Vous êtes sur la page 1sur 13

ESCAO SAN PEDRO

-------------------------------------

RHC
RESSOURCES HUMAINES ET COMMUNICATION

-------------------------------------

TCA
Techniques De Communication Et d’Animation
ANNEE ACADEMIQUE

2022-2023

Cours
EDUCATION AUX MEDIAS
RHC 1
Chargé du cours

M. CAMARA Alexis

07 59 57 88 09

01 01 32 77 21

Alexisjuniorc@gmail.com
I. CONTEXTE DE L’EDUCATION AUX MEDIAS
Les médias pénètrent tous les domaines de notre vie et les influencent. Ils ouvrent de
nouvelles possibilités, mais comportent également des risques, et représentent par là un
véritable défi pour les individus, la société, l’économie, la politique et la culture. Faire de la
compétence médiatique une compétence clé du XXIe siècle implique qu’une société dont les
membres ne disposeraient pas de compétences médiatiques adéquates s’expose à des risques.

La compétence médiatique de l’individu, d’une part, et un système médiatique efficace pour


la société, d’autre part, sont indispensables au bon fonctionnement d’une démocratie
moderne, de l’économie et de la culture.

L’évolution des médias pose également des défis spécifiques pour le système éducatif.
Lorsqu’ils entrent à l’école, les élèves possèdent déjà une certaine expérience des médias. Ils
amènent des questions qui les préoccupent dans leur situation actuelle et dont le traitement est
indispensable pour leur développement personnel. À la maison, ils ont accès à toutes les
informations relatives aux thèmes traités en classe. Les médias soutiennent les processus
d’enseignement et d’apprentissage. L’école, le travail avec les jeunes, la formation des
adultes, la formation continue en entreprise : l’évolution fulgurante du monde des médias
modifie le cadre général et partant, la mission fondamentale assignée à chacun de ces
domaines.

L’éducation aux médias doit être, aujourd’hui, un aspect indissociable de l’éducation en


général. Elle doit apprendre à entrer dans le monde des médias, à se former avec des médias et
à utiliser les médias avec discernement. De plus, c’est une éducation au sens propre du terme,
centrée non pas sur le média, mais sur l’humain.

II. DEFINITION ET PRINCIPAUX OBJECTIFS DE L’EDUCATION AUX MEDIAS


1. Médium/médias
Un “médium” est « un moyen, un instrument, ou une action qui permettent d’intervenir », si
l’on en croit le dictionnaire et les origines latines du terme. Il s’agit d’une substance ou d’un
canal qui peut véhiculer ou transmettre des effets ou des informations. Nous utilisons un
médium lorsque nous voulons communiquer indirectement avec quelqu’un – plutôt qu’en
étant présent en personne ou en nous trouvant directement devant lui.
Le terme “médias” est simplement le pluriel contemporain de “médium”. Beaucoup de ces
formes de communication sont appelées médias “de masse”, ce qui sous- entend qu’elles
touchent un large public. Pourtant, certains médias ne visent qu’un public très restreint ou un
public spécialisé, et leur étude peut aussi se révéler importante. Certaines personnes
pourraient en outre avancer que des formes de communication plus traditionnelles, comme
les livres, sont aussi des “médias”, puisqu’ils nous présentent eux aussi des versions ou des
représentations du monde.
C’est pourquoi par «média», il faut entendre tous les moyens d’information, de
communication, de divertissement, d’influence, de réseautage, d’enseignement et

EDUCATION AUX MEDIAS ALEXISJUNIORC@GMAIL.COM


d’apprentissage, d’organisation du quotidien, etc., autrement dit, non seulement les mass
médias traditionnels (livres, journaux, cinéma, radio, télévision), mais aussi les médias
numériques (Internet, smartphones, blogues, réseaux sociaux, applications de communication,
agents conversationnels, dispositifs de réalité virtuelle ou augmentée, jeux informatiques, etc.)
ou encore des institutions (le plus souvent des entreprises) qui produisent et diffusent des
contenus.

