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Archives de pédiatrie 13 (2006) 284–292

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Mise au point

Épilepsies néonatales et erreurs innées du métabolisme


Neonatal epilepsy and inborn errors of metabolism
N. Bahi-Buisson a,b,*, K. Mention a, P.L. Léger a, V. Valayanopoulos a, R. Nabbout a,b,
A. Kaminska d, P. Plouin c, O. Dulac a,b, P. de Lonlay a, I. Desguerre a
a
Service de neuropédiatrie et maladies métaboliques, hôpital Necker–Enfants-malades,
Assistance publique–Hôpitaux de Paris, 149, rue de Sèvres 75015 Paris, France
b
Inserm, Université René Descartes, U 663, 75005 Paris, France
c
Service d’explorations fonctionnelles, hôpital Necker–Enfants-malades, Assistance publique–Hôpitaux de Paris, Paris, France
d
Service d’explorations fonctionnelles, hôpital Cochin–Saint-Vincent-de-Paul, Assistance publique–Hôpitaux de Paris, Paris, France
Reçu le 18 juillet 2005 ; accepté le 17 octobre 2005
Disponible sur internet le 15 décembre 2005

Résumé
Les maladies métaboliques représentent une cause fréquente de maladie neurologique. L’épilepsie néonatale domine rarement le tableau
clinique qui comprend le plus souvent d’autres symptômes neurologiques tels qu’une hypotonie ou des troubles de la vigilance. Dans la plupart
des cas, l’épilepsie associée à une erreur innée du métabolisme est caractérisée par des crises polymorphes et des aspects électroencéphalogra-
phiques variés et il est difficile de les classer dans un syndrome épileptique précis. Toutefois, certains types de crises (comme les myoclonies), un
aspect électroencéphalographique particulier (tracé suppression–burst) ou un syndrome épileptique (encéphalopathie myoclonique précoce) sont
évocateurs de maladies métaboliques particulières. Le but de cette revue est d’aider le clinicien dans l’approche diagnostique de ces maladies
métaboliques à expression neurologique et d’aborder les investigations métaboliques à envisager dans ce contexte.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Abstract
Metabolic disorders constitute an important cause of neurologic disease, including neonatal epilepsy. Epilepsy rarely dominates the clinical
presentation, which is more frequently associated with other neurologic symptoms, such as hypotonia and/or vigilance disturbances. In most
cases, epilepsy secondary to inherited metabolic disorders presents with polymorphic clinical and electrographic features that are difficult to
classify into precise epileptic syndromes. However, specific types of seizures, such as myoclonic seizures or distinctive electroencephalographic
patterns, such as suppression burst patterns, epileptic syndrome or early myoclonic encephalopathy, may suggest a specific metabolic disease.
The aim of this article is to help clinicians in reviewing potential metabolic diagnoses and approaching metabolic evaluations.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Épilepsie ; Encéphalopathie myoclonique précoce ; Maladies métaboliques ; Convulsions vitaminosensibles ; Nouveau-né

Keywords: Epilepsy; Epilepsy, myoclonic; Metabolic diseases; Convulsions; Infant, newborn

1. Introduction les crises peuvent dominer le tableau clinique et s’intégrer dans


un syndrome épileptique particulier appelé encéphalopathie
Les crises épileptiques sont rarement un symptôme révéla- myoclonique précoce.
teur d’erreurs innées du métabolisme à l’exception d’un petit Les crises épileptiques du nouveau-né possèdent des parti-
nombre de maladies que nous détaillerons. Dans certains cas, cularités séméiologiques déterminées par la maturation céré-
brale : elles sont souvent partielles motrices, latéralisées ou à
*
Auteur correspondant.
bascule, associées à des troubles végétatifs ou généralisés toni-
Adresse e-mail : nadia.bahi-buisson@nck.ap-hop-paris.fr ques, mais jamais tonicocloniques. Parfois, il est difficile de les
(N. Bahi-Buisson). distinguer de l’activité motrice physiologique spontanée du
0929-693X/$ - see front matter © 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.arcped.2005.10.024
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nouveau-né, car elles peuvent être très discrètes et réaliser un Les mécanismes pathogéniques de ces épilepsies néonatales
simple arrêt d’activité (crises hypomotrices), un malaise avec d’origine métabolique sont variables en fonction du bloc enzy-
pâleur, une cyanose voire une tachycardie modérée ou encore matique qui caractérise la maladie métabolique (Tableau 1).
un simple mâchonnement. En fait, le caractère stéréotypé du Schématiquement, on distingue 5 sous-groupes :
changement de comportement du nouveau-né, à début et fin
brusques, est probablement l’un des signes les plus évocateurs ● en rapport avec un déséquilibre entre les influx neuronaux
de la nature épileptique de l’évènement. excitateurs et inhibiteurs par modification des voies métabo-
Parmi les épilepsies néonatales, il existe un syndrome élec- liques des neurotransmetteurs ;
troclinique (association de manifestations cliniques et élec- ● en rapport avec un déficit de synthèse d’acide aminé essen-
troencéphalographiques) fortement évocateur de maladie méta- tiel comme la sérine ;
bolique. Ce syndrome appelé « encéphalopathie myoclonique ● conséquences d’un déficit énergétique, notamment en glu-
précoce » est caractérisé par l’association de myoclonies erra- cose, le carburant essentiel du cerveau ;
tiques (sursauts touchant les membres, les extrémités, le vi- ● conséquence d’une intoxication endogène comme dans l’hy-
sage) et massives, et de suppression-burst sur l’électroencépha- perammoniémie ;
logramme. Ce dernier est caractérisé par la succession de ● en rapport avec des malformations cérébrales secondaires à
périodes d’inactivité, de bouffées diffuses de polypointes, et l’expression anténatale du défaut métabolique.
d’ondes lentes de grande amplitude parfois asynergiques
(Fig. 1). Les décharges critiques qui accompagnent les myoclo- Dans cet article, nous choisissons de distinguer 2 groupes
nies ne modifient pas le caractère périodique de ces altérations d’épilepsies néonatales associées à des erreurs innées du méta-
intercritiques [1]. Dans l’encéphalopathie myoclonique pré- bolisme. Les formes curables, accessibles dès le diagnostic à
coce, on peut aussi observer d’autres types de crises, cloniques un traitement spécifique, et les formes non accessibles à un
focales ou encore des spasmes toniques. traitement immédiat mais dont le diagnostic est facile en néo-
natalogie. Ce mode de classification, selon le caractère curable
ou non, est probablement le plus utile en pratique usuelle pour
le pédiatre néonatalogiste.

