Fig. 16.29 Arachnoïdite infectieuse en T1 Gd. Vues sagittale (a) et axiale
– au 45e jour : le signal reste intense en SE T2 et devient
(b). Prise de contraste des racines de la queue de cheval qui sont épaissies.
intermédiaire en SE T1. L'effet de masse persiste dans
30 % des cas sans manifestations cliniques ;
La gravité de cette affection tient à l'apparition d'un feu- – au 6e mois : l'effet de masse doit toujours avoir disparu,
trage et d'un cloisonnement arachnoïdien, à l'origine de avec parfois attraction du fourreau dural en regard
trouble de la circulation du LCR. de la zone cicatricielle. Le signal du tissu cicatriciel
devient moins intense à la fois en T1 et T2 ;
Pathologies postopératoires et post- – après un an : le tissu cicatriciel est hypo-intense aussi
thérapeutiques [2, 4, 31, 36–38] bien en SE T1 qu'en SE T2. Il se traduit par des images
nodulaires échelonnées le long de la zone de dissec-
Les récidives douloureuses affectent 5 à 10 % des rachis opé- tion. La graisse épidurale « normale » peut alors pré-
rés. Elles posent de difficiles problèmes étiologiques : réci- senter un signal moins intense.
dive herniaire, hernies doubles, erreur d'étage opéré, fibrose ■ après injection :
cicatricielle, arthrose postérieure, arachnoïdite, spondylo- – avant 3 mois : certains auteurs pensent que l'inten-
discite ou abcès (fig. 16.30). sité spontanément élevée en SE T1 rend l'injection de
L'examen comporte obligatoirement deux acquisitions gadolinium inintéressante ;
avant et après injection de gadolinium dans le plan sagittal et – après 3 mois : la prise de contraste du tissu cicatriciel
axial transverse en SE T1 ainsi qu'en sagittal SE T2 (II). Les est d'intensité variable et souvent hétérogène. Il existe
séquences en écho de gradient T1 sont à éviter compte tenu une prise de contraste du site de discectomie.
de leur sensibilité aux artéfacts provoqués par les microfrag- L'étude IRM du rachis opéré, outre l'analyse de la fibrose,
ments métalliques dus aux instruments chirurgicaux. doit s'attacher à rechercher une cause curable de la sympto-
matologie : récidive herniaire ou sténose canalaire osseuse.
Hématome postopératoire Il n'existe aucun élément sémiologique permettant d'af-
L'hématome postopératoire est une complication rare, facilement firmer le caractère pathologique de la fibrose cicatricielle
reconnue devant une masse épidurale en hypersignal T1 et T2. observée en IRM.
Chapitre 16. IRM du rachis non tumoral 249
d'un tassement malin métastatique ou myélomateux que le sujet est âgé et que sa moelle est graisseuse, en hyper-
(tableau 16.10). signal T1. En cas d'infiltration tumorale diffuse (myélome,
L'IRM (fig. 16.31) permet d'étudier le signal de la ver- leucoses ou lymphomes), le signal de la vertèbre tassée est
tèbre tassée, de montrer la morphologie du tassement et là aussi voisin des vertèbres adjacentes et peut simuler un
de rechercher d'autres lésions vertébrales (tableau 16.10). tassement bénin. Normalement, le signal vertébral est supé-
L'IRM présente des aspects évocateurs pour 65 à 88 % des rieur à celui du disque ; en cas d'inversion, il faut rechercher
tassements malins. Le bombement du mur postérieur, l'ex- une hémopathie.
tension à l'arc postérieur, l'extension prévertébrale, ou intra- La prise de contraste est présente mais d'aspect différent
canalaire évoquent un tassement malin. A contrario, le recul dans les tassements porotiques récents et les tassements
du coin postérieur dans le canal rachidien est évocateur du malins.
tassement ostéoporotique. ■ Dans les tassements ostéoporotiques, elle est homogène
L'anomalie de signal de la vertèbre porotique est localisée avec normalisation du signal par rapport aux autres
en regard de la fracture, en bande, respectant une partie du vertèbres ; on peut observer parfois la persistance d'une
corps vertébral ; elle épargne l'arc postérieur. L'atteinte est bande en hyposignal sous le plateau fracturé. Les limites
diffuse pour les vertèbres métastatiques et touche l'arc pos- discovertébrales réapparaissent.
térieur. Ces signes ne sont pas d'une spécificité absolue ; en ■ Dans les tassements malins, la prise de contraste est hété-
effet, certains tassements myélomateux ou lymphomateux rogène, associant des zones ne prenant pas le contraste à
peuvent respecter une partie du signal de la vertèbre. des zones de signal supérieur à celui des vertèbres nor-
Chez le sujet jeune où la moelle hématopoïétique a un males. Les prises de contraste sont réparties en mottes. Il
signal bas en T1, l'infiltration tumorale est peu apparente. peut exister des lésions sur les vertèbres non fracturées
La diminution du signal en SE T1 a d'autant plus de valeur En FSE ou TSE T2 ou en écho de gradient T2, la sémiolo-
gie des tassements non traumatiques est très proche de celle
du T1 après gadolinium. Le signal des vertèbres ostéoporo-
Tableau 16.10 Séméiologie radiologique des tiques peut être normal ou présenter un hypersignal linéaire,
tassements vertébraux bénins versus malins. parallèle au plateau. L'anomalie de signal se présentant sous
Bénin Malin la forme d'une bande horizontale adjacente à un plateau
concave est évocatrice de la bénignité. Ces anomalies de
Siège Lombaire ou Au-dessus de T5
dorsolombaire
signal sont discrètes.
Les tassements malins s'accompagnent, au contraire, en
Nombre Multiple Unique T2 d'un hypersignal étendu, non systématisé, nodulaire et
Perte de hauteur du < 25 % > 50 % hétérogène.
corps vertébral D'autres séquences peuvent être utilisées dans les cas dif-
Symétrie Topographie Latéralisé ficiles : séquence de diffusion, qui montre un hypersignal de
centrale et asymétrique la vertèbre tassée en cas de lésion maligne (diminution de la
symétrique diffusion liée à l'hypercellularité tumorale) ; séquences T1 en
Corticales osseuses Respect Interruption et phase et opposition de phase, qui montrent une diminution
disparition du signal en cas de tassement porotique et un hypersignal en
Mur vertébral Respect ou Rupture ou cas de tassement tumoral.
postérieur recul du coin bombement global La présence d'un vide intrasomatique visible en IRM sous
postérosupérieur de mur postérieur la forme d'une ligne ou d'un triangle vide de signal en T1 et
(convexité globale) T2 est un élément inconstant mais caractéristique de tasse-
Arc postérieur Respect Rupture (ostéolyse) : ment bénin, qu'il faut rechercher aussi sur les clichés stan-
vertèbre borgne dard. La présence de ce vide intrasomatique serait un gage
Vide intrasomatique Clarté gazeuse au Absent
de meilleure réductibilité du tassement en vertébroplastie
sein de la fracture [41].
Devant un tassement porotique ne répondant pas cor-
Aspect du Normal Ostéolyse ou
spongieux ostéocondensation
rectement au traitement médical, en général après 3 mois,
l'indication d'une vertébroplastie peut être posée. L'IRM en
Parties molles Absence de masse Masse ou fuseau
T2 fat sat montre la persistance d'un œdème du ou des corps
paravertébrales paravertébral
vertébraux tassés, traduisant la persistance de p hénomènes
a b c d
Fig. 16.31 Tassement vertébral ostéoporotique : tassement du plateau supérieur de L1. En T1 (a), hyposignal linéaire parallèle au plateau
tassé, en STIR (b), hypersignal de cette zone ; en T1 Gd (d) et T1 Gd FS (c), rehaussement homogène.
Chapitre 16. IRM du rachis non tumoral 251
de remodelage osseux responsables des douleurs. Cet Le caractère multifocal de l'atteinte et l'absence d'hypersi-
œdème constitue un élément décisionnel positif dans la dis- gnal discal en T2 comme dans la SPA sont très en faveur de
cussion de vertébroplastie. ce diagnostic.
SAPHO (fig. 16.33)
Fig. 16.33 SAPHO. Hyposignal érosif des coins vertébraux en T1 (a) ;
Le SAPHO (synovite, acné, pustulose, hyperostose et correspondance en radiographie standard (b).
ostéite) peut aussi mimer une spondylodiscite infectieuse.
Fig. 16.32 Spondylarthropathie. En T2 sagittal (a), hypersignal des coins vertébraux ; en T1 Gd FS (b), prise de contraste des coins vertébraux
et interépineux ; en T2 (c), forme inflammatoire avec discites.
252 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
Les coupes sagittales et axiales montrent le retentis- [23] Hopkinson N, Stevenson J, Benjamin S. A case ascertainment study
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Chapitre
17
IRM du bassin
J.-L. Montazel, A. Rahmouni
PLAN DU CHAPITRE
Technique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 253 Labrum et conflit fémoro-acétabulaire . . . . . . 258
Ostéonécrose aseptique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 253 Lésions musculotendineuses . . . . . . . . . . . . . . . 260
Syndrome d'œdème de la moelle osseuse Coxarthrose. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 265
de la tête fémorale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 256 IRM et prothèse totale de hanche (PTH) . . . . . 267
Fractures. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 257
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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254 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
D'autres facteurs tels que le diabète, l'hyperuricémie, l'in- « en carte de géographie », plus souvent concave vers le haut,
fection au VIH ou la transplantation rénale favoriseraient dont les extrémités sont corticales, délimitant la nécrose et
la nécrose épiphysaire. Dans certains cas, aucun facteur de correspondant à l'interface réactive la séparant de l'os sain.
risque n'étant retrouvé, l'ONA est idiopathique. Ce liseré est en hyposignal sur toutes les séquences et est
plus marqué que l'œdème sur les séquences T1. Le double
liseré en T2 est caractérisé par une ligne en hypersignal lon-
Évolution naturelle geant le bord interne de l'hyposignal et correspondant à du
Bien que révélée cliniquement et radiologiquement tardi- tissu de granulation hypervasculaire, ou bien à un artéfact
vement, la nécrose débute peu après l'exposition au facteur de déplacement chimique, mis en évidence en inversant la
déclenchant. Elle n'est toutefois diagnostiquée que 6 mois à phase et la fréquence. Le liseré en hyposignal est le signe
un an après en moyenne. Il est à noter que, dans les cor- le plus précoce de l'ONA, mais son délai d'apparition est
ticothérapies, elle survient précocement quelles que soient variable par rapport à l'événement à l'origine de la nécrose.
la dose et la durée du traitement, pouvant même survenir Sa sensibilité est de 90 % et sa spécificité est proche de 100 %
lors de l'utilisation de bolus sur une période très courte. [1].
Elle est d'emblée bilatérale dans un certain nombre de cas. Le fragment nécrosé, délimité par le liseré en hyposignal,
Initialement unilatérale, elle a peu de risque de devenir bila- est de forme et de signal variables. Son signal a été classé
térale par la suite, sauf chez les patients drépanocytaires [2]. en quatre types sur des séquences SE T1 et T2. Le type A
De même, une fois constituée, l'ONA n'évolue plus et son correspondant à un fragment nécrosé graisseux en hyper-
volume initial reste inchangé par la suite. La principale com- signal T1 et signal intermédiaire T2. Le type B présente un
plication de la nécrose est donc l'affaissement de la plaque aspect hémorragique en hypersignal T1 et T2. Le type C
osseuse sous-chondrale qui va inexorablement entraî- est liquidien, en hyposignal T1 et hypersignal T2. Enfin, le
ner une coxarthrose dans un délai de 2 à 3 ans, avec des type D est fibreux, en hyposignal T1 et T2 [3]. Le type A
extrêmes pouvant aller au-delà de 10 ans. Le risque d'évo- correspond a priori à une lésion récente et, si le signal grais-
lution dégénérative est lié à l'extension de la nécrose ; plus seux se maintient, le pronostic est meilleur. Toutefois, même
celle-ci est étendue, plus le risque est important. De même, de type A, une ONA peut déjà être relativement ancienne
les localisations antérieure, supérieure et latérale, intéressant lors de sa découverte. Le type D correspond a priori à une
les zones de plus fortes contraintes mécaniques, sont plus nécrose déjà ancienne. Les types B et C sont plus difficiles à
arthrogènes [1]. corréler à l'âge de la nécrose, mais le type C, correspondant
à une nécrose kystique, est vraisemblablement ancien et
compliqué d'une fracture sous-chondrale permettant le pas-
IRM sage de liquide synovial au sein de la nécrose. Il faut noter
C'est l'examen du diagnostic. L'IRM est réalisée soit devant par ailleurs que certains patients présentent habituellement
une suspicion radiologique d'ONA, soit en raison d'une des épiphyses non graisseuses et le fragment nécrosé n'est
douleur avec absence d'anomalie radiologique. Elle s'impose donc jamais graisseux ; c'est le cas dans la drépanocytose
d'autant plus que le patient présente un facteur de risque. [2]. L'injection de gadolinium montre un rehaussement des
Elle apprécie la localisation et l'extension de la nécrose qui zones viables par rapport aux zones nécrosées, mais elle est
sont des éléments pronostiques de premier ordre, ainsi que peu utile pour le diagnostic et n'a pas de valeur pronostique
son caractère uni- ou bilatéral (fig. 17.1). [4].
La sémiologie IRM associe liseré en hyposignal circons- L'œdème de la moelle osseuse est caractérisé par un
crivant le fragment épiphysaire nécrosé, œdème intraos- hyposignal T1 et un hypersignal T2 touchant le plus sou-
seux, épanchement intra-articulaire, déformation de la tête vent la région épiphyso-métaphysaire et visualisé au mieux
fémorale et, dans les cas évolués, arthropathie dégénérative. sur les séquences fat sat. Cet œdème est corrélé à la douleur
Le liseré en hyposignal T1 est le signe pathognomonique et est souvent révélateur de la nécrose [5]. L'ONA peut non
de la nécrose, surtout s'il est doublé en interne par un hyper- seulement être associée à un aspect d'œdème de la moelle
signal T2 [3]. Il s'agit d'une ligne brisée épiphysaire continue osseuse, mais aussi débuter par celui-ci. Un œdème de la
a b c
Fig. 17.1 Ostéonécrose aseptique (ONA) bilatérale limitée. (a) Coupe coronale T1 montrant un petit liseré en hyposignal sous-chondral
bilatéral. Coupes sagittales T1 droite (b) et gauche (c) montrant l'extension limitée de la nécrose de bon pronostic évolutif.
Chapitre 17. IRM du bassin 255
tête plus ou moins étendu au col fémoral doit donc faire ture (fig. 17.2). Cette ligne est située sous l'os sous-chondral,
rechercher une zone de nécrose qui, sur des séquences T1, à distance du liseré de la nécrose. Le scanner est cependant
peut passer inaperçue. En l'absence d'étiologie retrouvée à plus sensible que l'IRM pour détecter de petites déforma-
l'œdème (voir paragraphe suivant), un contrôle IRM doit tions qui sont importantes à mettre en évidence avant déci-
être réalisé les semaines suivantes afin de détecter secondai- sion chirurgicale [9]. La déformation marque le tournant
rement une ONA [6]. évolutif de la nécrose qui va alors évoluer vers l'arthrose,
Un épanchement intra-articulaire est fréquemment associant destruction articulaire, remaniements osseux
visible dans les hanches nécrosées, d'autant plus important sous-chondraux s'étendant aussi au cotyle, épanchement
que la nécrose est compliquée d'une déformation de la plaque et éventuellement ostéophytose en fonction de la durée
osseuse sous-chondrale. Cependant, du liquide est fréquem- d'installation de l'arthrose qui peut se faire très rapidement.
ment présent en faible quantité dans les hanches normales L'ensemble de ces signes est bien visible en IRM.
et seule l'importance de l'épanchement, étendu à l'ensemble Une fois le diagnostic posé, l'IRM permet d'apprécier
des récessus, est discriminante [7]. L'épanchement est les deux facteurs pronostiques que sont la localisation et
moins corrélé à la douleur que l'œdème osseux, mais la dis- l'étendue de la nécrose et d'étudier la hanche controlaté-
tension qu'il entraîne est à l'origine de la gêne fonctionnelle rale, puisque l'ONA peut être bilatérale, ainsi que le reste
[8]. L'épanchement se présente sous forme d'un hyposignal du squelette pelvien à la recherche d'autres localisations
T1 et d'un hypersignal T2 marqué, liquidien, entourant la nécrotiques. L'ONA de la tête fémorale touche le plus sou-
tête et le col du fémur. vent la région antérosupérieure, mais peut survenir dans
La principale complication de l'ONA est la déformation n'importe quelle zone anatomique de l'épiphyse. La locali-
de la tête fémorale, appréciée sur des coupes fines et sur- sation est importante puisque les contraintes mécaniques
tout dans le plan sagittal, atteignant le plus souvent la partie prédominent en antérieur, supérieur et latéral, en regard
antérosupérieure de la tête. Elle est souvent associée à une du toit du cotyle. Ainsi, les nécroses centrales ou médiales
fracture sous-chondrale caractérisée par une ligne ou bande ont un meilleur pronostic que les nécroses latérales [10].
en hyposignal T1 et un relatif hypersignal T2 en rapport L'extension de la nécrose est par ailleurs corrélée au risque
possible avec la présence de liquide au sein du foyer de frac- de complication dégénérative. Cette extension est appré-
ciée soit par l'addition des angles de nécrose sur une coupe
coronale et une coupe sagittale, soit par le calcul direct du
volume de la nécrose par rapport au volume de la tête fémo-
rale. Dans le premier cas, une somme des angles inférieure à
190° est de bon pronostic, une somme comprise entre 190°
et 240° est de pronostic intermédiaire, et une somme de plus
de 240° est de mauvais pronostic. Dans le second cas, une
nécrose de moins de 15 % est de bon pronostic, une nécrose
comprise entre 15 et 30 % est de pronostic intermédiaire et
une nécrose supérieure à 30 % est de mauvais pronostic [1]
(fig. 17.3).
Malgré une spécificité proche de 100 %, l'IRM doit
faire discuter d'autres diagnostics, en particulier dans
Fig. 17.2 ONA bilatérale compliquée à gauche d'une fracture les formes atypiques. Les formes précoces œdémateuses
sous-chondrale avec dissection osseuse caractérisée par un pures font envisager les autres formes d'œdème et doivent
hypersignal liquidien disséquant la plaque osseuse sous-chon- inciter à contrôler l'IRM dans un délai de 6 semaines. Les
drale latérale de l'épiphyse fémorale (flèche). formes très localisées doivent faire éliminer une fracture
a b c
Fig. 17.3 ONA typique. (a) Coupe coronale T1 montrant une nécrose épiphysaire fémorale droite, caractérisée par un liseré en hyposignal circons-
crivant un fragment nécrosé de signal graisseux. (b) Coupe sagittale T1 permettant d'analyser l'extension de la nécrose en antéropostérieur, facteur
pronostique. Dans le cas présent, la localisation antérolatérale de la nécrose, son extension à 50 % de l'épiphyse dans le plan coronal et à toute la
surface dans le plan sagittal sont des facteurs pronostiques défavorables. (c) Coupe coronale T2 FS montrant l'œdème hétérogène périnécrotique
et son extension, ainsi qu'un épanchement intra-articulaire.
256 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
ostéochondrale, et là encore l'évolution IRM est importante. précocement que l'œdème associé. L'œdème est caractérisé
D'exceptionnelles localisations secondaires ou hémopathies par des contours flous, sans limites nettes, étendu jusqu'au
peuvent simuler une ONA [10]. col et parfois au-delà, et un aspect homogène [11]. Il est
important de noter que ce syndrome est défini par des cri-
tères IRM stricts et que c'est donc l'IRM qui va en assurer la
Syndrome d'œdème de la moelle surveillance et qui va orienter vers les différentes étiologies
osseuse de la tête fémorale qui en sont à l'origine.
L'ostéoporose transitoire de la hanche (OTH) est impor-
L'œdème de la moelle osseuse de la tête fémorale est une ter- tante à reconnaître car elle est de bon pronostic et com-
minologie IRM non spécifique d'une maladie : il correspond plètement réversible dans un délai plus ou moins court,
théoriquement à une augmentation du contenu en eau de la pouvant migrer au sein d'une même articulation voire sur
moelle osseuse normale. Il se manifeste par un hyposignal une autre articulation. Initialement décrite chez la femme
sur les séquences en SE T1, mais sa détection dépend de la enceinte au troisième trimestre de la grossesse (fig. 17.4),
quantité de graisse : quand peu de graisse est présente dans elle correspond aussi aux anomalies mises en évidence
la métaphyse (patient jeune), il est plus difficile à visuali- dans l'algodystrophie quelle que soit son origine (fig. 17.5).
ser. Il se traduit par un hypersignal en SE T2 ; il dépend là L'OTH a été aussi décrite chez des hommes d'âge moyen
encore de la quantité de graisse présente : si la métaphyse est en surpoids et chez des patients greffés rénaux sous ciclos-
très graisseuse, il peut être difficile à visualiser en T2, sur- porine [10, 12]. La douleur qui accompagne cet œdème se
tout sur les séquences TSE T2. La séquence qui permet au résorbe en 6 à 18 mois, et l'IRM réalisée régulièrement au
mieux d'en faire le diagnostic est la séquence T2 avec sup- cours de la surveillance (le premier contrôle est réalisé idéa-
pression de graisse qui permet de visualiser un hypersignal. lement 6 à 12 semaines après l'examen initial) doit s'assurer
Les séquences T1 avec suppression de graisse sans puis après de l'absence d'autre anomalie (en dehors d'un épanchement
injection de gadolinium montrent une prise de contraste intra-articulaire, relativement fréquent) et de la dispari-
homogène et modérée. Comme certains processus tumo- tion complète de l'œdème osseux. C'est donc un diagnos-
raux sont hypervasculaires avec une prise de contraste pré- tic d'élimination porté sur ses caractéristiques évolutives
coce et intense, l'utilisation de séquences dynamiques peut favorables. L'algodystrophie présente des caractéristiques
être utile, la tumeur étant rehaussée par le contraste plus IRM identiques ; elle évolue cliniquement vers la guérison
a b c
Fig. 17.4 Œdème de la moelle osseuse de la tête fémorale survenu en fin de grossesse, contrôle IRM effectué en post partum.
(a) Coupe coronale T2 FS montrant un hypersignal épiphysométaphysaire diffus de la tête fémorale droite. Coupes coronales pondérées T1 avant
(b) et après (c) injection de gadolinium montrant un hyposignal se rehaussant de manière homogène. L'évolution favorable sans séquelle permet
de conclure à une ostéoporose transitoire de la hanche.
a b c
Fig. 17.5 Algodystrophie. (a) Coupe coronale T1 montrant un hyposignal cervicocéphalique gauche étendu à la région pertrochantérienne,
diffus, homogène, isolé. (b) Coupe coronale DP FS montrant un hypersignal relativement homogène. (c) Coupe transversale T2 FS montrant un
épanchement intra-articulaire associé à l'œdème osseux. Le diagnostic est compatible avec une algodystrophie ou une ostéoporose transitoire de
la hanche. L'évolution a montré une résolution complète des anomalies en 24 mois.
Chapitre 17. IRM du bassin 257
a b c
Fig. 17.7 Lésion ostéochondrale de la tête fémorale survenue lors d'un traumatisme sportif 2 mois auparavant, avec douleur persis-
tante sans anomalie radio-échographique. (a) Coupe coronale T1 montrant un discret hyposignal linéaire sous-chondral du pôle supérieur de
la tête fémorale droite (flèche). (b) Coupe sagittale T1 FS montrant l'extension du trait en hyposignal doublant la plaque osseuse sous-chondrale
(flèche). (c) Coupe coronale T2 montrant la lésion en hyposignal (flèche).
258 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
Labrum et conflit
fémoro-acétabulaire
Labrum
Les lésions labrales sont surtout rencontrées dans les dys-
plasies de hanche et chez les patients présentant un conflit
fémoro-acétabulaire. Elles s'associent fréquemment à des
lésions chondrales et peuvent être à l'origine d'une dégé-
nérescence arthrosique ultérieure. Elles sont souvent dou-
loureuses, avec sensation de claquement lors de la flexion,
rotation externe et abduction de la hanche, mais elles
peuvent être asymptomatiques et sont fréquentes chez les
patients âgés [14].
L'arthro-IRM est la technique de choix dans cette indica-
a tion, même si l'IRM standard est susceptible de donner de
bons résultats, surtout à 3 T. L'examen est réalisé avec une
antenne de surface par une séquence en TSE T2 coronale et
une séquence 3D pondérée en T1 permettant des épaisseurs
de l'ordre du millimètre et des reconstructions multipla-
naires, radiaires et dans l'axe du col fémoral. Le labrum pré-
sente un hyposignal régulier sur l'ensemble des séquences,
son signal pouvant devenir plus intense et hétérogène avec
l'âge du fait d'une dégénérescence. Classiquement trian-
gulaire (deux tiers des cas), il peut toutefois être plat ou
rond voire absent dans 14 % de la population [15]. Il peut
présenter un récessus le séparant du cartilage cotyloïdien,
en général peu profond, surtout en postéro-inférieur et en
antéro-inférieur, exceptionnellement en antérosupérieur où
les lésions prédominent.
Les lésions se caractérisent par un labrum irrégulier avec
un hypersignal labral ou séparant le labrum du cartilage
voire du cotyle en T2, avec une image de fissure remplie
b par le produit de contraste sur les séquences d'arthro-IRM.
Fig. 17.8 Fracture de stress. (a) Coupe coronale T1 montrant un trait Elles prédominent en antérosupérieur entre 10 et 12 heures.
de fracture cervical étendu. (b) Coupe coronale T2 réalisée un an plus Au maximum, le labrum est totalement détaché du cotyle.
tard montrant l'extension épiphysaire de la fracture avec déformation Ces lésions peuvent être associées à des kystes souvent
débutante de la tête fémorale (flèche).
a b
c d
Fig. 17.9 Fracture de fatigue sacrée bilatérale chez une patiente ostéoporotique. (a, b) Coupes T1 transversale (a) et coronale (b) montrant
un hyposignal diffus des ailerons sacrés. (c, d) Coupes T1 après injection de gadolinium montrant un rehaussement de l'œdème et la visualisation
des traits de fractures linéaires en hyposignal (flèches).
Chapitre 17. IRM du bassin 259
b
Fig. 17.11 Kyste labral antérieur. (a) Coupe transversale pondérée
en T2 FS montrant un kyste multiloculé développé au sein du labrum
antérieur. (b) Coupe coronale DP FS montrant le développement du
kyste en périphérie d'un labrum irrégulier et en hypersignal.
b
b
Fig. 17.13 Conflit fémoro-acétabulaire. Arthro-IRM. (a) Coupe
Fig. 17.12 Kyste labral postérieur. (a) Coupe transversale T2 FS mon- coronale T1 FS montrant une lésion labrale avec fissure opacifiée par
trant une masse de signal liquidien au contact d'un labrum postérieur le contraste (flèche), un cartilage acétabulaire supérieur irrégulier, une
en hypersignal. (b) Coupe scannographique transversale après arthro- ostéophytose capitale (tête de flèche) et un bord cervical supérolatéral
graphie montrant une fissure du labrum (flèche), une chondropathie convexe (flèche pointillée). (b) Coupe transversale T1 FS montrant la
cotyloïdienne et un début d'opacification du kyste (flèche pointillée). lésion labrale (flèche) se prolongeant en antérieur et la déformation
antérieure de la jonction cervicocéphalique fémorale (flèche pointillée).
Les lésions tendineuses surviennent chez des sujets plus âgés extramusculaire respectant un contingent musculaire plus
du fait de lésions traumatiques répétées ou de lésions dégénéra- ou moins important et sans rétraction. Le grade 3 se traduit
tives. Dans les lésions de tendinose, l'IRM montre un épaissis- par un hématome étendu avec rétraction du muscle, toutes les
sement tendineux avec élévation du signal souvent hétérogène fibres étant rompues. Un hématome occupant plus de 50 %
en T1 et T2. Dans les ruptures partielles, il existe un hypersignal de la surface musculaire en coupe transversale, ou relative-
liquidien intratendineux. Dans les ruptures complètes, le ten- ment étendu en longueur, une collection liquidienne focale
don est soit discontinu, soit allongé et aminci. Dans les ruptures ou une rupture des fibres profondes à distance de la jonction
chroniques, les muscles sont souvent atrophiés avec dégénéres- myotendineuse sont des facteurs de récupération plus longue,
cence graisseuse. Des épanchements au sein des bourses sont en général supérieure à 6 semaines. L'hématome musculaire
souvent associés, survenant parfois isolément sans lésion tendi- est en isosignal T1 et hypersignal T2 à sa phase aiguë, puis
neuse franche. Des anomalies péritendineuses à type d'hypersi- en hypersignal T1 et T2 à la phase subaiguë, et en hyposi-
gnal peuvent être visibles. Il peut exister aussi des anomalies de gnal T1 et T2 à la phase chronique. À ce stade, la rétraction
signal osseuses au niveau de l'insertion tendineuse. musculaire s'accompagne d'une atrophie et d'une infiltration
Les lésions musculaires sont de deux types : soit il s'agit graisseuse (fig. 17.14). La myosite ossifiante complique par-
d'un claquage, le plus souvent lors d'une contraction excen- fois un traumatisme musculaire. Elle se caractérise par une
trique en pratique sportive, soit il s'agit d'un traumatisme prolifération ostéoblastique produisant de l'os mature en péri-
direct. Dans le claquage, les lésions siègent préférentielle- phérie, circonscrivant une zone d'os immature qui elle-même
ment à la jonction myotendineuse. Dans le traumatisme entoure un centre nécrotique et hémorragique. Il en résulte
direct, les lésions siègent en regard de l'impact musculaire. une ossification centripète progressive caractéristique en cas
Cliniquement, on distingue trois grades de lésion : le grade 1 de notion traumatique récente, plus inquiétante en l'absence
correspond à un simple « claquage » avec étirement muscu- de notion traumatique. La radiographie et le scanner restent
laire, se traduisant par une douleur sans perte de force ; le supérieurs à l'IRM qui apprécie difficilement l'anneau ossifié
grade 2 est celui de la déchirure musculaire partielle avec et qui peut montrer un aspect non spécifique et suspect [17].
diminution de la force musculaire et de la mobilité ; le grade 3 Les ischiojambiers (chef long du biceps fémoral, semi-
correspond à une rupture complète associée à une rétrac- tendineux et semi-membraneux), muscles bi-articulaires,
tion musculotendineuse et une impotence marquée. Quel sont le siège de lésions fréquentes chez les sprinters et les foot-
que soit le stade, le muscle est initialement tuméfié. Dans le balleurs. Les fractures avulsions intéressent surtout les ado-
grade 1, l'IRM montre un hypersignal T2 penniforme centré lescents sportifs. Chez l'adulte, les lésions intéressent surtout
par la jonction myotendineuse. Dans le grade 2, elle montre les tendons du biceps fémoral et du semi-tendineux, respec-
un hématome en hypersignal T2 hétérogène intra- voire tant plus souvent celui du semi-membraneux (fig. 17.15).
a b c
Fig. 17.14 Rupture chronique des tendons ischiojambiers droits (biceps et semi-tendineux). (a) Coupe transversale T1 passant par les
ischions montrant un amincissement des tendons ischiojambiers droits comparativement à gauche. (b) Coupe coronale DP FS montrant la rupture
proximale des tendons ischiojambiers droits. (c) Coupe transversale passant par le tiers supérieur des cuisses montrant l'amyotrophie des muscles
ischiojambiers à la face postérieure de la cuisse droite avec infiltration graisseuse des corps musculaires et abaissement des lames tendineuses
épaissies comparativement à gauche, respectant le semi-membraneux en médial.
a b c
Fig. 17.15 Rupture des ischiojambiers. (a) Coupe transversale DP au niveau de la racine de la cuisse montrant une collection hématique en
rapport avec une rupture complète des tendons ischiojambiers droits. (b, c) Coupes coronales T2 en excitation d'eau selon la technique Dixon
montrant l'extension en hauteur de l'hématome (b) et les tendons flottant au sein de l'hématome (c) avant prise en charge chirurgicale.
262 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
La tendinose survient du fait de contraintes répétées chez niveau de son insertion sur la ligne âpre à la face postérieure
des sportifs ou chez des patients souffrant de goutte, de dia- de la diaphyse fémorale. L'aspect en IRM peut être trompeur
bète, d'une hyperparathyroïdie ou de collagénose. Les cla- avec un hypersignal musculaire étendu, non systématisé,
quages surviennent en général à la jonction myotendineuse pouvant faire croire à une lésion musculaire traumatique,
et intéressent plus souvent la longue portion du biceps d'autant que la calcification est difficile à visualiser, en hypo-
fémoral, parfois en association avec le semi-tendineux ou le signal (fig. 17.17). Certaines calcifications peuvent migrer et
semi-membraneux qui sont rarement touchés isolément. se résorber au sein du grand trochanter, créant un œdème
Les abducteurs de la hanche sont les moyen et petit glu- osseux. Enfin, rappelons que toutes les bursites trochanté-
téaux. Ils s'insèrent sur le grand trochanter. Trois bourses de riennes ne sont pas dégénératives, mais parfois inflamma-
glissement sont présentes au contact de la grande tubérosité toires dans la polyarthrite rhumatoïde (PR) ou infectieuses,
fémorale, accompagnant les tendons. Contrairement aux avec une atteinte classique dans la tuberculose où la bur-
autres tendons pelviens où la pathologie prédomine chez les site s'associe à des anomalies osseuses en hyposignal T1 et
sportifs, l'atteinte des glutéaux prédomine chez les patients hypersignal T2 et parfois des abcès froids des parties molles
plus âgés et chez les femmes. Des lésions de tendinose, rup- (fig. 17.18). Comme dans toute pathologie dégénérative, il
ture partielle ou complète, et des avulsions ont été décrites faut rapporter les constatations faites en imagerie à la cli-
en IRM. Dans la rupture partielle, le tendon peut être de nique, certaines anomalies de signal T2 constatée au contact
morphologie normale, épaissi ou aminci avec un hypersi- du grand trochanter n'étant pas symptomatiques, en par-
gnal liquidien en son sein sur les séquences pondérées en ticulier celles situées entre le tendon du moyen glutéal en
T2. La rupture complète, souvent chronique, se traduit par dedans et la bandelette iliotibiale en dehors [14, 18].
une solution de continuité tendineuse avec rétraction, ou Le muscle psoas-iliaque est un fléchisseur et rotateur de
une élongation tendineuse caractérisée par une longueur la hanche. Une bourse le sépare de la hanche et du pubis,
de plus de 2 cm entre le trochanter et la jonction myoten- la plus volumineuse de l'organisme, pouvant communiquer
dineuse. Une bursite est associée aux lésions tendineuses avec l'articulation de la hanche dans 15 % des cas. La symp-
dans 40 % des cas. Les ruptures s'associent souvent à une tomatologie en rapport avec les lésions du psoas-iliaque est
amyotrophie voire une dégénérescence musculaire, mais assez peu spécifique (douleur pubienne ou à la flexion de
celles-ci se rencontrent aussi en dehors de rupture, en par- hanche) et ces lésions sont souvent une découverte d'ima-
ticulier chez les sujets âgés à mobilité réduite ou chez les gerie ; la survenue dans un contexte sportif doit orienter
patients porteurs de prothèse (fig. 17.16). Des calcifications vers une lésion myotendineuse (fig. 17.19). Les atteintes
d'hydroxyapatite peuvent se déposer au niveau des tendons dégénératives sont rares. Les avulsions du petit trochanter
glutéaux, mais elles prédominent sur le grand glutéal au surviennent surtout lors de la pratique de sport nécessi-
tant une flexion violente de la cuisse sur un membre infé-
rieur en extension (tir au football), ou chez les sujets âgés
ou ostéoporotiques, et doivent alors faire rechercher une
pathologie tumorale sous-jacente, surtout en cas de rupture
spontanée. Parfois, le tendon se rompt, sans arrachement
osseux associé, la lésion échappant à la radiographie stan-
dard. Les hématomes du muscle psoas sont relativement
fréquents chez les patients anticoagulés. Les métastases du
psoas sont relativement fréquentes, en particulier dans les
néoplasies à point de départ pelvien (col de l'utérus). Les
bursites peuvent être idiopathiques, secondaires à une PR,
une goutte, une ostéochondromatose synoviale, une syno-
a vite villonodulaire, une infection, des contraintes répétées
chez les sportifs, ou à une prothèse totale de hanche (PTH).
En IRM, elle se présente en hyposignal T1 et hypersignal
liquidien T2 (fig. 17.20) [19].
Le muscle droit antérieur est le muscle le plus souvent
lésé dans les atteintes quadricipitales du fait de son carac-
tère bi-articulaire. Les avulsions intéressent l'adolescent
sportif (football), en particulier l'attache du tendon direct,
alors que les claquages et ruptures traumatiques, plus fré-
quents, touchent la jonction myotendineuse de l'adulte avec
une prédilection pour la lame tendineuse postérieure pro-
venant du tendon indirect. L'IRM a un rôle avant prise en
b charge chirurgicale d'une rupture rétractée. C'est un muscle
fréquemment impliqué en pathologie sportive (football
Fig. 17.16 Rupture chronique du tendon du moyen glutéal avec
bursite. (a) Coupe coronale T1 montrant un allongement avec épais-
[fig. 17.21], rugby) et souvent de manière répétée et chro-
sissement du tendon moyen glutéal gauche (flèche) avec amyotrophie nique, se traduisant par des cicatrices fibreuses et des calci-
et dégénérescence graisseuse du corps musculaire (flèche pointillée). fications entourant la jonction myotendineuse qui apparaît
(b) Coupe coronale T2 FS montrant un épanchement liquidien dans la alors épaissie en hyposignal asymétrique comparativement
bourse tendineuse (flèche). au côté opposé [20].
Chapitre 17. IRM du bassin 263
a b c
d
Fig. 17.17 Calcification du grand glutéal gauche en cours de résorption avec douleur intense de survenue brutale. (a, b) Coupes trans-
versales T2 FS montrant une bursite du grand glutéal (a) avec une calcification hétérogène (flèche) et un hypersignal œdémateux musculaire (b).
(c) Coupe coronale T2 FS montrant la calcification du tendon grand glutéal (flèche noire), l'œdème et la bursite en hypersignal liquidien (flèche
blanche). (d) Radiographie montrant la calcification en arrière de la ligne âpre du fémur.
a b c
d
Fig. 17.18 Tuberculose du grand trochanter droit. (a) Coupe coronale T1 montrant une rupture chronique du tendon moyen glutéal avec
allongement tendineux et amyotrophie musculaire s'associant à des irrégularités osseuses. (b) Coupe transversale T2 FS montrant un hypersignal
hétérogène trochantérien étendu aux parties molles latérales avec un abcès froid antérieur de signal liquidien (flèche). (c) Coupe transversale T1
FS avec gadolinium montrant un rehaussement hétérogène de l'atteinte osseuse et une prise de contraste périphérique de l'abcès froid (flèche).
(d) Coupe frontale DP FS antérieure montrant l'extension en hauteur de l'abcès en hypersignal dans les masses musculaires.
264 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
a b c
Fig. 17.21 Lésion du tendon direct du droit fémoral gauche sur avulsion ancienne chez un footballeur. (a, b) Coupes coronales pondérées
T1 (a) et T2 FS (b) montrant un épaississement avec allongement en hypersignal hétérogène du tendon avec un signal T2 liquidien en son sein
(flèche). (c) Coupe transversale T2 FS montrant les anomalies tendineuses ainsi qu'un hypersignal osseux du toit du cotyle et montrant un fragment
osseux pseudarthrosé en avant, difficile à voir en IRM (flèche).
b
Fig. 17.22 Lésion des adducteurs gauches chez un footballeur.
(a) Coupe transversale PD FS montrant un hypersignal du tendon
conjoint et des muscles adducteurs gauches, touchant surtout le long
adducteurs. (b) Coupe coronale T2 FS montrant l'extension en hauteur
des anomalies musculaires.
Coxarthrose
Cette pathologie est tellement fréquente que ses signes IRM
doivent être connus, d'une part parce que l'IRM peut être b
demandée devant une coxarthrose fruste radiologiquement,
Fig. 17.23 Pubalgie chronique chez un footballeur. (a, b) Coupes
d'autre part parce que l'arthrose peut être associée à un
coronales T2 excitation d'eau (Dixon) montrant un hypersignal hétéro-
autre diagnostic ou le compliquer, comme dans le cas d'une gène de la symphyse (flèche) avec hypersignal des berges pubiennes (a)
ONA, ou bien être présente sur la hanche controlatérale. et image liquidienne (flèche) en rapport avec une fente secondaire se
L'amincissement cartilagineux est visible sur les séquences prolongeant en avant et à gauche traduisant une avulsion osseuse (b).
en suppression de graisse T2, mais est au mieux exploré
par arthro-IRM. Les lacunes sous-chondrales sont visibles de rattacher la géode à l'arthrose et d'éliminer une excep-
sous forme de zones arrondies en hypersignal liquidien T2 tionnelle tumeur (fig. 17.25). La condensation sous-chon-
et hyposignal T1. Elles prédominent sur le versant acéta- drale est en hyposignal T1 et T2. Il n'y a habituellement pas
bulaire, mais peuvent se rencontrer en fémoral et prendre d'œdème diffus de la moelle osseuse, mais plutôt des ano-
parfois un aspect macrogéodique, l'IRM permettant alors malies de signal focales mal limitées hypo-intenses en T1 et
266 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
a b c
Fig. 17.24 Syndrome du muscle piriforme avec sciatalgie gauche tronquée sans signe rachidien. IRM lombaire normale. Coupes coronales
T1 (a) et DP FS (b) montrant une hypertrophie du piriforme gauche dont le signal est identique aux muscles glutéaux. (c) Coupe transversale T1
montrant le muscle hypertrophié à la face antérieure duquel chemine le nerf sciatique (flèche).
a b c
Fig. 17.25 Arthrose macrogéodique. (a) Coupe coronale T2 FS montrant une lésion de signal liquidien dans la tête fémorale, bien circonscrite,
s'associant à un œdème modéré en périphérie et à un discret pincement articulaire. (b) Coupe coronale T1 montrant la lésion en hyposignal,
éliminant la nécrose. (c) Coupe sagittale T1 après injection de gadolinium montrant le rehaussement de l'œdème et l'absence de prise de contraste
de la lésion lytique, éliminant le diagnostic de tumeur compte tenu de l'aspect général de la lésion et de sa localisation sous-chondrale.
a b
c d
Fig. 17.28 Métallose. (a) Coupe transversale T1 montrant une collection en arrière de la PTH et du grand trochanter (flèche). (b) Coupe trans-
versale T1 gadolinium montrant un rehaussement de la synovite (flèche) circonscrivant un épanchement. (c, d) Coupes coronales STIR passant
par le fémur (c) et en arrière de celui-ci (d). Des plages en hyposignal correspondant à la métallose sont visualisées en périphérie et au sein de la
synovite (flèches).
Les complications osseuses sont en rapport avec des frac- suspecter une résorption entraînant un descellement asep-
tures de stress au contact des pièces prothétiques, une non- tique ou non (fig. 17.33).
intégration de la prothèse ou une ostéolyse dont les causes L'IRM est désormais performante en cas de prothèse
ont été citées précédemment (fig. 17.32). L'intégration d'une douloureuse et a toute sa place en complément de la
PTH doit être au moins partielle à défaut d'être complète. radiologie, de l'échographie et du scanner lorsque ces
L'intégration est caractérisée par un contact direct entre techniques n'ont pas permis de mettre en évidence d'ano-
la prothèse ou le ciment périprothétique et l'os trabécu- malie significative. Comparativement au scanner, elle a
laire. L'interposition d'une membrane fibreuse de signal pour principal avantage de ne pas être irradiante, alors
intermédiaire ou élevé peut se voir entre l'os et la prothèse, que le scanner doit être réalisé en haute définition et avec
correspondant au liseré clair visible sur les clichés radio- des doses d'irradiation élevées, surtout si le patient est
graphiques. Cette membrane doit être inférieure à 2 mm porteur de deux PTH.
d'épaisseur, régulière et non évolutive. Autrement, il faut
Chapitre 17. IRM du bassin 269
b
Fig. 17.29 Infection sur PTH. (a) Coupe coronale TSE T1 WARP-VAT montrant une synovite avec hyposignal du cotyle périprothétique. (b) Coupe
coronale STIR WARP-VAT montrant un œdème osseux du cotyle, débordant sur les parties molles en périphérie, sans abcès.
b
Fig. 17.30 Conflit psoas–PTH chez une patiente porteuse de deux PTH. (a) Coupe coronale STIR montrant un hypersignal au contact du
tendon du psoas gauche (flèche), non retrouvé à droite. (b) Coupe transversale STIR montrant la bursite peu volumineuse autour du tendon du
psoas gauche au contact de la PTH (flèche). Noter les artéfacts en périphérie des deux PTH.
270 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
Fig. 17.31 PTH droite avec persistance de douleur lors des mouvements de rotation. Coupe transversale STIR montrant un hypersignal du
muscle obturateur externe (flèche).
a b c
Fig. 17.32 Ostéolyse bifocale périprothétique. (a) Coupe transversale T1 montrant une lésion nodulaire cotyloïdienne antérieure en hyposignal
(flèche) au contact de la prothèse. (b) Coupe transversale T1 avec gadolinium montrant une collection périprothétique fémorale avec rehausse-
ment hétérogène circonscrivant une plage liquidienne (flèche). (c) Coupe coronale STIR montrant les plages acétabulaire et fémorale, cette dernière
présentant des éléments en hyposignal en rapport avec des débris métalliques (flèche).
a b
Fig. 17.33 Ostéolyse périprothétique. (a) Coupe coronale DP FS montrant une vaste plage de signal liquidien sous-prothétique, descendant
dans la diaphysaire fémorale. (b) Coupe coronale T1 avec injection de gadolinium, montrant l'absence de rehaussement de la lésion et confirmant
sa nature liquidienne, non tumorale, à l'origine d'un descellement.
Chapitre 17. IRM du bassin 271
PLAN DU CHAPITRE
Technique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 273 Cartilages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 300
Pathologie méniscale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 273 Ostéonécrose . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 301
Pathologie ligamentaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . 285 Pathologies diverses. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 304
Technique
L'exploration est systématiquement réalisée dans les trois
plans de l'espace. Le genou est positionné en extension et
en rotation indifférente ou légèrement externe, l'interligne
fémorotibial au centre de l'antenne. L'acquisition trans-
versale permet l'étude fémoropatellaire, de l'ensemble des
ligaments et notamment du pivot central, et des parties
molles en périphérie du genou. La séquence sagittale, per-
pendiculaire au plan bicondylien, est la séquence de réfé-
rence pour l'étude des ménisques et des ligaments croisés.
La séquence coronale, parallèle au plan bicondylien, est
complémentaire de l'acquisition sagittale pour l'étude
méniscale et du pivot central, et permet d'analyser les
ligaments collatéraux, le point d'angle postérolatéral et les
cartilages fémorotibiaux.
Les protocoles actuels privilégient les séquences TSE DP
et T2 avec fat sat, 2 ou 3D [1, 2]. Fig. 18.1 Les deux ménisques occupent toutes la surface des
L'exploration d'une lésion tumorale ou d'une lésion syno- plateaux tibiaux et viennent au contact des ligaments croisés.
viale nécessite la réalisation de séquences pondérées en T1 Séquence coronale DP FS.
avant et après injection de gadolinium sans ou avec satura-
tion du signal graisseux.
une mobilité restreinte. Le ménisque latéral est fixé de
manière plus lâche à la capsule dont il est séparé au niveau
Pathologie méniscale de son segment postérieur par le tendon poplité et son
récessus qui communique avec l'articulation. Il est ainsi
Aspect IRM normal plus mobile que le médial. Les liens avec la capsule sont
Les ménisques ont une forme en croissant de lune, ouvert assurés par les ligaments méniscocapsulaires.
pour le médial, plus fermé pour le latéral. Le latéral est Les deux ménisques s'insèrent sur la surface tibiale en
relativement symétrique alors que le médial présente un avant et en arrière du massif spinal. Les attaches posté-
segment postérieur plus épais que l'antérieur. Ils occupent rieures passent au contact des tubercules (épines) tibiaux
toute la partie postérieure des plateaux tibiaux, sans espace et viennent s'insérer entre ces tubercules. Ces attaches
libre jusqu'au massif spinal ; le ménisque médial vient au sont importantes car leur rupture peut entraîner une
contact du ligament croisé postérieur (LCP) (fig. 18.1). Ils instabilité méniscale, en particulier médiale. Elles sont
sont au contact des cartilages, habituellement sans inter- normalement en hyposignal, mais leur orientation peut
position de liquide entre leur face inférieure et le cartilage les exposer à un artéfact d'angle magique, surtout pour
tibial. Leur périphérie est épaisse et discrètement convexe. l'attache du ménisque latéral. Les segments antérieurs
Le ménisque médial est solidement uni à la capsule avec sont parfois liés entre eux par le ligament transverse
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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274 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
a b c
Fig. 18.2 Ligament méniscal transverse. (a) Coupe coronale DP ; le ligament joint les segments antérieurs de deux ménisques. (b) Coupe
sagittale DP ; le ligament est punctiforme en avant des croisés. (c) Coupe transversale DP, le ligament apparaît comme une bande en hyposignal à
la partie antérieure de l'interligne fémorotibial.
Fig. 18.4 Dans le plan sagittal, les ménisques ont la forme d'un nœud papillon sur les coupes marginales. (a). Ménisque médial.
(b) Ménisque latéral.
Chapitre 18. IRM du genou 275
Fig. 18.5 En extension, le ménisque médial peut présenter Les anomalies méniscales se traduisent par des hyper-
un aspect « déplissé », qui disparaît si l'examen est réalisé en signaux dont la situation par rapport aux surfaces arti-
flexion.
culaires du ménisque a permis la classification en trois
grades [4].
■ Le grade 1 correspond à un hypersignal focal, nodulaire,
Lésions méniscales intraméniscal, sans communication avec l'articulation.
Le diagnostic de lésion méniscale se pose devant des ano- Histologiquement, il s'agit d'une dégénérescence muci-
malies de signal ou de morphologie. Les lésions dégéné- neuse ou myxoïde localisée. Cet hypersignal se rencontre
ratives ou les fissures entraînent une augmentation des chez des sujets asymptomatiques des deux sexes, de tous
molécules d'eau qui interagissent avec les macromolécules âges, sportifs ou non (fig. 18.6).
méniscales. Il en résulte une augmentation modérée du T2. ■ Le grade 2 est défini par un hypersignal linéaire,
Le contraste entre la lésion et le signal méniscal est maximal intraméniscal, habituellement étendu à la périphérie
sur les séquences à TE court, notamment les séquences en mais respectant les surfaces articulaires. Il peut s'agir
densité protonique (DP) avec un TE inférieur à 20 ms, en SE là encore de lésions dégénératives. Les patients avec
ou TSE pondérées T1 et en DP et sur les séquences en écho une lésion de grade 2 sont habituellement asympto
de gradient (EG). matiques (fig. 18.7).
Fig. 18.7 Hypersignal linéaire de type 2, respectant les bords du ménisque médial. (a). Séquence coronale DP FS. (b) Séquence sagittale
DP FS.
276 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
a b c
Fig. 18.8 Lésion méniscale caractéristique, l'hypersignal s'ouvrant sur l'articulation en interrompant la surface méniscale. (a) Coupe
sagittale DP FS. (b) Coupe coronale DP FS. (c) Coupe transversale DP FS ; sur cette image, la lésion est caractérisée par l'interruption de l'hyposignal
méniscal normal (flèche).
a b
c d
Fig. 18.9 Lésion en anse de seau du ménisque médial. (a) Coupe coronale DP FS montrant un ménisque médial en hypersignal avec un
fragment libéré dans l'échancrure (flèche). (b) Coupe coronale DP FS plus postérieure ; le fragment méniscal luxé dans l'échancrure reste attaché
au segment postérieur (flèche). (c) Coupe transversale DP FS ; le fragment méniscal est situé en dedans du LCP (flèche). (d) Coupe sagittale para-
médiane montrant la languette méniscale raccordée au segment postérieur du ménisque (flèche).
a b
c d
Fig. 18.12 Différents exemples de migration d'un fragment méniscal. (a–c) Trois exemples de migration d'un fragment méniscal médial
libre à différents endroits au sein de l'articulation (flèches). (d) Migration latérale d'un fragment du ménisque latéral (flèche), en dedans du plan
capsuloligamentaire et en avant du tendon poplité (tête de flèche).
a b c
Fig. 18.13 Lésions méniscales radiaires. (a) Coupe sagittale DP montrant une interruption complète du nœud papillon du ménisque latéral.
(b, c) Coupes sagittale et coronale DP montrant une interruption partielle, inférieure du ménisque médial (flèche).
l'organisation concentrique des fibres collagènes, rendant le séparant ce segment de l'insertion tibiale du LCP qui est
ménisque non fonctionnel et instable. Sur les coupes sagit- normalement au contact du ménisque doit impérativement
tales, elle se traduit par un hypersignal perpendiculaire au attirer l'attention (fig. 18.14). La fissure radiaire prédomine
grand axe méniscal, dirigé du bord libre vers la périphérie au niveau des segments postérieurs des deux ménisques
du ménisque, plus ou moins étendu sur sa profondeur et sa puis aux segments moyen et antérieur du ménisque laté-
hauteur, entraînant une interruption partielle ou complète ral [10]. Rare à la partie moyenne du ménisque médial, elle
du ménisque qui réapparaît normalement sur les coupes est exceptionnelle sur son segment antérieur.
adjacentes (fig. 18.13). Sur les coupes coronales, elle doit Quatre signes IRM ont été décrits dans les plans sagittal
être suspectée devant l'interruption de l'hyposignal ménis- ou coronal afin d'optimiser la détection de ces lésions [11] :
cal. Le défaut de recouvrement total du plateau tibial par le ■ signe du triangle tronqué : amputation du bord libre du
segment postérieur du ménisque médial ou un hypersignal ménisque ;
Chapitre 18. IRM du genou 279
a b
c d e
Fig. 18.14 Lésion radiaire postérieure du ménisque médial. (a, b) Coupes coronales DP FS ; le ménisque médial ne couvre pas toute la partie
postérieure du plateau tibial contrairement au latéral. (c–e) Coupes sagittales contiguës montrant la disparition complète du segment postérieur
(ménisque « fantôme ») avant d'arriver sur le LCP.
■ signe de la fente : hypersignal linéaire vertical à travers le méniscectomie. La cause semble liée à la méniscectomie qui
ménisque ; modifie la biomécanique du genou et crée des contraintes à
■ signe de la fente en marche : déplacement de l'hypersi- l'origine de la lésion radiaire [12]. Il existe une association
gnal vertical de la périphérie au bord libre du ménisque ; entre lésion radiaire et arthrose sur le compartiment médial,
■ signe du ménisque fantôme : disparition complète de sans lien de causalité bien défini. Il est en particulier difficile
l'hyposignal méniscal normal remplacé par un hyper de dire si l'arthrose favorise la survenue d'une lésion radiaire
signal complet sur une ou plusieurs coupes adjacentes. ou si c'est le contraire [13].
Les deux fragments méniscaux, séparés selon le grand
axe du ménisque, ne sont donc plus fixés au tibia que par
une extrémité et deviennent mobiles, rendant ces lésions, Désinsertion méniscocapsulaire
même limitées, particulièrement instables, favorisant C'est une lésion connue des arthrographistes, le produit de
la survenue de lésions dégénératives articulaires voire contraste séparant alors la base du ménisque de la capsule.
d'ostéonécrose [11]. Ce type de lésion semble fréquent après La sensibilité de l'IRM dans ce type de lésion est moins
280 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
b
b Fig. 18.16 Coupes coronales T2 FS – le ménisque médial instable
est déplacé en dedans de l'interligne fémorotibial médial. (a) Le
Fig. 18.15 Désinsertion méniscocapsulaire. (a) Coupe coronale ménisque conserve une forme et un signal relativement satisfaisants.
T2 FS montrant un hypersignal liquidien séparant le ménisque médial Il existe une arthrose évoluée avec disparition du cartilage et remanie-
du plan capsulaire. (b) Coupe sagittale DP FS montrant une interrup- ments osseux avec hypersignaux sous-chondraux et déformation de
tion des ligaments méniscocapsulaires par un hypersignal intense, la plaque osseuse. (b) Coupe plus postérieure montrant un ménisque
s'associant à un hypersignal au contact du plateau tibial médial. refoulé en dedans, déformé et de signal hétérogène.
Chapitre 18. IRM du genou 281
Images pièges
Les images pièges sont importantes à connaître pour éviter
des diagnostics de lésion méniscale portés par excès.
■ Le ligament transverse relie les segments antérieurs des
ménisques (voir fig. 18.2). La présence de graisse ou de Fig. 18.18 Coupe sagittale DP FS montrant l'insertion du liga-
liquide le séparant du ménisque peut simuler une lésion ment méniscofémoral à la partie postérieure du ménisque laté-
de grade 3. ral pouvant simuler une lésion de grade 3 (flèche).
282 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
■ Les insertions tibiales des ménisques présentent un signal poliomyélite chronique. L'aspect de nœud papillon peut
hétérogène et peuvent être visibles surtout au niveau du n'être visible que sur une seule coupe collatérale du fait de la
segment antérieur du ménisque latéral, dans le même petite taille du ménisque.
plan sagittal que l'attache du ligament transverse [23]. Le ménisque discoïde est considéré comme une déforma-
■ Un effet de volume partiel sur les coupes sagittales les plus tion congénitale. Il prédomine en latéral et est souvent bila-
périphériques peut donner un aspect de lésion de grade 2 téral. Il est exceptionnel en médial. Le ménisque discoïde
du fait de la présence de graisse et de structures vasculaires est ovale ou rond. Il peut être complet, recouvrant la totalité
périméniscales. L'hypersignal n'atteint jamais la surface arti- de la surface tibiale, incomplet, ne recouvrant que partiel-
culaire et disparaît sur la coupe suivante intra-articulaire. lement le plateau tibial, ou annulaire, c'est-à-dire circulaire
■ L'angle magique peut être à l'origine d'un hypersignal de et ouvert en son centre. En IRM, le ménisque présente un
la corne postérieure du ménisque latéral à sa partie la aspect de nœud papillon sur plus de trois coupes sagittales,
plus médiale qui réalise un angle d'environ 55° avec B0. pouvant se prolonger jusqu'à l'échancrure. Sur les coupes
Cet hypersignal disparaît avec l'allongement du TE ou coronales, il doit être suspecté si sa hauteur excède de 2 mm
avec le changement d'orientation du genou. celle du ménisque controlatéral ou si son axe radial est supé-
rieur à 14 mm au niveau du segment moyen (fig. 18.19). Ces
ménisques présentent fréquemment des hypersignaux de
Dysplasies méniscales grade 1 ou 2 sans fissuration décelable en arthroscopie et
L'hypoplasie est exceptionnelle. Un ménisque de petite taille peuvent être symptomatiques (douleur, craquement ou blo-
doit plutôt faire envisager une anse de seau ou un antécé- cage) du fait d'un gonflement local lié à la dégénérescence
dent de méniscectomie partielle. L'hypoplasie se rencontre (fig. 18.20). L'IRM est globalement moins performante pour
chez des patients atteints de polyarthrite juvénile ou de le diagnostic de lésion sur ménisque discoïde [24].
b
Fig. 18.19 Ménisque latéral discoïde. (a) Coupe coronale DP FS ;
le ménisque latéral est plus profond et plus épais que le médial. Il est Fig. 18.20 Ménisque médial discoïde. (a) Coupe sagittale DP FS
le siège d'une fissure avec migration d'un fragment (flèche). (b) Coupe paramédiane à proximité de l'échancrure. (b) Coupe coronale DP FS.
sagittale DP FS à proximité de l'échancrure ; le ménisque hétérogène Le ménisque occupe tout l'espace fémorotibial médial et présente un
couvre la totalité du plateau tibial. hypersignal interne.
Chapitre 18. IRM du genou 283
a b
c d
Fig. 18.22 Ménisque médial suturé. (a, b) Coupes sagittales DP et T2 ; la zone de suture est de signal intermédiaire, non liquidien en T2. (c, d) Coupes
sagittales DP et T2 après injection intra-articulaire de gadolinium ; la suture est en signal intermédiaire en DP, bas en T2 sans pénétration de contraste.
a b
c d
Fig. 18.23 Kyste méniscal médial. (a) Coupe coronale DP FS. Le kyste développé au niveau du mur méniscal s'étend en dedans de l'interligne
et présente un signal hétérogène, non liquidien, lié à son contenu protéique épais. Le ménisque médial présente une fissure horizontale en regard
du kyste. (b–d) Autre cas, plus typique au niveau du signal et lui aussi associé à une fissure méniscale médiale.
Chapitre 18. IRM du genou 285
Pathologie ligamentaire Il est visible dans le plan sagittal qui constitue le meil-
leur plan d'analyse, montrant la totalité du trajet sur une
Ligament croisé antérieur ou deux coupes (fig. 18.26). Il est toujours identifiable dans
C'est le stabilisateur le plus important du genou et c'est aussi
le ligament le plus souvent lésé lors des traumatismes graves
du genou. Son étude représente une des principales indica-
tions d'IRM du genou avec l'étude des ménisques.
Les lésions du LCA sont en augmentation avec le déve-
loppement de la pratique sportive.
Différents mécanismes lésionnels sont impliqués dans les
ruptures [29].
Anatomie
Le LCA s'insère à la partie postérieure de la face médiale du
condyle fémoral latéral. Il se dirige obliquement de haut en a
bas et d'arrière en avant dans l'échancrure intercondylienne
pour se terminer sur le plateau tibial en avant et en dehors
de l'épine tibiale antérieure, entre les segments antérieurs
des ménisques. Son diamètre moyen est centimétrique ;
il s'élargit à son insertion tibiale où il présente un signal
discrètement hétérogène. Il est intra-articulaire mais extra
synovial ; en conséquence, il n'est pas accessible directement
à l'arthroscopie et tout épanchement articulaire peut être
visualisé en avant du LCA mais pas en arrière dans l'espace
le séparant du LCP.
Il est composé de deux faisceaux. L'un, antéromédial, est b
puissant et tendu en flexion ; l'autre, postérolatéral, se tend Fig. 18.25 LCA normal avec faisceau antéromédial (flèche)
en extension (les faisceaux sont nommés en fonction de leur et postérolatéral (tête de flèche). (a) Coupe coronale DP FS.
insertion tibiale) (fig. 18.24). Ils sont tous les deux visibles (b) Coupe transversale DP FS.
en IRM, en particulier sur les coupes transversales ou coro-
nales (fig. 18.25).
b
Fig. 18.24 Coupe sagittale oblique reconstruite dans le plan du
LCA à partir d'une séquence TSE FS 3D montrant les deux fais- Fig. 18.26 Coupe sagittale DP FS montrant le LCA sur tout son
ceaux ligamentaires. trajet (flèche). (a) Coupe 2D. (b) Coupe 3D.
286 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
les plans transversal et coronal, fin, bien limité avec des osseuses et instabilité. Ces signes sont variables selon la
contours réguliers. Il est ovale ou elliptique sur les coupes phase à laquelle est réalisée l'IRM (la phase aiguë corres-
transversales passant par le haut de l'échancrure. Ce plan de pond aux deux premières semaines suivant le traumatisme ;
coupe montre souvent l'organisation en deux faisceaux du la phase subaiguë va de la 2e à la 8e semaine ; la phase chro-
LCA (voir fig. 18.24 et fig. 18.25). Il s'insère sur le fémur nique débute au-delà).
environ 1 cm plus haut que le LCP. Les reconstructions 3D
permettent une analyse fine du LCA et de ses deux faisceaux Signes directs
dans tous les plans (fig. 18.27). Les signes directs concernent le signal et la morphologie
du LCA. En phases aiguë et subaiguë, le LCA est épaissi
Rupture du LCA avec un signal augmenté (fig. 18.28). Ces anomalies sont
Cliniquement, la rupture du LCA est évoquée devant un focales ou diffuses, le LCA n'étant alors plus identifiable
traumatisme violent, douloureux, avec une hémarthrose au sein de l'hématome quel que soit le plan d'analyse [29].
souvent retardée et, à l'examen, des signes d'instabi- Le ligament n'est plus tendu mais courbe ou plus ou
lité avec tiroir antérieur et ressaut rotatoire. La notion moins horizontal. Il y a une perte de parallélisme avec
de traumatisme est essentielle lors de la suspicion de le toit de l'échancrure. La perte de verticalité du frag-
rupture. Parfois, ce traumatisme peut cependant être ment distal du LCA entraîne une diminution de l'angle
minime, en particulier chez les patients en surpoids. À la formé par le LCA et le plateau tibial. En prenant une
phase chronique, c'est une laxité qui pousse le chirurgien orientation plus horizontale, le LCA peut venir se mettre
à demander l'IRM, ou bien c'est la recherche de lésions en nourrice sur le LCP et cicatriser dans cette position,
associées. faisant disparaître le ressaut rotatoire (fig. 18.29). Dans
En IRM, la rupture complète se manifeste par des signes certains cas, le moignon distal du LCA, attaché au tibia,
directs qui intéressent le ligament et par des signes indi- peut être basculé en avant vers la graisse de Hoffa. Il
rects qui sont les conséquences de la rupture : contusions entre alors en conflit avec le condyle fémoral latéral et
le plateau tibial lors de l'extension du genou, expliquant
le flessum retrouvé à l'examen clinique. En IRM, ce moi-
gnon prend soit une forme nodulaire antérieure de signal
hétérogène, élevé ou intermédiaire, sur l'ensemble des
a b c
Fig. 18.28 Lésion du LCA, épaissi et de signal globalement augmenté, mais conservant son orientation (flèche). (a) Coupe transversale
DP FS. (b) Coupe coronale DP FS. (c) Coupe sagittale DP FS.
Chapitre 18. IRM du genou 287
a b c
Fig. 18.30 Rupture du LCA avec migration antérieure du moignon tibial (flèche). (a) Coupe sagittale DP. (b) Coupe coronale DP FS.
(c) Coupe transversale DP FS.
Fig. 18.33 Rupture proximale du LCA, initialement instable cliniquement, ayant cicatrisé avec stabilisation clinique. Coupes sagittales
DP FS réalisées sur 18 mois. (a) IRM à une semaine ; le LCA est en hypersignal, épaissi, mais conserve une orientation anatomique « normale ».
(b) À 12 semaines, le LCA reste de signal modérément augmenté et épaissi. (c) À 6 mois, le genou est stable et le LCA a récupéré un signal quasi
normal. (d) À 1 an, le LCA est redevenu normal ; le patient a repris ses activités sportives à son niveau initial.
Signes indirects
Les signes indirects sont constitués par les contusions
osseuses et l'instabilité.
Contusions osseuses
Les contusions osseuses sont contemporaines des phases aiguë
et subaiguë, et peuvent s'accompagner d'une hémarthrose.
Elles sont en hyposignal T1 et en hypersignal T2 ou sur les
séquences en suppression de graisse qui sont les plus sensibles
pour les détecter. Elles sont soit osseuses pures, soit ostéo-
a chondrales. Elles expliquent fréquemment la persistance des
symptômes douloureux en l'absence d'autre lésion, notam-
ment méniscale. Elles peuvent persister plus de 6 semaines
après le traumatisme initial, voire beaucoup plus en cas de
traumatisme sévère. Elles sont d'autant plus longues à dispa-
raître que le genou présente des lésions dégénératives arthro-
siques [33]. Elles peuvent réapparaître secondairement en cas
d'accidents d'instabilité répétés des ruptures chroniques.
Les plus fréquentes sont celles du compartiment latéral,
et en particulier du bord postérieur du plateau tibial laté-
ral (PTL) au niveau de l'insertion de la capsule (fig. 18.35),
s'associant en fonction de son importance à un traumatisme
b cartilagineux [34]. L'avulsion du bord latéral du PTL à l'in-
Fig. 18.34 Avulsion de l'insertion tibiale du LCA. (a) Coupe sagit- sertion tibiale du LCL, d'une partie de la bandelette iliotibiale
tale DP FS montrant un LCA continu détaché du plateau tibial avec et d'un faisceau oblique antérieur du ligament fibulaire laté-
une contusion tibiale en hypersignal. (b) Coupe sagittale T2 ; le LCA est ral, correspond à la fracture de Segond que l'on peut visuali-
continu en hyposignal avec un fragment de signal osseux à sa partie ser sur le cliché radiographique de face [35]. Elle est plus rare
distale plus facile à identifier que sur la séquence FS (flèche). mais pathognomonique de rupture du LCA (fig. 18.36).
Chapitre 18. IRM du genou 289
a
a
b
b Fig. 18.36 Fracture de Segond pathognomonique d'une rupture
du LCA. (a) Coupe coronale DP FS montrant l'arrachement osseux
Fig. 18.35 Lésions du plateau tibial latéral (PTL) au cours d'une
à l'insertion du plan ligamentaire latéral (flèche) et la lésion du LCA
lésion du LCA. (a) Coupe sagittale latérale DP FS. Contusion posté-
(tête de flèche). (b) Radiographie du genou correspondant montrant
rieure du PTL avec hypersignal non circonscrit du spongieux dans une
la fracture (flèche).
rupture du LCA (flèche). (b) Coupe sagittale DP montrant une fracture
ostéochondrale du PTL avec discret enfoncement (flèche).
b
Fig. 18.40 Coupe coronale DP FS montrant des contusions Fig. 18.41 Instabilité majeure suite à une rupture du LCA.
osseuses diffuses prédominant aux plateaux tibiaux et intéres- (a) Coupe sagittale latérale montrant l'avancée du PTL sous le CFL.
sant aussi les deux condyles fémoraux. Lésion du LCA en hypersi- (b) Même coupe montrant l'avancée du PTL sous le ménisque latéral
gnal (tête de flèche) et du ménisque médial (flèche). qui reste fixé au plan capsulaire.
Chapitre 18. IRM du genou 291
b
Fig. 18.42 Rupture partielle du LCA. (a) Coupe sagittale DP FS mon-
trant un LCA épaissi de signal hétérogène avec persistance de fibres
continues en hyposignal (flèche). (b) Coupe coronale T2 FS montrant
des fibres en hyposignal (flèche) et une contusion osseuse tibiale pos-
térieure (tête de flèche). b
Fig. 18.43 Séquence T2 3D d'une rupture partielle du LCA avec
reconstructions dans le grand axe du ligament montrant les
Ruptures partielles fibres continues en hyposignal au sein de l'hématome en signal
Les ruptures partielles sont de diagnostic difficile cliniquement, intermédiaire. (a) Reconstruction sagittale oblique. (b) Reconstruction
en arthroscopie et en IRM. Elles intéressent plus volontiers le coronale oblique.
faisceau antéromédial, le plus puissant, et ont alors souvent
la même présentation clinique que les ruptures complètes. L'atteinte isolée du PAPL est possible, mais rare. Elle est
D'autres n'entravent pas la stabilité du genou. Les études IRM plus souvent associée à des lésions des ligaments croisés soit
ont montré une faible sensibilité de l'IRM dans le diagnostic de à la phase aiguë du traumatisme, soit à la phase chronique
ces lésions. Le diagnostic est évoqué devant un élargissement du fait de la répétition d'accidents d'instabilité. L'IRM met
focal de signal T2 élevé du LCA n'intéressant qu'une par- en évidence une augmentation de signal, un épaississement
tie des fibres ou devant un amincissement du LCA, les fibres ou une absence de visualisation des éléments du PAPL et en
épargnées restant en hyposignal (un seul faisceau persiste à la particulier du tendon du poplité, du LCL, du tendon bici-
phase chronique) (fig. 18.42). Les reconstructions 3D parallèles pital, du ligament poplité arqué et de la capsule postérieure
et perpendiculaires au plan du LCA sont plus sensibles pour (fig. 18.44). Elle peut montrer une fracture de la tête de la
détecter les ruptures partielles, montrant plus aisément les fibula correspondant à une avulsion de l'insertion du LCL et
fibres non rompues qui restent en hyposignal (fig. 18.43). signant constamment une instabilité rotatoire postérieure.
Un hypersignal T2 de l'extrémité supérieure de la fibula
Lésions associées doit de même faire évoquer une atteinte du PAPL (voir
Les lésions associées aux ruptures du LCA sont importantes fig. 18.39).
à rechercher afin d'adapter la thérapeutique. Des lésions méniscales traumatiques sont fréquemment
Les lésions des autres ligaments sont fréquemment asso- associées aux ruptures du LCA. Elles intéressent plus par-
ciées, en particulier le ligament collatéral médial (LCM). ticulièrement les segments postérieurs et sont verticales,
Plus le traumatisme est violent, plus le nombre de ligaments pouvant survenir simultanément en latéral et en médial
lésés est important. Les luxations traumatiques du genou (fig. 18.45). Le segment postérieur du ménisque latéral est
s'accompagnent souvent de lésions ligamentaires majeures. écrasé entre le CFL et le PTL. Cette lésion est peu sympto-
Les lésions du point d'angle postérolatéral (PAPL) doivent matique et ne nécessite habituellement pas de thérapeutique
être reconnues car leur ignorance peut entraîner l'échec spécifique, sauf si elle est étendue, atteignant le segment
d'une ligamentoplastie du LCA avec instabilité rotatoire per- moyen, ou instable. L'extension de la lésion par rapport
sistante. En IRM, la plupart des éléments anatomiques du au tendon poplité est donc importante à mentionner. Le
PAPL sont aisément identifiables [43]. ménisque médial est lésé initialement lorsqu'il existe des
292 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
a b
c d
Fig. 18.44 Lésion du point d'angle postérolatéral (PAPL) chez un patient présentant un traumatisme grave avec rupture du LCA.
(a, b) Coupes coronales pondérées en T2 FS montrant des lésions du LCL (flèche), du muscle poplité (flèche épaisse) et du LCM et du point d'angle
postéromédial (PAPM) (tête de flèche). (c) Coupe sagittale DP FS montrant un hypersignal de la coque postérieure (flèche) et du muscle poplité
(flèche épaisse) ainsi que des contusions osseuses fémorotibiales (têtes de flèche). (d) Coupe transversales DP FS montrant l'hypersignal du muscle
poplité (flèche blanche), des coques postérieures (lésion du PAPM ; flèches noires) et des contusions osseuses (têtes de flèche).
signes de traumatisme du compartiment médial. L'atteinte méniscales associées. Plus il y a de lésions ligamentaires,
est alors plus souvent périphérique, longitudinale avec anse plus la sensibilité de l'IRM dans la détection des lésions
de seau. Les lésions du ménisque médial peuvent survenir méniscales associées baisse. La sémiologie IRM des rup-
initialement avec parfois une lésion associée du point d'angle tures du LCA est identique chez l'enfant, sachant que des
postéromédial (coque articulaire, semi-membraneux et gas- contusions osseuses sont plus fréquentes en dehors de rup-
trocnémien médial) (fig. 18.44), ou secondairement du fait tures ligamentaires [45].
de l'instabilité persistante dans les ruptures chroniques [44].
Chirurgie du ligament croisé antérieur
Performances de l'IRM La plastie est habituellement réalisée avec un autotransplant du
Les performances de l'IRM dans le diagnostic des ruptures tiers moyen du tendon patellaire avec prélèvement à chaque
complètes du LCA sont excellentes, puisque la sensibilité extrémité d'un fragment osseux patellaire et tibial. Le semi-
est de 95 % avec une spécificité de 100 %. L'IRM est moins tendineux, le droit interne, le tendon calcanéen et la bandelette
performante dans le diagnostic de lésion partielle, qu'elle iliotibiale peuvent être utilisés. L'amélioration des techniques
sous-estime en cas de stabilité et qu'elle surestime en cas au site de prélèvement rendant meilleure la qualité du greffon
d'instabilité clinique. Les signes indirects ont une bonne et la quasi-absence de complication au site de prélèvement ont
spécificité mais une moindre sensibilité, dépendant pour donné un regain d'intérêt pour les greffons adducteurs [46].
les contusions osseuses des séquences réalisées et de la L'orifice du tunnel tibial doit être situé en arrière de l'in-
précocité de l'examen. Les signes d'instabilité dépendent sertion du LCA et son bord antérieur doit être en arrière du
du positionnement du genou dans l'antenne qui réduit le prolongement du toit de l'échancrure (voir fig. 18.46). Le tun-
déplacement antérieur du tibia. Les performances de l'IRM nel tibial est idéalement parallèle au toit de l'échancrure [47].
sont en revanche un peu moins bonnes pour les lésions L'orientation du greffon par rapport au plateau tibial dans le
Chapitre 18. IRM du genou 293
b
Fig. 18.45 Lésions méniscales traumatiques verticales associées
à une rupture du LCA. Noter les contusions osseuses en hypersignal
et l'épanchement. (a) Coupe sagittale DP FS médiale. (b) Coupe sagit-
tale DP FS latérale.
plan coronal doit se rapprocher de celle du LCA normal [48]. Fig. 18.47 Séquence sagittale DP FS d'une rupture d'une plastie
Une plastie de l'échancrure est souvent réalisée, surtout si elle de LCA avec un tunnel tibial (flèche) trop antérieur par rapport
est trop étroite ou si la position du greffon expose à un risque au toit de l'échancrure (tête de flèche). Le greffon n'est plus visible
de conflit [49]. Le positionnement des tunnels et la morpho- dans l'échancrure et en hypersignal dans le tunnel tibial. Noter l'arté-
logie de l'échancrure sont les éléments les plus importants fact fémoral lié à l'utilisation de matériel métallique.
pour éviter la survenue de complications. Si le tunnel tibial
est trop antérieur, alors le greffon entre en conflit avec le toit
de l'échancrure en extension. Une étroitesse de l'échancrure médiaire intrasubstantiel sur les séquences DP ou T2, 4 ans
ou la présence d'un ostéophyte peut avoir des conséquences après la ligamentoplastie, plus souvent linéaire que nodu-
identiques. laire, malgré un positionnement satisfaisant des tunnels [52].
Conflit
Le conflit se traduit cliniquement par des douleurs, une
mobilité réduite en extension, une instabilité ou un épanche-
ment. Il est favorisé au niveau du toit par une position trop
antérieure du tunnel tibial. En IRM, le greffon est épaissi,
de signal élevé, mais reste continu. Il peut être déformé
au contact de la zone de conflit (fig. 18.49). La plastie de b
l'échancrure peut permettre de lever le conflit.
Fig. 18.49 Conflit entre la plastie et un ostéophyte du toit de
Syndrome du cyclope l'échancrure (flèche blanche). Les deux coupes sagittales DP FS
contiguës (a, b) montrent la continuité du greffon (flèche noire) qui est
Le syndrome du cyclope correspond à la présence d'un en hypersignal en regard de l'ostéophyte.
nodule fibreux plus ou moins volumineux se développant
en avant du greffon avec présence d'un tissu de granula-
tion pouvant contenir des éléments cartilagineux voire intermédiaire en T1 et T2, hétérogène, s'étendant plus ou
osseux. Il est à l'origine d'un défaut d'extension et de dou- moins en direction de la graisse de Hoffa [54]. Le greffon
leur antérieure survenant en moyenne 16 semaines après peut avoir un signal normal ou élevé (fig. 18.50). Des cas
la ligamentoplastie, bien que des délais d'apparition plus ont été décrits en dehors de toute lésion du LCA, devant la
longs soient possibles, plusieurs années après la chirurgie. présence de nodules présentant les mêmes caractéristiques
En IRM, il se manifeste par une structure de signal bas ou IRM et histologiques [55].
a b c
Fig. 18.50 Cyclope caractérisé par une masse se développant en avant du greffon qui reste continu, de signal normal. (a) Coupe sagit-
tale DP FS ; le cyclope est de signal élevé (flèche). (b) Coupe sagittale DP, le cyclope est de signal intermédiaire, hétérogène. (c) Coupe sagittale
T1 FS avec gadolinium ; le cyclope de bas signal n'est pas rehaussé.
Chapitre 18. IRM du genou 295
Anatomie
Le LCP naît de la face latérale du condyle fémoral médial
(CFM), puis se dirige en arrière et en bas vers le bord pos-
térieur de la fosse intercondylienne du tibia. Il est plus large
à son insertion proximale. Comme le LCA, il est intra-
articulaire mais extrasynovial. Il est composé d'un faisceau b
antérolatéral et d'un faisceau postéromédial. Fig. 18.51 LCP normal. (a) Coupe sagittale DP. Le LCP est continu,
en contact étroit avec les ligaments de Humphrey (flèche) et Wrisberg
Physiopathologie (flèche épaisse). (b) Coupe coronale DP FS.
La rupture isolée du LCP est rare. Elle s'associe dans deux
tiers des cas à des lésions du LCA ou du PAPL avec des
risques élevés d'évolution vers l'arthrose [58]. Les deux
principales circonstances de survenue sont les accidents de le LCA, le diagnostic de rupture partielle (fig. 18.53) est dif-
la voie publique (AVP) et les traumatismes sportifs violents. ficile [60]. Dans les avulsions, le LCP est de signal normal,
Les contusions osseuses sont antérieures. les anomalies siégeant sur le plateau tibial.
À la phase chronique, le LCP présente un signal et une
Aspect IRM normal morphologie variables. Il peut avoir un aspect de pseudo
Le LCP est la structure la plus facilement identifiée sur les continuité du fait de la présence des ligaments ménisco-
images IRM. Il est en hyposignal plus marqué que le LCA, fémoraux qui peuvent masquer la rupture. L'IRM peut
bien analysé dans le plan sagittal, où il apparaît visible montrer des signes d'instabilité avec tiroir postérieur
sur tout son trajet sur une ou deux coupes [59]. Il est en (fig. 18.54).
relation étroite avec les ligaments méniscofémoraux de Les associations lésionnelles sont fréquentes, intéressant
Humphrey et de Wrisberg qui passent respectivement en les autres ligaments, le PAPL et les ménisques (fig. 18.55).
avant et en arrière du LCP. Il est initialement convexe en Des contusions osseuses sont mises en évidence dans les
haut et en arrière, puis plus rectiligne et vertical dans ses semaines suivant le traumatisme, antérieures au niveau du
deux tiers distaux. Ses bords sont réguliers et ses limites tibia et antérieures ou postérieures au niveau des condyles
nettes (fig. 18.51). selon le mécanisme lésionnel. Une fracture identique à celle
de Segond peut être retrouvée à l'insertion du LCM sur le
bord médial du plateau tibial médial. Elle se rencontre dans
Rupture du ligament croisé postérieur les traumatismes violents avec lésions du LCP, des éléments
La rupture complète est diagnostiquée devant un hyper capsuloligamentaires collatéraux et postérieurs ainsi que du
signal localisé ou diffus intéressant toute l'épaisseur des ménisque médial [61].
fibres, voire une disparition complète du LCP. À la phase La ligamentoplastie du LCP est plus rarement réali-
aiguë, les contours ligamentaires sont flous et le LCP est sée que celle du LCA, mais elle est indispensable quand
épaissi (fig. 18.52). Le caractère partiel est évoqué si une une instabilité persiste compte tenu du risque arthrogène
partie des fibres est respectée, en hyposignal. Comme pour (fig. 18.56).
296 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
a
a
b
Fig. 18.53 Rupture proximale partielle du LCP. (a) Coupe sagit-
tale DP montrant une augmentation de signal hétérogène de la partie
b
proximale du LCP avec des fibres qui semblent continues. (b) Coupe
Fig. 18.52 Rupture du LCP. (a) Coupe sagittale T1 montrant un sagittale T2 confirmant le respect d'une partie des fibres en hyposignal
LCP de signal élevé, épaissi et de contour flou. Présence d'une et permettant d'affirmer une rupture partielle.
contusion osseuse tibiale antérieure (flèche). (b) Coupe sagittale
T2 montrant une solution de continuité à la partie moyenne du
ligament (flèche). continues, ayant l'aspect d'une fane de céleri. Parfois, un kyste
dissocie parfaitement les deux faisceaux du LCA (fig. 18.59).
Après injection de gadolinium, les parois du kyste peuvent se
Kystes des ligaments croisés rehausser. Certains kystes peuvent s'étendre vers l'avant ou
Ces kystes sont souvent de découverte fortuite en IRM et plus souvent vers l'arrière des ligaments croisés, parfois dans
sont surtout connus depuis le développement de cette tech- l'os adjacent avec modification du signal osseux au contact,
nique. Souvent asymptomatiques, ils peuvent se manifester en particulier à l'insertion tibiale.
par des douleurs peu spécifiques, postérieures, des blocages L'IRM doit rechercher une autre cause aux symptômes
ou une sensation de claquement avec occasionnellement un car ces kystes sont très souvent quiescents cliniquement et
épanchement. Ils surviennent en dehors de toute notion de de découverte fortuite, en association avec des lésions carti-
traumatisme et sont souvent associés à des phénomènes de lagineuses ou méniscales.
dégénérescence mucineuse qui correspondent pour certains Ils doivent être différenciés d'une rupture ligamentaire
à des formes infiltrantes de kyste intraligamentaire [62]. Ils qui survient en général dans un contexte traumatique et
ne sont pas habituellement associés à des signes d'insuf- qui s'associe à des signes d'instabilité ou à des contusions
fisance ligamentaire et en particulier à une laxité. Ils pré osseuses. Il faut aussi les différencier d'un épanchement
dominent sur le LCA. intra-articulaire, en sachant qu'il n'y a pas de récessus arti-
Les signes de dégénérescence mucineuse se traduisent par culaire de grande taille entre les ligaments croisés (récessus
un ligament épaissi de signal intermédiaire ou élevé en T1 et inférieur à 10 mm de diamètre) et que le récessus postérieur
en DP, et relativement faible en T2 (fig. 18.57). Le kyste, quant du LCP est en contact avec les deux tiers distaux du liga-
à lui, présente un signal identique en T1 et DP mais un hyper- ment et jamais avec son tiers proximal [64].
signal liquidien franc en T2 (fig. 18.58) [63]. Les fibres nor- La différenciation entre dégénérescence mucineuse (ou
males du LCA sont visibles, dissociées, en hyposignal T2 mais forme infiltrante) et kyste est importante puisqu'un kyste
Chapitre 18. IRM du genou 297
a
Fig. 18.55 Coupe coronale DP FS d'une lésion du LCP (flèche)
associée à une lésion du LCL (tête de flèche).
Ligaments collatéraux
Ligament collatéral médial
Le LCM est composé d'un faisceau superficiel et d'un
faisceau profond. Une bourse séreuse sépare les deux
faisceaux.
b Dans la rupture, le mécanisme lésionnel principal est
l'application d'une force en valgus sur un genou fléchi. Là
Fig. 18.54 Rupture chronique du LCP. (a) Coupe sagittale DP FS
médiane montrant une absence de LCP dans l'échancrure avec seule-
encore, les associations lésionnelles sont fréquentes. Elles
ment un moignon distal. (b) Coupe sagittale DP FS latérale montrant doivent être envisagées en présence d'un épanchement car
un tiroir postérieur (le PTL se déplace en arrière du CFL) et des signes les ligaments collatéraux sont extra-articulaires et leur rup-
d'arthrose avec lacunes sous-chondrales du PTL. ture isolée n'entraîne pas d'hémarthrose.
a b
c d
Fig. 18.56 Rupture du LCP opérée. (a) Coupe sagittale DP FS montrant la rupture complète du LCP. (b, c) Coupes transversale et sagittale DP FS
8 mois après ligamentoplastie. (d) Coupe coronale T2 FS montrant un greffon continu, de signal hétérogène avec des fibres en hyposignal T2.
298 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
a b c
Fig. 18.57 Kyste infiltrant du LCA. (a) Coupe sagittale DP FS ; le kyste intraligamentaire en hypersignal modéré dissocie les fibres qui restent en
hyposignal. (b) Coupe coronale DP, le kyste est en signal intermédiaire. Il ne s'agit pas d'une rupture puisqu'il n'y a pas de notion traumatique ni
d'instabilité. (c) Coupe coronale T2 ; le signal du « kyste » diminue, correspondant plus à une dégénérescence mucineuse qu'à un véritable kyste,
l'infiltration a moins de chance d'être efficace.
a
a
b
b
Fig. 18.58 Kyste relativement volumineux de la tente des croi-
sés. (a) Coupe sagittale DP FS montrant un kyste de signal liquidien, Fig. 18.59 Kyste du LCA (flèches) séparant les deux faisceaux
multiloculé. (b) Coupe coronale T2 FS ; le kyste refoule les ligaments ligamentaires. (a) Coupe transversale DP FS. (b) Coupe coronale
contre les parois de l'échancrure. T2 FS.
Chapitre 18. IRM du genou 299
Aspect IRM
L'aspect IRM normal correspond à une bande fine, régu-
lière, de bas signal, étendue sur les faces médiales du tibia et
du fémur (fig. 18.60).
Les lésions se manifestent par un épaississement, un
dédoublement et une perte de la netteté des contours
du LCM. Il s'y associe des modifications de signal de la
graisse environnante qui devient hypo-intense en T1 et
hyperintense en T2 ou en suppression de graisse. Dans
les lésions sévères, le LCM est discontinu, de signal élevé
(fig. 18.61). Les lésions associées intéressent le plus souvent
a le LCA et le ménisque médial, plus rarement le LCP. Des
contusions osseuses peuvent se voir même en l'absence de
rupture du LCA. Elles intéressent le compartiment latéral et
surtout le PTL, plus rarement le compartiment médial.
À la phase chronique, le LCM est épaissi, en hyposignal.
Bursite du LCM
La bursite du LCM correspond à l'inflammation de la bourse
séparant les deux faisceaux. En IRM, on note une masse de
bas signal T1, hyperintense en T2 et non rehaussée par l'in-
jection de contraste, sauf au niveau de sa paroi séparant les
faisceaux superficiel et profond du LCM jusqu'à leur jonc-
tion postérieure [65] (fig. 18.62). Le LCM et le ménisque
b médial ne présentent pas d'anomalie. L'IRM permet de la
Fig. 18.60 LCM normal (flèche). (a) Coupe transversale DP FS. différencier d'un kyste méniscal en continuité d'une fissura-
(b) Coupe coronale DP FS. tion du ménisque ou d'une bursite de la patte d'oie.
a
a
b b
Fig. 18.61 Lésion sévère du LCM avec distension et hypersignal des Fig. 18.62 Bursite du LCM. Hypersignal liquidien T2 séparant les deux
fibres ligamentaires et hématome environnant. Noter la contusion faisceaux du LCM. Séquence 3D T2 FS. (a) Reconstruction coronale.
marginale du CFL. (a) Coupe coronale T2 FS. (b) Coupe transversale DP FS. (b) Reconstruction transversale.
300 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
a b
c d
Fig. 18.63 LCL normal. (a) Coupe sagittale DP FS. Le faisceau fémorofibulaire du LCL (flèche) est visualisé en avant du tendon du biceps fémoral.
(b) Coupe transversale DP FS montrant la partie haute du LCL (flèche) en dehors du tendon du poplité (flèche épaisse). (c, d) Coupes coronales
DP FS montrant les faisceaux fémorotibial et fémorofibulaire du LCL (flèches).
Ligament collatéral latéral dehors du biceps fémoral pour cravater le col de la fibula et
Le LCL forme la partie moyenne du plan ligamentaire latéral passer dans la loge antérolatérale de la jambe. Dans la luxa-
qui constitue le complexe postérolatéral ou PAPL. Son trajet tion, il est soit rompu, soit étiré. La présence d'une infiltra-
est discrètement oblique en bas et en arrière, et il s'attache tion œdémato-hémorragique au contact du biceps fémoral
sur la tête de la fibula avec le tendon du biceps et sur la face doit attirer l'attention et faire réaliser au moindre doute cli-
latérale du tibia. nique un électromyogramme.
Il est atteint en association avec des lésions du PAPL et
des ligaments croisés.
En IRM, il peut être analysé dans les trois plans. Il est Cartilages
postéromédian et sera visible sur les coupes frontales Les affections cartilagineuses du genou sont extrêmement
incluant la tête de la fibula. Il est hypo-intense, fin et régu- répandues, intéressant aussi bien le compartiment fémo-
lier (fig. 18.63). La sémiologie IRM des entorses et ruptures rotibial que fémoropatellaire. L'avantage de l'IRM compa-
est identique à celle du LCM (fig. 18.64). L'intérêt de l'IRM rativement aux autres techniques d'imagerie repose sur la
repose sur le bilan lésionnel. visualisation de l'ensemble de l'articulation dans de mul-
tiples plans, avec mise en évidence directe du cartilage tout
Luxation du genou en permettant l'étude du contenu articulaire et des struc-
La luxation fémorotibiale est exceptionnelle, contrairement tures osseuses.
à celle du compartiment fémoropatellaire. La première étape Les séquences les plus adaptées à l'étude du cartilage
de l'exploration est vasculaire. L'IRM est réalisée dans un sont les séquences TSE pondérées DP ou 3D TSE réali-
second temps pour faire le bilan des lésions ligamentaires, sées en saturation de graisse et les séquences 3D EG de
souvent multiples, méniscales et péri-articulaires. Les points type DESS ou SPGR, associées elles aussi à une saturation
d'angle sont souvent le siège de lésions importantes, en du signal graisseux. L'analyse du cartilage est toutefois
particulier musculotendineuses. L'atteinte du nerf fibulaire possible sur l'ensemble des séquences actuellement dispo-
commun devra être recherchée devant une hypoesthésie nibles. Des cartographies sont réalisables afin de mettre en
et un déficit des releveurs du pied avec steppage. Ce nerf évidence des modifications du T1 et du T2 du cartilage et
émerge du tronc sciatique et chemine en arrière puis en d'identifier des zones de souffrance parfois peu étendues ou
Chapitre 18. IRM du genou 301
b Ostéonécrose
L'ostéonécrose (ON) est soit primitive, soit secondaire. La
forme primitive ou spontanée touche plus volontiers des
femmes âgées en surpoids, est souvent de début brutal et
prédomine sur le CFM, en zone portante [70]. Les formes
secondaires ou systémiques se rencontrent après trans-
plantation rénale, dans les hémoglobinopathies et en par-
ticulier la drépanocytose, la maladie de Gaucher, le lupus,
l'alcoolisme, la corticothérapie et dans les suites de l'arthro
scopie. L'ON primitive serait une fracture par insuffisance
qui évolue mal [71]. De même, les ON observées dans les
Fig. 18.64 Lésion du LCL. (a) Coupe sagittale DP FS montrant la dispa- suites d'une arthroscopie pourraient être secondaires à des
rition du faisceau fémorofibulaire (flèche) en avant du tendon du biceps microtraumatismes dus au maniement de l'arthroscope ou
fémoral (tête de flèche) (comparer avec l'image a). (b) Coupe coronale à des contraintes anormales sur l'os sous-chondral en cas de
DP FS montrant la disparition des faisceaux ligamentaires latéraux (flèche). méniscectomie.
Dans les formes typiques, l'IRM montre un liseré hypo-
intense en T1 correspondant à l'interface réactionnelle et cir-
non visibles sur les séquences morphologiques. Le gain en conscrivant la nécrose. En T2, le liseré est souvent dédoublé,
résolution obtenu avec les machines 3 T permet une analyse en hypo- et hypersignal, vraisemblablement en rapport avec
plus détaillée de l'ensemble des cartilages comparativement un artéfact de déplacement chimique. Le signal du fragment
à 1,5 T. nécrotique est variable en T1 et en T2, avec un rehaussement
Le cartilage normal est organisé en quatre couches [66]. lui aussi variable après injection de gadolinium (fig. 18.68).
En IRM, le cartilage présente un aspect variable dépen- L'os adjacent peut être le siège d'un œdème, hypo-intense T1
dant du type de séquence utilisée, du vieillissement qui et hyperintense T2, ou de microfractures hypo-intenses T1
modifie son organisation et de son orientation par rapport et T2. Des formes atypiques sont fréquentes avec un liseré de
à Bo (angle magique). Un aspect plurilaminaire est décrit démarcation absent et l'œdème comme manifestation IRM
sur certaines séquences, sans correspondance fiable avec la prédominante (fig. 18.69). Ces formes, souvent rencontrées
constitution histologique du cartilage [67]. dans les ON spontanées, sont proches de l'algodystrophie,
La sémiologie IRM des lésions cartilagineuses comprend des œdèmes épiphysaires spontanément réversibles, des
des anomalies morphologiques et de signal. Le cartilage peut contusions osseuses traumatiques, et surtout des fractures
être le siège d'hypersignaux localisés, intrinsèques, parfois par insuffisance osseuse. Ces fractures sont aussi souvent
associés à un épaississement et qui correspond aux lésions caractérisées par des impactions épiphysaires se traduisant
initiales. L'évolution de l'atteinte cartilagineuse entraîne par des stries plus ou moins parallèles à la surface osseuse, en
des altérations morphologiques avec perte de substance se hyposignal sur toutes les séquences et qui peuvent s'étendre
traduisant par des fissurations ou des ulcérations plus ou à l'os sous-chondral, prenant ainsi un aspect proche de l'ON.
moins profondes pouvant atteindre l'os sous-chondral. À Le diagnostic précoce d'une ON mécanique incite à mettre
un stade ultérieur, l'IRM peut mettre en évidence des ano- le genou en décharge totale afin d'éviter l'effondrement de
malies osseuses sous-chondrales associées, en hyposignal la plaque osseuse sous-chondrale et l'évolution rapide vers
T1 et hypersignal T2, qui correspondent histologiquement l'arthrose (fig. 18.70). Un contrôle IRM à 3 mois permet
à de l'œdème, mais aussi à de la fibrose, de la nécrose ou d'apprécier l'évolution des anomalies osseuses. Tout l'inté-
à des remodelages des travées osseuses (fig. 18.65) [68]. rêt de l'IRM repose sur le diagnostic précoce et le suivi de la
Les ostéophytes, présentant un signal identique à celui de nécrose, bien avant que la radiographie ne montre des signes.
302 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
a b c
d e f
Fig. 18.65 Différents types de lésions chondrales. (a) Coupe transversale DP FS montrant une chondromalacie avec hypersignal et épaississe-
ment du cartilage patellaire. (b) Coupe transversale DP FS montrant des ulcérations superficielles du cartilage patellaire médial. (c) Reconstruction
transversale d'une séquence 3D DP FS montrant une ulcération profonde en « coup d'ongle » du cartilage patellaire atteignant l'os sous-chondral
avec irrégularités superficielles du cartilage médial. (d) Coupe sagittale DP FS montrant une dissection du cartilage trochléen avec hypersignal
osseux sous-jacent. (e, f) Coupes sagittale et coronale DP FS montrant une délamination du cartilage tibial latéral, épaissi, hétérogène avec signal
liquidien le séparant de l'os sous-chondral et hypersignal osseux.
a a
b
Fig. 18.68 Ostéonécrose aseptique typique multifocale chez une
patiente présentant un lupus. (a) Coupe sagittale T1 montrant une b
nécrose épiphysaire fémorale et tibiale latérale. (b) Coupe coronale
T2 FS montrant en plus une localisation tibiale médiale. Fig. 18.69 Ostéonécrose spontanée. (a) Coupe coronale T2 FS mon-
trant un hyposignal doublé d'un hypersignal au contact de l'os sous-
chondral du condyle fémoral latéral (CFL) s'associant à un hypersignal
diffus du condyle et des parties molles latérales du genou. (b) Coupe
sagittale montrant l'extension postérieure relativement étendue de la
nécrose.
a b c
Fig. 18.70 Nécrose mécanique du condyle fémoral médial (CFM) avec déformation osseuse sous-chondrale et important œdème.
(a, b) Coupes coronales DP FS et T1 montrant la nécrose avec liseré en hyposignal sous-chondral noyé dans l'œdème en T1. La plaque osseuse
sous-chondrale est déformée, convexe vers le haut. Noter l'importance de la réaction œdémateuse dans les parties molles en dedans du LCM.
(c) Coupe sagittale DP FS montrant une plaque osseuse sous-chondrale irrégulière faisant augurer une évolution arthrogène.
304 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
b
b
Fig. 18.71 Luxation de la patella sur dysplasie. (a) Coupe transversale
DP FS montrant une trochlée plate, une fracture ostéochondrale médiale Fig. 18.72 Luxation récente réduite de la patella sur dysplasie.
de la patella avec un fragment libéré dans l'hémarthrose (flèche) et un (a) Coupe transversale DP FS montrant une trochlée plate avec une
épaississement avec hypersignal de l'insertion du ligament patellaire médial prédominance latérale de la patella. Le ligament patellaire médial est
(tête de flèche). (b) Coupe sagittale DP médiane montrant l'absence de sinueux et discontinu (flèche). (b) Coupe sagittale DP FS montrant une
la patella en regard de la trochlée et une saillie supratrochléenne (flèche). contusion du CFL en position très antérieure et latérale.
Chapitre 18. IRM du genou 305
Fractures de fatigue
Les fractures de fatigue sont plus rares au genou que sur le
segment distal du membre inférieur. Elles sont surtout ren-
contrées chez les patients présentant une ostéoporose, ou
bien lors de sollicitations extrêmes. Elles intéressent préfé-
rentiellement le plateau tibial et se caractérisent par un trait
de fracture en hyposignal T1 et T2 parallèle à la surface
articulaire, entouré d'une plage d'œdème en hyposignal T1,
discret hypersignal T2. Le trait de fracture est plus difficile
à voir sur les séquences DP où il est souvent noyé dans l'hy-
persignal intense de l'œdème (fig. 18.73).
a b Plicae
Fig. 18.73 Fracture de fatigue du plateau tibial médial. Séquences
Les plicae sont des replis synoviaux, reliquats embryon-
3D T2 FS. (a) Reconstruction coronale. (b) Reconstruction sagittale. Le naires, sans fonction connue. Elles sont relativement fré-
trait de fracture est en hyposignal au sein de l'œdème en hypersignal quentes au genou. Elles se présentent sous forme linéaire
modéré. Noter la lésion méniscale médiale. en hyposignal T1 et T2 (fig. 18.74). L'infrapatellaire, la plus
a b
c d
Fig. 18.74 Plicae du genou. (a–c) Plicae suprapatellaire identifiable sur ces coupes DP FS dans les trois plans (a, sagittal ; b, transversal ; c, coronal)
sous forme d'un hyposignal linéaire (flèche noire) plus ou moins sinueux silhouetté par le liquide intra-articulaire. (d) Plicae médiopatellaire (flèche).
Coupe transversale DP FS montrant un repli synovial en dedans de la patella, parfois à l'origine d'une chondropathie patellaire médiale.
306 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
a b
c d
Fig. 18.76 Ostéochondrites. (a) Reconstruction transversale DP FS et (b) reconstruction sagittale DP FS. Localisation patellaire chez un adulte
jeune qui présente par ailleurs une dysplasie trochléenne avec saillie supratrochléenne et trochlée peu creusée. (c) Coupe transversale DP FS.
(d) Coupe sagittale DP FS. Localisation trochléenne (flèche) chez un adolescent dont les cartilages de croissance sont encore visibles.
Fig. 18.77 Tendinobursite de la patte d'oie. L'IRM montre un hypersignal liquidien péritendineux et bursal. (a) Coupe coronale DP FS. (b) Coupe
sagittale DP FS. (c) Coupe transversale DP FS.
Fig. 18.78 Tendinopathies patellaires. (a) Coupe sagittale DP FS montrant une entésopathie proximale chez un jeune basketteur (jumper's knee)
avec épaississement tendineux et hypersignal de la graisse postérieure et de la pointe de la patella. (b) Coupe sagittale DP FS montrant une entéso-
pathie distale fissuraire étendue chez un patient présentant un antécédent de maladie d'Osgood-Schlatter. Le tendon est épaissi, hétérogène avec
un signal liquidien linéaire intratendineux, une désinsertion partielle et un hypersignal de la tubérosité tibiale antérieure.
Fig. 18.79 Ruptures tendineuses. (a) Coupe sagittale T1 montrant une rupture complète avec rétraction modérée du tendon quadricipital.
L'hématome récent est en discret hypersignal T1. La patella est abaissée. (b) Coupe sagittale DP FS montrant une rupture proximale du tendon
patellaire avec ascension de la patella.
e xceptionnellement, une ossification peut apparaître. Le en antérieur au contact du tendon patellaire, en médial et
diagnostic différentiel est celui de la synovite villonodu- en latéral. Habituellement virtuelles, elles ne communiquent
laire qui se rehausse après injection de contraste et apparaît jamais avec l'articulation. La bourse prépatellaire est le siège
de forme plus « tumorale ». habituel des hygromas et pose peu de problème (fig. 18.81).
Les bourses patellaires inférieures pré- et rétrotendineuses
sont parfois enflammées lors des enthésopathies tibiales
Bursites du tendon patellaire (fig. 18.82). Les bourses médiales
Les bursites peuvent simuler des douleurs méniscales ou concernent le LCM, le semi-membraneux et la patte d'oie.
tendineuses. Les principales bourses du genou sont situées La bursite du semi-membraneux (différente d'un épan-
Chapitre 18. IRM du genou 309
Fig. 18.80 Maladie de Hoffa. Séquence 3D DP FS. (a) Reconstruction sagittale montrant un comblement de la profondeur de la graisse de Hoffa
par un processus hétérogène mal circonscrit contenant des dépôts en hyposignal d'hémosidérine. (b) Reconstruction transversale.
Kystes du genou
Fig. 18.81 Coupe sagittale DP FS montrant un volumineux Les kystes du genou sont fréquents. L'IRM peut être intéres-
hygroma prépatellaire. sante pour préciser la localisation exacte de ces kystes et leur
origine (kystes poplités, des croisés, mucoïdes, méniscaux,
du nerf fibulaire commun, adventitiels de l'artère poplitée
ou intraosseux). Leur signal est typiquement liquidien,
hypo-intense en T1, hyperintense franc en T2, d'intensité
variable en DP (fig. 18.83) avec un rehaussement pariétal
éventuel après injection de gadolinium, ce qui permet de les
différencier de certaines tumeurs de même signal (schwan-
nome, myxome).
Syndrome de la bandelette
iliotibiale (bandelette de Maissiat)
ou de l'essuie-glace
Ce syndrome entraîne des douleurs du compartiment latéral
chez les coureurs à pied et les cyclistes. Il est dû à un conflit
entre la bandelette iliotibiale et le bord latéral du condyle
Fig. 18.82 Bursite rétropatellaire de signal liquidien tapissant la fémoral latéral dans les mouvements de flexion et d'exten-
face profonde du tendon. Reconstruction sagittale d'une séquence sion du genou. L'IRM montre un œdème de la graisse située
3D DP FS. entre la bandelette et le condyle, pouvant remonter jusqu'au
vaste latéral, avec dans certains cas une structure de signal
chement du récessus articulaire conjoint à ce muscle et au liquidien identique à celle rencontrée dans les bursites
gastrocnémien médial qui, lorsqu'il est rempli de liquide [79]. À un stade chronique, la bandelette peut être épaissie,
d'origine articulaire, constitue le kyste poplité) est localisée à pouvant mesurer plus de 5 mm contre 2,5 mm normale-
son insertion sur le bord postéromédial du tibia sous l'inter- ment [77] (fig. 18.84).
310 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
a b
c d
Fig. 18.83 Kyste préfibulaire. Noter la variabilité du signal en fonction du TR et du TE. (a) Coupe DP FS TR = 2000 ms, TE = 13 ms. (b) Coupe
transversale DP FS TR = 4080, TE = 27 ms. (c) Coupe coronale DP FS TR = 3630 ms, TE = 11 ms. (d) Coupe coronale T2 FS TR = 3630 ms, TE = 87 ms.
Algodystrophie
L'algodystrophie, plus rare au genou qu'à la hanche ou à la
cheville, se traduit par un œdème osseux caractérisé par un
hyposignal T1, un hypersignal T2 mal circonscrit, isolé et
parfois migrateur (fig. 18.85). Il n'est pas rare que l'algo-
dystrophie touche le genou après avoir initialement atteint
la hanche ou la cheville. L'aspect d'œdème osseux n'est
pas spécifique et d'autres diagnostics doivent être éliminés
(nécrose, œdème transitoire, infection, traumatisme, etc.).
a Synovite villonodulaire
C'est une maladie rare. Le genou représente 80 % de l'en-
semble des localisations. On distingue les formes diffuses,
surtout articulaires, des formes localisées qui peuvent toucher
les articulations, les bourses séreuses et les gaines tendineuses
(appelées tumeurs à cellules géantes dans ces localisations).
Cliniquement, il existe un gonflement avec limitation et rai-
deur et parfois blocage. Elle doit être évoquée devant une
hémarthrose en dehors d'un contexte traumatique ou d'hémo-
philie. L'hémarthrose fait souvent défaut dans la forme focale.
L'IRM est intéressante puisqu'elle montre un aspect carac-
téristique du fait de la présence de dépôts d'hémosidérine
donnant un hyposignal marqué sur les séquences pondérées
b en T2, notamment en EG. Dans la forme diffuse, l'ensemble
de la synoviale est hypertrophié. Dans la forme focale, elle
Fig. 18.84 Syndrome de la bandelette iliotibiale. (a) Coupe trans-
se traduit par une masse synoviale qui peut exceptionnel-
versale DP FS montrant un hypersignal (flèche) séparant la bandelette
du condyle fémoral latéral. (b) Coupe coronale DP FS montrant l'exten-
lement être pédiculée, intéressant avant tout le cul-de-sac
sion en hauteur de l'hypersignal des parties molles de la face profonde infrapatellaire au contact de la graisse de Hoffa, l'échan-
de la bandelette (flèche). crure intercondylienne ou le cul-de-sac suprapatellaire.
Chapitre 18. IRM du genou 311
a b c
Fig. 18.85 Algodystrophie migratrice. (a) Coupe coronale T1 montrant un hyposignal de type œdème du CFL. (b) Coupe coronale T2 FS réalisée
3 mois après montrant la migration de l'œdème caractérisé par un hypersignal dans le CFM. (c) Coupe coronale T2 FS réalisée 6 mois après la
précédente montrant la persistance d'un œdème du CFM et l'apparition d'un œdème du PTL.
Fig. 18.86 Synovite villonodulaire focale de la graisse de Hoffa. (a) Coupe sagittale T1 montrant un processus hétérogène avec éléments punc-
tiformes de signal très bas en arrière du tendon patellaire. (b) Coupe sagittale T2 montrant un aspect très hétérogène et de bas signal de la lésion.
(c) Coupe sagittale EG T2 confirmant la présence d'éléments en hyposignal correspondant à de l'hémosidérine et montrant une extension en avant
et en dessous du tendon patellaire. (d) Coupe sagittale T1 après injection de gadolinium montrant un rehaussement intense et diffus de la lésion.
Elle se présente sous forme d'une masse des parties molles, sein. En cas de doute, les séquences pondérées en T2 en EG
tissulaire, bien limitée, ovoïde ou polylobée, iso- ou hype- peuvent montrer des hyposignaux punctiformes. Quelle que
rintense en T1 par rapport aux muscles, de signal variable soit la forme, il existe en général un rehaussement marqué
et hétérogène en T2 en général bas du fait de la présence après injection de gadolinium lié à la prolifération vasculaire
d'hémosidérine. Elle n'apparaît que rarement en hypersi- importante (fig. 18.86). Le bilan préthérapeutique par IRM
gnal franc en T2, sauf s'il existe des zones de nécrose en son est essentiel et toutes les l ocalisations doivent être décrites du
312 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
fait du risque de récidive après arthroscopie. En effet, il n'est [22] Zanetti M, Pfirmann CWA, Schmid MR, et al. Clinical course of
pas rare qu'une forme isolée s'accompagne d'autres locali- knees with asymptomatic meniscal abnormalities : Findings at 2-years
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Chapitre
19
IRM de la cheville et du pied
J.-L. Montazel, M. Pernodet, B. Vacherot
PLAN DU CHAPITRE
Méthode d'exploration. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 315 Syndrome du sinus du tarse . . . . . . . . . . . . . . . 333
Pathologie tendineuse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 315 Syndrome du tunnel ou canal tarsien . . . . . . . 334
Tendon calcanéen. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 316 Syndrome du carrefour postérieur. . . . . . . . . . 335
Tendon tibial postérieur . . . . . . . . . . . . . . . . . . 319 Névrome de Morton . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 335
Tendon tibial antérieur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 324 Ostéonécroses. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 337
Tendon long fléchisseur de l'hallux . . . . . . . . . 324 Synostoses du tarse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 338
Tendons fibulaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 324 Aponévrose plantaire superficielle. . . . . . . . . . 340
Lésions ligamentaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 326 Fractures de stress . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 342
Lésions ostéochondrales du talus . . . . . . . . . . . 331 Pied diabétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 342
Algodystrophie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 332
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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316 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
La ténosynovite sténosante survient lorsque la proliféra- parfois rencontrées lorsque les lésions intéressent le tendon
tion synoviale et la fibrose entraînent une cicatrice entourant distal ou son attache. Les enthésopathies sont favorisées par
le tendon, diminuant la mobilité de celui-ci et pouvant être à les anomalies morphologiques de la grosse tubérosité calca-
l'origine d'une rupture. En IRM, les lésions sont caractérisées néenne, en particulier les maladies de Haglund.
par leur signal bas ou intermédiaire dans les parties molles
en périphérie du tendon. Il n'y a pas d'hypersignal liquidien Rupture
franc et l'injection de gadolinium est souvent nécessaire pour La rupture prédomine chez l'homme et à un âge plus jeune
faire le diagnostic et évaluer l'extension précise des lésions. que la moyenne comparativement aux autres ruptures ten-
La rupture peut être aiguë ou chronique, partielle dineuses de la cheville. Le tendon est discontinu, épaissi, de
ou complète, et survient le plus souvent sur un tendon signal élevé en T2 et en fat sat. À la phase aiguë, la graisse
préalablement pathologique. Le signal est élevé en T2 à la péritendineuse est aussi le siège de remaniements œdémato-
phase aiguë ; il s'abaisse progressivement avec le temps et hémorragiques, qui s'atténuent après quelques semaines
peut être bas sur toutes les séquences. Une rupture complète (fig. 19.3).
est caractérisée par une solution de continuité de toutes les
fibres tendineuses. La rupture partielle épargne certaines
fibres tendineuses et peut présenter des anomalies de signal
identiques à celles rencontrées dans les tendinoses sévères.