2. L’Education aux médias


L’éducation aux médias regroupe l’ensemble des processus pédagogiques et didactiques
utilisés afin de développer des compétences et des savoirs spécifiques sur les médias, en lien
avec des problématiques et des objectifs sociaux, politiques, économiques ou culturels.
C’est toute démarche visant à permettre à un individu de connaître, de lire, de comprendre
ou d’apprécier les représentations et les messages issus des différents types de médias
auxquels il est quotidiennement confronté, de s’y orienter et d’utiliser de manière pertinente,
critique et réfléchie ces grands supports de diffusions ainsi que les contenus qu’ils véhiculent.
L’éducation aux médias est le processus qui permet à des individus d’acquérir une vision
critique des médias et de comprendre la nature, les techniques de production et l’influence de
leurs produits et messages. Elle est un enseignement qui prend les médias pour objet. Il ne
faut pas la confondre avec un enseignement qui s’effectue au moyen des médias – comme
c’est le cas, par exemple, lorsqu’on utilise la télévision ou Internet pour acquérir des
connaissances sur d’autres matières scolaires.
Elle est donc abordée principalement comme un domaine d’intervention pédagogique devant
permettre aux apprenants de développer « suffisamment de confiance en soi et de maturité
afin d’être en mesure d’appliquer des jugements critiques sur des textes médiatiques auxquels
ils seront exposés à l’avenir ».
Elle s’intéresse aux médias que nous rencontrons dans notre vie quotidienne en dehors de
l’école – les émissions de télévision que nous regardons et que nous apprécions, les
magazines que nous lisons, les films que nous voyons, la musique que nous écoutons. En
effet, l’influence des médias sur l’éducation est devenue une évidence par sa prégnance dans
la vie quotidienne de chacun, prégnance toujours plus forte par le développement des
technologies et des pratiques culturelles et sociales. Ces médias nous entourent, et ils jouent
un rôle important dans notre vie. Or, ces médias nous aident à comprendre le monde et notre
place dans ce monde. C’est la raison pour laquelle il est si important que nous les
comprenions et que nous les étudions.

Pour Dewey (1998), l’éducation est indissociable des notions de citoyenneté et de démocratie,
et elle est ancrée dans des expériences ; elle requiert l’échange, l’expérimentation, le dialogue
et la résolution de problèmes, et a pour finalité la « libération de l’intelligence humaine ». Elle
a ainsi une fonction primordiale d’autonomisation de l’apprenant, c’est-à-dire qu’elle cherche
à contribuer au développement de son autonomie, de ses capacités à agir sur le monde
extérieur et à se prendre en charge (Landry, 2013).

3. Principaux objectifs de l’éducation aux médias


EDUCATION AUX MEDIAS ALEXISJUNIORC@GMAIL.COM
Ses principaux objectifs sont de

- Savoir s’orienter dans des environnements médiatiques ;


- Comprendre les fonctions sociales, culturelles et économiques de l’usage des médias ;
- Être capable de rechercher des informations, évaluer leurs sources et analyser leur
contenu (signification, forme, contexte, effets) quel que soit leur support (texte, image,
film, audiovisuel interactif) ;
- Exprimer ses idées et communiquer par le truchement de dispositifs médiatiques
(blog, réseaux sociaux, applications de communication) de façon éthique et
responsable, dans le respect d’autrui.

L’éducation aux médias à l’ère du digital est un impératif. Elle est plus que jamais nécessaire
surtout en ces temps où les fake news1 ou fausses informations prolifèrent un peu partout sur
les médias et réseaux sociaux et contribuent à façonner l’esprit des enfants et ceux des moins
éduqués.

4. Pourquoi enseigner l’éducation aux médias ?

Plusieurs raisons motivent aujourd’hui l’enseignement de l’éducation aux médias car :