2. Formes curables d’épilepsies néonatales associées


à une erreur innée du métabolisme

2.1. Épilepsies vitaminosensibles

2.1.1. Convulsions pyridoxinodépendantes


et pyridoxalphosphate dépendantes
Les convulsions pyridoxinodépendantes (ou B6 sensibles) et
pyridoxal-phosphate dépendantes (lié à un déficit en pyridox
(am)ine-phosphate-oxygenase) sont à l’origine d’encéphalopa-
Fig. 1. Encéphalopathie myoclonique précoce. thies épileptiques sévères, précoces et à début anténatal. Bien
Aspect électroencéphalographique caractéristique alternant des périodes que leurs bases moléculaires et leur mécanisme pathogénique
d’inactivité où le tracé est plat et des bouffées diffuses de polypointes et soient encore assez mal compris, elles sont en partie en rapport
d’ondes lentes de grande amplitude. avec un défaut d’activation de la glutamic acid décarboxylase
Tableau 1
Classification des convulsions néonatales en fonction de leur mécanisme pathogénique GLUT-1 : transporteur de glucose ; SSADH : succinic semi-aldéhyde
déhydrogénase ; O-glycosylation
Mécanisme Erreur innée du métabolisme
Déficit énergétique Hypoglycémie
Déficit en GLUT1
Déficits de la chaîne respiratoire mitochondriale
Intoxication endogène Aminoacidopathies
Aciduries organiques
Déficits du cycle de l’urée
Trouble du métabolisme des neurotransmetteurs Hyperglycinémie sans cétose
Déficit en SSADH
Déficit en GABA transaminase
Malformations cérébrales associées Maladies peroxysomales (syndrome de Zellweger)
Déficits de O-glycosylation
Dépendance vis à vis d’un cofacteur ou d’une vitamine Déficit en Biotinidase
Épilepsie pyridoxine-dépendante et pyridoxal-phosphate-dépendante
Convulsions sensibles à l’acide folinique
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tels que la noradrénaline et la sérotonine [2] et dans la dégra-


dation de la glycine et la thréonine [3].

2.1.1.1. Convulsions pyridoxino-dépendantes. Les convulsions


pyridoxino-dépendantes ont été identifiées en 1954 [4]. Il s’agit
d’une pathologie extrêmement rare dont la prévalence est esti-
mée à 1/600 000 à 1/300 000 [5]. On distingue les formes clas-
siques dont le début est probablement anténatal, autour du troi-
sième trimestre de grossesse, et les formes plus rares, atypiques
et tardives qui peuvent débuter jusqu’à 3 ans [5]. Le mode de
présentation habituel est une encéphalopathie néonatale se ma-
nifestant chez un nouveau-né irritable, trémulant en perma-
nence, et hyperexcitable au moindre stimulus sensitif, avec
des troubles végétatifs tels qu’une détresse respiratoire, une
distension abdominale et des vomissements. Dans un tiers des
Fig. 2. Métabolisme cérébral du GABA. cas, il existe une notion de souffrance fœtale aiguë, pouvant
Les traits indiquent les différents blocs métaboliques identifiés (1) déficit en donner un tableau clinique évocateur d’encéphalopathie néona-
pyridoxine ; (2) déficit en pyridox(amine) phosphate oxygénase ; (3) déficit en
GABA transaminase ; (4) déficit en SSADH (Succinic semi-aldéhyde
tale anoxo-ischémique [6]. Les premières crises apparaissent
déhydrogénase). entre 30 minutes et 3 jours de vie. La séméiologie de ces crises
est très variable, à type de crises partielles, atoniques, myoclo-
(GAD), enzyme responsable de la synthèse d’acide gamma- niques ou encore de spasmes. Aucune crise n’est spécifique
aminobutyrique (GABA) via la transformation du glutamate mais cette association de crises variées d’apparition très pré-
en GABA. Ce défaut de synthèse de GABA dans le système coce, extrêmement fréquentes et confinant à l’état de mal chez
nerveux central est probablement à l’origine d’une hyperexci- un nouveau-né est si particulière qu’elle oriente le diagnostic
tabilité cérébrale, responsable des convulsions pyridoxino- et [7]. Ces crises sont habituellement résistantes à tous les traite-
pyridoxal-phosphate dépendantes (Fig. 2). En outre, le pyrido- ments antiépileptiques, mais il a été observé dans quelques cas,
xal-phosphate est impliqué dans de nombreuses réactions enzy- une sensibilité transitoire aux benzodiazépines (Diazépam) ou
matiques du système nerveux central, en particulier dans la aux barbituriques (phénobarbital) qui peut être déroutante. Le
transamination et la décarboxylation des amines biogéniques, profil électroencéphalographique le plus évocateur est caracté-

