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Normes et Standards pour la prise en charge des

femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE
SA MAJESTE LE ROI MOHAMMED VI
QUE DIEU L’ASSISTE
SON ALTESSE ROYALE LA PRINCESSE LALLA MERYEM
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

INTRODUCTION
La violence à l’égard des femmes et des enfants est un sujet qui préoccupe de plus en plus la
communauté nationale et internationale. Elle est considérée comme la violation des droits
fondamentaux de la personne.

L’opinion internationale préoccupée par les différentes formes de violence qui touchent les
femmes et qui sévissent un peu partout dans le monde a conduit l’Organisation des Nations
Unies en 1979 à décréter une Convention internationale pour l’élimination de toutes les formes
de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) Cette convention a été ratifiée par de
nombreux pays dans le monde dont le Maroc.

La Convention internationale des Droits de l’Enfant (CDE), ratifiée en 1993 par Notre Regretté
Père, Feu Sa Majesté Le Roi Hassan II que Dieu ait son âme en sa sainte miséricorde, a
marqué une étape nouvelle dans la promotion des Droits de l’Enfant, avec la mise en place de
l’Observatoire National des Droits de l’Enfant en 1994, que nous avons l’honneur de présider.

Cependant, malgré les progrès enregistrés et le degré de prise de conscience de la


problématique par la société civile et les pouvoirs publics, il reste que la prévention et la lutte
contre ce phénomène social nécessitent le développement d’actions soutenues de plaidoyer,
de sensibilisation et de formation.

Dans sa résolution WHA 49-25 de 1996, l’Organisation Mondiale de la Santé déclare que la
violence est un problème de santé publique de plus en plus alarmant ce qui est en adéquation
avec les recommandations des conférences internationales notamment la Conférence
Internationale sur la Population et le Développement (CIPD) qui a eu lieu au Caire en 1994 et
celle qui a eu lieu à Beijing en 1995 qui appellent à l’appréciation des conséquences de la
violence sur la santé des victimes. La reconnaissance de cette dimension santé sera
corroborée par l’ampleur du phénomène sur le coût économique de la violence en tant que
problème de santé publique.

Ainsi, l’intervention des services de santé a une importance capitale dans la détection, le
diagnostic et la prise en charge des lésions engendrées par la violence et les mauvais
traitements. Les professionnels de santé sont à ce titre le premier interlocuteur et l’acteur
privilégié dans la chaîne de prise en charge des femmes et des enfants victimes de violence.

C’est ainsi que le Ministère de la Santé a développé une stratégie basée sur la mise en place
de centres d’écoute et d’orientation au niveau des hôpitaux dont la mission essentielle est
d’accueillir les femmes et les enfants victimes de violence et de maltraitance, d’évaluer leur état
de santé sur le plan médico-psychologique et de les orienter vers les structures compétentes.
Cette stratégie sera progressivement étendue aux autres régions dans un proche avenir.

Par ailleurs, et en collaboration avec l’Observatoire National des Droits de l’Enfant et les
Organisations Internationales (UNFPA, UNICEF), un processus participatif a été initié par à la

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création de la première unité intégrée de prise en charge des femmes et des enfants victimes
de violence au niveau de la région de Marrakech- Tensift- Al Haouz que nous avons inauguré
en Janvier 2006.

C’est dans ce contexte et pour honorer les engagements de notre pays sous la conduite
éclairée de Sa Majesté Le Roi Mohammed VI que Dieu l’Assiste et pour rendre effective la
protection des femmes et des enfants contre les violences que le Ministère de la Santé a
élaboré le présent guide sur les Normes et Standards pour la prise en charge des femmes et
des enfants victimes de violence.

Ce guide se propose de développer les compétences des professionnels de santé au niveau


des centres d’écoute et d’orientation en matière de gestion clinique, médico-légale et
psychologique des violences à l’égard des femmes et des enfants .Il vise également à asseoir
des mécanismes de coordination efficaces avec les autres départements concernés par cette
question notamment l’ONDE, la Justice , le Secrétariat d’Etat Chargé de la Famille de l’Enfance
et des Personnes Handicapées , la Sûreté Nationale , la Gendarmerie Royale et la société
civile .

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Préambule
INTRODUCTION
La violence à l’encontre des femmes et envers les enfants est pluridimensionnelle et nécessite
une action à multiples facettes. Le guide aborde la question, tant au plan international que
national, en corrélation étroite avec les aspects Genre, Protection de l’enfant, Droits humains
et Santé publique. Fruit d’une réflexion menée par les pouvoirs publics, ce guide de référence
sur les normes et standards de prise en charge des femmes et des enfants survivant(e)s à la
violence s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la Stratégie nationale de lutte contre la
violence à l’encontre des femmes et du Plan d’action national de lutte contre la maltraitance
envers les enfants. Il vise principalement à rendre plus efficace la qualité de prise en charge
et la participation du secteur de la santé à la lutte contre ces phénomènes sociaux plus
harmonieuse.
Des personnes ressources appartenant à ces différents domaines y ont collaboré, en ayant
comme ambition de mieux faire comprendre la spécificité de la violence faite aux femmes et
celle faite aux enfants, leurs différentes formes, leurs causes et leurs conséquences
dramatiques pour les victimes et pour la société.
L’élaboration des normes et standards constitue une importante action laquelle contribuera, à
terme, à sensibiliser et à renforcer les capacités des professionnel(le)s de santé auxquel(le)s
ce guide est destiné : médecins, sages femmes, infirmiers, assistantes sociales,
gestionnaires...., afin de leur permettre d’adopter les conduites appropriées et d’aborder de
façon plus intégrée le phénomène complexe de la violence en mettant en œuvre et de manière
effective les mesures de promotion et de protection des droits humains des femmes et des
enfants.
L’enjeu est de traduire toutes les possibilités légales dans la réalité de la prestation de service
et de disposer d’un savoir faire, connaissances et compétences, qui leur permettra de combler
les insuffisances et les obstacles éventuels afin d’offrir le maximum de protection aux victimes
de violence.
Il est attendu que ce guide soit véritablement utile aux utilisateurs et aux utilisatrices et à ceux
et celles qui seront en charge de la formation ainsi qu’aux partenaires sociaux et leur permettra
d’apporter une contribution plus efficace à la réduction de ce fléau qui détruit des ressources
humaines et absorbe des ressources financières et matérielles dont le pays a besoin pour son
développement humain durable.

RAISON D’ETRE DU GUIDE


Ce guide de référence s’inscrit parmi les priorités d’action gouvernementale dans le domaine
sanitaire en matière de lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence à l’égard
des enfants. Il s’adresse prioritairement aux professionnel(le)s de santé confronté(e)s, dans le
cadre de leur pratique quotidienne, aux différentes formes de violence et de maltraitance, y-
compris les abus sexuels et le viol; et qui, de ce fait, s’interrogent sur le comportement à
adopter et les conduites à tenir pour une meilleure prise en charge des femmes et des enfants
survivants à la violence.

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femmes et des enfants survivants à la violence
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Souvent minimisées, occultées ou banalisées, la violence à l’encontre des femmes, tout


comme la maltraitance envers les enfants, demeurent une cause fréquente de consultation des
structures de soins. Les professionnels de santé, qu’ils soient médecins, cliniciens, sages-
femmes, infirmiers, assistantes sociales ou gestionnaires, sont les acteurs essentiels des
dispositifs d’accueil, de soins, d’information et d’accompagnement des survivant (e )s à la
violence. Chacun d’entre eux participe à son niveau, et parfois à sa façon, à la solution du
problème.
De fait, dans ce domaine, il n’existe pas de normes et standards d’intervention ou de
procédures à suivre, connus et appliqués par tous de la même façon. La réaction des services
de santé vis-à-vis de ces problèmes demeure dans la plupart des cas médicalisée. Parce
qu’elle est généralement compartimentée en différents domaines de compétences, la
dimension globale de prise en charge, tenant compte aussi bien des aspects cliniques que
juridiques et psychosociaux des survivant (e)s à la violence, est ignorée, pour ne pas dire
négligée.
Ce guide de référence se propose de combler ces lacunes. Il aborde le phénomène complexe
de la violence à l’encontre des femmes et de la violence à l’égard des enfants de manière plus
globale. Sa finalité est de :
• Mettre les personnes survivantes à la violence au cœur du système de soins en amenant les
établissements de santé et les prestataires de soins à organiser le dépistage des violences
et à prendre en charge les victimes en veillant à la sauvegarde des aspects sociaux et des
droits humains.
• Développer les compétences du personnel de santé grâce à l’élaboration de protocoles et
de normes adaptées aux besoins locaux pour la gestion des différentes formes de violence
fondée sur le genre et des actes de maltraitance envers les enfants, y-compris les abus
sexuels et le viol.
• Prendre des mesures pour permettre au système de santé d’apporter, en partenariat avec
les autres intervenants, une réponse mieux adaptée aux besoins d’accueil,
d’accompagnement, de prise en charge clinique et psychosociale et de suivi médico-légal
des femmes et des enfants survivant (e)s à la violence.

OBJECTIFS
* Objectif général
Ce guide vise la sensibilisation des personnels de la santé vis-à-vis du phénomène complexe
de la violence et le renforcement de leurs capacités techniques et institutionnelles en matière
de lutte, prévention et protection des droits humains des femmes et enfants survivant(e)s à la
violence.
* Objectifs spécifiques
- Acquérir une compréhension conceptuelle du phénomène de la violence en précisant
l’ampleur du problème et son contexte particulièrement complexe, sur la base d’une
information précise et actualisée.
- Connaître les législations, les politiques, stratégies et programmes d’action entrepris au
niveau national et international de même que les réformes engagées s’appuyant sur les
engagements du Maroc pour ce qui concerne les conventions, traités et conférences

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relatifs aux droits humains en général et aux droits humains des femmes et des enfants en
particulier.
- Maîtriser les protocoles, les conduites à tenir et les approches clinique, médico-
légale et psychosociale ainsi que les structures et les unités de prise en charge
globale permettant d’adopter et d’affiner les interventions face aux différentes
formes de violence faite aux femmes et aux enfants
UTILISATION DU GUIDE
En plus de sa fonction référentielle, ce guide est un outil de sensibilisation qui doit susciter la
réflexion des personnels de santé sur le phénomène de la violence. En premier lieu, il s’agit de
leur rappeler sa gravité et leurs responsabilités dans la protection de la santé et des droits
humains et sociaux des survivant(e)s à la violence, en plus de sa prévention. Chacun/e, de
son lieu d’exercice, pourra trouver dans les différents chapitres et paragraphes du guide les
informations nécessaires dont il/elle aura besoin pour atteindre ce but.
A cet égard, le guide constitue un véritable vecteur de formation continue et peut être utilisé
aussi bien pour apprendre que pour enseigner. C’est un outil de travail pour le/la
professionnel/le de santé, un support pédagogique pour la formation et un support
d’information pour les partenaires sociaux. Il fournit à cet effet, aux uns et aux autres, des
informations et des orientations détaillées sur les modes appropriés de gestion,
d’accompagnement et de prise en charge clinique et psychosociale de la VFG et de la
maltraitance envers l’enfant, et ce, à tous les niveaux du système de soins.
Le guide de référence peut être aussi utilisé comme un outil de concertation et de coordination
qui doit permettre un échange réel et fructueux entre les professionnel(le)s de santé et leurs
partenaires sur les normes et standards requis pour lutter, de concert, contre ce fléau.

PRESENTATION DU GUIDE
Ce guide est principalement conçu pour la prise en charge et le suivi clinique et psychosocial
des femmes et des enfants survivant(e)s à la violence. Son contenu est structuré à travers une
perspective qui intègre l’approche cycle de vie, la composante Genre et les droits humains des
femmes et des enfants.
Dans cette optique, et afin de favoriser la compréhension du cadre conceptuel et opérationnel
dans lequel s’inscrit la violence, le guide décrit le contexte social, familial et relationnel au sein
duquel s’exerce la violence sous toutes ses formes et à toutes les étapes de la vie des femmes
et des enfants. Il définit ainsi le cadre conceptuel et opérationnel de la violence en intégrant les
éléments essentiels qui permettent aux utilisateurs/trices du guide de comprendre ce que sont
la violence, ses formes physiques, sexuelles et psychologiques, ses causes et ses
conséquences sur la santé en général et la santé sexuelle et reproductive en particulier.
Conçu pour une bonne compréhension et prise en compte des aspects humains, juridiques et
socioculturels, le contenu consacre une place importante au développement des droits
humains et des instances institutionnelles, nationales et internationales, qui veillent à la mise
en place des mécanismes de protection contre la violence, sa prévention et son éradication sur
le plan social et légal.

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femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Le document se propose essentiellement de créer le cadre et les orientations appropriées en


matière de guidance et de gestion clinique de la violence. Il explique comment procéder à
l’examen physique, enregistrer les faits et pourvoir les soins médicaux appropriés au sein des
unités et services de soins prévus à cet effet. Il retrace les informations sur le système de
référence et les procédures à suivre pour accéder aux services de police, à l’assistance
juridique et au soutien communautaire des organisations non gouvernementales.
De ce contenu se dégage, comme le montre la figure ci-après, la configuration du guide qui
s’articule selon les trois parties suivantes :
1. Partie 1 : Violence et Droits Humains, qui présente le cadre conceptuel de la violence, y
compris VFG et maltraitance des enfants, en relation avec le cadre normatif relatif aux droits
humains des femmes et des enfants
2. Partie 2 : PEC au niveau des structures de santé, qui traite des modalités d’organisation
et de fonctionnement de PEC des femmes et enfants survivants à la violence ainsi que des
niveaux de cette PEC, y compris la définition des tâches par niveau et par profil des
professionnels.
3. Partie 3 : Système d’organisation et de coordination des structures de PEC, qui
examine les aspects liés aux ressources, les circuits internes et externes de la PEC et les
mécanismes de collaboration avec les partenaires sociaux.

* Prise en Charge

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Première Partie

VIOLENCE

ET

DROITS HUMAINS

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Chapitre 1

PROBLEMATIQUE DE LA VIOLENCE A
L’EGARD DES FEMMES ET DES
ENFANTS

Contexte et Etat des lieux

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Pertinence du chapitre
Ce chapitre présente le problème que posent la violence à l’égard des femmes et
la violence à l’égard des enfants et le contexte particulier dans lequel elles
sévissent quelles que soient la société et la culture, dans le monde ou au Maroc.
Le chapitre dresse l’état des lieux en faisant ressortir les manifestations
épidémiologiques de la violence, à partir des données disponibles, de sources
variées lesquelles, même si insuffisantes pour rendre compte de façon fiable de la
réalité, sont toutefois indicatives du phénomène. Cela est dû essentiellement au
caractère tabou qui l’entoure organisant, autour de la violence, un mur de silence
dans la majorité des pays, y-compris au Maroc. Les données sont très rares et
le phénomène moins apparent, voire “invisible” ou est-ce un refus de le voir ?

Ce constat confère au chapitre un double intérêt :


- Un intérêt pédagogique : le contenu développé à ce sujet permet aux
professionnel(le)s de santé de cerner les contours et la nature du problème et
saisir les risques que présente le phénomène de violence.

- Un intérêt professionnel : la problématique présentée s’inscrit dans une


dynamique de lutte contre les violences faites aux femmes et les violences faites
aux enfants. Elle est destinée à convaincre les groupes cibles concernés par ce
guide et matériel de formation à se joindre à l’action pour enrayer le phénomène.
Il s’agit de sensibiliser les professionnel(le)s de santé, non seulement sur les
répercussions du phénomène sur la santé des plus vulnérables, mais aussi sur le
poids qu’il fait peser sur le secteur de la santé, qui est particulièrement concerné
par la prévention.

Objectifs

- Rendre compte de l’ampleur du problème que pose la violence fondée sur le genre
et du contexte particulièrement complexe dans lequel elle sévit,
- Comprendre à quoi renvoie la culture du silence face à la violence,
- Présenter les manifestations épidémiologiques de la violence, en termes
d’incidence et de prévalence, en relation avec le contexte social.

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1.1. Données épidémiologiques mondiales


Partout dans le monde, les violences à l’encontre des femmes et envers les enfants constituent
un phénomène largement répandu. Bien qu’il y ait peu de données fiables dans ce domaine et
de manière générale, on estime que :
- la violence fait chaque année plus de 1.6 million de morts et elle figure parmi les
principales causes de décès de 15 à 44 ans.
- Pour une personne qui meurt des suites d’un acte de violence, beaucoup d’autres sont
blessées ou confrontées à un éventail de problèmes physiques, sexuels, génésiques ou
mentaux.

Chez les femmes :


- la violence est responsable d’environ 7% de décès (Rapport OMS, 2002).
- Des études de l’OMS montrent qu’entre 25 et 50 % des femmes dans presque toutes les
sociétés ont été agressées au moins une fois dans leur vie par un partenaire intime.
- Environ 75 millions de femmes et de filles sont excisées dans le monde (Rapport du
groupe de travail de l’ONU 1986)
- Aux USA, une femme est agressée toutes les 18 minutes, en général par son mari.
- En Grande Bretagne d’après un rapport de Scotland Yard, la police reçoit 1.300 appels
de victimes domestiques soit plus de 750.000 par an. 81 % d’entre elles sont des
femmes mises à mal par leur “homme” (The Times 25 octobre 2000).
- En Egypte 27,9 % des femmes vont aux urgences pour cause de violences domestiques
(résumé 5 de la 4ème conférence sur les femmes).

Chez les enfants :

- Environ 57 000 enfants de moins de 15 ans ont été tués en 2000 et ce sont les enfants
de 0 - 4 ans qui sont les plus exposés. Mais les victimes de sévices n’entraînant pas de
mort ou de manque de soins sont plus nombreuses.
- Les traumatismes crâniens sont la principale cause de décès, suivis par les
traumatismes abdominaux et l’étouffement provoqué
- Presque partout, les garçons sont plus souvent battus et victimes d’un châtiment
corporel que les filles, tandis que ces dernières sont plus exposées au risque
d’infanticide, de violence sexuelle, de manque de soins ou de prostitution forcée.

Et ce ne sont là que les données de la partie visible de l’iceberg, la face cachée en dissimule
davantage, en raison notamment du caractère occulte de la violence, largement entretenu par
ce qui est qualifié aujourd’hui de culture du silence.

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1.2. La culture du silence

Mesurer l’ampleur de la violence fondée sur le genre est difficile. Les incohérences dans les
définitions de la violence fondée sur le genre sont une raison fondamentale de la pénurie
d’études comparatives.
Une autre difficulté principale est l’absence de témoignages. Quelles que soient les cultures ou
les sociétés, les femmes, victimes principales de la violence fondée sur le genre, hésitent ou
peinent à rapporter des incidents vécus de violence. En effet, trop souvent ces violences sont
subies dans le silence et comme une fatalité, et certaines survivantes y voient même un mode
de vie. C’est ainsi qu’elles hésitent voire se refusent à signaler ces incidents, y- compris auprès
des personnes qui leur sont proches (famille ou amies) ou à demander réparation parce
qu’elles croient à tort ou à raison que/qu’:
- on ne peut rien faire pour elles,
- il s’agit d’un incident isolé,
- toute réaction pourrait provoquer d’autres comportements violents,
- d’autres conséquences comme l’abandon familial ou que,
- d’une façon ou d’une autre, elle l’a bien méritée...
Les autorités légales prennent rarement une mesure appropriée faute de cadre juridique clair
ou son absence totale pour certains pays pour ne pas dire encourageant, renforçant ou
justifiant la violence pour certains autres ; beaucoup de femmes sont ignorantes de leurs droits
légaux; et les femmes peuvent être agressées, punies ou même menacées, par des discours
dépourvus de sensibilité, humiliants, culpabilisateurs, accusateurs et/ou carrément attaquées
physiquement.
Une grande partie de l’information et de la documentation disponibles sur la violence fondée
sur le genre établit une configuration universelle des abus subis par les femmes et les filles.
Elle est seulement différenciée dans la forme et l’envergure par les contextes culturels et
sociaux spécifiques dans lesquels elle se produit. L’une des frappantes vérités au sujet de la
nature de la violence subie par les filles et les femmes est que, dans la grande majorité des
cas, elle est perpétuée par les partenaires mâles avec lesquels elles ont des rapports intimes
ou interdépendants. Ceci signifie que, contrairement à la sagesse conventionnelle qui affirme
que la famille est un havre de paix, d’amour ..., les filles et les femmes risquent plus de violence
de la part des membres de leur famille qui sont socialement responsables de leur protection e
det leur bien-être.
La violence que subissent les femmes a lieu la plupart du temps dans l’intimité de leurs foyers
ce qui a largement contribué à une “culture du silence” quant aux conséquences sur la santé
et, en particulier, la santé reproductive et sexuelle des filles et des femmes de toutes les
couches sociales. La perception de la violence à l’encontre des femmes en tant que question
essentiellement domestique et familiale et donc privée, a contribué, dans une large mesure, à
de sérieuses lacunes dans la définition des politiques en santé publique et à l’absence de
programmes appropriés.

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2. L e contexte marocain : état des lieux


Il n’existe pas encore dans notre pays de données de routine de niveau national,
mais un certain nombre d’investigations entreprises dans ce domaine permettent de
cerner les contours et la nature du problème.
2.1. Pour la femme
La situation est appréhendée à travers un certain nombre d’enquêtes dont les données ont été
obtenues à partir des plaintes recueillies aussi bien au niveau des centres d’écoute /ONGs
qu’auprès des institutions publiques, tels les tribunaux, les hôpitaux et la gendarmerie royale.
Les principales sont:
* Enquête1 portant sur la violence sexuelle faite aux femmes, ses formes, ses causes, ses
protagonistes ainsi que les espaces où elle a lieu.
Cette enquête a été menée au niveau des deux Cours de Rabat et de Kenitra à travers les
affaires traitées au cours de l’année I995. Le résumé des résultats de cette enquête se
présente ainsi :
- Sur les 1405 dossiers traitant de diverses affaires, 456 dossiers concernent les délits de
violences sexuelles représentés par le viol et les attentats à la pudeur, soit 32 % de
l’ensemble des dossiers
- De l’ensemble des inculpations pour viols et attentats à la pudeur, le taux des poursuites
pour violences sexuelles accompagnées de défloration est de 28 %.
- Les attentats à la pudeur avec violence constituent 84 % du nombre total de ces
inculpations.
- Si la violence est multiple, elle est souvent collective également. De nombreuses
femmes sont victimes de viol collectif. Le pourcentage des dossiers où viols et attentats
à la pudeur sont le fait d’un groupe atteint 27,13 % du total des mises en accusation pour
viol et attentat à la pudeur.
- Les femmes violées appartiennent à toutes les professions, sont de niveau scolaire et
de milieu familial différent et sont aussi bien mariées, célibataires, divorcées que veuves
ou femmes âgées.
- Concernant le moment de l’agression sexuelle contre les femmes, les dossiers indiquent
qu’elle peut avoir lieu à toute heure du jour et de nuit.

Les résultats de cette enquête font ressortir :

- la nature de la violence :
o 67 % des infractions sont des atteintes à la pudeur,
o 66% des infractions sont des atteintes à l’intégrité physique ;

* Enquête statistique2 sur la violence à l’encontre de la femme à travers l’analyse des affaires
pénales

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- les caractéristiques des victimes :


o Age : 25 % avaient entre 25 et 35 ans, 21% ont 45 ans et plus,
o statut matrimonial : 48% des victimes sont mariées,
o 31% ont été violentées par un proche/famille (dont 13% par leurs maris) ;

- la procédure judiciaire :
o 42% des affaires ont été jugées dans une période ne dépassant pas un mois,
o 66% des PV parviennent de la police,
o 80 % des inculpés ont été condamnés dont: 64% ont bénéficié d’un sursis

* Etude3 réalisée sur l’autonomie de la femme marocaine dans la prise de décision en


matière de santé de la reproduction
Cette étude a permis de donner quelques éclairages sur la question de la violence à l’égard
des femmes au sein de la famille et en tenant compte des rapports entre les conjoints :

- Le tiers des femmes interrogées reconnaissent être victimes de violence de la part de


leur conjoint (Marrakech) ; de même que deux femmes sur dix (Chefchaouen). Cette
violence survient souvent lors d’ivresse, de malentendus, de divergence d’opinions et de
dispute entre les conjoints (surtout en cas de cohabitation avec la famille) ; la totalité des
femmes interrogées désapprouve que la femme soit battue.
- Les hommes, dans leur majorité, ont exprimé leur rejet de la violence envers les
épouses, préférant, en cas de mésentente, répudier la femme au lieu de la frapper.
- Les femmes victimes de violence sont plus nombreuses en milieu rural (6 femmes sur
10 sont mariées à des conjoints analphabètes) ; les femmes urbaines (dans 60 % des cas
alphabétisées) décrivent la violence à l’encontre des femmes comme un acte sauvage
qui est défendu par la loi et la religion et qui brise la vie du couple. Par contre une
proportion minime de femmes analphabètes pense que la femme doit accepter d’être
battue pour garder ses enfants et ne pas multiplier les mariages voués à l’échec.

Par ailleurs, un rapport d’ANARUZ, réseau de centres d’écoute sur les violences fondées sur
le genre au Maroc, relève que près de 91,7 % des femmes violentées affirment l’avoir été par
leur mari ou autres personnes avec lesquelles elles entretiennent des relations intimes.
Se référant aux témoignages de femmes victimes de la violence et aux cas de violences
enregistrées (1er septembre 2005 au 15 février 2006), le rapport fait état d’une prédominance
des violences juridiques (43,9 % des cas), suivies des violences physiques (26,2 %) et
psychologiques (18,7 %).

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Normes et Standards pour la prise en charge des
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GUIDE DE REFERENCE

Il en ressort aussi que ces violences ont eu des répercussions sur la santé de 88 % des
personnes sondées. Les principales données fournies par le numéro vert national pour les
femmes et filles victimes de violence entre la période du 26 décembre 2005 au 13 octobre 2006
fait état de 15.015 déclarations de violence. Les formes de violence déclarées se répartissent
en violence juridique (41,2%), physique/corporelle (30 %), psychologique (18 %), sexuelle
(9,2%) et économique (0,2%).

2.2. Pour l’enfant


Très peu de données disponibles sur la question hormis quelques informations fragmentaires :
* Etude sur l’exploitation sexuelle de l’enfant (Marrakech 2003)

Cette étude révèle la violence et la dislocation familiale comme étant des causes
déterminantes de l’exploitation sexuelle des enfants. Prés de 2/3 (sur 100 mineur(e)s
prostitué(e)s) des jeunes filles prostituées viennent des familles monoparentales et 68%
des garçons affirment avoir été victime de maltraitance parentale.

* Etude sur la violence envers les enfants à l’école primaire


Cette étude, réalisée par l’Ecole Supérieure de Psychologie en 2005 a révélé que :
- Les châtiments corporels, bien qu’interdits, sont largement pratiqués à l’école y compris
sous des formes assez dures (87 % des enfants disent avoir déjà eux-mêmes été
frappés, 60% avec règles, bâtons ou tuyaux, 73% des enseignants disent l’avoir fait). La
première cause semble être le devoir non fait.
- Les parents pratiquent eux-mêmes ces châtiments mais, semble-t-il dans une mesure
un peu moindre (61% des enfants disent avoir été frappés par leurs parents). Bon nombre
d’entre eux approuvent, voire doublent la correction...c’est une méthode éducative.
- La pratique de sévices graves y compris d’abus sexuels a été relevée mais l’étude
suggère d’étudier la question de près.
- Ces châtiments engendrent chez les enfants frappés, ou témoins de châtiments de la
peur, un sentiment d’injustice et la haine de l’école et des enseignants.

* Données de l’ONDE

Elles fournissent le récapitulatif des activités routinières des différents centres d’écoute.
Elles montrent que durant l’année 2005, sur 1092 cas de violences rapportés :
- 783 cas sont victimes de violences physiques (72%) et 309 de violences sexuelles
(28%)
- 652 actes portés contre les garçons (60%) et 440 contre les filles (40%)
- 381 cas concernent les 15 - 18 ans (35%), 409 les 10 - 15 ans (37%), 211 les 5 - 10 ans
et 85 les 0 - 5 ans.

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GUIDE DE REFERENCE

Chapitre 2

CADRE CONCEPTUEL DE LA
VIOLENCE

Violence fondée sur le genre (VFG) et


Maltraitance des enfants

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GUIDE DE REFERENCE

Pertinence du chapitre
La violence faite aux femmes et aux enfants est abordée dans ce chapitre en
corrélation étroite avec les concepts “Genre” concernant la femme et “Maltraitance”
concernant l’enfant. Ces concepts sont employés pour transcender l’acception
étymologique du terme violence faite aux femmes et aux enfants et refléter
significativement son sens large, conceptuel et juridique, et ses différentes facettes.
Sont ainsi abordés, après la clarification du sens, les formes physique, sexuelle et
psychologique de la violence, ses causes et conséquences, tant sur la santé en
général que la santé sexuelle et reproductive, y compris les répercussions
socioculturelles et économiques qu’elle engendre. Tout ceci, en lien du phénomène
avec la justice sociale, l’équité, l’égalité et les questions de gouvernance tels que les
droits humains, la citoyenneté, la pauvreté, la santé et l’éducation.
Le chapitre couvre ces aspects et les présente avec suffisamment de détails, afin de
favoriser une compréhension commune du phénomène et provoquer la
sensibilisation des intervenants, à même de faire sortir la violence de son silence et
lever le tabou social organisé autour d’elle. L’intérêt du chapitre ne se limite pas là,
il se veut aussi un corpus destiné à renforcer les capacités des professionnels de
santé, notamment pour la prise en compte des intérêts des femmes et des enfants
lors de l’identification des mesures politiques et stratégiques ainsi que les
programmes d’actions destinés à améliorer la prise en charge des femmes et
enfants survivants à la violence.
Objectifs
• Concernant la violence fondée sur le genre:
- Définir ce qu’est la violence
- Définir ce qu’est le genre, son rôle et la manière dont il affecte le statut des
femmes et des hommes
- Définir la violence fondée sur le genre
- Identifier les critères de définition, les formes et les causes de la violence faite aux
femmes
- Evaluer l’impact de la violence sur les plans santé, santé reproductive et sexuelle
• Concernant la maltraitance:
- Définir ce qu’est la maltraitance
- Décrire les étapes de l’enfance
- Identifier les formes de violences envers les enfants selon les différentes étapes
de l’enfance
- Evaluer l’impact de la maltraitance sur les droits de l’enfant et son bien être.