1. Elle encourage les enfants, les adolescents et les jeunes à mettre en question, évaluer,
comprendre et apprécier leur culture multimédia. Elle forme des consommateurs et
utilisateurs de médias critiques et actifs.
2. Elle donne accès en classe à toute la planète, rendant ainsi actuelles et pertinentes les matières
traditionnelles comme le français, l’histoire ou la géographie. Elle se prête particulièrement
bien aux études interdisciplinaires.
3. Elle incarne et renforce la nouvelle pédagogie qui met l’accent sur un enseignement centré sur
l’élève, l’étudiant, la reconnaissance de divers types d’intelligences, une analyse et une
gestion de l’information plutôt que l’acquisition de connaissances passives.
4. Elle se base sur une approche saine de la pédagogie qui consiste à partir de l’expérience
pratique des jeunes. La musique, les bandes dessinées, la télévision, les jeux vidéo, Internet et
la publicité font partie de leurs divertissements préférés. Ces médias forment un
environnement que tous partagent et qui devient dès lors un catalyseur d’apprentissage.
5. Elle encourage les jeunes à une utilisation créative des outils multimédias, à « apprendre en
pratiquant », et les prépare ainsi à un marché du travail qui exige de plus en plus de savoir
utiliser des moyens de communication sophistiqués.
6. Elle incite également les jeunes, à qui l’on reproche souvent leur apathie politique, à
s’intéresser aux grandes questions de l’heure. Elle les aide à se voir comme des citoyens
engagés capables de contribuer au débat public. 
7. Elle les aide également à comprendre comment, dans une société d’une grande diversité
sociale, ethnique et culturelle, les représentations des médias peuvent influencer notre
perception des différents groupes sociaux. Elle approfondit leur compréhension de notions
comme la diversité, l’identité et la différence.

1
L'infox, l'information fallacieuse, la fausse nouvelle ou la fake news en anglais, est une information
mensongère, qui est délivrée dans le but de manipuler ou tromper un auditoire.
EDUCATION AUX MEDIAS ALEXISJUNIORC@GMAIL.COM
8. Elle favorise leur développement personnel et social en leur faisant découvrir les liens entre la
culture populaire – musique, mode, télévision, cinéma et publicité – et leurs propres attitudes,
choix de vie et images d’eux-mêmes.
9. Elle aide les jeunes à se poser des questions sur les représentations des médias et à faire la
différence entre réalité et fiction en leur faisant comparer violence dans les médias et vraie
violence, héros de cinéma et héros dans la vraie vie, rôles et attentes réalistes et modèles
proposés par les médias.
10. Elle est enfin un élément essentiel de formation aux nouvelles technologies, à une époque où
la majorité des jeunes vont chercher leur information sur Internet et ont besoin de techniques
et de compétences efficaces pour optimiser leurs recherches, évaluer et authentifier
l’information, et réfléchir à des problèmes comme le plagiat et le respect du droit d’auteur2.

III. LES DIMENSIONS DES OBJETS MEDIATIQUES 

Chaque média (une représentation théâtrale, une carte postale, un courriel, un profil sur un
réseau social, un manuel scolaire, un film, …) peut être considéré, tour à tour, comme un
objet :

- informationnel,
- technique, et
- social.

L’éducation aux médias aborde ces trois dimensions ; les compétences qu’elle recouvre en
sont indissociables et l’enjeu de la littératie médiatique est de les associer de manière
équilibrée.

1. La dimension informationnelle du média

Un média est un objet informationnel parce qu’il est conçu pour représenter, à travers l’usage
d’un ou de plusieurs langages, un objet réel ou imaginaire autre que lui-même. Par exemple,
un documentaire télévisé relate un évènement historique ; un jeu vidéo met en scène un
univers féerique ; un poème exprime une expérience émotionnelle ; une carte postale montre
un site touristique, etc.

La compétence informationnelle de l’usager d’un média est sa capacité à mettre en relation les
signaux sensoriels qu’il en tire, comme sa forme, son contenu et les signes qui le composent,
avec les idées, les objets de la réalité, les émotions, les sentiments qu’il désigne, évoque ou
suggère.

2. La dimension technique du média

Tout média est un support d’informations dont la production, la transmission et la réception


reposent sur une technologie. Les objets médiatiques sont donc issus de processus
technologiques. Produire un journal, un film, un site web nécessite l’utilisation de différents
dispositifs techniques comme une rotative, une caméra, un logiciel, etc.
2
Les droits de l'auteur correspondent à un droit de propriété sur l'œuvre. Celui qui en est titulaire est en
mesure d'autoriser ou d'interdire toute reproduction ou représentation de l'œuvre.
EDUCATION AUX MEDIAS ALEXISJUNIORC@GMAIL.COM
Ces objets médiatiques peuvent aussi servir eux-mêmes à produire ou à diffuser d’autres
médias. Par exemple, un journal diffuse une publicité ; un téléphone cellulaire envoie des
sms ; une tablette propose des applications ; un site web peut fournir un moteur de recherche ;
un stylo produit un texte écrit ; un lecteur mp3 transforme un fichier audio en un signal
sonore, etc.