Fig. 3. Convulsions Pyridoxinodépendantes. 3a : tracé intercritique caractérisé par des ondes lentes delta rythmiques de grande amplitude ; 3b : crise focale temporale
droite (souligné) associé des myoclonies ; 3c : spasmes épileptiques en salve.
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risé par des ondes lentes delta rythmiques de haut voltage as- PNPO perturbe le métabolisme des neurotransmetteurs GABA
sociées à des myoclonies (Fig. 3) [7]. Dans quelques cas, il et glutamate, mais, en plus, le pyridoxal-phosphate intervient
peut exister des malformations cérébrales associées comme dans la voie de dégradation de la glycine et dans la voie de
une hypoplasie de la partie postérieure du corps calleux, une biosynthèse des monoamines biogéniques. Ainsi, le tableau cli-
hypoplasie cérébelleuse, une hydrocéphalie ou encore des ano- nique du déficit en PNPO associe des signes cliniques de
malies de la substance blanche. Le diagnostic de ces convul- convulsions pyridoxino-dépendantes, de l’hyperglycinémie
sions repose sur un test thérapeutique avec de la pyridoxine sans cétose et du déficit en acides aminés aromatiques (dopa-
(Becilan®) administrée par voie orale ou par voie intravei- mine et sérotonine) [3].
neuse. La réponse thérapeutique peut prendre quelques minutes
après l’injection de pyridoxine, aboutissant à un arrêt complet 2.1.2. Convulsions sensibles à l’acide folinique
des crises. Toutefois, cette réponse peut parfois s’accompagner Les convulsions néonatales sensibles à l’acide folinique sont
d’une dépression cérébrale produisant un malaise sévère avec aussi une cause extrêmement rare d’épilepsie néonatale phar-
bradycardie, hypotonie, apnée et un aspect isoélectrique de l’é- macorésistante [10]. Leur mécanisme pathogénique n’est pas
lectroencéphalogramme. Cette réaction négative est favorisée bien compris, mais semble être lié à un trouble du métabolisme
par l’administration par voie intraveineuse et l’association à des acides aminés biogéniques. Les crises débutent dès les pre-
des produits antiépileptiques [7]. De ce fait, nous recomman- mières heures de vie, sous la forme d’état de mal de crises
dons la voie orale, et la poursuite de l’administration de pyri- polymorphes résistantes aux antiépileptiques usuels. L’élec-
doxine pendant au moins 15 jours car si la réponse thérapeu- troencéphalogramme est lent, très discontinu, avec des pointes
tique est habituellement observée dans les 3 premiers jours, elle multifocales. Les signes cliniques associés sont une grande ir-
peut être retardée jusqu’à 15 jours après le début de l’adminis- ritabilité, des troubles du sommeil et une tétraparésie spastique.
tration. Le seul moyen de confirmer le diagnostic est d’arrêter Progressivement, se développent une surdité centrale et une
la pyridoxine 3 mois après l’arrêt des crises, de manière à dé- atrophie optique. L’imagerie cérébrale révèle une atrophie cor-
montrer la récurrence des crises en l’absence de pyridoxine. La ticale à prédominance frontotemporale et des aspects de dé-
supplémentation vitaminique doit alors être prolongée toute la myélinisation périventriculaire. Le diagnostic repose avant tout
vie avec des doses autour de 15 mg/kg par jour et un maximum sur le test thérapeutique avec l’acide folinique (Lederfoline®) à
de 500 mg/j. En l’absence de traitement précoce, ces convul- la dose de 10 mg par jour par voie orale. L’épilepsie disparaît
sions B6 sensibles évoluent vers une encéphalopathie sévère. en moyenne 24 heures après le début du traitement. Il existe un
Toutefois, même traités très précocement, les patients concer- marqueur biologique sous la forme d’un pic en chromatogra-
nés peuvent présenter à long terme des troubles de l’apprentis- phie liquide à haute performance (HPLC) lors de l’étude des
sage et du langage [6].
neurotransmetteurs dans le LCR, pic dont la nature demeure
inconnue [11].
2.1.1.2. Déficit en Pyridox(am)ine-phosphate-oxydase. Le défi-
cit en Pyridox(am)ine-phosphate-oxydase (PNPO) est une en-
2.1.3. Déficits de la voie de la biotine : holocarboxylase-
tité pathologique récemment décrite, caractérisée par une encé-
synthase et biotinidase
phalopathie néonatale, assez proche des convulsions
Le cycle de la biotine est impliqué dans de nombreuses
pyridoxino-dépendantes, résistante à la supplémentation en vi-
voies métaboliques (catabolisme des acides aminés, synthèse
tamines B6 mais sensibles au pyridoxal-phosphate [8,9]. Bien
des acides gras et gluconéogenèse) [Fig. 4]. Les déficits en
que le nombre de cas décrits soit encore très faible (5 cas), la
présentation clinique semble associer un tableau caractéristique
comportant, chez un nouveau-né de faible poids de naissance,
une hypotonie néonatale et un aspect électroclinique d’encé-
phalopathie myoclonique précoce [3]. Le diagnostic repose,
comme pour les convulsions pyridoxino-dépendantes sur un
test thérapeutique avec du pyridoxal-phosphate, à la dose re-
commandée de 30 mg/kg par jour par voie orale [8]. Toutefois,
à l’heure actuelle, le pyridoxal-phosphate n’est pas disponible
en France. Contrairement aux convulsions pyridoxinodépen-
dantes, il existe des marqueurs biochimiques du déficit en
PNPO dans le liquide céphalorachidien (LCR). En effet, on
peut retrouver une diminution de la concentration en produits
de la dégradation de la dopamine et de la sérotonine (acides
homovanillique et 5-hydroxy-indole-acétique) et une augmen-
tation de la concentration en glycine, thréonine et 3-méthoxy-
tyrosine [3]. Des études récentes ont permis d’améliorer la
compréhension des mécanismes pathogéniques impliqués dans
le déficit en PNPO. En effet, non seulement le défaut de syn-
thèse du pyridoxal 5′-phosphate par un déficit d’activité de la Fig. 4. Cycle de la biotine.
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holocarboxylase-synthase et en biotinidase sont à l’origine rébrale est habituellement normale. En l’absence de traitement,
d’un dysfonctionnement du cycle de la biotine, responsables le déficit en GLUT1 évolue vers une encéphalopathie sévère