L'instabilité se traduit par une position anormale du tendon
et est souvent accompagnée d'anomalies osseuses au contact
et de lésions des structures de maintien (rétinaculum).
Tendon calcanéen a
Le tendon calcanéen ou tendon d'Achille est le plus puissant
tendon de la cheville ; c'est aussi le plus souvent impliqué en
pathologie. Contrairement aux autres tendons de la cheville,
il ne possède pas de gaine synoviale mais est entouré par un
périténon contenant terminaisons nerveuses et vaisseaux.
Le signal du tendon est bas, pouvant contenir des hyper-
signaux de petite taille linéaires ou punctiformes, d'orien-
tation longitudinale, localisés essentiellement en distalité
mais avant l'insertion calcanéenne [2]. Ces hypersignaux
sont apparents sur les séquences à TE court et en haute
résolution et correspondraient à des septums conjonctifs et
à des vaisseaux [3]. La bourse prétendineuse peut contenir
une discrète lame liquidienne mais son épaisseur doit rester
inférieure à 2 mm. Au-delà, l'épanchement est pathologique.
Pathologies
La pathologie du tendon calcanéen est avant tout dégénéra-
tive ou traumatique [4]. b
Fig. 19.1 Tendinose calcanéenne droite. (a) Coupe transversale
Tendinose et périténonite T2 FS montrant un épaississement du tendon droit comparativement
La tendinose et la périténonite peuvent intéresser le tendon à gauche avec un bord antérieur nettement convexe en avant (flèche).
lui-même ou son insertion (enthésopathie). En IRM, il existe (b) Coupe sagittale T2 FS montrant une atteinte corporéale fusiforme.
un épaississement focal ou diffus du tendon qui devient
convexe en avant (fig. 19.1). Un diamètre antéropostérieur
supérieur à 7 mm doit être considéré comme pathologique.
Le tendon est hétérogène, se rehaussant lors d'injection de
gadolinium. La présence d'un hypersignal franc de type
liquidien en T2 évoque une fissure ou une rupture partielle
associée. Dans les périténonites, la graisse située en péri-
phérie du tendon est en hyposignal T1 et en hypersignal
sur les séquences en suppression de graisse, le tendon pou-
vant présenter un aspect normal (fig. 19.2). La périténonite
peut être antérieure, postérieure ou circonférentielle et
isolée, sans anomalie intratendineuse associée, ayant alors Fig. 19.2 Périténonite calcanéenne. Coupe transversale STIR mon-
une évolution favorable plus courte [5]. Des anomalies de trant un hypersignal silhouettant le bord postérieur du tendon gauche
signal osseuses ou des bursites pré- ou rétrotendineuses sont (flèche), le tendon étant par ailleurs normal.
Chapitre 19. IRM de la cheville et du pied 317
a b
Fig. 19.3 Rupture du tendon calcanéen. (a) Coupe sagittale T2 FS montrant une rupture complète en plein corps du tendon avec un hématome
intra- et péritendineux en hypersignal comparativement à l'hyposignal normal du tendon. (b) Coupe transversale DP FS montrant un tendon
épaissi, hétérogène en rapport avec l'hématome sans fibre tendineuse continue.
a b
Fig. 19.4 Rupture chronique du tendon calcanéen. (a) Coupe transversale T2 FS montrant un tendon hétérogène avec des fibres séparées par
une zone de signal intermédiaire au niveau de la zone de rupture (flèche). (b) Coupe sagittale T2 FS montrant un clivage longitudinal du tendon,
de signal liquidien (flèche), au-dessus de la rupture (flèche pointillée).
La rupture peut être totale – aucune fibre n'est conti- dineuses peuvent être totalement séparées et de la graisse ou
nue –, ou beaucoup plus rarement partielle – une partie des de la fibrose peuvent s'interposer entre les deux fragments à
fibres reste continue en hyposignal normal. Le diagnostic la phase chronique (fig. 19.4). L'absence de chevauchement
entre tendinose sévère et rupture partielle peut être délicat, des berges tendineuses, y compris en équin, incite à inter-
les anomalies associées et le contexte clinique étant alors venir chirurgicalement. Au contraire, le chevauchement
importants. Lorsque la rupture est complète, les berges ten- permet d'espérer une cicatrisation. Cependant, le tendon
318 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
non opéré peut ne pas être complètement fonctionnel du fait calcanéen [8]. L'hypertrophie calcanéenne, à l'origine du conflit,
d'un cal d'allongement qui le rend moins efficient (fig. 19.5). s'apprécie en traçant une droite supérieure passant par le point
Après chirurgie, l'IRM peut montrer un épaississement le plus supérieur et postérieur de la surface sous-talienne posté-
persistant et au niveau de la cicatrice un hypersignal T2 rieure parallèle à une droite inférieure joignant les deux points
avec prise de contraste après injection en T1 entre le 3e et les plus inférieurs du calcanéus sur une coupe sagittale (ces
le 6e mois. Ces anomalies doivent disparaître au cours des droites étant plus faciles à tracer sur un cliché radiographique de
6 mois suivants. Un hypersignal T2 hétérogène peut persis- profil). Toute tubérosité calcanéenne postérosupérieure étendue
ter un an après chirurgie chez les sujets asymptomatiques, au-dessus de la droite supérieure peut entraîner une maladie de
mais sans rehaussement après injection en T1 [6]. Haglund (fig. 19.6) [1]. On y assimile les conflits avec les chaus-
sures qui entraînent les mêmes symptômes et signes IRM, sans
Polyarthrite rhumatoïde (PR) l'hypertrophie calcanéenne (pump bump des Anglo-Saxons).
et spondylarthropathies
La PR et les spondylarthropathies touchent surtout l'inser- Tumeur
tion calcanéenne. Dans la PR, l'atteinte des bourses est fré- Exceptionnellement, le tendon calcanéen peut être le siège
quente, souvent associée à des érosions osseuses. Dans les d'une néoformation tumorale (lymphome, métastase, etc.)
spondylarthropathies, l'atteinte de l'enthèse prédomine avec qui entraîne une augmentation unilatérale et focale du ten-
hypersignal intraosseux. Bursite et enthésopathie bien que don contrairement aux xanthomes qui sont diffus, infiltrant
constituant deux entités différentes, peuvent coexister. et bilatéraux (fig. 19.7).
a b c
Fig. 19.5 Rupture chronique du tendon calcanéen avec cal d'allongement. (a, b) Coupes sagittales pondérées T2 FS (a) et T1 (b) montrant un
tendon épaissi, hétérogène et distendu alors que la cheville n'est pas positionnée en équin. (c) Coupe transversale T2 montrant le chevauchement
partiel des fibres tendineuses avec une cicatrice centrale hétérogène.
Chapitre 19. IRM de la cheville et du pied 319
Fig. 19.6 Maladie de Haglund. Coupes sagittales T2 FS montrant une bursite prétendineuse de signal liquidien, une enthèse tendineuse épaissie
et hétérogène avec des microfissures intratendineuses, une bursite rétrotendineuse chronique caractérisée par un épaississement en discret hyper-
signal hétérogène et un hypersignal osseux (a) Sur la coupe (b) qui correspond à la même image qu'en (a), les droites parallèles passant par les
bord supérieur et inférieur du calcanéus montrent l'hypertrophie postérieure de l'os se projetant au-dessus de la droite supérieure.
Fig. 19.7 Métastase tendineuse calcanéenne d'une tumeur cutanée mélanique. (a) Coupe transversale TSE DP. (b) Coupe sagittale TSE DP.
Les coupes montrent une tumeur de signal intermédiaire, circonscrivant le tendon sans l'infiltrer.
[9]. Il est important à signaler car, en cas de rupture du ten- Tendon tibial postérieur
don calcanéen, il peut servir de greffon si nécessaire.
Le plantaire grêle naît au niveau du condyle fémoral laté- Le tibial postérieur (TP) est le tendon médial le plus anté-
ral et est constitué par une lame tendineuse. Il descend entre rieur. Il est situé en avant des tendons fléchisseur commun
les gastrocnémiens et le soléaire, puis en avant et en dedans et long fléchisseur de l'hallux. Le tendon normal est en
du tendon calcanéen, et vient s'attacher sur la face posté- hyposignal homogène. Son extrémité peut être hétérogène
rieure et médiale du calcanéus. À dominante tendineuse, il du fait d'interposition de graisse et d'un effet de volume
est en hyposignal T1 et T2, séparé du tendon calcanéen et ne partiel avec les ligaments calcanéonaviculaire supérieur et
doit pas être confondu avec une lésion partielle du tendon deltoïde qui longent en dedans le TP et de la présence au
(fig. 19.9). sein du tendon d'un sésamoïde fibrocartilagineux [10].
320 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
a b
c d
Fig. 19.8 Muscle soléaire accessoire. (a–c) Coupes transversales DP FS montrant le muscle cheminant en avant du tendon calcanéen et en arrière
du long fléchisseur de l'hallux (flèche) et venant se terminer sur la face médiale du calcanéus en arrière du paquet vasculonerveux tibial postérieur
(tête de flèche). (d) Coupe sagittale T1 montrant le muscle venant sur le bord médial du calcanéus et présentant un signal identique aux muscles
de voisinage.
Un artéfact d'angle magique peut donner un hypersignal canéenne, il existe un continuum des lésions du TP. Le stade
au niveau de sa courbure sous-malléolaire, disparaissant en initial est caractérisé par une péritendinite en distalité et une
flexion plantaire ou sur les séquences à TE long. Une lame synovite plus proximale. Le tendon est alors normal en IRM.
liquidienne est parfois visible dans la gaine mesurant moins Au stade suivant de tendinose, le tendon peut rester normal
de 2 mm et n'étant jamais circonférentielle, sauf à l'extré- ou bien être de calibre irrégulier et de signal hétérogène.
mité distale du tendon où la gaine a disparu. Le diamètre du Ultérieurement, le tendon est rompu partiellement ou en
tendon est normalement le double de celui du fléchisseur totalité [11].
commun, mais discrètement inférieur à celui du tibial anté- En IRM, les ruptures sont classées en trois grades. Le
rieur et à celui des tendons fibulaires réunis [11]. grade I, hypertrophique, correspond à un épaississement du
tendon dont le signal est hétérogène. Le tendon est rompu
s'il mesure plus de 12 mm d'épaisseur dans son trajet hori-
Rupture zontal. Ce grade est souvent associé à un clivage longitu-
La rupture domine la pathologie. L'instabilité est exception- dinal. Dans ce cas, le tendon est séparé en deux dans son
nelle. La rupture est bilatérale dans 5 % des cas. Elle survient grand axe par un hypersignal liquidien en T2 (fig. 19.10).
à l'insertion naviculaire du tendon ou, plus souvent, sur ses Le grade II, atrophique, correspond à un tendon aminci,
six derniers centimètres, en particulier en périmalléolaire. étiré et continu (son calibre est à comparer à celui du tendon
Elle est favorisée par un os naviculaire « cornu » ou un os fléchisseur commun dont le calibre est normalement infé-
naviculaire accessoire [12]. Comme dans la pathologie cal- rieur de moitié) et peut s'associer à un renflement tendineux
Chapitre 19. IRM de la cheville et du pied 321
a b
c d
Fig. 19.10 Clivage longitudinal du tendon tibial postérieur. (a) Coupe transversale T2 FS montrant un tendon épaissi et séparé en deux par un hypersignal
liquidien (flèche). (b) Coupe frontale T2 FS montrant l'extension en hauteur du clivage tendineux (flèche). (c, d) Coupes sagittale DP et T2 FS montrant l'épaissis-
sement tendineux en hypersignal DP, qui ne correspond toutefois pas à un artéfact d'angle magique compte tenu de l'orientation du tendon, de la persistance
d'un signal hétérogène sur la séquence T2 (flèche en d) et de la présence d'une lame liquidienne dans la gaine synoviale (flèche pointillée en d).
322 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
a b
c d
Fig. 19.11 Rupture partielle du tendon tibial postérieur. (a, b) Coupes sagittales DP FS montrant une interruption avec rétraction des fibres
postérieures (flèche) du tendon, alors que la partie antérieure (flèche pointillée) est continue. (c, d) Coupes transversales T2 FS montrant une
diminution abrupte du calibre du tendon tibial postérieur (flèche) comparativement au tendon fléchisseur commun (flèche pointillée).
acquis de l'arrière-pied sont les séquelles de fractures calca- séquences en suppression de graisse au niveau de la malléole
néennes, les arthropathies neurologiques et inflammatoires). médiale au contact du tendon ou, plus rarement, au niveau
Le valgus secondaire à la rupture du TP peut s'accompagner du talus ou de l'os naviculaire. La synchondrose unissant l'os
de signes de conflit latéral, d'autant plus marqués que le val- naviculaire et un os accessoire peut aussi être en hypersignal
gus est important et que le grade de la rupture est élevé. Ce du fait de la traction du TP qui peut entraîner une fracture
conflit se manifeste par des remaniements kystiques, fibreux de cette synchondrose avec pseudarthrose. L'os accessoire
et œdémateux sous-chondraux du bord latéral de l'articu- peut lui-même être en hypersignal et être responsable de la
lation talocalcanéenne, puis par une atteinte calcanéofibu- symptomatologie douloureuse ; son exérèse est alors néces-
laire avec fibrose et atrophie des tissus mous sous-fibulaires saire si le traitement médical est inefficace.
(graisse et ligament calcanéofibulaire), un œdème distal de
la malléole fibulaire, un contact calcanéofibulaire voire une
néoarticulation calcanéofibulaire. Au maximum, il peut exis- Lésions inflammatoires ou infectieuses
ter une instabilité secondaire des tendons fibulaires [13]. Ces lésions sont plus rares. Les ténosynovites sont de type
Des associations lésionnelles intéressant les ligaments exsudatif avec épanchement liquidien dans la gaine tendi-
calcanéonaviculaires supérieur et inférieur ainsi que le neuse, ou de type sténosant. Le tendon et la synoviale sont
sinus du tarse sont fréquentes. Des anomalies de l'aponé- épaissis, en hypersignal T2 en cas d'atteinte exsudative
vrose plantaire superficielle sont moins fréquentes [14]. Un (fig. 19.13) et en hyposignal dans les lésions sténosantes.
hypersignal osseux sous-cortical peut être observé sur les Comme dans les ruptures, on peut observer un hypersignal
Chapitre 19. IRM de la cheville et du pied 323
a b c
d e f
Fig. 19.12 Rupture complète du tendon tibial postérieur. (a–e) Coupes transversales T2 FS successives montrant la disparition progressive du
tendon (flèche) alors que les tendons fléchisseurs commun (flèche pointillée) et de l'hallux (flèche rouge) persistent en arrière. (f) Coupe sagittale
T2 FS montrant l'interruption du tendon (flèche).
a b c
Fig. 19.13 Ténosynovite exsudative du tendon tibial postérieur. (a) Coupe sagittale DP FS. (b) Coupe transversale TSE T2. (c) Coupe coronale
T2 FS. L'ensemble des coupes montrent un tendon épaissi, hétérogène avec un épanchement au sein de sa gaine.
324 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
a b
Fig. 19.14 Rupture du tendon tibial antérieur. (a, b) Coupes sagittales T1 successives montrant l'interruption du tendon au cou-de-pied (flèche)
avec une gaine distale vide (flèche pointillée).
osseux de la malléole tibiale. Quelle que soit son origine, de conflit. Elle montre parfois d'autres anomalies s'intégrant
la ténosynovite se rehausse après injection de gadolinium, dans le syndrome du carrefour postérieur [15].
avec un épaississement synovial parfois important dans les
atteintes rhumatoïdes, les spondylarthopathies ou dans les Tendons fibulaires
localisations de synovite villonodulaire (SVN), commu-
nément dénommé tumeur à cellules géantes au niveau des Les tendons court et long fibulaires (TCF et TLF) occupent
gaines tendineuses. une gaine conjointe en arrière de la fibula.
a b c
Fig. 19.15 Clivage longitudinal du tendon court fibulaire (TCF). (a, b) Coupes transversale DP FS montrant un TCF clivé au sein duquel s'inter-
cale le tendon long fibulaire (TLF), avec un épanchement au sein de la gaine (flèche), en arrière puis en dessous de la malléole fibulaire. (c) Coupe
sagittale T2 FS montrant le TCF (flèche) en hypersignal en avant du TLF (flèche pointillée) avec l'épanchement.
a b c
Fig. 19.16 Clivage longitudinal des tendons fibulaires avec hypertrophie du tubercule fibulaire du calcanéus. Coupes transversale (a),
sagittale (b) et coronale (c) T2 FS montrant les deux tendons clivés séparés par le tubercule avec hypersignal osseux (flèche).
Fig. 19.17 Coupe transversale DP FS montrant le rétinaculum des Fig. 19.19 Lésion du rétinaculum des fibulaires avec instabilités
fibulaires sous forme d'une fine lame en hyposignal limitant le intermittente des tendons. Coupe transversale DP FS montrant un
déplacement latéral des tendons (flèche). décollement du rétinaculum de la malléole en hypersignal (flèche) avec
discret hypersignal du bord latéral de la malléole (flèche pointillée).
a b c
d e f
Fig. 19.21 Ligament calcanéofibulaire (LCF) normal. Coupes transversales T2 FS successives de haut en bas (a–c) et coupes coronales T2 FS
successives d'avant en arrière montrant le LCF (flèche) en dedans des tendons fibulaires (flèche pointillée) (d–f).
■ Le ligament collatéral médial (LCM) est constitué de tion chirurgicale. Normalement, ce ligament est en hypo-
deux faisceaux l'un superficiel (ligament deltoïde), l'autre signal, fin et régulier, tendu entre les extrémités distales
profond (fig. 19.22). du tibia et de la fibula (fig. 19.23) (souvent oblique de haut
■ Le spring ligament est constitué de plusieurs faisceaux en bas et de dedans en dehors). Une rupture du LTFAI
ligamentaires unissant le versant médial du calcanéus se traduit sur les coupes transversales par un hypersignal
au versant plantaire du naviculaire. Ce complexe liga- (en cas de lésion aiguë), une discontinuité, une conve-
mentaire est important puisqu'il participe avec le tendon xité antérieure, une ondulation, une irrégularité ou une
tibial postérieur au maintien de l'arche interne. absence complète du ligament. Les coupes transversales
■ Les ligaments tibiofibulaires inférieurs (syndesmose ou coronales T1 fat sat avec injection de gadolinium
tibiofibulaire distale) antérieur et postérieur ainsi que peuvent montrer une prise de contraste linéaire ou nodu-
la membrane interosseuse sont visualisés au-dessus des laire, avec rehaussement environnant étendu en hauteur.
faisceaux antérieur et postérieur du LCL. ■ Le ligament en haie ou interosseux talocalcanéen assure
■ Le ligament tibiofibulaire antéro-inférieur (LTFAI) est la stabilité sous-talaire. Il est constitué de trois faisceaux.
le plus vulnérable, son atteinte entraînant une instabilité Ils sont hypo-intenses (fig. 19.24), visualisés dans les trois
tibiofibulaire inférieure, nécessitant parfois une stabilisa- plans, mieux analysés sur les coupes coronales.
328 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
IRM des lésions ligamentaires totalité avec au maximum absence de visualisation de toute
L'IRM des lésions ligamentaires met en évidence des ano- structure ligamentaire. Le ligament peut être distendu, de
malies morphologiques et de signal au sein et autour des contours flous et irréguliers. La graisse entourant le liga-
ligaments [19]. Le LCL est le plus souvent concerné en ment a un signal abaissé en T1, variable en T2 en fonction
pathologie traumatique, lors d'accidents en varus, flexion du caractère récent ou ancien du traumatisme. La fibrose
plantaire plus ou moins rotation médiale. Le faisceau anté- cicatricielle est en hyposignal T2, mais se rehausse après
rieur est rompu en premier (fig. 19.25), puis c'est le faisceau
moyen (fig. 19.26). Le faisceau postérieur n'est rompu que
dans les traumatismes violents (fig. 19.25). L'hyposignal
ligamentaire normal disparaît soit partiellement, soit en
b
Fig. 19.24 Ligament interosseux talocalcanéen. (a) Coupe coro-
Fig. 19.22 Ligament collatéral médial (LCM) normal. Coupe nale T1 montrant les fibres ligamentaires (flèche) au sein de l'hypersi-
coronale T2 FS montrant les deux faisceaux ligamentaires superficiel gnal graisseux du sinus du tarse. (b) Coupe sagittale DP FS montrant
(flèche) et profond (flèche pointillée). les faisceaux ligamentaires en hyposignal (flèche).
a b
Fig. 19.23 Ligaments tibiofibulaires. (a, b) Coupes transversales T2 FS successives montrant les deux ligaments antérieur (flèche) et postérieur
(flèche pointillée).
Chapitre 19. IRM de la cheville et du pied 329
a b
c d
Fig. 19.25 Différents types de lésions du ligament talofibulaire antérieur (LTFA). (a) Coupe transversale DP FS montrant une rupture distale
du LTFA avec brèche liquidienne (flèche). (b) Coupe transversale DP FS montrant une lésion distale du LTFA, épaissi, hétérogène (flèche). Noter
l'épanchement dans la gaine des fibulaires liée à une rupture du ligament calacanéo-fibulaire (flèche pointillée). (c) Coupe transversale DP FS avec
brèche proximale du LTFA (flèche). (d) Coupe transversale T1 montrant des lésions du LTFA (flèche), du LTFP (flèche pointillée) et du LCM (flèche
noire) avec luxation des fibulaires (tête de flèche) dans une luxation de cheville.
injection de gadolinium. Les séquences en suppression Les distensions sont fréquentes, avec plus généralement
de graisse montrent un œdème diffus à la phase aiguë, un un ligament épaissi. Les désinsertions sont plus rares,
épanchement articulaire et un œdème osseux en cas de talaires ou malléolaires pour le ligament talofibulaire anté-
contusion osseuse, de lésion ostéochondrale prédominant rieur (LTFA), essentiellement malléolaires pour le LCF. Les
au niveau du talus, ou d'arrachement aux sites d'insertions arrachements ostéopériostés ligamentaires sont fréquents,
ligamentaires. La rupture du ligament calcanéofibulaire difficiles à apprécier en IRM, plus facilement identifiables
entraîne initialement une communication avec la gaine des sur les clichés standard et le scanner. Les ruptures en plein
tendons fibulaires qui peut présenter un épanchement. À corps sont de diagnostic plus aisé en arthro-IRM.
la phase chronique, les ligaments peuvent être épaissis. La Les lésions ligamentaires du sinus du tarse et en parti-
réalisation de séquences SE T1 fat sat après injection de culier des ligaments talocalcanéens interosseux peuvent
gadolinium peut mettre en évidence une prise de contraste être associées aux atteintes du LCL. L'atteinte du sinus du
anormale au sein et autour du ligament. L'arthro-IRM per- tarse se manifeste par un hyposignal T1 avec rehaussement
met de visualiser directement les brèches ligamentaires en habituel après injection de gadolinium. En T2, le signal est
montrant le passage du produit de contraste au sein du liga- faible en cas de fibrose, intense en cas d'inflammation et
ment. L'IRM avec injection intraveineuse de gadolinium est de synovite, liquidien en présence de kystes synoviaux. Les
plus sensible pour détecter les lésions associées en dehors ligaments peuvent être épaissis, rompus avec rétraction des
des lésions cartilagineuses. moignons ou non visibles.
330 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
a b
c d
Fig. 19.26 Lésion du ligament calacanéo-fibulaire. (a, b) Coupes transversales DP FS montrant un ligament en hypersignal (flèche) avec épan-
chement dans la gaine des fibulaires (flèche pointillée). (c, d) Autre patient. Coupes coronales T1 montrant un épaississement de signal élevé du
LCF (flèche) en dedans des fibulaires.
Les lésions du ligament collatéral médial (LCM) sont impaction au stade aigu avec œdème du spongieux pou-
rarement isolées, plus souvent associées à des lésions du vant atteindre aussi le tibia (fig. 19.27 et 29). Au stade
LCL ou à des fractures malléolaires externes. C'est le fais- chronique, les lésions du dôme talaire prennent parfois un
ceau profond qui est le plus souvent atteint (fig. 19.27). Les aspect géodique. Lorsque des lésions cartilagineuses sont
lésions du spring ligament sont volontiers associées à celles associées, elles constituent des fractures ostéochondrales.
du tendon tibial postérieur et participent au pied plat valgus ■ L'arthrose talocrurale constitue le risque évolutif des ins-
qui en résulte. tabilités sévères avec ostéophytes et pincement articulaire.
L'atteinte des ligaments tibiofibulaires est rare et associée Les ostéophytes peuvent être responsables de conflits
aux traumatismes graves de la cheville (fig. 19.28). avec les éléments capsulaires et entraîner des lésions de
Hormis les différentes atteintes ligamentaires que l'on synovite chronique à l'origine de douleurs chroniques.
peut retrouver en association dans les instabilités talocru- ■ Les conflits dans les suites d'entorse peuvent être locali-
rales latérales chroniques, l'IRM permet, comme dans sés en antérolatéral, antérieur, antéromédial et postérieur
les entorses du genou, de mettre en évidence de multiples (fig. 19.30) [20].
lésions associées. ■ Le conflit capsuloligamentaire antérolatéral est aussi la
■ Les lésions osseuses intéressent principalement les joues conséquence d'une cicatrisation hypertrophique du
du talus ou le dôme talaire sous forme de contusion ou LTFA ou d'un comblement par un tissu fibrocicatriciel de
Chapitre 19. IRM de la cheville et du pied 331
a b c
d e
Fig. 19.27 Lésions du ligament collatéral médial (LCM). (a, b) Lésion du LCM profond. Coupe coronale (a) et transversale DP FS (b) montrant
un hypersignal intense du LCM profond (flèche) avec un faisceau superficiel respecté (flèche pointillée). Noter les contusions osseuses tibiotalaires
en hypersignal. (c–e) Lésion du LCM superficiel. Coupes transversale DP FS (c), sagittale T1 (d) et coronale T2 FS (e) montrant des faisceaux
antérieur et médian en hypersignal (flèche) tapissant la face profonde du tendon tibial postérieur. Noter le spring ligament continu sur la coupe
coronale (flèche pointillée).
a b
Fig. 19.28 Lésion du ligament tibiofibulaire antéro-inférieur (LTFAI). (a) Coupe transversale T1 montrant une interruption du LTFAI (flèche),
normalement en hyposignal. (b) Coupe transversale DP FS montrant un LTFAI de signal intermédiaire (flèche).
a b c
Fig. 19.30 Conflit postérieur dans les suites d'une entorse grave. (a) Coupe transversale DP FS montrant un hypersignal postérieur irrégulier
au contact du LTFP (flèche). (b, c) Coupes T1 FS post-injection intraveineuse de gadolinium. (b) Coupe transversale, (c) coupe sagittale montrant
un rehaussement synovial et du LTFP (flèche).
a b c
Fig. 19.31 Conflit antérolatéral. Coupes T1 FS post-injection intraveineuse de gadolinium dans les plans transversal (a), sagittal (b) et coronal (c)
montrant un rehaussement de la synoviale et des tissus périligamentaires (flèche) dans les suites d'une lésion du LTFA.
a b c
Fig. 19.32 Lésion ostéochondrale (LOC) du dôme talaire. (a) Coupe coronale T2 FS montrant une petite perte de substance ostéochondrale supéro-
médiale avec hypersignal de la joue médiale du talus. (b) Coupe coronale DP FS montrant une LOC supérolatérale suite à une lésion du LTFA avec perte de
substance chondrale caractérisée par un signal liquidien au contact de la plaque osseuse sous-chondrale. (c) Coupe coronale DP FS montrant une vaste LOC
médiale avec un séquestre libéré dans l'articulation et une dégénérescence kystique sous-jacente. Il s'y associe un hypersignal de la pointe la malléole tibiale.
Syndrome du tunnel
ou canal tarsien
Le tunnel tarsien est un tunnel ostéofibreux formé par les os
du tarse et le ligament annulaire médial qui part de la mal-
léole médiale et se dirige vers la face médiale du calcanéus c
et vers le tendon calcanéen, se rattachant en bas avec l'apo-
névrose plantaire. Ce tunnel comprend les tendons médiaux Fig. 19.34 Syndrome du sinus du tarse dans les suites d'un
traumatisme. (a) Coupe transversale T2 FS montrant un hypersignal
de la cheville avec en arrière les vaisseaux et le nerf tibial.
liquidien du sinus (flèche) avec contusion du calcanéus en hypersignal.
Le syndrome du tunnel du tarse est un syndrome canalaire (b, c) Coupes T1 FS post-injection intraveineuse de gadolinium dans
intéressant le nerf tibial et entraînant des troubles sensitifs les plans coronal (b) et sagittal (c) montrant un rehaussement du plan
plantaires médiaux et des orteils avec diminution de la force ligamentaire collatéral latéral et des éléments du sinus avec irrégularité
des muscles plantaires. Les signes cliniques dépendent du et interruption du ligament interosseux (flèche).
Chapitre 19. IRM de la cheville et du pied 335
a b c
Fig. 19.37 Syndrome du tunnel tarsien en rapport avec un kyste mucoïde. (a) Coupe coronale T2 FS montrant une lésion nodulaire en
hypersignal liquidien (flèche). (b) Coupe coronale T1 montrant ce kyste en hyposignal homogène (flèche). (c) Coupe coronale T1 FS montrant
l'absence de rehaussement du kyste (flèche).
a b a
Fig. 19.38 Syndrome du carrefour postérieur chez un footbal-
leur. (a) Coupe transversale DP FS montrant un hypersignal modéré
des parties molles en arrière d'une pseudarthrose avec un os trigone
(flèche) ainsi qu'une lame liquidienne dans la gaine du long fléchisseur
de l'hallux (LFH) (flèche pointillée). (b) Coupe sagittale DP FS montrant
un hypersignal franc de l'os trigone et de la partie postérieure du talus.
b
sont pratiquées ou en cas d'injection de gadolinium. Le
névrome, masse ovoïde située entre les têtes des métatar-
siens, est hypo-intense en T1, de signal variable en T2 et en
hypersignal modéré en suppression de graisse, rehaussé de
façon variable, rarement intense, après injection (fig. 19.41).
Une bursite sus-jacente de signal liquidien T2 est souvent c
associée au névrome (fig. 19.42). L'aspect IRM et la loca-
lisation sont très évocateurs du diagnostic mais doivent Fig. 19.39 Névromes de Morton. Coupes coronales T1. (a) Névrome
du 1er espace (flèche). (b) Névrome du 2e espace (flèche). (c) Névrome
être confrontés aux données cliniques, car la découverte de
du 3e espace (flèche).
névrome n'est pas rare chez des patients asymptomatiques.
Les localisations doubles ou bilatérales sont fréquentes.
Devant une douleur de l'avant-pied, il faut différencier le
névrome d'une bursite intermétatarsienne ou sous-métatar- taire de la deuxième articulation métatarsophalangienne à
sienne, d'un neurinome vrai très intense en T2 et habituel- l'origine d'une métatarsalgie avec laxité de l'articulation. Il
lement rehaussé après injection, d'une arthrite (fig. 19.43), est nécessaire de réaliser des coupes sagittales centrées sur
d'une SVN, d'une ostéite, d'un granulome à corps étranger, l'articulation qui montrent un hypersignal voire une rup-
d'une fracture de fatigue ou d'une maladie de Freiberg. ture de l'insertion phalangienne de la plaque plantaire, un
Il faut aussi distinguer le névrome de Morton d'un syn- épanchement articulaire et des signes de souffrance osseuse
drome du deuxième rayon lié à une lésion de la plaque plan- (fig. 19.44) [28].
Chapitre 19. IRM de la cheville et du pied 337
b
Fig. 19.40 Névrome de Morton du 3e espace. (a) Coupe coronale Fig. 19.42 Névrome avec bursite. (a) Coupe coronale T1 montrant
T1 en décubitus dorsal, montrant un comblement de l'espace inter- un comblement de tout le 3e espace intermétatarsien par une lésion de
métatarsien (flèche) pouvant correspondre soit à une bursite, soit à un bas signal homogène. (b) Coupe coronale T2 FS montrant à la partie
névrome. (b) Même séquence en procubitus montrant un « abaisse- supérieure de l'espace une bursite de signal liquidien, le névrome sous-
ment » de la lésion qui correspond donc à un névrome (flèche). jacent étant de bas signal, identique à la graisse sur cette séquence.
Ostéonécroses
L'atteinte du talus est plus rare que celle de la hanche ou
du genou. Elle est bilatérale dans 5 % des cas. La princi-
pale étiologie est traumatique, compliquant 50 % des frac-
tures du col du talus s'étendant à la sous-talaire antérieure
(atteinte d'une branche de l'artère tibiale postérieure). Un
liseré hypo-intense en T1 et T2 circonscrit habituellement
Fig. 19.44 Syndrome du 2e rayon. Coupe sagittale T2 FS montrant
la zone de nécrose dont le signal est variable (fig. 19.45). Un un hypersignal distal de la plaque plantaire (flèche) de la 2e métatarso-
double liseré hyperintense en T2 est parfois visible comme phalangienne, avec épanchement articulaire et œdème osseux modéré
dans la hanche. Un œdème périnécrotique étendu est fré- (flèche pointillée). La pondération T2 est indispensable afin d'éviter
quemment visible. Cet aspect est à différencier d'une lésion l'artéfact d'angle magique au niveau de la plaque plantaire mais aussi
ostéochondrale du dôme talaire et d'une algodystrophie. du tendon fléchisseur au contact.
338 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
Fig. 19.45 Ostéonécrose évoluée du dôme talaire. (a) Coupe sagittale T1 montrant un liseré hypo-intense périphérique circonscrivant un os
nécrosé hétérogène avec déformation de la plaque osseuse sous-chondrale, lacunes sous-chondrales tibiales et épanchement articulaire. (b) Coupe
coronale T2 FS montrant en plus un œdème osseux diffus intéressant aussi le tibia du fait de l'arthrose associée.
a b
Fig. 19.46 Maladie de Freiberg. (a) Coupe transversale T1 montrant une épiphyse du 2e métatarsien en hyposignal diffus au sein duquel on
distingue le liseré de nécrose (flèche). (b) Coupe transversale DP FS montrant un œdème en hypersignal entourant la zone de nécrose (flèche).
b
Fig. 19.47 Nécrose du sésamoïde médial de l'hallux. (a) Coupe
coronale T1 montrant un liseré en hyposignal au sein du sésamoïde a
(flèche). (b) Coupe sagittale DP FS montrant un sésamoïde hétérogène
(flèche) avec de plus des signes d'arthropathie dégénérative de la
métatarsophalangienne.
b
Fig. 19.49 Synostose talocalcanéenne. (a) Coupe coronale DP FS
montrant la fusion médiale des deux os (flèche). (b) Coupe sagittale
DP FS montrant la fusion (flèche) ainsi qu'un hypersignal d'hypersolli-
citation antérieur du talus (flèche pointillée).
a b c
Fig. 19.51 Synchondrose talocalcanéenne douloureuse. (a) Coupe sagittale montrant la synchondrose postéromédiale (flèche). (b) Coupe
coronale DP FS montrant la synchondrose en hypersignal (flèche). (c) Coupe sagittale montrant un œdème talocalcanéen assez diffus avec un
épanchement de la sous-talaire postérieure.
a b
Fig. 19.53 Enthésopathie de l'aponévrose plantaire superficielle
(APS). (a) Coupe sagittale DP FS montrant un épaississement discrè-
tement hétérogène de l'insertion de l'APS avec un hypersignal de part
et d'autre (flèche). (b) Coupe transversale T2 FS montrant les mêmes
anomalies et un hypersignal du calcanéus (flèche).
liquidien T2 (fig. 19.54). Dans les ruptures anciennes, l'APS sont hétérogènes, de signal proche de celui des muscles plan-
peut présenter un aspect cicatriciel nodulaire ou fusiforme taires en T1 et T2. Leur signal relativement faible en T2 est
de bas signal T1 et T2, ou un aspect kystique en hypersignal lié à leur richesse en collagène. Ils se différencient donc aisé-
T2. ment des processus tumoraux qui sont hyperintenses en T2.
Une bursite peut apparaître sous le calcanéus dans les Après injection de gadolinium, les fibromes se rehaussent
pathologies inflammatoires (PR, spondylarthropathies). et se distinguent alors des muscles plantaires qu'ils peuvent
La fibromatose plantaire ou maladie de Ledderhose infiltrer (fig. 19.55). L'injection de gadolinium est impor-
est l'équivalent au pied de la maladie de Dupuytren. Les tante pour apprécier l'extension de la maladie et pour dif-
fibromes siègent habituellement dans la graisse plantaire férencier la récidive de la cicatrice à distance du traitement
sous-cutanée, sur le versant superficiel de l'APS à sa partie chirurgical, la cicatrice étant hypo-intense en T1 et T2, se
moyenne, à distance de son insertion. En IRM, les fibromes rehaussant peu après un certain temps d'évolution [31].
a b c
Fig. 19.54 Rupture proximale de l'aponévrose plantaire superficielle (APS). Coupes sagittales pondérées en T1 (a), DP FS (b) et T2 (c). Les
coupes montrent un épaississement focal fusiforme de l'APS en hypersignal sur l'ensemble des séquences avec un signal T2 liquidien en rapport
avec la zone de rupture (flèche).
a b
c d
Fig. 19.55 Maladie de Ledderhose. Coupes sagittales DP FS (a) et T1 (b) montrant un épaississement nodulaire focal du versant superficiel de
l'aponévrose plantaire superficielle (APS) en faible signal DP et isosignal musculaire en T1 (flèches), sans modification du signal des tissus environ-
nant. (a–d) Autre cas, coupes coronale T1 avant (c) et après injection intraveineuse de gadolinium (d) montrant un fibrome en isosignal musculaire
(flèche) avant injection (c), se rehaussant modérément (flèche) après injection (d).
342 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
a b
Fig. 19.56 Fractures de fatigue de la jambe. (a) Coupe sagittale DP FS montrant une fracture de fatigue transversale de la fibula avec un trait
irrégulier en hyposignal (flèche) cerné par l'œdème en hypersignal avec cal fracturaire en périphérie (flèche pointillée). (b) Coupe sagittale DP FS
montrant une fracture identique sur le tibia avec une ligne brisée en hyposignal (flèche) doublant la physe sous-jacente (flèche pointillée).
a b
c d
Fig. 19.58 Différentes localisations de fractures de contrainte au pied. (a) Coupe sagittale T2 FS montrant une fracture de fatigue du talus
(flèche). (b) Coupe sagittale T1 montrant une double localisation de fracture par insuffisance osseuse du calcanéus (flèches). Coupes transversale
(c) et coronale (d) T2 FS montrant une fracture de fatigue du 3e métatarsien (flèche) avec œdème de la médullaire et en périphérie (flèche).
b
de l'atteinte osseuse (fig. 19.60). Les orteils, les métatarsiens
Fig. 19.59 Abcès intermétatarsien chez un diabétique présen-
et le calcanéus sont le plus souvent atteints, correspondant
tant un mal perforant du 3e orteil. (a) Coupe coronale T2 montrant
une collection en hypersignal T2 (flèche). (b) Coupe coronale T1 avec
aux principales régions d'appui (fig. 19.61). Une arthrite
injection intraveineuse de gadolinium montrant un rehaussement de la (rehaussement capsulaire avec épanchement inconstant)
périphérie de l'abcès (flèche). Noter les artéfacts métalliques liés à une et une ténosynovite (rehaussement synovial ou tendineux
chirurgie d'hallux valgus. avec épanchement inconstant) sont des constatations
344 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
a b
Fig. 19.61 Ostéite chronique chez un diabétique. (a) Coupe coronale T2 FS montrant un abcès intracalcanéen avec un séquestre en hyposignal
silhouetté par une collection de signal liquidien (flèche). (b) Coupe transversale T1 FS après injection intraveineuse de gadolinium montrant un
rehaussement en périphérie de l'abcès et du séquestre ainsi que le trajet fistuleux extra-osseux (flèche).
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Chapitre 19. IRM de la cheville et du pied 345
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Chapitre
20
Pathologies inflammatoires
et des parties molles
J.-L. Montazel, A. Rahmouni
PLAN DU CHAPITRE
Pathologies synoviales et rhumatismales Anomalie des parties molles et des muscles . . 356
inflammatoires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 347
Ce chapitre regroupe les pathologies synoviales et articu pannus peut donc s'avérer difficile en raison de l'épanche
laires inflammatoires (rhumatismes inflammatoires) et celles ment très souvent associé. Seule l'IRM dynamique, lors
touchant les tissus conjonctifs de soutien et les muscles, à de l'injection de gadolinium, permet de les différencier.
l'exception des tumeurs. Les indications et l'apport de l'IRM En revanche, dans les cas de synovite chronique à fort
sont étudiés en fonction de chaque pathologie. contingent fibreux, le signal en pondération T2 est moins
important que celui du liquide (fig. 20.1) [1]. Néanmoins,
l'injection de gadolinium est indispensable pour réaliser
Pathologies synoviales un bilan précis et exhaustif.
et rhumatismales inflammatoires En l'absence de synovite, on peut observer un rehaus
sement physiologique synovial minime et tardif. Pour être
Une synovite correspond à une inflammation de la mem significatif, le rehaussement synovial doit être précoce et
brane synoviale se traduisant morphologiquement par un massif. En effet, après un certain délai, le gadolinium dif
épaississement lié à d'une part à un œdème et d'autre part fuse dans la cavité articulaire, surtout s'il existe un épanche
à une hypertrophie des villosités synoviales. L'inflammation ment, et fausse l'analyse. Ainsi, une synoviale normale peut
se traduit en IRM par une augmentation du signal en T2 et apparaître épaissie à mesure que le gadolinium diffuse dans
un rehaussement marqué après injection de gadolinium. La l'articulation [2]. Une acquisition précoce avant cette trans
difficulté pour le radiologue réside dans le diagnostic positif sudation permettra d'être certain que la structure rehaussée
et surtout dans la recherche de l'étiologie. En effet, épais correspond bien uniquement à la synoviale. Le protocole
sissement synovial et rehaussement, s'ils signent la synovite, IRM doit donc systématiquement associer des séquences
ne permettent pas la plupart du temps de différencier une dynamiques aux séquences classiques pondérées en T1 et
synovite rhumatismale d'une synovite infectieuse ou d'une T2. L'étude dynamique consiste à évaluer la progression de
autre origine (synovite villonodulaire). L'analyse radio la prise de contraste de la synoviale après injection. Cette
logique doit s'appuyer sur le contexte clinique et mettre en étude est donc réalisée avec des séquences 3D avec satura
évidence les quelques spécificités IRM propres à chaque tion de graisse acquises en quelques secondes sur l'ensemble
affection. du volume articulaire, répétées pendant au moins 2 minutes.
Une prise de contraste maximale de la synoviale survenant
entre 30 et 60 secondes après injection correspond à une
Diagnostic de synovite synovite active et est corrélée aux signes inflammatoires his
Le diagnostic repose sur deux signes : l'épaississement syno tologiques. En T2, synovite et épanchement se présentent en
vial et l'hypervascularisation synoviale. hypersignal et sont difficilement dissociables (fig. 20.2). La
Une synoviale normale n'est pas visible en IRM non synovite se rehausse très rapidement après injection, alors
injectée. Il n'existe pas de valeur seuil au-delà de laquelle le que l'épanchement se rehausse très progressivement et tar
diagnostic de synovite est évident. Le diagnostic de syno divement ; néanmoins, les séquences T1 classiques peuvent
vite s'intègre donc dans un contexte clinique, biologique et être prises en défaut pour les dissocier, notamment lorsque
radiologique. En cas de synovite aiguë ou acutisée, la syno l'inflammation est importante comme dans les rhumatismes
viale présente le même signal qu'un épanchement liqui inflammatoires, la diffusion du contraste à l'épanchement
dien. Sur une IRM de routine, la mise en évidence d'un étant dans ce cas plus précoce.
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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348 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
a b c
Fig. 20.1 Synovite de l'épaule. (a) Coupe transversale T2 FS montrant un épanchement liquidien en hypersignal intense et une synoviale de
signal un peu moindre, épaissie et irrégulière (flèche). Coupes coronales SE T1 avant (b) et après (c) injection intraveineuse de gadolinium mon-
trant un rehaussement de la synoviale, de l'épanchement et de l'érosion du tubercule majeur. La synoviale n'est plus individualisable sur la coupe
(c) réalisée tardivement après injection (flèche).
a b c
Fig. 20.2 Synovite du genou. Coupe transversale T2* (a) et coupe coronale DP FS (b) montrant un épanchement indissociable de la synoviale.
(c) Coupe coronale T1 FS réalisée 1 minute après injection intraveineuse de gadolinium montrant un rehaussement intense de la synoviale com-
parativement à l'épanchement.
Une faible quantité liquidienne est retrouvée de manière tic précoce, permettant de mettre en évidence des signes
physiologique dans les articulations. Elle est minime, siège de synovite ou des érosions osseuses alors que les autres
dans les régions de moindre pression et n'entraîne jamais de techniques d'imagerie sont normales [3]. Le rehaussement
distension articulaire. synovial sur les séquences dynamiques est corrélé à l'atteinte
biologique et histologique (fig. 20.3). L'IRM est aussi inté
ressante dans la surveillance thérapeutique, puisque les
Polyarthrite rhumatoïde (PR) variations du volume synovial et surtout la diminution du
La synovite, de pathogénie obscure, est la première mani rehaussement précoce sont corrélées à l'activité de la mala
festation IRM de la PR, suivie de l'œdème osseux et des die. Elle permet également de montrer d'autres signes d'acti
érosions. Le mode de début est le plus souvent polyarticu vité tels que l'apparition de nouvelles érosions osseuses, un
laire progressif (70 %) ; les formes monoarticulaires (5 %) œdème intraosseux ou une ténosynovite. Le pannus chro
et aiguës sont rares. L'atteinte prédomine aux mains, poi nique est caractérisé par un fort contingent fibreux et donc
gnets, genoux et pieds, souvent bilatérale et symétrique. par une prise de contraste moins importante et plus hétéro
Aux mains, les métacarpophalangiennes (notamment des gène, ainsi qu'un signal T2 moins intense (fig. 20.4).
2e et 3e rayons) et les interphalangiennes proximales sont Les érosions osseuses se caractérisent par une diminu
fréquemment touchées, alors que l'atteinte des interphalan tion focale du signal osseux cortical ou sous-chondral en
giennes distales est exceptionnelle. Aux poignets, l'atteinte T1 avec un hypersignal T2, se rehaussant après injection
est souvent diffuse. L'atteinte synoviale intéresse aussi les (fig. 20.5), notamment précocement, à l'inverse des kystes
gaines tendineuses et notamment l'extenseur ulnaire du intraosseux, non rehaussés. Elles sont fréquentes au poignet
carpe ainsi que les fléchisseurs. (par ordre de fréquence : capitatum, triquétrum, hamatum,
L'IRM, considérée comme le « gold standard » pour la scaphoïde et trapézoïde) et aux métacarpophalangiennes
pathologie synoviale, présente un intérêt dans le diagnos des 2e et 3e doigts, avec une prédominance droite du fait de
Chapitre 20. Pathologies inflammatoires et des parties molles 349
a b
c d
Fig. 20.3 Arthrite métacarpophalangienne (MCP). (a) Coupe coronale T2 Dixon excitation d'eau montrant une arthrite de la 2e MCP gauche
en hypersignal (flèche). Noter les érosions de la tête du 4e métacarpien (flèche pointillée). (b) Coupe coronale d'une séquence dynamique VIBE FS
avec soustraction après injection en bolus de gadolinium montrant un rehaussement précoce de la synovite de la 2e MCP (flèche) et l'absence
de rehaussement du 4e métacarpien. Coupes transversale (c) et coronale (d) Dixon T1 excitation d'eau après injection montrant le rehaussement
tardif persistant de la 2e MCP (flèche) et l'absence de rehaussement des érosions du 4e métacarpien qui ne sont pas de nature rhumatoïde (flèche
pointillée).
la sollicitation plus importante du côté dominant. L'IRM est L'IRM peut aussi montrer des bursites (fig. 20.8), des
la technique d'imagerie la plus sensible pour les détecter, nodules rhumatoïdes et des enthésopathies.
notamment grâce aux séquences T1 dans deux plans ortho Les aspects IRM ne sont pas spécifiques et peuvent se ren
gonaux. Elles ne sont habituellement pas réversibles. contrer dans d'autres atteintes systémiques comme le lupus
L'œdème osseux, en hyposignal T1 et hypersignal T2, érythémateux disséminé ou la maladie de Gougerot-Sjögren
précède souvent les érosions (fig. 20.6). Il est aussi présent [5]. L'étude des deux mains et poignets est indispensable,
après destruction articulaire avancée. en incluant systématiquement des séquences dynamiques et
L'atteinte tendineuse se traduit par une ténosynovite avec en saturation de graisse. Les autres articulations pourront
épaississement synovial de la gaine, épanchement et prise faire l'objet d'étude IRM en fonction du contexte. Toute
de contraste. Cette atteinte peut être très précoce et précé masse synoviale hypervascularisée est susceptible de corres
der l'ensemble des critères diagnostiques de la maladie. Elle pondre à un pannus rhumatoïde et il faut y penser devant
touche alors l'extenseur ulnaire du carpe (fig. 20.7), mais une forme atypique de révélation de la maladie.
aussi préférentiellement le fléchisseur du 2e rayon et pré
sente surtout un caractère asymétrique initialement. Une
telle atteinte chez un(e) patient(e) présentant des douleurs Spondylarthropathies
inflammatoires récentes doit faire évoquer le diagnostic de Les spondylarthropathies (SpA) regroupent des maladies
PR [4]. Plus tardivement, elle peut être cause de rupture inflammatoires du squelette axial, des articulations péri
spontanée des tendons et l'atteinte des fléchisseurs au carpe phériques et des enthèses touchant des patients exprimant
peut être à l'origine d'une compression du nerf médian. majoritairement le phénotype HLA-B27, avec négativité
350 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
La localisation antérieure est l'équivalent de la spondylite Une atteinte plus diffuse de la vertèbre évoque une autre
de Romanus sur les clichés radiographiques. Cette atteinte forme de SpA, notamment le rhumatisme psoriasique
est spécifique si plus de trois coins sont atteints en l'absence (fig. 20.12). La spondylodiscite inflammatoire d'Anders
d'ostéophyte ou de hernie intraspongieuse de Schmorl son entraîne un hypersignal T2 des plateaux vertébraux
(fig. 20.11). L'atteinte postérieure n'est pas inhabituelle. et parfois du disque pouvant simuler une atteinte infec
tieuse. Les articulations interapophysaires postérieures
ainsi que les articulations costovertébrales peuvent être le
siège d'une atteinte inflammatoire et devront être bien étu
diées (fig. 20.10 et 20.13). Enfin, tous les sites d'insertion
ligamentaire peuvent être le siège d'une enthésite (liga
ments intersomatiques, ligaments interépineux, ligaments
jaunes) (fig. 20.14). À la phase chronique, l'atteinte verté
brale est caractérisée par la présence de syndesmophytes
(fig. 20.12), ponts osseux relativement fins, localisés à la
périphérie des disques et à développement vertical (alors
que la base d'implantation d'un ostéophyte est horizon
tale), en général bilatéraux et symétriques. Ces derniers
sont souvent précédés par un signal graisseux des coins
vertébraux. Dans les atteintes tardives, on note une anky
lose vertébrale parfois étendue [8].
Ostéochondromatose synoviale
Cette affection peut être primitive ou secondaire. Dans sa
forme primitive (ou idiopathique), cette affection est clas
siquement monoarticulaire et atteint par ordre décroissant
de fréquence : le genou, le coude puis la hanche. La forme
secondaire de l'ostéochondromatose touche préférentiel
lement le genou. N'importe quel processus (traumatique,
infectieux, iatrogène, arthrosique) qui entraîne une avulsion
Fig. 20.11 Spondylarthrite ankylosante et atteinte rachidienne. chondrale peut donner naissance aux ostéochondromes.
Coupe sagittale T2 montrant des hypersignaux des coins antérosupé- Ces chondromes peuvent être libres dans l'articulation ou
rieurs de L1, L2 et L4 et postérosupérieurs de L5 et S1. rester solidaires de la synoviale. Fréquemment, la matrice
a b c
Fig. 20.12 Atteinte rachidienne dans un rhumatisme psoriasique chez une patiente de 60 ans. (a) Coupe sagittale T2 Dixon excitation
d'eau montrant une atteinte cervicothoracique étendue avec hypersignal somatique diffus en thoracique et syndesmophyte (flèche). (b) Coupe
sagittale T2 Dixon excitation d'eau montrant des hypersignaux des insertions du ligament vertébral commun antérieur marqués en T8, T9, L4, L5
et S1, plus discrets en T10 et T11 (flèches) avec hypersignal du ligament interépineux en L4–L5 (flèche pointillée). (c) Coupe coronale T2 Dixon
excitation d'eau montrant une atteinte sacro-iliaque majeure, asymétrique (flèches).
Chapitre 20. Pathologies inflammatoires et des parties molles 353
chondroïde se minéralise et l'os contient souvent de la moins intense et précoce que dans la PR. La triple compo
graisse. En l'absence de traitement, l'évolution se fait vers sante cartilagineuse, graisseuse et calcique explique le signal
l'arthrose et la dégénérescence chondrosarcomateuse est des ostéochondromes. En pondération T1, le cartilage a un
exceptionnelle [9]. isosignal au muscle alors que le calcium est en hyposignal
L'IRM reste un examen de deuxième intention après la et la graisse en hypersignal. En pondération T2, le cartilage
radiographie et l'arthroscanner. Toutefois, l'IRM présente a un hypersignal à peine plus bas que le liquide articulaire,
l'avantage d'être non invasive, d'autant qu'il existe fréquem tandis que le calcium reste en hyposignal franc, la graisse
ment un épanchement intra-articulaire associé. L'injection étant en signal intermédiaire en SE et en hypersignal en
intraveineuse de gadolinium peut mettre en évidence des TSE. Après injection, les ostéochondromes ne se rehaussent
signes de synovite (épaississement synovial et prise de pas, à la différence de la synoviale. On peut aussi réaliser
contraste) et les ostéochondromes si ceux-ci ne sont pas de des séquences pondérées en T1 tardivement après injec
petite taille. Le rehaussement synovial est toutefois nettement tion, afin de bénéficier d'un pseudo-effet arthrographique
(fig. 20.15). En effet, après 20 à 30 minutes, le liquide arti
culaire se rehausse et les chondromes sont alors moulés par
le contraste. En l'absence d'épanchement intra-articulaire
Fig. 20.13 Localisation articulaire postérieure d'un rhumatisme Fig. 20.14 Coupe sagittale T2 FS montrant un hypersignal des
psoriasique (même patiente que fig. 20.12). Coupe sagittale cer- apophyses épineuses lombaires en regard de l'insertion des
vicothoracique T2 Dixon excitation d'eau montrant une arthrite posté- ligaments interépineux chez un patient présentant une spondy-
rieure T2–T3 (flèche). larthropathie (flèches).
a b c
Fig. 20.15 Ostéochondromatose de l'épaule. (a) Coupe sagittale T2 FS montrant plusieurs corps étrangers dans le récessus axillaire, avec une
corticale en hyposignal calcique au sein du liquide articulaire. Coupes transversales T1 avant (b) et après (c) injection intraveineuse de gadolinium
montrant un rehaussement synovial (flèches) avec effet pseudo-arthrographique permettant de mieux silhouetter les petits corps étrangers (flèches
pointillées).
354 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
a b
Fig. 20.16 Ostéochondromes dans la gaine bicipitale. (a) Coupe coronale T2 FS montrant des corps étrangers en hyposignal au sein de la gaine
bicipitale (flèche). (b) Coupe transversale T2 FS montrant les ostéochondromes de signal identique au tendon bicipital (flèche).
Chapitre 20. Pathologies inflammatoires et des parties molles 355
du liquide synovial en hypersignal (fig. 20.18). C'est une Dans un cas sur cinq, il n'existe pas de dépôt d'hémosidé
des rares indications de ce type de séquence en pathologie rine et l'aspect en imagerie ne pourra être différencié d'une
ostéoarticulaire. Les dépôts d'hémosidérine doivent être dif autre monoarthrite aiguë. En l'absence de calcification qui
férenciés de calcifications (également en hyposignal T1 et pourrait évoquer une ostéochondromatose, seule la biopsie
T2). Cette différenciation sera facilitée par la r adiographie synoviale pourra affirmer le diagnostic.
standard. Après injection de gadolinium, la prise de
contraste est hétérogène mais souvent intense. Seule la syno
viale épaissie se rehausse, tandis que les dépôts d'hémosi
Lipome arborescent
dérine et les zones fibreuses ne prennent pas le gadolinium Parfois dénommé lipomatose synoviale, le lipome arbo
[10, 11]. L'hémosidérine peut également être retrouvée dans rescent peut intéresser n'importe quelle articulation mais
l'arthropathie hémophilique et seul le contexte clinique per a une prédilection pour le genou et la bourse suprapatel
mettra parfois de les différencier. La forme focale se présente laire, et entraîne une douleur d'augmentation progressive.
sous forme d'une masse articulaire, non liquidienne, rela Au genou, deux formes existent. Il s'agit soit d'une masse
tivement bien circonscrite (fig. 20.19). Au genou, la forme unique, soit d'une prolifération multiple de villosités syno
focale prédomine au niveau de la graisse de Hoffa et dans viales lipomateuses. Le lipome est soit primitif et souvent
l'échancrure. Tout processus « tumoral » intra-articulaire de diffus, soit secondaire à une arthropathie dégénérative et
faible signal sur les séquences DP ou T2 classiques doit faire souvent asymptomatique. Le signal de ces anomalies est
évoquer le diagnostic et réaliser une séquence T2*. graisseux : hypersignal T1 et T2 s'annulant après saturation
a b c
Fig. 20.18 Synovite villonodulaire diffuse du genou. (a) Coupe sagittale DP FS montrant une synoviale de bas signal de manière diffuse
(flèches). (b) Coupe transversale T2* montrant un hyposignal marqué de la synoviale du fait de la susceptibilité magnétique créée par la présence
de fer (flèches). (c) Coupe transversale T1 après injection intraveineuse de gadolinium montrant un rehaussement de la synoviale (flèche).
a b
Fig. 20.19 Synovite villonodulaire de la cheville. (a) Coupe sagittale DP FS montrant une masse antérieure de signal intermédiaire avec des
éléments de bas signal (flèche). (b) Coupe sagittale T2* confirmant la SVN en hyposignal nettement majoré (flèche).
356 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
du signal de la graisse (fig. 20.20). Le rehaussement après exister un rehaussement pariétal discret et le contenu ne
injection est classiquement absent [12]. sera pas modifié. On pourra essayer de préciser s'il existe
une communication articulaire ou une anomalie tendineuse
au contact.
Angiomatose synoviale ou hémangiome
synovial
Exceptionnelle, l'angiomatose synoviale atteint l'adulte Anomalie des parties molles
jeune. Elle intéresse la synoviale articulaire et touche préfé
rentiellement le genou. Les atteintes du coude et des doigts
et des muscles
sont rares ; celles des gaines tendineuses sont exception Affection inflammatoire des parties
nelles. Les classiques phlébolithes intralésionnels sont par molles d'un membre
fois mis en évidence par les clichés radiographiques, mais
aussi par l'IRM sous forme d'hyposignaux ronds. L'IRM est Chez la quasi-totalité des patients se présentant pour aug
intéressante pour poser le diagnostic ainsi que pour réali mentation aiguë de volume d'un membre, l'IRM visualise
ser le bilan d'extension qui guidera le traitement (exérèse des anomalies morphologiques et de signal et précise leur
simple ou synovectomie associée). Le signal IRM est celui localisation anatomique. Elle n'est cependant pas spécifique
d'un angiome (hypo- ou iso-intense T1 suivant la teneur en d'une pathologie donnée et doit être orientée par la clinique.
graisse, hyperintense T2). En raison de son hypersignal T2, Ainsi, un contexte fébrile orientera vers une cellulite, un
l'injection est indispensable en cas d'épanchement liquidien traumatisme vers une rhabdomyolyse, des lésions cutanées
intra-articulaire associé. La prise de contraste est classique de dermatomyosite vers une myopathie inflammatoire. Les
ment vermiculaire et précoce [13]. séquences en saturation de graisse T2 ou T1 après gadoli
nium sont les plus sensibles, montrant un hypersignal ou un
rehaussement. Les séquences T1 sans injection montrent les
Kyste séquelles à la phase chronique.
Plus que banal, le kyste présente peu de motif de réalisation Les membres sont constitués de différents éléments
d'une IRM, mais il est souvent une découverte fortuite de comme la peau, la graisse sous-cutanée, les fascias super
l'examen. Il s'agit soit d'un kyste arthrosynovial au contact ficiels, qui sont des aponévroses de revêtement situées à
d'une articulation ou d'une gaine tendineuse, soit d'un la périphérie des muscles au niveau de l'interface graisse
kyste mucoïde isolé. Le signal est liquidien dans les formes sous-cutanée–muscles, et les fascias profonds à l'interface
typiques. Il est parfois intermédiaire dans les formes com muscle–muscle. La graisse a un T1 court et un T2 intermé
pliquées (hémorragie, infection). Après injection, il peut diaire ; elle est donc en hypersignal sur les séquences T1 et
a b
c d
Fig. 20.20 Lipome arborescent du genou. (a, b) Coupes coronales T1 montrant des inclusions synoviales en hypersignal graisseux (flèches).
Coupes transversale (c) et sagittale (d) T2 FS montrant une extinction du signal du lipome arborescent (flèches).
Chapitre 20. Pathologies inflammatoires et des parties molles 357
de signal intermédiaire sur les séquences T2, en gardant à T2 au sein d'un ou de plusieurs muscles témoignant d'une
l'esprit que les séquences TSE T2 ont tendance à augmenter inflammation. Les limites sont mal définies, contrairement
le signal graisseux, d'où l'intérêt de la suppression de graisse aux abcès qui se présentent comme des formations arrondies
avec ces séquences. Le muscle a un T1 relativement long et isolées en hypersignal T2 et hyposignal T1 avec rehausse
un T2 court ; il est de signal légèrement supérieur à l'eau et ment périphérique en anneau. Le gadolinium est particu
nettement inférieur à la graisse sur les séquences T1, et net lièrement utile pour distinguer les abcès de la cellulite et
tement inférieur à l'eau et à la graisse sur les séquences T2. de la myosite adjacente, mais également afin de distinguer
Toutes les pathologies se traduisent par une augmentation une collection focale d'un œdème passif chez des patients
de la composante hydrique au sein des tissus et donc par présentant un œdème généralisé de cause variable avec des
une augmentation non spécifique de signal T2. signes cliniques d'infection. L'IRM permet principalement
de révéler des fasciites nécrosantes dont l'extension est dif
Infection des parties molles ficile à préciser sur le plan clinique. Elle permet également
de suivre l'évolution des patients pour lesquels on hésite à
Les infections des parties molles regroupent des entités de faire une chirurgie afin de vérifier l'absence d'extension des
pronostic différent allant de l'érysipèle à la gangrène gazeuse lésions sous antibiotiques [14, 15].
en passant par les cellulites nécrosantes et les pyomyosites. La pyomyosite est une infection bactérienne primitive du
L'érysipèle, forme superficielle de cellulite, est de diag muscle strié due dans 90 % des cas à Staphylococcus aureus,
nostic clinique et ne nécessite pas d'examen IRM. survenant en zone tropicale, ou chez les diabétiques ou
En revanche, certaines cellulites à progression rapide immunodéprimés. La pyomyosite à staphylocoques se pré
peuvent faire l'objet d'une exploration en IRM en raison sente en IRM comme une atteinte musculaire prédominante
d'une nécrose extensive du tissu sous-cutané vers les struc avec augmentation de volume et des zones en hypersignal
tures profondes. L'IRM va guider le clinicien dans le choix T2, T1, homogène, bien limitée, de forme ronde ou fusi
du traitement en montrant l'extension en profondeur (fas forme, se rehaussant après injection. Des collections cen
cias profonds et muscles) et en visualisant d'éventuels abcès. trales abcédées sont fréquentes, se rehaussant en périphérie.
L'IRM permet également de suivre l'évolution des cel Une atteinte des fascias et de la graisse sous-cutanée peut
lulites difficiles à classer sur le plan clinique pour ne pas être présente également et l'on peut noter un épanchement
méconnaître une indication chirurgicale devant une fasciite dans les articulations au contact [16].
nécrosante pouvant prendre initialement le masque de cel
lulite infectieuse simple.
L'IRM montre un épaississement de la peau et de la Dermatomyosite et polymyosite
graisse sous-cutanée sous forme de stries linéaires en hypo Ce sont des affections rares au cours desquelles le muscle est
signal T1 et hypersignal T2, et des anomalies de signal le siège d'un processus inflammatoire non suppuratif dominé
des fascias superficiels et en profondeur dans les cellulites par une infiltration lymphocytaire. L'IRM montre un hyper
graves. L'atteinte des fascias est caractérisée par un hypersi signal T2 dans un muscle ou un groupe musculaire avec
gnal linéaire sur les séquences T2 avec suppression de graisse rehaussement lors d'injection de gadolinium (fig. 20.22). Les
(fig. 20.21). Ces anomalies correspondent en chirurgie à la atteintes sont souvent bilatérales et symétriques et prédo
présence de liquide le long des fascias avec nécrose de ces minent aux ceintures, mais peuvent être diffuses. Ces modi
derniers. L'atteinte musculaire se traduit par un hypersignal fications vues en IRM peuvent précéder la détérioration
clinique. Un hypersignal au niveau des jonctions myo-apo
névrotiques et des fascias peut s'observer ainsi qu'au niveau
des plans sous-cutanés dans la dermatomyosite. D'autres
anomalies IRM peuvent s'observer comme des calcifications
musculaires (en hyposignal sur toutes les séquences), ou une
infiltration graisseuse des muscles secondaire à l'inflamma
tion chronique (hypersignal T1 intramusculaire effacé sur
la séquence en suppression de graisse, infiltration graisseuse
Fig. 20.21 Fasciite de la cuisse gauche. Coupe transversale DP FS et œdème peuvent coexister). L'intérêt de l'IRM est multiple
montrant une grosse jambe avec hypersignal œdémateux dissociant les dans la dermatomyosite : orienter la biopsie musculaire vers
muscles ischiojambiers et intéressant les fascias profonds et les tissus une zone inflammatoire, suivre l'évolution de la maladie en
cellulograisseux sous-cutanés prédominant en postéromédial (flèches). évitant les biopsies répétées, détecter l'activité de la maladie
a b c
Fig. 20.22 Myopathie inflammatoire de la ceinture scapulaire. (a, b) Coupes transversales STIR montrant un hypersignal bilatéral et symé-
trique des muscles spinaux et scapulaires (flèches). (c) Coupe transversale T1 FS après injection de gadolinium montrant un rehaussement modéré
des muscles (flèche).
358 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
inflammatoire musculaire en établissant une cartographie T2 hétérogène est visible dans les muscles et au niveau des
précise des muscles atteints, enfin suivre l'évolution de la fascias. L'injection montre l'alternance de zones rehaussées
maladie dans les formes chroniques où coexistent inflam et non rehaussées, ces dernières étant en rapport avec la
mation, nécrose, atrophie, remplacement graisseux et myo nécrose musculaire. Cette nécrose musculaire doit être dif
pathie induite par les corticoïdes [15, 17]. férenciée d'une pyomyosite ou d'une dénervation, affections
fréquentes chez le diabétique [19].
Rhabdomyolyse
C'est une nécrose musculaire aiguë entraînant une libéra Syndrome des loges
tion d'enzymes musculaires. Les causes sont multiples : les Dans sa forme aiguë, le plus souvent traumatique, le syn
traumatismes musculaires, les efforts extrêmes, l'alcoolisme, drome des loges donne un aspect identique à la rhabdo
les causes toxiques (venins, piqûres d'insectes, médicaments, myolyse au niveau du groupe musculaire concerné par la
héroïne), les pertes de connaissance prolongées, les infec compression. Le diagnostic est clinique, confirmé par la
tions. Le diagnostic est évoqué devant un gonflement aigu prise des pressions, et l'IRM présente peu d'intérêt, d'autant
d'un membre et est confirmé par l'augmentation importante que la prise en charge chirurgicale s'impose en urgence
dans le plasma des enzymes musculaires (créatine phos pour éviter la nécrose musculaire. Dans sa forme chronique,
phokinase [CPK]), une hyperkaliémie, une myoglobinurie il intéresse la loge antérolatérale de la jambe et dans une
et l'association fréquente à une insuffisance rénale aiguë. moindre mesure la cuisse, l'avant-bras ou le pied. Il survient
L'IRM montre une augmentation volumique du muscle et chez un sportif régulier et se caractérise par des douleurs
un hypersignal T2 diffus. De petites zones centimétriques survenant dans les suites immédiates de l'entraînement ou
de siège intramusculaire, hypo-intenses en T1 et hyperin nécessitant son interruption. L'IRM montre un œdème
tenses en T2, relativement au muscle environnant, non musculaire transitoire persistant 15 à 20 minutes après
rehaussées par l'injection de gadolinium peuvent être visua l'exercice et l'examen devra ainsi être réalisé dans les suites
lisées correspondant vraisemblablement à des petites zones de l'entraînement. Dans les formes anciennes, le fascia peut
de nécrose musculaire. Il existe une bonne corrélation entre s'épaissir avec atrophie et fibrose musculaires voire infiltra
la diminution de l'hypersignal musculaire et l'amélioration tion graisseuse en T1 [20].
clinique ainsi que la diminution des CPK. Lors de l'évo
lution, on peut voir des zones en hyposignal T2 du fait de
dépôts d'hémosidérine. L'injection de produit de contraste
Dénervation
est discutée du fait de l'insuffisance rénale ; elle montre La dénervation est à l'origine d'un œdème musculaire
une alternance de plages rehaussées et non rehaussées cor homogène intéressant un muscle ou un groupe mus
respondant au muscle viable ou nécrosé [18]. Un aspect culaire présentant une innervation commune. En IRM,
identique se rencontre dans les myonécroses diabétiques ou l'hypersignal T2 apparaît en général 2 à 4 semaines après
drépanocytaires. la lésion neurologique, mais il peut être plus précoce. Dans
les dénervations transitoires, le muscle reprend un signal
normal. Dans les dénervations chroniques, le muscle s'atro
Myonécrose du diabétique phie avec infiltration graisseuse en T1 (fig. 20.23) [21]. À
Cette atteinte survient chez des patients diabétiques anciens la différence d'autres pathologies musculaires, l'hypersignal
et non équilibrés. Le début est brutal avec gonflement et dou T2 des dénervations est diffus, homogène, respecte les fas
leur du mollet ou de la cuisse, sans fièvre ni hyperleucocy cias et tissus environnants (fig. 20.24), a une distribution
tose. L'ischémie se traduit par une augmentation de volume correspondant à un territoire neurologique et peut s'asso
d'un muscle ou de plusieurs muscles pas toujours contigus cier à des anomalies morphologiques ou de signal du nerf
du mollet ou de la cuisse, parfois bilatérale. Un hypersignal concerné [21].
a b
Fig. 20.23 Lésion chronique du nerf fibulaire au genou. (a) Coupe transversale T2 FS montrant un hypersignal des muscles de la loge antéro-
latérale de la jambe (flèche). (b) Coupe transversale T1 montrant une dégénérescence graisseuse des muscles dénervés (flèche).
Chapitre 20. Pathologies inflammatoires et des parties molles 359
a b
Fig. 20.25 Hypersignal des adducteurs des cuisses chez une athlète ayant intensifié son entraînement (stade I). (a) Coupe transversale
DP FS montrant un hypersignal des adducteurs bilatéral, prédominant à droite (flèche). (b) Coupe coronale T2 FS montrant l'extension en hauteur
de l'atteinte avec préservation de l'architecture musculaire (flèche).
360 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
a b
Fig. 20.26 Traumatisme de stade II avec hématome du vaste médial de la cuisse gauche. (a) Coupe transversale T1 montrant une augmen-
tation de volume du muscle très discrètement hétérogène (flèche). (b) Coupe coronale DP FS montrant l'hématome localisé de signal hétérogène
diminué à sa périphérie (flèche) et entouré d'une vaste page d'œdème (flèches pointillées).
a b
Fig. 20.28 Séquelle musculaire fibreuse. Coupes transversale (a) et
Fig. 20.27 Coupe coronale T2 FS montrant une rupture massive sagittale (b) T1 FS après injection intraveineuse de gadolinium mon-
de stade III des ischiojambiers droits avec volumineux héma- trant une plage fibreuse en hyposignal avec très discret rehaussement
tome et rétraction musculotendineuse (flèche). périphérique (flèche).
a b c
Fig. 20.29 Rupture chronique du droit fémoral gauche. Coupes transversales DP FS (a) et T2 (b) montrant une asymétrie des droits fémoraux,
le gauche étant atrophique (flèche) et le droit normal (flèche pointillée). (c) Coupe coronale DP FS montrant la rétraction supérieure (flèche) du
droit fémoral gauche et le remplacement graisseux de la rupture (flèche pointillée).
Chapitre 20. Pathologies inflammatoires et des parties molles 361
a b c
Fig. 20.31 Myosite proliférative. (a) Coupe transversale T2 FS montrant un hypersignal dissociant les faisceaux musculaires du droit fémoral droit
(flèche) sans les détruire. (b, c) Coupes transversales VIBE avec injection en bolus de gadolinium montrant l'absence de rehaussement au temps
artériel (b) et un rehaussement tardif de la lésion musculaire inflammatoire (c).
a b c
Fig. 20.32 Myosite ossifiante circonscrite. Coupes transversale T2 FS (a) et sagittale T2 (b) montrant une lésion hétérogène en hypersignal du
vaste intermédiaire droit (flèche), non spécifique. (c) Radiographie de profil de la cuisse montrant la masse musculaire calcifiée (flèche).
362 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
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Chapitre
21
IRM de l'appareil
ostéoarticulaire chez l'enfant
S. Ferey
PLAN DU CHAPITRE
Particularités chez l'enfant . . . . . . . . . . . . . 363 Pathologie inflammatoire . . . . . . . . . . . . . 367
IRM de hanche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 364 IRM corps entier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 367
IRM du genou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 365 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 370
Pathologies osseuses bénignes . . . . . . . . . . 366
a b c
Fig. 21.2 Persistance de moelle hématopoïétique au niveau de la métaphyse distale du fémur chez une fille de 14 ans. Hypersignal STIR
(a), hyposignal T1 (b), hyposignal T2 (c).
de moelle rouge au niveau des métaphyses proximales du lieu 6 mois après l'apparition de l'ossification. Il peut exis-
fémur et de l'humérus. Il s'agit de zones en hypersignal ter des petites zones de sclérose physiologique au sein des
T2 STIR, et hyposignal T1, en forme de « flammes » dont la épiphyses ossifiées, en hyposignal sur toutes les séquences.
base est proche de la physe avec un trajet vertical. Ces ano- L'aspect de cette ossification peut être irrégulier et ne doit
malies sont bilatérales et relativement symétriques. pas être pris à tort pour une ostéochondrite.
La conversion médullaire est donc complète entre 11 et
15 ans, sauf au niveau du fémur et de l'humérus, et la persis-
tance de moelle rouge dans les diaphyses après l'âge de 1 an
Cartilage de croissance
est anormale. La conversion médullaire du squelette axial Le cartilage de croissance ou physe est constitué d'une zone
est un peu plus lente que celle du squelette périphérique ; cartilagineuse en hypersignal T2, et de signal intermédiaire
il persiste donc toujours de la moelle rouge dans le rachis en T1, identique au cartilage de l'épiphyse non ossifiée et
jusqu'à l'adolescence. d'une zone linéaire en hyposignal sur toutes les séquences
Il faut également savoir que l'aspect de la moelle rouge physio correspondant au front d'ossification.
logique est différent de la moelle rouge pathologique ; en effet, la La physe normale doit avoir un signal homogène et une
moelle rouge normale contient toujours un peu de graisse et elle épaisseur régulière. Au cours de la croissance et de la matu-
apparaît donc sur les séquences T1 en iso- ou en léger hypersi- ration osseuse, son épaisseur va diminuer et la zone d'ossifi-
gnal T1 au muscle, alors que la moelle osseuse « envahie » est en cation va devenir irrégulière, ondulée.
franc hyposignal T1 (plus bas que celui du muscle). Par ailleurs, il existe un bon contraste spontané entre
Enfin, sur le pied et la cheville, il peut y avoir des hyper- les différents éléments articulaires chez l'enfant, et l'IRM
signaux T2, hyposignaux T1 nodulaires, uni- ou bilatéraux, remplace actuellement efficacement l'arthrographie, qui ne
« patchy » que l'on retrouve souvent chez les enfants ayant garde que quelques indications exceptionnelles.
modifié leurs appuis corporels lors d'immobilisation cor-
respondant à des îlots focaux de moelle rouge et non à des
contusions ou une algodystrophie. IRM de hanche
La hanche est une articulation fréquemment explorée en
Épiphyses et noyaux d'ossification pédiatrie. Les principes techniques sont classiques : chez les
petits enfants non coopérants, on a recours à une sédation ;
secondaire chez l'enfant plus grand, on utilise des fiches explicatives,
Chez le nourrisson, l'épiphyse est cartilagineuse, de signal en prenant le temps de bien le rassurer. Il est important
homogène, intermédiaire en T1, peu intense en T2 fat sat. d'installer l'enfant confortablement. Une acquisition STIR
Plus tard, lorsque l'épiphyse s'ossifie, le signal du cartilage coronale ou 3D STIR peut permettre de « débrouiller » les
résiduel peut apparaître plus hétérogène, avec des zones en choses ; ces séquences très sensibles peuvent orienter le reste
franc hypersignal T2 fat sat. Dans les os longs, l'épiphyse est de l'examen. Les coupes indispensables sont réalisées dans
la première partie à convertir sa moelle osseuse ; celle-ci a un plan coronal en T1 : deux plans en densité de proton avec
Chapitre 21. IRM de l'appareil ostéoarticulaire chez l'enfant 365
suppression du signal de la graisse. Les coupes transversales dant le stade de réossification. Au stade de séquelle, il y a
sont réalisées en densité protonique avec suppression du une déformation de la tête fémorale (coxa magna, coxa
signal de la graisse des ailes iliaques à la diaphyse fémorale plana) ; le cartilage articulaire s'hypertrophie. Grâce à l'IRM,
supérieure sous le petit trochanter. À ces séquences, on on ne pratique plus actuellement d'arthrographie à visée
ajoutera d'autres plans, des séquences EG T2* (cartilage, préopératoire.
dépôts d'hémosidérine), ou des séquences de diffusion. En
fonction de la pathologie, des séquences post-injection de
gadolinium avec une acquisition coronale et post-traitement
Autres pathologies
en soustraction, puis des séquences T1 après injection de Le diagnostic de glissement épiphysaire fémoral supé-
gadolinium et saturation du signal graisseux (fat sat) sont rieur est généralement posé radiologiquement (fig. 21.4a) ;
réalisées. l'IRM pourra confirmer un diagnostic douteux et surtout
permettre de faire un bilan complet (fig. 21.4b,c). En par-
ticulier, elle permettra de montrer une éventuelle atteinte
Maladie de Legg-Perthes-Calvé controlatérale infraradiologique. Dans le cas d'un glisse-
ou ostéochondrite de hanche (fig. 21.3) ment très important, elle apportera également des informa-
Il s'agit d'une nécrose ischémique de la tête fémorale, idio- tions sur la vascularisation de la tête fémorale (injection de
pathique, survenant entre 4 et 10 ans, responsable d'une gadolinium).
boiterie. Cette maladie est classiquement décrite en trois L'IRM permet de préciser l'aspect et la position de la tête
phases radiologiques : condensation, fragmentation, répa- fémorale cartilagineuse ainsi que l'aspect et l'épaisseur du
ration. Elle s'inscrit en fait sur une très longue période cartilage articulaire en cas de diverses pathologies telles que
évolutive jusqu'à la fin de la croissance. Elle peut retentir les séquelles d'arthrite infectieuse, les luxations de hanche
gravement sur la croissance de l'extrémité supérieure du irréductibles ou la coxa vara congénitale.
fémur et son pronostic est imprévisible. Certaines lésions
sont irréversibles ; d'autres se reconstituent presque parfai-
tement. Le traitement a pour but de minimiser les séquelles, IRM du genou
en recentrant la tête fémorale si nécessaire avant la période Les indications de l'IRM du genou en pédiatrie sont nom-
de réparation. breuses : bilan des traumatismes, ostéochondrite, pathologie
Dès le stade initial, l'IRM est indiquée ; puis elle l'est infectieuse, pathologies rhumatismales, etc. La technique de
dans le cadre du suivi. Les critères pronostiques sont encore l'IRM est relativement standardisée – sagittal T1, trois plans
en cours de validation, mais elle permet un bilan complet T2 fat sat –, avec parfois des séquences complémentaires en
de l'atteinte. Elle est réalisée avec injection de produit de fonction de la pathologie – séquence T2* pour rechercher
contraste et soustraction pour évaluer l'importance de la des dépôts d'hémosidérine, notamment en cas de suspicion
nécrose de la tête (défaut de rehaussement). Des séquences de synovite villonodulaire ou d'arthropathie hémophilique,
dynamiques peuvent aussi être réalisées. Les séquences de séquences avec injection de gadolinium dans les pathologies
diffusion ont également montré leur intérêt, utilisant un inflammatoires ou infectieuses.
ratio entre le côté pathologique et le côté sain. À un stade
plus tardif, la tête peut être peu déformée et des anomalies
métaphysaires sont fréquentes (irrégularités, anomalies de Traumatisme
signal, kystes). Les prises de contraste à un stade plus tar- En cas de traumatisme avéré avec des radiographies nor-
dif traduiraient la présence de tissu de granulation précé- males, il faut réaliser une IRM, en particulier quand
Fig. 21.3 Ostéochondrite de hanche chez un garçon de 6 ans, avec boiterie, le diagnostic étant porté sur la radiographie standard.
(a) Coupes coronale T2 : fracture sous-chondrale, perte de la hauteur de la tête fémorale. (b) Coupes coronales post-injection de gadolinium avec
soustraction : absence de rehaussement de la tête fémorale droite.
366 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
a b c
Fig. 21.4 Épiphysiolyse chez un garçon de 11 ans avec boiterie aiguë. (a) Radiographie standard, incidence de « face » : glissement épiphy-
saire fémoral supérieur droit. (b, c) IRM : appréciation de la bascule dans le plan axial ; pas d'atteinte controlatérale.
l'épanchement intra-articulaire persiste avec une gêne du ménisque latéral). Il s'agit d'une dysplasie méniscale
fonctionnelle importante. Il faut souligner la fréquence occupant une place excessive. À l'IRM (fig. 21.9), il s'agit
des lésions ostéochondrales postluxation patellaire et, dans d'un gros ménisque visible sur au moins trois coupes
ce contexte, une séquence en 3D T2 écho de gradient per- sagittales contiguës, en hypersignal T2 fat sat. Il est fragile
met de trouver un éventuel fragment ostéochondral intra- et il faut chercher des arguments pour une lésion de ce
articulaire. Dans les lésions ligamentaires, la sémiologie ménisque.
IRM est identique à celle de l'adulte.
De grandes différences avec le genou de l'adulte existent
lorsque les cartilages de croissance sont encore ouverts : Pathologies osseuses bénignes
l'enfant est sujet aux avulsions apophysaires, avec notam-
ment l'arrachement du massif des épines tibiales (fig. 21.5) et
Infections
surtout aux fractures épiphysométaphysaires, incluant le car- Les ostéomyélites sont fréquentes chez l'enfant, surtout
tilage de croissance dont la gravité est appréciée par la clas- avant 5 ans. L'IRM est l'outil de choix dans cette pathologie.
sification de Salter et Harris. L'IRM tient un rôle important Les anomalies sont peu spécifiques : hyposignal T1, hyper-
dans le diagnostic de ces fractures dont l'importance est sou- signal T2, prise de contraste anormale, abcès, anomalie des
vent sous-estimée par les radiographies standard (fig. 21.6). parties molles (fig. 21.10).
Il faut également signaler les lésions microtraumatiques En cas de radiographie normale avec contexte infectieux
de stress du cartilage de croissance le plus souvent présentes évocateur ou s'il existe un point douloureux précis, l'IRM
chez l'enfant ayant une pratique sportive intensive. Elles permet de guider les prélèvements en confirmant s'il y a une
apparaissent comme un élargissement focal du cartilage de atteinte osseuse, si c'est une atteinte limitée aux tissus mous,
croissance plus ou moins associé à un aspect irrégulier de la ou si c'est une arthrite.
métaphyse adjacente (fig. 21.7) [2]. En l'absence de point d'appel localisateur (très fréquent
chez le petit), on peut réaliser des séquences « scintigra-
phiques » 3D STIR avec un grand champ de vue qui per-
Ostéochondrite mettra de localiser les coupes sur la région anatomique
Dans le cadre du bilan d'une ostéochondrite de genou, l'IRM précise dans un second temps d'examen. En pratique, en
reste un examen de seconde intention si le diagnostic a été raison des difficultés d'accès à l'IRM pour ces enfants sou-
posé sur la radiographie standard. Elle sera réalisée devant vent petits et nécessitant une sédation, une scintigraphie
une symptomatologie de blocage, des signes d'instabilité, un peut être réalisée avant l'IRM, permettant de focaliser
épanchement ou des douleurs persistantes. l'IRM, si celle-ci reste indiquée, sur la zone fixant le traceur
L'IRM (fig. 21.8) va rechercher des signes en faveur de isotopique.
l'instabilité du fragment : une ligne hyperintense T2 entou- L'IRM a une meilleure sensibilité que la scintigraphie
rant le fragment, un kyste sous-lésionnel, un défect ou une dans les spondylodiscites.
fissure du cartilage articulaire, la présence d'un fragment
libre intra-articulaire, pas toujours facile à identifier. On Ostéome ostéoïde
insiste d'ailleurs sur l'utilité des séquences 3D T2 écho de
gradient pour le bilan du fragment et la recherche d'une L'ostéome ostéoïde pose plus souvent chez l'enfant un pro-
migration intra-articulaire. Ces séquences permettent blème diagnostique différentiel avec une infection subai-
également le bilan essentiel du cartilage articulaire (épais- guë, une fracture de fatigue voire une pathologie maligne
seur, solution de continuité, etc.). compte tenu de l'œdème médullaire très important sur
l'IRM (fig. 21.11), avec atteinte des tissus mous. L'aspect
peut être très trompeur. Dans ce cadre, des séquences dyna-
Blocage miques injectées ont un intérêt. Il faut corréler cette image à
En cas de symptomatologie de blocage, il faut penser à la clinique, à la radiographie standard voire au scanner pour
chercher un ménisque discoïde (le plus souvent au niveau affirmer le diagnostic.
Chapitre 21. IRM de l'appareil ostéoarticulaire chez l'enfant 367
a b
c d
Fig. 21.5 Fracture du massif des épines tibiales chez un enfant de 10 ans. (a, b) Radiographies de face et de profil : fracture du massif des
épines tibiales avec déplacement du fragment. (c, d) IRM : bilan lésionnel complet, confirmant le diagnostic et montrant une fracture du plateau tibial.
a b c
Fig. 21.6 Fracture du genou radio-occulte. (a) Radiographie de genou normale. (b) IRM, coupe coronale DP fat sat : fracture Salter 2 de la
métaphyse distale du fémur, avec anomalie de signal du cartilage conjugal. (c) IRM, T2 : hypersignal du cartilage de croissance avec décollement
périosté.
Fig. 21.7 Microtraumatismes physaires de stress, avec des douleurs du genou droit chez un jeune footballeur de 13 ans. (a) La radio-
graphie de face montre un élargissement irrégulier de la physe tibiale supérieure prédominant sur le versant médial avec un aspect irrégulier et
condensé de la métaphyse adjacente. (b) L'IRM en coupe coronale T2 fat sat confirme l'élargissement physaire situé sur le versant médial et les
irrégularités métaphysaires. Noter l'aspect normal de la physe fémorale inférieure.
Chapitre 21. IRM de l'appareil ostéoarticulaire chez l'enfant 369
a b
Fig. 21.9 Ménisque discoïde. Gros ménisque externe en hypersignal
T2, pas de lésion méniscale associée. (a) Coupes coronales successives.
(b) Coupe sagittale.
Fig. 21.8 Ostéochondrite de genou. Acquisition 3D Truffisp avec
reconstructions dans le plan coronal : analyse du cartilage articulaire,
de la taille du fragment.
a b
c d
Fig. 21.10 Enfant de 5 ans avec douleurs du genou. En STIR (a) et en DP fat sat (b), anomalie de signal de l'épiphyse tibiale proximale. Après
injection de gadolinium (c, d), prise de contraste de toute l'épiphyse et mise en évidence d'abcès dans la partie externe.
370 Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire
a b
Fig. 21.11 Chez un enfant de 12 ans, douleurs du dos intenses avec raideur : ostéome ostéoïde du pédicule gauche de L1.
(a) Reconstruction coronale de l'acquisition 3D STIR : hypersignal franc du pédicule gauche de L1 et périlésionnel. (b) Après injection de gadoli-
nium, prise de contraste significative.
PLAN DU CHAPITRE
Imagerie normale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 373 Pathologie des organes génitaux féminins . . . 376
Bien que l'échographie endocavitaire soit toujours l'imagerie plan sagittal permet une bonne analyse de l'ensemble de
de base du pelvis féminin, l'IRM est actuellement un examen l'utérus et de ses rapports avec la vessie en avant et le rectum
majeur, incontournable dans de nombreuses pathologies. en arrière. S'il y a une importante latérodéviation à droite
ou à gauche, il est possible de réaliser des coupes sagittales
obliques dans le grand axe de l'utérus. Le plan axial ou axial
Imagerie normale [1–3] oblique perpendiculaire au grand axe du col permet d'éviter
le phénomène de volume partiel. Un plan frontal oblique
L'examen IRM est particulièrement intéressant pour l'explo-
perpendiculaire au grand axe craniocaudal de l'utérus ana-
ration du pelvis féminin grâce d'une part aux trois plans
lyse l'endomètre et la cavité utérine.
de coupes perpendiculaires avec surtout les plans obliques
La séquence de saturation de graisse en écho de gradient
plus adaptés à l'anatomie des organes génitaux, et d'autre
(EG) ou ES T1 est optimale pour déceler des foyers hémor-
part, grâce à la qualité de la résolution en contraste sur les
ragiques sous forme d'hypersignal, en sus d'annuler le signal
séquences pondérées en T2. La résolution spatiale est actuel-
de la graisse et de différencier une masse kystique hémorra-
lement excellente avec les antennes de surface multiples cou-
gique d'une tumeur à contenu graisseux.
plées en réseaux. La présence d'un dispositif intra-utérin ne
Les séquences de saturation de la graisse en acquisition
contre-indique pas l'examen. Il est bien visible comme une
dynamique (EG T1) avec injection intraveineuse de gado-
zone sans signal dont la forme et la dimension sont fonction
linium et analyse semi-quantitative améliorent l'efficacité
à la fois de son type et de la position de l'utérus dans le plan
diagnostique pour les masses ovariennes et des extensions
de coupe. Le matériel métallique (par exemple prothèse de
tumorales. La séquence de diffusion est indispensable pour
hanche) entraîne peu d'artéfacts en pondération fast SE T2.
toute la pathologie maligne.
L'uro-IRM réalisée sans injection en fast SE T2 ou en
Points techniques 3D EG T1 au temps excréteur si une injection a été réalisée,
L'examen est réalisé avec une vessie peu remplie en début étudie le retentissement urétéral des masses pelviennes à la
d'examen. La réalisation d'un lavement évacuateur rectal fois sur le plan morphologique et fonctionnel.
est préconisée pour l'exploration d'une endométriose et un
balisage du cul-de-sac vaginal par du gel d'échographie est Anatomie (fig. 22.1)
utile dans les pathologies tumorales cervicales.
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La réduction du péristaltisme intestinal est obtenue par
l'injection intraveineuse d'un antispasmodique (Glucagen®) Corps de l'utérus
en respectant ses contre-indications et en sachant que son En période d'activité génitale
effet est relativement court – de 10 à 15 minutes. Il convient En séquence pondérée en T1, le signal est homogène,
donc de l'injecter en tout début d'examen. d'intensité intermédiaire à faible, en règle légèrement plus
La séquence d'écho de spin pondérée en T1 fournit une intense que celui des muscles pelviens. Il n'est pas modifié
bonne approche anatomique et une caractérisation de la au cours du cycle. Dans 40 % des cas, il existe une bande
nature des liquides. centro-utérine de signal plus intense correspondant à l'en-
La séquence d'écho de spin (ES) pondérée en T2 renseigne domètre. Des caillots centraux sont faciles à identifier sous
sur l'architecture interne des organes génitaux. Le choix des forme d'un hypersignal ; une rétention intracavitaire est en
plans de coupe sera adapté à la pathologie recherchée. Le hyposignal marqué.
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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374 Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein
a b c
d e f
g h i
Fig. 22.1 IRM normale. (a) Séquence T2, plan sagittal. Période d'activité génitale, 1re phase du cycle : les trois
couches du corps utérin sont parfaitement visibles. De l'intérieur vers l'extérieur : l'endomètre en hypersignal, la
zone jonctionnelle en hyposignal et le reste du myomètre de signal intermédiaire. L'endomètre est mince en début
de cycle. L'isthme correspond à la partie inférieure plus étroite du corps au-dessus du col (étoile). Ce dernier présente
trois couches prolongeant celles du corps. Les deux culs-de-sac vaginaux sont bien identifiés (flèches) se poursuivant
avec les parois vaginales. (b) Séquence EG T1 après injection de contraste (10 minutes), plan sagittal. Période d'activité
génitale, 1re phase du cycle. Les trois couches du corps utérin sont moins bien visibles ; mais les culs-de-sac vaginaux et
la lumière vaginale virtuelle sont bien identifiés (flèches). (c) Séquence EG T1, plan sagittal, après injection de produit
de contraste (30 secondes). Période d'activité génitale, 2e phase du cycle menstruel. La prise de contraste de la zone
jonctionnelle est précoce et intense et elle apparaît en hypersignal, contrastant avec l'absence de rehaussement de
l'endomètre. (d) Séquence T2, plan sagittal. Période d'activité génitale, 1re phase du cycle. Cicatrice de césarienne
(flèche). (e) Séquence T2, plan sagittal. Le col est constitué de deux couches entourant la cavité cervicale centrale en
j hypersignal. La structure interne en hyposignal correspond au stroma cervical (étoile). Les culs-de-sac vaginaux sont
également bien visibles (flèches). (f) Séquence T2, plan frontal. L'ovaire gauche contient de multiples follicules (flèche).
Le stroma cervical occupe chez cette patiente l'ensemble du col (étoile). Les culs-de-sac latéraux vaginaux sont visibles
(tête de flèche). (g) Séquence T2, plan axial. Les paramètres sont hétérogènes avec un réseau veineux important.
La cavité cervicale centrale présente un hypersignal. Elle est circonscrite par un liseré de signal intermédiaire corres-
pondant aux plis palmés (flèche). Chez cette patiente, le stroma cervical en hyposignal est plus mince. (h) Séquence
T2, plan axial. Patiente de 60 ans. Les paramètres contiennent peu de structures veineuses. Il existe de multiples
kystes endocervicaux de Naboth (étoile), sans signification. Présence d'un pessaire (flèche). (i) Séquence T2, plan
sagittal. Patiente de 25 ans sous contraception estroprogestative. L'utérus est rétroversé et globuleux. L'endomètre
est très mince et la zone jonctionnelle est filiforme, à la limite de la visibilité avec un myomètre externe œdémateux.
(j) Séquence T2, plan sagittal. Patiente ménopausée sans traitement substitutif. Le corps utérin est atrophique et
quasi homogène sans distinction entre les différentes couches. Le col utérin est en revanche inchangé. Les culs-
de-sac vaginaux sont bien visibles (flèche).
Chapitre 22. IRM de l'appareil génital féminin 375
En séquence pondérée en T2, en période d'activité géni- La zone jonctionnelle n'est présente que dans 50 % des
tale, l'anatomie zonale de l'utérus apparaît avec plusieurs cas et le myomètre externe a un signal plus faible, voire
couches facilement distinctes les unes des autres, de l'inté- nettement en hyposignal par involution fibreuse. La dif-
rieur vers l'extérieur : férenciation zonale disparaît. Chez la femme ménopau-
■ au centre, l'endomètre est repérable grâce à sa richesse sée prenant une hormonothérapie substitutive, l'aspect
vasculaire et glandulaire sous la forme d'une bande de est identique à celui de la période d'activité génitale.
signal élevé et homogène. Son épaisseur varie de 2,5 à L'épaisseur de l'endomètre peut atteindre de 8 à 10 mm.
10 mm. Elle correspond à la muqueuse endométriale et Au-delà de cette valeur, il y a une suspicion d'hyperplasie
aux sécrétions dans la cavité. Elle est très mince après ou de néoplasie.
la menstruation et au début de la phase proliférative
(1 à 3 mm). Elle s'épaissit progressivement en phase Chez la femme sous contraception orale estroprogestative
sécrétoire pour atteindre 7 à 13 mm. Il est impossible En cas de traitement de type estrogénique prédominant,
d'apprécier la cavité, la muqueuse endométriale étant il y a une atrophie endométriale marquée. L'épaisseur du
confondue avec les sécrétions endométriales. Elle peut myomètre augmente et son intensité augmente également
simuler un épaississement de l'endomètre. Au cours de avec la pondération en T2 quelle que soit la phase du cycle.
la menstruation, le signal devient hétérogène à cause La zone jonctionnelle est fine ou absente. La distinction
des caillots ; entre myomètre et endomètre est parfois impossible. Sous
■ la zone jonctionnelle (ou myomètre interne) est une traitement progestatif, il y a une involution de l'ensemble
bande de signal faible entourant la cavité endomé- de l'utérus.
triale. D'après des travaux de corrélation histologique, En séquences dynamiques avec injection de contraste
elle appartient à la partie la plus interne du myomètre. (EG T1), la prise de contraste du myomètre est progres-
Son aspect serait dû à un contenu moins riche en eau sive mais plus intense et précoce que celle de l'endomètre.
avec peu d'espace extracellulaire, une augmentation Dans 60 à 70 % des cas, il y a un rehaussement précoce et
du nombre et de la taille des noyaux par rapport au intense de la zone jonctionnelle vers 30 secondes créant
reste du myomètre et un arrangement concentrique une bande sous-endométriale qui contraste entre l'endo-
des fibres musculaires lisses. Elle peut mesurer jusqu'à mètre et le reste du myomètre moins opacifié ; ailleurs,
10 mm d'épaisseur. En période prépubertaire, elle est c'est la moitié interne du myomètre qui se rehausse d'em-
parfois visible sous forme d'un mince liséré en hypo- blée ; enfin, plus rarement, c'est l'ensemble du myomètre
signal. Durant le cycle, elle évolue parallèlement à qui se rehausse d'emblée. L'endomètre a un rehaussement
l'endomètre mais de façon moins marquée. Cette par- progressif et tardif. Le contraste myomètre/endomètre est
tie musculaire est le siège de contractions au rythme de maximal à 2 minutes.
3 à 5 par minute. Celles-ci se dirigent vers le corps et
ont pour but la propagation des spermatozoïdes. Elles
sont parfois visibles sur une seule séquence de l'examen Col de l'utérus et paramètres
sous forme d'un épaississement localisé de la zone jonc- Bien que la longueur et l'orientation du col varient, il est
tionnelle ou une bande en hyposignal perpendiculaire à en règle mieux visualisé dans le plan axial que frontal.
cette dernière avec un bombement interne vers la cavité En séquence pondérée en T1, il est de signal identique
endométriale. Elles sont transitoires et non retrouvées ou légèrement inférieur au corps, avec parfois individua-
sur les autres séquences, ce qui permet d'affirmer qu'il lisation d'une bande périphérique en hyposignal net. En
ne s'agit pas d'une anomalie ; séquence pondérée en T2, il a un aspect en cocarde. On
■ le signal du reste du myomètre est intermédiaire à distingue au maximum quatre zones, de l'intérieur vers
élevé (myomètre externe). En histologie, il contient des l'extérieur :
espaces extracellulaires plus larges avec plus d'eau et des ■ une zone interne centrale en hypersignal correspondant à
noyaux de cellules plus petits. Les fibres musculaires la muqueuse endocervicale et aux sécrétions ;
lisses ont un arrangement longitudinal. Il augmente en ■ une structure frangée irrégulière correspondant aux plis
seconde partie du cycle. Le myomètre est souvent ponc- palmés, inconstante ;
tué d'hypersignaux dans son tiers externe qui corres- ■ une couche intermédiaire périphérique, annulaire, de
pondent à des lacs veineux ou des branches des artères signal faible, identique ou inférieur à celui de la zone
arquées. jonctionnelle. Elle correspond au stroma cervical. Sur
La largeur combinée du myomètre externe et de la le plan histologique, cette couche est distincte de la
zone jonctionnelle varie de 14 à 21 mm. Il existe une zone jonctionnelle. Elle est constituée d'une tunique
augmentation de l'épaisseur du myomètre en seconde musculaire, riche en tissu conjonctif et en fibres
phase du cycle. La différence d'intensité du signal entre élastiques ;
les deux parties du myomètre diminue durant la phase ■ une couche externe de signal identique à celui de la
sécrétoire. couche externe du myomètre. Elle n'est présente que
dans 30 % des cas. Elle est soumise aux mêmes varia-
Après la ménopause tions d'intensité en fonction du cycle que la couche
En séquence pondérée en T1, le signal est identique externe du myomètre. Elle correspond à des travées de
à celui de la période d'activité génitale. En séquence muscle lisse prédominant à la périphérie du col. Dans
pondérée en T2, l'endomètre est très mince ou absent. 70 % des cas, cette couche est en hyposignal, avec un
376 Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein
a b
Fig. 22.2 Léiomyome interstitiel non compliqué. (a) Séquence T2, plan axial. Patiente de 45 ans. Le léiomyome est volumineux, non compliqué.
Il est situé dans le fond utérin et présente une discrète dégénérescence hyaline (étoile). Patiente sous contraception hormonale. Les deux ovaires
sont atrophiques (flèches). (b) Même patiente, séquence EG T1 après injection de contraste (3 minutes) ; plan sagittal. La prise de contraste est
inférieure à celle du myomètre avec quelques hétérogénéités (étoile).
Malformations utérines
Les malformations utérines sont complexes et volontiers
associées à des anomalies rénales. Il peut s'agir d'aplasie
utérine, d'utérus bicorne, d'utérus cloisonné ou encore
de malformations utérovaginales, et différentes classi-
fications ont été proposées. L'IRM est l'examen le plus
efficient pour définir les anomalies grâce au contraste
spontané en séquence pondérée en T2. Elle différencie
facilement les utérus bicornes (hypersignal endométrial
caractéristique) des utérus cloisonnés (septums intra-
Fig. 22.5 Adénomyose. Séquence T2. Plan axial oblique dans l'axe
utérins en hyposignal). Elle permet également de démon- de l'utérus. Période d'activité génitale, 1re phase de cycle. Il existe
trer la présence des ovaires comme dans le syndrome de une hypertrophie de la zone jonctionnelle contenant des microkystes
Rokitansky-Kuster-Hauser (vulve normale, microvagin, (flèches). Petit kyste de Naboth cervical gauche. Présence de varico-
atrophie utérine, trompes et ovaires normaux et malfor- sités paramétriales bilatérales (têtes de flèche). L'annexe gauche est
mation rénale [5 % des cas]). atrophique.
Chapitre 22. IRM de l'appareil génital féminin 379
phie utérine. L'adénomyome est un nodule fibroglandulaire fibrome. L'adénomyome est parfois hyperintense en T1 et
mal limité, sans capsule périphérique, à l'inverse du fibrome. T2 (hémorragique) ou uniquement iso- ou hypo-intense en
L'IRM est un examen sensible et spécifique qui permet T1 et hyperintense en T2.
une délimitation très précise de l'anomalie. Elle est à réa- Les principaux diagnostics différentiels sont les contrac-
liser en dehors de la période menstruelle car cette période tions utérines qui sont transitoires et le léiomyome intersti-
est responsable d'un épaississement de la zone jonctionnelle. tiel (masse arrondie à contour net) et, rarement, une tumeur
L'utérus est globuleux avec des parois asymétriques et une adénomatoïde ou une métastase au corps utérin.
atteinte postérieure prédominante. Il montre un épaissis-
sement de la zone jonctionnelle (10 à 12 mm) contenant Endométriose externe
des îlots (kystes paracavitaires) en hypersignal en T1 et T2
L'endométriose externe est composée d'une part de kystes
(foyers hémorragiques) ou isosignal en T1, et hypersignal en
ovariens avec des nodules péritonéaux souvent petits,
T2 (foyers kystiques). Le contour externe de la zone jonc-
hémorragiques ou fibreux, et d'autre part de l'endométriose
tionnelle hypertrophiée est flou.
sous-péritonéale profonde antérieure ou postérieure.
Des formes kystiques exubérantes sont possibles.
L'adénomyome se traduit par une plage en hyposignal
le plus souvent, située dans le myomètre, mais à contour Kystes endométriosiques (fig. 22.8 à 22.10)
mal limité, sans pseudocapsule, ce qui la distingue d'un Ces kystes sont en règle typiques en échographie et l'IRM
n'intervient qu'en cas de doute ou dans le cadre d'une endo-
métriose sévère. La bilatéralité est fréquente, la multiplicité
également. Ces kystes sont volontiers volumineux. Ils sont
classiquement hyperintenses en T1 et homogènes avec
une chute du signal en T2 (image en miroir entre les deux
séquences ou shading), avec un dégradé d'intensité dû à la
présence d'hémosidérine et, classiquement, un contenu plus
sombre dans la partie la plus déclive dû à la sédimentation
des différents épisodes hémorragiques. La paroi est épaisse,
fibreuse en hyposignal et se rehausse après injection. Un
caillot peut présenter un hyposignal en séquences pondérées
en T1 et en T2 (dû à des hémorragies anciennes). Ces deux
aspects sont caractéristiques et ont une sensibilité et une spé-
cificité de plus de 90 %. Un hypersignal en T1 et en T2 n'est
pas rare et peut se rencontrer dans tout kyste hémorragique,
Fig. 22.6 Adénomyose de forme exubérante. Séquence T2, plan mais il n'a pas les autres caractéristiques du kyste endomé-
sagittal. Forme typique localisée dans le mur postérieur. triosique. Des lésions d'âges différents peuvent coexister.
Fig. 22.7 Adénomyome et léiomyomes. Patiente de 45 ans. (a) Séquence T2, plan sagittal. Utérus hypertrophié rétroversé avec adénomyome
dans le mur postérieur (flèche) et plusieurs léiomyomes interstitiels dont un plus volumineux peu remanié du mur postérieur également (étoiles).
Noter l'aspect morphologique très différent entre les deux entités. (b) Uro-IRM avec injection de produit de contraste, plan coronal. Il existe un
refoulement de l'uretère droit par un petit kyste hémorragique et l'uretère gauche est rectiligne. Il existe plusieurs petits kystes hémorragiques à
gauche. On note une compression extrinsèque des uretères au passage des vaisseaux iliaques avec minime hypotonie sus jacente.
380 Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein
Implants péritonéaux
Les implants sont au mieux visibles avec une séquence T1
avec saturation de la graisse. Ils se traduisent par un hypersi-
gnal pour ceux qui sont en phase hémorragique. La sensibi-
lité de l'IRM reste nettement inférieure à la cœlioscopie avec
une résolution voisine du centimètre.
Fig. 22.10 Kyste endométriosique. Séquence T2, plan sagittal. Il Fig. 22.11 Endométriose sous-péritonéale postérieure. Séquence
existe un volumineux kyste endométriosique à contenu hémorragique T2, plan axial. Il existe un nodule fibreux dans le ligament utérosacré
homogène récent (tête de flèche) et hydrosalpinx avec sédiment droit avec adhérence à la paroi digestive, sans envahissement pariétal
déclive (étoile). L'utérus est déformé par la fibrose pelvienne associée. (flèche).
Chapitre 22. IRM de l'appareil génital féminin 381
Fig. 22.14 Néoplasme cervical. (a) Séquence T2, plan sagittal. Masse tumorale cervicale volumineuse envahissant le stroma cervical mais sans
atteinte des paramètres ou de la vessie sur cette coupe (flèche). (b) Séquence T2, plan frontal oblique. Cette autre orientation met en évidence la
rupture complète du stroma et une minime infiltration du paramètre droit (flèche).
a b c d
Fig. 22.15 Néoplasme cervical. Femme de 51 ans. (a) Séquence T2, plan sagittal. La masse tumorale cervicale est volumineuse, envahissant le
stroma cervical mais sans atteinte des paramètres ou de la vessie sur cette coupe (flèche). Elle entraîne une rétention intracavitaire par obstacle cervical
avec plusieurs îlots tumoraux sur l'endomètre (tête de flèche). (b) Séquence EG T1 avec injection (3 minutes), plan sagittal. On retrouve les nodules
endométriaux (tête de flèche) qui se rehaussent à l'injection éliminant des caillots (néoplasme cervical, flèche). (c) Plan axial, séquence T2. (d) Séquence
de diffusion b1000. Il existe une restriction de la diffusion dans le col mais également au niveau des îlots endométriaux (tête de flèche en c).
f ranchissement complet du col, il y a une atteinte micros- est comprise entre 1 et 3 cm et 50 % quand elle dépasse
copique des nœuds lymphatiques des paramètres dans 47 % 3 cm. Le franchissement de la frontière col–para-
des cas. La voie principale se termine au niveau du ganglion mètres est l'un des facteurs déterminants. À volume
moyen de la chaîne sous-veineuse du groupe iliaque externe égal, la fréquence des métastases ganglionnaires est
ainsi que dans les ganglions situés dans la bifurcation de l'ar- supérieure quand la tumeur a franchi la frontière col–
tère iliaque commune. Les voies accessoires cheminent dans paramètres. L'atteinte des paramètres se fait d'abord
le ligament large et se terminent dans les ganglions fessiers par micro-emboles lymphatiques ou veineux de petits
inférieurs du groupe iliaque interne, ou encore cheminent îlots tumoraux et secondairement de proche en proche.
dans les ligaments utérosacrés vers les ganglions sacrés et du Cela explique la faible sensibilité des méthodes d'ima-
promontoire puis lombo-aortiques. L'extension ganglion- gerie dont la résolution ne permet pas de détecter ces
naire est le facteur pronostique principal. La survie relative micro-emboles ;
à 5 ans passe de 84 à 93 % pour les stades I, à 75 % pour les ■ le volume tumoral. La fréquence des métastases gan-
stades II, puis décroît entre 59 et 68 % pour les stades III et glionnaires passe de 10 % quand la tumeur est inférieure
35 % pour les stades IV. Le taux de survie chute à moins de ou égale à 1,3 cm3, à 52 % quand elle est supérieure ou
30 % en présence de métastases ganglionnaires, tous stades égale à 20 cm3. Le facteur le plus important est le rapport
confondus. Les chances de survie sont trois fois moindres volume tumoral/volume du col.
lorsque l'envahissement est bilatéral. Enfin, l'extension dans la cavité utérine est un facteur de
Les facteurs de risque de l'extension ganglionnaire sont : mauvais pronostic.
■ l'extension en profondeur dans le col. Sa fréquence L'extension hématogène est plus rare, présente seulement
passe de moins de 1 % quand la pénétration dans le dans les stades très tardifs ou en cas de récidive. Elle siège,
stroma cervical est inférieure à 3 mm, à 10 % quand la par ordre de fréquence décroissante, au niveau des os, pou-
pénétration reste inférieure à 1 cm, à 25 % quand elle mons, cerveau et foie.
Chapitre 22. IRM de l'appareil génital féminin 383
Fig. 22.17 Néoplasme endométrial. (a) Séquence T2, plan sagittal. Volumineuse masse tumorale endométriale envahissant le myomètre en
antérieur à plus de 50 % (flèche) et avec extension dans l'isthme et le canal cervical (tête de flèche). (b) Séquence T2, frontale oblique dans le
grand axe de l'utérus. Elle confirme l'atteinte étendue du myomètre (flèche).
Fig. 22.18 Néoplasme endométrial. (a) Séquence T2, plan sagittal. Volumineuse masse endométriale entraînant une hypertrophie utérine avec
amincissement du myomètre par compression, mais sans envahissement de ce dernier ; extension à l'endocol (flèche). (b) Séquence EG T1 avec
injection (1 minute), plan sagittal. La tumeur est nécrotique mais le myomètre aminci reste régulier (flèche). (c) Cartographie ADC (séquence
diffusion b1000) : elle montre la réduction importante de la diffusion dans la partie tumorale tissulaire (étoile).
