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IRM en pratique clinique

Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique,


abdominopelvienne, oncologique et hématologique,
corps entier, et cardiovasculaire
Chez le même éditeur

Imagerie musculosquelettique : pathologies locorégionales, par A. Cotten. 2017, 2e édition, 1024 pages.
Échographie abdominale, par O. Lucidarme. 2017, 352 pages.
Guide d'échographie, par P. Legmann. 2017, 5e édition, 448 pages.
Guide pratique d'écho-Doppler vasculaire, par A. Long, 2017, 336 pages.
Comprendre l'IRM, par B. Kastler et D. Vetter. 2017, 8e édition, 448 pages.
Cas cliniques en imagerie digestive, par C. Marcus, 2017, 224 pages.
Neuro-imagerie diagnostique, par J.-L. Dietemann. 2017, 3e édition,  992 pages.
Lecture radiologique aux urgences : l'indispensable, P. Raby, 2017, 2e édition, 380 pages.
Échographie et imagerie pelvienne en pratique gynécologique, par Y. Ardaens, J.-M. Levaillant, Ph. Coquel,
Th. Haag,  2017, 6e édition, 750 pages.
Imagerie de la colonne vertébrale et de la moelle épinière, F. Lecouvet, G. Consard, J.-L. Dietemann, 2017, 3e édition,
352 pages.
Cas cliniques en neuro-imagerie, par J.-L. Dietemann. 2016, 256 pages.
Traité d'imagerie vasculaire, F. Joffre, 2015, 648 pages.
Écho-Doppler vasculaire et viscéral, M.-F. Bellin, P. Legmann, 2015, 400 pages.
Radioprotection en milieu médical, Y.-S. Cordoliani, 2014, 3e édition, 248 pages.
Échographie en urgence pour le radiologue, M. Bléry, 2014, 160 pages.
Sous la direction de Michel Bléry

IRM
en pratique
clinique
Imagerie neuroradiologique,
musculosquelettique,
abdominopelvienne, oncologique
et hématologique, corps entier,
et cardiovasculaire
Alain Luciani
Professeur des universités-praticien hospitalier
Service d'imagerie médicale
CHU Henri Mondor, AP-HP
Inserm, Unité U955 IMRB, Équipe 18
Université Paris-Est Créteil, Créteil

Alain Rahmouni
Professeur des universités-praticien hospitalier
Chef du service d'imagerie médicale
CHU Henri Mondor, AP-HP
Université Paris-Est Créteil, Créteil
Nous tenons à remercier particulièrement :

Le regretté Professeur Michel Bléry qui nous a convaincu de réaliser cet ouvrage, le regretté Professeur Nobert Vasile qui
a permis l'installation de la première IRM « corps entier » sur le site du CHU Henri Mondor en 1988, le Professeur Didier
Mathieu qui a initié les premiers travaux sur l'IRM du foie au CHU Henri Mondor, tous les radiologues et neuroradiologues
du CHU Henri Mondor anciens et actuels, qui ont permis la formation de beaucoup de radiologues en France dans le cadre
du Diplôme d'Université d'IRM en pratique clinique de la faculté de médecine de Créteil – Université Paris-Est-Créteil ainsi
que la réalisation de cet ouvrage. Nous remercions tous nos collègues des autres facultés de médecine de France et de l'étran-
ger qui ont bien voulu contribuer à cet ouvrage, ainsi que les ingénieurs et physiciens qui ont participé aux développements
instrumentaux et à la partie physique de cet ouvrage.

Nous remercions aussi tous les professionnels de santé des services d'Imagerie médicale et de Neuroradiologie du CHU
Henri Mondor.

Illustrateur :
- Cyrille Martinet pour les dessins 1.1 à 1-5, 1-11, 1-15, 1-16, 1-18 à 1-27, 1-30, 1-32 à 1-35, 4-5 à 4-8, 4-11, 4-17 à 4-20, 5-9,
5-10, 10-1, 23-1a, 24-1, 24-4, 25-1 à 25-6, 25-13, 27-1, 27-17, 27-18, 31-1, 36-2, 43-1
- Les auteurs des chapitres concernés pour les autres dessins.

DANGER
Ce logo a pour objet d'alerter le lecteur sur la menace que représente pour l'avenir de l'écrit, tout particulièrement dans le domaine
universitaire, le développement massif du « photo-copillage ». Cette pratique qui s'est généralisée, notamment dans les établissements
d'enseignement, provoque une baisse brutale des achats de livres, au point que la possibilité même pour les auteurs de créer des
œuvres nouvelles et de les faire éditer correctement est aujourd'hui menacée.
LE Nous rappelons donc que la reproduction et la vente sans autorisation, ainsi que le recel, sont passibles de poursuites. Les demandes
PHOTOCOPILLAGE d'autorisation de photocopier doivent être adressées à l'éditeur ou au Centre français d'exploitation du droit de copie : 20, rue des
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scientifique ou d'information de l'œuvre dans laquelle elles sont incorporées (art. L. 122-4, L. 122-5 et L. 335-2 du Code de la propriété
intellectuelle).
© 2017, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
ISBN : 978-2-294-72502-9
e-ISBN : 978-2-294-73961-3

Elsevier Masson SAS, 65, rue Camille-Desmoulins, 92442 Issy-les-Moulineaux cedex


www.elsevier-masson.fr
Auteurs et collaborateurs

Aude Amato, assistant des hôpitaux, département de radio- Samia Boussouar, praticien hospitalier, service d'imagerie
logie, Fondation Hôpital Saint-Joseph, Paris. médicale, CHU Pitié-Salpêtrière, AP-HP, Paris.

Daniel Azoulay, professeur des universités-praticien hos- Pierre Brugières, praticien hospitalier, service de neurora-
pitalier, service de chirurgie digestive, CHU Henri Mondor diologie, CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil.
AP-HP Université Paris-Est Créteil, Faculté de médecine, Créteil.
Francis Brunelle, professeur des universités-praticien hos-
Laurence Baranes, praticien hospitalier, service d'imagerie pitalier, service de radiologie pédiatrique, Hôpital Necker-
médicale, CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil. Enfants Malades, AP-HP ; Inserm U1000, Université Paris
Descartes, Paris.
Jean-Michel Bartoli, professeur des universités-­praticien
hospitalier service d'imagerie médicale, Hôpital de la Francesco Brunetti, praticien hospitalier, service de chirur-
Timone 2 ; Centre d'investigation pour l'imagerie (CIPIM) gie digestive, CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil.
AP-HM, Université Aix-Marseille II, Marseille.
Julien Calderaro, maître de conférences des universités-
Alexandre Basle, interne de DES de cardiologie, service d'image- praticien hospitalier, service d'anatomopathologie, CHU
rie diagnostique et thérapeutique, Hôpital Louis Pradel, Hospices Henri Mondor, AP-HP ; Université Paris-Est Créteil, Faculté
Civils de Lyon ; Université Claude Bernard Lyon 1, Lyon. de médecine, Créteil.

Julie Benzimra, praticien attaché, service de radiologie, Hôpitaux Raphael Calmon, praticien attaché, service de radiologie
Universitaires Paris Nord Val de Seine, Beaujon, Clichy, AP-HP ; pédiatrique, Hôpital Necker-Enfants Malades, AP-HP ;
Université Paris Diderot, Sorbonne Paris Cité, Paris. Inserm U1000, Paris.

Jerry Blustajn, praticien hospitalier, service d'imagerie, Robert-Yves Carlier, professeur des universités-praticien
Fondation ophtalmologique Rothschild, Paris. hospitalier, service d'imagerie médicale, Hôpital Raymond
Poincaré, Garches ; Université Paris Descartes.
Nathalie Boddaert, professeur des universités-praticien
hospitalier, chef du service de radiologie pédiatrique, Jérôme Caudron, radiologue, service de radiologie, Hôpital
Hôpital Necker-Enfants Malades, AP-HP ; Université Paris privé de l'Estuaire, Le Havre.
Descartes et Inserm U1000, Paris.
Julia Chalaye, praticien hospitalier, service de médecine
Stéphanie Bombois, praticien hospitalier, service de neuro- nucléaire, CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil.
logie, CMRR de Lille, CHRU de Lille.
Frédérique Charbonneau, praticien hospitalier, ser-
Marie-Paule Boncoeur-Martel, praticien hospitalier, service vice d'imagerie, Fondation ophtalmologique Rothschild,
de neuroradiologie diagnostique, Hôpital Dupuytren, Limoges. Paris.

Mohammed Bouanane, praticien hospitalier, service d'ima- Cécile Charpy, praticien hospitalier, service d'anatomopa-
gerie médicale, CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil. thologie, CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil.

Malika Boucenna, praticien hospitalier, service d'imagerie, Mourad Cheguettine, manipulateur en électroradiologie,
Fondation ophtalmologique Rothschild, Paris. GIE IRM 74, Annecy.

Isabelle Boulay-Coletta, praticien hospitalier, département Mélanie Chiaradia, praticien hospitalier, service d'imagerie
de radiologie, Fondation Hôpital Saint-Joseph, Paris. médicale, CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil.

V
VI   Auteurs et collaborateurs

Laurianne Colson Durand, praticien hospitalier, service de Céline Dubron, chef de clinique assistant, service de neuro-
radiothérapie, CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil. radiologie, CHRU de Lille, Université de Lille 2.

Philippe Compagnon, professeur des universités-praticien Christelle Dufour, oncologue pédiatrique, département de
hospitalier, service de chirurgie viscérale et transplanta- cancéro­logie de l'enfant et de l'adolescent, Institut Gustave
tion hépatique, CHU Henri Mondor, AP-HP ; Faculté de Roussy, Villejuif.
Médecine, Université Paris-Est Créteil, Créteil.
Soraya El-Ghannudi, praticien hospitalier, service de radiolo-
Lucie Corno, praticien hospitalier, département de radio­ gie et de médecine nucléaire, Nouvel Hôpital Civil, Strasbourg.
logie, Fondation Hôpital Saint-Joseph, Paris.
Solène Ferey, radiologue, médecin associé Radiologie
François Cotton, professeur des universités-praticien hos- Pédiatrique, Clinique pédiatrique des Grangettes, HUG, Genève
pitalier, service de radiologie, CH Lyon Sud, Pierre Bénite, (Suisse).
Université Claude Bernard, Lyon.
Antonin Flavian, praticien hospitalier, service d'imagerie
Jean-Nicolas Dacher, professeur des universités-praticien médicale, Hôpital de la Timone 2 ; Centre d'investigation
hospitalier, chef du service d'imagerie médicale, Hôpital pour l'imagerie (CIPIM), Marseille.
Charles Nicolle, CHU de Rouen ; Université de Rouen
(Inserm U1096), Rouen. Julien Frandon, praticien hospitalier, service d'imagerie
médicale, Hôpital de la Timone 2 ; Centre d'investigation
Volodia Dangouloff-Ros, chef de clinique assistant, service pour l'imagerie (CIPIM), Marseille.
de radiologie pédiatrique, Hôpital Necker-Enfants Malades,
AP-HP ; Inserm U1000, Paris. André Gaston, professeur des universités-praticien hos-
pitalier, service de neuroradiologie, CHU Henri Mondor,
Thu-Ha Dao, praticien hospitalier, service d'imagerie médi- AP-HP ; Université Paris-Est Créteil, Créteil.
cale, CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil.
Adeline Germain, praticien Hospitalier, service de chirur-
Béatrice Daoud, praticien attaché, service d'imagerie médi- gie digestive, Hôpitaux de Brabois Adultes, CHU de Nancy.
cale, Hôpital privé d'Antony, Antony.
Philippe Germain, cardiologue attaché, service de radiolo-
Nicola de Angelis, chef de clinique assistant, service de gie UF 2027, Nouvel Hôpital Civil, Strasbourg.
chirurgie digestive, CHU Henri Mondor, AP-HP ; Université
Paris-Est Créteil, Faculté de médecine, Créteil. Sylvie Grand, maître de conférences des universités-­
praticien hospitalier, CLUNI (Clinique universitaire de neu-
Christine Delmaire, praticien hospitalier, service de neuro- radiologie et IRM), CHU Grenoble Alpes.
radiologie, CHRU de Lille.
David Grévent, service de radiologie pédiatrique, Hôpital
Jean-François Deux, professeur des universités-prati- Necker-Enfants Malades, AP-HP ; Inserm U1000, Université
cien hospitalier, service d'imagerie médicale, CHU Henri Paris Descartes, Paris.
Mondor, AP-HP ; Université Paris-Est Créteil, Créteil.
Jacques Grill, oncologue pédiatrique, département de cancérolo-
Marjan Djabbari, praticien hospitalier, service d'imagerie gie de l'enfant et de l'adolescent, Institut Gustave Roussy, Villejuif.
médicale, CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil.
Françoise Héran, praticien hospitalier, service d'imagerie,
Philippe Douek, professeur des universités-praticien hos- Fondation ophtalmologique Rothschild, Paris.
pitalier, responsable du PAM imagerie, Hospices Civils de
Lyon ; Université Claude Bernard Lyon 1, Lyon. Jérôme Hodel, professeur des universités-praticien hospita-
lier, chef du service de neuroradiologie, CHU Henri Mondor
Jean-Luc Drapé, professeur des universités-praticien hospita- AP-HP ; Université Paris-Est Créteil, Créteil.
lier, chef du service de radiologie B, Hôpital Cochin, AP-HP ;
Université Paris Descartes Sorbonne Paris Centre, Paris. Philippe Host, médecin spécialiste CLCC, service de radio-
logie, Centre Paul Strauss, Strasbourg.
Benjamin Dubourg, chef de clinique assistant, départe-
ment d'imagerie médicale, CHU Charles Nicolle, Rouen ; Andras Hoznek, praticien hospitalier, professeur associé au
Université de Rouen. CMPH, service d'urologie, CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil.
Auteurs et collaborateurs   VII

Emmanuel Itti, professeur des universités-praticien hospitalier, Chieh Lin, professeur assistant, département de la médecine
service de médecine nucléaire, CHU Henri Mondor, AP-HP ; nucléaire, Chang Gung Memorial Hospital, Gueishan, Taiwan.
Faculté de médecine, Université Paris-Est Créteil, Créteil
Alain Luciani, professeur des universités-praticien hospi-
Alexis Jacquier, professeur des universités-praticien hospi- talier, service d'imagerie médicale, CHU Henri Mondor,
talier, service d'imagerie médicale, Hôpital de la Timone 2 ; AP-HP ; Inserm, Unité U955 IMRB, Équipe 18 ; Université
Centre d'investigation pour l'imagerie (CIPIM), Université Paris-Est Créteil, Créteil.
Aix-Marseille 2, Marseille.
Anne Maraval, praticien hospitalier, service de neuroradio-
Mi Young Jeung, praticien hospitalier, service de radiologie logie, CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil.
UF 2027, Nouvel Hôpital Civil, Strasbourg.
Anh Minh Chuong, chef de clinique assistant, département
Paul Kauv, chef de clinique assistant, service de neuro­ de radiologie, Hôpital Bicêtre, AP-HP, Le Kremlin-Bicêtre.
radiologie, CHU Henri Mondor, AP-HP ; Université Paris-
Est Créteil, Créteil. Jean-Luc Montazel, radiologue, service de radiologie,
Clinique générale, Annecy.
Hicham Kobeiter, professeur des universités-praticien hospita-
lier, service d'imagerie médicale, CHU Henri Mondor, AP-HP ; Guy Moulin, professeur des université-praticien hospitalier,
Université Paris-Est Créteil, Faculté de médecine, Créteil. service d'imagerie médicale, Hôpital de la Timone 2 ; Centre
d'investigation pour l'imagerie (CIPIM), Université Aix-
Stéphane Kremer, professeur des universités-praticien hos- Marseille II, Marseille.
pitalier, service de neuroradiologie, CHU de Strasbourg,
Université de Strasbourg. Sébastien Mulé, CCA, service d'imagerie médicale, CHU
Henri Mondor, AP-HP, Créteil.
Alain Kulski, praticien hospitalier, service de radiologie,
CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil. Xavier Orry, praticien hospitalier, service de radiologie,
Hôpitaux de Brabois Adultes, CHU de Nancy.
François Lafitte, praticien hospitalier, service d'imagerie,
Fondation ophtalmologique Rothschild, Paris. Phalla Ou, professeur des universités-praticien hospitalier,
service de radiologie, imagerie cardiovasculaire diagnos-
Marie Lafitte, chef de clinique assistant, service de radiolo- tique et interventionnelle, CHU Bichat-Claude Bernard,
gie, Hôpitaux de Brabois Adultes, CHU de Nancy, Université AP-HP ; Université Paris Diderot, Paris
de Lorraine, Nancy.
Christelle Paul, radiologue, service de radiologie, Clinique
Marine Lataud, chef de clinique assistant, radiologie A, générale, Annecy.
Hôpital Cochin, AP-HP ; Université Paris Descartes, Paris.
Mickaël Pernodet, radiologue, service de radiologie,
Clinique générale, Annecy.
Alexis Laurent, professeur des universités-praticien hospitalier,
service de chirurgie digestive, CHU Henri Mondor, AP-HP ;
Faculté de médecine, Université Paris-Est Créteil, Créteil. Isabelle Petit, praticien hospitalier, service de radiologie,
Hôpitaux de Brabois Adultes, CHU de Nancy
Valérie Laurent, professeur des universités-praticien hospita-
lier, service de radiologie Brabois Adultes, Hôpitaux de Brabois Laurent Peyrin-Biroulet, professeur des universités-­
Adultes, CHU de Nancy ; Université de Lorraine, Nancy. praticien hospitalier, service d'hépato-gastro-entérologie,
Hôpitaux de Brabois Adultes, CHU de Nancy ; Université de
Lorraine, Nancy.
Caroline Le Breton, praticien hospitalier, service d'imagerie
médicale, Hôpital Raymond Poincaré, AP-HP, Garches.
Frédéric Pigneur, praticien hospitalier, service d'imagerie
médicale, CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil.
Valentin Lefebvre, médecin attaché, département d'image-
rie médicale, CHU Charles Nicolle, Rouen.
Stéphanie Puget, professeur des universités-­praticien hos-
pitalier, service de neurochirurgie pédiatrique, Hôpital
Paul Legmann, professeur des universités-praticien hos- Necker-Enfants Malades, AP-HP ; Université Paris
pitalier, radiologie A, Hôpital Cochin, AP-HP ; Université Descartes, Paris.
Paris Descartes, Paris.
Alain Rahmouni, professeur des universités-praticien hos-
François Legou, praticien hospitalier, service d'imagerie pitalier, chef du service d'imagerie médicale, CHU Henri
médicale, CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil. Mondor, AP-HP ; Université Paris-Est Créteil, Créteil.
VIII   Auteurs et collaborateurs

Chawkat Ramadane, interne, département de radiologie, Luc Valancogne, interne des hôpitaux, service de radiolo-
Fondation Hôpital Saint-Joseph, Paris. gie, Hôpital Charles Nicolle, CHU de Rouen.

Alban Redheuil, professeur des universités-praticien hospita- Pascale Varlet, praticien hospitalier, laboratoire de neuro-
lier, département d'imagerie cardiovasculaire et de radiologie pathologie, Hôpital Sainte-Anne, Paris.
interventionnelle et ICAN, Institut de cardiologie, Hôpital La
Pitié-Salpêtrière, AP-HP ; Université Pierre et Marie Curie, Arthur Varoquaux, praticien hospitalier, service d'imagerie
Paris. médicale, Hôpital de la Conception, Marseille.

Didier Revel, professeur des universités-praticien hospi- Vincent Vidal, professeur des universités-praticien hospi-
talier, chef de service d'imagerie thoracique et vasculaire, talier, service d'imagerie médicale, Hôpital de la Timone 2 ;
Hôpital Louis Pradel, Bron ; Université Claude Bernard Centre d'investigation pour l'imagerie (CIPIM), Université
Lyon 1. Aix-Marseille II, Marseille.

Fourat Ridouani, chef de clinique assistant, service d'ima- Alexandre Vignaud, docteur en sciences, ingénieur cher-
gerie médicale, CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil. cheur, UNIRS, NeuroSpin, Institut Frédéric Joliot, Direction
de la recherche fondamentale du CEA, CEA saclay,
Maxime Ronot, maître de conférences des universités-­ Gif-sur-Yvette.
praticien hospitalier, service de radiologie, Hôpitaux
Universitaires Paris Nord Val de Seine, AP-HP ; Université Olivier Vignaux, professeur des universités-praticien hos-
Paris Diderot, Sorbonne Paris Cité, Paris ; Inserm U1149, pitalier, Hôpital Américain de Paris, Neuilly-sur-Seine.
centre de recherche biomédicale Bichat-Beaujon, CRB3, Paris.
Valérie Vilgrain, professeur des universités-praticien hospi-
Marion Roux, praticien hospitalier, service de radiologie, talier, chef du service de radiologie, Hôpitaux Universitaires
CHU Vaudois, Lausanne (Suisse). Paris Nord Val de Seine, AP-HP ; Université Paris Diderot,
Sorbonne Paris Cité ; Inserm U1149, centre de recherche
Catherine Roy, professeur des universités-praticien hospi- biomédicale Bichat-Beaujon, CRB3, Paris.
talier, chef du service de radiologie B, CHU de Strasbourg,
Nouvel Hôpital Civil ; Université de Strasbourg. Nicolas Vinurel, chef de clinique assistant service d’ima-
gerie thoracique et vasculaire, Hôpital Louis Pradel, Bron ;
Christian Sainte-Rose, professeur des universités-­praticien Université Claude Bernard Lyon l.
hospitalier, ancien chef du service de neurochirurgie,
Hôpital Necker-Enfants Malades, AP-HP ; Université Paris Manuel Vitellius, assistant spécialiste, service d'imagerie
Descartes, Paris. médicale, CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil.

Vania Tacher, maître de conférences des universités-­ Pierre Wagner, médecin spécialiste de CLCC, chef du ser-
praticien hospitalier, service d'imagerie médicale, CHU vice de radiologie, Centre Paul Strauss, Strasbourg.
Henri Mondor, AP-HP ; Université Paris-Est Créteil, Créteil.
Marc Weinraub, ORL libéral, Bondy.
Philippe Thomas, praticien hospitalier, service de neurora-
diologie, CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil. Marc Williams, praticien hospitalier, service d'imagerie,
Fondation opthalmologique Rothschild, Paris.
Mélissa Tir, praticien hospitalier, service de neurologie,
CHU d'Amiens. Nathalie Zee, chef de clinique assistant, service de radiolo-
gie B, Hôpital Cochin, AP-HP ; Université Paris Descartes
Christophe Tournigand, professeur des universités-­ Sorbonne Paris Centre, Paris.
praticien hospitalier, chef du service d'oncologie médicale,
CHU Henri Mondor, AP-HP ; Université Paris-Est Créteil, Benhalima Zegai, praticien hospitalier, service d'imagerie
Faculté de médecine, Créteil. médicale, CHU Henri Mondor, AP-HP, Créteil.

Guillaume Tréhan, radiologue, service de radiologie, Pierre Zerbib, manipulateur en électroradiologie, service
Clinique générale, Annecy. d'imagerie médicale, CHU Henri Mondor AP-HP, Créteil.

Bertrand Vacherot, radiologue, service de radiologie, Marc Zins, praticien hospitalier, chef du service d'imagerie
Clinique générale, Annecy. médicale, Fondation Hôpital Saint-Joseph, Paris.
Préface

Je suis très honoré de préfacer cet ouvrage magnifique dirigé et au service de tous les patients. Le lecteur trouve dans
par les Professeurs Alain Rahmouni et Alain Luciani. Ce ce traité, richement illustré, l'ensemble des connaissances
travail est le fruit d'une longue expérience clinique et uni- dont il a besoin au quotidien pour améliorer sa pratique.
versitaire et souligne s'il en était besoin l'importance de la Différentes spécialités sont abordées ce qui rend l'ouvrage
pédagogie dans le champ des hospitalo-universitaires et la très complet. C'est aussi une réflexion sur l'importance des
fierté d'une faculté et de son doyen de voir une « école » de plateaux techniques de haute technicité pour que l'innova-
spécialité reconnue sur le plan national et international. La tion profite à tous.
première IRM capable d'explorer un autre organe que le Au-delà du traité, qui doit rappeler notre rôle essen-
cerveau a été mise en place à l'hôpital universitaire Henri tiel dans la formation initiale et continue, tout au long de
Mondor en 1988. Cette ancienneté rend compte d'une la vie, je voudrais saluer le travail de l'équipe dirigée par
expertise majeure nationale et internationale dans l'utilisa- Alain Rahmouni. Il est important pour un doyen d'assister
tion de l'IRM et dans son développement pour explorer le à la construction d'une grande équipe à la fois hospitalière
corps entier tout particulièrement dans ses applications aux et universitaire, attractive pour les plus jeunes mais aussi
hémopathies et à l'hépatologie carcinologique. C'est aussi pour l'écosystème économique, tournée vers la formation
un objet de recherche par la mise au point indispensable de et la recherche d'excellence. Cette équipe en expansion
nouvelles séquences de type diffusion en corps entier (foie, est une vraie pépinière de formation et de recrutement
muscle, cœur). de praticiens de talent. Je le remercie ainsi que son équipe
Le DU « IRM en pratique clinique » a débuté en 1996 à la pour son dynamisme et son exigence professionnelle non
faculté Paris-Est-Créteil. Celui-ci forme 40 à 50 radiologues négociable.
par an, tant hospitaliers que libéraux, et bientôt aura à son Professeur Jean-Luc Dubois-Randé
actif 1000 praticiens formés depuis sa création. En pratique Professeur des universités-praticien hospitalier
clinique signifie « bien comprendre les aspects techniques Service de cardiologie
pour adapter les séquences radiologiques au patient, à sa CHU Henri Mondor
pathologie et exploiter au mieux les possibilités offertes par Doyen de la Faculté de médecine de Créteil
l'IRM ». Une radiologie personnalisée de haute technicité Université Paris-Est Créteil

IX
Préface

L'IRM, dont les premières images spectaculaires ont à peine à un enseignement théorique et pratique au quotidien car
plus de trente ans, a très vite occupé, encore plus que toute nourris par leur expérience du DU d'IRM en pratique cli-
autre modalité d'imagerie en coupe, une place diagnostique nique qu'ils ont mis en place sur Paris et conduit avec suc-
de choix incontournable dans de nombreuses pathologies cès depuis 22 ans sous la houlette d'Alain Rahmouni. Ils se
jusqu'alors inaccessibles. Les radiologues et imageurs de sont également entourés de nombreux experts bien recon-
ma génération ont été les acteurs mais aussi les spectateurs nus dans leur domaine. Il faut ainsi saluer le travail colossal
émerveillés des contributions spectaculaires incessantes de réalisé dans cet ouvrage permettant la parution d'un manuel
l'IRM. Au-delà de l'anatomie d'emblée en coupes multipla- d'exploration IRM complet novateur, et souhaité dans le
naire - et par opposition au scanner- l'IRM a permis l'accès paysage des livres francophones.
à la caractérisation tissulaire, puis à l'imagerie fonctionnelle Cet ouvrage, dont les qualités didactiques sont indé-
à part entière. L'IRM a ainsi ouvert la voie à une exploration niables, s'adresse à la fois aux radiologues en formation, mais
passionnante du corps humain bien au-delà de ses premiers aussi à ceux qui veulent compléter ou vérifier leurs connais-
domaines de prédilection, le système nerveux central et l'os- sances. Il faut lui souhaiter le succès qu'il mérite et, qu'in
téo-articulaire. Il en va ainsi entre autres de l'IRM cardiaque, fine, il trouve sa place auprès des consoles d'IRM comme
qui m'a fait basculer vers l'imagerie médicale, dont nous d'autres ouvrages plus théoriques qu'il complète bien.
avons été parmi les promoteurs et défenseurs à Strasbourg Si vous faites partis des lecteurs qui lisent les préfaces
dès 1986 avec mon ami Philippe Germain et dont les retom- après avoir abordé un ouvrage vous avez déjà dû beau-
bées pratiques qui se sont imposées tardivement sont main- coup apprendre et parfaire vos connaissances. Dans le cas
tenant là aussi incontournables. contraire, je vous en souhaite une bonne et passionnante
Aucun ouvrage, même de cas cliniques pratiques, ne peut lecture.
prétendre remplacer l'apprentissage par compagnonnage au Bruno Kastler
quotidien. Cependant, cet ouvrage d'IRM « corps entier » Licencié en physique, CES de radiologie et cardiologie
sans prétendre être exhaustif dans chaque domaine, est clai- Professeur de radiologie, université Paris-Descartes
rement rédigé dans un esprit d'approche pratique. Il a été Médecin des hôpitaux, radiologie adulte,
piloté par des enseignants experts chevronnés et rompus hôpital Necker et HEGP

X
Abréviations

5-FU 5-fluorouracile CFL condyle fémoral latéral


AASLD American Association for the Study of Liver CFM condyle fémoral médial
Diseases CHC carcinome hépatocellulaire
ABER abduction rotation externe CIA communication interatriale
ACE antigène carcino-embryonnaire CIV communication interventriculaire
ACR American College of Radiology CMD cardiomyopathie dilatée
ADC apparent diffusion coefficient (coefficient CMH cardiomyopathie hypertrophique
apparent de diffusion) CP-IRM cholangiographie par IRM
ADEM acute disseminated encephalomyelitis (encé- CPK créatine phosphokinase
phalomyélite aiguë disséminée) CPRE cholangiopancréatographie rétrograde
AFU Association française d'urologie endoscopique
AHA American Heart Association CRM circumferential resection margin (marge de
AIT accident ischémique transitoire résection circonférentielle)
ALPSA anterior labroligamentous periostal sleeve CRP C reactive protein (protéine C réactive)
avulsion CSI chemical shift imaging
AML angiomyolipome CSP cholangite sclérosante primitive
AMM autorisation de mise sur le marché CTT cardiomyopathie de Takotsubo
AMS atrophie multisystématisée DAS débit d'absorption spécifique
APS aponévrose plantaire superficielle DAVD dysplasie arythmogène du ventricule droit
APSO atrésie pulmonaire à septum ouvert DCL démence à corps de Lewy
ARM angiographie par résonance magnétique DFT démence frontotemporale
ASAS Assessment of Spondylarthritis International DHEA déhydroépiandrostérone
Society DIR double inversion récupération
ASL arterial spin labeling DISI dorsal intercalated segment instability
ATP adénosine triphosphate DIV disque intervertébral
ATRT atypical teratoid/rhabdoid tumor (tumeur DNET dysembryoplastic neuroepithelial tumor
tératoïde rhabdoïde atypique)
DP densité protonique
AV auriculoventriculaire
DTDVG diamètre télédiastolique ventriculaire gauche
AVC accident vasculaire cérébral
DWI diffusion-weighted imaging (imagerie de
AVD anomalie veineuse de développement diffusion)
BAV bloc auriculoventriculaire EASL European Association for the Study of the
BHE barrière hémato-encéphalique Liver
BI-RADS Breast Imaging Reporting And Data System ECG électrocardiogramme
BPCO bronchopneumopathie chronique obstructive EEG électro-encéphalogramme
BPE breast parenchyma enhancement EG écho de gradient
BSAD bourse sous-acromiale deltoïdienne EGFR epidermal growth factor
bSSFP balanced steady-state free precession EMG électromyogramme
BSU bandelette sous-urétrale EMVI extramural vascular invasion (invasion vascu-
CAN convertisseur analogique numérique laire extramurale)
CAVD cardiomyopathie arythmogène du ventricule EPI echo planar imaging
droit ES écho de spin
CCC carcinome à cellules claires ESGAR European Society for Gastrointestinal and
CDEIS Crohn's Disease Endoscopic Index of Severity Abdominal Radiology (Société européenne
CDMI Crohn's disease MRI Index de radiologie abdominale et digestive)
CDR coxarthrose destructrice rapide ETM exérèse totale du mésorectum

XV
XVI Abréviations

ETO échographie transœsophagienne LFH long fléchisseur de l'hallux


ETT échographie transthoracique LI-RADS Liver Imaging Reporting and Data System
FAV fistule artérioveineuse LOC lésion ostéochondrale
FE fraction d'éjection LODA lésion ostéochondrale du dôme de l'astragale
FEVD fraction d'éjection ventriculaire droite LPAC low phospholipid associated cholelithiasis
FEVG fraction d'éjection ventriculaire gauche LPC ligne pubococcygienne
18
F-FCH 18
F-fluorocholine LTFA ligament talofibulaire antérieur
18
F-FDG 18-fluoro-2-désoxyglucose LTFAI ligament tibiofibulaire antéro-inférieur
FFT fast Fourier transform LTFP ligament talofibulaire postérieur
FLAIR fluid-attenuated inversion recovery LVOT left ventricular outflow tract
FO fond d'œil MAI méat acoustique interne
FOV field of view MAPCA major aortopulmonary collateral arteries
FS fat saturation (artères collatérales aortopulmonaires
FSE fast spin echo majeures)
GIST gastrointestinal stromal tumors (tumeurs stro- MaRIA Magnetic Resonance Index of Activity
males gastro-intestinales) MAVC malformations artérioveineuses cérébrales
GLAD glenoid labral articular defect MAVRIC multi-acquisition variable-resonance image
GRE gradient recalled echo combination
HAGL humeral avulsion of the glenohumeral ligament MCI mild cognitive impairment (déclin cognitif
HAS Haute autorité de santé léger)
HASTE half-Fourier acquired single shot turbo spin MCP articulation métacarpophalangienne
echo MIBG méta-iodobenzylguanidine
HIFU high intensity focused ultrasound MICI maladie inflammatoire chronique de l'intestin
HLA horizontal long axe MIP maximum intensity projection
HNF hyperplasie nodulaire focale MPR multi-planar resolution
HNR hyperplasie nodulaire régénérative MRP2 multiple resistance-associated protein 2
HPV human papillomavirus (papillomavirus MTT mean transit time (temps de transit moyen)
humain) MVO microvascular obstruction
HSV1 virus herpès simplex 1 NAA N-acétyl aspartate
HTA hypertension artérielle NASH non alcoholic steatohepatitis (stéatose hépa-
HTAP hypertension artérielle pulmonaire tique non alcoolique)
HTIC hypertension intracrânienne NCVG cardiomyopathie de non-compaction du ven-
HVG hypertrophie ventriculaire gauche tricule gauche
IA insuffisance aortique ND nodule dysplasique
IDEAL Iterative Decomposition of water and fat with NF1 neurofibromatose de type 1
Echo Asymmetry and Least-squares estimation NMO neuromyélite optique de Devic
IDG index de dégénérescence graisseuse globale NOIA neuropathie optique ischémique antérieure
IgG immunoglobuline G NOIP neuropathie optique ischémique postérieure
IM insuffisance mitrale NT-proBNP N-terminal pro-brain natriuretic peptide
IP in phase NYHA New York Heart Association
IPP articulation interphalangienne proximale OA oligodendrogliome anaplasique
IR inversion récupération OATP organic anion-transporting polypeptide
IRIS immune reconstitution inf lammator y OBNI objets brillants non identifiés
syndrome OCD ostéochondrite disséquante
IRM imagerie par résonance magnétique OCT optical coherence tomography
IVIM intravoxel incoherent motion OD oreillette droite
LAVA liver acquisition with volumed acceleration OEP ostéo-enthésopathie pubienne
LCA ligament croisé antérieur OFSEP Observatoire français de la sclérose en plaques
LCL ligament collatéral latéral OG oreillette gauche
LCM ligament collatéral médial OIN ophtalmoplégie internucléaire
LCP ligament croisé postérieur OMS Organisation mondiale de la santé
LCR liquide céphalorachidien ON ostéonécrose
LCS liquide cérébrospinal ONA ostéonécrose aseptique
LEMP leuco-encéphalite multifocale progressive OP out phase
Abréviations   XVII

OTH ostéoporose transitoire de la hanche SPA spondylarthrite ankylosante


PA petit axe SpA spondylarthropathie
PADUA Preoperative Aspects and Dimensions Used SRG saccoradiculographie
for an Anatomical Classification of Renal SRM spectroscopie par résonance magnétique
Tumours SSFP steady-state free precession
PAPL point d'angle postérolatéral STIR short tau inversion recovery
PAPM point d'angle postéromédial STT articulation scapho-trapézo-trapézoïdienne
PCC péricardite chronique constrictive SVN synovite villonodulaire
PCR polymerase chain reaction SWI susceptibility-weighted imaging
PDFF proton density fat fraction (fraction graisseuse T Tesla
de densité protonique) TA tendon tibial antérieur
PGE prostaglandine TAC tronc artériel commun
PL ponction lombaire TCF tendon court fibulaire
PNET primitive neuroectodermal tumor (tumeur TCGGT Tumeur à cellules géantes des gaines
neuroépithéliale primitive) tendineuses
PR polyarthrite rhumatoïde TDM tomodensitométrie
PSA prostate-specific antigen (antigène prostatique TE temps d'écho
spécifique)
TEMP tomographie à émission monophotonique
PSIR phase sensitive inversion recuperation
TEP tomographie par émission de positrons
PSP paralysie supranucléaire progressive
TFC fibrocartilage triangulaire
PTH prothèse totale de hanche
TFCC triangular fibrocartilage complex (complexe
PTL plateau tibial latéral fibrocartilagineux triangulaire du carpe)
PTM plateau tibial médial TGNM tumeur glioneuronale maligne
RA rétrécissement aortique TGV transposition des gros vaisseaux
RAC rétrécissement aortique calcifié THRIVE T1 high resolution isotropic volume excitation
RARE rapid acquisition with relaxation enhancement TI temps d'inversion
rCBF relative cerebral blood flow (débit sanguin TIPMP tumeur intracanalaire papillaire et mucineuse
cérébral relatif) du pancréas
rCBV relative cerebral blood volume (volume san- TLB tendon du long biceps
guin cérébral relatif)
TLF tendon long fibulaire
RCH rectocolite hémorragique
TNM tumor, node, metastasis
RCP réunion de concertation pluridisciplinaire
TOF time of flight (temps de vol)
RCT radio-chimiothérapie
TP tendon tibial postérieur
RECIST Response evaluation criteria in solid tumors
TR temps de répétition
RF radiofréquence
TSA troncs supra-aortiques
RM rétrécissement mitral
TSE turbo spin écho
RMN résonance magnétique nucléaire
TTP time to peak (temps du pic)
ROI region of interest (région d'intérêt)
TVC thrombose veineuse cérébrale
RSB rapport signal sur bruit
TVIM tumeur de vessie infiltrant le muscle vésical
RVFAC right ventricular fractional area change
TVNIM tumeur de vessie n'infiltrant pas le muscle
RVPA retour veineux pulmonaire anormal vésical
SAM systolic anterior motion (mouvement systo- UH unités de Hounsfield
lique antérieur)
UICC International Union Against Cancer
SAR Society of Abdominal Radiology/specific
VAT view angle tilting
absorption rate
VD ventricule droit
SCA syndrome coronaire aigu
VEC volume extracellulaire
SE spin echo (écho de spin)
VEGF vascular endothelial growth factor
SEMAC slice encoding for metal artifact correction
VES volume d'éjection systolique
SEP sclérose en plaques
VG ventricule gauche
SI articulation sacro-iliaque
VIBE volumetr ic inter polated breath hold
SIV septum interventriculaire
examination
SLAP superior labrum anterior and posterior lesion
VIH virus de l'immunodéficience humaine
SNP stimulations nerveuses périphériques
VISI ventral intercalated segment instability
SOS sinusoidal obstructive syndrom (syndrome
VLA vertical long axe (coupe verticale long axe)
d'obstruction sinusoïdale)
XVIII Abréviations

VOI volume of interest (volume d'intérêt) VSR volume sanguin relatif


VOP virtual observation points VTDVD volume télédiastolique ventriculaire droit
VPB vertige paroxystique bénin VTDVG volume télédiastolique ventriculaire gauche
VPN valeur prédictive négative WE water-excitation
VPP valeur prédictive positive
Chapitre
1
Technologies
d'instrumentations transversales
A. Vignaud

PLAN DU CHAPITRE
Principes fondamentaux de l'imagerie Description de l'appareillage . . . . . . . . . . . . . . 8
par résonance magnétique (IRM). . . . . . . . . . . 1 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

Principes fondamentaux tique à une fréquence judicieuse sur un échantillon aqueux


plongé dans un champ magnétique statique B0 produit un
de l'imagerie par résonance courant détectable dans une bobine placée tout près. Que
magnétique (IRM) s'est-il passé sur la paillasse de ces chercheurs et en quoi
Il ne s'agit pas ici de refaire toute la théorie de la résonance cela constitue-t-il une avancée majeure dans l'histoire de la
magnétique nucléaire (RMN) et de l'imagerie par réso- science et par extension de la médecine ensuite ?
nance magnétique (IRM) que les radiologues lecteurs de cet L'eau est une molécule comportant un atome d'oxygène
ouvrage ont tous étudiée. De grands auteurs s'en sont char- et deux atomes d'hydrogène. Ces derniers, tout comme l'en-
gés de manière brillante par le passé. Des experts français en semble des atomes, dont le nombre de nucléons, c'est-à-dire
RMN tels qu'Abragam [1] et à l'international comme Ernst la somme des protons et des neutrons du noyau, est impair,
[2], pour ne citer qu'eux, ont largement contribué à synthé- ont un spin non nul. Le noyau se comporte alors comme
tiser les connaissances sur le domaine. En IRM, en français, des aimants microscopiques en lui conférant un moment
on trouve le remarquable ouvrage de Descorps [3], ou celui magnétique. Ainsi plongés dans un champ magnétique B0,
de Kastler [4]. À l'international, Bernstein [5] et Haacke [6] ils s'orientent le long de celui-ci, et précessent à une pulsa-
ont proposé les ouvrages les plus complets sur cette thé- tion caractéristique ω0 dite fréquence angulaire de Larmor
matique. McRobbie [7] a, quant à lui, proposé un livre de autour de l'axe de B0 (fig. 1.1).
vulgarisation à recommander. Il s'agit plus ici de rappeler,
simplement, les grands principes essentiels à la compréhen-
sion des mécanismes sur lesquels se fondent les questions
discutées dans la suite de cet ouvrage. Pour ce faire, nous
nous intéresserons d'abord à l'aimantation, véritable réser-
voir de signal pour l'IRM. Nous regarderons ensuite les
mécanismes de relaxation à partir du moment où, après
l'excitation, l'aimantation est utilisable pour produire une
image. Nous nous intéresserons enfin à la méthode d'enco-
dage du signal. Nous essayerons de comprendre en particu-
lier pourquoi il est nécessaire d'adopter une approche aussi
complexe et peu intuitive pour reconstituer une image avec
un signal RMN.

Aimantation
La résonance magnétique nucléaire (RMN) est un phéno-
mène mis au jour en 1945 indépendamment par Felix Bloch
[8] d'un côté et Edward Purcell [9] de l'autre. Ils reçurent Fig. 1.1 Représentation d'un proton, inspirée par Tofts [10], qui
conjointement le prix Nobel 1952 pour cette découverte. Ils outre tourné sur lui-même, précesse autour de l'axe du champ B0
découvrirent que l'application d'un champ électromagné- à la fréquence angulaire de Larmor ω0 dans lequel il est plongé.
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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2   IRM en pratique clinique

w0 = gB0 (1.1)
Où γ est le rapport gyromagnétique du noyau considéré
en rad.s–1.T–1 et B0 l'intensité du champ magnétique en Tesla.
Pour l'hydrogène, γ1H = 267,5 × 106 rad.s–1.T–1. L'équation
(1.1) peut aussi être présentée sous la forme suivante :

f 0 = g B0 (1.2)

g 1H
Avec g 1
H = = 42, 58  106 Hz/T.
2p

La mécanique quantique montre que, dans ces conditions,


les protons précessent soit parallèlement au champ B0, soit
antiparallèlement selon deux états d'énergie correspondant
aux deux états du spin du proton. À l'état macroscopique, l'ai-
mantation M0 résultante utilisable en RMN correspond à la
somme des moments magnétiques des protons dans les deux
états. L'état d'énergie parallèle est légèrement plus bas. Il y a
donc une infime prévalence de cet état (quelques atomes par
millions environ à 1,5 T) à la température ambiante. Ce désé-
quilibre est modélisé par la loi de distribution de Boltzmann Fig.  1.2 Représentation schématique de l'aimantation macro­
qui permet de remonter très simplement à une expression de scopique M0 résultante (vecteur bleu épais) engendrée par la
l'aimantation comme suit [10] : légère surabondance de moments magnétiques (vecteurs bleus)
dans l'état parallèle par rapport à celui antiparallèle, lorsque les
Ng 2 h 2B0
M0 = atomes sont plongés dans un champ magnétique statique B0
4kT (1.3) (vecteur rouge).

Avec N le nombre de protons considérés au total, la Au moment où ces lignes sont écrites, la majorité des
constante de Planck h = 2p h
= 1,055  10−34 W.s2, la constante IRM fonctionnent avec un aimant dont le B0 = 1,5 T. Une
de Boltzmann k = 1,38 × 10–23 W.s.K–1, T la température [K]. part croissante du marché est aussi occupée par les IRM 3 T.
À l'état d'équilibre, il y a donc une infime aimantation Malgré le large bénéfice attendu par l'élévation de B0, nous
résultante par unité de volume, tournant sur elle-même à verrons plus loin que cette évolution est entravée non seu-
ω0, susceptible de participer à la création d'un signal RMN lement par des difficultés techniques liées à la production
(fig. 1.2). de tels aimants, mais aussi par des phénomènes électroma-
À la lecture de l'équation (1.3), on remarque immédiate- gnétiques dont la portée est négligeable à bas champ, mais
ment qu'en IRM, in vivo, pour une technologie, un tissu de deviennent handicapante à très ultra-hauts champs magné-
densité protonique et de température donnés, l'aimantation tiques (B0 ≥ 7 T), si rien n'est fait.
disponible pour produire une image par unité de volume
dépendra uniquement de l'intensité du champ statique.
L'amélioration de la qualité image et/ou de la durée néces- Relaxation
saire pour acquérir une image est donc très fortement liée Ainsi, un volume de solution aqueuse immergé dans un
à la mise à disposition d'appareils ayant un champ magné- champ magnétique statique intense et homogène produit
tique statique toujours plus haut. une aimantation à l'état d'équilibre qui est proportionnelle
Il faut ajouter que le réservoir d'aimantation n'est pas à B0 (équation 1.3). Pour l'expérimentateur, il n'y a encore
l'unique cause d'amélioration ou de détérioration de la qua- rien de perceptible à ce moment-là. Pour obtenir un signal
lité image. La technologie a aussi un rôle important à jouer. mesurable, le système doit basculer dans un état excité. Pour
Ainsi, le rapport signal sur bruit (RSB) est une grandeur fournir l'énergie permettant de bouleverser l'équilibre entre
bien plus pertinente à cet égard puisqu'elle tient compte à la les deux états des spins, il faut utiliser une onde électroma-
fois de la physique de la RMN, et donc de M0, et des spéci- gnétique portant l'énergie capable de provoquer la transition
fications de l'instrumentation utilisée pour capturer l'infor- entre les deux états. Or, l'énergie d'une onde électromagné-
mation. Ainsi, si l'aimantation disponible suit une évolution tique étant directement propositionnelle à sa fréquence, les
linéaire à l'intensité de B0, la théorie [11] indique que le RSB photons doivent avoir une pulsation ω0 identique à celle de
évolue, lui, en B0 dans une gamme de champ intermédiaire, la précession du proton à l'intensité de B0 dans lequel il se
typiquement autour de 1,5 T, mais semble s'écarter sensible- trouve.
ment de cette règle à très haut champ magnétique, évoluant De 1,5 T à 12 T, la fréquence de Larmor va donc aller
alors plutôt supralinéairement comme prédit par Ocali [12] de 63 à 500 MHz (× 106 Hz) et correspond à un domaine
et confirmé expérimentalement par Pohmann et al. [13] d'ondes électromagnétiques radiofréquence (RF) (fig. 1.4).
dans des travaux récents (fig. 1.3).
Chapitre 1. Technologies d'instrumentations transversales    3

Fig. 1.3 Estimation expérimentale du rapport signal sur bruit (RSB) en fonction de l'intensité de B0. Les auteurs ont modélisé une évo-
lution en RSB = B01,65 [12] largement supralinéaire lorsqu'on s'éloigne de 1,5 T. Selon la dénomination des auteurs, dans la légende, « cerveau »
représente l'association de la moyenne du « cortex » avec le « cerveau interne », ce dernier comprenant la plus grande partie de la matière blanche
comme mise en évidence sur la présentation schématique de droite.

Fig. 1.4 Spectre de longueurs d'ondes (λ = c/ν dans le vide (c variant notablement dans les tissus biologiques) et de fréquences pour
les ondes électromagnétiques. En bleu est représenté le domaine des ondes électromagnétiques utilisées en IRM, consigné dans les radiofré-
quences, pour une gamme de champ magnétique allant de 1,5 à 12 T.

Ainsi, les protons plongés dans B0, sous l'influence d'un tions dans un repère tournant à ω0 par F. Bloch [8]. Elle peut
champ RF, noté B1+, vont être excités. Au niveau macros- s'écrire sous une forme compacte :
copique, l'excitation RF va produire un basculement de
l'aimantation M0 engendrée par B0 (fig.  1.5a). Dès lors,
l'aimantation va commencer à relaxer vers l'état d'équilibre
dépendamment des propriétés du milieu dans lequel se
trouvent les spins (fig. 1.5b). æ Mx ö
ç ÷
Ce retour va être observable par l'expérimentateur grâce à ç T2 ÷
l'antenne ayant servi à l'excitation. La composante transver- 
dM   ç M ÷
sale de l'aimantation peut être assimilée en première approxi-
dt
(
= g M´B -ç
ç
) T2
y
÷
÷
mation à un aimant en rotation sur lui-même dont l'intensité
diminuerait au cours du temps. La rotation de l'aimant va ç (M - M ) ÷
induire dans le circuit de l'antenne un petit courant oscillant ç z 0 ÷
ç T ÷
mesurable. On parlera de « fid » (pour free induction decay). è 1 ø (1.4)

Le comportement de l'aimantation manipulée à l'aide de
champs magnétiques oscillants ou non a été mis en équa-
4   IRM en pratique clinique

Fig. 1.5 (a) À l'aide de l'antenne, un champ RF B1+ provoque le basculement de l'aimantation M0 initialement positionné le long de
B0. (b) L'aimantation M0 va précesser à ω0, regagnant progressivement l'équilibre en relaxant. Durant ce phénomène, la composante
transversale (dans le plan xy) va induire dans l'antenne un courant mesurable par l'expérimentateur.

Mx Mz
Avec M = My
Mz le vecteur d'aimantation à un ins- M0
tant  t, B le vecteur décrivant toutes les contributions du
champ magnétique, qu'il soit oscillant avec B1+ (t) ou pulse RF, T1
et/ou statique, en particulier lorsque des gradients de champ
magnétique sont appliqués G (t) [14]. On notera d'ailleurs temps
que les pionniers de la RMN maintenaient un champ RF
constant et modifiant le champ B0. Il a fallu attendre Hahn
pour introduire la RMN sous la forme qu'on lui connaît Mx, y
aujourd'hui, avec B0 statique associé à des séquences d'im-
pulsions RF [15]. M0
Après la simple application d'un pulse RF menant à une T2
bascule de 90°, sans autre manipulation de l'aimantation, il
est aisé de résoudre l'équation (1.4) et de montrer que :
temps
æ -
t
ö
M ( z ) ( t ) = M 0 ç 1 + e T1 ÷ Fig. 1.6 Représentation de l'évolution de l'aimantation M après
ç ÷ une excitation RF de 90° dans le repère tournant ω0 selon Mz et
è ø (1.5)
Mx,y suivant les équations (1.5) et (1.6) respectivement corres-

t
- pondant à un retour à l'équilibre M0. Deux constantes de temps
M x , y (t ) = M0e T2
sont associées à ce retour, T1, le temps de relaxation longitudinale, et
(1.6)
T2, le temps de relaxation transversale.

L'évolution de Mz et Mx,y après une telle excitation est moments magnétiques entre les spins à l'intérieur du
proposée dans la figure 1.6. système, qui fait perdre progressivement de la cohérence.
On appréhende immédiatement en lisant les équations Nous parlerons plus tard de déphasage. En RMN, T2 est
(1.4), (1.5) et (1.6) que deux grandeurs vont dicter la façon appelé temps de relaxation « spin-spin » puisque cette
dont le retour à l'équilibre va s'opérer : fois-ci l'énergie reste majoritairement dans le système.
■ T1, le temps de relaxation longitudinale qui rend compte T1 est toujours supérieur à T2 dans un liquide et même
macroscopiquement de la perte de moment magnétique fortement supérieur au T2 dans un tissu biologique. Les
des spins dans des collisions avec des atomes par mou- temps de relaxation T1 et T2 étant intimement liés à la dif-
vements browniens. En RMN, T1 est aussi appelé temps fusion brownienne des molécules portant les spins, ils
de relaxation « spin-réseau », car cette énergie est défini- dépendent donc du temps de corrélation τc entre deux col-
tivement perdue pour le système de spins participant au lisions, donc de la température et du type de milieu [10].
signal RMN ; Pour les tissus biologiques, T1 dépend aussi de l'intensité de
■ T2, le temps de relaxation transversale qui rend compte B0 [13], ce qui n'est pas le cas des liquides [16]. Tout cela est
macroscopiquement principalement de perte de résumé dans la figure 1.7.
Chapitre 1. Technologies d'instrumentations transversales    5

Tissus gueur d'onde du type de photon étudié. Comme cela peut


biologiques être identifié sur la figure 1.4, en IRM, la longueur d'onde
est de l'ordre de grandeur du mètre, rendant par conséquent
T2 T1 impossible par principe l'imagerie du corps humain. Le prix
T1 ∝ w 00.3 Nobel décerné en 2000 à Mansfield [21] et Lauterbur [22]
rend hommage aux solutions proposées pour rendre pos-
sible l'IRM in vivo à une échelle submillimétrique. Nous
allons tenter dans la suite de cette section d'introduire ces
solutions progressivement.
Cependant, pour bien comprendre les tenants et les
aboutissants, il est nécessaire au préalable d'introduire une
notion essentielle dans ce contexte : tout signal s(t) continu,
périodique peut être décomposé en une série de Fourier,
c'est-à-dire sous la forme d'une somme de sinus et de cosi-
nus (fig. 1.8). L'expression pour un signal réel s'écrit ainsi :
¥
æ æ 2pnt ö æ 2pnt ö ö
s (t ) = å ç an cos ç ÷ + bn sin ç T ÷ ÷
h è T ø è ø ø (1.7)
τcα T n =0 è


Liquides non Liquides
Avec an les coefficients de la série de Fourier respectivement
visqueux visqueux n 2nπ
aux fréquences fn = [Hz] ou aux pulsations wn = .
Fig. 1.7 Dépendance de T1 et T2 au temps de corrélation τc, c'est- T T
à-dire au temps séparant deux collisions, lui-même inversement Lorsqu'on a affaire à un signal complexe au sens mathé-
proportionnel à la température T. On remarque sur ce diagramme matique du terme, comportant une partie réelle et une
deux régimes, l'un pour les liquides non visqueux ou le T1~ T2, l'autre partie imaginaire, comme en IRM, une solution de décom-
visqueux auquel peuvent s'apparenter sous certains aspects les tissus position en série de Fourier reste possible et peut alors être
biologiques et pour lequel T1 >>  T2. La courbe en pointillés montre écrite sous la forme suivante :
l'évolution du T1 en fonction de B0. On voit que la modification affecte
principalement T1 des tissus biologiques pendant qu'il n'affecte pas æ 2pnt ö

s ( t ) = å = - ¥ cn e è
+¥ ÷
celui des liquides tels que l'eau, le liquide céphalorachidien (LCR) et le T ø
sang. (D'après Oppelt [16].) (1.8)

Où cn sont les coefficients de la série de Fourier com-
Ainsi, ces deux grandeurs vont avant tout régir la manière plexes à ωn.
dont le signal va disparaître. Plus T1 et T2 sont longs, plus le Ainsi, il devient possible de décrire tout signal avec une
signal est observable longtemps. En revanche, cela signifie série de coefficients caractéristiques de chaque fréquence
aussi que la repousse de l'aimantation M0, avant d'être de w
nouveau utilisable, va être longue. On comprend également f
n = 2πn étudiée. On parle alors de décomposition spec-
que si ces constantes dépendent de l'environnement, cela trale car elle nous informe sur l'importance relative de
peut devenir un atout considérable en termes de caractéri- chaque fréquence contenue dans un signal. Il est possible
sation, ce qu'avait parfaitement mis en évidence Damadian d'accéder à cette décomposition spectrale très simplement
dans son article de référence [17]. Le contraste des en utilisant un outil mathématique nommé transformée de
images en IRM est d'ailleurs principalement guidé par ces
Fourier ( ).
constantes qui vont rendre compte du type de milieu dans
lequel se trouvent les atomes excités. L'extraction spatiale
(s(t)) = 1 ∫ − ∞ s(t)eiwt dt
+∞
S(ω) =
quantitative de ces paramètres a longtemps été cantonnée 2p (1.9)
au laboratoire car extrêmement longue. Grâce à l'apparition
de nouvelles méthodes de mesures séparées ou simultanées En acoustique, par exemple, cette transformation permet
[18–20], ces informations sont dorénavant compatibles avec de mettre en évidence la présence de basses fréquences ou, à
les contraintes d'un examen clinique routinier et devraient l'inverse, de fréquences plus aiguës. Dans cet espace, il
dans les années à venir modifier profondément l'approche devient aisé de manipuler les différentes composantes de
diagnostique par IRM. signal pour modifier le rendu, par exemple en exagérant les
basses fréquences, c'est-à-dire en augmentant l'amplitude
Encodage spatial relative des coefficients de ces fréquences. Une fois les adap-
tations effectuées, la transformée de Fourier inverse peut
Séries et transformée de Fourier être appliquée de la même manière ( –1) pour retrouver le
L'IRM a la réputation d'utiliser, à l'inverse des autres modali- signal ainsi modifié dans l'espace initial. La transformée de
tés d'imagerie médicale, une stratégie d'encodage spatial peu Fourier est donc un outil essentiel du traitement du signal
intuitive, complexe et difficilement compréhensible. La rai- pour laquelle des solutions discrètes numériques très effi-
son en est relativement simple. En mesure directe, comme caces existent, aussi appelées FFT ou fast Fourier transform.
on le ferait en photographie, la résolution spatiale maximale En imagerie, quelle que soit sa provenance, il est possible
est régie par le critère de Rayleigh. Elle correspond à la lon- par une transformée de Fourier 2D d'obtenir de la même
6   IRM en pratique clinique

n=1 n=2 n=3 n=4


Fig. 1.8 Exemple de décomposition en série de Fourier d'un signal « porte », défini sur un intervalle fini, pour une série de coefficients
de Fourier variant de 1 à 4. Au fur et à mesure que des harmoniques sont ajoutées, le signal d'entrée est de mieux en mieux représenté. Ainsi,
quel que soit le signal, il devient possible de le décrire simplement par une série de coefficients, caractéristiques. Ces coefficients peuvent être
reconstitués grâce à l'utilisation de la transformée de Fourier.

Fig. 1.9 Sur la première ligne, on peut observer les parties réelles des plans de Fourier ou « k-spaces » des images d'IRM présentées
sur la seconde ligne. Le k-space encadré représente la partie réelle du signal acquis à l'issue d'une séquence d'IRM. Il comporte tous les coef-
ficients de Fourier permettant de reconstituer l'image originale. Au centre, les coefficients correspondant aux hautes fréquences, c'est-à-dire les
bords du k-space, ont été mis volontairement à zéro. L'image ainsi reconstituée comporte beaucoup moins de détails fins, elle semble plus floue.
À l'inverse, en retirant le centre du k-space, c'est-à-dire les basses fréquences de l'image, à droite, l'image résultante ne comporte plus que les
détails fins. (D'après McRobbie [7].)

manière la distribution spectrale des fréquences spatiales de tiale qu'on nomme plan de Fourier, espace réciproque ou
l'image ; c'est-à-dire la liste des coefficients cn pour chaque « k-space » en IRM. À l'inverse de l'acoustique, où le signal
ωn de la série de Fourier qui permettrait de reconstituer d'origine est temporel, ici le signal est d'origine spatiale.
l'image initiale avec une somme de sinus et de cosinus. Cela Tout cela occupe une place centrale en IRM puisque
prend la forme d'un espace de même taille que l'image ini- l'astuce utilisée pour outrepasser la limite du critère de
Chapitre 1. Technologies d'instrumentations transversales    7

Rayleigh a été d'encoder non pas l'image elle-même, mais


plutôt sa distribution spectrale fréquentielle, celle-là même
qui permet de faire les manipulations en fréquence que nous
avons décrites plus haut en acoustique. La figure 1.9 montre
l'aspect des données acquises en IRM (seulement la partie
réelle du signal est proposée). Elle présente les conséquences
de manipulations de l'information dans cet espace.
Le remplissage de cet espace réciproque se concrétise en
IRM par une succession d'impulsions RF et de gradients judi-
cieusement agencés aussi appelée séquence d'imagerie que
nous allons détailler dans ce qui suit. Pour ce faire, nous pren-
drons l'exemple de la séquence d'écho de gradient ou gradient
Fig.  1.11 Encodage d'une coupe effectuée par l'application
recalled echo (GRE) qui reste la plus simple à décrire et pour conjointe d'un gradient de champ Gz et d'une impulsion
laquelle on peut retrouver le chronogramme sur la figure 1.10. radiofréquence sélective Δω ne basculant que l'aimantation de
la coupe à imager. (D'après McRobbie [7].)
Encodage de coupe
Tout d'abord, pour encoder une coupe, comme on peut le saire d'appliquer une impulsion RF particulière en même
voir dans le premier segment de la figure 1.10, il est néces- temps qu'un gradient de champ magnétique. Ce dernier
permet de faire tourner les spins à différentes fréquences
le long de la direction d'encodage suivant l'équation (1.1).
Ny Sélectionner une coupe revient donc à ne basculer que l'ai-
Encodage
de coupe
Encodage
de phase
Encodage de
fréquence mantation des atomes précessant aux fréquences correspon-
dantes à la coupe d'intérêt comme montré sur la figure 1.11.
TE Pour basculer l'aimantation seulement d'une fenêtre fré-
α
quentielle bien précise, il est nécessaire d'utiliser une impul-
RF sion RF pour laquelle le spectre de fréquence visité est celui
qui nous intéresse. Une telle impulsion présente l'enveloppe
Gradient de coupe
d'un sinus cardinal (sinc). Une simulation fondée sur l'équa-
tion (1.4) confirme ce comportement, comme le montre la
figure 1.12. Cette simulation nous montre d'ailleurs qu'outre
l'application conjointe du gradient et de la radiofréquence
Gradient de phase nécessaire à la sélection de coupe, un gradient complémen-
taire (décrit sur la figure 1.10) est nécessaire pour compen-
ser le déphasage de l'aimantation durant l'excitation [5].
Gradient
fréquentiel
Encodage de fréquence
TR L'image d'une coupe en IRM, notée S(x,y), est la distribu-
tion d'aimantation pondérée par la relaxation à l'instant où
Fig.  1.10 Chronogramme d'une séquence d'IRM d'écho de gra- le signal est récupéré. Comme nous l'avons vu, le signal IRM
dient (GRE) permettant de visiter l'ensemble de l'espace de
doit donc définir l'espace réciproque de l'image cible. Ainsi,
Fourier réciproque et ainsi d'accéder à tous les coefficients de
la série de Fourier. L'image originale de matrice Nx ×  NY sera alors
si on suit l'équation (1.9), sous une forme discrète, le signal
reconstituée à partir de ces informations après une transformée de doit avoir la forme :
s ( t ) » ååS ( x , y ) e
i w ( x ,y ) t
Fourier inverse 2D. La séquence comporte trois parties encodant l'es- dxdy (1.10)
pace en trois dimensions : l'encodage de coupe sélectionne la tranche
d'intérêt, l'encodage de phase et de fréquence permettant de discrimi-
ner les informations dans le plan de l'image. Pour accéder à l'intégralité La transformée de Fourier inverse permettra ensuite à
de l'information, il est nécessaire de reproduire Ny fois le motif avec des partir de ce signal d'extraire S(x,y) correspondant à l'image
gradients de phase variable. Les Nx sont prélevés durant l'application du souhaitée. Pour atteindre l'objectif, il est donc nécessaire
second gradient d'encodage fréquentiel. Ainsi, l'acquisition durera Ny d'appliquer un ω (x, y) = γ (Gx(x).x + Gy(y).y) dépendant de
× TR avec TR le temps de répétition du motif. α est l'angle de bascule la position spatiale selon les deux axes du plan. Ce qui peut
qui est appliqué à l'aimantation ; TE, le temps d'écho, temps qui sépare encore s'écrire :
le centre de l'impulsion du moment où l'on passe au centre de l'espace i (k × x + ky × y )
de Fourier selon la direction correspondant au gradient fréquentiel. En ( )
s kx ,k y » ååS ( x , y ) e x dxdy
(1.11)
jouant judicieusement avec différentes combinaisons de α, TE et TR, il

est possible de pondérer l'image avec des contrastes variés, profitant
des constantes de relaxation différentes des espèces présentes dans
Avec k = γ G.t. De cette annotation découle la formula-
l'image faisant ainsi remonter des informations caractéristiques du tion d'espace k ou k-space en anglais.
milieu qui peuvent avoir une portée diagnostique importante. À noter Ainsi, une fois que l'aimantation d'une coupe est bascu-
que le diagramme présenté n'est valide que si TR est long devant T1 ; lée dans le plan transverse, si on applique un gradient dans
sinon il est nécessaire d'utiliser des méthodes de brouillage de l'aiman- une des orientations du plan de l'image durant l'acquisition
tation transversale résiduelle pour ne pas avoir d'artéfact sur les images. du signal, celui-ci sera encodé avec une fréquence relative
8   IRM en pratique clinique

My, Mx

B1(t )

t ∆w
Fig. 1.12 À gauche, est présenté le profil temporel B1(t) d'une impulsion radiofréquence sinus cardinal (sinc) à 5 lobes apodisée par
une fonction de Hamming pour éviter les ondulations dans le domaine fréquentiel. À droite, le profil fréquentiel de l'aimantation
transversale Mx,y(ω) obtenu à l'issue du motif complet de sélection de coupe incluant la RF et les gradients. Ce profil fréquentiel
est aussi le profil spatial d'excitation de l'aimantation le long de l'axe des gradients appliqués. En pointillé est également présentée la phase de
l'aimantation presque complètement constante dans l'épaisseur de la coupe. (D'après Bernstein [5].)

ky Encodage de phase
Le décalage dans le k-space dans la direction ky s'effectue
grâce à l'application d'un gradient préalable appliqué durant
une durée limitée décrit sur la figure 1.10 afin de provoquer
un Δky. On parle alors d'encodage de phase (fig. 1.14).
Pour remplir l'intégralité du k-space, il est donc nécessaire
de repasser sur le chronogramme présenté à la figure 1.10
autant de fois qu'il y a de lignes dans celui-ci afin de cou-
kx vrir l'espace entre ± ky max. Le temps d'acquisition total pour
obtenir l'image est donc TA = Ny × TR, ce qui peut selon les
paramètres choisis et le contraste souhaité être relativement
long. Comme nous le verrons plus loin, des solutions d'ac-
célération existent, en particulier en profitant d'un réseau
phasé d'antennes de réception.
Fig. 1.13 En reprenant la formulation proposée dans l'équation Il ne s'agit bien entendu pas de la seule manière de remplir
(1.11), il est possible de graduer l'espace de Fourier de l'image en le k-space. Des méthodes alternatives plus rapides existent, par
kx et ky, d'où son appellation de k-space (ici seule la partie réelle exemple utilisées en echo planar imaging (EPI), proposées ini-
du signal est présentée). L'application d'un simple gradient Gx selon tialement par Mansfield [21], ou spirale [23]. Dans ces deux
l'axe physique x durant l'acquisition du signal permet d'enregistrer une cas, elles peuvent être single-shot, c'est-à-dire qu'elles rem-
information s(kx,ky) remplissant la ligne centrale de cet espace (flèche
plissent le k-space après une seule impulsion RF. Ces méthodes
bleue). Une succession de combinaisons judicieuses de Gx et Gy selon la
stratégie d'acquisition retenue remplira le reste du k-space pour recons-
peuvent aussi être segmentées si nécessaire. Il est également
tituer après transformée de Fourier inverse ( − 1) l'image souhaitée. possible, comme l'avait suggéré Lauterbur, d'utiliser une cou-
verture radiale permettant une approche de reconstruction
ω(x) = γ Gx(x).x, dans le repère tournant ω0. On récupérera proche de celle utilisée en tomographie à rayon X [22, 24] et
donc bien un signal pour lequel l'aimantation sera encodée qui recèle des avantages indéniables pour l'imagerie à temps
en fréquence, le long de l'orientation choisie pour appli- d'écho ultra-court (UTE) [25]. Les trajectoires dans le k-space
quer le gradient. La transformée de Fourier inverse d'un tel de ces techniques sont présentées sur la figure 1.15. Dans tous
signal nous permettra bien par conséquent de remonter à les cas, il est assez aisément possible de déduire le chrono-
la projection de l'aimantation présente le long de cet axe. gramme de séquences associées en ajustant judicieusement
Si on reprend l'exemple de l'image d'IRM présentée sur la les gradients pour visiter le k-space comme souhaité. Même si
figure 1.9, cela correspond à remplir la ligne centrale du plan ces méthodes recèlent d'incontestables avantages, elles portent
de Fourier comme indiqué sur la figure 1.13. Sur le chrono- aussi leur lot de limitations qui font qu'en général elles restent,
gramme de la figure 1.10, la situation décrite correspond à jusqu'à présent, cantonnées à des applications bien spécifiques.
un gradient d'encodage de phase nul. On note aussi sur le
diagramme que l'encodage fréquentiel est produit à l'aide de
deux gradients, l'un de préparation et l'autre d'acquisition.
Description de l'appareillage
Le premier est nécessaire pour se positionner à –kx max avant L'IRM est composée de trois dispositifs produisant des
d'acquérir l'espace entre ±  kx max correspondant au FOV champs électromagnétiques de différents types partici-
(field of view) fixé au préalable par l'utilisateur. pant à la formation de l'image. Cette deuxième section est
Il reste maintenant à compléter les autres lignes et, pour consacrée à leur description. Nous nous intéresserons en
cela, il s'agit de savoir comment il est possible de se déplacer premier lieu à l'aimant qui produit le champ magnétique
le long de ky dans cet espace. statique, par là même, l'aimantation sur laquelle s'appuie
Chapitre 1. Technologies d'instrumentations transversales    9

la ­formation du signal en RMN. Nous décrirons ensuite Les aimants d'IRM actuels sont des électroaimants
comment l'insert de gradient participe au shimming actif du constitués d'une série de bobines ou solénoïdes. Puisqu'un
champ de vue et à l'encodage spatial de l'information. Enfin, aimant doit comporter une région extrêmement homogène,
nous étudierons le système de RF à l'émission, ainsi que le correspondant au champ de vue d'exploration aussi nommé
système de sécurité qui lui est associé. Nous nous attarderons FOV, afin de pouvoir produire des images de bonnes quali-
plus particulièrement sur l'introduction récente de système tés, l'architecture pourrait s'apparenter à celle d'un solénoïde
de transmission parallèle afin d'en comprendre les principes infini pour lequel le champ magnétique B est parfaitement
et le potentiel qu'il recèle pour l'avenir. Nous terminerons homogène à l'intérieur. Le champ magnétique à l'intérieur
avec l'instrumentation utilisée à la réception en insistant sur de la bobine d'un tel circuit s'écrit :
leur importance dans le cadre de l'imagerie rapide. m nI
B= 0
l (1.12)


Aimant Avec B, l'intensité du champ magnétique [T], μ0 =  4π ×
L'aimant est le composant principal d'une machine IRM. 10–7 [T⋅m/A], la perméabilité du vide, n le nombre de spires
Les lois physiques sur lesquelles repose l'IRM imposent des sur chacune des bobines, I [A] l'intensité du courant élec-
contraintes fortes sur l'intensité de son champ magnétique trique continu appliqué, et l [m] la longueur du solénoïde.
statique, ainsi que sur son homogénéité spatiale et tempo- Étant donné que cela est en pratique impossible à réali-
relle dans la région imagée. D'autres limitations logistiques ser, l'aimant d'un IRM, en général, sera produit grâce à la
liées à l'encombrement, au poids, au confort du patient, à mise en série de plusieurs bobines judicieusement agencées
la sécurité et au coût interviennent aussi dans le design de en fonction de leur dimension de leur nombre de spires à
celui-ci. l'image de bobines d'Helmholtz. Un exemple de design sim-
plifié est proposé à la figure 1.16. Avec un tel dispositif, un
champ homogène est produit dans un volume sphérique au
centre de l'aimant. Au moment de l'installation de l'appareil
ky et afin d'affiner son homogénéité, sont glissées, à l'intérieur
de l'ouverture, de petites plaques en acier judicieusement
disposées dans des glissières prévues à cet effet. On parle
alors de shim passif. L'homogénéité est donnée en partie par
million (ppm) suivant l'expression :
dB (T )
∆ky dB ( ppm ) = Df = ´ 106
B (T ) (1.13)
kx

Elle est typiquement de 1 à 3 ppm en moyenne sur le
volume et de 20 à 40 ppm pic localement sur une sphère de
50 cm de diamètre (DSV ou diameter of spherical volume),
volume typique correspondant au FOV maximal utilisé
Fig.  1.14 L'application d'un gradient de phase préalable à en IRM. Il est en plus important que la dérive temporelle
l'acquisition du signal durant le gradient de Gx permet de se moyenne n'excède pas quelques ppm/heure. De tels stan-
déplacer le long de ky dans le k-space et ainsi de remplir les dards d'homogénéité sont essentiels pour être en mesure
différentes lignes de l'espace entre ± ky max. Il est donc nécessaire
de réaliser des examens d'IRM de qualité, en particulier
de répéter le chronogramme présenté à la figure 1.10 autant de fois
qu'il y a de lignes Ny dans l'image qu'on souhaite reconstituer ce qui
lorsqu'ils comportent des acquisitions en saturation de
peut s'avérer, suivant les contrastes et surtout en fonction de la matrice graisse ou en spectroscopie.
de l'image souhaitée, très coûteux en temps.

Fig. 1.15 Remplissage alternatif de l'espace réciproque. De gauche à droite, l'echo planar imaging (EPI) [21], la spirale [23], tous deux en
single-shot, c'est-à-dire avec une couverture complète à l'issue d'un unique pulse d'excitation RF, puis enfin le radial [22, 24]. Pour les deux pre-
miers, il est aussi possible de les segmenter. Ces techniques constituent des options au remplissage ligne à ligne décrit en détail dans la section
du texte.
10   IRM en pratique clinique

bobine. Pour un aimant supraconducteur, sa dérive très lente


assure de fait une très bonne stabilité temporelle au champ
magnétique produit. Une fois montés en champ, les aimants
supraconducteurs fonctionnent donc en mode dit persistant,
c'est-à-dire que les bobines sont bouclées sur elles-mêmes,
gardant ainsi le champ B0 stable tant que l'aimant est main-
tenu sous la température critique (Tc) de supraconductivité
du matériau utilisé. Un aimant supraconducteur fonctionne
continuellement. Pour atteindre une gamme de B0 allant
de 0,5 à 10 T, l'alliage de niobium-titane (NbTi) dans une
matrice de cuivre est utilisé à une température de fonction-
nement de 4,2 K, température de l'hélium liquide à pression
atmosphérique. En effet, pour assurer une résistance nulle
à un matériau supraconducteur, sa température, son cou-
rant de transport et le champ auquel il est soumis doivent
rester en deçà de valeurs dites critiques comme le montre la
figure 1.17. Ainsi, au-dessus de ces limites, il est nécessaire
de changer d'alliage et d'utiliser un alliage de niobium-étain
Fig.  1.16 Schéma de principe d'un aimant d'IRM comportant (Nb3Sn), plus difficile à travailler et plus cher, mais qui per-
4 bobines en série afin de produire un champ magnétique homo-
met d'atteindre en toute sécurité 20 T dans les mêmes condi-
gène sphérique en son centre, dépeint en bleu. On remarque aussi
à l'extérieur un champ de fuite important habituellement partiellement
tions de température [28]. Au-delà, il est nécessaire soit de
compensé par un blindage actif. (D'après Vlaardingerbroek [27].) baisser la température, soit d'utiliser des matériaux à hautes
températures critiques mais ces solutions n'ont encore jamais
été appliquées à l'IRM, y compris dans le cadre d'une utili-
Le problème principal de ce type d'aimant est d'induire sation sur petit animal avec une section efficace plus faible.
un champ de fuite important à l'extérieur des bobines, nui- Pour maintenir l'aimant en champ, l'IRM comporte un
sible pour les appareils électroniques avoisinants (fig. 1.16). cryostat, un grand container rempli d'hélium liquide à 4,2 K
Ainsi, afin de l'atténuer, les IRM modernes comportent un dans lequel sont immergées les bobines du circuit. Le cryos-
second aimant superposé au premier dans lequel est injecté tat est lui-même protégé à l'aide d'une chambre à vide et
un courant opposé au premier, réduisant ainsi considéra- d'un ou de plusieurs écrans thermiques afin de minimiser
blement les nuisances à longues distances ; on parle alors de les échanges avec l'extérieur (fig. 1.18). Le système n'étant
blindage actif. Le diamètre interne d'un appareil d'IRM est pas parfait, l'hélium s'évapore lentement, pouvant progres-
généralement de 90 cm. Une fois l'insert de gradients et l'an- sivement vider la cuve. Si cette perte n'est pas compensée,
tenne corps entier installés, il reste 60 cm de diamètre dis- elle peut à terme mettre en danger la stabilité de l'aimant.
ponible pour installer le patient selon les types d'appareils. Pour réduire l'évaporation, l'état de l'art est d'installer sur
Une nouvelle génération d'aimants a récemment fait l'IRM un dispositif permettant de recondenser l'hélium ; on
son apparition sur le marché, avec un diamètre disponible parle alors d'IRM « zero-boil-off ». Dans ce cas, il n'y a plus
de 70 cm pour le patient. Le gain est principalement un de nécessité de remplissage d'hélium périodique tant que le
meilleur confort du patient, avec un sentiment de confine- système est sous tension.
ment moins exacerbé, car les caractéristiques en termes de Toute perte de supraconductivité, même locale, s'accom-
DSV sont elles similaires ou inférieures à celles d'un aimant pagne d'un « quench ». Cela peut aussi être provoqué volontai-
plus étroit. Ce gain de place est obtenu par une réduction
d'épaisseur de l'insert de gradients et par une section légère-
ment supérieure de l'aimant lui-même. Des appareils d'IRM J
courts, d'une longueur proche d'un mètre, sont aussi dispo-
nibles avec une ambition claire de s'inviter comme appareil
de monitorage en radiologie interventionnelle [26]. Dans ce
cas, il devient difficile de maintenir les caractéristiques de
DSV qui sont sensiblement réduites, limitant le FOV maxi-
mal accessible.
L'immense majorité des aimants d'IRM sont supracon- B
ducteurs, c'est-à-dire que les bobines sont faites à partir
de matériaux ayant une résistance électrique nulle à l'ap-
proche du zéro absolu (– 273 °C ou 0 K). Cette caractéris-
tique a l'avantage d'une part de laisser circuler des courants T
intenses, de l'ordre de 100 A/mm2 contre 5 A/mm2 pour le Fig. 1.17 Surface critique d'un supraconducteur classique d'après
cuivre, sans dissipation de chaleur et donc sans consomma- Iwasa [28]. L'alliage est supraconducteur seulement à l'intérieur de la
tion d'énergie. D'autre part, elle permet la mise en circuit pyramide. Ainsi, en fonction de la densité de courant J [A/mm2] et
du solénoïde pour obtenir un champ quasi permanent. La d'un champ magnétique B [T] imposés, la température critique Tc [K]
décroissance temporelle du courant dans une bobine est en va varier, rendant ou non possible l'utilisation de l'alliage pour faire un
effet inversement proportionnelle à la résistance de cette aimant à B0 souhaité.
Chapitre 1. Technologies d'instrumentations transversales    11

lesquelles, en fonctionnant, les gradients produisent un


bruit acoustique caractéristique extrêmement intense dont
il faut protéger les patients.

Bobines de shim actif


Nous avons vu plus haut qu'un appareil d'IRM moderne
comporte un électroaimant supraconducteur qui, par
nature, offre une homogénéité de champ magnétique B0
spatiale et temporelle extrêmement bonne, de l'ordre du
ppm, grâce en particulier à l'adjonction de plaquettes de
shim passif à l'installation de l'aimant. Cependant, l'intro-
duction du patient modifie sensiblement cette situation,
du fait de la disposition de la taille et de la susceptibilité
magnétique χ variée des tissus humains. L'effet est, de plus,
proportionnel à l'intensité du champ magnétique ; il devient
par conséquent un enjeu majeur pour une activité menée à
3 T ou plus. La correction des inhomogénéités du champ B0
est optimisée spécifiquement à chaque séquence grâce à des
bobines correctives appelées bobines de shim.
Plusieurs bobines sont donc disposées dans le tunnel,
en plus de celles des gradients pour l'encodage spatial afin
d'effectuer un ajustement actif. Chaque bobine génère astu-
cieusement un champ magnétique correspondant à une
Fig.  1.18 Schéma de principe en coupe d'un aimant typique composante d'une décomposition du champ principal en
d'IRM, d'après McRobbie [7]. Les 5 bobines les plus internes parti- harmoniques sphériques [29]. Jusqu'à 3 T, les aimants sont
cipent à la production du champ homogène sphérique efficace pour équipés de shim permettant une décomposition en harmo-
l'imagerie (cercle bleu). Les deux bobines externes produisent le blin- nique sphérique allant jusqu'au deuxième ordre affectant le
dage actif réduisant les nuisances du champ de fuite de l'aimant. champ magnétique statique comme montré sur la figure 1.19.
Au-delà, les IRM possèdent une partie des composants
des harmoniques de 3e ordre. Des résultats récents montrent
rement par l'utilisateur en cas de danger avéré afin d'éliminer même l'intérêt d'avoir des harmoniques de 4 e voire de
le champ magnétique rapidement, de quelques secondes à 5e ordre pour faire de la spectroscopie de qualité à 7 T [31].
quelques minutes suivant la taille du système. Au moment où Cela reste à ce jour seulement accessible en recherche, grâce
une partie de la bobine redevient résistive, elle dissipe rapide- à l'installation d'un insert de shim spécifique supplémentaire.
ment une immense quantité de chaleur localement pouvant La détermination des coefficients de chacun des compo-
détériorer le circuit. Le circuit doit donc être déchargé suffi- sants s'effectue à travers l'acquisition d'une carte de champ
samment vite pour limiter la température maximale encaissée magnétique de la région à homogénéiser pouvant être
localement par le bobinage. La solution couramment utilisée obtenue grâce à une séquence dédiée. Les coefficients sont
est d'installer des chaufferettes dans le bobinage. Ces chauffe- ensuite calculés grâce à un algorithme adapté [32].
rettes sont automatiquement connectées à des batteries en cas
de détection d'une transition sur l'aimant. L'aimant transite Bobines d'encodage spatial
alors globalement, conduisant à une augmentation rapide
de sa résistance interne. Son courant décroît alors très vite
Architecture des bobines de gradients
puisque la bobine est en court-circuit sur elle-même, comme Nous avons vu que l'encodage spatial était réalisé en IRM
nous l'avons vu. Ce quench généralisé permet aussi de distri- grâce à l'utilisation de gradients de champs magnétiques
buer au maximum l'énergie stockée dans le circuit, limitant superposés au champ magnétique statique B0, alternative-
ainsi l'augmentation locale de la température. Cela provoque ment ou simultanément selon les besoins de la séquence
une évaporation globale de l'hélium confiné dans le cryostat. d'imagerie, dans les trois directions de l'espace. Ces gra-
Une valve de sécurité connectée à un tube de quench guide dients doivent être parfaitement linéaire sur la région
l'hélium gazeux en surpression vers l'extérieur, complétant d'exploration, c'est-à-dire sur toute l'étendue du DSV. Dans
ainsi le système de sauvegarde de l'appareil. cette section, nous discuterons de l'architecture des bobines
nécessaire pour aboutir à ce résultat.
Contrairement aux bobines utilisées pour produire
Gradients le champ magnétique statique homogène, dans le cas de
Le fourreau de gradients est une structure en résine bobines de gradients, il est nécessaire de mettre face à face
d'époxy coulée autour de plusieurs bobines participant à des bobines alimentées par des courants identiques mais en
­l'homogénéisation active de l'aimant, à l'encodage spatial de sens opposé. Produire un gradient de champ magnétique le
l'information RMN et au blindage des gradients. Un réseau long du tunnel se révèle assez simple puisque des bobines
de canalisation d'eau pour le refroidissement est aussi ins- anti-Helmholtz, tel que décrit sur la figure 1.20, y suffisent.
tallé entre les différentes couches de bobines. Nous décri- L'intensité du champ est directement proportionnelle à I, le
rons ses différents rôles. Nous expliquerons les raisons pour courant injecté de manière opposée dans les deux bobines.
12   IRM en pratique clinique

Fig. 1.19 Graphique représentant les harmoniques sphériques et leur impact jusqu'à l'ordre 2 sur une surface d'une sphère. De haut
en bas respectivement, les composants d'ordre zéro à 2. (D'après Wachowicz [30].)

Il est donc aisé de moduler l'intensité et le sens du gradient à la consigne durant les phases de transition (montée ou
requis dans la séquence d'imagerie en jouant simplement descente du gradient). Comme nous l'avons vu, les gra-
avec l'intensité du courant injecté dans le circuit. dients encodent spatialement l'information recueillie après
La production de gradients de champ magnétique dans l'excitation RF. La différence entre le gradient effectivement
les deux directions perpendiculaires à l'axe principal de l'ai- appliqué et la consigne va provoquer des distorsions de
mant est plus complexe. Du fait des propriétés des équations l'image préjudiciables à leur utilisation pour le diagnostic.
de Maxwell, il est nécessaire d'adopter une autre architec- L'ajout d'un système de pre-emphasis, qui compense pour
ture composée de deux couples de bobines en selle de cheval ces effets, améliore grandement la situation (fig. 1.24). Sur
comme présentée sur la figure 1.21. les appareils d'IRM récents, les gradients sont activement
Pour obtenir l'effet souhaité dans une direction orthogo- blindés et ne nécessitent presque plus de compensations
nale restante (droite-gauche, R>>L), il suffit d'ajouter une [35] comme montré sur la droite de la figure 1.21. On note
copie du dispositif précédent pivoté de 90°. Au total, l'insert néanmoins que certaines séquences spécifiques poussant les
de gradient permettant d'encoder spatialement l'infor- gradients à leurs limites, telles que les séquences pondérées
mation en IRM peut se représenter de manière simplifiée en diffusion, nécessitent une attention particulière malgré
comme indiqué à la figure 1.22. ces avancées. Ainsi Reese [36] a-t-il proposé, par exemple,
Un appareil d'IRM comporte des gradients capables d'at- un module double spin-echo diffusion pour parer aux pro-
teindre selon les systèmes de 20 à 80 mT/m maximal et 10 à blèmes résiduels provoqués par la commutation rapide et
40 mT/m nominal, c'est-à-dire en fonctionnement intensif. extrêmement intense demandée aux gradients pour ce type
Un appareil peut monter à ces valeurs avec des temps de de séquence.
montée ou un slew-rate qui peuvent aller jusqu'à 200 T/m/s.
Cette dernière spécification n'est pas liée à une limitation
technique mais bien à des considérations physiologiques. En
effet, au-delà de cette limite, il est possible, selon l'anatomie
du patient, de provoquer des stimulations nerveuses péri-
phériques (SNP, aussi appelées PNS pour peripheral nerve
stimulation), extrêmement pénibles [33, 34].

Courants de Foucault et distorsions d'image


Le fourreau de gradients est installé dans le tunnel de l'ai-
mant. Les bobines sont donc proches de structures métal-
liques conductrices (cryostat, boucliers thermiques) (voir
fig. 1.18). Lorsque les gradients sont activés, la variation
de champ magnétique induit localement des courants de
Foucault dans ces éléments. Au moment de la mise sous ten-
sion des gradients, les courants de Foucault produits dans les Fig.  1.20 Schéma représentant un circuit de bobines anti-­
structures adjacentes vont à leur tour engendrer un champ Helmholtz tel qu'utilisé pour produire un gradient dans la direc-
magnétique opposé à celui les ayant initiés (fig. 1.23). tion principale de l'aimant (tête-pied ou H>>F). Le courant appliqué
Celui-ci va se superposer au premier, ce qui va modi- I [A] dans les deux bobines est de même intensité mais de sens opposé.
fier sensiblement la forme du gradient effectif par rapport Il est par ailleurs proportionnel à l'intensité du gradient produit.
Chapitre 1. Technologies d'instrumentations transversales    13

B0

B0

a b
Fig. 1.21 À gauche, le schéma représentant l'architecture classique du circuit produisant un gradient dans la direction antéroposté-
rieure (A>>P) (d'après Descorps [3]). Lorsque les circuits sont mis sous tension, il s'installe entre les deux couples de bobines un gradient de
champ magnétique linéaire A>>P. Le tracé jaune représente l'intensité du champ qui se superpose à B0 le long de cet axe. À gauche en rouge,
le design réel dit en « emprunt digital ». En jaune sont présentées les bobines de blindage actif afin de limiter les courants de Foucault dans la
structure du cryostat. (Figure b : remerciements à Eva Eberlein Siemens Healthineers.)

Fig. 1.22 Représentation simplifiée des bobines composant la partie du fourreau de gradient d'IRM permettant d'encoder le signal
RMN spatialement. Chaque couleur correspond aux bobines et aux gradients produits. En bleu, R>>L (droite-gauche), en vert H>>F (tête-pied),
et orange A>>P (antéropostérieur). La sphère en pointillés rappelle le DSV de l'aimant décrit dans le texte.

Termes de Maxwell et distorsions pour le patient et le personnel environnant. Le bruit provient


Un autre phénomène lors de l'utilisation des gradients peut de deux sources. D'abord, lorsqu'on applique un courant dans
affecter l'intégrité de l'image en IRM. Ce phénomène est une bobine plongée dans un champ magnétique, une force
souvent confondu avec celui que provoquent les courants de mécanique est créée dans le circuit, là où le courant s'écoule
Foucault. Il s'agit des termes concomitants de Maxwell [37]. perpendiculairement à B0 selon un trièdre direct. Cette force
En effet, malgré les efforts de design des bobines, les gra- mécanique est appelée force de Laplace ou de Lorentz.
dients produits ne sont pas parfaitement unidimensionnels, Ainsi, le fourreau de gradient se déforme littéralement,
comme souhaité. Par ailleurs, bien souvent, les bobines ne se contractant, durant l'application des gradients d'encodage
sont pas utilisées consécutivement mais simultanément, ce de la séquence, provoquant la compression de l'air à l'inté-
qui produit au final un encodage spatial déviant de manière rieur du tunnel (fig. 1.25). Lorsque la polarité s'inverse, cela
non négligeable de la consigne en fonction des séquences provoque alternativement une dépression.
[38]. À l'image de ce qui existe pour les courants de Foucault, Il ne s'agit cependant pas de la seule source de bruit,
des systèmes de cross term compensation sont intégrés pour comme l'ont montré Edelstein et al. [41]. En isolant acous-
corriger au premier ordre les distorsions induites par ce type tiquement le fourreau de gradients, ils observèrent une
de phénomène. faible réduction du bruit acoustique, la majorité étant en
effet due aux forces mécaniques induites par les courants de
Foucault précédemment décrits dans les structures métal-
Bruit acoustique liques internes du cryostat. De nombreuses solutions ont
Lorsqu'ils fonctionnent, les gradients d'IRM ont un bruit acous- été proposées [40, 41] qui sont maintenant incluses sur la
tique caractéristique pouvant devenir extrêmement intense en majorité des appareils d'IRM commercialisés. Malgré les
fonction de l'architecture du gradient, de l'intensité de B0 et moyens mis en œuvre, il n'est pas rare d'avoir des séquences
de la séquence utilisée [39]. Ce bruit peut s'avérer dangereux d'imagerie dépassant allègrement, en particulier à 3 T, les
14   IRM en pratique clinique

Antennes radiofréquences
Les antennes constituent une pièce essentielle de l'IRM tant
pour produire le signal que pour le recevoir. Elles doivent
émettre et recevoir autour de la fréquence de Larmor spéci-
fique au B0 de l'IRM considérée. Sachant que ces fréquences,
comme nous l'avons vu, sont dans le domaine des radiofré-
quences, le dispositif électronique en mesure d'effectuer
cette tâche est un circuit RLC (contenant une résistance
électrique R, une bobine L et un condensateur C), filtre
passe-bande, centrés sur ω0 (fig. 1.26).
Hoult a édicté le principe de réciprocité qui prédit un
comportement similaire à l'émission du champ B1+ et à la
réception du champ B1– [42] permettant l'utilisation du
même dispositif à l'émission et à la réception. Pourtant,
compte tenu des exigences très fortes imposées tant à l'émis-
sion qu'à la réception sur ce matériel, les appareils d'IRM
contemporains n'utilisent plus que dans des cas très rares la
même antenne à l'émission et à la réception. Dans la section
qui suit, nous en étudierons les raisons pratiques.

Antennes émettrices
Théorie
À l'émission, le cahier des charges pour une antenne est très
Fig.  1.23 Au moment de la mise sous tension de la bobine, le simple. Il s'agit d'illuminer l'intégralité de la région d'intérêt
champ magnétique (en bleu) qu'elle crée induit dans le conduc- de la manière la plus homogène possible et la plus efficace
teur adjacent, ici une plaque métallique, des courants de possible, c'est-à-dire en dispersant le moins possible d'éner-
Foucault qui, à leur tour, vont induire un champ magnétique gie dans le patient.
opposé au premier (en jaune). La résultante du champ magnétique
En effet, nous l'avons vu, le signal obtenu dépend en
localement s'écarte donc sensiblement de ce qui était initialement
souhaité.
premier lieu de la manière dont il a été excité, de l'angle
de bascule utilisé en particulier. Ne pas exciter les spins
de la même manière sur l'intégralité du volume d'intérêt
(volume of interest [VOI]), c'est prendre le risque de per-
turber le contraste des images pondérées par un des para-
mètres physiques auxquels l'IRM nous donne accès [43].
C'est aussi se priver du RSB optimal que peut produire une
séquence lorsqu'elle est appliquée avec l'angle de bascule
ciblé. Bien entendu, d'autres spécifications s'ajoutent à
celles mentionnées ci-dessus. Elles répondent plus à des
considérations industrielles, de reproductibilité et de sta-
bilité dans le temps que nous ne développerons pas dans
ce qui suit.

Antenne avec un seul canal d'émission


En général, les antennes d'IRM utilisées pour l'excitation sont
volumiques et « corps entier », c'est-à-dire qu'elles englobent
Fig. 1.24 En haut à gauche est représentée la forme du gradient
le patient et sont susceptibles d'illuminer de manière homo-
commandée par la séquence proportionnellement à l'intensité
du courant injecté dans le circuit. Tel quel, du fait des courants
gène sur le FOV maximal de l'IRM (DSV). Elles sont intégrées
de Foucault, la forme effective du gradient va se trouver déformée, dans le tunnel de l'IRM comme dernière couche à l'intérieur
conduisant à un encodage incorrect du signal (en haut à droite). Si la du fourreau de gradient. L'architecture généralement retenue
commande est pré-déformée en utilisant des pre-emphasis calibrées est une « cage d'oiseau », ou birdcage, qui est la plus perfor-
en fonction de l'architecture du système (en bas à gauche), la forme mante à champ intermédiaire (fig. 1.27). Bien qu'introduite il
du gradient effectivement obtenue aura au final les caractéristiques y a de nombreuses années [44], elle reste la solution de réfé-
souhaitées (en bas à droite). (D'après Oppelt [16].) rence pour les IRM cliniques à 1,5 T et même à 3 T, offrant des
performances très convenables en termes d'homogénéité du
champ B1+ produit.
100 dB moyens, bruit acoustique intolérable pour le patient Cependant, dans ce dernier cas, il a été relevé que, sur
et les personnels se trouvant dans la salle durant un examen le tronc et les jambes, l'homogénéité pouvait fortement
(par exemple IRM interventionnelle). Il est donc nécessaire se dégrader [45] (fig.  1.28). Lorsqu'on augmente encore
d'utiliser des protections acoustiques adéquates. B0, l'homogénéité de ces antennes devient de plus en plus
Chapitre 1. Technologies d'instrumentations transversales    15

Fig. 1.25 À gauche, le fourreau de gradient est représenté au repos pendant qu'à droite il est déformé par la force de Laplace induite
par une consigne d'encodage (F>>H) le long de l'axe principal du cylindre. (D'après Roosen [40].)

1
w0 =
Fig. 1.26 Schéma de principe d'un circuit RLC filtre « passe-bande » résonnant à LC , avec L l'inductance de la bobine [H], C la
capacité du condensateur [F], R la résistance [Ω]. Un tel dispositif, s'il est alimenté, est susceptible de produire un champ radiofréquence à ω0.
Si à l'inverse, il est branché sur un instrument de mesure, tel qu'un voltmètre, il peut capter un champ radiofréquence dans la même gamme.

mauvaise, y compris sur de petits organes tels que le cer- l'amplitude et la phase des impulsions radiofréquences
veau (fig. 1.29). Les équations de Maxwell, régissant les lois envoyées de manière à ce que la somme des champs soit
de l'électromagnétisme, mettent en évidence que lorsqu'on la plus homogène possible suivant l'équation suivante :
augmente la fréquence de résonance, la longueur d'onde
diminue (voir fig. 1.4), et l'onde radiofréquence a de plus B1+ ( r ,t ) = p ( t ) å c =1 a c B1+,c ( r ,t ) (1.14)
n

en plus de mal à pénétrer dans le corps humain –  sous


l'influence de sa géométrie, de sa permittivité relative εr et Avec B1+(r,t) le champ résultant en tout point du volume
de sa conductivité électrique σ –, faisant apparaître des phé- [T], p(t) la forme du pulse RF appliquée, répondant à des
nomènes d'interférences appelés artéfacts diélectriques [47]. contraintes de sélectivités vues plus haut, B1,c+(r,t) le champ
Pour y remédier, les constructeurs d'IRM ont introduit sur produit par chacune des antennes sur le même VOI, et αc le
les appareils de dernière génération à B0 ≥ 3 T des solutions coefficient complexe (amplitude et phase) appliqué à chaque
techniques que nous allons détailler dans ce qui suit [48]. voie d'émission pour aboutir à un B1+aussi proche que pos-
sible de la valeur cible en tout point du VOI.
Antenne avec plusieurs canaux d'émission Pour arriver à ces fins, il faut calibrer le système. Il s'agit
Shimming B1 statique d'acquérir une carte B1+ de chacun des canaux séparément
La première solution est l'utilisation d'antennes multi- avec l'une des méthodes de référence [49–52], puis un ajus-
émettrices qui permettent de moduler sur chaque canal tement est effectué, à l'image du shim B0, pour optimiser
16   IRM en pratique clinique

les différents αc généralement limités à 2 à 3 T. L'antenne Shimming B1 dynamique


utilisée reste une birdcage, mais au lieu de l'alimenter avec Il existe des impulsions RF permettant de sélectionner non
un amplificateur, l'antenne est alimentée par deux ampli- pas une coupe, comme nous l'avons vu plus haut, mais un
ficateurs séparés avec un degré de flexibilité (fig. 1.30) qui volume d'intérêt 2D ou même 3D [3, 5]. S'il est possible de
permet de corriger une très grande partie des problèmes choisir spatialement dans toutes les directions de l'espace
rencontrés à 3 T sur les gros organes [46]. d'exciter les spins ou pas, alors il est possible de choisir de
manière individualisée l'excitation qu'on va appliquer dans
chaque région de l'espace. Yip et al. ont ainsi proposé une
méthode pour désigner des impulsions satisfaisant à cette
requête [53]. La contrepartie tient dans des impulsions très
longues difficilement utilisables dans un motif de séquence
classique. Ainsi, Grissom [54] et Katscher [55] ont proposé
une extension de cette approche en mettant à profit les sys-
tèmes de transmission multicanaux aussi ou de transmis-
sion parallèle (pTx).
On parle alors d'un shimming B 1 + dynamique.
Contrairement à ce qui est présenté dans le paragraphe
précédent, on cherche non pas à optimiser un coefficient
complexe statique αc pour chaque canal d'émission, mais à
optimiser une impulsion pc spécifiquement à chacun d'eux
en tenant compte de leur comportement respectif B1,c+. Cela
peut s'écrire :
B1+ ( r ,t ) = å c =1 pc ( t ,r ) B1+,c ( r ,t ) (1.15)
n

À l'instar du shimming statique, il est nécessaire de faire
une calibration spécifique de chacun des canaux au pré-
alable en fonction du patient placé dans l'antenne. Pour
Fig.  1.27 Schéma de principe d'une antenne birdcage. Ce type réduire encore la durée des impulsions, des stratégies
d'antenne permet d'émettre autour de ω0 de manière homogène à plus efficaces ont été proposées dans les années récentes,
l'intérieur du cylindre. (D'après Hayes [44].)
comme a pu le synthétiser Padormo dans un article de
revue sur le sujet [56]. En effet, au moment où sont écrites
ces lignes, cette dernière approche demandant une capacité
de calcul importante rend la méthode encore incompatible
avec la clinique. Elle recèle cependant un potentiel impor-
tant puisqu'on peut imaginer sélectionner spécifiquement
un volume d'intérêt tout en homogénéisant l'angle de bas-
cule, comme cela a été proposé récemment par Vinding
[57]. Une évolution vers une approche dite « universelle »
fondée sur la relativement faible variabilité de la distribu-
Fig. 1.28 Images pondérées en T2 représentant un foie (a) et des tion de B1+ sur un organe donné pour un design d'antenne
seins (b) avec un ombrage dû à l'artéfact diélectrique (flèches donné pourrait permettre de travailler à terme sans cali-
blanches) observé chez certains patients à 3 T. Ces artéfacts dié- bration [58] et donc de favoriser encore plus l'introduction
lectriques dépendent de la taille et des propriétés électromagnétiques
de ces méthodes en routine clinique.
des tissus, en particulier de la permittivité relative εr et de la conduc-
tivité électrique σ. (Source  : Brink WM, Gulani V, Webb G. Clinical
applications of dual-channel transmit MRI  : a review. J Magn Reson
Imaging 2015 ; 42 : 855-69 [46]. Reproduction autorisée.)

Fig. 1.29 Évolution de contrastes d'une image pondérée en T2 simulée en fonction de B0 avec une excitation opérée à l'aide d'une
antenne birdcage. On observe un assombrissement caractéristique au niveau des lobes temporaux qui s'étend avec l'augmentation de B0. Il
s'accompagne d'un hypersignal centré de plus en plus intense avant de s'estomper à 12 T. (Source : Webb AG. Dielectric materials in magnetic
resonance. Concepts in Magnetic Resonance Part A 2011 ; 38A : 148-84. Reproduction autorisée.)
Chapitre 1. Technologies d'instrumentations transversales    17

Fig. 1.30 (a) Antenne birdcage simple, corps entier, installée dans une IRM 3 T standard. (b) Antenne birdcage deux canaux alimentés
par deux amplificateurs séparés pouvant être contrôlés de manière complètement différenciée. Cette antenne peut être utilisée comme
celle présentée en (a) lorsque les inhomogénéités sont limitées (mode de polarisation circulaire ou CP). Elle peut aussi être utilisée après calibration
en shimming B1 statique [46] ou de manière dissociée comme dans le texte.

Débit d'absorption spécifique (DAS) masse corporelle du patient dans la machine, et le DASlocal
L'un des risques principaux relevés en IRM est celui lié à calculé par unité de 10 g. Cette dernière mesure permet de
l'échauffement du patient durant l'examen à cause de la dis- rendre compte de l'échauffement localisé qui pourrait dété-
sipation d'énergie causée par l'excitation RF [59]. Dans la riorer un tissu localement sans forcément représenter au
gamme de fréquences auxquelles les IRM modernes fonc- total une quantité d'énergie dangereuse au niveau global.
tionnent, une part non négligeable de l'énergie est absorbée Pour ces deux grandeurs, des mesures sont effectuées sur
par le corps, provoquant un échauffement qui, s'il est trop des fenêtres glissantes de 10 secondes et de 6 minutes, de
important, peut causer de graves dommages. Cette part aug- manière à rendre compte à la fois de puissances instantanées
mente d'ailleurs avec l'accroissement de B0 et donc de la fré- et moyennes inacceptables.
quence. En première approximation, lorsqu'on vise un angle Ainsi, des études ont montré que des températures de
de bascule constant dans un volume, elle augmente en B02 [46]. 38 °C localisées dans la tête, 39 °C dans le tronc et 40°C
Il est donc impératif de maintenir l'échauffement tissu- dans les extrémités ne sont pas susceptibles d'avoir des
laire maximal en dessous de 2 °C dans le mode normal d'uti- effets nocifs [60]. D'autres expérimentations sur des ani-
lisation de l'IRM selon les reommandations internationales maux anesthésiés pour lesquels différentes valeurs de DAS
les plus récentes [34], afin de ne pas entraîner de dommages (1,5, 2, 4 W/kg) ont été essayées ont permis de déterminer
irréversibles. L'appareillage actuel n'étant pas capable de une élévation de 0,46 °C maximale sur des examens de 60 à
mesurer directement la température générée à l'intérieur 90 minutes [61]. En fonction de ces études, le DAS est limité
des tissus en temps réel, des limitations de la puissance de d'après les normes IEC 601-2-33 [34], rendant l'imagerie à
la radiofréquence transmise ont été établies fondées sur des haut champ de fait plus contraignante mais pas plus dan-
études préalables expérimentales. Ainsi, le débit d'absorp- gereuse puisque toujours soumise aux mêmes règles. Ces
tion spécifique (DAS), parfois appelé TAS (taux d'absorp- dernières sont différentes selon qu'il s'agisse du cerveau, du
tion spécifique) mais aussi SAR (specific absorption ratio), tronc ou des extrémités. La norme stipule aussi la possibilité
est la grandeur retenue pour rendre compte de l'énergie d'utiliser un mode dit de niveau 1 permettant d'augmenter
dissipée par unité de temps dans le patient (W/kg). Le DAS ces limites sous une surveillance médicale. Tout cela est
existe sous plusieurs formes : le DASglobal moyenne sur la résumé dans le tableau 1.1 dans le cas de la tête humaine.
18   IRM en pratique clinique

Tableau 1.1 Normes internationales de DAS (débit d'absorption spécifique) concernant les limites
acceptables pour une tête humaine, et cela quelle que soit l'intensité du champ magnétique statique B0
considéré.
Mode de Normal Niveau 1
fonctionnement
Fenêtre de mesure 10 s moyennée 6 min moyennée 10 s moyennée 6 min moyennée
DASlocal (W/kg) 20 10 40 20
DASglobal (W/kg) 6,4 3,2 6,4 3,2

Pour accéder à ces grandeurs et s'assurer tout au long de donc difficilement détectable. La sensibilité de l'antenne
l'examen qu'elles ne dépassent pas les limites acceptables, les est privilégiée à son homogénéité. L'architecture d'antenne
constructeurs d'IRM ont mis en place plusieurs solutions. sélectionnée est la simple boucle de surface ou surface loop.
D'abord, une estimation du DASglobal et du DASlocal est réa- L'expression du signal lorsqu'on s'éloigne d'une antenne
lisée avant le début de chaque acquisition en fonction du loop de rayon r [m] et d'une distance y [m] s'écrit comme
choix de la séquence, des paramètres utilisés, de la région suit et est décrite graphiquement sur la figure 1.31 :
anatomique, du poids et de la taille du patient, de ce qui a
r2
été précédemment acquis et en fonction d'une simulation B1- ( y ) µ 3
du comportement de l'antenne sur un modèle humain. Une
seconde sécurité « temps réel » mesure la puissance dissipée (r 2
+ y2 ) 2
(1.16)

dans le patient sur une fenêtre glissante de 10 secondes et
6 minutes tout au long de l'acquisition grâce à des coupleurs Ces antennes sont donc profondément inhomogènes à la
directionnels installés sur la ligne de transmission. En s'ap- réception et il sera nécessaire de compenser avec des méthodes
puyant sur ces mesures et en suivant les mêmes règles de de normalisation pour s'en affranchir visuellement [63].
calcul que celles utilisées à l'estimation préalable au démar- Une antenne de réception ne mesure qu'une tension,
rage de l'acquisition, des calculs de DASglobal et de DASlocal généralement très faible, proportionnelle à l'aimantation
conservatifs sont effectués en continu. En cas d'excès, ou l'ayant induit. Il est cependant possible de remonter à une
même de trop grandes différences entre l'estimation et la seconde information ; l'astuce est de démoduler le signal
mesure, l'acquisition s'arrête immédiatement. reçu avec la même porteuse provenant du synthétiseur
Dans le cas des IRM comportant une chaîne de transmis- ayant servi à moduler l'impulsion d'excitation à l'émission
sion parallèle, du fait de l'utilisation possible d'impulsions (fig. 1.32). Ainsi, tous les déphasages de l'aimantation per-
différentes sur chacun des canaux qui interfèrent entre elles çus et ayant eu lieu entre l'excitation et la réception du signal
pour produire une distribution du champ B1+ en adéquation vont pouvoir être quantifiés et même mis à profit pour
avec la requête de l'utilisateur, la dissipation de puissance mesurer le flux [64], la température [65], la susceptibilité
peut localement grandement varier d'un patient à l'autre magnétique relative des tissus [66].
pour une séquence donnée. Une approche trop conserva-
tive empêche de profiter pleinement et en toute sécurité Réseau phasé en réception
du potentiel de ce type de solution. Pour s'octroyer de la
flexibilité, tout en maintenant la sécurité, il est nécessaire Il est possible de calculer très simplement le rayon optimal
de calculer le DASlocal et le DASglobal pour chaque situation ropt d'une antenne boucle pour obtenir le RSB optimal dans
et idéalement en temps réel sur un modèle assorti d'une un voxel à une distance y0 donnée de l'antenne [67] :
marge de sécurité plus faible. Faire ces calculs de DAS sur y
ropt = 0
un modèle de corps entier en temps réel n'est cependant 5 (1.17)
pas réaliste avec les moyens informatiques actuels. Pour

cette raison a été introduit le concept de virtual observation
points (VOP) [62] qui permet de ne calculer qu'un certain
nombre de points caractéristiques qui assurent une mesure
B1 (ua)
sécurisée et rapide de cette grandeur en temps réel, offrant
une estimation systématique légèrement surestimée. Cette
nouvelle approche laisse entrevoir un essor important pour
ce type de matériel et les possibilités qu'elle offre, en parti-
culier pour tirer pleinement parti du potentiel des IRM à
ultra-hauts champs.
Y/R

Antennes réceptrices 0 0,5 1 1,5 2 2,5


Théorie Fig.  1.31 Champ B1 à l'émission ou la réception pour une
Les spécifications portant sur une antenne à la réception antenne boucle de surface. Si elle est utilisée à la réception, on voit
sont très différentes de celles qui s'appliquaient à l'émis- que le signal observé va décroître en fonction de sa provenance pour
sion. En effet, l'aimantation est extrêmement faible ; elle est un rayon d'antenne r donné. (D'après Descorps [3].)
Chapitre 1. Technologies d'instrumentations transversales    19

Fig. 1.32 Schéma de principe d'un système de réception numérique en IRM. Le signal acquis au niveau de l'antenne est amplifié avant d'être
numérisé avec le convertisseur analogique numérique (CAN). Ensuite, le signal est démodulé (x) en utilisant le signal ayant servi à la modulation de
l'impulsion d'excitation afin d'obtenir la partie réelle et la partie imaginaire enfin stockées. Cette astuce permet d'ajouter une information de phase
qui s'est immiscée dans le signal après l'excitation et qui rend compte de phénomènes qui peuvent être exploités ou corrigés. (D'après Descorps [3].)

Fig.  1.33 (a) Schéma de principe d'un réseau d'antennes de réception. On remarque le chevauchement des antennes qui permet
d'obtenir un rapport signal sur bruit (RSB) stable le long de z (b), à une profondeur donnée, en tenant compte de leur couplage
respectif. En pointillés, le comportement de chacune des antennes seules. On notera qu'à l'image de ce qui est présenté sur la figure 1.31, le RSB
diminue en profondeur lorsqu'on s'écarte du réseau. En général, les constructeurs d'IRM proposent de placer un réseau antérieur et postérieur de
manière à limiter la zone dans laquelle le RSB devient trop faible.

Si on considère comme cible la demi-épaisseur d'un sition des images pour la plupart des séquences d'IRM. La
patient, cette expression nous indique qu'il n'est alors pas reconstruction d'une image pour laquelle R =  2 sans les
possible d'obtenir une image couvrant totalement un organe lignes manquantes reviendrait à faire une image repliée. La
avec de telles antennes étant donné qu'elle ne « voit » qu'à reconstitution de l'information manquante passe donc par
l'intérieur de son rayon (par exemple si y0 = 15 cm, alors l'utilisation de la complémentarité qu'offre le fait d'avoir
ropt < 7 cm). Pour contrer ce problème sont apparus progres- acquis l'image avec plusieurs antennes tout en connaissant le
sivement des réseaux d'antennes de surface permettant de profil de réception du réseau d'antenne. À la figure 1.34 est
bénéficier du maximum de sensibilité tout en profitant d'une proposé un diagramme illustrant la méthode de reconstruc-
couverture confortable en termes de VOI. Les constructeurs tion de l'information manquante pour une des techniques
ont ainsi progressivement introduit des réseaux d'antennes d'imagerie parallèle appelée SENSE (SENSitivity Encoding)
de réception (fig. 1.33). [68]. Il s'agit de l'une des techniques les plus populaires ;
L'utilisation, à la réception, d'un réseau d'antennes de elle est aussi la plus simple à appréhender. Une évolution de
surface, en lieu et place de l'antenne volumique utilisée à cette technique appelée m-SENSE a été introduite quelques
l'émission, augmente très notablement le RSB des images, années après permettant d'obtenir le profil de réception
permettant du même coup d'obtenir des résultats de meil- indispensable à la reconstruction des images en même
leure qualité sans faire de compromis sur le VOI d'intérêt temps que le reste de l'information. Une version compatible
considéré. Pourtant, cela ne constitue pas le seul atout de avec l'imagerie 3D appelée 2D SENSE a ensuite été propo-
cette stratégie. sée, permettant d'utiliser des facteurs d'accélération 2D [69].
En effet, les réseaux d'antennes de réception autorisent Ainsi, il est possible de réduire la durée d'acquisition
le sous-échantillonnage de l'espace de Fourier. Il s'agit de de la majorité des séquences proportionnellement à R.
n'acquérir qu'une partie du k-space décrit plus haut. R est Malheureusement, cela ne vient pas sans quelques désa-
le facteur d'accélération. Si R vaut 2, une ligne sur deux gréments et, en particulier, une diminution notable du RSB
seulement est acquise, réduisant d'autant la durée d'acqui- suivant l'équation suivante :
20   IRM en pratique clinique

Fig. 1.34 Illustration décrivant la méthode de reconstruction SENSE pour une image cartésienne sous-échantillonnée d'un facteur R
= 2, c'est-à-dire pour laquelle seulement une ligne sur deux du k-space a été acquise dans la direction de phase. Le patient est entouré
de deux antennes (bleues), pour lesquelles il est nécessaire de connaître le profil de réception séparément (colonne de gauche). Les images brutes
sous-échantillonnées sont présentées sur la colonne du milieu. On notera le repliement caractéristique de ces images. Pour reconstituer l'image
dépliée, il faut extraire A et B des équations du signal en se fondant sur les informations de profils de réception et d'images repliées.

RSB0 [75] ; le GRAPPA, la capacité de reconstruire des images


RSBR = pour lesquelles le FOV est inférieur à la taille de l'objet [76].
g R (1.18)
Une comparaison absolue reste cependant difficile entre

Où RSB0 est le signal sur bruit qu'on aurait eu en faisant ces deux méthodes car le résultat peut grandement varier
l'acquisition complète, RSBR, celui correspondant à l'image en fonction de la configuration d'antennes et la méthode de
sous-échantillonnée, R le facteur d'accélération et g le fac- traitement utilisée [77].
teur géométrique qui rend compte de la corrélation du bruit Ces méthodes ne permettent pas d'accéder à des fac-
pour l'architecture de réseau donnée. L'augmentation de la teurs d'accélération importants (R > 3), y compris lorsqu'on
densité d'antenne par unité de surface permet de diminuer acquiert en 3D. Lorsque R augmente, comme le montre
g, limitant du même coup la perte liée au sous-échantillon- l'équation (1.18), pour une configuration d'antenne don-
nage [70]. De même, Wiesinger et al. [71] ont montré que, née, le RSB des images est affecté mécaniquement à la racine
pour un réseau d'antenne donné, g diminue avec l'augmen- carrée du facteur d'accélération, mais aussi, par une aug-
tation de l'intensité de B0, réduisant la nuisance du R sur le mentation de g, à B0 donné, comme le montre la figure 1.35.
RSB (fig. 1.35). Dans le cas d'acquisition 3D, une nouvelle approche nom-
D'autres techniques existent et ont été développées mée 2D-CAIPIRINHA (Controlled aliasing in parallel ima-
antérieurement ou postérieurement au SENSE. Parmi ces ging results in higher acceleration) a récemment émergé [78]
autres approches, sont à signaler plus particulièrement le et commence à être accessible sur les machines cliniques,
SMASH (Simultaneous acquisition of spatial harmonics) en particulier dans le cadre d'applications nécessitant l'ac-
[72] et le GRAPPA (GeneRalized Autocalibrating Partially quisition d'un volume rapidement, comme c'est le cas dans
Parallel Acquisitions) [73]. À l'image de ce qui est présenté l'abdomen [79]. Grâce à une acquisition plus judicieuse des
sur la figure 1.34, une ligne sur R est acquise, mais au lieu lignes restantes, comme le montre la figure 1.36, il est pos-
de reconstituer l'information manquante directement sur sible de compenser partiellement les problèmes rencontrés
les images, le travail va être effectué directement dans le lorsque le R devient trop fort en diminuant sensiblement g.
k-space. Plus récemment encore, Bilgic et al. sont allés plus loin dans
La question de la comparaison absolue des deux cette direction qui consiste à distribuer de la manière la
approches les plus populaires, à savoir SENSE et GRAPPA, plus homogène possible l'information acquise et ont intro-
s'est bien entendu posée. Chacune recèle des avantages [74] : duit le Wave-CAIPI pour diminuer encore la contribution
le SENSE, une normalisation naturelle du profil de réception de g [80].
Chapitre 1. Technologies d'instrumentations transversales    21

La majorité des séquences cliniques routinières en années 2010, semble en marche pour révolutionner l'ac-
IRM restent, à ce jour, principalement acquises avec des quisition IRM 2D. Cette technique est nommée excitation
séquences multi-coupes 2D [81]. Dans ce cas, jusqu'à il y multibandes (MB) [83] ou simultaneous multislice (SMS)
a peu, outre le fait que les facteurs d'accélération étaient [84]. Cantonnée dans un premier temps à l'EPI (echo pla-
intrinsèquement limités, comme on l'a vu, il n'y avait pas la nar imaging) sous toutes ses formes, elle semble progres-
possibilité non plus de profiter d'une seconde direction de sivement être intégrée au reste du catalogue de séquences
phase comme en acquisitions 3D qui permettait de manipu- disponibles pour le diagnostic en IRM [85]. Le principe en
ler plus avant l'encodage spatial, améliorant ainsi g. est simple : au lieu d'exciter une unique coupe avec cha-
Muller [82] introduit une solution qui ne fut pas sui- cune des impulsions RF, plusieurs vont l'être simultané-
vie d'effets immédiatement mais qui, depuis le début des ment. L'image obtenue, si elle n'est pas traitée, correspond
à l'empilement de plusieurs coupes. Toute la difficulté
réside dans la capacité de séparer l'information. La tech-
nique reste compatible avec les méthodes d'accélération
dans le plan (GRAPPA ou SENSE principalement). Cela
permet ainsi, en combinant les facteurs d'accélération dans
le plan et en coupe, d'atteindre des R très importants. On
comprend alors pourquoi la technique est longtemps res-
tée en silence, puisqu'elle nécessite une capacité de calcul
très importante, mais aussi et surtout d'un réseau d'an-
tennes de réception très dense pour assurer une dissocia-
tion correcte de l'information. L'adaptation des méthodes
CAIPIRINHA [86] à ce type d'acquisition a grandement
aidé dans ce contexte.

`` Conclusion
L'IRM est une incroyable machine, fruit de compétences à
Fig.  1.35 Évolution du facteur géométrique pour un réseau
la croisée de la physique sous toutes ses formes, de l'électro-
d'antenne donné en fonction de l'intensité de B0 et du facteur nique, de l'informatique, de la mathématique, de la méde-
d'accélération R utilisé pour sous-échantillonner les images. On cine et des neurosciences. Elle recèle une infinie complexité,
note que pour des B0 élevés, g diminue pour des facteurs d'accéléra- mais aussi des possibilités d'améliorations techniques à tous
tion élevés, amenuisant d'autant la perte en RSB attendue. (D'après les niveaux. Au cours de cette revue, sont apparues un cer-
Wiesinger [71].) tain nombre d'avancées qui, mises bout à bout, devraient

Fig. 1.36 Images 3D écho de gradients pondérées en T1 sur l'abdomen d'un patient avec un réseau d'antennes comportant 6 antennes
antérieures et 6 postérieures acquises avec deux stratégies de sous-échantillonnage cartésien menant à R = 4 identique et donc à
un temps d'acquisition identique. Ce facteur d'accélération est obtenu par l'acquisition d'une ligne sur deux dans le plan et d'une sur deux
dans la direction de coupe (R = 2 × 2). À gauche, méthode classique (GRAPPA) pour laquelle on voit l'ordre des échantillons acquis dans le k-space
en haut ; à droite, en CAIPIRINHA. Les vignettes dans l'angle droit des images anatomiques montrent la cartographie de facteur géométrique g
correspondant aux deux approches. Elle confirme la diminution du g, en particulier dans le segment droit du foie qui se traduit sur l'image par un
gain en RSB notable dans le cercle orange comme le prédit l'équation (1.18). (Source : Image courtesy of Breuer F, Blaimer M, Griswold M, Jakob
P. Caipirinhia revisited. Reprinted from Magnetom Flash 3/2015 ; 63 : 8-15. Reproduction autorisée.)
22   IRM en pratique clinique

remodeler les appareils mis à disposition dans les années qui [24] Lai CM, Lauterbur PC. True three-dimensional image reconstruction
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Chapitre
2
Accidents vasculaires
cérébraux
P. Brugières, P. Kauv, P. Thomas, A. Maraval

PLAN DU CHAPITRE
Épidémiologie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 ischémiques artériels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
Rappel physiologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 Cas particulier des accidents ischémiques
Vascularisation cérébrale. . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 transitoires (AIT). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
Évolution chronologique en IRM d'un accident Particularités IRM en fonction de l'étiologie
vasculaire cérébral ischémique constitué. . . . . 29 des AVC ischémiques artériels. . . . . . . . . . . . . . 41
IRM en fonction de la topographie des AVC

Épidémiologie [1] cas, l'ischémie siège plus volontiers dans une zone située à
la jonction entre deux territoires vasculaires (ischémie dite
Les accidents vasculaires cérébraux (AVC) constituent une du dernier pré).
pathologie fréquente (145 000 patients/an en France) surve- Deux éléments vont conditionner le pronostic du patient :
nant préférentiellement chez le sujet âgé (dans 75 % des cas ■ le degré d'hypoperfusion (qui dépend de l'existence
au-delà de 65 ans) caractérisée par la survenue brutale d'un d'éventuels systèmes de suppléance) ;
déficit neurologique focal. ■ la durée d'exposition à cette hypoperfusion.
Ils regroupent l'ensemble des pathologies vasculaires Normalement, le débit sanguin cérébral est supérieur à
cérébrales : 50 ml/min/100 g de tissu cérébral.
■ ischémiques d'origine artérielle : AVC ischémiques tran- Entre 20 et 50 ml/min/100 g, le parenchyme cérébral est
sitoires ou constitués ; en état d'oligémie dans lequel l'hypoxie cellulaire est partiel-
■ hé mor r ag i qu e s   : hé mor r ag i e s c é rébr a l e s ou lement compensée par une augmentation du taux d'extrac-
cérébroméningées ; tion de l'oxygène.
■ les thrombophlébites cérébrales. La pénombre ischémique survient pour des valeurs de per-
Chez l'adulte, ils représentent la première cause de han- fusion situées entre 10 et 20 ml/min/100 g. À ce stade, il existe
dicap moteur acquis et la troisième cause de décès après les une perturbation de l'activité électrique du parenchyme céré-
maladies cardiovasculaires et le cancer. bral sans nécrose tissulaire constituée. Si le débit sanguin se
Ils constituent une urgence thérapeutique car leur pronos- normalise, le territoire impliqué par la pénombre ischémique
tic dépend de la rapidité de la prise en charge à la phase aiguë. est susceptible de récupérer une fonction normale.
Au-dessous de 10 ml/min/100 g, la production d'adéno-
sine triphosphate (ATP) est interrompue, ce qui entraîne
Rappel physiologique [2, 3] un dysfonctionnement des métabolismes cellulaires dépen-
Le fonctionnement cérébral normal nécessite un apport dants d'un apport énergétique comme les pompes NA+/
continu en oxygène et en glucose. L'interruption brutale du K+-ATP-dépendantes. Il en résulte un œdème cytotoxique,
flux artériel est responsable de la souffrance parenchyma- l'inhibition de la recapture de neurotransmetteurs excito-
teuse du territoire dépendant de l'artère intéressée. toxiques comme le glutamate, ce qui aboutit secondaire-
La cause de cette interruption est le plus souvent consé- ment à la nécrose parenchymateuse. La nécrose ischémique
cutive à une occlusion artérielle d'origine thrombotique apparaît également lorsque la durée d'exposition au stade de
ou thrombo-embolique. Plus rarement, elle est liée à une pénombre ischémique est prolongée (fig. 2.1).
cause hémodynamique par baisse de la pression artérielle On peut ainsi considérer qu'en cas d'infarctus cérébral,
en rapport avec une sténose serrée d'un gros tronc artériel il existe :
(terminaison de carotide, origine d'une artère sylvienne), ■ une zone centrale (core) dans laquelle la nécrose isché-
ou d'origine systémique (arrêt cardiovasculaire). Dans ce mique est immédiatement présente ;

IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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28   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Les artères carotides internes donnent les artères oph-


100
talmiques et se terminent en donnant les artères cérébrales
90 antérieures, les artères cérébrales moyennes (ou sylviennes)
et les artères choroïdiennes antérieures (fig. 2.3a).
80 Normal Les segments terminaux (V4) des artères vertébrales
(ml/100mg/mn)

70 donnent les artères cérébelleuses postéro-inférieures, puis se


réunissent pour former le tronc basilaire qui donne les artères
DSC

60
cérébelleuses antéro-inférieures et les artères cérébelleuses
50
supérieures, des perforantes pour le tronc cérébral, et se termine
40
Oligémie en donnant deux artères cérébrales postérieures (fig. 2.3b).
30 Hypo- Le polygone de Willis constitue un système anastomo-
perfusion tique qui, dans sa forme complète, relie les deux artères
20
Pénombre cérébrales antérieures par l'artère communicante antérieure
10 Ischémie et la terminaison des carotides internes à la jonction P1/P2
Infarctus
des artères cérébrales postérieures par le biais des artères
Fig. 2.1 Débit sanguin cérébral (DSC) : seuils physiologiques. communicantes postérieures.
Dans un but pratique, nous ne détaillerons dans ce cha-
■ une zone périphérique correspondant à la zone de pitre que les territoires dont l'ischémie est susceptible d'être
pénombre ischémique dans laquelle les perturbations visualisée en IRM (fig. 2.4) :
métaboliques sont susceptibles d'être réversibles si le ■ artère cérébrale antérieure : elle vascularise la face inférieure
débit sanguin est rétabli dans les toutes premières heures et interne du lobe frontal, la face interne du lobe pariétal,
suivant le déficit et qui constitue la cible du traitement les deux tiers antérieurs du corps calleux. Son territoire
fibrinolytique ou de la thrombectomie. profond alimente le bras antérieur de la capsule interne, la
partie antéro-inférieure du pallidum, la partie inférieure de
la tête du noyau caudé (artère récurrente de Heubner) ;
Vascularisation cérébrale ■ artère cérébrale moyenne : elle vascularise la face externe
du lobe frontal, du lobe pariétal, de la partie antérieure
L'encéphale est vascularisé par les artères carotides internes du lobe temporal ainsi que l'insula. Les branches lenti-
et par le système vertébrobasilaire (fig. 2.2). culostriées issues de M1 vascularisent la partie latérale

A. carotide interne :
segment intracaverneux A. vertébrale
segment V4
A. carotide interne :
segment du foramen lacerum
A. vertébrale
A. carotide interne : segment V3
segment intrapétreux

A. carotide interne :
segment cervical
A. carotide
Bulbe carotidien externe

A. carotide primitive A. vertébrale


segment V2

A. sous-clavière A. vertébrale
segment V1

Fig. 2.2 Troncs supra-aortiques à destination cranio-encéphalique.


Chapitre 2. Accidents vasculaires cérébraux    29

A. communicante
antérieure

ACA segment A1 ACM segment M1

A. cérébrale A. cérébelleuse
postérieure supérieure
A. communicante
A. choroïdienne postérieure
antérieure A. cérébelleuse
ACP segment P2 Tronc antéro-inférieure
basilaire

ACP segment P1
A. cérébelleuse
postéro-inférieure

a b
Fig. 2.3 Polygone de Willis (a) et (b) territoire vertébrobasilaire.

du noyau lenticulaire et du noyau caudé et la capsule Évolution chronologique en IRM


interne ;
■ artère choroïdienne antérieure : elle vascularise la capsule
d'un accident vasculaire cérébral
interne (genou et bras postérieur), la partie moyenne du ischémique constitué
pallidum, l'uncus temporal, le noyau amygdalien, l'hip- On distinguera quatre phases :
pocampe (en partie) ; ■ la phase ultraprécoce ;
■ artère cérébrale postérieure : elle vascularise le lobe occi- ■ la phase aiguë ;
pital, la face inférieure et interne du lobe temporal, la ■ la phase subaiguë ;
partie postérieure du corps calleux, le thalamus : noyaux ■ la phase chronique.
ventraux par les artères thalamoperforées issues de P1
(alimentant parfois les deux thalamus : risque d'ischémie Imagerie IRM à la phase ultraprécoce
bithalamique), noyaux postérieurs et supérieurs par les
branches choroïdiennes postérolatérales et postéromé- (< 6 heures) de l'AVC ischémique artériel
dianes (nées le plus souvent de P2), noyaux ventrolaté- (fig. 2.5 et 2.6)
raux par les branches thalamogenouillées nées de P2 ; C'est à ce stade – en pratique dans les 4 heures 30 qui suivent
■ artère communicante postérieure  : elle donne des la survenue du déficit – qu'il faut savoir faire le diagnostic
branches perforantes pour le thalamus antérieur et ven- d'ischémie cérébrale car c'est dans cette fenêtre temporelle
tral (artères polaires), l'hypothalamus, le bras postérieur que le traitement fibrinolytique est susceptible d'être effi-
de la capsule interne ; cace sans entraîner de sur-risque hémorragique.
■ tronc basilaire : il donne des branches perforantes pour Le diagnostic repose sur quatre séquences d'image-
le pont, le mésencéphale et la partie postéro-inférieure rie indispensables et suffisantes pour permettre au clinicien
des thalamus. L'obstruction distale du tronc basilaire se d'entreprendre une fibrinolyse.
traduit par l'association de lésions thalamiques bilatérales 1. l'imagerie de diffusion comporte obligatoirement à la fois
associées à des lésions temporo-occipitales, du mésencé- une imagerie pondérée en diffusion (facteur b1000  s/
phale et du pont ; mm2) et une cartographie du coefficient apparent de
■ artère cérébelleuse supérieure : elle vascularise la par- diffusion (apparent diffusion coefficient [ADC]). L'AVC
tie supérieure des hémisphères cérébelleux et le vermis ischémique est caractérisé à ce stade par une diffusion res-
supérieur ; treinte qui se traduit par un signal hyperintense sur l'ima-
■ artère cérébelleuse antéro-inférieure : elle vascularise la gerie b1000 et un franc hyposignal sur la cartographie
partie antérieure et inférieure (juxtapétreuse) de l'hémis- du coefficient de diffusion apparent [4–7]. À ce stade, la
phère cérébelleux homolatéral, le flocculus, le pédoncule détection de plusieurs AVC d'âges différents présente un
cérébelleux moyen homolatéral et la partie latérale du pont ; intérêt majeur pour la décision thérapeutique. Dans le
■ artère cérébelleuse postéro-inférieure : elle alimente la cas où – notamment à l'étage sous-tentoriel – il existe une
partie postéro-inférieure de l'hémisphère cérébelleux incertitude quant à l'existence d'une diffusion restreinte,
homolatéral, l'amygdale cérébelleuse, l'hémivermis infé- on peut utiliser une séquence d'imagerie de diffusion à
rieur et la partie postérolatérale du bulbe. valeur élevée du facteur b (1500–2000 s/mm2) [8].
30   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

TB

ACAI
ACAI

ACPI
ACPI
ACPI

a b c

ACA
AChA LS
Acho A Acom P

ACM Acho A
ACM
ACM
ACS

ACP ACP ACP

d e f

ACA ACA
ACA

Acho A
L.S L.S LS
ACM ACM
ACM

ACP
ACP
ACP

g h i
Fig. 2.4 a–m. Territoires artériels. Territoires jonctionnels (en noir). ACA : artère cérébrale antérieure ; ACAI : artère cérébelleuse antéro-infé-
rieure ; Acho A : artère choroïdienne antérieure ; ACM : artère cérébrale moyenne ; Acom P : artère communicante postérieure ; ACP : artère céré-
brale postérieure ; ACPI : artère cérébelleuse postéro-inférieure ; ACS : artère cérébelleuse supérieure ; LS : artères lenticulosriées issues de l'ACM
et de l'ACA ; TB : perforantes issues du tronc basilaire.
Chapitre 2. Accidents vasculaires cérébraux    31

ACA
ACA

ACM ACM
ACAI

ACP ACPI
ACP

j k l

ACA

L.S
ACM

ACP

m
Fig. 2.4 a–m. Suite.

2. L'imagerie d'écho de gradient à TE long (T2*) permet 3. L'imagerie FLAIR (fluid-attenuated inversion recovery)
d'éliminer un hématome parenchymateux (qui peut éga- permet de dater l'AVC qui, classiquement, ne se présente
lement se présenter en diffusion restreinte) et de dépis- en hypersignal qu'à partir de la 6e heure [11]. La visuali-
ter d'éventuels microsaignements parenchymateux [9] sation d'un hypersignal FLAIR dans le territoire ischémie
qui pourraient orienter vers une pathologie associée qui constitue donc une contre-indication à la fibrinolyse. Cette
pourrait contre-indiquer la thrombolyse (angiopathie séquence est d'un intérêt majeur pour la prise en charge des
amyloïde, nombre important de microsaignements). Elle AVC découverts au réveil du patient. Cette imagerie per-
permet surtout dans certains cas de visualiser un caillot met dans plus de la moitié des cas de mettre en évidence un
intraluminal sous la forme d'un hyposignal linéaire cor- ralentissement circulatoire sous la forme d'un signal hype-
respondant à un artéfact de susceptibilité lié à la désoxyhé- rintense intéressant les vaisseaux artériels situés en amont
moglobine intracellulaire. Ce thrombus est plus souvent du tissu ischémié [12]. Il est à noter que l'hypersignal de
visualisé sur les segments M1 et M2 de l'artère cérébrale ralentissement circulatoire observé en imagerie FLAIR 2D
moyenne. La présence d'un thrombus intraluminal sur le peut ne pas être retrouvé en imagerie FLAIR 3D [13].
segment M1 de l'artère sylvienne doit faire discuter – dans 4. L'imagerie vasculaire en temps de vol est la technique
un centre spécialisé – la thrombectomie par voie artérielle de référence pour l'exploration vasculaire cérébrale. Elle
dont la fenêtre thérapeutique peut être étendue à 6 heures. repose sur une technique d'écho de gradient 3D à haute
L'imagerie de susceptibilité magnétique (SWI, SWAN) résolution spatiale (épaisseur de coupe 0,8 mm, taille du
est plus sensible que l'imagerie d'écho de gradient pour la voxel 0,8 mm × 0,8 mm) associée si possible à un trans-
détection des microsaignements. Elle permet également à fert d'aimantation et un angle de bascule variable (ram-
la phase ultraprécoce de mettre en évidence le brush-sign ped flip angle). L'utilisation de plusieurs (4 à 5) volumes
qui correspond à l'augmentation de la concentration en d'imagerie de faible épaisseur est indispensable pour évi-
désoxyhémoglobine des veines médullaires cérébrales ter la saturation des spins artériels à l'intérieur du volume
situées dans le territoire ischémié [10]. d'imagerie. L'apparition des imageurs 3 T apporte une
32   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

a b c

d e
Fig. 2.5 AVC ischémique à la phase hyperprécoce (< 6 heures). AVC sylvien superficiel droit de localisation insulaire postérieure en hyposignal
sur la cartographie du coefficient apparent de diffusion (ADC) (a) et hypersignal sur l'imagerie Trace b1000 (b) avec : visibilité du caillot (flèche)
en EG T2* (c) ; occlusion d'une branche de la trifurcation sylvienne (flèche) sur l'angio-IRM (d) ; absence d'hypersignal T2 du territoire ischémié
mais ralentissement circulatoire (flèche) visible sur l'imagerie FLAIR (e). Cet AVC peut bénéficier d'une thrombolyse voire d'une thrombectomie.

a b c

d e f
Fig. 2.6 AVC ischémique sylvien superficiel droit à la phase hyperprécoce en imagerie de diffusion (a) et en cartographie d'ADC (b).
Visibilité du caillot (flèche) en M2 sur la séquence d'EG T2*(c). Occlusion d'une branche de la sylvienne (flèche) sur l'angio-IRM (d). Le caillot en
M2 est trop distal pour envisager une thrombectomie. L'AVC apparaît également en hypersignal b100 dans la région frontorolandique droite (e).
On note en imagerie de susceptibilité magnétique (SWI) une trop bonne visibilité des veines médullaires en franc hyposignal (flèches), ce qui traduit
une augmentation de la concentration veineuse en désoxyhémoglobine dans le territoire ischémié (f) : cet aspect correspond au brush-sign.
Chapitre 2. Accidents vasculaires cérébraux    33

Fig. 2.7 AVC ischémique sylvien total au stade aigu (> 6 heures). Cet AVC dont le signal est déjà intense en FLAIR (a) apparaît en signal
intense en imagerie Trace (b) b1000 et en hyposignal sur la cartographie du CAD (c). L'AVC intéresse le territoire cortical de l'artère sylvienne
gauche mais également les noyaux gris centraux du même côté : il s'agit donc d'un AVC sylvien total. Compte tenu de l'étendue des lésions et du
délai écoulé, cet AVC n'est pas accessible à la fibrinolyse.

qualité comparable à celle de l'angiographie digitalisée rivée du bolus au niveau de la crosse aortique, l'utilisation de
par voie artérielle. L'imagerie en temps de vol du poly- séquences rapides à temps d'écho (TE) et temps de répétition
gone de Willis permet de localiser l'occlusion vasculaire (TR) extrêmement courts (TR < 5 ms, TE < 3 ms) associées
lorsque celle-ci siège sur un gros tronc (siphons caroti- généralement à un balayage elliptique-centrique du plan de
diens, tronc basilaire) ou sur une branche principale de Fourier. Cette technique permet de dépister une sténose ou
division des artères cérébrales (jusqu'au segments A2 une occlusion vasculaire. Elle a tendance à surestimer les sté-
et M2). L'intérêt est ici surtout de comprendre le méca- noses artérielles. La qualité de l'angiographie par résonance
nisme de l'AVC (occlusion tronculaire, sténose proximale magnétique (ARM) des TSA est également améliorée à 3 T.
pouvant expliquer un accident jonctionnel, etc.) afin
de pouvoir discuter la meilleure option thérapeutique
(thrombolyse/thrombectomie).
Au stade aigu compris entre
Au stade hyperprécoce, il est nécessaire d'entreprendre la 6e heure et les 24 premières heures
le plus rapidement possible le traitement fibrinolytique. L'AVC se présente toujours en diffusion restreinte (fig. 2.7)
Toute autre séquence d'imagerie ne doit donc être envisagée et l'imagerie conventionnelle permet de retrouver (fig. 2.8) :
qu'après le début du traitement fibrinolytique ou lorsque ce ■ des anomalies en rapport avec le ralentissement
traitement est contre-indiqué. circulatoire :
À ce stade, l'imagerie de perfusion permettrait de mettre – sur l'imagerie pondérée en T2, un vaisseau artériel
en évidence l'hypoperfusion du territoire ischémie sous la circulant qui se présente en franc hyposignal (void-
forme d'un allongement des paramètres temporaux – temps sign). La disparition de cette absence de signal au sein
du pic (time to peak [TTP]) et temps de transit moyen d'un vaisseau occlus est un signe précoce qui peut être
(mean transit time [MTT]) – et d'une diminution du débit observé dès les premières minutes de l'occlusion vas-
sanguin cérébral relatif (relative cerebral blood flow [rCBF]). culaire. En écho de gradient pondéré en T1, l'occlusion
La confrontation entre l'imagerie du volume sanguin céré- vasculaire se traduit par la disparition de l'hypersignal
bral relatif (relative cerebral blood volume [rCBV]) et du (lié à l'effet d'entrée de coupe) normalement observé
débit sanguin cérébral relatif (rCBF) permet d'évaluer le dans la lumière d'un vaisseau circulant ;
degré d'autorégulation : la vasodilatation réflexe peut-elle – l'hypersignal vasculaire en imagerie FLAIR ;
compenser l'augmentation du MTT ? – en cas d'injection de gadolinium, la présence d'un
Surtout, la confrontation avec l'imagerie de diffusion rehaussement vasculaire trop intense dans le terri-
permet de déterminer la zone de pénombre ischémique toire ischémié qui traduit le ralentissement du flux
[14, 15] dont la définition précise ne fait pas consensus et vasculaire.
qui correspond à une zone hypoperfusée (en rCBF et MTT) ■ des signes caractéristiques de l'œdème cytotoxique :
sans restriction en imagerie de diffusion à la même période. – épaississement du ruban cortical qui apparaît en hypo-
L'exploration des troncs supra-aortiques (TSA) repose signal T1 et en hypersignal T2. On peut néanmoins par-
sur l'injection d'un chélate de gadolinium en bolus (15 ml, fois observer à ce stade un hyposignal T2 de la substance
3 ml/s), la détection semi-automatique (Care-bolus®, Bolus- blanche en regard du cortex ischémié (désoxyhémoglo-
track®, Fluoro-trigger®) ou automatique (Smart-prep®) de l'ar- bine, dépôts ferriques, dépôts de radicaux libres ?) ;
34   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

a b
Fig. 2.8 AVC à la phase aiguë. Hypersignal gyriforme sur les séquences pondérées en T2 sans (a) et avec effacement du signal de l'eau (FLAIR, b)
correspondant à l'œdème cytotoxique cortical effaçant les sillons corticaux et débordant dans la substance blanche sous-corticale.

Fig. 2.9 AVC à la phase aiguë. L'hypersignal observé sur l'imagerie b1000 (b) s'explique à la fois par la restriction diffusionnelle observée sur la
cartographie d'ADC (c) et par l'effet T2 lié à l'augmentation d'eau dans le parenchyme ischémié et visible sur l'imagerie FLAIR (a).

– perte de la visibilité de l'interface substance blanche/ L'hypersignal observé en imagerie pondérée en diffusion
substance grise en raison de la diffusion l'œdème en (Trace b1000) à ce stade correspond donc à la fois à la res-
sous-cortical ; triction diffusionnelle et à l'augmentation du T2 du paren-
– effacement des sillons corticaux. chyme ischémié (fig. 2.9).
L'imagerie FLAIR présente ici une meilleure sensibilité En cas d'injection de gadolinium, on observera parfois
que les séquences de SE-T2 (fig. 2.8). une prise de contraste leptoméningée qui traduirait le déve-
Le mode brutal de survenue du déficit et la topographie loppement d'anastomoses piales.
vasculaire « artérielle » des lésions font évoquer le diagnostic
qui sera confirmé par l'imagerie de diffusion qui retrouve Phase subaiguë,
une diffusion restreinte dans le territoire ischémié.
Secondairement, en fonction du volume du territoire du 2e jour à la fin de la 2e semaine
infarci, peuvent apparaître une extension de l'hypersignal En imagerie de diffusion, cette phase se caractérise par une
T2/FLAIR et un effet de masse. élévation progressive de l'ADC du territoire ischémié qui
Chapitre 2. Accidents vasculaires cérébraux    35

Fig. 2.10 Évolutions comparatives de l'ADC et de l'imagerie pondérée en diffusion. Alors que l'ADC de l'AVC ischémique, abaissé à J0 (c)
se normalise vers le 7e jour (d), l'hypersignal b1000 observé à J0 (a) perdure à J7 (b). L'imagerie pondérée en diffusion ne permet pas à elle seule
de dater l'ancienneté d'un AVC.

se « normalise » entre 7 et 10 jours. Néanmoins, à ce stade, Rarement, on peut observer en imagerie FLAIR réalisée
l'imagerie de l'AVC reste en franc hypersignal sur l'imagerie quelques heures après l'injection de gadolinium une élévation
pondérée en diffusion (fig. 2.10). du signal du liquide cérébrospinal (LCS) au sein des sillons
En imagerie conventionnelle, elle se caractérise par : corticaux contigus à un foyer ischémique cortical qui ne doit
■ l'apparition d'une rupture de la barrière hémato-encé- pas être confondue avec une hémorragie sous-arachnoïdienne.
phalique (BHE) qui se traduit par une prise de contraste On peut également observer une transformation hémor-
serpigineuse du ruban cortical après injection de ragique qui se traduit par un hypersignal T1 et un hyposi-
gadolinium ; gnal T2 et T2*. Cette transformation hémorragique intéresse
■ l'apparition d'un œdème extracellulaire notamment préférentiellement les noyaux gris centraux (noyaux lenti-
vasogénique lié à l'ouverture de la BHE et se traduisant culaires) et le cortex cérébral. On considère que ces rema-
par une plage cortico-sous-corticale en hyposignal T1 et niements hématiques sont plus fréquents en cas de cause
en hypersignal T2 et FLAIR ; cardio-embolique ou dans les AVC jonctionnels. La trans-
■ un effet de masse qui va atteindre son maximum vers le formation hémorragique du cortex se traduit au stade de la
cinquième jour pour disparaître progressivement vers la méthémogmobine par un hypersignal T1 gyriforme.
troisième semaine. Cet effet de masse peut présenter un
risque vital chez le patient, notamment en cas d'engage- Phase chronique,
ment temporal ou cérébelleux.
Classiquement, la prise de contraste méningée et le trop dès la 3e semaine (fig. 2.11)
beau rehaussement vasculaire disparaissent à la fin de la À ce stade, on observe une disparition progressive de l'effet
première semaine. de masse. Le territoire ischémié évolue vers la résorption
36   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Fig. 2.11 AVC à la phase chronique. Résorption du tissu ischémique nécrosé qui évolue vers une cavité liquidienne résiduelle en hypersignal T2
sur l'imagerie b0, en hyposignal b1000 et en hypersignal sur la cartographie d'ADC.

Fig. 2.12 Fogging effect : l'AVC ischémique cérébelleux hémisphérique droit (étoile) est à peine visible en imagerie T1 (a) et T2 (b).
Il se rehausse après injection de gadolinium (c).

du tissu nécrosé remplacé par de la gliose, la constitution La prise de contraste gyriforme va persister plusieurs mois.
d'une cavité liquidienne séquellaire et d'une atrophie loco- Deux tableaux particuliers peuvent s'observer à cette
régionale (dilatation ventriculaire, élargissement des sillons période :
corticaux). Le territoire infarci apparaît donc en hyposignal ■ la normalisation de l'imagerie T2 et FLAIR au sein
T1 et en hypersignal T2. du parenchyme ischémié correspond au fogging-effect
Les remaniements hématiques, lorsqu'ils existent, per- (fig.  2.12) qui peut être démasqué par l'injection
sistent en hyposignal T2*. de gadolinium qui démontre une prise de contraste
L'imagerie de diffusion met en évidence une élévation du [16] ;
coefficient de diffusion. Le signal en imagerie pondérée en ■ la survenue progressive d'une dégénérescence wallé-
diffusion reste élevé jusqu'à sa normalisation aux environs rienne [17, 18] reconnue au stade tardif par une atro-
de la fin du 2e mois. phie pédonculaire et un hypersignal T2 et FLAIR sur
Chapitre 2. Accidents vasculaires cérébraux    37

Tableau 2.1 Évolution temporelle comparée du signal de l'AVC en imagerie de diffusion,


sur la cartographie de diffusion et en imagerie conventionnelle.
Phase hyperaiguë (0–6 heures)
Restriction en imagerie de diffusion Dès la première heure
Signes intravasculaires :
– disparition de l'hyposignal circulant T2 Dès les premières minutes
– hypersignal vasculaire en FLAIR Dès les premières minutes
– visibilité d'un caillot en T2* Dès les premières minutes
– prise de contraste artérielle > 2 heures
Phase aiguë (6 h–24 heures)
Restriction en diffusion Dès la première heure
Hypersignal en FLAIR et T2 avec effet de masse (sillons corticaux) Dès la 6e heure
Remaniements hématiques en T2* du cortex ou des noyaux gris Dès les premières heures
Phase subaiguë (2–15 jours)
Imagerie de diffusion Restriction jusqu'à 7 à 10 jours puis élévation du coefficient
apparent de diffusion
Hypersignal gyriforme T2 et FLAIR avec effacement des sillons corticaux Maximal à 5 jours, décroît en 10 jours (rarement fogging-
effect à 2 semaines)
Prise de contraste parenchymateuse T1 post-gadolinium Dès la 48 e heure
Prise de contraste artérielle Disparaît en 1 semaine
Prise de contraste méningée Disparaît en 1 semaine
Remaniements hématiques en T2* du cortex ou des noyaux gris Définitifs
Phase chronique (> 15 jours)
Hypersignal T2 en rapport avec la gliose Définitifs
Hypersignal T2 de la dégénérescence wallérienne Définitifs
Remaniements hématiques en T2* du cortex ou des noyaux gris Définitifs

le trajet du faisceau corticospinal (corona radiata, bras On prêtera un intérêt tout particulier à l'association de
postérieur de la capsule interne, tronc cérébral) et éga- lésions thalamiques et du territoire cérébral postérieur qui
lement bien mise en évidence en imagerie de diffusion doivent conduire à la réalisation obligatoire d'une ARM.
[19]. Certains infarcissements cérébelleux sont souvent très
Nous rapportons dans la figure 2.13 et le tableau 2.1 l'évo- œdémateux et peuvent se compliquer d'engagements céré-
lution temporelle comparée du signal de l'AVC en imagerie belleux associés ou non à une hydrocéphalie triventriculaire
de diffusion, sur la cartographie de diffusion et en imagerie à l'étage sus-tentoriel.
conventionnelle.
Infarctus jonctionnels (fig. 2.22)
IRM en fonction de la topographie Un infarctus jonctionnel survient en cas d'une vascularisa-
tion insuffisante à la limite de deux territoires artériels.
des AVC ischémiques artériels Son siège peut se situer :
(fig. 2.13 à 2.21) ■ soit à la jonction des anastomoses terminales entre
deux territoires superficiels – infarctus dit du « dernier
Infarctus de la fosse postérieure pré » ;
(fig. 2.14 à 2.17) ■ soit à la jonction d'un territoire superficiel et d'un terri-
Ces infarctus se manifestent cliniquement le plus souvent toire profond d'une artère cérébrale.
par un syndrome alterne. À l'étage sus-tentoriel, ces infarctus s'observent surtout
Il faut y penser devant un tableau clinique associant devant l'association d'une sténose carotidienne, d'un réseau
des troubles fluctuants de la conscience et une atteinte des de suppléance insuffisant et d'une baisse du débit sanguin
paires crâniennes : l'occlusion par thrombose ou dissection cérébral. Ils se traduisent par des lésions « en bande » situées
du tronc basilaire nécessite une prise en charge en urgence à la jonction entre deux territoires vasculaires, touchant à la
(thrombolyse artérielle à discuter). fois la substance blanche et la substance grise.
38   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

CDA

Temps

J2 J10 J60 b1000

b c d

CDA

Temps

J2 J10 J60 b1000


f
e
Fig. 2.13 Datation de l'AVC en imagerie de diffusion. (a) Évolution temporelle del'ADC et du signal b1000 d'un AVC ischémique au cours du
temps : contrairement à l'ADC qui se normalise à la fin de la première semaine, le signal de l'AVC ne se normalise qu'aux environs du 60e jour.
(b–e) La comparaison de la cartographie d'ADC et de l'imagerie b1000 permet ainsi de dater l'ancienneté de l'AVC : AVC aigu (flèche jaune), AVC
à 7 à 10 jours (flèche rouge), AVC de 60 jours (flèche verte).

On distingue : Cas particulier des accidents


■ les infarctus jonctionnels antérieurs (entre le territoire de
l'artère cérébrale antérieure [ACA] et de l'artère cérébrale
ischémiques transitoires (AIT)
moyenne [ACM]) ; L'AIT est actuellement défini par la survenue d'un déficit
■ les infarctus jonctionnels postérieurs (entre le ter- neurologique dû à une ischémie focale cérébrale ou réti-
ritoire de l'ACM et de l'artère cérébrale postérieure nienne régressant habituellement en moins d'une heure et le
[ACP]) ; plus souvent en quelques minutes.
■ les infarctus jonctionnels profonds à la jonction entre Les causes cardio-emboliques et l'athérosclérose en consti-
le territoire superficiel et profond de l'ACM (région du tuent les étiologies principales. Ils constituent un signe d'alarme
claustrum). et doivent donc bénéficier d'une exploration cérébrale (IRM)
À l'étage sous-tentoriel, on peut également observer et vasculaire (angio-TDM ou angio-IRM) dans les 24 heures
des infarctus jonctionnels entre les territoires des artères car, dans 30 % des cas, ils sont observés dans la semaine qui
cérébelleuses. précède la survenue d'un AVC ischémique constitué.
Chapitre 2. Accidents vasculaires cérébraux    39

Fig. 2.14 Accident ischémique dans le territoire de l'artère cérébelleuse postéro-inférieure droite. Le territoire ischémié est visualisé en
signal intense sur l'imagerie FLAIR (a) et Trace b1000 (b) et en très discret hyposignal sur la cartographie d'ADC (c). L'ancienneté de cet AVC est
d'une semaine environ. Le caractère œdémateux est fréquemment observé dans cette localisation.

Fig. 2.15 Accident ischémique dans le territoire de l'artère cérébelleuse postéro-inférieure gauche. L'occlusion de l'artère cérébelleuse
postéro-inférieure gauche est responsable d'une ischémie hémisphérique cérébelleuse mais aussi d'une ischémie de la fossette latérale du bulbe
(flèche) expliquant le syndrome de Wallenberg présenté par ce patient.

Fig. 2.16 (a, b) Accident ischémique dans le territoire de l'artère cérébelleuse supérieure. On notera le caractère œdémateux de cet AVC,
responsable d'un engagement vermien supérieur débutant et d'une dilatation ventriculaire à l'étage sus-tentoriel.
40   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Fig. 2.17 (a, b) AVC ischémique pontique paramédian droit correspondant à une occlusion d'artérioles perforantes naissant directe-
ment du tronc basilaire. Cet aspect peut s'observer dans le cadre d'une vascularite infectieuse (maladie de Lyme).

Fig.  2.18 AVC ischémique temporo-occipital interne gauche aigu dans le territoire de l'artère cérébrale postérieure en imagerie
de ­diffusion (a) et en cartographie d'ADC (b).

Fig. 2.19 (a–c) Lésions ischémiques bithalamiques correspondant à l'occlusion de l'artère de Percheron de type IIIb qui naît du seg-
ment P1 d'une artère cérébrale postérieure. Cet aspect doit faire rechercher une occlusion du tronc basilaire.
Chapitre 2. Accidents vasculaires cérébraux    41

Fig. 2.20 AVC ischémique dans le territoire de l'artère cérébrale antérieure. AVC ischémique dans le territoire de l'artère cérébrale antérieure
(a). Visibilité de rétrécissements de calibre sur le trajet de l'artère cérébrale antérieure (ACA) sur l'imagerie en temps de vol du polygone de Willis (b).

Particularités IRM en fonction


de l'étiologie des AVC ischémiques
artériels
Athérosclérose, cause principale
des AVC ischémiques artériels
L'imagerie en temps de vol du polygone de Willis et l'image-
rie des troncs supra-aortiques (en angio-IRM ou en angio-
TDM) sont indispensables dans le bilan de tout AVC. La
localisation des lésions athéromateuses intracrâniennes sur
les siphons carotidiens explique la chute de perfusion à l'ori-
gine d'AVC jonctionnels.

Fig.  2.21 AVC ischémique dans le territoire de l'artère choroï-


dienne antérieure.

Fig. 2.22 (a, b) AVC ischémique jonctionnel dans un territoire situé entre les territoires de l'artère sylvienne et de l'artère cérébrale
postérieure gauches.
42   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Fig. 2.23 AVC ischémiques d'âges différents et siégeant dans des territoires artériels différents (a–c). Cet aspect est évocateur d'acci-
dents ischémiques d'origine embolique.

Emboles d'origine cardiaque (fig. 2.23) maladie de Marfan, dysplasie fibromusculaire, boucles vas-


Les emboles d'origine cardiaque représentent l'étiologie culaires), mais aussi spontanées.
d'environ 20 % des AVC ischémiques artériels. Ils sont en Elles se traduisent cliniquement par des cervicalgies
rapport avec des causes variées  : fibrillation auriculaire, associées ou non à un déficit neurologique et sont parfois
rétrécissement ou prolapsus valvulaire mitral, rétrécisse- bilatérales
ment aortique calcifié, infarctus du myocarde, foramen Elles correspondent, à l'étage cervical et intracrânien,
ovale perméable avec ou sans anévrisme du septum inte- à la survenue d'un hématome pariétal dont la localisa-
rauriculaire (FOP-ASIA), endocardites infectieuses avec tion anatomique (sous-intimal, médial, sous-adventitiel)
végétations valvulaires, thrombus intraventriculaire, pro- explique la variabilité du retentissement sur la lumière
thèses valvulaires avec anticoagulation inadaptée, myxome vasculaire (occlusion/sténose, évolution vers un pseudo-
de l'oreillette. On peut leur rattacher les emboles liés à des anévrisme). Il n'est donc presque jamais observé de
plaques athéromateuses instables siégeant sur le trajet de faux chenal circulant dans les dissections des artères
l'aorte ascendante. cervicales, les exceptionnelles exceptions correspon-
La transformation hémorragique liée à la rupture de dant à l'extension aux artères cervicales d'une dissection
la BHE est une complication fréquente des emboles aortique.
cardiaques. Le traitement est habituellement médical, le traitement
Ils se présentent en imagerie sous la forme de lésions anticoagulant étant susceptible d'entraîner la restitutio ad
multiples, parfois de petite taille, intéressant des terri- integrum de la lumière vasculaire.
toires vasculaires artériels différents. La présence de Dans les formes sténosantes, en cas d'emboles récidi-
lésions d'âge différent en imagerie de diffusion et l'as- vants, on peut être amené à proposer un geste endovascu-
sociation à des lésions pétéchiales en hyposignal T2* laire (dilatation et stent).
sont évocatrices du diagnostic et doivent conduire en
Dissection carotidienne [20, 21]
urgence à la réalisation d'une exploration en échogra-
phie-Doppler par voie transœsophagienne à la recherche Son siège est le plus souvent cervical et intéresse plus
d'une endocardite. volontiers la carotide interne au-dessus de la bifurcation
carotidienne. Cependant, la dissection de la carotide est éga-
lement observée dans son trajet intracrânien (intrapétreux,
intracaverneux).
Dissections des artères cervicales La présence d'un syndrome de Claude Bernard-Horner
et intracrâniennes (fig. 2.24 à 2.26) associant ptosis, myosis, énophtalmie et anhidrose par
Ces dissections représentent une cause fréquente des AVC atteinte du plexus sympathique péricarotidien est très évo-
ischémiques du sujet jeune. catrice d'une dissection carotidienne.
Elles sont souvent d'origine traumatique (choc direct ou L'atteinte du XII qui entraîne une paralysie de l'hémi-
mouvements répétés en rotation ou en flexion-extension), langue qui dévie, en protraction, du côté paralysé, doit faire
parfois chez des patients présentant une anomalie pré- rechercher une dissection carotidienne en regard du canal
existante de la paroi artérielle (syndrome d'Ehler-Danlos, condylien antérieur.
Chapitre 2. Accidents vasculaires cérébraux    43

Fig.  2.25 (a, b) L'imagerie 3D T1 spin écho (à « sang noir »)


constitue un apport majeur pour la détection des dissections
des vaisseaux cervicaux, car l'acquisition 3D permet de couvrir
la totalité du trajet cervical et intracrânien de l'artère carotide
interne (flèches) ainsi que les trajets V3 et V4 des artères verté-
brales qui constituent les lieux privilégiés des dissections.

Le diagnostic en imagerie repose sur :


■ des signes indirects évocateurs :
– en imagerie de diffusion : lésion ischémique récente
chez un patient présentant cervicalgies et syndrome de
Claude Bernard-Horner ;
– en ARM cervicale après gadolinium  : sténose ou
Fig.  2.24 (a, b) AVC ischémiques emboliques en rapport avec
une dissection carotidienne gauche. L'effacement de graisse et la
occlusion de la carotide interne. Une occlusion « en
saturation du signal vasculaire artériel et veineux permettent de distin- queue de radis » de la carotide interne 1 ou 2 cm en
guer l'hypersignal de l'hématome péricarotidien (flèche jaune) du che- aval de la bifurcation carotidienne est assez évocatrice
nal artériel circulant résiduel en l'absence de signal (flèche blanche). de dissection.
44   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

xième intention, après la découverte d'une sténose


focale sur le trajet d'une artère cervicale.
■ imagerie 3D Fast-SE (spin écho) T1 (CUBE/SPACE/
VISA) en haute résolution (voxel millimétrique isotrope)
en sang noir et avec saturation de graisse, réalisée dans
le plan sagittal. Cette imagerie présente l'intérêt d'une
analyse de l'ensemble des vaisseaux cervicaux et intra-
crâniens. L'hématome pariétal apparaît également en
hypersignal sur ces séquences qui permettent aussi de
préciser si le vaisseau disséqué présente un flux résiduel.
L'inconvénient de cette technique est son temps d'acqui-
sition de l'ordre de 8 à 9 minutes.

Dissection des artères vertébrales


Cette dissection présente quelques particularités :
■ elle siège habituellement sur le trajet terminal (V3 et V4)
des artères vertébrales ;
■ la visualisation de l'hématome mural est très diffi-
cile dans le trajet intratransversaire (V2) des artères
vertébrales ;
■ la dissection du segment terminal V4 de l'artère ver-
tébrale siège dans les espaces sous-arachnoïdiens et
constitue une contre-indication au traitement anti-
coagulant en raison du risque majeur d'hémorragie
méningée.
Comme pour les dissections carotidiennes, on dispose
soit d'une imagerie 2D avec effacement de graisse et présa-
turation vasculaire, soit d'une imagerie 3D Fast-SE qui pré-
sente ici un intérêt diagnostique majeur.

Fig.  2.26 (a, b) L'imagerie 3D T1 spin écho (à « sang noir ») Infarctus lacunaires
démontre ici une dissection de l'artère vertébrale droite dans
son trajet V3 (flèches) ainsi que les trajets V3.
Les lacunes sont des lésions de petite taille (< 1,5 cm de dia-
mètre) qui correspondent en anatomopathologie :
■ soit à de petits infarctus cérébraux anciens en rapport
avec l'occlusion d'une artère perforante par lipohyali-
■ des signes directs qui seuls établissent le diagnostic en nose, embolie, ou artériosclérose. Ils siègent typiquement
visualisant l'hématome de paroi. dans les noyaux gris centraux, la substance blanche des
Nous disposons de deux types de séquences présentant centres semi-ovales, la protubérance ;
une bonne sensibilité diagnostique à partir du moment où le ■ soit à des hémorragies par rupture de micro-anévrismes
thrombus apparaît en hypersignal T1 et T2. de Charcot et Bouchard.
■ coupes axiales fines 2D : Elles se traduisent en IRM par des lésions arrondies ou
– soit en écho de gradient (EG) T1 avec effacement de ovalaires en hyposignal T1 et en hypersignal T2 compara-
graisse associé à une présaturation vasculaire sus- et tivement au parenchyme cérébral. Elles présentent habi-
sous-jacente afin d'éliminer le signal des flux artériels tuellement une gliose périphérique en hypersignal FLAIR
et veineux ; permettant de les différencier des espaces périvasculaires de
– soit en turbo spin écho (TSE) T2 avec effacement de Virchow-Robin [22].
graisse. L'hématome apparaît en hypersignal excentré
par rapport à la lumière vasculaire parfois persistante
et alors identifiable sous la forme d'un franc hypo- Vascularites cérébrales [23–28]
signal circulant. Le problème de l'imagerie 2D est Les vascularites cérébrales (fig. 2.27 à 2.29) se caractérisent
représenté par sa faible couverture en hauteur : elle par la présence de lésions inflammatoires intéressant la
constitue donc habituellement une imagerie de deu- paroi des vaisseaux artériels intracrâniens.
Chapitre 2. Accidents vasculaires cérébraux    45

Fig. 2.27 (a, b) Patient drépanocytaire présentant une occlusion de la carotide interne droit et de l'artère sylvienne droite. On note également
la mauvaise visibilité de la distalité de l'artère cérébrale postérieure gauche (flèche blanche) en rapport avec un AVC ischémique antérieur. A contrario,
on note une dilatation de l'artère cérébrale postérieure droite (flèche jaune) et la visibilité d'un réseau moya-moya (flèches rouges). L'imagerie 3D-T1 spin
écho après injection de gadolinium met en évidence un aspect inflammatoire de la carotide interne droite dans son segment intrapétreux.

Fig. 2.28 (a–c) Multiples lésions ischémiques sus- et sous-tentorielles. Cet aspect est compatible avec des embolies d'origine cardiaque.
Chez ce patient, on observe de multiples rétrécissements de calibre des artères cérébrales en rapport avec une artérite cérébrale (flèches).

Fig. 2.29 (a, b) AVC ischémique récent en hypersignal b1000. L'imagerie 3D T1 spin écho après injection de gadolinium met en évidence une
prise de contraste de la paroi du bulbe carotidien (flèche blanche) traduisant le caractère inflammatoire de la plaque athéromateuse ainsi qu'un
caillot flottant dans la lumière vasculaire (flèche jaune).
46   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

On distingue du point de vue étiologique : ■ les vascularites infectieuses (Hæmophilus de type  B,


■ les vascularites isolées du système nerveux central ; tuberculose, syphilis, neuroborréliose) parfois sur terrain
■ les vascularites systémiques primitives : immunodéprimé (VIH, aspergillose ou mucormucose,
– nécrosantes (périartérite noueuse, angéite de Churg et listéria) ;
Strauss, syndrome de Cogan) ; ■ les vascularites toxiques :
– gigantocellulaires (maladie de Horton, maladie de – médicamenteuses : dérivés de l'ergot de seigle ;
Takayasu) ; – toxiques : morphine, héroïne, cocaïne, crack, ecstasy,
– granulomateuses (maladie de Wegener). LSD.
■ les vascularites associées à une maladie de système Les vascularites se traduisent par l'association variable :
(maladie de Behçet, lupus érythémateux aigu disséminé, ■ de lésions ischémiques multiples souvent de petite
syndrome de Gougerot-Sjögren) ; taille ;
■ de plages de démyélinisation intéressant volontiers
la substance blanche cortico-sous-corticale, de taille
variable, en signal hyperintense en T2 et en FLAIR ;
■ de lésions hémorragiques.
L'ARM du polygone de Willis peut retrouver, surtout à
haut champ, des rétrécissements de calibre sur le trajet des
vaisseaux cérébraux. L'exploration des vaisseaux cervicaux
est d'un intérêt majeur pour le diagnostic de maladie de
Takayashu ou de maladie de Horton.
L'imagerie 3D-T1 TSE avec injection de gadolinium per-
met parfois de mettre en évidence des prises de contraste
des parois vasculaires aussi bien à l'étage cervical qu'au
niveau des vaisseaux intracrâniens.

Lésions hypoxiques/anoxiques
(fig. 2.30 et 2.31)
Ces lésions correspondent habituellement à la conséquence
d'une hypoperfusion cérébrale prolongée  : hypotension
sévère prolongée, arrêt cardiaque, intoxication au monoxyde
de carbone.
L'aspect caractéristique est représenté par la présence de
lésions bilatérales des noyaux lenticulaires parfois hémorra-
giques [29, 30]. Également évocatrice, la sclérose laminaire
[31,32] (touchant électivement les couches 3, 5 et 6 de Betz)
se traduit par un hypersignal T1 et une prise de contraste
Fig. 2.30 Anoxie cérébrale vue 15 jours après un arrêt cardiores- corticale plus ou moins étendue et intense.
piratoire résolutif : hypersignal FLAIR du striatum (putamen et Enfin, dans ce cadre, des infarctus jonctionnels peuvent
noyaux caudés). également être rencontrés.

Fig. 2.31 Anoxie cérébrale vue précocement. Hypersignal FLAIR (a) et b1000 (c) du cortex rolandique qui apparaît en hyposignal T1 (b).
Chapitre 2. Accidents vasculaires cérébraux    47

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Chapitre
3
Thrombophlébites cérébrales
P. Brugières, P. Kauv, P. Thomas, A. Maraval

PLAN DU CHAPITRE
Généralités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49 Présentations radio-anatomiques. . . . . . . . . . . 56
Signes directs de la thrombose Pièges diagnostiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
veineuse cérébrale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
Signes indirects de la thrombose
veineuse cérébrale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53

Généralités et ­infectieuses locorégionales, notamment ORL. Parmi les


causes iatrogènes, on citera la prise de contraceptifs oraux,
Les thromboses veineuses cérébrales (TVC) représentent la réalisation d'une ponction lombaire.
une pathologie relativement fréquente (0,5 % des accidents Cliniquement, elles peuvent se traduire par :
vasculaires cérébraux [AVC]), à prédominance féminine, ■ le plus souvent, un syndrome d'hypertension intrac­
pouvant survenir à tout âge et de présentation clinique rânienne isolé [3,4] avec céphalées habituellement
extrêmement polymorphe [1,2]. d'intensité croissante, mais pouvant plus rarement être
Par ordre de fréquence, les TVC intéressent préféren­ aiguës et révéler parfois un hématome intracrânien ou
tiellement le sinus longitudinal et les sinus latéraux, plus une hémorragie sous-arachnoïdienne. À ces céphalées
rarement le système veineux profond (sinus droit et veines s'associent de façon secondaire et variable des nausées,
afférentes) et les veines corticales, exceptionnellement les des vomissements et un œdème papillaire au fond d'œil ;
sinus caverneux (fig. 3.1). ■ des syndromes déficitaires focaux, parfois transitoires.
Les principales étiologies des TVC sont rappelées dans L'association à des céphalées, une comitialité, une fièvre,
le tableau  3.1. On retiendra surtout les facteurs favori­ la survenue de déficits « à bascule » doivent faire suspec­
sants représentés par la grossesse et le post partum, les ter une TVC ;
traumatismes crâniens et les maladies inflammatoires ■ des crises comitiales partielles ou généralisées ;
(lupus érythémateux aigu disséminé, maladie de Behçet) ■ des troubles des fonctions supérieures ou de la conscience.

SLS

SLS VBR Ampoule


SLS de Galien
VBR VCI
S. latéral S. droit
S. latéral VBR

S .latéral

VJI VJI
a b c
Fig. 3.1 Phlébogramme normal en vue antéropostérieure (a), craniocaudale (b) et latérale (c). SLS : sinus longitudinal supérieur ; VBR :
veine basilaire de Rosenthal ; VCI : veine cérébrale interne ; VJI : veine jugulaire interne.

IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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50   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Tableau 3.1 Principales étiologies des thromboses


veineuses cérébrales.
• Infectieuses :
– locales : abcès cérébral, empyème, méningites
– régionales : mastoïdites, sinusites, infections buccodentaires
– générales : septicémies bactériennes parasitaires ou virales
• États prothrombotiques :
– congénitaux : mutation du facteur V Leiden, déficit
en protéine C et S, déficit en antithrombine III,
hyperhomocytéinémie
– acquis : grossesse, post partum, syndrome des
antiphospholipides, syndrome néphrotique, déshydratation
• Maladies inflammatoires : lupus érythémateux aigu
disséminé, maladie de Behçet, maladie de Crohn, rectocolite
hémorragique
• Causes hématologiques : polycythémie, thrombocythémie,
hémoglobinurie paroxystique nocturne, lymphomes
• Causes iatrogènes :
– médicamenteuses : contraceptifs oraux, L-asparaginase,
Fig. 3.2 En écho de gradient T1, les sinus veineux circulants sont
érythropoïétine, corticoïdes
– mécaniques : traumatisme crânien, intervention en hypersignal. Il existe chez ce patient une thrombose du sinus laté-
neurochirurgicale, cathétérisme jugulaire ral droit (flèche).
– ponction lombaire avec ou sans injection intrathécale
• Néoplasies
• Idiopathiques : 12,5 % des cas

Le traitement des TVC repose sur les anticoagulants à


dose curative.
On peut différencier en IRM les signes directs de la
thrombose veineuse qui concernent la visibilité du throm­
bus et sa traduction en angio-IRM et les signes indirects qui
représentent la conséquence de la thrombose sur le paren­
chyme cérébral avoisinant [5–7].

Signes directs de la thrombose


veineuse cérébrale
Le thrombus se traduit d'une part par une anomalie de
signal correspondant à l'évolution du signal du caillot san­
guin, d'autre part par l'absence de circulation du vaisseau
occlus.
Le signal du thrombus est conditionné par le type de
séquence d'imagerie utilisée et par son ancienneté.

Avant la première semaine


Avant la première semaine, le caillot, habituellement observé Fig. 3.3 Élargissement (blooming) du sinus latéral droit sur l'ima-
au stade de la désoxyhémoglobine, apparaît en iso-/hyposi­ gerie en écho de gradient T2* traduisant la présence d'un caillot.
gnal T1 et en hyposignal T2. Comme le sang circulant appa­
raît également en hyposignal T2 en imagerie SE pondérée en
T2 (par effet de sortie de coupe), la visibilité du thrombus
peut être difficile sur ces séquences. magnétique (la désoxyhémoglobine intracellulaire est un
En revanche, dès ce stade, une imagerie en écho de gra­ agent paramagnétique). L'effet de susceptibilité magnétique
dient (EG) T1 en coupes fines (3 mm) perpendiculaires au est également responsable d'un élargissement (blooming)
sens du flux (en pratique en coupes coronales qui visualisent des structures veineuses thrombosées (fig. 3.3). La confron­
le sinus longitudinal supérieur et les sinus transverses) peut tation entre l'imagerie T2* et l'imagerie 3D T1 gadolinium
mettre en évidence l'absence de circulation du sinus throm­ permet de déterminer si le blooming correspond ou non à
bose (fig. 3.2). une occlusion veineuse et cette comparaison constitue la
Sur les séquences en EG à TE long (T2*), le thrombus meilleure approche pour le diagnostic des thromboses vei­
apparaît en franc hyposignal par effet de susceptibilité neuses corticales (fig. 3.4).
Chapitre 3. Thrombophlébites cérébrales    51

a b c

d e f
Fig. 3.4 Thrombose veineuse corticale. Hyposignal œdémateux cortico-sous-cortical T1 (a), hypersignal T2 (b) et FLAIR (c), diffusion restreinte
du ruban cortical en imagerie de diffusion b1000 (d), blooming d'une veine corticale sur l'imagerie T2* (e) qui ne s'opacifie pas après injection de
gadolinium sur l'imagerie T1 post-gadolinium (f).

L'angiographie en résonance magnétique doit être et conduire à des diagnostics de TVC par excès. Cette
effectuée au moindre doute. Trois types de séquences sont technique d'imagerie nécessite une conduite interactive :
disponibles : il faut savoir diminuer la gamme des vitesses afin de ne
■ l'imagerie veineuse 2D en « temps de vol » qui présente pas méconnaître un flux lent (fig. 3.5) ;
l'inconvénient de visualiser, en plus des flux circu­ ■ l'imagerie 3D T1 gadolinium est souvent la technique
lants, les tissus à T1 courts (graisse, sang au stade de la plus performante. On peut, pour une lecture plus
la méthémoglobine, tissus prenant le contraste après facile, éliminer les parties molles de la face afin d'ob­
injection de gadolinium). Cette technique est de plus tenir une imagerie  3D en MIP (maximum intensity
sensible à la saturation des flux lents au sein du volume projection) : l'adjonction à la séquence d'imagerie 3D
d'imagerie et peut conduire à des diagnostics de TVC d'un pulse de saturation de graisse rend cette segmen­
par excès ; tation plus aisée. Le caillot se traduit par le défaut de
■ l'imagerie 3D en contraste de phase qui ne visualise que remplissage d'un sinus veineux pouvant prendre la
les flux circulants (insensible à l'effet T1, donc utilisable forme, sur les coupes perpendiculaires au sinus lon­
après injection de gadolinium), mais qui nécessite de gitudinal supérieur ou aux sinus transverses, du clas­
déterminer a priori l'ordre de grandeur des flux que l'on sique signe du delta vide. Nous avons vu l'intérêt de la
souhaite visualiser (en pratique de l'ordre de 15 cm/s). confrontation de l'imagerie T2* et de l'imagerie 3DT1
Elle peut être prise en défaut en présence de flux lents gadolinium.
52   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Après la première semaine de l'hyposignal franc (méthémoglobine intracellulaire) à


Après la première semaine, le thrombus est au stade de la l'hypersignal franc (méthémoglobine extracellulaire). De ce
méthémoglobine et apparaît en hypersignal T1. En imagerie fait, l'hypersignal T1 du thrombus peut être pris à tort pour
pondérée en T2 (fig. 3.6), le signal évolue successivement un flux circulant à la fois sur l'imagerie 3DT1 gadolinium et
sur l'angio-IRM 2D en temps de vol (fig. 3.7).

a b c
Fig. 3.5 Incidence de la détermination des vitesses maximales en angiographie par contraste de phase. Le choix de valeurs de vitesses
maximales trop élevées peut faire conclure à tort à une occlusion veineuse (flèche en a, b, c).

c d
Fig. 3.6 Thrombose du sinus latéral gauche. Elle se traduit par un hypersignal T2 non circulant sur l'imagerie coronale T2 (a), un blooming sur
l'imagerie T2* (b), un défect de remplissage du sinus après injection de gadolinium (c, d).
Chapitre 3. Thrombophlébites cérébrales    53

a b c
Fig. 3.7 Au stade de la méthémoglobine extracellulaire, le caillot au sein du sinus droit apparaît en hypersignal T1 (a). De ce fait, la
phlébographie IRM après injection de gadolinium peut faire croire à tort à la perméabilité du sinus (b). La phlébographie en contraste de phase,
qui ne visualise que les flux circulants, démontre ici l'occlusion du sinus droit (c).

a b c
Fig.  3.8 Lésion cortico-sous-corticale temporale gauche en hyposignal T1 (a), en hypersignal FLAIR (b) comportant de minimes
­remaniements hématiques en écho de gradient T2* (c). Cette lésion doit faire évoquer une thrombose veineuse et la localisation fait envisager
une occlusion du sinus latéral.

Signes indirects de la thrombose Il peut s'agir de lésions parenchymateuses (hématomes


plus ou moins compressifs, pétéchies hémorragiques
veineuse cérébrale visibles en T2* au sein de la plage d'ischémie veineuse). Le
La diminution du drainage veineux du parenchyme céré­ signal de l'hématome suit l'évolution normale des héma­
bral situé en amont est la conséquence du thrombus. Cette tomes parenchymateux (iso-/hyposignal T1, hypersignal
congestion veineuse est responsable d'une augmentation T2 au stade hyperaigu, iso-/hyposignal T1, hyposignal T2
de la pression intracrânienne et d'une diminution du débit de la désoxyhémoglobine intracellulaire, puis hypersignal
sanguin cérébral locorégional. La rupture de la barrière T1 et hyposignal T2 de la méthémoglobine intracellulaire
hémato-encéphalique et la souffrance ischémique paren­ aux stades aigus, puis hypersignal T1 et T2 au stade de la
chymateuse expliquent la coexistence fréquente d'un méthémoglobine extracellulaire vers le 7e jour). Ces rema­
œdème vasogénique et cytotoxique. De ce fait, l'ischémie niements hémorragiques parenchymateux sont visibles en
veineuse peut apparaître en hyposignal T1 et en hyper­ diffusion restreinte sur la cartographie d'ADC.
signal T2, et comporter des zones en diffusion restreinte Après injection de gadolinium, une prise de contraste
[7] sur la cartographie du coefficient de diffusion apparent hétérogène peut éventuellement être observée, traduisant la
(apparent diffusion coefficient [ADC]). Le fait important rupture de la barrière hémato-encéphalique.
est de considérer que cette ischémie veineuse, contraire­ La présence d'un hématome cérébral ne constitue pas une
ment à l'ischémie artérielle, siège préférentiellement dans contre-indication au traitement anticoagulant (héparine de
la substance blanche sous-corticale, même si le cortex bas poids moléculaire).
peut également être touché (fig. 3.4, 3.8 et 3.9). On peut, plus rarement, observer une hémorragie sous-
Des lésions hémorragiques sont fréquemment observées arachnoïdienne sous la forme d'un hypersignal FLAIR au
(fig. 3.9 à 3.11). sein des sillons corticaux (fig. 3.12).
54   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

a b c

d e f
Fig. 3.9 Lésion cortico-sous-corticale parasagittale gauche frontorolandique. En hyposignal sur l'imagerie T1 (a), en hypersignal sur l'image-
rie T2 (b) et FLAIR (c) et comportant des remaniements hématiques en hyposignal sur l'imagerie en écho de gradient T2* (d). Il existe probablement
une atteinte controlatérale en FLAIR et en T2*. Occlusion de la portion médiane du sinus longitudinal supérieur sur la phlébographie-IRM (e) visible
en imagerie coronale T1 gadolinium (f) sous la forme d'un delta vide (flèche).

a b
Fig. 3.10 Infarctus veineux hémorragique en situation sous-corticale se présentant en hyposignal T2* (a) et en signal hétérogène sur
l'imagerie b100 avec diffusion restreinte en périphérie (b).
Chapitre 3. Thrombophlébites cérébrales    55

a b c

d e f
Fig. 3.11 Thrombose veineuse profonde. Lésions en hyposignal T1 (a), hypersignal T2 (b) et FLAIR (c), présentant des zones en diffusion res-
treinte (e, f) correspondant à des remaniements hémorragiques en écho de gradient T2* (f). La localisation des lésions (thalamus, striata, capsules
internes) est incompatible avec un AVC ischémique artériel et doit faire évoquer une thrombose veineuse profonde (g).

a b

c d
Fig.  3.12 Hémorragie méningée visible au sein du sillon prérolandique gauche en hypersignal FLAIR (a), et hyposignal T2* (b).
On  observe un blooming T2* (c) d'une veine corticale qui ne s'opacifie pas en imagerie 3D  T1 après injection de gadolinium (d). Cet aspect
est caractéristique de la thrombose d'une veine corticale.
56   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Présentations radio-anatomiques La présence d'une lésion hématique ou œdémateuse (voir


fig. 3.8) au contact d'un sinus dural doit faire évoquer le
Certaines présentations radio-anatomiques doivent être diagnostic de TVC [11] et pratiquer une phlébographie-
détaillées. IRM en contraste de phase complétée éventuellement par
Les TVC profondes (fig.  3.11) sont observées le plus une imagerie T2 coronale en haute résolution. Une lésion
souvent chez des patients présentant des troubles de la hémorragique ou œdémateuse basitemporale ou céré­
conscience [8]. Elles correspondent à des occlusions vei­ belleuse doit ainsi faire rechercher l'occlusion d'un sinus
neuses intéressant de façon variable les veines thalamo­ latéral et l'existence d'un foyer infectieux otomastoïdien
striées, les veines cérébrales internes, les veines basilaires (fig. 3.13).
de Rosenthal, l'ampoule de Galien et le sinus droit. Elles Des lésions parenchymateuses bilatérales situées de
constituent une urgence thérapeutique car elles engagent le part et d'autre du sinus longitudinal supérieur (voir
pronostic vital. fig.  3.9) ou au contact des veines profondes (voir
Les éléments du diagnostic sont les suivants : fig. 3.11) souvent révélées cliniquement par des déficits
■ l'ischémie veineuse n'a pas une topographie vasculaire neurologiques « à bascule » doivent faire pratiquer une
artérielle : l'ischémie veineuse intéresse ici – bien que de phlébographie-IRM.
façon variable – les thalamus, les noyaux lenticulaires, Une thrombose veineuse peut être associée à un déve­
les capsules internes et les noyaux caudés, ce qui est loppement d'une fistule artérioveineuse durale, ou en être
­incompatible avec une ischémie artérielle ; la cause. La visibilité de vaisseaux anormaux en image­
■ cette ischémie veineuse comporte très souvent des rema­ rie 3D T1 gadolinium (ou en angiographie dynamique
niements hémorragiques ; 4D avec injection de gadolinium) permet d'évoquer le
■ la recherche d'un hypersignal en imagerie SE T1 sur le diagnostic.
trajet des veines profondes. La thrombophlébite du sinus caverneux représente une
Le moindre doute doit conduire à la réalisation d'une complication classique mais rarissime des infections loco­
phlébographie-IRM. En fonction de l'ancienneté des régionales cutanées, orbitaires, sinusiennes ou dentaires.
troubles cliniques, de la présence éventuelle d'un hyper­ La phlébographie-IRM est fréquemment prise en défaut
signal T1 sur le trajet des veines cérébrales profondes, on et son diagnostic repose le plus souvent sur les séquences
optera soit pour une imagerie phlébographique en contraste morphologiques coronales T1, T2 et T1 gadolinium en
de phase, soit pour une imagerie phlébographique en temps haute résolution qui mettent en évidence une absence
de vol ou 3D T1 gadolinium. de rehaussement des loges caverneuses et une dilatation
Les thromboses veineuses superficielles ou corticales des veines afférentes (veines ophtalmiques supérieures et
(fig. 3.4 et 3.12) sont habituellement responsables d'un défi­ inférieures).
cit neurologique ou d'une comitialité [9,10]. Elles doivent
être suspectées devant une lésion cortico-sous-corticale à
prédominance sous-corticale présentant un signal hété­
rogène sur l'imagerie morphologique, a fortiori si elle est
Pièges diagnostiques
associée à des remaniements hématiques. Le diagnostic de Certains pièges diagnostiques doivent être évités :
certitude est souvent délicat et repose sur la comparaison ■ les granulations de Pacchioni (fig. 3.14) se présentent
(si possible après fusion des deux volumes d'imagerie) de sous la forme de défects à l'intérieur d'un sinus (sinus
l'imagerie en EG T2* qui recherche un blooming sur le trajet latéral ou longitudinal supérieur) sur l'imagerie 3D T1
d'une veine corticale avec l'imagerie 3D T1 gadolinium qui gadolinium et en phlébographie-IRM (2D-TOF [time
démontre l'absence de rehaussement de cette veine. of flight] ou 3D en contraste de phase). Ces granula­
L'envahissement veineux d'un sinus dural au contact tions présentent sur l'imagerie morphologique des
d'une tumeur méningée (méningiome) doit être recher­ contours réguliers et un signal identique à celui du
ché dans le bilan préopératoire afin d'évaluer le risque liquide cérébrospinal ;
lié à la potentielle effraction de la paroi sinusienne ■ l'hypoplasie d'un sinus latéral est fréquemment observée,
au cours de la chirurgie. Compte tenu de la prise de le plus souvent du côté gauche, et peut se traduire par
contraste intense des méningiomes, l'évaluation de la une absence de flux identifiable sur l'imagerie phlébo­
perméabilité du sinus ne peut reposer sur l'imagerie graphique en contraste de phase. C'est l'imagerie 3D T1
3D T1 gadolinium. Il est recommandé ici d'effectuer gadolinium qui permet ici d'écarter le diagnostic de
une imagerie 3D en contraste de phase en association TVC ;
avec une imagerie en TSE pondérée en T2 dans un plan ■ beaucoup plus rarement, un défect à l'intérieur d'un sinus
perpendiculaire au sens du flux (en pratique en coupes peut correspondre à une hernie cérébrale, une tumeur
coronales), en coupes fines et en haute résolution afin dermoïde ou épidermoïde.
d'évaluer au mieux la persistance d'un flux au sein d'un L'encadré 3.1 résume le protocole IRM devant une suspi­
sinus partiellement envahi. cion de TVC.
Chapitre 3. Thrombophlébites cérébrales    57

a b

c d
Fig. 3.13 Lésion hémisphérique cérébelleuse gauche en hypersignal T2 (a) en regard d'une mastoïdite. Prises de contraste annulaires (b)
correspondant à des abcès en diffusion restreinte (c) associés à une thrombose du sinus latéral gauche (d).

Encadré 3.1 Protocole IRM proposé et raisonné devant une suspicion de thrombose veineuse
cérébrale (TVC)

Imagerie axiale SE T1  : recherche d'un hypersignal T1 du ■
Imagerie 3D T1 gadolinium  : permet le plus souvent
thrombus sur le trajet des veines cérébrales et des sinus le diagnostic de l'occlusion d'un sinus veineux dural.
veineux duraux. Si on suspecte un thrombus en hypersignal Elle peut être prise en défaut en cas d'un thrombus en
T1, il faut effectuer une phlébographie en contraste de phase hypersignal T1.
et au besoin des coupes coronales pondérées en T2 ■
Phlébographie 3D en contraste de phase  : elle n'est pas

Imagerie axiale T2 TSE, FLAIR à la recherche d'une ischémie influencée par le T1 tissulaire et peut être réalisée après
veineuse parenchymateuse et d'une hémorragie sous- une injection de gadolinium. Elle peut néanmoins être à
arachnoïdienne en FLAIR l'origine d'un diagnostic de TVC par excès en cas de flux

Imagerie axiale T2* à la recherche de remaniements lents ou devant une granulation de Pacchioni. Il faut alors
hémorragiques et du blooming d'une veine corticale confronter cette imagerie à l'imagerie 3D T1 gadolinium et

L'imagerie de diffusion qui peut retrouver des zones du foyer avec l'imagerie morphologique T1 et T2 réalisée sans moyen
ischémique en diffusion restreinte n'a pas d'intérêt particulier de contraste.
dans le bilan diagnostique de la TVC.
58   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

a b c
Fig. 3.14 Granulation de Pacchioni. Les granulations de Pacchioni sont des villosités arachnoïdiennes qui traversent la dure-mère et qui s'insinuent dans
les sinus veineux duraux intracrâniens. Elles permettent la résorption du liquide cérébrospinal. Elles apparaissent en hyposignal T1 (a), en hypersignal T2 (b),
sans prise de contraste après injection de gadolinium (c) et se traduisent ici par un défect au sein du sinus latéral droit à ne pas confondre avec un caillot.

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Chapitre
4
IRM des hémorragies
intracrâniennes
non traumatiques
A. Gaston, P. Brugières, P. Kauv, P. Thomas, A. Maraval

PLAN DU CHAPITRE
Diagnostic positif des hémorragies – le sang Causes des hémorragies intracrâniennes
en IRM. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 de l'adulte. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
Imagerie IRM des hémorragies. . . . . . . . . . . . . 61

Les hémorragies intracrâniennes non traumatiques se défi- La désoxyhémoglobine se transforme en méthémo-


nissent par l'ensemble des épanchements sanguins intracrâ- globine (métHb), molécule fortement paramagnétique.
niens. Selon leur origine et leur extension, on distingue les La méthémoglobine sera successivement intra- (fig. 4.3)
hémorragies cérébrales, les hémorragies méningées isolées puis extra-érythrocytaire (avec la lyse globulaire) (fig. 4.4),
ou associées à une hémorragie cérébrale (hémorragies dites entraînant successivement une chute puis une augmenta-
« cérébroméningées »), et enfin les hémorragies ventricu- tion du signal sur les séquences pondérées en susceptibilité
laires. Il n'existe pas de critère clinique absolu devant un magnétique.
déficit neurologique brutal pour distinguer un accident Finalement, la dégradation de la méthémoglobine
ischémique d'une hémorragie cérébrale ; seule l'imagerie en aboutit à la formation d'hémosidérine, molécule para-
urgence (scanner ou IRM) permet la certitude diagnostique. magnétique insoluble concentrée dans le cytoplasme des
macrophages [1].
La cascade des réactions oxydatives se produit de la péri-
Diagnostic positif des hémorragies – phérie (bien oxygénée) vers le centre (faiblement oxygéné)
le sang en IRM de l'hématome, expliquant que, sur un même hématome,
des stades différents de dégradation soient visibles.
Données biochimiques
À la phase initiale du saignement, il existe une extravasation
de globules rouges contenant de l'oxyhémoglobine (oxyHb), Paramagnétisme et IRM
molécule diamagnétique (fig. 4.1). On ne note donc pas de Lorsqu'elles sont en contact étroit avec les protons tissu-
chute de signal central au stade hyperaigu d'un hématome laires (méthémoglobine), les molécules paramagnétiques
sur les images pondérées en susceptibilité magnétique (T2* entraînent un abaissement de leurs temps de relaxation T1
ou, mieux, SWI pour susceptibility-weighted imaging), seul et T2. Cet effet se traduit par une augmentation du signal, en
apparaît un hyposignal SWI périphérique témoignant de particulier sur les séquences pondérées en T1 (voir fig. 4.3 et
l'apparition de désoxyhémoglobine. Cet aspect (hypersignal 4.4).
central et hyposignal périphérique) est caractéristique d'un Lorsque la répartition dans l'espace d'une substance
hématome hyperaigu sur les séquences SWI et T2*. paramagnétique est hétérogène (situation intra-érythro-
L'oxyhémoglobine se transforme secondairement en cytaire exclusive, par exemple), on observe également un
désoxyhémoglobine (désoxyHb), molécule paramagné- effet de susceptibilité (effet dit T2*) responsable d'une
tique, mais dont la structure moléculaire explique l'absence diminution importante du T2 tissulaire et donc d'une
de retentissement net sur le T1 du fait de l'accès difficile chute importante du signal sur les séquences pondérées en
des protons du milieu au noyau héminique (fig. 4.2). En T2 ou sur les séquences d'écho de gradient et SWI (voir
revanche, dès ce stade, apparaît un franc hyposignal en SWI. fig. 4.1 et 4.3).

IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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60   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

d e f

g h
Fig. 4.1 Hémiplégie droite et aphasie datant de 2 heures 30 chez une patiente de 64 ans. (a) Écho de spin T1. (b) T2 Turbo spin écho. La
partie centrale de l'hématome est en hypersignal T2 (sphérocytose des globules rouges). La partie la plus périphérique de l'hématome est déjà
en hyposignal, témoignant de la dégradation de l'oxyhémoglobine en désoxyhémoglobine, elle-même bien visible sur la séquence T2*. (d) Noter
l'hypersignal T2 franc de l'œdème. (c) Séquence FLAIR. (d) T2*. À ce stade, l'examen est suffisant pour affirmer, dans le contexte clinique, l'hémor-
ragie. L'imagerie de diffusion présentée (e, f) a été réalisée en raison du fait que le protocole conseillé l'inclut systématiquement et du fait que
le diagnostic d'ischémie ne pouvait être exclu a priori. (e) Diffusion b1000. (f) Coefficient apparent de diffusion (ADC). (g) Imagerie de diffusion
ADC. (h) T2*. Concernant les figures g et h, la présence d'un T2* positif suffit à affirmer l'hémorragie et rend inutile voire trompeuse l'imagerie
de diffusion, en particulier l'ADC montrant un signal pouvant simuler la diffusion restreinte d'une ischémie aiguë.

Les séquences dites T2* et SWI sont des séquences en écho hyposignal facilement identifiable dont la présence permet d'éli-
de gradient à pondération T2. Elles sont très sensibles pour miner une origine ischémique à un déficit aigu. À un stade tardif,
la détection d'une hémorragie [2, 3]. À la phase aiguë, le sang, ces séquences restent très utiles pour authentifier un saignement
même fraîchement épanché, se traduit par des zones de franc ancien et des microhémorragies (ou microbleeds, voir plus loin).
Chapitre 4. IRM des hémorragies intracrâniennes non traumatiques    61

Fig. 4.2 Hématome thalamique gauche 48 heures après sa survenue chez un homme de 63 ans. Iso-intensité en écho de spin T1 (a) et
hyposignal T2 (b) compatible avec un caillot de désoxyhémoglobine. Noter que la partie la plus interne de l'hématome est en hypersignal T1 au
niveau de son ouverture dans le 3e ventricule par accélération de la dégradation du caillot au contact du liquide cérébrospinal (LCS).

Fig. 4.3 Hémorragie intra-adénomateuse chez un homme de 44 ans. Céphalées brutales, vomissements, hémianopsie bitemporale. L'écho
de spin T1 (a) montre un hypersignal, tandis que la séquence T2 (b) montre un hyposignal.

Imagerie IRM des hémorragies injection) et/ou par une angio-IRM des troncs artériels
supra-aortiques (TSA).
En cas de déficit neurologique aigu, il faut commencer à
titre systématique l'examen par les séquences suivantes :
■ SWI (qui remplace désormais la séquence T2*) ;
Hématome intracérébral
■ diffusion optimisée (valeur de b augmentée et/ou aug- Phase suraiguë
mentation du nombre de directions) ; À la phase suraiguë (6 premières heures), l'hématome
■ séquence FLAIR ; (fig.  4.5 et voir fig.  4.1) est composé d'oxyhémoglobine
■ angiographie cérébrale en temps de vol. intracellulaire, n'entraînant pas de modification des temps
Le reste de l'examen dépend du résultat des premières de relaxation T1 et T2. Les globules rouges sont intacts
séquences. mais augmentent de volume (sphérocytose). Les éléments
On pourra notamment compléter l'examen par une figurés du sang (du fait du contenu riche en eau) sont res-
séquence de perfusion (ASL [arterial spin labeling] ou après ponsables d'un signal élevé sur les séquences pondérées en
62   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Fig. 4.4 Hémorragie subaiguë. Séquence T2* (a), T1 (b) et T2 (c) : l'évolution du signal varie avec sa topographie. La partie centrale reste en
hyposignal T1 et T2 (désoxyhémoglobine) tandis que la partie périphérique montre un double hypersignal T1 et T2 en rapport avec la présence de
méthémoglobine extra-érythrocytaire. Ce phénomène est lié à la plus grande rapidité de la dégradation de l'hémoglobine dans la partie périphé-
rique de l'hématome.

Phase subaiguë tardive


À la phase subaiguë tardive (1re–4e semaine) (fig. 4.8 et voir
fig. 4.4), l'œdème vasogénique diminue. La lyse des globules
rouges en périphérie de l'hématome libère de la méthémo-
globine extracellulaire qui donne un hypersignal T1 et un
signal plus ou moins intense sur les séquences pondérées en
T2 en fonction de son degré de dilution. Progressivement
(fig. 4.9 et 4.10), le signal de l'hématome va se modifier pour
aboutir à un hypersignal global T1 et T2 de l'hématome
Fig.  4.5 Propriétés de l'oxyhémoglobine. Le comportement de (MétHb extracellulaire). En revanche, la méthémoglobine
l'accumulation de fer et l'effet de susceptibilité magnétique ne sont extracellulaire n'est pas à l'origine d'un hyposignal sur les
pas figurés ici. séquences T2* et SWI, ce qui permet justement de différen-
cier les phases subaiguës précoce et tardive de l'hématome.
Progressivement, un cerne d'hémosidérine apparaît à la
T2. L'hématome se présente donc globalement en isosignal périphérie de l'hématome en hyposignal T2.
T1 central, avec un hyposignal T1 périphérique associé à un
hypersignal T2 comparativement à la substance blanche. Il Phase chronique
n'y a pas d'œdème périlésionnel à ce stade. À la phase chronique (> 1er mois), l'œdème a disparu et le
volume de l'hématome diminue (« rétraction » de l'héma-
Phase aiguë tome). L'hypersignal central T1 et T2 de l'hématome tend
À la phase aiguë (6e heure–3e jour) (fig. 4.6 et voir fig. 4.2), à diminuer de volume. Parallèlement, en périphérie, l'hypo-
l'hématome est principalement constitué de désoxyhémo- signal T2 de l'hémosidérine (parfois également visible sous
globine intracellulaire. L'hématome est en hyposignal T1, la forme d'un discret hyposignal T1) s'épaissit. Ces dépôts
T2 et SWI (effet de susceptibilité magnétique). En périphé- d'hémosidérine peuvent persister indéfiniment et ne consti-
rie, l'œdème vasogénique apparaît [1]. tuer au bout de plusieurs années que le seul stigmate d'un
hématome ancien. Un franc hyposignal est visible en SWI
Phase subaiguë précoce et T2*. La figure 4.11 résume l'évolution chronologique du
À la phase subaiguë précoce (4e–7e jours) (fig. 4.7 et voir signal. Les durées sont données à titre indicatif.
fig. 4.3), l'œdème vasogénique est alors maximal. Le centre
de l'hématome (désoxyHb intracellulaire) est en hyposi- Rappel important : imagerie de diffusion
gnal T2 et en hyposignal T1. La périphérie de l'hématome et hémorragie
(métHb intracellulaire) est en franc hypersignal T1 et en La séquence de diffusion est également très sensible au
hyposignal T2 (fig. 4.4c). L'hématome apparaît également phénomène de susceptibilité magnétique [4]. Ainsi, un
en franc hyposignal SWI. hypersignal en diffusion avec diminution du coefficient
Chapitre 4. IRM des hémorragies intracrâniennes non traumatiques    63

Fig. 4.6 Désoxyhémoglobine (intra-érythrocytaire). Le noyau de globine est imperméable et empêche les interactions entre la désoxyhémo-
globine et les protons du milieu. En revanche, l'accumulation des noyaux de fer intra-érythrocytaires est responsable d'un effet paramagnétique T2.

Fig. 4.7 Méthémoglobine intra-érythrocytaire. Le noyau de globine est perméable aux protons du milieu (d'où l'hypersignal spontané sur les
séquences pondérées en T1). L'absence de lyse des globules rouges qui piège les noyaux de fer dans l'espace intracellulaire est responsable de
l'effet paramagnétique T2 (baisse du signal).

Fig. 4.8 Méthémoglobine extra-érythrocytaire.


64   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Fig. 4.9 (a, b) Même patient que sur la figure 4.2 5 jours plus tard. Noter la double hyperintensité T1 et T2 traduisant la présence de méthé-
moglobine extra-érythrocytaire.

aigu et subaigu précoce, le franc hyposignal visible en T2*/


SWI redressera encore plus facilement le diagnostic.

Hémorragies méningées (fig. 4.12 et 4.13)


La séquence FLAIR (qui annule le signal du liquide cérébros-
pinal [LCS] en conservant une forte pondération T2) permet
de visualiser l'hémorragie sous-arachnoïdienne aiguë avec
une sensibilité équivalente à celle de la tomodensitométrie
(TDM) à la période hyperaiguë et bien meilleure en subaigu.
Lorsque l'hyperdensité des espaces sous-arachnoïdiens n'est
plus identifiable par le scanner, la séquence FLAIR peut
ainsi rester positive plusieurs semaines. Récemment, l'ap-
port de la séquence DIR (double inversion récupération) a
été souligné en améliorant encore la détection de l'hémorra-
gie sous-arachnoïdienne subaiguë par rapport au 3D FLAIR
et au SWI. Le signal du sang est encore visible au niveau des
espaces sous-arachnoïdiens de la convexité des hémisphères
Fig.  4.10 Hémorragie subaiguë. Noter le liseré d'hémosidérine
cérébraux où la résorption est la plus lente. La séquence
en hyposignal T2. SWI reste également très longtemps positive car elle détecte
les dépôts d'hémosidérine sur les leptoméninges (sidérose
superficielle). Elle peut alors constituer le seul témoin d'une
hémorragie ancienne ou de saignements répétitifs à bas
apparent de diffusion n'est pas toujours synonyme d'une bruit (hémosidérose chronique).
ischémie, mais peut tout à fait correspondre à un hématome.
L'interprétation des signaux en diffusion doit donc toujours
être couplée à celle de la séquence SWI et du FLAIR. Microsaignements (microbleeds)
À la phase hyperaiguë de l'hématome, les séquences (fig. 4.14)
SWI/T2* et la séquence de diffusion elle-même peuvent Les séquences T2*/SWI montrent très souvent de petites
ne montrer qu'un discret liseré périphérique en hyposignal zones de vide de signal correspondant à des microdéposi-
témoignant de l'apparition de désoxyhémoglobine. Ce signe tions d'hémosidérine (taille inférieure à 5 à 10 mm) [5]. On
a pourtant une grande valeur sémiologique car il aide au les rencontre chez les personnes âgées et en cas de patholo-
diagnostic différentiel d'ischémie (un hématome). Au stade gie vasculaire cérébrale.
Chapitre 4. IRM des hémorragies intracrâniennes non traumatiques    65

a b
Fig. 4.11 (a, b) Évolution chronologique du signal de l'hématome.

Fig. 4.12 Hémorragie méningée : hyperdensité des espaces sous-arachnoïdiens contaminés par l'hémorragie. Noter la présence d'un
niveau liquide de sang sédimenté dans les cornes occipitales. Ce sang traduit simplement le reflux de sang hémorragique à travers le trou de
Magendie lors du saignement anévrismal.

Elles traduisent trois principales pathologies de l'adulte : respond au premier signe clinique. Les tumeurs responsables sont
■ les microhémorragies de l'hypertension artérielle, qui surtout malignes. L'hémorragie complique l'hypervascularisation
sont les plus importantes en pathologie courante car et les nécroses tumorales. Il n'existe pas de critère formel permet-
elles traduisent une pathologie de la microcirculation tant de différencier un hématome spontané d'une hémorragie
cérébrale. Elles se rencontrent plus souvent en cas de tumorale. On retiendra en faveur de l'origine tumorale (fig. 4.15) :
récidives d'AVC, ou d'hémorragie que lors du premier ■ des saignements multiples ;
accident vasculaire. Elles sont responsables de la surve- ■ un aspect hétérogène de l'hématome dû à la coexistence
nue d'hémorragies lors de traitement au long cours par d'hémoglobine à des âges différents de dégradation ;
des antivitamines K, ou en cas de nécessité de thrombo- ■ un anneau discontinu d'hémosidérine à la périphérie de
lyse IV dans les premières heures d'une ischémie aiguë. l'hématome ;
Il n'existe à ce jour pas d'argument formel pour que leur ■ l'absence de régression de l'œdème.
constatation doive faire renoncer à ces traitements s'ils On retrouve également des hémorragies intra-adénoma-
sont bien indiqués [6]. Il n'en demeure pas moins qu'elles teuses de l'hypophyse ; les adénomes hypophysaires, comme
doivent être dûment signalées dans les comptes-rendus ; toutes les tumeurs endocrines, sont hypervasculaires. Ces
■ l'angiopathie amyloïde ; adénomes peuvent comporter des ramollissements hémor-
■ une cavernomatose. ragiques [7]. Ils peuvent ne se traduire que par un signal
hématique subaigu n'occupant qu'une partie de la lésion.
Hémorragies tumorales Ils sont souvent visibles, minimes et non symptomatiques
chez les patientes soumises à un traitement par la bromo-
De très nombreuses tumeurs cérébrales peuvent comporter un criptine (Parlodel®) pour un prolactinome [8]. Au contraire,
secteur hémorragique (voir chapitre 5). Parfois, l'hémorragie cor- ils peuvent compliquer de façon brutale l'évolution de
66   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

a b

c
Fig. 4.13 Diagnostic par l'IRM d'une hémorragie méningée de la convexité pendant la « normalisation » du scanner (flèches).
(a) Scanner sans contraste : le sang est devenu isodense par rapport au cortex et obscurcit seulement le sillon précentral à droite. (b) Séquence
FLAIR, visualisation objective du sang dans le sillon. (c) T2* : visibilité du caillot sous forme d'une franc hyposignal en T2.

l'adénome sous forme d'une hémorragie aiguë occupant De ce fait, les sidérophages sont éliminés dans la circulation.
toute la lésion. Le tableau clinique simule une hémorragie Plusieurs mois après l'hémorragie, les traces de saignement
méningée et, dans les cas les plus graves, s'accompagne de ont habituellement totalement disparu [9].
troubles visuels dus à la compression du chiasma optique. L'hémorragie intra-adénomateuse doit être distinguée
L'évolution du signal est différente de celui d'une hémor- du syndrome de Sheehan, fonte hémorragique d'une glande
ragie cérébrale. En effet, l'endothélium vasculaire de l'anté- normale ordinairement en post-partum laissant à terme une
hypophyse est fait de capillaires fenêtrés, très perméables. selle turcique vide [10].
Chapitre 4. IRM des hémorragies intracrâniennes non traumatiques    67

Causes des hémorragies ■ angiopathie amyloïde ;


■ hypocoagulabilités (anticoagulants principalement) ;
intracrâniennes de l'adulte ■ drogues sympathomimétiques (cocaïne, métamphétamine) ;
Les causes les plus fréquentes sont les suivantes : ■ tumeurs.
■ hypertension artérielle ; On retrouve encore d'autres causes :
■ ruptures de lésions vasculaires classées de façon géné- ■ infarctus veineux ;
riques « malformations vasculaires » ; ■ éclampsie ;
■ anévrismes artériels ; ■ dissections artérielles intracrâniennes ;
■ malformations artérioveineuses ; ■ endocardites infectieuses (d'Osler) ;
■ cavernomes. ■ vascularites fongiques (aspergillose) ;
Les causes fréquentes sont les suivantes : ■ encéphalite herpétique ;
■ embolie sylvienne reperfusée ; ■ vascularites.

Hypertension artérielle
L'hypertension artérielle (HTA), indépendamment de sa
responsabilité dans la rupture des anévrismes cérébraux,
est à l'origine d'une angiopathie ciblée sur des artères per-
forantes de 300 à 500 microns nées principalement du tronc
basilaire, des artères cérébrales moyennes en M1. Ces artères
sont fragiles (paroi très fine) et sont soumises à la pression
artérielle systémique avec deux types de lésions : les lésions
thrombosantes responsables des lacunes de Fischer (lésions
ischémiques) et des ruptures avec ou sans anévrismes de
Charcot et Bouchard (fig. 4.16) et les microbleeds.
Les signaux IRM n'ont pas de spécificité et ont été décrits
plus haut.
Les hémorragies de l'HTA siègent approximativement
à 80 % à l'étage sus-tentoriel (région capsulothalamique
et capsulolenticulaire), plus rarement en position plus
périphérique (lobaires). Pour les 20  % restants, elles
Fig.  4.14 Microbleeds compliquant une hypertension artérielle atteignent la fosse postérieure  : tronc cérébral (10  %)
chronique, séquence T2*. Noter la topographie centrale des lésions et album cérébelleux (10 %). Les microbleeds compliquant
correspondant sur cette coupe au territoire des artères lenticulostriées l'angiopathie de l'HTA siègent avec la même distribution
de l'artère cérébrale moyenne. (Remerciements au Pr Leclerc, Lille.) topographique.

Fig. 4.15 (a, b) Hémorragie intratumorale. L'IRM est pratiquée le jour de l'admission de la patiente. On observe, outre la présence d'une zone
de signal liquidien (hyposignal T1, hypersignal T2) à la partie antérieure de la lésion, une zone hétérogène postérieure comportant une zone péri-
phérique en double hypersignal T1 et T2 (méthémoglobine extra-érythrocytaire) et une partie centrale en double hyposignal T1 et T2 compatible
avec la présence de désoxyhémoglobine. La découverte d'une hémorragie subaiguë dès les premiers signes cliniques traduit une hémorragie
silencieuse, souvent distillante non symptomatique. Ces anomalies se rencontrent principalement dans des tumeurs malignes (métastases des
tumeurs vasculaires, tumeurs gliales malignes).
68   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

a b
Fig.  4.16 (a) Hémorragie centrale de l'hypertension artérielle. (b) Dessin original des anévrismes de Charcot et Bouchard.
(Remerciements au Pr Poirier.)

Fig. 4.19 Représentation schématique des anévrismes de l'artère


péricalleuse. Ils siègent tous dans la première bifurcation du tronc
initial en artère péricalleuse et callosomarginale. Leur localisation rela-
tivement haute par rapport au polygone de Willis risque de les faire
méconnaître si la couverture en Z de l'étude ARM est trop restreinte.
Fig. 4.17 Représentation schématique des localisations des ané-
vrismes sacculaires du polygone de Willis (avec leurs pourcen-
tages communément admis).
Hémorragies compliquant les
« malformations » vasculaires cérébrales
Traditionnellement, on regroupait sous ce terme les ané-
vrismes intracrâniens, les malformations artérioveineuses
cérébrales (MAVC) ; environ 10 fois moins fréquentes que
les anévrismes intracrâniens), les fistules artérioveineuses
de la dure-mère crânienne (FAV durales), les cavernomes, et
les anomalies veineuses de développement (AVD). L'origine
congénitale est indiscutable pour les MAVC et les caver-
nomes, très probablement acquise pour les anévrismes et
fistules durales.

Anévrismes intracrâniens
C'est une dilatation sacculaire caractérisée par un collet de
taille variable et un sac. Dans les formes rompues, le fond du
sac est souvent doublé d'un « sac fils » traduisant l'augmenta-
tion récente du volume lors de la rupture. Une autre carac-
Fig. 4.18 Représentation schématique des anévrismes de la caro- téristique est la constance topographique par rapport au
tide interne intracrânienne. polygone de Willis et au système vertébrobasilaire (fig. 4.17
Chapitre 4. IRM des hémorragies intracrâniennes non traumatiques    69

à  4.20). La genèse des anévrismes intracrâniens est mal de l'hémorragie et de l'anévrisme. Le recours à l'IRM ne se
connue. Elle comporte une nécrose médiale aboutissant à justifie habituellement pas, surtout lorsque le patient est très
l'affaiblissement de la paroi. Leur développement est favorisé agité ou que son état nécessite une réanimation [11].
par l'hypertension artérielle et le tabagisme. Il existe d'au- L'IRM est en revanche indispensable pour diagnostiquer
thentiques formes familiales. En cas de polykystose rénale une hémorragie méningée minime (notamment avec les
familiale, la fréquence des anévrismes intracrâniens est très séquences DIR et SWI) ou en voie de résorption, ou même
élevée. pour préciser le côté qui a saigné en cas d'anévrisme bilaté-
Les anévrismes de grande taille peuvent se compliquer, ral. On rappelle que l'IRM est positive plusieurs semaines
outre de rupture, de thrombose et d'embolies distales, voire après la normalisation du scanner. L'étude du caractère
de compressions nerveuses (fig. 4.21). inflammatoire de la paroi anévrismale est également désor-
La rupture de l'anévrisme est le mode de révélation habi- mais possible en routine clinique à l'aide des séquences
tuel. Le développement de l'imagerie non invasive (scanner, « sang noir » pondérées en T1.
angioscanner, IRM, angio-IRM) permet actuellement le dia- En FLAIR et en DIR, l'hémorragie méningée apparaît en
gnostic « fortuit » d'anévrismes asymptomatiques. hypersignal par rapport au LCS qui est noir. En cas de sai-
gnement récent, l'hémorragie prédomine dans la citerne de
Rupture anévrismale LCS où baigne l'anévrisme (fig. 4.22 à 4.25 et voir fig. 4.12
Une rupture anévrismale peut survenir en méninge libre et 4.13).
ou se compliquer d'un hématome dans une citerne, dans La présence d'un hypersignal FLAIR/DIR peut se ren-
le cerveau et/ou dans les ventricules. Il est urgent de dia- contrer également dans les circonstances suivantes :
gnostiquer et de traiter l'anévrisme en raison du risque de ■ méningites infectieuses et carcinomateuses ;
resaignement rapide. ■ augmentation des protéines dans le LCS (injection préa-
Dans le contexte de l'urgence, le scanner et l'angioscan- lable de gadolinium, insuffisance rénale) [12] ;
ner par un appareil multibarrette permettent le diagnostic ■ élévation de la concentration en oxygène du LCS
(malades ventilés) [13].
En séquence T2*/SWI, le signal du sang est au contraire
très bas. Il peut s'accumuler dans les méninges de la conve-
xité, rendant le diagnostic tardif plus facile [14] (voir
fig. 4.13).
L'ARM en temps de vol artériel sans contraste est la
séquence de référence. L'étude doit couvrir le crâne depuis le
trou occipital jusqu'à la zone correspondant à la hauteur suf-
fisante pour couvrir la bifurcation des artères péricalleuses.
L'adjonction d'une injection de gadolinium à l'ARM est
discutée :
■ elle pourrait être supérieure à l'ARM standard si l'ané-
vrisme est égal ou supérieur à 13 mm ;
■ dans le suivi longitudinal par ARM des anévrismes trai-
tés, il ne semble pas y avoir de bénéfice [15–18].
Enfin, une référence récente montre que les anévrismes
évolutifs (hémorragiques, symptomatiques ou subissant une
modification morphologique, s'accompagnent d'une prise
Fig.  4.20 Représentation schématique des anévrismes du sys- de contraste significativement plus fréquente que les ané-
tème vertébrobasilaire. vrismes stables [19, 20].

Fig. 4.21 Anévrisme sacculaire. (a) Anévrisme sacculaire, thrombose. (b) Ultrastructure d'un anévrisme sacculaire expérimental de la bifurcation
de l'artère cérébrale moyenne chez le rat (A). Noter l'absence de média présente sur les parois artérielles saines.
70   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

a b c

d e
Fig. 4.22 (a) Citerne péribulbaire : localisation des hémorragies secondaires aux anévrismes des artères cérébelleuses inférieures et
aux dissections hémorragiques de l'artère vertébrale intracrânienne. (b) Citerne périmésencéphalique. Topographies préférentielles
des hémorragies des anévrismes de la terminaison du tronc basilaire (flèche verte) ; de la terminaison de la carotide interne (flèche bleue) ; des
anévrismes du segment P2 de l'artère cérébrale postérieure et des dissections hémorragiques de P2. (c) Citerne optochiasmatique en continuité
avec le segment M1 de la vallée sylvienne. Site de l'hémorragie des lésions suivantes : terminaison de la carotide interne ; anévrismes du segment
P2 de l'artère cérébrale postérieure et des dissections hémorragiques de P2 (flèches jaunes) ; anévrismes de l'artère cérébrale moyenne (flèches
rouges). (d) Scissure interhémisphérique et segment M2 de la vallée sylvienne. Hémorragies des anévrismes du complexe cérébral antérieur (flèchs
blanches) ; hémorragies des anévrismes de l'artère cérébrale moyenne. Possibilité d'hématome temporal avec ou sans hémorragie méningée. (e)
Mêmes structures, coupe plus haute. (f) Scissure interhémisphérique, citerne péricalleuse. Hémorragies des anévrismes de l'artère péricalleuse, des
anévrismes du complexe cérébral antérieur. Possibilité d'hémorragies disséquantes du corps calleux.

La principale limitation pour le diagnostic positif de Sur les coupes natives, la maille des coils de platine
l'anévrisme lui-même reste une taille inférieure ou égale à apparaît en vide de signal. La recanalisation se traduit
3 mm (baby aneurism). par un signal élevé équivalent à celui des vaisseaux circu-
L'ARM représente la meilleure technique de suivi des lant. Cette zone d'hypersignal peut être limité au collet ou
anévrismes traités par embolisation (compactage pos- être plus importante dans la maille des coils (fig.  4.25).
sible des coils dans le fond de l'anévrisme) ou par mise en L'interprétation pertinente n'est envisageable qu'en connais-
place d'un clip chirurgical (les clips sont actuellement non sant l'iconographie initiale et post-traitement. Pour la majo-
ferromagnétiques). rité des équipes, les patients sont suivis par ARM plusieurs
Chapitre 4. IRM des hémorragies intracrâniennes non traumatiques    71

a b

c d
Fig. 4.23 Hémorragie méningée due à la rupture le matin même d'un anévrisme dit de la communicante postérieure droite. (a, b)
Séquence FLAIR, hyperintensité des citernes périmésencéphaliques et de la partie haute de la citerne de l'angle pontocérébelleux droit. (c) Angio-
IRM-TOF, reconstruction en MIP : projection latérale montrant la cavité anévrismale. (d) Angiographie par cathétérisme de la carotide interne droite.

Fig. 4.24 Anévrisme de la terminaison du tronc basilaire développé vers la droite. (a) Angiographie IRM-TOF, projection reconstruite axiale
montrant le polygone de Willis et la lésion. (b) Angiographie par cathétérisme en injection vertébrale, incidence oblique antérieure droite.
72   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

a b
Fig. 4.25 Suivi par ARM d'un anévrisme de la terminaison du tronc basilaire traité par coils. (a) Angiographie par cathétérisme : recana-
lisation partielle au collet (flèche jaune). En regard de l'artère cérébrale postérieure (ACP) gauche, la maille de coils est lâche sans que l'on puisse
dire si l'on voit l'ACP par transparence ou s'il existe une authentique recanalisation. (b) ARM-TOF axiale, coupe native (épaisseur 1 mm). La zone
en vide de signal correspond à la maille des coils et l'hypersignal à une partie circulante de l'anévrisme (flèche rouge ; recanalisation dans la maille
des coils délivrés lors du traitement) expliquant l'image angiographique.

années après le traitement pour dépister une recanalisation en hypersignal sur les séquences T1 en écho de gradient
et/ou la survenue d'un nouvel anévrisme. (confusion possible avec un signal circulant) ;
■ que l'application d'une bande de présaturation épaisse des
Anévrismes non rompus protons positionnée sous la base du crâne fait disparaître
Comme pour les anévrismes rompus, la lecture doit com- tous les signaux artériels ascendants (fig. 4.26 à 4.28).
porter une étude des coupes natives millimétriques, puis Les anévrismes fusiformes se rencontrent dans certaines
les reconstructions MIP (maximum intensity projection) phacomatoses (maladie d'Ehlers-Danlos), après une dissec-
en coupes plus épaisses en utilisant les projections les plus tion artérielle intracrânienne possiblement passée inaper-
utiles, souvent atypiques. Les deux principales causes de çue, ou sans étiologie évidente autre qu'un terrain artériel.
méconnaissance sont la confusion avec une boucle vascu- Dans ce dernier cas, le syndrome tumoral et les accidents
laire (mauvaise connaissance de l'anatomie des bifurcations ischémiques sont plus fréquents que les hémorragies
ou trifurcations des artères ainsi que de leurs courbures) et (fig. 4.29). L'injection IV de gadolinium peut aider à diffé-
l'insuffisance de couverture en Z (couverture insuffisante rencier les différents compartiments circulants et non circu-
fréquente de l'entrée des artères vertébrales dans la fosse lants. Et pour authentifier une éventuelle prise de contraste
postérieure). de la paroi.
En cas de découverte d'un anévrisme, une attention toute
particulière doit être portée aux autres axes artériels sous- Malformations artérioveineuses
arachnoïdiens vu la fréquence d'anévrismes multiples. cérébrales
Les malformations artérioveineuses cérébrales (MAVC)
Anévrismes géants se caractérisent par de multiples shunts artérioveineux de
Par définition arbitraire, on parle d'anévrisme géant si la taille variable, sans interposition de structures capillaires
taille est supérieure à 25 mm. Ces anévrismes peuvent rester (nidus). Elles siègent dans l'encéphale et sont de taille
sacculaires et avoir un collet très large ou être fusiformes. variable, de quelques millimètres à d'importantes lésions
Le diagnostic positif est habituellement simple dès lors transhémisphériques. Si elles peuvent se révéler à tous les
que des signaux circulants sont diagnostiqués par l'ARM- âges, elles se révèlent habituellement chez l'adulte après
TOF (angiographie-IRM-time of flight). En revanche, il est 30 ans. Macroscopiquement, une MAVC est une accumu-
nécessaire de définir si un tel anévrisme est ou non partiel- lation de vaisseaux dilatés qui rappelle l'aspect d'un paquet
lement thrombosé. de vers. Le diagnostic peut être fait devant une hémorragie
On rappelle : (ordinairement cérébrale) ou des symptômes dits mineurs
■ qu'un thombus intravasculaire est en hypersignal T1 et (crises d'épilepsie, céphalées) ; les MAVC peuvent encore
T2 ; être diagnostiquées de façon fortuite à l'occasion d'une
■ qu'un flux circulant est en vide de signal sur les séquences imagerie cérébrale (imagerie des sinus par exemple). En
T1 et T2 en écho de spin et en FLAIR, tandis qu'il est dehors de MAVC de petite taille compliquées d'un gros
Chapitre 4. IRM des hémorragies intracrâniennes non traumatiques    73

a b

c
Fig.  4.26 Anévrisme géant de l'artère cérébrale moyenne (ACM) droite. (a) ARM-TOF, reconstruction en MIP, projection axiale.
(b) Angiographie par cathétérisme, projection antéropostérieure. (c) Angiographie par cathétérisme : reconstruction 3D de l'axe cérébral moyen
en projection axiale. Noter qu'une seule branche sort du sac alors que l'angiographie montre une vascularisation normale du territoire de l'ACM.
Le temps de transit allongé des protons dans la cavité (turbulence) explique leur saturation et leur perte de signal sur le TOF 3D. Noter que le TOF
étant un écho de gradient T1, il n'est pas possible de distinguer un thrombus intrasacculaire du flux tourbillonnaire intra-anévrismal.

hématome, l'imagerie IRM permet habituellement d'en Les séquences SWI et ASL sont très utiles pour détecter
faire le diagnostic grâce à l'identification de structures de petites lésions montrant respectivement un effet TOF
vasculaires. (fig. 4.30). Les vaisseaux ont une cinétique éle- veineux et la présence de protons marqués dans le secteur
vée (shunts artérioveineux). Ils apparaissent typiquement veineux.
en vide de signal sur les séquences en écho de spin et les Les MAVC peuvent s'accompagner d'anévrismes qu'il
séquences longues (T1, T2, FLAIR) ; au contraire, ils sont faut rechercher avec la plus grande attention en cas d'hé-
en hypersignal sur les séquences d'ARM en TOF. D'autres morragie méningée pure très inhabituelle en cas de rupture
signaux moins constants peuvent accompagner les signaux de la MAVC elle-même. L'ARM permet, dans les limites
vasculaires : cicatrices gliales (hypersignaux T2 et FLAIR), déjà exposées, de diagnostiquer les anévrismes du polygone
formations kystiques (hypersignal T2 FLAIR, hyposignal de Willis. Il peut être difficile de diagnostiquer les ané-
T1). Les cicatrices d'hémorragies anciennes se voient sous vrismes les plus distaux (portés par les artères alimentant
forme de zones de franc hyposignal sur les séquences SWI/ la MAVC ou les anévrismes paranidaux). Ils sont habituel-
T2*. Les hémorragies aiguës et subaiguës n'ont pas de signal lement identifiés de façon formelle par l'angiographie par
spécifique. cathétérisme.
74   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

a b

c d

e f
Fig.  4.27 Anévrisme géant non thrombosé de la carotide interne droite. (a) Angiographie par cathétérisme de la carotide droite.
(b) ARM-TOF reconstruite en MIP, projection axiale. Angiographie TOF sans présaturation artérielle (c) et avec présaturation (d). La présaturation
consiste à appliquer une bande épaisse atteignant la base du crâne qui efface tous les signaux vasculaires ascendants (son efficacité est attestée
ici par l'absence de signaux artériels). La disparition de tout signal dans la cavité de l'anévrisme témoigne du caractère strictement circulant des
hypersignaux vus en c. (e, f) Même protocole d'exploration après occlusion thérapeutique de la carotide interne droite. Angiographie TOF sans
présaturation artérielle (e) et avec présaturation (f) (dont l'efficacité est attestée par l'absence de signaux artériels). Hypersignal non modifié dans
la cavité de l'anévrisme témoignant d'un caillot frais en hypersignal puisque la séquence TOF est un écho de gradient à pondération T1.
Chapitre 4. IRM des hémorragies intracrâniennes non traumatiques    75

a b

c d

e
Fig. 4.28 Forme pseudotumorale d'un anévrisme géant thrombosé de la carotide interne. (a, b) IRM coronale séquence T1 sans (a) et
après injection de gadolinium (b). Aspect de tumeur hétérogène avec prise de contraste périphérique. (c) IRM, T1 axiale. (d) ARM-TOF : absence de
signaux circulants. (e) Angiographie par cathétérisme de la carotide primitive gauche : thrombose de la carotide interne et blush d'allure tumorale.
À l'intervention, découverte d'une masse noirâtre dont l'histologie montre une paroi vasculaire inflammatoire.
76   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

a b c
Fig.  4.29 Anévrisme fusiforme partiellement thrombosé de l'origine du tronc basilaire révélé par des signes de compression des
derniers nerfs crâniens. (a) Angiographie par cathétérisme. (b) Scanner cérébral injecté. La partie circulante n'occupe qu'une faible partie de
l'anévrisme, occupé principalement par le thrombus. (c) IRM T1 en écho de gradient. Noter l'hypersignal franc du chenal circulant et le thrombus
moins hyperintense.

a b

Fig. 4.30 Malformation artérioveineuse frontale gauche révélée par des crises d'épilepsie. (a) Séquence T2 : les veines dilatées appa-
raissent en vide de signal. Une zone kystique apparaît en franc hypersignal à la partie antérieure de la lésion. (b) T1 en écho de gradient. Les
dilatations vasculaires apparaissent en hypersignal.

L'ARM permet, après traitement, de détecter les flux rési- gnostic précis repose sur l'artériographie cérébrale. En dehors
duels du nidus de façon non invasive (fig. 4.31). C'est parti- de l'hémorragie, les dilatations veineuses parfois anévris-
culièrement utile chez les patients traités par embolisation males, la présence de veines trans-cérébrales et d'interruption
(l'Onyx® très employé, apparaît en vide de signal sur toutes de la perméabilité des sinus duraux du crâne accompagne les
les séquences) et/ou par radiochirurgie (irradiation stéréo- formes agressives potentiellement hémorragiques.
taxique), l'efficacité pouvant être attendue pendant 2 ou 3 ans.
Cavernomes [20, 21]
Fistules artérioveineuses (FAV) de la dure- Ce sont des malformations vasculaires que l'on rattache au
mère crânienne système veineux. Les cavernomes sont formés de lacs vei-
Les FAV durales se définissent par la présence de shunts neux localisés remaniés par des thromboses et des hémor-
artérioveineux alimentés par des artères méningées. C'est un ragies. Leur aspect est très évocateur devant une lésion
groupe de lésions polymorphes de pronostic varié allant d'un entourée d'un anneau d'hémosidérine en hyposignal T2,
souffle isolé (acouphène pulsatile) à des formes responsables comportant plusieurs plages de saignements à des stades
d'hémorragies ou de congestion veineuses de l'encéphale. chronologiques différents produits de microsaignements et
En cas d'hémorragie, comme pour les MAVC, la présence de microthromboses (aspect « pop-corn »). Les cavernomes
de signaux vasculaires associés à l'hémorragie fait suspecter peuvent occasionnellement être multiples, réalisant une
une cause sous-jacente sans qu'il soit possible de distinguer cavernomatose détectée par l'imagerie en écho de gradient
MAVC et FAV durales sur l'imagerie non invasive. Leur dia- T2* et SWI (fig. 4.32 et 4.33).
Chapitre 4. IRM des hémorragies intracrâniennes non traumatiques    77

a b

c d

e f
Fig. 4.31 Malformation artérioveineuse temporale gauche. (a) T2, Turbo spin écho. (b) ARM-TOF, coupe native. IRM diagnostique. Coupes
passant par le nidus. Celui-ci est en hypersignal sur l'ARM (b) et en vide de signal sur la séquence T2 (a). (c) Artériographie diagnostique avant
embolisation. (d) Masque non soustrait montrant le cast d'Onyx® (produit d'embolisation). (e) Artériographie de contrôle avant traitement par
irradiation multifaisceaux. Angiographie numérisée par cathétérisme montrant la dévascularisation de la partie antérieure de la malformation.
(f) IRM post-embolisation avant radiochirurgie passant par le nidus et montrant le cast d'Onyx® en vide de signal. (La radio-opacité du produit
d'embolisation est due à l'adjonction de poudre de Tantale, métal responsable de l'absence de signal.)
78   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

On reconnaît une prédominance de cette pathologie dans


les populations hispaniques et hispano-américaines. En
cas de multiples cavernomes, on parle de cavernomatose.
Certaines sont familiales et bénéficient d'un diagnostic bio-
logique et d'un conseil génétique.

Anomalies veineuses de développement


(AVD) (fig. 4.34)
Ce sont des anomales du modelage d'une partie du système
veineux se caractérisant par la convergence de veines de la
substance blanche sur un collecteur veineux unique réa-
lisant une image en tête de méduse. Le collecteur veineux
lui-même a habituellement un drainage transcérébral pour
finir par se drainer dans un sinus dural ou le système vei-
neux profond. L'aspect radiologique est très caractéristique,
permettant de les distinguer des MAVC avec lesquelles
elles pourraient être confondues. Les meilleures séquences
Fig.  4.32 Cavernome développé dans la tête du noyau caudé pour les diagnostiquer sont le SWI et la séquence 3D T1
gauche. Séquence T2. Noter l'aspect quasi caractéristique hétérogène avec injection de gadolinium, permettant un reformatage
avec un franc hyposignal en périphérie de la lésion (hémosidérine). dans les plans les plus démonstratifs de l'anomalie. Il n'est

a b

c d
Fig. 4.33 Cavernomatose. Comparer les performances diagnostiques des séquences T2 (a, c) et T2* (b, d). Les séquences T2* montrant un
nombre plus important de lésions. L'association de ces microbleeds aux aspects de cavernome suffit à faire porter le diagnostic de cavernomatose
et à déclencher une enquête génétique.
Chapitre 4. IRM des hémorragies intracrâniennes non traumatiques    79

a b

c d
Fig. 4.34 Anomalies veineuses de développement, coupes axiales (a, c) et sagittale (b) (T1 gadolinium). Aspect caractéristique compor-
tant une zone de convergence d'un groupe de veines profondes convergeant vers la partie droite du plancher du 4e ventricule à partir de laquelle
le collecteur veineux traverse le tronc cérébral pour se drainer dans le sinus pétreux supérieur. (d) Coupe axiale en écho de gradient T2* : présence
de cavernomes associés (francs spots d'hyposignal) qui représentent le seul élément potentiellement responsable d'hémorragie.

habituellement pas nécessaire de recourir à l'angiographie l'abri d'une nouvelle hémorragie. L'hématome mural pourra
par cathétérisme. L'AVD n'a pour elle-même pas de com- être visualisé avec la séquence 3D T1 « sang noir ».
plication, mais on connaît son association fréquente avec
un cavernome qui siège dans la convergence des veines. Le
pronostic est lié au cavernome et non pas à l'AVD propre- Artérites cérébrales – complications
ment dite. On doit s'assurer qu'une séquence T2* a bien été des endocardites (fig. 4.36)
réalisée au cours de l'examen [22]. Les artérites cérébrales sont secondaires à de très nom-
breuses causes infectieuses, toxiques, etc. dont le diagnos-
tic de nature n'est habituellement pas fait par la radiologie.
Dissections artérielles On peut les suspecter devant l'association de lésions péri-
intracrâniennes (fig. 4.35) phériques associant des infarctus et des lésions hémorra-
Contrairement aux dissections des artères extracrâniennes, dont giques. Le diagnostic des lésions aspergillaires (malades
la média est épaisse et dont le caillot siège dans la paroi (patholo- immunodéprimés, lésions pulmonaires) et celui des arté-
gie obstructive), les dissections des artères intracrâniennes sous- rites compliquant les endocardites infectieuses peuvent
arachnoïdiennes conduisent à une rupture totale ou subtotale être utiles au patient en raison d'un traitement spécifique
du fait de leur fragilité (épaisseur réduite de leur média). possible.
Elles sont responsables d'une hémorragie méningée ou Concernant les hémorragies des endocardites, elles
cérébroméningée. Elles affectent plus souvent le système compliquent les embolies septiques [23–25]. Ces embolies
vertébrobasilaire que carotidien. Elles sont favorisées par se compliquent d'infarctus cérébraux (parfois suppurés) et
les efforts violents, l'hypertension artérielle et la dysplasie par colonisation bactérienne de la paroi des anévrismes
fibromusculaire. dits « mycotiques », siégeant le plus souvent dans la dis-
Lorsque le patient survit à la rupture artérielle, le diagnos- talité du territoire de l'artère cérébrale moyenne. La rup-
tic repose à la fois sur la présence d'une hémorragie ménin- ture de ces anévrismes est responsable d'hémorragies
gée et sur la présence d'une dilatation fusiforme de la lumière méningées de la convexité et d'hématomes superficiels.
de l'artère atteinte avec ou sans thrombose partielle sur la Les anévrismes mycotiques sont habituellement invisibles
séquence d'ARM-TOF. Seule l'occlusion de la totalité du seg- en IRM/ARM du fait de leur petite taille. Parfois, l'IRM
ment d'artère disséquée, lorsqu'elle est possible, peut mettre à peut retrouver une prise de contraste de la paroi artérielle.
80   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

a b

c d e
Fig. 4.35 Hémorragie cérébroméningée par dissection aiguë (rupture spontanée d'une branche M2 de l'artère cérébrale moyenne
droite). (a) Scanner sans contraste : hémorragie occupant la partie la plus postérieure de la vallée sylvienne droite. (b) ARM-TOF, coupe native.
L'hypersignal est composite, associant l'hémorragie elle-même et les signaux artériels. (c) Même séquence, reconstruction en MIP. L'hématome est
bien visible, de même que les hypersignaux artériels. On rappelle que le TOF utilisé est un écho de gradient à pondération T1. (d) Confirmation du
diagnostic de dissection de la branche M2. L'image est celle d'un anévrisme fusiforme en raison de la création d'une néolumière correspondant
à l'élargissement de la lumière initiale (hémostase fragile grâce au caillotage périvasculaire, à la méninge et au cerveau adjacents). (e) Contrôle
artériographique après occlusion de l'artère disséquée par des coils. Seule l'exclusion de la totalité de la zone disséquée met à l'abri d'une récidive
hémorragique.

a b
Fig. 4.36 Hémorragie méningée de la convexité révélatrice d'un endocardite infectieuse. (a) IRM axiale, séquence FLAIR. Noter l'hyperin-
tensité des sillons de la convexité gauche (flèche). (b) Angiographie cérébrale de la carotide interne gauche montrant le faux anévrisme responsable
du saignement (flèche).
Chapitre 4. IRM des hémorragies intracrâniennes non traumatiques    81

a b c

d e f

g h
Fig. 4.37 Angiopathie amyloïde. Comparaison de la sensibilité de différentes séquences : écho de gradient à pondération T1 (a), T2 Turbo
spin écho (b), FLAIR (c) : absence de visibilité des multiples lésions. (d) Séquence T2*. Bonne visibilité des multiples lésions en franc hyposignal.
Noter leur caractère principalement périphérique. (e–h) Construction de l'image d'une acquisition en séquence de susceptibilité magnétique.
(e) Imagerie de magnitude (f) : imagerie de phase. (g) Fusion des images e et f. (h) Image reconstruite en projection d'intensité minimale.
82   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Leur diagnostic de certitude est fait par l'angiographie par rance dynamics of Gadolinium chelate : a potential diagnostic pitfall.
cathétérisme. AJNR Am J Neuroradiol 2007 ; 28(10) : 1964–7.
[13] Anzai Y, Ishikawa M, Shaw DW, et al. Paramagnetic effect of supple-
mental oxygen on CSF hyperintensity on fluid-attenuated inversion
Angiopathie amyloïde (fig. 4.37) recovery MR images. AJNR Am J Neuroradiol 2004 ; 25(2) : 274–9.
Le dépôt de substance amyloïde dans la paroi est constant [14] Hodel J, Aboukais R, Dutouquet B, et al. Double inversion recovery
MR sequence for the detection of subacute subarachnoid hemor-
avec l'avancée en âge de la population. Il est responsable
rhage. AJNR Am J Neuroradiol 2015 ; 36(2) : 251–8.
d'une déstructuration et d'une fragilisation des artères, en [15] Cirillo M, Scomazzoni F, Cirillo L, et al. Comparison of 3D TOF-
particulier corticales [26]. L'angiopathie amyloïde peut MRA and 3D CE-MRA at 3 T for imaging of intracranial aneurysms.
se révéler par une hémorragie périphérique cliniquement Eur J Radiol 2013 ; 82(12) : e853–9.
évidente. Les microbleeds traduisant des microhémorragies [16] Cottier JP, Bleuzen C, Couthon A, et al. Intracranial aneurysms trea-
multiples, périphériques, en particulier au niveau des lobes ted with Guglielmi detachable coils : is contrast material necessary in
occipitaux, accompagnent les démences de type Alzheimer. the follow-up with 3D time-of-flight MR angiography ? AJNR Am
Ils sont bien mis en évidence par les séquences T2*/SWI. J Neuroradiol 2003 ; 24 : 1797–803.
[17] Gauvrit JY, Leclerc X, Caron S, et al. Intracranial aneurysms treated
with Guglielmi detachable coils : imaging follow-up with contrast-
Hémorragies des tumeurs enhanced MR angiography. Stroke 2006 ; 37 : 1033–7.
Leur sémiologie a été décrite au premier paragraphe. Elles [18] Anzalone N, Scomazzoni F, Cirillo M. Follow-up of coiled cerebral
seront envisagées plus complètement dans le chapitre aneurysms at 3 T : comparison of 3D time-of-flight MR angiography
and contrast-enhanced MR angiography. AJNR Am J Neuroradiol
suivant.
2008 ; 29 : 1530–6.
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fluid-attenuated inversion recovery imagingassociated with the clea- 23(10) : 2489–97.
Chapitre
5
Diagnostic des tumeurs
intracrâniennes de l'adulte
A. Gaston, P. Brugières, P. Kauv, P. Thomas, A. Maraval

PLAN DU CHAPITRE
Classification histopathologique. . . . . . . . . . . . 84 Diagnostic étiologique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
Explorations neuroradiologiques . . . . . . . . . . . 84

La découverte d'une néoformation intracrânienne peut se (notamment un abcès cérébral, fig. 5.5) ou inflammatoire
faire soit dans un contexte clinique initialement peu inquié- (fig. 5.6).
tant, soit devant une complication, principalement une hyper- L'étape suivante consiste à déterminer l'origine extra- ou
tension intracrânienne, qu'elle soit due au processus expansif intracérébrale de la lésion (fig. 5.7 et 5.8), les structures fonc-
lui-même (fig. 5.1 et 5.2) ou à une hydrocéphalie obstructive tionnelles atteintes, et dans la mesure du possible à en éta-
(fig. 5.3 et 5.4), voire à une hémorragie intratumorale (voir blir la nature en sachant que les algorithmes diagnostiques
chapitre 4) qui demandent un traitement urgent. reposent sur la convergence des arguments suivants : l'âge
La première étape de la démarche diagnostique consiste du patient, la symptomatologie clinique et les données de
à éliminer un diagnostic différentiel  : lésion infectieuse l'imagerie.

Fig.  5.1 Hypertension intracrânienne secondaire à un volumi-


Fig. 5.2 Hypertension intracrânienne secondaire à un important
neux méningiome de l'étage antérieur de la base du crâne.
œdème péritumoral : métastase d'un cancer du poumon. Les signes
cliniques sont secondaires à l'œdème très sensible à la corticothérapie.

IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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84   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Fig. 5.4 Ventriculocisternostomie. L'ouverture par voie endoscopique


d'un pertuis à travers le plancher du 3e ventricule permet la circulation
du liquide cérébrospinal (LCS) vers les espaces péricérébraux. Noter ici le
flux du LCS depuis le 3e ventricule vers la citerne prépontique.

b Explorations neuroradiologiques
Fig.  5.3 (a, b) Hydrocéphalie aiguë par obstruction du trou de Le scanner sans injection montre les calcifications, les struc-
Magendie et du trou occipital par développement d'une tumeur
tures osseuses ainsi que des zones d'insertion tumorale telles
du plancher du 4e ventricule chez une jeune femme de 19 ans
imposant la réalisation d'une ventriculocisternostomie en
que les ostéomes d'insertion des méningiomes.
urgence. La patiente a pu être opérée secondairement après sédation L'IRM cérébrale comporte une exploration morpholo-
des signes d'hypertension intracrânienne. gique classique (en pondération T1, T2, FLAIR avec injection
de produit de contraste). L'IRM fonctionnelle est habituelle-

Classification histopathologique Tableau 5.1 Classification histopathologique


Il s'agit ici d'une classification non exhaustive destinée à des tumeurs intracrâniennes de l'adulte.
rappeler l'origine des principales tumeurs intracrâniennes Cellules dérivées du tube neural :
(tableaux 5.1 et 5.2). Les tumeurs intracrâniennes peuvent − cellules gliales : gliomes
être (fig. 5.9) : − neurones : médulloblastome, tumeurs glioneuronales
■ dérivées d'éléments normalement présents dans la boîte − cellules pinéales : pinéalocytomes, pinéaloblastomes
Cellules dérivées des crêtes neurales :
crânienne ;
− cellules de Schwann : schwannomes, neurofibromes
■ développées à partir de reliquats embryonnaires ; − cellules arachnoïdiennes : méningiomes
■ secondaires ; − cellules mélaniques : mélanomes
■ osseuses. Autres cellules :
La figure 5.10 permet de montrer les principales confi- − cellules lymphoïdes : lymphomes
gurations spatiales des tumeurs cérébrales. La majorité des − cellules conjonctives : sarcomes
− cellules antéhypophysaires : adénomes
tumeurs gliales appartiennent aux types II et III.
Chapitre 5. Diagnostic des tumeurs intracrâniennes de l'adulte    85

a b c

d e
Fig. 5.5 Abcès cérébral à pyogène. (a–c) T1, T2, T1 gadolinium : noter l'hypodensité de la coque de l'abcès en T2 et la prise de contraste arrondie
à paroi fine. À ce stade de l'exploration, il n'est pas possible formellement de faire la différence entre un abcès (hautement curable) et une tumeur
nécrosée. Séquence de diffusion : b1000 (d) et cartographie du coefficient de diffusion apparent (ADC) (e). Noter la diffusion restreinte en ADC
(signal inverse du LCS) permettant d'affirmer le diagnostic d'abcès.

Fig. 5.6 Sclérose en plaques (SEP) pseudotumorale dite de Balo. Coupe T2 coronale (a) et T1 gadolinium parasagittale (b). Aspect caractéris-
tique en bulbe d'oignon de la prise de contraste. Noter l'atteinte très évocatrice de SEP du corps calleux.
86   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

a b c
Fig. 5.7 Tumeur extracérébrale : méningiome de la base du crâne. Coupe coronale T1 (a), axiale T2 (b), axiale FLAIR (c). Noter l'emboutisse-
ment et le refoulement du cortex cérébral (a, flèches rouges), le piégeage de LCS (c, flèches oranges) autour de la lésion (axiale) et l'œdème (c).

a b c
Fig. 5.8 (a–c) Tumeur intraparenchymateuse – tumeur insulaire droite.

Tableau 5.2 Tumeurs développées à partir ■ la spectroscopie ;


des cellules gliales. ■ l'IRM de perfusion ;
■ la diffusion (diffusion isotropique et anisotropique).
Astrocytes :
− astrocytomes
− glioblastomes
Oligodendrocytes : oligodendrogliomes
Produit de contraste et imagerie
Épendymocytes : des tumeurs intracrâniennes
− épendymomes (tableaux 5.3 à 5.5)
− papillomes des plexus choroïdes
− kystes colloïdes Prise de contraste
La prise de contraste après injection d'un produit de contraste
iodé en scanner, et celle suivant l'injection de gadolinium
ment réalisée dans le cas d'une localisation tumorale en zone en T1 reflètent la perméabilité des capillaires tumoraux. En
fonctionnelle. IRM, on utilise une double dose de gadolinium, en réalisant
D'autres séquences peuvent être nécessaires pour aider à un nouveau passage 30 minutes après l'injection. Le transfert
la caractérisation de la tumeur : d'aimantation diminue le signal des protons libres et opti-
Chapitre 5. Diagnostic des tumeurs intracrâniennes de l'adulte    87

Fig. 5.9 Origine histoembryologique des tumeurs à développement intracrânien.

Tableau 5.4 Prise de contraste en scanner


et effet T1 de l'injection de gadolinium
des tumeurs gliales de l'adulte.
Histologie Vascularisation tumorale Prise
de contraste
Métastases Capillaires perméables + +
Lymphomes Capillaires perméables ++++ +
Macro-adénomes Capillaires perméables ++++ +
de l'hypophyse

Fig.  5.10 Principales configurations spatiales des tumeurs Tableau 5.5 Prise de contraste en scanner et effet
cérébrales. T1 de l'injection de gadolinium des autres tumeurs
intracérébrales les plus fréquentes.
Tableau 5.3 Prise de contraste en scanner et effet T1 Histologie Vascularisation Prise de contraste
du gadolinium pour les principales tumeurs gliales. tumorale
Histologie Vascularisation tumorale Prise de Méningiomes, Absence de + Quelle que soit
contraste schwannomes, capillaires continus l'histologie, bénigne
Astrocytome grade II Capillaires continus 0 métastases ou maligne
méningées et
Astrocytome grade III Capillaires perméables + + osseuses
Néoangiogenèse
Glioblastome Capillaires perméables ++ +
Néoangiogenèse +++ mise la détection du gadolinium. Utilisé seul, avant l'injec-
Oligodendrogliome Densité capillaire variable Possible tion de produit de contraste, le transfert de magnétisation
grade II accentue la visibilité d'une tumeur (fig. 5.11). Il faut donc
Oligodendrogliome Capillaires perméables ++ + toujours comparer les séquences avec transfert de magnéti-
grade III Néoangiogenèse +++ sation avant et après l'injection.
La prise de contraste iodée des tumeurs intracrâniennes et le renforcement
du signal après injection de gadolinium (effet T1) traduisent la perméabilité Perfusion tissulaire
des capillaires de la lésion. Elle n'apporte pas de renseignements « purs » sur L'imagerie de perfusion analyse le compartiment vasculaire
le compartiment vasculaire de la tumeur.
des tumeurs, c'est-à-dire la néoangiogenèse. Cette méthode,
88   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Fig. 5.11 Comparaison de la prise de contraste : sans transfert de magnétisation (a) et avec (b). Observer l'augmentation du contraste
entre la tumeur et le cerveau (en rapport avec la baisse globale du signal du cerveau sain).

rCBV proportionnel
espace vasculaire de la tumeur

Recirculation

Fig. 5.12 Principe de l'imagerie de perfusion appliqué à une tumeur gliale infiltrante. Lors du premier passage d'un bolus de gadolinium, le
signal de la structure traversée par les vaisseaux diminue puis recroît. On réalise la mesure séquentielle du signal correspondant au bolus (courbe).
Le volume sanguin (rCBV), proportionnel à l'espace vasculaire de la lésion, correspond à l'aire sous la courbe figurée en positif.

dite du premier passage, permet dans des conditions idéales symétrique saine de l'hémisphère opposé. L'augmentation
d'imperméabilité entre le secteur vasculaire et interstitiel de du volume sanguin tumoral accompagne les transformations
connaître le volume sanguin relatif (VSR) qui compare le vers la malignité des gliomes infiltrants de l'adulte (fig. 5.12
volume sanguin dans et autour de la tumeur avec une région à 5.14). La perméabilité des capillaires tumoraux peut cepen-
Chapitre 5. Diagnostic des tumeurs intracrâniennes de l'adulte    89

Fig. 5.13 Comparaison des deux régions d'intérêt (region of interest [ROI]) : tumeur versus zone saine de l'hémisphère gauche.

a b
Fig. 5.14 Application de la cartographie couleur (la tumeur a un volume sanguin supérieur à la ROI symétrique).

dant altérer l'exactitude des mesures. On peut corriger par- IRM de diffusion
tiellement cet effet en présaturant le secteur interstitiel par En dehors des caractéristiques diagnostiques qui seront
une injection précédant celle du bolus et par la correction détaillées avec chaque type de lésion, l'imagerie de diffu-
mathématique du signal total mesuré grâce à la soustraction. sion montre une corrélation entre le degré de malignité et
Cette technique permet de mesurer un taux de transfert du les chiffres du coefficient apparent de diffusion (ADC) dans
contraste vers le secteur interstitiel (Ktrans). De nombreuses les tumeurs gliales astrocytaires. L'ADC est significativement
publications corrèlent la malignité des tumeurs gliales à la plus bas dans les astrocytomes de plus haut grade (fig. 5.15 et
mesure du volume sanguin relatif [1–5].
90   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

a b c

d e f
Fig. 5.15 Astrocytome insulaire de grade II. Coupes axiales T1 (a), FLAIR (b), T2 (c). Hypersignal de la masse sur les séquences FLAIR et T2.
Imagerie de diffusion b0 (d), b1000 (e), cartographie d'ADC (f). Absence de restriction de la diffusion en faveur du caractère peu cellulaire de la
tumeur. Aspect habituel dans les astrocytomes infiltrants de grade II.

5.16) chez les malades avec un profil clinique évolutif et dans La spectroscopie est utile au diagnostic des tumeurs
les tumeurs exprimant le marqueur Ki-67 associé à la prolifé- gliales infiltrantes pour différencier les tumeurs de bas
ration tumorale [4]. Après irradiation, l'ADC permettrait de grade (grade II) des tumeurs de haut grade (grades III et
distinguer dans les zones de prise de contraste les repousses IV de l'Organisation mondiale de la santé [OMS]). Dans
tumorales (où il est significativement plus bas) des zones les deux cas, la disparition neuronale s'accompagne d'une
sans récidive tumorale [6–8]. baisse du N-acétyl aspartate (NAA) et d'une augmenta-
tion de la choline. Les lipides signent la malignité (glio-
blastomes, lymphomes, métastases). Les tumeurs dites
Spectroscopie protonique de bas grade ont une créatinine normale et une élévation
La suppression du signal de l'eau permet de détecter des molé- modérée du myoinositol. L'analyse spectroscopique dans
cules présentes normalement ou non dans l'encéphale (fig. 5.17). les anomalies de signal situées à la périphérie de la prise
Le spectre recueilli au niveau de la tumeur et au niveau des de contraste par étude multivoxel (chemical shift imaging
zones adjacentes peut aider à la caractérisation tissulaire. [CSI]) permet d'opposer les infiltrations des gliomes où
Le tableau 5.6 résume les métabolites normaux et anor- l'on détecte des métabolites tumoraux de l'œdème vasogé-
maux présents dans une spectroscopie ainsi que le spectre nique entourant une tumeur non infiltrante, en particulier
des principaux types tumoraux. une métastase [9–12].
Chapitre 5. Diagnostic des tumeurs intracrâniennes de l'adulte    91

a b

c d
Fig. 5.16 Astrocytome de grade III. Coupes axiale T1 (a) et coronale (b) après injection. Coupe axiale T1 (c) et cartographie du coefficient appa-
rent de diffusion (d). Noter la restriction du coefficient de diffusion (signal inversé par rapport au LCS). Aspect en faveur d'une forte cellularité de
la tumeur qui l'oppose au cas précédent (fig. 5.15) et habituel en cas d'astrocytome de grade III.

Fig. 5.17 Spectroscopie monovoxel incluant les parties charnues et nécrosées de la tumeur à deux TE différents. Noter l'augmentation
de la choline et la baisse du NAA non spécifique. La présence des lactates et des lipides témoigne de la nécrose. L'utilité du choix de ce type de cible
apporte peu d'arguments par rapport à l'imagerie MR conventionnelle. Seule la zone environnant la prise de contraste est intéressante à étudier
en multivoxel (chemical sift imaging [CSI]) pour distinguer l'œdème de la prolifération tumorale.
92   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Tableau 5.6 Spectroscopie protonique appliquée au diagnostic des tumeurs cérébrales.


Métabolite PPM Signification Concentration tumorale
Myoinositol 3,56 Marqueur de la glie ↑ Tumeurs gliales de bas grade
Choline 3,2 Cellularité et densité membranaire élevée ↑ Toutes les tumeurs
Créatinine 3,03 « Stock » énergétique Normale
N-acétyl aspartate 2,0 Densité et viabilité neuronale ↓ De façon non spécifique
Lactates 1,32 Hypoxie cellulaire ↑ Tumeurs nécrosées
Lipides (visibles en TE court) – attention à la 08 1,2 6 Tumeurs graisseuses nécrose ↑ Tumeurs malignes nécrosées
contamination par la graisse sous-cutanée
Acides aminés 0,9 Dégradation des polynucléaires Présents dans les abcès

Diagnostic étiologique cours du suivi traduit l'apparition d'une néoangiogenèse


et donc d'une transformation. En spectroscopie [12], le
Nous insisterons sur les tumeurs les plus fréquentes : les NAA est bas, la choline et le myoinositol augmentés, la
gliomes (astrocytomes infiltrants, oligodendrogliomes), les créatinine est normale ou basse.
lymphomes, les métastases. Le diagnostic différentiel avec
d'autres masses cérébrales sera discuté (abcès, foyers de
démyélinisation, encéphalites).

Tumeurs gliales
Tumeurs astrocytaires
Il s'agit d'un groupe hétérogène de tumeurs d'origine astro-
cytaire. Les plus fréquentes chez l'adulte sont les astrocy-
tomes dits habituels ou diffus, de malignité variable, mais
ayant tous une tendance infiltrante (fig. 5.18). Ils s'opposent
aux astrocytomes pilocytiques de l'enfant et sont très rares
chez l'adulte jeune (fig. 5.19).

Astrocytomes infiltrants
de bas grade (grade II de l'OMS)
La tumeur est faite d'astrocytes sans prolifération micro-
vasculaire ou nécrose. Des microkystes ou macrokystes
sont possibles ainsi que des calcifications. L'astrocytome Fig. 5.18 Astrocytome infiltrant de l'hémisphère gauche. Observer
infiltre largement la substance blanche même à distance le caractère infiltrant de la lésion et son homogénéité. (Remerciements
de la masse principale. La croissance est lente et l'infiltra- au Pr F. Chrétien.)
tion des structures normales reste longtemps compatible
avec des fonctions cérébrales conservées. L'âge de survenue
est de 20 à 40 ans ; les crises d'épilepsie sont fréquemment
révélatrices. Les déficits neurologiques et l'hypertension
intracrânienne accompagnent l'augmentation de volume
et/ou l'évolution vers les grades III et IV. L'évolution, même
lente, se fait vers la transformation maligne. L'extension de la
tumeur au moment du diagnostic contre-indique habituelle-
ment une exérèse chirurgicale, d'autant que sous traitement
­antiépileptique efficace, une vie normale reste longtemps
possible. Le siège habituel est la substance blanche même si
l'infiltration peut finir par envahir le cortex. La recherche
d'une prise de contraste fait partie de la surveillance radio-
logique et sa survenue accompagne l'éclosion de zones de
transformation maligne.
Au scanner, sans contraste, il existe une hypodensité
mal limitée. Calcifications et kystes sont possibles. Il n'y a
pas de prise de contraste. L'astrocytome est hypo-intense
en T1, hyperintense en T2 et FLAIR et est mal limité. La
diffusion ne montre pas de restriction de l'ADC (fig. 5.20
et 5.21). Il n'y a pas de prise de contraste. En IRM de per-
fusion, le VSTr est normal ou bas. Toute augmentation au Fig. 5.19 Astrocytome pilocytique de l'adulte.
Chapitre 5. Diagnostic des tumeurs intracrâniennes de l'adulte    93

a b c

d e
Fig. 5.20 Premières crises d'épilepsie chez un patient de 25 ans : découverte d'un volumineux astrocytome frontocalleux. (a) Scanner
injecté : hypodensité mal limitée, absence de prise de contraste. (b, c) IRM T2 et T1 gadolinium : envahissement du corps calleux, mauvaise limita-
tion, absence de prise de contraste. (d, e) IRM T2 coronale et sagittale confirmant l'absence de limitation de la tumeur.

a b c

d e
Fig. 5.21 Astrocytome insulaire droit. (a) FLAIR. (b) T1 injecté avec transfert de magnétisation. (c) Cartographie du volume sanguin ; absence
­d'hypervascularisation. (d, e) Spectroscopie monovoxel à 35 ms et 135 ms : baisse du NAA et augmentation de la choline, augmentation du myoinositol.
94   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Astrocytomes anaplasiques (grade III de l'OMS) des mitoses, de la nécrose et une prolifération microvascu-
Ces astrocytomes comportent des zones de transforma- laire et endothéliale.
tion maligne. Cette transformation peut compliquer un Au scanner, la tumeur est iso- ou hypodense et com-
­astro­cytome infiltrant connu, ou bien il peut être diagnosti- porte des zones de nécrose. Des hémorragies sont pos-
qué lors des premiers signes cliniques. sibles. La prise de contraste est massive, irrégulière, ou en
La survenue est plus tardive (40 à 50 ans). Des mitoses et anneau. En IRM (fig. 5.22), le signal est hétérogène sur
des anomalies cytonucléaires apparaissent sans nécrose. Le toutes les séquences, hypo- et isosignal T1, hypersignaux
pronostic est de 2 à 3 ans. Il existe une tendance à l'infiltra- T2 en rapport avec la nécrose centrale. Des hémorragies
tion du cortex. subaiguës avec un double hypersignal T1 et T2 peuvent
Au scanner non injecté, il existe une hypodensité mal se rencontrer. L'hyperintensité entourant la prise de
limitée avec des zones de prise de contraste limitées. En contraste correspond à l'infiltration tumorale et à l'œdème
IRM, l'astrocytome anaplasique est plus hétérogène que vasogénique. En théorie, il n'existe pas de diffusion res-
l'astrocytome de grade II. En T1, des zones hypo- et iso- treinte ; néanmoins, les zones en ADC le plus bas sont
intenses sont observées, et en T2 et FLAIR, la lésion est les zones les plus malignes. La prise de contraste est très
en hypersignal hétérogène. En diffusion, l'ADC est plus intense. L'extension peut se faire à la paroi épendymaire
bas par endroits que dans un astrocytome de grade II. On et/ou à la méninge, et le long des faisceaux de substance
observe des prises de contraste. En IRM de perfusion, le blanche, vers l'hémisphère opposé. Le VSTr est augmenté,
VSTr est plus élevé que dans un astrocytome de grade II. En le NAA est abaissé, la choline, les lactates et les lipides
spectroscopie, NAA et créatinine sont diminués, et le pic de sont augmentés.
choline est élevé. Lorsque l'on découvre cette tumeur au premier examen
Dès lors qu'un traitement invasif est envisagé, une cer- d'imagerie, on peut discuter un abcès cérébral (dans ce cas,
titude histologique devient nécessaire. Elle pourra être la restriction de l'ADC ne correspond pas aux zones rehaus-
obtenue par la chirurgie si une indication d'exérèse même sées par le gadolinium mais à la zone d'allure nécrotique,
partielle est portée. Bien souvent, c'est une biopsie stéréo- ce qui permet de redresser le diagnostic) ou une métastase
taxique qui est requise. Celle-ci est guidée par l'IRM et des unique. Il faut recourir à la spectroscopie et à la mesure du
prélèvements sont ciblés sur les plages de prise de contraste volume sanguin cérébral de la zone immédiatement adja-
à celles où le VSTr est augmenté et à celles où l'ADC est cente à la prise de contraste. L'environnement immédiat
le plus bas [9]. La baisse du NAA et l'élévation de l'indice de la prise de contraste est fait de gliome infiltrant en cas
d'anisotropie (imagerie du tenseur de diffusion) évoluent de glioblastome ; celui d'une métastase est fait d'œdème. Le
parallèlement ; ils reflètent l'importance de la désorgani- volume sanguin est plus élevé en cas de gliome qu'en cas de
sation structurelle accompagnant la transformation des métastase (1,31 ± 0,97 versus 0,39 ± 0,19). L'élévation des
tumeurs gliales [13]. taux de choline en cas de gliome est plus importante qu'en
cas de métastases (rapport choline/créatinine 2,28 ± 1,24
versus 0,76  ±  0,23) [11]. Le FLAIR aide à différencier
Glioblastome autour de la prise de contraste les gliomes infiltrant le cor-
Il s'agit d'une tumeur hautement maligne dont le pro- tex (hypersignal relatif sans rehaussement sur les séquences
nostic vital est de moins d'un an. L'âge de survenue est T1 de l'œdème périlésionnel d'une métastase unique (hype-
de 50 à 70  ans, mais elle peut survenir à tous les âges. rintensité dans les zones ne se renforçant pas en T1 gadoli-
L'histopathologie montre des monstruosités cytonucléaires, nium) [14] (fig. 5.23).