d’une encéphalopathie sévère avec épilepsie. Le recyclage en- avec des mouvements oculaires anormaux et des troubles mo-
dogène de la biotine est diminué, différents métabolites s’accu- teurs variables avec ataxie ou syndrome dystonique. L’hypoto-
mulent dans les urines et il existe une acidose lactique. Le dé- nie d’origine musculaire est quasi constante. Il s’agit d’un diag-
ficit en holocarboxylase-synthase est responsable d’une forme nostic facile à évoquer sur la mise en évidence d’une
précoce néonatale, alors que le déficit en biotinidase se révèle hypoglycorachie et surtout un abaissement du rapport glycora-
plutôt vers l’âge de 3 mois [12]. Le déficit en holocarboxylase- chie sur glycémie (inférieur à 0,3). La confirmation repose sur
synthase est à l’origine d’un coma métabolique néonatal avec un test fonctionnel (sur les érythrocytes qui expriment la pro-
acidose lactique, associé à des crises convulsives dans 25 à téine GLUT1) et sur la recherche de mutations [17]. Le traite-
50 % des cas. Lorsque les enfants survivent, l’évolution est ment repose sur la mise en place d’un régime cétogène qui
proche de celle du déficit en biotinidase, avec épilepsie myo- apporte des corps cétoniques comme substrat énergétique alter-
clonique. Les symptômes sont contrôlés par des doses fortes de natif au cerveau. Il faut éviter les traitements antiépileptiques
biotine, entre 40 et 80 mg par jour. qui diminuent l’activité de GLUT1 comme le phénobarbital et
Dans le déficit en biotinidase, l’épilepsie est quasiment le diazépam [18].
constante et débute dans les 3 premiers mois de vie. Il s’agit
le plus souvent d’une épilepsie myoclonique pharmacorésis- 2.1.5. Déficits de biosynthèse de la sérine
tante [13]. Les éléments cliniques qui doivent orienter le diag- Les déficits de synthèse en L-Sérine sont à l’origine d’une
nostic sont la présence d’une dermatite atopique sévère, d’une encéphalopathie à début anténatal potentiellement curable. Sur
alopécie et d’une hypotonie profonde. Les crises convulsives les 3 déficits enzymatiques aujourd’hui connus, la forme cli-
réfractaires au traitement antiépileptique répondent de façon nique la mieux caractérisée correspond au déficit en 3-phos-
spectaculaire à de faibles doses de biotine, entre 5 et 20 mg phoglycératedéhydrogénase [19]. Il s’agit d’une encéphalopa-
par jour. Le diagnostic biochimique repose sur les dosages en- thie à début anténatal associant microcéphalie congénitale,
zymatiques de la biotinidase et des carboxylases sur lympho- retard de croissance intra-utérin, retard psychomoteur sévère
cytes, qui permettent de distinguer les 2 affections. et épilepsie sévère. L’épilepsie est assez mal caractérisée, sou-
Étant donné le caractère potentiellement curable de ces en- vent d’apparition secondaire, avec soit des crises toniques gé-
céphalopathies sévères, il paraît légitime d’y penser devant tout néralisées, soit des spasmes infantiles. L’imagerie cérébrale re-
nouveau-né présentant une épilepsie inexpliquée pharmacoré- trouve une hypomyélinisation globale [20]. Le diagnostic
sistante, même dans un contexte de souffrance fœtale, et de repose sur la mise en évidence d’un effondrement dans le plas-
faire un test thérapeutique avec de la vitamine B6 orale, de ma et dans le liquide céphalorachidien du taux de sérine à jeun
l’acide folinique et de la biotine (Tableau 2). qui se majore en période postprandiale (potentialisé par le re-
pas). Les taux de glycine sont variables mais classiquement
abaissés. Le traitement par de fortes doses de L-Sérine (400–
2.1.4. Le déficit en transporteur du glucose-GLUT1
600 mg/kg par jour) et parfois de glycine (200–300 mg/kg par
Le déficit en transporteur du glucose, responsable d’un dé-
jour) s’il est précoce, permet de contrôler l’épilepsie, une re-
faut de transport du glucose à travers la barrière hématoménin-
prise de la croissance du périmètre crânien et une reprise de la
gée, est lié à des mutations dominantes du gène GLUT1 [14]. Il
myélinisation cérébrale.
s’agit essentiellement de mutations de novo, bien que quelques
familles soient décrites avec un mode de transmission autoso- 2.2. Maladies curables associées à une décompensation
mique dominant [15]. métabolique
Il s’agit d’une maladie rare dont la forme la plus classique
est caractérisée par une épilepsie précoce pharmacorésistante 2.2.1. Hypoglycémie
de la première année de la vie, associée à une microcéphalie Devant toute convulsion néonatale, il convient de recher-
et un retard mental. Les crises sont polymorphes, assez mal cher systématiquement une hypoglycémie, de la traiter le plus
décrites dans la littérature, avec soit des chutes ou des absences rapidement possible et d’en rechercher la cause. L’hypoglycé-
atoniques, soit des crises généralisées tonicocloniques, et le mie est responsable de troubles de la conscience chez le nou-
plus souvent des myoclonies. De façon caractéristique, les cri- veau-né et parfois de crises généralisées souvent prolongées.
ses et l’aspect électroencéphalographique s’aggravent au jeûne, En l’absence de traitement, des hypoglycémies prolongées ou
avec une augmentation des décharges de pointes focales ou répétées sont responsables de lésions cérébrales dont le méca-
généralisées, et s’améliorent après le repas [16]. L’imagerie cé- nisme est excitotoxique avec une nécrose qui touche en pre-
Tableau 2 mier les neurones du gyrus denté à l’origine d’une sclérose
Protocole de traitement devant toute convulsion néonatale suspecte de maladie hippocampique [21]. Les principales causes d’hypoglycémie à
métabolique rechercher sont les hyperinsulinismes, les déficits de la glyco-
Pyridoxine : 30 mg/kg par jour génolyse, de la bêtaoxydation des acides gras et de la néoglu-
Pyridoxal-phosphate : 10–50 mg/kg par jour cogenèse. Ces déficits peuvent être dépistés par un dosage sys-
Acide folinique : 10 mg/jour tématique dans le plasma, en période d’hypoglycémie, des
Biotine : 10-50 mg/jour
lactates, des corps cétoniques, des acides gras libres, des acides
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aminés, des acylcarnitines, de l’ammoniémie, et de l’insuliné-