Chapitre 22. IRM de l'appareil génital féminin 385
■ la voie lymphatique comprend une voie principale et au myomètre et au col. Sur les séquences pondérées en T2,
deux voies accessoires. Le drainage du corps utérin se fait l'envahissement du myomètre se traduit par un amincisse-
de haut en bas, c'est-à-dire du corps vers le col. Les collec- ment localisé, irrégulier de ce dernier et/ou une disparition
teurs principaux du corps se confondent avec ceux du col, localisée de la zone jonctionnelle (signe inconstant car cette
aboutissant soit aux ganglions moyens du groupe sous- dernière n'est pas toujours présente après la ménopause).
veineux de la chaîne iliaque externe, soit dans le ganglion L'injection de produit de contraste est préconisée pour le
de la bifurcation iliaque. En sus de cette voie principale, il diagnostic d'envahissement du myomètre et en apprécier au
existe deux voies accessoires : la voie lombo-aortique au mieux la profondeur (inférieure ou supérieure à 50 %, voire
contact de la terminaison de la veine ovarienne et la voie au contact de la séreuse péritonéale). Elle sera réalisée en
inguinale dont les collecteurs suivent le ligament rond phase dynamique EG T1 fat sat dans le plan de coupe le plus
pour aboutir aux ganglions inguinaux superficiels. La adapté et tardive à 5 minutes dans les trois plans en tenant
fréquence des envahissements ganglionnaires est voisine compte de l'orientation de l'utérus. L'interruption de la prise
de zéro pour les tumeurs non infiltrantes, de 10 % pour de contraste de la bande sous-endométriale est un signe très
les tumeurs infiltrant moins de la moitié de l'épaisseur du sensible lorsqu'il existe.
myomètre et de 30 % pour les tumeurs infiltrant plus de La prise de contraste de la tumeur est inférieure à celle
la moitié de l'épaisseur du myomètre ; du myomètre en phase tardive et se rehausse plus tardive-
■ la voie hématogène est tardive dans les stades avancés. ment. Cependant, dans certains cas, les séquences T2 avec
Les localisations les plus fréquentes sont pulmonaires, de multiples orientations sont suffisantes pour voir l'atteinte
hépatiques et osseuses. du myomètre.
Les facteurs pronostiques sont au nombre de cinq : un Un amincissement diffus mais régulier et à bords nets
grade élevé, la taille de la lésion, l'extension dans le myo- correspondant à une compression du myomètre par une
mètre, l'extension au col et l'extension ganglionnaire. volumineuse tumeur ne traduit pas une extension massive.
La valeur de l'IRM pour le diagnostic d'atteinte ≥ 50 %
Imagerie du myomètre est de 71 % en sensibilité, 86 % en spécificité,
L'imagerie en coupes effectue le bilan locorégional, à savoir 77 % en valeur prédictive positive et 83 % en valeur prédic-
l'envahissement du myomètre qui guide la technique chirur- tive négative ; pour l'extension cervicale, sa sensibilité est de
gicale (ou voie haute avec curage), une hystérectomie par 41 %, sa spécificité de 97 %, sa valeur prédictive positive de
voie vaginale sans curage ganglionnaire. Le bilan d'exten- 71 % et sa valeur prédictive négative de 89 %.
sion est réalisé pendant l'intervention chirurgicale. Les mulléroblastomes ont un aspect identique en image-
L'examen IRM est incontestablement le plus performant rie, mais leur invasion myométriale est plus rapide et le fait
pour l'extension myométriale et pelvienne. d'une tumeur en règle plus petite. Le contexte clinique est
Si la lésion est de petite dimension ou a été enlevée au identique.
cours du curetage, elle n'est pas visible et il est aisé d'affir-
mer l'intégrité du myomètre. Ailleurs, il s'agit d'une cavité Pathologie de l'ovaire [13, 14]
élargie à contenu hyperintense en séquence pondérée en (tableau 22.3 et fig. 22.20 à 22.25)
T2. Les tumeurs volumineuses présentent des plages de Les tumeurs ovariennes sont réparties en deux grands
nécrose hémorragique (hyperintense en T1 et en T2) ou groupes : les tumeurs primitives en représentent 95 % et
encore des zones de rétention liquidienne. L'intérêt de les métastases 5 %. À l'intérieur du groupe des tumeurs
l'IRM est de préciser les limites de la tumeur par rapport primitives, les tumeurs bénignes occupent 80 % des cas et
Fig. 22.19 Mulléroblastome et volumineux léiomyome interstitiel du mur postérieur (étoile). (a) Séquence T2, plan coronal. Masse
irrégulière avec infiltration du myomètre imprécise sur cette orientation (flèches). Le léiomyome présente des remaniements hyalins d'importance
moyenne. (b) Séquence T2 fat sat, plan sagittal oblique dans l'axe de l'utérus. L'envahissement du myomètre est complet (flèches) et la lésion
s'étend jusqu'à l'isthme (tête de flèche). Masse endométriale avec atteinte du myomètre.
386 Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein
Tableau 22.3 Stadification chirurgicale des les tumeurs malignes 15 % des cas. Les tumeurs bénignes
tumeurs épithéliales de l'ovaire – Classifications surviennent chez la femme jeune, avant la ménopause. Les
FIGO (2002)–TNM (2009) tumeurs malignes atteignent les femmes plus âgées. Les can-
I T1 Tumeur limitée aux ovaires
cers de l'ovaire représentent 6 % des cancers chez la femme.
IA T1a Tumeur limitée à un seul ovaire avec capsule intacte La latence clinique des cancers de l'ovaire explique leur
IB T1b Tumeurs des deux ovaires, capsules intactes
IC T1c Rupture capsulaire ou tumeur à la surface ovarienne ou
cellules malignes dans le liquide d'ascite ou de lavage péritonéal
II T2 Tumeur ovarienne étendue au pelvis
IIA T2a Extension à l'utérus et/ou aux trompes
IIB T2b Extension aux autres organes pelviens
IIC T2c Extension pelvienne avec cellules malignes dans le liquide
d'ascite ou de lavage péritonéal
III T3 et/ou N1 Métastases péritonéales au-delà du pelvis et/ou
adénopathies régionales
IIIA T3a Métastases péritonéales microscopiques
IIIB T3b Métastases péritonéales macroscopiques < 2 cm
IIIC T3c et/ou N1 Métastases péritonéales > 2 cm et/ou
adénopathies régionales
Fig. 22.22 Cystadénocarcinome ovarien gauche. Séquence T2,
IV M1 Métastases à distance (autres que les métastases
plan axial. La masse est mixte avec une composante tissulaire impor-
péritonéales)
tante (flèche).
Fig. 22.20 Cystadénome séreux. (a) Séquence ES T1, plan sagittal. Le contenu est hémorragique ancien et il existe de petites végétations parié-
tales (flèches). (b) Séquence T2, plan axial. Les végétations pariétales sont en hypersignal (flèches).
Fig. 22.21 Tératome kystique. (a) Séquence T1, plan axial. Son contenu est en hypersignal graisseux et il existe des nodules et des hétérogénéités
intrakystiques (flèche). (b) Séquence T2 fat sat, plan sagittal. Le contenu graisseux est sans signal. Noter l'aspect différent du tissu graisseux pelvien
qui présente un signal faible dû à son contenu tissulaire avec septums et cloisons entre les lobules graisseux par opposition à la graisse intralésion-
nelle continuée de liquide graisseux (flèches).
Chapitre 22. IRM de l'appareil génital féminin 387
Fig. 22.23 Cystadénocarcinome ovarien bilatéral volumineux. Séquences T2, plan axial (a) et sagittal (b) et séquences T1 fat sat (c) et T2
fat sat (d). Ces différentes séquences montrent l'hétérogénéité de la tumeur avec multiples végétations et hémorragies intrakystiques (flèches).
Imagerie
Pathologie bénigne
Dans 75 % des cas, c'est une formation kystique à paroi fine,
Kystes fonctionnels de signal homogène. Elle peut présenter de minimes îlots
Les kystes fonctionnels disparaissent ou diminuent de calcifiés dans la paroi qui sont évocateurs, mais identifiables
volume après les règles ou pendant un traitement hormonal. seulement en TDM.
388 Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein
Fig. 22.25 Cystadénocarcinome ovarien. (a) Plan axial, séquence T2 fat sat. (b) Séquence EG T1 après injection de contraste (3 minutes). Les
nodules de carcinomatose sont bien identifiés (flèches). L'ovaire tumoral gauche est atrophique et tumoral (têtes de flèche). (c, d) Séquence de
diffusion avec la cartographie ADC (b1000). La réduction de la diffusion est importante (flèches).
Ailleurs, aucun élément morphologique ne distingue C'est la diffusion métastatique intrapéritonéale du liquide
la tumeur d'un kyste fonctionnel s'il est inférieur ou égal à mucoïde. Elle est également appelée maladie gélatineuse
8 cm. Dans 25 % des cas, le kyste est multiloculaire et, sur- du péritoine. L'épanchement est souvent important. Son
tout, il peut contenir de petites végétations qui ne peuvent signal est élevé en T1, avec des cloisonnements et une indi-
être de façon formelle différenciées des végétations malignes vidualisation de kystes de contenus différents, des encoches
même si, dans cette tumeur bénigne, elles sont théorique- hépatiques et un refoulement latéral des anses grêles. La
ment petites et peu nombreuses. Les végétations ont un péritonite gélatineuse est une complication peu fréquente
signal proche de celui du muscle en T2 et se rehaussent après des cystadénomes mucineux (7 % des cas).
injection. La mise en évidence d'un ovaire normal du même
côté permet d'évoquer le diagnostic de kyste para-ovarien Tératome kystique bénin ou kyste dermoïde ou tératome
ou paratubaire. mature bénin (fig. 22.21)
Le tératome kystique bénin constitue 20 % de l'ensemble des
Cystadénome mucineux tumeurs ovariennes et 95 % des tumeurs germinales. Il sur-
Celui-ci représente 20 % des tumeurs ovariennes et 30 % des vient chez la femme jeune.
tumeurs épithéliales bénignes.
Aspect macroscopique
Aspect macroscopique C'est une formation kystique avec une paroi d'origine
Typiquement, c'est une formation multiloculaire contenant ectodermique à laquelle est appendue une formation fai-
des liquides de nature différente (séreux, mucineux, hémor- sant saillie à l'intérieur du kyste appelée protubérance de
ragique) à contour externe bosselé et de grande taille, en Rokitansky. Cette dernière contient des dérivés des trois
règle supérieure à 10 cm. Les cloisons sont fines, voisines de feuillets embryonnaires avec possibilité de dent ou calci-
2 mm, ou parfois plus épaisses (plus épaisses que dans le cys- fication ou encore de cartilage, de tissu adipeux, de tissu
tadénome séreux) mais régulières. Il n'y a pas de végétation. conjonctif et/ou de phanères. L'intérieur du kyste contient
Il y a souvent de multiples logettes « en nid d'abeille ». La du sébum qui est un liquide de type graisseux. Cette graisse
tumeur est rarement bilatérale (5 % des cas). Elle est tapissée mélangée aux phanères peut aboutir à la création de boules
d'un épithélium cylindrique qui produit de la mucine. Ces de phanères. La protubérance de Rokitansky développée aux
tumeurs mucineuses sont associées à un kyste dermoïde à dépens de la paroi interne est caractéristique du kyste der-
l'intérieur du même ovaire dans 5 % des cas. Plus rarement, moïde. La tumeur est le plus souvent unilatérale, rarement
la tumeur est uniloculaire ou multiloculaire mais avec des bilatérale (10 % des cas) et en règle inférieure à 15 cm de
loculations de contenu identique. diamètre. Elle contient de la graisse dans 93 % des cas, des
En échographie, le cystadénome mucineux est multilo- calcifications ou des dents dans 65 % des cas. Il y a une asso-
culaire, volumineux, contenant des liquides d'échogénicité ciation non exceptionnelle avec une tumeur mucineuse. La
différente, mesurant 1 à 2 mm et il est vascularisé à l'examen transformation maligne se produit dans 2 % des cas. Elle se
Doppler. fait à partir de la protubérance de Rokitansky. Il s'agit, dans
En IRM, il s'agit d'une volumineuse masse à contour 75 % des cas, d'un carcinome épidermoïde presque toujours
externe bosselé, multiloculaire, contenant des liquides d'in- invasif.
tensité différente, classiquement sans végétation ni portion
solide. Le contenu riche en protéines entraîne des signaux Imagerie
élevés en séquence pondérée en T1 et T2. La paroi et les cloi- La TDM est le meilleur examen pour la détection et la carac-
sons sont plus épaisses et se rehaussent de façon modérée térisation de ces tumeurs, bien que la morphologie des dents
après injection avec un contenu qui reste inchangé. La spé- soit plus facile à reconnaître sur le mode radiographique. Le
cificité de l'IRM est voisine de 60 %. En effet, des tumeurs diagnostic est porté dans 98 % des cas.
borderline ou même malignes peuvent avoir les mêmes En IRM, l'aspect est caractéristique devant un hyper-
caractéristiques. L'injection de produit de contraste précise signal en séquence pondérée en T1, dû au tissu graisseux,
l'absence de végétation ou de portion solide. mais d'intensité différente de la graisse sous-cutanée ou
La rupture de cette tumeur peut causer un pseudo- intra-abdominale. Le problème essentiel est de différencier
myxome péritonéal métastatique ou ascite mucineuse. un kyste hémorragique d'un kyste dermoïde, tous deux étant
Chapitre 22. IRM de l'appareil génital féminin 389
rétropéritonéales ou inframédiastinales, métastases de même que les tératomes immatures monotissulaires (le
hépatiques, infiltration présacrée rétropéritonéale ou de la goitre ovarien et le carcinome ovarien sont les plus fréquents).
paroi abdominale, infiltration péritonéale diffuse et atteinte
des tuniques du grêle. Elles indiquent une chimiothérapie Métastases ovariennes
première.
Les métastases ovariennes sont de type kystique dans 40 %
Dans le suivi thérapeutique, le second look chirurgical est
des cas, solide dans 20 % des cas et mixte dans 40 %. Il s'agit,
classiquement réalisé pour faire un bilan local. L'examen
par ordre de fréquence : du sein, du côlon, de l'estomac ou
TDM ou IRM est utile dans certaines circonstances :
d'une hémopathie. L'extension se fait par voie directe héma-
■ lorsque l'intervention chirurgicale a laissé en place des
togène ou par implantation péritonéale. La métastase d'un
résidus tumoraux en cas d'exérèse incomplète, un exa-
cancer gastrique ou tumeur de Krukenberg a une définition
men IRM de point de départ peut servir à contrôler leur
histologique précise. C'est une métastase à composante
évolution sous chimiothérapie ;
solide prédominante. Les autres métastases ont une appa-
■ un examen IRM négatif ne permet pas d'éviter un second
rence variable, simulant un carcinome ovarien primitif. Les
look chirurgical compte tenu de sa faible sensibilité pour
métastases d'un cancer colorectal simulent un cystadéno-
les lésions de petite taille tant pelviennes que périto-
carcinome mucoïde. L'imagerie montre un ovaire augmenté
néales. En revanche, en cas de masse résiduelle visible en
de taille, contenant une masse tissulaire parfois hétérogène
imagerie, la récidive est certaine. Dans cette situation, le
avec de petites zones kystiques pouvant même simuler toute
second look chirurgical pourrait être évité.
autre pathologie si elle est de petite taille.
Autres tumeurs épithéliales
Le carcinome endométrioïde est le troisième cancer par Références
ordre de fréquence après les cystadénocarcinomes séreux et
mucineux. Il atteint la femme plus âgée vers la 5e à 6e décen- [1] Wakefield JC, Downey K, Kyriazi S, et al. New MR techniques in
nie et son pronostic est plus favorable. Il se caractérise par gynecologic cancer. AJR Am J Roentgenol 2013 ; 200(2) : 249–60.
[2] Thomassin-Naggara I, Fournier LS, Roussel A, et al. Diffusion-
une association fréquente dans 20 % des cas avec un cancer
weighted MR imaging of the female pelvis. J Radiol 2010 ; 91 : 431–8.
de l'endomètre. Il est souvent bilatéral (30 à 50 % des cas). [3] Thomassin-Naggara I, Siles P, Balvay D, et al. MR perfusion for pelvic
Histologiquement, il ressemble à un carcinome de l'en- female imaging. Diagn Interv Imaging 2013 ; 94(12) : 1291–8.
domètre mais avec une tendance plus importante à la for- [4] Olson MC, Posniak HV, Tempany CM, et al. MR imaging of the
mation de zones fibroconjonctives et de plages de nécrose. female pelvic region. Radiographics 1992 ; 12(3) : 445–65.
En TDM, il présente des éléments évocateurs d'une [5] Brown MA. MR imaging of benign uterine disease. Magn Reson
tumeur maligne mais aucun argument ne permet d'évoquer Imaging Clin N Am 2006 ; 14(4) : 439–53.
ce type tumoral. Sa composante solide est importante. Son [6] Bis KG, Vrachliotis TG, Agrawal R, et al. Pelvic endometriosis :
mode d'extension est le même que celui des autres tumeurs MR imaging spectrum with laparoscopic correlation and diagnostic
épithéliales. pitfalls. Radiographics 1997 ; 17(3) : 639–55.
[7] Siegelman ES, Oliver ER. MR imaging of endometriosis : ten imaging
pearls. Radiographics 2012 ; 32(6) : 1675–91.
Autres tumeurs malignes primitives [8] Ozsarlak O, Tjalma W, Schepens E, et al. The correlation of preope-
Les tumeurs du stroma ovarien et des cordons sexuels rative CT, MR imaging, and clinical staging (FIGO) with histopatho-
sont habituellement productrices d'hormones. Il s'agit logy findings in primary cervical carcinoma. Eur Radiol 2003 ; 13 :
principalement : 2338–45.
■ des tumeurs de la granulosa à sécrétion estrogénique à [9] Bipat S, Glas AS, Van der Velden J, et al. Computed tomography and
magnetic resonance imaging in staging of uterine cervical carcinoma :
composante mixte. Elles ont une partie centrale solide
a systematic review. Gynecol Oncol 2003 ; 91(1) : 59–66.
et des logettes de tailles inégales en périphérie contenant [10] Thomeer MG, Gerestein C, Spronk S, et al. Clinical examination
un liquide souvent hémorragique. Ces tumeurs ont un versus magnetic resonance imaging in the pretreatment staging of
potentiel de malignité ; cervical carcinoma : systematic review and meta-analysis. Eur Radiol
■ des tumeurs de Sertoli-Leydig ou tumeurs virilisantes. 2013 ; 23 : 2005–18.
Elles sont rares (0,2 % des tumeurs de l'ovaire) et [11] Bhosale P, Peungjesada S, Devine C, et al. Role of magnetic reso-
sécrètent des androgènes. Elles sont à contenu mixte et nance imaging as an adjunct to clinical staging in cervical carcinoma.
souvent bilatérales ; J Comput Assist Tomogr 2010 ; 34 : 855–64.
■ des tumeurs des cordons sexuels avec tubules annulaires. [12] Manfredi R, Gui B, Maresca G, et al. Endometrial cancer : magnetic
Elles sont retrouvées dans 35 % des cas du syndrome de resonance imaging. Abdom Imaging 2005 ; 30(5) : 626–36.
[13] Bazot M, Nassar-Slaba J, Thomassin-Naggara I, et al. Pathologie
Peutz-Jeghers. La tumeur est souvent calcifiée. Le pronos-
organique de l'ovaire. Encycl Méd Chir (Elsevier SAS, Paris) ; 2006.
tic est en règle plus favorable dans ces types tumoraux. Radiodiagnostic, [34-600-B-10].
Parmi les tumeurs malignes à cellules germinales, les dys- [14] Thomassin-Naggara I, Daraï E, Cuenod CA, et al. Dynamic contrast-
germinomes sont les plus fréquents. Ils sont à prédominance enhanced magnetic resonance imaging : a useful tool for characteri-
solide. Ils représentent 1 % de l'ensemble des tumeurs de zing ovarian epithelial tumors. J Magn Reson Imaging 2008 ; 28(1) :
l'ovaire. Les tératomes immatures ne sont plus exceptionnels, 111–20.
Chapitre
23
Troubles de la statique
pelvienne
C. Roy, P. Host
PLAN DU CHAPITRE
Notions générales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 393 IRM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 395
Les troubles de la statique pelvienne sont fréquents mais ou anormalement longue, sensation de blocage anorec
récemment reconnus avec plusieurs entités cliniques et des tal ou de vidange incomplète du rectum, nécessité d'un
traitements curateurs possibles. Ils font intervenir plusieurs effort intense et prolongé lors de la poussée, recours à des
mécanismes physiopathologiques encore incomplètement manœuvres digitales ou à des suppositoires et lavements
élucidés. Leur diagnostic est fondé sur l'interrogatoire et évacuateurs.
l'examen clinique associés aux épreuves urodynamiques et Bien que contradictoires, dyschésie et incontinence anale
manométriques anorectales. Son exploration radiologique sont souvent imbriquées. La fréquence de la dyschésie varie
a longtemps été limitée au classique colpocystogramme. de 13 à 20 % de la population générale, depuis plus de 5 ans
Actuellement, l'IRM dynamique offre une nouvelle approche dans la moitié des cas. Elle entraîne une altération démon
pour l'exploration du plancher pelvien. trée de la qualité de vie, tant physique que psychique. Bien
que loin d'être univoques, les troubles de la statique pelvi
rectale et l'anisme représentent les principales causes de la
Notions générales [1–3] dyschésie. Ces anomalies sont souvent associées, mais leurs
responsabilité potentielle respective dans la dyschésie n'est
Définitions – épidémiologie pas équivalente.
C'est une pathologie quasi exclusivement de la femme, favo
risée par les traumatismes obstétricaux (accouchement par Types d'incontinence et prolapsus [4, 5]
voie basse avec un gros bébé), les efforts de poussée et les
chirurgies pelviennes (hystérectomie et cystopexie) respon Incontinence urinaire
sables d'une lésion du nerf honteux, d'une dénervation du L'incontinence urinaire est schématiquement divisée en
muscle pubococcygien et/ou une déchirure du fascia pel deux entités différentes :
vien. Enfin, l'hyperpression pelvienne induite par l'obésité, ■ l'incontinence « vésicale » ou incontinence urinaire par
par une constipation ou une toux chronique augmente le impériosité. C'est la perte involontaire d'urine associée
facteur de risque. La carence hormonale de la ménopause à une soudaine et très forte envie d'uriner. Elle répond
constitue un facteur déclenchant. à deux principaux mécanismes. L'hyperirritabilité du
L'incontinence urinaire est définie comme la perte invo détrusor correspond à des contractions actives du détru
lontaire d'urine à l'effort ou au repos, entraînant ou non sor parvenant à vaincre la résistance urétrale. Le défaut
selon les auteurs des perturbations sociales. Il s'agit plus de compliance est l'apparition d'une hyperpression anor
d'un syndrome que d'une maladie. Sa prévalence est difficile male pour un faible remplissage vésical. La combinaison
à déterminer d'une part en raison de l'imprécision même de de ces deux mécanismes est la forme la plus courante ;
sa définition et d'autre part parce qu'elle entraîne un rejet ■ l'incontinence urétrale ou incontinence urinaire d'effort.
social et donc souvent une dissimulation. On estime que Elle correspond à la perte involontaire d'urine durant
77 % des femmes ont des fuites minimes à l'effort et que les activités physiques qui augmentent la pression abdo
l'incontinence urinaire sévère avec répercussions psycho minale (mais sans contraction du détrusor ou distension
logique et sociale se situe entre 3 et 17 %. vésicale). Elle relève également de deux mécanismes :
La dyschésie ou constipation terminale est la difficulté à l'hypermobilité du col vésical (ou hypermobilité de la
l'évacuation des selles. Elle regroupe plusieurs symptômes jonction vésico-urétrale) et l'insuffisance du sphincter
ou sensations subjectives : exonération en plusieurs temps interne péri-urétral.
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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394 Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein
L'hypermobilité du col vésical est liée à un déficit du sys vésicale avec col en position normale). L'incontinence est
tème musculaire du plancher pelvien ; la vessie reste mobile plus sévère quand l'urètre et la base de la vessie descendent
entre retenue et poussée, mais de façon excessive, traduisant ensemble. En effet, un prolapsus majeur avec large cystocèle
la réduction du pouvoir contractile des releveurs. Durant intravaginale protège l'urètre d'une augmentation de la pres
l'effort de poussée, le col vésical et l'urètre proximal des sion intra-abdominale. Il n'est pas rare de voir se développer
cendent en dessous de leur position normale dans la cavité une incontinence urinaire après cure de cette cystocèle.
pelvienne du fait d'une faiblesse de leurs points d'attaches
musculaires. Il s'ensuit une absence de réponse de l'urètre Hystéroptose
à l'augmentation de la pression abdominale. Le substratum L'hystéroptose ou descente du moignon vaginal en cas d'hys
anatomique du col vésical et de l'urètre est normal. térectomie se manifeste par son abaissement sous la ligne de
Dans l'insuffisance du sphincter interne, la musculature référence. Cette distance doit être mesurée. Généralement,
intrinsèque et/ou extrinsèque de l'urètre est défectueuse un allongement de la berge antérieure du col et un redresse
par neuropathie ou lésions directes. Le col et l'urètre restent ment de l'utérus sont associés si ce dernier est présent.
en position normale dans la cavité pelvienne mais la faible
pression intra-urétrale est incapable de supporter la pres Élytrocèle
sion intravésicale dans les activités quotidiennes ou à un L'élytrocèle définit la descente du cul-de-sac de Douglas en
stade évolué lors du simple passage en orthostatisme. Le col dessous de la ligne de référence. Il peut s'agir d'une entéro
vésical reste ouvert au repos. cèle (intestin grêle) ou d'une sigmoïdocèle (côlon sigmoïde)
L'incontinence urinaire d'effort est la plus fréquente selon le contenu du péritoine prolabé. Le terme de prolap
(75 % des cas), mais est souvent associée à une incontinence sus péritonéal ou péritonéocèle paraît plus approprié quel
par impériosité. Il existe des degrés variables d'association que soit le contenu du péritoine prolabé car il est variable,
entre les différents types d'incontinence, ce qui peut expli avec parfois d'autres constituants mobiles du pelvis comme
quer les difficultés d'interprétation des épreuves urodyna l'épiploon ou les ovaires. La péritonéocèle n'est pas toujours
miques mais également celles de l'imagerie. responsable d'une constipation terminale. Elle participe
au phénomène douloureux. Lorsqu'elle est orientée vers
Prolapsus l'avant, il s'agit d'une colpocèle antérieure simulant clinique
Les terminologies sont nombreuses. Malgré de multiples ment une rectocèle et orientée vers l'arrière, il s'agit d'une
controverses, il existe un consensus sur les points suivants. hédrocèle gênant l'évacuation du rectum.
b
Fig. 23.1 Ligne de référence, repères et angles. (a) Schéma. 1 : angle urétrovésical postérieur : 110° ± 20° ; 2 : angle pubo-urétral : 45° ± 15° ; 3 :
angle anorectal : 110°. (b) IRM, sagittale, séquence T2. Opacification du rectum par du gel d'échographie ; identification de la ligne de référence.
■ le bord postérieur du canal anal reste à moins de 25 mm canal anal subit une bascule antérieure minime. Il n'existe
en dessous de la ligne de référence et le cap anal est situé pas d'entérocèle chez les sujets normaux.
sur ou au-dessous de la ligne de référence ; Du point de vue musculaire, la portion iliococcygienne
■ l'angle anorectal est d'environ 110° ; de l'élévateur de l'anus a une morphologie en dôme, convexe
■ le cul-de-sac de Douglas est au-dessus de la ligne de en haut au repos. En retenue, sa convexité s'accentue avec
référence. fermeture du cap vaginal ; en poussée, sa convexité supé
En poussée maximale chez les patientes sans dysfonc rieure s'atténue, devient quasi horizontale, avec ensuite
tionnement du plancher pelvien, la vessie subit un mouve éversion pour devenir concave en poussée maximale. Les
ment d'avant en arrière et de haut en bas. L'urètre subit une coupes frontales montrent bien cette dynamique avec écar
translation vers l'arrière, et la face trigonale de la vessie et tement et éversion des portions horizontales.
l'urètre viennent dans le prolongement l'un de l'autre. Le col
vésical doit toujours rester au-dessus ou encore à hauteur
de la ligne de référence, mais jamais en dessous à plus de Éléments du diagnostic
10 à 15 mm. L'angle pubo-urétral s'ouvre sans dépasser 90°. Analyse morphologique (fig. 23.2)
L'angle urétrovésical postérieur s'ouvre sans dépasser 150°. Cette analyse recherche une anomalie du muscle puborectal
Le col utérin subit une translation vers le bas et l'arrière. Le (amincissement, asymétrie ou défaut d'insertion antérieur)
col utérin reste à au moins 10 ou 14 mm au-dessus de la ligne et précise l'aspect des fosses ischiorectales et des muscles
de référence. Le vagin subit la même translation et devient élévateurs de l'anus.
rectiligne. Le cul-de-sac de Douglas reste au-dessus de la
ligne de référence. La taille du hiatus périnéal ne dépasse
pas 7 cm. Le bord postérieur du canal anal reste à moins de Analyse dynamique (fig. 23.3 à 23.5)
3,5 cm au-dessous de la ligne de référence. L'angle anorectal Son objectif est de déceler les prolapsus et de rechercher une
se ferme en dehors de la défécation. Le rectum s'abaisse et le atteinte associée des autres compartiments.
Chapitre 23. Troubles de la statique pelvienne 397
Cystocèles
Le stade est établi en imagerie d'après la mesure de la dis
tance entre le point le plus bas de la vessie et la ligne de
référence. Il est superposé à la stadification clinique. Le
stade I correspond à un prolapsus à l'examen clinique situé
au-dessus de l'orifice vaginal et une base de vessie qui des
cend moins de 2 cm en dessous de la symphyse pubienne.
Le stade II correspond à un prolapsus qui va au niveau de
l'orifice vaginal et avec une base de vessie comprise entre
2 et 5 cm en dessous de la ligne de la symphyse pubienne.
Enfin, le stade III correspond à un prolapsus qui va en des
sous de l'orifice vaginal (complètement extériorisé) et est
situé à plus de 5 cm en dessous de la ligne de la symphyse
Fig. 23.2 IRM séquence pondérée en T2, plan axial ; analyse mor- pubienne. Ces valeurs sont prises au repos et durant l'effort
phologique. Atrophie du segment antérieur du muscle élévateur de
de poussée.
l'anus droit (flèche).
La cystocèle avec horizontalisation urétrale est de dia
gnostic clinique facile, répondant à la convexité de la por
tion inférieure de l'image vésicale faisant bomber la paroi
antérieure du vagin. Elle peut n'exister que lors de la pous
sée lorsque les muscles releveurs sont encore fonctionnels
ou être déjà présente lors de la retenue et atteindre ainsi un
Fig. 23.4 IRM, séquence rapide pondérée en T2, avec opacification rectale ; épreuves dynamiques ; plan sagittal. (a) Contraction ; aspect
satisfaisant du muscle puborectal avec fermeture de l'angle anorectal (flèche). (b) Béance du canal anal au repos avec évacuation spontanée du
produit de contraste rectal.
398 Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein
volume important. Au maximum, elle est volumineuse, avec Les bandelettes sous-urétrales sont mal visibles en
extériorisation complète de la vessie. IRM (en hyposignal T1 et T2), alors qu'elles sont très bien
Une importante cystocèle s'accompagne d'une urétéro- visibles sur le plan morphologique et dynamique en écho
hydronéphrose par descente simultanée des uretères et graphie introïtale (translabiale). Toutefois, l'IRM est utile
compression de leur extrémité distale, ce qui est un facteur en cas de complication infectieuse ou inflammatoire où la
d'infection urinaire. bandelette sous-urétrale (BSU) est cernée par un hypersi
gnal T2 et T1 gadolinium. L'IRM trouve aussi sa place dans
Incontinence anale les complications précoces (hématome du Retzius, abcès,
Au repos, la jonction anorectale doit être au niveau de la myosite).
LPC et le canal anal doit être fermé. La correction des prolapsus est bien étudiée par l'IRM
Lors de la contraction volontaire, il existe une fermeture dynamique en postopératoire. Mais il n'existe pas de super
de l'angle anorectal, avec ascension de la jonction anorec position entre une correction anatomique satisfaisante et
tale. Lors de la poussée volontaire, il existe une relaxation du l'amélioration de la qualité de vie.
muscle puborectal avec une ouverture, associée à une des Les prothèses pelvipérinéales sont visibles en regard de
cente modérée (< 3 cm) de la jonction anorectale. l'espace vésico-utérin et/ou dans la cloison rectovaginale.
Comparée à l'examen clinique, l'IRM permet une Ces prothèses peuvent se compliquer de perforation vésicale
approche plus efficace des différents types de prolapsus, sur ou de rétraction prothétique, entraînant des douleurs et des
tout en ce qui concerne les entérocèles et les prolapsus uté infections urinaires à répétition.
rovaginaux. Elle détecte et quantifie l'atteinte de plusieurs Dans ces cas, l'association échographie périnéale et
compartiments. IRM de statique pelvienne est très utile pour confirmer le
diagnostic.
Aspects postopératoires (fig. 23.6)
En IRM, les pessaires apparaissent en hyposignal T1 et T2,
et reposent sur le faisceau puborectal et le hiatus urogénital. Références
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Fig. 23.6 Complication postopératoire ; IRM, séquence pondé- [9] Vanbeckevoort D, Van Hoe L, Oyen R, et al. Pelvic floor descent in
rée en T2, plan frontal. Promontofixation avec hématome (têtes de females : comparative study of colpocystodefecography and dynamic
flèche). fast MR imaging. J Mag Res Im 1999 ; 9 : 373–7.
Chapitre
24
Exploration IRM de la vessie
C. Roy
PLAN DU CHAPITRE
Rappel anatomique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 399 Aspects normaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 400
Technique d'examen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 400 Pathologie de la vessie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 401
L'exploration IRM de la vessie est réservée en pratique cou- iliaque interne et ses branches de division latérale et anté-
rante au bilan d'extension des gros processus tumoraux car rieure. Elle s'amincit d'arrière en avant. Elle est visualisée en
elle est plus performante que la tomodensitométrie (TDM) IRM sous la forme d'un mince liseré en hyposignal, continu
pour le bilan d'extension local. Ses autres indications sont à la limite de la visibilité et non mesurable, inframillimé-
ponctuelles : exploration d'une pathologie inhabituelle ou trique qui se fixe en postérieur sur le sacrum. Il s'y ajoute
extension d'une lésion extravésicale. des lames orientées dans un plan frontal avec principale-
ment l'aponévrose ombilico-prévésicale ou fascia prévésical
entourant la face antérieure et latérale de la vessie. Cette
Rappel anatomique fine structure a la forme d'une portion de cône à conca-
(fig. 24.1) [1, 2] vité antérieure, plus épaisse et plus résistante dans la partie
basse. Son sommet supérieur se situe au niveau de l'ombilic
La vessie occupe la partie antérieure et médiane de la cavité où il fusionne avec le fascia transversalis. Ses bords latéraux
pelvienne. droit et gauche, obliques vers le bas et le dehors, s'étendent
La paroi vésicale est constituée de quatre feuillets : la
muqueuse ou épithélium, le chorion (lamina propria) ou
tissu conjonctif sous-épithélial, la couche musculaire et
l'adventice. La couche musculaire est composée de faisceaux
musculaires lisses séparés les uns des autres par du tissu
conjonctivo-élastique abondant. Elle est composée théori-
quement de trois couches, en fait mal individualisées : une
couche externe avec des fibres à direction longitudinale, une
couche intermédiaire plus épaisse avec des fibres à direction
circulaire et une couche interne faite de faisceaux à orienta-
tion mixte. L'adventice est composé de tissu fibroélastique,
riches en adipocytes. Elle devient une séreuse à l'endroit du
revêtement péritonéal.
Les viscères extrapéritonéaux contenus dans la cavité
pelvienne sont entourés par un système de contention com-
plexe constitué de fascias périviscéraux. Ces fascias ou lames
ont une disposition verticale entre le péritoine en haut et le
plancher pelvien en bas. Minces en certains endroits, plus
épais ailleurs, ils sont désignés également sous le nom de
tente vasculaire. Ils entourent la vessie délimitant plusieurs
espaces : un espace prévésical (le plus conséquent), un
espace périvésical (entourant la vessie) et un espace rétrové-
sical (au contact des organes génitaux).
La principale lame est la lame sacro-recto-génito-vésico-
pubienne qui a une direction antéropostérieure et longe la
face latérale des viscères. Elle est paire et symétrique, de
topographie paramédiane. En situation interne par rap- Fig. 24.1 Espace prévésical et aponévrose ombilico-prévisicale.
port aux vaisseaux, elle en est solidaire en entourant l'artère (D'après Rouvière.)
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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400 Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein
de l'ombilic vers le plancher pelvien, entourant la face anté- grêle. La compression douce de l'abdomen par l'antenne
rieure et les faces latérales de la vessie. La base des bords réduit les mouvements respiratoires.
latéraux s'attache sur les ligaments pubovésicaux en avant Les séquences de fast spin echo en pondération T2 sont
et plus latéralement sur les muscles élévateurs de l'anus. La essentielles.
partie supérieure des bords latéraux est tendue et renforcée Les séquences 2D ou 3D en écho de gradient pondérées
par des reliquats fibreux des artères ombilicales oblitérées, en T1 avec injection de gadolinium permettent une analyse
remontant vers la ligne médiane jusqu'à l'ombilic. dynamique de la paroi.
La face postérieure du fascia prévésical est longée sur la Les techniques de suppression de la graisse sont néces-
ligne médiane par l'ouraque, tendu du sommet de la vessie saires pour la délimitation des processus tumoraux. La satu-
à l'ombilic. C'est une bande fibreuse correspondant à la fer- ration sélective de la graisse par une impulsion sélective en
meture du canal embryonnaire de l'allantoïde qui joint le fréquence précédant la séquence conventionnelle a l'avan-
sinus urogénital à l'ombilic chez l'embryon. Chez l'adulte, tage avec un champ homogène d'une suppression totale de
ce reliquat est toujours présent, médian, tendu entre la face la graisse et d'une utilisation simple sur les séquences pon-
antérieure du dôme vésical et l'ombilic. Il est recouvert, ainsi dérées en T1, T2 et avec gadolinium.
que la face postérieure du fascia, par le péritoine. Les séquences d'uro-IRM (sans injection en pondéra-
La face antérieure du fascia est séparée du fascia transver- tion T2, ou au temps excréteur d'une séquence 3D T1 après
salis qui recouvre les muscles de la paroi abdominale par un injection de gadolinium) sont peu utiles pour l'analyse de
espace graisseux appelé espace prévésical. la vessie elle-même. Elles fournissent une visualisation de
l'ensemble de la voie excrétrice supérieure.
L'épaisseur de coupe est de 3 à 5 mm. Les trois plans de
Technique d'examen coupes orthogonaux sont d'abord réalisés, puis des plans
perpendiculaires adaptés à la localisation de la zone patho-
Plusieurs particularités techniques optimisent l'examen. logique afin de minimiser le phénomène de volume partiel.
Une distension satisfaisante de la vessie est un paramètre Il est en effet fondamental de connaître la localisation d'une
important. La vessie doit être demi-pleine en début d'exa- lésion découverte par échographie ou cystoscopie. Ainsi,
men, en ayant prévenu le patient de sa durée prévisible. Une l'analyse du dôme et de la base nécessite un plan de coupe
vessie trop pleine en début d'examen a deux inconvénients : sagittal et/ou frontal alors qu'une lésion des faces latérales
inconfort du patient source d'artéfacts de mouvement et sera étudiée en coupes axiales et/ou frontales. Les coupes
amincissement de la paroi rendant impossible le diagnostic obliques à 45°, à partir d'un repérage axial par exemple, sont
d'extension d'un processus tumoral. Dans le cas où la vessie à utiliser pour l'exploration des faces antéro- ou postérolaté-
est presque vide, il y a un épaississement de la paroi, mas- rales. Ce plan de coupe oblique doit passer par le centre de la
quant la visualisation de petites tumeurs. En pratique, un vessie pour être perpendiculaire à la paroi.
remplissage optimal de la vessie est obtenu en demandant au
patient de vider sa vessie 1 heure avant l'examen et ensuite
de s'abstenir d'uriner.
La respiration et le péristaltisme intestinal sont source
Aspects normaux (fig. 24.2 et 24.3)
d'artéfacts. L'injection intraveineuse de 0,5 ml de glucagon Quel que soit le type de séquence proposé, l'étude de la
immédiatement avant l'examen réduit le péristaltisme du pathologie vésicale associe une information en pondération
Fig. 24.2 IRM, séquence d'écho de spin pondérée en T2. (a) Plan sagittal, vessie peu remplie. Femme avec utérus rétroversé. La paroi épaisse
est de signal intermédiaire, contrastant avec l'hypersignal de l'urine et celui de la graisse. L'ouraque est bien visualisé, tendu de la paroi vésicale à
l'ombilic (têtes de flèche). Il délimite en avant l'espace prévésical (astérisque). (b) Plan frontal, vessie peu remplie. L'ouraque est bien visualisé (têtes
de flèche). Latéralement se situe le fascia ombilico-prévésical (flèche).
Chapitre 24. Exploration IRM de la vessie 401
Fig. 24.4 Schéma de la classification TNM de l'International Union Against Cancer (UICC). 1 : muqueuse ; 2 sous-muqueuse ; 3 couche
musculaire superficielle ; 4 couche musculaire profonde.
Tableau 24.1 Classification TNM 2010 des tumeurs stade tumoral TNM (tumor, node, metastasis) de l'Interna-
de la vessie. tional Union Against Cancer (UICC) et la détermination du
grade.
T – Tumeur primitive
Le suffixe « m » doit être ajouté à la catégorie T appropriée pour
Le stade fournit l'importance de l'infiltration pariétale
indiquer l'existence des tumeurs multiples. Le suffixe « is » peut à partir du matériel de résection qui doit comporter de
être ajouté à toute catégorie T pour indiquer l'existence de la musculeuse vésicale. Les tumeurs restant cantonnées
carcinome in situ associé. à la muqueuse et au chorion sont qualifiées de superfi-
− Tx Renseignements insuffisants pour classer la tumeur primitive cielles ou de non infiltrantes (ancienne terminologie).
− T0 Pas de signe de tumeur primitive Aujourd'hui, l'appellation « tumeur superficielle » est rem-
− Ta Carcinome de type papillaire non infiltrant
placée par « tumeur de vessie n'infiltrant pas le muscle vési-
− Tis Carcinome in situ : flat tumor
− T1 Tumeur envahissant le tissu conjonctif sous-épithélial cal » (TVNIM). Elles représentent 45 % de l'ensemble des
− T2 Tumeur envahissant la musculeuse tumeurs urothéliales. Lors du diagnostic initial, 60 à 70 %
• pT2a Tumeur envahissant la musculeuse superficielle (moitié des tumeurs urothéliales sont de type TVNIM. Le dia-
interne) gnostic de la tumeur « superficielle » impose l'examen de la
• pT2b Tumeur envahissant la musculeuse profonde (moitié totalité des copeaux de résection. Les tumeurs infiltrantes/
externe)
invasives envahissent le muscle et se comportent d'emblée
− T3 Tumeur envahissant le tissu périvésical
• pT3a Atteinte microscopique
comme des tumeurs malignes graves. Aujourd'hui, l'appella-
• pT3b Atteinte macroscopique (masse extravésicale) tion « tumeur invasive » est remplacée par « tumeur de vessie
− T4 Tumeur envahissant l'une ou l'autre des structures infiltrant le muscle vésical » (TVIM).
suivantes : prostate, vésicules séminales, utérus, vagin, paroi Elles représentent 55 % des tumeurs urothéliales. Lors du
pelvienne ou paroi abdominale diagnostic initial, 25 % des tumeurs sont « invasives ».
• T4a Prostate, vésicules séminales, vagin ou utérus Le caractère multifocal des lésions initiales ou des réci-
• T4b Paroi pelvienne ou paroi abdominale
dives dans la vessie et/ou sur tout l'arbre urinaire est une
N – Ganglions lymphatiques régionaux notion classique. La fréquence d'une localisation tumorale
− Nx Renseignements insuffisants pour classer l'atteinte des du haut appareil urinaire associée à la tumeur vésicale varie
ganglions lymphatiques régionaux
− N0 Pas d'atteinte des ganglions lymphatiques régionaux
de 8,6 à 28,8 % pour les tumeurs infiltrantes ou superfi-
− N1 Atteinte d'un seul ganglion lymphatique pelvien cielles de haut grade. Entre 24 et 39 % des patients avec une
(hypogastrique, obturateur, iliaque externe ou présacré) tumeur des cavités rénales ou de l'uretère développeront une
− N2 Atteinte de multiples ganglions lymphatiques pelviens lésion vésicale.
(hypogastrique, obturateur, iliaque externe ou présacré) L'aspect macroscopique explique les différents aspects
− N3 Atteinte d'un (ou de plusieurs) ganglion(s) lymphatique(s) rencontrés en imagerie. Les tumeurs papillaires ou végé-
iliaque(s) primitif(s)
tantes ou ulcérovégétantes ont un développement exophy-
M – Métastases à distance tique intravésical. Les tumeurs infiltrantes pures sont planes
− M0 Absence de métastase à distance et diagnostiquées en cystoscopie. Leur visualisation est
− M1 Métastase(s) à distance
impossible en imagerie.
Chapitre 24. Exploration IRM de la vessie 403
Le taux global de récidive varie de 40 à 85 % selon les d'une structure linéaire à contours mal délimités de signal
séries, entre 6 à 12 mois. Entre 20 et 30 % des tumeurs plus faible que celui de la tumeur en pT2 et se rehaussant
superficielles TVNIM évolueront après plusieurs années en plus tardivement que la tumeur après injection ; ce qui tra-
tumeurs infiltrantes TVIM. Le grade est un facteur péjo- duit sa nature fibreuse. La partie musculaire lisse de la paroi
ratif car les tumeurs superficielles TVNIM de grade élevé est parfois attirée par le pédicule d'implantation.
ont 70 % de survie à 5 ans. L'incidence des tumeurs du haut L'injection de produit de contraste augmente la sensibi-
appareil urinaire est faible dans les carcinomes de bas grade, lité de détection de petites tumeurs et améliore l'analyse de
mais augmente à 7 % dans les tumeurs grade pT1. l'envahissement pariétal. Le processus tumoral étant hyper-
vascularisé, il a une prise de contraste précoce et intense
avec un wash-out plus rapide que celui d'un tissu non
Imagerie par résonance magnétique [7–9]
tumoral. De ce fait, la tumeur peut être identifiée entre 5 à
Processus tumoral (fig. 24.5 à 24.9) 15 secondes après l'injection par son hypersignal, alors que
En ES T1, la tumeur a un signal intermédiaire à faible voi- la couche musculaire reste en hyposignal. Ultérieurement,
sin de celui de la paroi vésicale. Elle est iso- ou légèrement le signal de la tumeur diminue, celui de la paroi augmente
hyperintense par rapport au muscle, hyperintense par rap- et la forte intensité du contraste dans la vessie masque une
port à l'urine et hypo-intense à la graisse périvésicale. petite lésion tumorale. La présence d'un liseré en hyposignal
En ES T2, le signal de la tumeur est très inférieur à celui (couche musculaire) à la base tumorale correspond à un
de l'urine, supérieur à l'hyposignal de la paroi et inférieur stade T1. Un contour interne irrégulier traduit un stade T2a
ou égal à celui de la graisse. Les tumeurs polypoïdes ont un et l'interruption du liseré en hyposignal par un hypersignal
pédicule d'implantation contenant du tissu conjonctif, des sans infiltration de la graisse périvésicale correspond à un
capillaires ainsi que des cellules inflammatoires avec de stade T2b. Enfin, une lésion avec contour interne irrégu-
l'œdème ; ce dernier est visible dans 75 % des cas sous forme lier et des stries dans la graisse périvésicale témoigne d'un
Fig. 24.5 IRM. Processus tumoral stade pT1. (a) ES T2, plan axial. Masse polypoïde de la partie gauche du trigone de signal intermédiaire.
Intégrité de la portion musculaire de la paroi en hyposignal. Pas de dilatation de l'uretère. (b) ES T2, plan frontal. Intégrité de la portion musculaire
en hyposignal.
Fig. 24.6 IRM. Processus tumoral stade pT3b. (a) ES T2, plan axial. Masse polypoïde de la partie gauche du trigone avec rupture de l'hyposignal
de la paroi et envahissement de la graisse de l'espace inter-vésico-séminal (flèche). (b) ES T2, plan frontal. La tumeur envahit la partie musculaire
et s'étend en dehors des limites de la vessie dans la graisse, sans atteinte du tube digestif (flèche).
404 Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein
Fig. 24.7 Volumineux processus tumoral droit envahissant la paroi. Stade pT3b. (a) TDM. Temps veineux. La masse se rehausse de façon
homogène. Les contours de la vessie apparaissent réguliers. (b) IRM ES T1, plan axial. La masse est de signal faible homogène avec une zone
d'implantation en regard de remaniements de la graisse associés à une hypervascularisation (flèche). (c) IRM. ES T2, plan axial. La tumeur est de
signal faible, contrastant avec l'hypersignal de l'urine. Noter la visualisation du pédicule d'implantation avec attraction du tissu graisseux périvésical
(flèche noire) et interruption de l'hyposignal normal la paroi. (d) IRM ES T2, plan frontal. L'envahissement de la graisse et le pédicule d'implantation
sont bien visibles (flèche).
stade T3b. En théorie, le rehaussement tumoral est plus graphie ADC. Dans la littérature, il est rapporté que l'inten-
précoce que celui de l'œdème ou d'un tissu de granulation ; sité de la chute de l'ADC fournit une information utile pour
mais il y a plusieurs causes de faux positifs, à savoir : une l'évaluation du stade tumoral, en particulier pour distinguer
néovascularisation péritumorale inflammatoire sans exten- le stade T1 ou moins du stade T2 ou plus. La valeur de
sion histologique, des remaniements postbiopsiques et après l'ADC des tumeurs de grade 3 serait significativement plus
instillations endovésicales, ou encore une fibrose post-irra- faible que celles des grades 1 et 2.
diation si l'examen est réalisé trop précocement (à moins de
3 mois après la procédure). Extension aux organes de voisinage (fig. 24.9)
La résolution spatiale des appareils actuels permet la La séquence ES T2 fournit un excellent contraste avec l'ana-
visualisation de tumeurs bourgeonnantes de taille supé- tomie zonale des différents organes pelviens et pour la paroi
rieure ou égale à 5 à 7 mm. pelvienne. L'analyse dans les plans sagittal ou frontal est
Dans la littérature, les séquences dynamiques avec injec- optimale pour le bilan d'extension, en particulier pour l'ex-
tion de contraste ont une efficacité qui varie de 75 % à 92 % ploration des parois pelviennes et du plancher. Une lésion
pour différencier un stade T1 ou moins d'un stade T2 ou s'étendant dans un organe de voisinage ou la paroi pelvienne
plus avec une efficacité globale tous types confondus de en séquence ES T2 et après injection traduit un stade T4.
52 % à 93 %. Tekes et al. [8] rapportent une sensibilité et une L'envahissement des vésicules séminales se juge sur des
spécificité de 86 % et 84 % respectivement pour distinguer critères morphologiques en ES T1 car le signal n'est pas
entre un stade pT2 ou moins et un stade pT3 ou plus. En modifié : hypertrophie d'une vésicule avec remplacement
utilisant les trois types de séquences combinées, l'efficacité de l'hypersignal graisseux intervésicoséminal par un hypo-
diagnostique du stade pT3 ou plus est de 94 %. signal. En ES T2, il y a une chute localisée ou diffuse de
L'imagerie de diffusion (fig. 24.8) a une excellente sen- l'hypersignal de la vésicule séminale remplacé par un signal
sibilité pour la détection des lésions avec, comme dans qui évolue de façon identique à celui du processus tumo-
tout processus tumoral, un ralentissement de la diffusion, ral à l'injection. La sensibilité de ce signe est bonne, mais sa
soit sur l'imagerie en diffusion un hypersignal, et une spécificité est médiocre car les vésicules séminales peuvent
valeur du coefficient de diffusion apparent (ADC) faible présenter un signal faible dans certaines circonstances phy-
(< 1000 10–3 mm3/s) facile à déceler également sur la carto- siologiques (patient âgé, alcoolisme sévère, passé infectieux
Chapitre 24. Exploration IRM de la vessie 405
Fig. 24.8 IRM. Rétention aiguë d'urine. Masse tumorale du trigone, stade pT4a. (a) ES T2, plan sagittal. Épaississement tissulaire du trigone
avec disparition de l'hyposignal de la paroi (flèche noire) et infiltration de la paroi vaginale antérieure (tête de la flèche noire). Noter l'épaississe-
ment de la paroi postérosupérieure (tête de flèche blanche). (b) EG T1 avec injection de produit de contraste, 15 secondes, plan sagittal. La masse
tumorale du trigone interrompt la paroi musculaire et infiltre l'espace intervaginal puis la paroi vaginale antérieure (flèche). Au niveau de la face
postérieure du dôme, il existe un rehaussement linéaire sans infiltration pariétale à l'injection de contraste correspondant à un stade pT1 (tête
de flèche). (c) ES T2, plan axial. La masse envahit les deux méats urétéraux (flèches). (d) Séquence de diffusion b1000. Hypersignal de la tumeur
(flèche). (e) Cartographie ADC de la séquence de diffusion. Ralentissement de la diffusion dans le processus tumoral (flèche).
ou radiothérapie locale ou amylose vésiculaire). Dans ces tique, principalement à la recherche d'une extension péri-
cas, l'hyposignal est diffus, bilatéral et les vésicules sont de vésicale pour les stades > T2a d'une tumeur préalablement
petite taille. diagnostiquée avec son type histologique et sa localisation.
L'envahissement de la prostate s'apprécie dans le plan La fiabilité globale de l'IRM est supérieure à celle de la
frontal ou sagittal et en ES T2 sur deux critères : dispari- TDM. Cela s'explique d'une part par la meilleure résolution
tion de la limite nette inter-vésico-prostatique, masse de en contraste et d'autre part par sa possibilité de réaliser des
signal identique à la tumeur vésicale dans le parenchyme plans de coupe plus adaptés à la morphologie de la vessie
prostatique. L'envahissement urétral est impossible à permettant d'explorer les tumeurs du dôme et de la base.
diagnostiquer. En pratique, elle n'est indispensable que si l'on suspecte une
L'extension au cul-de-sac vaginal, au col et au corps uté- extension aux organes de voisinage à partir d'un stade pT3b.
rin s'étudie dans le plan sagittal en ES T2. Les critères d'en- En routine, l'évaluation du haut appareil excréteur est
vahissement sont identiques à ceux proposés chez l'homme. faite par l'uroscanner, mais en cas d'insuffisance rénale,
L'envahissement de la paroi pelvienne s'apprécie en ES l'uro-IRM, en séquence pondérée en T2, est performante.
T2. La perte du liseré graisseux entre deux structures n'est
pas synonyme d'infiltration. Le seul critère fiable est l'exis- Extension ganglionnaire [10, 11]
tence d'un signal identique à celui de la tumeur dans le L'IRM et la TDM utilisent le même principal critère d'ana-
muscle. Une disparition de la corticale osseuse avec infiltra- lyse, morphologique, fondé sur la taille, pour distinguer les
tion médullaire traduit une extension osseuse. ganglions des adénopathies. Le diagnostic d'adénopathie
Au total, la fiabilité globale de l'IRM varie de 73 à 96 % est évoqué devant une formation tissulaire supplémentaire
pour le bilan tumoral local. autour des axes vasculaires.
Les ganglions normaux sont couramment visibles en
Comparaison entre TDM et IRM (voir fig. 24.7) routine. Le problème essentiel est de définir la taille limite
La principale indication de la TDM ou de l'IRM n'est pas la au-delà de laquelle un ganglion est jugé pathologique. De
détection tumorale mais le bilan d'extension préthérapeu- multiples travaux ont porté sur cette notion, rapportant des
406 Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein
Formes cliniques
Tumeur développée dans un diverticule vésical
Le diverticule de vessie est une pathologie bénigne favo-
risant le développement d'une tumeur. En effet, 80 % des
diverticules sont le siège de modifications pariétales à type
de dysplasie, leucoplasie ou encore métaplasie épider-
moïde, et 6 % environ contiennent un processus tumoral
Fig. 24.9 IRM. Processus tumoral étendu pT4a- pT4b (minime)
N +. (a, b) ES T2. (a) Plan axial. Présence de multiples adénopathies
malin. C'est la conséquence de la stase urinaire chronique
(flèches). Infiltration tumorale nodulaire de l'espace périrectal gauche intradiverticulaire, elle-même responsable d'infection
allant jusqu'à la grande échancrure sciatique (tête de flèche). (c) ES T2, urinaire.
plan frontal. Vaste processus tumoral du dôme avec atteinte de la paroi L'imagerie en coupes prouve la nature tissulaire grâce à la
du sigmoïde (flèche). prise de contraste précoce. L'IRM permet un bilan d'exten-
sion locorégionale plus précis qu'en TDM.
chiffres variables à cause de l'hétérogénéité des appareil- Le pronostic est très péjoratif, avec moins de 10 % de sur-
lages et des protocoles. La valeur de référence est définie vie à 5 ans, car la paroi musculaire du diverticule est mince
comme celle du plus petit axe, pris perpendiculairement au ou inexistante, ce qui favorise la progression rapide de la
grand axe dans le plan axial transverse ou diamètre mini- tumeur d'un stade superficiel à un stade T3b.
mal (ou petit diamètre) axial transverse. La valeur seuil
« moyenne » de consensus au-delà de laquelle un ganglion Tumeur de l'ouraque
est considéré comme pathologique est de 10 mm pour les La tumeur de l'ouraque occupe environ 0,2 % de l'ensemble
ganglions rétropéritonéaux et de 8 mm pour ceux de la des tumeurs de vessie. Bien que celui-ci soit habituellement
cavité pelvienne. tapissé par un épithélium, 90 % de ces cancers sont des adé-
Ce critère de taille ne permet pas de différencier une adé- nocarcinomes, le plus souvent de type mucineux. Ils pro-
nopathie inflammatoire d'une adénopathie métastatique, viendraient d'une métaplasie de l'épithélium de l'ouraque.
en particulier en cas de petite lésion. Ces faux positifs sont La tumeur siège le plus souvent dans la portion juxtavési-
cependant beaucoup plus rares que les faux négatifs dus à cale de l'ouraque. Sa croissance est rapide. L'extension vési-
Chapitre 24. Exploration IRM de la vessie 407
cale est précoce, se fait à la face antérieure de la vessie, puis signal intermédiaire à faible en T1 et en hyposignal en T2.
au péritoine après franchissement de l'espace de Retzius et Elle refoule la muqueuse. Après injection, son rehaussement
à la paroi abdominale. Asymptomatiques et insidieux au est variable.
début, les adénocarcinomes seront découverts dans 80 % Les tumeurs musculaires malignes (sarcomes ou myosar-
des cas à un stade tardif devant une hématurie ou une masse comes) représentent entre 0,5 et 1 % des tumeurs malignes
dure sus-pubienne, ou rarement une fistule ombilicale de la vessie. Les principales formes histologiques sont les
hémorragique. rhabdomyosarcomes et les léiomyosarcomes. L'extension
La topographie est évocatrice : masse médiane ou para- est toujours locale, rarement métastatique. L'évolution en
médiane dans l'espace prévésical avec un développement est variable, relativement lente dans certains cas.
exovésical prédominant, remontant le long de l'ouraque.
En IRM, le plan sagittal est optimal pour l'analyse topo- Autres tumeurs primitives
graphique et l'extension pariétale sur la séquence ES pT2. Paragangliome vésical (ou phéochromocytome
Le pronostic est très péjoratif. extrasurrénalien vésical)
Il existe trois diagnostics différentiels :
■ le kyste de l'ouraque infecté : le diagnostic peut être évo- Entre 10 à 15 % des phéochromocytomes sont extrasur-
qué devant la symptomatologie clinique infectieuse, le rénaliens. Parmi ceux-ci, la localisation vésicale occupe la
jeune âge du patient et l'absence de prise de contraste. troisième place parmi des localisations abdominales (85 %
Passé en phase chronique, il simule une masse tumorale des cas). Le paragangliome vésical représente entre 0,06 et
plus ou moins nécrosée ; 0,5 % de l'ensemble des tumeurs vésicales. Il est le plus
■ les adénocarcinomes primitifs du dôme de vessie ont souvent bénin et d'évolution lente, mais le risque de mali-
des caractéristiques différentes : croissance intravésicale gnité est plus fréquent que pour les phéochromocytomes
avec faible développement exovésical, topographie moins surrénaliens. De plus, la détermination de la malignité par
médiane, absence de calcification. La présence d'une cys- l'examen anatomopathologique est difficile, voire impos-
tite glandulaire associée est en faveur d'un adénocarci- sible sur l'analyse de la pièce. Seules la présence d'une autre
nome primitif de la vessie ; localisation, soit simultanée, soit à distance, et la découverte
■ l'envahissement local d'une tumeur de voisinage (adéno- de métastases dans des zones ne contenant normalement
carcinome de l'ovaire, prostate, col utérin, tube digestif). pas de cellules chromaffines (ganglions, poumon, foie) sont
des éléments de certitude de malignité. La tumeur se déve-
loppe entre les fibres musculaires de la paroi vésicale à par-
Tumeurs non épithéliales tir des cellules germinales provenant de la crête neurale.
Les tumeurs non épithéliales occupent environ 3 % de Les métastases peuvent apparaître plusieurs années après
l'ensemble des tumeurs vésicales. Elles regroupent des types le diagnostic initial et la récidive locale est le fait d'une exé-
histologiques très divers, bénins ou malins. Ces tumeurs rèse incomplète.
ont en commun leur origine intramurale avec respect de la La symptomatologie clinique évocatrice – manifestations
muqueuse. paroxystiques per- ou postmictionnelles immédiates à type
Les tumeurs musculaires sont les tumeurs non épithé- de céphalées, sueurs et palpitations – n'est présente que dans
liales les plus fréquentes. Elles peuvent être bénignes ou la moitié des cas. Il en est de même d'une hypertension arté-
malignes. rielle et d'une hématurie qui peut être abondante à cause
d'une ulcération de la muqueuse sous-jacente. L'élévation
Léiomyome du taux de catécholamines est présente également dans 50 %
des cas. Elle peut être minime et/ou n'être libérée que lors
Le léiomyome de la vessie est rare (0,04 à 0,5 % de l'en-
des contractions vésicales au moment de la vidange vésicale.
semble des tumeurs de vessie), mais c'est la plus fréquente
Cependant, tous ces éléments de suspicion diagnostique
des tumeurs vésicales non épithéliales occupant la quasi-
sont importants compte tenu du risque de poussées hyper-
totalité de cet ensemble.
tensives liées à la manipulation de la tumeur lors de la cys-
Dans 63 % des cas, son développement est intravésical de
toscopie. La biopsie est contre-indiquée à cause du risque de
type sessile ou pédiculé, et dans 30 % il est extravésical. C'est
poussée hypertensive.
une masse arrondie ou lobulée, bien limitée, lisse, unique
En IRM, le signal est faible à intermédiaire en T1, et en
ou multiple, recouverte d'une muqueuse saine. Elle croît
T2 la masse présente un signal intermédiaire à élevé et est
lentement, pouvant atteindre un volume important. La péri-
homogène. La prise de contraste est intense.
phérie de la tumeur est recouverte par une muqueuse saine,
rarement érodée.
Les formes à développement intravésical ont une symp- Endométriose vésicale (fig. 24.10)
tomatologie urinaire à type de pollakiurie, dysurie, d'infec- La vessie est le site le plus fréquent de l'endométriose du
tions urinaires ou plus rarement d'hématurie. Dans les tractus urinaire, suivi de la localisation urétérale et rénale
formes à développement extravésical, la symptomatologie (fig. 24.11). C'est le plus souvent une simple infiltration de la
clinique est pauvre et tardive, à type de compression extrin- séreuse ou il peut s'agir de petits nodules disséminés et plus
sèque lorsque la tumeur est volumineuse. rarement d'une masse vésicale. Elle siège avec prédilection
En IRM, les plans sagittal et frontal permettent une au niveau du dôme ou de la face postérieure de la vessie. Elle
meilleure analyse des rapports de la masse avec la vessie. est responsable d'hématurie rythmée par la menstruation et/
Le diagnostic est évoqué devant une masse homogène, de ou de dysurie.
408 Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein
Lymphome
C'est le plus souvent un lymphome non hodgkinien. Le
lymphome primitif de la vessie est rare, survenant chez des
patients âgés. Au contraire, le lymphome secondaire de la
vessie est plus fréquent et est présent dans 13 % des décès
pour lymphome. Il s'agit d'une masse nodulaire multilocu-
laire recouverte d'un épithélium normal, ou plus rarement
d'une infiltration pariétale. Elle siège le plus souvent au
niveau de la base de la vessie. Le pronostic est moins péjo-
ratif dans la forme primitive que dans la forme secondaire.
Elle est aspécifique en imagerie. Les localisations vésicales
des leucoses sont exceptionnelles.
Tumeurs secondaires
Les métastases vésicales sont rares ; elles sont secondaires
par ordre de fréquence décroissant à un cancer du poumon,
du sein, de l'estomac ou un mélanome. En revanche, la ves-
sie est très fréquemment envahie par un cancer de voisinage
Fig. 24.10 Léiomyome de vessie. (a) Échographie endocavitaire.
(prostatique, rectosigmoïdien, cervico-utérin ou ovarien).
Le processus tissulaire est discrètement hétérogène et soulève la
muqueuse (flèche). (b) IRM, séquence ES T2. La lésion se situe dans la Fistules vésicales
partie musculaire de la paroi (flèche).
Les fistules vésicales font communiquer la cavité vésicale
avec un organe creux adjacent ou la peau. Il en existe deux
grands types. Les fistules entérovésicales (principalement
sigmoïdovésicales) sont les plus fréquentes. Les fistules vési-
cogénitales (principalement vésicovaginales) sont actuelle
ment moins fréquentes compte tenu des progrès réalisés
en obstétrique et en chirurgie gynécologique. Il existe deux
autres étiologies communes en cas d'apparition spontanée :
une néoplasie pelvienne sous-jacente ou une fistule radique
qui émaille l'évolution de néoplasies traitées de manière
extensive par chirurgie et radiothérapie.
L'IRM, grâce au plan sagittal ou frontal, montre l'adhé-
rence du segment digestif ou génital à la paroi vésicale du
dôme ou du trigone avec un aspect de cystite et une modifi-
cation de la graisse pelvienne, en particulier en saturation de
la graisse, et parfois la fistule elle-même si elle est suffisam-
ment large est repérée sur une séquence d'uro-IRM.
Fig. 24.11 Endométriose vésicale, séquence ES T2, plan axial. La
lésion envahit la partie musculaire et refoule la muqueuse. Il s'agit d'un
volumineux bloc fibreux (flèche) adhérant également à l'ovaire gauche
(tête de flèche). Références
[1] Roy C, Bourjat P, Rodier JF. IRM du pelvis. Paris : Masson ; 1989.
La cytoscopie retrouve des lésions sous-muqueuses [2] Roy C, Dupuis M, Sick H, et al. Imagerie normale et pathologique des
similaires à des kystes chocolat ou bleutés décrits autour espaces de la cavité pelvienne. Feuill Radiol 1992 ; 32 : 227–38.
de l'ovaire en cœlioscopie. Ceux-ci sont situés au niveau du [3] Mostofi FK, Davis CJ, Sesterhenn IA. Histological typing of urinary
cul-de-sac vésico-utérin. bladder tumours. World Health Organization international histologic
classification of tumours. 2nd ed. Heidelberg : Springer-Verlag ; 1999.
En IRM, c'est une masse qui présente en T1 un signal
[4] Pfister C, Roupret M, Neuzillet Y, et al. Recommandations en onco-
intermédiaire à faible, souvent ponctuée d'îlots en hyper- urologie 2013 du CCAFU : Tumeurs de la vessie. Prog Urol 2013 ;
signal dus à des foyers hémorragiques récents. Sa taille est (Suppl 2) : S105–25.
variable. En T2, le signal est en majorité faible à cause du [5] Witjes JA. Bladder carcinoma in situ in 2003 : State of the art. Eur Urol
tissu fibreux ponctué ou non d'îlots en hypersignal témoins 2004 ; 45 : 142–6.
de phénomènes hémorragiques récents. Elle refoule l'épithé- [6] Zhang J, Gerst S, Lefkowitz RA, et al. Imaging of bladder cancer.
lium parfois siège d'une réaction inflammatoire en hyper Radiol Clin North Am 2007 ; 45 : 183–205.
Chapitre 24. Exploration IRM de la vessie 409
[7] Tuncbilek N, Kaplan M, Altaner S, et al. Value of dynamic contrast [10] Bellin MF, Roy C, Kinkel K. Lymph node metastases : safety and effec-
enhanced MRI and correlation with tumor angiogenesis in bladder tiveness of MR imaging with ultrasmall superparamagnetic iron oxide
cancer. AJR 2009 ; 192 : 949–55. particles. Initial clinical experience. Radiology 1998 ; 207 : 799–808.
[8] Tekes A, Kamel I, Imam K. Dynamic MRI of bladder cancer : evalua- [11] Roy C, Bierry G, Matau A, et al. Value of diffusion-weighted imaging
tion of staging accuracy. Am J Roentgenol 2005 ; 184 : 121–7. to detect small malignant pelvic lymph nodes at 3 T. Eur Radiol 2010 ;
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Accuracy for diagnosing T stage and estimating histologic grade.
Radiology 2009 ; 251 : 112–21.
Chapitre
25
IRM du cancer de la prostate
C. Roy
PLAN DU CHAPITRE
Options thérapeutiques en fonction des Radioanatomie normale de la prostate . . . . . 413
nomogrammes et place de l'IRM . . . . . . . . . . . 411 Apport de l'IRM dans le cancer de prostate. . . 414
Technique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 412 Détection des récidives après traitement . . . . 421
Depuis les années 1990, l'IRM a fait partie de l'arsenal des Tableau 25.1 Classification TNM des cancers
méthodes d'imagerie du cancer de la prostate. de la prostate (2010).
Le cancer de la prostate est le plus fréquent des cancers
Classification clinique (cTNM)
chez l'homme, avant celui du poumon. En termes de morta-
lité, le cancer de la prostate se situe après le cancer du pou- T Tumeur primitive
TX : tumeur primitive non évaluée
mon et le cancer colorectal.
T0 : tumeur primitive non retrouvée
Le dosage du PSA (prostate-specific antigen ou antigène T1 : tumeur ni palpable ni visible en imagerie
prostatique spécifique) est un test acceptable, avec une sen- T1a : tumeur occupant moins de 5 % du tissu réséqué avec un
sibilité de 75 à 85 % pour un seuil de 4 ng/ml. Il est peu score de Gleason < 7 ou absence de grade 4 ou 5
spécifique pour les cancers débutants et sa valeur prédictive T1b : tumeur occupant plus de 5 % du tissu réséqué ou un score
positive varie de 25 à 30 % à un seuil de 4 ng/ml. Cependant, de Gleason > 7 ou présence de grade 4 ou 5
le risque de cancer de la prostate est proportionnel au taux de T1c : tumeur découverte sur une biopsie prostatique en raison
d'une élévation du PSA
PSA. La généralisation du dosage du PSA en routine clinique T2 : tumeur limitée à la prostate (apex et capsule compris)
permet de déceler aujourd'hui des cancers à un stade précoce. T2a : tumeur concernant la moitié d'un lobe ou moins
Les biopsies échoguidées systématiques ont un taux T2b : tumeur concernant plus de la moitié d'un lobe mais sans
d'échec de 10 à 38 %, qui s'élève à 73 % pour les localisations atteindre les deux lobes
à l'apex, en latéral et en antérieur. T2c : tumeur concernant les deux lobes
T3 : extension au-delà de la capsule
T3a : extension extracapsulaire uni- ou bilatérale
Options thérapeutiques T3b : extension aux vésicules séminales uni- ou bilatérale
T4 : extension aux organes adjacents autres que les vésicules
en fonction des nomogrammes séminales (col vésical, sphincter externe, rectum, muscles
et place de l'IRM releveurs de l'anus ou la paroi pelvienne) ou tumeur fixée à la
paroi pelvienne
Afin de proposer le traitement le mieux adapté à chaque N Ganglions régionaux
patient, il a été établi des nomogrammes incluant différents NX : ganglions régionaux non évalués
N0 : absence de métastase ganglionnaire régionale
critères, en sus de la classification TNM (tableau 25.1) [1]. N1 : atteinte ganglionnaire régionale
La classification de D'Amico [2] distingue trois N1mi : métastase ganglionnaire ≤ 0,2 cm (optionnel)
catégories : Métastases à distance
1. Patients à risque élevé (Gleason > 7 ou PSA > 20 ng/ml ou MX : métastases à distance non évaluées
stade clinique T2c) M0 : absence de métastase à distance
L'IRM peut être indiquée pour apprécier l'importance M1 : métastases à distance
M1a : ganglions non régionaux
de l'extension tumorale et de réaliser le bilan ganglion-
M1b : os
naire. La scintigraphie osseuse est indiquée du fait du M1c : autres sites avec ou sans atteinte osseuse
risque élevé de localisations secondaires osseuses.
(Suite)
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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412 Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein
La paroi des vésicules séminales et des ampoules défé- laires en hypersignal, qui sont classiquement arrondis et à
rentielles apparaît hypo-intense avec une lumière très contours nets.
hyperintense. Les cancers sont situés plus fréquemment dans la zone
L'hyperplasie prostatique bénigne est toujours pré- périphérique (75 % des cas environ), et 25 % sont situés
sente de façon plus ou moins prononcée, et siège au sein dans la partie centrale de la glande.
de la zone transitionnelle qui devient très hétérogène, avec
des zones stromales en hyposignal et des nodules glandu-
Apport de l'IRM dans le cancer
de prostate [6–12] (encadré 25.1
et cas cliniques 25.1 et 25.2)
a b
c d
Fig. 25.2 Schémas des zones anatomiques. (a–d) Reconstitution autour des différentes structures canalaires. Pour les légendes, voir fig. 25-1.
Chapitre 25. IRM du cancer de la prostate 415
a b
c d
Fig. 25.3 Schémas des zones anatomiques – coupes axiales de la base vers l'apex. (a) Coupe passant par la base. (b) Coupe passant par
l'urètre sus-montanal. (c) Coupe passant par le veru montanum. (d) Coupe passant par l'urètre sous-montanal. Pour les légendes, voir fig. 25-1.
a b
c d
Fig. 25.7 Prostate normale, hypertrophie prostatique peu importante. (a) Plan axial – tiers inférieur. (b) Plan axial, niveau utricule. (c) Plan
sagittal. (d) Plan frontal. b : bandelettes neurovasculaires ; e : canal éjaculateur ; u : utricule ; zc : zone transitionnelle + centrale ; zp : zone périphé-
rique ; flèche : urètre ; tête de flèche : vésicule séminale ; double flèche : capsule.
Encadré 25.1 Suite
2. Séquence T2 PI-RADS
Score T2 Zone périphérique (PZ) Lésion dans la zone périphérique (PZ)
1 Signal uniformément hyperintense (normal) La séquence de diffusion est la séquence dominante.
2 Hypo-intensité linéaire ou segmentaire, DWI T2 DCE PI-RADS
ou faible hypo-intensité globale, sans limite 1 x x 1
nette
2 x x 2
3 Signal hétérogène ou mal limité, rond, modérément
hyperintense (inclut tous les cas n'étant pas définis 3 x – 3
comme catégorie 2, 4 ou 5) + 4
4 Hyposignal modéré bien limité, homogène, limité 4 x x 4
à la glande, et < 1,5 cm dans son plus grand
diamètre 5 x x 5
5 Idem que pour 4 mais ≥ 1,5 cm dans son plus grand x : entre 1 et 5.
diamètre ou extension/invasion extraprostatique
certaine Lésion dans la zone de transition (TZ)
Sa sensibilité associée au T2 varie de 81 à 84 % pour Mais l'hyposignal T2 des nodules stromaux de la zone
les cancers de la zone périphérique > 4 mm et de grade transitionnelle s'accompagne d'une chute de l'ADC qui
Gleason > 6. simule celle du cancer.
418 Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein
a b c
d e
Fig. 25.8 Néoplasme prostatique de la zone périphérique (flèche noire). Séquence pondérée en T2. (a) Stade T2. La tumeur est intrapros-
tatique, sans contact avec la capsule. (b) Stade T3a. La tumeur interrompt la capsule avec un bombement postérieur. (c) Stade T3a avec atteinte
des bandelettes neurovasculaires. La tumeur de la zone périphérique droite a des contours flous. (d) Stade T3b avec envahissement des vésicules
séminales et de l'espace graisseux inter-vésico-prostatique – haut, plan axial ; bas, plan sagittal. (e) Cancer diffus très indifférencié, évoluant avec
franchissement capsulaire massif et perte complète de la structure prostatique normal ; plan frontal.
a b c
d e
Fig. 25.9 Cancer de la prostate imagerie de diffusion, cancer de la zone périphérique (flèche). (a–c) Processus tumoral bifocal. À gauche :
séquence T2 plan axial ; au milieu : séquence de diffusion b1000 ; hypersignal dû à la réduction de la diffusion ; à droite : cartographie ADC avec
hyposignal – valeur = 980 × 10–3 mm2/s. (d, e) Cancer de la zone transitionnelle droite. (d) Hyposignal à contours mal délimités et franchissement
du stroma fibromusculaire antérieur. (e) Imagerie de diffusion b1000.
De nombreux critères ont été décrits, directs ou indirects, Concernant la probabilité de détection d'un franchis-
fondés sur la sémiologie en T2. sement capsulaire étendu dans le sous-groupe du risque
Il existe cinq signes « directs » : une masse en hypo intermédiaire, il est démontré que l'IRM améliore les perfor-
signal > 12 mm en contact avec la capsule avec ou sans bom- mances du nomogramme de Partin. Un T3 IRM a donc une
bement régulier de la capsule ; une déformation irrégulière valeur pronostique défavorable au même titre qu'un score
de la capsule incluant l'aspect spiculé des contours prosta- de Gleason 8 ou un PSA > 20.
tiques ; une oblitération de l'angle rectoprostatique ; une L'IRM doit également préciser la distance de la tumeur
visibilité de l'hyposignal de la tumeur dans le tissu graisseux par rapport aux bandelettes neurovasculaires (pour la tech-
périprostatique ; et une asymétrie ou un envahissement des nique chirurgicale de préservation des bandelettes) et préci-
pédicules neurovasculaires. ser si la localisation tumorale est à l'apex car c'est une zone
La spécificité de ces trois derniers signes est élevée, voisine sans capsule et d'abord chirurgical plus difficile, avec risque
de 90 %, mais leur sensibilité est plus faible, voisine de 75 %. de marge positive.
On distingue deux types de situation : le franchissement
douteux ou indétectable, appelé microscopique ou focal, et
l'envahissement étendu, de diagnostic plus évident. Envahissement des vésicules séminales
L'impact de l'étude dynamique avec injection gadolinium et des ampoules déférentielles (fig. 25.12)
dans la détection d'un franchissement capsulaire n'est pas Quand l'envahissement est massif, il est pathognomonique
encore évalué et reste en routine clinique du domaine de la devant un hyposignal en séquence T2 uni- ou bilatéral,
séquence T2. visible dans toute la vésicule ou une partie de celle-ci (débu-
La détection d'un franchissement capsulaire microscopique tant à la partie interne car suivant classiquement le trajet des
ou focal est une limite infranchissable de l'IRM mais ne remet canaux éjaculateurs).
pas en cause son indication, car le pronostic d'un petit T3 focal Quand l'envahissement extraprostatique est débutant, les
est proche de celui du cancer strictement localisé. Il vaut donc images T2 sont plus discrètes et les séquences fonctionnelles
mieux un faux négatif qu'un faux positif dans cette situation. sont intéressantes.
420 Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein
b
Fig. 25.11 IRM multiparamétrique. (a) Cancer bilatéral de la zone
périphérique : séquence morphologique (en haut à gauche) les lésions
ne sont pas visibles ; séquence EG T1 dynamique (en haut à droite) :
prise de contraste bilatérale (flèche, tête de flèche) ; séquence de dif-
fusion b1000 (en bas à gauche) avec cartographie ADC caractéristique
(en bas à droite). Les lésions sont nettement mieux visibles sur la carto-
graphie (flèche, tête de flèche). Ponction biopsie : néoplasme bilatéral.
c (b) Même patient qu'à la figure 25.8c avec la cartographie ADC qui
montre l'aspect typique de la réduction de la diffusion (flèche).
Fig. 25.10 Cancer de la prostate, séquence EG T1 dynamique
avec injection de gadolinium (flèche). (a) Le processus tumoral est
à gauche avec sa courbe caractéristique : pente raide, pic précoce élevé
et wash-out rapide, par rapport au côté droit normal (25 secondes).
(b) À gauche, séquence T2 : petit nodule infracentimétrique dans la Extension ganglionnaire
zone périphérique. Au milieu : série injectée à 25 secondes avec prise La recherche de métastases ganglionnaires est un des points
de contraste intense et courbe semi-quantitative caractéristique. (c) En essentiels du bilan préthérapeutique du cancer de la pros-
haut, séquence T2 avec hyposignal suspect dans la zone périphérique tate car les implications pronostiques et thérapeutiques sont
droite à hauteur de l'apex. En bas, prise de contraste intense avec
majeures.
courbe semi-quantitative caractéristique ; série à 25 secondes.
L'IRM n'est pas fiable pour le staging ganglionnaire car les
métastases sont souvent petites (< 0,8 cm) et le critère clas-
sique de taille n'est pas performant. Sa sensibilité est voisine
Il existe des faux positifs en hyposignal secondaires à de 30 %. Au-delà de cette valeur seuil, les performances sont
des séquelles infectieuses, mais dans ces cas les deux vési- nettement supérieures, de 77 à 93 %. Les premiers relais gan-
cules sont atrophiques par opposition à un envahissement glionnaires sont obturateurs et iliaques, mais il existe d'autres
tumoral. voies de dissémination non exceptionnelles (fig. 25.13).
Chapitre 25. IRM du cancer de la prostate 421
Extension osseuse
Les deux principales caractéristiques des métastases
osseuses du cancer de la prostate sont :
■ la localisation quasi exclusive sur le squelette axial
(crâne, vertèbres, côtes, bassin, humérus et fémurs proxi-
maux) et l'aspect ostéocondensant lié à la stimulation de
l'ostéoblastose ;
■ la scintigraphie osseuse qui reste en pratique courante la
plus utile pour détecter les localisations osseuses qui sont
suspectées à partir de 20 ng/ml. La séquence de diffusion
« corps entier » en évaluation est prometteuse.
Références
[1] Salomon L, Bastide C, Beuzeboc P, et al. Recommandations en onco-
urologie 2013 du CCAFU : Cancer de la prostate. Prog Urol 2013 ;
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externe – groupe interne, « sous-veineux
» avec gros ganglion de [3] Rouvière O, Hartman RP, Lyonnet D. Prostate MRimaging at high-
Leveuf et Godard sous la bifurcation iliaque. Parfois, autres ganglions field strength : evolution or revolution ? Eur Radiol 2006 ; 16 : 276–84.
iliaques externes – environ 50 % des localisations. 2. Chaîne moins fré- [4] Yoshimitsu K, Kiyoshima K, Irie H, et al. Usefulness of apparent
quente : iliaque interne – environ 30 % des localisations. 3. Rarement, diffusion coefficient map in diagnosing prostate carcinoma : correla-
chaîne sacrée latérale et ganglion du promontoire – environ 20 % des tion with stepwise histopathology. J Magn Reson Imaging 2008 ; 27 :
localisations. 132–9.
[5] Sato C, Naganawa S, Nakamura T, et al. Differentiation of noncan-
L'imagerie de diffusion est en évaluation car si les hyper- cerous tissue and cancer lesions by apparent diffusion coefficient
signaux avec réduction de la diffusion sont banals dans les values in transition and peripheral zones of the prostate. Magn Reson
ganglions pelviens normaux, le rapport entre la valeur de Imaging 2005 ; 21 : 258–62.
422 Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein
[6] Yoshizako T, Wada A, Hayashi T, et al. Usefulness of diffusion- tiparamétrique de 111 patients à 3 Tesla. J Radiol 2010 ; 91 : 1121–8.
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nance imaging in the diagnosis of prostate transition-zone cancer. and dynamic contrast enhanced MRI for prostate cancer diagnosis-
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[7] Woodfield CA, Tung GA, Grand DJ, et al. Diffusion-weighted MRI 2006 ; 24 : 108–13.
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diffusion coefficient with Gleason score and percentage of tumor on at 3.0 tesla. Invest Radiol 2006 ; 41 : 185–8.
core biopsy. Am J Roentgenol 2010 ; 194 : 316–22. [12] Haider MA, van der Kwast TH, Tanguay J, et al. Combined
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[9] Roy C, Pasquali R, Matau A, et al. Rôle de l'IRM de diffusion pour la [13] Cornud F, Bellin MF, Portalez P. IRM et bilan d'extension du cancer
détection du cancer de la prostate avant ponction biopsie : étude mul- de la prostate. J Radiol 2006 ; 87 : 228–43.
Chapitre
26
IRM des organes génitaux
externes masculins
C. Roy
PLAN DU CHAPITRE
IRM de la verge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 423 IRM du testicule. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 427
Fig. 26.1 Verge normale sans injection intracaverneuse de prostaglandine 1 (PGE1). (a) Plan axial, séquence T2 (haut) : les deux artères
caverneuses sont bien visibles (flèches) ; séquence pondérée en T1 (bas) : l'albuginée circonscrit les deux corps caverneux et est en hyposignal – le
corps spongieux contenant l'urètre a un signal plus élevé (tête de flèche) – ; les artères caverneuses sont peu visibles en T1. (b) Plan frontal,
séquence T2. Les deux artères caverneuses sont proches de la ligne médiane. Le corps spongieux contenant l'urètre écarte les corps caverneux
dans la partie fixe postérieure de la verge.
Diagnostic
Le diagnostic est clinique et repose sur la palpation de la
plaque. Les localisations les plus fréquentes sont : sur la
ligne médiane en situation dorsale ou ventrale, proximale
ou dorsale, mais en pratique, elles sont ubiquitaires.
Imagerie médicale
L'imagerie médicale joue un rôle en cas de doute clinique
durant la phase aiguë inflammatoire et plus rarement
dans la phase d'état séquellaire de plaque fibreuse ou de
calcifications.
L'échographie est le premier examen et souvent suffisant
avec un examen Doppler. Elle fournit les renseignements
suivants : localisation et extension, nombre, type de plaques
(récente, fibreuse ou active), atteinte du septum et localisa
tion des plaques par rapport aux vaisseaux péniens. Elle per Fig. 26.2 Verge normale après injection de prostaglan-
met un bilan morphologique et fonctionnel. Cependant, elle dine 2 (PGE2), séquence T2, plan sagittal. La verge a été position-
est peu performante pour le diagnostic des lésions récentes née de façon symétrique.
inflammatoires.
C'est le seul examen qui permet de visualiser la compo
IRM (fig. 26.3 et 26.4) sante inflammatoire de la plaque après injection de gado
L'IRM est au mieux réalisée après érection provoquée par linium. Elle permet un bilan lésionnel précis des plaques
injection intracaverneuse de prostaglandine 1 (PGE1). Le point (taille, nombre et localisation). Elle est très performante
positif de cette méthode d'imagerie est l'excellent contraste pour détecter les plaques situées au niveau du septum
entre les différents secteurs anatomiques en pondération T2. intercaverneux (de diagnostic difficile à la palpation) ou
Chapitre 26. IRM des organes génitaux externes masculins 425
b
Fig. 26.3 Maladie de Lapeyronie. Phase active récente, inflammatoire, séquence T1 fat sat, plan sagittal, sans injection intracaverneuse de PGE1.
(a) Sans injection (gauche) et après injection intraveineuse de gadolinium (droite) : le rehaussement de la plaque est bien visible, au contact de
l'albuginée (flèche) ; le corps spongieux se rehausse (tête de flèche). (b) Sans injection (haut) et après injection intraveineuse de gadolinium (bas) ;
les plaques sont multiples (flèches) ; le corps spongieux se rehausse (tête de flèche).
426 Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein
Fig. 26.7 Tumeur de la verge, séquence T2. Antenne pelvienne, plan frontal (gauche) ; antenne de surface, plan sagittal (droite). La masse
envahit la partie distale des corps caverneux ; le corps spongieux envahit, mais sans obstruction de l'urètre. La partie fixe de l'urètre est respectée.
Il existe des adénopathies inguinales gauches (flèche).
a b c
Fig. 26.8 Testicule normal, séquence pondérée en T2. (a, b) La tête de l'épididyme est bien identifiée au pôle supérieur du testicule (flèche).
L'albuginée est épaisse en hyposignal. (c) Plan axial avec les deux testicules ; les septums sont parfois visibles sous forme de structure linéaire
en hyposignal ; corps de l'épididyme (flèche).
Fig. 26.9 Séminome testiculaire. (a) Séquence T2, plan axial. La lésion est de signal faible. (b) Après injection de gadolinium en T1 fat sat ;
la lésion se rehausse (flèche).
leur aspect IRM est distinct. Le séminome est classiquement périphérique et de distribution segmentaire à partir du hile.
homogène et relativement iso-intense par rapport au reste Les bords sont mal définis et irréguliers. Elle est avasculaire
du parenchyme en T1 et hypo-intense en T2. Parfois, il mais présente une hypervascularisation périphérique détec
contient des zones bien limitées plus sombres correspon table en Doppler couleur et se rehaussant en IRM.
dant à du stroma fibreux, mais cet aspect est non spécifique. Le reste du testicule est normal. Ailleurs, les bords sont
Les tumeurs non séminomateuses sont iso-intenses au plus nodulaires que linéaires, mais il ne s'agit pas d'une for
testicule normal en T1 et hypo-intenses en T2 mais très mation arrondie avec effet de masse.
hétérogènes à cause de la nécrose et l'hémorragie. Il existe
une prise de contraste dans le processus tumoral, même Fibrose (fig. 26.11)
si l'examen Doppler ne détectait pas de vascularisation et
même si la tumeur est de petite taille (1 cm). La fibrose est caractéristique par un hyposignal T2 et une
La spécificité de l'IRM dans ce diagnostic différentiel structure linéaire plus ou moins étendue dans le testicule ou
est de 93 % selon certains auteurs. Mais le diagnostic reste associée à l'atrophie d'un secteur.
toujours à l'examen anatomopathologique de la pièce
opératoire. Lésions extratesticulaires (fig. 26.12)
À part, le kyste épidermoïde est caractéristique. Cette Le lipome est la tumeur la plus fréquente du cordon
tumeur bénigne a une paroi fibreuse en hyposignal T2 avec spermatique.
quelques calcifications et un contenu lipidique en hyper L'IRM est performante pour confirmer sa nature bénigne
signal T1 et T2 qui disparaît en saturation de la graisse. À devant un hypersignal T1 avec perte du signal après satura
l'injection de produit de contraste, il n'y a aucun rehausse tion de graisse, un aspect homogène sans prise de contraste
ment (fig. 26.10). à l'injection. Il est circonscrit par un fin liséré.
Fig. 26.10 Kyste épidermoïde. (a) Séquence T2 ; la lésion a un signal élevé et est entourée par une paroi en hyposignal. (b) Séquence T1 fat sat
après injection ; il n'y a aucun rehaussement et une chute du signal.
Fig. 26.11 Fibrose cicatricielle en hyposignal, séquence pondérée en T2. (a) Plan frontal ; il y a plusieurs zones triangulaires en hyposignal.
(b) La fibrose est moins étendue ; plan axial (flèches).
quée par le clinicien. L'IRM a une sensibilité plus élevée (93 %) L'IRM n'a ainsi que des indications ponctuelles, en cas
pour la détection de vascularisation testiculaire grâce à l'injec d'examen échographique non contributif avec l'hypothèse
tion de produit de contraste, les séquences dynamiques avec d'un processus tumoral.
soustraction et la comparaison concomitante avec le testicule
normal. En effet, la prise de contraste normale est progressive et
homogène, alors qu'en cas de torsion, le testicule ne se rehausse Références
pas, mais on peut assister à une très faible prise de contraste.
[1] Kubik-Huch RA, Hailemariam S, Hamm B. CT and MRI of the male
genital tract : radiologicpathologic correlation. Eur Radiol 1999 ; 9 :
Orchi-épididymite aiguë 16–28.
L'IRM, si elle est réalisée, montre des zones hétérogènes intra [2] Baker LL, Hajek PC, Burtchard TK, et al. Magnetic resonance ima
testiculaires et épididymaires hypo-intenses en T2 de rehaus ging of the scrotum : normal anatomy. Radiology 1987 ; 163 : 89–92.
sement hétérogène. La spécificité a été évaluée à 100 %. [3] Bertolotto M, Pavlica P, Serafini G, et al. Painful penile induration :
imaging findings and management. RadioGraphics 2009 ; 29 : 477–93.
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Le diagnostic d'orchite granulomateuse ou chronique est [5] Watanabe Y, Dohke M, Ohkubo K, et al. Scrotal disorders : evaluation
très difficile, d'autant qu'il n'y a pas de contexte ni d'antécé of testicular enhancement patterns at dynamic contrast-enhanced
dents infectieux à l'interrogatoire. subtraction MR imaging. Radiology 2000 ; 217 : 219–27.
L'IRM montre, en cas d'orchite chronique, une zone [6] Langer JE, Ramchandani P, Siegelman ES, et al. Epidermoid cysts of
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gadolinium et sans effet de masse. En cas d'orchite granulo 1295–9.
[7] Serra AD, Hricak H, Coakley FV, et al. Inconclusive clinical and ultra
mateuse, le testicule peut être de taille augmentée. Le princi
sound evaluation of the scrotum : impact of magnetic resonance ima
pal argument est l'atteinte périphérique au pôle supérieur en ging on patient management and cost. Urology 1998 ; 51(6) : 1018–21.
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Urology 2006 ; 67 : 1278–82.
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chroniques sont hyper-T1 et T2. comes. J Magn Reson Imaging 2007 ; 26 : 100–8.
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une meilleure résolution en contraste sur les séquences T2 et luation of torsion versus epididymitis with MR imaging. Radiology
T1 injectées. Cela permet de dépister les fractures testiculaires. 1990 ; 175 : 53–6.
Chapitre
27
L'IRM rénale
en pratique clinique
M. Chiaradia, M. Bouanane, A. Hoznek
PLAN DU CHAPITRE
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 431 Tumeurs solides . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 440
Séquences IRM. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 431 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 459
Tumeurs kystiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 433
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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432 Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein
L'exploration rénale doit comporter les séquences clas- phase, la chute du signal sur la séquence OP sera maximale
siques [1] : (annulation complète du signal) lorsque la lésion sera com-
■ axiale T1 en écho de gradient (EG) ; posée pour moitié d'eau et pour moitié de lipides. En cas
■ axiale et/ou coronale T2 en écho de spin (ES) rapide avec de présence d'une majorité de lipides ou d'une majorité
un gating respiratoire avec ou sans saturation du signal de d'eau, cette chute de signal sera moindre, pouvant alors
la graisse ; rendre la détection de graisse plus difficile. Ainsi, et nous le
■ séquence de diffusion (b = 0, 100, 500, 800 s/mm2) ; reverrons plus loin, les angiomyolipomes (AML) contenant
■ axiale ou coronale T1 EG dynamique après injection beaucoup de lipides ne montreront pas de chute de signal
de produit de contraste avec saturation du signal de la sur la séquence OP ; seule sera visible une interface dite en
graisse comprenant : « encre de Chine » entre la tumeur et le parenchyme rénal,
– un temps avant injection ; signant cette composition majoritaire de graisse. Les AML à
– un temps corticomédullaire (aux alentours des composante mixte (eau et lipides), quant à eux, verront leur
40 secondes après injection) ; signal s'annuler sur la séquence OP. Cette séquence reflète la
– un temps néphrographique (90 secondes après présence de lipides intracellulaires, mais elle n'est malheu-
injection) ; reusement pas spécifique d'un type de lésion.
– des temps plus tardifs (120 à 240 secondes après
injection). Lésions avec chute de signal sur la
■ les séquences de soustraction sont également utiles pour séquence en opposition de phase
détecter les faibles prises de contraste.
Il est aussi possible en fonction de l'indication de l'exa- ■
Carcinomes rénaux à cellules claires
men de compléter par des séquences T1 en écho de spin avec
■
Carcinomes rénaux papillaires
Angiomyolipomes pauvres en graisse
et/ou sans suppression du signal de la graisse, une séquence
■
Cette séquence est soumise à un asservissement respiratoire. prise de contraste dans les lésions en hypersignal T1 spon-
Elle permet l'analyse des mouvements des protons des molé- tané (kyste hémorragique, lésions après thermoablation).
cules d'eau. Les valeurs des gradients de diffusion diffèrent Ces images de soustraction doivent être parfaitement reca-
selon les équipes, mais nécessitent l'utilisation de b élevés lées (recalage entre la séquence réalisée avant injection et la
(b > 200 s/mm2) pour s'affranchir au mieux des phéno- séquence après injection) pour ne pas se méprendre sur un
mènes de perfusion liés aux valeurs de b faibles. Les valeurs éventuel rehaussement.
de b = 0, 100, 300, 500 et 800 s/mm2 sont classiquement uti-
lisées. La cartographie d'ADC extraite à partir des séquences Tumeurs kystiques
de diffusion est primordiale dans l'analyse des tumeurs
rénales. Elle est directement dépendante des facteurs de b La pathologie kystique rénale est fréquente (> 50 % des
utilisés (décroissance mono-exponentielle du signal). patients présentent un ou plusieurs kystes après 50 ans)
alors que la proportion de cancers kystiques est faible (10 %
des cas environ). La classification d'une masse kystique
Séquence T1 EG dynamique supracentimétrique repose sur la classification de Bosniak,
Cette séquence est indispensable à la détection et la caractéri- qui a initialement été décrite en scanner [2–5] et validée
sation des lésions rénales. Ses paramètres sont classiquement : ultérieurement pour l'IRM [6] (tableau 27.1). Cette classi-
TR = 70 ms ; TE = 1,2 ms ; angle de bascule de 70°. Cette fication ne s'applique pas aux kystes dits compliqués (kyste
séquence est réalisée avec saturation du signal de la graisse. surinfecté, rompu ou saignement aigu).
L'acquisition dynamique permet d'obtenir entre 4 et Les lésions kystiques focales sont le plus souvent de
6 phases (le plus souvent : 0, 40, 60, 90, 120 secondes). Ces découverte fortuite, généralement chez un adulte de plus
acquisitions sont obtenues au cours d'une apnée. Les phases de 50 ans. Ces lésions kystiques sont la plupart du temps
très tardives (> 5 minutes) seront surtout utiles pour recher- asymptomatiques. Le rôle de l'imagerie est de différencier
cher le rehaussement d'un élément central en hypersignal T2 une lésion kystique bénigne d'une lésion maligne.
(voir plus loin le paragraphe « Oncocytome ») ou pour analy-
ser les relations de la lésion avec les voies excrétrices urinaires.
Le plan de coupe dépend de la localisation de la lésion et
Analyse d'une lésion kystique :
sera réalisé le plus souvent dans un plan axial voire dans un classification de Bosniak
plan coronal. Une lésion kystique est classiquement étudiée en première
Il est également utile de réaliser des soustractions afin intention sur un uroscanner qui doit préciser les éléments
de ne pas méconnaître une faible prise de contraste ou une suivants (tableau 27.1 et fig. 27.1) :
a b c
d e
Fig. 27.2 Aspect IRM d'un kyste Bosniak I. Patient de 84 ans présentant une lésion médiorénale droite de 37 mm en hyposignal T1 (a), franc hyper-
signal T2 (b), sans restriction de diffusion (c, d) (coefficient apparent de diffusion mesuré à 2,7.10–3 mm2/s) ni prise de contraste après injection (e).
436 Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein
a b c
d e
Fig. 27.3 Aspect IRM d'un kyste Bosniak II. Lésion de la lèvre postérieure du rein gauche en hyposignal T1 (a), hypersignal T2 (b) siège d'une
fine cloison (flèche bleue), mieux visible sur la séquence T2 HASTE (c), sans restriction de diffusion (d) ni prise de contraste après injection (e).
a b c
d e f
Fig. 27.4 Aspect IRM d'un kyste Bosniak IIF. Patient de 53 ans présentant un kyste médiorénal droit de 46 mm avec plusieurs fines cloisons
(> 3) en franc hypersignal T2 (a, b), hyposignal T1 (c), sans restriction de diffusion (d, e). Après injection de produit de contraste, on retrouve une
discrète prise de contraste des cloisons non mesurables (f).
Chapitre 27. L'IRM rénale en pratique clinique 437
a b c
d e f
g
Fig. 27.5 Aspect IRM d'un kyste Bosniak III. Patient de 53 ans présentant un kyste polaire inférieur gauche de 43 mm contenant des calcifi-
cations en scanner (a, flèche), en franc hypersignal T2 (b), hyposignal T1 (c), sans restriction de diffusion (c, d) présentant une paroi épaisse se
rehaussant après injection de produit de contraste (e–g).
a b c
d e
Fig. 27.6 Aspect IRM d'un cancer kystique multiloculaire classé Bosniak IV. Patient de 68 ans présentant une lésion médiorénale gauche de
41 mm multicloisonnée (flèche) avec une portion centrale tissulaire (tête de flèche bleue) en discret hyposignal T1 (a), hypersignal T2 (b, c) avec
restriction de diffusion de la portion centrale tissulaire (d), présentant une prise de contraste de ses cloisons et de la portion centrale tissulaire (e).
438 Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein
a b
c d
Fig. 27.7 Aspect IRM d'un kyste hémorragique en franc hypersignal T1 (a) sans chute de signal sur les séquences avec saturation
du signal de la graisse (b) ou en opposition de phase (c), en franc hypersignal T2 (d).
Chapitre 27. L'IRM rénale en pratique clinique 439
a b c
d e
Fig. 27.8 Aspect IRM d'un kyste hyperdense. Lésion médiorénale gauche spontanément hyperdense (53 UH) (a), apparaissant en hypersignal
T1 (b) sans chute de signal sur la séquence en opposition de phase (c) ou avec saturation du signal de la graisse (d), en hyposignal T2 avec un
surnageant en hypersignal (e).
a b c
Fig. 27.9 Lésion infracentimétrique correspondant à un kyste simple en IRM. Nodule de 3 mm polaire supérieur droit hypodense sur le scanner
sans injection (a) ne se rehaussant pas après injection (b) et en franc hypersignal T2 sur l'IRM (c).
injection. La différenciation entre un kyste atypique et une Reclassement des lésions kystiques
lésion tumorale de type papillaire doit alors être réalisée. Jusqu'à 10 % des lésions kystiques en scanner sont reclas-
Dans cette optique, une échographie (± échographie de sées en IRM avec comme corollaire un impact sur la prise en
contraste) ou une IRM est indispensable à la caractérisation charge thérapeutique. Plusieurs cas sont à considérer :
de ces lésions. ■ les lésions de type Bosniak IIF en scanner doivent béné-
De la même façon, les prises de contraste indéterminées ficier d'une IRM pour ne pas méconnaître une lésion de
au scanner (comprises 10 et 20 UH) peuvent bénéficier type III qui serait d'emblée chirurgicale ;
d'une échographie de contraste ou d'une IRM pour sensi- ■ les lésions de type III dont le risque de cancer est estimé
biliser une éventuelle prise de contraste. La valeur seuil de à 50 % dans la littérature et qui ne peuvent pas avoir une
la prise de contraste en imagerie scanner diffère selon les chirurgie en première intention (patients avec nom-
auteurs. Certains auteurs considèrent une prise de contraste breuses comorbidités) doivent bénéficier d'une IRM pour
positive lorsqu'il est observé une variation de 10 UH entre la ne pas méconnaître une lésion de type IV qui modifierait
série sans injection et les séries injectées [14, 15], tandis que la prise en charge thérapeutique.
d'autres considèrent une variation de 15 à 20 UH [16–20]. Les kystes Bosniak IIF regroupent des lésions kystiques
Israel et Bosniak considèrent que le rehaussement d'une difficiles à classer. Il peut s'agir de la présence d'une paroi,
masse rénale est positif à partir de 20 UH et indéterminé ou de cloisons nombreuses (> 3), restant fines (≤ 1 mm),
entre 10 et 20 UH [21].
440 Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein
d'une prise de contraste perceptible mais non mesurable. difficile. Un ratio de rehaussement supérieur à 15 % sur la phase
La surveillance se fera au choix avec un nouveau scanner à néphrographique (réalisée entre 2 et 4 minutes post-injection
6 mois puis une surveillance annuelle pendant 5 ans [8]. Il de produit de contraste) permet de différencier un kyste d'une
est également possible de réaliser d'emblée une IRM pour tumeur maligne avec une sensibilité de 100 % et une spécificité
vérifier l'absence de tout rehaussement ou tout autre élé- de 98 % [24]. Ce résultat n'a toutefois pas été retrouvé dans
ment péjoratif devant faire reclasser la lésion en Bosniak III d'autres études [13]. La recherche d'un rehaussement est sensi-
ou IV (cloison irrégulière, paroi, etc.) [6]. Dans une étude de bilisée par la réalisation de soustraction plutôt que par le calcul
2004, Israel et al. reclassaient dans 19 % des cas (13 lésions d'un ratio de rehaussement [25]. La séquence de diffusion per-
sur 69) des lésions Bosniak II en IIF, IIF en III (3 lésions) et met également de différencier les lésions malignes des kystes
III en IV (2 lésions) sur l'IRM (tableau 27.2) [6]. L'IRM était hémorragiques ou protéiques avec un coefficient apparent de
capable de détecter de façon plus fine la présence de cloi- diffusion significativement plus bas pour les tumeurs malignes
sons, de septums ou la prise de contraste. La prise en charge (1,75.10–3 mm2/s versus 2,5.10–3 mm2/s ; p < 0,0001 ; b = 0 et
des patients suite à cette IRM a pu être modifiée avec des 400 s/mm2) [13]. Des résultats similaires ont été retrouvés par
lésions devenues d'emblée chirurgicales. d'autres auteurs [26, 27]. Zhang et al. ont également montré
que les coefficients apparents de diffusion étaient de plus
abaissés dans les zones hypervasculaires (1,62.10–3 mm2/s ver-
Aspect IRM des carcinomes rénaux sus 2,477.10–3 mm2/s – b = 0, 500 et 1000 s/mm2 ; p = 0,007)
kystiques [28]. Toutefois, il existait un chevauchement de ces valeurs
Ces lésions correspondent aux kystes Bosniak IV et, dans entre les lésions bénignes et les lésions malignes. L'analyse
une moindre mesure, aux kystes Bosniak III. Ces lésions conjointe des séquences de soustraction et de diffusion permet
kystiques malignes correspondent à des cancers kystiques d'affiner de façon significative le diagnostic [13].
uniloculaires, multiloculaires, des carcinomes rénaux
nécrosés pseudokystiques, des cancers développés dans la
paroi d'un kyste, ou un carcinome tubulokystique. Points clés
Comme nous l'avons vu précédemment, le diagnostic de ■
La classification de Bosniak est applicable à l'IRM.
cancer kystique peut être évoqué devant une lésion liqui- ■
L'IRM présente un intérêt notamment pour les lésions non
dienne sur la mise en évidence d'une composante tissulaire caractérisables en scanner (densité intermédiaire, prise de
vascularisée (paroi, cloison, nodule mural, végétation) [2, 3, contraste équivoque, lésions infracentrimétriques), pour
22]. Le scanner est la plupart du temps suffisant à la détec- les lésions Bosniak IIF (risque de sous-staging en TDM) ou
tion de cette composante tissulaire. L'IRM apporte une aide Bosniak III en surveillance active.
diagnostique en cas de prise de contraste équivoque ou ■
Importance des séquences injectées avec soustraction.
devant la présence d'une lésion spontanément dense.
Un cancer kystique a un signal anormal en T2 et/ou T1. Il
peut apparaître hétérogène sur les séquences pondérées en T2, Tumeurs solides
ce qui doit faire considérer la lésion comme suspecte quel que
soit l'aspect de cette dernière sur la séquence T1 (fig. 27.10) La pathologie tumorale rénale inclut de nombreuses
[23]. Une lésion en hypersignal T1 spontané est d'analyse plus tumeurs pour certaines très rares (tableau 27.3).
a b c
d e
Fig. 27.10 Aspect IRM d'un carcinome kystique multiloculaire à cellules claires. Patiente de 65 ans présentant une lésion kystique polaire
inférieure gauche de 24 mm siège de multiples cloisons en hypersignal T2 (a), en discret hyposignal T1 sur la séquence en phase (b), sans chute
de signal sur la séquence en opposition de phase (c) et prise de contraste sur le temps corticomédullaire (d) et néphrographique (e). Le diagnostic
anatomopathologique après néphrectomie partielle était un carcinome multiloculaire à cellules claires (grade nucléaire Fuhrman 2).
Tableau 27.3 Classification de l'Organisation L'évaluation en imagerie d'une lésion solide rénale néces-
mondiale de la santé (OMS) des tumeurs rénales*. site la connaissance des antécédents du patient. Une lésion
solide unique chez un patient ayant un cancer primitif peut
Tumeurs bénignes Tumeurs malignes bien entendu être une localisation secondaire (dans 50 à
Tumeurs à cellules rénales : Tumeurs malignes épithéliales : 85 % des cas [29, 30]) ou encore une tumeur rénale primi-
− oncocytome − carcinome à cellules claires tive bénigne ou maligne.
− adénome papillaire − carcinome papillaire L'imagerie est indispensable pour caractériser au mieux
− Tumeurs métanéphriques : − carcinome chromophobe
− adénome et adénofibrome − carcinome kystique à cellules
ces lésions, mais également pour proposer au chirurgien un
métanéphrique claires bilan préopératoire. Selon les recommandations de l'Asso-
− tumeur stromale − carcinome des tubes ciation française d'urologie (AFU), l'uroscanner doit être
métanéphrique collecteurs de Bellini privilégié et reste l'examen de référence [31].
Tumeurs mésenchymateuses : − carcinome de la médullaire
− angiomyolipome − carcinome lié à une
− léiomyome translocation Xp11 Tumeurs malignes solides primitives
− hémangiome − carcinome associé au
− lymphangiome neuroblastome Le cancer du rein représente jusqu'à 2 % de l'ensemble des
− réninome − carcinome mucineux cancers. Il est le plus souvent asymptomatique jusqu'à un
− fibrome tubulaire et fusiforme stade avancé et est classiquement de découverte fortuite.
− schwannome − carcinome rénal inclassable Sa découverte à un stade précoce augmente avec l'augmen-
Tumeurs mixtes épithéliales Tumeurs indifférenciées du
tation des examens complémentaires pour exploration de
et mésenchymateuses blastème
− tumeur mixte épithéliale Néphroblastome de l'adulte l'abdomen, au premier rang desquels les échographies et les
et stromale Sarcome à cellules claires scanners. Dans les stades plus avancés, une hématurie, une
− néphrome kystique PNET altération de l'état général ou encore des lombalgies peuvent
Autres tumeurs : sarcomes, apparaître.
lymphomes, métastases Ces carcinomes comprennent différents sous-types dont
* Les cinq lésions indiquées en gras représentent 90 % de l'ensemble les plus fréquents sont le carcinome à cellules claires, le car-
des lésions rénales. cinome papillaire et le carcinome chromophobe.
PNET : primitive neurectodermic tumor (tumeur neuroectodermique L'examen histologique permet de classer le carcinome
primitive). rénal (classification de Führman incluant l'analyse de la taille
et du contour du noyau, ainsi que la taille des nucléoles). Le
stade de la tumeur se fait grâce à la classification TNM.
Cinq types de tumeurs rénales représentent 90 % de l'en- Les formes héréditaires de cancer du rein sont rares (2 à
semble des lésions et feront l'objet de cette section. Il s'agit 3 % des cas), mais leur diagnostic est indispensable afin de
des carcinomes à cellules claires, des carcinomes papillaires, proposer au patient une prise en charge adaptée. Ces formes
des carcinomes chromophobes, des angiomyolipomes et des de cancer surviennent chez des adultes jeunes et sont sou-
oncocytomes. vent multiples et bilatérales. Une dizaine de prédispositions
442 Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein
au cancer du rein sont actuellement connues. On en dis- En IRM, les carcinomes à cellules claires apparaissent le
tingue quatre principales [31] : plus souvent en iso-hyposignal T1, hypersignal T2, hété-
■ la maladie de Von Hippel-Lindau qui prédispose pour rogènes [36–38]. Ces CCC peuvent contenir des lipides
le carcinome à cellules claires et les kystes rénaux. On intracellulaires ; il n'est donc pas rare d'observer une chute
retrouve également associées d'autres tumeurs (héman- de signal sur la séquence en opposition de phase [39,
gioblastome du système nerveux central et de la rétine, 40] (fig. 27.11). Il ne faut alors pas les confondre avec un
kystes et tumeurs endocrines du pancréas, phéochromo- angiomyolipome.
cytomes, tumeurs du sac endolymphatique et tumeurs de Leur coefficient apparent de diffusion est proche de celui
l'épididyme). Les tumeurs rénales malignes sont souvent du rein. Il est classiquement plus élevé que pour les carci-
d'aspect kystique ; nomes papillaires ou chromophobes. Cependant, on note
■ le cancer rénal papillaire héréditaire qui est secondaire des chevauchements des valeurs d'ADC entre les différents
à une mutation du proto-oncogène MET. Il n'a pas été sous-types de carcinomes rénaux. Un seuil de 1,281.10 –3
décrit à l'heure actuelle de localisation extrarénale ; mm2/s permettrait de distinguer les CCC des carcinomes
■ la léiomyomatose cutanéo-utérine avec cancer rénal (car- papillaires ou chromophobes avec une sensibilité de 95,9 %
cinome papillaire et parfois cancer des tubes collecteurs). et une spécificité de 94,4 % [41].
Elle est secondaire à des mutations du gène suppresseur Après injection, ils sont hyperartérialisés pour leurs por-
de tumeur FH. À noter que ces lésions tumorales sont tions solides (fig. 27.11). Vargas et al. ont montré que cette
très agressives et doivent être traitées dès leur dépistage hyperartérialisation (230 % de rehaussement par rapport à
quelle que soit leur taille ; la phase non injectée sur la phase corticomédullaire, 250 % à
■ la maladie de Birt-Hogg-Dubé qui prédispose à des la phase néphrographique et 227 % à la phase excrétoire) est
tumeurs cutanées du visage et du cou (fibrofolliculome), plus importante que pour les carcinomes papillaires (49 %,
des lésions pulmonaires à type de kystes et de pneumo- 92 % et 88 % respectivement) ou chromophobes (98 %,
thorax récidivants et des tumeurs rénales qui sont le 183 % et 159 % respectivement) [42]. Sun et al. ont même
plus souvent de différents types histologiques (avec une montré qu'une augmentation de signal de plus de 84 % à la
prédominance des carcinomes chromophobes et des phase corticomédullaire permettait de différencier les CCC
tumeurs hybrides oncocytomes-chromophobes). des carcinomes papillaires avec une sensibilité de 93 % et
une spécificité de 96 % [43].