Fig. 5.22 Glioblastome. Séquences FLAIR (a), T1 gadolinium (b), cartographie de perfusion (c). Présence d'une nécrose, d'une prise de contraste
(noter le foyer controlatéral). L'hypervascularisation de la zone non nécrosée.
Chapitre 5. Diagnostic des tumeurs intracrâniennes de l'adulte    95

a b

Fig. 5.23 Cartographie de l'extention tumorale par spectroscopie multivoxel. (a) Spectroscopie multivoxel (CSI). Le principe est d'étudier
une tranche de cerveau en appliquant une séquence : la lecture permet d'étudier simultanément de nombreux voxels et permet d'analyser le cer-
veau à distance de la prise de contraste. (b) Présentation du rapport choline/NAA : on rencontre un rapport élevé (présence importante de choline)
à distance traduisant le caractère infiltrant de la tumeur. (c–e) Vérification par spectroscopie monovoxel des données du CSI respectivement dans la
zone de la bordure entre la nécrose et la prise de contraste, la partie antérieure de l'hypersignal T2 (augmentation de la choline) et dans la région
thalamique (spectroscopie normale). L'augmentation de la choline dans la partie antérieure de l'anomalie T2 est en faveur d'une tumeur infiltrante
versus une métastase.
96   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Oligodendrogliomes d'épilepsie, un déficit neurologique, des céphalées. Au scanner


Les tumeurs de la lignée oligodendrocytaire sont d'agressi- sans injection, ils sont iso- ou hypodenses. La topographie cor-
vité variable : grade II de l'OMS pour les oligodendrogliomes ticale est très évocatrice. Les calcifications sont fréquentes en
et grade III pour les oligodendrogliomes anaplasiques. mottes ou en ruban ; les kystes sont possibles. La table interne
de la voûte du crâne peut être déprimée.
Au scanner injecté, une prise de contraste est possible.
Oligodendrogliomes de grade II (fig. 5.24) Les oligodendrogliomes sont hétérogènes, iso- et hypo-
Ce sont des tumeurs d'apparence mieux limitée que les astro- intenses en IRM T1 ainsi qu'en T2/FLAIR (hyper iso-
cytomes. Elles siègent typiquement au niveau du cortex et de la intenses) étendus au cortex. En cas de calcifications, des
substance blanche sous-corticale, le plus souvent dans le lobe zones d'hypo-intensité en T2* sont possibles. Le gadolinium
frontal. La présence de calcifications est évocatrice de ce type peut renforcer des zones de la tumeur [15]. En IRM de per-
de tumeur. Les oligodendrocytes tumoraux sont de petites cel- fusion, le VSTr est soit normal, soit augmenté. En spectros-
lules dont le noyau est rond et le cytoplasme vide (aspect en copie par résonance magnétique (SRM), le NAA est abaissé,
« œuf sur le plat »). Il existe souvent un réseau dense de capil- la choline augmentée ainsi que le myoinositol. La présence
laires branchés (aspect en os de poulet). Ces formes de grade II de glutamate serait en faveur d'un oligodendrogliome. La
de l'OMS montrent peu de mitoses. L'âge de survenue est de 40 prise de contraste des oligodendrogliomes pose le problème
à 50 ans, mais les oligodendrogliomes peuvent survenir à tous de leur « stricte » bénignité : pour Daumas-Duport, la prise
les âges. Leur évolution est lente. Ils se révèlent par des crises de contraste signe une forme agressive [16]. Pour d'autres
auteurs, les prises de contraste de gadolinium existent dans

Fig. 5.24 (a–d) Oligodendrogliome grade II. Noter l'infiltration du cortex, l'absence de prise de contraste. Il n'est pas possible d'affirmer la
nature histopathologique de la lésion. Le diagnostic de tumeur infiltrante sans prise de contraste compatible avec une tumeur gliale primitive
(astrocytome ou oligodendrogliome) est suffisamment informatif.
Chapitre 5. Diagnostic des tumeurs intracrâniennes de l'adulte    97

les grades II. White montre une prise de contraste dans deux Les métastases siègent au niveau des hémisphères céré-
groupes d'oligodendrogliomes de bas et de haut grades his- braux dans 80 % des cas. La topographie la plus fréquente est la
tologique [17]. Il semble que le type de vascularisation capil- jonction substance grise/substance blanche. Outre des exten-
laire intense de certains oligodendrogliomes soit à l'origine sions hématogènes, il existe des propagations ­leptoméningées,
de ce phénomène. Le VSTr d'un oligodendrogliome bénin épendymaires, intra- ou périvasculaires. Elles sont uniques au
peut être aussi augmenté que celui d'un grade élevé [18]. moment du diagnostic dans près de la moitié des cas, et se
pose alors le problème du diagnostic d'une tumeur primitive.
Oligodendrogliomes anaplasiques (OA) Certaines tumeurs sont spontanément hémorragiques, en
Les OA peuvent se rencontrer de novo ou compliquer un oli- particulier les tumeurs les plus vasculaires (reins, tumeurs
godendrogliome connu. Ils se caractérisent par des mitoses, endocrines, tumeurs à tropisme vasculaire, métastases de
une grande cellularité et des atypies cytonucléaires. Les cal- choriocarcinomes, myxomes de l'oreillette gauche).
cifications sont fréquentes. Le pronostic est mauvais, avec L'aspect en imagerie est très polymorphe : hypo- ou isodenses
une médiane de survie d'environ 4 ans. Au scanner sans en scanner, accompagnées d'un œdème péritumoral de taille
contraste, la tumeur est iso-hypodense, corticale, les calcifi- variable qui peut à lui seul représenter 80 % du volume du pro-
cations fréquentes, et les kystes possibles. Au scanner injecté, cessus expansif. La prise de contraste est habituelle. Les métas-
les prises de contraste sont habituelles et d'intensité variable. tases sont en iso- ou hyposignal T1. Les formes hémorragiques
En IRM T1, l'OA est hétérogène, iso- et hypo-intense, de sont hyperintenses en T1 dès le premier examen (présence de
même qu'en T2 FLAIR (iso-hyperintensité). Calcifications méthémoglobine due à l'hémorragie intratumorale préexis-
et hémorragies avec des formations kystiques sont possibles. tante, asymptomatique souvent distillante). Ce phénomène
L'OA envahit le cortex. La prise de contraste en T1 gadoli- n'est pas spécifique aux métastases et se rencontre également
nium est habituelle. En SRM, le NAA est abaissé, la choline dans les gliomes malins. En cas de mélanome, la tumeur peut
augmentée. Des pics de lactates et de lipides sont possibles. être d'emblée hyperintense en T1. En T2 et FLAIR, les lésions
En IRM de perfusion, le VSTr est augmenté. sont hyperintenses ; l'œdème vasogénique est habituellement
très intense. En IRM T1 gadolinium, la prise de contraste est
Métastases intense, de forme variable, allant de renforcements homogènes
à une prise de contraste en anneau. En SRM, le NAA est effon-
Ce sont les tumeurs intracrâniennes les plus fréquentes dré, la choline augmentée, avec dans les formes nécrosées des
(environ 20 %) et elles sont secondaires à un cancer du pou- lactates et des lipides En cas d'œdème vasogénique, les métabo-
mon (34 %), du sein (17 %), du tube digestif (6 %), du rein lites tumoraux, en particulier la choline, sont effondrés dans les
ou à un mélanome. Dans 20 % des cas, aucun cancer primitif zones d'anomalie de signal en T2/FLAIR (fig. 5.25). L'IRM de
n'est retrouvé. perfusion de la lésion elle-même montre un VSTr variable selon

a b
Fig. 5.25 (a, b) Métastase unique d'un cancer du sein. Situation fréquente en pratique clinique. En dehors de l'analyse de la zone entourant
la prise de contraste sur la séquence FLAIR, la différence avec une tumeur infiltrante (voir fig. 5.22) peut se faire grâce à la spectroscopie CSI.
Contrairement à une tumeur infiltrante, l'œdème accompagnant la périphérie immédiate de la prise de contraste montre un spectre des métabo-
lites « effondré », courbe plate, par dilution (flèches jaunes), contrairement à des zones saines à distance (flèches oranges).
98   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

le type plus ou moins hypervasculaire de la métastase (très Certaines métastases d'adénocarcinome ont un franc
élevé en cas de carcinome rénal par exemple). L'IRM de diffu- hyposignal T2, suffisamment inhabituel pour qu'on en
sion ne montre habituellement pas de diffusion restreinte. Les évoque le diagnostic au même titre qu'un lymphome chez
métastases des mélanomes ont des présentations polymorphes. l'adulte (fig. 5.28) [20, 21].
En cas de lésions non hémorragiques, les lésions chargées en
pigments mélaniques ont un hypersignal T1, un hyposignal ou
un isosignal en T2 et FLAIR. En cas de métastase mélanotique,
Tumeurs primitives non gliales
le signal est celui d'autres tumeurs cérébrales (hyposignal T1, Lymphomes cérébraux primitifs
hypersignal T2) [19]. Les remaniements hémorragiques sont Tumeurs constituées de lymphocytes  B, les lymphomes
très fréquents et sont responsables d'un effet de susceptibilité cérébraux primitifs sont caractérisés par un grand polymor-
magnétique sur les séquences en T2* réputées améliorer leur phisme radiologique chez les patients immunodéprimés
détection (fig. 5.26 à 5.28). [21–26].

Fig. 5.26 (a–f) Métastases cérébelleuses d'un mélanome. Noter l'hyperintensité de la mélanine sur la séquence T1 sans gadolinium.
Chapitre 5. Diagnostic des tumeurs intracrâniennes de l'adulte    99

Fig. 5.27 (a–f) Métastases hémorragiques sus-tentorielles.

Chez le patient immunocompétent, ce sont de volu- rapport avec la richesse cellulaire et le fort rapport nucléocy-
mineuses tumeurs prenant fortement le contraste toplasmique des lymphocytes tumoraux. En T1 gadolinium,
(fig. 5.29 à 5.32). Elles sont très évocatrices lorsqu'elles sont la prise de contraste est homogène. En SRM, le NAA est bas,
bilatérales et qu'elles siègent au niveau des noyaux gris cen- la choline augmentée, les lipides et lactates sont élevés [20]. Le
traux, même si leurs topographies sont ubiquitaires (hémis- VSTr est plus bas que celui des tumeurs gliales de haut grade.
phères cérébraux, corps calleux, noyaux gris centraux, La courbe de perfusion est caractéristique par l'ascension pro-
cervelet, épendyme). Il est très important d'en évoquer le gressive après le premier passage du contraste.
diagnostic dès le premier examen radiologique. En effet, ces Chez les malades immunodéprimés (fig. 5.32), les lym-
lésions sont d'une extrême sensibilité à la corticothérapie ; phomes sont souvent nécrosés, la prise de contraste peut
elles peuvent ainsi régresser temporairement avec des doses être très discrète ou périphérique, « en anneau » simulant
faibles de corticoïdes prescrites pour soulager l'hypertension une toxoplasmose. Les similitudes morphologiques de cette
intracrânienne. Même s'il s'agit d'un bon signe diagnostique infection avec le lymphome peuvent d'ailleurs conduire
indirect, l'absence de certitude histologique empêche dans ce à réaliser un traitement antiparasitaire d'épreuve dont les
cas la conduite d'un traitement efficace d'emblée. Les lym- délais de réponses sont heureusement assez courts. L'ADC
phomes sont iso- ou hyperdenses, avec une prise de contraste des lésions est toutefois souvent plus élevé dans la toxoplas-
franche et homogène. En T1, ils sont iso- ou hypo-intenses. mose que dans le lymphome. Bien qu'il existe un recouvre-
En T2, une hypo-intensité est très évocatrice du diagnostic. ment de certaines valeurs, un ADC > 1,6 serait en faveur de la
L'ADC peut être bas. L'hyposignal T2 et l'ADC bas sont en toxoplasmose. En cas de lésions de toxoplasmose, la tendance
100   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

a b c

d
Fig. 5.28 Métastase d'un adénocarcinome colique. Noter le franc hyposignal T2 (a) et la diffusion restreinte (c) de la paritie périphérique de
la lésion, contrastant avec l'aspect le plus fréquent et non spécifique des tumeurs en hyposignal T1 et hypersignal T2. (b) Prise de contraste non
spécifique. (d) PET-scan montrant l'hyperfixation de la tumeur colique.
Chapitre 5. Diagnostic des tumeurs intracrâniennes de l'adulte    101

Fig. 5.29 Lymphome cérébral. (a) Coupe neuropathologique montrant l'aspect d'un lymphome chez un malade immunocompétent (remercie-
ments au Pr Poirier pour cette pièce anatomique). (b) IRM T2 axiale. Cas récent d'un volumineux lymphome.

a b c
Fig. 5.30 Aspect caractéristique d'un lymphome cérébral chez un malade immunocompétent non traité. (a) T1 sans contraste. (b) T2.
Noter l'hypo-intensité du corps tumoral par rapport à l'œdème périlésionnel. Cet aspect est inhabituel car la majorité des tumeurs non hémorra-
giques sont en hypersignal T2. (c) Prise de contraste massive et homogène.
102   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Fig. 5.31 (a, b) Mesure du volume sanguin cérébral dans trois régions d'intérêt (RI) chez le même patient qu'en figure 5.29 : RI rouge,
lymphome ; RI jaune, parenchyme sain controlatéral ; RI verte, œdème périlésionnel. Noter une forte augmentation du volume sanguin de la RI
rouge (lymphome) par rapport aux deux autres. Par ailleurs, noter l'importance de la pente de la courbe après le retour de la courbe aux valeurs
initiales. Cela traduit l'importance de la perméabilité vasculaire, là encore très évocatrice du diagnostic de lymphome cérébral.

a b

Fig. 5.32 Lymphome cérébral chez un patient immu-


nosupprimé (greffé rénal sous ciclosporine). (a, b)
T1 gadolinium  : prise de contraste en anneau. (c, d)
Signal hétérogène en rapport avec le caractère nécro-
c d tique de la lésion.
Chapitre 5. Diagnostic des tumeurs intracrâniennes de l'adulte    103

est à l'hypoperfusion. Chez certains patients immunodépri- médullaires, tumeurs rénales, chémodectomes, etc. selon
més, les lymphomes profonds étendus sans prise de contraste l'intensité de l'expression de l'affection) [2].
peuvent en imposer pour une phlébite profonde (fig. 5.33 et En scanner, c'est une tumeur solide ou kystique avec un
5.34). Les séquences de phlébographie IRM permettent faci- nodule, siège d'une intense prise de contraste. En IRM, le
lement de redresser le diagnostic. Enfin, le lymphome peut kyste est hyperintense en T2 et FLAIR, ainsi que le nodule
avoir un tropisme vasculaire (artères, veines et parois des tumoral. Celui-ci se renforce considérablement avec l'injec-
sinus duraux) (fig. 5.35). La symptomatologie est non spé- tion de gadolinium. Contrairement aux tumeurs nécrosées et
cifique : trouble du comportement des fonctions supérieures aux astrocytomes pilocytiques kystiques, les parois du kyste ne
ou déficit neurologique. Les signes IRM principaux sont des se renforcent pas. Des structures vasculaires dilatées (veines
lésions, d'allure ischémique, corticales et profondes, bilaté- drainant la tumeur) peuvent être identifiées à la fois avant
rales et asymétriques pouvant prendre le contraste. En l'ab- (flow voids) et après injection de contraste. L'angiographie
sence d'autres localisations, le diagnostic peut être difficile. montre un aspect pathognomonique (­ dilatation des artères
nourricières de la tumeur, opacification massive du corps
tumoral ou des nodules sans shunt artérioveineux précoce, et
Hémangioblastomes (fig. 5.36) dilatation des veines de drainage). Cet examen n'est pas fait à
Ce sont des tumeurs vasculaires bénignes (grade I de l'OMS), titre diagnostique pur, mais pour préparer la stratégie opéra-
uniques et alors le plus souvent dans les lobes cérébelleux toire, éventuellement pour réaliser une embolisation préopé-
(80 %) chez l'adulte, ou multiples dans la maladie de von ratoire. Ces lésions ne récidivent pas après chirurgie d'exérèse
Hippel-Lindau (hémangioblastomes multiples cérébelleux, complète [27].

a b c

d
Fig. 5.33 Lymphome infiltrant les noyaux gris centraux. L'aspect d'hypersignal T2 et FLAIR (b et c) bilatéral doit également faire évoquer
une thrombophlébite cérébrale. Cette cause curable par le traitement anticoagulant a justifié la réalisation de cette phlébographie-IRM (d). Ici, le
système veineux profond (veines cérébrales internes, basales, ampoule de Galien et sinus droit) est perméable.
104   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Fig. 5.34 (a, b) Lymphome à extension épendymaire, T1 gadolinium. Cet aspect de prise de contraste intense épendymaire n'est pas spéci-
fique et peut se rencontrer dans des métastases, en particulier de cancer pulmonaire à petites cellules.

b c
Fig. 5.35 Lymphome intravasculaire. Séquences FLAIR (a) T2 Turbo spin écho (b), T2* (c). Le T2* montre l'accumulation des lymphocytes tumo-
raux dans les vaisseaux. Là encore, cette image n'est pas spécifique et peut se rencontrer dans des métastases.
Chapitre 5. Diagnostic des tumeurs intracrâniennes de l'adulte    105

a b

c d

Fig.  5.36 Hémangioblastome cérébelleux kystique chez un homme


de 35 ans. (a, b) T1 FLAIR : signal homogène du kyste. (c, d) Diffusion b1000
et ADC confirmant le caractère liquidien pur. (e) T1 3D après gadolinium
reformaté en parasagittal. Noter le nodule mural qui prend intensément
le contraste. La paroi du kyste, en revanche, ne le prend pas. Cet aspect
est donc différent des astrocytomes kystiques (enfant adulte jeune) et des
e métastases nécrotiques.
106   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Tumeurs neuroépithéliales tiers) se rencontrent au niveau de la fosse postérieure et


dysembryoplasiques (fig. 5.37) chez l'enfant. Chez l'adulte, elles siègent le plus souvent à
Ces tumeurs (désignées DNET pour dysembryoplastic neuroe- l'étage sus-tentoriel, en topographie périventriculaire voire
pithelial tumors) sont bénignes de grade I dans la classification corticale [30, 31].
OMS atteignant l'enfant et l'adulte jeune. Leur diagnostic est
évoqué devant une épilepsie de l'enfance. La tumeur elle-même
a des caractéristiques radiologiques qui font d'emblée évoquer
sa nature. Elle est le plus souvent temporale ou pariétale, stable
au cours des différents examens. Au scanner, la masse est sou-
vent calcifiée et, dans les cas les plus caractéristiques, la masse
déprime la table interne de la voûte du crâne. Il n'y a pas de prise
de contraste. En IRM T1, la tumeur est hypo-intense, kystique
plurinodulaire. Elle est hyperintense en T2 et FLAIR, sans œdème
périlésionnel. En IRM T1 gadolinium, il n'y a pas de renforce-
ment dans la majorité des cas. Il n'y a pas de diffusion restreinte.
La SRM n'est pas spécifique. En cas de kyste, des lactates sont
détectés. La reconnaissance d'une DNET est importante dans la
mesure où ces tumeurs sont bénignes et que les solutions chirur-
gicales, lorsqu'elles sont envisagées, doivent prendre en compte
non seulement la lésion, mais également les zones épileptogènes
situées en dehors de la tumeur. Le diagnostic se pose avec d'autres
tumeurs corticales : les gangliogliomes (fort renforcement après
injection et un pourcentage élevé de calcifications) et les xan-
thoastrocytomes pléiomorphiques (extension à la pie-mère, signe
de la queue de comète), qui partagent avec cette tumeur une loca-
lisation corticale, une symptomatologie voisine et une possible
érosion de la table interne de la voûte du crâne [28, 29].

Tumeurs à tropisme ventriculaire


En dehors des extensions à l'épendyme des tumeurs gliales et des
métastases, certaines tumeurs se développent dans le système
ventriculaire ou dans leur partie immédiatement adjacente.
Fig. 5.38 Épendymome de l'adulte, IRM T1 parasagittale gado-
linium. Cette forme rare chez l'adulte au niveau du 4e  ventricule et
Épendymomes intracrâniens (fig. 5.38) des trous de Luschka correspond à l'aspect très habituel chez l'enfant.
Ces tumeurs sont développées à partir des cellules épen- Habituellement, leur polymorphisme et les topographies ubiquitaires
dymaires. Les formes les plus fréquentes (plus des deux font que le diagnostic n'est pas porté radiologiquement.

a b
Fig. 5.37 Tumeur dysembryoplasique neuroépithéliale (DNET). T1 (a) et T2 (b). Noter le caractère partiellement liquidien et hétérogène de la
lésion. L'histoire clinique (épilepsie de l'enfance), la topographie, la déformation de la table interne et l'absence de prise de contraste (non montrée
ici) sont en faveur du diagnostic.
Chapitre 5. Diagnostic des tumeurs intracrâniennes de l'adulte    107

Subépendymomes (fig. 5.39) en périphérie. En IRM T1, le kyste est soit hyper-, soit iso-
Ce sont des tumeurs bénignes (grade I de l'OMS), déve- intense. Le signal en T2 dépend de l'hydratation du kyste
loppées dans le système ventriculaire (4e, 3e ventricules et typiquement iso-intense. En cas de contenu très visqueux,
ventricules latéraux). Elles surviennent chez l'adulte, le plus le signal T2 est franchement bas et permet de prévoir des
souvent au-delà de 40 ans. Elles sont asymptomatiques ou difficultés à affaisser ce kyste par ponction simple en cas de
responsables d'une hydrocéphalie obstructive. La tumeur est chirurgie endoscopique [35].
iso- ou hypodense, parfois calcifiée en scanner, sans prise de
contraste En T1, la lésion est iso- ou hypo-intense, hyperin- Méningiomes intraventriculaires
tense en T2, hétérogène en cas de calcifications ou de kystes. Ces méningiomes se développent à partir de cellules arach-
Typiquement, il n'y a pas de prise de contraste, sauf au niveau noïdiennes dans les ventricules latéraux au niveau des carre-
du 4e ventricule [32]. fours. Ils ont peu de particularités radiologiques par rapport
aux variétés des autres méningiomes.
Papillomes des plexus choroïdes
Ces papillomes sont très rares chez l'adulte et siègent princi- Tumeurs de la région pinéale
palement dans le ventricule latéral. Les pinéaloblastomes et les tumeurs germinales se ren-
contrent surtout chez l'enfant. Les pinéalocytomes atteignent
Neurocytomes centraux (fig. 5.40) les adultes jeunes. Les pinéalocytomes sont des tumeurs len-
Ce sont des tumeurs à différenciation neuronale se déve- tement évolutives. Elles se manifestent par des céphalées, une
loppant à l'intérieur des ventricules sus-tentoriels, le plus paralysie de l'élévation (syndrome de Parinaud), une hydro-
souvent dans les ventricules latéraux (grade II de l'OMS). céphalie. C'est une masse relativement bien limitée, typique-
Elles surviennent principalement chez l'adulte et se révèlent ment inférieure à 3 cm.
par des signes d'hypertension intracrânienne et/ou d'hydro- Au scanner sans injection, la tumeur est hypo- ou isodense
céphalie en cas d'obstruction des foramens de Monro. Les avec des calcifications périphériques. La prise de contraste
caractéristiques en imagerie sont les suivantes : présence de est hétérogène. La lésion est hypo-iso-intense en IRM T1,
kystes et de calcifications, signal spontané en IRM T1 et T2 hyperintense en T2, hyperintense et arrondie en FLAIR, avec
hétérogène, prise de contraste hétérogène et plus ou moins une prise de contraste en IRM T1 gadolinium.
intense [33, 34].
Tumeurs extra-axiales
Kystes colloïdes (fig. 5.41) Ces tumeurs se développent à partir des enveloppes ménin-
Ce ne sont pas à proprement parler des tumeurs mais des gées (méningiomes) et des gaines schwanniennes des nerfs
formations kystiques contenant un liquide plus ou moins crâniens (schwannomes). Certaines tumeurs peuvent se
épais attaché à la paroi antéropostérieure du troisième ven- développer dans les espaces sous-arachnoïdiens à partir d'un
tricule. Elles peuvent être de découverte accidentelle ou être point de départ encéphalique ou ventriculaire, ou à partir de
responsables d'une hydrocéphalie biventriculaire par obs- tissu ectodermique migré lors de la fermeture du tube neural
truction des foramens de Monro. (kystes épidermoïdes). Nous n'envisagerons ni les métastases
En scanner, la lésion est spontanément hyper- ou méningées, ni les tumeurs osseuses de la voûte ou de la base
isodense ; elle ne prend pas le contraste, sauf quelquefois du crâne.

Fig. 5.39 Subépendymome. T1 (a), T1 gadolinium (b), FLAIR (c). Noter l'aspect légèrement hétérogène sans prise de contraste.
108   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

a b c

d e
Fig. 5.40 Neurocytome central. T1 (a), T2 (b), FLAIR (c). Tumeur hétérogène obstruant les trous de Monro et responsable d'une hydrocéphalie
obstructive (liseré de résorption transépendymaire au niveau des carrefours ventriculaires sur la séquence FLAIR). T1 gadolinium, coupes sagittale
(d) et parasagittale (e). Noter le caractère hétérogène de la prise de contraste.

Schwannomes (fig. 5.42 et 5.43) loureuse pour les atteintes du trijumeau. Ces tumeurs peuvent
Ce sont des tumeurs extra-axiales, bénignes, classées grade I par élargir les canaux osseux qu'elles traversent (élargissement du
l'OMS, lentement évolutives, développées aux dépens des cel- méat acoustique interne [MAI], du trou ovale). Elles sont rare-
lules de Schwann des gaines nerveuses des nerfs crâniens, plus ment calcifiées, iso- ou légèrement hyperdenses par rapport au
souvent sensoriels ou sensitifs que moteurs. Ce sont des tumeurs cerveau ; elles s'accompagnent d'une forte prise de contraste.
encapsulées développées le plus souvent aux dépens de la por- En ­pondération T1, la masse est iso- ou hypo-intense, hyperin-
tion vestibulaire de la huitième paire. Les autres localisations tenses en T2, se renforçant après injection de gadolinium. Les
sont plus rares (nerfs trijumeau, oculomoteur). Les symptômes schwannomes vestibulaires à développement intracrânien ont
sont en rapport avec les nerf crâniens atteints : surdité de per- une expansion centrée sur cette structure, tandis que les ménin-
ception pour les schwannomes vestibulaires, hypoesthésie dou- giomes du rocher ont un développement asymétrique par
Chapitre 5. Diagnostic des tumeurs intracrâniennes de l'adulte    109

Fig. 5.41 Kyste colloïde du 3e ventricule. Dilatation peu active des ventricules latéraux. T1 (a) et T2 (b) coronales. Noter le caractère très hypo-
intense en T2 du kyste associé à un contenu très visqueux de celui-ci.

Fig.  5.42 Schwannome vestibulaire. T1 gadolinium (a) et T2 (b). Masse occupant la plus grande partie de l'angle pontocérébelleux droit
centré sur le méat du conduit auditif interne. La prise de contraste est hétérogène. La tumeur repousse et trappe du LCS, donnant un aspect
« pseudokystique ».

Fig. 5.43 Schwannome du trijumeau droit transcrânien. (a) T1 coronal injecté. La masse prend fortement le contraste et traverse la base du
crâne par le trou ovale pour envahir l'espace masticateur. (b) Scanner 3D, vue inférieure de la base du crâne. Noter l'élargissement du trou ovale
droit par rapport à la gauche, traduisant la poussée lente de la tumeur depuis plusieurs années.
110   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

rapport au MAI : plus antérieur pour les méningiomes pétro- Méningiomes (fig. 5.44 à 5.47)
clivaux, plus postérieur pour les méningiomes du bord postéro- Tumeurs bénignes (grade I de l'OMS) dans la grande majorité
supérieur du rocher. Les méningiomes sont plus fréquemment des cas, et lentement évolutives, les méningiomes déplacent
calcifiés et entraînent volontiers des condensations osseuses. Les et compriment lentement l'encéphale, ce qui explique qu'ils
schwannomes peuvent être kystiques. Les formes multiples se soient souvent très volumineux lors de leur diagnostic.
rencontrent dans la neurofibromatose de type 2.

Fig.  5.44 Méningiome du trou occipital massivement calcifié. (a, b) Scanner en fenêtre osseuse et parenchymateuse. (c) IRM axiale T2  :
l'intensité de la tumeur est voisine de celle de l'encéphale. Noter la déformation du bulbe.

a b c

Fig. 5.45 Méningiome frontal droit. T1 (a), T2 (b), FLAIR (c). Aspect très évocateur, absence
d'hyposignal T1 ; intensité voisine de celle de la substance grise en T2 et en FLAIR. (d) T1 gado-
d linium : prise de contraste massive et homogène.
Chapitre 5. Diagnostic des tumeurs intracrâniennes de l'adulte    111

Fig. 5.46 Méningiome de la faux du cerveau envahissant la lumière du sinus sagittal supérieur. T1 gadolinium coronal (a) et sagittal (b).

Fig. 5.47 Méningiome olfactif révélé par une hypertension intracrânienne et un syndrome frontal. Anosmie. La masse est largement
insérée sur l'étage antérieur. Masse homogène d'intensité voisine à celle du cortex et prenant massivement le contraste. (a) Coupe coronale T1
sans contraste. (b) Coupe axiale T2. (c) Coupe coronale T1 injectée.

La  tumeur se développe à partir de cellules arachnoï- recherche de perméabilité des sinus sagittal supérieur et laté-
diennes, ce qui explique leurs topographies très ubiquitaires raux se fait par phlébographie-IRM. L'angiographie en réso-
et même intraventriculaire. Malgré leur bénignité histolo- nance magnétique (ARM) par temps de vol montre bien les
gique, certaines localisations au niveau de la base du crâne pédicules artériels nourriciers. La SRM montre une élévation
ont un pronostic redoutable. La majorité siège à la convexité des taux de glutamate et d'alanine. Il existe un aspect très
supratentorielle, les formes parasagittales pouvant envahir caractéristique en angiographie, ce geste étant actuellement
le sinus sagittal supérieur, ou au niveau de la base (gouttière réservé à l'embolisation préopératoire lorsqu'elle est indi-
olfactive, parasellaire). Dans la fosse postérieure, ils occupent quée. Les signes de masse extracérébrale sont : le refoulement
souvent la face postérosupérieure du rocher. Leur insertion de la limite substance grise/substance blanche en T1, la pré-
méningée large sur la dure-mère, voire les ostéomes d'inser- sence de zones de piégeage du LCS à la jonction de la tumeur
tion en facilitent le diagnostic. Des formes multiples sont et de l'encéphale, enfin la présence de veines bordantes entre
possibles. la masse et le cerveau.
Au scanner, la tumeur peut être calcifiée, parfois réali- Si le diagnostic de méningiome est relativement facile
sant une véritable pierre ; elle est souvent spontanément à évoquer, il est important d'essayer de prédire l'évolution
hyperdense. L'utilisation des fenêtres osseuses aide à recon- postopératoire. Si les formes authentiquement malignes sont
naître les zones d'hyperostose aux points d'attache du ménin- très rares et que certaines tumeurs se développant dans les
giome. Il existe un fort renforcement homogène (sauf en cas méninges ont un pronostic plus grave comme l'hémangiopé-
de nécrose) après injection de contraste. L'œdème cérébral ricytome, la pratique s'accorde à distinguer des méningiomes
est mieux visible en IRM. dits typiques authentiques (tumeurs de grade I de l'OMS) des
En IRM T1, la masse est iso- ou légèrement hyperintense méningiomes qualifiés d'atypiques, caractérisés histologique-
par rapport au cortex. En T2, la masse est souvent iso-intense ment par une activité mitotique élevée, une hypercellularité,
par rapport à l'encéphale. L'œdème vasogénique périlésion- des zones de nécrose. Cette distinction est importante puisque
nel est bien visible en FLAIR, les calcifications en T2*. En le taux de récidive postopératoire est de 7 et 20 % selon les
T1 gadolinium, le renforcement est homogène, intense. La séries pour les méningiomes typiques, et de 29 à 41 % pour
112   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

les méningiomes atypiques. Peut-on avoir une estimation en en fréquence les troisièmes tumeurs de cette région après
imagerie de l'appartenance d'un méningiome à l'une ou l'autre les schwannomes et les méningiomes. Ces formations
de ces catégories ? Les données morphologiques sont limitées kystiques s'insinuent entre les différents éléments et en
principalement à l'envahissement du cortex (mushrooming). enrobant les structures vasculonerveuses. Leur aspect
L'imagerie de perfusion, en particulier la mesure du taux de radiologique est voisin de celui du liquide cérébrospinal
transfert du contraste de l'espace vasculaire vers l'interstitium (LCS) en scanner, en IRM T1 et T2. Elles ne prennent pas
tumoral (Ktrans) montre une différence entre les méningiomes le contraste ou de façon très minime en périphérie. De ce
atypiques dont le taux est plus élevé (0,0066 s–1 ± 0,0026) que fait, elles pourraient être confondues avec un kyste arach-
celui des méningiomes typiques (0,0016 s–1 ± 0,0012) [32]. noïdien. La distinction se fait grâce à la séquence FLAIR et
Les chiffres d'ADC sont également susceptibles d'apporter à l'imagerie de diffusion. En FLAIR, l'extinction du signal
une orientation préopératoire. Les méningiomes atypiques de la lésion est incomplète alors qu'elle l'est en cas de kyste
auraient un ADC plus bas (0,75 ± 0,21) que les méningiomes arachnoïdien. En diffusion, les kystes épidermoïdes sont
typiques (1,17 ± 0,21) [36, 37]. en hypersignal effet T2 ­persistant avec un ADC inférieur à
celui du LCS et voisin de celui de l'encéphale. La restriction
Kystes épidermoïdes (fig. 5.48) de l'espace de diffusion est en rapport avec les protéines
Ces tumeurs se développent à partir de tissu ectoder- et la kératine. La chirurgie de ces lésions est difficile du
mique piégé lors de la fermeture du tube neural. La plupart fait de leur caractère infiltrant. La séquence en diffusion
d'entre elles se développent au niveau de l'angle pontocé- permet de diagnostiquer les résidus postopératoires et les
rébelleux dans les espaces liquidiens où elles représentent récidives [38].

Fig. 5.48 Kyste épidermoïde prépontique. (a) T1 écho de gradient. (b) T2 sagital. (c) Diffusion axiale b1000. (d) Cartographie d'ADC. L'imagerie
T1 et T2 n'est pas spécifique et peut dans l'absolu être également celle d'un kyste totalement liquidien tel un kyste arachnoïdien. L'imagerie de
diffusion permet de différencier le kyste épidermoïde qui est tissulaire. Son signal en b1000 est en hypersignal relatif par rapport au LCS et en ADC
en diffusion relativement restreinte par rapport au LCS.
Chapitre 5. Diagnostic des tumeurs intracrâniennes de l'adulte    113

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Chapitre
6
Imagerie des tumeurs
cérébrales de l'enfant
R. Calmon, D. Grévent, P. Varlet, C. Dufour, J. Grill, F. Brunelle,
C. Sainte-Rose, S. Puget, N. Boddaert, V. Dangouloff-Ros

PLAN DU CHAPITRE
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115 Principaux types de tumeurs. . . . . . . . . . . . . . . 115
Protocole d'imagerie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115

Introduction cérébrales a été mise à jour en 2016, amenant la redéfinition


de certaines entités [1].
Les tumeurs cérébrales représentent 20 % des cancers de Nous allons décrire l'imagerie de ces tumeurs en sépa-
l'enfant, c'est-à-dire la première cause de tumeur solide dans rant les tumeurs de fosse postérieure des tumeurs de la
cette tranche d'âge et la première cause de mortalité. ligne médiane, des tumeurs bénignes de l'épilepsie et des
Elles ne sont pas toujours faciles à diagnostiquer principales tumeurs supratentorielles hémisphériques ou
puisqu'elles peuvent ne se manifester, du moins au début, intraventriculaires.
que par des vomissements, des douleurs abdominales ou un
retard des acquisitions. Ensuite, d'autres signes d'hyperten-
sion intracrânienne peuvent apparaître, tels que des cépha- Protocole d'imagerie
lées et des signes focaux comme une atteinte des paires
crâniennes, des déficits moteurs ou de l'équilibre. Le scanner est souvent l'examen de première intention per-
L'imagerie médicale, scanner et IRM, les nouvelles tech- mettant de découvrir la tumeur, mais l'IRM est toujours
niques neurochirurgicales, les instruments de microchirur- indispensable pour faire le bilan lésionnel. Elle comportera
gie, l'endoscopie, la microscopie assistée par ordinateur, et des séquences morphologiques dans les trois plans sans et
une meilleure maîtrise de l'anesthésie et de la réanimation avec injection de gadolinium, permettant de préciser la locali-
permettent des interventions plus fines, et une meilleure sation tumorale, élément essentiel du diagnostic. La diffusion
sauvegarde du tissu cérébral. Les séquelles postopératoires sera indispensable pour évaluer la cellularité tumorale et, dans
ont considérablement diminué. le cas des tumeurs malignes hypercellulaires, pour rechercher
De plus, les progrès des traitements complémentaires des métastases intracrâniennes (notamment de médulloblas-
comme la radiothérapie et la chimiothérapie contribuent tome). L'IRM de perfusion par marquage des spins artériels
aussi à l'augmentation du nombre de guérisons et à l'amélio- orientera vers une tumeur maligne ou bénigne [2].
ration de la qualité de vie des enfants.
La plupart des tumeurs cérébrales de l'enfant (60 %) se
situent dans la fosse postérieure, c'est-à-dire dans le cervelet, Principaux types de tumeurs
le tronc cérébral et le 4e ventricule (astrocytome, médul-
loblastome, épendymome et tumeur du tronc). Les autres
Tumeurs de fosse postérieure
tumeurs se situent au niveau de la ligne médiane (cranio- (tableau 6.1)
pharyngiome, gliomes du chiasma et tumeurs germinales) Ces tumeurs seront révélées cliniquement le plus souvent
et d'autres se situent au niveau des hémisphères cérébraux par une hydrocéphalie (par blocage du 4e ventricule) qui
(astrocytome, glioblastome, tumeur tératoïde rhabdoïde entraîne des signes d'hypertension intracrânienne, un syn-
atypique, ou ATRT pour atypical teratoid/rhabdoid tumor, drome cérébelleux, ou une atteinte des paires crâniennes. Il
épendymome, gangliogliome et tumeur neuroépithéliale existe quatre grands types de tumeurs de fosse postérieure :
dysembryoplasique, ou DNET pour dysembryoplastic les astrocytomes pilocytiques, les médulloblastomes, les
neuro­epithelial tumor). La classification OMS des tumeurs épendymomes et les tumeurs du tronc cérébral.

IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
© 2017, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 115
116   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Tableau 6.1 Principales caractéristiques des tumeurs de la fosse postérieure.


Astrocytome Médulloblastome Épendymome Tronc cérébral
pilocytique
Gliome infiltrant Astrocytomes pilocytiques
exophytiques
TDM/densité Hypodense Hyperdense Hétérogène Hypodense Hypodense
cellulaire
Localisation Hémisphère Médiane Angle Protubérance Bulbe
pontocérébelleux
Points importants Kyste + Métastases spinales Hétérogène Grosse protubérance Exophytique
nodule mural
Traitement Chirurgie seule Chirurgie Chirurgie Biopsie Chirurgie
+ chimiothérapie + radiothérapie + radiothérapie
± radiothérapie

a b
Fig. 6.1 Astrocytome pilocytique. IRM en coupes axiale T1 sans injection (a) et avec injection (b). La tumeur est localisée au niveau de l'hémi­
sphère cérébelleux gauche avec un kyste associé à un nodule mural qui prend le contraste.

Astrocytomes pilocytiques Médulloblastomes


Chez l'enfant, ces tumeurs (de grade I de l'Organisation mon- Le médulloblastome est la tumeur maligne (grade IV de
diale de la santé [OMS] 2016) sont situées par ordre de fré- l'OMS) de la fosse postérieure la plus fréquente chez l'enfant
quence dans le cervelet, les voies optiques/l'hypothalamus, avec un pic de fréquence entre 3 à 8 ans. Elle se développe
les hémisphères cérébraux et les noyaux gris centraux. On souvent à la partie inférieure du vermis et vient adhérer au
peut également en trouver au niveau médullaire ou bien au tronc cérébral (plancher du 4e ventricule). Une de ses parti-
niveau de la moelle allongée où ils ont le plus souvent une cularités est de disséminer via le liquide cérébrospinal (LCS)
forme exophytique. et de donner des métastases arachnoïdiennes au niveau
Les astrocytomes cérébelleux représentent environ 30 % médullaire et sus-tentoriel. Ces tumeurs sont désormais
des tumeurs de fosse postérieure. Le pic de fréquence est classées en quatre sous-groupes moléculaires dans la classi-
de 5 à 13 ans. La tumeur est localisée le plus souvent au fication OMS (WNT, SHH, groupes 3 et 4), avec un risque
niveau de l'hémisphère cérébelleux avec un kyste associé à métastatique et un pronostic différents.
un nodule mural prenant fortement le contraste (fig. 6.1). Au scanner, le médulloblastome est généralement
Elle est hypodense au scanner et il y a peu de calcifications. hyperdense et localisé sur la ligne médiane, au niveau du
Elle restreint généralement peu la diffusion et sa perfusion vermis inférieur ou médian et du quatrième ventricule
est basse en ASL. Le traitement est essentiellement chirurgi- (fig. 6.2). Les médulloblastomes SHH peuvent être situés
cal. Les récidives sont très rares et sont alors traitées par une latéralement dans les hémisphères cérébelleux. Il existe des
nouvelle exérèse chirurgicale. L'exérèse chirurgicale com- calcifications dans environ 15 % des cas, avec des kystes ou
plète permet d'obtenir le plus souvent la guérison. des zones de nécrose dans 50 % des cas. À l'IRM, la tumeur
Chapitre 6. Imagerie des tumeurs cérébrales de l'enfant    117

apparaît en hypersignal T2 et FLAIR et prend le contraste classées en « haut risque » et « risque standard », selon 1)
dans la majorité des cas. Elle est en hypersignal diffusion la qualité de l'exérèse, 2) la taille éventuelle d'un résidu
en raison de son hypercellularité et présente une perfusion postopératoire (> ou < 1,5 cm2), 3) l'âge de l'enfant et 4)
élevée en ASL. En spectroscopie, on peut retrouver spécifi- la présence de métastases. Actuellement, le taux de survie
quement un pic de taurine [3]. des enfants traités pour un médulloblastome de risque
Il peut exister des métastases arachnoïdiennes d'emblée standard est de 70 à 80 % à 5 ans et de 55 à 76 % dans
au diagnostic et il faut donc réaliser dès le diagnostic une les formes de haut risque [4]. Les médulloblastomes des-
IRM médullaire avec injection de produit de contraste. moplasiques SHH et à nodularité extensive, formes de
Les métastases encéphaliques seront bien détectées par la l'enfant jeune (< 3 ans), ont un très bon pronostic avec un
séquence de diffusion. taux de survie de plus de 85 % [5].
La première étape du traitement est la chirurgie dont
la qualité est un facteur pronostique majeur. Le traite- Épendymomes à différenciation épendymaire
ment associe à la chirurgie de la chimiothérapie et de la Ce sont des tumeurs malignes, classées en grades II et III
radiothérapie dans la plupart des cas. Ces tumeurs sont selon la classification de l'OMS 2016. Cependant, il est
clairement démontré que cette classification n'a pas d'im-
pact pronostique. Le pic de fréquence est situé entre 3 et
5 ans. De même que les médulloblastomes, elles se déve-
loppent le plus souvent dans le 4 e ventricule, à l'origine
d'une hydrocéphalie triventriculaire, mais ont la parti-
cularité, à l'inverse des médulloblastomes, de s'insinuer
vers les foramens de Luschka et de Magendie. Il n'est pas
rare alors de voir un contingent tumoral entourer le tronc
cérébral et/ou descendre en rétromédullaire à l'étage
cervical.
La tumeur présente des calcifications (50  %) asso-
ciées à des kystes (20  %). Elle s'étend par les trous de
Luschka et de Magendie vers les angles pontocérébelleux
et les citernes de la base du crâne (fig. 6.3). Son rehausse-
ment est souvent hétérogène. Son signal en diffusion est
variable, mais le plus souvent en hypersignal. Sa perfu-
sion est élevée en ASL. Il est exceptionnel qu'il existe des
métastases au diagnostic.
Le traitement associe la chirurgie, qui a un rôle pronos-
tique primordial, associée ou non à la radiothérapie locale.
Le rôle de la chimiothérapie est encore controversé mais
Fig.  6.2 Médulloblastome classique. Scanner sans injection mon­ reste le traitement complémentaire de choix pour les enfants
trant que la tumeur est hyperdense spontanément et se localise au de moins de 2 ans. Les récidives surviennent dans 50 à 60 %
niveau du vermis. des cas à 5 ans.

a b
Fig. 6.3 Épendymome. IRM en axial T1 après injection de produit de contraste (a) et sagittal T1 (b) après injection de produit de contraste. La
tumeur est hétérogène et prend le contraste ; elle s'étend par les trous de Luschka et de Magendie vers les angles pontocérébelleux et les citernes
de la base du crâne.
118   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Tumeurs du tronc cérébral Tumeurs de la moelle allongée


Les tumeurs du tronc cérébral sont divisées en deux Les tumeurs de la moelle allongée sont très différentes des
groupes avec des caractéristiques morphologiques et des tumeurs du pont. Ce sont des astrocytomes pilocytiques
pronostics très différents : 1) les gliomes infiltrants de la (grade I de l'OMS), et donc des tumeurs bénignes. L'IRM
ligne médiane, de localisation pontique, et 2) les tumeurs montre une hypo-intensité T1 et hyperintensité T2 et FLAIR
exophytiques le plus souvent localisées sur la moelle de la moelle allongée, et une portion charnue exophytique
allongée. L'exérèse chirurgicale est impossible pour les qui prend le plus souvent le contraste. Le traitement repose
tumeurs infiltrantes et le plus souvent partielle pour les sur la chirurgie de la portion exophytique, souvent en plu-
tumeurs exophytiques. sieurs temps.

Tumeurs protubérantielles : les gliomes infiltrants Tumeurs de la ligne médiane (tableau 6.2)


de la ligne médiane
Les gliomes infiltrants de la ligne médiane sont une entité
Gliomes des voies optiques
particulière apparue dans la classification OMS 2016, Les gliomes des voies optiques sont le plus souvent diagnos-
liée à une mutation H3K27M. Ces tumeurs diffèrent des tiqués durant les cinq premières années de la vie et sont des
gliomes de l'adulte, et peuvent être localisées au tronc astrocytomes pilocytiques (grade  I de l'OMS), stables ou
cérébral (le plus souvent), mais aussi aux thalami et à la lentement progressifs. Les symptômes cliniques sont avant
moelle spinale. Le pic de fréquence est entre 3 et 10 ans. tout visuels et difficiles à diagnostiquer chez le jeune enfant :
Elles sont toutes considérées comme de grade IV et restent baisse de l'acuité visuelle pouvant entraîner un nystagmus ou
à ce jour peu sensibles aux traitements disponibles. Elles un strabisme, une amputation du champ visuel ou une pâleur
sont presque toutes mortelles dans les 2 ans et la médiane de la papille au fond d'œil. Obésité et céphalées peuvent être
de survie est de 9 mois. rencontrées. Dix pour cent des gliomes des voies optiques
Le scanner montre un important élargissement du pont sont asymptomatiques. Il existe un taux de survie de plus de
qui est très hypodense. L'IRM très typique montre égale- 94 % à 10 ans. Il s'agit du type tumoral le plus fréquemment
ment un élargissement majeur du pont qui est hyperintense associé à la neurofibromatose de type 1 (NF1) ; 30 % des
en FLAIR et T2 (fig. 6.4). La diffusion et le rehaussement patients avec gliome des voies optiques ont une NF1 et 15 %
sont variables et il n'y a pas de métastase méningée à la des patients porteurs d'une NF1 développent un gliome des
découverte de la tumeur. voies optiques. En imagerie, ces tumeurs peuvent être situées
Le diagnostic est fondé sur l'apparition récente de signes sur le chiasma, les nerfs optiques ou les bandelettes optiques.
cliniques (atteinte du VI le plus souvent, des voies pyra- Elles sont hypodenses au scanner, hypo-intenses en T1 et
midales et d'un syndrome cérébelleux) et de cet aspect hyperintenses en T2/FLAIR. Elles sont en général homogènes
radiologique typique. La biopsie n'est alors pas nécessaire et bien circonscrites et leur rehaussement est très variable.
pour documenter cette lésion sur le plan histologique. Dans le cas d'une NF1, on recherchera l'association fréquente
Cependant, une biopsie est proposée par certaines équipes avec des OBNI (objets brillants non identifiés), en hypersi-
afin de rechercher des marqueurs biologiques et des cibles gnal FLAIR sans prise de contraste.
thérapeutiques. Le traitement standard est une irradiation Un traitement sera indiqué en fonction du retentissement
focale, cette lésion n'étant pas accessible à la chirurgie, visuel (chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie).
associée très fréquemment à une chimiothérapie. Des sous-
groupes moléculaires sont rapportés avec des pronostics Germinomes
légèrement différents et des caractéristiques d'imagerie mul- Ces tumeurs, souvent découvertes en période pubertaire (10 à
timodale spécifiques [6]. 12 ans), se développent dans la région de la glande pinéale (30

a b
Fig. 6.4 Gliome infiltrant du tronc. IRM en coupe axiale FLAIR (a) et sagittale T1 sans injection de produit de contraste (b). L'IRM très typique
montre également un élargissement majeur du pont qui est hyperintense en FLAIR et hypo-intense en T1.
Chapitre 6. Imagerie des tumeurs cérébrales de l'enfant    119

Tableau 6.2 Principales caractéristiques des tumeurs de la ligne médiane.

Gliome des voies optiques Craniopharyngiome Germinome

Clinique Perte vision Déficits hormonal/visuel Diabète insipide


Masse Homogène Hétérogène Homogène
Localisation Chiasma Sellaire/suprasellaire Pinéale et/ou hypophyse
IRM T1 Iso-intense Spontanément hyperintense Perte signal posthypophyse
Rehaussement Variable Hétérogène Important
Points clés ± OBNI Calcifications + Métastases : faire
NF1 à rechercher kystes + charnu IRM médullaire +++
NF1 : neurofibromatose de type 1 ; OBNI : objets brillants non identifiés.

à 40 %) ou de l'hypophyse (60 à 70 %). Elles peuvent aussi


être bifocales (pinéale et hypohysaire), ce qui orientera for-
tement vers ce diagnostic. En cas de tumeur pinéale, elles
se manifestent par une hypertension intracrânienne due à
l'hydrocéphalie triventriculaire et un syndrome de Parinaud
(paralysie de la verticalité du regard). Lorsque la tumeur est
développée dans l'hypophyse, elle est souvent révélée par un
diabète insipide parfois associé à des désordres antéhypophy-
saires (puberté précoce).
Au scanner, la lésion est hyperdense spontanément.
En IRM, elle est homogène en T2 ou FLAIR et il existe un
important rehaussement en T1 après injection. Il existe
sur le T1 sans injection une perte de l'hypersignal phy-
siologique de la post-hypophyse si la localisation est la
région hypophysaire. La diffusion est restreinte dans ces Fig. 6.5 Craniopharyngiome. IRM en coupe sagittale T1 spontanée
lésions hypercellulaires. Les métastases sont fréquentes sans injection de produit de contraste. Masse très hétérogène avec une
dès le diagnostic et une IRM médullaire avec injection hyperintensité spontanée caractéristique du craniopharyngiome (en
de produit de contraste sera importante lors du premier raison des protéines et du cholestérol).
bilan.
Ces tumeurs peuvent contenir plusieurs sous-types his-
tologiques dont certains sécrètent des marqueurs tumoraux Rathke qui représentent 5 % environ des tumeurs céré-
(alpha-fœto-proteine [αFP] et/ou hormone chorionique brales de l'enfant. Le pic de fréquence est situé entre 8 et
gonatotrope [hCG]). La présence d'αFP ou d'hCG dans 12 ans. Ces tumeurs se situent dans la région de la glande
le sang ou le LCS permet d'affirmer avec certitude, sans hypophyse et de l'hypothalamus et peuvent comprimer le
qu'une preuve histologique soit nécessaire, la présence d'un chiasma. Elles se manifestent alors par une triade assez
contingent tumoral correspondant et a donc une valeur caractéristique : des troubles endocriniens, une atteinte
diagnostique certaine. Dans ce cas, un traitement médical visuelle et des signes d'hypertension intracrânienne en
est envisagé en premier (chimiothérapie, radiothérapie), cas d'hydrocéphalie.
ces tumeurs étant très chimiosensibles. Pour les tumeurs Sur le plan radiologique, elles sont caractérisées par l'as-
non sécrétantes, une preuve histologique initiale est indis- sociation de contingents charnu (90 %), kystique (90 %) et
pensable pour préciser le diagnostic et écarter les diagnos- calcifié (90 %). En T1, il existe un hypersignal spontané en
tics différentiels de cette localisation (tératome mature ou raison des protéines et du cholestérol (fig. 6.5). Il existe tou-
immature, pinéaloblastome), qui seront traités en premier jours un rehaussement du contingent charnu après injection
par une exérèse chirurgicale. de produit de contraste.
Le pronostic des tumeurs germinales intracrâniennes Leur prise en charge est difficile car l'exérèse chirur-
est bon (plus de 90 % de survie sans récidive pour les ger- gicale complète peut entraîner de graves séquelles si ces
minomes non sécrétants et plus de 70 % pour les tumeurs tumeurs envahissent l'hypothalamus (syndrome hypotha-
sécrétantes) et la qualité de vie à long terme généralement lamique : hyperphagie, obésité et troubles du comporte-
bonne. Cependant, un diabète insipide et/ou un panhypo- ment). En cas d'exérèse a priori complète, les récidives
pituitarisme présent au diagnostic nécessitent un traitement peuvent tout de même survenir dans 30 à 50 % des cas,
substitutif à vie. et cela le plus souvent dans les deux années suivant le
diagnostic. En cas de chirurgie subtotale, le traitement
Craniopharyngiomes complémentaire comporte une radiothérapie, idéalement
Ce sont des tumeurs histologiquement bénignes, d'ori- aux protons. Presque tous les enfants auront besoin d'une
gine embryonnaire, issues de résidus de la poche de substitution hormonale à vie.
120   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Tumeurs épileptogènes périlésionnel (sauf si le kyste a saigné brutalement). La partie


tissulaire ne restreint pas la diffusion et est peu perfusée en ASL.
Tumeurs neuroépithéliales dysembryoplasiques Cette tumeur a un excellent pronostic si l'exérèse est pré-
(DNET) (dysembryoplastic neuroepithelial tumors coce et complète.
[DNET])
Ce sont des tumeurs corticales de bas grade qui n'évoluent
pas (grade I de l'OMS), comportant plusieurs formes his- Tumeurs supratentorielles
tologiques [7] : 1) DNET de forme spécifique simple avec Gliomes supratentoriels
un contingent glioneuronal spécifique ; 2) DNET de forme
La classification OMS 2016 sépare clairement d'une part les
spécifique complexe (contingent glioneuronal et architec-
astrocytomes pilocytiques (grade I, de caractéristiques iden-
ture multinodulaire avec dysplasie corticale) ; et 3) DNET
tiques à ceux de fosse postérieure), d'autre part les gliomes
de forme non spécifique (pas de contingent glioneuronal).
de grades  II (astrocytome/oligodendrogliome diffus), III
Au scanner, la DNET est une lésion hypodense pouvant
(astrocytome/oligodendrogliome anaplasique) et IV (glio-
contenir des calcifications. Il existe une déformation osseuse
blastomes). Contrairement à l'adulte, la transformation d'une
en regard dans 40 % des cas. À l'IRM, la lésion est corticale,
tumeur de bas grade vers une tumeur de haut grade est excep-
hypo-intense en T1, très hyperintense en T2 et FLAIR, avec
tionnelle chez l'enfant, et les glioblastomes sont généralement
un aspect en bulles de savon. Il n'y a pas d'œdème et pas
rencontrés de novo.
d'effet de masse, y compris pour des lésions de grande taille.
Les symptômes cliniques dépendent de la localisation
Chez l'enfant, la prise de contraste est exceptionnelle, et doit
tumorale : crises convulsives, déficits focaux, hypertension
faire évoquer en premier lieu le diagnostic de gangliogliome.
intracrânienne. Le délai entre le début de la symptomatolo-
gie et le diagnostic est habituellement court.
Gangliogliomes À l'IRM (fig. 6.6), les caractéristiques se rapprochent des
Ces tumeurs sont d'origine glioneuronale (présence de cel- gliomes de l'adulte. Les tumeurs de grade II présentent une
lules astrocytaires et de neurones ganglionnaires). La plu- infiltration diffuse mal limitée corticale et sous-­corticale
part d'entre elles sont bénignes (grade I de l'OMS), mais il en hypersignal FLAIR et T2, sans prise de contraste. La
existe des cas de gangliogliomes anaplasiques (grade III), de présence de calcifications oriente vers un compensant oli-
plus mauvais pronostic. godendroglial. Les tumeurs de grade  III présentent une
Leur localisation de prédilection est le lobe temporal hyperperfusion en ASL et perfusion T2*, ainsi que parfois
et elles se manifestent donc souvent par une épilepsie. On une prise de contraste. Les glioblastomes se présentent sous
peut aussi les trouver dans d'autres localisations : cortico- la forme de masses hémisphériques nécrotiques associées
sous-corticales dans les hémisphères, le cervelet, mais à un œdème tumoral et un important effet de masse. Le
aussi dans le tronc cérébral où elles seront le plus souvent rehaussement est toujours présent, irrégulier et serpigineux.
exophytiques. Des métastases peuvent exister au moment du diagnostic.
En imagerie, il existe classiquement des calcifications. La Le traitement est la chirurgie associée à la chimiothéra-
masse est généralement corticale, associée à un gros kyste avec pie et à la radiothérapie. Le pronostic des glioblastomes est
un rehaussement nodulaire. Il n'y a presque jamais d'œdème médiocre.

a b
Fig. 6.6 Glioblastome. À l'IRM, la tumeur est infiltrante et se présente sous la forme d'une masse hémisphérique nécrotique associée à un œdème
tumoral, un important effet de masse et un rehaussement marqué. Il existe une dissémination le long des fibres de substance blanche.
Chapitre 6. Imagerie des tumeurs cérébrales de l'enfant    121

Tumeurs tératoïdes rhabdoïdes atypiques (ATRT) En imagerie, ces tumeurs se présentent sous la forme de
Il s'agit d'une tumeur rare du petit enfant (moins de 5 ans) masses intraventriculaires de bonne taille prenant très forte-
dont l'incidence est probablement sous-estimée. Elle se déve- ment le contraste, aux contours lobulés. La distinction entre
loppe en situation supratentorielle ou en infratentorielle. papillome et carcinome est difficile, reposant sur la présence
En IRM, il s'agit souvent de très volumineuses lésions éventuelle dans les carcinomes d'une invasion parenchy-
d'aspect hétérogène, bien limitées, avec une importante mateuse et sur une perfusion ASL plus élevée des carci-
prise de contraste. Elles restreignent fortement la diffusion nomes (> 120 ml/min/100 g) [8]. De manière surprenante,
et présentent une franche hyperperfusion en ASL. les papillomes sont souvent associés à une hydrocéphalie,
Elles sont traitées par chirurgie et chimiothérapie. Le contrairement aux carcinomes.
pronostic est sombre avec un taux de survie à 2 ans de 20 %. Le traitement de choix est la chirurgie, complétée par
une chimiothérapie et/ou une radiothérapie si la tumeur est
Épendymomes sus-tentoriels maligne et selon l'âge de l'enfant.
Comme les épendymomes sous-tentoriels, il s'agit de
tumeurs provenant de cellules épendymaires. Cependant, Références
au niveau supratentoriel, ces tumeurs sont rarement
[1] Louis DN, Perry A, Reifenberger G, et al. The 2016 World Health
intraventriculaires mais sont le plus souvent intraparen-
Organization Classification of Tumors of the Central Nervous
chymateuses, sans avoir forcément de connexion avec System : a summary. Acta Neuropathol (Berl) 2016 ; 131(6) : 803–20.
l'épendyme. Les symptômes cliniques sont une hyperten- [2] Dangouloff-Ros V, Deroulers C, Foissac F, et al. Arterial spin labeling
sion intracrânienne, des déficits neurologiques focaux et to predict brain tumor grading in children : correlations between his-
des crises d'épilepsie. topathologic vascular density and perfusion MR imaging. Radiology
En IRM, la tumeur est bien limitée et intraparenchyma- 2016 ; 152228.
teuse. Elle peut se présenter sous la forme d'un kyste avec [3] Koob M, Girard N. Cerebral tumors : specific features in children.
nodule mural rehaussé, ou d'une masse plus hétérogène, Diagn Interv Imaging 2014 ; 95(10) : 965–83.
avec peu d'œdème. L'hyperintensité T2 est superposable à [4] Gilbertson RJ. Medulloblastoma : signalling a change in treatment.
la taille du rehaussement tumoral. La diffusion est variable Lancet Oncol 2004 ; 5(4) : 209–18.
[5] Rutkowski S, Bode U, Deinlein F, et al. Treatment of early childhood
(plus souvent restreinte) et la perfusion élevée. Il n'y a habi-
medulloblastoma by postoperative chemotherapy alone. N Engl
tuellement pas de métastases à la découverte. J Med 2005 ; 352(10) : 978–86.
Le traitement comporte une chirurgie suivie de radiothé- [6] Castel D, Philippe C, Calmon R, et al. Histone H3F3A and HIST1H3B
rapie et/ou chimiothérapie. La survie à 5 ans est d'environ K27M mutations define two subgroups of diffuse intrinsic pontine
50 %. gliomas with different prognosis and phenotypes. Acta Neuropathol
(Berl) 2015 ; 130(6) : 815–27.
Tumeurs des plexus choroïdes [7] Daumas-Duport  C, Scheithauer  BW, Chodkiewicz  JP, et  al.
Dysembryoplastic neuroepithelial tumor : a surgically curable tumor
Les plexus choroïdes sont des structures intraventriculaires of young patients with intractable partial seizures. Report of thirty-
d'épendyme « spécialisé » dans la production de LCS. Des nine cases. Neurosurgery 1988 ; 23(5) : 545–56.
tumeurs bénignes (papillomes de grade I ou papillomes aty- [8] Dangouloff-Ros V, Grevent D, Pagès M, et al. Choroid plexus neo-
piques de grade II) ou malignes (carcinomes de grade III) plasms : toward a distinction between carcinoma and papilloma using
peuvent se développer à ce niveau. arterial spin-labeling. AJNR Am J Neuroradiol 2015 ; 36(9) : 1786–90.
Chapitre
7
Imagerie des pathologies
inflammatoires cérébrales
S. Kremer, M.-P. Boncoeur-Martel, F. Cotton

PLAN DU CHAPITRE
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123 Diagnostics différentiels : autres pathologies
Protocole d'exploration. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123 démyélinisantes non inflammatoires . . . . . . . . 135
Sclérose en plaques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
Autres pathologies inflammatoires . . . . . . . . . 129

Introduction Ce texte sera essentiellement consacré à la SEP, du fait de sa


fréquence par rapport aux autres étiologies, les objectifs étant :
Les pathologies inflammatoires cérébrales sont souvent ■ de proposer un protocole d'exploration standardisé des
confondues, par abus de langage, avec les pathologies pathologies de la substance blanche ;
démyélinisantes. En fait, elles constituent un sous-groupe ■ de rappeler la séméiologie IRM des lésions cérébrales et
d'affections démyélinisantes, à côté des causes vasculaires, médullaires de la SEP ;
métaboliques ou toxiques. ■ de rappeler les nouveaux critères diagnostiques de la SEP
On regroupe sous le terme de pathologies inflamma- (critères de McDonald révisés) ;
toires toutes les affections présumées d'origine dysimmuni- ■ d'insister sur les difficultés diagnostiques, en particulier
taire induisant des lésions démyélinisantes. Les principales les diagnostics différentiels tels que les autres lésions
étiologies sont la sclérose en plaques (SEP), les lésions d'origine inflammatoire (lésions post-infectieuses,
post-infectieuses (encéphalomyélite aiguë disséminée maladies de système), mais également les autres lésions
ou ADEM pour acute disseminated encephalomyelitis), la démyélinisantes de la substance blanche, en particulier
neuromyélite optique de Devic (NMO) et les maladies de les lésions vasculaires.
système (lupus, maladie de Behçet, sarcoïdose, maladie de
Gougerot-Sjögren).
Mais dans les maladies de système, les lésions de la subs- Protocole d'exploration
tance blanche sont plurifactorielles, pouvant être induites L'exploration des affections démyélinisantes se doit d'être
soit par une agression directe par des phénomènes inflam- standardisée afin d'être reproductible et ainsi de pouvoir
matoires, soit par une agression indirecte où les phénomènes assurer un suivi. C'est dans cet objectif que l'Observatoire
inflammatoires sont limités au système vasculaire (vascula- français de la sclérose en plaques (OFSEP) a proposé un
rite) induisant des lésions d'amont d'origine ischémique au protocole commun réalisable dans tous les centres IRM
sein du parenchyme cérébral, soit enfin par l'association des pour l'exploration de l'encéphale et de la moelle des patients
deux. présentant une SEP [1].
L'IRM est l'examen clé pour l'exploration des pathologies
de la substance blanche. Elle fait partie intégrante du bilan Protocole standardisé
initial en cas de suspicion clinique d'affection démyélini-
sante. En effet, en association avec les données cliniques et Exploration de l'encéphale
les données biologiques (ponction lombaire), elle concourt Pour l'exploration de l'encéphale, le protocole est le suivant :
au diagnostic étiologique. L'IRM permet également le suivi ■ séquence 3D T1 sans injection : permet la mise en évi-
évolutif et constitue ainsi un élément indispensable à la prise dence de trous noirs, mais également le suivi longitudinal
en charge thérapeutique. pour l'évaluation de l'atrophie ;

IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
© 2017, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 123
124   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

■ séquence de diffusion avec cartographie ADC : aide au ■ coupes axiales T2 EG  : l'écho de gradient permet de
diagnostic différentiel avec les lésions ischémiques et sur- s'affranchir des artéfacts de flux et de différencier la subs-
tout les lésions de leuco-encéphalite multifocale progres- tance blanche de la substance grise qui a une forme de H ;
sive (LEMP) ; ■ coupes sagittales STIR : elles sont plus sensibles que le T2
■ coupes axiales 2D DP/T2 TSE ou 3D T2 : la densité de pour la détection des lésions intramédullaires.
proton serait plus sensible pour la détection des lésions L'exploration sagittale devra couvrir l'ensemble de la lon-
infratentorielles que le T2 et le FLAIR ; gueur du cordon médullaire.
■ injection de gadolinium (0,1  mmol/kg)  : un délai de L'exploration IRM commencera par la moelle en cas
5 minutes devra être respecté entre l'injection et l'acqui- d'orientation clinique en faveur d'une atteinte médullaire
sition de la séquence T1 injectée afin d'optimiser l'éven- prédominante. L'exploration pourra alors être poursuivie
tuelle prise de contraste (la séquence FLAIR sera acquise par l'encéphale afin d'asseoir le diagnostic. Dans les autres
entre l'injection et le T1 injecté) [2] ; cas, l'exploration débutera par l'encéphale et pourra dans
■ séquence 3D FLAIR ou 2D FLAIR : plus sensibles que certains cas être poursuivie par la moelle, en particulier
le T2 pour la détection des lésions juxtacorticales et jux- lorsque les critères diagnostiques ne sont pas réunis. En
taventriculaires, mais moins sensibles pour la détection cas d'exploration des deux niveaux dans le même temps
des lésions de la fosse cérébrale postérieure que le T2 et la d'examen, il ne sera pas procédé à une nouvelle injection de
densité de proton ; contraste.
■ séquence 3D T1 après injection de gadolinium : les
séquences 3D T1 écho de gradient (EG) avec injec-
tion de gadolinium seraient plus sensibles pour la
Techniques d'imagerie « avancée »
détection des prises de contraste que les lésions Les techniques d'imagerie conventionnelle en IRM sous-
2D T1 SE [3]. estiment les lésions de SEP, en particulier au sein de la subs-
Les séquences optionnelles sont : tance blanche d'aspect normal, mais également au sein de la
■ un tenseur de diffusion avec au moins 15 directions : en substance grise [4]. Cela explique probablement en partie la
remplacement de la séquence de diffusion ; dissociation clinicoradiologique observée dans cette patho-
■ une séquence 2D T2 EG : au moment du diagnostic afin logie [5].
d'éliminer un diagnostic différentiel en recherchant des De nombreux travaux dans la littérature, utilisant les
microbleeds qui orienteraient dans ce cas plutôt vers une techniques de transfert de magnétisation, de spectrosco-
pathologie vasculaire. pie, de diffusion ou de tenseur de diffusion, des IRM à très
Le plan d'acquisition devra également être repro- haut champ (7 T) et de post-traitement avancés (mesure
ductible, le plan bicalleux (bord inférieur du rostrum de volume lésionnel ou cérébral, mesures de temps de
et bord inférieur du splénium du corps calleux) étant relaxation T1 ou T2, mesures des paramètres de diffusion)
préconisé par le groupe d'experts, car plus reproductible ont montré la dissémination des anomalies en cas de SEP
que le plan CA-CP (commissure antérieure/postérieure). [6–10].
L'épaisseur des coupes devra également être la plus fine Cependant, ces techniques n'ont pour l'instant pas d'ap-
possible, une épaisseur inférieure ou égale à 3 mm étant plications pratiques car ne permettant pas d'analyse indivi-
préconisée. duelle, mais uniquement des analyses de groupe.
De nouvelles séquences d'IRM ont été développées
ces dernières années et sont utilisées en routine clinique,
Exploration de la moelle comme les séquences en double inversion récupération
Pour l'exploration de la moelle, le protocole est le suivant : (DIR), ou les séquences de susceptibilité magnétique.
■ coupes sagittales T2 FSE ; Les séquences DIR semblent prometteuses pour la détec-
■ injection de gadolinium (0,1 mmol/kg) ; tion des lésions corticales de SEP, mais également pour la
■ coupes sagittales T1 après injection de gadolinium : un détection des lésions de LEMP chez les patients SEP trai-
délai de 5 minutes devra être respecté entre l'injection et tés par natalizumab [11]. Les séquences de susceptibilité
l'acquisition de la séquence T1 injectée afin d'optimiser magnétique sont plus sensibles que les séquences T2 EG
l'éventuelle prise de contraste. L'injection de chélate de pour la détection des microbleeds, mais surtout pour per-
gadolinium permettra de poser le diagnostic différentiel mettre la mise en évidence du caractère périveinulaire des
avec une tumeur ou une malformation vasculaire. La lésions de SEP [12].
séquence sera réalisée sans saturation de graisse afin de
ne pas diminuer le rapport signal/bruit.
Des séquences optionnelles sont possibles en cas de Sclérose en plaques
lésion ou de doute :
■ coupes axiales T1 après injection de gadolinium : en cas Séméiologie radiologique [13–16]
de prise de contraste, les séquences axiales permettent de Les lésions de la substance blanche découvertes en IRM
conforter la suspicion de lésion observée en sagittal, mais devront être analysées, à la recherche des éléments séméio-
également de localiser la lésion au sein de la substance logiques qui orienteront le diagnostic vers une probable
blanche ou de la substance grise ; pathologie démyélinisante inflammatoire.
Chapitre 7. Imagerie des pathologies inflammatoires cérébrales    125

Lésions cérébrales typiques (fig. 7.1 à 7.5) Localisation


Les lésions de SEP présentent des caractéristiques de forme Les lésions sont localisées préférentiellement au sein de la
et de localisation qui permettent généralement d'orienter le substance blanche juxtaventriculaire (au contact du ventri-
diagnostic. cule latéral), au niveau de l'angle latéral et du toit du ven-
tricule, et au sein de la substance blanche juxtacorticale, au
Forme niveau des fibres arquées ou fibres en U.
Les lésions apparaissent comme des hypersignaux T2 ou Les lésions du corps calleux et de la jonction calloso-
FLAIR ovoïdes, radiaires par rapport aux ventricules (per- marginale sont caractéristiques et sont mieux analysées sur
pendiculaires aux parois ventriculaires) mesurant plus de les coupes sagittales FLAIR, où elles prennent un aspect en
3 mm. Cette forme elliptique est attribuée à l'extension du « crête de coq ».
processus démyélinisant le long des veines médullaires On retrouve également des lésions infratentorielles, pré-
qui courent perpendiculairement aux parois ventricu- férentiellement au niveau du plancher du 4e ventricule, au
laires [16]. niveau du pédoncule cérébelleux moyen et à la surface du

Fig.  7.1 Sclérose en plaques (SEP). Coupes axiales FLAIR (a) et T2 (b)  : les lésions juxtaventriculaires sont mieux détectées sur le FLAIR
que sur le T2, grâce à l'effacement du signal de l'eau.

a b c
Fig. 7.2 Lésions typiques de SEP : lésions ovalaires et radiaires atteignant la substance blanche juxtaventriculaire et juxtacorticale.
Coupes axiale FLAIR (a), sagittale T1 (b) et axiale T1 après injection de gadolinium (c). Certaines de ces lésions se rehaussent après injection
de gadolinium et apparaissent alors en hyposignal T1 sur la séquence avant injection traduisant un œdème intralésionnel.
126   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Fig. 7.3 Localisations typiques de lésions de SEP. Coupes sagittales (a, b, e) et axiales (c, d) FLAIR. Localisations au sein du corps ­calleux (a),
au niveau de la jonction callosomarginale (b), au niveau juxtaventriculaire et juxtacortical (c–e).

pont. La séquence axiale T2 ou densité protonique (DP) est qui sont respectées. L'autre élément du diagnostic différen-
plus sensible que le FLAIR pour la détection de ces lésions. tiel est que la prise de contraste présente généralement un
Plus rarement, on peut retrouver des lésions au sein aspect en anneau ouvert, alors que dans une tumeur la prise
du cortex et des noyaux gris centraux, en particulier le de contraste est en anneau fermé. Enfin, ces pseudotumeurs
thalamus. sont souvent associées à des lésions typiques de SEP au
Les lésions récentes, où les phénomènes inflammatoires niveau cérébral mais également médullaire.
sont les plus actifs, prennent une forme en cocarde en T2, Ces lésions doivent également être distinguées des autres
et peuvent apparaître en discret hyposignal en T1. Elles sont pathologies démyélinisantes pseudotumorales comme le
rehaussées après injection de gadolinium, prenant un aspect Marburg, la sclérose concentrique de Balo et la maladie de
nodulaire ou en anneau complet ou plus souvent incomplet Schilder, correspondant à des entités anatomopathologiques
(anneau ouvert). La prise de contraste régresse générale- différentes et qui ont un pronostic péjoratif.
ment en moins de 4 semaines mais peut persister jusqu'à
3 mois. L'hyposignal T1 régresse en moins de 3 mois. Lésions médullaires [16, 18, 19] (fig. 7.7)
Les lésions médullaires sont fréquemment associées aux
Lésions cérébrales atypiques [17] lésions cérébrales, et peuvent permettre de conforter le
Certaines lésions peuvent poser des difficultés diagnos- diag­nostic lorsque les critères ne sont pas remplis au niveau
tiques, en particulier les formes pseudotumorales de SEP cérébral.
(fig.  7.6). Celles-ci apparaissent comme des lésions de Mais les lésions médullaires peuvent être isolées, notam-
grande taille, prenant le contraste, entourées d'un œdème ment dans les SEP de forme progressive.
périlésionnel. Elles se présentent comme un hypersignal T2, périphé-
Ce qui permettra de redresser le diagnostic est la dis- rique, au sein de la substance blanche, mais les limites avec
proportion entre la taille de la lésion et l'effet de masse qui la substance grise sont souvent non respectées. Les lésions
est modéré, en particulier sur les structures ventriculaires, sont localisées préférentiellement dans les cordons posté-
Chapitre 7. Imagerie des pathologies inflammatoires cérébrales    127

Fig. 7.4 Localisations typiques de lésions de SEP au sein de la fosse cérébrale postérieure. Coupes axiale FLAIR (a), axiale T2 (b) et sagittales
FLAIR (c). Localisations à la partie périphérique du pont (a), au niveau du pédoncule cérébelleux moyen (b) et au niveau du plancher du quatrième
ventricule (c).

rieurs et latéraux de la moelle, ne dépassant pas 50 % de sa décompte afin de s'assurer qu'elles répondent aux critères
surface dans le plan axial et s'étendant sur moins de deux IRM de dissémination spatiale et de dissémination tempo-
segments vertébraux en hauteur. relle. Les critères de dissémination spatiale et temporelle ont
Les lésions récentes présentent les mêmes caractéristiques été simplifiés, et dans certains cas peuvent être établis sur
qu'au niveau cérébral avec une prise de contraste transitoire une seule IRM.
après injection de gadolinium. Elles peuvent même dans ce Ces critères seront ensuite associés aux critères cliniques
cas déformer les contours médullaires. (nombre de poussées, nombre de lésions définies clinique-
On peut également rencontrer des formes pseudotumo- ment) et biologiques (ponction lombaire [PL] : bande oli-
rales au niveau médullaire. goclonale immunoglobuline G [IgG] et/ou augmentation de
l'index d'IgG) pour établir le diagnostic de SEP. Le diagnos-
tic de SEP ne pourra pas être établi sur les seules données
Nouveaux critères diagnostiques : critères IRM.
de McDonald révisés [20–23] ■ Critères IRM de dissémination spatiale. Au moins une
Après avoir reconnu les lésions de la substance blanche lésion T2 dans deux des localisations suivantes :
comme étant possiblement d'origine démyélinisante, il fau- – juxtaventriculaire ;
dra les classer en fonction de leur localisation et en faire le – juxtacorticale ;
128   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Fig.  7.5 SEP  : différentes formes de prise de contraste  : nodulaire, annulaire, en anneau ouvert. Coupes axiales T1 après injection
de gadolinium (a–f).

– sous-tentorielle ; En cas de progression, les lésions en hypersignal


– médullaire. T2 augmentent en nombre et en volume et deviennent
Si un sujet a des lésions du tronc cérébral ou des lésions confluentes.
médullaires, les lésions symptomatiques sont exclues du Certaines vont apparaître en hyposignal T1 marqué
décompte. (trous noirs), non régressif, traduisant une destruction tis-
■ Critères IRM de dissémination temporelle. Il existe deux sulaire avec perte neuronale.
moyens : Progressivement va s'installer une atrophie cérébrale et
■ une nouvelle lésion T2 et/ou une lésion gadolinium + sur médullaire prédominant au sein de la substance blanche.
une IRM de suivi en comparaison avec une IRM de réfé- Celle-ci sera évaluée par l'élargissement des structures
rence, sans obligation de délai entre les deux examens ; ventriculaires et des sillons corticaux et par l'amincis-
■ présence de lésions gadolinium + et gadolinium – sur le même sement du corps calleux qui s'appréciera sur les coupes
examen, peu importe le moment de réalisation de l'IRM. sagittales.
Une IRM cérébrale de contrôle tous les 3  ans et une
IRM médullaire de contrôle tous les 6 ans sont proposées
Évolution et suivi IRM [22, 24] (fig. 7.8) par les experts de l'OFSEP [1]. Elles seront comparées aux
Certaines lésions T2 peuvent disparaître en IRM soit par IRM antérieures, à la recherche de nouvelles lésions T2 et de
phénomène de remyélinisation, soit par régression des phé- lésions gadolinium +, et pour évaluer la charge lésionnelle
nomènes inflammatoires qui devaient être associés à une T2 et T1 (trous noirs) et l'atrophie cérébrale qui sont corré-
démyélinisation peu importante. lées au handicap [25–28].
La rémission radiologique sous traitement est définie L'IRM de contrôle pourra être anticipée en cas d'aggra-
par l'absence de nouvelle lésion T2, et l'absence de prise de vation clinique ou dans l'objectif d'initier ou de modifier un
contraste après injection de gadolinium. traitement.
Chapitre 7. Imagerie des pathologies inflammatoires cérébrales    129

Fig. 7.6 SEP : lésion pseudotumorale pariétale droite, n'exerçant qu'un effet de masse modéré sur le ventricule latéral. Coupes sagit-
tale T2 (a), axiales FLAIR (b), T1 après injection de gadolinium (c) et diffusion (d). La lésion présente une bordure périphérique en hypersignal en
diffusion et prend le contraste en anneau ouvert.

Autres pathologies Sa présentation est proche de celle d'une première pous-


sée de SEP, mais il existe des particularités cliniques, biolo-
inflammatoires giques et radiologiques permettant le diagnostic différentiel :
Les autres pathologies inflammatoires (post-infectieuses, ■ sur le plan clinique, la symptomatologie clinique est sou-
maladies de système, neuromyélite optique de Devic) peuvent vent plus sévère avec des signes neurologiques plurifo-
poser des problèmes de diagnostic différentiel avec la SEP car caux pouvant aller jusqu'au coma ;
l'IRM retrouve des lésions de la substance blanche pouvant ■ sur le plan biologique, on ne retrouve pas de profil oligo-
mimer des lésions de SEP. Ce sont le contexte clinique, les clonal à la PL ;
données biologiques et parfois certaines particularités séméio- ■ sur le plan radiologique (fig. 7.9), par rapport à la SEP, on
logiques des lésions IRM qui permettront de réorienter le note plus fréquemment :
diagnostic. – des lésions pseudotumorales ;
– une atteinte des noyaux gris centraux, en particulier le
thalamus ;
– des prises de contraste de l'ensemble des lésions ;
Encéphalomyélite aiguë disséminée – une absence d'atteinte du corps calleux.
(ADEM) [29] (fig. 7.9) C'est surtout l'évolution qui permettra de confirmer le
L'encéphalomyélite aiguë disséminée est une pathologie diagnostic avec :
démyélinisante monophasique. Elle survient dans les suites ■ l'absence de nouvelle poussée clinique ;
(7 à 15 jours) d'une infection ou d'une vaccination et est plus ■ l'absence de nouvelle lésion ou de trous noirs sur les IRM
fréquemment rencontrée chez l'enfant. de contrôle.
130   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Fig. 7.7 SEP : lésions en hypersignal T2, rehaussées après injection de gadolinium en regard de C2–C3 et de T8. Coupes sagittales T2 (a), T1
après injection de gadolinium (b), axiales T2 (c) et T1 après injection de gadolinium (d). Les lésions sont périphériques touchant la substance blanche (c–d).

Maladies de système conduiraient à des démyélinisations d'origine ischémique,


Les maladies de système sont des pathologies dysimmuni- mais des atteintes directes du système nerveux central par
taires pouvant affecter les différents systèmes de l'organisme, des phénomènes inflammatoires seraient également pos-
en particulier le système nerveux. Les lésions observées en sibles, bien que plus rares.
IRM correspondent généralement à des lésions de démyé- Les lésions cérébrales, souvent silencieuses cliniquement,
linisation ischémiques secondaires à une inflammation sont plus fréquemment d'origine vasculaire et se traduisent
vasculaire (vascularite) et plus rarement à des lésions en IRM par des hypersignaux T2 non spécifiques de la subs-
démyélinisantes inflammatoires. tance blanche profonde et des hypersignaux sous-corticaux.
Les hypersignaux T2 sont rarement juxtaventriculaires ou
au sein du corps calleux, ce qui permet de les différencier
Lupus [30, 31] (fig. 7.10 et 7.11) des lésions de SEP. De plus, des lésions de la substance grise
Les lésions sont généralement secondaires à une atteinte (noyaux gris centraux) sont possibles et sont plus fréquem-
inflammatoire du système vasculaire (vascularites) et ment rencontrées que dans la SEP.
Chapitre 7. Imagerie des pathologies inflammatoires cérébrales    131

Fig. 7.8 SEP évoluée : lésions confluentes de la substance blanche. Coupes sagittales FLAIR (a–c), axiales T1 avant et après injection de gado-
linium (d, e) et axiale T2 (f). Certaines de ces lésions apparaissent en hyposignal T1 (trous noirs). Amincissement du corps calleux, élargissement
des espaces sous-arachnoïdiens et des ventricules évoquant une atrophie. Présence d'une lésion rehaussée après injection de gadolinium.

Les lésions médullaires, se traduisant cliniquement par Neurosarcoïdose [35, 36] (fig. 7.14)
un syndrome médullaire aigu (myélite), seraient également La neurosarcoïdose est une granulomatose atteignant pré-
d'origine vasculaire et se traduisent en IRM par des hyper- férentiellement les espaces leptoméningés, mais il peut s'y
signaux T2 plus étendus en hauteur mais également en sur- associer une atteinte parenchymateuse dont la nature exacte
face sur les coupes axiales que les lésions de SEP. De plus, ces est discutée.
lésions sont plus volontiers expansives. Au niveau cérébral, elle se présente en IRM comme une
leptoméningite micronodulaire de la base ou diffuse avec
Maladie de Behçet [31–34] (fig. 7.12 et 7.13) atteinte secondaire des nerfs crâniens, du chiasma optique
Les lésions correspondent à une atteinte inflammatoire péri- et de la région hypothalamo-hypophysaire. Il peut exister
vasculaire avec perte neuronale et myélininique au contact. une extension des prises de contraste le long des espaces
Au niveau cérébral, la maladie de Behçet se traduit périvasculaires vers le parenchyme cérébral se traduisant
en IRM par des hypersignaux T2 au sein de la substance par des lésions nodulaires rehaussées entourées d'œdème.
supratentorielle, pouvant prendre le contraste et dont l'as- Il peut s'associer à ces lésions des hypersignaux T2 au sein
pect est proche des lésions de SEP. Mais ces lésions sont plus de la substance blanche juxtaventriculaire dont l'aspect est
fréquemment associées à des hypersignaux T2 au niveau proche des lésions de SEP. Certaines de ces lésions peuvent
du tronc cérébral, des capsules internes et des noyaux gris prendre un aspect expansif avec prise de contraste pouvant
centraux, en particulier du thalamus, ce qui permet de les mimer une forme pseudotumorale de SEP.
différencier d'une SEP. De plus, en cas de forme évoluée, Au niveau médullaire, on peut retrouver le même type
il existe une atrophie marquée, prédominant au niveau du d'atteinte au niveau des espaces leptoméningés, auquel peut
tronc cérébral, ce qui n'est pas le cas dans la SEP. s'associer une atteinte intraparenchymateuse se présentant
Les lésions médullaires sont rares mais très proches des en IRM comme une lésion expansive prenant le contraste
lésions de SEP et il est souvent difficile de les différencier. pouvant mimer une tumeur ou une SEP.
132   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Fig. 7.9 ADEM : lésions de la substance blanche supratentorielle d'allure démyélinisantes inflammatoires, situées en région juxtaven-
triculaire et juxtacorticale. Coupes axiales T2 (a) et FLAIR (b–d). Il s'y associe une lésion thalamique droite, atypique pour une SEP.

Que ce soit au niveau cérébral ou au niveau médullaire, Les lésions cérébrales correspondent souvent à des
le diagnostic différentiel est généralement aisé, car ces hypersignaux non spécifiques de la substance blanche. Mais
hypersignaux ou ces lésions pseudotumorales s'associent elles peuvent s'accompagner d'atteintes ORL ou orbitaires,
généralement aux lésions leptoméningées micronodulaires, d'épaississement pachyméningé diffus ou de contiguïté et
permettant d'évoquer le diagnostic de sarcoïdose. d'atteintes hypothalamo-hypophysaires.

Maladie de Gougerot-Sjögren [31] Spectre des neuromyélites optiques


La maladie de Gougerot-Sjögren est une exocrinopathie [38–44] (fig. 7.15)
auto-immune, à laquelle s'associe dans 20 % des cas des
Le spectre des neuromyélites optiques peut s'accompagner
manifestations neurologiques. Mais le fondement de cette
d'atteintes médullaires, des nerfs optiques, mais également
association reste très discuté.
cérébrales. Les atteintes sont médiées par un anticorps spé-
En effet, on peut trouver chez des patients présentant une
cifique dirigé contre l'aquaporine 4 au niveau des canaux
maladie de Gougerot-Sjögren une clinique et des anomalies
hydriques du système nerveux central au sein des pieds
IRM qui ne permettent pas de les distinguer d'une SEP.
astrocytaires de la barrière hémato-encéphalique.
Les atteintes médullaires se traduisent par des lésions
Maladie de Wegener [37] étendues à plus de trois segments vertébraux en hauteur
La maladie de Wegener correspond à une granulomatose et à plus de l'hémimoelle sur les coupes transversales.
prédominant au niveau des voies aériennes supérieures et Elles apparaissent hétérogènes en T2 et peuvent présenter
inférieures. Elle peut s'accompagner d'une vascularite. une prise de contraste apparaissant également hétérogène.
Chapitre 7. Imagerie des pathologies inflammatoires cérébrales    133

Fig.  7.10 Neurolupus  : lésions d'allure démyélinisantes inflammatoires cérébrales et médullaires. Coupes axiales FLAIR (a–c), coupes
sagittales médullaires T2 (d). Certaines lésions sont localisées au sein de la substance blanche profonde, ce qui est atypique pour une SEP.

Elles prédominent à la partie centrale de la moelle. Elles évo- la majorité des cas, soit des hypersignaux proches des lésions
luent vers l'atrophie avec dilatation du canal de l'épendyme. de SEP, soit plus rarement des hypersignaux dans les régions
Les atteintes des nerfs optiques se traduisent par un riches en aquaporine 4. Dans ce dernier cas, les atteintes
hypersignal T2 avec prise de contraste. Elles prédominent prédominent en région périventriculaire, périaqueducale,
à la partie postérieure des nerfs et au niveau du chiasma et au niveau hypothalamique et au niveau de la partie posté-
peuvent être bilatérales. Elles évoluent vers l'atrophie. rieure du tronc cérébral.
Les atteintes cérébrales sont de trois types  : soit des Des lésions pseudotumorales avec ADC augmenté au
hypersignaux T2 aspécifiques de la substance blanche dans sein des hémisphères cérébraux, des hypersignaux du
134   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Fig. 7.11 Hypersignaux de la substance blanche associées à des lésions corticales évoquant des lésions vasculaires et ne présentant
aucune spécificité permettant de distinguer différentes maladies de système. Coupes axiales FLAIR (a–i). (a–c) Lupus. (d–f) Syndrome des
antiphospholipides. (g–i) Sclérodermie.
Chapitre 7. Imagerie des pathologies inflammatoires cérébrales    135

Fig. 7.12 Neuro-Behçet : hypersignaux T2 et FLAIR d'allure démyélinisants inflammatoires touchant le corps calleux, les régions jux-
taventriculaires et juxtacorticales et le pédoncule cérébelleux supérieur gauche. Coupes sagittale FLAIR (a) axiales FLAIR (b, d) et axiale T2
(c). On note en revanche des lésions thalamiques bilatérales très atypiques pour une SEP.

splénium du corps calleux et des hypersignaux étendus des Dilatation des espaces de Virchow-Robin
faisceaux corticospinaux ont également été décrits. [45] (fig. 7.16)
Des prises de contraste sont possibles soit linéaires sous-
épendymaires, soit hétérogènes à limites floues. Les espaces de Virchow-Robin correspondent à l'extension
Plus rarement, des lésions corticales et leptoméningées des espaces sous-arachnoïdiens autour d'un vaisseau péné-
ont été rapportées. trant le parenchyme cérébral. Ils peuvent être bien visibles
aux deux extrémités de la vie, en particulier chez le sujet âgé
du fait d'une atrophie cérébrale.
Diagnostics différentiels : autres En IRM, ils se traduisent par des hypersignaux T2
pathologies démyélinisantes non ovoïdes prenant un aspect radiaire le long des vaisseaux
intraprenchymateux. Ce qui permet de les différencier de
inflammatoires lésions de SEP est la disparition de l'hypersignal sur la
Nous ne parlerons pas des étiologies induisant une démyé- séquence FLAIR avec un aspect en hyposignal du fait du
linisation ne posant pas de problème de diagnostic différen- contenu liquidien. Néanmoins, il peut persister un dis-
tiel en pratique courante telles que les causes métaboliques cret hypersignal FLAIR du fait de leur association chez
(myélinolyse, leucodystrophies) et toxiques (radiothérapie, le sujet âgé avec des lésions démyélinisantes d'origine
chimiothérapie). En effet, le contexte clinique et les antécé- ischémique.
dents du patient permettent d'orienter le diagnostic. Nous Les dilatations des espaces de Virchow-Robin ont
insisterons plus spécialement sur les lésions vasculaires, des localisations préférentielles au sein de la substance
qu'elles soient physiologiques et non démyélinisantes blanche supratentorielle ou au sein des ganglions de la base
(espaces de Virchow-Robin) ou acquises d'origine isché- (sous-lenticulaires) ou, plus rarement, au niveau du tronc
mique et induisant une démyélinisation. cérébral.
136   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Fig. 7.13 Neuro-Behçet : lésion du tronc cérébral latéralisée à gauche, rehaussée après injection de gadolinium étendue en hauteur.
Coupes axiales FLAIR (a–c), axiale et coronale T1 après injection de gadolinium (d, e).

Fig.  7.14 Neurosarcoïdose  : prises de contraste leptoméningées micronodulaires prédominant au sein des vallées sylviennes,
de la région hypothalamo-hypophysaire et touchant la fosse cérébrale postérieure avec extension médullaire. Coupes axiale FLAIR (a),
coronale et sagittale T1 après injection de gadolinium (b, c). Hypersignaux corticaux en regard sur la séquence FLAIR.

Démyélinisations d'origine vasculaire Ces lésions se présentent comme des hypersignaux T2


ischémique [16, 46–48] (fig. 7.17) punctiformes ou confluents de la substance blanche pro-
fonde, ne présentant pas de caractère radiaire et respectant
Les hypersignaux T2 de la substance blanche sont fréquents généralement les régions sous-corticales et le corps calleux.
chez les sujets de plus de 50 ans. Ils seraient secondaires à Elles peuvent venir en contact des cornes ventriculaires,
une atteinte des artères médullaires de petit calibre (arté- mais il persiste souvent une marge de tissu normal entre les
riosclérose), qui entraînerait des lésions de démyélinisation ventricules et les hypersignaux.
ischémique.
Chapitre 7. Imagerie des pathologies inflammatoires cérébrales    137

Fig.  7.15 Neuromyélite optique de Devic  : lésion médullaire cervicale étendue de C2 à C4 en hypersignal T2 hétérogène. Coupes
sagittales T2 (a), T1 après injection de gadolinium (b, c), axiales T2 (d, e) et T1 après injection de gadolinium (f). La lésion touche la substance
blanche et la substance grise et s'étend à plus de la moitié de la moelle sur les coupes transversales. Il existe une prise de contraste hétérogène
après injection de gadolinium.

Elles s'associent fréquemment à des hypersignaux des `` Conclusion


noyaux gris centraux et au niveau du tronc cérébral (au
centre du pont). L'IRM est l'examen clé pour le bilan de lésions de la subs-
Ces lésions peuvent être rencontrées chez le sujet plus tance blanche. Sa conduite doit être standardisée, afin
jeune en particulier dans un contexte de migraine ou de pouvoir être reproductible. Elle permet d'orienter le
d'hypertension. diagnostic en faveur de lésions démyélinisantes et d'éli-
Elles sont très similaires aux lésions rencontrées dans miner les diagnostics différentiels. Mais c'est l'association
les maladies de système, au point qu'il est difficile dans ce des données IRM, en particulier des critères de dissémi-
contexte de dire si les lésions sont induites par la pathologie nation spatiale et temporelle, aux données cliniques et
dysimmunitaire ou correspondent aux lésions retrouvées biologiques qui permettra le diagnostic de sclérose en
dans la population générale. plaques.
138   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Fig. 7.16 Dilation des espaces de Virchow-Robin : lésions bien limitées en hypersignal T2, hyposignal FLAIR et diffusion au sein
de la substance blanche frontale droite. Coupes axiale T2 (a), FLAIR (b), diffusion (c), coronale et axiale T1 après injection de gadolinium
(d, e). Après injection de gadolinium, on visualise au sein des lésions une structure vasculaire. L'effacement des lésions en FLAIR permet de
conforter le diagnostic.

Fig. 7.17 Lésions vasculaires : lésions en hypersignal FLAIR non ovalaires, non radiaires, au sein de la substance blanche profondes,
périventriculaire et sous-corticale. Coupes axiales FLAIR (a–c).
Chapitre 7. Imagerie des pathologies inflammatoires cérébrales    139

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Chapitre
8
Imagerie des pathologies
infectieuses cérébrales
S. Grand, M.-P. Boncoeur-Martel

PLAN DU CHAPITRE
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141 Lésions extra-axiales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141
Protocole d'exploration. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141 Lésions intra-axiales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142

Introduction Lésions extra-axiales


Les infections du système nerveux central sont graves, Méningites
survenant sur terrain immunocompétent ou immuno- Le syndrome méningé associe classiquement céphalées,
déprimé. Elles peuvent menacer le pronostic vital des photophobie et raideur de nuque. La présence d'un état
patients. Elles demeurent d'actualité malgré les progrès fébrile oriente vers une possible origine infectieuse. Le dia-
thérapeutiques. gnostic positif repose sur la ponction lombaire. En fonction
L'analyse du liquide cérébrospinal (LCS) et l'ima- de l'analyse cytologique immédiate, un agent viral ou bacté-
gerie doivent permettre le diagnostic rapide de l'agent rien est suspecté. Une lymphocytose du LCS oriente vers une
infectieux en cause et de la localisation anatomique de étiologie virale, la listériose et la tuberculose. La présence de
l'infection. polynucléaires neutrophiles témoigne d'une méningite bac-
Après un bref paragraphe technique, nous allons les
térienne à méningocoques, pneumocoques, etc.
décrire en fonction de leur localisation intra- ou extra-axiale. En l'absence de trouble de la conscience, de crises comi-
tiales ou de signes de focalisation faisant suspecter une
Protocole d'exploration méningite compliquée, la réalisation d'une imagerie en
urgence, avant ponction lombaire, n'est pas recommandée.
Il n'existe pas de protocole consensuel de réalisation En effet, cette stratégie conduirait à un retard diagnostique,
d'explorations neuroradiologiques en cas de suspicion de en différant l'élément clé qui consiste en l'analyse du LCS,
pathologie infectieuse. Néanmoins, nous recommandons la voire conduirait à un risque de dissémination de l'agent
méthodologie suivante : infectieux (méningocoque par exemple) en multipliant inu-
■ tomodensitométrie (TDM) : tilement les contacts.
– une hélice avant contraste ; De plus, à la phase précoce de la méningite, l'imagerie est
– une hélice après contraste (attendre quelques minutes le plus souvent normale.
après injection pour une bonne imprégnation du Plus tardivement, peuvent s'observer des prises de
parenchyme car il ne s'agit pas de visualiser un temps contraste méningées et une mauvaise visualisation des
vasculaire) ; citernes de la base, un effacement des sillons, voire un
– reconstructions multiplanaires en filtres parenchyma- œdème cérébral diffus.
teux et osseux. L'IRM permet surtout de diagnostiquer les complications
■ imagerie par résonance magnétique (IRM) : (thrombophlébite, ventriculite, ischémie par vascularite,
– les séquences conventionnelles sont indispensables : etc.). La séquence FLAIR révèle un hypersignal du LCS.
pondérations T1, T2, T2*, FLAIR, diffusion avec car- Après contraste, elle est très sensible dans la détection des
tographie ADC, T1 post-contraste ; prises de contraste leptoméningées (fig.  8.1), également
– les séquences avancées sont recommandées, particu- visibles en pondération T1 post-contraste [1].
lièrement en cas de lésion focale (suspicion d'abcès) : Le scanner garde toute sa place dans la recherche
perfusion, spectroscopie-IRM. d'une brèche ostéoméningée de la base du crâne en cas de

IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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142   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Fig. 8.1 Méningite se traduisant par des prises de contraste leptoméningées en pondération T1 postcontraste, et des hypersignaux
des espaces sous-arachnoïdiens en FLAIR. Coupes axiales T1 avec contraste (a) et FLAIR (b).

­ éningite récidivante et/ou d'antécédent de traumatisme


m Ventriculites
crânien. L'acquisition d'une IRM concomitante permet une Il s'agit de l'infection des parois ventriculaires compliquant
superposition des deux types d'images, et donc d'affiner la une méningite (fig. 8.3), la rupture intraventriculaire d'un
recherche de la brèche. abcès ou un geste chirurgical (dérivation ventriculaire, ven-
À distance, l'imagerie permet le diagnostic d'hydro- triculocisternostomie, etc.). La clé du diagnostic est la prise
céphalie communicante par trouble de la résorption du LCS de contraste épendymaire, parfois associée à des hypersi-
secondaire au feutrage des granulations de Pacchioni. gnaux en FLAIR/T2 de la substance blanche juxtaventricu-
Les méningites chroniques renvoient aux étiologies prin- laire. Une hydrocéphalie peut être associée, probablement
cipales suivantes : tuberculose, brucellose, maladie de Lyme, par feutrage sous-arachnoïdien.
cryptococcose et syphilis, développées ultérieurement.

Empyèmes Lésions intra-axiales


Il s'agit de collections liquidiennes septiques intracrâniennes En plus du contexte clinique et biologique, l'analyse séméio-
extra-axiales, sous-durales ou extradurales [2]. Elles sont logique radiologique permet le plus fréquemment une
contiguës à une infection de voisinage et souvent post-trau- orientation diagnostique devant des lésions intra-axiales.
matiques ou postopératoires. On pourra ainsi distinguer les lésions en fonction de leur
La détermination de la topographie exacte de la collec- extension, qui peut être diffuse ou focale.
tion (sous-durale ou extradurale) répond à la même séméio-
logie que celle des hématomes de même localisation :
■ les empyèmes extraduraux sont de forme biconvexe,
Lésions diffuses
peuvent traverser la ligne médiane et s'interrompent aux Les lésions diffuses seront divisées en deux rubriques : les
sutures ; encéphalites qui touchent la substance grise et la substance
■ les empyèmes sous-duraux sont arciformes, interrompus blanche, et les atteintes spécifiques de la substance blanche.
par la faux du cerveau et la tente du cervelet.
En scanner, la collection est hypodense. Ses parois sont Encéphalites
rehaussées après contraste. Les principales étiologies sont virales.
En IRM, la collection purulente est iso-intense ou hypo-
intense en T1, hyperintense en FLAIR/T2, hyperintense en
diffusion (avec abaissement du coefficient apparent de dif- Encéphalite herpétique
fusion). Il existe un rehaussement plus ou moins épais des Le virus herpès simplex  1 (HSV1) est le plus fréquem-
parois. L'IRM est plus sensible que le scanner pour préciser ment en cause (10 à 20 % des encéphalites), le plus souvent
la topographie extradurale ou sous-durale de l'empyème réactivé chez un sujet immunocompétent. Le diagnostic
(fig. 8.2). repose sur la recherche de l'ADN du HSV par PCR (poly-
Il convient de rechercher systématiquement une atteinte merase chain reaction) du LCS. Toutefois, la réponse n'est
sous-jacente du parenchyme cérébral, un engagement, une pas immédiate et parfois faussement négative. Il s'agit d'une
thrombophlébite associée. L'évacuation neurochirurgicale urgence thérapeutique (traitement antiviral immédiat par
de la collection est souvent nécessaire. aciclovir dès sa suspicion).
Chapitre 8. Imagerie des pathologies infectieuses cérébrales    143

Bulles d’air

a b c

d e
Fig. 8.2 Empyèmes sous-duraux de la tente du cervelet compliquant une chirurgie ORL. Coupe axiale de scanner en fenêtre osseuse (a),
coupe axiale T2 (b), coupe coronale T1 (c), coupe coronale T1 avec contraste (d), coupe axiale T1 avec contraste et suppression de graisse (e).

Fig. 8.3 Ventriculite compliquant une méningite. Coupes axiales T2 (a) et T1 postcontraste (b).
144   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

L'IRM (fig. 8.4), réalisée précocement (dans les 48 pre- Virus varicelle-zona


mières heures), objective des lésions temporolimbiques uni- Ce virus est responsable d'une cérébellite varicelleuse avec
ou bilatérales (souvent asymétriques), proches du ganglion parfois atteinte des nerfs crâniens, survenant quelques
trigéminal, dans lequel demeure latent le virus après primo- jours après l'éruption, chez l'enfant ou sur terrain
infection. Les noyaux gris centraux sont respectés. On immunodéprimé.
observe une réduction de la diffusion de l'eau libre (hyper-
signal en diffusion, baisse du coefficient apparent de diffu- Cytomégalovirus
sion), traduisant un œdème cytotoxique, un hypersignal en
FLAIR/T2. En cas de lésions partiellement hémorragiques, Le tableau est celui d'une méningo-encéphalite avec rétinite
on peut identifier des composantes hyperintenses en T1 dans un contexte d'immunodépression sévère (CD4 < 50/
(méthémoglobine) et/ou hypo-intenses en T2*. L'injection mm3).
de produit de contraste peut rehausser partiellement les Le virus a un tropisme pour l'épendyme et les régions
lésions, souvent sur un mode gyriforme. péri-épendymaires, qui explique les prises de contraste
Le diagnostic différentiel se pose avec l'encéphalite lim- périventriculaires pouvant être mises en évidence par scan-
bique paranéoplasique, une tumeur gliale infiltrante, des ner ou IRM. Un rehaussement des nerfs crâniens a aussi été
anomalies postcritiques (status epilepticus). décrit. L'imagerie est néanmoins souvent négative.
L'évolution se fait vers la nécrose laminaire et la perte
de substance, accompagnée d'importantes séquelles neu- Virus West Nile
ropsychologiques, malgré le traitement précoce adapté. En Ce virus a été responsable de nombreux cas de méningites et
l'absence de traitement, le taux de mortalité est de 70 %. d'encéphalites en 2002, en Europe du Sud, en Russie et aux

Fig. 8.4 Atteinte frontotemporale dans le cadre d'une encéphalite herpétique. Œdème cytotoxique temporal cortical et hippocampique
se traduisant par un hypersignal en diffusion (b). Prise de contraste gyriforme de l'insula (c et e). Coupes axiales FLAIR (a), diffusion (b) et T1
postcontraste (c). Coupes coronales T2 (d) et T1 avec contraste (e).
Chapitre 8. Imagerie des pathologies infectieuses cérébrales    145

États-Unis. En IRM, on observe des hypersignaux en diffu- titution immunitaire (immune reconstitution inflammatory
sion et en FLAIR/T2 des noyaux gris centraux, du thalamus syndrome [IRIS]), secondaire à la mise en route du traite-
et du pont. ment antirétroviral et à la remontée du taux de CD4 dans le
sida, ou à l'arrêt du natalizumab dans la sclérose en plaques.
Entérovirus En IRM, en cas de sida, la LEMP se traduit par des lésions
L'entérovirus entraîne, cliniquement, une atteinte du tronc de la substance blanche touchant les fibres en U (fig. 8.5),
en hyposignal T1, hypersignal T2/FLAIR. Ces lésions
cérébral, et en IRM des lésions hyperintenses en FLAIR/
n'exercent généralement pas d'effet de masse sur les struc-
T2 et diffusion du tronc cérébral et des noyaux dentelés du
tures adjacentes et ne présentent pas de prise de contraste.
cervelet.
Elles sont souvent bilatérales mais asymétriques. Elles pré-
dominent au sein des régions pariéto-occipitales et du corps
Rougeole
calleux, mais elles peuvent également atteindre la fosse céré-
La rougeole peut être responsable d'une encéphalite aiguë, brale postérieure ou le faisceau corticospinal.
mais aussi d'un tableau de panencéphalite sclérosante subai- Plus rarement, il existe des atteintes de la substance grise,
guë. Il s'agit d'une atteinte cérébrale survenant de manière un effet de masse, des microhémorragies ou une prise de
différée, chez l'enfant ou l'adolescent, 3 à 15 ans après une contraste périphérique modérée.
rougeole, deux fois plus fréquente chez les enfants de sexe La séquence de diffusion apporte des éléments au dia-
masculin. Le risque de survenue est majoré quand l'infec- gnostic en montrant une présentation typique, avec une
tion virale survient avant l'âge de 18 mois (risque multiplié zone centrale en hyposignal avec augmentation du coeffi-
par 10 en l'absence de vaccination). Initialement, on observe cient de diffusion correspondant à la démyélinisation, et un
des difficultés de langage et des troubles du comportement. halo périphérique en hypersignal en diffusion avec chute du
Surviennent ensuite des troubles cognitifs, des mouvements coefficient de diffusion correspondant au front de progres-
anormaux, des convulsions, des troubles visuels. L'évolution sion de l'infection avec gonflement des oligodendrocytes.
se fait vers le coma et le décès. Le diagnostic est étayé par la La spectroscopie montre généralement une chute du
présence d'anticorps spécifiques dans le LCS. NAA, une augmentation de la choline et des lactates et des
L'IRM objective des anomalies de signal de la substance valeurs de myoinositol variables, pouvant être augmentées
blanche périventriculaire et sous-corticale, des noyaux gris dans les lésions évolutives.
centraux (notamment les putamens), du cervelet et du Pendant la phase de reconstitution immunitaire, on
pont. Dans les formes évoluées, on note une sévère perte note l'apparition d'un œdème périlésionnel avec prises de
neuronale résultant en une atrophie cortico-sous-corticale contraste périphériques. Il s'y associe un effet de masse.
marquée. La spectroscopie révèle une baisse du N-acétyl La LEMP sous natalizumab [5] (fig. 8.6) a une présen-
aspartate (NAA), une élévation de la choline, du myoinosi- tation radiologique un peu différente. Les lésions prédo-
tol et la présence de lactates et lipides. minent dans les régions frontales (48 % des cas). Il existe
souvent une prise de contraste (41 % des cas) témoignant
Atteintes de la substance blanche du caractère inflammatoire, pouvant être discrète et diffuse,
Leuco-encéphalite multifocale progressive (LEMP) périphérique ou punctiforme. Il existe, plus fréquemment,
une atteinte de la substance grise, en particulier du cortex,
La LEMP est secondaire à une infection du système nerveux pouvant être isolée, et des noyaux gris centraux.
central touchant les oligodendrocytes et les astrocytes par le La LEMP peut se présenter à la phase précoce sous la
JC virus, du nom du premier patient chez qui le virus a été forme de petits hypersignaux punctiformes ou nodulaires
isolé, appartenant à la famille des polyomavirus. en T2 et FLAIR, prenant le contraste. Au sein et autour
Elle survient chez l'immunodéprimé, 79 % des patients de lésions volumineuses, il existe souvent de petits hyper-
ayant le sida, 13 % une affection hématologique, 5 % étant signaux T2 d'allure microkystique, prenant un aspect de
transplantés, et 3 % ayant une pathologie auto-immune trai- « voie lactée » et pouvant prendre le contraste. Ces hyper-
tée par immunosuppresseurs ou immunomodulateurs, en signaux pourraient correspondre à une réponse immune
particulier le natalizumab [3]. précoce dans les espaces périvasculaires avec infiltration de
L'infection se traduit par une atteinte de la substance lymphocytes T.
blanche avec multiples foci de démyélinisation s'étendant La LEMP peut également survenir en dehors d'un
progressivement et évoluant vers la confluence. Au sein de contexte d'immunodépression [6].
cette zone de démyélinisation, des astrocytes contenant des
noyaux bizarres immunopositifs pour le virus JC sont pré-
sents. En périphérie de cette plage de démyélinisation, des Encéphalite à VIH
oligodendrocytes apparaissent élargis, contenant des inclu- Sur le plan clinique, ce sont des troubles cognitifs, du com-
sions intranucléaires et également immunopositifs pour le portement ou des troubles moteurs attribués à l'infection du
virus JC. cerveau par le VIH, en l'absence d'infection opportuniste.
Il existe en revanche une différence entre la LEMP du En imagerie, on observe des lésions diffuses de la subs-
sida où la réaction inflammatoire est absente et la LEMP tance blanche, bilatérales et symétriques, respectant les
sous natalizumab où il peut exister une réaction inflamma- fibres en U, pouvant toucher le corps calleux et le trigone,
toire avec infiltrat lymphocytaire [4]. associées à une atrophie diffuse (fig. 8.7). La meilleure tech-
Dans tous les cas, il existe un infiltrat lymphocytaire, au nique diagnostique est l'IRM. Contrairement à la LEMP, les
sein de la lésion démyélinisante, pendant la phase de recons- anomalies sont souvent peu visibles en pondération T1, se
146   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Fig. 8.5 Atteinte des fibres en U dans le cadre d'une leuco-encéphalite multifocale progressive (LEMP), avec hyposignal marqué en
pondération T1 par destruction de la myéline. Coupe coronale FLAIR (a), coupes axiales T2 (b, d, e) et FLAIR (c), coupe sagittale T1 avec
contraste (f).

traduisant par un hypersignal en pondération T2/FLAIR. Il Plusieurs stades se succèdent en imagerie [7, 8].
n'existe pas de prise de contraste. Au stade précoce d'encéphalite focale présuppurative
(cérébrite), on note une lésion hypodense au scanner, appa-
raissant en IRM en hyposignal T1, hypersignal T2/FLAIR,
Lésions focales hypersignal en diffusion avec augmentation de l'ADC
Les principales étiologies sont bactériennes, mycotiques et (œdème vasogénique), pouvant présenter des microhémor-
parasitaires, et le mode de dissémination est soit hématogène, ragies en T2*. Après injection de chélate de gadolinium, il
soit par contiguïté à partir d'une infection nasosinusienne. peut exister des prises de contraste mal définies.
Au stade suivant, apparaît un anneau périphérique
Infections bactériennes discrètement hyperdense au scanner, en hypersignal T1,
hyposignal T2 et T2* (microhémorragies) avec œdème péri-
Abcès à pyogènes lésionnel, et centre en hyposignal T1, hypersignal T2/FLAIR
Il s'agit d'une zone de nécrose purulente enclose dans une et hypersignal en diffusion avec chute de l'ADC. Cet anneau
capsule fibreuse. prend le contraste de manière irrégulière.
L'abcès cérébral se propage à partir d'un foyer infectieux Ultérieurement, l'anneau périphérique devient mieux
ORL (sinusite, otite, mastoïdite), complique un traumatisme défini, spontanément hyperintense en T1, avec une prise de
ou un geste neurochirurgical, ou apparaît de dissémination contraste fine qui est induite par la perméabilité capillaire.
hématogène, alors volontiers localisé à la jonction cortico- Il apparaît en hyposignal T2 du fait de microhémorragies,
sous-corticale ou dans les noyaux gris centraux (blocage mais également de la présence de collagène et de radicaux
dans les artères lenticulostriées). Le germe n'est identifié libres. La zone centrale devient liquidienne et apparaît dis-
que dans la moitié des cas ; les plus souvent en cause sont crètement en hypersignal T1, en hypersignal T2/FLAIR et
streptocoques, staphylocoques et entérocoques. en hypersignal en diffusion avec chute de l'ADC.
Chapitre 8. Imagerie des pathologies infectieuses cérébrales    147

a b

c d
Fig. 8.6 LEMP sous natalizumab. Aspect pseudotumoral en pondérations T2 et FLAIR (a et b) ; prises de contraste hétérogènes (d) ; hyposignal
habituel en T1 (c). Coupes axiales T2 (a), FLAIR (b), T1 (c) et T1 avec contraste (d).

Fig. 8.7 Encéphalite à VIH se traduisant par des hypersignaux de la substance blanche symétriques. Coupes axiales FLAIR (a, b).
148   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Au stade ultime, l'anneau périphérique s'épaissit et peut jonction substance blanche/substance grise. Ils peuvent
présenter des contours plus irréguliers avec un caractère également compliquer une méningite tuberculeuse (fig. 8.9)
feuilleté. Du fait du caractère plus vascularisé du cortex en par propagation le long des espaces de Virchow-Robin.
comparaison avec la substance blanche, la coque de l'abcès Toutefois, moins de 10 % des méningites se compliquent de
en contact du cortex apparaît plus épaisse et mieux définie tuberculomes.
qu'au contact de la substance blanche. Cela explique égale- Les abcès cérébraux diffèrent des tuberculomes par une
ment la croissance centripète en direction des ventricules. taille plus importante et par la zone centrale qui contient
La séquence de susceptibilité magnétique (SWI, vein non pas une nécrose caséeuse mais du pus avec la présence
bold) révèle un aspect en double coque spécifique [9], per- de bacilles vivants.
mettant le diagnostic différentiel avec un glioblastome : la En imagerie, les tuberculomes apparaissent soit sous la
coque interne, correspondant à du tissu de granulation, forme annulaire, soit sous la forme nodulaire. Dans ce der-
apparaît hyperintense, alors que la coque externe, riche en nier cas, ils apparaissent en iso- ou hypersignal T1, en hypo-
radicaux libres et macrophages, est hypo-intense. signal T2, avec prise de contraste après injection de chélate
L'imagerie de diffusion [10] est fondamentale, apportant de gadolinium. En cas de forme annulaire, la partie centrale
aussi des informations complémentaires pour le diagnostic apparaît soit en hypersignal T2, soit en hyposignal.
différentiel entre abcès et tumeurs nécrotiques. En effet, L'aspect en diffusion dépend de leur signal en T2 : si les
en diffusion, le centre nécrotique des tumeurs apparaît en tuberculomes apparaissent en hyposignal en T2, ils sont
hyposignal avec augmentation de l'ADC, alors que le pus généralement en hyposignal en diffusion avec augmentation
au sein des abcès à pyogènes apparaît en hypersignal avec du coefficient de diffusion, alors que s'ils apparaissent en
chute du coefficient de diffusion. Cette restriction de l'ADC hypersignal en T2, ils sont généralement en hypersignal en
est induite par l'hypercellularité et le caractère visqueux du diffusion avec chute du coefficient de diffusion.
pus, réduisant le mouvement des molécules d'eau. Elle n'est En spectroscopie, on note généralement une élévation
toutefois pas pathognomonique, étant retrouvée également des lipides et des lactates et l'absence d'acides aminés [12].
en cas d'hémorragie au sein d'une nécrose tumorale. Les abcès tuberculeux ont volontiers un aspect
La spectroscopie est une technique de complément, utile multiloculé.
en cas de doute diagnostique persistant, retrouvant au sein
des abcès à pyogènes un multiplet d'acides aminés (leucine, Listériose
isoleucine, valine) centré à 0,9 ppm qui aide aussi à les diffé-
La listériose est due à Listeria monocytogenes. La contamina-
rencier des tumeurs nécrotiques [11].
tion se fait par voie digestive, après consommation de char-
La perfusion apporte également des arguments pour le
cuteries ou fromages contaminés.
diagnostic différentiel entre un abcès et une lésion tumorale
La neurolistériose peut se manifester par une méningite,
en montrant un ratio de volume sanguin cérébral, entre la
une encéphalite et/ou une myélite. Le tableau radioclinique
zone lésionnelle prenant le contraste et la substance blanche
le plus évocateur est celui d'une rhombencéphalite [13]
servant de référence, proche de 1.
(fig. 8.10).
L'utilisation de l'ensemble de ces séquences permet donc
Après une phase pseudogrippale, le tableau neurologique
d'aboutir au diagnostic d'abcès, la diffusion étant la pierre
est dominé par des paralysies des nerfs crâniens en raison de
angulaire du diagnostic (fig. 8.8).
cette localisation typique au rhombencéphale.
L'évolution des lésions en imagerie après traitement
La cytologie du LCS révèle une réaction lymphocytaire.
montre la persistance des prises de contraste pendant plu-
L'IRM objective une atteinte bulbopontique sous forme
sieurs mois. On note, en revanche, une diminution de l'hy-
d'un hypersignal en pondération T2/FLAIR. De possibles
posignal T2 de la capsule et une augmentation de l'ADC au
micro-abcès peuvent se traduire par des prises de contraste
sein de la zone centrale.
nodulaires ou annulaires.

Tuberculose Neurosyphilis
La tuberculose correspond soit à une granulomatose avec Le tableau clinique est volontiers dominé par des troubles
trois types d'atteinte (méningée isolée, cérébrale isolée psychiatriques.
ou cérébroméningée), soit, plus rarement, à des abcès Des atteintes méningées et vasculaires sont classiques,
cérébraux. avec infiltration méningée lymphocytaire, et sténoses et
La méningite tuberculeuse est une méningite de la base, occlusions artérielles des vaisseaux de gros et moyen calibre
qui se complique d'artérite dans 20 % des cas, d'où l'intérêt (artérite d'Heubner). Une atteinte des petits vaisseaux est
de la séquence de diffusion, à la recherche de complications aussi possible (artérite de Nissl). Des prises de contraste des
ischémiques. nerfs crâniens peuvent s'observer dans le cadre de l'infiltra-
Le parenchyme cérébral est contaminé par voie hémato- tion méningée. Des gommes non spécifiques (nodules pre-
gène avec constitution de tuberculomes qui sont générale- nant le contraste) peuvent poser un problème de diagnostic
ment de petite taille ou plus rarement d'abcès. différentiel avec des lésions tumorales.
Les tuberculomes correspondent à une réaction granu-
lomateuse périphérique circonscrivant une zone centrale
de nécrose caséeuse. Les tuberculomes sont localisés pré- Maladie de Lyme
férentiellement au niveau de la fosse cérébrale postérieure C'est une borréliose, due à Borrelia burgdorferi, transmise
(tronc cérébral, cervelet), des noyaux gris centraux et à la par piqûre de tique.
Chapitre 8. Imagerie des pathologies infectieuses cérébrales    149

a b c

d e f

g h
Fig. 8.8 Abcès cérébral. Coupes axiales T1 (a), T2 (b), T1 avec contraste (c), diffusion (d), cartographie ADC (e), perfusion (f), spectroscopie-IRM
(g, h). Le pus apparaît typiquement en hypersignal en diffusion (d) avec chute de l'ADC (e), avec présence d'acides aminés en spectro-IRM à temps
d'écho court (h). La coque est fine, hyper-intense en T1 (a) et hypo-intense en T2 (b), non hypervascularisée en perfusion (f, g), rehaussée par le
contraste (c).

Après une phase initiale marquée par des signes cliniques rations FLAIR/T2, pouvant être rehaussées en cocarde,
d'inoculation (érythème chronique migrant, réaction inflam- associées à des prises de contraste des nerfs crâniens, plus
matoire ganglionnaire, syndrome pseudogrippal), les signes évocatrices (fig. 8.11). Enfin, des infarctus secondaires à une
neurologiques apparaissent secondairement (en quelques vascularite sont également possibles, localisés dans des ter-
semaines à quelques mois) dans 10 % des cas, à type de ménin- ritoires artériels différents.
gite lymphocytaire, paralysie des nerfs crâniens (le facial
notamment), myélite, radiculite. En l'absence de traitement, Maladie de Whipple
une phase tardive peut s'observer des mois à des années plus Il s'agit d'une granulomatose chronique due à Tropheryma
tard, associant des signes articulaires, cutanés et neurologiques. whipplei. Les signes cliniques associent diarrhée, arthralgies,
L'imagerie révèle des anomalies de signal de la substance fièvre, perte de poids. En cas d'atteinte neurologique clinique
blanche périventriculaire à type d'hypersignal en pondé- (5 % des cas, contre 50 % d'atteinte de l'encéphale sur les
150   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

a b c

d e f
Fig. 8.9 Méningite tuberculeuse de la base, de forme granulomateuse, évoluant vers la formation de tuberculomes (e, flèche). Coupe
axiale T2 (a), coupe sagittale T1 (b), coupe sagittale T1 avec contraste (c), coupe coronale T1 avec contraste (d), coupes axiales T1 avec contraste (e et f).

Fig. 8.10 Listériose se traduisant par des micro-abcès du rhombencéphale (flèches en b et d), cernés d'œdème (a et c). Coupe axiale T2 (a),
coupe sagittale T1 avec contraste (b), coupe coronale FLAIR (c), coupe coronale T1 avec contraste (d).
Chapitre 8. Imagerie des pathologies infectieuses cérébrales    151

Fig. 8.11 Maladie de Lyme associant des anomalies de la substance blanche (a) et des prises de contraste des nerfs crâniens (flèches
en b et c). Coupe axiale FLAIR (a), coupes axiales T1 avec contraste (b et c).

séries autopsiques), peuvent s'observer un tableau démen- Mycoses


tiel, une ophtalmoplégie, des crises comitiales, des signes Les mycoses cérébrales surviennent généralement dans un
endocriniens par atteinte hypothalamique. Le diagnostic contexte d'immunodépression, médicamenteuse ou induite
repose sur les biopsies duodénojéjunales et la recherche du par une pathologie sous-jacente [14].
germe par PCR dans le tube digestif, le LCS.
L'IRM peut révéler des signes d'encéphalite limbique, avec
atteinte basifrontale, des parties internes des lobes tempo- Aspergillose
raux, de la région hypothalamique, en hypersignal FLAIR/ Le champignon présente un caractère angio-invasif.
T2. De rares cas de prises de contraste ont été rapportés. En cas de dissémination hématogène, l'atteinte prédomine
Le diagnostic doit être évoqué et recherché de principe en au sein des artères perforantes (noyaux gris centraux, tha-
cas de signes neurologiques associés à un tableau de malab- lamus, corps calleux). Elle débute par une phase de nécrose
sorption, en raison de l'efficacité du traitement antibiotique hémorragique, conséquence de l'occlusion artérielle par le
et de l'évolution spontanée grave, potentiellement létale. germe. Celle-ci s'accompagne d'une rupture de la paroi vas-
culaire avec extension du germe au sein de la région isché-
Complications cérébrales des endocardites miée accompagnée de micro- ou de macrohémorragies.
infectieuses L'évolution est ensuite variable en fonction du degré d'im-
L'endocardite infectieuse bactérienne est responsable munosuppression du patient. Chez les patients présentant
d'emboles septiques dans la circulation générale, pouvant une immunosuppression modérée, il existe, comme dans les
toucher de multiples organes, dont le cerveau. Le germe le abcès à pyogènes, une réaction inflammatoire périphérique
plus souvent en cause est Staphylococcus aureus. Les signes évoluant vers la constitution d'une coque hypervasculari-
cliniques sont dominés par les accidents vasculaires céré- sée circonscrivant l'infection. La zone centrale évolue vers
braux (AVC), ischémiques ou hémorragiques. Dans le cas la nécrose. En revanche, chez les patients présentant une
d'AVC hémorragiques, l'embole septique a entraîné la for- immunosuppression sévère, cette réaction inflammatoire est
mation d'un anévrisme dit « mycotique », secondairement absente ou insuffisante et n'évolue pas vers la constitution
rompu (fig. 8.12). C'est l'infection de contiguïté de la paroi d'un abcès, ce qui contribue à l'extension de l'infection.
vasculaire qui aboutit à sa rupture après arrêt dans le vais- L'autre mode de dissémination de l'infection est par
seau de l'embole septique. Pour cette raison, les anévrismes contiguïté, à partir d'une infection nasosinusienne, avec,
mycotiques sont distaux et correspondent en fait à des dans ce cas, une extension possible aux méninges et au
pseudo-anévrismes sans paroi. Ils peuvent être révélés par parenchyme cérébral, aux sinus caverneux avec atteinte
une complication hémorragique intraparenchymateuse ou artérielle, veineuse ou aux orbites.
sous-arachnoïdienne. L'infection contiguë peut aussi abou- En IRM, on peut distinguer deux stades. Dans le premier,
tir à la constitution d'un abcès à pyogènes. la lésion apparaît sous la forme d'une plage en hyposignal
L'IRM peut donc révéler des lésions ischémiques, hémor- T1, en hypersignal T2/FLAIR et en diffusion avec chute de
ragiques ou des abcès. Elle doit comprendre une séquence l'ADC, témoignant probablement d'une lésion ischémique.
pondérée en T2* et/ou une séquence de susceptibilité Au sein de cette lésion, on peut noter des microhémorragies
magnétique pour mettre en évidence les microsaignements (hyposignaux en T2*, hypersignaux T1) ou un hématome. La
associés aux anévrismes mycotiques et une séquence de dif- lésion évolue ensuite vers la constitution d'un abcès avec une
fusion pour objectiver lésions ischémiques et abcès. L'angio- coque périphérique apparaissant en hypersignal T1, hyposi-
IRM en temps de vol est souvent décevante, étant donné le gnal T2 et T2* témoignant de microhémorragies, en hypersi-
caractère distal des anévrismes mycotiques. gnal en diffusion avec chute de l'ADC et prenant le contraste.
152   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Fig. 8.12 Hématome intraparenchymateux (flèche en a) par rupture d'un anévrisme mycotique (flèche en b), compliquant une endo-
cardite infectieuse. Scanner sans contraste (a), artériographie carotidienne droite (b).

Le centre nécrotique apparaît en hyposignal T1, en hypersi- La distinction avec une infection aspergillaire n'est pas
gnal T2/FLAIR et en hyposignal en diffusion avec augmen- aisée en imagerie, et la spectroscopie peut également mon-
tation du coefficient de diffusion. Chez les patients les plus trer un aspect très proche.
immunodéprimés, on ne retrouve pas cette coque abcédée.
On note en revanche un liseré périphérique mal limité en Candidose
hypersignal T1, hyposignal T2 et T2* témoignant de micro-
hémorragies et en hypersignal en diffusion avec chute de Les infections à Candida sont généralement secondaires
l'ADC. Il n'existe généralement pas de prise de contraste. à une dissémination par voie hématogène. Elles se mani-
En diffusion, la zone centrale apparaît en hyposignal avec festent alors par des micro-abcès ou plus rarement par
augmentation de l'ADC [15]. des abcès de grande taille. En imagerie, ces abcès ne pré-
La présentation en diffusion permet donc, chez le sujet sentent pas de caractéristiques spécifiques en dehors de
immunocompétent, de distinguer les abcès aspergillaires la présentation en diffusion proche des abcès aspergil-
des abcès à pyogènes. La spectroscopie apporte également laires avec un centre en hyposignal, avec augmentation
des éléments au diagnostic différentiel, en mettant parfois du coefficient de diffusion, et un anneau périphérique
en évidence un pic à 3,6–3,8 ppm qui correspond à du disac- en hypersignal avec chute du coefficient de diffusion.
charide tréhalose. En revanche, certaines lésions peuvent La spectroscopie peut retrouver des acides aminés et du
présenter des acides aminés, ce qui ne permet pas de les dis- disaccharide tréhalose, mais en très faible quantité. Il
tinguer d'abcès à pyogènes. existe un pic important de lipides.
Enfin, en cas de dissémination par contiguïté, l'atteinte
nasosinusienne permettra l'orientation diagnostique vers Cryptococcose
une infection fongique en montrant un comblement et un L'infection s'étend des méninges de la base vers les espaces
épaississement des parois, généralement en hyposignal T2. de Virchow-Robin le long des artères perforantes, induisant
la constitution de microkystes par production mucoïde
Mucormycose par le pathogène donnant un aspect de « fromage suisse ».
La mycose touche l'encéphale par extension directe à partir Il n'existe généralement pas de réaction inflammatoire
des cavités nasosinusiennes, plus rarement par voie hémato- associée. Plus rarement, il existe une atteinte des plexus
gène. Le germe présente également un caractère angio-inva- choroïdes ou des lésions intraparenchymateuses avec consti-
sif qui aboutit à des lésions d'infarcissement hémorragique. tution de cryptococcomes.
En IRM, on note un comblement des cavités nasosinu- En IRM, on peut donc noter une dilatation des espaces
siennes, avec un épaississement des parois en hyposignal T2, de Virchow-Robin au sein des noyaux gris centraux, des
avec défects osseux, qui peut s'accompagner d'une extension thalamus, du tronc cérébral et du cervelet, avec un centre
aux parties molles profondes, à la face ou aux orbites. Au en hyposignal FLAIR et diffusion et une augmentation de
niveau cérébral, on note des plages d'ischémie hémorragique, l'ADC, et un anneau périphérique en hypersignal FLAIR,
associant hyposignal et hypersignal en T1, hypersignal et généralement sans prise de contraste. Les cryptococcomes
hyposignal en T2/FLAIR, T2*, et hypersignal en diffusion apparaissent comme des lésions annulaires ou nodulaires
avec chute de l'ADC. Il peut exister des prises de contraste prenant le contraste au sein des plexus choroïdes ou du
périphériques mal délimitées. En diffusion, on peut parfois parenchyme.
avoir, au centre des lésions, une augmentation du coefficient La spectroscopie montre généralement un pic important
de diffusion avec une chute en périphérie [16]. de disaccharide tréhalose.
Chapitre 8. Imagerie des pathologies infectieuses cérébrales    153

Parasitoses ■ un quatrième stade granulaire nodulaire, où le kyste se


Toxoplasmose rétracte ;
■ un dernier stade nodulaire calcifié.
L'infection survient chez l'immunodéprimé par réactivation En imagerie, l'infection n'est visible qu'à partir du stade
d'une infection latente asymptomatique (persistance du vésiculaire sous la forme d'un kyste à paroi fine en hypo-
parasite sous forme kystique au sein du muscle, du cœur, signal T1, hypersignal T2, hyposignal FLAIR. Une image
des yeux ou du cerveau). nodulaire peut être mise en évidence en son sein correspon-
En IRM, on décrit un aspect en cible à plusieurs zones qui dant au scolex en iso- ou hyposignal T1, iso- ou hypersignal
serait évocateur du diagnostic d'abcès toxoplasmique [17] : FLAIR. Les séquences hyperpondérées T2 (CISS, FIESTA,
■ en T2/FLAIR, on note une alternance de zones en hypo- DRIVE selon le constructeur) facilitent la mise en évidence
et en hypersignal T2, avec, de dedans en dehors, une zone du nodule. Il n'existe généralement pas de prise de contraste
centrale hypo-intense correspondant à de l'hémorragie, ou très discrète, prenant un aspect annulaire au niveau des
une zone intermédiaire hyperintense correspondant à parois du kyste et au sein du nodule.
de la nécrose riche en fibrine, puis une zone iso-intense Au stade vésiculaire colloïdal, le kyste, du fait d'un
correspondant à de la nécrose compacte et, enfin, une contenu protéinique, est en hypersignal T1 et FLAIR. Les
zone périphérique en hypersignal correspondant à de parois du kyste s'épaississent et prennent le contraste. Le
l'œdème ; nodule prend également le contraste. Il existe un œdème
■ en T1 après injection de gadolinium, on note un nodule périlésionnel modéré.
central prenant le contraste qui est souvent excentré Au stade granulaire nodulaire, le kyste se rétracte, les
(« image de la cible excentrée ») correspondant à des vais- parois deviennent épaisses et l'œdème périlésionnel est
seaux inflammatoires au fond d'un sillon cortical traver- important. Il persiste une prise de contraste au niveau des
sant le centre de l'abcès, entouré d'une zone hypo-intense parois et du nodule.
correspondant à de la nécrose compacte, puis d'un Enfin, au stade nodulaire calcifié, on ne note plus de prise
anneau périphérique prenant le contraste correspondant de contraste ou d'œdème ; seul persiste un nodule calcifié,
à de l'inflammation associée à une artérite (fig. 8.13). mieux vu au scanner ou en T2*.
Cet aspect est également retrouvé au niveau des lésions Au stade vésiculaire, le contenu du kyste est en isosignal
médullaires ou des noyaux gris centraux. par rapport au LCS en diffusion. L'ADC baisse ensuite pro-
Ces deux signes ne s'observent que rarement dans la gressivement d'un stade à l'autre.
même lésion, ce qui évoque qu'il s'agit probablement de La spectroscopie révèle une augmentation du lactate, de
deux stades évolutifs différents. De plus, l'aspect de cible en l'alanine, du succinate et de la choline et une chute du NAA
T2 avec ses différentes couches individualisées est plus diffi- et de la créatinine.
cile à mettre en évidence.
En diffusion, les zones de nécrose apparaissent en hypo- Hydatidose
signal avec une augmentation de l'ADC alors que le nodule
central et l'anneau périphérique apparaissent en hypersignal L'hydatidose est due à Echinococcus granulosus. Elle est
avec chute de l'ADC. Les lésions sont souvent multiples et endémique dans le pourtour méditerranéen, l'Amérique
de petite taille. latine et l'Australie. Les organes touchés sont surtout le foie
La spectroscopie retrouve fréquemment un pic de lipides et le poumon.
pouvant s'associer à une augmentation de la choline et à une L'atteinte cérébrale ne représente que 1 à 2 % des cas,
chute du NAA. se manifestant sous forme de kyste(s) à parois fines, de
Sous traitement médical, on note souvent l'apparition contenu « eau de roche ». Il n'existe pas de prise de contraste
d'hémorragies au sein des lésions. ni d'œdème dans les formes non compliquées. Le kyste peut
être très volumineux et entraîner un effet de masse. Des cal-
cifications de sa paroi sont possibles.
Neurocysticercose
Il existe trois localisations de l'infection, par ordre de fré- Infection à prions : la maladie
quence : sous-arachnoïdienne, intraventriculaire et intrapa- de Creutzfeldt-Jakob
renchymateuse [18]. C'est une encéphalopathie subaiguë spongiforme [19]
La localisation intraparenchymateuse est néanmoins très transmise par une protéine prion codée par le gène PRNP.
discutée car elle correspondrait en fait à une localisation Cliniquement, se développe rapidement un syndrome
sous-arachnoïdienne au fond d'un sillon ou à une extension démentiel associé à des signes neurologiques variés. On
intraparenchymateuse par les espaces de Virchow-Robin. en distingue quatre formes : sporadique (80 %), génétique
L'infection évolue en cinq stades : (rare), iatrogène (dure-mère, cornée, hormone de crois-
■ un premier stade non kystique asymptomatique ; sance, etc.) et variante (maladie dite de la vache folle). Le
■ un deuxième stade vésiculaire correspondant à un kyste, diagnostic peut être évoqué par l'électro-encéphalogramme
dans lequel le scolex peut être mis en évidence. Il n'existe (EEG), mais il repose sur la mise en évidence de la pro-
généralement pas de réaction inflammatoire ; téine 14-3-3 par PCR du LCS.
■ un troisième stade vésiculaire colloïdal, où la larve com- L'IRM peut révéler des hypersignaux en T2/FLAIR des
mence à dégénérer, ce qui entraîne une réaction inflam- noyaux gris centraux et/ou du cortex, souvent asymétriques.
matoire avec gliose périkystique et constitution d'une Surtout, l'imagerie de diffusion objective un hypersignal
capsule fibreuse ; avec chute de l'ADC de même localisation. C'est la séquence
154   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Fig.  8.13 Toxoplasmose cérébrale. Localisation thalamique gauche démontrant l'aspect de « cible excentrée » (flèche en a). Coupe
axiale T1 avec contraste (a), coupe coronale T2 (b).

Fig. 8.14 Maladie de Creutzfeldt-Jakob. Atteinte lenticulocaudée bilatérale bien visible en diffusion (flèches en a–d). Coupes axiales
en diffusion (a–d) et FLAIR (e–h).

clé du diagnostic, car plus sensible que les précédentes [2] Weingarten K, Zimmerman RD, Becker RD, et al. Subdural and epi-
(fig. 8.14). La forme variante se manifeste par une atteinte dural empyemas : MR imaging. AJR Am J Roentgenol 1989 ; 152(3) :
du pulvinar donnant le signe de la « crosse de hockey ». 615–21.
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Chapitre 8. Imagerie des pathologies infectieuses cérébrales    155

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Chapitre
9
Imagerie dans la pathologie
neurodégénérative
C. Delmaire, C. Dubron, S. Bombois, M. Tir

PLAN DU CHAPITRE
Imagerie des démences. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157 Imagerie des syndromes parkinsoniens . . . . . . 162

Imagerie des démences male d'une maladie d'Alzheimer définie comme le MCI
amnésique, le taux annuel de conversion vers la démence
L'apport de l'imagerie dans la prise en charge des patients étant estimé entre 12 et 15 % [2, 3].
déments a longtemps été limité au diagnostic différen- Dans la maladie d'Alzheimer, les études volumétriques
tiel, permettant d'éliminer des pathologies simulant des des hippocampes montrent, dès un stade précoce, une dimi-
démences, comme les hématomes sous-duraux chroniques nution significative (parfois asymétrique) du volume hippo-
ou certaines tumeurs cérébrales. Actuellement, l'imagerie campique, corrélée aux données anatomopatho­logiques et
cérébrale fait partie intégrante de l'exploration d'un trouble neuropsychologiques [4, 5] (fig. 9.1a,b). Une atrophie parié-
cognitif et une IRM doit être réalisée devant toute démence tale interne s'associe à l'atrophie hippocampique pouvant
d'apparition récente [1]. Elle permet de rechercher des parfois prédominer (fig. 9.1c). Avec l'évolution de la mala-
signes positifs de démence neurodégénérative, comme une die, l'atrophie s'étend vers les régions inférieures du cortex
atrophie de localisation évocatrice, des lésions vasculaires, préfrontal et le cortex pariétal, et devient généralisée, mais
mais permet également d'éliminer la présence d'une lésion reste toujours plus sévère au niveau des lobes temporaux
neurochirurgicale. (fig. 9.1d).
Il existe peu d'anomalies de signal sur les séquences
Maladie d'Alzheimer FLAIR (fig. 9.1e). En cas d'hypersignaux confluents de la
substance blanche associés à des facteurs de risque cardio-
La maladie d'Alzheimer est la plus fréquente des démences
vasculaires, il faudra évoquer une étiologie mixte (vasculaire
neurodégénératives après 65 ans (60 %). Un diagnostic pré-
et dégénérative).
coce permet d'améliorer la prise en charge des patients au
Au stade prodromal de la maladie d'Alzheimer (MCI), on
sein d'une filière adaptée et de débuter tôt un traitement par
note une atrophie temporale médiane avec un aspect relati-
inhibiteurs de l'acétylcholinestérase dont l'effet bénéfique
vement préservé du reste du cerveau [6] (fig. 9.2).
est d'autant plus marqué qu'il a été initié précocement.
En routine clinique, l'appréciation de la sévérité de
l'atteinte temporale médiane pourra se faire visuellement
Le concept de MCI et la phase prodromale de la grâce à l'échelle de Scheltens [7]. Cette échelle repose sur
maladie d'Alzheimer trois items cotés sur une coupe coronale : la taille de l'hippo-
De nombreux travaux ont porté sur la phase prédémen- campe, l'élargissement de la corne temporale ventriculaire
tielle de la maladie d'Alzheimer. La définition d'une entité et l'élargissement de la fissure choroïdienne (tableau 9.1,
clinique nommée MCI (mild cognitive impairment, déclin fig. 9.3). Cette analyse visuelle présente de moins bonnes
cognitif léger) vise à identifier un état intermédiaire entre le sensibilité et spécificité pour distinguer des patients présen-
vieillissement physiologique et la démence, afin de cibler les tant un MCI amnésique des sujets contrôles, mais permet
patients à fort risque de développer une démence dans le but de prédire la conversion vers une maladie d'Alzheimer si
d'instaurer précocement un traitement. Le MCI est un syn- l'atrophie hippocampique constatée se majore sur différents
drome défini par un déclin cognitif plus important que celui examens [8] (fig. 9.2).
que l'on s'attend à trouver à un âge et un niveau d'éducation
donnés, mais qui n'a pas de retentissement sur les activités Microbleeds
de la vie quotidienne. Le MCI représente un concept cli- Les microsaignements cérébraux (microbleeds) sont visibles sur
nique hétérogène au sein duquel se situe la phase prodro- les séquences T2* sous forme d'un hyposignal évocateur d'un
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
© 2017, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 157
158   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Fig. 9.1 Aspects IRM d'une maladie d'Alzheimer (MA). (a–c) Coupes coronales pondérées en T1. Différentes formes évolutives de la MA :
forme modérée, l'atrophie prédomine au niveau de l'hippocampe et du gyrus parahippocampique (a) ; majoration de l'atrophie temporale médiane
ainsi que de la dilatation de la fissure choroïdienne (flèche) et de la corne temporale du ventricule latéral (flèche épaisse) (b). (c) Une atrophie
pariétale médiane sur la coupe sagittale. (d) Forme évoluée : l'atrophie hippocampique s'associe à une atrophie corticale et sous-corticale généra-
lisée. (e) Séquence FLAIR axiale : on retrouve peu ou pas d'anomalie de signal de la substance blanche. (f) MA patient de 77 ans, présence d'une
microhémorragie corticale pariétale droite (flèche).

Fig. 9.2 Un patient de 67 ans a consulté en 1997 pour un trouble de la mémoire (MCI amnésique). Aggravation des troubles en 2001.
L'évolution clinique et radiologique de l'atrophie temporale médiane sur l'IRM réalisée en 2001 fait suspecter une évolution vers une démence
neurodégénérative (MA).

Tableau 9.1 Échelle de Scheltens (d'après [7]).


Grade Largeur de la fissure Largeur de la corne temporale Hauteur de la formation
choroïdienne hippocampique
0 N N N
1 ↑ N N
2 ↑↑ ↑ ↓
3 ↑↑↑ ↑↑ ↓↓
4 ↑↑↑ ↑↑↑ ↓↓↓
Les flèches correspondent soit à une augmentation (↑), soit à une diminution (↓) de la structure. N : normal.
Chapitre 9. Imagerie dans la pathologie neurodégénérative    159

b c

d e

Fig. 9.3 Coupes coronales T1 des différents stades de l'échelle de Scheltens.

dépôt d'hémosidérine. Ils sont des marqueurs de la sévérité de La topographie de l'atrophie est corrélée aux différentes
la microangiopathie et sont plus fréquents chez les sujets hyper- présentations cliniques de la pathologie :
tendus. On distingue classiquement les microbleeds profonds ■ la DFT se traduit par une atrophie bilatérale des lobes
(localisés dans le tronc, le cervelet, le thalamus et les noyaux frontaux et des régions temporopolaires. Un hypersignal
gris centraux) liés à l'hypertension artérielle des microbleeds FLAIR des régions antérieures est fréquent [13] (fig. 9.5) ;
corticaux plus volontiers liés à l'angiopathie amyloïde [9] ■ l'aphasie primaire progressive non fluente est associée
(fig. 9.4a,b). L'association entre la présence de microsaigne- à une atrophie périsylvienne antérieure hémisphérique
ments et le déclin cognitif a été suggérée chez le sujet sans et gauche [14] (fig. 9.6) ;
avec pathologie neurologique. Ils peuvent être retrouvés dans ■ la démence sémantique est caractérisée par une atrophie
la maladie d'Alzheimer dans 20 % des cas [10, 11], mais égale- temporale antérieure et latérale à prédominance gauche
ment dans les démences frontotemporales [11] (voir fig. 9.1). et affectant également l'amygdale et l'hippocampe [14]
(fig. 9.7).
Dégénérescences lobaires
frontotemporales Démence à corps de Lewy
La dégénérescence lobaire frontotemporale regroupe plu- La démence à corps de Lewy (DCL) est la deuxième cause
sieurs variants syndromiques : le variant comportemental de démence dégénérative. Elle comprend une démence, des
ou démence frontotemporale (DFT) et les variants langa- hallucinations, un syndrome extrapyramidal et des fluctua-
giers, à savoir la démence sémantique caractérisée par des tions de l'état cognitif, signes qui peuvent être diversement
troubles prédominants de la mémoire sémantique et l'apha- associés entre eux. L'imagerie morphologique montre une
sie progressive non fluente caractérisée par la présence de atrophie corticale généralisée, alors que l'atteinte des hippo-
difficultés de production du langage (réduction des élé- campes et celle du lobe temporal apparaissent moins sévères
ments grammaticaux et phrases courtes) [12]. que dans la maladie d'Alzheimer, voire parfois absentes au
160   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Fig. 9.4 Coupes axiales SWIP. (a) Microhémorragies profondes thalamiques liées à une hypertension artérielle. (b) Microhémorragies corticales
décrites dans le cadre d'une angiopathie amyloïde.

Fig. 9.5 Démence frontotemporale. Patiente de 51 ans. Indifférence affective, irritabilité, propos déplacés, appétence pour les produits sucrés,
troubles comportements et attentionnels avec stéréotypies. Il existe une atrophie nette frontale et temporale bilatérale (a, b) associée à un hyper-
signal FLAIR de la substance blanche des régions frontales (c).

Fig. 9.6 Aspect IRM d'une aphasie primaire progressive. Les coupes coronale (a) et sagittales T1 au niveau de l'hémisphère gauche (b) et
au niveau de l'hémisphère droit (c) mettent en évidence une atrophie prédominant dans les régions insulaires gauches. Il existe également une
atrophie hippocampique et temporale gauche.
Chapitre 9. Imagerie dans la pathologie neurodégénérative    161

a b

c d

Fig. 9.7 Aspect IRM d'une démence sémantique. Les coupes coronales anatomiques T1 (a–d) mettent en évidence une atrophie au niveau du
pôle temporal prédominant à gauche.

Fig. 9.8 Aspect IRM d'une dégénérescence corticobasale. L'atrophie prédomine nettement dans les régions centrales bilatérales (flèche en a).

début [15]. La tomographie à émission monophotonique Dégénérescence corticobasale


(TEMP), en utilisant le DaTSCAN® (ioflupane marqué à Le syndrome de dégénérescence corticobasale (fig. 9.8) est
l'iode 123), est utile pour distinguer la démence à corps de caractérisé par une apraxie asymétrique, une dystonie, des
Lewy de la maladie d'Alzheimer et montre une baisse bila- troubles de la sensibilité de type cortical et un syndrome
térale du marquage du transporteur de la dopamine dans le parkinsonien. Ce syndrome est associé aux dégénérescences
striatum des patients avec une DCL [16].
162   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

lobaires frontotemporales. L'atrophie est observée dans le ment dans le diagnostic différentiel avec les autres syndromes
cortex prémoteur, le cortex pariétal supérieur et le striatum, parkinsoniens, qu'ils soient dégénératifs ou entrant dans le cadre
prédominant dans l'hémisphère gauche [17] (fig. 9.8). d'autres affections (vasculaire, inflammatoire, métabolique,
tumorale, maladie de surcharge, hydrocéphalie chronique de
l'adulte). Dans le diagnostic des syndromes parkinsoniens dégé-
Autres maladies neurodégénératives nératifs, différents signes radiologiques discriminants peuvent
associées à des démences être mis en évidence pour orienter le diagnostic vers une
Dans la maladie de Huntington, l'IRM retrouvera des ano- atrophie multisystématisée (AMS) ou une PSP. Mais même si,
malies neuropathologiques, en particulier l'atrophie de la actuellement, les séquences morphologiques IRM représentent
tête du noyau caudé reconnue par la disparition de l'em- une aide incontestable, les anomalies observées sont parfois
preinte de cette tête du noyau caudé sur la corne frontale inconstantes ou apparaissent à un stade tardif.
[18]. Il s'y associe parfois sur les séquences en pondérations
T2 et FLAIR des hypersignaux au niveau de la tête atrophiée
du noyau caudé, mais également au niveau des putamens. Aspects IRM de l'atrophie
Dans la maladie de Parkinson, la sévérité des troubles multisystématisée (AMS)
cognitifs dépend d'un certain nombre de facteurs comme On décrit pour l'AMS des signes sus-tentoriels et des signes
l'âge, la durée d'évolution de la maladie, la forme clinique. sous-tentoriels dont la présence est corrélée à la diffusion
En IRM, l'aspect se rapprocherait de celui observé dans la des lésions et à la forme clinique de la maladie (forme céré-
démence à corps de Lewy avec une atrophie corticale diffuse belleuse ou parkinsonnienne). Les signes IRM décrits ont
et hippocampique. Dans le syndrome de paralysie supranu- une sensibilité de 88 % et une spécificité de 91 %, mais, dans
cléaire progressive (PSP), les troubles frontaux prédominent 47 % des cas, l'IRM n'est pas caractéristique alors que le dia-
(apathie, troubles exécutifs, trouble initiation) en relation gnostic clinique est possible [19, 20].
avec une atrophie frontale qui s'associe à l'atrophie mésencé-
phalique caractéristique sur les vues sagittales. Ce syndrome
est associé aux dégénérescences lobaires frontotemporales. Signes sus-tentoriels
Hypersignal bordant le putamen
Cet hypersignal est uni- ou bilatéral, visible sur les
Imagerie des syndromes séquences axiales en pondération  T2 (fig.  9.9a,b). Cette
parkinsoniens bande hyperintense (hyperintense rim ou margination laté-
rale) peut s'étendre de manière variable le long du putamen.
L'IRM conventionnelle ne montre pas d'anomalies spécifiques Cet hypersignal est considéré comme secondaire à l'atro-
dans la maladie de Parkinson et offre donc un intérêt limité dans phie du putamen avec élargissement consécutif de l'espace
le diagnostic positif de la maladie. Son intérêt réside principale- interstitiel entre le putamen et la capsule externe associé

Fig. 9.9 Aspects IRM de l'atteinte du putamen dans le cadre d'une atrophie multisystématisée (AMS). Coupes axiales pondérées T2.
(a) Aspect normal du putamen chez un sujet sain. (b) Patient présentant une AMS : la margination latérale du putamen (flèche) traduit l'atrophie
du putamen. (c) Patient présentant une AMS : atrophie sévère du putamen postérieur de façon bilatérale avec au niveau du putamen gauche un
hyposignal et une dédifférenciation du putamen et du pallidum témoignant de la surcharge en fer (flèche). On retrouve la margination latérale au
niveau du putamen droit.
Chapitre 9. Imagerie dans la pathologie neurodégénérative    163

à de la gliose. La margination peut parfois être vue sous ■ un hypersignal pontique en forme de croix (hot-cross bun
forme d'un hyposignal sur les séquences pondérées en T1. des Anglo-Saxons), qui est mieux visible sur les coupes
Cependant, si ces anomalies sont hautement évocatrices du axiales en densité de proton que sur les coupes pondé-
diagnostic d'AMS, celles-ci sont inconstantes, souvent tar- rées en SE T2. Cet hypersignal témoigne d'une atrophie
dives et corrélées au degré de dégénérescence striatale. Ce et d'une gliose des fibres transverses pontocérébelleuses
signe est décrit plus particulièrement dans les AMS-P (de (fig. 9.10a,b). Il apparaît généralement dans les formes C
type parkinsonien) et présente de hautes sensibilité et spé- dans les 2 ans après le début de la maladie et est corrélé à
cificité. Une margination latérale a été rapportée chez 50 % la durée d'évolution. Dans l'AMS-P, il survient dans seu-
des patients atteints d'AMS-P dans les 3 ans après le début lement 20 % des cas dans les 5 ans après le début de la
des symptômes et chez 86 % dans les 6 ans. Elle apparaît de maladie. Le signe de la croix est associé aux symptômes
façon plus tardive dans les AMS-C (de type cérébelleux). Sur cliniques cérébelleux, tandis que la margination du puta-
les séquences pondérées en T2 obtenues avec les machines à men est liée aux symptômes parkinsoniens ;
haut champs 3 T, la margination latérale du putamen semble ■ une atrophie et la présence d'un hypersignal floconneux
en fait banale et non spécifique [21]. des pédoncules cérébelleux moyens. L'atrophie est cor-
rélée à l'hypersignal pontique. L'hypersignal des pédon-
Hyposignal uni- ou bilatéral de la partie cules cérébelleux moyens sera analysé sur les séquences
postérieure du putamen (putamen sensorimoteur) en densité de proton et il traduit la dégénérescence des
L'isosignal normal du putamen est remplacé par un hypo- fibres entre le pont et le cervelet (fig. 9.10a,b) ;
signal sur les séquences pondérées en T2, rendant difficile ■ un hyposignal des noyaux dentelés en pondération T2,
la différenciation entre le putamen et le pallidum (fig. 9.9c). témoin de l'augmentation de la teneur en fer (fig. 9.10a,b).
Cet hyposignal est attribué à une augmentation de la charge
en fer dans cette structure. Ce signe n'est pas spécifique et
peut également être décrit dans la PSP (24 %) et la maladie Aspect IRM de la paralysie supranucléaire
de Parkinson (9 %). progressive (PSP)
Seule l'association des deux anomalies de signal précé- Les anomalies décrites dans la PSP consistent en une atro-
demment décrites au niveau du putamen semble d'une très phie mésencéphalique, une atrophie tegmentale et des
grande spécificité pour le diagnostic positif d'AMS. pédoncules cérébelleux supérieurs. L'atrophie mésencé-
L'atrophie cérébrale corticale au cours de l'AMS montre phalique peut se voir sous forme d'une diminution du
par ailleurs une prédominance de l'atteinte corticale dans les diamètre antéropostérieur du mésencéphale, d'une dilata-
régions temporales et frontales. tion du V3, et un aspect modifié de la forme du toit du
mésencéphale (normalement convexe vers le V3 chez le
Signes sous-tentoriels sujet sain), donnant l'aspect caractéristique du bec de coli-
Sur les séquences en densité de protons, on peut observer bri sur la coupe sagittale médiane (la forme du mésencé-
dans l'AMS-C le « signe de la croix » au niveau protubé- phale et le pont représentant respectivement la tête et le
rantiel, une atrophie protubérantielle et cérébelleuse, des tronc du colibri) [22, 23] (fig. 9.11). Sur la coupe axiale
hypersignaux des pédoncules cérébelleux moyens, et un passant par le mésencéphale, l'atrophie se traduit par un
hyposignal du noyau dentelé (fig. 9.10a–e). élargissement de l'angle interpédonculaire (fig. 9.12a,b).
On retrouve : Des anomalies de signal peuvent être vues sous forme d'un
■ une atrophie protubérantielle visible sur la coupe IRM hypersignal T2 intéressant la substance grise périaquedu-
sagittale médiane. À un stade modéré, une perte de la cale, l'olive inférieure et le pédoncule cérébelleux supé-
convexité antérieure du pont est un signe évocateur de rieur. L'atteinte corticale consiste en une atrophie frontale,
l'atrophie (fig. 9.10c–e) ; temporale et insulaire.
■ une atrophie cérébelleuse principalement ver- Au final, si l'ensemble de ces signes ont montré leur pos-
mienne, bien visualisée sur la coupe sagittale médiane sibilité de discriminer les sujets présentant un syndrome
(fig. 9.10c–e) ; parkinsonien en comparaison à des sujets sains, aucun n'est
■ une dilatation du V4 en rapport avec l'atrophie réellement spécifique pour différencier les syndromes par-
cérébelleuse ; kinsoniens entre eux.
164   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

a b

c d e
Fig. 9.10 Aspects IRM de l'atteinte sous-tentorielle dans le cadre d'une atrophie multisystématisée (AMS). (a, b) Coupes axiales pon-
dérées en T2. Atrophie du tronc, du cervelet et des pédoncules cérébelleux moyens (élargissement de l'espace liquidien au niveau de l'angle
pontocérébelleux), hypersignal en croix du pont (flèche) et hypersignal floconneux des pédoncules cérébelleux moyens (grosse flèche). Hyposignal
des noyaux dentelés sur la figure b (flèche). (c–e) Coupes sagittales médianes pondérées en T1. (c) Sujet sain : aspect convexe du pont (flèche).
(d) Sujet présentant une AMS : perte de la convexité du pont qui apparaît rectiligne (flèche). (e) Sujet présentant une AMS : aspect en coup de
hache du pont témoignant de l'atrophie sévère.
Chapitre 9. Imagerie dans la pathologie neurodégénérative    165

Fig. 9.11 Aspects IRM dans le cadre d'une paralysie supranucléaire progressive. Coupes sagittales médianes pondérées en T1. (a) Aspect
convexe du toit du mésencéphale chez un sujet sain. (b–d) Différents aspects d'atrophie mésencéphalique dans le cadre d'une paralysie supranu-
cléaire progressive (PSP) avec perte de la convexité du toit du mésencéphale, amincissement du diamètre antéropostérieur et diminution de hauteur
du mésencéphale, dilatation de l'aqueduc du mésencéphale (flèche).

Fig. 9.12 Aspects IRM dans le cadre d'une paralysie supranucléaire progressive. Coupes axiales pondérées en T1. (a) Sujet sain. (b) Patient
présentant une paralysie supranucléaire progressive (PSP) avec une atrophie mésencéphalique. La coupe axiale au niveau du mésencéphale met en
évidence une ouverture avec un aspect en cupule de l'angle interpédonculaire (flèche).
166   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

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2013 ; 347 : f4827.
Chapitre
10
Neuro-ophtalmologie – 
notions utiles
F. Héran, F. Charbonneau, F. Lafitte

PLAN DU CHAPITRE
Vision. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167 Oculomotricité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170
Atteintes des voies optiques antérieures (nerf Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174
optique, chiasma). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
Atteintes des voies optiques postérieures
(bandelettes et radiations optiques) . . . . . . . . 170

Vision Baisse visuelle immédiate post-


traumatique [3]
Rappels physiopathologiques
Un scanner sans injection est à faire en priorité et en urgence
et anatomiques (fig. 10.1) [1, 2] à la recherche d'un fragment osseux compressif (fig. 10.2).
Quelques notions de la physiologie de la vision sont utiles à Si ce scanner est négatif, l'IRM peut retrouver des anomalies
rappeler. du nerf optique : œdème en hypersignal T2 ou fracture du
Selon la localisation de la lésion, les symptômes sont dif- nerf, cette dernière, de mauvais pronostic, faisant annuler une
férents (fig. 10.1) : éventuelle intervention décompressive. Elle se traduit par une
■ rétine, nerf optique : baisse visuelle ; zone linéaire en hypersignal T2 perpendiculaire à l'axe du
■ chiasma : hémianopsie bitemporale ; nerf, touchant son segment intracanalaire ou juxtacanalaire.
■ bandelettes, radiations optiques : hémi- ou quadranopsie
latérale homonyme.
Baisse visuelle brutale
C'est un accident vasculaire [4, 5]. La baisse visuelle peut
Exploration clinique être définitive par ischémie rétinienne – c'est la neuropa-
L'acuité visuelle explore la qualité de la vision de loin et de thie optique ischémique antérieure (NOIA) – ou du nerf
près. optique – c'est la neuropathie optique ischémique posté-
Le champ visuel définit la zone explorée par le patient rieure (NOIP). Elle entraîne un déficit altitudinal du champ
soit au Goldman (manuel), qui vérifie surtout la vision visuel, un œdème papillaire, rarement un hypersignal en
périphérique, soit au Humphrey (automatisé) qui analyse la diffusion du nerf optique ou de la papille. Le bilan d'image-
vision centrale. rie est celui d'un accident vasculaire cérébral (AVC).
S'ajoutent de nombreuses explorations comme le fond Elle peut être transitoire (cécité monoculaire transitoire
d'œil, l'angiographie ou l'OCT (optical coherence tomogra- [CMT]) liée à un embole, un bas débit, et justifie alors la
phy) qui étudie l'épaisseur des couches rétiniennes, etc.). recherche urgente d'une cause traitable et en particulier
d'une sténose carotidienne sous-jacente par échographie-
Doppler couleur, angioscanner ou angio-IRM (ARM) des
troncs supra-aortiques (TSA).
Atteintes des voies optiques
antérieures (nerf optique, Baisse visuelle progressive
chiasma) Installation en 1 ou 2 jours
Les causes des neuropathies optiques sont très nombreuses. C'est une neuropathie optique inflammatoire le plus souvent.
Nous proposons ci-après un abord par tableau clinique. La clinique peut être évocatrice (douleurs à la mobilisation

IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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168   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Fig. 10.1 Schéma des voies visuelles et de leur systématisation.

Installation très progressive


La baisse visuelle peut être ignorée du patient et découverte
lors d'un examen ophtalmologique (changement de lunettes
par exemple).

Il existe un œdème papillaire au fond d'œil (FO)


L'œdème est bilatéral, associé à une baisse visuelle, des
acouphènes, une diplopie, des céphalées ; il s'agit proba-
blement d'une hypertension intracrânienne (HTIC). On
Fig. 10.2 Fracture avec fragment osseux dans le canal optique. recherche en priorité une thrombose veineuse, une tumeur
ou, chez les patientes ayant une prise de poids récente, une
du globe, sensation de voile). Ses causes sont multiples (sclé- HTIC. Les signes IRM de cette affection associent une ptose
rose en plaques, sarcoïdose, postradique, virale, etc.) [6, 7]. amygdalienne, une arachnoïdocèle intrasellaire, une sténose
L'IRM centrée sur les nerfs optiques met en évidence des sinus latéraux, et surtout un élargissement des espaces
une zone d'inflammation en hypersignal T2, prenant le périoptiques. Le pronostic est visuel (fig. 10.4) [8].
contraste à la phase aiguë sur les coupes T1 gadolinium Si l'œdème est isolé, il faut penser aux drusen papillaires,
avec fat sat indispensables en pathologie orbitaire (fig. 10.3). et regarder au scanner s'il existe une calcification papillaire,
L'exploration encéphalique est systématique à la recherche ou en IRM une image en hyposignal SWI. Ces atteintes
d'arguments pour une étiologie. touchent 0,5 à 2 % de la population caucasienne, et sont dans
Chapitre 10. Neuro-ophtalmologie –  notions utiles    169

75 % bilatérales. Ce sont des dépôts prélaminaires hyalins


riches en calcaire, avec extrusion de matériel axonal, enfouis
(vus en imagerie) ou en surface (vus au FO). Dans 70 % des
cas, elles entraînent une perte du champ visuel périphérique
liée à des phénomènes d'ischémie focale.
Il faut rechercher une compression, surtout par un
méningiome. Celui-ci peut se développer aux dépens de
la gaine du nerf optique, et se traduit par une lésion péri-
optique prenant le contraste, parfois calcifiée, et une atro-
phie optique fréquente. Son risque majeur est l'extension
a intracrânienne et la surveillance repose surtout sur les
coupes IRM fines axiales T1 injecté avec fat sat (fig. 10.5).
Il peut siéger sur le trajet intracrânien du nerf optique et
est alors développé aux dépens de la méninge de la clinoïde
antérieure ou de la méninge temporale.
Plus rarement, il s'agit d'une tumeur du nerf, dont l'étio-
logie principale est le gliome, touchant surtout les enfants
dans le cadre d'une neurofibromatose (fig. 10.6).

b
Fig. 10.3 Névrite optique gauche. (a) Nerf optique gauche inflamma-
toire en hypersignal T2 (flèche). (b) Prise de contraste du nerf (flèche).

a Fig. 10.5 Méningiome du nerf optique droit.

b
Fig. 10.4 HTIC idiopathique. (a) Dilatation des espaces péri-optiques
(flèche). (b) Sténose des deux sinus latéraux (flèches). Fig. 10.6 Gliome du nerf optique gauche.
170   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Le FO met en évidence une atrophie optique Chez l'enfant, il faut penser plutôt aux lésions chias-
avec une excavation papillaire matiques (gliome du chiasma) ou au craniopharyngiome
Outre les compressions, on recherche des arguments pour (fig. 10.7). Cette lésion suprasellaire a des composants kys-
un glaucome à pression normale. En sa faveur, on retient tiques (riches en protides) et solides, et des calcifications
l'absence de lésion compressive, une atrophie chiasmatique possibles (intérêt du scanner dans les lésions suprasellaires
marquée. de l'enfant).

Maladie de Leber Hémi-(quadr-)anopsie latérale homonyme


Un cas particulier à connaître est la maladie de Leber, La lésion siège en arrière du chiasma, opposée à l'hémi-
mitochondriopathie qui se traduit par une baisse visuelle champ visuel, mal vu.
uni- puis bilatérale chez un jeune homme. On peut faire Les lésions les plus fréquentes sont situées sur le trajet des
le diagnostic au stade d'atrophie ou l'évoquer plus préco- radiations optiques, dans la région occipitale interne. Elles
cement. Un bon signe en IRM est alors l'hypersignal T2 sont variées (AVC sylvien ou cérébral postérieur, tumeur,
centrochiasmatique. inflammation) (fig. 10.8).
Parmi les sièges habituels, un ne doit pas être oublié : la
Protocoles IRM – Vous suspectez une bandelette optique. Elle peut être touchée par les mêmes
lésion du nerf optique ou du chiasma ? processus.
Yeux fermés, pas de maquillage
1. Basique :

Coronal T2 fin étudiant l'ensemble des nerfs optiques et le
Oculomotricité
chiasma Indispensable à la fonction visuelle, l'oculomotricité adapte
2. Complémentaire : la position du regard.

Coronal T1 fat sat avec injection On peut définir deux niveaux : automatique (centres dans

Axial T2 et T1 fat sat avec injection ou T1 Dixon le tronc cérébral), permettant la poursuite, les nystagmus,
les mouvements conjugués ; et volontaire, utilisant trois
nerfs crâniens innervant pour chaque orbite sept muscles
Protocoles IRM – Une étude du cerveau
oculomoteurs.
est-elle nécessaire ?
L'IRM est demandée soit dans le bilan d'atteinte des mou-
1. Basique – dépend des données cliniques : vements conjugués, soit pour étudier une paralysie oculo-

axial ou 3D FLAIR motrice responsable d'une diplopie binoculaire (lésion d'un

diffusion muscle ou d'un nerf).
3D TOF, TSA
Ces troubles de l'oculomotricité peuvent justifier une


SWI > T2 EG

axial ou 3D T1 avec injection
imagerie dans des délais très brefs, voire une imagerie
2. Si nécessaire : immédiate car ils peuvent révéler une pathologie qui met en

perfusion T2 jeu le pronostic vital du patient.

diffusion

spectro-RM

Atteintes des voies optiques


postérieures (bandelettes
et radiations optiques)
Hémianopsie bitemporale
La première cause à rechercher chez l'adulte est une com-
pression centrochiasmatique par un macroadénome hypo-
physaire [9]. C'est une lésion tissulaire, parfois nécrotique. Il
n'y a pas d'hypophyse normale visible ; la selle est élargie. Le
traitement est chirurgical ou médical.
L'hypophysite, son diagnostic différentiel, a des caracté-
ristiques à connaître car elle nécessite un traitement médical
par corticoïdes et surtout pas d'intervention. Elle est évo-
quée chez une femme en période péripartum, devant une
hypophyse augmentée de volume, symétrique, en hyper-
signal T2, prenant le contraste de façon intense, avec une
perte de l'hypersignal T1 de la posthypophyse, un élargisse-
ment de la tige pituitaire (inflammation) et parfois un aspect
en hyposignal T2 des sinus caverneux adjacents (inflamma-
tion et fibrose). Fig. 10.7 Craniopharyngiome.
Chapitre 10. Neuro-ophtalmologie –  notions utiles    171

Si le tableau est douloureux, on recherche une dissec-


tion carotidienne (douleurs variables et myosis) (fig. 10.9)
ou une rupture d'anévrisme (céphalées d'hémorragie sous-
arachnoïdienne et mydriase) (fig. 10.10). Ces deux tableaux
constituent des urgences d'imagerie.
La suspicion de rupture d'anévrisme postérieur (le III
est un signe de localisation) nécessite un angioscanner en
urgence, le pronostic vital étant en jeu.
Le bilan d'un syndrome de Claude Bernard-Horner avec
douleurs nécessite plutôt une IRM avec coupes axiales ou
3D T1 fat sat étudiant le trajet de la carotide interne au cou
et intracrânienne (hématome péricarotidien ?), une étude
des TSA et encéphalique (complications ischémiques ?). Il
est très important de préciser l'éventuelle extension de cet
hématome en intracrânien qui contre-indique les anticoa-
gulants (risque d'hémorragie sous-arachnoïdienne).

Nerf abducens ou VI
Son noyau est protubérantiel, dans le plancher du V4 en
regard du colliculus du facial. Il naît du sillon bulboprotubé-
Fig. 10.8 AVC dans le territoire cérébral postérieur gauche. rantiel, en dedans du paquet acousticofacial, dans la citerne
prépontique, remonte vers le clivus et l'apex pétreux, pénètre
à la base du sinus caverneux par le canal de Dorello. Il entre
Rappels physiopathologiques dans l'orbite par la fissure orbitaire supérieure et innerve le
et anatomiques droit latéral. Il est en rapport étroit avec l'os de la base et les
méninges.
Nerf oculomoteur ou III
Son noyau est situé à la partie postérieure du pédoncule Nerf trochléaire ou IV
cérébral, en avant de l'aqueduc de Sylvius. Le nerf sort dans
Seul nerf crânien à naître de la partie postérieure du
la citerne interpédonculaire à la face interne du pédoncule
mésencéphale, le nerf trochléaire a un noyau pédonculaire
cérébral, descend vers la partie supérieure du sinus caver-
bas, croise la ligne médiane dans le tronc, naît sous la plaque
neux qu'il longe, pénètre dans l'orbite par la fissure orbitaire
quadrijumelle, contourne le pédoncule dans la citerne cir-
supérieure. Pendant son trajet intracisternal, il est en contact
cumpédonculaire, chemine dans la paroi externe du sinus
avec de nombreux vaisseaux (artères cérébrale postérieure,
caverneux, entre dans l'orbite par la fissure orbitaire supé-
communicante postérieure, cérébelleuse supérieure, termi-
rieure et innerve l'oblique supérieur. Il est long, grêle et fra-
naison carotidienne et du tronc basilaire). Il contient des
gile et est souvent lésé lors des traumatismes crâniens.
fibres motrices (III extrinsèque) qui innervent les muscles
Devant une diplopie brutale par atteinte du IV, il faut
droit supérieur, médial inférieur, le releveur de la paupière
d'abord rechercher une atrophie du muscle oblique supé-
supérieure et l'oblique inférieur et un contingent parasym-
rieur (trajet à la partie haute de l'orbite parallèle au toit de
pathique (noyau d'Edinger-Westphal) assurant la constric-
tion pupillaire ou myosis (III intrinsèque). Une atteinte du
III entraîne une mydriase. Ces fibres sont périphériques et
une mydriase doit toujours faire rechercher une compres-
sion du III.
À l'inverse, le sympathique assure la dilatation de la
pupille (mydriase) et innerve le muscle de Müller, qui initie
l'élévation de la paupière supérieure.

Aparté sur les ptosis [10, 11]


C'est une position anormale de la paupière supérieure qui
descend trop bas et couvre le limbe cornéen.
Un ptosis peut être d'origine musculaire (myasthénie,
myopathie, etc.) ; le bilan d'imagerie associe un scanner
des orbites (aspect des muscles) et du thorax (recherche de
thymome).
Il peut être neurogène et fait rechercher soit une atteinte
du III par lésion du releveur de la paupière supérieure
(mydriase associée), soit une atteinte du sympathique par
atteinte du muscle de Müller (myosis associé) réalisant un Fig. 10.9 Syndrome de Claude Bernard-Horner – dissection caro-
syndrome de Claude Bernard-Horner. tidienne droite.
172   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Fig. 10.10 Nerf oculomoteur (III) droit – anévrisme de la commu- Fig.  10.11 Nerf oculomoteur (III) –  brutal AVC sur le noyau
nicante postérieure. gauche.

l'orbite) par des coupes fines centrées coronales en T2. Le


patient a la tête penchée du côté opposé au muscle atro-
phique. Le diagnostic de décompensation d'une lésion
préexistante est alors probable et confirmé par l'examen
des photographies antérieures du patient (sur lesquelles il
penche la tête).

Les lésions selon leur siège


Atteintes du tronc cérébral
Ces atteintes peuvent être tumorales, ischémiques
(fig. 10.11), inflammatoires (fig. 10.12) ou hémorragiques
(cavernome).

Atteintes des citernes


Il peut s'agir d'une atteinte intrinsèque (III surtout), facile
à voir si l'on fait des coupes fines dans l'axe du nerf en T2
inframillimétrique et T1 avec injection, mais dont l'étiolo-
gie n'est pas toujours facile à proposer, à cause de l'aspect Fig. 10.12 Nerf abducens (VI) droit – sclérose en plaques.
non spécifique de la prise de contraste. Il faut, comme dans
toutes les atteintes d'un nerf crânien, rechercher l'atteinte
d'autres nerfs et des leptoméninges. Métastases (fig. 10.13),
localisations d'hémopathies, schwannomes, inflammation
sont les plus fréquentes.
Il peut s'agir d'une compression (surtout le VI) par un
méningiome, une lésion de la base (fig. 10.14), un kyste
épidermoïde, un anévrisme. Les coupes axiales T1 avec
injection et fat sat peuvent être très utiles. Dans un contexte
métastatique, il faudra faire un scanner haute résolution de
la base en cas d'atteinte du VI et d'IRM non concluante.
Un cas particulier est à retenir, l'atteinte des deux VI, fai-
sant évoquer soit une HTIC, soit une hypotension intracrâ-
nienne. Cette dernière nécessite la réalisation de coupes T1
injectées, pour mettre en évidence l'épaississement rehaussé
de la dure-mère qui la caractérise.

Atteintes du sinus caverneux [12]


L'aspect en imagerie des lésions peut être non spécifique.
L'atteinte des nerfs oculomoteurs est souvent multiple Fig. 10.13 Métastases sur les III.
Chapitre 10. Neuro-ophtalmologie –  notions utiles    173

Fig. 10.14 Nerf abducens (VI) droit – métastase osseuse. Fig. 10.15 Sarcoïdose avec atteinte du sinus caverneux gauche.

et associée à une atteinte du V, voire du II si la lésion est


proche de l'apex orbitaire. Il faut retenir que des petites
lésions peuvent entraîner des troubles majeurs et penser à
faire des coupes fines, notamment coronales T2 centrées sur
les sinus caverneux. Devant une prise de contraste du sinus
caverneux, on peut retenir une inflammation (le patient est
souvent douloureux) (fig. 10.15), un méningiome, une infil-
tration maligne.

Atteinte orbitaire
L'atteinte orbitaire responsable d'une diplopie peut être
musculaire, liée à une masse ou une infiltration. On doit y
penser devant une exophtalmie et des douleurs locales. Une
diplopie post-traumatique immédiate fait rechercher en
urgence une incarcération musculaire qui complique le plus
souvent une fracture du jeune ou de l'enfant, avec un foyer
de petite taille (fig. 10.16) [13]. C'est une urgence thérapeu-
tique (décompression, réintégration). Fig.  10.16 Fracture du plancher gauche avec incarcération
musculaire.

Protocole IRM devant une diplopie abduction à une paralysie de l'adduction controlatérale.

Axial ou 3D FLAIR Ces OIN sont dues à une lésion sur le trajet de la bandelette

Coronal T2 fin centré sur les orbites et les sinus caverneux longitudinale postérieure (qui assure les connexions entre

Puis, selon les cas, si brutal protocole vasculaire (diffusion, les noyaux des nerfs crâniens), souvent dans le cadre d'une
T2 EG ou SWI ; 3D TOF voire TSA sclérose en plaques.

Si plus progressif ou si le patient est jeune, protocole sclérose Un nystagmus battant vers le bas (down-beat nys-
en plaques (SEP) (axial ou 3D T1 gadolinium, FLAIR), pro- tagmus) doit faire rechercher une lésion de la charnière
tocole tumeur. cervico-occipitale.

Une recherche précise sur le trajet d'un nerf peut nécessiter
des coupes T2 inframillimétriques centrées sur le nerf dans
son trajet intracisternal, des coupes axiales T1 fat sat avec
Encéphalopathie de Gayet-Wernicke
injection ou Dixon fines. Cette pathologie associe une diplopie avec troubles de la
motilité conjuguée chez un patient alcoolique instable et
confus. Les lésions sont bien visibles en hypersignal FLAIR
Troubles de l'oculomotricité conjuguée autour de l'aqueduc de Sylvius et le long du V3, voire sur
les tubercules mamillaires qui peuvent prendre le contraste
Nystagmus (fig. 10.17). Une vitaminothérapie substitutive (PP, vita-
Le nystagmus associe une secousse oculaire lente, puis un mines B6, B12, folates) entraîne l'amélioration très rapide des
retour rapide qui définit le côté du nystagmus. symptômes et la disparition des images. Cette encéphalopa-
Il est décrit dans les ophtalmoplégies internucléaires thie peut compliquer les vomissements incoercibles (gros-
(OIN) qui associent un nystagmus ataxique de l'œil en sesse) et certaines interventions digestives.
174   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

doute sur une compression des voies visuelles, une baisse


de l'acuité visuelle brutale sont des urgences d'imagerie ;
■ il faut retenir qu'un trouble de l'oculomotricité conjuguée
fait évoquer une atteinte du tronc cérébral ;
■ en cas de ptosis, il faut regarder la pupille. C'est un III si
elle est en mydriase, un syndrome de Claude Bernard-
Horner si elle est en myosis ;
■ devant une baisse de l'acuité visuelle, il faut penser aux
petites lésions de l'apex orbitaire ;
■ dans l'exploration d'une hémianopsie latérale homo-
nyme, ne pas oublier la bandelette.

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■ il faut connaître l'anatomie des voies de l'oculomotricité 482–9. discussion 490–5.
et de la vision ;
■ il convient de savoir quand réaliser l'examen en urgence.
En pratique, un trouble oculomoteur douloureux, un
Chapitre
11
IRM et syndromes neuro-ORL
F. Héran, M. Williams, J. Blustajn, M. Boucenna, M. Weinraub

PLAN DU CHAPITRE
Généralités sur les syndromes neuro-ORL . . . . 175 Lésions de l'oreille interne . . . . . . . . . . . . . . . . 177
IRM de l'oreille. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175 Lésions du rocher. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178
Lésions du conduit auditif externe. . . . . . . . . . 175 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179
Lésions de l'oreille moyenne. . . . . . . . . . . . . . . 176

Généralités sur les syndromes « idiopathique » (jeune femme obèse, œdème papillaire, sté-
nose des sinus latéraux).
neuro-ORL
Ces syndromes sont essentiellement liés à des lésions de la Surdités
fosse postérieure, isolées ou associées à une maladie plus Un déficit auditif se traduit en perte de décibels. On dis-
diffuse. Leur imagerie repose sur l'IRM et le scanner haute tingue deux types d'hypoacousie :
résolution, surtout utile pour l'étude de l'oreille moyenne ■ les atteintes de la perception (récepteurs, nerf), qui font
(osselets, capsule otique) et de la base du crâne. évoquer chez l'adulte un schwannome (IRM) et chez
l'enfant une malformation (IRM, scanner) ;
Vertiges ■ et les atteintes de la transmission liées à une lésion de
Un vertige est une sensation erronée de mouvement du l'oreille moyenne ou de la capsule otique (scanner).
corps et/ou de l'environnement. Il est d'origine centrale
(lésion du tronc cérébral, etc.) ou périphérique (lésion d'un IRM de l'oreille
nerf vestibulaire).
Schématiquement, en fonction de la durée, on peut L'oreille est une région anatomique et fonctionnelle. Elle assure
évoquer : l'audition et participe à l'équilibre. L'os temporal est une voie
■ secondes : un vertige paroxystique bénin (VPB), lié à une de passage (vaisseaux, nerfs, VII en particulier). L'imagerie de
atteinte de l'oreille interne généralement par dysfonction cette région va être motivée par l'apparition de surdité, de ver-
otolithique ; tiges, d'acouphènes parfois associés à des douleurs.
■ heures : une origine vasculaire ; Les problèmes que se pose le radiologue sont : quoi faire
■ jours : une névrite vestibulaire. (IRM, scanner ?) ? Quelles séquences et incidences utiliser ?
Quels sont les signes des principales pathologies ?
Ce texte va permettre d'aider à répondre à ces questions.
Acouphènes Nous proposerons les protocoles utiles d'IRM et détaillerons
Très fréquents en cas de surdité de perception (le cerveau l'analyse des caractéristiques principales des lésions du tem-
remplace les fréquences qui manquent), les acouphènes font poral en fonction de leur siège.
craindre une origine vasculaire s'ils sont isolés (l'audition
est préservée), pulsatiles, synchrones du pouls, audibles.
On recherche en particulier une fistule durale. Ils sont alors Lésions du conduit auditif
explorés au mieux par angio-IRM (ARM) dynamique. Ils externe [1]
peuvent être « projetés » (hypertension artérielle, sténose
carotidienne, grosse jugulaire, anévrisme, etc.) ou tra- Tumeurs
duire l'existence, par traction sur les VIII, d'une hypoten- Les tumeurs sont d'étiologies multiples et en général acces-
sion intracrânienne ou d'une hypertension intracrânienne sibles à l'examen clinique. L'imagerie n'est demandée qu'en cas
(HTIC). Dans ce dernier cadre, il faut penser à l'HTIC de doute sur une extension profonde ou une lésion maligne.

IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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176   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Il peut s'agir de lésions muqueuses (polypes, papil- extension intralabyrinthique ou intracrânienne (lyse
lomes, tumeurs des glandes cérumineuses), de choles- du tegmen tympani sur le scanner), une exceptionnelle
téatome du conduit auditif externe (CAE), de kératose thrombose du sinus latéral. Elle est l'examen de référence
obturante ou d'extension au CAE d'autres lésions (par pour la surveillance des comblements de la cavité opé-
exemple tumeur glomique, schwannome de la troisième ratoire qui se traduisent par une masse tissulaire non
portion du facial). Les tumeurs malignes sont représen- spécifique en TDM. Elle peut correspondre à une hyper-
tées par des épithéliomas ou carcinomes épidermoïdes trophie inflammatoire de la muqueuse de la caisse du
(basocellulaire, spinocellulaire) souvent peu invasifs, les tympan ou tissu cicatriciel ou à un cholestéatome rési-
carcinomes adénoïdes kystiques à point de départ souvent duel ou récidivant.
parotidien, très agressifs, douloureux, ayant une propen- L'IRM va permettre de différencier ces deux évolutions
sion à s'étendre par voie périneurale. Les lymphomes sont en utilisant leur comportement très différent en diffusion et
rares, souvent d'allure peu agressive. Les mélanomes, sus- après injection [4].
pectés cliniquement, ont un signal qui varie en fonction Le protocole est simple  : exploration centrée sur les
de leur contenu en mélanine. rochers par coupes T1 fines (2 à 3 mm) 30 minutes après
Chez l'enfant, une masse suspecte est souvent un rhabdo- injection de gadolinium, coupes en diffusion, complétées
myosarcome, extensif, lytique. par des coupes T2 inframillimétriques axiales T2 et des
coupes T2 fines coronales (brèche du tegmen ?).
Otite maligne externe Le tissu cicatriciel prend le contraste et est en isosignal
en diffusion ; le cholestéatome ne prend pas le contraste
Cette lésion agressive du temporal touche essentiellement (fig. 11.2a) et est en hypersignal en diffusion avec un ADC
les sujets âgés diabétiques. C'est une ostéite du CAE, de bas (fig. 11.2b). Il faut essayer d'interpréter l'IRM avec le
la base, d'évolution lente, insidieuse, destructrice, inva- scanner que le patient devrait logiquement avoir passé la
sive, s'étendant aux structures tissulaires (nerfs crâniens, localisation des zones d'hypersignal diffusion devant être
méninge, espace rétropharyngé, etc.) (fig. 11.1) [2, 3]. celle des opacités suspectes.
Cet aspect entraîne des retards et erreurs diagnostiques
car une tumeur est évoquée, et les éventuels prélèvements
sont envoyés en anatomopathologie et non en bactériologie.
L'imagerie associe IRM (parties molles, méninges, nerfs crâ-
niens) et scanner (lyse osseuse). Elle permet de faire le bilan
de l'extension endocrânienne, de rechercher une thrombose
septique de voisinage (sinus latéral).

Lésions de l'oreille moyenne


Nous traiterons quelques pathologies spécifiques.

Otites chroniques
Leur bilan repose essentiellement sur le scanner. L'IRM
peut être utile dans un bilan préopératoire de choles-
téatome compliqué, pour rechercher ou confirmer une
a

b
Fig. 11.1 Otite maligne externe gauche. Fig. 11.2 (a, b) Cholestéatome (flèches).
Chapitre 11. IRM et syndromes neuro-ORL    177

Tumeur glomique [5]


Cette lésion du mésotympanum développée à partir des
corpuscules glomiques le long du nerf tympanique inférieur
(nerf de Jacobson) est souvent révélée par des acouphènes
pulsatiles, des vertiges, des douleurs. L'otoscopie met en évi-
dence une masse d'allure vasculaire.
Cette lésion, appelée également paragangliome ou ché-
modectome, est vascularisée au temps artériel et nécessite,
pour être diagnostiquée, la réalisation de séquences dyna-
miques après injection. L'étude systématique des régions
jugulaires homo- et controlatérale et des bifurcations caro-
tidiennes est justifiée par l'existence dans 10% des cas de
localisations multiples.
Fig. 11.3 Malformation de Mondini bilatérale.
Épanchement liquidien
Un épanchement liquidien fait rechercher une hypertrophie
du cavum qui obstrue la trompe d'Eustache (inflammatoire Anomalies de signal du labyrinthe
chez l'enfant, tumorale chez l'adulte). L'hypersignal en T1 est dû à un lipome, une hémorragie
Il peut également s'agir d'une otorrhée de liquide céré- soit spontanée (trouble de la crase sanguine, leucémie sous
brospinal (LCS), liée à une brèche post-traumatique, pos- chimiothérapie aplasiante), soit post-traumatique.
topératoire voire spontanée, se compliquant souvent de L'hyposignal T2 se voit en post-hémorragies (fibrose), ou
méningites récidivantes, ou d'une réaction inflammatoire à en cas de processus occupant (schwannome intralabyrin-
une thrombose veineuse d'un sinus latéral. thique, labyrinthite).
Un méningiome en plaque basitemporal peut L'hypersignal en FLAIR traduit une inflammation
aussi se compliquer d'otite séreuse et est à rechercher (labyrinthite, stagnation en amont d'un schwannome
systématiquement. intracanalaire).
Après injection avec fat sat (saturation du signal de la
Cophose après chirurgie graisse), une prise de contraste peut traduire la présence
d'un microschwannome intracochléaire ou l'extension laby-
de l'otospongiose rinthique d'un neurinome, d'une labyrinthite virale, parfois
Cette atteinte est liée à une inflammation ou, plus grave, une ossifiante.
hémorragie.
Lésions du méat acoustique interne
Lésions de l'oreille interne Processus expansif [7]
Anomalies labyrinthiques [6] La lésion la plus fréquente est un schwannome des nerfs
vestibulaire ou cochléaire. Le compte-rendu doit préciser
Malformations sa position par rapport au fond du MAI (lame liquidienne
Chez l'enfant, les malformations se traduisent par une ou non en T2) qui conditionne la voie d'abord lors sa prise
surdité de perception congénitale plus ou moins marquée en charge chirurgicale. Il décrit son siège (intra- ou extraca-
et peuvent être isolées ou faire partie d'un syndrome poly- nalaire, ou mixte, uni- ou bilatéral en cas de neurofibroma-
malformatif exploré par TDM et IRM (recherche de lésions tose 2), donne la mesure au mieux de son volume, sinon de
cérébrales). Elles touchent, en fonction de leur date de sur- la taille de la portion extracanalaire (plus grande dimension
venue, la cochlée, le vestibule (anomalies morphologiques), dans un axe parallèle et perpendiculaire au bord interne du
les nerfs au sein du méat acoustique interne (MAI) et de rocher). Il donne des informations sur son retentissement
l'angle pontocérébelleux (hypoplasie, aplasie). (effet de masse induit sur le cervelet, extension) (fig. 11.4).
La lésion est homogène quand elle est petite, peut présen-
Anomalies du sac endolymphatique ter des portions kystiques si elle est volumineuse (fig. 11.5)
et de l'aqueduc du vestibule ou souvent après traitement par Gamma knife®. Son hypo-
signal franc en T2 inframillimétrique CISS disparaît en cas
Anomalies de taille d'injection d'emblée.
Il s'agit essentiellement d'une dilatation de l'aqueduc du ves- Le protocole IRM de surveillance postopératoire com-
tibule (malformation de Mondini) (fig. 11.3), associée dans prend des coupes T1 sans injection (repérage de la graisse
76% des cas à une malformation cochléaire. L'absence de de comblement), T2 inframillimétriques et T1 injecté fat sat.
visualisation de l'aqueduc est non pathologique En cas de récidive, la prise de contraste est bien vue en T1
gadolinium fat sat.
Prise de contraste du sac endolymphatique Les autres masses plus rares sont les métastases lepto-
Celle-ci est évocatrice de tumeur papillaire, très rare, généra- méningées, l'hémangiome du MAI, le lipome ou le kyste
lement dans le cadre d'une maladie de Von Hippel-Lindau. arachnoïdien.
178   Partie 1. Imagerie neuroradiologique

Fig. 11.4 Schwannome gauche avec extension labyrinthique. Fig. 11.6 Paralysie faciale a frigore, prise de contraste du facial
droit.

Fig. 11.5 Schwannome kystique.


Fig. 11.7 Dysplasie fibreuse du rocher droit.

Prises de contraste méningées La maladie de Paget et la maladie de Lobstein sont plus


Ces prises de contraste peuvent être bénignes : méningiome, faciles à étudier en scanner qu'en IRM.
névrite (névrite faciale de la paralysie faciale a frigore) L'histiocytose se rencontre essentiellement chez l'enfant.
(fig. 11.6) ou malignes : lymphome, méningite carcinoma- C'est une lésion lytique, faite de tissu de granulation qui
teuse [8]. siège en particulier dans la paroi du CAE et peut entraîner
une fistule. Son traitement repose sur les corticoïdes.
Hémosidérose Le granulome à cholestérine est une lésion inflam-
L'hémosidérose complique les hémorragies sous-arachnoï- matoire agressive, présentant des saignements, d'allure
diennes, certaines interventions, les tumeurs qui saignent à solide ou kystique. Il peut compliquer les interventions
bas bruit (ne pas oublier les épendymomes médullaires dans sur l'oreille moyenne. En scanner, indispensable en pré-
la recherche étiologique). Elle est responsable d'un feutrage opératoire, c'est une lésion soufflante. En IRM, elle a la
des espaces sous-arachnoïdiens en hyposignal intense T2 caractéristique d'être en hypersignal sur l'ensemble des
EG et SWI, et d'une surdité progressive par englobement séquences.
des paquets acousticofaciaux. Le kyste épidermoïde (cholestéatome primitif) congé-
nital est localisé à l'apex pétreux, l'angle pontocérebel-
leux, le CAE, la caisse du tympan. Comme les autres
Lésions du rocher kystes épidermoïdes des espaces sous-arachnoïdiens, il
est en hyposignal T1, hypersignal hétérogène T2, hété-
Atteintes osseuses primitives rogène en FLAIR et a un coefficient de diffusion très bas
Une lésion du rocher en IRM nécessite la réalisation com- (hypersignal en diffusion B1000, hyposignal sur la carto-
plémentaire d'un scanner sans injection en haute résolution. graphie ADC).
La dysplasie fibreuse est trompeuse en IRM. Elle est Les lésions malignes sont surtout métastatiques ou liées
généralement hypo-intense et hétérogène en T1 et T2, peut à une hémopathie. Les sarcomes sont rares, et peuvent com-
prendre le contraste et faire évoquer un processus tumoral pliquer une radiothérapie. On en rapproche les extensions
(fig. 11.7). osseuses des tumeurs malignes de l'oreille.
Chapitre 11. IRM et syndromes neuro-ORL    179

Lésions des éléments de passage `` Conclusion


Nerf facial (VII) Les étiologies des syndromes neuro-ORL sont nombreuses.
Les lésions essentielles du nerf facial sont : Leur exploration en imagerie doit donc être systématique et
■ les névrites (paralysie faciale a frigore), prise de contraste rigoureuse. Elle nécessite une étude encéphalique complète
du nerf ; a priori et une connaissance anatomique des structures en
■ les tumeurs bénignes : jeu, en particulier des éléments de la fosse postérieure.
– un hémangiome siège dans la fossette du ganglion Un dialogue avec le clinicien et le patient est indispen-
géniculé, prend le contraste, présente de fines calcifi- sable pour bien préciser les signes cliniques et ce que l'on
cations en scanner ; il peut entraîner une lyse osseuse ; recherche. Il faut aussi apprécier le type d'imagerie à prati-
– un schwannome est plus rare. quer et son degré d'urgence (en cas de doute sur une cause
■ les lésions tumorales malignes (extension périneurale vasculaire, un examen doit être réalisé dans les plus brefs
d'une tumeur parotidienne, hémopathie). délais).

Vaisseaux
Références
Les carotides aberrantes sont retrouvées chez moins de 1%
de la population et sont généralement asymptomatiques. [1] Xia S. Radiological findings of malignant tumors of external audi-
La pathologie essentielle associée à la veine jugulaire est tory canal : a cross-sectional study between squamous cell carcinoma
le paragangliome (tumeur glomique). and adenocarcinoma. Medicine (Baltimore) 2015 ; 94(35) e1452.
[2] Orioli L, Boute C, Eloy P, et al. Central skull base osteomyelitis : a rare
Les malformations vasculaires sont rares mais pour-
but life-threatening disease. Acta Clin Belg 2015 ; 70(4) : 291–4.
voyeuses d'acouphènes pulsatiles, parfois audibles par le [3] Adams A, Offiah C. Central skull base osteomyelitis as a complication
clinicien synchrones du pouls. Les plus fréquentes sont les of necrotizing otitis externa :  Imaging findings, complications, and
fistules durales, et l'examen à faire en priorité, en dehors de challenges of diagnosis. Clin Radiol 2012 ; 67(10) : e7–16.
l'échographie-Doppler couleur, est une ARM dynamique. [4] Songu M. Correlation of computed tomography, echo-planar diffu-
sion-weighted magnetic resonance imaging and surgical outcomes in
middle ear cholesteatoma. Acta Otolaryngol 2015 ; 135(8) : 776–80.
Protocole d'examen IRM de la fosse [5] Sweeney AD, Carlson ML, Wanna GB, et al. Glomus tympanicum
postérieure tumors. Otolaryngol Clin North Am 2015 ; 48(2) : 293–304.
Surdité progressive avec acouphènes non pulsatiles [6] Westerhof JP, Rademaker J, Weber BP, et al. Congenital malforma-

T1 sagittal → plan de coupe, charnière tions of the inner ear and the vestibulocochlear nerve in children with

T2 TSE/FLAIR axial/3D encéphale → maladie diffuse (sclé- sensorineural hearing loss : evaluation with CT and MRI. J Comput
rose en plaques, etc.) Assist Tomogr 2001 ; 25(5) : 719–26.

T2 TSE inframillimétrique → labyrinthe [7] Benoudiba F, Toulgoat F, Sarrazin JL. The vestibulocochlear nerve
S'il s'agit d'un patient âgé, avec une surdité progressive bilatérale (VIII). Diagn Interv Imaging 2013 ; 94(10) : 1043–50.
et que l'examen ne retrouve aucune anomalie des MAI, on peut [8] Warren FM, Shelton C, Wiggins 3rd RH, et al. Imaging characteris-
s'arrêter là. tics of metastatic lesions to the cerebellopontine angle. Otol Neurotol
Sinon : 2008 ; 29(6) : 835–8.

T1 injecté axial ± fat sat (ou T1 Dixon) 3 mm → schwan-
nome, névrite

T1 injecté coronal 5 mm/3D encéphale → lésion encéphale
Vertige
En cas de vertige brutal, qui dure, d'allure centrale (peu de
signes associés), on pense à un AVC et on commence l'explora-
tion par une diffusion.
Acouphènes pulsatiles, vertiges

ARM dynamique → malformation vasculaire

T1 sagittal → plan de coupe, charnière

T2 TSE/FLAIR axial encéphale → maladie diffuse (sclérose
en plaques, etc.)

T2 TSE inframillimétrique → labyrinthe

T1 injecté axial 5 mm → schwannome, névrite
Chapitre
12
Principes techniques basiques
en IRM ostéoarticulaire
J.-L. Montazel, M. Cheguettine

PLAN DU CHAPITRE
Les antennes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183 Les paramètres. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
Les séquences. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183 Arthro-IRM. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186
Suppression de graisse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184 Angle magique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186
Matériel chirurgical et séquences. . . . . . . . . . . 185 Contre-indications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187

Les antennes émettrice. Adaptées à la puissance des gradients, elles per-


mettent la réalisation d'acquisitions parallèles, réduisant de
La qualité des antennes est un des éléments essentiels dans la manière encore plus significative le temps de réalisation des
chaîne de l'image par résonance magnétique (IRM) de l'appa- séquences. Leur dimension reste cependant un facteur limi-
reil ostéoarticulaire. Celles-ci doivent couvrir au mieux la tatif, ne permettant pas d'imager les gros genoux, contraire-
région d'intérêt sans couvrir les régions anatomiques de voi- ment aux antennes classiques.
sinage afin d'obtenir le meilleur rapport signal/bruit (RSB). Le choix de l'antenne dépend donc de la région ana-
Adaptées à la région étudiée, elles permettent d'acquérir des tomique et du type de séquence à réaliser, les séquences
petits champs de vue rendant ainsi possible l'imagerie en haute 3D et les acquisitions parallèles nécessitant des antennes
résolution des structures anatomiques de petites dimensions. performantes.
Plusieurs types d'antennes de surface sont actuellement
disponibles [1].
Les antennes souples présentent l'avantage de s'adapter
Les séquences
à de nombreuses régions anatomiques. Leurs performances Les séquences en écho de spin (spin echo [SE]) restent
sont cependant inférieures à celles des antennes rigides en les séquences de référence en IRM ostéoarticulaire. Les
quadrature, dont l'homogénéité et le RSB sont meilleurs. séquences pondérées en T1 (TR et TE courts) ont un RSB
Ces dernières se présentent sous forme de « cage » et consti- élevé et donnent d'excellentes images anatomiques. Elles
tuent la référence pour l'analyse du genou, de la cheville et sont indispensables pour l'étude de la moelle osseuse et
du pied. Des antennes souples en quadrature sont actuel- des tumeurs. En saturation de graisse, elles permettent
lement développées, associant les qualités des deux types d'apprécier le rehaussement des lésions inflammatoires et
d'antennes et particulièrement prometteuses pour l'imagerie tumorales lors de l'injection intraveineuse de gadolinium.
des articulations du membre supérieur et de la hanche. Elles sont aussi utilisées pour l'arthro-IRM avec injection
Les antennes en réseau (phased array) consistent en l'as- intra-articulaire de gadolinium. Les séquences à TR plus
sociation de deux éléments d'antennes réceptrices ou plus. long permettent l'acquisition d'images en densité de proton
Chaque élément d'antennes présente alors un diamètre plus (TE courts) et pondérées en T2 (TE supérieur à 70 ms). Les
faible, limitant le signal en profondeur ; ces antennes sont images en densité de proton (DP) ont le meilleur RSB et sont
particulièrement intéressantes pour l'étude de l'épaule, de la les images de référence pour le diagnostic des lésions ménis-
hanche et du rachis. Alors que les antennes en quadrature cales, à condition d'utiliser un TE inférieur à 20 ms. Elles
multiplient le RSB par un rapport de racine de 2, les antennes sont aussi intéressantes pour l'étude du labrum glénoïdien et
en réseau le multiplient par un facteur proportionnel au du ligament triangulaire du carpe. Elles exposent cependant
nombre d'antennes mises en réseau. Leur homogénéité et au risque d'artéfact d'angle magique comme les séquences
leur excellent RSB permettent l'acquisition d'images en pondérées en T1 du fait du TE court. Les images pondérées
haute résolution avec petit champ de vue et faible épaisseur en T2 ont un RSB plus faible, mais restent les images de réfé-
de coupe. Les antennes les plus performantes ont jusqu'à rence pour le diagnostic des lésions tendineuses et ligamen-
16  canaux et peuvent aussi être associées à une antenne taires s'affranchissant de l'artéfact d'angle magique.

IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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184   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

Les séquences en SE rapides sont aussi appelées fast SE possibilité d'acquérir les images en 3D avec suppression de
(FSE) ou turbo SE (TSE). Elles associent un bon RSB avec une graisse permet une bonne évaluation des structures cartila-
excellente résolution spatiale. Leur gain en temps peut être gineuses. Les temps d'acquisition de ces séquences sont de
considérable par rapport aux séquences SE pour une même moins de 5 minutes, donnant des images de moins de 1 mm
résolution spatiale, surtout si le train d'écho est élevé. Elles dans les trois plans, avec un voxel isotrope et une résolu-
ont cependant deux inconvénients. Tout d'abord, la graisse tion anatomique comparable dans tous les plans [4]. Elles
apparaît plus intense qu'en SE sur les séquences pondérées restent toutefois délicates à manier en raison d'un signal
T2 et elle peut avoir un signal identique à celui des lésions différent des séquences habituelles, en particulier concer-
inflammatoires ou tumorales qui peuvent ainsi être mas- nant les structures osseuses, les ménisques ou les ligaments
quées. La résolution en contraste est alors diminuée et les dégénératifs. L'utilisation de TR et de TE très courts per-
lésions liquidiennes peuvent être plus difficiles à apprécier met de réaliser des séquences ultrarapides pondérées en T1
dans un environnement graisseux de signal intense (rupture qui, associées à l'injection en bolus de produit de contraste
tendineuse ou ligamentaire, épanchement). L'association à intraveineux, permettent d'apprécier le rehaussement des
une technique de suppression de graisse permet de résoudre tumeurs et des lésions inflammatoires (synovites). Elles
ce problème. L'autre inconvénient à connaître est un effet de peuvent être réalisées soit en mode monoplan privilégiant la
flou des structures anatomiques d'autant plus marqué que le résolution temporelle (temps d'acquisition d'une seconde),
train d'écho est plus long, la matrice plus petite et le TE plus soit en mode multicoupes ou maintenant en 3D. L'intérêt
court. Ce flou est gênant dans l'appréciation de la morpholo- de ces acquisitions 3D repose sur la possibilité de privilégier
gie des ménisques, des tendons de la coiffe des rotateurs, du soit la résolution temporelle avec des temps d'acquisition de
labrum glénoïdien et du ligament triangulaire entre autres. l'ordre de quelques dizaines de secondes, soit la résolution
Cet effet est moins apparent à haut champ et avec des gra- spatiale avec des matrices élevées et un voxel isotrope per-
dients rapides (20 mT/m ou plus). Les études réalisées pour mettant d'apprécier le rehaussement dans les trois plans de
comparer les séquences en SE et en TSE dans le diagnostic l'espace en seulement quelques minutes.
des lésions méniscales ont montré que les fissures étaient Des séquences 2D ou 3D avec cartographie couleur auto-
visualisées un peu moins fréquemment avec les séquences matisée permettent d'analyser le cartilage en fonction de son
TSE ou bien, lorsque les résultats étaient équivalents, le gain signal en T1 ou T2 avec des séquences en EG ou en TSE. Ces
en temps était nul [2]. On peut actuellement utiliser un train séquences sont intéressantes notamment dans les lésions tout
d'écho à 5 ou à 3, afin de diminuer le flou méniscal, sans à fait débutantes, entraînant une augmentation du contenu
contrainte sur les temps d'acquisition comme c'était le cas hydrique du cartilage et donc de son T2 sans modification
auparavant, avec des matrices de 512 voire 1024, dont la morphologique, ou pour analyser les greffes de cartilage.
résolution spatiale est remarquable comparativement aux Des séquences ont été développées pour supprimer les
séquences SE. Certaines séquences TSE utilisent des angles artéfacts de mouvement. Elles sont donc particulièrement
de bascule variables et diminuent la décroissance du T2, intéressantes en IRM abdominopelvienne ainsi que pour les
réduisant significativement ce flou, ce qui permet le rem- articulations pour lesquelles le positionnement est parfois
placement des séquences SE par les TSE et la réalisation de difficile à tenir sans bouger ou chez les patients dont la com-
séquences 3D TSE. Le temps d'acquisition en TSE 3D T1 ou préhension est limitée [5, 6].
T2 est de l'ordre de 6 à 7 minutes, donnant des images qui se D'autres techniques telles que diffusion et angio-4D
rapprochent de celles utilisées en routine, avec ou sans satu- peuvent être utilisées dans la pathologie tumorale. La trac-
ration de graisse, avec une épaisseur inframillimétrique (0,6 tographie peut être appliquée à l'étude des muscles et ten-
à 0,7 mm) et la possibilité de reconstruire les images dans dons, ainsi que pour les nerfs périphériques.
tous les plans. Elles sont utilisées en routine pour l'étude
du genou [3]. Sans ou surtout avec saturation de graisse,
les séquences TSE, grâce à leur matrice élevée, sont d'excel- Suppression de graisse
lentes séquences pour l'étude des cartilages articulaires.
Les séquences en écho de gradient (EG) permettent des Les techniques de suppression de graisse sont largement uti-
temps d'acquisition courts. Elles ont été largement utili- lisées en IRM ostéoarticulaire, en particulier la saturation
sées dans ce but en imagerie ostéoarticulaire notamment sélective de la graisse et l'imagerie STIR [7].
à bas champ. Les séquences en EG ont habituellement un Les séquences en saturation sélective de la graisse (fat
RSB et une résolution spatiale inférieurs aux séquences saturation ou fat sat) reposent sur le principe de la diffé-
TSE. Elles sont sensibles aux hétérogénéités de champ et rence de fréquence de résonance des protons hydriques et
aux phénomènes de susceptibilité magnétique liés à la dif- graisseux, et consistent en une impulsion initiale dont la
férence de magnétisation des tissus et restent les séquences radiofréquence (RF) est égale à celle de la graisse pour un
de référence dans la détection de l'hyposignal T2 lié au fer champ donné, suivie d'un gradient qui annule ce signal.
et donc à l'étude des synovites villonodulaires. Ainsi, les Cette technique peut être utilisée avec les séquences SE, EG
artéfacts de déplacement chimique qui dépendent du TE et TSE. Celles-ci peuvent être réalisées en pondération T1,
sont plus marqués et il existe une diminution du signal au DP ou T2. Elles amplifient les différences de T1 et T2 des
contact des travées osseuses avec diminution de la résolu- tissus, renforçant la résolution en contraste des séquences.
tion en contraste. Elles ont souvent un TE court et sont donc Elles donnent les meilleurs résultats lorsque l'organe étudié
exposées au risque d'artéfact d'angle magique pour l'ana- est placé au centre de l'aimant et sur les machines à champ
lyse tendineuse, ligamentaire et méniscale. En revanche, la modérément élevé et homogène. Ainsi, sur les séquences
Chapitre 12. Principes techniques basiques en IRM ostéoarticulaire    185

pondérées en T2, la suppression de graisse améliore la temps d'acquisition (pas de module préparatoire), notam-
détection des épanchements liquidiens intra-articulaires, ment en T1 (le gain de temps étant plus marginal en T2),
des lésions tendineuses et surtout de l'œdème médullaire avec des TR plus courts, la pondération T1 étant alors plus
lors des lésions traumatiques. En T1, l'appréciation des marquée, avec pour corollaire une sensibilité accrue à l'in-
prises de contraste est facilitée. De même, lors d'injection jection de gadolinium. À temps d'acquisition identique, elles
intra-articulaire de gadolinium, ces séquences sont les plus permettent l'utilisation de matrices plus élevées, améliorant
adaptées à l'étude de l'ensemble des éléments anatomiques. la résolution spatiale, et de positionner plus de coupes. En
Leur inconvénient principal est le caractère délicat de l'ex- outre, leur homogénéité est supérieure à la fat sat, bien que
tinction du signal graisseux du fait d'inhomogénéités du non parfaite. Ces séquences sont donc intéressantes pour
champ magnétique B0. l'exploration des articulations distales et pour la pathologie
Ces inhomogénéités sont plus importantes avec des musculaire ou tumorale [8].
champs de vue larges en bordure du champ, avec l'utilisa- Les séquences IDEAL (Iterative Decomposition of water
tion d'antennes de surface, ou lors de la présence de corps and fat with Echo Asymmetry and Least-squares estimation) ou
étrangers métalliques ou d'air dans la région étudiée ou Dixon acquièrent en une seule séquence EG, SE ou TSE des
à proximité. Ces séquences sont donc difficiles à réali- images en excitation d'eau, de graisse, en phase et en oppo-
ser en cas de présence de matériel chirurgical métallique. sition de phase, pondérées en T1, DP ou T2 en fonction des
Comparativement aux séquences standard, elles entraînent paramètres. La place de ces séquences n'est pas encore bien
une baisse discrète du RSB et de la résolution spatiale avec définie, mais elles sont intéressantes, entre autres, pour l'étude
des temps d'acquisition plus longs (surtout en T1), mais des lésions graisseuses, de la moelle osseuse et du cartilage.
améliorent significativement la résolution en contraste. La La saturation de graisse est homogène, y compris en cas de
suppression de graisse adiabatique consiste à homogénéi- présence de matériel d'ostéosynthèse, rendant ainsi cette tech-
ser le signal de l'onde RF lors de l'impulsion et permet de nique intéressante chez les patients précédemment opérés [9].
s'affranchir en partie des problèmes d'homogénéité de B0.
L'extinction du signal graisseux est supérieure à la simple fat
sat au prix d'un discret lissage de l'image. Matériel chirurgical et séquences
Les séquences STIR donnent un « mélange » de pondé-
ration T1 et T2. Les tissus dont le T1 se rapproche de la L'introduction de matériel métallique ferromagnétique ou
graisse sont aussi saturés et ces séquences ne sont donc pas non (titane, zirconium) dans l'organisme est à l'origine d'une
adaptées aux injections intraveineuse ou intra-articulaire de majoration des artéfacts de susceptibilité magnétique avec
gadolinium. Elles peuvent aussi annuler le signal des lésions les tissus environnants. Il en résulte d'importantes pertur-
mucineuses, hémorragiques et riches en contenu protéique. bations du signal, une impossibilité d'obtenir une saturation
Ces séquences sont cependant intéressantes car contrastées, de graisse satisfaisante et une distorsion géométrique gênant
peu sensibles aux inhomogénéités de champ et utiles pour l'analyse des régions anatomiques au voisinage du matériel.
étudier les régions anatomiques difficiles à positionner au Les artéfacts induits sont dépendants de la nature de l'implant,
centre de l'aimant (pied, poignet, coude). Elles sont aussi mais aussi du champ magnétique B0 et du type de séquences
utilisées dans le bilan lombopelvien des spondylarthropa- utilisées. Pour pouvoir obtenir des images exploitables, il est
thies séronégatives et pour l'étude des prothèses. donc impératif d'adapter les séquences chez ces patients. Il
Une troisième technique dite « in-op » est utilisée surtout faut privilégier les séquences TSE avec des TE intermédiaires
en EG T1, reposant sur la différence de phase des protons (pondération DP), un train d'écho et un nombre d'excitations
hydriques et graisseux en fonction du TE, permettant soit augmentés, les bandes passantes d'émission et de réception
d'additionner (in-phase) le signal des protons, soit de le larges (aux dépens du RSB qui va s'altérer et du SAR ou spe-
soustraire (opposition de phase), rendant les structures cific absorption rate), les matrices élevées (notamment dans
modérément riches en graisse plus ou moins intenses selon la direction de la fréquence) avec des coupes relativement
le TE. Cette technique est intéressante pour l'étude de fines et les techniques de type Dixon et surtout STIR, moins
structures dont le contenu graisseux est modéré et est sur- sensibles que les techniques de saturation de graisse. D'autres
tout utilisée en pathologie hépatique (stéatose) ou surréna- techniques peuvent être utilisées comme le VAT (view angle
lienne (incidentalome versus métastase), nettement moins tilting), le SEMAC (slice encoding for metal artifact correction)
en pathologie ostéoarticulaire où elle peut être éventuelle- ou le MAVRIC (multi-acquisition variable-resonance image
ment intéressante dans le bilan d'un lipome arborescent à combination). Ces techniques permettent l'analyse de l'os et
la recherche d'inclusions graisseuses synoviales de petite de la capsule articulaire au contact de l'implant métallique.
taille échappant aux techniques de suppression de graisse Les artéfacts de susceptibilité étant par ailleurs dépendants de
classiques. l'intensité du champ B0, les machines à 1,5 T seront préférées
La technique de water-excitation (WE) est plus intéres- à celles à 3 T pour explorer ces patients [10].
sante, permettant d'obtenir des images de qualité identiques
à celle des fat sat, quelles que soient la séquence (SE, TSE,
EG) ou la pondération (T1, DP, T2). À la place d'une impul-
Les paramètres
sion de saturation préparatoire comme dans la fat sat, cette L'analyse multiplanaire est indispensable quelle que soit
technique repose sur l'excitation coupe à coupe (dans le sens l'articulation étudiée, les plans de coupes étant adaptés
du gradient z) des protons hydriques. Les avantages com- à la pathologie. Les matrices habituellement utilisées en
parativement à la fat sat sont multiples. Elles diminuent les ­ostéoarticulaire sont du type 256 × 256 pour les ­articulations
186   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

périphériques. Les IRM actuelles ont la possibilité d'utiliser [11, 12]. Elle est cependant peu réalisée notamment parce
des matrices plus élevées, notamment avec les séquences qu'elle n'entraîne pas de distension articulaire. La seconde
rapides, sans perte de temps, et avec un gain important technique consiste en l'injection intra-articulaire de sérum
en résolution spatiale, permettant une imagerie en haute physiologique ou d'un liquide contenant du gadolinium
résolution. Plus le champ de la machine est élevé, plus il est (1 ml de gadolinium dans 250 ml de sérum physiologique).
possible d'acquérir des séquences en haute résolution sans Les séquences sont ensuite réalisées soit en pondération T2
conséquence sur le temps d'acquisition, ou bien au contraire en l'absence de gadolinium, soit en pondération T1 avec
de conserver une même résolution en un temps d'acquisi- saturation de graisse lors d'injection de gadolinium [13]. La
tion moindre. plupart des auteurs utilisant cette technique réalisent préala-
De même, les champs de vue (fields of view [FOV]) blement une arthrographie et ajoutent de l'iode au mélange.
sont importants pour l'analyse des éléments anatomiques. L'arthro-IRM est surtout utilisée pour l'épaule, le coude, le
Certaines antennes permettent d'obtenir des FOV de 60 poignet ou la hanche, en fonction de la pathologie étudiée.
voire 40 mm. Cependant, à matrice égale, une diminution
du FOV entraîne une diminution du RSB et expose aux phé-
nomènes de repliement. Angle magique
L'épaisseur de coupe peut être abaissée à 2 mm en TSE Cet artéfact spécifique de l'IRM ostéoarticulaire se ren-
et jusqu'à 0,6 mm en 3D. L'épaisseur de coupe influence contre dans les tissus très riches en collagène (tendons,
aussi le RSB et doit être déterminée en tenant compte de la cartilages, ménisques et ligaments) et dont l'orientation par
matrice et du FOV. Épaisseur de coupe et matrice entraînent rapport à B0 est proche de 55°. Il est retrouvé sur toutes les
des contraintes en ce qui concerne le temps d'examen et séquences à TE court (SE, TSE ou EG) et se traduit par un
doivent être adaptées en fonction de celui-ci. L'ensemble hypersignal pouvant faire suspecter une pathologie tendi-
des paramètres est donc important dans la mise au point des neuse ou cartilagineuse. Cet hypersignal n'est pas retrouvé
séquences, chaque modification imposant des contraintes sur les séquences à TE long et disparaît lors du changement
aux autres paramètres, la séquence idéale étant celle qui d'orientation de la structure étudiée par rapport à B0 [14].
apporte la réponse en termes de rapidité, de résolution ana- Sur les machines de 1,5 T, cet artéfact est atténué si le TE est
tomique ou de résolution en signal. supérieur à 30 ms en EG, 40 ms en SE et 70 ms en TSE [15].
La puissance du champ magnétique est par ailleurs En pratique courante, il est rencontré au niveau des ten-
importante à prendre en compte dans les paramètres des dons de la cheville sous les malléoles où les tendons changent
séquences, car plus le champ est élevé, plus les résolutions d'orientation pour prendre une direction plus verticale par
temporelle et spatiale sont importantes. Théoriquement, rapport à B0, au niveau des tendons de l'épaule et surtout du
si l'on tient compte de l'augmentation du bruit, la résolu- supra-épineux, et au niveau de n'importe quelle articulation
tion spatiale peut doubler à 3 T comparativement à 1,5 T. en fonction de l'orientation anatomique des tendons et des
De même, le temps d'une séquence pourrait être divisé par ligaments (fig. 12.1). Il est toutefois isolé, sans épaississe-
deux. En pratique et pour de multiples raisons, ces gains ne ment et sans anomalie de signal des tissus de voisinage qui
sont pas toujours aussi conséquents. accompagnent habituellement les lésions tendineuses. On
le rencontre aussi au niveau des ligaments (fig. 12.2), et des
cartilages articulaires en fonction de l'orientation des diffé-
Arthro-IRM rentes couches le constituant, cela rend l'analyse du signal
Deux techniques sont utilisées pour modifier le contraste cartilagineux difficile. Ainsi, le diagnostic de chondropathie
intra-articulaire. La première consiste à étudier l'articu- ou de tendinopathie devant un hypersignal ne peut être
lation 45 à 60 minutes après injection IV de gadolinium porté que sur les échos tardifs des séquences SE pondérées

a b c
Fig. 12.1 Angle magique. (a, b) Tendon court fibulaire en hypersignal sur une coupe sagittale en DP, la mesure de l'angle sur l'image b montrant
une orientation de 55° du tendon par rapport à B0. (c) Le tendon court fibulaire est en hyposignal normal sur la même coupe en pondération T2.
Chapitre 12. Principes techniques basiques en IRM ostéoarticulaire    187

Références
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indication à l'examen IRM ; il peut cependant être source [15] Li T, Mirowitz SA. Manifestation of magic angle phenomenon compara-
d'artéfacts d'autant plus gênants que ce matériel est ancien, tive study on effects of varying echo time and tendon orientation among
various MR sequences. Magn Reson Imaging 2003 ; 21(3) : 741–4.
et nécessite l'utilisation de séquences adaptées.
Chapitre
13
IRM de l'épaule
J.-L. Montazel, A. Kulski

PLAN DU CHAPITRE
Technique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189 IRM dans les instabilités . . . . . . . . . . . . . . . 198
IRM et coiffe des rotateurs . . . . . . . . . . . . . 189 Pathologies diverses . . . . . . . . . . . . . . . . . . 202

Technique Il faut être prudent avec les séquences en écho de gra-


dient ou en écho de spin à TE court, pondérées en T1 et
Plusieurs techniques peuvent être mises en œuvre pour densité protonique, car l'orientation des tendons les soumet
réaliser une IRM de l'épaule, soit sans contraste, soit avec au risque d'artéfact d'angle magique, en particulier le supra-
injection intra-articulaire de gadolinium (arthro-IRM). La épineux. C'est pourquoi les séquences TSE T2 à TE plus
première, la plus répandue, est le plus souvent suffisante long sont privilégiées (TE > 50 ms).
pour répondre à la problématique clinique. Dans certains En cas de suspicion de conflit postérosupérieur ou
cas, l'injection intra-articulaire de gadolinium permet d'instabilité, l'épaule pourra être positionnée en abduction
d'obtenir des renseignements plus pertinents quant à l'ori- rotation externe (ABER) pour mieux apprécier les lésions
gine des symptômes ou bien pour la décision thérapeutique. labrales et musculotendineuses.
Exceptionnellement, il peut être utile d'injecter du gadoli- La douleur, symptôme à l'origine de la plupart des indi-
nium par voie intraveineuse. L'examen est réalisé avec une cations d'IRM, est souvent génératrice de mouvements du
antenne de surface dédiée. patient, d'autant que certaines antennes rigides sont incon-
Le patient est installé confortablement, en rotation fortables. Les séquences avec correction de mouvement
externe modérée, alignant le tendon supra-épineux dans peuvent alors être utilisées en pondération T2.
le plan de l'écaille de la scapula, le bras le long du corps.
Classiquement, l'IRM est réalisée en pondération T2 avec
saturation du signal de la graisse (fat sat), avec des séquences IRM et coiffe des rotateurs
turbo spin écho (TSE) dans le plan transversal et dans des
plans coronal et sagittal obliques, respectivement parallèle et La douleur est la principale indication d'exploration de
perpendiculaire à l'axe du muscle supra-épineux. À ces trois l'épaule en pratique quotidienne. Parmi les causes de celle-
séquences s'ajoute une séquence pondérée en T1 sans satu- ci, les lésions de la coiffe des rotateurs en sont la princi-
ration de graisse, avec un champ de vue suffisamment large pale étiologie. La radiologie standard et l'échographie
pour étudier la trophicité et l'infiltration graisseuse muscu- permettent une première orientation. L'imagerie en coupe
laires dont dépend un éventuel traitement chirurgical. Cette vient alors en seconde intention pour explorer la coiffe.
séquence est réalisée dans le plan transversal et dans le plan Lorsqu'une lésion de la coiffe est diagnostiquée, l'arthros-
sagittal. L'épaisseur de coupe est de 3 à 4 mm, le champ de canner et l'arthro-IRM donnent alors des résultats équi-
vue de 12 à 15 cm. valents pour évaluer les lésions. Dans les autres cas, l'IRM
L'arthro-IRM est réalisée avec des séquences TSE pondé- permet une étude plus exhaustive des éléments anato-
rées en T1 dans les trois plans avec fat sat, complétée par une miques de l'épaule, à l'exception du cartilage, mieux évalué
séquence T2 avec fat sat dans le plan coronal oblique et par par l'arthroscanner.
une séquence T1 sans fat sat. Une séquence 3D pondérée en
T1 peut être réalisée, permettant des reconstructions dans Aspect IRM normal de la coiffe
tous les plans possibles afin de mieux apprécier le contenu
articulaire. Les séquences T1 sans fat sat permettent d'étu- et de son environnement
dier la trophicité et l'infiltration graisseuse des muscles. Les tendons, riches en fibres collagène, sont normalement
Les séquences T1 avant et après injection intraveineuse en hyposignal. Cependant, du fait d'une constitution his-
de gadolinium sont utilisées dans les pathologies tumorales tologique complexe, caractérisée par l'enchevêtrement de
et inflammatoires. couches tendineuses d'orientations différentes mélangées

IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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190   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

à des lames d'origine ligamentaire et à du tissu conjonctif Les éléments osseux sont graisseux, à l'exception des
de soutien, et du fait de la dégénérescence physiologique corticales, et se présentent en hypersignal sur les séquences
survenant avec l'âge, l'hyposignal des tendons de la coiffe T1 et T2 TSE. En FS, ils sont donc en hyposignal. Deux
est généralement hétérogène, voire intermédiaire, surtout éléments sont importants, l'apophyse coracoïde et surtout
concernant le supra-épineux [1]. Seul le tendon du long l'acromion, délimitant avec la tête humérale des défilés au
biceps (TLB) est habituellement en hyposignal marqué et sein desquels cheminent les tendons, le subscapulaire pour
homogène, comme la plupart des tendons longs à l'état nor- le premier et les supra- et infra-épineux pour le second.
mal (fig. 13.1 et 13.2). L'acromion est classé en trois types selon la morphologie de
Pour les muscles de la coiffe, la jonction myotendineuse son bord antérieur : plat dans le type 1, peu agressif pour la
se fait par plusieurs lames tendineuses, plus ou moins coiffe sous-jacente ; courbe dans le type 2 ; et crochu avec
épaisses et profondes, en nombre variable, plus nom- un bec antéro-inférieur dans le type 3, agressif vis-à-vis des
breuses pour le subscapulaire, les fibres musculaires se tendons sous-jacents avec lesquels il est susceptible d'entrer
terminant souvent à hauteur de la tête humérale et partici- en conflit. L'acromion en continuité avec le ligament acro-
pant aussi au signal intermédiaire du tendon. Les muscles miocoracoïdien forme une arche constituant le toit du défilé
sont normalement homogènes et ne contiennent pas ou au sein duquel chemine la coiffe couverte par la BSAD.
peu de graisse. Les tendons s'étudient sur l'ensemble des séquences. Le
Les articulations glénohumérale et acromioclavicu- supra-épineux est mieux apprécié sur les coupes coronales
laire ne contiennent qu'une faible quantité de liquide à et sagittales obliques, l'infra-épineux, le petit rond et le subs-
l'état normal et il en est de même pour la bourse sous- capulaire sur les coupes transversales et sagittales obliques.
acromio-deltoïdienne (BSAD). L'orientation différente des segments du TLB fait qu'il est

a b c
Fig. 13.1 Aspect IRM normal des tendons de la coiffe. (a) Coupe coronale T2 FS montrant le tendon supra-épineux (flèche). (b) Coupe sagittale
T2 FS montrant les tendons supra- (flèche) et infra-épineux (flèche pointillée). (c) Coupe transversale T2 FS montrant les tendons subscapulaire
(flèche) et du chef long du biceps (flèche pointillée).

a b c
Fig. 13.2 Aspect angio-IRM normal des tendons de l'épaule. (a) Coupe coronale T1 FS montrant le tendon supra-épineux. (b) Coupe sagittale
T1 FS montrant les supra- et infra-épineux ainsi que le subscapulaire en avant (flèche noire) et le long biceps dans son trajet articulaire (flèche
blanche). (c) Coupe transversale T1 FS montrant le subscapulaire et le chef long du biceps. Noter le signal intermédiaire des tendons sur certains
plans de coupe du fait du TE bas de la séquence (angle magique) et leur aspect hétérogène lié à la jonction myotendineuse.
Chapitre 13. IRM de l'épaule    191

étudié dans le plan sagittal oblique dans son trajet hori- v­ olontiers le supra-épineux, mais peuvent toucher isolément
zontal au sein de l'articulation et dans le plan transversal ou en association les autres tendons (fig. 13.5).
dans son trajet vertical au sein du sillon intertuberculaire. Les ruptures tendineuses sont soit partielles, intéressant
Le défilé sous-acromial est étudié dans les plans sagittal plus souvent la face profonde articulaire du tendon, moins
et coronal obliques, le plan sagittal permettant de classer souvent la face superficielle ou bursale, soit transfixiantes,
l'acromion selon sa morphologie. Le défilé coraco-huméral
est étudié dans les plans transversal et sagittal oblique. Les
muscles sont analysés dans les plans transversal et sagittal
oblique afin de rechercher une infiltration graisseuse ou une
amyotrophie.

IRM et lésions de la coiffe des rotateurs


Les lésions de la coiffe des rotateurs sont fréquentes et repré-
sentent plus de 50 % des douleurs scapulaires. Elles sont
plus fréquentes avec l'âge, surtout après 40 ans du fait de la
dégénérescence myxoïde. Avant 40 ans, elles sont surtout le
fait de traumatismes relativement violents ou répétés. Elles
sont favorisées par les anomalies de l'arche acromiocoracoï-
dienne (bec acromial, os acromial par absence de fusion du
noyau d'ossification secondaire, épaississement du ligament
acromiocoracoïdien, ostéophytose acromioclaviculaire infé-
rieure), les traumatismes répétés d'origine professionnelle
ou sportive et l'instabilité quelle qu'en soit l'origine. Bien que
la face superficielle des tendons soit plus exposée, les lésions
prédominent sur le versant articulaire, notamment pour le
supra-épineux qui présente une lame tendineuse profonde
plus fine et surtout peu vascularisée au niveau d'une zone
critique située environ 1 cm avant sa terminaison.
Les lésions vont des simples atteintes dégénératives à la
a
rupture complète et transfixiante. Elles prédominent sur
le supra-épineux. Les lésions de tendinose se caractérisent
par un épaississement avec élévation du signal tendineux,
non liquidien (fig.  13.3). Elles peuvent s'associer à des
anomalies de signal du tubercule majeur et à une bursite
sous-­acromiale se traduisant par un épaississement des
parois bursales à plus de 3 mm plus ou moins congestif,
s'associant alors à un épanchement liquidien au sein de la
bourse (fig. 13.4). Ces lésions dégénératives intéressent plus

b
Fig.  13.4 Tendinose du supra-épineux avec bursite. (a) Coupe
coronale T2 FS montrant un tendon hétérogène, sans signal liquidien,
avec hypersignal osseux du tubercule majeur et bursite sous-acromiale
(flèches). (b) Coupe coronale angio-IRM T1 FS montrant l'absence de
Fig. 13.3 Tendinose du supra-épineux. Coupe coronale T2 FS mon- rupture associée. La tendinose et la bursite ne sont pas appréciables
trant un tendon épaissi et de signal élevé, non liquidien (flèche). sur cette séquence.
192   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

a b c
Fig. 13.5 Tendinose isolée de l'infra-épineux. L'IRM montre un épaississement hétérogène de signal intermédiaire du tendon situé à la partie
postérosupérieure de la tête humérale. (a) Coupe coronale T2 FS. (b) Coupe sagittale T2 FS montrant les tendons infra- (flèche) et supra-épineux
(flèche pointillée). (c) Coupe transversale T2 FS.

à une dégénérescence kystique intramusculaire ou à un cli-


vage intratendineux (dissection lamellaire), se traduisant
l'un et l'autre par une augmentation du signal longeant les
fibres tendineuses jusqu'à la jonction myotendineuse, le
kyste, liquidien, présentant un hypersignal intense sur les
séquences pondérées en T2. Certaines ruptures partielles
sont purement intratendineuses, n'atteignant ni les fibres
profondes, ni les fibres superficielles. Elles sont souvent dis-
tales, intéressant l'enthèse, et non opacifiées par le contraste
intra-articulaire (fig. 13.8). Elles sont de diagnostic facile
lorsque leur signal est liquidien, de diagnostic plus délicat
en cas de signal intermédiaire [2].
Les ruptures transfixiantes sont de diagnostic plus aisé,
d'autant qu'il existe souvent un épanchement non seulement
dans l'articulation glénohumérale, mais aussi dans la BSAD ;
toutefois, un épanchement peut exister dans les deux com-
partiments en dehors d'une rupture tendineuse. Lorsqu'elle
Fig.  13.6 Rupture partielle superficielle du supra-épineux. est complète, le tendon a tendance à se rétracter, l'hypersignal
Coupe coronale T2  FS montrant une interruption de la lame tendi- liquidien étant alors plus étendu et le tendon présentant une
neuse ­superficielle (flèche) avec signal liquidien intratendineux lié à un interruption bien nette (fig. 13.9). La rétraction est minime
­épanchement sous-acromial associé (flèche pointillée). si le tendon reste en regard du tubercule majeur. Elle est
intermédiaire si le fragment tendineux proximal est situé à
l'aplomb de la tête humérale et sévère s'il se rétracte à hauteur
c'est-à-dire étendues sur toute l'épaisseur du tendon, de la ou en dedans de l'interligne glénohuméral. Plus le tendon est
face profonde à la superficie. Elles peuvent être incomplètes, rétracté, plus la réparation chirurgicale sera difficile, surtout
n'intéressant qu'une partie du tendon, antérieures ou pos- si la rupture est ancienne et la qualité du tendon mauvaise.
térieures, soit complètes, intéressant toute l'étendue du ten- L'évolution naturelle de la rupture du supra-épineux se
don et exposant celui-ci au risque de rétraction [1]. fait en général vers l'extension, soit postérieure, soit anté-
Dans les ruptures partielles, le signal tendineux est élevé rieure. En arrière, elle s'étend à l'infra-épineux, d'autant plus
et hétérogène. Le tendon lésé est aminci, irrégulier, avec facilement que les deux tendons sont intimement liés. Ainsi,
interruption de son hyposignal habituel, soit sur son versant les clivages de l'infra-épineux sont fréquemment associés
profond, soit sur son versant superficiel (fig. 13.6). Lorsque à des ruptures transfixiantes du supra-épineux. À un stade
le signal est liquidien, la rupture pose peu de problème. plus avancé, le tendon peut se rompre en totalité et, dans
Cependant, le signal ne peut être que modérément élevé du les grandes ruptures anciennes, la rupture peut s'étendre au
fait de la présence de tissu cicatriciel, rendant le diagnos- petit rond. Le muscle infra-épineux est relativement exposé
tic de rupture difficile en l'absence d'opacification intra- au risque d'infiltration graisseuse, même lorsque son tendon
articulaire (fig. 13.7). L'arthro-IRM est donc supérieure à n'est pas complètement rompu. L'infra-épineux est rarement
l'IRM simple dans ce cas, le contraste remplissant la zone atteint isolément (fig. 13.10). Il peut toutefois être le siège
de rupture qui apparaît très nettement en hypersignal sur d'une lésion particulière caractérisée par une rupture de la
les séquences T1. Les ruptures partielles peuvent s'associer jonction myotendineuse comme celle que l'on rencontre
Chapitre 13. IRM de l'épaule    193

Fig.  13.8 Rupture intratendineuse du supra-épineux. (a) Coupe


coronale T2  FS montrant un hypersignal liquidien intratendineux.
(b)  Coupe sagittale T2  FS latérale montrant l'hypersignal localisé au
sein du tendon.

a minima (fig. 13.11). À un stade plus évolué, il existe une


rétraction de la jonction myotendineuse avec amyotrophie
et infiltration graisseuse irréversible du muscle, la cicatrice
b pouvant se calcifier [3].
En avant, la rupture du supra-épineux peut se prolonger
Fig. 13.7 Rupture partielle profonde du supra-épineux. (a) Coupe
coronale T2  FS montrant une face profonde tendineuse de signal
par l'intervalle des rotateurs à la partie supérieure du sub­
modérément élevé, hétérogène, non liquidien (flèche) malgré l'épan- scapulaire. Ce dernier est donc fréquemment le siège d'une
chement intra-articulaire. (b) Reconstruction coronale d'une séquence désinsertion supérieure de ses fibres profondes, plus ou
3D T1 FS après opacification articulaire montrant une face profonde moins étendue en hauteur et s'associant parfois à un clivage
partiellement continue et une opacification intratendineuse, non intratendineux (fig. 13.12). L'atteinte isolée de ce muscle
transfixiante (flèche). L'arthro-IRM montre mieux la lésion et son exten- est plus rare et survient plus volontiers dans un contexte
sion, dissociant la fissure du reste du tendon. traumatique avec risque de rupture complète du tendon
s'associant parfois à une instabilité du TLB. Ce tendon
peut être le siège de lésions dans les exceptionnels conflits
dans les traumatismes des muscles des membres inférieurs. sous-coracoïdiens, caractérisés par des douleurs antérieures
Le diagnostic est confirmé par l'IRM qui montre à la phase notamment en rotation interne lorsque le tubercule mineur
aiguë un œdème en hypersignal T2 de la jonction myoten- vient au contact de la coracoïde. Ce conflit est clinique et
dineuse, respectant le tendon distal, les autres tendons étant il n'y a pas de consensus sur la mesure seuil au-dessous de
par ailleurs normaux ou bien ne présentant que des lésions laquelle l'espace sous-coracoïdien est considéré comme
194   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

Fig. 13.10 Rupture transfixiante de l'infra-épineux. Coupe sagit-


tale T2 FS montrant une rupture transfixiante supérieure du tendon,
avec un hypersignal liquidien diffusant de part et d'autre du tendon
(flèche noire). Le supra-épineux est normal (flèche blanche).

à apprécier sur les différentes séquences (fig. 13.14). Il est


donc toujours important de prendre connaissance du dos-
a sier radiologique avant de réaliser l'IRM.
Le TLB est anormal dans plus de la moitié des lésions
de la coiffe. Il peut présenter des lésions de tendinose, des
signes de rupture ou d'instabilité. Les lésions de tendinose se
manifestent par une augmentation du calibre du tendon qui
apparaît en hypersignal sur les coupes sagittales obliques,
les lésions prédominant dans le trajet articulaire (fig. 13.15).
Parfois, le tendon peut présenter un clivage longitudinal,
séparant le tendon en deux dans son grand axe (fig. 13.16).
Cela s'accompagne souvent de douleurs antérieures invali-
dantes. Dans les ruptures, le tendon n'est plus individualisé
dans ses différents segments, avec un sillon intertuber-
culaire déshabité. Dans les instabilités, qui résultent d'une
rupture du tendon subscapulaire ou du ligament huméral
transverse qui recouvre le sillon intertuberculaire, le TLB
continu présente un trajet vertical anormal, cheminant en
avant du tubercule mineur, soit en avant du tendon subs-
capulaire lorsque seul le ligament transverse est rompu
(fig. 13.17), soit au sein du tendon ou à la face profonde de
celui-ci lorsque le subscapulaire est rompu (voir fig. 13.12).
b Un épanchement intra-articulaire est souvent associé
aux lésions de la coiffe. Dans les ruptures transfixiantes, la
Fig.  13.9 Rupture transfixiante du tendon supra-épineux. (a) BSAD est elle aussi souvent le siège d'un épanchement. Il se
Coupe coronale T2  FS montrant un hypersignal élevé à la place du traduit par un hypersignal T2 et un hyposignal T1. Il peut
tendon avec rétraction minime de celui-ci (flèche). (b) Coupe coronale
toutefois exister un épanchement dans les deux comparti-
T1 FS avec opacification intra-articulaire montrant la communication
entre le compartiment articulaire et la bourse sous-acromiale opacifiée.
ments sans rupture transfixiante. Dans ce cas, l'arthro-IRM
est plus discriminante que l'IRM simple car l'épanchement
en hypersignal T2 est visible sur toutes les séquences T2 de
pathologique en IRM, d'autant que les examens sont réali- l'IRM et sur la séquence T2 de l'arthro-IRM, alors que sur
sés avec des degrés de rotation variables (il semble qu'il soit les séquences T1 de l'arthro-IRM, seul le contenu articulaire
normalement supérieur à 5,5 mm). Le tendon peut dans ces est en hypersignal ; la BSAD ne communiquant pas avec
cas présenter des lésions de tendinose chronique, voire des l'articulation, elle est alors en hyposignal. Si la BSAD est en
signes de rupture. L'IRM est peu fiable pour le diagnostic de hypersignal sur les séquences T1 de l'arthro-IRM, c'est qu'il
désinsertion profonde, l'injection intra-articulaire rendant existe une rupture transfixiante de la coiffe (se méfier de la
la technique plus sensible. Les ruptures complètes sont de diffusion de contraste par le point de ponction articulaire
diagnostic plus facile (fig. 13.13). lorsque celui-ci est dans l'intervalle des rotateurs ; l'analyse
Un hypersignal intratendineux peut être dû à la pré- rigoureuse des tendons permet d'éliminer une rupture). Un
sence d'une calcification en phase douloureuse aiguë. La épanchement isolé de la BSAD peut être le seul signe de
calcification elle-même étant en hyposignal, elle est difficile conflit sous-acromial ; il faut cependant éliminer les autres
Chapitre 13. IRM de l'épaule    195

a b c
Fig.  13.11 Rupture myotendineuse de l'infra-épineux avec hématome en hypersignal hétérogène siégeant en amont du tendon
distal. (a) Coupe coronale T2 FS. (b) Coupe sagittale T2 FS. (c) Coupe transversale T2 FS.

a b c
Fig. 13.12 Lésion du tendon subscapulaire. (a) Coupe coronale T2 FS antérieure montrant un tendon discontinu, de signal élevé et hétérogène
(flèche) au sein duquel on distingue le chef long du biceps (flèche pointillée). (b) Coupe sagittale T2 FS montrant la lésion du subscapulaire (flèche)
et le tendon bicipital instable (flèche pointillée) ainsi qu'une rupture des supra- et infra-épineux (tête de flèche). (c) Coupe transversale montrant
la rupture profonde du subscapulaire (flèche), le tendon bicipital luxé (flèche pointillée) avec un sillon intertuberculaire vide (flèche noire) et un
hypersignal du tubercule mineur (tête de flèche).

a b c

Fig.  13.13 Lésions du subscapulaire. (a–c) Rupture par-


tielle traumatique du tendon. Coupe sagittale  T2  FS  (a),
coupe coronale T2 FS (b) montrant l'interruption des lames
tendineuses moyennes du tendon (flèche), les lames supé-
rieure et inférieure restant continues ; coupe transversale
T2  FS (c) montrant une désinsertion profonde (flèche).
(d, e) Désinsertion profonde dégénérative. Coupe transver-
sale T2 FS (d) montrant un tendon superficiel grêle (flèche)
séparé du tubercule mineur par du liquide articulaire. Coupe
transversale T1 (e) montrant une dégénérescence graisseuse
d e du muscle.
196   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

a b c
Fig.  13.14 Calcification du supra-épineux à l'origine d'un épaississement hétérogène du tendon et d'une bursite sous-acromiale.
(a) Coupe coronale T2 FS. (b) Coupe sagittale T2 FS montrant la calcification sous forme nodulaire en hyposignal marqué (flèche), silhouettée
par un discret hypersignal tendineux et par la bursite (flèche pointillée). (c) Coupe transversale T2 FS montrant le caractère nodulaire et focal de
l'hyposignal calcique (flèche).

a b c
Fig. 13.15 Tendinose du chef long du biceps. (a) Coupe sagittale T2 FS montrant un tendon du long biceps intra-articulaire épaissi et de signal
élevé à la partie antérieure de l'articulation (flèche). (b, c) Coupes transversales T2 FS montrant l'épaississement intra-articulaire (b) (flèche) et un
signal hétérogène du tendon dans le sillon intertuberculaire (c) (flèche).

causes d'épanchement, en particulier les bursites infec- elles ont une incidence sur le résultat de la réparation en cas
tieuses ou inflammatoire (polyarthrite rhumatoïde). Des d'intervention. Une rupture ancienne s'associant à une infil-
corps étrangers peuvent se voir au sein de l'épanchement tration graisseuse importante et à une amyotrophie mar-
intra-articulaire, d'autant plus que les lésions sont anciennes quée incitera à réaliser une arthroplastie avec mise en place
et qu'une arthrose complique la rupture. d'une prothèse inversée plutôt que de tenter une réparation
L'analyse des éléments osseux permet de mettre en évi- tendineuse.
dence des signes d'instabilité, la tête humérale étant excen- La dégénérescence musculaire est en général secondaire à
trée, soit dans le plan coronal, soit dans le plan transversal la rupture du tendon ou à une dénervation. Elle a été classée
(fig. 13.18). Au maximum, la tête humérale vient au contact en cinq stades [4]. Un corps musculaire sans graisse corres-
de l'acromion dans les vastes ruptures anciennes. Des pond au stade 0. La présence de quelques stries graisseuses
lésions d'omarthrose peuvent se voir avec des remaniements en faible nombre correspond au stade 1. Des stries grais-
osseux sous-chondraux, plus fréquents sur le versant glénoï- seuses en plus grand nombre, intéressant toutefois moins
dien. L'acromion est analysé dans le plan sagittal oblique et de la moitié du corps musculaire, correspondent au stade 2.
la présence d'un bec ou d'un os acromial doit être signalée. Dans le stade 3, les stries graisseuses sont en proportion
De même, des remaniements dégénératifs de l'articulation équivalente au reste du muscle. Le stade 4 correspond à une
acromioclaviculaire peuvent se voir avec parfois une ostéo- prédominance de la graisse comparativement au tissu mus-
phytose inférieure agressive pour le versant superficiel du culaire (fig. 13.19). Le stade 2 correspond à un stade char-
supra-épineux. Les lésions chondrales et labrales sont plus nière puisque, au-delà, le risque de rupture itérative après
difficiles à voir, y compris en arthro-IRM, l'arthroscanner réparation chirurgicale est plus important.
étant plus sensible pour ces lésions. L'infiltration ou dégénérescence graisseuse a été initiale-
Les ruptures tendineuses peuvent s'accompagner de ment évaluée sur des coupes scannographiques transversales
modifications musculaires. Il s'agit d'atrophie ou d'infiltra- passant par l'ensemble des corps musculaires. Elle nécessite
tion graisseuse. Ces deux anomalies sont importantes car donc une fenêtre de visualisation élargie incluant l'ensemble
Chapitre 13. IRM de l'épaule    197

b
Fig.  13.16 Tendinose bicipitale avec clivage longitudinal. (a)
Coupe sagittale T2 FS montrant un tendon en hypersignal et épaissi
(flèche) en arrière de la coracoïde (flèche pointillée). (b) Coupe trans-
versale T2  FS montrant les deux faisceaux tendineux dans le sillon
intertuberculaire silhouettés par le liquide contenu dans la gaine bici-
pitale (flèche). b
Fig. 13.17 Instabilité du tendon bicipital. (a) Coupe coronale T2 FS
de l'écaille de la scapula. Elle peut intéresser l'ensemble du antérieure montrant le tendon du long biceps luxé (flèche) en avant
muscle ou bien une partie de celui-ci, nécessitant ainsi la du subscapulaire, dans le même plan que le tendon du court biceps
visualisation de la totalité du corps musculaire. La moyenne (flèche pointillée). (b) Coupe transversal T2 FS montrant le tendon du
des infiltrations graisseuses des supra- et infra-épineux et long biceps (flèche) en avant du subscapulaire non rompu.
du subscapulaire correspond à l'index de dégénérescence
graisseuse globale (IDG) qui est la somme des stades d'infil-
tration graisseuse divisée par le nombre de muscles.
L'analyse de la trophicité musculaire ne concerne que Le stade 2 correspond à une atrophie modérée avec un taux
le muscle supra-épineux et est appréciée en IRM sur une d'occupation compris entre 0,4 et 0,6. Enfin, le stade 3 cor-
coupe sagittale oblique pondérée en T1, dite en Y, passant respond à une atrophie sévère avec un taux d'occupation
entre le bord médial de la coracoïde et le bord latéral de inférieur à 0,4. Ce dernier stade est le plus important
l'échancrure spinoglénoïdienne [5]. Elle est déterminée par puisqu'il correspond en général à une rupture étendue dans
le taux d'occupation du corps charnu du supra-épineux par le plan sagittal et frontal avec un risque de rupture itérative
rapport à la fosse osseuse limitée en haut par l'extrémité important après réparation chirurgicale. Certains appré-
de la clavicule, correspondant au rapport de la superficie cient sur cette coupe l'infiltration graisseuse musculaire.
du muscle sur celle de la fosse supraspinale qui le contient. Cependant, les muscles sont vus dans leur petit axe et la sta-
Le stade  1 correspond à une trophicité normale ou une dification de l'infiltration musculaire est plus délicate. De
atrophie faible avec un taux d'occupation supérieur à 0,6. même, le plan de coupe coronal ne permet pas d'apprécier
198   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

la trophicité musculaire ni l'infiltration graisseuse de satisfaisant. L'atrophie dépend en particulier de la rétraction


manière satisfaisante. tendineuse, d'autant qu'elle est mesurée sur une coupe pas-
Infiltration graisseuse et atrophie musculaire sont asso- sant par la partie latérale du corps musculaire. C'est aussi
ciées, sans pour autant être parfaitement corrélées. Ainsi, le la raison pour laquelle l'atrophie peut être réversible après
supra-épineux peut être atrophié, sans infiltration significa- réparation chirurgicale.
tive (fig. 13.20). À l'opposé, il peut présenter un remplace- L'IRM peut aussi être utilisée pour la surveillance des
ment graisseux tout en conservant un volume relativement patients ayant bénéficié d'une réparation chirurgicale de la
coiffe des rotateurs. En effet, la plupart des coiffes sont réparées
actuellement sous arthroscopie en utilisant des vis ou ancres
de réinsertion soit métalliques, soit résorbables, entraînant
très peu d'artéfacts de susceptibilité magnétique, permettant
une analyse satisfaisante de la coiffe et de son environnement.
L'IRM recherche avant tout des signes de rupture itérative ou
de complication, notamment de migration du matériel de
ténodèse. Les tendons réparés doivent être continus, mais leur
signal reste hétérogène même dans les réparations fonction-
nellement satisfaisantes. Seuls 10 % des tendons réparés pré-
sentent un signal normal après réparation [6].

IRM dans les instabilités


L'instabilité antérieure est la plus fréquente, correspondant à
90 % des instabilités de l'épaule. Après un premier épisode de
luxation, plus le patient est jeune, plus le risque de récidive de
Fig. 13.18 Instabilité en rapport avec une vaste rupture de coiffe luxation est élevé. Après 40 ans, le risque d'instabilité chronique
ancienne. Coupe coronale T2  FS montrant un contact acromio­ est moindre, et les lésions de la coiffe sont alors prédominantes.
huméral par ascension de la tête humérale consécutive à la rupture L'instabilité postérieure est plus rare et favorisée par l'hypo-
des supra- et infra-épineux. plasie glénoïdienne, les crises comitiales et les électrocutions.
L'instabilité multidirectionnelle associe une instabilité antérieure
ou postérieure à une instabilité inférieure. Elle se rencontre chez
des patients présentant des anomalies des tissus conjonctifs ou
bien pratiquant la natation ou la gymnastique [7].
L'IRM simple peut montrer les lésions osseuses et tendi-
neuses liées à l'instabilité. L'arthro-IRM est plus précise, per-
mettant une meilleure analyse du complexe capsulolabral.
Le labrum est habituellement en hyposignal sur toutes
les séquences, mais peut présenter un aspect hétérogène en
Fig.  13.19 Dégénérescence graisseuse des muscles de la coiffe l'absence de lésion. Plus souvent triangulaire que rond, il
sur une séquence transversale T1. (a) Coupe passant par la fosse peut être plat ou absent. Son attache glénoïdienne est relati-
supra-épineuse montrant une dégénérescence graisseuse de stade  3 vement lâche à sa partie supérieure, mais il est normalement
du supra-épineux. (b) Coupe plus inférieure montrant une dégénéres- bien inséré sur toute sa moitié inférieure où prédominent
cence de stade 4 de l'infra-épineux et du subscapulaire. habituellement les lésions d'instabilité [8].

Fig. 13.20 Trophicité du muscle supra-épineux. Coupes sagittales T1 en « Y » chez trois patients différents. (a) Trophicité normale où le muscle
occupe toute la fosse supra-épineuse. (b) Amyotrophie sévère sans dégénérescence graisseuse apparente. (c) Amyotrophie sévère s'accompagnant
d'une dégénérescence graisseuse musculaire.
Chapitre 13. IRM de l'épaule    199

Dans l'instabilité antérieure, l'aspect le plus habituelle-


ment rencontré est la lésion de Bankart qui associe lésions
labrales, ligamentaires glénohumérales inférieures et cap-
sulopériostées. Dans la lésion de Perthes, il n'y a pas de
rupture capsulopériostée, mais un décollement labral du
périoste antérieur et inférieur de la glène, non rompu. Le
labrum peut alors rester en place et prendre un aspect cica-
triciel pseudonormal, alors que l'épaule est instable. Dans la
lésion de type ALPSA (anterior labroligamentous periostal
sleeve avulsion), le complexe labroligamentaire est basculé
et retroussé comme une manche autour de la glène. La
lésion de type HAGL (humeral avulsion of the glenohumeral
ligament) renvoie à une rupture ligamentaire à son attache
humérale et peut s'associer à une lésion du tendon du sub­
scapulaire (fig. 13.21). Elle est parfois associée à un arra-
chement osseux huméral. Certaines instabilités récurrentes
associent des lésions de type de Bankart et HAGL [7].
Dans la lésion de Bankart ou de Perthes, l'avulsion labrale
se traduit par un signal labral hétérogène et par du liquide
ou du contraste séparant le labrum de la cavité glénoïdienne,
a avec en plus dans la lésion de Bankart un décollement cap-
sulopériosté (fig. 13.22) élargissant le récessus articulaire
antérieur et pouvant parfois s'associer à une lésion chon-
drale au contact de l'insertion labrale (GLAD lesion ou gle-
noid labral articular defect). La lésion de Perthes est parfois
mieux appréciée sur les coupes réalisées en ABER. Dans
la lésion de type ALPSA, le labrum détaché est refoulé en
avant et en dedans de la cavité glénoïdienne.
Les lésions osseuses glénoïdiennes se traduisent par un
hypersignal à la phase aiguë (fig. 13.23). À la phase chro-
nique, l'hypersignal osseux disparaît et les petites lésions
fracturaires sont difficiles à voir en IRM. Les lésions de type
HAGL sont beaucoup plus rares, survenant surtout lors de
traumatismes sportifs violents entraînant une désinsertion
humérale du ligament glénohuméral inférieur avec élargisse-
b ment du récessus articulaire inférieur le long du col huméral
Fig.  13.21 Lésion de type HAGL. (a) Coupe transversale T2  FS plus ou moins associé à une avulsion osseuse en hypersignal
montrant une rupture du ligament glénohuméral moyen (LGHM) et à la phase aiguë. La perte osseuse glénoïdienne s'apprécie sur
du tendon subscapulaire (flèche). (b) Coupe sagittale T2 FS montrant les séquences sagittales où la glène présente habituellement
les lésions ligamentaire et tendineuse (flèche) ainsi qu'un hypersignal une forme de poire. La perte de substance osseuse intéresse
osseux à l'insertion humérale du LGHM (flèche pointillée). la partie antéro-inférieure de la cavité glénoïdienne.

a b c
Fig. 13.22 Lésion de Bankart. (a, b) Arthro-IRM. (a) Coupe transversale T1 FS montrant le décollement capsulopériosté et la désinsertion labrale
antéro-inférieure (flèche). (b) Coupe sagittale T1 FS montrant le décollement capsulopériosté et la perte osseuse antérieure de la cavité glénoï-
dienne (flèche). (c) Autre patient. Coupe transversale T2, sans opacification intra-articulaire montrant la lésion de Bankart (flèche).
200   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

La luxation humérale s'accompagne habituellement d'une


fracture supéropostérieure de la tête humérale (fracture de
Malgaigne ou Hill-Sachs) se traduisant par un hypersignal
osseux initial et par une encoche du contour osseux normale­
ment circulaire, qui est le seul signe à distance de la luxa-
tion (fig. 13.24). Les petites déformations sont plus faciles à
apprécier au scanner. Les lésions osseuses sont importantes
car elles jouent un rôle dans la décision thérapeutique.
Après 40 ans, la luxation antérieure s'associe volontiers
à des lésions traumatiques de la coiffe, le supra-épineux
étant le plus souvent lésé. Dans les lésions de type HAGL, le
subscapulaire peut être totalement désinséré de son attache
humérale (fig. 13.21). Ces lésions sont aisément visualisées
en IRM. Des lésions chondrales peuvent aussi se rencontrer,
surtout dans les instabilités chroniques, et sont au mieux
appréciées par arthro-IRM.
a Dans l'instabilité postérieure, l'IRM montre des lésions
labrales, capsulopériostées et osseuses comparables à celles
de l'instabilité antérieure, mais intéressant la partie pos-
térieure de la cavité glénoïdienne (fig. 13.25). L'IRM peut
montrer de plus une dysplasie glénoïdienne. Une contusion
osseuse antérieure de l'humérus peut aussi se voir initiale-
ment, équivalent de la fracture de Malgaigne (encoche de
McLaughlin). Dans les luxations anciennes, une ossification
rétroglénoïdienne (lésion de Bennett) peut apparaître, plus
facile à caractériser en scanner qu'en IRM.
L'imagerie des instabilités multidirectionnelles est plus
subtile, montrant souvent une augmentation du volume du
récessus articulaire inférieur et des lésions labrales, anté-
rieures ou postérieures, isolées.
Le labrum supérieur peut être le siège de lésions particulières
appelées SLAP (superior labrum anterior and posterior) lésions.
Celles-ci intéressent le labrum et l'insertion sur celui-ci du TLB.
Elles se caractérisent par une désinsertion glénoïdienne du
b labrum supérieur en regard de l'attache du TLB, se prolongeant
Fig.  13.23 Instabilité. Lésion osseuse glénoïdienne. (a) Coupe en avant et en arrière de celle-ci. Le labrum est alors séparé de
sagittale T2 FS passant par l'anneau labral et montrant l'interruption la glène sur sa partie supérieure. Cette lésion est parfois dif-
labrale antéro-inférieure (flèche). (b) Coupe sagittale T2 FS montrant ficile à distinguer d'un banal récessus labral supérieur qui ne
un hypersignal osseux en rapport avec la contusion glénoïdienne s'étend cependant presque pas au-delà du TLB. Différents types
(flèche). de SLAP lésions ont été décrits, allant de simples lésions dégé-

a b c
Fig. 13.24 Fracture de Malgaigne. (a, b) Luxation récente montrant un hypersignal postérosupérieur de la tête humérale (flèche). Coupe frontale
T2 FS postérieure (a) et transversale T2 FS supérieure (b). (c) Coupe transversale T2 FS montrant une vaste encoche postérieure dans une luxation
ancienne (flèche).
Chapitre 13. IRM de l'épaule    201

a b c
Fig.  13.25 Luxation postérieure. (a) Coupe sagittale T2  FS montrant un hypersignal huméral antérieur en regard du tendon subscapulaire
(flèche). (b) Coupe sagittale T2 FS montrant un hypersignal postérieur de la cavité glénoïdienne (flèche) et du périoste (flèche pointillée). (c) Coupe
transversale T2 FS montrant une désinsertion labrale postérieure (flèche) et l'hypersignal du périoste postérieur de la glène (flèche pointillée).

a b c

Fig. 13.26 SLAP lésion chez un patient présentant par ailleurs une instabilité antérieure.
(a) Coupe coronale T2 FS montrant un hypersignal hétérogène du labrum supérieur et de l'inser-
tion labrale du tendon du long biceps (flèche). (b) Coupe coronale T1 FS après injection intra-
articulaire de gadolinium (IIAG), montrant l'opacification de l'insertion labrale du TLB. (c) Coupe
transversale T1 FS après IIAG montrant l'opacification de la désinsertion de tout le labrum supé-
rieur (flèche) ainsi qu'une fracture de Malgaigne (flèche pointillée). (d) Coupe sagittale T1 FS
après IIAG montrant l'extension postérieure de la SLAP lésion (flèche) et la désinsertion labrale
d antérieure liée à l'instabilité (flèche pointillée).

nératives labrales à la désinsertion circonférentielle totale du supérieur en dehors et la cavité glénoïdienne en dedans, sur-
labrum. Ces lésions sont fréquentes chez les sportifs pratiquant tout s'il se prolonge en dehors et en haut au sein du labrum et
des sports de lancer ou nécessitant des mouvements violents de l'insertion du TLB (fig. 13.26). Cet hypersignal doit mesurer
bras armé tels que les smatchs. L'arthro-IRM est plus sensible plus de 2 mm d'épaisseur en IRM et 2,5 mm en arthro-IRM et
que l'IRM pour caractériser ces lésions. L'aspect lésionnel se doit se prolonger sur l'attache labrale en arrière de l'insertion
caractérise par un hypersignal s'interposant entre le labrum bicipitale. Il peut s'associer à un aspect irrégulier du labrum.
202   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

En pratique, le diagnostic reste délicat, de nombreuses lésions pour la fixation du greffon coracoïdien sont à l'origine d'arté-
n'étant diagnostiquées qu'à l'arthroscopie ; de plus, la significa- fact plus gênant que les ancres utilisées pour le Bankart.
tion pathologique de ces lésions est controversée et dépend du
contexte clinique, de l'âge du patient et des lésions associées,
notamment de la coiffe [9]. Pathologies diverses
Les lésions labrales peuvent s'accompagner de kystes. Ces
derniers ont tendance à s'étendre vers les régions de moindre Capsulite de l'épaule
pression, en arrière du labrum, en dedans de la cavité glénoïde. Le diagnostic de capsulite de l'épaule est clinique, caractérisé
Ils peuvent être volumineux et, lorsqu'ils se développent à la par une douleur d'apparition progressive empêchant de dor-
partie supérieure de la cavité, ils peuvent entrer en conflit mir sur l'épaule et s'associant à une limitation progressive et
avec le nerf suprascapulaire au niveau de l'échancrure spino- invalidante de la mobilité active et passive, cela en l'absence
glénoïdienne et entraîner une souffrance des muscles supra- d'autre anomalie pouvant expliquer les symptômes. L'IRM
ou infra-épineux (fig. 13.27). Ils se présentent en hyposignal avec injection intraveineuse de gadolinium montre un
T1 et hypersignal T2 et peuvent se remplir de contraste après rehaussement capsulosynovial de l'intervalle des rotateurs et
arthro-IRM, mais la fissure labrale associée n'est pas toujours du récessus axillaire (fig. 13.28), circonscrivant le ligament
opacifiée, en particulier lorsqu'elle est de petite taille. coracohuméral épaissi (> 4 mm), le ligament glénohumé-
L'IRM peut aussi être utilisée dans le suivi des instabilités ral supérieur et l'insertion du TLB [10]. De plus, le triangle
opérées, en particulier dans les interventions de type Bankart. graisseux subcoracoïdien peut être oblitéré par un processus
Dans les butées glénoïdiennes de type Latarjet, les vis utilisées inflammatoire en hyposignal T1, visible sur les coupes trans-

a b c
Fig. 13.27 Kyste labral. (a) Coupe transversale T2 FS montrant un kyste labral postérosupérieur communicant avec l'articulation glénohumérale
par une fissure labrale postérieure (flèche). (b) Coupe sagittale T2 FS montrant l'extension supra- et rétroglénoïdienne du kyste. (c) Coupe sagittale
T2 FS plus postérieure montrant un hypersignal homogène du muscle infra-épineux en rapport avec une atteinte distale du nerf suprascapulaire.

a b c
Fig. 13.28 Capsulite. (a) Coupe transversale T1 montrant un comblement iso-intense de l'intervalle des rotateurs (flèche). (b) Coupe transversale
T1 avec injection IV de gadolinium, montrant un rehaussement de l'intervalle des rotateurs (flèche). (c) Coupe sagittale T1 FS post-injection mon-
trant le rehaussement de l'intervalle des rotateurs (flèche) et du récessus axillaire (flèche pointillée).
Chapitre 13. IRM de l'épaule    203

versales ou sagittales obliques. Ce signe spécifique est peu montrer une diminution du volume du récessus axillaire et
sensible (30 %). Plus récemment, il a été démontré la présence de la gaine du TLB. Toutefois, en l'absence de valeurs de réfé-
d'un hypersignal T2 FS du ligament glénohuméral inférieur et rence strictes, ces signes subjectifs sont difficiles à apprécier.
en périphérie de la capsule articulaire au niveau du récessus
axillaire, reflétant l'inflammation (fig. 13.29). Ces signes ont
une sensibilité et une spécificité intéressantes puisque supé-
Neuropathies
rieures à 90 % [11]. De plus, ils sont visibles sur les protocoles Les neuropathies sont à l'origine de 2 % des douleurs de
habituellement utilisés dans l'exploration d'une épaule dou- l'épaule. Elles intéressent plus particulièrement le nerf
loureuse, ne nécessitant pas de séquences supplémentaires suprascapulaire, et moins fréquemment les nerfs axillaire,
ou d'injection, qui n'est réalisée que lorsque le diagnostic cli- thoracique long, spinal accessoire ou musculocutané.
nique était déjà évocateur, rendant alors l'IRM anecdotique. Le nerf suprascapulaire naît du plexus brachial et traverse l'in-
Devant une capsulite, l'arthro-IRM présente l'avantage cisure scapulaire située en dedans de la base de l'apophyse cora-
de l'injection intra-articulaire de contraste qui se fait contre coïde, et innerve les muscles supra- et infra-épineux. Le nerf peut
résistance à partir de 4 à 5 ml et est relativement doulou- être soit comprimé, en général par un kyste, soit lésé par hyper-
reuse, caractéristiques très évocatrices du diagnostic. Elle sollicitation, en particulier chez les sportifs. La lésion nerveuse
permet l'injection dans le temps arthrographique d'un cor- peut aussi être une complication de la chirurgie, notamment de
ticoïde. Hormis les signes décrits précédemment, elle peut la coiffe. La symptomatologie est fonction du site de conflit pou-
vant affecter les deux muscles lorsque le conflit est proximal, ou
bien uniquement l'infra-épineux en cas de conflit plus distal [12].
L'IRM permet non seulement d'éliminer les autres causes
de scapulalgies, mais elle met de plus en évidence l'œdème
musculaire, conséquence précoce du conflit neurologique,
en particulier sur les séquences T2 FS où il apparaît sous
forme d'un hypersignal diffus et homogène (voir fig. 13.27).
Les séquences T1 sans FS permettent d'apprécier l'amyo-
trophie et la dégénérescence graisseuse, d'autant plus fré-
quentes que la dénervation est ancienne, au-delà de 6 mois.
L'atteinte des muscles supra- et/ou infra-épineux est caracté-
ristique d'une lésion du nerf suprascapulaire. L'IRM permet
de plus de rechercher une compression, en particulier par
un kyste de l'échancrure spinoglénoïdienne ou une tumeur.
L'atteinte du nerf axillaire se fait dans l'espace quadrilatère
de Velpeau limité en haut par le bord inférieur du petit rond,
en bas par le bord supérieur du grand rond, en dedans par le
chef long du triceps brachial et en dehors par le col chirurgi-
cal de l'humérus. Elle est parfois en rapport avec des bandes
fibreuses. En IRM, l'atteinte du nerf axillaire se traduit par une
a
atteinte des muscles deltoïde et petit rond avec la même sémio-
logie que pour l'atteinte du nerf suprascapulaire. Lorsque la
branche motrice postérieure du nerf axillaire est impliquée
isolément, seul le petit rond présente des anomalies en IRM.
L'atteinte du nerf thoracique long est à l'origine du syn-
drome « des ailes d'ange » ou scapula alata, entraînant un décol-
lement avec bascule de la scapula. Il en résulte une souffrance
du muscle dentelé antérieur (fig. 13.30). L'atteinte du nerf spi-
nal accessoire donne un tableau clinique similaire avec bascule
latérale et dénervation du muscle trapèze. Cette neuropathie
est plus rare et souvent liée à un geste chirurgical (curage gan-
glionnaire cervical). L'examen IRM doit être réalisé en pleine
connaissance des symptômes cliniques, car elle nécessite un
élargissement du champ d'exploration à toute la paroi thora-
cique. L'atteinte du nerf musculocutané est à l'origine d'une
dénervation des muscles bicipital et coracobrachial [13].
L'œdème musculaire n'est pas spécifique des lésions de
dénervation et il faut envisager toutes les autres causes comme
les traumatismes, les myosites infectieuses, inflammatoires ou
b postradiques, ou encore le syndrome de Parsonage-Turner
Fig.  13.29 Capsulite. (a) Coupe coronale antérieure montrant un (SPT). Ce syndrome correspond à une névrite brachiale aiguë
hypersignal de l'intervalle des rotateurs circonscrivant le ligament coraco- et est caractérisé par un début brutal, associant douleur et
huméral (flèche). (b) Coupe sagittale T2  FS montrant l'hypersignal de faiblesse musculaire. Il intéresse surtout les nerfs suprascapu-
l'intervalle des rotateurs (flèche) et du récessus axillaire (flèche pointillée). laire (97 %) et axillaire (50 %), mais peut ­affecter d'autres nerfs
204   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

(nerfs radial, phrénique ou tout le plexus brachial) et être bila- n'intéressent qu'un seul territoire, le SPT intéresse plus sou-
téral. Une origine auto-immune est suspectée. Comme dans vent plusieurs nerfs et se traduit par un hypersignal T2 ini-
les autres neuropathies, l'IRM montre initialement un œdème tial fréquemment hétérogène (fig. 13.31) au sein de plusieurs
musculaire puis une amyotrophie et une dégénérescence groupes musculaires [14].
graisseuse musculaire. Contrairement aux neuropathies qui
Arthropathies
L'omarthrose peut être primitive ou compliquer une
rupture ancienne de la coiffe des rotateurs ou bien
une instabilité chronique. L'atteinte primitive prédo-
mine souvent à la partie postérieure de l'articulation
et sur le versant glénoïdien. Elle peut être associée à
une dysplasie glénoïdienne. Elle associe perte de subs-
a tance chondrale avec pincement articulaire, épanche-
ment intra-articulaire plus ou moins corps étrangers,
et remaniements osseux sous-chondraux et ostéophy-
tose (fig.  13.32). L'arthrose acromioclaviculaire doit

b
Fig. 13.30 Scapula alata. (a) Coupe transversale T2 FS montrant un
hypersignal du muscle dentelé antérieur droit (flèche) en rapport avec
une neuropathie aiguë du nerf thoracique long. (b) Coupe transversale
T1 montrant un autre cas avec amyotrophie et infiltration graisseuse
du muscle dentelé antérieur droit (flèche) en rapport avec une souf-
france chronique du nerf thoracique long.

b
Fig. 13.32 Omarthrose centrée. (a) Coupe transversale T2 FS mon-
trant le pincement articulaire, la perte cartilagineuse qui prédomine sur
Fig. 13.31 Syndrome de Parsonage-Turner. Coupe sagittale T2 FS la cavité glénoïdienne et les remaniements sous-chondraux. (b) Coupe
montrant un hypersignal relativement intense et hétérogène des coronale T2  FS montrant l'ostéophytose humérale inférieure (flèche)
supra- et infra-épineux. ainsi qu'un épanchement articulaire. Le supra-épineux est normal.
Chapitre 13. IRM de l'épaule    205

attirer l'attention lorsqu'il existe un aspect congestif conflexe) ou systémiques. La sémiologie IRM est identique
avec hypersignal T2 dans l'articulation et au niveau à celle de la hanche et est traitée dans le chapitre correspon-
des berges osseuses, pouvant alors être à l'origine des dant (fig. 13.35).
douleurs si le reste de l'épaule est normal. Elle peut
de plus s'accompagner d'une ostéophytose marginale
en particulier inférieure, pouvant être à l'origine de
Pathologies inflammatoires et synoviales
lésions superficielles de la jonction myotendineuse L'épaule est moins atteinte que les autres articulations dans
du supra-épineux. Il faut mentionner l'exceptionnelle les pathologies articulaires inflammatoires. Celles-ci peuvent
arthropathie syringomyélique qui se caractérise par une
destruction importante de l'épaule qui contraste avec
des symptômes cliniques mimines du fait des troubles de
la sensibilité (fig. 13.33). Une IRM médullaire confirme
le diagnostic en montrant la cavité syringomyélique
cervicale. L'épaule de Milwaukee a une présentation
similaire, avec destruction articulaire majeure, rupture
de coiffe et épanchement hémorragique, en rapport avec
une athropathie secondaire à des dépôts d'hydroxyapa-
tite. Rare, elle touche préférentiellement la femme âgée.

Fractures
L'IRM peut être réalisée dans les suites d'un traumatisme
qui reste douloureux sans lésion osseuse ou tendineuse
retrouvée sur le bilan initial. Elle peut montrer soit des
fractures occultes avec solution de continuité corticale Fig.  13.34 Contusion osseuse traumatique chez un patient
non visibles sur les clichés standard, soit une contu- restant algique malgré un bilan radio-échographique normal.
sion osseuse, comme dans les traumatismes du genou Coupe transversale T2 FS montrant une contusion du tubercule mineur
(fig. 13.34). sous forme d'un hypersignal.