mie, et, dans les urines, des acides organiques et des corps
cétoniques.

2.2.2. Hyperammoniémie
Le coma hyperammoniémique n’est pas classiquement asso-
cié à des crises convulsives. Toutefois, dans certains cas, elles
peuvent être présentes mais elles sont le plus souvent précédées
par les troubles de la conscience. Les principales causes à évo-
quer sont les déficits du cycle de l’urée, et les aciduries orga-
niques (acidémie méthylmalonique et propionique). Il s’agit de
causes curables qui nécessitent un dépistage très précoce, avant
la constitution de lésions cérébrales irréversibles. La prise en
charge requière des compétences et des possibilités techniques
spécialisées, en particulier, pour les stratégies d’épuration et la
prise en charge diététique de ces patients. Fig. 5. Hyperglycinémie sans cétose.
Aspect électroencéphalographique de suppression-burst : alternance des
2.2.3. Troubles du métabolisme des acides aminés périodes d’inactivité où le tracé est plat (« suppression ») et des bouffées
diffuses de polypointes et d’ondes lentes de grande amplitude (« burst »).
–– leucinose ––
Dans sa forme néonatale, la plus fréquente (75 % des cas), contamination du LCR par des cellules. La confirmation du
la leucinose est révélée, après un intervalle libre de 2 à 5 jours, diagnostic est obtenue par l’étude de l’activité enzymatique
par des manifestations digestives et neurologiques (coma avec du système de clivage hépatique de la glycine dans les lympho-
vomissements, refus de boire, troubles respiratoires, mouve- cytes et la recherche de mutations. Le mécanisme pathogénique
ments anomaux de pédalage) dont les symptômes sont souvent de l’hyperglycinémie sans cétose est lié à la conjonction du
pris pour des manifestations épileptiques. D’authentiques crises pouvoir inhibiteur de la glycine sur le tronc cérébral et la
convulsives peuvent survenir qui sont le plus souvent cloni-
moelle, responsable de l’hypotonie massive et des troubles vé-
ques à bascule, comportant parfois des épisodes de fixité du
gétatifs et de son pouvoir excitateur sur les neurones du cortex
regard, de rotation de la tête, suivis d’un accès tonique avec
cérébral expliquant l’encéphalopathie myoclonique précoce.
apnée. Elles sont associées à un aspect électroencéphalogra-
Dans des conditions physiologiques, le site de liaison de la
phique très particulier avec un « rythme en peigne » ressem-
glycine du récepteur N-méthyl-d-aspartate (NMDA) au gluta-
blant à un rythme μ dans les régions centrales [22]. Il s’agit
mate est partiellement occupé et la liaison à la glycine participe
aussi d’une cause curable nécessitant une prise en charge spé-
à l’ouverture du canal ionique associé [24]. Dans l’hyperglyci-
cialisée.
némie sans cétose, l’excès de glycine entraîne une activation
excessive du récepteur NMDA, responsable d’une cascade ex-
3. Maladies non curables dont le diagnostic est facile à faire
citotoxique. Cette activation serait à l’origine de l’encéphalopa-
thie myoclonique précoce. On ne connaît pas de traitement spé-
3.1. Hyperglycinémie sans cétose
cifique de l’hyperglycinémie sans cétose. Le régime pauvre en
L’hyperglycinémie sans cétose est un trouble de la dégrada- glycine est inefficace, de même que les traitements chélateurs
tion de la glycine, neurotransmetteur excitateur du système ner- (benzoate de sodium, à la dose de 50–150 mg/kg par jour) ou
veux central et inhibiteur du tronc cérébral et de la moelle. antagonistes de la glycine sur les récepteurs NMDA (dextromé-
Cette encéphalopathie métabolique débute dès les premières torphan à la dose de 5–10 mg/kg par jour) [25]. Enfin, le val-
heures de vie, avec un coma, une hypotonie massive, une té- proate est contre-indiqué en raison de son effet inhibiteur sur le
traplégie flasque, des myoclonies segmentaires incessantes, un système de dégradation hépatique de la glycine dans le foie
hoquet (myoclonies diaphragmatiques) et des signes d’atteinte [26].
du tronc cérébral avec une ophtalmoplégie et des troubles res-
piratoires. 3.2. Déficits en sulfite oxydase et en cofacteur molybdène
L’hyperglycinémie sans cétose est la principale cause d’en-
céphalopathie myoclonique précoce [23] (Fig. 5). L’imagerie Le déficit en sulfite-oxydase isolé, et le déficit en cofacteur
cérébrale peut être normale ou révéler une hypoplasie ou une molybdène, responsables d’un déficit combiné en sulfite- et
agénésie du corps calleux. Le diagnostic peut être suspecté de- xanthine-oxydase, sont 2 déficits de la voie du catabolisme
vant une élévation de la glycine (mesurée par la chromatogra- des acides aminés soufrés à l’origine d’une encéphalopathie
phie des acides aminés) dans le sang et les urines. Parfois, seul précoce avec épilepsie néonatale.
le taux dans le LCR est élevé avec un rapport de la glycine Le déficit en sulfite-oxydase se manifeste par une encépha-
LCR/sang supérieur à 0,08. Toutefois, l’interprétation de ce lopathie myoclonique précoce associant une épilepsie sévère,
rapport peut être délicate car 2 causes de faux positifs sont des myoclonies aux moindres stimulations, une hypotonie
fréquentes : un traitement par valproate (Dépakine®) et la axiale avec spasticité des membres, une dysmorphie faciale,
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un refus d’alimentation et parfois des vomissements. L’aspect chromatographie des acides organiques. Le seul traitement
électroencéphalographique peut être celui d’une encéphalopa- ayant montré son efficacité est le vigabatrin, γ-vinyl-GABA,
thie myoclonique précoce avec aspect de suppression-burst. La (Sabril®), antiépileptique qui inhibe la GABA-transaminase,
luxation du cristallin, qui est un des signes cardinaux de la et de ce fait, réduit l’accumulation toxique du γ-hydroxybuty-