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

SECTION 1 :
VIOLENCE A L’EGARD DES FEMMES / VFG

1. Qu’est ce que la violence ?


L’une des principales contraintes dans la prise en charge effective des problèmes liés à la
Violence fondée sur le Genre peut être attribuée au manque de clarté et d’articulation précise
qui aurait pu faciliter des mesures appropriées dans le processus d’élaboration de politiques ou
de programmes.
Le progrès accompli dans la mise en oeuvre de la Déclaration de Vienne a été passé en revue
lors d’une session de la Commission des Nations Unies sur les Droits de l’Homme. La
Déclaration des Nations Unies sur l’élimination de la violence contre des femmes a, pour la
première fois, fourni une définition de la violence (Article 1) dans laquelle la violence
psychologique a été incluse.
La déclaration des Nations Unies portant sur la violence contre les femmes a été formulée dans
le souci de mettre à disposition une base commune sur la violence fondée sur le Genre. Selon
son article 1, la Violence fondée sur le Genre devrait être comprise comme suit :
“ Tout acte de violence fondée sur le Genre dont résulte ou qui aura probablement pour
résultat, des torts ou souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques pour les femmes,
ceci inclut aussi les menaces de cet acte ou toute coercition ou privation arbitraire de liberté,
qu’elle soit exercée dans la vie publique ou dans la vie privée. “

2. La violence fondée sur le Genre : Définitions


En fait, la principale caractéristique qui permet de distinguer la violence fondée sur le genre des
autres formes de violence, est celle qui consiste à utiliser la force et/ou la coercition, physique
ou psychologique, d’une façon prédominante, contre les femmes et les filles à chaque étape de
leur vie et cette violence fondée sur le genre est socialement tolérée. Ceci est mis en exergue
non pas pour négliger l’importance de la violence contre les garçons et les hommes mais pour
souligner une différence singulière : la violence fondée sur le genre est essentiellement
consacrée par l’usage dans les sociétés et de par sa nature profondément ancrée dans la vie
des femmes et des filles qu’elle envahit à toutes les étapes de leur vie. C’est une forme de
violence que les femmes et les filles subissent d’abord et avant tout à cause de leur sexe et de
leur identité Genre dans la société.
En tant que femmes elles font face à une discrimination systématique de la part d’un système
retranché dans ses croyances et qui a rationalisé des relations de pouvoir fondé sur le Genre,
perpétuant un modèle universel de soumission/subordination qui place les femmes et les filles
à un niveau très élevé de vulnérabilité vis-vis des actes et/ou menaces physiques, sexuelles et
psychologiques pratiqués par les hommes, membres de leurs familles ou de leur communauté
qui comprennent l’époux, les frères, le père, les “ petits copains “ ou amoureux, les professeurs
et les employeurs.

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

En plus de la déclaration des Nations Unies, d’autres tentatives existent et qui ont pour but
essentiel de mieux articuler les dimensions complexes qui constituent la violence fondée sur le
genre. Dans ce contexte nous pouvons citer la définition Du l’UNFPA et qui reflète d’une façon
satisfaisante les aspects essentiels de la question :
“ La violence fondée sur le Genre est la violence qui implique les hommes et les femmes et
dans laquelle la victime est habituellement la femme et cette violence tient son origine des
relations de pouvoir, inégales entre les hommes et les femmes. La violence est dirigée d’une
façon spécifique contre la femme et l’affecte d’une façon disproportionnelle, parce qu’elle est
une femme. Elle inclut, mais n’est pas limitée uniquement à cela, les pratiques et les torts
physiques, sexuels et psychologique (y-compris l’intimidation, la souffrance, la coercition, et/ou
la privation de la liberté au sein de la famille ou de la communauté en général. La violence
perpétrée ou pardonnée par l’Etat). “

Trois critères à retenir pour identifier/définir la VFG:


- Discrimination sexuelle
- Relation de pouvoir homme-femme déséquilibrée : autorité-soumission
- Tolérance/acceptance sociale
Cette définition implique clairement les dimensions sociales de la violence fondée sur le Genre,
bien plus elle comporte en elle-même le cadre qui aidera à focaliser les efforts de politique, de
programmation et de services qui soient attentifs et sensibles à la complexité associée à la
violence fondée sur le Genre.

3. Qu’est ce qu’une survivante à la VFG ?


Bonjour, J’ai reçu des fleurs aujourd’hui...5
J’ai reçu des fleurs aujourd’hui...
Ce n’était pas mon anniversaire, ni un autre jour spécial.
Nous avons eu notre première dispute hier dans la nuit et il m’a dit beaucoup de choses
cruelles qui m’ont vraiment blessée.
Je sais qu’il est désolé et qu’il n’a pas voulu dire toutes les choses qu’il a dites, parce
qu’il m’a envoyée des fleurs aujourd’hui.
J’ai reçu des fleurs aujourd’hui. Ce n’était pas mon anniversaire, ni un autre jour spécial.
Hier, dans la nuit, il m’a poussée contre un mur et a commencé à m’étrangler. Ça ressemblait
à un cauchemar, je ne pouvais pas croire que c’était réel. Je me suis réveillée ce matin, le corps
douloureux et meurtri.
Je sais qu’il doit être désolé, parce qu’il m’a envoyée des fleurs aujourd’hui.
J’ai reçu des fleurs aujourd’hui et ce n’était ni la fête des mères ni un autre jour spécial.
Hier, dans la nuit, il m’a beaucoup battue, c’était beaucoup plus violent que les autres fois.
Si je le quitte, que deviendrais-je ? Comment prendre soin de mes enfants ? Et les problèmes
financiers ? J’ai peur de lui mais je suis effrayée de partir.
Mais je sais qu’il doit être désolé, il m’a envoyée des fleurs aujourd’hui.

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

J’ai reçu des fleurs aujourd’hui. Aujourd’hui, c’était un jour spécial. C’était le jour de mes
funérailles. Hier, dans la nuit, il m’a finalement tuée... Il m’a battue à mort. Si seulement j’avais
trouvé assez de courage pour le quitter, je n’aurais pas reçu de fleurs aujourd’hui.

4. Les différentes formes de VFG


Les violences peuvent être de nature très diverses :
- violences physiques se traduisant par des coups et blessures (le code pénal sanctionne
les “ coups, blessures et violences et voie de fait “ en fonction du résultat produit par ces
coups),
- les violences à caractère sexuel, viol et attentat à la pudeur avec violences (le viol et
l’attentat à la pudeur avec violence sont punissables de la réclusion de cinq à dix ans) et
enfin les autres formes de violences (exemple le harcèlement sexuel, dans ce cas, le droit
ne prévoit rien en face de tels comportements, il est impossible de faire intervenir le droit
dés lors que le harcèlement sexuel n’est pas matérialisé par des violences physiques
comme des coups, ou des violences sexuelles - attentat à la pudeur avec violence ou
viol-), d’autres situations créées ou tolérées par le droit peuvent être qualifiées de
violences :
- les répudiations non motivées, les abus d’autorité au sein de la famille, l’inégalité de
chances dans la promotion professionnelle etc.
Les formes de violence fondée sur le genre sont multiples autant que le sont les cultures et les
sociétés et les pratiques des hommes. La violence contre les femmes est un évènement
récurrent tout au long de la vie conjugale, ou pendant une tranche de celle-ci.
* Elle comprend des pratiques aussi diverses que la menace de la violence, la violence
émotionnelle, la sexualité forcée et l’assaut physique. Elle se compose de mécanismes
apparemment contradictoires tels que l’isolement, la punition arbitraire et imprévisible, et
les récompenses intermittentes.
* Elle procède souvent selon des périodes alternatives de brutalité et de “ bonté “.
Pendant les premières, on humilie et on dégrade, alors que dans les secondes, on épuise
la patience et on manipule la dépendance.
Dans ses efforts d’établir des paramètres qui constitue la violence fondée sur le Genre, l’article
2 de la Convention des Nations Unies sur la violence contre les femmes englobe mais n’est pas
limité à la violence physique, psychologique ou sexuelle qui surviennent au sein de la famille
et dans la communauté mais elle comprend dans ses formes :
- Les mauvais traitements (coups et blessures), violence domestique ;
- Les violences liées à la dot des filles (la dot elle-même) ;
- Le viol conjugal ;
- Les mutilations génitales féminines et autres pratiques traditionnelles néfastes
à la femme à sa santé et à sa dignité, telles que le gavage ;
- La violence non conjugale (frère, père, voisin, dans la rue...) ;

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

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- La violence liée à l’exploitation ;


- Le harcèlement sexuel ;
- L’intimidation dans les milieux professionnels ou éducatifs ;
- Le trafic des femmes et des petites filles ;
- La prostitution forcée ;
- La violence perpétrée par l’Etat ou par les groupes politiques contre les femmes
parce qu’elles sont femmes.

5. Déterminants de la violence contre les femmes :


- Les mariages arrangés, de par le fait qu’ils ne tiennent pas compte de la liberté des
partenaires dans le choix du conjoint, sont souvent une source de conflit conjugal, et par
là même, de violences domestiques.
- L’échec des couples jeunes à faire face au stress résultant de leurs nouvelles
responsabilités et à assumer leurs nouveaux rôles peut également conduire au conflit
conjugal.
- Les attentes en matière de rôles traditionnels féminins tiennent les mères responsables
de l’éducation des enfants. Pour toute déviance dans le comportement des enfants, c’est
la mère qui est blâmée.
- L’image de la violence est culturellement renforcée par l’image courante de la virilité, le
stéréotype masculin ne favorisant pas d’autre mode d’expression à la fois de l’identité
masculine mais aussi des sentiments et des émotions (colère, angoisse, stress).
- L’inégalité entre hommes et femmes en termes d’accès aux ressources et leur contrôle
(éducation, formation, emploi et revenu économique, prise des décisions...) renforce les
attitudes masculines de supériorité et de légitimation de la domination et la soumission et
dépendance des femmes.
- L’accroissement de la participation féminine dans le marché du travail et la diminution
du rôle de la famille étendue concernant la médiation dans les problèmes conjugaux,
renforcent le statut de la femme mais la rendent en même temps vulnérable à la violence
conjugale.
- La perception “ stéréotypée “ de l’identité sexuelle de la femme en milieu de travail ; les
critères sexistes liés à la sélection ou à l’embauche ; les titres et les postes d’emploi “
sexués “..., augmente le risque de violence.
L’excès d’alcool et l’absorption de drogues sont aussi parmi les causes majeures de la violence
domestique à l’égard des femmes

6. Conséquences de VFG sur la santé en général


Les conséquences cachées de la violence fondée sur le genre sur la santé génèrent des
charges très lourdes non seulement sur le bien être des femmes mais parfois irréversibles pour
leur survie.

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

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Certaines recherches ont démontré que la probabilité de la mortalité infantile avant l’âge de
cinq ans est nettement plus élevée dans le cas des enfants dont les mères sont battues que
pour ceux dont les mères ne le sont pas. Dans le même sens, nombre de fausses couches, de
naissances prématurées, et de naissances de bébés dont le poids est anormalement bas sont
dus à l’effet néfaste de la violence domestique.
La moitié des femmes qui sont assassinées le sont par leur partenaire (mari ou petit ami) actuel
ou passé. Dans certains pays, cette proportion atteint 70%. Une femme sur 4 dans le monde
va faire l’expérience, au moins une fois dans sa vie, d’une violence sexuelle exercée par son
partenaire intime.7
Finalement, la morbidité et parfois la mortalité qui en résultent sont à la fois des pertes
palpables et intangibles pour leurs familles, leur communauté et le développement de la
société.

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

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7. VFG/VCF à travers l’approche cycle de vie: une vision


globale
La perspective cycle de vie fournit un cadre au sein duquel il est permis d’évaluer combien la
violence fondée sur le genre envahit la vie des femmes et des filles. Cette approche présente
un large spectre des abus que les femmes et les filles subissent tout au long de leur vie, traçant
les formes et les domaines spécifiques de violence dont les femmes souffrent à chaque étape
de leur vie.
Cette “ carte “ de la violence fondée sur le genre met en évidence les cas contraignants qui
nécessitent une intervention d’urgence pour des initiatives politiques publiques et plus
particulièrement dans le domaine de la santé reproductive. A travers la perspective cycle de vie,
il existe six étapes essentielles dans les vies des femmes ou des filles où elles vont très
probablement expérimenter et subir des formes spécifiques de violence fondée sur le genre. Il
s’agit des périodes :
- Avant la naissance
- Petite enfance (ou première enfance)
- Enfance
- Adolescence
- Age reproductif
- Age avancé (vieillesse)
Chacune de ces phases contient des points d’entrées critiques pour s’attaquer aux questions
de violence contre les femmes et les filles.
Néanmoins, il s’agit aussi d’aller au-delà des formes ou actes spécifiques de violence et d’axer
l’intérêt sur certains modèles/exemples de violence contre les femmes et les filles et/ou
certaines tendances en ce domaine afin d’essayer de comprendre leurs implications sur le
processus d’élaboration de politique et de programmation, y compris dans la prestation de
services.

8. Conséquences de la VFG à travers l’approche cycle de vie


L’approche cycle de vie fournit un cadre déterminé et démontre d’une façon systématique et
compréhensive jusqu’à quel point le statut de santé sexuelle et reproductive des femmes et des
filles peut être affecté par la violence fondée sur le genre.
C’est un outil qui contribue á démontrer l’étendue des risques spécifiques dans le domaine de
la Santé Sexuelle et Reproductive auxquels font face les femmes à chaque étape du cycle de
leur vie. Et à cause même de la nature “ engendérisée “ de cette violence, les femmes et les
filles expérimenteront probablement des épisodes multiples d’abus durant leur vie.

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

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" Etude(s) de cas.


La vie d’une petite fille appelée à devenir une femme
ou une femme, encore petite fille...
Fatima est née dans une famille de six enfants (quatre garçons et deux filles), elle était le
quatrième enfant et la plus jeune fille. Sa famille vit de la culture agricole et gagne un peu
d’argent en vendant sa récolte. Souvent il n’y avait pas assez de nourriture de la famille.
Comme dans la plupart des familles de la communauté, son père et ses frères mangent
d’abord, puis c’est son tour et celui de sa sœur, et enfin sa mère qui est toujours la dernière
à manger. Fatima s’est développée très lentement, mais ceci a été considéré comme plus
ou moins normal.
Fatima a commencé l’école quand elle avait six ans, mais après trois ans elle a dû s’arrêter
parce qu’il n’y avait pas assez d’argent pour envoyer tous les enfants dans la famille. Tandis
que Fatima et sa sœur plus âgée restaient à la maison pour aider leur mère dans les
travaux des champs, à s’occuper des enfants, et d’autres tâches ménagères, les deux
frères plus âgés continuent à aller à l’école.
Lorsque Fatima avait douze ans, la famille n’était pas en bonne situation financière. Ses
membres ont dû apprendre quelques nouvelles techniques agricoles pour produire et
vendre un peu plus de leur récolte. Fatima a voulu retourner à l’école, mais son père a
refusé. L’école était éloignée, et il n’a pas voulu qu’elle entreprenne cette longue distance.
En outre, il y avait seulement un professeur féminin à l’école, et il n’a pas considéré
approprié que les hommes enseignent à sa fille, qui s’approchait de la puberté. Il a expliqué
à son épouse que Fatima se marierait bientôt, et de là elle n’avait aucun besoin d’aller à
l’école et risquer d’être “ endommagée “.. Sa sœur plus âgée, Aicha, qui avait dix-sept, était
déjà mariée depuis deux ans avait un enfant et en attendait un deuxième.
Quand Fatima a eu quinze ans, elle a été mariée à Ahmed et est allée vivre dans sa famille.
Dans les quatre mois qui ont suivi leur mariage, elle était enceinte et a eu trois filles avant
d’atteindre dix-huit ans,. Elle était toujours fatiguée, sa santé était précaire, et se sentait
souvent seule et déprimée. Bien que ne sachant pas très bien lire, elle avait entendu
quelque chose au sujet de la planification familiale et suggéré à Ahmed de pouvoir en
bénéficier afin de pouvoir se reposer pendant quelques années. Ahmed est devenu furieux
et l’a battue. Il lui a précisé qu’elle ne lui avait pas encore donné un fils, et que seul lui avait
le droit de penser ou de décider de la taille de leur famille, et que la planification de famille
était artificielle de toute façon. Fatima a eu le sentiment qu’elle n’a eu que ce qu’elle méritait
pour son comportement effronté et présomptueux, n’a pas plus évoqué le sujet et sa santé
a continué à se détériorer.
Les rapports sexuels étaient très souvent douloureux pour Fatima. Elle a été traitée
plusieurs fois au centre de santé pour des pertes et des irritations vaginales. Les infirmières
lui ont donné des brochures décrivant sa maladie, mais ses capacités de lecture étaient
limitées. Elle avait peur de demander à ses amies de les lire pour les images
embarrassantes qui y figurent. Elle revenait chaque fois au centre de santé avec le même
problème, les infirmières lui ont dit qu’elle attrapait la maladie à cause des rapports sexuels
non protégés avec son mari et qu’il devait employer les condoms pour se (elle) protéger, et

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

que ce serait vraiment ennuyeux pour elle, si elle ne les employait pas. En fait, Fatima
croyait que seules les prostituées utilisaient les condoms et qu’Ahmed les refuserait.
Le quatrième enfant de Fatima était un garçon, et Ahmed en était heureux. Il a attendu avec
intérêt son deuxième et troisième fils. Entre-temps, Fatima était de plus en plus fatiguée,
inquiète, et triste. Elle avait une vie difficile faite de travail dur, du lever du soleil jusqu’au
crépuscule, pour s’occuper de sa famille. La famille parvenait à peine à se maintenir et était
toujours à la limite du désastre.
Fatima craignait que comme elle, ses filles ne puissent pas aller à l’école. Elle a voulu que
les choses soient différentes pour elles et qu’elles aient l’opportunité de terminer leurs
études, de trouver du travail, et de faire les choix qu’elle n’a pas pu faire. Elle a compris que
le seul moyen de garantir cela à ses filles était de gagner de l’argent, mais elle n’avait
jamais fini l’école et n’a aucune qualification.
Comment pourrait-elle alors gagner de l’argent? Comment pourrait-elle jamais rendre les
choses différentes pour ses filles? Plus le temps passait, et plus Fatima semblait se résigner
à sa situation. Elle a fini par croire qu’elle ne pourrait pas changer la manière dont les choses
étaient faites. Le pourra t-elle?

9. Conséquences de la VFG à travers l’approche cycle de


vie sur la SSR
Si on se réfère au tableau ci-dessous, on peut aisément reconnaître l’impact de la
violence fondée sur le genre sur la santé sexuelle et reproductive à toutes les étapes
de la vie d’une femme et toutes les conséquences liées elles-mêmes aux différentes
formes de VFG qu’elle peut et/ou a pu subir.

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Dans tous les cas, les conséquences cachées de la VFG sur la santé ont une charge pesante
sur le bien être des femmes et souvent leur survie. Finalement, la morbidité et parfois la
mortalité des femmes qui en résultent sont à la fois des pertes palpables et intangibles pour
leurs familles, leur communauté et le développement de la société. Les exemples en sont
malheureusement multiples.

10. Impact sur l’économie


Selon le rapport de la Banque Mondiale publié en 1994, “ les femmes ne peuvent pas utiliser
pleinement leur force de travail ou leurs idées créatives lorsqu’elles sont sous le poids physique
et psychologique de l’abus “. Il est certain qu’on ne peut s’attendre à ce qu’une telle femme
puisse participer de manière efficiente et créative au développement de son pays. Cela sans
évoquer la désintégration familiale qui en résulte et qui demeure la cause principale du travail
des enfants, des enfants des rues, de la prostitution, de l’abus de drogues et plusieurs
comportements déviants.
Les discriminations multiformes particulièrement la violence contre les femmes représentent un
fardeau important qui handicape sérieusement le développement économique des nations: La
violence contre les femmes a des coûts bien visibles. Les coûts sociaux sont tout aussi
importants que les coûts financiers.

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

SECTION 2 :
VIOLENCE ET MALTRAITANCE ENVERS L’ENFANCE

1. Maltraitance de l’enfant : définitions


La maltraitance est une violence faite à l’enfant. Mais cette violence va au-delà des aspects
physiques, sexuels et psychologiques, elle inclut les aspects de négligence et de mauvais
traitements à l’égard de l’enfant. Les définitions données par la CDE et l’ONDE vont dans ce
sens.
- Définition de la CDE
La violence inclut toutes les formes de violences physiques, mentales, blessures ou abus,
abandon ou négligences, incluant abus sexuels, les brimades dans les écoles et les
punitions.
- Définition de l’ONDE :
Le phénomène de maltraitance d’enfant signifie : “les actes volontaires ou involontaires
commis par toute personne quelque soit sa qualité portant atteinte par n’ importe quel
moyen à l’intégrité physique, mentale ou morale de l’enfant et causant un préjudice
physique, moral ou psychologique à l’enfant victime; que ce dernier l’ait éprouvé ou non,
quelque soit le milieu où il se trouve”.

2. Les formes de violences envers l’enfant


Les violences envers l’enfant peuvent revêtir des formes multiples et être commises dans des
lieux divers. On distingue :
- Les négligences
o la négligence se définit par la non dispensation de soins nécessaires ou de l’attention
voulue par les parents ou les personnes en charge d’un enfant pour assurer son
développement émotionnel, psychologique ou physique.
o À la différence de la violence physique et de l’abus sexuel, qui sont habituellement
rattachés à un incident spécifique, la négligence met souvent en cause des situations
chroniques qui ne sont pas aussi faciles à identifier.
o Elles comportent des carences sévères, prolongées et répétées : affectives,
alimentaires, de soins médicaux’, de sécurité, d’éducation, d’instruction, de socialisation
pouvant aboutir à une dénutrition, une hypotrophie staturo-pondéral, ou un nanisme
psychosocial.
- Les violences physiques
o Le sévice physique équivaut à appliquer délibérément, sur n’importe quelle partie du
corps d’un enfant, une force qui provoque ou peut provoquer une blessure non
accidentelle.
o La notion de blessure induit tout dommage tissulaire qui dépasse le stade de la simple
rougeur résultant d’un traumatisme.

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

o La notion de dommage tissulaire inclut les ecchymoses, les brûlures, les déchirures, les
piqûres, les fractures, les ruptures de viscères, les pertes de fonctions d’un membre ou
d’un organe.
- Les violences psychologiques
o Les sévices psychologiques englobent des actes ou omissions de la part des parents
ou des personnes chargées de prendre soin de l’enfant, qui causent ou pourraient causer
de sérieux troubles comportementaux, cognitifs, émotionnels ou mentaux. Ils incluent
entre autre les manifestations de rejet affectif, l’isolement social, le sadisme verbal, les
humiliations (cruauté mentale).
o les punitions, l’intimidation, l’exploitation, et les exigences inadaptées à l’âge de
l’enfant.
- Les abus sexuels
o L’abus sexuel est défini comme toute participation d’un enfant ou d’un adolescent à des
activités sexuelles qu’il n’est pas en mesure de comprendre qui sont inappropriées à son
âge et à son développement psycho-sexuel qu’il subit sous la contrainte ; par la violence
ou la séduction ou qui transgressent les tabous sociaux.
o L’abus inclut les caresses, les relations sexuelles, l’inceste, la sodomie,
l’exhibitionnisme et l’exploitation commerciale sous forme d’incitation à la prostitution ou
de production de matériel pornographique.

3. Les enfants à risque


L’enfant à risque est un mineur qui connaît des conditions d’existence risquant de mettre en
danger sa santé, sa sécurité, sa moralité ou son entretien, mais qui n’est pas pour autant
maltraité.
La notion de risque apparaît soit à partir d’une souffrance de l’enfant lui-même (voir les
violences psychologiques), soit à partir d’une situation de perturbation adulte autour d’un
enfant.
Les enfants à risque sont notamment les enfants prématurés, ou porteurs de handicaps
congénitaux, les enfants dont les premières années ont été entrecoupées de séparations
familiales, d’hospitalisation, de ruptures.
Les situations à risque sont notamment les grands délabrements familiaux, les discontinuités
de la charge parentale, l’isolement maternel, une pathologie psychiatrique parentale,
notamment dépression, conduites additives, dégradation socioculturelle.
La ligne de partage entre enfants maltraités et enfants à risque est souvent difficile à établir.
Dans les deux cas il s’agit d’enfants en danger.

4. Effets psycho-affectifs de la violence sur le


développement de l’enfant
Il est important de comprendre que la violence envers l’enfant altère son harmonie relationnelle
et déstabilise la structuration de sa personnalité, et ce, à différentes périodes de son
développement. Les effets psycho-affectifs et sociaux consécutifs à la violence subie peuvent,

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

selon les quatre étapes que définit l’approche cognitive de développement de l’enfant, se
traduire ainsi :
* Durant l’étape sensori-motricielle (1ére et 2éme année de la vie) :
L’enfant dépendant de son entourage lors de cette période ; une négligence grave, une
maltraitance aboutiront à un état de malnutrition sévère voire un retard psychomoteur : retard
d’acquisition posturale et retard de langage.
* Au cours de l’étape pré-opérationnelle de développement (2 à 7 ans) qui est la phase de
la pensée intuitive :
L’enfant exprimera ce qu’il a subi à travers des plaintes somatiques ou des troubles de
comportement. Le dessin aidera l’enfant à exprimer les violences subies et également aidera
l’enfant à la résilience psychothérapique.
* Lors de l’étape opérationnelle concrète (8 -12 ans) qui est la phase de la pensée empirique :
L’enfant “ se fait victime “ par sa vulnérabilité, par sa confiance démesurée et développe une
culpabilité face à la violence dont il fait l’objet, car il s’en octroie une part de responsabilité. Le
phénomène de violence (surtout l’abus sexuel) n’est pas verbalisé et s’exprimera par des
plaintes ou un comportement inhabituel qu’il faudra décoder.
* Pendant l’étape opérationnelle formelle (à partir de 13 ans jusqu’à l’âge adulte) qui est la
phase de la pensée abstraite :
L’enfant sera doublement affecté par l’impact psychoaffectif de la violence subie et par les
retombées familiales de la mise en culpabilité de son agresseur, s’il s’agit d’un proche qu’il
essayera parfois de protéger. Cette souffrance peut engendrer des troubles de conduites :
fugue, suicide...

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Chapitre 3

CADRE NORMATIF

Genre, Enfance et Droits Humains

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Pertinence du chapitre
Les femmes et les enfants survivant (e)s à la violence ne sont pas des patients
comme les autres. Le rôle des professionnels de santé à leur égard ne saurait se
limiter à une PRISE EN CHARGE dans le cadre d’une relation de soins étroite. La
lutte n’est possible que si la dimension humaine, juridique et socioculturelle est prise
en compte à tous les niveaux d’intervention et de prise en charge.
L’appropriation, la compréhension et le respect, par le professionnel de santé, des
mécanismes de protection des droits humains et de prévention de la violence sur
le plan social et légal sont devenus, plus que jamais, une nécessité pour la gestion
efficace de la violence. Le développement des attitudes et aptitudes dans ce
domaine contribuera à détecter et à combattre le mal dans toutes ses formes.
Le contenu de ce chapitre répond à ces préoccupations. Il consacre une place
importante au développement des droits humains et des instances institutionnelles,
nationales et internationales, qui veillent à la mise en œuvre du dispositif juridique
consacrant la protection des enfants et l’égalité entre les femmes et les hommes. Il
comprend le cadre législatif et institutionnel, les principaux engagements du Maroc
en matière d’adhésion aux instruments juridiques internationaux relatifs aux droits
de l’Homme et les principales réformes entreprises en vue d’ancrer la démocratie
dans les faits et les mœurs et d’instaurer l’Etat de Droit.

Objectifs
- Provoquer une prise de conscience au sujet des lois nationales et internationales
traitant des questions préoccupantes de la violence
- Sensibiliser sur les lois nationales et internationales traitant des droits humains des
femmes et des enfants
- Présenter les principaux engagements du Maroc en matière d’adhésion aux
instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l’Homme
- Décrire les principales réformes entreprises en vue d’ancrer la démocratie dans les
pays et d’instaurer l’Etat de Droit
- Définir les composantes clés de l’approche Droits Humains dans la programmation
des actions de santé
- Présenter et appliquer la méthodologie de programmation fondée sur les droits
humains et Genre

44
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

SECTION 1 :
APERCU GENERAL SUR LES DROITS HUMAINS

1. Principes généraux des Droits Humains

Les Droits de l’Homme sont des droits reconnus à tout être humain et dont il doit jouir
simplement parce qu’étant un être humain.
A la Conférence Mondiale de 1993 sur les droits de l’Homme, les gouvernements ont réaffirmé
dans la Déclaration de Vienne que :
Les droits de l’Homme sont des droits acquis à la naissance de tout être humain et que la
protection des droits de l’Homme incombe en premier lieu aux gouvernements.
Les obligations internationales actuelles en matière de droits de l’Homme tirent leur source de
la Charte des Nations Unies qui affirme que :
Les droits de l’Homme sont basés sur le principe fondamental selon lequel toutes les
personnes ont une dignité humaine inhérente à leur personne et cela sans distinction de sexe,
race, couleur de la peau, langue, nationalité, âge, classe ou convictions religieuses ou
politiques; ils jouissent à titre égal de leurs droits.

2. Types de droits
Parmi les droits protégés dans la Déclaration figurent les droits à l’égalité; le droit à la non
discrimination; le droit à la vie, à la liberté et la sécurité de la personne; le droit de ne pas être
soumis à l’esclavage, à la torture ou aux traitements dégradants; le droit pour une personne de
recourir à un tribunal compétent en vue de revendiquer un droit violé, le droit à la liberté
d’expression et de participation politique.
En vue de traduire les principes de la Déclaration Universelle en droits humains ayant force de
loi (au moins pour les Etats qui les ont ratifiés), l’Assemblée Générale l’a divisée en deux
‘’pactes’’, l’un sur les droits civils et politiques, l’autre sur les droits sociaux, culturels et
économiques.