Ostéonécroses
Plus rares à l'épaule qu'à la hanche ou au genou, les ostéo-
nécroses sont avant tout traumatiques (lésion de l'artère cir-

Fig.  13.33 Arthropathie syringomyélique. Coupe coronale T2  FS Fig. 13.35 Ostéonécrose de la tête humérale droite. Coupe coro-
montrant une arthropathie destructrice évoluée chez un patient pauci- nale T2 FS montrant une nécrose épiphysaire humérale avec déforma-
symptomatique, avec lacune humérale étendue, épanchement articu- tion de la plaque osseuse sous-chondrale chez un patient qui présente
laire et coiffe continue. par ailleurs un infarctus diaphysaire.
206   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

intéresser les articulations ou la bourse sous-­acromiale,


notamment dans la polyarthrite rhumatoïde. Citons l'atteinte
fréquente de l'articulation sternoclaviculaire dans le SAPHO.
L'ostéochondromatose est elle aussi plus rare à l'épaule.
L'IRM met en évidence des corps étrangers d'aspects diffé-
rents selon qu'ils sont ossifiés ou non (fig. 13.36).

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tion intraveineuse de gadolinium montrant un rehaussement synovial findings and clinical information of 27 patients. Radiology 2006 ;
circonscrivant les corps étrangers. 240 : 501–7.
Chapitre
14
IRM du coude
J.-L. Montazel, J.-L. Drapé

PLAN DU CHAPITRE
Technique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 207 Atteinte inflammatoire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212
Lésions ligamentaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208 Neuropathies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212
Lésions tendineuses. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208 Fractures. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213
Ostéochondrite disséquante,
atteinte ostéochondrale et corps étrangers
intra-articulaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 210

Technique ser des séquences STIR dont la résolution spatiale est moins
bonne et le temps d'acquisition plus long. Elle présente de
La réalisation technique d'une IRM du coude se heurte plus l'inconvénient de ne pouvoir utiliser que les antennes
à différents écueils, plus ou moins liés les uns aux autres, souples dont les performances techniques moindres donnent
concernant le positionnement du patient, l'utilisation des des images de qualité diminuée avec des temps d'acquisition
antennes et les séquences réalisées. De plus, l'IRM du coude plus longs comparativement aux antennes rigides.
est fortement concurrencée par l'échographie, son apport Une troisième position est parfois utilisée. Le patient est
dans la pathologie tendineuse ou nerveuse en faisant la en procubitus, le membre supérieur au-dessus de la tête et le
technique d'imagerie de référence en pratique quotidienne. coude fléchi à 90°, le pouce vers le haut. Elle présente l'avan-
Pour obtenir la meilleure qualité d'image, il est nécessaire tage de pouvoir analyser le tendon bicipital dans son grand
que l'articulation à explorer soit positionnée à proximité de axe jusqu'à son insertion sur la tubérosité radiale et est donc
l'isocentre du champ magnétique. Idéalement, le patient est réservée aux pathologies de ce tendon. Elle présente le même
donc en procubitus avec le membre supérieur au-dessus de inconvénient de tolérance que la position de « superman » [1].
la tête et le coude en extension, l'avant-bras en supination, Les séquences transversales sont habituellement paral-
le pouce vers le haut, dans la position de « superman » ou lèles à l'axe bi-épicondylien sur les coupes coronales de
du nageur. Cette position, pour le moins inconfortable, doit repérage et perpendiculaires au grand axe huméral sur les
être bien expliquée au patient et celui-ci doit être minutieu- coupes sagittales de repérage. Les séquences coronales sont
sement installé, avec des cales et des oreillers permettant un parallèles à l'axe bi-épicondylien sur les coupes de repérage
confort et une immobilisation optimisés. Elle présente plu- transversales et à la palette humérale sur les coupes sagit-
sieurs avantages. Tout d'abord, elle offre le meilleur rapport tales. Pour l'étude du ligament collatéral ulnaire, il peut être
signal sur bruit (RSB) du fait du positionnement central utile d'incliner les coupes de 0 à 20° d'avant en arrière par
dans l'anneau, et rend la réalisation des techniques de sup- rapport à la diaphyse humérale en fonction de l'extension
pression de graisse plus aisée. De plus, elle permet d'utiliser du coude (si l'extension est complète, il faut incliner de
une large sélection d'antennes de surface, en particulier les 20° ; plus le coude est fléchi, moins il faut incliner), afin de
antennes multicanaux avec possibilité d'acquisition en ima- visualiser au mieux le faisceau ligamentaire antérieur. Les
gerie parallèle. L'inconvénient majeur de cette position est séquences sagittales sont perpendiculaires au plan transver-
son inconfort, en particulier chez les patients présentant une sal et coronal. L'épaisseur de coupe varie de 3 à 4 mm, le
épaule douloureuse, source d'artéfact de mouvement ren- champ de vue est de 10 à 15 cm en moyenne et la matrice au
dant les images difficilement interprétables. moins 256 × 256. Des séquences sont acquises dans les trois
En cas d'impossibilité pour le patient de tenir cette posi- plans en pondération densité de proton (DP) et T2, en privi-
tion, il est allongé en décubitus dorsal avec le membre à légiant les séquences avec saturation de graisse (fat sat), plus
explorer le long du corps, le coude en extension complète et sensibles aux phénomènes inflammatoires et traumatiques.
le pouce vers le haut. Du fait de la localisation du coude à la Les antennes rigides rendent possible la réalisation de
périphérie du champ magnétique, cette position de substitu- séquences 3D, mais au prix d'une immobilité stricte, souvent
tion entraîne une diminution du RSB et rend l'utilisation des délicate à obtenir pour cette articulation. Des séquences T1
séquences de suppression de graisse délicate, incitant à réali- fat sat sont réalisées en cas d'arthro-IRM, associées à des

IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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208   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

séquences T2. L'arthro-IRM est indiquée dans l'exploration intéressante en complément de l'échographie quand un doute
des lésions ligamentaires et ­ostéochondrales. L'injection persiste, ou bien lorsqu'une décision chirurgicale est discutée.
intraveineuse de gadolinium est réservée aux tumeurs et Les tendons épicondyliens latéraux forment un tendon
pathologies inflammatoire type polyarthrite rhumatoïde. extenseur commun regroupant le court extenseur radial du
Si malgré toutes ces précautions les images ne sont carpe, le plus antérieur et le plus souvent lésé, l'extenseur
pas de qualité diagnostique du fait des mouvements liés commun des doigts, l'extenseur propre de l'auriculaire et
à l'inconfort du positionnement, des techniques de sup- l'extenseur ulnaire du carpe. L'épicondylite latérale ou « ten-
pression des artéfacts de mouvement peuvent être utili- nis elbow » est une enthésopathie de l'insertion commune
sées afin de rendre les images de qualité satisfaisante pour des tendons extenseurs sur le condyle huméral latéral. Outre
établir un diagnostic. le tennis, les sollicitations professionnelles répétitives sont
fréquemment à l'origine de cette enthésopathie.
Le plan coronal permet de bien analyser le tendon commun.
Lésions ligamentaires Le tendon du court extenseur radial du carpe est constam-
Le coude est composé de trois compartiments articulaires ment atteint. Les anomalies siègent à l'insertion humérale puis
(radio-huméral ou radiocapitellaire, ulno-huméral et radio- s'étendent vers la distalité. Les coupes transversales sont elles
ulnaire supérieur) entourés d'une capsule commune. aussi intéressantes. L'atteinte se traduit par un hypersignal T2
Les ligaments du coude sont le ligament collatéral médial dans le tendon et à sa périphérie. Un hypersignal liquidien tra-
ou ulnaire (LCU) et le ligament collatéral latéral (LCL), lui- duit une rupture au sein des fibres tendineuses (fig. 14.1). Les
même constitué du ligament annulaire et des ligaments col- calcifications ne sont pas visibles en IRM. L'épicondyle peut
latéraux radial (LCR) et latéral ulnaire (LCLU). parfois présenter un hypersignal. L'atteinte conjointe du LCL
Les lésions ligamentaires surviennent lors de traumatismes sous-jacent est un facteur de mauvais pronostic, l'instabilité
violents, en particulier lors d'une luxation du coude ou bien entretenant les lésions tendineuses [3].
lors de sollicitations répétées surtout sportives, notamment
dans les sports de lancer ou chez les gymnastes. Chez l'enfant,
il peut exister des lésions chroniques du noyau d'ossification
secondaire de l'épicondyle médial. Le plan ligamentaire peut
être étiré, partiellement ou complètement rompu. L'atteinte
prédomine à l'insertion humérale du LCU. En IRM, ces
lésions se traduisent par un épaississement hétérogène avec
augmentation du signal, une interruption partielle ou com-
plète du faisceau antérieur du LCU. Dans les lésions récentes,
il peut exister un hypersignal T2 des tissus en périphérie et
dans l'os, notamment en cas d'avulsion associée. L'arthro-
IRM est plus sensible pour détecter les lésions partielles,
notamment sur l'insertion distale, en montrant du contraste
séparant l'insertion ligamentaire du bord médial du processus a
coronoïde, donnant une image en T [2]. L'IRM montre aussi
les associations lésionnelles intéressant les tendons médiaux,
le nerf ulnaire ainsi que le capitellum. Chez l'enfant, le noyau
d'ossification épicondylien médial est moins résistant que
le LCU et peut être le siège de lésions chroniques liées aux
valgus répétés, présentant alors une hypertrophie, voire une
fragmentation avec hypersignal osseux de la physe et de l'os
médullaire de part et d'autre de celle-ci [3].
L'atteinte du LCL, plus rare, prédomine sur le LCLU
atteint à son insertion humérale avec un aspect hétéro-
gène, épaissi, distendu ou une interruption et un hypersi-
gnal osseux de l'épicondyle. Sur les coupes sagittales, la tête
radiale peut être en subluxation postérieure par rapport au
capitellum [1]. Une atteinte du tendon extenseur commun
est souvent associée à une lésion du LCL du fait de la proxi-
mité anatomique de ces structures.
b
Lésions tendineuses Fig. 14.1 Tennis elbow avec enthésopathie fissuraire des tendons
extenseurs. (a) Coupe transversale DP FS montrant un épaississement
Les lésions tendineuses du coude sont une cause fréquente de hétérogène du tendon conjoint des extenseurs (flèche), s'associant à
consultation et peuvent prendre un caractère chronique par- un hypersignal périphérique ainsi qu'intra-osseux (flèche pointillée). (b)
ticulièrement invalidant, notamment lorsqu'elles sont à l'ori- Coupe coronale T2 FS montrant un signal liquidien intratendineux en
gine d'épicondylites. Le diagnostic est clinique et l'IRM est relation avec une fissure (flèche).
Chapitre 14. IRM du coude    209

Les tendons épicondyliens médiaux ont eux aussi un ten- pour venir s'insérer sur la tubérosité radiale. Il est accompagné
don conjoint regroupant le fléchisseur radial du carpe, le par une aponévrose qui prolonge le fascia du muscle et présente
long palmaire, le fléchisseur ulnaire du carpe et le fléchis- fréquemment un aspect bifide avec deux tendons séparés pro-
seur superficiel des doigts. L'épicondylite médiale intéresse venant des chefs court et long du biceps brachial. Il n'a pas de
l'insertion de ce tendon conjoint réalisant une enthésopathie gaine mais est séparé du radius par une bourse. Compte tenu
favorisée par les sollicitations professionnelles et les sports de son orientation anatomique, il est difficile de visualiser ce
de lancers ou le golf (« golfer's elbow »). Elle est plus rare que tendon en entier selon son grand axe. C'est pourquoi il est pos-
l'atteinte latérale. Les indications et les constatations IRM sible de réaliser l'examen coude fléchi à 90° en supination avec
sont identiques à celles de l'atteinte des tendons extenseurs le pouce vers le haut ; dans cette position, le tendon est visible
(fig. 14.2). Il faut rechercher une atteinte du LCU susceptible en entier sur les coupes coronales et sagittales [4].
de pérenniser l'atteinte tendineuse [2]. Une rupture peut survenir lors de mouvements en flexion
Le tendon bicipital chemine à la face antérieure du coude ini- brutale et contre résistance. Si l'aponévrose est aussi rompue,
tialement superficiel, puis plonge en profondeur et en dehors le tendon se rétracte et le muscle remonte au niveau du tiers
inférieur du bras, le diagnostic clinique étant alors évident. Si
la rupture est partielle sur un tendon bifide ou si l'aponévrose
est intacte, alors le diagnostic peut être plus difficile. L'IRM
montre une interruption du tendon, plus ou moins épaissi
et rétracté, de signal hétérogène sur toutes les séquences
(fig. 14.3), avec un hématome de signal hétérogène et avec

a a

b
b
Fig. 14.3 Rupture distale du tendon bicipital au coude, patient
Fig.  14.2 Épicondylite médiale ou épitrochléite ou golfer's en position « superman ». (a) Coupe coronale DP FS montrant un
elbow. (a) Coupe coronale T2 FS montrant un épaississement du ten- hypersignal hématique hétérogène séparant le moignon tendineux
don conjoint des fléchisseurs (flèche) avec hypersignal osseux (flèche (flèche) du radius. (b) Coupe transversale T2  FS montrant la rupture
pointillée). (b) Coupe transversale T2 FS montrant un hypersignal liqui- distale (flèche), le moignon tendineux (flèche pointillée) et un épan-
dien intratendineux en rapport avec une fissure (flèche). chement dans la bourse bicipitale (tête de flèche).
210   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

a b c
Fig. 14.4 Rupture distale d'un tendon bicipital bifide, patient positionné avec le coude fléchi. (a) Coupe transversale DP FS montrant les
deux tendons, épaissis et de signal hétérogène (flèche). Coupes sagittale DP FS (b) et coronale T2 FS (c) montrant les deux tendons dans leur grand
axe (flèche).

parfois continuité tendineuse partielle lors d'une rupture


n'intéressant qu'un chef d'un tendon bifide (fig. 14.4).
Le tendon peut être le siège d'une simple enthésopathie,
ou bien de lésions de tendinose en amont de l'enthèse, voire
d'une rupture partielle ou fissuration lors de la pratique spor-
tive intensive. Une bursite peut accompagner les lésions ten-
dineuses. Elle se caractérise en IRM par un épaississement
tendineux, un signal élevé hétérogène du tendon et la pré-
sence d'un hypersignal liquidien T2 dans la bourse (fig. 14.5)
[2]. La bursite peut être à l'origine d'une compression du nerf
radial, donnant des signes cliniques sensitifs ou moteurs [1].
Le tendon tricipital est le tendon du coude le moins impli-
qué en pathologie courante. Il est soit le siège de lésions dégé-
nératives, soit de ruptures dans des traumatismes relativement
violents ou lors de la pratique du body-building. La rupture
survient en général à l'insertion olécrânienne et peut être
partielle ou complète. Les ruptures intéressent plus volontiers
les fibres tendineuses superficielles en provenance des vastes
latéral et intermédiaire. Une avulsion olécrânienne est une
lésion fonctionnellement équivalente à la rupture du tendon
tricipital si le fragment est détaché du reste de l'os. L'aspect
IRM des lésions tricipitales est identique à celui des autres
tendinopathies. Dans les ruptures, l'IRM permet d'identifier
le site précis de la lésion et son caractère partiel ou complet,
et d'estimer le degré de rétraction tendineuse (fig. 14.6) [1].

Ostéochondrite disséquante,
atteinte ostéochondrale et corps
étrangers intra-articulaires
L'ostéochondrite disséquante (OCD) est une affection du
compartiment radiocapitellaire relativement rare due à des
microtraumatismes répétés par impaction radiocapitellaire,
notamment lors de mouvements en valgus répétés. Elle
touche principalement le garçon sportif entre 10 et 16 ans
et atteint surtout le bras dominant chez les gymnastes et les
Fig.  14.5 Bursite bicipitale. (a) Coupe sagittale T2  FS. (b) Coupe lanceurs au base-ball.
transversale DP FS. Les coupes montrent un tendon bicipital discrè- L'IRM est intéressante dans les formes débutantes lorsque
tement épaissi et hétérogène avec un épanchement liquidien dans sa l'aspect hétérogène du capitellum, les signes de fragmen-
bourse. tation et les séquestres ne sont pas encore apparus sur les
Chapitre 14. IRM du coude    211

Fig.  14.7 Ostéochondrite disséquante du capitellum chez un


adolescent sportif. La coupe sagittale pondérée T2  FS montre un
hypersignal diffus du condyle latéral dont la surface articulaire est dis-
crètement irrégulière, sans séquestre mais avec une lacune postérieure
de signal liquidien. Le cartilage reste régulier, souligné ici par l'épan-
chement articulaire. Noter la persistance de visibilité du cartilage de
conjugaison radial.

contraste en arthro-IRM isolant le séquestre de sa base tra-


duisent une instabilité qu'il est important de diagnostiquer
avant prise en charge chirurgicale. Un fragment osseux peut
ainsi être libéré et migrer dans les culs-de-sac articulaires.
L'IRM permet d'analyser le compartiment médial et de
rechercher des lésions associées liées au stress en valgus et
intéressant le LCU, les tendons fléchisseurs et le nerf ulnaire
[1]. L'OCD capitellaire doit être distinguée d'un simple
décroché physiologique trompeur sur les coupes sagittales,
correspondant à une variante anatomique localisée en
position postérieure, alors que l'OCD est antérieure. Cette
petite encoche normale ne présente aucune autre anomalie
­morphologique ou de signal en IRM [5]. D'autres localisa-
tions d'OCD au coude sont exceptionnelles et intéressent la
Fig.  14.6 Rupture du tendon tricipital. (a) Coupe sagittale T2  FS trochlée humérale (condyle médial) ou la tête radiale.
en extension montrant l'interruption tendineuse et l'hématome sépa- La maladie de Panner est à distinguer de l'ostéochondrite
rant le tendon de l'olécrâne. (b) Coupe sagittale en flexion montrant disséquante. Elle correspond à une ostéochondrose du capi-
l'absence de rétraction du tendon. tellum et affecte l'enfant plus jeune, entre 6 et 10 ans, source
de douleur calmée par le repos. Cette ostéonécrose atteint
clichés radiographiques. Un hyposignal sur les séquences la totalité du noyau condylien avant l'ossification complète.
T1, en rapport avec l'œdème épiphysaire et la condensation Elle se caractérise par une fragmentation et une diminution
débutante, est évocateur d'une modification de la trophi- du signal en pondération T1 au sein du capitellum condensé,
cité du capitellum, surtout s'il est localisé en antérolatéral. comparable à l'aspect de la maladie de ­Legg-Perthes-Calvé
Les séquences T2 peuvent montrer un hypersignal diffus de la hanche. Elle ne s'associe habituellement pas à des
du capitellum et la présence de petites lacunes osseuses en corps étrangers articulaires ni à une déformation résiduelle
hypersignal T2, une déformation de la plaque osseuse sous- du capitellum, à la différence de l'OCD de l'adolescent.
chondrale, une fragmentation et la formation d'un séquestre L'évolution est en général favorable, avec normalisation du
(fig. 14.7). Un hypersignal liquidien T2 ou un passage de signal T1 après mise au repos [1].
212   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

produites par un traumatisme aigu. Les fragments peuvent


se trouver en position in situ ou migrer dans l'articulation
sous la forme de corps étrangers intra-articulaires. Ceux-ci
se concentrent dans les fossettes olécrânienne et coronoï-
dienne. Leur diagnostic différentiel avec des ostéophytes
ou une hyperplasie synoviale n'est pas toujours aisé. Ces
atteintes ostéochondrales apparaissent comme des zones
de signal anormal dans l'os sous-chondral du capitellum
(fig. 14.8). L'évaluation du cartilage se fait par arthro-IRM.
Le diagnostic IRM des corps étrangers intra-articulaires
dépend de leur degré de calcification et de la quantité de
liquide intra-articulaire. Le coude est la deuxième loca-
lisation de ce type de pathologie après le genou. Les corps
étrangers se constituent à partir du petit nidus au sein de
l'os sous-chondral ou du cartilage et augmentent de volume
aussi longtemps qu'ils sont au contact du liquide articulaire.
Les petits fragments purement cartilagineux sont difficiles
à diagnostiquer en l'absence d'épanchement. L'arthro-IRM
est d'un apport précieux dans cette indication. Les gros frag-
ments, ossifiés, ayant un contenu en moelle graisseuse, sont
facilement reconnus sur les acquisitions T1.
a
Atteinte inflammatoire
L'IRM est utile dans l'étude des atteintes synoviales inflam-
matoires ou infiltratives. Les érosions osseuses sont bien
caractérisées, mais les atteintes cartilagineuses sont d'inter-
prétation plus délicate, sauf dans les cas évolués. En raison
de l'épaississement inflammatoire synovial qu'il occasionne,
le pannus apparaît sous la forme d'un hypersignal T2 uni-
forme, difficile à distinguer de l'épanchement articulaire.
L'injection de gadolinium est utile pour préciser la distri-
bution et l'extension de la synovite, en la différenciant de
l'épanchement articulaire de voisinage. Ainsi, des acquisi-
tions sagittales et transversales T1 avec saturation du signal
de la graisse avant et après injection en bolus de gadolinium
sont réalisées lors de séquences dynamiques. L'IRM est
particulièrement performante dans certaines formes étio-
logiques de synovite comme la synovite villonodulaire pig-
mentée ou la chondromatose synoviale (fig. 14.9). La bursite
olécrânienne peut être de cause infectieuse, traumatique,
inflammatoire ou goutteuse ; elle est explorée sur les acquisi-
tions sagittales et transversales pondérées en T2.

b
Neuropathies
Fig.  14.8 Lésion ostéochondrale du capitellum chez un adulte.
(a) Coupe coronale T1 montrant une irrégularité sous-chondrale anté-
Les atteintes nerveuses périphériques sont particulière-
rieure du condyle huméral latéral (flèche). (b) Coupe sagittale T2  FS ment fréquentes au coude et sont nettement dominées par
montrant un hypersignal sous-chondral et une interruption du carti- l'atteinte du nerf ulnaire, second syndrome canalaire du
lage en regard de l'encoche sous-chondrale. membre supérieur après le canal carpien.
Le nerf ulnaire présente un trajet superficiel dans le canal
ulnaire, en dedans de l'olécrâne, en arrière de l'épicondyle
Chez l'adulte, les atteintes ostéochondrales du coude huméral médial. En raison de son siège superficiel, ce nerf est
touchent principalement le capitellum, le compartiment exposé aux traumatismes directs, aux compressions par des
latéral condyloradial et le compartiment postérieur huméro- masses adjacentes (ostéophyte olécrânien, hématome, calci-
olécrânien. Elles résultent d'un traumatisme par stress fication, corps étrangers articulaires, kyste synovial, muscle
en valgus avec impaction, créant une hyperpression et un accessoire intracanalaire – anconeus epitrochlearis, présent
phénomène de cisaillement. Elles sont souvent associées à chez 4 à 34 % des sujets), aux processus inflammatoires ainsi
des atteintes ligamentaires médiales. Elles procèdent le plus qu'aux stress chroniques causés par le contact avec l'épi-
souvent de microtraumatismes répétés mais peuvent être condyle médial dans les instabilités. Une flexion prolongée
Chapitre 14. IRM du coude    213

d'un muscle accessoire. Le calibre du nerf n'excède pas celui


des vaisseaux adjacents et est identique à ses portions pré- et
postcanalaires. Les signes IRM de la névrite ulnaire et du syn-
drome du défilé incluent l'élargissement du nerf, l'infiltration
de la graisse périneurale et l'élévation significative et localisée
du signal des fibres nerveuses de taille variable en pondération
T2 comparativement à leur signal de part et d'autre du tunnel.
L'élargissement du nerf est un signe de gravité de la neuropa-
thie [7]. L'œdème et l'infiltration sont explorés en saturation
de graisse T2. La dénervation chronique peut entraîner une
augmentation du signal T2 des muscles innervés par le nerf
ulnaire : fléchisseur profond des doigts, fléchisseur ulnaire du
carpe et muscles intrinsèques de la main. Ces modifications
de signal peuvent être résolutives ou évoluées vers l'atrophie
et l'involution graisseuse musculaires, mises en évidence sur
les séquences T1, l'une caractérisée par une diminution du
volume des fibres musculaires, l'autre par la présence de stries
graisseuses en hypersignal.
La neuropathie radiale, beaucoup plus rare, est en géné-
ral compressive. Son rameau moteur interosseux postérieur
a plonge entre les deux chefs du muscle supinateur. La prin-
cipale cause de neuropathie est un conflit avec l'arcade de
Frohse, épaississement fibreux du bord supérieur du chef
superficiel, durant la pronation avec l'avant-bras en extension
et le poignet fléchi. Les autres causes de compression sont la
présence d'une bande fibreuse entre la tête radiale et le muscle
brachioradial, un conflit vasculaire avec une artère radiale
récurrente proéminente (la présence de plus de six structures
vasculaires entourant le nerf doit évoquer ce diagnostic), une
hypertrophie du bord médial du court extenseur ulnaire du
carpe, un conflit avec le bord distal du supinateur, une bur-
site bicipitoradiale, une fracture ou une contention plâtrée
trop serrée. Les symptômes peuvent mimer ceux du tennis
elbow. L'IRM peut montrer un rameau interosseux postérieur
en hypersignal et épaissi. Elle évoque surtout le diagnostic
lorsqu'elle montre des signes de dénervation avec œdème et
atrophie du muscle supinateur et des extenseurs respectant le
court et le long extenseur radial du carpe [1].
L'atteinte du nerf médian est exceptionnelle, survenant le plus
souvent par conflit lors de son passage entre les chefs superficiel
et profond du rond pronateur. Les autres causes de compres-
sion surviennent en cas de fractures graves et de dislocation du
b coude, d'épaississement de l'aponévrose bicipitale, de syndrome
Fig.  14.9 Ostéochondromatose synoviale. (a) Coupe sagittale T2 de masse ou de la présence d'un ligament de Struthers qui va
montrant des corps étrangers au sein d'une prolifération synoviale, de la partie antéromédiale de l'humérus distal à l'épicondyle
de signal différent, l'un ossifié (flèche noire), un autre calcifié (flèche médial. Sa compression chronique peut entraîner des signes de
blanche) et un troisième cartilagineux (flèche pointillée). (b) Coupe dénervation chronique du rond pronateur, du fléchisseur super-
sagittale T2  FS montrant la prolifération synoviale (flèche) de signal ficiel des doigts et du fléchisseur radial du carpe, visibles sur les
inférieur à l'épanchement sus-jacent. coupes passant par le tiers supérieur de l'avant-bras [8].
Parmi les causes de neuropathie, on n'oubliera pas de
citer les tumeurs des nerfs, en particulier les schwannomes.
du coude peut provoquer une névrite ulnaire (sleep palsy) par
réduction physiologique du tunnel. Le nerf ulnaire est analysé
sur les images transversales dans son tunnel, en arrière de
Fractures
l'épicondyle médial. Comparativement au muscle, le signal Les solutions de continuité osseuse occultes ou douteuses
d'un nerf est iso-intense en T1 et iso-intense ou discrètement sur les clichés standard peuvent être explorées en IRM
hyperintense en T2, avec un aspect multifasciculaire puncti- quand elles sont suspectées cliniquement. Les séquences en
forme [6]. En raison du contraste naturel entre le nerf ulnaire spin écho T1 et suppression de graisse T2 sont alors parti-
et la graisse environnante, les acquisitions transversales T1 culièrement sensibles. Il en va de même pour les fractures
sont utiles dans l'évaluation du contenu du tunnel, du calibre de stress intéressant l'olécrâne chez les gymnastes et les lan-
et de la forme du nerf, ainsi que pour la mise en évidence ceurs de javelot ou au base-ball.
214   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

Certaines fractures particulières sont comparables ou Références


associées à des lésions ligamentaires et nécessitent une explo-
[1] Wenzke DR. MR imaging of the elbow in the injured athlete. Radiol
ration IRM complémentaire en cas d'instabilité. C'est le cas de Clin N Am 2013 ; 51 : 195–213.
la fracture du bord latéral du processus coronoïde, site d'in- [2] Hayter CL, Adler RS. Injuries of the elbow and the current treatment
sertion du LCU, de l'avulsion de la crête supinatrice de l'ulna of tendon disease. AJR 2012 ; 199 : 546–57.
sur laquelle s'insère le LCLU et de la fracture de l'apophyse [3] Anderson MW, Alford BA. Overhead throwing injuries of the shoul-
coronoïde correspondant à une fracture par cisaillement lors der and elbow. Radiol Clin N Am 2010 ; 48 : 1137–54.
d'une instabilité postérieure. Ces instabilités postérieures sont [4] Giuffrè  BM, Moss  MJ. Optimal positioning for MRI of the distal
parfois associées à une fracture de la tête radiale [9]. biceps brachii tendon  : flexed abducted supinated view. AJR 2004 ;
Chez l'enfant, l'IRM peut être utile afin d'identifier une 182 : 944–6.
fracture supracondylienne en présence d'un épanchement [5] Stein JM, Cook TS, Simonson S, et al. Normal and variant anatomy of
the elbow on magnetic resonance imaging. Magn Reson Imaging Clin
articulaire post-traumatique sans solution de continuité
N Am 2011 ; 19 : 609–19.
osseuse décelable radiologiquement. Les fractures du condyle [6] Husarik  DB, Saupe  N, Pfirrmann  CWA, et  al. Elbow nerves  : MR
latéral sont habituelles. Elles sont plus souvent longitudinales findings in 60 asymptomatic subjects-normal anatomy, variants, and
de type Salter IV avec un trait entièrement cartilagineux et pitfalls. Radiology 2009 ; 252 : 148–56.
donc non décelable sur les radiographies ou en tomodensito- [7] Bäumer P, Dombert T, Staub F, et al. Ulnar neuropathy at the elbow :
métrie. Or, ces fractures sont instables et peuvent requérir un MR neurography-Nerve T2 signal increase and caliber. Radiology
traitement chirurgical, d'où l'intérêt de l'IRM. 2011 ; 260 : 199–206.
Une autre indication de l'IRM dans l'exploration des [8] Miller  TT, Reinus  WR. Nerve entrapment syndromes of the elbow,
fractures du coude est l'étude de la viabilité d'un fragment forearm, and wrist. AJR 2010 ; 195 : 585–94.
osseux, notamment de la tête radiale, grâce à l'injection de [9] Hayter CL, Giuffrè BM. Overuse and traumatic injuries of the elbow.
Magn Reson Imaging Clin N Am 2009 ; 17 : 617–38.
gadolinium.
Chapitre
15
IRM du poignet et de la main
N. Zee, J.-L. Drapé

PLAN DU CHAPITRE
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 215 Principales indications . . . . . . . . . . . . . . . . . 224
Technique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 215 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 231
Anatomie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221

Introduction de surface circulaire de petit diamètre (4 cm environ) ou


microcoil est proposée par certains fabricants. Cette antenne
L'IRM du poignet et de la main reste une indication margi- autorise des champs de vue de 3 cm avec une matrice de
nale en imagerie ostéoarticulaire. Cette extrémité est acces- seulement 128 × 128 permettant une résolution identique
sible à l'évaluation clinique mais reste d'analyse difficile en de 0,2  ×  0,2  mm2. L'intérêt de pouvoir utiliser de petits
raison de la concentration de nombreuses petites structures champs de vue est d'obtenir une résolution spatiale élevée
dans un volume restreint. L'IRM entre également en concur- avec des temps d'acquisition faibles (de l'ordre de 3 minutes
rence avec l'échographie, particulièrement adaptée à l'explo- par séquence). L'emploi de petits champs de vue impose des
ration des tendons de la main et du poignet, avec le scanner gradients de champ magnétique intenses dont sont équipés
pour les traumatismes osseux et avec l'arthroscanner pour le les appareils d'IRM dédiés aux extrémités. L'inconvénient de
bilan des séquelles traumatiques ligamentaires et chondrales. ces petits champs de vue est que la pathologie explorée peut
déborder du volume exploré. En cas de doute, il sera préfé-
Technique rable d'opter pour des antennes disposant d'une exploration
plus étendue, ou d'envisager la nécessité d'opérer un second
Les spécificités de l'IRM de la main et du poignet sont la positionnement. C'est une situation possible avec les rup-
complexité spatiale des structures anatomiques superposées tures des tendons fléchisseurs qui peuvent se rétracter sur de
dans un petit champ, l'importance de choisir les bons plans longues distances (fig. 15.3).
de coupe et la nécessité d'une imagerie en « haute résolution L'exploration d'une main de polyarthrite rhumatoïde
spatiale » adaptée à l'étude de structures de petite taille. nécessite une analyse allant au minimum de l'articulation
radio-ulnaire inférieure aux articulations métacarpophalan-
Résolution spatiale giennes (champ de 15 à 20 cm selon les tailles des mains),
plus adaptée à une antenne genou de dernière génération
Il n'existe pas de définition de la haute résolution spatiale.
Il est préférable de parler de résolution utile. Il faut toujours
garder en mémoire la formule du pixel (picture element) :
pixel = FOV/matrice (FOV pour field of view). Pour le poi-
gnet et les doigts un pixel de 0,2 à 0,3 mm2 est nécessaire pour
l'étude de lésion de l'ordre du demi-millimètre (fig. 15.1).
L'IRM doit rester concurrentielle avec l'échographie dont la
résolution spatiale est élevée avec les sondes haute fréquence
(fig. 15.2). La clé pour travailler à cette résolution spatiale
avec des temps d'acquisition raisonnables est d'utiliser des
antennes de surface dédiées [1]. Pour le poignet, tous les
fabricants proposent des antennes poignets en réseau phasé
de 8 à 16 éléments, le plus souvent en coque rigide mais
également souple. Ce type d'antenne permet de travailler
avec des champs de vue de 6 cm et un rapport signal sur Fig. 15.1 Chondromatose synoviale. Coupe sagittale T1 FS. Corps
bruit élevé. Une matrice de 320 × 320 donne une résolu- étranger de 1 mm dans le récessus dorsal de l'articulation interphalan-
tion spatiale de 0,2 × 0,2 mm2. Pour les doigts, une antenne gienne proximale (flèche).

IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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216   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

avec 15 éléments. Pour garder une résolution spatiale de


l'ordre de 0,3 × 0,3 mm2 avec un champ de vue de 15 cm, il
est nécessaire d'avoir une matrice plus élevée de 512 × 512
(fig. 15.4).

Épaisseur de coupe
L'épaisseur de coupe dépend du plan de coupe. Les coupes
longitudinales (coronales et sagittales) sont souvent sujettes
aux artéfacts de volume partiel et l'épaisseur des coupes doit
être particulièrement fine, de l'ordre de 3 mm à 1,5 T ou
2 mm à 3 T avec les séquences 2D (fig. 15.5). Les coupes
axiales peuvent avoir des épaisseurs un peu supérieures
a (3,5 à 4 mm) car les structures anatomiques sont souvent
orthogonales au plan de coupe (fig. 15.6), et donc moins
sujettes aux artéfacts de volume partiel. Pour obtenir des
coupes plus fines, les séquences 3D en FSE (fast spin echo) ou

b
Fig.  15.2 Tumeur glomique sous-unguéale  : comparaison IRM/
échographie. (a) Coupe IRM axiale T1. (b) Coupe axiale échogra-
phique. Les résolutions spatiales sont proches et permettent la détec-
tion d'une lésion de 2,5  mm de diamètre malgré un signal ou une
échogénicité proche du derme environnant grâce au repérage d'une
capsule périphérique (flèche) et d'une encoche corticale osseuse (tête
de flèche).

Fig.  15.4 Polyarthrite rhumatoïde. Coupe coronale T1 avec satu-


ration de la graisse après injection de gadolinium. Le champ de vue
doit s'étendre au minimum de l'articulation radio-ulnaire inférieure aux
articulations MCP grâce à l'utilisation d'une antenne genou. Synovite
péritrapézienne et MCP de l'index.

a b
Fig. 15.3 Rupture du long fléchisseur du pouce droit dans l'émi-
nence thénar. Large écart intertendineux de 9 cm avec rétraction des a b
extrémités. Prise de contraste intense de la gaine tendineuse vide de
l'éminence thénar. Coupes coronales T1 écho de gradient avec satura- Fig. 15.5 Kyste synovial dorsal scapholunaire : importance des
tion de graisse après injection de gadolinium. (a) Centrage proximal : coupes fines. (a) Coupe sagittale 2D T2  FS avec une épaisseur de
repérage du moignon proximal à hauteur de l'articulation radiocar- coupe de 3,5  mm. Absence de visualisation du pédicule. (b) Coupe
pienne (flèche). L'absence de visibilité du moignon distal impose un sagittale 3D T2 FS avec une épaisseur de coupe de 1,5 mm. Le pédi-
second centrage plus distal. (b) Centrage distal : repérage du moignon cule (flèche) est repéré avec son extension vers le segment dorsal du
distal à hauteur de l'articulation MCP (flèche). ligament scapholunaire.
Chapitre 15. IRM du poignet et de la main    217

Fig. 15.9 Rupture de la bandelette centrale du tendon extenseur


Fig. 15.6 Kyste arthrosynovial de la portion dorsale du ligament
à hauteur de l'articulation interphalangienne proximale (IPP).
scapholunaire. Coupe axiale en STIR avec une épaisseur de coupe de
La coupe sagittale T1 de 1,5  mm d'épaisseur montre au mieux les
3,5 mm démontrant les trois composantes intraligamentaire, intra- et
extrémités tendineuses (flèches).
extracapsulaire (flèche).

Contraste/pondération
Au niveau du poignet, après les repérages, le protocole
commence avec une séquence « scintigraphique » à la
recherche de foyers de signal intense signalant des mani-
festations œdémateuses ou inflammatoires, voire pseu-
dotumorales ou tumorales. Il s'agit de séquences de type
STIR ou DP/T2 avec saturation de la graisse (fat sat ou
FS). Le choix de la séquence dépend de l'homogénéité du
champ magnétique sur l'appareil employée en cas de satu-
ration de la graisse. Celle-ci est plus difficile à régler si la
Fig. 15.7 Kyste arthrosynovial de la portion dorsale du ligament
lunotriquétral. Seule la séquence 3D axiale avec des coupes de 1 mm
main est excentrée le long du corps. Le positionnement
d'épaisseur met en évidence l'infiltration du segment dorsal du liga- de la main au-dessus de la tête avec le bras en élévation
ment lunotriquétral (flèche). chez un patient en décubitus ventral (position de « super-
man ») permet de placer le poignet au centre de l'aimant
et ainsi d'obtenir un meilleur rapport signal sur bruit et
une homogénéité de la saturation de la graisse [6]. Ce
placement autorise ainsi les deux types de séquences. Une
séquence avec saturation de la graisse bien réglée com-
porte un signal plus important et des détails anatomiques
plus précis que la séquence STIR, mais elle n'est utilisable
qu'à haut champ. La séquence STIR est plus robuste et
peut être employée à bas champ. Cette première séquence
doit être confrontée avec une séquence T1 dans le même
plan afin de pouvoir raisonner sur un foyer d'anomalie de
signal. La suite du protocole pourra être adaptée en fonc-
tion de ces premiers résultats.

Fig. 15.8 Pseudokyste mucoïde sous-unguéal (flèche blanche). La Gadolinium


coupe sagittale 3D EG T2 FS de 1,2 mm d'épaisseur montre la structure L'injection intraveineuse de gadolinium n'est pas systé-
cloisonnée du kyste et l'encoche corticale de la phalange distale (flèche matique. Elle sera réservée à des indications précises :
rouge). synovite, tuméfaction, infection, ostéonécrose aseptique.
Pour les pathologies mécaniques, l'injection n'est habi-
en EG (écho de gradient) proposent des épaisseurs de 1 mm tuellement pas réalisée, les manifestations œdémateuses
à 1,5 T et de 0,5 mm à 3 T (fig. 15.7 à 15.9). Actuellement, et inflammatoires étant détectées par les séquences STIR
les acquisitions 3D isotropes, permettant une reconstruc- ou DP/T2 FS. Si cette approche est satisfaisante dans la
tion MPR (multi-planar resolution) sans perte significative plupart des cas, il faut cependant savoir que l'imagerie T2
de résolution spatiale, sont en cours d'évaluation [2–5]. Le peut être négative dans des pathologies traumatiques ou
rapport signal sur bruit des séquences 2D FSE est supérieur microtraumatiques peu inflammatoires, alors que l'injec-
à celui des séquences 3D isotropiques pour l'évaluation du tion de gadolinium sur les séquences T1 FS est positive
cartilage et du TFCC (triangular fibrocartilage complex) [3]. (fig. 15.10 et 15.11).
218   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

a L'angio-IRM est sous-utilisée au niveau du poignet


et de la main. Elle est très utile pour l'étude de l'archi-
tecture d'une malformation vasculaire, veineuse le plus
souvent (fig. 15.12), ou la détection de plusieurs locali-
sations tumorales (comme pour les tumeurs glomiques)
(fig. 15.13). Elle est aussi intéressante pour faire une car-
tographie des synovites et ténosynovites d'une main de
polyarthrite rhumatoïde (fig. 15.14). Elle est aussi indi-
quée en cas de vascularite, comme dans la sclérodermie,
à la recherche d'artères grêles et courtes, de troubles de
la perfusion des extrémités digitales et du retour veineux
(fig. 15.15) [7].

Plans de coupe
Il est difficile d'avoir un protocole unique valable pour toute
indication dans l'exploration du poignet ou de la main. Il
b faut favoriser un plan de coupe principal d'autant mieux
choisi que l'indication sera précise. Deux pondérations au
minimum (T2 avec saturation de la graisse ou STIR et T1)
seront pratiquées, avec éventuellement une séquence com-
plémentaire T1 injectée. Au moins un plan de coupe com-
plémentaire doit être associé dans la pondération la plus
informative. Le plan axial est adapté pour les pathologies
tendineuses et vasculonerveuses. Le plan coronal est plus
adapté aux pathologies ostéochondrales et ligamentaires.
Le plan sagittal est souvent un plan complémentaire. Des
coupes sagittales en double obliquité déroulant parfaitement
le nerf médian sont souvent indispensables dans l'explora-
tion d'un canal carpien.
Pour les doigts, les mêmes règles doivent être appli-
quées en insistant sur l'importance des coupes axiales qui
permettent une analyse optimale des différents comparti-
Fig. 15.10 Tendinopathie du fléchisseur radial du carpe. (a) Coupe ments des doigts. Elles permettent également d'optimiser
axiale STIR ne montrant qu'un tendon épaissi (flèche). (b) Coupe axiale
l'orientation des séquences longitudinales (coronale ou
T1 FS après injection de gadolinium : foyers d'hypervascularisation de
la partie médiale du tendon et de sa gaine.
sagittale).

a b c
Fig. 15.11 Poche de décollement traumatique du rétinaculum propre de l'extenseur ulnaire du carpe. Coupes axiales T1 (a) et STIR (b)
ne montrant pas d'anomalie de signal en dehors d'un discret épaississement de l'insertion médiale du rétinaculum de l'extenseur ulnaire du carpe
(étoile). (c) Coupe axiale T1  FS après injection de produit de contraste montrant un net rehaussement au niveau de la poche de décollement
(flèche).
Chapitre 15. IRM du poignet et de la main    219

a b c
Fig. 15.12 Intérêt de l'angio-IRM dans une malformation vasculaire de la paume. (a) Coupe axiale STIR : malformation vasculaire (flèche
blanche) de part et d'autre des tendons fléchisseurs des doigts et des muscles lombricaux. Nombreux foyers de bas signal faisant discuter des
flow voids ou des calcifications (flèche rouge). (b) Radiographie oblique centrée sur les métacarpes démontrant la nature calcique (phlébolites)
des images de bas signal (flèche). (c) Séquence angiographique MIP coronale : malformation veineuse aux dépens de l'arcade palmaire profonde
(flèche).

a b c

d
Fig. 15.13 Intérêt de l'angio-IRM pour la cartographie des tumeurs glomiques. (a, b) Coupes axiales T1 FS après injection. (c) Angio-IRM,
coupe coronale MIP. (d) Coupe axiale d'échographie-Doppler puissance. Deux tumeurs hypervasculaires se rehaussent, l'une sous-matricielle sur
la ligne médiane (flèches jaunes en a et c) avec une encoche de la corticale osseuse (flèche orange en a), l'autre plus distale et latérale dans le lit
unguéal (flèches rouges en b et c). L'échographie n'a détecté que la lésion proximale la plus volumineuse (flèche jaune en d).
220   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

a b
Fig. 15.14 Angio-IRM et polyarthrite rhumatoïde : cartographie des synovites et ténosynovites. Coupes coronales MIP après injection de
gadolinium chez deux patients différents. (a) Synovite carpienne, des 2e, 3e et 5e métacarpophalangiennes (MCP), et de la 3e interphalangienne
proximale (IPP). (b) Ténosynovite des fléchisseurs des 2e et 4e doigts associée aux synovites articulaires.

Arthro-IRM
L'IRM standard est insuffisante pour faire un bilan pré-
cis des lésions ligamentaires du poignet, en particulier du
ligament lunotriquétral et de l'insertion périphérique du
ligament triangulaire. L'arthro-IRM du poignet est encore
limitée en France où l'arthroscanner reste largement prati-
qué pour le bilan des séquelles traumatiques ligamentaires.
L'arthro-IRM devrait cependant peu à peu se substituer à
l'arthroscanner car elle présente des atouts non négligeables.
Elle permet, en plus du bilan ligamentaire et chondral, de
détecter les anomalies de signal de la médullaire osseuse
rencontrées dans les fractures occultes [8] et les collections
liquidiennes non communicantes avec l'articulation (kystes
synoviaux, bursopathies). Les ligaments extrinsèques du
carpe sont mieux analysés en arthro-IRM qu'en arthroscan-
ner [9]. Leur étude n'est pas encore passée en routine, mais
l'association de lésions ligamentaires extrinsèques et intrin-
sèques semble fournir la majorité des instabilités du poignet.
Les acquisitions 3D FSE avec des coupes fines jointives
millimétriques ou inframillimétriques sont particulière-
Fig.  15.15 Angio-IRM, coupe coronale MIP tardive d'une main
de sclérodermie. Persistance de l'opacification artérielle avec aspect
ment adaptées pour l'étude des ligaments et du cartilage. Au
grêle et interruption proximale des artères digitales propres. Déficit moins une séquence en pondération T2 doit être réalisée
du retour veineux et hypoperfusion des extrémités des 3e et 4e doigts pour la mise en évidence des collections liquidiennes non
(flèches). communicantes (fig. 15.16).
Chapitre 15. IRM du poignet et de la main    221

a b
Fig. 15.16 Kyste arthrosynovial dorsal scapholunaire non communiquant. (a) Arthroscanner, coupe axiale : le segment dorsal du ligament
est discrètement épaissi sans opacification intraligamentaire et extracapsulaire. (b) IRM 3D T2 en coupe axiale : infiltration kystique du segment
dorsal du ligament (flèche) et extension intracapsulaire (têtes de flèche).

a b
Fig. 15.17 Lésion traumatique de l'insertion des ligaments extrinsèques sur la face dorsale du triquétrum. (a) Coupe axiale T1 FS après
injection de gadolinium : rehaussement de la rupture ligamentaire (flèche). (b) Coupe sagittale 3D T2 FS : avulsion osseuse de la crête dorsale du
triquétrum (tête de flèche) en regard de l'épaississement capsulaire (flèches).

Anatomie mais aussi des ligaments extrinsèques dorsaux. Les fractures


dorsales du triquétrum sont donc souvent associées à des
Il n'est plus nécessaire de réaliser une imagerie simultanée lésions des ligaments carpiens dorsaux (fig. 15.17) [11].
des deux poignets à la recherche d'une anomalie par étude Les variantes de la normale les plus fréquentes doivent
comparative. De nombreux atlas d'anatomie et même des être connues et non interprétées comme pathologiques.
versions électroniques disponibles sur tablette numérique Elles peuvent cependant être source de symptomatologie
ou smartphone sont actuellement proposés. En cas d'ins- clinique (os surnuméraires et muscles accessoires). Les prin-
tabilité douloureuse du poignet, il est important d'étu- cipales sont développées ci-dessous.
dier non seulement les ligaments interosseux intrinsèques
(intracarpiens), mais aussi les ligaments extrinsèques. Leurs Variantes tendineuses
descriptions anatomiques sont variables mais les ligaments
palmaires sont plus épais et souvent lésés en association avec Long abducteur du pouce
un ligament intrinsèque en cas d'instabilité en DISI (dorsal Le premier compartiment des extenseurs comporte le court
intercalated segment instability) ou VISI (ventral intercalated extenseur et le long abducteur du pouce qui s'insère sur
segment instability) [10]. La face dorsale du triquétrum est un la base du 1er métacarpien. Le plus souvent, le tendon du
carrefour d'insertion des ligaments ulnocarpiens du TFCC, long abducteur du pouce présente plusieurs faisceaux qui
222   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

a b
Fig. 15.18 Variantes du tendon long abducteur du pouce. Coupes axiales T1. (a) Faisceau unique du long abducteur du pouce (flèche).
(b) Faisceaux multiples du long extenseur du pouce (flèches).

ne doivent pas être confondus avec une lésion fissuraire Sa partie palmaire est de forme trapézoïdale et de signal
(fig. 15.18) [12]. Certains de ces faisceaux vont s'insérer sur hétérogène intermédiaire à élevé. Elle s'insère sur la corti-
le trapèze ou le rétinaculum des fléchisseurs. cale osseuse. Le segment central est triangulaire de signal
hétérogène intermédiaire et s'insère sur le cartilage. Il est
Court et long extenseurs radiaux du carpe fin et sa perforation a peu de répercussion clinique [13]. La
Ces tendons constituent le deuxième compartiment des partie dorsale a une forme de bande épaisse de bas signal
extenseurs et ils présentent de façon quasi constante une et s'insère sur le cartilage et/ou la corticale osseuse. C'est
lame liquidienne dans leurs gaines [12]. la partie la plus épaisse du ligament et la plus importante
sur le plan biomécanique. La perforation isolée de la partie
Long extenseur du pouce centrale évoque une étiologie dégénérative, tandis qu'une
atteinte complète des trois segments, de la portion unique-
Ce tendon constitue le troisième compartiment des exten- ment dorsale ou ventrale, évoque une atteinte traumatique
seurs. Il présente un trajet oblique en dessous du tubercule [14]. Les coupes axiales fines 3D sont essentielles pour étu-
de Lister et croise superficiellement les tendons extenseurs dier les parties palmaire et dorsale.
radiaux du carpe (deuxième compartiment). Cette obliquité
du tendon dépend de l'abduction du pouce et l'expose à Ligament lunotriquétral
l'artéfact d'angle magique sur les séquences à TE court (T1
et DP) (fig. 15.19). Le calibre du tendon n'est cependant pas Ce ligament est très difficile voire impossible à étudier sur
modifié et, en cas de doute, une séquence T2 à TE long véri- une IRM sans injection intra-articulaire de contraste. Le
fiera la normalité du tendon [12]. ligament est très fin, en forme de bande ou en U, et très
oblique dans le plan frontal. Sa visibilité est inconstante. De
nombreuses anomalies de signal intraligamentaire ont été
Extenseur ulnaire du carpe
décrites comme variantes de la normale [15].
Ce tendon (sixième compartiment des extenseurs) présente
souvent un foyer de signal intermédiaire intratendineux
central. Il serait dû à la conformation spiralée des faisceaux Complexe fibrocartilagineux
tendineux issus des deux chefs musculaires insérés sur l'épi- triangulaire du carpe (TFCC)
condyle latéral.
Le complexe TFCC, pour triangular fibrocartilage complex,
comprend :
Long fléchisseur du pouce ■ le fibrocartilage triangulaire (TFC) ;
Ce tendon appartient à la loge thénarienne. Du fait de son ■ les ligaments ulnocarpiens (ulnolunaire et ulnotriqué-
obliquité, il est également soumis aux artéfacts d'angle tral) palmaires et dorsaux ;
magique (fig. 15.20). ■ les ligaments radio-ulnaires dorsal et palmaire ;
■ le ménisque homologue ;
Variantes ligamentaires ■ le ligament latéral interne ;
■ la gaine du tendon extenseur ulnaire du carpe.
Ligament scapholunaire L'épaisseur du fibrocartilage triangulaire dépend de l'in-
Ce ligament est le plus souvent analysable, mais la présence dex ulnaire : ce ligament est plus épais en cas d'index ulnaire
de liquide spontané au sein d'une perforation est incons- négatif, il est plus fin et verticalisé en cas d'index ulnaire
tante. Son évaluation se fera au mieux par arthro-IRM. La positif [16, 17]. Le ligament s'insère sur le cartilage hyalin
morphologie du ligament et ses insertions sont variables. radial dont le signal intense sur certaines séquences ne doit
Chapitre 15. IRM du poignet et de la main    223

Fig. 15.20 Tendon long fléchisseur du pouce et angle magique.


Coupe coronale T1. Aspect en hypersignal T1 sans augmentation de
b son calibre du tendon dans l'éminence thénarienne (flèche).

Fig. 15.21 Insertion radiale du TFCC sur le cartilage épiphysaire,


à ne pas confondre avec une fissure (flèche).

Les perforations du ligament augmentent avec l'âge et


après 50 ans [18] ; 100 % des ligaments présentent des lésions
Fig. 15.19 Tendon long extenseur du pouce et artéfact de l'angle dégénératives dont 40  % de perforations. Elles débutent
magique. Coupes axiales T1 successives (a–c). Le tendon est de signal au niveau de la face proximale du ligament. Avant l'âge de
normal à hauteur du tubercule de Lister (a) puis présente une élévation
20 ans, il n'est pas relevé de perforation.
progressive de signal sur les coupes sous-jacentes (b, c).

Variantes musculaires et tendineuses


pas être pris pour une désinsertion ligamentaire (fig. 15.21). Ces variantes sont relativement fréquentes, pouvant passer
L'insertion périphérique du ligament au niveau de la fovéa inaperçues sur l'imagerie. Elles sont souvent sans retentis-
ulnaire est d'interprétation délicate en raison de son signal sement clinique, mais peuvent être responsables de troubles
très hétérogène (fig. 15.22). Plusieurs étiologies sont évo- fonctionnels à type de fatigabilité́ à l'effort ou de tendinopa-
quées pour expliquer cette hétérogénéité : la présence de thies survenant au cours d'activités répétitives, profession-
tissu intermédiaire fibrograisseux et pauvre en collagène, le nelles ou sportives.
phénomène de l'angle magique ou encore un volume partiel
avec le récessus préstyloïdien [12]. Cependant, deux bandes Muscle long palmaire
proximales et distales doivent être isolées et continues en Ce muscle est inconstant et absent dans 11 % des cas environ.
imagerie pour évoquer une intégrité du TFCC. Normalement, ce muscle se situe sur la face latérale du nerf
224   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

masse musculaire dans la paume. Cette dernière peut être


responsable d'un syndrome du canal carpien quand elle est
volumineuse. Il peut être difficile de le différencier avec la
variante plus fréquente d'une jonction musculotendineuse
basse située en intracanalaire.

Tendon accessoire de Barfred


Cette languette tendineuse inconstante est tendue entre le
tendon extenseur propre du 5e doigt et l'extenseur ulnaire
du carpe. Elle peut présenter des expansions vers le 5e méta-
carpien. Un nodule de synovite peut se développer au
niveau de son attache sur l'extenseur ulnaire du carpe. Cette
languette est habituellement bien tolérée cliniquement mais
peut être responsable dans de rares cas d'une tendinopathie
rebelle de l'extenseur ulnaire du carpe [26].

Variantes osseuses
Les os accessoires au niveau du poignet sont nombreux.
Ils peuvent, comme pour le carpe bossu, mimer une masse
des tissus mous cliniquement. Le carpe bossu correspond à
une proéminence osseuse ferme constitutionnelle (os sty-
loidium) ou acquise à la face dorsale de la main à la base
Fig.  15.22 Insertion ulnaire du TFCC en regard de la fovéa, du deuxième ou troisième métacarpien et du capitatum. La
de signal plus hétérogène que la portion centrale à ne pas plupart des carpes bossus sont asymptomatiques mais, en
confondre avec une désinsertion. Deux faisceaux (proximal et dis- cas de douleur, l'IRM peut retrouver des anomalies à type
tal) sont habituellement visibles (flèches). d'œdème osseux, de bursopathie ou, plus rarement, de ten-
dinopathie des extenseurs radiaux du carpe [27].
médian au quart inférieur de l'avant-bras, puis il surcroise
par en avant le nerf pour se terminer au bord supérieur du
rétinaculum des fléchisseurs où il se prolonge par l'apo- Principales indications
névrose palmaire moyenne. Il peut également prendre un Ruptures tendineuses
aspect musculaire hypertrophique ou présenter un muscle
bitendineux se réunissant au muscle fléchisseur ulnaire du Les tendons fléchisseurs de doigts sont particulièrement
carpe [19, 20]. Le long palmaire peut également présenter exposés aux plaies pénétrantes, mais aussi aux traumatismes
un trajet endocanalaire dans le canal carpien, en relation fermés au cours d'accidents sportifs aigus (rugby ou jersey
étroite avec le nerf médian (palmaris profundus) [21, 22]. Il finger). L'imagerie aide au repérage des extrémités tendi-
peut être responsable de compression nerveuse. neuses qui peuvent se rétracter de plusieurs centimètres (voir
fig. 15.3). Le compte-rendu doit mentionner précisément la
position des extrémités tendineuses et l'écart interfragmen-
Muscle abducteur accessoire du 5e doigt taire. Un deuxième centrage peut être nécessaire pour repé-
Ce muscle accessoire serait assez fréquent [23]. Il présente un rer l'une des extrémités si le champ de vue est trop limité. Sur
trajet oblique en bas et en dedans vers la loge de Guyon. La le plan des séquences, la pondération T1 est essentielle, per-
forme du muscle dépend de son insertion proximale sur l'apo- mettant un excellent détail anatomique. Elle doit comprendre
névrose antébrachiale ou la face médiale du tendon long pal- des plans axiaux et sagittaux obliques dans l'axe du tendon.
maire. Après une insertion de relais sur le pisiforme, le muscle L'injection de gadolinium n'est pas indispensable mais peut
et son tendon se terminent sur la base de la phalange proximale aider à trancher entre un artéfact d'angle magique et une
et la partie ulnaire de la dossière des interosseux du 5e doigt. Il rupture tendineuse, car le rehaussement de la gaine tendi-
va donc surcroiser le pédicule vasculonerveux ulnaire lors de neuse est souvent intense en cas de rupture. Les séquences
son trajet. Une compression nerveuse est possible [24]. Une en pondération T2 ont l'avantage d'être moins soumise aux
étude échographique portant sur 115 volontaires sans syn- artéfacts d'angle magique et de retrouver des épanchements
drome canalaire a mis en évidence un tel muscle dans 35 % des tendineux. En IRM, la zone de rupture est remplacée par une
cas [25]. Un muscle de moins de 1,7 mm d'épaisseur ne serait fine gaine vide de signal intermédiaire spontanément et se
pas responsable de compression nerveuse. rehaussant fortement après injection de gadolinium (voir
fig. 15.3). La longueur intertendineuse doit être mesurée au
mieux sur une coupe longitudinale car, au-delà de 3 cm, une
Muscles fléchisseurs communs greffe tendineuse est préférée à une simple suture [28, 29].
des doigts digastriques Les tendons extenseurs sont moins exposés aux trauma-
Les muscles fléchisseurs communs superficiels et profonds tismes, mais citons en particulier les ruptures du tendon
des doigts peuvent être digastriques avec une masse habi- long extenseur du pouce à hauteur du tubercule de Lister
tuelle à l'avant-bras, un tendon intermédiaire, puis une dans les fractures du radius. Cette rupture peut survenir en
Chapitre 15. IRM du poignet et de la main    225

deux temps après une lacération initiale passée inaperçue. La bande sagittale radiale est le plus souvent atteinte, asso-
Elle survient alors le plus souvent entre la 3e semaine et le ciée ou non avec une luxation ou subluxation ulnaire du
3e mois après le traumatisme [30, 31]. Les ruptures tendi- tendon [38]. Le diagnostic initial peut être difficile en raison
neuses peuvent également survenir sur des conflits osseux de l'œdème dorsal et de la douleur. À terme, une instabilité
dans le cadre de rhumatismes inflammatoires [32].
Les complications postopératoires des sutures tendi-
neuses sont compliquées à gérer cliniquement. L'IRM est
une aide au démembrement de ces complications [33] : nou-
velle rupture, désunion des fils de suture avec cal d'allon-
gement du tendon, adhérences péritendineuses. Les prises
en charge peuvent être radicalement différentes (poursuite
de la rééducation, nouvelle intervention). L'imagerie permet
également d'évaluer les lésions associées des poulies et des
paquets vasculonerveux (fig. 15.23).

Épreuves dynamiques
Des études dynamiques peuvent être pratiquées en IRM,
l'image en stress sensibilisant la détection des lésions trau-
matiques tendineuses. a
L'épreuve en supination impose un stress sur le tendon
extenseur ulnaire du carpe et son rétinaculum propre [34,
35]. Une rupture traumatique aiguë du rétinaculum de l'ex-
tenseur ulnaire du carpe est possible au tennis et peut être
confondue avec une lésion du TFCC. Les coupes axiales en
supination recherchent une luxation ou une subluxation du
tendon au niveau d'une poche de décollement de l'insertion
médiale du rétinaculum le plus souvent. L'instabilité isolée
du tendon ne peut traduire qu'une simple laxité. L'épreuve
en stress peut également ouvrir une lésion fissuraire de l'ex-
tenseur ulnaire du carpe (fig. 15.24).
L'épreuve de flexion des métacarpophalangiennes (MCP)
permet de sensibiliser la détection des lésions de l'appareil
extenseur (boxer knuckle) [36, 37]. Les microtraumatismes b
peuvent induire des lacérations du tendon extenseur, une
Fig.  15.24 Épreuves dynamiques en pronation-supination.
bursite avec des remaniements hémorragiques, une rupture
Coupes axiales T1FS après injection de gadolinium. (a) Pronation.
de plaque palmaire et des lésions ostéochondrales de la tête Tendon extenseur ulnaire du carpe avec anomalie de signal intraten-
métacarpienne [37] (du médius le plus souvent compte tenu dineuse. Le tendon est en place dans sa gouttière malgré une poche
de sa proéminence en comparaison aux autres MCP [38]). de décollement de l'insertion médiale de son rétinaculum (flèche).
Des lésions traumatiques aiguës peuvent rompre une bande (b) Supination. Subluxation du tendon extenseur ulnaire du carpe et
sagittale, participant à la stabilisation du tendon extenseur. ouverture de la fissure tendineuse.

a b

Fig. 15.23 Adhérences postopératoires dans le canal digital après suture des fléchisseurs commun profond et superficiel de l'index
droit. (a) Coupe sagittale T1 après injection de contraste montrant la continuité et une subluxation des tendons fléchisseurs, traduisant une
déhiscence des poulies A2, A3 et A4. (b) Coupe axiale T1 après injection de produit de contraste : les tendons apparaissent de bonne qualité et de
faible signal. Tissu cicatriciel à développement palmaire et vers le paquet vasculonerveux médial (flèches).
226   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

Pathologies synoviales
L'IRM de la main n'est pas systématique pour le diagnos-
tic précoce et le suivi des rhumatismes inflammatoires, à la
différence de l'échographie-Doppler. L'IRM sera pratiquée
dans les diagnostics difficiles ou en cas de discordance cli-
nico-échographique. La détection des pannus synoviaux
nécessite une injection  IV de gadolinium, au mieux des
séquences T1 FS avec séquences dynamiques. L'IRM dyna-
mique est utilisée pour évaluer l'activité de la maladie. Elle
a correspond à une acquisition répétée en écho de gradient
ultrarapide après injection intraveineuse de contraste de
0,2 ml Gd-DTPA/kg de poids avec un débit de 3 ml/s. Les
séquences sont réalisées dans le plan axial centré sur une
synoviale épaissie ou en coronal sur l'ensemble des mains.
Les courbes de rehaussement sont analysées selon deux
paramètres :
■ le taux de rehaussement précoce (TRP) est mesuré entre
10 et 60 secondes après injection ;
■ le rehaussement relatif est un plateau qui survient envi-
ron une minute à une minute et demi après injection de
gadolinium [43, 44].
Le TRP de la membrane synoviale renseigne au mieux
b sur l'inflammation active visible en histologie par la pro-
lifération vasculaire (angiogenèse). De même, la prise de
Fig.  15.25 Rupture traumatique de l'appareil de contention
du tendon extenseur au niveau de l'articulation MCP du médius.
contraste précoce est plus fiable pour déterminer le volume
Coupe axiale T1 injectée (a). Épaississement inflammatoire de la bande synovial, le contraste ayant tendance à diffuser dans l'épan-
sagittale radiale (flèche). Le tendon extenseur est en place (tête de chement sur les séquences tardives. L'IRM statique pré-
flèche). (b) Coupe axiale T1 FS avec injection de gadolinium et épreuve sente une moins bonne corrélation pour l'inflammation et
en flexion de la MCP. Subluxation ulnaire du tendon extenseur (tête de le volume de la synoviale [43, 44]. Les séquences précoces
flèche). Les ligaments collatéraux mis en tension par la flexion articu- d'angio-IRM avec reconstruction MIP (maximum intensity
laire sont mieux analysés (flèches). projection) donnent une cartographie globale des synovites
et des ténosynovites de la main (voir fig. 15.13). Par ailleurs,
du tendon extenseur avec ressaut douloureux est possible. l'IRM a l'avantage de montrer des signes précoces  de la
Les coupes d'IRM axiales avec flexion de l'articulation MCP maladie rhumatismale : les synovites, l'œdème intra-osseux
mettent en tension les bandes sagittales et révèlent une et les érosions infraradiologiques (voir fig. 15.4). Elle per-
luxation du tendon dans l'espace intermétacarpien contro- met également d'évaluer l'évolution de la maladie afin d'ins-
latéral à la bande sagittale lésée (fig. 15.25) [38], tuméfiée taurer rapidement le traitement le plus adapté et de suivre
et inflammatoire. Sur le 5e doigt, la lésion peut toucher le son efficacité [45, 46]. Elle fait concurrence à l'échographie-
rétinaculum interposé entre les tendons extenseurs propre Doppler par sa supériorité pour la détection des érosions
et commun. L'épreuve de stress révèle un diastasis entre les [47] et de l'œdème intraosseux, ce dernier étant le meilleur
deux tendons. La flexion met également en tension les fais- facteur pronostique d'évolutivité de la maladie et de l'appa-
ceaux principaux des ligaments collatéraux qui sont mieux rition des érosions osseuses [48].
analysés (fig. 15.25). Une entorse d'un ligament collatéral
ou une lésion d'une jonction myotendineuse d'un interos- Pathologies osseuses
seux peuvent s'associer à la lésion de l'appareil extenseur.
Ces dernières lésions ne sont pas accessibles en échographie Traumatismes
entre les têtes métacarpiennes. De nombreuses études récentes ont comparé les perfor-
L'épreuve en flexion des doigts met en tension les poulies et mances diagnostiques des radiographies, du scanner, de
sensibilise la détection des ruptures, plus fréquentes au niveau l'IRM et de la scintigraphie osseuse pour les fractures du
des 3e et 4e doigts. Cette épreuve est cependant plus facile à scaphoïde [49]. Les radiographies standard réalisées en
réaliser en échographie [39, 40]. L'importance de la subluxa- première intention occultent entre 20 et 25 % des fractures
tion palmaire des tendons fléchisseurs dépend du nombre de [50, 51]. L'IRM apparaît comme l'examen de référence. Elle
poulies lésées (voir fig. 15.23). La poulie annulaire A2 est la présente une sensibilité de 98 %, une spécificité de 99 %, une
plus longue, la plus puissante et la plus souvent rompue [41]. précision de 96 %, une valeur prédictive négative (VPN)
L'association lésionnelle la plus fréquente est A2 et A4 [41]. ajustée de 1 et une valeur prédictive positive (VPP) ajustée
D'autres épreuves dynamiques réalisées en échographie de 0,88. Elle présente une performance discrètement supé-
ne sont pas possible en IRM, comme la mobilisation de rieure à la TDM (sensibilité 94 %, spécificité 96 %, précision
l'aponévrose de l'adducteur du pouce pour la détection des 96 %, VPN ajustée 0,99 et VPP 0,75 [49]). La scintigraphie
lésions de Stener [42], ou la mobilisation des tendons opérés au technétium 99 avec trois phases osseuses présente une
à la recherche d'adhérences. sensibilité proche de 100 %, avec une VPP de 93 % [51, 52].
Chapitre 15. IRM du poignet et de la main    227

Cependant, cette technique présente des inconvénients : mière ou deuxième rangée du carpe, ce qui peut modifier
acquisition longue (4 à 6 heures), irradiation non négli- la prise en charge chirurgicale. L'IRM permet également de
geable (pouvant correspondre à l'équivalent de 200 radio- redresser le diagnostic car d'autres pathologies peuvent être
graphies de thorax [51]) et surtout un manque de spécificité associées à un œdème du lunatum : un kyste intraosseux
du fait de la difficulté de localiser l'hyperfixation de l'isotope ou un syndrome d'impaction ulnolunaire. Dans ce dernier
[51, 53]. syndrome, l'œdème osseux prédomine à la face proximale et
L'IRM détecte non seulement les fractures corticales, ulnaire du lunatum. Il s'y associe aussi une variance positive
mais aussi les impactions trabéculaires du scaphoïde comme de l'ulna et des lésions dégénératives du TFCC [67, 68]. La
des autres os du carpe. Elle permet également de retrouver rupture du ligament lunotriquétral peut s'intégrer dans ce
des lésions des tissus mous comme les lésions ligamen- syndrome et être associée à un œdème osseux du triqué-
taires extrinsèques du poignet [54]. L'American College trum au niveau de l'attache ligamentaire.
of Radiology (ACR) reconnaît la valeur de l'IRM dans la La maladie de Preiser est exceptionnelle et correspond
suspicion de fracture du scaphoïde et le recommande en à une ostéonécrose du scaphoïde en l'absence de fracture
deuxième ligne d'investigation après la réalisation de radio- préalable. Elle serait en rapport avec un défaut de vascu-
graphies standard [55]. Elle semblerait également être l'atti- larisation du pôle proximal du scaphoïde et serait associée
tude la plus économique permettant de poser le diagnostic à des microtraumatismes répétés ou à une complication
de contusion ou de fracture, d'empêcher une immobilisation médicamenteuse [69]. L'IRM dans cette pathologie est l'exa-
ou un suivi inutile et en minimisant l'irradiation du patient men de choix permettant de distinguer deux formes [70] ;
[56]. Malheureusement, compte tenu d'un parc insuffisant le type I est caractérisé par une anomalie de signal diffuse
en France, il est difficile de proposer une IRM du poignet en du scaphoïde avec un risque important de développer une
urgence pour les suspicions de fracture du scaphoïde à radio- arthrose secondaire ; le type II est caractérisé par une ano-
graphies douteuses. Le scanner est actuellement l'imagerie de malie de signal inférieure ou égale à 50 % du scaphoïde et
deuxième intention la plus répandue, malgré une sensibilité serait de meilleur pronostic.
inférieure à l'IRM pour la détection des impactions trabécu-
laires. Les retards de consolidation sont appréciés au mieux
au scanner. En revanche, l'évaluation de la viabilité osseuse Syndromes canalaires
en cas de pseudarthrose du scaphoïde [57–59], comme pour Syndrome du canal carpien
la maladie de Kienböck, repose sur l'IRM avec injection IV Il est le syndrome canalaire le plus fréquent, apparaissant
de gadolinium. Les séquences T1 et T2 ne suffisent pas à entre 35 et 60  ans chez la femme. L'électromyogramme
apprécier cette viabilité. Le rehaussement osseux a une excel- (EMG) est actuellement l'examen de référence permettant
lente VPN de nécrose osseuse, alors que l'absence de rehaus- de poser le diagnostic et de quantifier la souffrance nerveuse
sement ne signe pas obligatoirement la nécrose. Elle oriente [71]. L'IRM n'est pas indiquée dans le bilan préopératoire
cependant vers certaines prises en charge, comme une greffe d'un syndrome carpien. Elle peut être indiquée en face d'un
osseuse pédiculée vascularisée en cas de pseudarthrose du terrain atypique (sujet jeune) ou d'un syndrome canalaire
scaphoïde [60]. L'injection dynamique de gadolinium a été d'effort. Il faut alors suspecter une compression extrinsèque
proposée, mais sa valeur ajoutée reste discutée [61]. du nerf médian par un kyste synovial ou un muscle intra-
canalaire. Une simple hypertrophie ou l'incursion d'un ou
Nécrose avasculaire de plusieurs muscles fléchisseurs superficiels des doigts ou
La maladie de Kienböck correspond à une ostéonécrose des lombricaux par des jonctions myotendineuses intra-
du lunatum d'étiologie indéterminée. Elle touche préféren- canalaires peut être responsable d'une compression du
tiellement l'homme, la main dominante et les travailleurs nerf médian lors de l'effort [72, 73]. Le palmaris profun-
manuels entre 20 et 40  ans [62]. Elle est habituellement dus, muscle accessoire du palmaris longus, peut également
unilatérale. Elle est associée à une variance ulnaire négative accompagner le nerf médian dans sa gaine [74]. Il est
(78 % des patients contre 23 % de la population normale) important de porter le diagnostic car les infiltrations sont
[63]. Elle est classée en quatre stades [64]. Le stade I cor- inefficaces et la libération par endoscopie contre-indiquée.
respond à une radiographie normale mais avec une IRM L'IRM recherche une augmentation de la surface du
retrouvant une anomalie de signal diffuse ou focale du nerf médian (la surface normale au niveau du pisiforme est
lunatum. Le stade II retrouve une augmentation de den- évaluée entre 9 et 11 mm2 [75]), un aplatissement du nerf à
sité du lunatum en comparaison avec les autres os du carpe hauteur de l'hamatum, un bombement du rétinaculum des
en radiographie standard et un hyposignal T1 diffus, un fléchisseurs [76] et une atrophie des muscles thénariens à
hypersignal T2 épars du lunatum en IRM. Le stade III cor- un stade tardif. En pondération T2 FS, le nerf médian est en
respond à un effondrement du lunatum par fracture de la hypersignal, traduisant l'œdème intraneural ou la démyélini-
plaque osseuse sous-chondrale. Il est séparé en deux sous- sation. Il est plus rarement en hyposignal T2 FS, traduisant
groupes : IIIA lorsqu'il persiste un ligament scapholunaire de la fibrose intraneurale. Le nerf normal ne présente pas de
intact et IIIB lorsqu'il y a une rupture ligamentaire. Le rehaussement après injection de gadolinium. Des troubles de
stade IV correspond à un effondrement du lunatum asso- la vascularisation endoneurale sont fréquents en cas de com-
cié à une arthrose radiocarpienne puis médiocarpienne [65, pression, soit à type de rehaussement (œdème et fibrose), soit
66]. L'IRM aide au diagnostic à la phase initiale à radiogra- à type d'hypoperfusion (ischémie) [77]. L'IRM peut retrou-
phie normale. Elle permet également, lorsque le diagnostic ver des signes de dénervation des muscles thénariens à type
est posé, de détecter une atteinte cartilagineuse de la pre- d'œdème (subaigu) ou d'amyotrophie graisseuse (chronique).
228   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

L'indication principale de l'IRM du canal carpien est la superficielle extensive entre le bord palmaire du nerf et
récidive douloureuse postopératoire [78]. Les complications le tendon palmaris longus, et une fibrose profonde sur la
après libération du canal carpien ne sont pas exceptionnelles face dorsale du nerf médian exerçant un effet de masse
(3 à 19 % des cas sur de larges séries) et nécessitent de nou- sur les tendons fléchisseurs adjacents ou en endoneu-
velles explorations dans 12 % des cas [79]. Le diagnostic ral, mieux détectée sur les séquences axiales T1 et T1 FS
clinique et électrique postopératoire est difficile et nécessite après injection IV de gadolinium ;
souvent des EMG itératifs. L'IRM peut aider au démembre- ■ névrome traumatique postopératoire d'une branche de
ment des complications [78, 80–83] : division du nerf médian (cutané palmaire, thénarienne)
■ section incomplète du rétinaculum des fléchisseurs avec ou du nerf médian lui-même. L'IRM retrouve alors un
persistance d'une empreinte focale sur le nerf médian élargissement du nerf médian ou d'une de ses branches,
(fig. 15.26) ; une augmentation du signal T2 du nerf, et surtout une
■ persistance d'une compression extrinsèque du nerf prise de contraste intense du nerf en T1 après injection
médian par un kyste ou un muscle non vu lors de la libé- intraveineuse de gadolinium. La disparition de l'appa-
ration endoscopique ; rence fasciculée normale du nerf est un signe très spéci-
■ tissu cicatriciel périneural. Deux types de fibroses sont fique [78].
décrits dans les séries chirurgicales [79] : une fibrose
Syndrome de la loge de Guyon
La compression du nerf ulnaire au niveau de la loge de Guyon
est rarement primitive, à la différence du nerf médian, et
nécessite systématiquement une imagerie. L'échographie
ou l'IRM sont efficaces pour détecter une étiologie à ce syn-
drome. On distingue les causes extrinsèques et intrinsèques.
L'IRM permet une exploration complète du canal de Guyon
(parties proximale, moyenne et distale). Elle peut être réa-
lisée lorsque la symptomatologie clinique est atypique ou
inhabituellement sévère, lorsque les explorations neurophy-
siologiques sont non concluantes ou lorsque l'on suspecte
une tumeur. En l'absence de cause extrinsèque ou intrin-
sèque évidente, l'IRM peut objectiver une augmentation du
nerf ou d'un de ses rameaux de division, un œdème neural
et des muscles innervés par le nerf ulnaire ou ses branches
de division [84]. Les principales étiologies sont :
■ un kyste synovial provenant de l'articulation pisotriqué-
trale (fig. 15.27) ;
■ les lésions osseuses et articulaires traumatiques [85] :
– la fracture de l'hamulus de l'hamatum est le plus sou-
vent responsable, bien que rare (2 à 4 % des fractures du
carpe). Elle intéresse dans la majorité des cas la base ou
le tiers proximal de l'hamalus. Elle survient après une
chute sur le bord ulnaire de la main en extension. Elle
a résulte également de microtraumatismes répétés dans
les sports de raquette (main dominante) ou le golf (main

b
Fig.  15.26 Libération incomplète du nerf médian dans le canal
carpien. (a) Coupe sagittale T1 après injection de gadolinium.
Persistance d'une empreinte extrinsèque du rétinaculum des fléchis-
seurs sur le nerf médian associée à un rehaussement endoneural Fig.  15.27 Syndrome de la loge de Guyon en rapport avec un
(flèche). (b) Vue peropératoire avec névrome de continuité proximal kyste arthrosynovial de l'articulation pisotriquétrale. Coupe
(flèche) traduisant la compression persistante. axiale STIR : le nerf ulnaire est refoulé en superficie (flèche) par le kyste.
Chapitre 15. IRM du poignet et de la main    229

non dominante). Le diagnostic n'est pas toujours facile Plus rarement, le syndrome touche la branche sensitive
sur les clichés standard et le recours à des incidences du nerf ulnaire. Elle s'observe essentiellement chez le cycliste
complémentaires tend à être remplacé par le scanner. amateur ou professionnel [87], chez des patients réalisant
L'hamuli proprium (absence de fusion d'un point d'os- des arts martiaux, des sports de raquette ou chez les travail-
sification secondaire) ne doit pas être confondu avec leurs exposés aux vibrations prolongées (marteau-piqueur)
une fracture. Le retard diagnostique de la fracture peut [85]. Des phénomènes de cisaillement ou des traumatismes
conduire à une rupture secondaire des tendons fléchis- directs (cadre du vélo par exemple) sont responsables de la
seurs des derniers doigts. Le retard de consolidation ou lésion nerveuse.
la pseudarthrose seront surveillés par scanner ; Une tumeur du nerf ulnaire, le plus souvent un schwan-
– la fracture du pisiforme est très rare mais aussi sous- nome, peut aussi être responsable du syndrome. Les
estimée, car difficilement visualisée sur les incidences patients se présentent avec une masse de croissance len-
radiologiques standard. La mise en évidence de petits tement évolutive. L'importance des signes neurologiques
fragments ostéochondraux dans les récessus articu- n'est pas corrélée à la taille tumorale mais au degré de
laires peut être évocatrice. Elle résulte le plus souvent compression du nerf. Le diagnostic est facilement fait en
d'une chute avec impact direct sur le pisiforme. Les échographie, mais l'IRM est souvent nécessaire dans le
sports de raquette (badminton) et le volley exposent bilan préthérapeutique.
aux fractures de fatigue et aux instabilités du pisi-
forme. Des pathologies d'insertion du fléchisseur
ulnaire du carpe peuvent s'y associer. Pseudotumeurs et tumeurs
■ les variantes anatomiques autour du canal de Guyon Elles Les masses du poignet et des doigts sont le plus souvent des
sont fréquentes (35 % des poignets) avec une plus grande pseudotumeurs ou des tumeurs bénignes. Les deux lésions
prévalence pour le sexe masculin. La principale anomalie les plus fréquentes sont les kystes synoviaux et les tumeurs
musculaire est une variante du muscle abducteur de l'au- à cellules géantes des gaines tendineuses. L'échographie en
riculaire [25]. L'épaisseur moyenne du muscle accessoire mode B et Doppler est efficace pour le diagnostic de kyste
est de 1,7 mm et ne varie ni avec le sexe, ni avec le côté synovial et pour les malformations vasculaires, le plus sou-
dominant, ni avec le caractère manuel de l'activité profes- vent veineuses. L'IRM est indiquée pour retrouver les lésions
sionnelle. Ces variantes musculaires ne sont significatives kystiques profondes palmaires, pour caractériser les lésions
que si le muscle fait plus de 4 mm d'épaisseur ; « solides » ou les kystes atypiques, pour éliminer des pseu-
■ le syndrome du marteau hypothénarien [86]. Il touche domasses dues à une synovite ou un tendon rompu rétracté.
essentiellement l'artère ulnaire. La paroi intimale de Elle permet également d'aider la planification d'un éventuel
l'artère ulnaire est lésée en s'impactant contre l'hamu- acte chirurgical en précisant la localisation et l'origine d'un
lus de l'hamatum, conduisant à une sténose voire une kyste synovial [88].
thrombose de l'artère. L'angio-IRM retrouve des images
de thrombose, de dissection, de sténose, d'anévrisme Lésions kystiques
ou encore un aspect dysplasique « en tire-bouchon » Les lésions kystiques représentent 60  % des masses des
(fig. 15.28). Des emboles distaux au niveau des doigts mains [88, 89]. On estime leur incidence annuelle à 25 et
peuvent également être révélés par l'angio-IRM. La for- 43 pour 100 000 hommes et femmes respectivement [90].
mation d'un anévrisme résulte d'une lésion de la média. Les kystes se rencontrent chez les sujets jeunes, essentielle-
Celui-ci peut être tapissé d'un thrombus qui libère des ment entre 20 et 40 ans, mais des extrêmes de 3 et 89 ans
micro-emboles. Cette ischémie digitale est majorée par ont été rapportés. La prédominance féminine est habituelle
un vasospasme réflexe de la circulation collatérale. (deux femmes pour un homme). Les deux mains sont
atteintes de façon égale. L'apparition des kystes est le plus
souvent spontanée, progressive, mais environ 15  % des
patients rattachent l'apparition de leur kyste à un trauma-
tisme. Certains kystes semblent apparaître le lendemain
d'un traumatisme ou dans les jours suivant une hyperutili-
sation du poignet [89]. L'augmentation de volume est le plus
souvent progressive, parallèle à l'augmentation de la gêne
fonctionnelle. A l'inverse, les microkystes dorsaux sont par-
ticulièrement douloureux et deviennent souvent indolores
lorsqu'ils augmentent de volume.
Le kyste dorsal scapholunaire est le plus fréquent (entre
57 % et 70 %) (voir fig. 15.5) [88], suivi du kyste de la gout-
tière du pouls (15 %).
Les kystes dorsaux communiquent presque toujours,
à travers la capsule, avec une zone de dégénérescence
du segment dorsal du ligament scapholunaire. Cette
Fig.  15.28 Syndrome du marteau hypothénarien. Angio-IRM,
­communication se fait à travers des conduits tortueux au
coupe coronale MIP avec aspect dysplasique en « tire-bouchon » de sein de la capsule [91, 92]. L'opacification du kyste par injec-
l'artère ulnaire (flèche). tion intra-articulaire n'est pas la règle (voir fig. 15.16).
230   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

Les kystes de la gouttière du pouls semblent naître à


proximité du ligament scapholunaire entre les ligaments
extrinsèques radio-scapho-capital et radio-luno-triquétral
[93]. Ils peuvent également provenir de l'articulation sca-
pho-trapézo-trapézoïdienne (STT) [88].
Les kystes du plancher du canal carpien sont encore plus
rares. Ils peuvent naître de sites assez variés. La plupart du
temps, ils proviennent de l'articulation STT, mais pratique-
ment toutes les articulations des deux rangées du carpe et les
articulations carpométacarpiennes peuvent être concernées.
L'échographie suffit au diagnostic, mais elle peut avoir des
difficultés à localiser correctement le pertuis. L'imagerie la
plus performante en préopératoire pour ces kystes est l'IRM
car ils sont relativement profonds et le pertuis très irrégulier
et étendu parfois vers la face dorsale du poignet [94]. Ces Fig.  15.29 Tumeur à cellule géante des gaines tendineuses.
kystes peuvent être responsables d'un syndrome du canal Coupe sagittale T2* : nodule palmaire de la gaine des tendons fléchis-
carpien par augmentation de la pression intracanalaire. seurs avec dépôts d'hémosidérine (flèche), envahissant le canal digital,
Aux doigts, les kystes siègent plus volontiers au niveau le récessus articulaire palmaire et la tête de la phalange (étoile).
des poulies, en particulier des poulies A1 et A2 [95], et
peuvent être responsables d'un doigt à ressaut. Le ressaut
est multifactoriel et l'IRM peut faire la part entre un épais- Fibrome des gaines tendineuses
sissement inflammatoire de la poulie (diffus ou nodulaire), Ce fibrome est plus rare et d'aspect proche en IRM de la
un kyste de la poulie, une tendinopathie nodulaire du ou TCGGT. Une forme particulière est les coussinets fibreux
des fléchisseurs et une ténosynovite. Plus rarement, les (knuckle pads) développés sur la face dorsale des articulations
kystes touchent les tendons extenseurs et peuvent même interphalangiennes proximales (IPP) ou des métacarpopha-
infiltrer les tendons, correspondant plutôt à une dégénéres- langiennes (MCP). En IRM, on retrouve un épaississement
cence mucoïde intratendineuse. Ils sont alors mobiles avec nodulaire d'intensité intermédiaire en T1 et T2 avec des
les tendons. foyers ponctués de bas signal à la face dorsale des MCP et
Les pseudokystes mucoïdes péri-unguéaux sont des IPP, avec un rehaussement variable après injection [101].
kystes qui se développent sur une arthrose interphalan- La maladie de Dupuytren touche presque exclusivement
gienne, distale le plus souvent. Les ostéophytes dorsaux vont les Caucasiens et rarement les populations africaines ou
léser la capsule dorsale et l'appareil extenseur. Le kyste va se asiatiques. L'âge moyen de survenue est de 65 ans, touchant
constituer dans le repli postérieur de l'ongle et être alimenté 3 à 4 fois plus souvent les hommes que les femmes. L'atteinte
par un pédicule développé entre le bord latéral du tendon est bilatérale dans 40 à 60 % des cas. Ces lésions progressent
extenseur et le ligament collatéral [96]. Le kyste peut dans lentement en regard de l'aponévrose palmaire, pouvant
de rares cas passer sous le cul-de-sac matriciel et se déve- être à l'origine d'une flexion irréductible des doigts. L'IRM
lopper en sous-unguéal dans le lit de l'ongle. L'extension dans la maladie de Dupuytren est utile pour distinguer les
vers la pulpe est également possible. L'imagerie est utile nodules ou les cordes de l'aponévrose palmaire encore actifs
pour détecter ces extensions rares. Elle permet également et vascularisés prenant le contraste des lésions inactives de
d'évaluer son extension dans la matrice unguéale car toute bas signal sur l'ensemble des séquences [101]. Des cordes
chirurgie la lésant risque d'endommager la repousse cor- fibreuses digitales, en particulier au niveau du 5e doigt, sont
recte de l'ongle [88]. également possibles. Des associations avec les maladies de
Ledderhose (5 à 20 %), Lapeyronie et des coussinets fibreux
Tumeur à cellules géantes des gaines sont également retrouvées [101].
tendineuses (TCGGT)
C'est la deuxième tumeur la plus courante des mains après Tumeurs glomiques
les lésions kystiques [97]. Elle correspond à la forme extra- Parmi les lésions vasculaires, les tumeurs glomiques [102]
articulaire de la synovite villonodulaire (SVN). Cette lésion ont la particularité d'un tropisme pour le lit unguéal en
bénigne sous-cutanée est souvent solitaire, sans douleur, raison de leur origine à partir des corps glomiques. Ces
à croissance lente [98]. L'IRM est spécifique devant des tumeurs, souvent minuscules, sont très douloureuses, sur-
nodules solides plus ou moins vascularisés et comportant tout à la pression et au froid. L'IRM avec séquences angio-
des dépôts d'hémosidérine, au mieux détectés sur une graphiques est l'examen de référence pour le diagnostic de
séquence en écho de gradient (fig. 15.29) [99]. Ces TCGGT ces tumeurs (fig. 15.30). Dans de rares cas, elles peuvent
peuvent s'étendre de l'appareil extenseur aux tendons flé- être multiples sur le même doigt ou toucher plusieurs
chisseurs dans le canal digital, ou infiltrer une articulation doigts. Le signal tumoral est classiquement élevé en T2
sous-jacente. Les récidives sont fréquentes, apparaissant avec un rehaussement homogène après injection de gado-
généralement dans les 36 mois après l'excision [100]. linium. Des signes indirects, comme une encoche osseuse
Chapitre 15. IRM du poignet et de la main    231

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Chapitre 15. IRM du poignet et de la main    233

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Chapitre
16
IRM du rachis non tumoral
C. Le Breton, R.-Y. Carlier

PLAN DU CHAPITRE
Techniques d'étude du rachis . . . . . . . . . . . . . . 235 Principales pathologies
Anatomie IRM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 237 achidiennes non tumorales. . . . . . . . . . . . . . . . 239

Techniques d'étude du rachis offrent une étude « myélographique » sagittale excellente qui
permet d'apprécier la taille des espaces sous-arachnoïdiens.
Antennes En étude axiale, cette séquence est sensible aux artéfacts de
L'étude rachidienne en IRM s'effectue avec des antennes de flux du liquide céphalorachidien (LCR) qui peuvent être
surface dont la configuration permet une couverture plus ou réduits par différentes techniques.
moins étendue. Les antennes segmentaires ne permettent Cette séquence est peu sensible à l'œdème ou l'infiltra-
pas de couvrir plus de 30 cm. Les antennes en réseau phasé, tion tumorale de la médullaire osseuse.
juxtaposition de plusieurs antennes, permettent de couvrir
jusqu'à environ 50 cm. STIR
L'étude rachidienne en IRM est toujours un compromis Cette séquence d'inversion-récupération permet une annu-
entre la longueur de la zone d'analyse et la résolution nécessaire lation du signal de la graisse de la médullaire osseuse. Elle
à la mise en évidence d'anomalies morphologiques ou de signal. est très sensible pour la détection des remplacements œdé-
Si l'on souhaite une résolution spatiale importante sur mateux et tumoraux de la moelle osseuse normale. C'est une
un niveau rachidien précis, on étudiera au mieux le niveau séquence d'exploration rachidienne quasi scintigraphique.
lésionnel à l'aide d'une antenne segmentaire ou de l'antenne Elle est néanmoins sensible aux artéfacts respiratoires et aux
en réseau phasé avec un petit champ de vue. Dans le même artéfacts de susceptibilité magnétique et ne donne pas la
ordre d'idée, l'étude de la charnière crâniorachidienne s'ef- même qualité d'exploration anatomique que les séquences
fectuera de façon plus précise sur certaines machines à l'aide T1 ou TSE T2. La séquence STIR procède d'un effet T1,
de l'antenne céphalique ou cervicocéphalique en quadrature même si les images sont proches des images pondérées en
qu'avec une antenne de surface rachidienne. T2. Il est impératif de réaliser cette séquence avant injection
Inversement, si l'on souhaite une large couverture pour de gadolinium au risque de méconnaître de nombreuses
détecter l'étendue des sites lésionnels d'une même patholo- lésions inflammatoires et tumorales.
gie (par exemple traumatique, infectieuse, etc.), on utilisera
une antenne permettant une couverture du rachis en un, Densité protonique fat sat
deux ou trois passages (rachis entier). Cette séquence est très sensible pour la détection de lésions
œdémateuses, en particulier pour l'œdème osseux post-
Séquences contusif ou sur sepsis. On lui préférera la séquence STIR
pour la détection des infiltrations tumorales.
SE ou fast SE T1
Ces séquences sont peu sensibles aux artéfacts même en Myélo-IRM (fig. 16.1)
présence de matériel de fixation rachidien en titane. Elles Dérivées des séquences de bili-IRM, ces séquences offrent la
sont sensibles à la chute du signal de la médullaire osseuse même sémiologie que les saccoradiculographies (SRG) et myé-
en cas d'œdème ou d'infiltration tumorale. lographies, mais aussi les mêmes limitations pour les conflits
Elles ne doivent jamais être effectuées d'emblée avec foraminaux (au-delà des gaines radiculaires). Leur réalisation
injection de gadolinium au risque de méconnaître de nom- jambes en extension compense partiellement le décubitus
breuses lésions inflammatoires et tumorales. comparativement aux SRG effectuées en orthostatisme.

TSE T2 Séquences T1 fat sat gadolinium (Gd)


Ces séquences sont un peu plus sensibles aux artéfacts de Ces séquences permettent une détection aisée des lésions
susceptibilité magnétique (matériels de fixation). Elles richement vascularisées inflammatoires ou tumorales. Leur
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
© 2017, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 235
236   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

nale T2 (fig  16.2) ou STIR à l'étage lombaire et une


séquence axiale en TSE T2. Les séquences sont adaptées
à l'étage exploré (tableau 16.2). Les séquences complé-
mentaires (tableau 16.3) sont utilisées dans des indica-
tions précises.
On ne s'intéressera pas uniquement aux corps vertébraux
et au canal, mais aussi aux structures avoisinantes, en parti-
culier les muscles et les vaisseaux.

Fig. 16.1 Myélo-IRM lombaire. Bonne visualisation des racines de la


queue de cheval en hyposignal au sein du LCR en hypersignal liquidien.

Tableau 16.1 Protocole IRM minimal


dans l'étude du rachis.
T1 sagittal STIR
T2 TSE sagittal ou coronal
STIR sagittal ou coronal
Axial T2 TSE sur le segment d'intérêt

réalisation première sans séquence T1 non injectée peut


parfois rendre difficile l'analyse sémiologique IRM.
Fig. 16.2 Vue coronale T2 lombaire. Intérêt dans les troubles de la
statique rachidienne (scoliose) : dislocation vertébrale T12–L1 gauche
Séquences T2 écho de gradient (EG) et L3–L4 droit.
Ces séquences sont sensibles aux effets de susceptibilité
magnétique. Elles permettent, comme la séquence STIR,
une détection facile des infiltrations tumorales, en parti-
Tableau 16.2 Protocole IRM du rachis
culier métastatiques. Elles sont en revanche moins utilisées selon le segment étudié.
pour la détection des lésions œdémateuses inflammatoires.
Elles peuvent aussi être utilisées en choisissant les para- Étage Séquences de base Séquences
mètres appropriés pour la mise en évidence de vaisseaux supplémentaires
rachidiens normaux ou anormaux. Étage cervical Sagittal T1, T2 TSE, Sagittal STIR
axial T2 EG Myélo-IRM
Séquence de diffusion T1 gadolinium
Étude dynamique
Cette séquence complémentaire est utilisée dans certaines
Étage thoracique Sagittal T1, T2 TSE, T1 gadolinium
indications (tassements vertébraux, pathologie tumorale).
axial T2 TSE T2 EG
Diffusion
Protocole d'étude de base (tableau 16.1) Étage lombaire Sagittal T1, T2 TSE Myélo-IRM
Chaque examen doit s'adapter à l'état clinique, l'anatomie ou STIR, coronal T1 gadolinium
du patient, aux pathologies suspectées ou mises en évidence T2 TSE ou STIR, axial Diffusion
T2 TSE
en cours d'examen. Il n'existe ainsi pas d'étude standard et
la compétence et le savoir-faire du radiologue ainsi que du
technicien d'électroradiologie conditionnent grandement le
résultat de l'étude IRM effectuée. Tableau 16.3 Séquences complémentaires
On peut cependant préciser que toute étude rachidienne dans l'étude du rachis.
devra comporter deux plans d'étude orthogonaux, ce qui Myélo-IRM
évitera les erreurs d'interprétation liées en particulier aux Sagittale, axiale, coronale après injection de gadolinium,
artéfacts de volume partiel. avec suppression du signal de la graisse
L'étude comportera au minimum deux séquences Séquence de diffusion
Séquence T1 en phase et opposition de phase
sagittales SE T1 et TSE T2 ou STIR, une séquence coro-
Chapitre 16. IRM du rachis non tumoral    237

Étude dynamique du rachis ■ à l'étage lombaire, l'interligne est courbe ; il est sensible-
Cette étude peut être réalisée à la recherche d'instabilités ment vertical dans le plan frontal, avec une inclinaison
segmentaires en flexion, en particulier, à l'étage cervical. moyenne de 45° dans le plan sagittal.

Trous de conjugaison ou foramens


Anatomie IRM intervertébraux
Rappel anatomique [1, 2] ■ À l'étage cervical, le foramen intervertébral d'environ
20 mm de profondeur, regarde vers l'avant selon un axe
Articulation intersomatique vertébrale
placé à 45° du plan sagittal.
Cette articulation est une amphi-arthrose. Elle possède des ■ À l'étage thoracique, le foramen intervertébral est dirigé
surfaces articulaires réunies par un ligament interosseux en arrière et en dehors, faisant avec le plan sagittal un
fibrocartilagineux et par des ligaments périphériques. angle d'environ 60° ouvert en arrière.
Les surfaces articulaires planes ou concaves sont les faces ■ À l'étage lombaire, le foramen est situé dans le plan sagit-
supérieure et inférieure des corps vertébraux. La concavité tal, il présente une forme ovalaire à grand axe vertical
de ces surfaces est atténuée par une mince lame de cartilage mesurant de 14 à 18 mm de hauteur sur 7 à 10 mm en
dans la zone centrale. largeur.
Le ligament interosseux ou disque intervertébral est
constitué de fibres lâches qui sont très hydratées chez
le sujet jeune. Au fur et à mesure de l'évolution, elles se Aspect IRM [1–5]
creusent d'une cavité centrale qui peut être le siège d'épan- Disque intervertébral (DIV) normal
chement. Il n'y a habituellement jamais d'apparition d'une ■ En T1, le signal du DIV est intermédiaire, d'intensité
membrane synoviale. Cette cavité est constituée de deux supérieure à l'hyposignal franc de la corticale des pla-
chambres, l'une supérieure, l'autre inférieure, qui se teaux vertébraux et des ligaments communs vertébraux
situent à faible distance des plateaux cartilagineux. Ces antérieur et postérieur (fig. 16.3).
chambres sont aplaties en disque, séparées par des fibres ■ En T2, la partie centrale du DIV et l'anneau fibreux cen-
centrales, médianes, qui représentent les éléments fibreux tral ont le même hypersignal. Cet hypersignal est séparé
du ligament interosseux plicaturé. Ces chambres sont réu- en deux à partir de 30 ans par un hyposignal horizontal
nies au voisinage du centre de l'espace intersomatique par appelé « cleft » qui correspond à la plicature des fibres
une déhiscence de la couche fibreuse intermédiaire qui se du ligament interosseux, visible surtout à l'étage lom-
résorbe progressivement au fur et à mesure de l'évolution. baire. L'anneau fibreux périphérique est en hyposignal
Des ligaments renforcent cette capsule à la partie périphé- (fig. 16.4).
rique de l'articulation intersomatique : ■ En T2 fat sat ou STIR, l'aspect du DIV est superposable à
■ ligament vertébral commun antérieur : sur la face anté- l'aspect T2.
rieure de la colonne vertébrale ; La corticale osseuse est vide de signal sur toutes les
■ ligament vertébral commun postérieur, situé à la face séquences en raison de sa pauvreté en protons.
postérieure des corps vertébraux et de la capsule posté-
rieure de l'articulation intersomatique.
L'articulation intersomatique agit essentiellement en
pression-extension, très peu en rotation. Elle est en effet
bridée dans ce dernier mouvement par les articulations
articulaires postérieures solidarisées aux corps vertébraux
par les pédicules. Dans ces mouvements de pression et de
dépression, elle met en jeu la solidité de l'anneau fibreux
périphérique, des ligaments périphériques, et aussi de leur
insertion sur les plateaux vertébraux.

Articulations interapophysaires postérieures


ou articulations zygapophysaires
Ce sont des articulations de type diarthrose avec une cavité
semi-étanche remplie d'un liquide synovial jouant un rôle
nourricier et mécanique. Le poids supporté par les articula-
tions interapophysaires postérieures augmente progressive-
ment vers le bas et avec la lordose lombaire. Il est maximal
en L4–L5 et L5–S1.
L'orientation des facettes articulaires est variable en fonc-
tion du niveau considéré.
■ l'interligne aplati est incliné à 45° sur le plan horizontal Fig. 16.3 Vue sagittale T1 : les disques ont un signal supérieur à
pour le rachis cervical ; celui du LCR. Ils sont cernés par les corticales des plateaux vertébraux
■ à l'étage thoracique, il est incliné à environ 60° sur le plan en hyposignal ; hypersignal hétérogène du corps vertébral (moelle
vertical et tourné vers l'avant de 20° sur l'axe vertical ; osseuse).
238   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

Fig. 16.4 Vue sagittale T2 TSE : hypersignal normal de la région


centrale du disque intervertébral ; hypersignal du LCR. Fig.  16.6 Vue coronale T2. Malformations vertébrales multiples.
Hémivertèbres à l'origine d'une scoliose cervicothoracique.

répartition de la graisse au sein du corps vertébral pou-


vant mimer un aspect « tumoral ». La fente vasculaire à la
partie postérieure à mi-hauteur du corps vertébral est en
hyposignal en T1. Le rehaussement de cette zone permet
de reconnaître une séquence T1 effectuée après injection
intraveineuse de produit de contraste.
■ En T2, le signal varie, comme en T1, en fonction de la
richesse relative en moelle hématopoïétique et en graisse.
Ainsi, chez l'enfant, le signal des corps vertébraux est plus
élevé que chez l'adulte. La fente du hile veineux vertébral
apparaît en hypersignal T2.
■ En T2 avec saturation de la graisse ou en STIR, toutes les
zones graisseuses apparaissent en bas signal, tandis que
les zones d'hématopoïèse ont un signal plus élevé.

Variantes morphologiques, malformations


[2, 4]
L'IRM, par une étude large et multiplanaire du rachis, per-
Fig. 16.5 Vues sagittales T1. (a) Rachis de sujet jeune, moelle héma- met une excellente analyse des variantes morphologiques,
topoïétique en bas signal. (b) Rachis de sujet âgé (72  ans), moelle malformations et de leur retentissement sur les structures
essentiellement graisseuse en hypersignal. voisines et la moelle (fig. 16.6) :
■ vertèbres surnuméraires ;
■ hémivertèbres ;
■ blocs vertébraux ;
Corps vertébral ■ malformations de charnière ;
■ En T1 (fig. 16.5), le signal du corps vertébral est variable, ■ malformations complexes ;
hyposignal homogène, inférieur à celui de la graisse du ■ défauts de fermeture ;
fait de la présence de moelle hématopoïétique riche chez ■ éperons canalaires et diastématomyélies.
le sujet jeune, ou hétérogène du fait de plages de dégéné- L'étude multiplanaire est essentielle à la compréhension
rescence graisseuse dans 50 % des cas entre 30 et 40 ans, de ces anomalies et l'utilisation d'angulations adaptées lors
atteignant 95 % après 50 ans (ou après irradiation), ou de la programmation des coupes permettra de retrouver une
homogène, graisseux chez les personnes de plus de anatomie « quasi normale » dans les zones de déformations
60 ans. En fait, de nombreuses variations existent dans la importantes.
Chapitre 16. IRM du rachis non tumoral    239

Principales pathologies Les lésions ligamentaires sont possiblement détectées par


les signes directs d'interruption de la structure, mais aussi
rachidiennes non tumorales par les signes indirects avec œdème ou hématome locaux.
Pathologies post-traumatiques [6–11] Les articulaires lésées sont en général d'individualisation
facile. En effet, elles sont, comme toute articulation trauma-
L'IRM est très sensible pour la détection de lésions de contu-
tisée du squelette, le siège d'un épanchement. L'étude mul-
sion osseuse simple. La répartition des zones contuses peut
tiplanaire permettra de détecter des troubles de congruence
orienter sur le mécanisme lésionnel et inviter à rechercher
et les traits de refend articulaires.
des lésions ligamentaires associées.
Les complications intracanalaires (fig. 16.8 et 16.9) des
Les contusions s'accompagnent d'un œdème osseux qui
traumatismes rachidiens sont pratiquement exclusivement
se traduira par un hyposignal T1 et un hypersignal T2,
du domaine de l'IRM :
mieux visible après saturation de la graisse : spot en hyper-
■ le rétrécissement canalaire lié aux fractures vertébrales
signal bien détectable au sein de l'hyposignal des structures
est bien analysé par l'étude multiplanaire, surtout dans le
osseuses normales, aussi bien les corps vertébraux que les
plan sagittal et axial T2 ;
fines structures squelettiques comme les lames ou les articu-
lations. La séquence STIR est la plus sensible. L'œdème peut
déborder sur les structures musculaires ou les plans cellulo-
graisseux de voisinage.
Cette séquence revêt un intérêt particulier dans les trau-
matismes sévères du rachis où les niveaux lésionnels sont
souvent multiples. Un niveau lésionnel évident peut mas-
quer d'autres niveaux qui, méconnus et non traités, peuvent
se décompenser.
Une étude du rachis entier avec fusion des images,
disponible sur de nombreuses machines, permet un
bilan exhaustif et une prise en charge rapide du rachis
traumatique.
La mise en évidence de lésions de contusion osseuse du
rachis peut aussi avoir un intérêt médicolégal dans les agres-
sions ou les syndromes de Silvermann.
Les tassements vertébraux sont particulièrement bien
étudiés dans les plans sagittal et frontal. On analyse ainsi
bien la déformation architecturale associée aux signes de
contusion.
Les fractures (fig. 16.7) sont bien individualisées en étude
multiplanaire avec hypersignal T2 linéaire et effraction de
l'hyposignal cortical. Une résolution suffisante est bien sûr Fig.  16.8 Vue sagittale T2  : myélomalacie post-traumatique
nécessaire et ce n'est qu'après une étude globale du rachis en regard de C5–C6.
que l'on pourra focaliser l'étude sur les zones de contusion.
On réalisera alors une étude segmentaire avec une résolu-
tion adaptée à l'étude des structures osseuses et/ou ligamen-
taires possiblement lésées.

Fig. 16.9 Vue sagittale T2 et T1 : cavité syringomyélique déve-


loppée au-dessus de la lésion médullaire post-traumatique.
Fig. 16.7 Vue sagittale STIR : fracture tassement du corps verté- Analyse satisfaisante malgré les artéfacts d'origine métallique (ostéo-
bral et fracture de l'épineuse en regard. synthèse antérieure).
240   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

■ concernant la contusion médullaire, les séquences T2 et – les entorses discales (ou hernies discales) ont les
STIR permettent de visualiser une grosse moelle œdé- mêmes caractères que les entorses discales non trau-
mateuse. On doit compléter l'étude par des séquences en matiques. Elles seraient plus fréquentes à l'étage
écho de gradient T2, sensibles à la détection de dérivés cervical.
de l'hémoglobine. En effet, les contusions médullaires
avec pétéchies ou hématomyélie seraient de plus mauvais Pathologies discales [1, 11–16]
pronostic ;
■ les hématomes intrarachidiens répondent à la même L'articulation vertébrale intersomatique est touchée par des
sémiologie que les hématomes intracrâniens : pathologies identiques à celles observées sur les articulations
– l'hématome sous-dural est plus étendu en hauteur. Il périphériques : traumatiques, dégénératives, infectieuses ou
est de siège intradural ; sur les coupes axiales, sa face inflammatoires.
interne est concave, sa face externe est limitée en La particularité de cette articulation est de se situer au
dehors par l'hyposignal dure-mérien ; contact immédiat du sac dural et des racines qui viennent en
– l'hématome extradural est peu étendu en hauteur ; relation très intime avec les parties latérales et postérieures
sur les coupes axiales, sa face interne convexe refoule de la capsule articulaire, d'où une symptomatologie clinique
l'hyposignal dure-mérien. Il est très souvent compres- d'ordre nerveux : radiculalgie, paresthésie, parésie, para-
sif. Sa face externe est au contact des éléments osseux lysie dans le territoire correspondant à la racine en cause.
(fig. 16.10) ; Ces manifestations secondaires viennent se surajouter aux
manifestations propres douloureuses qui ne sont pas spéci-
fiques à l'articulation intersomatique et qui touchent n'im-
porte quelle articulation agressée.
Le disque intervertébral se détériore avec apparition de
manifestations dégénératives, d'autant plus importantes que
ses contraintes sont considérables : diminution progressive
d'épaisseur et d'hydratation du contenu de l'espace inter-
somatique dont la cavité devient de plus en plus étendue
à travers l'anneau fibreux capsulaire. Des épanchements
intra-articulaires écartent les plateaux vertébraux, faisant
croire à une épaisseur discale normale. Cela rend compte
de la possibilité de déchirure aiguë de l'anneau avec passage
cataclysmique du liquide intra-articulaire dans l'espace péri-
radiculaire. Cet aspect, communément appelé « hernie dis-
cale rompue », possède un tableau clinique caractéristique
et s'avère spontanément résolutif par résorption progressive
du liquide.
Le pincement discal et les ostéophytes marginaux carac-
térisent la discarthrose. Du fait de l'affaiblissement des
moyens de contention intersomatique, on peut observer
des subluxations plus ou moins importantes qui reten-
tissent aussi sur les moyens de contention et les articula-
tions postérieures du rachis. De plus, il y a une relation
directe entre la hauteur de l'espace intersomatique et le
bombement périphérique des tissus fibreux annulaires, ce
qui retentit sur les dimensions du canal rachidien et des
gouttières radiculaires.

Sémiologie de la discopathie dégénérative


Disparition de l'hypersignal central
en SE T2 (fig. 16.11)
Ce signe est aussi sensible que la discographie pour carac-
tériser le vieillissement discal. Progressivement, le signal
décroît de façon hétérogène pour aboutir à l'hyposignal glo-
bal, contemporain du pincement discal. À ce stade, il existe
parfois des hypersignaux très intenses correspondant à des
collections de liquide au sein de l'anneau fibreux.

Protrusion du disque (bulging disc) (fig. 16.12)


Le recul discal est parfaitement étudié en sagittal. Le plan
Fig. 16.10 Vue sagittale T1 (a), T2 (b) et axiale T2 (c) : hématome axial oblique dans le plan du disque sert à préciser le carac-
extradural cervical antérieur. tère harmonieux de ce recul discal.
Chapitre 16. IRM du rachis non tumoral    241

Fig. 16.13 Vue sagittale T2 : fissure de l'anneau fibreux en hyper-


signal à l'étage L4–L5.

Tableau 16.4 Classification de Modic : anomalies


de signal des plateaux adjacents à une
Fig.  16.11 Vue sagittale T2  : déshydratation discale L4–L5 – discopathie.
discopathie.
Modic I
Hyposignal T1
Hypersignal T2
Modic II
Hypersignal T1
Hypersignal T2
Modic III
Hyposignal T1
Hyposignal T2

Modifications du signal
du corps vertébral (tableau 16.4)
Modic et  al. ont décrit les remaniements de l'os spon-
gieux des plateaux vertébraux au cours de l'évolution de la
discarthrose :
■ le type l (fig. 16.14) se caractérise par un hyposignal en
Fig.  16.12 Vue sagittale T2  : bombement discal et hyposignal SE T1 et un hypersignal modéré en SE T2, disposé de
en L4–L5. part et d'autre du disque et prédominant au niveau des
listels marginaux antérieurs. Il se rencontre dans 4 % de
Ruptures de l'anneau fibreux (fig. 16.13) la population. L'injection de gadolinium met en évidence
des plages de rehaussement linéaires ou en mottes, en
On ne peut pas mettre en évidence de rupture entre le liga- rapport avec les phénomènes d'œdème inflammatoire.
ment interosseux et la partie profonde de l'anneau. En Ce type peut évoluer vers le type II ;
revanche, il est possible de visualiser certaines ruptures péri- ■ le type II (fig. 16.15) est retrouvé chez 10 % de la popu-
phériques. Seules certaines ruptures radiaires étendues à lation. Il se manifeste par un hypersignal en SE T1 et un
l'anneau externe peuvent être reconnues sous la forme d'un iso- ou hypersignal en SE T2. Sa topographie est iden-
hypersignal T2 linéaire particulièrement bien visible sur les tique à celle du type I ; il traduit la dégénérescence grais-
séquences en saturation de graisse. Les ruptures concentriques seuse de l'os spongieux ;
ne sont pas identifiées ; les ruptures des fibres transverses de ■ le type III (fig. 16.16) se manifeste par un hyposignal en
Sharpey se présentent sous forme d'hypersignaux adjacents SE T1 et SE T2. Il correspond à l'ostéosclérose sur les
aux plateaux. L'existence d'hypersignaux radiaires au niveau radiographiés standard.
de la partie postérieure de l'anneau laisse présager un risque Une corrélation a pu être établie entre les types décrits
accru de migration postérieure de matériel issu de l'articula- par Modic en T1 et T2 et les séquences T2 avec saturation de
tion intersomatique. graisse et STIR (fig. 16.14) :
■ le type I se caractérise par un hypersignal des plateaux ;
Prises de contraste péridiscales ■ le type II, par un hyposignal ;
Celles-ci sont possibles, à l'instar de celles vues en TDM. ■ le type III, par un hyposignal.
242   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

Fig. 16.14 Aspect de Modic I en T1 (a), T2 (b) et correspondance en STIR (c).

Les calcifications discales peuvent aussi donner un


hypersignal T1 « paradoxal » par effet de relaxation de sur-
face (fig. 16.17).

Vide discal
Le vide discal (fig.  16.18) se traduit par un hyposignal
linéaire bien repéré en SE T1 et surtout en EG T1. Il peut
être difficile à repérer s'il se trouve au contact du plateau
vertébral. La confrontation avec les radiographies standard
et la TDM est le plus souvent nécessaire.
Fig. 16.15 Aspect de Modic II en T1 (a) et T2 (b). Au niveau cervical, où une grande résolution spatiale est
nécessaire afin de bien visualiser la petite structure qu'est le
foramen, saillies discales ou disco-ostéophytiques sont repé-
rées sur les coupes sagittales T2. Mais en cas d'ostéophytose
très latéralisée, les coupes sagittales peuvent être normales,
ce qui complique le problème de localisation. Des acquisi-
tions axiales, destinées à préciser leur morphologie, sont
réalisées par des séquences bi- ou tridimensionnelles en
écho de gradient permettant d'augmenter le rapport signal
sur bruit ou de diminuer l'épaisseur de coupe.

Hernie discale
La hernie discale, ou entorse de l'articulation vertébrale
intersomatique, a une expression clinique inconstante  :
rachialgie plus ou moins associée à une radiculalgie.
En cas de mouvements inappropriés (extension, hyper-
flexion, compression), une déchirure de la capsule et des
ligaments peut avoir lieu en avant, latéralement ou plus
Fig. 16.16 Aspect de Modic III en T1 (a) et T2 (b). fréquemment en arrière. Du point de vue anatomopatho-
logique, on constate la solution de continuité des fibres
capsulaires, et ligamentaires avec l'apparition d'un œdème
focal plus ou moins important. En cas de déchirure com-
Cependant, il est possible d'observer des formes « mixtes » plète de la capsule fibroligamentaire postérieure, il se forme
dans le type II, associant un hypersignal T1, T2 et un discret une communication de la cavité articulaire avec l'espace
hypersignal STIR. Certaines discarthroses de type I, d'aspect épidural et une migration du liquide articulaire de l'espace
très « œdémateux », peuvent poser de difficiles problèmes de intersomatique jusqu'à la partie postérieure.
diagnostic différentiel avec la spondylodiscite, surtout au Ces manifestations inflammatoires et œdémateuses
début de l'infection. sont susceptibles d'entraîner une compression radiculaire :
Pfirrmann [16] a décrit une classification en IRM qui névralgie cervicobrachiale, névralgie intercostale, sciatique,
analyse le signal discal et la diminution de l'hydratation du cruralgie.
nucleus pulposus (tableau 16.5). L'IRM permet de mettre en évidence aisément cette aug-
mentation de volume tissulaire local.
« Vides » de signal IRM L'évolution se fait vers la disparition de la symptomatolo-
Ostéophytes et calcifications discales gie clinique sous traitement médical et, en imagerie, la dis-
Les ostéophytes et les calcifications discales, en raison de parition complète de cette tuméfaction a été rapportée par
leur contenu calcique, sont généralement responsables d'un de nombreux auteurs dans la littérature (fig. 16.19).
hyposignal, parfois difficile à reconnaître. Ce vide de signal Lorsqu'il existe un arrachement de l'insertion osseuse
est mieux visualisé sur les séquences en écho de gradient, en associé à la lésion ligamentaire, la hernie et l'œdème péri-
raison de leur effet de susceptibilité magnétique. phérique sont particulièrement volumineux, d'où une
Chapitre 16. IRM du rachis non tumoral    243

Tableau 16.5 Classification de Pfirrmann.


Stade Nucleus Distinction nucleus/ Signal T2 Hauteur discale
annulus
I Homogène, blanc Nette Hyperintense Normale
II Hétérogène ± ligne grise Nette Hyperintense Normale
III Hétérogène gris Floue Intermédiaire Normale ou peu
diminuée
IV Hétérogène gris noir Nulle Intermédiaire, Normale ou diminuée
hypo-intense
V Homogène noir Nulle Hypo-intense Collapsus

Fig.  16.17 (a) Hypersignal discal « paradoxal » en T1 sur un


disque peu mobile (arthrodèse). (b) Correspondance en radio-
graphie standard.

Fig.  16.18 (a) Hyposignal L5–S1 en T1 correspondant à une Fig. 16.19 (a, b) Vues sagittale et axiale T2 : hernie discale volu-
image gazeuse. (b) Correspondance en scanner. mineuse et exclue paramédiane droite. (c, d) 3 mois plus tard,
disparition complète de la hernie sous traitement médical.

compression radiculaire associée, d'autant plus qu'elle se retentissement nerveux de voisinage. L'injection de produit
développe dans le foramen. de contraste n'est pas nécessaire, sauf en cas de localisation
Là encore, l'évolution spontanée se fait vers la régression, foraminale de la masse qui peut poser un problème dia-
mais souvent l'élément squelettique arraché ne se fusionne gnostique avec un processus tumoral ; dans ce cas, il existe
pas. Il en résulte des phénomènes douloureux locaux ulté- un rehaussement périphérique de la masse en rapport avec
rieurs peu sensibles aux traitements. l'hypervascularisation inflammatoire.
Sémiologie IRM (fig. 16.19) Atteintes microcristallines (fig. 16.20)
Hernie discale Dans l'articulation intersomatique, on peut observer des
La hernie discale se traduit par une masse épidurale et/ou dépôts calciques (pyrophosphate de calcium ou phosphate
foraminale inflammatoire dont le signal en T1 est inter- d'hydroxyapatite). Ces dépôts calciques se manifestent éga-
médiaire entre l'hypersignal graisseux et l'hyposignal des lement par des arthroses érosives dont l'aspect IRM peut être
espaces sous-arachnoïdiens. En T2, son signal est variable : proche de celui des discopathies inflammatoires ou même
soit de signal élevé en raison de son contenu hydrique, soit infectieuses ; le diagnostic est difficile s'il existe une sympto-
en hyposignal comparable à celui du disque dégénératif. matologie clinique douloureuse aiguë. La mise en évidence
L'étude multiplanaire offre une excellente analyse de son des calcifications par TDM est d'un apport important.
244   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

Fig. 16.20 Discite microcristalline. (a) Vue sagittale T1 : hyposignal


inflammatoire des plateaux vertébraux adjacent au disque T12–L1. (b)
Hypersignal en STIR.

Lésions épiphysaires
Les épiphyses vertébrales peuvent être le siège, soit précoce-
ment pendant la croissance, soit ultérieurement pendant la
vie adulte, de dystrophie localisée qui en altère la résistance.
Il en résulte la formation de fissures qui aboutissent parfois
à des kystes intraosseux (ou hernies intraspongieuses) que
Schmörl décrivait sous le nom de « nodules ». La maladie de Fig. 16.21 Maladie de Scheuermann. (a) Hernies intraspongieuses
en T1. (b) Inflammation du spongieux autour des hernies en STIR.
Scheuermann ou épiphysite de croissance s'accompagne de
hernies intraspongieuses, associées à des pincements discaux
et à une cunéiformisation avec aplatissement antérieur des
vertèbres (fig. 16.21) ; l'atteinte prédomine à l'étage thora-
cique et peut être à l'origine d'une cyphose importante. Une
inflammation des plateaux vertébraux peut s'observer dans
les formes débutantes, souvent douloureuses, de l'adolescent.

Pathologies des articulaires postérieures


[1, 2, 4]
L'atteinte dégénérative des articulations interapophysaires
postérieures peut être responsable, quel que soit le segment
rachidien, de poussées inflammatoires et de compression
mécanique des foramens et/ou du canal rachidien par
Fig.  16.22 (a) Arthrose zygapophysaire en T2 axial  : épanche-
hypertrophie arthrosique du massif articulaire ou présence
ment articulaire bilatéral. (b) Aspect en myélo-IRM.
d'un kyste articulaire.
Les séquences T2 sagittales avec fat sat et les séquences
articulaires supérieure et inférieure de l'arc vertébral
axiales T2 permettent de détecter les poussées inflammatoires
postérieur.
qui se traduisent par un hypersignal osseux (œdème) et un
Elle est située au niveau du dernier étage mobile rachi-
épanchement articulaire en hypersignal liquidien (fig. 16.22).
dien, le plus souvent L5.
Ces séquences T2 étudient bien le rétrécissement du
La lyse isthmique peut être identifiée sur les séquences
canal rachidien et l'effet de masse sur le sac dural aux étages
sagittales T1 et T2 (fig. 16.25).
siège d'une hypertrophie des massifs articulaires. La myélo-
Le tissu interposé dans l'espace séparant les deux berges
IRM peut préciser l'extension de ces anomalies (fig. 16.23).
articulaires osseuses présente un signal très variable :
Les kystes articulaires postérieurs sont visibles en T2 sous
■ iso-intense au muscle en T1 et T2 ;
forme d'images nodulaires, centrées sur l'articulaire posté-
■ iso-intense à la graisse voire au LCR ;
rieure, bien limitées, dont le contenu a un signal variable, le
■ parfois associé à une sclérose osseuse plus hypo-intense.
plus souvent liquidien (fig. 16.24).
La séquence T1 permet d'apprécier les rapports de ce cal
Les atteintes dégénératives articulaires postérieures peuvent
fibreux avec la racine nerveuse et le ganglion spinal dans le
être associées à des atteintes interépineuses avec des bursites
foramen grâce au contraste de la graisse épidurale.
interépineuses bien visibles sur les séquences sagittales T2.
La compression nerveuse est indiquée par la disparition de
l'hypersignal graisseux en rapport avec le volume du cal fibreux.
Lyse isthmique Les séquences T2 et STIR permettent d'apprécier l'état
La spondylolyse ou lyse isthmique est une perte de conti- des disques sus- et sous-jacents, la présence d'un spondy-
nuité de l'isthme articulaire situé entre les deux apophyses lolisthésis (fig. 16.25) et son retentissement sur le fourreau
Chapitre 16. IRM du rachis non tumoral    245

dural, ainsi que d'éventuels remaniements de signal des pla-


teaux vertébraux adjacents.
Au stade aigu de la fracture isthmique chez l'enfant ou
l'adolescent, il existe un œdème osseux associé à la fracture
en hypersignal STIR à distinguer d'une pathologie inflam-
matoire ou tumorale.
Les coupes fines avec une résolution satisfaisante en T1
avec injection de gadolinium montrent un trait de fracture
qui reste en hyposignal silhouetté par la prise de contraste
de la médullaire osseuse œdémateuse.

Pathologies infectieuses [2, 17–35]


Infections vertébrales
Il s'agit :
■ en majorité de spondylodiscite (tableau  16.6)  : infec-
tion du disque et des corps vertébraux adjacents, uni-
ou multifocale, associée à une épidurite et/ou un abcès
paravertébral ;
■ plus rarement de spondylite, fréquente dans la
tuberculose ;
■ d'infection des articulations zygapophysaires ;
■ d'infections intracanalaires :
Fig.  16.23 Myélo-IRM  : sténoses étagées d'origine discale – épidurite ;
et zygapophysaire. – abcès sous-dural ;
– arachnoïdite.
L'IRM est l'examen le plus sensible pour la détection des
infections rachidiennes ; les anomalies sont d'apparition
précoce. Elle doit être réalisée dans les 24 à 48 heures en cas
de suspicion diagnostique.
C'est l'examen qui permet à lui seul d'obtenir :
■ un diagnostic positif ;
■ l'extension de l'infection rachidienne locale et régionale ;
■ la détection des complications.

Protocole IRM (tableau 16.7)


Le protocole IRM est le suivant en fonction des atteintes.
■ Spondylodiscite : voir la figure 16.26 et le tableau 16.8.
Typiquement, association d'une atteinte discale, vertébrale

Fig. 16.24 Kyste articulaire postérieur intracanalaire à contenu Tableau 16.6 Données épidémiologiques


liquidien en T2. Coupes axiale (a) et sagittale (b). dans la spondylodiscite.
Incidence : 2/100 000
Agents pathogènes : staphylocoques (38 %), Mycobacterium
tuberculosis (31 %)
Diabète
Pathologie cardiovasculaire
Insuffisance rénale chronique, hémodialyse
Acte chirurgical préalable
Toxicomanie
Immunosuppression
Infiltration discale ou zygapophysaire percutanée

Tableau 16.7 Protocole IRM en cas de suspicion


d'infection rachidienne.
Rachis entier STIR sagittal (atteinte multifocale)
Sagittal T2 et T1 sur le segment atteint
Axial T2 et T1 sur le segment atteint
Fig.  16.25 Lyse isthmique de L5 avec spondylolysthésis L5–S1 Coupes sagittale, axiale, coronale après injection de gadolinium,
(coupe parasagittale T1). Important rétrécissement du foramen. avec suppression du signal de la graisse
246   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

a b c

d e f
Fig. 16.26 Spondylodiscite L1–L2. En T1 (a), STIR (b) et T1 Gd avec fat sat (c–e). Inflammation des corps vertébraux, du disque, épidurite et abcès
du psoas gauche. Vue en STIR du rachis entier : atteinte plurifocale cervicale et lombaire (f).

Tableau 16.8 Modifications IRM dont la sensibilité Tableau 16.9 Diagnostic différentiel


est la plus élevée pour le diagnostic des spondylodiscites.
de spondylodiscite primitive (d'après [20]).
Discopathies dégénératives
Modifications IRM Sensibilité (%) Discopathies à microcristaux
Discopathies des hémodialysés
Inflammation des parties 98 Neuroarthropathie rachidienne (Charcot spine)
molles (hypersignal T2 et prise Fracture sur rachis ankylosé
de contraste) (1) Spondylarthrite ankylosante
Rehaussement discal (prise de 95 SAPHO
contraste) (2) Maladie de Scheuermann en poussée inflammatoire

Hyperdensité discale ou densité 93


liquidienne (3)
– prise de contraste discale ;
Effacement de la fente 84 – pincement discal.
intradiscale (4)
■ Atteinte vertébrale :
(1) + (2) 100 – hyposignal T1 étendu, hypersignal STIR (œdème de la
(2) + (3) 100 moelle osseuse) ;
– en T2 sans fat sat, l'hypersignal médullaire peut passer
(3) + (4) 100
inaperçu sur un rachis graisseux, ou être masqué par
(1) + (3) 100 une sclérose sous-jacente : les séquences fat sat sont
(1) + destruction des plateaux 100 donc indispensables ;
vertébraux – érosion et/ou effacement de la corticale des plateaux
vertébraux.
■ Atteinte des parties molles paravertébrales :
et des parties molles. Le diagnostic différentiel des spon- – essentielle à mettre en évidence car généralement
dylodiscites est indiqué au tableau 16.9. absente dans les discopathies non infectieuses ;
■ Atteinte discale : – épaississement des parties molles périvertébrales en
– hypersignal T2, disparition de la cleft en lombaire, iso- hyposignal T1 et hypersignal T2 se rehaussant de façon
ou hyposignal T1 ; homogène après injection de produit de contraste ;
Chapitre 16. IRM du rachis non tumoral    247

– ou aspect typique d'abcès (rehaussement périphé- disposants sont le diabète et une atteinte dégénérative arti-
rique) vu sur les coupes axiales et aussi coronales en culaire préexistante. Le tableau clinique est souvent très
utilisant un champ large pour évaluer leur extension bruyant, avec des lombalgies intenses et un état septique
en hauteur. sévère. L'association avec une endocardite a été rapportée
■ Atteinte des parties molles épidurales : dans plusieurs cas.
– masse épidurale iso-intense à la moelle en T1, effaçant Sur la séquence STIR ou T2 fat sat, on observe un épan-
la graisse épidurale ; chement articulaire avec œdème osseux en miroir des
– hyperintense en T2 et vue au mieux après injection de berges articulaires, en hyposignal T1, et une masse œdé-
produit de contraste sur les coupes axiales et sagittales ; mateuse souvent mal limitée entourant le massif articulaire.
– l'importance de la compression médullaire doit être Après injection de produit de contraste sur des séquences
évaluée. avec suppression de la graisse en coupe axiale et sagittale,
on retrouve un rehaussement intense des berges articulaires,
Spondylite (fig. 16.27) des récessus synoviaux et de l'abcès des parties molles posté-
C'est une atteinte vertébrale uni- ou plurifocale. La séméio- rieures. Dans 80 % des cas, il existe une extension épidurale
logie IRM est identique à celle de la spondylodiscite, sans associée.
atteinte discale. Elle est fréquente dans la tuberculose. En
fait, elle est le plus souvent associée à une atteinte des parties Infection intracanalaire [2, 35]
molles. Épidurite
Par ordre de fréquence décroissante, l'épidurite intéresse
Arthrite zygapophysaire (fig. 16.28) [2, 33, 34] l'étage lombaire, cervical puis thoracique.
Leur fréquence serait largement augmentée. Leur nombre L'aspect en IRM est le même que dans les épidurites asso-
progresse du fait du vieillissement de la population et du ciées aux spondylodiscites ; la réalisation de coupes sagittale
nombre croissant d'infiltrations locales. Les facteurs pré- et axiale et l'injection de produit de contraste avec fat sat
sont indispensables au diagnostic.

Abcès sous-dural
Cet abcès est rare. L'IRM montre une collection intradurale
sur les séquences T2. Le contour du sac dural en hyposignal
est respecté. L'injection de gadolinium sur des séquences
avec fat sat rehausse les parois de l'abcès intradural.

Arachnoïdite infectieuse (fig. 16.29)


Cette atteinte peut être primitive, le plus souvent tubercu-
leuse, mais aussi parfois secondaire à une inoculation lors
d'une ponction lombaire, ou d'une infiltration épidurale
avec ponction sous-arachnoïdienne accidentelle.
Elle ne complique pas les abcès épiduraux, la dure-mère
exerçant une barrière à la propagation infectieuse, mais peut
être associée à un abcès sous-dural, l'arachnoïde n'offrant
aucune résistance à la propagation des germes.
À la phase aiguë, l'IRM montre sur les séquences injec-
tées avec fat sat une prise de contraste anormale des racines
de la queue de cheval qui sont agglutinées. Des cloisonne-
Fig. 16.27 Spondylite tuberculeuse en T2 : tassement vertébral ments intraduraux apparaissent rapidement dans l'évolu-
et atteintes corporéales plurifocales sans atteinte discale. tion, visibles sur les coupes axiales et sagittales T2.

Fig. 16.28 Arthrite apophysaire postérieure à staphylocoque doré. (a) Hyposignal osseux des berges articulaires en T1, inflammation péri-
et intra-articulaire en T1 Gd FS (b, c).
248   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

Fig. 16.30 Spondylodiscite postopératoire (3 mois). Coupe sagit-


tale STIR (a) et T1 Gd FS(b). Hypersignal des corps vertébraux, abcès
dans la zone de laminectomie.

Fibrose cicatricielle
La fibrose cicatricielle, phénomène physiologique, se sta-
bilise en l à 2 ans. Ce processus peut suivre une évolution
« pathologique ».
Le tissu cicatriciel présente des aspects IRM dépendants
de son « âge » :
■ avant injection :
– au 8e jour : il présente un signal homogène dont l'in-
tensité est proportionnelle à sa composante hémorra-
gique en SE T1 et un hypersignal homogène en SE T2 ;
il s'étend des parties molles au disque cureté en tra-
versant la brèche opératoire dans le ligament vertébral
commun postérieur. Il peut réaliser un effet de masse
sur les structures intracanalaires, constituant parfois
l'aspect d'une fausse hernie. Le patient peut être d'ail-
leurs complètement asymptomatique ;
Fig. 16.29 Arachnoïdite infectieuse en T1 Gd. Vues sagittale (a) et axiale
– au 45e jour : le signal reste intense en SE T2 et devient
(b). Prise de contraste des racines de la queue de cheval qui sont épaissies.
intermédiaire en SE T1. L'effet de masse persiste dans
30 % des cas sans manifestations cliniques ;
La gravité de cette affection tient à l'apparition d'un feu- – au 6e mois : l'effet de masse doit toujours avoir disparu,
trage et d'un cloisonnement arachnoïdien, à l'origine de avec parfois attraction du fourreau dural en regard
trouble de la circulation du LCR. de la zone cicatricielle. Le signal du tissu cicatriciel
devient moins intense à la fois en T1 et T2 ;
Pathologies postopératoires et post- – après un an : le tissu cicatriciel est hypo-intense aussi
thérapeutiques [2, 4, 31, 36–38] bien en SE T1 qu'en SE T2. Il se traduit par des images
nodulaires échelonnées le long de la zone de dissec-
Les récidives douloureuses affectent 5 à 10 % des rachis opé- tion. La graisse épidurale « normale » peut alors pré-
rés. Elles posent de difficiles problèmes étiologiques : réci- senter un signal moins intense.
dive herniaire, hernies doubles, erreur d'étage opéré, fibrose ■ après injection :
cicatricielle, arthrose postérieure, arachnoïdite, spondylo- – avant 3 mois : certains auteurs pensent que l'inten-
discite ou abcès (fig. 16.30). sité spontanément élevée en SE T1 rend l'injection de
L'examen comporte obligatoirement deux acquisitions gadolinium inintéressante ;
avant et après injection de gadolinium dans le plan sagittal et – après 3 mois : la prise de contraste du tissu cicatriciel
axial transverse en SE T1 ainsi qu'en sagittal SE T2 (II). Les est d'intensité variable et souvent hétérogène. Il existe
séquences en écho de gradient T1 sont à éviter compte tenu une prise de contraste du site de discectomie.
de leur sensibilité aux artéfacts provoqués par les microfrag- L'étude IRM du rachis opéré, outre l'analyse de la fibrose,
ments métalliques dus aux instruments chirurgicaux. doit s'attacher à rechercher une cause curable de la sympto-
matologie : récidive herniaire ou sténose canalaire osseuse.
Hématome postopératoire Il n'existe aucun élément sémiologique permettant d'af-
L'hématome postopératoire est une complication rare, facilement firmer le caractère pathologique de la fibrose cicatricielle
reconnue devant une masse épidurale en hypersignal T1 et T2. observée en IRM.
Chapitre 16. IRM du rachis non tumoral    249

« Hernies » postopératoires intéressant, en particulier dans l'étude du rachis cervical.


La section chirurgicale du ligament vertébral commun pos- Les temps d'acquisition courts sont un avantage, particuliè-
térieur se caractérise par un hyposignal discontinu, bien rement pour la réalisation de T2*. Les techniques de com-
visualisé en SE T2. Elle est constamment visible au 5e jour pensation de flux permettent d'obtenir un signal du LCR
et dans seulement 20 % des cas au bout de 45 jours. Dans les particulièrement élevé.
premières semaines, l'hyposignal de la hernie résiduelle est Les séquences myélograpiques (voir fig. 16.23) sont dis-
« noyé » dans le signal très intense du tissu cicatriciel. ponibles sur toutes les machines et peuvent être utilisées en
Après 2 mois d'évolution, les tissus résiduels d'origine particulier pour une étude du relief externe du sac dural
discale sont identifiés en comparant les séquences sans avec les zones d'empreintes discales, antérieures, et articu-
et avec gadolinium. Le tissu cicatriciel prend le contraste laires, postérolatérales.
autour du séquestre qui ne le prend pas du tout. La sténose centrale s'évalue à hauteur des disques en
appréciant la surface du sac dural comparée à celle des
Arachnoïdite niveaux pédiculaires sus- et sous-jacents.
On précise le pourcentage de réduction de surface du sac
L'arachnoïdite est évoquée en IRM devant une trop bonne dural et on évalue les éléments à l'origine de cette réduction
visibilité des racines accolées : (saillie discale, hypertrophie articulaire postérieure, graisse,
■ au centre du fourreau dural ; cal osseux, etc.).
■ ou à la périphérie du fourreau avec aspect de « sac vide » ; À l'étage lombaire, le bilan préopératoire comporte une
■ ou occupant la quasi-totalité du sac dural, donnant un imagerie IRM avec myélo-IRM, même si celle-ci est prati-
aspect pseudotumoral. quée en décubitus dorsal et sous-évalue les sténoses chez
certains patients. Les indications de saccoradiculographie
Discarthrose postopératoire (SRG), examen invasif et irradiant, ont très nettement
Un aspect de type l de Modic avec prise de contraste des régressé. Les chirurgiens orthopédistes associent le plus sou-
plateaux est observé dans 30 % des disques opérés. Il est vent la myélo-IRM à des clichés dynamiques du rachis. En
difficile d'incriminer cette observation comme cause des cas d'instabilité importante à un ou des étages où la myélo-
lombalgies résiduelles. IRM est normale, une SRG est cependant requise.
Les ostéophytes de petite taille susceptibles d'entraîner À l'étage cervical au contraire, l'IRM évalue le degré de
une irritation radiculaire sont parfois difficiles à mettre en sténose, son étendue, son retentissement médullaire. Le
évidence. La disparition de la graisse périradiculaire et la bilan est généralement complété par un scanner qui appré-
réduction de la taille du canal latéral sont les deux seules cie le caractère ossifié ou non des éléments sténosants.
informations permettant d'évoquer une sténose canalaire.
Sténose du récessus latéral
Méningocèle postopératoire La sténose du récessus latéral est appréciée sur les coupes
Cette atteinte devient symptomatique lorsqu'elle est com- sagittales et axiales. On précise le degré d'hypertrophie
pressive. Elle est facilement reconnue par son signal liqui- des massifs articulaires, l'importance de la disparition
dien. On ne peut cependant pas distinguer en IRM un abcès de la graisse périradiculaire et l'éventuelle saillie discale
postopératoire d'une méningocèle, même après injection de surajoutée.
produit de contraste.
Sténose des foramens
Artéfacts métalliques La sténose des foramens est étudiée dans le plan sagittal ou
Ces artéfacts sont dus à des débris laissés par les instru- sagittal oblique en cervical. Ce plan précise la brièveté des
ments chirurgicaux. Ils sont beaucoup plus gênants avec les pédicules, le recul discoligamentaire, l'ostéophytose des pla-
séquences en écho de gradient ou les séquences fat sat. teaux vertébraux, l'hypertrophie des articulations zygapo-
physaires et un éventuel diverticule articulaire.

IRM à titre d'évaluation préthérapeutique Infiltrations radioguidées


Sténoses du canal rachidien [1, 2, 4, 14] Toute infiltration radioguidée est indiquée par une sympto-
L'IRM fournit un haut contraste entre le disque et le four- matologie le plus souvent radiculaire ne répondant pas ou
reau dural en pondération T2. Le bilan inclut au minimum insuffisamment au traitement médical bien conduit.
une acquisition sagittale en SE T1 et en SE T2 ou STIR et Une imagerie en coupes TDM ou IRM est indispensable
une acquisition dans le plan axial en T2 TSE. pour apprécier l'origine des douleurs et adapter au mieux la
On distingue les sténoses centrales, celles du récessus stratégie infiltrative.
latéral et des foramens.
Tassements vertébraux
Sténose centrale Pour les tassements vertébraux, il s'agit d'évaluer le carac-
La sténose centrale se traduit par un rétrécissement étagé tère de bénignité et de réaliser un bilan prévertébroplastie
du fourreau dural, bien visible sur les séquences « pseu- [4, 38–44].
domyélographiques » où le LCR est en hypersignal T2 très Devant un tassement vertébral non traumatique, le
prononcé. L'écho de gradient est alors particulièrement problème est de différencier un tassement ostéoporotique
250   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

d'un tassement malin métastatique ou myélomateux que le sujet est âgé et que sa moelle est graisseuse, en hyper-
(tableau 16.10). signal T1. En cas d'infiltration tumorale diffuse (myélome,
L'IRM (fig. 16.31) permet d'étudier le signal de la ver- leucoses ou lymphomes), le signal de la vertèbre tassée est
tèbre tassée, de montrer la morphologie du tassement et là aussi voisin des vertèbres adjacentes et peut simuler un
de rechercher d'autres lésions vertébrales (tableau 16.10). tassement bénin. Normalement, le signal vertébral est supé-
L'IRM présente des aspects évocateurs pour 65 à 88 % des rieur à celui du disque ; en cas d'inversion, il faut rechercher
tassements malins. Le bombement du mur postérieur, l'ex- une hémopathie.
tension à l'arc postérieur, l'extension prévertébrale, ou intra- La prise de contraste est présente mais d'aspect différent
canalaire évoquent un tassement malin. A contrario, le recul dans les tassements porotiques récents et les tassements
du coin postérieur dans le canal rachidien est évocateur du malins.
tassement ostéoporotique. ■ Dans les tassements ostéoporotiques, elle est homogène
L'anomalie de signal de la vertèbre porotique est localisée avec normalisation du signal par rapport aux autres
en regard de la fracture, en bande, respectant une partie du vertèbres ; on peut observer parfois la persistance d'une
corps vertébral ; elle épargne l'arc postérieur. L'atteinte est bande en hyposignal sous le plateau fracturé. Les limites
diffuse pour les vertèbres métastatiques et touche l'arc pos- discovertébrales réapparaissent.
térieur. Ces signes ne sont pas d'une spécificité absolue ; en ■ Dans les tassements malins, la prise de contraste est hété-
effet, certains tassements myélomateux ou lymphomateux rogène, associant des zones ne prenant pas le contraste à
peuvent respecter une partie du signal de la vertèbre. des zones de signal supérieur à celui des vertèbres nor-
Chez le sujet jeune où la moelle hématopoïétique a un males. Les prises de contraste sont réparties en mottes. Il
signal bas en T1, l'infiltration tumorale est peu apparente. peut exister des lésions sur les vertèbres non fracturées
La diminution du signal en SE T1 a d'autant plus de valeur En FSE ou TSE T2 ou en écho de gradient T2, la sémiolo-
gie des tassements non traumatiques est très proche de celle
du T1 après gadolinium. Le signal des vertèbres ostéoporo-
Tableau 16.10 Séméiologie radiologique des tiques peut être normal ou présenter un hypersignal linéaire,
tassements vertébraux bénins versus malins. parallèle au plateau. L'anomalie de signal se présentant sous
Bénin Malin la forme d'une bande horizontale adjacente à un plateau
concave est évocatrice de la bénignité. Ces anomalies de
Siège Lombaire ou Au-dessus de T5
dorsolombaire
signal sont discrètes.
Les tassements malins s'accompagnent, au contraire, en
Nombre Multiple Unique T2 d'un hypersignal étendu, non systématisé, nodulaire et
Perte de hauteur du < 25 % > 50 % hétérogène.
corps vertébral D'autres séquences peuvent être utilisées dans les cas dif-
Symétrie Topographie Latéralisé ficiles : séquence de diffusion, qui montre un hypersignal de
centrale et asymétrique la vertèbre tassée en cas de lésion maligne (diminution de la
symétrique diffusion liée à l'hypercellularité tumorale) ; séquences T1 en
Corticales osseuses Respect Interruption et phase et opposition de phase, qui montrent une diminution
disparition du signal en cas de tassement porotique et un hypersignal en
Mur vertébral Respect ou Rupture ou cas de tassement tumoral.
postérieur recul du coin bombement global La présence d'un vide intrasomatique visible en IRM sous
postérosupérieur de mur postérieur la forme d'une ligne ou d'un triangle vide de signal en T1 et
(convexité globale) T2 est un élément inconstant mais caractéristique de tasse-
Arc postérieur Respect Rupture (ostéolyse) : ment bénin, qu'il faut rechercher aussi sur les clichés stan-
vertèbre borgne dard. La présence de ce vide intrasomatique serait un gage
Vide intrasomatique Clarté gazeuse au Absent
de meilleure réductibilité du tassement en vertébroplastie
sein de la fracture [41].
Devant un tassement porotique ne répondant pas cor-
Aspect du Normal Ostéolyse ou
spongieux ostéocondensation
rectement au traitement médical, en général après 3 mois,
l'indication d'une vertébroplastie peut être posée. L'IRM en
Parties molles Absence de masse Masse ou fuseau
T2 fat sat montre la persistance d'un œdème du ou des corps
paravertébrales paravertébral
vertébraux tassés, traduisant la persistance de p ­ hénomènes

a b c d
Fig. 16.31 Tassement vertébral ostéoporotique : tassement du plateau supérieur de L1. En T1 (a), hyposignal linéaire parallèle au plateau
tassé, en STIR (b), hypersignal de cette zone ; en T1 Gd (d) et T1 Gd FS (c), rehaussement homogène.
Chapitre 16. IRM du rachis non tumoral    251

de remodelage osseux responsables des douleurs. Cet Le caractère multifocal de l'atteinte et l'absence d'hypersi-
œdème constitue un élément décisionnel positif dans la dis- gnal discal en T2 comme dans la SPA sont très en faveur de
cussion de vertébroplastie. ce diagnostic.

Atteinte rachidienne des maladies Polyarthrite rhumatoïde


rhumatismales [2, 4, 28, 30, 45, 46] La polyarthrite rhumatoïde s'accompagne dans 55 à 90 %
des cas d'une atteinte du rachis cervical et dans 25 % des
L'IRM rachidienne est utile au diagnostic précoce préradio- cas d'une subluxation antéropostérieure C1–C2 par lésion
logique de certaines affections rhumatismales et pour éva- du ligament transverse qui peut se compliquer d'une com-
luer les complications rachidiennes des rhumatismes axiaux pression médullaire.
et de la polyarthrite rhumatoïde. L'IRM offre une visualisation directe du pannus synovial
et des lésions qu'il entraîne sur l'odontoïde et le ligament
Spondylarthrite ankylosante (SPA) transverse. Le pannus présente un signal intermédiaire
Les séquences les plus sensibles sont les séquences sagittales en T1 et en hypersignal hétérogène en T2. Il est forte-
T2 fat sat ou STIR et les séquences T1 fat sat gadolinium ment rehaussé après injection de gadolinium. La prise de
(fig. 16.32). contraste silhouette parfaitement l'odontoïde érodée. Les
L'atteinte typique est une anomalie de signal de type érosions osseuses sont également visibles sur les séquences
inflammatoire (hyposignal T1 et hypersignal T2) des coins écho de gradient T2.
antérieurs des corps vertébraux (là ou s'effectue la clas-
sique mise au carré). Ces lésions ont d'autant plus de valeur
qu'elles touchent des sujets jeunes sans discopathie. Des
lésions inflammatoires des articulations articulaires posté-
rieures, costovertébrales et costotransversaires, une inflam-
mation interépineuse sont très évocatrices du diagnostic de
SPA.
L'étude couplée des sacro-iliaques en STIR coronal et la
recherche de l'antigène HLA-B27 sont d'un apport diagnos-
tique important.
Des images de spondylodiscite avec pincement discal et
inflammation des plateaux vertébraux peuvent faire discuter
une origine infectieuse. La présence d'un hyposignal discal
en T2, l'absence d'abcès des parties molles, des atteintes
inflammatoires à distance (sacro-iliaques, enthèses)
permettent de récuser le diagnostic de spondylodiscite
infectieuse.

SAPHO (fig. 16.33)
Fig. 16.33 SAPHO. Hyposignal érosif des coins vertébraux en T1 (a) ;
Le SAPHO (synovite, acné, pustulose, hyperostose et correspondance en radiographie standard (b).
ostéite) peut aussi mimer une spondylodiscite infectieuse.

Fig. 16.32 Spondylarthropathie. En T2 sagittal (a), hypersignal des coins vertébraux ; en T1 Gd FS (b), prise de contraste des coins vertébraux
et interépineux ; en T2 (c), forme inflammatoire avec discites.
252   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

Les coupes sagittales et axiales montrent le retentis- [23] Hopkinson N, Stevenson J, Benjamin S. A case ascertainment study
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osteomyelitis. Spine 2001 ; 26(9) : E193–7.
Chapitre
17
IRM du bassin
J.-L. Montazel, A. Rahmouni

PLAN DU CHAPITRE
Technique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 253 Labrum et conflit fémoro-acétabulaire . . . . . . 258
Ostéonécrose aseptique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 253 Lésions musculotendineuses . . . . . . . . . . . . . . . 260
Syndrome d'œdème de la moelle osseuse Coxarthrose. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 265
de la tête fémorale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 256 IRM et prothèse totale de hanche (PTH) . . . . . 267
Fractures. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 257

Technique L'étude d'une pathologie inflammatoire articulaire ou


tumorale est complétée par des séquences d'écho de gra-
L'examen doit débuter avec un large champ de vue de 30 à dient T1 3D dynamiques après injection avec des séquences
50 cm en utilisant une antenne en réseau phasé comme celle de perfusion lors du bolus de gadolinium et éventuellement
utilisée pour l'exploration thoraco-abdominale. Le patient des séquences d'angio-IRM 4D dans le bilan préopératoire
est placé en décubitus dorsal et les pieds sont immobilisés, d'une tumeur.
permettant d'éliminer d'éventuels artéfacts de mouvement L'épaisseur de coupe (4 à 5 mm) et la matrice sont adap-
pendant la durée de l'examen. Les avant-bras sont de pré- tées de façon à obtenir une excellente résolution spatiale.
férence repliés sur le ventre, en dehors du champ de vue. Si L'épaisseur pourra encore être réduite (0,6 à 3 mm) en cas
l'examen est plus ciblé sur la hanche, une antenne de surface de séquence 3D si une antenne de surface est utilisée.
souple peut être utilisée en complément pour une meilleure Une arthro-IRM peut être réalisée pour analyser le car-
résolution spatiale. tilage ou le labrum. Comme pour l'épaule, il faut conserver
L'examen débute par des séquences coronales sur l'en- une séquence pondérée en T2. Les séquences T1 sont réali-
semble du squelette pelvien en pondération T1 et T2. La sées en fat sat soit dans les trois plans, soit en mode 3D, en
séquence T1 est une séquence en écho de spin, sans satu- permettant des reconstructions radiaires.
ration de graisse, permettant de rechercher d'emblée une
nécrose de hanche ou une anomalie de la moelle osseuse.
La séquence T2 est une séquence turbo ou fast spin echo
Ostéonécrose aseptique
(TSE), réalisée en saturation de graisse (fat sat), mono- ou L'ostéonécrose aseptique (ONA) a de nombreuses étiologies
double écho, avec dans ce cas un TE inférieur à 40 ms pour qui vont du traumatisme à la prise de corticoïdes. En dehors
une pondération en densité protonique (DP) sensible à des causes traumatiques, l'ONA est une maladie systémique
l'inflammation et « anatomique », et un écho plus tardif au- qui peut toucher tout le squelette osseux, avec une prédi-
delà de 60 ms pour une pondération en T2 avec une bonne lection pour le membre inférieur et notamment la hanche.
sensibilité pour la détection des lésions hydriques. Ces deux Le terme d'ostéonécrose est réservé à l'os épiphysaire des
séquences sont en général complétées par une séquence os longs, plus rarement aux os courts (tarse, lunatum, etc.).
transversale TSE en saturation de graisse pondérée T2. Quand cette nécrose osseuse est localisée à la métaphyse
Dans la nécrose, une séquence sagittale T1 permet d'éva- ou à la diaphyse, on parle d'infarctus. L'ONA présente un
luer l'extension antéropostérieure de l'atteinte épiphysaire. risque de destruction articulaire par effondrement de la
L'exploration des articulations sacro-iliaques dans le cadre plaque osseuse sous-chondrale qui se complique invariable-
d'une spondylarthropathie se fait par des coupes transver- ment et à plus ou moins long terme par une arthropathie
sales et coronales obliques, orientées par rapport à l'inter- dégénérative.
ligne articulaire avec des séquences TSE T2 fat sat ou STIR Les mécanismes sont multiples et souvent intriqués.
et T1. Les prothèses de hanches ont bénéficié de la mise Les plus fréquents sont à l'origine d'une ischémie. D'autres
au point de nouvelles techniques qui permettent de mieux entraînent une altération des capacités régénératrices de la
apprécier leurs complications lorsqu'elles sont appliquées moelle osseuse. Enfin, des facteurs génétiques favoriseraient
sur des séquences TSE T1, DP ou STIR. les ONA, ou bien seraient responsables de cas familiaux [1].

IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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254   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

D'autres facteurs tels que le diabète, l'hyperuricémie, l'in- « en carte de géographie », plus souvent concave vers le haut,
fection au VIH ou la transplantation rénale favoriseraient dont les extrémités sont corticales, délimitant la nécrose et
la nécrose épiphysaire. Dans certains cas, aucun facteur de correspondant à l'interface réactive la séparant de l'os sain.
risque n'étant retrouvé, l'ONA est idiopathique. Ce liseré est en hyposignal sur toutes les séquences et est
plus marqué que l'œdème sur les séquences T1. Le double
liseré en T2 est caractérisé par une ligne en hypersignal lon-
Évolution naturelle geant le bord interne de l'hyposignal et correspondant à du
Bien que révélée cliniquement et radiologiquement tardi- tissu de granulation hypervasculaire, ou bien à un artéfact
vement, la nécrose débute peu après l'exposition au facteur de déplacement chimique, mis en évidence en inversant la
déclenchant. Elle n'est toutefois diagnostiquée que 6 mois à phase et la fréquence. Le liseré en hyposignal est le signe
un an après en moyenne. Il est à noter que, dans les cor- le plus précoce de l'ONA, mais son délai d'apparition est
ticothérapies, elle survient précocement quelles que soient variable par rapport à l'événement à l'origine de la nécrose.
la dose et la durée du traitement, pouvant même survenir Sa sensibilité est de 90 % et sa spécificité est proche de 100 %
lors de l'utilisation de bolus sur une période très courte. [1].
Elle est d'emblée bilatérale dans un certain nombre de cas. Le fragment nécrosé, délimité par le liseré en hyposignal,
Initialement unilatérale, elle a peu de risque de devenir bila- est de forme et de signal variables. Son signal a été classé
térale par la suite, sauf chez les patients drépanocytaires [2]. en quatre types sur des séquences SE T1 et T2. Le type A
De même, une fois constituée, l'ONA n'évolue plus et son correspondant à un fragment nécrosé graisseux en hyper-
volume initial reste inchangé par la suite. La principale com- signal T1 et signal intermédiaire T2. Le type B présente un
plication de la nécrose est donc l'affaissement de la plaque aspect hémorragique en hypersignal T1 et T2. Le type C
osseuse sous-chondrale qui va inexorablement entraî- est liquidien, en hyposignal T1 et hypersignal T2. Enfin, le
ner une coxarthrose dans un délai de 2 à 3 ans, avec des type D est fibreux, en hyposignal T1 et T2 [3]. Le type A
extrêmes pouvant aller au-delà de 10 ans. Le risque d'évo- correspond a priori à une lésion récente et, si le signal grais-
lution dégénérative est lié à l'extension de la nécrose ; plus seux se maintient, le pronostic est meilleur. Toutefois, même
celle-ci est étendue, plus le risque est important. De même, de type A, une ONA peut déjà être relativement ancienne
les localisations antérieure, supérieure et latérale, intéressant lors de sa découverte. Le type D correspond a priori à une
les zones de plus fortes contraintes mécaniques, sont plus nécrose déjà ancienne. Les types B et C sont plus difficiles à
arthrogènes [1]. corréler à l'âge de la nécrose, mais le type C, correspondant
à une nécrose kystique, est vraisemblablement ancien et
compliqué d'une fracture sous-chondrale permettant le pas-
IRM sage de liquide synovial au sein de la nécrose. Il faut noter
C'est l'examen du diagnostic. L'IRM est réalisée soit devant par ailleurs que certains patients présentent habituellement
une suspicion radiologique d'ONA, soit en raison d'une des épiphyses non graisseuses et le fragment nécrosé n'est
douleur avec absence d'anomalie radiologique. Elle s'impose donc jamais graisseux ; c'est le cas dans la drépanocytose
d'autant plus que le patient présente un facteur de risque. [2]. L'injection de gadolinium montre un rehaussement des
Elle apprécie la localisation et l'extension de la nécrose qui zones viables par rapport aux zones nécrosées, mais elle est
sont des éléments pronostiques de premier ordre, ainsi que peu utile pour le diagnostic et n'a pas de valeur pronostique
son caractère uni- ou bilatéral (fig. 17.1). [4].
La sémiologie IRM associe liseré en hyposignal circons- L'œdème de la moelle osseuse est caractérisé par un
crivant le fragment épiphysaire nécrosé, œdème intraos- hyposignal T1 et un hypersignal T2 touchant le plus sou-
seux, épanchement intra-articulaire, déformation de la tête vent la région épiphyso-métaphysaire et visualisé au mieux
fémorale et, dans les cas évolués, arthropathie dégénérative. sur les séquences fat sat. Cet œdème est corrélé à la douleur
Le liseré en hyposignal T1 est le signe pathognomonique et est souvent révélateur de la nécrose [5]. L'ONA peut non
de la nécrose, surtout s'il est doublé en interne par un hyper- seulement être associée à un aspect d'œdème de la moelle
signal T2 [3]. Il s'agit d'une ligne brisée épiphysaire continue osseuse, mais aussi débuter par celui-ci. Un œdème de la

a b c
Fig.  17.1 Ostéonécrose aseptique (ONA) bilatérale limitée. (a) Coupe coronale T1 montrant un petit liseré en hyposignal sous-chondral
bilatéral. Coupes sagittales T1 droite (b) et gauche (c) montrant l'extension limitée de la nécrose de bon pronostic évolutif.
Chapitre 17. IRM du bassin    255

tête plus ou moins étendu au col fémoral doit donc faire ture (fig. 17.2). Cette ligne est située sous l'os sous-chondral,
rechercher une zone de nécrose qui, sur des séquences T1, à distance du liseré de la nécrose. Le scanner est cependant
peut passer inaperçue. En l'absence d'étiologie retrouvée à plus sensible que l'IRM pour détecter de petites déforma-
l'œdème (voir paragraphe suivant), un contrôle IRM doit tions qui sont importantes à mettre en évidence avant déci-
être réalisé les semaines suivantes afin de détecter secondai- sion chirurgicale [9]. La déformation marque le tournant
rement une ONA [6]. évolutif de la nécrose qui va alors évoluer vers l'arthrose,
Un épanchement intra-articulaire est fréquemment associant destruction articulaire, remaniements osseux
visible dans les hanches nécrosées, d'autant plus important sous-chondraux s'étendant aussi au cotyle, épanchement
que la nécrose est compliquée d'une déformation de la plaque et éventuellement ostéophytose en fonction de la durée
osseuse sous-chondrale. Cependant, du liquide est fréquem- d'installation de l'arthrose qui peut se faire très rapidement.
ment présent en faible quantité dans les hanches normales L'ensemble de ces signes est bien visible en IRM.
et seule l'importance de l'épanchement, étendu à l'ensemble Une fois le diagnostic posé, l'IRM permet d'apprécier
des récessus, est discriminante [7]. L'épanchement est les deux facteurs pronostiques que sont la localisation et
moins corrélé à la douleur que l'œdème osseux, mais la dis- l'étendue de la nécrose et d'étudier la hanche controlaté-
tension qu'il entraîne est à l'origine de la gêne fonctionnelle rale, puisque l'ONA peut être bilatérale, ainsi que le reste
[8]. L'épanchement se présente sous forme d'un hyposignal du squelette pelvien à la recherche d'autres localisations
T1 et d'un hypersignal T2 marqué, liquidien, entourant la nécrotiques. L'ONA de la tête fémorale touche le plus sou-
tête et le col du fémur. vent la région antérosupérieure, mais peut survenir dans
La principale complication de l'ONA est la déformation n'importe quelle zone anatomique de l'épiphyse. La locali-
de la tête fémorale, appréciée sur des coupes fines et sur- sation est importante puisque les contraintes mécaniques
tout dans le plan sagittal, atteignant le plus souvent la partie prédominent en antérieur, supérieur et latéral, en regard
antérosupérieure de la tête. Elle est souvent associée à une du toit du cotyle. Ainsi, les nécroses centrales ou médiales
fracture sous-chondrale caractérisée par une ligne ou bande ont un meilleur pronostic que les nécroses latérales [10].
en hyposignal T1 et un relatif hypersignal T2 en rapport L'extension de la nécrose est par ailleurs corrélée au risque
possible avec la présence de liquide au sein du foyer de frac- de complication dégénérative. Cette extension est appré-
ciée soit par l'addition des angles de nécrose sur une coupe
coronale et une coupe sagittale, soit par le calcul direct du
volume de la nécrose par rapport au volume de la tête fémo-
rale. Dans le premier cas, une somme des angles inférieure à
190° est de bon pronostic, une somme comprise entre 190°
et 240° est de pronostic intermédiaire, et une somme de plus
de 240° est de mauvais pronostic. Dans le second cas, une
nécrose de moins de 15 % est de bon pronostic, une nécrose
comprise entre 15 et 30 % est de pronostic intermédiaire et
une nécrose supérieure à 30 % est de mauvais pronostic [1]
(fig. 17.3).
Malgré une spécificité proche de 100  %, l'IRM doit
faire discuter d'autres diagnostics, en particulier dans
Fig.  17.2 ONA bilatérale compliquée à gauche d'une fracture les formes atypiques. Les formes précoces œdémateuses
sous-chondrale avec dissection osseuse caractérisée par un pures font envisager les autres formes d'œdème et doivent
hypersignal liquidien disséquant la plaque osseuse sous-chon- inciter à contrôler l'IRM dans un délai de 6 semaines. Les
drale latérale de l'épiphyse fémorale (flèche). formes très localisées doivent faire éliminer une fracture

a b c
Fig. 17.3 ONA typique. (a) Coupe coronale T1 montrant une nécrose épiphysaire fémorale droite, caractérisée par un liseré en hyposignal circons-
crivant un fragment nécrosé de signal graisseux. (b) Coupe sagittale T1 permettant d'analyser l'extension de la nécrose en antéropostérieur, facteur
pronostique. Dans le cas présent, la localisation antérolatérale de la nécrose, son extension à 50 % de l'épiphyse dans le plan coronal et à toute la
surface dans le plan sagittal sont des facteurs pronostiques défavorables. (c) Coupe coronale T2 FS montrant l'œdème hétérogène périnécrotique
et son extension, ainsi qu'un épanchement intra-articulaire.
256   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

ostéochondrale, et là encore l'évolution IRM est importante. précocement que l'œdème associé. L'œdème est caractérisé
D'exceptionnelles localisations secondaires ou hémopathies par des contours flous, sans limites nettes, étendu jusqu'au
peuvent simuler une ONA [10]. col et parfois au-delà, et un aspect homogène [11]. Il est
important de noter que ce syndrome est défini par des cri-
tères IRM stricts et que c'est donc l'IRM qui va en assurer la
Syndrome d'œdème de la moelle surveillance et qui va orienter vers les différentes étiologies
osseuse de la tête fémorale qui en sont à l'origine.
L'ostéoporose transitoire de la hanche (OTH) est impor-
L'œdème de la moelle osseuse de la tête fémorale est une ter- tante à reconnaître car elle est de bon pronostic et com-
minologie IRM non spécifique d'une maladie : il correspond plètement réversible dans un délai plus ou moins court,
théoriquement à une augmentation du contenu en eau de la pouvant migrer au sein d'une même articulation voire sur
moelle osseuse normale. Il se manifeste par un hyposignal une autre articulation. Initialement décrite chez la femme
sur les séquences en SE T1, mais sa détection dépend de la enceinte au troisième trimestre de la grossesse (fig. 17.4),
quantité de graisse : quand peu de graisse est présente dans elle correspond aussi aux anomalies mises en évidence
la métaphyse (patient jeune), il est plus difficile à visuali- dans l'algodystrophie quelle que soit son origine (fig. 17.5).
ser. Il se traduit par un hypersignal en SE T2 ; il dépend là L'OTH a été aussi décrite chez des hommes d'âge moyen
encore de la quantité de graisse présente : si la métaphyse est en surpoids et chez des patients greffés rénaux sous ciclos-
très graisseuse, il peut être difficile à visualiser en T2, sur- porine [10, 12]. La douleur qui accompagne cet œdème se
tout sur les séquences TSE T2. La séquence qui permet au résorbe en 6 à 18 mois, et l'IRM réalisée régulièrement au
mieux d'en faire le diagnostic est la séquence T2 avec sup- cours de la surveillance (le premier contrôle est réalisé idéa-
pression de graisse qui permet de visualiser un hypersignal. lement 6 à 12 semaines après l'examen initial) doit s'assurer
Les séquences T1 avec suppression de graisse sans puis après de l'absence d'autre anomalie (en dehors d'un épanchement
injection de gadolinium montrent une prise de contraste intra-articulaire, relativement fréquent) et de la dispari-
homogène et modérée. Comme certains processus tumo- tion complète de l'œdème osseux. C'est donc un diagnos-
raux sont hypervasculaires avec une prise de contraste pré- tic d'élimination porté sur ses caractéristiques évolutives
coce et intense, l'utilisation de séquences dynamiques peut favorables. L'algodystrophie présente des caractéristiques
être utile, la tumeur étant rehaussée par le contraste plus IRM identiques ; elle évolue cliniquement vers la guérison

a b c
Fig.  17.4 Œdème de la moelle osseuse de la tête fémorale survenu en fin de grossesse, contrôle IRM effectué en post partum.
(a) Coupe coronale T2 FS montrant un hypersignal épiphysométaphysaire diffus de la tête fémorale droite. Coupes coronales pondérées T1 avant
(b) et après (c) injection de gadolinium montrant un hyposignal se rehaussant de manière homogène. L'évolution favorable sans séquelle permet
de conclure à une ostéoporose transitoire de la hanche.

a b c
Fig.  17.5 Algodystrophie. (a) Coupe coronale T1 montrant un hyposignal cervicocéphalique gauche étendu à la région pertrochantérienne,
diffus, homogène, isolé. (b) Coupe coronale DP FS montrant un hypersignal relativement homogène. (c) Coupe transversale T2 FS montrant un
épanchement intra-articulaire associé à l'œdème osseux. Le diagnostic est compatible avec une algodystrophie ou une ostéoporose transitoire de
la hanche. L'évolution a montré une résolution complète des anomalies en 24 mois.
Chapitre 17. IRM du bassin    257

en 18 à 24 mois, mais peut exceptionnellement laisser des Fractures


séquelles douloureuses ou fonctionnelles avec parfois atro-
phie musculaire. La majorité des fractures du squelette pelvien sont dia-
Les autres causes d'œdème de la tête fémorale sont les gnostiquées par la radiologie standard. Certaines locali-
traumatismes (contusions ou fractures ostéochondrales), sations ou fractures de petite taille peuvent ne pas être
les fractures par insuffisance osseuse, les infections, cer- vues radiologiquement. L'IRM a supplanté la scinti-
taines ONA, la coxarthrose destructrice rapide (CDR) et graphie pour le diagnostic de ces lésions. Ces fractures
les tumeurs (malignes ou bénignes, notamment l'ostéome occultes sont surtout des fractures de stress ou ostéo-
ostéoïde). Ces pathologies se différencient de l'OTH en IRM chondrales chez le sportif (fig. 17.7) et des fractures par
par le fait qu'elles montrent d'autres anomalies caractéris- insuffisance osseuse, en particulier chez le patient âgé ou
tiques de chaque étiologie et/ou par l'évolution plus souvent ostéoporotique.
irréversible et péjorative, l'imagerie montrant la persistance En IRM, elles se traduisent par l'existence d'une zone
voire l'extension des anomalies. L'étude des différents plans linéaire en hyposignal T1 et T2, correspondant au « trait »
permet parfois de visualiser de discrètes anomalies orientant de fracture, cerné par un œdème osseux dont les carac-
le diagnostic. Dans les fractures par insuffisance osseuse téristiques ont été décrites plus haut. Il faut se méfier des
et les ONA à dominante œdémateuse, les séquences T2 séquences en densité protonique qui « noient » le trait de
mettent souvent en évidence une ligne sous-chondrale en fracture dans l'œdème. De même, sur la séquence T1, le
hyposignal dont l'épaisseur inférieure ou supérieure à 4 mm trait peut être atténué par l'œdème lui aussi en hyposignal.
est un facteur évolutif favorable ou au contraire péjoratif En revanche, sur les séquences T2, le trait est toujours en
(fig. 17.6). L'aspect est tellement semblable dans ces deux hyposignal alors que l'œdème est en hypersignal modéré.
cas qu'il pourrait s'agir d'une même pathologie : fracture Le diagnostic doit donc être évoqué devant un œdème, et
trabéculaire compliquée d'une nécrose [11]. l'IRM doit permettre le diagnostic différentiel avec les autres
étiologies d'œdème.
Les localisations au niveau du cotyle, de la tête ou du col
fémoral sont fréquentes et les radiographies parfois prises
en défaut dans ces localisations. Ces lésions sont impor-
tantes à diagnostiquer car les fractures du col sont à risque
d'ONA, de déplacement et de mauvaise consolidation
(fig. 17.8), causes de nombre de décès chez les patients âgés.
Les fractures sous-chondrales de la tête du fémur entraînent
un risque d'affaissement osseux à l'origine d'une coxar-
throse secondaire nécessitant par la suite une arthroplastie.
D'autres localisations de fractures de stress ou par insuffi-
sance osseuse sont fréquentes : pubis, diaphyse fémorale,
sacrum (fig. 17.9). Une anomalie des parties molles est pré-
sente chez les trois quarts des patients : œdème musculaire
(fig. 17.10), hématome, épanchement de la hanche ou d'une
bourse [13].
Fig. 17.6 Œdème épiphysaire de la tête fémorale droite. Coupe L'évolution IRM aboutit à la disparition des anomalies de
transversale T1 FS après injection de gadolinium montrant un rehaus-
signal en 3 à 6 mois : la persistance d'un hypersignal T2 au-
sement diffus avec un épaississement sous-chondral postérieur en
hyposignal non rehaussé correspondant à une fracture de stress, non
delà de cette date doit faire évoquer une nouvelle fracture,
visible dans le plan coronal compte tenu de sa localisation surtout en cas d'ostéoporose sévère.

a b c
Fig. 17.7 Lésion ostéochondrale de la tête fémorale survenue lors d'un traumatisme sportif 2 mois auparavant, avec douleur persis-
tante sans anomalie radio-échographique. (a) Coupe coronale T1 montrant un discret hyposignal linéaire sous-chondral du pôle supérieur de
la tête fémorale droite (flèche). (b) Coupe sagittale T1 FS montrant l'extension du trait en hyposignal doublant la plaque osseuse sous-chondrale
(flèche). (c) Coupe coronale T2 montrant la lésion en hyposignal (flèche).
258   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

Labrum et conflit
fémoro-acétabulaire
Labrum
Les lésions labrales sont surtout rencontrées dans les dys-
plasies de hanche et chez les patients présentant un conflit
fémoro-acétabulaire. Elles s'associent fréquemment à des
lésions chondrales et peuvent être à l'origine d'une dégé-
nérescence arthrosique ultérieure. Elles sont souvent dou-
loureuses, avec sensation de claquement lors de la flexion,
rotation externe et abduction de la hanche, mais elles
peuvent être asymptomatiques et sont fréquentes chez les
patients âgés [14].
L'arthro-IRM est la technique de choix dans cette indica-
a tion, même si l'IRM standard est susceptible de donner de
bons résultats, surtout à 3 T. L'examen est réalisé avec une
antenne de surface par une séquence en TSE T2 coronale et
une séquence 3D pondérée en T1 permettant des épaisseurs
de l'ordre du millimètre et des reconstructions multipla-
naires, radiaires et dans l'axe du col fémoral. Le labrum pré-
sente un hyposignal régulier sur l'ensemble des séquences,
son signal pouvant devenir plus intense et hétérogène avec
l'âge du fait d'une dégénérescence. Classiquement trian-
gulaire (deux tiers des cas), il peut toutefois être plat ou
rond voire absent dans 14 % de la population [15]. Il peut
présenter un récessus le séparant du cartilage cotyloïdien,
en général peu profond, surtout en postéro-inférieur et en
antéro-inférieur, exceptionnellement en antérosupérieur où
les lésions prédominent.
Les lésions se caractérisent par un labrum irrégulier avec
un hypersignal labral ou séparant le labrum du cartilage
voire du cotyle en T2, avec une image de fissure remplie
b par le produit de contraste sur les séquences d'arthro-IRM.
Fig. 17.8 Fracture de stress. (a) Coupe coronale T1 montrant un trait Elles prédominent en antérosupérieur entre 10 et 12 heures.
de fracture cervical étendu. (b) Coupe coronale T2 réalisée un an plus Au maximum, le labrum est totalement détaché du cotyle.
tard montrant l'extension épiphysaire de la fracture avec déformation Ces lésions peuvent être associées à des kystes souvent
débutante de la tête fémorale (flèche).

a b

c d
Fig. 17.9 Fracture de fatigue sacrée bilatérale chez une patiente ostéoporotique. (a, b) Coupes T1 transversale (a) et coronale (b) montrant
un hyposignal diffus des ailerons sacrés. (c, d) Coupes T1 après injection de gadolinium montrant un rehaussement de l'œdème et la visualisation
des traits de fractures linéaires en hyposignal (flèches).
Chapitre 17. IRM du bassin    259

b
Fig. 17.11 Kyste labral antérieur. (a) Coupe transversale pondérée
en T2 FS montrant un kyste multiloculé développé au sein du labrum
antérieur. (b) Coupe coronale DP  FS montrant le développement du
kyste en périphérie d'un labrum irrégulier et en hypersignal.

b Perthes. Elle est fréquente chez les patients ayant eu une


activité sportive intensive au cours de l'enfance et de l'ado-
Fig. 17.10 Fracture de fatigue chez un sportif avec radiographies
lescence [14]. Le bilan radiographique oriente vers un conflit
normales. (a) Coupe coronale T2 FS montrant un œdème en hypersi-
gnal au sein duquel on distingue un trait de fracture linéaire en hypo-
lorsqu'il montre une déformation antérosupérieure de la
signal, perpendiculaire à la corticale interne. (b) Coupe transversale jonction tête–col, une barre ostéophytique ou une encoche
DP FS montrant le trait de fracture, l'œdème intraosseux et également synoviale cervicocéphalique (herniation pits). L'imagerie en
dans les parties molles en périphérie du fémur. coupe permet des reconstructions radiaires passant par le
centre de la tête fémorale et perpendiculaire au petit axe du
col. Sur ces reconstructions, on peut mesurer l'angle α de
­ ultiloculés et en hypersignal liquidien franc en T2, remon-
m Notzli pour quantifier la déformation fémorale. Cet angle
tant en avant du cotyle dans les zones de moindre pression est formé d'une part par une ligne joignant le centre de la
(fig. 17.11 et 17.12). tête au milieu du col fémoral à sa partie la plus étroite, et
d'autre part par la droite joignant le centre de la tête à sa
périphérie antérieure au point où le rayon céphalique aug-
Conflit fémoro-acétabulaire mente du fait de la déformation cervicocéphalique. Sa valeur
Ce conflit, qui résulte d'un contact anormal entre le fémur est variable, mais il semble qu'une valeur seuil de 60° soit
proximal et l'acétabulum du fait d'anomalies morpholo- satisfaisante pour isoler les patients présentant un conflit
giques de l'un ou de l'autre ou bien des deux, est à l'origine (angle α > 60°) des sujets normaux (angle α < 60°) [16]. Des
de lésions dégénératives labrales et chondrales précoces de lésions chondrales voire labrales sont la conséquence de ce
la hanche chez des patients jeunes sans dysplasie. On dis- conflit très arthrogène et sont surtout visibles sur l'arthro-
tingue deux types de conflit : le type came et le type pince. IRM (fig. 17.13). Ces lésions sont toutefois mieux appréciées
Les deux types sont combinés dans de nombreux cas [14]. en arthroscanner. Des lacunes osseuses synoviales et une
Dans le type came, on trouve une anomalie de la jonc- plage d'œdème osseux en regard de la déformation fémorale
tion tête–col du fémur qui, au lieu d'être concave, est hyper- se traduisent par un hypersignal sur les séquences T2. Dans
trophiée et convexe à sa partie antérosupérieure. La saillie les formes évoluées, l'interligne coxofémoral est diminué.
fémorale vient donc buter contre la partie antérosupérieure Le conflit de type pince ou tenaille est secondaire à une
du cotyle, créant progressivement des lésions chondrales rétroversion du cotyle ou à une couverture excessive de celui-
acétabulaires. Cette anomalie peut résulter de séquelles de ci avec coxa profunda voire protrusion acétabulaire. Révélé
fractures, d'épiphysiolyse ou de maladie de Legg-Calvé- plus tardivement que le conflit par effet came, il est aussi
260   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

b
b
Fig.  17.13 Conflit fémoro-acétabulaire. Arthro-IRM. (a) Coupe
Fig. 17.12 Kyste labral postérieur. (a) Coupe transversale T2 FS mon- coronale T1 FS montrant une lésion labrale avec fissure opacifiée par
trant une masse de signal liquidien au contact d'un labrum postérieur le contraste (flèche), un cartilage acétabulaire supérieur irrégulier, une
en hypersignal. (b) Coupe scannographique transversale après arthro- ostéophytose capitale (tête de flèche) et un bord cervical supérolatéral
graphie montrant une fissure du labrum (flèche), une chondropathie convexe (flèche pointillée). (b) Coupe transversale T1 FS montrant la
cotyloïdienne et un début d'opacification du kyste (flèche pointillée). lésion labrale (flèche) se prolongeant en antérieur et la déformation
antérieure de la jonction cervicocéphalique fémorale (flèche pointillée).

moins arthrogène. Les clichés radiographiques montrent


les anomalies cotyloïdiennes. L'IRM montre la rétroversion circonscrit. L'hématome présente un signal spécifique sur
du cotyle avec un bord antérieur plus latéral que le posté- les séquences en écho de gradient pondérées en T2 (dites
rieur. Elle montre aussi des anomalies sous-chondrales en T2*), un hyposignal lié aux produits de dégradation de l'hé-
hypersignal ou kystiques qui prédominent sur l'acétabulum. mosidérine qui contiennent du fer, ces séquences sont tou-
L'arthro-IRM montre des lésions labrales avec fissures et tefois rarement nécessaires. En T1, l'hématome récent peut
kystes. Des lésions chondrales sont à rechercher à la partie être en hypersignal. Cette séquence permet au stade chro-
supérieure du cotyle, mais aussi en postéro-inférieur, lésions nique de séquelle d'identifier une infiltration graisseuse et
de contrecoup liées au refoulement postérieur de la tête une atrophie. Parfois, des séquences T1 fat sat avec injection
fémorale au sein du cotyle. peuvent mettre en évidence de discrètes prises de contraste
intramusculaires, notamment dans le cas de douleurs mus-
culaires post-traumatiques résiduelles.
Lésions musculotendineuses L'avulsion survient au site d'insertion du muscle ou du
Les groupes musculaires sont nombreux au niveau du pelvis tendon dans les suites d'une contraction excessive ou d'une
et ils ont la particularité d'être souvent intéressés en patho- élongation. La radiographie standard peut montrer un
logie traumatique sportive et en pathologie dégénérative. arrachement osseux, surtout chez l'enfant. L'IRM montre
Les lésions intéressent l'enthèse, le tendon, le corps mus- souvent un œdème osseux en hypersignal en T2 fat sat,
culaire ou la bourse de glissement du tendon. Ainsi, on en ainsi qu'un signal élevé au niveau de l'insertion muscu-
dénombre plusieurs types : les avulsions traumatiques sur- lotendineuse en rapport avec un hématome en général en
venant à l'insertion des tendons, les lésions de tendinose et hypersignal T2 hétérogène. Une avulsion chronique peut
les ruptures tendineuses plus ou moins associées à des bur- se voir à l'insertion des adducteurs, des ischiojambiers, de
sites, les désinsertions musculotendineuses et les contusions la bandelette iliotibiale ou du droit fémoral avec remanie-
musculaires. ments osseux irréguliers, condensation avec lacunes, et un
Les séquences les plus adaptées à l'analyse d'une lésion hypersignal œdémateux au niveau de l'os et des muscles. Les
musculaire ou tendineuse sont les séquences T2 fat sat, ossifications chroniques sont mieux appréciées en radiolo-
montrant un hypersignal plus ou moins hétérogène et mal gie qu'en IRM.
Chapitre 17. IRM du bassin    261

Les lésions tendineuses surviennent chez des sujets plus âgés extramusculaire respectant un contingent musculaire plus
du fait de lésions traumatiques répétées ou de lésions dégénéra- ou moins important et sans rétraction. Le grade 3 se traduit
tives. Dans les lésions de tendinose, l'IRM montre un épaissis- par un hématome étendu avec rétraction du muscle, toutes les
sement tendineux avec élévation du signal souvent hétérogène fibres étant rompues. Un hématome occupant plus de 50 %
en T1 et T2. Dans les ruptures partielles, il existe un hypersignal de la surface musculaire en coupe transversale, ou relative-
liquidien intratendineux. Dans les ruptures complètes, le ten- ment étendu en longueur, une collection liquidienne focale
don est soit discontinu, soit allongé et aminci. Dans les ruptures ou une rupture des fibres profondes à distance de la jonction
chroniques, les muscles sont souvent atrophiés avec dégénéres- myotendineuse sont des facteurs de récupération plus longue,
cence graisseuse. Des épanchements au sein des bourses sont en général supérieure à 6 semaines. L'hématome musculaire
souvent associés, survenant parfois isolément sans lésion tendi- est en isosignal T1 et hypersignal T2 à sa phase aiguë, puis
neuse franche. Des anomalies péritendineuses à type d'hypersi- en hypersignal T1 et T2 à la phase subaiguë, et en hyposi-
gnal peuvent être visibles. Il peut exister aussi des anomalies de gnal T1 et T2 à la phase chronique. À ce stade, la rétraction
signal osseuses au niveau de l'insertion tendineuse. musculaire s'accompagne d'une atrophie et d'une infiltration
Les lésions musculaires sont de deux types : soit il s'agit graisseuse (fig. 17.14). La myosite ossifiante complique par-
d'un claquage, le plus souvent lors d'une contraction excen- fois un traumatisme musculaire. Elle se caractérise par une
trique en pratique sportive, soit il s'agit d'un traumatisme prolifération ostéoblastique produisant de l'os mature en péri-
direct. Dans le claquage, les lésions siègent préférentielle- phérie, circonscrivant une zone d'os immature qui elle-même
ment à la jonction myotendineuse. Dans le traumatisme entoure un centre nécrotique et hémorragique. Il en résulte
direct, les lésions siègent en regard de l'impact musculaire. une ossification centripète progressive caractéristique en cas
Cliniquement, on distingue trois grades de lésion : le grade 1 de notion traumatique récente, plus inquiétante en l'absence
correspond à un simple « claquage » avec étirement muscu- de notion traumatique. La radiographie et le scanner restent
laire, se traduisant par une douleur sans perte de force ; le supérieurs à l'IRM qui apprécie difficilement l'anneau ossifié
grade 2 est celui de la déchirure musculaire partielle avec et qui peut montrer un aspect non spécifique et suspect [17].
diminution de la force musculaire et de la mobilité ; le grade 3 Les ischiojambiers (chef long du biceps fémoral, semi-­
correspond à une rupture complète associée à une rétrac- tendineux et semi-membraneux), muscles bi-articulaires,
tion musculotendineuse et une impotence marquée. Quel sont le siège de lésions fréquentes chez les sprinters et les foot-
que soit le stade, le muscle est initialement tuméfié. Dans le balleurs. Les fractures avulsions intéressent surtout les ado-
grade 1, l'IRM montre un hypersignal T2 penniforme centré lescents sportifs. Chez l'adulte, les lésions intéressent surtout
par la jonction myotendineuse. Dans le grade 2, elle montre les tendons du biceps fémoral et du semi-tendineux, respec-
un hématome en hypersignal T2 hétérogène intra- voire tant plus souvent celui du semi-membraneux (fig. 17.15).

a b c
Fig. 17.14 Rupture chronique des tendons ischiojambiers droits (biceps et semi-tendineux). (a) Coupe transversale T1 passant par les
ischions montrant un amincissement des tendons ischiojambiers droits comparativement à gauche. (b) Coupe coronale DP FS montrant la rupture
proximale des tendons ischiojambiers droits. (c) Coupe transversale passant par le tiers supérieur des cuisses montrant l'amyotrophie des muscles
ischiojambiers à la face postérieure de la cuisse droite avec infiltration graisseuse des corps musculaires et abaissement des lames tendineuses
épaissies comparativement à gauche, respectant le semi-membraneux en médial.

a b c
Fig. 17.15 Rupture des ischiojambiers. (a) Coupe transversale DP au niveau de la racine de la cuisse montrant une collection hématique en
rapport avec une rupture complète des tendons ischiojambiers droits. (b, c) Coupes coronales T2 en excitation d'eau selon la technique Dixon
montrant l'extension en hauteur de l'hématome (b) et les tendons flottant au sein de l'hématome (c) avant prise en charge chirurgicale.
262   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

La tendinose survient du fait de contraintes répétées chez niveau de son insertion sur la ligne âpre à la face postérieure
des sportifs ou chez des patients souffrant de goutte, de dia- de la diaphyse fémorale. L'aspect en IRM peut être trompeur
bète, d'une hyperparathyroïdie ou de collagénose. Les cla- avec un hypersignal musculaire étendu, non systématisé,
quages surviennent en général à la jonction myotendineuse pouvant faire croire à une lésion musculaire traumatique,
et intéressent plus souvent la longue portion du biceps d'autant que la calcification est difficile à visualiser, en hypo-
fémoral, parfois en association avec le semi-tendineux ou le signal (fig. 17.17). Certaines calcifications peuvent migrer et
semi-membraneux qui sont rarement touchés isolément. se résorber au sein du grand trochanter, créant un œdème
Les abducteurs de la hanche sont les moyen et petit glu- osseux. Enfin, rappelons que toutes les bursites trochanté-
téaux. Ils s'insèrent sur le grand trochanter. Trois bourses de riennes ne sont pas dégénératives, mais parfois inflamma-
glissement sont présentes au contact de la grande tubérosité toires dans la polyarthrite rhumatoïde (PR) ou infectieuses,
fémorale, accompagnant les tendons. Contrairement aux avec une atteinte classique dans la tuberculose où la bur-
autres tendons pelviens où la pathologie prédomine chez les site s'associe à des anomalies osseuses en hyposignal T1 et
sportifs, l'atteinte des glutéaux prédomine chez les patients hypersignal T2 et parfois des abcès froids des parties molles
plus âgés et chez les femmes. Des lésions de tendinose, rup- (fig. 17.18). Comme dans toute pathologie dégénérative, il
ture partielle ou complète, et des avulsions ont été décrites faut rapporter les constatations faites en imagerie à la cli-
en IRM. Dans la rupture partielle, le tendon peut être de nique, certaines anomalies de signal T2 constatée au contact
morphologie normale, épaissi ou aminci avec un hypersi- du grand trochanter n'étant pas symptomatiques, en par-
gnal liquidien en son sein sur les séquences pondérées en ticulier celles situées entre le tendon du moyen glutéal en
T2. La rupture complète, souvent chronique, se traduit par dedans et la bandelette iliotibiale en dehors [14, 18].
une solution de continuité tendineuse avec rétraction, ou Le muscle psoas-iliaque est un fléchisseur et rotateur de
une élongation tendineuse caractérisée par une longueur la hanche. Une bourse le sépare de la hanche et du pubis,
de plus de 2 cm entre le trochanter et la jonction myoten- la plus volumineuse de l'organisme, pouvant communiquer
dineuse. Une bursite est associée aux lésions tendineuses avec l'articulation de la hanche dans 15 % des cas. La symp-
dans 40 % des cas. Les ruptures s'associent souvent à une tomatologie en rapport avec les lésions du psoas-iliaque est
amyotrophie voire une dégénérescence musculaire, mais assez peu spécifique (douleur pubienne ou à la flexion de
celles-ci se rencontrent aussi en dehors de rupture, en par- hanche) et ces lésions sont souvent une découverte d'ima-
ticulier chez les sujets âgés à mobilité réduite ou chez les gerie ; la survenue dans un contexte sportif doit orienter
patients porteurs de prothèse (fig. 17.16). Des calcifications vers une lésion myotendineuse (fig. 17.19). Les atteintes
d'hydroxyapatite peuvent se déposer au niveau des tendons dégénératives sont rares. Les avulsions du petit trochanter
glutéaux, mais elles prédominent sur le grand glutéal au surviennent surtout lors de la pratique de sport nécessi-
tant une flexion violente de la cuisse sur un membre infé-
rieur en extension (tir au football), ou chez les sujets âgés
ou ostéoporotiques, et doivent alors faire rechercher une
pathologie tumorale sous-jacente, surtout en cas de rupture
spontanée. Parfois, le tendon se rompt, sans arrachement
osseux associé, la lésion échappant à la radiographie stan-
dard. Les hématomes du muscle psoas sont relativement
fréquents chez les patients anticoagulés. Les métastases du
psoas sont relativement fréquentes, en particulier dans les
néoplasies à point de départ pelvien (col de l'utérus). Les
bursites peuvent être idiopathiques, secondaires à une PR,
une goutte, une ostéochondromatose synoviale, une syno-
a vite villonodulaire, une infection, des contraintes répétées
chez les sportifs, ou à une prothèse totale de hanche (PTH).
En IRM, elle se présente en hyposignal T1 et hypersignal
liquidien T2 (fig. 17.20) [19].
Le muscle droit antérieur est le muscle le plus souvent
lésé dans les atteintes quadricipitales du fait de son carac-
tère bi-articulaire. Les avulsions intéressent l'adolescent
sportif (football), en particulier l'attache du tendon direct,
alors que les claquages et ruptures traumatiques, plus fré-
quents, touchent la jonction myotendineuse de l'adulte avec
une prédilection pour la lame tendineuse postérieure pro-
venant du tendon indirect. L'IRM a un rôle avant prise en
b charge chirurgicale d'une rupture rétractée. C'est un muscle
fréquemment impliqué en pathologie sportive (football
Fig. 17.16 Rupture chronique du tendon du moyen glutéal avec
bursite. (a) Coupe coronale T1 montrant un allongement avec épais-
[fig. 17.21], rugby) et souvent de manière répétée et chro-
sissement du tendon moyen glutéal gauche (flèche) avec amyotrophie nique, se traduisant par des cicatrices fibreuses et des calci-
et dégénérescence graisseuse du corps musculaire (flèche pointillée). fications entourant la jonction myotendineuse qui apparaît
(b) Coupe coronale T2 FS montrant un épanchement liquidien dans la alors épaissie en hyposignal asymétrique comparativement
bourse tendineuse (flèche). au côté opposé [20].
Chapitre 17. IRM du bassin    263

a b c

d
Fig. 17.17 Calcification du grand glutéal gauche en cours de résorption avec douleur intense de survenue brutale. (a, b) Coupes trans-
versales T2 FS montrant une bursite du grand glutéal (a) avec une calcification hétérogène (flèche) et un hypersignal œdémateux musculaire (b).
(c) Coupe coronale T2 FS montrant la calcification du tendon grand glutéal (flèche noire), l'œdème et la bursite en hypersignal liquidien (flèche
blanche). (d) Radiographie montrant la calcification en arrière de la ligne âpre du fémur.

a b c

d
Fig. 17.18 Tuberculose du grand trochanter droit. (a) Coupe coronale T1 montrant une rupture chronique du tendon moyen glutéal avec
allongement tendineux et amyotrophie musculaire s'associant à des irrégularités osseuses. (b) Coupe transversale T2 FS montrant un hypersignal
hétérogène trochantérien étendu aux parties molles latérales avec un abcès froid antérieur de signal liquidien (flèche). (c) Coupe transversale T1
FS avec gadolinium montrant un rehaussement hétérogène de l'atteinte osseuse et une prise de contraste périphérique de l'abcès froid (flèche).
(d) Coupe frontale DP FS antérieure montrant l'extension en hauteur de l'abcès en hypersignal dans les masses musculaires.
264   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

Les adducteurs s'insèrent sur le pubis et sont constitués


par le gracile, le long, le court et le grand adducteurs. Ils
s'insèrent sur l'os par un tendon conjoint très court. Les
lésions tendineuses se traduisent par une augmentation
hétérogène du volume du tendon et s'accompagnent sou-
vent d'un hypersignal T2 musculaire (fig. 17.22). Bien que
le tendon soit conjoint, le gracile et le long adducteur sont
plus souvent impliqués en pathologie sportive [21]. Les ano-
malies des adducteurs peuvent s'associer à des anomalies du
pubis et s'intégrer dans le cadre d'une ostéo-enthésopathie
a pubienne (OEP). Dans l'OEP, l'IRM peut montrer un hyper-
signal T2 des lames quadrilatères du pubis et des berges de
la symphyse. L'hypersignal T2 de la fente du disque interpu-
bien peut se prolonger vers le bas et latéralement, traduisant
une avulsion a minima des surfaces osseuses, constituant
une fente secondaire (fig. 17.23). L'IRM est l'examen de
choix pour montrer ces anomalies car les clichés standard
montrent fréquemment des remaniements du pubis non
spécifiques, l'hypersignal T2 osseux ou musculotendineux
orientant vers une OEP [22].
Le muscle tenseur du fascia lata s'insère sur la lèvre laté-
rale de la crête iliaque en arrière de l'épine iliaque antéro-
supérieure, juste en avant du fascia glutéal qui s'insère sur
le tubercule glutéal situé sur la partie latérale et antérieure
b de la crête iliaque. Ce fascia recouvre la face latérale du
Fig. 17.19 Lésion myotendineuse du psoas chez un rugbyman. muscle moyen glutéal et se dédouble en avant pour engai-
(a) Coupe transversale T2  FS montrant un hypersignal à la jonction ner le tenseur du fascia lata, puis forme le fascia lata ou
myotendineuse du psoas gauche (flèche). (b) Coupe coronale T2  FS tractus iliotibial qui descend à la face latérale du grand
montrant l'extension de la lésion en hauteur au sein des fibres mus- trochanter et vient se terminer sur le tubercule de Gerdy
culaires (flèche). à la face antérolatérale du tibia [23]. L'enthèse du fascia
glutéal peut être le siège de lésions microtraumatiques se
traduisant par un hypersignal T2 en périphérie du fascia
et parfois dans l'os avec un épaississement hétérogène
du fascia. Chez les adolescents pratiquant la course à
pied peut survenir une avulsion, avec en IRM un dépla-
cement de l'apophyse de la crête iliaque, un hypersignal
de la physe, de la moelle osseuse et des muscles sur les
séquences T2 [24].
Le conflit ischiofémoral est la conséquence d'une diminu-
tion de l'espace ischiofémoral situé entre le petit trochanter
en dehors et la tubérosité ischiatique en dedans, entraî-
nant un conflit avec le muscle carré fémoral qui occupe cet
espace. L'IRM fait le diagnostic en montrant un hypersignal
a T2 du carré fémoral, voire une dégénérescence graisseuse en
T1 dans les conflits chroniques, avec un espace ischiofémo-
ral étroit [25].
Le syndrome du muscle piriforme est une pathologie sou-
vent liée au sport (cyclisme, course à pied) à l'origine d'une
sciatalgie atypique par compression du nerf dans son tra-
jet pelvien, sans signe rachidien. Le nerf chemine dans le
pelvis à la face antérieure du piriforme qui naît de la face
antérieure et moyenne du sacrum et se termine à la face
supérieure du grand trochanter. Cette pathologie est parfois
liée à une anomalie musculaire caractérisée par une hyper-
b trophie du piriforme [26]. L'électromyogramme (EMG)
Fig. 17.20 Bursite du psoas droit. (a) Coupe transversale T1 mon- est associé à l'IRM qui a pour intérêt dans ce cas de mon-
trant une masse de signal identique au contenu vésical déformant le trer une asymétrie anatomique avec une masse présentant
muscle psoas (flèche). (b) coupe coronale T2 FS montrant l'extension les mêmes caractéristiques de signal qu'un muscle normal
de la bursite en hauteur. Le signal est intense, de type liquidien, homo- en lieu et place du piriforme hypertrophié, en l'absence de
gène, avec une paroi fine et régulière. conflit discoradiculaire lombaire (fig. 17.24).
Chapitre 17. IRM du bassin    265

a b c
Fig. 17.21 Lésion du tendon direct du droit fémoral gauche sur avulsion ancienne chez un footballeur. (a, b) Coupes coronales pondérées
T1 (a) et T2 FS (b) montrant un épaississement avec allongement en hypersignal hétérogène du tendon avec un signal T2 liquidien en son sein
(flèche). (c) Coupe transversale T2 FS montrant les anomalies tendineuses ainsi qu'un hypersignal osseux du toit du cotyle et montrant un fragment
osseux pseudarthrosé en avant, difficile à voir en IRM (flèche).

b
Fig.  17.22 Lésion des adducteurs gauches chez un footballeur.
(a)  Coupe transversale PD FS montrant un hypersignal du tendon
conjoint et des muscles adducteurs gauches, touchant surtout le long
adducteurs. (b) Coupe coronale T2 FS montrant l'extension en hauteur
des anomalies musculaires.

Coxarthrose
Cette pathologie est tellement fréquente que ses signes IRM
doivent être connus, d'une part parce que l'IRM peut être b
demandée devant une coxarthrose fruste radiologiquement,
Fig. 17.23 Pubalgie chronique chez un footballeur. (a, b) Coupes
d'autre part parce que l'arthrose peut être associée à un
coronales T2 excitation d'eau (Dixon) montrant un hypersignal hétéro-
autre diagnostic ou le compliquer, comme dans le cas d'une gène de la symphyse (flèche) avec hypersignal des berges pubiennes (a)
ONA, ou bien être présente sur la hanche controlatérale. et image liquidienne (flèche) en rapport avec une fente secondaire se
L'amincissement cartilagineux est visible sur les séquences prolongeant en avant et à gauche traduisant une avulsion osseuse (b).
en suppression de graisse T2, mais est au mieux exploré
par arthro-IRM. Les lacunes sous-chondrales sont visibles de rattacher la géode à l'arthrose et d'éliminer une excep-
sous forme de zones arrondies en hypersignal liquidien T2 tionnelle tumeur (fig. 17.25). La condensation sous-chon-
et hyposignal T1. Elles prédominent sur le versant acéta- drale est en hyposignal T1 et T2. Il n'y a habituellement pas
bulaire, mais peuvent se rencontrer en fémoral et prendre d'œdème diffus de la moelle osseuse, mais plutôt des ano-
parfois un aspect macrogéodique, l'IRM permettant alors malies de signal focales mal limitées hypo-intenses en T1 et
266   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

a b c
Fig. 17.24 Syndrome du muscle piriforme avec sciatalgie gauche tronquée sans signe rachidien. IRM lombaire normale. Coupes coronales
T1 (a) et DP FS (b) montrant une hypertrophie du piriforme gauche dont le signal est identique aux muscles glutéaux. (c) Coupe transversale T1
montrant le muscle hypertrophié à la face antérieure duquel chemine le nerf sciatique (flèche).

a b c
Fig. 17.25 Arthrose macrogéodique. (a) Coupe coronale T2 FS montrant une lésion de signal liquidien dans la tête fémorale, bien circonscrite,
s'associant à un œdème modéré en périphérie et à un discret pincement articulaire. (b) Coupe coronale T1 montrant la lésion en hyposignal,
éliminant la nécrose. (c) Coupe sagittale T1 après injection de gadolinium montrant le rehaussement de l'œdème et l'absence de prise de contraste
de la lésion lytique, éliminant le diagnostic de tumeur compte tenu de l'aspect général de la lésion et de sa localisation sous-chondrale.

hyperintenses, non liquidiennes en T2, correspondant à des


plages de fibrose, de nécrose ou de contusion. Un épanche-
ment intra-articulaire est souvent présent mais sans épais-
sissement synovial. Des corps étrangers peuvent se voir dans
l'épanchement (fig. 17.26). Les fossettes herniaires (hernia-
tion pits) ou empreintes synoviales présentent un aspect
similaire aux géodes sous-chondrales mais entourées d'une
zone de sclérose osseuse en hyposignal et elles sont situées
au niveau du col fémoral. Elles doivent faire rechercher
un conflit fémoro-acétabulaire, dans lequel elles sont fré-
quentes, la coxarthrose associée étant alors la conséquence
de ce conflit. De même, les anomalies labrales associées à
l'arthrose sont fréquentes dans les conflits fémoro-acétabu-
laires. Les ostéophytes sont plus difficiles à voir, entraînant
une déformation du contour céphalofémoral [27].
La coxarthrose destructrice rapide (CDR) est définie par
une chondrolyse supérieure à 2 mm ou par un pincement
articulaire de plus de 50 % sur un an. Pathologie rare, elle
touche surtout des femmes de 60 à 70 ans. L'IRM peut aider Fig. 17.26 Coxarthrose. Coupe sagittale pondérée T2 FS montrant le
au diagnostic lorsque persiste un doute clinique. Elle montre pincement articulaire, des modifications de signal osseuses sous-chon-
dans la plupart des cas un épanchement intra-articulaire, un drales, un épanchement et des corps étrangers plus ou moins calcifiés
épaississement synovial, un hypersignal osseux compatible en son sein (flèches).
avec un œdème sur les séquences T2 FS, intéressant non
seulement le col et la tête du fémur, mais aussi l'acétabulum, en T1 et T2 compatibles avec des fractures sous-chondrales
avec des remaniements géodiques sous-chondraux dans de la tête fémorale et de discrets ostéophytes marginaux, ce
les zones portantes, et un affaissement sous-chondral de qui contraste avec l'importance de la destruction articulaire,
la tête fémorale dans les zones de contraintes mécaniques. l'ostéophytose étant un des signes phares de la coxarthrose
Plus rarement, on note des anomalies de signal des parties classique. Le diagnostic différentiel avec une arthrite sep-
molles périphériques, des signaux linéaires hypo-intenses tique peut être délicat [28].
Chapitre 17. IRM du bassin    267

IRM et prothèse totale de hanche


(PTH)
L'arthroplastie de hanche est une intervention orthopédique
parmi les plus réalisées actuellement avec celle du genou.
Environ 10 % des prothèses sont douloureuses. Les PTH,
comme tous les matériaux prothétiques ou d'ostéosynthèse,
ont longtemps été des contre-indications relatives à l'IRM du
fait des artéfacts de susceptibilité magnétique liés au métal.
Les alliages plus récemment utilisés à base de titane, de tan-
talum ou de zirconium ont des susceptibilités magnétiques
beaucoup plus faibles et sont à l'origine d'artéfacts moins Fig. 17.27 Synovite sur PTH. Coupe transversale STIR montrant un
épanchement en hypersignal liquidien en arrière du col prothétique
importants [29]. La modification des prothèses et l'optimi-
avec déhiscence de la capsule articulaire (flèche) et épanchement asso-
sation des séquences ont permis l'utilisation de l'IRM à la cié dans la bourse rétro-trochantérienne (flèche pointillée).
recherche d'anomalies osseuses et surtout des parties molles
périprothétiques [30].
Il est préférable de privilégier les machines à champ
moyen avec lesquelles la gestion des artéfacts est plus facile les bourses péritrochantérienne ou du psoas, voire dans
qu'à haut champ (1,5 T versus 3 T). Les antennes multiélé- les tissus extra-articulaires, donnant un aspect pseudo-
ments en réseau phasé sont indispensables afin d'optimiser tumoral. L'extension osseuse périprothétique présente les
le signal. Il est nécessaire d'utiliser les hypergradients dans mêmes caractéristiques, avec une ostéolyse plus ou moins
le sens du codage de fréquence, des séquences avec une étendue de signal intermédiaire identique aux muscles en
bande passante la plus large possible (entre 350 et 400 Hz/ TSE DP, en hyposignal T1 et hypersignal STIR. La syno-
pixel à 1,5 T), un TE le plus bas possible (si possible infé- vite peut contenir des débris métalliques entraînant une
rieur à 25 ms en T1, et à 35 ms en densité protonique), un baisse de signal de l'épaississement synovial, de l'épan-
codage de fréquence parallèle au grand axe de la prothèse chement et de l'atteinte osseuse (fig. 17.28). L'infection
et des matrices élevées avec une épaisseur de coupe la plus doit être suspectée devant toute douleur atypique ou un
fine possible. Les séquences TSE avec TE court, long train descellement, même en l'absence de signes cliniques ou
d'écho et réduction de l'espace séparant les échos sont inté- biologiques inflammatoires. L'IRM montre une synovite
ressantes car moins sensibles aux artéfacts de susceptibilité avec épanchement liquidien, un œdème s'étendant aux
magnétique, mais la présence de métal entraînant d'impor- parties molles et à l'os périprothétiques, des collections
tantes perturbations locales du champ magnétique, elles ne parfois fistulisées à la peau, une ostéolyse et accessoire-
peuvent pas être utilisées avec les techniques de suppres- ment des adénomégalies (fig.  17.29). Les masses péri-
sion de graisse de type FS, et les séquences STIR leur sont articulaires peuvent aussi correspondre à des hématomes
préférées. Des séquences TSE T1 avant et après injection ou exceptionnellement à des tumeurs osseuses ou des
de gadolinium, STIR et TSE DP sont réalisées en routine parties molles.
dans les trois plans de l'espace. Des techniques avancées Les complications des PTH peuvent concerner les ten-
récemment utilisées, en association avec les modifications dons, les bourses synoviales, ou les muscles. Les conflits
des séquences précédemment citées, permettent d'atté- PTH–psoas se manifestent en IRM par un épaississement
nuer encore davantage les artéfacts liés au métal. Ce sont tendineux, en hypersignal DP ou STIR, avec parfois une
les techniques VAT (variable angle tilting), UTE (ultrashort bursite relativement volumineuse associée qui se présente
TE), SEMAC (slice encoding for metal artefact correction, en hyposignal T1 et en hypersignal DP ou STIR (fig. 17.30).
Siemens et Philips) et MAVRIC (multiacquisition variable- Les tendons des petit et moyen glutéaux peuvent être le
resonance image combination, GE), qui peuvent être utili- siège de lésions de tendinose, plus ou moins associées à
sées en association les unes avec les autres. En fonction du une bursite, ou de rupture partielle ou complète. L'atteinte
type de prothèse, la correction des artéfacts obtenue avec du moyen glutéal est cliniquement plus symptomatique,
ces techniques permet une analyse parfois très fine de l'os d'autant que le tendon du petit glutéal peut être partiel-
et des parties molles périprothétiques et en particulier de la lement ou complètement sectionné ou dénervé lors de la
synoviale. mise en place de la prothèse. L'atrophie antérieure du petit
En IRM, une PTH normale doit présenter une pseu- glutéal est fréquente chez des patients asymptomatiques
docapsule fine, régulière, continue et hypo-intense au du fait de la dénervation du muscle. L'atrophie des fibres
contact du col prothétique. Une discrète lame liquidienne postérieures des petit et moyen glutéaux doit en revanche
peut être observée. Une synovite peut compliquer la mise faire rechercher une rupture tendineuse. Les signes IRM
en place d'une prothèse (fig. 17.27). Cette synovite peut sont les mêmes que chez les patients sans PTH. Tous les
être asymptomatique. La synovite se présente sous forme muscles et tendons pelviens peuvent être le siège d'anoma-
d'un épaississement synovial et d'un épanchement de lies, en particulier chez les sujets jeunes chez lesquels les
signal identique à celui des muscles environnant sur les PTH permettent de reprendre des activités physiques et
séquences TSE DP. L'épanchement peut se propager dans sportives (fig. 17.31).
268   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

a b

c d
Fig. 17.28 Métallose. (a) Coupe transversale T1 montrant une collection en arrière de la PTH et du grand trochanter (flèche). (b) Coupe trans-
versale T1 gadolinium montrant un rehaussement de la synovite (flèche) circonscrivant un épanchement. (c, d) Coupes coronales STIR passant
par le fémur (c) et en arrière de celui-ci (d). Des plages en hyposignal correspondant à la métallose sont visualisées en périphérie et au sein de la
synovite (flèches).

Les complications osseuses sont en rapport avec des frac- suspecter une résorption entraînant un descellement asep-
tures de stress au contact des pièces prothétiques, une non- tique ou non (fig. 17.33).
intégration de la prothèse ou une ostéolyse dont les causes L'IRM est désormais performante en cas de prothèse
ont été citées précédemment (fig. 17.32). L'intégration d'une douloureuse et a toute sa place en complément de la
PTH doit être au moins partielle à défaut d'être complète. radiologie, de l'échographie et du scanner lorsque ces
L'intégration est caractérisée par un contact direct entre techniques n'ont pas permis de mettre en évidence d'ano-
la prothèse ou le ciment périprothétique et l'os trabécu- malie significative. Comparativement au scanner, elle a
laire. L'interposition d'une membrane fibreuse de signal pour principal avantage de ne pas être irradiante, alors
intermédiaire ou élevé peut se voir entre l'os et la prothèse, que le scanner doit être réalisé en haute définition et avec
correspondant au liseré clair visible sur les clichés radio- des doses d'irradiation élevées, surtout si le patient est
graphiques. Cette membrane doit être inférieure à 2 mm porteur de deux PTH.
d'épaisseur, régulière et non évolutive. Autrement, il faut
Chapitre 17. IRM du bassin    269

b
Fig. 17.29 Infection sur PTH. (a) Coupe coronale TSE T1 WARP-VAT montrant une synovite avec hyposignal du cotyle périprothétique. (b) Coupe
coronale STIR WARP-VAT montrant un œdème osseux du cotyle, débordant sur les parties molles en périphérie, sans abcès.

b
Fig. 17.30 Conflit psoas–PTH chez une patiente porteuse de deux PTH. (a) Coupe coronale STIR montrant un hypersignal au contact du
tendon du psoas gauche (flèche), non retrouvé à droite. (b) Coupe transversale STIR montrant la bursite peu volumineuse autour du tendon du
psoas gauche au contact de la PTH (flèche). Noter les artéfacts en périphérie des deux PTH.
270   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

Fig. 17.31 PTH droite avec persistance de douleur lors des mouvements de rotation. Coupe transversale STIR montrant un hypersignal du
muscle obturateur externe (flèche).

a b c
Fig. 17.32 Ostéolyse bifocale périprothétique. (a) Coupe transversale T1 montrant une lésion nodulaire cotyloïdienne antérieure en hyposignal
(flèche) au contact de la prothèse. (b) Coupe transversale T1 avec gadolinium montrant une collection périprothétique fémorale avec rehausse-
ment hétérogène circonscrivant une plage liquidienne (flèche). (c) Coupe coronale STIR montrant les plages acétabulaire et fémorale, cette dernière
présentant des éléments en hyposignal en rapport avec des débris métalliques (flèche).

a b
Fig. 17.33 Ostéolyse périprothétique. (a) Coupe coronale DP FS montrant une vaste plage de signal liquidien sous-prothétique, descendant
dans la diaphysaire fémorale. (b) Coupe coronale T1 avec injection de gadolinium, montrant l'absence de rehaussement de la lésion et confirmant
sa nature liquidienne, non tumorale, à l'origine d'un descellement.
Chapitre 17. IRM du bassin    271

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Chapitre
18
IRM du genou
J.-L. Montazel, C. Paul, G. Tréhan

PLAN DU CHAPITRE
Technique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 273 Cartilages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 300
Pathologie méniscale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 273 Ostéonécrose . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 301
Pathologie ligamentaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . 285 Pathologies diverses. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 304

Technique
L'exploration est systématiquement réalisée dans les trois
plans de l'espace. Le genou est positionné en extension et
en rotation indifférente ou légèrement externe, l'interligne
fémorotibial au centre de l'antenne. L'acquisition trans-
versale permet l'étude fémoropatellaire, de l'ensemble des
ligaments et notamment du pivot central, et des parties
molles en périphérie du genou. La séquence sagittale, per-
pendiculaire au plan bicondylien, est la séquence de réfé-
rence pour l'étude des ménisques et des ligaments croisés.
La séquence coronale, parallèle au plan bicondylien, est
complémentaire de l'acquisition sagittale pour l'étude
méniscale et du pivot central, et permet d'analyser les
ligaments collatéraux, le point d'angle postérolatéral et les
cartilages fémorotibiaux.
Les protocoles actuels privilégient les séquences TSE DP
et T2 avec fat sat, 2 ou 3D [1, 2]. Fig.  18.1 Les deux ménisques occupent toutes la surface des
L'exploration d'une lésion tumorale ou d'une lésion syno- plateaux tibiaux et viennent au contact des ligaments croisés.
viale nécessite la réalisation de séquences pondérées en T1 Séquence coronale DP FS.
avant et après injection de gadolinium sans ou avec satura-
tion du signal graisseux.
une mobilité restreinte. Le ménisque latéral est fixé de
manière plus lâche à la capsule dont il est séparé au niveau
Pathologie méniscale de son segment postérieur par le tendon poplité et son
récessus qui communique avec l'articulation. Il est ainsi
Aspect IRM normal plus mobile que le médial. Les liens avec la capsule sont
Les ménisques ont une forme en croissant de lune, ouvert assurés par les ligaments méniscocapsulaires.
pour le médial, plus fermé pour le latéral. Le latéral est Les deux ménisques s'insèrent sur la surface tibiale en
relativement symétrique alors que le médial présente un avant et en arrière du massif spinal. Les attaches posté-
segment postérieur plus épais que l'antérieur. Ils occupent rieures passent au contact des tubercules (épines) tibiaux
toute la partie postérieure des plateaux tibiaux, sans espace et viennent s'insérer entre ces tubercules. Ces attaches
libre jusqu'au massif spinal ; le ménisque médial vient au sont importantes car leur rupture peut entraîner une
contact du ligament croisé postérieur (LCP) (fig. 18.1). Ils instabilité méniscale, en particulier médiale. Elles sont
sont au contact des cartilages, habituellement sans inter- normalement en hyposignal, mais leur orientation peut
position de liquide entre leur face inférieure et le cartilage les exposer à un artéfact d'angle magique, surtout pour
tibial. Leur périphérie est épaisse et discrètement convexe. l'attache du ménisque latéral. Les segments antérieurs
Le ménisque médial est solidement uni à la capsule avec sont parfois liés entre eux par le ligament transverse

IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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274   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

a b c
Fig.  18.2 Ligament méniscal transverse. (a) Coupe coronale DP ; le ligament joint les segments antérieurs de deux ménisques. (b) Coupe
sagittale DP ; le ligament est punctiforme en avant des croisés. (c) Coupe transversale DP, le ligament apparaît comme une bande en hyposignal à
la partie antérieure de l'interligne fémorotibial.

d'un ménisque au segment postérieur de l'autre ménisque


traversant l'échancrure entre les ligaments croisés dans
un plan sagittal oblique (fig. 18.3). Ce ligament porte le
nom du segment antérieur auquel il s'attache et il peut
donc être médial ou latéral [3]. Le segment postérieur du
ménisque latéral est fixé au condyle fémoral médial par
les ligaments méniscofémoraux de Humphrey (en avant
du LCP) et de Wrisberg (en arrière du LCP). Très excep-
tionnellement, on peut rencontrer un ligament reliant le
bord antérieur du ménisque médial et le toit de l'échan-
crure intercondylienne, se projetant en avant du ligament
croisé antérieur (LCA).
Fig. 18.3 Le ligament méniscoméniscal oblique relie le segment
Le signal méniscal normal en IRM est hypo-intense
postérieur d'un ménisque au segment antérieur de l'autre homogène sur l'ensemble des séquences, sans que l'on
ménisque et traverse l'échancrure sous forme d'une bande puisse distinguer les portions non vascularisée et vascu-
régulière millimétrique en hyposignal. larisée. L'hypersignal situé en périphérie des ménisques
contient des vaisseaux, de la graisse et du tissu conjonc-
antérieur (ou ligament jugal). Il est visible en IRM sur tif sans aucune structure méniscale en histologie. Sur au
les coupes sagittales médianes sous forme d'un hypo- moins deux des coupes sagittales les plus latérales, ils ont la
signal punctiforme en avant de l'échancrure et sur les forme d'un nœud papillon (fig. 18.4). Le ménisque médial
coupes transversales et coronales dans son grand axe présente parfois un aspect ondulé à sa partie moyenne sur
(fig.  18.2). Exceptionnellement, il existe un ligament les coupes sagittales, qui disparaît si l'examen est réalisé en
méniscoméniscal oblique qui relie le segment antérieur flexion (fig. 18.5).

Fig.  18.4 Dans le plan sagittal, les ménisques ont la forme d'un nœud papillon sur les coupes marginales. (a). Ménisque médial.
(b) Ménisque latéral.
Chapitre 18. IRM du genou    275

Fig. 18.6 Hypersignal nodulaire de type 1, respectant les bords


du ménisque médial. Séquence sagittale EG T2*.

Fig.  18.5 En extension, le ménisque médial peut présenter Les anomalies méniscales se traduisent par des hyper-
un aspect « déplissé », qui disparaît si l'examen est réalisé en signaux dont la situation par rapport aux surfaces arti-
flexion.
culaires du ménisque a permis la classification en trois
grades [4].
■ Le grade 1 correspond à un hypersignal focal, nodulaire,
Lésions méniscales intraméniscal, sans communication avec l'articulation.
Le diagnostic de lésion méniscale se pose devant des ano- Histologiquement, il s'agit d'une dégénérescence muci-
malies de signal ou de morphologie. Les lésions dégéné- neuse ou myxoïde localisée. Cet hypersignal se rencontre
ratives ou les fissures entraînent une augmentation des chez des sujets asymptomatiques des deux sexes, de tous
molécules d'eau qui interagissent avec les macromolécules âges, sportifs ou non (fig. 18.6).
méniscales. Il en résulte une augmentation modérée du T2. ■ Le grade  2 est défini par un hypersignal linéaire,
Le contraste entre la lésion et le signal méniscal est maximal intraméniscal, habituellement étendu à la périphérie
sur les séquences à TE court, notamment les séquences en mais respectant les surfaces articulaires. Il peut s'agir
densité protonique (DP) avec un TE inférieur à 20 ms, en SE là encore de lésions dégénératives. Les patients avec
ou TSE pondérées T1 et en DP et sur les séquences en écho une lésion de grade 2 sont habituellement asympto­
de gradient (EG). matiques (fig. 18.7).

Fig. 18.7 Hypersignal linéaire de type 2, respectant les bords du ménisque médial. (a). Séquence coronale DP FS. (b) Séquence sagittale
DP FS.
276   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

a b c
Fig. 18.8 Lésion méniscale caractéristique, l'hypersignal s'ouvrant sur l'articulation en interrompant la surface méniscale. (a) Coupe
sagittale DP FS. (b) Coupe coronale DP FS. (c) Coupe transversale DP FS ; sur cette image, la lésion est caractérisée par l'interruption de l'hyposignal
méniscal normal (flèche).

■ Le grade 3 correspond à un hypersignal atteignant l'une Lésion en anse de seau


ou les deux surfaces articulaires du ménisque (fig. 18.8). La lésion en anse de seau se caractérise par le déplacement
Cette anomalie représente la fissure méniscale telle d'un fragment méniscal libéré dans l'articulation alors que le
qu'elle est observée en arthrographie ou en arthrosco- fragment périphérique reste attaché à la capsule. Elle résulte
pie. C'est donc la seule anomalie qui doit être prise en d'une lésion verticale longitudinale ou oblique étendue sur
compte cliniquement. Cependant, ce type d'anomalie le grand axe méniscal. Cette lésion, d'origine traumatique
peut exceptionnellement se rencontrer chez des sujets le plus souvent, entraîne des blocages récidivants en flexion
âgés asymptomatiques ou sans fissuration avec simple- du genou, parfois associés à des épanchements. Elle inté-
ment des lésions dégénératives en histologie. De même, resse habituellement des adultes jeunes et est relativement
un hypersignal diffus peut se rencontrer dans cette fréquente [6, 7]. Elle est trois fois plus fréquente en médial
population sans véritable fissure ; la symptomatologie qu'en latéral.
clinique et les anomalies IRM associées prennent alors Le fragment libre peut se déplacer en totalité ou par-
toute leur importance [5]. tiellement dans l'échancrure ou à la partie antérieure de
l'articulation ou dans les culs-de-sac articulaires péri-
Fissures méniscales phériques (fig. 18.9). Le fragment fixe présente un aspect
Les fissures méniscales prédominent en médial et en pos- tronqué, raccourci, pouvant être le siège d'un hyper­
térieur où elles débutent avant de s'étendre vers l'avant. signal. Le nœud papillon habituellement rencontré sur
En latéral, les lésions prédominent aux segments moyen et les coupes collatérales a disparu ou bien n'est plus visible
antérieur, mais elles sont postérieures lors de lésions du LCA que sur une seule coupe. Toutefois, cet aspect n'est pas
associées. La présence simultanée de lésions méniscales pathognomonique et peut se rencontrer après méniscec-
médiale et latérale sur un même genou doit faire rechercher tomie, dans la gonarthrose évoluée ou en cas d'hypopla-
une rupture du LCA, surtout si elles sont postérieures, verti- sie méniscale [8].
cales et périphériques. L'IRM permet dans deux tiers des cas de visualiser le
Les fissures sont aussi classées selon leur orientation fragment libre et les coupes transversales sont particulière­
et leur morphologie. Elles sont horizontales ou verti- ment intéressantes dans ce cas [9]. Lorsque le fragment
cales comparativement à la surface du plateau tibial. méniscal est déplacé dans l'échancrure, et qu'il provient
Comparativement à la forme semi-lunaire des ménisques, du ménisque médial, il peut être mis en évidence sur les
elles peuvent être longitudinales, radiaires ou obliques. Les coupes sagittales médianes en avant du LCP, donnant un
fissures verticales peuvent prendre les trois orientations aspect de dédoublement à ce dernier (signe du double
alors que les fissures horizontales sont soit longitudinales, LCP) (fig. 18.10). Un aspect similaire ne peut normale-
soit obliques. Ces caractéristiques sont importantes car les ment pas se rencontrer avec le ménisque latéral, le LCA
lésions verticales longitudinales périphériques survenant empêchant le fragment luxé de venir en avant du LCP.
en zone vascularisée peuvent cicatriser spontanément ou Seule une rupture associée du LCA peut donner un signe
bénéficier d'une suture, alors que les fissures horizontales du double LCP à partir d'une anse de seau du ménisque
longitudinales étendues au bord libre nécessitent généra- latéral [6]. Le fragment libre peut aussi se déplacer à la
lement une méniscectomie au mieux partielle. Les fissures partie antérieure de l'articulation et venir au contact du
verticales sont plus souvent traumatiques alors que les fis- segment méniscal antérieur. Celle-ci présente un aspect
sures horizontales sont plus fréquemment dégénératives. anormalement hypertrophié ou dédoublé, se prolon-
L'association des différents types de lésion donne une fis- geant dans l'échancrure [9]. Le segment antérieur appa-
sure complexe. raît d'autant plus gros que, comparativement, le ­segment
Chapitre 18. IRM du genou    277

a b

c d
Fig.  18.9 Lésion en anse de seau du ménisque médial. (a) Coupe coronale DP  FS montrant un ménisque médial en hypersignal avec un
fragment libéré dans l'échancrure (flèche). (b) Coupe coronale DP FS plus postérieure ; le fragment méniscal luxé dans l'échancrure reste attaché
au segment postérieur (flèche). (c) Coupe transversale DP FS ; le fragment méniscal est situé en dedans du LCP (flèche). (d) Coupe sagittale para-
médiane montrant la languette méniscale raccordée au segment postérieur du ménisque (flèche).

Fig. 18.10 Double LCP sur une coupe sagittale médiane DP FS.


Le fragment méniscal luxé vient se positionner en avant du LCP. En
l'absence de lésion du LCA, cette image est pathognomonique d'une
anse de seau du ménisque médial.

postérieur est petit (fig. 18.11). Exceptionnellement, le


fragment libre peut se détacher complètement du reste
du ménisque et migrer n'importe où dans l'articulation
(fig. 18.12). b
Fig.  18.11 Migration antérieure d'un fragment méniscal.
Fissure radiaire (a) Coupe sagittale DP FS du ménisque médial avec une hypertrophie
du segment antérieur due à la migration d'un fragment méniscal pos-
La fissure radiaire est verticale, perpendiculaire au grand térieur avec un segment postérieur plus petit et de signal hétérogène.
axe du ménisque. Elle est de diagnostic difficile en fonc- (b) Coupe sagittale DP FS du ménisque latéral avec double segment
tion de sa localisation et de son étendue. C'est une lésion antérieur par migration d'un fragment postérieur ; le segment posté-
délétère lorsqu'elle est étendue car elle rompt complètement rieur est le siège d'une fissure verticale associée à une rupture du LCA.
278   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

a b

c d
Fig. 18.12 Différents exemples de migration d'un fragment méniscal. (a–c) Trois exemples de migration d'un fragment méniscal médial
libre à différents endroits au sein de l'articulation (flèches). (d) Migration latérale d'un fragment du ménisque latéral (flèche), en dedans du plan
capsuloligamentaire et en avant du tendon poplité (tête de flèche).

a b c
Fig. 18.13 Lésions méniscales radiaires. (a) Coupe sagittale DP montrant une interruption complète du nœud papillon du ménisque latéral.
(b, c) Coupes sagittale et coronale DP montrant une interruption partielle, inférieure du ménisque médial (flèche).

l'organisation concentrique des fibres collagènes, rendant le séparant ce segment de l'insertion tibiale du LCP qui est
ménisque non fonctionnel et instable. Sur les coupes sagit- normalement au contact du ménisque doit impérativement
tales, elle se traduit par un hypersignal perpendiculaire au attirer l'attention (fig. 18.14). La fissure radiaire prédomine
grand axe méniscal, dirigé du bord libre vers la périphérie au niveau des segments postérieurs des deux ménisques
du ménisque, plus ou moins étendu sur sa profondeur et sa puis aux segments moyen et antérieur du ménisque laté-
hauteur, entraînant une interruption partielle ou complète ral [10]. Rare à la partie moyenne du ménisque médial, elle
du ménisque qui réapparaît normalement sur les coupes est exceptionnelle sur son segment antérieur.
adjacentes (fig. 18.13). Sur les coupes coronales, elle doit Quatre signes IRM ont été décrits dans les plans sagittal
être suspectée devant l'interruption de l'hyposignal ménis- ou coronal afin d'optimiser la détection de ces lésions [11] :
cal. Le défaut de recouvrement total du plateau tibial par le ■ signe du triangle tronqué : amputation du bord libre du
segment postérieur du ménisque médial ou un hypersignal ménisque ;
Chapitre 18. IRM du genou    279

a b

c d e
Fig. 18.14 Lésion radiaire postérieure du ménisque médial. (a, b) Coupes coronales DP FS ; le ménisque médial ne couvre pas toute la partie
postérieure du plateau tibial contrairement au latéral. (c–e) Coupes sagittales contiguës montrant la disparition complète du segment postérieur
(ménisque « fantôme ») avant d'arriver sur le LCP.

■ signe de la fente : hypersignal linéaire vertical à travers le méniscectomie. La cause semble liée à la méniscectomie qui
ménisque ; modifie la biomécanique du genou et crée des contraintes à
■ signe de la fente en marche : déplacement de l'hypersi- l'origine de la lésion radiaire [12]. Il existe une association
gnal vertical de la périphérie au bord libre du ménisque ; entre lésion radiaire et arthrose sur le compartiment médial,
■ signe du ménisque fantôme : disparition complète de sans lien de causalité bien défini. Il est en particulier difficile
l'hyposignal méniscal normal remplacé par un hyper­ de dire si l'arthrose favorise la survenue d'une lésion radiaire
signal complet sur une ou plusieurs coupes adjacentes. ou si c'est le contraire [13].
Les deux fragments méniscaux, séparés selon le grand
axe du ménisque, ne sont donc plus fixés au tibia que par
une extrémité et deviennent mobiles, rendant ces lésions, Désinsertion méniscocapsulaire
même limitées, particulièrement instables, favorisant C'est une lésion connue des arthrographistes, le produit de
la survenue de lésions dégénératives articulaires voire contraste séparant alors la base du ménisque de la capsule.
­d'ostéonécrose [11]. Ce type de lésion semble fréquent après La sensibilité de l'IRM dans ce type de lésion est moins
280   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

bonne, du fait de la présence de tissus neurovasculaires, Instabilité méniscale


adipeux et conjonctifs spontanément en hypersignal à la L'instabilité méniscale se caractérise par le déplacement du
périphérie des ménisques. De plus, la comparaison avec ménisque au-delà de la marge du plateau tibial sur les coupes
l'arthroscopie est délicate car la localisation de la lésion coronales. Ce déplacement est mineur lorsqu'il est inférieur
peut rendre son accès arthroscopique difficile et cette à 3 mm, majeur au-delà. Il est associé à des lésions dégéné-
lésion peut cicatriser spontanément, survenant en zone ratives sévères ou à des fissures méniscales (fig. 18.16). Pour
vascularisée. La désinsertion est souvent d'origine trau- le ménisque médial, cette expulsion est souvent associée à
matique, associée à des lésions ligamentaires et à des des lésions de son attache postérieure et à des remaniements
contusions osseuses. En cas de doute, l'arthroscanner est arthrosiques qu'elle majore [15]. Pour le ménisque latéral,
l'examen à réaliser. elle est souvent associée à une lésion de l'attache tibiale du
Les signes devant faire évoquer le diagnostic sont [14] ménisque et à une rupture du LCA [16].
(fig. 18.15) :
■ le défaut de couverture du cartilage tibial de plus de Ménisque « flottant »
5 mm en sagittal (peu spécifique, surtout en latéral où le
ménisque est plus mobile) ; C'est un type de lésion traumatique dans lequel le ménisque,
■ la présence d'un signal liquidien entre la périphérie du latéral ou médial, est complètement entouré de liquide en
ménisque et la capsule sur les séquences pondérées en hypersignal sur les séquences T2. Il s'agit d'une lésion trau-
T2 (à différencier des culs-de-sac articulaires méniscaux matique survenant dans des accidents violents. Il existe une
dont l'étendue reste inférieure à la moitié de la hauteur avulsion méniscale par rupture du ligament méniscotibial, le
méniscale) avec disparition de la visibilité des ligaments ligament méniscofémoral étant en général intact. Le ménisque
méniscocapsulaires qui fixent le ménisque médial à la est alors cerné par du liquide, ou bien il existe au moins 2 à
capsule ; 3 mm de liquide entre le plateau tibial et le ménisque, en par-
■ l'association avec des lésions méniscales et osseuses ticulier au niveau du segment postérieur. Le ménisque quant à
tibiales postéromédiales. lui reste en général intact, sans fissure. Ces lésions sont impor-
tantes à décrire car elles surviennent en général en association
avec des lésions ligamentaires et le ménisque doit être rattaché,
afin de ne pas laisser persister une instabilité [17].

b
b Fig. 18.16 Coupes coronales T2 FS – le ménisque médial instable
est déplacé en dedans de l'interligne fémorotibial médial. (a) Le
Fig.  18.15 Désinsertion méniscocapsulaire. (a) Coupe coronale ménisque conserve une forme et un signal relativement satisfaisants.
T2 FS montrant un hypersignal liquidien séparant le ménisque médial Il existe une arthrose évoluée avec disparition du cartilage et remanie-
du plan capsulaire. (b) Coupe sagittale DP FS montrant une interrup- ments osseux avec hypersignaux sous-chondraux et déformation de
tion des ligaments méniscocapsulaires par un hypersignal intense, la plaque osseuse. (b) Coupe plus postérieure montrant un ménisque
s'associant à un hypersignal au contact du plateau tibial médial. refoulé en dedans, déformé et de signal hétérogène.
Chapitre 18. IRM du genou    281

Signes accessoires ■ Le ligament méniscoméniscal oblique peut simuler une


Des signes accessoires ont été décrits dans les lésions du anse de seau avec fragment méniscal migré dans l'échan-
segment postérieur du ménisque latéral. Ceux-ci sont par- crure sur les coupes transversales ou coronales. Il faut
ticulièrement utiles lorsqu'il existe une lésion traumatique donc s'assurer que les ménisques sont morphologique-
du LCA, puisque la sensibilité de l'IRM diminue dans ce cas. ment normaux avant d'envisager la présence d'un liga-
Deux signes sont intéressants : l'anomalie de signal du liga- ment méniscoméniscal oblique (voir fig. 18.3).
ment méniscopoplité supérieur, qui apparaît alors en hyper- ■ Le tendon du poplité passe en arrière du segment posté-
signal, et l'insertion méniscale du ligament méniscofémoral rieur du ménisque latéral. Sa gaine communique phy-
qui reste visible au bord postérosupérieur du segment pos- siologiquement avec l'articulation et peut simuler une
térieur du ménisque sur au moins quatre coupes sagittales, fissure (fig. 18.17). Il est cependant bien suivi de haut en
soit sur plus de 14 mm [18]. bas et de dehors en dedans se continuant par son corps
musculaire.
■ Les ligaments méniscofémoraux attachent le segment
Limites de l'IRM postérieur du ménisque latéral au condyle fémoral
Les limites de l'IRM sont les suivantes : médial passant en avant (ligament de Humphrey) ou
■ l'IRM est moins performante pour la détection des lésions en arrière (ligament de Wrisberg) du LCP. Leur attache
méniscales associées aux lésions ligamentaires [19] ; méniscale peut faire évoquer une lésion de grade 3. Cette
■ la désinsertion méniscocapsulaire, bien visualisée en attache est normalement visible sur moins de 14 mm ou
arthrographie, reste de diagnostic difficile en IRM ; quatre coupes sagittales [18] (fig. 18.18).
■ des contusions méniscales d'origine traumatique ont été ■ Le segment postérieur du ménisque latéral se prolonge en
décrites, caractérisées par un hypersignal amorphe, mal avant du fait de la fermeture du croissant méniscal latéral.
limité, non linéaire, d'intensité moindre que dans les Sur les coupes frontales, il peut ainsi être visualisé sur une,
lésions de grades 1 et 2 et pouvant atteindre une surface voire deux coupes à hauteur du segment médian simulant
articulaire. Ces contusions sont constamment associées, à une lésion en anse de seau. L'analyse de l'ensemble des
la phase aiguë, à des contusions osseuses, surtout tibiales, coupes coronales et sagittales permet d'éviter ce piège.
prédominent sur le segment postérieur du ménisque
médial, et sont très souvent associées à une rupture du
LCA. Elles régressent ou restent stables dans le temps.
Elles doivent être différenciées des lésions de grade 3 qui
peuvent impliquer une sanction chirurgicale.
Lorsque la lésion est peu évidente, il est intéressant de
rechercher des signes indirects associés comme un épan-
chement intra-articulaire, un kyste méniscal, un œdème
périméniscal ou bien du ligament collatéral au contact ou
une instabilité méniscale. Un œdème osseux sous-chondral
linéaire ou non, ou bien un œdème situé autour des canaux
vasculaires le long des épiphyses tibiales ou fémorales a une
spécificité élevée pour la présence d'une lésion méniscale [20].
De 5 à 36 % de sujets explorés pour une lésion ménis- Fig.  18.17 Le tendon poplité passe en dehors et en arrière du
cale symptomatique présentent une fissure horizontale ou ménisque latéral. Sa gaine contient du liquide articulaire et peut
oblique en IRM sur le genou controlatéral non symptoma- simuler une fissure verticale. Le trajet du tendon permet de rétablir le
tique [21]. La mise en évidence de ce type de lésion doit diagnostic.
donc inciter à la prudence quant à sa nature pathogène.
Il faut cependant garder à l'esprit que l'examen est réalisé
afin de rechercher l'origine d'un symptôme. Si la lésion
méniscale est isolée, alors elle doit être considérée comme
responsable de la douleur. Si elle est associée à d'autres ano-
malies, œdème osseux ou lésion cartilagineuse, alors son
implication dans la douleur doit être considérée avec cir-
conspection [21]. À 2 ans, 30 % de ces genoux initialement
asymptomatiques présentent des symptômes modérés, ne
nécessitant que rarement une intervention chirurgicale [22].

Images pièges
Les images pièges sont importantes à connaître pour éviter
des diagnostics de lésion méniscale portés par excès.
■ Le ligament transverse relie les segments antérieurs des
ménisques (voir fig. 18.2). La présence de graisse ou de Fig.  18.18 Coupe sagittale DP  FS montrant l'insertion du liga-
liquide le séparant du ménisque peut simuler une lésion ment méniscofémoral à la partie postérieure du ménisque laté-
de grade 3. ral pouvant simuler une lésion de grade 3 (flèche).
282   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

■ Les insertions tibiales des ménisques présentent un signal poliomyélite chronique. L'aspect de nœud papillon peut
hétérogène et peuvent être visibles surtout au niveau du n'être visible que sur une seule coupe collatérale du fait de la
segment antérieur du ménisque latéral, dans le même petite taille du ménisque.
plan sagittal que l'attache du ligament transverse [23]. Le ménisque discoïde est considéré comme une déforma-
■ Un effet de volume partiel sur les coupes sagittales les plus tion congénitale. Il prédomine en latéral et est souvent bila-
périphériques peut donner un aspect de lésion de grade 2 téral. Il est exceptionnel en médial. Le ménisque discoïde
du fait de la présence de graisse et de structures vasculaires est ovale ou rond. Il peut être complet, recouvrant la totalité
périméniscales. L'hypersignal n'atteint jamais la surface arti- de la surface tibiale, incomplet, ne recouvrant que partiel-
culaire et disparaît sur la coupe suivante intra-articulaire. lement le plateau tibial, ou annulaire, c'est-à-dire circulaire
■ L'angle magique peut être à l'origine d'un hypersignal de et ouvert en son centre. En IRM, le ménisque présente un
la corne postérieure du ménisque latéral à sa partie la aspect de nœud papillon sur plus de trois coupes sagittales,
plus médiale qui réalise un angle d'environ 55° avec B0. pouvant se prolonger jusqu'à l'échancrure. Sur les coupes
Cet hypersignal disparaît avec l'allongement du TE ou coronales, il doit être suspecté si sa hauteur excède de 2 mm
avec le changement d'orientation du genou. celle du ménisque controlatéral ou si son axe radial est supé-
rieur à 14 mm au niveau du segment moyen (fig. 18.19). Ces
ménisques présentent fréquemment des hypersignaux de
Dysplasies méniscales grade 1 ou 2 sans fissuration décelable en arthroscopie et
L'hypoplasie est exceptionnelle. Un ménisque de petite taille peuvent être symptomatiques (douleur, craquement ou blo-
doit plutôt faire envisager une anse de seau ou un antécé- cage) du fait d'un gonflement local lié à la dégénérescence
dent de méniscectomie partielle. L'hypoplasie se rencontre (fig. 18.20). L'IRM est globalement moins performante pour
chez des patients atteints de polyarthrite juvénile ou de le diagnostic de lésion sur ménisque discoïde [24].

b
Fig.  18.19 Ménisque latéral discoïde. (a) Coupe coronale DP  FS ;
le ménisque latéral est plus profond et plus épais que le médial. Il est Fig.  18.20 Ménisque médial discoïde. (a) Coupe sagittale DP  FS
le siège d'une fissure avec migration d'un fragment (flèche). (b) Coupe paramédiane à proximité de l'échancrure. (b) Coupe coronale DP FS.
sagittale DP FS à proximité de l'échancrure ; le ménisque hétérogène Le ménisque occupe tout l'espace fémorotibial médial et présente un
couvre la totalité du plateau tibial. hypersignal interne.
Chapitre 18. IRM du genou    283

L'IRM joue donc un rôle essentiel dans le diagnostic des


lésions méniscales et permet de mettre en évidence d'éven-
tuelles lésions ligamentaires ou cartilagineuses associées dont
la présence peut modifier la prise en charge thérapeutique.
Elle apprécie le caractère stable ou non de la lésion, permettant
au chirurgien de prévoir soit d'emblée une méniscectomie
partielle ou totale en cas de lésion instable (lésions dépla-
cées ou fissure complexe), soit un avivement en cas de lésion
stable confirmée à l'arthroscopie. Une lésion est considérée
comme instable s'il existe un fragment méniscal déplacé, si
elle s'étend sur au moins 8 mm (visible sur au moins deux
coupes de 4 mm ou trois coupes de 3 mm), s'il s'agit d'une a
lésion complexe plus ou moins associée à des anomalies
morpho­logiques ou si un hypersignal est visualisé en pondé-
ration T2 [25]. Le compte-rendu IRM doit détailler le type de
lésion, sa localisation, son extension, les lésions associées et
mettre en perspective les anomalies avec la symptomatologie
clinique permettant au chirurgien d'adapter au mieux la stra-
tégie thérapeutique : abstention, avivement, suture méniscale,
méniscectomie partielle ou complète.
b
Ménisque opéré
Fig. 18.21 Récidive de lésion du ménisque médial chez un patient
Après méniscectomie totale, il ne persiste pas de tissu ménis- opéré. (a) Coupe coronale T2 montrant une fissure horizontale de
cal. Le risque arthrogène de ce type d'intervention radicale, signal liquidien séparant en deux le reliquat méniscal. (b) Coupe coro-
en particulier en latéral, lui fait préférer une méniscectomie nale DP plus antérieure montrant un fragment méniscal luxé en dedans
conservatrice. du CFM (flèche) ; le ménisque latéral est en hypersignal pathologique.
Après méniscectomie partielle ou réparation simple du
ménisque, l'IRM peut montrer la persistance d'un signal de tensité du signal dépend du contenu protéique du kyste. Il
grade 3 sur un petit ménisque tronqué aux contours réguliers est fréquemment multiloculaire. L'association à une fissure
avec disparition de l'image de nœud papillon sur les coupes méniscale habituellement horizontale est nécessaire pour
les plus périphériques. Ces aspects postopératoires peuvent affirmer le diagnostic et le différencier d'un kyste synovial
persister dans le temps sans s'atténuer, y compris plusieurs ou, en médial, d'une bursite du ligament collatéral. Toutefois,
années après la méniscectomie. Il peut s'agir tout aussi bien aucune lésion méniscale n'est détectée en IRM dans 2 % des
d'une lésion cicatricielle que d'une fissure incomplètement cas. Certains kystes peuvent éroder les structures osseuses à
excisée ou récidivante. Les signes en faveur d'une récidive sont leur contact [27].
une localisation différente de la lésion initialement opérée, un
fragment méniscal déplacé et surtout un signal liquidien de
grade 3 se renforçant sur les séquences à TR long (fig. 18.21). Chondrocalcinose
Dans les sutures, le ménisque conserve un hypersignal loca- La chondrocalcinose a une prévalence de 5 à 15 % et aug-
lisé, non liquidien (fig. 18.22). Dans ce type d'indications, mente avec l'âge, étant plus fréquente après 50 ans. Les calci-
l'arthroscanner garde une place de choix, puisqu'il montre fications, présentes au niveau des ménisques et du cartilage,
aussi bien les lésions méniscales récidivantes que les anoma- entraînent des perturbations locales du champ magnétique
lies ostéochondrales fréquentes dans ce type de situation [26]. à l'origine d'artéfacts de susceptibilité magnétique pouvant
masquer les lésions. Les calcifications peuvent être à l'ori-
Kyste méniscal gine d'hypersignaux dont la genèse reste imprécise actuel-
lement et pouvant simuler une fissure [28]. La réalisation
Le kyste méniscal est suspecté cliniquement devant une
d'une IRM se fait donc au mieux à la lueur des clichés radio-
tuméfaction située à hauteur de l'interligne articulaire.
graphiques et, en cas de calcifications méniscales comme en
Contrairement aux données arthrographiques, il est plus
cas de doute, l'arthroscanner permettra au mieux de faire le
fréquent en médial (66 %) qu'en latéral (34 %). Il peut être
diagnostic de lésion méniscale.
volumineux et se développer à distance de l'interligne,
fuyant dans les zones de moindre pression, en particulier à
distance des ligaments collatéraux (fig. 18.23). En latéral, il Os méniscal
est habituellement antérieur, situé entre le ligament collaté- C'est une pathologie exceptionnelle, rencontrée habituel-
ral latéral (LCL) et la bandelette iliotibiale. En médial, il est lement au niveau du segment postérieur du ménisque
plus souvent postérieur. L'IRM est supérieure à l'arthrosco- médial, vraisemblablement d'origine traumatique.
pie et l'arthrographie dans la détection de ces kystes. L'intérêt de l'IRM est de confirmer le siège intraméniscal
Son signal est bas en T1, parfois supérieur à celui du de l'ossicule et de le différencier d'un corps étranger libre.
liquide articulaire. En T2, son signal est élevé mais reste Son signal est de type graisseux avec une fine corticale en
souvent inférieur à celui du liquide articulaire. En fait, l'in- périphérie identique à l'os.
284   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

a b

c d
Fig. 18.22 Ménisque médial suturé. (a, b) Coupes sagittales DP et T2 ; la zone de suture est de signal intermédiaire, non liquidien en T2. (c, d) Coupes
sagittales DP et T2 après injection intra-articulaire de gadolinium ; la suture est en signal intermédiaire en DP, bas en T2 sans pénétration de contraste.

a b

c d
Fig. 18.23 Kyste méniscal médial. (a) Coupe coronale DP FS. Le kyste développé au niveau du mur méniscal s'étend en dedans de l'interligne
et présente un signal hétérogène, non liquidien, lié à son contenu protéique épais. Le ménisque médial présente une fissure horizontale en regard
du kyste. (b–d) Autre cas, plus typique au niveau du signal et lui aussi associé à une fissure méniscale médiale.
Chapitre 18. IRM du genou    285

Pathologie ligamentaire Il est visible dans le plan sagittal qui constitue le meil-
leur plan d'analyse, montrant la totalité du trajet sur une
Ligament croisé antérieur ou deux coupes (fig. 18.26). Il est toujours identifiable dans
C'est le stabilisateur le plus important du genou et c'est aussi
le ligament le plus souvent lésé lors des traumatismes graves
du genou. Son étude représente une des principales indica-
tions d'IRM du genou avec l'étude des ménisques.
Les lésions du LCA sont en augmentation avec le déve-
loppement de la pratique sportive.
Différents mécanismes lésionnels sont impliqués dans les
ruptures [29].

Anatomie
Le LCA s'insère à la partie postérieure de la face médiale du
condyle fémoral latéral. Il se dirige obliquement de haut en a
bas et d'arrière en avant dans l'échancrure intercondylienne
pour se terminer sur le plateau tibial en avant et en dehors
de l'épine tibiale antérieure, entre les segments antérieurs
des ménisques. Son diamètre moyen est centimétrique ;
il s'élargit à son insertion tibiale où il présente un signal
discrètement hétérogène. Il est intra-articulaire mais extra­
synovial ; en conséquence, il n'est pas accessible directement
à l'arthroscopie et tout épanchement articulaire peut être
visualisé en avant du LCA mais pas en arrière dans l'espace
le séparant du LCP.
Il est composé de deux faisceaux. L'un, antéromédial, est b
puissant et tendu en flexion ; l'autre, postérolatéral, se tend Fig.  18.25 LCA normal avec faisceau antéromédial (flèche)
en extension (les faisceaux sont nommés en fonction de leur et  postérolatéral (tête de flèche). (a) Coupe coronale DP  FS.
insertion tibiale) (fig. 18.24). Ils sont tous les deux visibles (b) Coupe transversale DP FS.
en IRM, en particulier sur les coupes transversales ou coro-
nales (fig. 18.25).

Aspect IRM normal


Le LCA normal est en hyposignal sur toutes les séquences et
dans tous les plans. Cet hyposignal est hétérogène à ses inser-
tions, surtout au niveau tibial. Chez l'adulte, il est rectiligne,
tendu en extension et parallèle au toit de l'échancrure. Il fait un
angle d'environ 60° avec le plateau tibial dans le plan sagittal et
70° dans le plan coronal. Son orientation varie sensiblement au
cours de la croissance et il devient progressivement plus verti-
cal, aussi bien dans le plan sagittal que dans le plan coronal [30].
a

b
Fig. 18.24 Coupe sagittale oblique reconstruite dans le plan du
LCA à partir d'une séquence TSE FS 3D montrant les deux fais- Fig. 18.26 Coupe sagittale DP FS montrant le LCA sur tout son
ceaux ligamentaires. trajet (flèche). (a) Coupe 2D. (b) Coupe 3D.
286   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

les plans transversal et coronal, fin, bien limité avec des osseuses et instabilité. Ces signes sont variables selon la
contours réguliers. Il est ovale ou elliptique sur les coupes phase à laquelle est réalisée l'IRM (la phase aiguë corres-
transversales passant par le haut de l'échancrure. Ce plan de pond aux deux premières semaines suivant le traumatisme ;
coupe montre souvent l'organisation en deux faisceaux du la phase subaiguë va de la 2e à la 8e semaine ; la phase chro-
LCA (voir fig. 18.24 et fig. 18.25). Il s'insère sur le fémur nique débute au-delà).
environ 1 cm plus haut que le LCP. Les reconstructions 3D
permettent une analyse fine du LCA et de ses deux faisceaux Signes directs
dans tous les plans (fig. 18.27). Les signes directs concernent le signal et la morphologie
du LCA. En phases aiguë et subaiguë, le LCA est épaissi
Rupture du LCA avec un signal augmenté (fig. 18.28). Ces anomalies sont
Cliniquement, la rupture du LCA est évoquée devant un focales ou diffuses, le LCA n'étant alors plus identifiable
traumatisme violent, douloureux, avec une hémarthrose au sein de l'hématome quel que soit le plan d'analyse [29].
souvent retardée et, à l'examen, des signes d'instabi- Le ligament n'est plus tendu mais courbe ou plus ou
lité avec tiroir antérieur et ressaut rotatoire. La notion moins horizontal. Il y a une perte de parallélisme avec
de traumatisme est essentielle lors de la suspicion de le toit de l'échancrure. La perte de verticalité du frag-
rupture. Parfois, ce traumatisme peut cependant être ment distal du LCA entraîne une diminution de l'angle
minime, en particulier chez les patients en surpoids. À la formé par le LCA et le plateau tibial. En prenant une
phase chronique, c'est une laxité qui pousse le chirurgien orientation plus horizontale, le LCA peut venir se mettre
à demander l'IRM, ou bien c'est la recherche de lésions en nourrice sur le LCP et cicatriser dans cette position,
associées. faisant disparaître le ressaut rotatoire (fig. 18.29). Dans
En IRM, la rupture complète se manifeste par des signes certains cas, le moignon distal du LCA, attaché au tibia,
directs qui intéressent le ligament et par des signes indi- peut être basculé en avant vers la graisse de Hoffa. Il
rects qui sont les conséquences de la rupture : contusions entre alors en conflit avec le condyle fémoral latéral et
le plateau tibial lors de l'extension du genou, expliquant
le flessum retrouvé à l'examen clinique. En IRM, ce moi-
gnon prend soit une forme nodulaire antérieure de signal
hétérogène, élevé ou intermédiaire, sur l'ensemble des

Fig.  18.27 Coupe coronale oblique T2  FS reconstruite après


une acquisition 3D montrant le LCA normal sur tout son trajet Fig. 18.29 Rupture proximale du LCA venu se mettre en nourrice
(flèche). sur le LCP, atténuant les signes cliniques de rupture.

a b c
Fig. 18.28 Lésion du LCA, épaissi et de signal globalement augmenté, mais conservant son orientation (flèche). (a) Coupe transversale
DP FS. (b) Coupe coronale DP FS. (c) Coupe sagittale DP FS.
Chapitre 18. IRM du genou    287

a b c
Fig.  18.30 Rupture du LCA avec migration antérieure du moignon tibial (flèche). (a) Coupe sagittale DP. (b) Coupe coronale DP  FS.
(c) Coupe transversale DP FS.

Fig. 18.31 Rupture chronique du LCA. Coupe sagittale DP FS mon-


trant un LCA effondré dans l'échancrure (flèches).

séquences, soit une forme de languette en hyposignal T2


occupant le récessus articulaire antérieur et restant atta-
ché au tibia (fig. 18.30). Ce piégeage pourrait expliquer
les rares aspects de syndrome du cyclope décrits chez
des patients présentant une rupture du LCA non opérée
auparavant [31].
À la phase chronique, le LCA est discontinu, déformé,
avec un tissu cicatriciel de signal variable séparant
les fragments et une orientation modifiée (fig.  18.31).
Parfois, le LCA n'est plus identifiable, donnant à l'échan-
crure un aspect vide signant le diagnostic (fig. 18.32), les
agénésies du LCA étant exceptionnelles et toujours asso-
ciées à des anomalies épiphysaires. Néanmoins, le LCA Fig.  18.32 Rupture chronique avec « échancrure vide », le LCA
n'étant plus visible. (a) Coupe sagittale DP FS. (b) Coupe sagittale
peut récupérer un aspect IRM normal, en hyposignal
oblique DP parallèle au plan du LCA.
et tendu, et cicatriser avec une restitution ad integrum
d'autant plus aisément que la lésion initiale était partielle
[32] (fig. 18.33).
La rupture siège dans 90 % des cas à la partie moyenne du plus rare chez l'adulte. Le ligament a un signal normal, mais
LCA, plus rarement à son insertion condylienne ou tibiale. il existe un œdème osseux au site de l'avulsion, mieux visua-
Une forme particulière est représentée par l'avulsion de lisé sur les séquences en suppression de graisse. Le frag-
l'insertion tibiale. Classique chez l'enfant, le LCA étant plus ment osseux est quant à lui mieux visualisé sans saturation
puissant que l'os immature épiphysaire, elle est beaucoup de graisse (fig. 18.34).
288   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

Fig. 18.33 Rupture proximale du LCA, initialement instable cliniquement, ayant cicatrisé avec stabilisation clinique. Coupes sagittales
DP FS réalisées sur 18 mois. (a) IRM à une semaine ; le LCA est en hypersignal, épaissi, mais conserve une orientation anatomique « normale ».
(b) À 12 semaines, le LCA reste de signal modérément augmenté et épaissi. (c) À 6 mois, le genou est stable et le LCA a récupéré un signal quasi
normal. (d) À 1 an, le LCA est redevenu normal ; le patient a repris ses activités sportives à son niveau initial.

Signes indirects
Les signes indirects sont constitués par les contusions
osseuses et l'instabilité.

Contusions osseuses
Les contusions osseuses sont contemporaines des phases aiguë
et subaiguë, et peuvent s'accompagner d'une hémarthrose.
Elles sont en hyposignal T1 et en hypersignal T2 ou sur les
séquences en suppression de graisse qui sont les plus sensibles
pour les détecter. Elles sont soit osseuses pures, soit ostéo-
a chondrales. Elles expliquent fréquemment la persistance des
symptômes douloureux en l'absence d'autre lésion, notam-
ment méniscale. Elles peuvent persister plus de 6 semaines
après le traumatisme initial, voire beaucoup plus en cas de
traumatisme sévère. Elles sont d'autant plus longues à dispa-
raître que le genou présente des lésions dégénératives arthro-
siques [33]. Elles peuvent réapparaître secondairement en cas
d'accidents d'instabilité répétés des ruptures chroniques.
Les plus fréquentes sont celles du compartiment latéral,
et en particulier du bord postérieur du plateau tibial laté-
ral (PTL) au niveau de l'insertion de la capsule (fig. 18.35),
s'associant en fonction de son importance à un traumatisme
b cartilagineux [34]. L'avulsion du bord latéral du PTL à l'in-
Fig. 18.34 Avulsion de l'insertion tibiale du LCA. (a) Coupe sagit- sertion tibiale du LCL, d'une partie de la bandelette iliotibiale
tale DP  FS montrant un LCA continu détaché du plateau tibial avec et d'un faisceau oblique antérieur du ligament fibulaire laté-
une contusion tibiale en hypersignal. (b) Coupe sagittale T2 ; le LCA est ral, correspond à la fracture de Segond que l'on peut visuali-
continu en hyposignal avec un fragment de signal osseux à sa partie ser sur le cliché radiographique de face [35]. Elle est plus rare
distale plus facile à identifier que sur la séquence FS (flèche). mais pathognomonique de rupture du LCA (fig. 18.36).
Chapitre 18. IRM du genou    289

a
a

b
b Fig. 18.36 Fracture de Segond pathognomonique d'une rupture
du LCA. (a) Coupe coronale DP  FS montrant l'arrachement osseux
Fig. 18.35 Lésions du plateau tibial latéral (PTL) au cours d'une
à l'insertion du plan ligamentaire latéral (flèche) et la lésion du LCA
lésion du LCA. (a) Coupe sagittale latérale DP FS. Contusion posté-
(tête de flèche). (b) Radiographie du genou correspondant montrant
rieure du PTL avec hypersignal non circonscrit du spongieux dans une
la fracture (flèche).
rupture du LCA (flèche). (b) Coupe sagittale DP montrant une fracture
ostéochondrale du PTL avec discret enfoncement (flèche).

Fig.  18.37 Kissing fracture caractérisée par une contusion du


plateau tibial latéral (PTL) et du condyle fémoral latéral (CFL), Fig.  18.38 Fracture ostéochondrale du condyle fémoral latéral
en hypersignal sur cette coupe sagittale DP FS. (CFL). Coupe sagittale DP FS montrant un enfoncement de la plaque
osseuse sous-chondrale avec un hypersignal osseux périphérique.
La contusion ostéochondrale du condyle fémoral latéral
(CFL) associée à la contusion du PTL réalise l'aspect carac- elle peut induire une encoche ostéochondrale qui est plus
téristique de kissing fracture, le condyle venant s'impacter sur profonde que l'encoche normalement rencontrée à la jonction
le PTL lors de la rupture ligamentaire [36] (fig. 18.37). La trochléocondylienne latérale (fig. 18.38). Cette encoche reste
localisation de la contusion fémorale est antérieure en exten- visible à la phase chronique une fois l'œdème osseux résorbé.
sion ou en faible flexion. Plus la flexion augmente, plus la Outre leur caractère spécifique de la rupture du LCA, les frac-
contusion est postérieure. Outre les signes d'œdème osseux, tures ostéochondrales tibiales et c­ ondyliennes latérales jouent
290   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

un rôle pronostique important, puisqu'elles entraînent des Signes d'instabilité


lésions dégénératives dans 50 % des cas, alors que les contu- Les signes d'instabilité traduisent le déplacement antérieur
sions osseuses simples guérissent sans séquelle [37]. Plus rare- du tibia, secondaire à la rupture du LCA.
ment, une contusion peut se voir à la partie supérieure de la La subluxation du tibia se mesure sur une coupe sagittale
fibula dans les traumatismes importants (fig. 18.39). passant par le CFL en traçant les tangentes au bord posté-
Les contusions osseuses intéressent plus rarement le rieur du CFL et du PTL, parallèles au grand axe de l'image.
compartiment médial. Elles touchent plus fréquemment le L'espace entre ces droites est normalement en moyenne
plateau tibial médial que le condyle médial (fig. 18.40). Elles de 2,2 mm. Le bord postérieur du segment postérieur du
sont souvent associées à des lésions du segment postérieur ménisque latéral passe environ 0,5 mm en arrière du bord
du ménisque médial, de la jonction méniscocapsulaire voire postérieur du plateau tibial. L'augmentation de ces valeurs
de l'insertion du semi-membraneux [38]. traduit une instabilité [40, 41] (fig. 18.41).
La spécificité de ces lésions est excellente, en particulier Le LCP a une morphologie modifiée. Il peut être visua-
lorsqu'elles intéressent la partie postérieure des plateaux lisé en totalité sur une seule coupe coronale. La courbure
tibiaux. Cependant, des contusions osseuses sans rupture de son segment proximal habituellement convexe en
ligamentaire peuvent être observées surtout chez l'enfant et arrière peut s'inverser et avoir une concavité postérieure.
parfois chez l'adulte ; elles sont alors fréquemment de locali- D'autres signes ont été décrits comme la visibilité du LCL
sations inhabituelles [39]. en entier sur une seule coupe coronale, l'ondulation du
Leur sensibilité est plus faible, puisque les signes IRM tendon patellaire ou un aspect de cisaillement de la graisse
s'estompent avec le temps, l'œdème ayant disparu à la phase de Hoffa qui se traduit par un hyposignal T1 et un hyper-
chronique, en gardant à l'esprit que les accidents d'instabilité signal T2 [42].
peuvent entraîner des contusions du PTL à distance de la
rupture. En pratique, elles se recherchent sur les séquences
en suppression de graisse.

Fig. 18.39 Traumatisme grave avec lésion du LCA et contusions


osseuses diffuses intéressant la fibula supérieure, le CFL et le a
PTL où elle est étendue. Coupe sagittale DP FS. La contusion de la
fibula doit faire rechercher une lésion du point d'angle postérolatéral.

b
Fig.  18.40 Coupe coronale DP  FS montrant des contusions Fig.  18.41 Instabilité majeure suite à une rupture du LCA.
osseuses diffuses prédominant aux plateaux tibiaux et intéres- (a)  Coupe sagittale latérale montrant l'avancée du PTL sous le CFL.
sant aussi les deux condyles fémoraux. Lésion du LCA en hypersi- (b) Même coupe montrant l'avancée du PTL sous le ménisque latéral
gnal (tête de flèche) et du ménisque médial (flèche). qui reste fixé au plan capsulaire.
Chapitre 18. IRM du genou    291

b
Fig. 18.42 Rupture partielle du LCA. (a) Coupe sagittale DP FS mon-
trant un LCA épaissi de signal hétérogène avec persistance de fibres
continues en hyposignal (flèche). (b) Coupe coronale T2 FS montrant
des fibres en hyposignal (flèche) et une contusion osseuse tibiale pos-
térieure (tête de flèche). b
Fig. 18.43 Séquence T2 3D d'une rupture partielle du LCA avec
reconstructions dans le grand axe du ligament montrant les
Ruptures partielles fibres continues en hyposignal au sein de l'hématome en signal
Les ruptures partielles sont de diagnostic difficile cliniquement, intermédiaire. (a) Reconstruction sagittale oblique. (b) Reconstruction
en arthroscopie et en IRM. Elles intéressent plus volontiers le coronale oblique.
faisceau antéromédial, le plus puissant, et ont alors souvent
la même présentation clinique que les ruptures complètes. L'atteinte isolée du PAPL est possible, mais rare. Elle est
D'autres n'entravent pas la stabilité du genou. Les études IRM plus souvent associée à des lésions des ligaments croisés soit
ont montré une faible sensibilité de l'IRM dans le diagnostic de à la phase aiguë du traumatisme, soit à la phase chronique
ces lésions. Le diagnostic est évoqué devant un élargissement du fait de la répétition d'accidents d'instabilité. L'IRM met
focal de signal T2 élevé du LCA n'intéressant qu'une par- en évidence une augmentation de signal, un épaississement
tie des fibres ou devant un amincissement du LCA, les fibres ou une absence de visualisation des éléments du PAPL et en
épargnées restant en hyposignal (un seul faisceau persiste à la particulier du tendon du poplité, du LCL, du tendon bici-
phase chronique) (fig. 18.42). Les reconstructions 3D parallèles pital, du ligament poplité arqué et de la capsule postérieure
et perpendiculaires au plan du LCA sont plus sensibles pour (fig. 18.44). Elle peut montrer une fracture de la tête de la
détecter les ruptures partielles, montrant plus aisément les fibula correspondant à une avulsion de l'insertion du LCL et
fibres non rompues qui restent en hyposignal (fig. 18.43). signant constamment une instabilité rotatoire postérieure.
Un hypersignal T2 de l'extrémité supérieure de la fibula
Lésions associées doit de même faire évoquer une atteinte du PAPL (voir
Les lésions associées aux ruptures du LCA sont importantes fig. 18.39).
à rechercher afin d'adapter la thérapeutique. Des lésions méniscales traumatiques sont fréquemment
Les lésions des autres ligaments sont fréquemment asso- associées aux ruptures du LCA. Elles intéressent plus par-
ciées, en particulier le ligament collatéral médial (LCM). ticulièrement les segments postérieurs et sont verticales,
Plus le traumatisme est violent, plus le nombre de ligaments pouvant survenir simultanément en latéral et en médial
lésés est important. Les luxations traumatiques du genou (fig. 18.45). Le segment postérieur du ménisque latéral est
s'accompagnent souvent de lésions ligamentaires majeures. écrasé entre le CFL et le PTL. Cette lésion est peu sympto-
Les lésions du point d'angle postérolatéral (PAPL) doivent matique et ne nécessite habituellement pas de thérapeutique
être reconnues car leur ignorance peut entraîner l'échec spécifique, sauf si elle est étendue, atteignant le segment
d'une ligamentoplastie du LCA avec instabilité rotatoire per- moyen, ou instable. L'extension de la lésion par rapport
sistante. En IRM, la plupart des éléments anatomiques du au tendon poplité est donc importante à mentionner. Le
PAPL sont aisément identifiables [43]. ménisque médial est lésé initialement lorsqu'il existe des
292   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

a b

c d
Fig.  18.44 Lésion du point d'angle postérolatéral (PAPL) chez un patient présentant un traumatisme grave avec rupture du LCA.
(a, b) Coupes coronales pondérées en T2 FS montrant des lésions du LCL (flèche), du muscle poplité (flèche épaisse) et du LCM et du point d'angle
postéromédial (PAPM) (tête de flèche). (c) Coupe sagittale DP FS montrant un hypersignal de la coque postérieure (flèche) et du muscle poplité
(flèche épaisse) ainsi que des contusions osseuses fémorotibiales (têtes de flèche). (d) Coupe transversales DP FS montrant l'hypersignal du muscle
poplité (flèche blanche), des coques postérieures (lésion du PAPM ; flèches noires) et des contusions osseuses (têtes de flèche).

signes de traumatisme du compartiment médial. L'atteinte méniscales associées. Plus il y a de lésions ligamentaires,
est alors plus souvent périphérique, longitudinale avec anse plus la sensibilité de l'IRM dans la détection des lésions
de seau. Les lésions du ménisque médial peuvent survenir méniscales associées baisse. La sémiologie IRM des rup-
initialement avec parfois une lésion associée du point d'angle tures du LCA est identique chez l'enfant, sachant que des
postéromédial (coque articulaire, semi-membraneux et gas- contusions osseuses sont plus fréquentes en dehors de rup-
trocnémien médial) (fig. 18.44), ou secondairement du fait tures ligamentaires [45].
de l'instabilité persistante dans les ruptures chroniques [44].
Chirurgie du ligament croisé antérieur
Performances de l'IRM La plastie est habituellement réalisée avec un autotransplant du
Les performances de l'IRM dans le diagnostic des ruptures tiers moyen du tendon patellaire avec prélèvement à chaque
complètes du LCA sont excellentes, puisque la sensibilité extrémité d'un fragment osseux patellaire et tibial. Le semi-
est de 95 % avec une spécificité de 100 %. L'IRM est moins tendineux, le droit interne, le tendon calcanéen et la bandelette
performante dans le diagnostic de lésion partielle, qu'elle iliotibiale peuvent être utilisés. L'amélioration des techniques
sous-estime en cas de stabilité et qu'elle surestime en cas au site de prélèvement rendant meilleure la qualité du greffon
d'instabilité clinique. Les signes indirects ont une bonne et la quasi-absence de complication au site de prélèvement ont
spécificité mais une moindre sensibilité, dépendant pour donné un regain d'intérêt pour les greffons adducteurs [46].
les contusions osseuses des séquences réalisées et de la L'orifice du tunnel tibial doit être situé en arrière de l'in-
précocité de l'examen. Les signes d'instabilité dépendent sertion du LCA et son bord antérieur doit être en arrière du
du positionnement du genou dans l'antenne qui réduit le prolongement du toit de l'échancrure (voir fig. 18.46). Le tun-
déplacement antérieur du tibia. Les performances de l'IRM nel tibial est idéalement parallèle au toit de l'échancrure [47].
sont en revanche un peu moins bonnes pour les lésions L'orientation du greffon par rapport au plateau tibial dans le
Chapitre 18. IRM du genou    293

Fig. 18.46 Plastie du LCA normale. Séquence sagittale TSE T2 mon-


trant un greffon en hyposignal discrètement hétérogène, tendu avec
un bord antérieur du tunnel tibial se projetant en arrière de la ligne
prolongeant le toit de l'échancrure.

b
Fig. 18.45 Lésions méniscales traumatiques verticales associées
à une rupture du LCA. Noter les contusions osseuses en hypersignal
et l'épanchement. (a) Coupe sagittale DP FS médiale. (b) Coupe sagit-
tale DP FS latérale.

plan coronal doit se rapprocher de celle du LCA normal [48]. Fig. 18.47 Séquence sagittale DP FS d'une rupture d'une plastie
Une plastie de l'échancrure est souvent réalisée, surtout si elle de LCA avec un tunnel tibial (flèche) trop antérieur par rapport
est trop étroite ou si la position du greffon expose à un risque au toit de l'échancrure (tête de flèche). Le greffon n'est plus visible
de conflit [49]. Le positionnement des tunnels et la morpho- dans l'échancrure et en hypersignal dans le tunnel tibial. Noter l'arté-
logie de l'échancrure sont les éléments les plus importants fact fémoral lié à l'utilisation de matériel métallique.
pour éviter la survenue de complications. Si le tunnel tibial
est trop antérieur, alors le greffon entre en conflit avec le toit
de l'échancrure en extension. Une étroitesse de l'échancrure médiaire intrasubstantiel sur les séquences DP ou T2, 4 ans
ou la présence d'un ostéophyte peut avoir des conséquences après la ligamentoplastie, plus souvent linéaire que nodu-
identiques. laire, malgré un positionnement satisfaisant des tunnels [52].