maladie, est souvent tardive. L’imagerie cérébrale révèle un rate [33]. Toutefois, il doit être utilisé avec prudence car il en-
aspect d’œdème cérébral dans la première semaine de vie puis, traîne une augmentation des concentrations de GABA dans le
à partir de la deuxième semaine, des lésions de leucoencépha- LCR et probablement dans le cerveau.
lopathie cavitaire et une atrophie corticale sévère, d’aggrava-
tion progressive [27]. La positivité du Sulfitest® dans les uri- 3.4.2. Le déficit en GABA-transaminase peut aussi être
nes, qui traduit une sulfaturie anormale, oriente le diagnostic. à l’origine de convulsions néonatales
Dans le déficit combiné en sulfite- et xanthine-oxydase, le Il s’agit d’une pathologie extrêmement rare puisque seuls 3
tableau clinique est assez proche, rappelant parfois le syndrome cas ont été rapportés dans la littérature [19]. Le tableau clinique
de Leigh, associé à des lésions de nécrose cérébrale précoce et est celui d’une encéphalopathie convulsivante à début néonatal,
d’encéphalopathie multikystique [28]. Sur le plan biologique, il associée à une accélération de la vitesse de croissance staturo-
existe une hypo-uricémie et une hypo-uraturie évocatrices, en pondérale (2 cas). Le diagnostic biochimique repose sur la
rapport avec un trouble associé de la voie des purines [29]. La mise en évidence d’une élévation des taux de GABA dans le
chromatographie des acides aminés sanguins et urinaires per- plasma et le LCR, en l’absence de traitement par vigabatrin
met de confirmer le diagnostic par la présence d’un pic de S- (Sabril®). Il n’existe pas de traitement étiologique.
sulfocystéine associé à une baisse de la concentration plasma-
tique de cystine et de taurine. Par ailleurs, les activités enzy- 4. Erreurs innées du métabolisme associées
matiques des sulfite- et xanthine-oxydases, mesurées dans les à des malformations cérébrales
fibroblastes sont effondrées. Le mécanisme pathogénique de
cette encéphalopathie serait lié à un déficit énergétique comme Le syndrome hépatocérébrorénal de Zellweger, déficit de la
le suggère l’aspect des lésions de nécrose corticale et de leu- biogenèse des péroxysomes, est aussi caractérisé par une épile-
coencéphalopathie cavitaire extensive, assez proches des lé- psie néonatale. Ce syndrome associe en outre des signes clini-
sions d’anoxie néonatale sévère. À l’heure actuelle, on ne ques assez évocateurs, tels qu’une dysmorphie faciale avec
connaît aucun traitement étiologique à ces deux pathologies. front haut, fontanelle large, oreilles mal ourlées et bas implan-
tées, hypotonie massive, une surdité, cécité centrale et hépato-
3.3. Déficit en adénylosuccinate-lyase mégalie. Dans ce syndrome, l’épilepsie est lésionnelle, en rap-
port avec les anomalies caractéristiques de la gyration corticale
Dans le déficit en adénylosuccinate-lyase, déficit de la syn- hautement épileptogènes. Celles-ci associent une polymicrogy-
thèse de novo de la purine, le retard psychomoteur est sévère et rie et parfois une pachygyrie dans les régions frontales et oper-
s’associe de façon quasi constante à une épilepsie précoce [30]. culaires, un aspect de dysmyélinisation très évocateur, des kys-
Le phénotype épileptique associé à cette maladie n’est actuel- tes de germinolyse dans les noyaux caudés et thalamiques [34].
lement pas décrit. On ne connaît pas de traitement étiologique Cette épilepsie lésionnelle se traduit souvent par des crises par-
et le pronostic neurologique est très mauvais [31]. Le diagnos- tielles motrices pharmacorésistantes [35]. Le diagnostic repose
tic de ce déficit enzymatique est facile par la mise en évidence sur le dosage des acides gras à très longue chaîne et le dosage
d’une excrétion anormale de succinyl-purine, de 5-amino-4- enzymatique sur fibroblastes. Le pronostic de cette affection est
imidazole-N-succinocarboxamide riboside (SAICAr), et de très sévère et les enfants décèdent dans la première année de
succinyl-adénosine (SAdo) dans les urines par le test Bratton- vie sans aucune acquisition psychomotrice.
Marshall. Les anomalies de la O-glycosylation des protéines peuvent
se manifester par une lissencéphalie du groupe des pathologies
3.4. Déficits du métabolisme du GABA dites « muscle-eye-brain », maladies autosomiques récessives
caractérisées par une dystrophie musculaire congénitale, des
3.4.1. Le déficit en succinic semi-aldéhyde déhydrogénase anomalies oculaires et une lissencéphalie. Comme dans le cas
(SSADH) du syndrome de Zellweger, il s’agit d’une épilepsie symptoma-
Il s’agit d’un trouble du métabolisme de la voie de dégrada- tique liée à la malformation corticale. Les crises épileptiques
tion du GABA [19]. Le phénotype clinique associe un retard associées à ces lissencéphalies sont souvent polymorphes et
psychomoteur, une hypotonie dans plus des deux tiers des cas, pharmacorésistantes. L’aspect électroencéphalograhique est ce-
et une épilepsie généralisée pouvant débuter en période néona- lui d’une lissencéphalie avec des activités rapides « alpha like »
tale (25 % des cas). Les crises peuvent être tonicocloniques [36] (Fig. 6).
généralisées, et il existe parfois des ruptures de contact. L’as-
pect électroencéphalographique est aussi très polymorphe, par- 5. Conclusion et conduite pratique
fois normal, parfois marqué par des bouffées de pointes multi-
focales sans rythme de fond individualisable [32]. Le Les erreurs innées du métabolisme sont rarement la cause
diagnostic biochimique repose sur la mise en évidence d’une d’une épilepsie néonatale. À l’inverse, les convulsions néona-
accumulation de γ-hydroxybutyrate dans les urines par une tales font partie du tableau clinique de décompensation de
N. Bahi-Buisson et al. / Archives de pédiatrie 13 (2006) 284–292 291