45
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

3. Principes fondamentaux des droits humains


En 1993, la conférence internationale de Vienne sur les droits humains a confirmé les principes
fondamentaux des droits humains et les valeurs qui les sous tendent. Ce sont :

4. Signification des droits humains


“ Les droits ne sont droits que s’íls sont revendiqués. Cela signifie une corrélation avec les
devoirs d’autres personnes ou groupes qui devront agir par les voies qui sont requises par les
ayant droits” (W.N. Hohfeld, 1919).
“Les Droits sont les revendications qui auront connu un engagement :
- Les droits légaux sont dans les systèmes légaux
- Les droits humains sont largement véhiculés par les sentiments ou par un ordre
international”. (J. Crawford, 1988).

46
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

De ces points de vues se dégagent deux conceptions expressives des droits humains :
“Avoir un droit” :
Tous les êtres humains naissent avec tous leurs droits (humains) qu’ils soient réalisés ou violés
“Avoir un droit réalisé”:
Un mécanisme pour l’application de ce droit existe
En d’autres termes cela signifie :
Revendication valide = Ayant Droit (s) = (Sujet de droit)

Devoir correspondant = Ayant Devoir(s) = (Objet de droit)


Exemple :
“Un enfant scolarisé a une revendication légitime/valide (droit) en matière d’éducation
Les autres ont des devoirs (obligations) afin d’assurer que ce droit à l’éducation soit réalisé”
- Les ayant droits et ayant devoirs sont des rôles et non pas des identités fixes
- La même personne est souvent à la fois ayant droit et ayant devoir
- Dans leurs rôles d’ayant devoirs, les individus doivent rendre compte à leurs ayant droits
correspondants.
- Les ayant devoirs ne peuvent être responsables que s’ils ont les capacités qui leur
permettent d’accomplir leurs devoirs (responsabilité, autorité et ressources).
- Les ayant devoirs sont responsables à la fois vis-à-vis des ayant droits en amont (ex.
Le gouvernement) et ayant droits aval (ex. Les personnes au sein des communautés)

5. Modèle de Droits Humains

5.1. Revendication - obligation

Modèle relationnel revendication - obligation dans la société

47
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

5.2. Devoirs - obligations

48
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

SECTION 2
DROITS HUMAINS ET LEGISLATION
EN MATIERE DE PROTECTION DES DROITS
DE LA FEMME ET DE L’ENFANT

Les droits humains et la législation en matière de protection des Droits de la femme et de


l’enfant sont examinés au niveau international et national.

1. Législation internationale
Dans ce domaine, deux accords internationaux ont marqué l’histoire des droits de la femme et
de l’enfant. Il s’agit de la CEDEF (CEDAW) et de la CDE.

1.1. La Convention des Nations Unies sur l’élimination de toutes


les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF),
1979
Avec son esprit enraciné dans les objectifs des Nations Unies, la CEDEF intègre toutes les
dispositions sur le genre à partir de documents partiels en un instrument juridique international
définitif.
En outre, la CEDEF est également allée plus loin que les premières conventions des droits de
l’homme en exposant les inégalités spécifiques qui tourmentent la vie des femmes. Ce faisant,
elle reconnaît explicitement ce que les mécanismes internationaux précédents ont exprimé de
manière inefficace : que les droits de la femme en tant que droit de l’Homme doivent être
respectés et mis en oeuvre.
La force de la CEDEF découle du fait qu’elle donne pour la première fois une définition de la
discrimination contre les femmes. Comme l’énonce l’article premier : le terme “discrimination
contre les femmes” comprend toute distinction, exclusion ou restriction sur la base du sexe,
dans le domaine politique, économique, social, culturel, civil ou tout autre domaine.
Bien plus encore, elle reconnaît pour la première fois que les violations des droits des femmes
ne surviennent pas seulement dans le domaine politique et juridique, mais sont également
souvent très enracinées dans la culture et la tradition. Ainsi, alors que les violations telles que
les rites de veuvage inhumains et dégradants, la violence familiale et la mutilation sexuelle ont
été historiquement écartées comme des affaires privées, la CEDEF la condamne en mettant à
nu la discrimination sous toutes ses formes. En retour, cette norme juridique sensible au genre
reconnaît des droits pour les femmes dans les domaines n’ayant jamais fait auparavant objet
de normes internationales et les propulse dans la sphère politique.
En même temps que la CEDEF identifie la nature particulière des désavantages des femmes,
elle fournit également un plan d’action pour surmonter cette inégalité. L’article 3 fait obligation
aux Etats parties de prendre toutes les ‘’mesures appropriées’’, y compris la législation, pour
garantir l’épanouissement intégral et la promotion des femmes. Un cadre d’action est décrit
dans la convention selon trois dimensions qui s’imbriquent dans la vie des femmes : le statut
juridique, les droits reproductifs et les contraintes culturelles.

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

En plus de la CEDEF, d’autres instruments internationaux sont venus compléter la convention.


Les plus importants sont consignés en annexe 1.

1.2. Convention des Droits de l’Enfant (CDE)


Adoptée par l’Assemblée Générale des Nations Unies le 20 novembre 1989, la Convention
internationale des droits de l’enfant a force de loi. Contrairement à une Déclaration qui n’a
aucun caractère contraignant pour les États qui y adhèrent, une Convention engage les États
signataires à mettre en œuvre ce qu’elle promeut : en ratifiant la Convention internationale des
droits de l’enfant en 1993, le Royaume du Maroc a ainsi placé les droits de l’enfant au centre
des préoccupations des pouvoirs publics.
Outre cette contrainte juridique qui, à bien des égards, n’est pas intégralement respectée, le
texte de la Convention contient un aspect à la fois philosophique et politique résolument
novateur en proposant une certaine conception de l’enfant qui doit tout à la fois être protégé,
bénéficier de prestations spécifiques et être considéré comme acteur de sa propre vie.
De cette conception novatrice, on retiendra surtout que l’enfant est considéré comme sujet de
droit à part entière pour la première fois par un texte international. La notion d’ “intérêt supérieur
de l’enfant” affirmée à l’article 3 est particulièrement importante et exige que l’on considère
l’ensemble des droits de la Convention.

Les quatres “P” de la Convention Internationale des droits de l’enfant


Sous cette expression on désigne les droits énoncés dans la Convention liés à la : Protection
- Prestation - Participation - Plaidoyer

1- Protection : fait référence au respect de l’intégrité physique,


2- Prestations : en particulier le droit de l’enfant à bénéficier de soins de santé, d’éducation
ou de sécurité sociale
3- Participation : ou droit de l’enfant à faire quelque chose, agir lui-même, dans la mesure
de ses moyens, et participer aux décisions qui concernent sa vie. On s’attache ici aux
libertés d’expression (art. 12), d’information (art. 13), d’association (art. 15).
4- Plaidoyer : tous les adultes, en particulier les professionnels de l’enfance doivent être
les défenseurs.
C’est bien en référence à l’ensemble de ces droits que doit s’exercer l’action éducative : un
enfant maltraité ne peut pas être le réel acteur ni l’auteur de sa vie ; un enfant qui ne participe
pas à sa protection n’est que l’objet passif de soins qu’on veut lui imposer.
En plus de la CDE, d’autres instruments internationaux qui la complète et auxquels le Maroc
a adhéré sont cités dans le tableau ci-dessous concernant les engagements du Maroc sur le
plan international.

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

1. 3. Engagements du Maroc sur le plan international : Droits des


Femmes et des enfants
Les principaux engagements du Maroc en matière d’adhésion aux instruments juridiques
internationaux relatifs aux droits humains sont :

1956
1956
1957
1957

1963

1962

1973

1976
1979
1979

1979

1993

1993

2000

2001

2001

2002

La concrétisation des engagements du Maroc sur le plan international apparaît clairement dans
le dispositif législatif et institutionnel qui a été mis en place pour consacrer l’égalité entre les
femmes et les hommes et assurer la protection des enfants. C’est l’objet du deuxième
paragraphe de cette section.

51
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

2. Législation nationale
En plus des ratifications des conventions internationales, le Maroc a aussi initié des mesures
d’harmonisation de la législation interne avec les dispositions des instruments internationaux
relatifs aux Droits Humains concernant aussi bien la femme que l’enfant.

2.1. Protection des droits humains des femmes


La législation marocaine comprend plusieurs dispositions concernant la lutte contre toute
forme de discrimination, y compris celle fondée sur le genre. En effet, si la législation nationale
ne contient pas une définition claire de la discrimination, il n’en demeure pas moins que de
nombreuses dispositions normatives reconnaissent les droits égaux des femmes et des
hommes dans la jouissance de leurs droits humains et libertés fondamentales, et ce, quel que
soit leur statut social.

2.1.1. Egalité dans les affaires pénales et civiles


* En matière civile :
La consécration de l’égalité tend à devenir la règle. Attestent à cet égard, la refonte globale du
Code de la Famille, la nouvelle législation régissant l’état civil, les dispositions du code pénal
et du travail réprimant la discrimination, quelles que soient ses origines.
* En matière pénale :
Des réformes ont été entreprises pour abroger les dispositions discriminatoires à l’égard des
femmes. Le Code pénal (Loi n° 24-03 promulguée par dahir n° 1-03-207 du 11 novembre 2003,
parue au B.O. du 5 janvier 2004), incluant les dernières modifications introduites, garantit :

- l’égalité entre les époux pour bénéficier des circonstances atténuantes en cas de
meurtre commis par l’un des époux sur la personne de l’autre, s’il est surpris en flagrant
délit d’adultère ;
- l’égalité de poursuite par le Ministère public de l’un des époux qui entretient de notoriété
publique des relations adultères, si l’autre époux se trouve à l’étranger;
- la levée du secret médical quand il s’agit de violences entre époux ou à l’égard des
femmes ainsi qu’à l’égard des enfants âgés de moins de 18 ans ;
- l’aggravation des sanctions en cas de coups et blessures infligés volontairement par l’un
des époux à l’autre. En cas de récidive, les sanctions sont aggravées ;
- l’incrimination du harcèlement sexuel, défini dorénavant comme étant un abus d’autorité ;
- l’incrimination de la torture conformément aux articles 1 et 4 de la Convention de lutte
contre la torture, les traitements cruels inhumains ou dégradants et aux dispositions du
Pacte international sur les droits civils et politiques.
- Par ailleurs, le nouveau code de procédure pénale (Loi n° 22-01 promulguée par dahir
n° 1-02-255 du 3 Octobre 2002, B.O. n° 5078 du 30 Janvier 2003, entré en vigueur le
1er octobre 2003) a abrogé la disposition obligeant l’épouse qui déclare vouloir se
constituer partie civile contre son mari à y être autorisée par le tribunal.

52
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

2.1.2. Egalité des droits politiques, économiques et sociaux


Elle est assurée à travers un certain nombre de mesures légales et références institutionnelles.
- L’égalité des Droits Politiques
Elle est garantie par la constitution dans son article 8 et des mesures ont été prises pour
renforcer la représentation politique de la femme.
- L’égalité des Droits Economiques
L’égalité entre l’homme et la femme en matière de droit au travail et de liberté d’entreprendre
et de participer à la vie économique est garantie par les articles 13 et 15 de la constitution
ainsi que par le dahir de 1958 portant statut de la fonction publique, le code du travail et les
autres textes réglementant les statuts des différents emplois et fonctions, l’accès au crédit,
la création d’entreprises, etc.
- L’égalité des Droits Sociaux
En matière de Droits Sociaux, il n’existe aucune discrimination de droit pour accéder à la
santé, adhérer et faire partie des représentations collectives des travailleurs et du patronat,
et bénéficier de la protection sociale à condition de satisfaire les conditions requises.
La protection de la maternité a été renforcée par l’adoption de plusieurs dispositions, dont
notamment le rallongement du congé de maternité qui est passé de 12 à 14 semaines,
conformément aux dispositions de l’OIT en ce domaine, sauf stipulations plus favorables
dans le contrat de travail, la convention collective ou le règlement intérieur.
Les femmes et les hommes ont des droits égaux pour décider des questions liées à la
planification familiale et d’avoir accès aux informations et moyens disponibles en ce
domaine.
La nouvelle législation régissant la Kafala, autorise la femme célibataire à recueillir un
enfant, alors que cette possibilité n’était reconnue qu’aux personnes mariées.
Les droits sociaux et économiques relatifs aux droits des femmes se traduisent de manière
explicite dans les différents codes d’obligations et de droit. Le récapitulatif de ces droits est
présenté en annexe 2.

2.2. Protection des droits humains de l’enfant


A l’instar de la femme, de nombreuses dispositions, tout en apportant des améliorations
majeures en matière de protection des enfants, ont permis au Maroc d’harmoniser sa politique
avec les dispositions des conventions internationales ratifiées. Le tableau en annexe 2
consigne les principaux droits sociaux et économiques en faveur de la protection de l’enfant.

2.3. Structures d’application et de responsabilisation


Outre les réformes législatives et les nouvelles dispositions susmentionnées, il faut souligner
que l’égalité devant la loi est garantie sur un pied d’égalité pour l’ensemble des citoyens et
citoyennes conformément à la constitution marocaine qui reconnaît l’égalité d’accès aux
juridictions et à un procès équitable.

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Les principales réformes structurelles entreprises en vue d’ancrer la démocratie dans les faits
et de concrétiser l’Etat de Droit ont porté principalement sur :
- La restructuration du Conseil Consultatif des Droits de l’Homme (C.C.D.H) conformément
au traité de Paris relatif aux institutions nationales. Créée en 1990, cette instance a vu ses
prérogatives élargies en 2001. Le CCDH est investi d’une mission consultative de
proposition et d’impulsion des questions se rapportant à la promotion de la culture des
droits de l’homme ;
- La création de l’instance de médiation “ Diwan Al Madhalim”, chargée de promouvoir
l’intermédiation entre les citoyens, individus et groupes, et les administrations ou tout autre
organisme exerçant des prérogatives de puissance publique ;
- En ce qui concerne la garantie juridictionnelle des droits de l’homme, il existe également
des voies de recours extra juridictionnelles ouvertes à égalité aux hommes et aux femmes,
à savoir : Diwan Al Madhalim et le CCDH qui peuvent être saisis en cas de violation des
droits humains. Le CCDH peut s’autosaisir ;
- La création de “ l’Instance Equité et Réconciliation” à la suite d’une recommandation du
CCDH pour clore définitivement le dossier des violations des Droits Humains perpétrées
dans le passé ;
- La création de nouvelles structures dans le cadre de la réforme du code de la famille, à
savoir les sections de justice de la famille, l’institution d’un juge chargé des mariages et
la reconnaissance du Ministère public comme partie principale dans toute action
concernant la mise en œuvre du code de la famille.
Il convient cependant de souligner qu’en dépit du cadre législatif et institutionnel qui a été mis
en place pour la consécration de l’égalité entre les femmes et les hommes, de grandes
disparités femmes - hommes, avec un impact en amont ou en aval sur les questions de
violence fondée sur le genre, sont encore à relever quant à la jouissance de certains droits, en
particulier pour ce qui concerne le bénéfice des prestations de sécurité sociale, les emplois, les
salaires, le risque d’exclusion, la proportion des femmes pauvres, analphabétisme, etc.

2.4. Modalités médico-légales et déontologiques en matière de


prise en charge
Les femmes et les enfants survivant(e)s à la violence ne sont certainement pas des patients
comme les autres. Le rôle des professionnels de la santé ne saurait se limiter à une prise en
charge de ces victimes dans le cadre d’une relation de soins étroite.
S’il n’existe pas encore de circuits bien individualisés et surtout institutionnalisés pour l’accueil
de ces victimes au sein de la plupart des hôpitaux, l’intervention des professionnels doit tendre
à apporter une offre de service la plus complète possible. En effet, tout le monde reconnaît la
dimension soignante intrinsèquement liée aux actes médico-légaux et à l’accompagnement
socio psychologique des survivant(e)s à la violence.
Le code de déontologie médicale marocain12 reconnaît par ailleurs le rôle du médecin comme
auxiliaire de la justice quand il s’agit de faire des constatations sur l’état de santé d’une
personne. L’article 22 de ce code stipule à cet effet :

54
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

“ Le rôle du médecin comporte l’établissement, conformément aux constatations médicales


qu’il est en mesure de faire, des certificats, attestations ou documents dont la production est
prescrite par la loi “.
Dans le cadre de la relation médecin - malade, le premier ne peut refuser au second la
délivrance d’un certificat attestant des blessures constatées, sinon il y aurait inexécution par le
médecin du contrat médical. Tout contrat oblige, en effet, non seulement à ce qui y est exprimé,
mais aussi à toutes les suites que la loi, l’usage ou l’équité donnent à l’obligation d’après sa
nature (art. 231 du dahir des obligations et des contrats).
La prise en charge médico-légale des femmes et enfants victimes de violences n’est pas
seulement une prescription déontologique, mais le statut même du corps interministériel des
médecins charge ces derniers de missions de prévention et d’éducation sanitaires consistant
entre autres en la promotion de la santé de la mère et de l’enfant. Il prévoit également que
parmi les missions de diagnostic, de traitement et des soins d’urgence attribuées aux médecins
de ce corps, il y a la délivrance des certificats médicaux et tout acte d’expertise médico-légale
dont ils sont requis.
Enfin, il faut rappeler que cette prise en charge est obligatoire dans le cadre d’une réquisition
policière ou judiciaire puisque tout médecin est tenu de déférer, sous peine de sanctions, aux
réquisitions de l’autorité publique.
Dans le même sens, le code de déontologie médicale enjoigne au médecin appelé d’urgence
auprès d’un mineur d’user immédiatement de toutes ses connaissances et de tous les moyens
dont il dispose pour parer au danger menaçant et ce, même si le consentement du représentant
légal du mineur n’a pu être obtenu.
Toutes ces dispositions légales et déontologiques, au-delà même des motivations humanitaires
et éthiques qui conditionnent la profession médicale, invitent les professionnels de la santé à
s’intégrer activement dans l’accueil et la prise en charge médicale des femmes et enfants
victimes de violences.

2.5. Impact des droits humains sur la VFG


Pendant longtemps, la violence (VFG et maltraitance) a été inscrite, y compris par les
prestataires de santé, dans le registre de la vie privée. Dans ce contexte, la prise en charge
des femmes et des enfants survivants á la violence a été considérée comme un problème
socio juridique et de ce fait, le rôle du personnel de Santé s’est limité aux soins d’urgence et à
la rédaction de certificats médicaux, parfois sur réquisition essentiellement. Pourtant, les
centres de santé demeurent le lieu idéal pour détecter et dépister les signes de violences
présents chez la femme et l’enfant, ce qui permet de souligner l’importance du rôle du
prestataire en ce domaine.
Les prestataires de services de santé devraient être en mesure de connaître et donc de
respecter les droits humains des personnes survivantes à la violence. Il ne s’agit pas
uniquement de lister/réciter les droits mais d’être en mesure de les “ opérationnaliser “ depuis
l’accueil jusqu’à l’étape finale de la prise en charge.
Pour les femmes comme pour les enfants, les droits humains qui doivent être “ activés “ en
cas de violence peuvent être résumés comme suit (tableau ci-après).

55
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

56
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

2.5.1. Impact des Droits reproductifs sur la VFG


On peut dire sans risque de se tromper que l’essentiel du débat n’a pu exister que par la force
des activités de plaidoyer initiées par les groupes et organisations de droits humains de la
femme au niveau national et international.
A présent, avec la reconnaissance de la VFG comme un problème de Santé Publique en
général et de santé reproductive en particulier, il est à la fois stratégique et pragmatique de
focaliser l’intérêt sur les aspects qui ont un impact direct sur les politiques et les programmes
de la Santé. Pendant longtemps, les décideurs, planificateurs, gestionnaires et praticiens de la
Santé ont considéré la VFG comme étant hors de leur mandat ou de leur responsabilité, et
comme étant du registre des droits de la personne humaine, bien plus comme étant une affaire
privée.
Pire que cela, dans les pays “ en voie “ de développement, le refus de s’intéresser á la VFG,
de la prendre en charge ou de la combattre, y compris par ceux qui sont censés y faire face,
en termes de prévention, de prise en charge ou d’éradication, (médecine, police, justice,
communauté) renvoie à la normalisation de cette violence puisant les justifications dans la
construction sociale.
Dès lors, il apparaît fondamental de prendre conscience des conséquences directes de la VFG
sur l’état de santé sexuelle et reproductive des femmes et des filles, comme nous l’avons vu
précédemment et de ce fait, il est nécessaire de construire un consensus et/ou un modus
vivendi sur un niveau minimum en matière de droits SSR et VFG dans leur contexte social et
Genre, ne négligent aucun aspect.
Abordée à travers une perspective de droits de la personne humaine, la VFG a été expliquée
et interprétée pour introduire un large éventail d’abus et de violations. Au cours des dernières
décennies, comme évoqué ci-dessus, une série de conférences mondiales organisées par les
Nations Unies a produit un calendrier d’action relatif au développement durable et équitable du
point de vue social pour le XXI siècle. Les documents qui ont résulté de ces conférences sont
l’expression de la conscience de la communauté internationale sur les problèmes relatifs aux
droits humains et constituent d’importants outils de changement et reflètent les engagements
gouvernementaux auxquels il faut donner suite.
La plupart des Etats dont le Royaume du Maroc ont fini par reconnaître et accepter le droit de
leurs citoyens et citoyennes à la santé en matière de reproduction. Les droits en matière de
reproduction embrassent la plupart des droits de la personne déjà reconnus dans des
instruments nationaux et internationaux, relatifs aux droits de la personne, à savoir :
- Le droit fondamental de tous les couples et de tous les individus de décider librement et
en toute responsabilité du nombre de leurs enfants et de l’espacement de leurs
naissances,
- Le droit de disposer de l’information et l’éducation et des moyens nécessaires pour ce
faire ;
- Le droit d’accéder aux meilleures normes possibles de qualité de soins en matière de
santé sexuelle et reproductive ;
- Le droit de prendre des décisions en matière de reproduction sans être en butte à la
discrimination, à la coercition et/ou à la violence.

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Plus précisément la CIPD (1994, 1999, 2004) et la quatrième Conférence Mondiale sur les
Femmes (1994) et Beijing (+5 et + 10) ont établi que la santé et les droits en matière de
sexualité et de reproduction sont des éléments fondamentaux des droits de la personne et du
développement.
L’indifférence à la santé en matière de sexualité et de reproduction ainsi qu’aux droits y
afférents est à la base d’un grand nombre de problèmes définis par la communauté
internationale comme requérant des mesures d’urgence, à savoir :
- La violence dont les sévices sexuels et les viols subis par les femmes et les enfants;
- Le VIH et le SIDA ;
- La mortalité maternelle;
- Les grossesses d’adolescentes;
- Les enfants abandonnés ;
- Les pratiques nuisibles telles que les mutilations génitales féminines,
- La croissance démographique,
- La féminisation de la pauvreté ;
- La violation des droits de la personne humaine et de la dignité humaine, y compris les
droits fondamentaux à la sécurité et à la liberté de la personne.
Cependant, la faiblesse pour ne pas dire l’absence de reconnaissance de la violence comme
un problème de santé individuelle mais aussi de santé publique et de santé reproductive et plus
particulièrement lorsqu’elle a forme de violence sexuelle et de viol, de même que la faiblesse
des lois ou de leur application en ce domaine, risquent de ralentir tout progrès réel vers l’Egalité
Genre et par suite vers le Développement.

2.5.2. Impact des droits de l’enfant sur la maltraitance


Il est important de souligner que la maltraitance à enfant n’est pas un phénomène récent,
même si c’est aujourd’hui que l’on en parle le plus. C’est la prise de conscience de ce
problème, le déliement des langues, la médiatisation de certaines affaires et l’élaboration de
textes législatifs telle la convention des droits de l’enfant qui ont transformé notre perception.
La réaction juridico - légale et médiatique est à la hauteur de la gravité du mal : la maltraitance
envers l’enfant altère son harmonie relationnelle et déstabilise la structuration de sa
personnalité.
Le signal d’alerte est aussi tiré sur les situations à risque de la maltraitance et les enfants
exposés qui ne sont pas forcément maltraités comme les prématurés ou les porteurs
d’handicaps congénitaux. Des facteurs liés aux droits les plus élémentaires de l’enfant tels les
carences éducatives, les conflits et séparations familiales, l’isolement maternel, pathologie
psychiatrique parentale, notamment la dépression, la dégradation socioculturelle, puis les
problèmes socio économiques dont le chômage, la précarité et les difficultés financières, sont
autant de cibles des interventions communautaires nationales et internationales.
La réponse la plus significative et adéquate dans ce domaine provient de la CDE. Cette
convention, en plus des aspects à la fois philosophique et politique résolument novateurs
qu’elle a apportés, considère l’enfant pour la première fois comme sujet de droit à part entière

58
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

et propose une certaine conception de l’enfant qui doit tout à la fois être protégé contre les
mauvais traitements et bénéficier d’attention particulière et de prestations spécifiques à sa
vulnérabilité.
Dans ce cadre, cette convention avec d’autres instruments internationaux qui l’ont complétée,
a plaidé pour la création d’un environnement protecteur des enfants dont la responsabilité est
l’élément clé à observer tout aussi bien en amont qu’en aval de la hiérarchie sociale.
En amont, l’Etat, y compris les institutions gouvernementales, s’assigne le rôle et la
responsabilité de déployer des efforts soutenus, à moyen et long terme, pour briser le cycle de
la maltraitance. Ceci, en mettant en avant les dispositifs de la législation internationale relative
à la protection des droits des enfants. Sachant qu’en adoptant ces dispositions, les États
s’engagent à respecter des codes d’obligations contraignants pour asseoir les droits les plus
élémentaires comme le droit à la vie, le droit à la santé, le droit à l’éducation..., qui constituent
aujourd’hui le fer de lance de la lutte pour les droits de l’enfant dans la plupart des pays.
Dans cet élan, les gouvernements pourront s’engager davantage dans la prévention en
s’attaquant aux causes profondes de la maltraitance. En particulier :

- Adopter des politiques et stratégies de sécurité sociale ciblant les enfants les plus exclus,
avec comme mesure concomitante, l’ouverture de débats avec la société civile et les
médias sur les attitudes, préjugés, convictions et pratiques qui encouragent les mauvais
traitements ou qui les provoquent ;
- Poursuivre les auteurs de délits perpétrés contre les enfants ;
- Fournir les ressources budgétaires nécessaires pour intervenir à la suite d’actes de
maltraitances et pour s’attaquer aux facteurs de risques et prévenir les mauvais
traitements.

En aval, c’est la responsabilité de la communauté et de la famille qui est engagée :

- La communauté se doit d’œuvrer pour la mise à disposition des services sociaux de


base, de réadaptation et de réinsertion pour tous les enfants et sans discrimination.
C’est à elle aussi qu’incombe la responsabilité de sensibiliser et de renforcer les
capacités des familles à élever et protéger leurs enfants à même de leur faire connaître
leurs droits et de les faire exprimer.
- Parallèlement, la famille diffuse l’information et les connaissances vitales auprès des
enfants afin de se protéger contre les mauvais traitements et l’exploitation, y compris
sexuelle.
- En collaboration avec la communauté et la famille, les prestataires de services de santé
ont aussi un rôle plus large à jouer, en identifiant et en plaidant pour les interventions
qui peuvent aider à prévenir les différentes formes de maltraitance

59
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

SECTION 3 :
APPROCHE DROITS HUMAINS
ET GENRE POUR LA PROGRAMMATION

1. Cadre méthodologique et outils de l’approche Droits


Humains

1.1. Une compréhension commune


Les Droits Humains contenus dans la Déclaration Universelle et les Instruments Internationaux
de Droits Humains et les principes qui en dérivent, guident toute la coopération et la
programmation dans tous les secteurs et à toutes les étapes du processus de programmation.
(ONU, mai 2003)

1.2. Résultats et Standards des Droits Humains


Le niveau minimum acceptable pour un effet (résultat) que l’on veut atteindre dans ce domaine :
- Eradication de la pauvreté et de la sous-alimentation
- Niveau universel primaire d’éducation
- Protection de l’enfance
- ODMs
- “Résultats”.

1.3. Processus : Principes des Droits Humains


Les principes des Droits Humains sont le critère pour un processus acceptable :
- Universalité et indivisibilité
- Egalité et Non-Discrimination
- Participation et Inclusion
- Responsabilisation et cadre d’application de la Loi
- “Durabilité”

1.4. Besoins vs Droits

60
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

1.5. Caractéristiques essentielles et uniques de l’approche


- Analyse de la situation en vue d’identifier les causes immédiates, intermédiaires et
profondes de la non réalisation des droits humains (analyse causale),
- Identification des relations des Ayant Droits et Ayant Devoirs clés à tous les niveaux de la
société (analyse des rôles/patterns)
- Evaluation et analyse des écarts en matière de capacités des Ayant Droits pour être en
mesure de revendiquer leurs droits et des Ayant Devoirs pour être en mesure d’assumer
leurs devoirs (analyse des capacités)
- Suivi et évaluation à la fois de l’effet et du processus sur la base des normes/standards
des droits humains et de leurs principes.
- La programmation se fait sur la base des recommandations des mécanismes
internationaux de suivi des Droits Humains.
D’où les grandes lignes de l’approche de programmation fondée sur les Droits Humains

2. Grandes lignes de l’ADHP


- Analyse causale
- Analyse des Rôles/Patterns
- Analyse des capacités
- Identification des Priorités, (Objectifs et Stratégies)
- Programme de cooperation.

2.1. Analyse causale


- Les causes:
o Identifier et spécifier les manifestations majeures du problème
o Identifier les causes immédiates clés
o Identifier les causes intermédiaires clés des causes immédiates,
o Identifier les causes structurelles/ à la base des causes intermédiaires
- Qui doit conduire l’analyse?
o Tous les acteurs clés ayant des revendications évidentes (Droits) ou des
obligations/devoirs
o Résultat: un ensemble de Droits qui n’ont pas été réalisés et les sujets et objets pour
chaque droit (Ayant-Droit et Ayant-Devoir).

2.2. Analyse des rôles/patterns


- Identifier les relations entre les individus dans leurs rôles en tant que Ayant Droits et
Ayant Devoirs.
- Reconnaître les propres Droits des Ayant Devoirs.

61
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

- La relation identifiée entre Ayant Droits et Ayant Devoirs doit adhérer ou dériver des
principes des Droits Humains.
- Identifier les multiples obligations des Ayant Devoirs.
- Résultat: un ensemble de relations parmi les plus importantes reliant des individus dans
leurs rôles de Ayant Droits et de Ayant Devoirs.