3. La dimension sociale du média

Toute forme de communication, médiatisée ou non, prend place dans un contexte relationnel
qu’elle contribue à construire. La communication peut permettre aux personnes d’interagir, de
se lier, et parfois même de se relier à elles-mêmes dans le cas, par exemple, du journal intime.

Les médias, qu’ils soient documents ou dispositifs médiatiques, constituent des objets
sociaux, parce qu’ils tissent des relations sociales entre les membres de la société. Par
exemple, le clip de la performance d’un sportif, diffusé sur un site de partage de vidéos,
rassemble les admirateurs de cet athlète, promeut ses qualités auprès des connaisseurs, l’érige
en exemple et fait monter sa cote de popularité.

IV. QUATRE CATEGORIES D’ACTIVITES MEDIATIQUES

L’usager, qu’il produise ou utilise des médias, développe ses compétences médiatiques en
exécutant des activités spécifiques. Ces dernières s’exercent tout à la fois, dans les dimensions
informationnelles, techniques et sociales des objets médiatiques, dimensions étroitement
interconnectées. Ces activités peuvent être subdivisées en quatre catégories fondamentales :
- la lecture ;
- l’écriture ;
- la navigation ;
- l’organisation.
Chacune de ces catégories d’activités médiatiques, presque toujours complémentaires,
s’exerçant dans les trois dimensions des objets médiatiques, nous pouvons distinguer douze
catégories de compétences qui concernent l’ensemble des médias et qui peuvent être
synthétisées dans le tableau suivant :

Axe Axe technique Axe social


informationnel

Compétences Compétences Compétences


Lire informationnelles en Techniques en lecture sociales en lecture
lecture
Média

Compétences Compétences Compétences


Écrire informationnelles en techniques en écriture sociales en écriture
écriture

EDUCATION AUX MEDIAS ALEXISJUNIORC@GMAIL.COM


Compétences Compétences techniques Compétences sociales
Naviguer informationnelles en en navigation en navigation
Corpus de médias

navigation

Compétences Compétences techniques Compétences sociales


Organiser informationnelle en organisation en organisation
s en
organisation

Il est évident que dans la pratique, qu’il s’agisse d’utiliser des médias dans la vie quotidienne
ou de pratiquer l’éducation aux médias, plusieurs sinon toutes ces compétences devront être
mobilisées et exercées de manière systémique.