Les zones de remaniements nécrotiques apparaissent en
Carcinome à cellules claires (CCC)
hyposignal T1 et hypersignal T2 non rehaussées après injec-
Il s'agit du carcinome rénal le plus fréquent, représentant tion [36]. Ce sont souvent des plages irrégulières, excentrées.
jusqu'à 80 % des carcinomes rénaux. Il prédomine chez les Les zones de remaniements hémorragiques sont de
hommes (sex ratio de 2/1) [32]. Il atteint majoritairement signal variables en T1 et T2 en fonction de l'ancienneté du
les patients après 50 ans mais est possible également chez saignement.
l'adulte jeune dès la deuxième décennie. Une pseudocapsule en hyposignal T1 et T2 est possible.
Les cellules tumorales proviennent du tubule proximal. Cette capsule peut apparaître irrégulière ou absente, faisant
Il s'agit d'une tumeur plus ou moins exophytique, bien alors suspecter un envahissement local dans les stades plus
limitée, encapsulée aux stades précoces. Aux stades avancés, élevés (pT3) [37]. Elle est préférentiellement étudiée sur une
elle envahit l'espace périrénal et se propage aux vaisseaux. séquence T2 sans saturation du signal de la graisse.
Macroscopiquement, elle peut être de présentation solide L'envahissement de la veine rénale et de la veine cave
pure ou encore kystisée (jusqu'à 25 % des CCC) [33–35]. inférieure doit impérativement être recherché. Les calcifica-
Dans sa forme solide, la tumeur est limitée aux stades pré- tions présentes dans les CCC, quant à elles, sont plus diffi-
coces (stades T1 et T2) par une pseudocapsule fibreuse ciles à mettre en évidence en IRM et seront mieux étudiées
avant d'envahir le tissu adipeux ou rénal péritumoral (forme sur un scanner [36].
infiltrante). L'envahissement des structures vasculaires est à
ce stade possible (stade T3).
L'aspect en imagerie du CCC est variable en fonction Carcinome à cellules claires de petite taille
de sa taille (des remaniements nécrotico-hémorragiques Cette présentation de CCC est classiquement asymptoma-
apparaissent avec la croissance de la lésion), de son grade tique. Il s'agit généralement d'une lésion peu agressive à
histologique, et de l'importance de sa vascularisation. Ainsi, croissance lente. Sa fréquence augmente avec celle des exa-
les formes atypiques de CCC peuvent nécessiter une biop- mens abdominaux. Ce type de tumeur de taille inférieure
sie pour les différencier des lésions bénignes que sont les ou égale à 3 cm devra être différencié des tumeurs bénignes.
AML pauvres en graisse, les oncocytomes ou encore les Ces CCC sont le plus souvent homogènes sans remanie-
métastases. ments nécrotico-hémorragiques compte tenu de leur petite
taille. Leur détection – surtout en cas de lésion infracenti-
métrique qui était auparavant l'apanage du scanner, compte
Carcinome à cellules claires typique tenu de sa résolution spatiale supérieure à l'IRM – a été
Dans sa forme typique, il s'agit d'une tumeur le plus améliorée avec l'apparition des séquences de diffusion. Cette
souvent de grande taille (> 4 cm), bien limitée au stade séquence améliore le contraste entre le parenchyme et les
précoce, hétérogène, avec une composante solide pure lésions tumorales [44]. Ces petites tumeurs apparaissent en
hypervasculaire et une composante siège de remaniements discret hyposignal ou en isosignal T1 par rapport au cor-
nécrotico-hémorragiques. tex adjacent [45] et en hypersignal T2. L'association de ces
Chapitre 27. L'IRM rénale en pratique clinique 443
a b c
d e f
g h
Fig. 27.11 Aspect IRM d'un carcinome à cellules claires. Lésion hétérogène de 78 mm du pôle inférieur du rein gauche en discret hypersignal T1 (a),
avec chute de signal de plusieurs portions tissulaires sur la séquence en opposition de phase (b, flèche), en isosignal T2 par rapport au parenchyme rénal (c),
en discret hypersignal diffusion à b = 800 s/mm2 et avec restriction de diffusion (ADC tumeur = 1,03.10–3 mm2/s et ADC rein = 1,6.10–3 mm2/s) (d, e),
avec prise de contraste dès le temps corticomédullaire (f) et rehaussement hétérogène sur le temps néphrographique (g, h).
caractéristiques avec des remaniements nécrotico-hémorra- papillaire et tubulaire associée à des anomalies cytogéné-
giques (même s'ils sont plus rares sur les lésions de petite tiques. Le carcinome papillaire peut être solide ou encore
taille) et une hypervascularisation doit faire suspecter un remanié par de la nécrose voire kystique.
CCC compte tenu de sa fréquence [46]. Il existe deux types de carcinome papillaire :
■ type 1 basophile (75 % des cas). Cette lésion est de stade
et de grade plus faibles que les lésions de type II. Elle peut
Points clés – Carcinome à cellules claires
être multifocale ;
■
Tumeur maligne rénale la plus fréquente ■ type 2 éosinophile (25 % des cas). Elle est de moins bon
■
Hétérogène avec composante solide et remaniements nécro- pronostic que le type 1.
tico-hémorragiques surtout dans les lésions de grande taille Ces lésions en scanner sont différentes. Les types 1 appa-
Iso-hyposignal T1 avec chute de signal possible sur la
raissent plus homogènes et mieux limités que les types 2
■
atypiques. Toutefois, l'ensemble de ces lésions présentaient abondance, contrairement aux CCC nécrosés où ils sont pré-
une prise de contraste en IRM sur les séquences en soustrac- sents à la périphérie de la zone de nécrose. Une chute de signal
tion, soulignant le rôle fondamental de l'IRM dans la prise sur la séquence en opposition de phase est également possible
en charge de ces lésions [48]. dans les carcinomes papillaires (entre 16 à 59 % des cas), mais
En IRM, les carcinomes papillaires de type 1 apparaissent à une fréquence moindre que dans les CCC (de l'ordre de 70 %
en hyposignal T2 pour 94 % d'entre eux [37] et en iso- des cas) [40, 49]. Ce critère n'est pas discriminant.
hyposignal T1. Un rapport du signal de la tumeur en T2 sur En diffusion, les carcinomes papillaires présentent
le signal du parenchyme en T2 < 0,66 aurait une sensibilité un faible coefficient apparent de diffusion (fig. 27.12)
de 54 % et une spécificité de 100 % pour différencier les car- (1,087.10–3 mm2/s) par rapport aux autres lésions tumorales
cinomes papillaires des CCC (fig. 27.12) [38]. (1,849.10–3 mm2/s pour les CCC et 1,307.10–3 mm2/s pour
Ces lésions peuvent présenter une chute de signal sur la les chromophobes) [41].
séquence en phase. Cette caractéristique serait expliquée par Après injection, ces tumeurs sont faiblement vasculari-
la présence de dépôts intratumoraux d'hémosidérine [40]. De sées par rapport au parenchyme rénal, et apparaissent donc
plus, ces dépôts intratumoraux d'hémosidérine ne seraient pas en hyposignal sur la phase néphrographique. Le pourcen-
liés, contrairement aux CCC, à la présence de remaniements tage de rehaussement par rapport à la séquence non injectée
nécrotiques ou hémorragiques. Ces dépôts sont présents en est en moyenne de 49 % sur la phase corticomédullaire,
a b c
d e f
g h
Fig. 27.12 Aspect IRM d'un carcinome papillaire de type 1. Patient de 51 ans présentant une lésion polaire inférieure gauche (a) exophytique
de 33 mm en isosignal T1 sur la séquence en phase (b), sans chute de signal sur la séquence en opposition de phase (c), en hyposignal T2 hété-
rogène (a), avec un discret hypersignal de diffusion sur la séquence à b = 800 s/mm2 (e), avec restriction du coefficient apparent de diffusion (f)
(parenchyme rénal à 1,6.10–3 mm2/s – tumeur à 1,028.10–3 mm2/s) et hypo-intense par rapport au parenchyme rénal sur les séquences injectées
(g, h). Cette lésion ne présentait pas de cicatrice. Il s'agissait d'un carcinome papillaire de type 1 de grade Fuhrman 2.
Chapitre 27. L'IRM rénale en pratique clinique 445
a b c
d e
Fig. 27.13 Aspect IRM d'un carcinome papillaire type 2. Patient de 55 ans présentant une lésion exophytique polaire inférieure gauche de 10 cm
de grand axe, hétérogène, sur la séquence T2 avec composante en hypersignal T2 (a, flèche), en hyposignal T1 avec composante en hypersignal T1 sur
la séquence en phase (b, flèches bleues), sans chute de signal sur la séquence en opposition de phase (c), avec un discret hypersignal de diffusion (d),
avec coefficient d'ADC hétérogène (restreint dans les zones en hypersignal T1, élevé par ailleurs) (e). La pièce anatomopathologique retrouvait un
carcinome papillaire de type 2 Fuhrman 3, nécrosé sur 30 à 40 % de sa surface. La quasi-totalité de la tumeur était composée de cellules éosinophiles.
■
Chute de signal sur la séquence en phase (dépôts d'hémosidérine)
■
Hypovascularisés Ces lésions sont plus rares mais de moins bon pronos-
■
ADC bas par rapport au parenchyme rénal tic, le plus souvent agressives. On distingue : le carcinome
446 Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein
a b c
Fig. 27.14 Aspect TDM carcinome chromophobe. Patiente de 55 ans aux antécédents de cancer du sein présentant une lésion de la lèvre
antérieure du rein gauche de 18 mm isodense au parenchyme rénal sur le scanner sans injection (a), discrètement hypervasculaire sur le temps
corticomédullaire (b), hypodense sur le temps néphrographique (c).
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d e f
g
Fig. 27.15 Aspect IRM d'un carcinome chromophobe. Patiente de 55 ans aux antécédents de cancer du sein présentant une lésion de la lèvre
antérieure du rein gauche de 18 mm en isosignal T1 sur la séquence en phase (a), sans chute de signal sur la séquence en opposition de phase (b),
avec un discret hypersignal T2 (c), un hypersignal de diffusion à b 800 s/mm2 (d), une restriction de diffusion (ADC = 1,142.10–3 mm2/s) (e), hypo-
intense sur les temps injectés (f, g).
Chapitre 27. L'IRM rénale en pratique clinique 447
s arcomatoïde, le carcinome des tubes collecteurs de Bellini, du développement d'une circulation veineuse collatérale. Il
le carcinome médullaire, etc. Leur diagnostic positif ne peut est également possible de retrouver une densification de la
pas être réalisé formellement sur une IRM et nécessite donc graisse périlésionnelle sans extension tumorale. Cette densifi-
une preuve anatomopathologique. cation est secondaire à l'œdème périrénal, aux remaniements
fibreux ou à la présence de structures vasculaires [54].
Bilan préthérapeutique
L'IRM n'est pas l'examen de référence dans le cadre du Franchissement capsulaire (stade T3a)
bilan préthérapeutique d'un cancer du rein. Elle est prise en et envahissement veineux (stade T3a-c)
défaut dans le bilan d'extension général de la maladie (en Le stade T3a repose sur la mise en évidence de modifica-
particulier l'analyse des lésions pulmonaires) [31]. Elle doit tions de l'interface tumeur/graisse avec une infiltration de la
donc être complétée par un scanner thoracique. Elle est sur- graisse péritumorale associée à des limites tumorales irrégu-
tout utile dans l'analyse de l'invasion vasculaire de la veine lières ou floues. La sensibilité du scanner est faible, avec de
cave inférieure. Le bilan préthérapeutique doit préciser la grandes variations dans la littérature, comprise entre 46 %
classification TNM (tableau 27.4). et 88 % [54, 55]. Elle est améliorée par la réalisation d'une
IRM [56–58]. La présence d'une infiltration de la graisse
Protocole périlésionnelle sur une longueur d'au moins 1 cm doit faire
suspecter une extension locorégionale [54].
En cas de réalisation d'une IRM, le protocole doit être adapté L'IRM permet l'analyse de la pseudocapsule rénale qui
avec la réalisation de séquences complémentaires T2 coronales apparaît en hyposignal T2 continu sur une séquence T2 sans
obliques dans le grand axe de la tumeur de façon à réaliser saturation du signal de la graisse (visible dans 90 % des cas)
un bilan préthérapeutique optimal. Des acquisitions tardives [59]. Cette analyse est plus sensible dans les CCC que dans
pourront éventuellement être réalisées pour étudier les rap- les carcinomes papillaires en raison de l'hyposignal T2 de
ports de la tumeur avec la voie excrétrice (en cas de chirurgie ces derniers. La sensibilité et la spécificité pour le staging
conservatrice) ou en cas de doute avec une tumeur urothéliale. entre les stades T1/T2 et le stade T3a sont de 86 % et 95 %
respectivement pour le CCC et 50 % et 92 % respectivement
Extension locorégionale pour le carcinome papillaire [59]. La mise en évidence d'un
Tumeur strictement intrarénale (stades T1 et T2) envahissement locorégional est primordiale avant néphrec-
Le scanner reste l'imagerie de référence dans ce cas-là. Les tomie partielle laparoscopique.
limites tumorales sont régulières sans infiltration de la graisse Le défaut d'opacification partielle ou complète de la veine
péritumorale. L'analyse est plus difficile dans le cas d'une rénale ou de la veine cave inférieure est en rapport avec la
tumeur de grande taille (stade T2) en raison de la possibilité présence d'un thrombus cruorique ou d'un envahissement
Tableau 27.4 Classification de l'International Union Against Cancer (UICC) TNM (tumor, node, metastasis)
des tumeurs malignes du rein (2009).
TNM (2009) Statut
Tumeur (T) Tx Le statut tumoral ne peut pas être défini
T1a Tumeur ≤ 4 cm localisée au rein
T1b Tumeur > 4 cm et ≤ 7 cm localisée au rein
T2a Tumeur > 7 cm et ≤ 10 cm localisée au rein
T2b Tumeur > 10 cm localisée au rein
T3a Envahissement du tissu adipeux périrénal et/ou du tissu adipeux hilaire, épargnant le fascia de
Gerota et/ou thrombus macroscopique dans la veine rénale et/ou une de ses branches
T3b Thrombus dans la veine cave inférieure (VCI) sous-diaphragmatique
T3c Tumeur s'étendant dans la VCI sus-diaphragmatique ou envahissant la paroi musculaire de la veine
cave
T4 Tumeur s'infiltrant au-delà du fascia de Gerota et/ou envahissement par contiguïté de la surrénale
Métastase Nx Pas d'évaluation du statut ganglionnaire
ganglionnaire (N)
N0 Pas de métastase ganglionnaire
N1 Métastase ganglionnaire régionale dans un seul ganglion
N2 Métastase ganglionnaire régionale dans plus d'un ganglion
Métastase à Mx Pas d'évaluation du statut métastatique
distance (M)
M0 Pas de métastase
M1 Métastase tissulaire à distance
448 Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein
tumoral [60, 61]. L'analyse de la veine rénale est optimale au sont plus volontiers métastatiques que les carcinomes papil-
temps corticomédullaire (40 secondes après l'injection) [62]. laires et chromophobes [70]. Ces localisations secondaires se
La différenciation entre envahissement tumoral et thrombus font préférentiellement au poumon et à l'os. Des métastases
cruorique repose sur la mise en évidence d'une éventuelle au pancréas sont possibles et parfaitement visualisées en IRM.
prise de contraste du thrombus [63], pour laquelle l'IRM est Un problème diagnostique fréquent est la découverte
plus sensible que le scanner [64]. d'une autre tumeur rénale maligne synchrone – lésion
L'extension à la veine cave inférieure doit également être secondaire ou tumeurs multiples synchrones. L'absence
précisée. Le scanner est d'interprétation parfois difficile dans ce d'autres métastases à distance fera plutôt opter pour la deu-
cas, en particulier en rétrohépatique, ou encore en cas d'hélice xième hypothèse.
trop précoce, responsable d'un défect endoluminal au niveau
de l'abouchement des veines rénales. L'IRM est alors indis- Classification morphométrique
pensable et constitue l'examen de référence. L'envahissement Cette classification a pour but d'évaluer le risque opératoire
veineux cave apparaît sous forme d'une image tissulaire endo- d'une néphrectomie partielle. Pour cela, on distingue trois
luminale en iso- ou hypersignal sur la séquence T1 avant scores principaux : le score de PADUA, le R.E.N.A.L. score
injection, et hypersignal sur la séquence T2 (fig. 27.16). La et le C Index.
sensibilité de l'IRM est proche de 100 % [65, 66].
L'IRM permet également d'apprécier l'invasion poten- Score de PADUA [71]
tielle de la paroi de la veine cave inférieure. Ce diagnostic Le score de PADUA (Preoperative Aspects and Dimensions
reste cependant difficile et est le plus souvent obtenu en Used for an Anatomical Classification of Renal Tumours) va
peropératoire. de 6 à 14 et est fondé sur 6 critères : la localisation tumorale
Dans le cas d'une atteinte vasculaire, la distance entre le (polaire ou médiorénale), le caractère endo- ou exophytique de
bourgeon tumoral supérieur, l'oreillette droite et les veines la masse, la localisation dans le plan axial (médial ou latéral), la
hépatiques doit être mesurée. présence ou non d'une infiltration du sinus rénal/du système
collecteur et la taille de la lésion (fig. 27.17 et tableau 27.5).
Extension au système collecteur Un score ≥ 8 indique un risque opératoire plus élevé de
Bien que ne faisant pas partie de la classification TNM, 14 fois par rapport à un score inférieur (taux de complica-
l'extension au système collecteur doit être précisée, en par- tion > 30 %). La corrélation interobservateur de ce score est
ticulier lorsqu'une néphrectomie partielle est envisagée. Cet satisfaisante, estimée à 73 %.
envahissement est plus fréquent au niveau des pôles dans les
stades ≥ T3 [67] (79 % des cas versus 21 % pour les stades T1 R.E.N.A.L. score [72]
et T2) et dans les tumeurs de haut grade. Sa recherche se fait Il s'agit d'un score allant de 4 à 12, fondé sur 5 critères : la
sur la séquence excrétoire. diamètre maximal de la lésion, le caractère endo- ou exophy-
tique, sa distance par rapport au système collecteur, sa locali-
Stade T4 sation par rapport aux lignes polaires, sa position antérieure
L'extension aux organes de voisinage se produit lorsque la ou postérieure (ce critère n'apportant pas de point au score).
tumeur a franchi le fascia de Gerota. Cette situation reste Le suffixe « h » est également utilisé si la lésion est au contact
rare. L'atteinte de la surrénale par contiguïté fait également de l'artère ou de la veine rénale (fig. 27.18 et tableau 27.6).
partie du stade T4.
C Index [73]
Extension ganglionnaire Il s'agit du calcul du rapport de la distance du centre de la
Une atteinte ganglionnaire est présente dans 20 % des tumeur au centre du rein sur la taille de la tumeur. Un C
cas lors du diagnostic [68], souvent en association avec Index < 2,5 augmente d'au moins 30 % le risque de compli-
des localisations secondaires hématogènes. La détection cations majeures.
d'une extension ganglionnaire modifie le geste chirurgi- Cette méthode est plus difficile à réaliser en pratique
cal avec la réalisation d'un curage ganglionnaire étendu. clinique courante. Elle nécessite de localiser précisément le
L'envahissement ganglionnaire en scanner et en IRM repose centre du rein. Elle est donc moins utilisée.
à l'heure actuelle sur des critères de taille (> 10 mm de petit
axe), mais le taux de faux positif reste élevé (jusqu'à 58 % des Points clés – Bilan préthérapeutique
cas [69]). En effet, une augmentation de taille des ganglions Le compte-rendu précisera [31] :
est retrouvée en cas d'hyperplasie folliculaire ou de remanie- ■
le diamètre tumoral dans les trois plans de l'espace ;
ments inflammatoires. Ces remaniements inflammatoires ■
la topographie exacte de la tumeur et en particulier sa dis-
sont plus fréquemment retrouvés dans le cas de cancers tance par rapport au hile rénal ;
nécrosés ou encore en cas d'envahissement vasculaire [69]. ■
son caractère endo- ou exophytique (noté en pourcentage) ;
Un petit axe supérieur à 2 cm présente une spécificité de ■
la classification anatomique permettant d'évaluer les pos-
100 % pour le diagnostic d'envahissement tumoral. sibilités de la néphrectomie partielle et les risques opéra-
toires (R.E.N.A.L score, classification de PADUA, C Index)
Métastases [71–74] ;
■
l'anatomie vasculaire rénale ;
La recherche de métastases est l'apanage du scanner thoraco- ■
l'extension locorégionale et en particulier l'extension
abdomino-pelvien puisque l'IRM rénale reste limitée à la vasculaire ;
partie supérieure de l'abdomen centrée sur les reins. Les CCC ■
l'analyse du rein controlatéral.
Chapitre 27. L'IRM rénale en pratique clinique 449
a b c
d e f
g h i
j k l
Fig. 27.16 Envahissement de la veine cave Inférieure (VCI) par un carcinome rénal à cellules
claires. Patient de 55 ans présentant un carcinome à cellules claires du rein gauche (flèche) avec
localisations secondaires hépatiques. Cette lésion envahit la veine rénale gauche (envahissement
tumoral) (tête de flèche) et la VCI (flèche bleue) (combinaison d'un envahissement tumoral et d'un
thrombus cruorique). Elle n'est pas adhérente à cette dernière. (a–c) Séquence axiale T2 : la tumeur
apparaît hétérogène avec des composantes nécrotiques en hypersignal T2. (d) Séquence axiale T1 :
l'envahissement apparaît en hypersignal T1. (e, f) Séquence axiale T1 en phase. (g, h) Cartographie
ADC : restriction de diffusion au sein de la veine rénale (ADC = 0,95.10–3 mm2/s) ; absence de
restriction de diffusion dans les parties nécrotiques de la tumeur (ADC = 2,7.10–3 mm2/s).
(i, j) Séquence axiale T1 au temps corticomédullaire. (k) Séquence axiale T1 au temps néphrogra-
m phique. (l, m) Séquence coronale T1 tardif.
450 Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein
Tumeurs malignes solides secondaires le cas des cancers bronchiques, coliques ou mammaires,
Les métastases rénales sont deux fois plus fréquentes que les difficilement différenciables dans ce cas-là d'une néoplasie
tumeurs primitives. Elles sont essentiellement rencontrées primitive [78]. Une biopsie peut alors être nécessaire [79].
dans les cancers pulmonaires et mammaires [75, 76], mais
on retrouve également des métastases de cancer rénal pri- Lymphome rénal
mitif controlatéral, de mélanomes, de cancer digestif (côlon, Le lymphome rénal primitif est rare (< 1 %) compte tenu de
pancréas). Elles sont rarement symptomatiques et décou- l'absence de tissu lymphoïde rénal [80–82]. Cette atteinte
vertes lors du bilan d'extension ou au cours du suivi sur le
scanner abdominopelvien. Leur aspect en imagerie dépend Tableau 27.6 R.E.N.A.L score d'après [72].
de la tumeur primitive : hypovasculaires et homogènes sous
forme d'hypodensités nodulaires du parenchyme rénal, ou 1 point 2 points 3 points
hypervasculaires en cas de mélanome [77]. Elles sont volon- Radius ≤ 4 > 4 mais < 7 ≥ 7
tiers multiples. Elles peuvent également être uniques dans (diamètre
maximal en
cm)
Tableau 27.5 Classification de PADUA Caractère ≥ 50 % < 50 % Totalement
(Preoperative Aspects and Dimensions Exophytique endophytique
Used for an Anatomical Classification) ou non
Fig. 27.18 R.E.N.A.L. score. Les chiffres en dessous des figures indiquent le score attribué à chaque type de cas. (D'après Kutikov A, Uzzo [72].)
452 Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein
lymphomateuse est donc dans la majorité des cas secon- ■ les formes liées à des maladies générales comme la sclé-
daire. Elle est surtout rencontrée dans les lymphomes non rose tubéreuse de Bourneville (80 % des cas) ou la lym-
hodgkiniens (lymphome de type B ou de Burkitt) et la dissé- phangioléiomyomatose (15 % des cas) où les AML sont
mination peut être hématogène ou de contiguïté à travers les multiples et bilatéraux [76].
lymphatiques du hile ou péricapsulaires. Les formes rares d'AML ne seront pas décrites dans ce
Cliniquement, les patients présentent des douleurs du chapitre (AML épithélioïde, AML à composante kystique
flanc, une asthénie et une perte de poids. Une hématurie, épithéliale, AML invasif). Ces AML bénéficient le plus sou-
une protéinurie ou une insuffisance rénale sont également vent d'une preuve anatomopathologique (biopsie ou exérèse
possibles. chirurgicale).
Bien que les séries autopsiques rapportent une atteinte L'AML est classiquement asymptomatique. Sa principale
rénale lymphomateuse dans 30 à 60 % des cas, les anomalies complication est l'hémorragie, qui se manifeste par des dou-
en imagerie ne sont visibles que dans 1 à 8 %. leurs du flanc, une hématurie, un hématome intra- ou péri-
Cinq types d'atteinte sont décrits en imagerie [83] : rénal. En cas de saignement ou d'AML de plus de 4 cm, il est
■ atteinte unifocale nodulaire (10 à 20 % des cas) : la taille nécessaire de réaliser une embolisation d'hémostase par voie
est variable, pouvant atteindre plus de 15 cm, avec défor- endovasculaire ou une néphrectomie au mieux partielle [85,
mation de la capsule. Il n'y a pas de remaniement kys- 86]. Les résultats de l'embolisation sont bons avec un succès
tique, nécrotique ou de calcification ; technique supérieur à 90 % [87], entraînant une diminution
■ atteinte multifocale nodulaire : forme la plus fréquente (50 à significative du volume tumoral pouvant atteindre jusqu'à
60 % des cas), avec des lésions de petite taille inférieures à 81 % à 1 an [86]. Dans le cas d'AML de moins de 4 cm, une
3 cm associées à des adénopathies rétropéritonéales ; surveillance annuelle de son évolution est préconisée par
■ invasion à partir d'une masse rétropéritonéale (25 à 30 % imagerie au mieux par IRM afin de limiter l'irradiation. La
des cas) : cette lésion est également de grande taille avec plupart du temps, ces lésions sont limitées au rein (endo-
des vaisseaux englobés dans la lésion qui restent per- rénales uniquement ou exophytiques). Dans de rares cas
méables. Une hydronéphrose est également possible ; décrits dans la littérature, les AML peuvent envahir la veine
■ infiltration diffuse du rein avec néphromégalie (20 % des rénale, la veine cave inférieure et on peut retrouver des adé-
cas) : dans ce cas, aucune masse n'est visible et l'atteinte nopathies locorégionales [88, 89]. Mais devant cet aspect
est classiquement bilatérale. Le parenchyme rénal est atypique, une preuve anatomopathologique est nécessaire
hypodense à la phase néphrographique et le rein aug- pour ne pas méconnaître un carcinome à cellules claires.
menté de taille ;
■ masses périrénales (< 10 %) : l'aspect en imagerie est variable, Angiomyolipome typique
avec une infiltration de la graisse périrénale, un épaississe-
Le diagnostic d'AML est simple, classiquement réalisé lors
ment irrégulier du fascia de Gerota sans atteinte du rein.
d'un scanner avec coupes fines (< 3 mm d'épaisseur). L'AML
Il s'agit d'une lésion hypovasculaire, de densité sponta-
apparaît hétérogène compte tenu de sa composition histolo-
née comprise entre 30 et 50 UH [84]. En IRM, ces lésions
gique. La composante musculaire apparait iso- ou discrète-
apparaissent de signal intermédiaire en séquence T1 et T2,
ment hyperdense sur le scanner sans injection. La mise en
avec un rehaussement hétérogène inférieur au parenchyme
évidence sur le scanner d'une composante graisseuse au sein
rénal adjacent [84]. Elles sont habituellement restreintes en
de la tumeur (< –20 UH) rend le diagnostic d'AML très pro-
diffusion.
bable (fig. 27.19). D'autres lésions rénales peuvent présenter
une composante graisseuse (tumeur de Wilms, oncocytome,
Tumeurs bénignes solides carcinome à cellules claires, métastases, liposarcome), mais
cela est plus rare. La présence de graisse dans un carcinome
La caractérisation formelle d'une tumeur bénigne solide
rénal est rencontrée dans les lésions de grande taille qui
en imagerie est difficile. Seul l'angiomyolipome est
englobent la graisse de l'espace périrénal ou en cas de méta-
caractérisable avec une fiabilité suffisante pour s'affranchir
plasie osseuse associée à des calcifications.
d'une preuve anatomopathologique. L'oncocytome, deu-
La présence de calcifications dans un AML est rarissime,
xième tumeur bénigne la plus fréquente, est suspecté dans
en dehors du cas particulier des AML ayant saigné. Une
sa forme typique grâce un faisceau d'arguments. Les autres
tumeur contenant de la graisse et des calcifications doit être
types de tumeurs relèvent d'un diagnostic anatomopatholo-
considérée comme un carcinome rénal jusqu'à preuve du
gique et ne seront pas décrites dans ce chapitre.
contraire.
Après injection de produit de contraste, la composante
Angiomyolipome (AML) musculaire de l'AML se rehausse précocement et de façon
L'AML est une tumeur rénale bénigne composée sur le plan homogène. Il est également possible de mettre en évidence
histologique de vaisseaux dysplasiques, de tissu graisseux des vaisseaux tortueux voire des faux anévrismes qui devront
et de muscle lisse. Leur proportion est variable, ce qui rend être embolisés. Lorsque l'AML est typique en scanner, il
leur aspect en imagerie hétérogène. La prévalence de l'AML n'est pas nécessaire de réaliser d'IRM pour le diagnostic.
dans la population générale est estimée à 0,3 %. On en dis- Les AML en IRM apparaissent hétérogènes avec une
tingue deux formes : composante en franc hypersignal T1, avec chute du signal
■ les formes sporadiques (80 % des cas) où ce sont le plus sur les séquences avec suppression du signal de la graisse
souvent des lésions uniques avec une prédominance [36]. Cette composante graisseuse suit l'évolution du signal
féminine (sex ratio : 5/1) ; de la graisse abdominale et du tissu sous-cutané sur les
Chapitre 27. L'IRM rénale en pratique clinique 453
a b
c d
Fig. 27.19 Aspect TDM d'un angiomyolipome sans (a) et après injection de produit de contraste au temps corticomédullaire (b, c)
et néphrographique (d). Lésion polaire inférieure droite de 42 mm à composante graisseuse et tissulaire (prise de contraste intense et précoce
de la portion tissulaire) en rapport avec un angiomyolipome typique.
différentes séquences. Sur les séquences en opposition de rapport à une interface arrondie était plutôt rencontrée dans
phase, on voit apparaître à l'interface tumeur–rein l'artéfact les lésions bénignes de type kyste ou AML (76 % des AML).
en « encre de Chine » signant la présence de graisse au sein Un aspect en cornet de glace a également été décrit. Kim
de la tumeur (fig. 27.20) [90]. Les nodules en hypersignal et al., sur une série scannographique de 18 AML pauvres en
T1 ne présentant pas cette interface ne sont pas des nodules graisse et de 135 carcinomes rénaux, retrouvent cet aspect
graisseux. en cornet de glace dans 15,6 % des carcinomes [98]. Par
ailleurs, les AML ne présentent jamais de pseudocapsule,
Angiomyolipome pauvre en graisse (fig. 27.21) contrairement aux carcinomes rénaux ou aux oncocytomes
Apport de la séquence T2 [59, 99].
Le diagnostic est plus difficile pour les AML à faible compo-
sante graisseuse (< 25 % de graisse ; 5 % des cas). L'absence Apport de la séquence IP-OP
totale de graisse dans une lésion hypervasculaire au scanner La séquence en phase et en opposition de phase a également
n'exclut pas le diagnostic d'AML. La différenciation avec un été évaluée dans ce diagnostic. Elle permet la détection de
carcinome rénal est alors difficile. Ces lésions apparaissent la graisse intracellulaire. Certains auteurs ont montré qu'il
discrètement hyperdenses sur le scanner et se rehaussent était possible de mettre en évidence un faible contingent
de façon homogène après injection. Dans ces cas, l'IRM est de graisse intratumorale sur la séquence en phase et en
utile au diagnostic. opposition de phase [90]. Kim et al., sur 55 tumeurs dont
L'AML pauvre en graisse apparaît en hyposignal T2 du 26 AML pauvres en graisse, ont montré qu'une chute de
fait de sa composante musculaire [91–95], tandis que le car- signal supérieure à 25 % entre la séquence en phase et en
cinome à cellules claires apparaît classiquement en hyper- opposition de phase avait une sensibilité et une spécificité
signal T2. Ainsi, une lésion spontanément hyperdense au respectives de 96 % et 93 % [100]. Un rapport du signal
scanner qui se rehausse de façon homogène en scanner avec tumoral/signal de la rate en phase et en opposition de phase
un hypersignal T2 en IRM est plus probablement un cancer ({[(TSIopp/SSIopp)/(TSIin/ISSIin)] –1} × 100 (où TSIin est le
à cellules claires qu'un AML [94]. Jeong et al. ont montré signal de la tumeur en phase, TSIopp le signal de la tumeur
que les AML pauvres en graisse avaient un rapport tumeur/ en opposition de phase ; SSIin est le signal de la rate en
cortex rénal en T2 plus faible (0,75 ± 0,15) que les carci- phase, SSIopp le signal de la rate en opposition de phase)
nomes rénaux (1,21 ± 0,41 ; p < 0,001), mais que ce rapport inférieur à −32 % avait une sensibilité et une spécificité
n'était pas significativement différent des cancers papillaires de 88 % et 97 % respectivement pour diagnostiquer les
(0,87 ± 0,36 ; p = 0,161) [96]. AML pauvres en graisse [100]. La limite de cette étude
L'interface tumeur/rein a également été étudiée. Verma était l'absence de différenciation des sous-types de carci-
et al. [97] ont ainsi montré qu'une interface angulaire par nomes rénaux, dont certains peuvent contenir de la graisse
454 Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein
a b c
d e
Fig. 27.20 Aspect IRM d'un angiomyolipome typique. Lésion en hypersignal T1 (a) avec chute de la composante graisseuse sur la séquence
T1 avec saturation du signal de la graisse (b). La séquence en opposition de phase montre l'artéfact en encre de Chine en rapport avec l'interface
eau–graisse en périphérie de la tumeur (c). On peut remarquer que la composante graisseuse suit le signal de la graisse sous-cutanée et intrapérito-
néale. En séquence T2 fat sat, la composante musculaire apparaît en hyposignal T2 (d). Après injection, on retrouve une prise de contraste intense
et précoce sur le temps corticomédullaire (e).
a b c
d e f
Fig. 27.21 Aspect IRM d'un angiomyolipome pauvre en graisse. Patiente de 70 ans présentant une lésion de 38 mm médiorénale droite.
Cette lésion apparaît en isosignal T1 (flèche blanche) avec composante en hypersignal T1 (flèche bleue) sur la séquence T1 en phase (a) ; la com-
posante en hypersignal T1 chute sur la séquence en opposition de phase (b). Sur la séquence T2, cette tumeur apparaît en hyposignal T2 (c) avec
une restriction de diffusion (ADC = 0,8.10–3 mm2/s) (d). La composante musculaire se rehausse après injection de produit de contraste, tandis que
la portion graisseuse reste en hyposignal (e, f).
Chapitre 27. L'IRM rénale en pratique clinique 455
macroscopique comme les carcinomes à cellules claires. omogène après injection et en hyposignal T2 en IRM peut
h
D'autres auteurs ont donc montré que le calcul de la chute être un angiomyolipome pauvre en graisse ou un cancer
de signal sur la séquence en phase et en opposition de phase papillaire. Une biopsie rénale doit alors être discutée [96].
étaient insuffisants pour différencier formellement les AML
pauvres en graisse des carcinomes rénaux [49, 101, 102]. Points clés – Angiomyolipomes
Hindman et al. ont étudié 108 lésions (20 AML pauvres en ■
Tumeur bénigne asymptomatique à contingent graisseux,
graisse et 88 carcinomes rénaux à cellules claires) et n'ont pas musculaire lisse et vasculaire
trouvé de différence significative de l'intensité de signal de la ■
Multifocal dans le cas de la sclérose tubéreuse de Bourneville
lésion (8,05 % ± 14,46 pour les AML versus 14,99 % ± 19,9 ou de la lymphangioléiomyomatose
pour les carcinomes à cellules claires ; p = 0,146) et du rap- ■
Non encapsulé
port tumeur sur rate (−8,96 % ± 16,6 pour les AML versus ■
Contingent graisseux : hypersignal T1 et T2 avec chute du
−15,8 % ± 22,4 pour les carcinomes rénaux ; p = 0,227) entre signal sur les séquences avec suppression du signal de la
la séquence en phase et en opposition de phase [94]. Ils graisse
ont cependant noté qu'un hypersignal T2 associé à un fort ■
La chute de signal sur la séquence en opposition de phase
rehaussement était un argument plus en faveur d'un car- d'une lésion suspecte d'être un AML pauvre en graisse ne
cinome rénal que d'un AML pauvre en graisse. Dans une permet pas de poser formellement le diagnostic en raison
d'une confusion possible avec les carcinomes rénaux
autre étude, Ferré et al. ont retrouvé des résultats similaires ■
AML pauvres en graisse : hyposignal T2, hypervasculari-
avec une incapacité de discriminer les AML pauvres en sation avec wash-out, ADC restreint – biopsie au moindre
graisse des autres lésions rénales sur la séquence en phase doute pour ne pas méconnaître un carcinome rénal
et en opposition de phase [103]. Cette séquence doit donc ■
Risque hémorragique : surveillance pour les tumeurs < 4 cm,
être interprétée avec précaution conjointement avec les embolisation ou néphrectomie partielle pour les tumeurs de
autres séquences IRM disponibles (séquence T2, séquences plus de 4 cm ou ayant saigné
injectées). Ainsi, Sasiwimonphan et al. ont montré qu'un
hyposignal T2 (signal tumeur/parenchyme < 0,9), associé à Oncocytome
une chute de signal sur la séquence en opposition de phase
(> 20 %) et un rapport de rehaussement entre la phase arté- L'oncocytome est une tumeur bénigne. Il s'agit de la deu-
rielle et la phase tardive > 1,5 permettaient le diagnostic xième tumeur bénigne rénale après les AML. Sa prévalence
d'AML pauvre en graisse avec une sensibilité de 73 % et une est estimée entre 3 et 7 % et elle est plus fréquente chez
spécificité de 99 % [91]. l'homme (sex ratio : 1,7). Le plus souvent, cette tumeur est
unique, mais il peut exister des formes multifocales dans
Apport de la séquence de diffusion 5 à 10 % des cas : l'oncocytomatose [107]. Dans ce cas-là,
les oncocytomes sont volontiers volumineux avec une ten-
Peu de données sont disponibles dans la littérature. Taouli dance à la confluence. Des formes familiales rares existent
et al. ont montré que les AML présentaient un coefficient également (syndrome de Birt-Hogg-Dubé). Le syndrome de
apparent de diffusion faible (109 tumeurs dont 18 AML, Birt-Hogg-Dubé est une maladie autosomique dominante
b : 0 – 400 – 800 s/mm2 – ADCmoyen = 0,74.10–3 mm2/s) sans prédisposant aux tumeurs rénales : oncocytome, carcinome
fournir toutefois de valeur seuil [104]. Dans une autre étude chromophobe, papillaire ou à cellules claires, tumeurs
concernant 36 carcinomes à cellules claires et 5 AML pauvres mixtes (chromophobe et oncocytaire), avec des manifesta-
en graisse (b : 0 et 800 s/mm2), Tanaka et al. ont montré tions cutanées (fibrofolliculome) et des kystes pulmonaires
que les carcinomes rénaux apparaissaient hétérogènes sur responsables de pneumothorax.
la séquence de diffusion, avec un coefficient apparent de L'oncocytome est une tumeur homogène, bien circons-
diffusion plus élevé (ADC moyen = 1,54 mm2/s) que celui crite, de localisation plutôt périphérique, ne contenant pas
des AML pauvres en graisse (ADC moyen = 0,8 mm2/s ; de calcification, de nécrose ou d'hémorragie. En scanner,
p = 0,003) [105]. Ces études réalisées sur des IRM 1,5 T l'oncocytome apparait iso- ou hypodense par rapport au
semblent se confirmer sur des IRM 3 T [106]. parenchyme rénal adjacent avec un rehaussement précoce,
intense, le plus souvent homogène. Cet aspect ne permet
Apport des séquences injectées pas de différencier l'oncocytome des carcinomes rénaux
Les AML pauvres en graisse sont des tumeurs hypervascu- [22, 108, 109]. Certains auteurs ont décrit, dans le cas de
laires qui se rehaussent plus que les autres tumeurs, y com- petits oncocytomes (< 3 cm), un rehaussement segmentaire
pris les carcinomes rénaux. On note également un lavage inversé [110], mais ce signe n'est pas suffisamment spéci-
précoce [42]. L'association d'un ratio en T2 tumeur/rein fique pour différencier formellement un oncocytome d'une
adjacent < 0,9 et d'un ratio rehaussement artériel/rehausse- tumeur maligne [111, 112].
ment tardif > 1,5 permet de différencier les AML pauvres en La présence de calcifications, de remaniements nécro-
graisse des carcinomes rénaux avec une sensibilité de 73 % tiques ou hémorragiques, un caractère hypovasculaire
et une spécificité de 99 % [91]. orientent plutôt vers un carcinome rénal qu'un oncocytome.
La différenciation des AML par rapport aux carcinomes Dans le cas des oncocytomes de plus de 3 cm, il est pos-
rénaux ou papillaires ne peut être affirmée de façon formelle sible de retrouver une cicatrice centrale étoilée permettant
sur l'IRM puisqu'il existe des chevauchements de signal de suspecter le diagnostic (fig. 27.22). Sa fréquence varie
entre ces différentes tumeurs ; il est donc préconisé, dans dans la littérature et a été estimée par Eiss et al. à 63 % [107].
le cas de ces AML pauvres en graisse, de réaliser des biop- Cette cicatrice apparaît hypodense après injection de pro-
sies. Une lésion hyperdense en scanner, de rehaussement duit de contraste avec un parenchyme tumoral adjacent
456 Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein
a b c
d e f
Fig. 27.22 Aspect IRM d'un oncocytome. Patient présentant un syndrome de Birtt-Hogg-Dubé avec plusieurs oncocytomes. L'IRM retrouve
une lésion polaire supérieure droite en hyposignal T1 (a), discret hypersignal T2 avec cicatrice en hypersignal T2 (flèche bleue) (b), sans restriction
de diffusion (ADC tumeur = 1,63.10–3 mm2/s et ADC rein = 2,1.10–3 mm2/s) (c, d) avec prise de contraste intense au temps corticomédullaire (e) et
une prise de contraste tardive de la cicatrice (f).
homogène. Elle ne doit pas être confondue avec les rema- des cas – ou incomplet – 26 % des cas). Cette prise de
niements nécrotiques des carcinomes à cellules claires ou contraste tardive est également retrouvée dans les carci-
avec une cicatrice fibreuse des carcinomes chromophobes. nomes rénaux (en particulier dans les carcinomes chromo-
Ce signe n'est donc pas suffisamment spécifique pour poser phobes), mais cette inversion de contraste est le plus souvent
le diagnostic formel d'oncocytome. incomplète dans ce cas (77 % des cas, 12 % de rehaussement
complet) [114].
Apport des séquences T1 EG et T2 ES L'oncocytome classique présente donc en IRM une
Un oncocytome de petite taille apparaît en hyposignal T1, cicatrice centrale en hypersignal T2, sans modification
hypersignal T2 [36, 113]. La cicatrice centrale visible pour les de signal sur les séquences en phase et en opposition de
lésions de plus de 3 cm apparaît en hyposignal T1 sans modi- phase et un rehaussement complet sur les séquences tar-
fication sur la séquence en opposition de phase, hypersignal dives (voir fig. 27.23). L'association de ces signes donne
T2 dû à sa composante myxoïde (fig. 27.23) [52]. Cette carac- une sensibilité de 36 %, une spécificité de 95 %, une
téristique n'est cependant pas spécifique des oncocytomes et valeur prédictive positive (VPP) de 67 % et une valeur
est retrouvée dans 40 % des carcinomes chromophobes [52]. prédictive négative (VPN) de 84 % pour le diagnostic
Dans le cas des carcinomes rénaux, il n'est pas rare d'obser- d'oncocytome [114].
ver des modifications de signal entre la séquence en phase et Dans le cas des petits oncocytomes sans cicatrice cen-
la séquence en opposition de phase [114]. trale, Kim et al. ont décrit un rehaussement segmentaire
inversé (10 oncocytomes, 98 carcinomes à cellules claires)
Apport de la séquence injectée [110]. Ces petits oncocytomes présentent deux portions
Les séquences injectées sont intéressantes pour apporter différentes : la première se rehausse de façon plus intense
des arguments supplémentaires en faveur du diagnostic que la seconde sur la phase corticomédullaire, tandis
d'oncocytome. que cette seconde portion devient plus hyperdense que
Il s'agit d'une tumeur hyperartérialisée. Elle est plus vas- la première sur la phase excrétrice. Ce signe est retrouvé
culaire qu'un carcinome chromophobe et un carcinome selon Kim et al. dans 80 % des petits oncocytomes. Ces
papillaire, mais avec un rehaussement similaire à celui des différences de rehaussement seraient expliquées par la
carcinomes à cellules claires [42]. présence d'un contenu hyalin au sein de la tumeur. Dans
Le wash-out est précoce, similaire à celui des carcinomes une autre étude, Rosenkrantz et al. (28 oncocytomes et
à cellules claires. 15 carcinomes chromophobes) nuancent la fiabilité du
La cicatrice centrale se rehausse sur les temps tardifs rehaussement segmentaire inversé, puisque ce signe pré-
(> 5 minutes après injection ; rehaussement complet – 74 % sent dans leur étude dans 42,9 % des oncocytomes est
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Chapitre 27. L'IRM rénale en pratique clinique 457
a b c
d e f
g h
Fig. 27.23 Aspect IRM d'un oncocytome atypique. Patient de 61 ans présentant une lésion de 52 mm médiorénale droite (flèche blanche), en
discret hyposignal T1 avec cicatrice (flèche bleue) en hyposignal relatif par rapport à la tumeur adjacente (a), sans chute de signal sur la séquence
en opposition de phase (b), en isosignal T2 hétérogène avec cicatrice en hypersignal T2 (c), hypersignal diffusion à b 800 s/mm2 (d), avec restriction
de diffusion de la composante charnue (ADC = 0,486.10–3 mm2/s) sans restriction de diffusion de la cicatrice (ADC = 1,818.10–3 mm2/s) (e). Noter
que cette restriction importante de la diffusion est atypique dans le cadre d'un oncocytome. Cette lésion se rehausse de façon plus ou moins
homogène au temps corticomédullaire (f) et néphrographique (g) et il y a prise de contraste complète de la cicatrice sur la séquence tardive (h). La
pièce anatomopathologique a retrouvé un embole vasculaire tumoral.
également retrouvé dans 26,7 % des carcinomes chromo- Points clés – Oncocytomes
phobes [52].
■
Deuxième tumeur rénale bénigne
Tumeur avec cicatrice centrale :
Apport de la séquence de diffusion
■
OUI NON
Fig. 27.24 Approche multiparamétrique permettant la distinction entre oncocytome et carcinome à cellules claires avec des chiffres
respectifs de : sensibilité 18,7 %, spécificité 94 %, VPP 50 % et VPN à 79 % [95].
Séquence injectée
Indice de rehaussement à la phase excrétoire (à 250 s) < 94,6
indice de lavage précoce (signal tumeur phase néphrographique – phase artérielle)/phase artérielle x 100 < –8,8
ET
OUI NON
Fig. 27.25 Approche multiparamétrique permettant la distinction entre oncocytome et carcinome à cellules claires avec des chiffres
respectifs de : sensibilité 25 %, spécificité 100 %, VPP 100 %, VPN à 36,8 % [95].
Chapitre 27. L'IRM rénale en pratique clinique 459
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Chapitre
28
Techniques d'IRM du foie
A. Luciani, A. Rahmouni
PLAN DU CHAPITRE
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 467 Séquences optionnelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . 476
Plan général . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 467 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 480
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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468 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
Tableau 28.1 Liste des séquences classiquement utilisées en routine dans l'exploration du foie en IRM*.
Séquences TR TE Angle de Épaisseur Paramètres importants
bascule (α) de coupe
Séquences T1 écho de gradient T1 en phase et 121 ms 2,2–4,4 ms 70° ≤ 5 mm Vérification des TE
en opposition de phase – ou séquences Dixon et
dérivées
Séquence T2 écho de spin rapide avec suppression 2400 ms 86 ms 150° ≤ 5 mm Qualité de la suppression de la
de la graisse graisse ; TE ≤ 100 ms
Séquences de diffusion single shot EPI 1500 ms Minimum NA ≤ 5 mm Valeurs de b à choisir ;
Valeurs de b (2 au minimum) classiquement : 0 s/ (≤ 70 ms) TE à réduire au minimum
mm2 (ou 50 s/mm2), 100 s/mm2
Séquences T2 HASTE 600 ms 74 ms 150° 3 mm Épaisseur de coupe
Séquences écho de gradient dynamiques, 3D, sans 3 ms 1,2 ms 15° 3 mm Épaisseur de coupe ; résolution
puis après injection de chélates de gadolinium temporelle
Séquence T1 tardive (3D écho de gradient ou 2D) 117 ms 2,78 ms 70° 5 mm Résolution en contraste
* Les valeurs citées sont des exemples, tirés de protocoles de routine en IRM à 1,5 T. Certains paramètres sont essentiels à cibler pour optimiser la qualité image.
Ils sont présentés dans la colonne « Paramètres importants ».
a b
Fig. 28.1 Acquisition d'une image de référence en respiration libre (séquence de type bSSFP [balanced steady state free precession]
coronale) (a). Cette acquisition permet le positionnement de la zone d'acquisition du signal de déplacement de la coupole diaphragmatique
(rectangle en a), permettant le déclenchement des acquisitions de l'ensemble des séquences en fin d'expiration (b).
Eau
Graisse
1,5 T
Fe–fg = 220 Hz
E
G E Déplacement
chimique
G
Fig. 28.3 Stéatose hépatique. Coupe transversale écho de gradient T1 Dixon en phase (a), en opposition de phase (b), avec cartographie de
graisse (c) et cartographie d'eau (d) chez un patient avec stéatose hépatique significative. Il existe une chute de signal importante du foie sur la
séquence en opposition de phase, témoignant de la présence de graisse intracellulaire. La séquence en opposition de phase est facilement iden-
tifiable par la présence d'artéfacts de déplacement chimique de second ordre (flèche en b). Noter que l'hypersignal de la graisse sous-cutanée ne
disparaît pas en opposition de phase (b).
tré dans la figure 28.3, permet de détecter de graisse intra- lésions de type lipome – ne verra pas son signal supprimé sur
cellulaire [7, 9, 12]. les séquences en opposition de phase (fig. 28.3) [3].
Rappelons que cet artéfact de déplacement chimique de Il est relativement facile d'identifier les séquences en
second ordre sera présent uniquement lorsqu'il existe au sein opposition de phase par le fait qu'elles s'accompagnent d'un
du voxel un mélange équivalent de protons d'eau et de graisse, artéfact de déplacement chimique de premier ordre – du fait
de telle sorte que la graisse sous-cutanée – ou la présence de du décalage spatial lié au décalage d'encodage en fréquence
tissus avec une forte dominante graisseuse comme dans les des protons de l'eau et de la graisse. Ainsi, dans le sens de
470 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
la fréquence, des bandes en hypersignal du côté des inter- La détection des modifications minimes de la teneur en
faces eau–graisse de plus haute fréquence, et des bandes eau au sein des voxels passe par l'utilisation de séquences 2D
de plus bas signal sur les interfaces eau–graisse de plus T2 en écho de spin rapide, avec suppression de graisse.
basse fréquence (fig. 28.4) sont visibles en opposition de Retenons les points clés de ces séquences :
phase. L'artéfact est majoré si la bande passante est réduite ■ motif d'écho de spin rapide permettant par l'utilisation de
(fig. 28.4b). multiples bascules à 180° de limiter le déphasage en R2*
Cet artéfact est majoré par l'augmentation du champ des tissus ;
magnétique. Rappelons qu'à 3 T, l'eau et la graisse sont en ■ motif de suppression spectrale de la graisse, permettant
phase à 2,3 et 4,6 ms, tandis qu'elles sont en opposition de de s'affranchir de l'hypersignal de la graisse généré par
phase à 1,2 et 3,2 ms [13]. l'impact des pondérations des acquisitions à TE court ;
Il est à noter que les séquences T1 en phase et en oppo- ■ la nécessaire utilisation d'un TE faible, autour de 80 ms,
sition de phase sont sensibles aux artéfacts de susceptibilité jamais supérieur à 100 ms afin de permettre la détection
magnétique. En effet, l'allongement du TE s'accompagne de ces faibles modifications du contraste en T2 (fig. 28.5).
d'une chute du signal, fonction de la relativité R2* des tissus. La détection et la caractérisation des kystes ou des
Ainsi, le signal d'un tissu hépatique chargé en fer, exploré à angiomes hépatiques reposent en revanche sur l'exploita-
1,5 T, apparaîtra en plus bas signal sur la séquence en phase tion de séquences très fortement pondérées en T2. Plusieurs
par rapport à la séquence en opposition de phase, du fait du alternatives sont possibles, incluant l'utilisation de séquences
TE plus long employé [14, 15]. Turbo spin écho avec un TE nettement supérieur à 120 ms,
ou bien, comme c'est le cas de plus en plus souvent, l'utilisa-
Évolution en cours tion de séquences en single-shot fast spin echo très fortement
La plupart des constructeurs proposent désormais des pondérées en T2. Ces séquences sont généralement acquises
séquences dites Dixon et dérivées : ces séquences T1 écho en apnée, parfois en deux apnées, sur un mode séquentiel
de gradient, si elles reposent toujours sur l'exploitation du lorsque le parenchyme hépatique est de grande taille [20]. Il
décalage de fréquence de précession entre protons de graisse est d'usage que les acquisitions soient ainsi réalisées lors de
et de l'eau, permettent de générer directement non seule- deux apnées différentes.
ment la séquence T1 en phase et en opposition de phase,
mais également les séquences en cartographie d'eau, ou de
graisse, permettant une lecture plus rapide, et l'identifi-
cation plus simple, des zones d'accumulation de la graisse
intracellulaire [6, 16–18] (fig. 28.2).
Séquences pondérées en T2
Les séquences pondérées en T2 permettent d'identifier des
zones s'accompagnant d'une modification de la teneur en
eau au sein des voxels. Les lésions liquidiennes, telles que
les kystes biliaires, doivent être facilement identifiées par ces
séquences. Si le contenu liquidien est nettement augmenté
au sein d'un kyste biliaire, l'hypercellularité et l'augmen-
tation de l'interstitium accompagnant le développement
de lésions nodulaires tumorales intrahépatiques sont en Fig. 28.5 Acquisition transversale écho de spin rapide avec sup-
revanche beaucoup plus modérées [19]. Il est donc impor- pression spectrale de la graisse. Le TE ne doit pas dépasser 90 ms
tant que les séquences d'IRM hépatique T2 utilisées per- afin de favoriser la détection de lésions nodulaires faiblement hyper-
mettent de distinguer ces deux situations. signal T2.
Fig. 28.4 Artefact de déplacement chimique de second ordre, apparaissant dans le sens de la phase (flèches en a, b). L'artéfact est
augmenté lorsque la bande passante est réduite (flèche en b) – bande passante de 800 Hz/pixel en a et 80 Hz/pixel en b.
Chapitre 28. Techniques d'IRM du foie 471
Ces séquences single-shot fast spin echo T2, utilisant géné- Les séquences de diffusion sont désormais incontour-
ralement des temps d'écho supérieurs à 180 ms, sont réa- nables dans l'exploration des patients suspects de lésions
lisées sans suppression de la graisse (fig. 28.6). Du fait du secondaires intrahépatiques [25–28]. Elles prennent une
TE long utilisé dans ces séquences, certains artéfacts sont place de plus en plus importante dans l'évaluation de
classiques, en particulier les vides de signaux au sein des la réponse fonctionnelle tumorale [29–35]. Enfin, elles
liquides en mouvement, ou les décalages spatiaux observés semblent également prendre une place croissante dans la
lorsque le recalage entre les deux apnées nécessaire pour caractérisation de lésions nodulaires sur foie d'hépatopathie
couvrir l'intégralité du foie n'est pas retrouvé [1]. Enfin, des chronique, en particulier en complément de l'usage de pro-
modes d'acquisition radiaires du plan de Fourier sont pos- duits de contraste à tropisme hépatospécifique [36].
sibles, permettant de s'affranchir en partie des mouvements
incontrôlés, mais au prix d'artéfacts de reconstruction aisé-
ment identifiables (fig. 28.7).
Principes physiques des séquences EPI
Les séquences de diffusion reposent sur des motifs d'acquisition
Séquences de diffusion de type single shot spin echo avec technique de reconstruction
EPI (echo planar imaging), couplés à une suppression spectrale
L'imagerie de diffusion permet d'explorer les mouvements de la graisse, ou à des acquisitions en inversion-récupération.
protoniques microscopiques [21–23]. Initialement appli- Dans les séquences EPI, de multiples échos sont générés à
quée à l'étude des organes immobiles et l'encéphale, l'uti- chaque pulse de RF avec acquisition de multiples lignes de
lisation en imagerie abdominale d'antennes de surface en l'espace k, jusqu'à la totalité du plan dans les séquences single
réseau phasé, les possibilités d'utiliser des temps d'écho rela- shot. L'acquisition de la totalité du plan de Fourier à chaque
tivement faibles, et les techniques de reconstruction paral- pulse repose sur la combinaison d'un gradient alternatif en fré-
lèle ont progressivement permis l'application des séquences quence, et à un faible gradient, constant dans le sens de la phase.
Ce faible gradient est la cause d'une part d'un artéfact de dépla-
de diffusion à l'étude d'organes mobiles [24].
cement chimique – justifiant que ces séquences soient réalisées
avec suppression de la graisse – et d'autre part d'une grande
sensibilité aux artéfacts de susceptibilité induits par de brutales
transitions magnétiques – par exemple interface air/tissus, ou
métal/tissus. Certaines techniques très récentes reposent sur des
acquisitions EPI segmentées, soit en distribuant les acquisitions
EPI sur différents cycles respiratoires, soit en utilisant des tech-
niques de reconstruction radiaire, sans doute moins sensibles
aux artéfacts de mouvements [37]. Ces nouvelles techniques
nécessitent cependant d'être évaluées.
b = ( gdG ) ( D - d / 3 )
2
ë ûú
Où S(b) est le signal pour chaque valeur de b, S0 la valeur
DG du signal pour b = 0 s/mm2, f la fraction perfusive de la dif-
fusion, D la diffusion moléculaire pure et D* la composante
AG perfusive de la diffusion.
La fibrose hépatique s'accompagne ainsi de variations
combinées des composantes perfusives et de diffusion molé-
culaire pure. Si de futures optimisations instrumentales
TG et algorithmiques permettent de fiabiliser les mesures du
signal pour de faibles valeurs de b, l'exploitation des don-
Fig. 28.8 Principe de l'acquisition d'une séquence de diffusion. nées IVIM pourrait améliorer dans le futur la caractérisa-
Des gradients de déphasage identiques sont appliqués de part et
tion tissulaire des lésions nodulaires du foie [35].
d'autre d'une impulsion de 180° permettant un déphasage/rephasage
complet des protons immobiles, mais aboutissant à un déphasage des
protons mobiles, générant une baisse de signal dans les zones où la Acquisition en respiration libre, en apnée
diffusion n'est pas restreinte. AG : amplitude des gradients ; DG : durée ou avec tracking respiratoire
d'application des gradients ; TG : temps séparant l'application des deux Les séquences d'imagerie de diffusion peuvent être réali-
gradients de diffusion. sées soit en apnée, soit en respiration libre – avec augmen-
tation du nombre de moyennage d'acquisitions –, soit avec
un gating respiratoire ou cardiaque [43, 44]. Le désavan-
Avec S(b) le signal observé sur l'image acquise avec un tage principal des techniques en respiration libre, outre les
facteur de diffusion b, et D le coefficient de diffusion molé- temps d'acquisition allongés, est la plus grande variabilité
culaire pure [24]. de quantification du coefficient apparent de diffusion (voir
fig. 28.10). Les acquisitions en apnée sont plus courtes, mais
Quel facteur de b utiliser ? il existe généralement une augmentation du bruit, une plus
La mesure d'un coefficient apparent de diffusion (ADC) grande sensibilité aux artéfacts de susceptibilité magnétique
nécessite au minimum l'acquisition de deux valeurs de b pour et une limitation quant aux nombres des valeurs de b qui
permettre de tracer la courbe de variation logarithmique du peuvent être obtenus lors d'une apnée simple. Les techniques
signal en fonction du facteur de b utilisé (fig. 28.9). Au-delà plus récentes d'asservissement respiratoire, voire d'asservis-
d'une valeur de b de 800 ou 1000 s/mm2, le signal du foie sement cardiaque, pourraient permettre la réduction de ces
est généralement trop faible pour être encore exploitable, y difficultés [45, 46].
compris à 3 T (fig. 28.10) [38–40]. Cependant, des images
peuvent maintenant être reconstruites à hautes valeurs de b Comment optimiser ces séquences ?
simulées, à partir des acquisitions à plus faibles valeurs de b, Il est possible, pour optimiser l'asservissement respiratoire,
permettant de fiabiliser la caractérisation de certaines ano- de fixer le TR sur la durée d'un cycle respiratoire soit autour
malies nodulaires (fig. 28.11). de 3000 ms. De même, il est important de rappeler que le TE
Cependant, la variation logarithmique du signal en fonc- doit être minimisé sur l'ensemble des séquences de diffusion
tion du facteur b ne suit pas une pente droite. Il est en fait réalisées, avec une valeur cible autour 60 ms, pour permettre
maintenant acquis qu'à l'échelle tissulaire voire cellulaire une réduction des artéfacts de susceptibilité magnétique.
plusieurs compartiments influencent le signal en image- Enfin, rappelons que, comme pour l'ensemble des explo-
rie de diffusion. De fait, la décroissance logarithmique du rations du foie, l'utilisation d'antennes de surface en réseau
signal suit une pente au minimum bi-exponentielle (voir phasé, et la combinaison avec des techniques d'imagerie
fig. 28.9) [41]. parallèle utilisant un facteur d'accélération autour de 2 sont
Pour simplifier, on peut retenir que la composante de la indispensables pour réduire les artéfacts.
diffusion observée à faible valeur de b rend compte des phé-
nomènes de microperfusion, tandis que la composante de
la diffusion observée à valeur élevée de b (supérieur à 200 Séquences écho de gradient 3D sans puis après
s/mm2) rend compte des phénomènes de diffusion libre injection de produit de contraste
[42]. Plusieurs équipes ont rapporté qu'il était ainsi pos- Les séquences dynamiques 3D écho de gradient avec sup-
sible d'utiliser ces principes pour permettre une analyse pression de graisse acquises sans puis répétées après injec-
plus complète des mécanismes de déplacement protonique tion de chélates de gadolinium sont indispensables pour
microscopique, décrits par la théorie IVIM pour intravoxel la caractérisation des lésions focales du foie. Il s'agit de
incoherent motion, comme exposée à la fin des années 1980 séquences fondamentales, et leur optimisation est indispen-
par Denis Le Bihan [21]. L'exploitation de ces courbes IVIM sable. Tous les constructeurs proposent désormais ce type
Chapitre 28. Techniques d'IRM du foie 473
Ln (Signal)
Diffusion restreinte
Diffusion élevée
a b (en s/mm2)
–0.1
Fraction de perfusion
–0.2
ADC
–0.4
D* –0.5
–0.6
b
S = S0[(1–f).exp(–b.D) + f.exp–b(D+D*)]
Fig. 28.9 Principe de la variation du signal sur une séquence de diffusion avec les valeurs de b : il existe une décroissance loga-
rithmique du signal en fonction de la valeur de b utilisée. Dans une première approximation, on peut considérer que cette décroissance
logarithmique est linéaire entre deux valeurs de b (a). En réalité, la variation du signal est plus complexe, avec une chute de signal suivant une
courbe au minimum bi-exponentielle, suivant en cela la théorie intravoxel incoherent motion (b). La variation logarithmique du signal s'écrit ainsi :
S(b) = S0[(1–f).exp(–b.D) + f.exp–b(D+D*)]. Où S(b) est le signal pour chaque valeur de b, S0 la valeur du signal pour b = 0 s/mm2, f la fraction perfusive
de la diffusion, D la diffusion moléculaire pure et D* la composante perfusive de la diffusion.
de séquence, qu'il s'agisse des séquences LAVA (liver acqui- Quel prérequis ?
sition with volumed acceleration) ou LAVA Flex, de séquence L'objectif principal est d'aboutir à des temps d'acqui-
T1 de type THRIVE (T1 high resolution isotropic volume sition courts, compatibles avec la durée d'une apnée.
excitation) ou de séquence VIBE (volumetric interpolated Depuis le milieu des années 2000, tous les constructeurs
breath hold examination) voire Twist VIBE. proposent des séquences couvrant l'intégralité du foie en
15 à 20 secondes d'apnée, avec des épaisseurs de coupe ne
Principes physiques des séquences dépassant pas 3 à 4 mm. Plus récemment, l'exploitation de
écho de gradients 3D ultrarapides techniques de reconstruction parallèle avancée a permis
de réduire encore les temps d'acquisition, permettant de
Il s'agit de séquences dérivées de séquences d'écho de gradient
rapide, avec préparation de la magnétisation pour optimiser la
répéter les séquences d'acquisition 3D écho de gradient T1
pondération T1 tout en bénéficiant de TR, TE et angle de bas- pendant la même apnée, avec des résolutions temporelles
cule réduits, avec acquisition pendant chaque TR d'une parti- de l'ordre de 2 secondes pour la couverture de l'ensemble
tion 3D de l'espace k. du foie (fig. 28.12) [47–49].
474 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
a b c
d e
Fig. 28.10 Séquence de diffusion single shot EPI en coupe transversale sur le foie acquise avec trigger respiratoire avec trois valeurs
de b respectivement 50 s/mm2 (a), 400 s/mm2 (b) et 800 s/mm2 (c) permettant de générer une cartographie d'ADC homogène (d).
Chez le même patient, une acquisition en diffusion acquise avec les mêmes paramètres mais en respiration libre génère plus de bruit dans la
cartographie d'ADC (e).
a b c
d e f
Fig. 28.11 Séquence de diffusion appliquée pour l'étude d'un angiome des secteurs postérieurs du foie droit bien visible sur la
séquence T2 Dixon (flèche en a). Après application d'un gradient b de 50 s/mm2 (b), 400 s/mm2 (c) et 800 s/mm2 (d), la lésion reste en hyper-
signal T2 (effet T2 shine through) avec un ADC élevé (flèche en e). Sur l'imagerie simulée b = 2000 s/mm2, l'angiome est totalement déphasé, en
cohérence avec l'absence de restriction de la diffusion qui le caractérise (f).
Chapitre 28. Techniques d'IRM du foie 475
Fig. 28.12 Acquisition 3D écho de gradient ultrarapide permettant une couverture de l'ensemble du parenchyme hépatique avec
une résolution temporelle de 2 secondes, générant des images multiples pendant le temps artériel. Cela permet l'obtention d'images
artérielles multiples (a–c) et portales (d) dans la même apnée.
Fig. 28.13 Séquence 3D écho de gradient T1 (Caipirinha Dixon, volumetric interpolated breathhold [VIBE]) permettant de générer des
images en phase (a) et en opposition de phase (b), mais également des cartographies de graisse (c) et d'eau (d). Ces séquences peuvent
être acquises avant puis répétées après injection de produit de contraste, comme ici en phase veineuse.
Fig. 28.14 Séquence 3D écho de gradient T1 (Caipirinha, volume interpolated breathhold [VIBE]) avec suppression spectrale de la
graisse, en phase artérielle (a) et phase portale (b) et veineuse (c) couvrant l'intégralité du parenchyme hépatique, chez une patiente
avec hyperplasies nodulaires focales (HNF) multiples. Les TR et TE sont faibles, et l'utilisation de reconstructions parallèles complexes permet
de conserver une matrice de 408 × 380 dans le plan, avec une résolution isotropique millimétrique.
Chapitre 28. Techniques d'IRM du foie 477
Fig. 28.15 Séquence 3D écho de gradient T1 (Caipirinha Dixon, volume interpolated breathhold [VIBE]) acquise avant injection (a)
puis en phase artérielle (b) et phase veineuse (c) après injection de 0,1 mmol/kg de Gd-BOPTA (Multihance®, Bracco, Milan, Italie). La
séquence est répétée 1 heure après injection (d). Les paramètres des séquences sont identiques, notamment les TR et TE permettant de comparer
le signal en phase hépatobiliaire de l'hyperplasie nodulaire focale (HNF) (flèche en d et a) avec le signal avant contraste. Il existe bien une capture
franche du produit de contraste hépatobiliaire en faveur du diagnostic d'HNF.
a rappelé quatre grands axes de développement actuelle- prement dites –, soit des séquences 3D. Ces séquences sont des
ment en cours [61] : séquences de type T2 Turbo spin echo [72]. Mais contrairement
■ optimisation de la caractérisation des lésions bénignes du aux séquences spin écho conventionnelles, où une seule ligne du
foie [62, 63] ; plan de Fourier est acquise après chaque pulse de refocalisation
■ optimisation de la détection des lésions secondaires hépa- de 180°, dans les séquences RARE, de multiples échos de refo-
tiques [64]. La combinaison de l'imagerie hépatobiliaire calisations sont réalisés, permettant l'acquisition de plusieurs
après injection de Gd-EOB-DTPA avec les séquences lignes du plan de Fourier pendant chaque TR. Ces séquences
sont fortement pondérées en T2 avec des TE généralement
de diffusion présente la meilleure combinaison possible
supérieurs à 600 à 700 ms. Elles sont généralement peu sensibles
dans cette situation ; aux artéfacts de susceptibilité magnétique. En revanche, elles
■ optimisation de la caractérisation des lésions primitives présentent le défaut d'avoir un haut niveau d'absorption spé-
de type carcinome hépatocellulaire (CHC) [65–70] : la cifique (specific absorption rate [SAR]) du fait de la répétition
présence de lésions en hypersignal diffusion, ou hypersi- des échos de 180° [20]. Par ailleurs, les lignes centrales du plan
gnal T2 et en hyposignal en phase hépatobiliaire serait en de Fourier sont acquises à partir des échos tardifs (TE effectif
faveur de lésions dysplasiques de haut grade ou de CHC long, adapté pour optimiser le contraste en T2), tandis que les
débutants, quel que soit leur profil vasculaire [71] ; premiers échos sont utilisés pour remplir la partie périphérique
■ optimisation de l'imagerie biliaire. du plan de Fourier. Ces premiers échos contribuent à renforcer
En parallèle, les produits de contraste hépatobiliaires la participation de ces lignes périphériques dans la genèse de
l'image, générant des artéfacts de bord (edge artifacts).
pourraient aider à l'évaluation de la fonctionnalité hépatique.
L'analyse est généralement réalisée sur les acquisitions et 40°. Le passage à 25° de l'angle de bascule augmentait
planaires 2D axiales et coronales. Les séquences 3D forte- significativement les rapports de signal sur bruit entre les
ment pondérées T2 aident à la visualisation de l'anatomie canaux biliaires intra- ou extrahépatiques et le parenchyme
des voies biliaires (fig. 28.16). hépatique adjacent, avec une amélioration également signi-
ficative constatée par plusieurs lecteurs de la qualité image
Cholangiographie avec produit de contraste [76]. Plus récemment, Tselter et al. ont comparé directement
hépatobiliaire la CP-IRM avec produit de contraste hépatobiliaire aux
séquences de CP-IRM en pondération T2 chez 40 patients
Comme nous l'avons vu, la cholangiographie par IRM
[77]. La séquence utilisée pour la CP-IRM en phase hépa-
(CP-IRM) repose généralement sur des séquences fortement
tobiliaire était une séquence 3D écho de gradient avec un
pondérées en T2 [73]. Cependant, les produits de contraste
angle de bascule fixé à 35°, et les paramètres suivants (TR/TE
hépatospécifiques, tels les chélates de manganèse, ou plus
4,2/2 ; matrice 205 × 256 ; interpolation de 80° ; reconstruc-
récemment les chélates de gadolinium linéaires représen-
tion 2 mm ; temps d'acquisition 20 secondes). La séquence
tés par le Gadobenate Dimeglumine (gadolinium BOPTA,
3D écho de gradient reposait sur une séquence 3D Turbo
Multihance®, Bracco) et l'acide gadoxétique (gadolinium
spin écho avec les paramètres suivants (TR/TE 1151/650 ;
EOB-DTPA, Primovist®, Bayer) ont été introduits pour opti-
angle de bascule 90° ; matrice 256 × 204 ; épaisseur de coupe
miser la caractérisation des lésions secondaires hépatiques,
1,6 mm ; acquisition de l'ordre de 2 minutes). Tant la qua-
mais également pour visualiser sur des séquences écho de
lité image que les rapports de signal sur bruit et contraste
gradient le système biliaire [74, 75].
à bruit entre les voies biliaires et le parenchyme adjacent
étaient significativement plus élevés en CP-IRM en phase
Quelles séquences spécifiques ?
hépatobiliaire, plus particulièrement concernant les voies
La plupart des études ont porté sur l'utilisation de gado- biliaires intrahépatiques. De même, la détection d'anomalie
linium EOB-DTPA, actuellement non commercialisé en anatomique était plus facilement mise en évidence par les
France. En effet, le taux d'excrétion biliaire de ce produit de relecteurs sur les séquences de cholangiographie après injec-
contraste est supérieur à celui du gadolinium BOPTA, per- tion de Gd-EOB-DTPA.
mettant une exploration des voies biliaires 15 à 20 minutes
après injection du produit de contraste. Les délais de réa- Points clés
lisation de l'imagerie biliaire après injection de gadolinium
BOPTA – dont l'excrétion biliaire ne dépasse pas 5 % chez ■
L'utilisation de séquences 3D écho de gradient en phase
l'homme – sont supérieurs à 80 ou 100 minutes. hépatobiliaire après injection de chélate de gadolinium spéci-
fique (gadolinium BOPTA, gadolinium EOB-DTPA) permet
La plupart des séquences recommandées pour l'imagerie
une exploration de l'arbre biliaire à la fois intrahépatique et
en phase hépatobiliaire reposent sur des acquisitions 3D extrahépatique (fig. 28.17).
écho de gradient, avec optimisation de l'angle de bascule. ■
Les séquences doivent être optimisées avec une augmentation
Plusieurs études ont en effet rapporté que l'augmentation de la pondération T1 par une augmentation de l'angle de bas-
de l'angle de bascule par rapport aux séquences 3D écho de cule au minimum de 25°.
gradient classiques permettait d'optimiser la pondération ■
Les séquences en phase hépatobiliaire présentent une qua-
T1 des séquences réalisées, avec une amélioration conco- lité image probablement supérieure aux séquences T2 3D,
mitante des rapports signal sur bruit et contraste à bruit notamment pour l'étude des voies biliaires intrahépatiques.
entre le signal des voies biliaires et le parenchyme hépatique
adjacent. Kim et al. ont ainsi comparé sur des séquences 3D Quelles indications ?
écho de gradient de type VIBE (TR/TE 3,1–-3,8/1,2–1,7 ; Les indications de la cholangiographie par IRM en phase
imagerie parallèle facteur 2 ; matrice de 256 × 256 ; champ hépatobiliaire rejoignent celles de la cholangiographie IRM
de vue 300 à 400 mm avec FOV (field of view) rectangu- en pondération T2. En outre, il est maintenant également
laire à 80 % ; bande passante 415 à 515 Hertz) l'utilisation reconnu que la recherche de fuite biliaire peut aussi recourir
de trois angles de bascule distincts, respectivement 12°, 25° à l'utilisation de produit de contraste en phase hépatobiliaire.
Fig. 28.16 Séquences 2D Half Fourier Turbo spin echo (HASTE T2) dans le plan axial (a) dans le cadre d'une exploration par cholan-
giographie IRM. Ces séquences fortement pondérées en T2 sont réalisées sans suppression spectrale de la graisse. Il existe des calculs au sein de
la vésicule biliaire (flèche en a). Les séquences HASTE sont complétées par une exploration RARE (rapid acquisition with relaxation enhancement)
3D permettant une visualisation en 3D MIP de l'arbre biliaire (b).
Chapitre 28. Techniques d'IRM du foie 479
Fig. 28.17 Produits de contraste hépatospécifiques et IRM du foie. Exploration axiale (a) et coronale (b) 3D EG T1 acquise 2 heures après
injection de Gd-BOPTA (Multihance®, Bracco, Milan, Italie) permettant la visualisation du produit de contraste au sein des voies biliaires (flèche en
a et b) ainsi qu'au sein de la vésicule biliaire (tête de flèche en a) témoignant de l'élimination biliaire du produit de contraste.
Ainsi, Cieszanowski et al. [78] ont récemment rapporté qu'un tion des séquences en phase hépatobiliaire sont maintenant
diagnostic de fuite biliaire pouvait être obtenu avec une exac- bien connus. Premièrement, l'excrétion biliaire des produits
titude de 97 % en utilisant les phases hépatobiliaires tardives de contraste hépatobiliaire peut être réduite en cas d'insuf-
chez les patients après geste interventionnel ou chirurgical. fisance hépatocellulaire sévère, ou en cas d'obstacle biliaire
Par ailleurs, les séquences 3D pondérées en T2 pour l'éva- d'évolution chronique avec une élévation marquée de la bili-
luation des voies biliaires sont, comme nous l'avons vu, sen- rubine. En effet, dans ces circonstances particulières, il existe
sibles aux artéfacts de mouvement. Dans ces circonstances, une compétition nette entre l'excrétion biliaire du produit de
le recours à des séquences 3D pondérées en T1 paraît une contraste et une excrétion de la bilirubine [81]. Par ailleurs,
alternative séduisante. Les cholangiographies par IRM en des calculs pigmentaires présents au sein des voies biliaires,
phase hépatobiliaire doivent-elles cependant remplacer tota- par leur haut signal en pondération T1, peuvent ne pas
lement les séquences cholangiographiques traditionnelles ? être visibles en phase hépatobiliaire, nécessitant d'une part
La question n'est pas tranchée. Des études récentes portant l'étude attentive des séquences précontraste, et d'autre part
sur 29 patients avec cholangite sclérosante primitive [79] ont le recours aux séquences en pondération T2. Enfin, le temps
ainsi comparé les données de la CP-IRM en pondération T1 d'examen est allongé d'environ 20 à 30 minutes pour l'explo-
en phase hépatobiliaire, par rapport à la CP-IRM en pondé- ration après injection d'EOB-DTPA, mais avec également le
ration T2, en prenant comme référence la cholangiopancréa- nécessaire repositionnement des patients à l'intérieur de la
tographie rétrograde par voie endoscopique. La CP-IRM en machine entre 1 heure et surtout 2 heures après l'injection
pondération T1 permettait de limiter les artéfacts et d'obtenir du produit de contraste dans le cas d'utilisation du gadoli-
des informations fonctionnelles de l'excrétion biliaire, tandis nium BOPTA.
que la CP-IRM en pondération T2 permettait une meil-
leure visualisation des branches distales des voies biliaires
intrahépatiques et une meilleure visualisation des divisions Points clés
biliaires. Les conclusions sont que les séquences de cholan- ■
Le recours aux séquences de cholangiographie par IRM en
giographie en pondération T1 et en T2 sont probablement phase hépatobiliaire est souvent un complément à l'étude de
complémentaires, et peuvent mériter d'être associées. Ainsi, la CP-IRM en pondération T2.
Reiner et al. [80] ont évalué chez 28 patients explorés de ■
Le recours aux produits de contraste hépatobiliaires est pro-
manière simultanée par CP-IRM pondération T2 et CP-IRM bablement à exclure chez les malades avec une cholestase
en phase hépatobiliaire des patients suspects d'obstruction marquée, et des taux de bilirubine supérieurs à 5 mg/dl.
biliaire. Les explorations ont été conduites à 1,5 T, et les
acquisitions étaient faites en moyenne 18 minutes (entre 9 et
28 minutes) après injection de Gd-EOB-DTPA. L'utilisation Quantification de la charge en graisse
des séquences de CP-IRM en phase hépatobiliaire permet- intrahépatique
tait d'augmenter l'exactitude du diagnostic de 69 à 97 %, tant Outre l'évaluation qualitative de la surcharge en graisse per-
pour les obstructions partielles que pour les obstructions mise par les séquences en opposition de phase, les séquences
complètes. Ces séquences permettaient également une aug- Dixon et dérivées, il est désormais possible de pouvoir quan-
mentation de la confiance interobservateurs. De plus, l'inté- tifier la charge graisseuse intrahépatocytaire. La méthode
gration des données fonctionnelles d'excrétion biliaire bien la plus fréquemment utilisée est celle de la fraction grais-
visible sur la CP-IRM en phase hépatobiliaire peut permettre seuse de densité protonique (PDFF ou proton density fat
de limiter les cas où l'impact clinique de l'obstruction biliaire fraction) [82]. Cette fraction graisseuse est calculée comme
ne peut pas être évalué. un rapport entre la quantité de triglycérides mobiles, iden-
tifiables dans le foie, rapportée à la somme des triglycérides
Quels pièges sont à connaître ? et de l'eau. Pour calculer cette fraction, le signal du foie doit
En dehors des optimisations de séquences nécessaires pour être séparé entre une fraction graisseuse et une fraction
l'exploitation des données 3D écho de gradient en phase hydrique, permettant de générer de façon simple l'équation
hépatobiliaire, certains pièges classiques limitant l'utilisa- PDFF = graisse/eau + graisse. On comprend aisément que
480 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
Fig. 28.18 Exploration d'un patient suspect de stéatose hépatique. Courbe spectroscopique mettant en évidence le pic de résonance des
protons de la graisse (tête de flèche en a) et de l'eau (flèche en b). La séquence spectroscopique corrigée de l'effet T2* permet une approche
quantitative fiable de la charge graisseuse intrahépatique, évaluée ici à 7 % environ (b).
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Chapitre
29
Tumeurs bénignes
du foie en IRM
L. Baranes, M. Roux, F. Pigneur, F. Legou, B. Zegai, M. Djabbari, J. Calderaro,
A. Laurent, A. Luciani
PLAN DU CHAPITRE
Lésions kystiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 486 Autres lésions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 502
Hémangiome . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 489 Lésions vasculaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 502
Tumeurs hépatocytaires bénignes. . . . . . . . . . . 490
L'IRM est aujourd'hui l'imagerie de référence de Les objectifs de l'IRM sont de confirmer un diagnostic
l'exploration des tumeurs hépatiques dont la découverte formel de bénignité pour le kyste biliaire simple, l'angiome
fortuite augmente en nombre. typique et l'hyperplasie nodulaire focale, seules lésions for-
Le contexte clinique est primordial puisqu'en dehors des mellement caractérisables en IRM, et de pouvoir guider la
situations d'hépatopathie chronique ou de néoplasie, les nodules stratégie de prise en charge – surveillance, biopsie hépatique
hépatiques rencontrés sont le plus souvent bénins. Dans ces guidée, résection, etc. – pour les nodules qui ne sont pas
circonstances particulières, l'IRM est l'examen de référence, et caractérisables.
le scanner hépatique ne doit être utilisé qu'en cas de contre- Le protocole d'exploration de nodules hépatiques en
indication formelle à l'IRM (www.gbu.radiologie.fr). Une stra- IRM comprend les séquences habituelles, comme exposé
tégie simplifiée de prise en charge est proposée en figures 29.1 dans le chapitre 28. Rappelons-en les principaux éléments
et 29.2. Le diagnostic de lésions bénignes du foie concerne donc ci-dessous :
les lésions uniques ou peu nombreuses, développées en dehors ■ 2D T1 en coupes axiales en phase et en opposition de
de tout contexte d'hépatopathie chronique. Le tableau 29.1 phase ;
résume les principales lésions nodulaires du foie, dont certaines ■ 2D T2 TSE en coupes axiales avec suppression du signal
peuvent être caractérisées formellement en IRM. de la graisse avec un TE autour de 80 à 90 ms avec syn-
chronisation respiratoire ;
■ 2D T2 en coupes axiales avec un TE long, supérieur à
Oui CHC ?
120 ms, ou séquences avec remplissage partiel du plan de
Fourier ;
Angiome
hépatique ■ une séquence de diffusion multi b avec cartographie
d'ADC (au moins 2 ou 3 valeurs de b) ;
Hépatopathie ?
Hyperplasie
nodulaire focale
■ 3D T1 en écho de gradient en coupes axiales avec sup-
pression du signal de la graisse sans puis après injection
Lésion unique
dynamique de chélates de gadolinium, comprenant
Adénomes
au moins un temps artériel, un temps portal, un temps
veineux.
Non Kystes L'objectif de ce chapitre sera de présenter les caracté-
ristiques typiques des nodules dont le diagnostic doit être
Lésions formel en IRM (kyste biliaire, hémangiome, hyperplasie
secondaires ?
nodulaire focale) et de donner les caractéristiques IRM
Lésions Lésions bénignes
des tumeurs bénignes les plus fréquemment rencontrées.
multiples multiples ? Une attention particulière sera portée aux tumeurs hépato
cytaires bénignes, qui constituent une des principales indi-
Fig. 29.1 Prise en charge d'une lésion focale du foie : algorithme cations d'exploration de tumeurs hépatiques bénignes en
décisionnel simplifié. IRM.
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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486 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
< IRM
hépatique
Angiome
Adénomes
Stop
HNF HNF
typique « atypique »
Taille Sexe
Stop < 5 cm ? masculin ?
IRM ECUS
PdChépato-
spécifiques Adénome Adénome Adénome
stéatosique inflammatoire autre
Fig. 29.2 Caractérisation des lésions bénignes tissulaires hépatiques : stratégie simplifiée de la prise en charge en imagerie. PdC :
produit de contraste.
En gras sont indiquées les lésions les plus courantes, dont la caractérisation en imagerie est possible. CHC : carcinome hépatocellulaire ; HNF : hyperplasie
nodulaire focale.
a b c
d e
Fig. 29.3 Exploration d'une volumineuse lésion kystique correspondant à un kyste biliaire simple. La lésion apparaît (flèche) en franc
hyposignal T1 (a), en franc hypersignal T2 (flèche en b), sans cloison. Sur l'imagerie EPI diffusion, il n'existe pas d'hypersignal résiduel avec un
facteur b = 800 s/mm2 (flèche en c) correspondant à une valeur d'ADC élevée (flèche en d). L'absence de capsule, de prise de contraste pariétale,
ou de cloison sur la séquence 3D EG T1 en phase portale (flèche en e) confirme la nature kystique simple de la lésion.
séquences T1 et T2, un hypersignal sur les séquences de dif- prend le contraste après injection de gadolinium [3, 4]
fusion à b élevé et une prise de contraste périphérique. (fig. 29.5).
La transformation en cystadénocarcinome peut être sus-
Autres lésions à composante liquidienne pectée en IRM devant la présence de végétations prenant
le contraste, une capsule épaisse et irrégulière, des septums
Lésion unique épaissis ou un contenu plus volontiers hémorragique. Les
Kyste cilié calcifications pariétales, épaisses et grossières évoquant
Il s'agit d'une lésion rare, correspondant à une anomalie de aussi une dégénérescence en cystadénocarcinome sont mal
développement de l'intestin primitif antérieur avec migra- visibles en IRM [5].
tion d'un bourgeon bronchiolaire dans la cavité péritonéale.
Sa localisation est typique en sous-capsulaire du segment Kyste hydatique
4 hépatique. Ses caractéristiques de signal en IRM sont Il s'agit d'une lésion secondaire à une infection par
variables : lésion fortement hyperintense en T2, de signal Echinococcus granulosus. Le voyage en pays endémique, l'hy-
variable en T1, généralement sans prise de contraste parié- peréosinophilie ainsi que les sérologies hydatiques aident au
tale. La présence d'un sédiment calcique est fréquente [1, 2] diagnostic.
(fig. 29.4). Le kyste est composé de trois parties : le périkyste (tissu
hépatique comprimé), l'endokyste (membrane proligère) et
Cystadénome hépatobiliaire l'exokyste.
Les cystadénomes sont des tumeurs kystiques bénignes L'IRM peut venir compléter un bilan échographique
rares (moins de 5 % des tumeurs kystiques du foie), à poten- et/ou scannographique.
tiel évolutif malin, pouvant se transformer en cystadéno- Le périkyste apparaît en hyposignal T1 et T2 du fait de
carcinome. Ces lésions surviennent en majorité chez des sa composante fibreuse. Les décollements de la membrane
femmes de plus de 40 ans. Histologiquement, il existe une interne qui apparaît en hyposignal T2 sont mieux visuali-
couche monostratifiée de cellules mucosécrétantes tapissant sés. La matrice hydatique apparaît en hyposignal T1, franc
la paroi du kyste. Le liquide intratumoral peut présenter hypersignal T2 ; les vésicules filles sont plus hypo-intenses
un contenu protidique, mucineux, gélatineux, purulent ou en pondération T2 que le reste de la matrice [4, 6] (fig. 29.6).
hémorragique.
À l'IRM, ces lésions se présentent sous la forme de for- Ecchinococcose alvéolaire hépatique
mations multiloculaires ou plus rarement uniloculaires. L'échinococcose alvéolaire hépatique est secondaire à une
Le signal de ces lésions est liquidien en hyposignal T1, infection par Ecchinococcus multilocularis. Elle se présente
franc hypersignal T2, mais peut varier en fonction de leur comme une lésion infiltrante du foie, à contours irrégu-
contenu : mucine, sang, bile, etc. Leur paroi est épaisse et liers et à composante mixte, avec un signal h étérogène
488 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
a b
c d
Fig. 29.4 Découverte fortuite d'une lésion hypoéchogène non liquidienne sous-capsulaire du segment 4 en échographie. Le diagnos-
tic retenu en IRM est celui de kyste cilié. (a) Séquence 2D EG T1 avant injection : nodule bilobé présentant deux composantes : une en isosignal
T1 (flèche), l'autre en hyposignal T1 (tête de flèche). (b) Séquence 2D T2 TSE : franc hypersignal T2 d'une portion de la lésion (tête de flèche), tandis
que l'autre composante présente un hypersignal T2 moins franc (flèche). (c) Cartographie d'ADC calculée à partir de trois acquisitions SS-EPI (b = 0,
400, 800 s/mm2) : augmentation du coefficient apparent de diffusion d'une portion de la lésion (tête de flèche), l'autre lésion ayant un ADC plus
réduit (flèche). (d) Séquence 3D EG T1 phase portale après injection de Gd-BOPTA (Multihance®, Bracco, Milan) : discrète prise de contraste des
parois après injection de produit de contraste.
sur les séquences T2, à la fois solide et kystique, fréquem- L'IRM avec séquences de bili-IRM permet aussi d'analy-
ment calcifiée. Les zones en franc hypersignal T2 corres- ser les rapports de la lésion avec les vaisseaux porte et les
pondent aux zones kystiques ou nécrotiques, tandis que veines hépatiques ainsi qu'avec l'arbre biliaire dans le cadre
les zones en hyposignal T2 correspondent à des portions du bilan préopératoire [7].
fibreuses [7–9].
Elle est en général constituée d'une cavité nécrotique cen- Lésions multiples
trale avec des microkystes périphériques [10]. Après injec- Hamartomes biliaires
tion de chélates de gadolinium, il n'y a habituellement pas
de rehaussement significatif de la lésion ; il peut exister un On les appelle aussi complexes de Von Meyenburg. Il
discret rehaussement périphérique. s'agit de reliquats des voies biliaires les plus périphériques
Typiquement, il y a une disparition de l'hypersignal en obstruées et involuées au sein d'un stroma fibreux. Ils se
diffusion à b800 avec une élévation du coefficient apparent présentent sous la forme de multiples petites formations
de diffusion au niveau des zones kystiques. Un coefficient kystiques simples entre 2 et 10 mm, éparses dans le paren-
apparent de diffusion bas peut être dans les portions solides chyme hépatique, réparties de façon aléatoire, réalisant en
de la lésion. IRM un aspect en « ciel étoilé » (fig. 29.8). Ils n'ont pas de
En fonction de ses caractéristiques de signal, le nodule communication avec les voies biliaires, contrairement à la
d'échinococcose alvéolaire peut être classé en IRM en cinq maladie de Caroli qui constitue le principal diagnostic dif-
types selon la classification de Kodama [11] : férentiel [12, 13].
■ type 1 : multiples petits kystes sans composante solide
(4 %) ; Polykystose hépatique
■ type 2 : multiples petits kystes avec composante solide Cette atteinte peut s'intégrer dans le cadre d'une polykys-
centrale (40 %) (fig. 29.7) ; tose hépatorénale, maladie autosomique dominante, ou
■ type 3 : large formation kystique et/ou irrégulière entou- dans le cadre d'une polykystose hépatique pure. Elle se
rée par une composante solide avec multiples petits présente sous la forme d'au moins trois lésions kystiques
kystes périphériques (46 %) ; simples, de taille variable, de répartition aléatoire dans le
■ type 4 : composante solide isolée sans kyste (4 %) ; parenchyme hépatique. Il n'y a pas là non plus de com-
■ type 5 : large kyste sans composante solide (6 %). munication avec les voies biliaires. Ces lésions kystiques
Les lésions multiloculaires types 1, 2 et 3 de la classifi- peuvent se compliquer d'hémorragie intrakystique, de
cation de Kodama sont pathognomoniques d'échinococcose surinfection modifiant les caractéristiques du signal des
alvéolaire. kystes [14].
Chapitre 29. Tumeurs bénignes du foie en IRM 489
a b c
d e f
g h
Fig. 29.5 Pesanteur de l'hypochondre droit faisant découvrir une formation kystique hépatique de 25 cm. La patiente (de 64 ans) a
bénéficié d'une hépatectomie droite confirmant la présence un cystadénome mucineux du foie droit (flèche). (a) 2D T1 EG : masse en hyposignal
T1 cloisonnée à double composante fortement hyposignal T1 (tête de flèche) mais avec une composante plus latérale en plus discret hyposignal
T1 (flèche). (b, c) Séquence T2 HASTE axiale : la masse apparaît liquidienne sur les séquences T2 HASTE à TE long, multiloculée (flèche et têtes de
flèche) avec cloisons visibles sur la figure c (tête de flèche). (d) Séquence EPI diffusion, b = 800 s/mm2 : la perte de l'hypersignal sur les séquences
de diffusion à b800 confirme l'absence de restriction de la diffusion. (e) Cartographie ADC : élévation du coefficient apparent de diffusion attes-
tant de son caractère liquidien. (f–h) Séquences 3D EG T1 après injection de Dotarem® (Gd-DOTA, Guerbet, Aulnay) : prise de contraste pariétale
périphérique (flèche) ainsi que des cloisons (tête de flèche) confirmant la nature atypique de ce kyste.
Abcès Hémangiome
Les pathologies des voies biliaires sont actuellement la prin- L'hémangiome est une lésion fréquente concernant environ
cipale cause d'ensemencement portal et d'abcès hépatiques à 10 à 20 % de la population, à prépondérance féminine.
pyogènes, devant l'appendicite et la diverticulite [15]. Il s'agit de cavités remplies de sang tapissées de cellules
Les abcès hépatiques se présentent en IRM sous forme endothéliales et entourées d'un stroma fibreux.
de lésions hypo-intenses en T1, hyperintenses en T2, avec Ce sont la plupart du temps des lésions asymptomatiques,
une fine capsule qui se rehausse progressivement. Le paren- sauf en cas de d'hémangiome géant, > 5 cm, pouvant se
chyme hépatique adjacent peut être en hypersignal T2, avec manifester par des douleurs abdominales [17].
un rehaussement au temps artériel du fait de l'œdème et de Le diagnostic d'angiome est le plus souvent réalisé en
l'inflammation [3, 4, 12]. échographie, où il se présente sous forme d'un nodule
L'abcès amibien du foie, lié à une infection à Entamoeba hyperéchogène homogène à contours réguliers, lobulés,
histolytica, se présente sous forme d'une lésion homogène avec renforcement postérieur. En cas d'atypie échogra-
en hyposignal sur les séquences pondérées en T1 et en franc phique, de contexte carcinologique ou de terrain d'hépa-
hypersignal sur les séquences pondérées en T2. Un œdème topathie chronique, le diagnostic d'angiome peut être
périphérique est visualisé sur les séquences pondérées en T2 confirmé en IRM.
dans 50 % des cas [16].
490 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
a b c
d e f
Fig. 29.6 Découverte d'une masse partiellement liquidienne appendue au segment 6 chez un patient d'origine tunisienne. La sérolo-
gie hydatide est positive. Masse hétérogène sur la séquence T1 (a), en partie liquidienne sur les séquences T2 à TE long, avec visualisation des
décollements de la membrane interne en hyposignal T2 (flèche en b). La masse apparaît en hypersignal sur les séquences de diffusion (b = 100
s/mm2) (flèche en c) mais avec disparition de l'hypersignal des portions liquidiennes sur la séquence de diffusion à b = 800 s/mm2 (flèche en d). On
ne note pas de prise de contraste intralésionnelle après injection de chélates de gadolinium en coupes axiales (e) et coronales (f).
Fig. 29.7 Masse hépatique à double composante solide et kystique découverte chez un homme de 66 ans. La biopsie hépatique de
la masse est en faveur d'une échinococcose alvéolaire. (a) Séquence en T2 FS : nodule solide central (flèche) entouré de lésions microkystiques
infracentimétriques périphériques (tête de flèche), classé type 2 selon la classification de Kodama. (b) Séquence 3DT1 FS après injection de gado-
linium au temps portal : nodule (flèche) aux contours irréguliers microlobulés (tête de flèche).
Les caractéristiques IRM de l'hémangiome caverneux ■ les angiomes à circulation rapide présentent classique-
typique sont [3, 13, 18, 19] (fig. 29.9) : ment un rehaussement complet dès le temps artériel avec
■ un nodule bien limité, en général polylobé ; une intensité de rehaussement égale à celle de l'aorte
■ un hyposignal sur les séquences T1 ; sur tous les temps d'injection. Ils présentent par ailleurs
■ un franc hypersignal sur les séquences T2, avec un gra- souvent un trouble perfusionnel périphérique satellite au
dient foie-lésion renforcé sur les séquences T2 à TE long ; temps artériel [18] (fig. 29.11).
■ un rehaussement en mottes périphériques discontinues
avec un remplissage sur le temps tardif.
La cinétique de rehaussement peut varier selon la nature
Tumeurs hépatocytaires bénignes
de l'angiome. Les tumeurs hépatocytaires bénignes sont des tumeurs
■ les hémangiomes géants peuvent se remplir incomplè- rares, représentant 10 % des tumeurs bénignes hépatiques
tement sur les séquences tardives du fait de leur taille [20–22]. On distingue deux grands groupes de tumeurs
(fig. 29.10) ; hépatocytaires bénignes : les lésions régénératives réac-
■ les angiomes scléreux ont un remplissage lent et incom- tionnelles – les hyperplasies nodulaires focales (HNF) – et
plet sur les temps tardifs ; les lésions tumorales – les adénomes hépatocellulaires.
Chapitre 29. Tumeurs bénignes du foie en IRM 491
a b c
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g
Fig. 29.8 Hamartomes biliaires de découverte fortuite. Multiples nodules millimétriques en franc hyposignal T1 (flèches en (a)), en franc
hypersignal T2 (b), avec majoration du gradient signal foie-lésion sur la séquence T2 HASTE (c). L'ensemble des nodules est en hypersignal sur les
séquences de diffusion à b100 s/mm2 (d), disparaissant à b800 s/mm2 (e). Aspect en « ciel étoilé » sur les reconstructions MIP de la séquence de
bili-IRM 3D (f). Il n'existe pas de prise de contraste après injection de ces formations kystiques (g).
Ces deux groupes de lésions ont pour point commun de se tospécifiques [26]. Pour autant, tout n'est pas simple ; ainsi,
développer le plus souvent chez les femmes jeunes [20–22]. des formes particulières – dites atypiques – ou des terrains
Le diagnostic de ces lésions en imagerie est essentiel afin particuliers peuvent rendre le diagnostic d'HNF encore dif-
d'orienter la conduite à tenir. Celle-ci est variable, allant ficile. Les adénomes sont désormais classés en sous-types
de l'abstention thérapeutique à la résection chirurgicale, pathomoléculaires, notamment en fonction de leur profil
en passant par la surveillance ou la confirmation biop- IRM [27].
sique [20–22]. L'identification d'altérations moléculaires
au sein des lésions tumorales hépatocytaires bénignes a Hyperplasie nodulaire focale
ainsi permis, ces dernières années, de mieux comprendre
leur physiopathologie et leur tumorigenèse [23]. La cor- Épidémiologie
rélation des données génotypiques et phénotypiques des Décrite pour la première fois par Edmondson en 1958 [28],
adénomes hépatocellulaires semble importante pour orien- l'hyperplasie nodulaire focale (HNF) est une lésion hépa-
ter leur prise en charge [24]. Si le diagnostic et la prise en tique bien délimitée caractérisée par des nodules compo-
charge de ces lésions sont multidisciplinaires – impliquant sés d'hépatocytes normaux et contenant une prolifération
les cliniciens, hépatologues, chirurgiens et anatomopatho cholangiolaire sans canal biliaire interlobulaire, entourés
logistes –, le radiologue est en première ligne pour leur plus ou moins complètement par les branches d'une étoile
étude sémiologique. fibreuse centrale. Il s'agit de la deuxième tumeur hépatique
L'IRM est aujourd'hui l'examen de référence pour la bénigne solide par ordre de fréquence après l'hémangiome,
caractérisation des tumeurs hépatocytaires bénignes [25], avec une prévalence estimée à 0,9 % [29]. Il existe une nette
parfois grâce à l'utilisation des produits de contraste hépa- prédominance féminine, avec un sex-ratio de 8 à 9 femmes
492 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
a b c
d e f
g
Fig. 29.9 Exploration d'un nodule hépatique unique chez un patient présentant un adénocarcinome colique. Le nodule est en franc
hyposignal T1 (flèche en a), en franc hypersignal T2 (flèche en b), avec majoration du gradient foie-lésion sur la séquence T2 HASTE (flèche en c),
en hypersignal diffusion à b800 s/mm2 (flèche en d) mais avec un ADC élevé (flèche en e). Après injection de chélates de gadolinium, il existe sur
la séquence 3D T1 FS une prise de contraste typique en mottes périphériques discontinues dès le temps artériel (flèche en f), avec remplissage
progressif du nodule sur les séquences plus tardives (flèche en g).
pour 1 homme [30]. Les HNF sont généralement décou- L'HNF est donc caractérisée par une prolifération le
vertes de manière fortuite. De rares cas de douleurs abdomi- plus souvent polyclonale, sans mutation génétique soma-
nales peu spécifiques ont été rapportés. Le bilan biologique tique associée [32]. En revanche, une activation de la voie
est également normal, bien qu'une élévation isolée modérée β-caténine est classique, mais sans mutation du gène
des γ-GT soit possible [20]. β-caténine, à la différence des adénomes hépatocellulaires
du même nom et de certains carcinomes hépatocellulaires
Anatomopathologie (CHC). Cependant, cette suractivation se caractérise en
Macroscopiquement, les HNF sont généralement arrondies, immunohistochimie par un fort marquage de la glutamine
lobulées, bien limitées mais dépourvues de capsule. À la synthase, avec un aspect dit en carte de géographie caracté-
coupe, est généralement retrouvé un élément central (« cica- ristique [33].
trice fibreuse » ou « zone stellaire centrale »), principalement
dans les lésions de plus de 2 cm. Aspect typique de l'HNF en IRM
Microscopiquement, l'HNF est souvent comparée à une après injection de chélates de gadolinium
forme de « cirrhose locale ». Il existe une organisation en Les critères diagnostiques en IRM de l'HNF ont été propo-
travées hépatocytaires normales, séparées par des septums sés par Mattison et al., sur une analyse de six critères sur
fibreux, contenant des vaisseaux artériels dystrophiques des séquences d'IRM sans injection de produit de contraste
à parois épaisses, une prolifération cholangiolaire (canaux [27], puis ont surtout été complétés par Mathieu et al., grâce
biliaires anormaux, non communicants avec les voies à l'étude de la cinétique de prise de contraste de ces lésions
biliaires), et parfois un infiltrat inflammatoire essentielle- après injection dynamique de chélates de gadolinium [34].
ment lymphocytaire, à l'interface fibrose/nodules hépatocy- Les éléments pathognomoniques de l'HNF typique en
taires [31]. IRM, après injection de chélates de gadolinium convention-
Chapitre 29. Tumeurs bénignes du foie en IRM 493
a b c
d e f
g h
Fig. 29.10 Masse hépatique de 15 cm hétérogène en échographie. La masse apparaît partiellement cloisonnée sur la séquence T1 (flèche en a),
avec un hypersignal sur la séquence de diffusion à b = 0 s/mm2 (flèche en b), diminuant à b = 800 s/mm2 (flèche en c), avec augmentation du
coefficient apparent de diffusion (flèche en d). La présence de prises de contraste en mottes périphériques discontinues dès le temps artériel (flèche
en e), augmentant progressivement sur les temps portal (f), veineux (g) et tardif (h) confirme le diagnostic d'angiome géant.
nels, reposent sur la mise en évidence des cinq caractéris- HNF et produits de contraste
tiques suivantes (fig. 29.12) : hépatospécifiques : vers des éléments
■ signal : un isosignal ou discret hyposignal T1, associé à spécifiques complémentaires ?
un isosignal ou discret hypersignal T2 ;
Les produits de contraste hépatospécifiques (chélates de
■ zone stellaire centrale : la présence d'une zone stellaire
gadolinium hépatospécifiques Gd-BOPTA, Multihance ®,
centrale en hypersignal T2, se rehaussant tardivement
Bracco ; Italie ou Gd-EOB-DTPA, acide gadoxétique,
après injection de chélates de gadolinium ;
Primovist® ou Eovist®, Bayer Schering) ont une excrétion
■ homogénéité : une homogénéité en dehors de la zone
biliaire [39]. L'entrée du produit de contraste hépatospé-
stellaire centrale ;
cifique dans la cellule hépatocytaire se fait par un trans-
■ cinétique de prise de contraste : une prise de contraste
porteur situé sur la membrane sinusoïdale de l'hépatocyte
artérielle intense homogène, et fugace, la lésion retrou-
qui appartient à la famille des organic anion-transporting
vant un isosignal au foie sur les temps portal et tardif ;
peptides (OATP). Le produit de contraste hépatospécifique
■ signe négatif : une absence de capsule.
est excrété dans la bile par un transporteur de la mem-
La majorité des études montrent que l'IRM a une valeur
brane canaliculaire de l'hépatocyte, la multiple resistance-
diagnostique élevée pour l'HNF, avec une sensibilité d'envi-
associated protein 2 (MRP2). Les agents hépatospécifiques
ron 80 % et une spécificité de 98 % [20, 35], par la combinai-
s'accumulent dans les HNF du fait de l'absence de commu-
son de ces critères.
nication des canalicules biliaires intratumoraux avec le reste
Les HNF sont le plus souvent des lésions uniques ; elles
de l'arbre biliaire. L'HNF apparaît donc en hyper- ou en iso-
sont multiples dans 20 à 30 % des cas, avec un nombre
signal par rapport au foie adjacent à la phase hépatocytaire,
très variable d'HNF [36]. L'association avec l'hémangiome
à partir d'une heure après injection du produit de contraste
hépatique est classique, présente dans 20 à 23 % des cas
hépatospécifique pour le Gd-BOPTA, environ 20 minutes
[37, 38].
après l'injection pour le Gd-EOB-DTPA [40].
494 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
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g
Fig. 29.11 Découverte d'un nodule hépatique chez un patient présentant un adénocarcinome prostatique. Le nodule est en franc hypo-
signal T1 (flèche en a), en franc hypersignal T2 (flèche en b), avec majoration du gradient foie-lésion sur la séquence T2 HASTE (flèche en c), avec
un ADC élevé (flèche en d). Sur la séquence 3D T1 FS avec injection de gadolinium au temps artériel, il existe un rehaussement global du nodule
de même intensité que celle de l'aorte avec trouble de perfusion périphérique (flèche en e). Le rehaussement se poursuit à tous les temps avec
rehaussement global du nodule de même intensité que celle de l'aorte (flèche en e, f, g).
Plusieurs études se sont intéressées à l'apport des pro- à 100 % et une spécificité de 87 à 100 % pour le diagnostic
duits de contraste hépatospécifiques dans la caractérisation d'HNF en utilisant l'étude de la phase hépatocytaire après
des tumeurs hépatocytaires bénignes. Ainsi, Grazioli et al. injection d'acide gadoxétique [43].
ont montré un rehaussement des HNF dans 96,3 % des cas
3 heures après injection de Gd-BOPTA alors que la tota- Comment interpréter la phase hépatocytaire
lité des adénomes apparaissaient non rehaussés [41]. Une après injection de produit de contraste
étude récente utilisant le Gd-EOB-DTPA a montré que le hépatospécifique ?
contraste entre la lésion d'HNF et le foie adjacent était fai- Classiquement, à la phase hépatocytaire, l'HNF est en
blement positif, alors qu'il était fortement négatif pour les isosignal ou en hypersignal par rapport au foie adjacent,
adénomes. Le ratio du signal entre la lésion et le foie adja- après injection de produit de contraste hépatospécifique,
cent à la phase hépatocytaire permettant de différencier les sur les séquences 2D T1 écho de gradient (EG) en phase et
deux types de tumeurs hépatocytaires était de 0,97, avec en opposition de phase et sur les séquences 3D T1 EG avec
une sensibilité de 92 % et une spécificité de 91 % [26]. Une saturation du signal de la graisse. La séquence 3D T1 EG
autre étude a montré que la lecture de la phase hépatocytaire avec saturation du signal de la graisse, du fait de sa meil-
augmentait la sensibilité diagnostique de l'HNF : les HNF leure résolution spatiale, perd en résolution de contraste
étaient correctement diagnostiquées dans 74,3 à 97,1 % des et la prise de contraste de la lésion peut apparaître moins
cas avant la phase hépatocytaire et dans 97,1 à 100 % des intense que sur une séquence 2D T1 EG. De plus, le
cas après lecture de la phase hépatocytaire [42]. Enfin, une signal de la lésion en phase hépatocytaire est évalué par
méta-analyse datant de 2015 retrouve une sensibilité de 91 rapport à celui du foie adjacent, lui-même influencé par
Chapitre 29. Tumeurs bénignes du foie en IRM 495
a b c
d e f
Fig. 29.12 Découverte d'un nodule du segment 4 hépatique chez une patiente de 35 ans sans antécédent. Le nodule est en isosignal T1
en phase (flèche en a), en isosignal T2 avec zone stellaire centrale en hypersignal T2 (flèche en b), avec un rehaussement intense et homogène
du nodule en dehors de la zone stellaire centrale (flèche en c). Le nodule redevient en isosignal au foie sur la séquence 3D T1 FS après injection
de Gd-BOPTA (Multihance®, Bracco, Milan, Italie) au temps portal (flèche en d) et reste iso-intense au foie avec rehaussement de la zone stellaire
centrale (tête de flèche en e). Au temps hépatocytaire 1 heure après injection de l'agent de contraste hépatospécifique (Gd-BOPTA), le nodule est
en hypersignal par rapport au foie, témoignant d'un rehaussement du nodule au temps hépatocytaire et confirmant le diagnostic d'hyperplasie
nodulaire focale (flèche en f).
a b c
Fig. 29.14 HNF avec profil de capture homogène en phase hépatobiliaire après injection de Gd-BOPTA (Multihance®, Bracco, Milan,
Italie). Le nodule apparaît en isosignal au foie sur les séquences T1 avant injection (flèche en a) avec une prise de contraste artérielle homogène
du nodule (flèche en b), avec une captation homogène à celle du foie au temps hépatobiliaire (flèche en c).
Fig. 29.15 HNF avec profil de capture en couronne. Le nodule apparaît en discret hyposignal au foie sur les séquences T1 avant injection (flèche
en a) avec une captation en couronne au temps hépatobiliaire (flèche en b).
a b c
Fig. 29.16 Patient de 45 ans avec découverte fortuite d'un nodule hypervasculaire de la pointe du segment 6 (flèche en a) évocateur
d'HNF. La comparaison du gradient de rehaussement lésion/foie mesuré avant (b) et en phase hépatobiliaire (c) une heure après injection de
Gd-BOPTA (Multihance®, Braco, Milan, Italie) (liver to lesion contrast enhancement ratio) permet de retrouver une captation relative estimée à
+ 17 %, en faveur d'une surexpression nodulaire des récepteurs OATP, ce qui confirme l'hypothèse d'HNF.
a b c
d e f
Fig. 29.17 Découverte d'un nodule hépatique de 35 mm du segment 5 sur foie stéatosique chez un homme de 54 ans. Caractérisation.