Relation revendication-obligation

Revendication des parents vis-à-vis des enseignant(e)s


=
Obligation des enseignant(e)s vis-à-vis des parents

Revendication des enseignant(e)s vis-à-vis des parents


=
Obligation des parents vis-à-vis des enseignant(e)s

2.3. Développement des capacités


- Responsibilité/Motivation/Leadership,
- Autorité,
- Ressources:
o Humaines
o Economiques
o Organisationelles
- Compétences en matière de prise de décision et à tirer des leçons des actions
entreprises
- Compétences en matière de communication

2.4. Analyse des besoins en capacités


- Identifier les carences de chaque Ayant-Droit dans sa capacité à revendiquer ces Droits
- Identifier les carences de chaque Ayant-Devoir dans sa capacité à remplir ses
obligations/devoirs,
- Lister les carences par catégorie de capacité:
o Responsabilité,
o Autorité,
o Ressources.
Résultat
Pour chaque relation revendication-obligation, les besoins en renforcement de capacités
sont identifies á la fois pour les ayant-droits et les ayant-devoirs.

62
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Chapitre 4

CADRE POLITIQUE

Stratégies et Programmes d’actions

63
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Pertinence du chapitre
Reconnaissant la VFG et la maltraitance comme un problème de Santé
Publique ayant un impact direct sur la santé et les droits humains des femmes
et des enfants, les pouvoirs publics, en particulier les décideurs et
planificateurs de la Santé, ont inscrit la lutte contre ces fléaux parmi leurs
priorités.
Dans ce contexte, sachant que la lutte contre ce fléau passe par l’élimination
de toute forme de discrimination, le gouvernement Marocain a mis en œuvre
les reformes nécessaires, y compris législatives en vue de consacrer les
droits humains et les libertés fondamentales de la femme et de l’enfant. Le
cadre normatif á lui seul ne pouvant suffire, plusieurs autres actions ont été
initiées et ont abouti á l’adoption de politiques, stratégies et programmes pour
accompagner et appuyer le processus de lutte avec un partenariat dynamique
comprenant les institutions et organisations de la société civile et les
partenaires internationaux
Ce chapitre qui constitue le prolongement et le cadre opérationnel du cadre
normatif, présente ces politiques, stratégies et programmes adoptés que le
professionnel de santé se doit de connaître afin de les appliquer à la lutte
contre le phénomène dans son contexte local.

Objectifs

Faire connaître / informer sur les politiques, stratégies et programmes d’actions


traitant des violences faites aux femmes et aux enfants, en particulier :
- Dispositif politique et stratégique mis en place en matière d’équité et
d’égalité en faveur de la femme et de l’enfant
- Programmes de prise en charge des femmes et des enfants survivants à la
violence
- Programmes d’actions en matière de mobilisation sociale et plaidoyer
- Mise en place des structures de services dans le secteur public et la société
civile

64
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

SECTION 1 :
PROGRAMMES D’ACTION DES
CONFERENCES INTERNATIONALES

Les phases et actions internationales les plus importantes, dont l’effet a


considérablement influencé les politiques, stratégies et programmes d’actions
nationaux, y compris dans notre pays, en matière de lutte contre la VFG et la
maltraitance, sont :
1. Conférence Internationale des Nations Unies sur la Population et
Développement (CIPD), le Caire, Egypte, 1994
La CIPD était le premier forum international à reconnaître que la jouissance d’une santé
sexuelle est partie intégrante des droits en matière de reproduction. Les droits et les
responsabilités des hommes envers leurs partenaires ont été soigneusement notés.
“Les relations humaines en matière de sexualité et de genre sont étroitement liées et
affectent la capacité des hommes et des femmes à réaliser et à maintenir une bonne
santé sexuelle et contrôler leurs vie reproductive. Les rapports d’égalité entre les
hommes et les femmes en matière de relations sexuelles et de reproduction, incluant le
respect de l’intégrité physique de la personne, nécessitent un respect mutuel et la bonne
volonté d’assumer la responsabilité des conséquences du comportement sexuel”.
(Paragraphe 7.34)
Le programme d’action de la conférence affirme que les droits humains des femmes sont
partie intégrante de tous les droits de la Personne Humaine et souligne que “les
programmes de population et développement sont plus pertinents/efficaces lorsque des
mesures ont été simultanément prises pour améliorer le statut des femmes”.
Les recommandations faites aux gouvernements incluent de :
- interdire le trafic des femmes et des enfants,
- favoriser la sensibilisation pour la nécessité de protéger les femmes de la violence à
travers l’éducation
- établir des mesures et des programmes de réinsertion pour les victimes de violence.

2. Conférence Mondiale des Droits de la Personne, Vienne, 1993


La Déclaration de Vienne et son programme d’action affirment que :
- Les droits humains des femmes sont une partie fondamentale de tous les droits de la
personne.
- La Déclaration réfute la distinction parfois faite, dans le discours des droits de la
personne, entre les sphères publique et privée, déclarant pour la première fois que :
- Les droits des femmes doivent être protégés non seulement dans les cours de justice,
les prisons et les autres espaces de la vie publique mais également dans l’intimité du
foyer familial.

65
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

3. Quatrième Conférence Mondiale des Nations Unies sur les Femmes, Beijing,
Chine, 1995.
De même, la Plate-forme du programme d’action de la quatrième Conférence Mondiale
sur la Femme, tenue à Beijing en 1995, a identifié la violence contre des femmes comme
l’un des 12 sujets de préoccupation pour lesquels des mesures seront prises, y compris
dans les politiques et programmes, afin d’y remédier.
La Plate-forme précise que :
“Tous les Gouvernements, indépendamment de leurs systèmes politiques, économiques
et culturels, sont responsables de la promotion et de la protection des droits humains
des femmes”
- et déclare de façon spécifique que :
La violence à l’encontre des femmes, l’un de 12 sujets de préoccupation, est un obstacle
à l’accomplissement des droits des femmes.

4. Sommet de l’Enfant (2000)


La Déclaration qui résulte de ce Sommet et qui a été promu sous le titre de “Un monde
digne pour les enfants”, a adopté un Plan d’action définissant, entre autres, les objectifs
et les stratégies à mettre en œuvre pour relever les défis auxquels font face les jeunes
générations. La déclaration dégage quatre priorités : la santé, l’éducation, la protection
contre les abus, l’exploitation et la violence, et la lutte contre le sida.
Le Sommet a incité les Etats membres “à mobiliser, avec le concours de toute la société,
un mouvement mondial pour créer un monde digne des enfants, c’est-à-dire un monde
où tous les enfants, y compris les adolescents, ont toutes les possibilités de développer
leur personnalité dans un environnement sûr qui les soutienne”.

5. Déclaration du Millénaire (2000 et 2005)


Pour engager le XXIe siècle, les États Membres des Nations Unies sont convenus de huit
objectifs essentiels à atteindre d’ici à 2015. Ces objectifs, qui vont de la réduction de
moitié de l’extrême pauvreté à l’éducation primaire pour tous, en passant par l’arrêt de
la propagation du VIH/sida, et ce à l’horizon 2015, promotion de l’égalité et de
l’autonomisation de la femme et la réduction de la mortalité infantile, constituent un
schéma directeur pour l’avènement d’un monde meilleur.
La Déclaration tient comme promesse universelle de “Eliminer toutes les formes de
discrimination et de violence contre les femmes et les petites filles, y compris en mettant
fin à l’impunité et en assurant la protection des civils, en particulier les femmes et les
petites filles, pendant et après les conflits armés en conformité avec les obligations des
Etats vis-à-vis des Lois internationales humanitaires et celles relatives aux Droits
Humains”.

66
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

SECTION 2 :
PROGRAMMES D’ACTIONS AU NIVEAU NATIONAL

Le gouvernement marocain, conscient de l’impératif de lutter contre toute forme de


discrimination, a mis en œuvre les reformes nécessaires, y compris législatives en vue de
consacrer les droits humains et les libertés fondamentales de la femme. Le cadre normatif á lui
seul ne pouvant suffire, plusieurs actions ont été initiées et ont abouti á l’adoption de politiques,
stratégies et programmes pour accompagner et appuyer le processus de changement avec un
partenariat dynamique comprenant les institutions et organisations de la société civile et les
partenaires internationaux.

1. Pour la femme
Les actions développées consistent en :
- Dispositif politique et stratégique en matière de lutte contre la violence à l’égard des
femmes et dans le domaine de l’équité et de l’égalité entre les sexes
- Programmes d’actions en matière de mobilisation sociale et plaidoyer
- Mise en place des structures de services dans le secteur public et privé

1.1. Dispositif politique et stratégique en matière de lutte contre


la violence à l’égard des femmes et dans le domaine de
l’équité et de l’égalité entre les sexes
La dynamique de réformes a été couronnée en 2002 par l’élaboration d’une Stratégie Nationale
de Lutte contre la Violence à l’égard des Femmes (SNLVF). La réalisation de cette stratégie
s’est appuyée sur une étude qualitative de terrain, à laquelle ont été associés les différents
acteurs institutionnels et la société civile, concernée par la question. Son but à long terme se
propose d’éradiquer la violence à l’égard des femmes et la contribution à la promotion de leurs
droits.
Cette stratégie a été au centre d’un débat organisé dans le cadre d’un forum national
“ Ensemble contre la violence à l’égard des femmes “. Les participants au Forum ont exprimé
leur adhésion aux choix fondamentaux de la stratégie.

1. 1. 1. Stratégie Nationale de lutte contre la violence à l’égard


des femmes
Principes fondamentaux
- Renforcer l’Etat de droit, par notamment la criminalisation des différentes formes de
violence (violation des droits humains)
- Développer une réponse proprement nationale à la violence à l’égard des femmes
- Professionnaliser l’intervention de l’action des partenaires : prise en charge globale et
intégrée, concertée et efficace

67
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

- Développer des bases de données nécessaires à l’étude du phénomène de la violence


fondée sur le genre au Maroc et des dispositifs de suivi du phénomène
- Renforcer la dynamique participative : nouvelles formes de partenariat institutions
gouvernementales et non gouvernementales.
Approches stratégiques
- L’urgence d’une politique volontariste;
- Inscription des domaines/actions critiques dans une dynamique de changement progressif
et planifié (durée 5 ans : court, moyen et long terme)
- Stratégie multidimensionnelle qui place les femmes victimes de violence au centre de son
action
- Responsabilité partagée, mobilisation et synergie, réseau élargi au secteur privé, aux
collectivités locales, participation des ONGs
- Une stratégie qui implique que le département chargé de la question, centre son
intervention en matière de lutte contre la violence à l’égard des femmes sur 3 pôles
stratégiques : catalyseur (anticiper, initier, inciter, informer et planifier), de consultation et de
dialogue comme processus préalable à la prise de décision, de coordinateur des actions
partenariales.

Domaines d’actions stratégiques


Le plan stratégique a identifié sept domaines d’intervention prioritaires :

1. Réforme juridique et législative


2. Prise en charge et suivi des femmes victimes de violence fondée sur le genre
3. Actions infrastructurelles et de développement des ressources matérielles et financières
4. Actions d’éducation, de conscientisation et de communication
5. Actions de recherche et de développement partenarial
6. Actions de formation et de développement des ressources humaines
7. Actions de politique générale de lutte contre la violence à l’égard des femmes.

Plan opérationnel de la SNLVF


Le plan opérationnel de la stratégie mis en place en 2005 a identifié cinq domaines
d’intervention prioritaires :
* Trois domaines prioritaires d’actions structurelles qui s’articulent autour de : l’offre de
service pour les femmes victimes de violence fondée sur le genre, la recherche-action, la
formation, et,
* Deux domaines prioritaires d’action d’accompagnement qui concernent : la sensibilisation-
conscientisation et le plaidoyer.
Le plan opérationnel a prévu deux organes d’exécution : le comité de pilotage et les groupes
de travail thématiques.

68
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

1.1.2. Politique et Stratégie en faveur de l’équité et de l’égalité


entre les sexes
La lutte contre les comportements, les images et les stéréotypes d’inégalités entre les sexes
a pris de multiples formes, conformément à la volonté politique et à l’action du gouvernement
marocain en matière de promotion des droits des femmes. Le dispositif stratégique mis en
place à cet effet comporte les principales interventions suivantes

1.1.2.1. L’éducation à l’égalité


Depuis 1994, un “ Programme national de promotion de la culture des droits de l’homme en
milieu scolaire “ a été mis en place par le Ministère des Droits de l’Homme et le Ministère de
l’Education Nationale. Ce programme a permis en 1997 l’identification des contenus sexistes
lors de l’analyse de 120 manuels scolaires, ainsi que l’élaboration d’un curriculum transversal
qui intègre le concept de l’égalité.
Afin de coordonner les actions en faveur de la promotion de la culture des droits de l’homme,
le Conseil Consultatif des Droits de l’Homme (CCDH) a initié une dynamique d’élaboration et
de mise en place d’un “ Plan d’action national de promotion de la culture des droits de l’homme
“, dont l’objet fondamental est de susciter le changement d’attitudes et de comportements en
faveur des droits humains.
La Charte Nationale de l’Education et de la Formation Elaborée en 1999, qui constitue le
cadre de référence et la base politique du programme du gouvernement considère l’éducation
aux droits de l’Homme un des principes fondamentaux de l’ensemble des réformes de
l’enseignement, en énonçant que “ le système d’éducation et de formation œuvre à la
concrétisation du principe d’égalité des citoyens, de l’égalité des chances qui leur sont offertes
et du droit de tous, filles et garçons, à l’enseignement que ce soit en milieu rural ou en milieu
urbain, conformément à la Constitution du Maroc “.
En 2001, la reforme des curricula s’est fondée sur la charte pour inscrire dans son référentiel
les valeurs des droits de l’Homme et leur principes universels.
Dans ce cadre des partenariats avec le Ministère de l’Education Nationale ont été conclus avec
les associations féminines et par les associations qui contribuent à la promotion des valeurs
universelles dont l’égalité pour la diffusion de l’éducation à l’égalité et la lutte contre la violence
à l’égard des femmes.

1.1.2. 2. L’amélioration de l’image de la femme dans les médias


A cette fin, le Secrétariat d’Etat chargé de la Famille, de l’Enfance et des Personnes
Handicapées (SEFEPH) a procédé, en collaboration avec le Ministère de la Communication, le
Ministère de la Culture, le Syndicat National de la Presse Marocaine (SNPM), l’Union des
Agences Conseils en Communication (UACC) et le Groupement des Annonceurs Marocains
(GAM), à l’élaboration d’une Charte Nationale pour l’Amélioration de l’Image de la Femme dans
les Média, assorti d’un plan d’action pour sa mise en œuvre.

69
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Cette charte se propose de :


• Inciter à la consécration de la culture de l’égalité des sexes, le respect de la dignité humaine
et de la femme en particulier, ainsi que toutes les formes de discrimination ou d’exclusion dans
les medias, à travers la mobilisation des acteurs médiatiques, politiques et sociaux et
économiques;
• Garantir aux femmes le droit de s’exprimer, de défendre leurs causes, et veiller à traiter leurs
problèmes avec objectivité et professionnalisme, etc ;
• Développer et renforcer la communication et la coopération entre les différents acteurs
concernés par les questions de la femme.

1.1.2.3 La Stratégie Nationale pour l’Equité et l’Egalité


entre les Sexes
Cette stratégie a été élaborée en 2006 pour intégrer l’approche genre dans les politiques et les
programmes de développement qui s’articule autour des interventions clés suivantes :
- les droits civils ;
- la représentation et la participation à la prise de décision
- les droits sociaux et économiques ;
- les comportements sociaux et individuels ;
- l’ancrage institutionnel et politique.

1.1.2.4 L’introduction des principes de tolérance et du respect


de la diversité
L’enseignement religieux, a également fait l’objet de réformes en vue de sa modernisation et
d’introduction des principes de tolérance et du respect de la diversité, en intégrant dans les 2/3
du programme, des matières relevant de l’enseignement moderne, y compris les langues
étrangères. Une importante initiative est entreprise par le Ministère des Habous et des Affaires
Islamiques, par l’orientation des prêches du vendredi dans les mosquées, dans le sens d’une
plus grande intégration de certaines valeurs telles : la dignité humaine et la modération.
Le ministère envoie des circulaires aux “ imams “ des mosquées à l’occasion des dates
commémoratives, comme la journée internationale de la femme, ou celle de l’enfant, ou de
l’environnement..., en leur enjoignant de sensibiliser les citoyens aux droits humains.
Il a également établi un programme de formation dans lequel les droits de l’Homme figurent en
bonne place et qui bénéficie aux délégués du ministère, aux animateurs des émissions
religieuses à la télévision et à la radio, aux présidents des Conseils des Oulémas
(Théologiens).

1.1.3. Analyse/audit genre


La réalisation d’un développement durable, nécessite de traiter les préoccupations du genre
comme étant à la fois une question spécifique et une question transversale. Dans ce cadre, une
analyse /audit genre au niveau de trois départements institutionnels (SEFEPH, Haut

70
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Commissariat au Plan et Secrétariat d’Etat à la Jeunesse) a été réalisée.


Objectif de l’analyse/audit genre:
- Recueillir des informations sur le statut Genre dans l’organisation et plus particulièrement
vis-à-vis des questions d’équité, égalité et habilitation de la femme, considérées comme des
principes à la fois éthiques et opérationnels ;
- Identifier et évaluer les perceptions du personnel sur la façon dont les questions Genre
sont prises en compte dans le processus de programmation et d’organisation interne.
Résultats attendus :
Ils consistent en des changements et amendements qui concerneront aussi bien la
gouvernance, la gestion que le personnel et les programmes, à savoir :
- Définition des réformes nécessaires pour l’intégration du genre dans le mandat,
planification, gestion, suivi et évaluation des départements ;
- Développement d’une politique qui affirme l’engagement en matière d’équité genre dans la
structure organisationnelle et au sein de ses membres ainsi que dans les instances de prise
de décision. Cette politique sera déclinée par la suite en plan d’action qui visera
l’institutionnalisation de l’analyse Genre et l’intégration du genre à toutes les phases du
processus de planification/programmation.

1.1.4. L’Initiative Nationale pour le Développement Humain


La lutte contre la pauvreté a constitué depuis le milieu des années 90 une priorité nationale,
renforcée par l’adhésion du Maroc à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le
Développement et confortée par l’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH)
Cette initiative se caractérise par un changement stratégique en rupture avec les pratiques
passées par l’adoption de politiques publiques mieux ciblées ; des nouvelles modalités de mise
en œuvre en prenant en considération les besoins spécifiques des populations bénéficiaires et
leur appropriation des projets de développement.
L’intégration de l’approche genre dans la mise en œuvre de l’INDH place la femme au centre
de cette initiative et permettra également d’atteindre toutes les composantes de la société. Des
efforts ont été déployés au niveau de l’élaboration des indicateurs statistiques par l’introduction
de la dimension genre.
L’INDH s’articule autour de trois axes :
1. La réduction des déficits sociaux en particulier dans les quartiers urbains pauvres et les
communes rurales les plus démunies (équipements et services sociaux de base, tels
que santé et éducation, alphabétisation, eau, électricité, habitat salubre,
assainissement, routes).
2. La promotion des activités génératrices de revenus stables et d’emplois, tout en
adoptant une action plus imaginative et plus résolue en direction du secteur informel.
3. L’aide aux personnes en grande vulnérabilité ou à besoins spécifiques.
Les initiatives adoptées à l’échelle nationale pour lutter contre la VFG, citées jusque là, concernent
les domaines politique et stratégique. Qu’en est - il du domaine des programmes opérationnels?

71
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

1.2. Programmes d’actions: mobilisation sociale et plaidoyer


L’essentiel des programmes concerne les efforts consentis en matière de mobilisation sociale
et plaidoyer lors des processus de consultation et d’élaboration des politiques et stratégies
mais aussi touchant au grand public ou pour des groupes spécifiques.
- La société civile reste pionnière en matière de lutte contre la violence à l’égard des
femmes, un ensemble d’associations féminines s’est impliqué dans la lutte contre la violence
à l’égard des femmes par la mise en place à partir de 1995 de centres dits d’écoute, de
soutien psychologique et d’orientation juridique.
- Plusieurs campagnes nationales de sensibilisation ont été organisées depuis la 1ère
campagne nationale de lutte la violence femmes (1998) à l’occasion de la journée
internationale de lutte contre la violence à l’égard des femmes avec la contribution active
des ONGs et plusieurs départements (gendarmerie, sûreté nationale, ministère des droits de
l’homme, éducation nationale, jeunesse et sports), notamment en 2004, 2005 et 2006, sous
la présidence du Premier Ministre et des membres du gouvernement.
- Le 1er Forum méditerranéen de lutte contre la violence à l’égard des femmes a été
organisé au Maroc (novembre 2005) par le secrétariat d’état chargé de la famille, de
l’enfance et des personnes handicapées. 13 pays du pourtour de la méditerranée ont
participé à ce forum. En plus du plan d’action et des termes de référence du réseau du VFG,
la déclaration de Rabat en a été le résultat le plus probant.
- En novembre 2005, une première campagne régionale pour lever les réserves et adhérer
au Protocole facultatif à la CEDAW a été lancée par la société civile, lors d’une conférence
de la région MENA pour une “ égalité sans réserve “, tenue à Rabat du 8 au 10 juin 2006.
Cette conférence a constitué une occasion pour consacrer expressément l’engagement
politique des autorités marocaines par la participation personnelle du Premier Ministre et du
Ministre de la Justice.
- Mise en place d’un observatoire national de lutte contre la violence à l’égard des femmes
(2006). Cet observatoire est une structure tripartite (partenaires institutionnels, associatifs et
universitaires), qui a pour mission de : orienter, coordonner et assurer le suivi et l’évaluation
de la mise en oeuvre du plan opérationnel de la SNLCVF. Ses objectifs visent à contribuer
au renforcement des politiques nationales en matière de lutte contre la violence à l’égard
des femmes ; constituer une banque de données informatisée en violence à l’égard des
femmes ; capitaliser et coordonner toutes les initiatives tendant à renforcer l’efficacité des
actions menées pour lutter contre la violence à l’égard des femmes. Ses principales
attributions sont de valider et cordonner les plans d’action sectoriels ; coordonner, réaliser
et diffuser les données, études et recherches sur les violences à l’égard des femmes.

1.3. Structures d’offre de services : secteur public et société civile


Plusieurs centres d’écoute et d’assistance psychologique et juridique des femmes
victimes de violences ont été créés aussi bien à l’initiative du gouvernement que celle des ONG.
Il s’agit de :
- Un réseau ANARUZ regroupant prés de 40 centres d’écoute a été constitué afin
d’harmoniser et uniformiser la collecte, l’analyse et la diffusion des données en matière de

72
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

VFG. Ce réseau est actuellement en phase d’extension. Il a permis de mettre en place une
base de données et un système d’information unifié en VFG, de produire un rapport
analytique sur les violences à l’égard des femmes, des programmes de sensibilisation, de
plaidoyer et de formation communes.
- La mise en place d’un point focal Genre par la Direction de la Police Judiciaire, relevant de
la Direction Générale de la Sûreté Nationale qui a aussi créé en son sein une entité nouvelle
spéciale de lutte contre la violence familiale supervisée par un commissaire de police. Parmi
les réalisations de cette Direction, l’envoi en janvier 2001 d’un message à tous les
commissariats du Royaume pour la collecte d’information et statistiques mensuelles sur les
violences subies par les femmes.
- Santé maternelle et néonatale / VFG
En 2005, la stratégie nationale de réduction de la mortalité maternelle et néonatale a été
révisée. Depuis quelques années, le Ministère de Santé a amorcé un processus de réforme,
y compris une réforme des services hospitaliers et de déconcentration des fonctions vers le
niveau régional.
Deux unités consacrées aux femmes victimes de violence ont été créées aux niveaux du
centre hospitalier universitaire de l’Hôpital Ibn Sina (Rabat, 2002) et l’Hôpital Ibn Rochd à
Casablanca, avec la mise en place d’un registre destiné à recenser, les patientes victimes
de violences conjugales.
A partir de 2005, un processus d’institution d’unités hospitalières femmes et enfants victimes
de violences a été mis en place au niveau de la région de Marrakech Tensift Al Haouz
(quatre unités hospitalières provinciales), et de Tadla-Azilal (unité régionale de Béni mellal).
- Dans son effort de rapprochement des services offerts, le SEFEPH a mis en place (2005)
un Numéro vert national gratuit (0 8000 8888) au profit des femmes et enfants survivants à
la violence. Ceci afin, d’offrir, en toute confidentialité, des services d’écoute, d’orientation et
d’assistance juridique et psychologique, suivre l’évolution de la violence et mettre en place
des décisions appropriées de protection et de lutte contre la violence à l’égard de ces
femmes et enfants.
- Pour favoriser les connaissances sur la problématique de la violence à l’égard des femmes
et envers les enfants, et afin de pouvoir disposer de statistiques pertinentes, un système de
collecte de données unifiées en violence à l’égard des femmes est en train d’être mise en
place au niveau institutionnel (SEFEPH, santé, justice et police).
- Le Ministère de la Justice a diffusé une circulaire aux parquets leur enjoignant de prendre
les mesures nécessaires pour l’effectivité de la lutte contre la violence à l’égard des femmes
et l’amélioration de l’accueil et la prise en charge des femmes victimes de violence, et ce,
par :
- la constitution d’une cellule de communication avec les centres d’écoute coiffée par une
femme substitut du procureur général ou du procureur du Roi ;
- l’appui et la formation des centres d’écoute et d’assistance en leur dispensant les
connaissances procédurales nécessaires ;
- la formation continue des juges du parquet pour un meilleur exercice de leurs fonctions
auprès des femmes victimes de violence ;

73
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

- la communication aux centres d’écoute et d’assistance du calendrier des permanences ;


- l’organisation de réunions périodiques avec les centres d’écoute pour une meilleure
coordination ;
- le partenariat avec les autres acteurs gouvernementaux concernés pour doter les centres
d’accueil, de moyens nécessaires ;
- le recours à l’aide des assistantes sociales pour la réalisation des enquêtes sociales en
faveur des femmes victimes de violence ;
- l’écoute des femmes victimes de violence par des femmes appartenant à la police judiciaire;
- la possibilité de se faire accompagner par les représentantes des centres d’écoute ;
- l’aide judiciaire en faveur des femmes nécessiteuses ;
- la médiation en matière de violence conjugale dans l’intérêt de la femme, en prenant toutes
les mesures nécessaires pour la protection de cette dernière.
Le Ministère de la Justice procède à l’élaboration d’un plan sectoriel de lutte contre la violence
à l’égard des femmes. Des mesures d’accompagnement du code de la famille ont été prises,
par la mise en place des sections de la justice de la famille et la nomination des juges
spécialisés, la création au sein de la Direction des Affaires Civiles au Ministère de la Justice
d’une cellule chargée du suivi de ces sections, la formation et la formation continue au profit
des juges de la famille, la création d’une option de formation spécialisée en droit de la famille,
ainsi que la création des unités d’accueil des femmes victimes de violence dans les tribunaux
de première instance.

2. Pour l’enfant

2.1. Politiques et stratégies d’actions


L’enfant et la nécessité de le protéger et de faire valoir ses droits ont été, depuis la ratification
par le Maroc de la CDE en 1993, placés au centre des préoccupations des pouvoirs publics.
C’est en suivant les réalisations dans ce domaine que l’on trouvera les lignes de force de
l’action gouvernementale dans ce domaine durant ces dernières années.
Ceci, s’est d’abord accompagné par la création d’un Département au sein du gouvernement
chargé de l’enfance en l’occurrence le SEFEPH, et le rôle que joue l’Observatoire National des
Droits de l’Enfant (ONDE) sous la présidence de SAR la Princesse Lalla Meryem.
De même, elle s’est traduite par l’amélioration des connaissances sur les conditions de
l’enfance au Maroc qui ont résulté d’enquêtes, d’études et de recherches, soutenues par les
Agences des Nations Unies au Maroc (UNICEF, BIT, à travers son programme de prise en
charge, OMS...) ainsi que par l’action qu’ont mené certaines ONG, actives dans le domaine. Le
corpus national s’est aussi enrichi par les données produites par la Direction des Statistiques
sur l’enfance. C’est ainsi que la connaissance de la situation de certaines catégories d’enfants
en situation difficile a pu être améliorée.
Comme il a été précédemment évoqué, le Maroc s’est engagé depuis quelques années à
adopter et ratifier plusieurs conventions internationales en matière de protection des enfants
(CDE, Conventions de l’OIT, protocoles additionnels, etc.), en plus d’un Mémorandum

74
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

d’Entente conclu avec l’Espagne en 2003, pour le rapatriement assisté des enfants migrants
non accompagnés et qui constitue une plate-forme de coopération et de partenariat en matière
de réinsertion des mineurs dans leur milieu social d’origine.
Au niveau national, et en harmonisation avec les dispositions des conventions internationales
ratifiées, de nombreuses dispositions édictées dans le cadre de Codes et de textes de Lois sont
apparues en la matière : Code de la famille, Code de travail, Loi sur la Kafala, etc. (voir chapitre
précédent).

2. 2. Programmes
Sur le plan de la mobilisation, de nombreux programmes et actions ont été mis en œuvre pour
informer et sensibiliser les différents intervenants en matière de protection de l’enfant. Il s’agit
de différents outils et activités d’information et de sensibilisation qui s’adressent aux
intervenants, aux employeurs, aux enfants, etc. Ainsi qu’aux différentes associations oeuvrant
dans le domaine de la protection de l’enfant. Ces actions, d’ampleur inégale, ont contribué à
une prise de conscience significative de la part des acteurs gouvernementaux et non
gouvernementaux de la nécessité d’une meilleure protection des droits de l’enfant.
- Concernant d’abord la prévention contre la violence, la maltraitance, l’abus et l’exploitation
des enfants, des résultats sont obtenus et différentes actions ont été menées telles que la
généralisation de l’enseignement fondamental à tous les enfants en âge de scolarité, la lutte
contre la déscolarisation, la prévention contre le travail des enfants et la réinsertion des
enfants de la rue via le Programme “ Idmaj”, les enfants en conflit avec la loi et les actions
menées dans le cadre de la stratégie de lutte contre la migration clandestine.
De même, le développement des activités socioculturelles et de loisirs menées en faveur des
enfants, aussi bien par les départements gouvernementaux (Culture, Jeunesse, Education
Nationale et Information par le biais des chaînes de télévision et radios nationales...) que par
les associations oeuvrant dans le domaine, ont largement contribué à la protection des enfants
contre la délinquance juvénile.
- Plus en amont, d’autres programmes de développement social et de lutte contre la
pauvreté visent à agir sur les conditions de vie des enfants, en particulier en milieu rural.
- L’action préventive se trouve également renforcée par l’émergence de nouveaux acteurs
et institutions qui oeuvrent pour le développement social tels que la Fondation Mohammed
V pour la Solidarité... ; et de nombreuses ONG’s actives dans le domaine du
développement.
- En ce qui concerne les mesures d’intervention, le Maroc s’est doté de moyens
institutionnels destinés à assurer la protection de l’enfance, tels que la Brigade des mineurs
dont les compétences et les champs d’action ont été renforcés depuis sa création en 1965.