Aspect IRM des ligamentoplasties normales du LCA Rupture du greffon


Cet aspect est variable (fig. 18.46). Durant les trois premiers La rupture du greffon survient lors d'un traumatisme ulté-
mois postopératoires, le greffon a un signal bas sur toutes rieur ou est favorisée par un montage imparfait (fig. 18.47).
les séquences. Puis son signal s'abaisse pour se rapprocher Le greffon est épaissi et présente une discontinuité de ses
de celui du LCP, y compris dans les tunnels. Dans les deux fibres avec un signal élevé localisé ou diffus (fig. 18.48) avec
premières années, des zones focales de signal élevé peuvent à l'extrême une disparition du greffon [53]. L'orientation et
être visualisées. Le signal ne se modifie pas au-delà des deux la tension ne sont pas de bons signes de rupture du greffon.
premières années, même si la « ligamentisation » du greffon L'instabilité peut entraîner des contusions osseuses et un
se fait sur au moins trois années [50]. Après 2 ans, le greffon déplacement tibial antérieur. Un déplacement antérieur du
doit mesurer moins de 10 mm d'épaisseur et être en hypo- PTL de plus de 10 mm avec un tunnel tibial satisfaisant et
signal dominant ; il n'apparaît pas toujours parfaitement un greffon de signal élevé sont en faveur d'une rupture. Le
tendu et parallèle au toit de l'échancrure [51]. Environ 70 % diagnostic de rupture partielle est encore plus difficile que
des greffons cliniquement stables présentent un signal inter- sur le LCA natif [53].
294   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

Fig. 18.48 Rupture traumatique d'une plastie de LCA. Séquence


sagittale DP montrant un greffon de signal élevé, discontinu et épaissi
avec un épanchement intra-articulaire.

Conflit
Le conflit se traduit cliniquement par des douleurs, une
mobilité réduite en extension, une instabilité ou un épanche-
ment. Il est favorisé au niveau du toit par une position trop
antérieure du tunnel tibial. En IRM, le greffon est épaissi,
de signal élevé, mais reste continu. Il peut être déformé
au contact de la zone de conflit (fig. 18.49). La plastie de b
l'échancrure peut permettre de lever le conflit.
Fig.  18.49 Conflit entre la plastie et un ostéophyte du toit de
Syndrome du cyclope l'échancrure (flèche blanche). Les deux coupes sagittales DP  FS
contiguës (a, b) montrent la continuité du greffon (flèche noire) qui est
Le syndrome du cyclope correspond à la présence d'un en hypersignal en regard de l'ostéophyte.
nodule fibreux plus ou moins volumineux se développant
en avant du greffon avec présence d'un tissu de granula-
tion pouvant contenir des éléments cartilagineux voire intermédiaire en T1 et T2, hétérogène, s'étendant plus ou
osseux. Il est à l'origine d'un défaut d'extension et de dou- moins en direction de la graisse de Hoffa [54]. Le greffon
leur antérieure survenant en moyenne 16 semaines après peut avoir un signal normal ou élevé (fig. 18.50). Des cas
la ligamento­plastie, bien que des délais d'apparition plus ont été décrits en dehors de toute lésion du LCA, devant la
longs soient possibles, plusieurs années après la chirurgie. présence de nodules présentant les mêmes caractéristiques
En IRM, il se manifeste par une structure de signal bas ou IRM et histo­logiques [55].

a b c
Fig. 18.50 Cyclope caractérisé par une masse se développant en avant du greffon qui reste continu, de signal normal. (a) Coupe sagit-
tale DP FS ; le cyclope est de signal élevé (flèche). (b) Coupe sagittale DP, le cyclope est de signal intermédiaire, hétérogène. (c) Coupe sagittale
T1 FS avec gadolinium ; le cyclope de bas signal n'est pas rehaussé.
Chapitre 18. IRM du genou    295

Une fibrose peut être présente en avant d'un greffon


de signal normal, sans anomalie clinique, et peut corres-
pondre à un simple remplissage fibreux antérieur qui doit
faire moins de 1 cm. Ce sont l'étendue de ce remplissage et
son association à des signes cliniques de conflit qui feront
porter le diagnostic de syndrome du cyclope. Si l'exten-
sion complète est impossible, il faut cependant retenir ce
diagnostic quelle que soit l'étendue du remplissage anté-
rieur [56].

Complications au site de prélèvement


Ces complications ne sont pas à négliger. Elles sont plus fré-
quentes avec les greffons patellaires qu'avec les autres gref-
fons (semi-tendineux, gracile). Il peut s'agir d'une patella
baja, d'une fracture patellaire, d'une tendinopathie voire a
d'une rupture tendineuse, d'un syndrome fémoropatellaire
ou d'une algodystrophie [57]. Des kystes peuvent se former
au niveau des tunnels.

Ligament croisé postérieur


Second élément du pivot central, le LCP est plus puissant
que le LCA et moins souvent lésé.

Anatomie
Le LCP naît de la face latérale du condyle fémoral médial
(CFM), puis se dirige en arrière et en bas vers le bord pos-
térieur de la fosse intercondylienne du tibia. Il est plus large
à son insertion proximale. Comme le LCA, il est intra-­
articulaire mais extrasynovial. Il est composé d'un faisceau b
antérolatéral et d'un faisceau postéromédial. Fig.  18.51 LCP normal. (a) Coupe sagittale DP. Le LCP est continu,
en contact étroit avec les ligaments de Humphrey (flèche) et Wrisberg
Physiopathologie (flèche épaisse). (b) Coupe coronale DP FS.
La rupture isolée du LCP est rare. Elle s'associe dans deux
tiers des cas à des lésions du LCA ou du PAPL avec des
risques élevés d'évolution vers l'arthrose [58]. Les deux
principales circonstances de survenue sont les accidents de le LCA, le diagnostic de rupture partielle (fig. 18.53) est dif-
la voie publique (AVP) et les traumatismes sportifs violents. ficile [60]. Dans les avulsions, le LCP est de signal normal,
Les contusions osseuses sont antérieures. les anomalies siégeant sur le plateau tibial.
À la phase chronique, le LCP présente un signal et une
Aspect IRM normal morphologie variables. Il peut avoir un aspect de pseudo­
Le LCP est la structure la plus facilement identifiée sur les continuité du fait de la présence des ligaments ménisco-
images IRM. Il est en hyposignal plus marqué que le LCA, fémoraux qui peuvent masquer la rupture. L'IRM peut
bien analysé dans le plan sagittal, où il apparaît visible montrer des signes d'instabilité avec tiroir postérieur
sur tout son trajet sur une ou deux coupes [59]. Il est en (fig. 18.54).
relation étroite avec les ligaments méniscofémoraux de Les associations lésionnelles sont fréquentes, intéressant
Humphrey et de Wrisberg qui passent respectivement en les autres ligaments, le PAPL et les ménisques (fig. 18.55).
avant et en arrière du LCP. Il est initialement convexe en Des contusions osseuses sont mises en évidence dans les
haut et en arrière, puis plus rectiligne et vertical dans ses semaines suivant le traumatisme, antérieures au niveau du
deux tiers distaux. Ses bords sont réguliers et ses limites tibia et antérieures ou postérieures au niveau des condyles
nettes (fig. 18.51). selon le mécanisme lésionnel. Une fracture identique à celle
de Segond peut être retrouvée à l'insertion du LCM sur le
bord médial du plateau tibial médial. Elle se rencontre dans
Rupture du ligament croisé postérieur les traumatismes violents avec lésions du LCP, des éléments
La rupture complète est diagnostiquée devant un hyper­ capsuloligamentaires collatéraux et postérieurs ainsi que du
signal localisé ou diffus intéressant toute l'épaisseur des ménisque médial [61].
fibres, voire une disparition complète du LCP. À la phase La ligamentoplastie du LCP est plus rarement réali-
aiguë, les contours ligamentaires sont flous et le LCP est sée que celle du LCA, mais elle est indispensable quand
épaissi (fig. 18.52). Le caractère partiel est évoqué si une une instabilité persiste compte tenu du risque arthrogène
partie des fibres est respectée, en hyposignal. Comme pour (fig. 18.56).
296   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

a
a

b
Fig.  18.53 Rupture proximale partielle du LCP. (a) Coupe sagit-
tale DP montrant une augmentation de signal hétérogène de la partie
b
proximale du LCP avec des fibres qui semblent continues. (b) Coupe
Fig.  18.52 Rupture du LCP. (a) Coupe sagittale T1 montrant un sagittale T2 confirmant le respect d'une partie des fibres en hyposignal
LCP de signal élevé, épaissi et de contour flou. Présence d'une et permettant d'affirmer une rupture partielle.
contusion osseuse tibiale antérieure (flèche). (b) Coupe sagittale
T2 montrant une solution de continuité à la partie moyenne du
ligament (flèche). continues, ayant l'aspect d'une fane de céleri. Parfois, un kyste
dissocie parfaitement les deux faisceaux du LCA (fig. 18.59).
Après injection de gadolinium, les parois du kyste peuvent se
Kystes des ligaments croisés rehausser. Certains kystes peuvent s'étendre vers l'avant ou
Ces kystes sont souvent de découverte fortuite en IRM et plus souvent vers l'arrière des ligaments croisés, parfois dans
sont surtout connus depuis le développement de cette tech- l'os adjacent avec modification du signal osseux au contact,
nique. Souvent asymptomatiques, ils peuvent se manifester en particulier à l'insertion tibiale.
par des douleurs peu spécifiques, postérieures, des blocages L'IRM doit rechercher une autre cause aux symptômes
ou une sensation de claquement avec occasionnellement un car ces kystes sont très souvent quiescents cliniquement et
épanchement. Ils surviennent en dehors de toute notion de de découverte fortuite, en association avec des lésions carti-
traumatisme et sont souvent associés à des phénomènes de lagineuses ou méniscales.
dégénérescence mucineuse qui correspondent pour certains Ils doivent être différenciés d'une rupture ligamentaire
à des formes infiltrantes de kyste intraligamentaire [62]. Ils qui survient en général dans un contexte traumatique et
ne sont pas habituellement associés à des signes d'insuf- qui s'associe à des signes d'instabilité ou à des contusions
fisance ligamentaire et en particulier à une laxité. Ils pré­ osseuses. Il faut aussi les différencier d'un épanchement
dominent sur le LCA. intra-articulaire, en sachant qu'il n'y a pas de récessus arti-
Les signes de dégénérescence mucineuse se traduisent par culaire de grande taille entre les ligaments croisés (récessus
un ligament épaissi de signal intermédiaire ou élevé en T1 et inférieur à 10 mm de diamètre) et que le récessus postérieur
en DP, et relativement faible en T2 (fig. 18.57). Le kyste, quant du LCP est en contact avec les deux tiers distaux du liga-
à lui, présente un signal identique en T1 et DP mais un hyper- ment et jamais avec son tiers proximal [64].
signal liquidien franc en T2 (fig. 18.58) [63]. Les fibres nor- La différenciation entre dégénérescence mucineuse (ou
males du LCA sont visibles, dissociées, en hyposignal T2 mais forme infiltrante) et kyste est importante puisqu'un kyste
Chapitre 18. IRM du genou    297

a
Fig.  18.55 Coupe coronale DP  FS d'une lésion du LCP (flèche)
associée à une lésion du LCL (tête de flèche).

peut faire l'objet d'une ponction-infiltration, souvent écho-


guidée, en cas de symptôme douloureux.

Ligaments collatéraux
Ligament collatéral médial
Le LCM est composé d'un faisceau superficiel et d'un
faisceau profond. Une bourse séreuse sépare les deux
faisceaux.
b Dans la rupture, le mécanisme lésionnel principal est
l'application d'une force en valgus sur un genou fléchi. Là
Fig.  18.54 Rupture chronique du LCP. (a) Coupe sagittale DP  FS
médiane montrant une absence de LCP dans l'échancrure avec seule-
encore, les associations lésionnelles sont fréquentes. Elles
ment un moignon distal. (b) Coupe sagittale DP FS latérale montrant doivent être envisagées en présence d'un épanchement car
un tiroir postérieur (le PTL se déplace en arrière du CFL) et des signes les ligaments collatéraux sont extra-articulaires et leur rup-
d'arthrose avec lacunes sous-chondrales du PTL. ture isolée n'entraîne pas d'hémarthrose.

a b

c d
Fig. 18.56 Rupture du LCP opérée. (a) Coupe sagittale DP FS montrant la rupture complète du LCP. (b, c) Coupes transversale et sagittale DP FS
8 mois après ligamentoplastie. (d) Coupe coronale T2 FS montrant un greffon continu, de signal hétérogène avec des fibres en hyposignal T2.
298   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

a b c
Fig. 18.57 Kyste infiltrant du LCA. (a) Coupe sagittale DP FS ; le kyste intraligamentaire en hypersignal modéré dissocie les fibres qui restent en
hyposignal. (b) Coupe coronale DP, le kyste est en signal intermédiaire. Il ne s'agit pas d'une rupture puisqu'il n'y a pas de notion traumatique ni
d'instabilité. (c) Coupe coronale T2 ; le signal du « kyste » diminue, correspondant plus à une dégénérescence mucineuse qu'à un véritable kyste,
l'infiltration a moins de chance d'être efficace.

a
a

b
b
Fig. 18.58 Kyste relativement volumineux de la tente des croi-
sés. (a) Coupe sagittale DP FS montrant un kyste de signal liquidien, Fig.  18.59 Kyste du LCA (flèches) séparant les deux faisceaux
multiloculé. (b) Coupe coronale T2 FS ; le kyste refoule les ligaments ligamentaires. (a) Coupe transversale DP  FS. (b) Coupe coronale
contre les parois de l'échancrure. T2 FS.
Chapitre 18. IRM du genou    299

Aspect IRM
L'aspect IRM normal correspond à une bande fine, régu-
lière, de bas signal, étendue sur les faces médiales du tibia et
du fémur (fig. 18.60).
Les lésions se manifestent par un épaississement, un
dédoublement et une perte de la netteté des contours
du LCM. Il s'y associe des modifications de signal de la
graisse environnante qui devient hypo-intense en T1 et
­hyperintense en T2 ou en suppression de graisse. Dans
les lésions sévères, le LCM est discontinu, de signal élevé
(fig. 18.61). Les lésions associées intéressent le plus souvent
a le LCA et le ménisque médial, plus rarement le LCP. Des
contusions osseuses peuvent se voir même en l'absence de
rupture du LCA. Elles intéressent le compartiment latéral et
surtout le PTL, plus rarement le compartiment médial.
À la phase chronique, le LCM est épaissi, en hyposignal.

Bursite du LCM
La bursite du LCM correspond à l'inflammation de la bourse
séparant les deux faisceaux. En IRM, on note une masse de
bas signal T1, hyperintense en T2 et non rehaussée par l'in-
jection de contraste, sauf au niveau de sa paroi séparant les
faisceaux superficiel et profond du LCM jusqu'à leur jonc-
tion postérieure [65] (fig. 18.62). Le LCM et le ménisque
b médial ne présentent pas d'anomalie. L'IRM permet de la
Fig.  18.60 LCM normal (flèche). (a) Coupe transversale DP  FS. différencier d'un kyste méniscal en continuité d'une fissura-
(b) Coupe coronale DP FS. tion du ménisque ou d'une bursite de la patte d'oie.

a
a

b b
Fig. 18.61 Lésion sévère du LCM avec distension et hypersignal des Fig. 18.62 Bursite du LCM. Hypersignal liquidien T2 séparant les deux
fibres ligamentaires et hématome environnant. Noter la contusion faisceaux du LCM. Séquence 3D T2  FS. (a) Reconstruction coronale.
marginale du CFL. (a) Coupe coronale T2 FS. (b) Coupe transversale DP FS. (b) Reconstruction transversale.
300   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

a b

c d
Fig. 18.63 LCL normal. (a) Coupe sagittale DP FS. Le faisceau fémorofibulaire du LCL (flèche) est visualisé en avant du tendon du biceps fémoral.
(b) Coupe transversale DP FS montrant la partie haute du LCL (flèche) en dehors du tendon du poplité (flèche épaisse). (c, d) Coupes coronales
DP FS montrant les faisceaux fémorotibial et fémorofibulaire du LCL (flèches).

Ligament collatéral latéral dehors du biceps fémoral pour cravater le col de la fibula et
Le LCL forme la partie moyenne du plan ligamentaire latéral passer dans la loge antérolatérale de la jambe. Dans la luxa-
qui constitue le complexe postérolatéral ou PAPL. Son trajet tion, il est soit rompu, soit étiré. La présence d'une infiltra-
est discrètement oblique en bas et en arrière, et il s'attache tion œdémato-hémorragique au contact du biceps fémoral
sur la tête de la fibula avec le tendon du biceps et sur la face doit attirer l'attention et faire réaliser au moindre doute cli-
latérale du tibia. nique un électromyogramme.
Il est atteint en association avec des lésions du PAPL et
des ligaments croisés.
En IRM, il peut être analysé dans les trois plans. Il est Cartilages
postéromédian et sera visible sur les coupes frontales Les affections cartilagineuses du genou sont extrêmement
incluant la tête de la fibula. Il est hypo-intense, fin et régu- répandues, intéressant aussi bien le compartiment fémo-
lier (fig. 18.63). La sémiologie IRM des entorses et ruptures rotibial que fémoropatellaire. L'avantage de l'IRM compa-
est identique à celle du LCM (fig. 18.64). L'intérêt de l'IRM rativement aux autres techniques d'imagerie repose sur la
repose sur le bilan lésionnel. visualisation de l'ensemble de l'articulation dans de mul-
tiples plans, avec mise en évidence directe du cartilage tout
Luxation du genou en permettant l'étude du contenu articulaire et des struc-
La luxation fémorotibiale est exceptionnelle, contrairement tures osseuses.
à celle du compartiment fémoropatellaire. La première étape Les séquences les plus adaptées à l'étude du cartilage
de l'exploration est vasculaire. L'IRM est réalisée dans un sont les séquences TSE pondérées DP ou 3D  TSE réali-
second temps pour faire le bilan des lésions ligamentaires, sées en saturation de graisse et les séquences 3D  EG de
souvent multiples, méniscales et péri-articulaires. Les points type DESS ou SPGR, associées elles aussi à une saturation
d'angle sont souvent le siège de lésions importantes, en du signal graisseux. L'analyse du cartilage est toutefois
particulier musculotendineuses. L'atteinte du nerf fibulaire possible sur l'ensemble des séquences actuellement dispo-
commun devra être recherchée devant une hypoesthésie nibles. Des carto­graphies sont réalisables afin de mettre en
et un déficit des releveurs du pied avec steppage. Ce nerf évidence des modifications du T1 et du T2 du cartilage et
émerge du tronc sciatique et chemine en arrière puis en d'identifier des zones de souffrance parfois peu étendues ou
Chapitre 18. IRM du genou    301

a l'os spongieux, sont visualisés sur les différentes séquences,


qu'ils soient en position marginale ou plus centrale, sous-
chondrale, où ils sont systématiquement associés à des
ulcérations cartilagineuses profondes en regard [69]. Les
ostéochondromes secondaires à l'arthrose se traduisent par
des corps étrangers intra-articulaires présentant en fonction
de leur ossification un signal cartilagineux et/ou osseux
(fig. 18.66).
Les traumatismes se manifestent par un œdème cartila-
gineux et sous-chondral voire par une perte de substance
(fig. 18.67).
L'arthro-IRM permet de sensibiliser davantage la tech-
nique dans le dépistage des lésions cartilagineuses, mais en
routine l'arthroscanner reste la technique la plus appropriée
pour apprécier les lésions chondrales.

b Ostéonécrose
L'ostéonécrose (ON) est soit primitive, soit secondaire. La
forme primitive ou spontanée touche plus volontiers des
femmes âgées en surpoids, est souvent de début brutal et
prédomine sur le CFM, en zone portante [70]. Les formes
secondaires ou systémiques se rencontrent après trans-
plantation rénale, dans les hémoglobinopathies et en par-
ticulier la drépanocytose, la maladie de Gaucher, le lupus,
l'alcoolisme, la corticothérapie et dans les suites de l'arthro­
scopie. L'ON primitive serait une fracture par insuffisance
qui évolue mal [71]. De même, les ON observées dans les
Fig. 18.64 Lésion du LCL. (a) Coupe sagittale DP FS montrant la dispa- suites d'une arthroscopie pourraient être secondaires à des
rition du faisceau fémorofibulaire (flèche) en avant du tendon du biceps microtraumatismes dus au maniement de l'arthroscope ou
fémoral (tête de flèche) (comparer avec l'image a). (b) Coupe coronale à des contraintes anormales sur l'os sous-chondral en cas de
DP FS montrant la disparition des faisceaux ligamentaires latéraux (flèche). méniscectomie.
Dans les formes typiques, l'IRM montre un liseré hypo-
intense en T1 correspondant à l'interface réactionnelle et cir-
non visibles sur les séquences morphologiques. Le gain en conscrivant la nécrose. En T2, le liseré est souvent dédoublé,
résolution obtenu avec les machines 3 T permet une analyse en hypo- et hypersignal, vraisemblablement en rapport avec
plus détaillée de l'ensemble des cartilages comparativement un artéfact de déplacement chimique. Le signal du fragment
à 1,5 T. nécrotique est variable en T1 et en T2, avec un rehaussement
Le cartilage normal est organisé en quatre couches [66]. lui aussi variable après injection de gadolinium (fig. 18.68).
En IRM, le cartilage présente un aspect variable dépen- L'os adjacent peut être le siège d'un œdème, hypo-intense T1
dant du type de séquence utilisée, du vieillissement qui et hyperintense T2, ou de microfractures hypo-intenses T1
modifie son organisation et de son orientation par rapport et T2. Des formes atypiques sont fréquentes avec un liseré de
à Bo (angle magique). Un aspect plurilaminaire est décrit démarcation absent et l'œdème comme manifestation IRM
sur certaines séquences, sans correspondance fiable avec la prédominante (fig. 18.69). Ces formes, souvent rencontrées
constitution histologique du cartilage [67]. dans les ON spontanées, sont proches de l'algodystrophie,
La sémiologie IRM des lésions cartilagineuses comprend des œdèmes épiphysaires spontanément réversibles, des
des anomalies morphologiques et de signal. Le cartilage peut contusions osseuses traumatiques, et surtout des fractures
être le siège d'hypersignaux localisés, intrinsèques, parfois par insuffisance osseuse. Ces fractures sont aussi souvent
associés à un épaississement et qui correspond aux lésions caractérisées par des impactions épiphysaires se traduisant
initiales. L'évolution de l'atteinte cartilagineuse entraîne par des stries plus ou moins parallèles à la surface osseuse, en
des altérations morphologiques avec perte de substance se hyposignal sur toutes les séquences et qui peuvent s'étendre
traduisant par des fissurations ou des ulcérations plus ou à l'os sous-chondral, prenant ainsi un aspect proche de l'ON.
moins profondes pouvant atteindre l'os sous-chondral. À Le diagnostic précoce d'une ON mécanique incite à mettre
un stade ultérieur, l'IRM peut mettre en évidence des ano- le genou en décharge totale afin d'éviter l'effondrement de
malies osseuses sous-chondrales associées, en hyposignal la plaque osseuse sous-chondrale et l'évolution rapide vers
T1 et hypersignal T2, qui correspondent histologiquement l'arthrose (fig. 18.70). Un contrôle IRM à 3 mois permet
à de l'œdème, mais aussi à de la fibrose, de la nécrose ou d'apprécier l'évolution des anomalies osseuses. Tout l'inté-
à des remodelages des travées osseuses (fig. 18.65) [68]. rêt de l'IRM repose sur le diagnostic précoce et le suivi de la
Les ostéophytes, présentant un signal identique à celui de nécrose, bien avant que la radiographie ne montre des signes.
302   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

a b c

d e f
Fig. 18.65 Différents types de lésions chondrales. (a) Coupe transversale DP FS montrant une chondromalacie avec hypersignal et épaississe-
ment du cartilage patellaire. (b) Coupe transversale DP FS montrant des ulcérations superficielles du cartilage patellaire médial. (c) Reconstruction
transversale d'une séquence 3D DP FS montrant une ulcération profonde en « coup d'ongle » du cartilage patellaire atteignant l'os sous-chondral
avec irrégularités superficielles du cartilage médial. (d) Coupe sagittale DP FS montrant une dissection du cartilage trochléen avec hypersignal
osseux sous-jacent. (e, f) Coupes sagittale et coronale DP FS montrant une délamination du cartilage tibial latéral, épaissi, hétérogène avec signal
liquidien le séparant de l'os sous-chondral et hypersignal osseux.

Fig. 18.67 Coupe sagittale T2 montrant une lésion traumatique


chondrale de la trochlée fémorale (flèche) avec libération d'un
Fig. 18.66 Coupe sagittale DP FS montrant des ostéochondromes fragment cartilagineux migré dans le cul-de-sac suprapatellaire
ossifiés dans le cul-de-sac articulaire postérieur de signal iden- (tête de flèche) chez un adolescent dont les cartilages de crois-
tique au tibia et au fémur. sance sont encore visibles. Noter l'hyposignal franc du cartilage sur
cette séquence pondérée en T2 offrant un contraste idéal.
Chapitre 18. IRM du genou    303

a a

b
Fig. 18.68 Ostéonécrose aseptique typique multifocale chez une
patiente présentant un lupus. (a) Coupe sagittale T1 montrant une b
nécrose épiphysaire fémorale et tibiale latérale. (b) Coupe coronale
T2 FS montrant en plus une localisation tibiale médiale. Fig. 18.69 Ostéonécrose spontanée. (a) Coupe coronale T2 FS mon-
trant un hyposignal doublé d'un hypersignal au contact de l'os sous-
chondral du condyle fémoral latéral (CFL) s'associant à un hypersignal
diffus du condyle et des parties molles latérales du genou. (b) Coupe
sagittale montrant l'extension postérieure relativement étendue de la
nécrose.

a b c
Fig.  18.70 Nécrose mécanique du condyle fémoral médial (CFM) avec déformation osseuse sous-chondrale et important œdème.
(a, b) Coupes coronales DP FS et T1 montrant la nécrose avec liseré en hyposignal sous-chondral noyé dans l'œdème en T1. La plaque osseuse
sous-chondrale est déformée, convexe vers le haut. Noter l'importance de la réaction œdémateuse dans les parties molles en dedans du LCM.
(c) Coupe sagittale DP FS montrant une plaque osseuse sous-chondrale irrégulière faisant augurer une évolution arthrogène.
304   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

Pathologies diverses Luxation transitoire de la patella


La luxation transitoire de la patella survient habituellement
Dysplasies fémoropatellaires chez les adolescents et les adultes jeunes. La luxation est
Ces pathologies sont fréquemment rencontrées, d'autant que favorisée par la dysplasie trochléenne, une patella alta ou
leur expression clinique peut faire évoquer une pathologie une position trop latérale de la tubérosité tibiale antérieure.
méniscale (douleur médiale, blocage), ou que les luxations L'IRM est indispensable en préopératoire afin de recher-
qu'elles favorisent peuvent faire suspecter une lésion ligamen- cher le site de rupture de l'aileron patellaire si une sanction
taire. Les coupes transverses permettent d'apprécier la mor- chirurgicale est envisagée [73].
phologie de la trochlée fémorale et de la patella, et de réaliser les Elle peut mettre en évidence (fig. 18.71 et 18.72) :
mêmes mensurations qu'au scanner (pente trochléenne laté- ■ une hémarthrose ;
rale, saillie trochléenne, bascule patellaire, TA-GT ou tubérosité ■ des contusions osseuses intéressant le CFL, en position
tibiale antérieure et gorge trochléenne). Les coupes sagittales plus latérale, plus antérieure et plus haute que dans les
permettent d'obtenir des renseignements identiques à ceux lésions du LCA. Les contusions patellaires sont moins
apportés par le cliché standard de profil concernant la profon- fréquentes, médiales et inférieures. Des fractures sont
deur de la trochlée et la saillie supratrochléenne. L'IRM permet possibles et alors plus fréquentes sur la patella ;
en plus d'apprécier directement le cartilage patellaire [72]. ■ des lésions ostéochondrales (LOC), qui sont présentes dans
60 % des cas et touchent autant la patella que le fémur ;
■ des lésions du ligament patellaire médial à proximité de
la patella ou à sa partie moyenne. Parfois, la rupture a lieu
sur l'insertion fémorale au niveau du tubercule du grand
adducteur. Tous les autres ligaments sont normaux, en
particulier le LCA ;
■ un aspect de dysplasie fémoropatellaire.

b
b
Fig. 18.71 Luxation de la patella sur dysplasie. (a) Coupe transversale
DP FS montrant une trochlée plate, une fracture ostéochondrale médiale Fig. 18.72 Luxation récente réduite de la patella sur dysplasie.
de la patella avec un fragment libéré dans l'hémarthrose (flèche) et un (a)  Coupe transversale DP  FS montrant une trochlée plate avec une
épaississement avec hypersignal de l'insertion du ligament patellaire médial prédominance latérale de la patella. Le ligament patellaire médial est
(tête de flèche). (b) Coupe sagittale DP médiane montrant l'absence de sinueux et discontinu (flèche). (b) Coupe sagittale DP FS montrant une
la patella en regard de la trochlée et une saillie supratrochléenne (flèche). contusion du CFL en position très antérieure et latérale.
Chapitre 18. IRM du genou    305

Fractures de fatigue
Les fractures de fatigue sont plus rares au genou que sur le
segment distal du membre inférieur. Elles sont surtout ren-
contrées chez les patients présentant une ostéoporose, ou
bien lors de sollicitations extrêmes. Elles intéressent préfé-
rentiellement le plateau tibial et se caractérisent par un trait
de fracture en hyposignal T1 et T2 parallèle à la surface
articulaire, entouré d'une plage d'œdème en hyposignal T1,
discret hypersignal T2. Le trait de fracture est plus difficile
à voir sur les séquences DP où il est souvent noyé dans l'hy-
persignal intense de l'œdème (fig. 18.73).

a b Plicae
Fig. 18.73 Fracture de fatigue du plateau tibial médial. Séquences
Les plicae sont des replis synoviaux, reliquats embryon-
3D T2 FS. (a) Reconstruction coronale. (b) Reconstruction sagittale. Le naires, sans fonction connue. Elles sont relativement fré-
trait de fracture est en hyposignal au sein de l'œdème en hypersignal quentes au genou. Elles se présentent sous forme linéaire
modéré. Noter la lésion méniscale médiale. en hyposignal T1 et T2 (fig. 18.74). L'infrapatellaire, la plus

a b

c d
Fig. 18.74 Plicae du genou. (a–c) Plicae suprapatellaire identifiable sur ces coupes DP FS dans les trois plans (a, sagittal ; b, transversal ; c, coronal)
sous forme d'un hyposignal linéaire (flèche noire) plus ou moins sinueux silhouetté par le liquide intra-articulaire. (d) Plicae médiopatellaire (flèche).
Coupe transversale DP FS montrant un repli synovial en dedans de la patella, parfois à l'origine d'une chondropathie patellaire médiale.
306   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

fréquente, est parfois très épaisse et doit être distinguée du


LCA en avant duquel elle se trouve, surtout en cas de rup-
ture ligamentaire. La suprapatellaire peut être complète et
peut isoler la partie haute du cul-de-sac sous-quadricipital,
pouvant s'enflammer en cas de polyarthrite rhumatoïde et
prendre un aspect pseudotumoral. La plicae médiopatellaire
peut être suffisamment longue et s'interposer entre patella
et trochlée, entraînant un conflit lors des mouvements de
flexion-extension du genou, surtout chez les sujets jeunes
et sportifs. Cliniquement, il existe une douleur médio­
patellaire, non spécifique, évoquant une douleur méniscale.
Cette plicae peut être considérée comme pathologique en
IRM s'il existe une chondropathie patellaire ou trochléenne
en regard, un hypersignal osseux, ou bien si elle est d'épais-
seur supérieure à 1 mm en l'absence d'autre anomalie chez a
un jeune patient sportif symptomatique [74].

Ostéochondrite disséquante fémorale


Cette pathologie est relativement fréquente chez l'adolescent
et l'adulte jeune. Elle intéresse deux fois plus les garçons que
les filles et l'âge moyen de découverte est de 13 à 14 ans.
Considérée comme une nécrose, elle est souvent découverte
fortuitement sur des clichés standard. Sa découverte lors
d'un traumatisme pose le problème d'une véritable fracture
ostéochondrale. Avant la fusion des cartilages de croissance,
elle ne nécessite de prime abord aucune thérapeutique
agressive, en l'absence de signe d'instabilité. Après fermeture
des cartilages de croissance, les risques de complication sont
importants et elle doit être traitée de manière appropriée b
(fig. 18.75). Dans plus des deux tiers des cas, elle intéresse
le condyle médial à proximité de l'échancrure ; l'autre tiers Fig.  18.75 Ostéochondrite instable du condyle fémoral médial
est latéral, plus postérieur et central. Exceptionnellement, la (CFM) chez un adulte jeune. (a) Coupe coronale DP FS. (b) Coupe
localisation est patellaire ou trochléenne (fig. 18.76). Elle est sagittale DP FS.
bilatérale dans 20 % des cas et alors plus souvent localisée au
CFL. L'IRM permet de confirmer le diagnostic, d'apprécier
l'étendue de l'atteinte ostéochondrale (inférieure à 3,5 cm2,
elle a plus de chance de cicatriser) et de juger du caractère Tendinopathies
instable du séquestre afin de déterminer l'attitude chirurgi- Les tendinopathies intéressent le plus souvent les tendons de
cale [75]. la patte d'oie, le tendon patellaire, le tendon quadricipital ou,
Le cartilage lésé est de signal variable en T1, élevé en T2. plus rarement, le tendon bicipital. La « tendinobursite » de la
Il a parfois totalement disparu. Le séquestre osseux est en patte d'oie (fig. 18.77), bien que souvent évoquée clinique-
hyposignal T1 et de signal élevé en T2, parfois entouré d'une ment, est en fait assez exceptionnelle, les douleurs médiales
bande de faible signal T1 et T2. ayant plus souvent une origine intra-articulaire. Le diagnos-
Plusieurs critères IRM d'instabilité ont été décrits [76] : tic est clinique, confirmé aisément par l'échographie. L'IRM
■ une bande de signal liquidien en T2, longue de plus de montre une augmentation du signal intratendineux persis-
5 mm, séparant le séquestre de l'os sous-jacent ; tant sur les séquences pondérées en T2 et un épaississement
■ une image kystique située à la profondeur du séquestre du tendon avec un œdème peritendineux, parfois une fis-
chez l'adulte. Chez l'adolescent, il faut que le kyste soit de sure intratendineuse voire une bursite ou une enthésopathie
plus de 5 mm de diamètre ou qu'il y en ait plusieurs ; (fig. 18.78) [77]. Dans les ruptures, notamment du tendon
■ une perte de substance cartilagineuse de plus de 5 mm de quadricipital, l'IRM met en évidence une solution de conti-
long, ou ostéochondrale, remplie de liquide ; nuité partielle ou complète du tendon avec un signal liqui-
■ un hypersignal linéaire en T2 étendu du cartilage à l'os dien en T2 et un abaissement de la patella alors que, dans
sous-chondral ; les ruptures du tendon patellaire, la patella est ascensionnée
■ un hyposignal T2 situé en dehors de l'hypersignal chez (fig. 18.79). L'IRM permet de faire le bilan de l'extension
l'adolescent. des lésions avant réparation chirurgicale. Les ruptures des
L'évolution spontanée est défavorable en cas de lésion tendons poplité, bicipital et gastrocnémien s'intègrent plus
instable. De même, l'absence de rehaussement du signal souvent dans le cadre de lésions traumatiques des points
après injection est considérée comme péjorative. d'angle postérieurs.
Chapitre 18. IRM du genou    307

a b

c d
Fig. 18.76 Ostéochondrites. (a) Reconstruction transversale DP FS et (b) reconstruction sagittale DP FS. Localisation patellaire chez un adulte
jeune qui présente par ailleurs une dysplasie trochléenne avec saillie supratrochléenne et trochlée peu creusée. (c) Coupe transversale DP  FS.
(d) Coupe sagittale DP FS. Localisation trochléenne (flèche) chez un adolescent dont les cartilages de croissance sont encore visibles.

Fig. 18.77 Tendinobursite de la patte d'oie. L'IRM montre un hypersignal liquidien péritendineux et bursal. (a) Coupe coronale DP FS. (b) Coupe
sagittale DP FS. (c) Coupe transversale DP FS.

Maladie de Hoffa avant de l'articulation fémorotibiale, rendant les mouve-


La maladie de Hoffa est la conséquence d'un traumatisme ments d'extension douloureux. À la phase aiguë, l'IRM
aigu ou de traumatismes répétés sur la face antérieure montre de l'œdème pouvant contenir de l'hémosidérine
du genou entraînant une hémorragie et une nécrose de (fig. 18.80). Plus tardivement, la fibrose et l'hémosidérine
la graisse située en arrière du tendon patellaire et en donnent un signal abaissé sur l'ensemble des séquences ;
308   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

Fig. 18.78 Tendinopathies patellaires. (a) Coupe sagittale DP FS montrant une entésopathie proximale chez un jeune basketteur (jumper's knee)
avec épaississement tendineux et hypersignal de la graisse postérieure et de la pointe de la patella. (b) Coupe sagittale DP FS montrant une entéso-
pathie distale fissuraire étendue chez un patient présentant un antécédent de maladie d'Osgood-Schlatter. Le tendon est épaissi, hétérogène avec
un signal liquidien linéaire intratendineux, une désinsertion partielle et un hypersignal de la tubérosité tibiale antérieure.

Fig.  18.79 Ruptures tendineuses. (a) Coupe sagittale T1 montrant une rupture complète avec rétraction modérée du tendon quadricipital.
L'hématome récent est en discret hypersignal T1. La patella est abaissée. (b) Coupe sagittale DP FS montrant une rupture proximale du tendon
patellaire avec ascension de la patella.

e­ xceptionnellement, une ossification peut apparaître. Le en antérieur au contact du tendon patellaire, en médial et
diagnostic différentiel est celui de la synovite villonodu- en latéral. Habituellement virtuelles, elles ne communiquent
laire qui se rehausse après injection de contraste et apparaît jamais avec l'articulation. La bourse prépatellaire est le siège
de forme plus « tumorale ». habituel des hygromas et pose peu de problème (fig. 18.81).
Les bourses patellaires inférieures pré- et rétrotendineuses
sont parfois enflammées lors des enthésopathies tibiales
Bursites du tendon patellaire (fig.  18.82). Les bourses médiales
Les bursites peuvent simuler des douleurs méniscales ou concernent le LCM, le semi-membraneux et la patte d'oie.
tendineuses. Les principales bourses du genou sont situées La bursite du semi-membraneux (différente d'un épan-
Chapitre 18. IRM du genou    309

Fig. 18.80 Maladie de Hoffa. Séquence 3D DP FS. (a) Reconstruction sagittale montrant un comblement de la profondeur de la graisse de Hoffa
par un processus hétérogène mal circonscrit contenant des dépôts en hyposignal d'hémosidérine. (b) Reconstruction transversale.

ligne articulaire, bien visualisée sur les coupes transversales


et sagittales les plus médiales. La bursite de la patte d'oie est
au contact des tendons du sartorius, du gracile et du semi-
tendineux. L'IRM permet de les différencier d'un kyste d'ori-
gine méniscale. En latéral, la seule bourse présente est située
entre le LCL et le tendon de la longue portion du biceps cru-
ral. Là encore, l'IRM permet de différencier bursite et kyste
méniscal latéral. Les bursites sont de faible signal en T1 et de
signal liquidien élevé en T2. Leur paroi se rehausse lors de
l'injection de gadolinium et peut être hypertrophiée en cas
d'atteinte inflammatoire (polyarthrite rhumatoïde, synovite
villonodulaire) ou infectieuse [78].

Kystes du genou
Fig.  18.81 Coupe sagittale DP  FS montrant un volumineux Les kystes du genou sont fréquents. L'IRM peut être intéres-
hygroma prépatellaire. sante pour préciser la localisation exacte de ces kystes et leur
origine (kystes poplités, des croisés, mucoïdes, méniscaux,
du nerf fibulaire commun, adventitiels de l'artère poplitée
ou intraosseux). Leur signal est typiquement liquidien,
hypo-intense en T1, hyperintense franc en T2, d'intensité
variable en DP (fig. 18.83) avec un rehaussement pariétal
éventuel après injection de gadolinium, ce qui permet de les
différencier de certaines tumeurs de même signal (schwan-
nome, myxome).

Syndrome de la bandelette
iliotibiale (bandelette de Maissiat)
ou de l'essuie-glace
Ce syndrome entraîne des douleurs du compartiment latéral
chez les coureurs à pied et les cyclistes. Il est dû à un conflit
entre la bandelette iliotibiale et le bord latéral du condyle
Fig. 18.82 Bursite rétropatellaire de signal liquidien tapissant la fémoral latéral dans les mouvements de flexion et d'exten-
face profonde du tendon. Reconstruction sagittale d'une séquence sion du genou. L'IRM montre un œdème de la graisse située
3D DP FS. entre la bandelette et le condyle, pouvant remonter jusqu'au
vaste latéral, avec dans certains cas une structure de signal
chement du récessus articulaire conjoint à ce muscle et au liquidien identique à celle rencontrée dans les bursites
gastrocnémien médial qui, lorsqu'il est rempli de liquide [79]. À un stade chronique, la bandelette peut être épaissie,
d'origine articulaire, constitue le kyste poplité) est localisée à ­pouvant mesurer plus de 5 mm contre 2,5 mm normale-
son insertion sur le bord postéromédial du tibia sous l'inter- ment [77] (fig. 18.84).
310   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

a b

c d
Fig. 18.83 Kyste préfibulaire. Noter la variabilité du signal en fonction du TR et du TE. (a) Coupe DP FS TR = 2000 ms, TE = 13 ms. (b) Coupe
transversale DP FS TR = 4080, TE = 27 ms. (c) Coupe coronale DP FS TR = 3630 ms, TE = 11 ms. (d) Coupe coronale T2 FS TR = 3630 ms, TE = 87 ms.

Algodystrophie
L'algodystrophie, plus rare au genou qu'à la hanche ou à la
cheville, se traduit par un œdème osseux caractérisé par un
hyposignal T1, un hypersignal T2 mal circonscrit, isolé et
parfois migrateur (fig. 18.85). Il n'est pas rare que l'algo-
dystrophie touche le genou après avoir initialement atteint
la hanche ou la cheville. L'aspect d'œdème osseux n'est
pas spécifique et d'autres diagnostics doivent être éliminés
(nécrose, œdème transitoire, infection, traumatisme, etc.).

a Synovite villonodulaire
C'est une maladie rare. Le genou représente 80 % de l'en-
semble des localisations. On distingue les formes diffuses,
surtout articulaires, des formes localisées qui peuvent toucher
les articulations, les bourses séreuses et les gaines tendineuses
(appelées tumeurs à cellules géantes dans ces localisations).
Cliniquement, il existe un gonflement avec limitation et rai-
deur et parfois blocage. Elle doit être évoquée devant une
hémarthrose en dehors d'un contexte traumatique ou d'hémo-
philie. L'hémarthrose fait souvent défaut dans la forme focale.
L'IRM est intéressante puisqu'elle montre un aspect carac-
téristique du fait de la présence de dépôts d'hémosidérine
donnant un hyposignal marqué sur les séquences pondérées
b en T2, notamment en EG. Dans la forme diffuse, l'ensemble
de la synoviale est hypertrophié. Dans la forme focale, elle
Fig. 18.84 Syndrome de la bandelette iliotibiale. (a) Coupe trans-
se traduit par une masse synoviale qui peut exceptionnel-
versale DP FS montrant un hypersignal (flèche) séparant la bandelette
du condyle fémoral latéral. (b) Coupe coronale DP FS montrant l'exten-
lement être pédiculée, intéressant avant tout le cul-de-sac
sion en hauteur de l'hypersignal des parties molles de la face profonde infrapatellaire au contact de la graisse de Hoffa, l'échan-
de la bandelette (flèche). crure intercondylienne ou le cul-de-sac suprapatellaire.
Chapitre 18. IRM du genou    311

a b c
Fig. 18.85 Algodystrophie migratrice. (a) Coupe coronale T1 montrant un hyposignal de type œdème du CFL. (b) Coupe coronale T2 FS réalisée
3 mois après montrant la migration de l'œdème caractérisé par un hypersignal dans le CFM. (c) Coupe coronale T2 FS réalisée 6 mois après la
précédente montrant la persistance d'un œdème du CFM et l'apparition d'un œdème du PTL.

Fig. 18.86 Synovite villonodulaire focale de la graisse de Hoffa. (a) Coupe sagittale T1 montrant un processus hétérogène avec éléments punc-
tiformes de signal très bas en arrière du tendon patellaire. (b) Coupe sagittale T2 montrant un aspect très hétérogène et de bas signal de la lésion.
(c) Coupe sagittale EG T2 confirmant la présence d'éléments en hyposignal correspondant à de l'hémosidérine et montrant une extension en avant
et en dessous du tendon patellaire. (d) Coupe sagittale T1 après injection de gadolinium montrant un rehaussement intense et diffus de la lésion.

Elle se présente sous forme d'une masse des parties molles, sein. En cas de doute, les séquences pondérées en T2 en EG
tissulaire, bien limitée, ovoïde ou polylobée, iso- ou hype- peuvent montrer des hyposignaux punctiformes. Quelle que
rintense en T1 par rapport aux muscles, de signal variable soit la forme, il existe en général un rehaussement marqué
et hétérogène en T2 en général bas du fait de la présence après injection de gadolinium lié à la prolifération vasculaire
d'hémosidérine. Elle n'apparaît que rarement en hypersi- importante (fig. 18.86). Le bilan préthérapeutique par IRM
gnal franc en T2, sauf s'il existe des zones de nécrose en son est essentiel et toutes les l­ ocalisations doivent être décrites du
312   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

fait du risque de récidive après arthroscopie. En effet, il n'est [22] Zanetti  M, Pfirmann  CWA, Schmid  MR, et  al. Clinical course of
pas rare qu'une forme isolée s'accompagne d'autres locali- knees with asymptomatic meniscal abnormalities : Findings at 2-years
sations plus subtiles. Les formes diffuses peuvent bénéficier follow-up after MR imaging-based diagnosis. Radiology 2005 ; 237 :
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Chapitre
19
IRM de la cheville et du pied
J.-L. Montazel, M. Pernodet, B. Vacherot

PLAN DU CHAPITRE
Méthode d'exploration. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 315 Syndrome du sinus du tarse . . . . . . . . . . . . . . . 333
Pathologie tendineuse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 315 Syndrome du tunnel ou canal tarsien . . . . . . . 334
Tendon calcanéen. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 316 Syndrome du carrefour postérieur. . . . . . . . . . 335
Tendon tibial postérieur . . . . . . . . . . . . . . . . . . 319 Névrome de Morton . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 335
Tendon tibial antérieur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 324 Ostéonécroses. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 337
Tendon long fléchisseur de l'hallux . . . . . . . . . 324 Synostoses du tarse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 338
Tendons fibulaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 324 Aponévrose plantaire superficielle. . . . . . . . . . 340
Lésions ligamentaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 326 Fractures de stress . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 342
Lésions ostéochondrales du talus . . . . . . . . . . . 331 Pied diabétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 342
Algodystrophie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 332

Méthode d'exploration du pied. Il est donc primordial de bien positionner la région


anatomique étudiée au centre de l'antenne, soit en réalisant
L'analyse tridimensionnelle de la cheville et du pied est tout l'examen le genou fléchi et le pied en flexion plantaire pour
aussi importante que pour le genou. La diversité des patho- l'analyse du pied, soit en surélevant le talon pour l'étude de la
logies nécessite cependant plus de souplesse au niveau des cheville et du tendon calcanéen. En cas d'échec, les séquences
protocoles d'imagerie, qui sont toujours adaptés à la struc- en excitation d'eau, Dixon ou STIR prennent tout leur inté-
ture anatomique et à la pathologie étudiées. rêt. Les séquences T1 après injection peuvent être réalisées
L'examen est réalisé avec une antenne de surface (tête ou pour sensibiliser la technique dans les lésions ligamen-
genou), le pied habituellement positionné à 90° de flexion taires chroniques et dans les ténosynovites peu congestives
dorsale ou en flexion plantaire modérée (20°), reposant sur ou sténosantes. Elles sont indispensables dans les lésions
un support afin d'éviter les mouvements. Le patient peut être inflammatoires et tumorales avec réalisation de séquences
positionné en procubitus, le dos du pied reposant sur l'antenne dynamiques après injection en bolus du gadolinium.
pour sensibiliser la mise en évidence des névromes de Morton.
L'exploration des tendons impose la réalisation de Pathologie tendineuse
séquences pondérées en T2, avec un temps d'écho long, afin de
s'affranchir des phénomènes d'angle magique, en particulier Les lésions tendineuses, fréquemment secondaires à une sol-
au niveau du trajet sous-malléolaire des tendons de la cheville, licitation exagérée ou aux traumatismes répétés, peuvent être
lorsqu'ils prennent une direction horizontale. L'analyse de la groupées en cinq catégories : tendinose, périténonite et ténosy-
courbure des tendons peut bénéficier de coupes obliques per- novite, ténosynovite sténosante, rupture et instabilité [1]. Ces
pendiculaires à leur grand axe. Les articulations du tarse étant lésions coexistent et présentent des caractéristiques cliniques,
orientées selon plusieurs axes, chacune possède son propre macroscopiques et histologiques communes. L'IRM intervient
plan d'étude privilégié. L'épaisseur de coupe doit être la plus en complément de l'échographie qui reste la technique d'ex-
fine possible (3 à 4 mm) compte tenu de la diversité des élé- ploration de première intention de la pathologie tendineuse.
ments anatomiques et de leurs dimensions souvent limitées. Il existe plusieurs types de tendinose ou dégénérescence
Les séquences sont habituellement réalisées en SE ou tendineuse en histologie. Les signes IRM caractéristiques
TSE pondérées en T1 et T2. Les séquences T1 classiques sont un épaississement fusiforme ou nodulaire s'associant à
permettent l'analyse des petites structures anatomiques. Les une augmentation du signal en T1 ou en densité protonique.
séquences 3D, encore peu utilisées, sont intéressantes pour Un hypersignal T2 est présent dans les lésions sévères.
l'analyse multiplan compte tenu de l'anatomie complexe de La périténonite et la ténosynovite sont secondaires à une
la cheville. Les séquences en suppression de graisse sont inté- inflammation ou une irritation mécanique du périténon (ou
ressantes du fait de la prépondérance de la pathologie trau- mésotendon) ou de la gaine synoviale du tendon. L'IRM peut
matique et dégénérative ; cependant, il est parfois difficile montrer un épanchement dans la gaine tendineuse (en hyposignal
d'obtenir un champ parfaitement homogène sur l'ensemble T1 et hypersignal T2), une prolifération synoviale ou une cicatrice.

IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
© 2017, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 315
316   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

La ténosynovite sténosante survient lorsque la proliféra- parfois rencontrées lorsque les lésions intéressent le tendon
tion synoviale et la fibrose entraînent une cicatrice entourant distal ou son attache. Les enthésopathies sont favorisées par
le tendon, diminuant la mobilité de celui-ci et pouvant être à les anomalies morphologiques de la grosse tubérosité calca-
l'origine d'une rupture. En IRM, les lésions sont caractérisées néenne, en particulier les maladies de Haglund.
par leur signal bas ou intermédiaire dans les parties molles
en périphérie du tendon. Il n'y a pas d'hypersignal liquidien Rupture
franc et l'injection de gadolinium est souvent nécessaire pour La rupture prédomine chez l'homme et à un âge plus jeune
faire le diagnostic et évaluer l'extension précise des lésions. que la moyenne comparativement aux autres ruptures ten-
La rupture peut être aiguë ou chronique, partielle dineuses de la cheville. Le tendon est discontinu, épaissi, de
ou complète, et survient le plus souvent sur un tendon signal élevé en T2 et en fat sat. À la phase aiguë, la graisse
­préalablement pathologique. Le signal est élevé en T2 à la péritendineuse est aussi le siège de remaniements œdémato-
phase aiguë ; il s'abaisse progressivement avec le temps et hémorragiques, qui s'atténuent après quelques semaines
peut être bas sur toutes les séquences. Une rupture complète (fig. 19.3).
est caractérisée par une solution de continuité de toutes les
fibres tendineuses. La rupture partielle épargne certaines
fibres tendineuses et peut présenter des anomalies de signal
identiques à celles rencontrées dans les tendinoses sévères.
L'instabilité se traduit par une position anormale du tendon
et est souvent accompagnée d'anomalies osseuses au contact
et de lésions des structures de maintien (rétinaculum).

Tendon calcanéen a
Le tendon calcanéen ou tendon d'Achille est le plus puissant
tendon de la cheville ; c'est aussi le plus souvent impliqué en
pathologie. Contrairement aux autres tendons de la cheville,
il ne possède pas de gaine synoviale mais est entouré par un
périténon contenant terminaisons nerveuses et vaisseaux.
Le signal du tendon est bas, pouvant contenir des hyper-
signaux de petite taille linéaires ou punctiformes, d'orien-
tation longitudinale, localisés essentiellement en distalité
mais avant l'insertion calcanéenne [2]. Ces hypersignaux
sont apparents sur les séquences à TE court et en haute
résolution et correspondraient à des septums conjonctifs et
à des vaisseaux [3]. La bourse prétendineuse peut contenir
une discrète lame liquidienne mais son épaisseur doit rester
inférieure à 2 mm. Au-delà, l'épanchement est pathologique.

Pathologies
La pathologie du tendon calcanéen est avant tout dégénéra-
tive ou traumatique [4]. b
Fig.  19.1 Tendinose calcanéenne droite. (a) Coupe transversale
Tendinose et périténonite T2 FS montrant un épaississement du tendon droit comparativement
La tendinose et la périténonite peuvent intéresser le tendon à gauche avec un bord antérieur nettement convexe en avant (flèche).
lui-même ou son insertion (enthésopathie). En IRM, il existe (b) Coupe sagittale T2 FS montrant une atteinte corporéale fusiforme.
un épaississement focal ou diffus du tendon qui devient
convexe en avant (fig. 19.1). Un diamètre antéropostérieur
supérieur à 7 mm doit être considéré comme pathologique.
Le tendon est hétérogène, se rehaussant lors d'injection de
gadolinium. La présence d'un hypersignal franc de type
liquidien en T2 évoque une fissure ou une rupture partielle
associée. Dans les périténonites, la graisse située en péri-
phérie du tendon est en hyposignal T1 et en hypersignal
sur les séquences en suppression de graisse, le tendon pou-
vant présenter un aspect normal (fig. 19.2). La périténonite
peut être antérieure, postérieure ou circonférentielle et
isolée, sans anomalie intratendineuse associée, ayant alors Fig. 19.2 Périténonite calcanéenne. Coupe transversale STIR mon-
une évolution favorable plus courte [5]. Des anomalies de trant un hypersignal silhouettant le bord postérieur du tendon gauche
signal osseuses ou des bursites pré- ou rétrotendineuses sont (flèche), le tendon étant par ailleurs normal.
Chapitre 19. IRM de la cheville et du pied    317

a b
Fig. 19.3 Rupture du tendon calcanéen. (a) Coupe sagittale T2 FS montrant une rupture complète en plein corps du tendon avec un hématome
intra- et péritendineux en hypersignal comparativement à l'hyposignal normal du tendon. (b) Coupe transversale DP  FS montrant un tendon
épaissi, hétérogène en rapport avec l'hématome sans fibre tendineuse continue.

a b
Fig. 19.4 Rupture chronique du tendon calcanéen. (a) Coupe transversale T2 FS montrant un tendon hétérogène avec des fibres séparées par
une zone de signal intermédiaire au niveau de la zone de rupture (flèche). (b) Coupe sagittale T2 FS montrant un clivage longitudinal du tendon,
de signal liquidien (flèche), au-dessus de la rupture (flèche pointillée).

La rupture peut être totale – aucune fibre n'est conti- dineuses peuvent être totalement séparées et de la graisse ou
nue –, ou beaucoup plus rarement partielle – une partie des de la fibrose peuvent s'interposer entre les deux fragments à
fibres reste continue en hyposignal normal. Le diagnostic la phase chronique (fig. 19.4). L'absence de chevauchement
entre tendinose sévère et rupture partielle peut être délicat, des berges tendineuses, y compris en équin, incite à inter-
les anomalies associées et le contexte clinique étant alors venir chirurgicalement. Au contraire, le chevauchement
importants. Lorsque la rupture est complète, les berges ten- permet d'espérer une cicatrisation. Cependant, le tendon
318   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

non opéré peut ne pas être complètement fonctionnel du fait calcanéen [8]. L'hypertrophie calcanéenne, à l'origine du conflit,
d'un cal d'allongement qui le rend moins efficient (fig. 19.5). s'apprécie en traçant une droite supérieure passant par le point
Après chirurgie, l'IRM peut montrer un épaississement le plus supérieur et postérieur de la surface sous-talienne posté-
persistant et au niveau de la cicatrice un hypersignal T2 rieure parallèle à une droite inférieure joignant les deux points
avec prise de contraste après injection en T1 entre le 3e et les plus inférieurs du calcanéus sur une coupe sagittale (ces
le 6e mois. Ces anomalies doivent disparaître au cours des droites étant plus faciles à tracer sur un cliché radiographique de
6 mois suivants. Un hypersignal T2 hétérogène peut persis- profil). Toute tubérosité calcanéenne postérosupérieure étendue
ter un an après chirurgie chez les sujets asymptomatiques, au-dessus de la droite supérieure peut entraîner une maladie de
mais sans rehaussement après injection en T1 [6]. Haglund (fig. 19.6) [1]. On y assimile les conflits avec les chaus-
sures qui entraînent les mêmes symptômes et signes IRM, sans
Polyarthrite rhumatoïde (PR) l'hypertrophie calcanéenne (pump bump des Anglo-Saxons).
et spondylarthropathies
La PR et les spondylarthropathies touchent surtout l'inser- Tumeur
tion calcanéenne. Dans la PR, l'atteinte des bourses est fré- Exceptionnellement, le tendon calcanéen peut être le siège
quente, souvent associée à des érosions osseuses. Dans les d'une néoformation tumorale (lymphome, métastase, etc.)
spondylarthropathies, l'atteinte de l'enthèse prédomine avec qui entraîne une augmentation unilatérale et focale du ten-
hypersignal intraosseux. Bursite et enthésopathie bien que don contrairement aux xanthomes qui sont diffus, infiltrant
constituant deux entités différentes, peuvent coexister. et bilatéraux (fig. 19.7).

Goutte et xanthomes Variantes anatomiques


La goutte et les xanthomes infiltrent les tendons soit sous Deux variantes anatomiques sont à connaître.
forme nodulaire, soit de manière plus diffuse. Les xan- Le soléaire accessoire naît de manière variable sur le tibia
thomes sont habituellement bilatéraux et peuvent entraîner et la fibula, l'aponévrose jambière ou le soléaire. Il descend
une importante augmentation du volume tendineux. Une en avant et en dedans du soléaire et se termine sur le ten-
hypercholestérolémie et un terrain familial sont fréquem- don calcanéen ou sur la partie supérieure ou médiale du
ment retrouvés [7]. Les calcifications tendineuses restent calcanéum. En IRM, il présente un signal musculaire associé
difficiles à apprécier en IRM. ou non à un tendon, sans prise de contraste après injection
de gadolinium, ce qui permet, au besoin, de le différencier
Maladie de Haglund d'une lésion tumorale (fig. 19.8). Il peut être volumineux
La maladie de Haglund associe hypertrophie de la grosse tubé- et se prolonger dans le tunnel du tarse où il peut entrer en
rosité calcanéenne, bursite pré- ou rétrotendineuse, parfois conflit avec le nerf tibial postérieur. Ce muscle accessoire
hypersignal de l'os hypertrophié et attente distale du tendon peut être douloureux, en particulier lors d'efforts prolongés

a b c
Fig. 19.5 Rupture chronique du tendon calcanéen avec cal d'allongement. (a, b) Coupes sagittales pondérées T2 FS (a) et T1 (b) montrant un
tendon épaissi, hétérogène et distendu alors que la cheville n'est pas positionnée en équin. (c) Coupe transversale T2 montrant le chevauchement
partiel des fibres tendineuses avec une cicatrice centrale hétérogène.
Chapitre 19. IRM de la cheville et du pied    319

Fig. 19.6 Maladie de Haglund. Coupes sagittales T2 FS montrant une bursite prétendineuse de signal liquidien, une enthèse tendineuse épaissie
et hétérogène avec des microfissures intratendineuses, une bursite rétrotendineuse chronique caractérisée par un épaississement en discret hyper-
signal hétérogène et un hypersignal osseux (a) Sur la coupe (b) qui correspond à la même image qu'en (a), les droites parallèles passant par les
bord supérieur et inférieur du calcanéus montrent l'hypertrophie postérieure de l'os se projetant au-dessus de la droite supérieure.

Fig. 19.7 Métastase tendineuse calcanéenne d'une tumeur cutanée mélanique. (a) Coupe transversale TSE DP. (b) Coupe sagittale TSE DP.
Les coupes montrent une tumeur de signal intermédiaire, circonscrivant le tendon sans l'infiltrer.

[9]. Il est important à signaler car, en cas de rupture du ten- Tendon tibial postérieur
don calcanéen, il peut servir de greffon si nécessaire.
Le plantaire grêle naît au niveau du condyle fémoral laté- Le tibial postérieur (TP) est le tendon médial le plus anté-
ral et est constitué par une lame tendineuse. Il descend entre rieur. Il est situé en avant des tendons fléchisseur commun
les ­gastrocnémiens et le soléaire, puis en avant et en dedans et long fléchisseur de l'hallux. Le tendon normal est en
du tendon calcanéen, et vient s'attacher sur la face posté- hyposignal homogène. Son extrémité peut être hétérogène
rieure et médiale du calcanéus. À dominante tendineuse, il du fait d'interposition de graisse et d'un effet de volume
est en hyposignal T1 et T2, séparé du tendon calcanéen et ne partiel avec les ligaments calcanéonaviculaire supérieur et
doit pas être confondu avec une lésion partielle du tendon deltoïde qui longent en dedans le TP et de la présence au
(fig. 19.9). sein du tendon d'un sésamoïde fibrocartilagineux [10].
320   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

a b

c d
Fig. 19.8 Muscle soléaire accessoire. (a–c) Coupes transversales DP FS montrant le muscle cheminant en avant du tendon calcanéen et en arrière
du long fléchisseur de l'hallux (flèche) et venant se terminer sur la face médiale du calcanéus en arrière du paquet vasculonerveux tibial postérieur
(tête de flèche). (d) Coupe sagittale T1 montrant le muscle venant sur le bord médial du calcanéus et présentant un signal identique aux muscles
de voisinage.

Un artéfact d'angle magique peut donner un hypersignal canéenne, il existe un continuum des lésions du TP. Le stade
au niveau de sa courbure sous-malléolaire, disparaissant en initial est caractérisé par une péritendinite en distalité et une
flexion plantaire ou sur les séquences à TE long. Une lame synovite plus proximale. Le tendon est alors normal en IRM.
liquidienne est parfois visible dans la gaine mesurant moins Au stade suivant de tendinose, le tendon peut rester normal
de 2 mm et n'étant jamais circonférentielle, sauf à l'extré- ou bien être de calibre irrégulier et de signal hétérogène.
mité distale du tendon où la gaine a disparu. Le diamètre du Ultérieurement, le tendon est rompu partiellement ou en
tendon est normalement le double de celui du fléchisseur totalité [11].
commun, mais discrètement inférieur à celui du tibial anté- En IRM, les ruptures sont classées en trois grades. Le
rieur et à celui des tendons fibulaires réunis [11]. grade I, hypertrophique, correspond à un épaississement du
tendon dont le signal est hétérogène. Le tendon est rompu
s'il mesure plus de 12 mm d'épaisseur dans son trajet hori-
Rupture zontal. Ce grade est souvent associé à un clivage longitu-
La rupture domine la pathologie. L'instabilité est exception- dinal. Dans ce cas, le tendon est séparé en deux dans son
nelle. La rupture est bilatérale dans 5 % des cas. Elle survient grand axe par un hypersignal liquidien en T2 (fig. 19.10).
à l'insertion naviculaire du tendon ou, plus souvent, sur ses Le grade II, atrophique, correspond à un tendon aminci,
six derniers centimètres, en particulier en périmalléolaire. étiré et continu (son calibre est à comparer à celui du tendon
Elle est favorisée par un os naviculaire « cornu » ou un os fléchisseur commun dont le calibre est normalement infé-
naviculaire accessoire [12]. Comme dans la pathologie cal- rieur de moitié) et peut s'associer à un renflement tendineux
Chapitre 19. IRM de la cheville et du pied    321

en aval lié à la rétraction des fibres rompues (fig. 19.11).


Le grade III, plus rare, est une rupture complète avec solu-
tion de continuité tendineuse. Il peut exister une rétraction
importante du fragment tendineux proximal, du liquide le
séparant du fragment distal (fig. 19.12).
Dans les ruptures anciennes, l'IRM peut mettre en évi-
dence des signes indirects, non spécifiques, liés à la déforma-
tion de l'avant-pied. Elle permet d'apprécier la morphologie
de l'os naviculaire et de rechercher une déformation du tarse
postérieur, conséquence de la rupture chronique. Dans le plan
sagittal, le grand axe du talus correspond, normalement, à la
bissectrice de l'os naviculaire. Dans les ruptures chroniques
du TP, cet axe est abaissé traversant l'os naviculaire dans sa
moitié inférieure du fait de l'affaissement de l'arche médiale
du pied. Sous l'action des tendons fibulaires, l'os naviculaire
est subluxé en dehors, entraînant une découverture de la sur-
face articulaire du talus par l'os naviculaire de plus de 15  %.
Une saillie tibiale postérieure peut apparaître, remplaçant la
concavité habituelle dans laquelle chemine le TP en arrière
de la malléole médiale. Le valgus calcanéen peut être mesuré
sur les coupes coronales (angle constitué par l'axe tibial et la
tangente au bord médial du calcanéus, minoré en décharge),
Fig. 19.9 Tendon plantaire grêle. Coupe transversale DP montrant un pathologique au-dessus de 6°, discret jusqu'à 16°, modéré de
élément punctiforme (flèche) en avant et en dedans du tendon calcanéen,
16 à 26° et sévère au-delà de 26° (les autres causes de valgus
correspondant au plantaire grêle, à différencier d'une fissure tendineuse.

a b

c d
Fig. 19.10 Clivage longitudinal du tendon tibial postérieur. (a) Coupe transversale T2 FS montrant un tendon épaissi et séparé en deux par un hypersignal
liquidien (flèche). (b) Coupe frontale T2 FS montrant l'extension en hauteur du clivage tendineux (flèche). (c, d) Coupes sagittale DP et T2 FS montrant l'épaissis-
sement tendineux en hypersignal DP, qui ne correspond toutefois pas à un artéfact d'angle magique compte tenu de l'orientation du tendon, de la persistance
d'un signal hétérogène sur la séquence T2 (flèche en d) et de la présence d'une lame liquidienne dans la gaine synoviale (flèche pointillée en d).
322   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

a b

c d
Fig. 19.11 Rupture partielle du tendon tibial postérieur. (a, b) Coupes sagittales DP FS montrant une interruption avec rétraction des fibres
postérieures (flèche) du tendon, alors que la partie antérieure (flèche pointillée) est continue. (c, d) Coupes transversales T2 FS montrant une
diminution abrupte du calibre du tendon tibial postérieur (flèche) comparativement au tendon fléchisseur commun (flèche pointillée).

acquis de l'arrière-pied sont les séquelles de fractures calca- séquences en suppression de graisse au niveau de la malléole
néennes, les arthropathies neurologiques et inflammatoires). médiale au contact du tendon ou, plus rarement, au niveau
Le valgus secondaire à la rupture du TP peut s'accompagner du talus ou de l'os naviculaire. La synchondrose unissant l'os
de signes de conflit latéral, d'autant plus marqués que le val- naviculaire et un os accessoire peut aussi être en hypersignal
gus est important et que le grade de la rupture est élevé. Ce du fait de la traction du TP qui peut entraîner une fracture
conflit se manifeste par des remaniements kystiques, fibreux de cette synchondrose avec pseudarthrose. L'os accessoire
et œdémateux sous-chondraux du bord latéral de l'articu- peut lui-même être en hypersignal et être responsable de la
lation talocalcanéenne, puis par une atteinte calcanéofibu- symptomatologie douloureuse ; son exérèse est alors néces-
laire avec fibrose et atrophie des tissus mous sous-fibulaires saire si le traitement médical est inefficace.
(graisse et ligament calcanéofibulaire), un œdème distal de
la malléole fibulaire, un contact calcanéofibulaire voire une
néoarticulation calcanéofibulaire. Au maximum, il peut exis- Lésions inflammatoires ou infectieuses
ter une instabilité secondaire des tendons fibulaires [13]. Ces lésions sont plus rares. Les ténosynovites sont de type
Des associations lésionnelles intéressant les ligaments exsudatif avec épanchement liquidien dans la gaine tendi-
calcanéonaviculaires supérieur et inférieur ainsi que le neuse, ou de type sténosant. Le tendon et la synoviale sont
sinus du tarse sont fréquentes. Des anomalies de l'aponé- épaissis, en hypersignal T2 en cas d'atteinte exsudative
vrose plantaire superficielle sont moins fréquentes [14]. Un (fig. 19.13) et en hyposignal dans les lésions sténosantes.
hypersignal osseux sous-cortical peut être observé sur les Comme dans les ruptures, on peut observer un hypersignal
Chapitre 19. IRM de la cheville et du pied    323

a b c

d e f
Fig. 19.12 Rupture complète du tendon tibial postérieur. (a–e) Coupes transversales T2 FS successives montrant la disparition progressive du
tendon (flèche) alors que les tendons fléchisseurs commun (flèche pointillée) et de l'hallux (flèche rouge) persistent en arrière. (f) Coupe sagittale
T2 FS montrant l'interruption du tendon (flèche).

a b c
Fig. 19.13 Ténosynovite exsudative du tendon tibial postérieur. (a) Coupe sagittale DP FS. (b) Coupe transversale TSE T2. (c) Coupe coronale
T2 FS. L'ensemble des coupes montrent un tendon épaissi, hétérogène avec un épanchement au sein de sa gaine.
324   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

a b
Fig. 19.14 Rupture du tendon tibial antérieur. (a, b) Coupes sagittales T1 successives montrant l'interruption du tendon au cou-de-pied (flèche)
avec une gaine distale vide (flèche pointillée).

osseux de la malléole tibiale. Quelle que soit son origine, de conflit. Elle montre parfois d'autres anomalies s'intégrant
la ténosynovite se rehausse après injection de gadolinium, dans le syndrome du carrefour postérieur [15].
avec un épaississement synovial parfois important dans les
atteintes rhumatoïdes, les spondylarthopathies ou dans les Tendons fibulaires
localisations de synovite villonodulaire (SVN), commu-
nément dénommé tumeur à cellules géantes au niveau des Les tendons court et long fibulaires (TCF et TLF) occupent
gaines tendineuses. une gaine conjointe en arrière de la fibula.

Tendon tibial antérieur Ténosynovite


La ténosynovite a la même présentation IRM que les autres
Le tibial antérieur (TA) est le plus médial des tendons tendons. Une lame liquidienne de faible abondance peut
antérieurs, en dedans de l'extenseur de l'hallux et de être physiologique. On peut aussi rencontrer un épanche-
l'extenseur commun. Il s'insère sur la face médiale du ment lors des ruptures du ligament calcanéofibulaire.
premier cunéiforme et sur l'angle inféromédial de la base
du premier métatarsien. C'est le plus puissant fléchisseur
dorsal et il est aussi inverseur. Il peut exceptionnelle- Tendinose
ment se rompre (fig. 19.14). Il est plus souvent le siège La tendinose chronique survient lors d'hypersollicitation des
de remaniements à type d'enthésopathie ou de ténosyno- tendons ou chez des patients présentant une instabilité chro-
vite traumatique, métabolique, infectieuse ou rhumatis- nique de la cheville, une polyarthrite rhumatoïde (PR), une
male. Les autres tendons extenseurs sont plus rarement spondylarthropathie séronégative ou un diabète. Les tendons
pathologiques. sont épaissis, parfois en hypersignal T2 avec souvent un épan-
chement au sein de la gaine. La tendinose favorise la rupture.

Tendon long fléchisseur de l'hallux Rupture du tendon court fibulaire


Le long fléchisseur de l'hallux (LFH) est le plus postérieur, Les ruptures longitudinales du TCF sont souvent rencon-
le plus latéral et le plus inférieur des tendons médiaux. Sa trées. Dans 30 % des cas, un clivage du TLF est associé. En
gaine et celle du fléchisseur commun des orteils peuvent IRM, le TCF est aminci, en forme de C, épousant la forme
communiquer de manière physiologique avec l'articulation du TLF en arrière, avec une portion médiane très fine, ou
talocrurale. La présence de liquide dans la gaine n'est donc en hypersignal séparant deux fragments tendineux. Le TCF
pas toujours synonyme de ténosynovite. peut ainsi être dédoublé sur plusieurs centimètres en hau-
En pratique sportive, les mouvements d'hyperflexion teur (fig. 19.15). L'interposition du TLF entre les fibres cli-
plantaire répétés sont susceptibles d'entraîner une ténosyno- vées du TCF peut empêcher la cicatrisation du clivage.
vite du LFH en arrière du talus. Cette ténosynovite peut se Il est important de différencier un clivage du TCF de la pré-
rencontrer dans le syndrome du carrefour postérieur. Elle est sence d'un muscle fibulaire accessoire ; le peroneus quartus (PQ).
surtout rencontrée chez les danseuses classiques faisant des Il naît habituellement du court fibulaire, chemine en arrière et
pointes, les footballeurs et les coureurs tout terrain. L'IRM en dedans du TCF et du TLF, et se termine sur une éminence
retrouve un épanchement de la gaine du LFH qui prédomine calcanéenne dans la majorité des cas. La distinction avec une
en arrière du talus et s'arrête nettement au niveau de la zone jonction myotendineuse basse du CF se fait aussi en suivant ces
Chapitre 19. IRM de la cheville et du pied    325

a b c
Fig. 19.15 Clivage longitudinal du tendon court fibulaire (TCF). (a, b) Coupes transversale DP FS montrant un TCF clivé au sein duquel s'inter-
cale le tendon long fibulaire (TLF), avec un épanchement au sein de la gaine (flèche), en arrière puis en dessous de la malléole fibulaire. (c) Coupe
sagittale T2 FS montrant le TCF (flèche) en hypersignal en avant du TLF (flèche pointillée) avec l'épanchement.

a b c
Fig. 19.16 Clivage longitudinal des tendons fibulaires avec hypertrophie du tubercule fibulaire du calcanéus. Coupes transversale (a),
sagittale (b) et coronale (c) T2 FS montrant les deux tendons clivés séparés par le tubercule avec hypersignal osseux (flèche).

deux structures anatomiques dans le plan transversal, le corps Subluxations et luxations


musculaire du CF s'arrêtant souvent brutalement, alors que le des tendons fibulaires
PQ s'effile progressivement en donnant un tendon fin.
Ces subluxations et luxations sont secondaires à l'absence
congénitale, à la laxité ou à la rupture du rétinaculum supé-
Rupture du tendon long fibulaire rieur des fibulaires. En IRM, le rétinaculum est visible sous
Les ruptures du TLF peuvent être associées aux ruptures forme d'une fine lame hypo-intense joignant la fibula à la
du TCF en rétromalléolaire. Elles peuvent ne concerner face latérale du calcanéus et délimitant une loge contenant
que le TFL, parfois associées à des fractures calcanéennes, les tendons fibulaires et de la graisse (fig. 19.17). Lorsque les
et sont alors plus distales sur la portion horizontale du tendons fibulaires sont luxés en dehors de la fibula, le réti-
tendon, visualisées au mieux sur des coupes coronales naculum est souvent distendu avec une chambre de décolle-
antérieures. La présence d'un os peroneum favoriserait ment, plus rarement rompu (fig. 19.18). Les ruptures aiguës
la rupture, mais cela reste controversé [16]. La trochlée peuvent s'accompagner d'une fracture ou d'un œdème de
fibulaire du calcanéus est souvent hypertrophiée, en par- la malléole. Lors de la réalisation de l'examen, les tendons
ticulier dans les ruptures chroniques. En IRM, le tendon fibulaires sont souvent en place (fig. 19.19) ; la réalisation
est en hypersignal avec image de clivage ou solution de de séquences en inversion forcée ou en éversion contrariée
continuité complète. Un œdème du calcanéus peut être peut permettre de mobiliser les tendons, mais le diagnostic
associé (fig. 19.16). repose sur les lésions du rétinaculum.
326   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

Fig. 19.17 Coupe transversale DP FS montrant le rétinaculum des Fig. 19.19 Lésion du rétinaculum des fibulaires avec instabilités
fibulaires sous forme d'une fine lame en hyposignal limitant le intermittente des tendons. Coupe transversale DP FS montrant un
déplacement latéral des tendons (flèche). décollement du rétinaculum de la malléole en hypersignal (flèche) avec
discret hypersignal du bord latéral de la malléole (flèche pointillée).

Fig. 19.20 Ligaments talofibulaires antérieur (LTFA) et postérieur


(LTFP) normaux. Coupe transversale TSE DP montrant le LTFA (flèche)
en avant et le LTFP en arrière (flèche pointillée).

qui permet de visualiser directement les ligaments et les


lésions associées lors des entorses. Les séquences SE T1 en
haute résolution donnent un excellent contraste entre les
ligaments et leur environnement graisseux et permettent
une bonne analyse anatomique. L'injection de gadolinium
en séquences de saturation de graisse permet d'apprécier les
lésions ligamentaires, osseuses, synoviales et tendineuses
souvent intriquées dans les instabilités chroniques [17].
b Compte tenu du nombre de ligaments et de leur orienta-
tion spatiale parfois complexe, les séquences 3D TSE sont
Fig. 19.18 Luxation des tendons fibulaires. (a) Coupe transversale T1. intéressantes pour une étude exhaustive. Les ligaments sont
(b) Coupe coronale T2 FS. Les tendons fibulaires sont situés en dehors de habituellement hypo-intenses, parfois hétérogènes, plus ou
la malléole fibulaire (flèche) du fait d'une rupture du rétinaculum. moins épais, tendus, à contours nets et réguliers.

Lésions ligamentaires Ligaments


Les lésions ligamentaires de la cheville sont fréquentes, De nombreux ligaments sont présents au niveau de la che-
secondaires aux entorses qui lèsent principalement le liga- ville et du pied ; seuls seront présentés ceux qui ont une
ment collatéral latéral (LCL). L'IRM est indiquée pour le importance du point de vue pathologique.
bilan anatomique des sportifs de haut niveau et dans les ■ Le ligament collatéral latéral (LCL) est constitué de trois
instabilités chroniques. C'est la seule technique d'imagerie faisceaux (fig. 19.20 et 19.21) [18].
Chapitre 19. IRM de la cheville et du pied    327

a b c

d e f
Fig. 19.21 Ligament calcanéofibulaire (LCF) normal. Coupes transversales T2 FS successives de haut en bas (a–c) et coupes coronales T2 FS
successives d'avant en arrière montrant le LCF (flèche) en dedans des tendons fibulaires (flèche pointillée) (d–f).

■ Le ligament collatéral médial (LCM) est constitué de tion chirurgicale. Normalement, ce ligament est en hypo-
deux faisceaux l'un superficiel (ligament deltoïde), l'autre signal, fin et régulier, tendu entre les extrémités distales
profond (fig. 19.22). du tibia et de la fibula (fig. 19.23) (souvent oblique de haut
■ Le spring ligament est constitué de plusieurs faisceaux en bas et de dedans en dehors). Une rupture du LTFAI
ligamentaires unissant le versant médial du calcanéus se traduit sur les coupes transversales par un hypersignal
au versant plantaire du naviculaire. Ce complexe liga- (en cas de lésion aiguë), une discontinuité, une conve-
mentaire est important puisqu'il participe avec le tendon xité antérieure, une ondulation, une irrégularité ou une
tibial postérieur au maintien de l'arche interne. absence complète du ligament. Les coupes transversales
■ Les ligaments tibiofibulaires inférieurs (syndesmose ou coronales T1 fat sat avec injection de gadolinium
tibiofibulaire distale) antérieur et postérieur ainsi que peuvent montrer une prise de contraste linéaire ou nodu-
la membrane interosseuse sont visualisés au-dessus des laire, avec rehaussement environnant étendu en hauteur.
faisceaux antérieur et postérieur du LCL. ■ Le ligament en haie ou interosseux talocalcanéen assure
■ Le ligament tibiofibulaire antéro-inférieur (LTFAI) est la stabilité sous-talaire. Il est constitué de trois faisceaux.
le plus vulnérable, son atteinte entraînant une instabilité Ils sont hypo-intenses (fig. 19.24), visualisés dans les trois
tibiofibulaire inférieure, nécessitant parfois une stabilisa- plans, mieux analysés sur les coupes coronales.
328   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

IRM des lésions ligamentaires totalité avec au maximum absence de visualisation de toute
L'IRM des lésions ligamentaires met en évidence des ano- structure ligamentaire. Le ligament peut être distendu, de
malies morphologiques et de signal au sein et autour des contours flous et irréguliers. La graisse entourant le liga-
ligaments [19]. Le LCL est le plus souvent concerné en ment a un signal abaissé en T1, variable en T2 en fonction
pathologie traumatique, lors d'accidents en varus, flexion du caractère récent ou ancien du traumatisme. La fibrose
plantaire plus ou moins rotation médiale. Le faisceau anté- cicatricielle est en hyposignal T2, mais se rehausse après
rieur est rompu en premier (fig. 19.25), puis c'est le faisceau
moyen (fig. 19.26). Le faisceau postérieur n'est rompu que
dans les traumatismes violents (fig. 19.25). L'hyposignal
ligamentaire normal disparaît soit partiellement, soit en

b
Fig.  19.24 Ligament interosseux talocalcanéen. (a) Coupe coro-
Fig.  19.22 Ligament collatéral médial (LCM) normal. Coupe nale T1 montrant les fibres ligamentaires (flèche) au sein de l'hypersi-
coronale T2  FS montrant les deux faisceaux ligamentaires superficiel gnal graisseux du sinus du tarse. (b) Coupe sagittale DP FS montrant
(flèche) et profond (flèche pointillée). les faisceaux ligamentaires en hyposignal (flèche).

a b
Fig. 19.23 Ligaments tibiofibulaires. (a, b) Coupes transversales T2 FS successives montrant les deux ligaments antérieur (flèche) et postérieur
(flèche pointillée).
Chapitre 19. IRM de la cheville et du pied    329

a b

c d
Fig. 19.25 Différents types de lésions du ligament talofibulaire antérieur (LTFA). (a) Coupe transversale DP FS montrant une rupture distale
du LTFA avec brèche liquidienne (flèche). (b) Coupe transversale DP FS montrant une lésion distale du LTFA, épaissi, hétérogène (flèche). Noter
l'épanchement dans la gaine des fibulaires liée à une rupture du ligament calacanéo-fibulaire (flèche pointillée). (c) Coupe transversale DP FS avec
brèche proximale du LTFA (flèche). (d) Coupe transversale T1 montrant des lésions du LTFA (flèche), du LTFP (flèche pointillée) et du LCM (flèche
noire) avec luxation des fibulaires (tête de flèche) dans une luxation de cheville.

injection de gadolinium. Les séquences en suppression Les distensions sont fréquentes, avec plus généralement
de graisse montrent un œdème diffus à la phase aiguë, un un ligament épaissi. Les désinsertions sont plus rares,
épanchement articulaire et un œdème osseux en cas de talaires ou malléolaires pour le ligament talofibulaire anté-
contusion osseuse, de lésion ostéochondrale prédominant rieur (LTFA), essentiellement malléolaires pour le LCF. Les
au niveau du talus, ou d'arrachement aux sites d'insertions arrachements ostéopériostés ligamentaires sont fréquents,
ligamentaires. La  rupture du ligament calcanéofibulaire difficiles à apprécier en IRM, plus facilement identifiables
entraîne initialement une communication avec la gaine des sur les clichés standard et le scanner. Les ruptures en plein
tendons fibulaires qui peut présenter un épanchement. À corps sont de diagnostic plus aisé en arthro-IRM.
la phase chronique, les ligaments peuvent être épaissis. La Les lésions ligamentaires du sinus du tarse et en parti-
réalisation de séquences SE T1 fat sat après injection de culier des ligaments talocalcanéens interosseux peuvent
gadolinium peut mettre en évidence une prise de contraste être associées aux atteintes du LCL. L'atteinte du sinus du
anormale au sein et autour du ligament. L'arthro-IRM per- tarse se manifeste par un hyposignal T1 avec rehaussement
met de visualiser directement les brèches ligamentaires en habituel après injection de gadolinium. En T2, le signal est
montrant le passage du produit de contraste au sein du liga- faible en cas de fibrose, intense en cas d'inflammation et
ment. L'IRM avec injection intraveineuse de gadolinium est de synovite, liquidien en présence de kystes synoviaux. Les
plus sensible pour détecter les lésions associées en dehors ligaments peuvent être épaissis, rompus avec rétraction des
des lésions cartilagineuses. moignons ou non visibles.
330   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

a b

c d
Fig. 19.26 Lésion du ligament calacanéo-fibulaire. (a, b) Coupes transversales DP FS montrant un ligament en hypersignal (flèche) avec épan-
chement dans la gaine des fibulaires (flèche pointillée). (c, d) Autre patient. Coupes coronales T1 montrant un épaississement de signal élevé du
LCF (flèche) en dedans des fibulaires.

Les lésions du ligament collatéral médial (LCM) sont impaction au stade aigu avec œdème du spongieux pou-
rarement isolées, plus souvent associées à des lésions du vant atteindre aussi le tibia (fig. 19.27 et 29). Au stade
LCL ou à des fractures malléolaires externes. C'est le fais- chronique, les lésions du dôme talaire prennent parfois un
ceau profond qui est le plus souvent atteint (fig. 19.27). Les aspect géodique. Lorsque des lésions cartilagineuses sont
lésions du spring ligament sont volontiers associées à celles associées, elles constituent des fractures ostéochondrales.
du tendon tibial postérieur et participent au pied plat valgus ■ L'arthrose talocrurale constitue le risque évolutif des ins-
qui en résulte. tabilités sévères avec ostéophytes et pincement articulaire.
L'atteinte des ligaments tibiofibulaires est rare et associée Les ostéophytes peuvent être responsables de conflits
aux traumatismes graves de la cheville (fig. 19.28). avec les éléments capsulaires et entraîner des lésions de
Hormis les différentes atteintes ligamentaires que l'on synovite chronique à l'origine de douleurs chroniques.
peut retrouver en association dans les instabilités talocru- ■ Les conflits dans les suites d'entorse peuvent être locali-
rales latérales chroniques, l'IRM permet, comme dans sés en antérolatéral, antérieur, antéromédial et postérieur
les entorses du genou, de mettre en évidence de multiples (fig. 19.30) [20].
lésions associées. ■ Le conflit capsuloligamentaire antérolatéral est aussi la
■ Les lésions osseuses intéressent principalement les joues conséquence d'une cicatrisation hypertrophique du
du talus ou le dôme talaire sous forme de contusion ou LTFA ou d'un comblement par un tissu fibrocicatriciel de
Chapitre 19. IRM de la cheville et du pied    331

a b c

d e
Fig. 19.27 Lésions du ligament collatéral médial (LCM). (a, b) Lésion du LCM profond. Coupe coronale (a) et transversale DP FS (b) montrant
un hypersignal intense du LCM profond (flèche) avec un faisceau superficiel respecté (flèche pointillée). Noter les contusions osseuses tibiotalaires
en hypersignal. (c–e) Lésion du LCM superficiel. Coupes transversale DP  FS (c), sagittale T1 (d) et coronale T2  FS (e) montrant des faisceaux
antérieur et médian en hypersignal (flèche) tapissant la face profonde du tendon tibial postérieur. Noter le spring ligament continu sur la coupe
coronale (flèche pointillée).

la gouttière antérolatérale située en avant de la malléole Lésions ostéochondrales du talus


fibulaire, en dehors du talus, en arrière et en dedans du
LTFA, sous le ligament tibiofibulaire antéro-inférieur Les lésions ostéochondrales (LOC) du dôme talaire (aussi
(fig. 19.31). Ces lésions sont au mieux visualisées sur dénommées LODA pour lésion ostéochondrale du dôme de
les séquences T1 fat sat après injection intraveineuse l'astragale) sont soit d'origine traumatique ou microtrauma-
de gadolinium montrant un rehaussement synovial. En tique, survenant chez des patients présentant souvent des
arthro-IRM, le récessus antérolatéral est comblé par une antécédents d'entorse, soit d'étiologie indéterminée.
formation nodulaire ou irrégulière. L'atteinte médiale n'est pas toujours d'origine trauma-
■ Les lésions des tendons fibulaires (clivages et luxations) tique et, lorsqu'elle est secondaire à un traumatisme, celui-ci
sont fréquemment associées aux instabilités chroniques est en varus, flexion plantaire et rotation latérale tibiale ; le
de la cheville. coin supérieur et médial vient alors « embrasser » le bord
332   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

a b
Fig. 19.28 Lésion du ligament tibiofibulaire antéro-inférieur (LTFAI). (a) Coupe transversale T1 montrant une interruption du LTFAI (flèche),
normalement en hyposignal. (b) Coupe transversale DP FS montrant un LTFAI de signal intermédiaire (flèche).

peut être en hypersignal T1 ou en hyposignal T2 (fibrose).


En fonction de sa viabilité, il peut ou non se rehausser après
injection intraveineuse de gadolinium, son rehaussement
étant de meilleur pronostic. Il peut être circonscrit par un
liseré en hyposignal T1 et T2, correspondant à la bande de
sclérose délimitant la lacune osseuse sur les clichés standard.
Les séquences en suppression de graisse montrent souvent
un œdème osseux plus diffus, mais restant en périphérie
de la LOC, contrairement à la nécrose où l'œdème est plus
étendu à l'ensemble du talus. Un hypersignal liquidien peut
cerner partiellement ou complètement le séquestre en T2, en
fonction de son caractère plus ou moins détaché. Lorsque le
séquestre est totalement libéré, le dôme talaire est déformé
avec solution de continuité cartilagineuse. Dans les formes
Fig.  19.29 Contusions osseuses associées à une lésion du liga-
compliquées et évoluées, l'IRM montre des signes d'arthro-
ment collatéral latéral (LCL). Coupe sagittale DP FS montrant une pathie dégénérative avec pincement articulaire, sclérose,
fracture ostéochondrale du dôme talaire (flèche) s'associant à une œdème et lésions liquidiennes sous-chondrales.
contusion antérieure du tibia (flèche pointillée). Il s'y associe un épan- Des contusions osseuses voire ostéochondrales tibiales
chement articulaire notamment dans la sous-talaire postérieure. peuvent s'observer chez les patients présentant des LOC du
dôme talaire. Elles peuvent être localisées en miroir ou bien
à distance selon le mécanisme lésionnel et le degré de rota-
médial de la mortaise tibiale. L'atteinte latérale est manifes- tion. L'extrémité distale tibiale est concave avec un cartilage
tement secondaire à un traumatisme en varus, flexion dor- plus résistant, et est donc moins souvent le siège de LOC,
sale par impaction contre la malléole fibulaire. mais plus souvent de contusions spongieuses. La convexité
L'IRM est intéressante chez les patients qui présentent du dôme talaire fait converger les forces alors que la conca-
des douleurs avec des clichés normaux puisqu'elle montre vité tibiale les disperse.
des anomalies sous-chondrales dans de nombreux cas [21].
L'IRM peut mettre en évidence des lésions cartilagineuses
et osseuses (fig. 19.32). Le cartilage peut être aminci, irrégu- Algodystrophie
lier, fissuré ou ulcéré avec accumulation de liquide. Toutefois,
les performances de l'IRM restent limitées. L'injection intra- C'est un diagnostic de présomption reposant sur des
articulaire de gadolinium donne des résultats proches, mais signes cliniques, variables selon la phase d'évolution de la
inférieurs à ceux de l'arthroscanner. Le séquestre est habi- maladie (douleur nocturne ou mécanique, rougeur plus
tuellement en hyposignal T1 et en hypersignal T2, mais il ou moins chaleur locale, limitation fonctionnelle, œdème,
Chapitre 19. IRM de la cheville et du pied    333

a b c
Fig. 19.30 Conflit postérieur dans les suites d'une entorse grave. (a) Coupe transversale DP FS montrant un hypersignal postérieur irrégulier
au contact du LTFP (flèche). (b, c) Coupes T1 FS post-injection intraveineuse de gadolinium. (b) Coupe transversale, (c) coupe sagittale montrant
un rehaussement synovial et du LTFP (flèche).

a b c
Fig. 19.31 Conflit antérolatéral. Coupes T1 FS post-injection intraveineuse de gadolinium dans les plans transversal (a), sagittal (b) et coronal (c)
montrant un rehaussement de la synoviale et des tissus périligamentaires (flèche) dans les suites d'une lésion du LTFA.

cyanose cutanée), et scintigraphiques (fixation aux trois Syndrome du sinus du tarse


temps de l'examen) avec absence de syndrome inflamma-
toire bio­logique [22]. Dans certains cas, le tableau est peu Ce syndrome est défini cliniquement par des douleurs à la
typique et c'est parfois l'évolution qui permet d'évoquer le marche, une sensation d'instabilité et des entorses à répétition.
diagnostic. Le sinus du tarse est situé entre les articulations sous-talaires
En phase chaude, l'IRM montre un œdème osseux en [23]. L'étiologie dominante est traumatique (fig. 19.34) avec
hyposignal T1, hypersignal T2 fat sat. Il intéresse habituel- soit rupture des ligaments, souvent associée à une atteinte du
lement plusieurs os du tarse avec une distribution focale LCL, soit fracture des éléments osseux délimitant le sinus. Les
au sein d'un même os, un aspect hétérogène et des limites autres causes sont les spondylarthropathies (fig. 19.35), la PR,
floues (fig. 19.33). Cet œdème n'est pas spécifique puisqu'il la goutte, le pied plat ou creux ou un kyste.
se rencontre aussi dans les traumatismes osseux et les infec- L'IRM montre une disparition du signal graisseux du
tions. Un œdème des parties molles et un épanchement arti- sinus parfois associée à une synovite avec épanchement arti-
culaire sont fréquemment associés et peuvent être les seuls culaire, une solution de continuité ligamentaire et des signes
signes rencontrés. Lors de l'évolution, l'IRM peut montrer de fracture osseuse. Tardivement, une fibrose se développe,
le caractère migratoire de l'œdème osseux caractéristique de en hyposignal en T1 et T2. L'IRM est sensible pour confir-
l'algodystrophie. mer le diagnostic mais peu spécifique.
334   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

a b c
Fig. 19.32 Lésion ostéochondrale (LOC) du dôme talaire. (a) Coupe coronale T2 FS montrant une petite perte de substance ostéochondrale supéro-
médiale avec hypersignal de la joue médiale du talus. (b) Coupe coronale DP FS montrant une LOC supérolatérale suite à une lésion du LTFA avec perte de
substance chondrale caractérisée par un signal liquidien au contact de la plaque osseuse sous-chondrale. (c) Coupe coronale DP FS montrant une vaste LOC
médiale avec un séquestre libéré dans l'articulation et une dégénérescence kystique sous-jacente. Il s'y associe un hypersignal de la pointe la malléole tibiale.

Fig. 19.33 Algodystrophie. Coupes transversales DP FS (a, b) mon-


a b
trant un hypersignal en rapport avec un œdème osseux intéressant
tous les os du tarse antérieur, la base des 2e et 3e métatarsiens et la
partie antérieure du calcanéus.

Syndrome du tunnel
ou canal tarsien
Le tunnel tarsien est un tunnel ostéofibreux formé par les os
du tarse et le ligament annulaire médial qui part de la mal-
léole médiale et se dirige vers la face médiale du calcanéus c
et vers le tendon calcanéen, se rattachant en bas avec l'apo-
névrose plantaire. Ce tunnel comprend les tendons médiaux Fig.  19.34 Syndrome du sinus du tarse dans les suites d'un
traumatisme. (a) Coupe transversale T2 FS montrant un hypersignal
de la cheville avec en arrière les vaisseaux et le nerf tibial.
liquidien du sinus (flèche) avec contusion du calcanéus en hypersignal.
Le syndrome du tunnel du tarse est un syndrome canalaire (b,  c) Coupes T1  FS post-injection intraveineuse de gadolinium dans
intéressant le nerf tibial et entraînant des troubles sensitifs les plans coronal (b) et sagittal (c) montrant un rehaussement du plan
plantaires médiaux et des orteils avec diminution de la force ligamentaire collatéral latéral et des éléments du sinus avec irrégularité
des muscles plantaires. Les signes cliniques dépendent du et interruption du ligament interosseux (flèche).
Chapitre 19. IRM de la cheville et du pied    335

Fig. 19.35 Syndrome du sinus du tarse chez un patient présen-


tant une spondylarthropathie psoriasique. (a) Coupe coronale
T2 FS montrant un hypersignal du sinus du tarse. (b) Coupe sagittale
T1 FS post-injection intraveineuse de gadolinium montrant un rehaus-
sement du sinus.
a b

niveau de compression du nerf, ce dernier se divisant au sein


du tunnel en nerfs plantaires médial et latéral.
Ce syndrome souvent idiopathique est secondaire à une
compression dans 50 % des cas. Cette compression peut
être en rapport avec des tumeurs (fig. 19.36), des séquelles
traumatiques avec fibrose, des exostoses, des varicosités, un
kyste mucoïde (fig. 19.37), une hypertrophie musculaire,
un muscle accessoire ou une ténosynovite des fléchisseurs.
L'IRM visualise le tunnel et son contenu, et peut préciser
l'origine de la compression et montrer des signes de déner- c
vation des muscles de la plante, soit diffus en cas d'atteinte Fig. 19.36 Syndrome du tunnel du tarse lié à une tumeur neuro-
tronculaire, soit plus localisés en cas de compression d'une gène du nerf tibial. (a) Coupe transversale T1 montrant une lésion
branche de division. Les nerfs fibulaires superficiel et pro- nodulaire à la partie postérieure du tunnel (flèche). (b) Coupe coronale
fond ainsi que le nerf sural sont exceptionnellement en DP FS montrant une lésion nodulaire en hypersignal (flèche), inférieur
cause dans les syndromes canalaires [24]. à celui du liquide articulaire. (c) Coupe sagittale T1 FS après injection
intraveineuse de gadolinium montrant un rehaussement homogène de
la lésion qui présente un aspect multinodulaire (flèche).
Syndrome du carrefour postérieur
C'est un syndrome clinique algique trouvant son origine
en arrière de l'articulation talocrurale et lié à des mou-
vements de flexion plantaire répétés, notamment chez les talaire postérieure) ou osseux (os trigone, talus ou calca-
danseuses classiques, les footballeurs, les basketteurs, les néus) avec rehaussement après injection intraveineuse de
volleyeurs et les coureurs [25]. Ce carrefour est limité en gadolinium (fig. 19.38). Le TPLT ou l'os trigone peuvent
haut par le bord postéro-inférieur du tibia et en bas par la être fracturés. L'IRM peut aussi montrer des séquelles de
face supérieure de la grosse tubérosité calcanéenne. Ces fracture du calcanéus ou une cicatrice fibreuse entraînant
éléments osseux constituent une pince qui se ferme lors une ténosynovite sténosante du LFH.
de l'hyperflexion plantaire. Dans cette pince se trouve
le bord postérieur du talus constitué par les tubercules
postéromédial et latéral (TPMT et TPLT) qui délimitent
Névrome de Morton
une gouttière dans laquelle chemine le tendon du LFH. C'est le conflit neurologique le plus fréquent du pied. Le
Le tubercule latéral est le plus important, constituant la 3e  espace intermétatarsien est le plus souvent impliqué,
queue du talus. Il peut se prolonger en arrière par un os le 2e espace venant ensuite. Les 1er et 4e espaces sont plus
trigone qui correspond à un noyau d'ossification secon- exceptionnellement intéressés (fig. 19.39) [26].
daire non soudé. Ce syndrome est aussi favorisé par les Le plan coronal perpendiculaire au grand axe des méta-
fractures comminutives du calcanéus et les arthropathies tarsiens, centré sur les têtes, est le plan d'élection pour la
talocrurales, surtout s'il existe des remaniements ostéo- recherche du névrome. La réalisation de l'examen en pro-
phytiques de la malléole postérieure. cubitus permet de mieux apprécier les névromes qui appa-
L'IRM montre des signes de ténosynovite du LFH avec raissent plus volumineux (fig. 19.40) [27]. Les séquences
un épanchement liquidien centré sur la zone de conflit, un SE T1 et T2 sont habituellement suffisantes. La suppression
œdème des parties molles (synovite talocrurale ou sous- de graisse peut être utile, surtout si des séquences TSE T2
336   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

a b c
Fig. 19.37 Syndrome du tunnel tarsien en rapport avec un kyste mucoïde. (a) Coupe coronale T2 FS montrant une lésion nodulaire en
hypersignal liquidien (flèche). (b) Coupe coronale T1 montrant ce kyste en hyposignal homogène (flèche). (c) Coupe coronale T1 FS montrant
l'absence de rehaussement du kyste (flèche).

a b a
Fig.  19.38 Syndrome du carrefour postérieur chez un footbal-
leur. (a) Coupe transversale DP  FS montrant un hypersignal modéré
des parties molles en arrière d'une pseudarthrose avec un os trigone
(flèche) ainsi qu'une lame liquidienne dans la gaine du long fléchisseur
de l'hallux (LFH) (flèche pointillée). (b) Coupe sagittale DP FS montrant
un hypersignal franc de l'os trigone et de la partie postérieure du talus.
b
sont pratiquées ou en cas d'injection de gadolinium. Le
névrome, masse ovoïde située entre les têtes des métatar-
siens, est hypo-intense en T1, de signal variable en T2 et en
hypersignal modéré en suppression de graisse, rehaussé de
façon variable, rarement intense, après injection (fig. 19.41).
Une bursite sus-jacente de signal liquidien T2 est souvent c
associée au névrome (fig. 19.42). L'aspect IRM et la loca-
lisation sont très évocateurs du diagnostic mais doivent Fig. 19.39 Névromes de Morton. Coupes coronales T1. (a) Névrome
du 1er espace (flèche). (b) Névrome du 2e espace (flèche). (c) Névrome
être confrontés aux données cliniques, car la découverte de
du 3e espace (flèche).
névrome n'est pas rare chez des patients asymptomatiques.
Les localisations doubles ou bilatérales sont fréquentes.
Devant une douleur de l'avant-pied, il faut différencier le
névrome d'une bursite intermétatarsienne ou sous-métatar- taire de la deuxième articulation métatarsophalangienne à
sienne, d'un neurinome vrai très intense en T2 et habituel- l'origine d'une métatarsalgie avec laxité de l'articulation. Il
lement rehaussé après injection, d'une arthrite (fig. 19.43), est nécessaire de réaliser des coupes sagittales centrées sur
d'une SVN, d'une ostéite, d'un granulome à corps étranger, l'articulation qui montrent un hypersignal voire une rup-
d'une fracture de fatigue ou d'une maladie de Freiberg. ture de l'insertion phalangienne de la plaque plantaire, un
Il faut aussi distinguer le névrome de Morton d'un syn- épanchement articulaire et des signes de souffrance osseuse
drome du deuxième rayon lié à une lésion de la plaque plan- (fig. 19.44) [28].
Chapitre 19. IRM de la cheville et du pied    337

b
Fig. 19.40 Névrome de Morton du 3e espace. (a) Coupe coronale Fig. 19.42 Névrome avec bursite. (a) Coupe coronale T1 montrant
T1 en décubitus dorsal, montrant un comblement de l'espace inter- un comblement de tout le 3e espace intermétatarsien par une lésion de
métatarsien (flèche) pouvant correspondre soit à une bursite, soit à un bas signal homogène. (b) Coupe coronale T2 FS montrant à la partie
névrome. (b) Même séquence en procubitus montrant un « abaisse- supérieure de l'espace une bursite de signal liquidien, le névrome sous-
ment » de la lésion qui correspond donc à un névrome (flèche). jacent étant de bas signal, identique à la graisse sur cette séquence.

Fig.  19.43 Arthrite des 2e et 3e  articulations métatarsopha-


langiennes. (a) Coupe coronale T1 montrant un comblement des
espaces intermétatarsiens par un processus englobant les articulations.
c (b) Coupe coronale T2 FS montrant l'épanchement liquidien intra-arti-
culaire circonférentiel éliminant le névrome.
Fig.  19.41 Névromes en T2  FS. (a) Névrome de bas signal (flèche)
légèrement inférieur à celui de la graisse. (b) Névrome en isosignal
(flèche) par rapport à la graisse (même patiente qu'en figure 19.40 a).
(c) Névrome en hypersignal (flèche).

Ostéonécroses
L'atteinte du talus est plus rare que celle de la hanche ou
du genou. Elle est bilatérale dans 5 % des cas. La princi-
pale étiologie est traumatique, compliquant 50 % des frac-
tures du col du talus s'étendant à la sous-talaire antérieure
(atteinte d'une branche de l'artère tibiale postérieure). Un
liseré hypo-intense en T1 et T2 circonscrit habituellement
Fig. 19.44 Syndrome du 2e rayon. Coupe sagittale T2 FS montrant
la zone de nécrose dont le signal est variable (fig. 19.45). Un un hypersignal distal de la plaque plantaire (flèche) de la 2e métatarso-
double liseré hyperintense en T2 est parfois visible comme phalangienne, avec épanchement articulaire et œdème osseux modéré
dans la hanche. Un œdème périnécrotique étendu est fré- (flèche pointillée). La pondération T2 est indispensable afin d'éviter
quemment visible. Cet aspect est à différencier d'une lésion l'artéfact d'angle magique au niveau de la plaque plantaire mais aussi
ostéochondrale du dôme talaire et d'une algodystrophie. du tendon fléchisseur au contact.
338   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

Fig. 19.45 Ostéonécrose évoluée du dôme talaire. (a) Coupe sagittale T1 montrant un liseré hypo-intense périphérique circonscrivant un os
nécrosé hétérogène avec déformation de la plaque osseuse sous-chondrale, lacunes sous-chondrales tibiales et épanchement articulaire. (b) Coupe
coronale T2 FS montrant en plus un œdème osseux diffus intéressant aussi le tibia du fait de l'arthrose associée.

a b
Fig. 19.46 Maladie de Freiberg. (a) Coupe transversale T1 montrant une épiphyse du 2e métatarsien en hyposignal diffus au sein duquel on
distingue le liseré de nécrose (flèche). (b) Coupe transversale DP FS montrant un œdème en hypersignal entourant la zone de nécrose (flèche).

L'atteinte de l'os naviculaire intéresse soit l'enfant (mala- Synostoses du tarse


die de Köhler), soit l'adulte, avec une prédominance chez la
femme (syndrome de Mueller-Weiss). Les autres localisa- Les synostoses du tarse sont rares. Elles correspondent à des
tions sont : la tête du 2e métatarsien ou maladie de Freiberg fusions interosseuses complètes (synostoses), ou partielles
(fig. 19.46), le 1er métatarsien et les sésamoïdes de l'hallux de type cartilagineux (synchondroses) ou fibreux (syndes-
(fig. 19.47), le calcanéus. Ces nécroses sont caractérisées par moses). Les plus fréquentes sont les synostoses calcanéo-
un liseré en hypo­signal T1 et T2, avec une zone de nécrose naviculaires (fig.  19.48) et talocalcanéennes (fig.  19.49).
souvent hypo-intense. Les formes calcanéocuboïdiennes et talonaviculaires sont
Chapitre 19. IRM de la cheville et du pied    339

b
Fig.  19.47 Nécrose du sésamoïde médial de l'hallux. (a) Coupe
coronale T1 montrant un liseré en hyposignal au sein du sésamoïde a
(flèche). (b) Coupe sagittale DP FS montrant un sésamoïde hétérogène
(flèche) avec de plus des signes d'arthropathie dégénérative de la
métatarsophalangienne.

b
Fig.  19.49 Synostose talocalcanéenne. (a) Coupe coronale DP  FS
montrant la fusion médiale des deux os (flèche). (b) Coupe sagittale
DP FS montrant la fusion (flèche) ainsi qu'un hypersignal d'hypersolli-
citation antérieur du talus (flèche pointillée).

Fig. 19.50 Synostose talonaviculaire. Coupe sagittale DP FS mon-


trant la fusion osseuse et un « talus » s'articulant directement avec les
cunéiformes. L'hypersignal sous-chondral du talus est en rapport avec
la souffrance chronique de cette articulation anormalement contrainte
du fait de la synostose.

b plus rares (fig. 19.50). Dans les formes douloureuses, l'IRM


Fig. 19.48 Synchondrose calcanéonaviculaire. (a) Coupe transver-
montre un œdème osseux au niveau des berges de la fusion
sale DP FS montrant une « pseudarthrose » entre le bord antérieur du ou en périphérie du fait de contraintes anormales suppor-
calcanéus et le bord latéral du naviculaire avec des surfaces irrégu- tées par le squelette (fig. 19.51). Dans les synchondroses, le
lières et un hypersignal des berges de la « pseudarthrose » (flèche). (b) signal cartilagineux est intermédiaire en T1 et T2 ou élevé
Coupe sagittale T1 montrant la synchondrose partielle en hyposignal en T2. Dans les syndesmoses, l'IRM montre un signal de
séparant les deux os (flèche). type fibreux, hypo-intense en T1 et T2 [29].
340   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

a b c
Fig. 19.51 Synchondrose talocalcanéenne douloureuse. (a) Coupe sagittale montrant la synchondrose postéromédiale (flèche). (b) Coupe
coronale DP FS montrant la synchondrose en hypersignal (flèche). (c) Coupe sagittale montrant un œdème talocalcanéen assez diffus avec un
épanchement de la sous-talaire postérieure.

a b
Fig. 19.53 Enthésopathie de l'aponévrose plantaire superficielle
(APS). (a) Coupe sagittale DP FS montrant un épaississement discrè-
tement hétérogène de l'insertion de l'APS avec un hypersignal de part
et d'autre (flèche). (b) Coupe transversale T2 FS montrant les mêmes
anomalies et un hypersignal du calcanéus (flèche).

La fasciite plantaire correspond à une dégénérescence


b collagénique aggravée par l'hypersollicitation et à des
Fig. 19.52 Aponévrosite plantaire. (a) Coupe sagittale DP FS mon-
phénomènes inflammatoires. Elle prédomine à la portion
trant un épaississement focal en hypersignal en plein corps de l'apo- proximale de l'APS. En IRM, il peut exister un épaississe-
névrose plantaire superficielle (APS) (flèche). (b) Coupe sagittale T2 FS ment de l'aponévrose avec un œdème périphérique hyperin-
montrant un hypersignal moins intense, hétérogène, non liquidien tense en T2, bien visualisé en saturation de graisse. L'APS
donc sans rupture, avec un discret hypersignal de la graisse et des est continue mais peut présenter un hypersignal non liqui-
muscles de part et d'autre (flèche). dien en T2 (fig. 19.52). En phase chronique, elle est épaissie
ou amincie et peut avoir un signal hétérogène.
Aponévrose plantaire superficielle L'enthésopathie ou myoaponévrosite d'insertion est
soit d'origine mécanique, soit inflammatoire (spondy-
L'aponévrose (ou fascia) plantaire superficielle (APS) est larthropathies). Elle se manifeste en IRM par un épais-
souvent l'objet de remaniements dégénératifs ou inflamma- sissement hétérogène de l'origine de l'APS, un œdème
toires à son insertion calcanéenne et peut se rompre chez les en périphérie de l'insertion de l'APS et surtout du calca-
sportifs [30]. En IRM, elle est étudiée dans les plans sagittal néus (fig. 19.53), l'œdème étant plus important dans les
et frontal. Son signal est faible et homogène, situé entre la spondylarthropathies.
graisse sous-cutanée et les muscles plantaires en profondeur. La rupture touche essentiellement l'athlète ou complique
Son épaisseur est constante sur son trajet initial, puis elle des lésions chroniques. Lors d'une rupture récente, l'APS est
s'amincit progressivement. en hypersignal avec solution de continuité et hypersignal
Chapitre 19. IRM de la cheville et du pied    341

liquidien T2 (fig. 19.54). Dans les ruptures anciennes, l'APS sont hétérogènes, de signal proche de celui des muscles plan-
peut présenter un aspect cicatriciel nodulaire ou fusiforme taires en T1 et T2. Leur signal relativement faible en T2 est
de bas signal T1 et T2, ou un aspect kystique en hypersignal lié à leur richesse en collagène. Ils se différencient donc aisé-
T2. ment des processus tumoraux qui sont hyperintenses en T2.
Une bursite peut apparaître sous le calcanéus dans les Après injection de gadolinium, les fibromes se rehaussent
pathologies inflammatoires (PR, spondylarthropathies). et se distinguent alors des muscles plantaires qu'ils peuvent
La fibromatose plantaire ou maladie de Ledderhose infiltrer (fig. 19.55). L'injection de gadolinium est impor-
est l'équivalent au pied de la maladie de Dupuytren. Les tante pour apprécier l'extension de la maladie et pour dif-
fibromes siègent habituellement dans la graisse plantaire férencier la récidive de la cicatrice à distance du traitement
sous-cutanée, sur le versant superficiel de l'APS à sa partie chirurgical, la cicatrice étant hypo-intense en T1 et T2, se
moyenne, à distance de son insertion. En IRM, les fibromes rehaussant peu après un certain temps d'évolution [31].

a b c

Fig. 19.54 Rupture proximale de l'aponévrose plantaire superficielle (APS). Coupes sagittales pondérées en T1 (a), DP FS (b) et T2 (c). Les
coupes montrent un épaississement focal fusiforme de l'APS en hypersignal sur l'ensemble des séquences avec un signal T2 liquidien en rapport
avec la zone de rupture (flèche).

a b

c d
Fig. 19.55 Maladie de Ledderhose. Coupes sagittales DP FS (a) et T1 (b) montrant un épaississement nodulaire focal du versant superficiel de
l'aponévrose plantaire superficielle (APS) en faible signal DP et isosignal musculaire en T1 (flèches), sans modification du signal des tissus environ-
nant. (a–d) Autre cas, coupes coronale T1 avant (c) et après injection intraveineuse de gadolinium (d) montrant un fibrome en isosignal musculaire
(flèche) avant injection (c), se rehaussant modérément (flèche) après injection (d).
342   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

a b
Fig. 19.56 Fractures de fatigue de la jambe. (a) Coupe sagittale DP FS montrant une fracture de fatigue transversale de la fibula avec un trait
irrégulier en hyposignal (flèche) cerné par l'œdème en hypersignal avec cal fracturaire en périphérie (flèche pointillée). (b) Coupe sagittale DP FS
montrant une fracture identique sur le tibia avec une ligne brisée en hyposignal (flèche) doublant la physe sous-jacente (flèche pointillée).

teuse peut s'étendre au périoste voire aux parties molles


péri-osseuses (fig. 19.57).
Au pied, le calcanéus est l'os tarsien le plus souvent
atteint, surtout chez les militaires et dans les fractures par
insuffisance osseuse à cause du rôle antagoniste du tendon
calcanéen et des muscles plantaires. L'os naviculaire vient en
deuxième position pour l'atteinte des os du tarse, le trait de
fracture étant souvent sagittal. Les autres os du tarse sont
plus rarement impliqués. Les métatarsiens sont parmi les
localisations les plus communes, avec une prédominance
pour les 2e et 3e rayons. La course, la marche et la danse en
sont les causes principales et les troubles statiques du pied
Fig. 19.57 Fracture de fatigue corticale tibiale. Coupe transversale sont des facteurs de risque (fig. 19.58) [32].
T2 FS montrant un épaississement cortical tibial médial en hypersignal
modéré et hétérogène (flèche) s'associant à un hypersignal des parties
molles (flèche pointillée) au contact et de la médullaire osseuse (tête de Pied diabétique
flèche). Le trait de fracture n'est pas identifiable.
Le diabète entraîne trois types de complications graves au
niveau du pied : l'ostéoarthropathie neurologique, l'isché-
Fractures de stress mie et l'ostéite. L'ostéite touche 15 % des diabétiques. Elle
est la conséquence d'une lésion cutanée qui prédomine dans
Les fractures de stress sont de deux types : les fractures par les zones de frottement et d'hyperpression.
insuffisance osseuse survenant sur un os fragilisé et les frac- L'IRM est importante dans l'ostéite pour faire le diagnos-
tures de fatigue survenant sur un os normal soumis à des tic le plus précocement possible permettant la mise en route
contraintes inhabituelles. d'un traitement antibiotique [33]. Les séquences sont réali-
L'IRM montre typiquement la fracture sous forme d'une sées en saturation du signal de la graisse et avec injection de
ligne brisée en hyposignal T1 et T2 entourée d'une plage aux gadolinium.
limites floues en hyposignal modéré en T1 et en hypersignal Dans l'ostéite, l'IRM montre un œdème osseux associé à
T2 et en suppression de graisse, correspondant à un œdème des signes d'œdème des parties molles. Il existe parfois un
osseux (fig.  19.56). Lors de l'injection de gadolinium, abcès en hyposignal T1 se rehaussant en périphérie et pré-
l'hyposignal fracturaire n'est pas modifié alors que la zone sentant un hypersignal de type liquidien en T2 (fig. 19.59).
d'œdème périphérique est rehaussée. Parfois, l'aspect est Cet abcès est le plus souvent au contact du mal perforant,
celui d'un œdème osseux isolé. Dans les os longs, l'œdème mais peut parfois siéger à distance. Le mal perforant peut
peut prédominer au niveau cortical et la réaction œdéma- être visualisé sous forme de perte de substance en regard
Chapitre 19. IRM de la cheville et du pied    343

a b

c d
Fig. 19.58 Différentes localisations de fractures de contrainte au pied. (a) Coupe sagittale T2 FS montrant une fracture de fatigue du talus
(flèche). (b) Coupe sagittale T1 montrant une double localisation de fracture par insuffisance osseuse du calcanéus (flèches). Coupes transversale
(c) et coronale (d) T2 FS montrant une fracture de fatigue du 3e métatarsien (flèche) avec œdème de la médullaire et en périphérie (flèche).

Fig. 19.60 Mal perforant plantaire avec ostéite du 2e orteil. Coupe


sagittale T1 FS après injection intraveineuse de gadolinium montrant le
trajet fistuleux reliant l'ostéite à la plaie cutanée (flèche).

b
de l'atteinte osseuse (fig. 19.60). Les orteils, les métatarsiens
Fig.  19.59 Abcès intermétatarsien chez un diabétique présen-
et le calcanéus sont le plus souvent atteints, correspondant
tant un mal perforant du 3e orteil. (a) Coupe coronale T2 montrant
une collection en hypersignal T2 (flèche). (b) Coupe coronale T1 avec
aux principales régions d'appui (fig. 19.61). Une arthrite
injection intraveineuse de gadolinium montrant un rehaussement de la (rehaussement capsulaire avec épanchement inconstant)
périphérie de l'abcès (flèche). Noter les artéfacts métalliques liés à une et une ténosynovite (rehaussement synovial ou tendineux
chirurgie d'hallux valgus. avec épanchement inconstant) sont des constatations
344   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

a b
Fig. 19.61 Ostéite chronique chez un diabétique. (a) Coupe coronale T2 FS montrant un abcès intracalcanéen avec un séquestre en hyposignal
silhouetté par une collection de signal liquidien (flèche). (b) Coupe transversale T1 FS après injection intraveineuse de gadolinium montrant un
rehaussement en périphérie de l'abcès et du séquestre ainsi que le trajet fistuleux extra-osseux (flèche).

d'un œdème osseux étendu comparable à celui rencontré


dans l'ostéite, d'autant plus que l'os fragilisé peut être le
siège de fractures de contrainte. De même, les parties molles
peuvent être intéressées par l'œdème [34].

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Chapitre 19. IRM de la cheville et du pied    345

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Chapitre
20
Pathologies inflammatoires
et des parties molles
J.-L. Montazel, A. Rahmouni

PLAN DU CHAPITRE
Pathologies synoviales et rhumatismales Anomalie des parties molles et des muscles . . 356
inflammatoires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 347

Ce chapitre regroupe les pathologies synoviales et articu­ pannus peut donc s'avérer difficile en raison de l'épanche­
laires inflammatoires (rhumatismes inflammatoires) et celles ment très souvent associé. Seule l'IRM dynamique, lors
touchant les tissus conjonctifs de soutien et les muscles, à de l'injection de gadolinium, permet de les différencier.
l'exception des tumeurs. Les indications et l'apport de l'IRM En revanche, dans les cas de synovite chronique à fort
sont étudiés en fonction de chaque pathologie. contingent fibreux, le signal en pondération T2 est moins
important que celui du liquide (fig. 20.1) [1]. Néanmoins,
l'injection de gadolinium est indispensable pour réaliser
Pathologies synoviales un bilan précis et exhaustif.
et rhumatismales inflammatoires En l'absence de synovite, on peut observer un rehaus­
sement physiologique synovial minime et tardif. Pour être
Une synovite correspond à une inflammation de la mem­ significatif, le rehaussement synovial doit être précoce et
brane synoviale se traduisant morphologiquement par un massif. En effet, après un certain délai, le gadolinium dif­
épaississement lié à d'une part à un œdème et d'autre part fuse dans la cavité articulaire, surtout s'il existe un épanche­
à une hypertrophie des villosités synoviales. L'inflammation ment, et fausse l'analyse. Ainsi, une synoviale normale peut
se traduit en IRM par une augmentation du signal en T2 et apparaître épaissie à mesure que le gadolinium diffuse dans
un rehaussement marqué après injection de gadolinium. La l'articulation [2]. Une acquisition précoce avant cette trans­
difficulté pour le radiologue réside dans le diagnostic positif sudation permettra d'être certain que la structure rehaussée
et surtout dans la recherche de l'étiologie. En effet, épais­ correspond bien uniquement à la synoviale. Le protocole
sissement synovial et rehaussement, s'ils signent la synovite, IRM doit donc systématiquement associer des séquences
ne permettent pas la plupart du temps de différencier une dynamiques aux séquences classiques pondérées en T1 et
synovite rhumatismale d'une synovite infectieuse ou d'une T2. L'étude dynamique consiste à évaluer la progression de
autre origine (synovite villonodulaire). L'analyse radio­ la prise de contraste de la synoviale après injection. Cette
logique doit s'appuyer sur le contexte clinique et mettre en étude est donc réalisée avec des séquences 3D avec satura­
évidence les quelques spécificités IRM propres à chaque tion de graisse acquises en quelques secondes sur l'ensemble
affection. du volume articulaire, répétées pendant au moins 2 minutes.
Une prise de contraste maximale de la synoviale survenant
entre 30 et 60 secondes après injection correspond à une
Diagnostic de synovite synovite active et est corrélée aux signes inflammatoires his­
Le diagnostic repose sur deux signes : l'épaississement syno­ tologiques. En T2, synovite et épanchement se présentent en
vial et l'hypervascularisation synoviale. hypersignal et sont difficilement dissociables (fig. 20.2). La
Une synoviale normale n'est pas visible en IRM non synovite se rehausse très rapidement après injection, alors
injectée. Il n'existe pas de valeur seuil au-delà de laquelle le que l'épanchement se rehausse très progressivement et tar­
diagnostic de synovite est évident. Le diagnostic de syno­ divement ; néanmoins, les séquences T1 classiques peuvent
vite s'intègre donc dans un contexte clinique, biologique et être prises en défaut pour les dissocier, notamment lorsque
radiologique. En cas de synovite aiguë ou acutisée, la syno­ l'inflammation est importante comme dans les rhumatismes
viale présente le même signal qu'un épanchement liqui­ inflammatoires, la diffusion du contraste à l'épanchement
dien. Sur une IRM de routine, la mise en évidence d'un étant dans ce cas plus précoce.
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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348   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

a b c
Fig. 20.1 Synovite de l'épaule. (a) Coupe transversale T2 FS montrant un épanchement liquidien en hypersignal intense et une synoviale de
signal un peu moindre, épaissie et irrégulière (flèche). Coupes coronales SE T1 avant (b) et après (c) injection intraveineuse de gadolinium mon-
trant un rehaussement de la synoviale, de l'épanchement et de l'érosion du tubercule majeur. La synoviale n'est plus individualisable sur la coupe
(c) réalisée tardivement après injection (flèche).

a b c
Fig. 20.2 Synovite du genou. Coupe transversale T2* (a) et coupe coronale DP FS (b) montrant un épanchement indissociable de la synoviale.
(c) Coupe coronale T1 FS réalisée 1 minute après injection intraveineuse de gadolinium montrant un rehaussement intense de la synoviale com-
parativement à l'épanchement.

Une faible quantité liquidienne est retrouvée de manière tic précoce, permettant de mettre en évidence des signes
physiologique dans les articulations. Elle est minime, siège de synovite ou des érosions osseuses alors que les autres
dans les régions de moindre pression et n'entraîne jamais de techniques d'imagerie sont normales [3]. Le rehaussement
distension articulaire. synovial sur les séquences dynamiques est corrélé à l'atteinte
biologique et histologique (fig. 20.3). L'IRM est aussi inté­
ressante dans la surveillance thérapeutique, puisque les
Polyarthrite rhumatoïde (PR) variations du volume synovial et surtout la diminution du
La synovite, de pathogénie obscure, est la première mani­ rehaussement précoce sont corrélées à l'activité de la mala­
festation IRM de la PR, suivie de l'œdème osseux et des die. Elle permet également de montrer d'autres signes d'acti­
érosions. Le mode de début est le plus souvent polyarticu­ vité tels que l'apparition de nouvelles érosions osseuses, un
laire progressif (70 %) ; les formes monoarticulaires (5 %) œdème intraosseux ou une ténosynovite. Le pannus chro­
et aiguës sont rares. L'atteinte prédomine aux mains, poi­ nique est caractérisé par un fort contingent fibreux et donc
gnets, genoux et pieds, souvent bilatérale et symétrique. par une prise de contraste moins importante et plus hétéro­
Aux mains, les métacarpophalangiennes (notamment des gène, ainsi qu'un signal T2 moins intense (fig. 20.4).
2e et 3e rayons) et les interphalangiennes proximales sont Les érosions osseuses se caractérisent par une diminu­
fréquemment touchées, alors que l'atteinte des interphalan­ tion focale du signal osseux cortical ou sous-chondral en
giennes distales est exceptionnelle. Aux poignets, l'atteinte T1 avec un hypersignal T2, se rehaussant après injection
est souvent diffuse. L'atteinte synoviale intéresse aussi les (fig. 20.5), notamment précocement, à l'inverse des kystes
gaines tendineuses et notamment l'extenseur ulnaire du intraosseux, non rehaussés. Elles sont fréquentes au poignet
carpe ainsi que les fléchisseurs. (par ordre de fréquence : capitatum, triquétrum, hamatum,
L'IRM, considérée comme le « gold standard » pour la scaphoïde et trapézoïde) et aux métacarpophalangiennes
pathologie synoviale, présente un intérêt dans le diagnos­ des 2e et 3e doigts, avec une prédominance droite du fait de
Chapitre 20. Pathologies inflammatoires et des parties molles    349

a b

c d
Fig. 20.3 Arthrite métacarpophalangienne (MCP). (a) Coupe coronale T2 Dixon excitation d'eau montrant une arthrite de la 2e MCP gauche
en hypersignal (flèche). Noter les érosions de la tête du 4e métacarpien (flèche pointillée). (b) Coupe coronale d'une séquence dynamique VIBE FS
avec soustraction après injection en bolus de gadolinium montrant un rehaussement précoce de la synovite de la 2e MCP (flèche) et l'absence
de rehaussement du 4e métacarpien. Coupes transversale (c) et coronale (d) Dixon T1 excitation d'eau après injection montrant le rehaussement
tardif persistant de la 2e MCP (flèche) et l'absence de rehaussement des érosions du 4e métacarpien qui ne sont pas de nature rhumatoïde (flèche
pointillée).

la sollicitation plus importante du côté dominant. L'IRM est L'IRM peut aussi montrer des bursites (fig.  20.8), des
la technique d'imagerie la plus sensible pour les détecter, nodules rhumatoïdes et des enthésopathies.
notamment grâce aux séquences T1 dans deux plans ortho­ Les aspects IRM ne sont pas spécifiques et peuvent se ren­
gonaux. Elles ne sont habituellement pas réversibles. contrer dans d'autres atteintes systémiques comme le lupus
L'œdème osseux, en hyposignal T1 et hypersignal T2, érythémateux disséminé ou la maladie de Gougerot-Sjögren
précède souvent les érosions (fig. 20.6). Il est aussi présent [5]. L'étude des deux mains et poignets est indispensable,
après destruction articulaire avancée. en incluant systématiquement des séquences dynamiques et
L'atteinte tendineuse se traduit par une ténosynovite avec en saturation de graisse. Les autres articulations pourront
épaississement synovial de la gaine, épanchement et prise faire l'objet d'étude IRM en fonction du contexte. Toute
de contraste. Cette atteinte peut être très précoce et précé­ masse synoviale hypervascularisée est susceptible de corres­
der l'ensemble des critères diagnostiques de la maladie. Elle pondre à un pannus rhumatoïde et il faut y penser devant
touche alors l'extenseur ulnaire du carpe (fig. 20.7), mais une forme atypique de révélation de la maladie.
aussi préférentiellement le fléchisseur du 2e rayon et pré­
sente surtout un caractère asymétrique initialement. Une
telle atteinte chez un(e) patient(e) présentant des douleurs Spondylarthropathies
inflammatoires récentes doit faire évoquer le diagnostic de Les spondylarthropathies (SpA) regroupent des maladies
PR [4]. Plus tardivement, elle peut être cause de rupture inflammatoires du squelette axial, des articulations péri­
spontanée des tendons et l'atteinte des fléchisseurs au carpe phériques et des enthèses touchant des patients exprimant
peut être à l'origine d'une compression du nerf médian. majoritairement le phénotype HLA-B27, avec négativité
350   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

Fig. 20.6 Polyarthrite rhumatoïde et œdème osseux. Coupe coro-


nale T1 FS après injection intraveineuse de gadolinium montrant une
carpite avec rehaussement de l'ensemble des os du carpe, une synovite
et une érosion marginale de la base du 5e métacarpien (flèche).

Fig. 20.4 Polyarthrite rhumatoïde avec pannus synovial « vieilli ».


(a) Coupe transversale T1 montrant une masse dorsale du carpe refou-
lant les extenseurs en superficie et s'associant à une érosion dorsale du
capitatum. (b) Coupe transversale T1 FS après injection intraveineuse de
gadolinium montrant l'absence de rehaussement de ce pannus inactif.

Fig.  20.5 Érosions osseuses dans la polyarthrite rhumatoïde.


Coupe coronale T1 FS après injection intraveineuse de gadolinium mon-
trant une vaste érosion de la tête de l'ulna (flèche). En limite de champ,
on note une érosion de la tête du 2e métacarpien (flèche pointillée).

du facteur rhumatoïde (SpA séronégatives). Les maladies


constituant ce groupe sont la spondylarthrite ankylosante, b
le rhumatisme psoriasique, les arthrites réactionnelles
Fig.  20.7 Polyarthrite rhumatoïde et tendon. (a) Coupe transver-
(dont le syndrome de Fiessinger-Leroy-Reiter), les arthrites sale T2 FS montrant une ténosynovite de l'extenseur ulnaire du carpe
associées aux entérocolopathies inflammatoires, les SpA (flèche), alors que les autres tendons sont normaux. (b) Coupe coronale
indifférenciées et celles à début tardif, les SpA juvéniles et le T1 FS après injection intraveineuse de gadolinium montrant le rehausse-
SAPHO. Ces affections, à l'exception du SAPHO, ont pour ment de la gaine synoviale avec aspect hétérogène du tendon (flèche).
Chapitre 20. Pathologies inflammatoires et des parties molles    351

Fig. 20.8 Bursite et polyarthrite rhumatoïde. Coupe sagittale T2 FS


montrant une bursite calcanéenne prétendineuse s'associant à une éro-
sion de la grosse tubérosité alors que le tendon calcanéen est normal.

caractéristique commune l'atteinte inflammatoire d'une ou


des deux articulations sacro-iliaques (SI). b
L'IRM est la technique de référence pour l'étude de ces
articulations, aussi bien pour le diagnostic précoce que pour Fig.  20.9 Spondylarthropathie avec atteinte des sacro-iliaques
le suivi sous traitement de ces affections, et elle fait partie (SI). Coupes coronale oblique (a) et transversale oblique (b) montrant
intégrante des critères diagnostics des SpA selon l'Assess­ une atteinte asymétrique des SI, prédominant à gauche et sur le ver-
ment of Spondylarthritis International Society (ASAS). Le sant iliaque de l'articulation avec un hypersignal intense. L'atteinte de
la SI droite est plus focale (flèche).
protocole IRM inclut des séquences en T2 fat sat ou STIR et
des séquences T1 dans deux plans perpendiculaires adaptés
à l'orientation des articulations SI. Des séquences T1 post-
injection avec fat sat sont parfois utiles en cas de doute.
Contrairement à la PR où la synovite est prépondérante, les
SpA sont surtout caractérisées par une atteinte osseuse ou
enthésique et les séquences dynamiques lors de l'injection
de contraste ne sont pas indispensables dans l'exploration
du squelette axial. Une étude rachidienne peut aussi être
réalisée par des séquences sagittales T2 FS ou STIR et T1
[6]. Les séquences T1 après injection de gadolinium sont
sensibles en cas d'atteinte rachidienne subtile (articulations
interapophysaires postérieures, épineuses) [7]. a
L'IRM est indiquée dans l'exploration des SpA en cas de
doute diagnostic, notamment à la phase précoce de la mala­
die lorsque la radiographie des SI est normale. Elle explore
habituellement les SI et éventuellement le rachis. Plus rare­
ment, une enthèse ou une articulation périphérique feront
l'objet d'une étude IRM. Les signes IRM dépendent de la
phase aiguë ou chronique de la maladie.
Au niveau des SI à la phase aiguë on observe un œdème
osseux sous-chondral (symétrique ou non en fonction du type
de SpA), prédominant à la partie postérieure du tiers inférieur
des SI et dont l'intensité reflète l'activité de la maladie (fig. 20.9). b
C'est le signe IRM le plus discriminant pour le diagnostic de Fig.  20.10 Enthésopathies pelviennes dans les spondylarthro-
SpA selon l'ASAS. Des érosions peuvent aussi se voir, ainsi pathies. (a) Coupe coronale T2 FS montrant des anomalies de signal
qu'une synovite, une capsulite ou une enthésite caractérisée par diffuses des sacro-iliaques avec irrégularités des interlignes articulaires
un hypersignal T2 et un rehaussement T1 après injection des (flèches) ainsi qu'une arthropathie postérieure droite L5–S1 (tête de
enthèses ligamentaires, tendineuses ou des fascias (fig. 20.10). flèche) et une enthésopathie du ligament iliolombaire droit (flèche poin-
À la phase chronique, on peut observer une sclérose sous- tillée). (b) Coupe coronale T2 FS montrant un hypersignal des épines
chondrale en hyposignal sur toutes les séquences, des érosions iliaques antérosupérieures (flèches) ainsi que du pubis (tête de flèche).
en hyposignal T1 avec parfois un pseudo-élargissement de
l'interligne articulaire ou bien des dépôts de graisse dans les L'atteinte rachidienne prédomine dans la spondylar­
zones précédemment atteintes avec une augmentation franche thrite ankylosante et est caractérisée à la phase aiguë par
du signal en T1. Dans les formes chroniques anciennes, on peut l'atteinte des coins des corps vertébraux qui présentent des
voir une ankylose avec fusion complète des berges articulaires. hypersignaux T2 ou un rehaussement en T1 avec injection.
352   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

La localisation antérieure est l'équivalent de la spondylite Une atteinte plus diffuse de la vertèbre évoque une autre
de Romanus sur les clichés radiographiques. Cette atteinte forme de SpA, notamment le rhumatisme psoriasique
est spécifique si plus de trois coins sont atteints en l'absence (fig. 20.12). La spondylodiscite inflammatoire d'Anders­
d'ostéophyte ou de hernie intraspongieuse de Schmorl son entraîne un hypersignal T2 des plateaux vertébraux
(fig. 20.11). L'atteinte postérieure n'est pas inhabituelle. et parfois du disque pouvant simuler une atteinte infec­
tieuse. Les articulations interapophysaires postérieures
ainsi que les articulations costovertébrales peuvent être le
siège d'une atteinte inflammatoire et devront être bien étu­
diées (fig. 20.10 et 20.13). Enfin, tous les sites d'insertion
ligamentaire peuvent être le siège d'une enthésite (liga­
ments intersomatiques, ligaments interépineux, ligaments
jaunes) (fig. 20.14). À la phase chronique, l'atteinte verté­
brale est caractérisée par la présence de syndesmophytes
(fig. 20.12), ponts osseux relativement fins, localisés à la
périphérie des disques et à développement vertical (alors
que la base d'implantation d'un ostéophyte est horizon­
tale), en général bilatéraux et symétriques. Ces derniers
sont souvent précédés par un signal graisseux des coins
vertébraux. Dans les atteintes tardives, on note une anky­
lose vertébrale parfois étendue [8].

Ostéochondromatose synoviale
Cette affection peut être primitive ou secondaire. Dans sa
forme primitive (ou idiopathique), cette affection est clas­
siquement monoarticulaire et atteint par ordre décroissant
de fréquence : le genou, le coude puis la hanche. La forme
secondaire de l'ostéochondromatose touche préférentiel­
lement le genou. N'importe quel processus (traumatique,
infectieux, iatrogène, arthrosique) qui entraîne une avulsion
Fig. 20.11 Spondylarthrite ankylosante et atteinte rachidienne. chondrale peut donner naissance aux ostéochondromes.
Coupe sagittale T2 montrant des hypersignaux des coins antérosupé- Ces chondromes peuvent être libres dans l'articulation ou
rieurs de L1, L2 et L4 et postérosupérieurs de L5 et S1. rester solidaires de la synoviale. Fréquemment, la matrice

a b c
Fig. 20.12 Atteinte rachidienne dans un rhumatisme psoriasique chez une patiente de 60 ans. (a) Coupe sagittale T2 Dixon excitation
d'eau montrant une atteinte cervicothoracique étendue avec hypersignal somatique diffus en thoracique et syndesmophyte (flèche). (b) Coupe
sagittale T2 Dixon excitation d'eau montrant des hypersignaux des insertions du ligament vertébral commun antérieur marqués en T8, T9, L4, L5
et S1, plus discrets en T10 et T11 (flèches) avec hypersignal du ligament interépineux en L4–L5 (flèche pointillée). (c) Coupe coronale T2 Dixon
excitation d'eau montrant une atteinte sacro-iliaque majeure, asymétrique (flèches).
Chapitre 20. Pathologies inflammatoires et des parties molles    353

chondroïde se minéralise et l'os contient souvent de la moins intense et précoce que dans la PR. La triple compo­
graisse. En l'absence de traitement, l'évolution se fait vers sante cartilagineuse, graisseuse et calcique explique le signal
l'arthrose et la dégénérescence chondrosarcomateuse est des ostéochondromes. En pondération T1, le cartilage a un
exceptionnelle [9]. isosignal au muscle alors que le calcium est en hyposignal
L'IRM reste un examen de deuxième intention après la et la graisse en hypersignal. En pondération T2, le cartilage
radiographie et l'arthroscanner. Toutefois, l'IRM présente a un hypersignal à peine plus bas que le liquide articulaire,
l'avantage d'être non invasive, d'autant qu'il existe fréquem­ tandis que le calcium reste en hyposignal franc, la graisse
ment un épanchement intra-articulaire associé. L'injection étant en signal intermédiaire en SE et en hypersignal en
intraveineuse de gadolinium peut mettre en évidence des TSE. Après injection, les ostéochondromes ne se rehaussent
signes de synovite (épaississement synovial et prise de pas, à la différence de la synoviale. On peut aussi réaliser
contraste) et les ostéochondromes si ceux-ci ne sont pas de des séquences pondérées en T1 tardivement après injec­
petite taille. Le rehaussement synovial est toutefois nettement tion, afin de bénéficier d'un pseudo-effet arthrographique
(fig. 20.15). En effet, après 20 à 30 minutes, le liquide arti­
culaire se rehausse et les chondromes sont alors moulés par
le contraste. En l'absence d'épanchement i­ntra-articulaire

Fig. 20.13 Localisation articulaire postérieure d'un rhumatisme Fig.  20.14 Coupe sagittale T2  FS montrant un hypersignal des
psoriasique (même patiente que fig. 20.12). Coupe sagittale cer- apophyses épineuses lombaires en regard de l'insertion des
vicothoracique T2 Dixon excitation d'eau montrant une arthrite posté- ligaments interépineux chez un patient présentant une spondy-
rieure T2–T3 (flèche). larthropathie (flèches).

a b c
Fig. 20.15 Ostéochondromatose de l'épaule. (a) Coupe sagittale T2 FS montrant plusieurs corps étrangers dans le récessus axillaire, avec une
corticale en hyposignal calcique au sein du liquide articulaire. Coupes transversales T1 avant (b) et après (c) injection intraveineuse de gadolinium
montrant un rehaussement synovial (flèches) avec effet pseudo-arthrographique permettant de mieux silhouetter les petits corps étrangers (flèches
pointillées).
354   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

majeur, la mise en évidence d'ostéochondromes de petite


taille, restant solidarisés à la synoviale, peut être impossible,
particulièrement si ces chondromes ne sont pas calcifiés.
L'arthroscanner reste l'examen de choix ; sa résolution spa­
tiale ainsi que sa résolution en contraste pour détecter les
petits corps étrangers et les petites lésions chondrales le font
préférer à l'IRM. L'ensemble des récessus articulaires doit
être exploré car il n'est pas rare que les ostéochondromes
se localisent dans de petits récessus. Il faut penser à aller
les rechercher dans la gaine bicipitale à l'épaule (fig. 20.16)
ou dans les gaines des tendons fléchisseurs à la cheville, ces
gaines communiquant fréquemment et de manière phy­
siologique avec l'articulation talocrurale. L'IRM peut aussi
mettre en évidence des signes d'arthrose, que celle-ci soit
primitive à l'origine des ostéochondromes, ou bien secon­
daire à la présence des corps étrangers (fig. 20.17). a

Synovite villonodulaire pigmentée


Cette maladie rare touche également les deux sexes et peut
survenir à tout âge. Histologiquement, l'hyperplasie des villo­
sités synoviales résulte d'une prolifération du tissu conjonctif
de soutien de la synoviale. Cette atteinte est fréquemment
monoarticulaire et touche le genou dans 80 % des cas. La
hanche est la deuxième localisation. Lorsque la synovite vil­
lonodulaire et limitée aux gaines synoviales, on l'appelle alors
tumeur à cellules géantes (anciennement tumeur à myélo­
plaxe) ; elle atteint préférentiellement la main ou le pied.
L'IRM est l'examen de choix pour la détection de cette
affection. De manière non spécifique, elle met en évidence
des signes de synovite (épaississement, prise de contraste
avec parfois épanchement liquidien). Toutefois, dans les
formes localisées, cet épaississement est focal. Le signal
de ces épaississements varie suivant leur composante. La b
caractéristique principale de cette affection est la présence
Fig. 20.17 Ostéochondromatose et coxarthrose. (a) Coupe trans-
d'hémosidérine. Ces dépôts d'hémosidérine ont un hyposi­
versale T2 FS montrant de multiples corps étrangers calcifiés dans le
gnal T1 et T2. Leur mise en évidence est facilitée en écho de cul-de-sac inférieur (flèche). (b) Coupe coronale T2  FS montrant des
gradient pondéré en T2* où l'on profite de la susceptibilité signes de coxarthrose avec hypersignal des berges sous-chondrales et
magnétique des dépôts ferreux qui majorent alors l'hypo­ pincement articulaire (flèche pointillée) ainsi que les corps étrangers
signal T2 et qui se distinguent d'autant plus facilement (flèche).

a b
Fig. 20.16 Ostéochondromes dans la gaine bicipitale. (a) Coupe coronale T2 FS montrant des corps étrangers en hyposignal au sein de la gaine
bicipitale (flèche). (b) Coupe transversale T2 FS montrant les ostéochondromes de signal identique au tendon bicipital (flèche).
Chapitre 20. Pathologies inflammatoires et des parties molles    355

du liquide synovial en hypersignal (fig. 20.18). C'est une Dans un cas sur cinq, il n'existe pas de dépôt d'hémosidé­
des rares indications de ce type de séquence en pathologie rine et l'aspect en imagerie ne pourra être différencié d'une
ostéoarticulaire. Les dépôts d'hémosidérine doivent être dif­ autre monoarthrite aiguë. En l'absence de calcification qui
férenciés de calcifications (également en hyposignal T1 et pourrait évoquer une ostéochondromatose, seule la biopsie
T2). Cette différenciation sera facilitée par la r­ adiographie synoviale pourra affirmer le diagnostic.
standard. Après injection de gadolinium, la prise de
contraste est hétérogène mais souvent intense. Seule la syno­
viale épaissie se rehausse, tandis que les dépôts d'hémosi­
Lipome arborescent
dérine et les zones fibreuses ne prennent pas le gadolinium Parfois dénommé lipomatose synoviale, le lipome arbo­
[10, 11]. L'hémosidérine peut également être retrouvée dans rescent peut intéresser n'importe quelle articulation mais
l'arthropathie hémophilique et seul le contexte clinique per­ a une prédilection pour le genou et la bourse suprapatel­
mettra parfois de les différencier. La forme focale se présente laire, et entraîne une douleur d'augmentation progressive.
sous forme d'une masse articulaire, non liquidienne, rela­ Au genou, deux formes existent. Il s'agit soit d'une masse
tivement bien circonscrite (fig. 20.19). Au genou, la forme unique, soit d'une prolifération multiple de villosités syno­
focale prédomine au niveau de la graisse de Hoffa et dans viales lipomateuses. Le lipome est soit primitif et souvent
l'échancrure. Tout processus « tumoral » intra-articulaire de diffus, soit secondaire à une arthropathie dégénérative et
faible signal sur les séquences DP ou T2 classiques doit faire souvent asymptomatique. Le signal de ces anomalies est
évoquer le diagnostic et réaliser une séquence T2*. graisseux : hypersignal T1 et T2 s'annulant après saturation

a b c
Fig.  20.18 Synovite villonodulaire diffuse du genou. (a) Coupe sagittale DP  FS montrant une synoviale de bas signal de manière diffuse
(flèches). (b) Coupe transversale T2* montrant un hyposignal marqué de la synoviale du fait de la susceptibilité magnétique créée par la présence
de fer (flèches). (c) Coupe transversale T1 après injection intraveineuse de gadolinium montrant un rehaussement de la synoviale (flèche).

a b
Fig. 20.19 Synovite villonodulaire de la cheville. (a) Coupe sagittale DP FS montrant une masse antérieure de signal intermédiaire avec des
éléments de bas signal (flèche). (b) Coupe sagittale T2* confirmant la SVN en hyposignal nettement majoré (flèche).
356   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

du signal de la graisse (fig. 20.20). Le rehaussement après exister un rehaussement pariétal discret et le contenu ne
injection est classiquement absent [12]. sera pas modifié. On pourra essayer de préciser s'il existe
une communication articulaire ou une anomalie tendineuse
au contact.
Angiomatose synoviale ou hémangiome
synovial
Exceptionnelle, l'angiomatose synoviale atteint l'adulte Anomalie des parties molles
jeune. Elle intéresse la synoviale articulaire et touche préfé­
rentiellement le genou. Les atteintes du coude et des doigts
et des muscles
sont rares ; celles des gaines tendineuses sont exception­ Affection inflammatoire des parties
nelles. Les classiques phlébolithes intralésionnels sont par­ molles d'un membre
fois mis en évidence par les clichés radiographiques, mais
aussi par l'IRM sous forme d'hyposignaux ronds. L'IRM est Chez la quasi-totalité des patients se présentant pour aug­
intéressante pour poser le diagnostic ainsi que pour réali­ mentation aiguë de volume d'un membre, l'IRM visualise
ser le bilan d'extension qui guidera le traitement (exérèse des anomalies morphologiques et de signal et précise leur
simple ou synovectomie associée). Le signal IRM est celui localisation anatomique. Elle n'est cependant pas spécifique
d'un angiome (hypo- ou iso-intense T1 suivant la teneur en d'une pathologie donnée et doit être orientée par la clinique.
graisse, hyperintense T2). En raison de son hypersignal T2, Ainsi, un contexte fébrile orientera vers une cellulite, un
l'injection est indispensable en cas d'épanchement liquidien traumatisme vers une rhabdomyolyse, des lésions cutanées
intra-articulaire associé. La prise de contraste est classique­ de dermatomyosite vers une myopathie inflammatoire. Les
ment vermiculaire et précoce [13]. séquences en saturation de graisse T2 ou T1 après gadoli­
nium sont les plus sensibles, montrant un hypersignal ou un
rehaussement. Les séquences T1 sans injection montrent les
Kyste séquelles à la phase chronique.
Plus que banal, le kyste présente peu de motif de réalisation Les membres sont constitués de différents éléments
d'une IRM, mais il est souvent une découverte fortuite de comme la peau, la graisse sous-cutanée, les fascias super­
l'examen. Il s'agit soit d'un kyste arthrosynovial au contact ficiels, qui sont des aponévroses de revêtement situées à
d'une articulation ou d'une gaine tendineuse, soit d'un la périphérie des muscles au niveau de l'interface graisse
kyste mucoïde isolé. Le signal est liquidien dans les formes sous-cutanée–muscles, et les fascias profonds à l'interface
typiques. Il est parfois intermédiaire dans les formes com­ muscle–muscle. La graisse a un T1 court et un T2 intermé­
pliquées (hémorragie, infection). Après injection, il peut diaire ; elle est donc en hypersignal sur les séquences T1 et

a b

c d
Fig. 20.20 Lipome arborescent du genou. (a, b) Coupes coronales T1 montrant des inclusions synoviales en hypersignal graisseux (flèches).
Coupes transversale (c) et sagittale (d) T2 FS montrant une extinction du signal du lipome arborescent (flèches).
Chapitre 20. Pathologies inflammatoires et des parties molles    357

de signal intermédiaire sur les séquences T2, en gardant à T2 au sein d'un ou de plusieurs muscles témoignant d'une
l'esprit que les séquences TSE T2 ont tendance à augmenter inflammation. Les limites sont mal définies, contrairement
le signal graisseux, d'où l'intérêt de la suppression de graisse aux abcès qui se présentent comme des formations arrondies
avec ces séquences. Le muscle a un T1 relativement long et isolées en hypersignal T2 et hyposignal T1 avec rehausse­
un T2 court ; il est de signal légèrement supérieur à l'eau et ment périphérique en anneau. Le gadolinium est particu­
nettement inférieur à la graisse sur les séquences T1, et net­ lièrement utile pour distinguer les abcès de la cellulite et
tement inférieur à l'eau et à la graisse sur les séquences T2. de la myosite adjacente, mais également afin de distinguer
Toutes les pathologies se traduisent par une augmentation une collection focale d'un œdème passif chez des patients
de la composante hydrique au sein des tissus et donc par présentant un œdème généralisé de cause variable avec des
une augmentation non spécifique de signal T2. signes cliniques d'infection. L'IRM permet principalement
de révéler des fasciites nécrosantes dont l'extension est dif­
Infection des parties molles ficile à préciser sur le plan clinique. Elle permet également
de suivre l'évolution des patients pour lesquels on hésite à
Les infections des parties molles regroupent des entités de faire une chirurgie afin de vérifier l'absence d'extension des
pronostic différent allant de l'érysipèle à la gangrène gazeuse lésions sous antibiotiques [14, 15].
en passant par les cellulites nécrosantes et les pyomyosites. La pyomyosite est une infection bactérienne primitive du
L'érysipèle, forme superficielle de cellulite, est de diag­ muscle strié due dans 90 % des cas à Staphylococcus aureus,
nostic clinique et ne nécessite pas d'examen IRM. survenant en zone tropicale, ou chez les diabétiques ou
En revanche, certaines cellulites à progression rapide immunodéprimés. La pyomyosite à staphylocoques se pré­
peuvent faire l'objet d'une exploration en IRM en raison sente en IRM comme une atteinte musculaire prédominante
d'une nécrose extensive du tissu sous-cutané vers les struc­ avec augmentation de volume et des zones en hypersignal
tures profondes. L'IRM va guider le clinicien dans le choix T2, T1, homogène, bien limitée, de forme ronde ou fusi­
du traitement en montrant l'extension en profondeur (fas­ forme, se rehaussant après injection. Des collections cen­
cias profonds et muscles) et en visualisant d'éventuels abcès. trales abcédées sont fréquentes, se rehaussant en périphérie.
L'IRM permet également de suivre l'évolution des cel­ Une atteinte des fascias et de la graisse sous-cutanée peut
lulites difficiles à classer sur le plan clinique pour ne pas être présente également et l'on peut noter un épanchement
méconnaître une indication chirurgicale devant une fasciite dans les articulations au contact [16].
nécrosante pouvant prendre initialement le masque de cel­
lulite infectieuse simple.
L'IRM montre un épaississement de la peau et de la Dermatomyosite et polymyosite
graisse sous-cutanée sous forme de stries linéaires en hypo­ Ce sont des affections rares au cours desquelles le muscle est
signal T1 et hypersignal T2, et des anomalies de signal le siège d'un processus inflammatoire non suppuratif dominé
des fascias superficiels et en profondeur dans les cellulites par une infiltration lymphocytaire. L'IRM montre un hyper­
graves. L'atteinte des fascias est caractérisée par un hypersi­ signal T2 dans un muscle ou un groupe musculaire avec
gnal linéaire sur les séquences T2 avec suppression de graisse rehaussement lors d'injection de gadolinium (fig. 20.22). Les
(fig. 20.21). Ces anomalies correspondent en chirurgie à la atteintes sont souvent bilatérales et symétriques et prédo­
présence de liquide le long des fascias avec nécrose de ces minent aux ceintures, mais peuvent être diffuses. Ces modi­
derniers. L'atteinte musculaire se traduit par un hypersignal fications vues en IRM peuvent précéder la détérioration
clinique. Un hypersignal au niveau des jonctions myo-apo­
névrotiques et des fascias peut s'observer ainsi qu'au niveau
des plans sous-cutanés dans la dermatomyosite. D'autres
anomalies IRM peuvent s'observer comme des calcifications
musculaires (en hyposignal sur toutes les séquences), ou une
infiltration graisseuse des muscles secondaire à l'inflamma­
tion chronique (hypersignal T1 intramusculaire effacé sur
la séquence en suppression de graisse, infiltration graisseuse
Fig. 20.21 Fasciite de la cuisse gauche. Coupe transversale DP FS et œdème peuvent coexister). L'intérêt de l'IRM est multiple
montrant une grosse jambe avec hypersignal œdémateux dissociant les dans la dermatomyosite : orienter la biopsie musculaire vers
muscles ischiojambiers et intéressant les fascias profonds et les tissus une zone inflammatoire, suivre l'évolution de la maladie en
cellulograisseux sous-cutanés prédominant en postéromédial (flèches). évitant les biopsies répétées, détecter l'activité de la maladie

a b c
Fig. 20.22 Myopathie inflammatoire de la ceinture scapulaire. (a, b) Coupes transversales STIR montrant un hypersignal bilatéral et symé-
trique des muscles spinaux et scapulaires (flèches). (c) Coupe transversale T1 FS après injection de gadolinium montrant un rehaussement modéré
des muscles (flèche).
358   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

inflammatoire musculaire en établissant une cartographie T2 hétérogène est visible dans les muscles et au niveau des
précise des muscles atteints, enfin suivre l'évolution de la fascias. L'injection montre l'alternance de zones rehaussées
maladie dans les formes chroniques où coexistent inflam­ et non rehaussées, ces dernières étant en rapport avec la
mation, nécrose, atrophie, remplacement graisseux et myo­ nécrose musculaire. Cette nécrose musculaire doit être dif­
pathie induite par les corticoïdes [15, 17]. férenciée d'une pyomyosite ou d'une dénervation, affections
fréquentes chez le diabétique [19].
Rhabdomyolyse
C'est une nécrose musculaire aiguë entraînant une libéra­ Syndrome des loges
tion d'enzymes musculaires. Les causes sont multiples : les Dans sa forme aiguë, le plus souvent traumatique, le syn­
traumatismes musculaires, les efforts extrêmes, l'alcoolisme, drome des loges donne un aspect identique à la rhabdo­
les causes toxiques (venins, piqûres d'insectes, médicaments, myolyse au niveau du groupe musculaire concerné par la
héroïne), les pertes de connaissance prolongées, les infec­ compression. Le diagnostic est clinique, confirmé par la
tions. Le diagnostic est évoqué devant un gonflement aigu prise des pressions, et l'IRM présente peu d'intérêt, d'autant
d'un membre et est confirmé par l'augmentation importante que la prise en charge chirurgicale s'impose en urgence
dans le plasma des enzymes musculaires (créatine phos­ pour éviter la nécrose musculaire. Dans sa forme chronique,
phokinase [CPK]), une hyperkaliémie, une myoglobinurie il intéresse la loge antérolatérale de la jambe et dans une
et l'association fréquente à une insuffisance rénale aiguë. moindre mesure la cuisse, l'avant-bras ou le pied. Il survient
L'IRM montre une augmentation volumique du muscle et chez un sportif régulier et se caractérise par des douleurs
un hypersignal T2 diffus. De petites zones centimétriques survenant dans les suites immédiates de l'entraînement ou
de siège intramusculaire, hypo-intenses en T1 et hyperin­ nécessitant son interruption. L'IRM montre un œdème
tenses en T2, relativement au muscle environnant, non musculaire transitoire persistant 15 à 20  minutes après
rehaussées par l'injection de gadolinium peuvent être visua­ l'exercice et l'examen devra ainsi être réalisé dans les suites
lisées correspondant vraisemblablement à des petites zones de l'entraînement. Dans les formes anciennes, le fascia peut
de nécrose musculaire. Il existe une bonne corrélation entre s'épaissir avec atrophie et fibrose musculaires voire infiltra­
la diminution de l'hypersignal musculaire et l'amélioration tion graisseuse en T1 [20].
clinique ainsi que la diminution des CPK. Lors de l'évo­
lution, on peut voir des zones en hyposignal T2 du fait de
dépôts d'hémosidérine. L'injection de produit de contraste
Dénervation
est discutée du fait de l'insuffisance rénale ; elle montre La dénervation est à l'origine d'un œdème musculaire
une alternance de plages rehaussées et non rehaussées cor­ homogène intéressant un muscle ou un groupe mus­
respondant au muscle viable ou nécrosé [18]. Un aspect culaire présentant une innervation commune. En IRM,
identique se rencontre dans les myonécroses diabétiques ou l'hypersignal T2 apparaît en général 2 à 4 semaines après
drépanocytaires. la lésion neurologique, mais il peut être plus précoce. Dans
les dénervations transitoires, le muscle reprend un signal
normal. Dans les dénervations chroniques, le muscle s'atro­
Myonécrose du diabétique phie avec infiltration graisseuse en T1 (fig. 20.23) [21]. À
Cette atteinte survient chez des patients diabétiques anciens la différence d'autres pathologies musculaires, l'hypersignal
et non équilibrés. Le début est brutal avec gonflement et dou­ T2 des dénervations est diffus, homogène, respecte les fas­
leur du mollet ou de la cuisse, sans fièvre ni hyperleucocy­ cias et tissus environnants (fig. 20.24), a une distribution
tose. L'ischémie se traduit par une augmentation de volume correspondant à un territoire neurologique et peut s'asso­
d'un muscle ou de plusieurs muscles pas toujours contigus cier à des anomalies morphologiques ou de signal du nerf
du mollet ou de la cuisse, parfois bilatérale. Un hypersignal concerné [21].

a b

Fig. 20.23 Lésion chronique du nerf fibulaire au genou. (a) Coupe transversale T2 FS montrant un hypersignal des muscles de la loge antéro-
latérale de la jambe (flèche). (b) Coupe transversale T1 montrant une dégénérescence graisseuse des muscles dénervés (flèche).
Chapitre 20. Pathologies inflammatoires et des parties molles    359

Les traumatismes indirects surviennent sur des muscles très


sollicités dus à un effort musculaire intense, survenant le plus
souvent à la jonction myotendineuse. Les différents aspects ren­
contrés en IRM vont de la simple contusion avec hypersignal T2
respectant l'architecture musculaire (stade I) (fig. 20.25) à l'aug­
mentation de volume musculaire en rapport avec une rupture
minime des fibres musculaires avec présence de sang et d'œdème
donnant un aspect hétérogène à l'hypersignal T2 (stade II)
(fig. 20.26), jusqu'à la rupture massive avec constitution d'un
hématome et rétraction musculaire (stade III) (fig. 20.27). Dans
les différents traumatismes, les anomalies musculaires s'accom­
pagnent souvent d'anomalie de signal des fascias et des tissus
conjonctifs de voisinage. La cicatrisation spontanée des zones
musculaires traumatisées va se traduire par la formation d'un
Fig. 20.24 Coupe transversale T2 FS montrant un hypersignal du tissu conjonctif dense, fibreux. Ces zones cicatricielles fibreuses
carré pronateur en rapport avec un syndrome du nerf interos- vont apparaître sous forme de zones en hyposignal T1 et T2,
seux antérieur, branche motrice du nerf médian (flèche). parfois rehaussées tardivement par le gadolinium (fig. 20.28).
Des calcifications musculaires cicatricielles peuvent survenir,
Traumatisme musculaire difficiles à identifier en IRM du fait de leur hyposignal sur toutes
les séquences. En cas de rétraction musculaire, on observe une
Le traumatisme peut être direct par plaie pénétrante avec amyotrophie (fig. 20.29) avec infiltration graisseuse se tradui­
lacération musculaire. L'IRM montre une interruption de la sant par une augmentation de signal musculaire en T1 [22].
continuité des fibres musculaires et des anomalies de signal Dans la hernie musculaire, l'IRM montre une interrup­
traduisant la présence de sang et d'œdème autour de la zone tion d'un fascia au travers duquel le muscle va réaliser une
lacérée. La compression d'un groupe musculaire due à un hernie. Ce diagnostic rare est souvent plus facile à appré­
traumatisme direct est à l'origine d'une contusion. Le choc cier en échographie qui permet une analyse dynamique en
entraîne une rupture capillaire avec saignement entre les contraction (fig. 20.30).
fibres musculaires et le tissu conjonctif, suivie d'un œdème
et de changements inflammatoires de toute la zone.
Quatre aspects sont observés en IRM : l'augmentation Myosite et myosite ossifiante circonscrite
de volume du muscle ; un œdème se manifestant par une La myosite proliférative est une atteinte inflammatoire
augmentation de signal T2 ; un aspect peigné du muscle rap­ trans­itoire du muscle survenant brutalement et caractérisée
pelant une plume d'oiseau avec des stries en hypersignal T2 par une masse musculaire douloureuse prenant un aspect
dues à la dispersion du liquide inflammatoire à l'intérieur et pseudotumoral parfois inquiétant et dont l'origine est
entre les fibres musculaires ; et l'absence d'interruption des inconnue. L'aspect IRM est celui d'une masse inflammatoire
fibres musculaires. Dans les traumatismes directs violents, le en hypersignal T2, isosignal T1 avec rehaussement intense
muscle comprimé contre l'os sous-jacent peut se rompre avec mais relativement tardif après injection. Ces anomalies res­
constitution d'un hématome. À la phase aiguë, l'hématome pectent l'architecture musculaire au contraire d'un proces­
est iso-intense T1 et hypo-intense T2, puis hyperintense T1 sus tumoral qui la détruit (fig. 20.31). Elle n'est pas calcifiée.
et T2 à la phase subaiguë, pour devenir hypo-intense T1 et Le caractère rare et subit de cette pathologie fait souvent
T2 à la phase chronique avec des artéfacts de susceptibilité pratiquer une biopsie qui confirme le diagnostic et écarte
magnétique liés à l'hémosidérine, mieux appréciés en T2 EG. une origine tumorale. L'évolution se fait spontanément vers

a b
Fig. 20.25 Hypersignal des adducteurs des cuisses chez une athlète ayant intensifié son entraînement (stade I). (a) Coupe transversale
DP FS montrant un hypersignal des adducteurs bilatéral, prédominant à droite (flèche). (b) Coupe coronale T2 FS montrant l'extension en hauteur
de l'atteinte avec préservation de l'architecture musculaire (flèche).
360   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

a b
Fig. 20.26 Traumatisme de stade II avec hématome du vaste médial de la cuisse gauche. (a) Coupe transversale T1 montrant une augmen-
tation de volume du muscle très discrètement hétérogène (flèche). (b) Coupe coronale DP FS montrant l'hématome localisé de signal hétérogène
diminué à sa périphérie (flèche) et entouré d'une vaste page d'œdème (flèches pointillées).

a b
Fig. 20.28 Séquelle musculaire fibreuse. Coupes transversale (a) et
Fig. 20.27 Coupe coronale T2 FS montrant une rupture massive sagittale (b) T1  FS après injection intraveineuse de gadolinium mon-
de stade  III des ischiojambiers droits avec volumineux héma- trant une plage fibreuse en hyposignal avec très discret rehaussement
tome et rétraction musculotendineuse (flèche). périphérique (flèche).

a b c

Fig. 20.29 Rupture chronique du droit fémoral gauche. Coupes transversales DP FS (a) et T2 (b) montrant une asymétrie des droits fémoraux,
le gauche étant atrophique (flèche) et le droit normal (flèche pointillée). (c) Coupe coronale DP FS montrant la rétraction supérieure (flèche) du
droit fémoral gauche et le remplacement graisseux de la rupture (flèche pointillée).
Chapitre 20. Pathologies inflammatoires et des parties molles    361

la régression clinique avec disparition des anomalies IRM


en 3 à 6 mois.
La myosite ossifiante circonscrite est une ossification
pseudo­tumorale des muscles d'étiologie traumatique, neuro­
logique ou indéterminée. Le diagnostic est plus du domaine
de la radiologie standard et du scanner du fait de l'ossification
centripète ; l'IRM peut être d'interprétation délicate et n'est
habituellement pas requise pour le diagnostic. Son interpréta­
tion dépend du stade de la lésion et peut évoquer une tumeur
maligne. L'œdème périlésionnel est très étendu au début, mais
a plus étendu que celui accompagnant la plupart des tumeurs
malignes des parties molles. Au stade aigu ou subaigu, la masse
de signal non spécifique est souvent hétérogène, avec des zones
en hypersignal T2 dans la zone centrale où existe une proliféra­
tion fibroblastique et myofibroblastique (fig. 20.32). À ce stade,
le rehaussement en anneau après injection de gadolinium peut
donner l'apparence d'un abcès ou d'une tumeur nécrotique.
Des niveaux liquidiens peuvent être observés (niveaux séro-
hématiques). La taille de la lésion est d'emblée maximale (à la
différence des sarcomes, principal diagnostic différentiel). Le
diagnostic est plus évident pour les lésions chroniques : contours
b
bien définis, bordure en hyposignal curviligne périphérique
Fig. 20.30 Hernie musculaire. (a) Coupe transversale T1 FS après injec- témoignant de la présence de calcifications circonscrivant une
tion intraveineuse de gadolinium montrant un très discret rehaussement plage de signal graisseux en T1, s'ossifiant progressivement
de l'aponévrose musculaire superficielle (flèche). (b) Coupe échogra- de la périphérie vers le centre. Occasionnellement, des lésions
phique montrant l'interruption de l'aponévrose et la hernie musculaire chroniques peuvent révéler des zones en hypersignal T2 [22].
lors de la contraction de manière plus évidente que l'IRM (flèche).

a b c
Fig. 20.31 Myosite proliférative. (a) Coupe transversale T2 FS montrant un hypersignal dissociant les faisceaux musculaires du droit fémoral droit
(flèche) sans les détruire. (b, c) Coupes transversales VIBE avec injection en bolus de gadolinium montrant l'absence de rehaussement au temps
artériel (b) et un rehaussement tardif de la lésion musculaire inflammatoire (c).

a b c
Fig. 20.32 Myosite ossifiante circonscrite. Coupes transversale T2 FS (a) et sagittale T2 (b) montrant une lésion hétérogène en hypersignal du
vaste intermédiaire droit (flèche), non spécifique. (c) Radiographie de profil de la cuisse montrant la masse musculaire calcifiée (flèche).
362   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

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Chapitre
21
IRM de l'appareil
ostéoarticulaire chez l'enfant
S. Ferey

PLAN DU CHAPITRE
Particularités chez l'enfant . . . . . . . . . . . . . 363 Pathologie inflammatoire . . . . . . . . . . . . . 367
IRM de hanche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 364 IRM corps entier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 367
IRM du genou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 365 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 370
Pathologies osseuses bénignes . . . . . . . . . . 366

L'IRM est un examen intéressant en pédiatrie, par son


caractère non irradiant, son approche multiplanaire et sa
mise en évidence de structures radiotransparentes comme le
cartilage (articulaire et de croissance) ou les parties molles.
Après un examen clinique soigneux, l'IRM ostéoarticu-
laire est toujours pratiquée chez l'enfant en deuxième inten-
tion, après un bilan radiologique standard réalisé dans les
règles de l'art. En effet, une radiographie récente est indis-
pensable pour interpréter correctement une IRM. Une séda-
tion peut être nécessaire en fonction de l'âge de l'enfant, en
général avant 4 à 5 ans ; sinon, des fiches explicatives et de
la patience permettent la réalisation d'un examen de qualité.
On peut également utiliser des IRM jeux (fig. 21.1) per-
mettant de familiariser l'enfant avec l'environnement IRM.
La réalisation d'une IRM chez l'enfant est très souvent plus
chronophage que chez l'adulte.

Particularités chez l'enfant [1]


Le squelette de l'enfant est en croissance, ce qui lui confère Fig.  21.1 IRM jeu. Les enfants viennent découvrir l'environne-
un certain nombre de particularités : l'aspect et l'évolution ment d'une IRM à leur taille, et peuvent jouer dedans, ce qui
au cours de la croissance de la moelle osseuse, des noyaux leur permet de se familiariser avec la machine.
d'ossification secondaires et du cartilage de croissance sont
impérativement à connaître afin de distinguer pathologie et
normalité. en hyposignal T1, occupe presque tous les espaces médul-
laires. La conversion en moelle graisseuse se fait toujours
au même rythme et de la même façon sur un mode bien
Moelle osseuse défini : dans une direction centripète, du squelette péri-
Il existe deux types de moelle osseuse : la moelle osseuse phérique vers le squelette axial, des phalanges des doigts et
graisseuse (jaune), en hypersignal sur les séquences T1, et des orteils vers les humérus et les fémurs. Et dans chaque
la moelle hématopoïétique (rouge), en hyposignal sur les os long après la conversion médullaire des épiphyses, celle-
séquences T1, du fait de sa richesse en eau et de sa pauvreté ci se fait des diaphyses vers les métaphyses. Cela explique
en graisse. Tout au long de la croissance jusqu'à l'âge adulte, que les derniers sites de conversion médullaire chez le jeune
il y a une conversion physiologique de la moelle rouge en adulte sont les métaphyses fémorale et humérale proxi-
moelle jaune. À la naissance, la moelle hématopoïétique, male (fig. 21.2a,b). Il faut connaître l'aspect IRM de résidu
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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364   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

a b c
Fig. 21.2 Persistance de moelle hématopoïétique au niveau de la métaphyse distale du fémur chez une fille de 14 ans. Hypersignal STIR
(a), hyposignal T1 (b), hyposignal T2 (c).

de moelle rouge au niveau des métaphyses proximales du lieu 6 mois après l'apparition de l'ossification. Il peut exis-
fémur et de l'humérus. Il s'agit de zones en hypersignal ter des petites zones de sclérose physiologique au sein des
T2 STIR, et hyposignal T1, en forme de « flammes » dont la épiphyses ossifiées, en hyposignal sur toutes les séquences.
base est proche de la physe avec un trajet vertical. Ces ano- L'aspect de cette ossification peut être irrégulier et ne doit
malies sont bilatérales et relativement symétriques. pas être pris à tort pour une ostéochondrite.
La conversion médullaire est donc complète entre 11 et
15 ans, sauf au niveau du fémur et de l'humérus, et la persis-
tance de moelle rouge dans les diaphyses après l'âge de 1 an
Cartilage de croissance
est anormale. La conversion médullaire du squelette axial Le cartilage de croissance ou physe est constitué d'une zone
est un peu plus lente que celle du squelette périphérique ; cartilagineuse en hypersignal T2, et de signal intermédiaire
il persiste donc toujours de la moelle rouge dans le rachis en T1, identique au cartilage de l'épiphyse non ossifiée et
jusqu'à l'adolescence. d'une zone linéaire en hyposignal sur toutes les séquences
Il faut également savoir que l'aspect de la moelle rouge physio­ correspondant au front d'ossification.
logique est différent de la moelle rouge pathologique ; en effet, la La physe normale doit avoir un signal homogène et une
moelle rouge normale contient toujours un peu de graisse et elle épaisseur régulière. Au cours de la croissance et de la matu-
apparaît donc sur les séquences T1 en iso- ou en léger hypersi- ration osseuse, son épaisseur va diminuer et la zone d'ossifi-
gnal T1 au muscle, alors que la moelle osseuse « envahie » est en cation va devenir irrégulière, ondulée.
franc hyposignal T1 (plus bas que celui du muscle). Par ailleurs, il existe un bon contraste spontané entre
Enfin, sur le pied et la cheville, il peut y avoir des hyper- les différents éléments articulaires chez l'enfant, et l'IRM
signaux T2, hyposignaux T1 nodulaires, uni- ou bilatéraux, remplace actuellement efficacement l'arthrographie, qui ne
« patchy » que l'on retrouve souvent chez les enfants ayant garde que quelques indications exceptionnelles.
modifié leurs appuis corporels lors d'immobilisation cor-
respondant à des îlots focaux de moelle rouge et non à des
contusions ou une algodystrophie. IRM de hanche
La hanche est une articulation fréquemment explorée en
Épiphyses et noyaux d'ossification pédiatrie. Les principes techniques sont classiques : chez les
petits enfants non coopérants, on a recours à une sédation ;
secondaire chez l'enfant plus grand, on utilise des fiches explicatives,
Chez le nourrisson, l'épiphyse est cartilagineuse, de signal en prenant le temps de bien le rassurer. Il est important
homogène, intermédiaire en T1, peu intense en T2 fat sat. d'installer l'enfant confortablement. Une acquisition STIR
Plus tard, lorsque l'épiphyse s'ossifie, le signal du cartilage coronale ou 3D STIR peut permettre de « débrouiller » les
résiduel peut apparaître plus hétérogène, avec des zones en choses ; ces séquences très sensibles peuvent orienter le reste
franc hypersignal T2 fat sat. Dans les os longs, l'épiphyse est de l'examen. Les coupes indispensables sont réalisées dans
la première partie à convertir sa moelle osseuse ; celle-ci a un plan coronal en T1 : deux plans en densité de proton avec
Chapitre 21. IRM de l'appareil ostéoarticulaire chez l'enfant    365

suppression du signal de la graisse. Les coupes transversales dant le stade de réossification. Au stade de séquelle, il y a
sont réalisées en densité protonique avec suppression du une déformation de la tête fémorale (coxa magna, coxa
signal de la graisse des ailes iliaques à la diaphyse fémorale plana) ; le cartilage articulaire s'hypertrophie. Grâce à l'IRM,
supérieure sous le petit trochanter. À ces séquences, on on ne pratique plus actuellement d'arthrographie à visée
ajoutera d'autres plans, des séquences EG T2* (cartilage, préopératoire.
dépôts d'hémosidérine), ou des séquences de diffusion. En
fonction de la pathologie, des séquences post-injection de
gadolinium avec une acquisition coronale et post-traitement
Autres pathologies
en soustraction, puis des séquences T1 après injection de Le diagnostic de glissement épiphysaire fémoral supé-
gadolinium et saturation du signal graisseux (fat sat) sont rieur est généralement posé radiologiquement (fig. 21.4a) ;
réalisées. l'IRM pourra confirmer un diagnostic douteux et surtout
permettre de faire un bilan complet (fig. 21.4b,c). En par-
ticulier, elle permettra de montrer une éventuelle atteinte
Maladie de Legg-Perthes-Calvé controlatérale infraradiologique. Dans le cas d'un glisse-
ou ostéochondrite de hanche (fig. 21.3) ment très important, elle apportera également des informa-
Il s'agit d'une nécrose ischémique de la tête fémorale, idio- tions sur la vascularisation de la tête fémorale (injection de
pathique, survenant entre 4 et 10 ans, responsable d'une gadolinium).
boiterie. Cette maladie est classiquement décrite en trois L'IRM permet de préciser l'aspect et la position de la tête
phases radiologiques : condensation, fragmentation, répa- fémorale cartilagineuse ainsi que l'aspect et l'épaisseur du
ration. Elle s'inscrit en fait sur une très longue période cartilage articulaire en cas de diverses pathologies telles que
évolutive jusqu'à la fin de la croissance. Elle peut retentir les séquelles d'arthrite infectieuse, les luxations de hanche
gravement sur la croissance de l'extrémité supérieure du irréductibles ou la coxa vara congénitale.
fémur et son pronostic est imprévisible. Certaines lésions
sont irréversibles ; d'autres se reconstituent presque parfai-
tement. Le traitement a pour but de minimiser les séquelles, IRM du genou
en recentrant la tête fémorale si nécessaire avant la période Les indications de l'IRM du genou en pédiatrie sont nom-
de réparation. breuses : bilan des traumatismes, ostéochondrite, pathologie
Dès le stade initial, l'IRM est indiquée ; puis elle l'est infectieuse, pathologies rhumatismales, etc. La technique de
dans le cadre du suivi. Les critères pronostiques sont encore l'IRM est relativement standardisée – sagittal T1, trois plans
en cours de validation, mais elle permet un bilan complet T2 fat sat –, avec parfois des séquences complémentaires en
de l'atteinte. Elle est réalisée avec injection de produit de fonction de la pathologie – séquence T2* pour rechercher
contraste et soustraction pour évaluer l'importance de la des dépôts d'hémosidérine, notamment en cas de suspicion
nécrose de la tête (défaut de rehaussement). Des séquences de synovite villonodulaire ou d'arthropathie hémophilique,
dynamiques peuvent aussi être réalisées. Les séquences de séquences avec injection de gadolinium dans les pathologies
diffusion ont également montré leur intérêt, utilisant un inflammatoires ou infectieuses.
ratio entre le côté pathologique et le côté sain. À un stade
plus tardif, la tête peut être peu déformée et des anomalies
métaphysaires sont fréquentes (irrégularités, anomalies de Traumatisme
signal, kystes). Les prises de contraste à un stade plus tar- En cas de traumatisme avéré avec des radiographies nor-
dif traduiraient la présence de tissu de granulation précé- males, il faut réaliser une IRM, en particulier quand

Fig. 21.3 Ostéochondrite de hanche chez un garçon de 6 ans, avec boiterie, le diagnostic étant porté sur la radiographie standard.
(a) Coupes coronale T2 : fracture sous-chondrale, perte de la hauteur de la tête fémorale. (b) Coupes coronales post-injection de gadolinium avec
soustraction : absence de rehaussement de la tête fémorale droite.
366   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

a b c
Fig. 21.4 Épiphysiolyse chez un garçon de 11 ans avec boiterie aiguë. (a) Radiographie standard, incidence de « face » : glissement épiphy-
saire fémoral supérieur droit. (b, c) IRM : appréciation de la bascule dans le plan axial ; pas d'atteinte controlatérale.

l'épanchement intra-articulaire persiste avec une gêne du ménisque latéral). Il s'agit d'une dysplasie méniscale
fonctionnelle importante. Il faut souligner la fréquence occupant une place excessive. À l'IRM (fig. 21.9), il s'agit
des lésions ostéochondrales postluxation patellaire et, dans d'un gros ménisque visible sur au moins trois coupes
ce contexte, une séquence en 3D T2 écho de gradient per- sagittales contiguës, en hypersignal T2 fat sat. Il est fragile
met de trouver un éventuel fragment ostéochondral intra-­ et il faut chercher des arguments pour une lésion de ce
articulaire. Dans les lésions ligamentaires, la sémiologie ménisque.
IRM est identique à celle de l'adulte.
De grandes différences avec le genou de l'adulte existent
lorsque les cartilages de croissance sont encore ouverts : Pathologies osseuses bénignes
l'enfant est sujet aux avulsions apophysaires, avec notam-
ment l'arrachement du massif des épines tibiales (fig. 21.5) et
Infections
surtout aux fractures épiphysométaphysaires, incluant le car- Les ostéomyélites sont fréquentes chez l'enfant, surtout
tilage de croissance dont la gravité est appréciée par la clas- avant 5 ans. L'IRM est l'outil de choix dans cette pathologie.
sification de Salter et Harris. L'IRM tient un rôle important Les anomalies sont peu spécifiques : hyposignal T1, hyper-
dans le diagnostic de ces fractures dont l'importance est sou- signal T2, prise de contraste anormale, abcès, anomalie des
vent sous-estimée par les radiographies standard (fig. 21.6). parties molles (fig. 21.10).
Il faut également signaler les lésions microtraumatiques En cas de radiographie normale avec contexte infectieux
de stress du cartilage de croissance le plus souvent présentes évocateur ou s'il existe un point douloureux précis, l'IRM
chez l'enfant ayant une pratique sportive intensive. Elles permet de guider les prélèvements en confirmant s'il y a une
apparaissent comme un élargissement focal du cartilage de atteinte osseuse, si c'est une atteinte limitée aux tissus mous,
croissance plus ou moins associé à un aspect irrégulier de la ou si c'est une arthrite.
métaphyse adjacente (fig. 21.7) [2]. En l'absence de point d'appel localisateur (très fréquent
chez le petit), on peut réaliser des séquences « scintigra-
phiques » 3D STIR avec un grand champ de vue qui per-
Ostéochondrite mettra de localiser les coupes sur la région anatomique
Dans le cadre du bilan d'une ostéochondrite de genou, l'IRM précise dans un second temps d'examen. En pratique, en
reste un examen de seconde intention si le diagnostic a été raison des difficultés d'accès à l'IRM pour ces enfants sou-
posé sur la radiographie standard. Elle sera réalisée devant vent petits et nécessitant une sédation, une scintigraphie
une symptomatologie de blocage, des signes d'instabilité, un peut être réalisée avant l'IRM, permettant de focaliser
épanchement ou des douleurs persistantes. l'IRM, si celle-ci reste indiquée, sur la zone fixant le traceur
L'IRM (fig. 21.8) va rechercher des signes en faveur de isotopique.
l'instabilité du fragment : une ligne hyperintense T2 entou- L'IRM a une meilleure sensibilité que la scintigraphie
rant le fragment, un kyste sous-lésionnel, un défect ou une dans les spondylodiscites.
fissure du cartilage articulaire, la présence d'un fragment
libre intra-articulaire, pas toujours facile à identifier. On Ostéome ostéoïde
insiste d'ailleurs sur l'utilité des séquences 3D T2 écho de
gradient pour le bilan du fragment et la recherche d'une L'ostéome ostéoïde pose plus souvent chez l'enfant un pro-
migration intra-articulaire. Ces séquences permettent blème diagnostique différentiel avec une infection subai-
égale­ment le bilan essentiel du cartilage articulaire (épais- guë, une fracture de fatigue voire une pathologie maligne
seur, solution de continuité, etc.). compte tenu de l'œdème médullaire très important sur
l'IRM (fig. 21.11), avec atteinte des tissus mous. L'aspect
peut être très trompeur. Dans ce cadre, des séquences dyna-
Blocage miques injectées ont un intérêt. Il faut corréler cette image à
En cas de symptomatologie de blocage, il faut penser à la clinique, à la radiographie standard voire au scanner pour
chercher un ménisque discoïde (le plus souvent au niveau affirmer le diagnostic.
Chapitre 21. IRM de l'appareil ostéoarticulaire chez l'enfant    367

a b

c d
Fig. 21.5 Fracture du massif des épines tibiales chez un enfant de 10 ans. (a, b) Radiographies de face et de profil : fracture du massif des
épines tibiales avec déplacement du fragment. (c, d) IRM : bilan lésionnel complet, confirmant le diagnostic et montrant une fracture du plateau tibial.

Pathologie inflammatoire IRM corps entier


L'arthrite juvénile idiopathique est la pathologie rhu- Les avancées techniques des machines IRM permettent
matismale la plus fréquente en pédiatrie. Elle peut être aujourd'hui de réaliser une IRM corps entier en un temps
mono- ou polyarticulaire. L'IRM permet de détecter raisonnable (critère qui reste important en pédiatrie).
précocement les anomalies synoviales parfois infracli- Les séquences de diffusion prennent une place de plus en
niques. Dans ce contexte, une injection de gadolinium plus importante dans ces examens. Une acquisition coro-
sera réalisée ; les séquences post-injections sont réalisées nale STIR est toujours réalisée compte tenu de la grande
sans délai après l'injection pour une bonne quantifica- sensibilité de cette séquence. On associe une acquisition
tion du panus. coronale T1.
368   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

a b c
Fig. 21.6 Fracture du genou radio-occulte. (a) Radiographie de genou normale. (b) IRM, coupe coronale DP fat sat : fracture Salter 2 de la
métaphyse distale du fémur, avec anomalie de signal du cartilage conjugal. (c) IRM, T2 : hypersignal du cartilage de croissance avec décollement
périosté.

Fig. 21.7 Microtraumatismes physaires de stress, avec des douleurs du genou droit chez un jeune footballeur de 13 ans. (a) La radio-
graphie de face montre un élargissement irrégulier de la physe tibiale supérieure prédominant sur le versant médial avec un aspect irrégulier et
condensé de la métaphyse adjacente. (b) L'IRM en coupe coronale T2 fat sat confirme l'élargissement physaire situé sur le versant médial et les
irrégularités métaphysaires. Noter l'aspect normal de la physe fémorale inférieure.
Chapitre 21. IRM de l'appareil ostéoarticulaire chez l'enfant    369

a b
Fig. 21.9 Ménisque discoïde. Gros ménisque externe en hypersignal
T2, pas de lésion méniscale associée. (a) Coupes coronales successives.
(b) Coupe sagittale.
Fig.  21.8 Ostéochondrite de genou. Acquisition 3D Truffisp avec
reconstructions dans le plan coronal : analyse du cartilage articulaire,
de la taille du fragment.

a b

c d
Fig. 21.10 Enfant de 5 ans avec douleurs du genou. En STIR (a) et en DP fat sat (b), anomalie de signal de l'épiphyse tibiale proximale. Après
injection de gadolinium (c, d), prise de contraste de toute l'épiphyse et mise en évidence d'abcès dans la partie externe.
370   Partie 2. Imagerie ostéoarticulaire

a b
Fig.  21.11 Chez un enfant de 12  ans, douleurs du dos intenses avec raideur  : ostéome ostéoïde du pédicule gauche de L1.
(a) Reconstruction coronale de l'acquisition 3D STIR : hypersignal franc du pédicule gauche de L1 et périlésionnel. (b) Après injection de gadoli-
nium, prise de contraste significative.

L'IRM corps entier est l'examen de choix dans le bilan Références


des anomalies de la moelle osseuse et pour les pathologies
[1] Laor T, Jaramillo D. MR imaging insights into skeletal maturation :
potentiellement multifocales. C'est l'examen de choix pour le What is normal ? Radiology 2009 ; 250(1) : 28–38.
bilan et le suivi des histiocytoses langerhansiennes, puisque [2] Laor T, Wall EJ, Vu LP. Physeal widening in the knee due to stress
l'IRM corps entier est plus sensible que la scintigraphie. Elle injury in child athletes. AJR 2006 ; 186 : 1260–4.
est également pratiquée pour le bilan des ostéomylites chro-
niques multifocales récurrentes, des dysplasies fibreuses et
dans le cadre des pathologies malignes (recherche de métas- Pour en savoir plus
tases osseuses).
Adamsbaum C. Imagerie pédiatrique et fœtale. Paris : Médecine Sciences
Flammarion ; 2007.
De Sanctis N. Magnetic resonance Imaging in Legg-Calve-Perthes disease :
`` Conclusion review of literature. J Pediatr Orthop 2011 ; 31(2 Suppl) : S163–7.
L'IRM est un examen particulièrement intéressant dans D wek JR. The hip : MR Imaging of uniquely pediatric disorders. Magn
l'exploration des pathologies ostéoarticulaires de l'enfant. Sa Reson Imaging Clin N Am 2009 ; 17(3) : 509–20.
Hemke R, Kuijpers TW, van den Berg JM, et al. The diagnostic accuracy of
limitation est essentiellement liée aux problèmes d'accessi-
unenhanced MRI in the assessment of joint abnormalities in juvenile
bilité des machines et à la sédation presque toujours néces- idiopathic arthritis. Eur Radiol 2013 ; 23(7) : 1998–2004.
saire avant 3 ans.
Chapitre
22
IRM de l'appareil génital
féminin
C. Roy

PLAN DU CHAPITRE
Imagerie normale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 373 Pathologie des organes génitaux féminins . . . 376

Bien que l'échographie endocavitaire soit toujours l'imagerie plan sagittal permet une bonne analyse de l'ensemble de
de base du pelvis féminin, l'IRM est actuellement un examen l'utérus et de ses rapports avec la vessie en avant et le rectum
majeur, incontournable dans de nombreuses pathologies. en arrière. S'il y a une importante latérodéviation à droite
ou à gauche, il est possible de réaliser des coupes sagittales
obliques dans le grand axe de l'utérus. Le plan axial ou axial
Imagerie normale [1–3] oblique perpendiculaire au grand axe du col permet d'éviter
le phénomène de volume partiel. Un plan frontal oblique
L'examen IRM est particulièrement intéressant pour l'explo-
perpendiculaire au grand axe craniocaudal de l'utérus ana-
ration du pelvis féminin grâce d'une part aux trois plans
lyse l'endomètre et la cavité utérine.
de coupes perpendiculaires avec surtout les plans obliques
La séquence de saturation de graisse en écho de gradient
plus adaptés à l'anatomie des organes génitaux, et d'autre
(EG) ou ES T1 est optimale pour déceler des foyers hémor-
part, grâce à la qualité de la résolution en contraste sur les
ragiques sous forme d'hypersignal, en sus d'annuler le signal
séquences pondérées en T2. La résolution spatiale est actuel-
de la graisse et de différencier une masse kystique hémorra-
lement excellente avec les antennes de surface multiples cou-
gique d'une tumeur à contenu graisseux.
plées en réseaux. La présence d'un dispositif intra-utérin ne
Les séquences de saturation de la graisse en acquisition
contre-indique pas l'examen. Il est bien visible comme une
dynamique (EG T1) avec injection intraveineuse de gado-
zone sans signal dont la forme et la dimension sont fonction
linium et analyse semi-quantitative améliorent l'efficacité
à la fois de son type et de la position de l'utérus dans le plan
diagnostique pour les masses ovariennes et des extensions
de coupe. Le matériel métallique (par exemple prothèse de
tumorales. La séquence de diffusion est indispensable pour
hanche) entraîne peu d'artéfacts en pondération fast SE T2.
toute la pathologie maligne.
L'uro-IRM réalisée sans injection en fast SE T2 ou en
Points techniques 3D EG T1 au temps excréteur si une injection a été réalisée,
L'examen est réalisé avec une vessie peu remplie en début étudie le retentissement urétéral des masses pelviennes à la
d'examen. La réalisation d'un lavement évacuateur rectal fois sur le plan morphologique et fonctionnel.
est préconisée pour l'exploration d'une endométriose et un
balisage du cul-de-sac vaginal par du gel d'échographie est Anatomie (fig. 22.1)
utile dans les pathologies tumorales cervicales.
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La réduction du péristaltisme intestinal est obtenue par
l'injection intraveineuse d'un antispasmodique (Glucagen®) Corps de l'utérus
en respectant ses contre-indications et en sachant que son En période d'activité génitale
effet est relativement court – de 10 à 15 minutes. Il convient En séquence pondérée en T1, le signal est homogène,
donc de l'injecter en tout début d'examen. d'intensité intermédiaire à faible, en règle légèrement plus
La séquence d'écho de spin pondérée en T1 fournit une intense que celui des muscles pelviens. Il n'est pas modifié
bonne approche anatomique et une caractérisation de la au cours du cycle. Dans 40 % des cas, il existe une bande
nature des liquides. centro-utérine de signal plus intense correspondant à l'en-
La séquence d'écho de spin (ES) pondérée en T2 renseigne domètre. Des caillots centraux sont faciles à identifier sous
sur l'architecture interne des organes génitaux. Le choix des forme d'un hypersignal ; une rétention intracavitaire est en
plans de coupe sera adapté à la pathologie recherchée. Le hyposignal marqué.
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
© 2017, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 373
374   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

a b c

d e f

g h i
Fig.  22.1 IRM normale. (a) Séquence T2, plan sagittal. Période d'activité génitale, 1re  phase du cycle  : les trois
couches du corps utérin sont parfaitement visibles. De l'intérieur vers l'extérieur  : l'endomètre en hypersignal, la
zone jonctionnelle en hyposignal et le reste du myomètre de signal intermédiaire. L'endomètre est mince en début
de cycle. L'isthme correspond à la partie inférieure plus étroite du corps au-dessus du col (étoile). Ce dernier présente
trois couches prolongeant celles du corps. Les deux culs-de-sac vaginaux sont bien identifiés (flèches) se poursuivant
avec les parois vaginales. (b) Séquence EG T1 après injection de contraste (10 minutes), plan sagittal. Période d'activité
génitale, 1re phase du cycle. Les trois couches du corps utérin sont moins bien visibles ; mais les culs-de-sac vaginaux et
la lumière vaginale virtuelle sont bien identifiés (flèches). (c) Séquence EG T1, plan sagittal, après injection de produit
de contraste (30 secondes). Période d'activité génitale, 2e phase du cycle menstruel. La prise de contraste de la zone
jonctionnelle est précoce et intense et elle apparaît en hypersignal, contrastant avec l'absence de rehaussement de
l'endomètre. (d) Séquence T2, plan sagittal. Période d'activité génitale, 1re phase du cycle. Cicatrice de césarienne
(flèche). (e) Séquence T2, plan sagittal. Le col est constitué de deux couches entourant la cavité cervicale centrale en
j hypersignal. La structure interne en hyposignal correspond au stroma cervical (étoile). Les culs-de-sac vaginaux sont
également bien visibles (flèches). (f) Séquence T2, plan frontal. L'ovaire gauche contient de multiples follicules (flèche).
Le stroma cervical occupe chez cette patiente l'ensemble du col (étoile). Les culs-de-sac latéraux vaginaux sont visibles
(tête de flèche). (g) Séquence T2, plan axial. Les paramètres sont hétérogènes avec un réseau veineux important.
La cavité cervicale centrale présente un hypersignal. Elle est circonscrite par un liseré de signal intermédiaire corres-
pondant aux plis palmés (flèche). Chez cette patiente, le stroma cervical en hyposignal est plus mince. (h) Séquence
T2, plan axial. Patiente de 60  ans. Les paramètres contiennent peu de structures veineuses. Il existe de multiples
kystes endocervicaux de Naboth (étoile), sans signification. Présence d'un pessaire (flèche). (i) Séquence T2, plan
sagittal. Patiente de 25 ans sous contraception estroprogestative. L'utérus est rétroversé et globuleux. L'endomètre
est très mince et la zone jonctionnelle est filiforme, à la limite de la visibilité avec un myomètre externe œdémateux.
(j) Séquence T2, plan sagittal. Patiente ménopausée sans traitement substitutif. Le corps utérin est atrophique et
quasi homogène sans distinction entre les différentes couches. Le col utérin est en revanche inchangé. Les culs-
de-sac vaginaux sont bien visibles (flèche).
Chapitre 22. IRM de l'appareil génital féminin    375

En séquence pondérée en T2, en période d'activité géni- La zone jonctionnelle n'est présente que dans 50 % des
tale, l'anatomie zonale de l'utérus apparaît avec plusieurs cas et le myomètre externe a un signal plus faible, voire
couches facilement distinctes les unes des autres, de l'inté- nettement en hyposignal par involution fibreuse. La dif-
rieur vers l'extérieur : férenciation zonale disparaît. Chez la femme ménopau-
■ au centre, l'endomètre est repérable grâce à sa richesse sée prenant une hormonothérapie substitutive, l'aspect
vasculaire et glandulaire sous la forme d'une bande de est identique à celui de la période d'activité génitale.
signal élevé et homogène. Son épaisseur varie de 2,5 à L'épaisseur de l'endomètre peut atteindre de 8 à 10 mm.
10 mm. Elle correspond à la muqueuse endométriale et Au-delà de cette valeur, il y a une suspicion d'hyperplasie
aux sécrétions dans la cavité. Elle est très mince après ou de néoplasie.
la menstruation et au début de la phase proliférative
(1 à 3  mm). Elle s'épaissit progressivement en phase Chez la femme sous contraception orale estroprogestative
sécrétoire pour atteindre 7 à 13 mm. Il est impossible En cas de traitement de type estrogénique prédominant,
d'apprécier la cavité, la muqueuse endométriale étant il y a une atrophie endométriale marquée. L'épaisseur du
confondue avec les sécrétions endométriales. Elle peut myomètre augmente et son intensité augmente également
simuler un épaississement de l'endomètre. Au cours de avec la pondération en T2 quelle que soit la phase du cycle.
la menstruation, le signal devient hétérogène à cause La zone jonctionnelle est fine ou absente. La distinction
des caillots ; entre myomètre et endomètre est parfois impossible. Sous
■ la zone jonctionnelle (ou myomètre interne) est une traitement progestatif, il y a une involution de l'ensemble
bande de signal faible entourant la cavité endomé- de l'utérus.
triale. D'après des travaux de corrélation histologique, En séquences dynamiques avec injection de contraste
elle appartient à la partie la plus interne du myomètre. (EG T1), la prise de contraste du myomètre est progres-
Son aspect serait dû à un contenu moins riche en eau sive mais plus intense et précoce que celle de l'endomètre.
avec peu d'espace extracellulaire, une augmentation Dans 60 à 70 % des cas, il y a un rehaussement précoce et
du nombre et de la taille des noyaux par rapport au intense de la zone jonctionnelle vers 30 secondes créant
reste du myomètre et un arrangement concentrique une bande sous-endométriale qui contraste entre l'endo-
des fibres musculaires lisses. Elle peut mesurer jusqu'à mètre et le reste du myomètre moins opacifié ; ailleurs,
10 mm d'épaisseur. En période prépubertaire, elle est c'est la moitié interne du myomètre qui se rehausse d'em-
parfois visible sous forme d'un mince liséré en hypo- blée ; enfin, plus rarement, c'est l'ensemble du myomètre
signal. Durant le cycle, elle évolue parallèlement à qui se rehausse d'emblée. L'endomètre a un rehaussement
l'endomètre mais de façon moins marquée. Cette par- progressif et tardif. Le contraste myomètre/endomètre est
tie musculaire est le siège de contractions au rythme de maximal à 2 minutes.
3 à 5 par minute. Celles-ci se dirigent vers le corps et
ont pour but la propagation des spermatozoïdes. Elles
sont parfois visibles sur une seule séquence de l'examen Col de l'utérus et paramètres
sous forme d'un épaississement localisé de la zone jonc- Bien que la longueur et l'orientation du col varient, il est
tionnelle ou une bande en hyposignal perpendiculaire à en règle mieux visualisé dans le plan axial que frontal.
cette dernière avec un bombement interne vers la cavité En séquence pondérée en T1, il est de signal identique
endométriale. Elles sont transitoires et non retrouvées ou légèrement inférieur au corps, avec parfois individua-
sur les autres séquences, ce qui permet d'affirmer qu'il lisation d'une bande périphérique en hyposignal net. En
ne s'agit pas d'une anomalie ; séquence pondérée en T2, il a un aspect en cocarde. On
■ le signal du reste du myomètre est intermédiaire à distingue au maximum quatre zones, de l'intérieur vers
élevé (myomètre externe). En histologie, il contient des l'extérieur :
espaces extracellulaires plus larges avec plus d'eau et des ■ une zone interne centrale en hypersignal correspondant à
noyaux de cellules plus petits. Les fibres musculaires la muqueuse endocervicale et aux sécrétions ;
lisses ont un arrangement longitudinal. Il augmente en ■ une structure frangée irrégulière correspondant aux plis
seconde partie du cycle. Le myomètre est souvent ponc- palmés, inconstante ;
tué d'hypersignaux dans son tiers externe qui corres- ■ une couche intermédiaire périphérique, annulaire, de
pondent à des lacs veineux ou des branches des artères signal faible, identique ou inférieur à celui de la zone
arquées. jonctionnelle. Elle correspond au stroma cervical. Sur
La largeur combinée du myomètre externe et de la le plan histologique, cette couche est distincte de la
zone jonctionnelle varie de 14 à 21  mm. Il existe une zone jonctionnelle. Elle est constituée d'une tunique
augmentation de l'épaisseur du myomètre en seconde musculaire, riche en tissu conjonctif et en fibres
phase du cycle. La différence d'intensité du signal entre élastiques ;
les deux parties du myomètre diminue durant la phase ■ une couche externe de signal identique à celui de la
sécrétoire. couche externe du myomètre. Elle n'est présente que
dans 30 % des cas. Elle est soumise aux mêmes varia-
Après la ménopause tions d'intensité en fonction du cycle que la couche
En séquence pondérée en T1, le signal est identique externe du myomètre. Elle correspond à des travées de
à celui de la période d'activité génitale. En séquence muscle lisse prédominant à la périphérie du col. Dans
pondérée en T2, l'endomètre est très mince ou absent. 70 % des cas, cette couche est en hyposignal, avec un
376   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

stroma cervical plus large créant un col comprenant Ligaments et fascias


trois ou deux zones (en fonction de la visibilité ou non Le ligament rond est souvent visualisé sous forme d'un
des plis palmés). hyposignal à la fois en séquences pondérées en T1 et T2.
Le paramètre est facilement distingué du stroma. Il a Le ligament utérosacré est à la limite de la visibilité à l'état
un hypersignal en séquence pondérée en T1, ponctué de normal.
multiples zones arrondies ou ovalaires en hyposignal cor-
respondant aux vaisseaux. Il a un signal moyen ou élevé en
séquence pondérée en T2. Les zones en hypersignal corres- Pathologie des organes génitaux
pondent à un flux lent dans les vaisseaux paramétriaux. Les féminins [4]
paramètres sont donc hétérogènes.
Après injection de gadolinium, l'espace paracervical L'IRM n'est pas la méthode d'exploration des affec-
et l'épithélium de la muqueuse interne sont augmentés de tions bénignes qui restent du domaine de l'échographie.
signal, tandis que le stroma demeure de faible intensité. Cependant, leur fréquence fait qu'elles sont retrouvées sur des
L'anatomie zonale est alors bien vue. examens effectués pour une autre indication. Leur descrip-
tion séméiologique doit donc être connue. L'endométriose
est une pathologie à part, où l'IRM a un rôle essentiel, en
Vagin particulier dans les formes sévères.
En séquence pondérée en T1, quel que soit le plan de coupe, L'IRM des cancers gynécologiques est confrontée
le vagin n'est pas bien individualisable par rapport à la paroi à un double défi  : bilan d'extension locorégionale et
postérieure de la vessie ou à la paroi rectale. Il a un signal recherche de récidive. L'IRM est la méthode la plus sen-
faible, homogène, avec parfois une zone centrale de signal sible pour l'extension pelvienne, mais elle n'apporte pas
légèrement supérieur. En séquence pondérée en T2, il est d'élément supplémentaire dans l'étude ganglionnaire. La
facilement séparé des autres structures. Le vagin présente recherche d'une extension métastatique à distance se fait
une paroi de faible intensité avec un centre en hypersignal par la TDM.
dû à l'épithélium et aux sécrétions. Les structures vasculaires
périvaginales périphériques sont volumineuses. Elles appa-
raissent en hypersignal à cause du flux lent, surtout pendant
Pathologie utérine bénigne [5]
la phase sécrétoire. Myomes (fig. 22.2 à 22.4)
Les myomes sont présents chez 20 à 50 % des femmes. Il
en existe trois types macroscopiques : les myomes inters-
Ovaires titiels ou intramuraux sont situés dans la paroi utérine,
Les ovaires sont constamment visualisés. En séquence entourés en totalité de myomètre normal ; les myomes
pondérée en T1, le stroma ovarien a une intensité faible sous-muqueux sont situés au contact de l'endomètre (sou-
à intermédiaire identique à celle du myomètre. En vent atrophique en regard) qu'ils refoulent ; les myomes
séquence pondérée en T2, le stroma central est en hypo- sous-séreux sont à développement exo-utérin, déformant
signal et le reste de l'ovaire est en isosignal par rapport les contours de l'utérus à base d'implantation large ou au
au myomètre. contraire pédiculée. Ils sont souvent multiples, avec plu-
Les follicules sont visualisés. Leur nombre varie de 2 sieurs types associés. Leur taille est variable, allant de
à 9 par ovaire et leur taille de 1 à 2 cm, rarement jusqu'à quelques millimètres à un volumineux utérus polymyo-
5 cm. Ils sont de signal faible en séquence pondérée en T1 mateux. Leurs complications sont fréquentes et variées. Il
et élevé en séquence pondérée en T2. Seuls 5 % d'entre eux peut s'agir d'une transformation œdémateuse, d'une nécro-
ont un hypersignal en T1 correspondant à une hémorragie biose avec transformation sclérohyaline secondaire (en cas
intrakystique. Leur paroi est fine et est visible ou non en de fibrome sous-séreux pédiculé avec torsion) ou encore
séquence pondérée en T2 sous forme d'un liseré en hypo- d'une transformation kystique. Les calcifications présentes
signal. Le corps jaune a une paroi épaisse et un contour après la ménopause sont banales, en règle volumineuses,
interne irrégulier. La présence d'un follicule dominant faci- regroupées en amas, centrales ou périphériques. Elles sont
lite la localisation des ovaires. surtout présentes après la ménopause.
Après injection de gadolinium, le stroma ovarien se L'échographie endovaginale permet l'identification des
rehausse moins que le myomètre dans les trois quarts des petits myomes interstitiels, mais elle est inefficace dès que
cas et de façon identique dans un quart des cas, en parti- le fibrome dépasse 5 cm ou en cas de gros utérus polymyo-
culier chez les patientes plus âgées. La paroi des kystes se mateux. Dans ces derniers cas, seule l'IRM en permet la
rehausse de façon discrète, sauf pour les corps jaunes où cartographie précise. L'échographie par voie suspubienne
il y a une prise de contraste intense et une paroi interne est utile pour détecter une éventuelle urétérohydronéphrose
irrégulière. par compression urétérale, mais elle peut être remplacée par
Chez la femme ménopausée, sans traitement substitu- l'uro-IRM.
tif, en séquence pondérée en T2, le signal est plus faible et L'aspect des myomes non dégénérés est pathogno-
homogène à cause d'une part de la présence d'une infiltra- monique  : signal identique ou légèrement plus faible
tion fibreuse et d'autre part de l'absence de follicules. Le que celui du myomètre en séquence pondérée en T1, et
rehaussement après injection est homogène et identique à masse arrondie en hyposignal franc avec contours régu-
celui du myomètre. liers et nets en séquence pondérée en T2 lorsqu'il s'agit
Chapitre 22. IRM de l'appareil génital féminin    377

a b
Fig. 22.2 Léiomyome interstitiel non compliqué. (a) Séquence T2, plan axial. Patiente de 45 ans. Le léiomyome est volumineux, non compliqué.
Il est situé dans le fond utérin et présente une discrète dégénérescence hyaline (étoile). Patiente sous contraception hormonale. Les deux ovaires
sont atrophiques (flèches). (b) Même patiente, séquence EG T1 après injection de contraste (3 minutes) ; plan sagittal. La prise de contraste est
inférieure à celle du myomètre avec quelques hétérogénéités (étoile).

Fig.  22.4 Léiomyome sous-séreux compliqué. Séquence T2, plan


axial. Présence d'un léiomyome sous-séreux (étoile) remanié avec
nécrose centrale débutante et hémorragique. Noter l'hypertrophie du
pédicule vasculaire paramétrial d'alimentation (flèche).
Fig.  22.3 Léiomyome interstitiel compliqué. Séquence T2, plan
sagittal. Patiente de 37 ans. L'utérus est rétroversé avec plusieurs petits
léiomyomes interstitiels simples en hyposignal homogène (étoiles) et lacis hyperintenses en séquence T2. En cas de remanie-
un volumineux léiomyome remanié du fond avec éléments hémorra- ments hémorragiques, il y a un hypersignal en séquence
giques (flèche). pondérée en T1. L'injection de produit de contraste per-
met de distinguer un fibrome dégénéré qui ne se rehausse
pas d'un fibrome cellulaire qui se rehausse massivement.
Dans tous les cas, il y a une prise de contraste périphé-
d'un fibrome à prédominance fibreuse, ou en signal rique régulière qui délimite une couronne circonscrivant
intermédiaire à élevé mais homogène lorsqu'il s'agit d'un la lésion. La nécrobiose aseptique est rare ; elle se traduit
fibrome à prédominance cellulaire (correspondant aux par une cavité centrale nécrotique hyperintense en T2,
fibromes très vascularisés en Doppler). L'IRM apprécie d'allure kystique et parfois hémorragique. Sa sympto-
leur nombre, leur taille et leur topographie. Les fibromes matologie clinique est bruyante. L'IRM permet un bilan
sous-séreux pédiculés ont un pédicule d'alimentation très précis de la localisation des lésions par rapport à la
souvent bien visible en IRM. Les vaisseaux paramétriaux cavité endométriale pour guider un geste de résection
sont hypertrophiés. endoscopique.
En cas de fibrome dégénéré, l'aspect est hyperintense Le diagnostic différentiel avec un sarcome est difficile,
en séquence pondérée en T2 et hétérogène avec une paroi fondé sur les arguments suivants : femme jeune, croissance
régulière de signal faible ou au contraire de signal élevé rapide, contours irréguliers de la masse, hypersignal en
correspondant à des éléments vasculaires. La dégénéres- séquence T2, sans couronne bien individualisée à l'injection
cence œdémateuse est très fréquente et se traduit par des de contraste.
378   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

Hypertrophie de l'endomètre Hydrosalpinx


Cette atteinte témoigne d'un état d'hyperestrogénie. Son En IRM, un hydrosalpinx peut simuler une formation kys-
diagnostic est essentiellement échographique et hystérosco- tique multicloisonnée, mais une analyse soigneuse des dif-
pique, à confirmer par des biopsies. férentes séries en T2 permet de reconnaître au sein d'une
Il en existe trois formes. L'hypertrophie simple corres- structure tubulaire liquidienne les replis tubaires sous forme
pond à un épaississement diffus de l'endomètre supérieur à de petites excroissances intraluminales.
15 mm, en période d'activité génitale. L'hypertrophie glan-
dulokystique présente de multiples petits kystes de 1 à 2 mm Endométriose [6, 7]
au sein d'un endomètre épaissi. Cette dernière est à distin- L'endométriose est fréquente, estimée à environ 10 % des
guer de l'atrophie kystique de l'endomètre qui correspond à femmes en période d'activité génitale. Il s'agit de tissu endo-
de multiples kystes endométriaux de quelques millimètres métrial ectopique (association de glandes et d'épithélium
qui, par effet de sommation, donnent une pseudo-hypertro- endométrial avec du stroma) situé à distance de l'endomètre,
phie. Cet aspect est quasi constant chez les patientes sous responsable de kystes et infiltrant les organes pelviens et les
traitement anti-estrogène (tamoxifène). En IRM, l'aspect de ligaments utérosacrés.
l'atrophie kystique de l'endomètre est également caractéris- Il en existe deux grandes catégories : interne ou adéno-
tique, démontrant bien les multiples formations kystiques. myose (invasion bénigne du muscle utérin par de l'endo-
L'identification d'une masse endométriale en son sein est mètre hypertrophique avec hyperplasie du muscle lisse)
aisée. et externe ou endométriose proprement dite sus- (ovaires,
En période postménopausique, l'endomètre est ≤ 5 mm péritoine) ou sous-péritonéale (antérieure dans le cul-de-sac
et compris entre 5 et 8 mm en cas de traitement substitutif. vésico-utérin ou postérieure dans le cul-de-sac de Douglas).
Le polype endométrial correspond à un amas de glandes Classiquement, l'endométriose externe atteint une femme
endométriales. Il présente un signal intermédiaire à élevé jeune alors que l'adénomyose est présente après 40 ans chez
en séquence IRM pondérée en T2, par opposition au fibro- une multipare ou un antécédent de gestes endo-utérins. Elle
myome sous-muqueux qui est en hyposignal. Son pédicule est retrouvée dans 50 % des hystérectomies. Son association
est parfois long et il peut contenir de petites zones kystiques. à une endométriose externe n'est pas exceptionnelle.
L'hystérosalpingographie n'est plus la principale méthode
Rétention intracavitaire pour le diagnostic de l'endométriose. Sa seule indication est
de vérifier de façon simple la perméabilité tubaire.
Il s'agit d'une accumulation de liquide secondaire soit à une
malformation, soit à une sclérose traumatique ou tumorale
de l'orifice interne ou externe du col. L'aspect est typique : Adénomyose (endométriose utérine)
formation liquidienne centrale avec souvent un amincis- (fig. 22.5 à 22.7)
sement diffus de l'épaisseur de la paroi utérine par com- L'adénomyose correspond à l'invagination, au sein du myo-
pression de celle-ci témoignant d'une rétention ancienne. mètre, d'îlots de muqueuse endométriale associés à une
Parfois, le contenu est hétérogène (en cas d'hématométrie hyperplasie des fibres musculaires lisses. Ils sont le siège de
ou de pyométrie). modifications à chaque cycle.
Il en existe deux aspects macroscopiques. La forme dif-
fuse, la plus fréquente, correspond à de multiples cryptes de
Kystes de Naboth glandes endométriales de 2 à 6 mm, invaginées dans le myo-
Ces kystes sont dus à la dilatation kystique des glandes mètre situées au contact de l'endomètre. Elles prédominent
endocervicales. De petite taille, ils sont bien identifiés sous au niveau du fond ou des bords. Elle entraîne une hypertro-
forme de petites masses kystiques de 3 à 10 mm situées près
du défilé endocervical, le plus souvent proche de l'orifice
externe du col.

Malformations utérines
Les malformations utérines sont complexes et volontiers
associées à des anomalies rénales. Il peut s'agir d'aplasie
utérine, d'utérus bicorne, d'utérus cloisonné ou encore
de malformations utérovaginales, et différentes classi-
fications ont été proposées. L'IRM est l'examen le plus
efficient pour définir les anomalies grâce au contraste
spontané en séquence pondérée en T2. Elle différencie
facilement les utérus bicornes (hypersignal endométrial
caractéristique) des utérus cloisonnés (septums intra-
Fig.  22.5 Adénomyose. Séquence T2. Plan axial oblique dans l'axe
utérins en hyposignal). Elle permet également de démon- de l'utérus. Période d'activité génitale, 1re  phase de cycle. Il existe
trer la présence des ovaires comme dans le syndrome de une hypertrophie de la zone jonctionnelle contenant des microkystes
Rokitansky-Kuster-Hauser (vulve normale, microvagin, (flèches). Petit kyste de Naboth cervical gauche. Présence de varico-
atrophie utérine, trompes et ovaires normaux et malfor- sités paramétriales bilatérales (têtes de flèche). L'annexe gauche est
mation rénale [5 % des cas]). atrophique.
Chapitre 22. IRM de l'appareil génital féminin    379

phie utérine. L'adénomyome est un nodule fibroglandulaire fibrome. L'adénomyome est parfois hyperintense en T1 et
mal limité, sans capsule périphérique, à l'inverse du fibrome. T2 (hémorragique) ou uniquement iso- ou hypo-intense en
L'IRM est un examen sensible et spécifique qui permet T1 et hyperintense en T2.
une délimitation très précise de l'anomalie. Elle est à réa- Les principaux diagnostics différentiels sont les contrac-
liser en dehors de la période menstruelle car cette période tions utérines qui sont transitoires et le léiomyome intersti-
est responsable d'un épaississement de la zone jonctionnelle. tiel (masse arrondie à contour net) et, rarement, une tumeur
L'utérus est globuleux avec des parois asymétriques et une adénomatoïde ou une métastase au corps utérin.
atteinte postérieure prédominante. Il montre un épaissis-
sement de la zone jonctionnelle (10 à 12 mm) contenant Endométriose externe
des îlots (kystes paracavitaires) en hypersignal en T1 et T2
L'endométriose externe est composée d'une part de kystes
(foyers hémorragiques) ou isosignal en T1, et hypersignal en
ovariens avec des nodules péritonéaux souvent petits,
T2 (foyers kystiques). Le contour externe de la zone jonc-
hémorragiques ou fibreux, et d'autre part de l'endométriose
tionnelle hypertrophiée est flou.
sous-péritonéale profonde antérieure ou postérieure.
Des formes kystiques exubérantes sont possibles.
L'adénomyome se traduit par une plage en hyposignal
le plus souvent, située dans le myomètre, mais à contour Kystes endométriosiques (fig. 22.8 à 22.10)
mal limité, sans pseudocapsule, ce qui la distingue d'un Ces kystes sont en règle typiques en échographie et l'IRM
n'intervient qu'en cas de doute ou dans le cadre d'une endo-
métriose sévère. La bilatéralité est fréquente, la multiplicité
également. Ces kystes sont volontiers volumineux. Ils sont
classiquement hyperintenses en T1 et homogènes avec
une chute du signal en T2 (image en miroir entre les deux
séquences ou shading), avec un dégradé d'intensité dû à la
présence d'hémosidérine et, classiquement, un contenu plus
sombre dans la partie la plus déclive dû à la sédimentation
des différents épisodes hémorragiques. La paroi est épaisse,
fibreuse en hyposignal et se rehausse après injection. Un
caillot peut présenter un hyposignal en séquences pondérées
en T1 et en T2 (dû à des hémorragies anciennes). Ces deux
aspects sont caractéristiques et ont une sensibilité et une spé-
cificité de plus de 90 %. Un hypersignal en T1 et en T2 n'est
pas rare et peut se rencontrer dans tout kyste hémorragique,
Fig.  22.6 Adénomyose de forme exubérante. Séquence T2, plan mais il n'a pas les autres caractéristiques du kyste endomé-
sagittal. Forme typique localisée dans le mur postérieur. triosique. Des lésions d'âges différents peuvent coexister.

Fig. 22.7 Adénomyome et léiomyomes. Patiente de 45 ans. (a) Séquence T2, plan sagittal. Utérus hypertrophié rétroversé avec adénomyome
dans le mur postérieur (flèche) et plusieurs léiomyomes interstitiels dont un plus volumineux peu remanié du mur postérieur également (étoiles).
Noter l'aspect morphologique très différent entre les deux entités. (b) Uro-IRM avec injection de produit de contraste, plan coronal. Il existe un
refoulement de l'uretère droit par un petit kyste hémorragique et l'uretère gauche est rectiligne. Il existe plusieurs petits kystes hémorragiques à
gauche. On note une compression extrinsèque des uretères au passage des vaisseaux iliaques avec minime hypotonie sus jacente.
380   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

Implants péritonéaux
Les implants sont au mieux visibles avec une séquence T1
avec saturation de la graisse. Ils se traduisent par un hypersi-
gnal pour ceux qui sont en phase hémorragique. La sensibi-
lité de l'IRM reste nettement inférieure à la cœlioscopie avec
une résolution voisine du centimètre.

Endométriose sous-péritonéale (fig. 22.11 à 22.13)


Le rôle majeur de l'IRM est la mise en évidence de l'endo-
métriose sous-péritonéale. Il s'agit d'un bloc tissulaire à
prédominance fibreuse et ponctué d'îlots hémorragiques. Il
est localisé soit dans le cul-de-sac vésico-utérin avec exten-
sion possible dans la paroi vésicale, soit dans le cul-de-sac
de Douglas avec atteinte du rectosigmoïde. L'atteinte anté-
rieure avec envahissement vésical est plus rare que l'atteinte
postérieure.
L'endométriose sous-péritonéale postérieure est une entité
à part (également improprement appelée endométriose de
la cloison rectovaginale) et sa localisation exacte reste en
discussion. Elle atteint le cul-de-sac de Douglas, le torus
Fig.  22.8 Kystes endométriosiques. Séquence T2, plan axial et les ligaments utérosacrés. Il s'agit d'une masse fibreuse
(a), frontal (b). Aspect typique de kissing ovaries. plus ou moins volumineuse en hyposignal en T2 à contours
spiculés responsables de tractus fibreux s'étendant dans la
cavité pelvienne avec plusieurs types d'atteintes. Ces exten-
sions fibreuses sont responsables d'une attraction des deux
ovaires et des kystes endométriosiques en postérieur vers la
ligne médiane en rétro-utérin réalisant un aspect typique
de kissing ovaries dans la littérature anglo-saxonne. Ces
masses fibreuses partent du torus, envahissent la paroi du
cul-de-sac vaginal ou entraînent une ascension de ce der-
nier avec déformation utérine (utérus verticalisé, figé sur
le bloc fibreux ou rétroversé). L'uro-IRM est indispensable
pour détecter une atteinte urétérale débutante qui évolue à
bas bruit, sa symptomatologie étant souvent confondue avec
celle de l'endométriose.
Enfin, cette masse fibreuse s'étend en postérieur vers la
paroi digestive du rectosigmoïde. Cette atteinte digestive est
un facteur de gravité du fait de son traitement chirurgical
Fig.  22.9 Kystes endométriosiques. Séquence T2, plan sagittal. délicat au vu du risque de fistule digestive postopératoire.
Les kystes endométriosiques présentent des sédiments hématiques L'échographie endocavitaire est performante pour le dia-
déclives dont l'aspect est fonction de leur ancienneté, entraînant un gnostic d'envahissement pariétal digestif si le nodule est bas
dégradé de nuance de gris (flèches). situé. L'IRM est également performante pour ce diagnostic,

Fig.  22.10 Kyste endométriosique. Séquence T2, plan sagittal. Il Fig. 22.11 Endométriose sous-péritonéale postérieure. Séquence
existe un volumineux kyste endométriosique à contenu hémorragique T2, plan axial. Il existe un nodule fibreux dans le ligament utérosacré
homogène récent (tête de flèche) et hydrosalpinx avec sédiment droit avec adhérence à la paroi digestive, sans envahissement pariétal
déclive (étoile). L'utérus est déformé par la fibrose pelvienne associée. (flèche).
Chapitre 22. IRM de l'appareil génital féminin    381

extrapelviennes (hépatique ou sous la coupole diaphragma-


tique, responsable de pneumothrax spontané).
Au total, si la plupart des atteintes endométriosiques sont
identifiables en échographie, l'IRM a l'avantage de faire le
bilan complet de la cavité pelvienne.

Pathologie utérine maligne


Cancer du col de l'utérus [8–11] (tableau 22.1
et fig. 22.14 et 22.15)
Généralités
Le cancer du col de l'utérus représente 10 % des cancers
chez la femme. Sa fréquence décroît grâce au dépistage et
au traitement des lésions in situ ou dysplasiques considé-
rées comme des précurseurs de cancer. Cette décroissance
Fig.  22.12 Endométriose sous-péritonéale postérieure. Patiente
devrait encore s'accentuer dans les prochaines années grâce
de 26  ans. (a) Séquence T2, plan frontal. Il existe une volumineuse à la vaccination systématique HPV (human papillomavirus).
masse endométriosique avec envahissement urétéral gauche (flèches). Les carcinomes épidermoïdes représentent 80 % des cancers
(b) Uro-IRM sans injection de contraste, plan sagittal oblique. Elle montre du col et les adénocarcinomes environ 20 %. Les sarcomes
parfaitement l'envahissement urétéral et la dilatation sus-jacente. sont exceptionnels.
Cette tumeur s'étend de proche en proche avec une
extension progressive à tout le col, puis une extension locale
dans le tissu cellulaire pelvien des paramètres, et ultérieure-
ment aux organes de voisinage (vessie, rectum, vagin) et au
corps utérin.
Son extension lymphatique est précoce dans les lym-
phatiques pelviens et souvent discontinue. En cas de

Tableau 22.1 Classification clinique des cancers


du col utérin selon la Fédération internationale
de gynécologie et d'obstétrique (FIGO), 2009.
Stade I : localisation stricte au col
IA : carcinome micro-invasif non visible macroscopiquement,
diagnostic histologique
IA1 : envahissement du chorion de 3 mm ou moins, largeur de
7 mm ou moins
IA2 : envahissement du chorion supérieur à 3 mm et < 5 mm,
largeur de 7 mm ou moins
IB : cancer visible à l'examen clinique ou de taille supérieure à
celle du IA2
IB1 : lésion de 4 cm ou moins de diamètre maximal
IB2 : lésion de plus de 4 cm de diamètre maximal
Fig. 22.13 Endométriose sous-péritonéale postérieure. Séquence Stade II : extension extra-utérine, sans atteinte paroi pelvienne
T2, plan sagittal. Il existe un volumineux nodule partant du torus à ou tiers inférieur vagin
développement postérieur avec envahissement de la paroi du moyen IIA : extension vaginale sans atteinte des paramètres
rectum (flèche) et du cul-de-sac vaginal, responsable d'une verticalisa- IIA1 : lésion de 4 cm ou moins de diamètre maximal
tion de l'utérus. IIA2 : lésion de plus de 4 cm de diamètre maximal
IIB : extension vaginale avec atteinte d'au moins un des
avec l'avantage de déceler des infiltrations plus profondes paramètres
dans toute la cavité pelvienne. Stade III : cancer étendu à la paroi pelvienne et/ou au tiers
Son développement en postérieur via les ligaments inférieur du vagin et/ou responsable d'une hydronéphrose ou
utérosacrés peut atteindre la paroi pelvienne et les struc- d'un rein muet
ture nerveuses qui y cheminent, entraînant des sciatalgies IIIA : cancer étendu au tiers inférieur du vagin sans atteinte des
invalidantes. parois pelviennes
IIIB : cancer étendu aux parois pelviennes et/ou hydronéphrose
L'endométriose sous-péritonéale antérieure est plus rare. ou rein muet
Elle siège dans le cul-de-sac vésico-utérin et envahit la paroi
vésicale. Stade IV : invasion de la vessie, du rectum et au-delà de la cavité
pelvienne
IVA : extension à la muqueuse de la vésicale et/ou à la muqueuse
Localisations plus rares rectale
Ces localisations sont soit pelviennes (cicatrice ou trous IVB : métastases à distance (cavité péritonéale, foie, poumons et
de trocarts d'une chirurgie antérieure, canal inguinal), soit autres)
382   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

Fig. 22.14 Néoplasme cervical. (a) Séquence T2, plan sagittal. Masse tumorale cervicale volumineuse envahissant le stroma cervical mais sans
atteinte des paramètres ou de la vessie sur cette coupe (flèche). (b) Séquence T2, plan frontal oblique. Cette autre orientation met en évidence la
rupture complète du stroma et une minime infiltration du paramètre droit (flèche).

a b c d
Fig. 22.15 Néoplasme cervical. Femme de 51 ans. (a) Séquence T2, plan sagittal. La masse tumorale cervicale est volumineuse, envahissant le
stroma cervical mais sans atteinte des paramètres ou de la vessie sur cette coupe (flèche). Elle entraîne une rétention intracavitaire par obstacle cervical
avec plusieurs îlots tumoraux sur l'endomètre (tête de flèche). (b) Séquence EG T1 avec injection (3 minutes), plan sagittal. On retrouve les nodules
endométriaux (tête de flèche) qui se rehaussent à l'injection éliminant des caillots (néoplasme cervical, flèche). (c) Plan axial, séquence T2. (d) Séquence
de diffusion b1000. Il existe une restriction de la diffusion dans le col mais également au niveau des îlots endométriaux (tête de flèche en c).

f­ ranchissement complet du col, il y a une atteinte micros- est comprise entre 1 et 3 cm et 50 % quand elle dépasse
copique des nœuds lymphatiques des paramètres dans 47 % 3  cm. Le franchissement de la frontière col–para-
des cas. La voie principale se termine au niveau du ganglion mètres est l'un des facteurs déterminants. À volume
moyen de la chaîne sous-veineuse du groupe iliaque externe égal, la fréquence des métastases ganglionnaires est
ainsi que dans les ganglions situés dans la bifurcation de l'ar- supérieure quand la tumeur a franchi la frontière col–
tère iliaque commune. Les voies accessoires cheminent dans paramètres. L'atteinte des paramètres se fait d'abord
le ligament large et se terminent dans les ganglions fessiers par micro-emboles lymphatiques ou veineux de petits
inférieurs du groupe iliaque interne, ou encore cheminent îlots tumoraux et secondairement de proche en proche.
dans les ligaments utérosacrés vers les ganglions sacrés et du Cela explique la faible sensibilité des méthodes d'ima-
promontoire puis lombo-aortiques. L'extension ganglion- gerie dont la résolution ne permet pas de détecter ces
naire est le facteur pronostique principal. La survie relative micro-emboles ;
à 5 ans passe de 84 à 93 % pour les stades I, à 75 % pour les ■ le volume tumoral. La fréquence des métastases gan-
stades II, puis décroît entre 59 et 68 % pour les stades III et glionnaires passe de 10 % quand la tumeur est inférieure
35 % pour les stades IV. Le taux de survie chute à moins de ou égale à 1,3 cm3, à 52 % quand elle est supérieure ou
30 % en présence de métastases ganglionnaires, tous stades égale à 20 cm3. Le facteur le plus important est le rapport
confondus. Les chances de survie sont trois fois moindres volume tumoral/volume du col.
lorsque l'envahissement est bilatéral. Enfin, l'extension dans la cavité utérine est un facteur de
Les facteurs de risque de l'extension ganglionnaire sont : mauvais pronostic.
■ l'extension en profondeur dans le col. Sa fréquence L'extension hématogène est plus rare, présente seulement
passe de moins de 1 % quand la pénétration dans le dans les stades très tardifs ou en cas de récidive. Elle siège,
stroma cervical est inférieure à 3 mm, à 10 % quand la par ordre de fréquence décroissante, au niveau des os, pou-
pénétration reste inférieure à 1 cm, à 25 % quand elle mons, cerveau et foie.
Chapitre 22. IRM de l'appareil génital féminin    383

Imagerie IRM 60 à 78 % et environ 15 % de faux négatif. Dans ce contexte,


Les indications de l'imagerie ont longtemps été restreintes l'évaluation est à programmer entre 4 à 6 semaines après
car l'indication opératoire est posée sur l'examen clinique et le traitement afin de minimiser au maximum les remanie-
le bilan était réalisé au moment de l'intervention chirurgi- ments inflammatoires, avec le même protocole (au mieux
cale (colpo-hystérectomie élargie avec lymphadénectomie dans le  même centre) que l'examen initial, et son inter-
bilatérale). Actuellement, les imageurs IRM de dernière prétation se fait avec l'examen préthérapeutique. L'IRM
génération fournissent des détails anatomiques très précis est performante pour détecter une récidive locale après
indispensables au choix thérapeutique, à savoir chirurgie chirurgie, avec une sensibilité voisine de 80 % devant une
première en cas de stade IB-IIA et radiothérapie première en masse hétérogène, hyperintense en T2 et qui se rehausse
cas de stase ≥ IIB. L'IRM est également indiquée comme après injection. La fibrose est habituellement en hyposignal
point de départ pour la surveillance si une radiothérapie en séquence pondérée en T2 et ne se rehausse pas, sauf s'il
exclusive est envisagée, ou encore pour centrer la radiothé- s'agit d'une fibrose récente, encore inflammatoire (moins
rapie en cas de grosse tumeur (volume tumoral, rapports). de 6 mois après le traitement). Dans ces deux contextes, la
La spécificité de l'IRM est identique à celle de l'examen séquence de diffusion est particulièrement utile (augmen-
clinique et sa sensibilité y est supérieure. tation de la diffusion en cas de traitement radiothérapique
L'examen IRM est actuellement la meilleure technique efficace ou masse avec réduction de la diffusion en cas de
d'imagerie pour la visualisation de la tumeur et surtout pour récidive après chirurgie).
réaliser le bilan d'extension tumorale. En séquence pondérée
en T1, il existe une déformation en hyposignal des contours Tumeurs du corps utérin [12] (tableau 22.2
du col si elle est volumineuse. Sur les séquences pondérées et fig. 22.16 à 22.19)
en T2, il existe un hypersignal tumoral relatif homogène Tumeurs de l'endomètre
ou hétérogène. Les critères d'extension paramétriale sont C'est la deuxième cause de cancer génital après le cancer du
fondés sur l'identification du stroma cervical en hyposignal sein. Celui-ci survient chez les femmes après la ménopause
qui contraste bien avec la tumeur. La réalisation de plans classiquement obèses, diabétiques et hypertendues. Le prin-
de coupe adaptés à l'orientation du col (grand et petit axes) cipal facteur de risque reconnu est l'hyperestrogénie. D'autres
est fondamentale pour minimiser le phénomène de volume facteurs de risque sont désormais reconnus  : nulliparité,
partiel et donner les dimensions exactes de la lésion. La per- règles précoces/ménopause tardive, exposition aux estrogènes
sistance d'un liseré d'hyposignal péritumoral correspondant seuls, prise de tamoxifène. Des métrorragies sont révélatrices
au stroma cervical permet d'éliminer un envahissement dans 90 % des cas. Cette symptomatologie, inquiétante chez
paramétrial. Néanmoins, l'absence d'un tel liseré ne signi- une femme ménopausée, alerte la patiente et permet le dia-
fie pas forcément qu'il existe une extension extracervicale. gnostic à un stade encore précoce. Il s'agit dans 90 % des
L'extension vaginale se traduit par la disparition de l'hypo- cas d'un carcinome endométriode caractérisé par le grade
signal vaginal.
La sensibilité pour l'envahissement des paramètres est de
40 % à l'examen clinique mais de 84 % pour l'IRM [10]. Tableau 22.2 Classification FIGO 2009 des cancers
L'atteinte urétérale se fait par envahissement direct par la de l'endomètre et correspondance avec la
classification TNM 2009.
tumeur ou par infiltration lymphatique microscopique des
paramètres. Dans ce dernier cas, la dilatation urétérale est Stade I : tumeur limitée au corps utérin (T1)
isolée, sans contact direct avec la tumeur, mais traduit mal- IA : tumeur limitée à l'endomètre ou ne dépassant pas la moitié
gré tout l'atteinte urétérale. du myomètre (T1a )
L'envahissement de la vessie et du rectum est suspecté
IB : tumeur envahissant la moitié du myomètre ou plus de la
devant l'interruption du liseré graisseux périvésical ou moitié du myomètre (T1b)
périrectal ainsi que des parois musculaires normalement
hypo-intenses. Le plan sagittal est le plus contributif pour Stade II : tumeur envahissant le stroma cervical mais ne
s'étendant pas au-delà de l'utérus (T2)
ce diagnostic.
L'examen clinique a une sensibilité de 53 % pour le dia- Stades III* : extension locale et/ou régionale comme suit (T3
gnostic de stade avancé et 79 % en IRM [10]. et/ou N1)
L'atteinte de la paroi pelvienne est suspectée quand le IIIA : séreuse et/ou annexes (T3a)
liséré graisseux avec les muscles est de 5 mm et qu'il s'y asso- IIIB : envahissement vaginal et/ou paramétrial (T3b)
cie une modification du signal de la graisse pelvienne.
IIIC : atteinte des ganglions lymphatiques régionaux (N1)
L'injection de produit de contraste n'améliore pas l'effica-
cité globale qui est de 80 à 90 %. IIIC1 : ganglions pelviens
Le seul critère d'extension lymphatique est l'existence IIIC2 : ganglions para-aortiques ± ganglions pelviens
d'adénomégalies définies comme des ganglions de diamètre Stades IV : extension à la muqueuse vésicale et/ou intestinale
supérieur à 8 mm de petit axe dans le plan axial quelle que et/ou métastases à distance (T4 et/ou M1)
soit la méthode d'imagerie. La sensibilité de ce critère est
IVA : extension à la muqueuse vésicale et/ou intestinale (T4)
faible. L'imagerie de diffusion est encore en évaluation dans
la caractérisation bénin/malin des ganglions pelviens. IVB : métastases à distance incluant les métastases intra-
Pour l'évaluation de la réponse au traitement après radio- abdominales (M1)
et/ou ganglions inguinaux
thérapie, l'IRM est d'analyse difficile avec une sensibilité de
384   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

­ istopathologique, et dans 10 % des cas d'un carcinome non


h
endométriode de type mülléroblastome. Cette dernière forme
histologique est en règle une découverte de l'examen anato-
mopathologique. Le diagnostic est posé par l'analyse histo-
logique des prélèvements endo-utérins réalisés par curetage,
associée ou non à une hystéroscopie. Cette dernière apprécie
l'extension de la tumeur au niveau de l'endocol.
Il y a trois voies de dissémination :
■ directement vers le myomètre adjacent puis la séreuse
utérine et la cavité péritonéale, ou encore vers l'endocol,
le vagin et tardivement les paramètres. Le degré de péné-
tration dans le myomètre est le facteur pronostique le plus
important. Il n'est pas proportionnel au volume tumoral.
La survie à 5 ans passe de 94 % en cas d'atteinte endomé-
triale isolée à 85 % en cas d'invasion myométriale inférieure
Fig.  22.16 Néoplasme endométrial. Patiente de 55  ans, sous à 50 % de son épaisseur (avec 4 % de récidives, 5 % d'enva-
traite­ment substitutif. Séquence T2, plan sagittal. Présence d'une
hissement ganglionnaire) et à 60 % en cas d'envahissement
masse endométriale sans atteinte du myomètre (flèche). Petit léio-
myome interstitiel (tête de flèche).
myométrial supérieur à 50 % de son épaisseur (avec 8 % de
récidives, 40 % d'envahissement ganglionnaire) ;

Fig. 22.17 Néoplasme endométrial. (a) Séquence T2, plan sagittal. Volumineuse masse tumorale endométriale envahissant le myomètre en
antérieur à plus de 50 % (flèche) et avec extension dans l'isthme et le canal cervical (tête de flèche). (b) Séquence T2, frontale oblique dans le
grand axe de l'utérus. Elle confirme l'atteinte étendue du myomètre (flèche).

Fig. 22.18 Néoplasme endométrial. (a) Séquence T2, plan sagittal. Volumineuse masse endométriale entraînant une hypertrophie utérine avec
amincissement du myomètre par compression, mais sans envahissement de ce dernier ; extension à l'endocol (flèche). (b) Séquence EG T1 avec
injection (1  minute), plan sagittal. La tumeur est nécrotique mais le myomètre aminci reste régulier (flèche). (c) Cartographie  ADC (séquence
diffusion b1000) : elle montre la réduction importante de la diffusion dans la partie tumorale tissulaire (étoile).
Chapitre 22. IRM de l'appareil génital féminin    385

■ la voie lymphatique comprend une voie principale et au myomètre et au col. Sur les séquences pondérées en T2,
deux voies accessoires. Le drainage du corps utérin se fait l'envahissement du myomètre se traduit par un amincisse-
de haut en bas, c'est-à-dire du corps vers le col. Les collec- ment localisé, irrégulier de ce dernier et/ou une disparition
teurs principaux du corps se confondent avec ceux du col, localisée de la zone jonctionnelle (signe inconstant car cette
aboutissant soit aux ganglions moyens du groupe sous- dernière n'est pas toujours présente après la ménopause).
veineux de la chaîne iliaque externe, soit dans le ganglion L'injection de produit de contraste est préconisée pour le
de la bifurcation iliaque. En sus de cette voie principale, il diagnostic d'envahissement du myomètre et en apprécier au
existe deux voies accessoires : la voie lombo-aortique au mieux la profondeur (inférieure ou supérieure à 50 %, voire
contact de la terminaison de la veine ovarienne et la voie au contact de la séreuse péritonéale). Elle sera réalisée en
inguinale dont les collecteurs suivent le ligament rond phase dynamique EG T1 fat sat dans le plan de coupe le plus
pour aboutir aux ganglions inguinaux superficiels. La adapté et tardive à 5 minutes dans les trois plans en tenant
fréquence des envahissements ganglionnaires est voisine compte de l'orientation de l'utérus. L'interruption de la prise
de zéro pour les tumeurs non infiltrantes, de 10 % pour de contraste de la bande sous-endométriale est un signe très
les tumeurs infiltrant moins de la moitié de l'épaisseur du sensible lorsqu'il existe.
myomètre et de 30 % pour les tumeurs infiltrant plus de La prise de contraste de la tumeur est inférieure à celle
la moitié de l'épaisseur du myomètre ; du myomètre en phase tardive et se rehausse plus tardive-
■ la voie hématogène est tardive dans les stades avancés. ment. Cependant, dans certains cas, les séquences T2 avec
Les localisations les plus fréquentes sont pulmonaires, de multiples orientations sont suffisantes pour voir l'atteinte
hépatiques et osseuses. du myomètre.
Les facteurs pronostiques sont au nombre de cinq : un Un amincissement diffus mais régulier et à bords nets
grade élevé, la taille de la lésion, l'extension dans le myo- correspondant à une compression du myomètre par une
mètre, l'extension au col et l'extension ganglionnaire. volumineuse tumeur ne traduit pas une extension massive.
La valeur de l'IRM pour le diagnostic d'atteinte ≥ 50 %
Imagerie du myomètre est de 71 % en sensibilité, 86 % en spécificité,
L'imagerie en coupes effectue le bilan locorégional, à savoir 77 % en valeur prédictive positive et 83 % en valeur prédic-
l'envahissement du myomètre qui guide la technique chirur- tive négative ; pour l'extension cervicale, sa sensibilité est de
gicale (ou voie haute avec curage), une hystérectomie par 41 %, sa spécificité de 97 %, sa valeur prédictive positive de
voie vaginale sans curage ganglionnaire. Le bilan d'exten- 71 % et sa valeur prédictive négative de 89 %.
sion est réalisé pendant l'intervention chirurgicale. Les mulléroblastomes ont un aspect identique en image-
L'examen IRM est incontestablement le plus performant rie, mais leur invasion myométriale est plus rapide et le fait
pour l'extension myométriale et pelvienne. d'une tumeur en règle plus petite. Le contexte clinique est
Si la lésion est de petite dimension ou a été enlevée au identique.
cours du curetage, elle n'est pas visible et il est aisé d'affir-
mer l'intégrité du myomètre. Ailleurs, il s'agit d'une cavité Pathologie de l'ovaire [13, 14]
élargie à contenu hyperintense en séquence pondérée en (tableau 22.3 et fig. 22.20 à 22.25)
T2. Les tumeurs volumineuses présentent des plages de Les tumeurs ovariennes sont réparties en deux grands
nécrose hémorragique (hyperintense en T1 et en T2) ou groupes : les tumeurs primitives en représentent 95 % et
encore des zones de rétention liquidienne. L'intérêt de les métastases 5  %. À l'intérieur du groupe des tumeurs
l'IRM est de préciser les limites de la tumeur par rapport primitives, les tumeurs bénignes occupent 80 % des cas et

Fig.  22.19 Mulléroblastome et volumineux léiomyome interstitiel du mur postérieur (étoile). (a) Séquence T2, plan coronal. Masse
irrégulière avec infiltration du myomètre imprécise sur cette orientation (flèches). Le léiomyome présente des remaniements hyalins d'importance
moyenne. (b) Séquence T2 fat sat, plan sagittal oblique dans l'axe de l'utérus. L'envahissement du myomètre est complet (flèches) et la lésion
s'étend jusqu'à l'isthme (tête de flèche). Masse endométriale avec atteinte du myomètre.
386   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

Tableau 22.3 Stadification chirurgicale des les tumeurs malignes 15 % des cas. Les tumeurs bénignes
tumeurs épithéliales de l'ovaire – Classifications surviennent chez la femme jeune, avant la ménopause. Les
FIGO (2002)–TNM (2009) tumeurs malignes atteignent les femmes plus âgées. Les can-
I T1 Tumeur limitée aux ovaires
cers de l'ovaire représentent 6 % des cancers chez la femme.
IA T1a Tumeur limitée à un seul ovaire avec capsule intacte La latence clinique des cancers de l'ovaire explique leur
IB T1b Tumeurs des deux ovaires, capsules intactes
IC T1c Rupture capsulaire ou tumeur à la surface ovarienne ou
cellules malignes dans le liquide d'ascite ou de lavage péritonéal
II T2 Tumeur ovarienne étendue au pelvis
IIA T2a Extension à l'utérus et/ou aux trompes
IIB T2b Extension aux autres organes pelviens
IIC T2c Extension pelvienne avec cellules malignes dans le liquide
d'ascite ou de lavage péritonéal
III T3 et/ou N1 Métastases péritonéales au-delà du pelvis et/ou
adénopathies régionales
IIIA T3a Métastases péritonéales microscopiques
IIIB T3b Métastases péritonéales macroscopiques < 2 cm
IIIC T3c et/ou N1 Métastases péritonéales > 2 cm et/ou
adénopathies régionales
Fig.  22.22 Cystadénocarcinome ovarien gauche. Séquence T2,
IV M1 Métastases à distance (autres que les métastases
plan axial. La masse est mixte avec une composante tissulaire impor-
péritonéales)
tante (flèche).

Fig. 22.20 Cystadénome séreux. (a) Séquence ES T1, plan sagittal. Le contenu est hémorragique ancien et il existe de petites végétations parié-
tales (flèches). (b) Séquence T2, plan axial. Les végétations pariétales sont en hypersignal (flèches).

Fig. 22.21 Tératome kystique. (a) Séquence T1, plan axial. Son contenu est en hypersignal graisseux et il existe des nodules et des hétérogénéités
intrakystiques (flèche). (b) Séquence T2 fat sat, plan sagittal. Le contenu graisseux est sans signal. Noter l'aspect différent du tissu graisseux pelvien
qui présente un signal faible dû à son contenu tissulaire avec septums et cloisons entre les lobules graisseux par opposition à la graisse intralésion-
nelle continuée de liquide graisseux (flèches).
Chapitre 22. IRM de l'appareil génital féminin    387

Fig. 22.23 Cystadénocarcinome ovarien bilatéral volumineux. Séquences T2, plan axial (a) et sagittal (b) et séquences T1 fat sat (c) et T2
fat sat (d). Ces différentes séquences montrent l'hétérogénéité de la tumeur avec multiples végétations et hémorragies intrakystiques (flèches).

En dehors du contexte de l'urgence, il s'agit d'une décou-


verte fortuite ou motivée par des douleurs. L'échographie
suffit au diagnostic, mais les kystes sont fréquemment
retrouvés sur une IRM réalisée pour un autre motif.
■ Le kyste folliculaire a une dimension qui varie de 3 à
8 cm. Il est à contenu liquidien, homogène avec une paroi
fine. Il peut contenir quelques très fines cloisons. Il est
identique à un cystadénome séreux uniloculaire lorsqu'il
est volumineux (5 à 10 cm). Seule sa régression dans le
temps permet le diagnostic différentiel.
■ Le kyste lutéinique est en règle plus petit. Il est centro-
ovarien, à contour net et à paroi épaisse, crénelée et très
vascularisée.
Une hémorragie intrakystique est fréquente en hyper/
Fig. 22.24 Cystadénocarcinome ovarien bilatéral avec ascite car- hyposignal T1 et hyper-/hyposignal T2 en fonction de
cinomateuse. Séquence T2, plan axial. Les deux ovaires tumoraux sont l'ancienneté de l'hémorragie. Des caillots sont en hypo- ou
atrophiques mais tumoraux (flèches). L'ascite est abondante (étoile). hypersignal T1 et T2, sans rehaussement à l'injection.
La pathologie fonctionnelle endocrinienne est dominée
par le syndrome des ovaires micropolykystiques qui associe
découverte tardive devant une grosse masse déjà de stade une oligospanioménorrhée à des signes plus ou moins mar-
avancé dans presque 75 % des cas. qués d'hyperandrogénie. Il s'agit d'ovaires globuleux, aug-
Les tumeurs primitives de l'ovaire sont nombreuses. Elles mentés de taille et contenant une multitude de microkystes
sont issues des différents tissus constituant l'ovaire. périphériques avec hypertrophie du stroma en hyposignal
Les tumeurs épithéliales provenant de l'épithélium de T2. Tous ces éléments sont également diagnostiqués en
surface sont les plus fréquentes. Elles sont bénignes à 80 %, échographie endocavitaire. Cette pathologie est à distinguer
et 20 % sont à malignité atténuée « borderline » ou franche- des ovaires multifolliculaires observés dans les anovulations
ment malignes. Quatre-vingt-dix pour cent des cancers hautes : ovaires de taille normale avec des microfollicules
de l'ovaire sont d'origine épithéliale. La TDM a l'avantage moins nombreux et un stroma normal. L'IRM est intéres-
d'explorer en un seul examen l'ensemble de la cavité abdo- sante dans un contexte d'obésité.
minopelvienne. L'IRM a d'excellentes performances pour
l'analyse et la caractérisation des tumeurs de l'ovaire. La Tumeurs organiques bénignes
TDM détecte les petites calcifications et le tissu graisseux
même en quantité minime. Devant une grosse masse pel- Cystadénome séreux (fig. 22.20)
vienne, la distinction entre une masse d'origine ovarienne C'est la tumeur épithéliale bénigne la plus fréquente. Elle
et un léiomyome sous-séreux pédiculé est parfois difficile représente environ 30 % des tumeurs de l'ovaire.
et repose sur deux c­ ritères qui sont en faveur de l'origine
ovarienne  : identifier le trajet de la veine ovarienne, en Aspect macroscopique
règle hypertrophiée et son point de départ ovarien ; iden- Le cystadénome est typiquement uniloculaire à paroi fine
tifier l'uretère qui est classiquement refoulé en arrière et (1  mm ou moins), contenant un liquide clair, et mesure
en dehors. Cependant, en pratique, toutes les masses ova- moins de 10 cm. Dans 50 % des cas, il contient de fins sep-
riennes non fonctionnelles ou mal étiquetées seront explo- tums et/ou de petites projections papillaires de moins de
rées chirurgicalement et le diagnostic posé par l'anatomie 5 mm. Il est rarement multiloculaire. Il est bilatéral dans
pathologique de la pièce. 20 % des cas.

Imagerie
Pathologie bénigne
Dans 75 % des cas, c'est une formation kystique à paroi fine,
Kystes fonctionnels de signal homogène. Elle peut présenter de minimes îlots
Les kystes fonctionnels disparaissent ou diminuent de calcifiés dans la paroi qui sont évocateurs, mais identifiables
volume après les règles ou pendant un traitement hormonal. seulement en TDM.
388   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

Fig. 22.25 Cystadénocarcinome ovarien. (a) Plan axial, séquence T2 fat sat. (b) Séquence EG T1 après injection de contraste (3 minutes). Les
nodules de carcinomatose sont bien identifiés (flèches). L'ovaire tumoral gauche est atrophique et tumoral (têtes de flèche). (c, d) Séquence de
diffusion avec la cartographie ADC (b1000). La réduction de la diffusion est importante (flèches).

Ailleurs, aucun élément morphologique ne distingue C'est la diffusion métastatique intrapéritonéale du liquide
la tumeur d'un kyste fonctionnel s'il est inférieur ou égal à mucoïde. Elle est également appelée maladie gélatineuse
8 cm. Dans 25 % des cas, le kyste est multiloculaire et, sur- du péritoine. L'épanchement est souvent important. Son
tout, il peut contenir de petites végétations qui ne peuvent signal est élevé en T1, avec des cloisonnements et une indi-
être de façon formelle différenciées des végétations malignes vidualisation de kystes de contenus différents, des encoches
même si, dans cette tumeur bénigne, elles sont théorique- hépatiques et un refoulement latéral des anses grêles. La
ment petites et peu nombreuses. Les végétations ont un péritonite gélatineuse est une complication peu fréquente
signal proche de celui du muscle en T2 et se rehaussent après des cystadénomes mucineux (7 % des cas).
injection. La mise en évidence d'un ovaire normal du même
côté permet d'évoquer le diagnostic de kyste para-ovarien Tératome kystique bénin ou kyste dermoïde ou tératome
ou paratubaire. mature bénin (fig. 22.21)
Le tératome kystique bénin constitue 20 % de l'ensemble des
Cystadénome mucineux tumeurs ovariennes et 95 % des tumeurs germinales. Il sur-
Celui-ci représente 20 % des tumeurs ovariennes et 30 % des vient chez la femme jeune.
tumeurs épithéliales bénignes.
Aspect macroscopique
Aspect macroscopique C'est une formation kystique avec une paroi d'origine
Typiquement, c'est une formation multiloculaire contenant ectodermique à laquelle est appendue une formation fai-
des liquides de nature différente (séreux, mucineux, hémor- sant saillie à l'intérieur du kyste appelée protubérance de
ragique) à contour externe bosselé et de grande taille, en Rokitansky. Cette dernière contient des dérivés des trois
règle supérieure à 10 cm. Les cloisons sont fines, voisines de feuillets embryonnaires avec possibilité de dent ou calci-
2 mm, ou parfois plus épaisses (plus épaisses que dans le cys- fication ou encore de cartilage, de tissu adipeux, de tissu
tadénome séreux) mais régulières. Il n'y a pas de végétation. conjonctif et/ou de phanères. L'intérieur du kyste contient
Il y a souvent de multiples logettes « en nid d'abeille ». La du sébum qui est un liquide de type graisseux. Cette graisse
tumeur est rarement bilatérale (5 % des cas). Elle est tapissée mélangée aux phanères peut aboutir à la création de boules
d'un épithélium cylindrique qui produit de la mucine. Ces de phanères. La protubérance de Rokitansky développée aux
tumeurs mucineuses sont associées à un kyste dermoïde à dépens de la paroi interne est caractéristique du kyste der-
l'intérieur du même ovaire dans 5 % des cas. Plus rarement, moïde. La tumeur est le plus souvent unilatérale, rarement
la tumeur est uniloculaire ou multiloculaire mais avec des bilatérale (10 % des cas) et en règle inférieure à 15 cm de
loculations de contenu identique. diamètre. Elle contient de la graisse dans 93 % des cas, des
En échographie, le cystadénome mucineux est multilo- calcifications ou des dents dans 65 % des cas. Il y a une asso-
culaire, volumineux, contenant des liquides d'échogénicité ciation non exceptionnelle avec une tumeur mucineuse. La
différente, mesurant 1 à 2 mm et il est vascularisé à l'examen transformation maligne se produit dans 2 % des cas. Elle se
Doppler. fait à partir de la protubérance de Rokitansky. Il s'agit, dans
En IRM, il s'agit d'une volumineuse masse à contour 75 % des cas, d'un carcinome épidermoïde presque toujours
externe bosselé, multiloculaire, contenant des liquides d'in- invasif.
tensité différente, classiquement sans végétation ni portion
solide. Le contenu riche en protéines entraîne des signaux Imagerie
élevés en séquence pondérée en T1 et T2. La paroi et les cloi- La TDM est le meilleur examen pour la détection et la carac-
sons sont plus épaisses et se rehaussent de façon modérée térisation de ces tumeurs, bien que la morphologie des dents
après injection avec un contenu qui reste inchangé. La spé- soit plus facile à reconnaître sur le mode radiographique. Le
cificité de l'IRM est voisine de 60 %. En effet, des tumeurs diagnostic est porté dans 98 % des cas.
borderline ou même malignes peuvent avoir les mêmes En IRM, l'aspect est caractéristique devant un hyper-
caractéristiques. L'injection de produit de contraste précise signal en séquence pondérée en T1, dû au tissu graisseux,
l'absence de végétation ou de portion solide. mais d'intensité différente de la graisse sous-cutanée ou
La rupture de cette tumeur peut causer un pseudo- intra-abdominale. Le problème essentiel est de différencier
myxome péritonéal métastatique ou ascite mucineuse. un kyste hémorragique d'un kyste dermoïde, tous deux étant
Chapitre 22. IRM de l'appareil génital féminin    389

en hypersignal en séquence pondérée en T1. L'utilisation de Aspect IRM


séquences de suppression de la graisse est fondamentale. Le Le fibrome ovarien pur est une tumeur solide proche de
signal d'un kyste hémorragique demeure inchangé alors que l'intensité du myomètre ou inférieure à celle-ci en T1 avec
celui du kyste dermoïde chute. Les calcifications sont moins un hyposignal marqué homogène ou légèrement hétérogène
bien visibles en hyposignal T1 et T2. Un autre argument en avec des spots en hypersignal par remaniements œdéma-
faveur du kyste dermoïde est la présence d'un artéfact de teux en séquence pondérée en T2. Sa prise de contraste en
déplacement chimique à l'intérieur de la masse en sa partie séquence dynamique est très faible et tardive, à la différence
tissulaire et graisseuse. L'étude de la protubérance, des calci- d'un léiomyome sous-séreux pédiculé qui a une prise de
fications ou des dents reste moins précise qu'en TDM. contraste identique à celle du myomètre.
Les kystes dermoïdes ont des pédicules d'implantation
classiquement longs. De ce fait, ils peuvent se situer dans
l'abdomen ou en avant du ligament large, loin de celui-ci. La Tumeur de Brenner
complication la plus fréquente est la torsion (15 % des cas). Cette tumeur représente 1 % des tumeurs de l'ovaire. Il s'agit
Elle se traduit en imagerie par un épaississement de la paroi d'une tumeur solide de petite taille essentiellement com-
de la tumeur et de l'annexe avec stase veineuse. La rupture est posée de tissu conjonctif. Elle peut être en partie calcifiée.
rare. Dans quelques cas rapportés de kyste dermoïde malin, Dans 30 % des cas, il y a une autre lésion du type cystadé-
la paroi tumorale est épaisse et la protubérance massive, irré- nome mucineux ou tératome localisé dans l'ovaire homola-
gulière, prenant de façon très intense le produit de contraste. téral. De 5 à 7 % des tumeurs de Brenner sont bilatérales. En
À part, le tératome monodermique hautement spécialisé IRM, cette tumeur est souvent confondue avec un myome
de type goitre ovarien ou struma ovarii est composé exclusi- sous-séreux pédiculé et calcifié. Il n'existe qu'une prise de
vement ou majoritairement de tissu thyroïdien. contraste modérée sur les séquences tardives.
Il est rare (5 % des tératomes), toujours bénin et sur-
vient dans la 5e décennie. Il est soit solide, soit mi-solide, Kyste para-ovarien
­mi-kystique avec pour conséquence un aspect IRM variable, Il s'agit d'une masse liquidienne volumineuse et unilocu-
mais certaines caractéristiques sont évocatrices : zones d'hy- laire. Il est développé aux dépens du mesovarium ou des
posignal franc en T1 et T2 (présence de colloïde) ; portions reliquats embryonnaires. Il est nettement séparé de l'ovaire
solides hypervasculaires. S'il prend un aspect multicloi- en échographie. Sa localisation est impossible à affirmer en
sonné avec des liquides de signaux différents, il peut simuler TDM. Son diagnostic est toujours chirurgical.
une tumeur épithéliale mucineuse.
I l s ' a c c o mp a g n e e x c e p t i o n n e l l e m e nt d ' u n e Tumeurs borderline ou de malignité atténuée
hyperthyroïdie. Le diagnostic d'une tumeur épithéliale à faible potentiel de
malignité ou de type borderline repose sur des caractères
Cystadénofibrome purement anatomopathologiques comportant des critères
Le cystadénofibrome est rare et classiquement multikys- cytologiques de malignité sans envahissement du tissu
tique avec des zones d'épaississement en hyposignal T2 égal conjonctif sous-jacent, contrairement aux cancers. Il existe
au muscle. À l'injection de gadolinium, sa prise de contraste plusieurs arguments en imagerie évocateurs de malignité qui
faible est retardée par rapport au myomètre, ce qui est en sont : un rapport liquide/solide faible, des végétations exo-
faveur de la bénignité. kystiques et la présence de vaisseaux intratumoraux détec-
tés en angioscanner. Mais une lésion ne contenant que des
Tumeurs fibrothécales (fibromes, thécomes) signes en imagerie de bénignité peut être à malignité atté-
Ces tumeurs représentent 10 % des tumeurs primitives. Elles nuée. Les tumeurs borderline sont essentiellement kystiques
sont fréquemment intriquées sous la forme d'un fibrothé- avec, dans la forme séreuse, des caractères morphologiques
come. Elles surviennent surtout en pré- et périménopause. de malignité, c'est-à-dire des végétations vascularisées ou
Le fibrome ovarien et le thécome ovarien sont des lésions une portion solide, mais de petite dimension, alors que dans
macroscopiquement proches. la forme mucineuse, ils peuvent être totalement absents.
La découverte d'une masse solide ovarienne assure son
organicité, mais les tumeurs solides bénignes sont rares. Ces
Aspects macroscopiques tumeurs bénignes (fibromes, thécomes, adénofibromes et
Le fibrome pur est une tumeur rare, de nature solide, com- tumeur de Brenner) ont un risque de malignité élevé.
posée de cellules fusiformes produisant du collagène et de L'imagerie est fiable pour affirmer le diagnostic de cys-
volume variable, parfois important. Il n'y a pas de syndrome tadénome séreux dans sa forme typique, alors qu'en cas de
endocrinien associé. Le syndrome de Demons-Meigs est cystadénome mucineux, une tumeur borderline ou franche-
une entité anatomoclinique particulière qui associe fibrome ment maligne est possible devant une imagerie qui semble
ovarien, ascite et hydrothorax. Le fibrome est bilatéral dans bénigne.
10 % des cas. Sa torsion n'est pas exceptionnelle.
Le thécome ovarien est moins fréquent. Il est parfois Tumeurs malignes (fig. 22.22 à 22.25)
associé à une tumeur mucineuse réalisant alors un cysta-
déno-fibrothécome mucineux. C'est une tumeur solide plus Tumeurs épithéliales
molle que le fibrome et peu volumineuse. Elle occasionne Les cystadénocarcinomes séreux et mucineux constituent
des manifestations endocriniennes de type estrogénodépen- 90 % des cancers de l'ovaire. Ces tumeurs sont bilatérales
dant. Parfois, des remaniements kystiques sont notés. dans un tiers des cas. Ces tumeurs sont constituées en
390   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

­ ajorité des cystadénocarcinomes séreux et mucineux.


m nale. Elles traduisent l'atteinte du grand épiploon. Elles
Quelle que soit la variété, la présence d'un ou de plusieurs sont souvent très nombreuses, constituant une véritable
des critères suivants permet un diagnostic de malignité dans galette épiploïque ;
75 % des cas : présence d'une partie solide vascularisée, ■ masses de densité homogène ou hétérogène au milieu des
parois et cloisons épaisses (3 mm) et irrégulières, végétations anses grêles. Les anses grêles sont classiquement refou-
endo- et exokystiques. La présence de calcosphérites ou de lées sur la ligne médiane ;
végétations externes est plus évocatrice de la variété séreuse. ■ ailleurs, épaississement diffus des surfaces péritonéales
L'association avec un cancer de l'endomètre est notée dans avec ou sans nodulation visible.
20 % des tumeurs ovariennes endométrioïdes. L'exploration au niveau des coupoles diaphragmatiques
La stadification est chirurgicale (voir tableau 22.3). sera minutieuse et l'analyse dans le plan frontal est la plus
En IRM, sur la séquence pondérée en T1, les végétations performante. Cependant, le scanner ne retrouve que 60 %
et les portions charnues sont souvent mal visualisées car leur des métastases prouvées chirurgicalement, et ce en raison
signal est faible, confondu avec la partie liquide. Un signal des nodules au contact des anses digestives, peu accessibles
franchement élevé est plus rare. En séquence pondérée en à l'imagerie. Bien évidemment, l'absence d'ascite rend très
T2, elles sont de signal faible, contrastant bien avec le signal difficile la détection des implants autour des structures
élevé du liquide. Après injection de produit de contraste, il y digestives.
a une nette prise de contraste. L'IRM, après injection de produit de contraste, est égale-
La présence d'un rapport liquide/solide faible, des végéta- ment une bonne méthode pour le diagnostic de carcinoma-
tions nombreuses intra- et/ou exokystiques sont très évoca- tose, en particulier grâce aux plans frontal et sagittal. Mais
trices. Les calcifications sont mal visibles. Un bon argument elle n'explore pas en un seul examen l'ensemble de la cavité
est la courbe de rehaussement qui présente un pic plus pré- abdominopelvienne. Les séquences de diffusion sont pro-
coce et plus élevé que celui du myomètre à l'injection dyna- metteuses pour la détection des implants péritonéaux.
mique de produit de contraste. À signaler que des ovaires tumoraux peuvent rester de
En séquence de diffusion, il y a une réduction nette de la taille normale et ne pas être détectés en imagerie ; seule
diffusion dans les nodules tumoraux. l'ascite carcinomatose sera mise en évidence. Dans les car-
L'extension de ces tumeurs s'effectue selon plusieurs cinomatoses péritonéales d'origine ovarienne, les ovaires
modes. tumoraux sont de taille normale dans 50 % des cas, mais
envahis en anatomopathologie.
Dissémination péritonéale
C'est le mode de dissémination habituel. La tumeur est sou- Dissémination ganglionnaire
vent découverte à ce stade. Les cellules métastatiques passent La circulation lymphatique se draine directement vers les
dans les lymphatiques du péritoine et subissent une migration ganglions lombo-aortiques. Le premier relais se situe à la ter-
vers le haut en raison des mouvements d'aspiration créés par minaison de la veine ovarienne, c'est-à-dire à droite contre
le diaphragme. Il y a trois principaux sites de greffe métasta- la face antérieure de la veine cave inférieure et à gauche
tique péritonéale : le péritoine pelvien avec le cul-de-sac de au contact de la veine rénale. L'extension se fait ensuite à
Douglas, le grand épiploon et l'espace sous-phrénique droit. contre-courant par des collecteurs qui descendent le long
En effet, il y a une barrière anatomique représentée par le du corps utérin et se drainent vers les ganglions iliaques
ligament phrénicocolique gauche qui prolonge la racine du externes. Enfin, il existe une voie moins importante vers les
mésocôlon transverse et qui empêche la diffusion sous la cou- ganglions inguinaux. Le pronostic a longtemps été condi-
pole gauche. Une seconde voie possible d'extension périto- tionné par l'extension péritonéale. Actuellement, compte
néale est une extension directe avec les organes de voisinage. tenu des progrès de la chimiothérapie et des rémissions plus
Il s'agit de nodules isolés ou confluents, de densité tis- longues, cette notion se modifie et l'on voit apparaître des
sulaire ou encore de plaques tissulaires ; ils sont rarement métastases ganglionnaires.
kystiques ou calcifiés. Les calcifications sont typiques
du cystadénocarcinome séreux. Elles sont volontiers Extension pelvienne par contiguïté
périhépatiques. L'extension utérine est présente dans un tiers des cas.
La TDM fournit des images précises avec les éléments L'IRM apprécie mieux que les autres méthodes cette exten-
suivants fréquemment retrouvés : sion. L'atteinte rectosigmoïdienne n'est pas exceptionnelle.
■ ascite libre ou cloisonnée, dans laquelle on individualise L'atteinte de la vessie est plus rare. En réalité, c'est surtout
des épaississements péritonéaux avec prise de contraste le repérage peropératoire de l'uretère qui reste le problème
intense nodulaire qu'il faut rechercher au niveau des cou- fondamental au cours de l'intervention, et l'imagerie TDM
poles diaphragmatiques, des culs-de-sac et des gouttières peut le visualiser parfaitement.
pariétocoliques. Les lésions péritonéales sont mieux
visibles en périhépatique que celles qui sont au contact Métastases
des anses grêles. Leur visualisation est facilitée par la pré- Les métastases hépatiques sont rares et tardives. Elles sont
sence d'ascite ; bien détectées par l'échographie. Les métastases pleurales
■ infiltration hétérogène du mésentère sous forme de sont typiquement à droite, secondaires à l'envahissement
masses tissulaires nodulaires petites et multiples, lymphatique péritonéal.
confluentes situées dans la graisse, localisées en avant L'IRM fournit des critères de non-résécabilité, à savoir :
des structures digestives et en arrière de la paroi abdomi- taille des nodules de carcinomatose > 2 cm, ­adénopathies
Chapitre 22. IRM de l'appareil génital féminin    391

rétropéritonéales ou inframédiastinales, métastases de même que les tératomes immatures monotissulaires (le
­hépatiques, infiltration présacrée rétropéritonéale ou de la goitre ovarien et le carcinome ovarien sont les plus fréquents).
paroi abdominale, infiltration péritonéale diffuse et atteinte
des tuniques du grêle. Elles indiquent une chimiothérapie Métastases ovariennes
première.
Les métastases ovariennes sont de type kystique dans 40 %
Dans le suivi thérapeutique, le second look chirurgical est
des cas, solide dans 20 % des cas et mixte dans 40 %. Il s'agit,
classiquement réalisé pour faire un bilan local. L'examen
par ordre de fréquence : du sein, du côlon, de l'estomac ou
TDM ou IRM est utile dans certaines circonstances :
d'une hémopathie. L'extension se fait par voie directe héma-
■ lorsque l'intervention chirurgicale a laissé en place des
togène ou par implantation péritonéale. La métastase d'un
résidus tumoraux en cas d'exérèse incomplète, un exa-
cancer gastrique ou tumeur de Krukenberg a une définition
men IRM de point de départ peut servir à contrôler leur
histologique précise. C'est une métastase à composante
évolution sous chimiothérapie ;
solide prédominante. Les autres métastases ont une appa-
■ un examen IRM négatif ne permet pas d'éviter un second
rence variable, simulant un carcinome ovarien primitif. Les
look chirurgical compte tenu de sa faible sensibilité pour
métastases d'un cancer colorectal simulent un cystadéno-
les lésions de petite taille tant pelviennes que périto-
carcinome mucoïde. L'imagerie montre un ovaire augmenté
néales. En revanche, en cas de masse résiduelle visible en
de taille, contenant une masse tissulaire parfois hétérogène
imagerie, la récidive est certaine. Dans cette situation, le
avec de petites zones kystiques pouvant même simuler toute
second look chirurgical pourrait être évité.
autre pathologie si elle est de petite taille.
Autres tumeurs épithéliales
Le carcinome endométrioïde est le troisième cancer par Références
ordre de fréquence après les cystadénocarcinomes séreux et
mucineux. Il atteint la femme plus âgée vers la 5e à 6e décen- [1] Wakefield JC, Downey K, Kyriazi S, et al. New MR techniques in
nie et son pronostic est plus favorable. Il se caractérise par gynecologic cancer. AJR Am J Roentgenol 2013 ; 200(2) : 249–60.
[2] Thomassin-Naggara  I, Fournier  LS, Roussel  A, et  al. Diffusion-
une association fréquente dans 20 % des cas avec un cancer
weighted MR imaging of the female pelvis. J Radiol 2010 ; 91 : 431–8.
de l'endomètre. Il est souvent bilatéral (30 à 50 % des cas). [3] Thomassin-Naggara I, Siles P, Balvay D, et al. MR perfusion for pelvic
Histologiquement, il ressemble à un carcinome de l'en- female imaging. Diagn Interv Imaging 2013 ; 94(12) : 1291–8.
domètre mais avec une tendance plus importante à la for- [4] Olson  MC, Posniak  HV, Tempany  CM, et  al. MR imaging of the
mation de zones fibroconjonctives et de plages de nécrose. female pelvic region. Radiographics 1992 ; 12(3) : 445–65.
En TDM, il présente des éléments évocateurs d'une [5] Brown  MA. MR imaging of benign uterine disease. Magn Reson
tumeur maligne mais aucun argument ne permet d'évoquer Imaging Clin N Am 2006 ; 14(4) : 439–53.
ce type tumoral. Sa composante solide est importante. Son [6] Bis  KG, Vrachliotis  TG, Agrawal  R, et  al. Pelvic endometriosis  :
mode d'extension est le même que celui des autres tumeurs MR imaging spectrum with laparoscopic correlation and diagnostic
épithéliales. pitfalls. Radiographics 1997 ; 17(3) : 639–55.
[7] Siegelman ES, Oliver ER. MR imaging of endometriosis : ten imaging
pearls. Radiographics 2012 ; 32(6) : 1675–91.
Autres tumeurs malignes primitives [8] Ozsarlak O, Tjalma W, Schepens E, et al. The correlation of preope-
Les tumeurs du stroma ovarien et des cordons sexuels rative CT, MR imaging, and clinical staging (FIGO) with histopatho-
sont habituellement productrices d'hormones. Il s'agit logy findings in primary cervical carcinoma. Eur Radiol 2003 ; 13 :
principalement : 2338–45.
■ des tumeurs de la granulosa à sécrétion estrogénique à [9] Bipat S, Glas AS, Van der Velden J, et al. Computed tomography and
magnetic resonance imaging in staging of uterine cervical carcinoma :
composante mixte. Elles ont une partie centrale solide
a systematic review. Gynecol Oncol 2003 ; 91(1) : 59–66.
et des logettes de tailles inégales en périphérie contenant [10] Thomeer MG, Gerestein C, Spronk S, et al. Clinical examination
un liquide souvent hémorragique. Ces tumeurs ont un versus magnetic resonance imaging in the pretreatment staging of
potentiel de malignité ; cervical carcinoma : systematic review and meta-analysis. Eur Radiol
■ des tumeurs de Sertoli-Leydig ou tumeurs virilisantes. 2013 ; 23 : 2005–18.
Elles sont rares (0,2  % des tumeurs de l'ovaire) et [11] Bhosale P, Peungjesada S, Devine C, et al. Role of magnetic reso-
sécrètent des androgènes. Elles sont à contenu mixte et nance imaging as an adjunct to clinical staging in cervical carcinoma.
souvent bilatérales ; J Comput Assist Tomogr 2010 ; 34 : 855–64.
■ des tumeurs des cordons sexuels avec tubules annulaires. [12] Manfredi R, Gui B, Maresca G, et al. Endometrial cancer : magnetic
Elles sont retrouvées dans 35 % des cas du syndrome de resonance imaging. Abdom Imaging 2005 ; 30(5) : 626–36.
[13] Bazot  M, Nassar-Slaba  J, Thomassin-Naggara  I, et  al. Pathologie
Peutz-Jeghers. La tumeur est souvent calcifiée. Le pronos-
organique de l'ovaire. Encycl Méd Chir (Elsevier SAS, Paris) ; 2006.
tic est en règle plus favorable dans ces types tumoraux. Radiodiagnostic, [34-600-B-10].
Parmi les tumeurs malignes à cellules germinales, les dys- [14] Thomassin-Naggara I, Daraï E, Cuenod CA, et al. Dynamic contrast-
germinomes sont les plus fréquents. Ils sont à prédominance enhanced magnetic resonance imaging : a useful tool for characteri-
solide. Ils représentent 1 % de l'ensemble des tumeurs de zing ovarian epithelial tumors. J Magn Reson Imaging 2008 ; 28(1) :
l'ovaire. Les tératomes immatures ne sont plus exceptionnels, 111–20.
Chapitre
23
Troubles de la statique
pelvienne
C. Roy, P. Host

PLAN DU CHAPITRE
Notions générales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 393 IRM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 395

Les troubles de la statique pelvienne sont fréquents mais ou anormalement longue, sensation de blocage anorec­
récemment reconnus avec plusieurs entités cliniques et des tal ou de vidange incomplète du rectum, nécessité d'un
traitements curateurs possibles. Ils font intervenir plusieurs effort intense et prolongé lors de la poussée, recours à des
mécanismes physiopathologiques encore incomplètement manœuvres digitales ou à des suppositoires et lavements
élucidés. Leur diagnostic est fondé sur l'interrogatoire et évacuateurs.
l'examen clinique associés aux épreuves urodynamiques et Bien que contradictoires, dyschésie et incontinence anale
manométriques anorectales. Son exploration radiologique sont souvent imbriquées. La fréquence de la dyschésie varie
a longtemps été limitée au classique colpocystogramme. de 13 à 20 % de la population générale, depuis plus de 5 ans
Actuellement, l'IRM dynamique offre une nouvelle approche dans la moitié des cas. Elle entraîne une altération démon­
pour l'exploration du plancher pelvien. trée de la qualité de vie, tant physique que psychique. Bien
que loin d'être univoques, les troubles de la statique pelvi­
rectale et l'anisme représentent les principales causes de la
Notions générales [1–3] dyschésie. Ces anomalies sont souvent associées, mais leurs
responsabilité potentielle respective dans la dyschésie n'est
Définitions – épidémiologie pas équivalente.
C'est une pathologie quasi exclusivement de la femme, favo­
risée par les traumatismes obstétricaux (accouchement par Types d'incontinence et prolapsus [4, 5]
voie basse avec un gros bébé), les efforts de poussée et les
chirurgies pelviennes (hystérectomie et cystopexie) respon­ Incontinence urinaire
sables d'une lésion du nerf honteux, d'une dénervation du L'incontinence urinaire est schématiquement divisée en
muscle pubococcygien et/ou une déchirure du fascia pel­ deux entités différentes :
vien. Enfin, l'hyperpression pelvienne induite par l'obésité, ■ l'incontinence « vésicale » ou incontinence urinaire par
par une constipation ou une toux chronique augmente le impériosité. C'est la perte involontaire d'urine associée
facteur de risque. La carence hormonale de la ménopause à une soudaine et très forte envie d'uriner. Elle répond
constitue un facteur déclenchant. à deux principaux mécanismes. L'hyperirritabilité du
L'incontinence urinaire est définie comme la perte invo­ détrusor correspond à des contractions actives du détru­
lontaire d'urine à l'effort ou au repos, entraînant ou non sor parvenant à vaincre la résistance urétrale. Le défaut
selon les auteurs des perturbations sociales. Il s'agit plus de compliance est l'apparition d'une hyperpression anor­
d'un syndrome que d'une maladie. Sa prévalence est difficile male pour un faible remplissage vésical. La combinaison
à déterminer d'une part en raison de l'imprécision même de de ces deux mécanismes est la forme la plus courante ;
sa définition et d'autre part parce qu'elle entraîne un rejet ■ l'incontinence urétrale ou incontinence urinaire d'effort.
social et donc souvent une dissimulation. On estime que Elle correspond à la perte involontaire d'urine durant
77 % des femmes ont des fuites minimes à l'effort et que les activités physiques qui augmentent la pression abdo­
l'incontinence urinaire sévère avec répercussions psycho­ minale (mais sans contraction du détrusor ou distension
logique et sociale se situe entre 3 et 17 %. vésicale). Elle relève également de deux mécanismes :
La dyschésie ou constipation terminale est la difficulté à l'hypermobilité du col vésical (ou hypermobilité de la
l'évacuation des selles. Elle regroupe plusieurs symptômes jonction vésico-urétrale) et l'insuffisance du sphincter
ou sensations subjectives : exonération en plusieurs temps interne péri-urétral.
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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394   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

L'hypermobilité du col vésical est liée à un déficit du sys­ vésicale avec col en position normale). L'incontinence est
tème musculaire du plancher pelvien ; la vessie reste mobile plus sévère quand l'urètre et la base de la vessie descendent
entre retenue et poussée, mais de façon excessive, traduisant ensemble. En effet, un prolapsus majeur avec large cystocèle
la réduction du pouvoir contractile des releveurs. Durant intravaginale protège l'urètre d'une augmentation de la pres­
l'effort de poussée, le col vésical et l'urètre proximal des­ sion intra-abdominale. Il n'est pas rare de voir se développer
cendent en dessous de leur position normale dans la cavité une incontinence urinaire après cure de cette cystocèle.
pelvienne du fait d'une faiblesse de leurs points d'attaches
musculaires. Il s'ensuit une absence de réponse de l'urètre Hystéroptose
à l'augmentation de la pression abdominale. Le substratum L'hystéroptose ou descente du moignon vaginal en cas d'hys­
anatomique du col vésical et de l'urètre est normal. térectomie se manifeste par son abaissement sous la ligne de
Dans l'insuffisance du sphincter interne, la musculature référence. Cette distance doit être mesurée. Généralement,
intrinsèque et/ou extrinsèque de l'urètre est défectueuse un allongement de la berge antérieure du col et un redresse­
par neuropathie ou lésions directes. Le col et l'urètre restent ment de l'utérus sont associés si ce dernier est présent.
en position normale dans la cavité pelvienne mais la faible
pression intra-urétrale est incapable de supporter la pres­ Élytrocèle
sion intravésicale dans les activités quotidiennes ou à un L'élytrocèle définit la descente du cul-de-sac de Douglas en
stade évolué lors du simple passage en orthostatisme. Le col dessous de la ligne de référence. Il peut s'agir d'une entéro­
vésical reste ouvert au repos. cèle (intestin grêle) ou d'une sigmoïdocèle (côlon sigmoïde)
L'incontinence urinaire d'effort est la plus fréquente selon le contenu du péritoine prolabé. Le terme de prolap­
(75 % des cas), mais est souvent associée à une incontinence sus péritonéal ou péritonéocèle paraît plus approprié quel
par impériosité. Il existe des degrés variables d'association que soit le contenu du péritoine prolabé car il est variable,
entre les différents types d'incontinence, ce qui peut expli­ avec parfois d'autres constituants mobiles du pelvis comme
quer les difficultés d'interprétation des épreuves urodyna­ l'épiploon ou les ovaires. La péritonéocèle n'est pas toujours
miques mais également celles de l'imagerie. responsable d'une constipation terminale. Elle participe
au phénomène douloureux. Lorsqu'elle est orientée vers
Prolapsus l'avant, il s'agit d'une colpocèle antérieure simulant clinique­
Les terminologies sont nombreuses. Malgré de multiples ment une rectocèle et orientée vers l'arrière, il s'agit d'une
controverses, il existe un consensus sur les points suivants. hédrocèle gênant l'évacuation du rectum.