1. Compétences à exercer en lecture médiatique


- des compétences informationnelles en lecture, concernant le contenu des
médias et les systèmes de représentations qu’ils utilisent et impliquant la
capacité du lecteur à en tirer du sens en fonction de ses ressources
intellectuelles et culturelles ;
- des compétences techniques en lecture, concernant la capacité à utiliser les
techniques nécessaires pour réceptionner les médias et les lire ;
- des compétences sociales en lecture, concernant le contexte de production
institutionnel des médias, les intentions de leurs concepteurs, les stéréotypes
culturels qu’ils renforcent, etc.
2. Compétences à exercer en écriture médiatique
L’écriture médiatique consiste à créer et à diffuser des productions médiatiques
individuelles ou collectives. L’éducation aux médias permet à l’auteur d’un média
d’acquérir des compétences, qui peuvent être :
- des compétences informationnelles en écriture, en matière de langages et de
genres que ces productions utilisent (Créer une publicité adaptée à un
produit.) ;
- des compétences techniques en écriture, relatives à la maîtrise des opérations
techniques que les productions médiatiques impliquent (Utiliser un logiciel
d’édition de sons pour créer de la musique.) ;
- des compétences sociales en écriture, en matière d’activation de diverses
relations interpersonnelles que ces productions impliquent (Connaître les
intervenants nécessaires à la production d’un film : producteur, réalisateur,
acteurs, diffuseurs, etc. et leurs rôles respectifs.)
3. Compétences à exercer en navigation médiatique
La navigation médiatique consiste à parcourir un ou plusieurs médias au hasard ou
EDUCATION AUX MEDIAS ALEXISJUNIORC@GMAIL.COM
dans un objectif précis. L’éducation aux médias permet au navigateur d’acquérir des
compétences, qui peuvent être :
- des compétences informationnelles en navigation, relatives à la recherche et à
la sélection de documents ou de médias en fonction de leur sujet ou de leur
format (Un étudiant peut ainsi constituer un corpus d’articles de presse sur
l’écologie pour son mémoire.) ;
- des compétences techniques en navigation, en matière de recherche et de
sélection de la technologie qui lui permettra d’atteindre ses objectifs (C’est
le cas lorsque nous nous documentons afin de trouver, parmi les alternatives
technologiques, celle qui conviendra le mieux à résoudre un problème.) ;
- des compétences sociales en navigation, relatives à la recherche et à la
sélection de documents ou de médias en fonction de critères liés aux
contextes sociaux de leur production, de leur circulation ou de leur réception
(C’est le cas lorsqu’un enseignant sélectionne un document en vérifiant que
sa source soit fiable, qu’il corresponde aux attentes de ses élèves, ou qu’il
respecte la législation qui prescrit ou interdit certains usages médiatiques.)
4. Compétences à exercer en organisation médiatique
L’organisation médiatique consiste à la fois à classer, à distribuer et à répartir des
médias en différentes catégories et à gérer sa propre production médiatique en
fonction des différents systèmes médiatiques utilisés.
L’éducation aux médias permet d’acquérir des compétences, qui peuvent être :
- des compétences informationnelles en organisation (Conserver, classer,
annoter, archiver ou sécuriser des médias ; courriels, photos, films, musiques,
…, trouvés, produits et partagés au fil de nos usages médiatiques.) ;
- des compétences techniques en organisation, et plus particulièrement celles
de connaître ou d’imaginer, dans les technologies médiatiques disponibles,
des alternatives en matière d’appareils, de logiciels, de services
informatiques, etc. et de les catégoriser selon leurs différents modes
d’interopérabilité possibles ;
- des compétences sociales en organisation, en catégorisant nos
communications médiatisées, en fonction du type de relation entretenue avec
nos divers interlocuteurs afin d’en adapter les modalités (C’est le cas lorsque
nous choisissons d’envoyer des messages sur les réseaux sociaux plutôt que
de téléphoner, d’envoyer un sms, un courriel ou un courrier postal.)
Les différentes activités médiatiques se combinent et s’articulent : nous lisons des
documents en naviguant et écrivons en organisant, et inversement. Nous créons, par
exemple, une bibliothèque de musique en y classant des morceaux, collectés sur
l’internet lors de nos navigations, et dont nous avons transformé le format
audionumérique. Chaque activité médiatique est donc à appréhender dans ses
EDUCATION AUX MEDIAS ALEXISJUNIORC@GMAIL.COM
interactions avec les autres et nécessite une combinaison de compétences
informationnelles, techniques ou sociales.
On n’éduque pas aux médias en niant la complexité de l’univers médiatique et celle
de nos propres comportements au sein de cet univers. C’est la raison pour laquelle,
afin d’en faciliter l’approche, nous avons adopté le tableau synthétique de
distribution des compétences comme cadre de réflexion pour le développement d’une
éducation approfondie aux médias.
Chaque citoyen n’est évidemment pas appelé à maîtriser de façon complète toutes les
compétences décrites dans le cadre de compétences que nous proposons dans la suite
de ce document : celui-ci a pour objectif de parcourir l’ensemble des champs
possibles d’une éducation aux médias et de donner une idée plus détaillée et plus
concrète de la grille synthétique et de l’approche théorique qui précède. Cependant,
ce cadre ne doit surtout pas faire oublier que la première et la plus générale des
compétences est la capacité de s’adapter à la nouveauté et à la diversité des outils
médiatiques et de leurs usages tout au long de sa vie.