75
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

2.3. Plan d’Action National pour l’Enfance (2006 - 2015)

2.3.1. Contexte et composantes


Partant des acquis accomplis par le Maroc en matière de droit de l’enfant, et les avancées
notables marquées par l’harmonisation de sa législation nationale avec les Conventions
Internationales et grâce à la ferme volonté de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, avec ses
orientations claires, contenues dans la lettre Royale adressée le 25 Mai 2004 au 10ème
Congrès National des Droits de l’Enfant avec ses initiatives novatrices de lutte contre toutes
formes de précarité et pour le droit d’accès au développement pour toutes les couches de la
population prévu par le lancement de l’INDH ; et suite à la volonté politique accrue du
Gouvernement et des Elus de la Nation, ce Plan d’Action a été conçu pour répondre
efficacement aux impératifs d’un état de droit où les intérêts supérieurs de l’enfant sont une
priorité nationale.
Ce plan d’action qui a une portée multisectorielle et impliquant toutes les forces vives de la
société, s’articule autour des axes suivants :
- Le droit à une vie saine
Les problèmes liés à la santé de la mère et de l’enfant vu les taux de mortalité à la naissance
et de la prise en charge des nouveau-nés surtout en milieu rural et des enfants à besoins
spécifiques et en situation difficile et les disparités entre les régions....;
- Le droit de l’enfant au développement
Les problèmes liés à assurer la scolarisation générale et les disparités entre les sexes et
entre le milieu rural et urbain, le taux de déperdition scolaire, la scolarisation des enfants en
situation difficile et les enfants en situation de handicap, la qualité de l’éducation... ;
- Le droit à la protection
Les carences liées à la non inscription de tous les enfants à l’Etat Civil, la non codification
du circuit de protection de l’enfant violenté, l’insuffisance en cadres spécialisés, la
standardisation des normes de qualité des institutions de prise en charge, le calvaire des
enfants en situation de handicap, et le nouveau problème qu’affronte le Maroc lié à la
situation des enfants issus de l’immigration clandestine des pays d’Afrique subsaharienne ;
- Les mécanismes de suivi et d’accompagnement
Les carences liées au manque d’un système d’information performant et l’accroissement et
l’optimisation des ressources budgétaires et humaines dédiées à la promotion et à la
protection efficace des droits de l’enfant ...

2.3.2. Actions envisagées pour la protection des enfants contre


la violence
Deux grandes actions spécifiques ont été identifiées pour assurer une protection optimale des
enfants contre toutes les formes de violence :
- Amélioration des conditions de prise en charge des enfants maltraités, abusés et/ou
violentés

76
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

- Promotion des valeurs liées à la culture des Droits de l’Enfant.

2.3.2.1. Amélioration des conditions de prise en charge des


enfants maltraités, abusés et/ou violentés
Les mesures envisagées consistent à :
- Adopter et veiller à l’application des mesures législatives de protection contre toute forme
de violence et d’abus commis à l’encontre des enfants ;
- Concevoir et mettre en œuvre une stratégie de communication globale pour lutter contre
toute exploitation, abus, violence, délaissement et abandon exercés à l’encontre des enfants
en particulier sur les risques et les conséquences néfastes (violence, pédophilie, pratiques
incestueuses, traite et du trafic des enfants et / ou de leurs organes à des fins commerciales,
etc).
- Renforcer la protection aux frontières par l’augmentation de l’effectif de la police des
frontières et des agents sociaux responsables du trafic transfrontière des enfants et des
mineurs ;
- Elaborer et mettre en œuvre des programmes de sensibilisation (programmes scolaires,
programmes radio télévisés, prêches du vendredi ; parlement de l’enfant...) ; en veillant à ce
que :
o Les programmes scolaires intègrent un chapitre sur l’éducation sexuelle afin de lutter
contre la vulnérabilité des enfants engendrée souvent par la méconnaissance totale
de leurs corps,
o Les programmes radiotélévisés émettent des émissions spécialisées sur l’éducation
sexuelle pour lutter contre la vulnérabilité des enfants, surtout devant le forfait des
parents à ce sujet à cause de leur ignorance, leur non qualification ou de leur pudeur,
o Les Imams communiquent régulièrement sur ces sujets notamment sur l’inceste et
la pédophilie lors des prières du vendredi,
o Le parlement de l’Enfant ainsi que les conseils municipaux pour Enfants soient
sollicités afin de s’impliquer davantage dans des programmes techniques spécifiques
sur ces sujets à l’occasion de manifestations en relation avec ce fléau,
o Les campagnes de sensibilisation et d’information sur le danger de l’usage abusif de
l’Internet soient organisées.

- Encourager les mineures arrêtées en “ situation de prostitution “ de se soumettre à un test


de grossesse en vue de lutter contre le phénomène des “ mères célibataires “ et celui des “
nouveau - nés abandonnés “ et un test de dépistage des IST/SIDA., en vue de lutter contre
la prolifération de ces maladies, sachant que sans cette mesure, ces victimes n’ont pas
l’opportunité ni le moyen de faire elles-mêmes de telles explorations ;
- Elaborer des programmes de réinsertion : centres de réinsertion et solutions compensatrices
pour assurer leur insertion, développement d’associations, en s’engageant à :

77
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

o Favoriser et encourager la création de centres de réinsertion pour accueillir les


mineurs en situation de prostitution en vue de leur offrir des solutions compensatrices
pouvant assurer leur réintégration;
o Solliciter et encourager les associations existantes oeuvrant dans le domaine de
l’enfance à se développer dans cette optique ;

- Développer des conventions entre les centres de formation professionnelle et les centres
de réinsertion spécifiques recevant les mineurs victimes de la prostitution en vue de réussir
leur réintégration ;
- Redynamiser le principe des bus scolaires qui constituent une protection des enfants
contre les risques de trajets devenus de plus en plus menaçants ;
- Impliquer, en engageant leurs entières responsabilités quant à la sécurité à l’intérieur des
structures qu’ils dirigent, les directeurs des établissements et institutions, et les gérants des
clubs ;
- Imposer et mettre en place des logiciels de filtrage en vue de pouvoir exercer un contrôle
préventif contre l’usage abusif de l’Internet (cyber cafés; espaces de jeux et de loisirs;
établissements publics; sociétés privées; établissements scolaires et universitaires).

2.3.2.2. Promotion des valeurs liées à la culture des droits de


l’enfant
Il s’agit principalement de mettre en place une politique d’information pour promouvoir une
culture de respect des droits de l’enfant aux niveaux national et régional à travers les médias
et les écoles.

78
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Deuxième Partie

2
PRISE EN CHARGE
AU NIVEAU DES STRUCTURES
DE SANTE

79
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

80
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Chapitre 1

PRISE EN CHARGE DES FEMMES


SURVIVANTES A LA VIOLENCE

81
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Pertinence du chapitre
Les situations de violence à l’encontre des femmes sont très diverses, complexes,
multi contextuelles et potentiellement dangereuses. Tout professionnel de santé
peut être confronté dans sa pratique quotidienne à gérer de telles situations et
même être le premier interlocuteur et l’acteur privilégié dans une chaîne intégrée
et multidisciplinaire de prise en charge des femmes survivantes à la violence.
Le professionnel de la santé a un rôle important à jouer pour accueillir, écouter,
reconnaître les violences, soulager et soigner, établir un constat médical et
médico légal, informer les patientes sur leurs droits et les moyens de les faire
appliquer, prévenir les risques immédiats et orienter vers les niveaux appropriés
selon son évaluation et les besoins des femmes survivantes à la violence.
C’est en somme les aspects cliniques, médicaux et légaux de la prise en charge
dont il s’agit et que ce chapitre aborde en vue de permettre au professionnel de
santé de se les approprier et les appliquer dans ses démarches de prise en charge
auprès des femmes survivantes à la violence.

Objectifs
- Accroître les connaissances des professionnels de santé et leur permettre
d’acquérir des habilités pour améliorer la prise en charge des femmes victimes
de violence
- Suspecter/reconnaître une violence devant des signes physiques ou
psychiques manifestes ou discrets
- Accueillir et écouter les patientes en créant un climat de confiance
- Assurer la prise en charge clinique des femmes survivantes à la violence
- Etablir un constat médical et informer les patientes sur leurs droits et les
moyens de les faire appliquer
- Assurer le suivi des patientes
- Orienter vers les structures/centres appropriés en fonction de l’évaluation de la
situation clinique et des besoins des patientes.

82
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

SECTION 1
LES ASPECTS CLINIQUES DE LA PRISE EN CHARGE

Les violences peuvent être clairement exprimées et être le motif de la consultation, cependant
elles peuvent être voilées ou niées par la femme par honte ou par peur et doivent, dans ces
cas, être dépistées par le praticien de santé.

1. Accueil des femmes survivantes à la violence


Pour assurer une prise en charge de qualité des FSV le PS devrait avoir :
- Une formation adéquate
- Des équipements et des ressources nécessaires
- Des procédures et des standards de prise en charge
- Une connaissance des différents partenaires
L’accueil et la prise en charge des FSV doivent impérativement se faire dans un climat
d’empathie et de confidentialité.
Le praticien de santé doit offrir un cadre relationnel adéquat afin de permettre à la survivante à
la violence d’user pleinement de son droit, de parler sans la crainte d’une quelconque
stigmatisation ou d’une manifestation d’incrédulité.
La survivante à la violence est une personne traumatisée. Elle aura souvent peur, ou se sentira
coupable, honteuse, en colère ou une combinaison complexe de tous ces sentiments.
La qualité de l’accueil est donc capitale pour contribuer à la reprise de la confiance ultérieure
de la victime et faciliter sa prise en charge. L’accueil constitue une urgence et l’attente doit être
la plus courte que possible.
L’évaluation de la situation nécessite un cadre sécurisant garantissant la confidentialité. Afin de
rassurer la patiente, le praticien doit préciser que le contenu de l’entretien et les résultats de
l’examen médical sont soumis aux règles du secret professionnel et que rien ne va être
entrepris ou transmis sans son consentement.
Le professionnel de santé qui accueille la victime devra :
* Se présenter et exprimer une attitude empathique envers la victime ;
* Rassurer la survivante en lui expliquant qu’elle a le contrôle du processus et des
composantes de l’examen médical ;
* Expliquer ce qui va se passer pour chaque étape de l’examen médical, son importance, ce
qu’il va apporter comme informations et en quoi cela va influencer la suite de la prise en
charge ;
* Rassurer la survivante en lui expliquant que les résultats de l’examen médical sont soumis
au secret professionnel et à la confidentialité à moins qu’elle ne décide elle-même de porter
plainte et donc d’y avoir recours ;
* S’assurer qu’une personne bien formée dans le soutien psychosocial ou un prestataire de
service de même sexe accompagne la survivante durant l’examen ;

83
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

* Demander si elle veut poser des questions ;


* Demander si elle veut qu’une personne en particulier soit présente durant l’examen comme
soutien.
Obtenir le consentement de la survivante à l’examen :
* Passer en revue le formulaire du consentement (annexe 3) avec la survivante ;
* S’assurer qu’elle en comprend bien toutes les rubriques, et qu’elle en apprécie la portée et
les conséquences ;
* Lui expliquer qu’elle peut refuser n’importe quel aspect de l’examen si elle ne veut pas s’y
soumettre ;
* Une fois que vous êtes sûr/e qu’elle a tout bien compris, lui demander de signer. Si elle ne
sait pas écrire, elle peut apposer l’empreinte de son pouce avec la signature d’un témoin.

2. Recueil de l’histoire/anamnèse
Orientations générales :
* Avant de commencer l’entretien, revoir tous les documents y compris administratifs que la
survivante a apportés avec elle à l’unité/centre de santé.
* Utiliser un ton calme et laisser la survivante raconter son histoire de la façon dont elle veut
le faire, sans aucune hâte.
* Eviter toute interruption ou distraction durant le recueil de l’histoire.
* Ne pas interrompre la survivante pour avoir plus de détails. Une fois qu’elle a terminé, il
est possible de demander des clarifications en posant des questions.
* Lui expliquer qu’elle peut ne pas tout dire si elle ne se sent pas à l’aise ou si certains
éléments de l’histoire la mettent dans la gêne.
* Les survivantes peuvent omettre ou éviter de décrire des détails de l’agression qui leur
sont particulièrement douloureux ou traumatisants. Mais, il est absolument important que le
professionnel de santé comprenne exactement ce qui s’est passé pour être en mesure de
faire l’examen approprié et de faire le point sur les conséquences possibles.
* Il faut garder à l’esprit que parfois les femmes ne révèlent pas spontanément les actes de
violence dont elles sont victimes mais souvent elles le font à la suite d’une demande
d’informations dans ce sens.
* Il faut savoir alterner les questions directes et les questions indirectes. Les questions
indirectes sont préférables pour ne pas induire les réponses. Cependant les questions
directes, au risque de provoquer peur et retrait, ont l’avantage de confronter la survivante à
des actes ou situations qu’elle ne perçoit pas nécessairement comme dangereuses pour sa
santé.
* Si elle semble peu enthousiaste pour ne pas dire résistante à livrer certains détails, il faut
lui rappeler qu’elle est libre de son choix mais lui expliquer clairement les risques pour sa
santé et la réassurer encore une fois quant au caractère confidentiel de toute information
qu’elle livrera.

84
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

* Dans tous les cas, il faut respecter son droit à ne pas divulguer une situation de violence
tout en essayant de comprendre les motifs de ses réticences.
* Il faut également passer le message qu’on peut toujours aider la survivante en restant prêt
à l’entendre à tout moment même si au jour de sa visite, elle n’a pas eu le courage ou la
volonté, de divulguer sa situation.
* Faire enfin très attention aux questions qui sous-entendent en elles-mêmes un blâme “ que
faisiez-vous là-bas toute seule/à cette heure là...” ou une justification/culpabilisation “
qu’avez-vous bien pu faire pour en arriver là? “,
Exemples de questions directes ou indirectes pour dépister une violence à l’égard des
femmes :
Exemples de questions indirectes :
- Comment vous sentez-vous ?
- Pourquoi dormez-vous mal ?
- Qu’est ce qui vous rend triste ?
- Votre blessure, votre état m’inquiètent, avez-vous beaucoup de soucis ?
Exemples de questions directes :
- D’après vos blessures, j’ai l’impression que vous avez été frappée.
- De nombreuses femmes m’ont dit avoir été maltraitées par un conjoint ou un parent, est-ce
que cela vous est arrivé aussi ?
- Vous semblez mal à l’aise. Vous n’êtes pas obligée de me répondre. Mais
j’aimerais que vous me racontiez ce qui s’est passé.
- Comment décririez-vous la relation avec votre conjoint ?

Au cours de l’anamnèse, le professionnel de santé devra recueillir des informations générales


sur la patiente, des informations relatives aux circonstances de l’agression et préciser les
antécédents de la patiente (annexe 4).
• Recueil des informations générales
* Nom, prénom, sexe, date de naissance ou âge en années,
* Date et heure de l’examen et les noms et fonctions de toute personne présente durant
l’examen : professionnel/le de santé ou personne de soutien/accompagnatrice dont la
survivante aura sollicité la présence.
• Recueil des circonstances et du type d’agression :
* Préciser les liens avec l’auteur des violences, les faits traumatiques, leur déroulement, leur
lieu, leur nature : physique, psychologique ou sexuelle, leur fréquence : épisode unique ou
répétitif, la date de leur début, leur contexte déclenchant.
* En cas de lésions physiques, déterminer l’impact des coups, les moyens utilisés, la
présence de témoins, notamment les enfants ainsi que les signes fonctionnels subjectifs
ressentis et le retentissement sur le psychisme et sur les différentes sphères de la vie
quotidienne de la victime.

85
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

* En matière de violences sexuelles, faire préciser par la victime :


- le nombre d’agresseurs, connus ou inconnus de la victime
- le type d’agression sexuelle (pénétration vaginale, fellation, sodomisation ou des
attouchements, introduction de corps étrangers, pratiques pornographiques...)
- les moyens utilisés pour imposer le rapport sexuel : coups et blessures, menaces
verbales ou par arme, chantage, séquestration, soumission chimique...
- la notion d’éjaculation avec le nombre de fois et les sites,
- les pratiques sexuelles et exigences particulières de l’agresseur.
- la notion de douleurs, leur siège et leur irradiation ou des saignements.
- le comportement de la victime après l’agression : changement de vêtements, toilette
intime ou exonération anale. Cela peut avoir un effet sur le type de preuves médico-
légales qui doivent être rassemblées.
• Antécédents de la survivante:
* Préciser les antécédents médicaux, chirurgicaux, gynécologiques, obstétricaux et
psychiatriques ;
* S’enquérir des antécédents de violences physiques ou sexuelles ;
* Rechercher un terrain d’allergie, le statut vaccinal notamment pour le tétanos et l’hépatite
B, le statut sérologique à certaines ISTs s’il est connu.
* En cas de violences sexuelles, s’enquérir sur la virginité antérieure, sur une contraception
en cours, sur la date des dernières règles et la date du dernier rapport sexuel librement
consenti.
* Explorer la possibilité d’une grossesse préexistante chez les femmes en âge de procréer
à partir de son histoire et de l’examen médical. Faire/demander un test de grossesse si
nécessaire.

3. Examen clinique
Cet examen a un double objectif :
* Déterminer les soins médicaux que la patiente nécessite et
* Recueillir les preuves médico-légales qui vont l’aider si elle décide de déposer plainte et
d’aller en justice.
- L’examen clinique ne peut être entrepris que si on a le consentement informé et volontaire
de la patiente selon le formulaire en annexe 3. Le PS doit également respecter son choix si
elle refuse de se soumettre par exemple à une partie de l’examen ou au recueil des
échantillons requis pour l’examen médico-légal. Il faut également lui assurer qu’elle a le
contrôle de la situation, qu’elle peut poser des questions et qu’elle peut arrêter l’examen si
elle le veut et quand elle le veut et toujours l’informer de ce que vous allez faire et lui
demander sa permission avant de le faire.
- Commencer par l’examen général sans jamais demander à la survivante de se déshabiller
ou de se découvrir complètement,

86
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

- Prendre les signes vitaux : pouls, tension artérielle, température. Il est possible que
l’examen initial révèle des complications médicales sévères qui nécessitent un traitement
urgent et donc une hospitalisation immédiate.
- Au fur et à mesure que l’examen avance, recueillir les preuves conformément au protocole
local de collecte des preuves
- Faire l’examen gynécologique après l’examen général, une fois que la victime est en
confiance.
- Apprécier le retentissement psychologique (insomnie, anxiété, état dépressif...) parfois très
important et relève de l’urgence psychologique.
- Enregistrer tous les résultats et observations de l’examen aussi clairement et
complètement que possible.

Examen physique
Un examen médical clinique est entrepris de façon complète et systématique dans la
mesure où il apportera les preuves d’un traumatisme récent ou les séquelles d’un
traumatisme ancien à travers une description minutieuse des différentes lésions
corporelles.
* Examiner d’abord la partie supérieure du corps de la patiente puis la partie
inférieure, ou bien lui donner un champ pour se couvrir et procéder de la même
façon,
* Relever les différentes blessures, leur place, leur nature, leur aspect, leur
mensuration, leur forme, leur couleur, leur profondeur, leur contenu, leurs bordures,
leur localisation par rapport aux repères anatomiques les plus proches et les noter
sur un pictogramme.
* Rechercher les signes qui sont concordants avec l’histoire racontée par la
survivante tels que :
- Des traces de morsures, de griffures ou de coups de poing : lacérations à la tête
ou au visage, des fractures des os de la face, traces de cheveux arrachés ou
encore de tympan déchiré,
- Des marques de serrement de poignets, de contention des poignets et des
chevilles ou d’écartement des genoux, des cuisses et des bras.
- Des lésions dentaires et muqueuses récentes par un traumatisme contre les
dents ou par introduction de corps étrangers.
- Des traces très discrètes qu’aurait pu laisser un traumatisme mineur : tentative
d’étranglement, appui d’une arme pointue sur un endroit du corps,
- des traces de brûlures causées par des cigarettes, de liquides ou d’objets
chauds, des caustiques,
- Des fractures de la clavicule ou des côtes, des autres segments du corps.
Noter très précisément tous les résultats sur le formulaire d’examen et les schémas du
corps (annexe 4). Décrire clairement et systématiquement toutes les blessures, en

87
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

utilisant une terminologie standard et en décrivant les caractéristiques des blessures


(annexe 5)
* Examiner les vêtements : ils ont pu être déchirés ou souillés par des corps
étrangers, du sperme ou du sang (de la victime mais aussi de l’agresseur).
* L’examen général est indispensable pour détecter d’éventuelles lésions viscérales
ou vasculo-nerveuses nécessitant un traitement en milieu spécialisé.

Examen sexuel
Un traumatisme génital ou anal peut avoir lieu après pénétration sexuelle. Toutefois, la
plupart des études indiquent que moins de 30% des femmes en période d’activité
génitale présenteraient des lésions génitales visibles à l’œil nu après pénétration forcée.
Ainsi l’absence de lésions génitales à l’examen d’une victime présumée d’une agression
sexuelle ne peut aller à l’encontre de ses allégations.
La pénétration peut être par une verge ou par une autre partie du corps notamment par
la langue ou un ou plusieurs doigts, ou par des objets de formes et de dimensions
divers.
L’examen sexuel doit être réalisé sur une table gynécologique avec un bon éclairage et
en présence d’une tierce personne féminine si la survivante le demande.
- Explorer tous les sites : face interne des cuisses, mont du pubis, grandes et petites
lèvres, clitoris et urètre, hymen, sillon nympho-hyménéal, fourchette, vagin, col et
anus.
- Noter différentes blessures possibles allant de l’éclatement périnéal, la déchirure du
cul de sac postérieur vaginal avec hémorragie importante et la plaie anale, à
d’autres moins importantes à type de lacérations, abrasions vaginales ou
cervicales, déchirures hyménales discrètes, griffure, œdème ou reste de corps
étrangers.
- Décrire les lésions en les rapportant au cadran horaire et en précisant la position de
l’examen.
- Rechercher tout signe d’infection tels que ulcérations, pertes vaginales,
excroissances...
- Pour l’examen de l’hymen, faire une traction douce des lèvres vers l’extérieur pour
le visualiser ou faire bomber la cloison recto-vaginale par un toucher rectal qui étale
la zone postérieure d’insertion de l’hymen.
- En cas de défloration récente, rechercher les déchirures le plus souvent entre 4 h
et 8 h en position de décubitus dorsal. En général, elles atteignent la muqueuse
vaginale. Leur cicatrisation dure 05 à 08 jours sauf infection surajoutée.
- Compléter par un toucher vaginal à un doigt ou deux doigts. Parfois, la virginité est
évidente et l’on ne peut introduire qu’un seul doigt. L’hymen donne une sensation
de bride. Mais il faut savoir que des hymens “complaisants” peuvent rester intacts
après avoir été franchis avec une certaine douceur lors d’un rapport sexuel
pénétrant.

88
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

- En cas de pénétration vaginale, introduire doucement un spéculum, lubrifié avec de


l’eau ou du sérum physiologique, puis inspecter le col, le cul de sac vaginal
postérieur et la paroi vaginale à la recherche de signes de traumatisme et
d’infection.
- Examiner l’anus en commençant par une simple inspection puis en déplissant les
plis de la marge anale pour étudier l’état muqueux et cutané et rechercher une
pathologie de la muqueuse ou tout autre anomalie; eczéma, condylomes, abcès ou
fistules, prolapsus muqueux, tuméfaction... Rechercher des fissures, qui, après
sodomisation, sont souvent de petites tailles et se logent au fond des replis
muqueux. Récentes, elles sont le plus souvent superficielles avec des bords nets
et fins sans réaction péri-fissuraire.
- Compléter par un toucher rectal pour apprécier le tonus du sphincter (relâché ou
contracturé). Il faut préciser s’il revient souillé de sang ou par un autre suintement,
s’il est douloureux de façon exquise ou diffuse. En cas de suspicion, il faut faire une
anuscopie.
- Noter sur le pictogramme et la fiche d’examen, les endroits pour toute ecchymose,
déchirure ou écorchure.
- Il est rare de trouver des preuves physiques plus d’une semaine après une
agression sexuelle. Si la survivante se présente dans la semaine du viol ou se
présente avec des plaintes, faire un examen physique complet tel que décrit ci-
dessus. Dans tous les cas, il faudra :
- Noter la taille et la couleur des ecchymoses et des cicatrices,
- Noter toute preuve de complications/résultats possibles du viol : fractures, abcès...
- Contrôler/rechercher les signes de grossesse,
Le professionnel de santé effectuera un examen sexuel aussi précis que possible et
notera sur un schéma les lésions relevées. Il pourra, s’il le juge nécessaire, adresser la
patiente à un spécialiste pour un examen plus approfondi.

4. Evaluation du retentissement psychologique et


émotionnel :
Le sentiment de honte et de culpabilité confine souvent les femmes survivantes à la violence
fondées sur le genre à l’isolement et au silence. L’expression des émotions liées au
traumatisme, outre l’apaisement qu’elle procure, peut faire vivre à la patiente une écoute
empathique. Cela aura souvent un impact déterminant pour la prise en charge ultérieure en
facilitant l’alliance thérapeutique avec le psychiatre ou le psychologue que la patiente sera
peut-être amenée à consulter par la suite.
Chez les femmes survivantes à la violence, il faut rechercher des manifestations du psycho
traumatisme qui peuvent être à type de :
* Manifestations de détresse émotionnelle : colère, honte, sentiment de culpabilité, sentiment
d’impuissance, auto dévalorisation, anxiété, état de panique, les tentatives de suicide,

89
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

* Troubles mentaux caractérisés : troubles phobiques, états dépressifs, états psycho


traumatiques,...
* Troubles somatoformes : troubles digestifs, lombalgies chroniques, céphalées, asthénie,
sensation d’engourdissements et de fourmillements dans les mains, ....
* Troubles du sommeil sous forme de difficultés d’endormissement, veille ou réveils
nocturnes, cauchemars.
* Troubles de l’alimentation : prises de repas irrégulières, anorexie ou boulimie.
* Troubles cognitifs : difficultés de concentration et d’attention, pertes de mémoire.
* Abus de substances psycho actives : consommation chronique et abusive de tabac,
d’alcool, de drogues, de médicaments analgésiques, anxiolytiques, antidépresseurs ou
hypnotiques.
Il ne s’agit pas de recourir systématiquement au psychiatre ou au psychologue. Les solliciter
si:
* Le contexte de maltraitance est flagrant et qu’il existe des signes de retentissement
psychologique
* La symptomatologie psychiatrique est au premier plan : mutisme, agitation extrême, état
psychotique aigu, tentative de suicide, dépression...
* La survivante demande spontanément à voir un psychiatre.
* Dans le cas où l’avis du psychiatre est nécessaire, il faudrait obtenir le consentement de la
survivante. Parfois, l’appel au psychiatre est vécu comme inopportun, voire humiliant par la
survivante. Elle peut se sentir jugée “on me prend pour une folle” ou imaginer que sa parole
est mise en doute. Afin de favoriser l’acceptation de la consultation psychiatrique, présenter
le psychiatre comme un spécialiste du psycho traumatisme, c’est-à-dire des conséquences
psychologiques liées à la situation de violence.

5. Traitement médical et suivi des femmes survivantes à la


violence

5.1 Traitement médical


- Orienter les survivantes en état grave ou critique mettant en jeu leur pronostic vital vers les
services spécialisés pour une prise en charge immédiate.
- Traiter, si possible, les survivantes avec des blessures moins graves, ex. coupures,
contusions ou autres blessures.
- En cas d’intoxication, le traitement médical symptomatique sera adapté à l’état de la
victime.
- Faire le parage de toute effraction cutanée.
- Les médications suivantes peuvent être indiquées :
* Les antibiotiques pour prévenir la surinfection des plaies souillées ou traitées
tardivement.

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

* Les analgésiques en cas de douleur


* Les anxiolytiques pour faire face de façon ponctuelle à un trouble anxieux aigu avec
une prescription de brève durée.
* Les hypnotiques pour une courte période en cas de troubles du sommeil.
* La prévention du tétanos en conseillant aux survivantes de compléter le programme
de vaccination (2ème dose après 4 semaines, 3ème dose entre 6 mois et 1 an)
(annexe 5).
Les conduites à tenir suivantes sont recommandées en cas d’agression sexuelle selon le
niveau de prise en charge où l’on se trouve en particulier dans les services équipés disposant
de personnels formés :

a. Si l’agression est récente (datant de moins de 72 heures) :


1.1. Faire la prophylaxie de la grossesse par une contraception d’urgence à administrer dans
les 72h au maximum suivant le rapport sexuel potentiellement fécondant (annexe 6)

Il ne s’agit pas d’une méthode d’interruption de la grossesse mais elle permet d’une
manière non absolue de la prévenir lors d’un rapport potentiellement fécondant. Selon les
références de l’OMS, on préconise une contraception à base de :
- Ethinyl estradiol et de levonorgestrel (Stédiril(r) 2cp x 2 à 12h d’intervalle)
- Levonorgestrel 1,5 mg (Norlevo(r) 1cp à 1,5 mg en une seule prise, mais non
encore disponible au Maroc ou Microval(r) 2 cp en une seule prise à 30 mg de
Levonorgestrel par pilule)**.
* Indiquer la contraception d’urgence s’il y a un risque de grossesse et que la survivante
n’a pas une grossesse en cours.
* Si une grossesse en cours ne peut être éliminée avec certitude, donner toujours les
pilules de la contraception d’urgence après avoir informé la survivante sur leur
inefficacité sur une éventuelle grossesse déjà débutante et sur l’absence de risque pour
le fœtus.
* Informer la survivante sur les modalités de prise des pilules, sur leurs effets secondaires
et sur ceux qu’elles pourraient avoir sur ses prochaines règles.
* En cas de vomissements dans l’heure qui suit la prise d’une pilule, répéter la prise.
* Bien expliquer à la survivante que si les menstruations n’ont pas eu lieu durant leur
période habituelle, elle doit consulter pour pratiquer un test de grossesse ou examiner
les options disponibles si elle est enceinte.
1.2 Faire la prophylaxie des ISTs bactériennes :

Les survivantes aux violences sexuelles sont à risque de contracter une IST.
Les infections les plus fréquemment en cause et dont on dispose de possibilités de
traitement sont les Chlamydia, gonorrhoea, syphilis et trichomoniasis.