Séquences en T1 en phase (a) et T1 en opposition de phase (b) mettant en évidence la stéatose hépatique. Le nodule est en hyposignal sur les
séquences T1 FS (flèche en c), prend le contraste au temps artériel (flèche en d) et reste en hypersignal par rapport au foie sur la séquence T1 FS
après injection de chélates de gadolinium hépatospécifiques au temps veineux (e). La séquence T1 FS au temps hépatocytaire (f) retrouve une
captation nodulaire périphérique du produit de contraste (flèche). La biopsie du nodule a confirmé le diagnostic d'hyperplasie nodulaire focale.
Les hyperplasies nodulaires focales multiples cas, la présence de graisse modifie les caractéristiques de
existent-elles ? signal de la lésion par rapport au foie sous-jacent, rendant
Environ 20 % des patients présentent au moins deux lésions le diagnostic différentiel avec un adénome difficile et pou-
d'HNF [29]. Il est donc classique de découvrir plusieurs vant requérir l'aide diagnostique de produits de contraste
nodules d'HNF chez un même patient. hépato_spécifiques, voire une biopsie percutanée afin de
poser le diagnostic d'HNF.
Toute lésion hypervasculaire est-elle La présence d'une zone stellaire centrale est-elle
hépatocytaire ? synonyme d'hyperplasie nodulaire focale ?
La prise de contraste artérielle d'un nodule n'est pas spé- Il s'agit d'une question complexe ! Séparons d'abord les
cifique de son caractère hépatocytaire. En effet, la gamme problématiques.
des lésions hépatiques hypervasculaires comprend certes les
tumeurs hépatocytaires (adénome, HNF, CHC), mais aussi L'absence de zone stellaire centrale exclut-elle le diagnostic
les lésions vasculaires (trouble de perfusion, angiome), ainsi d'hyperplasie nodulaire focale ?
que les métastases de tumeurs hypervasculaires (carcinome La zone stellaire centrale en hypersignal T2, se rehaussant
médullaire de la thyroïde, tumeur neuro-endocrine, du rein, au temps veineux, fait partie des critères diagnostiques de
sarcome, mélanome) qui peuvent représenter un diagnostic l'HNF en IRM. Cependant, dans de nombreux cas, cette
différentiel difficile. zone stellaire centrale n'est pas formellement visualisée à
l'IRM. Il est maintenant reconnu qu'elle peut ne pas être
La présence de graisse exclut-elle le diagnostic visualisée dans les lésions d'HNF de petite taille, c'est-à-dire
d'hyperplasie nodulaire focale ? en dessous de 3 cm de plus grand diamètre. Si tous les autres
La transformation graisseuse de l'HNF est rare [47]. Dans critères diagnostiques sont présents, en l'absence d'anté-
une étude de 2004, 85 % des HNF classées comme atypiques cédents notables, on peut retenir le diagnostic d'HNF en
présentaient de la graisse intralésionnelle [48]. L'hypothèse l'absence de zone stellaire centrale pour les lésions de moins
d'une extension à l'HNF d'une stéatose hépatique sous- de 3 cm [29, 35]. Là encore, l'échographie de contraste peut
jacente a été émise [25]. être utile car elle est plus sensible pour la détection de la
Lorsqu'elle est la seule atypie, et ce d'autant que le foie zone stellaire centrale [49].
sous-jacent est stéatosique, l'hypersignal sur les séquences Une IRM avec injection de produit de contraste hépato
T1 lié à la présence de graisse au sein de l'HNF ne doit pas spécifique et étude au temps hépatocytaire peut sinon
remettre en cause le diagnostic (fig. 29.18). Dans d'autres apporter un argument diagnostique additionnel.
498 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
a b c
d e f
Fig. 29.18 Découverte fortuite de plusieurs nodules hépatiques chez une patiente de 29 ans sans antécédent. Masse de 8 cm du foie
droit et de 3,5 cm du lobe gauche en isosignal T1 en phase (flèches en a) dont le signal chute sur la séquence T1 en opposition de phase (flèches
en b), en rapport avec la présence de graisse intralésionnelle. Ces nodules sont en isosignal sur la séquence T2 FS avec une zone stellaire centrale
en hypersignal T2 (flèches en c), prennent le contraste au temps artériel de façon homogène en dehors de la zone stellaire centrale (flèches en d),
avec une prise de contraste de la zone stellaire centrale au temps veineux (flèches en e). Les nodules captent le Gd-BOPTA de la même manière en
phase hépatobiliaire (flèches en f). L'aspect est en faveur d'hyperplasies nodulaires focales multiples stéatosiques.
La présence d'une zone stellaire centrale permet-elle Par ailleurs, certaines formes de CHC peuvent être en
d'affirmer le diagnostic d'hyperplasie nodulaire focale ? iso- ou en hypersignal au foie adjacent au temps hépato
L'hypersignal T2 de la zone stellaire centrale ainsi que sa cytaire [53–55]. La prise de contraste d'un nodule au temps
prise de contraste au temps veineux sont indispensables hépatocytaire ne permet donc pas de conclure simplement
pour poser un diagnostic d'HNF. En effet, un hyposignal T2 au diagnostic d'HNF. Il est fondamental d'analyser le terrain,
de la zone stellaire centrale est très atypique et nécessite un la morphologie du foie et les caractéristiques du nodule en
complément d'investigations afin d'écarter en particulier le contraste spontané, ainsi que lors des phases dynamiques
diagnostic de CHC de type fibrolamellaire. En revanche, il après injection de produit de contraste, avant de poser un
ne faut pas confondre l'artère centrale, que l'on peut parfois diagnostic d'HNF.
voir en hyposignal T2 (fig. 29.19), et une zone stellaire cen-
trale en hyposignal T2. Il peut parfois être utile d'attendre L'échographie de contraste : une technique
plusieurs minutes après injection de produit de contraste en complémentaire de l'IRM pour le diagnostic
IRM pour identifier le rehaussement de la zone stellaire cen- d'hyperplasie nodulaire focale
trale. Par ailleurs, certains adénomes, en particulier de type
L'échographie avec injection intraveineuse de produit de
inflammatoire, peuvent aussi présenter une zone stellaire
contraste ultrasonore permet de visualiser en temps réel
centrale.
l'artère centrale pénétrant la lésion : la prise de contraste
de l'HNF est précoce, de type centrifuge, en rayons de
La prise de contraste au temps hépatocytaire roue, précédant celle du parenchyme normal. La lésion
après injection d'un produit de contraste est complètement rehaussée, en dehors de la zone stellaire
hépatospécifique à l'IRM est-elle synonyme centrale, à la fin de la phase artérielle, et devient hyper
d'hyperplasie nodulaire focale ? échogène par rapport au parenchyme hépatique adjacent.
Certains adénomes peuvent être en iso- ou en hyper Aux phases portale et tardive (60 secondes à 3 minutes),
signal sur les séquences T1 par rapport au foie adjacent au une discrète hyperéchogénicité ou isoéchogénicité de la
temps hépatocytaire [26, 42, 50], en particulier les formes lésion persiste dans la plupart des cas. La zone stellaire
inflammatoires [51, 52]. Dans une méta-analyse récente, centrale ne se rehausse pas au temps tardif, mais reste
les auteurs retrouvaient entre 0 % et 67 % d'adénomes en hypoéchogène à tous les temps du fait du caractère stric-
iso- ou en hypersignal par rapport au foie adjacent au temps tement intravasculaire du produit de contraste utilisé en
hépatocytaire [43]. échographie [56, 57].
Chapitre 29. Tumeurs bénignes du foie en IRM 499
a b c
Fig. 29.19 Nodule d'hyperplasie nodulaire focale chez une patiente de 20 ans. L'artère centrale est en hyposignal sur les séquences T2 FS
(tête de flèche en a), bien rehaussée au temps artériel précoce (tête de flèche en b). La zone stellaire centrale est bien en hypersignal T2 (tête de
flèche en c).
Dans la littérature, la sensibilité de l'échographie de ■ les adénomes mutés HNF1α (35 à 45 %), caractérisés
contraste pour le diagnostic d'HNF varie selon les études par leur stéatose marquée et leur évolution bénigne
entre 80 et 100 %, pour une spécificité entre 85 et 95 % [51], motivant une approche conservatrice. La phy-
[58, 59]. Roche et al. ont récemment suggéré que les per- siopathogénie de ces adénomes est liée à la mutation
formances de l'échographie avec injection de produit de bi-allélique inactivant le gène TCF1 [64]. Ce gène sup-
contraste étaient fortement dégradées pour les lésions de plus presseur de tumeur code pour la protéine HNF1α. La
de 35 mm de plus grand diamètre, poussant à recommander mutation de HNF1α peut être somatique ou germinale
l'IRM hépatique pour les lésions de grande taille [60]. (10 %). Des mutations constitutionnelles de TCF1 sont
aussi la cause du diabète MODY3 (mature onset diabetes
of the youth) [65]. La mutation bi-allélique inactivatrice
Adénomes hépatocellulaires du gène TCF1, codant pour la protéine HNF1α, est res-
Épidémiologie ponsable d'une répression du gène LFABP codant pour
Comme pour les HNF, les adénomes hépatocellulaires sont la protéine liver fatty binding protein 1 ; la perturbation
majoritairement développés chez la femme jeune, entre 30 du trafic des acides gras intracellulaires qui en résulte
et 40 ans, avec un sex-ratio de 9 femmes pour 1 homme [21]. semble contribuer à une augmentation de la lipogenèse
En revanche, contrairement à l'HNF, la contraception orale, et à l'apparition de la stéatose caractéristique de ce type
la prise de stéroïdes anabolisants, ou certaines maladies de d'adénomes [24] ;
surcharge métaboliques (glycogénoses, galactosémie, etc.) ■ les adénomes mutés β-caténine (15 à 20 %), caractérisés
sont des facteurs favorisants connus [61]. par leur fréquence de survenue proportionnellement
Comme pour les HNF, les adénomes hépatocellulaires plus élevée chez les hommes et leur risque élevé de
restent le plus souvent asymptomatiques. En revanche, transformation en CHC (30 à 40 %) [66]. La physiopa-
certaines formes d'adénomes peuvent être révélées par un thogénie de ces adénomes est liée à des mutations soma-
saignement (hémopéritoine, hématome sous-capsulaire du tiques inhibitrices du gène CTNNB1, qui entraînent une
foie), risque reconnu pour les adénomes de plus de 5 cm [22]. phosphorylation de la β-caténine, ce qui a pour consé-
quence une activation nucléaire des gènes cibles de la
β-caténine. La voie Wnt/β-caténine joue un rôle essen-
Rappel de la classification moléculaire tiel dans les phénomènes de différenciation hépatique,
des adénomes renouvellement de cellules souches, adhésion cellulaire,
Les adénomes hépatocellulaires constituent un groupe prolifération et régénération hépatique. La β-caténine
hétérogène de tumeurs, dont le potentiel évolutif en carci- semble être une molécule sur laquelle aboutissent de
nome hépatocellulaire (CHC) et le risque de complications nombreuses voies d'activation et dont les mutations
hémorragiques sont étroitement liés à leurs caractéristiques entraînent une tumorigenèse par activation. Ces ano-
moléculaires [62]. malies génotypiques se traduisent en immunohisto-
Les adénomes sont en effet caractérisés par une prolifé- chimie par une surexpression de la β-caténine et de la
ration tumorale monoclonale bénigne d'hépatocytes bien glutamine synthase, notamment dans le noyau hépato-
différenciés, richement vascularisée, sans espace porte com- cytaire. L'hyperexpression de la β-caténine réalise un
plètement constitué, ni canal biliaire interlobulaire. Des cel- immunomarquage cytoplasmique et nucléaire aber-
lules de Küpffer en faible nombre et non fonctionnelles sont rant mais souvent focal au sein de la tumeur, rendant
souvent retrouvées dans les adénomes. Les hépatocytes tumo- sa détection parfois difficile et aléatoire. En revanche,
raux sont plus gros que les hépatocytes normaux et souvent la glutamine synthétase, protéine exprimée par le gène
riches en glycogène ou en lipides. En fonction du génotype cible de la β-caténine, est souvent exprimée de façon
d'adénomes, la présence de stéatose intratumorale, d'infiltrats intense et diffuse dans ce type d'adénome ;
inflammatoires et de dilatation sinusoïdale est variable. ■ les adénomes inflammatoires (35 à 40 %), caractérisés par
On distingue quatre types moléculaires d'adénomes [24, leur survenue préférentielle chez des patients présentant un
62, 63] : contexte d'obésité, voire un syndrome métabolique ou un
500 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
foie de stéatohépatite. Ces adénomes ont un risque hémor- portal et tardif » avait une valeur prédictive positive
ragique plus élevé lorsque leur taille dépasse 5 cm [22]. (VPP) de 88,5 %, une valeur prédictive négative (VPN)
Une mutation associée du gène β-caténine peut exister chez de 84 %, une sensibilité de 85,2 % et une spécificité de
environ 10 % de ce sous-type d'adénome, avec un risque 87,5 % pour le diagnostic moléculaire d'adénome inflam-
d'évolutivité vers le CHC. Cependant, la physiopathogénie matoire (fig. 29.20) ;
de ces adénomes est liée dans environ 60 % des cas à des ■ les adénomes stéatosiques suspects d'être mutés HNF1α
mutations du gène Il6ST induisant l'activation de l'onco- présentent un iso- ou discret hypersignal T2, avec une
gène gp130, intervenant dans la voie de signalisation de franche chute de signal globale et homogène entre les
l'interleukine 6 [67]. Il peut également exister une hyperxe- séquences en phase et en opposition de phase, corres-
pression de la protéine gp 130 entraînant la prolifération pondant à une surcharge graisseuse occupant la majo-
hépatocytaire par activation de la voie STAT3. Ces adé- rité de la lésion. Le rehaussement est modéré à la phase
nomes expriment donc les protéines de la phase aiguë de artérielle, avec un iso- ou hyposignal par rapport au foie
l'inflammation, notamment la protéine amyloïde A sérique adjacent sur les séquences plus tardives. D'après l'étude
(SAA) et la protéine C réactive (C reactive protein [CRP]). de Laumonier et al. [68], le signe « chute de signal globale
Cela peut être mis en évidence en immunohistochimie, et homogène entre les séquences en phase et en opposi-
avec une surexpression de SAA et CRP par les hépatocytes, tion de phase » a une VPP de 100 %, une VPN de 94,7 %,
indépendamment de la présence d'éléments inflamma- une sensibilité de 86,7 % et une spécificité de 100 %
toires au sein de la tumeur ; pour le diagnostic moléculaire d'adénome muté HNF1α
■ les adénomes non classés (10 à 20 %), sans caractéristique (fig. 29.21). Pour Ronot et al., la sensibilité de l'IRM pour
moléculaire ou phénotypique connue à ce jour. le diagnostic d'adénome stéatosique pourrait atteindre
90,9 % pour une spécificité de 88,9 % [69] ;
Sémiologie IRM ■ le sous-type des adénomes mutés β-caténine n'est actuel-
La sémiologie IRM des adénomes apparaît corrélée en par- lement pas caractérisable en imagerie.
tie avec leur génotype, au moins concernant les adénomes Récemment, Ba-Ssalamah et al. ont suggéré que l'étude
mutés HNF1α et les adénomes inflammatoires [68] : de la phase hépatocytaire après injection de Gd-EOB-DTPA
■ les adénomes inflammatoires présentent un iso- ou pouvait optimiser la caractérisation des sous-types d'adé-
hypersignal T1, un franc hypersignal en T2, une prise nomes [70]. Chez 29 patients avec 43 adénomes hépato
de contraste à la phase artérielle, un hypersignal par rap- cellulaires, 83 % des adénomes mutés β-caténines et 29 %
port au foie adjacent sur les séquences plus tardives. Des des adénomes inflammatoires présentaient un iso- ou
plages de stéatose ou de remaniements hémorragiques hypersignal contre aucun des adénomes stéatosiques et non
intratumoraux sont possibles. Dans l'étude de Laumonier classés. Ces résultats sont encore à confirmer à plus large
et al. [68], l'association des signes « franc hypersignal échelle.
T2 », c'est-à-dire au moins égal à celui de la rate, et de Un résumé du lien entre génotype/phénotype et aspect
« rehaussement persistant sur les séquences aux temps IRM des adénomes hépatocellulaires est présenté au
tableau 29.2.
a b c
d e
Fig. 29.20 Découverte fortuite d'un nodule sous-capsulaire du foie droit de 20 mm chez une patiente de 40 ans sans antécédent. Le
nodule est en isosignal T1 (flèche en a), en hypersignal T2, au moins égal à celui de la rate (flèche en b), avec une prise de contraste artérielle du
nodule (flèche en c). Le nodule reste en hypersignal par rapport au foie sur la séquence 2D T1 FS au temps tardif à 3 minutes (flèche en d), mais le
nodule présente un défaut de capture en phase hépatobiliaire acquise 1 heure après injection de Gd-BOPTA (flèche en e) : l'aspect est celui d'un
adénome inflammatoire.
Chapitre 29. Tumeurs bénignes du foie en IRM 501
a b c
d e f
g
Fig. 29.21 Découverte d'un nodule graisseux du segment 7 chez une femme de 42 ans sans antécédent. Le nodule est en isosignal T1
(flèche en a), avec une chute de signal du nodule sur la séquence T1 en opposition de phase en rapport avec la présence de graisse intracellulaire
(flèche en b), et un isosignal T2 (flèche en c). Sur la séquence 3D EG T1 après injection de Gd-BOPTA, il existe une prise de contraste artérielle du
nodule (flèche en d), avec hyposignal au temps portal (flèche en e) et au temps veineux (f) et avec un défaut de capture du Gd-BOPTA en phase
hépatobiliaire (g) : l'aspect est celui d'un adénome muté HNF1α.
Adénomes hépatocellulaires et échographie Son diagnostic peut être évoqué en IRM sans pouvoir
après injection de produit de contraste porter un diagnostic formel. Il se présente généralement
ultrasonore sous forme d'un nodule bien limité, non encapsulé, avec
un hypersignal T1 sur les séquences T1 en phase, avec une
En échographie de contraste, la cinétique de rehaussement
chute de signal non systématique sur les séquences T1 en
des adénomes n'est pas spécifique. Elle peut être centripète ou
opposition de phase et les séquences T1 fat sat, un hypersi-
mixte [71]. Une étude récente a exploré les différents aspects
gnal T2, et une prise de contraste artérielle persistant sur les
en échographie de contraste des adénomes en fonction de leur
temps tardifs (fig. 29.22).
profil histomoléculaire. Les adénomes mutés HNF1α étaient
hyperéchogènes en mode B, isovasculaires au foie ou modéré-
ment hypervasculaires après injection de microbulles, avec un Pseudotumeur inflammatoire
remplissage de type mixte, et isoéchogènes au foie aux temps Les tumeurs pseudo-inflammatoires hépatiques constituent
portal et tardif. Les adénomes inflammatoires étaient hyper- une entité rare dont la physiopathologie reste méconnue
vasculaires au temps artériel, avec un remplissage centripète, [74, 75]. Plusieurs hypothèses ont été avancées, la principale
avec des vaisseaux linéaires, un rehaussement périphérique étant que cette lésion serait la conséquence d'une réaction
marqué et un lavage central aux temps portal et tardif [72]. inflammatoire liée à une infection microbienne chronique
du tractus digestif, à travers le réseau porte. Les patients pré-
Peut-on formellement diagnostiquer sentant une pseudotumeur inflammatoire hépatique sont la
un adénome de manière non invasive ? plupart du temps asymptomatiques, ou peuvent présenter
En pratique, cette question se pose uniquement pour les adé- de la fièvre ou des douleurs de l'hypochondre droit. Un syn-
nomes stéatosiques suspects d'être mutés HNF1α, puisque drome inflammatoire biologique et une cytolyse hépatique
toutes les autres lésions suspectes d'être des adénomes doivent sont souvent retrouvés [76–78].
bénéficier au moins d'une biopsie hépatique afin de rechercher Les pseudotumeurs inflammatoires en IRM sont géné-
la mutation β-caténine, facteur de risque d'évolution vers le ralement iso- ou hypo-intenses sur les séquences pon-
CHC. La corrélation entre l'IRM et le diagnostic anatomopa- dérées en T1, iso- ou hyperintenses sur les séquences
thologique et immunohistochimique du sous-type d'adénome pondérées en T2. Le rehaussement est habituellement
est excellente pour les adénomes stéatosique et inflammatoire, modéré, le plus souvent périphérique, et elles présentent
mais n'a été étudiée jusqu'alors que dans une population d'adé- la plupart du temps des zones nécrotiques centrales
nomes [68, 69]. En ce qui concerne l'adénome stéatosique, (fig. 29.23). Dans 80 % des cas, il s'agit d'une lésion unique
suspect d'être muté HNF1α, le diagnostic différentiel avec dans le lobe hépatique droit. Elle comprime exceptionnel-
un CHC repose en grande partie sur l'existence ou non d'une lement les canaux biliaires [74, 76, 77].
hépatopathie sous-jacente et la prise de contraste artérielle du Beaucoup de formes atypiques ont été décrites : lésions
CHC, car la chute de signal globale et homogène en T1 oppo- multiples, formes multikystiques, formes nécrotiques
sition de phase, très spécifique de l'adénome stéatosique muté mimant un abcès [79].
HNF1α dans une population d'adénomes, peut très bien se
rencontrer dans le CHC, ce d'autant plus qu'ils sont de petite Hémangio-endothéliome épithéloïde
taille [47]. Cela incite à la prudence et à la surveillance rap-
prochée des adénomes étiquetés stéatosiques suspects d'être Il s'agit d'une tumeur d'origine vasculaire à potentiel malin,
mutés HNF1α n'ayant pas bénéficié d'une preuve anatomopa- rare, environ 1/1 000 000, avec une discrète prépondérance
thologique et immunohistochimique. féminine [80, 81]. Il en existe deux formes : la forme locali-
sée ou nodulaire et la forme diffuse, par évolution confluente
Comment prendre en charge un patient des nodules.
avec adénome hépatocellulaire ? L'évolution se fait vers le développement d'une fibrose
péritumorale. Dans plus de 20 % des cas, il existe des calcifi-
Un algorithme de prise en charge a été récemment pro- cations intratumorales [82].
posé par Nault et al. [73]. Retenons-en deux points En IRM, les lésions sont en général hypo-intenses en T1,
fondamentaux : hyperintenses en T2, avec des zones hypo-intenses en T1
■ les adénomes sont rares chez l'homme, et la présence et en T2 correspondant aux calcifications. L'aspect en cible
d'un nodule hépatocytaire chez un homme doit faire avec une couronne périphérique en hypersignal T1 et hypo-
avant tout évoquer un CHC. Dans ce contexte, la biopsie signal T2, en rapport avec des vaisseaux thrombosés, serait
ou la résection sont souvent indiquées ; évocateur d'hémangio-endothéliome épithélioïde. Après
■ le risque hémorragique des adénomes – notamment injection de gadolinium, la tumeur se rehausse précocement
inflammatoires – au-delà de 5 cm est admis, et peut faire essentiellement en périphérie, avec une prise de contraste
discuter une résection, en l'absence de réduction de taille périphérique persistante correspondant aux zones de fibrose
à l'arrêt des contraceptifs oraux. péritumorale (fig. 29.24) [83–85].
Autres lésions
Lésions vasculaires
Angiomyolipome
L'angiomyolipome est une tumeur mésenchymateuse dont Hyperplasie nodulaire régénérative
la localisation intrahépatique est rare. Il présente un risque Un diagnostic différentiel classique de l'hyperplasie nodu-
théorique de saignement et de dégénérescence. laire focale (HNF) est l'hyperplasie nodulaire régénérative
Chapitre 29. Tumeurs bénignes du foie en IRM 503
a b c
d e f
Fig. 29.22 Découverte d'une tumeur graisseuse de 15 mm du foie chez un patient de 60 ans sans antécédent en particulier, et sans
hépatopathie chronique. La biopsie de ce nodule est en faveur d'un angiomyolipome. Le nodule est en discret hypersignal en phase (flèche en a),
avec une chute du signal du nodule sur la séquence T1 en opposition de phase (b), mais également en T1 FS (c), témoignant de la présence
de graisse intracellulaire, mais également en T1 FS (flèche en b et c). Le nodule est en hypersignal T2 modéré (flèche en d), avec une prise de
contraste du nodule sur la séquence 3D T1 FS au temps artériel (flèche en e), avec un hyposignal du nodule sur la séquence 3D T1 FS au temps
portal (flèche en f).
Fig. 29.23 Patiente de 39 ans. Douleurs abdominales, fièvre et perturbations du bilan hépatique. L'IRM en pondération T2 FS (a) et T1 FS en
phase veineuse après injection de chélates de gadolinium (b) retrouve une lésion kystique multilobulée du foie gauche mesurant 10 × 10 cm,
hétérogène, avec un rehaussement périphérique et des cloisons (flèches en a et b). Le diagnostic de pseudotumeur inflammatoire est confirmé
en anatomopathologie.
a b c
d e f
Fig. 29.24 Découverte fortuite d'un nodule de 35 mm de la jonction des segments 7 et 8 chez une patiente de 42 ans sans antécédent.
Le nodule est en hyposignal sans graisse intralésionnelle (flèche en a et b), en hypersignal T2 en cible avec hyposignal périphérique (flèche en c). Sur
les séquences 3D T1 FS après injection de chélates de gadolinium, il existe une fine prise de contraste périphérique au temps artériel (flèche en d),
avec une prise de contraste périphérique progressive en cocarde au temps portal (flèche en e) et veineux (flèche en f). La biopsie réalisée était en
faveur d'un hémangio-endothéliome épithélioïde.
Fig. 29.25 Patient de 69 ans traité pour cancer du côlon, en rémission après chimiothérapie néo-adjuvante combinant des sels de
platine. Apparition de nodules hépatiques visibles sur la séquence 3D T1 EG FS avant injection (flèche en a) avec une captation périphérique du
produit de contraste en faveur du caractère hépatocytaire du nodule (flèche en b). La biopsie d'un de ces nodules pose le diagnostic d'hyperplasie
nodulaire régénérative.
médicamenteuses (azathioprine, corticoïdes, contraception, l'aspect d'un trouble de perfusion plus ou moins diffus dont
etc.), infectieuses (pyélonéphrite, tuberculose, maladie des l'aspect est réticulé. Ces anomalies sont caractéristiques
griffes du chat, lèpre), tumorales (syndrome myéloproliféra- et sont secondaires à la stagnation du sang dans les sinu-
tif, leucémie, maladie de Hodgkin). On peut constater une soïdes. Elles sont mieux visibles au temps artérioportal ou
régression spontanée des lésions après traitement du facteur portal ; elles s'estompent au temps tardif et sont mal visibles
déclenchant. au temps artériel précoce. Les lésions de péliose sont le plus
L'aspect en imagerie est très polymorphe, sans signe vrai- souvent en hyposignal T1 en IRM. Cependant, elles peuvent
ment spécifique [89]. Le diagnostic de certitude est anato- apparaître en hypersignal T1 spontané en rapport avec des
mopathologique. Les nodules de péliose peuvent ainsi être remaniements hémorragiques [91]. L'hypersignal T2 est
multiples ou uniques prenant l'aspect de pseudotumeur classique dans la péliose.
hépatique [90–92]. Les lésions peuvent être également Après injection, la prise de contraste est souvent poly-
infracentimétriques ou peuvent prendre un aspect réticulé morphe. La persistance d'une prise de contraste tardive est
« en mosaïque ». Cet aspect réticulé se présente sous la le signe le plus constant dans la description sémiologique de
forme d'hypodensités linéaires après injection de produit la péliose [89].
de contraste en rapport avec la dilatation des sinusoïdes Au total, l'IRM est au cœur de la prise en charge des tumeurs
intrahépatiques. Cette dilatation des sinusoïdes hépatiques a bénignes du foie. La maîtrise de l'instrumentation, le recours
Chapitre 29. Tumeurs bénignes du foie en IRM 505
éventuel à des produits de contraste hépatospécifiques – a series of 41 patients with clinical, radiological, and pathological
récemment proposé par une conférence de consensus [93] correlations. Hepatology 1995 ; 22(6) : 1674–81.
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Chapitre
30
L'IRM hépatique dans la
prise en charge des lésions
secondaires hépatiques
F. Legou, M. Chiaradia, L. Baranes, F. Pigneur, B. Zegai, M. Djabbari, C. Tournigand,
F. Brunetti, A. Laurent, J. Calderaro, D. Azoulay, H. Kobeiter, A. Luciani, A. Rahmouni
PLAN DU CHAPITRE
Prise en charge médicochirurgicale Sémiologie IRM des métastases hépatiques. . . 511
des métastases hépatiques des cancers Compte-rendu structuré : les éléments clés. . . 519
colorectaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 509 Le futur : IRM-TEP ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 519
Prise en charge en IRM des métastases Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 520
hépatiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 510
Cela nécessite une localisation de toutes les lésions intrahépa- hautes résolutions de contraste et temporelle, l'IRM est l'exa-
tiques avant résection chirurgicale et souligne l'importance men de choix reconnu par le guide du bon usage des exa-
de l'imagerie diagnostique [12]. Selon l'option chirurgicale mens d'imagerie médicale (http://gbu.radiologie.fr) dans le
choisie, les métastases hépatiques sont classées selon trois bilan des lésions hépatiques secondaires. Il s'agit de l'examen
catégories : soit elles sont aisément résécables et l'objec- le plus performant pour la détection et la caractérisation
tif principal est d'éviter les récidives ; soit elles deviennent lésionnelles. Le recours à l'IRM est indispensable au moins
potentiellement résécables après une réponse positive à la aux deux étapes clés de la prise en charge des patients : lors
chimiothérapie néoadjuvante ; enfin, en l'absence de projet de la phase initiale diagnostique, appelée baseline, puis avant
chirurgical, l'objectif est de prolonger la survie sans progres- le traitement chirurgical après les traitements néoadjuvants.
sion. Trois types de chirurgie hépatiques sont envisageables. Cela est particulièrement important pour les lésions de
La première est une hépatectomie simple (soit une lobecto- moins de 1 cm où l'imagerie de diffusion et l'imagerie avec
mie gauche, soit une hépatectomie droite) en cas de lésions produit de contraste hépatospécifique améliorent la détec-
affectant un seul lobe hépatique. La deuxième consiste en tion des lésions, mais également en cas de stéatose ou après
une hépatectomie complexe. La dernière est une hépatecto- chimiothérapie, où l'IRM apparaît supérieure aux autres
mie en deux temps, comprenant initialement une tumorec- modalités d'imagerie [21].
tomie, puis une embolisation portale afin d'hypertrophier le
côté controlatéral, et enfin une hépatectomie du côté atteint. Baseline
Dans tous les cas, des recours à des traitements combinés Chez les patients atteints de cancer colorectal, l'évalua-
incluant la radiologie interventionnelle et notamment les tion précise de la taille et de la distribution segmentaire
techniques d'ablation percutanée sont possibles. de métastases hépatiques est essentielle pour la planifi-
La survie globale à 5 ans après résection hépatique des cation du traitement [22]. Cela permet une sélection des
métastases hépatiques du cancer colorectal a augmenté de patients éligibles à une chirurgie radicale [23, 24] ou une
35 à 58 % [13–16]. Près de 50 % des patients présentent une thérapie mini-invasive, telles que l'ablation par radiofré-
récidive tumorale hépatique après une première résection, quence (RFA) [25], la chimio-embolisation ou la radio-
dans les deux premières années après la chirurgie [17, 18]. embolisation. L'imagerie baseline est l'examen de référence
Afin de réduire ces taux de récidive, des traitements systé- qui précède immédiatement le début du traitement. Elle
miques, incluant bolus de fluorouracile et de leucovorine comprend une analyse du parenchyme sous-jacent à la
(5-FU/LV) sont administrés dans les 6 mois qui suivent la recherche d'une dysmorphie ou de signes d'hépatopathie –
résection chirurgicale R0. métabolique, ou postchimiothérapie (voir plus loin).
Ensuite, dans chaque segment, les lésions sont mesurées
Place de la chimiothérapie selon leur plus grand diamètre, puis dénombrées et car-
Les thérapies ciblées ont également modifié la stratégie tographiées, incluant notamment leurs rapports avec les
thérapeutique des métastases hépatiques par l'adjonction structures vasculaires. Enfin, il est important d'analyser la
de nouvelles molécules telles que l'oxaliplatine ou l'irino- perméabilité et les variations de trajet ou de naissance des
tecan et l'avènement des biothérapies telles que cetuximab vaisseaux hépatiques, ainsi que d'éventuelles anomalies
(Erbitux® ; inhibiteur de l'epidermal growth factor [EGFR]) biliaires secondaires à la présence des métastases (dilata-
et bevacizumab (Avastin® ; vascular endothelial growth tions biliaires, envahissements).
factor [VEGF]). Elles ont permis une augmentation de la
médiane de survie des patients ayant des métastases d'ori- Préchirurgical
gine colorectale. L'imatinib mésylate (Glivec®, un inhibi- En cas de traitement chirurgical après chimiothérapie, il est
teur sélectif de tyrosines kinases) s'est avéré un traitement indispensable de disposer d'une nouvelle IRM de contrôle
adjuvant efficace des métastases de tumeurs stromales pré-opératoire. L'apparition d'une nouvelle lésion témoi-
gastro-intestinales (gastrointestinal stromal tumors [GIST]) gnant d'une maladie évolutive contre-indiquera ou repor-
habituellement résistantes aux chimiothérapies usuelles, tera le traitement chirurgical.
permettant éventuellement une résection ultérieure des
lésions.
Récemment, de nouvelles molécules biologiques ont été Protocole d'exploration IRM
introduites, notamment les anticorps anti-EGFR (cetuxi-
mab) chez les patients K-RAS sauvages [19, 20]. L'exploration des métastases hépatiques s'effectue au choix
sur IRM 1,5 ou 3 T avec des antennes en réseau phasé per-
mettant d'optimiser la résolution spatiale, puis d'utiliser des
Prise en charge en IRM reconstructions parallèles, permettant une réduction des
temps d'acquisition.
des métastases hépatiques
Guide du bon usage des examens Séquences conventionnelles T1 IP/OP, T2
d'imagerie Les séquences conventionnelles restent primordiales pour
L'IRM combine plusieurs avantages pour la détection et la l'analyse des lésions secondaires. Elles reposent sur les
caractérisation des lésions secondaires hépatiques. Par ses acquisitions en contraste spontané T1 et T2, associées
Chapitre 30. L'IRM hépatique dans la prise en charge des lésions secondaires hépatiques 511
a b c
d e
Fig. 30.1 Métastase hépatique unique du segment 6 chez un patient de 71 ans avec carcinome rectal T3 N +. Sémiologie classique d'une
métastase hépatique en hypersignal T2 tissulaire (a), en hyposignal T1 (b), en hypersignal diffusion (c) avec ADC restreint (b = 100 s.mm–2) (d) et
rehaussement tardif fibreux (e).
a b c
d e
Fig. 30.2 Métastases hépatiques révélatrices d'un adénocarcinome lieberkühnien colique. En hypersignal T2 franc (a), en hypersignal
DWI (b = 100 s. mm–2) (b), hyposignal T1 (c), avec un rehaussement fibreux (d, e), présentant une hypoéchogénicité en échographie de contraste,
4 minutes après injection du produit de contraste (e, tête de flèche), confirmée par une biopsie hépatique échoguidée.
Chapitre 30. L'IRM hépatique dans la prise en charge des lésions secondaires hépatiques 513
a b c
d
Fig. 30.3 Métastases hépatiques d'un cancer neuroendocrine pancréatique. Coupes transversales pondérées diffusion (b = 100 s. mm–2)
(a, b), et séquences 3D EG T1 en suppression spectrale de la graisse (c, d). Noter la meilleure visibilité des lésions sur les séquences de diffusion
pour la valeur de b sélectionnée (flèches continues) par rapport à la séquence dynamique après injection de produit de contraste au temps artériel
(c, d, flèches en pointillés).
514 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
L'ADC pourrait en revanche avoir un rôle prédictif de la de l'acide gadoxétique (Gd-EOB-DPTA, Primovist®, Bayer)
réponse précoce des chimiothérapies des métastases hépa- permettant dans les deux cas d'augmenter le contraste entre
tiques de carcinomes colorectaux et gastriques [39]. Pour les les lésions secondaires et le foie sous-jacent [31]. Il n'existait
métastases hépatiques de cancer colorectal, un ADC élevé pas de différence en termes d'exactitude, de sensibilité ou
serait un facteur prédictif négatif de réponse à la chimio- de valeur prédictive positive de ces produits de contraste,
thérapie (valeurs d'ADC moyens de 1,55 10–3 mm2.s–1 pour concernant les lésions de plus de 10 mm. En revanche, l'utili-
les lésions de mauvais pronostic contre 1,3610–3 mm2.s–1 sation de produit de contraste hépatospécifique, notamment
pour les lésions de bon pronostic ; p = 0,03). Cependant, il le Gd-EOB-DPTA, permettait d'augmenter l'exactitude et la
n'y aurait pas de différence significative sur la survie sans sensibilité pour la détection des lésions de moins de 10 mm
progression, ni sur la survie globale [40]. [33]. L'utilisation des séquences hépatocytaires est particu-
lièrement utile pour les lésions du foie gauche, dont l'analyse
Phase hépatocytaire des séquences conventionnelles peut être artéfactée par les
mouvements cardiaques (fig. 30.4 et 30.5).
La majorité des métastases hépatiques à la phase hépatocy- L'association des séquences tardives hépatocytaires aux
taire correspondent à des nodules en hyposignal par rapport séquences de diffusion permet une amélioration de la détec-
au parenchyme adjacent. Cependant, certaines lésions secon- tion et de la caractérisation lésionnelles [32], notamment
daires (origine mammaire, colorectale) peuvent présenter pour les métastases hépatiques [33] (fig. 30.6 et 30.7).
une prise de contraste paradoxale en cible dans près de 46 %
[41] voire 60 % des cas [42]. Lee et al. rapportent une meil- Corrélations radio-anatomologiques :
leure détection des lésions secondaires hépatiques lors de la
phase hépatocytaire qu'en scanner triple phase, notamment
aspects particuliers
pour les lésions infracentimétriques [43, 44]. Chung et al. Hémorragie, hypervascularisation
ont évalué l'impact de l'utilisation de produit de contraste Certaines métastases hépatiques présentent un hypersignal
hépatospécifique incluant des particules d'oxyde de fer, et T1 spontané, témoin de remaniements hémorragiques
a b
c d
Fig. 30.4 Métastase hépatique unique d'un adénocarcinome lieberkühnien d'origine colique sous-capsulaire du segment 4a, chez
un patient de 65 ans. Lésion en hypersignal T2 (a), hypersignal DWI (b = 100 s. mm–2) (b), avec un rehaussement fibreux (c) (flèche en d) en
hyposignal lors de la phase hépatobiliaire acquise 90 minutes après injection de Gd-BOPTA (flèche continue).
Chapitre 30. L'IRM hépatique dans la prise en charge des lésions secondaires hépatiques 515
a b c
d e
Fig. 30.5 Métastase hépatique à centre nécrotique d'origine colique transverse chez un patient de 48 ans. Hypersignal DWI
(b = 100 s. mm–2) (a) avec ADC restreint en périphérie (b), en hypersignal T2 tissulaire avec plus hyperintense (c), avec un rehaussement fibreux
(d). Lésion en hypersignal relatif lors de la phase hépatobiliaire 90 minutes après injection de Gd-BOPTA, avec un aspect en cible (e).
a b c
Fig. 30.6 Métastase hépatique. Meilleure visibilité en séquence pondérée en diffusion d'une lésion secondaire d'un adénocarcinome lieber-
kühnien colique droit (a) et en phase hépatobiliaire acquise 90 minutes après injection de Gd-BOPTA (flèche, b) qu'au temps portal (cercle, c).
a b
c d
Fig. 30.7 Métastases hépatiques d'un adénocarcinome rectal. Métastases non vues en diffusion (a), mais visibles en hyposignal T1 spon-
tané (b, flèche continue), non vues au temps portal (c) mais nettement plus visibles lors de la phase hépatobiliaire 90 minutes après injection
de Gd-BOPTA (d, flèche en pointillés).
516 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
récents, notamment les métastases de mélanomes (fig. 30.8). des contours bosselés avec une confluence des lésions et
Les métastases hépatiques hypervasculaires sont généra- avec des signes d'hypertension portale (fig. 30.11).
lement associées à des lésions primitives d'origine rénale,
mammaire, neuroendocrine, thyroïdienne, une GIST, des Métastases de lésions primitives mucineuses
tumeurs carcinoïdes et des mélanomes [45–47] (fig. 30.9). Les métastases des adénocarcinomes mucineux sont en
franc hypersignal T2 secondairement au contingent muci-
Aspect spécifique des lésions secondaires d'origine neux (fig. 30.12).
mammaire
Ha et al. ont analysé rétrospectivement 13 métastases hépa- Métastases kystiques
tiques de cancer du sein [42]. Toutes étaient hypo-intenses Certaines métastases sont principalement composées de
en T1, près de 50 % avaient un aspect en cible en T2, 85 % grandes zones intratumorales liquidiennes sans rehaussement.
avaient un rehaussement hypervasculaire et un rehaus- Ces métastases kystiques sont beaucoup moins fréquentes que
sement central avec un wash-out périphérique (aspect de les métastases hypovascularisées et hypervasculaires. La com-
cible) lors de la phase hépatocytaire (62 %) (voir fig. 30.5). posante kystique peut être multifactorielle. Elle est principale-
Dans certains cas, il peut exister une forme d'envahissement ment secondaire à une nécrose tumorale due à une croissance
tumoral hépatique majeur appelée hepar lobatum carcino- trop rapide par rapport à ses apports vasculaires (fréquent dans
matosum (fig. 30.10). Il s'agit d'une obstruction tumorale les métastases des tumeurs neuroendocrines, mélanomes, ou
des veinules portales avec une réaction desmoplastique GIST). Les causes plus rares de remaniements kystiques sont
périphérique. Ces remaniements histologiques entraînent la production abondante de mucine par les adénocarcinomes
a b
Fig. 30.8 Métastase d'un mélanome. Formation en hypersignal T1 spontané, non lié à la graisse (a, flèche discontinue), en hypersignal DWI
(b, flèche continue).
a b c
d e f
Fig. 30.9 Métastases hépatiques d'une tumeur neuro-endocrine pancréatique, hypervasculaires. Deux lésions sont visibles en pondéra-
tion T2 (a) alors qu'un nombre supérieur de lésions sont visibles en imagerie pondérée diffusion b = 100 s/mm2 b) avec un ADC restreint (c). Ces
lésions sont hypervasculaires au temps artériel (d) et sans lavage (e).
Chapitre 30. L'IRM hépatique dans la prise en charge des lésions secondaires hépatiques 517
a b
c d
Fig. 30.10 Hepar lobatum carcinomatosum chez une patiente de 40 ans, antécédent de cancer du sein. Dysmorphie hépatique diffuse.
Infiltration tissulaire en hypersignal T2, en hypersignal DWI avec un ADC restreint, hypervasculaire (flèche). À noter un kyste biliaire simple (étoile).
a b c
d e f
Fig. 30.11 Métastases hépatiques bilobaires diffuses d'un cancer du sein. Lésions hyperintenses en T2 avec un aspect en cible en T2 (flèche
en pointillés en a), en hypersignal en diffusion (b) avec un ADC restreint (flèche en pointillés en c), en hyposignal T1 (d) présentant un rehausse-
ment hypervasculaire (e) et un rehaussement central avec un wash-out périphérique (f, aspect de cible ; flèches).
518 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
a b
c d
Fig. 30.12 Franc hypersignal T2 hépatique d'une métastase hépatique d'un adénocarcinome rectal avec composante mucineuse chez
un patient de 68 ans. Foie non dysmorphique, formation en hypersignal T2 intense (a), en hypersignal DWI à b800 s. mm–2 (b), avec une restric-
tion de la diffusion périphérique (c) et une prise de contraste annulaire au temps portal (d).
En revanche, les réponses induites par les nouvelles thé- Ces critères dépendent de la taille et/ou de la densité lésion-
rapies – thérapies ciblées ou immunomodulatrices – néces- nelle. Une diminution de la densité supérieure à 15 % et/ou
site une mise à jour des méthodes d'évaluation « usuelles ». une diminution de la taille de 10 % par rapport au baseline
En effet, dans ce contexte particulier, les critères RECIST signe une réponse optimale. La progression tumorale est
ne prennent pas en compte un effet important de ces traite- définie comme une majoration en taille ou l'apparition
ments qu'est la nécrose tumorale. Saltz et al. ont montré que d'un nodule tissulaire intralésionnel ou à distance ;
le bévacizumab, associé à l'oxaliplatine, améliorait la survie ■ les paramètres fonctionnels en IRM permettent égale-
sans progression des patients ayant des métastases colorec- ment de juger la réponse aux chimiothérapies. Mungai
tales, alors même qu'une grande partie des bons répondeurs et al. ont montré que l'augmentation de l'ADC des
étaient en maladie stable selon RECIST [51]. L'action anti- métastases hépatiques était témoin d'une bonne réponse
angiogénique du bévacizumab ne peut être évaluée par les dans les 20 à 25 jours suivant la deuxième cure [54].
seuls critères dimensionnels. Les mesures de la densité en Wagner et al. ont montré que les paramètres ADC et
scanner ont ainsi donné naissance à de nouveaux critères de D (diffusion moléculaire pure) périlésionnels seraient
réponse des lésions secondaires : des biomarqueurs plus représentatifs de la réponse à la
■ les critères de Chun sont exclusivement scanographiques, chimiothérapie que l'ADC ou D de toute la métastase
étudiés au temps portal [52]. Il n'y a pas actuellement [55] (fig. 30.13).
de correspondance pour l'IRM. Sont associées l'étude
de la densité des lésions cibles hépatiques ainsi que celle
de l'interface entre lésion cible et parenchyme hépa-
Hépatopathie postchimiothérapie
tique environnant. Le groupe 1 correspond à une lésion La réponse du foie à la chimiothérapie est polymorphe et
hypodense, aux contours bien limités ; le groupe 3 com- idiosyncrasique [56]. Il existe deux formes d'hépatotoxicité :
prend les lésions hétérogènes ayant une interface épaisse les atteintes hépatocytaires et les atteintes microvasculaires.
et mal limitée avec le foie ; le groupe 2 rassemble les
lésions ne présentant ni les caractéristiques à du groupe Atteintes hépatocytaires
1 ni celles du groupe 3. Une réponse optimale correspond Les atteintes hépatocytaires se traduisent par une stéatose
au passage d'un groupe 3 ou 2 à 1. Une réponse incom- hépatique non alcoolique ou NASH (non alcoholic stea-
plète est un passage d'un groupe 3 au groupe 2 ; tohepatitis). Ces complications sont fréquentes chez les
■ l'évaluation des métastases hépatiques de GIST en scanner, patients traités par 5-FU, moins fréquemment par irinoté-
au temps portal, s'effectue grâce aux critères de Choi [53]. can pour des métastases de cancers colorectaux [57–61].
Il n'existe pas de critères semblables en IRM actuellement. Cette stéatose n'est pas répartie uniformément, la zone de
Chapitre 30. L'IRM hépatique dans la prise en charge des lésions secondaires hépatiques 519
a b c
d e
Fig. 30.13 Métastases hépatiques d'un adénocarcinome lieberkühnien colique en hypersignal T2 (a), avec un rehaussement fibreux
progressif (b) lors du bilan préthérapeutique. Contrôle à 6 mois d'une chimiothérapie : persistance d'un hypersignal diffusion à b800 s. mm–2
(c) avec une cartographie ADC révélant un hypersignal périlésionnel centré par une zone hypodense, pour la lésion principale, témoin d'une
réponse thérapeutique (d) ; après injection, les deux lésions sont plus petites (e) : 13 versus 22 mm et 5 versus 10 mm = –43 % selon RECIST 1.1.
parenchyme hépatique entourant la tumeur est épargnée, ■ L'IRM hépatique doit être réalisée avant tout traitement
probablement en raison de l'apport sanguin tumoral préfé- chirurgical hépatique, et doit pouvoir être comparée à
rentiel en zone péritumorale [62]. Sa traduction en IRM est un examen de référence IRM réalisé avant tout traite-
une chute du signal sur les séquences out phase par rapport ment, afin de ne pas méconnaître des lésions secondaires
à la séquence in phase. Parfois, la stéatose se résorbe à l'arrêt qui pourraient être devenues infracentimétriques sous
de la chimiothérapie. traitement.
■ Le protocole d'exploration des lésions secondaires hépa-
Atteintes microvasculaires tiques doit comprendre, outre les séquences convention-
Les atteintes microvasculaires entraînent une maladie nelles avant IV, des séquences 3D EG T1 dynamiques
veino-occlusive appelée sinusoidal obstructive syndrom ou après injection, mais également des séquences de diffu-
syndrome d'obstruction sinusoïdale (SOS). Sa présenta- sion. L'utilisation de produits de contraste hépatocytaires
tion clinique comprend une hépatomégalie, un ictère et est possible.
une ascite. De Leve et al. ont décrit un comblement sinu- ■ Un compte-rendu structuré type a été proposé par la
soïdal par des débris endothéliaux nécrotiques [63]. Cette Société d'imagerie abdominale et digestive, société d'or-
toxicité est rapportée à l'oxaliplatine [64, 65]. Sa descrip- gane de la Société française de radiologie [70].
tion en imagerie est importante, car lors de la résection ■ Un compte-rendu devra dénombrer l'ensemble des
chirurgicale, le foie est friable et les complications hémor- lésions secondaires, les localiser, préciser les rapports
ragiques sont plus fréquentes [65]. Son aspect en IRM est anatomiques les plus importants, sans omettre de rappor-
proche de celui du syndrome de Budd-Chiari. Il comprend ter l'existence ou non d'une hépatopathie sous-jacente,
une hépatomégalie, des veines sus-hépatiques amincies, primitive, ou secondaire aux traitements systémiques
un œdème périportal et périvésiculaire, une splénomé- éventuellement employés.
galie et de l'ascite [66–69]. Il existe également des prises
de contraste pseudonodulaires évocatrices d'une péliose Le futur : IRM-TEP ?
s'effaçant progressivement aux temps portal et tardif.
Les études cliniques sont débutantes concernant l'impact de
l'imagerie hybride lRM-TEP (tomographie par émission de
Compte-rendu structuré : positrons) dans la prise en charge des lésions secondaires
hépatiques. Catalano et al. [71] ont comparé les performances
les éléments clés relatives de l'IRM-TEP simultanée versus la TEP-TDM quant
Rappelons ici les points les plus importants pour l'explora- à la détection de lésions secondaires. L'IRM-TEP semblait
tion des lésions secondaires en IRM. pouvoir détecter des lésions supplémentaires chez 41 % des
520 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
malades, avec un impact clinique direct comparativement à [10] Malik HZ, Hamady ZZR, Adair R, et al. Prognostic influence of
la TEP-TDM chez 24 malades (soit 17,9 %). Beiderwellen multiple hepatic metastases from colorectal cancer. Eur J Surg Oncol
et al. montrent des résultats semblables avec une sensibilité 2007 ; 33(4) : 468–73.
[11] Clavien PA, Petrowsky H, DeOliveira ML, et al. Strategies for safer
de l'IRM-TEP de 92,2 % et une valeur prédictive négative de
liver surgery and partial liver transplantation. N Engl J Med 2007 ;
95,1 % [72]. Concernant le protocole d'acquisition, Reiner 356(15) : 1545–59.
et al. [73] ont suggéré que la simple utilisation de séquences [12] Tamandl D, Herberger B, Gruenberger B, et al. Adequate preoperative
T1 et T2 couplées à la TEP donnait une exactitude diagnos- staging rarely leads to a change of intraoperative strategy in patients
tique supérieure à la TEP-TDM, et pourrait donc avoir un undergoing surgery for colorectal cancer liver metastases. Surgery
impact diagnostique plus important sur la prise en charge des 2008 ; 143(5) : 648–57.
malades. Ces données, même préliminaires, suggèrent que la [13] Abdalla EK, Vauthey JN, Ellis LM, et al. Recurrence and outcomes
combinaison de l'imagerie métabolique, importante pour la following hepatic resection, radiofrequency ablation, and combined
détection de lésions intra-abdominales extrahépatiques, et resection/ablation for colorectal liver metastases. Ann Surg 2004 ;
de l'IRM, importante pour la détection et la caractérisation 239(6) : 818–27.
[14] Choti MA, Sitzmann JV, Tiburi MF, et al. Trends in long-term sur-
des lésions secondaires intrahépatiques elles-mêmes, pour-
vival following liver resection for hepatic colorectal metastases. Ann
rait à l'avenir jouer un rôle important dans la prise en charge Surg 2002 ; 235(6) : 759–66.
des malades en situation résécable. Reste à bien définir les [15] Fong Y, Fortner J, Sun RL, et al. Clinical score for predicting recur-
protocoles d'exploration IRM-TEP afin de permettre leur rence after hepatic resection for metastatic colorectal cancer : analysis
réalisation dans des délais raisonnables (40 minutes d'acqui- of 1001 consecutive cases. Ann Surg 1999 ; 230(3) : 309–18 discussion
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outre les séquences conventionnelles, des séquences de dif- [19] Bokemeyer C, Bondarenko I, Makhson A, et al. Fluorouracil, leucovo-
fusion. L'utilisation de produits de contraste hépatocytaires rin, and oxaliplatin with and without cetuximab in the first-line treat-
peut se discuter notamment pour les lésions infracentimé- ment of metastatic colorectal cancer. J Clin Oncol 2009 ; 27(5) : 663–71.
triques. Un compte-rendu structuré doit permettre la prise [20] Van Cutsem E, Kohne CH, Hitre E, et al. Cetuximab and chemothe-
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522 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
PLAN DU CHAPITRE
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 523 Diagnostic non invasif du CHC sur cirrhose
Anatomopathologie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 523 hépatique en attente de transplantation
Sémiologie du CHC et performance hépatique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 536
diagnostique de l'IRM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 526 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 537
de bandes fibreuses elles aussi d'épaisseur variable qui phénomènes de capillarisation et de néoangiogenèse accom-
confèrent un aspect hétérogène du foie. pagnent la transition entre ND et nodule de CHC [19, 20].
Mais la présence d'artères non triadiques a déjà été rappor-
tée au sein des ND [20]. En immunohistochimie, comme les
Nodules dysplasiques hépatocytes normaux, les ND possèdent à leur surface des
Macroscopiquement, les nodules dysplasiques (ND) se dis- récepteurs OATP (organic anion-transporting polypeptide),
tinguent du foie adjacent par leur forme, leur différence de en moindre nombre. Il existe une décroissance continue de
coloration et de texture [15]. Les ND correspondent à des leur concentration entre les ND de bas et haut grade [21].
regroupements cellulaires avec atypies cytonucléaires et
majoration de l'épaisseur des travées hépatocytaires, mais
sans signe de malignité. Carcinome hépatocellulaire
Microscopiquement, on distingue les ND de bas grade, Le CHC est composé de cellules avec des atypies architec-
dont l'évolution vers le CHC est controversée, et les ND de turales et une différenciation hépatocellulaire. En anato-
haut grade, dont l'évolution vers le CHC serait plus fréquente mopathologie, cette différenciation est graduée suivant la
[16]. Les ND de bas grade ont des atypies cytonucléaires dis- classification d'Edmonson [22]. La population cellulaire
crètes et gardent une architecture proche de la normale avec est classée en quatre stades, du plus au moins différen-
des travées très focalement épaissies, alors que les nodules cié. Il est à noter que les tumeurs de grade 1 d'Edmonson
de haut grade ont des atypies cytologiques et architectu- peuvent être difficiles à différencier des adénomes hépato-
rales plus importantes (avec des travées hépatocytaires plus cellulaires et parfois du foie normal et que, inversement, les
larges – de plus de deux cellules), mais toujours sans signe grades 4 peuvent être difficiles à différencier des tumeurs
de malignité. Les ND de bas grade peuvent s'accompagner non-hépatocellulaires. C'est pourquoi, lorsque l'indication
d'une accumulation intranodulaire de cuivre, de fer, ou de d'une biopsie est retenue, un prélèvement en foie non tumo-
graisse. Les ND de haut grade sont, à l'opposé du foie adja- ral devrait toujours être réalisé. En immunohistochimie,
cent, dépourvus d'accumulation ferrique, tandis que l'accu- comme les ND, le CHC possède des récepteurs membra-
mulation de graisse intralésionnelle est possible [17, 18]. naires OATP 8, mais avec une concentration plus faible. Il
Les ND peuvent être de taille variable. Il est généralement existe une décroissance de ce récepteur proportionnelle au
admis que plus la taille du nodule dysplasique est grande, stade de différentiation [21] (fig. 31.1).
plus le risque de dysplasie de haut grade est élevé. Par ailleurs, la tumorigenèse des CHC s'accompagne de
La distinction formelle entre ND de bas ou de haut grade modifications métaboliques qu'il est possible de reconnaître
est parfois difficile. Il en est de même entre ND de haut en imagerie. La prolifération cellulaire initiale accompagnant
grade et nodule de CHC bien différencié. Il est admis que les la transformation en CHC s'accompagne d'une anoxie relative
Fig. 31.1 Variation de la concentration des récepteurs membranaires OATP et de la néoangiogenèse entre les hépatocytes sains,
les nodules dysplasiques et le CHC. (D'après Choi JY, Lee JM, Sirlin CB. Radiology 2014 ; 272 : 635-654.)
Chapitre 31. IRM du carcinome hépatocellulaire 525
cellulaire, aboutissant à une accumulation possible de graisse veineux et notamment portal. Cette invasion vasculaire est
intracellulaire [23] ; cela pourrait expliquer en partie l'existence étroitement liée à la taille de la tumeur. Ainsi, le CHC a un
de lésions de CHC en hypersignal T1, généralement de bon tropisme marqué pour le système veineux (portal et hépa-
pronostic. Avec la poursuite des mécanismes de prolifération, tique), mais aussi biliaire [24].
les cellules tumorales perdent peu à peu leur capacité de stoc- Le CHC peut enfin être cerné par une capsule consti-
ker le fer intracellulaire – ce qui explique que les CHC ne sont tuée par une fibrose d'épaisseur variable. Il existerait un
traditionnellement pas en hyposignal T2, réduisent leur expres- lien entre la taille du nodule et la présence de cette capsule,
sion en récepteur OATP 8 (OATP 1B3) à leur surface mem- puisque 85 % des CHC mesurant entre 2 et 5 cm sont encap-
branaire, puis induisent des modifications du drainage veineux sulés, contre seulement 45 % pour les tumeurs supérieures
péritumoral, potentielle voie d'invasion vasculaire micro- puis à 5 cm [25].
macroscopique. Ces deux dernières modifications expliquent la Les modifications anatomopathologiques caractérisant le
réduction de la capture de produits de contraste hépatobiliaires CHC et accessibles en imagerie sont (fig. 31.3) :
que nous reverrons dans la suite de ce chapitre, ainsi que la prise ■ l'augmentation de taille du nodule ;
de contraste radiaire précoce périlésionnelle, souvent reconnue ■ l'apparition d'une néoangiogenèse responsable de l'arté-
comme un élément de mauvais pronostic des CHC (fig. 31.2). rialisation après injection de produit de contraste ;
Macroscopiquement, il existe des formes nodulaires plus ■ la perte de l'apport portal responsable du lavage au temps
ou moins diffuses qui restent majoritaires et des formes portal/tardif ;
infiltratives représentant environ 15 % des cas de CHC. Ces ■ l'augmentation de la cellularité associée à une augmenta-
dernières s'accompagnent très souvent d'un envahissement tion du signal en pondération T2.
Fig. 31.2 Macroscopie d'une pièce de lobectomie gauche (a) retrouvant la présence d'un nodule de carcinome hépatocellulaire bien
limité mais s'accompagnant d'une thrombose tumorale au sein de la branche portale gauche (flèche). L'analyse microscopique du
nodule (b) confirme la présence de cellules carcinomateuses avec rapport nucléocytoplasmique élevé (tête de flèche) ainsi que des cellules dysmor-
phiques de grande taille (flèche).
Apport portal
Apport artère hépatique
Apport artériel anormal
Apport artériel
Apport portal
Fig. 31.3 Spécificités anatomopathologiques caractérisant le CHC analysables en imagerie. (D'après Matsui O, Kobayashi S, Sanada J,
et al. Hepatocellular nodules in liver cirrhosis : hemodynamic evaluation (angiography-assisted CT) with special reference to multi-step hepatocar-
cinogenesis. Abdom Imaging 2011 ; 36 : 264-72.)
526 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
a b c
Fig. 31.4 Patient de 65 ans, présentant un CHC moyennement différencié du segment 5. IRM hépatique, coupes axiales diffusion avec une
valeur de b = 100 s. mm–2 (a), phase artérielle (b) phase portale (c) retrouvant une dysmorphie cirrhotique hépatique avec une lésion de 34 mm en
hypersignal diffusion avec un rehaussement artériel précoce et lavage dès le temps portal.
Chapitre 31. IRM du carcinome hépatocellulaire 527
est excellente pour les nodules > 2 cm, mais également pour férenciées. Il existe un grand polymorphisme en imagerie des
les nodules entre 1 et 2 cm [34] (voir fig. 31.4). nodules rencontrés sur un foie cirrhotique (fig. 31.5 et 31.6).
Si le diagnostic du CHC repose principalement sur le Les petits CHC de moins de 2 cm peuvent présenter un
caractère hypervascularisé au temps artériel de la lésion, hypersignal spontané en pondération T1, posant le pro-
il ne faut pas oublier que de nombreuses autres lésions et blème du diagnostic différentiel entre CHC bien différencié
pseudolésions ont un aspect hypervascularisé au temps arté- ou nodule dysplasique de haut grade [40]. Dans une étude
riel ; 87 % des nodules hypervascularisés de moins de 2 cm portant sur 189 patients cirrhotiques, Shimizu et al. ont
découverts sur un foie de cirrhose ne sont pas des CHC. suivi 43 nodules en hypersignal T1 spontané. Les lésions
À l'inverse, le profil vasculaire typique du CHC, associant en hypersignal T1 sans rehaussement artériel n'étaient pas
rehaussement artériel précoce et lavage au temps portal au final des CHC [41]. Le problème essentiel des nodules
et/ou tardif, ne représente pas la totalité des CHC. Le CHC spontanément en hypersignal T1 reste l'évaluation de leur
infiltrant est le plus souvent faiblement vascularisé. rehaussement après injection de produit de contraste.
L'hypersignal T1 est parfois associé à une bonne différencia-
Points clés tion des nodules de CHC [42, 43] (fig. 31.7).
La présence d'un discret hypersignal T2 au sein d'un
Tous les nodules hypervasculaires ne sont pas des CHC, ce
nodule sur foie de cirrhose suggère une transformation vers
■
Fig. 31.5 Patient de 68 ans, IRM hépatique, retrouvant un foie dysmorphique. Présence de deux lésions nodulaires des secteurs postérieurs
du foie droit en hypersignal T2 hétérogène (a), hyposignal T1 avec des plages spontanément hyperintenses (b, c), avec un faible rehaussement
hypervasculaire en phase artérielle (d) avec lavage au temps portal (e), en hypersignal franc en diffusion (une valeur de b = 100 s. mm–2) (f). À noter
la diminution du signal hépatique sur la séquence in phase (b) par rapport à la séquence out phase (c) : surcharge hépatique ferrique modérée.
Chapitre 31. IRM du carcinome hépatocellulaire 529
Fig. 31.6 IRM hépatique chez un patient de 74 ans. Foie dysmorphique avec un nodule du segment 2, de 15 mm, en hypersignal diffusion à
b : 100 (a, tête de flèche), hypervasculaire au temps artériel tardif (flèche en b), avec wash-out au temps portal (flèche en c) et hypovasculaire lors
de la phase hépatobiliaire acquise 90 minutes après injection de Gd-BOPTA (cercle en d) : aspect caractéristique d'un petit CHC.
a b c
d e
Fig. 31.7 Dépistage de CHC chez un patient de 55 ans avec cirrhose postvirale C. IRM hépatique, coupe axiale, nodule en hypersignal T1 spon-
tané correspondant à un CHC bien différencié : hypersignal T1 (flèche) spontané du CHC sur l'acquisition en phase (a), chute du signal sur l'acquisition
en opposition de phase (flèche en b), hypervasculaire (tête de flèche en c) avec lavage au temps portal (d), avec un ADC restreint (cercle en e).
Tableau 31.1 Comparaison des lésions vues à l'IRM avec l'analyse anatomopathologique du foie explanté.
Auteurs N CHC/N total Sensibilité Sensibilité en fonction de la taille de la lésion (%) Spécificité (%) VPP (%)
globale (%)
≤ 1 cm 1–2 cm ≥ 2 cm
Krinsky et al., 2001 [46] 10/71 53 ND ND ND 83 ND
Rode et al., 2001 [47] 6/43 77 71 80 100 57 ND
Burrel et al., 2003 [48] 29/50 76 34 89 100 ND 87
Bhartia et al., 2003 [49] 14/31 78 38 92 91 ND 54
Teefey et al., 2003 [50] 9/25 77 ND ND ND ND 74
VPP : valeur prédictive positive.
530 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
Interprétation
Probablement malin,
LR- LR- LR-M
mais non CHC
Bourgeon tumoral
LR-V
portal
LR-4
Capsule Un LR-3 LR-4 LR-4 LR-5
LR-5*
Croissance
≥ deux LR-4 LR-4 LR-4 LR-5 LR-5
rapide
Fig. 31.8 LI-RADS selon l'ACR. *Observations dans cette cellule classée LR-4 excepté les situations suivantes : LR-5 g, si augmentation du dia-
mètre lésionnel ≥ 50 % ; LR-5us : s'il y a conjointement un wash-out et une cible visible en échographie. (D'après http://nrdr.acr.org/lirads.)
Chapitre 31. IRM du carcinome hépatocellulaire 531
Il existe cinq catégories principales LI-RADS, résumées Tableau 31.3 Critères ancillaires orientant soit vers
dans le tableau 31.2. la malignité, soit vers la bénignité.
Les critères LR 5us et 5 g (voir tableau 31.2) sont utilisés
pour les nodules mesurant entre 10 et 19 mm, avec un seul Orientation vers la malignité Orientation vers la bénignité
critère. Hypersignal T2 modéré Hypersignal T2 marqué
L'étape initiale est de retenir le diagnostic de masse. Selon Restriction de la diffusion Vaisseaux non déformés
la terminologie LI-RADS, une masse correspond à une lésion
Rehaussement en couronne Rehaussement semblable au
nodulaire qui occupe l'espace ou infiltre le parenchyme ou (corona) pool sanguin
envahit les veines. Les lésions non masses sont les troubles
perfusionnels, les pseudomasses hypertrophiques, ou la stéa- Architecture en mosaïque Réduction du diamètre
tose focale. Ensuite, il s'agit d'éliminer une autre cause de can- Architecture avec nodule Stabilité lésionnelle ≥ 2 ans
cer, par exemple un cholangiocarcinome, un lymphome ou interne
une métastase. La recherche d'une extension vasculaire por- Graisse intralésionnelle Hypo-intensité de signal
tale constitue le troisième temps de l'analyse. En cas de bour- marquée en T2 ou T2*
geon tumoral portal, il s'agit d'une maladie classée LR 5 V. Épargne ferrique lésionnelle
Cinq critères majeurs sont à analyser :
Épargne stéatosique lésionnelle
■ rehaussement artériel ;
■ diamètre lésionnel ; Produits de dégradation
■ présence d'un wash-out ; sanguin
■ présence d'une capsule : il s'agit d'un rehaussement annu- Croissance diamètre inférieur
laire péritumoral visible au temps tardif ; au seuil
■ croissance significative : majoration minimale de 5 mm
et une croissance ≥ 50 % entre deux examens séparés de
6 mois. Tableau 31.4 Conduites à tenir pour les lésions
Le nombre de critères majeurs observés (aucun, un, deux selon le LI-RADS.
ou plus), la taille et le rehaussement artériel permettent de LR1 Certainement bénin Surveillance de routine
stratifier le risque de CHC. L'adjonction de critères mineurs
permet ensuite d'affiner la catégorie retenue pour le CHC, LR2 Probablement bénin Surveillance de routine
en sachant que la catégorie LR 5 est réservée aux nodules LR3 Probabilité intermédiaire Suivi variable
pour lesquels le diagnostic de CHC est certain. de CHC
Le tableau 31.3 apporte des critères ancillaires orientant LR4 Probablement CHC Suivi rapproché, imagerie
soit vers la malignité, soit vers la bénignité. additionnelle, biopsie ou
Cette classification LI-RADS propose des conduites à traitement
tenir (tableau 31.4). LR5 Certainement CHC Traitement sans biopsie,
staging radiologique
Bilan d'extension du CHC LR5 V Certainement CHC avec un Traitement sans biopsie,
bourgeon tumoral portal staging radiologique
La présence d'extension tumorale locale, régionale ou à
distance est également un facteur pronostique important. LR5 traité CHC traité Suivi rapproché pour
évaluer la réponse
L'IRM a un rôle clé dans l'évaluation locale et locorégionale
ganglionnaire. Le scanner thoraco-abdomino-pelvien per- OM « Other malignancy » Suivi rapproché, imagerie
met rapidement d'établir ce bilan d'extension. Il est ensuite additionnelle, biopsie ou
traitement
classé selon les stades TNM (tableau 31.5).
532 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
Tous les deux se caractérisent par une distribution vasculaire Plus de 80 % des CHC sont en hyposignal en phase tar-
puis interstitielle. Leur captation hépatocytaire tardive est dive hépatocytaire car ne présentant pas d'hépatocytes fonc-
ensuite médiée par le transporteur OATP 1 (organic anion- tionnels ; 10 à 20 % des CHC sont iso/hypersignal en phase
transporting polypepide 1). Ils entraînent un raccourcisse- tardive (par surexpression d'OATP 1). Le rehaussement
ment du temps de relaxation en pondération T1. En France, tardif en phase hépatocytaire est lié à la présence de lacs
seul le Gd-BOPTA à l'AMM en 2017. Son excrétion biliaire biliaires. Les lésions bien différenciées se rehaussent plus
est plus faible (5 %) que celle du Gd-EOB-DTPA (50 %). que les CHC non différenciés [70, 71] (fig. 31.10 et 31.11).
a b
c d
Fig. 31.10 Cirrhose alcoolique chez un patient de 58 ans. IRM hépatique, coupes axiales : nodule sous-capsulaire du segment 3 en hypersignal
T2 tissulaire (a), en hypervasculaire (b), avec un lavage (c) et isosignal au parenchyme hépatique lors de la phase hépatobiliaire 90 minutes après
injection de Gd-BOPTA (d). L'analyse anatomopathologique de l'explant confirme qu'il s'agit d'un CHC bien différencié.
a b c
d e f
Fig. 31.11 Cirrhose postvirale B chez un patient de 64 ans. IRM hépatique, coupes axiales, nodule du segment 5 en hypersignal T2 tissulaire
(a), en hypersignal diffusion (b, valeur de b : 100 s. mm–2), avec un ADC restreint (c), au profil vasculaire typique : wash-in (flèche en d) et wash-out
(flèche en e), en hyposignal par rapport au parenchyme adjacent lors de l'acquisition à la phase hépatocytaire 90 minutes après injection de produit
de Gd-BOPTA (tête de flèche en f). L'analyse anatomopathologique de l'explant confirme qu'il s'agit d'un CHC peu différencié.
534 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
Le défaut de rehaussement lésionnel par rapport au foie spécificité de 44 % [84]. Cependant, l'analyse de l'ensemble
adjacent lors de la phase hépatocytaire après injection de des données de la littérature ne permet pas de dégager une
Gd-EOB-DTPA semble permettre une meilleure détection valeur d'ADC absolue autorisant une telle séparation : d'une
des CHC que l'étude conventionnelle [71]. Park et al. ont part les hétérogénéités des paramètres d'acquisition et de
montré une équivalence diagnostique entre le Gd-BOPTA et post-traitements influencent directement les valeurs des
le Gd-EOB-DTPA [72]. Le Gd-EOB-DTPA peut également ADC observés ; d'autre part, il existe dans toutes les études
permettre d'approcher la différenciation du CHC, chez les un chevauchement marqué des valeurs d'ADC entre lésions
patients stade Child A [73]. Martino rapporte une améliora- bénignes et lésions malignes.
tion significative de la sensibilité et de la spécificité de l'IRM En revanche, l'imagerie de diffusion est utile pour le suivi
avec étude de la phase hépatocytaire [74]. Pour Taouli et al., post-thérapeutique des CHC : Kokabi et al. ont montré
le Gd-EOB-DTPA permet une meilleure détection des petits qu'une valeur d'ADC baseline < 0,83 10–3 mm2.s–1 était un
CHC chez les patients cirrhotiques (la sensibilité croît de prédicteur positif de survie et de réponse à 1 et 3 mois [85].
78,3 % à 90,9 %, p < 0,01) [75].
Pour certains auteurs, l'analyse de la phase hépatocytaire
tardive après injection de Gd-EOB-DTPA doit s'intégrer Imagerie métabolique
dans l'algorithme diagnostique du CHC, notamment pour Rappels sur la tomoscintigraphie par émissions
les nodules gardant un profil vasculaire atypique en scan- de positons
ner ou IRM [76]. Récemment, Kim et al. ont montré que La tomographie par émission de positons (TEP) repose sur
les nodules non hypervasculaires, en hyposignal T2 mais l'injection intraveineuse d'un traceur radioactif émetteur de
en hyposignal sur la phase hépatocytaire, avaient un risque positons. La désintégration de cette molécule radioactive
d'apparition d'une hypervascularisation de 23,7 % lors d'un s'accompagne de l'émission de positons dont l'annihilation
suivi de 3 ans, nécessitant un suivi diagnostique plus sou- s'accompagne de l'émission de 2 photons coïncidents de
tenu [77]. 511 kev détectés par une couronne détecteur selon une ligne
La phase hépatocytaire a également un rôle prédictif de de réponse et une fenêtre de coïncidence. Un scanner est cou-
récidive locale tumorale après traitement percutané par plé à la TEP (TEP/TDM) pour permettre une correction de
radiofréquence. Les paramètres prédictifs négatifs sont la l'atténuation des photons dans les tissus par l'intermédiaire
taille de la tumeur, l'hypo-intensité périlésionnelle en phase d'une cartographie d'atténuation et pour fournir une infor-
hépatocytaire et les contours irréguliers [78]. L'apport des mation anatomique complémentaire. Le principal radio-iso-
séquences de diffusion est toujours discuté [79]. tope émetteur de positons utilisé en TEP est le fluor 18.
a rapporté une sensibilité augmentée à 76 % lorsqu'on ne Les premières études réalisées avec un autre traceur du
considère que les CHC moyennement à peu différenciés métabolisme lipidique, l'acétate marqué au Carbone 11
[90]. Il a donc été proposé d'utiliser la TEP au 18F-FDG pour (traceur non disponible en pratique courante en raison de
sélectionner les patients candidats à une transplantation et sa période courte), ont montré une fixation inverse du 18F-
présentant un faible risque de récidive sur greffon. Dans FDG et du 11C-acétate en fonction du grade de différencia-
une étude rétrospective sur 59 patients greffés, un rapport tion des CHC [93].
des SUVmax (valeur rendant compte du degré de fixation Une étude plus récente sur 121 patients [94] comparant
d'une région d'intérêt) tumeur/foie sain < 1,15 était associé les performances de la TEP au 18F-FDG, au 11C-acétate,
à une survie sans récidive de 97 % à 1 an contre 57 % en cas et de la combinaison des deux a rapporté des sensibilités
de rapport tumeur/foie sain ≥ 1,15 (p < 0,0001) [91]. Une de détection du CHC respectives de 60,9 %, 75,4 % et de
étude prospective plus récente incluant 191 patients après 82,7 %. La fixation en 18F-FDG était significativement asso-
transplantation a montré une survie globale à 3 ans signifi- ciée à des critères péjoratifs comme un taux élevé d'AFP, un
cativement plus élevée chez les patients négatifs en 18F-FDG stade avancé, une thrombose portale, ainsi qu'a des lésions
(89,8 % de survie chez les patients FDG – contre 65,5 % chez multiples et de grande taille. La fixation en 11C-acétate était
les patients FDG + en prétransplantation) et a démontré que elle corrélée à la taille et au nombre de lésions.
la TEP au 18F-FDG était un facteur indépendant de récidive La TEP à la 18F-FCH (traceur qui se comporte comme
précoce (inférieure à 6 mois post-transplantation) [92]. le 11C-acétate) pourrait donc être utile dans les indica-
La TEP au 18F-FDG aurait donc un intérêt pour la sélec- tions où le 18F-FDG est peu sensible. Talbot et al. [95]
tion des patients qui répondent aux critères de Milan afin de rapportent chez 81 patients une sensibilité de 88 % avec la
recevoir un greffon hépatique, car sa positivité mettrait en 18F-FCH versus 68 % avec le 18F-FDG (p = 0,07) pour la
évidence les patients à risque de récidive en étant fortement détection des nodules de CHC, avec une sensibilité attei-
associée à la sortie de liste de transplantation hépatique pour gnant même 94 % pour la 18F-FCH dans les formes bien
progression tumorale et à des caractéristiques histologiques différenciées. Ainsi, le FCH-TEP/CT pourrait être plus
plus péjoratives (fig. 31.12). sensible que le 18F-FDG-TEP/CT dans la détection du
CHC chez les patients avec un petit nombre de nodules,
TEP à la 18F-fluorocholine (18F-FCH) en raison du caractère différencié des tumeurs (fig. 31.13
La choline est un composant essentiel des phospholipides et 31.14). Il est intéressant de noter que, dans cette étude,
membranaires. Son transport intracellulaire est spécifique la positivité en 18F-FCH était définie pour une hyperfixa-
grâce à la présence de cholines transporteurs. La FCH est tion du nodule par rapport au foie sain (fixation physio-
incorporée dans la cellule par des transporteurs spécifiques logique élevée du traceur au niveau du foie sain), mais
sodium-dépendants et indépendants ; elle est ensuite trans- également pour un pattern hypofixant en 18F-FCH/hyper-
formée par la choline kinase en phosphofluorocholine puis fixant en 18F-FDG correspondant à des lésions dédiffé-
par la phospholipase C pour être intégrée aux phospholi- renciées ayant perdu la capacité de fixer la 18F-FCH des
pides membranaires. Le mécanisme exact de l'augmentation cellules hépatiques saines.
de la concentration intracellulaire de la choline et de ses
analogues en pathologie tumorale est mal connu.
■ le CHC sur foie non cirrhotique existe, même s'il est `` Conclusion
moins fréquent. Il nécessite la réalisation d'une biop-
sie quels que soient sa taille ou le profil vasculaire afin Le CHC, sixième cancer dans le monde, représente 90 % des
d'éliminer d'autres lésions malignes comme notamment cancers primitifs du foie et est responsable annuellement
le cholangiocarcinome ou des lésions de type adénomes d'un million de décès par an. L'imagerie, notamment l'IRM,
hépatocellulaires ; est primordiale pour le diagnostic, le bilan d'extension et le
■ les CHC hypovasculaires représentent 10 à 15 % des suivi du CHC. Le CHC est le seul cancer dont le diagnostic
CHC [90]. Ils ne peuvent être diagnostiqués de façon peut être porté de façon non invasive sur des critères d'ima-
non invasive. Toutefois, ils correspondraient le plus gerie fondés sur la taille et le profil vasculaire des nodules.
souvent à de petits CHC et des CHC bien différenciés Ces critères diagnostiques EASL et AASLD sont validés uni-
[100]. quement sur foie cirrhotique.
Tous les CHC ne présentent pas un profil vasculaire Le second objectif pour l'imagerie est de participer au
typique. C'est particulièrement le cas des petits CHC de choix du projet thérapeutique en cherchant des facteurs
moins de 20 mm, qui représentent pourtant, fort heureu- de récidive tumorale après transplantation hépatique déjà
sement, la majorité des nodules détectés lors du dépis- accessibles en imagerie, à savoir la taille des nodules, leur
tage semestriel du patient cirrhotique [101]. Ces critères nombre, l'existence d'une invasion portale macroscopique
dits « non invasifs » sont donc paradoxalement fréquem- ou de nodules satellites.
ment pourvoyeurs de biopsies percutanées. Le risque Les deux autres critères majeurs anatomopathologiques
de dissémination tumorale sur le trajet de ponction a de mauvais pronostic que sont la micro-invasion vascu-
été récemment évalué sur une méta-analyse à moins de laire portale et la différenciation tumorale sont des enjeux
3 % en sachant que les métastases pariétales sont le plus majeurs pour l'imagerie, notamment fonctionnelle (diffu-
souvent curables [102]. Reste que la biopsie percutanée sion et produit de contraste spécifique).
a elle-même ses limites puisque le risque de faux néga-
tif au décours d'une première biopsie pour les nodules
mesurant entre 1 et 2 cm s'élève à 30 % [100]. Ainsi, une Références
première ponction biopsie hépatique négative n'élimine [1] Ferlay J, Shin HR, Bray F, et al. Estimates of worldwide burden
pas le CHC. of cancer in 2008 : GLOBOCAN 2008. Int J Cancer 2010 ; 127 :
Si la biopsie est indiquée, que faire en l'absence de 2893–917.
cible échographique ? En pratique clinique, une surveil- [2] El-Serag HB. Hepatocellular carcinoma : an epidemiologic view.
lance rapprochée des petits nodules est le plus souvent J Clin Gastroenterol 2002 ; 35 : S72–8.
proposée. En effet, d'une part les nodules indétermi- [3] el-Serag HB. Epidemiology of hepatocellular carcinoma. Clin Liver
nés inférieurs à 2 cm peuvent toujours être traités 6 à Dis 2001 ; 5. 87-107-vi.
12 mois après leur visualisation [103]. D'autre part, Choi [4] Llovet JM, Bruix J. Novel advancements in the management of
hepatocellular carcinoma in 2008. J Hepatol 2008 ; 48(Suppl 1) :
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S20–37.
sur l'éligibilité des stratégies curatives de 166 patients [5] Simonetti RG, Camma C, Fiorello F, et al. Hepatocellular carcinoma.
en attente de transplantation hépatique chez qui un A worldwide problem and the major risk factors. Dig Dis Sci 1991 ;
nodule de CHC avait été manqué sur une IRM préalable. 36 : 962–72.
Leur constatation était que le temps de doublement du [6] Di Bisceglie AM. Epidemiology and clinical presentation of hepato-
diamètre du CHC était de 856 jours, 285 jours pour le cellular carcinoma. J Vasc Interv Radiol 2002 ; 13 : S169–71.
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■
Le diagnostic non invasif du CHC sur foie de cirrhose ou en 1475–83.
cas d'hépatopathie chronique virale B est possible. [11] Gouw ASH, Balabaud C, Kusano H, et al. Markers for microvascu-
■
Un nodule supracentimétrique avec un profil vasculaire lar invasion in hepatocellular carcinoma : where do we stand ? Liver
typique doit être considéré comme un CHC. Transpl 2011 ; 17(Suppl 2) : S72–80.
■
Tous les CHC ne présentent pas un profil vasculaire typique. [12] Chou CT, Chen RC, Lee CW, et al. Prediction of microvascular
En cas de nodule atypique sur foie cirrhotique, sa visibilité en invasion of hepatocellular carcinoma by pre-operative CT ima-
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Chapitre
32
Voies biliaires : lithiase,
inflammation, malformation
et cholangiocarcinome
M. Ronot, J. Benzimra, V. Vilgrain
PLAN DU CHAPITRE
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 541 Malformations biliaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 546
Considérations techniques : l'exploration Pathologie inflammatoire. . . . . . . . . . . . . . . . . 548
des voies biliaires par IRM. . . . . . . . . . . . . . . . . 541 Pathologie tumorale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 551
Considérations sémiologiques et sémantiques. 542 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 554
Pathologie lithiasique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 542
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
© 2017, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 541
542 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
■ tout d'abord des séquences que l'on peut qualifier de connue, la caractérisation motive la réalisation des autres
conventionnelles, réalisées habituellement au cours de séquences (diffusion, pondération T2, injection, etc.). Enfin,
l'exploration du foie qui se focalisent sur l'analyse de la les séquences avec injection d'agent de contraste à élimina-
paroi biliaire, du parenchyme hépatique et, à moindre tion biliaire sont essentiellement réalisées en cas d'explora-
degré, du contenu biliaire. Ce groupe comprend : tion des plaies ou fuites biliaires, ou pour rechercher une
– les séquences écho de gradient 3D pondérées en T1 communication d'une lésion avec l'arbre biliaire.
avec saturation du signal de la graisse. Il est impor- Il peut être intéressant de supprimer le signal du liquide
tant de réaliser ces séquences sans injection d'agent digestif lors d'une exploration des voies biliaires, notamment
de contraste, notamment parce que les calculs intra- pour l'analyse de la voie biliaire principale. On propose alors
hépatique sont souvent spontanément hyperintenses. un agent de contraste oral ou l'ingestion d'un liquide para-
L'injection d'un agent gadoliné extracellulaire est alors magnétique (produit de contraste gadoliné dilué dans de
possible dans un second temps, l'exploration se fai- l'eau, ou plus simplement jus de fruits riches en manganèse
sant par des acquisitions multiphasiques classiques. [myrtille ou ananas]), ou encore thé noir).
Ces séquences permettent d'analyser la morpholo-
gie du foie et de rechercher la présence de calculs
intrahépatiques ; Considérations sémiologiques
– les séquences écho de spin en pondération T2, et sémantiques
acquises dans un plan axial et plus rarement coronal.
Le signal de la graisse peut être saturé ou non. Elles L'analyse des voies biliaires repose sur des signes simples qui
permettent également l'analyse de la morphologie et doivent être bien identifiés et décrits. Ce sont leur associa-
du parenchyme hépatique ; tion spatiale et leur évolution temporelle qui définissent des
– les séquences echo planar pondérées en diffusion. Elles cadres sémiologiques. Ainsi, nous préconisons l'utilisation
sont d'introduction plus récente dans l'exploration de de termes précis et d'éviter les termes « arbre mort », « irré-
la pathologie biliaire et surtout intéressantes en patho- gularité », « collier de perle ». Les principales anomalies mor-
logie tumorale. Leur acquisition peut être réalisée phologiques peuvent être décrites sous les termes suivants :
en apnée, en synchronisation avec la respiration ou ■ sténose lorsque la lumière d'une voie biliaire est focale-
encore en respiration libre. ment rétrécie. Les sténoses peuvent être uniques ou bien
■ ensuite, et c'est fondamental, des séquences destinées à multiples, courtes (< 2 mm de long), intermédiaires, ou
montrer la lumière biliaire (séquences dites « cholangio- longues (> 10 mm), modérées ou sévères (< ou > 75 % du
graphiques »). On compte dans ce groupe des séquences calibre) ;
très pondérées en T2 : ■ dilatation lorsque la lumière d'une voie biliaire est élargie.
– séquences 3D acquises idéalement dans un plan coro- La dilation peut être unique ou multiple, minime, modé-
nal. Ces séquences sont supérieures aux acquisitions rée ou sévère, diffuse ou focale ;
2D mais sont plus longues, souvent plus artéfactées et ■ lacune(s) lors qu'il existe un (des) défec t(s)
nécessitent une analyse conjointe des reformatages et endoluminal(ux) focal(ux) non rehaussé(s) et potentiel-
des images natives en coupes fines ; lement mobile(s). Ces lacunes correspondent le plus sou-
– séquences 2D radiaires acquises dans des plans vent à des calculs mais aussi à du sludge, des bulles de gaz
obliques en coupe épaisse. Elles sont souvent réali- ou de l'hémobilie.
sées de façon systématique et permettent une analyse Dans tous le cas, la localisation proximale ou distale, le
dynamique si nécessaire, par exemple pour analyser le caractère uni- ou multifocal, l'atteinte intrahépatique, extra-
sphincter d'Oddi. hépatique ou mixte doivent être précisés. Il faut par ailleurs
■ enfin, plus rarement, des séquences avec injection analyser conjointement le foie et le parenchyme hépatique
d'agents de contraste à élimination biliaire qui sont pour rechercher des signes ancillaires et le retentissement
pour partie captés par les hépatocytes fonctionnels puis potentiel des atteintes biliaires chroniques sur le foie :
excrétés dans les voies biliaires. Il existe deux agents de ■ dysmorphie ou non, de présentation variable ;
contraste « hépatobiliaires » : le gadobénate diméglu- ■ homogénéité ou hétérogénéité spontanée du paren-
mine ou Gd-BOPTA (Multihance®, Bracco Imaging) et chyme, notamment en pondération T2 ;
le gadoxétate disodium également appelé acide gadoxé- ■ rehaussement de la paroi biliaire et du parenchyme hépa-
tique ou Gd-EOB-DTPA (Primovist®, Eovist, Bayer). tique péribiliaire en précisant à quel temps d'acquisition,
En France, en 2017, seul le gadobénate diméglumine est et l'intensité de la prise de contraste ;
disponible. L'exploration des voies biliaires se fait alors ■ lésion hépatique focale, en précisant sa nature ;
par l'analyse d'une phase très tardive (acquise entre 1 et ■ hypertension portale ou non.
3 heures après l'injection du Gd-BOPTA et à partir de
20 minutes avec le Gd-EOB-DTPA).
Dans le cas où les anomalies biliaires sont inconnues,
Pathologie lithiasique
par exemple lors d'un premier bilan d'altération du bilan La lithiase biliaire correspond à la production de calculs
biologique hépatique, la « détection » des anomalies peut vésiculaires ou biliaires de taille, nombre et composition
ne reposer que sur les images de cholangiographie et sur variables. La physiopathologie dépend de la composition
la séquence 3D pondérée en T1 avec saturation du signal des calculs, mais est souvent complexe et multifactorielle,
de la graisse sans injection. En revanche, en cas de détec- associant à des degrés variables bile lithogène (congénitale
tion d'une anomalie ou lors du suivi d'une atteinte biliaire ou acquise), stagnation biliaire et infection plus ou moins
Chapitre 32. Voies biliaires : lithiase, inflammation, malformation et cholangiocarcinome 543
chronique. C'est une pathologie très fréquente, avec une les performances de l'IRM dans l'analyse des voies biliaires
prévalence évaluée entre 10 et 20 % de la population géné- est excellente, ce n'est pas un examen de première inten-
rale dans les pays occidentaux (tableau 32.1), et une associa- tion. C'est l'échographie abdominale qui est le plus souvent
tion avec l'âge. réalisée car performante, accessible, peu coûteuse et non
En ce qui concerne les calculs vésiculaires, dans la grande invasive. L'IRM est un examen de seconde ligne, surtout
majorité des cas (> 80 %), les calculs sont asymptomatiques indiquée dans la lithiase intrahépatique, de la voie biliaire
[1]. Dans le cas contraire, les complications et symptômes principale ou lorsque la lithiase complique une maladie
associés sont nombreux : simples crises douloureuses, biliaire.
complications infectieuses comme la cholécystite aiguë ou
l'angiocholite, pancréatite aiguë biliaire, dégénérescence
tumorale, etc. La discussion exhaustive de ces affections
Sémiologie IRM de la lithiase biliaire
dépasse très largement le cadre de ce chapitre. Retenons tou- En IRM, la bile est habituellement hypo-intense en pondé-
tefois que les calculs asymptomatiques ne nécessitent pas de ration T1 et hyperintense en pondération T2 du fait de sa
traitement, alors que la survenue d'une complication motive composante principalement liquidienne. Chez le sujet sain,
la résection chirurgicale de la vésicule, appelée cholécystec- la bili-IRM montre de façon constante les voies biliaires
tomie. Il est donc important que l'imagerie affirme ou non depuis les canaux hépatiques segmentaires jusqu'à l'am-
la présence de calculs biliaires en présence de symptômes poule de Vater. La vésicule biliaire est également visualisée
évocateurs. alors que le canal cystique n'est correctement individualisé
La lithiase intrahépatique se définit par la présence de que chez 75 % des patients. En cas de bile très concentrée ou
matériel lithiasique dans les voies biliaires intrahépatiques saturée, le signal peut devenir spontanément h yperintense
en amont de la convergence biliaire supérieure, indépen-
damment de la présence de calculs dans la vésicule ou
la voie biliaire principale. En Asie, c'est une affection fré- Tableau 32.2 Critères diagnostiques du syndrome
LPAC (low phospholipid associated cholelithiasis)
quente, le plus souvent d'origine infectieuse et conduisant à (d'après Rosmorduc et al. et Ziol et al. [4, 5]).
la formation de calculs pigmentaires. En Occident, c'est une
affection beaucoup plus rare, qui représente environ 1 % de Critères majeurs
l'ensemble des calculs biliaires. Les calculs sont alors le plus Symptômes biliaires avant l'âge de 40 ans
souvent cholestéroliques. Une forme importante à connaître Récidive des symptômes après cholécystectomie
est la lithiase intrahépatique entrant dans le cadre du syn- Matériel hyperéchogène/artéfact en queue de comète dans les
drome LPAC (low phospholipid associated cholelithiasis), voies biliaires intrahépatiques
liée à des mutations du gène ABCB4, entraînant un déficit Critères mineurs
en protéine MDR3 [3]. La bile est alors saturée en acides Cholestase modérée
biliaires libres et en cholestérol, ce qui entraîne la formation ≥ 1 épisode de colique hépatique, angiocholite ou pancréatite
de calculs et une agression chroniques des voies biliaires. Le aiguë
diagnostic repose sur l'association de signes clinicobiolo- Apparition des symptômes au décours d'une grossesse
giques et radiologiques (tableau 32.2). Efficacité de l'acide ursodésoxycolique (Ursolvan®) sur
Dans tous les cas, la stratégie diagnostique de la lithiase symptômes/récidive
Symptôme biliaire chez un apparenté au premier degré
vésiculaire ou biliaire repose sur l'imagerie, mais, même si
Tableau 32.1 Caractéristiques des calculs et facteurs de risque (d'après Marschall et al. [2]).
Cholestérolique Pigmentaire brun Pigmentaire noir
Prévalence 80–90 % 5–10 % < 5 %
Composé principal Cholestérol 50–90 % 50 % bilirubine > 50 % bilirubine
Facteurs de risque Âge Pathologie biliaire type Caroli Cirrhose
Sexe féminin Dysérythropoïèse
Obésité Infection biliaire Crohn
Antécédents familiaux
en pondération T1. Le plus souvent, cette bile épaisse appe- malgré une forte suspicion clinique, elle doit être renouvelée
lée sludge coexiste avec une phase plus liquide et réalise ou complétée par d'autres examens, en particulier une IRM.
un niveau liquide-liquide, surtout visible dans la vésicule Cet examen permet de répondre à plusieurs questions :
(tableau 32.3). En pondération T2, les calculs apparaissent ■ recherche de calculs de la voie biliaire principale, pré-
comme des lacunes fortement hypo-intenses de taille sents chez 6 à 12 % des patients, en particulier lorsque
variable, et ce quelle que soit leur composition chimique. l'on suspecte un syndrome de migration devant l'associa-
En pondération T1, les calculs peuvent être hypo- ou hype- tion d'une élévation transitoire et marquée de l'activité
rintenses, notamment en intrahépatique, et sont alors bien sérique des transaminases et d'une cholestase biologique
visibles sur les acquisitions 3D avec saturation du signal peu marquée (voir plus loin) ;
de la graisse (fig. 32.1). C'est l'analyse précise de la forme ■ exploration de complications, même si cet examen est
et de la localisation des calculs qui aide à les différencier rarement utilisé en routine (voir plus loin) ;
d'autres images lacunaires endoluminales qui peuvent avoir ■ identification de variantes anatomiques biliaires, connues
un signal proche : caillots, matériel protéique, polypes, pour augmenter le risque chirurgical de plaie des voies
aérobilie, en particulier après un geste sur les voies biliaires, biliaires :
comme une sphinctérotomie endoscopique ou une anasto- – canal cystique d'insertion basse présentant un long
mose biliodigestive (tableau 32.4). trajet parallèle à la voie biliaire principale ;
Si des anomalies canalaires (dilatations segmentaires – canal droit aberrant.
uniques ou multiples, sténoses inflammatoires) ou paren-
chymateuses (dysmorphie) peuvent se voir dans les formes
sévères et évoluées de lithiase intrahépatique [6], il faut rete- Tableau 32.4 Différences entre calculs et autres
nir que les voies biliaires sont le plus souvent normales dans causes de vide de signal intraluminal.
la pathologie biliaire lithiasique.
Calcul Vides de signal entourés par la bile
en pondération T2
Rôle de l'IRM dans l'exploration Signal variable mais souvent
des calculs vésiculaires hyperintensité en pondération
T1 avec saturation du signal de la
L'exploration de la pathologie lithiasique vésiculaire repose graisse
sur l'échographie ; l'IRM n'est donc pas l'examen de pre- Déclivité
mière intention. Le plus souvent, devant la présence de Aérobilie Position haute
calculs vésiculaires compliqués, elle n'est d'ailleurs pas réa- Niveau hydroaérique en coupe axiale
lisée et le recours à la chirurgie se fait sans autre explora- Antécédent de geste sur les voies
tion par imagerie. En revanche, si l'échographie est négative biliaires
Polype Contact pariétal avec raccordement
en pente douce
Tableau 32.3 Causes de sludge vésiculaire. Prise de contraste
Cholécystite aiguë ou chronique Corps étranger Antécédent de geste sur les voies
Obstacle biliaire prolongé biliaires
Cirrhose décompensée Forme particulière
Hémobilie Croisement de la branche En projection de la convergence
Hémolyse droite de l'artère biliaire supérieure
Jeûne prolongé hépatique Position gauche
Nutrition parentérale totale Raccord en pente douce
Fig. 32.1 Lithiase intrahépatique dans le cadre d'un syndrome LPAC (low phospholipid associated cholelithiasis) chez une femme de
43 ans. La patiente présente des récidives de symptômes biliaires après cholécystectomie. L'IRM met en évidence de nombreux calculs intrahépa-
tiques apparaissant comme des lacunes cerclées par de la bile en pondération T2 (flèche en a), en hyperintensité en pondération T1 sans injection
avec saturation du signal de la graisse (flèche en b). Les séquences bili-IRM confirment l'empierrement des voies biliaires intrahépatiques (c).
Chapitre 32. Voies biliaires : lithiase, inflammation, malformation et cholangiocarcinome 545
L'IRM est très performante pour identifier ces variantes L'IRM est également sensible pour mettre en évidence les
mais n'est pas réalisée en routine clinique. Elle est envisa- remaniements nécrotico-hémorragiques, en particulier
gée en cas de facteurs de risque particuliers de plaie biliaire, grâce aux séquences pondérées en T1 (voir tableau 32.5).
comme une obésité ou des antécédents de chirurgie abdo- C'est toutefois un examen rarement réalisé dans ce contexte.
minale [7]. Rappelons qu'il s'agit d'une urgence vitale car, en l'absence
de traitement chirurgical, l'évolution est le plus souvent
défavorable. Enfin, d'autres présentations rares ou compli-
Rôle de l'IRM dans les formes quées existent : les formes emphysémateuses, xanthogranu-
compliquées lomateuses, les perforations, de même que les cholécystites
Hormis l'apparition de symptômes douloureux évoluant aiguës alithiasiques, mais ne sont pas du domaine de l'IRM.
par accès, les authentiques complications de la présence de Dans l'exploration des calculs migrés dans la voie biliaire
calculs vésiculaires sont de deux grands types : principale ou enclavés dans le collet vésiculaire ou le hile
■ complications infectieuses, correspondant aux différentes hépatique, l'IRM présente en revanche un intérêt en rou-
formes de cholécystite : aiguë ou chronique, simple ou tine. L'IRM a une sensibilité proche de 97 % pour le dia-
compliquée (perforation, fistules, abcès), ou encore dans gnostic de lithiase de la voie biliaire principale [11, 12]. Les
des présentations rares comme la forme gangréneuse ou principaux pièges diagnostiques sont les fausses images de
xanthogranulomateuse ; calcul comme l'aérobilie, les artéfacts de pulsation dus à
■ migration de calculs dans la voie biliaire principale, la branche droite de l'artère hépatique, les corps étrangers
surtout responsable d'un obstacle bas situé sur les voies (voir tableau 32.4), les calculs immédiatement prépapillaires
biliaires, d'angiocholite, ou de pancréatite aiguë biliaire. et les tumeurs intracanalaires. Les faux négatifs sont surtout
Une forme particulière, correspondant à l'enclavement représentés par les petits calculs (< 3 mm). Une IRM n'est
d'un calcul dans le collet vésiculaire ou le canal cystique toutefois pas réalisée systématiquement à la recherche d'un
et responsable d'une compression de la voie biliaire prin- calcul de la voie biliaire principale. En pratique, on distingue
cipale, appelé syndrome de Mirizzi, est à reconnaître. deux situations cliniques différentes :
Dans le cadre des différentes formes de cholécystite, ■ les patients ayant une indication à une cholécystectomie
le rôle de l'IRM n'est actuellement pas de premier plan et sans suspicion clinique ou biologique de calcul de la voie
c'est souvent sur le couple échographie/scannographie que biliaire principale pour lesquels aucune exploration n'est
reposent les diagnostics et la prise en charge. Devant une en général réalisée ;
cholécystite aiguë simple, si elle est réalisée, l'IRM met en ■ les patients pour lesquels il existe une suspicion de calcul
évidence des signes classiques bien décrits en échographie de la voie biliaire principale (dilatation canalaire, ano-
(tableau 32.5). L'IRM est très performante, avec une sen- malie du bilan biologique hépatique) et pour lesquels on
sibilité de 88 % et une spécificité de 89 % dans l'étude de peut réaliser une IRM.
Hakansson et al. [8]. Park et al. rapportent même une supé- Concernant le syndrome de Mirizzi, l'IRM est la meil-
riorité de l'IRM sur l'échographie pour la visualisation de leure technique d'imagerie non invasive pour identifier le
calculs enclavés [9]. niveau de l'obstruction biliaire et la localisation des calculs
Les formes gangréneuses sont suspectées chez des en dehors de la voie biliaire principale [13].
patients masculins, fragiles, âgés, immunodéprimés, ayant
de nombreuses comorbidités (notamment cardiovascu-
laires) ou encore en postopératoire, devant une forme sévère Rôle de l'IRM dans l'exploration
de cholécystite aiguë. L'échographie est moins performante des calculs intrahépatiques
et c'est bien souvent le scanner qui met en évidence l'isché- Nous avons vu qu'en France la majorité des calculs intra-
mie avec nécrose hémorragique de la paroi vésiculaire [10]. hépatiques sont cholestéroliques et souvent associés au
syndrome LPAC (voir fig. 32.1). Le diagnostic repose sur
le couple échographie/IRM, lesquelles sont très complé-
Tableau 32.5 Sémiologie IRM de la cholécystite. mentaires. En effet, la majorité des patients présentent des
Cholécystite aiguë simple formes mineures, pour lesquelles l'échographie met en évi-
dence des anomalies des petits canaux biliaires, en particu-
Calculs, souvent impactés dans le collet ou le canal cystique
Épaississement > 3 mm de la paroi vésiculaire
lier les artéfacts en « queue de comète », mais chez lesquels
Œdème de la paroi vésiculaire en hypersignal en pondération T2 l'IRM est normale.
Distension vésiculaire (diamètre > 40 mm) Lorsqu'elle est pathologique, l'IRM montre une atteinte
Œdème périvésiculaire et/ou liquide périhépatique (hypersignal souvent diffuse mais qui peut parfois être limitée à un sec-
en pondération T2) teur ou à un segment. Sugiyama et al. rapportent des sen-
Cholécystite aiguë gangréneuse sibilité et spécificité de 97 et 99 % pour le diagnostic de
Épaississement irrégulier et asymétrique de la paroi vésiculaire
lithiase intrahépatique [14]. Une dilatation modérée des
Ulcérations pariétales = zones hyperintenses en pondération T2 voies biliaires est parfois présente. Rarement, les dilatations
Hémorragie intramurale = hyperintensités focales en sont plus sévères (< 10 %) [6]. Le diagnostic différentiel des
pondération T1 franches dilatations associées au syndrome LPAC est prin-
Nécrose pariétale = défaut de rehaussement après injection cipalement la maladie de Caroli, qui a des caractéristiques
Collections liquidiennes périvésiculaires spécifiques, telles que le « signe de point central », ou l'as-
Abcès
pect kystique des dilatations (voir plus loin). De même, des
546 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
Fig. 32.2 Maladie de Caroli chez une femme de 43 ans. Les images pondérées en T2 montrent de nombreuses dilatations kystiques des voies
biliaires au sein desquelles on observe des ponts hypo-intenses (flèches en a), correspondant au signe de point ou dot sign. Les images pondérées en
T1 avec saturation du signal de la graisse sans injection ne mettent pas en évidence de calcul mais confirment ces bandes intrakystiques (flèches en b).
Chapitre 32. Voies biliaires : lithiase, inflammation, malformation et cholangiocarcinome 547
que le parenchyme hépatique est normal. On parle alors Ces lésions exposent à un risque de dégénérescence (envi-
de dilatation kystique congénitale du cholédoque. Ce sont ron 50 % après 50 ans) et justifient une résection complète
des lésions très rares dans les pays occidentaux, avec une de la dilatation kystique. L'IRM est un examen important
incidence de 1 pour 50 000 à 1 pour 200 000 naissances pour décrire précisément les anomalies et classer les lésions
[18]. Chez l'enfant, les lésions sont souvent découvertes selon la classification de Todani. Elle recherche également
de manière fortuite, alors que chez l'adulte ce sont souvent une anomalie de la jonction biliopancréatique associée.
des tableaux douloureux (80 %) ou septiques (35 %) qui
conduisent au diagnostic. La présence de calculs intrakys-
tiques est retrouvée dans environ 30 % des cas [19]. Anomalies de la jonction
Todani et al. distinguent classiquement cinq types [20] : biliopancréatique
■ type I : dilatation fusiforme exclusivement extrahépa-
Normalement, le canal pancréatique principal et la voie
tique, avec une atteinte plus ou moins étendue de la
biliaire principale s'abouchent dans le duodénum ensemble
convergence biliaire supérieure. C'est la forme la plus
dans la papille majeure. Un canal commun biliopancréa-
fréquente chez l'enfant (fig. 32.3) ;
tique est présent chez environ 30 à 75 % des sujets [21].
■ type II, correspondant à un diverticule du canal hépa-
La jonction du canal pancréatique principal et du cholé-
tique commun sacciforme ;
doque est intrasphinctérienne, avant la papille. Le critère
■ type III, correspondant à un diverticule de la terminaison
habituellement retenu pour l'anomalie de la jonction bilio-
du cholédoque ; on parle également de cholédococèle ;
pancréatique est la présence d'un canal commun anorma-
■ type IV, associant un kyste de la voie biliaire extrahépa-
lement long, supérieur par définition à 15 mm (fig. 32.3).
tique et une dilatation des canaux hépatiques droit et/ou
Par conséquent, la jonction est localisée en position extras-
gauche. C'est la forme la plus fréquente chez l'adulte ;
phinctérienne. Cette anomalie est retrouvée dans moins de
■ type V, correspondant à la maladie de Caroli (voir plus
5 % dans la population générale.
haut).
a c
b
Fig. 32.3 Dilatation kystique congénitale du cholédoque de type I selon la classification de Todani chez un homme de 27 ans. Les
images pondérées en T2 en coupes axiales (a) et coupe coronale épaisse (b) montrent une dilatation fusiforme de la voie biliaire principale à
contenu liquidien. Il existe également un canal biliopancréatique long (ligne pointillée en b) correspondant à une anomalie associée de la jonction
biliopancréatique type II selon Kimura. (c) Schéma résumé des lésions.
548 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
Kimura et al. ont décrit deux grandes formes [22] : Cholangite sclérosante primitive (CSP)
■ type I ou A, dans lequel le canal pancréatique s'abouche Il s'agit d'un cadre pathologique très complexe, regroupant
dans la voie biliaire. Il représente environ 5 % des cas ; probablement plusieurs maladies du sujet jeune, masculin
■ type II ou B, dans lequel le canal biliaire s'abouche au dans 7 cas sur 10, dont la cause exacte n'est pas connue et
canal pancréatique ; cette anomalie est plus fréquente dont l'évolution est variable. Elle est très fréquemment asso-
(95 % des cas). ciée à une maladie inflammatoire chronique de l'intestin
Cette classification a été subdivisée par Komi et al. en (MICI), une rectocolite hémorragique (RCH) le plus souvent
neuf sous-types groupés en trois catégories [23]. L'IRM est [26]. La prévalence de la CSP serait de 1 à 6 %. L'évolution
l'examen sur lequel repose la cartographie précise de ces de la CSP et de la MICI se fait habituellement vers l'aggrava-
anomalies. La répétition des acquisitions centrées sur la tion, chacune pour leur propre compte. Cependant, environ
jonction peut être nécessaire. Par ailleurs, une IRM normale un patient sur deux présente une maladie stable.
permet d'éliminer le diagnostic. Le diagnostic repose sur l'association de quatre types de
L'anomalie de la jonction biliopancréatique expose à signes clinicomorphologiques :
un risque de pancréatite aiguë, mais surtout de dégénéres- ■ une cholestase ;
cence de l'épithélium biliaire, dont la fréquence dépend de ■ une anomalie des voies biliaires intra- et extrahépatiques
la présence ou non d'une dilatation kystique cholédocienne en imagerie, en particulier en IRM qui est l'examen clé
associée, retrouvée dans 30 à 100 % selon les séries [24]. À de l'exploration des atteintes inflammatoires des voies
titre d'exemple, l'observatoire japonais des anomalies de la biliaires ;
jonction biliopancréatique rapporte un risque de dégénéres- ■ une cholangite fibreuse ou oblitérante en histologie ;
cence de 13 % ou 40 % en cas de présence ou non d'une ■ l'association à une autre maladie, en particulier une
dilatation kystique associée. À noter que la vésicule est dans MICI.
tous les cas le site de prédilection du développement du can- La présence de deux de ces quatre critères (dont au moins
cer (70 % sans anomalie kystique et 95 % en cas d'anomalie un critère radiologique ou histologique) permet de propo-
kystique associée [25]). ser le diagnostic. C'est dire à quel point l'imagerie joue un
rôle de premier plan pour le diagnostic. Elle retrouve à des
degrés variables :
Pathologie inflammatoire ■ des dilatations (80 %) et des sténoses (65 %) canalaires
La pathologie inflammatoire des voies biliaires regroupe un de morphologie variable non systématisées (fig. 32.4).
ensemble de maladies aux présentations très variées dont la Rappelons que les voies biliaires normales sont peu
physiopathogénie est multifactorielle. Les principales mala- visibles au-delà des canaux segmentaires. La visualisation
dies qui peuvent intéresser à la fois les petits et les grands de voies biliaires de deuxième et de troisième ordre ou
canaux biliaires, et les voies biliaires extrahépatiques sont plus périphériques est anormale, mais elle n'est pas spé-
la cholangite sclérosante, les cholangites secondaires (plaie cifique car elle peut s'observer au cours de la cirrhose.
des voies biliaires, reflux, obstacle, anomalie du métabo- La répartition des dilatations et des sténoses est analysée
lisme biliaire), la cholangite ischémique et plus rarement la segment par segment. Comme en cholangiopancréato-
cholangite auto-immune. Dans tous les cas, le diagnostic est graphie rétrograde endoscopique (CPRE), la dilatation
très difficile à poser et repose sur un faisceau d'arguments canalaire périphérique isolée est très spécifique, de même
clinicobiologiques (absence de symptômes ou douleurs, que la disparition de canaux périphériques ;
syndrome inflammatoire, fièvre, prurit, asthénie, ictère, ■ des épaississements des parois des voies biliaires, plus ou
cholestase) et radiologiques, en particulier en IRM. C'est le moins rehaussés (65 %) ;
plus souvent au cours de l'exploration d'une cholestase chro- ■ une atteinte vésiculaire avec épaississement pariétal dif-
nique que les anomalies sont décrites et le diagnostic évoqué fus (40 %) [27], souvent associée à une dilatation mar-
ou posé. quée (par augmentation de la cholérèse) ;
Fig. 32.4 Cholangite sclérosante primitive chez un homme de 42 ans. La séquence de bili-IRM (a) montre de nombreuses sténoses (flèches
longues) et dilatations (flèches courtes) non systématisées des voies biliaires intrahépatiques. La voie biliaire principale est respectée. Les images
pondérées en T1 avec saturation du signal de la graisse sans injection (b) montrent une dysmorphie hépatique avec hypertrophie du lobe gauche
et un hypersignal dans les voies biliaires gauches (flèche) en rapport avec des calculs intrahépatiques.