V. L’EDUCATION AUX MEDIAS A L’ERE DU NUMERIQUE

Affirmer que nous vivons dans une société hautement médiatisée est une vérité que nul
n’ignore. Presque toutes les sphères de l’existence sont affectées par les médias. En plus
d’être mobiles, les dispositifs par lesquels nous recevons et émettons de l’information sont
devenus de véritables extensions de nous-mêmes ; ils se connectent entre eux, avec les objets
de notre quotidien et les réseaux internationaux numériques. Les contenus qu’ils véhiculent
nous suivent jusque dans notre intimité, s’insèrent dans nos groupes d’amis, nos relations
professionnelles et nos amours. Échapper à leur emprise, se soustraire à leur présence, est
presque devenu une mission impossible.
Un constat s’impose : une maîtrise minimale des technologies médiatiques numériques est
aujourd’hui essentielle à l’insertion sociale et économique. Pour avoir accès à des soins de
santé, à l’éducation, à l’information, aux loisirs et à l’emploi, il faut une certaine capacité à
utiliser ces outils, mais cela ne suffit pas.
Plusieurs registres de questions peuvent nous aider à y voir clair :

- Comment les enfants et les jeunes s’emparent-ils du numérique ? Quelle gestion ont-
ils de l’imaginaire et du virtuel ? Comment traitent-ils des identités multiples,
multiformes?
- Quelles conséquences sur le vivre ensemble ? le respect des libertés (sphères privées,
publique), les droits des individus, l’égalité pour tous ?
- Quelle contribution à la compréhension du monde, l’épanouissement individuel,
l’émancipation ?
- Quel accompagnement des enfants et des jeunes dans l’acquisition des savoirs,
compétences et relations sociales qui en découlent ?

EDUCATION AUX MEDIAS ALEXISJUNIORC@GMAIL.COM


Le développement des technologies numériques nécessite de revisiter les conditions à créer
pour permettre à chaque jeune de construire et gérer son identité (numérique) dans ces
nouveaux espaces. Ce besoin est très souvent sous-estimé par le contenu et les formes de
l’action éducative. Plusieurs raisons peuvent en être à l’origine :
- Comme pour la télévision dans les années 1980, les pratiques numériques restent très
souvent renvoyées à la sphère privée et donc à la seule responsabilité des parents. Sa
dimension d’ouverture sur le monde ou de compréhension de son territoire de vie est
très peu utilisée par les structures éducatives.
- Les adultes dominent mal ces espaces ; certains en ont peur, en exagèrent les effets.
- Les jeunes équipes éducatives peuvent manquer de recul, étant elles-mêmes prises
dans la spirale des pratiques numériques.
L’accélération de l’information à l’heure d’Internet et des réseaux sociaux a pour
conséquence que le jeune ou le simple citoyen est submergé. Et ces informations ne sont pas
seulement plus nombreuses, elles proviennent de sources beaucoup plus diversifiées, au point
où, pour beaucoup de gens, il est difficile de repérer ce qui constitue une source fiable. Plus
récemment, des sites de nouvelles satiriques ou même de fausses nouvelles viennent s’ajouter
au flot continu d’information auquel sont soumis tous les internautes.
C’est pourquoi si l’éducation aux médias a traditionnellement visé l’école, les parents ont
aussi une responsabilité importante dans l’acquisition de ces habiletés par les enfants, d’autant
que les enseignants se sentent souvent dépassés par le déferlement des nouveautés
apparaissant sur le marché tandis que leurs élèves et étudiants s’auto éduquent et construisent
en parallèle leur propre usage des médias.
Le réseau des réseaux a considérablement changé nos habitudes et façons de voir le monde.
Sans conteste, la Toile a fait tomber nos frontières et a impacté nos manières de vivre en
société à travers l’utilisation massive des réseaux sociaux. Autant dire qu’avec l’Internet, la
société a atteint une nouvelle dimension. Laquelle est marquée par l’instantanéité,
l’interactivité, les opportunités, etc. Par conséquent, l’Internet a transformé de fond en comble
notre relation au travail, au savoir et au divertissement.
C’est pourquoi les jeunes doivent apprendre à utiliser ces médias numériques de manière
avisée surtout en étant informés des enjeux sécuritaire et éthique en lien avec les nouveaux
fléaux qu’ils soulèvent, comme la cyber intimidation, le cyber harcèlement, bref, la cyber
sécurité3 et ses corollaires de cyber arnaques diverses, etc. L’explosion du numérique et la
simplification de l’accès à l’informatique ont donné naissance à une toute nouvelle forme de
délinquance. La démocratisation et la globalisation des réseaux sociaux tels que Facebook,
Twitter, Instagram, Linkedin et autres y sont également pour beaucoup.
Il y a deux sortes d’atteintes qui peuvent provenir de la cybercriminalité :