91
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Les survivantes aux violences sexuelles sont également à risque de contracter le


papilloma virus humain, l’herpes simplex virus type 2 (HSV-2), le VIH et le virus de
l’hépatite B.
* S’il existe des structures de laboratoire, réaliser :
- Des prélèvements pharyngés, vaginaux et anaux en vue de la recherche par
culture de N. gonorrhoeae et de C. trachomatis.
- La recherche d’une infection à T. vaginalis sur une préparation microscopique à
l’état frais de prélèvement vaginal.
- Les sérologies du VIH 1 et 2, VDRL TPHA, hépatite B (Ag HBs, Ac anti-HBc et
Ac anti HBs).
* Si les résultats sont positifs, un traitement peut être prescrit selon les régimes
figurant sur le tableau n° 5.
* Des résultats négatifs n’indiquent pas nécessairement l’absence de transmission
d’ISTs, puisque celles-ci peuvent rester 3 jours à 3 mois en incubation avant de
devenir identifiables par les tests de laboratoire. Le suivi biologique et sérologique
à intervalle adapté pour chaque infection est ainsi recommandé en cas de résultats
initiaux négatifs.
* En cas de signes patents d’ISTs bactériennes sans possibilité de recours à un
diagnostic étiologique, appliquer la prise en charge syndromique préconisée par le
Programme National de Lutte contre les IST/SIDA.
* En l’absence de signes d’ISTs à la phase précoce, la décision d’entreprendre un
traitement prophylactique doit être prise au cas par cas notamment si :
- L’agresseur est connu porteur d’une IST ou appartient à un groupe à risque,
- S’il y a notion de pénétration sexuelle,
- Si le suivi n’est pas assuré.
- Si la survivante est inquiète et sa demande est pressante.
* Prescrire en tenant compte de l’existence d’une grossesse.
1.3. Faire la prophylaxie des ISTs virales
La mise en œuvre d’un traitement antirétroviral est envisagée en cas d’agression
sexuelle avec pénétration, après avis sollicité en urgence auprès du médecin référent
des accidents d’exposition.
* Procéder à la vaccination contre l’hépatite B en cas d’agression sexuelle datant de
moins de 8 jours, en l’absence de vaccination ou en cas de vaccination douteuse
ou incomplète.
* Discuter la poursuite de la vaccination - avec une 2ème dose à 1 mois et une 3ème
à 6 mois - selon le résultat de la sérologie initiale (antigène HbS, anticorps anti HbC,
anticorps anti HbS).

92
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

b. Si l’agression est ancienne (datant de plus de 72 heures) :


* Faire des prélèvements locaux pour le dépistage des ISTs si indiqué.
* Faire le bilan sérologique : VIH 1 et 2, VDRL TPHA, hépatite B.
* Si le dépistage de laboratoire a mis en évidence la présence d’une infection, ou si la
personne accuse les symptômes d’une IST, prescrire le traitement approprié. Suivre les
protocoles sus cités.
* En cas de délai supérieur à 3 jours mais inférieur à 5 jours, on peut toujours mettre en
place un stérilet chez la femme adulte, multipare. En raison du contexte infectieux
potentiel, une antibioprophylaxie est recommandée. La femme est orientée vers une
consultation spécialisée de gynécologie pour la mise en place du dispositif intra-utérin.
Le DIU peut être retiré lors des règles suivantes ou bien rester en place à titre de
contraception future.

5.2 Suivi des femmes survivantes à la violence


Des consultations de suivi sont indiquées pour toutes les femmes victimes de violence et en
particulier quand il s’agit de violences sexuelles. Dans ce cas, elles sont recommandées à 2
semaines, 3 mois et 6 mois après l’agression :
* La consultation à 2 semaines doit permettre de :
o Suivre la cicatrisation des blessures.
o Vérifier que la survivante a bien suivi, le cas échéant, le traitement prophylactique des
ISTs.
o Réaliser éventuellement des prélèvements locaux et sérologiques pour le dépistage des
ISTs surtout si aucune prophylaxie des ISTs n’a été donnée lors de la première
consultation.
o Dépister une éventuelle grossesse si indiqué.
o Rappeler éventuellement à la survivante son calendrier de vaccination contre l’hépatite
B et le tétanos (à 1 et à 6 mois).
o Evaluer l’état psychologique et émotionnel.
* La consultation à 3 mois doit permettre de :
o Refaire les sérologies du VIH, TPHA-VDRL et du virus de l’hépatite B.
o Dépister une éventuelle grossesse
o Evaluer l’état psychologique et émotionnel.
* La consultation à 6 mois doit permettre de :
o Refaire les sérologies du VIH et du virus de l’hépatite B.
o Administrer la 3ème dose de vaccin contre l’hépatite B
o Evaluer l’état psychologique et émotionnel.

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Une prise en charge du conjoint/partenaire responsable de violence peut être proposée


dans certains cas s’il le désire.
Le médecin qui accueille une femme survivante à la violence, s’il en a l’occasion, peut
procéder à l’interrogatoire du conjoint violent, l’écouter, lui permettre de parler,
d’exprimer ses problèmes, ses raisons, le responsabiliser.
* Détecter les comportements violents qui risquent de se répéter;
* Dans certains cas une prise en charge psychologique est indiquée. La thérapie de
groupe est l’approche habituellement préconisée dans le traitement des conjoints
violents;
* Prendre les mesures nécessaires pour assurer la protection de la femme et des
enfants.

6. Counselling à la survivante
Les survivantes qui sont vues dans un service de santé immédiatement après l’agression sont
très souvent perturbées et pourraient ne pas se souvenir du conseil qui leur est donné à ce
moment-là. Il est important de répéter les informations durant les visites de suivi.
Il est utile aussi de préparer des informations et des conseils selon un modèle standardisé et
qui soit par écrit tel qu’une brochure, qui pourrait être remise à la survivante avant qu’elle ne
quitte le service ou le centre de santé. Même si elle est analphabète, elle peut toujours
demander à quelqu’un de lui lire le contenu.
Toutes les survivantes à la violence en général devraient avoir la possibilité d’être orientées
vers une personne ayant les capacités de conseil et d’accompagnement psychologique en cas
de violence fondée sur le genre en général et de la violence sexuelle en particulier.
Un système de référence coordonné et intégrant l’ensemble des services diversifiés devrait
être mis en place dans les meilleurs délais.
Assez souvent, les survivantes à la violence fondée sur le genre n’informent pas leur entourage
de l’incident. Si elle vous informe de ce qui lui est arrivé, cela veut dire qu’elle a confiance en
vous. Votre réponse compatissante à sa révélation peut avoir un impact positif sur son
rétablissement.

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Que faut-il faire ?


* Ecouter mais ne pas forcer la victime à parler de l’événement.
* S’assurer que ses besoins essentiels sont satisfaits.
* Informer la survivante qu’elle a vécu un événement physique et émotionnel, la conseiller
sur les problèmes psychologiques, émotionnels, sociaux et physiques qu’elle pourrait
éventuellement rencontrer.
* Prendre position face aux violences infligées en qualifiant clairement les violences et
énonçant explicitement qu’elles sont inacceptables et que la victime n’a pas à se blâmer
pour la situation qu’elle subit.
* Enoncer que les comportements violents relèvent de la responsabilité de la personne qui
les agit, mais que la responsabilité de se protéger incombe à la victime, et que lui, en
tant que professionnel de la santé, s’engage activement à l’aider.
* Evaluer le risque encouru par la survivante, en notant outre la gravité des lésions :
o l’augmentation de la fréquence des actes de violence et leur aggravation qui, en se
répétant, peut atteindre un seuil mettant en danger la femme et son environnement
familial;
o le contexte d’alcoolisme du conjoint ou de l’entourage immédiat ;
o le retentissement sur les enfants au foyer et leur sécurité ;
o la présence de certains facteurs de vulnérabilité tel que la grossesse ;
o l’existence de menaces de mort ou l’usage d’armes, très inquiétantes.
* S’assurer, à l’issue de toute consultation, que la survivante peut rentrer au domicile sans
danger pour elle et/ou ses enfants ;
* Dans tous les cas, aider la survivante à élaborer un plan de sécurité lui permettant, le
cas échéant, de quitter une situation de violence ;
* Conseiller à la survivante de réfléchir à un “ plan d’action “ en cas de crise : par exemple,
pré enregistrer les numéros de téléphone d’amis ou de la police, savoir quels voisins elle
peut appeler, comment mettre les enfants à l’écart, etc. ;
* La référer vers les partenaires sociaux afin qu’elle puisse bénéficier de leur appui.
* Ne jamais porter de jugement moral sur la survivante ;
* Ne pas donner de fausses espérances mais manifester la volonté de l’aider.

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

SECTION 2 :
LES ASPECTS MEDICO- LEGAUX DE LA PRISE EN CHARGE

1. Le recueil des preuves médico-légales :


Il s’agit d’une activité assez pointue qui nécessite des professionnels de santé bien formés et
des équipements appropriés. Le plus souvent cette activité se fait au niveau des unités
d’accueil spécialisées dans la prise en charge des survivantes à la violence.
Le but de recueillir les preuves médico-légales de la violence est d’apporter les preuves
nécessaires dans le cadre de poursuites judiciaires. Les preuves médico-légales permettront
de :
* Confirmer le récit de la survivante ;
* Démontrer la coercition et la brutalité dont elle a été victime ;
* Démontrer d’autres symptômes conséquents à la violence ;
* Apporter la preuve d’un contact sexuel récent ;
* Si possible, identifier l’agresseur.

1. Les préalables
Avant de développer le protocole de collecte des preuves, il est important de :
* S’assurer du consentement préalable de la survivante à la collecte des preuves médico-
légales et respecter son éventuel refus. (voir formulaire de consentement en annexe 3)
* Connaître les besoins et capacités du système de justice criminelle.
* Connaître les laboratoires effectuant les analyses et la façon d’y accéder.
* Prendre en considération les capacités des laboratoires à analyser les preuves, en vue
de proposer des alternatives, si nécessaire, de façon à ne pas collecter des preuves qui
ne puissent être traitées.
* Se rappeler que si la victime souhaite porter plainte et si l’affaire est jugée au cours d’un
procès, le PS peut être appelé à faire un rapport au tribunal.
* Connaître ses responsabilités pour ce qui concerne le rapport médical qui devra être
présenté devant un tribunal.

1.2. Comment documenter le cas :


* Enregistrer l’entretien et les résultats au moment de l’examen d’une façon claire,
complète, objective en évitant les préjugés,
* Utiliser le formulaire d’anamnèse et de l’examen médical (Annexe 4)
* Noter très précisément les mots utilisés au cours des déclarations importantes que la
survivante aurait faites, comme de rapporter les menaces exprimées par l’assaillant.
* Il ne faut pas avoir peur de noter le nom de l’assaillant si elle l’a évoqué mais utiliser les

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femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

expressions telles que “ la patiente a dit... “, “ la patiente a rapporté... “


* Noter tous les éléments constatés sur des pictogrammes du corps humain (Annexe 4)
* Prendre des photographies des lésions après consentement de la survivante et inclure
des repères anatomiques pour situer les blessures.
* Noter l’aspect des vêtements : les vêtements déchirés ou tachés sont utiles pour prouver
qu’il y a eu violence.
* Noter la présence de corps étrangers (terre, feuilles, herbe) sur les vêtements, le corps
ou dans les cheveux. Ceci peut appuyer le récit de la survivante.
* Signaler le traitement médical requis, et si l’hospitalisation a été nécessaire ou non.
* Prendre note de tout échantillon qui aura été recueilli ainsi que son devenir.
* La documentation doit inclure la signature de tous ceux qui ont été en possession des
preuves à un moment ou à un autre (de la personne qui les a prélevées à celle qui les
transporte au tribunal), afin d’éviter tout risque de manipulation frauduleuse.

1.3. Quels sont les objectifs des prélèvements médico-légaux en


cas d’agression sexuelle :
Les prélèvements médico-légaux à effectuer ont pour but de permettre :
* La recherche de sperme ou de liquide séminal ;
* L’identification génétique de l’agresseur à travers les substances repérées sur le corps
de la victime ou sur le lieu de l’agression qui garde parfois des traces de sang, sperme,
salive ou un autre matériel biologique de l’agresseur ;
* La mise en évidence de substance psycho-active si la survivante a été victime d’une
soumission chimique.

1.4. Quels sont les prélèvements médico-légaux à réaliser en cas


d’agression sexuelle ?
Les prélèvements n’ont d’intérêt que s’ils sont réalisés précocement. Idéalement, ils doivent
être entrepris dans les premières 24 heures. Après 72 heures, les chances d’avoir des résultats
probants sont considérablement réduites.
Afin de garantir leur authenticité et leur force probante, une réquisition policière ou judiciaire
doit être exigée par le prestataire de service.
* Toujours réaliser les prélèvements avec des gants ;
* Numéroter tous les sites des prélèvements ;
* Etiqueter rigoureusement les échantillons ;
* Répertorier les prélèvements dans le certificat médical initial et le dossier clinique de la
survivante ;
* Conserver et stocker correctement les échantillons avant qu’ils soient saisis et scellés
par les enquêteurs.

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

1.5. Les différents types de prélèvements


Prélèvement pour la recherche de sperme
Faire les prélèvements pour la recherche de sperme selon le contexte de l’agression
(déclarations de la victime et constatations cliniques).

* Faire les prélèvements sans toilette préalable par des écouvillons de coton sec (type
écouvillon pour bactériologie), séchés à l’air libre après leur réalisation et acheminés
rapidement au laboratoire spécialisé. Ces écouvillons sont introduits soit à l’aveugle, soit
sous spéculum ou anuscope non lubrifié ;
* Orienter le choix des sites de prélèvements selon les déclarations de la victime :
• vulve et périnée,
• vagin (cul-de-sac vaginal postérieur, parois vaginales), de l’exocol et de l’endocol,
• anus,
• bouche sous la langue, derrière les incisives et les amygdales,
• peau par une compresse humidifiée pour essuyer la zone tachée.
* Selon le site, le délai écoulé depuis l’agression au-delà duquel il devient illusoire de
retrouver des spermatozoïdes est variable (Vagin : 72 à 96 heures, Anus : 72 heures,
Bouche : 48 heures, Peau : 24 heures).
Par ailleurs, les tests de recherche immuno-enzymatique du liquide séminal sont
particulièrement efficaces et peuvent être réalisés immédiatement, notamment la recherche du
Prostatic Specific Antigen (PSA).

Prélèvement génétique
Les prélèvements en vue d’une identification génétique de l’agresseur ont pour but de recueillir
des cellules provenant du ou des agresseurs pour établir leurs empreintes génétiques et les
comparer à celles de la victime.
Faire acheminer les prélèvements par les enquêteurs, au laboratoire spécialisé de biologie
moléculaire qui est saisi par le magistrat.
* Effectuer les prélèvements de sperme de la même manière précédemment décrite avant
de les congeler à - 18° C ou les conserver à 4° C pendant 48 h.
* Conserver les prélèvements de poils ou de cheveux découverts sur la victime ou ses
vêtements dans une enveloppe en papier kraft à température ambiante.
* En cas de morsure de la victime par l’agresseur, réaliser un écouvillonnage pour
prélèvement de salive dans un délai de 24 heures par un écouvillon humidifié puis séché
et conservé à température ambiante.
* En cas de griffures par la victime sur l’agresseur, prélever en raclant sous les ongles de
la victime ou en coupant les ongles et conserver dans une enveloppe en papier kraft à
température ambiante.

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

* Conserver les vêtements tachés (salive, sang, sperme), ainsi que tout support inerte
(textile, mouchoir papier, préservatif...) portés lors des faits dans du papier kraft et remis
aux enquêteurs. En général, il n’y a pas de limite de délai pour réaliser les analyses sur
les supports inertes.
* En parallèle, faire un prélèvement de sang de la victime sur 2 tubes EDTA de 5 ml,
congelés à - 18° C ou conservés à 4° C pendant 48 h, ou par grattage intra-buccal et
conservation à température ambiante afin de permettre l’identification du profil
génétique de la victime.

Prélèvements à la recherche de toxiques


Réaliser des prélèvements à la recherche de toxiques en vue d’identifier une soumission
médicamenteuse ou toxique de la survivante en cas de signes d’appels à type de confusion,
amnésie, ivresse, hallucinations, hébétude, malaise...ou de signes neurovégétatifs à type
d’hypotonie, hypotension, bradycardie...ou sur la base de déclarations de la survivante
alléguant une intoxication volontaire ou non (alcool, toxiques, médicaments...).
Effectuer à cette fin des prélèvements de sang sur deux tubes, des urines sur un flacon à ECBU
et une touffe de cheveux de la taille d’un crayon coupée à ras du cuir chevelu et orientée du
côté de la racine.

2. Le certificat médico-légal
Le certificat médical de constatation peut être rédigé par tout médecin. Il constitue un acte
authentique attestant par écrit, de la part d’un médecin, l’existence de lésions traumatiques ou
de symptômes traduisant une souffrance psychologique.
C’est le premier élément objectif sur lequel l’autorité judiciaire pourra s’appuyer pour décider de
l’orientation de la procédure. C’est un élément de preuve qu’il est indispensable de conserver
pour toute procédure civile ou pénale. L’opportunité des poursuites judiciaires et l’importance
des peines en dépendent largement. Il peut aussi constituer un élément de preuves qui sera
très utile ultérieurement lors d’une aggravation de la situation si la femme ne l’utilise pas
immédiatement.
Ce certificat peut être établi soit à la demande de la victime soit sur réquisition de l’autorité
judiciaire.
* Toujours remettre le certificat médical de constatation en mains propres à la victime, sauf
en cas de réquisition policière ou judiciaire où le certificat n’est remis qu’à l’autorité
requérante.
* Toujours garder un double du certificat dans le dossier médical.
* Tout certificat doit porter deux mentions sous peine de nullité : l’identité du médecin
rédacteur et celle de la victime. Il doit porter, en outre, la signature manuscrite du
médecin et la date de sa rédaction.
* Rédiger le certificat médical de manière lisible, précise, sans termes techniques et sans
abréviation.
Le certificat de constatation doit comporter trois rubriques de base (annexe 7) :

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

3. Le signalement judiciaire :
L’article 446 du code pénal dans son 2ème alinéa donne autorisation - sans obligation - au
médecin de signaler aux autorités judiciaires ou administratives compétentes, les faits
délictueux et les actes de mauvais traitements ou de privation perpétrés contre des mineurs de
moins de 18 ans ou par l’un des époux contre l’autre ou contre une femme; en l’exonérant des
poursuites pour violation du secret professionnel.
Adresser le signalement judiciaire directement au Procureur du Roi du tribunal dont dépend le
domicile de la victime, sans le remettre par l’intermédiaire d’une tierce personne (voir modèle
de signalement judiciaire en annexe 8).
* Ne procéder au signalement qu’avec le consentement de la survivante, sauf si celle-ci
est dans une situation critique où elle n’est pas en état de se défendre ou de consentir.
Toute inaction dans ce cas risque d’être qualifiée de non assistance à personne en
danger*;
* Dans tous les cas, agir selon le sens de la responsabilité et sa propre conscience
personnelle : il ne s’agit pas de se retrancher derrière le secret médical lorsque la vie de
la victime est en danger.
La solution, quand il y a danger, peut ne pas passer forcément par le droit : elle peut aussi
consister à adresser en urgence la personne en danger à une association d’aide aux victimes
ou à la faire hospitaliser afin de la mettre à l’abri de la violence dans les meilleurs délais.
Le cas de conscience ne se posera réellement que si la femme refuse obstinément tout soutien
et toute solution alors qu’elle paraît être en danger de mort.

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femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

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Chapitre 2

PRISE EN CHARGE DES ENFANTS


SURVIVANTS A LA VIOLENCE

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Pertinence du chapitre :
Comme pour la VFG, les situations de violence à l’encontre des enfants sont très
diverses, complexes, multi contextuelles et potentiellement dangereuses :
La maltraitance peut être de tous genre, clairement révélée par l’enfant ou par son
accompagnant, ou seulement suggérée avec plus ou moins de gêne et
d’hésitation, ou bien non évoquée mais suspectée par les données anamnestiques
et cliniques.
Le praticien confronté à la maltraitance à enfants peut être en face d’un nourrisson,
un enfant, un adolescent, fille ou garçon ; seule ou accompagnée de ses deux
parents ou de l’un des deux, d’un autre membre de la famille, d’une assistante
sociale, de la police ou de la gendarmerie royale avec ou sans réquisition.
L’entretien peut avoir lieu dans un cabinet privé, dans un centre de santé, dans
un établissement scolaire, à l’hôpital dans un service clinique, aux urgences
ou dans une unité d’accueil et de prise en charge d’enfants victimes de violences.
L’auteur présumé est nommé ou non, l’enfant vit avec l’auteur ou non. Les faits
sont récents ou anciens, uniques ou répétés.
Autant de situations qui nécessitent l’acquisition d’aptitudes et attitudes
professionnelles à même de rendre le praticien capable de leur faire face et de les
gérer de manière adéquate et selon les règles et procédures requises pour la prise
en charge efficace et globale de l’enfant, y compris la prise en compte de la
collaboration multidisciplinaire : médicale, psychologique, sociale et juridique.
Ce chapitre répond à ces besoins.
Objectifs
Accroître les connaissances des professionnels de santé et leur permettre
d’acquérir des habilités pour améliorer la prise en charge des enfants victimes
de violence :
- Suspecter/reconnaître une violence devant des signes physiques ou
psychiques manifestes ou discrets
- Accueillir et écouter les enfants victimes de violence et leurs accompagnateurs
en créant un climat de confiance
- Dépister et prendre en charge les violences subies par les enfants
- Etablir un constat médical et informer la famille / les responsables de l’enfant
sur leurs droits et les moyens de les faire appliquer
- Assurer le suivi des enfants
- Orienter vers les réseaux adaptés en fonction de l’évaluation de la situation et
des besoins des victimes

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GUIDE DE REFERENCE

SECTION 1 :
LES ASPECTS CLINIQUES DE LA PRISE EN CHARGE

1. Accueil et préparation de l’enfant


Il faut éliminer d’emblée une urgence vitale : détresse respiratoire, neurologique ou
hémodynamique nécessitant une prise en charge immédiate.
* L’accueil doit se dérouler dans un lieu calme et rassurant à l’abri de l’agitation et de
l’indiscrétion des salles d’admission des urgences.
* L’attente doit être la plus courte possible.
* Se rappeler qu’il est possible que l’auteur des abus soit un membre de la famille de l’enfant.
* Respecter son désir d’être accompagné d’une personne de sa famille lors de l’entretien
* Se présenter à l’enfant
* S’asseoir à la hauteur du regard de l’enfant et le regarder dans les yeux.
* Rassurer l’enfant en lui disant qu’il/elle ne doit pas s’inquiéter.
* Poser des questions sur des sujets neutres (par exemple : école, copains, activités
favorites, avec qui l’enfant vit-il).
Que faire si l’enfant est agité :
Il est possible d’utiliser des sédatifs en cas de grande agitation rendant l’examen
impossible :
On utilise soit les Benzodiazépines : diazepam (Diapharm(r)), Gouttes ou ampoule de 10
mg Soit les antihistaminiques : hydroxyzine: Atarax(r) sirop
Posologies : Atarax(r)1mg/kg
Diapharm : 0.5mg/kg par voie orale ou en intra rectale.

2. Anamnèse
Lignes de conduite générales :
* S’entretenir avec l’enfant ou l’adolescent seul sauf si le petit enfant ne peut être rassuré
que par la présence de l’un des parents. La présence d’une personne de confiance
indépendante est recommandée : infirmière, personne chargée du suivi psycho-social.
* Il importe de prendre son temps pour établir un bon dialogue adapté à l’âge de l’enfant et
à sa phase de développement psychologique.
* Commencer l’entretien par des questions ouvertes de type “ pourquoi es-tu ici aujourd’hui
?“
* ou “ qu’est qu’on t’a dit avant de venir ici ? “
* Rassurer l’enfant en lui disant qu’il peut tranquillement répondre “ je ne sais pas “.

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GUIDE DE REFERENCE

* Faire preuve de patience, s’adapter au rythme de l’enfant, ne pas interrompre le fil de ses
pensées.
* Laisser l’enfant parler librement de son histoire et des faits dont il a été victime. Si un
blocage apparaît, il faut tenter de le contourner au lieu de le heurter de front et parfois savoir
attendre.
* L’entretien ne doit pas être suggestif et être le moins direct possible afin de ne pas induire
les réponses, surtout chez un très jeune enfant.
* Poser des questions ouvertes pour obtenir des informations sur l’agression. Poser des
questions oui-non uniquement pour clarifier les détails.
* Si les questions ouvertes suscitent chez l’enfant de l’angoisse, on peut alterner de temps
en temps par des questions fermées.
* Le vocabulaire doit pouvoir être compris par l’enfant. Pour cela, il faudra utiliser ses
propres mots et termes quand cela est possible.
* Les questions doivent être simples car l’enfant ne demande pas spontanément de
reformuler une question incomprise.
Si l’enfant ne parle pas, le médecin peut lui dire qu’il pourra parler plus tard. Il lui exprime qu’il
comprend que c’est très difficile de dire certaines choses, surtout si on a subi des pressions ou
des menaces.
* Le soignant doit écouter, rassurer ;
* Parler d’une voix calme ;
* Laisser l’enfant raconter son histoire comme il le préfère ;
* Les questions doivent être posées gentiment en s’adaptant au rythme de l’enfant ;
* Poser des questions simples et s’assurer qu’il a compris ;
* Utiliser les propres mots et termes de l’enfant ;
* Prendre le temps de rassembler toutes les informations nécessaires sans aucune hâte
* Eviter toute distraction ou interruption pendant le récit des faits ;
* Écouter les détails, sans les interpréter.
* Informations générales :
L’entretien de l’enfant et de l’entourage permet d’apprécier :
* nom, prénom, âge
* la structure familiale,
* l’environnement familial : niveau socio-économique, habitat, profession des parents, leurs
habitudes toxiques, leurs antécédents psychiatriques.
* le déroulement de la grossesse et de l’accouchement,
* l’histoire du développement de l’enfant, sa scolarité et les événements importants de sa vie,
* ses antécédents médicaux et chirurgicaux,
* la notion d’hospitalisations ou recours antérieurs aux services des urgences et leurs motifs.

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GUIDE DE REFERENCE

* L’histoire
* préciser la date, l’heure et le lieu des faits.
* préciser la nature des abus (physique, sexuel, cruauté mentale ou négligence),
* déterminer leur auteur et sa relation avec l’enfant.
* préciser leur ancienneté, leur répétition, le délai de recours aux soins, leur mécanisme
lésionnel, les symptômes ressentis.
* rechercher la notion de consultations antérieures pour des faits de violence et les
traitements reçus.
* préciser l’histoire des troubles comportementaux s’ils existent : date d’apparition, modes
évolutifs, circonstances de survenue.
Au stade de l’entretien, la possibilité d’une maltraitance peut être évoquée devant l’existence
de certains éléments :
* L’existence d’accidents et de passage aux urgences à répétition ;
* Le délai parfois inexplicable entre le début des signes et la consultation médicale ;
* Le manque d’intérêt pour la gravité possible de l’état de santé de l’enfant ;
* Signes comportementaux ou émotionnels inhabituels ;
* Des histoires connues de maltraitance dans l’entourage ;
En cas d’abus sexuel, préciser en outre :
* les circonstances de l’agression avec recherche de coups et de blessures associés, de
violences verbales, de menaces ou de séquestration éventuelle, ingestion de produits
toxiques ou drogues;
* le déroulement de l’agression :
* existence ou non d’attouchements sexuels réalisés ou subis (oraux, vaginaux, anaux,
organes génitaux externes)
* notion de pénétration sexuelle (orale, vaginale, anale.)
* existence ou non d’éjaculations, leur nombre et leur site. Il convient de faire préciser
également si l’auteur portait ou non un préservatif.
* existence de douleurs ou de saignements
* le comportement après l’agression : changement de vêtements, toilette intime ou
exonération anale.
* chez la fille pubère on précisera la date des dernières règles, une éventuelle contraception
en cours, l’activité sexuelle antérieure ainsi que l’état de la virginité.
* En cas d’abus sexuel non dévoilé, certains signes d’appel sont à rechercher à l’entretien
avec les parents :
* douleurs abdominales, pelviennes ou périnéales répétées
* épisodes fréquents de cystite ou de vulvite non expliqués
* saignement vaginal ou rectal

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GUIDE DE REFERENCE

* énurésie récente chez un enfant ayant acquis une propreté diurne et nocturne, encoprésie.
* troubles généraux du comportement
* comportements à connotation sexuelle chez les plus jeunes enfants incongrus pour leur
âge (paroles, gestes, propositions aux autres enfants de jeux érotiques).