nombreuses pathologies métaboliques. En raison du faible un traitement d’épreuve en cas d’encéphalopathie myoclonique
nombre de patients, les phénotypes électrocliniques de ces épi- néonatale qui ne trouve pas de cause.
lepsies sont souvent mal caractérisés. Seule l’encéphalopathie Devant une encéphalopathie inexpliquée du nouveau-né, les
myoclonique précoce est fortement évocatrice d’erreur innée explorations métaboliques doivent être larges et accompagnées
du métabolisme. De ce fait, en dehors de ce syndrome épilep- d’un électroencéphalogramme (avec des électrodes musculaires
tique, il est difficile de savoir quel nouveau-né est le « bon pour enregistrer les myoclonies) et d’une imagerie cérébrale
candidat » pour un screening métabolique. (scanner à la recherche de calcifications et IRM avec spectros-
En principe, nous pensons que tout enfant qui présente des copie). Les Tableaux 3 et 4 précisent les différentes explora-
convulsions néonatales sans étiologie reconnue doit recevoir tions biochimiques recommandées devant une encéphalopathie
un traitement d’épreuve par vitamine B6 (pyridoxine), biotine néonatale avec épilepsie, suspecte de maladie métabolique.
et acide folinique. Cela est d’autant plus vrai que les convul- La prise en charge thérapeutique d’une épilepsie néonatale
sions sont résistantes au traitement antiépileptique convention- n’est pas spécifique, en dehors du traitement métabolique. Tou-
nel. L’incidence de la dépendance en pyridoxalphosphate de- tefois, il convient d’éviter le valproate (Dépakine®) susceptible
mande à être précisée, et à ce jour, il est nécessaire d’en faire d’aggraver l’hyperglycinémie sans cétose et les pathologies du
Tableau 3
Explorations biologiques devant une encéphalopathie néonatale avec épilepsie,
adaptées des recommandations du groupe Amalfi [37] examens de routine
Sang
● Carnitine, acylcarnitine
● Gaz du sang, pH
● Ionogramme sanguin
● Glucose à jeun
● Bilan hépatique
● Acide urique
● Lactate, Pyruvate, Alanine
● Ammoniémie
Urines
● Corps cétoniques
● Lactate
● Ionogramme urinaire
● Sulfitest
Liquide céphalorachidien
Fig. 6. Lissencéphalie : activité rapide (rythme alpha) de grande amplitude ● Glucose
prédominant dans les régions postérieures, combinée à des rares ondes lentes et ● Protéines
diffuses. ● Lactate