3
La cybercriminalité est l'ensemble des infractions pénales commises par le biais de l'informatique ou
d'Internet.
EDUCATION AUX MEDIAS ALEXISJUNIORC@GMAIL.COM
- Atteinte aux biens : regroupant les fraudes liées aux paiements sur le Net, la
commercialisation d’objets volés, toutes formes de piratage informatique, copies
illégales de films, musiques ou logiciels…
- Atteinte aux personnes : diffusion d’images amorales et pédophiles ou de méthode de
suicide, atteintes à la vie privée, propos incitant au racisme et à la haine, recettes
d’explosifs…

Il existe deux catégories générales de cybercriminalité : celle de type I et celle de type II.

- Type I : Cette catégorie comprend les virus, la fraude bancaire, le vol ou la


manipulation de données, les chevaux de Troie programment d’enregistrement de
frappes, rootkits4, usurpation d’identité, phishing5 …
- Type II : Cette catégorie comprend le harcèlement, la prédation contre les enfants, le
chantage, la manipulation des marchés boursiers, l’extorsion de fonds, l’exécution
d’activités terroristes, l’espionnage industriel de haut niveau…
Quelques délits dans le cyberespace :
- La sollicitation sexuelle et la séduction en ligne : Les adolescents peuvent recevoir
une offre de nature sexuelle sur le Web avec un risque de rencontre avec un pédophile.
La classe d'âge 15-18 ans est particulièrement vulnérable car les adolescents sont
sensibles au regard des autres, impliqués dans des rapports de séduction et prenant
facilement des rendez-vous extérieurs, sans leurs parents.
- L’internet et le tourisme sexuel : Le tourisme sexuel impliquant des enfants est
l'exploitation sexuelle commerciale des enfants par une ou plusieurs personnes
voyageant en dehors de leur province, région géographique ou de leur pays. Les
touristes sexuels peuvent être des ressortissants du même pays ou d'un pays étranger.
Le tourisme sexuel est une interaction entre le secteur touristique et l'industrie du sexe.
Cette dernière favorise directement la vente d'enfants, la prostitution des enfants et la
pornographie mettant en scène des enfants. Cette forme cachée et informelle de
promotion du tourisme est plus difficile à faire disparaître.
- Les contenus érotiques ou pornographiques : Une grande partie du contenu à
caractère sexuel, que l'on trouve sur Internet, est trompeur et bouleversant. Il présente
parfois des scènes de violence et déshumanise les individus dans des scènes sexuelles.
Ces images font parfois naître des idées fortes, mais fausses sur les caractéristiques
d'une sexualité saine. Elles évacuent souvent les notions d'intimité ou de profondeur