Chapitre 32. Voies biliaires : lithiase, inflammation, malformation et cholangiocarcinome 549
■ des atteintes de la voies biliaire principale. Lorsqu'une proposent des scores permettant de prédire l'aggravation de
portion de la voie biliaire principale n'est pas vue (50 %), la maladie (tableau 32.7) [36].
la sténose est très probable ;
■ des calculs intrahépatiques (jusqu'à 30 % des cas, voir
plus haut) (fig. 32.5) ; Autres cholangites
■ une dysmorphie hépatique, en particulier hypertrophie D'autres cholangites, ressemblant à la CSP mais associées
du segment I mais qui survient à un stade tardif ; à une cause particulière identifiée, doivent toujours être
■ une hétérogénéité du parenchyme hépatique, spontané- recherchées car leur évolution peut être plus favorable que
ment en pondération T1 ou T2 ou après injection [28] ; celle de la CSP si la cause est traitée précocement, alors
■ des signes d'hypertension portale ; qu'en l'absence de traitement l'évolution est souvent plus
■ un cholangiocarcinome compliquant la maladie, dont grave et plus rapide que la CSP. Les principaux mécanismes
la prévalence est estimée entre 10 et 20 %. Il est impor- en cause sont :
tant de noter que 30 à 50 % des cholangiocarcinomes ■ l'auto-immunité et en particulier l'influence des immu-
sont découverts dans l'année suivant le diagnostic de la noglobulines 4 (IgG4) (fig. 32.6) ;
maladie [29]. Aucun facteur pronostique de survenue ■ la stase biliaire chronique associée ou non à des calculs
n'a été clairement mis en évidence. Le diagnostic est (comme dans le syndrome LPCA ; voir plus haut), en rap-
difficile, aucun signe n'étant spécifique. On retiendra port avec des obstacles le plus souvent acquis, au décours
l'accentuation d'une sténose biliaire déjà connue ou une d'une chirurgie biliaire (sténose d'une anastomose bilio-
sténose cholédocienne longue avec épaississement parié- digestive) ou d'une plaie des voies biliaires (après cholé-
tal, excentrée et à paroi irrégulière comme signes d'appel cystectomie ou traumatisme) (fig. 32.7) ;
[30]. ■ l'infection bactérienne, voire virale de la bile. Elle s'ob-
Les formes mixtes intra- et extrahépatiques dominent serve chez les patients porteurs d'une contamination
(environ 70 à 75 % des cas), les formes intrahépatiques biliaire (après chirurgie biliaire ou geste endoscopique),
pures (< 20 %), et extrahépatiques pures (< 10 %) étant plus souvent dans un contexte d'immunodépression (VIH),
rares. En prenant la CPRE comme méthode de référence, chez des patients de réanimation ;
l'IRM a une sensibilité de 85 à 90 % et une spécificité de 92 à ■ l'ischémie, retrouvée après traumatisme sévère, chirur-
98 % pour le diagnostic de CSP [31–35]. Pour l'atteinte de la gie (transplantation hépatique), geste endovasculaire
voie biliaire principale, la sensibilité de détection est de 96 % (chimio-embolisation, embolisation artérielle, injection
pour la dilatation, 90 % pour les sténoses et 100 % pour les de molécules de chimiothérapie [floxuridine, 5-FU,
lésions intraluminales. mitomycine C]). La maladie de Rendu-Osler, la périar-
L'IRM a également un rôle pronostique et permet de pré- térite noueuse et la radiothérapie peuvent également
dire l'évolutivité de la maladie au premier bilan. Récemment, être en cause. Enfin, encore plus rarement, les maladies
Ruiz et al. ont étudié les constatations initiales de l'IRM et thrombogènes telles que l'hémoglobinurie paroxystique
a b
c
Fig. 32.5 Cholangite sclérosante avec multiples calculs chez un homme de 38 ans. Les images pondérées en T2 montrent des dilatations non
systématisées des voies biliaires intrahépatiques (flèches en a). Les images coronales bili-IRM objectivent de nombreux calculs apparaissant comme
des lacunes (flèche en b). Les calculs apparaissent en hyperintensité en pondération T1 sans injection avec saturation du signal de la graisse (c). On
voit également la dysmorphie hépatique marquée avec hypertrophie du segment I.
550 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
a b
c
Fig. 32.6 Cholangite à IgG 4 chez une femme de 43 ans. Les images de bili-IRM coronales (a) montrent des sténoses serrées prédominant
dans les régions centrales (flèche longue) associées à des dilatations d'amont (flèches courtes). Les images pondérées en T2 (b) et en T1 après
injection d'agent de contraste au temps portal (c) montrent également un pancréas anormal, délobulé, présentant un aspect dit en « saucisse »,
avec infiltration de la graisse péripancréatique (flèches), en rapport avec une pancréatite auto-immune associée.
a b
Fig. 32.7 Plaie des voies biliaires au décours d'une cholécystectomie chez un homme de 52 ans. Les images de bili-IRM montrent la dila-
tation des voies biliaires intrahépatiques en amont de la convergence (flèche en a). Le scanner met également en évidence une plaie de la branche
droite de l'artère hépatique avec suppléance artérielle hilaire venant de la branche gauche (flèche en b). Cet aspect est fréquemment associé aux
plaies des voies biliaires. Ici, la plaie atteint la convergence et il ne persiste pas de canal hépatique commun.
Chapitre 32. Voies biliaires : lithiase, inflammation, malformation et cholangiocarcinome 551
nocturne, le syndrome des antiphospholipides, en parti- philes, les atteintes carcinomateuses, la sarcoïdose biliaire
culier associé au lupus et à la drépanocytose, ainsi que les ou les pseudotumeurs inflammatoires mais qui ne seront
vascularites comme la maladie de Horton, la maladie de pas détaillées ici.
Behçet et la maladie de Kawasaki peuvent entraîner une La biologie n'est jamais spécifique (cholestase) et l'histo-
ischémie biliaire ; logie rarement faite et peu spécifique. C'est pourquoi l'IRM
■ les agressions toxiques après sclérothérapie de kyste est un examen central qui peut orienter vers une cause par-
hépatique par de l'éthanol ou du formol ; ticulière (tableau 32.8). Une description fine combinée avec
■ la cholangiopathie portale qui est la conséquence de la les données cliniques et en particulier les antécédents est
compression des voies biliaires par un cavernome porte. fondamentale.
Pour simplifier, on peut diviser les cholangites non CSP en :
■ cholangites secondaires à une cause principale identifiée :
plaie chirurgicale (voir fig. 32.7), reflux, obstacle, lithiase ;
Pathologie tumorale
■ cholangite à IgG 4 (voir fig. 32.6) ; La pathologie tumorale des voies biliaires est dominée par
■ cholangite ischémique ; les lésions primitives, adénocarcinomes vésiculaires ou cho-
■ cholangiopathie portale ; langiocarcinome. Les métastases biliaires sont très rares,
■ des causes exceptionnelles comme la cholangite à éosino- observées dans les cancers de l'estomac, du côlon, du sein
a b
c d
Fig. 32.8 Métastases hépatiques d'origine colorectale avec envahissement endobiliaire chez un homme de 58 ans. Les images pondé-
rées en T1 avec saturation du signal de la graisse et acquises au temps portal après injection montrent une masse hétérogène infiltrante du foie
droit (a), avec un doute sur une extension vers le hile (flèche en b). La séquence pondérée en diffusion permet de bien distinguer les limites des
lésions (c) et l'envahissement endobiliaire central (flèche en d).
et des poumons, mais aussi de l'utérus et de la peau (méla- nine est nette (trois femmes pour un homme). Lorsqu'il est
nome) (fig. 32.8). Ces métastases peuvent survenir plusieurs associé à un calcul vésiculaire, le cancer vésiculaire est sou-
années après traitement de la tumeur primitive. vent nommé calculo-cancer.
Les tumeurs biliaires peuvent atteindre l'ensemble de Le cancer vésiculaire peut être découvert dans trois cir-
l'arbre biliaire. Dans 60 % des cas, il s'agit de cancer de la constances cliniques différentes :
vésicule biliaire et dans 40 %, de cancers des voies biliaires ■ découverte fortuite anatomopathologique après une
intrahépatiques ou de la voie biliaire principale, appelés cholécystectomie ;
cholangiocarcinomes. Ces derniers peuvent présenter sché- ■ ictère provoqué par une atteinte directe de la voie biliaire
matiquement trois présentations : principale ou de la convergence biliaire ;
■ masse tissulaire intrahépatique ; ■ douleurs de l'hypocondre droit et altération de l'état
■ épaississement pariétal biliaire ; général, témoignant d'une dissémination locale ou
■ formation endoluminale polypoïde. métastatique.
Le diagnostic et le bilan d'extension locale et à dis-
tance reposent sur l'imagerie, en particulier l'échographie
Cancer de la vésicule et le scanner. L'IRM ne remplace pas ces examens mais,
La grande majorité des cancers de la vésicule sont des adé- lorsqu'elle est réalisée, elle met en évidence le cancer sous
nocarcinomes bien différenciés (85 % des cas). Il existe forme de lésions hypo-intenses en pondération T1, souvent
cependant d'autres tumeurs malignes primitives comme les faiblement hyperintenses en pondération T2 et rehaussées
tumeurs neuroendocrines, et des métastases, en particulier de façon variable après l'injection de produit de contraste.
de mélanomes. L'adénocarcinome vésiculaire donne rapide- Plusieurs présentations sont possibles :
ment des métastases ganglionnaires dans le pédicule hépa- ■ un épaississement de la paroi vésiculaire ;
tique et autour du pancréas céphalique, tout en s'étendant ■ une masse remplaçant la vésicule ;
localement au foie, au pédicule hépatique, au duodénum et ■ plus rarement une formation polypoïde endoluminale.
au côlon. Les métastases hépatiques et la carcinose périto- Le principal intérêt de l'IRM est souvent l'étude des
néale ne sont pas rares. Le pronostic est sombre, avec une voies biliaires chez les patients ictériques avant un drainage
survie globale de 5 % à 5 ans. Le seul traitement curatif est palliatif.
la résection chirurgicale pour les tumeurs T1 ou T2, c'est-
à-dire limitées à la paroi vésiculaire ou avec une infiltration
extrapariétale limitée au tissu conjonctif [37]. Plusieurs Cholangiocarcinomes intrahépatiques
facteurs de risque sont connus : la présence d'une lithiase (ou périphériques)
vésiculaire (70 %), des calcifications de la paroi vésiculaire Les cholangiocarcinomes intrahépatiques représentent
et les anomalies congénitales à type de dilatation kystique moins de 10 % des tumeurs primitives du foie. Ils se déve-
congénitale du cholédoque ou d'anomalie de la jonction loppent sous la forme de masses intrahépatiques, et sont
biliopancréatique (voir plus haut). La prédominance fémi- le plus souvent découverts à un stade avancé devant une
Chapitre 32. Voies biliaires : lithiase, inflammation, malformation et cholangiocarcinome 553
asthénie, des douleurs non spécifiques, voire un ictère. Les L'imagerie ne permet pas toujours de différencier un cho-
facteurs de risque sont moins bien connus que pour les car- langiocarcinome intrahépatique d'une métastase fibreuse
cinomes hépatocellulaires, mais il faut retenir : d'origine colorectale ou mammaire. Le rôle de l'IRM est
■ l'inflammation chronique des voies biliaires, et en parti- dans tous les cas de préciser l'envahissement locorégional,
culier la CSP (voir plus haut) ; notamment ganglionnaire et vasculaire.
■ les malformations des voies biliaires (voir plus haut) ;
■ l'infection à Clonorchis sinensis ou Opistorchis felineus,
très rare dans les pays occidentaux ;
Cholangiocarcinomes extrahépatiques
■ les lésions papillaires des voies biliaires ; (hors lésions intrahépatiques)
■ les lésions de dysplasie, appelées néoplasie intraépi- Ces lésions sont séparées en cholangiocarcinome de la
théliales biliaires (ou Bil-IN pour biliary intraepithelial voie biliaire principale et cholangiocarcinome atteignant la
neoplasia) ; convergence biliaire principale, encore appelé cholangiocar-
■ les hépatopathies chroniques au stade de cirrhose. cinome du hile ou tumeurs de Klatskin qui représentent la
L'extension locale de la tumeur se fait par les lymphatiques majorité des cas.
périportaux et le long des gaines nerveuses ; le pronostic L'extension locale de la tumeur se fait ici aussi par les
dépend ainsi surtout de l'envahissement ganglionnaire, mais lymphatiques périportaux et le long des gaines nerveuses. La
aussi de la présence de lésions satellites intrahépatiques. Ces clinique de ces tumeurs est pauvre, la tumeur étant asympto-
tumeurs contiennent un stroma très fibreux qui explique les matique avant la survenue d'une obstruction canalaire provo-
caractéristiques morphologiques des lésions, et leur appa- quée par la tumeur. La circonstance de découverte habituelle
rence en imagerie, en particulier en IRM [38–40] : est donc un ictère progressif survenant chez une personne
■ masse irrégulière intrahépatique, avec rétraction capsulaire ; d'âge moyen (proche de 60 ans), certains cas apparaissant par-
■ hypo-intensité en pondération T1 et signal variable fois dès 30 ans. La biologie montre une cholestase avec une aug-
en pondération T2 : faible hyperintensité avec zones mentation de la bilirubine. Le CA 19.9 est élevé dans 80 % des
centrales plus hypo-intenses (65 %) ou hyperintensité cas ainsi que parfois l'ACE (antigène carcino-embryonnaire).
(35 %) ; restriction marquée de la diffusion ; L'extension biliaire des cholangiocarcinomes du hile est
■ rehaussement précoce dès le temps artériel, avec souvent évaluée selon la classification de Bismuth et Corlette :
couronne hypervasculaire périphérique, puis rehausse- ■ type I situé sous la convergence, sans l'atteindre
ment progressif aux temps portal puis tardif ; (fig. 32.9) ;
■ lésions satellites (30 à 40 % des cas), dilatation des voies ■ type II atteignant le toit de la convergence ;
biliaires (30 à 50 % des cas) ; ■ type III atteignant la convergence et le canal biliaire hépa-
■ signes accessoires : engainement vasculaire sans enva- tique droit (IIIa) ou gauche (IIIb) ;
hissement endovasculaire, dysmorphie hépatique avec ■ type IV atteignant la convergence et les canaux hépa-
atrophie homolatérale et hypertrophie controlatérale tiques droit et gauche.
favorisée par l'obstruction biliaire et l'obstruction porte Ici encore, l'imagerie est au premier plan dans le diag
quand elle existe. nostic, le bilan d'extension et la planification du traitement.
a b
c
Fig. 32.9 Cholangiocarcinome du hile chez un homme de 62 ans. Les images de bili-IRM (a) montrent une dilatation marquée et harmonieuse
des voies biliaires intrahépatiques en amont d'un obstacle du canal hépatique commun sous la convergence. L'obstacle apparaît sous la forme d'un
épaississement focal de la voie biliaire principale qui se rehausse après injection (flèche en b) et qui est bien visible sous la forme d'un hypersignal
sur les séquences pondérées en diffusion (flèche en c). Cette lésion correspond à un type I selon la classification de Bismuth et Cornette.
554 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
L'échographie est souvent réalisée en première intention [8] Hakansson K, Leander P, Ekberg O, et al. MR imaging in clinically
et visualise la dilatation biliaire. Le scanner permet une suspected acute cholecystitis. A comparison with ultrasonography.
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surtout vasculaire, mais c'est l'IRM qui permet de mon-
cholangiography and US. Radiology 1998 ; 209 : 781–5.
trer très précisément l'extension biliaire. Les lésions appa- [10] Bennett GL, Balthazar EJ. Ultrasound and CT evaluation of emergent
raissent sous la forme d'un épaississement localisé des gallbladder pathology. Radiol Clin North Am 2003 ; 41 : 1203–16.
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discrètement hyperintense en pondération T2 qui restreint graphy. Results and indications. Gastroenterol Clin Biol 1998 ; 22 :
la diffusion. Après injection, le rehaussement est variable B7–16.
mais, le plus souvent, le signal augmente progressive- [12] Hallal AH, Amortegui JD, Jeroukhimov IM, et al. Magnetic resonance
ment pour devenir iso-intense au foie en phase portale et cholangiopancreatography accurately detects common bile duct stones
discrètement hyperintense en phase tardive qui est lié au in resolving gallstone pancreatitis. J Am Coll Surg 2005 ; 200 : 869–75.
contingent fibreux [41–44]. Il est classiquement décrit que [13] Watanabe Y, Nagayama M, Okumura A, et al. MR imaging of acute
biliary disorders. Radiographics 2007 ; 27 : 477–95.
la tumeur est difficile à visualiser, mais en pratique elle est
[14] Sugiyama M, Atomi Y, Takahara T, et al. Magnetic resonance
vue dans la grande majorité des cas en scanner ou IRM cholangiopancreatography for diagnosing hepatolithiasis.
(90 %). L'imagerie doit aussi évaluer l'extension artérielle, Hepatogastroenterology 2001 ; 48 : 1097–101.
veineuse, parenchymateuse et ganglionnaire. Au total, l'ef- [15] Awasthi A, Das A, Srinivasan R, et al. Morphological and immuno-
ficacité diagnostique de l'IRM est proche de 90 % [45], car histochemical analysis of ductal plate malformation : correlation with
elle permet de bien visualiser les différents canaux biliaires, fetal liver. Histopathology 2004 ; 45 : 260–7.
mais il existe un risque de sous-estimation de l'extension, [16] Levy AD, Rohrmann Jr CA, Murakata LA, et al. Caroli's disease : radio-
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tions ou les tumeurs. Elle permet une évaluation de l'étendue tal union. AJR Am J Roentgenol 1977 ; 128 : 571–7.
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Chapitre
33
L'IRM dans les maladies
inflammatoires chroniques
de l'intestin (MICI)
V. Laurent, A. Germain, L. Peyrin-Biroulet, I. Petit, X. Orry, M. Lafitte
PLAN DU CHAPITRE
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 559 Scores de sévérité de la maladie. . . . . . . . . . . . 566
Apport de l'IRM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 559 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 566
Technique d'acquisition. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 560
Sémiologie IRM pour le diagnostic
de maladie de Crohn. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 561
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
© 2017, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 559
560 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
Il est aussi possible de réaliser des séquences de type ciné- ■ analyse du rehaussement après injection de produit de
IRM, permettant une analyse en temps réel du mouvement contraste.
des anses durant l'examen [17–19]. Des séquences optionnelles peuvent être réalisées comme
En outre, à l'instar de ce que l'on observe en cancérologie, l'imagerie de diffusion (diffusion-weighted imaging [DWI]),
la répétition des IRM permet un véritable suivi des lésions le transfert de magnétisation, ou des séquences appelées
initiales et de la réponse aux traitements sans exposition aux ciné-IRM pour analyser le mouvement des anses.
radiations ionisantes [20]. Le patient doit être à jeun depuis au moins 6 heures avant
L'exploration des atteintes coliques peut également être l'examen. Il est convoqué 1 heure avant le début de l'examen
faite en IRM. Si, pour l'entéro-IRM, la technique d'acquisi- afin de le faire boire pour une distension optimale de l'en-
tion est standardisée au niveau international, comme nous semble de l'intestin grêle. La distension se fait par voie orale
le verrons dans ce chapitre, l'exploration du cadre colique sans sonde d'entéroclyse avec l'ingestion de 1,5 litre à 2 litres
est à ce jour moins codifiée. Certaines équipes proposent d'eau mélangée à une solution hyperosmolaire, non absor-
systématiquement un nettoyage du cadre colique et une bable (polyéthylène glycol, méthylcellulose). Cette solution
distension, tandis que d'autres préfèrent réaliser l'IRM sans est administrée verre par verre en débutant 1 heure avant
préparation, ni distension. Les résultats obtenus sont certes la réalisation de l'examen. En pratique, la distension n'est
inférieurs aux données de la coloscopie optique, car les ulcé- pas homogène sur l'ensemble de l'intestin grêle : souvent, le
rations superficielles ne peuvent pas être individualisées grêle distal est dilaté et les dernières anses peu ou l'inverse ;
avec cette technique, mais les résultats sont excellents pour le grêle proximal est collabé alors que les dernières sont par-
l'atteinte inflammatoire transmurale et l'extension au-delà faitement distendues. Même dans le cas d'une absence de
de la séreuse [21–24]. C'est actuellement une technique en distension parfaite, l'examen peut être réalisé car c'est suffi-
pleine expansion, même si peu d'équipes en font, très proba- sant pour des atteintes sévères transmurales.
blement en raison d'un accès difficile à l'IRM dans les délais Le patient est positionné en décubitus dorsal. Lors de la
souhaités. description initiale de la technique d'entéro-IRM, les pre-
L'IRM est également l'examen de choix pour toutes les miers examens étaient réalisés en procubitus pour obtenir
lésions anopérinéales dès lors qu'elles deviennent complexes une meilleure distension, mais cette position est mal tolérée
[25–27]. Le suivi de l'évolution sous traitement est possible par les patients.
en IRM et permet là encore d'établir des cartographies
exhaustives de ces lésions anopérinéales. Séquences rapides
L'IRM dans les MICI est donc devenue indispensable Les acquisitions initiales débutent par la réalisation de
pour la prise en charge des patients : pour le diagnostic séquences dites « rapides » qui permettent de faire une car-
[28] ; l'extension ; l'étude de l'activité de la maladie [29, 30] tographie des anomalies. Ces séquences sont de type single
ou la stratification de sa sévérité [31, 32] ; la cicatrisation shot fast spin echo T2 avec TE efficace court (SS FSE TE
muqueuse [10] ; l'évaluation de la réponse aux traitements ; court) dans les plans axial et coronal. Il est possible de com-
la cartographie préopératoire des lésions [33] ; et pour pléter par une séquence anatomique de type séquence dite à
rechercher d'éventuelles récidives postopératoires [34]. « l'état d'équilibre » ou steady state free precession (SSFP) qui
Il ne faut pour autant pas oublier que l'interprétation des permet d'obtenir une pondération T2/T1. Ces séquences
anomalies radiologiques doit être intégrée à l'ensemble des rapides présentent l'avantage de ne pas être artéfactées par
données cliniques et biologiques, et ce notamment au cours le péristaltisme intestinal et ainsi de repérer rapidement les
des réunions de concertation multidisciplinaire, clé de voûte zones pathologiques dès le début de l'examen. En revanche,
du choix de la stratégie thérapeutique. la séquence SSFP ne permet pas de caractériser l'atteinte
et ne permet donc pas de différencier une inflammation
majeure d'une atteinte avec un fort contingent fibreux
Technique d'acquisition (fig. 33.1).
Entéro-IRM La séquence SS FSE TE court permet de rechercher un
éventuel œdème de la sous-muqueuse (fig. 33.2). Il est pos-
Le protocole de réalisation d'une entéro-IRM est bien
sible d'y adjoindre une suppression spectrale de la graisse ;
standardisé de façon internationale suivant les recomman-
la graisse environnante apparaît alors en hyposignal, ce qui
dations de la Society of Abdominal Radiology (SAR) et de
permet de mieux objectiver une éventuelle infiltration de la
l'European Society for Gastrointestinal and Abdominal
graisse.
Radiology (Société européenne de radiologie abdominale et
digestive) [35, 36].
Les recommandations pour la réalisation de cet examen Imagerie de diffusion
sont : L'imagerie de diffusion est acquise immédiatement après.
■ couverture de l'ensemble de l'intestin grêle et du cadre Elle peut se faire en deux paliers transversaux et il est pré-
colique ; férable d'utiliser une méthode de compensation respiratoire
■ distension de l'intestin grêle avec ingestion d'un produit afin de s'affranchir au maximum des artéfacts respiratoires.
de contraste oral ; Son interprétation peut être qualitative : les segments patho-
■ imagerie avant injection avec des séquences rapides per- logiques apparaissent en hypersignal ou quantitatives avec
mettant de s'affranchir du péristaltisme intestinal ; obtention de la mesure du coefficient de diffusion apparent
■ utilisation d'antipéristaltiques par voie intraveineuse afin (ADC) – qui correspond aux mouvements des molécules
de s'affranchir des artéfacts de mouvements ; d'eau extracellulaires durant un temps donné.
Chapitre 33. L'IRM dans les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI) 561
Séquences optionnelles
Les séquences de transfert de magnétisation permettent
d'optimiser le contraste, et ce sans injection. Elles sont
actuellement principalement réalisées dans le cadre de pro-
tocoles de recherche clinique.
Colo-IRM
L'analyse de l'ensemble du cadre colique est possible et pro-
posée par notre équipe sans distension rectale et sans prépa-
ration du cadre colique. Cela nous est apparu indispensable
afin que cet examen soit parfaitement bien accepté et sup-
porté par les patients, mais aussi afin de le proposer en cas
Fig. 33.1 Atteinte unique de la dernière anse sur une dizaine de de colite grave pour un bilan rapide et exhaustif des lésions.
centimètres (flèches) : épaississement de la dernière anse asso- Les séquences sont parfaitement superposables à celles
cié à une sclérolipomatose. Séquence SS FP (séquences dite à l'état
de l'entéro-IRM ; seules les acquisitions après injection se
d'équilibre, FIESTA, General Electric), coupe coronale.
feront dans le plan frontal pour pouvoir analyser l'ensemble
du cadre colique. Si l'atteinte est uniquement rectosigmoï-
dienne, l'acquisition après injection de produit de contraste
peut se faire dans le plan axial, qui est préférable pour bien
objectiver les anomalies de la muqueuse et notamment les
ulcérations parfois difficiles à objectiver sur le rectum.
Sur les séquences pondérées de type SS FSE TE court, A contrario, l'absence d'hypersignal en pondération T2
est recherché un éventuel œdème de la sous-muqueuse se associée à l'absence de rehaussement précoce et à un rehaus-
traduisant par un discret hypersignal (voir fig. 33.2) ; puis sement tardif traduit une composante fibreuse plus mar-
on analyse le rehaussement après injection. Le rehaussement quée. L'épaississement est moindre ; l'atteinte est souvent
peut être « en cible », ce qui correspond à la prise de contraste plus courte. Lorsque l'atteinte est strictement luminale, le
précoce du complexe muco-sous-muqueux, entouré par une défi diagnostique est majeur puisqu'il faudra tenter de dis-
couche en hyposignal correspondant à l'œdème et ensuite à tinguer l'atteinte fibreuse de l'atteinte inflammatoire et une
la prise de contraste de la musculeuse (fig. 33.3 à 33.5). composante mixte (fig. 33.6 et 33.7). C'est tout l'enjeu de la
stratégie thérapeutique et de la décision ou non de pour-
suivre un traitement médical ou de choisir un traitement
chirurgical.
L'interprétation de l'activité de la maladie reste parfois
délicate et nécessite une certaine expérience ; il faut au mini-
mum avoir une expérience de 100 cas pour appréhender au
mieux les signes de l'inflammation [37] (fig. 33.8).
Complications extramurales
La troisième étape est la recherche des complications
extramurales de la maladie, et notamment la présence de
fistules. Le bord séreux des anses doit être analysé avec pré-
cision pour individualiser de petits aspects irréguliers de
Fig. 33.3 Épaississement de la paroi, associé à un aspect irrégulier ce versant traduisant une atteinte transmurale. Les fistules
de la muqueuse (flèche épaisse) et à des fissures intramurales peuvent être borgnes ou entéro-entérales (fig. 33.9), enté-
(fine flèche). Séquence après injection de chélate de gadolinium, rosigmoïdiennes, entérovésicales, entérocutanées, entéro-
phase artérielle. Cet aspect traduit un processus inflammatoire aigu musculaires, etc. Habituellement, il existe une importante
transpariétal. zone de fibrose réalisant un conglomérat ressemblant à une
étoile (ou un astérisque), autour de laquelle les anses sont
disposées de façon radiaire et à partir de laquelle on observe
tous les trajets fistuleux (fig. 33.10). Cette zone de fibrose se
situe habituellement préférentiellement dans les deux fosses
iliaques, avec une prédominance pour le côté droit.
Tous les trajets fistuleux doivent être décrits ainsi que
la présence concomitante d'une atteinte sigmoïdienne et il
faut préciser si le sigmoïde est atteint également par la mala-
die. Il est aussi nécessaire de rechercher une compression
urétérale.
La recherche et la description des abcès sont indispen-
sables puisque leur présence contre-indique les traitements
immunosuppresseurs (fig. 33.11). Les abcès dans la mala-
Fig. 33.4 Aspect stratifié de la paroi (ou paroi en cible) avec prise die de Crohn se présentent sous différentes formes : en cas
de contraste de la couche interne (flèche pleine), et absence de contexte clinique aigu, il s'agit plutôt d'abcès de taille
de rehaussement du complexe muco-sous-muqueux (flèche en variable accessibles à un drainage transpariétal ; dans les
pointillés). Séquence après injection, phase de post-équilibre tardif, situations chroniques avec une symptomatologie clinique
coupe axiale. plus torve, ils sont de petite taille, nombreux et avec une
coque très épaisse. Dans cette situation, ils ne sont souvent
pas accessibles à un drainage transpariétal.
On doit également rechercher des signes ancillaires tels
que le signe du « peigne » ou « comb sign », très évocateur
d'une atteinte inflammatoire majeure et qui correspond à
une dilatation des vasa recta.
Des adénopathies et une adiposclérose sont fréquemment
retrouvées, mais ces données ne permettent de prédire l'acti-
vité de sa maladie ou sa gravité et ne sont pas spécifiques.
L'imagerie de diffusion est une séquence réalisée sans
apnée et sans injection de produit de contraste. En cas
d'œdème, les segments pathologiques apparaissent en
hypersignal et en hyposignal sur la cartographie du coeffi-
cient de diffusion apparent.
Fig. 33.5 Individualisation de fissures intramurales (flèche). Les séquences ciné-IRM permettent d'analyser la persis-
Séquence après injection, coupe coronale. tance ou non d'un péristaltisme des anses pathologiques. Les
Chapitre 33. L'IRM dans les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI) 563
Fig. 33.6 Analyse du rehaussement après injection. (a) Phase artérielle : rehaussement du complexe muco-sous-muqueux ; le reste de la paroi
n'est pas rehaussé (flèche). (b) Phase de post-équilibre tardif : rehaussement complet de la paroi correspondant au contingent fibreux associé
(flèche).
Fig. 33.7 Analyse du rehaussement au cours du temps. (a) Phase artérielle : seule la couche interne se rehausse (complexe muco-
sous-muqueux). (b) Phase portale : rehaussement modéré de la couche la plus externe de la paroi. (c) Phase à 4 minutes après injection :
rehaussement complet de la paroi.
anses pathologiques sont souvent fixées et, lors de contrôles L'imagerie de transfert de magnétisation permet de
successifs, on observe une disposition superposable de ces détecter la présence de collagène sur les séquences en raison
anses, ce qui confirme bien leur absence de péristaltisme. Il de l'abaissement de son signal qu'elle entraîne. Elle permet
est parfois possible, lorsque la maladie n'a pas détruit l'en- d'augmenter la résolution en contraste pour mieux indivi-
semble de la paroi, d'observer une reprise de ce péristaltisme. dualiser ce contingent.
564 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
Fig. 33.8 Atteinte avec forme fibreuse prédominante. (a) Séquence SS FSE TE effectif court : épaississement modéré, court, segmentaire,
pas d'hypersignal (flèche). (b) Séquence imagerie de diffusion : aspect en hypersignal de la paroi. Cette séquence présente une grande sensibilité
pour la détection de l'inflammation, mais une faible spécificité pour la caractérisation de l'atteinte. (c) Phase artérielle : rehaussement du complexe
muco-sous-muqueux, peu spécifique. (d) Phase tardive à 4 minutes : rehaussement quasi complet de toute la paroi.
Fig. 33.9 Maladie pénétrante. Séquence SSFP, coupe coronale : trajet fistuleux entéro-entéral (flèche).
Chapitre 33. L'IRM dans les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI) 565
Fig. 33.10 Maladie pénétrante. Séquence après injection de produit de contraste, coupe coronale : fistules multiples en fosse iliaque droite,
entéro-entérales.
Fig. 33.11 Maladie pénétrante. Séquence après injection de produit de contraste, coupe axiale : abcès (flèche pleine) avec plastron (anse grêle
pathologique d'amont accolée à l'abcès : flèche en pointillés).
566 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
L'imagerie de diffusion est devenue réalisable en pratique ratios for detection of bowel wall fibrosis in a Crohn's disease animal
quotidienne dans ce contexte, et est désormais indispensable. model. J Magn Reson Imaging 2015 ; 42(3) : 801–10.
Son interprétation doit rester prudente, en association avec [17] Hahnemann ML, Nensa F, Kinner S, et al. Quantitative assessment of
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Chapitre
34
Apport de l'IRM en pratique
clinique dans la prise en
charge du cancer du rectum
F. Pigneur, M. Djabbari, F. Brunetti, F. Legou, N. de Angelis, L. Baranes, C. Charpy,
L. Colson Durand, A. Luciani
PLAN DU CHAPITRE
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 569 Évaluation de la réponse après traitement
Bilan initial d'extension tumorale néoadjuvant. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 580
et ganglionnaire locorégionale. . . . . . . . . . . . . 569 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 586
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
© 2017, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 569
570 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
En imagerie, le meilleur plan pour étudier cette marge de En effet, un cancer du haut rectum est le plus souvent
sécurité longitudinale est le plan sagittal. La visualisation de traité comme un cancer colique, à savoir classiquement
la marge anale étant difficile en IRM sur ce plan de coupe, on une résection première du rectum et de son méso avec au
utilise en pratique clinique pour repère plutôt le complexe moins 5 cm de marge de sécurité sous le pôle inférieur de la
de l'anneau puborectal correspondant à l'orifice supérieur du tumeur du fait de la présence d'îlots tumoraux, situés dans
canal anal. Le canal anal mesurant autour de 3 cm, le bas rec- le méso à distance de la tumeur, dans 20 % des cas [4, 5].
tum est situé entre 0 et 2 cm du bord supérieur du sphincter, Toutefois, une radio-chimiothérapie (RCT) préopératoire
le moyen rectum entre 2 et 7 cm, et le haut rectum à plus de peut se discuter en cas de tumeur localement avancée à
7 cm. Cette mesure permet donc de définir « trois rectums » : risque de résection R2 voir R1 (tableaux 34.1 et 34.3) [6,
le haut, le moyen et le bas rectum qui présentent des problé- 7]. En pratique clinique, les tumeurs du haut rectum sont
matiques et donc des prises en charge différentes (fig. 34.1). donc explorées par IRM au même titre que les tumeurs des
moyen et bas rectum.
Tableau 34.1 Marges de résection Les cancers du moyen et du bas rectum nécessitent une
circonférentielle oncologique [14]. exérèse totale du mésorectum (ETM) de type extrafascial
excepté les tumeurs superficielles qui peuvent bénéficier
RO = Absence de résidu tumoral (marge de sécurité > 1 mm) sous conditions d'une exérèse locale. Le plan de clivage
R1 = Présence d'un résidu tumoral microscopique (marge chirurgical de l'ETM est situé juste en dehors de la face
de sécurité ≤ 1 mm)
R2 = Présence d'un résidu tumoral macroscopique (atteinte
externe du fascia recti qui représente la limite externe du
macroscopique des fascias) mésorectum (fig. 34.2). Cette exérèse est dite « no touch ».
L'objectif est de ne visualiser à aucun moment le rectum,
le mésorectum devant rester intact (fig. 34.3a) [8]. Cette
Tableau 34.2 Classification TNM simplifiée technique chirurgicale décrite par Heald en 1982 [9] per-
de l'Union internationale contre le cancer met une exérèse carcinologique avec un bon résultat fonc-
actuellement en vigueur (TNM, 7e édition 2009). tionnel et un risque de récidive locale diminué [10, 11] à
8,2 % à 2 ans [3]. L'association d'un traitement néoadjuvant
T0 Pas de signe de tumeur primitive
Tis Carcinome in situ
à l'ETM diminue [2] encore ce risque à 2,4 % à 2 ans [3].
T1 Tumeur envahissant la sous-muqueuse Actuellement, les principales indications du traitement
T2 Tumeur envahissant la musculeuse néoadjuvant, en dehors de la dissémination ganglionnaire,
T3 Tumeur envahissant la sous-séreuse ou les tissus péri-rectaux sont les tumeurs classées T3 et T4 ainsi que les tumeurs
non péritonisés antérieures du bas rectum classées T2 (tableau 34.4). Le
T4 Tumeur envahissant directement les autres organes ou pronostic étant lié à la qualité de l'exérèse, l'évaluation des
structures et/ou perforant le péritoine viscéral
- T4a Tumeur perforant le péritoine viscéral
rapports entre la tumeur et le fascia recti est un des élé-
- T4b Tumeur envahissant directement les autres organes ou ments clés du bilan d'extension locorégional.
structures
N0 Pas de métastase ganglionnaire régionale
N1 Métastases dans 1 à 3 ganglions lymphatiques régionaux
N2 Métastases dans ≥ 4 ganglions lymphatiques régionaux Tableau 34.3 Impératifs
de la résection R0 [4, 5, 15, 16].
MO Pas de métastase
M1 Présence de métastase(s) à distance − Résection du mésorectum ≥ 5 cm par rapport au pôle inférieur
− M1a Métastase localisée à un organe (foie, poumon, ovaire, de la tumeur
ganglion(s) lymphatique(s) autre que régional) − Marge de sécurité longitudinale > 1 cm
− M1b Métastases dans plusieurs organes ou dans le péritoine − Marge de résection circonférentielle > 1 mm
Côlon sigmoïde
Haut rectum
7−12 cm du bord
Moyen rectum supérieur du sphincter
2−7 cm du bord
supérieur du sphincter
Bas rectum
0−2 cm du bord
supérieur du sphincter
Canal anal
(3 cm)
a b
Fig. 34.1 Illustration des « trois rectums » (a) et coupe sagittale T2 (b) avec mesure de la marge de sécurité longitudinale par rapport
au bord supérieur du sphincter.
Chapitre 34. Apport de l'IRM en pratique clinique dans la prise en charge du cancer du rectum 571
Rectum
5 4
2 Mésorectum 1
5
a b
Fig. 34.2 Radioanatomie du mésorectum. Schéma illustrant les rapports du mésorectum (a) et coupe axiale correspondante en pondération T2 (b).
1. Fascia recti. 2. Fascia pelvi. 3. Aponévrose de Denonvilliers. 4. Artère rectale moyenne. 5. Fascia présacré. Le mésorectum est un espace cellulograis-
seux situé entre la musculeuse et le feuillet viscéral du fascia pelvien (fascia recti) contenant de la graisse, des vaisseaux, des nerfs et des ganglions. La
distance séparant la tumeur du fascia recti est considérée comme une marge de résection circonférentielle (appelée aussi marge de sécurité latérale ou
clairance latérale) puisque le plan de dissection d'une exérèse totale du mésorectum (ligne pointillée rouge en a) correspond à l'espace de glissement
virtuel avasculaire situé entre le fascia recti et le fascia pelvi (feuillet pariétal du fascia pelvien). Le fascia recti est représenté en IRM en pondération
T2 sous la forme d'une fine bande en hyposignal qui circonscrit le mésorectum. On ne peut pas différencier en imagerie le fascia recti du fascia pelvi.
Pédicule mésentérique
Péritoine
inférieur Mésorectum
Rectum
Rectum péritonisé
Fasci recti péritonisé Réflexion
péritonéale Rectum
Non
péritonisé
Tumeur Rectum
non
péritonisé
Réflexion
a du péritoine b
Péritoine
Haut
rectum
Mésorectum
Péritoine
Moyen Rectum
rectum
péritonisé
Mésorectum Non
péritonisé
Bas
rectum
c
Fig. 34.3 (a–c) Pièce d'exérèse d'une exérèse totale du mésorectum (ETM). Le rectum mesure 15 cm de long. Il commence à hauteur de S3. Le
tiers supérieur du rectum est recouvert par le péritoine viscéral (partie péritonisée dont l'aspect macroscopique « brillant » correspond à la séreuse).
Les deux tiers inférieurs du rectum sont non péritonisés (partie sous-péritonéale dont l'aspect macroscopique « mat » correspond au fascia recti).
On remarque donc que le bas rectum est strictement sous-péritonéal ; le moyen rectum essentiellement sous-péritonéal excepté sa face antérieure
et supérieure qui peut être située au-dessus de la ligne de réflexion péritonéale ; et le haut rectum péritonisé sur ses faces antérieures et latérales.
572 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
Rectum
T3
T3
Extension en
profondeur
Marge de résection
circonférentielle
Mésorectum
a b
Fascia recti
Fig. 34.8 L'extension tumorale en profondeur du mésorectum et la marge de résection circonférentielle (CRM) sont des mesures
reproductibles [25–27] exprimées en millimètres. Elles sont évaluées sur la séquence en pondération 2D TSE T2 (b) par un plan de coupes
perpendiculaires à la lumière du rectum.
574 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
T3 Extension en profondeur
identique mais CRM différente,
donc pronostic différent
Rectum
T3
T3
Extension en profondeur
Marge de résection circonférentielle
Fascia recti
Extension circonférentielle
Il est nécessaire de préciser l'extension circonférentielle pour
d'une part poser l'indication d'un traitement néoadjuvant et
d'autre part modifier la technique chirurgicale d'ETM.
En effet, l'épaisseur du mésorectum est variable ; celui-
ci est le plus souvent moins épais en antérieur et s'amincit
progressivement en hauteur de haut en bas (fig. 34.13)
pour disparaître à la jonction anorectale, avec pour
conséquence : a b
■ pour les tumeurs antérieures du bas rectum classées T2,
recommandation d'une RCT néoadjuvante du fait de la Fig. 34.12 Tumeur du haut rectum envahissant la réflexion du
péritoine classée T4a.
difficulté d'évaluer à ce niveau l'extension tumorale en
profondeur au sein du mésorectum (fig. 34.13) et donc de
différencier un T2 d'un T3a ou b avec faible CRM [7] ; Message clé du compte-rendu
■ chez l'homme, pour les tumeurs antérieures situées sous
la réflexion du péritoine, une modification du plan de Préciser l'extension circonférentielle de la tumeur rectale :
antérieure, latérale, postérieure ou circonférentielle. Une lésion
dissection afin de respecter les marges de sécurité onco-
antérieure posera l'indication d'une RCT néoadjuvante en cas
logiques. La dissection se fera entre la face antérieure du de tumeur du bas rectum classée T2 et modifiera chez l'homme
fascia rectoprostatique (= aponévrose de Denonvilliers) la technique chirurgicale.
en arrière et les vésicules séminales puis la prostate en
avant (fig. 34.14). En IRM, l'aponévrose de Denonvilliers
se présente sous la forme d'un épaississement médian Extension vasculaire
et antérieur du fascia recti. Chez la femme, la technique L'invasion vasculaire extramurale (extramural vascular invasion
d'ETM n'est pas modifiée, l'aponévrose de Denonvilliers [EMVI]) est définie par la présence de cellules néoplasiques
correspondant à la cloison rectovaginale. au sein d'une structure vasculaire située au-delà de la muscu-
a b
Fig. 34.10 Il peut être difficile de différencier une tumeur classée T2 (a) d'une tumeur classée T3a ou b en cas d'irrégularité de l'inter-
face musculeuse-mésorectum. La figure b montre une tumeur classée pT2 avec réaction fibreuse (desmoplastique) de contact. Un franc hypo-
signal T2 de l'infiltration du mésorectum ainsi que de fines spicules sont plutôt en faveur d'une résection desmoplastique. Un signal intermédiaire,
avec des bandes plus épaisses voire nodulaires orienterait plutôt vers une origine tumorale [27, 28]. En pratique, se rappeler du faible impact clinique
de distinguer un T2 d'un T3a voir T3b [29] puisque certaines équipes proposent, pour ces stades différents, la même prise en charge thérapeutique.
Chapitre 34. Apport de l'IRM en pratique clinique dans la prise en charge du cancer du rectum 575
Haut
rectum
Bas
rectum
Gradient en hauteur
a de l’épaisseur du mésorectum
Ant.
Péritoine
Haut
rectum
Mésorectum
Gradient postérieur-antérieur
Post.
b de l’épaisseur du mésorectum
Haut
rectum Fig. 34.13 (a–c) Illustration mon-
trant la modification d'épaisseur
du mésorectum en hauteur et en
antéropostérieur. Le mésorectum
Haut
est essentiellement développé en
Haut rectum arrière et latéralement jusqu'à 2 à
rectum 3 cm de la jonction anorectale. Ainsi,
en cas de tumeur du bas rectum, la
« barrière naturelle » que représente
Moyen
rectum le mésorectum devient un espace
Moyen virtuel notamment en antérieur, ren-
rectum Bas
rectum dant difficile la mesure de l'extension
Bas en profondeur de la tumeur et de la
rectum Bas CRM. Cela explique qu'à extension
tumorale en profondeur équivalente
rectum
une tumeur du bas rectum est plus
à risque de récurrences locales et
associée à une moins bonne survie
c [30–34].
576 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
leuse (fig. 34.15). Une tumeur classée T1 ou T2 n'a donc pas de La classification TNM différencie les ganglions régionaux
risque d'EMVI. Elle survient uniquement en cas de tumeur au des ganglions non régionaux. Les ganglions régionaux sont
moins classée T3. Sa présence est un facteur de mauvais pro- décrits dans le stade N alors que les ganglions non régionaux
nostic indépendant de récurrence locale et à distance avec une sont classés par le stade M (voir tableau 34.2). Ce terme
spécificité proche de 95 % et une valeur pronostique positive régional diffère en fonction des cancers pelviens. Ainsi, la
de 89 % [35–37]. En imagerie, elle correspond à des vaisseaux connaissance des ganglions régionaux et non régionaux
élargis aux contours irréguliers, siège d'une éventuelle anomalie pour chaque cancer est essentielle pour leur stadification
de signal identique à la tumeur (fig. 34.16) [29]. [38]. La 7e et dernière édition TNM de 2009 définit les gan-
glions régionaux du rectum comme :
■ les ganglions du mésorectum (situés dans la graisse du
Message clé du compte rendu mésorectum) ;
Préciser la présence d'une extension vasculaire (EMVI), facteur ■ les ganglions iliaques internes (hypogastriques)
de mauvais pronostic local et à distance. (fig. 34.18 et 34.19) ;
Ganglion
Le drainage lymphatique se fait essentiellement dans le
mésorectum puis vers l'artère mésentérique inférieure via
l'artère rectale supérieure, et accessoirement vers les gan-
glions iliaques internes ou externes et les ganglions ingui-
naux (fig. 34.17).
Aponévrose de Denonvilliers
Modification
du plan de dissection
Rectum
5 4
2 Mésorectum 1
CRM de l’EMVI 1
Rectum
CRM de la tumeur
4
CRM des N+
Fascia recti
Fig. 34.18 Résection première du pédicule mésentérique infé-
Fig. 34.15 Illustration d'une invasion extramurale. rieur lors d'une ETM.
Chapitre 34. Apport de l'IRM en pratique clinique dans la prise en charge du cancer du rectum 577
Fig. 34.20 Adénopathie du promontoire ayant bénéficié, comme la tumeur du moyen rectum, d'une surimpression.
578 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
Quelles séquences ?
Séquence T2 sans suppression du signal
de la graisse dans les trois plans de l'espace Fig. 34.24 Illustration d'une acquisition 2D T2 TSE. Lorsque la
tumeur est située dans une courbure, on est dans l'obligation de réa-
C'est la séquence indispensable [57–60] :
liser deux acquisitions afin d'être perpendiculaire à l'axe du rectum et
■ 2D écho de spin rapide (TSE) ; donc d'éviter une surestimation ou une sous-estimation de l'extension
■ sans saturation de la graisse permettant un bon contraste tumorale en profondeur et de la CRM.
entre le signal élevé du mésorectum lié à la graisse et le
signal intermédiaire de la tumeur ;
■ coupes fines avec une épaisseur de coupe ≤ 4 mm en
fonction du plan d'acquisition ;
■ avec un champ de vue adaptée en optimisant, sur chaque
machine, le rapport signal sur bruit pour trouver le bon
équilibre entre le FOV (field of view) et la matrice ;
■ dans les trois plans de l'espace :
– sagittale avec une épaisseur de coupe ≤ 4 mm. Elle
permet d'une part d'évaluer l'extension tumorale
en hauteur et d'autre part de positionner les coupes
axiales obliques T2 ;
– axiale oblique petit champs haute résolution avec une
épaisseur de coupe ≤ 3 mm, centrée sur la tumeur per-
pendiculairement à l'axe du rectum (voir fig. 34.18).
Elle permet l'évaluation des stades T et N, de l'exten-
sion tumorale en profondeur au sein du mésorectum,
de la CRM et de l'extension vasculaire ;
– coronale oblique petit champ haute résolution avec
une épaisseur de coupe ≤ 3 mm, centrée sur la tumeur
Fig. 34.25 Illustration d'une acquisition 3D T2. Cette acquisition
placée en fonction des équipes selon un plan soit
permet une étude multiplanaire sur console de travail.
parallèle à l'axe du rectum, soit strictement orthogo-
nale au pelvis, permettant pour certains une meilleure
analyse de l'appareil sphinctérien et des rapports de la
tumeur avec le sphincter interne, le plancher pelvien,
les parois de la cavité pelvienne et la réflexion périto-
néale [52, 57].
L'alternative à ces acquisitions axiale et coronale petits
champs hautes résolutions est une acquisition 3D T2 sans
saturation de la graisse (fig. 34.24 et 34.25) [61, 62] per-
mettant une étude multiplanaire et un rapport signal sur
bruit supérieur à l'acquisition 2D sans que l'on ait observé
de supériorité diagnostique d'une acquisition par rapport à
l'autre [61] (fig. 34.26). Fig. 34.26 Comparaison, sur une IRM 1,5 T, d'une acquisition
■ axiale stricte grand champs avec une épaisseur de 2D T2 TSE axiale oblique (a) et 3D T2 (b) avec reconstruction
coupe ≤ 5 mm de l'origine de l'artère mésentérique infé- centrée sur la tumeur perpendiculairement à l'axe du rectum.
rieure (L3) jusqu'à la symphyse pubienne pour explorer
les ganglions locorégionaux qui peuvent être situés en est par ailleurs utile aux radiothérapeutes lors de la pla-
dehors du champ d'exploration des acquisitions axiale nification du traitement pour fusionner l'IRM et la TDM
et coronale obliques petits champs [52]. Cette séquence dosimétrique et ainsi repérer la tumeur.
580 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
Séquences de diffusion (b500-b1000s/mm2) [29] sphincter interne se rehausse intensément après injection de
Ces séquences sont actuellement recommandées essentielle- chélates de gadolinium, permettant une meilleure analyse
ment lors du bilan de réévaluation afin d'évaluer la réponse de l'extension tumorale à l'espace intersphinctérien et au
tumorale. Toutefois, comme pour tout examen cancérolo- sphincter externe, point clé du compte-rendu (fig. 34.27).
gique, il nous paraît utile de réaliser le même protocole lors
du bilan initial, incluant donc les séquences de diffusion ;
d'autant que plusieurs études ont montré l'intérêt d'évaluer Évaluation de la réponse après
l'évolution des paramètres quantitatifs extraits des séquences traitement néoadjuvant
de diffusion avant et après traitement [63–66].
Les séquences de diffusion sont par ailleurs utiles pour détec- La RCT préopératoire entraîne des modifications histopatholo-
ter les ganglions et occasionnellement la tumeur primitive [52, giques et donc de l'aspect en imagerie. Initialement, la tumeur
67], surtout en l'absence d'opacification basse. Enfin, la valeur présente un signal plus élevé que la musculeuse mais infé-
de l'ADC tumoral lors du bilan initial serait inversement corré- rieur à la sous-muqueuse, à l'exception des adénocarcinomes
lée à la réponse thérapeutique et à l'absence de récidive à 3 ans, mucineux qui présentent un franc hypersignal T2 supérieur à
permettant de prédire les futurs bon répondeurs [63, 68, 69]. celui de la graisse [71]. En post-thérapeutiques, la plupart des
tumeurs sont remplacées, en cas de bonne réponse, par du tissu
fibreux, ce qui entraîne une chute du signal lésionnel en pondé-
Séquences 3D et 2D T1 avec saturation spectrale ration T2 [72] qui devient inférieur au signal des muscles glu-
de la graisse et injection de chélates de gadolinium téaux [73]. À l'inverse, on pourra aussi observer après RCT une
Ces séquences ne sont actuellement pas indispensables transformation mucineuse en rapport avec une nécrose tumo-
car elles n'ont pas montré de supériorité par rapport aux rale [74, 75] se traduisant par une franche élévation du signal
séquences 2D T2 TSE pour évaluer l'extension en profon- sur les séquences pondérées en T2 [76, 77]. Cette réponse dite
deur de la tumeur [70]. Elles peuvent toutefois être très utiles colloïde se définit par la présence de flaques de mucus acellu-
lors de l'exploration d'une tumeur du bas rectum, permettant laires ou contenant des cellules carcinomateuses. Ce type de
une meilleure analyse de l'appareil sphinctérien. En effet le réponse peut s'observer avec une fréquence allant jusqu'à 30 %
après RCT [78]. La présence d'une réponse colloïde acellulaire
Message clé – sur le plan instrumental est considérée selon les études comme une réponse histolo-
gique complète associée à un bon pronostic ou une réponse de
Il existe :
pronostic intermédiaire entre celui des patients répondeurs et
■
une séquence indispensable : T2 2D TSE sans saturation de la
graisse dans les trois plans de l'espace ;
non répondeurs [75]. Cette réponse colloïde n'est donc pas un
■
une séquence recommandée essentiellement lors du bilan de facteur de mauvais pronostic [79], à la différence des adénocar-
réévaluation : diffusion ; cinomes mucineux de novo [80–82].
■
une séquence utile uniquement en cas d'exploration de l'ap- Au cours des dernières années, la RCT néoadjuvante est
pareil sphinctérien : T1 avec saturation de la graisse et injec- devenue le traitement standard du cancer rectal localement
tion de chélates de gadolinium. avancé. L'évaluation du stade pathologique (préfixe « p »)
pTN est un des facteurs pronostiques majeurs [83–85]. Le
préfixe « y » (yTN) indique qu'un traitement néoadjuvant
a été effectué. La tumeur résiduelle après traitement néo-
adjuvant (ypT) est déterminée à partir de la tumeur viable
résiduelle la plus profonde au sein de la paroi rectale ou du
mésorectum. Les ganglions lymphatiques (ypN) sont eux
classés comme positifs ou négatifs.
Au même titre que le stade pathologique ypTN, l'évalua-
tion de la réponse en imagerie après traitement néoadju-
vant est devenue un enjeu majeur, même si elle reste encore
a b c aujourd'hui un défi diagnostique [86, 87] avec risque de sur- ou
sous-estimation important. Elle doit permettre de proposer un
traitement individualisé à l'agressivité de la tumeur adaptant le
projet thérapeutique à la réponse du traitement néoadjuvant.
Le bilan de réévaluation réalisé le plus souvent 6 à 8 semaines
après la clôture de la RCT doit donc permettre d'évaluer, lors de
la RCP, l'efficacité du traitement néoadjuvant, à savoir :
■ pour l'oncologue et le radiothérapeute, quantifier la
réponse tumorale : le patient est-il un bon répondeur ?
d e f ■ pour le chirurgien, réévaluer les marges de résection
chirurgicales afin d'évaluer la faisabilité et de guider le
Fig. 34.27 (a–f) Intérêt de l'injection pour l'exploration des
tumeurs du bas rectum. Le rehaussement intense du sphincter
geste opératoire : le traitement néoadjuvant a-t-il permis
interne permet d'évaluer l'extension tumorale au sein de l'appareil d'envisager une résection R0 tout en conservant la fonc-
sphinctérien et donc une meilleure stadification avant la réalisation tion sphinctérienne ?
d'une résection intersphinctérienne (les lignes pointillées rouges cor- ■ la recherche, en complément des données cliniques et
respondent au plan de dissection). endoscopiques, de facteurs pronostiques permettant
Chapitre 34. Apport de l'IRM en pratique clinique dans la prise en charge du cancer du rectum 581
Ganglion
On observe après la RCT un downstaging chez 60 % des
patients avec diminution en nombre et en taille des gan-
glions [72, 73]. Il existe une bonne corrélation entre la
réponse tumorale et ganglionnaire (fig. 34.31), avec toute-
fois persistance d'un risque faible d'environ 7 % de stade
ypN + en cas de tumeur ypT0-ypT2 [92].
Le critère de taille semble plus performant après RCT
[45, 73, 87, 93]. En effet, une étude prospective avec cor-
rélation radio-anatomopathologique [94] a montré que
20 des 23 ganglions du mésorectum > 5 mm de petit axe
étaient malins après RCT, alors que seuls 20 des 178 gan-
Fig. 34.28 Réponse fibreuse mrTRG1 correspondant en histologie
glions < 5 mm étaient positifs. En pratique clinique, on peut
à une réponse complète. Régression partielle du syndrome de masse donc en conclure qu'un ganglion de petit axe > 5 mm après
tumorale avec modification du signal de la tumeur, celui-ci devenant RCT peut être considéré comme malin alors qu'un gan-
hypo-intense par rapport aux muscles glutéaux en faveur d'une trans- glion < 5 mm ne peut pas être considéré comme bénin sur
formation vers un tissu fibreux. (a) Avant RCT. (b) Après RCT. ce seul critère de taille (fig. 34.32).
582 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
a c a c
b d
Fig. 34.31 Réponse complète tumorale et ganglionnaire en his- b d
tologie après RCT (c, d). Noter la possibilité de réponse tumorale
Fig. 34.33 (a–d) Évolution favorable en IRM d'une EMVI après
complète après RCT malgré un syndrome de masse tumorale élevé sur
RCT (c, d) classée vTRG1. Noter sur l'IRM de réévaluation la diminu-
le bilan initial (a, b) [66].
tion du calibre ainsi que la disparition de l'anomalie de signal au sein du
vaisseau initialement envahi sur les séquences 2D T2 TSE et diffusion à
b élevé. Le statut histopathologique final était pourtant ypT3N1V1. Ce
cas illustre le risque de sous-estimation du bilan de réévaluation.
a b
Fig. 34.32 Régression partielle après RCT des ganglions
du mésorectum chez deux patients (a, b). Malgré la même sémio-
logie (ganglion de petit axe < 5 mm, homogène, aux contours régu-
liers), le patient a était ypN– alors que le patient b était ypN +. Seule la
régression complète des ganglions permet d'envisager un statut ypN–
et donc une désescalade thérapeutique.
Fig. 34.34 Réduction du volume tumoral > 70 % (3,2 ml après
Après RCT, les autres critères diagnostiques en faveur RCT [c, d] contre 14,4 ml sur le bilan initial [a, b]) en faveur
de la bénignité des ganglions sont : une diminution de d'une bonne réponse tumorale. Ce patient était en réponse histo-
taille ainsi qu'un signal homogène en pondération T2 [45] logique complète.
et T1 après injection de chélates de gadolinium à la phase
artérielle [95]. Selon le panel d'expert de l'ESGAR, le retour
à une forme ovale et à des contours réguliers ne permet pas tumeur. L'analyse volumétrique fournit des données
d'affirmer la bénignité [45]. fiables et plus reproductibles [66, 72, 96]. Cette quantifi-
cation du volume tumoral est évaluée en pratique clinique
Invasion vasculaire extramurale de manière semi-automatique, à l'aide d'un logiciel dédié,
par segmentation manuelle sur l'acquisition 2D TSE
Afin d'évaluer la réponse de l'EMVI après RCT, une clas- oblique ou, plus récemment, sur la séquence de diffusion
sification vTRG a été proposée selon les mêmes principes avec une meilleure précision [66, 97, 98]. Une diminution
que la classification mrTRG (voir tableau 34.6). Les patients du volume tumoral de plus de 70 % est considérée actuel-
présentant une fibrose > 50 % de l'EMVI (vTRG1-3) avaient lement par la plupart des auteurs [73, 96, 99] comme une
une survie sans récidive à 3 ans de 87,8 % contre 45,8 % en bonne réponse avec une augmentation du temps de survie
cas de fibrose < 50 % (vTRG4-5) [37] (fig. 34.33). sans récidive (fig. 34.34) [96].
À noter que cette analyse quantitative volumétrique peut
Critères volumétriques être prise en défaut :
Pour quantifier la réponse tumorale, les mesures bidi- ■ en cas de réponse « colloïde », la réduction du volume
mensionnelles peuvent être imprécises du fait de la forme tumoral peut être faible ou absente, malgré une bonne
le plus souvent irrégulière et/ou circonférentielle de la réponse histologique [29] (fig. 34.35) ;
Chapitre 34. Apport de l'IRM en pratique clinique dans la prise en charge du cancer du rectum 583
a c
Péritoine
RCT
B
C/D
Mésorectum
?
Fascia recti
Fig. 34.39 Illustration de la classification de l'infiltration tumo- Fig. 34.41 (a, b) Tumeur du bas rectum étendue aux releveurs ne
rale du mésorectum après RCT d'après Vliegen et al. [123]. Les permettant pas de conserver l'appareil sphinctérien.
réponses de types A et B sont en faveur de marges chirurgicales saines
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Chapitre
35
Pancréas
Techniques, cancer, lésions canalaires
A. Amato, C. Ramadane, L. Corno, I. Boulay-Coletta, A. Minh Chuong, M. Zins
PLAN DU CHAPITRE
Technique IRM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 593 Lésions kystiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 597
IRM du pancréas normal. . . . . . . . . . . . . . . . . . 594 Pathologie inflammatoire. . . . . . . . . . . . . . . . . 600
Pathologie tumorale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 594
d'un même volume les canaux pancréatiques, mais le bénéfice Pathologie tumorale
par rapport aux séquences 2D n'est pas connu [3].
L'administration de sécrétine stimule la sécrétion de suc Adénocarcinome
pancréatique et de bicarbonate par le pancréas exocrine [4]. En dépit d'une excellente résolution en contraste, de sa capacité
Elle implique la réalisation d'une cholangiographie-IRM de fournir à la fois une analyse parenchymateuse, canalaire,
dynamique avec répétition des acquisitions pendant 10 à vasculaire et hépatique, l'IRM n'est pas la modalité de première
15 minutes, afin d'obtenir une imagerie à la fois morpho- intention pour faire le diagnostic d'adénocarcinome. En effet, le
logique et fonctionnelle [3]. Après injection d'une ampoule, scanner avec injection dynamique reste, du fait de son excellente
on observe une augmentation du calibre du canal pancréa- résolution spatiale, l'examen de référence dans cette indication
tique dans les minutes qui suivent et un retour à la normale pour le diagnostic et le bilan d'extension [6]. En revanche, l'IRM
environ 5 minutes après. La quantité du suc pancréatique trouve sa place dans deux principaux cadres nosologiques : en
peut être évaluée dans le duodénum. En cas d'insuffisance cas de tumeur résécable au scanner, car elle a une meilleure
sécrétoire, le canal ne se dilate pas et le flux intraduodénal sensibilité de détection des métastases hépatiques, et en cas de
est faible. La sécrétine permet aussi de détecter des sténoses tumeur isodense (fig. 35.1). En effet, un certain nombre d'adé-
canalaires invisibles en période non excrétoire [1]. nocarcinomes du pancréas (5 à 20 %) peuvent être isodenses
La séquence de diffusion, acquise en respiration libre, est au pancréas sain. Cette proportion peut même atteindre 40 %
idéalement réalisée avant ou 5 minutes après l'injection de si l'on ne considère que les tumeurs résécables [7]. Ce sont des
contraste. Il n'existe pas de différence entre les séquences signes indirects canalaires quasi constants qui constituent un
acquises à 1,5 Tesla (T) par rapport à 3 T. Il est recommandé signe d'appel. L'IRM permet alors grâce à une excellente résolu-
d'utiliser trois valeurs de b (150, 400–500, et 800–1000 s/mm2) tion en contraste de visualiser la lésion.
afin d'optimiser la détection et la caractérisation des lésions [5].
Séquences utiles
Les séquences T1 sans suppression du signal de la graisse et
IRM du pancréas normal les séquences T2 ne permettent pas de visualiser correcte
La plupart des maladies pancréatiques sont visibles en IRM ment les adénocarcinomes, car le signal spontané de ces
sur les séquences T1 avec suppression de la graisse ou exci- tumeurs est généralement peu différent de celui du pancréas.
tation sélective de l'eau. Les séquences T1 en écho de gra- La détection et la caractérisation de ces tumeurs reposent
dient sont les plus importantes pour l'analyse pancréatique principalement sur les séquences T1 avec suppression du
en raison de l'hypersignal spontané de la glande en T1, nor- signal de la graisse et les séquences injectées dynamiques.
malement plus intense que le foie et la rate. Cet hypersignal Plusieurs études ont montré la supériorité en termes de détec-
persiste avec l'infiltration graisseuse, mais le pancréas prend tabilité de la séquence injectée au temps artériel pancréatique
alors un aspect un peu plus irrégulier, ponctué en raison de [8–10], et cela a été récemment confirmé [11]. En revanche,
la présence de graisse entre les lobules pancréatiques. En cette séquence semble sous-estimer la taille de la tumeur.
revanche, l'hypersignal peut diminuer chez les personnes La séquence de diffusion a fourni récemment des résultats
âgées en raison d'une fibrose. Après injection intraveineuse encourageants en termes de sensibilité et de spécificité, avec
de chélates de gadolinium, le pancréas se rehausse de manière des résultats oscillant entre 92 % et 100 % respectivement
beaucoup plus importante que le foie à la phase artérielle. [12, 13]. Néanmoins, une étude récente est venue nuancer
En pondération T2, le signal du pancréas sain est variable : ces performances, la diffusion ayant échoué dans 47 % des
égal ou supérieur à celui du foie. Cette pondération permet cas à délimiter la tumeur, en raison de l'hypersignal pan-
de bien visualiser le canal pancréatique principal en hyper- créatique d'amont lié aux remaniements fibreux et inflam-
signal, dans 100 % des cas dans la tête, le corps et la queue, matoires [14]. Une récente étude [11] confirme la supériorité
mesurant en général moins de 3 mm, tandis que les canaux des séquences T1 FS à la phase artérielle en termes de détec-
secondaires sont rarement visibles chez un sujet sain [3]. tabilité tumorale par rapport aux séquences de diffusion, qui
Fig. 35.1 Comparaison TDM et IRM (T1) du pancréas injectées au temps artériel pancréatique, d'un même patient. La lésion isodense en
scanner est nettement visible en IRM en hyposignal, comparativement au reste du parenchyme (flèche).
Chapitre 35. Pancréas 595
a b c
d e f
Fig. 35.2 Aspect en IRM d'un adénocarcinome du pancréas. Séquences de bili-IRM (a), diffusion au b800 (b), T1 sans contraste (c), T1 injectées
aux temps artériel (d), portal (e), tardif 5 minutes (f). La séquence de bili-IRM met en évidence la dilatation bicanalaire ainsi que le stop canalaire
au site de la tumeur, qui apparaît en hypersignal diffusion, hyposignal T1 spontané et au temps artériel, puis qui se rehausse progressivement.
apparaît cependant la meilleure séquence pour évaluer la classique est celle d'un stop canalaire brutal avec importante
taille de la lésion. Les valeurs du coefficient apparent de dif- dilatation d'amont (> 5 mm) (voir fig. 35.2).
fusion (ADC) semblent plus basses dans l'adénocarcinome Le bilan d'extension locale, principalement l'envahisse-
que dans le parenchyme adjacent dans de nombreuses études ment des vaisseaux cœliomésentériques, repose essentielle-
[11, 14, 15]. La séquence de diffusion IVIM (intravoxel ment sur le scanner du fait de son excellente spécificité.
incoherent motion) qui permet d'isoler la diffusion molécu- Les métastases hépatiques sont généralement hypo-
laire pure de la composante perfusive de la diffusion [16], intenses en T1, hyperintenses en T2, et présentent un rehaus-
s'affranchissant de la variabilité de l'ADC, fournit des para- sement périphérique à la phase artérielle et portale, prenant
mètres qui semblent supérieurs à l'ADC pour différencier les l'aspect d'un halo. Les séquences T2 FSE à TE long sont très
principales tumeurs pancréatiques [17]. importantes pour distinguer les lésions hépatiques bénignes
(angiomes, kystes) des métastases. Néanmoins, l'IRM est
utile pour détecter les petites lésions (< 10 mm) (fig. 35.3).
Sémiologie IRM
Typiquement, l'adénocarcinome est une lésion hypo-intense
au reste du pancréas sur les séquences T1 avec saturation de
Tumeurs neuroendocrines
la graisse dans 70 à 80 % des cas. Après injection, en raison de Ces tumeurs ont des caractéristiques différentes de l'adé-
leur caractère hypovasculaire et de la présence d'un impor- nocarcinome. L'IRM et le scanner ont une sensibilité de
tant stroma fibreux au sein de la tumeur, 95 % des lésions détection similaire [19]. Le protocole IRM usuel en cas
sont hypo-intenses à la phase artérielle pancréatique. Aux de recherche de tumeur neuroendocrine doit inclure des
phases plus tardives, le comportement est plus variable, bien séquences T1 et T2 avec saturation de la graisse, ainsi qu'une
que la majorité restent hypo-intenses avec un rehaussement séquence T1 FS injectée dynamique. La séquence T1 FS
souvent visible en périphérie (iso-intenses dans un tiers des non injectée possède une très bonne sensibilité de détection
cas voire hyperintenses) (fig. 35.2). À la phase tardive, les (75 %) [20]. L'utilisation de séquences T1 EG multiartérielles
adénocarcinomes sont majoritairement iso-intenses voire est très prometteuse en termes de sensibilité de détection.
hyperintenses [11], les tumeurs les plus volumineuses ayant
tendance à rester hypo-intenses. En effet, la cinétique du Sémiologie IRM
rehaussement tardif semble corrélée au volume de l'espace Les tumeurs neuroendocrines sont généralement hypo-
interstitiel et à l'importance du drainage veineux [8, 18]. intenses en T1 sans et avec saturation de la graisse, et
La CPRIM recherchera la sténose serrée du canal pan- hyperintenses en T2. Plus rarement, leur signal est inter-
créatique en regard de la tumeur avec dilatation canalaire médiaire ou faible en T2, lorsqu'il existe un important
d'amont voire bicanalaire (canal pancréatique et voie biliaire contingent de collagène [20]. Elles sont en général rondes
principale) en cas de tumeur de la tête du pancréas. L'image ou ovales, bien limitées. Après injection, du fait de leur
596 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
a b
c d
Fig. 35.3 Aspect en IRM d'une métastase hépatique d'un adénocarcinome du pancréas. Séquences T2 (a), diffusion au b800 (b), T1 aux
temps artériel (c) et portal (d). Le rehaussement est classiquement périphérique « en halo ».
a b
c d
Fig. 35.4 Aspect en IRM d'une tumeur neuroendocrine du pancréas. Séquences T1 injectées aux temps artériels (a–c) et portal (d). Le rehaus-
sement est intense et homogène dès les phases artérielles précoces.
caractère hypervasculaire, elles se rehaussent dès le temps tiques les distinguent des adénocarcinomes : la dilatation
artériel dans 80 % des cas, de façon homogène pour les canalaire d'amont, l'envahissement vasculaire par engaine-
petites tumeurs (fig. 35.4) et en anneau ou plus hétérogène ment, et les anomalies de signal du parenchyme avoisinant
pour les tumeurs plus volumineuses. D'autres caractéris- sont rares [3].
Chapitre 35. Pancréas 597
Fig. 35.5 Aspect en IRM d'un pseudokyste. Formation de signal liquidien en T2 (a) et T1 (b), avec une paroi non rehaussée (flèche en c). Pas de
composant solide rehaussé intrakystique. Infiltration de la graisse péripancréatique témoignant d'épisodes inflammatoires récents (têtes de flèche).
Lorsqu'il existe des métastases hépatiques, elles sont correspondent à des collections liquidiennes pures. En pra-
généralement en hyposignal T1, hypersignal T2 et hyper- tique, ils peuvent également être retrouvés dans l'évolution
vasculaires. Leur rehaussement est souvent précoce et d'une pancréatite aiguë nécrosante et présenter un aspect
intense, périphérique [21]. L'IRM est très performante hétérogène [24]. Leur aspect en IRM évolue ; d'abord mal
pour détecter les lésions secondaires pseudokystiques et limités, ils deviennent peu à peu très bien limités par une
pseudo-angiomateuses. capsule plus ou moins épaisse, dont le rehaussement peut
La présence de zones kystiques dans une tumeur neuro se voir plusieurs semaines durant [25] (fig. 35.5). Le signal
endocrine est rare, bien qu'une étude ait rapporté récem- en T1 est généralement élevé, avec des débris en hyposi-
ment leur présence dans 17 % des cas [22]. Les tumeurs gnal T1. Il n'existe aucun élément solide vascularisé au sein
les plus volumineuses sont souvent remaniées, sièges de du kyste. Le cas échéant, il ne s'agit pas d'un pseudokyste.
nécrose, kystes et calcifications [23]. L'IRM montre également des anomalies du parenchyme
Certaines métastases peuvent présenter une zone centrale pancréatique retrouvées au cours des pancréatites aiguës
rehaussée au temps portal et tardif en lien avec un contin- ou chroniques en fonction du stade de la maladie, ainsi que
gent fibreux et poser un problème difficile de diagnostic d'éventuelles anomalies péripancréatiques, hyperintenses
différentiel avec une hyperplasie nodulaire focale. sur les séquences T2 avec saturation de la graisse [26]. Le
principal diagnostic différentiel est le cystadénome muci-
neux. L'histoire clinique, la présence de débris en hypo
Lésions kystiques signal T1 et l'évolutivité sur les imageries successives sont
Grâce à ses séquences fortement pondérées en T2, l'IRM a des éléments en faveur d'un pseudokyste [27].
une excellente sensibilité de détection des lésions kystiques.
Elle est indispensable dans leur caractérisation car elle Tumeurs intracanalaires papillaires
permet l'étude des structures canalaires, l'éventuelle com- et mucineuses du pancréas (TIPMP)
munication de la lésion kystique et la recherche de lésions
multiples. Néanmoins, la recherche de calcifications est Les TIPMP sont caractérisées par une prolifération de l'épi-
moins facile qu'en scanner. thélium canalaire qui produit de la mucine, aboutissant à la
On distingue deux entités : les lésions kystiques primi- dilatation du canal principal et la transformation kystique
tives, les plus fréquentes (pseudokystes, cystadénomes des canaux secondaires. Trois types sont décrits : touchant le
séreux et kystes à contenu mucineux incluant les TIPMP ou canal principal seul, les canaux secondaires seuls et la forme
tumeur intracanalaire papillaire et mucineuse du pancréas, mixte qui associe les deux atteintes précédentes. L'IRM per-
kystes épithéliaux) et les lésions solides avec remaniements met de faire le diagnostic positif, le suivi annuel et, surtout,
kystiques (adénocarcinomes, tumeurs neuroendocrines et de rechercher une transformation maligne.
tumeurs pseudopapillaires). L'atteinte isolée du canal principal peut être diffuse ou
Le protocole doit inclure des séquences T1 et T2 avec satu- segmentaire, et apparaît en IRM comme une dilatation
ration de la graisse, une séquence T1 FS injectée dynamique, modérée ou plus volumineuse du canal pancréatique princi-
et une cholangiopancréatographie IRM. Les séquences T2 pal. L'atteinte débute de manière segmentaire, et peut abou-
permettent d'analyser le contenu du kyste et les structures tir à une dilatation de la totalité du canal principal. Dans ce
canalaires. La saturation de la graisse permet de mettre en cas, la différence avec une pancréatite chronique peut être
évidence des remaniements inflammatoires péripancréa- difficile, car les deux entités s'accompagnent souvent d'une
tiques, utiles pour confirmer le diagnostic de pseudokyste. atrophie parenchymateuse et peuvent coexister (la pancréa-
tite étant la conséquence d'une obstruction par un bouchon
muqueux). La présence de défects endoluminaux en CPIRM
Pseudokystes liés aux proliférations papillaires et aux bouchons muqueux
Il s'agit des lésions kystiques les plus fréquentes. Celles-ci est un argument en faveur de la TIPMP [28] (fig. 35.6). C'est
surviennent dans les suites (4 à 6 semaines) d'un épisode par ailleurs l'atteinte la plus à risque de dégénérescence (70 %
inflammatoire et correspondent à des sucs pancréatiques contre 25 % pour la forme atteignant les canaux secondaires)
encapsulés par de la fibrose et un tissu de granulation. En [29]. L'atteinte localisée aux canaux secondaires apparaît sous
théorie, les pseudokystes surviennent après 4 semaines la forme d'un ou plus souvent de p lusieurs kystes séparés les
d'évolution d'une pancréatite œdémato-interstitielle et uns des autres par du parenchyme pancréatique, ou sous une
598 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
Fig. 35.6 Aspect en IRM d'une TIPMP du canal principal et des canaux secondaires, sans signe de dégénérescence. Séquences de bili-IRM (a),
et T1 injectées (b, c).
Fig. 35.7 IRM d'une TIPMP du canal principal dégénérée. Séquence T2 (a), T1 (b), T1 injectée (c). Il existe une dilatation du canal de Wirsung (a)
et une prise de contraste des parois du canal sur la séquence T1 injectée (c).
forme plus coalescente dite « en grappe de raisin ». Ces dilata- dien en T2. La présence d'un rehaussement rend difficile le
tions kystiques ont le même signal que les structures canalaires diagnostic différentiel avec une tumeur neuroendocrine [26].
et apparaissent branchées sur le canal principal en CPIRM.
Cette communication avec le canal principal est l'élément clé Cystadénomes mucineux
du diagnostic de TIPMP. Toutes les formes peuvent s'associer
à une protrusion de la papille, qui accompagne surtout les Les cystadénomes mucineux affectent presque exclusive-
atteintes du canal principal, les plus mucosécrétantes. Souvent, ment la femme entre la 4e et la 5e décennie, et ont un potentiel
les bouchons de mucine et les débris papillaires sont visualisés malin non nul, pouvant dégénérer en cystadénocarcinome.
sous forme de défects endoluminaux en hyposignal T2. Pour cette raison, la résection chirurgicale est la règle. Ils sont
Les signes qui orientent vers la malignité sont une dilata- généralement situés dans le corps et la queue du pancréas,
tion du canal principal supérieure à 15 mm, l'existence d'un souvent ronds ou polylobés, bien limités. Ils sont unilocu-
syndrome de masse ou de nodule mural (fig. 35.7), la dilata- laires dans 80 % des cas et multiloculaires dans 20 % des cas.
tion de la voie biliaire principale et les calcifications. Contrairement aux TIPMP, il n'existe pas de communication
avec les structures canalaires. Cependant, la tumeur peut
Cystadénomes séreux générer une obstruction extrinsèque du canal principal. Leur
signal est variable en T1, en fonction du contenu en mucine,
Ce sont des lésions kystiques bénignes, survenant principale le plus souvent hypo-intense mais parfois hyperintense en
ment chez la femme âgée. En général asymptomatiques, les cys- cas de remaniements hémorragiques. En pondération T2, le
tadénomes séreux (notamment les lésions supérieures à 4 cm) contenu est hyperintense et on individualise bien les cloisons
ont tendance à croître sur les imageries successives [30]. Il n'est lorsqu'elles existent. Il existe une paroi qui est généralement
jamais observé de communication avec le canal principal. épaisse et prend le contraste (fig. 35.9). La présence d'une
La forme la plus commune est microkystique, dite « en cloison épaisse ou celle d'un nodule mural rehaussé sont des
rayon de miel ». Elle est composée de multiples kystes coales- éléments en faveur d'une transformation maligne [27].
cents dont la taille est comprise entre 0,1 et 2 cm, générale
ment inférieure à 1 cm, en hypersignal T2. Ils sont séparés
entre eux par de fins septums qui convergent vers une zone Tumeur solide et pseudopapillaire
centrale solide appelée cicatrice. Après injection, les septums Il s'agit d'une tumeur (aussi appelée tumeur de Franz ou d'Ha-
et la cicatrice se rehaussent tardivement [31] (fig. 35.8). moudi) affectant essentiellement la femme jeune (entre 20 et
Il existe une forme macrokystique, composée d'éléments 40 ans), à faible potentiel de malignité. Elle se situe générale-
dont la taille est supérieure à 2 cm. Leur signal est générale- ment dans la queue ou la tête du pancréas. En imagerie, on
ment homogène, hyperintense en T2. Il n'existe pas de nodule individualise deux formes principales, en fonction de la taille.
mural. Le principal diagnostic différentiel est le cystadénome Les tumeurs de moins de 3 cm sont généralement bien
mucineux. La troisième forme décrite est beaucoup plus rare. limitées, solides, en hyposignal T1, hypersignal T2, et se
Il s'agit d'une lésion solide, bien limitée, de signal non liqui- rehaussent précocement, de façon hétérogène et progressive.
Chapitre 35. Pancréas 599
Fig. 35.8 IRM d'un cystadénome séreux microkystique. Séquence T2 (a), bili-IRM (b), T1 (c) et T1 injectée (d). La cicatrice centrale, les septums
et les parois des multiples microkystes se rehaussent (d).
Fig. 35.9 Aspect en IRM d'un cystadénome mucineux. Séquences T1 (a), bili-IRM (b), T1 (c), T1 injectée au temps tardif (d). Tumeur kystique
uniloculaire cloisonnée, ne communiquant pas avec le canal de Wirsung. Après injection, rehaussement de la paroi et de la cloison (flèche en d).
Fig. 35.10 IRM d'une tumeur pseudopapillaire et solide de la queue du pancréas, découverte chez un patient de 29 ans. La lésion, bien
limitée, a un contenu hétérogène, avec une double composante kystique, visible en T2 (a) et sur les séquences T1 injectées (c) et solide, rehaussée (c).
Rarement, on individualise une capsule. Les remaniements prédomine dans 50 % des cas. Elles ont généralement une
hémorragiques sont rares [27]. Les tumeurs de plus de 3 cm capsule épaisse fibreuse en hyposignal T2 et T1, rehaussée
sont mixtes, avec une composante solide et kystique, qui intensément et précocement (fig. 35.10). Des remaniements
600 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
Fig. 35.11 Comparaison TDM (a) et IRM T2 (b). L'IRM permet de mettre en évidence des débris (flèche en b) au sein de la collection, en rapport
avec de la nécrose collectée, tandis que la TDM montre une collection liquidienne assez homogène, ce qui permet d'affirmer le caractère nécrosant
de la pancréatite aiguë.
hémorragiques sont usuels, responsables d'un signal hétéro- péripancréatique en T1, et hyperintensité en T2, et éventuel-
gène en T1 et T2, avec parfois des niveaux. Des calcifications lement devant la présence de collections péripancréatiques.
périphériques sont possibles. Parfois, le diagnostic différen- Lorsque la pancréatite aiguë est sévère, le pancréas perd
tiel avec des tumeurs neuroendocrines kystisées est diffi- son hyperintensité en T1 avec saturation de la graisse.
cile. Néanmoins, le rehaussement des composantes solides L'injection de chélates de gadolinium met en évidence la
est plus important dans ces dernières que dans les tumeurs nécrose pancréatique sous forme d'un défaut de rehausse-
pseudopapillaires [27]. ment parenchymateux à la phase artérielle pancréatique,
comme en scanner. Les collections péripancréatiques
peuvent apparaître en hypersignal T1 sur la séquence avec
Pathologie inflammatoire saturation de la graisse traduisant le caractère nécrotico-
Pancréatite aiguë hémorragique de la pancréatite.
La pancréatite aiguë est une inflammation du parenchyme,
dont les facteurs déclenchants les plus communs sont l'alcool Pancréatite chronique
et la lithiase biliaire. L'imagerie est utilisée pour apprécier Le rôle de l'imagerie dans l'évaluation de la pancréatite chro-
le rehaussement glandulaire, l'étendue de la nécrose, et la nique est d'établir le diagnostic, le suivi des complications
présence de collections péripancréatiques. Le scanner avec potentielles (pseudokystes, fistules), et de planifier le traite-
injection reste l'examen de référence et permet de classer ment. Le diagnostic est fondé sur l'évaluation de l'intégrité
le stade de gravité de la maladie selon la classification de fonctionnelle de la glande et les modifications morpholo-
Balthazar modifiée [32]. L'IRM a montré des performances giques parenchymateuses et canalaires telles que définies
équivalentes au scanner pour établir le stade de sévérité de la dans le symposium de Cambridge 1983 [35].
maladie et peut être considérée comme une alternative chez Les patients présentant une maladie avancée sont faci-
des patients présentant une contre-indication aux produits lement diagnostiqués en scanner, qui reste l'examen de
de contraste iodés [33]. En 2012, les critères d'Atlanta révi- référence pour mettre en évidence les calcifications pan-
sés insistent sur l'utilité de l'IRM dans certaines indications, créatiques, mais celles-ci ne sont retrouvées que dans 50 %
notamment la recherche d'un calcul biliaire non vu en scan- des cas.
ner et de composants solides au sein des collections péri- L'IRM permet de détecter la maladie à un stade précoce,
pancréatiques. En effet, certaines collections apparaissent notamment grâce à l'injection de sécrétine [4, 36] et de four-
homogènes au scanner, en dépit de la présence de débris nir un suivi reproductible des anomalies canalaires. L'IRM
d'origine pancréatique et extrapancréatique [32], détectés peut également aider à différencier une forme focale de pan-
en IRM avec une sensibilité et une spécificité de 100 % [34]. créatite chronique d'une lésion tumorale.
Cette différence permet de distinguer les collections liqui-
diennes pures des collections nécrotiques, avec un impact Sémiologie IRM
thérapeutique non négligeable (fig. 35.11). De même, l'IRM Les calcifications sont rarement visibles en IRM. Elles
permet de mettre plus précisément en évidence une anoma- peuvent apparaître sous forme d'un vide de signal. Le
lie du canal pancréatique (distension, interruption, fuite) parenchyme peut être hypo-intense en pondération T1
ainsi qu'une communication éventuelle avec un pseudo- avec saturation de la graisse avant injection et présenter un
kyste. L'IRM est plus sensible pour mettre en évidence une rehaussement faible ou hétérogène (fig. 35.12). Les princi-
hémorragie intra- ou péripancréatique [34]. pales anomalies rencontrées sont canalaires. Celles-ci sont
très bien identifiées sur les séquences en forte pondération
Sémiologie IRM T2. Le canal pancréatique principal apparaît dilaté de façon
Lors d'une pancréatite peu sévère, le pancréas reste généra- tortueuse, irrégulière. On peut observer une dilatation
lement hyperintense en pondération T1 avec saturation du modérée et symétrique en flammèches des canaux secon-
signal de la graisse, et le diagnostic est fait devant l'augmen- daires. Les calculs intracanalaires, les bouchons protéiques
tation de la taille du pancréas et les phénomènes inflam- et les débris apparaissant comme des lacunes endolumi-
matoires péripancréatiques : hypo-intensité de la graisse nales. Les pseudokystes, fortement hyperintenses en T2,
Chapitre 35. Pancréas 601
Fig. 35.12 IRM d'une pancréatite chronique. Séquences T2 (a), bili-IRM (b), T1 (c), T1 injectée au temps portal (d). Le pancréas atrophié a perdu
son hypersignal T1 spontané (flèche en c). Dilatation irrégulière du canal de Wirsung et des canaux secondaires (a, b).
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peuvent être uni- ou multiloculaires, mais leur paroi ne se 22(1) : e2.
rehausse pas (fig. 35.13). L'IRM permet de mettre en évi- [5] Barral M, Taouli B, Guiu B, et al. Diffusion-weighted MR imaging of
dence une éventuelle communication avec le canal pan- the pancreas : current status and recommendations. Radiology 2015 ;
créatique principal et d'apprécier leur contenu (hémorragie, 274(1) : 45–63.
liquide protéique, débris nécrotiques), afin d'adapter au [6] Zins M, Petit E, Boulay-Coletta I, et al. Imaging of pancreatic adeno-
mieux le traitement. carcinoma. J Radiol 2005 ; 86(6 Pt 2) : 759–79 quiz 779–80.
L'injection de sécrétine apporte une information fonc- [7] Bluemke DA, Cameron JL, Hruban RH, et al. Potentially resectable
tionnelle. En cas de pancréatite chronique, on observe une pancreatic adenocarcinoma : spiral CT assessment with surgical and
diminution du remplissage duodénal et un retard à la dila- pathologic correlation. Radiology 1995 ; 197(2) : 381–5.
[8] Kelekis NL, Semelka RC. MRI of pancreatic tumors. Eur Radiol 1997 ;
tation du canal principal. La dilatation canalaire permet une
7(6) : 875–86.
meilleure visualisation du canal principal et des anomalies [9] Obuz F, Dicle O, Coker A, et al. Pancreatic adenocarcinoma : detec-
des canaux secondaires [4]. Une étude a montré parfois un tion and staging with dynamic MR imaging. Eur J Radiol 2001 ; 38(2) :
remplissage acinaire se traduisant par l'augmentation pro- 146–50.
gressive de l'intensité du parenchyme pancréatique, chez des [10] Chandarana H, Babb J, Macari M. Signal characteristic and enhance-
patients à scanner normal, ce qui pourrait être un signe de ment patterns of pancreatic adenocarcinoma : evaluation with dyna-
pancréatite chronique précoce [37]. mic gadolinium enhanced MRI. Clin Radiol 2007 ; 62(9) : 876–83.
602 Partie 4. Imagerie de l'abdomen
[11] Legrand L, Duchatelle V, Molinié V, et al. Pancreatic adenocarci- [24] Banks PA, Bollen TL, Dervenis C, et al. Classification of acute pan-
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Chapitre
36
L'IRM mammaire en pratique
courante
T.H. Dao, A. Rahmouni
PLAN DU CHAPITRE
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 605 Indications de l'IRM mammaire . . . . . . . . . . . . 629
Technique d'exploration . . . . . . . . . . . . . . . . . . 605 Plan d'interprétation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 647
Sémiologie IRM en pathologie mammaire. . . . 610 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 648
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
© 2017, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 605
606 Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique
Fig. 36.3 Impact diagnostique de la résolution spatiale. Nodule en mammographie d'allure bénigne, bien limité (a), paraissant spiculé sur la
séquence T1 haute résolution (voxel 0,8 mm3) et sur l'image soustraite après injection de gadolinium (b, c).
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante 607
a b
c d e
f g
Fig. 36.4 Acquisition à 3T volumique isotropique écho de gradient T1 après injection de gadolinium et soustraction. Reconstruction MIP (maxi-
mum intensity projection) dans le plan axial (a) et sagittale du sein gauche (b) pour une meilleure visualisation des lésions. Reconstructions dans les trois
plans de l'espace pour une meilleure localisation des petites lésions (c–e). Meilleure appréciation des dimensions tumorales (f, g : sarcome mammaire).
floride), mais surtout celles qui se rehaussent après injection, des problèmes techniques et il faudra savoir l'améliorer ou
les ganglions intramammaires ou axillaires, les fibroadé- choisir entre une séquence TSE T2 avec fat sat ou STIR, en
nomes (au stade proliférant). fonction de l'intensité des artéfacts observés. En particulier,
Les tumeurs malignes, les carcinomes in situ, les fibro- l'étude des prolongements axillaires est parfois difficile en
adénomes en involution présentent des hypersignaux T2 TSE T2 en raison des artéfacts plus importants. La mise en
plus modérés. place de bandes de présaturation n'est pas indiquée si celles-
L'étude morphologique est importante, avec une résolu- ci masquent les prolongements axillaires (fig. 36.5).
tion fine requise, résultat d'un compromis avec le temps d'ac- Les séquences Dixon avec excitation d'eau, lorsqu'elles
quisition (généralement 2 à 3 mm d'épaisseur de coupes). La sont disponibles, permettent une saturation graisseuse spec-
possibilité d'acquisition 3D T2 avec suppression de graisse trale de bonne qualité (fig. 36.6) [18].
(fat sat) existe mais au prix d'une durée de séquence plus
longue.
La saturation de graisse est indiquée, permettant la diffé- Séquence de diffusion
renciation des structures graisseuses des structures glandu- Les séquences de diffusion sont devenues indispensables
laires (inflammation, hémorragies, etc.) ou lésionnelles en dans les bilans diagnostiques neurologiques et en oncologie
hypersignal T2. Cette saturation est parfois hétérogène pour (hémopathie, etc.).
608 Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique
Fig. 36.5 Phase fréquence dans le plan transversal droit-gauche (b), plutôt qu'en antéropostérieur (a). Les bandes de présaturation qui
permettent d'atténuer les artéfacts cardiaques sont à éviter car elles masquent les régions mammaires externes et axillaires (c).
a b c
Fig. 36.6 Différentes séquences T2 avec saturation de graisse. (a) Turbo spin écho T2 avec saturation de graisse : artéfacts fréquents en
regard des régions latérales, bonne résolution spatiale. (b) T2 STIR : la saturation est plus homogène, la résolution moindre. (c) T2 Dixon : résolution
moindre, saturation homogène.
2,00
mm /s)
2
–3
ADC (× 10
1,50
1,00
Fig. 36.7 Diffusion : comparaison des valeurs d'ADC de lésions bénignes, lésions à haut risque et lésions malignes (moyenne et écart-
type). Les lésions bénignes ont une valeur moyenne d'ADC significativement plus élevée (1,83 ± 0,43 × 10–3 mm2/s que les lésions à risque ou
malignes (1,46 et 1,30 ± 0,27 × 10–3 mm2/s. On observe cependant un important chevauchement des valeurs entre les différentes lésions. (D'après
Parsian S, Rahbar H, et al. Radiology 2012 ; 265(3) : 696-706.)
L'utilisation en pathologie mammaire est rendue difficile chant en cas de pathologie malignes et bénignes (fig. 36.7 et
par la présence de nombreux artéfacts, en raison de l'utili- 36.8, tableau 36.1).
sation d'une antenne de surface avec une zone à explorer La résolution spatiale actuelle obtenue par des séquences
asymétrique avec de nombreuses interfaces tissus-air (sein, de diffusion ne permet pas une caractérisation lésionnelle
paroi). Les études de caractérisation des lésions mammaires pour des diamètres inférieurs à 5 mm [19]. Des valeurs de
retrouvent des valeurs d'ADC variables en fonction des sys- b élevées (1000–1500) sont préférables pour une meilleure
tèmes, du champ d'exploration, avec des valeurs se chevau- caractérisation tumorale [20].
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante 609
a b
c d
Fig. 36.8 Cancer du sein gauche. Aspect T1 (a), T2 STIR (b), après injection de gadolinium (c) et restriction de diffusion sur l'image ADC (d).
Tableau 36.1 Diffusion : valeurs d'ADC rapportées Cependant, dans les conditions techniques actuelles,
par différents auteurs à 1,5 T. la caractérisation tumorale par des séquences de diffusion
seule ne peut suffire, et ne peut remplacer de façon fiable
ADC 10–3 mm2/s
l'injection de gadolinium [21]. Éventuellement, on peut
Yili et al., 2009 1,01 1,72 – l'envisager pour diminuer les faux positifs de l'injection en
Marini et al., 0,95 1,48 2,25 cas de contre-indication à l'injection [22–24].
2007
Guo et al., 0,97 1,57 2,35 Séquences « silicone »
2002
Il s'agit de séquences d'inversion récupération (IR), avec une
Rubesova 0,99 1,48 – saturation élective du signal de silicone : séquences de « satura-
et al., 2006
tion de silicone ». À noter une fréquence du silicone différente à
Woodhams 1,22 1,67 – 1,5 T (environ 400 Hz) et 3 T (environ 600 Hz) de celle de l'eau.
et al., 2005 Des séquences de suppression de l'eau et de la graisse
Moyenne 1,03 1,58 2,30 permettent à l'inverse de visualiser le silicone (fig. 36.9).
a b
c d
Fig. 36.9 Différentes séquences du protocole d'exploration de prothèses mammaires. Axiales T1 (a), T2 STIR (b), saturation élective
du silicone (c) et visualisation seule du silicone avec saturation de l'eau et de la graisse (d). Petite collection périprothétique séreuse et non de
silicone (flèches bleues et rouges).
610 Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique
a b
Fig. 36.10 Acquisition volumique après injection. Soustraction floue en raison de mouvements de la patiente (a). L'examen est renouvelé
quelques jours plus tard : meilleure délimitation des contours lésionnels (b).
IV+
Rehaussement
1 2 3 4 5 6 7 8
séquences Temps (min)
Fig. 36.11 Schéma des séquences volumiques (3D) successives, dynamiques après injection de gadolinium (IV +).
Ces séquences seront ajoutées au protocole standard en fournis par les constructeurs. Elle met en évidence toutes les
cas de doute clinique ou radiologique sur une complication zones de rehaussement après injection (fig. 36.12).
de prothèse : douleurs, rupture, masse accolée à la prothèse, Le calcul de l'intensité du rehaussement, la courbe de rehaus-
etc. [12, 25–29]. sement se feront de façon automatique à partir d'une région
d'intérêt (region of interest [ROI]) choisie sur la lésion à étudier,
Séquences après injection de gadolinium visualisée sur les séquences soustraites (fig. 36.13) [30, 31].
Ce sont des séquences en EG T1, rapides (moins de IRM du sein à 3 T
1 minute), utilisées pour étudier de façon dynamique le L'utilisation d'un champ à 3 T pour l'exploration mammaire,
rehaussement de signal lésionnel avec des séquences répé- combinée avec une antenne de surface multicanaux, permet
tées toutes les minutes après injection. d'obtenir facilement une résolution inframillimétrique, avec
L'acquisition est volumique sur l'ensemble des deux un voxel inférieur à 1 mm3 en 3D, sans allonger le temps
seins, dans le plan axial avec reconstructions secondaires d'examen (moins de 20 minutes) (voir fig. 36.4). Cette
possibles dans les autres plans. Ces reconstructions seront amélioration de la résolution spatiale permet une meilleure
de meilleure qualité et plus informatives avec une résolution analyse morphologique sur les séquences T1 et T2, avec une
fine et des voxels isotropiques. augmentation de la spécificité diagnostique [14, 15, 32–41]
La visualisation de ce rehaussement ne peut se faire de (voir fig. 36.3 et fig. 36.4).
façon spontanée et fiable. De nombreuses techniques ont L'IRM 3 T permet également l'utilisation de séquences de
été étudiées : saturation de graisse avec excitation d'eau, spectroscopie et de diffusion, actuellement à l'étude dans la
etc. pour finalement retenir la soustraction d'image comme caractérisation tumorale et des ganglions [19–22, 42–45].
le moyen le plus fiable et reproductible pour visualiser ce
rehaussement. L'inconvénient majeur est la possibilité
d'artéfacts de mouvements rendant la soustraction « floue », Sémiologie IRM en pathologie
voire l'examen ininterprétable (fig. 36.10). La préparation et mammaire
l'installation de la patiente sont donc primordiales [17].
En général, 5 à 7 séquences après injection sont réali- Cancer du sein en IRM
sées (fig. 36.11). Les séquences « tardives » à partir de 6 à Les tumeurs malignes présentent un hyposignal en T1 sem-
8 minutes après injection permettent d'apprécier le rehaus- blable à la glande mammaire adjacente et un hypersignal
sement tardif de certaines lésions fibreuses. Mais la plu- variable en T2 (fig. 36.14). Après injection en bolus de gado-
part des lésions malignes se confondent le plus souvent à linium (0,1 mmol/kg), ces tumeurs vont présenter typique-
ce temps d'injection avec la glande mammaire avoisinante. ment un rehaussement du signal tumoral en rapport avec
La séquence avant injection sert de « masque ». La sous- plusieurs mécanismes (fig. 36.15) :
traction de ce masque des différentes séquences répétées après ■ une vascularisation tumorale plus importante avec de
injection est maintenant automatique dans tous les protocoles nombreux capillaires élargis ;
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante 611
1’
a
T1
Post-gadolinium
2’
3’
4’
5’
6’
2’
b
3’
4’
5’
6’ 6’
Fig. 36.12 Succession toutes les minutes des séquences natives, 3D EG T1 après injection de gadolinium, avant soustraction : visua-
lisation du rehaussement d'une lésion externe gauche (a). Même succession des séquences dynamiques après injection mais avec soustrac-
tion : visualisation d'une seconde lésion suspecte se rehaussant (b, flèche), non visible sur la séquence non soustraite.
a b
Fig. 36.13 Lésion suspecte se rehaussant après injection de gadolinium sur cette image soustraite. Positionnement de la ROI (cercle)
sur cette lésion (flèche en a). Obtention de la courbe de rehaussement correspondante (b).
■ l'augmentation de la perméabilité pariétale de ces vais- L'exploration dynamique du rehaussement des lésions
seaux avec parfois des shunts artérioveineux ; malignes après injection de gadolinium a été rapportée
■ un flux sanguin plus important, avec un taux d'échange dès 1989 par Kaiser puis étudiée depuis par de nombreux
plus élevé entre les secteurs plasmatique et extracellulaire ; auteurs avec un taux de spécificité et de sensibilité de l'ordre
■ la cellularité de la lésion et son taux de prolifération [6–8]. de 95 % dans le diagnostic de tumeur maligne [4, 5, 9, 10].
612 Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique
a b c
d e f
Fig. 36.14 Aspect T1, T2 et après injection de gadolinium de tumeurs malignes chez deux patientes différentes. (a–c) Lésion polylobée
avec de petits nodules satellites se rehaussant de façon hétérogène. (d–f) Lésion externe droite non visible en T1, bien limitée après injection :
tumeur agressive à l'histologie. À noter le petit kyste au bord interne de la tumeur en hypersignal T2, ne se rehaussant pas après injection (flèche).
Fig. 36.15 Lésion maligne du quadrant supéro-externe droit. À la mammographie (a, b), en IRM après injection de gadolinium, avec une
courbe de rehaussement en plateau (c–e).
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante 613
a b
c d f
Fig. 36.16 Lésion tumorale nodulaire, arrondie du quadrant supéro-externe gauche en mammographie (a, b) et en échographie (c).
L'IRM retrouve cet aspect de lésion arrondie au centre hypovasculaire après injection de gadolinium sur les reconstructions MIP axiale (d) et les
images de soustraction axiale (e) et sagitales (f) : carcinome canalaire infiltrant triple négatif (récepteurs estroprogestatifs, herceptine).
614 Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique
a b c
d e
Fig. 36.17 Microcalcifications étendues du quadrant supéro-externe droit sur la mammographie face et oblique (a, b) et bien visibles
sur le cliché en agrandissement (flèche bleue, c). Meilleure délimitation tumorale (flèches rouges) de ce carcinome canalaire infiltrant à l'IRM,
sur les soustractions sagittale (d) et axiale (e).
l'opérateur, avec mesure de l'intensité du signal au sein de L'IRM du sein fait le diagnostic de cancer primitif avec des
ces ROI, sur chaque séquence réalisée au cours du temps. résultats de sensibilité et de spécificité supérieurs aux autres
Certaines machines possèdent des logiciels de calcul auto- méthodes d'exploration du sein : l'IRM a une sensibilité dans
matique de ces courbes de rehaussement de signal, permet- le diagnostic de lésion primitive du sein de 93 % avec une spé-
tant de caractériser ces rehaussements lésionnels. cificité de 65 %, contre 86 % et 32 % pour la mammographie,
Plusieurs aspects de ces courbes de rehaussement tumo- 58 % et 76 % pour l'examen clinique et 75 % et 80 % pour
ral peuvent s'observer [30, 31] : l'échographie [55–57]. A fortiori, lorsque toutes les méthodes
■ une phase de rehaussement précoce intense survient, sont combinées, le taux de détection augmente encore.
avec une pente raide, observée dès les premières secondes Le diagnostic positif d'une lésion tumorale primitive
après injection (wash-in) ; mammaire (bilan de microcalcifications, opacité douteuse
■ après avoir atteint un pic de rehaussement (variant de en mammographie ou échographie, bilan étiologique d'adé-
50 % à parfois 250 %), il existe ensuite une diminution nopathies axillaires métastatiques avec bilans clinique et
de l'intensité du signal après la première minute avec un mammographique normaux) est parfois uniquement réalisé
« lavage » (wash-out) de l'hypersignal lésionnel, observé sur l'IRM [58–61], avec un meilleur bilan de taille tumorale,
dans 57 % des tumeurs malignes ; de multifocalité voire de bilatéralité des lésions, et donc avec
■ dans 33 % des tumeurs malignes, après le rehaussement les modifications thérapeutiques qui en découlent, modifi-
initial, il va exister un aspect de plateau ; cations qui peuvent être radicales dans 15 % des cas (mam-
■ et dans quelques cas (9 %), le rehaussement est intense mectomie au lieu d'une tumorectomie, chimiothérapie avec
mais plus progressif et va se continuer pendant la phase chirurgie récusée, etc. [62, 63] (fig. 36.19).
d'étude du rehaussement (fig. 36.18). Une classification de l'American College of Radiology
Avec un pic de rehaussement de 130 %, on obtient une (ACR) pour la prise en charge des lésions mammaire (clas-
cut-off value pour le diagnostic de lésion maligne, très sen- sification BI-RADS, ou Breast Imaging Reporting And
sible pour le diagnostic de récidive tumorale après traite- Data System) a été développée pour optimiser la prise en
ment d'un cancer du sein [11, 46]. De même, un aspect charge des lésions vues en IRM en 2006 [58, 59], avec des
de rehaussement très précoce avec une pente raide d'aug- recommandations pour les bilans IRM dans les cancers du
mentation de signal (wash-in) avec un wash-out lésionnel sein apportées par la Haute autorité de santé (HAS) et l'EU-
est très évocateur de tumeur maligne (spécificité de 93 % SOMA working group (European Society Of Breast Cancer
d'après Daniel et al. [13]). Specialists) [60, 61].
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante 615
90 %
160
Types de Courbes :
80 %
Type I (curviligne)
30 %
40
20 %
10 %
0
Malin Bénin solide NPFC 0%
a b NPFC Bénin solide Malin
c d e
Fig. 36.18 Rehaussement des différentes lésions mammaires. (a) Répartition des valeurs moyennes de rehaussement après injection
de gadolinium en fonction des lésions malignes, bénignes ou en cas de dystrophie fibrokystique (ou nonproliferative fibrocystic change [NPFC]).
(b) Répartition des types de courbes de rehaussement après injection de gadolinium en fonction des lésions malignes, bénignes ou en cas
de dystrophie fibrokystique (NPFC) : les lésions bénignes et dystrophiques présentent majoritairement des courbes progressives. (c–e) Exemples
de courbes de rehaussement de différentes lésions explorées : avec wash-out, en plateau, progressive. (Fig. 36-18 a et b : d'après Kuhl CK,
Mielcareck P, et al. Radiology 1999 ; 211(1) : 101-10.)
a b c
d e f
Dt Dt
g h i j
Fig. 36.19 Masse inflammatoire du sein gauche chez une patiente de 42 ans, avec épaississement des plans cutanés visible
à la mammographie (a, b, flèches rouges), en échographie et à l'IRM (d, f, flèches rouges). À noter un kyste connu du sein droit visible en
mammographie (a, b, flèches bleues). L'IRM précise le volume tumoral du sein gauche en hyposignal T1 et T2, avec épaississement inflammatoire
des plans cutanés en hyposignal T1, hypersignal T2 (d, f). Rehaussement intense avec wash-out après injection de gadolinium, (g, h). Le kyste
du sein droit en hypersignal T2 (i) ne se rehausse pas après injection (j).
616 Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique
1a b c d
2a b
3a b
Fig. 36.20 Carcinomes intracanalaires chez trois patientes différentes. 1. Prises de contraste non-masses en IRM (a, b), pseudonodulaires du
quadrant supéro-externe droit (flèches bleues), plus étendues par rapport au foyer de microcalcifications visualisé en mammographie (c, d, flèches
rouges), atteignant la région aréolaire correspondant à un carcinome in situ de grade intermédiaire. 2. Prises de contraste micronodulaires et branchées
de l'ensemble du quadrant inféro-interne droit en IRM (a, b), n'atteignant pas la région aréolaire (flèches bleues), sans traduction mammographique :
carcinome in situ de haut grade. 3. Prises de contraste micronodulaires multifocales alignées vers le mamelon, étendues du quadrant inféro-externe
droit, allant de la région aréolaire jusqu'au pectoral (flèches bleues, a, b) : carcinome in situ de haut grade étendu sur la pièce de mammectomie.
Les carcinomes in situ ont été décrits comme mal explo- des faux négatifs très peu nombreux : le contexte de fibrose
rables en IRM, en raison des calcifications qui ne sont post-thérapeutique de la glande mammaire a voisinante
pas visualisées. Cependant, une prise de contraste après ainsi que la population particulière étudiée (ménopausée)
injection de gadolinium est retrouvée en regard du stroma expliquent probablement ces taux élevés de sensibilité et spé-
lésionnel, dans la majorité des lésions de carcinome in situ cificité (95 % et 85 %) pour le diagnostic de récidive.
(dans 60 à 80 % des cas selon les séries [64–66]), avec une L'indication de l'IRM est actuellement souvent posée
meilleure visualisation sur les machines à haut champ (3 T), devant la difficulté de surveillance mammographique d'une
permettant une meilleure résolution [67–69] (fig. 36.20). cancer du sein traité en raison d'un sein fibreux scléreux cli-
La visualisation de l'extension tumorale à l'IRM paraît être niquement, plus dense, hétérogène en mammographie, avec
celle qui est le mieux corrélée à l'anatomopathologie [70]. une zone cicatricielle se modifiant, devenant suspecte, avec
L'IRM peut donc être envisagée dans un bilan d'exten- éventuellement des microcalcifications [72, 73] (fig. 36.23).
sion de carcinome in situ, en particulier dans un contexte La suspicion de récidive peut également être clinique
de seins denses ou dystrophiques à la mammographie, de avec une sclérose mammaire s'accentuant, apparition de
patiente à risque [71] (fig. 36.21 et 36.22). phénomènes inflammatoires faisant douter entre des pous-
sées inflammatoires « bénignes » postradiothérapie ou une
récidive tumorale sur un mode inflammatoire.
Récidives tumorales après traitement
Le rehaussement d'une récidive sur fibrose peut présenter
d'un cancer du sein une sémiologie moins typique, avec un rehaussement pro-
Le diagnostic en IRM de ces récidives repose sur la même gressif, dont il faudra cependant tenir compte pour ensuite
sémiologie de rehaussement de signal après injection dyna- poser l'indication d'une biopsie.
mique de gadolinium [11, 46]. L'IRM présente une grande À noter que la présence de prises de contraste mam-
sensibilité diagnostique dans cette indication essentielle, avec maires (« foci ») lors d'une IRM de surveillance d'un can-
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante 617
a b d
Fig. 36.21 Carcinome in situ de haut grade. (a, b) Petit foyer de microcalcifications irrégulières du sein droit, dans un sein dense à la mam-
mographie, bien visible en agrandissement (c) chez une patiente de 68 ans, avec nombreux antécédents familiaux de lésion mammaire. La
macrobiopsie retrouve un CIC de haut grade. (d) L'IRM (séquence MIP axiale après injection de gadolinium) retrouve un rehaussement allongé
antéropostérieur (flèche), plus étendu par rapport au foyer de microcalcifications initial, correspondant à du carcinome intracanalaire (CIC) de haut
grade à la mammectomie décidée par la patiente.
a b d
c e
Fig. 36.22 Carcinome in situ de haut grade, plus étendu à l'IRM et à l'anatomopathologie par rapport aux microcalcifications initiales.
Hématome après macrobiopsies (flèche bleue) d'un foyer de microcalcifications irrégulières correspondant à un carcinome intracanalaire (CIC)
de haut grade chez une patiente de 46 ans sans antécédents particuliers : pas de microcalcifications suspectes résiduelles à la mammographie
agrandie (a–c). Une IRM est réalisée dans le cadre d'un protocole diagnostique : prises de contraste étendues des quadrants supérieurs droits
(flèches rouges, d, séquence MIP coupe sagittale, e, séquence MIP, coupe axiale) correspondant à un CIC multifocal de haut grade à l'histologie.
cer du sein traité de façon conservatrice sera plus suspecte Faux négatifs
en cas de traitement complémentaire par tamoxifène que Les faux négatifs correspondent à des tumeurs malignes
lorsqu'il existe un traitement par inhibiteurs de l'aromatase non diagnostiquées en IRM. L'injection de produit de
(prévalence de lésion bénigne de 14 % en cas de tamoxifène, contraste ne retrouve pas de rehaussement significatif,
40 % en cas d'inhibiteurs de l'aromatase, et 65 % sans traite- c'est-à-dire un rehaussement étalé dans le temps ou peu
ment) [74]. important en intensité : il s'agit souvent de carcinomes
618 Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique
a b e
c f g
Fig. 36.23 Récidive tumorale : cicatrice indurée du quadrant supéro-externe gauche chez une patiente traitée pour un cancer du
sein gauche 5 ans auparavant. La mammographie et l'échographie retrouvent une zone cicatricielle hétérogène (a–c, flèches bleues). Prise de
contraste nodulaire centimétrique suspecte de la région cicatricielle supéro-externe gauche (flèches rouges) à l'IRM (d, T1, e, STIR, f, MIP, coupe
axiale après injection de gadolinium) avec une courbe de rehaussement en plateau (g).
a b c d
e f
Fig. 36.24 Faux négatif de l'IRM. Plusieurs petits nodules différents visualisés à l'échographie (flèches rouges, c, d), sans traduction mammo-
graphique (a, b), correspondant à un carcinome lobulaire infiltrant. L'IRM complémentaire ne retrouve pas de prise de contraste pouvant être
considérée comme suspecte du sein droit ou gauche (séquences axiales STIR T2 (e), EG T1 (f), EG T1 soustraction après gadolinium (g).
lobulaires, c olloïdes, médullaires ou mucineux [75–77] Une attention particulière sera indiquée en cas de sur-
(fig. 36.24) et dans une proportion moindre de carci- veillance IRM de patientes à risque familial ou génétique,
nome in situ (15 à 30 % des cas de carcinomes in situ sans avec une interprétation prudente des rehaussements en foci
rehaussement [78]. (près de 43 % des faux négatifs dans l'étude d'Obdeijn [79]).
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante 619
b c
f e g
Fig. 36.25 Gros fibroadénome externe gauche chez une jeune femme de 26 ans. Aspect hypervasculaire à l'échographie (a), peu discernable
à la mammographie dans un sein dense (b, c, flèches bleues), hypo-intense en T1 (e, flèche rouge), avec un hypersignal T2 intense (d, axiale T2
STIR) et un rehaussement important après injection de gadolinium (f, axiale T1 soustractions après gadolinium) avec une courbe de rehaussement
avec un aspect de wash-out (g).
Les kystes peuvent présenter un hypersignal T2 moins ou en tout cas monophasique, non suspect en cas de poussée
intense lorsqu'ils sont remaniés (fig. 36.27), mais ne pré- inflammatoire (fig. 36.28 et 36.29).
sentent pas de rehaussement après injection de gadolinium,
b c
a d e
f
Fig. 36.27 Dystrophie multikystique. Sein très dense à la mammographie (a). Parmi les multiples kystes droits, un kyste présente un hyposignal
T2, un discret hypersignal T1, un hypersignal en diffusion b1000, avec une restriction sur l'image ADC, sans rehaussement après injection : kyste
remanié (flèche jaune en b–f). Découverte d'une prise de contraste nodulaire externe gauche, progressive, en hypersignal T2 : fibroadénome
(flèche rouge en c et f). IRM en T1 (b), T2 STIR (c), diffusion b1000 (d), ADC (e), T1 gadolinium (f).
a b
d
e
c
Fig. 36.28 Dystrophie kystique et kyste remanié. Petit kyste remanié en profondeur du sein gauche, en hypersignal T1 (a, reconstruction
sagittale T1, b, axiale T1) en raison d'un contenu riche en protide ± sédiments fibrineux déclives en hypersignal T2, à la partie antérieure du kyste,
la patiente étant en procubitus (c, d, coupes axiales T1). Pas de rehaussement suspect après soustraction et injection de gadolinium (e).