Cystocèle Rectocèle antérieure


Cause principale de colpocèle antérieure, la cystocèle est La rectocèle antérieure est définie en IRM comme une
définie comme la saillie anormale de la base vésicale dans saillie antérieure de la paroi rectale au travers de la cloison
la paroi antérieure du vagin. La cystocèle est associée à une recto­vaginale (colpocèle postérieure) avec une distance
descente anormale de la face antérieure du vagin. supérieure à 3 cm entre le bord antérieur du rectum et la
La cervicocystoptose est définie par l'abaissement soit ligne droite tangente à la berge antérieure du canal anal soit
spontané, soit en poussée du col et de la base vésicale sous spontanément, soit en poussée. Elle est considérée comme
la ligne de référence pubococcygienne ou encore pour modérée si elle est inférieure à 3 cm, moyenne entre 3 et
certains en dessous de l'horizontale au bord inférieur de 5 cm, et importante si elle supérieure à 5 cm. Très fréquente,
la symphyse pubienne. Elle s'accompagne généralement elle s'observe quasi exclusivement chez la femme. Elle est
d'une bascule postérieure exagérée de l'urètre avec ouver­ ressentie comme une boule dans le vagin. C'est la traduction
ture de l'angle pubo-urétral au-delà de 90° (urétrocèle) et d'une altération de la colonne vaginale postérieure.
d'une ouverture de l'angle urétrovésical postérieur au-delà On distingue les rectocèles hautes sus-lévatoriennes et
de 150°. L'urétrocèle est considérée comme le stade initial les rectocèles basses qui sont situées sous le plan des élé­
de la descente du col vésical responsable d'une coudure vateurs. La rectocèle dite « de pulsion » (haute) est isolée
urétrale. sans anomalie de la statique des autres compartiments.
La cystoptose ou cervicoptose est l'abaissement isolé du col Elle est due à la laxité de la cloison rectovaginale avec une
vésical sous la ligne de référence, la base de la vessie restant poussée dans le mauvais axe engendrant un phénomène
au-dessus. Elle est plus rare, en règle secondaire à une insuf­ d'auto-entretien.
fisance isolée du sphincter interne. Le diagnostic clinique de La rectocèle par affaiblissement du périnée (basse) est
cystoptose se fait par la mise en évidence de l'incontinence souvent associée à d'autres troubles de la statique pelvienne,
en jet concomitante d'un effort de toux et surtout par sa avec une dégradation du noyau fibreux central du périnée,
correction en repositionnant le col vésical dans l'enceinte un diastasis des muscles puborectaux et une béance vulvaire.
abdominale (manœuvre clinique de Bonnet).
Le terme de cystocèle devrait être réservé au déroulement Rectocèle postérieure
isolé de la base de la vessie, le col vésical restant en place. La rectocèle postérieure est décrite comme une hernie de la
En pratique, ce terme de cystocèle est souvent impropre­ paroi rectale postérieure à travers un défect de l'élévateur,
ment employé pour désigner la cervicocystoptose. D'autres appelée aussi « hernie périnéale ». Elle est en fait latéralisée
ont restreint l'utilisation du terme de cystocèle à la cystop­ et visible en IRM.
tose ou cervicoptose. Cette dernière est souvent retrouvée Les rectocèles sont parfois associées à un prolapsus rectal
après intervention de colposuspension (descente de la base extériorisé.
Chapitre 23. Troubles de la statique pelvienne    395

Une rectocèle de faible amplitude (inférieure à 2 à 3 cm) est Aspects techniques


fréquemment observée chez des femmes asymptomatiques. L'analyse morphologique de la cavité pelvienne s'effectue
dans les trois plans de l'espace en séquence d'écho de spin
Intussuception anorectale ou prolapsus pondérée en T2. Pour l'analyse dynamique, la technique
rectal interne la plus simple et la plus efficace est d'utiliser une séquence
L'intussusception ou prolapsus rectal interne correspond à rapide pondérée en T2 (10 à 12  secondes) permettant
l'invagination de la paroi rectale en direction du canal anal. d'obtenir un bon contraste avec l'hypersignal de l'urine et le
Elle peut être antérieure, postérieure ou circonférentielle. col. L'opacification vaginale est actuellement moins néces­
Compte tenu de la fréquence de l'intussusception purement saire puisque le col est en règle spontanément bien visible
intrarectale dans la population asymptomatique, elle est en séquence pondérée en T2, sur les imageurs récents. En
considérée comme pathologique lorsqu'elle se prolonge dans revanche, l'opacification rectale par injection 120 ml de gel
le canal anal (prolapsus rectal interne intra-anal ou intus­ d'échographie dans l'ampoule rectale est indispensable pour
susception intra-anale), ou a fortiori lorsqu'elle s'extériorise, l'identification de la jonction anorectale et de la paroi du
constituant la procidence rectale extériorisée ou prolapsus rectum. Celui-ci fournit un hypersignal homogène compa­
rectal vrai (sortie à travers l'orifice anal de la muqueuse). rable à l'hypersignal de la vessie. L'analyse se fait dans le plan
Elle est fréquemment associée à une incontinence anale. sagittal et frontal au repos avec effort de poussée, contrac­
tion, poussée contrariée et poussée maximale avec évacua­
Incontinence anale tion. Le plan frontal est utilisé pour l'analyse des muscles
La béance du canal anal au repos traduit une hypotonie élévateurs de l'anus.
anormale du sphincter et une diminution du tonus de base Il est nécessaire d'effectuer plusieurs cycles (deux parfois
du muscle puborectal. L'épreuve de contraction–retenue jusqu'à cinq) pour atteindre l'évacuation rectale la plus com­
(colpocystogramme ou IRM) permet de juger de l'effica­ plète possible.
cité de la contraction volontaire du muscle puborectal par
l'accentuation de l'encoche postérieure sur le rectum et la
fermeture de l'angle anorectal. Enfin, le diamètre du canal Critères d'analyse
anal lors de l'évacuation, normalement inférieur ou égal à Le plan sagittal permet de quantifier les déplacements des
2 cm, est élargi en cas de lésion sphinctérienne, et rétréci différentes structures viscérales. Les critères d'analyse sont
dans l'anisme (ou dyssynergie anorectale). définis à partir d'une ligne de référence fixe (fig. 23.1), clas­
siquement la ligne pubococcygienne (LPC) tendue du bord
Anisme postéro-inférieur de la symphyse pubienne à la jonction
L'anisme est défini par une absence de relaxation ou une sacrococcygienne. La LPC représente la ligne d'attache des
contraction paradoxale du sphincter strié de l'anus lors muscles et ligaments du plancher pelvien. Les mesures sont
de la défécation. Il n'existe pas de prédominance de sexe. effectuées perpendiculairement à cette ligne.
Les dénominations sont multiples et la physiopathologie Les repères anatomiques mobiles sont : le col vésical, bien
de cette anomalie est encore incertaine, avec des facteurs visible en séquence pondérée en T2 ; l'urètre, avec une ana­
psycho­logiques intriqués. L'anisme est responsable d'une tomie zonale en trois couches ; le col utérin ou le fond vagi­
dyschésie, expliquée par l'obstacle fonctionnel que réalise nal chez les patientes hystérectomisées ; et le cap recto-anal
la contraction de l'anus lors de l'exonération, entraînant des correspondant à la partie postérieure de la portion pubo­
efforts de poussée intenses et répétés. viscérale de l'élévateur de l'anus. Pour des facilités de repé­
rage, certaines équipes utilisent la ligne du hiatus périnéal
Périnée descendant et descendu (ligne H) entre le bord inférieur de la symphyse pubienne et
les fibres postérieures du canal anal correspondant au plan
Le périnée descendant est défini par une descente de la des élévateurs de l'anus. En fait, il s'agit du plan du faisceau
jonction anorectale à plus de 6 cm en poussée en dessous de puboviscéral de l'élévateur. Le bord antérieur du canal anal
la ligne de référence. Il est le plus souvent associé à une des­ et son axe permettent de repérer les rectocèles. La distance
cente des autres organes pelviens. Le périnée descendu est entre les repères et la ligne de référence est mesurée dans les
défini par une descente spontanée au repos à plus de 3,5 cm différentes positions et efforts réalisés. Le point le plus bas
en dessous de la ligne de référence. Les organes sortant de du péritoine est retrouvé grâce à son contenu graisseux.
l'enceinte de pression abdominale, il se produit un cercle Au repos, les repères et valeurs normaux sont les suivants :
vicieux avec neuropathie par ischémie de traction et laxité ■ le col vésical et le col utérin se projettent au-dessus de
musculaire. la ligne de référence (en moyenne 25 ± 10 mm pour le
col vésical). L'urètre est vertical et sa lumière est virtuelle,
IRM [6–9] avec des parois épaisses en hyposignal relatif. On définit
comme anormale une valeur ≥ 10 à 15 mm au-dessous de
L'IRM a l'avantage d'une visualisation globale des trois com­ la ligne de référence ;
partiments viscéraux de la cavité pelvienne avec, en plus de ■ l'angle pubo-urétral est de l'ordre de 45 ± 15° ;
l'appréciation morphologique, une analyse dynamique des ■ l'angle urétrovésical postérieur est de 110 + 20° ;
structures viscérales entre elles et par rapport aux éléments ■ la distance entre rebord inférieur du pubis et bord pos­
musculaires. Son inconvénient est sa réalisation en décubi­ térieur du canal anal, c'est-à-dire la taille du hiatus péri­
tus, mais c'est celle de l'examen clinique, urinaire et génital. néal, est de l'ordre de 5 ± 1,5 cm ;
396   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

b
Fig. 23.1 Ligne de référence, repères et angles. (a) Schéma. 1 : angle urétrovésical postérieur : 110° ± 20° ; 2 : angle pubo-urétral : 45° ± 15° ; 3 :
angle anorectal : 110°. (b) IRM, sagittale, séquence T2. Opacification du rectum par du gel d'échographie ; identification de la ligne de référence.

■ le bord postérieur du canal anal reste à moins de 25 mm canal anal subit une bascule antérieure minime. Il n'existe
en dessous de la ligne de référence et le cap anal est situé pas d'entérocèle chez les sujets normaux.
sur ou au-dessous de la ligne de référence ; Du point de vue musculaire, la portion iliococcygienne
■ l'angle anorectal est d'environ 110° ; de l'élévateur de l'anus a une morphologie en dôme, convexe
■ le cul-de-sac de Douglas est au-dessus de la ligne de en haut au repos. En retenue, sa convexité s'accentue avec
référence. fermeture du cap vaginal ; en poussée, sa convexité supé­
En poussée maximale chez les patientes sans dysfonc­ rieure s'atténue, devient quasi horizontale, avec ensuite
tionnement du plancher pelvien, la vessie subit un mouve­ éversion pour devenir concave en poussée maximale. Les
ment d'avant en arrière et de haut en bas. L'urètre subit une coupes frontales montrent bien cette dynamique avec écar­
translation vers l'arrière, et la face trigonale de la vessie et tement et éversion des portions horizontales.
l'urètre viennent dans le prolongement l'un de l'autre. Le col
vésical doit toujours rester au-dessus ou encore à hauteur
de la ligne de référence, mais jamais en dessous à plus de Éléments du diagnostic
10 à 15 mm. L'angle pubo-urétral s'ouvre sans dépasser 90°. Analyse morphologique (fig. 23.2)
L'angle urétrovésical postérieur s'ouvre sans dépasser 150°. Cette analyse recherche une anomalie du muscle puborectal
Le col utérin subit une translation vers le bas et l'arrière. Le (amincissement, asymétrie ou défaut d'insertion antérieur)
col utérin reste à au moins 10 ou 14 mm au-dessus de la ligne et précise l'aspect des fosses ischiorectales et des muscles
de référence. Le vagin subit la même translation et devient élévateurs de l'anus.
rectiligne. Le cul-de-sac de Douglas reste au-dessus de la
ligne de référence. La taille du hiatus périnéal ne dépasse
pas 7 cm. Le bord postérieur du canal anal reste à moins de Analyse dynamique (fig. 23.3 à 23.5)
3,5 cm au-dessous de la ligne de référence. L'angle anorectal Son objectif est de déceler les prolapsus et de rechercher une
se ferme en dehors de la défécation. Le rectum s'abaisse et le atteinte associée des autres compartiments.
Chapitre 23. Troubles de la statique pelvienne    397

Cystocèles
Le stade est établi en imagerie d'après la mesure de la dis­
tance entre le point le plus bas de la vessie et la ligne de
référence. Il est superposé à la stadification clinique. Le
stade I correspond à un prolapsus à l'examen clinique situé
au-dessus de l'orifice vaginal et une base de vessie qui des­
cend moins de 2 cm en dessous de la symphyse pubienne.
Le stade II correspond à un prolapsus qui va au niveau de
l'orifice vaginal et avec une base de vessie comprise entre
2 et 5 cm en dessous de la ligne de la symphyse pubienne.
Enfin, le stade III correspond à un prolapsus qui va en des­
sous de l'orifice vaginal (complètement extériorisé) et est
situé à plus de 5 cm en dessous de la ligne de la symphyse
Fig. 23.2 IRM séquence pondérée en T2, plan axial ; analyse mor- pubienne. Ces valeurs sont prises au repos et durant l'effort
phologique. Atrophie du segment antérieur du muscle élévateur de
de poussée.
l'anus droit (flèche).
La cystocèle avec horizontalisation urétrale est de dia­
gnostic clinique facile, répondant à la convexité de la por­
tion inférieure de l'image vésicale faisant bomber la paroi
antérieure du vagin. Elle peut n'exister que lors de la pous­
sée lorsque les muscles releveurs sont encore fonctionnels
ou être déjà présente lors de la retenue et atteindre ainsi un

Fig.  23.3 IRM, séquence rapide pondérée en T2, avec opacifi-


cation rectale, en poussée évacuation ; plan sagittal. Atteinte
des trois compartiments. Cystocèle, stade II-III, hystérocèle avec petite Fig. 23.5 IRM, séquence T2, en poussée retenue ; plan sagittal.
élytrocèle (entérocèle), périnée postérieur descendant avec rectocèle Élytrocèle majeure (E) faisant une compression du rectum avec créa-
antérieure et intussusception rectorectale (flèche). Ligne pointillée  : tion d'une rectocèle antérieure. Elle contient majoritairement du tissu
ligne pubococcygienne. graisseux et une anse grêle.

Fig. 23.4 IRM, séquence rapide pondérée en T2, avec opacification rectale ; épreuves dynamiques ; plan sagittal. (a) Contraction ; aspect
satisfaisant du muscle puborectal avec fermeture de l'angle anorectal (flèche). (b) Béance du canal anal au repos avec évacuation spontanée du
produit de contraste rectal.
398   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

volume important. Au maximum, elle est volumineuse, avec Les bandelettes sous-urétrales sont mal visibles en
extériorisation complète de la vessie. IRM (en hyposignal T1 et T2), alors qu'elles sont très bien
Une importante cystocèle s'accompagne d'une urétéro- visibles sur le plan morphologique et dynamique en écho­
hydronéphrose par descente simultanée des uretères et graphie introïtale (translabiale). Toutefois, l'IRM est utile
compression de leur extrémité distale, ce qui est un facteur en cas de complication infectieuse ou inflammatoire où la
d'infection urinaire. bandelette sous-urétrale (BSU) est cernée par un hypersi­
gnal T2 et T1 gadolinium. L'IRM trouve aussi sa place dans
Incontinence anale les complications précoces (hématome du Retzius, abcès,
Au repos, la jonction anorectale doit être au niveau de la myosite).
LPC et le canal anal doit être fermé. La correction des prolapsus est bien étudiée par l'IRM
Lors de la contraction volontaire, il existe une fermeture dynamique en postopératoire. Mais il n'existe pas de super­
de l'angle anorectal, avec ascension de la jonction anorec­ position entre une correction anatomique satisfaisante et
tale. Lors de la poussée volontaire, il existe une relaxation du l'amélioration de la qualité de vie.
muscle puborectal avec une ouverture, associée à une des­ Les prothèses pelvipérinéales sont visibles en regard de
cente modérée (< 3 cm) de la jonction anorectale. l'espace vésico-utérin et/ou dans la cloison rectovaginale.
Comparée à l'examen clinique, l'IRM permet une Ces prothèses peuvent se compliquer de perforation vésicale
approche plus efficace des différents types de prolapsus, sur­ ou de rétraction prothétique, entraînant des douleurs et des
tout en ce qui concerne les entérocèles et les prolapsus uté­ infections urinaires à répétition.
rovaginaux. Elle détecte et quantifie l'atteinte de plusieurs Dans ces cas, l'association échographie périnéale et
compartiments. IRM de statique pelvienne est très utile pour confirmer le
diagnostic.
Aspects postopératoires (fig. 23.6)
En IRM, les pessaires apparaissent en hyposignal T1 et T2,
et reposent sur le faisceau puborectal et le hiatus urogénital. Références
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pelvic organ prolapse : spectrum of abnormalities. Radiographics 2000 ;
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Fig.  23.6 Complication postopératoire ; IRM, séquence pondé- [9] Vanbeckevoort D, Van Hoe L, Oyen R, et al. Pelvic floor descent in
rée en T2, plan frontal. Promontofixation avec hématome (têtes de females : comparative study of colpocystodefecography and dynamic
flèche). fast MR imaging. J Mag Res Im 1999 ; 9 : 373–7.
Chapitre
24
Exploration IRM de la vessie
C. Roy

PLAN DU CHAPITRE
Rappel anatomique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 399 Aspects normaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 400
Technique d'examen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 400 Pathologie de la vessie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 401

L'exploration IRM de la vessie est réservée en pratique cou- iliaque interne et ses branches de division latérale et anté-
rante au bilan d'extension des gros processus tumoraux car rieure. Elle s'amincit d'arrière en avant. Elle est visualisée en
elle est plus performante que la tomodensitométrie (TDM) IRM sous la forme d'un mince liseré en hyposignal, continu
pour le bilan d'extension local. Ses autres indications sont à la limite de la visibilité et non mesurable, inframillimé-
ponctuelles : exploration d'une pathologie inhabituelle ou trique qui se fixe en postérieur sur le sacrum. Il s'y ajoute
extension d'une lésion extravésicale. des lames orientées dans un plan frontal avec principale-
ment l'aponévrose ombilico-prévésicale ou fascia prévésical
entourant la face antérieure et latérale de la vessie. Cette
Rappel anatomique fine structure a la forme d'une portion de cône à conca-
(fig. 24.1) [1, 2] vité antérieure, plus épaisse et plus résistante dans la partie
basse. Son sommet supérieur se situe au niveau de l'ombilic
La vessie occupe la partie antérieure et médiane de la cavité où il fusionne avec le fascia transversalis. Ses bords latéraux
pelvienne. droit et gauche, obliques vers le bas et le dehors, s'étendent
La paroi vésicale est constituée de quatre feuillets : la
muqueuse ou épithélium, le chorion (lamina propria) ou
tissu conjonctif sous-épithélial, la couche musculaire et
l'adventice. La couche musculaire est composée de faisceaux
musculaires lisses séparés les uns des autres par du tissu
conjonctivo-élastique abondant. Elle est composée théori-
quement de trois couches, en fait mal individualisées : une
couche externe avec des fibres à direction longitudinale, une
couche intermédiaire plus épaisse avec des fibres à direction
circulaire et une couche interne faite de faisceaux à orienta-
tion mixte. L'adventice est composé de tissu fibroélastique,
riches en adipocytes. Elle devient une séreuse à l'endroit du
revêtement péritonéal.
Les viscères extrapéritonéaux contenus dans la cavité
pelvienne sont entourés par un système de contention com-
plexe constitué de fascias périviscéraux. Ces fascias ou lames
ont une disposition verticale entre le péritoine en haut et le
plancher pelvien en bas. Minces en certains endroits, plus
épais ailleurs, ils sont désignés également sous le nom de
tente vasculaire. Ils entourent la vessie délimitant plusieurs
espaces  : un espace prévésical (le plus conséquent), un
espace périvésical (entourant la vessie) et un espace rétrové-
sical (au contact des organes génitaux).
La principale lame est la lame sacro-recto-génito-vésico-
pubienne qui a une direction antéropostérieure et longe la
face latérale des viscères. Elle est paire et symétrique, de
topographie paramédiane. En situation interne par rap- Fig.  24.1 Espace prévésical et aponévrose ombilico-prévisicale.
port aux vaisseaux, elle en est solidaire en entourant l'artère (D'après Rouvière.)
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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400   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

de l'ombilic vers le plancher pelvien, entourant la face anté- grêle. La compression douce de l'abdomen par l'antenne
rieure et les faces latérales de la vessie. La base des bords réduit les mouvements respiratoires.
latéraux s'attache sur les ligaments pubovésicaux en avant Les séquences de fast spin echo en pondération T2 sont
et plus latéralement sur les muscles élévateurs de l'anus. La essentielles.
partie supérieure des bords latéraux est tendue et renforcée Les séquences 2D ou 3D en écho de gradient pondérées
par des reliquats fibreux des artères ombilicales oblitérées, en T1 avec injection de gadolinium permettent une analyse
remontant vers la ligne médiane jusqu'à l'ombilic. dynamique de la paroi.
La face postérieure du fascia prévésical est longée sur la Les techniques de suppression de la graisse sont néces-
ligne médiane par l'ouraque, tendu du sommet de la vessie saires pour la délimitation des processus tumoraux. La satu-
à l'ombilic. C'est une bande fibreuse correspondant à la fer- ration sélective de la graisse par une impulsion sélective en
meture du canal embryonnaire de l'allantoïde qui joint le fréquence précédant la séquence conventionnelle a l'avan-
sinus urogénital à l'ombilic chez l'embryon. Chez l'adulte, tage avec un champ homogène d'une suppression totale de
ce reliquat est toujours présent, médian, tendu entre la face la graisse et d'une utilisation simple sur les séquences pon-
antérieure du dôme vésical et l'ombilic. Il est recouvert, ainsi dérées en T1, T2 et avec gadolinium.
que la face postérieure du fascia, par le péritoine. Les séquences d'uro-IRM (sans injection en pondéra-
La face antérieure du fascia est séparée du fascia transver- tion T2, ou au temps excréteur d'une séquence 3D T1 après
salis qui recouvre les muscles de la paroi abdominale par un injection de gadolinium) sont peu utiles pour l'analyse de
espace graisseux appelé espace prévésical. la vessie elle-même. Elles fournissent une visualisation de
l'ensemble de la voie excrétrice supérieure.
L'épaisseur de coupe est de 3 à 5 mm. Les trois plans de
Technique d'examen coupes orthogonaux sont d'abord réalisés, puis des plans
perpendiculaires adaptés à la localisation de la zone patho-
Plusieurs particularités techniques optimisent l'examen. logique afin de minimiser le phénomène de volume partiel.
Une distension satisfaisante de la vessie est un paramètre Il est en effet fondamental de connaître la localisation d'une
important. La vessie doit être demi-pleine en début d'exa- lésion découverte par échographie ou cystoscopie. Ainsi,
men, en ayant prévenu le patient de sa durée prévisible. Une l'analyse du dôme et de la base nécessite un plan de coupe
vessie trop pleine en début d'examen a deux inconvénients : sagittal et/ou frontal alors qu'une lésion des faces latérales
inconfort du patient source d'artéfacts de mouvement et sera étudiée en coupes axiales et/ou frontales. Les coupes
amincissement de la paroi rendant impossible le diagnostic obliques à 45°, à partir d'un repérage axial par exemple, sont
d'extension d'un processus tumoral. Dans le cas où la vessie à utiliser pour l'exploration des faces antéro- ou postérolaté-
est presque vide, il y a un épaississement de la paroi, mas- rales. Ce plan de coupe oblique doit passer par le centre de la
quant la visualisation de petites tumeurs. En pratique, un vessie pour être perpendiculaire à la paroi.
remplissage optimal de la vessie est obtenu en demandant au
patient de vider sa vessie 1 heure avant l'examen et ensuite
de s'abstenir d'uriner.
La respiration et le péristaltisme intestinal sont source
Aspects normaux (fig. 24.2 et 24.3)
d'artéfacts. L'injection intraveineuse de 0,5 ml de glucagon Quel que soit le type de séquence proposé, l'étude de la
immédiatement avant l'examen réduit le péristaltisme du pathologie vésicale associe une information en pondération

Fig. 24.2 IRM, séquence d'écho de spin pondérée en T2. (a) Plan sagittal, vessie peu remplie. Femme avec utérus rétroversé. La paroi épaisse
est de signal intermédiaire, contrastant avec l'hypersignal de l'urine et celui de la graisse. L'ouraque est bien visualisé, tendu de la paroi vésicale à
l'ombilic (têtes de flèche). Il délimite en avant l'espace prévésical (astérisque). (b) Plan frontal, vessie peu remplie. L'ouraque est bien visualisé (têtes
de flèche). Latéralement se situe le fascia ombilico-prévésical (flèche).
Chapitre 24. Exploration IRM de la vessie    401

niveaux d'intensité différents : une couche de signal faible


dans la partie la plus postérieure due à la très forte concen-
tration en gadolinium, une couche intermédiaire en hyper-
signal correspondant à du gadolinium mélangé à de l'urine
et enfin une couche supérieure de signal faible correspon-
dant à de l'urine non opacifiée. Des turbulences dans l'urine
opacifiée dues au jet urétéral sont fréquentes, entraînant
des hétérogénéités pouvant en imposer pour un processus
tumoral à la partie postérieure de la vessie.
Les fascias périvésicaux apparaissent en hyposignal dans
tous les types de séquence. Le plan sagittal est le plus per-
formant pour identifier les limites de l'espace prévésical. Le
fascia ombilico-prévésical, l'ouraque et l'artère ombilicale
Fig.  24.3 IRM, séquence d'écho de spin pondérée en T2, plan
oblitérée sont en hyposignal sur les deux types de séquence.
axial, vessie pleine. La paroi est en hyposignal, contrastant avec l'hy-
persignal du contenu ; l'asymétrie d'épaisseur est due au phénomène
de déplacement chimique – une anse grêle est visible en latéral droit.
Pathologie de la vessie
Noter l'identification de l'ouraque (flèche) et du fascia ombilicoprévé- Celle-ci est dominée par la pathologie tumorale. Mais ces
sical (têtes de flèche). indications sont restreintes d'une part au bilan d'extension
des gros processus tumoraux car l'IRM est plus performante
T1 et en T2. L'épaisseur de la paroi vésicale varie selon son que la TDM dans cette situation et d'autre part à des lésions
état de réplétion de 1 mm (vessie très pleine) à quelques inhabituelles mal étiquetées sur les autres imageries.
millimètres (vessie vide). Elle apparaît plus fine et est moins La pathologie tumorale de la vessie compte un très grand
bien visible au niveau du dôme lorsque la vessie est en réplé- nombre de formes histopathologiques ; mais les tumeurs
tion complète qu'au niveau de la base. Elle est régulière ves- épithéliales sont les plus courantes. En théorie, on entend
sie pleine et plus irrégulière vessie vide. par « tumeurs de vessie » les tumeurs primitives de la vessie
En séquence pondérée en T1, la paroi musculaire de la développées aux dépens de l'épithélium, de la paroi muscu-
vessie a comme tous les muscles un long T1 entraînant un laire et du tissu conjonctif d'origine mésenchymateuse. Cela
signal faible, contrastant plus ou moins avec l'absence de exclut les tumeurs secondaires (par envahissement de voisi-
signal de l'urine. Le contraste est toujours excellent avec nage ou métastases) et les localisations des maladies géné-
l'hypersignal de la graisse périvésicale. Avec une saturation rales (lymphomes). La pathologie tumorale de la vessie est
spectrale de la graisse, la paroi vésicale est mieux visible scindée en deux grands groupes d'importance inégale. Les
entre l'hyposignal de l'urine et l'absence de signal du tissu tumeurs développées aux dépens de l'épithélium urinaire,
graisseux périvésical. ou tumeurs épithéliales (ou urothéliales), occupent 97 % de
En séquence pondérée en T2, seule la partie musculaire l'ensemble des tumeurs de vessie. Les tumeurs non épithé-
de la paroi est visible avec un hyposignal homogène carac- liales sont rares et surviennent dans un contexte différent.
téristique. Il contraste parfaitement avec l'hypersignal de En pratique, le terme de « tumeurs de vessie » est
l'urine et le signal intermédiaire de la graisse périvésicale. confondu avec les tumeurs urothéliales.
Au niveau du trigone, la couche musculaire est plus épaisse.
La séreuse ne correspond pas à une couche bien différenciée Tumeurs urothéliales [3–6]
et est confondue avec le tissu périvésical. En saturation de la
graisse par la fréquence avec une pondération T2, la paroi En France, le cancer de la vessie fait partie des cancers fré-
est de signal faible à intermédiaire et contraste peu avec quents. Il occupe la 5e place et est responsable de 3 % des
l'absence de signal de la graisse périvésicale. En revanche, décès par cancer, dont 75 % chez l'homme. C'est le deuxième
le contraste de son contour interne est excellent avec celui cancer urologique après celui de la prostate.
de l'urine en hypersignal. L'épithélium et la lamina propria Les tumeurs épithéliales se caractérisent par leur fré-
sont invisibles car masqués par l'hypersignal de l'urine en quence, leur polymorphisme anatomopathologique (allant
séquence pondérée en T2 et inclus dans le signal intermé- d'un aspect bénin à la malignité franche), la difficulté d'une
diaire de la paroi en séquence pondérée en T1. classification précise et surtout par l'incertitude pronostique
Après injection de produit de contraste, en particulier sur des tumeurs initialement considérées comme bénignes ou
les séquences dynamiques, la muqueuse et la sous-muqueuse peu agressives. Leur diagnostic et le début du bilan font
se rehaussent très rapidement dans les premières secondes. appel à l'association échographie–cystoscopie avec résec-
Ensuite, l'ensemble de la paroi musculaire se rehausse de tion tumorale profonde avec étude anatomopathologique
façon homogène au bout de 1 minute à 1 minute 30. C'est qui guide la thérapeutique. Les autres méthodes d'imagerie
durant la phase précoce que l'extension musculaire d'un complètent le bilan lésionnel.
processus tumoral vascularisé est détectable. La visualisa-
tion de ce rehaussement est optimale avec une saturation de Diagnostic anatomopathologique
la graisse associée. et classifications (fig. 24.4, tableau 24.1)
Au temps excréteur, il y a une augmentation hétérogène La prise en charge thérapeutique d'une tumeur vésicale
du signal de l'urine due à la concentration variable du pro- repose sur trois systèmes de classification complémentaires :
duit de contraste. L'aspect habituel est la présence de trois la détermination du type histologique, la détermination du
402   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

Fig. 24.4 Schéma de la classification TNM de l'International Union Against Cancer (UICC). 1 : muqueuse ; 2 sous-muqueuse ; 3 couche
musculaire superficielle ; 4 couche musculaire profonde.

Tableau 24.1 Classification TNM 2010 des tumeurs stade tumoral TNM (tumor, node, metastasis) de l'Interna-
de la vessie. tional Union Against Cancer (UICC) et la détermination du
grade.
T – Tumeur primitive
Le suffixe « m » doit être ajouté à la catégorie T appropriée pour
Le stade fournit l'importance de l'infiltration pariétale
indiquer l'existence des tumeurs multiples. Le suffixe « is » peut à partir du matériel de résection qui doit comporter de
être ajouté à toute catégorie T pour indiquer l'existence de la musculeuse vésicale. Les tumeurs restant cantonnées
carcinome in situ associé. à la muqueuse et au chorion sont qualifiées de superfi-
− Tx Renseignements insuffisants pour classer la tumeur primitive cielles ou de non infiltrantes (ancienne terminologie).
− T0 Pas de signe de tumeur primitive Aujourd'hui, l'appellation « tumeur superficielle » est rem-
− Ta Carcinome de type papillaire non infiltrant
placée par « tumeur de vessie n'infiltrant pas le muscle vési-
− Tis Carcinome in situ : flat tumor
− T1 Tumeur envahissant le tissu conjonctif sous-épithélial cal » (TVNIM). Elles représentent 45 % de l'ensemble des
− T2 Tumeur envahissant la musculeuse tumeurs urothéliales. Lors du diagnostic initial, 60 à 70 %
• pT2a Tumeur envahissant la musculeuse superficielle (moitié des tumeurs urothéliales sont de type TVNIM. Le dia-
interne) gnostic de la tumeur « superficielle » impose l'examen de la
• pT2b Tumeur envahissant la musculeuse profonde (moitié totalité des copeaux de résection. Les tumeurs infiltrantes/
externe)
invasives envahissent le muscle et se comportent d'emblée
− T3 Tumeur envahissant le tissu périvésical
• pT3a Atteinte microscopique
comme des tumeurs malignes graves. Aujourd'hui, l'appella-
• pT3b Atteinte macroscopique (masse extravésicale) tion « tumeur invasive » est remplacée par « tumeur de vessie
− T4 Tumeur envahissant l'une ou l'autre des structures infiltrant le muscle vésical » (TVIM).
suivantes : prostate, vésicules séminales, utérus, vagin, paroi Elles représentent 55 % des tumeurs urothéliales. Lors du
pelvienne ou paroi abdominale diagnostic initial, 25 % des tumeurs sont « invasives ».
• T4a Prostate, vésicules séminales, vagin ou utérus Le caractère multifocal des lésions initiales ou des réci-
• T4b Paroi pelvienne ou paroi abdominale
dives dans la vessie et/ou sur tout l'arbre urinaire est une
N – Ganglions lymphatiques régionaux notion classique. La fréquence d'une localisation tumorale
− Nx Renseignements insuffisants pour classer l'atteinte des du haut appareil urinaire associée à la tumeur vésicale varie
ganglions lymphatiques régionaux
− N0 Pas d'atteinte des ganglions lymphatiques régionaux
de 8,6 à 28,8 % pour les tumeurs infiltrantes ou superfi-
− N1 Atteinte d'un seul ganglion lymphatique pelvien cielles de haut grade. Entre 24 et 39 % des patients avec une
(hypogastrique, obturateur, iliaque externe ou présacré) tumeur des cavités rénales ou de l'uretère développeront une
− N2 Atteinte de multiples ganglions lymphatiques pelviens lésion vésicale.
(hypogastrique, obturateur, iliaque externe ou présacré) L'aspect macroscopique explique les différents aspects
− N3 Atteinte d'un (ou de plusieurs) ganglion(s) lymphatique(s) rencontrés en imagerie. Les tumeurs papillaires ou végé-
iliaque(s) primitif(s)
tantes ou ulcérovégétantes ont un développement exophy-
M – Métastases à distance tique intravésical. Les tumeurs infiltrantes pures sont planes
− M0 Absence de métastase à distance et diagnostiquées en cystoscopie. Leur visualisation est
− M1 Métastase(s) à distance
impossible en imagerie.
Chapitre 24. Exploration IRM de la vessie    403

Le taux global de récidive varie de 40 à 85 % selon les d'une structure linéaire à contours mal délimités de signal
séries, entre 6 à 12  mois. Entre 20 et 30  % des tumeurs plus faible que celui de la tumeur en pT2 et se rehaussant
superficielles TVNIM évolueront après plusieurs années en plus tardivement que la tumeur après injection ; ce qui tra-
tumeurs infiltrantes TVIM. Le grade est un facteur péjo- duit sa nature fibreuse. La partie musculaire lisse de la paroi
ratif car les tumeurs superficielles TVNIM de grade élevé est parfois attirée par le pédicule d'implantation.
ont 70 % de survie à 5 ans. L'incidence des tumeurs du haut L'injection de produit de contraste augmente la sensibi-
appareil urinaire est faible dans les carcinomes de bas grade, lité de détection de petites tumeurs et améliore l'analyse de
mais augmente à 7 % dans les tumeurs grade pT1. l'envahissement pariétal. Le processus tumoral étant hyper-
vascularisé, il a une prise de contraste précoce et intense
avec un wash-out plus rapide que celui d'un tissu non
Imagerie par résonance magnétique [7–9]
tumoral. De ce fait, la tumeur peut être identifiée entre 5 à
Processus tumoral (fig. 24.5 à 24.9) 15 secondes après l'injection par son hypersignal, alors que
En ES T1, la tumeur a un signal intermédiaire à faible voi- la couche musculaire reste en hyposignal. Ultérieurement,
sin de celui de la paroi vésicale. Elle est iso- ou légèrement le signal de la tumeur diminue, celui de la paroi augmente
hyperintense par rapport au muscle, hyperintense par rap- et la forte intensité du contraste dans la vessie masque une
port à l'urine et hypo-intense à la graisse périvésicale. petite lésion tumorale. La présence d'un liseré en hyposignal
En ES T2, le signal de la tumeur est très inférieur à celui (couche musculaire) à la base tumorale correspond à un
de l'urine, supérieur à l'hyposignal de la paroi et inférieur stade T1. Un contour interne irrégulier traduit un stade T2a
ou égal à celui de la graisse. Les tumeurs polypoïdes ont un et l'interruption du liseré en hyposignal par un hypersignal
pédicule d'implantation contenant du tissu conjonctif, des sans infiltration de la graisse périvésicale correspond à un
capillaires ainsi que des cellules inflammatoires avec de stade T2b. Enfin, une lésion avec contour interne irrégu-
l'œdème ; ce dernier est visible dans 75 % des cas sous forme lier et des stries dans la graisse périvésicale témoigne d'un

Fig. 24.5 IRM. Processus tumoral stade pT1. (a) ES T2, plan axial. Masse polypoïde de la partie gauche du trigone de signal intermédiaire.
Intégrité de la portion musculaire de la paroi en hyposignal. Pas de dilatation de l'uretère. (b) ES T2, plan frontal. Intégrité de la portion musculaire
en hyposignal.

Fig. 24.6 IRM. Processus tumoral stade pT3b. (a) ES T2, plan axial. Masse polypoïde de la partie gauche du trigone avec rupture de l'hyposignal
de la paroi et envahissement de la graisse de l'espace inter-vésico-séminal (flèche). (b) ES T2, plan frontal. La tumeur envahit la partie musculaire
et s'étend en dehors des limites de la vessie dans la graisse, sans atteinte du tube digestif (flèche).
404   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

Fig. 24.7 Volumineux processus tumoral droit envahissant la paroi. Stade pT3b. (a) TDM. Temps veineux. La masse se rehausse de façon
homogène. Les contours de la vessie apparaissent réguliers. (b) IRM ES T1, plan axial. La masse est de signal faible homogène avec une zone
d'implantation en regard de remaniements de la graisse associés à une hypervascularisation (flèche). (c) IRM. ES T2, plan axial. La tumeur est de
signal faible, contrastant avec l'hypersignal de l'urine. Noter la visualisation du pédicule d'implantation avec attraction du tissu graisseux périvésical
(flèche noire) et interruption de l'hyposignal normal la paroi. (d) IRM ES T2, plan frontal. L'envahissement de la graisse et le pédicule d'implantation
sont bien visibles (flèche).

stade  T3b. En théorie, le rehaussement tumoral est plus graphie ADC. Dans la littérature, il est rapporté que l'inten-
précoce que celui de l'œdème ou d'un tissu de granulation ; sité de la chute de l'ADC fournit une information utile pour
mais il y a plusieurs causes de faux positifs, à savoir : une l'évaluation du stade tumoral, en particulier pour distinguer
néovascularisation péritumorale inflammatoire sans exten- le stade  T1 ou moins du stade  T2 ou plus. La valeur de
sion histologique, des remaniements postbiopsiques et après l'ADC des tumeurs de grade 3 serait significativement plus
instillations endovésicales, ou encore une fibrose post-irra- faible que celles des grades 1 et 2.
diation si l'examen est réalisé trop précocement (à moins de
3 mois après la procédure). Extension aux organes de voisinage (fig. 24.9)
La résolution spatiale des appareils actuels permet la La séquence ES T2 fournit un excellent contraste avec l'ana-
visualisation de tumeurs bourgeonnantes de taille supé- tomie zonale des différents organes pelviens et pour la paroi
rieure ou égale à 5 à 7 mm. pelvienne. L'analyse dans les plans sagittal ou frontal est
Dans la littérature, les séquences dynamiques avec injec- optimale pour le bilan d'extension, en particulier pour l'ex-
tion de contraste ont une efficacité qui varie de 75 % à 92 % ploration des parois pelviennes et du plancher. Une lésion
pour différencier un stade T1 ou moins d'un stade T2 ou s'étendant dans un organe de voisinage ou la paroi pelvienne
plus avec une efficacité globale tous types confondus de en séquence ES T2 et après injection traduit un stade T4.
52 % à 93 %. Tekes et al. [8] rapportent une sensibilité et une L'envahissement des vésicules séminales se juge sur des
spécificité de 86 % et 84 % respectivement pour distinguer critères morphologiques en ES T1 car le signal n'est pas
entre un stade pT2 ou moins et un stade pT3 ou plus. En modifié : hypertrophie d'une vésicule avec remplacement
utilisant les trois types de séquences combinées, l'efficacité de l'hypersignal graisseux intervésicoséminal par un hypo-
diagnostique du stade pT3 ou plus est de 94 %. signal. En ES T2, il y a une chute localisée ou diffuse de
L'imagerie de diffusion (fig. 24.8) a une excellente sen- l'hypersignal de la vésicule séminale remplacé par un signal
sibilité pour la détection des lésions avec, comme dans qui évolue de façon identique à celui du processus tumo-
tout processus tumoral, un ralentissement de la diffusion, ral à l'injection. La sensibilité de ce signe est bonne, mais sa
soit sur l'imagerie en diffusion un hypersignal, et une spécificité est médiocre car les vésicules séminales peuvent
valeur du coefficient de diffusion apparent (ADC) faible présenter un signal faible dans certaines circonstances phy-
(< 1000 10–3 mm3/s) facile à déceler également sur la carto- siologiques (patient âgé, alcoolisme sévère, passé infectieux
Chapitre 24. Exploration IRM de la vessie    405

Fig. 24.8 IRM. Rétention aiguë d'urine. Masse tumorale du trigone, stade pT4a. (a) ES T2, plan sagittal. Épaississement tissulaire du trigone
avec disparition de l'hyposignal de la paroi (flèche noire) et infiltration de la paroi vaginale antérieure (tête de la flèche noire). Noter l'épaississe-
ment de la paroi postérosupérieure (tête de flèche blanche). (b) EG T1 avec injection de produit de contraste, 15 secondes, plan sagittal. La masse
tumorale du trigone interrompt la paroi musculaire et infiltre l'espace intervaginal puis la paroi vaginale antérieure (flèche). Au niveau de la face
postérieure du dôme, il existe un rehaussement linéaire sans infiltration pariétale à l'injection de contraste correspondant à un stade pT1 (tête
de flèche). (c) ES T2, plan axial. La masse envahit les deux méats urétéraux (flèches). (d) Séquence de diffusion b1000. Hypersignal de la tumeur
(flèche). (e) Cartographie ADC de la séquence de diffusion. Ralentissement de la diffusion dans le processus tumoral (flèche).

ou radiothérapie locale ou amylose vésiculaire). Dans ces tique, principalement à la recherche d'une extension péri-
cas, l'hyposignal est diffus, bilatéral et les vésicules sont de vésicale pour les stades > T2a d'une tumeur préalablement
petite taille. diagnostiquée avec son type histologique et sa localisation.
L'envahissement de la prostate s'apprécie dans le plan La fiabilité globale de l'IRM est supérieure à celle de la
frontal ou sagittal et en ES T2 sur deux critères : dispari- TDM. Cela s'explique d'une part par la meilleure résolution
tion de la limite nette inter-vésico-prostatique, masse de en contraste et d'autre part par sa possibilité de réaliser des
signal identique à la tumeur vésicale dans le parenchyme plans de coupe plus adaptés à la morphologie de la vessie
prostatique. L'envahissement urétral est impossible à permettant d'explorer les tumeurs du dôme et de la base.
diagnostiquer. En pratique, elle n'est indispensable que si l'on suspecte une
L'extension au cul-de-sac vaginal, au col et au corps uté- extension aux organes de voisinage à partir d'un stade pT3b.
rin s'étudie dans le plan sagittal en ES T2. Les critères d'en- En routine, l'évaluation du haut appareil excréteur est
vahissement sont identiques à ceux proposés chez l'homme. faite par l'uroscanner, mais en cas d'insuffisance rénale,
L'envahissement de la paroi pelvienne s'apprécie en ES l'uro-IRM, en séquence pondérée en T2, est performante.
T2. La perte du liseré graisseux entre deux structures n'est
pas synonyme d'infiltration. Le seul critère fiable est l'exis- Extension ganglionnaire [10, 11]
tence d'un signal identique à celui de la tumeur dans le L'IRM et la TDM utilisent le même principal critère d'ana-
muscle. Une disparition de la corticale osseuse avec infiltra- lyse, morphologique, fondé sur la taille, pour distinguer les
tion médullaire traduit une extension osseuse. ganglions des adénopathies. Le diagnostic d'adénopathie
Au total, la fiabilité globale de l'IRM varie de 73 à 96 % est évoqué devant une formation tissulaire supplémentaire
pour le bilan tumoral local. autour des axes vasculaires.
Les ganglions normaux sont couramment visibles en
Comparaison entre TDM et IRM (voir fig. 24.7) routine. Le problème essentiel est de définir la taille limite
La principale indication de la TDM ou de l'IRM n'est pas la au-delà de laquelle un ganglion est jugé pathologique. De
détection tumorale mais le bilan d'extension préthérapeu- multiples travaux ont porté sur cette notion, rapportant des
406   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

un envahissement métastatique dans des ganglions de taille


normale ou encore à des micrométastases.
Le diagnostic est très facile devant des formations volu-
mineuses, multiples, étagées ou au contraire regroupées,
formant une masse à contour externe polycyclique. Celle-ci
peut entraîner une compression veineuse voire une throm-
bose. Il est plus rare que l'ensemble de l'axe vasculaire soit
refoulé. Lorsque la masse est très importante, il devient
difficile de faire la part entre une récidive tissulaire locale,
une masse ganglionnaire ou encore un envahissement mus-
culaire. Le meilleur contraste des séquences d'IRM permet
cette distinction.
La recherche d'adénopathie s'effectue en séquence pon-
dérée en T1. Ni la valeur de la densité, ni l'intensité du signal
ou la prise de contraste ne sont discriminantes pour distin-
guer les adénopathies malignes des adénopathies inflamma-
toires ou même d'un ganglion banal.
Les sensibilités et spécificités rapportées dans la littéra-
ture dépendent des paramètres techniques (champ de vue,
taille de la matrice et épaisseur de coupe en TDM et IRM,
type de séquences et nombre d'excitations en IRM, etc.)
ainsi que du choix du diamètre seuil au-delà duquel le gan-
glion est considéré comme pathologique. Les chiffres sont
disparates pour estimer la fiabilité de la TDM et de l'IRM,
avec des taux rapportés de 67 % à 97 % pour la TDM et de
77 % à 98 % pour l'IRM. La valeur prédictive négative des
deux méthodes demeure faible à cause de micrométastases
dans des ganglions de taille normale ainsi que de la sensibi-
lité estimée entre 48 % et 75 %. Avec ce critère de taille, les
performances diagnostiques globales de l'IRM ne sont pas
meilleures que celles de la TDM et estimées à 85 %.
La séquence de diffusion serait prometteuse, mais encore
en cours d'évaluation.

Formes cliniques
Tumeur développée dans un diverticule vésical
Le diverticule de vessie est une pathologie bénigne favo-
risant le développement d'une tumeur. En effet, 80 % des
diverticules sont le siège de modifications pariétales à type
de dysplasie, leucoplasie ou encore métaplasie épider-
moïde, et 6 % environ contiennent un processus tumoral
Fig.  24.9 IRM. Processus tumoral étendu pT4a- pT4b (minime)
N +. (a, b) ES T2. (a) Plan axial. Présence de multiples adénopathies
malin. C'est la conséquence de la stase urinaire chronique
(flèches). Infiltration tumorale nodulaire de l'espace périrectal gauche intradiverticulaire, elle-même responsable d'infection
allant jusqu'à la grande échancrure sciatique (tête de flèche). (c) ES T2, urinaire.
plan frontal. Vaste processus tumoral du dôme avec atteinte de la paroi L'imagerie en coupes prouve la nature tissulaire grâce à la
du sigmoïde (flèche). prise de contraste précoce. L'IRM permet un bilan d'exten-
sion locorégionale plus précis qu'en TDM.
chiffres variables à cause de l'hétérogénéité des appareil- Le pronostic est très péjoratif, avec moins de 10 % de sur-
lages et des protocoles. La valeur de référence est définie vie à 5 ans, car la paroi musculaire du diverticule est mince
comme celle du plus petit axe, pris perpendiculairement au ou inexistante, ce qui favorise la progression rapide de la
grand axe dans le plan axial transverse ou diamètre mini- tumeur d'un stade superficiel à un stade T3b.
mal (ou petit diamètre) axial transverse. La valeur seuil
« moyenne » de consensus au-delà de laquelle un ganglion Tumeur de l'ouraque
est considéré comme pathologique est de 10 mm pour les La tumeur de l'ouraque occupe environ 0,2 % de l'ensemble
ganglions rétropéritonéaux et de 8 mm pour ceux de la des tumeurs de vessie. Bien que celui-ci soit habituellement
cavité pelvienne. tapissé par un épithélium, 90 % de ces cancers sont des adé-
Ce critère de taille ne permet pas de différencier une adé- nocarcinomes, le plus souvent de type mucineux. Ils pro-
nopathie inflammatoire d'une adénopathie métastatique, viendraient d'une métaplasie de l'épithélium de l'ouraque.
en particulier en cas de petite lésion. Ces faux positifs sont La tumeur siège le plus souvent dans la portion juxtavési-
cependant beaucoup plus rares que les faux négatifs dus à cale de l'ouraque. Sa croissance est rapide. L'extension vési-
Chapitre 24. Exploration IRM de la vessie    407

cale est précoce, se fait à la face antérieure de la vessie, puis signal intermédiaire à faible en T1 et en hyposignal en T2.
au péritoine après franchissement de l'espace de Retzius et Elle refoule la muqueuse. Après injection, son rehaussement
à la paroi abdominale. Asymptomatiques et insidieux au est variable.
début, les adénocarcinomes seront découverts dans 80 % Les tumeurs musculaires malignes (sarcomes ou myosar-
des cas à un stade tardif devant une hématurie ou une masse comes) représentent entre 0,5 et 1 % des tumeurs malignes
dure sus-pubienne, ou rarement une fistule ombilicale de la vessie. Les principales formes histologiques sont les
hémorragique. rhabdomyosarcomes et les léiomyosarcomes. L'extension
La topographie est évocatrice : masse médiane ou para- est toujours locale, rarement métastatique. L'évolution en
médiane dans l'espace prévésical avec un développement est variable, relativement lente dans certains cas.
exovésical prédominant, remontant le long de l'ouraque.
En IRM, le plan sagittal est optimal pour l'analyse topo- Autres tumeurs primitives
graphique et l'extension pariétale sur la séquence ES pT2. Paragangliome vésical (ou phéochromocytome
Le pronostic est très péjoratif. extrasurrénalien vésical)
Il existe trois diagnostics différentiels :
■ le kyste de l'ouraque infecté : le diagnostic peut être évo- Entre 10 à 15 % des phéochromocytomes sont extrasur-
qué devant la symptomatologie clinique infectieuse, le rénaliens. Parmi ceux-ci, la localisation vésicale occupe la
jeune âge du patient et l'absence de prise de contraste. troisième place parmi des localisations abdominales (85 %
Passé en phase chronique, il simule une masse tumorale des cas). Le paragangliome vésical représente entre 0,06 et
plus ou moins nécrosée ; 0,5  % de l'ensemble des tumeurs vésicales. Il est le plus
■ les adénocarcinomes primitifs du dôme de vessie ont souvent bénin et d'évolution lente, mais le risque de mali-
des caractéristiques différentes : croissance intravésicale gnité est plus fréquent que pour les phéochromocytomes
avec faible développement exovésical, topographie moins surrénaliens. De plus, la détermination de la malignité par
médiane, absence de calcification. La présence d'une cys- l'examen anatomopathologique est difficile, voire impos-
tite glandulaire associée est en faveur d'un adénocarci- sible sur l'analyse de la pièce. Seules la présence d'une autre
nome primitif de la vessie ; localisation, soit simultanée, soit à distance, et la découverte
■ l'envahissement local d'une tumeur de voisinage (adéno- de métastases dans des zones ne contenant normalement
carcinome de l'ovaire, prostate, col utérin, tube digestif). pas de cellules chromaffines (ganglions, poumon, foie) sont
des éléments de certitude de malignité. La tumeur se déve-
loppe entre les fibres musculaires de la paroi vésicale à par-
Tumeurs non épithéliales tir des cellules germinales provenant de la crête neurale.
Les tumeurs non épithéliales occupent environ 3  % de Les métastases peuvent apparaître plusieurs années après
l'ensemble des tumeurs vésicales. Elles regroupent des types le diagnostic initial et la récidive locale est le fait d'une exé-
histologiques très divers, bénins ou malins. Ces tumeurs rèse incomplète.
ont en commun leur origine intramurale avec respect de la La symptomatologie clinique évocatrice – manifestations
muqueuse. paroxystiques per- ou postmictionnelles immédiates à type
Les tumeurs musculaires sont les tumeurs non épithé- de céphalées, sueurs et palpitations – n'est présente que dans
liales les plus fréquentes. Elles peuvent être bénignes ou la moitié des cas. Il en est de même d'une hypertension arté-
malignes. rielle et d'une hématurie qui peut être abondante à cause
d'une ulcération de la muqueuse sous-jacente. L'élévation
Léiomyome du taux de catécholamines est présente également dans 50 %
des cas. Elle peut être minime et/ou n'être libérée que lors
Le léiomyome de la vessie est rare (0,04 à 0,5 % de l'en-
des contractions vésicales au moment de la vidange vésicale.
semble des tumeurs de vessie), mais c'est la plus fréquente
Cependant, tous ces éléments de suspicion diagnostique
des tumeurs vésicales non épithéliales occupant la quasi-
sont importants compte tenu du risque de poussées hyper-
totalité de cet ensemble.
tensives liées à la manipulation de la tumeur lors de la cys-
Dans 63 % des cas, son développement est intravésical de
toscopie. La biopsie est contre-indiquée à cause du risque de
type sessile ou pédiculé, et dans 30 % il est extravésical. C'est
poussée hypertensive.
une masse arrondie ou lobulée, bien limitée, lisse, unique
En IRM, le signal est faible à intermédiaire en T1, et en
ou multiple, recouverte d'une muqueuse saine. Elle croît
T2 la masse présente un signal intermédiaire à élevé et est
lentement, pouvant atteindre un volume important. La péri-
homogène. La prise de contraste est intense.
phérie de la tumeur est recouverte par une muqueuse saine,
rarement érodée.
Les formes à développement intravésical ont une symp- Endométriose vésicale (fig. 24.10)
tomatologie urinaire à type de pollakiurie, dysurie, d'infec- La vessie est le site le plus fréquent de l'endométriose du
tions urinaires ou plus rarement d'hématurie. Dans les tractus urinaire, suivi de la localisation urétérale et rénale
formes à développement extravésical, la symptomatologie (fig. 24.11). C'est le plus souvent une simple infiltration de la
clinique est pauvre et tardive, à type de compression extrin- séreuse ou il peut s'agir de petits nodules disséminés et plus
sèque lorsque la tumeur est volumineuse. rarement d'une masse vésicale. Elle siège avec prédilection
En IRM, les plans sagittal et frontal permettent une au niveau du dôme ou de la face postérieure de la vessie. Elle
meilleure analyse des rapports de la masse avec la vessie. est responsable d'hématurie rythmée par la menstruation et/
Le diag­nostic est évoqué devant une masse homogène, de ou de dysurie.
408   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

signal. Ses contours externes sont irréguliers. Elle adhère et


envahit la partie antérieure du corps de l'utérus. Sa morpho-
logie est pathognomonique. Elle est associée de façon quasi
constante à d'autres localisations d'endométriose pelvienne.

Lymphome
C'est le plus souvent un lymphome non hodgkinien. Le
lymphome primitif de la vessie est rare, survenant chez des
patients âgés. Au contraire, le lymphome secondaire de la
vessie est plus fréquent et est présent dans 13 % des décès
pour lymphome. Il s'agit d'une masse nodulaire multilocu-
laire recouverte d'un épithélium normal, ou plus rarement
d'une infiltration pariétale. Elle siège le plus souvent au
niveau de la base de la vessie. Le pronostic est moins péjo-
ratif dans la forme primitive que dans la forme secondaire.
Elle est aspécifique en imagerie. Les localisations vésicales
des leucoses sont exceptionnelles.

Tumeurs secondaires
Les métastases vésicales sont rares ; elles sont secondaires
par ordre de fréquence décroissant à un cancer du poumon,
du sein, de l'estomac ou un mélanome. En revanche, la ves-
sie est très fréquemment envahie par un cancer de voisinage
Fig.  24.10 Léiomyome de vessie. (a) Échographie endocavitaire.
(prostatique, rectosigmoïdien, cervico-utérin ou ovarien).
Le processus tissulaire est discrètement hétérogène et soulève la
muqueuse (flèche). (b) IRM, séquence ES T2. La lésion se situe dans la Fistules vésicales
partie musculaire de la paroi (flèche).
Les fistules vésicales font communiquer la cavité vésicale
avec un organe creux adjacent ou la peau. Il en existe deux
grands types. Les fistules entérovésicales (principalement
sigmoïdovésicales) sont les plus fréquentes. Les fistules vési-
cogénitales (principalement vésicovaginales) sont actuelle­
ment moins fréquentes compte tenu des progrès réalisés
en obstétrique et en chirurgie gynécologique. Il existe deux
autres étiologies communes en cas d'apparition spontanée :
une néoplasie pelvienne sous-jacente ou une fistule radique
qui émaille l'évolution de néoplasies traitées de manière
extensive par chirurgie et radiothérapie.
L'IRM, grâce au plan sagittal ou frontal, montre l'adhé-
rence du segment digestif ou génital à la paroi vésicale du
dôme ou du trigone avec un aspect de cystite et une modifi-
cation de la graisse pelvienne, en particulier en saturation de
la graisse, et parfois la fistule elle-même si elle est suffisam-
ment large est repérée sur une séquence d'uro-IRM.
Fig. 24.11 Endométriose vésicale, séquence ES T2, plan axial. La
lésion envahit la partie musculaire et refoule la muqueuse. Il s'agit d'un
volumineux bloc fibreux (flèche) adhérant également à l'ovaire gauche
(tête de flèche). Références
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­
Chapitre 24. Exploration IRM de la vessie    409

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Accuracy for diagnosing T stage and estimating histologic grade.
Radiology 2009 ; 251 : 112–21.
Chapitre
25
IRM du cancer de la prostate
C. Roy

PLAN DU CHAPITRE
Options thérapeutiques en fonction des Radioanatomie normale de la prostate . . . . . 413
nomogrammes et place de l'IRM . . . . . . . . . . . 411 Apport de l'IRM dans le cancer de prostate. . . 414
Technique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 412 Détection des récidives après traitement . . . . 421

Depuis les années 1990, l'IRM a fait partie de l'arsenal des Tableau 25.1 Classification TNM des cancers
méthodes d'imagerie du cancer de la prostate. de la prostate (2010).
Le cancer de la prostate est le plus fréquent des cancers
Classification clinique (cTNM)
chez l'homme, avant celui du poumon. En termes de morta-
lité, le cancer de la prostate se situe après le cancer du pou- T Tumeur primitive
TX : tumeur primitive non évaluée
mon et le cancer colorectal.
T0 : tumeur primitive non retrouvée
Le dosage du PSA (prostate-specific antigen ou antigène T1 : tumeur ni palpable ni visible en imagerie
prostatique spécifique) est un test acceptable, avec une sen- T1a : tumeur occupant moins de 5 % du tissu réséqué avec un
sibilité de 75 à 85 % pour un seuil de 4 ng/ml. Il est peu score de Gleason < 7 ou absence de grade 4 ou 5
spécifique pour les cancers débutants et sa valeur prédictive T1b : tumeur occupant plus de 5 % du tissu réséqué ou un score
positive varie de 25 à 30 % à un seuil de 4 ng/ml. Cependant, de Gleason > 7 ou présence de grade 4 ou 5
le risque de cancer de la prostate est proportionnel au taux de T1c : tumeur découverte sur une biopsie prostatique en raison
d'une élévation du PSA
PSA. La généralisation du dosage du PSA en routine clinique T2 : tumeur limitée à la prostate (apex et capsule compris)
permet de déceler aujourd'hui des cancers à un stade précoce. T2a : tumeur concernant la moitié d'un lobe ou moins
Les biopsies échoguidées systématiques ont un taux T2b : tumeur concernant plus de la moitié d'un lobe mais sans
d'échec de 10 à 38 %, qui s'élève à 73 % pour les localisations atteindre les deux lobes
à l'apex, en latéral et en antérieur. T2c : tumeur concernant les deux lobes
T3 : extension au-delà de la capsule
T3a : extension extracapsulaire uni- ou bilatérale
Options thérapeutiques T3b : extension aux vésicules séminales uni- ou bilatérale
T4 : extension aux organes adjacents autres que les vésicules
en fonction des nomogrammes séminales (col vésical, sphincter externe, rectum, muscles
et place de l'IRM releveurs de l'anus ou la paroi pelvienne) ou tumeur fixée à la
paroi pelvienne
Afin de proposer le traitement le mieux adapté à chaque N Ganglions régionaux
patient, il a été établi des nomogrammes incluant différents NX : ganglions régionaux non évalués
N0 : absence de métastase ganglionnaire régionale
critères, en sus de la classification TNM (tableau 25.1) [1]. N1 : atteinte ganglionnaire régionale
La classification de D'Amico [2] distingue trois N1mi : métastase ganglionnaire ≤ 0,2 cm (optionnel)
catégories : Métastases à distance
1. Patients à risque élevé (Gleason > 7 ou PSA > 20 ng/ml ou MX : métastases à distance non évaluées
stade clinique T2c) M0 : absence de métastase à distance
L'IRM peut être indiquée pour apprécier l'importance M1 : métastases à distance
M1a : ganglions non régionaux
de l'extension tumorale et de réaliser le bilan ganglion-
M1b : os
naire. La scintigraphie osseuse est indiquée du fait du M1c : autres sites avec ou sans atteinte osseuse
risque élevé de localisations secondaires osseuses.
(Suite)

IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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412   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

Tableau 25.1 Suite. Technique [3]


Classification pathologique (pTNM)* L'IRM multiparamétrique consiste en la combinaison d'une
− pT0 : absence de tumeur identifiée après prostatectomie imagerie morphologique et fonctionnelle. Elle a prouvé son
totale utilité dans la plupart des situations cliniques. Cependant, le
− pT2 : tumeur limitée à la prostate protocole optimal est encore un débat d'experts.
• pT2a : tumeur limitée à un demi-lobe ou moins L'imagerie fonctionnelle compte trois séquences : la diffu-
• pT2b : tumeur unilatérale avec atteinte de plus d'un demi-
sion, la dynamique écho de gradient (EG) T1 avec injection
lobe, mais pas des deux lobes
• pT2c : tumeur bilatérale de gadolinium et la spectroscopie. En pratique courante, la
− pT3 : extension extraprostatique spectroscopie n'est pas indispensable
• pT3a : extension extraprostatique uni- ou bilatérale incluant Actuellement, la combinaison des séquences T2, dif-
le col vésical fusion et T1 dynamique avec gadolinium fournit les meil-
• pT3b : envahissement des vésicules séminales uni- ou leures performances pour la détection tumorale des tumeurs
bilatérales
à > 0,5 ml.
− – pT4 : envahissement d'autres structures que les vésicules
séminales (sphincter externe, rectum, muscles releveurs de
La difficulté d'interprétation de l'IRM réside dans la
l'anus ou la paroi pelvienne) détection d'un franchissement capsulaire.
R – Reliquat tumoral postopératoire
− Rx : présence de résidu tumoral non évaluée
Préparation du patient
− R0 : absence de reliquat tumoral macroscopique ou L'utilisation d'un antispasmodique IV est souhaitable car
microscopique cela minimalise les artéfacts dus au péristaltisme rectal.
− R1 : reliquat tumoral microscopique (focal ou étendu) Bien que l'utilisation d'une antenne endorectale couplée
− R2 : reliquat tumoral macroscopique
à une antenne de surface en réseau phasé donne une résolu-
* Pas de classification pT pour le stade T1. tion spatiale optimale, elle ne semble pas indispensable si l'on
peut utiliser une antenne de surface en haute résolution, soit
avec 16 canaux. Cette dernière option a l'avantage d'un coût
moindre, de sa simplicité et d'être sans inconfort pour le patient.
2. Patients à risque intermédiaire (Gleason = 7 ou PSA : L'examen IRM est à réaliser en respectant un délai de 6 à
10–20 ng/ml ou stade clinique T2b) 8 semaines après une ponction biopsie pour éviter les diffi-
L'IRM est indiquée car elle améliore la détection d'un cultés d'interprétation dues aux foyers hémorragiques.
stade T3.
N.B. : une distinction existerait au sein du groupe à Séquences morphologiques
risque intermédiaire entre les tumeurs de score de Les séquences morphologiques sont de deux types.
Gleason 3 + 4 et les tumeurs de score de Gleason 4 + 3
qui appartiendraient plutôt au groupe à haut risque. Séquence en fast SE T2
3. Patients à faible risque (Gleason ≤ 6 et moins de 33 % de
biopsies positives et PSA ≤ 10 ng/ml et stade clinique T1c C'est la séquence morphologique de base, indispensable,
ou T2a) habituellement effectuée dans au moins deux plans voire
En théorie, l'IRM est optionnelle, car la découverte dans les trois plans de l'espace.
d'un stade T3-IRM est rare (7 %). Elle est indiquée On utilise des séquences en fast spin echo à haute résolution
par certains si une décision de surveillance active est avec un petit champ de vue (field of view [FOV]) et une épais-
prise. En effet, outre les options thérapeutiques clas- seur de coupe de 3 à 4 mm. Le plan axial perpendiculaire au
siques dans cette catégorie (chirurgie radicale versus bord postérieur de la prostate est complété par un plan sagittal
radiothérapie), ces patients à faible risque peuvent être strict et/ou coronal oblique, incliné dans l'axe de l'urètre sous-
éligibles pour une surveillance active ou un traitement montanal. Il est centré du bulbe du pénis jusqu'au-dessus des
focal. L'option de surveillance active a des critères vésicules séminales (ou plus jusqu'à la bifurcation aortique si
additionnels : stades T1c-T2a clinique, ≤ 2 biopsies l'on utilise uniquement une antenne en réseau phase).
positives et ≤ 50 % de cancer sur chaque biopsie.
Si une décision chirurgicale est prise, l'IRM participe au Séquence en T1
choix de la technique de prostatectomie radicale en indi- Le plan axial fournit une excellente approche anatomique
quant, en sus du volume de la lésion, ses rapports avec les pour les aires ganglionnaires, avec un centrage couvrant
pédicules neurovasculaires et sa localisation précise (apex). jusqu'au rétropéritoine inférieur avec la bifurcation aortique.
Le diagnostic du cancer prostatique est établi à partir des La séquence de fast SE T2 est aussi performante pour ce
biopsies échoguidées. diagnostic. Une séquence 3D en SE T2, si elle est disponible,
L'indication initiale de l'examen IRM était, dans le cadre permet, avec des reformations, d'avoir une information
d'un bilan d'extension locale, de guider la prise en charge multiplanaire en une seule acquisition.
thérapeutique. Actuellement, grâce aux nouvelles séquences En cas de délai trop rapproché entre l'examen et les biop-
fonctionnelles, l'IRM dite multiparamétrique a un rôle dia- sies, il est recommandé d'effectuer une séquence T1 TSE
gnostique pour guider une seconde série de biopsies après avec la même épaisseur de coupe et le même centrage que
une première série négative voire pour réaliser uniquement les coupes T2 pour détecter les plages hémorragiques en
des biopsies ciblées dans la zone suspecte. hypersignal T1 et hyposignal T2.
Chapitre 25. IRM du cancer de la prostate    413

Séquences fonctionnelles Séquence EG T1 dynamique


Les séquences fonctionnelles sont de trois types [4, 5]. avec injection de gadolinium
Le cancer de la prostate ayant un caractère hypervascu-
Séquence de diffusion laire, l'injection de produit de contraste est indispensable.
Sa résolution temporelle doit être faible (< 10 secondes)
L'imagerie de diffusion est une séquence permettant à la fois
pour capter précocement l'hypervascularisation d'un
la localisation tumorale, le repérage aisé des hypersignaux
cancer dans la zone périphérique, cette dernière se
ganglionnaires et la détection de métastases osseuses ou de
rehaussant plus tardivement. La séquence dynamique
pathologies associées.
compte au moins 20 à 25  passages pour obtenir une
Elle est encore peu évaluée dans la littérature pour ces deux
courbe de rehaussement fiable. Le débit d'injection doit
derniers points. Elle est en revanche couramment utilisée sur
être élevé (environ 3,5 à 4 ml/s), réalisé avec un injecteur
la prostate pour détecter le processus tumoral. Elle est réalisée
automatique, et la séquence s'effectue en saturation de
dans le plan axial habituellement sur la prostate et les gan-
la graisse. Une série sans injection précède l'acquisition
glions, en coronal pour les atteintes osseuses. On utilise des
dynamique pour permettre une soustraction automati-
séquences avec excitation sélective du signal de l'eau pour
sée de toutes les séries.
deux valeurs de b situées entre 0 et 50 d'une part et entre 600 et
L'IRM dynamique compare la cinétique du gadolinium
1 000 d'autre part. Cette séquence est courte (2 minutes 30 à
dans la tumeur, dans la prostate normale et hyperplasique.
5 minutes), robuste, facile à mettre en œuvre et à interpréter.
L'analyse est qualitative, visuelle, avec un mode ciné pour
Elle est particulièrement performante pour la détection
détecter une zone de rehaussement sur l'imagerie en sous-
du cancer de la prostate. Sa sensibilité, notamment, est excel-
traction. La soustraction permet également d'éliminer les
lente. Sa spécificité n'est pas parfaite, mais globalement, son
foyers hémorragiques persistants en cas de biopsies trop
addition à l'imagerie T2 et dynamique augmente significati-
rapprochées par rapport à l'IRM. Mais ces foyers hémor-
vement les performances de l'IRM multiparamétrique pour la
ragiques sont souvent source de remaniements inflamma-
détection et la localisation des foyers tumoraux dans la glande
toires responsables d'une hypervascularisation (en théorie
[4, 5]. Certains travaux suggèrent que la valeur du coefficient
d'intensité différente de celle du cancer).
apparent de diffusion (ADC) de la tumeur serait un reflet du
L'analyse semi-quantitative de la courbe obtenue
score de Gleason et donc de l'agressivité du cancer [6].
sur un tracé ROI (region of interest) fournit un certain
Dans une étude de 111 IRM réalisées avant biopsie, les
nombre de paramètres dont les principaux sont : la valeur
performances de la séquence de diffusion isolée sont voi-
du pic de rehaussement élevé, le temps de montée et le
sines, voire supérieures, à celles de la combinaison des dif-
wash-out. L'analyse visuelle de la courbe est suffisante en
férentes séquences. La sensibilité, la spécificité et la valeur
comparaison avec une courbe obtenue dans un territoire
prédictive négative de l'IRM de diffusion seule étaient, dans
supposé sain.
cette série, respectivement de 92 %, 55 % et 84 %, contre
L'analyse quantitative est plus complexe car elle tient
91 %, 54 % et 71 % pour la combinaison des trois séquences
compte du retour du contraste de l'espace extravasculaire
(T2, dynamique et diffusion). Dans le groupe des patients
extracellulaire et de différents algorithmes de perfusion
avec antécédents de biopsies négatives, la combinaison des
tissulaire.
séquences était cependant légèrement meilleure (96 %, 59 %
La sensibilité de cette séquence est de 73 % et sa spécifi-
et 91 % contre 91 %, 58 % et 92 % pour la diffusion seule) [7]
cité de 81 % à 1,5 T ; mais l'utilisation d'un 3 T n'augmente
Progressivement, l'IRM de diffusion est donc devenue non
pas sa performance.
seulement un élément de l'IRM multiparamétrique, mais de
plus bien l'une de ses séquences les plus informatives, et ce
même en dépit de sa résolution spatiale qui est médiocre.
Cependant, ses paramètres techniques restent en discus- Radioanatomie normale
sion et doivent être standardisés. La valeur de b optimale de la prostate (fig. 25.1 à 25.7)
n'est pas définie. De même, les approches multi-b, qui per-
mettent de distinguer diffusion vraie et perfusion, n'ont pas La glande prostatique a une forme de pyramide inversée
encore été vraiment étudiées. On ignore aussi si la fraction avec une base supérieure, accolée au trigone vésical, et un
d'anisotropie pourrait être un paramètre discriminant pour sommet inférieur.
caractériser le cancer de la prostate. Le tissu glandulaire est divisé en zones. L'anatomie
zonale décrite par McNeal [8] est actuellement la référence :
la zone périphérique (ZP) occupe 70 à 75 %, la zone centrale
Spectroscopie (ZC) 20 à 25 %, la zone de transition (ZT) 5 % et la zone des
La spectroscopie recueille une information métabolique glandes péri-urétrales (ZPU) 1 %.
qui reflète les concentrations relatives de divers composants En séquence  T2, le contraste intraglandulaire est dif-
prostatiques (citrate, choline, créatine). férent entre ces zones : la zone périphérique présente un
On peut observer typiquement un taux élevé cho- hypersignal ; la zone de transition et la zone centrale sont
line + créatine et/ou un taux réduit de citrate dans le cancer indissociables et constituent la glande interne qui présente
prostatique. Sa sensibilité varie de 57 à 71 % et sa spécificité un hyposignal.
de 82 à 84 % – test utile en détection mais insuffisant. Elle La capsule prostatique est visible sous la forme d'un liseré
n'est pas utilisée en routine du fait de sa longueur d'acquisi- hypo-intense circonscrivant la glande, sauf à l'apex où elle
tion (10 minutes) et de sa difficulté d'interprétation. est pratiquement inexistante.
414   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

La paroi des vésicules séminales et des ampoules défé- laires en hypersignal, qui sont classiquement arrondis et à
rentielles apparaît hypo-intense avec une lumière très contours nets.
hyperintense. Les cancers sont situés plus fréquemment dans la zone
L'hyperplasie prostatique bénigne est toujours pré- périphérique (75 % des cas environ), et 25 % sont situés
sente de façon plus ou moins prononcée, et siège au sein dans la partie centrale de la glande.
de la zone transitionnelle qui devient très hétérogène, avec
des zones stromales en hyposignal et des nodules glandu-
Apport de l'IRM dans le cancer
de prostate [6–12] (encadré 25.1
et cas cliniques 25.1 et 25.2)

Séméiologie de base du cancer


de la prostate de la zone périphérique

Séquence T2 : hyposignal de la zone périphérique

Séquence de diffusion  : hypersignal à b élevé et chute du
signal sur la cartographie ADC

Séquence dynamique EG T1 avec injection de gadolinium :
prise de contraste intense, précoce avec wash-out (courbe
semi-quantitative caractéristique)

Détection de la tumeur (fig. 25.8 à 25.11)


En séquence T2, la tumeur localisée dans la zone périphé-
rique est classiquement une plage ou un nodule en hypo­
Fig. 25.1 Anatomie zonale de McNeal, plan sagittal, schéma sim-
plifié. Les zones glandulaires sont composées de la zone centrale (C), la
signal contrastant avec l'hypersignal de la zone périphérique.
zone périphérique (P) et de la zone de transition (T). CV : col vésical ; E : Mais sa spécificité est faible. Il peut également s'agir d'une
canal éjaculateur ; FM : stroma fibromusculaire antérieur ; S : sphincter zone de signal intermédiaire. Cette séquence est utile en
préprostatique (ou prostatique) et glandes péri-urétrales ; SL : sphincter détection, mais insuffisante.
lisse distal ; UD : urètre distal (ou urètre sus-montanal) ; UP : urètre proxi- Il existe plusieurs diagnostics différentiels : des zones
mal (ou urètre sus-montanal) ; V : veru montanum. (D'après McNeal JE. d'infarctus, des lésions d'hyperplasies ectopiques et des
The zonal anatomy of the prostate. Prostate 1981 ; 2 : 35-49.) zones de prostatite.

a b

c d
Fig. 25.2 Schémas des zones anatomiques. (a–d) Reconstitution autour des différentes structures canalaires. Pour les légendes, voir fig. 25-1.
Chapitre 25. IRM du cancer de la prostate    415

a b

c d
Fig. 25.3 Schémas des zones anatomiques – coupes axiales de la base vers l'apex. (a) Coupe passant par la base. (b) Coupe passant par
l'urètre sus-montanal. (c) Coupe passant par le veru montanum. (d) Coupe passant par l'urètre sous-montanal. Pour les légendes, voir fig. 25-1.

Fig.  25.4 Capsule prostatique, schéma plan axial. Pour les


légendes, voir fig. 25-1.

Fig.  25-6 Innervation de la prostate, schéma en vue postéro­


latérale. Il existe un large pédicule à la base de la glande qui pénètre
celle-ci après avoir franchi la capsule et petit pédicule à l'apex.

La détection du cancer prostatique repose en séquence


dynamique sur des éléments caractéristiques : un rehausse-
ment plus intense, plus rapide et plus précoce que le côté
controlatéral sain et avec un wash-out plus précoce que celui
du tissu sain. Cela témoigne de l'hypervascularisation mar-
quée du cancer de la prostate qui est importante dans les
30 premières secondes du rehaussement.
En T2 seul, pour la zone périphérique, la sensibilité
Fig.  25.5 Vascularisation de la prostate, schéma sagittal. Les et la spécificité sont voisines de 50 % ; en association avec
artères suivent les veines en postérolatéral. Il existe de multiples anas- l'imagerie dynamique, ces chiffres montent à 60 et 72 %,
tomoses veineuses latérales entre le réseau veineux postérolatéral et en respectivement.
avant le plexus veineux de Santorini. En séquence de diffusion, le cancer de la prostate a un
hypersignal marqué en utilisant un b élevé (800 à 1 000) et
Les tumeurs de la zone transitionnelle sont de détection un hyposignal sur la cartographie ADC, témoignant de la
plus difficile, classiquement sous forme de plage de signal réduction de la diffusion. En analyse quantitative, le seuil
intermédiaire à contours mal délimités et d'aspect homo- est estimé < 1000 × 10–6 mm2/s pour les Gleason supérieurs à
gène par opposition à l'hétérogénéité de la zone de transi- 6 avec une valeur nettement plus basse pour les grades plus
tion adénomateuse. élevés.
416   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

a b

c d
Fig. 25.7 Prostate normale, hypertrophie prostatique peu importante. (a) Plan axial – tiers inférieur. (b) Plan axial, niveau utricule. (c) Plan
sagittal. (d) Plan frontal. b : bandelettes neurovasculaires ; e : canal éjaculateur ; u : utricule ; zc : zone transitionnelle + centrale ; zp : zone périphé-
rique ; flèche : urètre ; tête de flèche : vésicule séminale ; double flèche : capsule.

Encadré 25.1 Compte rendu d'examen standardisé selon PI – RADS


(Prostate Imaging – Reporting and Data System) Version 2 –
(American College of Radiology – 2015)

Objectif : avoir une base commune pour améliorer la détection 1. Diffusion (DWI)
des cancers cliniquement significatifs. La cartographie ADC et une valeur de b élevée sont nécessaires

Volume de la glande : assimilé au volume d'une ellipse soit (b > 1400).2. Séquence T2
(diamètre antéropostérieur maximal AP) × (diamètre transverse
Score Zone périphérique (PZ) ou zone transitionnelle (TZ)
maximal) × (diamètre longitudinal maximal) × 0,52.
DWI

Diamètre maximal de la lésion :
− le plan doit être indiqué avec une image ; 1 Absence d'anomalie (c'est-à-dire normal) sur
cartographie ADC et hautes valeurs de b en imagerie de
− dans la zone périphérique, la lésion doit être mesurée sur la
diffusion (DWI)
cartographie ADC ;
− dans la zone transitionnelle, la lésion doit être mesurée sur 2 ADC à la limite de l'hypo-intense sur cartographie ADC
la séquence T2. 3 Anomalie focale modérément ou faiblement hypo-intense

Localisation : 39 secteurs (fig. A). en cartographie d'ADC et iso- ou modérément hyperintense

Les critères : sur les hautes valeurs de b en imagerie de diffusion

Il existe une séquence dominante différente en fonction 4 Anomalie focale très hypo-intense en cartographie d'ADC
de la localisation de la lésion (PZ pour peripheral zone ou et très hyperintense sur les hautes valeurs de b en imagerie
zone périphérique ; ou TZ pour transition zone ou zone de de diffusion  ; < 1,5 cm dans le plus grand diamètre
transition). 5 Idem que pour 4 mais ≥ 1,5 cm dans son plus grand

La séquence injectée (DCE) devient une séquence secondaire. diamètre ou extension/invasion extraprostatique certaine
Chapitre 25. IRM du cancer de la prostate    417

Encadré 25.1 Suite
2. Séquence T2 PI-RADS
Score T2 Zone périphérique (PZ) Lésion dans la zone périphérique (PZ)
1 Signal uniformément hyperintense (normal) La séquence de diffusion est la séquence dominante.
2 Hypo-intensité linéaire ou segmentaire, DWI T2 DCE PI-RADS
ou faible hypo-intensité globale, sans limite 1 x x 1
nette
2 x x 2
3 Signal hétérogène ou mal limité, rond, modérément
hyperintense (inclut tous les cas n'étant pas définis 3 x – 3
comme catégorie 2, 4 ou 5) + 4
4 Hyposignal modéré bien limité, homogène, limité 4 x x 4
à la glande, et < 1,5 cm dans son plus grand
diamètre 5 x x 5

5 Idem que pour 4 mais ≥ 1,5 cm dans son plus grand x : entre 1 et 5.
diamètre ou extension/invasion extraprostatique
certaine Lésion dans la zone de transition (TZ)

Score T2 Zone transitionnelle (TZ) T2 DWI DCE PI-RADS


1 X x 1
1 Signal homogène, intermédiaire (normal)
2 x x 2
2 Hyposignal focal bien limité ou nodule(s) capsule(s)
hétérogène (HBP) 3 < 4 x 3
3 Signal hétérogène avec limites floues (inclut 5 x 4
tous les cas n'étant pas définis comme
4 x x 4
catégorie 2, 4 ou 5)
5 x x 5
4 Hyposignal modéré lenticulaire ou mal limité,
homogène, et < 1,5 cm dans son plus grand diamètre La séquence pondérée T2 est la séquence dominante.
5 Idem que pour 4 mais ≥ 1,5 cm dans son plus grand
PI‐RADS V2 : les catégories
diamètre ou extension/invasion extraprostatique
certaine ■
PI-RADS 1: probabilité très faible (un cancer cliniquement
significatif est hautement improbable)
3. Séquence dynamique injectée (DCE) ■
PI-RADS 2: probabilité faible (un cancer cliniquement
significatif est improbable)
Score Zone périphérique (PZ) ou zone ■
PI-RADS 3: probabilité intermédiaire (la possibilité d'un cancer
DCE transitionnelle (TZ)
cliniquement significatif est équivoque)
(–) Absence de rehaussement précoce ou ■
PI-RADS 4: probabilité haute (un cancer cliniquement
rehaussement global sans anomalie focale significatif est probable)
correspondant aux anomalies T2 et/ou DWI ou ■
PI-RADS 5: probabilité tès haute (un cancer cliniquement
rehaussement focal corespondant à une lésion de
type HBP sur la séquence T2
significatif est hautement probable)
En cas de score 4 et 5, la biopsie est recommandée.
(+) Anomalie focale se rehaussant plus précocement
La dimension (> 15 mm) est utilisée pour T2 + DWI pour séparer
que le parenchyme adjacent
le score PI-RADS scores 4 du PI-RADS score 5.

Cas clinique 25.1



Homme 58 ans ; PSA = 4,6 ng/ml rapport à 13 % ; TR : normal DWI T2 DCE PI-RADS
(fig. B)
1 X X 1

Volume glande : 75 g, sans lobe médian

Dimension maximale : nodule hypo-échogène rond ; 6 mm de 2 X X 2
diamètre 3 X – 3

Localisation  : plan axial, zone périphérique gauche, pas
+ 4
d'extension

PBP : Gleason 3 + 4 4 4 + 4

PI-RADS : 4 5 X X 5

Sa sensibilité associée au T2 varie de 81 à 84 % pour Mais l'hyposignal T2 des nodules stromaux de la zone
les cancers de la zone périphérique > 4 mm et de grade transitionnelle s'accompagne d'une chute de l'ADC qui
Gleason > 6. simule celle du cancer.
418   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

Cas clinique 25.2



Homme 75 ans ; PSA = 11,6 ng/ml rapport à 9 % ; TR : normal ; T2 DWI DCE PI-RADS
antécédent de deux PBP négatives (fig. C)
1 X X 1

Volume : 45 g

Dimension  maximale  : plan axial –  nodule hypoéchogéne 2 X X 2
ovalaire - 21 mm de diamètre 3 < 4 X 3

Localisation  : zone transitionnelle droite avec infiltration du
5 X 4
stroma fibromusculaire antérieur

PBP : Gleason 4 + 4 4 X X 4

PI-RADS : 5 5 5 + 5

a b c

d e
Fig. 25.8 Néoplasme prostatique de la zone périphérique (flèche noire). Séquence pondérée en T2. (a) Stade T2. La tumeur est intrapros-
tatique, sans contact avec la capsule. (b) Stade T3a. La tumeur interrompt la capsule avec un bombement postérieur. (c) Stade T3a avec atteinte
des bandelettes neurovasculaires. La tumeur de la zone périphérique droite a des contours flous. (d) Stade T3b avec envahissement des vésicules
séminales et de l'espace graisseux inter-vésico-prostatique – haut, plan axial ; bas, plan sagittal. (e) Cancer diffus très indifférencié, évoluant avec
franchissement capsulaire massif et perte complète de la structure prostatique normal ; plan frontal.

Actuellement, la combinaison des séquences T2, diffusion Bilan d'extension [13]


et T1 dynamique avec gadolinium fournit les meilleures per-
formances pour la détection tumorale des tumeurs > 0,5 ml.
Extension extracapsulaire (fig. 25.8)
La spectroscopie fournit une indication sur l'agressivité de la La notion de franchissement capsulaire modifie l'atti-
tumeur, mais nécessite une expertise technique. tude thérapeutique et en théorie contre-indique une
Certaines formes très indifférenciées et étendues ont un chirurgie radicale. La grande difficulté d'interprétation
signal intermédiaire, avec une disparition de l'anatomie en IRM réside dans la détection d'un franchissement
zonale (fig. 25.8e). capsulaire.
Chapitre 25. IRM du cancer de la prostate    419

a b c

d e
Fig. 25.9 Cancer de la prostate imagerie de diffusion, cancer de la zone périphérique (flèche). (a–c) Processus tumoral bifocal. À gauche :
séquence T2 plan axial ; au milieu : séquence de diffusion b1000 ; hypersignal dû à la réduction de la diffusion ; à droite : cartographie ADC avec
hyposignal – valeur = 980 × 10–3 mm2/s. (d, e) Cancer de la zone transitionnelle droite. (d) Hyposignal à contours mal délimités et franchissement
du stroma fibromusculaire antérieur. (e) Imagerie de diffusion b1000.

De nombreux critères ont été décrits, directs ou indirects, Concernant la probabilité de détection d'un franchis-
fondés sur la sémiologie en T2. sement capsulaire étendu dans le sous-groupe du risque
Il existe cinq signes « directs »  : une masse en hypo­ intermédiaire, il est démontré que l'IRM améliore les perfor-
signal > 12 mm en contact avec la capsule avec ou sans bom- mances du nomogramme de Partin. Un T3 IRM a donc une
bement régulier de la capsule ; une déformation irrégulière valeur pronostique défavorable au même titre qu'un score
de la capsule incluant l'aspect spiculé des contours prosta- de Gleason 8 ou un PSA > 20.
tiques ; une oblitération de l'angle rectoprostatique ; une L'IRM doit également préciser la distance de la tumeur
visibilité de l'hyposignal de la tumeur dans le tissu graisseux par rapport aux bandelettes neurovasculaires (pour la tech-
périprostatique ; et une asymétrie ou un envahissement des nique chirurgicale de préservation des bandelettes) et préci-
pédicules neurovasculaires. ser si la localisation tumorale est à l'apex car c'est une zone
La spécificité de ces trois derniers signes est élevée, voisine sans capsule et d'abord chirurgical plus difficile, avec risque
de 90 %, mais leur sensibilité est plus faible, voisine de 75 %. de marge positive.
On distingue deux types de situation : le franchissement
douteux ou indétectable, appelé microscopique ou focal, et
l'envahissement étendu, de diagnostic plus évident. Envahissement des vésicules séminales
L'impact de l'étude dynamique avec injection gadolinium et des ampoules déférentielles (fig. 25.12)
dans la détection d'un franchissement capsulaire n'est pas Quand l'envahissement est massif, il est pathognomonique
encore évalué et reste en routine clinique du domaine de la devant un hyposignal en séquence T2 uni- ou bilatéral,
séquence T2. visible dans toute la vésicule ou une partie de celle-ci (débu-
La détection d'un franchissement capsulaire microscopique tant à la partie interne car suivant classiquement le trajet des
ou focal est une limite infranchissable de l'IRM mais ne remet canaux éjaculateurs).
pas en cause son indication, car le pronostic d'un petit T3 focal Quand l'envahissement extraprostatique est débutant, les
est proche de celui du cancer strictement localisé. Il vaut donc images T2 sont plus discrètes et les séquences fonctionnelles
mieux un faux négatif qu'un faux positif dans cette situation. sont intéressantes.
420   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

b
Fig. 25.11 IRM multiparamétrique. (a) Cancer bilatéral de la zone
périphérique : séquence morphologique (en haut à gauche) les lésions
ne sont pas visibles ; séquence EG T1 dynamique (en haut à droite) :
prise de contraste bilatérale (flèche, tête de flèche) ; séquence de dif-
fusion b1000 (en bas à gauche) avec cartographie ADC caractéristique
(en bas à droite). Les lésions sont nettement mieux visibles sur la carto-
graphie (flèche, tête de flèche). Ponction biopsie : néoplasme bilatéral.
c (b) Même patient qu'à la figure 25.8c avec la cartographie ADC qui
montre l'aspect typique de la réduction de la diffusion (flèche).
Fig.  25.10 Cancer de la prostate, séquence EG T1 dynamique
avec injection de gadolinium (flèche). (a) Le processus tumoral est
à gauche avec sa courbe caractéristique : pente raide, pic précoce élevé
et wash-out rapide, par rapport au côté droit normal (25 secondes).
(b) À gauche, séquence T2 : petit nodule infracentimétrique dans la Extension ganglionnaire
zone périphérique. Au milieu : série injectée à 25 secondes avec prise La recherche de métastases ganglionnaires est un des points
de contraste intense et courbe semi-quantitative caractéristique. (c) En essentiels du bilan préthérapeutique du cancer de la pros-
haut, séquence T2 avec hyposignal suspect dans la zone périphérique tate car les implications pronostiques et thérapeutiques sont
droite à hauteur de l'apex. En bas, prise de contraste intense avec
majeures.
courbe semi-quantitative caractéristique ; série à 25 secondes.
L'IRM n'est pas fiable pour le staging ganglionnaire car les
métastases sont souvent petites (< 0,8 cm) et le critère clas-
sique de taille n'est pas performant. Sa sensibilité est voisine
Il existe des faux positifs en hyposignal secondaires à de 30 %. Au-delà de cette valeur seuil, les performances sont
des séquelles infectieuses, mais dans ces cas les deux vési- nettement supérieures, de 77 à 93 %. Les premiers relais gan-
cules sont atrophiques par opposition à un envahissement glionnaires sont obturateurs et iliaques, mais il existe d'autres
tumoral. voies de dissémination non exceptionnelles (fig. 25.13).
Chapitre 25. IRM du cancer de la prostate    421

l'ADC des ganglions hypertrophiés, comparée à celle de la


lésion primitive, représente certainement un « plus » pour
affirmer ou non une atteinte ganglionnaire.
La lympho-IRM apporterait des arguments intéressants
en matière de spécificité, mais elle reste non disponible en
routine clinique.

Extension osseuse
Les deux principales caractéristiques des métastases
osseuses du cancer de la prostate sont :
■ la localisation quasi exclusive sur le squelette axial
(crâne, vertèbres, côtes, bassin, humérus et fémurs proxi-
maux) et l'aspect ostéocondensant lié à la stimulation de
l'ostéoblastose ;
■ la scintigraphie osseuse qui reste en pratique courante la
plus utile pour détecter les localisations osseuses qui sont
suspectées à partir de 20 ng/ml. La séquence de diffusion
« corps entier » en évaluation est prometteuse.

Détection des récidives


Fig.  25.12 Cancer de la prostate avec envahissement des vési- après traitement
cules séminales, séquence T2. L'hyposignal localisé à la partie
interne de la vésicule séminale est caractéristique (flèche) (en haut).
La surveillance du taux de PSA après prostatectomie radi-
Il existe également une atteinte de l'ampoule déférentielle (en bas). cale, radiothérapie ou thérapies focales (curiethérapie et
HIFU [high intensity focused ultrasound]) permet de sélec-
tionner les patients suspects de récidive pour lesquels il est
proposé un traitement de rattrapage local ou locorégional
en fonction du bilan réalisé.
Après prostatectomie radicale, l'IRM est utile pour éva-
luer la cavité pelvienne pour des valeurs de PSA situées
entre 0,2 et 2 ng/ml. La sémiologie est identique, mais la
séquence de diffusion est moins sensible si elle est artéfactée
par les clips chirurgicaux.
Après radiothérapie, l'IRM serait utile à partir d'une
montée du PSA de 2 ng/ml au-dessus de la valeur du nadir.
Sur la séquence T2, la prostate résiduelle présente un hypo-
signal diffus et modérément hétérogène. Toute plage foca-
lisée nodulaire en hyposignal plus marqué et présentant
en séquence dynamique T1 un rehaussement précoce et
intense par rapport au reste de la prostate est considérée
comme maligne.

Références
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chaîne sacrée latérale et ganglion du promontoire – environ 20 % des tion with stepwise histopathology. J Magn Reson Imaging 2008 ; 27 :
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L'imagerie de diffusion est en évaluation car si les hyper- cerous tissue and cancer lesions by apparent diffusion coefficient
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422   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

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Chapitre
26
IRM des organes génitaux
externes masculins
C. Roy

PLAN DU CHAPITRE
IRM de la verge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 423 IRM du testicule. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 427

IRM de la verge [1–4] l'albuginée en superficie, a un signal relativement élevé qui


contraste également nettement avec l'albuginée.
C'est un examen peu réalisé qui a cependant un intérêt réel Le corps spongieux est de signal intermédiaire en T1,
dans certains contextes cliniques. C'est l'examen de réfé­ hypersignal en T2. L'urètre n'est pas identifié en T1 et en
rence dans le bilan d'extension des tumeurs péniennes pour hyposignal en T2.
guider le geste thérapeutique. Les artères centrocaverneuses sont en hyposignal
T2 et localisées en paramédian par rapport au septum
intercaverneux.
Technique
La verge est positionnée sur la ligne médiane de façon à Pathologie
avoir une analyse symétrique dans les trois axes soit fléchie,
soit en dorsiflexion sur l'abdomen. Maladie de Lapeyronie [3, 4]
L'examen se compose de trois types de séquences : Généralités
■ la séquence de fast spin echo (SE) est la séquence de base, Décrite en 1743, c'est une déformation acquise de la verge
réalisée dans les trois plans de l'espace ; en érection, secondaire à une fibrose segmentaire de l'albu­
■ la séquence pondérée en T1 SE ou écho de gradient (EG) ginée provenant d'une anomalie localisée du processus de
avec et sans saturation de la graisse est complémentaire. cicatrisation.
Elle sera réalisée dans le ou les plans les plus informatifs ; Ce n'est pas une maladie rare. Sa prévalence est estimée
■ la séquence EG T1 après injection de produit de contraste entre 3 et 20 %.
est en règle suffisante ; l'acquisition dynamique n'est pas Son évolution est lente, non figée dans le temps, avec
nécessaire. des phases d'aggravation, de stabilisation, rarement de
La séquence de diffusion est en cours d'évaluation. régression.
L'examen s'effectue avec une antenne de surface (circu­ Son étiopathogénie retenue actuellement est celle
laire ou linéaire) positionnée sur la zone à explorer et au de microtraumatismes répétés avec microdéchirure de
mieux couplée avec une antenne pelvis en réseau phasé en l'albuginée.
fonction de l'indication. Elle est indispensable pour un bilan Il existe d'autres hypothèses, potentiellement associées :
d'extension néoplasique. S'il s'agit d'une pathologie inflam­ un déficit en testostérone ou en DHEA (déhydroépiandro­
matoire, seule l'antenne de surface est utilisée. Elle utilise un stérone) qui altère la production du collagène de l'albuginée
petit champ avec une épaisseur de coupe de 3 mm. et conduit à la fibrose, des facteurs auto-immuns ou méta­
boliques, des prédispositions génétiques, des prises médi­
camenteuses, voire une infection.
Anatomie (fig. 26.1 et 26.2) Elle évolue dans le temps avec d'abord une phase précoce
L'albuginée est une bande d'épaisseur uniforme, de signal inflammatoire, aiguë et douloureuse avec parfois un nodule
très faible, du fait d'une teneur très élevée en fibre de colla­ à la palpation. Dans cette phase de fibrose active récente,
gènes (hyposignal T1, hyposignal T2). il existe des infiltrats lymphoplasmocytaires périvasculaire
Les tissus avoisinants ont tous un signal nettement plus situés à la partie profonde de l'albuginée ; puis, dans un
élevé. Le signal des corps caverneux est intermédiaire en second temps, un passage à une phase d'état ou chronique
T1 et hyperintense en T2. Le fascia de Buck, qui délimite correspondant à des lésions de fibrose constituées et stables.
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
© 2017, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 423
424   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

Fig. 26.1 Verge normale sans injection intracaverneuse de prostaglandine 1 (PGE1). (a) Plan axial, séquence T2 (haut) : les deux artères
caverneuses sont bien visibles (flèches) ; séquence pondérée en T1 (bas) : l'albuginée circonscrit les deux corps caverneux et est en hyposignal – le
corps spongieux contenant l'urètre a un signal plus élevé (tête de flèche)  – ; les artères caverneuses sont peu visibles en T1. (b) Plan frontal,
séquence T2. Les deux artères caverneuses sont proches de la ligne médiane. Le corps spongieux contenant l'urètre écarte les corps caverneux
dans la partie fixe postérieure de la verge.

La dernière étape est celle de la phase finale cicatricielle avec


des calcifications des lésions. C'est dans ces deux dernières
étapes qu'il y a des déformations de la verge en érection
associées à des troubles variables de l'érection.
La maladie est caractérisée par la multiplicité des plaques
qui sont classiquement d'âges différents.

Diagnostic
Le diagnostic est clinique et repose sur la palpation de la
plaque. Les localisations les plus fréquentes sont : sur la
ligne médiane en situation dorsale ou ventrale, proximale
ou dorsale, mais en pratique, elles sont ubiquitaires.

Imagerie médicale
L'imagerie médicale joue un rôle en cas de doute clinique
durant la phase aiguë inflammatoire et plus rarement
dans la phase d'état séquellaire de plaque fibreuse ou de
calcifications.
L'échographie est le premier examen et souvent suffisant
avec un examen Doppler. Elle fournit les renseignements
suivants : localisation et extension, nombre, type de plaques
(récente, fibreuse ou active), atteinte du septum et localisa­
tion des plaques par rapport aux vaisseaux péniens. Elle per­ Fig.  26.2 Verge normale après injection de prostaglan-
met un bilan morphologique et fonctionnel. Cependant, elle dine 2 (PGE2), séquence T2, plan sagittal. La verge a été position-
est peu performante pour le diagnostic des lésions récentes née de façon symétrique.
inflammatoires.
C'est le seul examen qui permet de visualiser la compo­
IRM (fig. 26.3 et 26.4) sante inflammatoire de la plaque après injection de gado­
L'IRM est au mieux réalisée après érection provoquée par linium. Elle permet un bilan lésionnel précis des plaques
injection intracaverneuse de prostaglandine 1 (PGE1). Le point (taille, nombre et localisation). Elle est très performante
positif de cette méthode d'imagerie est l'excellent contraste pour détecter les plaques situées au niveau du septum
entre les différents secteurs anatomiques en pondération T2. intercaverneux (de diagnostic difficile à la palpation) ou
Chapitre 26. IRM des organes génitaux externes masculins    425

b
Fig. 26.3 Maladie de Lapeyronie. Phase active récente, inflammatoire, séquence T1 fat sat, plan sagittal, sans injection intracaverneuse de PGE1.
(a) Sans injection (gauche) et après injection intraveineuse de gadolinium (droite) : le rehaussement de la plaque est bien visible, au contact de
l'albuginée (flèche) ; le corps spongieux se rehausse (tête de flèche). (b) Sans injection (haut) et après injection intraveineuse de gadolinium (bas) ;
les plaques sont multiples (flèches) ; le corps spongieux se rehausse (tête de flèche).
426   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

Fig. 26.4 Maladie de Lapeyronie, phase fibreuse ou calcifiée avec


épaississement de l'albuginée à hauteur du septum (têtes de
flèche). Injection intracaverneuse de PGE2.

des plaques dans les corps caverneux eux-mêmes. Elle est


peu sensible pour la détection des plaques superficielles qui
restent du domaine de l'examen clinique. Fig. 26.5 Priapisme à flux lent, plan sagittal et frontal, séquence
Il existe deux aspects IRM de la plaque : un épaississe­ T1 après injection intraveineuse de gadolinium. Elle montre
ment irrégulier de l'albuginée qui peut s'étendre au corps l'absence de rehaussement de tous les corps caverneux traduisant
caverneux et un rehaussement après gadolinium témoin l'ischémie.
de la composante inflammatoire. Les plaques anciennes
fibreuses sont en hyposignal T2.
Bien qu'il offre une excellente approche morphologique
des anomalies, cet examen est controversé car, d'une part,
les calcifications sont non ou mal visibles et, d'autre part,
l'inhomogénéité du rehaussement des corps caverneux est
fréquemment observée en dehors de ce contexte.

Diagnostic différentiel (fig. 26.5)


Il existe plusieurs entités pour lesquelles l'IRM est intéres­
sante grâce à la séquence T2 et à l'injection de gadolinium :
une cellulite pénienne, une inflammation du corps spon­
gieux, la thrombose veineuse partielle ou priapisme partiel
versus complet et le priapisme à flux lent. Dans ces deux
derniers cas, il s'agit d'une urgence devant une érection dou­
loureuse prolongée avec aspect ischémique et œdème qui
risque d'aboutir à une nécrose des fibres musculaires lisses Fig. 26.6 Fibrose du corps caverneux droit et à un moindre degré
avec dysfonction érectile définitive irréversible. du corps caverneux gauche suite à des injections itératives de
L'abcès pénien est rare, avec une collection intracaver­ prostaglandines. Séquence T2, plan frontal.
neuse mieux identifiée avec injection.
Les autres causes de fibrose sont essentiellement secon­ de dissémination. Les ganglions inguinaux profonds et
daires à de multiples injections intracaverneuses (fig. 26.6). fémoraux sont le premier relais ganglionnaire de dissémina­
tion. La dissémination se fait ensuite lymphatique dans les
Épithélioma de la verge ganglions pelviens. Les métastases à distance sont rares au
Le cancer de la verge est une tumeur rare en Europe. Le rôle moment du diagnostic.
favorisant d'une irritation chronique et des infections par L'envahissement ganglionnaire est le facteur pronostique
herpès virus est établi. essentiel. L'IRM permet une appréciation de l'extension
Le diagnostic est fondé sur l'examen clinique et la biop­ locale avec une fiabilité de 80 % et précise l'état ganglion­
sie avec examen histologique qui, dans 95 % des cas, met naire inguinal, pelvien et rétropéritonéal inférieur.
en évidence un cancer à forme épidermoïde. Les autres
formes histologiques malignes sont très rares : sarcome de Rôle de l'IRM (fig. 26.7)
la verge, métastases (néoplasme prostatique, mélanome) et C'est l'examen le plus sensible pour déterminer l'infiltration
lymphomes. des corps caverneux notamment lors des lésions impor­
L'extension locale est limitée temporairement en pro­ tantes où l'examen clinique est limité. L'IRM permet de
fondeur au fascia de Buck. La pénétration de ce fascia et différencier l'albuginée, les corps caverneux et le fascia de
de l'albuginée permet l'extension de la tumeur dans le tissu Buck et donc de distinguer un stade TNM T1 (envahisse­
vasculaire des corps caverneux et entraîne un risque accru ment du tissu conjonctif sous-épithélial) d'un stade TNM
Chapitre 26. IRM des organes génitaux externes masculins    427

Fig. 26.7 Tumeur de la verge, séquence T2. Antenne pelvienne, plan frontal (gauche) ; antenne de surface, plan sagittal (droite). La masse
envahit la partie distale des corps caverneux ; le corps spongieux envahit, mais sans obstruction de l'urètre. La partie fixe de l'urètre est respectée.
Il existe des adénopathies inguinales gauches (flèche).

T2 ­(envahissement du corps spongieux ou caverneux) sur Technique


la perte de la continuité de l'hyposignal de l'albuginée qui Le patient est positionné avec les testicules symétriques sur
traduit de l'infiltration caverneuse. La tumeur est en hypo­ un plan horizontal et la verge en position médiane stricte
signal T1 et T2 et se rehausse modérément après injection repliée sur la symphyse pubienne. On utilisera une antenne
de façon plus ou moins homogène en fonction de sa taille. de surface (annulaire ou linéaire) centrée sur le scrotum.
Elle détermine la longueur de la verge saine en amont La séquence pondérée en T2 réalisée dans les trois plans
pour choisir le type d'amputation, partielle ou totale. est la séquence de base. La séquence T1 et T1 fat sat sera
L'examen local est complété par une IRM pelvienne pour réalisée dans un ou deux plans en fonction de la patho­
le bilan d'extension régionale et notamment la recherche de logie explorée. La séquence pondérée en T1 avec injection
ganglions inguinaux et iliaques. de gadolinium est indispensable (en mode dynamique
Au total, l'IRM oriente l'urologue sur l'existence d'une éventuellement).
infiltration des corps caverneux qui oriente vers une chirur­ La technique de soustraction d'image entre la série injec­
gie d'exérèse et dans le choix du niveau de la pénectomie tée et non injectée permet de déceler une minime prise de
partielle grâce à l'analyse de l'extension tumorale au niveau contraste ou de l'éliminer.
proximal. La séquence de diffusion est encore en évaluation dans
cette indication.
Traumatisme de la verge
L'IRM est l'examen le plus sensible et le plus précis pour le
diagnostic des lésions traumatiques, notamment pour les Anatomie (fig. 26.8)
lésions du corps caverneux (fractures, lésions vasculaires). Le testicule est une structure ovalaire bien limitée de signal
Le signe clé est l'interruption de l'hyposignal de l'albugi­ homogène, bas à intermédiaire en T1 ; élevé en T2 par rap­
née en phase aiguë avec un hématome plus ou moins impor­ port à la graisse sous-cutanée mais moins intense que le
tant. En phase chronique, elle détectera un nodule fibreux liquide intravaginal. L'albuginée est en hyposignal en T2 et
profond, cicatriciel, qui est source de dysérection ou défor­ de moins de 1 mm d'épaisseur.
mation. La recherche d'une fistule artérioveineuse reste du Le rete testis se présente sous forme de structures
domaine de l'échographie-Doppler. radiaires traversant le parenchyme.
Les principales indications de l'IRM de la verge sont : le L'épididyme normal est de signal intermédiaire en T2
bilan d'extension locale d'un cancer de la verge et un doute mais hétérogène. Seule sa tête est bien identifiée, surplom­
clinique sur une forme débutante de maladie de Lapeyronie. bant le testicule.
La séquence en pondération T2 dans les trois plans de Le cordon contient de multiples structures vasculaires
l'espace est la séquence clé de l'exploration IRM de la verge. avec le déférent en hyposignal au sein du tissu graisseux
environnant.

IRM du testicule [5–11]


Pathologie
Pour l'exploration des testicules, les indications de l'exa­
men IRM sont rares car l'échographie-Doppler est la Processus tumoral [8] (fig. 26.9)
méthode d'imagerie de choix qui résout la plupart des L'une des indications est de conforter ou d'éliminer le diag­
situations cliniques. L'IRM a quelques indications ponc­ nostic de processus tumoral.
tuelles, en cas de doute à l'examen échographique ou de La nature histologique des tumeurs séminomateuses dif­
discordance clinique. férant largement de celles des tumeurs non séminomateuses,
428   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

a b c
Fig. 26.8 Testicule normal, séquence pondérée en T2. (a, b) La tête de l'épididyme est bien identifiée au pôle supérieur du testicule (flèche).
L'albuginée est épaisse en hyposignal. (c) Plan axial avec les deux testicules ; les septums sont parfois visibles sous forme de structure linéaire
en hyposignal ; corps de l'épididyme (flèche).

Fig. 26.9 Séminome testiculaire. (a) Séquence T2, plan axial. La lésion est de signal faible. (b) Après injection de gadolinium en T1 fat sat ;
la lésion se rehausse (flèche).

leur aspect IRM est distinct. Le séminome est classiquement périphérique et de distribution segmentaire à partir du hile.
homogène et relativement iso-intense par rapport au reste Les bords sont mal définis et irréguliers. Elle est avasculaire
du parenchyme en T1 et hypo-intense en T2. Parfois, il mais présente une hypervascularisation périphérique détec­
contient des zones bien limitées plus sombres correspon­ table en Doppler couleur et se rehaussant en IRM.
dant à du stroma fibreux, mais cet aspect est non spécifique. Le reste du testicule est normal. Ailleurs, les bords sont
Les tumeurs non séminomateuses sont iso-intenses au plus nodulaires que linéaires, mais il ne s'agit pas d'une for­
testicule normal en T1 et hypo-intenses en T2 mais très mation arrondie avec effet de masse.
hétérogènes à cause de la nécrose et l'hémorragie. Il existe
une prise de contraste dans le processus tumoral, même Fibrose (fig. 26.11)
si l'examen Doppler ne détectait pas de vascularisation et
même si la tumeur est de petite taille (1 cm). La fibrose est caractéristique par un hyposignal T2 et une
La spécificité de l'IRM dans ce diagnostic différentiel structure linéaire plus ou moins étendue dans le testicule ou
est de 93 % selon certains auteurs. Mais le diagnostic reste associée à l'atrophie d'un secteur.
toujours à l'examen anatomopathologique de la pièce
opératoire. Lésions extratesticulaires (fig. 26.12)
À part, le kyste épidermoïde est caractéristique. Cette Le lipome est la tumeur la plus fréquente du cordon
tumeur bénigne a une paroi fibreuse en hyposignal T2 avec spermatique.
quelques calcifications et un contenu lipidique en hyper­ L'IRM est performante pour confirmer sa nature bénigne
signal T1 et T2 qui disparaît en saturation de la graisse. À devant un hypersignal T1 avec perte du signal après satura­
l'injection de produit de contraste, il n'y a aucun rehausse­ tion de graisse, un aspect homogène sans prise de contraste
ment (fig. 26.10). à l'injection. Il est circonscrit par un fin liséré.

Lésions non tumorales Indications possibles dans l'avenir [10, 11]


Infarctus testiculaire segmentaire Torsion testiculaire aiguë
Ses caractéristiques échographiques sont également retrou­ L'échographie-Doppler couleur ou énergie est la méthode de
vées en IRM. C'est une lésion triangulaire de localisation première intention en situation d'urgence si l'imagerie est indi­
Chapitre 26. IRM des organes génitaux externes masculins    429

Fig. 26.10 Kyste épidermoïde. (a) Séquence T2 ; la lésion a un signal élevé et est entourée par une paroi en hyposignal. (b) Séquence T1 fat sat
après injection ; il n'y a aucun rehaussement et une chute du signal.

Fig. 26.11 Fibrose cicatricielle en hyposignal, séquence pondérée en T2. (a) Plan frontal ; il y a plusieurs zones triangulaires en hyposignal.
(b) La fibrose est moins étendue ; plan axial (flèches).

Fig.  26.12 Liposarcome du cordon spermatique gauche  : masse graisseuse hétérogène


entourée d'une capsule fibreuse. (a, b) SéquenceT2  : plan axial (haut) plan frontal (bas)
(flèche). (c) Séquence T1 après injection ; la prise de contraste est intense et hétérogène (flèche).
430   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

quée par le clinicien. L'IRM a une sensibilité plus élevée (93 %) L'IRM n'a ainsi que des indications ponctuelles, en cas
pour la détection de vascularisation testiculaire grâce à l'injec­ d'examen échographique non contributif avec l'hypothèse
tion de produit de contraste, les séquences dynamiques avec d'un processus tumoral.
soustraction et la comparaison concomitante avec le testicule
normal. En effet, la prise de contraste normale est progressive et
homogène, alors qu'en cas de torsion, le testicule ne se rehausse Références
pas, mais on peut assister à une très faible prise de contraste.
[1] Kubik-Huch RA, Hailemariam S, Hamm B. CT and MRI of the male
genital tract : radiologicpathologic correlation. Eur Radiol 1999 ; 9 :
Orchi-épididymite aiguë 16–28.
L'IRM, si elle est réalisée, montre des zones hétérogènes intra­ [2] Baker LL, Hajek PC, Burtchard TK, et al. Magnetic resonance ima­
testiculaires et épididymaires hypo-intenses en T2 de rehaus­ ging of the scrotum : normal anatomy. Radiology 1987 ; 163 : 89–92.
sement hétérogène. La spécificité a été évaluée à 100 %. [3] Bertolotto M, Pavlica P, Serafini G, et al. Painful penile induration :
imaging findings and management. RadioGraphics 2009 ; 29 : 477–93.
[4] Schoumann-Claeys  E. Valeur de l'imagerie de la maladie de
Orchite chronique focale ou granulomateuse Lapeyronie. Andrologie 1998 ; 8 : 148–56.
Le diagnostic d'orchite granulomateuse ou chronique est [5] Watanabe Y, Dohke M, Ohkubo K, et al. Scrotal disorders : evaluation
très difficile, d'autant qu'il n'y a pas de contexte ni d'antécé­ of testicular enhancement patterns at dynamic contrast-enhanced
dents infectieux à l'interrogatoire. subtraction MR imaging. Radiology 2000 ; 217 : 219–27.
L'IRM montre, en cas d'orchite chronique, une zone [6] Langer JE, Ramchandani P, Siegelman ES, et al. Epidermoid cysts of
focale hypo-intense en T2 peu ou pas rehaussée par le the testicle : sonographic and MR imaging features. AJR 1999 ; 73(5) :
gadolinium et sans effet de masse. En cas d'orchite granulo­ 1295–9.
[7] Serra AD, Hricak H, Coakley FV, et al. Inconclusive clinical and ultra­
mateuse, le testicule peut être de taille augmentée. Le princi­
sound evaluation of the scrotum : impact of magnetic resonance ima­
pal argument est l'atteinte périphérique au pôle supérieur en ging on patient management and cost. Urology 1998 ; 51(6) : 1018–21.
forme de « croissant » en association avec une anomalie de [8] Johnson  JO, Mattrey  RF, Phillipson  J. Differentiation of semino­
l'épididyme au contact. matous from nonseminomatous testicular tumors with MR imaging.
AJR 1990 ; 154 : 539–43.
Traumatisme testiculaire [9] Akito T, Koji Y, Kentaro I. Dynamic contrast-enhanced substraction
L'IRM peut dater les hématocèles et les hémorragies intra­ magnetic resonance imaging in diagnostics of testicular torsion.
Urology 2006 ; 67 : 1278–82.
testiculaires. En phase aiguë, elles sont de signal inter­
[10] Watanabe  Y, Nagayama  M, Okumra  A. MR imaging of testicular
médiaire en T1 et en hypersignal T2. Les saignements torsion : features of testicular Hemorrhagic necrosis and clinical out­
chroniques sont hyper-T1 et T2. comes. J Magn Reson Imaging 2007 ; 26 : 100–8.
L'intégrité de l'albuginée est mieux jugée en IRM grâce à [11] Trambert MA, Mattrey RF, Levine D, et al. Subacute scrotal pain : eva­
une meilleure résolution en contraste sur les séquences T2 et luation of torsion versus epididymitis with MR imaging. Radiology
T1 injectées. Cela permet de dépister les fractures testiculaires. 1990 ; 175 : 53–6.
Chapitre
27
L'IRM rénale
en pratique clinique
M. Chiaradia, M. Bouanane, A. Hoznek

PLAN DU CHAPITRE
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 431 Tumeurs solides . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 440
Séquences IRM. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 431 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 459
Tumeurs kystiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 433

Introduction également de référence à la recherche d'une composante


tissulaire vascularisée de la lésion. Les séries injectées per-
L'imagerie du rein occupe une place importante en rou- mettent l'analyse de la lésion coupe par coupe à la recherche
tine clinique. L'uroscanner reste l'examen de référence des d'une prise de contraste signant la présence d'une compo-
pathologies rénales tumorales, vasculaires, infectieuses et sante tissulaire.
malformatives. L'IRM n'a pas sa place classiquement dans la Les indications de l'IRM en pathologie rénale en complé-
pathologie infectieuse ou vasculaire en dehors des cas par- ment d'un uroscanner sont multiples et seront décrites dans
ticuliers des patients insuffisants rénaux ou allergiques au les paragraphes suivants.
produit de contraste iodé. Elle est le plus souvent un examen Ainsi l'IRM est utile :
de deuxième intention utile à la caractérisation des lésions ■ en cas de contre-indication au scanner et en particulier à
tumorales kystiques et solides et à leur prise en charge thé- l'injection de produit de contraste iodé (allergie, insuffi-
rapeutique. Par sa résolution en contraste, elle permet d'affi- sance rénale) ;
ner le diagnostic des lésions non caractérisables en scanner, ■ pour la recherche du caractère vasculaire d'une tumeur
de détecter une récidive tumorale ou un reliquat dans le en cas de rehaussement équivoque au scanner ;
cadre d'un traitement curatif (chirurgie ou thermoablation) ■ pour la caractérisation d'une lésion kystique difficilement
de néoplasie rénale. classable en scanner ;
Ce chapitre s'intéressera à la pathologie tumorale kystique ■ pour la caractérisation d'une masse solide indéterminée
et solide. Les pathologies infectieuses et vasculaires – plutôt au scanner ;
du domaine de l'uroscanner – ne seront pas traitées. ■ afin de préciser le bilan d'extension (et en particulier
La première étape d'analyse d'une tumeur rénale supra- l'extension vasculaire) dans les cancers rénaux.
centimétrique consiste à différencier les tumeurs kystiques Dans ce chapitre, après avoir rappelé le protocole d'ima-
des tumeurs solides le plus souvent au scanner à l'aide d'un gerie rénale, nous décrirons l'apport de l'IRM en complé-
protocole adapté analysant la lésion avant et après injection ment de l'uroscanner dans la caractérisation des lésions
de produit de contraste. Ce protocole nécessite la réalisation kystiques et des lésions solides bénignes ou malignes les
de plusieurs phases : plus fréquentes en routine clinique. Les lésions tumorales
■ une phase sans injection de produit de contraste ; rares ne seront pas décrites car non formellement caractéri-
■ une phase corticomédullaire (40  secondes après sables en imagerie et relevant d'un avis spécialisé.
injection) ;
■ une phase néphrographique (90  secondes après
injection) ;
■ une phase excrétoire pour étudier les rapports de la
Séquences IRM
tumeur avec les voies urinaires (> 6  minutes après L'exploration des reins en IRM nécessite la mise en place
injection). d'une antenne corps en réseau phasé.
La série sans injection de produit de contraste renseigne Le champ de vue doit couvrir l'ensemble de la partie
sur la densité spontanée de la lésion, permettant de diffé- supérieure de l'abdomen et en particulier les reins et les
rencier les tumeurs kystiques des tumeurs solides. Elle sert surrénales.

IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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432   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

L'exploration rénale doit comporter les séquences clas- phase, la chute du signal sur la séquence OP sera maximale
siques [1] : (annulation complète du signal) lorsque la lésion sera com-
■ axiale T1 en écho de gradient (EG) ; posée pour moitié d'eau et pour moitié de lipides. En cas
■ axiale et/ou coronale T2 en écho de spin (ES) rapide avec de présence d'une majorité de lipides ou d'une majorité
un gating respiratoire avec ou sans saturation du signal de d'eau, cette chute de signal sera moindre, pouvant alors
la graisse ; rendre la détection de graisse plus difficile. Ainsi, et nous le
■ séquence de diffusion (b = 0, 100, 500, 800 s/mm2) ; reverrons plus loin, les angiomyolipomes (AML) contenant
■ axiale ou coronale T1 EG dynamique après injection beaucoup de lipides ne montreront pas de chute de signal
de produit de contraste avec saturation du signal de la sur la séquence OP ; seule sera visible une interface dite en
graisse comprenant : « encre de Chine » entre la tumeur et le parenchyme rénal,
– un temps avant injection ; signant cette composition majoritaire de graisse. Les AML à
– un temps corticomédullaire (aux alentours des composante mixte (eau et lipides), quant à eux, verront leur
40 secondes après injection) ; signal s'annuler sur la séquence OP. Cette séquence reflète la
– un temps néphrographique (90  secondes après présence de lipides intracellulaires, mais elle n'est malheu-
injection) ; reusement pas spécifique d'un type de lésion.
– des temps plus tardifs (120 à 240  secondes après
injection). Lésions avec chute de signal sur la
■ les séquences de soustraction sont également utiles pour séquence en opposition de phase
détecter les faibles prises de contraste.
Il est aussi possible en fonction de l'indication de l'exa- ■
Carcinomes rénaux à cellules claires
men de compléter par des séquences T1 en écho de spin avec

Carcinomes rénaux papillaires
Angiomyolipomes pauvres en graisse
et/ou sans suppression du signal de la graisse, une séquence

axiale T2 ES sans saturation du signal de la graisse (à la


recherche d'une extension locale d'une néoplasie rénale), Dans le cas d'une chute de signal sur la séquence IP et non
une séquence T2 ES rapide coronale oblique dans l'axe des sur la séquence OP, cette chute de signal est liée à l'augmenta-
reins utile dans la planification de la chirurgie, une séquence tion du TE en rapport avec un effet de susceptibilité magné-
ES T2 half Fourier turbo spin echo (HASTE) axiale et coro- tique. Elle permet également la détection d'hémosidérine.
nale (uro-IRM).
L'épaisseur de coupe doit être inférieure ou égale à 5 mm
(en pratique, réalisation de coupes de 3 à 4 mm d'épaisseur). Séquence T2 spin écho rapide
Cette séquence est indispensable et réalisée au choix dans un
plan axial et/ou dans un plan coronal. Ses paramètres d'ac-
Séquence T1 quisition sont de l'ordre de : TR = 3500 ms, TEeff > 100 ms
Cette séquence est réalisée dans le plan axial. (entre 120 et 160 ms) avec un angle de bascule de 90°. Elle
La séquence T1 peut être réalisée en écho de spin est classiquement réalisée avec saturation du signal de la
(TR = 450 ms, TE = 15 ms avec un angle de bascule de 90°). graisse et gating respiratoire. Cette séquence permet de
Mais ce type de séquence est long (environ 4 minutes) et mettre en évidence la différenciation corticomédullaire, qui
peut être de qualité médiocre (artéfacts) chez les patients apparaît inversée par rapport à la séquence T1. La satura-
ayant une respiration irrégulière. tion du signal de la graisse sur une séquence T2 diminue le
Dans ce cas-là, une séquence T1 en écho de gradient, signal entre le rein et la graisse périrénale, mais améliore le
plus rapide, est privilégiée. Ses paramètres d'acquisition sont contraste entre les lésions kystiques et le parenchyme rénal.
de l'ordre de : TR = 200 ms, TE = 4,5 ms avec un angle de D'autres séquences T2 peuvent être utilisées mais ne dis-
bascule entre 80 et 90°. Cette séquence est réalisée en apnée, pensent pas de la réalisation de cette séquence T2 en écho de
avec saturation du signal de la graisse. Le rapport signal sur spin. La plus courante est la séquence T2 HASTE en apnée
bruit est inférieur à une séquence en écho de spin, mais reste avec ou sans saturation du signal de la graisse dans le plan axial
de qualité suffisante pour l'interprétation. Avec cette séquence, et/ou coronal. Elle permet de mieux mettre en évidence les
la différenciation corticomédullaire est spontanément visible. structures liquidiennes en renforçant le gradient rein–tumeur.
La médullaire (pyramides de Malpighi) apparaît sous forme de Elle est également intéressante dans les pathologies de l'arbre
plages triangulaires en hyposignal T1 par rapport au cortex. urinaire. Cette séquence présente une mauvaise pondération
Cette séquence est surtout réalisée en phase (IP) et T2, ne permettant pas une analyse suffisante du parenchyme
en opposition de phase (OP) avec un TE out  <  TEin. Les rénal à la recherche de lésions solides. Les séquences en écho
paramètres de cette séquence sont alors  : TR  =  200  ms, de gradient « équilibrées » (séquence Balanced de Philips,
TEout = 2,3 ms, TEin = 4,4 ms (sur une IRM 1,5 T) ; angle de FIESTA–GE ou True-Fisp de Siemens) apportent les mêmes
bascule entre 80 et 90°. Le temps d'acquisition est court, de informations que les séquences HASTE, mais permettent en
l'ordre de 10 à 15 secondes, rendant la séquence compatible plus d'analyser les flux sous forme d'hypersignaux.
avec l'apnée. Ce type de séquence est le plus souvent implé-
menté de base par les constructeurs d'IRM.
Cette séquence en phase et en opposition de phase n'a Séquence de diffusion
pas la même sensibilité dans la détection de graisse qu'une Il s'agit d'une séquence pondérée en T2 spin écho – echo pla-
séquence avec et sans saturation du signal de la graisse. nar imaging (EPI) – modifiée par l'application de gradient
En effet, dans une séquence en phase et en opposition de de diffusion de part et d'autre de l'onde de radiofréquence.
Chapitre 27. L'IRM rénale en pratique clinique    433

Cette séquence est soumise à un asservissement respiratoire. prise de contraste dans les lésions en hypersignal T1 spon-
Elle permet l'analyse des mouvements des protons des molé- tané (kyste hémorragique, lésions après thermoablation).
cules d'eau. Les valeurs des gradients de diffusion diffèrent Ces images de soustraction doivent être parfaitement reca-
selon les équipes, mais nécessitent l'utilisation de b élevés lées (recalage entre la séquence réalisée avant injection et la
(b  >  200  s/mm2) pour s'affranchir au mieux des phéno- séquence après injection) pour ne pas se méprendre sur un
mènes de perfusion liés aux valeurs de b faibles. Les valeurs éventuel rehaussement.
de b = 0, 100, 300, 500 et 800 s/mm2 sont classiquement uti-
lisées. La cartographie d'ADC extraite à partir des séquences Tumeurs kystiques
de diffusion est primordiale dans l'analyse des tumeurs
rénales. Elle est directement dépendante des facteurs de b La pathologie kystique rénale est fréquente (> 50  % des
utilisés (décroissance mono-exponentielle du signal). patients présentent un ou plusieurs kystes après 50  ans)
alors que la proportion de cancers kystiques est faible (10 %
des cas environ). La classification d'une masse kystique
Séquence T1 EG dynamique supracentimétrique repose sur la classification de Bosniak,
Cette séquence est indispensable à la détection et la caractéri- qui a initialement été décrite en scanner [2–5] et validée
sation des lésions rénales. Ses paramètres sont classiquement : ultérieurement pour l'IRM [6] (tableau 27.1). Cette classi-
TR = 70 ms ; TE = 1,2 ms ; angle de bascule de 70°. Cette fication ne s'applique pas aux kystes dits compliqués (kyste
séquence est réalisée avec saturation du signal de la graisse. surinfecté, rompu ou saignement aigu).
L'acquisition dynamique permet d'obtenir entre 4 et Les lésions kystiques focales sont le plus souvent de
6 phases (le plus souvent : 0, 40, 60, 90, 120 secondes). Ces découverte fortuite, généralement chez un adulte de plus
acquisitions sont obtenues au cours d'une apnée. Les phases de 50 ans. Ces lésions kystiques sont la plupart du temps
très tardives (> 5 minutes) seront surtout utiles pour recher- asymptomatiques. Le rôle de l'imagerie est de différencier
cher le rehaussement d'un élément central en hypersignal T2 une lésion kystique bénigne d'une lésion maligne.
(voir plus loin le paragraphe « Oncocytome ») ou pour analy-
ser les relations de la lésion avec les voies excrétrices urinaires.
Le plan de coupe dépend de la localisation de la lésion et
Analyse d'une lésion kystique :
sera réalisé le plus souvent dans un plan axial voire dans un classification de Bosniak
plan coronal. Une lésion kystique est classiquement étudiée en première
Il est également utile de réaliser des soustractions afin intention sur un uroscanner qui doit préciser les éléments
de ne pas méconnaître une faible prise de contraste ou une suivants (tableau 27.1 et fig. 27.1) :

Tableau 27.1 Classification Bosniak des lésions kystiques [2–4, 6].


Bosniak TDM IRM
I Lésion ronde, homogène Lésion ronde, homogène
Densité hydrique (0–20 UH) Hyposignal T1, hypersignal T2 franc
Sans paroi, ni cloison, ni calcification Sans paroi, ni cloison, ni calcification
Pas de rehaussement Pas de rehaussement
II Lésion de densité hydrique Lésion de signal hydrique
± fine cloison (≤ 3) sans paroi visible ± fine cloison (≤ 3) sans paroi visible
± fine calcification pariétale ou d'une cloison ± fine calcification pariétale ou d'une cloison
Rehaussement perceptible de la paroi ou d'une cloison possible Rehaussement perceptible de la paroi ou d'une cloison
Kyste dense (> 50 UH) < 3 cm avec portion exophytique sans possible
prise de contraste Kyste dense : hypersignal homogène franc T1 sans chute
de signal, hypersignal T2 franc ou lésion avec niveau et
sédiment en hypersignal T1 et hyposignal T2
IIF Lésion de densité hydrique Lésion de signal hydrique
Fines cloisons (> 3) Fines cloisons (> 3)
Paroi fine (≤ 1 mm) Paroi fine (≤ 1 mm)
Calcification épaisse Calcification épaisse
Kyste dense > 3 cm ou intraparenchymateux Kyste dense > 3 cm ou intraparenchymateux
Rehaussement perceptible de la paroi ou d'une cloison possible Rehaussement perceptible de la paroi ou d'une cloison
possible
III Lésion de densité hydrique Lésion de signal hydrique
Cloisons nombreuses et/ou épaisses Cloisons nombreuses et/ou épaisses
Paroi épaisse, uniforme Paroi épaisse, uniforme
Irrégularités pariétales discrètes Irrégularités pariétales discrètes
Calcifications épaisses et/ou irrégulières Calcifications épaisses et/ou irrégulières
Rehaussement mesurable des cloisons ou de la paroi Rehaussement mesurable des cloisons ou de la paroi
IV Paroi épaisse et/ou irrégulière Paroi épaisse et/ou irrégulière
Végétations ou nodules muraux Végétations ou nodules muraux
Prise de contraste de la portion solide Prise de contraste de la portion solide
434   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

Fig. 27.1 Classification de Bosniak.

■ densité spontanée de la lésion : Un kyste simple (Bosniak  I) ou discrètement remanié


– liquidienne : entre −10 et 20 UH ; (Bosniak II) ne présente aucun risque de malignité et ne
– intermédiaire : entre 20 et 50 UH ; nécessite aucune surveillance ultérieure [7].
– dense : > 50 UH. Un kyste Bosniak IIF (F pour follow-up) peut être en rapport
■ caractère homogène ou non avant et après injection ; avec un kyste remanié, un kyste multiloculaire ou encore une
■ taille de la lésion : utile notamment pour les kystes denses ; tumeur kystique (cancer kystique, néphrome kystique). Le
■ localisation (utile pour les kystes denses : intraparenchy- taux de cancer dans la littérature varie entre 5 et 15 %, témoi-
mateux exclusif ou non) ; gnant aussi de la variabilité interobservateur [8–11]. En cas
■ calcifications : de découverte d'un kyste classé Bosniak IIF sur un scanner, il
– localisation : paroi, cloison ; est recommandé de réaliser une IRM afin de ne pas mécon-
– épaisseur : fine, épaisse ; naître un kyste Bosniak III sous-classé en scanner qui serait
– régularité. alors une indication à une chirurgie. Les kystes Bosniak IIF
■ paroi : sont surveillés par des examens répétés, le premier à 6 mois
– taille de la paroi : absence de paroi visible, paroi fine, puis une fois par an pendant 5 ans [8]. On considère en effet
paroi épaisse ; qu'une lésion maligne se sera modifiée en morphologie dans
– régulière ou irrégulière. cet intervalle de temps (épaississement des septums, appa-
■ cloisons : rition de nodules muraux, etc.). Le critère de taille doit être
– nombre : ≤ 3 ou > 3 ; manié avec précaution ; des lésions kystiques pures peuvent
– épaisseur : fine (≤ 1 mm), épaisse ; en effet augmenter rapidement de taille, alors que des lésions
– régulière ou irrégulière. malignes peuvent quant à elles augmenter lentement de taille.
■ végétations, nodule mural ; Un kyste classé Bosniak III correspond à une lésion indé-
■ rehaussement après injection de produit de contraste : terminée dont l'imagerie ne peut déterminer avec certitude
– pas de rehaussement : < 10 UH ; la bénignité ou la malignité. Cette lésion peut être en rap-
– rehaussement indéterminé : entre 10 et 20 UH ; port avec un kyste bénin très remanié (infection de kyste
– rehaussement positif : par exemple), un kyste multiloculaire ou une tumeur kys-
- perceptible, non mesurable ; tique (cancer kystique, néphrome kystique). La proportion
- mesurable. de lésion néoplasique atteint jusqu'à 59 % dans la littérature
L'analyse de l'ensemble de ces examens permet de classer [7]. La prise en charge repose, après avis urologique, sur
la lésion dans le système de Bosniak [2–5] et de détermi- une exérèse tumorale (néphrectomie totale ou partielle) ou
ner un risque de lésion cancéreuse qui modifiera la prise en éventuellement une surveillance active si le patient présente
charge et la surveillance ultérieure. d'importantes comorbidités. Dans ce dernier cas, il sera utile
de réaliser une IRM afin de ne pas méconnaître une lésion
Bosniak IV sous-classée par le scanner, chirurgicale.
Prise en charge des lésions kystiques Un kyste classé Bosniak IV est considéré comme malin
La prise en charge est directement dépendante de la classi- jusqu'à preuve du contraire (carcinome kystique ou nécrosé)
fication Bosniak. et sa prise en charge est chirurgicale.
Chapitre 27. L'IRM rénale en pratique clinique    435

Principales tumeurs kystiques Les kystes hyperdenses en scanner de plus de 3  cm


ou intraparenchymateux purs sont également classés

Carcinome conventionnel (80  % des carcinomes rénaux)
dans sa forme kystique, uni- ou multiloculaire (25 %)
Bosniak IIF.

Carcinome kystique multiloculaire à cellules claires Les kystes Bosniak  III (fig.  27.5) présentent un signal

Carcinome papillaire (15 % des carcinomes rénaux) pseudo- liquidien avec :
kystique, uniloculaire (30 % des cas) ■ des cloisons nombreuses (> 3) et épaisses ;

Néphrome kystique (< 1  % des tumeurs rénales), bénin, ■ et/ou une paroi épaisse (mesurable) associée ou non à de
multiloculaire discrètes irrégularités ;
■ un rehaussement mesurable des cloisons ou de la paroi.
IRM des lésions kystiques Les kystes Bosniak IV (fig. 27.6) présentent :
Les kystes simples Bosniak I présentent un signal en T1 et en ■ une paroi épaisse, irrégulière ;
T2 qui suit l'évolution du signal du liquide cérébrospinal ou ■ des nodules muraux ou des végétations ;
de l'urine. Ces kystes Bosniak I (fig. 27.2) sont : ■ un rehaussement mesurable de la paroi irrégulière, des
■ en franc hyposignal T1 ; nodules muraux ou des végétations.
■ en franc hypersignal T2 ; En pratique clinique, l'IRM est utile lorsque le scanner
■ sans restriction de diffusion ; ne permet pas une caractérisation formelle de la lésion. Elle
■ sans prise de contraste après injection ; offre une résolution en contraste supérieure, permettant de
■ sans paroi ni cloison visible ; détecter une paroi, des cloisons et de les analyser (épaisseur,
■ homogènes. régularité, prise de contraste). Seules les calcifications seront
Les kystes Bosniak  II (fig.  27.3) présentent les mêmes mal analysées en IRM.
caractéristiques sémiologiques que ci-dessus avec : Les indications de l'IRM sont :
■ de rares cloisons fines (≤ 3) ; ■ les lésions kystiques non caractérisées en scanner :
■ sans prise de contraste après injection ou avec un rehaus- – kystes infracentimétriques dans des populations à
sement modéré non mesurable des cloisons. risque [12] ;
Les kystes hyperdenses en scanner de moins de 3 cm exo- – prise de contraste indéterminée au scanner (entre 10 et
phytiques (≥ 25 % de la lésion) correspondent également à 20 UH de prise de contraste) ;
des kystes Bosniak II. Leur signal en IRM est décrit plus bas. – kyste dense atypique (densité spontanée comprise
Les kystes Bosniak IIF (fig. 27.4) présentent un signal entre 20 et 50 UH) ;
liquidien en T1 et T2 avec : ■ les lésions de type IIF ou III et rehaussement négatif ou
■ des cloisons nombreuses (> 3), fines ; douteux ;
■ une paroi à la limite de la visibilité, fine, non mesurable ; ■ les lésions kystiques mal classées en scanner (types IIF ou
■ sans prise de contraste après injection ou avec un rehaus- III sous-classés) [6] ;
sement modéré non mesurable de la paroi ou des cloisons. ■ les lésions de type III en surveillance active.

a b c

d e
Fig. 27.2 Aspect IRM d'un kyste Bosniak I. Patient de 84 ans présentant une lésion médiorénale droite de 37 mm en hyposignal T1 (a), franc hyper-
signal T2 (b), sans restriction de diffusion (c, d) (coefficient apparent de diffusion mesuré à 2,7.10–3 mm2/s) ni prise de contraste après injection (e).
436   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

a b c

d e
Fig. 27.3 Aspect IRM d'un kyste Bosniak II. Lésion de la lèvre postérieure du rein gauche en hyposignal T1 (a), hypersignal T2 (b) siège d'une
fine cloison (flèche bleue), mieux visible sur la séquence T2 HASTE (c), sans restriction de diffusion (d) ni prise de contraste après injection (e).

a b c

d e f
Fig. 27.4 Aspect IRM d'un kyste Bosniak IIF. Patient de 53 ans présentant un kyste médiorénal droit de 46 mm avec plusieurs fines cloisons
(> 3) en franc hypersignal T2 (a, b), hyposignal T1 (c), sans restriction de diffusion (d, e). Après injection de produit de contraste, on retrouve une
discrète prise de contraste des cloisons non mesurables (f).
Chapitre 27. L'IRM rénale en pratique clinique    437

a b c

d e f

g
Fig. 27.5 Aspect IRM d'un kyste Bosniak III. Patient de 53 ans présentant un kyste polaire inférieur gauche de 43 mm contenant des calcifi-
cations en scanner (a, flèche), en franc hypersignal T2 (b), hyposignal T1 (c), sans restriction de diffusion (c, d) présentant une paroi épaisse se
rehaussant après injection de produit de contraste (e–g).

a b c

d e
Fig. 27.6 Aspect IRM d'un cancer kystique multiloculaire classé Bosniak IV. Patient de 68 ans présentant une lésion médiorénale gauche de
41 mm multicloisonnée (flèche) avec une portion centrale tissulaire (tête de flèche bleue) en discret hyposignal T1 (a), hypersignal T2 (b, c) avec
restriction de diffusion de la portion centrale tissulaire (d), présentant une prise de contraste de ses cloisons et de la portion centrale tissulaire (e).
438   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

Caractérisation des kystes hémorragiques Lésions non caractérisables en scanner


ou à contenu protéique La densité hydrique au scanner est définie par une densité
En scanner, certaines lésions apparaissent spontanément aux alentours de 0 UH (–10 UH – 20 UH). Cette mesure de
hyperdenses (> 50 UH), homogènes. Elles ont des limites nettes densité peut être prise en défaut dans les lésions kystiques
sans paroi visible après injection. La prise de contraste est négative de petite taille (effet de volume partiel, durcissement de
sur l'ensemble des temps après injection de produit de contraste faisceau), ne permettant plus de poser le diagnostic de kyste
(< 10 UH). Pour être classées Bosniak II, ces lésions doivent être simple avec certitude.
inférieures à 3 cm avec une composante exophytique.
Dans le cas de lésions de plus de 3 cm, ou de siège intra- Cas des lésions infracentimétriques
parenchymateux pur ou encore en cas de rehaussement Deux situations cliniques sont à différencier :
équivoque (entre 10 et 20 UH), une échographie ou une ■ chez un patient sans contexte pathologique particulier
IRM sont recommandées pour ne pas méconnaître un car- (cas de la population générale) : une lésion hypodense,
cinome rénal. infracentimétrique, ne se rehaussant pas après injection
Les kystes hyperdenses au scanner ont des aspects doit être considérée comme un kyste simple. Il n'est alors
variables en IRM : pas nécessaire de poursuivre plus avant les explorations ;
■ hypersignal T1 homogène sans chute de signal sur les ■ chez les patients à risque de tumeurs rénales (maladie de
séquences avec saturation du signal de la graisse ou Von Hippel-Lindau, sclérose tubéreuse de Bourneville,
sur les séquences en opposition de phase, hypersignal antécédent de carcinome rénal) : le choix se fait entre une
T2/HASTE homogène, franc, liquidien (fig. 27.7) ; surveillance active de ces microlésions ou une IRM à la
■ présence d'un niveau liquide-liquide en rapport avec la recherche d'éléments péjoratifs.
présence d'un sédiment hématique, déclive en hypersi- La séquence T2 permettra de confirmer ou d'infirmer la
gnal T1 et hyposignal T2 avec un surnageant « hydrique » nature liquidienne d'une lésion (fig. 27.9). La séquence T1
en hyposignal T1, hypersignal T2 ; en phase et en opposition de phase s'attachera à rechercher,
■ un hypersignal T1 homogène associé à un niveau déclive en cas de lésion tissulaire, la présence de graisse intralé-
en hyposignal T2 avec un surnageant en hypersignal sionnelle. Les séquences injectées étudieront la cinétique de
(fig. 27.8). rehaussement en cas de composante tissulaire ou confirme-
On ne retrouve pas de prise de contraste après injection. ront l'absence de tissu vascularisé.
Cette recherche est au mieux réalisée sur les séquences sous-
traites [13]. L'utilisation de la séquence de diffusion peut éga-
lement être utile à la recherche d'une composante en diffusion Cas des lésions de densité indéterminée
restreinte signant la présence d'une portion tissulaire [13]. Il s'agit de lésions ayant au scanner une densité sponta-
Ces lésions correspondent à des kystes hémorragiques ou née non strictement liquidienne ni hyperdense (densité
riches en protides. comprise entre 20 et 50 UH) sans prise de contraste après

a b

c d
Fig. 27.7 Aspect IRM d'un kyste hémorragique en franc hypersignal T1 (a) sans chute de signal sur les séquences avec saturation
du signal de la graisse (b) ou en opposition de phase (c), en franc hypersignal T2 (d).
Chapitre 27. L'IRM rénale en pratique clinique    439

a b c

d e
Fig. 27.8 Aspect IRM d'un kyste hyperdense. Lésion médiorénale gauche spontanément hyperdense (53 UH) (a), apparaissant en hypersignal
T1 (b) sans chute de signal sur la séquence en opposition de phase (c) ou avec saturation du signal de la graisse (d), en hyposignal T2 avec un
surnageant en hypersignal (e).

a b c
Fig. 27.9 Lésion infracentimétrique correspondant à un kyste simple en IRM. Nodule de 3 mm polaire supérieur droit hypodense sur le scanner
sans injection (a) ne se rehaussant pas après injection (b) et en franc hypersignal T2 sur l'IRM (c).

i­njection. La différenciation entre un kyste atypique et une Reclassement des lésions kystiques
lésion tumorale de type papillaire doit alors être réalisée. Jusqu'à 10 % des lésions kystiques en scanner sont reclas-
Dans cette optique, une échographie (± échographie de sées en IRM avec comme corollaire un impact sur la prise en
contraste) ou une IRM est indispensable à la caractérisation charge thérapeutique. Plusieurs cas sont à considérer :
de ces lésions. ■ les lésions de type Bosniak IIF en scanner doivent béné-
De la même façon, les prises de contraste indéterminées ficier d'une IRM pour ne pas méconnaître une lésion de
au scanner (comprises 10 et 20  UH) peuvent bénéficier type III qui serait d'emblée chirurgicale ;
d'une échographie de contraste ou d'une IRM pour sensi- ■ les lésions de type III dont le risque de cancer est estimé
biliser une éventuelle prise de contraste. La valeur seuil de à 50 % dans la littérature et qui ne peuvent pas avoir une
la prise de contraste en imagerie scanner diffère selon les chirurgie en première intention (patients avec nom-
auteurs. Certains auteurs considèrent une prise de contraste breuses comorbidités) doivent bénéficier d'une IRM pour
positive lorsqu'il est observé une variation de 10 UH entre la ne pas méconnaître une lésion de type IV qui modifierait
série sans injection et les séries injectées [14, 15], tandis que la prise en charge thérapeutique.
d'autres considèrent une variation de 15 à 20 UH [16–20]. Les kystes Bosniak IIF regroupent des lésions kystiques
Israel et Bosniak considèrent que le rehaussement d'une difficiles à classer. Il peut s'agir de la présence d'une paroi,
masse rénale est positif à partir de 20 UH et indéterminé ou de cloisons nombreuses (> 3), restant fines (≤ 1 mm),
entre 10 et 20 UH [21].
440   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

d'une prise de contraste perceptible mais non mesurable. difficile. Un ratio de rehaussement supérieur à 15 % sur la phase
La surveillance se fera au choix avec un nouveau scanner à néphrographique (réalisée entre 2 et 4 minutes post-injection
6 mois puis une surveillance annuelle pendant 5 ans [8]. Il de produit de contraste) permet de différencier un kyste d'une
est également possible de réaliser d'emblée une IRM pour tumeur maligne avec une sensibilité de 100 % et une spécificité
vérifier l'absence de tout rehaussement ou tout autre élé- de 98 % [24]. Ce résultat n'a toutefois pas été retrouvé dans
ment péjoratif devant faire reclasser la lésion en Bosniak III d'autres études [13]. La recherche d'un rehaussement est sensi-
ou IV (cloison irrégulière, paroi, etc.) [6]. Dans une étude de bilisée par la réalisation de soustraction plutôt que par le calcul
2004, Israel et al. reclassaient dans 19 % des cas (13 lésions d'un ratio de rehaussement [25]. La séquence de diffusion per-
sur 69) des lésions Bosniak II en IIF, IIF en III (3 lésions) et met également de différencier les lésions malignes des kystes
III en IV (2 lésions) sur l'IRM (tableau 27.2) [6]. L'IRM était hémorragiques ou protéiques avec un coefficient apparent de
capable de détecter de façon plus fine la présence de cloi- diffusion significativement plus bas pour les tumeurs malignes
sons, de septums ou la prise de contraste. La prise en charge (1,75.10–3 mm2/s versus 2,5.10–3 mm2/s ; p < 0,0001 ; b = 0 et
des patients suite à cette IRM a pu être modifiée avec des 400 s/mm2) [13]. Des résultats similaires ont été retrouvés par
lésions devenues d'emblée chirurgicales. d'autres auteurs [26, 27]. Zhang et al. ont également montré
que les coefficients apparents de diffusion étaient de plus
abaissés dans les zones hypervasculaires (1,62.10–3 mm2/s ver-
Aspect IRM des carcinomes rénaux sus 2,477.10–3 mm2/s – b = 0, 500 et 1000 s/mm2 ; p = 0,007)
kystiques [28]. Toutefois, il existait un chevauchement de ces valeurs
Ces lésions correspondent aux kystes Bosniak IV et, dans entre les lésions bénignes et les lésions malignes. L'analyse
une moindre mesure, aux kystes Bosniak III. Ces lésions conjointe des séquences de soustraction et de diffusion permet
kystiques malignes correspondent à des cancers kystiques d'affiner de façon significative le diagnostic [13].
uniloculaires, multiloculaires, des carcinomes rénaux
nécrosés pseudokystiques, des cancers développés dans la
paroi d'un kyste, ou un carcinome tubulokystique. Points clés
Comme nous l'avons vu précédemment, le diagnostic de ■
La classification de Bosniak est applicable à l'IRM.
cancer kystique peut être évoqué devant une lésion liqui- ■
L'IRM présente un intérêt notamment pour les lésions non
dienne sur la mise en évidence d'une composante tissulaire caractérisables en scanner (densité intermédiaire, prise de
vascularisée (paroi, cloison, nodule mural, végétation) [2, 3, contraste équivoque, lésions infracentrimétriques), pour
22]. Le scanner est la plupart du temps suffisant à la détec- les lésions Bosniak IIF (risque de sous-staging en TDM) ou
tion de cette composante tissulaire. L'IRM apporte une aide Bosniak III en surveillance active.
diagnostique en cas de prise de contraste équivoque ou ■
Importance des séquences injectées avec soustraction.
devant la présence d'une lésion spontanément dense.
Un cancer kystique a un signal anormal en T2 et/ou T1. Il
peut apparaître hétérogène sur les séquences pondérées en T2, Tumeurs solides
ce qui doit faire considérer la lésion comme suspecte quel que
soit l'aspect de cette dernière sur la séquence T1 (fig. 27.10) La pathologie tumorale rénale inclut de nombreuses
[23]. Une lésion en hypersignal T1 spontané est d'analyse plus tumeurs pour certaines très rares (tableau 27.3).

Tableau 27.2 Reclassement des lésions kystiques en IRM, d'après [6].


Patient Catégorie Épaisseur cloison/paroi Nombre de cloisons Devenir
TDM IRM TDM IRM TDM IRM
1 II IIF « Cheveu » Fine 2 4 Stabilité à 4 ans
2 II IIF « Cheveu » Fine 2 2 Stabilité à 3 ans
3 IIF III « Cheveu » Fine 3 4 Stabilité à 1 an
4 IIF III Fine Épaisse 3 3 Progression
5 IIF III Fine Épaisse 1 1 Bénin
6 III IV Épaisse Épaisse 1 2 Malin
7 III IV « Cheveu » « Cheveu » 1 1 Malin
8 III III Épaisse Épaisse 1 4 Bénin
9 III III Épaisse Épaisse 2 3 Malin
10 IIF IIF Fine Fine 2 3 Stabilité à 1 an
11 IV IV Épaisse Épaisse 3 4 Malin
12 II II « Cheveu » « Cheveu » 3 4 Supposé bénin
13 III III Épaisse Épaisse 1 1 Perdu de vue
Chapitre 27. L'IRM rénale en pratique clinique    441

a b c

d e
Fig. 27.10 Aspect IRM d'un carcinome kystique multiloculaire à cellules claires. Patiente de 65 ans présentant une lésion kystique polaire
inférieure gauche de 24 mm siège de multiples cloisons en hypersignal T2 (a), en discret hyposignal T1 sur la séquence en phase (b), sans chute
de signal sur la séquence en opposition de phase (c) et prise de contraste sur le temps corticomédullaire (d) et néphrographique (e). Le diagnostic
anatomopathologique après néphrectomie partielle était un carcinome multiloculaire à cellules claires (grade nucléaire Fuhrman 2).

Tableau 27.3 Classification de l'Organisation L'évaluation en imagerie d'une lésion solide rénale néces-
mondiale de la santé (OMS) des tumeurs rénales*. site la connaissance des antécédents du patient. Une lésion
solide unique chez un patient ayant un cancer primitif peut
Tumeurs bénignes Tumeurs malignes bien entendu être une localisation secondaire (dans 50 à
Tumeurs à cellules rénales : Tumeurs malignes épithéliales : 85 % des cas [29, 30]) ou encore une tumeur rénale primi-
− oncocytome − carcinome à cellules claires tive bénigne ou maligne.
− adénome papillaire − carcinome papillaire L'imagerie est indispensable pour caractériser au mieux
− Tumeurs métanéphriques : − carcinome chromophobe
− adénome et adénofibrome − carcinome kystique à cellules
ces lésions, mais également pour proposer au chirurgien un
métanéphrique claires bilan préopératoire. Selon les recommandations de l'Asso-
− tumeur stromale − carcinome des tubes ciation française d'urologie (AFU), l'uroscanner doit être
métanéphrique collecteurs de Bellini privilégié et reste l'examen de référence [31].
Tumeurs mésenchymateuses : − carcinome de la médullaire
− angiomyolipome − carcinome lié à une
− léiomyome translocation Xp11 Tumeurs malignes solides primitives
− hémangiome − carcinome associé au
− lymphangiome neuroblastome Le cancer du rein représente jusqu'à 2 % de l'ensemble des
− réninome − carcinome mucineux cancers. Il est le plus souvent asymptomatique jusqu'à un
− fibrome tubulaire et fusiforme stade avancé et est classiquement de découverte fortuite.
− schwannome − carcinome rénal inclassable Sa découverte à un stade précoce augmente avec l'augmen-
Tumeurs mixtes épithéliales Tumeurs indifférenciées du
tation des examens complémentaires pour exploration de
et mésenchymateuses blastème
− tumeur mixte épithéliale Néphroblastome de l'adulte l'abdomen, au premier rang desquels les échographies et les
et stromale Sarcome à cellules claires scanners. Dans les stades plus avancés, une hématurie, une
− néphrome kystique PNET altération de l'état général ou encore des lombalgies peuvent
Autres tumeurs : sarcomes, apparaître.
lymphomes, métastases Ces carcinomes comprennent différents sous-types dont
* Les cinq lésions indiquées en gras représentent 90 % de l'ensemble les plus fréquents sont le carcinome à cellules claires, le car-
des lésions rénales. cinome papillaire et le carcinome chromophobe.
PNET : primitive neurectodermic tumor (tumeur neuroectodermique L'examen histologique permet de classer le carcinome
primitive). rénal (classification de Führman incluant l'analyse de la taille
et du contour du noyau, ainsi que la taille des nucléoles). Le
stade de la tumeur se fait grâce à la classification TNM.
Cinq types de tumeurs rénales représentent 90 % de l'en- Les formes héréditaires de cancer du rein sont rares (2 à
semble des lésions et feront l'objet de cette section. Il s'agit 3 % des cas), mais leur diagnostic est indispensable afin de
des carcinomes à cellules claires, des carcinomes papillaires, proposer au patient une prise en charge adaptée. Ces formes
des carcinomes chromophobes, des angiomyolipomes et des de cancer surviennent chez des adultes jeunes et sont sou-
oncocytomes. vent multiples et bilatérales. Une dizaine de ­prédispositions
442   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

au cancer du rein sont actuellement connues. On en dis- En IRM, les carcinomes à cellules claires apparaissent le
tingue quatre principales [31] : plus souvent en iso-hyposignal T1, hypersignal T2, hété-
■ la maladie de Von Hippel-Lindau qui prédispose pour rogènes [36–38]. Ces CCC peuvent contenir des lipides
le carcinome à cellules claires et les kystes rénaux. On intracellulaires ; il n'est donc pas rare d'observer une chute
retrouve également associées d'autres tumeurs (héman- de signal sur la séquence en opposition de phase [39,
gioblastome du système nerveux central et de la rétine, 40] (fig. 27.11). Il ne faut alors pas les confondre avec un
kystes et tumeurs endocrines du pancréas, phéochromo- angiomyolipome.
cytomes, tumeurs du sac endolymphatique et tumeurs de Leur coefficient apparent de diffusion est proche de celui
l'épididyme). Les tumeurs rénales malignes sont souvent du rein. Il est classiquement plus élevé que pour les carci-
d'aspect kystique ; nomes papillaires ou chromophobes. Cependant, on note
■ le cancer rénal papillaire héréditaire qui est secondaire des chevauchements des valeurs d'ADC entre les différents
à une mutation du proto-oncogène MET. Il n'a pas été sous-types de carcinomes rénaux. Un seuil de 1,281.10 –3
décrit à l'heure actuelle de localisation extrarénale ; mm2/s permettrait de distinguer les CCC des carcinomes
■ la léiomyomatose cutanéo-utérine avec cancer rénal (car- papillaires ou chromophobes avec une sensibilité de 95,9 %
cinome papillaire et parfois cancer des tubes collecteurs). et une spécificité de 94,4 % [41].
Elle est secondaire à des mutations du gène suppresseur Après injection, ils sont hyperartérialisés pour leurs por-
de tumeur FH. À noter que ces lésions tumorales sont tions solides (fig. 27.11). Vargas et al. ont montré que cette
très agressives et doivent être traitées dès leur dépistage hyperartérialisation (230 % de rehaussement par rapport à
quelle que soit leur taille ; la phase non injectée sur la phase corticomédullaire, 250 % à
■ la maladie de Birt-Hogg-Dubé qui prédispose à des la phase néphrographique et 227 % à la phase excrétoire) est
tumeurs cutanées du visage et du cou (fibrofolliculome), plus importante que pour les carcinomes papillaires (49 %,
des lésions pulmonaires à type de kystes et de pneumo- 92  % et 88  % respectivement) ou chromophobes (98  %,
thorax récidivants et des tumeurs rénales qui sont le 183 % et 159 % respectivement) [42]. Sun et al. ont même
plus souvent de différents types histologiques (avec une montré qu'une augmentation de signal de plus de 84 % à la
prédominance des carcinomes chromophobes et des phase corticomédullaire permettait de différencier les CCC
tumeurs hybrides oncocytomes-chromophobes). des carcinomes papillaires avec une sensibilité de 93 % et
une spécificité de 96 % [43].
Les zones de remaniements nécrotiques apparaissent en
Carcinome à cellules claires (CCC)
hyposignal T1 et hypersignal T2 non rehaussées après injec-
Il s'agit du carcinome rénal le plus fréquent, représentant tion [36]. Ce sont souvent des plages irrégulières, excentrées.
jusqu'à 80 % des carcinomes rénaux. Il prédomine chez les Les zones de remaniements hémorragiques sont de
hommes (sex ratio de 2/1) [32]. Il atteint majoritairement signal variables en T1 et T2 en fonction de l'ancienneté du
les patients après 50 ans mais est possible également chez saignement.
l'adulte jeune dès la deuxième décennie. Une pseudocapsule en hyposignal T1 et T2 est possible.
Les cellules tumorales proviennent du tubule proximal. Cette capsule peut apparaître irrégulière ou absente, faisant
Il s'agit d'une tumeur plus ou moins exophytique, bien alors suspecter un envahissement local dans les stades plus
limitée, encapsulée aux stades précoces. Aux stades avancés, élevés (pT3) [37]. Elle est préférentiellement étudiée sur une
elle envahit l'espace périrénal et se propage aux vaisseaux. séquence T2 sans saturation du signal de la graisse.
Macroscopiquement, elle peut être de présentation solide L'envahissement de la veine rénale et de la veine cave
pure ou encore kystisée (jusqu'à 25 % des CCC) [33–35]. inférieure doit impérativement être recherché. Les calcifica-
Dans sa forme solide, la tumeur est limitée aux stades pré- tions présentes dans les CCC, quant à elles, sont plus diffi-
coces (stades  T1 et T2) par une pseudocapsule fibreuse ciles à mettre en évidence en IRM et seront mieux étudiées
avant d'envahir le tissu adipeux ou rénal péritumoral (forme sur un scanner [36].
infiltrante). L'envahissement des structures vasculaires est à
ce stade possible (stade T3).
L'aspect en imagerie du CCC est variable en fonction Carcinome à cellules claires de petite taille
de sa taille (des remaniements nécrotico-hémorragiques Cette présentation de CCC est classiquement asymptoma-
apparaissent avec la croissance de la lésion), de son grade tique. Il s'agit généralement d'une lésion peu agressive à
histologique, et de l'importance de sa vascularisation. Ainsi, croissance lente. Sa fréquence augmente avec celle des exa-
les formes atypiques de CCC peuvent nécessiter une biop- mens abdominaux. Ce type de tumeur de taille inférieure
sie pour les différencier des lésions bénignes que sont les ou égale à 3 cm devra être différencié des tumeurs bénignes.
AML pauvres en graisse, les oncocytomes ou encore les Ces CCC sont le plus souvent homogènes sans remanie-
métastases. ments nécrotico-hémorragiques compte tenu de leur petite
taille. Leur détection – surtout en cas de lésion infracenti-
métrique qui était auparavant l'apanage du scanner, compte
Carcinome à cellules claires typique tenu de sa résolution spatiale supérieure à l'IRM – a été
Dans sa forme typique, il s'agit d'une tumeur le plus améliorée avec l'apparition des séquences de diffusion. Cette
souvent de grande taille (> 4  cm), bien limitée au stade séquence améliore le contraste entre le parenchyme et les
précoce, hétérogène, avec une composante solide pure lésions tumorales [44]. Ces petites tumeurs apparaissent en
hypervasculaire et une composante siège de remaniements discret hyposignal ou en isosignal T1 par rapport au cor-
nécrotico-hémorragiques. tex adjacent [45] et en hypersignal T2. L'association de ces
Chapitre 27. L'IRM rénale en pratique clinique    443

a b c

d e f

g h
Fig. 27.11 Aspect IRM d'un carcinome à cellules claires. Lésion hétérogène de 78 mm du pôle inférieur du rein gauche en discret hypersignal T1 (a),
avec chute de signal de plusieurs portions tissulaires sur la séquence en opposition de phase (b, flèche), en isosignal T2 par rapport au parenchyme rénal (c),
en discret hypersignal diffusion à b = 800 s/mm2 et avec restriction de diffusion (ADC tumeur = 1,03.10–3 mm2/s et ADC rein = 1,6.10–3 mm2/s) (d, e),
avec prise de contraste dès le temps corticomédullaire (f) et rehaussement hétérogène sur le temps néphrographique (g, h).

caractéristiques avec des remaniements nécrotico-hémorra- papillaire et tubulaire associée à des anomalies cytogéné-
giques (même s'ils sont plus rares sur les lésions de petite tiques. Le carcinome papillaire peut être solide ou encore
taille) et une hypervascularisation doit faire suspecter un remanié par de la nécrose voire kystique.
CCC compte tenu de sa fréquence [46]. Il existe deux types de carcinome papillaire :
■ type 1 basophile (75 % des cas). Cette lésion est de stade
et de grade plus faibles que les lésions de type II. Elle peut
Points clés – Carcinome à cellules claires
être multifocale ;

Tumeur maligne rénale la plus fréquente ■ type 2 éosinophile (25 % des cas). Elle est de moins bon

Hétérogène avec composante solide et remaniements nécro- pronostic que le type 1.
tico-hémorragiques surtout dans les lésions de grande taille Ces lésions en scanner sont différentes. Les types 1 appa-
Iso-hyposignal T1 avec chute de signal possible sur la
raissent plus homogènes et mieux limités que les types 2

séquence en opposition de phase



Hypersignal T2 (fig. 27.12 et fig. 27.13) [47]. Les types 2 présentent souvent

ADC proche du parenchyme rénal, classiquement plus élevé des signes d'invasion vasculaire reflétant leur caractère plus
que pour les carcinomes papillaires ou chromophobes agressif. Dans une étude récente, Egbert et al. retrouvaient

Hypervascularisation également des marges floues pour les types 2 (33 % des cas

Recherche des signes d'extension locorégionale (incluant versus 6 % des cas pour les types 1). La quasi-totalité des
l'envahissement vasculaire) carcinomes papillaires étaient hétérogènes, y compris les
types 1 (seuls 6 % des types 1 étaient homogènes), avec des
Carcinome papillaire calcifications dans 44 % des types 2 et 11 % des types 1. Le
Il s'agit du deuxième type de carcinome rénal en termes de rehaussement était faible mais significatif (> 20 UH) dans
fréquence (10 à 15 % des cas). Les carcinomes papillaires 85 % des types 1 et 60 % des types 2. Les autres lésions ne
peuvent être multiples, bilatéraux. Ils proviennent des cel- montraient pas de rehaussement significatif sur le scanner,
lules du tube contourné distal, présentant une architecture ce qui ne permettait pas de les différencier des kystes denses
444   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

atypiques. Toutefois, l'ensemble de ces lésions présentaient abondance, contrairement aux CCC nécrosés où ils sont pré-
une prise de contraste en IRM sur les séquences en soustrac- sents à la périphérie de la zone de nécrose. Une chute de signal
tion, soulignant le rôle fondamental de l'IRM dans la prise sur la séquence en opposition de phase est également possible
en charge de ces lésions [48]. dans les carcinomes papillaires (entre 16 à 59 % des cas), mais
En IRM, les carcinomes papillaires de type 1 apparaissent à une fréquence moindre que dans les CCC (de l'ordre de 70 %
en hyposignal T2 pour 94  % d'entre eux [37] et en iso-­ des cas) [40, 49]. Ce critère n'est pas discriminant.
hyposignal T1. Un rapport du signal de la tumeur en T2 sur En diffusion, les carcinomes papillaires présentent
le signal du parenchyme en T2 < 0,66 aurait une sensibilité un faible coefficient apparent de diffusion (fig.  27.12)
de 54 % et une spécificité de 100 % pour différencier les car- (1,087.10–3 mm2/s) par rapport aux autres lésions tumorales
cinomes papillaires des CCC (fig. 27.12) [38]. (1,849.10–3 mm2/s pour les CCC et 1,307.10–3 mm2/s pour
Ces lésions peuvent présenter une chute de signal sur la les chromophobes) [41].
séquence en phase. Cette caractéristique serait expliquée par Après injection, ces tumeurs sont faiblement vasculari-
la présence de dépôts intratumoraux d'hémosidérine [40]. De sées par rapport au parenchyme rénal, et apparaissent donc
plus, ces dépôts intratumoraux d'hémosidérine ne seraient pas en hyposignal sur la phase néphrographique. Le pourcen-
liés, contrairement aux CCC, à la présence de remaniements tage de rehaussement par rapport à la séquence non ­injectée
nécrotiques ou hémorragiques. Ces dépôts sont présents en est en moyenne de 49 % sur la phase corticomédullaire,

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g h
Fig. 27.12 Aspect IRM d'un carcinome papillaire de type 1. Patient de 51 ans présentant une lésion polaire inférieure gauche (a) exophytique
de 33 mm en isosignal T1 sur la séquence en phase (b), sans chute de signal sur la séquence en opposition de phase (c), en hyposignal T2 hété-
rogène (a), avec un discret hypersignal de diffusion sur la séquence à b = 800 s/mm2 (e), avec restriction du coefficient apparent de diffusion (f)
(parenchyme rénal à 1,6.10–3 mm2/s – tumeur à 1,028.10–3 mm2/s) et hypo-intense par rapport au parenchyme rénal sur les séquences injectées
(g, h). Cette lésion ne présentait pas de cicatrice. Il s'agissait d'un carcinome papillaire de type 1 de grade Fuhrman 2.
Chapitre 27. L'IRM rénale en pratique clinique    445

a b c

d e
Fig. 27.13 Aspect IRM d'un carcinome papillaire type 2. Patient de 55 ans présentant une lésion exophytique polaire inférieure gauche de 10 cm
de grand axe, hétérogène, sur la séquence T2 avec composante en hypersignal T2 (a, flèche), en hyposignal T1 avec composante en hypersignal T1 sur
la séquence en phase (b, flèches bleues), sans chute de signal sur la séquence en opposition de phase (c), avec un discret hypersignal de diffusion (d),
avec coefficient d'ADC hétérogène (restreint dans les zones en hypersignal T1, élevé par ailleurs) (e). La pièce anatomopathologique retrouvait un
carcinome papillaire de type 2 Fuhrman 3, nécrosé sur 30 à 40 % de sa surface. La quasi-totalité de la tumeur était composée de cellules éosinophiles.

92 % sur la phase néphrographique et 88 % sur la phase Carcinome chromophobe


excrétroire. Ce pourcentage de rehaussement est d'intensité Les carcinomes chromophobes représentent environ 10 %
moindre que celui des carcinomes à cellules claires (230 %, des carcinomes rénaux. Ils proviennent des cellules interca-
250 % et 227 % de rehaussement sur les différentes phases laires de type B du tube collecteur. Il s'agit de tumeurs bien
respectivement), des AML (353 %, 285 % et 222 % sur les limitées, solides, de pronostic souvent meilleur que les carci-
différentes phases respectivement) ou les oncocytomes nomes à cellules conventionnelles.
(208 %, 265 % et 237 % sur les différentes phases respec- Classiquement, ces lésions ne contiennent pas de graisse,
tivement) [42]. Sun et al. ont retrouvé des rehaussements ne présentent pas de remaniement hémorragique ou kys-
similaires [43]. Il est souvent utile d'utiliser les séquences de tique, ne sont pas hypervasculaires après injection de produit
soustraction pour sensibiliser cette prise de contraste [48]. de contraste. L'absence de remaniements nécrotico-hémor-
Les carcinomes papillaires de type 2 sont de moins bon ragiques rend ces tumeurs homogènes après injection, y
pronostic, avec un grade nucléaire et un stade anatomopatho- compris pour les lésions de plus de 3 cm, contrairement aux
logique plus élevés. En scanner, le carcinome papillaire de type 2 autres types de carcinome rénaux (fig. 27.14).
peut être le siège de calcifications intratumorales (44 % des cas), Elles apparaissent en signal intermédiaire T1 sans chute de
hétérogènes avec une tendance infiltrative (un tiers des cas) [48]. signal sur la séquence en opposition de phase, en signal T2
Leur apparence en IRM est plus complexe (fig. 27.13), avec intermédiaire avec un ADC également intermédiaire entre le
des plages d'hémorragie et de nécrose. Les carcinomes papil- CCC et le carcinome papillaire. Ces lésions sont moins vascu-
laires de type 2 sont plus hétérogènes ; ils apparaissent en hyper- laires que les CCC, de rehaussement intermédiaire (fig. 27.15)
signal T2 dans 60 % des cas, hyposignal T1 [36, 48]. Ils peuvent [42, 52]. Une cicatrice centrale comme dans les oncocytomes
également être « kystiques » en rapport avec de la nécrose. Les a également été décrite dans 33 % des cas [52], avec la possi-
marges tumorales sont volontiers floues. Leur rehaussement est bilité d'un rehaussement en rayon de roue pouvant prêter à
plus hétérogène que dans le type 1 [50]. Un envahissement de la confusion avec le diagnostic différentiel d'oncocytome [53].
veine rénale est également possible [51]. Ce sont des tumeurs peu agressives qui sont souvent volu-
mineuses à leur découverte sans signe d'envahissement vascu-
Points clés – Carcinomes papillaires laire ou de dissémination hématogène contrairement aux CCC.
Hyposignal T2
Autres variantes de carcinome rénal


Chute de signal sur la séquence en phase (dépôts d'hémosidérine)

Hypovascularisés Ces lésions sont plus rares mais de moins bon pronos-

ADC bas par rapport au parenchyme rénal tic, le plus souvent agressives. On distingue : le carcinome
446   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

a b c
Fig. 27.14 Aspect TDM carcinome chromophobe. Patiente de 55 ans aux antécédents de cancer du sein présentant une lésion de la lèvre
antérieure du rein gauche de 18 mm isodense au parenchyme rénal sur le scanner sans injection (a), discrètement hypervasculaire sur le temps
corticomédullaire (b), hypodense sur le temps néphrographique (c).

a b c

d e f

g
Fig. 27.15 Aspect IRM d'un carcinome chromophobe. Patiente de 55 ans aux antécédents de cancer du sein présentant une lésion de la lèvre
antérieure du rein gauche de 18 mm en isosignal T1 sur la séquence en phase (a), sans chute de signal sur la séquence en opposition de phase (b),
avec un discret hypersignal T2 (c), un hypersignal de diffusion à b 800 s/mm2 (d), une restriction de diffusion (ADC = 1,142.10–3 mm2/s) (e), hypo-
intense sur les temps injectés (f, g).
Chapitre 27. L'IRM rénale en pratique clinique    447

s­ arcomatoïde, le carcinome des tubes collecteurs de Bellini, du développement d'une circulation veineuse collatérale. Il
le carcinome médullaire, etc. Leur diagnostic positif ne peut est également possible de retrouver une densification de la
pas être réalisé formellement sur une IRM et nécessite donc graisse périlésionnelle sans extension tumorale. Cette densifi-
une preuve anatomopathologique. cation est secondaire à l'œdème périrénal, aux remaniements
fibreux ou à la présence de structures vasculaires [54].
Bilan préthérapeutique
L'IRM n'est pas l'examen de référence dans le cadre du Franchissement capsulaire (stade T3a)
bilan préthérapeutique d'un cancer du rein. Elle est prise en et envahissement veineux (stade T3a-c)
défaut dans le bilan d'extension général de la maladie (en Le stade T3a repose sur la mise en évidence de modifica-
particulier l'analyse des lésions pulmonaires) [31]. Elle doit tions de l'interface tumeur/graisse avec une infiltration de la
donc être complétée par un scanner thoracique. Elle est sur- graisse péritumorale associée à des limites tumorales irrégu-
tout utile dans l'analyse de l'invasion vasculaire de la veine lières ou floues. La sensibilité du scanner est faible, avec de
cave inférieure. Le bilan préthérapeutique doit préciser la grandes variations dans la littérature, comprise entre 46 %
classification TNM (tableau 27.4). et 88 % [54, 55]. Elle est améliorée par la réalisation d'une
IRM [56–58]. La présence d'une infiltration de la graisse
Protocole périlésionnelle sur une longueur d'au moins 1 cm doit faire
suspecter une extension locorégionale [54].
En cas de réalisation d'une IRM, le protocole doit être adapté L'IRM permet l'analyse de la pseudocapsule rénale qui
avec la réalisation de séquences complémentaires T2 coronales apparaît en hyposignal T2 continu sur une séquence T2 sans
obliques dans le grand axe de la tumeur de façon à réaliser saturation du signal de la graisse (visible dans 90 % des cas)
un bilan préthérapeutique optimal. Des acquisitions tardives [59]. Cette analyse est plus sensible dans les CCC que dans
pourront éventuellement être réalisées pour étudier les rap- les carcinomes papillaires en raison de l'hyposignal T2 de
ports de la tumeur avec la voie excrétrice (en cas de chirurgie ces derniers. La sensibilité et la spécificité pour le staging
conservatrice) ou en cas de doute avec une tumeur urothéliale. entre les stades T1/T2 et le stade T3a sont de 86 % et 95 %
respectivement pour le CCC et 50 % et 92 % respectivement
Extension locorégionale pour le carcinome papillaire [59]. La mise en évidence d'un
Tumeur strictement intrarénale (stades T1 et T2) envahissement locorégional est primordiale avant néphrec-
Le scanner reste l'imagerie de référence dans ce cas-là. Les tomie partielle laparoscopique.
limites tumorales sont régulières sans infiltration de la graisse Le défaut d'opacification partielle ou complète de la veine
péritumorale. L'analyse est plus difficile dans le cas d'une rénale ou de la veine cave inférieure est en rapport avec la
tumeur de grande taille (stade T2) en raison de la possibilité présence d'un thrombus cruorique ou d'un envahissement

Tableau 27.4 Classification de l'International Union Against Cancer (UICC) TNM (tumor, node, metastasis)
des tumeurs malignes du rein (2009).
TNM (2009) Statut
Tumeur (T) Tx Le statut tumoral ne peut pas être défini
T1a Tumeur ≤ 4 cm localisée au rein
T1b Tumeur > 4 cm et ≤ 7 cm localisée au rein
T2a Tumeur > 7 cm et ≤ 10 cm localisée au rein
T2b Tumeur > 10 cm localisée au rein
T3a Envahissement du tissu adipeux périrénal et/ou du tissu adipeux hilaire, épargnant le fascia de
Gerota et/ou thrombus macroscopique dans la veine rénale et/ou une de ses branches
T3b Thrombus dans la veine cave inférieure (VCI) sous-diaphragmatique
T3c Tumeur s'étendant dans la VCI sus-diaphragmatique ou envahissant la paroi musculaire de la veine
cave
T4 Tumeur s'infiltrant au-delà du fascia de Gerota et/ou envahissement par contiguïté de la surrénale
Métastase Nx Pas d'évaluation du statut ganglionnaire
ganglionnaire (N)
N0 Pas de métastase ganglionnaire
N1 Métastase ganglionnaire régionale dans un seul ganglion
N2 Métastase ganglionnaire régionale dans plus d'un ganglion
Métastase à Mx Pas d'évaluation du statut métastatique
distance (M)
M0 Pas de métastase
M1 Métastase tissulaire à distance
448   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

tumoral [60, 61]. L'analyse de la veine rénale est optimale au sont plus volontiers métastatiques que les carcinomes papil-
temps corticomédullaire (40 secondes après l'injection) [62]. laires et chromophobes [70]. Ces localisations secondaires se
La différenciation entre envahissement tumoral et thrombus font préférentiellement au poumon et à l'os. Des métastases
cruorique repose sur la mise en évidence d'une éventuelle au pancréas sont possibles et parfaitement visualisées en IRM.
prise de contraste du thrombus [63], pour laquelle l'IRM est Un problème diagnostique fréquent est la découverte
plus sensible que le scanner [64]. d'une autre tumeur rénale maligne synchrone –  lésion
L'extension à la veine cave inférieure doit également être secondaire ou tumeurs multiples synchrones. L'absence
précisée. Le scanner est d'interprétation parfois difficile dans ce d'autres métastases à distance fera plutôt opter pour la deu-
cas, en particulier en rétrohépatique, ou encore en cas d'hélice xième hypothèse.
trop précoce, responsable d'un défect endoluminal au niveau
de l'abouchement des veines rénales. L'IRM est alors indis- Classification morphométrique
pensable et constitue l'examen de référence. L'envahissement Cette classification a pour but d'évaluer le risque opératoire
veineux cave apparaît sous forme d'une image tissulaire endo- d'une néphrectomie partielle. Pour cela, on distingue trois
luminale en iso- ou hypersignal sur la séquence T1 avant scores principaux : le score de PADUA, le R.E.N.A.L. score
injection, et hypersignal sur la séquence T2 (fig. 27.16). La et le C Index.
sensibilité de l'IRM est proche de 100 % [65, 66].
L'IRM permet également d'apprécier l'invasion poten- Score de PADUA [71]
tielle de la paroi de la veine cave inférieure. Ce diagnostic Le score de PADUA (Preoperative Aspects and Dimensions
reste cependant difficile et est le plus souvent obtenu en Used for an Anatomical Classification of Renal Tumours) va
peropératoire. de 6 à 14 et est fondé sur 6 critères : la localisation tumorale
Dans le cas d'une atteinte vasculaire, la distance entre le (polaire ou médiorénale), le caractère endo- ou exophytique de
bourgeon tumoral supérieur, l'oreillette droite et les veines la masse, la localisation dans le plan axial (médial ou latéral), la
hépatiques doit être mesurée. présence ou non d'une infiltration du sinus rénal/du système
collecteur et la taille de la lésion (fig. 27.17 et tableau 27.5).
Extension au système collecteur Un score ≥ 8 indique un risque opératoire plus élevé de
Bien que ne faisant pas partie de la classification TNM, 14 fois par rapport à un score inférieur (taux de complica-
l'extension au système collecteur doit être précisée, en par- tion > 30 %). La corrélation interobservateur de ce score est
ticulier lorsqu'une néphrectomie partielle est envisagée. Cet satisfaisante, estimée à 73 %.
envahissement est plus fréquent au niveau des pôles dans les
stades ≥ T3 [67] (79 % des cas versus 21 % pour les stades T1 R.E.N.A.L. score [72]
et T2) et dans les tumeurs de haut grade. Sa recherche se fait Il s'agit d'un score allant de 4 à 12, fondé sur 5 critères : la
sur la séquence excrétoire. diamètre maximal de la lésion, le caractère endo- ou exophy-
tique, sa distance par rapport au système collecteur, sa locali-
Stade T4 sation par rapport aux lignes polaires, sa position antérieure
L'extension aux organes de voisinage se produit lorsque la ou postérieure (ce critère n'apportant pas de point au score).
tumeur a franchi le fascia de Gerota. Cette situation reste Le suffixe « h » est également utilisé si la lésion est au contact
rare. L'atteinte de la surrénale par contiguïté fait également de l'artère ou de la veine rénale (fig. 27.18 et tableau 27.6).
partie du stade T4.
C Index [73]
Extension ganglionnaire Il s'agit du calcul du rapport de la distance du centre de la
Une atteinte ganglionnaire est présente dans 20  % des tumeur au centre du rein sur la taille de la tumeur. Un C
cas lors du diagnostic [68], souvent en association avec Index < 2,5 augmente d'au moins 30 % le risque de compli-
des localisations secondaires hématogènes. La détection cations majeures.
d'une extension ganglionnaire modifie le geste chirurgi- Cette méthode est plus difficile à réaliser en pratique
cal avec la réalisation d'un curage ganglionnaire étendu. clinique courante. Elle nécessite de localiser précisément le
L'envahissement ganglionnaire en scanner et en IRM repose centre du rein. Elle est donc moins utilisée.
à l'heure actuelle sur des critères de taille (> 10 mm de petit
axe), mais le taux de faux positif reste élevé (jusqu'à 58 % des Points clés – Bilan préthérapeutique
cas [69]). En effet, une augmentation de taille des ganglions Le compte-rendu précisera [31] :
est retrouvée en cas d'hyperplasie folliculaire ou de remanie- ■
le diamètre tumoral dans les trois plans de l'espace ;
ments inflammatoires. Ces remaniements inflammatoires ■
la topographie exacte de la tumeur et en particulier sa dis-
sont plus fréquemment retrouvés dans le cas de cancers tance par rapport au hile rénal ;
nécrosés ou encore en cas d'envahissement vasculaire [69]. ■
son caractère endo- ou exophytique (noté en pourcentage) ;
Un petit axe supérieur à 2 cm présente une spécificité de ■
la classification anatomique permettant d'évaluer les pos-
100 % pour le diagnostic d'envahissement tumoral. sibilités de la néphrectomie partielle et les risques opéra-
toires (R.E.N.A.L score, classification de PADUA, C Index)
Métastases [71–74] ;

l'anatomie vasculaire rénale ;
La recherche de métastases est l'apanage du scanner thoraco- ■
l'extension locorégionale et en particulier l'extension
abdomino-pelvien puisque l'IRM rénale reste limitée à la vasculaire ;
partie supérieure de l'abdomen centrée sur les reins. Les CCC ■
l'analyse du rein controlatéral.
Chapitre 27. L'IRM rénale en pratique clinique    449

a b c

d e f

g h i

j k l

Fig. 27.16 Envahissement de la veine cave Inférieure (VCI) par un carcinome rénal à cellules
claires. Patient de 55 ans présentant un carcinome à cellules claires du rein gauche (flèche) avec
localisations secondaires hépatiques. Cette lésion envahit la veine rénale gauche (envahissement
tumoral) (tête de flèche) et la VCI (flèche bleue) (combinaison d'un envahissement tumoral et d'un
thrombus cruorique). Elle n'est pas adhérente à cette dernière. (a–c) Séquence axiale T2 : la tumeur
apparaît hétérogène avec des composantes nécrotiques en hypersignal T2. (d) Séquence axiale T1 :
l'envahissement apparaît en hypersignal T1. (e, f) Séquence axiale T1 en phase. (g, h) Cartographie
ADC  : restriction de diffusion au sein de la veine rénale (ADC  =  0,95.10–3  mm2/s) ; absence de
restriction de diffusion dans les parties nécrotiques de la tumeur (ADC  =  2,7.10–3  mm2/s).
(i, j) Séquence axiale T1 au temps corticomédullaire. (k) Séquence axiale T1 au temps néphrogra-
m phique. (l, m) Séquence coronale T1 tardif.
450   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

AQ: Nous avons


corrigé le mot
« endopytique »
en  « endophytique »

Fig. 27.17 Classification de PADUA. (D'après Ficarra et al. [71].)


Chapitre 27. L'IRM rénale en pratique clinique    451

Tumeurs malignes solides secondaires le cas des cancers bronchiques, coliques ou mammaires,
Les métastases rénales sont deux fois plus fréquentes que les difficilement différenciables dans ce cas-là d'une néoplasie
tumeurs primitives. Elles sont essentiellement rencontrées primitive [78]. Une biopsie peut alors être nécessaire [79].
dans les cancers pulmonaires et mammaires [75, 76], mais
on retrouve également des métastases de cancer rénal pri- Lymphome rénal
mitif controlatéral, de mélanomes, de cancer digestif (côlon, Le lymphome rénal primitif est rare (< 1 %) compte tenu de
pancréas). Elles sont rarement symptomatiques et décou- l'absence de tissu lymphoïde rénal [80–82]. Cette atteinte
vertes lors du bilan d'extension ou au cours du suivi sur le
scanner abdominopelvien. Leur aspect en imagerie dépend Tableau 27.6 R.E.N.A.L score d'après [72].
de la tumeur primitive : hypovasculaires et homogènes sous
forme d'hypodensités nodulaires du parenchyme rénal, ou 1 point 2 points 3 points
hypervasculaires en cas de mélanome [77]. Elles sont volon- Radius ≤ 4 > 4 mais < 7 ≥ 7
tiers multiples. Elles peuvent également être uniques dans (diamètre
maximal en
cm)
Tableau 27.5 Classification de PADUA Caractère ≥ 50 % < 50 % Totalement
(Preoperative Aspects and Dimensions Exophytique endophytique
Used for an Anatomical Classification) ou non

1 point 2 points 3 points Proximité ≥ 7 > 4 mais < 7 ≤ 4


[Nearness]
Localisation Au-dessus de Entre les de la tumeur
longitudinale la ligne polaire lignes polaires aux cavités
(par rapport supérieure ou supérieure et excrétrices (en
aux lignes en dessous de inférieure mm)
polaires) la ligne polaire
inférieure Antérieure Pas de point attribué ; lésion désignée comme
ou postérieure antérieure (a), postérieure (p) ou autre (x)
Pourcentage ≥ 50 % < 50 % Endophytique
d'extension Localisation Intégralement La lésion Plus de 50 %
exophytique par rapport au-dessus ou franchit la de la lésion
aux lignes en dessous de ligne polaire franchit
Cortex rénal Latéral Médial polaires* la ligne polaire la ligne
Sinus rénal Pas atteint Atteint polaire (a)
ou la lésion
Cavités Pas atteintes Atteintes/ franchit l'axe
excrétrices infiltrées transversal
Taille des ≤ 4 > 4 mais ≤ 7 > 7 du rein (b) ou
tumeurs (cm) la lésion est
entièrement
La localisation antérieure ou postérieure peut être précisée avec la lettre a ou entre les lignes
p derrière le score. supérieures et
Les complications chirurgicales deviennent significativement plus fréquentes inférieures du
pour un score PADUA ≥ 8 (complications > 30 % d'après [71]). Le risque de sinus (c)
complication était 14 fois plus élevé que pour les scores de 6 et 7.
* Le suffixe « h » est apposé si la tumeur touche l'artère ou la veine rénale
principale.

Fig. 27.18 R.E.N.A.L. score. Les chiffres en dessous des figures indiquent le score attribué à chaque type de cas. (D'après Kutikov A, Uzzo [72].)
452   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

lymphomateuse est donc dans la majorité des cas secon- ■ les formes liées à des maladies générales comme la sclé-
daire. Elle est surtout rencontrée dans les lymphomes non rose tubéreuse de Bourneville (80 % des cas) ou la lym-
hodgkiniens (lymphome de type B ou de Burkitt) et la dissé- phangioléiomyomatose (15 % des cas) où les AML sont
mination peut être hématogène ou de contiguïté à travers les multiples et bilatéraux [76].
lymphatiques du hile ou péricapsulaires. Les formes rares d'AML ne seront pas décrites dans ce
Cliniquement, les patients présentent des douleurs du chapitre (AML épithélioïde, AML à composante kystique
flanc, une asthénie et une perte de poids. Une hématurie, épithéliale, AML invasif). Ces AML bénéficient le plus sou-
une protéinurie ou une insuffisance rénale sont également vent d'une preuve anatomopathologique (biopsie ou exérèse
possibles. chirurgicale).
Bien que les séries autopsiques rapportent une atteinte L'AML est classiquement asymptomatique. Sa principale
rénale lymphomateuse dans 30 à 60 % des cas, les anomalies complication est l'hémorragie, qui se manifeste par des dou-
en imagerie ne sont visibles que dans 1 à 8 %. leurs du flanc, une hématurie, un hématome intra- ou péri-
Cinq types d'atteinte sont décrits en imagerie [83] : rénal. En cas de saignement ou d'AML de plus de 4 cm, il est
■ atteinte unifocale nodulaire (10 à 20 % des cas) : la taille nécessaire de réaliser une embolisation d'hémostase par voie
est variable, pouvant atteindre plus de 15 cm, avec défor- endovasculaire ou une néphrectomie au mieux partielle [85,
mation de la capsule. Il n'y a pas de remaniement kys- 86]. Les résultats de l'embolisation sont bons avec un succès
tique, nécrotique ou de calcification ; technique supérieur à 90 % [87], entraînant une diminution
■ atteinte multifocale nodulaire : forme la plus fréquente (50 à significative du volume tumoral pouvant atteindre jusqu'à
60 % des cas), avec des lésions de petite taille inférieures à 81 % à 1 an [86]. Dans le cas d'AML de moins de 4 cm, une
3 cm associées à des adénopathies rétropéritonéales ; surveillance annuelle de son évolution est préconisée par
■ invasion à partir d'une masse rétropéritonéale (25 à 30 % imagerie au mieux par IRM afin de limiter l'irradiation. La
des cas) : cette lésion est également de grande taille avec plupart du temps, ces lésions sont limitées au rein (endo-
des vaisseaux englobés dans la lésion qui restent per- rénales uniquement ou exophytiques). Dans de rares cas
méables. Une hydronéphrose est également possible ; décrits dans la littérature, les AML peuvent envahir la veine
■ infiltration diffuse du rein avec néphromégalie (20 % des rénale, la veine cave inférieure et on peut retrouver des adé-
cas) : dans ce cas, aucune masse n'est visible et l'atteinte nopathies locorégionales [88, 89]. Mais devant cet aspect
est classiquement bilatérale. Le parenchyme rénal est atypique, une preuve anatomopathologique est nécessaire
hypodense à la phase néphrographique et le rein aug- pour ne pas méconnaître un carcinome à cellules claires.
menté de taille ;
■ masses périrénales (< 10 %) : l'aspect en imagerie est variable, Angiomyolipome typique
avec une infiltration de la graisse périrénale, un épaississe-
Le diagnostic d'AML est simple, classiquement réalisé lors
ment irrégulier du fascia de Gerota sans atteinte du rein.
d'un scanner avec coupes fines (< 3 mm d'épaisseur). L'AML
Il s'agit d'une lésion hypovasculaire, de densité sponta-
apparaît hétérogène compte tenu de sa composition histolo-
née comprise entre 30 et 50 UH [84]. En IRM, ces lésions
gique. La composante musculaire apparait iso- ou discrète-
apparaissent de signal intermédiaire en séquence T1 et T2,
ment hyperdense sur le scanner sans injection. La mise en
avec un rehaussement hétérogène inférieur au parenchyme
évidence sur le scanner d'une composante graisseuse au sein
rénal adjacent [84]. Elles sont habituellement restreintes en
de la tumeur (< –20 UH) rend le diagnostic d'AML très pro-
diffusion.
bable (fig. 27.19). D'autres lésions rénales peuvent présenter
une composante graisseuse (tumeur de Wilms, oncocytome,
Tumeurs bénignes solides carcinome à cellules claires, métastases, liposarcome), mais
cela est plus rare. La présence de graisse dans un carcinome
La caractérisation formelle d'une tumeur bénigne solide
rénal est rencontrée dans les lésions de grande taille qui
en imagerie est difficile. Seul l'angiomyolipome est
englobent la graisse de l'espace périrénal ou en cas de méta-
­caractérisable avec une fiabilité suffisante pour s'affranchir
plasie osseuse associée à des calcifications.
d'une preuve anatomopathologique. L'oncocytome, deu-
La présence de calcifications dans un AML est rarissime,
xième tumeur bénigne la plus fréquente, est suspecté dans
en dehors du cas particulier des AML ayant saigné. Une
sa forme typique grâce un faisceau d'arguments. Les autres
tumeur contenant de la graisse et des calcifications doit être
types de tumeurs relèvent d'un diagnostic anatomopatholo-
considérée comme un carcinome rénal jusqu'à preuve du
gique et ne seront pas décrites dans ce chapitre.
contraire.
Après injection de produit de contraste, la composante
Angiomyolipome (AML) musculaire de l'AML se rehausse précocement et de façon
L'AML est une tumeur rénale bénigne composée sur le plan homogène. Il est également possible de mettre en évidence
histologique de vaisseaux dysplasiques, de tissu graisseux des vaisseaux tortueux voire des faux anévrismes qui devront
et de muscle lisse. Leur proportion est variable, ce qui rend être embolisés. Lorsque l'AML est typique en scanner, il
leur aspect en imagerie hétérogène. La prévalence de l'AML n'est pas nécessaire de réaliser d'IRM pour le diagnostic.
dans la population générale est estimée à 0,3 %. On en dis- Les AML en IRM apparaissent hétérogènes avec une
tingue deux formes : composante en franc hypersignal T1, avec chute du signal
■ les formes sporadiques (80 % des cas) où ce sont le plus sur les séquences avec suppression du signal de la graisse
souvent des lésions uniques avec une prédominance [36]. Cette composante graisseuse suit l'évolution du signal
féminine (sex ratio : 5/1) ; de la graisse abdominale et du tissu sous-cutané sur les
Chapitre 27. L'IRM rénale en pratique clinique    453

a b

c d
Fig. 27.19 Aspect TDM d'un angiomyolipome sans (a) et après injection de produit de contraste au temps corticomédullaire (b, c)
et néphrographique (d). Lésion polaire inférieure droite de 42 mm à composante graisseuse et tissulaire (prise de contraste intense et précoce
de la portion tissulaire) en rapport avec un angiomyolipome typique.

différentes séquences. Sur les séquences en opposition de rapport à une interface arrondie était plutôt rencontrée dans
phase, on voit apparaître à l'interface tumeur–rein l'artéfact les lésions bénignes de type kyste ou AML (76 % des AML).
en « encre de Chine » signant la présence de graisse au sein Un aspect en cornet de glace a également été décrit. Kim
de la tumeur (fig. 27.20) [90]. Les nodules en hypersignal et al., sur une série scannographique de 18 AML pauvres en
T1 ne présentant pas cette interface ne sont pas des nodules graisse et de 135 carcinomes rénaux, retrouvent cet aspect
graisseux. en cornet de glace dans 15,6 % des carcinomes [98]. Par
ailleurs, les AML ne présentent jamais de pseudocapsule,
Angiomyolipome pauvre en graisse (fig. 27.21) contrairement aux carcinomes rénaux ou aux oncocytomes
Apport de la séquence T2 [59, 99].
Le diagnostic est plus difficile pour les AML à faible compo-
sante graisseuse (< 25 % de graisse ; 5 % des cas). L'absence Apport de la séquence IP-OP
totale de graisse dans une lésion hypervasculaire au scanner La séquence en phase et en opposition de phase a également
n'exclut pas le diagnostic d'AML. La différenciation avec un été évaluée dans ce diagnostic. Elle permet la détection de
carcinome rénal est alors difficile. Ces lésions apparaissent la graisse intracellulaire. Certains auteurs ont montré qu'il
discrètement hyperdenses sur le scanner et se rehaussent était possible de mettre en évidence un faible contingent
de façon homogène après injection. Dans ces cas, l'IRM est de graisse intratumorale sur la séquence en phase et en
utile au diagnostic. opposition de phase [90]. Kim et al., sur 55 tumeurs dont
L'AML pauvre en graisse apparaît en hyposignal T2 du 26 AML pauvres en graisse, ont montré qu'une chute de
fait de sa composante musculaire [91–95], tandis que le car- signal supérieure à 25 % entre la séquence en phase et en
cinome à cellules claires apparaît classiquement en hyper- opposition de phase avait une sensibilité et une spécificité
signal T2. Ainsi, une lésion spontanément hyperdense au respectives de 96 % et 93 % [100]. Un rapport du signal
scanner qui se rehausse de façon homogène en scanner avec tumoral/signal de la rate en phase et en opposition de phase
un hypersignal T2 en IRM est plus probablement un cancer ({[(TSIopp/SSIopp)/(TSIin/ISSIin)] –1} × 100 (où TSIin est le
à cellules claires qu'un AML [94]. Jeong et al. ont montré signal de la tumeur en phase, TSIopp le signal de la tumeur
que les AML pauvres en graisse avaient un rapport tumeur/ en opposition de phase ; SSIin est le signal de la rate en
cortex rénal en T2 plus faible (0,75 ± 0,15) que les carci- phase, SSIopp le signal de la rate en ­opposition de phase)
nomes rénaux (1,21 ± 0,41 ; p < 0,001), mais que ce rapport inférieur à −32 % avait une sensibilité et une spécificité
n'était pas significativement différent des cancers papillaires de 88 % et 97 % respectivement pour diagnostiquer les
(0,87 ± 0,36 ; p = 0,161) [96]. AML pauvres en graisse [100]. La limite de cette étude
L'interface tumeur/rein a également été étudiée. Verma était l'absence de différenciation des sous-types de carci-
et al. [97] ont ainsi montré qu'une interface angulaire par nomes rénaux, dont certains peuvent contenir de la graisse
454   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

a b c

d e
Fig. 27.20 Aspect IRM d'un angiomyolipome typique. Lésion en hypersignal T1 (a) avec chute de la composante graisseuse sur la séquence
T1 avec saturation du signal de la graisse (b). La séquence en opposition de phase montre l'artéfact en encre de Chine en rapport avec l'interface
eau–graisse en périphérie de la tumeur (c). On peut remarquer que la composante graisseuse suit le signal de la graisse sous-cutanée et intrapérito-
néale. En séquence T2 fat sat, la composante musculaire apparaît en hyposignal T2 (d). Après injection, on retrouve une prise de contraste intense
et précoce sur le temps corticomédullaire (e).

a b c

d e f
Fig. 27.21 Aspect IRM d'un angiomyolipome pauvre en graisse. Patiente de 70 ans présentant une lésion de 38 mm médiorénale droite.
Cette lésion apparaît en isosignal T1 (flèche blanche) avec composante en hypersignal T1 (flèche bleue) sur la séquence T1 en phase (a) ; la com-
posante en hypersignal T1 chute sur la séquence en opposition de phase (b). Sur la séquence T2, cette tumeur apparaît en hyposignal T2 (c) avec
une restriction de diffusion (ADC = 0,8.10–3 mm2/s) (d). La composante musculaire se rehausse après injection de produit de contraste, tandis que
la portion graisseuse reste en hyposignal (e, f).
Chapitre 27. L'IRM rénale en pratique clinique    455

macroscopique comme les carcinomes à cellules claires. ­ omogène après injection et en hyposignal T2 en IRM peut
h
D'autres auteurs ont donc montré que le calcul de la chute être un angiomyolipome pauvre en graisse ou un cancer
de signal sur la séquence en phase et en opposition de phase papillaire. Une biopsie rénale doit alors être discutée [96].
étaient insuffisants pour différencier formellement les AML
pauvres en graisse des carcinomes rénaux [49, 101, 102]. Points clés – Angiomyolipomes
Hindman et al. ont étudié 108 lésions (20 AML pauvres en ■
Tumeur bénigne asymptomatique à contingent graisseux,
graisse et 88 carcinomes rénaux à cellules claires) et n'ont pas musculaire lisse et vasculaire
trouvé de différence significative de l'intensité de signal de la ■
Multifocal dans le cas de la sclérose tubéreuse de Bourneville
lésion (8,05 % ± 14,46 pour les AML versus 14,99 % ± 19,9 ou de la lymphangioléiomyomatose
pour les carcinomes à cellules claires ; p = 0,146) et du rap- ■
Non encapsulé
port tumeur sur rate (−8,96 % ± 16,6 pour les AML versus ■
Contingent graisseux : hypersignal T1 et T2 avec chute du
−15,8 % ± 22,4 pour les carcinomes rénaux ; p = 0,227) entre signal sur les séquences avec suppression du signal de la
la séquence en phase et en opposition de phase [94]. Ils graisse
ont cependant noté qu'un hypersignal T2 associé à un fort ■
La chute de signal sur la séquence en opposition de phase
rehaussement était un argument plus en faveur d'un car- d'une lésion suspecte d'être un AML pauvre en graisse ne
cinome rénal que d'un AML pauvre en graisse. Dans une permet pas de poser formellement le diagnostic en raison
d'une confusion possible avec les carcinomes rénaux
autre étude, Ferré et al. ont retrouvé des résultats similaires ■
AML pauvres en graisse  : hyposignal T2, hypervasculari-
avec une incapacité de discriminer les AML pauvres en sation avec wash-out, ADC restreint – biopsie au moindre
graisse des autres lésions rénales sur la séquence en phase doute pour ne pas méconnaître un carcinome rénal
et en opposition de phase [103]. Cette séquence doit donc ■
Risque hémorragique : surveillance pour les tumeurs < 4 cm,
être interprétée avec précaution conjointement avec les embolisation ou néphrectomie partielle pour les tumeurs de
autres séquences IRM disponibles (séquence T2, séquences plus de 4 cm ou ayant saigné
injectées). Ainsi, Sasiwimonphan et al. ont montré qu'un
hyposignal T2 (signal tumeur/parenchyme < 0,9), associé à Oncocytome
une chute de signal sur la séquence en opposition de phase
(> 20 %) et un rapport de rehaussement entre la phase arté- L'oncocytome est une tumeur bénigne. Il s'agit de la deu-
rielle et la phase tardive > 1,5 permettaient le diagnostic xième tumeur bénigne rénale après les AML. Sa prévalence
d'AML pauvre en graisse avec une sensibilité de 73 % et une est estimée entre 3 et 7 % et elle est plus fréquente chez
spécificité de 99 % [91]. l'homme (sex ratio : 1,7). Le plus souvent, cette tumeur est
unique, mais il peut exister des formes multifocales dans
Apport de la séquence de diffusion 5 à 10 % des cas : l'oncocytomatose [107]. Dans ce cas-là,
les oncocytomes sont volontiers volumineux avec une ten-
Peu de données sont disponibles dans la littérature. Taouli dance à la confluence. Des formes familiales rares existent
et al. ont montré que les AML présentaient un coefficient également (syndrome de Birt-Hogg-Dubé). Le syndrome de
apparent de diffusion faible (109 tumeurs dont 18 AML, Birt-Hogg-Dubé est une maladie autosomique dominante
b : 0 – 400 – 800 s/mm2 – ADCmoyen = 0,74.10–3 mm2/s) sans prédisposant aux tumeurs rénales : oncocytome, carcinome
fournir toutefois de valeur seuil [104]. Dans une autre étude chromophobe, papillaire ou à cellules claires, tumeurs
concernant 36 carcinomes à cellules claires et 5 AML pauvres mixtes (chromophobe et oncocytaire), avec des manifesta-
en graisse (b : 0 et 800 s/mm2), Tanaka et al. ont montré tions cutanées (fibrofolliculome) et des kystes pulmonaires
que les carcinomes rénaux apparaissaient hétérogènes sur responsables de pneumothorax.
la séquence de diffusion, avec un coefficient apparent de L'oncocytome est une tumeur homogène, bien circons-
diffusion plus élevé (ADC moyen = 1,54 mm2/s) que celui crite, de localisation plutôt périphérique, ne contenant pas
des AML pauvres en graisse (ADC moyen = 0,8 mm2/s ; de calcification, de nécrose ou d'hémorragie. En scanner,
p = 0,003) [105]. Ces études réalisées sur des IRM 1,5 T l'oncocytome apparait iso- ou hypodense par rapport au
semblent se confirmer sur des IRM 3 T [106]. parenchyme rénal adjacent avec un rehaussement précoce,
intense, le plus souvent homogène. Cet aspect ne permet
Apport des séquences injectées pas de différencier l'oncocytome des carcinomes rénaux
Les AML pauvres en graisse sont des tumeurs hypervascu- [22, 108, 109]. Certains auteurs ont décrit, dans le cas de
laires qui se rehaussent plus que les autres tumeurs, y com- petits oncocytomes (< 3 cm), un rehaussement segmentaire
pris les carcinomes rénaux. On note également un lavage inversé [110], mais ce signe n'est pas suffisamment spéci-
précoce [42]. L'association d'un ratio en T2 tumeur/rein fique pour différencier formellement un oncocytome d'une
adjacent < 0,9 et d'un ratio rehaussement artériel/rehausse- tumeur maligne [111, 112].
ment tardif > 1,5 permet de différencier les AML pauvres en La présence de calcifications, de remaniements nécro-
graisse des carcinomes rénaux avec une sensibilité de 73 % tiques ou hémorragiques, un caractère hypovasculaire
et une spécificité de 99 % [91]. orientent plutôt vers un carcinome rénal qu'un oncocytome.
La différenciation des AML par rapport aux carcinomes Dans le cas des oncocytomes de plus de 3 cm, il est pos-
rénaux ou papillaires ne peut être affirmée de façon formelle sible de retrouver une cicatrice centrale étoilée permettant
sur l'IRM puisqu'il existe des chevauchements de signal de suspecter le diagnostic (fig. 27.22). Sa fréquence varie
entre ces différentes tumeurs ; il est donc préconisé, dans dans la littérature et a été estimée par Eiss et al. à 63 % [107].
le cas de ces AML pauvres en graisse, de réaliser des biop- Cette cicatrice apparaît hypodense après injection de pro-
sies. Une lésion hyperdense en scanner, de rehaussement duit de contraste avec un parenchyme tumoral adjacent
456   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

a b c

d e f
Fig.  27.22 Aspect IRM d'un oncocytome. Patient présentant un syndrome de Birtt-Hogg-Dubé avec plusieurs oncocytomes. L'IRM retrouve
une lésion polaire supérieure droite en hyposignal T1 (a), discret hypersignal T2 avec cicatrice en hypersignal T2 (flèche bleue) (b), sans restriction
de diffusion (ADC tumeur = 1,63.10–3 mm2/s et ADC rein = 2,1.10–3 mm2/s) (c, d) avec prise de contraste intense au temps corticomédullaire (e) et
une prise de contraste tardive de la cicatrice (f).

homogène. Elle ne doit pas être confondue avec les rema- des cas  – ou incomplet –  26  % des cas). Cette prise de
niements nécrotiques des carcinomes à cellules claires ou contraste tardive est également retrouvée dans les carci-
avec une cicatrice fibreuse des carcinomes chromophobes. nomes rénaux (en particulier dans les carcinomes chromo-
Ce signe n'est donc pas suffisamment spécifique pour poser phobes), mais cette inversion de contraste est le plus souvent
le diagnostic formel d'oncocytome. incomplète dans ce cas (77 % des cas, 12 % de rehaussement
complet) [114].
Apport des séquences T1 EG et T2 ES L'oncocytome classique présente donc en IRM une
Un oncocytome de petite taille apparaît en hyposignal T1, cicatrice centrale en hypersignal T2, sans modification
hypersignal T2 [36, 113]. La cicatrice centrale visible pour les de signal sur les séquences en phase et en opposition de
lésions de plus de 3 cm apparaît en hyposignal T1 sans modi- phase et un rehaussement complet sur les séquences tar-
fication sur la séquence en opposition de phase, hypersignal dives (voir fig. 27.23). L'association de ces signes donne
T2 dû à sa composante myxoïde (fig. 27.23) [52]. Cette carac- une sensibilité de 36  %, une spécificité de 95  %, une
téristique n'est cependant pas spécifique des onco­cytomes et valeur prédictive positive (VPP) de 67 % et une valeur
est retrouvée dans 40 % des carcinomes chromophobes [52]. prédictive négative (VPN) de 84  % pour le diagnostic
Dans le cas des carcinomes rénaux, il n'est pas rare d'obser- d'oncocytome [114].
ver des modifications de signal entre la séquence en phase et Dans le cas des petits oncocytomes sans cicatrice cen-
la séquence en opposition de phase [114]. trale, Kim et al. ont décrit un rehaussement segmentaire
inversé (10 oncocytomes, 98 carcinomes à cellules claires)
Apport de la séquence injectée [110]. Ces petits oncocytomes présentent deux portions
Les séquences injectées sont intéressantes pour apporter différentes : la première se rehausse de façon plus intense
des arguments supplémentaires en faveur du diagnostic que la seconde sur la phase corticomédullaire, tandis
d'oncocytome. que cette seconde portion devient plus hyperdense que
Il s'agit d'une tumeur hyperartérialisée. Elle est plus vas- la première sur la phase excrétrice. Ce signe est retrouvé
culaire qu'un carcinome chromophobe et un carcinome selon Kim et al. dans 80 % des petits oncocytomes. Ces
papillaire, mais avec un rehaussement similaire à celui des différences de rehaussement seraient expliquées par la
carcinomes à cellules claires [42]. présence d'un contenu hyalin au sein de la tumeur. Dans
Le wash-out est précoce, similaire à celui des carcinomes une autre étude, Rosenkrantz et al. (28 oncocytomes et
à cellules claires. 15 carcinomes chromophobes) nuancent la fiabilité du
La cicatrice centrale se rehausse sur les temps tardifs rehaussement segmentaire inversé, puisque ce signe pré-
(> 5 minutes après injection ; rehaussement complet – 74 % sent dans leur étude dans 42,9  % des oncocytomes est

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Chapitre 27. L'IRM rénale en pratique clinique    457

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d e f

g h
Fig. 27.23 Aspect IRM d'un oncocytome atypique. Patient de 61 ans présentant une lésion de 52 mm médiorénale droite (flèche blanche), en
discret hyposignal T1 avec cicatrice (flèche bleue) en hyposignal relatif par rapport à la tumeur adjacente (a), sans chute de signal sur la séquence
en opposition de phase (b), en isosignal T2 hétérogène avec cicatrice en hypersignal T2 (c), hypersignal diffusion à b 800 s/mm2 (d), avec restriction
de diffusion de la composante charnue (ADC = 0,486.10–3 mm2/s) sans restriction de diffusion de la cicatrice (ADC = 1,818.10–3 mm2/s) (e). Noter
que cette restriction importante de la diffusion est atypique dans le cadre d'un oncocytome. Cette lésion se rehausse de façon plus ou moins
homogène au temps corticomédullaire (f) et néphrographique (g) et il y a prise de contraste complète de la cicatrice sur la séquence tardive (h). La
pièce anatomopathologique a retrouvé un embole vasculaire tumoral.

également retrouvé dans 26,7 % des carcinomes chromo- Points clés – Oncocytomes
phobes [52].

Deuxième tumeur rénale bénigne
Tumeur avec cicatrice centrale :
Apport de la séquence de diffusion

– hypersignal T2 de la tumeur et de la cicatrice


Les oncocytomes présentent un coefficient apparent de – hyposignal T1 sans chute de signal sur la séquence en
diffusion élevé dans l'étude de Taouli (109 tumeurs dont opposition de phase
6 oncocytomes) [104]. On note d'ailleurs que cet ADC est – rehaussement hypervasculaire, homogène du tissu tumoral
similaire à celui du cortex rénal. Un ADC > 1,66 × 10–3 mm2/s périphérique
­permettrait de différencier les oncocytomes des carcinomes – rehaussement complet de la cicatrice sur les séquences tar-
rénaux avec une sensibilité de 90 % et une spécificité de 83 % dives (> 5 minutes post-injection)
– pas de nécrose
(voir fig. 27.23). ■
Tumeur sans cicatrice centrale :
Ces résultats sont à relativiser compte tenu du faible – hypersignal T2
nombre d'oncocytomes analysés. – hyposignal T1 sans chute de signal sur la séquence en
Dans une approche multiparamétrique (séquence T2, opposition de phase
séquence T1 en phase et en opposition de phase, séquence – inversion de contraste segmentaire
diffusion et séquence injectées), Cornelis et al. ont démon- – ADC élevé (seuil > 1,66 × 10–3 mm2/s)
tré qu'il était possible de différencier les oncocytomes ■
Toute atypie doit conduire à une preuve anatomopatholo-
des autres types de tumeurs rénales [95] (fig.  27.24 et gique pour ne pas méconnaître un carcinome chromophobe
27.25). ou à cellules claires.
458   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

Séquence en phase et en opposition de phase


Indice de décroissance = (signal tumeur en phase – signal tumeur en
opposition de phase)/signal tumeur en phase x 100
chute de signal > 3,8
ET
Séquence injectée
Indice de rehaussement = (signal tumeur à 120 s – signal tumeur avant
injection)/signal tumeur avant x 100
wash in < 257

OUI NON

Carcinome à cellules claires Oncocytome

Fig. 27.24 Approche multiparamétrique permettant la distinction entre oncocytome et carcinome à cellules claires avec des chiffres
respectifs de : sensibilité 18,7 %, spécificité 94 %, VPP 50 % et VPN à 79 % [95].

Séquence injectée
Indice de rehaussement à la phase excrétoire (à 250 s) < 94,6
indice de lavage précoce (signal tumeur phase néphrographique – phase artérielle)/phase artérielle x 100 < –8,8
ET

Séquence en phase et opposition de phase


(signal tumeur/signal rate en opposiition de phase)/(signal tumeur)/signal rate en phase) –1 x 100 > –3,4

OUI NON

Carcinome chromophobe Oncocytome

Fig. 27.25 Approche multiparamétrique permettant la distinction entre oncocytome et carcinome à cellules claires avec des chiffres
respectifs de : sensibilité 25 %, spécificité 100 %, VPP 100 %, VPN à 36,8 % [95].
Chapitre 27. L'IRM rénale en pratique clinique    459

Tableau 27.7 Tumeurs rénales et aspect IRM.


Carcinomes Carcinome papillaire Carcinome Angiomyolipome Oncocytome
à cellules claires chromophobe
T2 Variable souvent Hyposignal Intermédiaire Hyposignal Hypersignal
hypersignal Cicatrice possible Cicatrice hyper
IP-OP Chute sur la Chute de signal Pas de chute Chute sur la Pas de chute
séquence OP sur la séquence IP séquence OP
(hémosidérine)
Chute sur la
séquence OP possible
ADC* Intermédiaire/élevé, Intermédiaire/bas Intermédiaire Bas Élevé
proche du
parenchyme rénal
Perfusion* Hyperartériel Intermédiaire Intermédiaire Hyperartériel Hyperartériel
Prise de contraste
tardive de la cicatrice
IP : in phase ; OP : out phase.
* Par rapport au parenchyme rénal adjacent [41, 42].

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Chapitre
28
Techniques d'IRM du foie
A. Luciani, A. Rahmouni

PLAN DU CHAPITRE
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 467 Séquences optionnelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . 476
Plan général . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 467 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 480

Introduction L'optimisation des techniques d'IRM hépatique passe


également par une optimisation des connaissances des
L'interprétation d'une IRM hépatique repose comme produits de contraste utilisables en IRM hépatique, asso-
souvent sur la combinaison de connaissances cliniques, ciant produits de contraste extracellulaires et produits de
sémiologiques, mais également des connaissances en instru- contraste gadolinés avec tropisme hépatospécifique [2].
mentations IRM.1 Le médecin radiologue confronté à l'in- L'objectif de ce chapitre sera de revoir ces éléments ins-
terprétation d'une IRM hépatique doit ainsi couvrir quatre trumentaux, avant d'aborder dans le reste des chapitres de
grands domaines : cet ouvrage consacrés à l'imagerie abdominale la sémiologie
■ savoir réaliser une analyse morphologique du foie, afin des lésions hépatiques en IRM.
de rechercher les signes de dysmorphie hépatique, éven-
tuellement associés aux signes d'hypertension portale, et
à la présence d'un épanchement intrapéritonéal, témoi-
gnant d'une hépatopathie chronique ; Plan général
■ savoir reconnaître, détecter et quantifier les surcharges
intrahépatiques graisseuses et/ou ferriques, qui consti- Le tableau 28.1 liste les séquences utiles pour une explora-
tuent parfois l'élément clé de l'interprétation diagnos- tion clinique de routine du foie en IRM. Celle-ci peut être
tique devant la découverte d'une lésion nodulaire du foie ; conduite à 1,5 ou 3 T. Dans tous les cas, elle repose donc
■ savoir reconnaître et analyser l'anatomie vasculaire hépa- sur la combinaison de séquences en pondération T1 – avec
tique, incluant analyse artérielle hépatique, portale et exploitation du décalage des fréquences de précession des
­veineuse hépatique  ; protons dans un environnement graisseux et hydrique
■ être capable de détecter et caractériser des lésions nodu- (exemple des séquences Dixon et dérivées) –, de séquences
laires intrahépatiques. T2, de séquences de diffusion, et de séquences 3D écho de
Mais les clés de l'interprétation d'une IRM hépatique gradient dynamiques après injection de chélates de gadoli-
reposent d'abord sur l'optimisation des techniques d'acqui- nium [3]. Pour chacune, des paramètres principaux sont à
sition en IRM. prendre en compte pour optimiser la qualité image.
■ L'exploration en IRM hépatique repose sur la combi-
naison de séquences écho de gradient T1 avec décalage Déroulé des séquences
chimique, imagerie T2 avec suppression de graisse, ima-
gerie de diffusion, et imagerie dynamique 3D écho de Images de localisation
gradient T1 après injection de produit de contraste [1]. Les séquences de localisation ne sont pas à négliger dans
■ Les séquences d'IRM hépatique peuvent être complétées l'exploration hépatique. Certaines des séquences réalisées en
par les séquences de cholangiographie-IRM. pratique clinique requerront de l'apnée, d'autres au contraire
■ Les surcharges hépatiques graisseuses et ferriques sont à des acquisitions en respiration libre, justifiant parfois la réa-
l'origine d'une majoration des artéfacts visibles en IRM, lisation de deux séquences de localisation distinctes [3].
qui doivent être connus. Il est recommandé d'utiliser des séquences de type single-
shot fast spin echo T2 ou balanced steady-state free precession
(bSSFP) T2 sur T1 permettant l'identification rapide dès
les séquences de localisation 1) de la position du foie, 2) de
1. Les auteurs remercient Pierre Zerbib pour sa contribution à la l'éventuelle position de la voie biliaire principale, et 3) de la
présentation des figures de ce chapitre. présence d'ascite ou d'épanchement pleural (fig. 28.1).

IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
© 2017, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 467
468   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

Tableau 28.1 Liste des séquences classiquement utilisées en routine dans l'exploration du foie en IRM*.
Séquences TR TE Angle de Épaisseur Paramètres importants
bascule (α) de coupe
Séquences T1 écho de gradient T1 en phase et 121 ms 2,2–4,4 ms 70° ≤ 5 mm Vérification des TE
en opposition de phase – ou séquences Dixon et
dérivées
Séquence T2 écho de spin rapide avec suppression 2400 ms 86 ms 150° ≤ 5 mm Qualité de la suppression de la
de la graisse graisse ; TE ≤ 100 ms
Séquences de diffusion single shot EPI 1500 ms Minimum NA ≤ 5 mm Valeurs de b à choisir ;
Valeurs de b (2 au minimum) classiquement : 0 s/ (≤ 70 ms) TE à réduire au minimum
mm2 (ou 50 s/mm2), 100 s/mm2
Séquences T2 HASTE 600 ms 74 ms 150° 3 mm Épaisseur de coupe
Séquences écho de gradient dynamiques, 3D, sans 3 ms 1,2 ms 15° 3 mm Épaisseur de coupe ; résolution
puis après injection de chélates de gadolinium temporelle
Séquence T1 tardive (3D écho de gradient ou 2D) 117 ms 2,78 ms 70° 5 mm Résolution en contraste
* Les valeurs citées sont des exemples, tirés de protocoles de routine en IRM à 1,5 T. Certains paramètres sont essentiels à cibler pour optimiser la qualité image.
Ils sont présentés dans la colonne « Paramètres importants ».

a b
Fig. 28.1 Acquisition d'une image de référence en respiration libre (séquence de type bSSFP [balanced steady state free precession]
coronale) (a). Cette acquisition permet le positionnement de la zone d'acquisition du signal de déplacement de la coupole diaphragmatique
(rectangle en a), permettant le déclenchement des acquisitions de l'ensemble des séquences en fin d'expiration (b).

Séquences T1 écho de gradient en phase Techniques spécifiques


et en opposition de phase Il existe une différence de fréquence de résonance des pro-
Contrairement aux séquences d'écho de spin, les séquences tons lorsque ceux-ci sont entourés d'eau, ou au contraire de
en écho de gradient reposent sur une bascule de l'aimanta- lipides à longue chaîne carbonée de type CH2. Nous rappel-
tion dans le plan transversal inférieure à 90° ; cela permet de lerons ici l'équation de Larmor :
conserver une aimantation longitudinale résiduelle, permet-
tant de réduire le TR, donc les temps d'acquisition. Dans les w = gB
séquences d'écho de gradient, la décroissance de l'aimantation Où ω est la fréquence de précession des protons, γ le rap-
transversale suit une décroissance en T2*, plus rapide qu'en port gyromagnétique de la matière et B le champ magnétique.
T2, et plus sensible aux artéfacts de susceptibilité magnétique. À 1,5 T, le décalage de fréquence entre le pic de résonance
des protons de la graisse et celui des protons de l'eau est
Impact clinique de 220 Hertz. Il est ainsi possible de déterminer des temps
La principale utilité de ces séquences est de permettre l'ana- d'écho spécifiques à 1,5 T pour lesquels les protons de l'eau
lyse du signal en contraste spontané T1 des lésions en phase, et de la graisse seront en opposition de phase à 180°, abou-
et de détecter la présence de graisse intracellulaire sur la tissant à la genèse d'un artéfact de déplacement chimique
séquence en opposition de phase [4–6]. La stéatose hépa- de second ordre, lui-même se traduisant par une chute de
tique se traduit par l'accumulation de graisse intracellulaire signal sur la séquence T1 écho de gradient [11].
au sein du foie ; par ailleurs, la présence de graisse intracel- À 1,5 T, les protons de la graisse et de l'eau sont en phase
lulaire au sein de lésions nodulaires hépatiques peut orien- à 4,4 et 8,8 ms, tandis qu'ils sont en opposition de phase à
ter le diagnostic vers certaines tumeurs hépatocellulaires, 2,2 et 6,6 ms (fig. 28.2) [12].
comme le carcinome hépatocellulaire ou certains adénomes La comparaison du signal du tissu hépatique ou des
hépatocellulaires [7–10]. nodules en phase, ou en opposition de phase, comme illus-
Chapitre 28. Techniques d'IRM du foie    469

Eau
Graisse
1,5 T

Fe–fg = 220 Hz

E
G E Déplacement
chimique
G

T=0 T = TE = 2,2 ms à 1,5 T

En phase Opposition de phase


Fig. 28.2 Principe d'acquisition d'une séquence T1 EG en phase et en opposition de phase. Compte tenu du décalage de fréquence de
précession des protons entourés d'eau (E) et de graisse (G) qui est de 220 Hz à 1,5 T, il est possible en adaptant le TE de placer ces protons en
opposition de phase ; ainsi, en cas de mélange équivalent d'eau et de graisse au sein du voxel étudié, son signal chutera en opposition de phase.

Fig. 28.3 Stéatose hépatique. Coupe transversale écho de gradient T1 Dixon en phase (a), en opposition de phase (b), avec cartographie de
graisse (c) et cartographie d'eau (d) chez un patient avec stéatose hépatique significative. Il existe une chute de signal importante du foie sur la
séquence en opposition de phase, témoignant de la présence de graisse intracellulaire. La séquence en opposition de phase est facilement iden-
tifiable par la présence d'artéfacts de déplacement chimique de second ordre (flèche en b). Noter que l'hypersignal de la graisse sous-cutanée ne
disparaît pas en opposition de phase (b).

tré dans la figure 28.3, permet de détecter de graisse intra- lésions de type lipome – ne verra pas son signal supprimé sur
cellulaire [7, 9, 12]. les séquences en opposition de phase (fig. 28.3) [3].
Rappelons que cet artéfact de déplacement chimique de Il est relativement facile d'identifier les séquences en
second ordre sera présent uniquement lorsqu'il existe au sein opposition de phase par le fait qu'elles s'accompagnent d'un
du voxel un mélange équivalent de protons d'eau et de graisse, artéfact de déplacement chimique de premier ordre – du fait
de telle sorte que la graisse sous-cutanée – ou la présence de du décalage spatial lié au décalage d'encodage en fréquence
tissus avec une forte dominante graisseuse comme dans les des protons de l'eau et de la graisse. Ainsi, dans le sens de
470   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

la fréquence, des bandes en hypersignal du côté des inter- La détection des modifications minimes de la teneur en
faces eau–graisse de plus haute fréquence, et des bandes eau au sein des voxels passe par l'utilisation de séquences 2D
de plus bas signal sur les interfaces eau–graisse de plus T2 en écho de spin rapide, avec suppression de graisse.
basse fréquence (fig. 28.4) sont visibles en opposition de Retenons les points clés de ces séquences :
phase. L'artéfact est majoré si la bande passante est réduite ■ motif d'écho de spin rapide permettant par l'utilisation de
(fig. 28.4b). multiples bascules à 180° de limiter le déphasage en R2*
Cet artéfact est majoré par l'augmentation du champ des tissus ;
magnétique. Rappelons qu'à 3 T, l'eau et la graisse sont en ■ motif de suppression spectrale de la graisse, permettant
phase à 2,3 et 4,6 ms, tandis qu'elles sont en opposition de de s'affranchir de l'hypersignal de la graisse généré par
phase à 1,2 et 3,2 ms [13]. l'impact des pondérations des acquisitions à TE court ;
Il est à noter que les séquences T1 en phase et en oppo- ■ la nécessaire utilisation d'un TE faible, autour de 80 ms,
sition de phase sont sensibles aux artéfacts de susceptibilité jamais supérieur à 100 ms afin de permettre la détection
magnétique. En effet, l'allongement du TE s'accompagne de ces faibles modifications du contraste en T2 (fig. 28.5).
d'une chute du signal, fonction de la relativité R2* des tissus. La détection et la caractérisation des kystes ou des
Ainsi, le signal d'un tissu hépatique chargé en fer, exploré à angiomes hépatiques reposent en revanche sur l'exploita-
1,5 T, apparaîtra en plus bas signal sur la séquence en phase tion de séquences très fortement pondérées en T2. Plusieurs
par rapport à la séquence en opposition de phase, du fait du alternatives sont possibles, incluant l'utilisation de séquences
TE plus long employé [14, 15]. Turbo spin écho avec un TE nettement supérieur à 120 ms,
ou bien, comme c'est le cas de plus en plus souvent, l'utilisa-
Évolution en cours tion de séquences en single-shot fast spin echo très fortement
La plupart des constructeurs proposent désormais des pondérées en T2. Ces séquences sont généralement acquises
séquences dites Dixon et dérivées : ces séquences T1 écho en apnée, parfois en deux apnées, sur un mode séquentiel
de gradient, si elles reposent toujours sur l'exploitation du lorsque le parenchyme hépatique est de grande taille [20]. Il
décalage de fréquence de précession entre protons de graisse est d'usage que les acquisitions soient ainsi réalisées lors de
et de l'eau, permettent de générer directement non seule- deux apnées différentes.
ment la séquence T1 en phase et en opposition de phase,
mais également les séquences en cartographie d'eau, ou de
graisse, permettant une lecture plus rapide, et l'identifi-
cation plus simple, des zones d'accumulation de la graisse
intracellulaire [6, 16–18] (fig. 28.2).

Séquences pondérées en T2
Les séquences pondérées en T2 permettent d'identifier des
zones s'accompagnant d'une modification de la teneur en
eau au sein des voxels. Les lésions liquidiennes, telles que
les kystes biliaires, doivent être facilement identifiées par ces
séquences. Si le contenu liquidien est nettement augmenté
au sein d'un kyste biliaire, l'hypercellularité et l'augmen-
tation de l'interstitium accompagnant le développement
de lésions nodulaires tumorales intrahépatiques sont en Fig. 28.5 Acquisition transversale écho de spin rapide avec sup-
revanche beaucoup plus modérées [19]. Il est donc impor- pression spectrale de la graisse. Le TE ne doit pas dépasser 90 ms
tant que les séquences d'IRM hépatique T2 utilisées per- afin de favoriser la détection de lésions nodulaires faiblement hyper-
mettent de distinguer ces deux situations. signal T2.

Fig. 28.4 Artefact de déplacement chimique de second ordre, apparaissant dans le sens de la phase (flèches en a, b). L'artéfact est
augmenté lorsque la bande passante est réduite (flèche en b) – bande passante de 800 Hz/pixel en a et 80 Hz/pixel en b.
Chapitre 28. Techniques d'IRM du foie    471

Ces séquences single-shot fast spin echo T2, utilisant géné- Les séquences de diffusion sont désormais incontour-
ralement des temps d'écho supérieurs à 180 ms, sont réa- nables dans l'exploration des patients suspects de lésions
lisées sans suppression de la graisse (fig. 28.6). Du fait du secondaires intrahépatiques [25–28]. Elles prennent une
TE long utilisé dans ces séquences, certains artéfacts sont place de plus en plus importante dans l'évaluation de
classiques, en particulier les vides de signaux au sein des la réponse fonctionnelle tumorale [29–35]. Enfin, elles
liquides en mouvement, ou les décalages spatiaux observés semblent également prendre une place croissante dans la
lorsque le recalage entre les deux apnées nécessaire pour caractérisation de lésions nodulaires sur foie d'hépatopathie
couvrir l'intégralité du foie n'est pas retrouvé [1]. Enfin, des chronique, en particulier en complément de l'usage de pro-
modes d'acquisition radiaires du plan de Fourier sont pos- duits de contraste à tropisme hépatospécifique [36].
sibles, permettant de s'affranchir en partie des mouvements
incontrôlés, mais au prix d'artéfacts de reconstruction aisé-
ment identifiables (fig. 28.7).
Principes physiques des séquences EPI
Les séquences de diffusion reposent sur des motifs d'acquisition
Séquences de diffusion de type single shot spin echo avec technique de reconstruction
EPI (echo planar imaging), couplés à une suppression spectrale
L'imagerie de diffusion permet d'explorer les mouvements de la graisse, ou à des acquisitions en inversion-récupération.
protoniques microscopiques [21–23]. Initialement appli- Dans les séquences EPI, de multiples échos sont générés à
quée à l'étude des organes immobiles et l'encéphale, l'uti- chaque pulse de RF avec acquisition de multiples lignes de
lisation en imagerie abdominale d'antennes de surface en l'espace k, jusqu'à la totalité du plan dans les séquences single
réseau phasé, les possibilités d'utiliser des temps d'écho rela- shot. L'acquisition de la totalité du plan de Fourier à chaque
tivement faibles, et les techniques de reconstruction paral- pulse repose sur la combinaison d'un gradient alternatif en fré-
lèle ont progressivement permis l'application des séquences quence, et à un faible gradient, constant dans le sens de la phase.
Ce faible gradient est la cause d'une part d'un artéfact de dépla-
de diffusion à l'étude d'organes mobiles [24].
cement chimique – justifiant que ces séquences soient réalisées
avec suppression de la graisse – et d'autre part d'une grande
sensibilité aux artéfacts de susceptibilité induits par de brutales
transitions magnétiques – par exemple interface air/tissus, ou
métal/tissus. Certaines techniques très récentes reposent sur des
acquisitions EPI segmentées, soit en distribuant les acquisitions
EPI sur différents cycles respiratoires, soit en utilisant des tech-
niques de reconstruction radiaire, sans doute moins sensibles
aux artéfacts de mouvements [37]. Ces nouvelles techniques
nécessitent cependant d'être évaluées.

En fonction des machines, les séquences avec inversion-


récupération présentent une suppression plus homogène de
la graisse, mais au prix d'un temps d'écho généralement plus
long, et donc d'une susceptibilité aux artéfacts un peu plus
Fig.  28.6 Acquisition T2 single shot fast spin echo T2 avec importante.
reconstruction partielle du plan de Fourier (séquence T2 Haste)
sans suppression de graisse. Cette séquence avec TE élevé permet Quel est le principe des séquences de diffusion ?
la mise en évidence des structures liquidiennes, comme les dilatations
kystiques des voies biliaires visibles chez cette patiente (flèche) dans le Les séquences pondérées en diffusion sont obtenues par
cadre d'une maladie de Caroli. l'application de part et d'autre de l'onde de radiofréquence
(RF) de deux gradients symétriques entraînant un dépha-
sage/rephasage rapide des protons dans les voxels étudiés.
L'importance des gradients de diffusion est représen-
tée par le facteur de diffusion (b) répondant à l'équation
suivante :

b = ( gdG ) ( D - d / 3 )
2

Où b est le facteur de diffusion, δ la durée d'application


des gradients, G l'amplitude maximale des gradients et
Δ le temps séparant les deux gradients de phasage/rephasage
(fig. 28.8).
En première approximation, on considère que le signal
obtenu après application d'un gradient de diffusion se décrit
comme suit :
S (b )
Fig. 28.7 Séquence T2 avec acquisition radiaire, permettant de B= = exp ( -bD )
limiter les artéfacts liés aux mouvements du patient. Des arté- S (0)
facts sont visibles en dehors de la zone d'intérêt (têtes de flèche).
472   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

180° permet d'extraire plusieurs facteurs de diffusion : la fraction


perfusive (f), la diffusion moléculaire pure (D) et la com-
posante perfusive (D*). L'équation de la variation logarith-
mique du signal s'écrit ainsi :
-b( D + D* ) ù
S ( b ) = S0 éê(1 - f ) .exp( ) + f .exp
-b. D

ë ûú
Où S(b) est le signal pour chaque valeur de b, S0 la valeur
DG du signal pour b = 0 s/mm2, f la fraction perfusive de la dif-
fusion, D la diffusion moléculaire pure et D* la composante
AG perfusive de la diffusion.
La fibrose hépatique s'accompagne ainsi de variations
combinées des composantes perfusives et de diffusion molé-
culaire pure. Si de futures optimisations instrumentales
TG et algorithmiques permettent de fiabiliser les mesures du
signal pour de faibles valeurs de b, l'exploitation des don-
Fig. 28.8 Principe de l'acquisition d'une séquence de diffusion. nées IVIM pourrait améliorer dans le futur la caractérisa-
Des gradients de déphasage identiques sont appliqués de part et
tion tissulaire des lésions nodulaires du foie [35].
d'autre d'une impulsion de 180° permettant un déphasage/rephasage
complet des protons immobiles, mais aboutissant à un déphasage des
protons mobiles, générant une baisse de signal dans les zones où la Acquisition en respiration libre, en apnée
diffusion n'est pas restreinte. AG : amplitude des gradients ; DG : durée ou avec tracking respiratoire
d'application des gradients ; TG : temps séparant l'application des deux Les séquences d'imagerie de diffusion peuvent être réali-
gradients de diffusion. sées soit en apnée, soit en respiration libre – avec augmen-
tation du nombre de moyennage d'acquisitions –, soit avec
un gating respiratoire ou cardiaque [43, 44]. Le désavan-
Avec S(b) le signal observé sur l'image acquise avec un tage principal des techniques en respiration libre, outre les
facteur de diffusion b, et D le coefficient de diffusion molé- temps d'acquisition allongés, est la plus grande variabilité
culaire pure [24]. de quantification du coefficient apparent de diffusion (voir
fig. 28.10). Les acquisitions en apnée sont plus courtes, mais
Quel facteur de b utiliser ? il existe généralement une augmentation du bruit, une plus
La mesure d'un coefficient apparent de diffusion (ADC) grande sensibilité aux artéfacts de susceptibilité magnétique
nécessite au minimum l'acquisition de deux valeurs de b pour et une limitation quant aux nombres des valeurs de b qui
permettre de tracer la courbe de variation logarithmique du peuvent être obtenus lors d'une apnée simple. Les techniques
signal en fonction du facteur de b utilisé (fig. 28.9). Au-delà plus récentes d'asservissement respiratoire, voire d'asservis-
d'une valeur de b de 800 ou 1000 s/mm2, le signal du foie sement cardiaque, pourraient permettre la réduction de ces
est généralement trop faible pour être encore exploitable, y difficultés [45, 46].
compris à 3 T (fig. 28.10) [38–40]. Cependant, des images
peuvent maintenant être reconstruites à hautes valeurs de b Comment optimiser ces séquences ?
simulées, à partir des acquisitions à plus faibles valeurs de b, Il est possible, pour optimiser l'asservissement respiratoire,
permettant de fiabiliser la caractérisation de certaines ano- de fixer le TR sur la durée d'un cycle respiratoire soit autour
malies nodulaires (fig. 28.11). de 3000 ms. De même, il est important de rappeler que le TE
Cependant, la variation logarithmique du signal en fonc- doit être minimisé sur l'ensemble des séquences de diffusion
tion du facteur b ne suit pas une pente droite. Il est en fait réalisées, avec une valeur cible autour 60 ms, pour permettre
maintenant acquis qu'à l'échelle tissulaire voire cellulaire une réduction des artéfacts de susceptibilité magnétique.
plusieurs compartiments influencent le signal en image- Enfin, rappelons que, comme pour l'ensemble des explo-
rie de diffusion. De fait, la décroissance logarithmique du rations du foie, l'utilisation d'antennes de surface en réseau
signal suit une pente au minimum bi-exponentielle (voir phasé, et la combinaison avec des techniques d'imagerie
fig. 28.9) [41]. parallèle utilisant un facteur d'accélération autour de 2 sont
Pour simplifier, on peut retenir que la composante de la indispensables pour réduire les artéfacts.
diffusion observée à faible valeur de b rend compte des phé-
nomènes de microperfusion, tandis que la composante de
la diffusion observée à valeur élevée de b (supérieur à 200 Séquences écho de gradient 3D sans puis après
s/mm2) rend compte des phénomènes de diffusion libre injection de produit de contraste
[42]. Plusieurs équipes ont rapporté qu'il était ainsi pos- Les séquences dynamiques 3D écho de gradient avec sup-
sible d'utiliser ces principes pour permettre une analyse pression de graisse acquises sans puis répétées après injec-
plus complète des mécanismes de déplacement protonique tion de chélates de gadolinium sont indispensables pour
microscopique, décrits par la théorie IVIM pour intravoxel la caractérisation des lésions focales du foie. Il s'agit de
incoherent motion, comme exposée à la fin des années 1980 séquences fondamentales, et leur optimisation est indispen-
par Denis Le Bihan [21]. L'exploitation de ces courbes IVIM sable. Tous les constructeurs proposent désormais ce type
Chapitre 28. Techniques d'IRM du foie    473

Ln (Signal)

Diffusion restreinte

Diffusion élevée

a b (en s/mm2)

–0.1

Fraction de perfusion
–0.2

ln( Norm. Signal ) [a.u]


–0.3

ADC
–0.4

D* –0.5

–0.6

Diffusion moléculaire –0.7


0 100 200 300 400 500 600 700 800
b [s/mm2]

b
S = S0[(1–f).exp(–b.D) + f.exp–b(D+D*)]
Fig.  28.9 Principe de la variation du signal sur une séquence de diffusion avec les valeurs de b  : il existe une décroissance loga-
rithmique du signal en fonction de la valeur de b utilisée. Dans une première approximation, on peut considérer que cette décroissance
logarithmique est linéaire entre deux valeurs de b (a). En réalité, la variation du signal est plus complexe, avec une chute de signal suivant une
courbe au minimum bi-exponentielle, suivant en cela la théorie intravoxel incoherent motion (b). La variation logarithmique du signal s'écrit ainsi :
S(b) = S0[(1–f).exp(–b.D) + f.exp–b(D+D*)]. Où S(b) est le signal pour chaque valeur de b, S0 la valeur du signal pour b = 0 s/mm2, f la fraction perfusive
de la diffusion, D la diffusion moléculaire pure et D* la composante perfusive de la diffusion.

de séquence, qu'il s'agisse des séquences LAVA (liver acqui- Quel prérequis ?
sition with volumed acceleration) ou LAVA Flex, de séquence L'objectif principal est d'aboutir à des temps d'acqui-
T1 de type THRIVE (T1 high resolution isotropic volume sition courts, compatibles avec la durée d'une apnée.
excitation) ou de séquence VIBE (volumetric interpolated Depuis le milieu des années 2000, tous les constructeurs
breath hold examination) voire Twist VIBE. proposent des séquences couvrant l'intégralité du foie en
15 à 20 secondes d'apnée, avec des épaisseurs de coupe ne
Principes physiques des séquences dépassant pas 3 à 4 mm. Plus récemment, l'exploitation de
écho de gradients 3D ultrarapides techniques de reconstruction parallèle avancée a permis
de réduire encore les temps d'acquisition, permettant de
Il s'agit de séquences dérivées de séquences d'écho de gradient
rapide, avec préparation de la magnétisation pour optimiser la
répéter les séquences d'acquisition 3D écho de gradient T1
pondération T1 tout en bénéficiant de TR, TE et angle de bas- pendant la même apnée, avec des résolutions temporelles
cule réduits, avec acquisition pendant chaque TR d'une parti- de l'ordre de 2 secondes pour la couverture de l'ensemble
tion 3D de l'espace k. du foie (fig. 28.12) [47–49].
474   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

a b c

d e
Fig. 28.10 Séquence de diffusion single shot EPI en coupe transversale sur le foie acquise avec trigger respiratoire avec trois valeurs
de b respectivement 50 s/mm2 (a), 400 s/mm2 (b) et 800 s/mm2 (c) permettant de générer une cartographie d'ADC homogène (d).
Chez le même patient, une acquisition en diffusion acquise avec les mêmes paramètres mais en respiration libre génère plus de bruit dans la
cartographie d'ADC (e).

a b c

d e f
Fig.  28.11 Séquence de diffusion appliquée pour l'étude d'un angiome des secteurs postérieurs du foie droit bien visible sur la
séquence T2 Dixon (flèche en a). Après application d'un gradient b de 50 s/mm2 (b), 400 s/mm2 (c) et 800 s/mm2 (d), la lésion reste en hyper-
signal T2 (effet T2 shine through) avec un ADC élevé (flèche en e). Sur l'imagerie simulée b = 2000 s/mm2, l'angiome est totalement déphasé, en
cohérence avec l'absence de restriction de la diffusion qui le caractérise (f).
Chapitre 28. Techniques d'IRM du foie    475

Fig. 28.12 Acquisition 3D écho de gradient ultrarapide permettant une couverture de l'ensemble du parenchyme hépatique avec
une résolution temporelle de 2 secondes, générant des images multiples pendant le temps artériel. Cela permet l'obtention d'images
artérielles multiples (a–c) et portales (d) dans la même apnée.

Fig. 28.13 Séquence 3D écho de gradient T1 (Caipirinha Dixon, volumetric interpolated breathhold [VIBE]) permettant de générer des
images en phase (a) et en opposition de phase (b), mais également des cartographies de graisse (c) et d'eau (d). Ces séquences peuvent
être acquises avant puis répétées après injection de produit de contraste, comme ici en phase veineuse.

Quel motif de suppression de graisse ? Quelle valeur de TR et quelle valeur de TE ?


Afin de limiter la durée des acquisitions, les séquences 3D écho de Il est important de limiter les valeurs de TR et TE au mini-
gradient T1 sont généralement couplées à des motifs de satura- mum, en prenant garde de ne pas réaliser les séquences
tion spectrale de la graisse, ou incluent l'acquisition de séquences d'acquisition dynamique sur une valeur de TE en opposi-
avec deux temps d'écho différents au cours de la même apnée, tion de phase, la suppression de graisse étant obtenue par
permettant de générer des séquences de type Dixon avec une les techniques de suppression de graisse comme exposé
suppression de la graisse beaucoup plus homogène (fig. 28.13). plus haut.
476   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

Combien de répétition ? l'expression des OATP (comme les hyperplasies nodulaires


Les séquences multi-artérielles, lorsqu'elles sont utilisées, focales), des lésions dépourvues de surexpression de l'OATP
permettent de réaliser généralement trois à quatre acqui- (comme les carcinomes hépatocellulaires modérément ou
sitions artérielles pendant une seule apnée, limitant ainsi mal différenciés ou les adénomes hépatocellulaires).
la non-détection du pic de rehaussement artériel intrahé-
patique [50, 51]. En dehors de ces séquences, il est géné- Quelle modification de protocole ?
ralement admis que quatre répétitions incluant une phase Les adaptations protocolaires nécessaires à l'utilisation
artérielle, une phase portale ou veineuse, une phase d'équi- de produits de contraste hépatobiliaires ont fait l'objet de
libre, et une phase tardive sont nécessaires pour permettre recommandations d'expert en 2015 [57]. Ces adaptations
la caractérisation complète des lésions focales intrahépa- concernent spécifiquement l'emploi du Gd-EOB-DTPA, et
tiques (fig. 28.14). La phase portale ou veineuse est géné- se fondent sur les données de la littérature incluant au mini-
ralement celle où le rehaussement hépatique est maximal, mum une étude contrôlée, non randomisée.
tandis que la phase tardive ne doit pas être acquise moins ■ L'injection du Gd-EOB-DTPA se fait à 1  ml/s contre
de 3 minutes après l'injection de produit de contraste. 2  ml/s généralement avec les autres chélates de
gadolinium.
■ L'acquisition en phase hépatobiliaire peut être initiée
Séquences optionnelles 20 minutes après injection.
■ L'utilisation de ces produits de contraste hépatospéci-
Utilisation de produit de contraste fiques repose sur les mêmes types de séquences que celles
hépatospécifique utilisées lors des phases dynamiques après injection, mais
Les produits de contraste hépatospécifiques incluent le en optimisant fortement la pondération T1. Cela passe
gadolinium EOB-DTPA (Primovist®, Bayer, Allemagne) et le généralement sur les séquences 3D écho de gradient par
gadolinium BOPTA (Multihance®, Bracco, Italie). Ces deux une augmentation de l'angle de bascule, autour de 20 à
agents de contraste sont capables de fournir des images de 25° [58, 59]. Il est de plus fondamental d'utiliser exacte-
rehaussement vasculaire sur les séquences 3D écho de gra- ment les mêmes paramètres d'acquisition avant injection,
dient T1 comme les chélates de gadolinium extracellulaires, et en phase hépatocytaire (fig. 28.15).
mais présentent la propriété d'être captés par des hépato- ■ Les acquisitions pondérées en T2 et diffusion pourraient
cytes par l'intermédiaire des récepteurs OATP (organic- être réalisées après l'injection dynamique de Gd-EOB-
anion-transporting polypeptides) exprimés à la membrane DTPA et avant l'acquisition des séquences hépatobiliaires
des hépatocytes, avant d'être en partie excrétés dans la bile [59, 60].
au travers des canaux canaliculaires MRP2. Cette phase ■ Des adaptations de dose de Gd-EOB-DTPA peuvent être
hépatospécifique, qui reflète à l'échelle cellulaire la balance acceptées en cas d'insuffisance hépatique modérée, du
de concentration entre récepteurs OATP d'entrée et MRP2 fait d'un défaut de capture hépatocytaire dans cette situa-
de sortie, est observée 20 minutes après l'injection pour le tion spécifique.
gadolinium EOB-DTPA, et une heure après l'injection de
gadolinium BOPTA [52–54].
Ces deux produits de contraste semblent donc particu- Quelles indications retenir ?
lièrement intéressants pour de nombreuses indications [55, La place des produits de contraste hépatobiliaires en ima-
56] : évaluation non invasive de la fonctionnalité hépatique, gerie du foie n'est pas encore précisément définie, mais
un défaut de capture hépatocytaire étant corrélé à la perte de elle est appelée à s'étendre si l'on en juge par l'importance
fonctionnalité hépatique observée dans les stéatohépatites des publications, notamment asiatiques et nord-améri-
métaboliques ou dans les hépatopathies chroniques ; carac- caines. Une position d'experts de la Société européenne
térisation de certaines lésions hépatocytaires, permettant de radiologie abdominale et digestive (European Society
notamment de distinguer les lésions avec augmentation de for Gastrointestinal and Abdominal Radiology [ESGAR])

Fig. 28.14 Séquence 3D écho de gradient T1 (Caipirinha, volume interpolated breathhold [VIBE]) avec suppression spectrale de la
graisse, en phase artérielle (a) et phase portale (b) et veineuse (c) couvrant l'intégralité du parenchyme hépatique, chez une patiente
avec hyperplasies nodulaires focales (HNF) multiples. Les TR et TE sont faibles, et l'utilisation de reconstructions parallèles complexes permet
de conserver une matrice de 408 × 380 dans le plan, avec une résolution isotropique millimétrique.
Chapitre 28. Techniques d'IRM du foie    477

Fig. 28.15 Séquence 3D écho de gradient T1 (Caipirinha Dixon, volume interpolated breathhold [VIBE]) acquise avant injection (a)
puis en phase artérielle (b) et phase veineuse (c) après injection de 0,1 mmol/kg de Gd-BOPTA (Multihance®, Bracco, Milan, Italie). La
séquence est répétée 1 heure après injection (d). Les paramètres des séquences sont identiques, notamment les TR et TE permettant de comparer
le signal en phase hépatobiliaire de l'hyperplasie nodulaire focale (HNF) (flèche en d et a) avec le signal avant contraste. Il existe bien une capture
franche du produit de contraste hépatobiliaire en faveur du diagnostic d'HNF.

a rappelé quatre grands axes de développement actuelle- prement dites –, soit des séquences 3D. Ces séquences sont des
ment en cours [61] : séquences de type T2 Turbo spin echo [72]. Mais contrairement
■ optimisation de la caractérisation des lésions bénignes du aux séquences spin écho conventionnelles, où une seule ligne du
foie [62, 63] ; plan de Fourier est acquise après chaque pulse de refocalisation
■ optimisation de la détection des lésions secondaires hépa- de 180°, dans les séquences RARE, de multiples échos de refo-
tiques [64]. La combinaison de l'imagerie hépatobiliaire calisations sont réalisés, permettant l'acquisition de plusieurs
après injection de Gd-EOB-DTPA avec les séquences lignes du plan de Fourier pendant chaque TR. Ces séquences
sont fortement pondérées en T2 avec des TE généralement
de diffusion présente la meilleure combinaison possible
supérieurs à 600 à 700 ms. Elles sont généralement peu sensibles
dans cette situation ; aux artéfacts de susceptibilité magnétique. En revanche, elles
■ optimisation de la caractérisation des lésions primitives présentent le défaut d'avoir un haut niveau d'absorption spé-
de type carcinome hépatocellulaire (CHC) [65–70] : la cifique (specific absorption rate [SAR]) du fait de la répétition
présence de lésions en hypersignal diffusion, ou hypersi- des échos de 180° [20]. Par ailleurs, les lignes centrales du plan
gnal T2 et en hyposignal en phase hépatobiliaire serait en de Fourier sont acquises à partir des échos tardifs (TE effectif
faveur de lésions dysplasiques de haut grade ou de CHC long, adapté pour optimiser le contraste en T2), tandis que les
débutants, quel que soit leur profil vasculaire [71] ; premiers échos sont utilisés pour remplir la partie périphérique
■ optimisation de l'imagerie biliaire. du plan de Fourier. Ces premiers échos contribuent à renforcer
En parallèle, les produits de contraste hépatobiliaires la participation de ces lignes périphériques dans la genèse de
l'image, générant des artéfacts de bord (edge artifacts).
pourraient aider à l'évaluation de la fonctionnalité hépatique.

Séquences de cholangiographie par IRM


Les séquences HASTE (Haste pour Siemens Medical,
Séquences cholangiographiques habituelles SS-FSE pour GEMS et Philips Medical, FASE pour Toshiba,
L'analyse des canaux biliaires, ou l'analyse des canaux pan- FSE-ADA pour Hitachi) sont également des séquences
créatiques, requiert l'utilisation de séquences fortement d'écho de spin rapide, adaptées des séquences RARE, repo-
pondérées T2. sant sur l'acquisition de seulement la moitié du plan de
Fourier à partir d'une impulsion unique pour chaque TR.
Principes physiques des séquences La réduction du temps d'acquisition évite de n'imager que
de cholangiographie les tissus à T2 long, et permet une imagerie morphologique
Les séquences couramment utilisées sont soit des séquences du foie tout en bénéficiant d'une forte pondération T2. Les
morphologiques 2D – type HASTE (half-Fourier acquired single principaux artéfacts rencontrés sur ces séquences sont la
shot turbo spin echo) ou RARE (rapid acquisition with relaxation possibilité d'artéfacts de flou (blurring) et d'une résolution
enhancement) pour les séquences cholangiographiques 2D pro- limitée.
478   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

L'analyse est généralement réalisée sur les acquisitions et 40°. Le passage à 25° de l'angle de bascule augmentait
planaires 2D axiales et coronales. Les séquences 3D forte- significativement les rapports de signal sur bruit entre les
ment pondérées T2 aident à la visualisation de l'anatomie canaux biliaires intra- ou extrahépatiques et le parenchyme
des voies biliaires (fig. 28.16). hépatique adjacent, avec une amélioration également signi-
ficative constatée par plusieurs lecteurs de la qualité image
Cholangiographie avec produit de contraste [76]. Plus récemment, Tselter et al. ont comparé directement
hépatobiliaire la CP-IRM avec produit de contraste hépatobiliaire aux
séquences de CP-IRM en pondération T2 chez 40 patients
Comme nous l'avons vu, la cholangiographie par IRM
[77]. La séquence utilisée pour la CP-IRM en phase hépa-
(CP-IRM) repose généralement sur des séquences fortement
tobiliaire était une séquence 3D écho de gradient avec un
pondérées en T2 [73]. Cependant, les produits de contraste
angle de bascule fixé à 35°, et les paramètres suivants (TR/TE
hépatospécifiques, tels les chélates de manganèse, ou plus
4,2/2 ; matrice 205 × 256 ; interpolation de 80° ; reconstruc-
récemment les chélates de gadolinium linéaires représen-
tion 2 mm ; temps d'acquisition 20 secondes). La séquence
tés par le Gadobenate Dimeglumine (gadolinium BOPTA,
3D écho de gradient reposait sur une séquence 3D Turbo
Multihance®, Bracco) et l'acide gadoxétique (gadolinium
spin écho avec les paramètres suivants (TR/TE 1151/650 ;
EOB-DTPA, Primovist®, Bayer) ont été introduits pour opti-
angle de bascule 90° ; matrice 256 × 204 ; épaisseur de coupe
miser la caractérisation des lésions secondaires hépatiques,
1,6 mm ; acquisition de l'ordre de 2 minutes). Tant la qua-
mais également pour visualiser sur des séquences écho de
lité image que les rapports de signal sur bruit et contraste
gradient le système biliaire [74, 75].
à bruit entre les voies biliaires et le parenchyme adjacent
étaient significativement plus élevés en CP-IRM en phase
Quelles séquences spécifiques ?
hépatobiliaire, plus particulièrement concernant les voies
La plupart des études ont porté sur l'utilisation de gado- biliaires intrahépatiques. De même, la détection d'anomalie
linium EOB-DTPA, actuellement non commercialisé en anatomique était plus facilement mise en évidence par les
France. En effet, le taux d'excrétion biliaire de ce produit de relecteurs sur les séquences de cholangiographie après injec-
contraste est supérieur à celui du gadolinium BOPTA, per- tion de Gd-EOB-DTPA.
mettant une exploration des voies biliaires 15 à 20 minutes
après injection du produit de contraste. Les délais de réa- Points clés
lisation de l'imagerie biliaire après injection de gadolinium
BOPTA – dont l'excrétion biliaire ne dépasse pas 5 % chez ■
L'utilisation de séquences 3D écho de gradient en phase
l'homme – sont supérieurs à 80 ou 100 minutes. hépatobiliaire après injection de chélate de gadolinium spéci-
fique (gadolinium BOPTA, gadolinium EOB-DTPA) permet
La plupart des séquences recommandées pour l'imagerie
une exploration de l'arbre biliaire à la fois intrahépatique et
en phase hépatobiliaire reposent sur des acquisitions 3D extrahépatique (fig. 28.17).
écho de gradient, avec optimisation de l'angle de bascule. ■
Les séquences doivent être optimisées avec une augmentation
Plusieurs études ont en effet rapporté que l'augmentation de la pondération T1 par une augmentation de l'angle de bas-
de l'angle de bascule par rapport aux séquences 3D écho de cule au minimum de 25°.
gradient classiques permettait d'optimiser la pondération ■
Les séquences en phase hépatobiliaire présentent une qua-
T1 des séquences réalisées, avec une amélioration conco- lité image probablement supérieure aux séquences T2 3D,
mitante des rapports signal sur bruit et contraste à bruit notamment pour l'étude des voies biliaires intrahépatiques.
entre le signal des voies biliaires et le parenchyme hépatique
adjacent. Kim et al. ont ainsi comparé sur des séquences 3D Quelles indications ?
écho de gradient de type VIBE (TR/TE 3,1–-3,8/1,2–1,7 ; Les indications de la cholangiographie par IRM en phase
imagerie parallèle facteur 2 ; matrice de 256 × 256 ; champ hépatobiliaire rejoignent celles de la cholangiographie IRM
de vue 300 à 400 mm avec FOV (field of view) rectangu- en pondération T2. En outre, il est maintenant également
laire à 80 % ; bande passante 415 à 515 Hertz) l'utilisation reconnu que la recherche de fuite biliaire peut aussi recourir
de trois angles de bascule distincts, respectivement 12°, 25° à l'utilisation de produit de contraste en phase hépatobiliaire.