4
Un rootkit est un terme anglais qui désigne un type de malware conçu pour infecter un PC et qui permet au pirate
d’installer une série d’outils qui lui permettent d’accéder à distance à un ordinateur. Le malware  sera habituellement bien
caché dans le système d’exploitation et ne sera pas détecté par les logiciels anti-virus et autres outils de sécurité. Le rootkit
peut contenir de nombreux outils malicieux tels qu’un enregistreur de frappe,  un programme de capture de mots de passe,
un module pour voler les informations de cartes et de comptes bancaires en ligne, un robot afin de mener des attaques
DDoS ou possédant des fonctionnalités capables de désactiver les logiciels de sécurité. Les rootkits agissent typiquement
comme une porte dérobée qui permet au pirate de se connecter à distance à l’ordinateur infecté quand il le souhaite ainsi
que d’installer ou de supprimer des components spécifiques.
5
Le phishing est une technique d’escroquerie relativement simple : il consiste à placer des liens piégés dans de faux e-mails
imitant les messages d’organismes ou d’institutions diverses. Vous croyez vous rendre sur le site officiel d’un
l’établissement, mais vous atterrissez en fait sur une copie, plus ou moins bien imitée. Toute information confidentielle que
vous tapez alors – comme votre mot de passe – est immédiatement récupérée par les escrocs. Ces derniers n’ont alors plus
qu’à se connecter sur le (vrai) site de votre banque ou de votre messagerie, pour avoir accès à votre compte.
EDUCATION AUX MEDIAS ALEXISJUNIORC@GMAIL.COM
dans les relations personnelles et favorisent plutôt une sexualité exempte de toute
émotivité.
- La pornographie pédophile : La pornographie, mettant en scène des enfants, est
toute représentation, par quelque moyen que ce soit, d'un enfant s'adonnant à des
activités sexuelles explicites, réelles ou simulées, ou toute représentation des enfants, à
des fins principalement sexuelles.
- Le cyber-terrorisme : Le cyber-terrorisme est défini généralement comme
l'utilisation préméditée des activités perturbatrices, ou la menace de celle-ci, contre
des ordinateurs et/ou réseaux, dans l'intention de causer un préjudice social,
idéologique, religieux, politique ou autres objectifs. Des individus ou des groupes
peuvent utiliser l'anonymat offert par le cyberespace pour menacer des citoyens, des
groupes spécifiques (c'est-à-dire avec adhésion basée sur l'appartenance ethnique ou
de conviction), des communautés et des pays entiers.
- L’intimidation : L'intimidation est un comportement agressif intentionnel, répété dans
le temps et impliquant un déséquilibre de pouvoir ou de force qui peut causer
psychologiquement une peur continue. Il s'agit d'intimidation lorsque quelqu'un
n'arrête pas de faire ou de dire des choses pour gagner du pouvoir sur une autre
personne ou en utilisant son pouvoir et son autorité pour influencer autrui d'une
manière préjudiciable.
- Les menaces et insultes : Les menaces et insultes peuvent être initiées à travers des
moyens psychologiques, par un adulte ou un pair, connu ou inconnu de l'enfant ciblé.
Cela peut prendre diverses formes : menaces, insultes envoyées par mail ou
messagerie instantanée. Cette interaction peut mener et mène dans les faits à des
menaces ou de la violence réelle dans des endroits physiques.
- le vol d’identité : Le vol d'identité correspond à l'emprunt temporaire ou définitif de
l'identité d'une personne existante, par appropriation des identifiants de cette dernière,
pouvant constituer un délit. On entend par vol d'identité le fait de prendre l'identité
d'une personne afin d'utiliser ses droits. L'usurpateur peut, par exemple, pirater les
comptes bancaires, contracter un emprunt, causer des infractions au code de la route,
bénéficier de prestations sociales, ou encore se marier, signer un contrat de travail.
- le Harcèlement : Le harcèlement est toute conduite abusive qui se manifeste
notamment par des comportements, des paroles, des actes, des gestes, des écrits,
pouvant porter atteinte à la personnalité, à la dignité ou à l'intégrité physique ou
psychologique d'une personne.
- les escroqueries et arnaques : L'escroquerie est le fait, soit par l'usage d'un faux nom
ou d'une fausse qualité, soit par l'abus d'une qualité vraie, soit par l'emploi de
manœuvres frauduleuses, de tromper une personne physique ou morale.
- l’incitation à la haine, au racisme, à la xénophobie, à l'islamophobie : L'incitation
à la haine est une menace de commettre, par le biais d'un système informatique, une
infraction grave envers une personne en raison de son appartenance à un groupe qui se
caractérise par la race, la couleur, l'ascendance, l'origine nationale ou ethnique, ou la
religion. Les textes racistes ou xénophobes connaissent divers degrés de complexité,
de l'insulte explicite à la plus subtile rhétorique.

EDUCATION AUX MEDIAS ALEXISJUNIORC@GMAIL.COM


- l’incitation à l’anorexie, à la mutilation, à la mort, au suicide : L'anorexie se
manifeste par un désir de maigrir et une distorsion cognitive assez forte de l'apparence
du corps du sujet. L'anorexique commence habituellement par une diète6 amaigrissante
qui se transforme en une obsession pathologique. La mutilation, la mort ou le suicide
sont des pensées noires qui se manifestent sous forme de souffrance ou de pulsions
rendant la victime inapte au discernement.
- la traite des enfants : La traite des enfants est tout acte ou toute transaction en vertu
desquels un enfant est remis par une personne ou un groupe de personnes à une autre
personne ou un autre groupe contre une rémunération ou tout autre avantage

6
Privation totale ou partielle de nourriture pour raison médicale ou hygiénique
EDUCATION AUX MEDIAS ALEXISJUNIORC@GMAIL.COM

Vous aimerez peut-être aussi