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante 621
Fig. 36.29 Kyste inflammatoire. Patiente présentant une dystrophie kystique connue, avec des mastodynies gauches. Prise de contraste progres-
sive des parois kystiques de la lésion gauche, sans modification du signal intrakystique ; à noter l'absence de rehaussement du kyste du sein droit
(a–c). IRM axiale STIR (a), axiale T1 (b), axiale T1 gadolinium (c, d).
Fig. 36.31 Aspect échographique trompeur de la cystoséatonécrose : palpation d'un nodule sus-aréolaire gauche chez une patiente
avec antécédents de tumorectomie pour cancer. L'échographie retrouve un kyste hétérogène aux parois irrégulières (a), correspondant à une
cytostéatonécrose avec une lésion spiculée au contenu radiotransparent graisseux à la mammographie (b) et à l'IRM (c–f). IRM T2 STIR (c), T1 EG
(d, e), T1 EG gadolinium (f).
b c
a
d e f
Fig. 36.32 Fibroadénome plus atypique, avec des calcifications débutantes à la mammographie (incidence oblique et agrandissement,
a, b), multicloisonné avec un hypersignal T2, un rehaussement intense en IRM (c–f). IRM axiale T1 (c), T1 gadolinium (d, e), T2 STIR (f).
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante 623
a c d
b e f
g i k
h j
Fig. 36.33 Papillome intragalactophorique. Patiente de 48 ans, avec un nodule intragalactophorique du sein droit, inféro-externe, vascularisé
en Doppler, découvert à l'échographie (a, b, flèche) dans le bilan d'un écoulement mammaire séreux. La mammographie avec agrandissements
ne montre aucune lésion sur l'incidence de face (c, d) ou en oblique (e, f). L'IRM est pratiquée dans le bilan d'extension en raison de seins
denses : nodule de 7 mm intragalactophorique au sein d'un arbre inféro-externe dilaté, au contenu hyperintense en T1 sur la reconstruction MIP
(g, flèche, axiale EG T1, h, sagittale EH T1) – liquide hématique ou plutôt riche en protides. Après injection de gadolinium, en T1, rehaussement
intense de la lésion, irrégulière, avec une courbe de rehaussement en plateau (i–k). Histologie : papillome intragalactophorique sans atypies, sans
résidus hémorragiques intracanalaires.
624 Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique
Fig. 36.34 Abcès rétro-aréolaires. Patiente présentant des douleurs et inflammation aréolaires, sans écoulements. Masse bilobée rétro-aréolaire
gauche sans traduction mammographique (a), hypoéchogène vascularisée en périphérie en Doppler (b, c). L'IRM retrouve deux nodules accolés
avec une prise de contraste périphérique intense (d–f). Biopsie négative et aspect résolutif sous traitement antibiothérapique.
Fig. 36.35 Abcès multiples du sein gauche. Multiples petites collections intramammaires gauches en hyposignal T1, hypersignal T2, se rehaus-
sant en périphérie, avec œdème diffus, épaississement cutané (a–c).
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante 625
c d
e f
b g
Fig. 36.36 Abcès masquant une tumeur. Plusieurs épisodes d'abcès du sein droit chez une patiente sans antécédents particuliers. La mammo-
graphie montre des seins denses sans lésion visible (a, b), avec un nodule inférieur droit de 12 mm (c, d, flèche). L'IRM réalisée retrouve plusieurs
nodules des quadrants inférieurs droits sur une zone de 35 mm, avec un rehaussement en plateau (e–g) : carcinome infiltrant étendu à la biopsie
et à l'anatomopathologie de la mammectomie effectuée.
avec parfois même un wash-out en impose souvent avec ■ grade II : hyperplasie floride modérée, papillome intra
une lésion suspecte. Le diagnostic reste cependant difficile canalaire et adénose sclérosante ;
en cas de tumeur mammaire avoisinante, faisant discuter ■ grade III : hyperplasie avec atypies cellulaires proches de
l'échographie de second look et le contrôle biopsique en cas lésions cancéreuses.
de cible retrouvée (fig. 36.39) [94–97]. L'intensité des rehaussements est le plus souvent corré-
lée au grade de l'hyperplasie. La figure 36.18 montre bien
que ces lésions bénignes proliférantes présentent souvent
Lésions de mastopathie bénigne
des rehaussements précoces, intenses et monophasiques qui
Les lésions de dysplasie glandulaire sont à l'origine de la peuvent être pris pour des prises de contraste tumorales si
majeure partie des faux positifs. En IRM, ces lésions se une étude dynamique n'est pas effectuée. En revanche, l'as-
rehaussant après injection de gadolinium n'ont pas de pect en plateau est moins fréquent, et il n'a pas été retrouvé
traduction lésionnelle sur les séquences T1 et T2, les faisant d'aspect de wash-out (fig. 36.40).
qualifier de « non-masse » [98–101]. Ces rehaussements en « foci » ont un aspect micronodu-
Ces lésions sont classifiées en anatomopathologie en : laire, avec de petites lésions arrondies de contours flous, de
■ dysplasie de grade I : lésions non prolifératives, kystes, moins de 5 mm de diamètre en général, réparties de façon
métaplasies apocrines, calcifications épithéliales et symétrique. Le diagnostic sera plus difficile si la répartition
hyperplasie modérée ;
626 Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique
Fig. 36.37 Tumeur maligne kystique. Lésion liquidienne en hyposignal T1 (a), hypersignal T2 (b), avec une prise de contraste irrégulière pariétale
après injection de gadolinium (c, d).
a b c
d e
Fig. 36.38 Ganglion intramammaire d'aspect bien limité, réniforme, au cortex fin (moins de 3 mm) en IRM et en échographie.
Hypersignal T2 intense avec un rehaussement également intense après injection en IRM (a–c), vascularisation en Doppler couleur en échographie
(d, e) : remaniements inflammatoires à la biopsie.
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante 627
a b
b c
Sein normal
La glande mammaire normale, sans lésion histologique de dys-
plasie glandulaire, peut présenter des prises de contraste, un
rehaussement matriciel qui peut en imposer pour une patholo-
e f gie. La physiopathologie de ces rehaussements est mal connue,
avec probablement un facteur hormonal ou vasculaire [104, 105].
Fig. 36.39 Tumeur du quadrant supéro-externe du sein droit de Ces prises de contraste sont observées précocement, dès
25 mm, avec un nodule de 10 mm adjacent, à 25 mm en avant de la première soustraction à 1 à 2 minutes après injection. Elles
la lésion. Aspect échographique d'une adénomégalie suspecte avec un sont plus souvent focales que diffuses, sans traduction sur
cortex épaissi, vascularisé en Doppler couleur (a, b), et de la lésion tumo-
les séquences T1 et T2 (prises de contraste « non masse »),
rale (c). IRM de l'adénopathie en T1 axial (d) et sagittal (e), puis après
injection de gadolinium avec soustraction : visualisation du ganglion
avec une courbe de rehaussement de type monophasique
(flèche bleue) et de la tumeur (flèche rouge) qui se rehaussent de façon dans 89 % des cas ou biphasique, sans aspect de wash-out.
intense (f). À l'histologie : adénopathie intramammaire métastatique. La morphologie de ces rehaussements est particulière,
parfois évocatrice en cas de prise de contraste :
■ micronodulaire, de moins de 5 mm de diamètre, avec des
est unilatérale ou asymétrique. Une surveillance à distance contours flous ;
sera discutée, puisque deux tiers de ces lésions régressent ■ segmentaire, postérieure ou postéro-externe ;
sur un contrôle à 4 mois [80] (fig. 36.41). ■ segmentaire « en cadre » (fig. 36.42).
Ces lésions de mastopathie bénigne posent cependant de Ces différents aspects de rehaussement de la glande normale
plus en plus de problèmes diagnostiques IRM maintenant ont fait l'objet d'une classification en fonction de leurs inten-
que sont effectuées des explorations plus fréquentes chez sité et morphologie, de BPE (breast parenchyma enhancement)
des patientes non ménopausées ou sous traitement hormo- 1 à 4, ou classification en grade 1 à 4 rappelant celle de la
nal, et surtout lors de bilan d'extension de cancer du sein ou densité mammographique BI-RADS :
de surveillance de patientes à risque. La conduite à tenir sera ■ grade 1 : pas ou peu de rehaussement ;
discutée souvent au cas par cas en réunion de concertation ■ grade 2 : rehaussement faible ;
pluridisciplinaire (RCP ; surveillance, biopsie, etc.). ■ grade 3 : rehaussement modéré ;
Ces indications IRM sont d'autant plus fréquentes que ■ grade 4 : rehaussement important, marqué (fig. 36.43).
l'IRM va être indiquée devant des seins denses et hétéro- Il n'existe pas de corrélation entre ces aspects de rehaus-
gènes, de surveillance mammographique difficile, avec des sement matriciel de la glande mammaire normale en IRM
faux négatifs connus de la mammographie [60]. L'IRM est et la densité optique mammographique de la classification
donc maintenant indiquée dans la surveillance des patientes à BI-RADS (fig. 36.44) [106]. Ce rehaussement matriciel serait
risque génétique de cancer du sein (BRCA1, BRCA2 [102, 103]). un facteur de risque indépendant de cancer de sein [107].
628 Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique
h
d g Dt
b e f i
Fig. 36.41 Épisode de rétraction mamelonnaire droite chez une patiente de 56 ans, sans antécédents particuliers. Pas de lésion visible
en mammographie (a, b) avec visualisation d'un matériel solide intracanalaire rétro-aréolaire à l'échographie, pseudonodulaire, non vascularisé en
Doppler (c, d, flèches bleues). L'IRM retrouve une prise de contraste étendue rétro-aréolaire et du quadrant inféro-externe droit, correspondant
à un arbre galactoforique (e–g, flèches rouges). La biopsie sous IRM des prises de contraste du quadrant inféro-externe retrouve des lésions de
mastopathie sans signes de malignité. Régression progressive des prises de contraste sur des IRM de contrôle successives, avec disparition du
rehaussement suspect sur le dernier contrôle 16 mois après l'épisode initial (h, i).
a b c
Fig. 36.42 Rehaussement matriciel « en cadre » de la glande normale après injection (flèches bleues). Acquisition volumique et soustrac-
tions après injection de gadolinium ; reconstructions sagittales (a, b) et axiale (c).
Comme en mammographie, la performance diagnos- retrouvée lorsque l'examen sera pratiqué en première partie
tique de l'IRM sera fonction du type de rehaussement de la du cycle [80, 81] (voir fig. 36.26).
glande mammaire avoisinant la lésion, avec une fréquence Ces prises de contraste disparaissent dans 73 % des cas
accrue d'ACR 3 en cas de BPE 3 et 4 [108–110]. lorsqu'il est décidé une surveillance IRM plutôt qu'une
vérification histologique (refus du contrôle biopsique par la
Sein normal en fonction du cycle patiente, pas d'arguments mammographiques ou échogra-
La répartition de ces différents types de rehaussement va phiques, multiplicité des lésions, etc.).
différer en fonction du statut ménopausique de la patiente, Cette décision de « contrôle IRM à distance », souvent
avec des aspects BPE 4 plus fréquents chez la patiente non difficile, sera discutée en RCP, et est souvent dépendante
ménopausée (fig. 36.45) [105]. de l'expérience du radiologue : certains auteurs préconisent
Chez des patientes non ménopausées, ces prises de une expérience minimale de 200 IRM mammaires par an, la
contraste vont s'observer pendant toutes les phases du cycle, participation à des RCP, d'effectuer des biopsies sous IRM
mais vont être nettement moins importantes pendant la ou de savoir orienter une patiente vers un site effectuant des
2e semaine du cycle. La meilleure spécificité de l'IRM sera biopsies sous IRM [111].
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante 629
Grade I
Grade II
Grade III
c e
Grade IV
d f
Fig. 36.43 Rehaussement matriciel normal, progressif après injection de produit de contraste (background parenchyma enhancement
[BPE]). Grade I : rehaussement minime (0–25 % de la glande) ; grade II : rehaussement modéré (25–50 %) ; grade III : rehaussement dense ± hété-
rogène (50–75 %) ; grade IV : rehaussement très dense (> 75 %).
Fig. 36.44 Pas de corrélation entre la densité BI-RADS du sein en mammographie (a) et le rehaussement matriciel du parenchyme
en IRM (b) chez quatre patientes différentes.
Marqué
Minimal 8 %
10 %
Modéré
10 %
Discret
Minimum 24 %
61 %
Discret Marqué
19 % 54 %
Modéré
14 %
a b
Fig. 36.45 Répartition du type de rehaussement matriciel en fonction du status hormonal. a) Patientes en postménopause. b) Patientes
en préménopause. (D'après King V, Gu Y, et al. Eur Radiol 2012 ; 22(12) : 2641-7.)
induite : une fibrose postradique intense, en particulier lors Bilan préopératoire d'une tumeur maligne
des anciennes radiothérapies exclusives ou avec surdosage La plus grande sensibilité de l'IRM pour l'évaluation de la
local, aura un hyposignal important en T1 et T2 ; et une réci- masse tumorale a été appréciée dès les premières études
dive au sein de cette fibrose ne pourra se révéler que par un comparatives avec les autres techniques d'imagerie dès
rehaussement modéré et progressif, témoignant surtout de 1986 [5]. Il en ressortait qu'en cas de seins denses, hétéro-
la cellularité de la lésion et du compartiment extracellulaire gènes ou dystrophiques, l'IRM permettait de faire le dia-
plus que de l'angiogenèse [11]. gnostic de tumeur maligne de façon plus précoce et plus
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante 631
a b e
c d f
Fig. 36.46 Patiente présentant des antécédents familiaux de lésion mammaire et des antécédents personnels de carcinome in situ
du sein droit traité de façon conservatrice 3 ans auparavant. Petit foyer de microcalcifications de l'union des quadrants externes du sein
gauche apparu peu spécifique à la mammographie avec clichés agrandis (a–d, flèches). Une IRM complémentaire retrouve une prise de contraste
nodulaire et irrégulière suspecte correspondant à ce foyer (e, f, flèches) : carcinome canalaire infiltrant à la biopsie stéréotaxique.
a b f
c d e
Fig. 36.47 Lésion spiculée supérieure droite, suspecte à la mammographie, avec des seins denses (flèche en a, b). Doute à l'échographie
sur des lésions adjacentes (flèche en c, d). L'IRM effectuée retrouve de multiples lésions des quadrants supérieurs correspondant à un carcinome
infiltrant multifocal (e, f).
précise. La découverte de lésions multifocales et controlaté- Un consensus a été adopté par l'HAS en 2010 [60], avec
rales infracliniques et infraradiologiques lors des premières indications de l'IRM dans le bilan initial d'un cancer du
études de caractérisation lésionnelle par l'IRM a fait poser sein :
le problème d'une indication systématique préopératoire ■ en cas de seins denses, hétérogènes ;
de l'IRM lorsque les autres techniques d'exploration mam- ■ discordance radioclinique dans l'appréciation de la taille
maire étaient insuffisantes (seins denses, dystrophiques, tumorale ;
etc.) (fig. 36.47). Cette indication fait changer l'attitude thé- ■ impact dans le choix thérapeutique (chirurgie oncoplas-
rapeutique dans 15 à 27 % des cas, pour un coût acceptable tique, chimiothérapie néoadjuvante) ;
compte tenu de l'amélioration pronostique attendue d'un ■ patiente jeune (40 ans) ;
traitement plus adapté [55–59]. ■ contexte familial ou génétique.
632 Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique
De 16 à 20 % de localisations tumorales homolatérales L'IRM mammaire peut également être demandée
supplémentaires sont ainsi diagnostiquées (avec une valeur pour une meilleure appréciation de l'extension locale
prédictive positive [VPP] de 66 %) et 3 à 4 % de cancers d'un cancer du sein, à la paroi thoracique ou à la plaque
controlatéraux (VPP de 48 %) [112–115]. aréolo-mamelonnaire.
Cette atteinte tumorale plurifocale ou bilatérale est
connue et fréquente dans certains types histologiques de Extension ganglionnaire
cancers du sein que sont les carcinomes lobulaires infiltrants
qui ont un risque de bilatéralisation d'emblée de l'ordre de d'un cancer du sein
10 % à l'histologie, et dont les localisations multifocales L'atteinte ganglionnaire axillaire est un des facteurs pro-
ou multicentriques sont sous-évaluées par les techniques nostiques majeurs dans le cancer du sein. Le relais gan-
d'imagerie classique [116–119]. glionnaire axillaire étant le plus fréquent quelle que soit
En pratique courante, l'IRM est souvent demandée dans la topographie initiale du cancer dans le sein, son évalua-
le bilan d'extension locale en raison de sa valeur prédic- tion a fait l'objet de nombreuses études [92, 93, 120–122].
tive négative (VPN) importante (83 à 95 %), un bilan IRM L'extension ganglionnaire est appréciée histologiquement
« normal » permettant de confirmer l'unicité lésionnelle par le curage axillaire, et maintenant par le ganglion sen-
(fig. 36.48 et 36.49). tinelle dans les stades précoces. Le diagnostic par IRM de
À noter cependant qu'en cas d'un rehaussement de base l'atteinte ganglionnaire axillaire nécessite une antenne de
important de la glande mammaire avoisinante (BPE 3-4), surface axillaire associée à l'antenne sein, ou une antenne
cette appréciation sera plus difficile [108, 109] (fig. 36.50). sein de dernière génération, présentant une couverture axil-
a b c
d e
Fig. 36.48 Carcinome in situ étendu du sein droit, avec des microcalcifications du quadrant inféro-externe, visibles en mammographie
(c, incidence de profil) et tomosynthèse face et profil passant par ce foyer (a, b, flèches bleues). IRM réalisée dans le cadre d'une évalua-
tion tumorale vers la plaque aréolaire avant mammectomie et reconstruction immédiate : présence de multiples prises de contraste nodulaires de
l'ensemble des quadrants externes du sein, à distance de l'aréole. (d, e) Carcinome in situ de haut grade à l'histologie.
a b
Fig. 36.49 Patiente présentant un carcinome infiltrant du sein gauche et lésion suspecte controlatérale découverte à l'IRM. La mam-
mographie de face retrouve des seins denses hétérogènes et l'opacité spiculée para-interne gauche (flèche rouge en a). L'IRM est demandée afin
de confirmer l'unicité lésionnelle compte tenu de la densité mammaire : prise de contraste tumorale gauche unique et découverte d'une lésion
controlatérale interne (flèche bleue en b), retrouvée à l'échographie de second look : carcinome infiltrant bilatéral.
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante 633
a c
b
Fig. 36.50 Rehaussement matriciel bilatéral de type 3 (BPE 3) (a) gênant le bilan d'extension d'une lésion tumorale du quadrant
supéro-externe droit (b, c, flèche).
s ensibilité de l'IRM pour le diagnostic de cancer du sein de visée esthétique ou en reconstruction après mammecto-
93 %, avec une spécificité de 65 %, contre 86 % et 32 % pour mie pour cancer du sein, reconstruction par prothèse seule
la mammographie. ou en association avec des lambeaux. Les complications
Un contexte familial ou génétique de cancer du sein bénignes et malignes de ces prothèses sont de diagnostic
rend impératif un diagnostic précoce chez ces patientes clinique difficile, et les examens d'imagerie sénologique
à risque. Un protocole de dépistage spécifique a donc conventionnels s'avèrent limités par la présence de la pro-
été mis en place pour ces patientes à risque génétique thèse mammaire. Les ponctions à visée diagnostique ne
(BRCA1, BRCA2) ou avec un risque familial évalué à plus sont pas toujours possibles, de peur de léser la prothèse.
de 30 % [126, 127]. Dans ces cas difficiles, la différenciation d'une complica-
Des protocoles d'examens IRM « rapides » ont été tion bénigne d'une récidive tumorale, y compris en cas de
étudiés, ne comprenant qu'une séquence 3D après injec- reconstruction par lambeau, peut être faite par l'IRM [12,
tion, avec reconstructions MIP (maximum intensity 26, 28, 129–131].
projection) de la séquence précoce après injection. Une L'IRM peut être indiquée en cas de complications
spécificité et une sensibilité superposables à un examen bénignes précoces, dominées par la suspicion d'infection
IRM standard sont retrouvées par des lecteurs expéri- devant une inflammation clinique, sur prothèse (fig. 36.52)
mentés [128]. ou sur lambeau, à différencier des remaniements aigus de
cytostéatonécrose (fig. 36.53).
Bilan des complications des prothèses Au stade chronique, l'IRM est très performante en cas de
suspicion de rupture dans la différenciation des granulomes
et reconstructions mammaires réactionnels chroniques ou « siliconomes », secondaires à
Les prothèses mammaires, à contenu hydrique ou surtout une fuite ou rupture prothétique (fig. 36.54), à distinguer
en silicone, sont utilisées de plus en plus fréquemment à
c e
Fig. 36.52 Patiente avec prothèses de silicone bilatérales (mammectomie préventive) et douleurs postopératoires droites. (a, b)
Séquences axiales T1 et STIR. Minime collection périprothétique droite. (c, d) Séquences avec visualisation du silicone et saturation de silicone.
Collection séreuse, sans silicone. (e) Séquence T1 soustraite après injection de gadolinium. Prise de contraste périprothétique : inflammation avec
suspicion clinique de surinfection, confirmée après dépose de la prothèse.
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante 635
a b c
d e
a b c d
Fig. 36.54 Granulome réactionnel – « siliconome ». Palpation d'un nodule au bord inférieur de la prothèse chez une patiente suivie pour un
cancer du sein traité par mammectomie et reconstruction par prothèse. Le nodule palpé correspond à une lésion échogène homogène au contact
du bord inférieur de la prothèse (a). L'IRM est réalisée avant la biopsie pour préciser les rapports et la nature de la lésion avec la prothèse : aspect de
« hernie » de la prothèse de silicone en hypersignal équivalent à la prothèse en T2 STIR (b), sans rupture, avec fibrose réactionnelle ne se rehaussant
pas après injection de gadolinium (c). Aspect peropératoire de hernie de silicone (flèche) chez une autre patiente (d). (Remerciements A. Fitoussi.)
636 Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique
des dépôts de silicone libre injectés chez certaines patientes l'eau et de la graisse) (fig. 36.56 et 36.57) [25]. L'IRM fera éga-
(Asie du Sud-Est, Brésil, etc.) (fig. 36.55). lement le diagnostic d'infiltration de silicone des ganglions
D'un point de vue technique, l'adjonction de séquences en axillaires ou des chaînes mammaires internes (fig. 36.58).
haute résolution, spécifiques au silicone permettra le diagnos- L'injection de produit de contraste est toujours néces-
tic de microruptures grâce à ces séquences de saturation de saire afin de ne pas méconnaître une lésion maligne
silicone et de « visualisation » du silicone (avec saturation de associée (fig. 36.59 à 36.62) [132]. En cas de traitement
a b
c d
e f
g h
i
Fig. 36.55 Patiente d'origine asiatique présentant des antécédents de prothèses mammaires posées à visée esthétique avec injection
complémentaire de silicone libre. La mammographie de dépistage retrouve des opacités denses, floues en périphérie des prothèses (a, b).
L'échographie est peu contributive devant des lésions nodulaires échogènes disséminées, atténuantes, adjacentes à la prothèse (c, d). L'IRM
complémentaire retrouve un signal spécifique de silicone au niveau de ces nodules et masses périprothétiques en hyposignal T1 (e), hypersignal
T2 STIR, avec saturation du signal de la prothèse en saturation spécifique de silicone (g), hypersignal des plages de silicone et de la prothèse sur la
séquence de visualisation du silicone (ou « silicone only ») (h), sans rehaussement suspect après injection de gadolinium (i).
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante 637
T2 STIR
a b
a b
c d
Fig. 36.56 Microfissures prothétiques : contrôle IRM d'une
patiente porteuse de prothèses posées 7 ans auparavant. Les
séquences T1 et T2 STIR retrouvent un aspect irrégulier et discrètement
hétérogène de la paroi postérieure de la prothèse (a, b). Les séquences
spécifiques de silicone mettent en évidence de minimes extravasations c
postérieures du silicone à travers la paroi prothétique sur la séquence
de visualisation du silicone (c), et de petites pénétrations du liquide Fig. 36.57 Rupture intracapsulaire de prothèse PIP®. La paroi
séreux périprothétique dans la prothèse sur la séquence de saturation prothétique rompue est bien visible sur la séquence T2 STIR, avec
du silicone (d). de multiples solutions de continuité (a). Le contenu prothétique est
hétérogène avec de multiples hypersignaux liquidiens mélangés au
silicone dans la prothèse sur la séquence de saturation de silicone (b).
L'explantation des prothèses confirme la rupture prothétique droite,
d'aspect hétérogène (c). La prothèse gauche est également rompue
(microfissures à l'IRM).
a b
c d e
Fig. 36.58 Prothèses rompues avec infiltration ganglionnaire : prothèses bicompartimentales, avec un compartiment externe de
silicone, un compartiment interne contenant du sérum bien visible à droite. Le silicone est en hypersignal T2 STIR (a), en hyposignal T1
(c, d, séquences sagitales), avec un signal saturé sur la séquence de saturation de silicone (b) et bien visible sur la séquence de visualisation du
silicone (e), au niveau des ganglions mammaires internes droits (flèches bleues), des ganglions axillaires gauches (flèches rouges), de la prothèse
affaissée gauche et du compartiment externe de la prothèse droite. À gauche, la prothèse est rompue avec une enveloppe de silicone affaissée, le
contenu séreux ayant diffusé. Infiltration de silicone des ganglions axillaires gauches, témoignant de la rupture extracapsulaire. À droite : microfis-
sures capsulaires du compartiment prothétique externe, avec présence de silicone dans des adénomégalies de la chaîne mammaire interne droite.
638 Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique
a b
c d
Fig. 36.59 Récidive de cancer du sein : antécédents de cancer du sein droit traité par mammectomie avec reconstruction par prothèse,
mammectomie gauche prophylactique puis prothèse. Rétraction mammaire droite avec une opacité rétro-aréolaire à la mammographie (a,
incidence oblique droite et son agrandissement ; b, face droite et son agrandissement), avec une lésion rétractile se rehaussant de façon intense à
l'IRM (c, axiale T2 STIR et d, axiale T1 soustraction après gadolinium) ; petit ganglion externe droit irrégulier après injection, suspect (flèches jaunes).
a b
c d e
Fig. 36.60 Surveillance IRM chez une patiente présentant des antécédents de cancer du sein bilatéral, traité par mammectomie bila-
térale, reconstruction par lambeau DIEP à droite, lambeau de grand dorsal et prothèse à gauche. L'examen clinique est sans particularité.
Mise en évidence d'une prise de contraste nodulaire (flèches) suspecte après injection de gadolinium. Axiale T1 (a), T2 STIR (b), axiale et sagittale T1
soustraction après gadolinium (c, d). L'échographie de second look retrouve une lésion pseudonodulaire superficielle du quadrant supéro-externe
gauche (flèches en e) qui est biopsiée : récidive de carcinome infiltrant.
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante 639
a b c
d e f h
Fig. 36.61 Récidive sur prothèse après mammectomie : patiente avec un cancer du sein traité 6 ans auparavant. Petite induration
cutanée du quadrant supéro-externe droit sans traduction sur le bilan sénologique initial. L'IRM mammaire retrouve une minime prise de contraste
nodulaire de 3 mm (flèches bleues). Axiale T1 (a), axiale T1 soustraction après gadolinium (b), axiale MIP après gadolinium (c), sagittale T1 avant (e)
et après soustraction et gadolinium (d), correspondant à un micronodule retrouvé rétrospectivement sur l'échographie dirigée (g, h, flèches rouges)
et à la mammographie (f, profil droit).
b d e
a c f g
Fig. 36.62 Récidive de cancer du sein. Découverte d'un petit foyer de microcalcifications sur une mammographie de contrôle chez une patiente
suivie pour un cancer du sein traité de façon conservatrice, avec mise en place d'une prothèse. (a, b) L'échographie retrouve une petite masse vas-
cularisée (c). L'IRM confirme l'unifocalité de la lésion et son caractère suspect avec un rehaussement en plateau (flèches bleues) (d–g) L'histologie
confirme la récidive tumorale.
conservateur, des prises de contraste bénignes en « foci » et la clinique étaient négatives a été rapportée avec les
peuvent être observés dans la glande restante, avec régres- premières études de bilan étiologique d'adénopathies axil-
sion ou stabilité des images sur les surveillances IRM suc- laires métastatiques. De 75 à 80 % de lésions mammaires
cessives (fig. 36.63). à l'origine d'adénopathies axillaires secondaires ont été
La connaissance des différents types de reconstructions retrouvées, parfois avec une lésion primitive mammaire
mammaires, parfois complexes car associant plusieurs tech- volumineuse non diagnostiquée par la clinique et les
niques de reconstruction, est très utile pour une surveillance autres méthodes d'imagerie [134, 135] (fig. 36.66). Les
IRM optimale, pour différencier les complications bénignes seins denses en mammographie, dystrophiques ou « mas-
habituelles des récidives potentielles [57, 133] (fig. 36.64 et tosiques » sont souvent à l'origine de ces faux négatifs. Un
36.65). bilan systématique d'évaluation par IRM est alors à discu-
ter afin d'adapter la stratégie thérapeutique : l'extension
Bilan étiologique d'adénopathies ganglionnaire correspondant à un stade avancé, la mam-
mectomie habituellement proposée en l'absence de tumeur
axillaires métastatiques initiale diagnostiquée pourra être remplacée par un traite-
La sensibilité supérieure de l'IRM dans le diagnostic de ment conservateur dans la mesure du possible, mieux vécu
cancer du sein lorsque la mammographie, l'échographie bien sûr par la patiente.
640 Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique
a b c e
g h
Fig. 36.63 Prise de contraste résolutive. Surveillance mammo-IRM après traitement conservateur d'un cancer du sein gauche, avec reconstruc-
tion par prothèse. Présence de microcalcifications douteuses sur le dernier contrôle mammographique (a, b ; flèche en b). Rehaussement focal
non masse rétro-aréolaire gauche suspect (c, d, flèche, sagittale et axiale après soustraction et gadolinium), avec une courbe de rehaussement en
plateau (e). L'échographie de second look retrouve de façon non formelle une zone qui est biopsiée, négative. Décision de contrôle IRM à 4 mois :
régression de la prise de contraste (f : axiale T2 STIR ; g, h : axiale et sagittale T1 avec soustraction après gadolinium).
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante 641
a b
c d e
f g
Fig. 36.64 Différentes reconstructions par lambeaux autologues. (a, b) Grand dorsal droit : visualisation du muscle grand dorsal transposé
(flèche) sur ces séquences T1 sagittale et axiale. (c, d) Lambeau abdominal DIEP : visualisation du fin liseré correspondant à l'interface entre le
lambeau et le tissu résiduel sous-cutané après mammectomie (flèches, séquences axiale et sagittale T1). (e) Lambeau fessier gauche après mam-
mectomie avec conservation de la plaque aréolo-mamelonnaire (séquence T1 axiale). (f, g) Grand dorsal gauche et prothèse : visualisation du
muscle en avant de la prothèse (flèche, séquences axiale et sagittale T1).
a b
c d
Fig. 36.65 Mammectomie bilatérale avec reconstruction bilatérale complexe : reconstruction droite par lambeau de grand dorsal, pro-
thèse et lipofilling ; reconstruction gauche par DIEP, prothèse et lipofilling. La surveillance par mammographie est rendue difficile par l'asso-
ciation des différentes techniques de reconstruction (cicatrices éventuelles de lambeau, prothèses), mais aussi par l'apparition de microcalcifications
fréquentes en cas de lipofilling (a, b : mammographie obliques droite et gauche et agrandissement, flèches en b). La surveillance IRM est alors la
technique d'imagerie de choix pour la surveillance de ces reconstructions complexes, ici sans prise de contraste suspecte retrouvée ; on retrouve
la prise de contraste habituelle des tissus musculaires du lambeau dorsal (c : sagittales T1, d : sagittales T1 avec soustraction après gadolinium.
642 Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique
a b
Fig. 36.66 Métastases ganglionnaires axillaires (région axillaire d'une mammographie oblique gauche, flèches en a) sans lésion pri-
mitive retrouvée à l'examen clinique, à la mammographie ou l'échographie. Lésion rétro-aréolaire gauche de 25 mm à la mammectomie,
correspondant à l'IRM (flèches en b, axiale T1 avec soustraction après gadolinium).
2007 2009
a b
d e f
Fig. 36.67 Apparition de microcalcifications en regard de la cicatrice postopératoire para-aréolaire d'un carcinome in situ sur la
mammographie de surveillance (a–c, flèches, agrandissements des mammographies de face de 2007 et 2009). L'IRM réalisée retrouve
de petites prises de contraste punctiformes, correspondant aux zones de microcalcifications, avec une courbe de rehaussement progressive (d–f,
flèches, axiale T1 avec soustractions après gadolinium). Malgré un rehaussement progressif, cet aspect reste suspect compte tenu de la morpholo-
gie du rehaussement, au sein de remaniements fibreux post-thérapeutiques : récidive de carcinome in situ à la biopsie.
a b
c d
e f
On rappellera que les prises de contraste en foci seront De même, une discordance radioclinique devra être
plus douteuses chez des patientes sous tamoxifène par rap- précisée par l'IRM, en particulier en cas d'examen clinique
port aux inhibiteurs de l'aromatase [74, 144]. suspect, contrastant avec un bilan sénologique négatif
(recommandations de l'HAS [63]) (fig. 36.71).
Exploration des bilans sénologiques
douteux (ACR 3, ACR 4 faible)
Un bilan sénologique classé ACR 3 nécessite un contrôle à Lésions infracliniques diagnostiquées
distance dans les 4 à 6 mois, selon la classification BI-RADS à l'IRM : repérages et biopsies sous IRM
de l'ACR. Cette surveillance à distance est souvent anxio- L'IRM s'est avérée très sensible dans l'exploration mam-
gène pour la patiente. Les dernières études démontrent maire, avec mise en évidence de nombreuses lésions infra-
l'intérêt de l'IRM en cas d'ACR 3, permettant de surseoir au cliniques et infraradiologiques. Ces lésions peuvent rester
contrôle à distance en reclassant les bilans sénologiques en occultes même après examen rétrospectif clinique, mam-
ACR 2, tout en permettant d'éliminer de façon fiable une mographique ou échographique.
lésion maligne [145–151] (fig. 36.69 et 36.70). La propor- La difficulté est de confirmer la nature histologique
tion d'examens invasifs ou anxiogènes (échographie de de ces lésions et l'abord chirurgical ne peut être envisagé
second look, biopsie sous échographie, macrobiopsie sous qu'avec un repérage stéréotaxique au préalable, comme en
IRM, etc.) n'est pas augmentée. Par ailleurs, en cas de lésion mammographie. En effet, le repérage en IRM mammaire
suspecte finalement diagnostiquée à l'IRM, il n'y a pas de paraît impératif, la localisation en IRM d'une lésion étant
retard à la prise en charge thérapeutique. en rapport avec la position particulière de la patiente
a b
c
Fig. 36.69 Doute à la mammographie sur un surcroît de la région cicatricielle supéro-externe droite chez une patiente présentant des
antécédents de cancer du sein droit traité il y a 5 ans (a, b, mammographie face, oblique). Échographie non spécifique. L'IRM effectuée
ne retrouve pas de rehaussement suspect supéro-externe, mais une prise de contraste supéro-interne correspondant à une récidive retrouvée à
l'échographie de second look (c, flèche, axiale T1 avec soustraction et gadolinium).
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante 645
a b
c d e
Fig. 36.70 Doute sur un surcroît d'opacité nodulaire spiculé du quadrant supéro-externe gauche, visible surtout de face, persistant
en compression localisée (flèches rouges). a–d) Mammographie bilatérale face, oblique, incidence de face avec compression localisée, sans
traduction échographique. Pas de lésion suspecte à l'IRM (e, axiale T1 avec soustraction et injection de gadolinium) : examen reclassé ACR 2.
2012
a.
2014
b.
Fig. 36.71 Surveillance mammographique chez une patiente de 58 ans, sans antécédents particuliers. Seins très denses, masto-
siques avec une induration des quadrants inféro-externes gauches connue inchangée depuis 2 ans (mammographie bilatérale face
et oblique en 2012, a, et 2014, b, flèches), sans traduction échographique. Bilan IRM demandé devant la discordance radioclinique : prises
de contraste étagées inféro-externes droites
646 Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique
c. f
d.
e.
Fig. 36.71 Suite. (c–e) : trois plans de coupes axiales T1 avec soustraction et gadolinium, étagées des quadrants inférieurs des seins) correspon-
dant à l'induration, avec une courbe de rehaussement en plateau (f) : carcinome canalaire infiltrant étendu à la biopsie étagée de l'induration.
pendant l'examen, c'est-à-dire en procubitus. Des modi- cas [80]. En revanche, elle sera plus fréquemment proposée
fications importantes de topographie lésionnelle appa- chez des patientes à haut risque de cancer du sein, génétique
raissent lorsque la patiente est mise en décubitus, lors ou familial [79, 111].
d'un examen échographique ou en peropératoire. Compte tenu du nombre finalement peu important de
Un repérage précis s'avère nécessaire pour une approche ces procédures et de leur coût (consommables non ferroma-
chirurgicale diagnostique la plus conservatrice possible, afin gnétiques, temps d'immobilisation de l'IRM de 45 minutes à
de ne pas avoir à effectuer une quadrantectomie excessive et 1 heure 30), ces biopsies sous IRM sont actuellement orien-
de longs diagnostics extemporanés peropératoires. tées vers des centres dédiés.
Des dispositifs biopsiques dédiés ont été développés et Une modification essentielle de l'attitude thérapeutique
sont maintenant disponibles, même à 3 T, pour des procé- peut en découler, en particulier dans le cadre des dépistages
dures nécessitant cependant entre 1 et 2 heures de temps de patientes à risque, lors de découvertes de lésions sus-
machine [152–157]. pectes multifocales (voir fig. 36.17, 36.22, 36.36, 36.47 et
La biopsie sous IRM, malgré son caractère invasif, doit 36.48) [55, 114].
être considérée comme un outil diagnostic indissociable de En revanche, près de 60 % des macrobiopsies de lésions
l'IRM mammaire. Elle est discutée lorsque l'échographie suspectes à l'IRM correspondent finalement à des lésions
de second look d'une lésion suspecte à l'IRM est négative, bénignes [158], permettant de reprendre une surveil-
lorsque la RCP n'a pas opté pour une surveillance rap- lance habituelle (fig. 36.72), tandis qu'un diagnostic de
prochée par IRM, compte tenu de la régression connue lésion maligne permettra une prise en charge adaptée, non
des prises de contraste spontanée dans les deux tiers des retardée.
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante 647
a b c
clip
d h g f
Fig. 36.72 Rehaussement focal non masse. Patiente de 48 ans, surveillée en IRM en raison de seins très denses, avec des antécédents familiaux
de lésion mammaire (sœur à l'âge de 32 ans, mère à 50 ans). Prise de contraste isolée du sein droit en 2011 (axiale T2 STIR, a ; axiale T1 avec
soustraction et injection de gadolinium, b), sans traduction mammographique ou échographique, avec une courbe de rehaussement en plateau
suspecte (c). Une biopsie sous IRM (d : différentes étapes du repérage et de la biopsie du rehaussement non-masse avec contrôle du clip largué en
fin de procédure) conclut à un foyer de mastose fibreuse, sans atypies. Contrôle mammographique (e, f : clip visualisé), échographique (g) et IRM
en 2015 (h, axiale T1 avec soustraction et gadolinium), avec une persistance inchangée de la prise de contraste.
Actuellement, l'IRM est un examen de troisième inten- [11] Dao TH, Rahmouni A, Campana F, et al. Tumor recurrence versus
tion après la mammographie et l'échographie, réservée fibrosis in the irradiated breast : differentiation with dynamic gadoli-
aux problèmes diagnostiques, dans les cas où les méthodes nium-enhanced MR imaging. Radiology 1993 ; 187(3) : 751–5.
[12] Heywang SH, Hilbertz T, Beck R, et al. Gd-DTPA enhanced MR ima-
d'imagerie conventionnelles sont mises en défaut, avec un
ging of the breast in patients with postoperative scarring and silicon
impact majeur dans la prise en charge thérapeutique et pou- implants. J Comput Assist Tomogr 1990 ; 14(3) : 348–56.
vant parfois faire surseoir au contrôle histologique, aux sur- [13] Daniel BL, Yen YF, Glover GH, et al. Breast disease : dynamic spiral
veillances rapprochées. MR imaging. Radiology 1998 ; 209(2) : 499–509.
Les meilleures indications actuelles sont la surveillance [14] Fischer U, Kopka L, Grabbe E. Breast carcinoma : effect of preope-
des cancers traités avec une suspicion de récidive à l'examen rative contrast-enhanced MR imaging on the therapeutic approach.
clinique et/ou mammographique, le dépistage des patientes Radiology 1999 ; 213(3) : 881–8.
à risque familial ou génétique, le bilan préopératoire des can- [15] Kuhl CK, Schild HH, Morakkabati N. Dynamic bilateral contrast-
cers du sein en cas de seins denses, dystrophiques ou de carci- enhanced MR imaging of the breast : trade-off between spatial and
nome lobulaire, l'évaluation sous chimiothérapie des cancers à temporal resolution. Radiology 2005 ; 236(3) : 789–800.
[16] Uematsu T, Kasami M. High-spatial-resolution 3-T breast MRI of non-
un stade avancé, la recherche de complications des prothèses
masslike enhancement lesions : an analysis of their features as significant
mammaires. predictors of malignancy. AJR Am J Roentgenol 2012 ; 198(5) : 1223–30.
L'IRM est maintenant proposée de plus en plus fré- [17] Yeh ED, Georgian-Smith D, Raza S, et al. Positioning in breast MR
quemment dans le bilan de lésions douteuses classées imaging to optimize image quality. Radiographics 2014 ; 34(1) : E1–17.
ACR 3 voire ACR 4 afin d'orienter le diagnostic de façon [18] Clauser P, Pinker K, Helbich TH, et al. Fat saturation in dynamic
plus précise et plus rapide chez des patientes anxieuses, qui breast MRI at 3 Tesla : is the Dixon technique superior to spectral fat
considèrent le contrôle rapproché à 4 à 6 mois trop pénible saturation ? A visual grading characteristics study. Eur Radiol 2014 ;
et anxiogène. 24(9) : 2213–9.
L'IRM est mise en cause devant une recrudescence de [19] de Bazelaire C, Pluvinage A, Chapelier M, et al. Diffusion-weighted
gestes diagnostiques supplémentaires (échographie de MR imaging of the breast. J Radiol 2010 ; 91(3 Pt 2) : 394–404.
[20] Peters NH, Vincken KL, van den Bosch MA, et al. Quantitative dif-
second look, etc.), lesquels permettent cependant de diag
fusion weighted imaging for differentiation of benign and malignant
nostiquer entre 3 et 20 % de lésions malignes occultes. breast lesions : the influence of the choice of b-values. J Magn Reson
La prise en charge des cancers du sein associant l'IRM Imaging 2010 ; 31(5) : 1100–5.
dans ses indications validées est alors modifiée de façon [21] Woodhams R, Kakita S, Hata H, et al. Identification of residual breast
radicale dans près de 30 % des cas, avec des taux de mastec- carcinoma following neoadjuvant chemotherapy : diffusion-weighted
tomie effectivement plus fréquents. imaging--comparison with contrast-enhanced MR imaging and
Le pronostic à long terme de ces patientes ainsi prises pathologic findings. Radiology 2010 ; 254(2) : 357–66.
en charge sera donc à préciser, avec des bilans IRM parfois [22] Wisner DJ, Rogers N, Deshpande VS, et al. High-resolution diffu-
invasifs mais carcinologiquement exhaustifs. sion-weighted imaging for the separation of benign from malignant
BI-RADS 4/5 lesions found on breast MRI at 3 T. J Magn Reson
Imaging 2014 ; 40(3) : 674–8.
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Chapitre
37
Moelle osseuse de l'adulte
et IRM corps entier des
hémopathies
A. Rahmouni, P. Zerbib, C. Lin, S. Mulé, J.-L. Montazel, A. Luciani
PLAN DU CHAPITRE
Anatomie de la moelle osseuse. . . . . . . . . . . . . 653 Physiopathologie et moelle osseuse. . . . . . . . . 656
Moelle osseuse et IRM. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 653 Protocole d'exploration en IRM . . . . . . . . . . . . 657
Conversion de la moelle osseuse. . . . . . . . . . . . 654 Analyse du signal des infiltrations diffuses . . . 661
Physiologie et rôle fonctionnel Diagnostic différentiel d'une
de la moelle osseuse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 656 infiltration diffuse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 664
Reconversion de la moelle osseuse Lésions focales de myélome . . . . . . . . . . . . . . . 664
jaune en moelle rouge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 656 Lymphome . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 671
Conversion accélérée de la moelle osseuse. . . 656 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 677
■ la moelle jaune composée majoritairement de graisse ■ puis la conversion touche les diaphyses ;
(80 %) et dont la couleur provient des pigments caroté- ■ puis les métaphyses distales ;
noïdes des adipocytes. ■ puis les métaphyses proximales à l'adolescence.
Au niveau du squelette axial de l'adulte jeune, la moelle
jaune est localisée préférentiellement autour de la veine cen-
Conversion de la moelle osseuse trobasilaire des vertèbres (fig. 37.1). Au cours de la vie, le
phénomène de conversion se poursuit : le pourcentage de
Le processus de conversion de la moelle osseuse débute dès la moelle osseuse rouge est de l'ordre de 58 % dans la première
naissance. Ce processus de conversion de la moelle rouge en décennie, puis diminue à 29 % lors de la huitième décennie
moelle jaune survient selon un ordre particulier : la conver- du fait d'une augmentation des adipocytes [1–4].
sion débute au niveau des extrémités, mains et pieds, et des Le processus de conversion se fait de façon hétérogène
épiphyses, s'étendant du squelette périphérique appendicu- au niveau du squelette axial et des métaphyses avec des
laire au squelette central. Ainsi, les métaphyses fémorales et variations interindividuelles permettant difficilement de
humérales d'adultes jeunes (15 à 30 ans) peuvent contenir prédire l'âge à partir des données IRM (fig. 37.2) [4]. De
de la moelle rouge [2–4]. L'ordre est le suivant : plus, le squelette axial évolue différemment chez l'homme et
■ les noyaux épiphysaires, une fois ossifiés, contiennent la femme à l'âge adulte, avec une conversion graisseuse plus
rapidement de la moelle jaune ; accélérée chez la femme après la ménopause [5].
a c
b d
Fig. 37.2 Évolution de la répartition normale de la graisse avec l'âge. (a, b) Sujet normal de 17 ans. (a) Image pondérée en T1 coronale :
conversion graisseuse des épiphyses et des grands trochanters qui apparaissent en hypersignal T1 par rapport aux métaphyses. (b) Image pondérée
en T2 avec suppression de graisse : il existe un hyposignal intense des épiphyses et des grands trochanters ; persistance d'un petit îlot de moelle
osseuse rouge proche du ligament rond en discret hypersignal (flèche). (c, d) Sujet normal de 25 ans. (c) Image pondérée en T1 coronale : conver-
sion graisseuse plus accentuée que chez le sujet précédent, avec un hypersignal T1 plus marqué des régions métaphysaires en dehors d'un discret
hyposignal diffus des métaphyses en rapport avec les lignes de force calcifiées métaphysaires. (d) Image pondérée en T2 en suppression de graisse
montrant un hyposignal de la moelle osseuse. Il existe des variations interindividuelles pour des sujets du même âge.
Chapitre 37. Moelle osseuse de l'adulte et IRM corps entier des hémopathies 655
h
Fig. 37.2 Suite. (e-h) Sujet normal âgé de 65 ans. (e) Séquence pondérée en T1 du rachis montrant que le signal T1 est très nettement s upérieur à
celui des muscles et des disques avec une répartition hétérogène mais normale pour l'âge de la graisse au sein de la moelle osseuse. (f) La séquence
T2 avec suppression de graisse montre un hyposignal homogène identique à celui des muscles. (g) La séquence T1 du bassin montre un hypersignal
quasi homogène traduisant la conversion médullaire. (h) La séquence T2 avec suppression de graisse montre un hyposignal global de la moelle
osseuse identique ou inférieur à celui des muscles ; on note un hypersignal de la moelle osseuse au niveau de la partie supérieure de l'aile iliaque
gauche ainsi qu'au niveau du rachis (flèches) ; cet hypersignal T2 est artéfactuel et lié à une mauvaise saturation de la graisse en limite de champ
magnétique à la partie supérieure gauche du champ de vue.
656 Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique
Fig. 37.2 Suite. (i) Les images axiales d'écho planar diffusion à b faible (b = 50 s/mm2) ainsi que les images à b plus élevés (b = 800 s/mm2) (j)
(b = 800 s/mm2) (k) montrent que le signal de la moelle osseuse suit le signal de la graisse sous-cutanée avec un coefficient de diffusion apparent
très restreint sur la cartographie d'ADC mesuré à 0,3, ce qui est une valeur normale (l).
Physiologie et rôle fonctionnel phénomène de reconversion plus modéré ont été décrites,
notamment en cas d'anémie chronique par saignement,
de la moelle osseuse d'insuffisance cardiaque, de séjour prolongé en altitude, mais
La moelle osseuse est responsable de la formation des élé- aussi chez les sportifs, les fumeurs et les patients obèses.
ments figurés du sang à partir des cellules souches hémato-
poïétiques ; d'autres fonctions existent, mais les mécanismes
sont complexes ou mal connus, en particulier le rôle physio- Conversion accélérée de la moelle
logique de la graisse. osseuse
Dans certaines pathologies héréditaires, telles que les
hémoglobinopathies comme la drépanocytose, qui est une Le phénomène de conversion accélérée est essentielle-
anémie hémolytique, il existe une stimulation, depuis la ment entraîné par la radiothérapie [7] ; la radiothérapie
naissance, de la production des globules rouges entraînant peut entraîner une augmentation du signal en T1 et une
une absence de conversion ou un retard de conversion de conversion graisseuse quelques semaines après son début
la moelle osseuse ; chez les patients drépanocytaires homo- (fig. 37.6). L'intensité de la conversion graisseuse dépend de
zygotes les plus graves, une absence de conversion grais- la dose ; elle atteint généralement son maximum quelques
seuse, y compris épiphysaire, peut exister (fig. 37.3 et 37.4). mois après le début de la radiothérapie et persiste des années.
À noter que les patientes anorexiques peuvent présenter
une augmentation en graisse de la moelle osseuse par un
Reconversion de la moelle osseuse mécanisme de conversion accélérée [8]. Cependant, dans
des cas extrêmes de malnutrition, on observe une quasi-
jaune en moelle rouge absence de graisse dans la moelle osseuse avec une augmen-
La moelle osseuse peut changer de composition en cas d'aug- tation du contenu hydrique de la moelle osseuse [9].
mentation de l'hématopoïèse au cours de la vie ; dans ce cas,
le contenu en graisse de la moelle osseuse s'amenuise (le
phénomène de reconversion va du squelette axial au sque- Physiopathologie et moelle
lette périphérique). Les causes de reconversion comprennent osseuse
l'ensemble des causes induisant l'augmentation de la produc-
tion hématopoïétique, telles que les anémies hémolytiques En IRM, le raisonnement physiopathologique sera dans
(fig. 37.5), les prises d'érythropoïétine, notamment pour les un premier temps bicompartimental, prenant en compte le
patients en sortie d'aplasie médullaire (ou pour augmen- compartiment graisseux et le compartiment hydrique. Ainsi,
ter les capacités sportives) [6]. D'autres causes induisant un une diminution de la production des cellules hématopoïé-
Chapitre 37. Moelle osseuse de l'adulte et IRM corps entier des hémopathies 657
a a
b b
Fig. 37.3 Patiente de 40 ans drépanocytaire hétérozygote Fig. 37.4 Patiente de 30 ans drépanocytaire homozygote. (a) Image
n'ayant pas fait de complication osseuse de sa maladie. (a) Image pondérée en T1 coronale : signal hétérogène de la moelle osseuse.
pondérée en T1 coronale du bassin : la conversion graisseuse des épi- Absence de conversion graisseuse des épiphyses fémorales et des grands
physes existe (hypersignal T1) mais est incomplète au niveau des épi- trochanters. (b) Image pondérée en T2 avec suppression de graisse : au
physes et des grands trochanters avec des zones en discret hyposignal niveau de la hanche gauche, le signal de la moelle osseuse est homo-
T1. (b) Image pondérée en T2 avec suppression de graisse montrant la gène en dehors des régions en hyposignal dont une linéaire métaphy-
baisse du signal dans les épiphyses mais l'absence d'hyposignal mar- saire correspondant à une zone en hyposignal sur la séquence T1 et
qué, ce qui démontre la persistance de moelle osseuse hématopoïé- donc à une zone d'ostéocondensation (flèches). Au niveau de la hanche
tique. L'hypersignal T1 épiphysaire est insuffisant pour l'âge : absence droite, on retrouve des hyposignaux en T1 correspondant à des zones
de conversion complète confirmée aussi par un signal T1 des diaphyses d'ostéocondensation. Au niveau de la hanche droite, il existe des hyper-
fémorales, inférieur à la graisse sous-cutanée avec en T2 un hypersi- signaux T2 intenses (têtes de flèche) au niveau de l'épiphyse, au niveau
gnal diaphysaire par rapport au muscle ; l'ensemble traduit la persis- du grand trochanter et au niveau de la diaphyse correspondant à des
tance de moelle osseuse hématopoïétique. Il s'agit donc d'un retard à zones d'ostéonécrose et d'infarctus osseux, complications fréquentes
la conversion de la moelle rouge lié à la maladie drépanocytaire. chez les patients drépanocytaires graves, surtout homozygotes.
a b
Fig. 37.5 IRM chez une patiente âgée de 45 ans réalisée dans le cadre du bilan
d'une spondylarthropathie. (a) Image sagittale pondérée en T1 du rachis entier
montrant que le signal de la moelle osseuse est proche de celui des disques, ce qui
fait suspecter une infiltration diffuse ou une hyperplasie médullaire. (b) Image sagit-
tale pondérée en T2 avec suppression de graisse montrant un hypersignal diffus de
la moelle osseuse par rapport aux muscles confirmant l'une de ces deux hypothèses.
(c, d) Les séquences T1 et T2 avec suppression de graisse axiales sur les têtes fémo-
rales montrent clairement l'existence d'un liseré sous-chondral bilatéral en hyposignal
T1 et hypersignal T2 (flèches). L'anomalie de signal sous-chondral est régulière, mesu-
rant de l'ordre de 7 mm d'épaisseur ; à l'interrogatoire, on apprend que la patiente
est suivie pour une maladie de Minkowski-Chauffard ou sphérocytose héréditaire
d responsable d'une hyperplasie médullaire chronique depuis l'enfance.
e f
Fig. 37.7 Sujet normal âgé de 40 ans. Image coronale en écho de
spin Turbo spin écho Dixon. (a) Image en phase obtenue quand les
protons d'eau et de graisse sont en phase. (b) Image en opposition de
phase acquise au cours de la même séquence que l'image en phase.
Les protons d'eau et de graisse sont en opposition de phase. Quand
la proportion protons d'eau et de graisse est égale, le signal tend à
s'annuler (flèche) ; ces régions correspondent à de la moelle osseuse
hématopoïétique normale. À partir de l'addition des deux images pré-
cédentes, est obtenue une imagerie dite en « eau » (c) montrant le
faible hypersignal de la zone de moelle osseuse hématopoïétique ou
« rouge » (flèche). (d) Imagerie de soustraction dite en « graisse » ; cette
image T2 Dixon de la graisse est comparable à une image en pondé-
ration T1 concernant la répartition au sein de la moelle osseuse. (e)
Image sagittale du rachis T2 avec suppression sélective de la graisse : la Fig. 37.8 Installation d'un patient pour un examen d'IRM corps
suppression en limite de champ de vue n'apparaît pas parfaite liée aux entier incluant les antennes postérieures en réseau phasé
inhomogénéités de champ magnétique à distance du centre de l'ai- incluses dans la table, les deux antennes corps antérieur avec
mant (flèche). (f) Image T2 Dixon en « eau » du rachis dorsolombaire : chacune six éléments et couvrant le tronc et les creux inguinaux,
la suppression de la graisse apparaît d'excellente qualité, permettant et les antennes crâne-cou et cou antérieur. Cette couverture d'an-
par exemple de distinguer les vaisseaux en hypersignal (flèche) au sein tennes en réseau phasé permet l'acquisition du crâne jusqu'au tiers
du tissu sous-cutané. supérieur des cuisses.
660 Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique
a b c
d
Fig. 37.9 Image avec suppression de graisse 3D – écho de gradient volumetric interpolated breath-hold examination (VIBE). (a) Ces
séquences sont en suppression sélective de la graisse. La matrice est adaptée au champ de vue pour permettre des voxels isotropiques de côté ici
égaux à 2 mm. L'incidence d'acquisition est coronale, la direction de phase antéropostérieure et la direction de fréquence droite-gauche. Chaque
palier a un champ de vue de l'ordre de 450 mm, permettant de diviser le corps en trois paliers coronaux. Chaque palier a une durée d'acquisition,
grâce à un facteur d'accélération élevé, de 12 secondes ; la durée totale d'acquisition compte tenu du déplacement de la table est de l'ordre
de 38 secondes. L'ensemble du volume tête-tronc inclus dans le champ de vue est couvert. Chaque acquisition corps entier de 38 secondes est
répétée après injection en bolus de chélates de gadolinium permettant d'obtenir un temps précoce artériel sur la deuxième image (b) et un temps
portal sur la troisième série (c), etc. Le rehaussement de la moelle osseuse (rachis et bassin) est homogène, peu intense et normal (homme de
55 ans). L'acquisition isotropique permet des reconstructions de qualité dans le plan sagittal au temps artériel (d) et dans le plan axial, sur le foie
et la rate par exemple, au temps portal (e).
Chapitre 37. Moelle osseuse de l'adulte et IRM corps entier des hémopathies 661
Les séquences de diffusion en écho planar sont, du 40 coupes au maximum) afin de faire l'acquisition au
fait de la conception des gradients, de meilleure qualité maximum au centre du champ magnétique principal pour
en incidence axiale. Il s'agit de séquences pondérées en éviter les artéfacts d'inhomogénéité [17]. Ces artéfacts pré-
T2. Elles ne permettent pas l'obtention d'images en haute dominent aux interfaces eau-graisse et sont accentués par
résolution spatiale puisque le temps d'écho dépend de la la respiration (fig. 37.10).
matrice. De façon à conserver un bon rapport signal/bruit,
le temps d'écho devra être de préférence inférieur à 60 ms,
correspondant généralement à des matrices en direction Imagerie dite « corps entier »
de phase de l'ordre de 100 à 128. La possibilité d'avoir de la moelle osseuse
des temps d'écho courts dépendra de la puissance et de la La recherche d'un myélome, avec infiltration diffuse et/ou
qualité des gradients ainsi que de l'utilisation de facteurs focale, est l'indication principale. L'exploration du squelette
d'accélération [16]. Ces séquences peuvent être utilisées axial comprend au minimum l'exploration de l'ensemble du
de deux façons : soit par l'application des trois gradients rachis et du bassin incluant les régions épiphyso-métaphy-
de direction de diffusion séparément (méthode classique), saires fémorales et le tiers supérieur des diaphyses [10, 18].
soit par l'application des trois gradients de diffusion simul- Il est préférable d'explorer aussi, même si le temps d'examen
tanément sur les dernières machines, permettant ainsi sera augmenté, l'extrémité supérieure des humérus et les
de diminuer le temps d'acquisition. Sans asservissement côtes.
respiratoire, sur une imagerie allant du crâne aux creux La durée de l'ensemble des séquences T1, T2 avec sup-
inguinaux, le temps d'acquisition avec l'acquisition simul- pression de graisse est de l'ordre de 15 à 20 minutes au
tanée des trois gradients est de l'ordre de 5 minutes (sans maximum. Pour le suivi et l'évaluation de la réponse au
asservissement respiratoire) ; cette séquence est conseillée traitement, les séquences fonctionnelles de perfusion et
plutôt pour l'imagerie de la moelle osseuse et du myélome. diffusion sont un complément indispensable : séquences
Dans l'imagerie des lymphomes, la méthode classique est dynamiques après injection en bolus de gadolinium réa-
utilisée, incluant l'asservissement respiratoire sur les creux lisées sur une période de 5 minutes (fig. 37.9) ; séquences
susclaviculaires, le thorax et l'abdomen supérieur [17]. Le de diffusion dont la durée d'acquisition est de l'ordre de
nombre de b est au minimum de deux, permettant d'obte- 5 minutes.
nir une imagerie T2 sans gradient de diffusion ou gradient
faible (b < 50 s/mm2), et une imagerie à b élevé compris
entre 800 et 1000 s/mm2 permettant, à partir de ces deux Analyse du signal
images, de calculer un coefficient de diffusion apparent. des infiltrations diffuses
L'épaisseur de coupe est de 5 mm. Pour l'exploration de
l'ensemble du tronc en incidence axiale, nous conseillons Les infiltrations diffuses tumorales de l'adulte ont pour pre-
d'utiliser un petit gradient de diffusion (b 20 s/mm 2 à mière étiologie les hémopathies. Les causes principales dans
b 50 s/mm2) plutôt qu'un b0 s/mm2 afin de supprimer le les hémopathies sont d'abord le myélome ; d'autres causes
signal du flux circulant au sein des vaisseaux [17]. Il est peuvent exister comme la leucémie et plus rarement les
indispensable de faire l'acquisition par station de l'ordre lymphomes. L'infiltration diffuse tumorale de cause métas-
de 20 cm de hauteur au maximum (soit par paquet de tatique est rare.
a b
Fig. 37.10 (a) Image en écho planar (EPI) avec gradients simultanés à b 800 s/mm2. Le signal du corps vertébral disparaît du fait des inhomogénéi-
tés de champ magnétique aux interfaces tissu-air ; cela est accentué quand la position de coupe est trop éloignée du centre du champ magnétique.
(b) Même séquence : artéfacts de respiration sur une interface tissu-air au niveau du creux susclaviculaire entraînant à la fois des artéfacts de
répétition et une mauvaise suppression de graisse. L'utilisation de séquences de diffusion nécessite d'être très attentif à ces deux points ainsi qu'à
la coopération du patient pour limiter l'amplitude des mouvements respiratoires ou d'utiliser un asservissement respiratoire.
662 Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique
Signal T1
L'analyse du signal T1 et de la répartition de la graisse est
essentielle pour le diagnostic d'une infiltration diffuse.
Cela nécessite de connaître l'évolution avec l'âge du signal
T1 appelée conversion médullaire. La conversion médul-
laire avec l'âge a fait l'objet de nombreuses descriptions
[4] ; cependant, ces descriptions s'accordent sur le fait
qu'il existe des variations interindividuelles du contenu en
graisse des corps vertébraux ou du bassin pour un même
âge, avec certaines constantes, à savoir la conversion com-
plète des épiphyses et des apophyses chez l'adulte. Ainsi,
dans les infiltrations massives, l'existence d'hyposignaux
T1, notamment dans les régions sous-chondrales, est un
signe du diagnostic. Un autre signe le plus souvent retrouvé
en faveur d'une infiltration diffuse est l'existence d'un a c
signal T1 abaissé, proche du muscle ou du disque interver-
tébral (fig. 37.11).
Signal T2
Le signal T2 est augmenté, supérieur à celui du muscle en
cas d'infiltration graisseuse (fig. 37.11c).
d e
f g
Fig. 37.11 Suite. (d) Image d'écho planar diffusion à b 50 s/mm2, (e) b 400 s/mm2, (f) b 800 s/mm2 et (g) image de cartographie d'ADC : il existe
un hypersignal de la moelle osseuse à b 50 s/mm2, diminuant peu à b 800 s/mm2, restant en hypersignal par rapport à l'ensemble des autres
structures avec un coefficient de diffusion apparent mesuré à 0,7 dit restreint, mais moins restreint que le coefficient de diffusion apparent de la
moelle osseuse normale généralement compris entre 0,3 et 0,4 (voir fig. 37.2).
a b c d e f
Fig. 37.12 Patient âgé de 58 ans présentant un myélome avec à la ponction sternale 70 % de plasmocytes. (a) Image sagittale T1 mon-
trant une diminution du contenu en graisse par rapport à l'âge avec un hyposignal global. (b) Image écho de gradient 3D T1 dynamique avant
injection puis temps artériel (c) puis temps tardif (2 minutes) (d) après injection en bolus de gadolinium ; il existe une prise de contraste précoce
au temps artériel de l'ensemble de la moelle osseuse traduisant une angiogenèse avec un wash-out visible sur la séquence tardive (d). Cela est
confirmé par la courbe de rehaussement (e). (f) Image spin écho T1 après injection : l'absence d'injection dynamique ne permet pas d'apprécier la
néoangiogenèse induite par le myélome en comparant (f) et (a).
664 Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique
a b
a b c
d e f
g h i
j k
l m n
Fig. 37.14 (a–n) Patient âgé de 50 ans présentant un myélome avec une lésion focale de l'aile iliaque droite en hyposignal T1 (a) et
hypersignal T2 (b) (flèches). Les images dynamiques 3D T1 écho de gradient sans (c) puis après injection en bolus de gadolinium (d) montrent
une prise de contraste intense artérielle 40 secondes après l'injection de produit de contraste. L'image de diffusion retrouve un hypersignal à b
faible (e) (flèche) ; à noter une seconde lésion arrondie centimétrique du sacrum gauche (tête de flèche) ; l'hypersignal persiste à b 800 (f) avec
un coefficient de diffusion apparent restreint à 0,8 (g) inférieur au muscle ; on note que la moelle osseuse a un coefficient de diffusion apparent
beaucoup plus bas mesuré à 0,3 sans argument pour une infiltration diffuse. Image T1 (h) et T2 (i) avec suppression de graisse après traitement :
le signal T1 a un peu augmenté mais l'hypersignal T2 de la lésion focale est inchangé. Sur l'image dynamique en écho de gradient 3D T1 après
injection en bolus de gadolinium, on note l'opacification des structures vasculaires du pelvis mais une absence de prise de contraste de la lésion
au temps précoce (j) ; il existe une prise de contraste fine périphérique et peu intense au temps tardif (k) correspondant à la prise de contraste du
front de reconstruction osseuse (flèche). Sur l'image de diffusion à b 50 (l), l'hypersignal est toujours présent mais la lésion a un peu diminué de
taille (flèche), de même que le nodule sacré gauche centimétrique (tête de flèche) ; à b 800 (m), l'hypersignal des lésions est très diminué (à peine
visible) par rapport à l'image avant traitement. Le coefficient de diffusion apparent est élevé, mesuré à 1,4 supérieur au muscle. L'ensemble de ces
éléments sur l'imagerie de perfusion et l'imagerie de diffusion traduisent une très bonne réponse au traitement.
Chapitre 37. Moelle osseuse de l'adulte et IRM corps entier des hémopathies 667
a b c
d e f
Fig. 37.17 Patient de 60 ans présentant un pic monoclonal à 30 g/l et une insuffisance rénale progressive. Deux ponctions sternales sont
normales. Les images en écho de spin T1 (a) et T2 avec suppression de graisse (b) montrent de multiples nodules en hyposignal T1 et hypersignal
T2 infracentimétriques ; à noter sur l'image T1 qu'en dehors de ces nodules, la répartition de la graisse est préservée. Ces nodules n'entraînent
pas de lyse osseuse détectable au scanner (c). Une biopsie osseuse en crête iliaque postérieure retrouvera des plasmocytes dystrophiques. Sur
les images de diffusion (zoom sur sacrum), les nodules sont en hypersignal à b 50 (d) et b 800 (e) ; entre les micronodules, le signal de la moelle
osseuse semble préservé ; l'ADC (f) des nodules est mesuré à 0,9 inférieur au muscle.
668 Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique
a b
a b
c d e
Fig. 37.20 Découverte d'un pic monoclonal chez une patiente de 55 ans présen-
tant une infection du poumon droit avec empyème pleural ; mauvaise réponse IRM
fonctionnelle après traitement. (a) Image coronale T2 avec suppression de graisse mon-
trant un hypersignal de la moelle osseuse par rapport aux muscles faisant suspecter une
infiltration diffuse associée à un nodule centimétrique en hypersignal T2 un peu plus intense
de l'aile iliaque gauche (flèche) correspondant à un nodule de myélome. On note un hyper-
signal T2 intense correspondant à un épanchement pleural droit associé à une condensation
alvéolaire de contact. Pour mémoire, hernie hiatale gauche. (b) Image sagittale T1 du rachis
montrant un hyposignal diffus de la moelle osseuse compatible avec une infiltration diffuse.
(c) Image coronale T1 écho de gradient au temps artériel montrant une prise de contraste
intense de la moelle osseuse (sacrum et rachis), plus intense au niveau du nodule de l'aile
iliaque gauche et de l'apophyse épineuse de L2 (flèches). Après traitement, la patiente est
considérée en bonne réponse clinique et biologique. La comparaison de l'image sagittale T1
du rachis après traitement (d) avec celle avant traitement (b) montre une augmentation du
contenu en graisse témoignant d'une diminution de l'infiltration diffuse et d'une réponse au
traitement ; la bonne réponse sur l'infiltration diffuse est confirmée sur l'image coronale T1
écho de gradient au temps artériel (e) montrant une faible prise de contraste de la moelle
f g osseuse du sacrum ; cependant, la prise de contraste complète des deux lésions focales est
inchangée, témoignant d'une réponse fonctionnelle IRM incomplète sur les lésions focales.
Quelques mois plus tard, les séquences 3D T1 isotropiques au temps artériel montrent
l'apparition de multiples prises de contraste focales (flèches) témoignant de la progression :
image native coronale au temps artériel (f) avec reconstructions sagittales (g)
670 Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique
i
Fig. 37.20 Suite. et axiales (h, i).
Plasmocytome osseux solitaire sont souvent considérées comme des indications à traiter un
L'IRM est indispensable à la recherche de lésions supplé- patient présentant par ailleurs des signes biologiques.
mentaires témoignant d'un myélome. Cette entité est moins L'IRM comme le scanner et le TEP (tomographie par
fréquente depuis l'utilisation de l'IRM corps entier qui émission de positrons)-scanner ont remplacé les radiogra-
découvre le plus souvent d'autres lésions. phies standard avec la classification de Durie-Salmon Plus.
Le nombre de lésions au diagnostic fait partie des critères
pronostiques du myélome [24].
Critères de gravité, indication
du traitement et pronostic Réponse au traitement
Les critères CRAB incluent notamment la recherche de ■ La disparition complète des lésions focales est rare mais
lésions focales : la présence de deux lésions focales supé- traduit une bonne réponse, bien que cela ne traduise pas
rieures à 5 mm ou celle d'une lésion focale supérieure à 1 cm forcément une rémission complète au niveau cellulaire.
Chapitre 37. Moelle osseuse de l'adulte et IRM corps entier des hémopathies 671
Métastases
Le diagnostic différentiel ne se pose pas avec un myélome
ou très rarement. L'aspect est souvent moins homogène et
moins hypervasculaire que dans le myélome. Il faut retenir
que les métastases sont souvent d'apparence hétérogène à
la fois du fait d'un composant lytique et d'un composant
ostéoblastique. L'IRM de diffusion a été récemment utili-
sée au niveau de l'imagerie corps entier chez les patients
présentant des cancers de la prostate afin d'estimer la
c d réponse au traitement, chez des patients sous hormono-
thérapie [26]. L'existence d'un hypersignal présent à b
élevé avec restriction de l'ADC est considérée comme étant
un signe d'activité de la maladie.
Lymphome
L'imagerie corps entier TEP et scanner joue un rôle essentiel
dans les lymphomes, permettant l'extension de la maladie
au diagnostic, l'adaptation des traitements et la réponse au
traitement.
e f
a b c d
e f g
h i j k
Fig. 37.22 Bonne réponse fonctionnelle avec aspect faussement « positif » de l'ADC chez un patient présentant un myélome avec
lésion de l'aile iliaque droite. Image T2 (a) et T1 (b) avant traitement montrant un nodule en hyposignal T1 et hypersignal T2. Après traitement,
le signal T2 du nodule est hétérogène (c), plus intense en périphérie qu'au centre ; en T1 (d), il existe un hypersignal T1 central ; cet hypersignal
persiste en écho de gradient 3D T1 avec suppression de graisse (e) et correspond donc à une substance paramagnétique compatible avec une
nécrose hémorragique (méthémoglobine) ; après injection de gadolinium, au temps artériel, il n'existe qu'une prise de contraste linéaire périphé-
rique (f) correspondant au front de reconstruction sans prise de contraste interne ; de même, on ne retrouve pas d'autre lésion à l'échelle et au
sein du volume du corps entier (g). La réalisation d'une image T2 étoile axiale (h) confirme l'existence d'un fin liseré en hyposignal marqué au
sein du nodule correspondant à une surcharge en fer autour du noyau de caillotage central de nécrose hémorragique. (i) Image de diffusion écho
planar b 50 qui montre un hypersignal de la lésion et distingue le fin liseré arrondi correspondant à la surcharge en fer démontrée en h. (j) Image
de diffusion écho planar b 800. Il ne persiste en hypersignal que la zone centrale riche en méthémoglobine probablement du fait d'un caillotage
restreignant les mouvements browniens de l'eau. (k) Cartographie ADC : la lésion a un ADC élevé à 2 et supérieur aux muscles, témoignant de la
nécrose du nodule ; la zone centrale est en hyposignal ADC du fait de la nécrose hémorragique centrale avec caillot expliquant la restriction de
l'ADC et à ne pas interpréter comme une composante cellulaire.
soient au centre de la station, notamment au niveau des coefficients de diffusion apparents restreints témoignant de
creux susclaviculaires et du diaphragme. la cellularité des lésions (fig. 37.23 et voir fig. 37.25a). Avant
Les premières descriptions de l'imagerie de diffusion dans traitement, les coefficients de diffusion apparents des lésions
le lymphome consistaient dans l'acquisition de séquences de lymphome sont compris entre 0,5 et 1, et après traitement
DWIBS (diffusion weighted whole body imaging with back- l'ADC est augmenté en cas de réponse au traitement au-des-
ground body signal suppression). Il s'agit de la transforma- sus de 1,1. Ces changements peuvent s'observer dès la pre-
tion d'une séquence à b élevé en inversant les niveaux de mière cure ou les deux premières cures de chimiothérapie
gris ; l'utilisation du mode MIP permet alors une imagerie (fig. 37.24 et 13.25).
pseudo-TEP. Cependant, cette imagerie pseudo-TEP ne per-
met pas de différencier les ganglions présentant un temps de
relaxation T2 élevé de ganglions tumoraux qui apparaîtront
Limites de l'imagerie de diffusion dans
donc de même signal que les structures présentant une res- le lymphome
triction du coefficient de diffusion. Ces limites concernent essentiellement les lésions paren-
Au diagnostic, les adénomégalies et les localisations chymateuses pulmonaires du fait des interfaces air-tissus,
extradigestives présentent un hypersignal qui persiste à b ainsi que les changements induits au niveau de la moelle
élevé (sauf en cas de nécrose centrale spontanée) avec des osseuse par les sorties d'aplasie induisant une hyperplasie
médullaire éventuellement accentuée par l'administration
de GCSF (fig. 37.26).
Artéfacts et limites
Les artéfacts concernent bien sûr tous les matériels métal-
liques étant donné que l'imagerie de diffusion est sensible
aux inhomogénéités de champ magnétique ainsi qu'à la
présence d'ascite. L'imagerie de diffusion est sensible
aux mouvements nécessitant l'immobilité du patient et
sa compliance par rapport à l'asservissement respiratoire
(voir fig. 37.10).
a b
c d
e f
Fig. 37.24 Patient âgé de 24 ans présentant un lymphome B à grandes cellules. Séquence de diffusion en écho planar au niveau des creux
susclaviculaire. La qualité des images est bonne dans cette région critique avec interfaces air-tissue pouvant entraîner des effets de susceptibilité
magnétique. Pour les éviter, le centre des coupes est réglé pour être placé à l'interface air-tissu du creux susclaviculaire (à partir des coupes de
repérage). Sur l'image b 50 (a) et l'image b 800 (b) avant traitement, la masse a un signal élevé sans nette diminution à b 800 ; le coefficient de
diffusion apparent (ADC) sur la cartographie d'ADC (c) est restreint, inférieur au muscle et égal à 0,6. Il existe une hyperfixation manifeste en TEP
18 FDG (d). Après deux cures de chimiothérapie, la masse a diminué de taille sur l'image b 50 (e), traduisant une réponse partielle selon les critères
de Cheson ; cependant, son signal diminue nettement à b 800 (f)
Chapitre 37. Moelle osseuse de l'adulte et IRM corps entier des hémopathies 675
g h
i j
k l
Fig. 37.24 Suite. et l'ADC est maintenant supérieur au muscle et est mesuré à 1,4 (g). Il existe une diminution complète de la fixation ganglion-
naire sur la TEP de contrôle (h). À noter que sur la TEP 18 FDG de contrôle, il existe une hyperfixation physiologique au sein de la graisse brune et
des humérus (liée à une hyperplasie médullaire post-chimiothérapie). Chez un autre patient, suivi pour maladie de Hodgkin, aspect en IRM d'une
réponse complète. Sur l'image b 50 (i) après traitement, la masse a un signal élevé avec une nette diminution du signal à b 800 (j), expliquant la
franche élévation de l'ADC à 1,6 (k) en faveur d'une réponse complète en IRM. La TEP 18 FDG confirme l'absence de fixation résiduelle (l).
676 Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique
a b
a b
c d
c d
e f
e f
g
Fig. 37.25 Réponse incomplète ; patiente âgée de 45 ans et pré-
sentant un lymphome B à grandes cellules. Image de diffusion
b 50 (a) et b 800 (b) : hypersignal homogène de l'aileron sacré droit à
b 50 avec une diminution du signal au centre de la lésion à b 800. (c)
La cartographie d'ADC montre une restriction de diffusion de la partie
périphérique (flèches) de la masse inférieure au signal du muscle et un g
centre nécrotique de même signal que le muscle. Après traitement, il
persiste un hypersignal hétérogène de l'aileron sacré droit à b 50 (d) Fig. 37.27 Patient âgé de 25 ans et présentant une maladie de
qui diminue à b 800 (e) (cercle) ; on note un hypersignal ganglionnaire Hodgkin avec atteinte sous-diaphragmatique ganglionnaire et
centimétrique à b 50 suspect (flèches) car restant très intense à b 800 splénique. Les images de diffusion b 50 (a) et b 800 (b) et cartogra-
(e). La réponse est donc partielle. La surveillance 4 mois après la fin du phie d'ADC (c) montrent une rate augmentée de taille et de signal
traitement montre une augmentation de la taille du ganglion suspect hétérogène. À noter une adénomégalie cœliaque (flèche) présentant
avec un hypersignal intense à b 800 (f) et une restriction du coefficient une restriction de son coefficient de diffusion. Après deux cures de
de diffusion apparent (g) témoignant d'une rechute ganglionnaire chimiothérapie, les images de diffusion b 50 (d) et b 800 (e) montrent
(flèches). À noter l'absence de restriction de diffusion (ADC supérieur une rate de signal encore plus hétérogène avec trois nodules en hyper-
à celui des muscles) des anomalies résiduelles de signal au niveau de signal (flèches) central avec une couronne en hyposignal intense. Sur
l'aileron sacré droit (cercle). la cartographie d'ADC (f), il existe deux zones en diffusion restreinte
(comme la rate) au sein de deux nodules (flèches) suspectes alors que le
troisième nodule (cercle) est en hypersignal ADC rassurant. Une image
d'écho de gradient T2 étoile (g) démontre que l'hyposignal périphé-
rique s'accentue et correspond à une surcharge en fer. Les deux zones
de diffusion restreinte ainsi que l'apparition de zones de surcharge en
fer sont en faveur d'une réponse incomplète au traitement, ce qui sera
confirmé par une progression sous traitement sur l'imagerie de suivi à
quatre cures de chimiothérapie.
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Chapitre
38
Analyse de la fonction
ventriculaire
J.-N. Dacher, B. Dubourg, V. Lefebvre, J. Caudron
PLAN DU CHAPITRE
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 681 Analyse des images . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 682
Qu'est-ce que la fonction systolique Tracé des contours. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 682
ventriculaire ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 681 Valeurs normales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 683
Quelle séquence utiliser ? . . . . . . . . . . . . . . . . . 681 Ventricule droit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 684
Acquisition des images et orientation Fonction et dysfonction diastolique. . . . . . . . . 685
des coupes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 682 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 685
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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682 Partie 6. Imagerie cardiovasculaire
que, pour un patient dont la fréquence est de 60 battements la nécessité de rester dans des temps d'examen convenables
par minute (espace R-R = 1 000 ms), on doit avoir au moins pour le patient, la plupart des équipes définissent les para-
1 000/40 = 25 images par cycle. Typiquement, le TR de la mètres fonctionnels VD à partir de la même pile de coupes
séquence doit être inférieur à 5 % de l'espace R-R pour petit axe qui ont servi à mesurer le VG. C'est notamment
obtenir un nombre de phase suffisant. Rappelons que ces le cas chez des patients suspects de dysplasie arythmogène,
séquences fournissent une imagerie hybride qui dépend à situation clinique fréquente, dans laquelle les mesures de la
la fois du T1 et du T2. Cette acquisition peut se faire après FE et du volume télédiastolique sont essentielles [7].
injection de gadolinium ; il est même recommandé de le
faire en cas de suspicion de myopéricardite aiguë [4].
Analyse des images
Acquisition des images et Les plans de coupe doivent être acquis selon les règles évo-
orientation des coupes [5] quées plus haut. En pratique, l'analyse du VG se fait sur
une série de coupes de 8 mm d'épaisseur dans le petit axe
L'acquisition dans le petit axe (PA) du cœur est largement du cœur. Dix à 12 coupes sont nécessaires pour couvrir
acceptée pour ce qui est du VG. Le repérage du PA doit l'ensemble du ventricule. Habituellement, pour le calcul de
suivre des règles très précises. Plusieurs coupes axiales du la FEVG, les différents plans apparaissent selon des lignes
cœur sont d'abord réalisées. On y repère l'apex vrai du VG. successives, alors que chaque temps correspond à une
Sur ce premier plan axial, on oriente une coupe oblique colonne. On aura typiquement à gérer 12 lignes (coupes) de
selon le grand axe du VG passant par l'apex ; c'est la coupe 25 colonnes (temps).
verticale long axe (vertical long axe [VLA]). Sur ce plan Il est essentiel de se souvenir que, pendant la contraction
VLA, on oriente une coupe qui passe par le milieu de la systolique, c'est l'anneau mitral qui se déplace vers l'apex du
paroi postérieure de l'atrium gauche, le milieu de la mitrale VG, et non l'inverse. Il y aura donc à inclure moins de plans
et l'apex du VG ; c'est une coupe pseudo-4 cavités. de coupes systoliques que de plans de coupes diastoliques,
Le PA est obtenu en coupant le VG de façon orthogonale et les coupes systoliques à exclure sont toujours à la base
dans ces deux plans, VLA et pseudo-4 cavités. Le plan (fig. 38.2). Quand le cœur se contracte normalement, on
4 cavités (ou horizontal long axe [HLA]) est enfin obtenu à exclut grossièrement deux plans de coupe en systole (deux
partir de la coupe PA médioventriculaire en joignant l'angle lignes sont supprimées de la colonne systole). Les résultats
de raccordement des parois antérieure et inférieure du VD obtenus seraient erronés si l'observateur conservait le même
au muscle papillaire antérieur (fig. 38.1). La coupe 3 cavi- nombre de coupes en systole et en diastole ; en tel cas, les
tés, qui visualise l'admission du sang dans le VG via la valve coupes systoliques les plus basales couvrent en effet l'oreil-
mitrale et son éjection via la valve aortique, est obtenue en lette gauche.
plaçant une coupe passant par l'axe de la racine aortique à La série d'images diastoliques est habituellement la pre-
partir d'une coupe PA basale. mière de la série (celle où le volume est le plus grand). Il est
Pour obtenir les paramètres fonctionnels du VD, il préférable de sélectionner manuellement la série d'images
semble que des mesures dans le plan axial ou le plan HLA systoliques (celle où le volume est le plus petit), ou de
soient plus reproductibles que des coupes PA, notamment confirmer/modifier le choix du temps systolique fait par
en cas de VD systémique [6]. En pratique, compte tenu de le logiciel. Il existe de nombreux logiciels qui reposent peu
ou prou sur le même principe. Les logiciels développés au
début de l'IRM cardiaque permettaient l'inclusion ou l'ex-
3C clusion complète d'une (ou deux) coupe(s). Des systèmes
plus récents permettent aujourd'hui de repérer le plan val-
vulaire mitral (ou tricuspide) dans deux plans orthogonaux
(horizontal et vertical long axe) ; dans cette situation, l'inclu-
sion ou l'exclusion d'une portion de la surface de la coupe
basale est possible en fonction de la position prédéfinie de la
a b mitrale ou de la tricuspide (fig. 38.3).
VLA 4C
Fin de diastole
BASE APEX
Fin de systole
Fig. 38.2 Les 12 plans de coupes du cœur sont figurés en diastole (ligne du haut) et en systole (ligne du bas). On note que les plans
mitral et tricuspidien se sont déplacés vers l'apex du cœur au temps systolique. Il est donc nécessaire de considérer deux plans de coupe de moins
en systole par rapport à la diastole pour obtenir des mesures exactes des volumes ventriculaires.
a b c
Fig. 38.3 Intérêt du repérage tridimensionnel pour le positionnement du plan valvulaire. Exemple du ventricule gauche. Repérage de la
mitrale dans le plan VLA (a). Repérage de la mitrale dans le plan HLA ou 4 cavités (b). Lors de la segmentation, la partie de la coupe qui est située
hors du ventricule n'est pas considérée dans les mesures volumiques ; il s'agit des surfaces situées à l'opposé des têtes de flèche sur la coupe petit
axe basale figurée en (c). (Exemple de Syngo Via® de Siemens.)
Fig. 38.4 Contours endocardiques (rouge) et épicardique (vert) Fig. 38.5 Contours endocardiques (orange) du ventricule droit
du ventricule gauche dans le petit axe aux temps diastolique (a) dans le petit axe aux temps diastolique (a) et systolique (b).
et systolique (b).
TAPSE = L1 – L2
(L1 – L2)
RVFS = × 100
L1
(A1 – A2)
RVFAC = × 100
A1
Fig. 38.6 Planimétrie ventriculaire droite dans le plan 4 cavités (right ventricular fractional area change [RVFAC]) permettant une
analyse rapide de la fraction d'éjection ventriculaire droite (FEVD) selon [10]. Cette technique semble plus fiable que la simple mesure du
raccourcissement ou de la fraction de raccourcissement par la TAPSE figurée sur la ligne du haut de la figure.
Pour le VD, le volume télédiastolique du VD est de rage de la valve tricuspide) et par rapport à l'artère pulmo-
83 ± 12 ml/m2 chez l'homme, de 73 ± 9 ml/m2 chez la naire (repérage de la valve pulmonaire). En cas de suivi de
femme. Le volume télésystolique du VD est de 29 ± 7 ml/m2 tétralogie de Fallot, de VD systémique (après intervention de
chez l'homme, de 25 ± 7 ml/m2 chez la femme. Senning ou de Mustard pour une transposition des gros vais-
seaux) ou de suspicion de dysplasie arythmogène du VD, la
Ventricule droit mesure exhaustive de la FE et des volumes doit être réalisée.
Dans un contexte clinique moins centré sur le VD, et afin
L'IRM est souvent sollicitée pour évaluer la fonction du VD d'obtenir une évaluation rapide de la FEVD, notre équipe à
qui reste limitée en échocardiographie. Quand le VD est proposé une mesure simple qui consiste à apprécier le change-
d'épaisseur normale, voire aminci (situation fréquente en cas ment de surface du VD sur une coupe 4 cavités entre diastole
de dysplasie arythmogène avérée), il est illusoire de mesurer et systole [10] (fig. 38.6). Nous avons montré qu'une fraction
de façon fiable la masse VD. En telle situation, la mesure des de changement de surface inférieure à 41 % peut prédire une
volumes et de la FE est suffisante, et on tracera simplement FEVD inférieure à 45 % avec une sensibilité de 90 % et une
un contour endocardique (fig. 38.5). La difficulté est de bien spécificité de 94 %. Cette évaluation du changement de sur-
délimiter le VD par rapport à l'oreillette droite (OD ; repé- face (RVAC pour RV area change en anglais) était dans notre
Chapitre 38. Analyse de la fonction ventriculaire 685
PLAN DU CHAPITRE
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 687 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 692
Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 687
IRM cardiaque et cardiopathies
ischémiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 688
b
d'inversion (TI) myocardique permettant d'annuler cor-
Fig. 39.4 Coupe de ciné-IRM dans le plan 4 cavités (a) et verti-
rectement le signal du ventricule gauche (fig. 39.7 et 39.8).
cal long axe (b) mettant en évidence un faux anévrisme apical
(flèches) compliquant un infarctus inférieur récent. Risque de
Des séquences en phase peuvent également être employées.
tamponnade par rupture intrapéricardique. Elles ont l'avantage d'être peu sensibles aux variations du
TI (fig. 39.9). L'infarctus entraîne une rétention tardive
anormale de gadolinium au sein du myocarde lésé, visible
15 minutes après injection. L'atteinte du sous-endocarde et
le caractère systématisé des prises de contraste à un terri-
toire coronaire sont les deux éléments sémiologiques clés en
faveur d'un infarctus (fig. 39.10). L'évaluation de la trans-
muralité de l'infarctus est un élément pronostique essentiel
permettant d'estimer la probabilité d'amélioration de la
fonction contractile de la zone nécrosée après revascularisa-
tion [9]. Schématiquement, elle est gradée sur une échelle de
1 à 4 : entre 0 et 25 % (sous-endocardique) ; entre 25 et 50 %,
entre 50 et 75 % ; plus de 75 % (transmural) (fig. 39.11). La
récupération fonctionnelle est probable en dessous de 25 %,
Fig. 39.5 Coupe de ciné-IRM acquise dans le plan LVOT 2 mettant très peu probable ou absente au-delà de 75 %. Entre les deux,
en évidence un hyposignal dans la chambre d'éjection du ven- la récupération contractile est incertaine. Une injection de
tricule gauche au contact de la valve aortique en rapport avec dobutamine à faible dose peut alors être utile pour étudier
un jet d'insuffisance aortique. la réserve contractile de l'infarctus et améliorer la prédictibi-
lité de l'examen concernant la reprise de fonction de la paroi
Anomalie de la perfusion lésée. Le nombre de segments nécrosés doit être précisé car
Cette anomalie est généralement discrète ou absente dans c'est un élément pronostique majeur. Au-delà de 6 segments
le cadre d'un infarctus chronique étudié avec une séquence atteints, le taux d'événements indésirable est significative-
de perfusion de repos [8]. Lorsqu'elle est présente, l'hypo ment augmenté [10].
perfusion est sous-endocardique et systématisée à un terri-
toire coronaire (fig. 39.6).
Infarctus récent
Anomalies de la viabilité Protocole d'exploration
L'étude de la viabilité est effectuée avec les séquences de Le protocole comprend au minimum des séquences de ciné-
rehaussement tardif acquises 15 minutes après injection IRM, des séquences T2 (type T2 STIR), une séquence de
de chélates de gadolinium et constitue une étape clé de perfusion de premier passage au repos et des séquences de
l'examen. Celles-ci nécessitent de déterminer le temps rehaussement tardif.
690 Partie 6. Imagerie cardiovasculaire
Fig. 39.7 Images extraites d'une séquence de TI scouting montrant les variations de signal du myocarde ventriculaire gauche et du
sang en fonction de l'augmentation du temps d'inversion (TI) de l'image a (TI = 130 ms) à l'image e (TI = 250 ms). L'annulation correcte
du signal myocardique est obtenue sur l'image e correspondant à un TI de 220 ms.
Fig. 39.8 Aspect normal du myocarde sur une séquence de rehaussement tardif acquise 15 minutes après injection. Le signal myocar-
dique est annulé en faisant l'acquisition du signal à un temps d'inversion précis coïncidant avec le moment ou le signal myocardique passe par 0.
Noter l'aspect homogène et en franc hyposignal du ventricule gauche en petit axe (a), vertical long axe (b) et 4 cavités (c).
Fig. 39.9 Image en phase d'une séquence en phase (PSIR) en Fig. 39.10 Coupe petit axe. Séquence de rehaussement tardif met-
coupe petit axe acquise 15 minutes après injection. Noter l'annu- tant en évidence un rehaussement sous-endocardique correspondant
lation du signal myocardique, globalement indépendante du réglage à un infarctus dans le territoire de l'artère interventriculaire antérieure.
du temps d'inversion (TI).
Chapitre 39. Apport de L'IRM dans l'ischémie myocardique 691
bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) ischémie. C'est valable si les deux zones (hyposignal de la
sévère et d'hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) perfusion et plage en hypersignal du rehaussement tardif)
sévère. Le regadenoson partage les mêmes contre-indica- sont équivalentes en termes de surface. Une discordance
tions, à l'exception de l'asthme et de la BPCO. entre les deux (hyposignal plus étendu que la zone d'infarc-
L'adénosine a une demi-vie courte (moins de 10 secondes) tus) est en faveur d'une ischémie associée à la présence d'un
et doit donc être administrée en perfusion continue à l'aide infarctus. La séquence de perfusion est assez sensible aux
d'une seringue électrique amagnétique. Le débit habituel est artéfacts. Ceux-ci touchent fréquemment le septum inter-
de 140 μg/kg/min. L'effet clinique cesse moins de 1 minute ventriculaire. Ils sont transitoires et ne sont pas systématisés
après l'arrêt de la perfusion. Le dipyrydamole a une demi-vie à un territoire coronaire. Ils peuvent également être cir-
plus longue (de l'ordre de 30 minutes). Il est habituellement conférentiels, de visualisation transitoire. En cas d'examen
administré en perfusion IV lente sur 4 minutes à la dose de positif (retrouvant une ischémie) myocardique, il convient
0,84 mg/kg (4 à 6 ampoules en moyenne). L'effet maximal de préciser le nombre et la localisation des segments isché-
est obtenu vers la 8e minute après le début de l'injection. Le miques. La tolérance clinique de l'examen doit également
regadenoson s'administre en bolus sur 30 secondes. On uti- être mentionnée.
lise une dose unique d'un flacon par patient. Sa demi-vie est En termes de performance, l'IRM de stress se place sur la
brève (de l'ordre de 30 secondes) et nécessite de réaliser la même ligne que la scintigraphie et l'échographie de stress ou
séquence de perfusion IRM juste après l'injection. d'effort. Globalement, la sensibilité et la spécificité de ces tech-
La réalisation de l'examen doit se faire dans des condi- niques sont de l'ordre de 80 %. Un examen normal n'élimine
tions de sécurité avec présence d'un défibrillateur et d'un donc pas formellement la présence d'une ischémie myocar-
chariot d'urgence. Le médecin réalisant l'examen doit être dique. Notons toutefois que l'IRM offre l'avantage de ne pas
formé aux techniques de réanimation et être assisté d'un exposer aux rayons X et de ne pas être gênée par les possibles
manipulateur. Un électrocardiogramme (ECG) doit être artéfacts d'atténuation parfois visibles en scintigraphie sur la
réalisé avant et après l'examen, afin de rechercher notam- paroi inférieure du VG et pouvant conduire à des faux positifs.
ment des contre-indications (bradycardie sévère). Durant
l'examen, un monitorage de la tension artérielle et de l'ECG
est nécessaire. Cliniquement, ces agents peuvent entraîner `` Conclusion
une sensation d'inconfort, une sensation de chaleurs, des L'IRM cardiaque est une technique efficace et précise pour
céphalées et plus rarement des douleurs thoraciques. En faire le bilan d'une cardiopathie ischémique. Elle permet
cas de mauvaise tolérance, on peut antidoter leur effet en d'étudier la viabilité, de préciser la répercussion de la mala-
injectant de l'aminophylline. Ces agents vasodilatateurs vont die sur la fonction globale et segmentaire du ventricule
également accélérer la fréquence cardiaque (de 10 à 15 bpm) gauche et peut détecter la présence d'une ischémie myocar-
et faire diminuer la tension artérielle. À noter que, dans le dique en utilisant un agent pharmacologique.
cas de l'adénosine, le simple fait d'arrêter la perfusion annule
les effets cliniques en moins d'une minute.
Techniquement, l'examen est fondé sur la réalisation Références
d'une séquence dynamique de perfusion. Trois à quatre [1] The clinical role of magnetic resonance in cardiovascular disease.
coupes sont habituellement acquises par battement sur le VG Task Force of the European Society of Cardiology, in collaboration
en petit axe et répétées 60 à 80 fois afin d'obtenir une durée with the Association of European Paediatric Cardiologists. Eur Heart
d'acquisition d'au moins une minute. Il est recommandé de J 1998 ; 19 : 19–39.
répéter les coupes tous les battements (une concaténation). [2] Takaoka H, Takeuchi M, Odake M, et al. Comparison of hemody-
L'acquisition des images se fait en cours de perfusion pour namic determinants for myocardial oxygen consumption under dif-
l'adénosine, à la 8e minute pour le dipyridamole et à la fin ferent contractile states in human ventricle. Circulation 1993 ; 87 :
du bolus pour le regadenoson. Habituellement, une dose 59–69.
simple de gadolinium (0,1 mmol/kg) est injectée pour réa- [3] Gould KL. Assessment of coronary stenoses with myocardial per-
fusion imaging during pharmacologic coronary vasodilatation.
liser la perfusion sous stress. Une seconde dose est injectée
IV. Limits of detection of stenosis with idealized experimental
après cette séquence pour effectuer l'imagerie de rehausse- cross-s ectional myocardial imaging. Am J Cardiol 1978 ; 42 :
ment tardif à 15 minutes. Certaines équipes réalisent égale 761–8.
ment une perfusion de repos (après neutralisation de la [4] Rezkalla SH, Kloner RA. No-reflow phenomenon. Circulation 2002 ;
persantine avec de l'aminophylline ou arrêt de la perfusion 105 : 656–62.
d'adénosine) avec cette seconde dose. [5] Thomson LE, Kim RJ, Judd RM. Magnetic resonance imaging for the
L'interprétation de l'examen doit analyser conjointe- assessment of myocardial viability. J Magn Reson Imaging 2004 ; 19 :
ment les images de la séquence de perfusion et les images 771–88.
de rehaussement tardif. Une ischémie myocardique va se [6] Cerqueira MD, Weissman NJ, Dilsizian V, et al. Standardized myo-
manifester sur la séquence de perfusion par un hyposignal cardial segmentation and nomenclature for tomographic imaging of
the heart. A statement for healthcare professionals from the Cardiac
persistant, sous-endocardique ou transmural, dans un ter-
Imaging Committee of the Council on Clinical Cardiology of the
ritoire coronaire, sans infarctus visible dans ce territoire American Heart Association. Int J Cardiovasc Imaging 2002 ; 18 :
sur la séquence de rehaussement tardif. Si un infarctus est 539–42.
présent dans ce même territoire, on ne parlera pas d'isché- [7] Gaertner R, Logeart D, Michel JB. Mercadier JJ [Early left ventricu-
mie : l'hyposignal visualisé sur la perfusion correspond alors lar remodelling following acute coronary accident]. Med Sci (Paris)
aux remaniements fibreux de la zone infarcie et non à une 2004 ; 20 : 643–50.
Chapitre 39. Apport de L'IRM dans l'ischémie myocardique 693
[8] Wilke NM, Jerosch-Herold M, Zenovich A, et al. Magnetic resonance [12] Croisille P, Kim HW, Kim RJ. Controversies in cardiovascular MR ima-
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Chapitre
40
Myocardite
J.-F. Deux, V. Tacher, F. Legou, M. Vitellius, H. Kobeiter, A. Luciani, A. Rahmouni
PLAN DU CHAPITRE
Généralités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 695 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 697
IRM cardiaque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 695
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
© 2017, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 695
696 Partie 6. Imagerie cardiovasculaire
Performances diagnostiques
Il est préférable de réaliser l'examen tôt (premiers jours)
afin de bénéficier de la présence de l'œdème myocardique
qui disparaît rapidement [16]. La sensibilité des séquences
de rehaussement tardif, des séquences T2 et des séquences
a b
Fig. 40.3 Même patient qu'en fig. 40.2. La séquence de ciné-IRM
post-injection objective un rehaussement nodulaire dans la paroi laté-
rale du VG (flèches en a, b).
détectant l'hyperémie est toutefois relativement faible, de En imagerie, il n'existe pas de consensus quant à la nécessité
l'ordre de 60 %. Les recommandations internationales sug- de suivre systématiquement les patients ayant fait une myo-
gèrent donc d'associer ces séquences afin augmenter les cardite aiguë. Le délai du contrôle IRM reste également encore
performances diagnostiques de l'examen, la présence de débattu (1 à 2 mois probablement). Sur le contrôle à 1 ou
deux critères sur trois permettant de porter le diagnostic de 2 mois, les lésions sont encore souvent visibles après injection,
myocardite (Lake Louise criterias) avec une sensibilité et une retrouvées dans plus de 50 % des cas. Elles sont localisées dans
spécificité diagnostiques approchant les 80 % [4]. Certaines les mêmes territoires que sur l'IRM initiale, mais semblent
études suggèrent que l'adjonction de séquences de mapping souvent un peu moins étendues et avec un signal IRM moins
augmenterait les performances diagnostiques de l'IRM en intense. L'œdème myocardique disparaît habituellement en 2 à
optimisant la détection des cas où l'inflammation est diffuse 3 semaines. Il est important de profiter du contrôle IRM pour
sans lésion focale, source potentielle de faux négatifs avec les calculer la FEVG et les volumes ventriculaires afin de dépister
séquences classiques [14, 15]. une éventuelle évolution vers une CMD.
`` Conclusion
La myocardite aiguë est une pathologie relativement fré-
quente et constitue un motif classique de réalisation d'une
Fig. 40.5 Aspect de cardiomyopathie dilatée secondaire à une IRM cardiaque. L'atteinte sous-épicardique non systémati-
myocardite chez un patient de 40 ans se présentant avec un sée à un territoire coronaire parfois avec réaction œdéma-
tableau d'insuffisance cardiaque gauche. La séquence de ciné-IRM
teuse est un point clé du diagnostic. Elle ne doit pas être
acquise dans le plan vertical long axe objective un VG dilaté. La FEVG
calculée chez ce patient était à 38 %.
confondue avec l'infarctus qui est sous la dépendance d'un
territoire coronaire et intéresse le sous-endocarde.
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698 Partie 6. Imagerie cardiovasculaire
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Chapitre
41
Cardiomyopathie
de Takotsubo
F. Legou, V. Tacher, M. Vitellius, A. Luciani, A. Rahmouni, J.-F. Deux
PLAN DU CHAPITRE
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 699 Aspect IRM de la cardiomyopathie
Épidémiologie et physiopathologie . . . . . . . . . 699 de Takotsubo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 700
Présentation clinique et paraclinique Principaux diagnostics différentiels . . . . . . . . . 700
des patients . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 699 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 701
Protocole IRM. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 700
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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700 Partie 6. Imagerie cardiovasculaire
c d
Fig. 41.1 Douleur thoracique aiguë chez une patiente de 67 ans,
au décours de l'incendie dans son domicile, élévation modérée
de la troponinémie. IRM cardiaque effectuée à J2 de la douleur
thoracique. Les séquences ciné-SSFP (steady-state free precession)
acquises dans le plan 4 cavités (a, b) et long axe 2 cavités (c, d) objec- Fig. 41.2 La séquence de rehaussement tardif acquise en coupe
tivent une akinésie de la partie antérieure du ventricule gauche qui ne 4 cavités (a) et long axe 2 cavités (b) n'objective pas d'anoma-
s'épaissit pas entre la diastole (a, c) et la systole (b, d), donnant un lie de rehaussement dans le territoire akinétique. L'ensemble est
aspect de ballonisation apicale. évocateur d'une cardiomyopathie de Takotsubo.
Chapitre 41. Cardiomyopathie de Takotsubo 701
PLAN DU CHAPITRE
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 703 Aspect IRM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 704
Caractéristiques de la maladie . . . . . . . . . . . . . 703 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 706
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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704 Partie 6. Imagerie cardiovasculaire
Génétique Traitement
Des mutations ont été retrouvées dans certains cas de La prise en charge des patients présentant une NCVG est
NCVG de la littérature, faisant suspecter une maladie similaire aux autres cardiomyopathies. Il faut donc inclure
génétique hétérogène de transmission autosomique un traitement approprié de l'insuffisance cardiaque, une
dominante ou liée à l'X [2]. Les formes liées à l'X décrites prise en charge des arythmies et, selon certains auteurs, une
étaient parfois associées à des myopathies ou rentraient anticoagulation orale pour prévenir les emboles systémiques
dans le cadre de syndromes génétiques. Pour les formes chez des patients avec une fraction d'éjection du ventricule
autosomiques, de nombreuses mutations ont été iden- gauche (FEVG) inférieure à 40 %. La transplantation car-
tifiées, principalement au niveau des gènes mitochon- diaque est le traitement de dernier recours de la dysfonction
driaux, des gènes du cytosquelette, des gènes des protéines systolique. Selon Caliskan, l'implantation d'un défibrillateur
sarcomériques. La conséquence de ces mutations serait implantable selon les recommandations pour les cardio-
très variable ; la sévérité, le type et l'âge de survenue de myopathies non ischémiques (patient avec défaillance car-
l'expression clinique dépendraient également de facteurs diaque/altération sévère de la FEVG) pour une prévention
environnementaux. Les mêmes mutations (gènes de la primaire ou secondaire de la mort subite serait utile [15].
protéine sarcomérique) ont été retrouvées dans des cas
de NCVG, de CMH et de cardiomyopathie dilatée (CMD)
[6]. Ainsi, selon certains auteurs, la NCVG ne serait pas Aspect IRM
une cardiomyopathie distincte mais plutôt un phénotype
distinct ou une expression morphologique particulière de
Aspect typique
différentes cardiomyopathies sous-jacentes [5–7]. Dans Avant même d'évoquer les critères diagnostiques validés en
un grand nombre de cas de NCVG, aucune mutation n'a IRM, il semble utile de définir l'aspect typique d'une NCVG
pu être mise en évidence. telle qu'on peut l'observer en pratique clinique. La NCVG
typique comprend :
■ des anomalies fonctionnelles : le ventricule gauche est
Épidémiologie dilaté, globuleux, globalement hypokinétique avec alté-
La prévalence réelle de la NCVG dans la population géné- ration de la FEVG avec des troubles de la cinétique seg-
rale reste inconnue. Elle a été estimée initialement entre mentaire qui prédominent parfois dans les zones les plus
0,014 % et 0,05 % chez les patients adressés pour une écho- trabéculées ;
cardiographie, mais des études plus récentes rapportent une ■ des anomalies structurelles : d'un point de vue anato-
prévalence autour de 0,26 % [8, 9]. Nugent et al. et Andrews mique, il existe un aspect hypertrabéculé du myocarde
et al. retrouvaient respectivement une fréquence de NCVG ventriculaire gauche avec des trabéculations qui prédo-
de 9 % en Australie et de 3 % au Royaume-Uni dans les car- minent en général au niveau de la paroi latérale et de
diomyopathies pédiatriques nouvellement diagnostiquées l'apex du ventricule gauche (fig. 42.1) et définissent des
[10, 11]. Il semble exister une prédominance masculine, récessus intertrabéculaires. Ces récessus ne commu-
inexpliquée. niquent pas avec la circulation coronaire. Après injection,
il est possible d'observer un rehaussement intramyocar-
Symptômes et pronostic dique ou septal ; les pourcentages sont variables, allant de
0 % à 55 % suivant les séries [16–19]. Le rehaussement n'a
La fréquence de l'expression clinique est très variable pas de caractère spécifique dans son aspect ou sa localisa-
selon les séries publiées. Dans la série de Stöllberger et al. tion par rapport aux autres cardiomyopathies.
de 2002 [12], 89 % des patients atteints de NCVG présen-
taient des symptômes cardiaques. La NCVG peut aussi
être asymptomatique. Kawel et al. ont montré dans une
population de sujets sains asymptomatiques que les cri-
tères diagnostiques de NCVG étaient remplis dans 40 %
des cas [13]. La découverte fortuite d'une NCVG chez
des sujets asymptomatiques peut se faire lors d'un dépis-
tage familial ou d'un examen systématique. Les signes
cliniques associés à la NCVG sont non spécifiques, com-
muns aux autres cardiomyopathies. Ils sont constitués de
la triade classique :
■ altération progressive de la fonction systolique du VG ;
■ arythmies et troubles conductifs non spécifiques (fibril-
lation auriculaire, tachycardie ventriculaire, bloc de Fig. 42.1 Patient de 50 ans avec antécédent paternel de cardio-
branche droit et gauche) ; myopathie mal étiquetée. Dyspnée croissante et troubles du rythme
■ complications thrombo-emboliques. ventriculaire conduisant à la réalisation d'une IRM cardiaque. Séquence
Dans la série de Stanton (ETT), la mortalité des patients de ciné-IRM acquise dans le plan petit axe (a) mettant en évidence un
atteints de NCVG symptomatique était comparable à celle aspect hypertrabéculé de la paroi latérale du ventricule gauche évoca-
de patients atteints de CMD d'origine non ischémique (sur- teur d'une cardiomyopathie de non-compaction du ventricule gauche.
vie à 3 ans 85 % versus 83 %) [14]. Agrandissement centré sur la paroi latérale du ventricule gauche (b).
Chapitre 42. Cardiomyopathie de non-compaction du ventricule gauche 705
Fig. 42.3 Illustration de la méthode de mesure du ratio masse trabéculée (T)/masse globale (T + C). La ligne supérieure montre le contou-
rage de la masse globale sur trois niveaux de coupe en petit axe. La ligne inférieure montre le contourage de la masse compactée sur ces mêmes
niveaux. Noter l'absence d'inclusion des trabéculations sur la ligne inférieure. La masse trabéculée (T) est la différence entre la masse globale (T + C)
et la masse compactée (C).
706 Partie 6. Imagerie cardiovasculaire
Tableau 42.1 Synthèse des principales études cliniques ayant évalué les critères diagnostiques IRM.
Population Analyse Analyse de l'épaisseur Apex Base
de la masse
Petersen, 2005 [8] 45 volontaires sains Non Long axe 16 segments (3 coupes Exclu Incluse
à 60° l'une de l'autre)
Jacquier, 2010 [20] 16 sujets contrôles Oui Non Inclus Incluse
Dawson, 2011 120 volontaires sains Non Petit axe 16 segments Exclu Incluse
Cheng, 2011 22 sujets contrôles Non Petit axe 16 segments Exclu Incluse
Grothoff, 2012 24 sujets contrôles Oui Petit axe 16 segments Exclu pour Incluse
l'épaisseur, inclus
pour la masse
Kawel, 2012 323 sujets sains Non Long axe 8 segments Exclu Exclue
(uniquement région médiane
et apicale), petit axe 8 segments
pour 100 sujets
Luijkx, 2012 38 footballeurs professionnels Non Petit axe 16 segments Exclu Incluse
(28 Caucasiens et 10 Africains) et long axe 16 segments
Marchal, 2013 82 CMD (NCVG exclues par ETT Non Petit axe 15 segments Exclu Incluse
selon critères de Jenni) (segments antérolatéral
et inférolatéral réunis)
Captur, 2013 40 sujets sains Oui Long axe 16 segments Exclu Incluse
(20 Caucasiens et 20 Africains)
CMD : cardiomyopathie dilatée ; ETT : échographie transthoracique ; cardiomyopathie de non-compaction du ventricule gauche.
[8] Petersen SE, Selvanayagam JB, Wiesmann F, et al. Left ventricular tic resonance criteria for isolated left ventricular non-compaction.