3. Examen clinique
Préparer l’enfant pour l’examen :
* Commenter le formulaire de consentement pour l’examen et la collecte des preuves
médico-légales (voir Annexe 1) avec l’enfant et/ou du parent ou tuteur, en expliquant ce qu’il
contient.
* Demander la signature, une fois le contenu du formulaire a été compris. Si le parent ou
le tuteur n’est pas en mesure d’écrire, se procurer l’empreinte de son pouce et la signature
d’un témoin. S’il y a refus au consentement ou si le parent ou le tuteur est soupçonné d’être
l’auteur des abus ; dans ce cas obtenir une réquisition de la police ou de la justice pour
l’effectuer
* Cet examen ne doit pas constituer un traumatisme supplémentaire pour l’enfant et il ne doit
pas être vécu comme une seconde agression.
* Il ne doit être pratiqué que lorsque l’enfant est en confiance et prêt à l’accepter.
* Expliquer à l’enfant ce qui doit se passer pendant l’examen, en utilisant des termes
qu’il/elle puisse comprendre
* Encourager l’enfant à poser, à tout moment pendant l’examen, n’importe quelle question
sur des sujets qui l’inquiètent ou qu’il/elle ne comprend pas.
* Avec une préparation adéquate, la plupart des enfants seront en mesure de se détendre
et de participer à l’examen.
Il est possible que l’enfant souffre et qu’il ne parvienne pas à se relaxer à cause de la douleur.
Dans ce cas, lui administrer du paracétamol ou d’autres simples analgésiques pour soulager
sa douleur. Attendre que ces médicaments agissent avant de procéder à l’examen.
Ne jamais forcer un enfant terrorisé et qui fait de la résistance, afin de compléter un examen.
Ceci risque d’aggraver son état de peur et d’anxiété et augmenter l’impact psychologique de
l’abus.

3.1 Examen somatique :


On commence par un examen général :
* apprécier l’aspect général de l’enfant : état nutritionnel, état vestimentaire et d’hygiène, son
attitude : craintif, apathique, agité, instable, agressif, débordant d’affection pour les
étrangers ou avec une conduite d’évitement vis-à-vis des parents.
* évaluer la croissance staturo-pondérale, la mesure du périmètre crânien, les acquisitions
psychomotrices et le stade pubertaire (stades de Tanner : voir annexe 2).
* en cas d’agression sexuelle, compléter par l’examen des vêtements, à la recherche de
tâches de sperme, de débris et de corps étrangers.

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GUIDE DE REFERENCE

Puis rechercher les différentes lésions tégumentaires en appréciant leur aspect, topographie et
dimension :
* Les plaies et écorchures souvent d’aspect polymorphe.
* Les ecchymoses et les hématomes évocateurs par leur multiplicité, leur âge différent et par
certaines localisations spécifiques :
* tronc, lombes, fesses, visage et cuir chevelu pouvant correspondre difficilement à des
zones de chutes accidentelles,
* face interne des cuisses et des bras, poignets, chevilles en rapport avec des manœuvres
d’écartement et de contention lors d’une agression sexuelle.
* Les griffures sous forme d’érosions linéaires parallèles ou d’éraflures en coups d’ongle
provoquant parfois des arrachements épidermiques.
* Les brûlures provoquées par objets divers (cigarette, fer à repasser...)
* Les lésions de la muqueuse buccale et nasale se manifestant volontiers par une plaie du
sillon gingival et par une fracture du cartilage nasal. En cas d’agression sexuelle, rechercher
des pétéchies du palais, des ecchymoses ou des déchirures du frein de la langue pouvant
être observés lors des contacts oro-génitaux.
* L’alopécie sous forme d’une plaque pseudo-péladique ou de zone de raréfaction de la
chevelure secondaire à des arrachements brutaux et répétés des cheveux.
Rechercher par l’examen du squelette des signes ou des séquelles de fractures dont les
caractères cliniques et radiologiques sont fonction de l’âge de l’enfant :
Chez le nourrisson :
* noter tout gonflement, impotence ou douleurs à la mobilisation des membres. Mais assez
souvent, les fractures sont cliniquement latentes et ne sont découvertes que sur des clichés
radiologiques.
* réaliser des radiographies systématiques du squelette, non seulement devant tout signe
clinique pouvant évoquer une fracture mais devant tout nourrisson porteur de lésions
suspectes.
* L’association de lésions osseuses multiples et d’âges différents parfois avec des lésions
cutanées traumatiques caractérise le syndrome de Silverman. Le bilan radiologique du
squelette entier est nécessaire et peut révéler des fractures anciennes consolidées (cals
osseux), des arrachements métaphysaires, des décollements périostés visibles sous formes
d’hématomes sous périostés calcifiés.
Chez le grand enfant :
- les fractures n’ont aucun caractère spécifique.
- envisager la possibilité de mauvais traitement devant l’association d’une fracture à d’autres
lésions significatives ou la découverte radiologique de cals de fractures anciennes.
Faire un examen neurologique systématique à la recherche de signes déficitaires en rapport
avec des lésions crânio-cérébrales. Ces dernières représentent, en effet, la principale cause de
décès dans les cas de maltraitance à enfants.

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GUIDE DE REFERENCE

Rechercher l’existence de signes en faveur de lésions viscérales : thoraciques, abdominales...


a. Examen génital :
Chez la fillette pré-pubère :
Une enfant de moins de 3 ans peut parfois être examinée assise ou couchée sur les genoux
de la personne qui l’accompagne ou de l’infirmière qui lui écarte les cuisses.
L’examen de la fillette peut se faire de deux façons :
- en position dorsale dite de grenouille : étendue sur le dos, les jambes pliées et les genoux
écartés vers l’extérieur avec des talons collés près des fesses. L’écartement des grandes
lèvres et leur traction vers le haut puis vers le bas permettent une ouverture large de l’orifice
hyménal.
- en position genu-pectorale : c’est la meilleure position pour ouvrir l’orifice hyménal, avec
traction labiale vers le haut suivie d’une traction vers le bas.
Apprécier la forme de l’orifice hyménal, l’aspect du bord libre et l’état péri- hyménal.
Relever les lésions constatées : contusions, déchirures traumatiques récentes, sanguinolentes
ou anciennes cicatrisées.
Examiner les cuisses, le pubis, les grandes et petites lèvres, le clitoris, l’urètre et la fourchette
postérieure à la recherche de traces de traumatisme récent : abrasion, ecchymose, pétéchies,
hématome, érythème, lacération, ou des séquelles de traumatisme chronique : hypertrophie du
clitoris ou de son capuchon, dépression de la fourchette postérieure, pigmentation ou
hypopigmentation...
Chez l’adolescente
• Faire l’examen sur une table gynécologique avec un bon éclairage.
• Reporter les lésions traumatiques au schéma du cadran horaire.
• Réaliser l’examen comme précédemment décrit. La zone postérieure de l’insertion de l’hymen
peut être étalée après bombement de la cloison recto-vaginale par un toucher rectal. Le bord
libre de l’hymen peut être mieux étudié en introduisant par l’orifice hyménal une sonde de Foley,
celle-ci est gonflée en arrière de la membrane hyménale puis retirée doucement vers
l’opérateur.
• Rechercher chez la vierge les signes d’une défloration récente : déchirures complètes ou
incomplètes siégeant le plus souvent entre 04h et 08h en position de décubitus dorsal, sous
forme de plaie inégale, saignante et tuméfiée. Leur cicatrisation dure de cinq à huit jours et en
cas d’infection la durée peut être augmentée. Dans le cas de l’hymen complaisant (dilatable),
la déchirure peut manquer après pénétration.
• Rechercher chez la non vierge d’autres signes témoignant de l’acte sexuel telle qu’une lésion
vulvaire ou vaginale, la présence de sperme dans le vagin ou une complication à type de
grossesse ou de contamination infectieuse.
Chez le garçon :
Examiner le pubis, la verge et le scrotum qui sont rarement le siège de lésions à type de :
- déchirure de l’orifice urétral ou du frein prépucial,

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GUIDE DE REFERENCE

- présence de sang, d’un œdème du prépuce ou de tout le pénis,


- hématomes ou de plaies du scrotum.
Examen de la région anale :
Examiner systématiquement et minutieusement l’anus et la marge anale.
Décrire les lésions en les chiffrant par rapport au cadran horaire et en précisant la position
d’examen (gynécologique ou génupectorale).
Rechercher :
des lésions péri-anales à type d’ecchymoses (empreintes fortes de doigts par exemple),
douleur à la palpation, œdème, érythème, abrasions cutanées.
des lésions de la muqueuse anale (déchirures, fissures, béance spontanée de l’anus) en
déplissant doucement la muqueuse.
penser toujours à d’autres diagnostics notamment des lésions de grattage secondaires à
une oxyurose, une constipation, des hémorroïdes ou un eczéma.
compléter l’examen par le toucher rectal avec un petit doigt pour apprécier la tonicité du
sphincter (une béance anale est parfois retrouvée). Parfois, il ne pourra être réalisé en
raison de douleurs anales trop vives d’où l’indication d’une prémédication.
préciser si le doigtier revient souillé de sang ou par un autre suintement ou s’il est
douloureux. La béance et l’hypotonicité anale peuvent évoquer un abus sexuel. Elles sont
cependant insuffisantes pour affirmer une pénétration.
Au moindre doute, réaliser une anuscopie avec rectoscopie en milieu spécialisé.
L’examen est le plus souvent normal, ce qui ne permet en aucun cas d’exclure la réalité
d’un abus sexuel. En effet la révélation d’un abus intervient souvent tardivement après
les faits et la plupart des victimes sont examinées plusieurs jours après l’agression.
De plus un certain nombres d’abus ne laissent aucune trace visible sur le corps de l’enfant :
attouchements sexuels sans pénétration, fellations. C’est souligner l’importance qui doit
être accordée à la parole de l’enfant.

Formes cliniques particulières de la maltraitance sur enfant :

Le syndrome de Silverman
Il est caractérisé par l’existence de lésions osseuses et de fractures multiples
consécutives à des mauvais traitements physiques répétés. Ce syndrome est caractérisé
par la présence de lésions osseuses, multiples et d’âges différents parfois en association
à des lésions cutanées traumatiques. Le bilan radiologique du squelette entier est
nécessaire et peut révéler des fractures anciennes consolidées (cals osseux), des
arrachements métaphysaires, des décollements périostés visibles sous formes
d’hématomes sous périostés calcifiés.
Le syndrome du bébé secoué
Le syndrome du bébé secoué est la conséquence d’un secouage de l’enfant et se
caractérise par la présence d’un hématome sous dural ou sous arachnoïdien.

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GUIDE DE REFERENCE

Le pronostic vital peut être mis en jeu dans ce syndrome et des séquelles
neurosensoriels peuvent en être la conséquence. Il s’agit souvent d’un nourrisson de
moins d’un an. La symptomatologie est variable entre une altération neurologique sévère
(coma, convulsions, hypothermie...) et des formes plus frustes (somnolence,
vomissements, apathie, irritabilité...). L’examen révèle des signes cliniques d’hypertension
intracrânienne : fontanelle tendue, périmètre crânien augmenté, vomissements associés
à des troubles de la vigilance d’intensité variable. Le diagnostic repose sur le scanner
cérébral qui met en évidence l’hématome sous dural ou sous arachnoïdien et le fond
d’œil qui peut montrer une hémorragie rétinienne.
Le syndrome de Münchhausen par procuration
Il s’agit d’une pathologie rare induite chez l’enfant par un parent ou une allégation des
symptômes inexistants.
Le syndrome de Münchhausen par procuration doit être évoqué devant :
- des symptômes récidivants inexpliqués, pas toujours constatés,
- un nomadisme médical
- une discordance entre l’anamnèse et l’examen clinique
- l’évolution favorable des symptômes suite à la séparation parent(s)/enfant.

3.2. Examens complémentaires et prélèvements à réaliser


En cas de violences physiques, réaliser systématiquement chez le jeune enfant un bilan
radiologique complet du squelette, une numération formule sanguine et un bilan nutritionnel.
Les autres examens sont prescrits en fonction du tableau clinique :
Un fond d’œil, échographie transfontanellaire, examen ORL...
Échographie, TDM, IRM, radiographie standard...
Examens de laboratoires en cas de suspicion d’un abus sexuel (voir le chapitre de la collecte
des preuves médicales)
En cas de violences sexuelles, des prélèvements en dehors de celles à but médico-légal sont
à réaliser en fonction des modalités de l’agression et du délai entre celle-ci et l’examen.
Dans l’agression récente, ils seront effectués pour évaluer l’état de santé initial de la victime et
dans l’agression ancienne pour dépister au plutôt les complications (grossesse, IST).
* Recherche d’infections sexuellement transmissibles :
- prélèvements locaux : seront guidés par le contexte à la recherche de N.gonorrhœae, de
C.trahomatis et de Trichomonas Vaginalis ;
- sérologies : les sérologies du VIH, VDRL TPHA et hépatite B seront réalisés au départ afin
de s’assurer de la séronégativité initiale et permettre la surveillance ultérieure ; elle seront
répétées à 6-12 et 24 semaines qui suivent l’agression sexuelle.

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femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

* Dépistage des IST suite à un abus sexuel :

* Recherche d’une éventuelle grossesse : Chez l’adolescente réglée par le dosage des B
HCG.
* Recherche de toxiques
En cas d’agression récente elle pourra identifier une soumission médicamenteuse ou toxique.
Cette recherche est indiquée en cas de signe d’appel (confusion, amnésie, hallucination...),
de signes neuro-vegetatifs (hypotonie, hypotension et bradycardie) ou en cas de déclaration de
la victime allégant une intoxication. On procédera à un prélèvement de sang et d’urines.

4. Evaluation du retentissement psychologique et


émotionnel
Cette évaluation doit systématiquement faire partie de la prise en charge initiale. Le temps
consacré à cette évaluation doit être suffisant pour permettre à l’enfant de s’exprimer et
comprendre réellement le vécu de l’enfant et le retentissement du traumatisme. Il est
nécessaire de respecter le choix de l’enfant quant à la présence ou la séparation de ses
parents lors de cet examen.
Lors de cette évaluation psychologique, rechercher des signes de traumatismes de
l’enfance :
* Anxiété, dépression, faible estime de soi, idées ou comportements suicidaires
* Comportement perturbateur ou agressif, hyperactivité ou bien timidité, passivité et repli sur soi
* Troubles du sommeil ou cauchemars, troubles de conduites alimentaires
* Régression des aptitudes (énurésie etc)
* Crainte inhabituelle des contacts physiques avec autres personnes
* Absentéismes scolaires, fugue, prostitution, délinquance.
La présence de ses signes n’est pas spécifique à une forme particulière de mauvais traitement
et doit imposer le recours à un avis spécialisé (psychiatre, psychologue).

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GUIDE DE REFERENCE

Lors de l’évaluation psychologique, l’évaluation des parents eux-mêmes est nécessaire pour
juger de leur capacité ou incapacité transitoire à assurer un soutien à l’enfant. Il est important
de les rassurer et les déculpabiliser car ils peuvent se sentir responsables de ce qui arrive à
l’enfant et douter de leur capacité à le protéger.

5. Traitement et suivi des enfants victimes de violence


En cas de violences physiques ou sexuelles, des traitements peuvent être prescrits, Ils pourront
être curatifs mais aussi préventifs.

5.1 Traitement curatif :


Adapter la prise en charge thérapeutique au bilan lésionnel et à la symptomatologie clinique.
* Désinfecter les plaies, réaliser les sutures ;
* En présence de plaies fortement contaminées, administrer des antibiotiques et des
analgésiques ;
* Ne pas hésiter à recourir aux antalgiques ;
* En cas d’intoxication, le traitement médical symptomatique sera adapté à l’état de l’enfant ;
* En cas d’infection sexuellement transmissible, un traitement adapté sera prescrit (voir
tableau ci-après) ;
* En l’absence d’un diagnostic étiologique des ISTs, utiliser les algorithmes de la prise en
charge syndromique des ISTs.

Régime thérapeutique des ISTs recommandé par l’OMS pour les enfants et les
adolescents (peut aussi être utilisé comme traitement prophylactique)a

IM = intramusculaire; UI = Unité Internationale.


a Le régime qui suit est donné à titre indicatif et ne comprend pas tous les traitements disponibles contre les ISTs.
b Contre-indiqué durant la grossesse
c Si pas d’allergie à la Pénicilline.
d Si allergie à la Pénicilline.

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GUIDE DE REFERENCE

5.2 Traitement prophylactique :


Prévention du tétanos (annexe 6 ) :
Décider s’il faut administrer le toxoïde tétanique (TT), qui assure une protection active, et
l’immunoglobuline antitétanique (TIG), qui assure une protection passive.
Si le vaccin et l’immunoglobuline sont administrés en même temps, il est important d’utiliser des
aiguilles et des seringues séparées ainsi que des endroits différents d’injection.
Conseiller aux parents de compléter le programme de vaccination (deuxième dose après 4
semaines, troisième dose entre 6 mois et un an).
Prévention d’une grossesse :
La prévention de la grossesse doit se faire par une contraception d’urgence dans les 72 heures
après l’abus, en donnant 2 comprimés d’une pillule d’ethinyl estradiol et de norgestrel qui doit
être répétée dans les 12 heures (voir annexe 6).
Prévention des ISTs bactériennes :
Celle-ci n’est pas systématique étant donné que le risque de contracter une IST bactérienne
par un enfant suite à un abus sexuel est relativement faible. Le traitement présomptif doit être
discuté au cas par cas notamment :
* si le rapport sexuel a comporté un acte de pénétration sexuelle
* le dépistage des ISTs et le suivi n’est pas certain
* si l’agresseur est connu porteur d’une ISTs ou appartient à un groupe à risque
* si l’adolescent ou le parent ou tuteur de l’enfant réclament le traitement présomptif.
Prévention des ISTs virales :
Evaluer le risque de contamination par le VIH en fonction des éléments suivants :
* Nature de l’agression (pénétration vaginale, orale, anale);
* Traumatisme vaginal ou anal (avec saignement);
* Existence d’une IST ou d’une lésion génitale aussi bien chez l’enfant que chez l’agresseur
* Connaissance du statut sérologique de l’agresseur : à défaut, connaissance de ses
conduites à risque ou de son appartenance à un groupe à risque.
* Agressions ou agresseurs multiples
* S’il existe un risque identifiable, l’enfant doit être référé au médecin habilité pour la prise
en charge des accidents d’exposition.
Le traitement doit être débuté au mieux dans les 48 heures, au maximum dans les 72 heures.
Habituellement, une trithérapie est prescrite ; parfois seulement une bithérapie (risque faible,
difficultés prévisibles d’observance, traitements associés...)
En cas d’agression de moins de 8 jours, en l’absence de vaccination contre l’hépatite B ou en
cas de vaccination douteuse ou incomplète : faire une injection de vaccin contre l’hépatite B.
La poursuite ou non de la vaccination sera discutée selon le résultat de la sérologie initiale
(antigène HbS, anticorps anti HbC, anticorps anti HbS).

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GUIDE DE REFERENCE

Discuter dans certains cas, l’administration de gammaglobulines spécifiques VHB si l’enfant


n’était pas vacciné et que l’agresseur est connu porteur d’une hépatite aiguë B.

5.3 Hospitalisation de la victime


L’hospitalisation de l’enfant pourra s’imposer soit devant la gravité des lésions physiques
constatées, l’ampleur du retentissement psychologique ou des perturbations socio-familiales
rendant l’écartement de l’enfant judicieux ou pour compléter le bilan ou la procédure judiciaire.
L’hospitalisation permet en outre de :
* De mettre en place les traitements médicaux et/ou chirurgicaux appropriés.
* Observer l’évolution des lésions et du comportement.
* Susciter une concertation pluri-disciplinaire.

Se rappeler, une hospitalisation est nécessaire:


* Si soins spécialisés nécessaires
* Pour protéger l’enfant contre l’entourage/milieu à risque
* Si besoin d’observer pour confirmer ou compléter l’évaluation (pluridisciplinaire)
* Pour rédiger le signalement en différé.

116
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

SECTION 2
LES ASPECTS MEDICO LEGAUX DE LA PRISE EN CHARGE

1. Recueil des preuves médico-légales :


Le praticien peut être amené à effectuer des prélèvements en vue de rechercher du sperme
et/ou d’analyses génétiques.
Ces preuves médico-légales doivent être prélevées pendant l’examen médical. Pour ce faire, il
est nécessaire de :
* Obtenir l’accord de l’enfant et/ou du parent ou tuteur.
* Travailler systématiquement à partir du formulaire d’examen médical (voir Annexe).
* Expliquer à l’enfant et à son parent/ou tuteur tout ce qui est fait et pourquoi.
* Afin de garder leur valeur probante, effectuer ces prélèvements sous réquisition judiciaire
et les faire saisir et sceller par un officier de police judiciaire.
Lors de la collecte des échantillons, les principes suivants doivent être respectés :
* Eviter la contamination. S’assurer que les spécimens ne sont pas contaminés par d’autres
matériels. Mettre toujours des gants stériles. Les systèmes modernes d’extraction de l’ADN
sont très sensibles et peuvent détecter du matériel étranger à partir de très faible quantité.
* Collecter le plus rapidement possible les échantillons. Les chances de collecter des
preuves médico-légales diminuent avec le temps. Idéalement, faire les prélèvements dans
les 24 heures. Après 72 heures, le rendement des prélèvements est considérablement
réduit.
* Conditionner, conserver de façon appropriée les échantillons selon les recommandations
des laboratoires d’analyses.
* Etiqueter correctement les échantillons avec la mention du nom de l’enfant, sa date de
naissance, l’identité du professionnel de la santé, la nature de l’échantillon et la date et
heure du prélèvement.
* Sécuriser les prélèvements. Seules les personnes autorisées sont habilitées à les
manipuler. La documentation doit inclure la signature de tous ceux qui ont été en possession
des preuves à un moment ou à un autre (de la personne qui les a prélevée à celle qui les
transporte au tribunal), afin d’éviter tout risque de manipulation frauduleuse.
* Répertorier dans le dossier médical la liste des échantillons prélevés et leur devenir.
* Prélèvements à la recherche de sperme :
Effectuer la recherche de sperme dans les agressions sexuelles récentes datant de moins de 72h.
Effectuer les prélèvements dans tous les sites susceptibles de contenir du sperme (bouche,
canal anal, vulve, vagin, périnée).
Utiliser des écouvillons de coton sec stériles qui seront séchés ensuite a l’air libre avant de les
replacer dans leur tube protecteur. Au mieux, ils seront congelés à - 18°C et à défaut à + 4°C
pendant 48h au maximum avant leur acheminement au laboratoire d’analyse.

117
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Limites de réalisation des prélèvements en fonction des sites


Vagin : 72 à 96 heures
Anus : 72 heures
Bouche : 48 heures
Peau : 24h
* Prélèvement de poils ou cheveux étrangers découverts sur l’enfant ou sur ses vêtements
Les conserver dans une enveloppe en papier à température ambiante. Aucun délai par rapport
à l’agression n’est nécessaire.
* Prélèvement de vêtements tachés
Sécher toute tache suspecte si besoin, et conserver à température ambiante dans une
enveloppe en papier.
* recherche de toxiques :
En cas d’agression récente elle pourra identifier une soumission médicamenteuse ou toxique.
Effectuer la recherche de toxiques en cas de signe d’appel (confusion, amnésie,
hallucination...), de signes neuro-végétatifs (hypotonie, hypotension et bradycardie) ou en cas
de déclaration de la victime allégeant une intoxication.
Procéder à un prélèvement de sang, des urines et d’une mèche de cheveux coupée à ras du
cuir chevelu et orientée par une cordelette du côté de la racine.

2. Certificat médico-légal
La rédaction du certificat médico-légal est un temps essentiel de la prise en charge de l’enfant
victime de maltraitance.
Ce document doit matérialiser les préjudices subis et constitue souvent l’élément de preuve
principal dans un éventuel procès contre l’auteur de l’agression.
Ce certificat peut être établi soit à la demande du représentant légal de l’enfant soit sur
réquisition de l’autorité judiciaire (officiers de police judiciaire ou de gendarmerie, procureur
du Roi, juge de l’instruction). La réquisition peut être verbale en cas d’urgence, mais dans tous
les cas elle est confirmée par écrit.
Tout médecin peut être requis pour procéder à des constatations médico-légales et il est obligé
d’accepter. La récusation est exceptionnellement possible, s’il s’agit d’un parent ou d’un allié du
médecin requis.
Règles générales de rédaction :
* Se rappeler que le certificat médico-légal est un acte médical, ce qui signifie qu’il ne peut
être établi que par un médecin, que l’examen de l’enfant est toujours nécessaire et que la
responsabilité du signataire est engagée.
* Etablir le certificat sur un document pré imprimé ou sur papier libre, et y faire figurer deux
mentions indispensables sous peine de nullité : l’identité du médecin et celle de l’intéressé.
* Faire authentifier le certificat par une signature manuscrite.

118
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

* Faire dater le certificat du jour de la rédaction et de la signature. Le certificat peut être


rédigé à distance de l’examen mais en aucun cas il ne peut être antidaté ou postdaté.
* Accepter d’anti-ou de postdater un tel document constituerait un faux en écritures,
passibles de poursuites pénales.
Le contenu proprement dit du certificat doit comprendre trois rubriques de base :
a/ Dires et doléances de la victime
* Faire distinguer ce paragraphe, de façon à ce qu’il apparaisse clairement que ce qui y
figure est la retranscription de ce que dit l’enfant ou son accompagnant et non les
constatations du médecin.
* Mettre les allégations au conditionnel. Le médecin n’ayant pas assisté à l’agression, il n’a
pas à se porter garant de ce qui s’est passé.
* Recueillir uniquement les éléments susceptibles d’éclairer ou d’orienter l’examen clinique
et la compréhension des blessures : date et lieu des faits, l’identité de l’agresseur, types de
violences subies, fréquence, usage de force ou de menace, arme utilisée, localisations des
coups reçus ainsi que les signes fonctionnels subjectifs ressentis.
b / L’examen clinique et les examens complémentaires
* Noter les données de l’examen général, préciser le développement staturo-pondéral et
pubertaire ainsi que les facultés de discernement de l’enfant.
* Noter les éléments permettant d’apprécier le retentissement psychologique.
* Décrire avec précision les blessures afin de pouvoir rendre possible la discussion de leur
mécanisme de production.
* En cas d’agression sexuelle, noter les lésions traumatiques génito-anales et le caractère
ancien ou récent de la défloration si elle existe.
* Evaluer et signaler le risque de grossesse chez la fille pubère.
* Signaler les lésions correspondantes à des séquelles antérieures et ceci dans un souci de
faciliter ultérieurement une imputabilité correcte des différentes séquelles.
* Mentionner les examens complémentaires pratiqués et leurs résultats
* Préciser les traitements instaurés ainsi que l’existence d’une hospitalisation éventuelle.
c/ La conclusion médico-légale :
Détermination de l’incapacité de travail personnel :
* Respecter la terminologie légale du code pénal et utiliser la formulation ‘l’incapacité de
travail personnel’ (ITP). Cette incapacité de travail personnel ne doit pas s’entendre comme
une incapacité absolue et nul n’exige que la victime soit grabataire ou comateuse. Elle
n’implique pas nécessairement l’impossibilité pour la victime de se livrer à un effort physique
afin d’accomplir elle-même certaines tâches de la vie quotidienne.
* Fixer l’ITP en fonction des lésions physiques et des répercussions psychiques et sans tenir
compte des circonstances de l’agression relatée par la victime.

119
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Dans les agressions sexuelles :


Conclure à l’existence ou non de lésions récentes ou anciennes en précisant leur compatibilité
avec les allégations d’agression sexuelle ; mais en gardant à l’esprit que l’absence de lésions
ne permet pas de conclure à l’absence d’agression.
Déterminer l’ITP en cas de violences physiques associées ou si retentissement psychique. Ceci
témoignera de la gravité des blessures mais n’aura aucune incidence sur la qualification des
faits.
Les réserves quant aux séquelles ultérieures :
* Mentionner, chaque fois que les blessures risquent de laisser persister des séquelles, des
réserves pour l’avenir. Ces séquelles peuvent en effet répondre à l’un des éléments
constitutifs de l’infraction prévue par l’article 402 du code pénal incriminant les coups et
blessures volontaires entraînant une mutilation, une amputation, privation de l’usage d’un
membre, cécité, perte d’un œil ou une infirmité permanente.
La notion d’infirmité permanente, suppose la mise hors service de l’organe considéré ou son
ablation. Ainsi, l’on ne saurait assimiler toute incapacité permanente à une infirmité
permanente.
Garder à l’esprit, qu’il revient au seul juge, bien éclairé par le médecin sur la nature et la gravité
des séquelles, de retenir ou d’écarter la notion de l’infirmité permanente dans chaque cas.
A faire
* demeurer dans le cadre du certificat demandé en se limitant aux seuls éléments objectifs
constatés sans mentionner les informations qui violeraient le secret professionnel.
* ne remettre le certificat qu’au représentant légal de l’enfant ou à l’autorité requérante.
* en cas de réquisition, ne noter que les éléments de nature à répondre aux questions
posées par l’autorité judiciaire.
* un double du certificat doit être consigné dans le dossier médical du patient.
A ne pas faire :
* rapporter les dires de l’enfant en rapportant ses propres mots
* conclure en qualifiant l’infraction et en désignant l’auteur. Ceci relève de l’autorité
judiciaire.
* en cas d’agression sexuelle : conclure à l’absence d’agression lorsque l’examen clinique
ne montre aucune lésion.

3. Le signalement
Le signalement consiste à alerter l’autorité administrative ou judiciaire compétente en vue d’une
intervention institutionnelle. Son objectif n’est pas de dénoncer l’auteur des faits, mais de
signaler une situation de danger vis-à-vis d’un enfant.
Le signalement pose toujours de délicats problèmes pour le praticien, d’autant plus que la
maltraitance n’est le plus souvent que suspectée.

120
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

L’article 446 du code pénal dans son 2ème alinéa donne seulement la permission - sans
obligation - au médecin de signaler aux autorités judiciaires ou administratives compétentes,
les faits délictueux et les actes de mauvais traitements ou de privation perpétrés contre des
mineurs de moins de 18 ans; en l’exonérant d’une poursuite pour violation du secret
professionnel.
Cependant, le praticien, en cas d’inaction, risque de se voir poursuivi pour non assistance à
personne en danger (Art 431 du code pénal mentionné ci-dessus).
Si le diagnostic de sévices graves est posé avec existence d’un risque immédiat pour l’enfant,
signaler aussitôt au procureur du Roi, qui a toute autorité pour prendre les décisions qui
s’imposent. Ce signalement pourra se faire par appel téléphonique mais il est obligatoire de le
confirmer par écrit.
Il faut rédiger le signalement comme un certificat médical daté et signé (voir annexe 8).
Le signalement sera adressé au procureur du Roi du tribunal dont dépend le domicile de la
famille.
Il ne faut jamais remettre le signalement à un tiers, fût-il parent de la victime ou personne de
confiance.