Tableau 4
Explorations biologiques devant une encéphalopathie néonatale avec épilepsie, adaptées des recommandations du groupe Amalfi [37] examens spécialisés
Paramètre Anomalie recherchée
Sang
Aminoacides Aminoacidopathie
Déficit de biosynthèse de la sérine
Alanine, déficit énergétique
Acides gras à très longues chaînes Maladies peroxysomales
Plasmalogènes
Transferrine (Isofocalisation) Syndrome CDG
Apolipoprotéine A3 Syndrome CDG (O-Glycosylation)
Activité biotinidase et carboxylase Déficit du cycle de la biotine
Prolactine, hormone de croissance Métabolisme des neurotransmetteurs
Urines
Acides organiques Test préliminaire à de nombreuses explorations plus spécifiques
Aminoacides Aminoacidopathies
Sulfitest® Déficit en sulfite oxydase
Bioptérines Cofacteur de synthèse des neurotransmetteurs
AICAR/SAICAR Déficit en adénylosuccinate-lyase
Créatine et acide guanidinoacétique Métabolisme de la créatine
Liquide céphalorachidien
Aminoacides Hyperglycinémie sans cétose
Déficit de biosynthèse de la sérine
Amines biogéniques (dérivés de la dopamine et de la sérotonine) Déficits de synthèse des neurotransmetteurs
Dérivés du GABA
CDG syndrome : syndrome d’hypoglycosylation des protéines ; GABA acide γ-aminobutyrique ; AICAR : 5-aminoimidazole-4-carboxamide ; SAICAR 5-ami-
noimidazole-4-carboxamide riboside.
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cycle de l’urée. De la même manière, les prélèvements pour [18] Klepper J, Florcken A, Fischbarg J, et al. Effects of anticonvulsants on
dosage des neurotransmetteurs doivent être faits avant que ne GLUT1-mediated glucose transport in GLUT1 deficiency syndrome in
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