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Chapitre
43
Cardiomyopathie arythmogène
du ventricule droit
A. Redheuil
PLAN DU CHAPITRE
Contexte. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 709 Fonction globale systolique
Rôle de l'IRM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 709 du ventricule droit. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 713
Contraction locorégionale et fonction Autres séquences. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 713
systolique du ventricule droit. . . . . . . . . . . . . . 710 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 713
L'échographie reste en général l'examen de première taire de coupe 4 cavités habituelle. L'axe du VD et celui du
intention qui pourra mettre en évidence une dilatation du VG n'étant pas en général alignés, on pourra prendre l'axe
VD, une anomalie de contraction segmentaire de sa paroi VD comme référence pour le placement de l'acquisition ciné
latérale et exclure une pathologie valvulaire tricuspide et une petit axe. La vue long axe 2 cavités centrée sur le VD per-
hypertension artérielle pulmonaire. Toutefois, cet examen mettra de placer une vue dans l'axe de la chambre de chasse
peut être limité par une visibilité le plus souvent incomplète VD qui servira elle-même à placer une vue infundibulaire
de l'ensemble des segments du VD liée aux fenêtres acous- déroulant les cavités droites. Ces deux dernières vues spé-
tiques disponibles. Pour cette raison, l'estimation fiable du cifiques au VD sont très utiles en particulier au diagnostic
volume et de la fraction d'éjection du VD reste difficile en des formes localisées pouvant atteindre l'infundibulum. La
échographie. La mesure du déplacement antérieur de l'an- vue long axe 2 cavités droite sera particulièrement utile pour
neau tricuspide (TAPSE) peut être réalisée en échographie les formes sous-tricuspidiennes, apicales et infundibulaires.
sur la paroi latérale et donner une indication de dysfonc- La contraction locorégionale du VD sera analysée visuel-
tion globale, particulièrement dans les formes diffuses de la lement et cotée en classes : normokinétique, hypokinétique,
maladie. D'autres techniques plus récentes comme la mesure akinétique et dyskinétique. Il est important, pour commu-
de la déformation myocardique (strain) ou l'acquisition 3D niquer de façon efficace les résultats et permettre une com-
ont été proposées, mais leur intérêt reste en évaluation. paraison interexamen et interobservateur, de respecter une
L'IRM permet une évaluation complète de la morpholo- segmentation du VD précise. Celle-ci, comprenant 5 seg-
gie et de la cinétique segmentaire de l'ensemble des cavités ments, est détaillée sur la figure 43.1. La synchronicité de la
cardiaques avec une excellente précision. Elle est aujourd'hui contraction des différents segments sera également appré-
considérée à ce titre comme l'examen de référence. En ciée visuellement (fig. 43.2).
particulier, le VD, dont l'anatomie est complexe, peut être Le VG sera systématiquement analysé en raison de l'exis-
visualisé intégralement dans tous les plans de l'espace. Des tence de formes biventriculaires de dysplasie (paroi latérale
séquences de caractérisation tissulaires pondérées en T1 ou VG), souvent sous-estimées.
en densité de protons ainsi qu'une étude du rehaussement L'analyse visuelle de la fonction locorégionale du VD et de
tardif des parois ventriculaires après injection de produit l'asynchronisme peut être difficile et demande une certaine
de contraste peuvent compléter l'examen [3]. La faible expérience. En effet, les pièges sont nombreux. Il est impor-
épaisseur du myocarde ventriculaire droit physiologique tant de reconnaître en priorité les structures trabéculaires
et donc a fortiori dysplasique rend délicate l'interprétation musculaires du VD, en particulier la bandelette modératrice
des séquences T1 visant à visualiser la graisse (sans injec- qui peut être responsable lors de sa contraction d'images
tion) ou la fibrose myocardique (après injection). De sur-
croît, ces deux composantes sont le plus souvent liées et
non individualisables à l'échelle macroscopique. L'essentiel Tableau 43.1 Critères diagnostiques de
du diagnostic repose donc sur la mise en évidence de la cardiomyopathie arythmogène du ventricule droit
conséquence du replacement du myocarde par des plages (CAVD) en IRM (d'après [1]).
fibrograisseuses, à savoir des anomalies morphologiques
Structurels et fonctionnels
statiques (anévrisme ou bulging spontané) et surtout dyna-
miques (akinésie, dyskinésie, asynchronie). Majeurs Anomalie sévère de la contraction
locorégionale du VD : akinésie, dyskinésie ou
Le diagnostic de CAVD repose sur l'association d'une
asynchronie associée à l'un des deux critères
anomalie majeure de contraction locorégionale du VD avec suivants :
un critère de dilatation et/ou de dysfonction systolique glo- – volume télédiastolique indexé du
bale définie comme une diminution de la fraction d'éjection VD ≥ 110 ml/m2 (homme) ou ≥ 100 ml/m2
VD significative. Ces critères sont pondérés par le sexe et (femme)
résumés dans le tableau 43.1. – fraction d'éjection VD ≤ 40 %
Mineurs Anomalie sévère de la contraction
locorégionale du VD : akinésie, dyskinésie ou
Contraction locorégionale asynchronie associée à l'un des deux critères
et fonction systolique suivants :
– volume télédiastolique indexé du VD ≥ 100
du ventricule droit à < 110 ml/m2 (homme) ou ≥ 90 à < 100 ml/
m2 (femme)
Des acquisitions ciné seront systématiquement réalisées – fraction d'éjection VD > 40 à ≤ 45 %
pour étudier la cinétique locorégionale du VD et mesurer
Caractérisation tissulaire
avec précision sa fraction d'éjection et ses volumes.
Les séquences ciné-SSFP (steady-state free precession) Critères exclusivement histologiques, pas de
sont largement employées dans les incidences classiques : critères IRM de graisse ou fibrose pariétale VD
en raison de la faible épaisseur et du risque de
2, 3, 4 cavités et petit axe de la base à la pointe du massif ven- volume partiel sur la graisse épicardique VD
triculaire. Une acquisition axiale couvrant le cœur est égale-
ment très utile dans la recherche de la CAVD car elle permet Anomalies ECG
une visualisation d'ensemble de la contraction de la paroi Anomalies de la repolarisation (ondes T
latérale et du mouvement transversal de l'infundibulum négatives)
pulmonaire. Comme illustré sur la figure 43.1, elle servira Anomalies de la dépolarisation
et de la conduction (ondes epsilon)
également à prescrire les vues classiques et sera complémen-
Chapitre 43. Cardiomyopathie arythmogène du ventricule droit 711
Fig. 43.1 Illustration du positionnement des séquences de ciné-IRM pour rechercher une CAVD.
Fig. 43.2 Forme typique de CAVD. Coupes de ciné-IRM de la base à l'apex du VD montrant une forme étendue de CAVD : atteinte de la paroi
libre et de l'ensemble de l'apex du VD avec zones anévrismales, dyskinétiques et asynchrones par rapport à l'infundibulum qui est épargné chez
un homme de 46 ans avec mutation DGS2.
trompeuses faisant évoquer à tort dyskinésies ou anévrismes malie de contraction locorégionale suspectée dans un plan
au tiers apical de la paroi latérale (fig. 43.3). Il en est de même sur un plan perpendiculaire à celui-là. Des techniques de
des ligaments péricardosternaux supérieur et inférieur. L'un quantification de la fonction locorégionale fondées sur l'éva-
des pièges classiques consiste à visualiser un mouvement à luation du strain se développent et sont prometteuses mais
travers le plan en particulier sur les vues petit axe interpré- ne font pas encore l'objet de recommandations en pratique
tées comme anormales. Une règle simple, qui peut permettre courante. Les différences sémiologiques de la contraction
d'éviter ce type d'erreur, est de toujours confirmer une ano- locorégionale du VD sont résumées dans le tableau 43.2.
712 Partie 6. Imagerie cardiovasculaire
Fig. 43.3 Illustration des difficultés de contourage du VD. (a) Exclusion de la bandelette modératrice (flèche) pour la mesure du volume VD.
(b) Bandelette modératrice (flèche longue) pouvant donner, selon les incidences (ici coupe 3 cavités VG), de faux aspects d'anomalie morphologique
du VD. Flèche courte : infundibulum. (c) Oreillette droite visible sur une coupe passant par le VD ne devant pas être incluse dans le contourage VD.
* Illustrations des différentes anomalies contractiles de la paroi du ventricule droit. La ligne continue représente les limites de la paroi en diastole. La ligne
pointillée représente les limites de la paroi en systole. Les flèches illustrent l'amplitude du mouvement entre la diastole et la systole.
Autres séquences
Une séquence en sang noir pondérée en T1 ou en densité de
`` Conclusion
protons sans puis avec saturation de la graisse pourra être La CAVD est une maladie potentiellement grave pour-
utilisée afin d'étudier la composante graisseuse pariétale voyeuse de mort subite et dont le diagnostic parfois ignoré
(fig. 43.4). Une séquence permettant l'étude du rehaussement est difficile. Celui-ci repose sur un faisceau d'arguments
714 Partie 6. Imagerie cardiovasculaire
Fig. 43.4 Image sang noir pondérée en densité de protons (a) montrant une infiltration graisseuse des deux tiers inférieurs de la paroi
latérale et de la paroi inférieure du VD (a, flèche blanche horizontale), confirmée par la saturation de la graisse (SPAIR) (b, flèche
blanche horizontale). L'infundibulum est respecté (a, b, flèche grise). (c) Atteinte associée de la paroi latérale et inférieure du VG qui présente
un rehaussement tardif épicardique (flèche blanche oblique).
Fig. 43.5 Séquence de ciné-IRM post-injection précoce (a) et de rehaussement tardif en inversion-récupération 10 minutes
après injection (b) mettant en évidence un infarctus récent inférieur étendu au VD.
Tableau 43.3 Diagnostics différentiels principaux pour : 1) dépister les formes initiales locales difficiles à
de la cardiomyopathie arythmogène du ventricule apprécier en échographie ; 2) quantifier l'évolution vers
droit (CAVD). des formes diffuses et évaluer la sévérité de l'atteinte et le
retentissement sur la fonction VD ; 3) préciser l'existence
Myocardite
de formes biventriculaires ; 4) poser un éventuel diagnostic
Sarcoïdose alternatif à des troubles du rythme ventriculaires ou une
Cardiomyopathie dilatée dilatation VD non expliquée.
Cœur d'athlète
Tachycardies ventriculaires infundibulaires idiopathiques Références
Syndrome de Brugada [1] Marcus FI, McKenna WJ, Sherrill D, et al. Diagnosis of arrhythmogenic
Autres causes de dilatation et de dysfonction VD : right ventricular cardiomyopathy/dysplasia : proposed modification of
– maladie d'Ebstein the task force criteria. Circulation 2010 ; .
– shunt gauche-droit : communication interatriale/ [2] Hulot JS, Jouven X, Empana JP, et al. Natural history and risk stratifi-
interventriculaire, retour veineux pulmonaire anormal cation of arrhythmogenic right ventricular dysplasia/cardiomyopathy.
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PLAN DU CHAPITRE
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 715 Diagnostic des formes spécifiques
Définitions et généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . 715 de cardiomyopathie dilatée . . . . . . . . . . . . . . . 717
Diagnostic positif d'une dysfonction, Détection des thrombus
d'une dilatation et d'une augmentation ventriculaires gauches. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 718
de la masse ventriculaire gauche . . . . . . . . . . . 716 Évaluation du pronostic
Éliminer les étiologies non myocardiques . . . . 716 des cardiomyopathies dilatées par IRM . . . . . . 718
Présentation la plus fréquente
de la cardiomyopathie dilatée . . . . . . . . . . . . . 717
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
© 2017, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 715
716 Partie 6. Imagerie cardiovasculaire
compréhension des étiologies, notamment génétiques, de la notamment les sports d'endurance – est à l'origine de
physiopathologie et de la prise en charge des CMD a abouti modifications électriques et morphologiques du myocarde
à la mise à jour de la classification de ces affections. Cette qui peuvent aboutir à une augmentation du volume télé-
classification est fondée sur le principe de la classification diastolique et une diminution de la fraction d'éjection VG
TNM. Les items retenus pour les cardiomyopathies sont et VD. Ces modifications apparaissent chez les personnes
MOGES : M pour morphofonctionnel (cet item permet de pratiquant plus de 10 heures de sport par semaine. Lorsque
classer le phénotype de présentation : dilaté, hypertrophié, le remodelage ventriculaire est secondaire à l'activité phy-
mixte, etc.) ; O pour organes, soit le type d'organe atteint sique, il est caractérisé par une augmentation de la masse
par l'affection (cœur, muscles squelettiques, encéphale, et du volume ventriculaires gauches dans des proportions
etc.) ; G renvoie à génétique, et permet de caractériser le équivalentes. L'évaluation du remodelage ventriculaire est
mode de transmission de l'anomalie génétique (dans la un indicateur important dans l'exploration de ces patients.
majorité autosomique dominante) ; E correspond à étiolo- Cet indicateur est calculé en divisant la masse myocardique
gie qui peut être génétique, toxique, infectieux, inflamma- ventriculaire gauche par le volume télédiastolique, avec
toire, etc. ; S correspond au niveau d'insuffisance cardiaque donc une normale aux alentours de 0,9 ± 0,1. Le remodelage
(classification American Heart Association [AHA] ou New concentrique est défini par une augmentation de cet index
York Heart Association [NYHA]) et permet donc d'inté- (hypertension artérielle, certaines cardiomyopathies hyper-
grer des patients en phase préclinique ou borderline, ce qui trophiques [CMH], etc.) et le remodelage excentrique par
n'était pas possible avant. Des applications pour smart- une diminution de cet index (CMD, etc.). Les sportifs d'en-
phone existent pour faciliter la classification des patients durance augmentent leurs volumes ventriculaires gauches,
(http://moges.biomeris.com). mais augmentent également leur masse au prorata, ce qui ne
modifie pas l'index de remodelage VG. À l'inverse, le remo-
delage ventriculaire au cours des CMD est dit excentrique
Diagnostic positif d'une dysfonction, avec une augmentation plus importante du volume VG que
de la masse VG. La réalisation d'une épreuve d'effort avec
d'une dilatation mesure de la consommation totale d'oxygène peut être utile
et d'une augmentation pour confirmer le diagnostic.
de la masse ventriculaire gauche
L'IRM représente l'examen de référence pour la mesure des Éliminer les étiologies
volumes et le calcul de la fraction d'éjection [4]. En effet, non myocardiques
c'est l'IRM qui permet d'obtenir les mesures les plus pré-
cises et les plus reproductibles des volumes du VG. L'IRM Par définition, le diagnostic de CMD est un diagnostic d'éli-
n'est pas l'examen de première ligne dans l'évaluation de la mination. Il est nécessaire de rechercher la présence d'une
fonction systolique VG, mais elle est indiquée si le patient valvulopathie, d'une malformation, d'une hypertension et/
est peu échogène, s'il existe une discordance entre deux ou d'une maladie coronarienne (ischémie ou antécédent
techniques ou opérateurs, ou si une mesure de référence est d'infarctus). Dans la grande majorité des cas, l'élimina-
nécessaire. La méthode de mesure des volumes en IRM doit tion des valvulopathies et de l'hypertension est simple.
respecter des règles strictes pour que la valeur des résultats Cependant, si le patient est peu échogène ou la valve aor-
corresponde à celle retrouvée dans la littérature. Les recom- tique très calcifiée, l'IRM peut avoir un intérêt.
mandations de la Society for Cardiac Magnetic Resonance La recherche d'une cause ischémique est très impor-
pour la mesure des volumes, de la masse et de la fraction tante pour deux raisons : 1) il existe une forte prévalence
d'éjection VG sont standardisées et font référence [5]. des lésions coronaires chez les patients qui présentent une
Les valeurs normales de volume et de masse ventricu- dysfonction systolique ventriculaire gauche ; 2) la dysfonc-
laires gauches dépendent du genre, de l'âge, de la taille et tion ventriculaire d'origine ischémique est potentiellement
du poids des patients. De nombreuses études ont défini réversible par revascularisation. La recherche directe (mor-
les valeurs normales de volume et de masse dans les deux phologie) ou indirecte (ischémie) d'une coronaropathie est
sexes et les différentes tranches d'âge de la population [6]. donc indispensable. Les tests ischémiques dans cette indica-
Les mesures doivent être exprimées indexées par rapport à tion peuvent être à l'origine de faux positifs dans les CMD,
la surface corporelle. La CMD est définie par une dilatation notamment avec le SPECT (single photon emission computed
sans hypertrophie et une baisse de la fraction d'éjection ven- tomography) [7]. Le coroscanner est un examen classique
triculaire gauche (FEVG). Les valeurs seuil pour le volume dans le bilan d'une CMD pour éliminer une coronaropathie
télédiastolique et la fraction d'éjection sont variables dans la (fig. 44.1). Soriano et al. [8] ont par ailleurs montré que,
littérature et dépendent des critères d'inclusion utilisés dans chez les patients présentant une dysfonction ventriculaire
les différentes études. À titre indicatif, on peut considérer gauche sans antécédents de maladie coronarienne, l'IRM
qu'un volume télédiastolique supérieur à 100 ml/m2 chez permettait de mettre en évidence des prises de contraste
l'homme et 90 ml/m2 pour la femme associé à une fraction sous-endocardiques chez 10 % des patients, sans atteinte
d'éjection inférieure à 45 % est pathologique. Lorsque la coronaire retrouvée à la coronarographie. Bien que ces ano-
fraction d'éjection se situe entre 45 et 55 %, le diagnostic est malies soient évocatrices d'infarctus passés inaperçus, il est
difficile et incertain. difficile d'incriminer dans l'ensemble de ces cas un infarctus
Des précautions particulières doivent être prises pour à coronaires saines, car les cicatrices sous-endocardiques ne
l'exploration des sportifs de haut niveau. L'activité physique – sont pas spécifiques à 100 % d'une étiologie ischémique [9].
Chapitre 44. Apport de l'IRM cardiaque dans l'exploration d'une cardiopathie dilatée 717
PLAN DU CHAPITRE
Généralités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 721 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 724
IRM cardiaque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 721
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722 Partie 6. Imagerie cardiovasculaire
de premier passage à la recherche d'anomalies de la micro- ou nodulaires pseudotumorales sont possibles [4]. Un ané-
vascularisation (à réaliser de préférence sous stress pharma- vrisme apical peut être présent dans les formes médioven-
cologique afin de maximaliser la sensibilité de détection), triculaires [5]. Dans les formes focales, la masse cardiaque
des séquences T2 sang noir si le patient se présente avec des est en général normale. Le VD est atteint dans 10 % des cas
douleurs thoraciques aiguës avec élévation de la troponine (épaisseur > 5 mm). La fonction ventriculaire globale est en
(CMH avec manifestations infarctoïdes), des séquences T1 général normale au début de la maladie, mais peut s'altérer
sang noir permettant de mieux apprécier la morphologie car- dans l'évolution de la maladie. Tardivement, le VG peut se
diaque, des séquences de tagging pour optimiser l'analyse de dilater et la CMH se présenter comme une CMD. Des ano-
la déformation régionale du myocarde dans les zones hyper- malies de la valve mitrale (allongement du feuillet antérieur)
trophiques. Les séquences de T1 mapping peuvent également ou de l'appareil sous-valvulaire (anomalie d'insertion ou de
s'avérer utiles pour rechercher de la fibrose myocardique morphologie des piliers) peuvent être associées et favoriser
(allongement du T1), une augmentation du volume extracel- une obstruction à l'éjection du sang. La découverte de tra-
lulaire et dans le diagnostic différentiel (voir plus loin). béculations plus marquées et de cryptes intramyocardiques
chez les sujets porteurs d'une mutation mais sans hypertro-
Sémiologie phie pourrait constituer un signe précoce de la maladie. Une
dilation de l'oreillette gauche peut être associée en rapport
Le diagnostic IRM est fondé sur la présence d'une hyper- avec une dysfonction diastolique consécutive à l'hypertro-
trophie de la paroi ventriculaire gauche, supérieure ou phie ventriculaire gauche. Elle favorise la survenue d'une
égale à 15 mm (13 mm si le patient est apparenté au pre- fibrillation atriale et d'une insuffisance cardiaque et consti-
mier degré avec un patient atteint de CMH de diagnostic tue un facteur pronostique négatif.
certain). Cette hypertrophie peut être focale (≤ 2 segments), La présence de turbulences visibles en IRM sous la forme
intermédiaire (3 à 7 segments) ou diffuse (8 ou plus). Une d'une perte de signal systolique en regard du septum basal
épaisseur pariétale de plus de 30 mm est une indication sous-aortique doit faire suspecter une obstruction, présente
(classe IIA) à la mise en place d'un défibrillateur dans les chez à peu près un tiers des patients au repos (fig. 45.3).
recommandations américaines. L'hypertrophie est souvent L'obstruction est liée à la présence d'une hypertrophie du sep-
asymétrique, prédominant sur le septum interventriculaire tum basal, à un mouvement systolique antérieur de la grande
(avec un rapport septum/paroi postérieure > 1,5) (fig. 45.1), valve mitrale (appelé SAM pour systolic anterior motion) et
mais des formes apicales (fig. 45.2), médioventriculaires à des anomalies de l'appareil sous-valvulaire mitral anté-
rieur. Le SAM est en général associé à la présence d'une fuite
mitrale fonctionnelle. Les séquences de vélocimétrie peuvent
être utiles pour mesurer la vitesse maximale en regard de
l'obstruction et en déduire le gradient de pression maximal
par l'équation simplifiée de Bernoulli (delta P = 4 V2), même
si l'échographie paraît supérieure du fait de sa meilleure réso-
lution temporelle. L'analyse de la valve mitrale et de l'appareil
sous-valvulaire mitral est particulièrement importante avant
intervention visant à réduire le gradient de pression (alcoo-
lisation septale ou myomectomie). L'IRM peut être réalisée
après ces interventions pour confirmer la levée de l'obstacle.
Fig. 45.1 Patient porteur d'une CMH asymétrique. Coupe de ciné- Les séquences de rehaussement tardif permettent de
IRM acquise en diastole dans le plan 3 cavités mettant en évidence rechercher des lésions de fibroses intramyocardiques qui sont
une hypertrophie septale (21 mm) asymétrique (flèche). Noter la pré- d'apparition progressive et relativement fréquentes (approxi-
sence d'une hypertrophie apicolatérale plus modérée (16 mm) (tête mativement deux tiers des patients) [6]. Typiquement, elles
de flèche). sont situées à la jonction entre VD et VG (fibrose intersti-
a b
Fig. 45.2 Chez le même patient que la figure 45.1, séquence de Fig. 45.3 Patient porteur d'une CMH apicale. La coupe de ciné-IRM
rehaussement tardif (PSIR ou phase sensitive inversion recupe- 4 cavités met en évidence un épaississement de la région apicale du
ration) objectivant des plages de rehaussement hétérogènes ventricule gauche (a, flèches). Une plage de rehaussement est visible
(flèches) dans le myocarde ventriculaire gauche, au niveau du sep- après injection dans cette région (b, flèche) témoignant de remanie-
tum et de la paroi latérale. ments fibreux associés.
Chapitre 45. Cardiomyopathie hypertrophique sarcomérique 723
tielle) et/ou sont intramurales, visibles au sein du myocarde suivre cliniquement les patients tous les ans. Concernant
hypertrophié sous la forme de plages diffuses assez mal limi- l'IRM, il n'existe pas de consensus. Un suivi tous les 2 à 3 ans
tées (fibrose dense) (fig. 45.4 et 45.2). Dans ces formes vues ou tous les 5 ans a été proposé [2].
tardivement, le rehaussement fibreux peut être transmural
et la paroi amincie. Cela peut également être vu dans le cas
d'une CMH médioventriculaire avec anévrisme apical dont
Diagnostics différentiels
la paroi se rehausse de façon transmurale. La présence de De nombreuses cardiopathies peuvent entraîner une hypertro-
lésions de fibroses et probablement leur étendue sont consi- phie pariétale cardiaque et mimer une CMH sarcomérique. La
dérées comme étant de mauvais pronostic, liées à la survenue présence d'un rétrécissement aortique va entraîner l'apparition
d'événements rythmiques, notamment une mort subite [7, d'une hypertrophie en général concentrique du VG (mais asy-
8]. Les séquences de T1 mapping sont probablement utiles métrique dans 20 à 30 % des cas). L'hypertrophie est en général
pour rechercher de la fibrose diffuse, sans traduction sur les inférieure à 15 mm d'épaisseur. En IRM, outre l'hypertrophie,
séquences de rehaussement tardif, le T1 myocardique étant on visualisera des turbulences marquées au niveau de la valve
en effet allongé en cas de remaniements fibreux. Il existe éga- aortique. Cette dernière apparaîtra en franc hyposignal si elle
lement une augmentation du volume extracellulaire calculée est fortement calcifiée (ce qui est fréquent). Des remaniements
à partir du T1 du myocarde et du sang mesurés sans et après fibreux peuvent être visibles à la base du VG après injection.
injection en tenant compte de la valeur de l'hématocrite. L'hypertension artérielle est responsable d'une hypertro-
phie myocardique concentrique le plus souvent inférieure à
15 mm d'épaisseur (sauf chez les sujets africains avec pro-
Performances diagnostiques blèmes rénaux). Des plages de rehaussements intramyocar-
L'IRM est supérieure à l'échographie transthoracique pour diques sont possibles après injection mais n'atteignent pas les
détecter et analyse les formes focales (notamment apicales et zones de jonction VD–VG comme dans la CMH. Un bour-
antéroseptales) [9]. L'échographie transthoracique tend en relet septal sous-aortique peut également être rencontré chez
outre à sous-estimer de 20 % l'épaisseur de la paroi myocar- les sujets âgés. Il s'agit le plus souvent de sujets hypertendus et
dique comparativement à l'IRM et à manquer 6 % des seg- sa présence ne semble pas être liée à l'existence d'une CMH.
ments hypertrophiques. Les recommandations internationales La pratique du sport intensive entraîne des modifications
recommandent la réalisation d'une IRM cardiaque en com- physiologiques du muscle cardiaque appelées cœur d'ath-
plément de l'échographie transthoracique devant une CMH lète. Le cœur a tendance à se dilater et à s'hypertrophier
d'analyse difficile à l'échographie, si des diagnostics différen- modérément (épaisseur le plus souvent ≤ 12 mm). Dans des
tiels sont possibles (amylose cardiaque par exemple) ou si la cas douteux, une épreuve de déconditionnement avec arrêt
prise en charge thérapeutique peut être modifiée par les résul- du sport pendant 3 mois peut être utile afin de mettre en
tats de l'IRM (avant myomectomie ou alcoolisation septale). évidence une régression des modifications physiologiques
liées au sport (tandis qu'une CMH ne régresse pas). Le
calcul de l'indice de remodelage ventriculaire (non modifiée
Évolution et suivi en imagerie dans un cœur d'athlète) et celui du ratio entre l'épaisseur
L'évolution est variable. La maladie peut rester stable, pro- diastolique du VG et le volume ventriculaire diastolique (un
gresser ou évoluer tardivement vers l'apparition d'une dys- ratio < 0,15 mm × mm2/ml en faveur d'un cœur d'athlète)
fonction ventriculaire gauche avec dilatation du VG pouvant sont utiles pour rechercher ce diagnostic.
mimer une cardiomyopathie dilatée. Il est recommandé de La cardiopathie amyloïde (ou amylose cardiaque) est un
diagnostic différentiel possible de la CMH sarcomérique.
Bien que moins fréquente que la CMH sarcomérique, on
estime que 5 % des patients étiquetés CMH sarcomérique
auraient en fait une amylose. Elle est plus souvent due
à un dépôt de chaîne légère d'immunoglobuline dans le
myocarde (amylose AL) ou de dépôt de transthyrétine en
rapport avec une mutation (amylose à transthyrétine [TTR]
familiale) ou liée à l'âge (amylose sénile) [10]. L'amylose
AA liée à un dépôt de serum albumine protein (SAP) est
plus rare. En IRM, elle entraîne une hypertrophie le plus
souvent concentrique du VG, pouvant toucher le VD et
le massif atrial (notamment le septum interatrial). Elle est
a b très rarement responsable d'une obstruction. Après injec-
tion, on observe un rehaussement sous-endocardique
Fig. 45.4 Patient porteur d'une CMH obstructive. La séquence de circonférentiel évocateur ou diffus intramyocardique
ciné-IRM dans le plan 3 cavités met en évidence un épaississement du
pouvant toucher le VG ou toutes les cavités cardiaques.
septum interventriculaire basal en diastole (a, flèche). En systole (b),
on visualise une zone en hyposignal au contact du septum témoignant
Un épanchement péricardique modéré est souvent asso-
d'un déphasage des protons lié au flux accéléré et turbulent (b, flèche). cié. Sur la séquence de T1 mapping, le T1 myocardique
Cet aspect fait évoquer la présence d'une obstruction sous-aortique. est plus allongé que dans les CMH. À noter que la mala-
Noter par ailleurs la présence d'une fuite mitrale associée probable- die de Randall, qui correspond à un dépôt intracardiaque
ment secondaire à un déplacement antérieur de la grande valve (SAM de chaînes légères d 'immunoglobulines sans formation de
ou systolic anterior motion) (b, tête de flèche). protéines amyloïdes, a un aspect identique en IRM.
724 Partie 6. Imagerie cardiovasculaire
La maladie d'Anderson-Fabry est une maladie métabolique [2] Elliott PM, Anastasakis A, Borger MA, et al. 2014 ESC Guidelines
due à un déficit enzymatique en alpha-galactosidase lié à l'X on diagnosis and management of hypertrophic cardiomyopathy :
entraînant une accumulation intracardiaque de glycosphingo- the Task Force for the Diagnosis and Management of Hypertrophic
Cardiomyopathy of the European Society of Cardiology (ESC). Eur
lipides. Elle se manifeste par une hypertrophie myocardique
Heart J 2014 ; 35 : 2733–79.
pouvant mimer une CMH sarcomérique chez le sujet jeune. [3] Cardim N, Galderisi M, Edvardsen T, et al. Role of multimodality
L'IRM met en évidence une hypertrophie myocardique avec cardiac imaging in the management of patients with hypertrophic
un rehaussement inféro-latéro-basal après injection [11]. Le cardiomyopathy : an expert consensus of the European Association
T1 myocardique est raccourci dans cette maladie (classique- of Cardiovascular Imaging Endorsed by the Saudi Heart Association.
ment < 900 ms à 1,5 T). La maladie de Danon est une autre Eur Heart J Cardiovasc Imaging 2015 ; 16 : 280.
cardiopathie métabolique plus rare liée la mutation de la pro- [4] Maron BJ. Hypertrophic cardiomyopathy : a systematic review. JAMA
téine LAMP-2 qui peut entraîner un aspect de CMH. D'autres 2002 ; 287 : 1308–20.
maladies rares comme les cardiomyopathies mitochondriales [5] Maron MS, Finley JJ, Bos JM, et al. Prevalence, clinical significance,
(syndrome de MELAS), des maladies neuromusculaires and natural history of left ventricular apical aneurysms in hypertro-
phic cardiomyopathy. Circulation 2008 ; 118 : 1541–9.
(ataxie de Friedreich), des syndromes polymalformatifs (syn-
[6] Moon JC, Reed E, Sheppard MN, et al. The histologic basis of late
drome de Noonan, syndrome LEOPARD), des causes endo- gadolinium enhancement cardiovascular magnetic resonance
criniennes (acromégalie) ou médicamenteuses (stéroïdes in hypertrophic cardiomyopathy. J Am Coll Cardiol 2004 ; 43 :
anabolisants) peuvent entraîner des hypertrophies pariétales. 2260–4.
[7] O'Hanlon R, Grasso A, Roughton M, et al. Prognostic significance
of myocardial fibrosis in hypertrophic cardiomyopathy. J Am Coll
`` Conclusion Cardiol 2010 ; 56 : 867–74.
[8] Rubinshtein R, Glockner JF, Ommen SR, et al. Characteristics and
L'IRM apporte de nombreuses informations chez un patient clinical significance of late gadolinium enhancement by contrast-
porteur ou suspect d'une CMH sarcomérique, depuis une enhanced magnetic resonance imaging in patients with hypertrophic
évaluation morphologique précise jusqu'à la recherche de cardiomyopathy. Circ Heart Fail 2010 ; 3 : 51–8.
diagnostics différentiels en passant par la caractérisation [9] Moon JC, Fisher NG, McKenna WJ, et al. Detection of apical hyper-
du tissu myocardique (fibrose). Elle devient de plus en plus trophic cardiomyopathy by cardiovascular magnetic resonance in
incontournable dans le bilan d'une CMH. patients with non-diagnostic echocardiography. Heart 2004 ; 90 :
645–9.
[10] Fontana M, Chung R, Hawkins PN, et al. Cardiovascular
Références magnetic resonance for amyloidosis. Heart Fail Rev 2015 ; 20 :
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[1] Gersh BJ, Maron BJ, Bonow RO, et al. 2011 ACCF/AHA Guideline [11] Moon JC, Sachdev B, Elkington AG, et al. Gadolinium enhanced car-
for the diagnosis and treatment of hypertrophic cardiomyopathy : a diovascular magnetic resonance in Anderson-Fabry disease. Evidence
report of the American College of Cardiology Foundation/American for a disease specific abnormality of the myocardial interstitium. Eur
Heart Association Task Force on Practice Guidelines. J Am Coll Heart J 2003 ; 24 : 2151–5.
Cardiol 2011 ; 58 : e212–60.
Chapitre
46
Aspect en IRM cardiaque
des maladies infiltratives
et de surcharge
M. Lataud, O. Vignaux, B. Daoud, P. Legmann
PLAN DU CHAPITRE
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 725 Spécificités en fonction des maladies
Protocole d'exploration des maladies infiltratives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 727
de surcharge en IRM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 725 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 730
bilan initial, mais aussi d'évaluer le pronostic en fonction supérieure à 11 mm. (Cas particulier : en cas d'hérédité
des lésions observées [1, 2]. Lorsqu'un traitement spécifique connue de cardiomyopathie hypertrophique [CMH]), le seuil
est fixé à 15 mm). L'épaississement peut être localisé ou diffus
est mis en place, l'IRM aide également à évaluer la réponse
(HVG asymétrique ou concentrique).
thérapeutique en suivant les lésions au cours du temps. et/ou
■
Masse supérieure à 90 g/m2 pour les hommes et 80 g/m2 pour
Protocole d'exploration les femmes.
des maladies de surcharge en IRM
Chaque maladie étudiée possède des caractéristiques Séquence T2 STIR
séméiologiques propres en IRM cardiaque, mais il existe un Fondée sur la technique d'inversion récupération, cette
protocole commun de base pour leur exploration. En fonc- séquence est utilisée en routine pour la recherche d'œdème
tion de la pathologie étudiée, des séquences complémen- intramyocardique qui signe des lésions aiguës : celles-ci
taires pourront être ajoutées à ce protocole. apparaissent en hypersignal. Utile dans la sarcoïdose, cette
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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726 Partie 6. Imagerie cardiovasculaire
a b
Fig. 46.1 Hypertrophie ventriculaire gauche. (a) Séquence ciné petit axe : épaississement ventriculaire gauche en télédiastole en rapport avec
une hypertrophie ventriculaire gauche (étoile). (b) Séquence de rehaussement tardif : prises de contraste intramyocardiques compatibles avec des
foyers de fibrose (têtes de flèche).
Fig. 46.2 Sarcoïdose. (a) Séquence STIR : hypertrophie ventriculaire gauche sans hypersignal intramyocardique. (b) Séquence de rehaussement
tardif : prise de contraste intramyocardique dans la base du septum interventriculaire (tête de flèche).
Séquence de mapping T2
L'étude du temps de relaxation T2 et l'obtention d'une ima- Fig. 46.3 Imagerie paramétrique. Séquence de mapping T2. Pour
gerie paramétrique du temps de relaxation T2 du myocarde mesurer le T2 myocardique, une ou plusieurs régions d'intérêt (ROI)
permettent de détecter des zones d'œdème intramyocar- sont placées dans le myocarde. À noter un épanchement péricardique.
dique (fig. 46.3). Le mapping T2 est particulièrement utile
pour rechercher des lésions œdémateuses non visibles sur cardiaque est grave, représentant la deuxième cause de
les séquences T2 classiques, mais aussi pour les différencier mortalité liée à la maladie après l'atteinte pulmonaire. Les
des lésions fibreuses, qui se rehaussent sur les temps tardifs trois tuniques peuvent être touchées par les lésions gra-
mais qui ne sont pas le siège de modifications du temps de nulomateuses ou de fibrose, sans systématisation coro-
relaxation T2, en l'absence d'œdème. À l'inverse, des lésions naire. L'atteinte cardiaque serait retrouvée chez 5 à 20 %
inflammatoires actives sont associées à la présence d'œdème des patients sur des séries autopsiques alors qu'elle semble
et donc à une augmentation du temps de relaxation T2 [8]. moins fréquemment diagnostiquée cliniquement [10]. Il
existerait donc un grand nombre de patients ayant une
Séquence de mapping T2* atteinte cardiaque « infraclinique » [11].
Dans la recherche ou le suivi d'une hémochromatose Du fait de l'impossibilité de réaliser des biopsies myo-
cardiaque, cette séquence est indispensable. Le mapping cardiques de manière systématique, le diagnostic d'atteinte
T2* permet une étude semi-quantitative de la surcharge cardiaque liée à la sarcoïdose repose sur un faisceau d'ar-
ferrique intramyocardique. En dessous d'un temps de guments. Il est cependant crucial de la détecter du fait du
relaxation T2* de 20 ms, il a été démontré qu'il existait une risque de mort subite, et de l'existence de traitements effi-
surcharge ferrique cardiaque (minime entre 15 et 20 ms, caces. L'IRM cardiaque est un examen incontournable
modérée entre 10 et 14 ms, sévère en dessous de 10 ms) dans le cadre de la recherche de cette atteinte. Il y aurait
[9]. La mesure est en général effectuée au niveau du septum une corrélation entre les données autopsiques et les images
interventriculaire. retrouvées à l'IRM. On distingue quatre types différents
de lésions : les atteintes aiguës, exsudatives, fibrogranulo-
mateuses et enfin fibreuses pures [11]. Un des objectifs de
Spécificités en fonction l'IRM est de les différencier afin de réaliser une cartographie
des maladies infiltratives des lésions, d'en apprécier le caractère aigu ou chronique et
d'évaluer leur évolution.
Sarcoïdose Les lésions actives, aiguës apparaissent en hypersignal
La sarcoïdose est une granulomatose d'étiologie inconnue T2, et prennent le contraste précocement après injection
pouvant toucher de multiples organes dont essentiellement de gadolinium. Elles peuvent toucher les trois tuniques du
le poumon, le médiastin, la peau, les synoviales, le cœur, le cœur et n'ont pas de systématisation coronaire. On note une
rein et le système nerveux central. Il n'y a pas de test dia- prédominance des lésions dans la base du septum interven-
gnostique non invasif spécifique pour cette affection et un triculaire et au niveau de la paroi libre du ventricule gauche
des critères majeurs du diagnostique repose sur la positivité (VG). Les lésions fibreuses ne sont pas en hypersignal T2 et
d'une biopsie montrant la présence de granulomes épithé- se rehaussent tardivement après injection (séquences réali-
lioïdes gigantocellulaires sans nécrose caséeuse. L'atteinte sées à 10 minutes) (voir fig. 46.2).
728 Partie 6. Imagerie cardiovasculaire
Les séquences de mapping T2 pourraient permettre de [15]. En fonction du type de protéine fibrillaire retrouvé en
différencier de manière plus sensible que la séquence STIR anatomopathologie, on distingue à ce jour 19 sous-types de
les lésions aiguës actives des lésions de fibrose en prouvant dépôts amyloïdes [15]. Parmi ces sous-types, certains sont
l'existence d'œdème intramyocardique [12]. Au niveau des responsables d'une atteinte cardiaque, notamment l'amylose
lésions actives, on observerait un allongement du temps AL secondaire aux maladies inflammatoires et l'amylose à
de relaxation T2. Les séquences de mapping T1 pourraient transthyrétine (TTR) qui peut être familiale, génétique, ou
permettre de mettre en évidence des zones de fibrose non liée à l'âge (amylose sénile) [16]. Dans tous les cas, l'atteinte
détectées par les séquences de rehaussement tardif, du fait cardiaque doit être mise en évidence car elle constitue un
de la dilution trop importante du gadolinium dans un espace facteur de mauvais pronostic dans l'évolution de la maladie.
extracellulaire augmenté par les lésions fibreuses séquellaires Le diagnostic d'amylose cardiaque repose sur un faisceau
de la maladie. En cas d'infiltration fibreuse, on observe alors d'arguments en IRM. L'hypertrophie myocardique est au
un allongement du temps de relaxation T1 dans les régions premier plan, liée à l'infiltration diffuse du myocarde par
lésées. L'atteinte péricardique est rare, tout comme l'atteinte les protéines amyloïdes. Elle est le plus généralement cir-
du ventricule droit (VD) ou des oreillettes [13]. L'atteinte conférentielle mais parfois asymétrique, prédominant sur
valvulaire granulomateuse est exceptionnelle [14]. le septum interventriculaire, le septum interauriculaire et la
paroi libre de l'oreillette droite. L'épaississement de la paroi
Points clés – Sarcoïdose de l'oreillette droite et du septum interatrial (supérieur à
6 mm) associé à une atteinte symétrique ou asymétrique du
■
L'atteinte cardiaque dans la sarcoïdose est fréquente, sou- VG seraient des éléments évocateurs d'amylose cardiaque.
vent infraclinique. L'épaississement du ventricule droit serait moins discrimi-
L'IRM cardiaque est non spécifique, mais il existe une pré-
nant pour différencier l'amylose des autres causes d'HVG
■
a b
c d
Fig. 46.4 Amylose cardiaque. (a) Séquence STIR : hypertrophie ventriculaire gauche (étoile). (b) Séquence de TI scouting : défaut d'annulation du signal
du myocarde sain. (c, d) Séquence de rehaussement tardif après injection (PSIR) : prises de contraste diffuses sous-endocardiques (têtes de flèche).
Chapitre 46. Aspect en IRM cardiaque des maladies infiltratives et de surcharge 729
linium par les protéines amyloïdes dans l'espace extracellu- cardiaque [21]. En anatomopathologie, des études sur pré-
laire [19]. Les zones de rehaussement peuvent être limitées lèvements myocardiques ont montré que l'hémochromatose
à une cavité (le VG en général) ou être diffuses, touchant le cardiaque est constituée par une surcharge pigmentaire dans
VD et/ou le massif atrial. les régions sous-épicardiques et sous-endocardiques, ainsi
Chez certains patients, aucune prise de contraste n'est que par l'atteinte de l'architecture tissulaire adjacente. L'étude
observée, bien que l'amylose cardiaque soit prouvée histo- microscopique montre également des zones de fibrose, sous
logiquement [20]. Les séquences de T1 mapping seraient formes d'îlots scléreux ou de plages fibreuses contenant des
alors utiles, permettant de mettre en évidence une atteinte fibroblastes et des fibres de collagène.
diffuse avec des anomalies architecturales non retrouvées Il est nécessaire de quantifier la charge en fer intramyocar-
sur les séquences de rehaussement tardif. La désorganisa- dique afin de poser le diagnostic, d'évaluer le pronostic et de
tion microstructurale de l'espace extracellulaire par les pro- réaliser un suivi après la mise en place d'un traitement chéla-
téines amyloïdes entraîne ainsi un allongement du temps de teur. L'IRM cardiaque est une technique utile pour le diagnos-
relaxation T1 du myocarde, visible sur la cartographie de la tic et l'étude semi-quantitative de cette surcharge ferrique, et
séquence de mapping T1. également pour la recherche d'autres signes aspécifiques qui
Enfin, l'IRM cardiaque permet de mettre en évidence des y sont liés. Sur l'IRM, plusieurs signes permettent de poser le
épanchements péricardiques et pleuraux qui sont fréquents diagnostic d'atteinte cardiaque liée à l'hémochromatose.
dans l'atteinte cardiaque liée à l'amylose, mais qui sont peu La surcharge ferrique, qui signe le diagnostic, est recher-
spécifiques. chée grâce à la séquence de mapping T2*. Il s'agit du même
type de séquence que celle utilisée pour le foie, en écho de gra-
Points clés – Amylose dient T2 avec temps d'écho croissant [21]. Un T2* inférieur à
20 ms est en faveur d'une surcharge ferrique (modérée en 15 et
■
L'HVG est au premier plan, pouvant toucher non seulement
le VG mais aussi le septum interauriculaire et la paroi libre
10 ms, moyenne entre 10 et 15 ms et sévère en deçà de 10 ms)
de l'oreillette droite. L'épaississement pariétal du VD est (fig. 46.5). L'HVG, qui peut compliquer l'hémochromatose
moins fréquent. cardiaque, sera mise en évidence sur les séquences ciné. La
■
L'infiltration amyloïde est responsable d'une modification cardiomyopathie dilatée, qui constitue elle-même l'évolution
du TI. Lorsqu'on augmente le TI, le myocarde apparaît en de l'HVG et qui peut révéler la maladie ou survenir au cours
hyposignal avant le pool sanguin. de son évolution naturelle, sera également recherchée sur ces
■
Typiquement, la prise de contraste est circonférentielle et séquences. Des signes de cardiopathie restrictive pourront
sous-endocardique, avec un gradient transmural. aussi être mis en évidence. Ils sont constitués par une altération
■ L'atteinte cardiaque amyloïde entraîne une augmentation du du flux transmitral avec l'obtention d'un profil de type restric-
temps de relaxation T1, même en l'absence d'HVG.
tif, et l'aspect en « oreilles de Mickey » associant dilatation
bi-auriculaire et ventricules de petite taille.
Hémochromatose
L'hémochromatose primitive est une maladie d'origine géné- Points clés – Hémochromatose
tique qui entraîne une absorption intestinale excessive de fer.
La présence de fer intramyocardique signe le diagnostic d'hé-
Elle peut également être secondaire, liée à une pathologie
■
mochromatose cardiaque.
identifiée (hépatopathies chroniques) ou due à des transfu- ■
Il peut être quantifié grâce aux séquences T2* pondérées en
sions itératives (thalassémie). Le pronostic de l'hémochroma- écho de gradient. Une valeur seuil du T2* < 20 ms est retenue
tose est lié à l'atteinte hépatique, avec un risque de cirrhose et pour poser le diagnostic.
de carcinome hépatocellulaire à long terme, mais également à ■
L'HVG n'est pas toujours au premier plan, et des signes de
l'atteinte cardiaque, secondaire à une surcharge des myocytes cardiopathie restrictive peuvent être retrouvés : flux trans-
en fer, à l'origine d'une diminution de la distensibilité ventri- mitral de type restrictif, aspect de dilatation bi-auriculaire
culaire gauche et avec un risque d'évolution vers l'insuffisance contrastant avec des ventricules de petite taille.
Fig. 46.5 Patient thalassémique. Surcharge ferrique cardiaque se traduisant par un raccourcissement T2* myocardique (mesuré à 6,8 ms à partir d’une
région d’intérêt dans le septum interventriculaire sur la séquence en EG T2*).
730 Partie 6. Imagerie cardiovasculaire
a b
Fig. 46.6 Patient porteur d'une maladie de Fabry avec hypertrophie ventriculaire gauche. (a) T2 mapping : augmentation du T2 (T2
moyen > 55 ms) dans la plupart des régions d'intérêt. (b) T1 mapping natif : diminution du temps de relaxation T1 (919 ms dans l'exemple pré-
senté) en rapport avec la surcharge lipidique. (Remerciements au Pr J.-N. Dacher.)
Chapitre 46. Aspect en IRM cardiaque des maladies infiltratives et de surcharge 731
Tableau 46.1 Tableau récapitulatif des signes retrouvés à l'IRM cardiaque dans les maladies infiltratives
et de surcharge.
Maladie Hypertrophie Modification du TI Topographie typique du Modification du temps
ventriculaire gauche rehaussement tardif de relaxation
Amylose Concentrique, Oui (TI difficile à trouver Sous-endocardique, T1 : augmenté
Parfois associée à un ou TI du myocarde plus circonférentiel ou diffus
épaississement des court que celui du sang) intramyocardique
oreillettes et du VD
Hémochromatose Concentrique Pas d'injection Pas d'injection T1 : diminué (dépôts de
recommandée fer) T2* inférieur à 20 ms
Maladie de Fabry Concentrique Non Inféro-latéro-basal T1 : diminué (dépôts de
médiopariétal lipides)
Augmenté si foyers de
fibrose
T2 : allongé
Sarcoïdose Segmentaire, évoluant Non Intramyocardique, Lésion actives : T1
vers une CMD base du septum diminué
interventriculaire et paroi Lésions fibreuses : T1
latérale du VG allongé
CMD : cardiomyopathie dilatée ; TI : temps d'inversion ; VD/VG : ventricule droit/gauche.
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Chapitre
47
Valvulopathies
J.-F. Deux, V. Tacher, F. Legou, M. Vitellius, F. Ridouani, H. Kobeiter, A. Luciani, A. Rahmouni
PLAN DU CHAPITRE
Généralités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 733 Valve pulmonaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 737
Valve aortique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 733 Valve tricuspide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 737
Valve mitrale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 736
Généralités Protocole
L'échographie est la méthode de première intention pour L'étude de la valve aortique est fondée sur les séquences de
faire le bilan d'une valvulopathie. Elle permet de quantifier ciné-IRM (de type SSFP ou steady-state free precession) qui
son importance, de déterminer sa cause et d'évaluer son permettent d'étudier la morphologie de la valve en diastole
retentissement sur la fonction ventriculaire et sur le massif et en systole [2, 3]. Ces séquences, positionnées orthogona-
atrial [1]. Dans certains cas, l'évaluation de la valvulopathie lement au culot aortique à partir des coupes LVOT 1 et 2
peut toutefois être difficile, notamment en cas de patient peu (left ventricular outflow tract), doivent être acquises à plu-
échogène ou lorsque les critères échographiques de sévérité sieurs niveaux de la racine aortique. Des coupes obliques sur
d'une valvulopathie sont discordants. Dans ces cas de figure, les sinus de Valvalsa peuvent parfois être utiles. Une étude
l'IRM peut être utilisée pour améliorer l'analyse de la valve de l'aorte ascendante est souvent utile dans le même temps
et apporter des éléments supplémentaires de quantification d'examen. Fréquemment, des séquences de vélocimétrie
d'une fuite ou d'un rétrécissement valvulaire. doivent compléter le bilan afin d'évaluer une fuite ou un
Dans ce chapitre, nous aborderons successivement la rétrécissement aortique.
pathologie des valves aortique, mitrale, pulmonaire et
tricuspide. Aspect normal en IRM
Sur les séquences de ciné-IRM acquises dans le plan de la
valve, les sigmoïdes aortiques apparaissent sous la forme
Valve aortique d'une image linéaire fine dessinant un triangle en systole et
une étoile à trois branches en diastole (fig. 47.1). En systole,
Anatomie les trois sigmoïdes se séparent complètement et les som-
La valve aortique marque la limite entre la chambre d'éjec- mets du triangle doivent toucher le cercle aortique. Sur les
tion ventriculaire gauche et l'aorte thoracique ascendante. coupes LVOT 1 et 2 et obliques, chaque sigmoïde présente
Elle est composée de trois cuspides, encore appelées un point de coaptation situé en moyenne 10 mm au-dessus
cusps ou sigmoïdes, en forme de nid d'hirondelle, qui se de l'anneau basal virtuel passant par le nadir des cuspides.
rejoignent au niveau d'une zone de contact appelée commis- Le mouvement de chaque sigmoïde doit être ample sans res-
sure. En face de chaque sigmoïde existe un renflement de la triction ni prolapsus. Des turbulences sont parfois visibles
paroi aortique appelé sinus de Valsalva. À chaque sigmoïde dans l'aorte en aval de la valve (plus marquées à 3 T). On ne
correspond donc un sinus de Valsalva. Les cuspides (et les détecte pas de fuite significative. Une minime fuite physio-
Valsalva) sont désignées en fonction du nom de la coronaire logique est possible, mais habituellement non visible sur les
qui naît au-dessus des sinus de Valsalva. On identifie ainsi séquences de ciné-IRM.
une sigmoïde coronaire gauche (antérieure), une sigmoïde
coronaire droite (antérieure également) et une sigmoïde non
coronaire (postérieure). En diastole, les trois sigmoïdes se Bicuspidie
touchent et leurs bords en contact dessinent trois lignes qui La bicuspidie est la plus fréquente des malformations congé-
partent des commissures et qui se rejoignent au centre de nitales de la valve aortique, touchant 1 à 2 % de la popu-
la lumière aortique. En systole, les sigmoïdes sont plaquées lation avec une nette prédominance masculine. Le plus
contre la paroi, dessinant un triangle dont chaque sommet souvent isolée, elle peut toutefois être associée à la présence
est une commissure. d'une coarctation aortique. La cause exacte de la bicuspidie
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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734 Partie 6. Imagerie cardiovasculaire
a b
Fig. 47. 1 Aspect IRM d'une valve aortique normale (tricuspide) sur une séquence de ciné-IRM positionnée dans le plan de la valve. En
diastole (a), on distingue l'accolement deux à deux des bords libres des trois sigmoïdes sous la forme de trois traits fins et réguliers (têtes de flèche)
partant des commissures et se rejoignant au centre de la valve. En systole (b), les sigmoïdes se séparent, formant une ouverture triangulaire dont les
sommets (commissures) sont situés sur l'anneau aortique. Les trois renflements périphériques correspondent aux sinus de Valsalva (flèches en a).
fois être difficile. Dans les cas difficiles, l'IRM offre la pos- tolique ventriculaire gauche (DTDVG) est supérieur à
sibilité de quantifier avec précision la fuite et d'évaluer son 70 mm en diastole ou 50 mm en systole [1]. Dans le bilan
retentissement sur le ventricule gauche [5, 6] L'IRM permet d'une IA, il convient donc de donner également les dia-
en effet de mesurer le volume régurgité dans le ventricule mètres et volumes ventriculaires ainsi que la FEVG et le
gauche à chaque battement et de calculer la fraction de débit cardiaque. Il est à noter que les valeurs du volume
régurgitation qui est égale au volume éjecté divisé par le éjecté par battement (ou stroke volume) calculées à partir
volume régurgité (× 100). de la FEVG et de la vélocimétrie transaortique doivent
Ces informations sont accessibles en utilisant des être théoriquement identiques, ce qui est une façon de
séquences de vélocimétrie dites au travers du plan (ou valider la fiabilité des mesures obtenues.
« through plane »), positionnées orthogonalement à l'aorte Le mécanisme de la fuite peut être fonctionnel par élar-
ascendante, en général au niveau de la jonction sinotubu- gissement de l'anneau, ou organique suite à un prolapsus
laire (fig. 47.4). Pour obtenir des résultats fiables, il faut de valve, une perforation valvulaire ou une restriction.
que le patient ait un rythme régulier et une identification L'échographie reste la méthode de référence pour précise la
correcte des ondes R par la machine. Il faudra également cause exacte de la fuite.
veiller à choisir correctement la vitesse d'échantillonnage
de façon à éviter le repliement temporel (aliasing). Pour
une IA, il est possible de commencer avec une vitesse Rétrécissement aortique (RA)
d'encodage de 2 m/s et d'adapter ensuite en fonction des Le RA constitue la valvulopathie la plus fréquente, due
images. Il est recommandé d'utiliser une résolution tem- habituellement à une dégénérescence valvulaire liée à l'âge
porelle de l'ordre de 25 à 30 ms (soit 20 à 25 images par (rétrécissement aortique calcifié [RAC]) ou à la présence
cycle), une épaisseur de coupe de moins de 7 mm pour d'une bicuspidie.
limiter le volume partiel et de répéter les mesures pour L'échographie est la méthode habituelle pour quanti-
s'assurer de la cohérence des résultats. Une IA est dite fier sa sévérité. Les critères de RA serré sont une vitesse
sévère si le volume régurgité par battement est supérieur maximale systolique supérieure à 4 m/s, un gradient
à 60 ml et la fraction de régurgitation supérieure à 40 % de pression moyen de plus de 40 mmHg et une surface
(50 % en échographie). Elle s'accompagne en général d'un valvulaire inférieure à 1 cm 2 (ou 0,6 cm 2/m 2 de surface
hyperdébit, d'une dilatation du ventricule gauche, avec corporelle). Dans certains cas, ces critères peuvent être
dans certains cas une réduction de la fraction d'éjection. discordants.
Ainsi, les recommandations internationales suggèrent L'IRM peut alors être utile en remesurant la vitesse
d'opérer un patient asymptomatique porteur d'une IA systolique à l'aide des séquences de vélocimétrie [7]. Il
significative si la fraction d'éjection ventriculaire gauche convient de repérer la direction du jet à l'aide de séquence
(FEVG) est inférieure à 50 % ou si le diamètre télédias- de ciné-IRM ou de vélocimétrie dites dans le plan (« in
a b
Vol éjecté
c Vol régurgité d
Fig. 47.4 Exemple d'évaluation d'une fuite d'insuffisance aortique en IRM. (a) Positionnement de la coupe de vélocimétrie (« through
plane ») au niveau de la jonction sinotubulaire (ligne rouge) sur une coupe de ciné-IRM 3 cavités. (b) Image en phase extraite de la séquence de
vélocimétrie. (c) Courbe du débit aortique en fonction du temps (ligne rouge) obtenue après contourage des différentes phases de la séquence de
vélocimétrie. La surface sous la courbe au-dessus de la ligne du 0 définit le volume éjecté, et la surface sous la courbe négative définit le volume
régurgité (flèches). (d) Tableau contenant les paramètres quantitatifs de vitesse, de volume et de flux au niveau de la zone de mesure.
736 Partie 6. Imagerie cardiovasculaire
a b
V max
c d
Fig. 47.5 Exemple de mesure de la vitesse maximale du flux en IRM chez un patient porteur d'un rétrécissement aortique calcifié
(RAC) difficile à évaluer en échographie. (a) Séquence de ciné-IRM mettant en évidence des turbulences dans la racine aortique (flèche). (b)
Image en contraste de phase dans le plan (« in plane ») visualisant le jet du RAC. Des mesures de vélocimétrie « through plane » orthogonales à la
direction du flux (lignes rouges) sont positionnées à plusieurs niveaux. (c) Exemple d'une image de vélocimétrie « through plane » acquise sur le jet
du RAC. (d) Courbes de la vitesse du flux sanguin en fonction du temps, permettant de mesurer la vitesse maximale d'éjection.
plane »), puis d'échantillonner la vitesse maximale à l'aide appelés commissure antérieure et commissure postérieure.
de séquences « au travers du plan » (« through plane ») posi- La valve mitrale possède un appareil sous-valvulaire formé
tionnées orthogonalement à la direction du jet. Plusieurs de cordages et de muscles papillaires encore appelés piliers
mesures doivent être effectuées dans la région où la vitesse (il existe classiquement un pilier antérolatéral et un pilier
est maximale (vena contracta), en général depuis l'extré- postérolatéral).
mité de la valve sur quelques centimètres (fig. 47.5). Il est
important d'utiliser une vitesse d'encodage correcte pour la
première mesure (en général supérieure à 4 ou 5 m/s qui Insuffisance mitrale (IM)
doit ensuite être adaptée en fonction des images) et d'avoir Le déplacement de l'anneau mitral durant le cycle cardiaque
une résolution temporelle suffisante (25 à 30 ms) afin de est important et rend difficile la quantification d'un flux de
ne pas rater le pic de vitesse systolique. Il faut savoir par régurgitation à l'aide des séquences « au travers du plan »
ailleurs que le pic de vitesse peut être sous-estimé en cas de selon la technique utilisée pour quantifier une insuffisance
volume partiel sur une région d'intérêt positionnée sur une aortique. La méthode la plus couramment utilisée consiste
zone de haute vélocité de petite surface. à mesurer le volume systolique éjecté par battement (ou
D'autres méthodes de quantification IRM ont également stroke volume) à partir du calcul de la FEVG, puis à calculer
été décrites, comme la planimétrie ou l'utilisation de l'équa- le volume réellement éjecté dans l'aorte (Vol Ao) en utilisant
tion de continuité [8]. Elles sont moins utilisées et ne seront une séquence de flux « au travers du plan » positionnée au
pas développées ici. niveau de la jonction sinotubulaire [2, 9]. Le volume régur-
gité est égal à la différence entre le stroke volume et le Vol
Ao. En divisant le volume régurgité par le stroke volume, on
Valve mitrale obtient la fraction de régurgitation mitrale. On considère
qu'une IM est significative quand la fraction de régurgita-
Anatomie tion est supérieure à 50 % et le volume régurgité par batte-
À la différence de la valve aortique, la valve mitrale ne ment est supérieur à 60 ml.
possède que deux feuillets : un feuillet mitral antérieur Le mécanisme de la fuite est en général mieux appré-
(anciennement grande valve mitrale) et un feuillet mitral cié par l'échographie. Il est toutefois intéressant de le
postérieur (anciennement petite valve mitrale). Les deux rechercher en IRM. Les mécanismes classiques sont la
feuillets se rejoignent au niveau de deux points de contact fuite mitrale fonctionnelle (sans lésion anatomique sur
Chapitre 47. Valvulopathies 737
Valve tricuspide
C'est le pendant de la valve mitrale à droite. Elle possède
trois feuillets : antérieur, postérieur et septal (le plus petit
et le plus restrictif). Son anneau est antérieur par rapport
à l'anneau mitral, en moyenne 1 cm plus apical. Son dia-
mètre est de l'ordre de 3 cm et une surface inférieure à
1 cm2 est considérée comme un rétrécissement tricuspide
sévère. L'échographie est sa modalité d'exploration pre-
mière. L'IRM peut être utile notamment dans la malforma-
tion d'Ebstein, cardiopathie congénitale caractérisée par
un positionnement trop antérieur de la valve tricuspide
dans le ventricule droit. Cette pathologie est abordée dans
le chapitre 50.
Fig. 47.6 Fuite mitrale fonctionnelle chez un patient porteur
d'une cardiomyopathie dilatée. Noter le jet en hyposignal (tête de
flèche) traduisant le flux régurgitant en direction de l'oreillette gauche.
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chapitre 50. 111–41.
Chapitre
48
Exploration
du péricarde en IRM
V. Tacher, F. Legou, M. Vitellius, F. Ridouani, H. Kobeiter, J.-F. Deux, A. Luciani, A. Rahmouni
PLAN DU CHAPITRE
Rappels anatomiques et physiologiques . . . . . 739 Principales pathologies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 739
Aspect normal du péricarde en IRM. . . . . . . . . 739 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 744
a b c
Fig. 48.1 Aspect normal du péricarde sur les coupes T1 sans noir (a), T2 STIR (b) et ciné-IRM en 4 cavités (c). Le péricarde apparaît sous
la forme d'un liseré en hyposignal (flèches), situé entre la graisse épicardique (étoiles) et péricardique (têtes de flèche).
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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740 Partie 6. Imagerie cardiovasculaire
Épanchement péricardique
Fig. 48.2 Exemple d'agénésie du péricarde gauche. Image IRM
en pondération T1 sang noir objectivant une lévorotation du massif
L'épanchement péricardique est défini par la présence d'une
cardiaque avec horizontalisation du septum interventriculaire (étoile). quantité de liquide trop abondante (> 50 ml) entre les feuil-
Noter l'absence de péricarde en regard de la paroi latérale du ventri- lets péricardiques. Les causes classiques d'épanchement
cule gauche (signe direct), en général difficile à affirmer du fait de la péricardique comprennent l'insuffisance cardiaque, l'insuffi-
faible quantité de graisse. sance rénale, les infections (bactériennes, notamment tuber-
culeuses ou virales), les cancers (pulmonaire, mammaire ou
lymphome) et les traumatismes (hémopéricarde) [3].
plus r arement la face inférieure (17 %) ou le bord droit. Il est habituellement diagnostiqué à l'échographie
L'agénésie du péricarde gauche entraîne une rotation vers transthoracique (ETT), mais une exploration complémen-
la gauche du massif cardiaque avec une horizontalisation du taire en IRM peut être proposée en cas d'épanchement
septum interventriculaire (fig. 48.2). L'absence de péricarde cloisonné ou hémorragique, de suspicion d'épaississement
en regard du ventricule gauche est souvent difficile à objec- péricardique, d'échographie non contributive ou de contexte
tiver du fait de la faible quantité de graisse épicardique en néoplasique [2, 4]. Dans sa forme habituelle (épanchement
regard des cavités gauches. simplex), l'IRM objective la présence de liquide entre les
feuillets péricardiques, en hyposignal sur les séquences T2
sang noir (du fait d'un déphasage des protons lié aux mou-
Kystes et diverticules péricardiques vements du liquide induits par le cœur), en hyposignal T1
Kyste et diverticules se situent préférentiellement dans l'angle et en hypersignal homogène sur les séquences de ciné-IRM
cardiophrénique, le plus souvent droit, mais ils peuvent être (fig. 48.3). Les feuillets péricardiques sont fins, sans rehaus-
retrouvés dans l'ensemble du médiastin. Les diverticules sement après injection. En cas d'épanchement hémorra-
a b
c d
Fig. 48.3 Épanchement péricardique circonférentiel. Le liquide apparaît en hyposignal sur la séquence T2 STIR petit axe (a, flèche) et en
hypersignal sur la séquence de ciné-IRM petit axe (b, flèche) et 4 cavités (c, flèche). Après injection, sur la séquence de phase (PSIR), le liquide est
en franc hyposignal (d, flèche). À noter des franges graisseuses au contact de la paroi latérale du ventricule droit (tête de flèche en c).
Chapitre 48. Exploration du péricarde en IRM 741
gique, l'épanchement présente un signal hétérogène, avec et/ou des calcifications des feuillets péricardiques [9]. Elle
notamment des composantes en hypersignal T1 [5]. La pré- entraîne une altération de la fonction diastolique ventri-
sence de zones d'épaississement tissulaire péricardique doit culaire (altération du remplissage cardiaque), tandis que
faire suspecter un épanchement d'origine néoplasique. la fonction systolique demeure longtemps conservée. Les
causes les plus fréquentes sont infectieuses (virales comme
Péricardite aiguë le virus de l'influenza et le Coxsackie virus, bactériennes
La péricardite aiguë est définie comme une inflammation comme le Bacille de Koch et parasitaires), post-trauma-
des feuillets péricardiques, le plus souvent associée à la pré- tiques, métaboliques, néoplasiques ou encore idiopathiques.
sence d'un épanchement péricardique. Elle est en général Le diagnostic de PCC associe des éléments cliniques, écho-
secondaire à une infection virale avec une évolution clinique graphiques, d'imagerie en coupes et parfois hémodyna-
favorable. D'autres étiologies classiques existent comme mique (cathétérisme cardiaque droit avec recherche d'un
les étiologies infectieuses (bactériennes, notamment par le aspect en dip-plateau ou en racine carré).
bacille de Koch, ou parasitaires), post-traumatiques, méta- L'aspect IRM typique associe un épaississement des
boliques, médicamenteuses ou des maladies de système. feuillets péricardiques (> 4 mm) et des anomalies de la ciné-
Une IRM cardiaque est indiquée en complément de tique de contraction du septum interventriculaire (SIV)
l'échographie en cas d'échographie difficile (patient peu traduisant les anomalies de remplissage du ventricule droit
échogène) ou de suspicion clinique d'atteinte péricardique (fig. 48.5). Plus rarement, le péricarde peut être d'épaisseur
avec une échographie normale (« péricardite sèche ») [6]. normale mais entraîner une réelle constriction. Les anoma-
L'aspect IRM associe une inflammation des feuillets péri- lies cinétiques comportent un aspect de faseyement du SIV
cardiques avec un épanchement d'abondance variable. se traduisant par une ondulation du septum sur les coupes
L'inflammation se traduit par un épaississement des feuillets en 4 cavités. Sur les coupes en petit axe, un ressaut proto-
péricardiques qui apparaissent en hypersignal T2 et pré- diastolique du septum peut être détecté et se traduire par
sentent un rehaussement anormal après injection (fig. 48.4). un déplacement anormal et transitoire du SIV vers la cavité
Des cloisons au sein de l'épanchement ou des zones de sym- gauche en début de diastole. Cet aspect est plus marqué sur
physe péricardique liées à des dépôts de fibrine peuvent la partie basale du SIV et peut être sensibilisé en faisant faire
être associées [7, 8]. L'épanchement peut être absent dans au patient des manœuvres respiratoires en expiration forcée
les péricardites sèches. Dans certains cas, la péricardite peut afin d'augmenter le retour veineux dans les cavités droites.
être associée à une myocardite aiguë qui est détectable en Ces anomalies cinétiques ne sont toutefois pas spécifiques
IRM sous la forme de zones de rehaussement sous-épicar- et peuvent se retrouver en cas de surcharge volumétrique
dique associées à l'inflammation du péricarde. (communication interauriculaire par exemple) ou baromé-
trique (hypertension artérielle pulmonaire [HTAP]) dans
les cavités droites. Elles n'existent toutefois pas en cas de
Péricardite chronique constrictive cardiomyopathie restrictive qui représente le diagnostic dif-
La péricardite chronique constrictive (PCC) est secondaire férentiel principal.
à une diminution de la compliance péricardique en rapport Il a par ailleurs été proposé de réaliser des séquences
avec un épaississement du péricarde, des lésions de fibrose de tagging afin de mettre en évidence une réduction du
a b
c d
Fig. 48.4 Péricardite aiguë sèche. Péricarde épaissi et en hypersignal sans épanchement péricardique associé sur les coupes T2 STIR (a, flèche)
et ciné-IRM (b, flèche) acquises dans le plan 4 cavités. Après injection, on objective un rehaussement péricardique circonférentiel sur les coupes en
4 cavités (c, flèche) et petit axe (d, flèche). Noter l'absence de liquide entre les feuillets péricardiques.
742 Partie 6. Imagerie cardiovasculaire
a b
c d
Fig. 48.5 Péricardite chronique constrictive. Le péricarde présente des zones d'épaississement sur l'image T1 sang noir 4 cavités (a, flèches)
avec une déformation de la paroi latérale du ventricule droit. Pas d'hypersignal péricardique sur la séquence T2 STIR en faveur de l'absence d'in-
flammation aiguë (b). Rehaussement circonférentiel du péricarde après injection faisant suspecter des remaniements fibreux (c). La coupe ciné-IRM
petit axe acquise en expiration objective une perte transitoire de la convexité du septum interventriculaire faisant suspecter une constriction (d).
a b
c d
Fig. 48.6 Tumeur péricardique. Volumineuse masse tissulaire comprimant les cavités cardiaques, apparaissant avant injection en isosignal T1 (a,
étoile), en hypersignal T2 (b, étoile) et se rehaussant de façon hétérogène après injection (c, étoile). L'imagerie TEP confirme la présence d'une
lésion hypermétabolique (d, étoile). L'analyse histologique a révélé la présence d'un sarcome péricardique.
a b
Fig. 48.9 Kyste péricardique. Le kyste péricardique est bien limité sans cloison ni paroi (étoile) et paraît en discret hyposignal T1 (a) et en discret
hypersignal T2 (b), et se situe dans l'angle cardiophrénique droit.
744 Partie 6. Imagerie cardiovasculaire
PLAN DU CHAPITRE
Généralités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 745 Thrombus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 753
Tumeurs cardiaques primitives . . . . . . . . . . . . . 746 Autres masses cardiaques ou extracardiaques. . . . 755
Métastases et envahissements Variantes de la normale
cardiopéricardiques des cancers . . . . . . . . . . . . 752 (pseudomasses cardiaques). . . . . . . . . . . . . . . . 756
Tableau 49.1 Localisation préférentielle et aspect des tumeurs cardiaques selon la pondération T1 ou T2.
Tumeurs Localisation T1 T2 Post-gadolinium Remarques
Bénignes
Myxome OG (septum) Iso Hyper Hyper-hétérogène ± mobile, pouvant prolaber
Lipome Varié (SIA) Hyper (Hyper) Inchangé Intérêt fat sat, STIR
Fibroélastome Valvulaire Iso Hyper Hyper Mobile
Fibrome Myocarde ventriculaire Iso, hypo Hypo Variable Enfant (± calcifié)
Rhabdomyome Myocarde ventriculaire (Iso) (Hyper) Variable Enfant (sclérose tubéreuse)
Hémangiome Iso Hyper Hyper
Paragangliome Toit de l'OG Hypo Hyper ++ Hyper ++ (Scintigraphie MIBG)
Malignes
Angiosarcome Parois OD Iso Hétérogène Hétérogène Invasif, péricarde
Sarcome indifférencié Parois OG Iso-hypo Hyper
Autres sarcomes Parois OG, OD péricarde Iso (Hyper)
Lymphome Paroi OD Iso Iso-hyper Hyper
Métastases Variable, péricarde Hypo Hyper Hyper (annulaire) Contexte de cancer connu
OD : oreillette droite ; OG : oreillette gauche ; SIA : septum interauriculaire.
Les mentions entre parenthèses signifient que cet aspect est assez variablement rapporté dans la littérature.
c
Fig. 49.1 Parmi les multiples variétés de myxomes, on observe ici une formation arrondie sessile, largement implantée contre la
cloison interauriculaire (a) en ciné-SSFP et en séquence T2-STIR où elle apparaît en hypersignal chez un homme de 70 ans. Une petite
formation pédiculée attachée par un fin filament et très mobile est visible en b (ciné) chez un patient de 84 ans. La figure c (écho de spin T1 et
ciné en diastole) montre un volumineux myxome prolabant largement dans l'entonnoir mitral où il est presque occlusif (révélé ici par une syncope
chez une patiente de 40 ans).
a b c
d e f
g h i
Fig. 49.2 Trois exemples de lipomes. Sur la ligne du haut, on observe un lipome ovoïde de 40 mm de grand axe du fond de l'oreillette droite (a–c)
avec extinction du signal en séquence STIR de suppression de graisse (b) et absence de rehaussement de signal après gadolinium (c). Un lipome
localisé derrière l'oreillette gauche dans la zone du cul-de-sac de Haller est visible sur la ligne du milieu, en hypersignal sur l'écho de spin T1 (d, f)
et disparaissant complètement en séquence STIR (e). La ligne du bas montre un lipome du versant droit du septum interventriculaire. L'hypersignal
net en pondération T1 (g) n'est plus identifiable en pondération T2 (h) et la masse graisseuse apparaît en hyposignal après gadolinium (i).
c omportement IRM (fig. 49.4) est iso-T1, hyper-T2 (± hété- ciés à la sclérose tubéreuse de Bourneville dans la moitié des
rogène), avec rehaussement marqué après gadolinium cas. Rarement obstructifs ou source de troubles du rythme,
(aspect de blush tumoral en angiographie ou en séquence de ils régressent spontanément dans la majorité des cas. Ils se
perfusion, sauf pour les hémangiomes non circulants). développent dans le myocarde, lobuleux à contours bien
définis. Ils sont généralement multiples, iso-T1, hyper-T2
Rhabdomyomes et de comportement variable après gadolinium selon les
Les rhabdomyomes (variété d'hamartome) sont la forme la auteurs. Ils sont de plus en plus souvent découverts par
plus fréquente de tumeur bénigne chez l'enfant et sont asso- l'échographie fœtale.
Chapitre 49. Cœur : tumeurs, thrombus et masses pathologiques 749
Fibromes
Les fibromes constituent la deuxième cause de tumeur
bénigne chez les nourrissons ou les enfants. Leur dévelop-
pement intramural est lent mais peut devenir obstructif
(défaillance cardiaque ou arythmie). Ils sont composés de
fibroblastes et contiennent volontiers des calcifications. Ils
apparaissent en iso- ou hypo-T1, hypo-T2 et de manière
variable après gadolinium (plutôt en hypersignal).
Autres tumeurs
Les autres tumeurs bénignes, très rares, comportent les for-
mations du nœud auriculoventriculaire (AV) qui peuvent
entraîner des troubles conductionnels (fig. 49.5). Ces lésions
sont décrites comme des tumeurs kystiques du nœud AV
[7]. Plus rare encore est le phéochromocytome ou paragan-
gliome, tumeur neuroendocrine hypervascularisée, sécré-
tant des catécholamines (hypertension artérielle, céphalées,
flush, intérêt de la scintigraphie au MIBG [méta-iodobenzyl-
guanidine]), pouvant intéresser le toit de l'oreillette gauche
et apparaissant en hyposignal T1 et hypersignal intense en
Fig. 49.3 Fibroélastome implanté sur le versant auriculaire
T2 et après gadolinium [7, 13]. Citons également les téra-
de la valve tricuspide antérieure (confirmé par l'interven- tomes, pouvant survenir chez les nouveau-nés et les enfants
tion). Il apparaît en isosignal T1 (a) et en hyposignal sur les (tumeurs bosselées, développées dans le sac péricardique
séquences ciné (b, c) mais se rehaussant sensiblement sur le ciné avec calcifications et structures hétérogènes, adipeuses, cal-
post-gadolinium (d). cifiées, associées à un épanchement péricardique).
Fig. 49.4 Formation tumorale à contours réguliers, enchâssée dans la paroi inféro-latéro-basale du ventricule gauche, de 45 mm de
grand axe chez une patiente de 47 ans asymptomatique. L'aspect iso-T1 (a, e), hyper-T2 (b, f) et l'intense rehaussement de signal après
injection de gadolinium (c, g, SPIR, d, ciné-SSFP) sont évocateurs d'une tumeur très vascularisée d'allure bénigne de type hémangiome. Le suivi IRM
sur 12 ans n'a pas montré d'évolution notable. Noter l'absence de déformation des grilles de tagging au niveau de la zone tumorale, contrastant
avec l'incurvation systolique des lignes de tag dans les autres territoires (h).
750 Partie 6. Imagerie cardiovasculaire
a b c d
e f g h
Fig. 49.5 Patiente de 26 ans avec bloc auriculoventriculaire (BAV) syncopal. L'IRM montre une formation tumorale de la moitié inférieure
du septum interauriculaire basal, à contours réguliers, non envahissante, en isosignal T1 (a, e) et en hyposignal T2 (b, f), prenant de manière
homogène et tardive le gadolinium : ciné-SSFP avant (c, g) et après injection de gadolinium (d, h). L'aspect est compatible avec un fibrome du
nœud auriculoventriculaire.
Fig. 49.6 Angiosarcome de l'oreillette droite révélé par une tamponnade chez un patient de 48 ans. Deux interventions de drainage
péricardique ont déjà été réalisées. La masse de l'oreillette droite envahit largement la cavité et s'étend au péricarde où l'on note des signaux
hétérogènes. Les séquences T1 (a, d) et surtout T2-STIR (b, e) montrent des hétérogénéités du signal. Le rehaussement post-gadolinium est net
dans les régions périphériques (ciné-SSFP en c et f). Il existe un épanchement pleural bilatéral.
Fig. 49.7 Lymphome B à grandes cellules à localisation cardiaque chez un patient de 78 ans présentant un syndrome cave supérieur.
Envahissement de l'oreillette droite et de la veine cave supérieure, à contours polylobés s'enclavant dans l'entonnoir tricuspidien (écho de spin
HASTE en a, b et d, ciné-SSFP en e). Absence de rehaussement de signal en T1 après gadolinium. L'examen réalisé après chimiothérapie, 5 mois
plus tard, montre une quasi-disparition de la masse tumorale ainsi que de l'épanchement pleural (c, f).
752 Partie 6. Imagerie cardiovasculaire
a b c
d e f
g h i
Fig. 49.8 Trois exemples de métastases cardiaques. Ligne du haut : métastase d'un épithélioma épidermoïde cutané évoluant depuis 14 ans
chez une patiente de 82 ans avec masse infiltrante de la paroi antérieure du ventricule droit (VD), se prolongeant par une excroissance bourgeon-
nante mobile dans le VD iso-T1 (a), hyper-T2 (STIR en b), avec légère prise de contraste périphérique autour d'un centre nécrotique en T1 après
gadolinium (flèche en c). Ligne du milieu : métastases de la paroi libre du VD (têtes de flèche) et à l'apex des deux cavités ventriculaires chez une
patiente de 72 ans avec épithélioma bronchique, apparaissant iso-T1 en d, hyper T2-STIR en e et sans rehaussement de signal net après gadolinium
en f (têtes de flèche). (g–i) Patiente de 46 ans présentant un épithélioma bronchique multimétastasé avec multiples formations intramyocardiques
du ventricule gauche (septale, latérale et inférieure) se rehaussant en périphérie de manière annulaire après injection de gadolinium (têtes de
flèche) avec centre nécrotique, en faveur d'une diffusion du cancer par voie hématogène. Noter l'épanchement péricardique latéral modéré non
compressif.
Chapitre 49. Cœur : tumeurs, thrombus et masses pathologiques 753
Fig. 49.9 Extension de voisinage dans l'oreillette droite d'un carcinome hépatocellulaire chez un patient de 66 ans. Le bourgeon tumo-
ral propagé par les veines sus-hépatiques présente des contours polylobés s'étendant jusqu'à la valve tricuspide. La tumeur apparaît en isosignal
sur les séquences T1 (a et e) et ciné (c et g), en hypersignal T2-STIR (b, f) et présente un rehaussement de signal hétérogène en T1 après injection
de gadolinium (d et h).
lymphatique. Le péricarde est le plus fréquemment atteint, La supériorité de l'IRM comparativement à l'échocar-
mais aussi les parois myocardiques et les cavités cardiaques diographie pour identifier les thrombus a été bien docu-
(combinaison de thrombus et de tissu tumoral métastatique mentée [17, 18]. L'imagerie en écho de spin ou en ciné
dont la région centrale est généralement nécrosée). Les peut être mise en défaut dans les zones de flux lent, mais
épanchements de survenue rapide peuvent entraîner des les séquences de perfusion et surtout T1 post-gadolinium
tamponnades. Ils sont fréquemment hémorragiques avec excellent dans ce diagnostic grâce au fort contraste entre le
alors hypersignal T1 (tandis qu'un transsudat banal est en pool sanguin (clair) et le caillot qui reste en hyposignal sur
hyposignal T1). Le tissu tumoral apparaît iso-T1, hyper-T2. les séquences de rehaussement tardif. Les pondérations T1
Le rehaussement est variable en T1 après gadolinium mais et T2 permettent en principe de discriminer un thrombus
présente volontiers un aspect d'hypersignal annulaire péri- aigu (hyper-T1, hyper-T2), subaigu (entre une semaine et
phérique en rapport avec la greffe cellulaire carcinomateuse. un mois, avec aspect hyper-T1, hypo-T2, en raison de la
Les métastases des mélanomes sont particulières, pouvant présence de méthémoglobine) et ancien (hypo-T1, hypo-
apparaître en hypersignal T1 et T2 en raison de leur contenu T2). Il importe de noter que la distinction entre masse tis-
en mélanine qui est paramagnétique. sulaire (prenant le gadolinium) et thrombus (ne prenant en
La découverte de métastases cardiaques modifie la clas- principe pas le gadolinium) peut être mise en défaut [13] en
sification du cancer et donc les orientations thérapeutiques. cas de vieux thrombus organisé (avec possible prise partielle
Par exemple, en cas de métastases hématogènes, un cancer du produit de contraste, pouvant être trompeuse, quoique la
pulmonaire passe en classe M1 et en cas d'envahissement cinétique soit alors inhabituellement lente, de la périphérie
par contiguïté, il passe en classe T4 ou stade IIIb [13]. De vers le centre).
manière générale, les métastases cardiaques des cancers sont Les thrombus de l'oreillette droite (OD) sont principale-
associées à un pronostic péjoratif. ment observés en cas de thrombose veineuse périphérique
(notamment en cas de thrombophilie), de cancer ou de
lésion de friction induite par un cathéter veineux central
poussé un peu trop loin et frappant « en battant de cloche »
Thrombus la paroi de l'OD (fig. 49.10a) [19]. Chez les greffés car-
Les thrombus sont plus fréquents que les tumeurs car- diaques, le diagnostic différentiel peut être discuté avec une
diaques. Le post-infarctus et les bilans d'accident thrombo- lésion lymphoproliférative.
emboliques droit ou gauche constituent les principales L'atteinte du ventricule droit (VD) peut survenir dans les
circonstances de découverte de thrombus intracardiaque. grandes défaillances cardiaques (notamment des dysplasies
754 Partie 6. Imagerie cardiovasculaire
a b c
d e f
g h i
Fig. 49.10 Thrombus des oreillettes. (a–c) Thrombus du fond de l'oreillette droite (a) avec possible granulome associé par « lésion de friction »
induit par le frottement de l'extrémité d'un cathéter de chimiothérapie (tête de flèche en b et c). (d–f) Thrombus centimétrique de l'auricule
gauche chez un patient de 71 ans ayant présenté un AVC ischémique sylvien profond gauche thrombolysé. L'imagerie ciné (d) est ici presque aussi
performante que les séquences de « rehaussement tardif » post-gadolinium (e, f). (g–i) Volumineux thrombus de l'oreillette gauche chez un ancien
greffé cardiaque de 74 ans, en arythmie cardiaque par fibrillation auriculaire (ACFA). Le thrombus, apparaissant en hypersignal sur l'écho de spin
T2 (g), se prolonge par des filaments de fibrine prolabant dans l'entonnoir mitral (tête de flèche en g et sur le ciné, h).
du VD ou des cardiopathies congénitales évoluées), dans infarctus. L'IRM révèle bien les thrombus ovoïdes intra-
l'embolie pulmonaire, la maladie de Behçet ou dans les anévrismaux, jouxtant le myocarde aminci, akinétique,
cancers. nécrosé avec rehaussement myocardique post-gadolinium
Dans le bilan des accidents ischémiques systémiques, une (fig. 49.11a–c). Les plaques de thrombose murale tapissant
localisation de thrombus doit être recherchée dans le fond de le sous-endocarde constituent une autre variété de throm-
l'oreillette gauche (OG) ou dans l'auricule gauche, en cas de bus, parfois difficile à distinguer d'un no-reflow tardif si elles
fibrillation auriculaire ou de sténose mitrale (fig. 49.10b,c). sont minces, apparaissant plutôt dans les cardiomyopathies
L'examen ETO reste cependant supérieur à l'IRM pour la dilatées (fig. 49.11d–f). Le principal intérêt de l'IRM est de
recherche de thrombus dans l'auricule gauche ainsi que pouvoir détecter des petites lésions trappées dans le sous-
pour la détection d'un foramen ovale perméable (IRM alors endocarde ou dans des cordages et qui sont indiscernables
indiquée seulement en cas d'impossibilité d'ETO). sans le recours à l'imagerie post-gadolinium, notamment
Les thrombus sont le plus souvent détectés dans le ven- en échographie dans les zones peu échogènes ou dans la
tricule gauche (VG), dans la maladie coronaire, où ils sur- région apicale qui est trop proximale pour le faisceau écho-
viennent au sein de poches anévrismales dyskinétiques graphique. L'IRM est alors aussi indispensable pour le suivi
(essentiellement apicales) dans les semaines qui suivent un évolutif sous traitement anticoagulant.
Chapitre 49. Cœur : tumeurs, thrombus et masses pathologiques 755
La fibrose endomyocardique (hyperéosinophilie, syn- Les abcès annulaires périvalvulaires de l'endocardite sont
dromes de Loeffler et de Churg et Strauss) est une lésion bien accessibles à l'IRM, contrairement aux végétations qui
particulière, comportant une composante thrombotique, sont trop mobiles et restent du domaine de l'examen ETO.
bien identifiable en IRM grâce à son aspect assez caracté- L'abcès froid caséeux calcifié mitral [20] (ou tricuspidien)
ristique en « sandwich » comportant trois couches en IRM s'observe chez les patients âgés avec calcifications mitrales
après gadolinium : myocarde externe, couche de fibrose pouvant prendre un aspect pseudotumoral en échographie
prenant le gadolinium au milieu et placard thrombotique mais n'entraînant généralement pas de dysfonction valvu-
interne (fig. 49.11g–i). laire significative (fig. 49.12a–d).
Les calcifications valvulaires étendues aux structures de
voisinage, notamment en cas de sténose aortique serrée
Autres masses cardiaques (fig. 49.12e–h) peuvent également entraîner des aspects
ou extracardiaques pseudotumoraux trompeurs. Un hyposignal est alors
observé en IRM dans toutes les pondérations mais avec fré-
Parmi les autres masses pathologiques cardiaques, on quentes prises de contraste annulaires périlésionnelles et il
retiendra des formations kystiques ou de type abcès et des faut insister ici sur le rôle critique d'un scanner complémen-
structures calcifiées. taire pour asseoir le diagnostic.
Fig. 49.11 Trois exemples de thrombus ventriculaires gauches. La ligne du haut montre un « classique » thrombus apical siégeant dans une
poche dyskinétique post-infarctus. Le caillot apparaît en isosignal T2 (a) et en hyposignal sur le ciné SSFP (b) et sur la séquence de « rehaussement
tardif » post-gadolinium (c) qui révèle le territoire d'infarctus antérieur (sous-endocardique) et apical (transmural). Sur la ligne du milieu, on note un
volumineux thrombus mural antérieur chez un patient de 54 ans avec cardiomyopathie dilatée hypokinétique (fraction d'éjection [FE] 20 %), n'étant
nettement identifiable que sur les séquences post-gadolinium (e, f). La ligne du bas présente un cas de fibrose endomyocardique apicolatérale chez
un homme de 71 ans, originaire de Madagascar et présentant une hyperéosinophilie chronique. Noter la disposition caractéristique de la lésion avec
myocarde externe, couche de fibrose intermédiaire et petit thrombus mural interne (ciné en g, écho de spin T2 en h et « rehaussement tardif » en i).
756 Partie 6. Imagerie cardiovasculaire
Fig. 49.12 Exemples de masses cardiaques calcifiées de l'anneau mitral et du septum interventriculaire. Un abcès froid caséeux calcifié
mitral est présenté sur la première ligne. Patient hypertendu coronarien de 66 ans. La structure arrondie apparaît en hyposignal en écho de spin
T2 (a) ainsi qu'en ciné (b). On note ici un hypersignal un peu hétérogène sur les séquences post-gadolinium (c), mais l'hypersignal apparaît plutôt
de manière annulaire périphérique dans cette pathologie. Sur la ligne du bas est présentée une volumineuse calcification de 30 mm de grand axe
(craniocaudal), enchâssée dans l'épaisseur du septum interventriculaire qui est hypertrophié chez ce patient de 74 ans présentant une sténose aor-
tique calcifiée serrée. L'écho de spin sans et avec suppression des graisses (e, f) montre un hyposignal. Après gadolinium, il existe un rehaussement
de signal annulaire (g). Dans ces deux cas, le scanner (d, h) montre qu'il s'agit de structures calcifiées.
On peut citer enfin les formations kystiques intramyo- formation tumorale. Dans le fond de l'OD, il faut citer
cardiques pouvant apparaître dans l'hydatidose ou dans la crista terminalis hypertrophiée (protubérance verti-
l'aspergillose. cale postérieure) ou la valve d'Eustache allongée (pou-
Les masses pathologiques extracardiaques pouvant refouler vant remonter assez haut dans l'OD ; fig. 49.14a,b). Le
les cavités cardiaques sont constituées par les kystes pleuro- réseau de Chiari plus filamenteux ne fait généralement
péricardiques (angle cardiophrénique avec aspect liquidien pas suspecter une structure tumorale ou un thrombus.
typique hypo-T1, hyper-T2 homogène ; fig. 49.13a–c), les Dans l'OG, on ne se laissera pas abuser par l'éperon tis-
kystes bronchogéniques (sous-carénaires à contenu séreux sulaire faisant saillie entre le fond de l'auricule gauche
ou protéinomuqueux en hyper-T1 hétérogène et hyper-T2 et l'abouchement de la veine pulmonaire supérieure
homogène), les volumineuses hernies diaphragmatiques ou gauche ni par le voile mobile d'un anévrisme du septum
hiatales refoulant le fond de l'OG et les hernies diaphragma- interauriculaire ou par la voussure inférieure d'un gros
tiques (fig. 49.13d–f). Les hématomes péricardiques locali- sinus coronaire résultant d'une veine cave supérieure
sés peuvent aussi comprimer les cavités cardiaques. gauche. Dans le VG, on saura reconnaître un faux ten-
don, un pilier trapu, surnuméraire ou bifide ainsi qu'une
forme localisée de cardiomyopathie hypertrophique
Variantes de la normale (apicale ou antéroseptale basale ; fig. 49.14c,d). Dans le
(pseudomasses cardiaques) VD, il faut enfin citer les trabéculations hypertrophiées
de l'hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) ou plus
L'aspect proéminent de certaines structures anatomiques simplement une bandelette ansiforme (modératrice)
normales ne doit pas en imposer faussement pour une inhabituellement trapue.
Chapitre 49. Cœur : tumeurs, thrombus et masses pathologiques 757
Fig. 49.13 Masses paracardiaques. La ligne du haut illustre un cas de kyste pleuropéricardique de 32 mm de l'angle cardiophrénique gauche
chez un jeune sportif de 15 ans bilanté pour extrasystolie ventriculaire abondante. L'aspect du signal est typiquement liquidien avec un isosignal
T1 (a) et un hypersignal T2 (b) ainsi qu'en imagerie ciné (c). Sur la ligne du bas figure un exemple de hernie diaphragmatique congénitale droite
par la fente de Morgani contenant du parenchyme hépatique chez une patiente coronarienne de 52 ans (ciné en d et T2-STIR en e). La figure (f)
montre un cas de refoulement du plancher de l'oreillette gauche par une volumineuse hernie hiatale (ciné).
Fig. 49.14 Variantes de la normale à ne pas confondre avec des masses cardiaques pathologiques. On reconnaît ici la crista terminalis
(a, b), l'éperon d'abouchement de la veine pulmonaire supérieure gauche (tête de flèche en c), un pilier inférolatéral bifide (d) et des faux
tendons du ventricule gauche (e, f).
758 Partie 6. Imagerie cardiovasculaire
PLAN DU CHAPITRE
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 759 Volumes et fonction du ventricule
Analyse segmentaire du cœur en IRM . . . . . . . 759 droit dans les cardiopathies congénitales . . . . 762
Arcs aortiques et aorte dans les cardiopathies Retours veineux pulmonaires et systémiques
congénitales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 760 dans les cardiopathies congénitales. . . . . . . . . 764
Artères pulmonaires dans les cardiopathies Quantification des shunts gauche-droite
congénitales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 761 dans les cardiopathies congénitales. . . . . . . . . 765
spontané entre le sang circulant qui apparaît en noir car Dans la coarctation de l'aorte, l'IRM est en revanche l'exa-
vide de signal et les structures cardiaques dont le signal est men le plus approprié, combinant les informations anato-
d'intensité variable en fonction du tissu et de son contenu en miques et fonctionnelles. La malformation est décrite avec
graisse) ou la séquence ciné-SSFP (ciné-IRM, sang blanc). précision avec les séquences d'angiographie 3D et spin écho
La séquence 3D en haute résolution isotropique avec double sang noir en sagittale oblique passant par le plan de la crosse
synchronisation cardiaque et respiratoire est prometteuse, aortique : taille de l'aorte ascendante en amont de la coarc-
mais son utilisation n'est pas toujours systématique au tation, siège de la coarctation (habituellement isthmique),
quotidien car essentiellement limitée pour des raisons tech- degré et étendue de sténose, importance de la dilation post-
niques et de reproductibilité [3]. sténotique et de la circulation collatérale (artères mammaires,
Des coupes transverses couvrant le cœur et parfois artères bronchiques), degré d'hypoplasie associée de la crosse
même tout le thorax permettent d'étudier méthodiquement aortique, géométrie globale de la crosse aortique et vaisseaux
l'anatomie intracardiaque et les connexions auriculoventri- de la gerbe aortique (fig. 50.1). Des acquisitions de flux en
culaires et ventriculo-artérielles. C'est à partir des images contraste de phase de part et d'autre de la coarctation, c'est-à-
axiales contiguës passant par l'oreillette droite et la veine dire dans l'aorte ascendante et l'aorte thoracique descendante,
cave inférieure, mais aussi à partir des images de localisa- renseignent sur la sévérité de la sténose, en montrant un
tion montrant le foie, l'estomac et la rate que l'on identifie amortissement des vitesses et une baisse du débit dans l'aorte
le situs viscéro-atrial. Les coupes axiales passant par les descendante en cas d'obstacle serré [5]. Une atmosphère
quatre cavités permettent de définir la boucle ventriculaire. de coarctation est systématiquement recherchée : relative
Le ventricule gauche (VG) est reconnaissable à sa position hypoplasie de la crosse aortique et/ou du VG, faux tendon
postérieure gauche, sa paroi interne lisse, sa forme ovoïde intraventriculaire gauche, anomalies mitrales et obstacle
et sa valve mitrale en position plus basale que la tricuspide. sous-aortique mineurs. La valve aortique est attentivement
Le ventricule droit (VD) est caractérisé par sa position anté- analysée à la recherche d'une bicuspidie qui est fréquemment
rieure droite, sa forme triangulaire trabéculée constituée associée [6]. Enfin, l'adaptation du VG est appréciée sur la
de la bandelette pariétale et de la bandelette modératrice qualité du remodelage ventriculaire (adéquation entre dila-
se prolongeant sur le pilier antérieur de la valve tricuspide, tation ventriculaire et hypertrophie myocardique, fonction
et sa valve tricuspide en situation plus apicale que la valve contractile). L'expertise en IRM permet d'orienter la stra-
mitrale. Une communication interventriculaire (CIV) est tégie de la prise en charge entre une angioplastie avec pose
recherchée le long du septum interventriculaire. L'oreille d'un stent dans la forme de coarctation courte et isolée et
droite (OD) est caractérisée par son auricule droit qui est une intervention chirurgicale en cas de coarctation tubulaire
triangulaire et trapu et sa connexion avec la veine cave infé- longue et/ou associée à une hypoplasie de l'arche aortique [7].
rieure. L'oreillette gauche (OG) est reconnaissable à son La surveillance des coarctations opérées en IRM doit
auricule gauche qui est fin en doigt de gant. Une commu- dépister des complications qui peuvent survenir tardive-
nication interauriculaire (CIA) est recherchée sur toute la ment [8]. Il s'agit de la recoarctation, des anévrismes anasto-
surface de la cloison septale interatriale. Enfin, la position motiques, surtout en cas d'aortoplastie avec pose d'un patch
respective des gros vaisseaux est bien vue sur les coupes prothétique en Dacron® et des anomalies de la géométrie de
axiales hautes, avec les deux gros vaisseaux qui se croisent l'arche aortique. Les arches angulées (dites gothiques) sont
à la sortie du cœur, l'aorte située en arrière et à droite de responsables d'anomalies des fluides et d'altérations bio-
l'artère pulmonaire. En cas de discordance ventriculo-arté- mécaniques dans l'aorte ascendante, participant en partie
rielle, les deux vaisseaux sont parallèles et sortent côte à côte au développement d'une hypertension artérielle chez des
du cœur dans la transposition des gros vaisseaux (TGV). patients opérés sans sténose résiduelle hémodynamique-
ment significative (fig. 50.2) [9, 10].
L'IRM est également utile pour explorer les autres aor-
Arcs aortiques et aorte topathies congénitales, qu'elles soient associées ou non à un
dans les cardiopathies congénitales
L'IRM permet de parfaitement bien caractériser les anoma-
lies des arcs aortiques et les pathologies de l'aorte thoracique
[4]. Les coupes axiales contiguës montrent avec précision les
rapports dans l'espace entre les gros vaisseaux médiastinaux
et la trachée et l'œsophage, rendant facile la compréhen-
sion des anomalies des arcs aortiques, comme le double arc
aortique et l'artère sous-clavière droite rétro-œophagienne
sur arc aortique gauche (parfois associé à un diverticule de
Kommerel). La sévérité de la compression est en revanche
plus difficile à estimer et se fonde habituellement sur la
séquence ciné-SSFP en axial strict permettant de suivre Fig. 50.1 Coarctation native. (a) Séquence spin écho sang noir en
l'effet systolodiastolique de l'arc vasculaire sur la trachée et sagittale oblique montrant une coarctation isthmique serrée, associée
l'œsophage. Cette approche fonctionnelle n'est cependant à une longue hypoplasie de l'arche aortique et de façon moindre à
pas clairement validée et l'évaluation du retentissement sur une hypoplasie de l'aorte ascendante. (b) ARM avec injection de ché-
les organes de voisinage reste une limite de l'IRM dans cette lates de gadolinium mettant en évidence l'importance des collatérales.
indication, si bien que beaucoup préfèrent l'angioscanner. Noter également la dilatation post-sténotique.
Chapitre 50. IRM des cardiopathies congénitales 761
syndrome génétique. La sténose supravalvulaire aortique est conoventriculaires cyanogènes, comme la tétralogie de
un obstacle sur la voie de sortie gauche, retrouvée habituel- Fallot, l'atrésie pulmonaire à septum ouvert (APSO) et le
lement dans le syndrome de Williams-Beuren [11]. Elle peut tronc artériel commun (TAC) [16]. Dans ces cas, l'écho-
être focale au niveau de la jonction sinotubulaire ou diffuse sur cardiographie permet de bien étudier la CIV et l'obstacle
l'aorte ascendante, voire entraîner une hypoplasie de l'ensemble sous-pulmonaire, mais est souvent insuffisante pour
de l'aorte et des troncs artériels supra-aortiques et même des l'étude des artères pulmonaires au-delà de leur segment
branches pulmonaires. Les syndromes de Turner, de Marfan, proximal. L'IRM, tout comme le scanner, est au contraire
d'Ehlers-Danlos, de Loeys-Dietz ont en commun des anomalies bien adaptée pour imager l'arbre artériel pulmonaire et
génétiques du tissu conjonctif des parois artérielles, exposant des collatérales aortopulmonaires, fournissant une car-
les patients aux risques de dilatation, d'anévrisme et de dissec- tographie tridimensionnelle précise des vaisseaux avant
tion de l'aorte ascendante. Le suivi séquentiel est indispensable une chirurgie [17, 18].
et l'IRM est particulièrement appropriée pour le monitorage de Dans la tétralogie de Fallot, c'est la taille du tronc et
la prise en charge et la surveillance des diamètres. Les valeurs des branches pulmonaires qui conditionne le bon résultat
seuil pour une intervention chirurgicale sont rappelées dans de la cure complète. La qualité de la voie VD/AP et du lit
les dernières recommandations 2014 de l'European Society of artériel périphérique a un impact direct sur la régurgita-
Cardiology (ESC) avec un chiffre maximal de 50 mm. En cas tion pulmonaire qui est majorée en cas de sténose arté-
de maladie de Marfan à risque (antécédents familiaux de dis- rielle pulmonaire, entraînant une surcharge mixte sur le
section, progression rapide de la dilatation), le seuil d'interven- VD. Le monitorage par IRM est la technique de référence
tion est abaissé à 45 mm (recommandation IIa) [12]. pour le suivi des tétralogies de Fallot opérées et choisir le
L'aorte dans les cardiopathies conoventriculaires peut aussi timing optimal d'intervention de valvulation, habituelle-
se compliquer de dilatation et justifie une surveillance des ment par cathétérisme, avant la dégradation de la fonction
diamètres par IRM. Une dilatation de l'aorte ascendante est du VD (fig. 50.4) [19].
retrouvée chez environ un tiers des adultes avec une tétralogie Dans le TAC, un seul gros vaisseau est retrouvé à la sortie
de Fallot réparée [13]. La progression est lente (0,5 ± 0,1 mm/ du massif cardiaque, à cheval sur le septum interventricu-
an), pouvant se compliquer de dissection chez des patients laire au-dessus d'une CIV. Le type A1 de la classification de
ayant des diamètres aortiques > 55 mm [14]. La dilatation Van Praagh est le plus fréquent et est facile à reconnaître,
du néoculot aortique (anciennement culot pulmonaire) chez avec l'artère pulmonaire bien individualisée naissant du
les patients opérés d'un switch artériel pour TGV survient tronc commun pour donner les deux branches pulmonaires.
chez environ la moitié des patients à 10 ans de la chirurgie Les autres types sont plus rares : absence de tronc pulmo-
(fig. 50.3). Elle peut être associée à une fuite aortique qui naire avec deux branches naissant séparément du TAC
aggrave le pronostic [15]. (type A2) ; présence d'une seule branche pulmonaire à partir
du TAC (type A3) ; association du type A1 avec une inter-
ruption de l'arche aortique (type A4).
Artères pulmonaires
dans les cardiopathies congénitales
L'évaluation anatomique précise de la voie d'éjection
droite (voie VD/AP) et des artères pulmonaires est essen-
tielle dans le bilan initial et le suivi des cardiopathies
tétralogie de Fallot, ASPO, TAC, malpositions artérielles être réparées en correction anatomique en double switch
avec CIV souvent appelées aussi VD à double issue, TGV et avec un VD sous-pulmonaire (switch artériel associé à un
double discordance, hypoplasie du VG. switch atrial de Senning ou Mustard) ou en simple switch
Une approche physiopathologique permet de distinguer atrial en conservant le VD sous l'aorte et en corrigeant les
trois situations selon les conséquences hémodynamiques de la anomalies associées.
cardiopathie sur le VD avant ou après chirurgie. On distingue : Pour chacune des malformations impliquant le VD, l'IRM
1) le VD en surcharge volumétrique – en cas de fuite tricuspide est l'examen de référence, permettant de bien évaluer toutes
ou pulmonaire, de shunt à travers une communication auri- les composantes du VD : sa valve d'entrée tricuspide ; sa
culaire et de dysfonction systolique du ventricule – ; 2) le VD cavité ventriculaire constituée de la chambre d'admission, de
en surcharge barométrique – en cas d'hypertension artérielle la chambre trabéculée et de la chambre de sortie (infundibu-
pulmonaire, de sténose pulmonaire, de discordance ventriculo- lum) ; sa valve de sortie lorsqu'elle existe (artère pulmonaire
artérielle qui oblige le VD à éjecter sous l'aorte, et d'hyperpres- ou aorte en fonction de l'existence ou non d'une discordance
sion voire d'égalisation des pressions à un niveau systémique ventriculo-artérielle laissée en place). Comme pour le VG,
transmise par une large CIV – ; 3) le VD en surcharge mixte, l'IRM est sans égal pour étudier la fonction du VD en inté-
volumétrique et barométrique, qui associe les deux pathologies. grant le volume et la pression qui y règnent, c'est-à-dire pour
Dans tous les cas, il faut aussi tenir compte des modi- appréhender les propriétés du ventricule en tenant en compte
fications anatomiques consécutives aux interventions des conditions de charge (précharge ou pression de remplis-
chirurgicales qui corrigent l'anatomie et modifient la phy- sage) et de postcharge ou de gêne à l'éjection (par obstacle
siopathologie de la contrainte du VD. Ainsi, fermer une CIV ou résistances). La précharge, avec la compliance, définit la
redonne un VD normal alors que réparer une tétralogie de fonction diastolique et la postcharge, avec la contractilité,
Fallot laisse classiquement une fuite pulmonaire transfor- définit la fonction systolique. L'IRM apporte des informa-
mant un VD en surcharge barométrique en un VD en sur- tions de flux et renseigne sur l'hémodynamique au travers
charge volumétrique (ou mixte s'il persiste un obstacle sur des valves droites : mesures quantitatives des volumes régur-
les branches pulmonaires). De même, opérer une TGV en gitants et des fractions de régurgitation avec la séquence en
pratiquant un switch artériel pour corriger anatomiquement contraste de phase en cas de fuite tricuspide ou pulmonaire.
la discordance ventriculo-artérielle redonne un VD normal, L'IRM permet enfin une évaluation de la qualité du myocarde
alors qu'une chirurgie atriale (intervention de Senning ou et quantifie avec précision les anomalies séquellaires et les
de Mustard) telle qu'on la pratiquait jusqu'au milieu des fibroses qui sont des facteurs de mauvais pronostic [23, 24].
années 1980 laisse le VD sous l'aorte en surcharge baromé- Dans le syndrome d'hypoplasie des cavités cardiaques
trique (fig. 50.6). Enfin, les doubles discordances peuvent gauches, le VD doit assurer à lui seul le débit cardiaque. Le
syndrome regroupe un éventail de malformations carac-
térisées par une insuffisance de développement des struc-
tures du cœur gauche, allant d'une sténose à une atrésie
de la valve aortique et/ou mitrale, une hypoplasie ou une
absence du VG avec une hypoplasie de l'aorte ascendante
et de l'arche aortique [25]. Dans les formes sévères, la cir-
culation systémique dépend totalement du VD, de l'artère
pulmonaire et du canal artériel. Une CIA est obligatoire et
mélange les flux des deux circulations sanguines. La chirur-
gie conventionnelle de Norwood est palliative et est réalisée
en trois temps. L'étape initiale est réalisée les premiers jours
de vie et les informations seules de l'échocardiographie
sont suffisantes avant l'intervention : création d'une large
CIA, reconstruction de l'arche aortique et régularisation
du débit pulmonaire à l'aide d'une anastomose systémico-
pulmonaire (intervention de Sano). Le deuxième temps est
réalisé à l'âge de 6 mois et consiste à créer une dérivation
cavopulmonaire partielle (ou intervention de Glenn) à
l'aide d'une anastomose terminolatérale entre la veine cave
supérieure et l'artère pulmonaire droite. Le troisième temps
est effectué chez l'enfant autour de 2 ans et consiste à tota-
liser la dérivation cavopulmonaire en connectant la veine
Fig. 50.6 Ventricule droit (VD) systémique. Double discordance cor- cave inférieure à la face inférieure de l'artère pulmonaire
rigée selon une intervention de Mustard avec un switch atrial laissant droite à l'aide d'un tube extracardiaque de Gore-Tex® qui
le VD en position systémique sous l'aorte. (a, b) Séquences ciné-SSFP
peut être fenestré. Une variante qui est pratiquement
selon les incidences 4 cavités et petit axe permettant une étude des
volumes et fonction du VD systémique. (c) Séquence ciné-SSFP selon
abandonnée de nos jours est l'intervention de Fontan qui
une incidence coronale permettant de bien visualiser les chenaux atriaux réalise une tunnellisation intra-atriale de la veine cave
(flèches) à la recherche d'une éventuelle sténose du montage chirurgi- inférieure par un patch de Gore-Tex®. L'IRM permet de
cal. (d) Angiographie des gros vaisseaux avec injection de chélates de suivre et guider les deux dernières étapes du parcours
gadolinium permettant de bien étudier les artères pulmonaires et l'aorte. chirurgical, en apportant des informations sur la qualité
764 Partie 6. Imagerie cardiovasculaire
du lit artériel pulmonaire et de la réparation de la néo-arche dans la veine cave inférieure à sa jonction avec l'oreillette droite.
aortique (fig. 50.7) [26]. L'IRM est régulièrement réalisée Il peut être associé à une hypoplasie du poumon gauche, une
au cours du suivi afin de contrôler la perméabilité du tube séquestration pulmonaire et une dextrocardie [30].
extracardiaque, de rechercher des sténoses par prolifération Dans le RVPA total, toutes les veines pulmonaires
intimale de fibrine sur la paroi du tube, de rechercher des confluent dans un collecteur commun qui se connecte de
complications thrombo-emboliques dans le sac atrial droit façon variable à la circulation systémique au niveau supra-,
très souvent dilaté dans l'intervention de Fontan [27]. Bien intra- ou infracardiaque [31]. Les RVPA totaux se mani-
évidemment, la fonction contractile du VD systémique, festent dès la période néonatale et le diagnostic est générale-
l'étanchéité de la valve tricuspide ainsi que la circulation au ment porté à l'échocardiographie.
travers de la CIA obligatoire conditionnent le pronostic de L'IRM est en revanche utile pour le diagnostic et l'évaluation
la cardiopathie et sont attentivement analysées au cours de hémodynamique des RVPA partiels [32]. Elle visualise directe-
chacune des étapes opératoires. ment les anomalies de connexions, renseigne sur la dilatation
et la fonction ventriculaires droites, quantifie l'importance du
shunt gauche-droite, et recherche des anomalies associées.
Retours veineux pulmonaires Enfin, l'IRM peut être demandée en complément de
et systémiques l'échocardiographie pour toute suspicion d'anomalie de
dans les cardiopathies congénitales retour veineux systémique dans les cardiopathies com-
plexes, les isomérismes et anomalies de latéralité [33].
Les anomalies de connexion des veines pulmonaires (appe- La persistance de la veine cave supérieure est souvent
lées aussi retours veineux pulmonaires anormaux [RVPA]) de découverte fortuite, pouvant être ou non communi-
peuvent être partielles (intéressant au moins une veine cante via le tronc veineux innominé avec la veine cave
pulmonaire) ou totales (intéressant toutes les veines pul- supérieure droite. Il peut être important de la reconnaître
monaires). Elles peuvent être isolées ou s'intégrer dans le avant une chirurgie avec circulation extracorporelle où il
cadre des isomérismes et des cardiopathies complexes. La y aura une canulation des deux veines caves supérieures.
conséquence physiopathologique est celle d'une CIA avec L'interruption de la veine cave inférieure ou retour azygos
un shunt gauche-droite qui surcharge et dilate les cavités est consécutive à l'interruption embryologique de la veine
cardiaques droites. Il faut habituellement au moins deux cave inférieure au niveau du segment compris entre l'abou-
veines pulmonaires anormales pour entraîner un shunt chement des veines sus-hépatiques et de la portion sus-
gauche-droite hémodynamiquement significatif. Le shunt surrénalienne, provoquant un développement exubérant
est négligeable en cas d'une seule veine pulmonaire anor- d'un réseau veineux prévertébral rétropéritonéal qui se jette
male et la découverte est en général fortuite [28]. dans la grande veine azygos qui continue dans l'oreillette
Le RVPA partiel du poumon droit se drainant dans la veine droite. Le retour azygos est fréquemment rencontré dans
cave supérieure est presque constamment associé à la CIA de les canaux atrioventriculaires partiels qui s'intègrent dans
type sinus venosus [29]. Il y a un défaut septal interauriculaire les lévo-isomérismes. Plus rarement, les retours veineux
par décalage de la connexion de la veine cave supérieure vers cave peuvent provoquer une cyanose en cas de retour de
la gauche, si bien que la paroi postérieure de cette dernière se la veine cave inférieure dans l'oreillette gauche ou à cheval
retrouve en continuité avec la paroi de l'oreillette gauche. entre les deux oreillettes, et en cas de retour veineux anor-
Le syndrome du cimeterre est un RVPA du poumon droit mal total avec le drainage des deux veines caves supérieure
caractérisé par un drainage des veines pulmonaires droites et inférieure dans l'oreillette gauche.
Fig. 50.7 Intervention de Norwood. Hypoplasie du ventricule gauche (VG) traitée par le premier temps de Norwood. Les deux gros vaisseaux
sont au-dessus d'une large CIV. Ils sont réunis chirurgicalement pour former la néo-arche aortique constituée de l'artère pulmonaire et de l'aorte
native hypoplasique (a, b). Les branches pulmonaires sont déconnectées du tronc pulmonaire et sont alimentées par un tube VD/AP (1er temps de
Norwood) ; puis le tube est enlevé et la veine cave supérieure est anastomosée à l'artère pulmonaire droite, réalisant une dérivation cavopulmonaire
partielle (2e temps de Norwood vers l'âge de 6 mois) (c) ; enfin, la dérivation cavopulmonaire est totalisée vers l'âge de 2 ans (3e temps de Norwood)
avec le drainage du sang cave inférieur vers l'artère pulmonaire droite via un tube extracardiaque.
Chapitre 50. IRM des cardiopathies congénitales 765
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