Fig. 28.16 Séquences 2D Half Fourier Turbo spin echo (HASTE T2) dans le plan axial (a) dans le cadre d'une exploration par cholan-
giographie IRM. Ces séquences fortement pondérées en T2 sont réalisées sans suppression spectrale de la graisse. Il existe des calculs au sein de
la vésicule biliaire (flèche en a). Les séquences HASTE sont complétées par une exploration RARE (rapid acquisition with relaxation enhancement)
3D permettant une visualisation en 3D MIP de l'arbre biliaire (b).
Chapitre 28. Techniques d'IRM du foie    479

Fig. 28.17 Produits de contraste hépatospécifiques et IRM du foie. Exploration axiale (a) et coronale (b) 3D EG T1 acquise 2 heures après
injection de Gd-BOPTA (Multihance®, Bracco, Milan, Italie) permettant la visualisation du produit de contraste au sein des voies biliaires (flèche en
a et b) ainsi qu'au sein de la vésicule biliaire (tête de flèche en a) témoignant de l'élimination biliaire du produit de contraste.

Ainsi, Cieszanowski et al. [78] ont récemment rapporté qu'un tion des séquences en phase hépatobiliaire sont maintenant
diagnostic de fuite biliaire pouvait être obtenu avec une exac- bien connus. Premièrement, l'excrétion biliaire des produits
titude de 97 % en utilisant les phases hépatobiliaires tardives de contraste hépatobiliaire peut être réduite en cas d'insuf-
chez les patients après geste interventionnel ou chirurgical. fisance hépatocellulaire sévère, ou en cas d'obstacle biliaire
Par ailleurs, les séquences 3D pondérées en T2 pour l'éva- d'évolution chronique avec une élévation marquée de la bili-
luation des voies biliaires sont, comme nous l'avons vu, sen- rubine. En effet, dans ces circonstances particulières, il existe
sibles aux artéfacts de mouvement. Dans ces circonstances, une compétition nette entre l'excrétion biliaire du produit de
le recours à des séquences 3D pondérées en T1 paraît une contraste et une excrétion de la bilirubine [81]. Par ailleurs,
alternative séduisante. Les cholangiographies par IRM en des calculs pigmentaires présents au sein des voies biliaires,
phase hépatobiliaire doivent-elles cependant remplacer tota- par leur haut signal en pondération T1, peuvent ne  pas
lement les séquences cholangiographiques traditionnelles ? être visibles en phase hépatobiliaire, nécessitant d'une part
La question n'est pas tranchée. Des études récentes portant l'étude attentive des séquences précontraste, et d'autre part
sur 29 patients avec cholangite sclérosante primitive [79] ont le recours aux séquences en pondération T2. Enfin, le temps
ainsi comparé les données de la CP-IRM en pondération T1 d'examen est allongé d'environ 20 à 30 minutes pour l'explo-
en phase hépatobiliaire, par rapport à la CP-IRM en pondé- ration après injection d'EOB-DTPA, mais avec également le
ration T2, en prenant comme référence la cholangiopancréa- nécessaire repositionnement des patients à l'intérieur de la
tographie rétrograde par voie endoscopique. La CP-IRM en machine entre 1 heure et surtout 2 heures après l'injection
pondération T1 permettait de limiter les artéfacts et d'obtenir du produit de contraste dans le cas d'utilisation du gadoli-
des informations fonctionnelles de l'excrétion biliaire, tandis nium BOPTA.
que la CP-IRM en pondération T2 permettait une meil-
leure visualisation des branches distales des voies biliaires
intrahépatiques et une meilleure visualisation des divisions Points clés
biliaires. Les conclusions sont que les séquences de cholan- ■
Le recours aux séquences de cholangiographie par IRM en
giographie en pondération T1 et en T2 sont probablement phase hépatobiliaire est souvent un complément à l'étude de
complémentaires, et peuvent mériter d'être associées. Ainsi, la CP-IRM en pondération T2.
Reiner et al. [80] ont évalué chez 28 patients explorés de ■
Le recours aux produits de contraste hépatobiliaires est pro-
manière simultanée par CP-IRM pondération T2 et CP-IRM bablement à exclure chez les malades avec une cholestase
en phase hépatobiliaire des patients suspects d'obstruction marquée, et des taux de bilirubine supérieurs à 5 mg/dl.
biliaire. Les explorations ont été conduites à 1,5 T, et les
acquisitions étaient faites en moyenne 18 minutes (entre 9 et
28 minutes) après injection de Gd-EOB-DTPA. L'utilisation Quantification de la charge en graisse
des séquences de CP-IRM en phase hépatobiliaire permet- intrahépatique
tait d'augmenter l'exactitude du diagnostic de 69 à 97 %, tant Outre l'évaluation qualitative de la surcharge en graisse per-
pour les obstructions partielles que pour les obstructions mise par les séquences en opposition de phase, les séquences
complètes. Ces séquences permettaient également une aug- Dixon et dérivées, il est désormais possible de pouvoir quan-
mentation de la confiance interobservateurs. De plus, l'inté- tifier la charge graisseuse intrahépatocytaire. La méthode
gration des données fonctionnelles d'excrétion biliaire bien la plus fréquemment utilisée est celle de la fraction grais-
visible sur la CP-IRM en phase hépatobiliaire peut permettre seuse de densité protonique (PDFF ou proton density fat
de limiter les cas où l'impact clinique de l'obstruction biliaire fraction) [82]. Cette fraction graisseuse est calculée comme
ne peut pas être évalué. un rapport entre la quantité de triglycérides mobiles, iden-
tifiables dans le foie, rapportée à la somme des triglycérides
Quels pièges sont à connaître ? et de l'eau. Pour calculer cette fraction, le signal du foie doit
En dehors des optimisations de séquences nécessaires pour être séparé entre une fraction graisseuse et une fraction
l'exploitation des données 3D écho de gradient en phase hydrique, permettant de générer de façon simple l'équation
hépatobiliaire, certains pièges classiques limitant l'utilisa- PDFF = graisse/eau + graisse. On comprend aisément que
480   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

Fig. 28.18 Exploration d'un patient suspect de stéatose hépatique. Courbe spectroscopique mettant en évidence le pic de résonance des
protons de la graisse (tête de flèche en a) et de l'eau (flèche en b). La séquence spectroscopique corrigée de l'effet T2* permet une approche
quantitative fiable de la charge graisseuse intrahépatique, évaluée ici à 7 % environ (b).

l'utilisation de séquences Dixon permet facilement, avec `` Conclusion


deux temps d'écho distincts, de générer des cartographies et
donc de quantifier la charge graisseuse. Mais cela n'est pas si L'exploration du foie requiert une bonne maîtrise de l'instrumen-
simple, car des facteurs confondants peuvent venir pertur- tation, et en particulier une bonne compréhension de la variation
ber ces méthodes quantitatives : du signal induite par l'acquisition à des temps d'écho différents,
■ premièrement, le signal du foie observé sur des séquences et sous l'influence d'une charge en graisse ou d'une charge en fer,
à TE long peut être fortement réduit par la présence de parfois importante dans les pathologies les plus courantes.
fer intracellulaire. Il est donc nécessaire de s'affranchir de Le cœur de l'exploration hépatique repose sur la combi-
cet effet T2* pour obtenir une méthode de mesure la plus naison de séquences T1 en écho de gradient avec au moins
précise possible ; deux temps d'écho, permettant l'évaluation qualitative de
■ deuxièmement, des courants d'Eddy, des erreurs dans la charge en graisse, l'utilisation d'au moins deux types de
la transmission des gradients et la complexité spectrale séquences T2 avec suppression de graisse, la combinaison
des pics graisseux rendent complexe l'utilisation de à des séquences de diffusion et l'utilisation de séquences
méthodes quantitatives simples. Il est désormais proposé 3D écho de gradient dynamiques.
par l'ensemble des constructeurs des séquences repo- L'exploration classique du foie peut être couplée à l'explo-
sant sur l'utilisation de séquences écho de gradient avec ration des voies biliaires. L'utilisation de produit de contraste
au moins 3, voire 6 temps d'écho différents, permettant hépatospécifique doit faire optimiser la pondération T1 des
de réduire l'effet T1, l'effet T2* et la complexité des pics séquences utilisées.
spectraux de la graisse. La charge graisseuse peut alors
être déterminée, avec un cut-off entre foie normal et foie Avertissement
stéatosique autour de 5 % (fig. 28.18).
L'utilisation systématique de produits de contraste hépatospé-
cifiques est actuellement remise en cause. En effet, ces agents,
Quantification de la charge en fer chélates de gadolinium linéaires, présentent des constantes de
Comme pour la graisse, il est possible d'utiliser l'IRM pour dissociation plus élevées que les chélates macrocycliques, favo-
risant de possibles dépôts d'ions gadolinium au sein des noyaux
quantifier de manière formelle la charge ferrique intra- gris centraux [84-87]. Même si, à ce jour, aucun effet clinique
hépatique. Avec un TR fixe et en acquérant des images à n'a été associé à ces dépôts [88], le Comité européen de phar-
TE variable, il est possible de calculer une variation de la macovigilance a proposé en mars 2017 le retrait des chélates
décroissance logarithmique du signal, permettant elle- de gadolinium linéaires [89]. Il est cependant vraisemblable
même d'approcher les valeurs de R2*, et donc indirectement qu'un agent hépatospécifique restera commercialisé en Europe
la concentration en fer intrahépatique. Plus la concentra- compte tenu de l'impact clinique de ces agents sur la prise en
tion en fer intrahépatique est importante, plus le R2* aug- charge des lésions nodulaires hépatiques.
mente, et plus le T2* (R2* = 1/T2*) diminue. Les équipes de
Gandon et al. ont proposé une méthode originale de quan-
tification de cette variation du signal, reposant sur l'analyse Références
combinée de séquences T1, en densité de protons, T2 et T2* [1] Wile GE, Leyendecker JR. Magnetic resonance imaging of the liver :
[83]. Cette méthode requiert de manière impérative l'utili- sequence optimization and artifacts. Magn Reson Imaging Clin N Am
sation de l'antenne corps, et de la déconnexion de toutes les 2010 ; 18 : 525–47.
antennes de surface, puisque la concentration en fer pro- [2] Balci NC, Semelka RC. Contrast agents for MR imaging of the liver.
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rapport à celle des muscles lombaires. L'avantage de cette [3] Guglielmo FF, Mitchell DG, Roth CG, et al. Hepatic MR imaging
techniques, optimization, and artifacts. Magn Reson Imaging Clin N
technique est de permettre de corréler les valeurs obtenues
Am 2014 ; 22 : 263–82.
avec une concentration en fer intrahépatique. [4] Qayyum A, Goh JS, Kakar S, et al. Accuracy of liver fat quantifica-
La plupart des constructeurs proposent aujourd'hui des tion at MR imaging : comparison of out-of-phase gradient-echo and
techniques qui permettent d'approcher la valeur R2* du foie fat-saturated fast spin-echo techniques--initial experience. Radiology
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Chapitre 28. Techniques d'IRM du foie    481

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Chapitre 28. Techniques d'IRM du foie    483

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Chapitre
29
Tumeurs bénignes
du foie en IRM
L. Baranes, M. Roux, F. Pigneur, F. Legou, B. Zegai, M. Djabbari, J. Calderaro,
A. Laurent, A. Luciani

PLAN DU CHAPITRE
Lésions kystiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 486 Autres lésions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 502
Hémangiome . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 489 Lésions vasculaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 502
Tumeurs hépatocytaires bénignes. . . . . . . . . . . 490

L'IRM est aujourd'hui l'imagerie de référence de Les objectifs de l'IRM sont de confirmer un diagnostic
l'exploration des tumeurs hépatiques dont la découverte formel de bénignité pour le kyste biliaire simple, l'angiome
fortuite augmente en nombre. typique et l'hyperplasie nodulaire focale, seules lésions for-
Le contexte clinique est primordial puisqu'en dehors des mellement caractérisables en IRM, et de pouvoir guider la
situations d'hépatopathie chronique ou de néoplasie, les nodules stratégie de prise en charge – surveillance, biopsie hépatique
hépatiques rencontrés sont le plus souvent bénins. Dans ces guidée, résection, etc.  – pour les nodules qui ne sont pas
circonstances particulières, l'IRM est l'examen de référence, et caractérisables.
le scanner hépatique ne doit être utilisé qu'en cas de contre-­ Le protocole d'exploration de nodules hépatiques en
indication formelle à l'IRM (www.gbu.radiologie.fr). Une stra- IRM comprend les séquences habituelles, comme exposé
tégie simplifiée de prise en charge est proposée en figures 29.1 dans le chapitre 28. Rappelons-en les principaux éléments
et 29.2. Le diagnostic de lésions bénignes du foie concerne donc ci-dessous :
les lésions uniques ou peu nombreuses, développées en dehors ■ 2D T1 en coupes axiales en phase et en opposition de
de tout contexte d'hépatopathie chronique. Le tableau 29.1 phase ;
résume les principales lésions nodulaires du foie, dont certaines ■ 2D T2 TSE en coupes axiales avec suppression du signal
peuvent être caractérisées formellement en IRM. de la graisse avec un TE autour de 80 à 90 ms avec syn-
chronisation respiratoire ;
■ 2D T2 en coupes axiales avec un TE long, supérieur à
Oui CHC ?
120 ms, ou séquences avec remplissage partiel du plan de
Fourier ;
Angiome
hépatique ■ une séquence de diffusion multi b avec cartographie
d'ADC (au moins 2 ou 3 valeurs de b) ;
Hépatopathie ?
Hyperplasie
nodulaire focale
■ 3D T1 en écho de gradient en coupes axiales avec sup-
pression du signal de la graisse sans puis après injection
Lésion unique
dynamique de chélates de gadolinium, comprenant
Adénomes
au moins un temps artériel, un temps portal, un temps
veineux.
Non Kystes L'objectif de ce chapitre sera de présenter les caracté-
ristiques typiques des nodules dont le diagnostic doit être
Lésions formel en IRM (kyste biliaire, hémangiome, hyperplasie
secondaires ?
nodulaire focale) et de donner les caractéristiques IRM
Lésions Lésions bénignes
des tumeurs bénignes les plus fréquemment rencontrées.
multiples multiples ? Une attention particulière sera portée aux tumeurs hépato­
cytaires bénignes, qui constituent une des principales indi-
Fig. 29.1 Prise en charge d'une lésion focale du foie : algorithme cations d'exploration de tumeurs hépatiques bénignes en
décisionnel simplifié. IRM.
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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486   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

< IRM
hépatique

Angiome
Adénomes

Stop

HNF HNF
typique « atypique »
Taille Sexe
Stop < 5 cm ? masculin ?

IRM ECUS
PdChépato-
spécifiques Adénome Adénome Adénome
stéatosique inflammatoire autre

Biopsie ou Biopsie Biopsie


surveillance Résection si Résection si
> 5 cm > 5 cm
Surveillance Surveillance

Fig. 29.2 Caractérisation des lésions bénignes tissulaires hépatiques : stratégie simplifiée de la prise en charge en imagerie. PdC :
produit de contraste.

Tableau 29.1 Principales lésions nodulaires hépatiques bénignes et malignes.


Origine Bénin Malin
Épithéliale HNF Hépatoblastome
Hépatocytaire Adénomes hépatocellulaires CHC
Nodules régénératifs
Épithéliale Kyste simple Cholangiocarcinome
Cholangiolaire Malformations kystiques Cystadénocarcinome
Hamartomes biliaires
Cystadénomes
Mésenchymateuse Hémangiome Hémangio-endothéliome
Lipome, angiomyolipome Sarcome embryonnaire
Léiomyome Lymphome primitif du foie
Hémangio-endothéliome
Mésothéliome
Myélolipome

En gras sont indiquées les lésions les plus courantes, dont la caractérisation en imagerie est possible. CHC : carcinome hépatocellulaire ; HNF : hyperplasie
nodulaire focale.

Lésions kystiques L'échographie est l'examen de référence dans ces formes


non compliquées. Le kyste hépatique se présente sous forme
Kyste biliaire d'une lésion arrondie anéchogène, homogène à parois fines,
Les kystes hépatiques sont appelés à tort kystes biliaires à bords nets avec un renforcement postérieur des échos.
puisqu'ils n'ont pas de communication avec l'arbre biliaire. En IRM, le kyste simple se présente sous forme d'un
Ce sont des lésions bénignes congénitales du foie. Elles sont nodule arrondi, à contours bien limités en franc hyposignal
le plus souvent uniques (70 % des cas) et concernent 2,5 à sur la séquence T1, franc hypersignal sur la séquence T2,
4,7 % de la population, avec une prédominance féminine. avec un renforcement du gradient entre le foie et le nodule
Les kystes hépatiques sont recouverts d'un épithélium qui sur la séquence à T2 long, sans cloison, ou prise de contraste
sécrète un liquide citrin. Leur taille est variable, pouvant les pariétale après injection de chélates de gadolinium. Sur la
rendre responsables de douleurs, compression, saignement séquence de diffusion, son signal chute sur les séquences à b
ou infection. élevé (> 800), et elle présente un ADC élevé (fig. 29.3).
Le diagnostic de kyste hépatique non compliqué est facile Les kystes compliqués de surinfection ou d'hémor­
et doit être formel en imagerie. ragie peuvent présenter un signal plus hétérogène sur les
Chapitre 29. Tumeurs bénignes du foie en IRM   487

a b c

d e
Fig. 29.3 Exploration d'une volumineuse lésion kystique correspondant à un kyste biliaire simple. La lésion apparaît (flèche) en franc
hyposignal T1 (a), en franc hypersignal T2 (flèche en b), sans cloison. Sur l'imagerie EPI diffusion, il n'existe pas d'hypersignal résiduel avec un
facteur b = 800 s/mm2 (flèche en c) correspondant à une valeur d'ADC élevée (flèche en d). L'absence de capsule, de prise de contraste pariétale,
ou de cloison sur la séquence 3D EG T1 en phase portale (flèche en e) confirme la nature kystique simple de la lésion.

séquences T1 et T2, un hypersignal sur les séquences de dif- prend le contraste après injection de gadolinium [3, 4]
fusion à b élevé et une prise de contraste périphérique. (fig. 29.5).
La transformation en cystadénocarcinome peut être sus-
Autres lésions à composante liquidienne pectée en IRM devant la présence de végétations prenant
le contraste, une capsule épaisse et irrégulière, des septums
Lésion unique épaissis ou un contenu plus volontiers hémorragique. Les
Kyste cilié calcifications pariétales, épaisses et grossières évoquant
Il s'agit d'une lésion rare, correspondant à une anomalie de aussi une dégénérescence en cystadénocarcinome sont mal
développement de l'intestin primitif antérieur avec migra- visibles en IRM [5].
tion d'un bourgeon bronchiolaire dans la cavité péritonéale.
Sa localisation est typique en sous-capsulaire du segment Kyste hydatique
4 hépatique. Ses caractéristiques de signal en IRM sont Il s'agit d'une lésion secondaire à une infection par
variables : lésion fortement hyperintense en T2, de signal Echinococcus granulosus. Le voyage en pays endémique, l'hy-
variable en T1, généralement sans prise de contraste parié- peréosinophilie ainsi que les sérologies hydatiques aident au
tale. La présence d'un sédiment calcique est fréquente [1, 2] diagnostic.
(fig. 29.4). Le kyste est composé de trois parties : le périkyste (tissu
hépatique comprimé), l'endokyste (membrane proligère) et
Cystadénome hépatobiliaire l'exokyste.
Les cystadénomes sont des tumeurs kystiques bénignes L'IRM peut venir compléter un bilan échographique
rares (moins de 5 % des tumeurs kystiques du foie), à poten- et/ou scannographique.
tiel évolutif malin, pouvant se transformer en cystadéno- Le périkyste apparaît en hyposignal T1 et T2 du fait de
carcinome. Ces lésions surviennent en majorité chez des sa composante fibreuse. Les décollements de la membrane
femmes de plus de 40 ans. Histologiquement, il existe une interne qui apparaît en hyposignal T2 sont mieux visuali-
couche monostratifiée de cellules mucosécrétantes tapissant sés. La matrice hydatique apparaît en hyposignal T1, franc
la paroi du kyste. Le liquide intratumoral peut présenter hypersignal T2 ; les vésicules filles sont plus hypo-intenses
un contenu protidique, mucineux, gélatineux, purulent ou en pondération T2 que le reste de la matrice [4, 6] (fig. 29.6).
hémorragique.
À l'IRM, ces lésions se présentent sous la forme de for- Ecchinococcose alvéolaire hépatique
mations multiloculaires ou plus rarement uniloculaires. L'échinococcose alvéolaire hépatique est secondaire à une
Le signal de ces lésions est liquidien en hyposignal T1, infection par Ecchinococcus multilocularis. Elle se présente
franc hypersignal T2, mais peut varier en fonction de leur comme une lésion infiltrante du foie, à contours irrégu-
contenu : mucine, sang, bile, etc. Leur paroi est épaisse et liers et à composante mixte, avec un signal h ­ étérogène
488   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

a b

c d
Fig. 29.4 Découverte fortuite d'une lésion hypoéchogène non liquidienne sous-capsulaire du segment 4 en échographie. Le diagnos-
tic retenu en IRM est celui de kyste cilié. (a) Séquence 2D EG T1 avant injection : nodule bilobé présentant deux composantes : une en isosignal
T1 (flèche), l'autre en hyposignal T1 (tête de flèche). (b) Séquence 2D T2 TSE : franc hypersignal T2 d'une portion de la lésion (tête de flèche), tandis
que l'autre composante présente un hypersignal T2 moins franc (flèche). (c) Cartographie d'ADC calculée à partir de trois acquisitions SS-EPI (b = 0,
400, 800 s/mm2) : augmentation du coefficient apparent de diffusion d'une portion de la lésion (tête de flèche), l'autre lésion ayant un ADC plus
réduit (flèche). (d) Séquence 3D EG T1 phase portale après injection de Gd-BOPTA (Multihance®, Bracco, Milan) : discrète prise de contraste des
parois après injection de produit de contraste.

sur les séquences T2, à la fois solide et kystique, fréquem- L'IRM avec séquences de bili-IRM permet aussi d'analy-
ment calcifiée. Les zones en franc hypersignal T2 corres- ser les rapports de la lésion avec les vaisseaux porte et les
pondent aux zones kystiques ou nécrotiques, tandis que veines hépatiques ainsi qu'avec l'arbre biliaire dans le cadre
les zones en hyposignal T2 correspondent à des portions du bilan préopératoire [7].
fibreuses [7–9].
Elle est en général constituée d'une cavité nécrotique cen- Lésions multiples
trale avec des microkystes périphériques [10]. Après injec- Hamartomes biliaires
tion de chélates de gadolinium, il n'y a habituellement pas
de rehaussement significatif de la lésion ; il peut exister un On les appelle aussi complexes de Von Meyenburg. Il
discret rehaussement périphérique. s'agit de reliquats des voies biliaires les plus périphériques
Typiquement, il y a une disparition de l'hypersignal en obstruées et involuées au sein d'un stroma fibreux. Ils se
diffusion à b800 avec une élévation du coefficient apparent présentent sous la forme de multiples petites formations
de diffusion au niveau des zones kystiques. Un coefficient kystiques simples entre 2 et 10 mm, éparses dans le paren-
apparent de diffusion bas peut être dans les portions solides chyme hépatique, réparties de façon aléatoire, réalisant en
de la lésion. IRM un aspect en « ciel étoilé » (fig. 29.8). Ils n'ont pas de
En fonction de ses caractéristiques de signal, le nodule communication avec les voies biliaires, contrairement à la
d'échinococcose alvéolaire peut être classé en IRM en cinq maladie de Caroli qui constitue le principal diagnostic dif-
types selon la classification de Kodama [11] : férentiel [12, 13].
■ type 1 : multiples petits kystes sans composante solide
(4 %) ; Polykystose hépatique
■ type 2 : multiples petits kystes avec composante solide Cette atteinte peut s'intégrer dans le cadre d'une polykys-
centrale (40 %) (fig. 29.7) ; tose hépatorénale, maladie autosomique dominante, ou
■ type 3 : large formation kystique et/ou irrégulière entou- dans le cadre d'une polykystose hépatique pure. Elle se
rée par une composante solide avec multiples petits présente sous la forme d'au moins trois lésions kystiques
kystes périphériques (46 %) ; simples, de taille variable, de répartition aléatoire dans le
■ type 4 : composante solide isolée sans kyste (4 %) ; parenchyme hépatique. Il n'y a pas là non plus de com-
■ type 5 : large kyste sans composante solide (6 %). munication avec les voies biliaires. Ces lésions kystiques
Les lésions multiloculaires types 1, 2 et 3 de la classifi- peuvent se compliquer d'hémorragie intrakystique, de
cation de Kodama sont pathognomoniques d'échinococcose surinfection modifiant les caractéristiques du signal des
alvéolaire. kystes [14].
Chapitre 29. Tumeurs bénignes du foie en IRM   489

a b c

d e f

g h
Fig. 29.5 Pesanteur de l'hypochondre droit faisant découvrir une formation kystique hépatique de 25 cm. La patiente (de 64 ans) a
bénéficié d'une hépatectomie droite confirmant la présence un cystadénome mucineux du foie droit (flèche). (a) 2D T1 EG : masse en hyposignal
T1 cloisonnée à double composante fortement hyposignal T1 (tête de flèche) mais avec une composante plus latérale en plus discret hyposignal
T1 (flèche). (b, c) Séquence T2 HASTE axiale : la masse apparaît liquidienne sur les séquences T2 HASTE à TE long, multiloculée (flèche et têtes de
flèche) avec cloisons visibles sur la figure c (tête de flèche). (d) Séquence EPI diffusion, b = 800 s/mm2 : la perte de l'hypersignal sur les séquences
de diffusion à b800 confirme l'absence de restriction de la diffusion. (e) Cartographie ADC : élévation du coefficient apparent de diffusion attes-
tant de son caractère liquidien. (f–h) Séquences 3D EG T1 après injection de Dotarem® (Gd-DOTA, Guerbet, Aulnay) : prise de contraste pariétale
périphérique (flèche) ainsi que des cloisons (tête de flèche) confirmant la nature atypique de ce kyste.

Abcès Hémangiome
Les pathologies des voies biliaires sont actuellement la prin- L'hémangiome est une lésion fréquente concernant environ
cipale cause d'ensemencement portal et d'abcès hépatiques à 10 à 20 % de la population, à prépondérance féminine.
pyogènes, devant l'appendicite et la diverticulite [15]. Il s'agit de cavités remplies de sang tapissées de cellules
Les abcès hépatiques se présentent en IRM sous forme endothéliales et entourées d'un stroma fibreux.
de lésions hypo-intenses en T1, hyperintenses en T2, avec Ce sont la plupart du temps des lésions asympto­matiques,
une fine capsule qui se rehausse progressivement. Le paren- sauf en cas de d'hémangiome géant, >  5  cm, pouvant se
chyme hépatique adjacent peut être en hypersignal T2, avec manifester par des douleurs abdominales [17].
un rehaussement au temps artériel du fait de l'œdème et de Le diagnostic d'angiome est le plus souvent réalisé en
l'inflammation [3, 4, 12]. échographie, où il se présente sous forme d'un nodule
L'abcès amibien du foie, lié à une infection à Entamoeba hyperéchogène homogène à contours réguliers, lobulés,
histolytica, se présente sous forme d'une lésion homogène avec renforcement postérieur. En cas d'atypie échogra-
en hyposignal sur les séquences pondérées en T1 et en franc phique, de contexte carcinologique ou de terrain d'hépa-
hypersignal sur les séquences pondérées en T2. Un œdème topathie chronique, le diagnostic d'angiome peut être
périphérique est visualisé sur les séquences pondérées en T2 confirmé en IRM.
dans 50 % des cas [16].
490   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

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d e f
Fig. 29.6 Découverte d'une masse partiellement liquidienne appendue au segment 6 chez un patient d'origine tunisienne. La sérolo-
gie hydatide est positive. Masse hétérogène sur la séquence T1 (a), en partie liquidienne sur les séquences T2 à TE long, avec visualisation des
décollements de la membrane interne en hyposignal T2 (flèche en b). La masse apparaît en hypersignal sur les séquences de diffusion (b = 100
s/mm2) (flèche en c) mais avec disparition de l'hypersignal des portions liquidiennes sur la séquence de diffusion à b = 800 s/mm2 (flèche en d). On
ne note pas de prise de contraste intralésionnelle après injection de chélates de gadolinium en coupes axiales (e) et coronales (f).

Fig. 29.7 Masse hépatique à double composante solide et kystique découverte chez un homme de 66 ans. La biopsie hépatique de
la masse est en faveur d'une échinococcose alvéolaire. (a) Séquence en T2 FS : nodule solide central (flèche) entouré de lésions microkystiques
infracentimétriques périphériques (tête de flèche), classé type 2 selon la classification de Kodama. (b) Séquence 3DT1 FS après injection de gado-
linium au temps portal : nodule (flèche) aux contours irréguliers microlobulés (tête de flèche).

Les caractéristiques IRM de l'hémangiome caverneux ■ les angiomes à circulation rapide présentent classique-
typique sont [3, 13, 18, 19] (fig. 29.9) : ment un rehaussement complet dès le temps artériel avec
■ un nodule bien limité, en général polylobé ; une intensité de rehaussement égale à celle de l'aorte
■ un hyposignal sur les séquences T1 ; sur tous les temps d'injection. Ils présentent par ailleurs
■ un franc hypersignal sur les séquences T2, avec un gra- souvent un trouble perfusionnel périphérique satellite au
dient foie-lésion renforcé sur les séquences T2 à TE long ; temps artériel [18] (fig. 29.11).
■ un rehaussement en mottes périphériques discontinues
avec un remplissage sur le temps tardif.
La cinétique de rehaussement peut varier selon la nature
Tumeurs hépatocytaires bénignes
de l'angiome. Les tumeurs hépatocytaires bénignes sont des tumeurs
■ les hémangiomes géants peuvent se remplir incomplè- rares, représentant 10 % des tumeurs bénignes hépatiques
tement sur les séquences tardives du fait de leur taille [20–22]. On distingue deux grands groupes de tumeurs
(fig. 29.10) ; hépatocytaires bénignes  : les lésions régénératives réac-
■ les angiomes scléreux ont un remplissage lent et incom- tionnelles – les hyperplasies nodulaires focales (HNF) – et
plet sur les temps tardifs ; les lésions tumorales –  les adénomes hépatocellulaires.
Chapitre 29. Tumeurs bénignes du foie en IRM   491

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g
Fig.  29.8 Hamartomes biliaires de découverte fortuite. Multiples nodules millimétriques en franc hyposignal T1 (flèches en (a)), en franc
hypersignal T2 (b), avec majoration du gradient signal foie-lésion sur la séquence T2 HASTE (c). L'ensemble des nodules est en hypersignal sur les
séquences de diffusion à b100 s/mm2 (d), disparaissant à b800 s/mm2 (e). Aspect en « ciel étoilé » sur les reconstructions MIP de la séquence de
bili-IRM 3D (f). Il n'existe pas de prise de contraste après injection de ces formations kystiques (g).

Ces deux groupes de lésions ont pour point commun de se tospécifiques [26]. Pour autant, tout n'est pas simple ; ainsi,
développer le plus souvent chez les femmes jeunes [20–22]. des formes particulières – dites atypiques – ou des terrains
Le diagnostic de ces lésions en imagerie est essentiel afin particuliers peuvent rendre le diagnostic d'HNF encore dif-
d'orienter la conduite à tenir. Celle-ci est variable, allant ficile. Les adénomes sont désormais classés en sous-types
de l'abstention thérapeutique à la résection chirurgicale, pathomoléculaires, notamment en fonction de leur profil
en passant par la surveillance ou la confirmation biop- IRM [27].
sique [20–22]. L'identification d'altérations moléculaires
au sein des lésions tumorales hépatocytaires bénignes a Hyperplasie nodulaire focale
ainsi permis, ces dernières années, de mieux comprendre
leur physiopathologie et leur tumorigenèse [23]. La cor- Épidémiologie
rélation des données génotypiques et phénotypiques des Décrite pour la première fois par Edmondson en 1958 [28],
adénomes hépatocellulaires semble importante pour orien- l'hyperplasie nodulaire focale (HNF) est une lésion hépa-
ter leur prise en charge [24]. Si le diagnostic et la prise en tique bien délimitée caractérisée par des nodules compo-
charge de ces lésions sont multidisciplinaires – impliquant sés d'hépatocytes normaux et contenant une prolifération
les cliniciens, hépatologues, chirurgiens et anatomopatho­ cholangiolaire sans canal biliaire interlobulaire, entourés
logistes  –, le radiologue est en première ligne pour leur plus ou moins complètement par les branches d'une étoile
étude sémiologique. fibreuse centrale. Il s'agit de la deuxième tumeur hépatique
L'IRM est aujourd'hui l'examen de référence pour la bénigne solide par ordre de fréquence après l'hémangiome,
caractérisation des tumeurs hépatocytaires bénignes [25], avec une prévalence estimée à 0,9 % [29]. Il existe une nette
parfois grâce à l'utilisation des produits de contraste hépa- prédominance féminine, avec un sex-ratio de 8 à 9 femmes
492   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

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g
Fig. 29.9 Exploration d'un nodule hépatique unique chez un patient présentant un adénocarcinome colique. Le nodule est en franc
hyposignal T1 (flèche en a), en franc hypersignal T2 (flèche en b), avec majoration du gradient foie-lésion sur la séquence T2 HASTE (flèche en c),
en hypersignal diffusion à b800 s/mm2 (flèche en d) mais avec un ADC élevé (flèche en e). Après injection de chélates de gadolinium, il existe sur
la séquence 3D T1 FS une prise de contraste typique en mottes périphériques discontinues dès le temps artériel (flèche en f), avec remplissage
progressif du nodule sur les séquences plus tardives (flèche en g).

pour 1 homme [30]. Les HNF sont généralement décou- L'HNF est donc caractérisée par une prolifération le
vertes de manière fortuite. De rares cas de douleurs abdomi- plus souvent polyclonale, sans mutation génétique soma-
nales peu spécifiques ont été rapportés. Le bilan biologique tique associée [32]. En revanche, une activation de la voie
est également normal, bien qu'une élévation isolée modérée β-caténine est classique, mais sans mutation du gène
des γ-GT soit possible [20]. β-caténine, à la différence des adénomes hépatocellulaires
du même nom et de certains carcinomes hépatocellulaires
Anatomopathologie (CHC). Cependant, cette suractivation se caractérise en
Macroscopiquement, les HNF sont généralement arrondies, immunohistochimie par un fort marquage de la glutamine
lobulées, bien limitées mais dépourvues de capsule. À la synthase, avec un aspect dit en carte de géographie caracté-
coupe, est généralement retrouvé un élément central (« cica- ristique [33].
trice fibreuse » ou « zone stellaire centrale »), principalement
dans les lésions de plus de 2 cm. Aspect typique de l'HNF en IRM
Microscopiquement, l'HNF est souvent comparée à une après injection de chélates de gadolinium
forme de « cirrhose locale ». Il existe une organisation en Les critères diagnostiques en IRM de l'HNF ont été propo-
travées hépatocytaires normales, séparées par des septums sés par Mattison et al., sur une analyse de six critères sur
fibreux, contenant des vaisseaux artériels dystrophiques des séquences d'IRM sans injection de produit de contraste
à parois épaisses, une prolifération cholangiolaire (canaux [27], puis ont surtout été complétés par Mathieu et al., grâce
biliaires anormaux, non communicants avec les voies à l'étude de la cinétique de prise de contraste de ces lésions
biliaires), et parfois un infiltrat inflammatoire essentielle- après injection dynamique de chélates de gadolinium [34].
ment lymphocytaire, à l'interface fibrose/nodules hépatocy- Les éléments pathognomoniques de l'HNF typique en
taires [31]. IRM, après injection de chélates de gadolinium convention-
Chapitre 29. Tumeurs bénignes du foie en IRM   493

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g h
Fig. 29.10 Masse hépatique de 15 cm hétérogène en échographie. La masse apparaît partiellement cloisonnée sur la séquence T1 (flèche en a),
avec un hypersignal sur la séquence de diffusion à b = 0 s/mm2 (flèche en b), diminuant à b = 800 s/mm2 (flèche en c), avec augmentation du
coefficient apparent de diffusion (flèche en d). La présence de prises de contraste en mottes périphériques discontinues dès le temps artériel (flèche
en e), augmentant progressivement sur les temps portal (f), veineux (g) et tardif (h) confirme le diagnostic d'angiome géant.

nels, reposent sur la mise en évidence des cinq caractéris- HNF et produits de contraste
tiques suivantes (fig. 29.12) : hépatospécifiques : vers des éléments
■ signal : un isosignal ou discret hyposignal T1, associé à spécifiques complémentaires ?
un isosignal ou discret hypersignal T2 ;
Les produits de contraste hépatospécifiques (chélates de
■ zone stellaire centrale : la présence d'une zone stellaire
gadolinium hépatospécifiques Gd-BOPTA, Multihance ®,
centrale en hypersignal T2, se rehaussant tardivement
Bracco ; Italie ou Gd-EOB-DTPA, acide gadoxétique,
après injection de chélates de gadolinium ;
Primovist® ou Eovist®, Bayer Schering) ont une excrétion
■ homogénéité : une homogénéité en dehors de la zone
biliaire [39]. L'entrée du produit de contraste hépatospé-
stellaire centrale ;
cifique dans la cellule hépatocytaire se fait par un trans-
■ cinétique de prise de contraste : une prise de contraste
porteur situé sur la membrane sinusoïdale de l'hépatocyte
artérielle intense homogène, et fugace, la lésion retrou-
qui appartient à la famille des organic anion-transporting
vant un isosignal au foie sur les temps portal et tardif ;
peptides (OATP). Le produit de contraste hépatospécifique
■ signe négatif : une absence de capsule.
est excrété dans la bile par un transporteur de la mem-
La majorité des études montrent que l'IRM a une valeur
brane canaliculaire de l'hépatocyte, la multiple resistance-­
diagnostique élevée pour l'HNF, avec une sensibilité d'envi-
associated protein 2 (MRP2). Les agents hépatospécifiques
ron 80 % et une spécificité de 98 % [20, 35], par la combinai-
s'accumulent dans les HNF du fait de l'absence de commu-
son de ces critères.
nication des canalicules biliaires intratumoraux avec le reste
Les HNF sont le plus souvent des lésions uniques ; elles
de l'arbre biliaire. L'HNF apparaît donc en hyper- ou en iso-
sont multiples dans 20 à 30 % des cas, avec un nombre
signal par rapport au foie adjacent à la phase hépatocytaire,
très variable d'HNF [36]. L'association avec l'hémangiome
à partir d'une heure après injection du produit de contraste
hépatique est classique, présente dans 20 à 23 % des cas
hépatospécifique pour le Gd-BOPTA, environ 20 minutes
[37, 38].
après l'injection pour le Gd-EOB-DTPA [40].
494   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

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g
Fig. 29.11 Découverte d'un nodule hépatique chez un patient présentant un adénocarcinome prostatique. Le nodule est en franc hypo-
signal T1 (flèche en a), en franc hypersignal T2 (flèche en b), avec majoration du gradient foie-lésion sur la séquence T2 HASTE (flèche en c), avec
un ADC élevé (flèche en d). Sur la séquence 3D T1 FS avec injection de gadolinium au temps artériel, il existe un rehaussement global du nodule
de même intensité que celle de l'aorte avec trouble de perfusion périphérique (flèche en e). Le rehaussement se poursuit à tous les temps avec
rehaussement global du nodule de même intensité que celle de l'aorte (flèche en e, f, g).

Plusieurs études se sont intéressées à l'apport des pro- à 100 % et une spécificité de 87 à 100 % pour le diagnostic
duits de contraste hépatospécifiques dans la caractérisation d'HNF en utilisant l'étude de la phase hépatocytaire après
des tumeurs hépatocytaires bénignes. Ainsi, Grazioli et al. injection d'acide gadoxétique [43].
ont montré un rehaussement des HNF dans 96,3 % des cas
3 heures après injection de Gd-BOPTA alors que la tota- Comment interpréter la phase hépatocytaire
lité des adénomes apparaissaient non rehaussés [41]. Une après injection de produit de contraste
étude récente utilisant le Gd-EOB-DTPA a montré que le hépatospécifique ?
contraste entre la lésion d'HNF et le foie adjacent était fai- Classiquement, à la phase hépatocytaire, l'HNF est en
blement positif, alors qu'il était fortement négatif pour les isosignal ou en hypersignal par rapport au foie adjacent,
adénomes. Le ratio du signal entre la lésion et le foie adja- après injection de produit de contraste hépatospécifique,
cent à la phase hépatocytaire permettant de différencier les sur les séquences 2D T1 écho de gradient (EG) en phase et
deux types de tumeurs hépatocytaires était de 0,97, avec en opposition de phase et sur les séquences 3D T1 EG avec
une sensibilité de 92 % et une spécificité de 91 % [26]. Une saturation du signal de la graisse. La séquence 3D T1 EG
autre étude a montré que la lecture de la phase hépatocytaire avec saturation du signal de la graisse, du fait de sa meil-
augmentait la sensibilité diagnostique de l'HNF : les HNF leure résolution spatiale, perd en résolution de contraste
étaient correctement diagnostiquées dans 74,3 à 97,1 % des et la prise de contraste de la lésion peut apparaître moins
cas avant la phase hépatocytaire et dans 97,1 à 100 % des intense que sur une séquence 2D  T1  EG. De plus, le
cas après lecture de la phase hépatocytaire [42]. Enfin, une signal de la lésion en phase hépatocytaire est évalué par
méta-analyse datant de 2015 retrouve une sensibilité de 91 rapport à celui du foie adjacent, lui-même influencé par
Chapitre 29. Tumeurs bénignes du foie en IRM   495

a b c

d e f
Fig. 29.12 Découverte d'un nodule du segment 4 hépatique chez une patiente de 35 ans sans antécédent. Le nodule est en isosignal T1
en phase (flèche en a), en isosignal T2 avec zone stellaire centrale en hypersignal T2 (flèche en b), avec un rehaussement intense et homogène
du nodule en dehors de la zone stellaire centrale (flèche en c). Le nodule redevient en isosignal au foie sur la séquence 3D T1 FS après injection
de Gd-BOPTA (Multihance®, Bracco, Milan, Italie) au temps portal (flèche en d) et reste iso-intense au foie avec rehaussement de la zone stellaire
centrale (tête de flèche en e). Au temps hépatocytaire 1 heure après injection de l'agent de contraste hépatospécifique (Gd-BOPTA), le nodule est
en hypersignal par rapport au foie, témoignant d'un rehaussement du nodule au temps hépatocytaire et confirmant le diagnostic d'hyperplasie
nodulaire focale (flèche en f).

des ­paramètres instrumentaux tels que le TE et l'angle de


bascule. Il peut donc être intéressant de réaliser plusieurs
séquences à la phase hépatocytaire, afin de ne pas man-
quer une prise de contraste lésionnelle. À noter que, dans
l'étude princeps de Grazioli et al. [41], l'étude de la phase
hépatocytaire avait porté uniquement sur les séquences
2D  T1  EG. Par ailleurs, certaines HNF prennent le
contraste uniquement en périphérie, en anneau, à la
phase hépatocytaire, avec un centre restant en hyposi-
gnal par rapport au foie adjacent [44]. Cet aspect ne doit
pas remettre en cause le diagnostic. Van Kessel et al. ont
ainsi proposé quatre patterns de rehaussement en phase
hépatocytaire des HNF : (1) un rehaussement homogène Fig.  29.13 Captation hétérogène par un nodule d'HNF de
Gd-BOPTA (Multihance®, Bracco, Milan, Italie) au temps hépato-
de la lésion  (fig.  29.12f ) ; (2) un rehaussement hétéro-
cytaire 1 heure après injection (flèche, séquence T1 suppression
gène de la lésion avec des zones d'hyposignal réparties au de graisse).
sein de la lésion (fig. 29.13) ; (3) un aspect isosignal de
l'HNF (fig. 29.14) ; (4) un rehaussement en couronne de
la lésion, laissant la zone stellaire centrale en hyposignal cement ratio (LLCER) était définie ainsi : LLCER = 100.
(fig. 29.15). Il est important de rappeler ici que l'analyse [(SITpost/SILVpost)-(SITpre/SILVpre)]/(SITpre/SILVpre) [45].
du signal des HNF en phase hépatocytaire dépend aussi Où SITpost et SILVpost sont les valeurs respectives de
du degré de rehaussement du parenchyme adjacent, lui- l'intensité de signal de la lésion et du foie sur la phase hépa-
même variable en fonction de la fonctionnalité hépatique, tocytaire et SITpre et SILVpre sont les valeurs respectives
et des possibles surcharges, notamment graisseuses (stéa- de l'intensité de signal des lésions et du foie avant injection
tose). Roux et al. ont récemment rapporté, dans une étude (mêmes paramètres d'acquisition qu'en phase hépatocytaire,
sur 67 lésions (40 HNF et 27 adénomes hépatocellulaires) séquences 3D EG T1). En utilisant une valeur de référence
que la quantification de la prise de contraste des lésions de –0,3  %, le LLCER permettait de distinguer les HNF
en phase hépatocytaire après injection de Gd-BOPTA (toutes avec LLCER positif) des adénomes hépatocellulaires
permettait d'améliorer encore les performances diagnos- avec une sensibilité de 100 % et une spécificité de 96 % [45].
tiques. La formule utilisée, liver to lesion contrast enhan- Un exemple de quantification est montré en figure 29.16.
496   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

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Fig. 29.14 HNF avec profil de capture homogène en phase hépatobiliaire après injection de Gd-BOPTA (Multihance®, Bracco, Milan,
Italie). Le nodule apparaît en isosignal au foie sur les séquences T1 avant injection (flèche en a) avec une prise de contraste artérielle homogène
du nodule (flèche en b), avec une captation homogène à celle du foie au temps hépatobiliaire (flèche en c).

Fig. 29.15 HNF avec profil de capture en couronne. Le nodule apparaît en discret hyposignal au foie sur les séquences T1 avant injection (flèche
en a) avec une captation en couronne au temps hépatobiliaire (flèche en b).

a b c
Fig. 29.16 Patient de 45 ans avec découverte fortuite d'un nodule hypervasculaire de la pointe du segment 6 (flèche en a) évocateur
d'HNF. La comparaison du gradient de rehaussement lésion/foie mesuré avant (b) et en phase hépatobiliaire (c) une heure après injection de
Gd-BOPTA (Multihance®, Braco, Milan, Italie) (liver to lesion contrast enhancement ratio) permet de retrouver une captation relative estimée à
+ 17 %, en faveur d'une surexpression nodulaire des récepteurs OATP, ce qui confirme l'hypothèse d'HNF.

Formes atypiques – pièges diagnostiques L'hyperplasie nodulaire focale


Si les formes typiques d'HNF sont aisées à reconnaître en chez l'homme existe-t-elle ?
IRM, certaines formes sont de diagnostic difficile et en Il est classiquement admis que l'HNF est beaucoup moins
particulier malaisées à différencier de l'adénome. Certains fréquente chez l'homme que chez la femme. Le ratio homme-
pièges « classiques » peuvent néanmoins être évités. femme de la survenue de cette lésion est de 1 pour 8 [29]. Les
Rappelons cependant ici d'emblée qu'en cas d'atypie cli- lésions d'HNF chez l'homme sont de plus petite taille, plus sou-
nique, biologique ou morphologique, et en particulier si le vent atypiques en IRM, et l'âge au moment du diagnostic est
diagnostic d'HNF ne peut pas être posé de manière formelle généralement plus tardif que chez la femme [46]. Le diagnostic
en imagerie, une documentation anatomopathologique est d'HNF chez l'homme à l'imagerie sera donc très prudent, en
nécessaire. La biopsie percutanée doit être proposée en pre- s'attachant au respect strict des critères IRM permettant ce dia-
mière intention ; il est souhaitable de prélever le centre de la gnostic de façon non invasive (fig. 29.17). En l'absence d'un de
lésion, et un prélèvement en foie sain concomitant facilite ces critères, un avis dans un centre spécialisé est recommandé
également l'interprétation. et une biopsie percutanée sera réalisée au moindre doute.
Chapitre 29. Tumeurs bénignes du foie en IRM   497

a b c

d e f
Fig. 29.17 Découverte d'un nodule hépatique de 35 mm du segment 5 sur foie stéatosique chez un homme de 54 ans. Caractérisation.
Séquences en T1 en phase (a) et T1 en opposition de phase (b) mettant en évidence la stéatose hépatique. Le nodule est en hyposignal sur les
séquences T1 FS (flèche en c), prend le contraste au temps artériel (flèche en d) et reste en hypersignal par rapport au foie sur la séquence T1 FS
après injection de chélates de gadolinium hépatospécifiques au temps veineux (e). La séquence T1 FS au temps hépatocytaire (f) retrouve une
captation nodulaire périphérique du produit de contraste (flèche). La biopsie du nodule a confirmé le diagnostic d'hyperplasie nodulaire focale.

Les hyperplasies nodulaires focales multiples cas, la présence de graisse modifie les caractéristiques de
existent-elles ? signal de la lésion par rapport au foie sous-jacent, rendant
Environ 20 % des patients présentent au moins deux lésions le diagnostic différentiel avec un adénome difficile et pou-
d'HNF [29]. Il est donc classique de découvrir plusieurs vant requérir l'aide diagnostique de produits de contraste
nodules d'HNF chez un même patient. hépato_spécifiques, voire une biopsie percutanée afin de
poser le diagnostic d'HNF.
Toute lésion hypervasculaire est-elle La présence d'une zone stellaire centrale est-elle
hépatocytaire ? synonyme d'hyperplasie nodulaire focale ?
La prise de contraste artérielle d'un nodule n'est pas spé- Il s'agit d'une question complexe ! Séparons d'abord les
cifique de son caractère hépatocytaire. En effet, la gamme problématiques.
des lésions hépatiques hypervasculaires comprend certes les
tumeurs hépatocytaires (adénome, HNF, CHC), mais aussi L'absence de zone stellaire centrale exclut-elle le diagnostic
les lésions vasculaires (trouble de perfusion, angiome), ainsi d'hyperplasie nodulaire focale ?
que les métastases de tumeurs hypervasculaires (carcinome La zone stellaire centrale en hypersignal T2, se rehaussant
médullaire de la thyroïde, tumeur neuro-endocrine, du rein, au temps veineux, fait partie des critères diagnostiques de
sarcome, mélanome) qui peuvent représenter un diagnostic l'HNF en IRM. Cependant, dans de nombreux cas, cette
différentiel difficile. zone stellaire centrale n'est pas formellement visualisée à
l'IRM. Il est maintenant reconnu qu'elle peut ne pas être
La présence de graisse exclut-elle le diagnostic visualisée dans les lésions d'HNF de petite taille, c'est-à-dire
d'hyperplasie nodulaire focale ? en dessous de 3 cm de plus grand diamètre. Si tous les autres
La transformation graisseuse de l'HNF est rare [47]. Dans critères diagnostiques sont présents, en l'absence d'anté-
une étude de 2004, 85 % des HNF classées comme atypiques cédents notables, on peut retenir le diagnostic d'HNF en
présentaient de la graisse intralésionnelle [48]. L'hypothèse l'absence de zone stellaire centrale pour les lésions de moins
d'une extension à l'HNF d'une stéatose hépatique sous- de 3 cm [29, 35]. Là encore, l'échographie de contraste peut
jacente a été émise [25]. être utile car elle est plus sensible pour la détection de la
Lorsqu'elle est la seule atypie, et ce d'autant que le foie zone stellaire centrale [49].
sous-jacent est stéatosique, l'hypersignal sur les séquences Une IRM avec injection de produit de contraste hépato­
T1 lié à la présence de graisse au sein de l'HNF ne doit pas spécifique et étude au temps hépatocytaire peut sinon
remettre en cause le diagnostic (fig. 29.18). Dans d'autres apporter un argument diagnostique additionnel.
498   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

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Fig. 29.18 Découverte fortuite de plusieurs nodules hépatiques chez une patiente de 29 ans sans antécédent. Masse de 8 cm du foie
droit et de 3,5 cm du lobe gauche en isosignal T1 en phase (flèches en a) dont le signal chute sur la séquence T1 en opposition de phase (flèches
en b), en rapport avec la présence de graisse intralésionnelle. Ces nodules sont en isosignal sur la séquence T2 FS avec une zone stellaire centrale
en hypersignal T2 (flèches en c), prennent le contraste au temps artériel de façon homogène en dehors de la zone stellaire centrale (flèches en d),
avec une prise de contraste de la zone stellaire centrale au temps veineux (flèches en e). Les nodules captent le Gd-BOPTA de la même manière en
phase hépatobiliaire (flèches en f). L'aspect est en faveur d'hyperplasies nodulaires focales multiples stéatosiques.

La présence d'une zone stellaire centrale permet-elle Par ailleurs, certaines formes de CHC peuvent être en
d'affirmer le diagnostic d'hyperplasie nodulaire focale ? iso- ou en hypersignal au foie adjacent au temps hépato­
L'hypersignal T2 de la zone stellaire centrale ainsi que sa cytaire [53–55]. La prise de contraste d'un nodule au temps
prise de contraste au temps veineux sont indispensables hépatocytaire ne permet donc pas de conclure simplement
pour poser un diagnostic d'HNF. En effet, un hyposignal T2 au diagnostic d'HNF. Il est fondamental d'analyser le terrain,
de la zone stellaire centrale est très atypique et nécessite un la morphologie du foie et les caractéristiques du nodule en
complément d'investigations afin d'écarter en particulier le contraste spontané, ainsi que lors des phases dynamiques
diagnostic de CHC de type fibrolamellaire. En revanche, il après injection de produit de contraste, avant de poser un
ne faut pas confondre l'artère centrale, que l'on peut parfois diagnostic d'HNF.
voir en hyposignal T2 (fig. 29.19), et une zone stellaire cen-
trale en hyposignal T2. Il peut parfois être utile d'attendre L'échographie de contraste : une technique
plusieurs minutes après injection de produit de contraste en complémentaire de l'IRM pour le diagnostic
IRM pour identifier le rehaussement de la zone stellaire cen- d'hyperplasie nodulaire focale
trale. Par ailleurs, certains adénomes, en particulier de type
L'échographie avec injection intraveineuse de produit de
inflammatoire, peuvent aussi présenter une zone stellaire
contraste ultrasonore permet de visualiser en temps réel
centrale.
l'artère centrale pénétrant la lésion : la prise de contraste
de l'HNF est précoce, de type centrifuge, en rayons de
La prise de contraste au temps hépatocytaire roue, précédant celle du parenchyme normal. La lésion
après injection d'un produit de contraste est complètement rehaussée, en dehors de la zone stellaire
hépatospécifique à l'IRM est-elle synonyme centrale, à la fin de la phase artérielle, et devient hyper­
d'hyperplasie nodulaire focale ? échogène par rapport au parenchyme hépatique adjacent.
Certains adénomes peuvent être en iso- ou en hyper­ Aux phases portale et tardive (60 secondes à 3 minutes),
signal sur les séquences T1 par rapport au foie adjacent au une discrète hyperéchogénicité ou isoéchogénicité de la
temps hépatocytaire [26, 42, 50], en particulier les formes lésion persiste dans la plupart des cas. La zone stellaire
inflammatoires [51, 52]. Dans une méta-analyse récente, centrale ne se rehausse pas au temps tardif, mais reste
les auteurs retrouvaient entre 0 % et 67 % d'adénomes en hypoéchogène à tous les temps du fait du caractère stric-
iso- ou en hypersignal par rapport au foie adjacent au temps tement intravasculaire du produit de contraste utilisé en
hépatocytaire [43]. échographie [56, 57].
Chapitre 29. Tumeurs bénignes du foie en IRM   499

a b c
Fig. 29.19 Nodule d'hyperplasie nodulaire focale chez une patiente de 20 ans. L'artère centrale est en hyposignal sur les séquences T2 FS
(tête de flèche en a), bien rehaussée au temps artériel précoce (tête de flèche en b). La zone stellaire centrale est bien en hypersignal T2 (tête de
flèche en c).

Dans la littérature, la sensibilité de l'échographie de ■ les adénomes mutés HNF1α (35 à 45 %), caractérisés
contraste pour le diagnostic d'HNF varie selon les études par leur stéatose marquée et leur évolution bénigne
entre 80  et 100  %, pour une spécificité entre 85  et 95  % [51], motivant une approche conservatrice. La phy-
[58, 59]. Roche et al. ont récemment suggéré que les per- siopathogénie de ces adénomes est liée à la mutation
formances de l'échographie avec injection de produit de bi-allélique inactivant le gène TCF1 [64]. Ce gène sup-
contraste étaient fortement dégradées pour les lésions de plus presseur de tumeur code pour la protéine HNF1α. La
de 35 mm de plus grand diamètre, poussant à recommander mutation de HNF1α peut être somatique ou germinale
l'IRM hépatique pour les lésions de grande taille [60]. (10 %). Des mutations constitutionnelles de TCF1 sont
aussi la cause du diabète MODY3 (mature onset diabetes
of the youth) [65]. La mutation bi-allélique inactivatrice
Adénomes hépatocellulaires du gène TCF1, codant pour la protéine HNF1α, est res-
Épidémiologie ponsable d'une répression du gène LFABP codant pour
Comme pour les HNF, les adénomes hépatocellulaires sont la protéine liver fatty binding protein 1 ; la perturbation
majoritairement développés chez la femme jeune, entre 30 du trafic des acides gras intracellulaires qui en résulte
et 40 ans, avec un sex-ratio de 9 femmes pour 1 homme [21]. semble contribuer à une augmentation de la lipogenèse
En revanche, contrairement à l'HNF, la contraception orale, et à l'apparition de la stéatose caractéristique de ce type
la prise de stéroïdes anabolisants, ou certaines maladies de d'adénomes [24] ;
surcharge métaboliques (glycogénoses, galactosémie, etc.) ■ les adénomes mutés β-caténine (15 à 20 %), caractérisés
sont des facteurs favorisants connus [61]. par leur fréquence de survenue proportionnellement
Comme pour les HNF, les adénomes hépatocellulaires plus élevée chez les hommes et leur risque élevé de
restent le plus souvent asymptomatiques. En revanche, transformation en CHC (30 à 40 %) [66]. La physiopa-
certaines formes d'adénomes peuvent être révélées par un thogénie de ces adénomes est liée à des mutations soma-
saignement (hémopéritoine, hématome sous-capsulaire du tiques inhibitrices du gène CTNNB1, qui entraînent une
foie), risque reconnu pour les adénomes de plus de 5 cm [22]. phosphorylation de la β-caténine, ce qui a pour consé-
quence une activation nucléaire des gènes cibles de la
β-caténine. La voie Wnt/β-caténine joue un rôle essen-
Rappel de la classification moléculaire tiel dans les phénomènes de différenciation hépatique,
des adénomes renouvellement de cellules souches, adhésion cellulaire,
Les adénomes hépatocellulaires constituent un groupe prolifération et régénération hépatique. La β-caténine
hétérogène de tumeurs, dont le potentiel évolutif en carci- semble être une molécule sur laquelle aboutissent de
nome hépatocellulaire (CHC) et le risque de complications nombreuses voies d'activation et dont les mutations
hémorragiques sont étroitement liés à leurs caractéristiques entraînent une tumorigenèse par activation. Ces ano-
moléculaires [62]. malies génotypiques se traduisent en immunohisto-
Les adénomes sont en effet caractérisés par une prolifé- chimie par une surexpression de la β-caténine et de la
ration tumorale monoclonale bénigne d'hépatocytes bien glutamine synthase, notamment dans le noyau hépato-
différenciés, richement vascularisée, sans espace porte com- cytaire. L'hyperexpression de la β-caténine réalise un
plètement constitué, ni canal biliaire interlobulaire. Des cel- immunomarquage cytoplasmique et nucléaire aber-
lules de Küpffer en faible nombre et non fonctionnelles sont rant mais souvent focal au sein de la tumeur, rendant
souvent retrouvées dans les adénomes. Les hépatocytes tumo- sa détection parfois difficile et aléatoire. En revanche,
raux sont plus gros que les hépatocytes normaux et souvent la glutamine synthétase, protéine exprimée par le gène
riches en glycogène ou en lipides. En fonction du génotype cible de la β-caténine, est souvent exprimée de façon
d'adénomes, la présence de stéatose intratumorale, d'infiltrats intense et diffuse dans ce type d'adénome ;
inflammatoires et de dilatation sinusoïdale est variable. ■ les adénomes inflammatoires (35 à 40 %), caractérisés par
On distingue quatre types moléculaires d'adénomes [24, leur survenue préférentielle chez des patients présentant un
62, 63] : contexte d'obésité, voire un syndrome métabolique ou un
500   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

foie de stéatohépatite. Ces adénomes ont un risque hémor- portal et tardif » avait une valeur prédictive positive
ragique plus élevé lorsque leur taille dépasse 5 cm [22]. (VPP) de 88,5 %, une valeur prédictive négative (VPN)
Une mutation associée du gène β-caténine peut exister chez de 84 %, une sensibilité de 85,2 % et une spécificité de
environ 10 % de ce sous-type d'adénome, avec un risque 87,5 % pour le diagnostic moléculaire d'adénome inflam-
d'évolutivité vers le CHC. Cependant, la physiopathogénie matoire (fig. 29.20) ;
de ces adénomes est liée dans environ 60 % des cas à des ■ les adénomes stéatosiques suspects d'être mutés HNF1α
mutations du gène Il6ST induisant l'activation de l'onco- présentent un iso- ou discret hypersignal T2, avec une
gène gp130, intervenant dans la voie de signalisation de franche chute de signal globale et homogène entre les
l'interleukine 6 [67]. Il peut également exister une hyperxe- séquences en phase et en opposition de phase, corres-
pression de la protéine gp 130 entraînant la prolifération pondant à une surcharge graisseuse occupant la majo-
hépatocytaire par activation de la voie STAT3. Ces adé- rité de la lésion. Le rehaussement est modéré à la phase
nomes expriment donc les protéines de la phase aiguë de artérielle, avec un iso- ou hyposignal par rapport au foie
l'inflammation, notamment la protéine amyloïde A sérique adjacent sur les séquences plus tardives. D'après l'étude
(SAA) et la protéine C réactive (C reactive protein [CRP]). de Laumonier et al. [68], le signe « chute de signal globale
Cela peut être mis en évidence en immunohistochimie, et homogène entre les séquences en phase et en opposi-
avec une surexpression de SAA et CRP par les hépatocytes, tion de phase » a une VPP de 100 %, une VPN de 94,7 %,
indépendamment de la présence d'éléments inflamma- une sensibilité de 86,7  % et une spécificité de 100  %
toires au sein de la tumeur ; pour le diagnostic moléculaire d'adénome muté HNF1α
■ les adénomes non classés (10 à 20 %), sans caractéristique (fig. 29.21). Pour Ronot et al., la sensibilité de l'IRM pour
moléculaire ou phénotypique connue à ce jour. le diagnostic d'adénome stéatosique pourrait atteindre
90,9 % pour une spécificité de 88,9 % [69] ;
Sémiologie IRM ■ le sous-type des adénomes mutés β-caténine n'est actuel-
La sémiologie IRM des adénomes apparaît corrélée en par- lement pas caractérisable en imagerie.
tie avec leur génotype, au moins concernant les adénomes Récemment, Ba-Ssalamah et al. ont suggéré que l'étude
mutés HNF1α et les adénomes inflammatoires [68] : de la phase hépatocytaire après injection de Gd-EOB-DTPA
■ les adénomes inflammatoires présentent un iso- ou pouvait optimiser la caractérisation des sous-types d'adé-
hypersignal T1, un franc hypersignal en T2, une prise nomes [70]. Chez 29 patients avec 43 adénomes hépato­
de contraste à la phase artérielle, un hypersignal par rap- cellulaires, 83 % des adénomes mutés β-caténines et 29 %
port au foie adjacent sur les séquences plus tardives. Des des adénomes inflammatoires présentaient un iso- ou
plages de stéatose ou de remaniements hémorragiques hypersignal contre aucun des adénomes stéatosiques et non
intratumoraux sont possibles. Dans l'étude de Laumonier classés. Ces résultats sont encore à confirmer à plus large
et al. [68], l'association des signes « franc hypersignal échelle.
T2 », c'est-à-dire au moins égal à celui de la rate, et de Un résumé du lien entre génotype/phénotype et aspect
« rehaussement persistant sur les séquences aux temps IRM des adénomes hépatocellulaires est présenté au
tableau 29.2.

a b c

d e
Fig. 29.20 Découverte fortuite d'un nodule sous-capsulaire du foie droit de 20 mm chez une patiente de 40 ans sans antécédent. Le
nodule est en isosignal T1 (flèche en a), en hypersignal T2, au moins égal à celui de la rate (flèche en b), avec une prise de contraste artérielle du
nodule (flèche en c). Le nodule reste en hypersignal par rapport au foie sur la séquence 2D T1 FS au temps tardif à 3 minutes (flèche en d), mais le
nodule présente un défaut de capture en phase hépatobiliaire acquise 1 heure après injection de Gd-BOPTA (flèche en e) : l'aspect est celui d'un
adénome inflammatoire.
Chapitre 29. Tumeurs bénignes du foie en IRM   501

a b c

d e f

g
Fig. 29.21 Découverte d'un nodule graisseux du segment 7 chez une femme de 42 ans sans antécédent. Le nodule est en isosignal T1
(flèche en a), avec une chute de signal du nodule sur la séquence T1 en opposition de phase en rapport avec la présence de graisse intracellulaire
(flèche en b), et un isosignal T2 (flèche en c). Sur la séquence 3D EG T1 après injection de Gd-BOPTA, il existe une prise de contraste artérielle du
nodule (flèche en d), avec hyposignal au temps portal (flèche en e) et au temps veineux (f) et avec un défaut de capture du Gd-BOPTA en phase
hépatobiliaire (g) : l'aspect est celui d'un adénome muté HNF1α.

Tableau 29.2 Principales caractéristiques cliniques, génotypiques, phénotypiques et IRM des différents


sous-types d'adénomes.
Type d'adénome Terrain Génotype, phénotype IRM Risque évolutif
Adénomes avec Mutations HNF1α Mutation inactivatrice du Multiples, petite taille Rare
mutation TCF1/HNF1α germinales (diabète gène TCF1/HNF1α Chute homogène du
(stéatosiques) MODY3) IHC : LFABP– signal en T1 opposition
35–40 % Contraception orale Stéatose marquée, sans de phase
réaction inflammatoire
ni atypie cytonucléaire
Adénomes Homme Mutation du gène β-caténine Pas de profil typique Risque de
avec mutation Contraception orale IHC : surexpression nucléaire dégénérescence maligne
CTNNB1/β-caténine Glycogénose de la β-caténine et diffuse de (30–40 %)
10–15 % la glutamine synthétase
Fréquentes anomalies
cytologiques, formations
pseudoglandulaires
Adénomes avec Obésité/alcool, syndrome Mutation gp130 (+ 10 % Grande taille Risque hémorragique
mutation Il6-gp130/ métabolique mutés β-caténine) Franc hyper-T2 (30 %)
STAT3 Contraception orale IHC : surexpression de CRP, Hyper-T1 non lié Risque de dégénérescence
(inflammatoires ou Glycogénose SAA à la graisse maligne (10 %)
télangiectasiques) Syndrome inflammatoire Infiltrat inflammatoire Rehaussement intense,
50 % biologique fréquent lymphocytaire, vaisseaux précoce, et hétérogène,
dystrophiques persistant au temps tardif
Adénomes sans Contraception orale Pas de profil typique Pas de profil typique Non connu
mutation spécifique Glycogénose
10 %

CRP : protéine C réactive ; IHC : immunohistochimie ; SAA : protéine amyloïde A sérique.


502   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

Adénomes hépatocellulaires et échographie Son diagnostic peut être évoqué en IRM sans pouvoir
après injection de produit de contraste porter un diagnostic formel. Il se présente généralement
ultrasonore sous forme d'un nodule bien limité, non encapsulé, avec
un hypersignal T1 sur les séquences T1 en phase, avec une
En échographie de contraste, la cinétique de rehaussement
chute de signal non systématique sur les séquences T1 en
des adénomes n'est pas spécifique. Elle peut être centripète ou
opposition de phase et les séquences T1 fat sat, un hypersi-
mixte [71]. Une étude récente a exploré les différents aspects
gnal T2, et une prise de contraste artérielle persistant sur les
en échographie de contraste des adénomes en fonction de leur
temps tardifs (fig. 29.22).
profil histomoléculaire. Les adénomes mutés HNF1α étaient
hyperéchogènes en mode B, isovasculaires au foie ou modéré-
ment hypervasculaires après injection de microbulles, avec un Pseudotumeur inflammatoire
remplissage de type mixte, et isoéchogènes au foie aux temps Les tumeurs pseudo-inflammatoires hépatiques constituent
portal et tardif. Les adénomes inflammatoires étaient hyper- une entité rare dont la physiopathologie reste méconnue
vasculaires au temps artériel, avec un remplissage centripète, [74, 75]. Plusieurs hypothèses ont été avancées, la principale
avec des vaisseaux linéaires, un rehaussement périphérique étant que cette lésion serait la conséquence d'une réaction
marqué et un lavage central aux temps portal et tardif [72]. inflammatoire liée à une infection microbienne chronique
du tractus digestif, à travers le réseau porte. Les patients pré-
Peut-on formellement diagnostiquer sentant une pseudotumeur inflammatoire hépatique sont la
un adénome de manière non invasive ? plupart du temps asymptomatiques, ou peuvent présenter
En pratique, cette question se pose uniquement pour les adé- de la fièvre ou des douleurs de l'hypochondre droit. Un syn-
nomes stéatosiques suspects d'être mutés HNF1α, puisque drome inflammatoire biologique et une cytolyse hépatique
toutes les autres lésions suspectes d'être des adénomes doivent sont souvent retrouvés [76–78].
bénéficier au moins d'une biopsie hépatique afin de rechercher Les pseudotumeurs inflammatoires en IRM sont géné-
la mutation β-caténine, facteur de risque d'évolution vers le ralement iso- ou hypo-intenses sur les séquences pon-
CHC. La corrélation entre l'IRM et le diagnostic anatomopa- dérées en T1, iso- ou hyperintenses sur les séquences
thologique et immunohistochimique du sous-type d'adénome pondérées en T2. Le rehaussement est habituellement
est excellente pour les adénomes stéatosique et inflammatoire, modéré, le plus souvent périphérique, et elles présentent
mais n'a été étudiée jusqu'alors que dans une population d'adé- la plupart du temps des zones nécrotiques centrales
nomes [68, 69]. En ce qui concerne l'adénome stéatosique, (fig. 29.23). Dans 80 % des cas, il s'agit d'une lésion unique
suspect d'être muté HNF1α, le diagnostic différentiel avec dans le lobe hépatique droit. Elle comprime exceptionnel-
un CHC repose en grande partie sur l'existence ou non d'une lement les canaux biliaires [74, 76, 77].
hépatopathie sous-jacente et la prise de contraste artérielle du Beaucoup de formes atypiques ont été décrites : lésions
CHC, car la chute de signal globale et homogène en T1 oppo- multiples, formes multikystiques, formes nécrotiques
sition de phase, très spécifique de l'adénome stéatosique muté mimant un abcès [79].
HNF1α dans une population d'adénomes, peut très bien se
rencontrer dans le CHC, ce d'autant plus qu'ils sont de petite Hémangio-endothéliome épithéloïde
taille [47]. Cela incite à la prudence et à la surveillance rap-
prochée des adénomes étiquetés stéatosiques suspects d'être Il s'agit d'une tumeur d'origine vasculaire à potentiel malin,
mutés HNF1α n'ayant pas bénéficié d'une preuve anatomopa- rare, environ 1/1 000 000, avec une discrète prépondérance
thologique et immunohistochimique. féminine [80, 81]. Il en existe deux formes : la forme locali-
sée ou nodulaire et la forme diffuse, par évolution confluente
Comment prendre en charge un patient des nodules.
avec adénome hépatocellulaire ? L'évolution se fait vers le développement d'une fibrose
péritumorale. Dans plus de 20 % des cas, il existe des calcifi-
Un algorithme de prise en charge a été récemment pro- cations intratumorales [82].
posé par Nault et  al. [73]. Retenons-en deux points En IRM, les lésions sont en général hypo-intenses en T1,
fondamentaux : hyperintenses en T2, avec des zones hypo-intenses en T1
■ les adénomes sont rares chez l'homme, et la présence et en T2 correspondant aux calcifications. L'aspect en cible
d'un nodule hépatocytaire chez un homme doit faire avec une couronne périphérique en hypersignal T1 et hypo-
avant tout évoquer un CHC. Dans ce contexte, la biopsie signal T2, en rapport avec des vaisseaux thrombosés, serait
ou la résection sont souvent indiquées ; évocateur d'hémangio-endothéliome épithélioïde. Après
■ le risque hémorragique des adénomes – notamment injection de gadolinium, la tumeur se rehausse précocement
inflammatoires – au-delà de 5 cm est admis, et peut faire essentiellement en périphérie, avec une prise de contraste
discuter une résection, en l'absence de réduction de taille périphérique persistante correspondant aux zones de fibrose
à l'arrêt des contraceptifs oraux. péritumorale (fig. 29.24) [83–85].

Autres lésions
Lésions vasculaires
Angiomyolipome
L'angiomyolipome est une tumeur mésenchymateuse dont Hyperplasie nodulaire régénérative
la localisation intrahépatique est rare. Il présente un risque Un diagnostic différentiel classique de l'hyperplasie nodu-
théorique de saignement et de dégénérescence. laire focale (HNF) est l'hyperplasie nodulaire régénérative
Chapitre 29. Tumeurs bénignes du foie en IRM   503

a b c

d e f
Fig. 29.22 Découverte d'une tumeur graisseuse de 15 mm du foie chez un patient de 60 ans sans antécédent en particulier, et sans
hépatopathie chronique. La biopsie de ce nodule est en faveur d'un angiomyolipome. Le nodule est en discret hypersignal en phase (flèche en a),
avec une chute du signal du nodule sur la séquence T1 en opposition de phase (b), mais également en T1 FS (c), témoignant de la présence
de graisse intracellulaire, mais également en T1 FS (flèche en b et c). Le nodule est en hypersignal T2 modéré (flèche en d), avec une prise de
contraste du nodule sur la séquence 3D T1 FS au temps artériel (flèche en e), avec un hyposignal du nodule sur la séquence 3D T1 FS au temps
portal (flèche en f).

Fig. 29.23 Patiente de 39 ans. Douleurs abdominales, fièvre et perturbations du bilan hépatique. L'IRM en pondération T2 FS (a) et T1 FS en
phase veineuse après injection de chélates de gadolinium (b) retrouve une lésion kystique multilobulée du foie gauche mesurant 10 × 10 cm,
hétérogène, avec un rehaussement périphérique et des cloisons (flèches en a et b). Le diagnostic de pseudotumeur inflammatoire est confirmé
en anatomopathologie.

(HNR) dans sa forme pseudotumorale multi-acinaire qui Péliose hépatique


peut mimer l'HNF chez des patients présentant un contexte La péliose hépatique est caractérisée par la présence de cavi-
clinique particulier : maladies systémiques (polyarthrite tés sanguines de taille variable en rapport avec la dilatation
rhumatoïde, sclérodermie, lupus), maladies hématolo- non homogène des sinusoïdes hépatiques aboutissant à
giques, certains médicaments (azathioprine, 6-thioguanine, la formation de « lacs sanguins » [88]. Ces cavités peuvent
chimiothérapie - en particulier oxaliplatine), anomalies vas- être bordées ou non par un endothélium. Il existe deux
culaires hépatiques congénitales, greffe hépatique ou rénale, formes de péliose : une forme parenchymateuse constituée
VIH, insuffisance cardiaque, maladie cœliaque, syndrome de cavités irrégulières non bordées par un endothélium et
de Budd-Chiari chronique. Classiquement, l'HNR prend le la forme phlébectatique caractérisée par des cavités régu-
contraste à la phase hépatocytaire après injection de produit lières bordées par un endothélium. La péliose est idiopa-
de contraste hépatospécifique et n'a pas de zone stellaire thique dans 20 à 50 % des cas. Ses principales causes sont :
centrale (fig. 29.25) [86, 87].
504   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

a b c

d e f
Fig. 29.24 Découverte fortuite d'un nodule de 35 mm de la jonction des segments 7 et 8 chez une patiente de 42 ans sans antécédent.
Le nodule est en hyposignal sans graisse intralésionnelle (flèche en a et b), en hypersignal T2 en cible avec hyposignal périphérique (flèche en c). Sur
les séquences 3D T1 FS après injection de chélates de gadolinium, il existe une fine prise de contraste périphérique au temps artériel (flèche en d),
avec une prise de contraste périphérique progressive en cocarde au temps portal (flèche en e) et veineux (flèche en f). La biopsie réalisée était en
faveur d'un hémangio-endothéliome épithélioïde.

Fig. 29.25 Patient de 69 ans traité pour cancer du côlon, en rémission après chimiothérapie néo-adjuvante combinant des sels de
platine. Apparition de nodules hépatiques visibles sur la séquence 3D T1 EG FS avant injection (flèche en a) avec une captation périphérique du
produit de contraste en faveur du caractère hépatocytaire du nodule (flèche en b). La biopsie d'un de ces nodules pose le diagnostic d'hyperplasie
nodulaire régénérative.

médicamenteuses (azathioprine, corticoïdes, contraception, l'aspect d'un trouble de perfusion plus ou moins diffus dont
etc.), infectieuses (pyélonéphrite, tuberculose, maladie des l'aspect est réticulé. Ces anomalies sont caractéristiques
griffes du chat, lèpre), tumorales (syndrome myéloproliféra- et sont secondaires à la stagnation du sang dans les sinu-
tif, leucémie, maladie de Hodgkin). On peut constater une soïdes. Elles sont mieux visibles au temps artérioportal ou
régression spontanée des lésions après traitement du facteur portal ; elles s'estompent au temps tardif et sont mal visibles
déclenchant. au temps artériel précoce. Les lésions de péliose sont le plus
L'aspect en imagerie est très polymorphe, sans signe vrai- souvent en hyposignal T1 en IRM. Cependant, elles peuvent
ment spécifique [89]. Le diagnostic de certitude est anato- apparaître en hypersignal T1 spontané en rapport avec des
mopathologique. Les nodules de péliose peuvent ainsi être remaniements hémorragiques [91]. L'hypersignal T2 est
multiples ou uniques prenant l'aspect de pseudotumeur classique dans la péliose.
hépatique [90–92]. Les lésions peuvent être également Après injection, la prise de contraste est souvent poly-
infracentimétriques ou peuvent prendre un aspect réticulé morphe. La persistance d'une prise de contraste tardive est
« en mosaïque ». Cet aspect réticulé se présente sous la le signe le plus constant dans la description sémiologique de
forme d'hypodensités linéaires après injection de produit la péliose [89].
de contraste en rapport avec la dilatation des sinusoïdes Au total, l'IRM est au cœur de la prise en charge des tumeurs
intrahépatiques. Cette dilatation des sinusoïdes hépatiques a bénignes du foie. La maîtrise de l'instrumentation, le recours
Chapitre 29. Tumeurs bénignes du foie en IRM   505

éventuel à des produits de contraste hépatospécifiques – a series of 41 patients with clinical, radiological, and pathological
récemment proposé par une conférence de consensus [93] correlations. Hepatology 1995 ; 22(6) : 1674–81.
(voir « Avertissement » p. 480)– sont des préalables indispen- [21] Belghiti J, Pateron D, Panis Y, et al. Resection of presumed benign
liver tumours. Br J Surg 1993 ; 80(3) : 380–3.
sables à la connaissance séméiologique. Enfin, il faut savoir
[22] Dokmak S, Paradis V, Vilgrain V, et al. A single-center surgical expe-
en cas de doute diagnostique partager les données d'imagerie rience of 122 patients with single and multiple hepatocellular adeno-
lors de réunions de concertations pluridisciplinaires dans des mas. Gastroenterology 2009 ; 137(5) : 1698–705.
centres d'expertise, permettant de standardiser et fiabiliser la [23] Rebouissou S, Bioulac-Sage P, Zucman-Rossi J. Molecular patho­
prise en charge de ces lésions, dont le diagnostic différentiel genesis of focal nodular hyperplasia and hepatocellular adenoma.
avec des lésions évolutives peut parfois être difficile. J Hepatol 2008 ; 48(1) : 163–70.
[24] Bioulac-Sage P, Rebouissou S, Thomas C, et al. Hepatocellular ade-
noma subtype classification using molecular markers and immuno-
Références histochemistry. Hepatology 2007 ; 46(3) : 740–8.
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Chapitre
30
L'IRM hépatique dans la
prise en charge des lésions
secondaires hépatiques
F. Legou, M. Chiaradia, L. Baranes, F. Pigneur, B. Zegai, M. Djabbari, C. Tournigand,
F. Brunetti, A. Laurent, J. Calderaro, D. Azoulay, H. Kobeiter, A. Luciani, A. Rahmouni

PLAN DU CHAPITRE
Prise en charge médicochirurgicale Sémiologie IRM des métastases hépatiques. . . 511
des métastases hépatiques des cancers Compte-rendu structuré : les éléments clés. . . 519
colorectaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 509 Le futur : IRM-TEP ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 519
Prise en charge en IRM des métastases Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 520
hépatiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 510

Introduction les éléments clés du compte-rendu en IRM. Nous détail-


lerons ensuite la séméiologie IRM des métastases. Nous
Le foie, par son volume et son apport vasculaire spéci- terminerons ce chapitre par l'étude de leurs aspects post-
fique, est une cible préférentielle des lésions secondaires. thérapeutiques et de l'hépatotoxicité des chimiothérapies.
Les métastases hépatiques sont ainsi les tumeurs malignes
du foie les plus fréquentes. Ces lésions peuvent être décou-
vertes de manière synchrone à la tumeur principale ou lors Prise en charge médicochirurgicale
du suivi de la lésion primitive connue (évolution méta- des métastases hépatiques
chrone). Les principales tumeurs primitives responsables
de métastases hépatiques sont les adénocarcinomes, puis des cancers colorectaux
les tumeurs épidermoïdes et enfin les tumeurs endocrines Près de 25 % des patients atteints de cancer colique et 18 %
[1]. L'origine des métastases hépatiques est principalement des patients atteints de cancer rectal présentent une maladie
pulmonaire, puis digestive, pancréatique et mammaire. Les métastatique synchrone à la découverte de la tumeur.
sarcomes et cancers ORL sont moins fréquents. Ces lésions
sont le plus souvent multiples, avec un mode de dissémi-
nation essentiellement hématogène. Leur morbidité et leur Prise en charge chirurgicale
mortalité décroissent grâce à l'élargissement des indications La résection chirurgicale des métastases hépatiques d'ori-
chirurgicales, au recours croissant à la radiologie interven- gine colorectale est actuellement le traitement à visée cura-
tionnelle, ainsi qu'à l'essor des chimiothérapies ciblées et tive de référence chez les patients avec maladie métastatique
néoadjuvantes, notamment pour les métastases des cancers limitée au foie [6]. Les objectifs des traitements chirurgi-
colorectaux [2–4]. caux, rappelés par plusieurs conférences de consensus [7,
L'IRM est désormais la méthode de référence pour le dia- 8], sont triples : diminuer les complications hémorragiques
gnostic et le bilan de résécabilité des lésions secondaires du péri-opératoires, diminuer le temps d'ischémie hépatique et
foie [5]. Les enjeux du bilan préthérapeutique sont triples : réduire la morbimortalité péri-opératoire. Dans tous les cas,
effectuer un bilan exhaustif tumoral afin d'adapter la solu- une chimiothérapie péri-opératoire est recommandée [9].
tion thérapeutique optimale ; évaluer le futur foie restant ; et Plusieurs métastases bilobaires ne sont plus une contre-
permettre un suivi de l'évolution sous traitement. indication à la résection chirurgicale si la volumétrie hépa-
Nous développerons essentiellement ici l'apport de l'IRM tique résiduelle postopératoire est suffisante (> 30 % pour
pour l'étude des métastases de cancers colorectaux, puis les foies non cirrhotiques) [10, 11]. Toutefois, l'exérèse com-
nous aborderons les indications, le protocole et rappellerons plète (R0) des métastases intrahépatiques est ­indispensable.
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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510   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

Cela nécessite une localisation de toutes les lésions intrahépa- hautes résolutions de contraste et temporelle, l'IRM est l'exa-
tiques avant résection chirurgicale et souligne l'importance men de choix reconnu par le guide du bon usage des exa-
de l'imagerie diagnostique [12]. Selon l'option chirurgicale mens d'imagerie médicale (http://gbu.radiologie.fr) dans le
choisie, les métastases hépatiques sont classées selon trois bilan des lésions hépatiques secondaires. Il s'agit de l'examen
catégories : soit elles sont aisément résécables et l'objec- le plus performant pour la détection et la caractérisation
tif principal est d'éviter les récidives ; soit elles deviennent lésionnelles. Le recours à l'IRM est indispensable au moins
potentiellement résécables après une réponse positive à la aux deux étapes clés de la prise en charge des patients : lors
chimiothérapie néoadjuvante ; enfin, en l'absence de projet de la phase initiale diagnostique, appelée baseline, puis avant
chirurgical, l'objectif est de prolonger la survie sans progres- le traitement chirurgical après les traitements néoadjuvants.
sion. Trois types de chirurgie hépatiques sont envisageables. Cela est particulièrement important pour les lésions de
La première est une hépatectomie simple (soit une lobecto- moins de 1 cm où l'imagerie de diffusion et l'imagerie avec
mie gauche, soit une hépatectomie droite) en cas de lésions produit de contraste hépatospécifique améliorent la détec-
affectant un seul lobe hépatique. La deuxième consiste en tion des lésions, mais également en cas de stéatose ou après
une hépatectomie complexe. La dernière est une hépatecto- chimiothérapie, où l'IRM apparaît supérieure aux autres
mie en deux temps, comprenant initialement une tumorec- modalités d'imagerie [21].
tomie, puis une embolisation portale afin d'hypertrophier le
côté controlatéral, et enfin une hépatectomie du côté atteint. Baseline
Dans tous les cas, des recours à des traitements combinés Chez les patients atteints de cancer colorectal, l'évalua-
incluant la radiologie interventionnelle et notamment les tion précise de la taille et de la distribution segmentaire
techniques d'ablation percutanée sont possibles. de métastases hépatiques est essentielle pour la planifi-
La survie globale à 5 ans après résection hépatique des cation du traitement [22]. Cela permet une sélection des
métastases hépatiques du cancer colorectal a augmenté de patients éligibles à une chirurgie radicale [23, 24] ou une
35 à 58 % [13–16]. Près de 50 % des patients présentent une thérapie mini-invasive, telles que l'ablation par radiofré-
récidive tumorale hépatique après une première résection, quence (RFA) [25], la chimio-embolisation ou la radio-­
dans les deux premières années après la chirurgie [17, 18]. embolisation. L'imagerie baseline est l'examen de référence
Afin de réduire ces taux de récidive, des traitements systé- qui précède immédiatement le début du traitement. Elle
miques, incluant bolus de fluorouracile et de leucovorine comprend une analyse du parenchyme sous-jacent à la
(5-FU/LV) sont administrés dans les 6 mois qui suivent la recherche d'une dysmorphie ou de signes d'hépatopathie –
résection chirurgicale R0. métabolique, ou postchimiothérapie (voir plus loin).
Ensuite, dans chaque segment, les lésions sont mesurées
Place de la chimiothérapie selon leur plus grand diamètre, puis dénombrées et car-
Les thérapies ciblées ont également modifié la stratégie tographiées, incluant notamment leurs rapports avec les
thérapeutique des métastases hépatiques par l'adjonction structures vasculaires. Enfin, il est important d'analyser la
de nouvelles molécules telles que l'oxaliplatine ou l'irino- perméabilité et les variations de trajet ou de naissance des
tecan et l'avènement des biothérapies telles que cetuximab vaisseaux hépatiques, ainsi que d'éventuelles anomalies
(Erbitux® ; inhibiteur de l'epidermal growth factor [EGFR]) biliaires secondaires à la présence des métastases (dilata-
et bevacizumab (Avastin® ; vascular endothelial growth tions biliaires, envahissements).
factor [VEGF]). Elles ont permis une augmentation de la
médiane de survie des patients ayant des métastases d'ori- Préchirurgical
gine colorectale. L'imatinib mésylate (Glivec®, un inhibi- En cas de traitement chirurgical après chimiothérapie, il est
teur sélectif de tyrosines kinases) s'est avéré un traitement indispensable de disposer d'une nouvelle IRM de contrôle
adjuvant efficace des métastases de tumeurs stromales pré-opératoire. L'apparition d'une nouvelle lésion témoi-
gastro-intestinales (gastrointestinal stromal tumors [GIST]) gnant d'une maladie évolutive contre-indiquera ou repor-
habituellement résistantes aux chimiothérapies usuelles, tera le traitement chirurgical.
permettant éventuellement une résection ultérieure des
lésions.
Récemment, de nouvelles molécules biologiques ont été Protocole d'exploration IRM
introduites, notamment les anticorps anti-EGFR (cetuxi-
mab) chez les patients K-RAS sauvages [19, 20]. L'exploration des métastases hépatiques s'effectue au choix
sur IRM 1,5 ou 3 T avec des antennes en réseau phasé per-
mettant d'optimiser la résolution spatiale, puis d'utiliser des
Prise en charge en IRM reconstructions parallèles, permettant une réduction des
temps d'acquisition.
des métastases hépatiques
Guide du bon usage des examens Séquences conventionnelles T1 IP/OP, T2
d'imagerie Les séquences conventionnelles restent primordiales pour
L'IRM combine plusieurs avantages pour la détection et la l'analyse des lésions secondaires. Elles reposent sur les
caractérisation des lésions secondaires hépatiques. Par ses acquisitions en contraste spontané T1 et T2, associées
Chapitre 30. L'IRM hépatique dans la prise en charge des lésions secondaires hépatiques    511

s­ ystématiquement à l'acquisition de séquences en pondéra- ■ un b compris entre 0 et 200 s/mm2 (100 s/mm2) : pour


tion T1 en opposition de phase. Le protocole d'acquisition la détection des nodules du fait d'un rapport signal sur
est identique à celui utilisé pour caractériser un nodule hépa- bruit plus élevé. Cette séquence est la plus sensible pour
tique comprenant au minimum les séquences suivantes : la détection des lésions secondaires (hypersignal en
■ 2D, T1, écho de gradient (EG), en phase et en opposition diffusion).
de phase (épaisseur de coupe ≤ 5 mm) : à la recherche L'intérêt de l'étude combinée de multiples valeurs de b
d'une chute de signal en opposition de phase liée à la fait l'objet de recherches [26].
graisse intracellulaire ;
■ 2D, T2, turbo spin écho, avec suppression spectrale de Produits de contraste hépatocytaires
la graisse (épaisseur de coupe ≤ 5 mm) avec un premier Après injection d'un produit de contraste hépatospécifique,
écho (TE < 90 ms) voire un deuxième écho (TE > 120 ms) la réalisation de séquences complémentaires en phase hépa-
éventuellement complété par une acquisition 2D, Half tobiliaire est possible. Les séquences classiquement réalisées
Fourier, turbo spin écho à TE long, sans motif de satu- sont de type 2D et 3D T1, EG avec motif de suppression de
ration de graisse, avec une épaisseur de coupe autour de graisse et 2D EG en phase et opposition de phase.
3 mm ; Cette imagerie retardée (15 à 20 minutes après injection
■ 2D, T1, EG, avec motif de suppression de graisse à la de Gd-EOB-DTPA et 40 à 120 minutes après injection de
recherche d'un contingent hémorragique ou graisseux Gd-BOPTA) dite « en phase hépatobiliaire » permet une
extracellulaire ; étude fonctionnelle. La captation par les hépatocytes « fonc-
■ 3D, T1, EG, avec motif de suppression de graisse tionnels » est responsable d'un rehaussement du parenchyme
et injection de chélate de gadolinium (épaisseur de hépatique « normal », par rapport aux lésions dépourvues
coupe ≤ 3 mm) avec étude dynamique du rehaussement. d'hépatocytes « fonctionnels » comme les lésions non hépa-
La distribution vasculaire et interstitielle des chélates tocytaires (métastases mais aussi angiomes et kystes) et les
de gadolinium permet une imagerie dynamique avec lésions hépatocytaires type adénome et CHC indifférencié.
étude du rehaussement lésionnel (phase artérielle,
portale et d'équilibre). Cette imagerie dynamique est
indispensable pour poser un diagnostic ou proposer Points clés
une orientation étiologique. Ces séquences tridimen- ■
L'IRM hépatique est indispensable lors du diagnostic (base-
sionnelles dynamiques après injection de chélates de line) et à chaque réévaluation préthérapeutique.
gadolinium, répétées dans le temps, permettent la ■
Le protocole d'acquisition doit contenir les séquences
détection des lésions hypervasculaires, ou la mise en conventionnelles T2 avec saturation du signal de la graisse,
évidence du rehaussement progressif fibreux des lésions des séquences de diffusion avec au moins trois valeurs de b
hypovasculaires ; afin d'obtenir une cartographie ADC, des acquisitions après
■ 2D, T1, EG, avec motif de suppression de graisse après injection de produits de contraste.
injection de produit de contraste avec étude de la phase
d'équilibre à la recherche d'un lavage (adénome et car-
cinome hépatocellulaire [CHC]) ou d'un rehaussement Sémiologie IRM des métastases
tardif (angiome et lésion fibreuse).
hépatiques
Imagerie de diffusion (diffusion-weighted Diagnostic
imaging [DWI]) Séquences conventionnelles
À l'instar des autres tumeurs hépatiques malignes, les métas- La majorité des lésions secondaires hépatiques se présentent
tases hépatiques présentent une restriction des mouvements sous la forme de nodules ou de masses en hyposignal T1 et
browniens des molécules d'eau. Il est possible de quantifier en hypersignal T2 modéré par rapport au parenchyme hépa-
ce phénomène par la mesure du coefficient de diffusion tique « sain » adjacent [27]. L'hypersignal T2 est rapporté à
apparent (ADC). La séquence de diffusion correspond à une l'importance de la matrice extracellulaire des lésions secon-
acquisition SS-EPI (single shot echo planar imaging) avec daires comparativement à celle des hépatocytes adjacents.
asservissement respiratoire (épaisseur de coupe : 5 à 7 mm) Cependant, ce gradient de signal peut être modifié en cas
et utilisation de plusieurs valeurs de b : de surcharge stéatosique ou en fer. Selon Danet et al., près
■ une valeur de b faible, soit proche de 0, soit plutôt autour de 15 % des lésions hépatiques secondaires sont des lésions
de 50 s/mm2, et 1 ou 2 valeurs de b > 200 s/mm2 (entre nécrotiques et la moitié d'entre elles sont des métastases de
400 et 800 s/mm2) pour s'affranchir, lors du calcul de cancers colorectaux [27]. Ces lésions nécrotico-hémorra-
l'ADC, du signal à b faible qui reflète la composante giques sont en hypersignal T1 spontané (fig. 30.1).
microperfusive de la diffusion. Une chute de signal à b Une lésion en hypersignal T2 franc, avec un rehausse-
élevé est en faveur d'une lésion bénigne. Même si l'ADC ment non typique d'un angiome dans un contexte néopla-
des lésions bénignes est supérieur à celui des lésions sique, doit être analysée avec prudence. Certaines métastases
malignes, l'important chevauchement des différentes hépatiques peuvent être en franc hypersignal T2 (adénocar-
valeurs ne permet pas de donner un seuil en pratique cinomes mucineux rectaux et de rares adénocarcinomes lie-
clinique quotidienne ; berkühniens) (fig. 30.2).
512   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

a b c

d e
Fig. 30.1 Métastase hépatique unique du segment 6 chez un patient de 71 ans avec carcinome rectal T3 N +. Sémiologie classique d'une
métastase hépatique en hypersignal T2 tissulaire (a), en hyposignal T1 (b), en hypersignal diffusion (c) avec ADC restreint (b = 100 s.mm–2) (d) et
rehaussement tardif fibreux (e).

a b c

d e
Fig.  30.2 Métastases hépatiques révélatrices d'un adénocarcinome lieberkühnien colique. En hypersignal T2 franc (a), en hypersignal
DWI (b = 100 s. mm–2) (b), hyposignal T1 (c), avec un rehaussement fibreux (d, e), présentant une hypoéchogénicité en échographie de contraste,
4 minutes après injection du produit de contraste (e, tête de flèche), confirmée par une biopsie hépatique échoguidée.
Chapitre 30. L'IRM hépatique dans la prise en charge des lésions secondaires hépatiques    513

Nouvelles modalités cifiques (Gd-EOB-DTPA) reste également controversée.


Séquences de diffusion Certaines équipes affirment un gain de détection lésionnel
grâce aux séquences de diffusion [31–33], ce qui n'est pas
Les séquences de diffusion sont indispensables pour l'explo- observé pour d'autres [34, 35]. De même, pour les métas-
ration de lésions secondaires hépatiques. Les métastases se tases hépatiques de tumeurs endocrines, d'Assignies et al.
caractérisent habituellement par une restriction de la dif- ont montré que la diffusion était plus sensible pour la détec-
fusion. Il existe une grande variabilité dans les valeurs de tion et la caractérisation de ces lésions que les séquences
l'ADC calculé des lésions secondaires. Celles-ci sont habi- pondérées en T2 couplées aux séquences après injection,
tuellement plus faibles que celles du parenchyme hépatique avec une excellente reproductibilité interobservateurs [36]
« sain » adjacent, proche de 0,94 à 1,2.10–3mm2.s–1. Certaines (fig. 30.3).
lésions « kystiques » ou nécrotiques présentent des valeurs Dans les cas particuliers de métastases de mélanomes
d'ADC proches de celles des angiomes (notamment les uvéaux, les séquences de diffusion n'augmentent pas la sen-
métastases d'adénocarcinome ovarien). sibilité de l'IRM [37].
Pourquoi utiliser des séquences de diffusion ?
L'ajout des séquences de diffusion permet d'accroître la Quelles valeurs d'ADC ?
sensibilité de la détection des lésions secondaires. Eiber Les métastases hépatiques ne sont pas un groupe homogène
et al. ont montré une meilleure sensibilité de l'IRM couplée de lésions, avec un ADC uniforme. Selon Schmid-Tannwald
aux séquences de diffusion comparativement au scanner et al., l'ADC des métastases hypervaculaires serait inférieur
[28]. Les séquences de diffusion sont plus sensibles que les à celui des métastases hypovasculaires : (1,23 ± 0,31.10–3
séquences pondérées en T2. En raison de l'effet black-blood mm2.s–1 versus 1,49 ± 0,19.10–3 mm2.s–1 ; p = 0,001) [38]. La
sur les vaisseaux et d'une faible sensibilité aux artéfacts de variabilité des paramètres IRM exploités explique en grande
mouvement, les séquences de diffusion seraient utiles en partie la variabilité des valeurs d'ADC observées dans la
particulier pour la détection des lésions secondaires de littérature. Il n'est ainsi pas possible de définir une valeur
petite taille (≤ 10 mm) [29]. Cependant, ces résultats restent d'ADC absolue permettant une caractérisation formelle
controversés. Kenis et  al. ont montré une sensibilité de des lésions secondaires. Chiaradia et al. ont suggéré que
détection égale des séquences de diffusion aux séquences les valeurs d'ADC mesurées au sein des lésions secondaires
conventionnelles avec injection [30]. La supériorité de hépatiques sous traitement étaient ainsi fortement liées au
la détection lésionnelle des séquences de diffusion par degré de nécrose intratumoral, plus qu'à la présence d'un
rapport aux séquences injectées avec produits hépatospé- contingent tissulaire [26].

a b c

d
Fig. 30.3 Métastases hépatiques d'un cancer neuroendocrine pancréatique. Coupes transversales pondérées diffusion (b = 100 s. mm–2)
(a, b), et séquences 3D EG T1 en suppression spectrale de la graisse (c, d). Noter la meilleure visibilité des lésions sur les séquences de diffusion
pour la valeur de b sélectionnée (flèches continues) par rapport à la séquence dynamique après injection de produit de contraste au temps artériel
(c, d, flèches en pointillés).
514   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

L'ADC pourrait en revanche avoir un rôle prédictif de la de l'acide gadoxétique (Gd-EOB-DPTA, Primovist®, Bayer)
réponse précoce des chimiothérapies des métastases hépa- permettant dans les deux cas d'augmenter le contraste entre
tiques de carcinomes colorectaux et gastriques [39]. Pour les les lésions secondaires et le foie sous-jacent [31]. Il n'existait
métastases hépatiques de cancer colorectal, un ADC élevé pas de différence en termes d'exactitude, de sensibilité ou
serait un facteur prédictif négatif de réponse à la chimio- de valeur prédictive positive de ces produits de contraste,
thérapie (valeurs d'ADC moyens de 1,55 10–3 mm2.s–1 pour concernant les lésions de plus de 10 mm. En revanche, l'utili-
les lésions de mauvais pronostic contre 1,3610–3 mm2.s–1 sation de produit de contraste hépatospécifique, notamment
pour les lésions de bon pronostic ; p = 0,03). Cependant, il le Gd-EOB-DPTA, permettait d'augmenter l'exactitude et la
n'y aurait pas de différence significative sur la survie sans sensibilité pour la détection des lésions de moins de 10 mm
progression, ni sur la survie globale [40]. [33]. L'utilisation des séquences hépatocytaires est particu-
lièrement utile pour les lésions du foie gauche, dont l'analyse
Phase hépatocytaire des séquences conventionnelles peut être artéfactée par les
mouvements cardiaques (fig. 30.4 et 30.5).
La majorité des métastases hépatiques à la phase hépatocy- L'association des séquences tardives hépatocytaires aux
taire correspondent à des nodules en hyposignal par rapport séquences de diffusion permet une amélioration de la détec-
au parenchyme adjacent. Cependant, certaines lésions secon- tion et de la caractérisation lésionnelles [32], notamment
daires (origine mammaire, colorectale) peuvent présenter pour les métastases hépatiques [33] (fig. 30.6 et 30.7).
une prise de contraste paradoxale en cible dans près de 46 %
[41] voire 60 % des cas [42]. Lee et al. rapportent une meil- Corrélations radio-anatomologiques :
leure détection des lésions secondaires hépatiques lors de la
phase hépatocytaire qu'en scanner triple phase, notamment
aspects particuliers
pour les lésions infracentimétriques [43, 44]. Chung et al. Hémorragie, hypervascularisation
ont évalué l'impact de l'utilisation de produit de contraste Certaines métastases hépatiques présentent un hyper­signal
hépatospécifique incluant des particules d'oxyde de fer, et T1 spontané, témoin de remaniements hémorragiques

a b

c d
Fig.  30.4 Métastase hépatique unique d'un adénocarcinome lieberkühnien d'origine colique sous-capsulaire du segment  4a, chez
un patient de 65 ans. Lésion en hypersignal T2 (a), hypersignal DWI (b = 100 s. mm–2) (b), avec un rehaussement fibreux (c) (flèche en d) en
hyposignal lors de la phase hépatobiliaire acquise 90 minutes après injection de Gd-BOPTA (flèche continue).
Chapitre 30. L'IRM hépatique dans la prise en charge des lésions secondaires hépatiques    515

a b c

d e
Fig.  30.5 Métastase hépatique à centre nécrotique d'origine colique transverse chez un patient de 48  ans. Hypersignal DWI
(b = 100 s. mm–2) (a) avec ADC restreint en périphérie (b), en hypersignal T2 tissulaire avec plus hyperintense (c), avec un rehaussement fibreux
(d). Lésion en hypersignal relatif lors de la phase hépatobiliaire 90 minutes après injection de Gd-BOPTA, avec un aspect en cible (e).

a b c
Fig. 30.6 Métastase hépatique. Meilleure visibilité en séquence pondérée en diffusion d'une lésion secondaire d'un adénocarcinome lieber-
kühnien colique droit (a) et en phase hépatobiliaire acquise 90 minutes après injection de Gd-BOPTA (flèche, b) qu'au temps portal (cercle, c).

a b

c d
Fig. 30.7 Métastases hépatiques d'un adénocarcinome rectal. Métastases non vues en diffusion (a), mais visibles en hyposignal T1 spon-
tané (b, flèche continue), non vues au temps portal (c) mais nettement plus visibles lors de la phase hépatobiliaire 90 minutes après injection
de Gd-BOPTA (d, flèche en pointillés).
516   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

récents, notamment les métastases de mélanomes (fig. 30.8). des contours bosselés avec une confluence des lésions et
Les métastases hépatiques hypervasculaires sont généra- avec des signes d'hypertension portale (fig. 30.11).
lement associées à des lésions primitives d'origine rénale,
mammaire, neuroendocrine, thyroïdienne, une GIST, des Métastases de lésions primitives mucineuses
tumeurs carcinoïdes et des mélanomes [45–47] (fig. 30.9). Les métastases des adénocarcinomes mucineux sont en
franc hypersignal T2 secondairement au contingent muci-
Aspect spécifique des lésions secondaires d'origine neux (fig. 30.12).
mammaire
Ha et al. ont analysé rétrospectivement 13 métastases hépa- Métastases kystiques
tiques de cancer du sein [42]. Toutes étaient hypo-intenses Certaines métastases sont principalement composées de
en T1, près de 50 % avaient un aspect en cible en T2, 85 % grandes zones intratumorales liquidiennes sans rehaussement.
avaient un rehaussement hypervasculaire et un rehaus- Ces métastases kystiques sont beaucoup moins fréquentes que
sement central avec un wash-out périphérique (aspect de les métastases hypovascularisées et hypervasculaires. La com-
cible) lors de la phase hépatocytaire (62 %) (voir fig. 30.5). posante kystique peut être multifactorielle. Elle est principale-
Dans certains cas, il peut exister une forme d'envahissement ment secondaire à une nécrose tumorale due à une croissance
tumoral hépatique majeur appelée hepar lobatum carcino- trop rapide par rapport à ses apports vasculaires (fréquent dans
matosum (fig. 30.10). Il s'agit d'une obstruction tumorale les métastases des tumeurs neuroendocrines, mélanomes, ou
des veinules portales avec une réaction desmoplastique GIST). Les causes plus rares de remaniements kystiques sont
périphérique. Ces remaniements histologiques entraînent la production abondante de mucine par les adénocarcinomes

a b
Fig. 30.8 Métastase d'un mélanome. Formation en hypersignal T1 spontané, non lié à la graisse (a, flèche discontinue), en hypersignal DWI
(b, flèche continue).

a b c

d e f
Fig. 30.9 Métastases hépatiques d'une tumeur neuro-endocrine pancréatique, hypervasculaires. Deux lésions sont visibles en pondéra-
tion T2 (a) alors qu'un nombre supérieur de lésions sont visibles en imagerie pondérée diffusion b = 100 s/mm2 b) avec un ADC restreint (c). Ces
lésions sont hypervasculaires au temps artériel (d) et sans lavage (e).
Chapitre 30. L'IRM hépatique dans la prise en charge des lésions secondaires hépatiques    517

mucineux (colorectaux, ovariens) ou des remaniements post- Réponse thérapeutique


thérapeutiques systémiques ou locorégionaux [48–50]. Afin d'évaluer la réponse tumorale, l'IRM a un rôle clé dans
la prise en charge des patients, que ce soit pour une prise
Points clés en charge à visée curative ou palliative. Il est primordial de
La majorité des lésions secondaires hépatiques sont des
bénéficier de l'imagerie initiale baseline, ainsi que de l'exa-

lésions en hypersignal T2 tissulaire, en hypersignal diffusion,


même avec des valeurs de b élevées, avec un ADC restreint, men obtenu en phase de meilleure réponse (nadir) avant
un rehaussement fibreux. d'interpréter un nouvel examen.

Lors de l'acquisition en phase hépatobiliaire, elles sont géné- Le plus souvent, l'évaluation de la réponse tumorale aux
ralement en hyposignal, mais peuvent présenter un aspect en chimiothérapies cytotoxiques classiques suit les recomman-
cible, correspondant à une accumulation de Gd-BOPTA dans dations de RECIST 1.1 (Response evaluation criteria in solid
le centre nécrotique de la lésion. tumors).

a b

c d
Fig. 30.10 Hepar lobatum carcinomatosum chez une patiente de 40 ans, antécédent de cancer du sein. Dysmorphie hépatique diffuse.
Infiltration tissulaire en hypersignal T2, en hypersignal DWI avec un ADC restreint, hypervasculaire (flèche). À noter un kyste biliaire simple (étoile).

a b c

d e f
Fig. 30.11 Métastases hépatiques bilobaires diffuses d'un cancer du sein. Lésions hyperintenses en T2 avec un aspect en cible en T2 (flèche
en pointillés en a), en hypersignal en diffusion (b) avec un ADC restreint (flèche en pointillés en c), en hyposignal T1 (d) présentant un rehausse-
ment hypervasculaire (e) et un rehaussement central avec un wash-out périphérique (f, aspect de cible ; flèches).
518   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

a b

c d
Fig. 30.12 Franc hypersignal T2 hépatique d'une métastase hépatique d'un adénocarcinome rectal avec composante mucineuse chez
un patient de 68 ans. Foie non dysmorphique, formation en hypersignal T2 intense (a), en hypersignal DWI à b800 s. mm–2 (b), avec une restric-
tion de la diffusion périphérique (c) et une prise de contraste annulaire au temps portal (d).

En revanche, les réponses induites par les nouvelles thé- Ces critères dépendent de la taille et/ou de la densité lésion-
rapies – thérapies ciblées ou immunomodulatrices – néces- nelle. Une diminution de la densité supérieure à 15 % et/ou
site une mise à jour des méthodes d'évaluation « usuelles ». une diminution de la taille de 10 % par rapport au baseline
En effet, dans ce contexte particulier, les critères RECIST signe une réponse optimale. La progression tumorale est
ne prennent pas en compte un effet important de ces traite- définie comme une majoration en taille ou l'apparition
ments qu'est la nécrose tumorale. Saltz et al. ont montré que d'un nodule tissulaire intralésionnel ou à distance ;
le bévacizumab, associé à l'oxaliplatine, améliorait la survie ■ les paramètres fonctionnels en IRM permettent égale-
sans progression des patients ayant des métastases colorec- ment de juger la réponse aux chimiothérapies. Mungai
tales, alors même qu'une grande partie des bons répondeurs et  al. ont montré que l'augmentation de l'ADC des
étaient en maladie stable selon RECIST [51]. L'action anti- métastases hépatiques était témoin d'une bonne réponse
angiogénique du bévacizumab ne peut être évaluée par les dans les 20 à 25 jours suivant la deuxième cure [54].
seuls critères dimensionnels. Les mesures de la densité en Wagner et al. ont montré que les paramètres ADC et
scanner ont ainsi donné naissance à de nouveaux critères de D (diffusion moléculaire pure) périlésionnels seraient
réponse des lésions secondaires : des biomarqueurs plus représentatifs de la réponse à la
■ les critères de Chun sont exclusivement scanographiques, chimiothérapie que l'ADC ou D de toute la métastase
étudiés au temps portal [52]. Il n'y a pas actuellement [55] (fig. 30.13).
de correspondance pour l'IRM. Sont associées l'étude
de la densité des lésions cibles hépatiques ainsi que celle
de l'interface entre lésion cible et parenchyme hépa-
Hépatopathie postchimiothérapie
tique environnant. Le groupe 1 correspond à une lésion La réponse du foie à la chimiothérapie est polymorphe et
hypodense, aux contours bien limités ; le groupe 3 com- idiosyncrasique [56]. Il existe deux formes d'hépatotoxicité :
prend les lésions hétérogènes ayant une interface épaisse les atteintes hépatocytaires et les atteintes microvasculaires.
et mal limitée avec le foie ; le groupe  2 rassemble les
lésions ne présentant ni les caractéristiques à du groupe Atteintes hépatocytaires
1 ni celles du groupe 3. Une réponse optimale correspond Les atteintes hépatocytaires se traduisent par une stéatose
au passage d'un groupe 3 ou 2 à 1. Une réponse incom- hépatique non alcoolique ou NASH (non alcoholic stea-
plète est un passage d'un groupe 3 au groupe 2 ; tohepatitis). Ces complications sont fréquentes chez les
■ l'évaluation des métastases hépatiques de GIST en scanner, patients traités par 5-FU, moins fréquemment par irinoté-
au temps portal, s'effectue grâce aux critères de Choi [53]. can pour des métastases de cancers colorectaux [57–61].
Il n'existe pas de critères semblables en IRM actuellement. Cette stéatose n'est pas répartie uniformément, la zone de
Chapitre 30. L'IRM hépatique dans la prise en charge des lésions secondaires hépatiques    519

a b c

d e
Fig. 30.13 Métastases hépatiques d'un adénocarcinome lieberkühnien colique en hypersignal T2 (a), avec un rehaussement fibreux
progressif (b) lors du bilan préthérapeutique. Contrôle à 6 mois d'une chimiothérapie : persistance d'un hypersignal diffusion à b800 s. mm–2
(c) avec une cartographie ADC révélant un hypersignal périlésionnel centré par une zone hypodense, pour la lésion principale, témoin d'une
réponse thérapeutique (d) ; après injection, les deux lésions sont plus petites (e) : 13 versus 22 mm et 5 versus 10 mm = –43 % selon RECIST 1.1.

parenchyme hépatique entourant la tumeur est épargnée, ■ L'IRM hépatique doit être réalisée avant tout traitement
probablement en raison de l'apport sanguin tumoral préfé- chirurgical hépatique, et doit pouvoir être comparée à
rentiel en zone péritumorale [62]. Sa traduction en IRM est un examen de référence IRM réalisé avant tout traite-
une chute du signal sur les séquences out phase par rapport ment, afin de ne pas méconnaître des lésions secondaires
à la séquence in phase. Parfois, la stéatose se résorbe à l'arrêt qui pourraient être devenues infracentimétriques sous
de la chimiothérapie. traitement.
■ Le protocole d'exploration des lésions secondaires hépa-
Atteintes microvasculaires tiques doit comprendre, outre les séquences convention-
Les atteintes microvasculaires entraînent une maladie nelles avant IV, des séquences 3D EG T1 dynamiques
veino-occlusive appelée sinusoidal obstructive syndrom ou après injection, mais également des séquences de diffu-
syndrome d'obstruction sinusoïdale (SOS). Sa présenta- sion. L'utilisation de produits de contraste hépatocytaires
tion clinique comprend une hépatomégalie, un ictère et est possible.
une ascite. De Leve et al. ont décrit un comblement sinu- ■ Un compte-rendu structuré type  a été proposé par la
soïdal par des débris endothéliaux nécrotiques [63]. Cette Société d'imagerie abdominale et digestive, société d'or-
toxicité est rapportée à l'oxaliplatine [64, 65]. Sa descrip- gane de la Société française de radiologie [70].
tion en imagerie est importante, car lors de la résection ■ Un compte-rendu devra dénombrer l'ensemble des
chirurgicale, le foie est friable et les complications hémor- lésions secondaires, les localiser, préciser les rapports
ragiques sont plus fréquentes [65]. Son aspect en IRM est anatomiques les plus importants, sans omettre de rappor-
proche de celui du syndrome de Budd-Chiari. Il comprend ter l'existence ou non d'une hépatopathie sous-jacente,
une hépatomégalie, des veines sus-hépatiques amincies, primitive, ou secondaire aux traitements systémiques
un œdème périportal et périvésiculaire, une splénomé- éventuellement employés.
galie et de l'ascite [66–69]. Il existe également des prises
de contraste pseudonodulaires évocatrices d'une péliose Le futur : IRM-TEP ?
s'effaçant progressivement aux temps portal et tardif.
Les études cliniques sont débutantes concernant l'impact de
l'imagerie hybride lRM-TEP (tomographie par émission de
Compte-rendu structuré : positrons) dans la prise en charge des lésions secondaires
hépatiques. Catalano et al. [71] ont comparé les performances
les éléments clés relatives de l'IRM-TEP simultanée versus la TEP-TDM quant
Rappelons ici les points les plus importants pour l'explora- à la détection de lésions secondaires. L'IRM-TEP semblait
tion des lésions secondaires en IRM. pouvoir détecter des lésions supplémentaires chez 41 % des
520   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

malades, avec un impact clinique direct comparativement à [10] Malik  HZ, Hamady  ZZR, Adair  R, et  al. Prognostic influence of
la TEP-TDM chez 24 malades (soit 17,9 %). Beiderwellen multiple hepatic metastases from colorectal cancer. Eur J Surg Oncol
et al. montrent des résultats semblables avec une sensibilité 2007 ; 33(4) : 468–73.
[11] Clavien PA, Petrowsky H, DeOliveira ML, et al. Strategies for safer
de l'IRM-TEP de 92,2 % et une valeur prédictive négative de
liver surgery and partial liver transplantation. N Engl J Med 2007 ;
95,1 % [72]. Concernant le protocole d'acquisition, Reiner 356(15) : 1545–59.
et al. [73] ont suggéré que la simple utilisation de séquences [12] Tamandl D, Herberger B, Gruenberger B, et al. Adequate preoperative
T1 et T2 couplées à la TEP donnait une exactitude diagnos- staging rarely leads to a change of intraoperative strategy in patients
tique supérieure à la TEP-TDM, et pourrait donc avoir un undergoing surgery for colorectal cancer liver metastases. Surgery
impact diagnostique plus important sur la prise en charge des 2008 ; 143(5) : 648–57.
malades. Ces données, même préliminaires, suggèrent que la [13] Abdalla EK, Vauthey JN, Ellis LM, et al. Recurrence and outcomes
combinaison de l'imagerie métabolique, importante pour la following hepatic resection, radiofrequency ablation, and combined
détection de lésions intra-abdominales extrahépatiques, et resection/ablation for colorectal liver metastases. Ann Surg 2004 ;
de l'IRM, importante pour la détection et la caractérisation 239(6) : 818–27.
[14] Choti MA, Sitzmann JV, Tiburi MF, et al. Trends in long-term sur-
des lésions secondaires intrahépatiques elles-mêmes, pour-
vival following liver resection for hepatic colorectal metastases. Ann
rait à l'avenir jouer un rôle important dans la prise en charge Surg 2002 ; 235(6) : 759–66.
des malades en situation résécable. Reste à bien définir les [15] Fong Y, Fortner J, Sun RL, et al. Clinical score for predicting recur-
protocoles d'exploration IRM-TEP afin de permettre leur rence after hepatic resection for metastatic colorectal cancer : analysis
réalisation dans des délais raisonnables (40 minutes d'acqui- of 1001 consecutive cases. Ann Surg 1999 ; 230(3) : 309–18 discussion
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peut se discuter notamment pour les lésions infracentimé- ment of metastatic colorectal cancer. J Clin Oncol 2009 ; 27(5) : 663–71.
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Chapitre 30. L'IRM hépatique dans la prise en charge des lésions secondaires hépatiques    521

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522   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

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Chapitre
31
IRM du carcinome
hépatocellulaire
F. Legou, F. Pigneur, S. Boussouar, L. Baranes, J. Chalaye, E. Itti, M. Chiaradia, B. Zegai,
M. Djabbari, J. Calderaro, A. Laurent, P. Compagnon, H. Kobeiter, A. Luciani, A. Rahmouni

PLAN DU CHAPITRE
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 523 Diagnostic non invasif du CHC sur cirrhose
Anatomopathologie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 523 hépatique en attente de transplantation
Sémiologie du CHC et performance hépatique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 536
diagnostique de l'IRM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 526 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 537

Introduction En effet, les facteurs pronostiques du CHC sont de deux


types : ceux liés à l'état fonctionnel du foie (insuffisance hépa-
Le carcinome hépatocellulaire (CHC) est la plus fréquente des tocellulaire, hypertension portale) et ceux liés à la tumeur
tumeurs malignes primitives du foie responsable d'environ (taille, nombre de nodules, extension vasculaire, etc.). Ainsi, le
500 000 à un million de décès chaque année dans le monde, ­traitement du CHC dépend du terrain, du degré d'insuffisance
représentant la troisième cause de mortalité par cancer [1, 2]. hépatocellulaire et des caractéristiques tumorales.
En France, il est le deuxième cancer digestif chez l'homme après Après un court rappel anatomopathologique, ce chapitre
les cancers colorectaux [1, 2]. Son incidence augmente annuel- visera à présenter les performances actuelles de l'IRM dans
lement depuis 1980, de 4,8 % chez l'homme et de 3,4 % chez la le diagnostic non invasif du CHC, avant d'exposer les prin-
femme (6000 nouveaux cas par an environ) en partie en lien cipaux développements récents en imagerie par résonance
avec une augmentation de l'incidence de l'infection chronique visant à mieux identifier d'une part les facteurs pronostiques,
par le virus de l'hépatite C, mais également par l'émergence des et d'autre part les critères de réponse thérapeutique du CHC.
hépatopathies métaboliques [2–4]. Il se développe dans 95 %
des cas sur un foie cirrhotique [5]. En France, les facteurs de
risque du CHC sont la cirrhose alcoolique – associée au CHC
Anatomopathologie
dans plus de 60 % des cas –, les hépatites virales chroniques B Le CHC se développe dans 95 % des cas sur un foie cirrhotique
et C – impliquées dans 30 % des causes de CHC –, la NASH [5]. La cirrhose est une affection chronique du foie associant
(non alcoholic steatohepatitis ou stéatohépatite non alcoolique), nécrose parenchymateuse diffuse, développement d'une réac-
l'hémochromatose et, plus rarement, la cirrhose biliaire primi- tion fibreuse et enfin apparition d'une régénération nodulaire.
tive, la cirrhose auto-immune et la maladie de Wilson [2–4]. Les nodules sur foie de cirrhose se répartissent en nodules de
Le nombre annuel de décès par CHC est équivalent à celui régénération, nodules dysplasiques et nodules de CHC [8, 9].
des nouveaux cas [2], ce qui signifie que la survie moyenne Des atypies cytologiques hépatocytaires (small cell change ou
ne dépasse pas un an avec une médiane de survie spontanée large cell change) peuvent précéder ou accompagner l'appa-
des malades atteints de CHC sur cirrhose découvert au stade rition du CHC. Leur ­identification en imagerie est à ce jour
symptomatique d'environ 6 mois après le diagnostic [6] et impossible et leur impact pronostique débattu [10–14].
un pronostic de moins de 7 % à 5 ans [3]. Cependant, la
survie peut atteindre 50 % à 5 ans [7] dès lors que la tumeur
est accessible à un traitement local ou à une transplantation Nodules de régénération
hépatique. Cela justifie l'importance de l'identification pré- Les nodules de régénération se développent en réponse à
coce du CHC, et plus particulièrement celle du petit nodule une nécrose hépatique. Ils sont classés en fonction de leur
de CHC. Sur la base des données épidémiologiques, il est taille en micronodules (< 3 mm) ou macronodules (allant
difficile de distinguer la part des décès relevant directement jusqu'à 5 cm). Dans la cirrhose micronodulaire, ces nodules
de l'évolution du CHC de celle due à l'insuffisance hépa- sont uniformes entourés de septums fibreux d'épaisseur
tocellulaire terminale, même si le CHC apparaît comme constante, contrairement à la cirrhose macronodulaire
la première cause de mortalité chez le patient cirrhotique. caractérisée par des nodules de taille variable entourés
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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524   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

de bandes fibreuses elles aussi d'épaisseur variable qui phénomènes de capillarisation et de néoangiogenèse accom-
confèrent un aspect hétérogène du foie. pagnent la transition entre ND et nodule de CHC [19, 20].
Mais la présence d'artères non triadiques a déjà été rappor-
tée au sein des ND [20]. En immunohistochimie, comme les
Nodules dysplasiques hépatocytes normaux, les ND possèdent à leur surface des
Macroscopiquement, les nodules dysplasiques (ND) se dis- récepteurs OATP (organic anion-transporting polypeptide),
tinguent du foie adjacent par leur forme, leur différence de en moindre nombre. Il existe une décroissance continue de
coloration et de texture [15]. Les ND correspondent à des leur concentration entre les ND de bas et haut grade [21].
regroupements cellulaires avec atypies cytonucléaires et
majoration de l'épaisseur des travées hépatocytaires, mais
sans signe de malignité. Carcinome hépatocellulaire
Microscopiquement, on distingue les ND de bas grade, Le CHC est composé de cellules avec des atypies architec-
dont l'évolution vers le CHC est controversée, et les ND de turales et une différenciation hépatocellulaire. En anato-
haut grade, dont l'évolution vers le CHC serait plus fréquente mopathologie, cette différenciation est graduée suivant la
[16]. Les ND de bas grade ont des atypies cytonucléaires dis- classification d'Edmonson [22]. La population cellulaire
crètes et gardent une architecture proche de la normale avec est classée en quatre stades, du plus au moins différen-
des travées très focalement épaissies, alors que les nodules cié. Il est à noter que les tumeurs de grade 1 d'Edmonson
de haut grade ont des atypies cytologiques et architectu- peuvent être difficiles à différencier des adénomes hépato-
rales plus importantes (avec des travées hépatocytaires plus cellulaires et parfois du foie normal et que, inversement, les
larges – de plus de deux cellules), mais toujours sans signe grades 4 peuvent être difficiles à différencier des tumeurs
de malignité. Les ND de bas grade peuvent s'accompagner non-hépatocellulaires. C'est pourquoi, lorsque l'indication
d'une accumulation intranodulaire de cuivre, de fer, ou de d'une biopsie est retenue, un prélèvement en foie non tumo-
graisse. Les ND de haut grade sont, à l'opposé du foie adja- ral devrait toujours être réalisé. En immunohistochimie,
cent, dépourvus d'accumulation ferrique, tandis que l'accu- comme les ND, le CHC possède des récepteurs membra-
mulation de graisse intralésionnelle est possible [17, 18]. naires OATP 8, mais avec une concentration plus faible. Il
Les ND peuvent être de taille variable. Il est généralement existe une décroissance de ce récepteur proportionnelle au
admis que plus la taille du nodule dysplasique est grande, stade de différentiation [21] (fig. 31.1).
plus le risque de dysplasie de haut grade est élevé. Par ailleurs, la tumorigenèse des CHC s'accompagne de
La distinction formelle entre ND de bas ou de haut grade modifications métaboliques qu'il est possible de reconnaître
est parfois difficile. Il en est de même entre ND de haut en imagerie. La prolifération cellulaire initiale accompagnant
grade et nodule de CHC bien différencié. Il est admis que les la transformation en CHC s'accompagne d'une anoxie relative

Fig. 31.1 Variation de la concentration des récepteurs membranaires OATP et de la néoangiogenèse entre les hépatocytes sains,
les nodules dysplasiques et le CHC. (D'après Choi JY, Lee JM, Sirlin CB. Radiology 2014 ; 272 : 635-654.)
Chapitre 31. IRM du carcinome hépatocellulaire    525

cellulaire, aboutissant à une accumulation possible de graisse veineux et notamment portal. Cette invasion vasculaire est
intracellulaire [23] ; cela pourrait expliquer en partie l'existence étroitement liée à la taille de la tumeur. Ainsi, le CHC a un
de lésions de CHC en hypersignal T1, généralement de bon tropisme marqué pour le système veineux (portal et hépa-
pronostic. Avec la poursuite des mécanismes de prolifération, tique), mais aussi biliaire [24].
les cellules tumorales perdent peu à peu leur capacité de stoc- Le CHC peut enfin être cerné par une capsule consti-
ker le fer intracellulaire – ce qui explique que les CHC ne sont tuée par une fibrose d'épaisseur variable. Il existerait un
traditionnellement pas en hyposignal T2, réduisent leur expres- lien entre la taille du nodule et la présence de cette capsule,
sion en récepteur OATP 8 (OATP 1B3) à leur surface mem- puisque 85 % des CHC mesurant entre 2 et 5 cm sont encap-
branaire, puis induisent des modifications du drainage veineux sulés, contre seulement 45 % pour les tumeurs supérieures
péritumoral, potentielle voie d'invasion vasculaire micro- puis à 5 cm [25].
macroscopique. Ces deux dernières modifications expliquent la Les modifications anatomopathologiques caractérisant le
réduction de la capture de produits de contraste hépatobiliaires CHC et accessibles en imagerie sont (fig. 31.3) :
que nous reverrons dans la suite de ce chapitre, ainsi que la prise ■ l'augmentation de taille du nodule ;
de contraste radiaire précoce périlésionnelle, souvent reconnue ■ l'apparition d'une néoangiogenèse responsable de l'arté-
comme un élément de mauvais pronostic des CHC (fig. 31.2). rialisation après injection de produit de contraste ;
Macroscopiquement, il existe des formes nodulaires plus ■ la perte de l'apport portal responsable du lavage au temps
ou moins diffuses qui restent majoritaires et des formes portal/tardif ;
infiltratives représentant environ 15 % des cas de CHC. Ces ■ l'augmentation de la cellularité associée à une augmenta-
dernières s'accompagnent très souvent d'un envahissement tion du signal en pondération T2.

Fig. 31.2 Macroscopie d'une pièce de lobectomie gauche (a) retrouvant la présence d'un nodule de carcinome hépatocellulaire bien
limité mais s'accompagnant d'une thrombose tumorale au sein de la branche portale gauche (flèche). L'analyse microscopique du
nodule (b) confirme la présence de cellules carcinomateuses avec rapport nucléocytoplasmique élevé (tête de flèche) ainsi que des cellules dysmor-
phiques de grande taille (flèche).

Apport portal
Apport artère hépatique
Apport artériel anormal

Apport artériel

Apport portal

NR ND de ND de Petit CHC bien CHC


bas haut CHC différencié moyennement
grade grade différencié

Fig. 31.3 Spécificités anatomopathologiques caractérisant le CHC analysables en imagerie. (D'après Matsui O, Kobayashi S, Sanada J,
et al. Hepatocellular nodules in liver cirrhosis : hemodynamic evaluation (angiography-assisted CT) with special reference to multi-step hepatocar-
cinogenesis. Abdom Imaging 2011 ; 36 : 264-72.)
526   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

Facteurs pronostiques Sémiologie du CHC et performance


anatomopathologiques diagnostique de l'IRM
Les paramètres anatomopathologiques les plus importants
pour l'évaluation pronostique des CHC sont la présence ou Guide du bon usage des examens
non d'une invasion microvasculaire, caractérisée par une d'imagerie
effraction capsulaire tumorale avec la présence de cellules Deux examens d'imagerie sont indiqués pour la caractéri-
tumorales péritumorales [7, 26, 27]. sation des nodules de CHC selon le guide du bon usage des
Des paramètres moléculaires – la perte d'hétérozygoties examens d'imagerie médicale (http://gbu.radiologie.fr/)
ou l'expression de certains gènes [28, 29] – ont également actualisé à la fin de l'année 2012. L'IRM hépatique est
été rapportés comme marqueurs de récidives tumorales indiquée en première intention ; le scanner thoraco-abdo-
après transplantation hépatique. mino-pelvien est réalisé en deuxième intention, en cas
La plupart de ces facteurs sont fournis uniquement par de contre-indication à l'IRM, ou pour compléter le bilan
l'analyse d'une pièce tumorale réséquée, l'invasion microvas- d'extension.
culaire n'étant pas objectivable sur les données d'une biopsie
dirigée. La recherche de facteurs pronostiques accessibles en
préthérapeutique permettant d'améliorer les stratégies thé- Technique d'IRM hépatique
rapeutiques en les adaptant à l'agressivité de la tumeur est pour la détection et la caractérisation
donc un objectif majeur en imagerie. des nodules de CHC
En IRM, le protocole d'acquisition est identique à celui uti-
lisé pour caractériser un nodule hépatique comprenant au
Définition du petit CHC minimum les séquences suivantes (fig. 31.4).
en anatomopathologie 1. 2D ou 3D, T1, écho de gradient, en phase et en oppo-
Dans la définition de l'International Working Party (IWP) sition de phase (épaisseur de coupe ≤ 5 mm), ou avec
[15], le petit CHC est défini par un carcinome de moins recours aux séquences Dixon et dérivées permettant de
de 2 cm de diamètre. Il existe en réalité deux types de petit générer des cartographies spécifiques eau/graisse : à la
CHC : recherche d'une chute de signal en opposition de phase
■ la forme dite nodulaire facilement identifiable en liée à la graisse intracellulaire.
macroscopie  : elle est fréquemment encapsulée, se 2. 2D, T2, turbo spin écho, avec suppression spectrale
présente microscopiquement comme une association de la graisse (épaisseur de coupe  ≤  5  mm) avec un
de cellules néoplasiques de taille et de cytologie diffé- premier écho (TE  <  90  ms) voire un deuxième écho
rentes. Elle n'est pas toujours bien différenciée. Ces (TE > 120 ms) éventuellement complété par une acqui-
lésions nodulaires sont généralement moyennement sition 2D, Half Fourier, turbo spin écho à TE long, sans
différenciées et le plus souvent associées à une invasion motif de saturation de graisse, avec une épaisseur de
microvasculaire ; coupe autour de 3 mm.
■ la forme dite du « petit CHC à limites indistinctes », 3. Séquence de diffusion, SS-EPI (single shot echo planar
« vaguely nodular » se caractérise par la présence de imaging) avec asservissement respiratoire (épaisseur de
cellules néoplasiques disposées en structures pseudo- coupe : 5 à 7 mm) et utilisation de plusieurs valeurs de b
glandulaires, avec une cellularité augmentée, parfois (au minimum un faible et un plus élevé). La place de
associées à la présence de graisse intralésionnelle dans ces séquences reste discutée mais leur utilité dans cer-
40 % des cas. La plupart de ces nodules sont bien diffé- taines indications – suivi thérapeutique, appréciation de
renciés [30]. la nécrose tumorale – rend nécessaire leur évocation ici.

a b c
Fig. 31.4 Patient de 65 ans, présentant un CHC moyennement différencié du segment 5. IRM hépatique, coupes axiales diffusion avec une
valeur de b = 100 s. mm–2 (a), phase artérielle (b) phase portale (c) retrouvant une dysmorphie cirrhotique hépatique avec une lésion de 34 mm en
hypersignal diffusion avec un rehaussement artériel précoce et lavage dès le temps portal.
Chapitre 31. IRM du carcinome hépatocellulaire    527

Pour la caractérisation des lésions, il est recommandé Points clés


d'utiliser : ■
La détection en IRM des CHC repose principalement en ima-
– une valeur de b faible, soit proche de 0, soit autour de gerie sur la détection d'une hypervascularisation lésionnelle
50 s/mm2, et 1 ou 2 valeurs de b > 200 s/mm2 (entre à la phase artérielle, même si la présence d'un hypersignal T2
400 et 800 s/mm2) pour s'affranchir, lors du calcul de ou de diffusion nodulaire au sein d'un foie de cirrhose est un
l'ADC, du signal à b faible qui reflète la composante élément d'alerte.
microperfusive de la diffusion. Une chute de signal à ■
La caractérisation non invasive des nodules de CHC, selon
b élevé est en faveur d'une lésion bénigne. Même si les recommandations AASLD (American Association for the
l'ADC des lésions bénignes est supérieur à celui des Study of Liver Diseases) et EASL (European Association for
lésions malignes, l'important chevauchement des dif- the Study of the Liver), repose sur l'observation de l'hyper-
férentes valeurs ne permet pas de donner un seuil en vascularisation artérielle et le lavage portal et/ou tardif, et
réclame donc l'utilisation de séquences d'IRM dynamiques
pratique clinique quotidienne ; après injection de chélates de gadolinium.
– un b compris entre 0 et 200 s/mm2 (100 s/mm2) : pour ■
Scanner et IRM ont une sensibilité assez proche, mais l'IRM
la détection des nodules du fait d'un rapport signal permet une meilleure caractérisation lésionnelle et a donc
sur bruit plus élevé. Cette séquence est la plus sensible une spécificité supérieure à celle de la TDM.
pour la détection des lésions secondaires (hypersignal ■
Le diagnostic des CHC de plus de 3 cm de diamètre est relati-
en diffusion). L'intérêt de l'étude combinée de mul- vement aisé, quelle que soit la technique utilisée.
tiples valeurs de b fait l'objet de recherches [31].
4. 2D, T1, écho de gradient, avec motif de suppression de
graisse à la recherche d'un contingent hémorragique ou Sémiologie du CHC en IRM
graisseux extracellulaire.
5. 3D, T1, écho de gradient, avec motif de suppression de Étude du profil vasculaire : sémiologie en IRM
graisse et injection de chélate de gadolinium (épaisseur de La distribution des produits de contraste iodés et des
coupe ≤ 3 mm) avec étude dynamique du rehaussement. La chélates de gadolinium extracellulaires est identique. La
distribution vasculaire et interstitielle des chélates de gadoli- sémiologie du CHC après injection de produit de contraste
nium permet une imagerie dynamique avec étude du rehaus- est par conséquent superposable en IRM et en scanner.
sement lésionnel (phase artérielle, portale et d'équilibre). L'augmentation de la densité vasculaire au sein du CHC
Cette imagerie dynamique est indispensable pour poser un entraîne une artérialisation du nodule responsable d'une
diagnostic ou proposer une orientation étiologique. augmentation du signal/densité par rapport au reste du
6. 2D, T1, écho de gradient, avec motif de suppression de parenchyme hépatique appelé en phase artérielle. Le rehaus-
graisse et après injection de produit de contraste avec sement artériel est maximal en phase artérielle tardive. Une
étude de la phase d'équilibre à la recherche d'un lavage acquisition trop précoce peut sous-estimer le rehaussement
(adénome et CHC) ou d'un rehaussement tardif (angiome précoce des nodules de CHC.
et lésion fibreuse). La prise de contraste précoce nodulaire (wash-in) ne
7. En cas d'utilisation d'un produit de contraste avec capture suffit cependant pas à caractériser un CHC. En effet, la
hépatocytaire tardive, la réalisation de séquences complé- prévalence de ces prises de contraste artérielles nodulaires
mentaires tardivement après injection : 2D et 3D T1, écho de moins de 20 mm sur foie cirrhotique est élevée, pou-
de gradient avec motif de suppression de graisse et 2D écho vant aller jusqu'à 35 %, alors même que 93 % ne sont pas
de gradient en phase et opposition de phase. Afin d'évaluer des CHC [32]. Hwang et al. [33]ont étudié chez 67 patients
le degré de capture hépatocytaire des nodules de CHC, il un total de 169 nodules hypervasculaires au temps artériel
est important de conserver les mêmes paramètres que ceux en scanner multidétecteurs dont 111  nodules de moins
réalisés avant injection (TR, TE angle de bascule). Cette 10 mm. Seuls 17 % de ces lésions hypervasculaires, soit 28
imagerie retardée (15 à 20 minutes après injection d'EOB- des 169 lésions, étaient effectivement des nodules de CHC,
DTPA et 60 à 120 minutes après injection de Gd-BOPTA) dont 18 ne dépassaient pas 10 mm. L'élément apportant la
dite « hépatocytaire » permet une étude fonctionnelle. La plus forte valeur prédictive positive en faveur d'un CHC
captation par les hépatocytes « fonctionnels » via les récep- était l'augmentation de taille de ces lésions hypervasculaires
teurs OATP est responsable d'un rehaussement durable du lors du suivi. À la différence des principaux diagnostics
parenchyme hépatique « normal », par rapport aux lésions différentiels que sont les troubles de perfusion, les nodules
dépourvues d'hépatocytes « fonctionnels » comme les dysplasiques, les angiomes à circulation rapide et à moindre
lésions non hépatocytaires (métastases mais aussi angiomes mesure la fibrose confluente, les CHC se caractérisent par
et kystes) et les lésions hépatocytaires « non fonctionnelles » un lavage au temps portal et/ou tardif. Ce phénomène dit
type adénome et CHC indifférencié. Une fois captés par les de « lavage » est lié à la perte de l'apport portal du CHC alors
hépatocytes fonctionnels, les produits de contraste hépatos- que le reste du parenchyme hépatique en bénéficie toujours.
pécifiques sont sécrétés tardivement dans les voies biliaires Au total, la performance diagnostique en IRM et en TDM
permettant leurs études en pondération T1. Plusieurs d'un wash-in au sein d'un nodule de moins de 20 mm est
agents de contraste hépatospécifiques sont en évaluation en nettement plus élevée lorsqu'il s'associe à un phénomène
Europe (Gd-BOPTA, Gd EOB DTPA). Seul le Multihance® de lavage. Le profil vasculaire dit typique du CHC associe
(Gd-BOPTA) a l'autorisation de mise sur le marché (AMM) donc une artérialisation et un lavage au temps portal et/ou
en France dans cette indication en 2017. tardif. Sur foie cirrhotique, l'association de ces deux critères
528   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

est excellente pour les nodules > 2 cm, mais également pour férenciées. Il existe un grand polymorphisme en imagerie des
les nodules entre 1 et 2 cm [34] (voir fig. 31.4). nodules rencontrés sur un foie cirrhotique (fig. 31.5 et 31.6).
Si le diagnostic du CHC repose principalement sur le Les petits CHC de moins de 2 cm peuvent présenter un
caractère hypervascularisé au temps artériel de la lésion, hypersignal spontané en pondération T1, posant le pro-
il ne faut pas oublier que de nombreuses autres lésions et blème du diagnostic différentiel entre CHC bien différencié
pseudolésions ont un aspect hypervascularisé au temps arté- ou nodule dysplasique de haut grade [40]. Dans une étude
riel ; 87 % des nodules hypervascularisés de moins de 2 cm portant sur 189 patients cirrhotiques, Shimizu et al. ont
découverts sur un foie de cirrhose ne sont pas des CHC. suivi 43 nodules en hypersignal T1 spontané. Les lésions
À l'inverse, le profil vasculaire typique du CHC, associant en hypersignal T1 sans rehaussement artériel n'étaient pas
rehaussement artériel précoce et lavage au temps portal au final des CHC [41]. Le problème essentiel des nodules
et/ou tardif, ne représente pas la totalité des CHC. Le CHC spontanément en hypersignal T1 reste l'évaluation de leur
infiltrant est le plus souvent faiblement vascularisé. rehaussement après injection de produit de contraste.
L'hypersignal T1 est parfois associé à une bonne différencia-
Points clés tion des nodules de CHC [42, 43] (fig. 31.7).
La présence d'un discret hypersignal T2 au sein d'un
Tous les nodules hypervasculaires ne sont pas des CHC, ce
nodule sur foie de cirrhose suggère une transformation vers

qui explique l'importance des critères de taille, de croissance


tumorale, du profil vasculaire et du terrain. le CHC. En effet, les nodules dysplasiques sont rapportés

Le profil vasculaire typique d'un CHC associe un rehaussement comme le plus souvent en hypo- ou isosignal T2 [38, 39].
au temps artériel tardif et au lavage au temps portal ou tardif. Ces variations de signal en T2 des petits nodules de CHC
semblent corrélés à des modifications des comportements
vasculaires ; ainsi, pour Shinmura et al. en portoscanner, les
IRM du CHC : autres éléments sémiologiques nodules hypovasculaires à la phase artérielle et isodenses à
Analyse sémiologique en pondération T1 et T2 la phase portale seraient significativement plus fréquem-
La sensibilité de l'IRM est supérieure à celle du scanner justifiant ment en hypersignal T2 [44]. Ces changements combinés de
son indication en première intention après l'échographie pour signal en contraste spontané et de rehaussement vasculaire
le diagnostic de CHC (voir le guide du bon usage des examens seraient expliqués par les modifications histologiques sous-
d'imagerie). Les chiffres de sensibilité généralement rappor- jacentes associant augmentation du nombre des artères
tés dans la littérature oscillent entre 44 et 85 % et dépendent là non triadiques et augmentation de la cellularité. Une étude
encore de la taille des nodules, et de l'examen de référence – ana- récente a en outre montré que la présence d'un hypersignal
tomopathologie sur foie explanté ou non – dans les différents tra- T2 au sein d'un nodule hypovasculaire était un facteur de
vaux rapportés [34–36]. L'aspect du CHC le plus fréquemment risque indépendant de transformation en CHC [45].
retrouvé en IRM sur les séquences conventionnelles est une Le tableau 31.1 résume la spécificité et la valeur prédic-
lésion en hyposignal T1 et discret hypersignal T2 [27, 37–39]. tive positive de l'IRM selon les données de la littérature.
Cependant, cet aspect typique n'est retrouvé que dans 54 % des Une méta-analyse de Kierans et al. portant sur 22 études et
cas et correspond plutôt à des formes moyennement à peu dif- 1387 petits CHC révèle que les phases dynamiques ont une sen-

Fig. 31.5 Patient de 68 ans, IRM hépatique, retrouvant un foie dysmorphique. Présence de deux lésions nodulaires des secteurs postérieurs
du foie droit en hypersignal T2 hétérogène (a), hyposignal T1 avec des plages spontanément hyperintenses (b, c), avec un faible rehaussement
hypervasculaire en phase artérielle (d) avec lavage au temps portal (e), en hypersignal franc en diffusion (une valeur de b = 100 s. mm–2) (f). À noter
la diminution du signal hépatique sur la séquence in phase (b) par rapport à la séquence out phase (c) : surcharge hépatique ferrique modérée.
Chapitre 31. IRM du carcinome hépatocellulaire    529

Fig. 31.6 IRM hépatique chez un patient de 74 ans. Foie dysmorphique avec un nodule du segment 2, de 15 mm, en hypersignal diffusion à
b : 100 (a, tête de flèche), hypervasculaire au temps artériel tardif (flèche en b), avec wash-out au temps portal (flèche en c) et hypovasculaire lors
de la phase hépatobiliaire acquise 90 minutes après injection de Gd-BOPTA (cercle en d) : aspect caractéristique d'un petit CHC.

a b c

d e
Fig. 31.7 Dépistage de CHC chez un patient de 55 ans avec cirrhose postvirale C. IRM hépatique, coupe axiale, nodule en hypersignal T1 spon-
tané correspondant à un CHC bien différencié : hypersignal T1 (flèche) spontané du CHC sur l'acquisition en phase (a), chute du signal sur l'acquisition
en opposition de phase (flèche en b), hypervasculaire (tête de flèche en c) avec lavage au temps portal (d), avec un ADC restreint (cercle en e).

Tableau 31.1 Comparaison des lésions vues à l'IRM avec l'analyse anatomopathologique du foie explanté.
Auteurs N CHC/N total Sensibilité Sensibilité en fonction de la taille de la lésion (%) Spécificité (%) VPP (%)
globale (%)
≤ 1 cm 1–2 cm ≥ 2 cm
Krinsky et al., 2001 [46] 10/71 53 ND ND ND 83 ND
Rode et al., 2001 [47] 6/43 77 71 80 100 57 ND
Burrel et al., 2003 [48] 29/50 76 34 89 100 ND 87
Bhartia et al., 2003 [49] 14/31 78 38 92 91 ND 54
Teefey et al., 2003 [50] 9/25 77 ND ND ND ND 74
VPP : valeur prédictive positive.
530   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

sibilité moyenne (78 %) et une bonne spécificité (92 %) ; l'ajout Points clés


de la phase hépatobiliaire renforce la sensibilité (92 %) [51]. Li ■
Malgré les améliorations instrumentales, la taille du CHC
et al. ont démontré par une méta-analyse que l'IRM comprenant impacte encore sur la performance diagnostique de toutes les
des séquences conventionnelles, des séquences de diffusion et modalités d'imagerie.
une phase hépatobiliaire avait une sensibilité de 88 %, une spéci- ■
L'IRM est l'examen qui permet une meilleure caractérisation
ficité de 96 %, un rapport de vraisemblance de 19,23 et une aire des nodules sur cirrhose grâce à l'analyse du signal en pondé-
sous la courbe de confiance diagnostique à 0,9833 [52]. ration T1 et T2. Sa performance diagnostique est plus élevée
que celle du scanner. Une intégration de l'ensemble des cri-
Autres éléments sémiologiques tères diagnostiques – au-delà du simple profil vasculaire – est
cependant nécessaire, d'où l'émergence du LI-RADS.
La présence d'une capsule périlésionnelle est un élément
marquant du compte-rendu [53]. Il s'agit d'un rehaussement
périlésionnel régulier, plus marqué au temps portal et tardif. LI-RADS
La découverte d'une capsule en IRM est le plus souvent éga- La dernière version du LI-RADS date de 2014 (http://
lement confirmée à l'examen anatomopathologique [54]. La nrdr.acr.org/lirads) [56]. C'est une méthode standar-
capsule est en règle générale absente des petits CHC et des disée de termes et critères diagnostiques des examens
nodules dysplasiques. Ce rehaussement capsulaire progres- d'imagerie hépatique (scanner ou IRM avec injection
sif correspond à une vascularisation lente intracapsulaire, de produit de contraste). Elle concerne les patients cir-
retenue par le parenchyme hépatique sain adjacent. rhotiques ou à fort risque de CHC. Ses objectifs sont
Selon la classification LI-RADS (Liver Imaging Reporting la meilleure communication entre cliniciens et radiolo-
and Data System), un nodule hypervasculaire de plus de gues, en réduisant les variations et les erreurs d'interpré-
2 cm, avec une capsule, est un CHC, même en l'absence de tation, dans l'optique d'une transplantation hépatique
wash-out significatif. Pour les nodules entre 10 et 19 mm, la pour CHC.
conjonction du wash-in associé au wash-out et la présence Le système LI-RADS intègre une catégorisation ordi-
d'une capsule permettent de poser le diagnostic de CHC. nale des lésions selon la probabilité de CHC, en classant les
Cette capsule n'est pas totalement spécifique. Afin de bien lésions et pseudolésions sur foie de cirrhose. Les critères
retenir le diagnostic de capsule typique de CHC, il faut que d'évaluation tiennent compte de la vascularisation, ainsi que
ce rehaussement progressif soit plus épais que le rehaussement du signal lésionnel et de l'extension tumorale vasculaire ou
fibreux du parenchyme adjacent [55]. de son comportement infiltratif (fig. 31.8).

Examen d’imagerie scanographique ou IRM d’un patient


à risque élevé

Interprétation

Bénigne Probablement bénigne Ni l’un ni l’autre

Probablement malin,
LR- LR- LR-M
mais non CHC

Bourgeon tumoral
LR-V
portal

Phase artérielle : Phase artérielle :


lésion rehaussement
hypovasculaire hypervasculaire
ou iso-intense

Diamètre (mm) < 20 ≥ 20 < 10 10–19 ≥ 20

Lavage Aucun LR-3 LR-3 LR-3 LR-3 LR-4

LR-4
Capsule Un LR-3 LR-4 LR-4 LR-5
LR-5*
Croissance
≥ deux LR-4 LR-4 LR-4 LR-5 LR-5
rapide

Fig. 31.8 LI-RADS selon l'ACR. *Observations dans cette cellule classée LR-4 excepté les situations suivantes : LR-5 g, si augmentation du dia-
mètre lésionnel ≥ 50 % ; LR-5us : s'il y a conjointement un wash-out et une cible visible en échographie. (D'après http://nrdr.acr.org/lirads.)
Chapitre 31. IRM du carcinome hépatocellulaire    531

Tableau 31.2 Catégories principales de LI-RADS.


LR1 Certainement bénin 100 % de certitude du diagnostic bénignité
LR2 Probablement bénin Haute probabilité de bénignité
LR3 Probabilité intermédiaire de CHC Probabilité intermédiaire de lésion bénigne ou CHC
LR4 Probablement CHC Haute probabilité du CHC, mais pas de certitude à 100 %
LR5 Certainement CHC 100 % de certitude du diagnostic de CHC
LR5 V Certainement CHC avec un bourgeon tumoral portal 100 % de certitude du diagnostic de CHC avec envahissement
LR 5us Certainement CHC si présence d'un wash-out et visibilité en 100 % de certitude du diagnostic de CHC
échographie
LR 5 g Certainement CHC + augmentation du diamètre ≥ 50 % 100 % de certitude du diagnostic de CHC
en ≤ 6 mois
LR5 Traité CHC traité CHC traité locorégionalement
OM « Other malignancy » Haute probabilité de cancer, autre que CHC

Il existe cinq catégories principales LI-RADS, résumées Tableau 31.3 Critères ancillaires orientant soit vers
dans le tableau 31.2. la malignité, soit vers la bénignité.
Les critères LR 5us et 5 g (voir tableau 31.2) sont utilisés
pour les nodules mesurant entre 10 et 19 mm, avec un seul Orientation vers la malignité Orientation vers la bénignité
critère. Hypersignal T2 modéré Hypersignal T2 marqué
L'étape initiale est de retenir le diagnostic de masse. Selon Restriction de la diffusion Vaisseaux non déformés
la terminologie LI-RADS, une masse correspond à une lésion
Rehaussement en couronne Rehaussement semblable au
nodulaire qui occupe l'espace ou infiltre le parenchyme ou (corona) pool sanguin
envahit les veines. Les lésions non masses sont les troubles
perfusionnels, les pseudomasses hypertrophiques, ou la stéa- Architecture en mosaïque Réduction du diamètre
tose focale. Ensuite, il s'agit d'éliminer une autre cause de can- Architecture avec nodule Stabilité lésionnelle ≥ 2 ans
cer, par exemple un cholangiocarcinome, un lymphome ou interne
une métastase. La recherche d'une extension vasculaire por- Graisse intralésionnelle Hypo-intensité de signal
tale constitue le troisième temps de l'analyse. En cas de bour- marquée en T2 ou T2*
geon tumoral portal, il s'agit d'une maladie classée LR 5 V. Épargne ferrique lésionnelle
Cinq critères majeurs sont à analyser :
Épargne stéatosique lésionnelle
■ rehaussement artériel ;
■ diamètre lésionnel ; Produits de dégradation
■ présence d'un wash-out ; sanguin
■ présence d'une capsule : il s'agit d'un rehaussement annu- Croissance diamètre inférieur
laire péritumoral visible au temps tardif ; au seuil
■ croissance significative : majoration minimale de 5 mm
et une croissance ≥ 50 % entre deux examens séparés de
6 mois. Tableau 31.4 Conduites à tenir pour les lésions
Le nombre de critères majeurs observés (aucun, un, deux selon le LI-RADS.
ou plus), la taille et le rehaussement artériel permettent de LR1 Certainement bénin Surveillance de routine
stratifier le risque de CHC. L'adjonction de critères mineurs
permet ensuite d'affiner la catégorie retenue pour le CHC, LR2 Probablement bénin Surveillance de routine
en sachant que la catégorie LR 5 est réservée aux nodules LR3 Probabilité intermédiaire Suivi variable
pour lesquels le diagnostic de CHC est certain. de CHC
Le tableau 31.3 apporte des critères ancillaires orientant LR4 Probablement CHC Suivi rapproché, imagerie
soit vers la malignité, soit vers la bénignité. additionnelle, biopsie ou
Cette classification LI-RADS propose des conduites à traitement
tenir (tableau 31.4). LR5 Certainement CHC Traitement sans biopsie,
staging radiologique

Bilan d'extension du CHC LR5 V Certainement CHC avec un Traitement sans biopsie,
bourgeon tumoral portal staging radiologique
La présence d'extension tumorale locale, régionale ou à
distance est également un facteur pronostique important. LR5 traité CHC traité Suivi rapproché pour
évaluer la réponse
L'IRM a un rôle clé dans l'évaluation locale et locorégionale
ganglionnaire. Le scanner thoraco-abdomino-pelvien per- OM « Other malignancy » Suivi rapproché, imagerie
met rapidement d'établir ce bilan d'extension. Il est ensuite additionnelle, biopsie ou
traitement
classé selon les stades TNM (tableau 31.5).
532   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

Tableau 31.5 Classification TNM du CHC.


Stade Définition
Site tumoral
initial
Tx Non évaluable
T1 Tumeur unique ≤ 2 cm sans envahissement vasculaire
T2 Tumeur unique ≤ 2 cm avec envahissement
vasculaire ou multiples nodules dans un lobe, ou
tumeur > 2 cm sans envahissement vasculaire
T3 Tumeur isolée > 2 cm avec envahissement
vasculaire, ou multiples nodules dans un lobe
T4 Multiples nodules ou envahissement portal tumoral
Atteinte
ganglionnaire
Nx Non évaluable
N0 Pas de ganglions locorégionaux métastatiques
N2 Ganglions régionaux métastatiques
Métastases à
Fig. 31.9 IRM hépatique : CHC diffus avec envahissement tumo-
distance
ral portal. Aspect hétérogène en discret hypersignal T2 tissulaire (a),
Mx Non évaluable hyposignal T1 (b, c), profil vasculaire typique avec wash-in (c) et lavage
M0 Pas de localisation secondaire à distance tardif (d). (e) Envahissement tumoral portal (astérisque) avec signe
d'Okuda (flèche en d), restriction de l'ADC (flèche en f), reconstruction
M1 Métastases à distance coronale du bourgeon tumoral portal (g).
Regroupement
I T1N0M0 sont un rehaussement hypervasculaire et l'augmentation de
taille, plutôt que la dimension du petit ou grand axe [65].
II T2N0M0
Yoon et al. ont montré que la tomoscintigraphie au 18F-FDG
III T1N1M0 était efficace pour détecter ces ganglions métastatiques [66].
T2N1M0
T3 quel que soit N M0 Métastases à distance
IVA T4 quel que soit N M0 Un bilan d'extension est indispensable car le CHC est une
IVB T4 quel que soit N M1 lésion agressive avec, nous l'avons vu, un tropisme vascu-
laire important, et la présence d'une localisation tumorale
secondaire exclut tout traitement curatif [67]. L'extension
Extension locale secondaire du CHC est médiée par la voie hématogène, lym-
Le CHC a un tropisme vasculaire essentiellement veineux phatique ou par invasion directe à un organe adjacent [68].
[24]. L'évaluation du tronc porte et des veines hépatiques est Les principales localisations secondaires des métastases des
primordiale, à la recherche d'un thrombus veineux pouvant CHC sont pulmonaires (55 %), surrénaliennes et osseuses
témoigner d'un envahissement tumoral ou d'une cause fibro- [69]. Elles sont généralement de révélation tardive [69]. En cas
cruorique. La détermination de la nature d'une obstruction de rupture tumorale ou de stade avancé, l'extension peut être
portale ou d'une veine hépatique est parfois difficile. Les cri- péritonéale et conduire à une carcinose péritonéale diffuse.
tères permettant d'affirmer un bourgeon tumoral endoportal
sont la présence d'un nodule de CHC à proximité et surtout Objectifs de l'imagerie « fonctionnelle »
le signe d'Okuda [57]. Il s'agit d'un élargissement de la veine L'apport en pratique clinique de l'imagerie fonctionnelle pour
porte avec une hypervascularisation endoluminale (fig. 31.9). le bilan diagnostique s'accroît. Les produits de contrastes
hépatospécifiques et les séquences de diffusion augmentent
Extension ganglionnaire la spécificité de l'IRM sans en dégrader la sensibilité.
L'extension ganglionnaire du CHC oscille entre 10 à 42 %
selon une méta-analyse [58]. Elle affecte les ganglions hilaires IRM et produits de contraste hépatocytaires
hépatiques, cœliomésentériques et rétropéritonéaux [59]. La En dehors des chélates de gadolinium, plusieurs agents de
prudence demeure face à des ganglions hilaires hépatiques, contraste peuvent être utiles pour la détection et la carac-
la cirrhose pouvant en elle-même expliquer la présence térisation des lésions nodulaires intrahépatiques. C'est le
d'adénomégalies [60]. La prévalence de l'atteinte ganglion- cas de deux agents de contraste dits hépato-spécifiques : le
naire est plus élevée pour la forme fibrolamellaire du CHC gadolinium ethoxybenzyldiethylenetriaminepentaacetic acid
[61, 62]. Leur présence ampute sérieusement le pronostic des (gadoxetic acid disodium ou Gd-EOB-DTPA, Primovist®,
patients ; celui-ci chute à 20 % à 5 ans [63] en raison d'un Schering, Berlin, Allemagne) et le gadobénate diméglumine
risque de récidive élevé [64]. Leurs critères diagnostiques (Gd-BOPTA/Dimeg, Multihance®, Bracco, Milano, Italie).
Chapitre 31. IRM du carcinome hépatocellulaire    533

Tous les deux se caractérisent par une distribution vasculaire Plus de 80 % des CHC sont en hyposignal en phase tar-
puis interstitielle. Leur captation hépatocytaire tardive est dive hépatocytaire car ne présentant pas d'hépatocytes fonc-
ensuite médiée par le transporteur OATP 1 (organic anion- tionnels ; 10 à 20 % des CHC sont iso/hypersignal en phase
transporting polypepide 1). Ils entraînent un raccourcisse- tardive (par surexpression d'OATP  1). Le rehaussement
ment du temps de relaxation en pondération T1. En France, tardif en phase hépatocytaire est lié à la présence de lacs
seul le Gd-BOPTA à l'AMM en 2017. Son excrétion biliaire biliaires. Les lésions bien différenciées se rehaussent plus
est plus faible (5 %) que celle du Gd-EOB-DTPA (50 %). que les CHC non différenciés [70, 71] (fig. 31.10 et 31.11).

a b

c d
Fig. 31.10 Cirrhose alcoolique chez un patient de 58 ans. IRM hépatique, coupes axiales : nodule sous-capsulaire du segment 3 en hypersignal
T2 tissulaire (a), en hypervasculaire (b), avec un lavage (c) et isosignal au parenchyme hépatique lors de la phase hépatobiliaire 90 minutes après
injection de Gd-BOPTA (d). L'analyse anatomopathologique de l'explant confirme qu'il s'agit d'un CHC bien différencié.

a b c

d e f
Fig. 31.11 Cirrhose postvirale B chez un patient de 64 ans. IRM hépatique, coupes axiales, nodule du segment 5 en hypersignal T2 tissulaire
(a), en hypersignal diffusion (b, valeur de b : 100 s. mm–2), avec un ADC restreint (c), au profil vasculaire typique : wash-in (flèche en d) et wash-out
(flèche en e), en hyposignal par rapport au parenchyme adjacent lors de l'acquisition à la phase hépatocytaire 90 minutes après injection de produit
de Gd-BOPTA (tête de flèche en f). L'analyse anatomopathologique de l'explant confirme qu'il s'agit d'un CHC peu différencié.
534   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

Le défaut de rehaussement lésionnel par rapport au foie spécificité de 44 % [84]. Cependant, l'analyse de l'ensemble
adjacent lors de la phase hépatocytaire après injection de des données de la littérature ne permet pas de dégager une
Gd-EOB-DTPA semble permettre une meilleure détection valeur d'ADC absolue autorisant une telle séparation : d'une
des CHC que l'étude conventionnelle [71]. Park et al. ont part les hétérogénéités des paramètres d'acquisition et de
montré une équivalence diagnostique entre le Gd-BOPTA et post-traitements influencent directement les valeurs des
le Gd-EOB-DTPA [72]. Le Gd-EOB-DTPA peut également ADC observés ; d'autre part, il existe dans toutes les études
permettre d'approcher la différenciation du CHC, chez les un chevauchement marqué des valeurs d'ADC entre lésions
patients stade Child A [73]. Martino rapporte une améliora- bénignes et lésions malignes.
tion significative de la sensibilité et de la spécificité de l'IRM En revanche, l'imagerie de diffusion est utile pour le suivi
avec étude de la phase hépatocytaire [74]. Pour Taouli et al., post-thérapeutique des CHC  : Kokabi et  al. ont montré
le Gd-EOB-DTPA permet une meilleure détection des petits qu'une valeur d'ADC baseline < 0,83 10–3 mm2.s–1 était un
CHC chez les patients cirrhotiques (la sensibilité croît de prédicteur positif de survie et de réponse à 1 et 3 mois [85].
78,3 % à 90,9 %, p < 0,01) [75].
Pour certains auteurs, l'analyse de la phase hépatocytaire
tardive après injection de Gd-EOB-DTPA doit s'intégrer Imagerie métabolique
dans l'algorithme diagnostique du CHC, notamment pour Rappels sur la tomoscintigraphie par émissions
les nodules gardant un profil vasculaire atypique en scan- de positons
ner ou IRM [76]. Récemment, Kim et al. ont montré que La tomographie par émission de positons (TEP) repose sur
les nodules non hypervasculaires, en hyposignal T2 mais l'injection intraveineuse d'un traceur radioactif émetteur de
en hyposignal sur la phase hépatocytaire, avaient un risque positons. La désintégration de cette molécule radioactive
d'apparition d'une hypervascularisation de 23,7 % lors d'un s'accompagne de l'émission de positons dont l'annihilation
suivi de 3 ans, nécessitant un suivi diagnostique plus sou- s'accompagne de l'émission de 2  photons coïncidents de
tenu [77]. 511 kev détectés par une couronne détecteur selon une ligne
La phase hépatocytaire a également un rôle prédictif de de réponse et une fenêtre de coïncidence. Un scanner est cou-
récidive locale tumorale après traitement percutané par plé à la TEP (TEP/TDM) pour permettre une correction de
radiofréquence. Les paramètres prédictifs négatifs sont la l'atténuation des photons dans les tissus par l'intermédiaire
taille de la tumeur, l'hypo-intensité périlésionnelle en phase d'une cartographie d'atténuation et pour fournir une infor-
hépatocytaire et les contours irréguliers [78]. L'apport des mation anatomique complémentaire. Le principal radio-iso-
séquences de diffusion est toujours discuté [79]. tope émetteur de positons utilisé en TEP est le fluor 18.

Apport des séquences de diffusion TEP au 18F-FDG


L'imagerie de diffusion est une technique d'imagerie permet- Le 18F-FDG (18-fluoro-2-désoxyglucose) est un analogue
tant de quantifier des mouvements protoniques à l'échelle du glucose qui entre dans les cellules par l'intermédiaire
microscopique, eux-mêmes reflets de l'espace extracellulaire, des transporteurs GLUT, puis est transformé en 18F-FDG-
de la viscosité et de la cellularité. L'utilisation récente des 6-P par l'intermédiaire d'une hexokinase. Le 18F-FDG-6-P,
acquisitions parallèles en IRM et de l'asservissement respira- qui n'est pas un substrat pour les réactions enzymatiques
toire a permis d'appliquer ces techniques de diffusion à l'étude ultérieures, soit est retransformé en 18 F-FDG par une
du foie [80]. Cependant, la restriction conjointe de la diffu- glucose-6-phosphatase, soit s'accumule dans la cellule.
sion liée à l'hépatopathie chronique sous-jacente d'une part et L'accumulation progressive du 18F-FDG-6-P dans les cellules
celle liée aux nodules d'autre part rendent l'impact de l'IRM cancéreuses s'explique, d'une part, par une augmentation
de diffusion sur la détection de ces nodules encore discutée. de l'expression des transporteurs membranaires GLUT 1 et
Une méta-analyse a montré une sensibilité de l'IRM de GLUT 3 et, d'autre part, par une augmentation de l'activité
diffusion de 81 %, une spécificité de 89 % pour la détection glycolytique, caractérisée par une élévation du rapport de
des nodules de CHC [81]. L'association de l'imagerie de l'activité hexokinase sur l'activité glucose-6-phosphatase.
diffusion aux séquences conventionnelles permet pour cer- Dans le foie, les cellules tumorales bien différenciées, à
tains auteurs une meilleure détection des CHC (sensibilité l'instar des cellules hépatiques saines, conservent une acti-
de 93 % versus 73 %, p < 0,05) [81, 82]. vité enzymatique élevée en glucose-6-phosphatase, ce qui
Concernant la caractérisation des lésions tumorales augmente la clairance cellulaire du 18F-FDG. Cela a pour
hépatiques, plusieurs études ont suggéré que des valeurs conséquence une faible accumulation du 18F-FDG au niveau
seuil d'ADC pouvaient permettre de mieux différen- des cellules hépatiques saines, des tumeurs bénignes hépa-
cier les lésions focales hépatiques bénignes des lésions tiques et des CHC bien différenciés.
malignes. C'est ainsi que l'ADC des lésions bénignes serait La sensibilité de la TEP au 18F-FDG pour détecter les
plus élevé que celui des lésions malignes [83, 84]. Parikh CHC, tous grades d'Edmonson confondus, est de l'ordre de
et  al. proposent, dans une série de 211  lésions un seuil 50 % [86–89]. Ce qui était interprété comme un manque
d'ADC à 1,60 × 10–3 mm2.s–1. Lorsque l'ADC est inférieur de sensibilité de l'examen il y a 10 ans s'avère être en réa-
à cette valeur, la lésion est potentiellement maligne, avec lité un marqueur pronostique de l'agressivité tumorale, car
une sensibilité de 74,2 % et une spécificité de 77,3 % [83]. les tumeurs fixant le FDG sont les plus volumineuses, les
Sandrasegaran et al., dans une série de 76 lésions, proposent moins différenciées et celles produisant les plus hauts taux
un seuil d'ADC inférieur à 1,04 × 10–3 mm2.s–1 pour le dia- d'AFP [88]. Une étude plus récente sur la caractérisation
gnostic de malignité avec une sensibilité de 54 % et une de nodules hépatiques en 18F-FDG portant sur 59 patients
Chapitre 31. IRM du carcinome hépatocellulaire    535

a rapporté une sensibilité augmentée à 76 % lorsqu'on ne Les premières études réalisées avec un autre traceur du
considère que les CHC moyennement à peu différenciés métabolisme lipidique, l'acétate marqué au Carbone  11
[90]. Il a donc été proposé d'utiliser la TEP au 18F-FDG pour (traceur non disponible en pratique courante en raison de
sélectionner les patients candidats à une transplantation et sa période courte), ont montré une fixation inverse du 18F-
présentant un faible risque de récidive sur greffon. Dans FDG et du 11C-acétate en fonction du grade de différencia-
une étude rétrospective sur 59 patients greffés, un rapport tion des CHC [93].
des SUVmax (valeur rendant compte du degré de fixation Une étude plus récente sur 121 patients [94] comparant
d'une région d'intérêt) tumeur/foie sain < 1,15 était associé les performances de la TEP au 18F-FDG, au 11C-acétate,
à une survie sans récidive de 97 % à 1 an contre 57 % en cas et de la combinaison des deux a rapporté des sensibilités
de rapport tumeur/foie sain ≥ 1,15 (p < 0,0001) [91]. Une de détection du CHC respectives de 60,9 %, 75,4 % et de
étude prospective plus récente incluant 191 patients après 82,7 %. La fixation en 18F-FDG était significativement asso-
transplantation a montré une survie globale à 3 ans signifi- ciée à des critères péjoratifs comme un taux élevé d'AFP, un
cativement plus élevée chez les patients négatifs en 18F-FDG stade avancé, une thrombose portale, ainsi qu'a des lésions
(89,8 % de survie chez les patients FDG – contre 65,5 % chez multiples et de grande taille. La fixation en 11C-acétate était
les patients FDG + en prétransplantation) et a démontré que elle corrélée à la taille et au nombre de lésions.
la TEP au 18F-FDG était un facteur indépendant de récidive La TEP à la 18F-FCH (traceur qui se comporte comme
précoce (inférieure à 6 mois post-transplantation) [92]. le 11C-acétate) pourrait donc être utile dans les indica-
La TEP au 18F-FDG aurait donc un intérêt pour la sélec- tions où le 18F-FDG est peu sensible. Talbot et  al. [95]
tion des patients qui répondent aux critères de Milan afin de rapportent chez 81 patients une sensibilité de 88 % avec la
recevoir un greffon hépatique, car sa positivité mettrait en 18F-FCH versus 68 % avec le 18F-FDG (p = 0,07) pour la
évidence les patients à risque de récidive en étant fortement détection des nodules de CHC, avec une sensibilité attei-
associée à la sortie de liste de transplantation hépatique pour gnant même 94 % pour la 18F-FCH dans les formes bien
progression tumorale et à des caractéristiques histologiques différenciées. Ainsi, le FCH-TEP/CT pourrait être plus
plus péjoratives (fig. 31.12). sensible que le 18F-FDG-TEP/CT dans la détection du
CHC chez les patients avec un petit nombre de nodules,
TEP à la 18F-fluorocholine (18F-FCH) en raison du caractère différencié des tumeurs (fig. 31.13
La choline est un composant essentiel des phospholipides et 31.14). Il est intéressant de noter que, dans cette étude,
membranaires. Son transport intracellulaire est spécifique la positivité en 18F-FCH était définie pour une hyperfixa-
grâce à la présence de cholines transporteurs. La FCH est tion du nodule par rapport au foie sain (fixation physio-
incorporée dans la cellule par des transporteurs spécifiques logique élevée du traceur au niveau du foie sain), mais
sodium-dépendants et indépendants ; elle est ensuite trans- également pour un pattern hypofixant en ­18F-FCH/hyper-
formée par la choline kinase en phosphofluorocholine puis fixant en 18F-FDG correspondant à des lésions dédiffé-
par la phospholipase C pour être intégrée aux phospholi- renciées ayant perdu la capacité de fixer la 18F-FCH des
pides membranaires. Le mécanisme exact de l'augmentation cellules hépatiques saines.
de la concentration intracellulaire de la choline et de ses
analogues en pathologie tumorale est mal connu.

Fig. 31.12 TEP au 18 F-FDG, lésion à la jonction des segments 5 et 6


intensément hypermétabolique. SUVmax  =  11,6 avec un ratio de Fig. 31.13 Lésion sous-capsulaire de 20 × 30 mm du segment 4
fixation à 4,6 très élevé par rapport au foie sain et associé à des adénopa- hypermétabolique en FCH (SUVmax  =  9,5, ratio de fixation à
thies médiastinales et cœliomésentériques hypermétaboliques suspectes 1,2) et non hypermétabolique en FDG. TEP FCH, image corps entier
d'envahissement ganglionnaire. Image corps entier en maximum intensity MIP (a), TEP FCH coupes axiales fusionnées (b), TEP FDG, image corps
projection (MIP) (a), coupes axiales fusionnées (b), coupes axiales TEP (c). entier MIP (c), TEP FDG coupes axiales fusionnées (d). L'examen ana-
L'examen anatomopathologique a confirmé le caractère moyennement tomopathologique a confirmé le caractère bien différencié du nodule
différencié du CHC et la nature métastatique d'un ganglion cœliaque. de CHC.
536   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

Fig. 31.15 Récidive osseuse métastatique d'un CHC moyenne-


ment différencié trifocal réséqué. La TEP FDG ne montre qu'une
lésion osseuse lytique de l'apophyse transverse gauche de L5 (flèche
rouge) faiblement hypermétabolique (SUVmax  =  2,6), alors que la
Fig. 31.14 Lésion de 12 cm du foie gauche avec une portion anté- TEP FCH montre une atteinte osseuse secondaire disséminée du
rosupérieure hypermétabolique en FDG (SUVmax = 5,5, flèche squelette axial (SUVmax = 26,9 au niveau de L5). La biopsie osseuse
rouge) et une portion inféro-postérieure hypermétabolique en en L5 confirme une localisation métastatique bien différenciée de
FCH (SUVmax  =  11,7, flèche bleue). TEP FDG, image corps entier CHC, ce qui est concordant avec la fixation élevée en FCH et beau-
MIP (a), TEP FDG coupes axiales fusionnées (b), TEP FCH, image corps coup plus faible en FDG.
entier MIP (c), TEP FDG coupes axiales fusionnées (d), IRM hépatique,
coupes axiales, écho de gradient T1 fat sat, temps portal après injec-
tion de gadolinium (e), montrant la lésion en hyposignal par rapport
au parenchyme hépatique adjacent (lavage, flèche verte). L'examen Pour une lésion supracentimétrique, une seule moda-
anatomopathologique a confirmé le caractère hétérogène de la lésion lité d'imagerie en coupe mettant en évidence un profil
avec des contingents bien à moyennement différenciés. vasculaire typique de CHC (wash-in et lavage) permet
de prendre en charge comme un CHC (l'EASL préco-
nise deux techniques d'imagerie en dehors des centres
La TEP double-isotope (18F-FDG et 11C-acétate) en tant
experts). Le scanner et l'IRM sont les deux techniques
qu'imagerie corps entier a également été testée pour le bilan
acceptées pour établir un profil vasculaire typique de
d'extension.
CHC, même si l'IRM est reconnue comme présentant
Une étude rétrospective portant sur 121 patients métas-
une meilleure sensibilité. L'échographie de contraste
tatiques [96] a montré de très bonnes performances pour la
n'est plus à ce jour retenue dans cet algorithme diagnos-
détection des métastases de l'étude en double isotope avec
tique [98]. Il en est de même pour l'AFP qui peut être
une sensibilité de 98 %, une spécificité de 86 %, une VPP
elle aussi augmentée en cas de cholangiocarcinome ou de
de 96 % et une VPN de 90 %. Cette bonne valeur prédic-
métastases digestives [99]. En l'absence de rehaussement
tive positive pourrait permettre de mieux sélectionner les
caractéristique sur les deux modalités d'imagerie (TDM
patients candidats à un traitement curatif (fig. 31.15).
ou IRM), la biopsie est indiquée.
Pour une lésion infracentimétrique découverte sur une
échographie de surveillance, un simple suivi échographique
Diagnostic non invasif du CHC à 3 mois reste préconisé à la recherche d'une augmentation
sur cirrhose hépatique en attente de taille. La stabilité du nodule sur 18 à 24 mois permet
d'éliminer l'hypothèse d'un CHC.
de transplantation hépatique Ces critères diagnostiques non invasifs du CHC sur cir-
Le CHC est la seule tumeur dont le diagnostic peut être rhose en attente de transplantation hépatique ont toutefois
affirmé sans confirmation anatomopathologique systé- plusieurs limites :
matique. L'algorithme du diagnostic non invasif du CHC ■ ils ne peuvent s'appliquer que sur foie cirrhotique ou
en prétransplantation hépatique validé par les sociétés sur hépatopathie virale chronique B. Le profil vasculaire
savantes internationale (EASL, AASLD) a été actualisé en caractéristique du CHC est en effet non spécifique sur
2011 [97]. foie non cirrhotique ;
Chapitre 31. IRM du carcinome hépatocellulaire    537

■ le CHC sur foie non cirrhotique existe, même s'il est `` Conclusion
moins fréquent. Il nécessite la réalisation d'une biop-
sie quels que soient sa taille ou le profil vasculaire afin Le CHC, sixième cancer dans le monde, représente 90 % des
d'éliminer d'autres lésions malignes comme notamment cancers primitifs du foie et est responsable annuellement
le cholangiocarcinome ou des lésions de type adénomes d'un million de décès par an. L'imagerie, notamment l'IRM,
hépatocellulaires ; est primordiale pour le diagnostic, le bilan d'extension et le
■ les CHC hypovasculaires représentent 10 à 15 % des suivi du CHC. Le CHC est le seul cancer dont le diagnostic
CHC [90]. Ils ne peuvent être diagnostiqués de façon peut être porté de façon non invasive sur des critères d'ima-
non invasive. Toutefois, ils correspondraient le plus gerie fondés sur la taille et le profil vasculaire des nodules.
souvent à de petits CHC et des CHC bien différenciés Ces critères diagnostiques EASL et AASLD sont validés uni-
[100]. quement sur foie cirrhotique.
Tous les CHC ne présentent pas un profil vasculaire Le second objectif pour l'imagerie est de participer au
typique. C'est particulièrement le cas des petits CHC de choix du projet thérapeutique en cherchant des facteurs
moins de 20 mm, qui représentent pourtant, fort heureu- de récidive tumorale après transplantation hépatique déjà
sement, la majorité des nodules détectés lors du dépis- accessibles en imagerie, à savoir la taille des nodules, leur
tage semestriel du patient cirrhotique [101]. Ces critères nombre, l'existence d'une invasion portale macroscopique
dits « non invasifs » sont donc paradoxalement fréquem- ou de nodules satellites.
ment pourvoyeurs de biopsies percutanées. Le risque Les deux autres critères majeurs anatomopathologiques
de dissémination tumorale sur le trajet de ponction a de mauvais pronostic que sont la micro-invasion vascu-
été récemment évalué sur une méta-analyse à moins de laire portale et la différenciation tumorale sont des enjeux
3 % en sachant que les métastases pariétales sont le plus majeurs pour l'imagerie, notamment fonctionnelle (diffu-
souvent curables [102]. Reste que la biopsie percutanée sion et produit de contraste spécifique).
a elle-même ses limites puisque le risque de faux néga-
tif au décours d'une première biopsie pour les nodules
mesurant entre 1 et 2 cm s'élève à 30 % [100]. Ainsi, une Références
première ponction biopsie hépatique négative n'élimine [1] Ferlay  J, Shin  HR, Bray  F, et  al. Estimates of worldwide burden
pas le CHC. of cancer in 2008 : GLOBOCAN 2008. Int J Cancer 2010 ; 127 :
Si la biopsie est indiquée, que faire en l'absence de 2893–917.
cible échographique ? En pratique clinique, une surveil- [2] El-Serag  HB. Hepatocellular carcinoma  : an epidemiologic view.
lance rapprochée des petits nodules est le plus souvent J Clin Gastroenterol 2002 ; 35 : S72–8.
proposée. En effet, d'une part les nodules indétermi- [3] el-Serag HB. Epidemiology of hepatocellular carcinoma. Clin Liver
nés inférieurs à 2 cm peuvent toujours être traités 6 à Dis 2001 ; 5. 87-107-vi.
12 mois après leur visualisation [103]. D'autre part, Choi [4] Llovet JM, Bruix J. Novel advancements in the management of
hepatocellular carcinoma in 2008. J Hepatol 2008 ; 48(Suppl 1) :
et al., en 2007 [103], ont étudié rétrospectivement l'effet
S20–37.
sur l'éligibilité des stratégies curatives de 166 patients [5] Simonetti RG, Camma C, Fiorello F, et al. Hepatocellular carcinoma.
en attente de transplantation hépatique chez qui un A worldwide problem and the major risk factors. Dig Dis Sci 1991 ;
nodule de CHC avait été manqué sur une IRM préalable. 36 : 962–72.
Leur constatation était que le temps de doublement du [6] Di Bisceglie AM. Epidemiology and clinical presentation of hepato-
diamètre du CHC était de 856 jours, 285 jours pour le cellular carcinoma. J Vasc Interv Radiol 2002 ; 13 : S169–71.
volume et qu'aucun des dix nodules de CHC négligés [7] Llovet JM, Burroughs A, Bruix J. Hepatocellular carcinoma. The
dans le bilan de surveillance préalable n'a empêché à Lancet 2003 ; 362 : 1907–17.
terme un traitement curateur de malades. Dès lors, la [8] Okuda K. Hepatocellular carcinoma : recent progress. Hepatology
surveillance en imagerie des lésions de petite taille sans 1992 ; 15 : 948–63.
[9] Sakamoto M, Hirohashi S, Shimosato Y. Early stages of multistep
profil vasculaire typique ni preuve anatomopatholo-
hepatocarcinogenesis : adenomatous hyperplasia and early hepato-
gique s'impose. cellular carcinoma. Hum Pathol 1991 ; 22 : 172–8.
[10] N'Kontchou G, Mahamoudi A, Aout M, et al. Radiofrequency abla-
tion of hepatocellular carcinoma : long-term results and prognostic
Points clés factors in 235 Western patients with cirrhosis. Hepatology 2009 ; 50 :

Le diagnostic non invasif du CHC sur foie de cirrhose ou en 1475–83.
cas d'hépatopathie chronique virale B est possible. [11] Gouw ASH, Balabaud C, Kusano H, et al. Markers for microvascu-

Un nodule supracentimétrique avec un profil vasculaire lar invasion in hepatocellular carcinoma : where do we stand ? Liver
typique doit être considéré comme un CHC. Transpl 2011 ; 17(Suppl 2) : S72–80.

Tous les CHC ne présentent pas un profil vasculaire typique. [12] Chou CT, Chen RC, Lee CW, et al. Prediction of microvascular
En cas de nodule atypique sur foie cirrhotique, sa visibilité en invasion of hepatocellular carcinoma by pre-operative CT ima-
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Chapitre
32
Voies biliaires : lithiase,
inflammation, malformation
et cholangiocarcinome
M. Ronot, J. Benzimra, V. Vilgrain

PLAN DU CHAPITRE
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 541 Malformations biliaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 546
Considérations techniques : l'exploration Pathologie inflammatoire. . . . . . . . . . . . . . . . . 548
des voies biliaires par IRM. . . . . . . . . . . . . . . . . 541 Pathologie tumorale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 551
Considérations sémiologiques et sémantiques. 542 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 554
Pathologie lithiasique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 542

Introduction ou inflammatoires peut conduire à la dégénérescence, des


calculs peuvent compliquer une atteinte inflammatoire,
La pathologie des voies biliaires regroupe un spectre très etc. L'imagerie joue un rôle de premier plan pour l'identi-
large d'affections bénignes ou malignes, infectieuses, fication ou la caractérisation des anomalies, le suivi évolutif
inflammatoires, malformatives ou tumorales. Mis à part les ou encore l'évaluation pronostique. L'IRM, permettant une
différentes malformations, liées à des processus complexes analyse fine à la fois des parois biliaires et du contenu endo-
associés aux différentes phases de l'embryogenèse ou de canalaire, occupe une place de premier plan dans l'arsenal
l'organogenèse, la physiopathologie des maladies biliaires des techniques d'imagerie non invasive.
est très variable et on peut schématiquement considérer Après avoir exposé quelques considérations techniques
que l'origine provient soit de la lumière, soit de la paroi des concernant la particularité de l'exploration des voies biliaires
canaux biliaires. Toutefois, cette séparation, bien utile pour par IRM, nous discuterons dans un premier temps de la
la compréhension, est en dernière analyse artificielle, les pathologie lithiasique. Nous exposerons ensuite les mal-
atteintes pariétales entraînant souvent des anomalies endo- formations les plus fréquentes, puis la pathologie biliaire
biliaires, ou l'inverse. inflammatoire, et enfin les tumeurs biliaires. Les atteintes
La maladie la plus fréquente de loin est la lithiase biliaire, par envahissement ou compression extrinsèque, si elles sont
conduisant à la production de calculs de taille et composi- parfois responsables d'authentiques symptômes biliaires,
tion variables, responsables d'obstruction à l'écoulement n'entrent pas à proprement parler dans les limites de ce cha-
de la bile, d'infection et d'agression chronique des parois pitre, et ne seront pas abordées.
biliaires. Lorsque les parois biliaires sont le siège d'une
inflammation, on parle de cholangiopathie ou de cholangite.
Cette famille d'affections est dominée par les atteintes pri- Considérations techniques :
mitives, au premier rang desquelles la cholangite sclérosante l'exploration des voies biliaires
primitive. Toutefois, de nombreuses autres causes, isché-
miques, inflammatoires, ou encore toxiques, doivent être
par IRM
connues et recherchées. Enfin, la pathologie tumorale est L'exploration par IRM des voies biliaires, souvent appelée
dominée par la tumeur primitive des voies biliaires, appelée bili-IRM ou cholangio-IRM par analogie à la cholangiogra-
cholangiocarcinome, tant il est vrai que les métastases endo- phie rétrograde, se donne pour objectif d'analyser la paroi,
biliaires sont exceptionnelles. Ces différents cadres patholo- le contenu des voies biliaires et le retentissement hépatique.
giques sont en pratique clinique interconnectés : l'agression C'est pourquoi cette exploration repose sur trois grands
chronique des voies biliaires par des processus lithogènes types de séquences :

IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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542   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

■ tout d'abord des séquences que l'on peut qualifier de connue, la caractérisation motive la réalisation des autres
conventionnelles, réalisées habituellement au cours de séquences (diffusion, pondération T2, injection, etc.). Enfin,
l'exploration du foie qui se focalisent sur l'analyse de la les séquences avec injection d'agent de contraste à élimina-
paroi biliaire, du parenchyme hépatique et, à moindre tion biliaire sont essentiellement réalisées en cas d'explora-
degré, du contenu biliaire. Ce groupe comprend : tion des plaies ou fuites biliaires, ou pour rechercher une
– les séquences écho de gradient 3D pondérées en T1 communication d'une lésion avec l'arbre biliaire.
avec saturation du signal de la graisse. Il est impor- Il peut être intéressant de supprimer le signal du liquide
tant de réaliser ces séquences sans injection d'agent digestif lors d'une exploration des voies biliaires, notamment
de contraste, notamment parce que les calculs intra- pour l'analyse de la voie biliaire principale. On propose alors
hépatique sont souvent spontanément hyperintenses. un agent de contraste oral ou l'ingestion d'un liquide para-
L'injection d'un agent gadoliné extracellulaire est alors magnétique (produit de contraste gadoliné dilué dans de
possible dans un second temps, l'exploration se fai- l'eau, ou plus simplement jus de fruits riches en manganèse
sant par des acquisitions multiphasiques classiques. [myrtille ou ananas]), ou encore thé noir).
Ces séquences permettent d'analyser la morpholo-
gie du foie et de rechercher la présence de calculs
intrahépatiques ; Considérations sémiologiques
– les séquences écho de spin en pondération T2, et sémantiques
acquises dans un plan axial et plus rarement coronal.
Le signal de la graisse peut être saturé ou non. Elles L'analyse des voies biliaires repose sur des signes simples qui
permettent également l'analyse de la morphologie et doivent être bien identifiés et décrits. Ce sont leur associa-
du parenchyme hépatique ; tion spatiale et leur évolution temporelle qui définissent des
– les séquences echo planar pondérées en diffusion. Elles cadres sémiologiques. Ainsi, nous préconisons l'utilisation
sont d'introduction plus récente dans l'exploration de de termes précis et d'éviter les termes « arbre mort », « irré-
la pathologie biliaire et surtout intéressantes en patho- gularité », « collier de perle ». Les principales anomalies mor-
logie tumorale. Leur acquisition peut être réalisée phologiques peuvent être décrites sous les termes suivants :
en apnée, en synchronisation avec la respiration ou ■ sténose lorsque la lumière d'une voie biliaire est focale-
encore en respiration libre. ment rétrécie. Les sténoses peuvent être uniques ou bien
■ ensuite, et c'est fondamental, des séquences destinées à multiples, courtes (< 2 mm de long), intermédiaires, ou
montrer la lumière biliaire (séquences dites « cholangio- longues (> 10 mm), modérées ou sévères (< ou > 75 % du
graphiques »). On compte dans ce groupe des séquences calibre) ;
très pondérées en T2 : ■ dilatation lorsque la lumière d'une voie biliaire est élargie.
– séquences 3D acquises idéalement dans un plan coro- La dilation peut être unique ou multiple, minime, modé-
nal. Ces séquences sont supérieures aux acquisitions rée ou sévère, diffuse ou focale ;
2D mais sont plus longues, souvent plus artéfactées et ■ lacune(s) lors qu'il existe un (des) défec t(s)
nécessitent une analyse conjointe des reformatages et endoluminal(ux) focal(ux) non rehaussé(s) et potentiel-
des images natives en coupes fines ; lement mobile(s). Ces lacunes correspondent le plus sou-
– séquences 2D radiaires acquises dans des plans vent à des calculs mais aussi à du sludge, des bulles de gaz
obliques en coupe épaisse. Elles sont souvent réali- ou de l'hémobilie.
sées de façon systématique et permettent une analyse Dans tous le cas, la localisation proximale ou distale, le
dynamique si nécessaire, par exemple pour analyser le caractère uni- ou multifocal, l'atteinte intrahépatique, extra-
sphincter d'Oddi. hépatique ou mixte doivent être précisés. Il faut par ailleurs
■ enfin, plus rarement, des séquences avec injection analyser conjointement le foie et le parenchyme hépatique
d'agents de contraste à élimination biliaire qui sont pour rechercher des signes ancillaires et le retentissement
pour partie captés par les hépatocytes fonctionnels puis potentiel des atteintes biliaires chroniques sur le foie :
excrétés dans les voies biliaires. Il existe deux agents de ■ dysmorphie ou non, de présentation variable ;
contraste « hépatobiliaires »  : le gadobénate diméglu- ■ homogénéité ou hétérogénéité spontanée du paren-
mine ou Gd-BOPTA (Multihance®, Bracco Imaging) et chyme, notamment en pondération T2 ;
le gadoxétate disodium également appelé acide gadoxé- ■ rehaussement de la paroi biliaire et du parenchyme hépa-
tique ou Gd-EOB-DTPA (Primovist®, Eovist, Bayer). tique péribiliaire en précisant à quel temps d'acquisition,
En France, en 2017, seul le gadobénate diméglumine est et l'intensité de la prise de contraste ;
disponible. L'exploration des voies biliaires se fait alors ■ lésion hépatique focale, en précisant sa nature ;
par l'analyse d'une phase très tardive (acquise entre 1 et ■ hypertension portale ou non.
3 heures après l'injection du Gd-BOPTA et à partir de
20 minutes avec le Gd-EOB-DTPA).
Dans le cas où les anomalies biliaires sont inconnues,
Pathologie lithiasique
par exemple lors d'un premier bilan d'altération du bilan La lithiase biliaire correspond à la production de calculs
biologique hépatique, la « détection » des anomalies peut vésiculaires ou biliaires de taille, nombre et composition
ne reposer que sur les images de cholangiographie et sur variables. La physiopathologie dépend de la composition
la séquence 3D pondérée en T1 avec saturation du signal des calculs, mais est souvent complexe et multifactorielle,
de la graisse sans injection. En revanche, en cas de détec- associant à des degrés variables bile lithogène (congénitale
tion d'une anomalie ou lors du suivi d'une atteinte biliaire ou acquise), stagnation biliaire et infection plus ou moins
Chapitre 32. Voies biliaires : lithiase, inflammation, malformation et cholangiocarcinome    543

chronique. C'est une pathologie très fréquente, avec une les performances de l'IRM dans l'analyse des voies biliaires
prévalence évaluée entre 10 et 20 % de la population géné- est excellente, ce n'est pas un examen de première inten-
rale dans les pays occidentaux (tableau 32.1), et une associa- tion. C'est l'échographie abdominale qui est le plus souvent
tion avec l'âge. réalisée car performante, accessible, peu coûteuse et non
En ce qui concerne les calculs vésiculaires, dans la grande invasive. L'IRM est un examen de seconde ligne, surtout
majorité des cas (> 80 %), les calculs sont asymptomatiques indiquée dans la lithiase intrahépatique, de la voie biliaire
[1]. Dans le cas contraire, les complications et symptômes principale ou lorsque la lithiase complique une maladie
associés sont nombreux  : simples crises douloureuses, biliaire.
complications infectieuses comme la cholécystite aiguë ou
l'angiocholite, pancréatite aiguë biliaire, dégénérescence
tumorale, etc. La discussion exhaustive de ces affections
Sémiologie IRM de la lithiase biliaire
dépasse très largement le cadre de ce chapitre. Retenons tou- En IRM, la bile est habituellement hypo-intense en pondé-
tefois que les calculs asymptomatiques ne nécessitent pas de ration T1 et hyperintense en pondération T2 du fait de sa
traitement, alors que la survenue d'une complication motive composante principalement liquidienne. Chez le sujet sain,
la résection chirurgicale de la vésicule, appelée cholécystec- la bili-IRM montre de façon constante les voies biliaires
tomie. Il est donc important que l'imagerie affirme ou non depuis les canaux hépatiques segmentaires jusqu'à l'am-
la présence de calculs biliaires en présence de symptômes poule de Vater. La vésicule biliaire est également visualisée
évocateurs. alors que le canal cystique n'est correctement individualisé
La lithiase intrahépatique se définit par la présence de que chez 75 % des patients. En cas de bile très concentrée ou
matériel lithiasique dans les voies biliaires intrahépatiques saturée, le signal peut devenir spontanément h ­ yperintense
en amont de la convergence biliaire supérieure, indépen-
damment de la présence de calculs dans la vésicule ou
la voie biliaire principale. En Asie, c'est une affection fré- Tableau 32.2 Critères diagnostiques du syndrome
LPAC (low phospholipid associated cholelithiasis)
quente, le plus souvent d'origine infectieuse et conduisant à (d'après Rosmorduc et al. et Ziol et al. [4, 5]).
la formation de calculs pigmentaires. En Occident, c'est une
affection beaucoup plus rare, qui représente environ 1 % de Critères majeurs
l'ensemble des calculs biliaires. Les calculs sont alors le plus Symptômes biliaires avant l'âge de 40 ans
souvent cholestéroliques. Une forme importante à connaître Récidive des symptômes après cholécystectomie
est la lithiase intrahépatique entrant dans le cadre du syn- Matériel hyperéchogène/artéfact en queue de comète dans les
drome LPAC (low phospholipid associated cholelithiasis), voies biliaires intrahépatiques
liée à des mutations du gène ABCB4, entraînant un déficit Critères mineurs
en protéine MDR3 [3]. La bile est alors saturée en acides Cholestase modérée
biliaires libres et en cholestérol, ce qui entraîne la formation ≥ 1 épisode de colique hépatique, angiocholite ou pancréatite
de calculs et une agression chroniques des voies biliaires. Le aiguë
diagnostic repose sur l'association de signes clinicobiolo- Apparition des symptômes au décours d'une grossesse
giques et radiologiques (tableau 32.2). Efficacité de l'acide ursodésoxycolique (Ursolvan®) sur
Dans tous les cas, la stratégie diagnostique de la lithiase symptômes/récidive
Symptôme biliaire chez un apparenté au premier degré
vésiculaire ou biliaire repose sur l'imagerie, mais, même si

Tableau 32.1 Caractéristiques des calculs et facteurs de risque (d'après Marschall et al. [2]).
Cholestérolique Pigmentaire brun Pigmentaire noir
Prévalence 80–90 % 5–10 % < 5 %
Composé principal Cholestérol 50–90 % 50 % bilirubine > 50 % bilirubine
Facteurs de risque Âge Pathologie biliaire type Caroli Cirrhose
Sexe féminin Dysérythropoïèse
Obésité Infection biliaire Crohn
Antécédents familiaux

Régime alimentaire Dyslipidémie


Facteurs hormonaux Hypertriglycéridémie
Sédentarité
Perte rapide de poids
Toxique (octréotide, fibrates,
contraception)
Génétique (ABCB4)
544   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

en pondération T1. Le plus souvent, cette bile épaisse appe- malgré une forte suspicion clinique, elle doit être renouvelée
lée sludge coexiste avec une phase plus liquide et réalise ou complétée par d'autres examens, en particulier une IRM.
un niveau liquide-liquide, surtout visible dans la vésicule Cet examen permet de répondre à plusieurs questions :
(tableau 32.3). En pondération T2, les calculs apparaissent ■ recherche de calculs de la voie biliaire principale, pré-
comme des lacunes fortement hypo-intenses de taille sents chez 6 à 12 % des patients, en particulier lorsque
variable, et ce quelle que soit leur composition chimique. l'on suspecte un syndrome de migration devant l'associa-
En pondération T1, les calculs peuvent être hypo- ou hype- tion d'une élévation transitoire et marquée de l'activité
rintenses, notamment en intrahépatique, et sont alors bien sérique des transaminases et d'une cholestase biologique
visibles sur les acquisitions 3D avec saturation du signal peu marquée (voir plus loin) ;
de la graisse (fig. 32.1). C'est l'analyse précise de la forme ■ exploration de complications, même si cet examen est
et de la localisation des calculs qui aide à les différencier rarement utilisé en routine (voir plus loin) ;
d'autres images lacunaires endoluminales qui peuvent avoir ■ identification de variantes anatomiques biliaires, connues
un signal proche  : caillots, matériel protéique, polypes, pour augmenter le risque chirurgical de plaie des voies
aérobilie, en particulier après un geste sur les voies biliaires, biliaires :
comme une sphinctérotomie endoscopique ou une anasto- – canal cystique d'insertion basse présentant un long
mose biliodigestive (tableau 32.4). trajet parallèle à la voie biliaire principale ;
Si des anomalies canalaires (dilatations segmentaires – canal droit aberrant.
uniques ou multiples, sténoses inflammatoires) ou paren-
chymateuses (dysmorphie) peuvent se voir dans les formes
sévères et évoluées de lithiase intrahépatique [6], il faut rete- Tableau 32.4 Différences entre calculs et autres
nir que les voies biliaires sont le plus souvent normales dans causes de vide de signal intraluminal.
la pathologie biliaire lithiasique.
Calcul Vides de signal entourés par la bile
en pondération T2
Rôle de l'IRM dans l'exploration Signal variable mais souvent
des calculs vésiculaires hyperintensité en pondération
T1 avec saturation du signal de la
L'exploration de la pathologie lithiasique vésiculaire repose graisse
sur l'échographie ; l'IRM n'est donc pas l'examen de pre- Déclivité
mière intention. Le plus souvent, devant la présence de Aérobilie Position haute
calculs vésiculaires compliqués, elle n'est d'ailleurs pas réa- Niveau hydroaérique en coupe axiale
lisée et le recours à la chirurgie se fait sans autre explora- Antécédent de geste sur les voies
tion par imagerie. En revanche, si l'échographie est négative biliaires
Polype Contact pariétal avec raccordement
en pente douce
Tableau 32.3 Causes de sludge vésiculaire. Prise de contraste

Cholécystite aiguë ou chronique Corps étranger Antécédent de geste sur les voies
Obstacle biliaire prolongé biliaires
Cirrhose décompensée Forme particulière
Hémobilie Croisement de la branche En projection de la convergence
Hémolyse droite de l'artère biliaire supérieure
Jeûne prolongé hépatique Position gauche
Nutrition parentérale totale Raccord en pente douce

Fig. 32.1 Lithiase intrahépatique dans le cadre d'un syndrome LPAC (low phospholipid associated cholelithiasis) chez une femme de
43 ans. La patiente présente des récidives de symptômes biliaires après cholécystectomie. L'IRM met en évidence de nombreux calculs intrahépa-
tiques apparaissant comme des lacunes cerclées par de la bile en pondération T2 (flèche en a), en hyperintensité en pondération T1 sans injection
avec saturation du signal de la graisse (flèche en b). Les séquences bili-IRM confirment l'empierrement des voies biliaires intrahépatiques (c).
Chapitre 32. Voies biliaires : lithiase, inflammation, malformation et cholangiocarcinome    545

L'IRM est très performante pour identifier ces variantes L'IRM est également sensible pour mettre en évidence les
mais n'est pas réalisée en routine clinique. Elle est envisa- remaniements nécrotico-hémorragiques, en particulier
gée en cas de facteurs de risque particuliers de plaie biliaire, grâce aux séquences pondérées en T1 (voir tableau 32.5).
comme une obésité ou des antécédents de chirurgie abdo- C'est toutefois un examen rarement réalisé dans ce contexte.
minale [7]. Rappelons qu'il s'agit d'une urgence vitale car, en l'absence
de traitement chirurgical, l'évolution est le plus souvent
défavorable. Enfin, d'autres présentations rares ou compli-
Rôle de l'IRM dans les formes quées existent : les formes emphysémateuses, xanthogranu-
compliquées lomateuses, les perforations, de même que les cholécystites
Hormis l'apparition de symptômes douloureux évoluant aiguës alithiasiques, mais ne sont pas du domaine de l'IRM.
par accès, les authentiques complications de la présence de Dans l'exploration des calculs migrés dans la voie biliaire
calculs vésiculaires sont de deux grands types : principale ou enclavés dans le collet vésiculaire ou le hile
■ complications infectieuses, correspondant aux différentes hépatique, l'IRM présente en revanche un intérêt en rou-
formes de cholécystite : aiguë ou chronique, simple ou tine. L'IRM a une sensibilité proche de 97 % pour le dia-
compliquée (perforation, fistules, abcès), ou encore dans gnostic de lithiase de la voie biliaire principale [11, 12]. Les
des présentations rares comme la forme gangréneuse ou principaux pièges diagnostiques sont les fausses images de
xanthogranulomateuse ; calcul comme l'aérobilie, les artéfacts de pulsation dus à
■ migration de calculs dans la voie biliaire principale, la branche droite de l'artère hépatique, les corps étrangers
surtout responsable d'un obstacle bas situé sur les voies (voir tableau 32.4), les calculs immédiatement prépapillaires
biliaires, d'angiocholite, ou de pancréatite aiguë biliaire. et les tumeurs intracanalaires. Les faux négatifs sont surtout
Une forme particulière, correspondant à l'enclavement représentés par les petits calculs (< 3 mm). Une IRM n'est
d'un calcul dans le collet vésiculaire ou le canal cystique toutefois pas réalisée systématiquement à la recherche d'un
et responsable d'une compression de la voie biliaire prin- calcul de la voie biliaire principale. En pratique, on distingue
cipale, appelé syndrome de Mirizzi, est à reconnaître. deux situations cliniques différentes :
Dans le cadre des différentes formes de cholécystite, ■ les patients ayant une indication à une cholécystectomie
le rôle de l'IRM n'est actuellement pas de premier plan et sans suspicion clinique ou biologique de calcul de la voie
c'est souvent sur le couple échographie/scannographie que biliaire principale pour lesquels aucune exploration n'est
reposent les diagnostics et la prise en charge. Devant une en général réalisée ;
cholécystite aiguë simple, si elle est réalisée, l'IRM met en ■ les patients pour lesquels il existe une suspicion de calcul
évidence des signes classiques bien décrits en échographie de la voie biliaire principale (dilatation canalaire, ano-
(tableau 32.5). L'IRM est très performante, avec une sen- malie du bilan biologique hépatique) et pour lesquels on
sibilité de 88 % et une spécificité de 89 % dans l'étude de peut réaliser une IRM.
Hakansson et al. [8]. Park et al. rapportent même une supé- Concernant le syndrome de Mirizzi, l'IRM est la meil-
riorité de l'IRM sur l'échographie pour la visualisation de leure technique d'imagerie non invasive pour identifier le
calculs enclavés [9]. niveau de l'obstruction biliaire et la localisation des calculs
Les formes gangréneuses sont suspectées chez des en dehors de la voie biliaire principale [13].
patients masculins, fragiles, âgés, immunodéprimés, ayant
de nombreuses comorbidités (notamment cardiovascu-
laires) ou encore en postopératoire, devant une forme sévère Rôle de l'IRM dans l'exploration
de cholécystite aiguë. L'échographie est moins performante des calculs intrahépatiques
et c'est bien souvent le scanner qui met en évidence l'isché- Nous avons vu qu'en France la majorité des calculs intra-
mie avec nécrose hémorragique de la paroi vésiculaire [10]. hépatiques sont cholestéroliques et souvent associés au
syndrome LPAC (voir fig. 32.1). Le diagnostic repose sur
le couple échographie/IRM, lesquelles sont très complé-
Tableau 32.5 Sémiologie IRM de la cholécystite. mentaires. En effet, la majorité des patients présentent des
Cholécystite aiguë simple formes mineures, pour lesquelles l'échographie met en évi-
dence des anomalies des petits canaux biliaires, en particu-
Calculs, souvent impactés dans le collet ou le canal cystique
Épaississement > 3 mm de la paroi vésiculaire
lier les artéfacts en « queue de comète », mais chez lesquels
Œdème de la paroi vésiculaire en hypersignal en pondération T2 l'IRM est normale.
Distension vésiculaire (diamètre > 40 mm) Lorsqu'elle est pathologique, l'IRM montre une atteinte
Œdème périvésiculaire et/ou liquide périhépatique (hypersignal souvent diffuse mais qui peut parfois être limitée à un sec-
en pondération T2) teur ou à un segment. Sugiyama et al. rapportent des sen-
Cholécystite aiguë gangréneuse sibilité et spécificité de 97 et 99 % pour le diagnostic de
Épaississement irrégulier et asymétrique de la paroi vésiculaire
lithiase intrahépatique [14]. Une dilatation modérée des
Ulcérations pariétales = zones hyperintenses en pondération T2 voies biliaires est parfois présente. Rarement, les dilatations
Hémorragie intramurale = hyperintensités focales en sont plus sévères (< 10 %) [6]. Le diagnostic différentiel des
pondération T1 franches dilatations associées au syndrome LPAC est prin-
Nécrose pariétale = défaut de rehaussement après injection cipalement la maladie de Caroli, qui a des caractéristiques
Collections liquidiennes périvésiculaires spécifiques, telles que le « signe de point central », ou l'as-
Abcès
pect kystique des dilatations (voir plus loin). De même, des
546   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

­ ilatations en amont d'un obstacle focal (iatrogène, anasto-


d ■ signe du point central ou dot sign correspondant à la
mose biliodigestive sténosée, cholangite sclérosante, cholan- visualisation d'un point central en hypo-intensité en pon-
giocarcinome) doivent être exclues. dération T2 et pouvant éventuellement se rehausser après
l'injection de chélates de gadolinium ;
■ absence de prise de contraste de la paroi des dilatations
Malformations biliaires kystiques, sauf lorsqu'il existe une infection des dilata-
Les anomalies congénitales des grosses voies biliaires de tions kystiques ou une angiocholite ;
l'adulte regroupent la maladie de Caroli, la dilatation kystique ■ dilatation kystique de la voie biliaire extrahépatique pré-
congénitale de la voie biliaire principale et l'anomalie de la sente dans 50 % des cas [16] ;
jonction biliopancréatique. Ces anomalies ont en commun L'IRM permet aussi d'éliminer les diagnostics différen-
d'être fréquemment associées au cholangiocarcinome de la tiels (tableau 32.6) ou les rares complications.
vésicule biliaire, de la voie biliaire extrahépatique ou plus
rarement des voies biliaires intrahépatiques. Le rôle de l'ima- Dilatation kystique congénitale
gerie est de faire le diagnostic de l'anomalie, en proposant
une description anatomique précise permettant une chirurgie de la voie biliaire extrahépatique
optimale, mais aussi de dépister les complications. Toutes ces ou « kyste du cholédoque »
anomalies sont associées à un défaut de développement de la L'arrêt à des stades variables de l'embryogenèse des voies
plaque ductale, à différents niveaux de l'arbre biliaire [15]. biliaires conduit à des anomalies morphologiques de topo-
graphie variable de la voie biliaire extrahépatique, alors
Maladie de Caroli
Cette affection correspond macroscopiquement à une dilata-
Tableau 32.6 Diagnostics différentiels
tion kystique anévrismale des voies biliaires intrahépatiques, de la maladie de Caroli.
sans obstacle [16]. Elle résulte d'un défaut de régression de l'épi-
thélium canalaire biliaire périportal dans la vie embryonnaire, Kystes péribiliaires Voies biliaires non dilatées
créant une poche biliaire hypotonique centrée par l'espace Pas de communication avec les voies
porte. Ces anomalies peuvent atteindre les canaux biliaires de biliaires
Intérêt des produits de contraste à
petite taille, y compris sous-segmentaires, donnant des images élimination biliaire
de kyste branché, avec une communication large avec l'arbre Pas de calcul intrakystique
biliaire. Les anomalies sont en général disséminées, respectant
Polykystose Kystes volumineux
quelques canaux biliaires. Des formes localisées, le plus souvent
hépatique Voies biliaires non dilatées
au lobe gauche, voire au segment I, peuvent exister. Il n'existe Pas de communication avec les voies
pas de sténose des voies biliaires. La paroi biliaire est normale, biliaires
sans anomalie épithéliale microscopique. Enfin, le parenchyme Intérêt des produits de contraste à
hépatique est normal. Lorsque la maladie s'associe à une fibrose élimination biliaire
hépatique congénitale, on parle de syndrome de Caroli [17]. Pas de calcul intrakystique
La maladie semble atteindre plus souvent les femmes Lithiase Contexte personnel et familial
[17]. Les anomalies des voies biliaires peuvent être long- intrahépatique Dilatations plus régulières, moins
temps asymptomatiques. Puis la stase biliaire favorise dans le cadre d'un kystiques
l'angiocholite, la formation de calculs intrahépatiques ou syndrome LPAC [6] Pas d'anomalie biliaire sans calcul associé
encore les abcès intrahépatiques. Un cholangiocarcinome Tumeur biliaire* Dilatation plus harmonieuse, segmentaire
intra- ou extrahépatique survient dans 7 à 14 % des cas [17]. Marqueurs tumoraux et cholestase
L'IRM joue ici un rôle central, en permettant de bien marquée
Intérêt des séquences pondérées en
décrire les anomalies (fig. 32.2) : diffusion
■ dilatations kystiques plus ou moins fusiformes commu-
niquant avec les voies biliaires ; * Attention : le cholangiocarcinome peut compliquer une maladie de Caroli.

Fig. 32.2 Maladie de Caroli chez une femme de 43 ans. Les images pondérées en T2 montrent de nombreuses dilatations kystiques des voies
biliaires au sein desquelles on observe des ponts hypo-intenses (flèches en a), correspondant au signe de point ou dot sign. Les images pondérées en
T1 avec saturation du signal de la graisse sans injection ne mettent pas en évidence de calcul mais confirment ces bandes intrakystiques (flèches en b).
Chapitre 32. Voies biliaires : lithiase, inflammation, malformation et cholangiocarcinome    547

que le parenchyme hépatique est normal. On parle alors Ces lésions exposent à un risque de dégénérescence (envi-
de dilatation kystique congénitale du cholédoque. Ce sont ron 50 % après 50 ans) et justifient une résection complète
des lésions très rares dans les pays occidentaux, avec une de la dilatation kystique. L'IRM est un examen important
incidence de 1 pour 50 000 à 1 pour 200 000  naissances pour décrire précisément les anomalies et classer les lésions
[18]. Chez l'enfant, les lésions sont souvent découvertes selon la classification de Todani. Elle recherche également
de manière fortuite, alors que chez l'adulte ce sont souvent une anomalie de la jonction biliopancréatique associée.
des tableaux douloureux (80 %) ou septiques (35 %) qui
conduisent au diagnostic. La présence de calculs intrakys-
tiques est retrouvée dans environ 30 % des cas [19]. Anomalies de la jonction
Todani et al. distinguent classiquement cinq types [20] : biliopancréatique
■ type I : dilatation fusiforme exclusivement extrahépa-
Normalement, le canal pancréatique principal et la voie
tique, avec une atteinte plus ou moins étendue de la
biliaire principale s'abouchent dans le duodénum ensemble
convergence biliaire supérieure. C'est la forme la plus
dans la papille majeure. Un canal commun biliopancréa-
fréquente chez l'enfant (fig. 32.3) ;
tique est présent chez environ 30 à 75 % des sujets [21].
■ type II, correspondant à un diverticule du canal hépa-
La jonction du canal pancréatique principal et du cholé-
tique commun sacciforme ;
doque est intrasphinctérienne, avant la papille. Le critère
■ type III, correspondant à un diverticule de la terminaison
habituellement retenu pour l'anomalie de la jonction bilio-
du cholédoque ; on parle également de cholédococèle ;
pancréatique est la présence d'un canal commun anorma-
■ type IV, associant un kyste de la voie biliaire extrahépa-
lement long, supérieur par définition à 15 mm (fig. 32.3).
tique et une dilatation des canaux hépatiques droit et/ou
Par conséquent, la jonction est localisée en position extras-
gauche. C'est la forme la plus fréquente chez l'adulte ;
phinctérienne. Cette anomalie est retrouvée dans moins de
■ type V, correspondant à la maladie de Caroli (voir plus
5 % dans la population générale.
haut).

a c

b
Fig. 32.3 Dilatation kystique congénitale du cholédoque de type I selon la classification de Todani chez un homme de 27 ans. Les
images pondérées en T2 en coupes axiales (a) et coupe coronale épaisse (b) montrent une dilatation fusiforme de la voie biliaire principale à
contenu liquidien. Il existe également un canal biliopancréatique long (ligne pointillée en b) correspondant à une anomalie associée de la jonction
biliopancréatique type II selon Kimura. (c) Schéma résumé des lésions.
548   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

Kimura et al. ont décrit deux grandes formes [22] : Cholangite sclérosante primitive (CSP)
■ type I ou A, dans lequel le canal pancréatique s'abouche Il s'agit d'un cadre pathologique très complexe, regroupant
dans la voie biliaire. Il représente environ 5 % des cas ; probablement plusieurs maladies du sujet jeune, masculin
■ type II ou B, dans lequel le canal biliaire s'abouche au dans 7 cas sur 10, dont la cause exacte n'est pas connue et
canal pancréatique ; cette anomalie est plus fréquente dont l'évolution est variable. Elle est très fréquemment asso-
(95 % des cas). ciée à une maladie inflammatoire chronique de l'intestin
Cette classification a été subdivisée par Komi et al. en (MICI), une rectocolite hémorragique (RCH) le plus souvent
neuf sous-types groupés en trois catégories [23]. L'IRM est [26]. La prévalence de la CSP serait de 1 à 6 %. L'évolution
l'examen sur lequel repose la cartographie précise de ces de la CSP et de la MICI se fait habituellement vers l'aggrava-
anomalies. La répétition des acquisitions centrées sur la tion, chacune pour leur propre compte. Cependant, environ
jonction peut être nécessaire. Par ailleurs, une IRM normale un patient sur deux présente une maladie stable.
permet d'éliminer le diagnostic. Le diagnostic repose sur l'association de quatre types de
L'anomalie de la jonction biliopancréatique expose à signes clinicomorphologiques :
un risque de pancréatite aiguë, mais surtout de dégénéres- ■ une cholestase ;
cence de l'épithélium biliaire, dont la fréquence dépend de ■ une anomalie des voies biliaires intra- et extrahépatiques
la présence ou non d'une dilatation kystique cholédocienne en imagerie, en particulier en IRM qui est l'examen clé
associée, retrouvée dans 30 à 100 % selon les séries [24]. À de l'exploration des atteintes inflammatoires des voies
titre d'exemple, l'observatoire japonais des anomalies de la biliaires ;
jonction biliopancréatique rapporte un risque de dégénéres- ■ une cholangite fibreuse ou oblitérante en histologie ;
cence de 13 % ou 40 % en cas de présence ou non d'une ■ l'association à une autre maladie, en particulier une
dilatation kystique associée. À noter que la vésicule est dans MICI.
tous les cas le site de prédilection du développement du can- La présence de deux de ces quatre critères (dont au moins
cer (70 % sans anomalie kystique et 95 % en cas d'anomalie un critère radiologique ou histologique) permet de propo-
kystique associée [25]). ser le diagnostic. C'est dire à quel point l'imagerie joue un
rôle de premier plan pour le diagnostic. Elle retrouve à des
degrés variables :
Pathologie inflammatoire ■ des dilatations (80 %) et des sténoses (65 %) canalaires
La pathologie inflammatoire des voies biliaires regroupe un de morphologie variable non systématisées (fig. 32.4).
ensemble de maladies aux présentations très variées dont la Rappelons que les voies biliaires normales sont peu
physiopathogénie est multifactorielle. Les principales mala- visibles au-delà des canaux segmentaires. La visualisation
dies qui peuvent intéresser à la fois les petits et les grands de voies biliaires de deuxième et de troisième ordre ou
canaux biliaires, et les voies biliaires extrahépatiques sont plus périphériques est anormale, mais elle n'est pas spé-
la cholangite sclérosante, les cholangites secondaires (plaie cifique car elle peut s'observer au cours de la cirrhose.
des voies biliaires, reflux, obstacle, anomalie du métabo- La répartition des dilatations et des sténoses est analysée
lisme biliaire), la cholangite ischémique et plus rarement la segment par segment. Comme en cholangiopancréato-
cholangite auto-immune. Dans tous les cas, le diagnostic est graphie rétrograde endoscopique (CPRE), la dilatation
très difficile à poser et repose sur un faisceau d'arguments canalaire périphérique isolée est très spécifique, de même
clinicobiologiques (absence de symptômes ou douleurs, que la disparition de canaux périphériques ;
syndrome inflammatoire, fièvre, prurit, asthénie, ictère, ■ des épaississements des parois des voies biliaires, plus ou
cholestase) et radiologiques, en particulier en IRM. C'est le moins rehaussés (65 %) ;
plus souvent au cours de l'exploration d'une cholestase chro- ■ une atteinte vésiculaire avec épaississement pariétal dif-
nique que les anomalies sont décrites et le diagnostic évoqué fus (40 %) [27], souvent associée à une dilatation mar-
ou posé. quée (par augmentation de la cholérèse) ;

Fig. 32.4 Cholangite sclérosante primitive chez un homme de 42 ans. La séquence de bili-IRM (a) montre de nombreuses sténoses (flèches
longues) et dilatations (flèches courtes) non systématisées des voies biliaires intrahépatiques. La voie biliaire principale est respectée. Les images
pondérées en T1 avec saturation du signal de la graisse sans injection (b) montrent une dysmorphie hépatique avec hypertrophie du lobe gauche
et un hypersignal dans les voies biliaires gauches (flèche) en rapport avec des calculs intrahépatiques.
Chapitre 32. Voies biliaires : lithiase, inflammation, malformation et cholangiocarcinome    549

■ des atteintes de la voies biliaire principale. Lorsqu'une proposent des scores permettant de prédire l'aggravation de
portion de la voie biliaire principale n'est pas vue (50 %), la maladie (tableau 32.7) [36].
la sténose est très probable ;
■ des calculs intrahépatiques (jusqu'à 30 % des cas, voir
plus haut) (fig. 32.5) ; Autres cholangites
■ une dysmorphie hépatique, en particulier hypertrophie D'autres cholangites, ressemblant à la CSP mais associées
du segment I mais qui survient à un stade tardif ; à une cause particulière identifiée, doivent toujours être
■ une hétérogénéité du parenchyme hépatique, spontané- recherchées car leur évolution peut être plus favorable que
ment en pondération T1 ou T2 ou après injection [28] ; celle de la CSP si la cause est traitée précocement, alors
■ des signes d'hypertension portale ; qu'en l'absence de traitement l'évolution est souvent plus
■ un cholangiocarcinome compliquant la maladie, dont grave et plus rapide que la CSP. Les principaux mécanismes
la prévalence est estimée entre 10 et 20 %. Il est impor- en cause sont :
tant de noter que 30 à 50 % des cholangiocarcinomes ■ l'auto-immunité et en particulier l'influence des immu-
sont découverts dans l'année suivant le diagnostic de la noglobulines 4 (IgG4) (fig. 32.6) ;
maladie [29]. Aucun facteur pronostique de survenue ■ la stase biliaire chronique associée ou non à des calculs
n'a été clairement mis en évidence. Le diagnostic est (comme dans le syndrome LPCA ; voir plus haut), en rap-
difficile, aucun signe n'étant spécifique. On retiendra port avec des obstacles le plus souvent acquis, au décours
l'accentuation d'une sténose biliaire déjà connue ou une d'une chirurgie biliaire (sténose d'une anastomose bilio-
sténose cholédocienne longue avec épaississement parié- digestive) ou d'une plaie des voies biliaires (après cholé-
tal, excentrée et à paroi irrégulière comme signes d'appel cystectomie ou traumatisme) (fig. 32.7) ;
[30]. ■ l'infection bactérienne, voire virale de la bile. Elle s'ob-
Les formes mixtes intra- et extrahépatiques dominent serve chez les patients porteurs d'une contamination
(environ 70 à 75  % des cas), les formes intrahépatiques biliaire (après chirurgie biliaire ou geste endoscopique),
pures (< 20 %), et extrahépatiques pures (< 10 %) étant plus souvent dans un contexte d'immunodépression (VIH),
rares. En prenant la CPRE comme méthode de référence, chez des patients de réanimation ;
l'IRM a une sensibilité de 85 à 90 % et une spécificité de 92 à ■ l'ischémie, retrouvée après traumatisme sévère, chirur-
98 % pour le diagnostic de CSP [31–35]. Pour l'atteinte de la gie (transplantation hépatique), geste endovasculaire
voie biliaire principale, la sensibilité de détection est de 96 % (chimio-embolisation, embolisation artérielle, injection
pour la dilatation, 90 % pour les sténoses et 100 % pour les de molécules de chimiothérapie [floxuridine, 5-FU,
lésions intraluminales. mitomycine C]). La maladie de Rendu-Osler, la périar-
L'IRM a également un rôle pronostique et permet de pré- térite noueuse et la radiothérapie peuvent également
dire l'évolutivité de la maladie au premier bilan. Récemment, être en cause. Enfin, encore plus rarement, les maladies
Ruiz et al. ont étudié les constatations initiales de l'IRM et thrombogènes telles que l'hémoglobinurie paroxystique

a b

c
Fig. 32.5 Cholangite sclérosante avec multiples calculs chez un homme de 38 ans. Les images pondérées en T2 montrent des dilatations non
systématisées des voies biliaires intrahépatiques (flèches en a). Les images coronales bili-IRM objectivent de nombreux calculs apparaissant comme
des lacunes (flèche en b). Les calculs apparaissent en hyperintensité en pondération T1 sans injection avec saturation du signal de la graisse (c). On
voit également la dysmorphie hépatique marquée avec hypertrophie du segment I.
550   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

Tableau 32.7 Scores prédictifs de l'aggravation radiologique de la cholangite sclérosante primitive,


fondée sur les constatations de la première IRM (d'après Ruiz et al. [36]).
Score sans injection de produit de contraste (de 0 à 5 points) 1 × dilatation des canaux
intrahépatiques + 2 × dysmorphie + 1 × hypertension portale
Aire sous la courbe ROC = 80,2 % ± 4 %
Avec score ≥ 3 ou < 3 : sensibilité 87 %, spécificité 63 %, VPP 68 %, VPN 84 %
Score avec injection de produit de contraste (de 0 à 2 points) 1 × dysmorphie + 1 × rehaussement hétérogène du foie
Aire sous la courbe ROC = 83 % ± 4 %
Avec score = 2 ou < 2 : sensibilité 91 %, spécificité 72 %, VPP 74 %, VPN 90 %
Points attribués par item
Dilatation des canaux intrahépatiques Hypertension portale
1 = non (≤ 3 mm) ; 2 = modérée (4 mm) ; 3 = marquée (≥ 5 mm) 0 = absente ; 1 = présente
Dysmorphie Rehaussement hétérogène du foie
0 = absente ; 1 = présente 0 = absent ; 1 = présent
VPN/VPP : valeur prédictive négative/positive.

a b

c
Fig. 32.6 Cholangite à IgG 4 chez une femme de 43 ans. Les images de bili-IRM coronales (a) montrent des sténoses serrées prédominant
dans les régions centrales (flèche longue) associées à des dilatations d'amont (flèches courtes). Les images pondérées en T2 (b) et en T1 après
injection d'agent de contraste au temps portal (c) montrent également un pancréas anormal, délobulé, présentant un aspect dit en « saucisse »,
avec infiltration de la graisse péripancréatique (flèches), en rapport avec une pancréatite auto-immune associée.

a b
Fig. 32.7 Plaie des voies biliaires au décours d'une cholécystectomie chez un homme de 52 ans. Les images de bili-IRM montrent la dila-
tation des voies biliaires intrahépatiques en amont de la convergence (flèche en a). Le scanner met également en évidence une plaie de la branche
droite de l'artère hépatique avec suppléance artérielle hilaire venant de la branche gauche (flèche en b). Cet aspect est fréquemment associé aux
plaies des voies biliaires. Ici, la plaie atteint la convergence et il ne persiste pas de canal hépatique commun.
Chapitre 32. Voies biliaires : lithiase, inflammation, malformation et cholangiocarcinome    551

nocturne, le syndrome des antiphospholipides, en parti- philes, les atteintes carcinomateuses, la sarcoïdose biliaire
culier associé au lupus et à la drépanocytose, ainsi que les ou les pseudotumeurs inflammatoires mais qui ne seront
vascularites comme la maladie de Horton, la maladie de pas détaillées ici.
Behçet et la maladie de Kawasaki peuvent entraîner une La biologie n'est jamais spécifique (cholestase) et l'histo-
ischémie biliaire ; logie rarement faite et peu spécifique. C'est pourquoi l'IRM
■ les agressions toxiques après sclérothérapie de kyste est un examen central qui peut orienter vers une cause par-
hépatique par de l'éthanol ou du formol ; ticulière (tableau 32.8). Une description fine combinée avec
■ la cholangiopathie portale qui est la conséquence de la les données cliniques et en particulier les antécédents est
compression des voies biliaires par un cavernome porte. fondamentale.
Pour simplifier, on peut diviser les cholangites non CSP en :
■ cholangites secondaires à une cause principale identifiée :
plaie chirurgicale (voir fig. 32.7), reflux, obstacle, lithiase ;
Pathologie tumorale
■ cholangite à IgG 4 (voir fig. 32.6) ; La pathologie tumorale des voies biliaires est dominée par
■ cholangite ischémique ; les lésions primitives, adénocarcinomes vésiculaires ou cho-
■ cholangiopathie portale ; langiocarcinome. Les métastases biliaires sont très rares,
■ des causes exceptionnelles comme la cholangite à éosino- observées dans les cancers de l'estomac, du côlon, du sein

Tableau 32.8 Éléments d'orientation diagnostique des cholangites en dehors de la cholangite sclérosante


primitive.
Cholangites dites secondaires
Plaie des voies biliaires (fig. 32.7)
Clinique IRM
− Antécédent de chirurgie biliaire ou cholécystectomie − Sténose du canal hépatique commun ou du canal droit
− Notion d'écoulement postopératoire prolongé par le drain − Plaie de la branche droite de l'artère hépatique associée
− Vide de signal extraluminal (clips)
− Variante biliaire avec abouchement bas d'un canal droit
− Bilome
Il faut préciser le rapport avec la convergence et la longueur de voie
biliaire principale normale
Traumatisme
Clinique IRM
− Antécédent de traumatisme − Lésions parenchymateuses associées
− Bilome
Infectieuse (cytomégalovirus, Cryptosporidium, Candida albicans)
Clinique IRM
− Immunodépression, VIH − Atteinte principalement extrahépatique avec dilatation et
épaississement mais voies biliaires intrahépatiques fines
− Atteinte de la papille
Reflux/stase
Clinique IRM
− Antécédent d'anastomose biliodigestive − Dilatation d'amont
− Angiocholites fréquentes − Calculs d'amont (stase)
− Un aspect normal n'exclut pas la sténose
Cholangiopathie portale
Clinique IRM
− Antécédent de thrombose porte − Dilatation modérée intra- et extrahépatique
− Cavernome intra- et/ou extrahépatique
Cholangite à IgG4 (fig. 32.6)
Clinique IRM
− Pancréatite auto-immune (40 %) − Sténoses modérées longues de la convergence
− Atteinte autres organes (reins++) − Atteinte du bas cholédoque possible si pancréatite auto-immune
− Élévation sérique IgG4
Cholangite ischémique
Clinique IRM
− Transplantation hépatique − Sténose modérée centrale
− Gestes intra-artériels répétés − Absence de dilatation marquée
− Duodénopancréatectomie céphalique − Bilome en phase aiguë
− Maladie de Rendu-Osler − Artère pathologique, absente ou grêle ou suppléance artérielle hilaire
552   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

a b

c d
Fig. 32.8 Métastases hépatiques d'origine colorectale avec envahissement endobiliaire chez un homme de 58 ans. Les images pondé-
rées en T1 avec saturation du signal de la graisse et acquises au temps portal après injection montrent une masse hétérogène infiltrante du foie
droit (a), avec un doute sur une extension vers le hile (flèche en b). La séquence pondérée en diffusion permet de bien distinguer les limites des
lésions (c) et l'envahissement endobiliaire central (flèche en d).

et des poumons, mais aussi de l'utérus et de la peau (méla- nine est nette (trois femmes pour un homme). Lorsqu'il est
nome) (fig. 32.8). Ces métastases peuvent survenir plusieurs associé à un calcul vésiculaire, le cancer vésiculaire est sou-
années après traitement de la tumeur primitive. vent nommé calculo-cancer.
Les tumeurs biliaires peuvent atteindre l'ensemble de Le cancer vésiculaire peut être découvert dans trois cir-
l'arbre biliaire. Dans 60 % des cas, il s'agit de cancer de la constances cliniques différentes :
vésicule biliaire et dans 40 %, de cancers des voies biliaires ■ découverte fortuite anatomopathologique après une
intrahépatiques ou de la voie biliaire principale, appelés cholécystectomie ;
cholangiocarcinomes. Ces derniers peuvent présenter sché- ■ ictère provoqué par une atteinte directe de la voie biliaire
matiquement trois présentations : principale ou de la convergence biliaire ;
■ masse tissulaire intrahépatique ; ■ douleurs de l'hypocondre droit et  altération de l'état
■ épaississement pariétal biliaire ; général, témoignant d'une dissémination locale ou
■ formation endoluminale polypoïde. métastatique.
Le diagnostic et le bilan d'extension locale et à dis-
tance reposent sur l'imagerie, en particulier l'échographie
Cancer de la vésicule et le scanner. L'IRM ne remplace pas ces examens mais,
La grande majorité des cancers de la vésicule sont des adé- lorsqu'elle est réalisée, elle met en évidence le cancer sous
nocarcinomes bien différenciés (85  % des cas). Il existe forme de lésions hypo-intenses en pondération T1, souvent
cependant d'autres tumeurs malignes primitives comme les faiblement hyperintenses en pondération T2 et rehaussées
tumeurs neuroendocrines, et des métastases, en particulier de façon variable après l'injection de produit de contraste.
de mélanomes. L'adénocarcinome vésiculaire donne rapide- Plusieurs présentations sont possibles :
ment des métastases ganglionnaires dans le pédicule hépa- ■ un épaississement de la paroi vésiculaire ;
tique et autour du pancréas céphalique, tout en s'étendant ■ une masse remplaçant la vésicule ;
localement au foie, au pédicule hépatique, au duodénum et ■ plus rarement une formation polypoïde endoluminale.
au côlon. Les métastases hépatiques et la carcinose périto- Le principal intérêt de l'IRM est souvent l'étude des
néale ne sont pas rares. Le pronostic est sombre, avec une voies biliaires chez les patients ictériques avant un drainage
survie globale de 5 % à 5 ans. Le seul traitement curatif est palliatif.
la résection chirurgicale pour les tumeurs T1 ou T2, c'est-
à-dire limitées à la paroi vésiculaire ou avec une infiltration
extrapariétale limitée au tissu conjonctif [37]. Plusieurs Cholangiocarcinomes intrahépatiques
facteurs de risque sont connus : la présence d'une lithiase (ou périphériques)
vésiculaire (70 %), des calcifications de la paroi vésiculaire Les cholangiocarcinomes intrahépatiques représentent
et les anomalies congénitales à type de dilatation kystique moins de 10 % des tumeurs primitives du foie. Ils se déve-
congénitale du cholédoque ou d'anomalie de la jonction loppent sous la forme de masses intrahépatiques, et sont
biliopancréatique (voir plus haut). La prédominance fémi- le plus souvent découverts à un stade avancé devant une
Chapitre 32. Voies biliaires : lithiase, inflammation, malformation et cholangiocarcinome    553

asthénie, des douleurs non spécifiques, voire un ictère. Les L'imagerie ne permet pas toujours de différencier un cho-
facteurs de risque sont moins bien connus que pour les car- langiocarcinome intrahépatique d'une métastase fibreuse
cinomes hépatocellulaires, mais il faut retenir : d'origine colorectale ou mammaire. Le rôle de l'IRM est
■ l'inflammation chronique des voies biliaires, et en parti- dans tous les cas de préciser l'envahissement locorégional,
culier la CSP (voir plus haut) ; notamment ganglionnaire et vasculaire.
■ les malformations des voies biliaires (voir plus haut) ;
■ l'infection à Clonorchis sinensis ou Opistorchis felineus,
très rare dans les pays occidentaux ;
Cholangiocarcinomes extrahépatiques
■ les lésions papillaires des voies biliaires ; (hors lésions intrahépatiques)
■ les lésions de dysplasie, appelées néoplasie intraépi- Ces lésions sont séparées en cholangiocarcinome de la
théliales biliaires (ou Bil-IN pour biliary intraepithelial voie biliaire principale et cholangiocarcinome atteignant la
neoplasia) ; convergence biliaire principale, encore appelé cholangiocar-
■ les hépatopathies chroniques au stade de cirrhose. cinome du hile ou tumeurs de Klatskin qui représentent la
L'extension locale de la tumeur se fait par les lymphatiques majorité des cas.
périportaux et le long des gaines nerveuses ; le pronostic L'extension locale de la tumeur se fait ici aussi par les
dépend ainsi surtout de l'envahissement ganglionnaire, mais lymphatiques périportaux et le long des gaines nerveuses. La
aussi de la présence de lésions satellites intrahépatiques. Ces clinique de ces tumeurs est pauvre, la tumeur étant asympto-
tumeurs contiennent un stroma très fibreux qui explique les matique avant la survenue d'une obstruction canalaire provo-
caractéristiques morphologiques des lésions, et leur appa- quée par la tumeur. La circonstance de découverte habituelle
rence en imagerie, en particulier en IRM [38–40] : est donc un ictère progressif survenant chez une personne
■ masse irrégulière intrahépatique, avec rétraction capsulaire ; d'âge moyen (proche de 60 ans), certains cas apparaissant par-
■ hypo-intensité en pondération T1 et signal variable fois dès 30 ans. La biologie montre une cholestase avec une aug-
en pondération T2  : faible hyperintensité avec zones mentation de la bilirubine. Le CA 19.9 est élevé dans 80 % des
centrales plus hypo-intenses (65 %) ou hyperintensité cas ainsi que parfois l'ACE (antigène carcino-embryonnaire).
(35 %) ; restriction marquée de la diffusion ; L'extension biliaire des cholangiocarcinomes du hile est
■ rehaussement précoce dès le temps artériel, avec souvent évaluée selon la classification de Bismuth et Corlette :
couronne hypervasculaire périphérique, puis rehausse- ■ type I situé sous la convergence, sans l'atteindre
ment progressif aux temps portal puis tardif ; (fig. 32.9) ;
■ lésions satellites (30 à 40 % des cas), dilatation des voies ■ type II atteignant le toit de la convergence ;
biliaires (30 à 50 % des cas) ; ■ type III atteignant la convergence et le canal biliaire hépa-
■ signes accessoires : engainement vasculaire sans enva- tique droit (IIIa) ou gauche (IIIb) ;
hissement endovasculaire, dysmorphie hépatique avec ■ type IV atteignant la convergence et les canaux hépa-
atrophie homolatérale et hypertrophie controlatérale tiques droit et gauche.
favorisée par l'obstruction biliaire et l'obstruction porte Ici encore, l'imagerie est au premier plan dans le diag­
quand elle existe. nostic, le bilan d'extension et la planification du traitement.

a b

c
Fig. 32.9 Cholangiocarcinome du hile chez un homme de 62 ans. Les images de bili-IRM (a) montrent une dilatation marquée et harmonieuse
des voies biliaires intrahépatiques en amont d'un obstacle du canal hépatique commun sous la convergence. L'obstacle apparaît sous la forme d'un
épaississement focal de la voie biliaire principale qui se rehausse après injection (flèche en b) et qui est bien visible sous la forme d'un hypersignal
sur les séquences pondérées en diffusion (flèche en c). Cette lésion correspond à un type I selon la classification de Bismuth et Cornette.
554   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

L'échographie est souvent réalisée en première intention [8] Hakansson K, Leander P, Ekberg O, et al. MR imaging in clinically
et visualise la dilatation biliaire. Le scanner permet une suspected acute cholecystitis. A comparison with ultrasonography.
évaluation de l'extension tumorale et de l'envahissement, Acta Radiol 2000 ; 41 : 322–8.
[9] Park MS, Yu JS, Kim YH, et al. Acute cholecystitis : comparison of MR
surtout vasculaire, mais c'est l'IRM qui permet de mon-
cholangiography and US. Radiology 1998 ; 209 : 781–5.
trer très précisément l'extension biliaire. Les lésions appa- [10] Bennett GL, Balthazar EJ. Ultrasound and CT evaluation of emergent
raissent sous la forme d'un épaississement localisé des gallbladder pathology. Radiol Clin North Am 2003 ; 41 : 1203–16.
parois biliaires hypo-intense en pondération T1, iso- à [11] Palazzo L. Lithiasis of the common bile duct : endoscopic ultrasono-
discrètement hyperintense en pondération T2 qui restreint graphy. Results and indications. Gastroenterol Clin Biol 1998 ; 22 :
la diffusion. Après injection, le rehaussement est variable B7–16.
mais, le plus souvent, le signal augmente progressive- [12] Hallal AH, Amortegui JD, Jeroukhimov IM, et al. Magnetic resonance
ment pour devenir iso-intense au foie en phase portale et cholangiopancreatography accurately detects common bile duct stones
discrètement hyperintense en phase tardive qui est lié au in resolving gallstone pancreatitis. J Am Coll Surg 2005 ; 200 : 869–75.
contingent fibreux [41–44]. Il est classiquement décrit que [13] Watanabe Y, Nagayama M, Okumura A, et al. MR imaging of acute
biliary disorders. Radiographics 2007 ; 27 : 477–95.
la tumeur est difficile à visualiser, mais en pratique elle est
[14] Sugiyama  M, Atomi  Y, Takahara  T, et  al. Magnetic resonance
vue dans la grande majorité des cas en scanner ou IRM cholangiopancreatography for diagnosing hepatolithiasis.
(90 %). L'imagerie doit aussi évaluer l'extension artérielle, Hepatogastroenterology 2001 ; 48 : 1097–101.
veineuse, parenchymateuse et ganglionnaire. Au total, l'ef- [15] Awasthi A, Das A, Srinivasan R, et al. Morphological and immuno-
ficacité diagnostique de l'IRM est proche de 90 % [45], car histochemical analysis of ductal plate malformation : correlation with
elle permet de bien visualiser les différents canaux biliaires, fetal liver. Histopathology 2004 ; 45 : 260–7.
mais il existe un risque de sous-estimation de l'extension, [16] Levy AD, Rohrmann Jr CA, Murakata LA, et al. Caroli's disease : radio-
en particulier dans les stades III et IV. logic spectrum with pathologic correlation. AJR Am J Roentgenol
2002 ; 179 : 1053–7.
[17] Yonem O, Bayraktar Y. Clinical characteristics of Caroli's syndrome.
`` Conclusion World J Gastroenterol 2007 ; 13 : 1934–7.
[18] Lenriot JP, Gigot JF, Segol P, et al. Bile duct cysts in adults : a multi-
La pathologie biliaire regroupe une gamme très large institutional retrospective study. French Associations for Surgical
d'atteintes bénignes ou malignes interconnectées. Les mal- Research. Ann Surg 1998 ; 228 : 159–66.
formations ou les inflammations peuvent conduire au déve- [19] Komi N, Tamura T, Miyoshi Y, et al. Nationwide survey of cases of
loppement de cancer, la lithiase chronique peut entraîner choledochal cyst. Analysis of coexistent anomalies, complications and
une inflammation, etc. Le rôle de l'imagerie est central pour surgical treatment in 645 cases. Surg Gastroenterol 1984 ; 3 : 69–73.
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retentissement parenchymateux hépatique. Son utilisation est channel and associated pancreaticobiliary diseases : a prospective
rare dans le contexte de la lithiase vésiculaire, mais de premier ERCP study. Dig Liver Dis 2007 ; 39 : 173–9.
plan dans la lithiase intrahépatique, l'ensemble des cholan- [22] Kimura K, Ohto M, Ono T, et al. Congenital cystic dilatation of the
gites, qu'elles soient primitives ou secondaires, les malforma- common bile duct : relationship to anomalous pancreaticobiliary duc-
tions ou les tumeurs. Elle permet une évaluation de l'étendue tal union. AJR Am J Roentgenol 1977 ; 128 : 571–7.
des lésions, de leur sévérité, de leur évolutivité et de leur suivi [23] Komi N, Udaka H, Ikeda N, et al. Congenital dilatation of the biliary
sous traitement. Elle permet enfin au chirurgien de planifier tract ; new classification and study with particular reference to ano-
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Chapitre 32. Voies biliaires : lithiase, inflammation, malformation et cholangiocarcinome    555

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Chapitre
33
L'IRM dans les maladies
inflammatoires chroniques
de l'intestin (MICI)
V. Laurent, A. Germain, L. Peyrin-Biroulet, I. Petit, X. Orry, M. Lafitte

PLAN DU CHAPITRE
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 559 Scores de sévérité de la maladie. . . . . . . . . . . . 566
Apport de l'IRM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 559 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 566
Technique d'acquisition. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 560
Sémiologie IRM pour le diagnostic
de maladie de Crohn. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 561

Introduction Apport de l'IRM


Les objectifs de la prise en charge des maladies inflamma- L'entéroscanner (scanner avec distension de l'intestin grêle),
toires chroniques de l'intestin (MICI) et de la maladie de examen initialement proposé pour le bilan exhaustif de la
Crohn sont en évolution et n'ont plus comme seul objec- maladie, a été rapidement supplanté par l'IRM, en raison de
tif d'obtenir une simple rémission clinique. Les nouvelles la nécessaire limitation d'exposition aux rayonnements ioni-
stratégies thérapeutiques ont désormais pour but de tenter sants [1–3] requise pour cette population de patients jeunes,
d'obtenir une cicatrisation muqueuse et également de stop- soumise tout au long de sa vie à de multiples contrôles
per l'histoire naturelle de la maladie avant la destruction de d'imagerie.
la paroi par la fibrose. L'IRM présente des performances diagnostiques simi-
Pour répondre à ces objectifs, il est absolument néces- laires à celles de l'entéroscanner ; tous deux analysent de
saire d'avoir accès à des techniques de monitorage précises, façon quasi similaire l'inflammation de la paroi [4, 5].
reproductibles et bien tolérées par les patients. Outre l'absence d'exposition aux rayonnements ionisants,
La particularité de la maladie de Crohn est de pouvoir l'IRM possède une excellente résolution en contraste, ce
atteindre n'importe quel segment du tube digestif ; par ail- qui permet de pouvoir détecter et analyser non seulement
leurs, c'est l'ensemble de la paroi qui peut être intéressé par le les anomalies de la muqueuse, mais aussi les atteintes de la
processus pathologique, avec extension dans les tissus envi- paroi : inflammation et fibrose [6–8]. L'analyse du rehaus-
ronnants au-delà de la séreuse. L'inflammation, lorsqu'elle sement après injection de produit de contraste est capitale ;
devient transmurale, est responsable de complications à type elle permet d'objectiver les anomalies du complexe muco-­
de fistules et d'abcès. Ceux-ci ne sont pas toujours objecti- sous-muqueux et fournit une aide précieuse pour une carto-
vés de façon exhaustive par les techniques endo­scopiques. graphie exhaustive des fistules et abcès [9, 10].
L'imagerie en coupes permet d'apprécier l'extension de la De plus, en IRM, certaines séquences dites « fonction-
maladie, son activité et d'identifier les complications de la nelles », telles que l'imagerie de diffusion [11–15] ou l'image-
maladie dans sa forme pénétrante. Les techniques d'image- rie de transfert de magnétisation [16], permettent d'analyser
rie en coupes sont ainsi devenues indispensables et complé- sans injection et sans préparation spécifique les anomalies
mentaires aux données cliniques et endoscopiques pour le de la paroi – et notamment de caractériser la fibrose et l'in-
diagnostic et la prise en charge thérapeutique. flammation. Les données obtenues avec ces séquences vont
Le rôle des radiologues est donc devenu capital au sein bien au-delà de l'anatomie car elles sont susceptibles d'ap-
des équipes multidisciplinaires prenant en charge la maladie porter des éléments sur les différents contingents lésionnels
de Crohn. du processus pathologique.

IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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560   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

Il est aussi possible de réaliser des séquences de type ciné- ■ analyse du rehaussement après injection de produit de
IRM, permettant une analyse en temps réel du mouvement contraste.
des anses durant l'examen [17–19]. Des séquences optionnelles peuvent être réalisées comme
En outre, à l'instar de ce que l'on observe en cancérologie, l'imagerie de diffusion (diffusion-weighted imaging [DWI]),
la répétition des IRM permet un véritable suivi des lésions le transfert de magnétisation, ou des séquences appelées
initiales et de la réponse aux traitements sans exposition aux ciné-IRM pour analyser le mouvement des anses.
radiations ionisantes [20]. Le patient doit être à jeun depuis au moins 6 heures avant
L'exploration des atteintes coliques peut également être l'examen. Il est convoqué 1 heure avant le début de l'examen
faite en IRM. Si, pour l'entéro-IRM, la technique d'acquisi- afin de le faire boire pour une distension optimale de l'en-
tion est standardisée au niveau international, comme nous semble de l'intestin grêle. La distension se fait par voie orale
le verrons dans ce chapitre, l'exploration du cadre colique sans sonde d'entéroclyse avec l'ingestion de 1,5 litre à 2 litres
est à ce jour moins codifiée. Certaines équipes proposent d'eau mélangée à une solution hyperosmolaire, non absor-
systématiquement un nettoyage du cadre colique et une bable (polyéthylène glycol, méthylcellulose). Cette solution
distension, tandis que d'autres préfèrent réaliser l'IRM sans est administrée verre par verre en débutant 1 heure avant
préparation, ni distension. Les résultats obtenus sont certes la réalisation de l'examen. En pratique, la distension n'est
inférieurs aux données de la coloscopie optique, car les ulcé- pas homogène sur l'ensemble de l'intestin grêle : souvent, le
rations superficielles ne peuvent pas être individualisées grêle distal est dilaté et les dernières anses peu ou l'inverse ;
avec cette technique, mais les résultats sont excellents pour le grêle proximal est collabé alors que les dernières sont par-
l'atteinte inflammatoire transmurale et l'extension au-delà faitement distendues. Même dans le cas d'une absence de
de la séreuse [21–24]. C'est actuellement une technique en distension parfaite, l'examen peut être réalisé car c'est suffi-
pleine expansion, même si peu d'équipes en font, très proba- sant pour des atteintes sévères transmurales.
blement en raison d'un accès difficile à l'IRM dans les délais Le patient est positionné en décubitus dorsal. Lors de la
souhaités. description initiale de la technique d'entéro-IRM, les pre-
L'IRM est également l'examen de choix pour toutes les miers examens étaient réalisés en procubitus pour obtenir
lésions anopérinéales dès lors qu'elles deviennent complexes une meilleure distension, mais cette position est mal tolérée
[25–27]. Le suivi de l'évolution sous traitement est possible par les patients.
en IRM et permet là encore d'établir des cartographies
exhaustives de ces lésions anopérinéales. Séquences rapides
L'IRM dans les MICI est donc devenue indispensable Les acquisitions initiales débutent par la réalisation de
pour la prise en charge des patients : pour le diagnostic séquences dites « rapides » qui permettent de faire une car-
[28] ; l'extension ; l'étude de l'activité de la maladie [29, 30] tographie des anomalies. Ces séquences sont de type single
ou la stratification de sa sévérité [31, 32] ; la cicatrisation shot fast spin echo T2 avec TE efficace court (SS FSE TE
muqueuse [10] ; l'évaluation de la réponse aux traitements ; court) dans les plans axial et coronal. Il est possible de com-
la cartographie préopératoire des lésions [33] ; et pour pléter par une séquence anatomique de type séquence dite à
rechercher d'éventuelles récidives postopératoires [34]. « l'état d'équilibre » ou steady state free precession (SSFP) qui
Il ne faut pour autant pas oublier que l'interprétation des permet d'obtenir une pondération T2/T1. Ces séquences
anomalies radiologiques doit être intégrée à l'ensemble des rapides présentent l'avantage de ne pas être artéfactées par
données cliniques et biologiques, et ce notamment au cours le péristaltisme intestinal et ainsi de repérer rapidement les
des réunions de concertation multidisciplinaire, clé de voûte zones pathologiques dès le début de l'examen. En revanche,
du choix de la stratégie thérapeutique. la séquence SSFP ne permet pas de caractériser l'atteinte
et ne permet donc pas de différencier une inflammation
majeure d'une atteinte avec un fort contingent fibreux
Technique d'acquisition (fig. 33.1).
Entéro-IRM La séquence SS FSE TE court permet de rechercher un
éventuel œdème de la sous-muqueuse (fig. 33.2). Il est pos-
Le protocole de réalisation d'une entéro-IRM est bien
sible d'y adjoindre une suppression spectrale de la graisse ;
standardisé de façon internationale suivant les recomman-
la graisse environnante apparaît alors en hyposignal, ce qui
dations de la Society of Abdominal Radiology (SAR) et de
permet de mieux objectiver une éventuelle infiltration de la
l'European Society for Gastrointestinal and Abdominal
graisse.
Radiology (Société européenne de radiologie abdominale et
digestive) [35, 36].
Les recommandations pour la réalisation de cet examen Imagerie de diffusion
sont : L'imagerie de diffusion est acquise immédiatement après.
■ couverture de l'ensemble de l'intestin grêle et du cadre Elle peut se faire en deux paliers transversaux et il est pré-
colique ; férable d'utiliser une méthode de compensation respiratoire
■ distension de l'intestin grêle avec ingestion d'un produit afin de s'affranchir au maximum des artéfacts respiratoires.
de contraste oral ; Son interprétation peut être qualitative : les segments patho-
■ imagerie avant injection avec des séquences rapides per- logiques apparaissent en hypersignal ou quantitatives avec
mettant de s'affranchir du péristaltisme intestinal ; obtention de la mesure du coefficient de diffusion apparent
■ utilisation d'antipéristaltiques par voie intraveineuse afin (ADC) – qui correspond aux mouvements des molécules
de s'affranchir des artéfacts de mouvements ; d'eau extracellulaires durant un temps donné.
Chapitre 33. L'IRM dans les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI)   561

Les acquisitions dynamiques après injection se font dans le


plan axial sur les zones pathologiques repérées au préalable
sur les séquences rapides. Lorsque les atteintes sont très
étendues ou multiples, les acquisitions se font dans le plan
coronal.

Séquences optionnelles
Les séquences de transfert de magnétisation permettent
d'optimiser le contraste, et ce sans injection. Elles sont
actuellement principalement réalisées dans le cadre de pro-
tocoles de recherche clinique.

Colo-IRM
L'analyse de l'ensemble du cadre colique est possible et pro-
posée par notre équipe sans distension rectale et sans prépa-
ration du cadre colique. Cela nous est apparu indispensable
afin que cet examen soit parfaitement bien accepté et sup-
porté par les patients, mais aussi afin de le proposer en cas
Fig. 33.1 Atteinte unique de la dernière anse sur une dizaine de de colite grave pour un bilan rapide et exhaustif des lésions.
centimètres (flèches) : épaississement de la dernière anse asso- Les séquences sont parfaitement superposables à celles
cié à une sclérolipomatose. Séquence SS FP (séquences dite à l'état
de l'entéro-IRM ; seules les acquisitions après injection se
d'équilibre, FIESTA, General Electric), coupe coronale.
feront dans le plan frontal pour pouvoir analyser l'ensemble
du cadre colique. Si l'atteinte est uniquement rectosigmoï-
dienne, l'acquisition après injection de produit de contraste
peut se faire dans le plan axial, qui est préférable pour bien
objectiver les anomalies de la muqueuse et notamment les
ulcérations parfois difficiles à objectiver sur le rectum.

IRM du canal anal


Les protocoles d'exploration diffèrent en fonction des
équipes. Il est indispensable de réaliser trois plans ortho-
gonaux centrés sur le canal anal en pondération T2 (FSE
T2) avec adjonction d'une saturation de la graisse (pas
systématique).
L'imagerie de diffusion en haute résolution est devenue
Fig.  33.2 Épaississement d'une anse grêle iléale associé à indispensable et permet d'objectiver facilement de très
un œdème de la sous-muqueuse se traduisant par un discret petits trajets fistuleux.
hypersignal au centre de la paroi (flèches) conférant à celle-ci La réalisation de séquences après injection n'est pas sys-
un aspect stratifié. Séquence : SS FSE TE effectif court, coupe axiale. tématique et dépend là encore des équipes.
La couche externe est en hyposignal, le centre en discret hypersignal,
la couche interne en hyposignal.
Sémiologie IRM pour le diagnostic
Séquences après injection de produit de maladie de Crohn
de contraste
Le diagnostic de maladie de Crohn en imagerie est porté sur
Avant de commencer les séquences après injection de pro- un certain nombre d'anomalies dont l'épaisseur de la paroi,
duit de contraste, il est impératif d'utiliser un antipéristal- l'hyperhémie et les complications extramurales.
tique par voie intraveineuse de type Glucagon après s'être
assuré de l'absence de contre-indications (phéochromocy-
tome et intolérance au lactose notamment). Cette injection Épaisseur de la paroi
doit être réalisée après l'obtention des séquences rapides et L'épaississement de la paroi est l'élément clé de l'atteinte. Il
immédiatement avant les séquences avec injection de pro- doit être supérieur à 3 mm sur un intestin grêle parfaitement
duit de contraste. Son effet est de courte durée, de l'ordre de bien distendu (voir fig. 33.1 et 33.2).
5 à 20 minutes, et débute 1 minute après la fin de l'injection. La première étape est de fournir une cartographie
L'injection doit être lente, sinon le risque de vomissements exhaustive des anomalies ; c'est-à-dire qu'il faut dans un
durant l'examen est majoré. premier temps repérer les segments pathologiques, les
Les séquences après injection sont réalisées en apnée. dénombrer, donner leur topographie exacte et mesurer la
Celle-ci est indispensable ; elle est de courte durée (environ longueur de chaque atteinte. La deuxième étape est de les
une vingtaine de secondes pour chaque acquisition) et doit caractériser. Pour cela, il est nécessaire d'analyser l'ensemble
être bien expliquée aux patients avant le début de l'examen. des séquences.
562   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

Sur les séquences pondérées de type SS FSE TE court, A contrario, l'absence d'hypersignal en pondération T2
est recherché un éventuel œdème de la sous-muqueuse se associée à l'absence de rehaussement précoce et à un rehaus-
traduisant par un discret hypersignal (voir fig. 33.2) ; puis sement tardif traduit une composante fibreuse plus mar-
on analyse le rehaussement après injection. Le rehaussement quée. L'épaississement est moindre ; l'atteinte est souvent
peut être « en cible », ce qui correspond à la prise de contraste plus courte. Lorsque l'atteinte est strictement luminale, le
précoce du complexe muco-sous-muqueux, entouré par une défi diagnostique est majeur puisqu'il faudra tenter de dis-
couche en hyposignal correspondant à l'œdème et ensuite à tinguer l'atteinte fibreuse de l'atteinte inflammatoire et une
la prise de contraste de la musculeuse (fig. 33.3 à 33.5). composante mixte (fig. 33.6 et 33.7). C'est tout l'enjeu de la
stratégie thérapeutique et de la décision ou non de pour-
suivre un traitement médical ou de choisir un traitement
chirurgical.
L'interprétation de l'activité de la maladie reste parfois
délicate et nécessite une certaine expérience ; il faut au mini-
mum avoir une expérience de 100 cas pour appréhender au
mieux les signes de l'inflammation [37] (fig. 33.8).

Complications extramurales
La troisième étape est la recherche des complications
extramurales de la maladie, et notamment la présence de
fistules. Le bord séreux des anses doit être analysé avec pré-
cision pour individualiser de petits aspects irréguliers de
Fig. 33.3 Épaississement de la paroi, associé à un aspect irrégulier ce versant traduisant une atteinte transmurale. Les fistules
de la muqueuse (flèche épaisse) et à des fissures intramurales peuvent être borgnes ou entéro-entérales (fig. 33.9), enté-
(fine flèche). Séquence après injection de chélate de gadolinium, rosigmoïdiennes, entérovésicales, entérocutanées, entéro-
phase artérielle. Cet aspect traduit un processus inflammatoire aigu musculaires, etc. Habituellement, il existe une importante
transpariétal. zone de fibrose réalisant un conglomérat ressemblant à une
étoile (ou un astérisque), autour de laquelle les anses sont
disposées de façon radiaire et à partir de laquelle on observe
tous les trajets fistuleux (fig. 33.10). Cette zone de fibrose se
situe habituellement préférentiellement dans les deux fosses
iliaques, avec une prédominance pour le côté droit.
Tous les trajets fistuleux doivent être décrits ainsi que
la présence concomitante d'une atteinte sigmoïdienne et il
faut préciser si le sigmoïde est atteint également par la mala-
die. Il est aussi nécessaire de rechercher une compression
urétérale.
La recherche et la description des abcès sont indispen-
sables puisque leur présence contre-indique les traitements
immunosuppresseurs (fig. 33.11). Les abcès dans la mala-
Fig. 33.4 Aspect stratifié de la paroi (ou paroi en cible) avec prise die de Crohn se présentent sous différentes formes : en cas
de contraste de la couche interne (flèche pleine), et absence de contexte clinique aigu, il s'agit plutôt d'abcès de taille
de rehaussement du complexe muco-sous-muqueux (flèche en variable accessibles à un drainage transpariétal ; dans les
pointillés). Séquence après injection, phase de post-équilibre tardif, situations chroniques avec une symptomatologie clinique
coupe axiale. plus torve, ils sont de petite taille, nombreux et avec une
coque très épaisse. Dans cette situation, ils ne sont souvent
pas accessibles à un drainage transpariétal.
On doit également rechercher des signes ancillaires tels
que le signe du « peigne » ou « comb sign », très évocateur
d'une atteinte inflammatoire majeure et qui correspond à
une dilatation des vasa recta.
Des adénopathies et une adiposclérose sont fréquemment
retrouvées, mais ces données ne permettent de prédire l'acti-
vité de sa maladie ou sa gravité et ne sont pas spécifiques.
L'imagerie de diffusion est une séquence réalisée sans
apnée et sans injection de produit de contraste. En cas
d'œdème, les segments pathologiques apparaissent en
hypersignal et en hyposignal sur la cartographie du coeffi-
cient de diffusion apparent.
Fig.  33.5 Individualisation de fissures intramurales (flèche). Les séquences ciné-IRM permettent d'analyser la persis-
Séquence après injection, coupe coronale. tance ou non d'un péristaltisme des anses pathologiques. Les
Chapitre 33. L'IRM dans les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI)   563

Fig. 33.6 Analyse du rehaussement après injection. (a) Phase artérielle : rehaussement du complexe muco-sous-muqueux ; le reste de la paroi
n'est pas rehaussé (flèche). (b) Phase de post-équilibre tardif : rehaussement complet de la paroi correspondant au contingent fibreux associé
(flèche).

Fig.  33.7 Analyse du rehaussement au cours du temps. (a) Phase artérielle  : seule la couche interne se rehausse (complexe muco-­
sous-muqueux). (b) Phase portale : rehaussement modéré de la couche la plus externe de la paroi. (c) Phase à 4 minutes après injection :
rehaussement complet de la paroi.

anses pathologiques sont souvent fixées et, lors de contrôles L'imagerie de transfert de magnétisation permet de
successifs, on observe une disposition superposable de ces détecter la présence de collagène sur les séquences en raison
anses, ce qui confirme bien leur absence de péristaltisme. Il de l'abaissement de son signal qu'elle entraîne. Elle permet
est parfois possible, lorsque la maladie n'a pas détruit l'en- d'augmenter la résolution en contraste pour mieux indivi-
semble de la paroi, d'observer une reprise de ce péristaltisme. dualiser ce contingent.
564   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

Fig. 33.8 Atteinte avec forme fibreuse prédominante. (a) Séquence SS FSE TE effectif court : épaississement modéré, court, segmentaire,
pas d'hypersignal (flèche). (b) Séquence imagerie de diffusion : aspect en hypersignal de la paroi. Cette séquence présente une grande sensibilité
pour la détection de l'inflammation, mais une faible spécificité pour la caractérisation de l'atteinte. (c) Phase artérielle : rehaussement du complexe
muco-sous-muqueux, peu spécifique. (d) Phase tardive à 4 minutes : rehaussement quasi complet de toute la paroi.

Fig. 33.9 Maladie pénétrante. Séquence SSFP, coupe coronale : trajet fistuleux entéro-entéral (flèche).
Chapitre 33. L'IRM dans les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI)   565

Fig. 33.10 Maladie pénétrante. Séquence après injection de produit de contraste, coupe coronale : fistules multiples en fosse iliaque droite,
entéro-entérales.

Fig. 33.11 Maladie pénétrante. Séquence après injection de produit de contraste, coupe axiale : abcès (flèche pleine) avec plastron (anse grêle
pathologique d'amont accolée à l'abcès : flèche en pointillés).
566   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

Scores de sévérité de la maladie Malgré la description de ces scores et leur validation à


partir de cohortes indépendantes, ils sont utilisés principale­
La plupart des études récentes dans la littérature tentent de ment pour les études cliniques et pas en pratique courante
mettre en évidence un score de sévérité et d'activité de la quotidienne.
maladie à l'instar de ce qui est donné par les endoscopies
(Crohn's Disease Endoscopic Index of Severity [CDEIS]). Est-il possible en cas d'atteinte strictement
L'objectif de ces scores de sévérité optimaux est de pouvoir luminale de faire le diagnostic différentiel entre
évaluer la maladie grâce à des données objectives afin de
suivre l'évolutivité sous traitement jusqu'à la cicatrisation
fibrose et inflammation et/ou d'établir la part
muqueuse [20, 32, 38–41]. respective de chaque contingent ? [43]
Il reste deux défis de taille à relever détaillés ci-après. Le deuxième défi diagnostique est la différenciation entre
fibrose et inflammation, et l'identification de la part res-
Est-il possible de déterminer des scores pective de chacune d'entre elles lorsqu'il existe une atteinte
d'activité et de sévérité de la maladie luminale stricte. L'épaississement de la paroi et le rehaus-
en entéro-IRM ? sement semblent des éléments insuffisants pour prédire ces
données. Or, différencier ces deux contingents aurait deux
Les index d'activité de la maladie doivent pouvoir être com- impacts majeurs sur le choix de la stratégie thérapeutique :
posés d'items faciles à mesurer, réalisables rapidement lors doit-on continuer le traitement médical alors que la des-
d'une vacation et reproductibles. truction de la paroi est définitivement constituée ? Quels
Des index d'activité ont été proposés par différentes sont les critères prédictifs des patients potentiellement bons
équipes : le score MaRIA (Magnetic Resonance Index of répondeurs ? Cela permettrait d'éviter ainsi des hospitalisa-
Activity), le CDMI score (Crohn's disease MRI Index) et le tions et cures de traitement médical inutiles.
score de Nancy. La référence pour le score de MaRIA et le Actuellement, il semble très difficile, avec les séquences
score de Nancy est l'endoscopie ; pour le CDMI, la référence morphologiques classiques, de pouvoir différencier et ana-
est l'histologie de la pièce opératoire. lyser la part respective de ces deux contingents. L'étude de
Les items pour ces trois scores incluent : l'épaississement Zappa [44] a montré dans une série de patients ayant tous
de la paroi, le rehaussement (avec une analyse quantitative été opérés que plus l'inflammation était importante, plus
avec un ratio pour le score MaRIA), l'hypersignal en pondé- la fibrose l'était également. De nombreuses études sont en
ration T2, la présence d'ulcérations (pour les scores MaRIA train d'analyser la pertinence des séquences avec transfert
et Nancy). Le score de Nancy inclut en plus le signal en ima- de magnétisation, de l'imagerie de diffusion et des séquences
gerie de diffusion, et le CDMI score prend en compte les tardives après injection.
anomalies périlésionnelles. Certains auteurs considèrent qu'avec l'imagerie de diffu-
Deux de ces index ont été validés par des cohortes sion et une analyse quantitative, la diminution du coefficient
indépendantes de patients : le score de MaRIA avec une de diffusion permettrait d'affirmer la présence d'un contin-
cohorte de 49  patients, et la coloscopie comme réfé- gent de fibrose important. Cela a été initialement décrit chez
rence standard ; et le CDMI avec une autre cohorte de les adultes [15, 45], puis plus récemment dans une série de
28 patients, et des biopsies endoscopiques comme réfé- 14 jeunes patients qui confirme cette tendance. L'imagerie
rence standard. Le score de MaRIA a été utilisé dans une de diffusion a également été proposée pour un suivi longi-
étude prospective multicentrique pour évaluer la réponse tudinal des segments pathologiques. Le coefficient de dif-
au traitement. fusion apparent restait bas chez les jeunes patients porteurs
La détection de l'inflammation par ces différents scores d'une sténose fibreuse, contrairement aux segments présen-
est de l'ordre de 80 à 90 %. Seul le score de MaRIA permet tant une amélioration sous traitement et une augmentation
de définir les lésions très sévères – avec un cut-off du score de leur coefficient de diffusion apparent [46].
MaRIA > 11. Il permet également d'apprécier la cicatrisa- La limite de cette technique et de l'exploitation directe
tion muqueuse, ce qui n'a pas été évalué avec les CDMI et le des valeurs d'ADC est la mauvaise corrélation inter- et
score de Nancy. intraobservateurs. Les valeurs obtenues ont également des
Un autre score a été proposé en ajoutant l'imagerie de écarts types très importants, ce qui rend délicate leur fiabi-
diffusion, le score de Clermont, qui utilise les données lité pour un patient donné et difficile de raisonner sur cette
quantitatives de l'imagerie de diffusion avec le coefficient unique valeur pour le choix thérapeutique.
de diffusion apparent. Bien que l'imagerie de diffusion
soit devenue un standard et permette dans certaines
situations de s'affranchir de l'injection de produit de `` Conclusion
contraste intraveineux, elle est soumise à nombreuses
limites, notamment pour son interprétation quantitative. L'entéro-IRM et l'IRM des lésions anopérinéales sont indis-
Malgré l'utilisation d'antipéristaltiques, les mouvements pensables pour la prise en charge de la maladie de Crohn ;
même minimes vont générer des artéfacts conduisant à leur réalisation et leur sémiologie sont bien décrites et
l'obtention de valeurs très approximatives du coefficient reconnues. La colo-IRM apparaît plus confidentielle, mais
de diffusion apparent. Il apparaît donc délicat actuel- est actuellement en pleine expansion, sachant qu'il faut
lement de fonder une stratégie thérapeutique sur ces privilégier pour cette exploration l'absence de préparation
valeurs. orale et de distension rectale.
Chapitre 33. L'IRM dans les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI)   567

L'imagerie de diffusion est devenue réalisable en pratique ratios for detection of bowel wall fibrosis in a Crohn's disease animal
quotidienne dans ce contexte, et est désormais indispensable. model. J Magn Reson Imaging 2015 ; 42(3) : 801–10.
Son interprétation doit rester prudente, en association avec [17] Hahnemann ML, Nensa F, Kinner S, et al. Quantitative assessment of
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568   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

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Chapitre
34
Apport de l'IRM en pratique
clinique dans la prise en
charge du cancer du rectum
F. Pigneur, M. Djabbari, F. Brunetti, F. Legou, N. de Angelis, L. Baranes, C. Charpy,
L. Colson Durand, A. Luciani

PLAN DU CHAPITRE
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 569 Évaluation de la réponse après traitement
Bilan initial d'extension tumorale néoadjuvant. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 580
et ganglionnaire locorégionale. . . . . . . . . . . . . 569 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 586

Introduction Bilan initial d'extension tumorale


L'adénocarcinome du rectum est une pathologie fréquente. et ganglionnaire locorégionale
L'incidence annuelle est estimée en France autour de 15 000 Ce bilan d'extension doit répondre à la principale question :
nouveaux patients, ce qui représente près d'un tiers des can- peut-on proposer au patient une résection R0 (tableau 34.1)
cers colorectaux. sans traitement néoadjuvant tout en conservant la fonction
L'objectif du traitement du cancer du rectum est la gué- sphinctérienne ?
rison sans récidive locorégionale tout en conservant, si pos- Il doit donc préciser les rapports entre la tumeur et cer-
sible, la fonction sphinctérienne. taines structures avoisinantes non intégrées à la classification
Un bilan d'extension locale précis en imagerie est TNM (tableau 34.2), à savoir l'extension en hauteur (avec
nécessaire à la planification du traitement optimal et mesure de la marge de sécurité longitudinale et évaluation des
personnalisé du cancer du rectum qui sera validé au sein rapports à l'appareil sphinctérien), l'extension en profondeur
d'une réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP). (avec mesure de l'envahissement tumoral en profondeur du
Cette prise en charge permet de diminuer fortement le mésorectum et des marges de résection circonférentielles),
taux de récidive locale par la mise en place de thérapeu- l'extension circonférentielle et l'extension vasculaire.
tiques néoadjuvantes (radiothérapie et chimiothérapie)
et d'une nouvelle technique opératoire (exérèse totale du
mésorectum) [1–3]. Tumeur
L'objectif de ce chapitre est de comprendre les questions
Extension en hauteur
posées aux radiologues à partir de notions anatomiques,
chirurgicales, oncologiques et anatomopathologiques afin Marge de sécurité longitudinale
d'adapter l'instrumentation en imagerie par résonance Mesurer la marge de sécurité longitudinale est la première
magnétique (IRM). étape de tout bilan d'extension d'un cancer du rectum.
Dans un premier temps, notre propos visera à actualiser Cliniquement, elle correspond à la distance séparant la
l'apport de l'IRM dans le bilan initial locorégional du can- marge anale du pôle inférieur de la tumeur. Si le pôle infé-
cer du rectum. Nous nous attacherons ensuite à évaluer la rieur de la tumeur est situé à moins de 5 cm de la marge
place de l'imagerie dans l'évaluation du traitement néoadju- anale, la lésion est considérée comme localisée au bas rec-
vant, à exposer les développements en cours et les questions tum, entre 5 et 10 cm au moyen rectum et au-dessus de
en suspens. 10 cm au haut rectum.

IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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570   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

En imagerie, le meilleur plan pour étudier cette marge de En effet, un cancer du haut rectum est le plus souvent
sécurité longitudinale est le plan sagittal. La visualisation de traité comme un cancer colique, à savoir classiquement
la marge anale étant difficile en IRM sur ce plan de coupe, on une résection première du rectum et de son méso avec au
utilise en pratique clinique pour repère plutôt le complexe moins 5 cm de marge de sécurité sous le pôle inférieur de la
de l'anneau puborectal correspondant à l'orifice supérieur du tumeur du fait de la présence d'îlots tumoraux, situés dans
canal anal. Le canal anal mesurant autour de 3 cm, le bas rec- le méso à distance de la tumeur, dans 20 % des cas [4, 5].
tum est situé entre 0 et 2 cm du bord supérieur du sphincter, Toutefois, une radio-chimiothérapie (RCT) préopératoire
le moyen rectum entre 2 et 7 cm, et le haut rectum à plus de peut se discuter en cas de tumeur localement avancée à
7 cm. Cette mesure permet donc de définir « trois rectums » : risque de résection R2 voir R1 (tableaux 34.1 et 34.3) [6,
le haut, le moyen et le bas rectum qui présentent des problé- 7]. En pratique clinique, les tumeurs du haut rectum sont
matiques et donc des prises en charge différentes (fig. 34.1). donc explorées par IRM au même titre que les tumeurs des
moyen et bas rectum.
Tableau 34.1 Marges de résection Les cancers du moyen et du bas rectum nécessitent une
circonférentielle oncologique [14]. exérèse totale du mésorectum (ETM) de type extrafascial
excepté les tumeurs superficielles qui peuvent bénéficier
RO = Absence de résidu tumoral (marge de sécurité > 1 mm) sous conditions d'une exérèse locale. Le plan de clivage
R1 = Présence d'un résidu tumoral microscopique (marge chirurgical de l'ETM est situé juste en dehors de la face
de sécurité ≤ 1 mm)
R2 = Présence d'un résidu tumoral macroscopique (atteinte
externe du fascia recti qui représente la limite externe du
macroscopique des fascias) mésorectum (fig. 34.2). Cette exérèse est dite « no touch ».
L'objectif est de ne visualiser à aucun moment le rectum,
le mésorectum devant rester intact (fig. 34.3a) [8]. Cette
Tableau 34.2 Classification TNM simplifiée technique chirurgicale décrite par Heald en 1982 [9] per-
de l'Union internationale contre le cancer met une exérèse carcinologique avec un bon résultat fonc-
actuellement en vigueur (TNM, 7e édition 2009). tionnel et un risque de récidive locale diminué [10, 11] à
8,2 % à 2 ans [3]. L'association d'un traitement néoadjuvant
T0 Pas de signe de tumeur primitive
Tis Carcinome in situ
à l'ETM diminue [2] encore ce risque à 2,4 % à 2 ans [3].
T1 Tumeur envahissant la sous-muqueuse Actuellement, les principales indications du traitement
T2 Tumeur envahissant la musculeuse néoadjuvant, en dehors de la dissémination ganglionnaire,
T3 Tumeur envahissant la sous-séreuse ou les tissus péri-rectaux sont les tumeurs classées T3 et T4 ainsi que les tumeurs
non péritonisés antérieures du bas rectum classées T2 (tableau 34.4). Le
T4 Tumeur envahissant directement les autres organes ou pronostic étant lié à la qualité de l'exérèse, l'évaluation des
structures et/ou perforant le péritoine viscéral
- T4a Tumeur perforant le péritoine viscéral
rapports entre la tumeur et le fascia recti est un des élé-
- T4b Tumeur envahissant directement les autres organes ou ments clés du bilan d'extension locorégional.
structures
N0 Pas de métastase ganglionnaire régionale
N1 Métastases dans 1 à 3 ganglions lymphatiques régionaux
N2 Métastases dans ≥ 4 ganglions lymphatiques régionaux Tableau 34.3 Impératifs
de la résection R0 [4, 5, 15, 16].
MO Pas de métastase
M1 Présence de métastase(s) à distance − Résection du mésorectum ≥ 5 cm par rapport au pôle inférieur
− M1a Métastase localisée à un organe (foie, poumon, ovaire, de la tumeur
ganglion(s) lymphatique(s) autre que régional) − Marge de sécurité longitudinale > 1 cm
− M1b Métastases dans plusieurs organes ou dans le péritoine − Marge de résection circonférentielle > 1 mm

Côlon sigmoïde

Haut rectum
7−12 cm du bord
Moyen rectum supérieur du sphincter
2−7 cm du bord
supérieur du sphincter
Bas rectum
0−2 cm du bord
supérieur du sphincter

Canal anal
(3 cm)
a b
Fig. 34.1 Illustration des « trois rectums » (a) et coupe sagittale T2 (b) avec mesure de la marge de sécurité longitudinale par rapport
au bord supérieur du sphincter.
Chapitre 34. Apport de l'IRM en pratique clinique dans la prise en charge du cancer du rectum    571

Rectum
5 4

2 Mésorectum 1
5

a b
Fig. 34.2 Radioanatomie du mésorectum. Schéma illustrant les rapports du mésorectum (a) et coupe axiale correspondante en pondération T2 (b).
1. Fascia recti. 2. Fascia pelvi. 3. Aponévrose de Denonvilliers. 4. Artère rectale moyenne. 5. Fascia présacré. Le mésorectum est un espace cellulograis-
seux situé entre la musculeuse et le feuillet viscéral du fascia pelvien (fascia recti) contenant de la graisse, des vaisseaux, des nerfs et des ganglions. La
distance séparant la tumeur du fascia recti est considérée comme une marge de résection circonférentielle (appelée aussi marge de sécurité latérale ou
clairance latérale) puisque le plan de dissection d'une exérèse totale du mésorectum (ligne pointillée rouge en a) correspond à l'espace de glissement
virtuel avasculaire situé entre le fascia recti et le fascia pelvi (feuillet pariétal du fascia pelvien). Le fascia recti est représenté en IRM en pondération
T2 sous la forme d'une fine bande en hyposignal qui circonscrit le mésorectum. On ne peut pas différencier en imagerie le fascia recti du fascia pelvi.

Pédicule mésentérique
Péritoine
inférieur Mésorectum

Rectum
Rectum péritonisé
Fasci recti péritonisé Réflexion
péritonéale Rectum
Non
péritonisé
Tumeur Rectum
non
péritonisé

Réflexion
a du péritoine b

Péritoine

Haut
rectum

Mésorectum

Péritoine

Moyen Rectum
rectum
péritonisé

Mésorectum Non
péritonisé

Bas
rectum

c
Fig. 34.3 (a–c) Pièce d'exérèse d'une exérèse totale du mésorectum (ETM). Le rectum mesure 15 cm de long. Il commence à hauteur de S3. Le
tiers supérieur du rectum est recouvert par le péritoine viscéral (partie péritonisée dont l'aspect macroscopique « brillant » correspond à la séreuse).
Les deux tiers inférieurs du rectum sont non péritonisés (partie sous-péritonéale dont l'aspect macroscopique « mat » correspond au fascia recti).
On remarque donc que le bas rectum est strictement sous-péritonéal ; le moyen rectum essentiellement sous-péritonéal excepté sa face antérieure
et supérieure qui peut être située au-dessus de la ligne de réflexion péritonéale ; et le haut rectum péritonisé sur ses faces antérieures et latérales.
572   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

Rapports avec l'appareil sphinctérien Message clé du compte-rendu


Pour le cancer du bas rectum, le bilan d'extension doit pré- ■
Mesurer sur le plan sagittal T2 la marge de sécurité
ciser les rapports entre la tumeur et l'appareil sphinctérien longitudinale.
afin d'évaluer la faisabilité d'une résection oncologique tout ■
Préciser les rapports de la tumeur avec la ligne de réflexion du
en conservant la fonction sphinctérienne [11]. En effet, la péritoine ainsi que sa position par rapport aux pièces sacrées.
préservation du sphincter anal peut être proposée dès que ■
Pour les tumeurs du bas rectum, préciser les rapports entre
l'on peut obtenir, sur une pièce fraîche d'ETM, une marge la tumeur, l'appareil sphinctérien (sphincter interne, espace
intersphinctérien, sphincter externe) et les releveurs. En cas
longitudinale de sécurité saine d'au moins 1  cm (voir de marge longitudinale limite, évaluer la faisabilité d'une exé-
tableau 34.1) sous le pôle inférieur de la tumeur (fig. 34.4). rèse intersphinctérienne qui nécessite l'absence d'extension
Cette marge peut être obtenue pour les tumeurs du très tumorale à l'espace intersphinctérien et aux releveurs.
bas rectum après RCT néoadjuvante associée éventuelle-
ment à une résection dite intersphinctérienne (fig. 34.4). Ce bilan d'extension en hauteur doit aussi préciser
Inversement, une amputation abdominopelvienne est indi- (notamment pour la planification de la radiothérapie) les
quée quand cette marge distale de 1 cm ne peut pas être obte- rapports de la tumeur aux pièces sacrées ainsi qu'à la ligne
nue ainsi qu'aux tumeurs envahissant les releveurs, l'espace de réflexion péritonéale (fig. 34.3b).
intersphinctérien et le sphincter externe. L'évaluation des
rapports entre la tumeur et l'appareil sphinctérien est donc Extension en profondeur au sein de la paroi
un des éléments clés du bilan d'extension locorégionale du rectale et du mésorectum
cancer du bas rectum améliorant sa prise en charge [11–13].
Selon les dernières recommandations, le degré d'extension
Tableau 34.4 Indications actuelles du traitement tumorale en profondeur au sein de la paroi du rectum modi-
néoadjuvant [7]. fie la prise en charge thérapeutique [7].
Une tumeur classée T1 ou T2 (tableau 34.2) ne s'étendant
− Pour les tumeurs du moyen et du bas rectum : recommandé donc pas au-delà de la musculaire peut bénéficier d'une exé-
pour les N +, T4, T3c-d et discuté pour les T3a-b (voir rèse chirurgicale première excepté les tumeurs antérieures du
tableau 34.5)
− Pour les tumeurs du haut rectum : recommandé pour
bas rectum classées T2 pour lesquelles une RCT néoadjuvante
les T4 et discuté pour les T3 avec marge de résection est recommandée. L'IRM est moins performante que l'échoen-
circonférentielle ≤ 1 mm doscopie pour différencier une tumeur T1 d'une tumeur T2.
− Pour les tumeurs du bas rectum : recommandé pour les T2 L'indication d'une exérèse locale chirurgicale par voie transanale
antérieurs sera fondée sur les données de l'échoendoscopie en cas de T1 sm1
voir sm2, N0 < 3 cm [7]. En effet, l'utilisation de sondes de hautes
fréquences permet de distinguer les tumeurs intramuqueuses
(m) des cancers envahissant la sous-muqueuse (sm) et, parmi
4 ­celles-ci, d'établir une subdivision en trois degrés (sm1, 2, 3)
5
3 selon la profondeur de l'atteinte [7, 17, 18]. En cas de tumeur
2
1
superficielle, l'IRM n'apporte pas d'information supplémentaire
hormis de s'assurer de l'absence d'extension ganglionnaire.
RCT
Une tumeur classée T3, s'étendant au-delà de la muscu-
A
B
C
laire dans le mésorectum (tableau 34.2), bénéficie le plus
souvent d'un traitement néoadjuvant de type radiothérapie
1 cm exclusive ou RCT dont les modalités varient selon les équipes.
1 cm
Ce groupe de patients est hétérogène avec des tumeurs pré-
sentant des pronostics différents (fig. 34.5) [3]. Afin d'opti-
miser et d'adapter l'intensité du traitement à l'agressivité de la
Résection
ETM
ETM
ou tumeur, la simple notion d'extension au mésorectum (T3) ne
intersphinctérienne
surveillance ? suffit donc plus lors du bilan d'extension locale. Il faut en plus
Fig. 34.4 Intérêt du traitement néoadjuvant dans la prise en charge mesurer l'extension de la tumeur au sein du mésorectum par
d'une lésion néoplasique du bas rectum. A. La radio-chimiothérapie
(RCT) a permis de libérer l'espace intersphinctérien mais pas d'augmenter Péritoine
la marge de sécurité longitudinale. La résection intersphinctérienne permet
en cas de tumeur persistante du très bas rectum une marge oncologique
de sécurité longitudinale supérieure à 1 cm. Elle consiste en une résection
partielle ou subtotale du sphincter interne. Le plan de clivage correspond à Rectum
l'espace intersphinctérien situé entre le sphincter interne et externe. B. La
RCT a permis de libérer l'espace intersphinctérien et d'augmenter la marge T3
T3
de sécurité longitudinale favorisant la réalisation d'une exérèse totale du
mésorectum (ETM). C. La RCT a permis une restitution ad integrum per-
mettant de proposer une ETM avec des marges oncologiques. Certaines Mésorectum
équipes proposent en cas de réponse complète clinique, endoscopique et
Fascia recti
IRM une désescalade thérapeutique : résection transanale ou surveillance.
1. Sphincter interne. 2. Sphincter externe. 3. Espace intersphinctérien. Fig.  34.5 Illustration d'un « petit T3 » et d'un « gros T  3 » mon-
4. Muscle élévateur de l'anus. 5. Faisceau puborectal. trant les limites de la classification TNM.
Chapitre 34. Apport de l'IRM en pratique clinique dans la prise en charge du cancer du rectum    573

rapport à la paroi rectale (= envahissement en profondeur du Message clé du compte-rendu


mésorectum), mais aussi la distance la plus courte séparant la En cas de tumeur T3, mesurer sur un plan axial T2 perpendicu-
tumeur du fascia recti (= marge de résection circonférentielle laire à la lumière du rectum l'extension tumorale en profondeur
[circumferential resection margin [CRM] = marge de sécu- maximale du mésorectum (classification TNM modifiée) et la
rité latéral = clairance latérale) (fig. 34.8). Ces deux mesures marge de résection circonférentielle (CRM) qui sont d'impor-
complémentaires (fig. 34.9) sont d'importants facteurs pro- tants facteurs pronostiques.
nostiques de survie et de récidive locale :
■ si l'extension tumorale en profondeur est > 5 mm, le taux
de survie à 5 ans est de 54 % contre 85 % si l'extension
est < 5 mm alors que ces deux tumeurs sont toutes les Péritoine

deux classées T3 [19] ;


■ si la CRM est < 1 mm, le risque de récidive locale est de T1
33 % mais chute à 5 à 6 % si la marge est > 1 mm [20]. T2
Au final, ces mesures identifient un sous-groupe de
patients présentant un bon pronostic si la CRM est > 1 mm T3d = extension
> 15 mm
Rectum T3a = extension
< 1 mm

[15] et si l'extension tumorale en profondeur au sein du


mésorectum reste  <  5  mm [3, 21, 22], permettant donc T3b = extension
entre 1 et 5 mm

d'envisager une exérèse optimale du mésorectum. Certaines T3c = extension


équipes proposent pour ces patients une désescalade théra-
entre 5 et 15 mm

peutique avec réalisation d'une chirurgie première (ETM) Mésorectum


sans traitement néoadjuvant. L'objectif est de limiter les
complications notamment fonctionnelles liées à la RCT en Fascia recti
raison du faible bénéfice attendu [16, 23]. Une classification
Fig. 34.6 Classification TNM modifiée [24] intégrant pour les T3
TNM modifiée intégrant l'extension en profondeur a été la mesure de l'extension en profondeur du mésorectum.
proposée (tableau 34.5 et fig. 34.6 à 34.10) [24].
Noter que la notion de CRM ne s'applique pas aux
tumeurs hautes antérieures et antérolatérales situées au- Péritoine
dessus de la réflexion péritonéale. En effet, il faudra préciser
pour ces tumeurs l'extension non pas au fascia recti mais
au péritoine classant les lésions T4a (voir tableau 34.2 et T1
T4a
fig. 34.8, 34.11 et 34.12). T2

Rectum T3a/b = extension en


profondeur
< 5 mm

Tableau 34.5 Classification TNM modifiée [24]


intégrant pour les T3 la mesure de l'extension T4b
T3c/d = extension
tumorale en profondeur du mésorectum. en profondeur
> 5 mm

− T1 : Tumeur envahissant la sous-muqueuse


Organes Mésorectum
− T2 : Tumeur envahissant la musculeuse sans la dépasser adjacents
− T3 : Tumeur envahissant le mésorectum T3a : < 1 mm, T3b : Fascia recti
1–5 mm, T3c : 5–15 mm, T3d : > 15 mm
− T4 : Tumeur envahissant T4a : la réflexion péritonéale, T4b : les Fig. 34.7 Illustration du TNM. Noter que les tumeurs classées T3a ou
organes de voisinage b présentent un meilleur pronostic que les tumeurs T3c ou d.

Rectum

T3

T3
Extension en
profondeur
Marge de résection
circonférentielle

Mésorectum

a b
Fascia recti

Fig.  34.8 L'extension tumorale en profondeur du mésorectum et la marge de résection circonférentielle (CRM) sont des mesures
reproductibles [25–27] exprimées en millimètres. Elles sont évaluées sur la séquence en pondération 2D TSE T2 (b) par un plan de coupes
perpendiculaires à la lumière du rectum.
574   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

T3 Extension en profondeur
identique mais CRM différente,
donc pronostic différent
Rectum

T3

T3

Extension en profondeur
Marge de résection circonférentielle

Fascia recti

Fig. 34.9 Illustration montrant la complémentarité des mesures


lorsque la CRM est > 1 mm mais que l'envahissement tumoral en Fig. 34.11 Illustration du fascia recti (ligne pointillée blanche) et
profondeur du mésorectum est considéré comme élevé > 5 mm. de la réflexion du péritoine (ligne pointillée verte) sur la face
antérieure du haut rectum.

Extension circonférentielle
Il est nécessaire de préciser l'extension circonférentielle pour
d'une part poser l'indication d'un traitement néoadjuvant et
d'autre part modifier la technique chirurgicale d'ETM.
En effet, l'épaisseur du mésorectum est variable ; celui-
ci est le plus souvent moins épais en antérieur et s'amincit
progressivement en hauteur de haut en bas (fig. 34.13)
pour disparaître à la jonction anorectale, avec pour
conséquence : a b
■ pour les tumeurs antérieures du bas rectum classées T2,
recommandation d'une RCT néoadjuvante du fait de la Fig.  34.12 Tumeur du haut rectum envahissant la réflexion du
péritoine classée T4a.
difficulté d'évaluer à ce niveau l'extension tumorale en
profondeur au sein du mésorectum (fig. 34.13) et donc de
différencier un T2 d'un T3a ou b avec faible CRM [7] ; Message clé du compte-rendu
■ chez l'homme, pour les tumeurs antérieures situées sous
la réflexion du péritoine, une modification du plan de Préciser l'extension circonférentielle de la tumeur rectale  :
antérieure, latérale, postérieure ou circonférentielle. Une lésion
dissection afin de respecter les marges de sécurité onco-
antérieure posera l'indication d'une RCT néoadjuvante en cas
logiques. La dissection se fera entre la face antérieure du de tumeur du bas rectum classée T2 et modifiera chez l'homme
fascia rectoprostatique (= aponévrose de Denonvilliers) la technique chirurgicale.
en arrière et les vésicules séminales puis la prostate en
avant (fig. 34.14). En IRM, l'aponévrose de Denonvilliers
se présente sous la forme d'un épaississement médian Extension vasculaire
et antérieur du fascia recti. Chez la femme, la technique L'invasion vasculaire extramurale (extramural vascular invasion
d'ETM n'est pas modifiée, l'aponévrose de Denonvilliers [EMVI]) est définie par la présence de cellules néoplasiques
correspondant à la cloison rectovaginale. au sein d'une structure vasculaire située au-delà de la muscu-

a b
Fig. 34.10 Il peut être difficile de différencier une tumeur classée T2 (a) d'une tumeur classée T3a ou b en cas d'irrégularité de l'inter-
face musculeuse-mésorectum. La figure b montre une tumeur classée pT2 avec réaction fibreuse (desmoplastique) de contact. Un franc hypo-
signal T2 de l'infiltration du mésorectum ainsi que de fines spicules sont plutôt en faveur d'une résection desmoplastique. Un signal intermédiaire,
avec des bandes plus épaisses voire nodulaires orienterait plutôt vers une origine tumorale [27, 28]. En pratique, se rappeler du faible impact clinique
de distinguer un T2 d'un T3a voir T3b [29] puisque certaines équipes proposent, pour ces stades différents, la même prise en charge thérapeutique.
Chapitre 34. Apport de l'IRM en pratique clinique dans la prise en charge du cancer du rectum    575

Haut
rectum

Bas
rectum

Gradient en hauteur
a de l’épaisseur du mésorectum

Ant.
Péritoine

Haut
rectum

Mésorectum

Gradient postérieur-antérieur
Post.
b de l’épaisseur du mésorectum

Haut
rectum Fig. 34.13 (a–c) Illustration mon-
trant la modification d'épaisseur
du mésorectum en hauteur et en
antéropostérieur. Le mésorectum
Haut
est essentiellement développé en
Haut rectum arrière et latéralement jusqu'à 2 à
rectum 3 cm de la jonction anorectale. Ainsi,
en cas de tumeur du bas rectum, la
« barrière naturelle » que représente
Moyen
rectum le mésorectum devient un espace
Moyen virtuel notamment en antérieur, ren-
rectum Bas
rectum dant difficile la mesure de l'extension
Bas en profondeur de la tumeur et de la
rectum Bas CRM. Cela explique qu'à extension
tumorale en profondeur équivalente
rectum
une tumeur du bas rectum est plus
à risque de récurrences locales et
associée à une moins bonne survie
c [30–34].
576   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

leuse (fig. 34.15). Une tumeur classée T1 ou T2 n'a donc pas de La classification TNM différencie les ganglions régionaux
risque d'EMVI. Elle survient uniquement en cas de tumeur au des ganglions non régionaux. Les ganglions régionaux sont
moins classée T3. Sa présence est un facteur de mauvais pro- décrits dans le stade N alors que les ganglions non régionaux
nostic indépendant de récurrence locale et à distance avec une sont classés par le stade M (voir tableau 34.2). Ce terme
spécificité proche de 95 % et une valeur pronostique positive régional diffère en fonction des cancers pelviens. Ainsi, la
de 89 % [35–37]. En imagerie, elle correspond à des vaisseaux connaissance des ganglions régionaux et non régionaux
élargis aux contours irréguliers, siège d'une éventuelle anomalie pour chaque cancer est essentielle pour leur stadification
de signal identique à la tumeur (fig. 34.16) [29]. [38]. La 7e et dernière édition TNM de 2009 définit les gan-
glions régionaux du rectum comme :
■ les ganglions du mésorectum (situés dans la graisse du
Message clé du compte rendu mésorectum) ;
Préciser la présence d'une extension vasculaire (EMVI), facteur ■ les ganglions iliaques internes (hypogastriques)
de mauvais pronostic local et à distance. (fig. 34.18 et 34.19) ;

Ganglion
Le drainage lymphatique se fait essentiellement dans le
mésorectum puis vers l'artère mésentérique inférieure via
l'artère rectale supérieure, et accessoirement vers les gan-
glions iliaques internes ou externes et les ganglions ingui-
naux (fig. 34.17).

Aponévrose de Denonvilliers

Fig. 34.16 Extension vasculaire avec anomalie de signal au sein


du vaisseau identique à la tumeur.

Modification
du plan de dissection
Rectum
5 4

2 Mésorectum 1

Fig. 34.14 Modification chez l'homme de la technique chirurgi-


cale en cas de tumeur antérieure avec dissection en avant du
fascia de Denonvilliers.
Fig. 34.17 Voies de drainage lymphatique du rectum. 1. Mésenté-
rique inférieure. 2. Iliaque interne et externe. 3. Présacrée et promon-
toire. 4. Inguinale (essentiellement pour les tumeurs du bas rectum).

CRM de l’EMVI 1

Rectum

CRM de la tumeur

4
CRM des N+
Fascia recti
Fig.  34.18 Résection première du pédicule mésentérique infé-
Fig. 34.15 Illustration d'une invasion extramurale. rieur lors d'une ETM.
Chapitre 34. Apport de l'IRM en pratique clinique dans la prise en charge du cancer du rectum    577

la prise en charge thérapeutique. En effet, même s'ils


sont situés en dehors du champ d'irradiation, le premier
temps opératoire d'une ETM est la ligature des vaisseaux
mésentériques avec curage ganglionnaire mésentérique
inférieur préaortique (fig. 34.20). Inversement, le curage
latéral systématique n'est pas actuellement recommandé
en pratique clinique du fait de l'absence de données
significatives dans la littérature [41]. Il faudra donc, lors
du bilan d'extension locorégionale, préciser la présence
d'adénopathies suspectes en dehors du mésorectum,
celles-ci pouvant alors être, en fonction de leurs topogra-
phies, réséquées et leurs sièges repérés par des clips pour
une éventuelle radiothérapie adjuvante.
Le staging ganglionnaire impacte donc la prise en charge
Fig.  34.19 Adénopathie hypogastrique. Même si cette adénopa- initiale du patient avec réalisation d'un traitement néoadju-
thie de 17  mm est située en dehors du mésorectum, elle est consi- vant en cas d'invasion tumorale ganglionnaire [39]. Pourtant,
dérée encore comme régionale. Sa présence est un facteur péjoratif cette évaluation ganglionnaire reste encore aujourd'hui un
en termes de survie. Il semble toutefois que la RCT néoadjuvante per- challenge diagnostique du fait d'une performance limitée du
mette d'améliorer le pronostic [39]. Il est donc important de la signaler critère de taille liée au fait que 30 à 50 % des métastases gan-
dans son compte-rendu car elle peut bénéficier en radiothérapie d'une
glionnaires dans le cancer du rectum sont présentes dans des
surimpression.
ganglions inférieurs à 5 mm [42–44]. La taille reste pourtant
le critère principal pour le diagnostic de malignité [45] dans
■ les ganglions sacrés latéraux (situés en avant des deux les dernières recommandations formulées par le groupe d'ex-
premiers trous sacrés), présacrés et du promontoire perts de la Société européenne de radiologie abdominale et
(Gerota) ; gastro-intestinale (European Society for Gastrointestinal and
■ les ganglions mésentériques inférieurs. Abdominal Radiology [ESGAR]). Le cut-off est encore dis-
Tous les autres ganglions, notamment les ganglions cuté (entre 1 et 6 mm), à adapter en fonction de la sensibilité
inguinaux, iliaques externes et obturateurs, sont considé- et/ou spécificité voulue. Les deux extrêmes ont été proposés :
rés comme des métastases à distance et donc de mauvais certains préconisent que tous les ganglions du mésorectum
pronostic. doivent être positivés quelle que soit leur taille [46], d'autres
Ce bilan exhaustif des ganglions régionaux et non régio- proposent de relever uniquement les ganglions > 10 mm de
naux lors du bilan d'extension locorégionale initial permet grand axe [47]. Cinq millimètres de grand axe est la taille
d'optimiser : la plus fréquemment utilisée pour différencier un ganglion
■ la radiothérapie : lors de la planification du traitement, bénin d'un ganglion malin avec une sensibilité de 68 % et
il est exceptionnel d'inclure dans les volumes traités les une spécificité de 78 % [42, 48].
ganglions iliaques externes ou inguinaux, sauf si ces gan- Pour caractériser un ganglion, on s'aidera d'autres cri-
glions sont manifestement envahis [39] ; tères morphologiques hautement spécifiques mais peu sen-
■ la chirurgie : plus les ganglions mésentériques inférieurs sibles, à savoir son caractère hétérogène et/ou ses contours
sont haut situés, à proximité de l'origine du pédicule vas- irréguliers ou indistincts [42, 49] (fig. 34.21).
culaire mésentérique inférieur, plus ils sont de mauvais Noter que les ganglions du mésorectum sont, par défini-
pronostic en termes de dissémination métastatique et de tion, réséqués lors de l'ETM comme les ganglions mésenté-
survie [40]. Toutefois, cela ne modifie pas pour l'instant riques inférieurs. Il est donc intéressant de préciser la CRM

Fig. 34.20 Adénopathie du promontoire ayant bénéficié, comme la tumeur du moyen rectum, d'une surimpression.
578   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

Fig. 34.21 Adénopathie du mésorectum. Une formation ganglion-


Fig. 34.23 Le cas (a) illustre, à hauteur du bas rectum, sur le bilan
naire est considérée comme suspecte si son signal est hétérogène et/ou
initial, l'effet d'une importante opacification rectale basse sur
ses contours sont spiculés et mal limités et/ou sa taille est > 5 mm. Il
l'épaisseur du mésorectum, celui-ci devenant virtuel. Noter sur le
faudra, comme pour la tumeur, mesurer la plus courte distance entre
bilan de réévaluation (b) la modification d'épaisseur du mésorectum en
l'adénopathie et le fascia recti (= CRM ganglionnaire).
l'absence d'opacification basse.

Avec quelle instrumentation en IRM ?


Champ magnétique et antennes
■ Malgré l'apport des IRM à hauts champs dans l'explora-
tion du pelvis [53] permettant, du fait de l'augmentation
du rapport signal sur bruit [52], une meilleure délimita-
tion de la tumeur au sein de la paroi rectale, l'utilisation
d'une IRM 3 T n'a pas démontré de supériorité diagnos-
tique par rapport à une IRM 1,5 T [54, 55].
a b ■ On utilise les antennes de surface en réseau phasé, les
antennes endorectales n'étant pas nécessaires.
Fig.  34.22 (a, b) Intérêt de la diffusion dans la détection des Pour les tumeurs du moyen rectum, on placera le bord infé-
ganglions. rieur de l'antenne juste sous le pubis, alors que celle-ci est
placée 10 cm sous la symphyse pubienne pour l'exploration
des tumeurs du bas rectum [29].
entre le ganglion et le fascia recti afin de s'assurer d'une
résection R0. Pour cela, le ganglion doit être situé comme Quelle préparation spécifique prévoir ?
pour la tumeur à plus de 1 mm du fascia recti.
■ L'opacification du rectum par voie basse est débattue.
L'imagerie fonctionnelle de diffusion peut-elle améliorer
Seuls 23 % d'un groupe d'expert de l'ESGAR réalisaient
les performances diagnostiques de l'imagerie morpholo-
une opacification basse [45]. Elle n'est donc pas recom-
gique ? Elle semble pour le moment uniquement augmenter
mandée mais est considérée par certains auteurs utile
la détection des ganglions par rapport aux séquences T2 [50]
principalement lors de l'exploration des tumeurs pédi-
(fig. 34.22). De même, la mesure du coefficient apparent de
culées, des petites tumeurs < 2 cm et lors de la réévalua-
diffusion (apparent diffusion coefficient [ADC]) ne permet
tion après RCT. Elle doit, lorsqu'elle est réalisée, rester
pas de différencier les adénopathies des ganglions bénins du
modérée, inférieure à 100 ml [52], car cela risque sinon
fait d'un important chevauchement des valeurs d'ADC [51,
de minorer l'évaluation de la CRM [56] (fig. 34.23). Elle
52]. Actuellement, elle ne permet ni d'augmenter la spécifi-
risque aussi, lors de la planification thérapeutique en
cité des critères morphologiques, ni de favoriser la détection
radiothérapie, de modifier les rapports anatomiques,
des micrométastases.
faussant ainsi la fusion des acquisitions de l'IRM avec
celle du scanner dosimétrique, réalisé lui sans disten-
sion rectale. Enfin, la distension rectale pourrait favo-
Message clé du compte-rendu riser les artéfacts de mouvements liés à la contraction

En pratique clinique, les critères morphologiques (analyse du sphinctérienne [52].
signal, des contours et de la taille) restent d'actualité pour le ■ L'utilisation d'un antispasmodique est rapportée par
diagnostic d'invasion tumorale ganglionnaire malgré leurs seulement 28  % des experts de l'ESGAR consultés, et
faibles performances diagnostiques. apparaît donc non indispensable. La topographie essen-

Donner le stade N de la classification TNM et préciser la tiellement sous-péritonéale du rectum et l'utilisation
CRM des ganglions du mésorectum classés N +. Une RCT
d'une bande de présaturation antérieure limitent les arté-
néoadjuvante est recommandée pour tout patient N +.

Préciser la topographie des ganglions régionaux (notamment facts de ­mouvement [52, 57].
hypogastriques) et non régionaux qui peuvent modifier la ■ Le lavement évacuateur du rectum n'est pas recommandé.
prise en charge thérapeutique (planification de la radiothéra- On demandera en pratique clinique l'exonération du rec-
pie et de la chirurgie). tum juste avant le début de l'examen en même temps que
Chapitre 34. Apport de l'IRM en pratique clinique dans la prise en charge du cancer du rectum    579

de vider la vessie. Cette étape peut permettre également


d'éliminer la présence d'air dans le rectum, source d'arté-
facts, notamment en imagerie de diffusion EPI.

Message clé sur la préparation du patient


Le lavement évacuateur, l'opacification du rectum et l'utilisa-
tion de spasmolytiques n'étaient pas recommandés en 2013
par le groupe d'experts de l'ESGAR [45] du fait de l'absence de
consensus.

Quelles séquences ?
Séquence T2 sans suppression du signal
de la graisse dans les trois plans de l'espace Fig.  34.24 Illustration d'une acquisition 2D T2 TSE. Lorsque la
tumeur est située dans une courbure, on est dans l'obligation de réa-
C'est la séquence indispensable [57–60] :
liser deux acquisitions afin d'être perpendiculaire à l'axe du rectum et
■ 2D écho de spin rapide (TSE) ; donc d'éviter une surestimation ou une sous-estimation de l'extension
■ sans saturation de la graisse permettant un bon contraste tumorale en profondeur et de la CRM.
entre le signal élevé du mésorectum lié à la graisse et le
signal intermédiaire de la tumeur ;
■ coupes fines avec une épaisseur de coupe ≤ 4 mm en
fonction du plan d'acquisition ;
■ avec un champ de vue adaptée en optimisant, sur chaque
machine, le rapport signal sur bruit pour trouver le bon
équilibre entre le FOV (field of view) et la matrice ;
■ dans les trois plans de l'espace :
– sagittale avec une épaisseur de coupe ≤ 4 mm. Elle
permet d'une part d'évaluer l'extension tumorale
en hauteur et d'autre part de positionner les coupes
axiales obliques T2 ;
– axiale oblique petit champs haute résolution avec une
épaisseur de coupe ≤ 3 mm, centrée sur la tumeur per-
pendiculairement à l'axe du rectum (voir fig. 34.18).
Elle permet l'évaluation des stades T et N, de l'exten-
sion tumorale en profondeur au sein du mésorectum,
de la CRM et de l'extension vasculaire ;
– coronale oblique petit champ haute résolution avec
une épaisseur de coupe ≤ 3 mm, centrée sur la tumeur
Fig.  34.25 Illustration d'une acquisition 3D T2. Cette acquisition
placée en fonction des équipes selon un plan soit
permet une étude multiplanaire sur console de travail.
parallèle à l'axe du rectum, soit strictement orthogo-
nale au pelvis, permettant pour certains une meilleure
analyse de l'appareil sphinctérien et des rapports de la
tumeur avec le sphincter interne, le plancher pelvien,
les parois de la cavité pelvienne et la réflexion périto-
néale [52, 57].
L'alternative à ces acquisitions axiale et coronale petits
champs hautes résolutions est une acquisition 3D T2 sans
saturation de la graisse (fig. 34.24 et 34.25) [61, 62] per-
mettant une étude multiplanaire et un rapport signal sur
bruit supérieur à l'acquisition 2D sans que l'on ait observé
de supériorité diagnostique d'une acquisition par rapport à
l'autre [61] (fig. 34.26). Fig.  34.26 Comparaison, sur une IRM 1,5  T, d'une acquisition
■ axiale stricte grand champs avec une épaisseur de 2D  T2  TSE axiale oblique (a) et 3D  T2 (b) avec reconstruction
coupe ≤ 5 mm de l'origine de l'artère mésentérique infé- centrée sur la tumeur perpendiculairement à l'axe du rectum.
rieure (L3) jusqu'à la symphyse pubienne pour explorer
les ganglions locorégionaux qui peuvent être situés en est par ailleurs utile aux radiothérapeutes lors de la pla-
dehors du champ d'exploration des acquisitions axiale nification du traitement pour fusionner l'IRM et la TDM
et coronale obliques petits champs [52]. Cette séquence dosimétrique et ainsi repérer la tumeur.
580   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

Séquences de diffusion (b500-b1000s/mm2) [29] sphincter interne se rehausse intensément après injection de
Ces séquences sont actuellement recommandées essentielle- chélates de gadolinium, permettant une meilleure analyse
ment lors du bilan de réévaluation afin d'évaluer la réponse de l'extension tumorale à l'espace intersphinctérien et au
tumorale. Toutefois, comme pour tout examen cancérolo- sphincter externe, point clé du compte-rendu (fig. 34.27).
gique, il nous paraît utile de réaliser le même protocole lors
du bilan initial, incluant donc les séquences de diffusion ;
d'autant que plusieurs études ont montré l'intérêt d'évaluer Évaluation de la réponse après
l'évolution des paramètres quantitatifs extraits des séquences traitement néoadjuvant
de diffusion avant et après traitement [63–66].
Les séquences de diffusion sont par ailleurs utiles pour détec- La RCT préopératoire entraîne des modifications histopatholo-
ter les ganglions et occasionnellement la tumeur primitive [52, giques et donc de l'aspect en imagerie. Initialement, la tumeur
67], surtout en l'absence d'opacification basse. Enfin, la valeur présente un signal plus élevé que la musculeuse mais infé-
de l'ADC tumoral lors du bilan initial serait inversement corré- rieur à la sous-muqueuse, à l'exception des adénocarcinomes
lée à la réponse thérapeutique et à l'absence de récidive à 3 ans, mucineux qui présentent un franc hypersignal T2 supérieur à
permettant de prédire les futurs bon répondeurs [63, 68, 69]. celui de la graisse [71]. En post-thérapeutiques, la plupart des
tumeurs sont remplacées, en cas de bonne réponse, par du tissu
fibreux, ce qui entraîne une chute du signal lésionnel en pondé-
Séquences 3D et 2D T1 avec saturation spectrale ration T2 [72] qui devient inférieur au signal des muscles glu-
de la graisse et injection de chélates de gadolinium téaux [73]. À l'inverse, on pourra aussi observer après RCT une
Ces séquences ne sont actuellement pas indispensables transformation mucineuse en rapport avec une nécrose tumo-
car elles n'ont pas montré de supériorité par rapport aux rale [74, 75] se traduisant par une franche élévation du signal
séquences 2D T2 TSE pour évaluer l'extension en profon- sur les séquences pondérées en T2 [76, 77]. Cette réponse dite
deur de la tumeur [70]. Elles peuvent toutefois être très utiles colloïde se définit par la présence de flaques de mucus acellu-
lors de l'exploration d'une tumeur du bas rectum, permettant laires ou contenant des cellules carcinomateuses. Ce type de
une meilleure analyse de l'appareil sphinctérien. En effet le réponse peut s'observer avec une fréquence allant jusqu'à 30 %
après RCT [78]. La présence d'une réponse colloïde acellulaire
Message clé – sur le plan instrumental est considérée selon les études comme une réponse histolo-
gique complète associée à un bon pronostic ou une réponse de
Il existe :
pronostic intermédiaire entre celui des patients répondeurs et

une séquence indispensable : T2 2D TSE sans saturation de la
graisse dans les trois plans de l'espace ;
non répondeurs [75]. Cette réponse colloïde n'est donc pas un

une séquence recommandée essentiellement lors du bilan de facteur de mauvais pronostic [79], à la différence des adénocar-
réévaluation : diffusion ; cinomes mucineux de novo [80–82].

une séquence utile uniquement en cas d'exploration de l'ap- Au cours des dernières années, la RCT néoadjuvante est
pareil sphinctérien : T1 avec saturation de la graisse et injec- devenue le traitement standard du cancer rectal localement
tion de chélates de gadolinium. avancé. L'évaluation du stade pathologique (préfixe « p »)
pTN est un des facteurs pronostiques majeurs [83–85]. Le
préfixe « y » (yTN) indique qu'un traitement néoadjuvant
a été effectué. La tumeur résiduelle après traitement néo-
adjuvant (ypT) est déterminée à partir de la tumeur viable
résiduelle la plus profonde au sein de la paroi rectale ou du
mésorectum. Les ganglions lymphatiques (ypN) sont eux
classés comme positifs ou négatifs.
Au même titre que le stade pathologique ypTN, l'évalua-
tion de la réponse en imagerie après traitement néoadju-
vant est devenue un enjeu majeur, même si elle reste encore
a b c aujourd'hui un défi diagnostique [86, 87] avec risque de sur- ou
sous-estimation important. Elle doit permettre de proposer un
traitement individualisé à l'agressivité de la tumeur adaptant le
projet thérapeutique à la réponse du traitement néoadjuvant.
Le bilan de réévaluation réalisé le plus souvent 6 à 8 semaines
après la clôture de la RCT doit donc permettre d'évaluer, lors de
la RCP, l'efficacité du traitement néoadjuvant, à savoir :
■ pour l'oncologue et le radiothérapeute, quantifier la
réponse tumorale : le patient est-il un bon répondeur ?
d e f ■ pour le chirurgien, réévaluer les marges de résection
chirurgicales afin d'évaluer la faisabilité et de guider le
Fig.  34.27 (a–f) Intérêt de l'injection pour l'exploration des
tumeurs du bas rectum. Le rehaussement intense du sphincter
geste opératoire : le traitement néoadjuvant a-t-il permis
interne permet d'évaluer l'extension tumorale au sein de l'appareil d'envisager une résection R0 tout en conservant la fonc-
sphinctérien et donc une meilleure stadification avant la réalisation tion sphinctérienne ?
d'une résection intersphinctérienne (les lignes pointillées rouges cor- ■ la recherche, en complément des données cliniques et
respondent au plan de dissection). endoscopiques, de facteurs pronostiques permettant
Chapitre 34. Apport de l'IRM en pratique clinique dans la prise en charge du cancer du rectum    581

d'envisager une désescalade thérapeutique à type de


résection transanale ou de surveillance active.
Pour répondre à ces différentes questions, nous utilisons
des critères morphologiques (modification du signal de la
tumeur : chute ou élévation du signal en pondération T2 ;
analyse des CRM tumorale, ganglionnaire et de l'EMVI ;
évolution des stades ymrT et ymrN), volumétriques (évolu-
tion du volume tumoral) et fonctionnels (persistance ou non
d'un hypersignal en diffusion).
a b
Le patient est-il un bon répondeur ?
Fig. 34.29 Réponse colloïde. (a) Avant RCT. (b) Après RCT.
Critères morphologiques
Tumeur
Une classification IRM appelée mrTRG (tumor regression
grade) [88] dérivée de scores histologiques [89–91] a été
proposée pour améliorer et standardiser l'évaluation de la
réponse tumorale en IRM (tableau 34.6). Cette classification
s'appuie sur le rapport du signal en pondération T2 entre
le tissu tumoral résiduel (signal intermédiaire T2 supérieur
au signal des muscles glutéaux) et l'apparition de territoires
fibreux (hyposignal T2 inférieur au signal des muscles
glutéaux) (fig. 34.28) et/ou colloïde (franc hypersignal T2
Fig. 34.30 Deux masses résiduelles différentes classées mrTRG1
Tableau 34.6 Classification mrTRG [29] fondée sur l'imagerie de réévaluation. En histologie, la masse a (cas iden-
sur le degré de remplacement de la tumeur par un tique à la fig. 34.26) est stérilisée ; en revanche, la masse b correspond
tissu fibreux et/ou colloïde*. à un pT3. La classification mrTRG permet de différencier les bons des
mauvais répondeurs, mais elle est insuffisante pour identifier parmi les
mr TRG1 : Réponse Restitution ad integrum ou bons répondeurs les réponses complètes [101].
radiologique complète réponse fibreuse complète
mr TRG2 : Bonne réponse Réponse fibreuse ou colloïde
marquée > 75 %
mr TRG3 : Réponse modérée Réponse fibreuse ou colloïde supérieur au signal de la graisse) (fig. 34.29) résultant de la
marquée > tumeur résiduelle destruction tumorale. Le grade 1 représente une stérilisa-
mr TRG4 : Réponse discrète Réponse fibreuse ou tion tumorale, les grades 2, 3 et 4 une régression tumorale
colloïde < tumeur résiduelle partielle décroissante, et le grade 5 une absence de réponse
mr TRG5 : Pas de réponse Absence de changement au traitement (tableau 34.6). Cette classification permet de
différencier les bons répondeurs (mrTRG 1, 2 et 3) des mau-
* Cette analyse est réalisée sur l'ensemble de la tumeur.
Noter que cette classification ne permet pas au chirurgien de planifier son geste
vais répondeurs (mrTRG 4 et 5) et semble être un facteur
thérapeutique puisqu'il n'intègre pas les rapports avec l'appareil sphinctérien et pronostique en termes de récidive locale et de survie [88]
n'évalue pas les CRM tumorale, ganglionnaire et d'une éventuelle EMVI. statistiquement supérieure à l'évaluation du stade ymrT
(fig. 34.30).

Ganglion
On observe après la RCT un downstaging chez 60 % des
patients avec diminution en nombre et en taille des gan-
glions [72, 73]. Il existe une bonne corrélation entre la
réponse tumorale et ganglionnaire (fig. 34.31), avec toute-
fois persistance d'un risque faible d'environ 7 % de stade
ypN + en cas de tumeur ypT0-ypT2 [92].
Le critère de taille semble plus performant après RCT
[45, 73, 87, 93]. En effet, une étude prospective avec cor-
rélation radio-anatomopathologique [94] a montré que
20 des 23 ganglions du mésorectum > 5 mm de petit axe
étaient malins après RCT, alors que seuls 20 des 178 gan-
Fig. 34.28 Réponse fibreuse mrTRG1 correspondant en histologie
glions < 5 mm étaient positifs. En pratique clinique, on peut
à une réponse complète. Régression partielle du syndrome de masse donc en conclure qu'un ganglion de petit axe > 5 mm après
tumorale avec modification du signal de la tumeur, celui-ci devenant RCT peut être considéré comme malin alors qu'un gan-
hypo-intense par rapport aux muscles glutéaux en faveur d'une trans- glion < 5 mm ne peut pas être considéré comme bénin sur
formation vers un tissu fibreux. (a) Avant RCT. (b) Après RCT. ce seul critère de taille (fig. 34.32).
582   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

a c a c

b d
Fig. 34.31 Réponse complète tumorale et ganglionnaire en his- b d
tologie après RCT (c, d). Noter la possibilité de réponse tumorale
Fig.  34.33 (a–d) Évolution favorable en IRM d'une EMVI après
complète après RCT malgré un syndrome de masse tumorale élevé sur
RCT (c, d) classée vTRG1. Noter sur l'IRM de réévaluation la diminu-
le bilan initial (a, b) [66].
tion du calibre ainsi que la disparition de l'anomalie de signal au sein du
vaisseau initialement envahi sur les séquences 2D T2 TSE et diffusion à
b élevé. Le statut histopathologique final était pourtant ypT3N1V1. Ce
cas illustre le risque de sous-estimation du bilan de réévaluation.

a b
Fig.  34.32 Régression partielle après RCT des ganglions
du mésorectum chez deux patients (a, b). Malgré la même sémio-
logie (ganglion de petit axe < 5 mm, homogène, aux contours régu-
liers), le patient a était ypN– alors que le patient b était ypN +. Seule la
régression complète des ganglions permet d'envisager un statut ypN–
et donc une désescalade thérapeutique.
Fig.  34.34 Réduction du volume tumoral  >  70  % (3,2  ml après
Après RCT, les autres critères diagnostiques en faveur RCT [c, d] contre 14,4  ml sur le bilan initial [a, b]) en faveur
de la bénignité des ganglions sont  : une diminution de d'une bonne réponse tumorale. Ce patient était en réponse histo-
taille ainsi qu'un signal homogène en pondération T2 [45] logique complète.
et T1 après injection de chélates de gadolinium à la phase
­artérielle [95]. Selon le panel d'expert de l'ESGAR, le retour
à une forme ovale et à des contours réguliers ne permet pas tumeur. L'analyse volumétrique fournit des données
d'affirmer la bénignité [45]. fiables et plus reproductibles [66, 72, 96]. Cette quantifi-
cation du volume tumoral est évaluée en pratique clinique
Invasion vasculaire extramurale de manière semi-automatique, à l'aide d'un logiciel dédié,
par segmentation manuelle sur l'acquisition 2D TSE
Afin d'évaluer la réponse de l'EMVI après RCT, une clas- oblique ou, plus récemment, sur la séquence de diffusion
sification vTRG a été proposée selon les mêmes principes avec une meilleure précision [66, 97, 98]. Une diminution
que la classification mrTRG (voir tableau 34.6). Les patients du volume tumoral de plus de 70 % est considérée actuel-
présentant une fibrose > 50 % de l'EMVI (vTRG1-3) avaient lement par la plupart des auteurs [73, 96, 99] comme une
une survie sans récidive à 3 ans de 87,8 % contre 45,8 % en bonne réponse avec une augmentation du temps de survie
cas de fibrose < 50 % (vTRG4-5) [37] (fig. 34.33). sans récidive (fig. 34.34) [96].
À noter que cette analyse quantitative volumétrique peut
Critères volumétriques être prise en défaut :
Pour quantifier la réponse tumorale, les mesures bidi- ■ en cas de réponse « colloïde », la réduction du volume
mensionnelles peuvent être imprécises du fait de la forme tumoral peut être faible ou absente, malgré une bonne
le plus souvent irrégulière et/ou circonférentielle de la réponse histologique [29] (fig. 34.35) ;
Chapitre 34. Apport de l'IRM en pratique clinique dans la prise en charge du cancer du rectum    583

a c

Fig.  34.35 Réponse colloïde après RCT évaluée en anatomopa-


thologie à 20 %. Noter la persistance d'un hypersignal à b élevé lié à un
effet T2 shine through. L'absence de restriction sur la cartographie ADC
ne permet pas d'éliminer d'éventuelles cellules tumorales résiduelles au b d
sein des flaques de mucus.
Fig.  34.37 Réponse complète après RCT (c, d) malgré la per-
sistance de bandes fibreuses au sein du mésorectum en franc
hyposignal T2. Cette évolution correspond à un stade B de la classifi-
cation proposée par Vliegen et al.

hyposignal T2 de la paroi rectale et l'absence d'hyper-


signal en diffusion orienteront vers une réponse ypT0
sans pouvoir l'affirmer.

Critères fonctionnels : quelle place


pour l'imagerie de diffusion ?
Fig.  34.36 Régression complète du syndrome de masse après Tumeur
RCT (b). Noter la persistance d'un discret hyposignal T2 sous-muqueux
Une élévation de l'ADC à 2 cures serait un facteur pronos-
en lieu et place de la tumeur. L'étude de la pièce de résection montrait
une réponse complète.
tique reproductible prédictif de bonne réponse au traitement
néoadjuvant permettant d'envisager dans le futur une adap-
tation précoce de celui-ci [105–107]. Toutefois, cette rééva-
■ en cas de masse résiduelle, on ne peut pas prédire avec luation précoce n'est pas actuellement réalisée en routine.
certitude la persistance ou non d'une activité résiduelle Actuellement le principal apport en pratique clinique
(équivalent d'une réponse complète incertaine lors de de l'imagerie de diffusion est la détection, sur simple
l'exploration des lymphomes après clôture du traite- analyse qualitative, d'une activité résiduelle au sein d'une
ment). En effet, l'aspect morphologique des réponses masse résiduelle fibreuse [107, 108]. La tumeur résiduelle,
yT0 peut être une restitution ad integrum de la paroi sans ayant une densité cellulaire élevée, est en hypersignal en
anomalie de signal associée, une régression complète diffusion pour des valeurs de b élevées [109] alors que la
de la tumeur avec persistance d'un hyposignal pariétal fibrose est en hyposignal. Ainsi, l'absence de signal rési-
séquellaire (fig. 34.36), mais aussi une baisse du signal de duel à b élevé serait en faveur d'une réponse complète
la tumeur en pondération T2 sans diminution de taille ou (fig. 34.37). Noter toutefois l'existence de faux positifs
seulement partielle de celle-ci [100, 101]. L'imagerie de avec persistance d'un hypersignal en diffusion à b élevé,
diffusion permet d'améliorer l'évaluation de ces masses notamment en cas d'adénocarcinome mucineux, et de
résiduelles (voir les critères fonctionnels) ; réponse fibro-inflammatoire ou colloïde du fait d'un effet
■ en cas de régression volumétrique complète, on note T2 shine through (voir fig. 34.34) [108, 110, 111]. Au final,
le plus souvent la persistance d'anomalies de signal il faut retenir que l'ajout de séquences de diffusion aux
pariétal ne permettant pas de différencier une réponse séquences pondérées en T2 améliore la performance dia-
tumorale histologique complète (ypTO) d'une réponse gnostique avec une excellente valeur prédictive négative
partielle (ypT1 ou ypT2) [102, 103]. En pratique, les située autour de 90 %. En revanche, la valeur prédictive
critères volumétriques et morphologiques permettent positive d'une réponse complète semble encore insuffi-
de prédire avec une haute valeur prédictive positive sante (63 à 81 %) [108, 112–115].
une réponse yTO-T2 en cas : de disparition complète L'analyse quantitative, par la mesure de l'ADC, semble
de la tumeur avec paroi normale, de tumeur résiduelle être, elle aussi, une voie de recherche prometteuse pour
murale cernée par un liseré externe en hyposignal différencier les bons des mauvais répondeurs [116]. En
T2 ou de diminution du volume tumoral ≥ 75 % si le revanche, comme pour l'analyse qualitative, l'apport de
volume initial était ≤ 50 cm3 [104] (fig. 34.36). Un franc l'ADC est plus contradictoire pour prédire les réponses
584   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

complètes (ypCR). La plupart des auteurs ont montré


qu'un ADC est significativement plus élevé pour les ypCR
[63–65, 108, 114] alors qu'une autre équipe n'a pas mis
en évidence de différence significative [66]. Ces discor-
dances peuvent en partie s'expliquer par une instrumen-
tation (nombre et valeur de b [117, 118]) différente, le
caractère hétérogène de la tumeur avec mesure dans une
région d'intérêt (ROI) le plus souvent sur une seule coupe
a b
non représentative de l'ensemble de la tumeur, et enfin la
difficulté de détecter parfois quelques cellules tumorales Fig. 34.38 (a, b) Réponse de type A de la classification de Vliegen
au sein d'une importante masse fibreuse. Pour limiter et al. [123]. La réapparition d'une interface graisseuse entre la tumeur
en partie la faible reproductibilité interobservateur de et le fascia recti est en faveur de marges circonférentielles saines. Le
l'étude quantitative liée à l'influence du positionnement stade histopronostique était ypT3N– avec des marges circonférentielles
et de la taille des ROI sur la tumeur, il semble que : non envahies ≥ 10 mm.
■ la mesure de l'ADC sur l'ensemble du volume tumoral
présente une meilleure reproductibilité interobservateur Pour l'exérèse totale du mésorectum
que l'analyse sur une seule coupe [116] ; Il faut évaluer les marges de résection circonférentielle (voir
■ le calcul de l'ADC par histogramme soit une voie fig. 34.14) :
de recherche prometteuse avec des résultats encore ■ de la tumeur : la performance diagnostique de l'IRM après
­contradictoires [116, 119]. RCT baisse [102, 123, 124]. En effet, il peut parfois être
difficile de différencier, notamment sur les critères mor-
Ganglion phologiques, une réaction desmoplastique ou fibreuse
Même si l'ADC des ganglions bénins semble plus élevé que d'une tumeur résiduelle située près ou au contact du fascia
celui des ganglions malins après RTC, la plupart des auteurs recti [72, 123, 125]. En pratique, lorsque la tumeur enva-
mettent en avant, comme lors du bilan initial, l'absence de hit le fascia recti sur le bilan préthérapeutique, la réappa-
valeur ajoutée significative des séquences de diffusion par rition de graisse entre la tumeur et la fascia recti avec une
rapport aux séquences 2D TSE pour différencier les gan- CRM ≥ 2 mm est prédictive d'une chirurgie R0 [45, 123,
glions réactionnels des métastatiques [120, 121]. 124] (fig. 34.38 et tableau 34.7). De même, des spicules
À signaler qu'une étude préliminaire récente montre fibreuses rétractiles entre la tumeur et le fascia recti seraient
un intérêt potentiel, pour caractériser les ganglions, des en faveur d'une stérilisation complète [123], d'autant plus si
séquences de diffusion dites IVIM (intravoxel incoherent elles sont en hyposignal en pondération T2 et sans hyper-
motion) qui permettent de séparer la diffusion pure (D) signal en diffusion à b élevé (voir fig. 34.36) [28, 104, 123].
de la composante perfusive (D*) [122]. Ce mode d'ac- À l'inverse, la persistance d'une masse ou d'une infiltration
quisition reste actuellement du domaine de la recherche. venant au contact du fascia recti est source de faux positifs
quelle que soit son intensité en pondération T2 (fig. 34.39).
La diffusion permet dans ces cas d'améliorer l'évaluation
Message clé du compte-rendu de la CRM et la variabilité interobservateur par rapport à
de réévaluation l'analyse isolée des séquences pondérées en T2 TSE [110] ;
■ des ganglions : la faible performance diagnostique après RCT
La quantification de la réponse tumorale repose sur les critères
morphologiques (mrTRG), quantitatifs (volumétrie tumorale)
du critère de taille pour les ganglions de petit axe < 5 mm [94]
et fonctionnels (imagerie de diffusion) qui permettent de stra- a peu d'impact sur la prise en charge chirurgicale puisque les
tifier les patients en bons ou mauvais répondeurs. L'IRM est éventuelles adénopathies résiduelles sont réséquées avec le
actuellement considérée comme un véritable biomarqueur mésorectum. Il faut donc surtout bien réévaluer les rapports
recherchant des facteurs pronostiques. entre les ganglions et le fascia recti (CRM ganglionnaire).
Pour la réévaluation lymphatique, un ganglion mésorec- ■ de l'EMVI.
tal > 5 mm de petit axe est suspect d'être yN +. En revanche, un
ganglion < 5 mm reste indéterminé. Seule la disparition de tous
les ganglions du mésorectum permet d'affirmer le statut yN–. Tableau 34.7 Aspect de l'infiltration tumorale
du mésorectum après radio-chimiothérapie
d'après Vliegen et al. [123] des tumeurs T3
ou T4 envahissant le fascia recti sur le bilan
Une exérèse complète (R0) est-elle préopératoire.
devenue réalisable ? Type A Apparition d'une CRM ≥ 2 mm
En effet, classiquement, le rôle du traitement néoadjuvant Type B Persistance ou apparition de spicules du
n'est pas de pallier une exérèse chirurgicale de mauvaise mésorectum venant au contact du fascia recti
qualité, mais d'améliorer les résultats d'une chirurgie opti-
Type C Apparition d'une infiltration diffuse hypo-intense
male qui reste actuellement la base du traitement curateur du mésorectum en lieu et place de la tumeur
des cancers du rectum. Il faudra pour cela s'assurer que
les marges de résections chirurgicales (plan de dissection) Type D Persistance d'une infiltration du mésorectum iso-
ou hyperintense venant au contact du fascia recti
soient saines.
Chapitre 34. Apport de l'IRM en pratique clinique dans la prise en charge du cancer du rectum    585

Péritoine

RCT
B

C/D
Mésorectum

?
Fascia recti

Fig. 34.39 Illustration de la classification de l'infiltration tumo- Fig. 34.41 (a, b) Tumeur du bas rectum étendue aux releveurs ne
rale du mésorectum après RCT d'après Vliegen et  al. [123]. Les permettant pas de conserver l'appareil sphinctérien.
réponses de types A et B sont en faveur de marges chirurgicales saines
alors que celles de types C et D sont indéterminées.

Tableau 34.8 Bilan initial locorégional du cancer


du rectum : points clés du compte-rendu.
Extension en hauteur Rapport de la tumeur avec :
1. l'appareil sphinctérien
(= marge de sécurité
longitudinale)
2. les pièces sacrées
3. la réflexion péritonéale
Stade 1 Stade 2
Envahissement partiel du sphincter interne Envahissement complet du sphincter interne
avec respect de l’espace intersphinctérien
Extension circonférentielle Antérieure/latérale/
postérieure/circonférentielle
Extension en profondeur a. mrT :
– T1/T2 (IRM peu
performante pour
différencier un T1 d'un T2)
– T3a < 1 mm ; T3b 1–5 mm ;
Stade 3 Stade 4 T3c 5–15 mm ; T3d > 15 mm
Envahissement de l’espace intersphinctérien Envahissement du sphincter externe
Envahissement des releveurs
– T4a : péritoine (pour le
rectum péritonisé) et T4b :
Fig. 34.40 Illustration de la classification des tumeurs du bas rec- organes de voisinage
tum d'après Shihab et al. [12]. b. Marge de résection
circonférentielle (CRM) par
rapport au fascia recti de la
tumeur, des N + et de l'EMVI
Pour la résection intersphinctérienne Extension vasculaire (EMVI) Oui/non
Il faut évaluer l'extension tumorale à l'appareil sphinc- Extension lymphatique – Régionale : N +
térien et aux releveurs. Cette technique opératoire est – Non régionale : M +
réalisable en cas d'envahissement du sphincter interne
lorsqu'il persiste une marge externe saine d'au moins
1  mm (correspondant à un stade  1 de la classification
proposée par Shihab et al.) et en l'absence d'extension Tableau 34.9 Bilan de réévaluation après
à l'espace intersphinctérien, au sphincter externe ainsi traitement néoadjuvant : reprendre les points clés
qu'aux muscles puborectal et releveur de l'anus (fig. 34.40 du compte-rendu du bilan initial et rajouter les
et 34.41) [12, 13]. items complémentaires suivants.
Modification du signal en – Franc hypersignal : réponse
pondération T2 colloïde
– Franc hyposignal : réponse
Message clé du compte-rendu fibreuse [123] en classant la
de réévaluation réponse selon la classification
Toujours comparer au bilan préthérapeutique. Reprendre mrTRG
chaque point clé du compte-rendu initial (tableaux 34.7 à 34.9) Modification du signal en Absence d'anomalie de signal à b
et analyser l'évolution de la tumeur, des ganglions et d'une diffusion élevé : réponse complète yT0 ?
éventuelle EMVI par rapport au fascia recti, à la réflexion du
Quantification du volume Bon répondeur si ↓ du
péritoine et à l'appareil sphinctérien, L'objectif est de proposer
tumoral volume > 70 % [96]
une résection R0 tout en conservant la fonction sphinctérienne.
586   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

Une désescalade thérapeutique est-elle Toutefois, cette stratégie reste en cours d'évaluation en


envisageable en cas de réponse complète ? attente des résultats à long terme d'essais randomisés. Le
traitement de référence reste, en cas de tumeur carcinolo-
Récemment, une nouvelle problématique a émergé, à savoir giquement résécable, la TME et sinon l'amputation abdomi-
l'éventuelle modification de la stratégie thérapeutique en cas nopérinéale qui doit rester une exception.
de réponse complète ou quasi complète (dans 15 à 20 % des
cas [2, 126, 127]), permettant d'envisager une désescalade
thérapeutique avec réalisation d'une exérèse locale transa- Message clé
nale pour les réponses quasi complètes (ypT0-ypY2), voire
pour certains une surveillance active (« wait and watch ») La désescalade thérapeutique (exérèse locale transanale et sur-
pour les réponses complètes [128–132]. veillance) est un des futurs enjeux, encore controversé, de la
prise en charge du cancer du rectum. Elle nécessite un bilan de
Le rationnel de cette approche thérapeutique est de
réévaluation complet multidisciplinaire associant une IRM à un
ne pas surtraiter les patients âgés ayant des comorbidités examen clinique et endoscopique. Les développements récents
importantes [133]. en imagerie, à savoir l'étude volumétrique et l'imagerie de dif-
Des premières études tendent à montrer des résultats fusion, sont les outils les plus performants à cette réévaluation,
satisfaisants similaires à ceux de la radiothérapie pour le can- même si actuellement le risque de sous-estimation et surestima-
cer anal [131]. Une étude récente portant sur 129 patients tion reste important [66, 97, 98, 113, 115, 119, 127, 136].
ayant bénéficié d'une simple surveillance montre que cette
stratégie, bien qu'elle expose à un risque majoré de rechute
locale (38 % en 3 ans), n'a pas d'effet péjoratif sur la sur- `` Conclusion
vie car ces rechutes locales diagnostiquées précocement L'IRM est, avec l'échoendoscopie, l'examen clé du bilan d'ex-
sont rattrapables par chirurgie de type TME [7, 129]. Ainsi, tension locorégionale des cancers du rectum, principalement
Harbr-Gama propose, après une intensification thérapeu- pour les tumeurs localement avancées et les tumeurs basses.
tique (chimiothérapie de consolidation), une stratégie de En pratique clinique, l'IRM est systématiquement réalisée.
surveillance active en cas de réponse clinique complète per- Elle participe à la recherche de facteurs pronostiques
mettant d'obtenir dans 35 % à 45 % des cas une conservation permettant d'élaborer des stratégies thérapeutiques person-
de l'ensemble de l'organe [134]. Actuellement, le dernier nalisées adaptées à l'agressivité de la tumeur : mise en place
Thésaurus national de cancérologie digestive [7] ouvre la d'un traitement néoadjuvant, modification de la technique
voie, en cas de réponse clinique complète (pas de tumeur opératoire, intensification thérapeutique, voire pour cer-
visible, paroi rectale souple) et de bonne réponse tumorale taines équipes proposition d'une désescalade thérapeutique
en IRM (mrTRG1 ou 2), à un geste chirurgical plus conser- à type d'exérèse locale ou de surveillance active en cas de
vateur de type exérèse locale transanale et reprise chirurgi- suspicion, sur le bilan de réévaluation, de réponse complète
cale rapide en cas de constatation péjorative. après traitement néoadjuvant (stratégie actuellement en
En pratique, ce traitement chirurgical local ne peut s'adres- cours d'évaluation dans l'attente des résultats à long terme
ser qu'aux tumeurs yT0-yT2 pour lesquelles, comme nous d'essais randomisés). Ainsi, le bilan de réévaluation après
l'avons vu précédemment, l'association des critères morpho- RCT devient un enjeu majeur dans la prise en charge des
logiques et volumétriques est performante [104]. La tumeur cancers du rectum, même s'il pose encore plus de questions
résiduelle doit être par ailleurs de petite taille (< 3 cm) et sié- que de réponses.
ger en sous-péritonéal, sur les faces latérales ou postérieures Les principaux développements en imagerie concernent
du rectum pour éviter le risque de perforation péritonéale actuellement l'imagerie dite « fonctionnelle », avec comme
et de perforation de la cloison rectovaginale chez la femme ambition une meilleure stadification des malades et une
ou de l'urètre chez l'homme. Noter que le statut yN– est le meilleure évaluation de la réponse thérapeutique.
prérequis avant d'envisager toute désescalade thérapeutique
(résection transanale ou surveillance active), puisqu'on laisse
en place le mésorectum et donc d'éventuelles adénopathies Références
(fig. 34.42). En cas de surveillance active, l'imagerie de diffu-
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Chapitre
35
Pancréas
Techniques, cancer, lésions canalaires
A. Amato, C. Ramadane, L. Corno, I. Boulay-Coletta, A. Minh Chuong, M. Zins

PLAN DU CHAPITRE
Technique IRM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 593 Lésions kystiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 597
IRM du pancréas normal. . . . . . . . . . . . . . . . . . 594 Pathologie inflammatoire. . . . . . . . . . . . . . . . . 600
Pathologie tumorale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 594

Technique IRM principale et le canal pancréatique principal. Elle n'est habi-


tuellement pas réalisée avec suppression de la graisse.
L'étude du pancréas en IRM fait appel à plusieurs types de L'autre séquence en pondération T2 est une séquence
séquences ; des séquences morphologiques en pondérations conventionnelle fast spin echo avec suppression du signal de
T1 et T2, des séquences spécifiques à forte pondération T2 la graisse acquise en respiration libre. C'est la séquence T2
dédiées à l'étude des canaux pancréatiques et biliaires et des utile pour l'étude du foie, ainsi que pour l'étude des collec-
séquences fonctionnelles en diffusion ou pour l'étude de la tions péripancréatiques [3].
fonction excrétrice canalaire. L'étude canalaire en cholangiopancréatographie par
Pour l'étude du parenchyme, les séquences en écho de gra- résonance magnétique utilise des séquences très fortement
dient ont une bonne pondération T1 et une bonne résolution pondérées en T2 qui rendent fortement hyperintenses les
temporelle, autorisant une étude dynamique du contraste structures liquidiennes statiques ou à flux lent. On utilise
intravasculaire, avec un rehaussement identique à celui deux types de séquences complémentaires : une acquisition
obtenu en scannographie avec un contraste iodé [1]. Il faut y T2 single shot épaisse et une séquence en pondération T2
adjoindre une suppression de la graisse. Cependant, le nombre multicoupes fines. La séquence épaisse est choisie avec une
d'acquisitions est limité en une apnée. L'autre alternative est épaisseur entre 20 et 40 mm. Elle ne nécessite qu'une apnée de
de réaliser une stimulation sélective de l'eau, grâce à laquelle moins de 3 secondes, et peut être acquise dans tous les plans.
il est possible de couvrir la totalité du pancréas en une seule Cette séquence fournit une très bonne cartographie biliaire et
apnée. L'imagerie dynamique avec injection de chélates de pancréatique sans artéfact respiratoire avec peu d'artéfacts de
gadolinium est indiquée, en particulier lorsque l'on suspecte susceptibilité et une bonne résolution dans le plan d'acquisi-
une tumeur. Elle est réalisée en 3D avec des séquences écho tion. En raison du trajet non linéaire du canal pancréatique,
de gradient avec saturation de la graisse ou excitation sélective il est possible de réaliser des acquisitions radiaires centrées
de l'eau à trois temps différents : artériel (20 secondes), portal sur la portion corporéale du canal et sur le confluent bilio-
(60 secondes) et tardif (à 3 et/ou 5 minutes). Le rehaussement pancréatique. Les canaux pancréatiques sont d'autant mieux
optimal du pancréas est obtenu 15 secondes après l'arrivée du visibles qu'ils ne sont pas entourés d'organes contenant des
produit de contraste dans l'aorte abdominale, tandis que le liquides comme l'estomac ou le duodénum. C'est la raison
rehaussement optimal du foie et celui des vaisseaux péripan- pour laquelle la cholangiopancréatographie IRM nécessite
créatiques s'observent au-delà de 25 secondes [2]. un jeûne préalable d'au moins 4 heures, et au mieux l'admi-
Les séquences en pondération T2 comprennent une nistration orale de produit de contraste T2 négatifs, comme
séquence fast spin echo qui est une séquence single shot, à TE certains chélates de gadolinium ou jus de fruits (ananas,
court. Le principal avantage de cette séquence est sa faible myrtilles, airelles, etc.). La séquence en forte pondération T2
sensibilité aux artéfacts de mouvement, notamment si le multicoupe est une séquence fast spin echo qui comprend une
patient ne tient pas l'apnée, au détriment du rapport signal série de coupes contiguës de 4 à 6 mm d'épaisseur, acquises
sur bruit, expliquant sa faible sensibilité pour détecter des avec un train d'écho plus court que les coupes épaisses. Cette
petites lésions à bas contraste. Avec cette séquence, les forma- séquence permet de voir les canaux mais aussi les organes
tions liquidiennes intra- ou péripancréatiques apparaissent solides. Enfin, tout comme l'exploration des voies biliaires par
en hypersignal intense, ainsi que la vésicule, la voie biliaire cholangiographie-IRM 3D, il est possible d'explorer au cours
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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594   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

d'un même volume les canaux pancréatiques, mais le bénéfice Pathologie tumorale
par rapport aux séquences 2D n'est pas connu [3].
L'administration de sécrétine stimule la sécrétion de suc Adénocarcinome
pancréatique et de bicarbonate par le pancréas exocrine [4]. En dépit d'une excellente résolution en contraste, de sa capacité
Elle implique la réalisation d'une cholangiographie-IRM de fournir à la fois une analyse parenchymateuse, canalaire,
dynamique avec répétition des acquisitions pendant 10 à vasculaire et hépatique, l'IRM n'est pas la modalité de première
15 minutes, afin d'obtenir une imagerie à la fois morpho- intention pour faire le diagnostic d'adénocarcinome. En effet, le
logique et fonctionnelle [3]. Après injection d'une ampoule, scanner avec injection dynamique reste, du fait de son excellente
on observe une augmentation du calibre du canal pancréa- résolution spatiale, l'examen de référence dans cette indication
tique dans les minutes qui suivent et un retour à la normale pour le diagnostic et le bilan d'extension [6]. En revanche, l'IRM
environ 5 minutes après. La quantité du suc pancréatique trouve sa place dans deux principaux cadres nosologiques : en
peut être évaluée dans le duodénum. En cas d'insuffisance cas de tumeur résécable au scanner, car elle a une meilleure
sécrétoire, le canal ne se dilate pas et le flux intraduodénal sensibilité de détection des métastases hépatiques, et en cas de
est faible. La sécrétine permet aussi de détecter des sténoses tumeur isodense (fig. 35.1). En effet, un certain nombre d'adé-
canalaires invisibles en période non excrétoire [1]. nocarcinomes du pancréas (5 à 20 %) peuvent être isodenses
La séquence de diffusion, acquise en respiration libre, est au pancréas sain. Cette proportion peut même atteindre 40 %
idéalement réalisée avant ou 5 minutes après l'injection de si l'on ne considère que les tumeurs résécables [7]. Ce sont des
contraste. Il n'existe pas de différence entre les séquences signes indirects canalaires quasi constants qui constituent un
acquises à 1,5 Tesla (T) par rapport à 3 T. Il est recommandé signe d'appel. L'IRM permet alors grâce à une excellente résolu-
d'utiliser trois valeurs de b (150, 400–500, et 800–1000 s/mm2) tion en contraste de visualiser la lésion.
afin d'optimiser la détection et la caractérisation des lésions [5].
Séquences utiles
Les séquences T1 sans suppression du signal de la graisse et
IRM du pancréas normal les séquences T2 ne permettent pas de visualiser correcte­
La plupart des maladies pancréatiques sont visibles en IRM ment les adénocarcinomes, car le signal spontané de ces
sur les séquences T1 avec suppression de la graisse ou exci- tumeurs est généralement peu différent de celui du pancréas.
tation sélective de l'eau. Les séquences T1 en écho de gra- La détection et la caractérisation de ces tumeurs reposent
dient sont les plus importantes pour l'analyse pancréatique principalement sur les séquences T1 avec suppression du
en raison de l'hypersignal spontané de la glande en T1, nor- signal de la graisse et les séquences injectées dynamiques.
malement plus intense que le foie et la rate. Cet hypersignal Plusieurs études ont montré la supériorité en termes de détec-
persiste avec l'infiltration graisseuse, mais le pancréas prend tabilité de la séquence injectée au temps artériel pancréatique
alors un aspect un peu plus irrégulier, ponctué en raison de [8–10], et cela a été récemment confirmé [11]. En revanche,
la présence de graisse entre les lobules pancréatiques. En cette séquence semble sous-estimer la taille de la tumeur.
revanche, l'hypersignal peut diminuer chez les personnes La séquence de diffusion a fourni récemment des résultats
âgées en raison d'une fibrose. Après injection intraveineuse encourageants en termes de sensibilité et de spécificité, avec
de chélates de gadolinium, le pancréas se rehausse de manière des résultats oscillant entre 92 % et 100 % respectivement
beaucoup plus importante que le foie à la phase artérielle. [12, 13]. Néanmoins, une étude récente est venue nuancer
En pondération T2, le signal du pancréas sain est variable : ces performances, la diffusion ayant échoué dans 47 % des
égal ou supérieur à celui du foie. Cette pondération permet cas à délimiter la tumeur, en raison de l'hypersignal pan-
de bien visualiser le canal pancréatique principal en hyper- créatique d'amont lié aux remaniements fibreux et inflam-
signal, dans 100 % des cas dans la tête, le corps et la queue, matoires [14]. Une récente étude [11] confirme la supériorité
mesurant en général moins de 3 mm, tandis que les canaux des séquences T1 FS à la phase artérielle en termes de détec-
secondaires sont rarement visibles chez un sujet sain [3]. tabilité tumorale par rapport aux séquences de diffusion, qui

Fig. 35.1 Comparaison TDM et IRM (T1) du pancréas injectées au temps artériel pancréatique, d'un même patient. La lésion isodense en
scanner est nettement visible en IRM en hyposignal, comparativement au reste du parenchyme (flèche).
Chapitre 35. Pancréas   595

a b c

d e f
Fig. 35.2 Aspect en IRM d'un adénocarcinome du pancréas. Séquences de bili-IRM (a), diffusion au b800 (b), T1 sans contraste (c), T1 injectées
aux temps artériel (d), portal (e), tardif 5 minutes (f). La séquence de bili-IRM met en évidence la dilatation bicanalaire ainsi que le stop canalaire
au site de la tumeur, qui apparaît en hypersignal diffusion, hyposignal T1 spontané et au temps artériel, puis qui se rehausse progressivement.

apparaît cependant la meilleure séquence pour évaluer la classique est celle d'un stop canalaire brutal avec importante
taille de la lésion. Les valeurs du coefficient apparent de dif- dilatation d'amont (> 5 mm) (voir fig. 35.2).
fusion (ADC) semblent plus basses dans l'adénocarcinome Le bilan d'extension locale, principalement l'envahisse-
que dans le parenchyme adjacent dans de nombreuses études ment des vaisseaux cœliomésentériques, repose essentielle-
[11, 14, 15]. La séquence de diffusion IVIM (intravoxel ment sur le scanner du fait de son excellente spécificité.
incoherent motion) qui permet d'isoler la diffusion molécu- Les métastases hépatiques sont généralement hypo-
laire pure de la composante perfusive de la diffusion [16], intenses en T1, hyperintenses en T2, et présentent un rehaus-
s'affranchissant de la variabilité de l'ADC, fournit des para- sement périphérique à la phase artérielle et portale, prenant
mètres qui semblent supérieurs à l'ADC pour différencier les l'aspect d'un halo. Les séquences T2 FSE à TE long sont très
principales tumeurs pancréatiques [17]. importantes pour distinguer les lésions hépatiques bénignes
(angiomes, kystes) des métastases. Néanmoins, l'IRM est
utile pour détecter les petites lésions (< 10 mm) (fig. 35.3).
Sémiologie IRM
Typiquement, l'adénocarcinome est une lésion hypo-intense
au reste du pancréas sur les séquences T1 avec saturation de
Tumeurs neuroendocrines
la graisse dans 70 à 80 % des cas. Après injection, en raison de Ces tumeurs ont des caractéristiques différentes de l'adé-
leur caractère hypovasculaire et de la présence d'un impor- nocarcinome. L'IRM et le scanner ont une sensibilité de
tant stroma fibreux au sein de la tumeur, 95 % des lésions détection similaire [19]. Le protocole IRM usuel en cas
sont hypo-intenses à la phase artérielle pancréatique. Aux de recherche de tumeur neuroendocrine doit inclure des
phases plus tardives, le comportement est plus variable, bien séquences T1 et T2 avec saturation de la graisse, ainsi qu'une
que la majorité restent hypo-intenses avec un rehaussement séquence T1 FS injectée dynamique. La séquence T1 FS
souvent visible en périphérie (iso-intenses dans un tiers des non injectée possède une très bonne sensibilité de détection
cas voire hyperintenses) (fig. 35.2). À la phase tardive, les (75 %) [20]. L'utilisation de séquences T1 EG multiartérielles
adénocarcinomes sont majoritairement iso-intenses voire est très prometteuse en termes de sensibilité de détection.
hyperintenses [11], les tumeurs les plus volumineuses ayant
tendance à rester hypo-intenses. En effet, la cinétique du Sémiologie IRM
rehaussement tardif semble corrélée au volume de l'espace Les tumeurs neuroendocrines sont généralement hypo-
interstitiel et à l'importance du drainage veineux [8, 18]. intenses en T1 sans et avec saturation de la graisse, et
La CPRIM recherchera la sténose serrée du canal pan- hyperintenses en T2. Plus rarement, leur signal est inter-
créatique en regard de la tumeur avec dilatation canalaire médiaire ou faible en T2, lorsqu'il existe un important
d'amont voire bicanalaire (canal pancréatique et voie biliaire contingent de collagène [20]. Elles sont en général rondes
principale) en cas de tumeur de la tête du pancréas. L'image ou ovales, bien limitées. Après injection, du fait de leur
596   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

a b

c d
Fig. 35.3 Aspect en IRM d'une métastase hépatique d'un adénocarcinome du pancréas. Séquences T2 (a), diffusion au b800 (b), T1 aux
temps artériel (c) et portal (d). Le rehaussement est classiquement périphérique « en halo ».

a b

c d
Fig. 35.4 Aspect en IRM d'une tumeur neuroendocrine du pancréas. Séquences T1 injectées aux temps artériels (a–c) et portal (d). Le rehaus-
sement est intense et homogène dès les phases artérielles précoces.

caractère ­hypervasculaire, elles se rehaussent dès le temps tiques les distinguent des adénocarcinomes : la dilatation
artériel dans 80 % des cas, de façon homogène pour les canalaire d'amont, ­l'envahissement vasculaire par engaine-
petites tumeurs (fig. 35.4) et en anneau ou plus hétérogène ment, et les anomalies de signal du parenchyme avoisinant
pour les tumeurs plus volumineuses. D'autres caractéris- sont rares [3].
Chapitre 35. Pancréas   597

Fig. 35.5 Aspect en IRM d'un pseudokyste. Formation de signal liquidien en T2 (a) et T1 (b), avec une paroi non rehaussée (flèche en c). Pas de
composant solide rehaussé intrakystique. Infiltration de la graisse péripancréatique témoignant d'épisodes inflammatoires récents (têtes de flèche).

Lorsqu'il existe des métastases hépatiques, elles sont correspondent à des collections liquidiennes pures. En pra-
généralement en hyposignal T1, hypersignal T2 et hyper- tique, ils peuvent également être retrouvés dans l'évolution
vasculaires. Leur rehaussement est souvent précoce et d'une pancréatite aiguë nécrosante et présenter un aspect
intense, périphérique [21]. L'IRM est très performante hétérogène [24]. Leur aspect en IRM évolue ; d'abord mal
pour détecter les lésions secondaires pseudokystiques et limités, ils deviennent peu à peu très bien limités par une
pseudo-angiomateuses. capsule plus ou moins épaisse, dont le rehaussement peut
La présence de zones kystiques dans une tumeur neuro­ se voir plusieurs semaines durant [25] (fig. 35.5). Le signal
endocrine est rare, bien qu'une étude ait rapporté récem- en T1 est généralement élevé, avec des débris en hyposi-
ment leur présence dans 17 % des cas [22]. Les tumeurs gnal T1. Il n'existe aucun élément solide vascularisé au sein
les plus volumineuses sont souvent remaniées, sièges de du kyste. Le cas échéant, il ne s'agit pas d'un pseudokyste.
nécrose, kystes et calcifications [23]. L'IRM montre également des anomalies du parenchyme
Certaines métastases peuvent présenter une zone centrale pancréatique retrouvées au cours des pancréatites aiguës
rehaussée au temps portal et tardif en lien avec un contin- ou chroniques en fonction du stade de la maladie, ainsi que
gent fibreux et poser un problème difficile de diagnostic d'éventuelles anomalies péripancréatiques, hyperintenses
différentiel avec une hyperplasie nodulaire focale. sur les séquences T2 avec saturation de la graisse [26]. Le
principal diagnostic différentiel est le cystadénome muci-
neux. L'histoire clinique, la présence de débris en hypo­
Lésions kystiques signal T1 et l'évolutivité sur les imageries successives sont
Grâce à ses séquences fortement pondérées en T2, l'IRM a des éléments en faveur d'un pseudokyste [27].
une excellente sensibilité de détection des lésions kystiques.
Elle est indispensable dans leur caractérisation car elle Tumeurs intracanalaires papillaires
permet l'étude des structures canalaires, l'éventuelle com- et mucineuses du pancréas (TIPMP)
munication de la lésion kystique et la recherche de lésions
multiples. Néanmoins, la recherche de calcifications est Les TIPMP sont caractérisées par une prolifération de l'épi-
moins facile qu'en scanner. thélium canalaire qui produit de la mucine, aboutissant à la
On distingue deux entités : les lésions kystiques primi- dilatation du canal principal et la transformation kystique
tives, les plus fréquentes (pseudokystes, cystadénomes des canaux secondaires. Trois types sont décrits : touchant le
séreux et kystes à contenu mucineux incluant les TIPMP ou canal principal seul, les canaux secondaires seuls et la forme
tumeur intracanalaire papillaire et mucineuse du pancréas, mixte qui associe les deux atteintes précédentes. L'IRM per-
kystes épithéliaux) et les lésions solides avec remaniements met de faire le diagnostic positif, le suivi annuel et, surtout,
kystiques (adénocarcinomes, tumeurs neuroendocrines et de rechercher une transformation maligne.
tumeurs pseudopapillaires). L'atteinte isolée du canal principal peut être diffuse ou
Le protocole doit inclure des séquences T1 et T2 avec satu- segmentaire, et apparaît en IRM comme une dilatation
ration de la graisse, une séquence T1 FS injectée dynamique, modérée ou plus volumineuse du canal pancréatique princi-
et une cholangiopancréatographie IRM. Les séquences T2 pal. L'atteinte débute de manière segmentaire, et peut abou-
permettent d'analyser le contenu du kyste et les structures tir à une dilatation de la totalité du canal principal. Dans ce
canalaires. La saturation de la graisse permet de mettre en cas, la différence avec une pancréatite chronique peut être
évidence des remaniements inflammatoires péripancréa- difficile, car les deux entités s'accompagnent souvent d'une
tiques, utiles pour confirmer le diagnostic de pseudokyste. atrophie parenchymateuse et peuvent coexister (la pancréa-
tite étant la conséquence d'une obstruction par un bouchon
muqueux). La présence de défects endoluminaux en CPIRM
Pseudokystes liés aux proliférations papillaires et aux bouchons muqueux
Il s'agit des lésions kystiques les plus fréquentes. Celles-ci est un argument en faveur de la TIPMP [28] (fig. 35.6). C'est
surviennent dans les suites (4 à 6 semaines) d'un épisode par ailleurs l'atteinte la plus à risque de dégénérescence (70 %
inflammatoire et correspondent à des sucs pancréatiques contre 25 % pour la forme atteignant les canaux secondaires)
encapsulés par de la fibrose et un tissu de granulation. En [29]. L'atteinte localisée aux canaux secondaires apparaît sous
théorie, les pseudokystes surviennent après 4  semaines la forme d'un ou plus souvent de p ­ lusieurs kystes séparés les
d'évolution d'une pancréatite œdémato-interstitielle et uns des autres par du parenchyme pancréatique, ou sous une
598   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

Fig. 35.6 Aspect en IRM d'une TIPMP du canal principal et des canaux secondaires, sans signe de dégénérescence. Séquences de bili-IRM (a),
et T1 injectées (b, c).

Fig. 35.7 IRM d'une TIPMP du canal principal dégénérée. Séquence T2 (a), T1 (b), T1 injectée (c). Il existe une dilatation du canal de Wirsung (a)
et une prise de contraste des parois du canal sur la séquence T1 injectée (c).

forme plus coalescente dite « en grappe de raisin ». Ces dilata- dien en T2. La présence d'un rehaussement rend difficile le
tions kystiques ont le même signal que les structures canalaires diagnostic différentiel avec une tumeur neuro­endocrine [26].
et apparaissent branchées sur le canal principal en CPIRM.
Cette communication avec le canal principal est l'élément clé Cystadénomes mucineux
du diagnostic de TIPMP. Toutes les formes peuvent s'associer
à une protrusion de la papille, qui accompagne surtout les Les cystadénomes mucineux affectent presque exclusive-
atteintes du canal principal, les plus mucosécrétantes. Souvent, ment la femme entre la 4e et la 5e décennie, et ont un potentiel
les bouchons de mucine et les débris papillaires sont visualisés malin non nul, pouvant dégénérer en cystadénocarcinome.
sous forme de défects endoluminaux en hyposignal T2. Pour cette raison, la résection chirurgicale est la règle. Ils sont
Les signes qui orientent vers la malignité sont une dilata- généralement situés dans le corps et la queue du pancréas,
tion du canal principal supérieure à 15 mm, l'existence d'un souvent ronds ou polylobés, bien limités. Ils sont unilocu-
syndrome de masse ou de nodule mural (fig. 35.7), la dilata- laires dans 80 % des cas et multiloculaires dans 20 % des cas.
tion de la voie biliaire principale et les calcifications. Contrairement aux TIPMP, il n'existe pas de communication
avec les structures canalaires. Cependant, la tumeur peut
Cystadénomes séreux générer une obstruction extrinsèque du canal principal. Leur
signal est variable en T1, en fonction du contenu en mucine,
Ce sont des lésions kystiques bénignes, survenant principale­ le plus souvent hypo-intense mais parfois hyperintense en
ment chez la femme âgée. En général asymptomatiques, les cys- cas de remaniements hémorragiques. En pondération T2, le
tadénomes séreux (notamment les lésions supérieures à 4 cm) contenu est hyperintense et on individualise bien les cloisons
ont tendance à croître sur les imageries successives [30]. Il n'est lorsqu'elles existent. Il existe une paroi qui est généralement
jamais observé de communication avec le canal principal. épaisse et prend le contraste (fig. 35.9). La présence d'une
La forme la plus commune est microkystique, dite « en cloison épaisse ou celle d'un nodule mural rehaussé sont des
rayon de miel ». Elle est composée de multiples kystes coales- éléments en faveur d'une transformation maligne [27].
cents dont la taille est comprise entre 0,1 et 2 cm, générale­
ment inférieure à 1 cm, en hypersignal T2. Ils sont séparés
entre eux par de fins septums qui convergent vers une zone Tumeur solide et pseudopapillaire
centrale solide appelée cicatrice. Après injection, les septums Il s'agit d'une tumeur (aussi appelée tumeur de Franz ou d'Ha-
et la cicatrice se rehaussent tardivement [31] (fig. 35.8). moudi) affectant essentiellement la femme jeune (entre 20 et
Il existe une forme macrokystique, composée d'éléments 40 ans), à faible potentiel de malignité. Elle se situe générale-
dont la taille est supérieure à 2 cm. Leur signal est générale- ment dans la queue ou la tête du pancréas. En imagerie, on
ment homogène, hyperintense en T2. Il n'existe pas de nodule individualise deux formes principales, en fonction de la taille.
mural. Le principal diagnostic différentiel est le cystadénome Les tumeurs de moins de 3 cm sont généralement bien
mucineux. La troisième forme décrite est beaucoup plus rare. limitées, solides, en hyposignal T1, hypersignal T2, et se
Il s'agit d'une lésion solide, bien limitée, de signal non liqui- rehaussent précocement, de façon hétérogène et progressive.
Chapitre 35. Pancréas   599

Fig. 35.8 IRM d'un cystadénome séreux microkystique. Séquence T2 (a), bili-IRM (b), T1 (c) et T1 injectée (d). La cicatrice centrale, les septums
et les parois des multiples microkystes se rehaussent (d).

Fig. 35.9 Aspect en IRM d'un cystadénome mucineux. Séquences T1 (a), bili-IRM (b), T1 (c), T1 injectée au temps tardif (d). Tumeur kystique
uniloculaire cloisonnée, ne communiquant pas avec le canal de Wirsung. Après injection, rehaussement de la paroi et de la cloison (flèche en d).

Fig. 35.10 IRM d'une tumeur pseudopapillaire et solide de la queue du pancréas, découverte chez un patient de 29 ans. La lésion, bien
limitée, a un contenu hétérogène, avec une double composante kystique, visible en T2 (a) et sur les séquences T1 injectées (c) et solide, rehaussée (c).

Rarement, on individualise une capsule. Les remaniements prédomine dans 50 % des cas. Elles ont généralement une
hémorragiques sont rares [27]. Les tumeurs de plus de 3 cm capsule épaisse fibreuse en hyposignal T2 et T1, rehaussée
sont mixtes, avec une composante solide et kystique, qui intensément et précocement (fig. 35.10). Des remaniements
600   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

Fig. 35.11 Comparaison TDM (a) et IRM T2 (b). L'IRM permet de mettre en évidence des débris (flèche en b) au sein de la collection, en rapport
avec de la nécrose collectée, tandis que la TDM montre une collection liquidienne assez homogène, ce qui permet d'affirmer le caractère nécrosant
de la pancréatite aiguë.

hémorragiques sont usuels, responsables d'un signal hétéro- péripancréatique en T1, et hyperintensité en T2, et éventuel-
gène en T1 et T2, avec parfois des niveaux. Des calcifications lement devant la présence de collections péripancréatiques.
périphériques sont possibles. Parfois, le diagnostic différen- Lorsque la pancréatite aiguë est sévère, le pancréas perd
tiel avec des tumeurs neuroendocrines kystisées est diffi- son hyperintensité en T1 avec saturation de la graisse.
cile. Néanmoins, le rehaussement des composantes solides L'injection de chélates de gadolinium met en évidence la
est plus important dans ces dernières que dans les tumeurs nécrose pancréatique sous forme d'un défaut de rehausse-
pseudopapillaires [27]. ment parenchymateux à la phase artérielle pancréatique,
comme en scanner. Les collections péripancréatiques
peuvent apparaître en hypersignal T1 sur la séquence avec
Pathologie inflammatoire saturation de la graisse traduisant le caractère nécrotico-
Pancréatite aiguë hémorragique de la pancréatite.
La pancréatite aiguë est une inflammation du parenchyme,
dont les facteurs déclenchants les plus communs sont l'alcool Pancréatite chronique
et la lithiase biliaire. L'imagerie est utilisée pour apprécier Le rôle de l'imagerie dans l'évaluation de la pancréatite chro-
le rehaussement glandulaire, l'étendue de la nécrose, et la nique est d'établir le diagnostic, le suivi des complications
présence de collections péripancréatiques. Le scanner avec potentielles (pseudokystes, fistules), et de planifier le traite-
injection reste l'examen de référence et permet de ­classer ment. Le diagnostic est fondé sur l'évaluation de l'intégrité
le stade de gravité de la maladie selon la classification de fonctionnelle de la glande et les modifications morpholo-
Balthazar modifiée [32]. L'IRM a montré des performances giques parenchymateuses et canalaires telles que définies
équivalentes au scanner pour établir le stade de sévérité de la dans le symposium de Cambridge 1983 [35].
maladie et peut être considérée comme une alternative chez Les patients présentant une maladie avancée sont faci-
des patients présentant une contre-indication aux produits lement diagnostiqués en scanner, qui reste l'examen de
de contraste iodés [33]. En 2012, les critères d'Atlanta révi- référence pour mettre en évidence les calcifications pan-
sés insistent sur l'utilité de l'IRM dans certaines indications, créatiques, mais celles-ci ne sont retrouvées que dans 50 %
notamment la recherche d'un calcul biliaire non vu en scan- des cas.
ner et de composants solides au sein des collections péri- L'IRM permet de détecter la maladie à un stade précoce,
pancréatiques. En effet, certaines collections apparaissent notamment grâce à l'injection de sécrétine [4, 36] et de four-
homogènes au scanner, en dépit de la présence de débris nir un suivi reproductible des anomalies canalaires. L'IRM
d'origine pancréatique et extrapancréatique [32], détectés peut également aider à différencier une forme focale de pan-
en IRM avec une sensibilité et une spécificité de 100 % [34]. créatite chronique d'une lésion tumorale.
Cette différence permet de distinguer les collections liqui-
diennes pures des collections nécrotiques, avec un impact Sémiologie IRM
thérapeutique non négligeable (fig. 35.11). De même, l'IRM Les calcifications sont rarement visibles en IRM. Elles
permet de mettre plus précisément en évidence une anoma- peuvent apparaître sous forme d'un vide de signal. Le
lie du canal pancréatique (distension, interruption, fuite) parenchyme peut être hypo-intense en pondération T1
ainsi qu'une communication éventuelle avec un pseudo- avec saturation de la graisse avant injection et présenter un
kyste. L'IRM est plus sensible pour mettre en évidence une rehaussement faible ou hétérogène (fig. 35.12). Les princi-
hémorragie intra- ou péripancréatique [34]. pales anomalies rencontrées sont canalaires. Celles-ci sont
très bien identifiées sur les séquences en forte pondération
Sémiologie IRM T2. Le canal pancréatique principal apparaît dilaté de façon
Lors d'une pancréatite peu sévère, le pancréas reste généra- tortueuse, irrégulière. On peut observer une dilatation
lement hyperintense en pondération T1 avec saturation du modérée et symétrique en flammèches des canaux secon-
signal de la graisse, et le diagnostic est fait devant l'augmen- daires. Les calculs intracanalaires, les bouchons protéiques
tation de la taille du pancréas et les phénomènes inflam- et les débris apparaissant comme des lacunes endolumi-
matoires péripancréatiques : hypo-intensité de la graisse nales. Les pseudokystes, fortement hyperintenses en T2,
Chapitre 35. Pancréas   601

Fig. 35.12 IRM d'une pancréatite chronique. Séquences T2 (a), bili-IRM (b), T1 (c), T1 injectée au temps portal (d). Le pancréas atrophié a perdu
son hypersignal T1 spontané (flèche en c). Dilatation irrégulière du canal de Wirsung et des canaux secondaires (a, b).

Enfin, dans les formes focales douteuses où le diagnostic


différentiel est l'adénocarcinome, l'imagerie canalaire peut
être très utile en mettant en évidence un aspect normal
ou discrètement sténosé dans les lésions inflammatoires,
contrairement à la sténose serrée avec dilatation d'amont
dans la lésion tumorale. De même, les canaux secondaires
resteront visibles dans le foyer de pancréatite et non dans
l'adénocarcinome.

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rehausse pas (fig. 35.13). L'IRM permet de mettre en évi- [5] Barral M, Taouli B, Guiu B, et al. Diffusion-weighted MR imaging of
dence une éventuelle communication avec le canal pan- the pancreas : current status and recommendations. Radiology 2015 ;
créatique principal et d'apprécier leur contenu (hémorragie, 274(1) : 45–63.
liquide protéique, débris nécrotiques), afin d'adapter au [6] Zins M, Petit E, Boulay-Coletta I, et al. Imaging of pancreatic adeno-
mieux le traitement. carcinoma. J Radiol 2005 ; 86(6 Pt 2) : 759–79 quiz 779–80.
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7(6) : 875–86.
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des canaux secondaires [4]. Une étude a montré parfois un tion and staging with dynamic MR imaging. Eur J Radiol 2001 ; 38(2) :
remplissage acinaire se traduisant par l'augmentation pro- 146–50.
gressive de l'intensité du parenchyme pancréatique, chez des [10] Chandarana H, Babb J, Macari M. Signal characteristic and enhance-
patients à scanner normal, ce qui pourrait être un signe de ment patterns of pancreatic adenocarcinoma : evaluation with dyna-
pancréatite chronique précoce [37]. mic gadolinium enhanced MRI. Clin Radiol 2007 ; 62(9) : 876–83.
602   Partie 4. Imagerie de l'abdomen

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Chapitre
36
L'IRM mammaire en pratique
courante
T.H. Dao, A. Rahmouni

PLAN DU CHAPITRE
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 605 Indications de l'IRM mammaire . . . . . . . . . . . . 629
Technique d'exploration . . . . . . . . . . . . . . . . . . 605 Plan d'interprétation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 647
Sémiologie IRM en pathologie mammaire. . . . 610 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 648

Introduction Technique d'exploration


Depuis les premières études de Damadian sur la réso- Champ magnétique
nance magnétique, l'IRM est maintenant utilisée de façon L'examen ne peut être envisagé qu'à haut champ (1,5 T, 3 T),
courante pour le diagnostic des tumeurs malignes qui pour obtenir une résolution temporelle et spatiale suffisante.
présentent un allongement de leur temps de relaxation Les séquences rapides en écho de gradient 3D après injec-
T2 [1–5]. Les améliorations techniques et en particulier tion de produit de contraste doivent avoir un temps d'acqui-
la possibilité de réaliser des séquences T1 rapides sur les sition inférieur à une minute [13].
machines à haut champ ont permis d'affiner la sémiologie
IRM de rehaussement des tumeurs malignes après injec-
tion de gadolinium [6–13].
L'application de l'IRM à l'exploration de la glande Antenne
mammaire a débuté dès le milieu des années 1980 avec les Une antenne adaptée est nécessaire, dédiée à l'exploration
premières publications sur les possibilités de différencier mammaire bilatérale. Elle est presque toujours fournie avec
les lésions bénignes des tumeurs malignes en utilisant des tout équipement de base. À noter que certaines antennes
séquences spin-echo T1 avant et après injection de gadoli- récentes ont des prolongements vers les régions axillaires,
nium, avec un temps d'acquisition d'abord de 5 minutes, permettant leur exploration de façon fiable, sans perte de
puis avec des séquences rapides, inférieures à la minute. signal ou de résolution (fig. 36.1).
Des mesures d'intensité de signal après injection de Ces antennes de surface en réseau phasé sont émettrices
gadolinium ont permis d'étudier l'évolution du signal en et réceptrices, avec un nombre de canaux variables, de 4 à
fonction du temps. Ces caractéristiques de rehaussement 16, voire 32, la performance de l'antenne allant de pair avec
dynamique ont permis d'envisager une différenciation des le nombre de ces canaux.
lésions malignes des lésions bénignes, en particulier des La plupart des constructeurs fournissent avec cette
lésions fibreuses ou inflammatoires post-thérapeutiques antenne « sein » des protocoles standard de séquences pour
des récidives tumorales [11, 12]. l'étude IRM mammaire, comprenant des séquences T1, T2
Avec les avances technologiques de l'IRM, les séquences et une acquisition volumique après injection dynamique
actuelles sont des séquences 3D permettant l'exploration de gadolinium et soustraction automatique du « masque »
de l'ensemble des deux seins, avec un temps d'acquisition avant injection des séquences après injection.
rapide, inférieur à la minute pour une meilleure résolution De nombreuses études ont permis d'affiner ces proto-
temporelle, avec des coupes fines voire millimétriques pour coles et séquences, et un consensus est actuellement admis
une meilleure résolution spatiale [14–16]. La sémiologie en pratique quotidienne, pour une résolution optimale en
IRM mammaire et les protocoles d'examen sont maintenant fonction des problèmes diagnostiques posés. Nous présen-
bien établis pour envisager l'IRM mammaire comme un tons ici le compromis retenu dans notre institution entre le
outil diagnostique incontournable en sénologie. nombre de séquences à effectuer et la durée de l'examen.

IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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606   Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique

Fig. 36.2 Schéma d'installation de la patiente : procubitus ; ins-


tallation confortable avec des coussins ; de préférence la tête
vers l'entrée de l'anneau.

La voie d'abord veineuse est nécessaire, sans particularité


spécifique pour cet examen.

Fig.  36.1 Exemple d'une antenne de surface « sein » (antenne


Séquence T1
16 canaux Siemens, Erlangen, Allemagne). Il s'agit d'une séquence en turbo spin écho (TSE) ou en
écho de gradient (EG) permettant d'apprécier le caractère
T1 de la lésion et surtout sa morphologie. Il importe d'avoir
Installation de la patiente la meilleure résolution possible, voire millimétrique, avec
La plupart des patientes ayant une IRM mammaire à effec- éventuellement une acquisition volumique. La séquence
tuer sont inquiètes. Il existe une question en suspens dans sera dans ce cas en écho de gradient T1.
leur bilan sénologique, principalement : y a-t-il une lésion La saturation de graisse est inutile et est même non
suspecte, un cancer ? Malgré cette inquiétude, rares sont recommandée si une autre séquence T1 sans saturation n'est
les patientes faisant défaut à leur rendez-vous d'examen, pas prévue dans le protocole.
confortant son indication et son intérêt. La performance diagnostique pour une tumeur maligne
L'explication du déroulement de l'examen est primor- de cette séquence T1 avec une bonne résolution serait même
diale, la patiente comprenant que des images « floues » ne supérieure à l'imagerie après injection [15] (fig. 36.3).
seront pas interprétables : il faut insister sur l'immobilité, en Le plan axial permet d'avoir une confrontation exacte
particulier après injection, en la prévenant. avec une lésion vue après injection, d'apprécier son signal
La patiente doit être positionnée en procubitus pour T1 et sa morphologie.
l'examen, position parfois inconfortable, voire difficile Le plan sagittal sera utile pour voir les régions pouvant
dans certains cas (abdomen volumineux, dyspnée, etc.). échapper au plan axial : sillon sous-mammaire, quadrants
L'installation doit être optimale (coussins, etc.) pour éviter supérieurs, prolongements axillaires. La reconstruction
les mouvements incontrôlés de la patiente (fig. 36.2) [17]. sagittale à partir d'une acquisition 3D en EG T1 avec des
La position des bras est recommandée en abduction, voxels isotropiques est une bonne alternative (fig. 36.4).
pour une meilleure appréciation des régions axillaires et des
quadrants externes des seins. Séquence T2
L'ensemble de ces précautions permet dans la majorité Cette séquence permet d'apprécier le signal T2 de la lésion,
des cas, chez ces patientes motivées, d'obtenir des examens en particulier pour différencier les lésions bénignes en
d'excellente qualité. hypersignal T2 intenses (kystes, ganglion, fibroadénome

Fig. 36.3 Impact diagnostique de la résolution spatiale. Nodule en mammographie d'allure bénigne, bien limité (a), paraissant spiculé sur la
séquence T1 haute résolution (voxel 0,8 mm3) et sur l'image soustraite après injection de gadolinium (b, c).
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante    607

a b

c d e

f g
Fig. 36.4 Acquisition à 3T volumique isotropique écho de gradient T1 après injection de gadolinium et soustraction. Reconstruction MIP (maxi-
mum intensity projection) dans le plan axial (a) et sagittale du sein gauche (b) pour une meilleure visualisation des lésions. Reconstructions dans les trois
plans de l'espace pour une meilleure localisation des petites lésions (c–e). Meilleure appréciation des dimensions tumorales (f, g : sarcome mammaire).

floride), mais surtout celles qui se rehaussent après injection, des problèmes techniques et il faudra savoir l'améliorer ou
les ganglions intramammaires ou axillaires, les fibroadé- choisir entre une séquence TSE T2 avec fat sat ou STIR, en
nomes (au stade proliférant). fonction de l'intensité des artéfacts observés. En particulier,
Les tumeurs malignes, les carcinomes in situ, les fibro- l'étude des prolongements axillaires est parfois difficile en
adénomes en involution présentent des hypersignaux T2 TSE T2 en raison des artéfacts plus importants. La mise en
plus modérés. place de bandes de présaturation n'est pas indiquée si celles-
L'étude morphologique est importante, avec une résolu- ci masquent les prolongements axillaires (fig. 36.5).
tion fine requise, résultat d'un compromis avec le temps d'ac- Les séquences Dixon avec excitation d'eau, lorsqu'elles
quisition (généralement 2 à 3 mm d'épaisseur de coupes). La sont disponibles, permettent une saturation graisseuse spec-
possibilité d'acquisition 3D T2 avec suppression de graisse trale de bonne qualité (fig. 36.6) [18].
(fat sat) existe mais au prix d'une durée de séquence plus
longue.
La saturation de graisse est indiquée, permettant la diffé- Séquence de diffusion
renciation des structures graisseuses des structures glandu- Les séquences de diffusion sont devenues indispensables
laires (inflammation, hémorragies, etc.) ou lésionnelles en dans les bilans diagnostiques neurologiques et en oncologie
hypersignal T2. Cette saturation est parfois hétérogène pour (hémopathie, etc.).
608   Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique

Fig. 36.5 Phase fréquence dans le plan transversal droit-gauche (b), plutôt qu'en antéropostérieur (a). Les bandes de présaturation qui
permettent d'atténuer les artéfacts cardiaques sont à éviter car elles masquent les régions mammaires externes et axillaires (c).

a b c
Fig. 36.6 Différentes séquences T2 avec saturation de graisse. (a) Turbo spin écho T2 avec saturation de graisse : artéfacts fréquents en
regard des régions latérales, bonne résolution spatiale. (b) T2 STIR : la saturation est plus homogène, la résolution moindre. (c) T2 Dixon : résolution
moindre, saturation homogène.

2,50 Étude antérieure

2,00
mm /s)
2
–3
ADC (× 10

1,50

1,00

Bénin Lésion de type Malin


risque élevé

Fig. 36.7 Diffusion : comparaison des valeurs d'ADC de lésions bénignes, lésions à haut risque et lésions malignes (moyenne et écart-
type). Les lésions bénignes ont une valeur moyenne d'ADC significativement plus élevée (1,83 ± 0,43 × 10–3 mm2/s que les lésions à risque ou
malignes (1,46 et 1,30 ± 0,27 × 10–3 mm2/s. On observe cependant un important chevauchement des valeurs entre les différentes lésions. (D'après
Parsian S, Rahbar H, et al. Radiology 2012 ; 265(3) : 696-706.)

L'utilisation en pathologie mammaire est rendue difficile chant en cas de pathologie malignes et bénignes (fig. 36.7 et
par la présence de nombreux artéfacts, en raison de l'utili- 36.8, tableau 36.1).
sation d'une antenne de surface avec une zone à explorer La résolution spatiale actuelle obtenue par des séquences
asymétrique avec de nombreuses interfaces tissus-air (sein, de diffusion ne permet pas une caractérisation lésionnelle
paroi). Les études de caractérisation des lésions mammaires pour des diamètres inférieurs à 5 mm [19]. Des valeurs de
retrouvent des valeurs d'ADC variables en fonction des sys- b élevées (1000–1500) sont préférables pour une meilleure
tèmes, du champ d'exploration, avec des valeurs se chevau- caractérisation tumorale [20].
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante    609

a b

c d
Fig. 36.8 Cancer du sein gauche. Aspect T1 (a), T2 STIR (b), après injection de gadolinium (c) et restriction de diffusion sur l'image ADC (d).

Tableau 36.1 Diffusion : valeurs d'ADC rapportées Cependant, dans les conditions techniques actuelles,
par différents auteurs à 1,5 T. la caractérisation tumorale par des séquences de diffusion
seule ne peut suffire, et ne peut remplacer de façon fiable
ADC 10–3 mm2/s
l'injection de gadolinium [21]. Éventuellement, on peut
Yili et al., 2009 1,01 1,72 – l'envisager pour diminuer les faux positifs de l'injection en
Marini et al., 0,95 1,48 2,25 cas de contre-indication à l'injection [22–24].
2007
Guo et al., 0,97 1,57 2,35 Séquences « silicone »
2002
Il s'agit de séquences d'inversion récupération (IR), avec une
Rubesova 0,99 1,48 – saturation élective du signal de silicone : séquences de « satura-
et al., 2006
tion de silicone ». À noter une fréquence du silicone différente à
Woodhams 1,22 1,67 – 1,5 T (environ 400 Hz) et 3 T (environ 600 Hz) de celle de l'eau.
et al., 2005 Des séquences de suppression de l'eau et de la graisse
Moyenne 1,03 1,58 2,30 permettent à l'inverse de visualiser le silicone (fig. 36.9).

a b

c d
Fig.  36.9 Différentes séquences du protocole d'exploration de prothèses mammaires. Axiales T1 (a), T2  STIR (b), saturation élective
du silicone (c) et visualisation seule du silicone avec saturation de l'eau et de la graisse (d). Petite collection périprothétique séreuse et non de
silicone (flèches bleues et rouges).
610   Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique

a b
Fig. 36.10 Acquisition volumique après injection. Soustraction floue en raison de mouvements de la patiente (a). L'examen est renouvelé
quelques jours plus tard : meilleure délimitation des contours lésionnels (b).

IV+

Rehaussement
1 2 3 4 5 6 7 8
séquences Temps (min)

Fig. 36.11 Schéma des séquences volumiques (3D) successives, dynamiques après injection de gadolinium (IV +).

Ces séquences seront ajoutées au protocole standard en fournis par les constructeurs. Elle met en évidence toutes les
cas de doute clinique ou radiologique sur une complication zones de rehaussement après injection (fig. 36.12).
de prothèse : douleurs, rupture, masse accolée à la prothèse, Le calcul de l'intensité du rehaussement, la courbe de rehaus-
etc. [12, 25–29]. sement se feront de façon automatique à partir d'une région
d'intérêt (region of interest [ROI]) choisie sur la lésion à étudier,
Séquences après injection de gadolinium visualisée sur les séquences soustraites (fig. 36.13) [30, 31].
Ce sont des séquences en EG  T1, rapides (moins de IRM du sein à 3 T
1 minute), utilisées pour étudier de façon dynamique le L'utilisation d'un champ à 3 T pour l'exploration mammaire,
rehaussement de signal lésionnel avec des séquences répé- combinée avec une antenne de surface multicanaux, permet
tées toutes les minutes après injection. d'obtenir facilement une résolution inframillimétrique, avec
L'acquisition est volumique sur l'ensemble des deux un voxel inférieur à 1 mm3 en 3D, sans allonger le temps
seins, dans le plan axial avec reconstructions secondaires d'examen (moins de 20  minutes) (voir fig.  36.4). Cette
possibles dans les autres plans. Ces reconstructions seront amélioration de la résolution spatiale permet une meilleure
de meilleure qualité et plus informatives avec une résolution analyse morphologique sur les séquences T1 et T2, avec une
fine et des voxels isotropiques. augmentation de la spécificité diagnostique [14, 15, 32–41]
La visualisation de ce rehaussement ne peut se faire de (voir fig. 36.3 et fig. 36.4).
façon spontanée et fiable. De nombreuses techniques ont L'IRM 3 T permet également l'utilisation de séquences de
été étudiées : saturation de graisse avec excitation d'eau, spectroscopie et de diffusion, actuellement à l'étude dans la
etc. pour finalement retenir la soustraction d'image comme caractérisation tumorale et des ganglions [19–22, 42–45].
le moyen le plus fiable et reproductible pour visualiser ce
rehaussement. L'inconvénient majeur est la possibilité
d'artéfacts de mouvements rendant la soustraction « floue », Sémiologie IRM en pathologie
voire l'examen ininterprétable (fig. 36.10). La préparation et mammaire
l'installation de la patiente sont donc primordiales [17].
En général, 5 à 7 séquences après injection sont réali- Cancer du sein en IRM
sées (fig. 36.11). Les séquences « tardives » à partir de 6 à Les tumeurs malignes présentent un hyposignal en T1 sem-
8 minutes après injection permettent d'apprécier le rehaus- blable à la glande mammaire adjacente et un hypersignal
sement tardif de certaines lésions fibreuses. Mais la plu- variable en T2 (fig. 36.14). Après injection en bolus de gado-
part des lésions malignes se confondent le plus souvent à linium (0,1 mmol/kg), ces tumeurs vont présenter typique-
ce temps d'injection avec la glande mammaire avoisinante. ment un rehaussement du signal tumoral en rapport avec
La séquence avant injection sert de « masque ». La sous- plusieurs mécanismes (fig. 36.15) :
traction de ce masque des différentes séquences répétées après ■ une vascularisation tumorale plus importante avec de
injection est maintenant automatique dans tous les protocoles nombreux capillaires élargis ;
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante    611

1’
a

T1
Post-gadolinium

2’

3’

4’

5’

6’

2’
b
3’

4’

5’

6’ 6’

Fig. 36.12 Succession toutes les minutes des séquences natives, 3D EG T1 après injection de gadolinium, avant soustraction : visua-
lisation du rehaussement d'une lésion externe gauche (a). Même succession des séquences dynamiques après injection mais avec soustrac-
tion : visualisation d'une seconde lésion suspecte se rehaussant (b, flèche), non visible sur la séquence non soustraite.

a b
Fig. 36.13 Lésion suspecte se rehaussant après injection de gadolinium sur cette image soustraite. Positionnement de la ROI (cercle)
sur cette lésion (flèche en a). Obtention de la courbe de rehaussement correspondante (b).

■ l'augmentation de la perméabilité pariétale de ces vais- L'exploration dynamique du rehaussement des lésions
seaux avec parfois des shunts artérioveineux ; malignes après injection de gadolinium a été rapportée
■ un flux sanguin plus important, avec un taux d'échange dès 1989 par Kaiser puis étudiée depuis par de nombreux
plus élevé entre les secteurs plasmatique et extracellulaire ; auteurs avec un taux de spécificité et de sensibilité de l'ordre
■ la cellularité de la lésion et son taux de prolifération [6–8]. de 95 % dans le diagnostic de tumeur maligne [4, 5, 9, 10].
612   Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique

a b c

d e f
Fig. 36.14 Aspect T1, T2 et après injection de gadolinium de tumeurs malignes chez deux patientes différentes. (a–c) Lésion polylobée
avec de petits nodules satellites se rehaussant de façon hétérogène. (d–f) Lésion externe droite non visible en T1, bien limitée après injection :
tumeur agressive à l'histologie. À noter le petit kyste au bord interne de la tumeur en hypersignal T2, ne se rehaussant pas après injection (flèche).

Fig. 36.15 Lésion maligne du quadrant supéro-externe droit. À la mammographie (a, b), en IRM après injection de gadolinium, avec une
courbe de rehaussement en plateau (c–e).
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante    613

Technique d'exploration ment avec une exploration dynamique, répétée au cours du


L'exploration mammaire en IRM est toujours bilatérale : il temps après injection du produit de contraste [11–13]. C'est
ne s'agit pas seulement de faire une caractérisation lésion- en effet avec ce type d'exploration que la sensibilité et la spé-
nelle d'une image suspecte cliniquement ou mammogra- cificité de l'IRM sont les plus élevées, en particulier pour la
phiquement, mais également de faire un bilan complet avec différenciation des tumeurs malignes des lésions bénignes.
exploration du sein controlatéral.
Tous les protocoles d'exploration comprennent actuel- Morphologie de la prise de contraste tumorale
lement une injection de gadolinium avec exploration dyna- Le rehaussement tumoral des carcinomes invasifs présente
mique du rehaussement des tumeurs suspectes. Les séquences dans la majeure partie des lésions des contours irréguliers
les plus courtes possibles doivent être obtenues, idéalement de (70 % des cas), spiculés (20 %) et parfois lobulés (10 %) [8].
quelques secondes, et en tout cas inférieures à la minute, répé- Le rehaussement est hétérogène dans 96 % des cas. Un rehaus-
tées successivement pendant une période de 5 à 8 minutes sement périphérique est parfois rencontré (16 % des cas de
pour avoir une étude dynamique du rehaussement. La carac- Buadu [8]), décrit comme caractéristique de tumeur maligne
térisation du signal lésionnel en T1 et T2 est nécessaire, de lorsqu'il existe un phénomène de lavage (wash-out) associé.
préférence sans saturation de graisse pour une meilleure déli- La zone centrale de la lésion qui se rehausse peu et très pro-
mitation des lésions, en particulier après injection. gressivement correspond à une zone de nécrose tumorale, et
Ce rehaussement tumoral est encore mieux visible après ces lésions restent encore visibles sur des séquences tardives,
soustraction des séquences postcontraste précoces et tar- au-delà de 10 minutes après injection [46–50] (fig. 36.16).
dives des séquences précontraste, en mettant en évidence Des aspects tumoraux trompeurs, bien limités, arron-
toutes les zones de prises de contraste dans l'un ou l'autre dis sont retrouvés dans des formes agressives de cancer du
sein [46–48]. Ces soustractions sont actuellement impéra- sein (cancers triple négatifs quant aux marqueurs tumoraux
tives pour ne pas passer à côté de rehaussements en dehors (RH–, HER–) [51–54] : masse bien limitée, arrondie, hyper-
du quadrant étudié ou dans l'autre sein. Les machines de der- vasculaire ou avec un centre nécrotique (fig. 36.17).
nière génération le font de façon très rapide (voir fig. 36.12). Ce rehaussement est focal (85 % des cas) et pseudonodu-
En pratique, la suppression spectrale n'est pas performante laire ou parfois plus diffus [22]. Il pourra être multifocal ou
pour le diagnostic par rapport à la soustraction. même bilatéral.
La résolution spatiale la plus fine sera recherchée, tout en Il existe sinon typiquement un rehaussement retardé
gardant une résolution temporelle acceptable, avec toujours une de la glande mammaire normale avoisinante masquant la
exploration mammaire bilatérale. De plus en plus, on s'oriente lésion sur les séquences tardives.
maintenant vers une exploration 3D des seins, avec acquisition
volumique et exploration dynamique (voir fig. 36.4).
Courbes de rehaussement
Le rehaussement de signal après injection est typiquement
Rehaussement typique des tumeurs malignes intense et précoce, c'est-à-dire survenant avant la première
La prise de contraste s'est avérée être un élément sémio- minute après injection : le rehaussement de signal peut être
logique IRM primordial dans le diagnostic des tumeurs de 50 à plus de 250 % par rapport au signal initial. Cette
malignes. Tous les auteurs s'accordent maintenant à effectuer mesure du rehaussement est réalisée au niveau de petites
non seulement des examens IRM avec injection, mais égale- régions d'intérêt (ROI) de quelques pixels déterminées par

a b

c d f
Fig. 36.16 Lésion tumorale nodulaire, arrondie du quadrant supéro-externe gauche en mammographie (a, b) et en échographie (c).
L'IRM retrouve cet aspect de lésion arrondie au centre hypovasculaire après injection de gadolinium sur les reconstructions MIP axiale (d) et les
images de soustraction axiale (e) et sagitales (f) : carcinome canalaire infiltrant triple négatif (récepteurs estroprogestatifs, herceptine).
614   Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique

a b c

d e
Fig. 36.17 Microcalcifications étendues du quadrant supéro-externe droit sur la mammographie face et oblique (a, b) et bien visibles
sur le cliché en agrandissement (flèche bleue, c). Meilleure délimitation tumorale (flèches rouges) de ce carcinome canalaire infiltrant à l'IRM,
sur les soustractions sagittale (d) et axiale (e).

l'opérateur, avec mesure de l'intensité du signal au sein de L'IRM du sein fait le diagnostic de cancer primitif avec des
ces ROI, sur chaque séquence réalisée au cours du temps. résultats de sensibilité et de spécificité supérieurs aux autres
Certaines machines possèdent des logiciels de calcul auto- méthodes d'exploration du sein : l'IRM a une sensibilité dans
matique de ces courbes de rehaussement de signal, permet- le diagnostic de lésion primitive du sein de 93 % avec une spé-
tant de caractériser ces rehaussements lésionnels. cificité de 65 %, contre 86 % et 32 % pour la mammographie,
Plusieurs aspects de ces courbes de rehaussement tumo- 58 % et 76 % pour l'examen clinique et 75 % et 80 % pour
ral peuvent s'observer [30, 31] : l'échographie [55–57]. A fortiori, lorsque toutes les méthodes
■ une phase de rehaussement précoce intense survient, sont combinées, le taux de détection augmente encore.
avec une pente raide, observée dès les premières secondes Le diagnostic positif d'une lésion tumorale primitive
après injection (wash-in) ; mammaire (bilan de microcalcifications, opacité douteuse
■ après avoir atteint un pic de rehaussement (variant de en mammographie ou échographie, bilan étiologique d'adé-
50 % à parfois 250 %), il existe ensuite une diminution nopathies axillaires métastatiques avec bilans clinique et
de l'intensité du signal après la première minute avec un mammographique normaux) est parfois uniquement réalisé
« lavage » (wash-out) de l'hypersignal lésionnel, observé sur l'IRM [58–61], avec un meilleur bilan de taille tumorale,
dans 57 % des tumeurs malignes ; de multifocalité voire de bilatéralité des lésions, et donc avec
■ dans 33 % des tumeurs malignes, après le rehaussement les modifications thérapeutiques qui en découlent, modifi-
initial, il va exister un aspect de plateau ; cations qui peuvent être radicales dans 15 % des cas (mam-
■ et dans quelques cas (9 %), le rehaussement est intense mectomie au lieu d'une tumorectomie, chimiothérapie avec
mais plus progressif et va se continuer pendant la phase chirurgie récusée, etc. [62, 63] (fig. 36.19).
d'étude du rehaussement (fig. 36.18). Une classification de l'American College of Radiology
Avec un pic de rehaussement de 130 %, on obtient une (ACR) pour la prise en charge des lésions mammaire (clas-
cut-off value pour le diagnostic de lésion maligne, très sen- sification BI-RADS, ou Breast Imaging Reporting And
sible pour le diagnostic de récidive tumorale après traite- Data System) a été développée pour optimiser la prise en
ment d'un cancer du sein [11, 46]. De même, un aspect charge des lésions vues en IRM en 2006 [58, 59], avec des
de rehaussement très précoce avec une pente raide d'aug- recommandations pour les bilans IRM dans les cancers du
mentation de signal (wash-in) avec un wash-out lésionnel sein apportées par la Haute autorité de santé (HAS) et l'EU-
est très évocateur de tumeur maligne (spécificité de 93 % SOMA working group (European Society Of Breast Cancer
d'après Daniel et al. [13]). Specialists) [60, 61].
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante    615

90 %
160
Types de Courbes :
80 %
Type I (curviligne)

Valeurs moyennes de rehaussement (%) 70 % Type II (en plateau)


120 Type III (wash-out)
60 %
100
50 %
80
40 %

30 %
40
20 %

10 %
0
Malin Bénin solide NPFC 0%
a b NPFC Bénin solide Malin

c d e
Fig.  36.18 Rehaussement des différentes lésions mammaires. (a) Répartition des valeurs moyennes de rehaussement après injection
de gadolinium en fonction des lésions malignes, bénignes ou en cas de dystrophie fibrokystique (ou nonproliferative fibrocystic change [NPFC]).
(b) Répartition des types de courbes de rehaussement après injection de gadolinium en fonction des lésions malignes, bénignes ou en cas
de dystrophie fibrokystique (NPFC) : les lésions bénignes et dystrophiques présentent majoritairement des courbes progressives. (c–e) Exemples
de courbes de rehaussement de différentes lésions explorées : avec wash-out, en plateau, progressive. (Fig. 36-18 a et b : d'après Kuhl CK,
Mielcareck P, et al. Radiology 1999 ; 211(1) : 101-10.)

a b c

d e f
Dt Dt

g h i j
Fig.  36.19 Masse inflammatoire du sein gauche chez une patiente de 42  ans, avec épaississement des plans cutanés visible
à la mammographie (a, b, flèches rouges), en échographie et à l'IRM (d, f, flèches rouges). À noter un kyste connu du sein droit visible en
mammographie (a, b, flèches bleues). L'IRM précise le volume tumoral du sein gauche en hyposignal T1 et T2, avec épaississement inflammatoire
des plans cutanés en hyposignal T1, hypersignal T2 (d, f). Rehaussement intense avec wash-out après injection de gadolinium, (g, h). Le kyste
du sein droit en hypersignal T2 (i) ne se rehausse pas après injection (j).
616   Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique

1a b c d

2a b

3a b
Fig. 36.20 Carcinomes intracanalaires chez trois patientes différentes. 1. Prises de contraste non-masses en IRM (a, b), pseudonodulaires du
quadrant supéro-externe droit (flèches bleues), plus étendues par rapport au foyer de microcalcifications visualisé en mammographie (c, d, flèches
rouges), atteignant la région aréolaire correspondant à un carcinome in situ de grade intermédiaire. 2. Prises de contraste micronodulaires et branchées
de l'ensemble du quadrant inféro-interne droit en IRM (a, b), n'atteignant pas la région aréolaire (flèches bleues), sans traduction mammographique :
carcinome in situ de haut grade. 3. Prises de contraste micronodulaires multifocales alignées vers le mamelon, étendues du quadrant inféro-externe
droit, allant de la région aréolaire jusqu'au pectoral (flèches bleues, a, b) : carcinome in situ de haut grade étendu sur la pièce de mammectomie.

Les carcinomes in situ ont été décrits comme mal explo- des faux négatifs très peu nombreux : le contexte de fibrose
rables en IRM, en raison des calcifications qui ne sont post-thérapeutique de la glande mammaire a­ voisinante
pas visualisées. Cependant, une prise de contraste après ainsi que la population particulière étudiée (ménopausée)
injection de gadolinium est retrouvée en regard du stroma expliquent probablement ces taux élevés de sensibilité et spé-
lésionnel, dans la majorité des lésions de carcinome in situ cificité (95 % et 85 %) pour le diagnostic de récidive.
(dans 60 à 80 % des cas selon les séries [64–66]), avec une L'indication de l'IRM est actuellement souvent posée
meilleure visualisation sur les machines à haut champ (3 T), devant la difficulté de surveillance mammographique d'une
permettant une meilleure résolution [67–69] (fig. 36.20). cancer du sein traité en raison d'un sein fibreux scléreux cli-
La visualisation de l'extension tumorale à l'IRM paraît être niquement, plus dense, hétérogène en mammographie, avec
celle qui est le mieux corrélée à l'anatomopathologie [70]. une zone cicatricielle se modifiant, devenant suspecte, avec
L'IRM peut donc être envisagée dans un bilan d'exten- éventuellement des microcalcifications [72, 73] (fig. 36.23).
sion de carcinome in situ, en particulier dans un contexte La suspicion de récidive peut également être clinique
de seins denses ou dystrophiques à la mammographie, de avec une sclérose mammaire s'accentuant, apparition de
patiente à risque [71] (fig. 36.21 et 36.22). ­phénomènes inflammatoires faisant douter entre des pous-
sées inflammatoires « bénignes » postradiothérapie ou une
récidive tumorale sur un mode inflammatoire.
Récidives tumorales après traitement
Le rehaussement d'une récidive sur fibrose peut présenter
d'un cancer du sein une sémiologie moins typique, avec un rehaussement pro-
Le diagnostic en IRM de ces récidives repose sur la même gressif, dont il faudra cependant tenir compte pour ensuite
sémiologie de rehaussement de signal après injection dyna- poser l'indication d'une biopsie.
mique de gadolinium [11, 46]. L'IRM présente une grande À noter que la présence de prises de contraste mam-
sensibilité diagnostique dans cette indication essentielle, avec maires (« foci ») lors d'une IRM de surveillance d'un can-
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante    617

a b d
Fig. 36.21 Carcinome in situ de haut grade. (a, b) Petit foyer de microcalcifications irrégulières du sein droit, dans un sein dense à la mam-
mographie, bien visible en agrandissement (c) chez une patiente de 68  ans, avec nombreux antécédents familiaux de lésion mammaire. La
macrobiopsie retrouve un CIC de haut grade. (d) L'IRM (séquence MIP axiale après injection de gadolinium) retrouve un rehaussement allongé
antéropostérieur (flèche), plus étendu par rapport au foyer de microcalcifications initial, correspondant à du carcinome intracanalaire (CIC) de haut
grade à la mammectomie décidée par la patiente.

a b d

c e
Fig. 36.22 Carcinome in situ de haut grade, plus étendu à l'IRM et à l'anatomopathologie par rapport aux microcalcifications initiales.
Hématome après macrobiopsies (flèche bleue) d'un foyer de microcalcifications irrégulières correspondant à un carcinome intracanalaire (CIC)
de haut grade chez une patiente de 46 ans sans antécédents particuliers : pas de microcalcifications suspectes résiduelles à la mammographie
agrandie (a–c). Une IRM est réalisée dans le cadre d'un protocole diagnostique : prises de contraste étendues des quadrants supérieurs droits
(flèches rouges, d, séquence MIP coupe sagittale, e, séquence MIP, coupe axiale) correspondant à un CIC multifocal de haut grade à l'histologie.

cer du sein traité de façon conservatrice sera plus suspecte Faux négatifs
en cas de traitement complémentaire par tamoxifène que Les faux négatifs correspondent à des tumeurs malignes
lorsqu'il existe un traitement par inhibiteurs de l'aromatase non diagnostiquées en IRM. L'injection de produit de
(prévalence de lésion bénigne de 14 % en cas de tamoxifène, contraste ne retrouve pas de rehaussement significatif,
40 % en cas d'inhibiteurs de l'aromatase, et 65 % sans traite- c'est-à-dire un rehaussement étalé dans le temps ou peu
ment) [74]. important en intensité : il s'agit souvent de carcinomes
618   Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique

a b e

c f g
Fig.  36.23 Récidive tumorale  : cicatrice indurée du quadrant supéro-externe gauche chez une patiente traitée pour un cancer du
sein gauche 5 ans auparavant. La mammographie et l'échographie retrouvent une zone cicatricielle hétérogène (a–c, flèches bleues). Prise de
contraste nodulaire centimétrique suspecte de la région cicatricielle supéro-externe gauche (flèches rouges) à l'IRM (d, T1, e, STIR, f, MIP, coupe
axiale après injection de gadolinium) avec une courbe de rehaussement en plateau (g).

a b c d

e f
Fig. 36.24 Faux négatif de l'IRM. Plusieurs petits nodules différents visualisés à l'échographie (flèches rouges, c, d), sans traduction mammo-
graphique (a, b), correspondant à un carcinome lobulaire infiltrant. L'IRM complémentaire ne retrouve pas de prise de contraste pouvant être
considérée comme suspecte du sein droit ou gauche (séquences axiales STIR T2 (e), EG T1 (f), EG T1 soustraction après gadolinium (g).

lobulaires, c­ olloïdes, médullaires ou mucineux [75–77] Une attention particulière sera indiquée en cas de sur-
(fig.  36.24) et dans une proportion moindre de carci- veillance IRM de patientes à risque familial ou génétique,
nome in situ (15 à 30 % des cas de carcinomes in situ sans avec une interprétation prudente des rehaussements en foci
rehaussement [78]. (près de 43 % des faux négatifs dans l'étude d'Obdeijn [79]).
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante    619

b c

f e g
Fig. 36.25 Gros fibroadénome externe gauche chez une jeune femme de 26 ans. Aspect hypervasculaire à l'échographie (a), peu discernable
à la mammographie dans un sein dense (b, c, flèches bleues), hypo-intense en T1 (e, flèche rouge), avec un hypersignal T2 intense (d, axiale T2
STIR) et un rehaussement important après injection de gadolinium (f, axiale T1 soustractions après gadolinium) avec une courbe de rehaussement
avec un aspect de wash-out (g).

nique, par méconnaissance de la sémiologie des pathologies


mammaires non malignes, avec des lésions présentant un
rehaussement de contraste qui va paraître suspect en IRM.
C'est le cas des tumeurs bénignes qui ont gardé une com-
posante cellulaire ­proliférante (fibroadénome, lésions dys-
plasiques bénignes, ganglions, etc.) (fig. 36.25). De même,
une glande mammaire normale peut présenter un com-
portement IRM suspect lorsqu'elle est examinée chez une
patiente non ménopausée en seconde partie de cycle [80,
81] (fig. 36.26).
Les études IRM chez les patientes non ménopausées ont
rapporté les premiers faux positifs de l'IRM : des prises de
contraste intenses et nodulaires ont été visualisées en IRM,
avec des lésions bénignes à l'histologie [82, 83]. Le taux de
faux positifs de l'IRM varie d'une étude à l'autre, de l'ordre
Fig.  36.26 IRM mammaire en deuxième partie de cycle. de 10 % des explorations pour lésion suspecte sur d'autres
Séquences T1 avec soustraction après injection de gadolinium : mul- méthodes d'imagerie dans l'étude de Baltzer [83] ; il s'agit
tiples prises de contraste « non masse » disséminées après injection
dans cette étude de rehaussement :
de gadolinium sur un examen réalisé en première partie de cycle (a).
Régression de ces prises de contraste chez la même patiente en deu-
■ de lésions de dysplasie bénigne (« mastose ») (46 % des
xième partie de cycle (b). cas de faux positifs) ;
■ de fibroadénomes (22 %) ;
■ d'adénose focale (16 %) ;
■ de mastite (8 %) ;
Diagnostics différentiels (rehaussements ■ de papillomes (6 %) ;
■ de tumeurs phyllodes (2 %).
assimilés à des faux positifs)
Connaître les diagnostics différentiels des tumeurs malignes
vues en IRM permettra d'adapter la technique au contexte Lésions bénignes
clinique et aux images mises en évidence : ils expliquent les Ces lésions bénignes présentent un hyposignal T1 et un
faux positifs de la méthode décrits à l'avène­ment de la tech- hypersignal T2 variables.
620   Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique

Les kystes peuvent présenter un hypersignal T2 moins ou en tout cas monophasique, non suspect en cas de poussée
intense lorsqu'ils sont remaniés (fig. 36.27), mais ne pré- inflammatoire (fig. 36.28 et 36.29).
sentent pas de rehaussement après injection de gadolinium,

b c

a d e

f
Fig. 36.27 Dystrophie multikystique. Sein très dense à la mammographie (a). Parmi les multiples kystes droits, un kyste présente un hyposignal
T2, un discret hypersignal T1, un hypersignal en diffusion b1000, avec une restriction sur l'image ADC, sans rehaussement après injection : kyste
remanié (flèche jaune en b–f). Découverte d'une prise de contraste nodulaire externe gauche, progressive, en hypersignal T2  : fibroadénome
(flèche rouge en c et f). IRM en T1 (b), T2 STIR (c), diffusion b1000 (d), ADC (e), T1 gadolinium (f).

a b

d
e
c
Fig. 36.28 Dystrophie kystique et kyste remanié. Petit kyste remanié en profondeur du sein gauche, en hypersignal T1 (a, reconstruction
sagittale T1, b, axiale T1) en raison d'un contenu riche en protide ± sédiments fibrineux déclives en hypersignal T2, à la partie antérieure du kyste,
la patiente étant en procubitus (c, d, coupes axiales T1). Pas de rehaussement suspect après soustraction et injection de gadolinium (e).
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante    621

Fig. 36.29 Kyste inflammatoire. Patiente présentant une dystrophie kystique connue, avec des mastodynies gauches. Prise de contraste progres-
sive des parois kystiques de la lésion gauche, sans modification du signal intrakystique ; à noter l'absence de rehaussement du kyste du sein droit
(a–c). IRM axiale STIR (a), axiale T1 (b), axiale T1 gadolinium (c, d).

fines cloisons internes de fibrose ne se rehaussant pas après


injection orienteront vers un fibroadénome (fig. 36.32).
Après injection, plus de 70 % des tumeurs bénignes ne
présentent pas de rehaussement significatif (cut-off value de
130 %), mais certaines tumeurs bénignes (fibroadénomes
proliférants, dysplasies proliférantes) vont présenter un
rehaussement parfois important mais restant progressif et
modéré dans 83 % des cas, avec un aspect de plateau dans
11 % des cas et parfois un rehaussement important dans
5,5 % [3] (voir fig. 36.18).
a c Cette distribution des courbes de rehaussement des
lésions bénignes reste cependant significativement diffé-
rente de celle des tumeurs malignes, avec un petit nombre
de cas de faux positifs [82, 83]. L'étude de la phase précoce
de rehaussement (wash-in) par des séquences ultrarapides
de quelques secondes permet pour certains cependant de
différencier des lésions, les tumeurs bénignes présentant un
taux d'échange plasmatique–espace extracellulaire inférieur
aux tumeurs invasives, donc avec une pente de rehausse-
ment moins rapide.
Cependant, ces différences sémiologiques ne permettent
b d pas d'affirmer la bénignité de façon suffisamment fiable
pour surseoir au contrôle biopsique (fibroadénome versus
Fig. 36.30 Lipome des quadrants internes droits. Plage graisseuse tumeur phyllode, papillome, etc.) [85–90] (fig.  36.33 et
bien limitée, sans rehaussement suspect après injection de gadolinium 36.34).
(a–d). IRM sagittale T1 (a), axiale T1 (b), T2 STIR (c), T1 gadolinium (d). Les lésions infectieuses présentent un contexte clinique
différent. La crainte d'une lésion tumorale sous-jacente
Les lipomes ou lésions à composante graisseuse (hamar- peut faire poser l'indication d'une IRM complémentaire, en
tome, lésions graisseuses post-traumatiques comme les particulier en cas d'épisodes infectieux répétés (fig. 36.35 à
kystes huileux) ne posent pas de problème diagnostique 36.37).
avec leur hypersignal T1, l'absence de rehaussement après Des ganglions intramammaires non pathologiques
injection (fig. 36.30 et 36.31). sont retrouvés de façon habituelle dans près de 20 % des
Les arguments morphologiques en faveur de la bénignité ­mammectomies pour cancer du sein [91]. Leur caractérisa-
sont primordiaux lorsque sont retrouvés des contours bien tion à l'IRM repose surtout sur des critères morphologiques
limités, un aspect arrondi ou ovalaire. (aspect réniforme bien limité, arrondi ou ovalaire avec un
Un hypersignal T2 intense sera en faveur d'un fibroadé- hile graisseux) et leur hypersignal T2 intense (fig. 36.38)
nome proliférant ou d'un ganglion intramammaire [84]. De [91–93]. Après injection en effet, leur rehaussement intense
622   Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique

Fig. 36.31 Aspect échographique trompeur de la cystoséatonécrose : palpation d'un nodule sus-aréolaire gauche chez une patiente
avec antécédents de tumorectomie pour cancer. L'échographie retrouve un kyste hétérogène aux parois irrégulières (a), correspondant à une
cytostéatonécrose avec une lésion spiculée au contenu radiotransparent graisseux à la mammographie (b) et à l'IRM (c–f). IRM T2 STIR (c), T1 EG
(d, e), T1 EG gadolinium (f).

b c
a

d e f
Fig. 36.32 Fibroadénome plus atypique, avec des calcifications débutantes à la mammographie (incidence oblique et agrandissement,
a, b), multicloisonné avec un hypersignal T2, un rehaussement intense en IRM (c–f). IRM axiale T1 (c), T1 gadolinium (d, e), T2 STIR (f).
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante    623

a c d

b e f

g i k

h j
Fig. 36.33 Papillome intragalactophorique. Patiente de 48 ans, avec un nodule intragalactophorique du sein droit, inféro-externe, vascularisé
en Doppler, découvert à l'échographie (a, b, flèche) dans le bilan d'un écoulement mammaire séreux. La mammographie avec agrandissements
ne montre aucune lésion sur l'incidence de face (c, d) ou en oblique (e, f). L'IRM est pratiquée dans le bilan d'extension en raison de seins
denses : nodule de 7 mm intragalactophorique au sein d'un arbre inféro-externe dilaté, au contenu hyperintense en T1 sur la reconstruction MIP
(g, flèche, axiale EG T1, h, sagittale EH T1) – liquide hématique ou plutôt riche en protides. Après injection de gadolinium, en T1, rehaussement
intense de la lésion, irrégulière, avec une courbe de rehaussement en plateau (i–k). Histologie : papillome intragalactophorique sans atypies, sans
résidus hémorragiques intracanalaires.
624   Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique

Fig. 36.34 Abcès rétro-aréolaires. Patiente présentant des douleurs et inflammation aréolaires, sans écoulements. Masse bilobée rétro-aréolaire
gauche sans traduction mammographique (a), hypoéchogène vascularisée en périphérie en Doppler (b, c). L'IRM retrouve deux nodules accolés
avec une prise de contraste périphérique intense (d–f). Biopsie négative et aspect résolutif sous traitement antibiothérapique.

Fig. 36.35 Abcès multiples du sein gauche. Multiples petites collections intramammaires gauches en hyposignal T1, hypersignal T2, se rehaus-
sant en périphérie, avec œdème diffus, épaississement cutané (a–c).
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante    625

c d

e f

b g
Fig. 36.36 Abcès masquant une tumeur. Plusieurs épisodes d'abcès du sein droit chez une patiente sans antécédents particuliers. La mammo-
graphie montre des seins denses sans lésion visible (a, b), avec un nodule inférieur droit de 12 mm (c, d, flèche). L'IRM réalisée retrouve plusieurs
nodules des quadrants inférieurs droits sur une zone de 35 mm, avec un rehaussement en plateau (e–g) : carcinome infiltrant étendu à la biopsie
et à l'anatomopathologie de la mammectomie effectuée.

avec parfois même un wash-out en impose souvent avec ■ grade II : hyperplasie floride modérée, papillome intra­
une lésion suspecte. Le diagnostic reste cependant difficile canalaire et adénose sclérosante ;
en cas de tumeur mammaire avoisinante, faisant discuter ■ grade III : hyperplasie avec atypies cellulaires proches de
l'échographie de second look et le contrôle biopsique en cas lésions cancéreuses.
de cible retrouvée (fig. 36.39) [94–97]. L'intensité des rehaussements est le plus souvent corré-
lée au grade de l'hyperplasie. La figure 36.18 montre bien
que ces lésions bénignes proliférantes présentent souvent
Lésions de mastopathie bénigne
des rehaussements précoces, intenses et monophasiques qui
Les lésions de dysplasie glandulaire sont à l'origine de la peuvent être pris pour des prises de contraste tumorales si
majeure partie des faux positifs. En IRM, ces lésions se une étude dynamique n'est pas effectuée. En revanche, l'as-
rehaussant après injection de gadolinium n'ont pas de pect en plateau est moins fréquent, et il n'a pas été retrouvé
­traduction lésionnelle sur les séquences T1 et T2, les faisant d'aspect de wash-out (fig. 36.40).
qualifier de « non-masse » [98–101]. Ces rehaussements en « foci » ont un aspect micronodu-
Ces lésions sont classifiées en anatomopathologie en : laire, avec de petites lésions arrondies de contours flous, de
■ dysplasie de grade I : lésions non prolifératives, kystes, moins de 5 mm de diamètre en général, réparties de façon
métaplasies apocrines, calcifications épithéliales et symétrique. Le diagnostic sera plus difficile si la répartition
hyperplasie modérée ;
626   Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique

Fig. 36.37 Tumeur maligne kystique. Lésion liquidienne en hyposignal T1 (a), hypersignal T2 (b), avec une prise de contraste irrégulière pariétale
après injection de gadolinium (c, d).

a b c

d e
Fig.  36.38 Ganglion intramammaire d'aspect bien limité, réniforme, au cortex fin (moins de 3  mm) en IRM et en échographie.
Hypersignal T2 intense avec un rehaussement également intense après injection en IRM (a–c), vascularisation en Doppler couleur en échographie
(d, e) : remaniements inflammatoires à la biopsie.
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante    627

a b
b c

Fig.  36.40 Prises de contraste en « foci » disséminées, « non


c d masses », bilatérales mais asymétriques (a, flèches), avec des
courbes de rehaussement progressives (b, c)  : mastopathie
bénigne.

Sein normal
La glande mammaire normale, sans lésion histologique de dys-
plasie glandulaire, peut présenter des prises de contraste, un
rehaussement matriciel qui peut en imposer pour une patholo-
e f gie. La physiopathologie de ces rehaussements est mal connue,
avec probablement un facteur hormonal ou vasculaire [104, 105].
Fig. 36.39 Tumeur du quadrant supéro-externe du sein droit de Ces prises de contraste sont observées précocement, dès
25 mm, avec un nodule de 10 mm adjacent, à 25 mm en avant de la première soustraction à 1 à 2 minutes après injection. Elles
la lésion. Aspect échographique d'une adénomégalie suspecte avec un sont plus souvent focales que diffuses, sans traduction sur
cortex épaissi, vascularisé en Doppler couleur (a, b), et de la lésion tumo-
les séquences T1 et T2 (prises de contraste « non masse »),
rale (c). IRM de l'adénopathie en T1 axial (d) et sagittal (e), puis après
injection de gadolinium avec soustraction  : visualisation du ganglion
avec une courbe de rehaussement de type monophasique
(flèche bleue) et de la tumeur (flèche rouge) qui se rehaussent de façon dans 89 % des cas ou biphasique, sans aspect de wash-out.
intense (f). À l'histologie : adénopathie intramammaire métastatique. La morphologie de ces rehaussements est particulière,
parfois évocatrice en cas de prise de contraste :
■ micronodulaire, de moins de 5 mm de diamètre, avec des
est unilatérale ou asymétrique. Une surveillance à distance contours flous ;
sera discutée, puisque deux tiers de ces lésions régressent ■ segmentaire, postérieure ou postéro-externe ;
sur un contrôle à 4 mois [80] (fig. 36.41). ■ segmentaire « en cadre » (fig. 36.42).
Ces lésions de mastopathie bénigne posent cependant de Ces différents aspects de rehaussement de la glande normale
plus en plus de problèmes diagnostiques IRM maintenant ont fait l'objet d'une classification en fonction de leurs inten-
que sont effectuées des explorations plus fréquentes chez sité et morphologie, de BPE (breast parenchyma enhancement)
des patientes non ménopausées ou sous traitement hormo- 1 à 4, ou classification en grade 1 à 4 rappelant celle de la
nal, et surtout lors de bilan d'extension de cancer du sein ou densité mammographique BI-RADS :
de surveillance de patientes à risque. La conduite à tenir sera ■ grade 1 : pas ou peu de rehaussement ;
discutée souvent au cas par cas en réunion de concertation ■ grade 2 : rehaussement faible ;
pluridisciplinaire (RCP ; surveillance, biopsie, etc.). ■ grade 3 : rehaussement modéré ;
Ces indications IRM sont d'autant plus fréquentes que ■ grade 4 : rehaussement important, marqué (fig. 36.43).
l'IRM va être indiquée devant des seins denses et hétéro- Il n'existe pas de corrélation entre ces aspects de rehaus-
gènes, de surveillance mammographique difficile, avec des sement matriciel de la glande mammaire normale en IRM
faux négatifs connus de la mammographie [60]. L'IRM est et la densité optique mammographique de la classification
donc maintenant indiquée dans la surveillance des patientes à BI-RADS (fig. 36.44) [106]. Ce rehaussement matriciel serait
risque génétique de cancer du sein (BRCA1, BRCA2 [102, 103]). un facteur de risque indépendant de cancer de sein [107].
628   Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique

h
d g Dt

b e f i
Fig. 36.41 Épisode de rétraction mamelonnaire droite chez une patiente de 56 ans, sans antécédents particuliers. Pas de lésion visible
en mammographie (a, b) avec visualisation d'un matériel solide intracanalaire rétro-aréolaire à l'échographie, pseudonodulaire, non vascularisé en
Doppler (c, d, flèches bleues). L'IRM retrouve une prise de contraste étendue rétro-aréolaire et du quadrant inféro-externe droit, correspondant
à un arbre galactoforique (e–g, flèches rouges). La biopsie sous IRM des prises de contraste du quadrant inféro-externe retrouve des lésions de
mastopathie sans signes de malignité. Régression progressive des prises de contraste sur des IRM de contrôle successives, avec disparition du
rehaussement suspect sur le dernier contrôle 16 mois après l'épisode initial (h, i).

a b c
Fig. 36.42 Rehaussement matriciel « en cadre » de la glande normale après injection (flèches bleues). Acquisition volumique et soustrac-
tions après injection de gadolinium ; reconstructions sagittales (a, b) et axiale (c).

Comme en mammographie, la performance diagnos- retrouvée lorsque l'examen sera pratiqué en première partie
tique de l'IRM sera fonction du type de rehaussement de la du cycle [80, 81] (voir fig. 36.26).
glande mammaire avoisinant la lésion, avec une fréquence Ces prises de contraste disparaissent dans 73 % des cas
accrue d'ACR 3 en cas de BPE 3 et 4 [108–110]. lorsqu'il est décidé une surveillance IRM plutôt qu'une
vérification histologique (refus du contrôle biopsique par la
Sein normal en fonction du cycle patiente, pas d'arguments mammographiques ou échogra-
La répartition de ces différents types de rehaussement va phiques, multiplicité des lésions, etc.).
différer en fonction du statut ménopausique de la patiente, Cette décision de « contrôle IRM à distance », souvent
avec des aspects BPE 4 plus fréquents chez la patiente non difficile, sera discutée en RCP, et est souvent dépendante
ménopausée (fig. 36.45) [105]. de l'expérience du radiologue : certains auteurs préconisent
Chez des patientes non ménopausées, ces prises de une expérience minimale de 200 IRM mammaires par an, la
contraste vont s'observer pendant toutes les phases du cycle, participation à des RCP, d'effectuer des biopsies sous IRM
mais vont être nettement moins importantes pendant la ou de savoir orienter une patiente vers un site effectuant des
2e semaine du cycle. La meilleure spécificité de l'IRM sera biopsies sous IRM [111].
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante    629

Grade I

Grade II

Grade III

c e

Grade IV

d f
Fig. 36.43 Rehaussement matriciel normal, progressif après injection de produit de contraste (background parenchyma enhancement
[BPE]). Grade I : rehaussement minime (0–25 % de la glande) ; grade II : rehaussement modéré (25–50 %) ; grade III : rehaussement dense ± hété-
rogène (50–75 %) ; grade IV : rehaussement très dense (> 75 %).

Indications de l'IRM mammaire Suspicion de récidive tumorale dans la


L'IRM en pathologie mammaire est maintenant bien surveillance des cancers du sein traités
évaluée [57, 58], avec une indication essentielle dans la C'est l'indication essentielle de l'IRM mammaire. Malgré
surveillance des cancers du sein traités. Les indications l'intérêt d'études sur une surveillance systématique par IRM
de cette méthode diagnostique ont été étendues, et l'IRM des cancers du sein traités [11, 73], il paraît plus rationnel
du sein se conçoit maintenant comme un outil diagnos- d'indiquer cette technique d'imagerie lorsque la mammo-
tique complémentaire dans tous les cas où les méthodes graphie et l'échographie sont mises en défaut, lorsqu'il existe
d'imagerie classiques sont mises en défaut, en rapport un doute à l'examen clinique sur une reprise évolutive.
soit avec l'aspect du parenchyme mammaire (dense, hété- L'IRM permet de diagnostiquer les récidives tumorales
rogène en mammographie), soit avec l'image retrouvée mammaires de façon précoce dans ces cas difficiles de seins
(foyer de microcalcifications, opacité régulière solide en denses en mammographie, remaniés par le traitement anti-
échographie, asymétrie de densité, dés­organisation archi- cancéreux : on obtient alors avec l'IRM mammaire une sen-
tecturale, etc.). sibilité et une spécificité dans le diagnostic de récidive de
Chaque nouvelle indication a fait l'objet d'une évaluation l'ordre de 95 % [11, 46, 72–74] (voir fig. 36.23).
de la technique, et l'efficacité de l'IRM paraît différer selon L'injection de gadolinium est nécessaire, avec une étude
les indications. Ces résultats variables ont été à l'origine de dynamique. Une prise de contraste au sein d'une fibrose
la confusion et des controverses quant aux indications de post-thérapeutique est douteuse, mais seule une étude dyna-
la méthode. L'IRM mammaire reste cependant la technique mique pourra affirmer le diagnostic de récidive tumorale,
diagnostique la plus efficace pour un diagnostic dans ces en différenciant cette prise de contraste de celle des poussées
cas difficiles, plus particulièrement si elle est combinée inflammatoires bénignes postradiques, de la glande mam-
avec les autres techniques d'imagerie et avec la clinique maire avoisinante parfois dysplasique [11]. Ce rehaussement
(fig. 36.46) [57]. est également fonction de la fibrose post-thérapeutique
630   Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique

BI-RADS D BI-RADS A BI-RADS B BI-RADS C

Grade 1 Grade 2 Grade 3 BPE 4 Grade 4

Fig. 36.44 Pas de corrélation entre la densité BI-RADS du sein en mammographie (a) et le rehaussement matriciel du parenchyme
en IRM (b) chez quatre patientes différentes.

Marqué
Minimal 8 %
10 %

Modéré
10 %
Discret
Minimum 24 %
61 %

Discret Marqué
19 % 54 %

Modéré
14 %
a b
Fig. 36.45 Répartition du type de rehaussement matriciel en fonction du status hormonal. a) Patientes en postménopause. b) Patientes
en préménopause. (D'après King V, Gu Y, et al. Eur Radiol 2012 ; 22(12) : 2641-7.)

induite : une fibrose postradique intense, en particulier lors Bilan préopératoire d'une tumeur maligne
des anciennes radiothérapies exclusives ou avec surdosage La plus grande sensibilité de l'IRM pour l'évaluation de la
local, aura un hyposignal important en T1 et T2 ; et une réci- masse tumorale a été appréciée dès les premières études
dive au sein de cette fibrose ne pourra se révéler que par un comparatives avec les autres techniques d'imagerie dès
rehaussement modéré et progressif, témoignant surtout de 1986 [5]. Il en ressortait qu'en cas de seins denses, hétéro-
la cellularité de la lésion et du compartiment extracellulaire gènes ou dystrophiques, l'IRM permettait de faire le dia-
plus que de l'angiogenèse [11]. gnostic de tumeur maligne de façon plus précoce et plus
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante    631

a b e

c d f
Fig. 36.46 Patiente présentant des antécédents familiaux de lésion mammaire et des antécédents personnels de carcinome in situ
du sein droit traité de façon conservatrice 3 ans auparavant. Petit foyer de microcalcifications de l'union des quadrants externes du sein
gauche apparu peu spécifique à la mammographie avec clichés agrandis (a–d, flèches). Une IRM complémentaire retrouve une prise de contraste
nodulaire et irrégulière suspecte correspondant à ce foyer (e, f, flèches) : carcinome canalaire infiltrant à la biopsie stéréotaxique.

a b f

c d e
Fig. 36.47 Lésion spiculée supérieure droite, suspecte à la mammographie, avec des seins denses (flèche en a, b). Doute à l'échographie
sur des lésions adjacentes (flèche en c, d). L'IRM effectuée retrouve de multiples lésions des quadrants supérieurs correspondant à un carcinome
infiltrant multifocal (e, f).

précise. La découverte de lésions multifocales et controlaté- Un consensus a été adopté par l'HAS en 2010 [60], avec
rales infracliniques et infraradiologiques lors des premières indications de l'IRM dans le bilan initial d'un cancer du
études de caractérisation lésionnelle par l'IRM a fait poser sein :
le problème d'une indication systématique préopératoire ■ en cas de seins denses, hétérogènes ;
de l'IRM lorsque les autres techniques d'exploration mam- ■ discordance radioclinique dans l'appréciation de la taille
maire étaient insuffisantes (seins denses, dystrophiques, tumorale ;
etc.) (fig. 36.47). Cette indication fait changer l'attitude thé- ■ impact dans le choix thérapeutique (chirurgie oncoplas-
rapeutique dans 15 à 27 % des cas, pour un coût acceptable tique, chimiothérapie néoadjuvante) ;
compte tenu de l'amélioration pronostique attendue d'un ■ patiente jeune (40 ans) ;
traitement plus adapté [55–59]. ■ contexte familial ou génétique.
632   Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique

De 16 à 20 % de localisations tumorales homolatérales L'IRM mammaire peut également être demandée
supplémentaires sont ainsi diagnostiquées (avec une valeur pour une meilleure appréciation de l'extension locale
prédictive positive [VPP] de 66 %) et 3 à 4 % de cancers d'un cancer du sein, à la paroi thoracique ou à la plaque
controlatéraux (VPP de 48 %) [112–115]. aréolo-mamelonnaire.
Cette atteinte tumorale plurifocale ou bilatérale est
connue et fréquente dans certains types histologiques de Extension ganglionnaire
cancers du sein que sont les carcinomes lobulaires infiltrants
qui ont un risque de bilatéralisation d'emblée de l'ordre de d'un cancer du sein
10  % à l'histologie, et dont les localisations multifocales L'atteinte ganglionnaire axillaire est un des facteurs pro-
ou multicentriques sont sous-évaluées par les techniques nostiques majeurs dans le cancer du sein. Le relais gan-
d'imagerie classique [116–119]. glionnaire axillaire étant le plus fréquent quelle que soit
En pratique courante, l'IRM est souvent demandée dans la topographie initiale du cancer dans le sein, son évalua-
le bilan d'extension locale en raison de sa valeur prédic- tion a fait l'objet de nombreuses études [92, 93, 120–122].
tive négative (VPN) importante (83 à 95 %), un bilan IRM L'extension ganglionnaire est appréciée histologiquement
« normal » permettant de confirmer l'unicité lésionnelle par le curage axillaire, et maintenant par le ganglion sen-
(fig. 36.48 et 36.49). tinelle dans les stades précoces. Le diagnostic par IRM de
À noter cependant qu'en cas d'un rehaussement de base l'atteinte ganglionnaire axillaire nécessite une antenne de
important de la glande mammaire avoisinante (BPE 3-4), surface axillaire associée à l'antenne sein, ou une antenne
cette appréciation sera plus difficile [108, 109] (fig. 36.50). sein de dernière génération, présentant une couverture axil-

a b c

d e
Fig. 36.48 Carcinome in situ étendu du sein droit, avec des microcalcifications du quadrant inféro-externe, visibles en mammographie
(c, incidence de profil) et tomosynthèse face et profil passant par ce foyer (a, b, flèches bleues). IRM réalisée dans le cadre d'une évalua-
tion tumorale vers la plaque aréolaire avant mammectomie et reconstruction immédiate : présence de multiples prises de contraste nodulaires de
l'ensemble des quadrants externes du sein, à distance de l'aréole. (d, e) Carcinome in situ de haut grade à l'histologie.

a b
Fig. 36.49 Patiente présentant un carcinome infiltrant du sein gauche et lésion suspecte controlatérale découverte à l'IRM. La mam-
mographie de face retrouve des seins denses hétérogènes et l'opacité spiculée para-interne gauche (flèche rouge en a). L'IRM est demandée afin
de confirmer l'unicité lésionnelle compte tenu de la densité mammaire : prise de contraste tumorale gauche unique et découverte d'une lésion
controlatérale interne (flèche bleue en b), retrouvée à l'échographie de second look : carcinome infiltrant bilatéral.
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante    633

a c

b
Fig.  36.50 Rehaussement matriciel bilatéral de type  3 (BPE  3) (a) gênant le bilan d'extension d'une lésion tumorale du quadrant
supéro-externe droit (b, c, flèche).

confirmer par des études cliniques, dont la mise en œuvre


nécessiterait un parc IRM plus adapté.
L'atteinte ganglionnaire mammaire interne n'est pas rare,
en particulier pour les localisations tumorales des ­quadrants
internes et inférieurs (tableau 36.2). Le diagnostic IRM
repose sur des arguments de taille (> 4 mm) et morpholo-
giques, nécessitant des coupes de bonne résolution (< 4 mm
ou, mieux, millimétriques). La confirmation histologique
peut être difficile (ponction sous échographie), mais
l'impact thérapeutique est important, puisqu'une atteinte
Fig.  36.51 Acquisition volumique EG  T1 mammaire et axillaire ganglionnaire mammaire interne correspond à un stade 3,
bilatérale, avec un voxel isotropique de 0,8 mm3. Reconstruction impliquant une chimiothérapie et une radiothérapie mam-
sagittale (a) et axiale (b).
maire interne [124].

laire [92, 93] (fig. 36.51). Lorsque les protocoles axillaires


comprennent une injection dynamique de gadolinium et Dépistage des patientes à risque
une haute résolution spatiale inframillimétrique, l'exten- Cette indication a été envisagée après que de multiples
sion tumorale ganglionnaire axillaire peut être étudiée par études ont prouvé la grande sensibilité de l'IRM par rapport
IRM, avec des performances et des taux de faux négatifs à la mammographie, en particulier en cas de seins denses
comparables au ganglion sentinelle, sans les inconvénients et hétérogènes, avec une sensibilité diagnostique majorée
et complications d'un geste chirurgical, avec un gain en en combinant l'ensemble des examens mammographique,
termes de coût-efficacité [123]. Ces résultats seraient à échographique et IRM [57, 125]. On obtient alors une

Tableau 36.2 Type d'extension ganglionnaire en fonction de la topographie de la lésion primitive.


Axillaire Mammaire interne Sus-claviculaire Infraclaviculaire
Quadrant supéro-externe 99,2 19,2 3,5 1,8
Union des quadrants supérieurs 98,4 36,8 3,5 2,2
Quadrant supéro-interne 93,1 54,9 4,1 3,8
Union des quadrants internes 94,4 61,1 8,9 2,2
Quadrant inféro-interne 95,9 51,2 2,4 1,6
Union des quadrants inférieurs 98,3 48,7 2,6 0,9
Quadrant inféro-externe 99,5 43,8 1,5 0,5
Union des quadrants externes 99,2 31,2 2,8 2,0
Rétro-aréolaire 98,9 39,8 2,2 2,2
634   Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique

s­ ensibilité de l'IRM pour le diagnostic de cancer du sein de visée esthétique ou en reconstruction après mammecto-
93 %, avec une spécificité de 65 %, contre 86 % et 32 % pour mie pour cancer du sein, reconstruction par prothèse seule
la mammographie. ou en association avec des lambeaux. Les complications
Un contexte familial ou génétique de cancer du sein bénignes et malignes de ces prothèses sont de diagnostic
rend impératif un diagnostic précoce chez ces patientes clinique difficile, et les examens d'imagerie sénologique
à risque. Un protocole de dépistage spécifique a donc conventionnels s'avèrent limités par la présence de la pro-
été mis en place pour ces patientes à risque génétique thèse mammaire. Les ponctions à visée diagnostique ne
(BRCA1, BRCA2) ou avec un risque familial évalué à plus sont pas toujours possibles, de peur de léser la prothèse.
de 30 % [126, 127]. Dans ces cas difficiles, la différenciation d'une complica-
Des protocoles d'examens IRM « rapides » ont été tion bénigne d'une récidive tumorale, y compris en cas de
étudiés, ne comprenant qu'une séquence 3D après injec- reconstruction par lambeau, peut être faite par l'IRM [12,
tion, avec reconstructions MIP (maximum intensity 26, 28, 129–131].
projection) de la séquence précoce après injection. Une L'IRM peut être indiquée en cas de complications
spécificité et une sensibilité superposables à un examen bénignes précoces, dominées par la suspicion d'infection
IRM standard sont retrouvées par des lecteurs expéri- devant une inflammation clinique, sur prothèse (fig. 36.52)
mentés [128]. ou sur lambeau, à différencier des remaniements aigus de
cytostéatonécrose (fig. 36.53).
Bilan des complications des prothèses Au stade chronique, l'IRM est très performante en cas de
suspicion de rupture dans la différenciation des granulomes
et reconstructions mammaires réactionnels chroniques ou « siliconomes », secondaires à
Les prothèses mammaires, à contenu hydrique ou surtout une fuite ou rupture prothétique (fig. 36.54), à distinguer
en silicone, sont utilisées de plus en plus fréquemment à

c e
Fig.  36.52 Patiente avec prothèses de silicone bilatérales (mammectomie préventive) et douleurs postopératoires droites. (a, b)
Séquences axiales T1 et STIR. Minime collection périprothétique droite. (c, d) Séquences avec visualisation du silicone et saturation de silicone.
Collection séreuse, sans silicone. (e) Séquence T1 soustraite après injection de gadolinium. Prise de contraste périprothétique : inflammation avec
suspicion clinique de surinfection, confirmée après dépose de la prothèse.
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante    635

a b c

d e

Fig.  36.53 Cytostéatonécrose après


reconstruction par lambeau DIEP
(deep inferior epigastric perforator)
du sein gauche. Inflammation clinique
et aspects mammographiques (a, b)
6  mois après la reconstruction  : épais-
sissement cutané et masse hétérogène
en regard des clips (flèches bleues),
peu dense en raison de la composante
graisseuse prédominante. L'IRM (c–e)
retrouve des collections hétérogènes
des quadrants internes gauches (flèches
rouges) de nature graisseuse, en hyper-
signal T1 (c), avec une saturation hété-
rogène du signal en T2 STIR (d), sans
rehaussement suspect après injection
(e). Trois ans après la reconstruction : ces
collections ont diminué de taille, avec
aspect de kystes graisseux à la mammo-
graphie (f, g), en hypersignal T1 à l'IRM
(i), et saturation du signal en T2 STIR (h).

a b c d
Fig. 36.54 Granulome réactionnel – « siliconome ». Palpation d'un nodule au bord inférieur de la prothèse chez une patiente suivie pour un
cancer du sein traité par mammectomie et reconstruction par prothèse. Le nodule palpé correspond à une lésion échogène homogène au contact
du bord inférieur de la prothèse (a). L'IRM est réalisée avant la biopsie pour préciser les rapports et la nature de la lésion avec la prothèse : aspect de
« hernie » de la prothèse de silicone en hypersignal équivalent à la prothèse en T2 STIR (b), sans rupture, avec fibrose réactionnelle ne se rehaussant
pas après injection de gadolinium (c). Aspect peropératoire de hernie de silicone (flèche) chez une autre patiente (d). (Remerciements A. Fitoussi.)
636   Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique

des dépôts de silicone libre injectés chez certaines patientes l'eau et de la graisse) (fig. 36.56 et 36.57) [25]. L'IRM fera éga-
(Asie du Sud-Est, Brésil, etc.) (fig. 36.55). lement le diagnostic d'infiltration de silicone des ganglions
D'un point de vue technique, l'adjonction de séquences en axillaires ou des chaînes mammaires internes (fig. 36.58).
haute résolution, spécifiques au silicone permettra le diagnos- L'injection de produit de contraste est toujours néces-
tic de microruptures grâce à ces séquences de saturation de saire afin de ne pas méconnaître une lésion maligne
silicone et de « visualisation » du silicone (avec saturation de associée (fig. 36.59 à 36.62) [132]. En cas de traitement

a b

c d

e f

g h

i
Fig. 36.55 Patiente d'origine asiatique présentant des antécédents de prothèses mammaires posées à visée esthétique avec injection
complémentaire de silicone libre. La mammographie de dépistage retrouve des opacités denses, floues en périphérie des prothèses (a, b).
L'échographie est peu contributive devant des lésions nodulaires échogènes disséminées, atténuantes, adjacentes à la prothèse (c, d). L'IRM
complémentaire retrouve un signal spécifique de silicone au niveau de ces nodules et masses périprothétiques en hyposignal T1 (e), hypersignal
T2 STIR, avec saturation du signal de la prothèse en saturation spécifique de silicone (g), hypersignal des plages de silicone et de la prothèse sur la
séquence de visualisation du silicone (ou « silicone only ») (h), sans rehaussement suspect après injection de gadolinium (i).
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante    637

T2 STIR
a b

a b

c d
Fig.  36.56 Microfissures prothétiques  : contrôle IRM d'une
patiente porteuse de prothèses posées 7  ans auparavant. Les
séquences T1 et T2 STIR retrouvent un aspect irrégulier et discrètement
hétérogène de la paroi postérieure de la prothèse (a, b). Les séquences
spécifiques de silicone mettent en évidence de minimes extravasations c
postérieures du silicone à travers la paroi prothétique sur la séquence
de visualisation du silicone (c), et de petites pénétrations du liquide Fig.  36.57 Rupture intracapsulaire de prothèse PIP®. La paroi
séreux périprothétique dans la prothèse sur la séquence de saturation prothétique rompue est bien visible sur la séquence T2 STIR, avec
du silicone (d). de multiples solutions de continuité (a). Le contenu prothétique est
hétérogène avec de multiples hypersignaux liquidiens mélangés au
silicone dans la prothèse sur la séquence de saturation de silicone (b).
L'explantation des prothèses confirme la rupture prothétique droite,
d'aspect hétérogène (c). La prothèse gauche est également rompue
(microfissures à l'IRM).

a b

c d e
Fig.  36.58 Prothèses rompues avec infiltration ganglionnaire  : prothèses bicompartimentales, avec un compartiment externe de
silicone, un compartiment interne contenant du sérum bien visible à droite. Le silicone est en hypersignal T2 STIR (a), en hyposignal T1
(c, d, séquences sagitales), avec un signal saturé sur la séquence de saturation de silicone (b) et bien visible sur la séquence de visualisation du
silicone (e), au niveau des ganglions mammaires internes droits (flèches bleues), des ganglions axillaires gauches (flèches rouges), de la prothèse
affaissée gauche et du compartiment externe de la prothèse droite. À gauche, la prothèse est rompue avec une enveloppe de silicone affaissée, le
contenu séreux ayant diffusé. Infiltration de silicone des ganglions axillaires gauches, témoignant de la rupture extracapsulaire. À droite : microfis-
sures capsulaires du compartiment prothétique externe, avec présence de silicone dans des adénomégalies de la chaîne mammaire interne droite.
638   Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique

a b

c d
Fig. 36.59 Récidive de cancer du sein : antécédents de cancer du sein droit traité par mammectomie avec reconstruction par prothèse,
mammectomie gauche prophylactique puis prothèse. Rétraction mammaire droite avec une opacité rétro-aréolaire à la mammographie (a,
incidence oblique droite et son agrandissement ; b, face droite et son agrandissement), avec une lésion rétractile se rehaussant de façon intense à
l'IRM (c, axiale T2 STIR et d, axiale T1 soustraction après gadolinium) ; petit ganglion externe droit irrégulier après injection, suspect (flèches jaunes).

a b

c d e
Fig. 36.60 Surveillance IRM chez une patiente présentant des antécédents de cancer du sein bilatéral, traité par mammectomie bila-
térale, reconstruction par lambeau DIEP à droite, lambeau de grand dorsal et prothèse à gauche. L'examen clinique est sans particularité.
Mise en évidence d'une prise de contraste nodulaire (flèches) suspecte après injection de gadolinium. Axiale T1 (a), T2 STIR (b), axiale et sagittale T1
soustraction après gadolinium (c, d). L'échographie de second look retrouve une lésion pseudonodulaire superficielle du quadrant supéro-externe
gauche (flèches en e) qui est biopsiée : récidive de carcinome infiltrant.
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante    639

a b c

d e f h
Fig.  36.61 Récidive sur prothèse après mammectomie  : patiente avec un cancer du sein traité 6  ans auparavant. Petite induration
cutanée du quadrant supéro-externe droit sans traduction sur le bilan sénologique initial. L'IRM mammaire retrouve une minime prise de contraste
nodulaire de 3 mm (flèches bleues). Axiale T1 (a), axiale T1 soustraction après gadolinium (b), axiale MIP après gadolinium (c), sagittale T1 avant (e)
et après soustraction et gadolinium (d), correspondant à un micronodule retrouvé rétrospectivement sur l'échographie dirigée (g, h, flèches rouges)
et à la mammographie (f, profil droit).

b d e

a c f g
Fig. 36.62 Récidive de cancer du sein. Découverte d'un petit foyer de microcalcifications sur une mammographie de contrôle chez une patiente
suivie pour un cancer du sein traité de façon conservatrice, avec mise en place d'une prothèse. (a, b) L'échographie retrouve une petite masse vas-
cularisée (c). L'IRM confirme l'unifocalité de la lésion et son caractère suspect avec un rehaussement en plateau (flèches bleues) (d–g) L'histologie
confirme la récidive tumorale.
conservateur, des prises de contraste bénignes en « foci » et la clinique étaient négatives a été rapportée avec les
peuvent être observés dans la glande restante, avec régres- premières études de bilan étiologique d'adénopathies axil-
sion ou stabilité des images sur les surveillances IRM suc- laires métastatiques. De 75 à 80 % de lésions mammaires
cessives (fig. 36.63). à l'origine d'adénopathies axillaires secondaires ont été
La connaissance des différents types de reconstructions retrouvées, parfois avec une lésion primitive mammaire
mammaires, parfois complexes car associant plusieurs tech- volumineuse non diagnostiquée par la clinique et les
niques de reconstruction, est très utile pour une surveillance autres méthodes d'imagerie [134, 135] (fig.  36.66). Les
IRM optimale, pour différencier les complications bénignes seins denses en mammographie, dystrophiques ou « mas-
habituelles des récidives potentielles [57, 133] (fig. 36.64 et tosiques » sont souvent à l'origine de ces faux négatifs. Un
36.65). bilan systématique d'évaluation par IRM est alors à discu-
ter afin d'adapter la stratégie thérapeutique : l'extension
Bilan étiologique d'adénopathies ganglionnaire correspondant à un stade avancé, la mam-
mectomie habituellement proposée en l'absence de tumeur
axillaires métastatiques initiale diagnostiquée pourra être remplacée par un traite-
La sensibilité supérieure de l'IRM dans le diagnostic de ment conservateur dans la mesure du possible, mieux vécu
cancer du sein lorsque la mammographie, l'échographie bien sûr par la patiente.
640   Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique

a b c e

g h
Fig. 36.63 Prise de contraste résolutive. Surveillance mammo-IRM après traitement conservateur d'un cancer du sein gauche, avec reconstruc-
tion par prothèse. Présence de microcalcifications douteuses sur le dernier contrôle mammographique (a, b ; flèche en b). Rehaussement focal
non masse rétro-aréolaire gauche suspect (c, d, flèche, sagittale et axiale après soustraction et gadolinium), avec une courbe de rehaussement en
plateau (e). L'échographie de second look retrouve de façon non formelle une zone qui est biopsiée, négative. Décision de contrôle IRM à 4 mois :
régression de la prise de contraste (f : axiale T2 STIR ; g, h : axiale et sagittale T1 avec soustraction après gadolinium).
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante    641

a b

c d e

f g

Fig. 36.64 Différentes reconstructions par lambeaux autologues. (a, b) Grand dorsal droit : visualisation du muscle grand dorsal transposé
(flèche) sur ces séquences T1 sagittale et axiale. (c, d) Lambeau abdominal DIEP : visualisation du fin liseré correspondant à l'interface entre le
lambeau et le tissu résiduel sous-cutané après mammectomie (flèches, séquences axiale et sagittale T1). (e) Lambeau fessier gauche après mam-
mectomie avec conservation de la plaque aréolo-mamelonnaire (séquence T1 axiale). (f, g) Grand dorsal gauche et prothèse : visualisation du
muscle en avant de la prothèse (flèche, séquences axiale et sagittale T1).

a b

c d
Fig. 36.65 Mammectomie bilatérale avec reconstruction bilatérale complexe : reconstruction droite par lambeau de grand dorsal, pro-
thèse et lipofilling ; reconstruction gauche par DIEP, prothèse et lipofilling. La surveillance par mammographie est rendue difficile par l'asso-
ciation des différentes techniques de reconstruction (cicatrices éventuelles de lambeau, prothèses), mais aussi par l'apparition de microcalcifications
fréquentes en cas de lipofilling (a, b : mammographie obliques droite et gauche et agrandissement, flèches en b). La surveillance IRM est alors la
technique d'imagerie de choix pour la surveillance de ces reconstructions complexes, ici sans prise de contraste suspecte retrouvée ; on retrouve
la prise de contraste habituelle des tissus musculaires du lambeau dorsal (c : sagittales T1, d : sagittales T1 avec soustraction après gadolinium.
642   Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique

a b
Fig. 36.66 Métastases ganglionnaires axillaires (région axillaire d'une mammographie oblique gauche, flèches en a) sans lésion pri-
mitive retrouvée à l'examen clinique, à la mammographie ou l'échographie. Lésion rétro-aréolaire gauche de 25 mm à la mammectomie,
correspondant à l'IRM (flèches en b, axiale T1 avec soustraction après gadolinium).

2007 2009

a b

d e f
Fig.  36.67 Apparition de microcalcifications en regard de la cicatrice postopératoire para-aréolaire d'un carcinome in situ sur la
mammographie de surveillance (a–c, flèches, agrandissements des mammographies de face de 2007 et 2009). L'IRM réalisée retrouve
de petites prises de contraste punctiformes, correspondant aux zones de microcalcifications, avec une courbe de rehaussement progressive (d–f,
flèches, axiale T1 avec soustractions après gadolinium). Malgré un rehaussement progressif, cet aspect reste suspect compte tenu de la morpholo-
gie du rehaussement, au sein de remaniements fibreux post-thérapeutiques : récidive de carcinome in situ à la biopsie.

Évaluation de microcalcifications conservatrice. Les récidives tumorales se présentent parfois


suspectes sous la forme de microcalcifications difficiles à différencier
de microcalcifications dystrophiques post-thérapeutiques
L'IRM aurait une sensibilité diagnostique de 70 %, mais avec banales [11, 64, 137] (fig. 36.67).
une spécificité de 72 % pour le diagnostic de carcinome in
situ [66, 67, 71, 136]. L'IRM peut être envisagée comme un
examen complémentaire afin de préciser des microcalcifica-
tions atypiques, parfois étendues, afin d'affiner la décision
Évaluation de l'efficacité thérapeutique
du contrôle histologique par rapport à la surveillance, ou de la chimiothérapie préopératoire
pour une meilleure localisation de zones suspectes à véri- Les tumeurs à un stade avancé bénéficient d'une chimiothé-
fier histologiquement. Le repérage ou la biopsie seulement rapie préopératoire dans le double but de régression tumorale
de ces zones suspectes diagnostiquées à l'IRM se discutera et d'éviter ainsi une mammectomie. L'évaluation convention-
alors. En cas de carcinome in situ avéré, l'IRM permettra un nelle de la réponse tumorale à la chimiothérapie est au mieux
meilleur bilan d'extension par rapport à la mammographie, effectuée par l'imagerie, mais appréciée au final par l'anato-
en raison d'une meilleure corrélation à l'anatomopathologie mopathologie. Les dernières études effectuées montrent que
[70], avec une IRM indiquée en cas de seins denses, dystro- l'IRM mammaire est la technique qui apprécie le mieux la
phiques, de patiente à risque (voir fig. 36.17). taille de la tumeur résiduelle après chimiothérapie, et permet
L'IRM est l'examen de choix dans le diagnostic des d'évaluer le pronostic en quantifiant la réduction tumorale
récidives mammaires après cancer du sein traité de façon sous chimiothérapie [138–143] (fig. 36.68).
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante    643

a b

c d

e f

g Fig.  36.68 Carcinome infiltrant du


h quadrant supéro-externe droit avec
volumineuse adénopathie axillaire
métastatique (flèche). a) T2 STIR. b)
Diffusion à b1000. c) Axiale T1. d) Courbe
de rehaussement après injection de gado-
linium. e, f) Axiale et sagittale MIP avec
soustraction après gadolinium), avec un
rehaussement ganglionnaire après injec-
tion moins intense que le rehaussement
tumoral (d). Régression tumorale et de
l'adénopathie axillaire après 4  cures de
chimiothérapie (g, h, flèches, axiale et
sagittale avec soustraction après gadoli-
nium), avec une courbe de rehaussement
devenue progressive, avec un rehausse-
i j ment moins intense (i, j).
644   Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique

On rappellera que les prises de contraste en foci seront De même, une discordance radioclinique devra être
plus douteuses chez des patientes sous tamoxifène par rap- précisée par l'IRM, en particulier en cas d'examen clinique
port aux inhibiteurs de l'aromatase [74, 144]. suspect, contrastant avec un bilan sénologique négatif
(recommandations de l'HAS [63]) (fig. 36.71).
Exploration des bilans sénologiques
douteux (ACR 3, ACR 4 faible)
Un bilan sénologique classé ACR 3 nécessite un contrôle à Lésions infracliniques diagnostiquées
distance dans les 4 à 6 mois, selon la classification BI-RADS à l'IRM : repérages et biopsies sous IRM
de l'ACR. Cette surveillance à distance est souvent anxio- L'IRM s'est avérée très sensible dans l'exploration mam-
gène pour la patiente. Les dernières études démontrent maire, avec mise en évidence de nombreuses lésions infra-
l'intérêt de l'IRM en cas d'ACR 3, permettant de surseoir au cliniques et infraradiologiques. Ces lésions peuvent rester
contrôle à distance en reclassant les bilans sénologiques en occultes même après examen rétrospectif clinique, mam-
ACR 2, tout en permettant d'éliminer de façon fiable une mographique ou échographique.
lésion maligne [145–151] (fig. 36.69 et 36.70). La propor- La difficulté est de confirmer la nature histologique
tion d'examens invasifs ou anxiogènes (échographie de de ces lésions et l'abord chirurgical ne peut être envisagé
second look, biopsie sous échographie, macrobiopsie sous qu'avec un repérage stéréotaxique au préalable, comme en
IRM, etc.) n'est pas augmentée. Par ailleurs, en cas de lésion mammographie. En effet, le repérage en IRM mammaire
suspecte finalement diagnostiquée à l'IRM, il n'y a pas de paraît impératif, la localisation en IRM d'une lésion étant
retard à la prise en charge thérapeutique. en rapport avec la position particulière de la patiente

a b

c
Fig. 36.69 Doute à la mammographie sur un surcroît de la région cicatricielle supéro-externe droite chez une patiente présentant des
antécédents de cancer du sein droit traité il y a 5 ans (a, b, mammographie face, oblique). Échographie non spécifique. L'IRM effectuée
ne retrouve pas de rehaussement suspect supéro-externe, mais une prise de contraste supéro-interne correspondant à une récidive retrouvée à
l'échographie de second look (c, flèche, axiale T1 avec soustraction et gadolinium).
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante    645

a b

c d e
Fig. 36.70 Doute sur un surcroît d'opacité nodulaire spiculé du quadrant supéro-externe gauche, visible surtout de face, persistant
en compression localisée (flèches rouges). a–d) Mammographie bilatérale face, oblique, incidence de face avec compression localisée, sans
traduction échographique. Pas de lésion suspecte à l'IRM (e, axiale T1 avec soustraction et injection de gadolinium) : examen reclassé ACR 2.

2012

a.

2014

b.
Fig.  36.71 Surveillance mammographique chez une patiente de 58  ans, sans antécédents particuliers. Seins très denses, masto-
siques avec une induration des quadrants inféro-externes gauches connue inchangée depuis 2 ans (mammographie bilatérale face
et oblique en 2012, a, et 2014, b, flèches), sans traduction échographique. Bilan IRM demandé devant la discordance radioclinique : prises
de contraste étagées inféro-externes droites
646   Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique

c. f

d.

e.
Fig. 36.71 Suite. (c–e) : trois plans de coupes axiales T1 avec soustraction et gadolinium, étagées des quadrants inférieurs des seins) correspon-
dant à l'induration, avec une courbe de rehaussement en plateau (f) : carcinome canalaire infiltrant étendu à la biopsie étagée de l'induration.

pendant l'examen, c'est-à-dire en procubitus. Des modi- cas [80]. En revanche, elle sera plus fréquemment proposée
fications importantes de topographie lésionnelle appa- chez des patientes à haut risque de cancer du sein, génétique
raissent lorsque la patiente est mise en décubitus, lors ou familial [79, 111].
d'un examen échographique ou en peropératoire. Compte tenu du nombre finalement peu important de
Un repérage précis s'avère nécessaire pour une approche ces procédures et de leur coût (consommables non ferroma-
chirurgicale diagnostique la plus conservatrice possible, afin gnétiques, temps d'immobilisation de l'IRM de 45 minutes à
de ne pas avoir à effectuer une quadrantectomie excessive et 1 heure 30), ces biopsies sous IRM sont actuellement orien-
de longs diagnostics extemporanés peropératoires. tées vers des centres dédiés.
Des dispositifs biopsiques dédiés ont été développés et Une modification essentielle de l'attitude thérapeutique
sont maintenant disponibles, même à 3 T, pour des procé- peut en découler, en particulier dans le cadre des ­dépistages
dures nécessitant cependant entre 1 et 2 heures de temps de patientes à risque, lors de découvertes de lésions sus-
machine [152–157]. pectes multifocales (voir fig. 36.17, 36.22, 36.36, 36.47 et
La biopsie sous IRM, malgré son caractère invasif, doit 36.48) [55, 114].
être considérée comme un outil diagnostic indissociable de En revanche, près de 60 % des macrobiopsies de lésions
l'IRM mammaire. Elle est discutée lorsque l'échographie suspectes à l'IRM correspondent finalement à des lésions
de second look d'une lésion suspecte à l'IRM est négative, bénignes [158], permettant de reprendre une surveil-
lorsque la RCP n'a pas opté pour une surveillance rap- lance habituelle (fig.  36.72), tandis qu'un diagnostic de
prochée par IRM, compte tenu de la régression connue lésion maligne permettra une prise en charge adaptée, non
des prises de contraste spontanée dans les deux tiers des retardée.
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante    647

a b c

clip

d h g f
Fig. 36.72 Rehaussement focal non masse. Patiente de 48 ans, surveillée en IRM en raison de seins très denses, avec des antécédents familiaux
de lésion mammaire (sœur à l'âge de 32 ans, mère à 50 ans). Prise de contraste isolée du sein droit en 2011 (axiale T2 STIR, a ; axiale T1 avec
soustraction et injection de gadolinium, b), sans traduction mammographique ou échographique, avec une courbe de rehaussement en plateau
suspecte (c). Une biopsie sous IRM (d : différentes étapes du repérage et de la biopsie du rehaussement non-masse avec contrôle du clip largué en
fin de procédure) conclut à un foyer de mastose fibreuse, sans atypies. Contrôle mammographique (e, f : clip visualisé), échographique (g) et IRM
en 2015 (h, axiale T1 avec soustraction et gadolinium), avec une persistance inchangée de la prise de contraste.

Plan d'interprétation a. T1 et T2 : pas d'anomalie de signal


La valeur prédictive négative (VPN) est importante.
En pratique courante, nous avons opté pour ce protocole ■ En cas de suspicion de récidive dans le sein traité :
d'examen « standard » , d'une durée de moins de 20 minutes : – tenir compte de prises de contraste modérées (< 30 %)
■ axiale STIR (coupes de 3 mm) ou acquisition 3D EG T2 avec dans les zones fibreuses cicatricielles, pouvant cor-
saturation de graisse, coupes de 1,2 mm, voxel isotropique ; respondre à des récidives sur fibrose, de sémiologie
■ sagittale TSE T1 ; moins caractéristique ;
■ axiales de diffusion (b 50–1000) ; – reprise de la surveillance habituelle.
■ acquisition volumique 3D EG T1 après injection dyna- ■ Pour éliminer une lésion infiltrante canalaire :
mique, avec 6 répétitions de moins de 1 minute, soustrac- – en cas de bilan d'extension d'une lésion tumorale
tion des séquences après et avant injection. (seins denses, dystrophiques, etc.) ;
Des séquences spécifiques « silicones » seront ajoutées en – surveillance de patientes à risque ;
cas de complication prothétique suspectée ou retrouvée sur – en cas de discordance radioclinique ;
les premières séquences T1 et T2 du protocole standard. – bilan mammographie ou échographie classé ACR 3.
La séquence de diffusion sera également réalisée devant ■ En cas de suspicion ou de bilan d'extension d'un
une lésion douteuse de plus de 5 mm. Elle peut être réalisée carcinome lobulaire, la valeur prédictive est moins
et interprétée après injection. importante :
De façon schématique, le plan d'interprétation suivant – 68 % pour le sein suspect ;
peut être proposé pour les séquences soustraites après – 4 % de lésion controlatérale [119].
injection. Si le bilan mammographique ou échographique reste
1. Pas de prise de contraste suspecte douteux (surcroît d'opacité, microcalcifications, etc.), un
Vérifier que le produit de contraste a bien été injecté contrôle histologique reste à discuter, en alternative d'une
(masse cardiaque opacifiée). surveillance radiologique étroite.
648   Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique

■ Bilan de microcalcifications : ■ Hypersignal T2 modéré, arguments morphologiques et


– on élimine une lésion infiltrante et la possibilité d'un de rehaussement péjoratifs : échographie de second look
carcinome in situ dans 70 % des cas ; et contrôle histologique impératif.
– se discute alors la surveillance de ces microcalcifica- 3. La classification BI-RADS IRM
tions ou un contrôle histologique de principe, en par- Au terme de l'interprétion de l'examen IRM, une conclu-
ticulier chez les patientes à risque génétique BRCA1-2, sion avec une conduite à tenir sera préconisée, fondée sur
ou familial important. la classification BI-RADS-IRM de l'American College of
b. Hypersignal T2, hyposignal T1 Radiology [59].
■ Dystrophie kystique sans signes de malignité. Arguments de malignité
■ Œdème, post-thérapeutique cicatriciel. ■ Pour une « masse » :
■ Fibroadénomes involués ou kystes à contenu épais, pro- – contours irréguliers ;
téiques avec un hypersignal T2 modéré. – forme spiculée ;
c. Hyposignal T1 et T2 – aspect en cible (« ring sign ») ;
■ Lésion fibreuse, cicatricielle : tenir compte d'un faible – hétérogène ;
rehaussement (< 30 %) en cas de fibrose postradique : une – courbe de rehaussement avec wash-out.
récidive pourra avoir un rehaussement faible, atypique en ■ Pour une « non-masse » :
raison de l'absence d'angiogenèse tumorale habituelle. – aspect « branché », linéaire ou segmentaire du
■ Fibroadénome en involution, voire calcifié. rehaussement ;
2. Il existe une prise de contraste – rehaussement hétérogène micronodulaire.
Recherche d'arguments péjoratifs du rehaussement : ils ■ ACR 1-2 : bilan négatif, bénin.
seront prépondérants dans le diagnostic IRM : ■ ACR 3 : surveillance IRM à discuter (4 mois).
■ intensité (> 30  % ?) ; tenir compte d'un rehaussement ■ ACR 4 : biopsie recommandée (sous échographie si une
modéré de la région cicatricielle ; cible est retrouvée à l'échographie dirigée de « second
■ contours et forme (irréguliers, annulaires, canalaires, en look », stérotaxique ou sous IRM).
direction vers le mamelon, etc.) ; ■ ACR 5 : anomalie hautement suspecte de malignité ; une
■ courbe de rehaussement (plateau, wash-out) ; histologie bénigne sera considérée comme non contri-
■ dans un sein traité : butive, avec de nouveaux bilans à prévoir (biopsie ou
– unique : œdème de la zone cicatricielle ? chirurgie).
– unique ou prises de contraste peu nombreuses : sus- ■ ACR 6 : lésion maligne prouvée ; bilan demandé dans le
pect car rehaussements de mastopathie bénigne rares. cadre d'un bilan d'extension, avec une évaluation sous
■ dans un sein controlatéral : chimiothérapie.
– unique ou peu nombreuses : suspectes, échographies Une classification BI-RADS globale est ensuite impéra-
de second look ; tive en tenant compte des données de l'ensemble du bilan
– prises de contraste nombreuses : rehaussements de d'imagerie sénologique (examen clinique, mammographie,
mastopathie bénigne (prises de contraste multiples échographie, voire PET).
« non masse », nodulaires, de 5 mm environ, en zone
glandulaire, etc.).
a. Pas de traduction en T1 ou T2 : rehaussement « non `` Conclusion
masse »
■ Mastopathie bénigne (âge, préménopause ou traitement La mammographie reste l'examen de base dans l'explora-
hormonal de substitution) : tion sénologique. Sa précision, la facilité de réalisation de
– prises de contraste « non masse », nodulaires, de 5 mm l'examen et la reproductibilité des images qu'elle donne
environ, en zone glandulaire, bilatérales plus ou moins du contenu mammaire en font l'investigation de choix
symétriques, en « cadre », etc. ; pour le dépistage, le diagnostic et la surveillance de lésions
– pas de zone « cible » véritable pour orienter une écho- mammaires.
graphie de second look ; Comme pour toute exploration radiologique, l'IRM
– la surveillance radioclinique et IRM sera indiquée, à mammaire ne peut prétendre à une fiabilité absolue et son
moduler selon le contexte (patiente à risque, cancer du efficacité diagnostique reste étroitement liée à ses conditions
sein traité, etc.). de réalisation et d'interprétation.
■ Douteux– caractères péjoratifs du rehaussement : écho- L'IRM du sein devient un examen primordial dans
graphie de second look, dirigée, orientée par l'IRM, l'exploration mammaire en palliant, malgré son coût et son
contrôle histologique à envisager (voir ci-dessous). accessibilité, les limites des autres méthodes d'imagerie. Elle
b. Lésion en hypersignal T2, hyposignal T1 : rehausse- se conçoit comme un examen complémentaire des autres
ment « masse » techniques d'imagerie du sein en cas de doute clinique ou
■ Hypersignal T2 intense, lésion nodulaire régulière, bien radiologique ou pour un meilleur bilan d'extension. De
limitée, infracentimérique  : ganglion (encoche ou un nouvelles indications apparaissent, et il paraît impératif de
aspect réniforme), ou fibroadénome floride. bien connaître la sémiologie IRM des lésions malignes et
■ Hypersignal T2 hétérogène, lésion ovalaire parfois volu- surtout les diagnostics différentiels pour affiner et adapter
mineuse, cloisons internes en hyposignal T2 : fibroadé- la technique d'examen et diminuer ainsi les faux négatifs et
nome. L'échographie de second look retrouve la lésion. faux positifs de la méthode.
Chapitre 36. L'IRM mammaire en pratique courante    649

Actuellement, l'IRM est un examen de troisième inten- [11] Dao TH, Rahmouni A, Campana F, et al. Tumor recurrence versus
tion après la mammographie et l'échographie, réservée fibrosis in the irradiated breast : differentiation with dynamic gadoli-
aux problèmes diagnostiques, dans les cas où les méthodes nium-enhanced MR imaging. Radiology 1993 ; 187(3) : 751–5.
[12] Heywang SH, Hilbertz T, Beck R, et al. Gd-DTPA enhanced MR ima-
d'imagerie conventionnelles sont mises en défaut, avec un
ging of the breast in patients with postoperative scarring and silicon
impact majeur dans la prise en charge thérapeutique et pou- implants. J Comput Assist Tomogr 1990 ; 14(3) : 348–56.
vant parfois faire surseoir au contrôle histologique, aux sur- [13] Daniel BL, Yen YF, Glover GH, et al. Breast disease : dynamic spiral
veillances rapprochées. MR imaging. Radiology 1998 ; 209(2) : 499–509.
Les meilleures indications actuelles sont la surveillance [14] Fischer U, Kopka L, Grabbe E. Breast carcinoma : effect of preope-
des cancers traités avec une suspicion de récidive à l'examen rative contrast-enhanced MR imaging on the therapeutic approach.
clinique et/ou mammographique, le dépistage des patientes Radiology 1999 ; 213(3) : 881–8.
à risque familial ou génétique, le bilan préopératoire des can- [15] Kuhl CK, Schild HH, Morakkabati N. Dynamic bilateral contrast-
cers du sein en cas de seins denses, dystrophiques ou de carci- enhanced MR imaging of the breast : trade-off between spatial and
nome lobulaire, l'évaluation sous chimiothérapie des cancers à temporal resolution. Radiology 2005 ; 236(3) : 789–800.
[16] Uematsu T, Kasami M. High-spatial-resolution 3-T breast MRI of non-
un stade avancé, la recherche de complications des prothèses
masslike enhancement lesions : an analysis of their features as significant
mammaires. predictors of malignancy. AJR Am J Roentgenol 2012 ; 198(5) : 1223–30.
L'IRM est maintenant proposée de plus en plus fré- [17] Yeh ED, Georgian-Smith D, Raza S, et al. Positioning in breast MR
quemment dans le bilan de lésions douteuses classées imaging to optimize image quality. Radiographics 2014 ; 34(1) : E1–17.
ACR 3 voire ACR 4 afin d'orienter le diagnostic de façon [18] Clauser P, Pinker K, Helbich TH, et al. Fat saturation in dynamic
plus précise et plus rapide chez des patientes anxieuses, qui breast MRI at 3 Tesla : is the Dixon technique superior to spectral fat
considèrent le contrôle rapproché à 4 à 6 mois trop pénible saturation ? A visual grading characteristics study. Eur Radiol 2014 ;
et anxiogène. 24(9) : 2213–9.
L'IRM est mise en cause devant une recrudescence de [19] de Bazelaire C, Pluvinage A, Chapelier M, et al. Diffusion-weighted
gestes diagnostiques supplémentaires (échographie de MR imaging of the breast. J Radiol 2010 ; 91(3 Pt 2) : 394–404.
[20] Peters NH, Vincken KL, van den Bosch MA, et al. Quantitative dif-
second look, etc.), lesquels permettent cependant de diag­
fusion weighted imaging for differentiation of benign and malignant
nostiquer entre 3 et 20 % de lésions malignes occultes. breast lesions : the influence of the choice of b-values. J Magn Reson
La prise en charge des cancers du sein associant l'IRM Imaging 2010 ; 31(5) : 1100–5.
dans ses indications validées est alors modifiée de façon [21] Woodhams R, Kakita S, Hata H, et al. Identification of residual breast
radicale dans près de 30 % des cas, avec des taux de mastec- carcinoma following neoadjuvant chemotherapy : diffusion-weighted
tomie effectivement plus fréquents. imaging--comparison with contrast-enhanced MR imaging and
Le pronostic à long terme de ces patientes ainsi prises pathologic findings. Radiology 2010 ; 254(2) : 357–66.
en charge sera donc à préciser, avec des bilans IRM parfois [22] Wisner DJ, Rogers N, Deshpande VS, et al. High-resolution diffu-
invasifs mais carcinologiquement exhaustifs. sion-weighted imaging for the separation of benign from malignant
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650   Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique

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Chapitre
37
Moelle osseuse de l'adulte
et IRM corps entier des
hémopathies
A. Rahmouni, P. Zerbib, C. Lin, S. Mulé, J.-L. Montazel, A. Luciani

PLAN DU CHAPITRE
Anatomie de la moelle osseuse. . . . . . . . . . . . . 653 Physiopathologie et moelle osseuse. . . . . . . . . 656
Moelle osseuse et IRM. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 653 Protocole d'exploration en IRM . . . . . . . . . . . . 657
Conversion de la moelle osseuse. . . . . . . . . . . . 654 Analyse du signal des infiltrations diffuses . . . 661
Physiologie et rôle fonctionnel Diagnostic différentiel d'une
de la moelle osseuse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 656 infiltration diffuse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 664
Reconversion de la moelle osseuse Lésions focales de myélome . . . . . . . . . . . . . . . 664
jaune en moelle rouge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 656 Lymphome . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 671
Conversion accélérée de la moelle osseuse. . . 656 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 677

Anatomie de la moelle osseuse Ce sont essentiellement les études anatomopathologiques


d'autopsie du début du XXe  siècle qui ont permis d'étu-
La moelle osseuse est définie comme le tissu remplissant les dier la composition de la moelle osseuse et son évolution
cavités osseuses du tissu osseux squelettique. Si l'organe est en fonction de l'âge [2, 3]. Deux types de moelle osseuse
défini par sa fonction, à savoir principalement la production peuvent être distingués selon leur couleur à la macroscopie
des cellules du sang, la moelle osseuse est l'organe principal (fig. 37.1) :
du corps (en dehors de l'os, des muscles et de la graisse) ; son ■ la moelle rouge dont la couleur vient de l'hémoglobine
poids est estimé à 4 à 5 % du poids corporel total [1]. des globules rouges et de leurs progéniteurs et dont le
La moelle osseuse contient deux composantes contenu en graisse est minoritaire, de l'ordre de 40 % ;
majoritaires :
■ adipocytes ;
■ cellules hématopoïétiques.
Elle contient aussi deux composantes minoritaires en
volume :
■ vaisseaux ;
■ stroma formé de fibres collagènes, cellules réticulaires,
macrophages et lymphocytes.

Moelle osseuse et IRM


Avant l'IRM, aucune technique d'imagerie n'était capable
de visualiser directement la moelle osseuse ; radiographies
osseuses et tomodensitométrie permettent essentiellement
de visualiser les travées et corticales osseuses. Indirectement,
les conséquences sur la minéralisation osseuse d'une lésion Fig. 37.1 Macroscopie de corps vertébraux d'un sujet de 25 ans.
de la moelle osseuse peuvent être détectées par rayons X : Moelle rouge (grande flèche) et moelle jaune riche en graisse (tête de
ostéocondensation liée à une stimulation de l'ostéoblas- flèche) ; la moelle jaune est préférentiellement localisée autour de la
tose (et/ou une inhibition de l'ostéoclastose) ou ostéolyse. veine centrobasilaire.
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
© 2017, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 653
654   Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique

■ la moelle jaune composée majoritairement de graisse ■ puis la conversion touche les diaphyses ;
(80 %) et dont la couleur provient des pigments caroté- ■ puis les métaphyses distales ;
noïdes des adipocytes. ■ puis les métaphyses proximales à l'adolescence.
Au niveau du squelette axial de l'adulte jeune, la moelle
jaune est localisée préférentiellement autour de la veine cen-
Conversion de la moelle osseuse trobasilaire des vertèbres (fig. 37.1). Au cours de la vie, le
phénomène de conversion se poursuit : le pourcentage de
Le processus de conversion de la moelle osseuse débute dès la moelle osseuse rouge est de l'ordre de 58 % dans la première
naissance. Ce processus de conversion de la moelle rouge en décennie, puis diminue à 29 % lors de la huitième décennie
moelle jaune survient selon un ordre particulier : la conver- du fait d'une augmentation des adipocytes [1–4].
sion débute au niveau des extrémités, mains et pieds, et des Le processus de conversion se fait de façon hétérogène
épiphyses, s'étendant du squelette périphérique appendicu- au niveau du squelette axial et des métaphyses avec des
laire au squelette central. Ainsi, les métaphyses fémorales et variations interindividuelles permettant difficilement de
humérales d'adultes jeunes (15 à 30 ans) peuvent contenir prédire l'âge à partir des données IRM (fig. 37.2) [4]. De
de la moelle rouge [2–4]. L'ordre est le suivant : plus, le squelette axial évolue différemment chez l'homme et
■ les noyaux épiphysaires, une fois ossifiés, contiennent la femme à l'âge adulte, avec une conversion graisseuse plus
rapidement de la moelle jaune ; accélérée chez la femme après la ménopause [5].

a c

b d
Fig. 37.2 Évolution de la répartition normale de la graisse avec l'âge. (a, b) Sujet normal de 17 ans. (a) Image pondérée en T1 coronale :
conversion graisseuse des épiphyses et des grands trochanters qui apparaissent en hypersignal T1 par rapport aux métaphyses. (b) Image pondérée
en T2 avec suppression de graisse : il existe un hyposignal intense des épiphyses et des grands trochanters ; persistance d'un petit îlot de moelle
osseuse rouge proche du ligament rond en discret hypersignal (flèche). (c, d) Sujet normal de 25 ans. (c) Image pondérée en T1 coronale : conver-
sion graisseuse plus accentuée que chez le sujet précédent, avec un hypersignal T1 plus marqué des régions métaphysaires en dehors d'un discret
hyposignal diffus des métaphyses en rapport avec les lignes de force calcifiées métaphysaires. (d) Image pondérée en T2 en suppression de graisse
montrant un hyposignal de la moelle osseuse. Il existe des variations interindividuelles pour des sujets du même âge.
Chapitre 37. Moelle osseuse de l'adulte et IRM corps entier des hémopathies    655

h
Fig. 37.2 Suite. (e-h) Sujet normal âgé de 65 ans. (e) Séquence pondérée en T1 du rachis montrant que le signal T1 est très nettement s­ upérieur à
celui des muscles et des disques avec une répartition hétérogène mais normale pour l'âge de la graisse au sein de la moelle osseuse. (f) La séquence
T2 avec suppression de graisse montre un hyposignal homogène identique à celui des muscles. (g) La séquence T1 du bassin montre un hypersignal
quasi homogène traduisant la conversion médullaire. (h) La séquence T2 avec suppression de graisse montre un hyposignal global de la moelle
osseuse identique ou inférieur à celui des muscles ; on note un hypersignal de la moelle osseuse au niveau de la partie supérieure de l'aile iliaque
gauche ainsi qu'au niveau du rachis (flèches) ; cet hypersignal T2 est artéfactuel et lié à une mauvaise saturation de la graisse en limite de champ
magnétique à la partie supérieure gauche du champ de vue.
656   Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique

Fig. 37.2 Suite. (i) Les images axiales d'écho planar diffusion à b faible (b = 50 s/mm2) ainsi que les images à b plus élevés (b = 800 s/mm2) (j)
(b = 800 s/mm2) (k) montrent que le signal de la moelle osseuse suit le signal de la graisse sous-cutanée avec un coefficient de diffusion apparent
très restreint sur la cartographie d'ADC mesuré à 0,3, ce qui est une valeur normale (l).

Physiologie et rôle fonctionnel phénomène de reconversion plus modéré ont été décrites,
notamment en cas d'anémie chronique par saignement,
de la moelle osseuse d'insuffisance cardiaque, de séjour prolongé en altitude, mais
La moelle osseuse est responsable de la formation des élé- aussi chez les sportifs, les fumeurs et les patients obèses.
ments figurés du sang à partir des cellules souches hémato-
poïétiques ; d'autres fonctions existent, mais les mécanismes
sont complexes ou mal connus, en particulier le rôle physio- Conversion accélérée de la moelle
logique de la graisse. osseuse
Dans certaines pathologies héréditaires, telles que les
hémoglobinopathies comme la drépanocytose, qui est une Le phénomène de conversion accélérée est essentielle-
anémie hémolytique, il existe une stimulation, depuis la ment entraîné par la radiothérapie [7] ; la radiothérapie
naissance, de la production des globules rouges entraînant peut entraîner une augmentation du signal en T1 et une
une absence de conversion ou un retard de conversion de conversion graisseuse quelques semaines après son début
la moelle osseuse ; chez les patients drépanocytaires homo- (fig. 37.6). L'intensité de la conversion graisseuse dépend de
zygotes les plus graves, une absence de conversion grais- la dose ; elle atteint généralement son maximum quelques
seuse, y compris épiphysaire, peut exister (fig. 37.3 et 37.4). mois après le début de la radiothérapie et persiste des années.
À noter que les patientes anorexiques peuvent présenter
une augmentation en graisse de la moelle osseuse par un
Reconversion de la moelle osseuse mécanisme de conversion accélérée [8]. Cependant, dans
des cas extrêmes de malnutrition, on observe une quasi-
jaune en moelle rouge absence de graisse dans la moelle osseuse avec une augmen-
La moelle osseuse peut changer de composition en cas d'aug- tation du contenu hydrique de la moelle osseuse [9].
mentation de l'hématopoïèse au cours de la vie ; dans ce cas,
le contenu en graisse de la moelle osseuse s'amenuise (le
phénomène de reconversion va du squelette axial au sque- Physiopathologie et moelle
lette périphérique). Les causes de reconversion comprennent osseuse
l'ensemble des causes induisant l'augmentation de la produc-
tion hématopoïétique, telles que les anémies hémolytiques En IRM, le raisonnement physiopathologique sera dans
(fig. 37.5), les prises d'érythropoïétine, notamment pour les un premier temps bicompartimental, prenant en compte le
patients en sortie d'aplasie médullaire (ou pour augmen- compartiment graisseux et le compartiment hydrique. Ainsi,
ter les capacités sportives) [6]. D'autres causes induisant un une diminution de la production des cellules hématopoïé-
Chapitre 37. Moelle osseuse de l'adulte et IRM corps entier des hémopathies    657

a a

b b
Fig.  37.3 Patiente de 40  ans drépanocytaire hétérozygote Fig. 37.4 Patiente de 30 ans drépanocytaire homozygote. (a) Image
n'ayant pas fait de complication osseuse de sa maladie. (a) Image pondérée en T1 coronale  : signal hétérogène de la moelle osseuse.
pondérée en T1 coronale du bassin : la conversion graisseuse des épi- Absence de conversion graisseuse des épiphyses fémorales et des grands
physes existe (hypersignal T1) mais est incomplète au niveau des épi- trochanters. (b) Image pondérée en T2 avec suppression de graisse : au
physes et des grands trochanters avec des zones en discret hyposignal niveau de la hanche gauche, le signal de la moelle osseuse est homo-
T1. (b) Image pondérée en T2 avec suppression de graisse montrant la gène en dehors des régions en hyposignal dont une linéaire métaphy-
baisse du signal dans les épiphyses mais l'absence d'hyposignal mar- saire correspondant à une zone en hyposignal sur la séquence T1 et
qué, ce qui démontre la persistance de moelle osseuse hématopoïé- donc à une zone d'ostéocondensation (flèches). Au niveau de la hanche
tique. L'hypersignal T1 épiphysaire est insuffisant pour l'âge : absence droite, on retrouve des hyposignaux en T1 correspondant à des zones
de conversion complète confirmée aussi par un signal T1 des diaphyses d'ostéocondensation. Au niveau de la hanche droite, il existe des hyper-
fémorales, inférieur à la graisse sous-cutanée avec en T2 un hypersi- signaux T2 intenses (têtes de flèche) au niveau de l'épiphyse, au niveau
gnal diaphysaire par rapport au muscle ; l'ensemble traduit la persis- du grand trochanter et au niveau de la diaphyse correspondant à des
tance de moelle osseuse hématopoïétique. Il s'agit donc d'un retard à zones d'ostéonécrose et d'infarctus osseux, complications fréquentes
la conversion de la moelle rouge lié à la maladie drépanocytaire. chez les patients drépanocytaires graves, surtout homozygotes.

tiques s'accompagne d'une augmentation des adipocytes. Protocole d'exploration en IRM


Une augmentation de la production des cellules hémato-
poïétiques s'accompagne d'une diminution des adipocytes. Séquences d'IRM
Plusieurs maladies peuvent toucher la moelle osseuse : en Les séquences d'IRM sur lesquelles se fondera l'analyse
cas de défaillance des cellules souches, il s'agit d'une ané- incluent des séquences d'écho de spin T1 permettant l'ana-
mie réfractaire ; en cas de prolifération non contrôlée, d'un lyse de la répartition de la graisse au sein de la moelle osseuse
syndrome myéloprolifératif. Une transformation néopla- et des séquences T2 avec suppression de graisse. Pour le
sique des cellules de la moelle osseuse est une hémopathie rachis, le plan est sagittal et coronal pour le thorax et bassin.
le plus souvent lymphoïde B ou plus rarement T : il s'agit ■ Les séquences T1 permettent un bon contraste eau-
du myélome (plasmocytes dérivés du lymphocyte B) et des graisse avec un temps de répétition adapté au champ
lymphomes. Comme pour les métastases, le retentissement magnétique plus faible à 1,5 T (< 500 ms) qu'à 3 T et un
sur le troisième compartiment osseux est variable : au diag­ temps d'écho le plus court possible (≤ 10 ms) ; le facteur
nostic, la lyse osseuse peut être indétectable ou au contraire multi-écho (ou turbo), qui diminue le temps d'acquisi-
proéminente ; une ostéocondensation peut aussi être pré- tion, doit être limité (maximum 3) afin de préserver au
sente plus rarement. mieux le contraste eau-graisse [10, 11].
658   Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique

a b

Fig. 37.5 IRM chez une patiente âgée de 45 ans réalisée dans le cadre du bilan
d'une spondylarthropathie. (a) Image sagittale pondérée en T1 du rachis entier
montrant que le signal de la moelle osseuse est proche de celui des disques, ce qui
fait suspecter une infiltration diffuse ou une hyperplasie médullaire. (b) Image sagit-
tale pondérée en T2 avec suppression de graisse montrant un hypersignal diffus de
la moelle osseuse par rapport aux muscles confirmant l'une de ces deux hypothèses.
(c, d) Les séquences T1 et T2 avec suppression de graisse axiales sur les têtes fémo-
rales montrent clairement l'existence d'un liseré sous-chondral bilatéral en hyposignal
T1 et hypersignal T2 (flèches). L'anomalie de signal sous-chondral est régulière, mesu-
rant de l'ordre de 7 mm d'épaisseur ; à l'interrogatoire, on apprend que la patiente
est suivie pour une maladie de Minkowski-Chauffard ou sphérocytose héréditaire
d responsable d'une hyperplasie médullaire chronique depuis l'enfance.

■ Les séquences T2 avec suppression de graisse permettent


d'analyser le signal de la moelle osseuse par rapport au
muscle. Elles peuvent être utilisées avec l'acquisition de
plusieurs lignes de Fourier par motif (facteur turbo de 10
à 20) [10, 12].
■ Ces séquences T1 et T2 avec suppression de graisse peuvent
être remplacées par des séquences T2 Dixon autorisant
quatre types d'images : une imagerie T2 où l'eau et la graisse
sont en phase ; une imagerie T2 où l'eau et la graisse sont
en opposition de phase ; puis par addition le calcul d'une
imagerie d'eau et par soustraction le calcul d'une imagerie
de graisse (fig. 37.7). Les séquences T2 Dixon permettent
donc d'obtenir une imagerie d'eau comparable à l'image-
rie T2 avec suppression de graisse ; leur avantage est d'être
moins sensibles aux inhomogénéités de champ magné-
tique, notamment pour les grands champs de vue ; l'image-
rie Dixon en « graisse » paraît relativement comparable aux
séquences en T1. Les séquences T2 Dixon sont plus longues
que les séquences T2 avec suppression de graisse (temps de
Fig. 37.6 Image sagittale T1 du rachis dorsolombaire d'un patient répétition multiplié par deux en moyenne). Leur principal
de 50 ans ayant bénéficié d'une radiothérapie du rachis dorsal avantage reste l'homogénéité de l'image ; fig. 37.7e, f).
2 ans auparavant. Hypersignal T1 intense de la zone de radiothérapie Pour toutes ces séquences, il ne faudra pas omettre de limi-
délimitée par les flèches. ter l'épaisseur de coupe à 5 mm voire 4 mm et d'adapter la
Chapitre 37. Moelle osseuse de l'adulte et IRM corps entier des hémopathies    659

matrice pour une résolution millimétrique dans le plan : si


le champ de vue est de 500 mm, une matrice de l'ordre de
512 × 300 sera utilisée. L'utilisation d'antennes en réseau
phasé (fig. 37.8) permettant un bon rapport signal/bruit auto-
rise à n'utiliser qu'une seule excitation ; l'utilisation de facteurs
d'accélération permet aussi de diminuer le temps d'acquisi-
tion compris entre 1 et 2 minutes pour chaque séquence.

Techniques d'IRM dites fonctionnelles


a b Ces techniques comprennent l'étude de l'angiogenèse par
injection dynamique de gadolinium en écho de gradient T1,
et l'imagerie de diffusion en écho planar permettant le calcul
du coefficient de diffusion apparent.
Après injection en bolus de gadolinium, les séquences
3D écho de gradient pondérées en T1 et avec suppression
de graisse sont couramment utilisées pour les tissus mous :
foie, reins, etc. Elles peuvent être appliquées à l'étude de la
moelle osseuse [5, 13, 14]. Ces séquences sont choisies en
écho de gradient pour diminuer le temps d'acquisition et
améliorer la pondération T1 avec un temps d'écho le plus
c d court possible (< 2 ms) ; elles sont en suppression de graisse ;
elles sont en 3D pour une meilleure résolution spatiale. La
durée de ces séquences dépend de la matrice et du nombre
de coupes nécessaires pour couvrir la région d'intérêt. Ces
séquences sont répétées sans pause. Les lésions hypervascu-
laires de la moelle osseuse, comme les nodules de myélome
avant traitement, ont un pic de rehaussement survenant 30
à 40 secondes après l'injection de gadolinium. Il est donc
important de maintenir la résolution temporelle à moins de
40 secondes environ ; les facteurs d'accélération utilisant les
antennes en réseau phasé sont utiles pour diminuer le temps
d'acquisition [10, 15] (fig. 37.9).

e f
Fig. 37.7 Sujet normal âgé de 40 ans. Image coronale en écho de
spin Turbo spin écho Dixon. (a) Image en phase obtenue quand les
protons d'eau et de graisse sont en phase. (b) Image en opposition de
phase acquise au cours de la même séquence que l'image en phase.
Les protons d'eau et de graisse sont en opposition de phase. Quand
la proportion protons d'eau et de graisse est égale, le signal tend à
s'annuler (flèche) ; ces régions correspondent à de la moelle osseuse
hématopoïétique normale. À partir de l'addition des deux images pré-
cédentes, est obtenue une imagerie dite en « eau » (c) montrant le
faible hypersignal de la zone de moelle osseuse hématopoïétique ou
« rouge » (flèche). (d) Imagerie de soustraction dite en « graisse » ; cette
image T2 Dixon de la graisse est comparable à une image en pondé-
ration T1 concernant la répartition au sein de la moelle osseuse. (e)
Image sagittale du rachis T2 avec suppression sélective de la graisse : la Fig. 37.8 Installation d'un patient pour un examen d'IRM corps
suppression en limite de champ de vue n'apparaît pas parfaite liée aux entier incluant les antennes postérieures en réseau phasé
inhomogénéités de champ magnétique à distance du centre de l'ai- incluses dans la table, les deux antennes corps antérieur avec
mant (flèche). (f) Image T2 Dixon en « eau » du rachis dorsolombaire : chacune six éléments et couvrant le tronc et les creux inguinaux,
la suppression de la graisse apparaît d'excellente qualité, permettant et les antennes crâne-cou et cou antérieur. Cette couverture d'an-
par exemple de distinguer les vaisseaux en hypersignal (flèche) au sein tennes en réseau phasé permet l'acquisition du crâne jusqu'au tiers
du tissu sous-cutané. supérieur des cuisses.
660   Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique

a b c

d
Fig. 37.9 Image avec suppression de graisse 3D – écho de gradient volumetric interpolated breath-hold examination (VIBE). (a) Ces
séquences sont en suppression sélective de la graisse. La matrice est adaptée au champ de vue pour permettre des voxels isotropiques de côté ici
égaux à 2 mm. L'incidence d'acquisition est coronale, la direction de phase antéropostérieure et la direction de fréquence droite-gauche. Chaque
palier a un champ de vue de l'ordre de 450 mm, permettant de diviser le corps en trois paliers coronaux. Chaque palier a une durée d'acquisition,
grâce à un facteur d'accélération élevé, de 12 secondes ; la durée totale d'acquisition compte tenu du déplacement de la table est de l'ordre
de 38 secondes. L'ensemble du volume tête-tronc inclus dans le champ de vue est couvert. Chaque acquisition corps entier de 38 secondes est
répétée après injection en bolus de chélates de gadolinium permettant d'obtenir un temps précoce artériel sur la deuxième image (b) et un temps
portal sur la troisième série (c), etc. Le rehaussement de la moelle osseuse (rachis et bassin) est homogène, peu intense et normal (homme de
55 ans). L'acquisition isotropique permet des reconstructions de qualité dans le plan sagittal au temps artériel (d) et dans le plan axial, sur le foie
et la rate par exemple, au temps portal (e).
Chapitre 37. Moelle osseuse de l'adulte et IRM corps entier des hémopathies    661

Les séquences de diffusion en écho planar sont, du 40  coupes au maximum) afin de faire l'acquisition au
fait de la conception des gradients, de meilleure qualité maximum au centre du champ magnétique principal pour
en incidence axiale. Il s'agit de séquences pondérées en éviter les artéfacts d'inhomogénéité [17]. Ces artéfacts pré-
T2. Elles ne permettent pas l'obtention d'images en haute dominent aux interfaces eau-graisse et sont accentués par
résolution spatiale puisque le temps d'écho dépend de la la respiration (fig. 37.10).
matrice. De façon à conserver un bon rapport signal/bruit,
le temps d'écho devra être de préférence inférieur à 60 ms,
correspondant généralement à des matrices en direction Imagerie dite « corps entier »
de phase de l'ordre de 100 à 128. La possibilité d'avoir de la moelle osseuse
des temps d'écho courts dépendra de la puissance et de la La recherche d'un myélome, avec infiltration diffuse et/ou
qualité des gradients ainsi que de l'utilisation de facteurs focale, est l'indication principale. L'exploration du squelette
d'accélération [16]. Ces séquences peuvent être utilisées axial comprend au minimum l'exploration de l'ensemble du
de deux façons : soit par l'application des trois gradients rachis et du bassin incluant les régions épiphyso-métaphy-
de direction de diffusion séparément (méthode classique), saires fémorales et le tiers supérieur des diaphyses [10, 18].
soit par l'application des trois gradients de diffusion simul- Il est préférable d'explorer aussi, même si le temps d'examen
tanément sur les dernières machines, permettant ainsi sera augmenté, l'extrémité supérieure des humérus et les
de diminuer le temps d'acquisition. Sans asservissement côtes.
respiratoire, sur une imagerie allant du crâne aux creux La durée de l'ensemble des séquences T1, T2 avec sup-
inguinaux, le temps d'acquisition avec l'acquisition simul- pression de graisse est de l'ordre de 15 à 20 minutes au
tanée des trois gradients est de l'ordre de 5 minutes (sans maximum. Pour le suivi et l'évaluation de la réponse au
asservissement respiratoire) ; cette séquence est conseillée traitement, les séquences fonctionnelles de perfusion et
plutôt pour l'imagerie de la moelle osseuse et du myélome. diffusion sont un complément indispensable : séquences
Dans l'imagerie des lymphomes, la méthode classique est dynamiques après injection en bolus de gadolinium réa-
utilisée, incluant l'asservissement respiratoire sur les creux lisées sur une période de 5 minutes (fig. 37.9) ; séquences
susclaviculaires, le thorax et l'abdomen supérieur [17]. Le de diffusion dont la durée d'acquisition est de l'ordre de
nombre de b est au minimum de deux, permettant d'obte- 5 minutes.
nir une imagerie T2 sans gradient de diffusion ou gradient
faible (b < 50 s/mm2), et une imagerie à b élevé compris
entre 800 et 1000 s/mm2 permettant, à partir de ces deux Analyse du signal
images, de calculer un coefficient de diffusion apparent. des infiltrations diffuses
L'épaisseur de coupe est de 5 mm. Pour l'exploration de
l'ensemble du tronc en incidence axiale, nous conseillons Les infiltrations diffuses tumorales de l'adulte ont pour pre-
d'utiliser un petit gradient de diffusion (b  20  s/mm 2 à mière étiologie les hémopathies. Les causes principales dans
b 50 s/mm2) plutôt qu'un b0 s/mm2 afin de supprimer le les hémopathies sont d'abord le myélome ; d'autres causes
signal du flux circulant au sein des vaisseaux [17]. Il est peuvent exister comme la leucémie et plus rarement les
indispensable de faire l'acquisition par station de l'ordre lymphomes. L'infiltration diffuse tumorale de cause métas-
de 20  cm de hauteur au maximum (soit par paquet de tatique est rare.

a b
Fig. 37.10 (a) Image en écho planar (EPI) avec gradients simultanés à b 800 s/mm2. Le signal du corps vertébral disparaît du fait des inhomogénéi-
tés de champ magnétique aux interfaces tissu-air ; cela est accentué quand la position de coupe est trop éloignée du centre du champ magnétique.
(b) Même séquence : artéfacts de respiration sur une interface tissu-air au niveau du creux susclaviculaire entraînant à la fois des artéfacts de
répétition et une mauvaise suppression de graisse. L'utilisation de séquences de diffusion nécessite d'être très attentif à ces deux points ainsi qu'à
la coopération du patient pour limiter l'amplitude des mouvements respiratoires ou d'utiliser un asservissement respiratoire.
662   Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique

Le diagnostic étiologique est essentiellement fondé sur la


biopsie médullaire (ou la ponction sternale). Le diagnostic
différentiel comprend essentiellement les infiltrations non
tumorales, à savoir en premier lieu l'hyperplasie médullaire
quelle que soit son origine, ou les infiltrations de surcharge
telle que l'amylose.

Signal T1
L'analyse du signal T1 et de la répartition de la graisse est
essentielle pour le diagnostic d'une infiltration diffuse.
Cela nécessite de connaître l'évolution avec l'âge du signal
T1 appelée conversion médullaire. La conversion médul-
laire avec l'âge a fait l'objet de nombreuses descriptions
[4] ; cependant, ces descriptions s'accordent sur le fait
qu'il existe des variations interindividuelles du contenu en
graisse des corps vertébraux ou du bassin pour un même
âge, avec certaines constantes, à savoir la conversion com-
plète des épiphyses et des apophyses chez l'adulte. Ainsi,
dans les infiltrations massives, l'existence d'hyposignaux
T1, notamment dans les régions sous-chondrales, est un
signe du diagnostic. Un autre signe le plus souvent retrouvé
en faveur d'une infiltration diffuse est l'existence d'un a c
signal T1 abaissé, proche du muscle ou du disque interver-
tébral (fig. 37.11).

Signal T2
Le signal T2 est augmenté, supérieur à celui du muscle en
cas d'infiltration graisseuse (fig. 37.11c).

Coefficient de diffusion apparent


Le coefficient de diffusion apparent mesuré à partir d'au
moins deux b, un faible, proche de 0 s/mm 2, et l'autre
élevé, ≥ 800 s/mm 2, montre que la moelle osseuse nor-
male a des valeurs (fonction des b choisis) de l'ordre de
0,3 à 0,4. Les patients avec infiltrations diffuses tumo-
rales présentent un ADC plus élevé (0,5 à 1) que celui
des sujets normaux, avec une valeur cut-off de l'ordre de
0,5 [19] ; une probable relation existe, même si elle n'est b
pas démontrée, entre l'augmentation du coefficient de Fig. 37.11 Patient âgé de 61 ans, présentant un myélome avec
diffusion apparent de la moelle osseuse et l'importance 50 % de plasmocytes à la ponction sternale. (a) Image sagittale T1
de l'infiltration (fig. 37.11d-g). sur le rachis montrant un signal abaissé par rapport à l'âge du patient
proche de celui du muscle. (b) Image T1 coronale sur le bassin mon-
trant des hyposignaux des régions épiphysaires fémorales. (c) Image
En cas d'infiltration médullaire sagittale T2 avec suppression de graisse montrant un signal des corps
Il existe dans le myélome une néoangiogenèse importante. vertébraux supérieur à celui des muscles.
Le myélome a été un des premiers cancers où les traitements
anti-angiogéniques (thalidomide) ont été introduits en tion entre l'importance du rehaussement au temps artériel et
1999 [20]. De nombreuses études ont retrouvé une corréla- l'importance de l'infiltration tumorale (fig. 37.12).
Chapitre 37. Moelle osseuse de l'adulte et IRM corps entier des hémopathies    663

d e

f g
Fig. 37.11 Suite. (d) Image d'écho planar diffusion à b 50 s/mm2, (e) b 400 s/mm2, (f) b 800 s/mm2 et (g) image de cartographie d'ADC : il existe
un hypersignal de la moelle osseuse à b 50 s/mm2, diminuant peu à b 800 s/mm2, restant en hypersignal par rapport à l'ensemble des autres
structures avec un coefficient de diffusion apparent mesuré à 0,7 dit restreint, mais moins restreint que le coefficient de diffusion apparent de la
moelle osseuse normale généralement compris entre 0,3 et 0,4 (voir fig. 37.2).

a b c d e f
Fig. 37.12 Patient âgé de 58 ans présentant un myélome avec à la ponction sternale 70 % de plasmocytes. (a) Image sagittale T1 mon-
trant une diminution du contenu en graisse par rapport à l'âge avec un hyposignal global. (b) Image écho de gradient 3D T1 dynamique avant
injection puis temps artériel (c) puis temps tardif (2 minutes) (d) après injection en bolus de gadolinium ; il existe une prise de contraste précoce
au temps artériel de l'ensemble de la moelle osseuse traduisant une angiogenèse avec un wash-out visible sur la séquence tardive (d). Cela est
confirmé par la courbe de rehaussement (e). (f) Image spin écho T1 après injection : l'absence d'injection dynamique ne permet pas d'apprécier la
néoangiogenèse induite par le myélome en comparant (f) et (a).
664   Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique

Diagnostic différentiel focales permettent donc d'évaluer la réponse en cours de


traitement compte tenu des difficultés pour différencier
d'une infiltration diffuse hyperplasie médullaire et infiltration tumorale résiduelle.
Les principaux diagnostics différentiels Les autres diagnostics différentiels d'infiltration diffuse
dans le cadre des hyperplasies médullaires incluent les
En pratique clinique de cancérologie, le principal diagnos-
hémoglobinopathies telles que la drépanocytose (fig. 37.3),
tic différentiel d'une infiltration diffuse est l'hyperplasie
ou les prises d'EPO.
médullaire. La conversion médullaire des jeunes adultes est
souvent incomplète au niveau du rachis. Ainsi, au niveau
du rachis, il est difficile de différencier un aspect de moelle Un diagnostic différentiel difficile
osseuse normale d'une infiltration médullaire chez un sujet Un diagnostic différentiel difficile et qui peut coexister avec
jeune [14] ; cependant, les pathologies leucémiques du sujet un myélome est l'amylose de la moelle osseuse. En dehors
jeune ne sont généralement pas des indications d'IRM, et le des manifestations digestives ou articulaires (hépatomégalie,
myélome multiple pour lequel l'IRM corps entier est indi- splénomégalie et arthropathie amyloïde), des manifestations
quée survient le plus souvent après 50 ans. cardiaques souvent au premier plan et des manifestations
En revanche, le diagnostic différentiel entre hyper- neurologiques, l'amylose peut aussi s'accumuler de façon
plasie médullaire et infiltration médullaire tumorale importante dans la moelle osseuse, induisant une diminu-
diffuse pose problème après traitement chez les patients tion du contenu en graisse (fig. 37.15). Cependant, à notre
présentant un myélome. En effet, la sortie d'aplasie voire connaissance, aucune corrélation avec l'IRM, en particulier
la prise de médicaments stimulateurs tels que le GCSF avec l'IRM fonctionnelle de diffusion ou de perfusion, n'a
(growth colony stimulating factor) ont une action rapide été étudiée.
et intense ne permettant pas de distinguer une infiltra-
tion médullaire résiduelle d'une hyperplasie médullaire.
De plus, une infiltration médullaire plasmocytaire rési- Lésions focales de myélome
duelle est fréquemment associée après traitement à une
hyperplasie médullaire. Dans ce cas, les deux diagnostics IRM et lésions focales de myélome
devront être évoqués ; la comparaison avec l'IRM initiale L'IRM est la meilleure technique pour détecter les lésions
est bien sûr essentielle, notamment en cas d'augmenta- focales de myélome étant donné qu'elle n'est pas dépen-
tion du signal T1 sur une moelle osseuse initialement dante comme le scanner de l'existence d'une lyse osseuse.
infiltrée, en faveur d'une réponse au traitement. Les Ainsi, elle est capable de détecter des nodules millimé-
progressions sous traitement sont rares et la compa- triques (fig. 37.16 et 13.17). La sémiologie des nodules de
raison des séquences T1 permettra de le vérifier [18]. myélome est constante : hypersignal T2 supérieur au muscle
Les séquences T2 avec suppression de graisse ont après et inférieur au liquide, hyposignal T1 égal ou discrètement
traite­ment peu d'intérêt pour le diagnostic différentiel. inférieur au muscle, prise de contraste précoce maximale au
Aucune étude n'a comparé le coefficient de diffusion temps artériel survenant 30 à 40 secondes après injection de
apparent de l'hyperplasie médullaire à celui d'une infiltra- produit de contraste, coefficient de diffusion restreint infé-
tion diffuse, mais on peut présupposer que les valeurs se rieur à 1,1 (voir fig. 37.14). Cette sémiologie n'est valable
recoupent. qu'avant traitement.
La diminution de l'angiogenèse sur les séquences dyna- Le principal diagnostic différentiel comprend les angiomes
miques après injection de produit de contraste, même s'il qui présentent comme les nodules de myélomes un hyper­
n'existe pas d'augmentation du contenu en graisse sur les signal T2. Les hémangiomes vertébraux sont reconnus du
séquences T1, est un signe de bonne réponse au traitement fait de la présence de graisse avec hypersignal T1 ou absence
[18]. d'hyposignal par rapport à la moelle osseuse adjacente conte-
En dehors des formes leucémiques de myélome avec nant de la graisse (fig. 37.18), la vascularisation étant variable
infiltration massive, les myélomes sans lésion osseuse focale selon l'importance du contingent angiomateux. Le diagnostic
sont parfois considérés comme des myélomes indolents ou différentiel peut s'aider de l'imagerie de diffusion montrant
des MGUS (monoclonal gammopathy of unknown signifi- un coefficient de diffusion apparent élevé en cas d'angiome
cation) et ne bénéficient pas toujours d'un traitement mais et/ou d'un complément scanner montrant l'aspect typique.
d'une surveillance. Les critères CRAB (Calcemia Renal fai- La distribution des lésions nodulaires de myélome est très
lure, Anemia, Bone lesions) incluent l'imagerie pour déter- variable : l'aspect peut être micronodulaire avec des micro­
miner les patients qui nécessitent un traitement sur la base nodules millimétriques ; un aspect poivre et sel a été décrit
de l'existence d'un nodule de myélome supérieur à 1 cm ou avant l'existence des séquences T2 avec suppression de graisse
de deux nodules de myélome supérieurs à 5 mm [21, 22]. et dont la réalité est plutôt celle d'une forme intermédiaire
C'est surtout sur le changement de taille et de signal des avec une infiltration diffuse (fig. 37.19) ; l'aspect peut être celui
lésions focales qu'est estimée la réponse au traitement : aug- de nombreux micronodules (voir fig. 37.17) ou de quelques
mentation du signal T2 des lésions focales (fig. 37.13) ainsi nodules (voir fig. 37.14), d'une masse lytique envahissant
que du coefficient de diffusion apparent en rapport avec la les parties molles. L'intérêt de l'IRM est aussi de mettre en
nécrose tumorale [23] ; diminution de la prise de contraste évidence d'éventuelles compressions radiculaires ou médul-
précoce de la lésion avec uniquement une prise de contraste laires. La distribution des nodules se situe le plus souvent au
fine et périphérique en faveur d'un front de reconstruction niveau du squelette axial ou des racines des membres. Il est
[18, 24] (fig.  37.14). Les critères de réponse des lésions exceptionnel qu'ils touchent les avant-bras ou les jambes.
Chapitre 37. Moelle osseuse de l'adulte et IRM corps entier des hémopathies    665

a b

Fig. 37.13 Images T1 et T2 pour apprécier la réponse au


traitement d'un patient présentant un myélome sous
c forme d'une infiltration diffuse associée à des lésions
focales. (a) Image sagittale T1. (b) Image sagittale T2 avec
suppression de graisse. (c) Image coronale sur le sternum.
(d) image coronale corps entier passant par les humérus. Les
images de droite correspondent à l'examen dans les mêmes
plans après traitement. La comparaison des images T1
montrent une discrète augmentation du contenu en graisse
témoignant d'une réponse au traitement sur l'infiltration
diffuse (a). C'est corroboré par les images T2 avec suppres-
sion de graisse montrant une diminution de l'hypersignal T2
de la moelle osseuse (b). Pour les lésions focales, il existe
une augmentation du signal T2 des lésions focales (c) avec
une diminution de leur taille témoignant d'une réponse au
traitement. Les images au niveau de la métaphyse humé-
rale droite montrent une augmentation de l'hypersignal T2
témoignant d'une réponse au traitement et qui est associée
à une diminution en taille de la lésion qui s'est scindée en
d trois nodules nécrotiques (flèche).
666   Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique

a b c

d e f

g h i

j k

l m n
Fig. 37.14 (a–n) Patient âgé de 50 ans présentant un myélome avec une lésion focale de l'aile iliaque droite en hyposignal T1 (a) et
hypersignal T2 (b) (flèches). Les images dynamiques 3D T1 écho de gradient sans (c) puis après injection en bolus de gadolinium (d) montrent
une prise de contraste intense artérielle 40 secondes après l'injection de produit de contraste. L'image de diffusion retrouve un hypersignal à b
faible (e) (flèche) ; à noter une seconde lésion arrondie centimétrique du sacrum gauche (tête de flèche) ; l'hypersignal persiste à b 800 (f) avec
un coefficient de diffusion apparent restreint à 0,8 (g) inférieur au muscle ; on note que la moelle osseuse a un coefficient de diffusion apparent
beaucoup plus bas mesuré à 0,3 sans argument pour une infiltration diffuse. Image T1 (h) et T2 (i) avec suppression de graisse après traitement :
le signal T1 a un peu augmenté mais l'hypersignal T2 de la lésion focale est inchangé. Sur l'image dynamique en écho de gradient 3D T1 après
injection en bolus de gadolinium, on note l'opacification des structures vasculaires du pelvis mais une absence de prise de contraste de la lésion
au temps précoce (j) ; il existe une prise de contraste fine périphérique et peu intense au temps tardif (k) correspondant à la prise de contraste du
front de reconstruction osseuse (flèche). Sur l'image de diffusion à b 50 (l), l'hypersignal est toujours présent mais la lésion a un peu diminué de
taille (flèche), de même que le nodule sacré gauche centimétrique (tête de flèche) ; à b 800 (m), l'hypersignal des lésions est très diminué (à peine
visible) par rapport à l'image avant traitement. Le coefficient de diffusion apparent est élevé, mesuré à 1,4 supérieur au muscle. L'ensemble de ces
éléments sur l'imagerie de perfusion et l'imagerie de diffusion traduisent une très bonne réponse au traitement.
Chapitre 37. Moelle osseuse de l'adulte et IRM corps entier des hémopathies    667

Fig. 37.15 Patient âgé de 60 ans présentant une infiltration amy-


loïde de la moelle osseuse sans infiltration plasmocytaire retrou-
vée sur plusieurs biopsies. (a) image pondérée en T1 montrant un
hyposignal global de la moelle osseuse touchant aussi les épiphyses et a b c
les grands trochanters. (b) Image coronale pondérée en T2 montrant
Fig. 37.16 Patient de 50 ans suspect d'un myélome. (a, b) Présence
un hyper­signal T2 de la moelle osseuse par rapport au muscle et un
sur les images en écho de gradient 3D T1 dynamiques corps entier
discret hypersignal T2 sous-chondral de l'épiphyse fémorale gauche
après injection en bolus de gadolinium d'une petite prise de contraste
(flèche) traduisant une infiltration diffuse ne pouvant pas être distin-
de 5 mm de T9. (c) Exemple de reconstruction MPR sagittale permet-
guée d'une infiltration diffuse tumorale plasmocytaire. À noter que le
tant sa localisation.
patient présente un hypersignal T2 de la graisse sous-cutanée et un
épanchement intrapéritonéal en rapport avec une atteinte amyloïde
rénale entraînant une protéinurie et une hypo-albulinémie.

a b c

d e f
Fig. 37.17 Patient de 60 ans présentant un pic monoclonal à 30 g/l et une insuffisance rénale progressive. Deux ponctions sternales sont
normales. Les images en écho de spin T1 (a) et T2 avec suppression de graisse (b) montrent de multiples nodules en hyposignal T1 et hypersignal
T2 infracentimétriques ; à noter sur l'image T1 qu'en dehors de ces nodules, la répartition de la graisse est préservée. Ces nodules n'entraînent
pas de lyse osseuse détectable au scanner (c). Une biopsie osseuse en crête iliaque postérieure retrouvera des plasmocytes dystrophiques. Sur
les images de diffusion (zoom sur sacrum), les nodules sont en hypersignal à b 50 (d) et b 800 (e) ; entre les micronodules, le signal de la moelle
osseuse semble préservé ; l'ADC (f) des nodules est mesuré à 0,9 inférieur au muscle.
668   Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique

a b

Fig. 37.19 Image sagittale pondérée en T1 montrant un aspect typique


c d « poivre et sel » d'un patient présentant une MGUS, mêlant des zones
de graisse en hypersignal et des zones en hyposignal correspondant
vraisemblablement au début d'une forme d'infiltration diffuse.

e f Lésions en dehors de la moelle osseuse


Fig. 37.18 Patient âgé de 67 ans suspect d'un myélome. (a) Sur En IRM corps entier, la détection de lésions extramé-
les images T1 sagittales du rachis lombaire, le signal est homogène et dullaires de myélome est possible mais rarement au dia-
normal pour l'âge. (b) Sur les images T2 avec suppression de graisse, gnostic, survenant plutôt dans le suivi de la maladie. La
il existe un discret hypersignal diffus pouvant témoigner d'une infil- détection d'une tumeur associée ou d'une infection asso-
tration diffuse modérée ; il existe aussi un nodule en hypersignal T2 ciée du fait de l'immunodépression induite par la maladie
centimétrique de la partie inférieure du corps vertébral de L5. (c, d) est possible, l'association étant estimée à environ 5 % des
Image en écho de gradient 3D T1 dynamique avant puis après injection patients (fig. 37.20).
en bolus de gadolinium montrant un rehaussement de ce nodule dès
le temps précoce artériel. Le rehaussement des angiomes est variable
et peut être, dans ce cas, identique à celui d'un nodule de myélome ; Gammapathies monoclonales
le diagnostic est donc fait sur la séquence T1 montrant l'isosignal par bénignes (ou MGUS)
rapport à la moelle osseuse adjacente (riche en graisse), ce qui prouve
que ce nodule contient de la graisse. (e, f) Corrélation avec l'imagerie L'existence d'un pic monoclonal est d'autant plus fréquente
scanner montrant l'aspect typique d'un angiome. que l'âge augmente. L'IRM peut être recommandée à la
recherche de lésions focales ; environ 20  % des patients
avec MGUS, ou monoclonal gammopathy of unknown signi-
Les formes nodulaires sont associées le plus souvent à une ficance, présentent des lésions focales, ce qui témoigne du
infiltration diffuse ; l'infiltration diffuse est le plus souvent risque d'authentique maladie myélomateuse. L'IRM corps
présente sur la ponction sternale ; lorsqu'elle est importante entier de la moelle osseuse est indiquée chez les patients
avec une infiltration plasmocytaire supérieure à 15 à 30 %, présentant des MGUS avec des pics élevés ou des signes
elle se traduit généralement par des anomalies de signal en cliniques afin de ne pas méconnaître un myélome débutant
IRM (fig. 37.20). (voir fig. 37.16 et 37.19).
Chapitre 37. Moelle osseuse de l'adulte et IRM corps entier des hémopathies    669

a b

c d e
Fig.  37.20 Découverte d'un pic monoclonal chez une patiente de 55  ans présen-
tant une infection du poumon droit avec empyème pleural ; mauvaise réponse IRM
fonctionnelle après traitement. (a) Image coronale T2 avec suppression de graisse mon-
trant un hypersignal de la moelle osseuse par rapport aux muscles faisant suspecter une
infiltration diffuse associée à un nodule centimétrique en hypersignal T2 un peu plus intense
de l'aile iliaque gauche (flèche) correspondant à un nodule de myélome. On note un hyper-
signal T2 intense correspondant à un épanchement pleural droit associé à une condensation
alvéolaire de contact. Pour mémoire, hernie hiatale gauche. (b) Image sagittale T1 du rachis
montrant un hyposignal diffus de la moelle osseuse compatible avec une infiltration diffuse.
(c) Image coronale T1 écho de gradient au temps artériel montrant une prise de contraste
intense de la moelle osseuse (sacrum et rachis), plus intense au niveau du nodule de l'aile
iliaque gauche et de l'apophyse épineuse de L2 (flèches). Après traitement, la patiente est
considérée en bonne réponse clinique et biologique. La comparaison de l'image sagittale T1
du rachis après traitement (d) avec celle avant traitement (b) montre une augmentation du
contenu en graisse témoignant d'une diminution de l'infiltration diffuse et d'une réponse au
traitement ; la bonne réponse sur l'infiltration diffuse est confirmée sur l'image coronale T1
écho de gradient au temps artériel (e) montrant une faible prise de contraste de la moelle
f g osseuse du sacrum ; cependant, la prise de contraste complète des deux lésions focales est
inchangée, témoignant d'une réponse fonctionnelle IRM incomplète sur les lésions focales.
Quelques mois plus tard, les séquences 3D T1 isotropiques au temps artériel montrent
l'apparition de multiples prises de contraste focales (flèches) témoignant de la progression :
image native coronale au temps artériel (f) avec reconstructions sagittales (g)
670   Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique

i
Fig. 37.20 Suite. et axiales (h, i).

Plasmocytome osseux solitaire sont souvent considérées comme des indications à traiter un
L'IRM est indispensable à la recherche de lésions supplé- patient présentant par ailleurs des signes biologiques.
mentaires témoignant d'un myélome. Cette entité est moins L'IRM comme le scanner et le TEP (tomographie par
fréquente depuis l'utilisation de l'IRM corps entier qui émission de positrons)-scanner ont remplacé les radiogra-
découvre le plus souvent d'autres lésions. phies standard avec la classification de Durie-Salmon Plus.
Le nombre de lésions au diagnostic fait partie des critères
pronostiques du myélome [24].
Critères de gravité, indication
du traitement et pronostic Réponse au traitement
Les critères CRAB incluent notamment la recherche de ■ La disparition complète des lésions focales est rare mais
lésions focales : la présence de deux lésions focales supé- traduit une bonne réponse, bien que cela ne traduise pas
rieures à 5 mm ou celle d'une lésion focale supérieure à 1 cm forcément une rémission complète au niveau cellulaire.
Chapitre 37. Moelle osseuse de l'adulte et IRM corps entier des hémopathies    671

■ La persistance de lésions focales est la plus fréquente


des réponses  : après traitement efficace, il existe
une stabilité ou une diminution de taille des lésions
focales, une absence de rehaussement des lésions ou
l'existence d'un fin rehaussement périphérique tra-
duisant un front de reconstruction [25] (fig. 37.20 et
37.21). L'augmentation de l'ADC traduit généralement
une nécrose avec des ADC supérieurs à 1,2 (fig. 37.21
et 37.22).
■ Après traitement, il existe une augmentation du contenu
en graisse sur les séquences T1 et une diminution du
rehaussement au temps artériel avec un rehaussement de
a b type progressif chez les patients bons répondeurs ; cepen-
dant, la persistance d'une infiltration diffuse modérée
existe souvent après traitement.
■ La réponse au traitement sur les critères fonctionnels
IRM est corrélée aux données clinicobiologiques.

Métastases
Le diagnostic différentiel ne se pose pas avec un myélome
ou très rarement. L'aspect est souvent moins homogène et
moins hypervasculaire que dans le myélome. Il faut retenir
que les métastases sont souvent d'apparence hétérogène à
la fois du fait d'un composant lytique et d'un composant
ostéoblastique. L'IRM de diffusion a été récemment utili-
sée au niveau de l'imagerie corps entier chez les patients
présentant des cancers de la prostate afin d'estimer la
c d réponse au traitement, chez des patients sous hormono-
thérapie [26]. L'existence d'un hypersignal présent à b
élevé avec restriction de l'ADC est considérée comme étant
un signe d'activité de la maladie.

Lymphome
L'imagerie corps entier TEP et scanner joue un rôle essentiel
dans les lymphomes, permettant l'extension de la maladie
au diagnostic, l'adaptation des traitements et la réponse au
traitement.
e f

Fig. 37.21 (a–l) Bonne réponse fonctionnelle IRM au traitement chez un


patient présentant un myélome avec 20 % de plasmocytes à la ponction
sternale et une masse de l'aile iliaque droite. Images T2 avant (a) et après
g traitement (b) : augmentation du signal T2 du nodule traduisant sa nécrose et
h
diminution du signal du reste de la moelle osseuse traduisant la diminution de
l'infiltration plasmocytaire. Images T1 avant (c) et après traitement (d) : diminu-
tion du signal T1 du nodule traduisant l'augmentation de l'eau libre et nécrose
et augmentation du signal du reste de la moelle osseuse traduisant la diminution
de l'infiltration plasmocytaire. Image en écho de gradient T1 après injection de
gadolinium, au temps artériel avant (e) et après traitement (f) : rehaussement
« en masse » au temps artériel du nodule traduisant l'importante angiogenèse
i j avant traitement et la disparition après traitement du rehaussement interne tra-
duisant la nécrose : la prise de contraste linéaire périphérique traduit un front
de reconstruction osseuse. Image de diffusion écho-planar b  50 avant (g) et
après traitement (h) : le nodule est à peine plus intense après traitement. Image
de diffusion écho planar b  800 avant (i) et après traitement (j)  : le signal du
nodule chute après traitement traduisant la baisse de la cellularité de la lésion.
Cartographie ADC (apparent diffusion coefficient)  : le signal du nodule aug-
mente et devient supérieur aux muscles passant de 0,7 à 2, traduisant l'absence
k l de cellularité et la réponse au traitement.
672   Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique

a b c d

e f g

h i j k
Fig. 37.22 Bonne réponse fonctionnelle avec aspect faussement « positif » de l'ADC chez un patient présentant un myélome avec
lésion de l'aile iliaque droite. Image T2 (a) et T1 (b) avant traitement montrant un nodule en hyposignal T1 et hypersignal T2. Après traitement,
le signal T2 du nodule est hétérogène (c), plus intense en périphérie qu'au centre ; en T1 (d), il existe un hypersignal T1 central ; cet hypersignal
persiste en écho de gradient 3D T1 avec suppression de graisse (e) et correspond donc à une substance paramagnétique compatible avec une
nécrose hémorragique (méthémoglobine) ; après injection de gadolinium, au temps artériel, il n'existe qu'une prise de contraste linéaire périphé-
rique (f) correspondant au front de reconstruction sans prise de contraste interne ; de même, on ne retrouve pas d'autre lésion à l'échelle et au
sein du volume du corps entier (g). La réalisation d'une image T2 étoile axiale (h) confirme l'existence d'un fin liseré en hyposignal marqué au
sein du nodule correspondant à une surcharge en fer autour du noyau de caillotage central de nécrose hémorragique. (i) Image de diffusion écho
planar b 50 qui montre un hypersignal de la lésion et distingue le fin liseré arrondi correspondant à la surcharge en fer démontrée en h. (j) Image
de diffusion écho planar b 800. Il ne persiste en hypersignal que la zone centrale riche en méthémoglobine probablement du fait d'un caillotage
restreignant les mouvements browniens de l'eau. (k) Cartographie ADC : la lésion a un ADC élevé à 2 et supérieur aux muscles, témoignant de la
nécrose du nodule ; la zone centrale est en hyposignal ADC du fait de la nécrose hémorragique centrale avec caillot expliquant la restriction de
l'ADC et à ne pas interpréter comme une composante cellulaire.

Actuellement, les critères de réponse au traitement Technique


incluent la TEP au FDG 18 (fluoro-désoxyglucose) qui L'IRM de diffusion est généralement utilisée en combi-
permet de combiner une information métabolique avec nant des stations d'acquisition ; ces stations d'acquisition
les informations anatomiques permises par le scanner. (20 à 25  cm) sont de dimensions restreintes de façon à
L'imagerie corps entier de diffusion peut être appliquée centrer le patient au centre du champ magnétique là où il
dans le lymphome et beaucoup d'études ont montré au sta- est le plus homogène. Plusieurs b sont acquis : le premier
ging initial que l'imagerie de diffusion était comparable au entre 0 et 50 s/mm2 et le second entre 800 et 1 000 s/mm2.
PET-scanner avec parfois des localisations mieux détectées L'asservissement à la respiration permet d'améliorer la qua-
[16, 17, 27]. lité des images du foie et de la rate. Le centre des stations
doit être calculé de façon à ce que les interfaces eau et air
Chapitre 37. Moelle osseuse de l'adulte et IRM corps entier des hémopathies    673

soient au centre de la station, notamment au niveau des coefficients de diffusion apparents restreints témoignant de
creux susclaviculaires et du diaphragme. la cellularité des lésions (fig. 37.23 et voir fig. 37.25a). Avant
Les premières descriptions de l'imagerie de diffusion dans traitement, les coefficients de diffusion apparents des lésions
le lymphome consistaient dans l'acquisition de séquences de lymphome sont compris entre 0,5 et 1, et après traitement
DWIBS (diffusion weighted whole body imaging with back- l'ADC est augmenté en cas de réponse au traitement au-des-
ground body signal suppression). Il s'agit de la transforma- sus de 1,1. Ces changements peuvent s'observer dès la pre-
tion d'une séquence à b élevé en inversant les niveaux de mière cure ou les deux premières cures de chimiothérapie
gris ; l'utilisation du mode MIP permet alors une imagerie (fig. 37.24 et 13.25).
pseudo-TEP. Cependant, cette imagerie pseudo-TEP ne per-
met pas de différencier les ganglions présentant un temps de
relaxation T2 élevé de ganglions tumoraux qui apparaîtront
Limites de l'imagerie de diffusion dans
donc de même signal que les structures présentant une res- le lymphome
triction du coefficient de diffusion. Ces limites concernent essentiellement les lésions paren-
Au diagnostic, les adénomégalies et les localisations chymateuses pulmonaires du fait des interfaces air-tissus,
extradigestives présentent un hypersignal qui persiste à b ainsi que les changements induits au niveau de la moelle
élevé (sauf en cas de nécrose centrale spontanée) avec des osseuse par les sorties d'aplasie induisant une hyperplasie
médullaire éventuellement accentuée par l'administration
de GCSF (fig. 37.26).

Artéfacts et limites
Les artéfacts concernent bien sûr tous les matériels métal-
liques étant donné que l'imagerie de diffusion est sensible
aux inhomogénéités de champ magnétique ainsi qu'à la
présence d'ascite. L'imagerie de diffusion est sensible
aux mouvements nécessitant l'immobilité du patient et
sa compliance par rapport à l'asservissement respiratoire
(voir fig. 37.10).

Cas particuliers des lésions contenant


du fer ou du calcium
Dans ce cas, la mesure des coefficients apparents de dif-
fusion est faussée. Il faut noter la présence de fer au sein
de certains ganglions ou plus fréquemment au niveau des
atteintes spléniques ou hépatiques (fig. 37.27). La présence
de fer sur les séquences de diffusion peut être confirmée par
l'acquisition de séquences en écho de gradient T2* ; elle est
la marque du micro-environnement tumoral et est corrélée
à la présence d'un syndrome inflammatoire biologique. La
présence d'une surcharge en fer semble plutôt corrélée à une
mauvaise réponse en cours de traitement.

Cas particulier du rebond thymique –


intérêt de l'IRM
Il s'agit d'une augmentation de taille du thymus surve-
nant généralement dans les 6 mois après chimiothéra-
pie d'un lymphome de mécanisme physiopathologique
inconnu ; d'autres causes ont été décrites telles que les
infections [28–30]. L'IRM permet d'en faire le diagnos-
tic montrant la présence de graisse classique au sein
d'un thymus normal ; cependant, la graisse est en faible
quantité, ce qui nécessite la réalisation de séquence T1
en phase et en opposition de phase ; ces séquences sont
Fig. 37.23 Séquence de diffusion en écho planar asservie à la res- réalisées en écho de gradient soit en apnée, soit avec
piration chez un patient présentant un lymphome B à grandes asservissement respiratoire (fig. 37.28). Les séquences
cellules ; b  50 (a), b  800 (b) et cartographie du coefficient de
de diffusion peuvent compléter l'examen montrant des
diffusion apparent (c). Présence de volumineuses adénomégalies
cœliaques (ainsi que des ganglions de l'espace inframédiastinal posté-
coefficients de diffusion non restreints (supérieurs ou
rieur). Le coefficient de diffusion apparent de la masse cœliaque (0,6) égaux aux muscles et à 1,2) par rapport à une masse lym-
est très inférieur à celui des muscles. À noter un kyste simple du foie. phomateuse évolutive.
674   Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique

a b

c d

e f
Fig. 37.24 Patient âgé de 24 ans présentant un lymphome B à grandes cellules. Séquence de diffusion en écho planar au niveau des creux
susclaviculaire. La qualité des images est bonne dans cette région critique avec interfaces air-tissue pouvant entraîner des effets de susceptibilité
magnétique. Pour les éviter, le centre des coupes est réglé pour être placé à l'interface air-tissu du creux susclaviculaire (à partir des coupes de
repérage). Sur l'image b 50 (a) et l'image b 800 (b) avant traitement, la masse a un signal élevé sans nette diminution à b 800 ; le coefficient de
diffusion apparent (ADC) sur la cartographie d'ADC (c) est restreint, inférieur au muscle et égal à 0,6. Il existe une hyperfixation manifeste en TEP
18 FDG (d). Après deux cures de chimiothérapie, la masse a diminué de taille sur l'image b 50 (e), traduisant une réponse partielle selon les critères
de Cheson ; cependant, son signal diminue nettement à b 800 (f)
Chapitre 37. Moelle osseuse de l'adulte et IRM corps entier des hémopathies    675

g h

i j

k l
Fig. 37.24 Suite. et l'ADC est maintenant supérieur au muscle et est mesuré à 1,4 (g). Il existe une diminution complète de la fixation ganglion-
naire sur la TEP de contrôle (h). À noter que sur la TEP 18 FDG de contrôle, il existe une hyperfixation physiologique au sein de la graisse brune et
des humérus (liée à une hyperplasie médullaire post-chimiothérapie). Chez un autre patient, suivi pour maladie de Hodgkin, aspect en IRM d'une
réponse complète. Sur l'image b 50 (i) après traitement, la masse a un signal élevé avec une nette diminution du signal à b 800 (j), expliquant la
franche élévation de l'ADC à 1,6 (k) en faveur d'une réponse complète en IRM. La TEP 18 FDG confirme l'absence de fixation résiduelle (l).
676   Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique

a b
a b

c d

c d

e f

e f

g
Fig. 37.25 Réponse incomplète ; patiente âgée de 45 ans et pré-
sentant un lymphome  B à grandes cellules. Image de diffusion
b 50 (a) et b 800 (b) : hypersignal homogène de l'aileron sacré droit à
b 50 avec une diminution du signal au centre de la lésion à b 800. (c)
La cartographie d'ADC montre une restriction de diffusion de la partie
périphérique (flèches) de la masse inférieure au signal du muscle et un g
centre nécrotique de même signal que le muscle. Après traitement, il
persiste un hypersignal hétérogène de l'aileron sacré droit à b 50 (d) Fig. 37.27 Patient âgé de 25 ans et présentant une maladie de
qui diminue à b 800 (e) (cercle) ; on note un hypersignal ganglionnaire Hodgkin avec atteinte sous-diaphragmatique ganglionnaire et
centimétrique à b 50 suspect (flèches) car restant très intense à b 800 splénique. Les images de diffusion b 50 (a) et b 800 (b) et cartogra-
(e). La réponse est donc partielle. La surveillance 4 mois après la fin du phie d'ADC (c) montrent une rate augmentée de taille et de signal
traitement montre une augmentation de la taille du ganglion suspect hétérogène. À noter une adénomégalie cœliaque (flèche) présentant
avec un hypersignal intense à b 800 (f) et une restriction du coefficient une restriction de son coefficient de diffusion. Après deux cures de
de diffusion apparent (g) témoignant d'une rechute ganglionnaire chimiothérapie, les images de diffusion b 50 (d) et b 800 (e) montrent
(flèches). À noter l'absence de restriction de diffusion (ADC supérieur une rate de signal encore plus hétérogène avec trois nodules en hyper-
à celui des muscles) des anomalies résiduelles de signal au niveau de signal (flèches) central avec une couronne en hyposignal intense. Sur
l'aileron sacré droit (cercle). la cartographie d'ADC (f), il existe deux zones en diffusion restreinte
(comme la rate) au sein de deux nodules (flèches) suspectes alors que le
troisième nodule (cercle) est en hypersignal ADC rassurant. Une image
d'écho de gradient T2 étoile (g) démontre que l'hyposignal périphé-
rique s'accentue et correspond à une surcharge en fer. Les deux zones
de diffusion restreinte ainsi que l'apparition de zones de surcharge en
fer sont en faveur d'une réponse incomplète au traitement, ce qui sera
confirmé par une progression sous traitement sur l'imagerie de suivi à
quatre cures de chimiothérapie.

Fig.  37.26 Séquence de diffusion b  800 sur le bassin avant (a)


et après traitement (b). Le signal augmente considérablement après
traitement, traduisant l'hyperplasie médullaire liée à la sortie d'aplasie
médullaire.
Chapitre 37. Moelle osseuse de l'adulte et IRM corps entier des hémopathies    677

a b chez les autres patients où une bonne réponse au traitement


est recherchée avant intensification de la chimiothérapie et
autogreffe de cellules souches.
Dans les lymphomes, l'imagerie corps entier de diffu-
sion est performante pour le staging initial et comparable
au TEP-scanner. Elle permet aussi d'évaluer la réponse au
traitement. Elle peut déjà être utilisée dans les structures
c d où le TEP-scanner n'est pas disponible. Elle sera probable-
ment plus souvent utilisée si les équipements TEP-IRM se
développent.

Compte-rendu type – IRM corps entier


de la moelle osseuse ou IRM de la moelle
e f osseuse du rachis entier et du bassin
Technique

Séquences en écho de spin T1, T2 avec suppression de graisse
(ou séquences Dixon T2). Séquences de diffusion (au mini-
mum à faire sur le bassin) avec calcul du coefficient de dif-
fusion apparent. Si nécessaire, en cas de suivi évolutif de la
réponse au traitement par IRM en cas de myélome, injection
Fig. 37.28 Patiente présentant une maladie de Hodgkin. Scanner dynamique de gadolinium en séquence 3D T1.
avant traitement (a) montrant une volumineuse masse médiastinale ■
Durée du protocole  :  15 à 30  minutes selon le type de
avec atteinte du poumon droit. Scanner après traitement (b) montrant séquences réalisées et l'extension anatomique (n'incluant que
une régression complète de la masse médiastinale antérieure avec la les racines des membres).
présence d'une petite masse résiduelle de 1,5  cm (flèche)  : le TEP-
scanner après traitement ne montre aucune fixation résiduelle et la Résultats
patiente est considérée en rémission complète. Scanner 6 mois après

Rachis
la fin du traitement (c) montrant l'augmentation de la masse résiduelle – En T1, le contenu en graisse de la moelle osseuse est évalué
mesurant 3 × 2 cm prenant le contraste faisant suspecter une rechute. par rapport à l'âge : compatible ou diminué (proche ou non
Image de fusion TEP-scanner (d) montrant une fixation localisée patho- de celui du muscle ou des disques intervertébraux).
logique de cette masse avec un SUV (standard uptake value) à 5 évo- – En T2 avec suppression de graisse, le signal de la moelle
cateur d'une rechute. Image T1 en phase (e) montrant un signal de la osseuse est identique au muscle ou supérieur.
masse supérieur aux muscles et T1 en opposition de phase (f) montrant – En séquences de diffusion, le signal de la moelle osseuse
un signal de la masse résiduelle (flèche) inférieure aux muscles. Il existe est proche du muscle (normal), augmenté (hyperplasie ou
donc une chute du signal entre l'image en phase et en opposition de infiltration). Le coefficient de diffusion apparent est nor-
phase ; cela signe la présence de graisse et donc un rebond thymique ; mal ou augmenté.
la surveillance ultérieure confirmera l'absence de récidive. – Dans le cas du myélome (suivi par IRM dans un centre
spécialisé), le rehaussement maximal de la moelle osseuse
est > ou < 100 % par rapport aux images avant injection.

Bassin
– Au niveau des régions épiphyso-métaphysaires des racines
`` Conclusion des membres, le signal T1 de l'épiphyse est graisseux  :
L'IRM permet une étude performante de la moelle osseuse. existe-t-il un hyposignal T1 sous-chondral ? Le signal
Elle s'est imposée dans l'évaluation des myélomes permet- métaphysaire en T1 est-il compatible avec l'âge ? Pour le
signal diaphysaire, la graisse est-elle préservée ?
tant une évaluation de l'infiltration diffuse et des lésions ■
Autres :
focales. Elle est ainsi indiquée pour rechercher des critères – Lésions focales de la moelle osseuse : nombre ; taille de la
pour traiter un patient asymptomatique présentant un myé- plus grosse lésion ; lésions menaçantes : épidurite, com-
lome dit indolent quand elle met en évidence des lésions pressions, etc. ?
focales. Elle est aussi de plus en plus souvent demandée – Diagnostic différentiel : angiomes.
par les oncohématologues chez les patients présentant des – Autres lésions extra-médullaires en rapport ou non avec la
MGUS (monoclonal gammopathy of unknown significance) maladie foie, etc. ?
dont le pic monoclonal est important ou qui présentent des
facteurs de risques cytogénétiques. L'IRM est systématique-
ment réalisée chez un patient étiqueté « plasmocytome soli- Références
taire », retrouvant souvent d'autres lésions focales signant
un myélome. L'IRM est utilisée pour apprécier la masse [1] Vogler 3rd JB, Murphy WA. Bone marrow imaging. Radiology 1988 ;
168 : 679–93.
tumorale au diagnostic et le pronostic. L'IRM corps entier
[2] Custer RP, Ahlfeldt FE. Studies on the structure and function of bone
de la moelle osseuse incluant les techniques fonctionnelles marrow. II. Variations in cellularity in various bones with advancing
de perfusion et de diffusion est de plus en plus demandée years of life and their relative response to stimuli. J Lab Clin Med
pour apprécier la réponse au traitement en premier lieu chez 1932 ; 17 : 960–2.
les patients non- ou pauci-sécrétants (10 % des patients) où [3] Dunnill MS, Anderson JA, Whitehead R. Quantitative histological
la biologie ne permet pas le suivi sous traitement, mais aussi studies on age changes in bone. J Pathol Bacteriol 1937 ; 94 : 275–91.
678   Partie 5. Imagerie cancérologique et hématologique

[4] Ricci C, Cova M, Kang YS, et al. Normal age-related patterns of cel- [18] Lin C, Luciani A, Belhajd K, et al. Multiple myeloma treatment res-
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Chapitre
38
Analyse de la fonction
ventriculaire
J.-N. Dacher, B. Dubourg, V. Lefebvre, J. Caudron

PLAN DU CHAPITRE
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 681 Analyse des images . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 682
Qu'est-ce que la fonction systolique Tracé des contours. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 682
ventriculaire ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 681 Valeurs normales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 683
Quelle séquence utiliser ? . . . . . . . . . . . . . . . . . 681 Ventricule droit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 684
Acquisition des images et orientation Fonction et dysfonction diastolique. . . . . . . . . 685
des coupes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 682 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 685

Introduction Les volumes indexés sont rapportés à la surface corpo-


relle et exprimés en ml/m2 de surface corporelle. Le volume
Depuis ces dix dernières années, l'IRM s'est imposée d'éjection systolique (VES) ou stroke volume en anglais cor-
comme la technique de référence pour la mesure des para- respond à la différence entre le VTD et le VTS :
mètres fonctionnels systoliques des ventricules gauche
et droit (VG, VD) [1]. Les raisons principales en sont VES = VTD - VTS ( ml )
l'excellente reproductibilité [2] et l'absence d'approxima-
tion géométrique. Dans ce chapitre, nous allons rappeler De ce volume, on déduit le débit cardiaque en le multi-
ce qu'on entend par fonction systolique, puis expliquer les pliant par la fréquence cardiaque (FC) :
techniques d'acquisition et de traitement des images IRM. Débit cardiaque ( ml / min ) = VES ´ FC
Les mesures adaptées au VG (réalisées en routine), puis au
VD sont abordées. Enfin, quelques informations sur l'inté- Enfin, on mesure la masse ventriculaire (gauche en rou-
rêt de l'IRM dans l'analyse de la fonction diastolique seront tine, plus rarement droite) absolue et indexée. Cette masse
apportées. est obtenue à partir de la mesure du volume du muscle myo-
cardique multipliée par la densité du muscle (1,05 g/cm3).
Pour le VD, la mesure est toutefois moins reproductible que
Qu'est-ce que la fonction pour le VG du fait de la finesse habituelle de la paroi.
systolique ventriculaire ?
Sous cette appellation, on recouvre les mesures basiques Quelle séquence utiliser ?
décrites ci-après qui doivent être réalisées au cours de
tout examen IRM cardiaque. Ces différentes mesures et Les séquences en écho de gradient équilibré (balanced FFE)
leur évolution dans le temps sont des éléments clés du se sont imposées à 1,5 T au cours de ces dernières années
suivi du patient en cardiologie. Les volumes ventricu- compte tenu de leur robustesse et de l'excellente délimita-
laires diastoliques et systoliques, absolus et indexés à la tion fournie entre le myocarde et le sang circulant [3]. Ces
surface corporelle sont mesurés respectivement à la fin séquences CINE sang blanc possèdent des TE et des TR très
de la diastole et de la systole. Il s'agit des volumes télé- courts, sont synchronisées à l'électrocardiogramme (ECG),
diastoliques ventriculaires gauche ou droit (VTDVG, habituellement en mode rétrospectif, permettant une cou-
VTDVD), et des volumes télésystoliques ventriculaires verture complète du cycle cardiaque. L'utilisation d'ima-
gauche ou droit (VTSVG, VTSVD). Des volumes abso- gerie parallèle permet de diminuer le nombre et le temps
lus, on déduit la fraction d'éjection (FE) ventriculaire d'apnée. La résolution temporelle doit être maximale pour
gauche ou droite (FEVG, FEVD) donnée par la formule : une analyse fonctionnelle, afin de ne pas écrêter la systole,
FE = (VTD-VTS)/VTD typiquement de l'ordre de 40 ms par phase. Cela signifie

IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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682   Partie 6. Imagerie cardiovasculaire

que, pour un patient dont la fréquence est de 60 battements la nécessité de rester dans des temps d'examen convenables
par minute (espace R-R = 1 000 ms), on doit avoir au moins pour le patient, la plupart des équipes définissent les para-
1 000/40 = 25 images par cycle. Typiquement, le TR de la mètres fonctionnels VD à partir de la même pile de coupes
séquence doit être inférieur à 5  % de l'espace R-R pour petit axe qui ont servi à mesurer le VG. C'est notamment
obtenir un nombre de phase suffisant. Rappelons que ces le cas chez des patients suspects de dysplasie arythmogène,
séquences fournissent une imagerie hybride qui dépend à situation clinique fréquente, dans laquelle les mesures de la
la fois du T1 et du T2. Cette acquisition peut se faire après FE et du volume télédiastolique sont essentielles [7].
injection de gadolinium ; il est même recommandé de le
faire en cas de suspicion de myopéricardite aiguë [4].
Analyse des images
Acquisition des images et Les plans de coupe doivent être acquis selon les règles évo-
orientation des coupes [5] quées plus haut. En pratique, l'analyse du VG se fait sur
une série de coupes de 8 mm d'épaisseur dans le petit axe
L'acquisition dans le petit axe (PA) du cœur est largement du cœur. Dix à 12  coupes sont nécessaires pour couvrir
acceptée pour ce qui est du VG. Le repérage du PA doit l'ensemble du ventricule. Habituellement, pour le calcul de
suivre des règles très précises. Plusieurs coupes axiales du la FEVG, les différents plans apparaissent selon des lignes
cœur sont d'abord réalisées. On y repère l'apex vrai du VG. successives, alors que chaque temps correspond à une
Sur ce premier plan axial, on oriente une coupe oblique colonne. On aura typiquement à gérer 12 lignes (coupes) de
selon le grand axe du VG passant par l'apex ; c'est la coupe 25 colonnes (temps).
verticale long axe (vertical long axe [VLA]). Sur ce plan Il est essentiel de se souvenir que, pendant la contraction
VLA, on oriente une coupe qui passe par le milieu de la systolique, c'est l'anneau mitral qui se déplace vers l'apex du
paroi postérieure de l'atrium gauche, le milieu de la mitrale VG, et non l'inverse. Il y aura donc à inclure moins de plans
et l'apex du VG ; c'est une coupe pseudo-4 cavités. de coupes systoliques que de plans de coupes diastoliques,
Le PA est obtenu en coupant le VG de façon ortho­gonale et les coupes systoliques à exclure sont toujours à la base
dans ces deux plans, VLA et pseudo-4  cavités. Le plan (fig. 38.2). Quand le cœur se contracte normalement, on
4 cavités (ou horizontal long axe [HLA]) est enfin obtenu à exclut grossièrement deux plans de coupe en systole (deux
partir de la coupe PA médioventriculaire en joignant l'angle lignes sont supprimées de la colonne systole). Les résultats
de raccordement des parois antérieure et inférieure du VD obtenus seraient erronés si l'observateur conservait le même
au muscle papillaire antérieur (fig. 38.1). La coupe 3 cavi- nombre de coupes en systole et en diastole ; en tel cas, les
tés, qui visualise l'admission du sang dans le VG via la valve coupes systoliques les plus basales couvrent en effet l'oreil-
mitrale et son éjection via la valve aortique, est obtenue en lette gauche.
plaçant une coupe passant par l'axe de la racine aortique à La série d'images diastoliques est habituellement la pre-
partir d'une coupe PA basale. mière de la série (celle où le volume est le plus grand). Il est
Pour obtenir les paramètres fonctionnels du VD, il préférable de sélectionner manuellement la série d'images
semble que des mesures dans le plan axial ou le plan HLA systoliques (celle où le volume est le plus petit), ou de
soient plus reproductibles que des coupes PA, notamment confirmer/modifier le choix du temps systolique fait par
en cas de VD systémique [6]. En pratique, compte tenu de le logiciel. Il existe de nombreux logiciels qui reposent peu
ou prou sur le même principe. Les logiciels développés au
début de l'IRM cardiaque permettaient l'inclusion ou l'ex-
3C clusion complète d'une (ou deux) coupe(s). Des systèmes
plus récents permettent aujourd'hui de repérer le plan val-
vulaire mitral (ou tricuspide) dans deux plans orthogonaux
(horizontal et vertical long axe) ; dans cette situation, l'inclu-
sion ou l'exclusion d'une portion de la surface de la coupe
basale est possible en fonction de la position prédéfinie de la
a b mitrale ou de la tricuspide (fig. 38.3).
VLA 4C

Tracé des contours


Il s'agit d'un travail qui consiste à définir sur l'ensemble des
coupes systoliques et diastoliques les contours épi- et endo-
cardiques. Par convention, les contours endocardiques sont
en rouge et les contours épicardiques en vert (fig. 38.4 et 38.5).
Ce travail, s'il était entièrement manuel, serait si fas-
c d tidieux qu'il ne pourrait être réalisé en routine clinique.
Fig. 38.1 Repérage des plans de coupe de référence du ventri-
Les logiciels modernes sont de plus en plus efficaces (et ce
cule gauche avec codes couleur. La ligne jaune correspond au plan d'autant plus que la qualité des acquisitions est optimale) et
VLA (vertical long axe), la ligne rouge au plan HLA (horizontal long axe l'opérateur n'a plus qu'à valider les contours obtenus, ou à
ou 4 cavités), la ligne orange au plan 3 cavités [5]. les corriger en cas d'erreur.
Chapitre 38. Analyse de la fonction ventriculaire    683

Fin de diastole

BASE APEX

Fin de systole

Fig. 38.2 Les 12 plans de coupes du cœur sont figurés en diastole (ligne du haut) et en systole (ligne du bas). On note que les plans
mitral et tricuspidien se sont déplacés vers l'apex du cœur au temps systolique. Il est donc nécessaire de considérer deux plans de coupe de moins
en systole par rapport à la diastole pour obtenir des mesures exactes des volumes ventriculaires.

a b c
Fig. 38.3 Intérêt du repérage tridimensionnel pour le positionnement du plan valvulaire. Exemple du ventricule gauche. Repérage de la
mitrale dans le plan VLA (a). Repérage de la mitrale dans le plan HLA ou 4 cavités (b). Lors de la segmentation, la partie de la coupe qui est située
hors du ventricule n'est pas considérée dans les mesures volumiques ; il s'agit des surfaces situées à l'opposé des têtes de flèche sur la coupe petit
axe basale figurée en (c). (Exemple de Syngo Via® de Siemens.)

Valeurs normales [8] les volumes indexés, le volume télédiastolique du VG est


de 80 ± 9 ml/m2 chez l'homme, de 75 ± 9 ml/m2 chez la
Les valeurs normales sont disponibles dans la référence [8] femme. Le volume télésystolique du VG est de 27 ± 6 ml/m2
et dans les ouvrages de référence sur le sujet [9]. chez l'homme, de 24 ± 5 ml/m2 chez la femme. La masse
La FEVG normale est de 67 ± 5 % dans les deux sexes. ventriculaire gauche est de 74 ± 9 g/m2 chez l'homme, de
La FEVD normale est de 66  ±  5  %. En ce qui concerne 63 ± 8 g/m2 chez la femme.
684   Partie 6. Imagerie cardiovasculaire

Fig. 38.4 Contours endocardiques (rouge) et épicardique (vert) Fig.  38.5 Contours endocardiques (orange) du ventricule droit
du ventricule gauche dans le petit axe aux temps diastolique (a) dans le petit axe aux temps diastolique (a) et systolique (b).
et systolique (b).

TAPSE = L1 – L2

(L1 – L2)
RVFS = × 100
L1

Fin de diastole Fin de systole

(A1 – A2)
RVFAC = × 100
A1

Fig. 38.6 Planimétrie ventriculaire droite dans le plan 4 cavités (right ventricular fractional area change [RVFAC]) permettant une
analyse rapide de la fraction d'éjection ventriculaire droite (FEVD) selon [10]. Cette technique semble plus fiable que la simple mesure du
raccourcissement ou de la fraction de raccourcissement par la TAPSE figurée sur la ligne du haut de la figure.

Pour le VD, le volume télédiastolique du VD est de rage de la valve tricuspide) et par rapport à l'artère pulmo-
83  ±  12  ml/m2 chez l'homme, de 73  ±  9  ml/m2 chez la naire (repérage de la valve pulmonaire). En cas de suivi de
femme. Le volume télésystolique du VD est de 29 ± 7 ml/m2 tétralogie de Fallot, de VD systémique (après intervention de
chez l'homme, de 25 ± 7 ml/m2 chez la femme. Senning ou de Mustard pour une transposition des gros vais-
seaux) ou de suspicion de dysplasie arythmogène du VD, la
Ventricule droit mesure exhaustive de la FE et des volumes doit être réalisée.
Dans un contexte clinique moins centré sur le VD, et afin
L'IRM est souvent sollicitée pour évaluer la fonction du VD d'obtenir une évaluation rapide de la FEVD, notre équipe à
qui reste limitée en échocardiographie. Quand le VD est proposé une mesure simple qui consiste à apprécier le change-
d'épaisseur normale, voire aminci (situation fréquente en cas ment de surface du VD sur une coupe 4 cavités entre diastole
de dysplasie arythmogène avérée), il est illusoire de mesurer et systole [10] (fig. 38.6). Nous avons montré qu'une fraction
de façon fiable la masse VD. En telle situation, la mesure des de changement de surface inférieure à 41 % peut prédire une
volumes et de la FE est suffisante, et on tracera simplement FEVD inférieure à 45 % avec une sensibilité de 90 % et une
un contour endocardique (fig. 38.5). La difficulté est de bien spécificité de 94 %. Cette évaluation du changement de sur-
délimiter le VD par rapport à l'oreillette droite (OD ; repé- face (RVAC pour RV area change en anglais) était dans notre
Chapitre 38. Analyse de la fonction ventriculaire    685

série plus performante que la simple mesure de la TAPSE (ou Références


tricuspid annular plane systolic excursion) communément uti-
lisée en échocardiographie (fig. 38.6). La mesure de la masse [1] Pennell DJ, Sechtem UP, Higgins CB, et al. Clinical indications for
du VD peut être réalisée quand le VD est épaissi du fait de cardiovascular magnetic resonance (CMR) : Consensus Panel report.
hautes pressions circulantes (VD systémique, Fallot) [11]. Eur Heart J 2004 ; 25(21) : 1940–65.
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de la dysfonction diastolique du VG sont l'apanage de l'écho-
value of contrast-enhanced cine steady-state free precession MRI
cardiographie, compte tenu de sa résolution temporelle iné- sequences. AJR Am J Roentgenol 2011 ; 197(5) : 1081–7.
galable. Néanmoins, en pratique courante, la planimétrie de [5] Dacher JN, Garot J. Analyse de la fonction ventriculaire par IRM et
l'oreillette gauche (OG) (ou droite) peut être réalisée dans TDM. Feuillets de Radiologie 2006 ; 46(6) : 449–56.
le plan 4 cavités au moment de la systole ventriculaire (nor- [6] van der Bom T, Romeih S, Groenink M, et al. Evaluating the systemic
male pour l'OG : < 24 cm2). En l'absence de facteur confondant right ventricle by cardiovascular magnetic resonance : short axis or
comme une régurgitation mitrale ou une fibrillation atriale, axial slices ? Congenit Heart Dis 2015 ; 10(1) : 69–77.
une dilatation de l'OG est un excellent marqueur de dys- [7] Marcus FI, McKenna WJ, Sherrill D, et al. Diagnosis of arrhythmo­
fonction diastolique chronique. D'autres techniques utilisant genic right ventricular cardiomyopathy/dysplasia  : proposed
les séquences encodant la vélocité (VEC, ou velocity-encoded modification of the task force criteria. Circulation 2010 ; 121(13) :
1533–41.
cine, contraste de phase) peuvent être utilisées, notamment
[8] Maceira A, Prasad S, Khan M, et al. Normalized left ventricular systo-
pour évaluer le flux transmitral et le flux veineux pulmonaire, lic and diastolic function by steady state free precession cardiovascu-
mais ces mesures sont consommatrices de temps et réalisées lar magnetic resonance. J Cardiovasc Magn Reson 2006 ; 8 : 417–26.
seulement dans un contexte de recherche. Le lecteur soucieux [9] Bogaert  J, Dymarkowski  S, Taylor  A, et  al. Clinical cardiac MRI.
d'approfondir ses connaissances sur l'intérêt de l'IRM dans Berlin-Heidelberg : Springer-Verlag ; 2012.
l'exploration de la diastole est invité à lire la référence [12]. [10] Caudron J, Fares J, Vivier PH, et al. Diagnostic accuracy and variabi-
lity of three semi-quantitative methods for assessing right ventricular
systolic function from cardiac MRI in patients with acquired heart
`` Conclusion disease. Eur Radiol 2011 ; 21(10) : 2111–20.
[11] Villafane J, Feinstein JA, Jenkins KJ, et al. Hot topics in tetralogy of
L'IRM est une technique extrêmement précise et reproductible Fallot. J Am Coll Cardiol 2013 ; 62(23) : 2155–66.
pour l'appréciation de la fonction systolique biventriculaire, [12] Caudron J, Fares J, Bauer F, et al. Evaluation of left ventricular dias-
à condition que l'acquisition des images et leur traitement tolic function with cardiac MR imaging. Radiographics 2011 ; 31(1) :
répondent aux règles de bonne pratique rappelées dans ce texte. 239–59.
Chapitre
39
Apport de l'IRM dans
l'ischémie myocardique
N. Vinurel, A. Basle, D. Revel, P. Douek

PLAN DU CHAPITRE
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 687 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 692
Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 687
IRM cardiaque et cardiopathies
ischémiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 688

Introduction du système artériolocapillaire coronaire (vasodilatation). Les


sténoses coronaires vont cependant induire une diminution
L'ischémie myocardique est un problème de santé publique de la réserve coronarienne, même pour des sténoses de moins
et individuel majeur. Cette maladie fréquente et grave de 50 %. Cette diminution de la réserve coronaire pourra être
est responsable de plus de 150 000 décès par an en France mise en évidence au niveau du myocarde (réserve myocar-
(près d'un tiers). Plus de 10 % des hommes d'âge moyen dique) lors de l'imagerie de perfusion repos/stress.
sont concernés par l'athérosclérose coronarienne et l'isché- L'ischémie myocardique survient lorsque la réserve coro-
mie myocardique dite « silencieuse ». Or, 50 % des patients naire est dépassée. Elle correspond à une inadéquation entre
porteurs d'ischémie silencieuse présenteront un événement apports et besoins induisant des perturbations du métabolisme
cardiaque grave dans les 5 ans. Cette pathologie est intrin- et des troubles de la contractilité. Si l'ischémie est chronique,
sèquement liée aux facteurs de risques cardiovasculaires un phénomène d'hibernation peut survenir. Le myocarde mal
permettant de définir des populations à risque. Cependant, perfusé se met « en veille », diminuant ses besoins métabo-
la seule analyse des facteurs de risque est insuffisante pour liques afin de préserver l'intégrité des myocytes. Ce faisant, ses
prédire l'évolution des populations concernées. Un diagnos- propriétés contractiles sont également altérées.
tic précis et précoce est d'autant plus important que la prise L'infarctus du myocarde survient lors d'une occlusion aiguë
en charge des patients coronariens évolue avec possibilité ou si ces réserves sont dépassées et correspond à la mort cellu-
de traiter les lésions coronariennes par angioplastie. Dans ce laire (myocytes). Lors de l'infarctus aigu, le volume interstitiel
cadre, l'IRM représente un examen important, offrant une sera augmenté d'abord par l'atteinte de la membrane myocytaire
exploration robuste, reproductible et non invasive [1]. induisant une diffusion du gadolinium dans l'espace intra-
cellulaire, ensuite par l'œdème interstitiel. Le phénomène de
Définitions micro-obstruction vasculaire ou no-reflow [4] survient lors des
syndromes coronariens aigus. Lors d'une occlusion/reperfusion
La cardiomyopathie ischémique se définit comme l'atteinte du coronaire, la restauration du flux et de la perfusion artérioloca-
muscle cardiaque secondaire à un défaut d'oxygénation en pillaire n'est pas complète. Elle ne survient notamment pas au
lien avec un débit vasculaire insuffisant au sein du myocarde. niveau du sous-endocarde lésé, avec atteinte de la microcircula-
Le métabolisme cardiaque est essentiellement aérobie. Hors tion structurelle et mécanique par œdème myocytaire compres-
situation de stress, le cœur extrait 70 à 80 % de l'oxygène de sif. Ensuite, du tissu fibreux remplacera les myocytes détruits.
transporté par le sang des artères coronaires [2]. La viabilité myocardique correspond à la capacité d'un ter-
La réserve coronaire correspond au ratio entre le débit ritoire ischémié de récupérer sa fonction [5]. Le myocarde
obtenu lors d'une vasodilatation maximale (après stimulus tel ischémique peut souffrir de lésions graduelles : entre des
qu'un stress d'effort ou pharmacologique) et le débit coronaire zones nécrotiques sièges de fibrose cicatricielle persisteront
de repos. À l'état normal, il est de 4 ou 5. L'impact des sténoses des îlots de myocarde hibernant, dysfonctionnel mais viable.
coronariennes sur le débit coronaire n'est significatif que si la La sidération correspond à une dysfonction contractile
réduction relative du diamètre est supérieure à 80 % [3]. En persistant plusieurs heures ou jours dans un contexte d'is-
deçà, la perfusion basale est maintenue grâce à l'adaptation chémie, régressant spontanément.
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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688   Partie 6. Imagerie cardiovasculaire

Perfusion Artère circonflexe


de base
conservée
Sténose Ischémie Artère coronaire droite
Sténose sévère Basal
modérée myocardique
Diminution de Artère interventriculaire
la réserve antérieure
coronarienne
1
Moyen
7
Myocarde viable Infarctus du myocarde
2 6
8 13 12
14 17 16
Nécrose, fibrose
Hibernation Sidération Augmentation de l’espace 9 15 11 Apical
extracellulaire 3 5
10
Dégâts microvasculaires (no-reflow)
4 Apex
Fig.  39.1 Ischémie myocardique et ses conséquences sur l'état
du myocarde.
Fig.  39.2 Segmentation du ventricule gauche selon le modèle
à 17 segments de l'American Heart Association (AHA).
L'hibernation désigne un myocarde hypoperfusé, dont l'hy-
pocontractilité est réversible en cas de reperfusion myocardique.
La figure 39.1 résume les différents états du myocarde
soumis à une ischémie myocardique.

IRM cardiaque et cardiopathies


ischémiques
Place de l'IRM
La prise en charge des cardiopathies ischémiques repose sur
l'analyse des anomalies coronariennes (sténoses, occlusions
classiquement diagnostiquées lors des coronarographies), mais
Fig. 39.3 Coupe de ciné-IRM acquise dans le plan vertical long
également sur l'état du myocarde. L'intégration de ces données
axe. Amincissement de la paroi antéro-apicale et dilatation globale du
permet la stratification du risque. Les objectifs de l'IRM au stade ventricule gauche en rapport avec un remodelage ventriculaire après
chronique de la maladie ischémique sont d'établir un diagnostic infarctus antérieur.
positif, d'évaluer le pronostic de la maladie et d'argumenter une
stratégie de reperfusion dans un contexte de post-infarctus. rare, un faux anévrisme apical pourra être découvert induisant
un risque de tamponnade aiguë (fig. 39.4). Enfin, des anomalies
Infarctus ancien de l'environnement cardiaque peuvent être associées comme un
Protocole d'exploration classique épanchement pleural ou péricardique.
Le protocole comprend au minimum des séquences de ciné-IRM Anomalies de la contraction segmentaire
pour étudier la fonction globale et segmentaire et des séquences et de la fonction globale
de rehaussement tardif acquises 15 minutes après injection.
Les anomalies contractiles sont étudiées sur les séquences
Aspect IRM ciné sang blanc. Les zones d'infarctus apparaissent le plus
souvent sous la forme de plusieurs segments myocardiques
Anomalies morphologiques hypokinétiques ou akinétiques dans un territoire coronaire,
Ces anomalies se présentent sous la forme d'un amincissement tout en sachant que la contraction peut être normale (normo-
pariétal dans un territoire coronaire lié à la fibrose post-infarctus kinésie) dans des infarctus superficiels sous-­endocardiques.
qui entraîne une perte en volume du myocarde. La paroi amincie La contraction peut également être paradoxale avec une
peut parfois contenir de la graisse secondaire (métaplasie grais- expansion systolique (dyskinésie). La coexistence d'anoma-
seuse) apparaissant dans les mois suivant l'infarctus et visible lies valvulaires (fuite mitrale fonctionnelle par dilatation de la
sous la forme d'un hypersignal T1 intrapariétal. Les coupes petit cavité ventriculaire gauche) pourra également être précisée,
axe permettront d'avoir une approche segmentaire des anoma- notamment par la réalisation de coupes ciné-IRM spécifiques
lies pariétales (utilisation du modèle en 17 segments de l'Ame- (LVOT1 et 2 [left ventricular outflow tract]) ainsi que sur les
rican Heart Association (AHA) [6] (fig. 39.2). L'infarctus peut plans standard (4 cavités et vertical long axe) (fig. 39.5). La
entraîner une modification du reste du ventricule gauche (VG) fraction d'éjection ventriculaire gauche (FEVG) devra éga-
appelée remodelage ventriculaire et se manifestant souvent sous lement être mesurée à partir du contourage automatique ou
la forme d'une dilatation du VG (fig. 39.3) qui peut survenir dès semi-automatique de l'endocarde sur les coupes petit axes
la phase précoce [7]. Ce remodelage s'accompagne d'un épais- car c'est un élément essentiel du pronostic (environ 20 % de
sissement des régions indemnes confrontées à une majoration décès en cas d'altération de la fraction d'éjection en dessous
des contraintes mécaniques. Un thrombus intracavitaire est une de 25 %). La découverte d'une FEVG inférieure à 35 % est en
complication classique et devra être recherché. De façon plus faveur de l'implantation d'un défibrillateur.
Chapitre 39. Apport de L'IRM dans l'ischémie myocardique    689

Fig. 39.6 Séquence de perfusion illustrant l'arrivée dynamique


du gadolinium. (a) Avant l'arrivée. (b) Arrivée dans le ventricule droit.
(c) Arrivée dans le ventricule gauche. (d) Rehaussement des parois du
ventricule gauche.

b
d'inversion (TI) myocardique permettant d'annuler cor-
Fig. 39.4 Coupe de ciné-IRM dans le plan 4 cavités (a) et verti-
rectement le signal du ventricule gauche (fig. 39.7 et 39.8).
cal long axe (b) mettant en évidence un faux anévrisme apical
(flèches) compliquant un infarctus inférieur récent. Risque de
Des séquences en phase peuvent également être employées.
tamponnade par rupture intrapéricardique. Elles ont l'avantage d'être peu sensibles aux variations du
TI (fig.  39.9). L'infarctus entraîne une rétention tardive
anormale de gadolinium au sein du myocarde lésé, visible
15 minutes après injection. L'atteinte du sous-endocarde et
le caractère systématisé des prises de contraste à un terri-
toire coronaire sont les deux éléments sémiologiques clés en
faveur d'un infarctus (fig. 39.10). L'évaluation de la trans-
muralité de l'infarctus est un élément pronostique essentiel
permettant d'estimer la probabilité d'amélioration de la
fonction contractile de la zone nécrosée après revascularisa-
tion [9]. Schématiquement, elle est gradée sur une échelle de
1 à 4 : entre 0 et 25 % (sous-endocardique) ; entre 25 et 50 %,
entre 50 et 75 % ; plus de 75 % (transmural) (fig. 39.11). La
récupération fonctionnelle est probable en dessous de 25 %,
Fig. 39.5 Coupe de ciné-IRM acquise dans le plan LVOT 2 mettant très peu probable ou absente au-delà de 75 %. Entre les deux,
en évidence un hyposignal dans la chambre d'éjection du ven- la récupération contractile est incertaine. Une injection de
tricule gauche au contact de la valve aortique en rapport avec dobutamine à faible dose peut alors être utile pour étudier
un jet d'insuffisance aortique. la réserve contractile de l'infarctus et améliorer la prédictibi-
lité de l'examen concernant la reprise de fonction de la paroi
Anomalie de la perfusion lésée. Le nombre de segments nécrosés doit être précisé car
Cette anomalie est généralement discrète ou absente dans c'est un élément pronostique majeur. Au-delà de 6 segments
le cadre d'un infarctus chronique étudié avec une séquence atteints, le taux d'événements indésirable est significative-
de perfusion de repos [8]. Lorsqu'elle est présente, l'hypo­ ment augmenté [10].
perfusion est sous-endocardique et systématisée à un terri-
toire coronaire (fig. 39.6).
Infarctus récent
Anomalies de la viabilité Protocole d'exploration
L'étude de la viabilité est effectuée avec les séquences de Le protocole comprend au minimum des séquences de ciné-
rehaussement tardif acquises 15  minutes après injection IRM, des séquences T2 (type T2 STIR), une séquence de
de chélates de gadolinium et constitue une étape clé de perfusion de premier passage au repos et des séquences de
l'examen. Celles-ci nécessitent de déterminer le temps rehaussement tardif.
690   Partie 6. Imagerie cardiovasculaire

Fig. 39.7 Images extraites d'une séquence de TI scouting montrant les variations de signal du myocarde ventriculaire gauche et du
sang en fonction de l'augmentation du temps d'inversion (TI) de l'image a (TI = 130 ms) à l'image e (TI = 250 ms). L'annulation correcte
du signal myocardique est obtenue sur l'image e correspondant à un TI de 220 ms.

Fig. 39.8 Aspect normal du myocarde sur une séquence de rehaussement tardif acquise 15 minutes après injection. Le signal myocar-
dique est annulé en faisant l'acquisition du signal à un temps d'inversion précis coïncidant avec le moment ou le signal myocardique passe par 0.
Noter l'aspect homogène et en franc hyposignal du ventricule gauche en petit axe (a), vertical long axe (b) et 4 cavités (c).

Fig.  39.9 Image en phase d'une séquence en phase (PSIR) en Fig. 39.10 Coupe petit axe. Séquence de rehaussement tardif met-
coupe petit axe acquise 15 minutes après injection. Noter l'annu- tant en évidence un rehaussement sous-endocardique correspondant
lation du signal myocardique, globalement indépendante du réglage à un infarctus dans le territoire de l'artère interventriculaire antérieure.
du temps d'inversion (TI).
Chapitre 39. Apport de L'IRM dans l'ischémie myocardique    691

Fig. 39.12 Séquence de rehaussement tardif acquise à 15 minutes


mettant en évidence une plage en hyposignal (flèche) au sein
d'un infarctus antérieur (tête de flèche), correspondant à la pré-
sence de dégâts microvasculaires ou no-reflow.

no-reflow sont sous-endocardiques ou transmurales sur la


perfusion de repos. Sur l'imagerie de rehaussement tardif,
elles sont médiopariétales, entourées d'une zone de nécrose
en hypersignal T1. Dans le cas d'un infarctus aigu, la zone
de nécrose visible sur le rehaussement tardif a tendance à
être surestimée (de l'ordre de 20 %) et il est recommandé de
Fig. 39.11 Séquence de rehaussement tardif en coupe petit axe réaliser l'examen à partir du 7e jour après l'infarctus afin de
chez 4 patients différents mettant en évidence des infarctus de ne pas surestimer les dégâts myocardiques.
transmuralité croissante. (a) Infarctus inférieur, 25 %. (b) Infarctus
inférieur, 50  %. (c) Infarctus septal, 75  %. (d) Infarctus antérieur,
100 %. IRM de stress
Ce paragraphe a pour objectif de donner les grands prin-
Aspect IRM cipes de l'IRM cardiaque de stress. Il est conseillé au lecteur
Dans les premiers jours, l'infarctus est le siège d'un œdème de consulter des ouvrages spécialisés en imagerie cardiaque
myocardique, le plus souvent transmural, témoignant de s'il recherche une information plus détaillée. L'objectif de
la souffrance des cardiomyocytes. La signification de cette l'IRM de stress est de détecter la présence de sténoses coro-
zone est débattue [11, 12], mais elle ne semble pas corres- naires significatives (> 50 à 60 %) susceptibles d'être traitées
pondre à la zone à risque comme cela avait été initialement par angioplastie ou pontage aortocoronaire via l'induction
évoqué [13]. C'est en tout cas un marqueur de souffrance pharmacologique d'une ischémie myocardique [16]. Cet
myocardique aiguë qui peut parfois être isolé (sans nécrose examen est habituellement réalisé avec des agents vaso-
myocardique visible sur la séquence de rehaussement tardif) dilatateurs injectés par voie intraveineuse. Peu d'équipes
en cas de souffrance ischémique brève. L'œdème disparaît utilisent des agents inotropes positifs (dobutamine) à forte
en quelques semaines. Il s'accompagne d'un épaississement dose en IRM et cette technique ne sera pas détaillée ici.
modéré de la paroi cardiaque. Les principaux agents vasodilatateurs utilisés sont l'adé-
L'infarctus récent est souvent le siège de dégâts microvas- nosine, le dipyridamole (Persantine®) et le regadenoson
culaires (no-reflow ou MVO pour microvascular obstruction (Rapiscan®). L'adénosine est un agent vasodilatateur qui
dans la littérature anglo-saxonne), témoignant d'une atteinte agit en se fixant sur les récepteurs A2a situés sur les artères
des cellules endothéliales au niveau capillaire, atteinte liée coronaires. Le dipyridamole inhibe la recaptation cellulaire
à la libération de microthrombus et de substances toxiques de l'adénosine et entraîne un effet vasodilatateur en aug-
lors de la réouverture de l'artère coronaire. Ces lésions, qui mentant sa concentration extracellulaire. Le regadenoson
apparaissent sur la perfusion de premier passage et sur est un agoniste du récepteur A2a de l'adénosine. Ces agents
l'imagerie de rehaussement tardif sous la forme de plages vasodilatateurs sont inactivés par les bases xanthiques pré-
en hyposignal franc (fig. 39.12), sont visibles dans plus de sentes dans certains aliments : le thé, le café, la chicorée,
50 % des infarctus reperfusés et sont quasi systématique- le chocolat, la banane et le Coca-cola® qui ne doivent pas
ment retrouvées en cas d'infarctus vu tardivement (non être consommés dans les 12 heures précédant l'épreuve de
reperfusé). Elles apparaissent au bout de 24 à 48 heures et stress. L'adénosine et le dipyridamole sont contre-indiqués
disparaissent en quelques semaines (1 à 2 mois en général). en cas d'infarctus récent, d'angor instable, de sténose ser-
Leur présence est un facteur de mauvais pronostic quant à la rée du tronc commun non traitée, d'hypotension artérielle
récupération contractile de la zone nécrosée et à la survenue (< 90 mmHg de systolique), de bloc auriculoventriculaire
d'événements cardiovasculaires ultérieurs (décès, nouvel (BAV) du deuxième et du troisième degré, de bradycar-
infarctus, œdème aigu du poumon) [14, 15]. Les lésions de die < 40 bpm, de dysfonction sinusale, d'asthme traité, de
692   Partie 6. Imagerie cardiovasculaire

bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) ischémie. C'est valable si les deux zones (hyposignal de la
sévère et d'hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) perfusion et plage en hypersignal du rehaussement tardif)
sévère. Le regadenoson partage les mêmes contre-indica- sont équivalentes en termes de surface. Une discordance
tions, à l'exception de l'asthme et de la BPCO. entre les deux (hyposignal plus étendu que la zone d'infarc-
L'adénosine a une demi-vie courte (moins de 10 secondes) tus) est en faveur d'une ischémie associée à la présence d'un
et doit donc être administrée en perfusion continue à l'aide infarctus. La séquence de perfusion est assez sensible aux
d'une seringue électrique amagnétique. Le débit habituel est artéfacts. Ceux-ci touchent fréquemment le septum inter-
de 140 μg/kg/min. L'effet clinique cesse moins de 1 minute ventriculaire. Ils sont transitoires et ne sont pas systématisés
après l'arrêt de la perfusion. Le dipyrydamole a une demi-vie à un territoire coronaire. Ils peuvent également être cir-
plus longue (de l'ordre de 30 minutes). Il est habituellement conférentiels, de visualisation transitoire. En cas d'examen
administré en perfusion IV lente sur 4 minutes à la dose de positif (retrouvant une ischémie) myocardique, il convient
0,84 mg/kg (4 à 6 ampoules en moyenne). L'effet maximal de préciser le nombre et la localisation des segments isché-
est obtenu vers la 8e minute après le début de l'injection. Le miques. La tolérance clinique de l'examen doit également
regadenoson s'administre en bolus sur 30 secondes. On uti- être mentionnée.
lise une dose unique d'un flacon par patient. Sa demi-vie est En termes de performance, l'IRM de stress se place sur la
brève (de l'ordre de 30 secondes) et nécessite de réaliser la même ligne que la scintigraphie et l'échographie de stress ou
séquence de perfusion IRM juste après l'injection. d'effort. Globalement, la sensibilité et la spécificité de ces tech-
La réalisation de l'examen doit se faire dans des condi- niques sont de l'ordre de 80 %. Un examen normal n'élimine
tions de sécurité avec présence d'un défibrillateur et d'un donc pas formellement la présence d'une ischémie myocar-
chariot d'urgence. Le médecin réalisant l'examen doit être dique. Notons toutefois que l'IRM offre l'avantage de ne pas
formé aux techniques de réanimation et être assisté d'un exposer aux rayons X et de ne pas être gênée par les possibles
manipulateur. Un électrocardiogramme (ECG) doit être artéfacts d'atténuation parfois visibles en scintigraphie sur la
réalisé avant et après l'examen, afin de rechercher notam- paroi inférieure du VG et pouvant conduire à des faux positifs.
ment des contre-indications (bradycardie sévère). Durant
l'examen, un monitorage de la tension artérielle et de l'ECG
est nécessaire. Cliniquement, ces agents peuvent entraîner `` Conclusion
une sensation d'inconfort, une sensation de chaleurs, des L'IRM cardiaque est une technique efficace et précise pour
céphalées et plus rarement des douleurs thoraciques. En faire le bilan d'une cardiopathie ischémique. Elle permet
cas de mauvaise tolérance, on peut antidoter leur effet en d'étudier la viabilité, de préciser la répercussion de la mala-
injectant de l'aminophylline. Ces agents vasodilatateurs vont die sur la fonction globale et segmentaire du ventricule
égale­ment accélérer la fréquence cardiaque (de 10 à 15 bpm) gauche et peut détecter la présence d'une ischémie myocar-
et faire diminuer la tension artérielle. À noter que, dans le dique en utilisant un agent pharmacologique.
cas de l'adénosine, le simple fait d'arrêter la perfusion annule
les effets cliniques en moins d'une minute.
Techniquement, l'examen est fondé sur la réalisation Références
d'une séquence dynamique de perfusion. Trois à quatre [1] The clinical role of magnetic resonance in cardiovascular disease.
coupes sont habituellement acquises par battement sur le VG Task Force of the European Society of Cardiology, in collaboration
en petit axe et répétées 60 à 80 fois afin d'obtenir une durée with the Association of European Paediatric Cardiologists. Eur Heart
d'acquisition d'au moins une minute. Il est recommandé de J 1998 ; 19 : 19–39.
répéter les coupes tous les battements (une concaténation). [2] Takaoka H, Takeuchi M, Odake M, et al. Comparison of hemody-
L'acquisition des images se fait en cours de perfusion pour namic determinants for myocardial oxygen consumption under dif-
l'adénosine, à la 8e minute pour le dipyridamole et à la fin ferent contractile states in human ventricle. Circulation 1993 ; 87 :
du bolus pour le regadenoson. Habituellement, une dose 59–69.
simple de gadolinium (0,1 mmol/kg) est injectée pour réa- [3] Gould KL. Assessment of coronary stenoses with myocardial per-
fusion imaging during pharmacologic coronary vasodilatation.
liser la perfusion sous stress. Une seconde dose est injectée
IV. Limits of detection of stenosis with idealized experimental
après cette séquence pour effectuer l'imagerie de rehausse- cross-­s ectional myocardial imaging. Am J Cardiol 1978 ; 42  :
ment tardif à 15 minutes. Certaines équipes réalisent égale­ 761–8.
ment une perfusion de repos (après neutralisation de la [4] Rezkalla SH, Kloner RA. No-reflow phenomenon. Circulation 2002 ;
persantine avec de l'aminophylline ou arrêt de la perfusion 105 : 656–62.
d'adénosine) avec cette seconde dose. [5] Thomson LE, Kim RJ, Judd RM. Magnetic resonance imaging for the
L'interprétation de l'examen doit analyser conjointe- assessment of myocardial viability. J Magn Reson Imaging 2004 ; 19 :
ment les images de la séquence de perfusion et les images 771–88.
de rehaussement tardif. Une ischémie myocardique va se [6] Cerqueira MD, Weissman NJ, Dilsizian V, et al. Standardized myo-
manifester sur la séquence de perfusion par un hyposignal cardial segmentation and nomenclature for tomographic imaging of
the heart. A statement for healthcare professionals from the Cardiac
persistant, sous-endocardique ou transmural, dans un ter-
Imaging Committee of the Council on Clinical Cardiology of the
ritoire coronaire, sans infarctus visible dans ce territoire American Heart Association. Int J Cardiovasc Imaging 2002 ; 18 :
sur la séquence de rehaussement tardif. Si un infarctus est 539–42.
présent dans ce même territoire, on ne parlera pas d'isché- [7] Gaertner R, Logeart D, Michel JB. Mercadier JJ [Early left ventricu-
mie : l'hyposignal visualisé sur la perfusion correspond alors lar remodelling following acute coronary accident]. Med Sci (Paris)
aux remaniements fibreux de la zone infarcie et non à une 2004 ; 20 : 643–50.
Chapitre 39. Apport de L'IRM dans l'ischémie myocardique    693

[8] Wilke NM, Jerosch-Herold M, Zenovich A, et al. Magnetic resonance [12] Croisille P, Kim HW, Kim RJ. Controversies in cardiovascular MR ima-
first-pass myocardial perfusion imaging  : clinical validation and ging : T2-weighted imaging should not be used to delineate the area at
future applications. J Magn Reson Imaging 1999 ; 10 : 676–85. risk in ischemic myocardial injury. Radiology 2012 ; 265 : 12–22.
[9] Kim RJ, Fieno DS, Parrish TB, et al. Relationship of MRI delayed [13] Kim  HW, Van Assche  L, Jennings  RB, et  al. Relationship of
contrast enhancement to irreversible injury, infarct age, and contrac- T2-weighted MRI myocardial hyperintensity and the ischemic area-
tile function. Circulation 1999 ; 100 : 1992–2002. at-risk. Circ Res 2015 ; 117 : 254–65.
[10] Roes SD, Kelle S, Kaandorp TA, et al. Comparison of myocardial [14] Gerber BL, et al. Microvascular obstruction and left ventricular remo-
infarct size assessed with contrast-enhanced magnetic resonance ima- deling early after acute myocardial infarction. Circulation 2000 ; 101 :
ging and left ventricular function and volumes to predict mortality in 2734–41.
patients with healed myocardial infarction. Am J Cardiol 2007 ; 100 : [15] Nijveldt R, Rochitte CE, Melin JA, et al. Functional recovery after
930–6. acute myocardial infarction : comparison between angiography, elec-
[11] Arai AE, Leung S, Kellman P. Controversies in cardiovascular MR trocardiography, and cardiovascular magnetic resonance measures of
imaging : reasons why imaging myocardial T2 has clinical and patho- microvascular injury. J Am Coll Cardiol 2008 ; 52 : 181–9.
physiologic value in acute myocardial infarction. Radiology 2012 ; [16] Russel S, Darmon S, Vermillet A, et al. Stress cardiac MRI in management
265 : 23–32. of ischemic heart disease. Ann Cardiol Angeiol (Paris) 2014 ; 63 : 345–52.
Chapitre
40
Myocardite
J.-F. Deux, V. Tacher, F. Legou, M. Vitellius, H. Kobeiter, A. Luciani, A. Rahmouni

PLAN DU CHAPITRE
Généralités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 695 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 697
IRM cardiaque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 695

Généralités IRM cardiaque


La myocardite est définie histologiquement comme la Généralités
présence d'un infiltrat cellulaire inflammatoire intramyo- L'IRM permet de mettre en évidence de façon non invasive
cardique avec ou sans nécrose myocytaire sur la biopsie l'œdème et l'inflammation myocardite, l'hyperémie et la
myocardique [1]. Elle est le plus souvent secondaire à une nécrose myocytaire. Globalement, elle permet de suspecter
infection virale (parvovirus B19, herpès virus  6, virus le diagnostic dans 80 % des cas et est actuellement large-
d'Epstein-Barr, VIH). Des causes bactériennes, parasitaires ment employée pour confirmer (ou infirmer) le diagnos-
(maladie de Lyme), auto-immunes ou toxiques (médicamen- tic chez les patients. Elle doit être réalisée tôt, si possible
teuses) sont également possibles mais plus rares. Le virus est dans les premiers jours afin de profiter de la phase où les
présent dans les cellules myocardiques pendant quelques réactions inflammatoires sont les plus intenses. En cas de
jours, puis est en général éliminé par le système immunitaire négativité, il est possible de refaire l'examen au bout de
après 2 semaines. Dans certains cas, le virus persiste ou une quelques jours [4].
réaction auto-immune inappropriée se met en place définis-
sant la myocardite chronique qui peut conduire à l'apparition
d'une cardiomyopathie dilatée (CMD) [2]. Protocole
Cliniquement, elle touche le plus souvent les sujets jeunes Le protocole doit comprendre au minimum des séquence
avec une prédominance masculine. Les signes cliniques sont T2 (sang noir type T2 STIR ou sang blanc), des séquences de
variés : classiquement, les patients se plaignent de douleurs ciné-IRM et des séquences de rehaussement tardif acquises
thoraciques, fatigue et dyspnée. Des troubles du rythme, des 10 à 15 minutes après injection. Il peut également être utile
signes d'insuffisance cardiaque ou une mort subite peuvent de disposer d'une séquence de perfusion de premier pas-
également révéler la maladie. Une fébricule est souvent sage, d'une séquence de rehaussement précoce à 5 minutes,
constatée à l'examen clinique et les patients mentionnent de séquences de ciné-IRM post-injection et de séquences
fréquemment un syndrome grippal quelques jours ou paramétriques dites de mapping. Les plans classiques du
semaines avant le début des signes cliniques. Les examens cœur doivent être explorés (petit axe, 4 cavités et long axe
paracliniques objectivent une élévation de la troponine 2  cavités). Les recommandations internationales men-
(d'importance variable) et des perturbations non spécifiques tionnent également la réalisation de séquences T1 sang noir
sur l'électrocardiogramme (ECG). Au final, le diagnostic est avant et après injection [4], mais qui sont assez peu utilisées
le plus souvent porté sur un faisceau d'arguments cliniques, en pratique du fait d'artéfacts fréquents.
biologiques et électriques. Le tableau clinicobiologique et
électrique peut parfois faire suspecter un syndrome coro-
naire aigu (SCA) nécessitant de réaliser une coronarogra- Sémiologie
phie en urgence afin d'éliminer un infarctus. Dans certains Un œdème myocardique est présent sur les séquences T2
cas douteux ou difficiles, il est également possible de recou- dans 30 à 50 % des cas, le plus souvent de localisation trans-
rir à la biopsie myocardique pour diagnostiquer la maladie. murale, parfois associé à un épaississement de la paroi ven-
L'évolution de la myocardite est le plus souvent favorable, triculaire gauche [4–6] (fig. 40.1).
mais certains patients peuvent décéder au stade aigu ou La fraction d'éjection ventriculaire gauche est nor-
évoluer vers l'apparition d'une cardiomyopathie dilatée. La male ou altérée de façon plus ou moins importante sur les
mortalité globale dans les 5 ans postmyocardite serait de séquences de ciné-IRM (fig. 40.2). Elle constitue un facteur
l'ordre de 19 % [1–3]. pronostique de survie du patient. L'altération contractile est

IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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696   Partie 6. Imagerie cardiovasculaire

épicardique avec un aspect de pseudo-hypoperfusion du


sous-endocarde en regard [8].
La réalisation de séquences de rehaussement tardif est
capitale dans le diagnostic positif. Celles-ci mettent typi-
quement en évidence des plages de rehaussement nodulaires
ou linéaires sous-épicardiques dans la paroi du ventricule
gauche, sans lien avec une systématisation coronaire [5]
(fig. 40.4). Ces prises de contraste sont classiquement nodu-
a b laires sur les coupes 4 cavités et linéaires sur les coupes petit
axe. Elles peuvent également, mais de façon moins fré-
Fig. 40.1 Patient de 28 ans présentant des douleurs thoraciques,
une fébricule et une élévation de la troponine. Les images T2
quente, être médiopariétales voire transmurales. L'atteinte
(STIR) acquises dans le plan 4  cavités (a) et petit axe (b) objectivent isolée du sous-endocarde doit faire évoquer en première
un hypersignal de la paroi latérale du ventricule gauche (flèches en a, hypothèse une nécrose myocardique si la lésion est systéma-
b). La paroi latérale a une épaisseur augmentée du fait d'un œdème tisée à un territoire coronaire. La paroi latérale et la région
myocardique. inférolatérale sont le plus souvent atteintes, mais toutes les
parois peuvent être concernées. L'atteinte septale isolée
est rare et doit faire rechercher une cause inhabituelle. Le
ventricule droit est rarement atteint. Une réaction inflam-
matoire du péricarde peut être associée, sous la forme d'un
rehaussement péricardique visible après injection (myopéri-
cardite). Il a également été rapporté la possibilité de réaliser
des séquences de rehaussement précoce (à 5 minutes) qui
semblent offrir un meilleur contraste entre les lésions et le
myocarde sain comparativement aux séquences acquises à
10 minutes [9].
Récemment, les séquences paramétriques de cartogra-
phie du myocarde (dites de mapping) ont montré un inté-
a b
rêt potentiel dans le diagnostic de la maladie [10–15]. Les
Fig. 40.2 Patient de 28 ans présentant des douleurs thoraciques, séquences T1 mapping permettraient de détecter l'inflam-
une fébricule et une élévation de la troponine. La séquence de mation myocardique diffuse avec plus de sensibilité que les
ciné-IRM acquise dans le plan 4 cavités (a, image diastolique ; b, image séquences classiques. Le seuil de 990 ms à 1,5 T a été pro-
systolique) ne met pas en évidence d'altération de la fonction contrac- posé comme seuil pour séparer sujets normaux et patients
tile du ventricule gauche (VG). atteints de myocardite [15].
L'IRM ne permet pas de donner d'orientation étiolo-
gique concernant la myocardite. Une atteinte septale isolée
est toutefois inhabituelle et doit faire suspecter une cause
inhabituelle.

Performances diagnostiques
Il est préférable de réaliser l'examen tôt (premiers jours)
afin de bénéficier de la présence de l'œdème myocardique
qui disparaît rapidement [16]. La sensibilité des séquences
de rehaussement tardif, des séquences T2 et des séquences
a b
Fig. 40.3 Même patient qu'en fig. 40.2. La séquence de ciné-IRM
post-injection objective un rehaussement nodulaire dans la paroi laté-
rale du VG (flèches en a, b).

globale ou segmentaire. Il est à noter toutefois qu'une hypo-


kinésie segmentaire nette isolée est suspecte et doit faire
rechercher un réhaussement sous-endocardique après injec-
tion, en faveur d'un infarctus. Les séquences de ciné-IRM
peuvent également objectiver des plages de rehaussement
myocardiques sous-épicardiques lorsqu'elles sont effectuées a b
après injection (fig. 40.3). Elles s'avèrent souvent utiles pour
Fig. 40.4 Même patient qu'en fig. 40.2. La séquence de rehausse-
confirmer le diagnostic [7]. ment tardif acquise à 10 minutes confirme la présence d'un rehausse-
La perfusion de premier passage après injection est assez ment sous-épicardique et médiopariétal respectant le sous-endocarde,
peu contributive au diagnostic de myocardite. On peut par- visible en 4 cavités (a, flèches) et en petit axe (b, flèches) compatible
fois mettre en évidence une hyperémie de la région sous- avec le diagnostic de myocardite.
Chapitre 40. Myocardite   697

détectant l'hyperémie est toutefois relativement faible, de En imagerie, il n'existe pas de consensus quant à la nécessité
l'ordre de 60 %. Les recommandations internationales sug- de suivre systématiquement les patients ayant fait une myo-
gèrent donc d'associer ces séquences afin augmenter les cardite aiguë. Le délai du contrôle IRM reste également encore
performances diagnostiques de l'examen, la présence de débattu (1 à 2 mois probablement). Sur le contrôle à 1 ou
deux critères sur trois permettant de porter le diagnostic de 2 mois, les lésions sont encore souvent visibles après injection,
myocardite (Lake Louise criterias) avec une sensibilité et une retrouvées dans plus de 50 % des cas. Elles sont localisées dans
spécificité diagnostiques approchant les 80 % [4]. Certaines les mêmes territoires que sur l'IRM initiale, mais semblent
études suggèrent que l'adjonction de séquences de mapping souvent un peu moins étendues et avec un signal IRM moins
augmenterait les performances diagnostiques de l'IRM en intense. L'œdème myocardique disparaît habituellement en 2 à
optimisant la détection des cas où l'inflammation est diffuse 3 semaines. Il est important de profiter du contrôle IRM pour
sans lésion focale, source potentielle de faux négatifs avec les calculer la FEVG et les volumes ventriculaires afin de dépister
séquences classiques [14, 15]. une éventuelle évolution vers une CMD.

Évolution et suivi en imagerie Diagnostics différentiels


L'évolution clinique des myocardites est le plus sou- L'atteinte du sous-épicarde dans le VG sans systématisation
vent favorable en quelques jours à quelques  semaines. coronaire n'est pas spécifique de la myocardite. Ce diagnostic
L'évolution peut toutefois être parfois péjorative et conduire est évoqué en imagerie en première hypothèse dans le cas de
à l'apparition d'une CMD (dilatation ventriculaire gauche douleurs thoraciques aiguës avec élévation de la troponine
avec altération de la fraction d'éjection ventriculaire gauche survenant chez un sujet jeune. D'autres maladies peuvent
[FEVG]). La découverte d'une CMD aiguë est d'ailleurs un présenter des rehaussements sous-épicardiques ou intra-
des modes de présentation de la maladie. Les myocardites myocardiques pouvant mimer une myocardite comme des
virales seraient la cause de 10 % des CMD (fig. 40.5 et 40.6). maladies de système (sarcoïdose) [18], une dysplasie aryth-
Les critères d'évolution péjorative sont la valeur initiale de mogène du ventricule droit (DAVD) touchant le cœur gauche
la FEVG et le volume télédiastolique du VG. La présence [19] ou une cardiomyopathie hypertrophique (CMH). Dans
et l'importance du rehaussement tardif ont également été ce dernier cas, la présence d'une hypertrophie myocardique
incriminées dans certaines études [17]. associée permet en général de redresser le diagnostic.
Dans le cadre d'un syndrome coronaire aigu (SCA) à
coronaires saines, il conviendra de ne pas confondre myo-
cardite et infarctus (ce dernier touchant le sous-endocarde et
étant localisé à un territoire coronaire). La cardiomyopathie
de Takotsubo est un autre diagnostic différentiel classique :
l'IRM objective un aspect ballonisé de la partie apicale ou
moyenne du VG avec une viabilité myocardique conservée
sur le rehaussement tardif (voir chapitre 41) [20].

`` Conclusion
La myocardite aiguë est une pathologie relativement fré-
quente et constitue un motif classique de réalisation d'une
Fig.  40.5 Aspect de cardiomyopathie dilatée secondaire à une IRM cardiaque. L'atteinte sous-épicardique non systémati-
myocardite chez un patient de 40  ans se présentant avec un sée à un territoire coronaire parfois avec réaction œdéma-
tableau d'insuffisance cardiaque gauche. La séquence de ciné-IRM
teuse est un point clé du diagnostic. Elle ne doit pas être
acquise dans le plan vertical long axe objective un VG dilaté. La FEVG
calculée chez ce patient était à 38 %.
confondue avec l'infarctus qui est sous la dépendance d'un
territoire coronaire et intéresse le sous-endocarde.

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Chapitre
41
Cardiomyopathie
de Takotsubo
F. Legou, V. Tacher, M. Vitellius, A. Luciani, A. Rahmouni, J.-F. Deux

PLAN DU CHAPITRE
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 699 Aspect IRM de la cardiomyopathie
Épidémiologie et physiopathologie . . . . . . . . . 699 de Takotsubo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 700
Présentation clinique et paraclinique Principaux diagnostics différentiels . . . . . . . . . 700
des patients . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 699 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 701
Protocole IRM. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 700

Introduction montré des souffrances tissulaires importantes à la phase


aiguë (vacuoles et accumulation de glycogène intracellu-
La cardiomyopathie de Takotsubo (CTT) est une cardio- laire, augmentation de la matrice protéique extracellulaire),
myopathie de stress réversible rare. Elle correspond à une avec reconstitution histologique complète secondairement
dysfonction aiguë de la cinétique du ventricule gauche [8]. Le risque de récidive peut s'élever à 11 %. L'espérance
(VG), sans topographie segmentaire, ni de coronaropathie de vie de ces patients reste identique à celle de la population
significative et est rapidement résolutive. Ce syndrome a normale [9].
été décrit la première fois en 1991 par Dote [1]. Il est carac-
térisé par une ballonisation apicale du VG en systole qui
prend en systole un aspect de piège à poulpe japonais appelé
Présentation clinique
Takotsubo. L'IRM a un rôle clé dans la prise en charge de ces et paraclinique des patients
patients car elle permet d'identifier l'anomalie contractile Typiquement, les patients se présentent avec des douleurs tho-
apicale et de rechercher, via une injection de gadolinium, un raciques compatibles avec un SCA. L'électrocardiogramme
diagnostic différentiel de syndrome coronarien aigu (SCA) (ECG) objective des modifications électriques mais sans
à coronaires saines, classiquement une myocardite ou un sus-décalage du segment ST. Le dosage des troponines peut
infarctus. être majoré, mais reste modéré. L'échographie transtho-
racique (ETT) montre une akinésie ou une hypokinésie
apicale sévère ventriculaire gauche, avec une hyperkinésie
Épidémiologie et physiopathologie basale compensatrice. La fraction d'éjection du ventricule
La CTT représente 2 % des patients présentant un syndrome gauche (FEVG) peut être conservée ou abaissée [10, 11]. La
coronarien aigu en Europe et aux États-Unis [2, 3]. Elle pré- coronarographie objective l'absence de lésion coronarienne
domine chez les femmes de plus de 65 ans, ayant subi un significative et la ventriculographie met en évidence un VG
choc émotionnel brusque, intense. Les facteurs déclenchant ballonisé dans sa portion apicale. L'ensemble des anomalies
retrouvés sont essentiellement émotionnels et familiaux cliniques et paracliniques sont rapidement résolutives, avec
dans 89 % des cas [4]. Sa physiopathologie n'est pas encore un retour à la normale dans les jours ou semaines suivant
clairement élucidée. Le dosage sérique des catécholamines la douleur thoracique [12]. Les complications du STT sont
est élevé chez ces patients, faisant suspecter une participa- rares. Dans 5 % des cas, un thrombus intra-VG apparaît du
tion du système sympathique [5–7]. Des épreuves de stress fait de la dysfonction contractile. On peut également obser-
pharmacologiques avec dobutamine confirment l'hypothèse ver une insuffisance mitrale ou une atteinte du ventricule
d'une toxicité sympathique. Les analyses histologiques ont droit VD [2].

IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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700   Partie 6. Imagerie cardiovasculaire

Protocole IRM dans la zone dysfonctionnelle correspondant à un œdème


secondaire à une inflammation myocardique (confirmée
Le protocole doit comprendre des séquences de ciné-IRM, histologiquement) [2]. Ces zones œdémateuses sont super-
des séquences T2 (sang noir ou sang blanc) à la recherche posables aux zones dyskinétiques. Le T2 ratio, rapport
d'un œdème myocardique et des séquences de rehausse- entre le signal du myocarde et le signal d'un muscle sque-
ment tardif après injection dont le but est de rechercher un lettique, est augmenté dans les zones dyskinétiques par rap-
diagnostic différentiel comme un infarctus ou une myo- port aux territoires normo-contractiles [13]. Les séquences
cardite. L'apport des nouvelles séquences d'imagerie para- de rehaussement tardif n'objectivent le plus souvent pas
métriques dites de mapping dans le diagnostic est en cours de rehaussement myocardique dans la CTT (fig.  41.2).
d'évaluation. Quelques études [10, 14–16] ont toutefois rapporté des cas
de rehaussements intramyocardiques, médiopariétaux, peu
intenses et transitoires, dans 16 à 40 % des cas. En histologie,
Aspect IRM de la cardiomyopathie ces zones rehaussées correspondraient à des zones de fibrose
de Takotsubo [17]. Les séquences de mapping ont montré une élévation du
T1 et du T2 myocardique dans les zones ballonisées compa-
Aspect classique rativement aux zones saines [13, 18].
L'aspect typique associe des troubles de la contraction api-
cale du ventricule gauche, un œdème myocardique et une
absence de rehaussement myocardique après injection Cardiomyopathies de Takotsubo atypiques
de gadolinium. L'anomalie contractile se présente sous la Plus rarement, une CTT peut être médioventriculaire ou basale.
forme d'une ballonisation du ventricule gauche (fig. 41.1) Ces formes atypiques prédominent chez les patients jeunes, avec
dont la région apicale ne se contracte pas (ou très peu) en un facteur déclencheur émotionnel systématique [19, 20]. Les
systole. Elle est rapidement résolutive en quelques jours ou taux sériques de troponines, CPK (créatine phosphokinase)
semaines. Une atteinte ventriculaire droite peut également et NT-proBNP (N-terminal pro-brain natriuretic peptide) sont
être associée et constitue un élément de moins bon pro- supérieurs à ceux des patients ayant une forme classique.
nostic avec une durée d'hospitalisation plus longue [2]. De
même, la présence d'un épanchement pleuropéricardique
parfois retrouvé est un élément de moins bon pronostic. Principaux diagnostics différentiels
Les séquences T2 objectivent typiquement un hypersignal La CTT survient dans un contexte de SCA et l'IRM est le plus
souvent effectuée après la réalisation d'une coronarographie
qui n'a pas retrouvé de lésion significative. Les deux diagnos-
tics différentiels les plus fréquents que peut mettre en évidence
l'IRM sont la myocardite et l'infarctus récent. Dans le cas de la
myocardite, la séquence de rehaussement tardive sera centrale
pour faire le diagnostic en recherchant des zones de rehausse-
ments sous-épicardiques du ventricule gauche, nodulaires ou
linéaires (voir chapitre 40). Dans le cas de l'infarctus récent,
cette même séquence sera également capitale pour mettre en
évidence un rehaussement sous-endocardique ou transmu-
a b ral dans un territoire coronaire, parfois associé à des dégâts
microvasculaires. Un œdème est typiquement retrouvé sur les
séquences T2 dans ces deux diagnostics différentiels.

c d
Fig. 41.1 Douleur thoracique aiguë chez une patiente de 67 ans,
au décours de l'incendie dans son domicile, élévation modérée
de la troponinémie. IRM cardiaque effectuée à J2 de la douleur
thoracique. Les séquences ciné-SSFP (steady-state free precession)
acquises dans le plan 4 cavités (a, b) et long axe 2 cavités (c, d) objec- Fig. 41.2 La séquence de rehaussement tardif acquise en coupe
tivent une akinésie de la partie antérieure du ventricule gauche qui ne 4 cavités (a) et long axe 2 cavités (b) n'objective pas d'anoma-
s'épaissit pas entre la diastole (a, c) et la systole (b, d), donnant un lie de rehaussement dans le territoire akinétique. L'ensemble est
aspect de ballonisation apicale. évocateur d'une cardiomyopathie de Takotsubo.
Chapitre 41. Cardiomyopathie de Takotsubo   701

`` Conclusion [10] Eitel I, Knobelsdorff-Brenkenhoff von F, Bernhardt P, et al. Clinical


characteristics and cardiovascular magnetic resonance findings in
La CTT reste une maladie sous-diagnostiquée dont la physio- stress (takotsubo) cardiomyopathy. JAMA 2011 ; 306(3) : 277–86.
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nists. J Am Coll Cardiol 2009 ; 53(15) : 1320–5.
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pathy (reverse left ventricular apical ballooning syndrome) pesents at
[8] Nef HM, Mollmann H, Kostin S, et al. Tako-Tsubo cardiomyopathy :
a younger age compared with the mid or apical variant and is always
intraindividual structural analysis in the acute phase and after func-
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tional recovery. Eur Heart J 2007 ; 28(20) : 2456–64.
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prognosis of the apical ballooning syndrome. J Am Coll Cardiol 2007 ;
50(5) : 448–52.
Chapitre
42
Cardiomyopathie
de non-compaction
du ventricule gauche
J. Caudron, L. Valancogne, B. Dubourg, J.-N. Dacher

PLAN DU CHAPITRE
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 703 Aspect IRM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 704
Caractéristiques de la maladie . . . . . . . . . . . . . 703 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 706

Introduction Caractéristiques de la maladie


La cardiomyopathie de non-compaction du ventricule Embryologie, physiopathologie
gauche (NCVG), en l'absence de toute autre anomalie et aspect macroscopique
cardiaque, a été décrite pour la première fois en 1984 par
Engberding et al. [1]. La NCVG est définie depuis 2006 par Après la 4e semaine de vie fœtale, la structure intralumi-
l'American Heart Association comme une cardiomyopathie nale du tube cardiaque voit apparaître des trabéculations
primitive rare d'origine génétique [2], tandis que pour l'Eu- qui permettent au myocarde d'accroître sa masse avant que
ropean Society of Cardiology, il s'agit d'une cardiomyopathie la circulation coronaire ne soit fonctionnelle. Pendant les
dont l'origine est indéterminée [3]. Elle est caractérisée par semaines 5 à 9 de la vie fœtale, le myocarde ventriculaire
une fine couche compactée (C) épicardique contrastant avec subit une compaction progressive, avec transformation des
une couche endocardique dite trabéculée (T) anormalement larges espaces intertrabéculaires en capillaires : le maillage
épaisse, constituée de trabéculations et responsable d'une de trabéculations s'aplatit ou disparaît, suite aux change-
altération de la structure et de la fonction du ventricule ments de pression et de volume, au profit d'un épaississe-
gauche (VG) [4]. Elle peut être isolée ou associée à des mala- ment de la couche compactée. La progression du processus
dies métaboliques ou des syndromes génétiques (patholo- de compaction du myocarde ventriculaire se fait norma-
gies neuromusculaires comme le syndrome de Noonan ou lement depuis l'épicarde vers l'endocarde, de la base vers
le syndrome de Barthe) et à des cardiopathies congénitales l'apex, et du septum vers la paroi latérale du VG. Dans le
(anomalie d'Ebstein, atrésie pulmonaire, sténose aortique, même temps, les vaisseaux coronaires se forment à partir
communication interventriculaire). Dans les années 2000, d'angioblastes extracardiaques et la circulation coronaire est
on note une augmentation du nombre de cas de NCVG rap- établie. Certaines trabéculations se regroupent pour former
portés, en particulier chez des patients sans dysfonction car- les muscles papillaires antérieur et postérieur. L'hypothèse
diaque ni arythmie, probablement du fait de l'amélioration physiopathologique de la NCVG la plus acceptée est qu'il
de la visualisation de la couche T. Les critères diagnostiques existerait un échec ou un arrêt prématuré du processus de
définis en imagerie, que ce soit en échographie transthora- compaction du maillage de trabéculations lors de l'ontoge-
cique (ETT) ou en IRM, semblent trop sensibles [5], et on nèse fœtale. Cela expliquerait notamment la distribution
s'aperçoit aujourd'hui que la quantité de trabéculations du essentiellement apicale et latérale des trabéculations visibles
VG est très variable aussi bien dans les cœurs pathologiques, en imagerie cardiaque. L'arrêt du processus de compac-
typiquement dans les cardiomyopathies hypertrophiques tion serait responsable d'anomalie fonctionnelle de la paroi
(CMH) que dans des cœurs sains. Des publications récentes ventriculaire conduisant à une dysfonction systolique. Les
remettent en cause le caractère de cardiomyopathie primi- symptômes apparaîtraient le plus souvent à l'âge adulte après
tive initialement reconnu, et évoquent plus un phénotype une longue période de latence, pendant laquelle la fonction
qu'une pathologie à part entière [5]. VG se dégraderait progressivement.

IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
© 2017, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 703
704   Partie 6. Imagerie cardiovasculaire

Génétique Traitement
Des mutations ont été retrouvées dans certains cas de La prise en charge des patients présentant une NCVG est
NCVG de la littérature, faisant suspecter une maladie similaire aux autres cardiomyopathies. Il faut donc inclure
génétique hétérogène de transmission autosomique un traitement approprié de l'insuffisance cardiaque, une
dominante ou liée à l'X [2]. Les formes liées à l'X décrites prise en charge des arythmies et, selon certains auteurs, une
étaient parfois associées à des myopathies ou rentraient anticoagulation orale pour prévenir les emboles systémiques
dans le cadre de syndromes génétiques. Pour les formes chez des patients avec une fraction d'éjection du ventricule
autosomiques, de nombreuses mutations ont été iden- gauche (FEVG) inférieure à 40 %. La transplantation car-
tifiées, principalement au niveau  des gènes mitochon- diaque est le traitement de dernier recours de la dysfonction
driaux, des gènes du cytosquelette, des gènes des protéines systolique. Selon Caliskan, l'implantation d'un défibrillateur
sarcomériques. La conséquence de ces mutations serait implantable selon les recommandations pour les cardio-
très variable ; la sévérité, le type et l'âge de survenue de myopathies non ischémiques (patient avec défaillance car-
l'expression clinique dépendraient également de facteurs diaque/altération sévère de la FEVG) pour une prévention
environnementaux. Les mêmes mutations (gènes de la primaire ou secondaire de la mort subite serait utile [15].
protéine sarcomérique) ont été retrouvées dans des cas
de NCVG, de CMH et de cardiomyopathie dilatée (CMD)
[6]. Ainsi, selon certains auteurs, la NCVG ne serait pas Aspect IRM
une cardiomyopathie distincte mais plutôt un phénotype
distinct ou une expression morphologique particulière de
Aspect typique
différentes cardiomyopathies sous-jacentes [5–7]. Dans Avant même d'évoquer les critères diagnostiques validés en
un grand nombre de cas de NCVG, aucune mutation n'a IRM, il semble utile de définir l'aspect typique d'une NCVG
pu être mise en évidence. telle qu'on peut l'observer en pratique clinique. La NCVG
typique comprend :
■ des anomalies fonctionnelles : le ventricule gauche est
Épidémiologie dilaté, globuleux, globalement hypokinétique avec alté-
La prévalence réelle de la NCVG dans la population géné- ration de la FEVG avec des troubles de la cinétique seg-
rale reste inconnue. Elle a été estimée initialement entre mentaire qui prédominent parfois dans les zones les plus
0,014 % et 0,05 % chez les patients adressés pour une écho- trabéculées ;
cardiographie, mais des études plus récentes rapportent une ■ des anomalies structurelles : d'un point de vue anato-
prévalence autour de 0,26 % [8, 9]. Nugent et al. et Andrews mique, il existe un aspect hypertrabéculé du myocarde
et al. retrouvaient respectivement une fréquence de NCVG ventriculaire gauche avec des trabéculations qui prédo-
de 9 % en Australie et de 3 % au Royaume-Uni dans les car- minent en général au niveau de la paroi latérale et de
diomyopathies pédiatriques nouvellement diagnostiquées l'apex du ventricule gauche (fig. 42.1) et définissent des
[10, 11]. Il semble exister une prédominance masculine, récessus intertrabéculaires. Ces récessus ne commu-
inexpliquée. niquent pas avec la circulation coronaire. Après injection,
il est possible d'observer un rehaussement intramyocar-
Symptômes et pronostic dique ou septal ; les pourcentages sont variables, allant de
0 % à 55 % suivant les séries [16–19]. Le rehaussement n'a
La fréquence de l'expression clinique est très variable pas de caractère spécifique dans son aspect ou sa localisa-
selon les séries publiées. Dans la série de Stöllberger et al. tion par rapport aux autres cardiomyopathies.
de 2002 [12], 89 % des patients atteints de NCVG présen-
taient des symptômes cardiaques. La NCVG peut aussi
être asymptomatique. Kawel et al. ont montré dans une
population de sujets sains asymptomatiques que les cri-
tères diagnostiques de NCVG étaient remplis dans 40 %
des cas [13]. La découverte fortuite d'une NCVG chez
des sujets asymptomatiques peut se faire lors d'un dépis-
tage familial ou d'un examen systématique. Les signes
cliniques associés à la NCVG sont non spécifiques, com-
muns aux autres cardiomyopathies. Ils sont constitués de
la triade classique :
■ altération progressive de la fonction systolique du VG ;
■ arythmies et troubles conductifs non spécifiques (fibril-
lation auriculaire, tachycardie ventriculaire, bloc de Fig. 42.1 Patient de 50 ans avec antécédent paternel de cardio-
branche droit et gauche) ; myopathie mal étiquetée. Dyspnée croissante et troubles du rythme
■ complications thrombo-emboliques. ventriculaire conduisant à la réalisation d'une IRM cardiaque. Séquence
Dans la série de Stanton (ETT), la mortalité des patients de ciné-IRM acquise dans le plan petit axe (a) mettant en évidence un
atteints de NCVG symptomatique était comparable à celle aspect hypertrabéculé de la paroi latérale du ventricule gauche évoca-
de patients atteints de CMD d'origine non ischémique (sur- teur d'une cardiomyopathie de non-compaction du ventricule gauche.
vie à 3 ans 85 % versus 83 %) [14]. Agrandissement centré sur la paroi latérale du ventricule gauche (b).
Chapitre 42. Cardiomyopathie de non-compaction du ventricule gauche    705

globale = masse trabéculée + masse compactée) du VG,


en télédiastole, supérieur à 20 % comme critère diag­
nostique en IRM (fig. 42.3) [20]. Il faut noter que, dans
l'article princeps, les piliers du VG étaient inclus dans la
masse compactée, ce qui là encore diffère de la plupart
des pratiques quotidiennes.

Manque de spécificité des critères


diagnostiques
Les résultats de la littérature montrent que les principaux
Fig. 42.2 Illustration de la méthode de mesure des épaisseurs du critères diagnostiques actuels sont peu spécifiques. Une syn-
myocarde compacté et non compacté d'après Petersen et al. [8]. thèse des études cliniques des critères diagnostiques de la
NCVG en IRM est présentée dans le tableau 42.1.
En échographie, l'étude de Kohli et al. montrait que 23,6 %
Principaux critères diagnostiques d'une population avec insuffisance cardiaque clinique (et
8 % des sujets sans pathologie cardiaque) remplissent tous
Quel que soit le critère retenu, le diagnostic de NCVG repose les critères diagnostiques échographiques de Jenni [21]. Elle
toujours une quantification de la couche T par rapport au montrait également une mauvaise corrélation entre les trois
myocarde C ou global. Les principaux critères diagnostiques principales définitions échographiques. Gati et al. retrou-
publiés en imagerie sont définis : vaient quant à eux 8,1 % des athlètes remplissant les critères
■ selon l'épaisseur. En échographie, Jenni et al. ont proposé conventionnels de NCVG [22].
un rapport d'épaisseurs T/C maximal > 2 [4]. Les mesures En IRM, pour les critères de Petersen, Kawel et al. ont
étaient effectuées en télésystole car d'après les auteurs, montré que sur 323 participants sans maladie cardiaque ni
cela permettait une meilleure visualisation des deux hypertension artérielle, 43 % ont un ratio T/C > 2,3 dans au
couches en échographie. D'autres auteurs ont proposé moins une région en IRM [13]. Pour Marchal et al., 28 % des
des critères échographiques en rapport avec l'épaisseur patients avaient au moins un segment avec un ratio d'épais-
ou l'aspect des trabéculations, mais avec de moins bonnes seur T/C > 2,3 dans une population de 82 CMD (NCVG
performances diagnostiques et moins utilisés en pratique exclues par ETT selon critères de Jenni) [23]. Dans l'article
courante. En IRM, Petersen et al. ont proposé un rapport de Luijkx et al., le ratio d'épaisseurs T/C était > 2,3 chez
d'épaisseur T/C maximal > 2,3 sur les coupes long axe 2, 60 % de joueurs de football africains et 18 % des joueurs
3 et 4 cavités (fig. 42.2). Les mesures étaient effectuées en européens [24].
télédiastole car cela permet une meilleure distinction des Concernant la masse en IRM, Captur et  al. retrou-
couches en IRM selon les auteurs [8]. Il est important de vaient quant à eux 48 % de sujets sains avec un ratio de
répéter que les auteurs ont utilisé pour ces critères des masses T/globale > 20 % [25].
mesures en long axe et non pas en petit axe, bien qu'in-
tuitivement dans la pratique quotidienne la plupart des
observateurs se fondent sur des mesures petit axe ; Diagnostics différentiels
■ selon la masse. Plus récemment, Jacquier et al. ont pro- Lorsque les récessus intertrabéculaires mettent en conti-
posé un ratio masse trabéculée/masse globale (masse nuité la cavité ventriculaire avec les artères coronaires,

Fig. 42.3 Illustration de la méthode de mesure du ratio masse trabéculée (T)/masse globale (T + C). La ligne supérieure montre le contou-
rage de la masse globale sur trois niveaux de coupe en petit axe. La ligne inférieure montre le contourage de la masse compactée sur ces mêmes
niveaux. Noter l'absence d'inclusion des trabéculations sur la ligne inférieure. La masse trabéculée (T) est la différence entre la masse globale (T + C)
et la masse compactée (C).
706   Partie 6. Imagerie cardiovasculaire

Tableau 42.1 Synthèse des principales études cliniques ayant évalué les critères diagnostiques IRM.
Population Analyse Analyse de l'épaisseur Apex Base
de la masse
Petersen, 2005 [8] 45 volontaires sains Non Long axe 16 segments (3 coupes Exclu Incluse
à 60° l'une de l'autre)
Jacquier, 2010 [20] 16 sujets contrôles Oui Non Inclus Incluse
Dawson, 2011 120 volontaires sains Non Petit axe 16 segments Exclu Incluse
Cheng, 2011 22 sujets contrôles Non Petit axe 16 segments Exclu Incluse
Grothoff, 2012 24 sujets contrôles Oui Petit axe 16 segments Exclu pour Incluse
l'épaisseur, inclus
pour la masse
Kawel, 2012 323 sujets sains Non Long axe 8 segments Exclu Exclue
(uniquement région médiane
et apicale), petit axe 8 segments
pour 100 sujets
Luijkx, 2012 38 footballeurs professionnels Non Petit axe 16 segments Exclu Incluse
(28 Caucasiens et 10 Africains) et long axe 16 segments
Marchal, 2013 82 CMD (NCVG exclues par ETT Non Petit axe 15 segments Exclu Incluse
selon critères de Jenni) (segments antérolatéral
et inférolatéral réunis)
Captur, 2013 40 sujets sains Oui Long axe 16 segments Exclu Incluse
(20 Caucasiens et 20 Africains)
CMD : cardiomyopathie dilatée ; ETT : échographie transthoracique ; cardiomyopathie de non-compaction du ventricule gauche.

on parle de « sinusoïdes intramyocardiques persistants », Références


appelés aussi « myocarde spongieux » ou « sinusoïdes per-
[1] Engberding R, Bender F. Identification of a rare congenital anomaly
sistants ». En contraste, dans la NCVG isolée, les récessus of the myocardium by two-dimensional echocardiography : persis-
intertrabéculaires ne communiquent pas avec la circulation tence of isolated myocardial sinusoids. Am J Cardiol 1984 ; 53(11) :
coronaire. Les autres diagnostics différentiels sont : les tra- 1733–4.
béculations normales du VG, la cardiomyopathie hypertro- [2] Maron BJ, Towbin JA, Thiene G, et al. Contemporary definitions and
phique (CMH) apicale et la cardiomyopathie dilatée (CMD) classification of the cardiomyopathies. An american heart association
avec un phénotype très trabéculé, les masses tumorales car- scientific statement from the council on clinical cardiology, heart
diaques et les thrombus muraux (trompeurs en échographie failure and transplantation committee ; quality of care and outcomes
surtout). research and functional genomics and translational biology interdis-
ciplinary working groups ; and council on epidemiology and preventi.
Circulation 2006 ; 113(14) : 1807–16.
`` Conclusion [3] Elliott P, Andersson B, Arbustini E, et al. Classification of the car-
diomyopathies : a position statement from the European Society of
Des critères IRM de non-compaction du ventricule gauche Cardiology working group on myocardial and pericardial diseases.
(NCVG) ont été publiés dans la littérature, en se fondant Eur Heart J 2008 ; 29(2) : 270–6.
soit sur le rapport d'épaisseur de myocarde trabéculé/com- [4] Jenni R, Oechslin E, Schneider J, et al. Echocardiographic and pathoa-
pacté, soit sur le rapport de masse trabéculée/globale. Les natomical characteristics of isolated left ventricular non-compaction :
limites de ces critères doivent être connues. En particulier, a step towards classification as a distinct cardiomyopathy. Heart 2001 ;
ces critères IRM semblent peu spécifiques car leur préva- 86(6) : 666–71.
lence est très élevée chez les volontaires sains. De plus, ces [5] Oechslin E, Jenni R. Left ventricular non-compaction revisited : a
distinct phenotype with genetic heterogeneity ? Eur Heart J 2011 ;
critères diagnostiques doivent toujours être intégrés dans
32(12) : 1446–56.
le contexte clinique afin de ne pas porter à tort le diagnos- [6] Hoedemaekers YM, Caliskan K, Majoor-Krakauer D, et al. Cardiac
tic de « maladie NCVG » : anomalies rythmiques, maladies beta-myosin heavy chain defects in two families with non-compaction
neuromusculaires, histoire familiale de NCVG, événements cardiomyopathy : linking non-compaction to hypertrophic, restrictive,
thrombo-emboliques, troubles de la cinétique segmentaire and dilated cardiomyopathies. Eur Heart J 2007 ; 28(22) : 2732–7.
ou globale. Au final, des études prospectives sont nécessaires [7] Sen-Chowdhry S, McKenna WJ. Left ventricular noncompaction and
pour clarifier au mieux le lien entre phénotype, génotype et cardiomyopathy : cause, contributor, or epiphenomenon ? Curr Opin
signes cliniques associés. Cardiol 2008 ; 23(3) : 171–5.
Chapitre 42. Cardiomyopathie de non-compaction du ventricule gauche    707

[8] Petersen SE, Selvanayagam JB, Wiesmann F, et al. Left ventricular tic resonance criteria for isolated left ventricular non-compaction.
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Chapitre
43
Cardiomyopathie arythmogène
du ventricule droit
A. Redheuil

PLAN DU CHAPITRE
Contexte. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 709 Fonction globale systolique
Rôle de l'IRM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 709 du ventricule droit. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 713
Contraction locorégionale et fonction Autres séquences. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 713
systolique du ventricule droit. . . . . . . . . . . . . . 710 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 713

Contexte subite récupérée, de syncope, de tachycardie ventriculaire


syncopale ou induite, dispersion du QT et dilatation et dys-
La cardiomyopathie arythmogène du ventricule droit fonction du VD et du VG.
(CAVD), anciennement dysplasie arythmogène du ventri- Le diagnostic de certitude est histologique et repose sur
cule droit (DAVD), est caractérisée histologiquement par la mise en évidence d'un remplacement fibro-adipeux du
le remplacement du myocarde ventriculaire droit par des myocarde ventriculaire droit sur une biopsie endomyocar-
dépôts de graisse et de fibrose. Cette maladie se caractérise dique. Toutefois, celle-ci n'est que très rarement envisagée
par l'existence de formes locales responsables d'anomalies en raison du risque important d'hémopéricarde. Les critères
sévères de la contraction segmentaire qui peuvent évoluer diagnostiques habituels reposent donc sur l'association de
vers des formes diffuses avec dilatation et dysfonction systo- critères cliniques, électriques (électrocardiogramme [ECG])
lique ventriculaire droite. Les localisations les plus souvent et d'imagerie. Sur le plan clinique, les antécédents person-
concernées sont, dans l'ordre, l'infundibulum pulmonaire, la nels de syncope inexpliquée ou de mort subite récupérée
région sous-valvulaire tricuspide et la jonction entre la paroi ainsi que les antécédents familiaux de CAVD ou de mort
libre latérale et la paroi inférieure du ventricule droit (VD) à subite < 35 ans avec suspicion de CAVD sont des critères
l'apex réalisant la « triade de la dysplasie » [1]. Le ventricule majeurs. La présence d'une onde epsilon ou d'un allonge-
gauche (VG) peut également être atteint dans le cas de dys- ment > 110 ms du QRS dans les dérivations précordiales
plasies biventriculaires. (V1–V3) représentent le critère diagnostique électrocardio-
Cette maladie est relativement sous-estimée, avec une graphique majeur.
prévalence à 1/1 000. Elle est responsable de 11 % des morts
subites en population générale et 25 % chez les jeunes ath-
lètes. Toutefois, la principale cause de décès reste l'insuffi- Rôle de l'IRM
sance cardiaque (59 %) suivie de la mort subite (29 %) [2]. La
transmission peut être familiale dans 30 % des cas sur le mode Les trois techniques d'imagerie diagnostiques citées par la
autosomique dominant avec une expression variable. Sur le Task force (2010) sont l'échocardiographie transthoracique,
plan génétique, des mutations codant pour des constituants l'IRM et l'angiographie du VD. La plupart des patients étant
des desmosomes (protéines d'adhésion entre les cardiomyo- jeunes au moment du diagnostic et amenés à avoir des exa-
cytes) sont retrouvées dans 40 % des cas et concernent essen- mens répétés dans le suivi de la maladie, les techniques non
tiellement la plakophiline-2 (PKP2) : 29 %, la desmogléine invasives paraissent préférables. Le scanner cardiaque n'est
2 (DSCG2) : 9 % et la desmoplakine (DSP) : 3 %. pas cité par la Task force, essentiellement en raison de sa
La présentation clinique est très peu spécifique et consti- nature irradiante et de la faible documentation de son uti-
tuée le plus souvent de sujets se présentant pour palpita- lisation dans ce cadre. Toutefois, son excellente résolution
tions, malaise ou syncope dans la deuxième ou troisième spatiale, la possibilité de réaliser une acquisition dynamique
décennie de la vie. Le diagnostic positif et l'évaluation du (quantification de la fonction VD) et de visualiser la graisse
risque rythmique sont souvent difficiles et reposent sur avec précision en font un examen potentiellement intéres-
un faisceau d'arguments. Les critères de mauvais pronostic sant, en particulier depuis l'avènement des dernières géné-
comprennent les éléments suivants : antécédents de mort rations de scanner et de protocoles moins irradiants.
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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710   Partie 6. Imagerie cardiovasculaire

L'échographie reste en général l'examen de première taire de coupe 4 cavités habituelle. L'axe du VD et celui du
intention qui pourra mettre en évidence une dilatation du VG n'étant pas en général alignés, on pourra prendre l'axe
VD, une anomalie de contraction segmentaire de sa paroi VD comme référence pour le placement de l'acquisition ciné
latérale et exclure une pathologie valvulaire tricuspide et une petit axe. La vue long axe 2 cavités centrée sur le VD per-
hypertension artérielle pulmonaire. Toutefois, cet examen mettra de placer une vue dans l'axe de la chambre de chasse
peut être limité par une visibilité le plus souvent incomplète VD qui servira elle-même à placer une vue infundibulaire
de l'ensemble des segments du VD liée aux fenêtres acous- déroulant les cavités droites. Ces deux dernières vues spé-
tiques disponibles. Pour cette raison, l'estimation fiable du cifiques au VD sont très utiles en particulier au diagnostic
volume et de la fraction d'éjection du VD reste difficile en des formes localisées pouvant atteindre l'infundibulum. La
échographie. La mesure du déplacement antérieur de l'an- vue long axe 2 cavités droite sera particulièrement utile pour
neau tricuspide (TAPSE) peut être réalisée en échographie les formes sous-tricuspidiennes, apicales et infundibulaires.
sur la paroi latérale et donner une indication de dysfonc- La contraction locorégionale du VD sera analysée visuel-
tion globale, particulièrement dans les formes diffuses de la lement et cotée en classes : normokinétique, hypokinétique,
maladie. D'autres techniques plus récentes comme la mesure akinétique et dyskinétique. Il est important, pour commu-
de la déformation myocardique (strain) ou l'acquisition 3D niquer de façon efficace les résultats et permettre une com-
ont été proposées, mais leur intérêt reste en évaluation. paraison interexamen et interobservateur, de respecter une
L'IRM permet une évaluation complète de la morpholo- segmentation du VD précise. Celle-ci, comprenant 5 seg-
gie et de la cinétique segmentaire de l'ensemble des cavités ments, est détaillée sur la figure 43.1. La synchronicité de la
cardiaques avec une excellente précision. Elle est aujourd'hui contraction des différents segments sera également appré-
considérée à ce titre comme l'examen de référence. En ciée visuellement (fig. 43.2).
particulier, le VD, dont l'anatomie est complexe, peut être Le VG sera systématiquement analysé en raison de l'exis-
visualisé intégralement dans tous les plans de l'espace. Des tence de formes biventriculaires de dysplasie (paroi latérale
séquences de caractérisation tissulaires pondérées en T1 ou VG), souvent sous-estimées.
en densité de protons ainsi qu'une étude du rehaussement L'analyse visuelle de la fonction locorégionale du VD et de
tardif des parois ventriculaires après injection de produit l'asynchronisme peut être difficile et demande une certaine
de contraste peuvent compléter l'examen [3]. La faible expérience. En effet, les pièges sont nombreux. Il est impor-
épaisseur du myocarde ventriculaire droit physio­logique tant de reconnaître en priorité les structures trabéculaires
et donc a fortiori dysplasique rend délicate l'interprétation musculaires du VD, en particulier la bandelette modératrice
des séquences T1 visant à visualiser la graisse (sans injec- qui peut être responsable lors de sa contraction d'images
tion) ou la fibrose myocardique (après injection). De sur-
croît, ces deux composantes sont le plus souvent liées et
non individualisables à l'échelle macroscopique. L'essentiel Tableau 43.1 Critères diagnostiques de
du diagnostic repose donc sur la mise en évidence de la cardiomyopathie arythmogène du ventricule droit
conséquence du replacement du myocarde par des plages (CAVD) en IRM (d'après [1]).
fibrograisseuses, à savoir des anomalies morphologiques
Structurels et fonctionnels
statiques (anévrisme ou bulging spontané) et surtout dyna-
miques (akinésie, dyskinésie, asynchronie). Majeurs Anomalie sévère de la contraction
locorégionale du VD : akinésie, dyskinésie ou
Le diagnostic de CAVD repose sur l'association d'une
asynchronie associée à l'un des deux critères
anomalie majeure de contraction locorégionale du VD avec suivants :
un critère de dilatation et/ou de dysfonction systolique glo- – volume télédiastolique indexé du
bale définie comme une diminution de la fraction d'éjection VD ≥ 110 ml/m2 (homme) ou ≥ 100 ml/m2
VD significative. Ces critères sont pondérés par le sexe et (femme)
résumés dans le tableau 43.1. – fraction d'éjection VD ≤ 40 %
Mineurs Anomalie sévère de la contraction
locorégionale du VD : akinésie, dyskinésie ou
Contraction locorégionale asynchronie associée à l'un des deux critères
et fonction systolique suivants :
– volume télédiastolique indexé du VD ≥ 100
du ventricule droit à < 110 ml/m2 (homme) ou ≥ 90 à < 100 ml/
m2 (femme)
Des acquisitions ciné seront systématiquement réalisées – fraction d'éjection VD > 40 à ≤ 45 %
pour étudier la cinétique locorégionale du VD et mesurer
Caractérisation tissulaire
avec précision sa fraction d'éjection et ses volumes.
Les séquences ciné-SSFP (steady-state free precession) Critères exclusivement histologiques, pas de
sont largement employées dans les incidences classiques : critères IRM de graisse ou fibrose pariétale VD
en raison de la faible épaisseur et du risque de
2, 3, 4 cavités et petit axe de la base à la pointe du massif ven- volume partiel sur la graisse épicardique VD
triculaire. Une acquisition axiale couvrant le cœur est égale-
ment très utile dans la recherche de la CAVD car elle permet Anomalies ECG
une visualisation d'ensemble de la contraction de la paroi Anomalies de la repolarisation (ondes T
latérale et du mouvement transversal de l'infundibulum négatives)
pulmonaire. Comme illustré sur la figure 43.1, elle servira Anomalies de la dépolarisation
et de la conduction (ondes epsilon)
également à prescrire les vues classiques et sera complémen-
Chapitre 43. Cardiomyopathie arythmogène du ventricule droit    711

Fig. 43.1 Illustration du positionnement des séquences de ciné-IRM pour rechercher une CAVD.

Fig. 43.2 Forme typique de CAVD. Coupes de ciné-IRM de la base à l'apex du VD montrant une forme étendue de CAVD : atteinte de la paroi
libre et de l'ensemble de l'apex du VD avec zones anévrismales, dyskinétiques et asynchrones par rapport à l'infundibulum qui est épargné chez
un homme de 46 ans avec mutation DGS2.

trompeuses faisant évoquer à tort dyskinésies ou anévrismes malie de contraction locorégionale suspectée dans un plan
au tiers apical de la paroi latérale (fig. 43.3). Il en est de même sur un plan perpendiculaire à celui-là. Des techniques de
des ligaments péricardosternaux supérieur et inférieur. L'un quantification de la fonction locorégionale fondées sur l'éva-
des pièges classiques consiste à visualiser un mouvement à luation du strain se développent et sont prometteuses mais
travers le plan en particulier sur les vues petit axe interpré- ne font pas encore l'objet de recommandations en pratique
tées comme anormales. Une règle simple, qui peut permettre courante. Les différences sémiologiques de la contraction
d'éviter ce type d'erreur, est de toujours confirmer une ano- locorégionale du VD sont résumées dans le tableau 43.2.
712   Partie 6. Imagerie cardiovasculaire

Fig. 43.3 Illustration des difficultés de contourage du VD. (a) Exclusion de la bandelette modératrice (flèche) pour la mesure du volume VD.
(b) Bandelette modératrice (flèche longue) pouvant donner, selon les incidences (ici coupe 3 cavités VG), de faux aspects d'anomalie morphologique
du VD. Flèche courte : infundibulum. (c) Oreillette droite visible sur une coupe passant par le VD ne devant pas être incluse dans le contourage VD.

Tableau 43.2 Résumé de la sémiologie des anomalies de contraction locorégionales


dans la cardiomyopathie arythmogène du ventricule droit (CAVD).
Terminologie Critère CAVD Diastole Systole Schémas
Normokinésie 0 Morphologie/volume Contraction centripète
a
normal

Hypokinésie Mineur Morphologie/volume Diminution de la


b
normal contraction

Bombement diastolique Mineur Dilatation ≤ 1 segment ± diminution de la


c
modéré ou bulging contraction

Bulging étendu/asynergie Majeur Dilatation > 1 segment ± diminution de la


d
contraction
Chapitre 43. Cardiomyopathie arythmogène du ventricule droit    713

Terminologie Critère CAVD Diastole Systole Schémas


Akinésie Majeur Morphologie/volume Absence de contraction e
normal

Dyskinésie Majeur Morphologie/volume Mouvement systolique


normal centrifuge
f

Anévrisme Majeur Dilatation Dyskinésie/akinésie


g

* Illustrations des différentes anomalies contractiles de la paroi du ventricule droit. La ligne continue représente les limites de la paroi en diastole. La ligne
pointillée représente les limites de la paroi en systole. Les flèches illustrent l'amplitude du mouvement entre la diastole et la systole.

Fonction globale systolique tardif du myocarde classiquement en inversion récupération


avec TI choisi afin d'annuler le myocarde sain pourra être
du ventricule droit réalisée en petit axe et/ou grand axe. Toutefois, ces séquences
La fraction d'éjection du VD sera mesurée par le contou- de caractérisation tissulaire devront être interprétées avec
rage de l'endocarde VD et la méthode de sommation des prudence en raison de la faible épaisseur pariétale VD du
coupes. Celle-ci peut être réalisée en petit axe ou en vue même ordre que la résolution spatiale d'imagerie pouvant
axiale afin de bien définir l'anneau tricuspide. Les valeurs conduire à des erreurs liées au volume partiel. De plus, il
normales pour le sexe et la surface corporelle sont dispo- existe des plages graisseuses parfois physiologiques dans la
nibles. L'indexation des valeurs à la surface corporelle est paroi du VD sans anomalies de contraction associées et cer-
importante ainsi que la rigueur dans la technique de mesure. taines anomalies majeures de contraction ne s'accompagnent
Il faut noter que, devant toute dilatation du VD, une com- pas de graisse et/ou fibrose visible. En revanche, des plages
munication interatriale (CIA), interventriculaire (CIV) avec fibrograisseuses de la paroi du VG pourront être mises en
shunt gauche-droit ou un retour veineux pulmonaire anor- évidence dans les formes biventriculaires de dysplasie. Par
mal (RVPA) devront être recherchés en priorité. La mesure ailleurs, en l'absence de CAVD, la découverte d'une séquelle
du déplacement antérieur de l'anneau tricuspide (TAPSE) de myocardite ou d'infarctus du myocarde du VG pourra
peut également être réalisée en IRM comme indicateur de parfois expliquer des troubles du rythme ventriculaires et
dysfonction VD globale s'il est inférieur à 13 mm. ainsi étayer un diagnostic alternatif (fig. 43.5). Les principaux
diagnostics différentiels sont résumés dans le tableau 43.3.

Autres séquences
Une séquence en sang noir pondérée en T1 ou en densité de
`` Conclusion
protons sans puis avec saturation de la graisse pourra être La CAVD est une maladie potentiellement grave pour-
utilisée afin d'étudier la composante graisseuse pariétale voyeuse de mort subite et dont le diagnostic parfois ignoré
(fig. 43.4). Une séquence permettant l'étude du rehaussement est difficile. Celui-ci repose sur un faisceau d'arguments
714   Partie 6. Imagerie cardiovasculaire

Fig. 43.4 Image sang noir pondérée en densité de protons (a) montrant une infiltration graisseuse des deux tiers inférieurs de la paroi
latérale et de la paroi inférieure du VD (a, flèche blanche horizontale), confirmée par la saturation de la graisse (SPAIR) (b, flèche
blanche horizontale). L'infundibulum est respecté (a, b, flèche grise). (c) Atteinte associée de la paroi latérale et inférieure du VG qui présente
un rehaussement tardif épicardique (flèche blanche oblique).

Fig.  43.5 Séquence de ciné-IRM post-injection précoce (a) et de rehaussement tardif en inversion-récupération 10  minutes
après injection (b) mettant en évidence un infarctus récent inférieur étendu au VD.

Tableau 43.3 Diagnostics différentiels principaux pour  : 1) dépister les formes initiales locales difficiles à
de la cardiomyopathie arythmogène du ventricule apprécier en échographie ; 2) quantifier l'évolution vers
droit (CAVD). des formes diffuses et évaluer la sévérité de l'atteinte et le
retentissement sur la fonction VD ; 3) préciser l'existence
Myocardite
de formes biventriculaires ; 4) poser un éventuel diagnostic
Sarcoïdose alternatif à des troubles du rythme ventriculaires ou une
Cardiomyopathie dilatée dilatation VD non expliquée.
Cœur d'athlète
Tachycardies ventriculaires infundibulaires idiopathiques Références
Syndrome de Brugada [1] Marcus FI, McKenna WJ, Sherrill D, et al. Diagnosis of arrhythmogenic
Autres causes de dilatation et de dysfonction VD : right ventricular cardiomyopathy/dysplasia : proposed modification of
– maladie d'Ebstein the task force criteria. Circulation 2010 ; .
– shunt gauche-droit : communication interatriale/ [2] Hulot JS, Jouven X, Empana JP, et al. Natural history and risk stratifi-
interventriculaire, retour veineux pulmonaire anormal cation of arrhythmogenic right ventricular dysplasia/cardiomyopathy.
– insuffisance tricuspide Circulation 2004 ; 110(14) : 1879–84.
– infarctus du myocarde inférieur étendu au VD [3] Te Riele AS, Tandri H, Sanborn DM, et al. Noninvasive multimodality
imaging in ARVD/C. JACC Cardiovasc Imaging 2015 ; 8(5) : 597–611.

multidisciplinaires et la nature multimodale de l'imagerie


est de nature complémentaire. Toutefois, l'IRM joue un rôle
central dans l'exploration non invasive de cette maladie
Chapitre
44
Apport de l'IRM
cardiaque dans l'exploration
d'une cardiopathie dilatée
A. Jacquier, J. Frandon, A. Varoquaux, A. Flavian, V. Vidal, J.-M. Bartoli, G. Moulin

PLAN DU CHAPITRE
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 715 Diagnostic des formes spécifiques
Définitions et généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . 715 de cardiomyopathie dilatée . . . . . . . . . . . . . . . 717
Diagnostic positif d'une dysfonction, Détection des thrombus
d'une dilatation et d'une augmentation ventriculaires gauches. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 718
de la masse ventriculaire gauche . . . . . . . . . . . 716 Évaluation du pronostic
Éliminer les étiologies non myocardiques . . . . 716 des cardiomyopathies dilatées par IRM . . . . . . 718
Présentation la plus fréquente
de la cardiomyopathie dilatée . . . . . . . . . . . . . 717

Introduction endocardique, la cardiomyopathie de Takotsubo. L'IRM


peut aussi diagnostiquer des thrombus intracavitaires qui
La dysfonction ventriculaire gauche représente aujourd'hui peuvent être à l'origine de complications thrombo-embo-
un problème de santé publique majeur dans les pays déve- liques. L'IRM avec les séquences de rehaussement tardif a
loppés puisque l'incidence de cette affection augmente régu- un intérêt dans l'évaluation du pronostic de ces patients en
lièrement. L'amélioration de la prise en charge à la phase mettant en évidence de la fibrose myocardique.
aiguë de l'infarctus, l'augmentation du nombre d'obèses,
l'amélioration de la prise en charge de l'hypertension et le
vieillissement de la population laissent à penser que l'inci- Définitions et généralités
dence de cette affection va continuer à augmenter dans les
années à venir. Le rôle de l'imagerie en coupe dans le bilan Dans les recommandations européennes, les cardiomyopa-
et le suivi de ces patients prend une place prépondérante du thies dilatées (CMD) sont définies par la présence d'une dila-
fait des avantages incontestables du scanner (exploration tation ventriculaire gauche et d'une dysfonction cardiaque
non invasive des coronaires) et de l'imagerie par résonance systolique en l'absence de cause ischémique, hypertensive,
magnétique (IRM) cardiaque (caractérisation tissulaire et malformative ou valvulaire suffisante pour être à l'origine de
analyse de la fonction VG) par rapport aux techniques clas- la dysfonction [1, 2]. La prévalence de la CMD est évaluée
siques échocardiographiques et scintigraphiques. aux alentours de 1/2500 et se manifeste généralement entre
Le but de ce chapitre est de reprendre les différentes étapes la troisième et la quatrième décennie. Cette affection peut
de la démarche diagnostique du radiologue devant l'explo- être à l'origine d'une insuffisance cardiaque, de troubles du
ration d'un patient qui se présente avec une dysfonction rythme supraventriculaires et ventriculaires et de complica-
ventriculaire gauche et une dilatation du ventricule gauche tions thrombo-emboliques. La mortalité dans cette affection
(VG). La première étape est de vérifier et de confirmer la est essentiellement secondaire soit à l'insuffisance cardiaque
présence d'une dilatation et d'une dysfonction ventriculaires réfractaire, soit au trouble du rythme grave.
gauches. La deuxième étape consiste à rechercher les causes Les CMD sont des affections qui peuvent avoir des
traitables, notamment l'origine ischémique de cette affec- origines multiples : elles peuvent être secondaires à des
tion. Un certain nombre de diagnostics particuliers peuvent causes virales, toxiques, auto-immunes, métaboliques et
être évoqué par l'IRM du fait de sa résolution spatiale et en génétiques. En effet, 20 à 48 % des CMD sont familiales
contraste, notamment la non-compaction, l'élastofibrose et plusieurs mutations ont été identifiées [3]. La meilleure

IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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716   Partie 6. Imagerie cardiovasculaire

compréhension des étiologies, notamment génétiques, de la notamment les sports d'endurance  – est à l'origine de
physiopathologie et de la prise en charge des CMD a abouti modifications électriques et morphologiques du myocarde
à la mise à jour de la classification de ces affections. Cette qui peuvent aboutir à une augmentation du volume télé-
classification est fondée sur le principe de la classification diastolique et une diminution de la fraction d'éjection VG
TNM. Les items retenus pour les cardiomyopathies sont et VD. Ces modifications apparaissent chez les personnes
MOGES : M pour morphofonctionnel (cet item permet de pratiquant plus de 10 heures de sport par semaine. Lorsque
classer le phénotype de présentation : dilaté, hypertrophié, le remodelage ventriculaire est secondaire à l'activité phy-
mixte, etc.) ; O pour organes, soit le type d'organe atteint sique, il est caractérisé par une augmentation de la masse
par l'affection (cœur, muscles squelettiques, encéphale, et du volume ventriculaires gauches dans des proportions
etc.) ; G renvoie à génétique, et permet de caractériser le équivalentes. L'évaluation du remodelage ventriculaire est
mode de transmission de l'anomalie génétique (dans la un indicateur important dans l'exploration de ces patients.
majorité autosomique dominante) ; E correspond à étiolo- Cet indicateur est calculé en divisant la masse myocardique
gie qui peut être génétique, toxique, infectieux, inflamma- ventriculaire gauche par le volume télédiastolique, avec
toire, etc. ; S correspond au niveau d'insuffisance cardiaque donc une normale aux alentours de 0,9 ± 0,1. Le remodelage
(classification American Heart Association [AHA] ou New concentrique est défini par une augmentation de cet index
York Heart Association [NYHA]) et permet donc d'inté- (hypertension artérielle, certaines cardiomyopathies hyper-
grer des patients en phase préclinique ou borderline, ce qui trophiques [CMH], etc.) et le remodelage excentrique par
n'était pas possible avant. Des applications pour smart- une diminution de cet index (CMD, etc.). Les sportifs d'en-
phone existent pour faciliter la classification des patients durance augmentent leurs volumes ventriculaires gauches,
(http://moges.biomeris.com). mais augmentent également leur masse au prorata, ce qui ne
modifie pas l'index de remodelage VG. À l'inverse, le remo-
delage ventriculaire au cours des CMD est dit excentrique
Diagnostic positif d'une dysfonction, avec une augmentation plus importante du volume VG que
de la masse VG. La réalisation d'une épreuve d'effort avec
d'une dilatation mesure de la consommation totale d'oxygène peut être utile
et d'une augmentation pour confirmer le diagnostic.
de la masse ventriculaire gauche
L'IRM représente l'examen de référence pour la mesure des Éliminer les étiologies
volumes et le calcul de la fraction d'éjection [4]. En effet, non myocardiques
c'est l'IRM qui permet d'obtenir les mesures les plus pré-
cises et les plus reproductibles des volumes du VG. L'IRM Par définition, le diagnostic de CMD est un diagnostic d'éli-
n'est pas l'examen de première ligne dans l'évaluation de la mination. Il est nécessaire de rechercher la présence d'une
fonction systolique VG, mais elle est indiquée si le patient valvulopathie, d'une malformation, d'une hypertension et/
est peu échogène, s'il existe une discordance entre deux ou d'une maladie coronarienne (ischémie ou antécédent
techniques ou opérateurs, ou si une mesure de référence est d'infarctus). Dans la grande majorité des cas, l'élimina-
nécessaire. La méthode de mesure des volumes en IRM doit tion des valvulopathies et de l'hypertension est simple.
respecter des règles strictes pour que la valeur des résultats Cependant, si le patient est peu échogène ou la valve aor-
corresponde à celle retrouvée dans la littérature. Les recom- tique très calcifiée, l'IRM peut avoir un intérêt.
mandations de la Society for Cardiac Magnetic Resonance La recherche d'une cause ischémique est très impor-
pour la mesure des volumes, de la masse et de la fraction tante pour deux raisons : 1) il existe une forte prévalence
d'éjection VG sont standardisées et font référence [5]. des lésions coronaires chez les patients qui présentent une
Les valeurs normales de volume et de masse ventricu- dysfonction systolique ventriculaire gauche ; 2) la dysfonc-
laires gauches dépendent du genre, de l'âge, de la taille et tion ventriculaire d'origine ischémique est potentiellement
du poids des patients. De nombreuses études ont défini réversible par revascularisation. La recherche directe (mor-
les valeurs normales de volume et de masse dans les deux phologie) ou indirecte (ischémie) d'une coronaropathie est
sexes et les différentes tranches d'âge de la population [6]. donc indispensable. Les tests ischémiques dans cette indica-
Les mesures doivent être exprimées indexées par rapport à tion peuvent être à l'origine de faux positifs dans les CMD,
la surface corporelle. La CMD est définie par une dilatation notamment avec le SPECT (single photon emission computed
sans hypertrophie et une baisse de la fraction d'éjection ven- tomography) [7]. Le coroscanner est un examen classique
triculaire gauche (FEVG). Les valeurs seuil pour le volume dans le bilan d'une CMD pour éliminer une coronaropathie
télédiastolique et la fraction d'éjection sont variables dans la (fig. 44.1). Soriano et al. [8] ont par ailleurs montré que,
littérature et dépendent des critères d'inclusion utilisés dans chez les patients présentant une dysfonction ventriculaire
les différentes études. À titre indicatif, on peut considérer gauche sans antécédents de maladie coronarienne, l'IRM
qu'un volume télédiastolique supérieur à 100 ml/m2 chez permettait de mettre en évidence des prises de contraste
l'homme et 90 ml/m2 pour la femme associé à une fraction sous-endocardiques chez 10 % des patients, sans atteinte
d'éjection inférieure à 45 % est pathologique. Lorsque la coronaire retrouvée à la coronarographie. Bien que ces ano-
fraction d'éjection se situe entre 45 et 55 %, le diagnostic est malies soient évocatrices d'infarctus passés inaperçus, il est
difficile et incertain. difficile d'incriminer dans l'ensemble de ces cas un infarctus
Des précautions particulières doivent être prises pour à coronaires saines, car les cicatrices sous-endocardiques ne
l'exploration des sportifs de haut niveau. L'activité physique – sont pas spécifiques à 100 % d'une étiologie ischémique [9].
Chapitre 44. Apport de l'IRM cardiaque dans l'exploration d'une cardiopathie dilatée    717

Fig. 44.2 Coupe petit axe d'une séquence de rehaussement tardif


PSIR (phase sensitive inversion-recovery) montrant la présence
dans l'épaisseur du septum d'une prise de contraste linéaire
témoignant d'un processus de fibrose diffuse myocardique.

moindres que le volume télédiastolique, ce qui caractérise


le caractère excentrique du remodelage. L'index de remo-
delage du VG (masse VG/volume télédiastolique VG) infé-
rieur à 0,8 est un bon marqueur du remodelage excentrique.
Il est important en IRM, avec les séquences cinétiques, de
rechercher les anomalies valvulaires aortiques ou mitrales
Fig.  44.1 Patient de 25 ans, adressé pour bilan de malaise au qui seraient passées inaperçues en échographie. Avec les
cours de l'activité physique. La fraction d'éjection VG était mesurée séquences de rehaussement tardif, il est important de recher-
à 40 % sur l'échographie avec une hypokinésie antérieure. Le tronc de cher la présence de séquelle d'infarctus ou d'une étiologie
la coronaire gauche n'était pas visualisé en échographie. Le scanner spécifique (voir ci-dessous). Dans environ 30 % des cas, on
coronaire (a–c) met en évidence que la coronaire gauche naît du tronc
retrouve une prise de contraste linéaire médiopariétale dans
de l'artère pulmonaire (a, c) et que la coronaire droite naît en position
modale (b). L'IRM confirme la bonne viabilité antérieure.
le septum. Cette prise de contraste n'est pas spécifique des
CMD, mais correspond vraisemblablement à un marqueur
de risque cardiovasculaire de l'affection (fig. 44.2).

Présentation la plus fréquente Diagnostic des formes spécifiques


de la cardiomyopathie dilatée de cardiomyopathie dilatée
L'insuffisance cardiaque d'apparition progressive est le Un certain nombre d'étiologies particulières de cardiomyo-
syndrome clinique qui fait évoquer le diagnostic. Les com- pathies dilatées peuvent être diagnostiquées à l'IRM et sont
plications de l'affection comme l'œdème aigu du poumon, donc importantes à connaître.
la mort subite et l'embolie systémique peuvent être à l'ori-
gine du diagnostic de l'affection cardiaque. Après un bilan Cardiopathie de non-compaction
biologique et électrique de débrouillage, l'imagerie permet du ventricule gauche
de caractériser le type d'anomalie cardiaque à l'origine des Voir chapitre 42.
symptômes. L'échographie est un examen de première ligne
qui permet de différencier les deux grands types d'insuffi-
sance cardiaque : à fraction d'éjection conservée (plus 50 % Fibroélastose endocardique
en échographie), aussi appelée insuffisance cardiaque, et à Cette affection peut être suspectée chez les patients qui pré-
fraction d'éjection abaissée (moins de 50 %). Devant une sentent une CMD par la mise en évidence d'un rehausse-
insuffisance cardiaque, la proportion de patients présentant ment sous-endocardique circonférentiel sans segmentation
une fraction d'éjection abaissée est d'environ 50 %. Si l'on coronaire (fig. 44.3). La fibroélastose endocardique peut être
considère le sous-groupe de patient souffrant d'une baisse présente dans certaines formes de CMD d'origine génétique.
de la fraction d'éjection, l'origine de l'affection pour les deux Sa découverte n'a pas en soi d'impact sur la prise en charge
tiers de ces patients est coronaire. La maladie coronaire diagnostique ou pronostique, mais elle doit être différenciée
par l'intermédiaire de sténoses multiples ou d'antécédent d'un infarctus du myocarde. En effet, dans les pathologies
d'infarctus est la principale étiologie des insuffisances car- ischémiques, le rehaussement myocardique reste localisé au
diaques par baisse de la fraction d'éjection. Le diagnostic de territoire vascularisé par l'artère pathologique. Cette affec-
CMD est réservé aux autres patients, chez qui l'on a éliminé tion doit également être différenciée de la fibrose endomyo-
une anomalie des coronaires et/ou un antécédent d'infarctus. cardique qui est à l'origine d'une insuffisance cardiaque de
La présentation phénotypique associe une baisse de la type restrictif secondaire à l'occupation de l'apex du VG par
fraction d'éjection et une dilatation du VG avec un remo- la fibrose fréquemment associée à un thrombus. La fibrose
delage excentrique. En effet, la masse myocardique est en endomyocardique survient dans un contexte particulier
général augmentée dans les CMD, mais dans des proportions d'hyperéosinophylie ou de lésion tumorale très agressive.
718   Partie 6. Imagerie cardiovasculaire

une baisse de la FEVG. Sur une machine à 1,5 T, le seuil de


60 ms présentait une sensibilité de 94 % et une spécificité de
60 % pour le diagnostic de myocardite.

Détection des thrombus


ventriculaires gauches
Les complications thrombo-emboliques sont des complica-
tions majeures de ces affections et l'IRM et le scanner jouent
un rôle prépondérant puisque, dans cette indication, l'écho-
graphie est souvent prise à défaut. La prévalence des throm-
Fig. 44.3 (a, b) Patient de 32 ans hospitalisé pour l'exploration bus chez les patients qui présentent une fraction d'éjection
d'un œdème aigu du poumon. L'IRM met en évidence la présence inférieure à 50 % (ischémiques et non ischémiques) a été
d'une dilatation majeure des cavités gauches. Les séquences de évaluée en IRM à 7 % [11]. La prévalence des thrombus aug-
rehaussement tardif mettent en évidence la présence d'un rehausse- mente avec la baisse de la fraction d'éjection, l'origine isché-
ment tardif sous-endocardique diffus, sans répartition vasculaire qui
mique et la présence de cicatrices myocardiques.
fait évoquer le diagnostic d'élastofibrose endocardique. Un thrombus
apical est visible dans le ventricule gauche (flèche).
Évaluation du pronostic
des cardiomyopathies
dilatées par IRM
Malgré les progrès thérapeutiques, les patients atteints de
CMD ont un taux d'événements graves annuel évalué entre
5 et 10 %. Ces événements graves sont pour l'essentiel liés
soit à la dysfonction ventriculaire gauche terminale, soit
aux troubles du rythme qui peuvent tous deux aboutir au
décès du patient. Ce sont la fraction d'éjection, la largeur
du QRS et les symptômes cliniques qui sont actuellement
les principaux arguments de la mise en place d'un défibrilla-
teur et de l'adaptation thérapeutique [12]. Cependant, il est
Fig. 44.4 Patient de 22 ans hospitalisé pour prise en charge d'une maintenant établi que la fibrose est un marqueur important
tachycardie ventriculaire bien tolérée évoluant depuis plusieurs dans l'évolution et l'aggravation des maladies cardiaques.
jours. Les séquences de rehaussement tardif mettent en évidence la La fibrose est à l'origine des complications mécaniques et
présence de prises de contraste diffuses circonférentielles avec une électriques rencontrées au cours des CMD. Les séquences
importante dilatation des cavités VG. La biopsie myocardique a permis de rehaussement tardif en IRM permettent de mettre en
de confirmer le diagnostic de cardiomyopathie mitochondriale. évidence la fibrose de manière qualitative et dans certaines
conditions. En effet, il a été montré qu'il était nécessaire
d'avoir au moins 15 % de myocarde rehaussé dans un pixel
Cardiopathie mitochondriale pour être capable de visualiser une différence avec le myo-
Cette affection est en général gravissime et peu de sujets sont carde normal adjacent. Sur ces séquences, la fibrose myocar-
diagnostiqués à l'âge adulte. Cette affection peut se manifes- dique diffuse n'est donc pas individualisable ou quantifiable.
ter comme une cardiopathie hypertrophique ou dilatée. Les Plusieurs auteurs ont évalué la valeur pronostique de la
rehaussements tardifs peuvent être évocateurs de l'affection présence de rehaussement tardif chez les patients souffrant
(fig. 44.4) [10]. L'atteinte de l'affection peut être limitée au de CMD. Récemment, Gulati et  al. [13] ont montré sur
cœur ou être systémique (syndrome MELAS). 467 patients souffrant de CMD que la présence de prises de
contraste médiopariétales était un marqueur pronostique
indépendant des événements cardiaques à long terme. Cette
Cardiomyopathie de Takotsubo étude vient confirmer les études plus anciennes. Lehrke et al.
Voir chapitre 41. [14] ont réalisé une étude monocentrique sur 184 patients
avec 2 ans de suivi. Dans cette étude, les indicateurs indé-
pendants du pronostic étaient l'âge, le rehaussement tardif et
Cardiomyopathie dilatée secondaire l'augmentation du volume télediastolique VG. La quantifica-
aux myocardites tion de la fibrose diffuse interstitielle semble avoir un intérêt
Devant une CMD, aucun type de rehaussement tardif ne dans l'évaluation du pronostic de ces patients. Des études sont
permet d'évoquer de façon certaine une origine myocardi- en cours pour évaluer cet aspect pronostique. Par ailleurs, il a
tique. Certains auteurs ont montré que le T2 mapping était été montré qu'une FEVG inférieure à 45 % et qu'un volume de
le seul paramètre d'imagerie à être corrélé au diagnostic his- l'oreillette gauche supérieur à 72 ml/m2 étaient des marqueurs
tologique de myocardite chez des patients se présentant avec indépendants de mauvais pronostic dans les CMD [15, 16].
Chapitre 44. Apport de l'IRM cardiaque dans l'exploration d'une cardiopathie dilatée    719

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Chapitre
45
Cardiomyopathie
hypertrophique sarcomérique
J.-F. Deux, V. Tacher, F. Legou, M. Vitellius, H. Kobeiter, A. Luciani, A. Rahmouni

PLAN DU CHAPITRE
Généralités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 721 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 724
IRM cardiaque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 721

Généralités des interventions chirurgicales ou endovasculaires visant à


élargir la chambre d'éjection du VG en cas d'obstacle secon-
La cardiomyopathie hypertrophique (CMH) sarcomérique daire à l'hypertrophie pariétale. La présence d'un gradient de
est une maladie génétique cardiaque relativement fréquente pression est une donnée importante car cela peut entraîner
se manifestant par une hypertrophie de la paroi cardiaque [1]. des signes cliniques et modifier la prise en charge thérapeu-
Sa prévalence est estimée à 0,2 % de la population générale. tique. Un gradient > 30 mmHg définit une CMH obstruc-
Elle est définie comme une hypertrophie de cause inconnue tive, et un gradient > 50 mmHg avec des signes cliniques
de la paroi ventriculaire gauche sans dilatation ventriculaire fait envisager une chirurgie ou une intervention percutanée
survenant en l'absence d'une cause cardiaque ou systémique (alcoolisation septale) pour lever l'obstacle.
pouvant expliquer l'hypertrophie (hypertension artérielle
[HTA], valvulopathie par exemple). Les recommandations
proposent de retenir le diagnostic de CMH lorsque l'épais- IRM cardiaque
seur diastolique de la paroi du ventricule gauche (VG) est
supérieure ou égale à 15 mm chez l'adulte [1, 2], tout en Généralités
sachant qu'un patient peut être porteur d'une mutation sans L'IRM fournit de nombreuses informations et, dans l'idéal,
exprimer d'hypertrophie. L'hypertrophie peut être diffuse devrait être réalisée systématiquement lors du premier
ou focale et la masse cardiaque n'est pas toujours augmen- bilan d'une CMH [3]. Elle permet de mesurer la masse et
tée. Le ventricule droit (VD) est atteint dans 10 % des cas. les volumes ventriculaires, de calculer l'épaisseur pariétale
La CMH sarcomérique est autosomique dominante avec maximale et l'épaisseur des différents segments myocar-
une pénétrance incomplète et une expressivité variable. Au diques (épaisseur sous-estimée de 20 % par l'échographie
moins 8 gènes ont été identifiés avec plus de 1400 mutations transthoracique), de caractériser la répartition des zones
répertoriées. Des anomalies de la valve mitrale, des petits épaissies (diffuse, focale, asymétrique), de suspecter la pré-
vaisseaux et de l'intertistium cardiaque sont également asso- sence d'un obstacle sur la chambre d'éjection VG, de recher-
ciées [1]. cher de la fibrose intramyocardique et d'étudier l'appareil
Histologiquement, la maladie se manifeste par une sous-valvulaire mitral avant une éventuelle intervention de
hypertrophie et une désorganisation des cardiomyocytes, réduction de l'hypertrophie [3].
une anomalie des petits vaisseaux et de la fibrose (de type
interstitielle, c'est-à-dire sans perte de cellules, ou fibrose de
remplacement, c'est-à-dire avec perte de cardiomyocytes). Protocole
L'expression clinique est variable, mais la plupart des Le protocole doit comprendre systématiquement des
sujets atteints ont une espérance de vie normale. Chez cer- séquences de ciné-IRM acquises dans le plan 4 cavités, petit
tains patients, la maladie peut toutefois être plus grave, se axe (PA), long axe 2 cavités (L2C) et dans le plan 3 cavités
manifestant par une mort subite due à des accès de tachy- avec calcul de la fraction d'éjection du VG (FEVG). Il est
cardie ventriculaire, des signes d'insuffisance cardiaque ou nécessaire de réaliser également une imagerie de rehausse-
des signes de fibrillation atriale. L'arsenal thérapeutique est ment tardif afin de rechercher des zones de fibrose intra-
varié, comprenant notamment l'utilisation de médicaments, myocardiques. D'autres séquences non indispensables sont
la pose de défibrillateur automatique implantable (DAI) et potentiellement utiles également : la séquence de perfusion

IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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722   Partie 6. Imagerie cardiovasculaire

de premier passage à la recherche d'anomalies de la micro- ou nodulaires pseudotumorales sont possibles [4]. Un ané-
vascularisation (à réaliser de préférence sous stress pharma- vrisme apical peut être présent dans les formes médioven-
cologique afin de maximaliser la sensibilité de détection), triculaires [5]. Dans les formes focales, la masse cardiaque
des séquences T2 sang noir si le patient se présente avec des est en général normale. Le VD est atteint dans 10 % des cas
douleurs thoraciques aiguës avec élévation de la troponine (épaisseur > 5 mm). La fonction ventriculaire globale est en
(CMH avec manifestations infarctoïdes), des séquences T1 général normale au début de la maladie, mais peut s'altérer
sang noir permettant de mieux apprécier la morphologie car- dans l'évolution de la maladie. Tardivement, le VG peut se
diaque, des séquences de tagging pour optimiser l'analyse de dilater et la CMH se présenter comme une CMD. Des ano-
la déformation régionale du myocarde dans les zones hyper- malies de la valve mitrale (allongement du feuillet antérieur)
trophiques. Les séquences de T1 mapping peuvent également ou de l'appareil sous-valvulaire (anomalie d'insertion ou de
s'avérer utiles pour rechercher de la fibrose myocardique morphologie des piliers) peuvent être associées et favoriser
(allongement du T1), une augmentation du volume extracel- une obstruction à l'éjection du sang. La découverte de tra-
lulaire et dans le diagnostic différentiel (voir plus loin). béculations plus marquées et de cryptes intramyocardiques
chez les sujets porteurs d'une mutation mais sans hypertro-
Sémiologie phie pourrait constituer un signe précoce de la maladie. Une
dilation de l'oreillette gauche peut être associée en rapport
Le diagnostic IRM est fondé sur la présence d'une hyper- avec une dysfonction diastolique consécutive à l'hypertro-
trophie de la paroi ventriculaire gauche, supérieure ou phie ventriculaire gauche. Elle favorise la survenue d'une
égale à 15 mm (13 mm si le patient est apparenté au pre- fibrillation atriale et d'une insuffisance cardiaque et consti-
mier degré avec un patient atteint de CMH de diagnostic tue un facteur pronostique négatif.
certain). Cette hypertrophie peut être focale (≤ 2 segments), La présence de turbulences visibles en IRM sous la forme
intermédiaire (3 à 7 segments) ou diffuse (8 ou plus). Une d'une perte de signal systolique en regard du septum basal
épaisseur pariétale de plus de 30 mm est une indication sous-aortique doit faire suspecter une obstruction, présente
(classe IIA) à la mise en place d'un défibrillateur dans les chez à peu près un tiers des patients au repos (fig. 45.3).
recommandations américaines. L'hypertrophie est souvent L'obstruction est liée à la présence d'une hypertrophie du sep-
asymétrique, prédominant sur le septum interventriculaire tum basal, à un mouvement systolique antérieur de la grande
(avec un rapport septum/paroi postérieure > 1,5) (fig. 45.1), valve mitrale (appelé SAM pour systolic anterior motion) et
mais des formes apicales (fig. 45.2), médioventriculaires à des anomalies de l'appareil sous-valvulaire mitral anté-
rieur. Le SAM est en général associé à la présence d'une fuite
mitrale fonctionnelle. Les séquences de vélocimétrie peuvent
être utiles pour mesurer la vitesse maximale en regard de
l'obstruction et en déduire le gradient de pression maximal
par l'équation simplifiée de Bernoulli (delta P = 4 V2), même
si l'échographie paraît supérieure du fait de sa meilleure réso-
lution temporelle. L'analyse de la valve mitrale et de l'appareil
sous-valvulaire mitral est particulièrement importante avant
intervention visant à réduire le gradient de pression (alcoo-
lisation septale ou myomectomie). L'IRM peut être réalisée
après ces interventions pour confirmer la levée de l'obstacle.
Fig. 45.1 Patient porteur d'une CMH asymétrique. Coupe de ciné- Les séquences de rehaussement tardif permettent de
IRM acquise en diastole dans le plan 3  cavités mettant en évidence rechercher des lésions de fibroses intramyocardiques qui sont
une hypertrophie septale (21 mm) asymétrique (flèche). Noter la pré- d'apparition progressive et relativement fréquentes (approxi-
sence d'une hypertrophie apicolatérale plus modérée (16  mm) (tête mativement deux tiers des patients) [6]. Typiquement, elles
de flèche). sont situées à la jonction entre VD et VG (fibrose intersti-

a b
Fig.  45.2 Chez le même patient que la figure  45.1, séquence de Fig. 45.3 Patient porteur d'une CMH apicale. La coupe de ciné-IRM
rehaussement tardif (PSIR ou phase sensitive inversion recupe- 4 cavités met en évidence un épaississement de la région apicale du
ration) objectivant des plages de rehaussement hétérogènes ventricule gauche (a, flèches). Une plage de rehaussement est visible
(flèches) dans le myocarde ventriculaire gauche, au niveau du sep- après injection dans cette région (b, flèche) témoignant de remanie-
tum et de la paroi latérale. ments fibreux associés.
Chapitre 45. Cardiomyopathie hypertrophique sarcomérique    723

tielle) et/ou sont intramurales, visibles au sein du myocarde suivre cliniquement les patients tous les ans. Concernant
hypertrophié sous la forme de plages diffuses assez mal limi- l'IRM, il n'existe pas de consensus. Un suivi tous les 2 à 3 ans
tées (fibrose dense) (fig. 45.4 et 45.2). Dans ces formes vues ou tous les 5 ans a été proposé [2].
tardivement, le rehaussement fibreux peut être transmural
et la paroi amincie. Cela peut également être vu dans le cas
d'une CMH médioventriculaire avec anévrisme apical dont
Diagnostics différentiels
la paroi se rehausse de façon transmurale. La présence de De nombreuses cardiopathies peuvent entraîner une hypertro-
lésions de fibroses et probablement leur étendue sont consi- phie pariétale cardiaque et mimer une CMH sarcomérique. La
dérées comme étant de mauvais pronostic, liées à la survenue présence d'un rétrécissement aortique va entraîner l'apparition
d'événements rythmiques, notamment une mort subite [7, d'une hypertrophie en général concentrique du VG (mais asy-
8]. Les séquences de T1 mapping sont probablement utiles métrique dans 20 à 30 % des cas). L'hypertrophie est en général
pour rechercher de la fibrose diffuse, sans traduction sur les inférieure à 15 mm d'épaisseur. En IRM, outre l'hypertrophie,
séquences de rehaussement tardif, le T1 myocardique étant on visualisera des turbulences marquées au niveau de la valve
en effet allongé en cas de remaniements fibreux. Il existe éga- aortique. Cette dernière apparaîtra en franc hyposignal si elle
lement une augmentation du volume extracellulaire calculée est fortement calcifiée (ce qui est fréquent). Des remaniements
à partir du T1 du myocarde et du sang mesurés sans et après fibreux peuvent être visibles à la base du VG après injection.
injection en tenant compte de la valeur de l'hématocrite. L'hypertension artérielle est responsable d'une hypertro-
phie myocardique concentrique le plus souvent inférieure à
15 mm d'épaisseur (sauf chez les sujets africains avec pro-
Performances diagnostiques blèmes rénaux). Des plages de rehaussements intramyocar-
L'IRM est supérieure à l'échographie transthoracique pour diques sont possibles après injection mais n'atteignent pas les
détecter et analyse les formes focales (notamment apicales et zones de jonction VD–VG comme dans la CMH. Un bour-
antéroseptales) [9]. L'échographie transthoracique tend en relet septal sous-aortique peut également être rencontré chez
outre à sous-estimer de 20 % l'épaisseur de la paroi myocar- les sujets âgés. Il s'agit le plus souvent de sujets hypertendus et
dique comparativement à l'IRM et à manquer 6 % des seg- sa présence ne semble pas être liée à l'existence d'une CMH.
ments hypertrophiques. Les recommandations internationales La pratique du sport intensive entraîne des modifications
recommandent la réalisation d'une IRM cardiaque en com- physiologiques du muscle cardiaque appelées cœur d'ath-
plément de l'échographie transthoracique devant une CMH lète. Le cœur a tendance à se dilater et à s'hypertrophier
d'analyse difficile à l'échographie, si des diagnostics différen- modérément (épaisseur le plus souvent ≤ 12 mm). Dans des
tiels sont possibles (amylose cardiaque par exemple) ou si la cas douteux, une épreuve de déconditionnement avec arrêt
prise en charge thérapeutique peut être modifiée par les résul- du sport pendant 3 mois peut être utile afin de mettre en
tats de l'IRM (avant myomectomie ou alcoolisation septale). évidence une régression des modifications physiologiques
liées au sport (tandis qu'une CMH ne régresse pas). Le
calcul de l'indice de remodelage ventriculaire (non modifiée
Évolution et suivi en imagerie dans un cœur d'athlète) et celui du ratio entre l'épaisseur
L'évolution est variable. La maladie peut rester stable, pro- diastolique du VG et le volume ventriculaire diastolique (un
gresser ou évoluer tardivement vers l'apparition d'une dys- ratio < 0,15 mm × mm2/ml en faveur d'un cœur d'athlète)
fonction ventriculaire gauche avec dilatation du VG pouvant sont utiles pour rechercher ce diagnostic.
mimer une cardiomyopathie dilatée. Il est recommandé de La cardiopathie amyloïde (ou amylose cardiaque) est un
diagnostic différentiel possible de la CMH sarcomérique.
Bien que moins fréquente que la CMH sarcomérique, on
estime que 5 % des patients étiquetés CMH sarcomérique
auraient en fait une amylose. Elle est plus souvent due
à un dépôt de chaîne légère d'immunoglobuline dans le
myocarde (amylose AL) ou de dépôt de transthyrétine en
rapport avec une mutation (amylose à transthyrétine [TTR]
familiale) ou liée à l'âge (amylose sénile) [10]. L'amylose
AA liée à un dépôt de serum albumine protein (SAP) est
plus rare. En IRM, elle entraîne une hypertrophie le plus
souvent concentrique du VG, pouvant toucher le VD et
le massif atrial (notamment le septum interatrial). Elle est
a b très rarement responsable d'une obstruction. Après injec-
tion, on observe un rehaussement sous-endocardique
Fig. 45.4 Patient porteur d'une CMH obstructive. La séquence de circonférentiel évocateur ou diffus intramyocardique
ciné-IRM dans le plan 3 cavités met en évidence un épaississement du
pouvant toucher le VG ou toutes les cavités cardiaques.
septum interventriculaire basal en diastole (a, flèche). En systole (b),
on visualise une zone en hyposignal au contact du septum témoignant
Un ­épanchement péricardique modéré est souvent asso-
d'un déphasage des protons lié au flux accéléré et turbulent (b, flèche). cié. Sur la séquence de T1 mapping, le T1 myocardique
Cet aspect fait évoquer la présence d'une obstruction sous-aortique. est plus allongé que dans les CMH. À noter que la mala-
Noter par ailleurs la présence d'une fuite mitrale associée probable- die de Randall, qui correspond à un dépôt intracardiaque
ment secondaire à un déplacement antérieur de la grande valve (SAM de chaînes légères d ­ 'immunoglobulines sans formation de
ou systolic anterior motion) (b, tête de flèche). protéines amyloïdes, a un aspect identique en IRM.
724   Partie 6. Imagerie cardiovasculaire

La maladie d'Anderson-Fabry est une maladie métabolique [2] Elliott PM, Anastasakis A, Borger MA, et al. 2014 ESC Guidelines
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T1 myocardique est raccourci dans cette maladie (classique- of Cardiovascular Imaging Endorsed by the Saudi Heart Association.
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Cardiol 2011 ; 58 : e212–60.
Chapitre
46
Aspect en IRM cardiaque
des maladies infiltratives
et de surcharge
M. Lataud, O. Vignaux, B. Daoud, P. Legmann

PLAN DU CHAPITRE
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 725 Spécificités en fonction des maladies
Protocole d'exploration des maladies infiltratives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 727
de surcharge en IRM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 725 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 730

Introduction Protocole général


On regroupe sous le terme de maladies de surcharge les Séquence ciné petit axe
pathologies qui conduisent à une accumulation dans Cette séquence est indispensable pour l'étude de la cinétique
l'organisme de substances normales ou pathologiques. On globale et segmentaire de l'ensemble du cœur, mais plus
distingue les surcharges exogènes provenant de substances particulièrement du ventricule gauche (VG). On la réali-
étrangères à l'organisme des surcharges endogènes prove- sera dans le plan du petit axe ventriculaire gauche, afin de
nant d'un dysfonctionnement d'une chaîne enzymatique. calculer la fraction d'éjection du ventricule gauche (FEVG)
L'accumulation anormale de substances endogènes ou exo- et de mesurer la masse myocardique qui est augmentée en
gènes se fait soit dans le milieu intracellulaire, soit dans l'es- cas d'hypertrophie ventriculaire gauche (HVG) (fig. 46.1).
pace intercellulaire, modifiant l'architecture du tissu atteint L'épaisseur myocardique sera mesurée après repérage de la
et conduisant à sa dysfonction. Les maladies de surcharge télédiastole, également pour la recherche d'une hypertrophie
étudiées dans ce chapitre sont l'amylose, l'hémochromatose segmentaire ou globale. L'IRM cardiaque est un examen de
et la maladie de Fabry. La sarcoïdose sera traitée à part car choix dans l'HVG qui est une complication fréquente des
elle appartient au groupe des maladies infiltratives, qui sont maladies infiltratives.
liées à l'accumulation de cellules secondaires à une réaction
inflammatoire dans les tissus.
Points clés – Hypertrophie ventriculaire
L'IRM cardiaque est un examen qui a toute sa place dans
gauche (HVG)
l'exploration des maladies de surcharge et infiltratives car
elle permet d'aider à poser le diagnostic dans le cadre du Épaisseur myocardique ventriculaire gauche en télédiastole

bilan initial, mais aussi d'évaluer le pronostic en fonction supérieure à 11  mm. (Cas particulier  : en cas d'hérédité
des lésions observées [1, 2]. Lorsqu'un traitement spécifique connue de cardiomyopathie hypertrophique [CMH]), le seuil
est fixé à 15 mm). L'épaississement peut être localisé ou diffus
est mis en place, l'IRM aide également à évaluer la réponse
(HVG asymétrique ou concentrique).
thérapeutique en suivant les lésions au cours du temps. et/ou

Masse supérieure à 90 g/m2 pour les hommes et 80 g/m2 pour
Protocole d'exploration les femmes.
des maladies de surcharge en IRM
Chaque maladie étudiée possède des caractéristiques Séquence T2 STIR
séméiologiques propres en IRM cardiaque, mais il existe un Fondée sur la technique d'inversion récupération, cette
protocole commun de base pour leur exploration. En fonc- séquence est utilisée en routine pour la recherche d'œdème
tion de la pathologie étudiée, des séquences complémen- intramyocardique qui signe des lésions aiguës  : celles-ci
taires pourront être ajoutées à ce protocole. apparaissent en hypersignal. Utile dans la sarcoïdose, cette
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
© 2017, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 725
726   Partie 6. Imagerie cardiovasculaire

a b
Fig. 46.1 Hypertrophie ventriculaire gauche. (a) Séquence ciné petit axe : épaississement ventriculaire gauche en télédiastole en rapport avec
une hypertrophie ventriculaire gauche (étoile). (b) Séquence de rehaussement tardif : prises de contraste intramyocardiques compatibles avec des
foyers de fibrose (têtes de flèche).

séquence a cependant une sensibilité limitée, les lésions Séquences optionnelles


actives pouvant passer inaperçues et la présence de nom-
breux artéfacts sur les images pouvant entraîner de faux
Étude du flux mitral
positifs. Cette séquence sera réalisée à la recherche d'arguments
indirects pour une cardiopathie restrictive, pouvant émail-
Séquence dite de TI scouting ou look-locker ler l'évolution de l'ensemble des maladies infiltratives et de
surcharge. Le flux mitral permet de rechercher des troubles
Cette séquence permet de régler le TI (temps d'inversion) de la compliance, en mettant en évidence un flux de type
pour avoir le meilleur contraste entre le myocarde et la restrictif [4]. Un aspect de dilatation bi-auriculaire contras-
cavité, en réalisant successivement une série d'images single tant avec une taille normale des ventricules sur les coupes
shot en inversion récupération et en écho de gradient avec en 4 cavités (ciné ou rehaussement tardif) est un argument
des TI croissants. Le signal du myocarde sain est ainsi supplémentaire en faveur d'une cardiopathie restrictive
annulé ou fortement abaissé (apparaissant en franc hyposi- sous-jacente.
gnal) pour optimiser la visualisation des prises de contraste
myocardiques après injection de gadolinium, qui apparaî-
tront en hypersignal (fig. 46.2). Cette séquence a par ailleurs Séquences morphologiques pondérées
un intérêt spécifique pour l'étude des maladies infiltratives, en T1 et T2
car elle peut orienter vers une pathologie infiltrative diffuse Ces séquences permettent de différencier des cicatrices
du myocarde en cas de difficulté d'obtention d'une annula- fibreuses (prises de contraste sur les séquences de rehaus-
tion du signal du myocarde. sement tardif) des zones d'œdème (visibles en hypersignal
T2). Il existe cependant des limites à ces séquences qui
Séquence de perfusion premier passage ne permettent pas de détecter une infiltration myocar-
Afin de préciser le caractère œdémateux ou fibreux des prises dique diffuse du fait d'une dilution trop importante du
de contraste, le radiologue pourra s'aider des séquences de gadolinium dans l'espace extracellulaire. Les séquences de
perfusion premier passage. Si elles montrent une hyperhé- mapping T1 et T2 ont été créées pour améliorer les perfor-
mie dans les zones de prises de contraste tardives, cela sug- mances des examens d'IRM cardiaque, car elles permettent
gère des lésions actives (l'hyperhémie étant en faveur d'un d'évaluer pour un pixel donné les temps de relaxation T1 et
œdème myocardique) plutôt que des zones de fibrose. T2. Elles permettent ainsi d'obtenir sous forme de cartogra-
phies une imagerie paramétrique du myocarde, reflétant sa
Séquence de rehaussement tardif microstructure.
Réalisée dans les trois axes du cœur, cette séquence per-
met de mettre en évidence des prises de contraste au sein Séquence de mapping T1
du muscle cardiaque. Dans le cadre de lésions non isché- La séquence de mapping T1, qui est encore en cours d'éva-
miques, les séquences seront non systématisées à un ter- luation, pourrait mettre en évidence une fibrose intramyo-
ritoire coronaire, pouvant toucher les trois tuniques du cardique diffuse non détectée par les séquences classiques
cœur (endocarde, région intramyocardique ou épicarde). de rehaussement tardif. Lorsque la séquence de mapping T1
Elles correspondent soit à des lésions actives comme pour est réalisée avant injection de gadolinium, sa sensibilité et sa
les granulomes sarcoïdosiques, soit à des zones de fibrose, spécificité atteindraient respectivement 100 % et 96 % pour
qui peuvent compliquer l'ensemble des maladies étudiées la recherche de fibrose. L'intérêt clinique de cette séquence
dans ce chapitre, soit à des zones à des dépôts de protéines serait moindre après injection [5].
anormales autour des cellules cardiaques (amylose). Il est La fibrose diffuse ou la présence d'une cardiopathie
nécessaire de détecter ces prises de contraste et d'en éva- amyloïde entraîne un allongement du temps de relaxation
luer l'extension car elles sont en général considérées comme T1 natif [6]. La valeur normale du T1 à 1,5 T est de l'ordre
étant de mauvais pronostic, potentiellement pourvoyeuses de 950 à 980 ms suivant les séquences utilisées et les séries
d'événements cardiaques graves. C'est notamment le cas rapportées. Il est à noter que, dans le cas d'une hypertrophie
pour la fibrose intramyocardique qui augmente le risque myocardique, l'allongement serait plus important en cas
d'événements cardiovasculaires [3]. d'amylose qu'en cas de CMH [7]. À l'inverse, l'accumulation
Chapitre 46. Aspect en IRM cardiaque des maladies infiltratives et de surcharge    727

Fig. 46.2 Sarcoïdose. (a) Séquence STIR : hypertrophie ventriculaire gauche sans hypersignal intramyocardique. (b) Séquence de rehaussement
tardif : prise de contraste intramyocardique dans la base du septum interventriculaire (tête de flèche).

intracardiaque de lipides dans la maladie de Fabry entraîne


un raccourcissement du T1 myocardique. Il est également
possible de réaliser des séquences de T1 mapping après
injection de gadolinium afin de mesurer le volume extra-
cellulaire (VEC) à partir d'une formule prenant en compte
l'hématocrite, le T1 du sang et du myocarde avant et après
injection. Le VEC est augmenté dans la plupart des cardio-
pathies, notamment infiltratives. Sa valeur normale est de
l'ordre de 25 à 27 %.

Séquence de mapping T2
L'étude du temps de relaxation T2 et l'obtention d'une ima- Fig.  46.3 Imagerie paramétrique. Séquence de mapping T2. Pour
gerie paramétrique du temps de relaxation T2 du myocarde mesurer le T2 myocardique, une ou plusieurs régions d'intérêt (ROI)
permettent de détecter des zones d'œdème intramyocar- sont placées dans le myocarde. À noter un épanchement péricardique.
dique (fig. 46.3). Le mapping T2 est particulièrement utile
pour rechercher des lésions œdémateuses non visibles sur cardiaque est grave, représentant la deuxième cause de
les séquences T2 classiques, mais aussi pour les différencier mortalité liée à la maladie après l'atteinte pulmonaire. Les
des lésions fibreuses, qui se rehaussent sur les temps tardifs trois tuniques peuvent être touchées par les lésions gra-
mais qui ne sont pas le siège de modifications du temps de nulomateuses ou de fibrose, sans systématisation coro-
relaxation T2, en l'absence d'œdème. À l'inverse, des lésions naire. L'atteinte cardiaque serait retrouvée chez 5 à 20 %
inflammatoires actives sont associées à la présence d'œdème des patients sur des séries autopsiques alors qu'elle semble
et donc à une augmentation du temps de relaxation T2 [8]. moins fréquemment diagnostiquée cliniquement [10]. Il
existerait donc un grand nombre de patients ayant une
Séquence de mapping T2* atteinte cardiaque « infraclinique » [11].
Dans la recherche ou le suivi d'une hémochromatose Du fait de l'impossibilité de réaliser des biopsies myo-
cardiaque, cette séquence est indispensable. Le mapping cardiques de manière systématique, le diagnostic d'atteinte
T2* permet une étude semi-quantitative de la surcharge cardiaque liée à la sarcoïdose repose sur un faisceau d'ar-
ferrique intramyocardique. En dessous d'un temps de guments. Il est cependant crucial de la détecter du fait du
relaxation T2* de 20 ms, il a été démontré qu'il existait une risque de mort subite, et de l'existence de traitements effi-
surcharge ferrique cardiaque (minime entre 15 et 20 ms, caces. L'IRM cardiaque est un examen incontournable
modérée entre 10 et 14 ms, sévère en dessous de 10 ms) dans le cadre de la recherche de cette atteinte. Il y aurait
[9]. La mesure est en général effectuée au niveau du septum une corrélation entre les données autopsiques et les images
interventriculaire. retrouvées à l'IRM. On distingue quatre types différents
de lésions : les atteintes aiguës, exsudatives, fibrogranulo-
mateuses et enfin fibreuses pures [11]. Un des objectifs de
Spécificités en fonction l'IRM est de les différencier afin de réaliser une cartographie
des maladies infiltratives des lésions, d'en apprécier le caractère aigu ou chronique et
d'évaluer leur évolution.
Sarcoïdose Les lésions actives, aiguës apparaissent en hypersignal
La sarcoïdose est une granulomatose d'étiologie inconnue T2, et prennent le contraste précocement après injection
pouvant toucher de multiples organes dont essentiellement de gadolinium. Elles peuvent toucher les trois tuniques du
le poumon, le médiastin, la peau, les synoviales, le cœur, le cœur et n'ont pas de systématisation coronaire. On note une
rein et le système nerveux central. Il n'y a pas de test dia- prédominance des lésions dans la base du septum interven-
gnostique non invasif spécifique pour cette affection et un triculaire et au niveau de la paroi libre du ventricule gauche
des critères majeurs du diagnostique repose sur la positivité (VG). Les lésions fibreuses ne sont pas en hypersignal T2 et
d'une biopsie montrant la présence de granulomes épithé- se rehaussent tardivement après injection (séquences réali-
lioïdes gigantocellulaires sans nécrose caséeuse. L'atteinte sées à 10 minutes) (voir fig. 46.2).
728   Partie 6. Imagerie cardiovasculaire

Les séquences de mapping T2 pourraient permettre de [15]. En fonction du type de protéine fibrillaire retrouvé en
différencier de manière plus sensible que la séquence STIR anatomopathologie, on distingue à ce jour 19 sous-types de
les lésions aiguës actives des lésions de fibrose en prouvant dépôts amyloïdes [15]. Parmi ces sous-types, certains sont
l'existence d'œdème intramyocardique [12]. Au niveau des responsables d'une atteinte cardiaque, notamment l'amylose
lésions actives, on observerait un allongement du temps AL secondaire aux maladies inflammatoires et l'amylose à
de relaxation T2. Les séquences de mapping T1 pourraient transthyrétine (TTR) qui peut être familiale, génétique, ou
permettre de mettre en évidence des zones de fibrose non liée à l'âge (amylose sénile) [16]. Dans tous les cas, l'atteinte
détectées par les séquences de rehaussement tardif, du fait cardiaque doit être mise en évidence car elle constitue un
de la dilution trop importante du gadolinium dans un espace facteur de mauvais pronostic dans l'évolution de la maladie.
extracellulaire augmenté par les lésions fibreuses séquellaires Le diagnostic d'amylose cardiaque repose sur un faisceau
de la maladie. En cas d'infiltration fibreuse, on observe alors d'arguments en IRM. L'hypertrophie myocardique est au
un allongement du temps de relaxation T1 dans les régions premier plan, liée à l'infiltration diffuse du myocarde par
lésées. L'atteinte péricardique est rare, tout comme l'atteinte les protéines amyloïdes. Elle est le plus généralement cir-
du ventricule droit (VD) ou des oreillettes [13]. L'atteinte conférentielle mais parfois asymétrique, prédominant sur
valvulaire granulomateuse est exceptionnelle [14]. le septum interventriculaire, le septum interauriculaire et la
paroi libre de l'oreillette droite. L'épaississement de la paroi
Points clés – Sarcoïdose de l'oreillette droite et du septum interatrial (supérieur à
6 mm) associé à une atteinte symétrique ou asymétrique du

L'atteinte cardiaque dans la sarcoïdose est fréquente, sou- VG seraient des éléments évocateurs d'amylose cardiaque.
vent infraclinique. L'épaississement du ventricule droit serait moins discrimi-
L'IRM cardiaque est non spécifique, mais il existe une pré-
nant pour différencier l'amylose des autres causes d'HVG

dominance des lésions dans la base du septum interventri-


culaire et au niveau de la paroi libre du VG.
[17, 18]. La masse myocardique est souvent augmentée et

On distingue des lésions aiguës et des lésions fibreuses. Les sera calculée grâce à la séquence ciné petit axe.
séquences de mapping T1 et T2 qui sont en cours d'évalua- Après injection, le signal global du myocarde est égale-
tion seraient utiles pour les différencier et donc adapter le ment modifié dans l'amylose, entraînant souvent une impos-
suivi et le traitement. sibilité ou une difficulté à régler le temps d'inversion (TI) sur
la séquence de TI scouting. Par ailleurs, dans les formes évo-
luées, le TI annulant le signal du myocarde est plus court que
Amylose celui de sang, ce qui est l'inverse de l'aspect normal.
L'amylose est une maladie générale au pronostic sévère Après injection, sur les séquences de perfusion pre-
causée par des dépôts de protéines anormales dans les tis- mier passage, il est possible de visualiser un hyposignal
sus (dits dépôts amyloïdes) avec destruction concomitante sous-endocardique diffus. Sur les séquences de rehausse-
du tissu normal de l'organe atteint. Le diagnostic d'amylose ment tardif, on visualisera typiquement soit un rehausse-
est posé grâce à l'anatomopathologie qui permet de mettre ment sous-endocardique circonférentiel, non systématisé,
en évidence en microscopie électronique ces dépôts, sous très évocateur du diagnostic (fig. 46.4), soit des prises de
forme de feuillets bêta plissés biréfringents en lumière pola- contraste diffuses intramyocardiques, non systématisées.
risée après coloration des prélèvements au rouge Congo Ces prises de contrastes seraient liées à la rétention de gado-

a b

c d
Fig. 46.4 Amylose cardiaque. (a) Séquence STIR : hypertrophie ventriculaire gauche (étoile). (b) Séquence de TI scouting : défaut d'annulation du signal
du myocarde sain. (c, d) Séquence de rehaussement tardif après injection (PSIR) : prises de contraste diffuses sous-endocardiques (têtes de flèche).
Chapitre 46. Aspect en IRM cardiaque des maladies infiltratives et de surcharge    729

linium par les protéines amyloïdes dans l'espace extracellu- cardiaque [21]. En anatomopathologie, des études sur pré-
laire [19]. Les zones de rehaussement peuvent être limitées lèvements myocardiques ont montré que l'hémochromatose
à une cavité (le VG en général) ou être diffuses, touchant le cardiaque est constituée par une surcharge pigmentaire dans
VD et/ou le massif atrial. les régions sous-épicardiques et sous-endocardiques, ainsi
Chez certains patients, aucune prise de contraste n'est que par l'atteinte de l'architecture tissulaire adjacente. L'étude
observée, bien que l'amylose cardiaque soit prouvée histo- microscopique montre également des zones de fibrose, sous
logiquement [20]. Les séquences de T1 mapping seraient formes d'îlots scléreux ou de plages fibreuses contenant des
alors utiles, permettant de mettre en évidence une atteinte fibroblastes et des fibres de collagène.
diffuse avec des anomalies architecturales non retrouvées Il est nécessaire de quantifier la charge en fer intramyocar-
sur les séquences de rehaussement tardif. La désorganisa- dique afin de poser le diagnostic, d'évaluer le pronostic et de
tion microstructurale de l'espace extracellulaire par les pro- réaliser un suivi après la mise en place d'un traitement chéla-
téines amyloïdes entraîne ainsi un allongement du temps de teur. L'IRM cardiaque est une technique utile pour le diagnos-
relaxation T1 du myocarde, visible sur la cartographie de la tic et l'étude semi-quantitative de cette surcharge ferrique, et
séquence de mapping T1. également pour la recherche d'autres signes aspécifiques qui
Enfin, l'IRM cardiaque permet de mettre en évidence des y sont liés. Sur l'IRM, plusieurs signes permettent de poser le
épanchements péricardiques et pleuraux qui sont fréquents diagnostic d'atteinte cardiaque liée à l'hémochromatose.
dans l'atteinte cardiaque liée à l'amylose, mais qui sont peu La surcharge ferrique, qui signe le diagnostic, est recher-
spécifiques. chée grâce à la séquence de mapping T2*. Il s'agit du même
type de séquence que celle utilisée pour le foie, en écho de gra-
Points clés – Amylose dient T2 avec temps d'écho croissant [21]. Un T2* inférieur à
20 ms est en faveur d'une surcharge ferrique (modérée en 15 et

L'HVG est au premier plan, pouvant toucher non seulement
le VG mais aussi le septum interauriculaire et la paroi libre
10 ms, moyenne entre 10 et 15 ms et sévère en deçà de 10 ms)
de l'oreillette droite. L'épaississement pariétal du VD est (fig. 46.5). L'HVG, qui peut compliquer l'hémochromatose
moins fréquent. cardiaque, sera mise en évidence sur les séquences ciné. La

L'infiltration amyloïde est responsable d'une modification cardiomyopathie dilatée, qui constitue elle-même l'évolution
du TI. Lorsqu'on augmente le TI, le myocarde apparaît en de l'HVG et qui peut révéler la maladie ou survenir au cours
hyposignal avant le pool sanguin. de son évolution naturelle, sera également recherchée sur ces

Typiquement, la prise de contraste est circonférentielle et séquences. Des signes de cardiopathie restrictive pourront
sous-endocardique, avec un gradient transmural. aussi être mis en évidence. Ils sont constitués par une altération
■ L'atteinte cardiaque amyloïde entraîne une augmentation du du flux transmitral avec l'obtention d'un profil de type restric-
temps de relaxation T1, même en l'absence d'HVG.
tif, et l'aspect en « oreilles de Mickey » associant dilatation
­bi-auriculaire et ventricules de petite taille.
Hémochromatose
L'hémochromatose primitive est une maladie d'origine géné- Points clés – Hémochromatose
tique qui entraîne une absorption intestinale excessive de fer.
La présence de fer intramyocardique signe le diagnostic d'hé-
Elle peut également être secondaire, liée à une pathologie

mochromatose cardiaque.
identifiée (hépatopathies chroniques) ou due à des transfu- ■
Il peut être quantifié grâce aux séquences T2* pondérées en
sions itératives (thalassémie). Le pronostic de l'hémochroma- écho de gradient. Une valeur seuil du T2* < 20 ms est retenue
tose est lié à l'atteinte hépatique, avec un risque de cirrhose et pour poser le diagnostic.
de carcinome hépatocellulaire à long terme, mais également à ■
L'HVG n'est pas toujours au premier plan, et des signes de
l'atteinte cardiaque, secondaire à une surcharge des myocytes cardiopathie restrictive peuvent être retrouvés : flux trans-
en fer, à l'origine d'une diminution de la distensibilité ventri- mitral de type restrictif, aspect de dilatation bi-auriculaire
culaire gauche et avec un risque d'évolution vers l'insuffisance contrastant avec des ventricules de petite taille.

Fig. 46.5 Patient thalassémique. Surcharge ferrique cardiaque se traduisant par un raccourcissement T2* myocardique (mesuré à 6,8 ms à partir d’une
région d’intérêt dans le septum interventriculaire sur la séquence en EG T2*).
730   Partie 6. Imagerie cardiovasculaire

Maladie de Fabry augmenté, même en l'absence d'HVG. Ces mesures, et


La maladie de Fabry est une maladie de surcharge liée à notamment le raccourcissement du T1 myocardique, sem-
une mutation génétique située sur le chromosome X. La bleraient donc utiles au diagnostic de l'atteinte cardiaque,
mutation entraîne une anomalie d'une enzyme, l'alpha notamment dans les formes précoces sans HVG [22, 23].
galactosidase A, et va être responsable de l'accumulation À noter que le raccourcissement du T1 peut être com-
de sphingolipides dans les tissus, en particulier le myo- pensé par la présence de fibrose (allongeant le T1) dans
carde. Le phénotype cardiaque consécutif à cette surcharge les zones de rehaussement visibles en IRM [24].
est représenté par l'HVG, des troubles de conduction, des
anomalies valvulaires et des lésions coronaires. La maladie
de Fabry est plus fréquemment retrouvée chez l'homme, Points clés – Maladie de Fabry
représentant 6 % de l'ensemble des CMH, mais est égale- ■
L'HVG est au premier plan dans la maladie de Fabry.
ment retrouvée chez la femme, avec une prévalence moins ■
Les prises de contraste sur les séquences de rehaussement tar-
connue [22]. Il est particulièrement important de poser le dif sont typiquement inféro-latéro-basales médiopariétales.
diagnostic de cette maladie, du fait de ses complications,

Les séquences de mapping montreraient un raccourcissement
du temps de relaxation T1 et un allongement du temps de
mais surtout parce qu'un traitement efficace existe (enzy-
relaxation T2 du fait de l'infiltration myocardique par les
mothérapie substitutive). sphingolipides, même en l'absence d'HVG, et pourraient
En imagerie, une HVG concentrique est la manifesta- aider à détecter précocement la maladie.
tion principale retrouvée dans le cadre de l'atteinte car-
diaque liée à la maladie de Fabry. Elle sera recherchée
sur l'ensemble des séquences, plus particulièrement sur `` Conclusion
les séquences ciné grâce auxquelles on pourra mesurer
l'épaisseur myocardique et calculer la masse ventricu- L'apport de l'IRM cardiaque est majeur dans les cardio-
laire gauche. Des prises de contraste sur les séquences de pathies infiltratives et de surcharge. Celle-ci permet une
rehaussement tardif sont visibles au sein du myocarde dans étude fiable et reproductible de la fonction cardiaque, des
approximativement 50 % des cas. Leur topographie est volumes, de la masse myocardique et le bilan étiologique de
typiquement médiopariétale inféro-latéro-basale, pouvant l'HVG. Grâce aux séquences de rehaussement tardif, l'IRM
faire évoquer le diagnostic chez un jeune patient porteur permet de visualiser des prises de contraste témoignant de la
d'une hypertrophie ventriculaire gauche. Elles correspon- présence de lésions constituées. Les séquences T2 sont utiles
draient à des zones de fibrose. Les lésions respecteraient pour rechercher des lésions récentes dans la sarcoïdose car-
toujours le sous-endocarde, contrairement aux prises de diaque. Les séquences de mapping T1, T2, et T2* ouvrent
contraste retrouvées dans les autres causes d'HVG [22, une nouvelle voie dans le bilan étiologique d'une suspicion
23]. Du fait de l'infiltration sphingolipidique, les temps d'infiltration myocardique non visible sur les séquences
de relaxation T1 et T2 sont m ­ odifiés chez les patients classiques (tableau 46.1). Dans le diagnostic d'une hémo-
atteints par la maladie (fig. 46.6) : le temps de relaxation chromatose cardiaque, le raccourcissement du T2* est un
T1 est diminué tandis que le temps de relaxation T2 est élément diagnostique clé.

a b
Fig.  46.6 Patient porteur d'une maladie de Fabry avec hypertrophie ventriculaire gauche. (a) T2 mapping  : augmentation du T2 (T2
moyen > 55 ms) dans la plupart des régions d'intérêt. (b) T1 mapping natif : diminution du temps de relaxation T1 (919 ms dans l'exemple pré-
senté) en rapport avec la surcharge lipidique. (Remerciements au Pr J.-N. Dacher.)
Chapitre 46. Aspect en IRM cardiaque des maladies infiltratives et de surcharge    731

Tableau 46.1 Tableau récapitulatif des signes retrouvés à l'IRM cardiaque dans les maladies infiltratives
et de surcharge.
Maladie Hypertrophie Modification du TI Topographie typique du Modification du temps
ventriculaire gauche rehaussement tardif de relaxation
Amylose Concentrique, Oui (TI difficile à trouver Sous-endocardique, T1 : augmenté
Parfois associée à un ou TI du myocarde plus circonférentiel ou diffus
épaississement des court que celui du sang) intramyocardique
oreillettes et du VD
Hémochromatose Concentrique Pas d'injection Pas d'injection T1 : diminué (dépôts de
recommandée fer) T2* inférieur à 20 ms
Maladie de Fabry Concentrique Non Inféro-latéro-basal T1 : diminué (dépôts de
médiopariétal lipides)
Augmenté si foyers de
fibrose
T2 : allongé
Sarcoïdose Segmentaire, évoluant Non Intramyocardique, Lésion actives : T1
vers une CMD base du septum diminué
interventriculaire et paroi Lésions fibreuses : T1
latérale du VG allongé
CMD : cardiomyopathie dilatée ; TI : temps d'inversion ; VD/VG : ventricule droit/gauche.

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Chapitre
47
Valvulopathies
J.-F. Deux, V. Tacher, F. Legou, M. Vitellius, F. Ridouani, H. Kobeiter, A. Luciani, A. Rahmouni

PLAN DU CHAPITRE
Généralités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 733 Valve pulmonaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 737
Valve aortique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 733 Valve tricuspide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 737
Valve mitrale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 736

Généralités Protocole
L'échographie est la méthode de première intention pour L'étude de la valve aortique est fondée sur les séquences de
faire le bilan d'une valvulopathie. Elle permet de quantifier ciné-IRM (de type SSFP ou steady-state free precession) qui
son importance, de déterminer sa cause et d'évaluer son permettent d'étudier la morphologie de la valve en diastole
retentissement sur la fonction ventriculaire et sur le massif et en systole [2, 3]. Ces séquences, positionnées orthogona-
atrial [1]. Dans certains cas, l'évaluation de la valvulopathie lement au culot aortique à partir des coupes LVOT 1 et 2
peut toutefois être difficile, notamment en cas de patient peu (left ventricular outflow tract), doivent être acquises à plu-
échogène ou lorsque les critères échographiques de sévérité sieurs niveaux de la racine aortique. Des coupes obliques sur
d'une valvulopathie sont discordants. Dans ces cas de figure, les sinus de Valvalsa peuvent parfois être utiles. Une étude
l'IRM peut être utilisée pour améliorer l'analyse de la valve de l'aorte ascendante est souvent utile dans le même temps
et apporter des éléments supplémentaires de quantification d'examen. Fréquemment, des séquences de vélocimétrie
d'une fuite ou d'un rétrécissement valvulaire. doivent compléter le bilan afin d'évaluer une fuite ou un
Dans ce chapitre, nous aborderons successivement la rétrécissement aortique.
pathologie des valves aortique, mitrale, pulmonaire et
tricuspide. Aspect normal en IRM
Sur les séquences de ciné-IRM acquises dans le plan de la
valve, les sigmoïdes aortiques apparaissent sous la forme
Valve aortique d'une image linéaire fine dessinant un triangle en systole et
une étoile à trois branches en diastole (fig. 47.1). En systole,
Anatomie les trois sigmoïdes se séparent complètement et les som-
La valve aortique marque la limite entre la chambre d'éjec- mets du triangle doivent toucher le cercle aortique. Sur les
tion ventriculaire gauche et l'aorte thoracique ascendante. coupes LVOT 1 et 2 et obliques, chaque sigmoïde présente
Elle est composée de trois cuspides, encore appelées un point de coaptation situé en moyenne 10 mm au-dessus
cusps ou sigmoïdes, en forme de nid d'hirondelle, qui se de l'anneau basal virtuel passant par le nadir des cuspides.
rejoignent au niveau d'une zone de contact appelée commis- Le mouvement de chaque sigmoïde doit être ample sans res-
sure. En face de chaque sigmoïde existe un renflement de la triction ni prolapsus. Des turbulences sont parfois visibles
paroi aortique appelé sinus de Valsalva. À chaque sigmoïde dans l'aorte en aval de la valve (plus marquées à 3 T). On ne
correspond donc un sinus de Valsalva. Les cuspides (et les détecte pas de fuite significative. Une minime fuite physio-
Valsalva) sont désignées en fonction du nom de la coronaire logique est possible, mais habituellement non visible sur les
qui naît au-dessus des sinus de Valsalva. On identifie ainsi séquences de ciné-IRM.
une sigmoïde coronaire gauche (antérieure), une sigmoïde
coronaire droite (antérieure également) et une sigmoïde non
coronaire (postérieure). En diastole, les trois sigmoïdes se Bicuspidie
touchent et leurs bords en contact dessinent trois lignes qui La bicuspidie est la plus fréquente des malformations congé-
partent des commissures et qui se rejoignent au centre de nitales de la valve aortique, touchant 1 à 2 % de la popu-
la lumière aortique. En systole, les sigmoïdes sont plaquées lation avec une nette prédominance masculine. Le plus
contre la paroi, dessinant un triangle dont chaque sommet souvent isolée, elle peut toutefois être associée à la présence
est une commissure. d'une coarctation aortique. La cause exacte de la bicuspidie
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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734   Partie 6. Imagerie cardiovasculaire

a b
Fig. 47. 1 Aspect IRM d'une valve aortique normale (tricuspide) sur une séquence de ciné-IRM positionnée dans le plan de la valve. En
diastole (a), on distingue l'accolement deux à deux des bords libres des trois sigmoïdes sous la forme de trois traits fins et réguliers (têtes de flèche)
partant des commissures et se rejoignant au centre de la valve. En systole (b), les sigmoïdes se séparent, formant une ouverture triangulaire dont les
sommets (commissures) sont situés sur l'anneau aortique. Les trois renflements périphériques correspondent aux sinus de Valsalva (flèches en a).

est inconnue, mais une prédisposition génétique existe pro-


bablement car les patients bicuspides ont un culot aortique
et une aorte ascendante plus larges par rapport aux patients
tricuspides, et présentent des anomalies histologiques dans
la média aortique.
Dans sa forme la plus classique (88  % des cas), dites
bicuspidie de forme commune ou de type 1, la valve bicus-
pide présente un raphé unique marquant un défaut de
séparation entre deux sigmoïdes aortiques [4]. Cette zone
d'accolement, qui peut être de longueur variable, ne per-
met pas une ouverture complète des deux valves jusqu'à
la commissure. Le raphé est le plus souvent situé entre les
sigmoïde coronaires gauche et droite ; on parle alors de
type 1 L-R (les autres types étant dénommés N-R et N-L,
N désignant la sigmoïde non coronaire). Le raphé, qui est Fig. 47.2 Aspect IRM d'une valve aortique bicuspide de type 1
généralement bien visible en IRM, modifie l'aspect triangu- vue en systole sur une séquence de ciné-IRM positionnée dans
laire classique de la valve aortique en systole qui prend un le plan de la valve. Présence d'un raphé (tête de flèche) correspon-
aspect asymétrique, en cintre (fig. 47.2). Un raphé très court dant à un défaut congénital de séparation entre deux sigmoïdes (ici,
peut toutefois ne pas être visible en IRM, notamment en la sigmoïde antérieure gauche et la sigmoïde non coronaire), réalisant
une bicuspidie de type 1 N-L. Le raphé empêche la séparation com-
cas d'artéfacts de flux marqués ou de qualité image subop-
plète des deux sigmoïdes jusqu'à la commissure en regard (étoile).
timale. Plus rarement, la valve aortique peut n'être formée Noter la séparation complète des autres bords d'affrontement avec la
que de deux cuspides (avec deux sinus de Valsalva) ; on parle sigmoïde coronaire droite, avec ouverture jusqu'aux deux autres com-
alors de bicuspidie de type 0, rencontrée dans 7 % des cas missures (flèches).
(fig. 47.3). La présence de deux raphés définit la bicuspidie
de type 2, très rarement rencontrée (5 % des cas). La bicus-
pidie est souvent associée à une dilatation du culot aortique
ou de l'aorte ascendante. Une angio-IRM (avec gadolinium
ou de type T2 sang blanc avec gating cardiaque et respira-
toire) est alors utile pour mesurer précisément les diamètres
aortiques Un diamètre aortique supérieur à 55 mm doit
faire envisager un remplacement aortique chirurgical en cas
de bicuspidie (dès 50 mm en cas de présence d'une coarcta-
tion, d'une hypertension artérielle, d'antécédents familiaux
de dissection ou de progression de la dilatation de plus de
2 mm/an lors du suivi). Si la valve aortique doit être rem-
placée, le seuil de remplacement de l'aorte est de 45 mm [1].

Évaluation d'une fuite


d'insuffisance aortique (IA) Fig.  47.3 Valve aortique bicuspide de type  0. En systole, sur la
La quantification d'une fuite d'IA en échographie, fondée séquence de ciné-IRM, on visualise seulement deux commissures (têtes
sur des critères quantitatifs et semi-quantitatifs, peut par- de flèche) et deux sinus de Valsalva (flèches).
Chapitre 47. Valvulopathies   735

fois être difficile. Dans les cas difficiles, l'IRM offre la pos- tolique ventriculaire gauche (DTDVG) est supérieur à
sibilité de quantifier avec précision la fuite et d'évaluer son 70 mm en diastole ou 50 mm en systole [1]. Dans le bilan
retentissement sur le ventricule gauche [5, 6] L'IRM permet d'une IA, il convient donc de donner également les dia-
en effet de mesurer le volume régurgité dans le ventricule mètres et volumes ventriculaires ainsi que la FEVG et le
gauche à chaque battement et de calculer la fraction de débit cardiaque. Il est à noter que les valeurs du volume
régurgitation qui est égale au volume éjecté divisé par le éjecté par battement (ou stroke volume) calculées à partir
volume régurgité (× 100). de la FEVG et de la vélocimétrie transaortique doivent
Ces informations sont accessibles en utilisant des être théoriquement identiques, ce qui est une façon de
séquences de vélocimétrie dites au travers du plan (ou valider la fiabilité des mesures obtenues.
« through plane »), positionnées orthogonalement à l'aorte Le mécanisme de la fuite peut être fonctionnel par élar-
ascendante, en général au niveau de la jonction sinotubu- gissement de l'anneau, ou organique suite à un prolapsus
laire (fig. 47.4). Pour obtenir des résultats fiables, il faut de valve, une perforation valvulaire ou une restriction.
que le patient ait un rythme régulier et une identification L'échographie reste la méthode de référence pour précise la
correcte des ondes R par la machine. Il faudra également cause exacte de la fuite.
veiller à choisir correctement la vitesse d'échantillonnage
de façon à éviter le repliement temporel (aliasing). Pour
une IA, il est possible de commencer avec une vitesse Rétrécissement aortique (RA)
d'encodage de 2 m/s et d'adapter ensuite en fonction des Le RA constitue la valvulopathie la plus fréquente, due
images. Il est recommandé d'utiliser une résolution tem- habituellement à une dégénérescence valvulaire liée à l'âge
porelle de l'ordre de 25 à 30 ms (soit 20 à 25 images par (rétrécissement aortique calcifié [RAC]) ou à la présence
cycle), une épaisseur de coupe de moins de 7 mm pour d'une bicuspidie.
limiter le volume partiel et de répéter les mesures pour L'échographie est la méthode habituelle pour quanti-
s'assurer de la cohérence des résultats. Une IA est dite fier sa sévérité. Les critères de RA serré sont une vitesse
sévère si le volume régurgité par battement est supérieur maximale systolique supérieure à 4  m/s, un gradient
à 60 ml et la fraction de régurgitation supérieure à 40 % de pression moyen de plus de 40 mmHg et une surface
(50 % en échographie). Elle s'accompagne en général d'un valvulaire inférieure à 1 cm 2 (ou 0,6 cm 2/m 2 de surface
hyperdébit, d'une dilatation du ventricule gauche, avec corporelle). Dans certains cas, ces critères peuvent être
dans certains cas une réduction de la fraction d'éjection. discordants.
Ainsi, les recommandations internationales suggèrent L'IRM peut alors être utile en remesurant la vitesse
d'opérer un patient asymptomatique porteur d'une IA systolique à l'aide des séquences de vélocimétrie [7]. Il
significative si la fraction d'éjection ventriculaire gauche convient de repérer la direction du jet à l'aide de séquence
(FEVG) est inférieure à 50 % ou si le diamètre télédias- de ciné-IRM ou de vélocimétrie dites dans le plan (« in

a b

Vol éjecté

c Vol régurgité d
Fig.  47.4 Exemple d'évaluation d'une fuite d'insuffisance aortique en IRM. (a) Positionnement de la coupe de vélocimétrie (« through
plane ») au niveau de la jonction sinotubulaire (ligne rouge) sur une coupe de ciné-IRM 3 cavités. (b) Image en phase extraite de la séquence de
vélocimétrie. (c) Courbe du débit aortique en fonction du temps (ligne rouge) obtenue après contourage des différentes phases de la séquence de
vélocimétrie. La surface sous la courbe au-dessus de la ligne du 0 définit le volume éjecté, et la surface sous la courbe négative définit le volume
régurgité (flèches). (d) Tableau contenant les paramètres quantitatifs de vitesse, de volume et de flux au niveau de la zone de mesure.
736   Partie 6. Imagerie cardiovasculaire

a b

V max
c d
Fig. 47.5 Exemple de mesure de la vitesse maximale du flux en IRM chez un patient porteur d'un rétrécissement aortique calcifié
(RAC) difficile à évaluer en échographie. (a) Séquence de ciné-IRM mettant en évidence des turbulences dans la racine aortique (flèche). (b)
Image en contraste de phase dans le plan (« in plane ») visualisant le jet du RAC. Des mesures de vélocimétrie « through plane » orthogonales à la
direction du flux (lignes rouges) sont positionnées à plusieurs niveaux. (c) Exemple d'une image de vélocimétrie « through plane » acquise sur le jet
du RAC. (d) Courbes de la vitesse du flux sanguin en fonction du temps, permettant de mesurer la vitesse maximale d'éjection.

plane »), puis d'échantillonner la vitesse maximale à l'aide appelés commissure antérieure et commissure postérieure.
de séquences « au travers du plan » (« through plane ») posi- La valve mitrale possède un appareil sous-valvulaire formé
tionnées orthogonalement à la direction du jet. Plusieurs de cordages et de muscles papillaires encore appelés piliers
mesures doivent être effectuées dans la région où la vitesse (il existe classiquement un pilier antérolatéral et un pilier
est maximale (vena contracta), en général depuis l'extré- postérolatéral).
mité de la valve sur quelques centimètres (fig. 47.5). Il est
important d'utiliser une vitesse d'encodage correcte pour la
première mesure (en général supérieure à 4 ou 5 m/s qui Insuffisance mitrale (IM)
doit ensuite être adaptée en fonction des images) et d'avoir Le déplacement de l'anneau mitral durant le cycle cardiaque
une résolution temporelle suffisante (25 à 30 ms) afin de est important et rend difficile la quantification d'un flux de
ne pas rater le pic de vitesse systolique. Il faut savoir par régurgitation à l'aide des séquences « au travers du plan »
ailleurs que le pic de vitesse peut être sous-estimé en cas de selon la technique utilisée pour quantifier une insuffisance
volume partiel sur une région d'intérêt positionnée sur une aortique. La méthode la plus couramment utilisée consiste
zone de haute vélocité de petite surface. à mesurer le volume systolique éjecté par battement (ou
D'autres méthodes de quantification IRM ont également stroke volume) à partir du calcul de la FEVG, puis à calculer
été décrites, comme la planimétrie ou l'utilisation de l'équa- le volume réellement éjecté dans l'aorte (Vol Ao) en utilisant
tion de continuité [8]. Elles sont moins utilisées et ne seront une séquence de flux « au travers du plan » positionnée au
pas développées ici. niveau de la jonction sinotubulaire [2, 9]. Le volume régur-
gité est égal à la différence entre le stroke volume et le Vol
Ao. En divisant le volume régurgité par le stroke volume, on
Valve mitrale obtient la fraction de régurgitation mitrale. On considère
qu'une IM est significative quand la fraction de régurgita-
Anatomie tion est supérieure à 50 % et le volume régurgité par batte-
À la différence de la valve aortique, la valve mitrale ne ment est supérieur à 60 ml.
possède que deux feuillets  : un feuillet mitral antérieur Le mécanisme de la fuite est en général mieux appré-
(anciennement grande valve mitrale) et un feuillet mitral cié par l'échographie. Il est toutefois intéressant de le
postérieur (anciennement petite valve mitrale). Les deux rechercher en IRM. Les mécanismes classiques sont la
feuillets se rejoignent au niveau de deux points de contact fuite mitrale fonctionnelle (sans lésion anatomique sur
Chapitre 47. Valvulopathies   737

Valve tricuspide
C'est le pendant de la valve mitrale à droite. Elle possède
trois feuillets : antérieur, postérieur et septal (le plus petit
et le plus restrictif). Son anneau est antérieur par rapport
à l'anneau mitral, en moyenne 1 cm plus apical. Son dia-
mètre est de l'ordre de 3 cm et une surface inférieure à
1 cm2 est considérée comme un rétrécissement tricuspide
sévère. L'échographie est sa modalité d'exploration pre-
mière. L'IRM peut être utile notamment dans la malforma-
tion d'Ebstein, cardiopathie congénitale caractérisée par
un positionnement trop antérieur de la valve tricuspide
dans le ventricule droit. Cette pathologie est abordée dans
le chapitre 50.
Fig.  47.6 Fuite mitrale fonctionnelle chez un patient porteur
d'une cardiomyopathie dilatée. Noter le jet en hyposignal (tête de
flèche) traduisant le flux régurgitant en direction de l'oreillette gauche.
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chapitre 50. 111–41.
Chapitre
48
Exploration
du péricarde en IRM
V. Tacher, F. Legou, M. Vitellius, F. Ridouani, H. Kobeiter, J.-F. Deux, A. Luciani, A. Rahmouni

PLAN DU CHAPITRE
Rappels anatomiques et physiologiques . . . . . 739 Principales pathologies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 739
Aspect normal du péricarde en IRM. . . . . . . . . 739 Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 744

Rappels anatomiques Aspect normal du péricarde en IRM


et physiologiques Le péricarde normal se présente comme un liseré fin
Le péricarde est une membrane fine qui entoure les cavités (≤ 2  mm), régulier, en hyposignal T1 et T2 limité par la
cardiaques et l'origine des gros vaisseaux. Il est divisé en graisse épicardique et péricardique (fig. 48.1). Une lame
péricarde séreux et fibreux. Le péricarde séreux est consti- liquidienne de moins de 5 mm d'épaisseur est parfois visible
tué de deux feuillets : un feuillet viscéral (ou épicardique) et entre les deux feuillets, au niveau de la face inférieure du
un feuillet pariétal. Les deux feuillets sont en continuité l'un cœur, sans caractère pathologique.
avec l'autre par l'intermédiaire de zones de réflexion péricar-
dique formant des sinus et des récessus. Le péricarde fibreux
recouvre le péricarde séreux et correspond à un tissu fibreux Principales pathologies
médiastinal. Les feuillets pariétal et viscéral sont séparés par
une faible quantité de liquide séreux (15 à 50 ml). Ce liquide Anomalies congénitales
péricardique physiologique se collecte préférentiellement L'agénésie péricardique est une anomalie rare, générale-
dans les zones à moindre pression, notamment dans les ment asymptomatique, de découverte fortuite, pouvant être
sinus péricardiques et leurs récessus. parfois à l'origine de douleurs thoraciques. Une association
Le péricarde isole le cœur et limite la propagation possible à d'autres anomalies congénitales est retrouvée
vers le cœur des infections et des phénomènes inflam- dans 30  % des cas (tétralogie de Fallot, sténose mitrale,
matoires pulmonaires. Il permet également d'empêcher persistance du canal artériel, absence de septum interatrial,
une dilatation excessive des cavités cardiaques et limite kyste bronchogénique et hernie hiatale). L'agénésie peut
les phénomènes de friction entre le cœur et les structures être partielle ou totale. L'agénésie partielle (90 % des cas)
adjacentes [1]. touche majoritairement le bord gauche du cœur (70 %),

a b c
Fig. 48.1 Aspect normal du péricarde sur les coupes T1 sans noir (a), T2 STIR (b) et ciné-IRM en 4 cavités (c). Le péricarde apparaît sous
la forme d'un liseré en hyposignal (flèches), situé entre la graisse épicardique (étoiles) et péricardique (têtes de flèche).
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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740   Partie 6. Imagerie cardiovasculaire

correspondent à des défects localisés au péricarde pariétal.


Ils sont parfois mobiles au changement de position, ou de
taille variable dans le temps. Les kystes péricardiques ne
communiquent pas avec la cavité péricardique [2].
En IRM, les kystes apparaissent comme une formation
nodulaire ou ovalaire bien limitée, de signal liquidien, à
paroi fine, sans cloison, et sans rehaussement après injec-
tion. Lorsqu'un kyste contient des composants protéiniques,
il apparaît en hypersignal sur les images en pondération T1.

Épanchement péricardique
Fig.  48.2 Exemple d'agénésie du péricarde gauche. Image IRM
en pondération T1 sang noir objectivant une lévorotation du massif
L'épanchement péricardique est défini par la présence d'une
cardiaque avec horizontalisation du septum interventriculaire (étoile). quantité de liquide trop abondante (> 50 ml) entre les feuil-
Noter l'absence de péricarde en regard de la paroi latérale du ventri- lets péricardiques. Les causes classiques d'épanchement
cule gauche (signe direct), en général difficile à affirmer du fait de la péricardique comprennent l'insuffisance cardiaque, l'insuffi-
faible quantité de graisse. sance rénale, les infections (bactériennes, notamment tuber-
culeuses ou virales), les cancers (pulmonaire, mammaire ou
lymphome) et les traumatismes (hémopéricarde) [3].
plus r­ arement la face inférieure (17 %) ou le bord droit. Il est habituellement diagnostiqué à l'échographie
L'agénésie du péricarde gauche entraîne une rotation vers transthoracique (ETT), mais une exploration complémen-
la gauche du massif cardiaque avec une horizontalisation du taire en IRM peut être proposée en cas d'épanchement
septum interventriculaire (fig. 48.2). L'absence de péricarde cloisonné ou hémorragique, de suspicion d'épaississement
en regard du ventricule gauche est souvent difficile à objec- péricardique, d'échographie non contributive ou de contexte
tiver du fait de la faible quantité de graisse épicardique en néoplasique [2, 4]. Dans sa forme habituelle (épanchement
regard des cavités gauches. simplex), l'IRM objective la présence de liquide entre les
feuillets péricardiques, en hyposignal sur les séquences T2
sang noir (du fait d'un déphasage des protons lié aux mou-
Kystes et diverticules péricardiques vements du liquide induits par le cœur), en hyposignal T1
Kyste et diverticules se situent préférentiellement dans l'angle et en hypersignal homogène sur les séquences de ciné-IRM
cardiophrénique, le plus souvent droit, mais ils peuvent être (fig. 48.3). Les feuillets péricardiques sont fins, sans rehaus-
retrouvés dans l'ensemble du médiastin. Les diverticules sement après injection. En cas d'épanchement hémorra-

a b

c d
Fig.  48.3 Épanchement péricardique circonférentiel. Le liquide apparaît en hyposignal sur la séquence T2 STIR petit axe (a, flèche) et en
hypersignal sur la séquence de ciné-IRM petit axe (b, flèche) et 4 cavités (c, flèche). Après injection, sur la séquence de phase (PSIR), le liquide est
en franc hyposignal (d, flèche). À noter des franges graisseuses au contact de la paroi latérale du ventricule droit (tête de flèche en c).
Chapitre 48. Exploration du péricarde en IRM    741

gique, l'épanchement présente un signal hétérogène, avec et/ou des calcifications des feuillets péricardiques [9]. Elle
notamment des composantes en hypersignal T1 [5]. La pré- entraîne une altération de la fonction diastolique ventri-
sence de zones d'épaississement tissulaire péricardique doit culaire (altération du remplissage cardiaque), tandis que
faire suspecter un épanchement d'origine néoplasique. la fonction systolique demeure longtemps conservée. Les
causes les plus fréquentes sont infectieuses (virales comme
Péricardite aiguë le virus de l'influenza et le Coxsackie virus, bactériennes
La péricardite aiguë est définie comme une inflammation comme le Bacille de Koch et parasitaires), post-trauma-
des feuillets péricardiques, le plus souvent associée à la pré- tiques, métaboliques, néoplasiques ou encore idiopathiques.
sence d'un épanchement péricardique. Elle est en général Le diagnostic de PCC associe des éléments cliniques, écho-
secondaire à une infection virale avec une évolution clinique graphiques, d'imagerie en coupes et parfois hémodyna-
favorable. D'autres étiologies classiques existent comme mique (cathétérisme cardiaque droit avec recherche d'un
les étiologies infectieuses (bactériennes, notamment par le aspect en dip-plateau ou en racine carré).
bacille de Koch, ou parasitaires), post-traumatiques, méta- L'aspect IRM typique associe un épaississement des
boliques, médicamenteuses ou des maladies de système. feuillets péricardiques (> 4 mm) et des anomalies de la ciné-
Une IRM cardiaque est indiquée en complément de tique de contraction du septum interventriculaire (SIV)
l'échographie en cas d'échographie difficile (patient peu traduisant les anomalies de remplissage du ventricule droit
échogène) ou de suspicion clinique d'atteinte péricardique (fig. 48.5). Plus rarement, le péricarde peut être d'épaisseur
avec une échographie normale (« péricardite sèche ») [6]. normale mais entraîner une réelle constriction. Les anoma-
L'aspect IRM associe une inflammation des feuillets péri- lies cinétiques comportent un aspect de faseyement du SIV
cardiques avec un épanchement d'abondance variable. se traduisant par une ondulation du septum sur les coupes
L'inflammation se traduit par un épaississement des feuillets en 4 cavités. Sur les coupes en petit axe, un ressaut proto-
péricardiques qui apparaissent en hypersignal T2 et pré- diastolique du septum peut être détecté et se traduire par
sentent un rehaussement anormal après injection (fig. 48.4). un déplacement anormal et transitoire du SIV vers la cavité
Des cloisons au sein de l'épanchement ou des zones de sym- gauche en début de diastole. Cet aspect est plus marqué sur
physe péricardique liées à des dépôts de fibrine peuvent la partie basale du SIV et peut être sensibilisé en faisant faire
être associées [7, 8]. L'épanchement peut être absent dans au patient des manœuvres respiratoires en expiration forcée
les péricardites sèches. Dans certains cas, la péricardite peut afin d'augmenter le retour veineux dans les cavités droites.
être associée à une myocardite aiguë qui est détectable en Ces anomalies cinétiques ne sont toutefois pas spécifiques
IRM sous la forme de zones de rehaussement sous-épicar- et peuvent se retrouver en cas de surcharge volumétrique
dique associées à l'inflammation du péricarde. (communication interauriculaire par exemple) ou baromé-
trique (hypertension artérielle pulmonaire [HTAP]) dans
les cavités droites. Elles n'existent toutefois pas en cas de
Péricardite chronique constrictive cardiomyopathie restrictive qui représente le diagnostic dif-
La péricardite chronique constrictive (PCC) est secondaire férentiel principal.
à une diminution de la compliance péricardique en rapport Il a par ailleurs été proposé de réaliser des séquences
avec un épaississement du péricarde, des lésions de fibrose de tagging afin de mettre en évidence une réduction du

a b

c d
Fig. 48.4 Péricardite aiguë sèche. Péricarde épaissi et en hypersignal sans épanchement péricardique associé sur les coupes T2 STIR (a, flèche)
et ciné-IRM (b, flèche) acquises dans le plan 4 cavités. Après injection, on objective un rehaussement péricardique circonférentiel sur les coupes en
4 cavités (c, flèche) et petit axe (d, flèche). Noter l'absence de liquide entre les feuillets péricardiques.
742   Partie 6. Imagerie cardiovasculaire

a b

c d
Fig. 48.5 Péricardite chronique constrictive. Le péricarde présente des zones d'épaississement sur l'image T1 sang noir 4 cavités (a, flèches)
avec une déformation de la paroi latérale du ventricule droit. Pas d'hypersignal péricardique sur la séquence T2 STIR en faveur de l'absence d'in-
flammation aiguë (b). Rehaussement circonférentiel du péricarde après injection faisant suspecter des remaniements fibreux (c). La coupe ciné-IRM
petit axe acquise en expiration objective une perte transitoire de la convexité du septum interventriculaire faisant suspecter une constriction (d).

a b

c d
Fig. 48.6 Tumeur péricardique. Volumineuse masse tissulaire comprimant les cavités cardiaques, apparaissant avant injection en isosignal T1 (a,
étoile), en hypersignal T2 (b, étoile) et se rehaussant de façon hétérogène après injection (c, étoile). L'imagerie TEP confirme la présence d'une
lésion hypermétabolique (d, étoile). L'analyse histologique a révélé la présence d'un sarcome péricardique.

­ ouvement du sous-épicarde du fait d'adhérences péricar-


m poursuivre un traitement anti-inflammatoire avant d'envi-
diques [10]. La réalisation de séquences injectées de rehaus- sager une intervention chirurgicale [11]. Dans le bilan d'une
sement tardif permet également de détecter la présence d'un PCC, il est nécessaire de compléter l'examen par un scanner
­rehaussement du péricarde qui serait lié à la persistance sans injection afin de rechercher des calcifications non vues
d'une activité inflammatoire péricardique et qui inciterait à ou mal vues en IRM.
Chapitre 48. Exploration du péricarde en IRM    743

Tumeurs péricardiques Métastases péricardiques


Tumeurs primitives Les métastases péricardiques sont beaucoup plus fréquentes
Les tumeurs primitives du péricarde sont rares [12]. Les que les tumeurs primitives, découvertes à l'autopsie chez 10
tumeurs péricardiques bénignes comprennent les lipomes, à 12 % des patients présentant un contexte de pathologie
les tératomes, les fibromes et les hémangiomes. Les lipomes néoplasique [15, 16]. Les cancers du sein et du poumon sont
sont en hypersignal sur les images pondérées en T1. Les les causes les plus fréquentes de métastases péricardiques,
fibromes péricardiques sont en hyposignal sur les images suivis des lymphomes et des mélanomes [16]. L'atteinte
pondérées en T2 et se rehaussent de façon hétérogène après métastatique du péricarde est suspectée en cas de nodules
injection [13, 14]. ou d'épaississement tissulaire des feuillets péricardiques
Les tumeurs malignes primitives comprennent le méso- dans un contexte néoplasique connu, associé à un épanche-
théliome, le lymphome et le sarcome. Ces tumeurs sont en ment. L'atteinte peut se faire par contiguïté à partir d'une
général en hyposignal T1, hypersignal T2 et se rehaussent lésion tumorale juxtacardiaque, ou par voie hématogène
après l'administration du produit de contraste (fig. 48.6) ou lymphatique. Les métastases de mélanome apparaissent
[13]. Elles apparaissent sous la forme de lésions tissulaires typiquement en hypersignal T1 en raison de la présence de
mal limitées, infiltrantes, parfois associées à un épanche- métaux paramagnétiques liés à la mélanine (fig. 48.7) [17].
ment hémorragique. Il est important d'évoquer le diagnostic
de lymphome devant une lésion tissulaire suspecte car- Diagnostics différentiels
diaque car la prise en charge thérapeutique est différente de Les diagnostics différentiels sont représentés majoritaire-
celle du sarcome. ment par les hématomes (fig. 48.8) et les kystes ­péricardiques
(fig. 48.9).

Fig. 48.8 Hématome péricardique. L'hématome péricardique appa-


raît hétérogène, en isosignal, avec de multiples logettes en hypersignal
(étoile) en ciné-IRM sur la coupe long axe. Cet hématome exerce une
compression sur les cavités cardiaques gauches.
Fig.  48.7 Métastase péricardique de mélanome. Les métastases
de mélanome apparaissant en hypersignal T1 sur la coupe en petit
axe (flèche). À noter la présence d'un nodule myocardique de la paroi
antérieure en hypersignal T1 (tête de flèche) en rapport avec une
métastase myocardique associée.

a b
Fig. 48.9 Kyste péricardique. Le kyste péricardique est bien limité sans cloison ni paroi (étoile) et paraît en discret hyposignal T1 (a) et en discret
hypersignal T2 (b), et se situe dans l'angle cardiophrénique droit.
744   Partie 6. Imagerie cardiovasculaire

`` Conclusion [7] Bogaert J, Francone M. Pericardial disease : value of CT and MR ima-


ging. Radiology 2013 ; 267(2) : 340–56.
L'IRM permet une exploration morphologique précise du [8] Wang ZJ, Reddy GP, Gotway MB, et al. CT and MR imaging of peri-
péricarde et une détection de phénomènes inflammatoires cardial disease. Radiographics 2003 ; 23 : S167–80 Spec No.
grâce aux séquences T2 et de rehaussement tardif. Elle est [9] Taylor AM, Dymarkowski S, Verbeken EK, et al. Detection of peri-
particulièrement performante dans la recherche de signes cardial inflammation with late-enhancement cardiac magne-
tic resonance imaging : initial results. Eur Radiol 2006 ; 16(3) :
de constriction péricardique avec les séquences de ciné-IRM
569–74.
en temps réel. Elle ne visualise toutefois pas les calcifications [10] Kojima S, Yamada N, Goto Y. Diagnosis of constrictive pericarditis by
et un complément d'exploration par scanner est souvent tagged cine magnetic resonance imaging. N Engl J Med 1999 ; 341(5) :
utile si une constriction est suspectée. 373–4.
[11] Khandaker  MH, Espinosa  RE, Nishimura  RA, et  al. Pericardial
disease : diagnosis and management. Mayo Clin Proc 2010 ; 85(6) :
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[12] Lam KY, Dickens P, Chan AC. Tumors of the heart. A 20-year expe-
[1] Spodick DH. The normal and diseased pericardium : current concepts rience with a review of 12,485 consecutive autopsies. Arch Pathol Lab
of pericardial physiology, diagnosis and treatment. J Am Coll Cardiol Med 1993 ; 117(10) : 1027–31.
1983 ; 1(1) : 240–51. [13] Funari M, Fujita N, Peck WW, et al. Cardiac tumors : assessment with
[2] Bull RK, Edwards PD, Dixon AK. CT dimensions of the normal peri- Gd-DTPA enhanced MR imaging. J Comput Assist Tomogr 1991 ;
cardium. Br J Radiol 1998 ; 71(849) : 923–5. 15(6) : 953–8.
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and management of pericardial diseases. Executive summary. Rev Esp noma investigated by magnetic resonance imaging. Magn Reson
Cardiol 2004 ; 57(11) : 1090–114. Imaging 1998 ; 16(1) : 91–5.
Chapitre
49
Cœur : tumeurs, thrombus
et masses pathologiques
P. Germain, S. El-Ghannudi, M.Y. Jeung, P. Wagner

PLAN DU CHAPITRE
Généralités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 745 Thrombus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 753
Tumeurs cardiaques primitives . . . . . . . . . . . . . 746 Autres masses cardiaques ou extracardiaques. . . . 755
Métastases et envahissements Variantes de la normale
cardiopéricardiques des cancers . . . . . . . . . . . . 752 (pseudomasses cardiaques). . . . . . . . . . . . . . . . 756

Généralités à un examen IRM cardiaque ordinaire. Le protocole d'exa-


men dans l'exploration d'une masse pathologique [2–4]
Les masses pathologiques cardiaques les plus fréquemment requiert au moins quatre types de séquences : écho de spin
observées correspondent à des structures bénignes, volon- (avec préparation « sang noir ») pondéré en T1 (avec éven-
tiers constituées par des variantes de la normale. Les tumeurs tuelle suppression des graisses) et T2 ou T2-STIR, séquences
cardiaques primitives sont rares ; elles sont dominées chez ciné (SSFP, apportant des informations fonctionnelles) et
l'adulte par les myxomes pour les tumeurs bénignes et par pondérées en T1 après injection de gadolinium (écho de
l'angiosarcome pour les tumeurs malignes. Les tumeurs spin T1 ou séquences de « rehaussement tardif » en écho de
secondaires, plus fréquentes, ne sont généralement pas gradient). Les nouvelles méthodes de cartographie T1 et T2
recherchées. Les thrombus qui sont bien plus fréquents sont apporteront peut-être des renseignements supplémentaires.
principalement observés au sein des poches dyskinétiques Les séquences perfusion peuvent constituer un complément
des anévrismes post-infarctus. Les indications de l'IRM, intéressant (blush d'hypervascularisation d'un héman-
guidées par les données échocardiographiques, sont larges giome ou d'un paragangliome). Le tableau 49.1 schématise
dans ce domaine, constituant des indications de classe 1 dans la séméiologie des principales variétés de tumeurs selon le
les recommandations de la SFR/SFC (Sociétés françaises de comportement du signal dans les différentes pondérations
radiologie et de cardiologie) [1] tout comme dans les guide- [3, 4], sachant qu'il ne s'agit là que d'orientations approxi-
lines européennes et américaines, car les performances sont matives, car seul l'examen histologique permet de retenir le
bonnes, sur le plan anatomique (dimensions, extension, rap- diagnostic définitif des lésions anatomiques.
port péricardiques et de voisinage), cinétique (compression,
obstruction) et tissulaire (pondération T1 et T2, rehausse-
ment après injection de gadolinium en pondération T1). Les Repères
principales limitations de l'IRM correspondent aux structures ■
De 75 à 80 % des tumeurs cardiaques primitives sont bénignes.
très mobiles (fibroélastomes, végétations endocarditiques), ■
Il s'agit principalement de myxomes (50 %), lipomes (20 %),
ou très petites (supériorité du scanner ou de l'échographie fibroélastomes (16 %).
transœsophagienne [ETO]) et surtout aux mauvaises condi- ■
Les indices de malignité sont : aspect invasif, hétérogène, très
tions d'examen correspondant aux arythmies cardiaques et volumineux, invasion du cœur droit ou du péricarde, rehaus-
à l'impossibilité pour les patients de bien tenir l'apnée. Les sement intense en T1 après gadolinium.
calcifications ne sont pas discernables en IRM et le scanner ■
L'angiosarcome de l'oreillette droite est la principale tumeur
joue ici un rôle complémentaire important. primitive maligne.
Les tumeurs secondaires (métastases) sont 20 à 40 fois plus
L'IRM des masses cardiaques requiert la présence du pra-

fréquentes que les tumeurs primitives.


ticien aux côtés du manipulateur en électroradiologie afin ■
Chez le nourrisson et l'enfant, le rhadomyome et le fibrome
de choisir au mieux les types de séquence (pondérations) et (bénins) ainsi que le rhabdomyosarcome (malin) sont les
les plans de coupe adaptés à la pathologie. Étant donné que principales tumeurs cardiaques primitives.
le déroulement de l'examen n'est pas stéréotypé de manière ■
L'examen IRM doit comporter des séquences ciné SSFP,
aussi standard que dans d'autres indications, l'examen peut l'écho de spin en pondérations T2 ainsi que T1 (avant et après
être un peu plus long que les 20 à 30 minutes correspondant gadolinium).
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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746   Partie 6. Imagerie cardiovasculaire

Tableau 49.1 Localisation préférentielle et aspect des tumeurs cardiaques selon la pondération T1 ou T2.
Tumeurs Localisation T1 T2 Post-gadolinium Remarques
Bénignes
Myxome OG (septum) Iso Hyper Hyper-hétérogène ± mobile, pouvant prolaber
Lipome Varié (SIA) Hyper (Hyper) Inchangé Intérêt fat sat, STIR
Fibroélastome Valvulaire Iso Hyper Hyper Mobile
Fibrome Myocarde ventriculaire Iso, hypo Hypo Variable Enfant (± calcifié)
Rhabdomyome Myocarde ventriculaire (Iso) (Hyper) Variable Enfant (sclérose tubéreuse)
Hémangiome Iso Hyper Hyper
Paragangliome Toit de l'OG Hypo Hyper ++ Hyper ++ (Scintigraphie MIBG)
Malignes
Angiosarcome Parois OD Iso Hétérogène Hétérogène Invasif, péricarde
Sarcome indifférencié Parois OG Iso-hypo Hyper
Autres sarcomes Parois OG, OD péricarde Iso (Hyper)
Lymphome Paroi OD Iso Iso-hyper Hyper
Métastases Variable, péricarde Hypo Hyper Hyper (annulaire) Contexte de cancer connu
OD : oreillette droite ; OG : oreillette gauche ; SIA : septum interauriculaire.
Les mentions entre parenthèses signifient que cet aspect est assez variablement rapporté dans la littérature.

Tumeurs cardiaques primitives myxomateux. La fibrose entraîne un aspect hypo-T1 et


hypo-T2 (voir fig. 49.1a). Les plages hémorragiques ponc-
Les tumeurs cardiaques primitives sont rares et prédo- tuent de manière variable cet aspect selon leur ancienneté
minent aux oreillettes. Bénignes 3 fois sur 4, elles sont domi- (pouvant donner un hyposignal sur les séquences ciné en
nées par le myxome de l'oreillette gauche (OG), tandis que raison d'effets de susceptibilité magnétique). Après gadoli-
la principale tumeur primitive maligne est l'angiosarcome nium, un rehaussement de signal (plus ou moins hétérogène
de l'oreillette droite (OD) [5–9]. selon l'hypervascularisation et les composantes nécrotiques)
est observé. Le principal diagnostic différentiel concerne les
Tumeurs primitives bénignes thrombus, qui se localisent plutôt dans le fond de l'OG ou
dans l'auricule gauche et non pas contre la cloison interauri-
Ces tumeurs restent longtemps asymptomatiques, pou-
culaire, qui apparaissent dans des contextes cliniques diffé-
vant se révéler par des signes obstructifs (insuffisance car-
rents et qui ne se rehaussent pas après gadolinium.
diaque), des manifestations emboliques ou des troubles du
rythme [10].
Lipomes
Myxomes Les lipomes correspondent à des formations encapsulées
Les myxomes représentent au moins 50 % des tumeurs pri- de cellules adipeuses pouvant entraîner des signes obstruc-
mitives bénignes [11]. Prédominant chez la femme entre 30 tifs lorsqu'ils sont volumineux. Ils peuvent être intramyo-
et 60 ans, leur potentiel emboligène ou obstructif constitue cardiques et surtout sous-épicardiques, s'étendant vers le
leur risque principal. Leur morphologie est généralement péricarde. L'aspect IRM est caractéristique : hypersignal
sphérique ou ovoïde avec des contours lobulaires plutôt homogène intense en pondération T1 (moins intense en
réguliers (aspect framboise). Ils sont riches en matériel pondération T2) avec atténuation, voire suppression du
amorphe et comportent des plages de fibrose, de calcifica- signal, sur les séquences de suppression de graisse (fat sat
tions et surtout hémorragiques ou d'hémosidérine. Les trois et surtout STIR), et absence de rehaussement après gado-
quarts siègent dans l'OG, généralement implantés à proxi- linium (fig. 49.2). On distingue les lipomes de l'hypertro-
mité de la fosse ovale, contre la cloison interauriculaire. phie adipeuse du septum interauriculaire [12] survenant
De 10 à 20 % seulement intéressent les cavités droites. Les chez les patients obèses âgés, fréquemment en fibrillation
formes sessiles (fig. 49.1a) sont moins fréquentes que les auriculaire, avec généralement extension adipeuse étendue
variétés pédiculées (fig. 49.1b). Les formations volumineuses au médiastin. Dans cette affection, les adipocytes infiltrent
et mobiles peuvent venir prolaber (fig. 49.1c) en diastole le myocarde interauriculaire (sur une épaisseur de plus de
dans l'entonnoir mitral (risque d'obstruction avec syncopes 15 à 20 mm), sans correspondre à une formation encap-
ou mort subite). L'aspect IRM est volontiers hétérogène, sulée et la fosse ovale est épargnée (aspect renflé en « hal-
avec une dominance hypo-T1 et hyper-T2 liée au matériel tère » ou en « diabolo »).
Chapitre 49. Cœur : tumeurs, thrombus et masses pathologiques    747

c
Fig.  49.1 Parmi les multiples variétés de myxomes, on observe ici une formation arrondie sessile, largement implantée contre la
cloison interauriculaire (a) en ciné-SSFP et en séquence T2-STIR où elle apparaît en hypersignal chez un homme de 70 ans. Une petite
formation pédiculée attachée par un fin filament et très mobile est visible en b (ciné) chez un patient de 84 ans. La figure c (écho de spin T1 et
ciné en diastole) montre un volumineux myxome prolabant largement dans l'entonnoir mitral où il est presque occlusif (révélé ici par une syncope
chez une patiente de 40 ans).

Fibroélastomes papillaires d'endothélium, d'aspect gélatineux [10]. Ils apparaissent en


Les fibroélastomes papillaires constituent la troisième isosignal T1 et en ciné, en hypersignal T2 et ils peuvent pré-
variété de tumeurs primitives bénignes, presque toujours senter un rehaussement de signal T1 par imbibition, après
des valves cardiaques. Ils sont de découverte échographique, gadolinium (fig. 49.3).
notamment dans le bilan étiologique d'accident thrombo-
embolique systémique ou pulmonaire. Ils sont petits (de Hémangiomes
l'ordre de 15 mm) avec une tête polylobée très mobile et Les hémangiomes sont des tumeurs bénignes vasculaires
attachés à l'endocarde valvulaire par un fin pédicule, raison prédominant chez l'enfant où ils régressent souvent avec la
pour laquelle ils sont difficiles à bien visualiser en IRM. croissance [4]. Ces malformations vasculaires (capillaires,
Contrairement aux végétations endocarditiques, ils n'en- caverneuses ou artérioveineuses) peuvent intéresser tous les
traînent pas de destruction valvulaire. Les fibroélastomes âges et toutes les cavités cardiaques (5 à 10 % des tumeurs
sont avasculaires, constitués de tissu conjonctif recouvert bénignes) et restent volontiers asymptomatiques. Leur
748   Partie 6. Imagerie cardiovasculaire

a b c

d e f

g h i
Fig. 49.2 Trois exemples de lipomes. Sur la ligne du haut, on observe un lipome ovoïde de 40 mm de grand axe du fond de l'oreillette droite (a–c)
avec extinction du signal en séquence STIR de suppression de graisse (b) et absence de rehaussement de signal après gadolinium (c). Un lipome
localisé derrière l'oreillette gauche dans la zone du cul-de-sac de Haller est visible sur la ligne du milieu, en hypersignal sur l'écho de spin T1 (d, f)
et disparaissant complètement en séquence STIR (e). La ligne du bas montre un lipome du versant droit du septum interventriculaire. L'hypersignal
net en pondération T1 (g) n'est plus identifiable en pondération T2 (h) et la masse graisseuse apparaît en hyposignal après gadolinium (i).

c­ omportement IRM (fig. 49.4) est iso-T1, hyper-T2 (± hété- ciés à la sclérose tubéreuse de Bourneville dans la moitié des
rogène), avec rehaussement marqué après gadolinium cas. Rarement obstructifs ou source de troubles du rythme,
(aspect de blush tumoral en angiographie ou en séquence de ils régressent spontanément dans la majorité des cas. Ils se
perfusion, sauf pour les hémangiomes non circulants). développent dans le myocarde, lobuleux à contours bien
définis. Ils sont généralement multiples, iso-T1, hyper-T2
Rhabdomyomes et de comportement variable après gadolinium selon les
Les rhabdomyomes (variété d'hamartome) sont la forme la auteurs. Ils sont de plus en plus souvent découverts par
plus fréquente de tumeur bénigne chez l'enfant et sont asso- l'échographie fœtale.
Chapitre 49. Cœur : tumeurs, thrombus et masses pathologiques    749

Fibromes
Les fibromes constituent la deuxième cause de tumeur
bénigne chez les nourrissons ou les enfants. Leur dévelop-
pement intramural est lent mais peut devenir obstructif
(défaillance cardiaque ou arythmie). Ils sont composés de
fibroblastes et contiennent volontiers des calcifications. Ils
apparaissent en iso- ou hypo-T1, hypo-T2 et de manière
variable après gadolinium (plutôt en hypersignal).

Autres tumeurs
Les autres tumeurs bénignes, très rares, comportent les for-
mations du nœud auriculoventriculaire (AV) qui peuvent
entraîner des troubles conductionnels (fig. 49.5). Ces lésions
sont décrites comme des tumeurs kystiques du nœud AV
[7]. Plus rare encore est le phéochromocytome ou paragan-
gliome, tumeur neuroendocrine hypervascularisée, sécré-
tant des catécholamines (hypertension artérielle, céphalées,
flush, intérêt de la scintigraphie au MIBG [méta-iodobenzyl-
guanidine]), pouvant intéresser le toit de l'oreillette gauche
et apparaissant en hyposignal T1 et hypersignal intense en
Fig.  49.3 Fibroélastome implanté sur le versant auriculaire
T2 et après gadolinium [7, 13]. Citons également les téra-
de la valve tricuspide antérieure (confirmé par l'interven- tomes, pouvant survenir chez les nouveau-nés et les enfants
tion). Il apparaît en isosignal T1 (a) et en hyposignal sur les (tumeurs bosselées, développées dans le sac péricardique
séquences ciné (b, c) mais se rehaussant sensiblement sur le ciné avec calcifications et structures hétérogènes, adipeuses, cal-
post-gadolinium (d). cifiées, associées à un épanchement péricardique).

Fig. 49.4 Formation tumorale à contours réguliers, enchâssée dans la paroi inféro-latéro-basale du ventricule gauche, de 45 mm de
grand axe chez une patiente de 47 ans asymptomatique. L'aspect iso-T1 (a, e), hyper-T2 (b, f) et l'intense rehaussement de signal après
injection de gadolinium (c, g, SPIR, d, ciné-SSFP) sont évocateurs d'une tumeur très vascularisée d'allure bénigne de type hémangiome. Le suivi IRM
sur 12 ans n'a pas montré d'évolution notable. Noter l'absence de déformation des grilles de tagging au niveau de la zone tumorale, contrastant
avec l'incurvation systolique des lignes de tag dans les autres territoires (h).
750   Partie 6. Imagerie cardiovasculaire

a b c d

e f g h
Fig. 49.5 Patiente de 26 ans avec bloc auriculoventriculaire (BAV) syncopal. L'IRM montre une formation tumorale de la moitié inférieure
du septum interauriculaire basal, à contours réguliers, non envahissante, en isosignal T1 (a, e) et en hyposignal T2 (b, f), prenant de manière
homogène et tardive le gadolinium : ciné-SSFP avant (c, g) et après injection de gadolinium (d, h). L'aspect est compatible avec un fibrome du
nœud auriculoventriculaire.

Tumeurs primitives malignes Lymphome cardiaque primitif


Les tumeurs primitives malignes ne représentent que 20 Les lymphomes cardiaques primitifs [15] sont très
à 25 % des tumeurs cardiaques primitives [14]. Elles sont rares comparativement aux lymphomes médiastinaux,
dominées par les sarcomes et les lymphomes cardiaques pri- avec envahissement cardiaque, et ils peuvent toucher
mitifs, et se manifestent sous forme de signes aspécifiques les patients immunodéprimés ou traités contre le VIH.
plus sévères que les tumeurs bénignes : tamponnade, dys- L'obstruction liée à leur développement volumineux
pnée ou syndrome cave supérieur liés à des phénomènes entraîne une défaillance cardiaque ou des troubles du
obstructifs, troubles du rythme, douleurs thoraciques, alté- rythme. Ils sont habituellement non hodgkiniens, de
ration de l'état général. type B, confinés au cœur ou au péricarde, et intéressent
le bord droit du cœur avec peu de zones hémorragiques
Angiosarcome ou nécrotiques, apparaissant iso-T1, iso- ou hyper-T2
L'angiosarcome constitue la première cause de tumeur pri- et avec un rehaussement modéré après gadolinium.
mitive maligne (37 %). Survenant en moyenne vers 46 ans, il Contrairement aux autres tumeurs primitives malignes,
se localise presque toujours dans l'OD (80 %). Il s'agit d'une ils sont généralement sensibles à la chimiothérapie et à la
tumeur agressive, de pronostic sombre, infiltrante, métasta- radiothérapie (fig. 49.7).
sant à distance, comportant des foyers de nécrose, entraî-
nant des épanchements ou des hémorragies péricardiques. Autres tumeurs malignes
L'aspect IRM, qui est relativement commun à la plupart des Le sarcome indifférencié est la deuxième plus fréquente
sarcomes, correspond à une volumineuse masse multilobu- tumeur primitive maligne de l'adulte et intéresse générale-
lée, hémorragico-nécrotique étendue le long de la surface ment l'OG.
péricardique, avec un comportement assez hétérogène en Le mésothéliome péricardique est la principale tumeur
T1 et surtout très hétérogène en T2. Le rehaussement du maligne péricardique, constituée de formations coalescentes
signal après injection de produit de contraste s'effectue de engainant et oblitérant l'espace péricardique, comprimant le
manière marquée en périphérie et non pas dans la zone cen- cœur mais ne franchissant que rarement l'épicarde (iso-T1,
trale qui est nécrosée (fig. 49.6). hyper-T2, et hyper-T1 post-gadolinium).
Chapitre 49. Cœur : tumeurs, thrombus et masses pathologiques    751

Fig. 49.6 Angiosarcome de l'oreillette droite révélé par une tamponnade chez un patient de 48 ans. Deux interventions de drainage
péricardique ont déjà été réalisées. La masse de l'oreillette droite envahit largement la cavité et s'étend au péricarde où l'on note des signaux
hétérogènes. Les séquences T1 (a, d) et surtout T2-STIR (b, e) montrent des hétérogénéités du signal. Le rehaussement post-gadolinium est net
dans les régions périphériques (ciné-SSFP en c et f). Il existe un épanchement pleural bilatéral.

Fig. 49.7 Lymphome B à grandes cellules à localisation cardiaque chez un patient de 78 ans présentant un syndrome cave supérieur.
Envahissement de l'oreillette droite et de la veine cave supérieure, à contours polylobés s'enclavant dans l'entonnoir tricuspidien (écho de spin
HASTE en a, b et d, ciné-SSFP en e). Absence de rehaussement de signal en T1 après gadolinium. L'examen réalisé après chimiothérapie, 5 mois
plus tard, montre une quasi-disparition de la masse tumorale ainsi que de l'épanchement pleural (c, f).
752   Partie 6. Imagerie cardiovasculaire

Le rhadbomyosarcome est la première tumeur cardiaque Métastases et envahissements


maligne chez l'enfant, volontiers multiloculaire et impli-
quant les valves.
cardiopéricardiques des cancers
Le sarcome ostéogénique est presque toujours localisé Les métastases cardiaques, qui sont 20 à 40 fois plus fré-
dans l'OG et comporte des calcifications (scanner). On le quentes que les tumeurs primitives, sont trouvées à l'autop-
différencie du myxome car son insertion n'est généralement sie chez 10 à 12 % des patients qui sont décédés de cancer [5,
pas septale et car sa base d'implantation est large. 16]. L'atteinte métastatique résulte : 1) de l'envahissement
Parmi les tumeurs très rares, on peut encore citer le léio- par lésion de voisinage (poumon qui constitue la première
myosarcome qui intéresse plutôt l'OG et tend à envahir les cause, œsophage, sein), 2) d'une diffusion par voie hémato-
veines pulmonaires et la valve mitrale, le fibrosarcome (plu- gène (mélanome, lymphome, leucémie ; fig. 49.8), 3) d'une
tôt dans l'OG et souvent nécrotique), le liposarcome et l'his- extension par voie veineuse (carcinome rénal ou hépatique ;
tiocytome fibreux malin. fig. 49.9), et enfin 4) d'une diffusion rétrograde par voie

a b c

d e f

g h i
Fig. 49.8 Trois exemples de métastases cardiaques. Ligne du haut : métastase d'un épithélioma épidermoïde cutané évoluant depuis 14 ans
chez une patiente de 82 ans avec masse infiltrante de la paroi antérieure du ventricule droit (VD), se prolongeant par une excroissance bourgeon-
nante mobile dans le VD iso-T1 (a), hyper-T2 (STIR en b), avec légère prise de contraste périphérique autour d'un centre nécrotique en T1 après
gadolinium (flèche en c). Ligne du milieu : métastases de la paroi libre du VD (têtes de flèche) et à l'apex des deux cavités ventriculaires chez une
patiente de 72 ans avec épithélioma bronchique, apparaissant iso-T1 en d, hyper T2-STIR en e et sans rehaussement de signal net après gadolinium
en f (têtes de flèche). (g–i) Patiente de 46 ans présentant un épithélioma bronchique multimétastasé avec multiples formations intramyocardiques
du ventricule gauche (septale, latérale et inférieure) se rehaussant en périphérie de manière annulaire après injection de gadolinium (têtes de
flèche) avec centre nécrotique, en faveur d'une diffusion du cancer par voie hématogène. Noter l'épanchement péricardique latéral modéré non
compressif.
Chapitre 49. Cœur : tumeurs, thrombus et masses pathologiques    753

Fig. 49.9 Extension de voisinage dans l'oreillette droite d'un carcinome hépatocellulaire chez un patient de 66 ans. Le bourgeon tumo-
ral propagé par les veines sus-hépatiques présente des contours polylobés s'étendant jusqu'à la valve tricuspide. La tumeur apparaît en isosignal
sur les séquences T1 (a et e) et ciné (c et g), en hypersignal T2-STIR (b, f) et présente un rehaussement de signal hétérogène en T1 après injection
de gadolinium (d et h).

lymphatique. Le péricarde est le plus fréquemment atteint, La supériorité de l'IRM comparativement à l'échocar-
mais aussi les parois myocardiques et les cavités cardiaques diographie pour identifier les thrombus a été bien docu-
(combinaison de thrombus et de tissu tumoral métastatique mentée [17, 18]. L'imagerie en écho de spin ou en ciné
dont la région centrale est généralement nécrosée). Les peut être mise en défaut dans les zones de flux lent, mais
épanchements de survenue rapide peuvent entraîner des les séquences de perfusion et surtout T1 post-gadolinium
tamponnades. Ils sont fréquemment hémorragiques avec excellent dans ce diagnostic grâce au fort contraste entre le
alors hypersignal T1 (tandis qu'un transsudat banal est en pool sanguin (clair) et le caillot qui reste en hyposignal sur
hyposignal T1). Le tissu tumoral apparaît iso-T1, hyper-T2. les séquences de rehaussement tardif. Les pondérations T1
Le rehaussement est variable en T1 après gadolinium mais et T2 permettent en principe de discriminer un thrombus
présente volontiers un aspect d'hypersignal annulaire péri- aigu (hyper-T1, hyper-T2), subaigu (entre une semaine et
phérique en rapport avec la greffe cellulaire carcinomateuse. un mois, avec aspect hyper-T1, hypo-T2, en raison de la
Les métastases des mélanomes sont particulières, pouvant présence de méthémoglobine) et ancien (hypo-T1, hypo-
apparaître en hypersignal T1 et T2 en raison de leur contenu T2). Il importe de noter que la distinction entre masse tis-
en mélanine qui est paramagnétique. sulaire (prenant le gadolinium) et thrombus (ne prenant en
La découverte de métastases cardiaques modifie la clas- principe pas le gadolinium) peut être mise en défaut [13] en
sification du cancer et donc les orientations thérapeutiques. cas de vieux thrombus organisé (avec possible prise partielle
Par exemple, en cas de métastases hématogènes, un cancer du produit de contraste, pouvant être trompeuse, quoique la
pulmonaire passe en classe M1 et en cas d'envahissement cinétique soit alors inhabituellement lente, de la périphérie
par contiguïté, il passe en classe T4 ou stade IIIb [13]. De vers le centre).
manière générale, les métastases cardiaques des cancers sont Les thrombus de l'oreillette droite (OD) sont principale-
associées à un pronostic péjoratif. ment observés en cas de thrombose veineuse périphérique
(notamment en cas de thrombophilie), de cancer ou de
lésion de friction induite par un cathéter veineux central
poussé un peu trop loin et frappant « en battant de cloche »
Thrombus la paroi de l'OD (fig.  49.10a) [19]. Chez les greffés car-
Les thrombus sont plus fréquents que les tumeurs car- diaques, le diagnostic différentiel peut être discuté avec une
diaques. Le post-infarctus et les bilans d'accident thrombo- lésion lymphoproliférative.
emboliques droit ou gauche constituent les principales L'atteinte du ventricule droit (VD) peut survenir dans les
circonstances de découverte de thrombus intracardiaque. grandes défaillances cardiaques (notamment des dysplasies
754   Partie 6. Imagerie cardiovasculaire

a b c

d e f

g h i
Fig. 49.10 Thrombus des oreillettes. (a–c) Thrombus du fond de l'oreillette droite (a) avec possible granulome associé par « lésion de friction »
induit par le frottement de l'extrémité d'un cathéter de chimiothérapie (tête de flèche en b et c). (d–f) Thrombus centimétrique de l'auricule
gauche chez un patient de 71 ans ayant présenté un AVC ischémique sylvien profond gauche thrombolysé. L'imagerie ciné (d) est ici presque aussi
performante que les séquences de « rehaussement tardif » post-gadolinium (e, f). (g–i) Volumineux thrombus de l'oreillette gauche chez un ancien
greffé cardiaque de 74 ans, en arythmie cardiaque par fibrillation auriculaire (ACFA). Le thrombus, apparaissant en hypersignal sur l'écho de spin
T2 (g), se prolonge par des filaments de fibrine prolabant dans l'entonnoir mitral (tête de flèche en g et sur le ciné, h).

du VD ou des cardiopathies congénitales évoluées), dans infarctus. L'IRM révèle bien les thrombus ovoïdes intra-
l'embolie pulmonaire, la maladie de Behçet ou dans les anévrismaux, jouxtant le myocarde aminci, akinétique,
cancers. nécrosé avec rehaussement myocardique post-gadolinium
Dans le bilan des accidents ischémiques systémiques, une (fig. 49.11a–c). Les plaques de thrombose murale tapissant
localisation de thrombus doit être recherchée dans le fond de le sous-endocarde constituent une autre variété de throm-
l'oreillette gauche (OG) ou dans l'auricule gauche, en cas de bus, parfois difficile à distinguer d'un no-reflow tardif si elles
fibrillation auriculaire ou de sténose mitrale (fig. 49.10b,c). sont minces, apparaissant plutôt dans les cardiomyopathies
L'examen ETO reste cependant supérieur à l'IRM pour la dilatées (fig. 49.11d–f). Le principal intérêt de l'IRM est de
recherche de thrombus dans l'auricule gauche ainsi que pouvoir détecter des petites lésions trappées dans le sous-
pour la détection d'un foramen ovale perméable (IRM alors endocarde ou dans des cordages et qui sont indiscernables
indiquée seulement en cas d'impossibilité d'ETO). sans le recours à l'imagerie post-gadolinium, notamment
Les thrombus sont le plus souvent détectés dans le ven- en échographie dans les zones peu échogènes ou dans la
tricule gauche (VG), dans la maladie coronaire, où ils sur- région apicale qui est trop proximale pour le faisceau écho-
viennent au sein de poches anévrismales dyskinétiques graphique. L'IRM est alors aussi indispensable pour le suivi
(essentiellement apicales) dans les semaines qui suivent un évolutif sous traitement anticoagulant.
Chapitre 49. Cœur : tumeurs, thrombus et masses pathologiques    755

La fibrose endomyocardique (hyperéosinophilie, syn- Les abcès annulaires périvalvulaires de l'endocardite sont
dromes de Loeffler et de Churg et Strauss) est une lésion bien accessibles à l'IRM, contrairement aux végétations qui
particulière, comportant une composante thrombotique, sont trop mobiles et restent du domaine de l'examen ETO.
bien identifiable en IRM grâce à son aspect assez caracté- L'abcès froid caséeux calcifié mitral [20] (ou tricuspidien)
ristique en « sandwich » comportant trois couches en IRM s'observe chez les patients âgés avec calcifications mitrales
après gadolinium : myocarde externe, couche de fibrose pouvant prendre un aspect pseudotumoral en échographie
prenant le gadolinium au milieu et placard thrombotique mais n'entraînant généralement pas de dysfonction valvu-
interne (fig. 49.11g–i). laire significative (fig. 49.12a–d).
Les calcifications valvulaires étendues aux structures de
voisinage, notamment en cas de sténose aortique serrée
Autres masses cardiaques (fig.  49.12e–h) peuvent également entraîner des aspects
ou extracardiaques pseudotumoraux trompeurs. Un hyposignal est alors
observé en IRM dans toutes les pondérations mais avec fré-
Parmi les autres masses pathologiques cardiaques, on quentes prises de contraste annulaires périlésionnelles et il
retiendra des formations kystiques ou de type abcès et des faut insister ici sur le rôle critique d'un scanner complémen-
structures calcifiées. taire pour asseoir le diagnostic.

Fig. 49.11 Trois exemples de thrombus ventriculaires gauches. La ligne du haut montre un « classique » thrombus apical siégeant dans une
poche dyskinétique post-infarctus. Le caillot apparaît en isosignal T2 (a) et en hyposignal sur le ciné SSFP (b) et sur la séquence de « rehaussement
tardif » post-gadolinium (c) qui révèle le territoire d'infarctus antérieur (sous-endocardique) et apical (transmural). Sur la ligne du milieu, on note un
volumineux thrombus mural antérieur chez un patient de 54 ans avec cardiomyopathie dilatée hypokinétique (fraction d'éjection [FE] 20 %), n'étant
nettement identifiable que sur les séquences post-gadolinium (e, f). La ligne du bas présente un cas de fibrose endomyocardique apicolatérale chez
un homme de 71 ans, originaire de Madagascar et présentant une hyperéosinophilie chronique. Noter la disposition caractéristique de la lésion avec
myocarde externe, couche de fibrose intermédiaire et petit thrombus mural interne (ciné en g, écho de spin T2 en h et « rehaussement tardif » en i).
756   Partie 6. Imagerie cardiovasculaire

Fig. 49.12 Exemples de masses cardiaques calcifiées de l'anneau mitral et du septum interventriculaire. Un abcès froid caséeux calcifié
mitral est présenté sur la première ligne. Patient hypertendu coronarien de 66 ans. La structure arrondie apparaît en hyposignal en écho de spin
T2 (a) ainsi qu'en ciné (b). On note ici un hypersignal un peu hétérogène sur les séquences post-gadolinium (c), mais l'hypersignal apparaît plutôt
de manière annulaire périphérique dans cette pathologie. Sur la ligne du bas est présentée une volumineuse calcification de 30 mm de grand axe
(craniocaudal), enchâssée dans l'épaisseur du septum interventriculaire qui est hypertrophié chez ce patient de 74 ans présentant une sténose aor-
tique calcifiée serrée. L'écho de spin sans et avec suppression des graisses (e, f) montre un hyposignal. Après gadolinium, il existe un rehaussement
de signal annulaire (g). Dans ces deux cas, le scanner (d, h) montre qu'il s'agit de structures calcifiées.

On peut citer enfin les formations kystiques intramyo- formation tumorale. Dans le fond de l'OD, il faut citer
cardiques pouvant apparaître dans l'hydatidose ou dans la crista terminalis hypertrophiée (protubérance verti-
l'aspergillose. cale postérieure) ou la valve d'Eustache allongée (pou-
Les masses pathologiques extracardiaques pouvant refouler vant remonter assez haut dans l'OD ; fig. 49.14a,b). Le
les cavités cardiaques sont constituées par les kystes pleuro- réseau de Chiari plus filamenteux ne fait généralement
péricardiques (angle cardiophrénique avec aspect liquidien pas suspecter une structure tumorale ou un thrombus.
typique hypo-T1, hyper-T2 homogène ; fig. 49.13a–c), les Dans l'OG, on ne se laissera pas abuser par l'éperon tis-
kystes bronchogéniques (sous-carénaires à contenu séreux sulaire faisant saillie entre le fond de l'auricule gauche
ou protéinomuqueux en hyper-T1 hétérogène et hyper-T2 et l'abouchement de la veine pulmonaire supérieure
homogène), les volumineuses hernies diaphragmatiques ou gauche ni par le voile mobile d'un anévrisme du septum
hiatales refoulant le fond de l'OG et les hernies diaphragma- interauriculaire ou par la voussure inférieure d'un gros
tiques (fig. 49.13d–f). Les hématomes péricardiques locali- sinus coronaire résultant d'une veine cave supérieure
sés peuvent aussi comprimer les cavités cardiaques. gauche. Dans le VG, on saura reconnaître un faux ten-
don, un pilier trapu, surnuméraire ou bifide ainsi qu'une
forme localisée de cardiomyopathie hypertrophique
Variantes de la normale (apicale ou antéroseptale basale ; fig. 49.14c,d). Dans le
(pseudomasses cardiaques) VD, il faut enfin citer les trabéculations hypertrophiées
de l'hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) ou plus
L'aspect proéminent de certaines structures anatomiques simplement une bandelette ansiforme (modératrice)
normales ne doit pas en imposer faussement pour une inhabituellement trapue.
Chapitre 49. Cœur : tumeurs, thrombus et masses pathologiques    757

Fig. 49.13 Masses paracardiaques. La ligne du haut illustre un cas de kyste pleuropéricardique de 32 mm de l'angle cardiophrénique gauche
chez un jeune sportif de 15 ans bilanté pour extrasystolie ventriculaire abondante. L'aspect du signal est typiquement liquidien avec un isosignal
T1 (a) et un hypersignal T2 (b) ainsi qu'en imagerie ciné (c). Sur la ligne du bas figure un exemple de hernie diaphragmatique congénitale droite
par la fente de Morgani contenant du parenchyme hépatique chez une patiente coronarienne de 52 ans (ciné en d et T2-STIR en e). La figure (f)
montre un cas de refoulement du plancher de l'oreillette gauche par une volumineuse hernie hiatale (ciné).

Fig. 49.14 Variantes de la normale à ne pas confondre avec des masses cardiaques pathologiques. On reconnaît ici la crista terminalis
(a, b), l'éperon d'abouchement de la veine pulmonaire supérieure gauche (tête de flèche en c), un pilier inférolatéral bifide (d) et des faux
tendons du ventricule gauche (e, f).
758   Partie 6. Imagerie cardiovasculaire

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Chapitre
50
IRM des cardiopathies
congénitales
P. Ou

PLAN DU CHAPITRE
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 759 Volumes et fonction du ventricule
Analyse segmentaire du cœur en IRM . . . . . . . 759 droit dans les cardiopathies congénitales . . . . 762
Arcs aortiques et aorte dans les cardiopathies Retours veineux pulmonaires et systémiques
congénitales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 760 dans les cardiopathies congénitales. . . . . . . . . 764
Artères pulmonaires dans les cardiopathies Quantification des shunts gauche-droite
congénitales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 761 dans les cardiopathies congénitales. . . . . . . . . 765

Introduction droits laissés en position systémique sous l'aorte. C'est dans


ces indications où l'on a besoin d'avoir la conjonction des
Le diagnostic précis de la malformation est la première informations anatomique et fonctionnelle que l'IRM apporte
étape de la prise en charge d'une cardiopathie congénitale. une réelle valeur ajoutée par rapport au scanner, qui est bien
L'échocardiographie fait partie intégrante d'une consulta- évidemment sans égal pour renseigner sur l'anatomie [2].
tion de cardiopathie congénitale, permettant une bonne En pratique, le protocole d'un examen d'IRM standard
évaluation de la malformation cardiaque, en précisant pour évaluer une cardiopathie congénitale peut se dérouler
l'emboîtement des structures cardiaques depuis les veines selon la chronologie suivante : séquence rapide de localisa-
jusqu'aux artères, en passant par les oreillettes, les valves tion ; séquence spin écho ou ciné-SSFP en axial strict pour
auriculoventriculaires avec l'analyse de la cloison interauri- avoir une évaluation segmentaire et globale de la cardiopa-
culaire, les ventricules avec l'analyse de la cloison interven- thie ; séquence de vélocimétrie en contraste de phase en cas
triculaire, ainsi que la sortie du cœur avec l'aorte et l'artère de shunt ou régurgitation valvulaire ; angio-IRM (ARM) 3D
pulmonaire. Un spécialiste des cardiopathies congénitales multiphase sur l'aorte et les artères pulmonaires (première
peut donc en règle générale poser un diagnostic assez précis dose de 1 mmol/kg de chélates de gadolinium) ; séquence
et évaluer de façon satisfaisante le retentissement hémody- ciné-SSFP post-injection sur deux incidences long axe du
namique de la majorité des cardiopathies congénitales avec ventricule gauche ou droit pour étude de la fonction ventri-
l'aide seule de l'échocardiographie. Toutefois, il peut être culaire globale ; perfusion de premier passage du myocarde
confronté à de réelles difficultés pour bien évaluer la mor- (deuxième dose de 1 mmol/kg de chélate de gadolinium) ;
phologie des vaisseaux, telles que les branches des artères séquence ciné-SSFP post-injection en petit axe couvrant
pulmonaires, les collatérales aortopulmonaires, la crosse tout le volume ventriculaire pour quantifier précisément la
aortique ainsi que les retours veineux pulmonaires et sys- fonction des deux ventricules ; séquence de rehaussement
témiques. Il a aussi souvent besoin d'avoir des informations tardif 5 à 10 minutes post-injection avec au minimum l'inci-
complémentaires objectives sur l'anatomie d'une cardiopa- dence petit axe couvrant tout le volume ventriculaire pour
thie complexe ou encore sur l'hémodynamique fine d'un évaluer les séquelles et la fibrose myocardiques.
montage chirurgical ou sur la fonction d'un ventricule [1].
Ce sont en effet des éléments de réflexion indispensables
soit pour poser une indication opératoire précise (qualité Analyse segmentaire
des artères pulmonaires pour une unifocalisation ou une du cœur en IRM
dérivation cavopulmonaire, perméabilité des anastomoses
systémico-pulmonaires et des chenaux atriaux, importance C'est l'étape indispensable de l'étude morphologique, réa-
d'un shunt, sévérité d'une régurgitation valvulaire), soit lisée au début de l'examen d'une cardiopathie congénitale
pour indiquer à temps une intervention avant altération de pour avoir une vision globale rapide de la malformation.
la fonction d'un ventricule, en particulier pour le ventricule On utilise habituellement la séquence spin écho sang noir
droit dans la tétralogie de Fallot opérée ou les ventricules (qui donne des images de haute qualité grâce au contraste
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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760   Partie 6. Imagerie cardiovasculaire

spontané entre le sang circulant qui apparaît en noir car Dans la coarctation de l'aorte, l'IRM est en revanche l'exa-
vide de signal et les structures cardiaques dont le signal est men le plus approprié, combinant les informations anato-
d'intensité variable en fonction du tissu et de son contenu en miques et fonctionnelles. La malformation est décrite avec
graisse) ou la séquence ciné-SSFP (ciné-IRM, sang blanc). précision avec les séquences d'angiographie 3D et spin écho
La séquence 3D en haute résolution isotropique avec double sang noir en sagittale oblique passant par le plan de la crosse
synchronisation cardiaque et respiratoire est prometteuse, aortique : taille de l'aorte ascendante en amont de la coarc-
mais son utilisation n'est pas toujours systématique au tation, siège de la coarctation (habituellement isthmique),
quotidien car essentiellement limitée pour des raisons tech- degré et étendue de sténose, importance de la dilation post-
niques et de reproductibilité [3]. sténotique et de la circulation collatérale (artères mammaires,
Des coupes transverses couvrant le cœur et parfois artères bronchiques), degré d'hypoplasie associée de la crosse
même tout le thorax permettent d'étudier méthodiquement aortique, géométrie globale de la crosse aortique et vaisseaux
l'anatomie intracardiaque et les connexions auriculoventri- de la gerbe aortique (fig. 50.1). Des acquisitions de flux en
culaires et ventriculo-artérielles. C'est à partir des images contraste de phase de part et d'autre de la coarctation, c'est-à-
axiales contiguës passant par l'oreillette droite et la veine dire dans l'aorte ascendante et l'aorte thoracique descendante,
cave inférieure, mais aussi à partir des images de localisa- renseignent sur la sévérité de la sténose, en montrant un
tion montrant le foie, l'estomac et la rate que l'on identifie amortissement des vitesses et une baisse du débit dans l'aorte
le situs viscéro-atrial. Les coupes axiales passant par les descendante en cas d'obstacle serré [5]. Une atmosphère
quatre cavités permettent de définir la boucle ventriculaire. de coarctation est systématiquement recherchée : relative
Le ventricule gauche (VG) est reconnaissable à sa position hypoplasie de la crosse aortique et/ou du VG, faux tendon
postérieure gauche, sa paroi interne lisse, sa forme ovoïde intraventriculaire gauche, anomalies mitrales et obstacle
et sa valve mitrale en position plus basale que la tricuspide. sous-aortique mineurs. La valve aortique est attentivement
Le ventricule droit (VD) est caractérisé par sa position anté- analysée à la recherche d'une bicuspidie qui est fréquemment
rieure droite, sa forme triangulaire trabéculée constituée associée [6]. Enfin, l'adaptation du VG est appréciée sur la
de la bandelette pariétale et de la bandelette modératrice qualité du remodelage ventriculaire (adéquation entre dila-
se prolongeant sur le pilier antérieur de la valve tricuspide, tation ventriculaire et hypertrophie myocardique, fonction
et sa valve tricuspide en situation plus apicale que la valve contractile). L'expertise en IRM permet d'orienter la stra-
mitrale. Une communication interventriculaire (CIV) est tégie de la prise en charge entre une angioplastie avec pose
recherchée le long du septum interventriculaire. L'oreille d'un stent dans la forme de coarctation courte et isolée et
droite (OD) est caractérisée par son auricule droit qui est une intervention chirurgicale en cas de coarctation tubulaire
triangulaire et trapu et sa connexion avec la veine cave infé- longue et/ou associée à une hypoplasie de l'arche aortique [7].
rieure. L'oreillette gauche (OG) est reconnaissable à son La surveillance des coarctations opérées en IRM doit
auricule gauche qui est fin en doigt de gant. Une commu- dépister des complications qui peuvent survenir tardive-
nication interauriculaire (CIA) est recherchée sur toute la ment [8]. Il s'agit de la recoarctation, des anévrismes anasto-
surface de la cloison septale interatriale. Enfin, la position motiques, surtout en cas d'aortoplastie avec pose d'un patch
respective des gros vaisseaux est bien vue sur les coupes prothétique en Dacron® et des anomalies de la géométrie de
axiales hautes, avec les deux gros vaisseaux qui se croisent l'arche aortique. Les arches angulées (dites gothiques) sont
à la sortie du cœur, l'aorte située en arrière et à droite de responsables d'anomalies des fluides et d'altérations bio-
l'artère pulmonaire. En cas de discordance ventriculo-arté- mécaniques dans l'aorte ascendante, participant en partie
rielle, les deux vaisseaux sont parallèles et sortent côte à côte au développement d'une hypertension artérielle chez des
du cœur dans la transposition des gros vaisseaux (TGV). patients opérés sans sténose résiduelle hémodynamique-
ment significative (fig. 50.2) [9, 10].
L'IRM est également utile pour explorer les autres aor-
Arcs aortiques et aorte topathies congénitales, qu'elles soient associées ou non à un
dans les cardiopathies congénitales
L'IRM permet de parfaitement bien caractériser les anoma-
lies des arcs aortiques et les pathologies de l'aorte thoracique
[4]. Les coupes axiales contiguës montrent avec précision les
rapports dans l'espace entre les gros vaisseaux médiastinaux
et la trachée et l'œsophage, rendant facile la compréhen-
sion des anomalies des arcs aortiques, comme le double arc
aortique et l'artère sous-clavière droite rétro-œophagienne
sur arc aortique gauche (parfois associé à un diverticule de
Kommerel). La sévérité de la compression est en revanche
plus difficile à estimer et se fonde habituellement sur la
séquence ciné-SSFP en axial strict permettant de suivre Fig. 50.1 Coarctation native. (a) Séquence spin écho sang noir en
l'effet systolodiastolique de l'arc vasculaire sur la trachée et sagittale oblique montrant une coarctation isthmique serrée, associée
l'œsophage. Cette approche fonctionnelle n'est cependant à une longue hypoplasie de l'arche aortique et de façon moindre à
pas clairement validée et l'évaluation du retentissement sur une hypoplasie de l'aorte ascendante. (b) ARM avec injection de ché-
les organes de voisinage reste une limite de l'IRM dans cette lates de gadolinium mettant en évidence l'importance des collatérales.
indication, si bien que beaucoup préfèrent l'angioscanner. Noter également la dilatation post-sténotique.
Chapitre 50. IRM des cardiopathies congénitales    761

syndrome génétique. La sténose supravalvulaire aortique est conoventriculaires cyanogènes, comme la tétralogie de
un obstacle sur la voie de sortie gauche, retrouvée habituel- Fallot, l'atrésie pulmonaire à septum ouvert (APSO) et le
lement dans le syndrome de Williams-Beuren [11]. Elle peut tronc artériel commun (TAC) [16]. Dans ces cas, l'écho-
être focale au niveau de la jonction sinotubulaire ou diffuse sur cardiographie permet de bien étudier la CIV et l'obstacle
l'aorte ascendante, voire entraîner une hypoplasie de l'ensemble sous-pulmonaire, mais est souvent insuffisante pour
de l'aorte et des troncs artériels supra-aortiques et même des l'étude des artères pulmonaires au-delà de leur segment
branches pulmonaires. Les syndromes de Turner, de Marfan, proximal. L'IRM, tout comme le scanner, est au contraire
d'Ehlers-Danlos, de Loeys-Dietz ont en commun des anomalies bien adaptée pour imager l'arbre artériel pulmonaire et
génétiques du tissu conjonctif des parois artérielles, exposant des collatérales aortopulmonaires, fournissant une car-
les patients aux risques de dilatation, d'anévrisme et de dissec- tographie tridimensionnelle précise des vaisseaux avant
tion de l'aorte ascendante. Le suivi séquentiel est indispensable une chirurgie [17, 18].
et l'IRM est particulièrement appropriée pour le monitorage de Dans la tétralogie de Fallot, c'est la taille du tronc et
la prise en charge et la surveillance des diamètres. Les valeurs des branches pulmonaires qui conditionne le bon résultat
seuil pour une intervention chirurgicale sont rappelées dans de la cure complète. La qualité de la voie VD/AP et du lit
les dernières recommandations 2014 de l'European Society of artériel périphérique a un impact direct sur la régurgita-
Cardiology (ESC) avec un chiffre maximal de 50 mm. En cas tion pulmonaire qui est majorée en cas de sténose arté-
de maladie de Marfan à risque (antécédents familiaux de dis- rielle pulmonaire, entraînant une surcharge mixte sur le
section, progression rapide de la dilatation), le seuil d'interven- VD. Le monitorage par IRM est la technique de référence
tion est abaissé à 45 mm (recommandation IIa) [12]. pour le suivi des tétralogies de Fallot opérées et choisir le
L'aorte dans les cardiopathies conoventriculaires peut aussi timing optimal d'intervention de valvulation, habituelle-
se compliquer de dilatation et justifie une surveillance des ment par cathétérisme, avant la dégradation de la fonction
diamètres par IRM. Une dilatation de l'aorte ascendante est du VD (fig. 50.4) [19].
retrouvée chez environ un tiers des adultes avec une tétralogie Dans le TAC, un seul gros vaisseau est retrouvé à la sortie
de Fallot réparée [13]. La progression est lente (0,5 ± 0,1 mm/ du massif cardiaque, à cheval sur le septum interventricu-
an), pouvant se compliquer de dissection chez des patients laire au-dessus d'une CIV. Le type A1 de la classification de
ayant des diamètres aortiques > 55 mm [14]. La dilatation Van Praagh est le plus fréquent et est facile à reconnaître,
du néoculot aortique (anciennement culot pulmonaire) chez avec l'artère pulmonaire bien individualisée naissant du
les patients opérés d'un switch artériel pour TGV survient tronc commun pour donner les deux branches pulmonaires.
chez environ la moitié des patients à 10 ans de la chirurgie Les autres types sont plus rares : absence de tronc pulmo-
(fig. 50.3). Elle peut être associée à une fuite aortique qui naire avec deux branches naissant séparément du TAC
aggrave le pronostic [15]. (type A2) ; présence d'une seule branche pulmonaire à partir
du TAC (type A3) ; association du type A1 avec une inter-
ruption de l'arche aortique (type A4).
Artères pulmonaires
dans les cardiopathies congénitales
L'évaluation anatomique précise de la voie d'éjection
droite (voie VD/AP) et des artères pulmonaires est essen-
tielle dans le bilan initial et le suivi des cardiopathies

Fig. 50.2 Coarctation postopératoire. (a) Une arche aortique angu-


lée, appelée aussi gothique. Ce phénotype artériel est important à
reconnaître car il est associé à des anomalies de la mécanique des Fig.  50.3 Surveillance postopératoire des transpositions des
fluides avec un reflux systolique dans l'aorte ascendante. Il est éga- gros vaisseaux (TGV) par switch artériel. (a) Aspect typique de
lement associé à une augmentation anormale de la rigidité aortique la manœuvre de décroisement de Lecompte dans le switch artériel,
présténotique. L'ensemble des anomalies participent au développe- ramenant vers l'avant l'artère pulmonaire (AP) pour la réimplanter
ment de l'hypertension artérielle chez les patients opérés d'une coarc- au-dessus du VD. Noter les branches pulmonaires qui entourent l'aorte
tation, indépendamment de tout obstacle résiduel [9, 10]. (b) Une (Ao) située en arrière. (b) Le néoculot aortique (Ao qui est l'ancien
arche aortique normalement bien arrondie, dite romane, non associée culot pulmonaire) peut se dilater. (c, d) Angiographie des branches
à la survenue d'une hypertension artérielle. artérielles pulmonaires qui peuvent être étirées par le décroisement.
762   Partie 6. Imagerie cardiovasculaire

Que ce soit dans le TAC ou les formes sévères d'APSO,


la réparation nécessite habituellement le recours à une pro-
thèse tubulaire qui peut être valvée ou non entre le VD et
l'artère pulmonaire. Toutes ces prothèses sont malheureuse-
ment des pis-aller car elles se compliquent inévitablement
de sténose à plus ou moins long terme.
L'IRM est bien indiquée pour le suivi des tubes VD/AP
et de la croissance des artères pulmonaires après des inter-
ventions palliatives successives chez les grands enfants, et
permet de choisir le timing optimal pour compléter les répa-
rations, que ce soit par des techniques d'angioplastie avec
stenting et/ou une chirurgie de plastie des artères pulmo-
naires et/ou une unifocalisation des collatérales (fig. 50.5).
Le contrôle de la perméabilité des shunts systémico-pul-
monaires et la mesure des débits dans les anastomoses
chirurgicales et les branches pulmonaires sont réalisés avec
la séquence de vélocimétrie qui offre une fiabilité quasi sem-
blable au cathétérisme cardiaque [21, 22]. Le débit dans le
tronc pulmonaire est équitablement réparti dans les deux
Fig.  50.4 Tétralogie de Fallot postopératoire. (a–d) Le ventricule branches pulmonaires. En cas de sténose d'une branche, la
droit (VD) est dilaté par la fuite pulmonaire, presque toujours constante différentielle des débits reflète la sévérité du rétrécissement.
du fait de l'élargissement chirurgical de la voie sous-pulmonaire avec
souvent pose d'un patch. Noter l'anévrisme de l'infundibulum pulmo-
naire (flèche en b et c). Volumes et fonction
du ventricule droit
Dans l'APSO, la vascularisation pulmonaire est assurée dans les cardiopathies congénitales
par une circulation systémique issue directement de l'aorte Dans les cardiopathies congénitales, la place du VD est en
dont la topographie et le développement sont variables. Les fréquence et en importance stratégique au moins équiva-
ARM permettent de bien préciser les anomalies [20]. Dans lente à celle du VG. Cela est expliqué par la diversité des
les formes favorables du nouveau-né, il y a un canal arté- malformations qui impliquent souvent directement le VD
riel qui alimente un arbre artériel complet (type 1) ou les et dont le pronostic dépend de sa fonction contractile  :
deux branches pulmonaires qui sont complètes et commu-
nicantes sans tronc pulmonaire (type 2). Dans les formes
moins favorables du grand enfant et de l'adulte, il n'y a pas de
tronc pulmonaire et les artères pulmonaires centrales (aussi
appelées mouettes) sont hypoplasiques et sont alimentées
par des collatérales aortopulmonaires majeures (appelées
MAPCA pour major aortopulmonary collateral arteries)
(type 3). Dans les cas extrêmes, il n'y a pas du tout d'artère
pulmonaire centrale et toute la vascularisation pulmonaire
est assurée directement par des MAPCA voire, pire encore,
par des collatérales mineures (type 4). Cette étape d'évalua-
tion du lit artériel pulmonaire est importante et conditionne
le choix du traitement chirurgical. Il est primordial de ne pas
méconnaître une mouette, aussi minuscule soit-elle, car elle
peut servir de tuteur à partir duquel le chirurgien pourra s'ap-
puyer pour reconstruire séquentiellement un arbre artériel.
Les APSO avec un bel arbre artériel pulmonaire (types 1 et
2) sont en règle générale réparables en cure complète. La CIV
est fermée et la voie VD/AP est ouverte simplement pour le
type 1 ou avec interposition d'un tube prothétique pour le
type 2. La cure complète est en revanche rarement possible
dans les mauvaises formes où des gestes palliatifs plus ou
moins compliqués sont associés à des procédures de cathété-
risme interventionnel séquentielles avec des résultats souvent
aléatoires. Dans tous les cas, les objectifs sont d'apporter un
Fig.  50.5 Atrésie pulmonaire à septum ouvert (APSO) multi-
débit pulmonaire suffisant par des anastomoses systémico- opérée. (a–d) Les angiographies 3D avec injection de chélates de
pulmonaires et de chercher à reconstruire un arbre artériel gadolinium permettent de bien évaluer la qualité de la reconstruction
pulmonaire en réimplantant les MAPCA sur les branches pul- chirurgicale de la voie VD/AP ainsi que les résultats des unifocalisations
monaires (unifocalisation) dans l'espoir d'une cure complète. séquentielles pour reconstruire les artères pulmonaires.
Chapitre 50. IRM des cardiopathies congénitales    763

tétra­logie de Fallot, ASPO, TAC, malpositions artérielles être réparées en correction anatomique en double switch
avec CIV souvent appelées aussi VD à double issue, TGV et avec un VD sous-pulmonaire (switch artériel associé à un
double discordance, hypoplasie du VG. switch atrial de Senning ou Mustard) ou en simple switch
Une approche physiopathologique permet de distinguer atrial en conservant le VD sous l'aorte et en corrigeant les
trois situations selon les conséquences hémodynamiques de la anomalies associées.
cardiopathie sur le VD avant ou après chirurgie. On distingue : Pour chacune des malformations impliquant le VD, l'IRM
1) le VD en surcharge volumétrique – en cas de fuite tricuspide est l'examen de référence, permettant de bien évaluer toutes
ou pulmonaire, de shunt à travers une communication auri- les composantes du VD : sa valve d'entrée tricuspide ; sa
culaire et de dysfonction systolique du ventricule – ; 2) le VD cavité ventriculaire constituée de la chambre d'admission, de
en surcharge barométrique – en cas d'hypertension artérielle la chambre trabéculée et de la chambre de sortie (infundibu-
pulmonaire, de sténose pulmonaire, de discordance ventriculo- lum) ; sa valve de sortie lorsqu'elle existe (artère pulmonaire
artérielle qui oblige le VD à éjecter sous l'aorte, et d'hyperpres- ou aorte en fonction de l'existence ou non d'une discordance
sion voire d'égalisation des pressions à un niveau systémique ventriculo-artérielle laissée en place). Comme pour le VG,
transmise par une large CIV – ; 3) le VD en surcharge mixte, l'IRM est sans égal pour étudier la fonction du VD en inté-
volumétrique et barométrique, qui associe les deux pathologies. grant le volume et la pression qui y règnent, c'est-à-dire pour
Dans tous les cas, il faut aussi tenir compte des modi- appréhender les propriétés du ventricule en tenant en compte
fications anatomiques consécutives aux interventions des conditions de charge (précharge ou pression de remplis-
chirurgicales qui corrigent l'anatomie et modifient la phy- sage) et de postcharge ou de gêne à l'éjection (par obstacle
siopathologie de la contrainte du VD. Ainsi, fermer une CIV ou résistances). La précharge, avec la compliance, définit la
redonne un VD normal alors que réparer une tétralogie de fonction diastolique et la postcharge, avec la contractilité,
Fallot laisse classiquement une fuite pulmonaire transfor- définit la fonction systolique. L'IRM apporte des informa-
mant un VD en surcharge barométrique en un VD en sur- tions de flux et renseigne sur l'hémodynamique au travers
charge volumétrique (ou mixte s'il persiste un obstacle sur des valves droites : mesures quantitatives des volumes régur-
les branches pulmonaires). De même, opérer une TGV en gitants et des fractions de régurgitation avec la séquence en
pratiquant un switch artériel pour corriger anatomiquement contraste de phase en cas de fuite tricuspide ou pulmonaire.
la discordance ventriculo-artérielle redonne un VD normal, L'IRM permet enfin une évaluation de la qualité du myocarde
alors qu'une chirurgie atriale (intervention de Senning ou et quantifie avec précision les anomalies séquellaires et les
de Mustard) telle qu'on la pratiquait jusqu'au milieu des fibroses qui sont des facteurs de mauvais pronostic [23, 24].
années 1980 laisse le VD sous l'aorte en surcharge baromé- Dans le syndrome d'hypoplasie des cavités cardiaques
trique (fig. 50.6). Enfin, les doubles discordances peuvent gauches, le VD doit assurer à lui seul le débit cardiaque. Le
syndrome regroupe un éventail de malformations carac-
térisées par une insuffisance de développement des struc-
tures du cœur gauche, allant d'une sténose à une atrésie
de la valve aortique et/ou mitrale, une hypoplasie ou une
absence du VG avec une hypoplasie de l'aorte ascendante
et de l'arche aortique [25]. Dans les formes sévères, la cir-
culation systémique dépend totalement du VD, de l'artère
pulmonaire et du canal artériel. Une CIA est obligatoire et
mélange les flux des deux circulations sanguines. La chirur-
gie conventionnelle de Norwood est palliative et est réalisée
en trois temps. L'étape initiale est réalisée les premiers jours
de vie et les informations seules de l'échocardiographie
sont suffisantes avant l'intervention : création d'une large
CIA, reconstruction de l'arche aortique et régularisation
du débit pulmonaire à l'aide d'une anastomose systémico-
pulmonaire (intervention de Sano). Le deuxième temps est
réalisé à l'âge de 6 mois et consiste à créer une dérivation
cavopulmonaire partielle (ou intervention de Glenn) à
l'aide d'une anastomose terminolatérale entre la veine cave
supérieure et l'artère pulmonaire droite. Le troisième temps
est effectué chez l'enfant autour de 2 ans et consiste à tota-
liser la dérivation cavopulmonaire en connectant la veine
Fig. 50.6 Ventricule droit (VD) systémique. Double discordance cor- cave inférieure à la face inférieure de l'artère pulmonaire
rigée selon une intervention de Mustard avec un switch atrial laissant droite à l'aide d'un tube extracardiaque de Gore-Tex® qui
le VD en position systémique sous l'aorte. (a, b) Séquences ciné-SSFP
peut être fenestré. Une variante qui est pratiquement
selon les incidences 4  cavités et petit axe permettant une étude des
volumes et fonction du VD systémique. (c) Séquence ciné-SSFP selon
abandonnée de nos jours est l'intervention de Fontan qui
une incidence coronale permettant de bien visualiser les chenaux atriaux réalise une tunnellisation intra-atriale de la veine cave
(flèches) à la recherche d'une éventuelle sténose du montage chirurgi- inférieure par un patch de Gore-Tex®. L'IRM permet de
cal. (d) Angiographie des gros vaisseaux avec injection de chélates de suivre et guider les deux dernières étapes du parcours
gadolinium permettant de bien étudier les artères pulmonaires et l'aorte. chirurgical, en apportant des informations sur la qualité
764   Partie 6. Imagerie cardiovasculaire

du lit artériel pulmonaire et de la réparation de la néo-arche dans la veine cave inférieure à sa jonction avec l'oreillette droite.
aortique (fig. 50.7) [26]. L'IRM est régulièrement réalisée Il peut être associé à une hypoplasie du poumon gauche, une
au cours du suivi afin de contrôler la perméabilité du tube séquestration pulmonaire et une dextrocardie [30].
extracardiaque, de rechercher des sténoses par prolifération Dans le RVPA total, toutes les veines pulmonaires
intimale de fibrine sur la paroi du tube, de rechercher des confluent dans un collecteur commun qui se connecte de
complications thrombo-emboliques dans le sac atrial droit façon variable à la circulation systémique au niveau supra-,
très souvent dilaté dans l'intervention de Fontan [27]. Bien intra- ou infracardiaque [31]. Les RVPA totaux se mani-
évidemment, la fonction contractile du VD systémique, festent dès la période néonatale et le diagnostic est générale-
l'étanchéité de la valve tricuspide ainsi que la circulation au ment porté à l'échocardiographie.
travers de la CIA obligatoire conditionnent le pronostic de L'IRM est en revanche utile pour le diagnostic et l'évaluation
la cardiopathie et sont attentivement analysées au cours de hémodynamique des RVPA partiels [32]. Elle visualise directe-
chacune des étapes opératoires. ment les anomalies de connexions, renseigne sur la dilatation
et la fonction ventriculaires droites, quantifie l'importance du
shunt gauche-droite, et recherche des anomalies associées.
Retours veineux pulmonaires Enfin, l'IRM peut être demandée en complément de
et systémiques l'échocardiographie pour toute suspicion d'anomalie de
dans les cardiopathies congénitales retour veineux systémique dans les cardiopathies com-
plexes, les isomérismes et anomalies de latéralité [33].
Les anomalies de connexion des veines pulmonaires (appe- La persistance de la veine cave supérieure est souvent
lées aussi retours veineux pulmonaires anormaux [RVPA]) de découverte fortuite, pouvant être ou non communi-
peuvent être partielles (intéressant au moins une veine cante via le tronc veineux innominé avec la veine cave
pulmonaire) ou totales (intéressant toutes les veines pul- supérieure droite. Il peut être important de la reconnaître
monaires). Elles peuvent être isolées ou s'intégrer dans le avant une chirurgie avec circulation extracorporelle où il
cadre des isomérismes et des cardiopathies complexes. La y aura une canulation des deux veines caves supérieures.
conséquence physiopathologique est celle d'une CIA avec L'interruption de la veine cave inférieure ou retour azygos
un shunt gauche-droite qui surcharge et dilate les cavités est consécutive à l'interruption embryologique de la veine
cardiaques droites. Il faut habituellement au moins deux cave inférieure au niveau du segment compris entre l'abou-
veines pulmonaires anormales pour entraîner un shunt chement des veines sus-hépatiques et de la portion sus-
gauche-droite hémodynamiquement significatif. Le shunt surrénalienne, provoquant un développement exubérant
est négligeable en cas d'une seule veine pulmonaire anor- d'un réseau veineux prévertébral rétropéritonéal qui se jette
male et la découverte est en général fortuite [28]. dans la grande veine azygos qui continue dans l'oreillette
Le RVPA partiel du poumon droit se drainant dans la veine droite. Le retour azygos est fréquemment rencontré dans
cave supérieure est presque constamment associé à la CIA de les canaux atrioventriculaires partiels qui s'intègrent dans
type sinus venosus [29]. Il y a un défaut septal interauriculaire les lévo-isomérismes. Plus rarement, les retours veineux
par décalage de la connexion de la veine cave supérieure vers cave peuvent provoquer une cyanose en cas de retour de
la gauche, si bien que la paroi postérieure de cette dernière se la veine cave inférieure dans l'oreillette gauche ou à cheval
retrouve en continuité avec la paroi de l'oreillette gauche. entre les deux oreillettes, et en cas de retour veineux anor-
Le syndrome du cimeterre est un RVPA du poumon droit mal total avec le drainage des deux veines caves supérieure
caractérisé par un drainage des veines pulmonaires droites et inférieure dans l'oreillette gauche.

Fig. 50.7 Intervention de Norwood. Hypoplasie du ventricule gauche (VG) traitée par le premier temps de Norwood. Les deux gros vaisseaux
sont au-dessus d'une large CIV. Ils sont réunis chirurgicalement pour former la néo-arche aortique constituée de l'artère pulmonaire et de l'aorte
native hypoplasique (a, b). Les branches pulmonaires sont déconnectées du tronc pulmonaire et sont alimentées par un tube VD/AP (1er temps de
Norwood) ; puis le tube est enlevé et la veine cave supérieure est anastomosée à l'artère pulmonaire droite, réalisant une dérivation cavopulmonaire
partielle (2e temps de Norwood vers l'âge de 6 mois) (c) ; enfin, la dérivation cavopulmonaire est totalisée vers l'âge de 2 ans (3e temps de Norwood)
avec le drainage du sang cave inférieur vers l'artère pulmonaire droite via un tube extracardiaque.
Chapitre 50. IRM des cardiopathies congénitales    765

Quantification des shunts Références


gauche-droite [1] Boxt LM, Rozenshtein A. MR imaging of congenital heart disease.
dans les cardiopathies Magn Reson Imaging Clin N Am 2003 ; 11 : 27–48.
[2] Kilner PJ, Geva T, Kaemmerer H, et al. Recommendations for cardio-
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from the respective working groups of the European Society of
La vélocimétrie avec la séquence en contraste de phase per-
Cardiology. Eur Heart J 2010 ; 31 : 794–805.
met une évaluation précise des shunts et des régurgitations [3] Pace DF, Dalca AV, Geva T, et al. Interactive whole-heart segmenta-
valvulaires, permettant de reconstituer le puzzle hémodyna- tion in congenital heart disease. Med Image Comput Comput Assist
mique cardiaque [34]. Interv 2015 ; 9351 : 80–8.
Dans les cas de shunt (persistance du canal artériel, CIV, [4] Cantinotti M, Hegde S, Bell A, et al. Diagnostic role of magnetic reso-
CIA), la différentielle des débits qui correspond au shunt est nance imaging in identifying aortic arch anomalies. Congenit Heart
donnée par le rapport Qp/Qs. Les débits systémique et pul- Dis 2008 ; 3 : 117–23.
monaire sont mesurés directement sur la racine aortique et [5] Muzzarelli S, Ordovas KG, Hope MD, et al. Diagnostic value of the
le culot pulmonaire en contraste de phase. La cohérence des flow profile in the distal descending aorta by phase-contrast magne-
mesures doit être vérifiée avec l'analyse des volumes d'éjec- tic resonance for predicting severe coarctation of the aorta. J Magn
Reson Imaging 2011 ; 33 : 1440–6.
tion ventriculaire ; la différentielle des volumes d'éjection
[6] Rinnstrom D, Engstrom KG, Johansson B. Subtypes of bicuspid aortic
qui correspond au shunt doit être égale aux résultats obtenus valves in coarctation of the aorta. Heart Vessels 2014 ; 29 : 354–63.
directement en contraste de phase. Rappelons que, dans un [7] Warnes  CA, Williams  RG, Bashore  TM, et  al. ACC/AHA 2008
cœur en série sans shunt et sans fuite valvulaire, le volume Guidelines for the management of adults with congenital heart
d'éjection du VG est strictement égal au volume d'éjection disease : executive summary : a report of the American College of
du VD. Cardiology/American Heart Association Task Force on Practice
Dans les régurgitations valvulaires (gros vaisseaux, Guidelines (writing committee to develop guidelines for the manage-
valves auriculoventriculaires), le volume régurgitant et ment of adults with congenital heart disease). Circulation 2008 ; 118 :
la fraction de régurgitation sont mesurés directement en 2395–451.
contraste de phase. Il faut bien évidemment vérifier la [8] Tsai SF, Trivedi M, Boettner B, et al. Usefulness of screening cardiovas-
cular magnetic resonance imaging to detect aortic abnormalities after
cohérence des valeurs trouvées avec l'estimation de la dif-
repair of coarctation of the aorta. Am J Cardiol 2011 ; 107 : 297–301.
férentielle des volumes d'éjection, en se rappelant que la [9] Ou P, Celermajer DS, Mousseaux E, et al. Vascular remodeling after
méthode volumétrique n'est utilisable qu'en cas d'atteinte “successful” repair of coarctation : impact of aortic arch geometry.
monovalvulaire. Les cardiopathies congénitales qui néces- J Am Coll Cardiol 2007 ; 49 : 883–90.
sitent habituellement un suivi par IRM avec quantifica- [10] Ou P, Celermajer DS, Raisky O, et al. Angular (Gothic) aortic arch
tion de la fuite pulmonaire sont celles qui impliquent une leads to enhanced systolic wave reflection, central aortic stiffness,
réparation de la voie VD/AP (ouverture simple, plastie and increased left ventricular mass late after aortic coarctation
d'élargissement, interposition d'un tube valvé ou non) repair : evaluation with magnetic resonance flow mapping. J Thorac
telles que la tétralogie de Fallot, l'APSO et le TAC (voir Cardiovasc Surg 2008 ; 135 : 62–8.
fig. 50.4 et 50.5). [11] Aboulhosn J, Child JS. Left ventricular outflow obstruction : subaortic
stenosis, bicuspid aortic valve, supravalvar aortic stenosis, and coarc-
L'IRM est aussi une excellente indication pour l'étude
tation of the aorta. Circulation 2006 ; 114 : 2412–22.
hémodynamique des anastomoses systémico-pulmo- [12] Erbel R, Aboyans V, Boileau C, et al. 2014 ESC Guidelines on the dia-
naires et cavopulmonaires [35], permettant la mesure gnosis and treatment of aortic diseases : Document covering acute and
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selon une incidence coronale permettant de bien dégager le drainage pulmonary atresia. Radiographics 2005 ; 25 : 1535–46.
de la veine cave supérieure anastomosée au toit de l'artère pulmonaire [18] Kersting-Sommerhoff BA, Sechtem UP, Higgins CB. Evaluation of
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inférieur à l'artère pulmonaire droite. patients with pulmonary atresia. J Am Coll Cardiol 1988 ; 11 : 166–71.
766   Partie 6. Imagerie cardiovasculaire

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