121
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

122
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Chapitre 3

LES NIVEAUX DE PRISE EN CHARGE DES


ENFANTS ET DES FEMMES SURVIVANTS
A LA VIOLENCE

123
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Pertinence du chapitre
Tous les professionnels de santé, quelque soit leur niveau d’intervention, sont ou
seront confrontés aux problèmes de prise en charge des femmes et enfants
survivants à la violence. Chacun selon son niveau peut apporter aide, soutien,
soins et référence aux personnes victimes de violence.
Pour qu’elle soit efficace, la prise en charge devra être institutionnalisée et
intégrée dans le système de santé et les structures existantes. Mais il faudra aussi
que le professionnel de santé puisse privilégier une approche personnalisée,
individualisée et éviter que les FESV ne soient “ perdues “ dans le circuit des
structures de santé notamment aux urgences, être conscient du climat particulier
dans lequel évoluent les survivant(e)s à la violence et leurs familles, être sensible
à leur traumatisme et état d’esprit qui mêle honte et culpabilité ; comprendre enfin
qu’ils ont besoin de réconfort, d’empathie et d’intimité.
Quelque soit le niveau de PEC, les professionnels de santé travailleront dans le
cadre d’un réseau groupant les partenaires impliqués : le système de santé, le
système judiciaire à travers les tribunaux, la police judiciaire, parfois la
gendarmerie royale et la société civile, par le biais des associations/centres
d’écoute.
Ce chapitre aborde dans cette perspective les niveaux d’intervention auprès des
FESV et ce faisant il précise les rôles et définit les tâches par niveau et par profil
des professionnels impliqués afin de les faire connaître aux praticiens et
favoriser leur application dans les processus de prise en charge.
Objectifs
- Connaître les différentes structures et niveaux d’intervention auprès des
FESV
- Définir les tâches par niveau et par profil des professionnels
- Identifier les systèmes de référence contre référence ente les différents
niveaux
- Orienter vers les structure/centres appropriés en fonction de l’évaluation de la
situation clinque et des besoins des patient(e)s

124
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

1. Les différents niveaux de prise en charge


Structures de soins de santé de base
Les services de soins de santé de base seront impliqués dans la prise en charge des
enfants et femmes victimes de violence dans le cadre d’un réseau de prise en charge.
Les médecins, infirmières et sages femmes auront un rôle à jouer en matière d’accueil, il
est impératif que les victimes de violence soient vues en priorité, il faut réduire les délais
d’attente et ne pas les laisser dans les salles d’attente encombrées.

Hôpital local, régional


Au niveau hospitalier des unités spécifiques ont été créés ou le seront. Ces unités sont
habituellement rattachées au service des urgences. Les médecins en charge des FESV
sont généralement les médecins des services des urgences. Ces unités travaillent en
étroite collaboration avec les services/structures internes au sein de l’hôpital et avec les
partenaires incontournables dans la prise en charge des FESV. Il s’agit du système
judiciaire : tribunaux, et police judiciaire, parfois la gendarmerie royale et la société civile,
par le biais des associations/centres d’écoute.
Une unité de prise en charge focale doit être identifiée et pourra servir de modèle pour
les autres unités et apporter un appui aux unités nouvellement créées en terme
d’organisation, de formation...
La référence peut être organisée autour du réseau : on pourrait avoir le même
psychologue référent quelque soit l’unité dans une même province. Les assistantes
sociales des unités déjà fonctionnelles peuvent apporter un appui aux nouvelles unités.

CHU, centres spécialisés


A ce niveau, les FESV peuvent soit se présenter directement, soit être adresséés par des
services du niveau 1 et 2, soit être adresséés par les autorités judiciaires, les
associations/centres d’écoute. Il s’agit du niveau de référence le plus élevé.

2. Définitions des tâches par niveau et par profil des


professionnels impliqués
Niveau SSB
L’infirmière, la sage femme se doivent :
* D’assurer un accueil personnalisé, chaleureux, empathique des FESV
* D’assurer une écoute attentive
* De prodiguer les premiers soins
* De renseigner les survivant (e ) s à la violence sur leurs droits
* De référer au médecin si nécessaire ou à une association impliquée

125
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Le médecin se doit :
* D’assurer un accueil personnalisé, chaleureux, empathique des FESV
* D’assurer une écoute attentive
* Recueillir l’histoire de la victime en mettant la victime en confiance
* De faire un examen clinique aussi complet que possible des victimes de violence
* De noter les éléments recueillis dans le formulaire d’examen
* De prodiguer les soins nécessaires
* D’orienter vers un spécialiste si nécessaire
* De renseigner la victime sur ses droits et la référer vers une association/centre d’écoute
* De rédiger le certificat médico-légal (annexe 7) si la victime le demande ou si l’autorité
judiciaire le réclame. Remettre une copie en main propre à la victime et en conserver
une dans le dossier médical
* De rédiger un signalement judiciaire (annexe 8) selon l’article 446 du code pénal (voir
chapitre signalement judiciaire)
* D’assurer le suivi des victimes de violence.
Niveau hôpital local, régional
Les professionnels de santé de ce niveau devront assurer les mêmes tâches qu’au niveau des
SSB. Cependant pour les grandes structures hospitalières, il est primordial de bien accueillir les
FESV et s’assurer qu’elles ne soient pas perdus au milieu des services d’urgence ou qu’elles
ne soient référées d’un service vers un autre.
Selon l’importance et la disponibilité en équipement des structures hospitalières, la prise en
charge des FESV pourra être globale et complète. En effet ces structures peuvent disposer de
spécialistes notamment de pédiatres, de gynécologues, de médecins légistes, de psychologue
et d’assistante sociale qui peuvent assurer une prise en charge intégrée et de qualité.
* La structure hospitalière devra avoir une unité de prise en charge des FESV,
fonctionnelle, prête à accueillir les victimes en détresse
* Il faudra en particulier veiller à mettre en place un accueil satisfaisant des EFSV
* Assurer la gratuité des soins
* Faciliter l’accès à la référence vers les spécialistes au sein même de l’hôpital pour des
examens plus approfondis : cliniques ou biologiques
* Traiter les aspects médico légaux requérant une expertise dans le domaine si la
structure dispose de médecins légistes
* Référer vers d’autres structures si nécessaire
* Avoir un système d’information pertinent (collecte, analyse et diffusion) pour le suivi et
l’évaluation des femmes et enfants victimes de violence.

* Certaines structures hospitalières disposent d’assistante sociale qui permettent


d’améliorer de façon significative la qualité de la prise en charge des FESV en particulier
en matière de soutien psychosocial.

126
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Pour les structures qui n’en disposent pas il est recommandé d’affecter des infirmières
suffisamment motivées, pour ce type d’activités.
Les principales tâches de l’assistante sociale se résument en: (annexe10)
* Accueil et entretien
* Evaluation de la situation
* Information et renseignements
* Orientation
* Facilitation des démarches
* Suivi
Niveau CHU, centres spécialisés
Il s’agit généralement de structures importantes dans lesquelles les survivant ( e )s à la
violence peuvent se sentir perdues. Il faudra impérativement mettre en place un
système favorisant la visibilité des structures qui peuvent accueillir les victimes et en
faciliter l’accès.
Ces structures disposent de spécialistes, gynécologues, pédiatres, médecins légistes,
psychologues, psychiatres, assistantes sociales. Ce sont les niveaux de référence pour
l’ensemble des niveaux. Les FESV pourront bénéficier d’une prise en charge de qualité
sur le plan psychologique, médical et médico légal :
* Examen clinique par des spécialistes
* Prise en compte des aspects psychologiques et émotionnels
* Bilans biologiques, radiologiques
* Traitement des pathologies graves
* Prise en charge de tous les aspects médico légaux
* Suivi des FESV
* Référence vers les réseaux associatifs.

3. La référence/contre référence entre les différents


niveaux
Quelque soit le niveau de prise en charge, les différentes structures dans une même province
ou région devront impérativement développer des relations de coordination afin de faciliter la
référence/contre référence au profit d’une prise en charge de qualité des femmes et enfants
victimes de violence.
Des mécanismes de coordination devront être mis en place dans l’optique d’assurer une prise
en charge complémentaire entre les différents niveaux et faciliter l’accès aux différents services
et assurer une continuité des soins.

127
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

128
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

3
Troisième Partie

CADRE OPERATIONNEL

Système d’organisation et de
coordination des structures de
prise en charge

129
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

130
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Chapitre 1

ORGANISATION ET
FONCTIONNEMENT DES UNITES DE
PRISE EN CHARGE

131
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Pertinence/objectifs
Le contenu de ce chapitre permettra aux prestataires impliqués dans la prise en
charge des FEVV de :
- Connaître les aspects fonctionnels et organisationnels de la prise en
charge;
- Identifier les ressources nécessaires pour la mise en place des structures
de prise en charge;
- Maîtriser les circuits interne et externe de la prise en charge;
- Maîtriser l’utilisation des différents supports d’informations appropriés
- Connaître et maîtriser les mécanismes de coordination avec les
partenaires impliqués (Justice, Police, ONG)

132
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

1. Les fonctions des unités de prise en charge


L’approche retenue est d’intégrer la PEC des FESV dans les unités déjà instaurées pour les
enfants victimes de maltraitance et qui portent le nom de “ Centre d’écoute pour enfants
victimes de violence “
La circulaire ministérielle N° 985/ DHSA du 28 Août 2000, relative à la création et la gestion des
unités de prise en charge des violences, a structuré l’organisation et le fonctionnement des
unités de prise en charge des enfants victimes de violence au niveau des hôpitaux depuis
l’année 2000. Dans ce contexte, et vu que la violence basée sur le genre a pris une grande
ampleur, en tant que problème de santé publique, une révision de cette circulaire visant
l’intégration de la prise en charge des FESV dans les activités hospitalières et ambulatoires est
en cours.
Les unités de PEC devraient couvrir les besoins des survivant ( e )s à la violence sur
les plans :
- Médical
- Psycho-Social
- Orientation
Une unité de prise en charge des FESV devra assurer les fonctions suivantes :
* un accueil convivial avec respect de la confidentialité et de l’intimité.
* une écoute attentive avec empathie
* une prise en charge médicale, un soutien psychologique et social
* un Counseling/ prise en charge psychologique.
* Une information/sensibilisation sur les questions de violence à l’égard des femmes et des
enfants, leurs conséquences, sur les droits des victimes et les services disponibles
* L utilisation du système d’information mis en place (collecte, analyse, suivi et diffusion des
données relative à la violence à l’égard des femmes et enfants)
* Une coordination interne avec les différents services de santé et externe avec les différents
partenaires.
* la référence-contre référence standardisée,
* Une évaluation régulière des violences à l’égard des femmes et des enfants (base de
données)
* Disposer d’une banque de données actualisée pour un bon fonctionnement : partenaires
concernés, laboratoires à proximité....
* Utilisation de normes, protocoles, conduites à tenir de référence recommandés par le MS
pour la PEC de certaines pathologies (IST, ...)
* Faire connaître l’unité et diffuser l’information sur sa disponibilité auprès des intervenants
potentiels et de la population
* Assurer la formation continue des PS et former les nouvelles recrues
* Assurer une fonction de plaidoyer

133
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

* Partage/échange de bonnes pratiques entre les unités du système de santé et les autres
partenaires.

2. Organisation des unités de prise en charge


Toutes les provinces, préfectures et arrondissements doivent disposer à court ou à moyen
terme d’une unité de prise en charge des FESV,
L’unité de prise en charge des FESV sera rattachée au service des urgences au niveau d’une
structure hospitalière.
La cellule de prise en charge des FESV est implantée à proximité du service des urgences,
individualisée dans un local à part, permettant d’assurer le confort, l’intimité, la confidentialité,
et une relation humaine personnalisée aux victimes de violence. Elle est gérée par un médecin
responsable en collaboration avec l’assistante sociale. L’idéal est que la cellule dispose de trois
salles :
- une salle d’attente
- une salle de consultation médicale
- une salle de consultation psycho sociale
Dans le cas où le local n’est pas approprié, il faudrait aménager un espace pour accueillir les
FESV, assurer l’écoute et procéder à l’examen dans les salles d’urgence.

2.1.Lieux d’implantation des unités :


Tous les centres hospitaliers devraient disposer à terme d’unités de prise en charge des FESV
et de personnels formés à cette fin.
* CHU et centres hospitaliers (régionaux et provinciaux).
* Centre de santé (urbains et ruraux), il s’agira beaucoup plus d’équipes formées pour
assurer la prise en charge des FESV et assurer la référence.
* Autres services de santé : médecine de travail, espaces santé jeunes, médecine
pénitentiaire, scolaire, universitaires. Ces services devront avoir des liens fonctionnels
avec les services de santé et les Unités de prise en charge des FESV.
* Le secteur privé doit avoir des liens fonctionnels avec les services de santé et les Unités
de prise en charge des FESV.
La gestion de l’unité
Elle est sous la responsabilité du médecin chef du service des urgences, aidé dans son travail
par l’assistante sociale.
Deux éléments essentiels sont à prendre en considération :
* Garantir la facilité d’accès pour les femmes et enfants survivants à la violence aux différents
services concernés : de l’admission à l’unité, jusqu’aux autres services impliqués
* L’accompagnement psychosocial devra être assuré par l’assistante sociale, qui facilite
également l’accès aux différents services et prestations de l’hôpital.

134
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

2.2. Les ressources humaines


L’assistante sociale est l’élément central dans la prise en charge des FESV.
* Dans les structures hospitalières telles que les CHU, les CHP un personnel spécifique sera
désigné pour faire fonctionner la cellule.
Il est nécessaire d’avoir au minimum un médecin et une assistante sociale pour gérer
l’accueil et la prise en charge des victimes de violence. En cas de besoin, la référence se
fera vers des services spécialisés.
La prise en charge psychologique sera assurée par un psychologue à plein temps ou à la
demande selon la disponibilité de ce profil au sein de l’hôpital,
D’autres spécialistes, les ORL, les ophtalmologistes, les pédiatres, les gynécologues, des
services hospitaliers seront impliqués, selon les cas.
* Dans les structures ambulatoires, l’activité de prise en charge des FESV est coordonnée
par l’assistante sociale provinciale/préfectorale en collaboration avec le médecin chef de la
formation sanitaire concernée.

Modalités de répartition des fonctions par profil des ressources humaines et par type de
structures.

2.3. Les ressources matérielles et pharmaceutiques


Les équipements dépendront du niveau d’implantation de la structure. Les unités implantées
dans les CHU et les CHP disposeront d’équipements, de fournitures, de médicaments
appropriés. Pour les autres unités, elles bénéficieront des possibilités de la délégation ou de
l’hôpital.

2.4. La gestion budgétaire


Conformément à la circulaire ministérielle (985/ DHSA du 28 Août 2000), la cellule est partie
intégrante de l’hôpital, ainsi la planification de la gestion administrative et budgétaire sera
assurée par la Direction de l’hôpital. Des postes budgétaires doivent être ouverts au niveau
central pour la satisfaction des besoins des provinces en matière de ressources humaines
qualifiées et compétentes.

135
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

3. Fonctionnement de l’unité

3.1. Horaires de travail


L’unité individualisée fonctionnera en fonction du contexte et des ressources disponibles de
façon permanente ou à défaut, l’organiser de telle sorte que la continuité du service soit
garantie.
Pour l’unité fonctionnelle, la fonction de prise en charge des FESV sera intégrée dans les
activités permanentes des services des urgences, maternité, pédiatrie, autres.

3.2. Circuit et attributions des prestataires


Le rôle des différents intervenants est décrit dans le chapitre “niveaux de prise en charge”.

3.3. Transcription des données


Le médecin est en charge de la rédaction du dossier médical, du certificat médico légal , du
signalement judiciaire, des fiches de référence ou de liaison.

4. Système d’information

4.1. Procédures et outils d’enregistrement interne


Le registre (enfant et femme)
* Il permet de collecter les donnés pour le suivi des indicateurs de monitorage et
l’évaluation
* Il doit contenir les informations suivantes : N° d’ordre, Nom, Prénom, accompagné par,
adresse, âge, sexe, date de l’agression, la date de l’agression, relation avec l’agresseur,
le type d’agression, la décision prise : hospitalisation, référence vers un service
spécialisé, vers un centre d’écoute ou la justice.
* Il sera tenu par l’assistante sociale, il permet :
* l’enregistrement de tous les paramètres relatifs aux personnes victimes de violence
* un suivi / contrôle rapides des patients et patientes prises en charge.

Le dossier médicosocial (enfant et femmes)


Il permet un suivi détaillé médical et social et contient toutes les pièces produites lors de
la prise en charge :
Page 1 : Identification détaillée de la FESV, N° d’ordre, Nom, prénom, âge, sexe, adresse,
date de l’agression, l’agresseur déclaré, le type d’agression.
Page 2 : description des lésions, ITT, IPP
Décision prises : hospitalisation, traitement prescrit, examens complémentaires, références.

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Prévoir d’autres pages en cas de récidives et un numéro de dossier pour retrouver


facilement le dossier des FESV.
L’informatisation de ce document est souhaitable (la confidentialité est de règle).

La fiche de liaison interne au système de santé


* Elle sera utilisée d’une part par le médecin pour adresser la FESV à un spécialiste et
d’autre part par les services de santé de base pour adresser une FESV à la cellule de
prise en charge.
* Elle portera le nom et prénom de la FESV, adresse, âge, le constat, l’objet de la
référence, le service destinataire et une partie contre référence avec les constats des
médecins référents.
Rapport annuel
Les données sont collectées, archivées par l’assistante sociale, elle est responsable de la
rédaction du rapport d’activité mensuel. Toutes les données seront analysées par l’unité
statistique de la formation et transmises et analysées par l’unité de statistiques de la
Délégation qui regroupe et analyse l’ensemble des données de la région et les transmet
aux directions centrales : Direction de la Population, DHSA.
Un rapport annuel de la situation des PVV devra être élaboré par les différents niveaux
( provincial, régional et central).
On devrait avoir un rapport standardisé par unité, par délégation, par région et au niveau
national.
Un bilan trimestriel doit être élaboré et partagé avec les intervenants locaux (la justice,
police, gendarmerie, ONG) lors des réunions de coordination trimestrielles.

4.2. Le support d’information externe


Signalement au procureur (annexe 9)
* une copie pour la personne victime de violence, ou l’accompagnant de l’enfant
* une copie pour le procureur
* une copie pour le dossier médical.
Ce signalement a pour but d’informer le parquet sur les agressions et permet :
au procureur de déclencher la procédure judiciaire à la demande de la victime ou ses
parents/accompagnants (cas des enfants)
permet une évaluation par des services du procureur de toutes violences à
l’encontre des enfants et des femmes. Le signalement ne comportera pas l’ITT.
Ce signalement sera transmis par courrier normal de l’hôpital. Néanmoins dans les cas
graves et dans le cas de viol le procureur sera saisi selon une procédure d’urgence, par
téléphone, par le médecin des urgences ou par le directeur de l’hôpital.

137
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Le certificat médico légal


Il contient les informations suivantes :
Identification, adresse, numéro d’ordre, photo, CIN, type d’agression, description
détaillée des lésions, de l’état psychologique et physique de la FESV et l’ ITT.
Deux exemplaires seront prévus, l’un sera remis à la FSV (ou tuteur si enfant) et l’autre
sera gardé dans le dossier médico-social. (annexe 7)

La fiche de liaison
Elle permet la coordination et la communication entre les services de santé, les services
de santé et le centre d’écoute.
Ces supports sont utilisés de la même manière par toutes les unités de prise en charge.

4.3. Collecte analyse et diffusion des données


En tenant compte de l’impératif de la confidentialité, ce volet concernera la collecte, l’analyse
des données des cas de violence aux fins de planification (prise de décision) pour la lutte contre
la violence envers les enfants et les femmes.

4.4. Système de suivi et d’évaluation


Les responsables de l’unité sont chargés de remplir les supports d’information régulièrement.
Il existe plusieurs types de supports :
* Rapport trimestriel des activités
* Rapport annuel des activités
Les données colligées seront analysées régulièrement afin d’évaluer les activités de l’unité,
noter les dysfonctionnements.
Ces données pourront également alimenter
* La planification des activités de l’unité
* Les réunions des comités de coordination technique et de pilotage.

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Chapitre 2

MECANISMES DE COORDINATION ET
DE COLLABORATION

Système de référence, partenariat,


réseautage

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Pertinence/objectifs
La prise en charge des EFVV ne peut se concevoir que dans le
cadre d’un partenariat entre les différentes structures ou entités qui
doivent être impliquées chacune selon ses compétences et
responsabilités pour assurer aux victimes de violence une prise en
charge complète et globale.
Ce chapitre doit permettre aux professionnels de santé impliqués
dans la prise en charge des FEVV de connaître et de maîtriser :
* Les mécanismes d’orientation des FEVV
* Les mécanismes et les structures de coordination
* Le rôle de chaque partenaire membre du réseau de prise en
charge des FEVV.

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

1. Les principaux intervenants et leur rôle

1.1. Les principaux intervenants


La prise en charge des femmes et enfants victimes de violence ne pourra se faire que dans le
cadre d’un réseau intégré de prise en charge regroupant les quatre partenaires.
* Le secteur de santé
* Le système judiciaire : tribunaux, police judiciaire et gendarmerie royale
* La société civile à travers les associations et centres d’écoute d’appui psychologique et
d’assistance juridique aux femmes victimes de violence et des unités de protection de
l’enfant.
L’unité de prise en charge des FESV travaillera en étroite collaboration d’une part avec le
centre d’écoute d’une ONG et d’autre part avec le système judiciaire, notamment la cellule
d’accueil des femmes prévue à cet effet au niveau du tribunal de 1ère instance et des
commissariats de police (en milieu urbain) et de la gendarmerie (en milieu rural).

1.2. Les rôles des intervenants


Secteur de la santé
Délégué du MS
* Veille à une prise en charge de qualité des FESV (personnel qualifié et suffisant, circuit
approprié, qualité des soins et du CML, formation continue...) ;
* Coordonne et supervise, en collaboration avec le Directeur de l’hôpital, les activités des
différentes unités de la délégation.
* Veille à l’application des politiques, stratégies nationales de lutte contre les violences à
l’égard des femmes et des enfants, et des actions intégrées en particulier dans le plan
d’action /régional/provincial dans le domaine de la santé.
* Facilite les échanges/expériences de bonnes pratiques entre les différentes unités
interne et externes au système de santé.

Directeur de l’hôpital
* Mise à disposition de moyens humains, matériels et supports d’information nécessaires
à la bonne marche de l’unité (aspects médical, social, communication, plaidoyer);
* Suivi et supervision des activités techniques des unités et de la qualité de la prise en
charge des FESV ;
* Coordination entre l’unité et les différents services hospitaliers concernés ;
* Diffusion/partage de l’information à la délégation et aux partenaires (justice, police,
ONG, gendarmerie...).

141
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Equipe de l’unité EFVV


* Accueil, écoute des FESV ;
* Prise en charge médicosociale et psychologique;
* Examen complémentaire si nécessaire ;
* Etablissement du certificat médico-légal ;
* Etablissement et mise à jour du dossier médico-social ;
* Orientation vers les services de spécialité médicale, et autres justice, association ;
* Transmission de la note/formulaire d’information au Procureur du Roi sous couvert de la
Direction de l’hôpital ;
* Suivi du système d’information et collecte des données ;
* Elaboration des rapports d’activités annuels ;
* Participation aux réunions du comité de pilotage et du comité technique de coordination
(membres) ;
* Participation aux sessions de formation continue et aux activités de plaidoyer (niveaux
régional, provincial, central ...), évaluation de la situation des FESV ...

Secteur de la justice
* Accueil, écoute des FESV référées par l’unité, la police ou venues de leur propre chef
* Activation des procédures judiciaires
* Suivi et évaluation des cas
* Collecte des données ;
* Participation aux réunions du comité de pilotage et du comité technique de coordination
* Etablissements des rapports d’activités
* Organisation et participation aux sessions de formation continue et aux activités de
plaidoyer (niveaux régional, provincial, central ...)

La police
* Accueil, écoute des FESV adressées par l’unité, la justice, l’ONG ou venues de leur
propre chef
* Etablissement des PV
* Conseil et activation de la procédure de transmission au parquet ;
* Accompagnement des victimes (justice, santé, ONG...) ;
* Participation aux réunions du comité de pilotage et du comité technique de coordination
(membre)
* Etablissements des rapports d’activités
* Participation aux sessions de formation continue et aux activités de plaidoyer (niveaux
régional, provincial, central ...), suivi et évaluation de la situation des FESV ...

142
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

L’association/CEPAJ
* Accueil, écoute des FESV adressées par l’unité, la police, la Gendarmerie Royale,
la justice ou venues de leur propre chef ;
* Information sur les procédures judiciaires en cas de recours judiciaire ;
* Accompagnement des femmes aux différentes étapes du circuit (tribunaux, police, santé,
gendarmerie royale...) ;
* Facilite la réconciliation quand la femme le désire ;
* Placement des femmes et des enfants victimes de violence dans des centres d’accueil
quand c’est nécessaire et dans la mesure du possible après autorisation du procureur ;
* Participation aux réunions du comité de pilotage et du comité technique de coordination
;
* Etablissements des rapports d’activités ;
* Organisation et participation aux sessions de formation continue et aux activités de
plaidoyer (niveaux régional, provincial, central ...), évaluation de la situation des FESV
...

2. Le système de référence pour la prestation


multisectorielle (Santé, Justice, Police, ONG/centre
d’écoute et d’hébergement)

2.1. Les niveaux d’orientation et les circuits


L’assistante sociale de l’unité de prise en charge des FESV au niveau de l’hôpital jouera le
rôle de relais en vue de faciliter la coordination entre cette unité et les autres cellules de prise
en charge des FESV des autres partenaires, et l’accompagnement des survivant (e)s à la
violence à ces différents niveaux .

143
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Circuit d’orientation et rôles :

2.2 Système de référence pour la femme :


La lutte contre la violence à l’égard des femmes est une activité multisectorielle qui exige un
effort soutenu basé sur un partenariat, une coordination efficace et un engagement partagé par
les différentes parties concernées. Cet engagement nécessite la mise en place et l’exécution
de programmes/plans d’action spécifiques aux différents partenaires conformément à leurs
missions respectives. Les institutions concernées par l’accueil, la prise en charge et le suivi des
femmes survivant á la violence sont essentiellement: le secteur de la Santé (Services), le
secteur de la Justice (Protection) y compris la police judiciaire (Sécurité), et la Société civile
(Soutien psychologique, juridique et social).

2.3. Orientation de l’unité de prise en charge médicale,


psychologique et sociale vers les centres d’écoute et
d’orientation (ONG)
Seront orientées vers les CEPAJ :
Les cas nécessitant un soutien social, psychologique et des conseils juridiques par les
écoutantes, par les psychologues et par les avocats.
La communication entre l’unité et la cellule se fera par le biais d’une fiche de référence dûment
remplie par le médecin et/ou l’assistante sociale, appuyée par un contact direct entre
l’assistante sociale de l’unité et l’écoutante du CEPAJ (par téléphone ou par accompagnement
de l’assistante sociale) .
Le suivi de ces cas sera assuré au niveau du CEPAJ en étroite coordination avec l’assistante
sociale de l’unité. L’issue du suivi des personnes référées sera diffusée à travers une
collaboration étroite (fiches de référence).

2.4. Orientation de l’hôpital vers le système judiciaire (tribunaux,


police) et gendarmerie.
Seront orientées systématiquement vers la cellule instituée à cette fin par le système judiciaire
sur leur demande, les femmes et les enfants victimes de violences physiques et sexuelles
graves pour la mise en place d’une prise en charge judiciaire.
La coordination avec ces cellules sera assurée par le directeur de l’hôpital avec l’appui
technique de l’assistante sociale et le médecin responsable de l’unité, sur la base des supports
mis en place à cette fin (certificat médico-légal, lettre d’information du procureur.....).

3. Le cadre et les mécanismes de coordination

3.1. Les structures de coordination :


Sont composées de deux comités :
- un comité de pilotage régional ou provincial
- un comité de coordination technique.

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

3.2. Cadre, composition et fonctionnement :

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Mapping des partenaires


Les unités de prise en charge des FESV devraient disposer d’un répertoire des différents
partenaires/intervenants : numéro vert national, des institutions : tribunaux, police
judiciaire, gendarmerie, et associations/centres d’écoute, unités FESV disponibles des
structures de santé dans la prise en charge des FESV au niveau national, régional et
local.
Chaque unité devra établir son propre répertoire avec les adresses, les coordonnées des
personnes ressources et des structures. Ce document doit être mis en évidence, être
facile à utiliser et mis à jour régulièrement.

4. Autres partenaires : Réseaux communautaires


Les réseaux communautaires peuvent apporter un appui aux FESV. Les collectivités locales et
les associations locales et régionales peuvent apporter leur soutien aux survivant ( e )s à la
violence par l’information, l’éducation, le soutien social et psychologique et le plaidoyer auprès
des instances nationales (gouvernement).
La famille peut également être sollicitée et impliquée dans cette prise en charge et collaborer
à assurer la protection des victimes de violence.

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Ab réviations
CEDAW Convention on the Elimination of All Forms of Discrimination Against Wome
CEDEF Convention sur l’Elimination de toutes les formes de discrimination à l’égard
des femmes
CCDH Conseil Consultatif des Droits de l’Homme
CEPAJ Centre d’écoute, d’appui psychologique et d’assistance juridique
CHP Centre Hospitalier Provincial
CHU Centre Hospitalier Universitaire
CIN Carte d’Identité Nationale
CIPD Conférence Internationale sur la Population et le Développement
CNUDH Commission des Nations Unies sur les Droits de l’Homme
DHSA Direction des Hôpitaux et Soins Ambulatoires
EFVV Enfants et Femmes Victimes de Violence
ESSB Etablissements de Soins de Santé de Base
FESV Femme et Enfant Survivants à la Violence
GAM Groupement des Annonceurs Marocains
INDH Initiative Nationale pour le Développement Humain
IST Infections Sexuellement Transmissibles
ITT Incapacité Totale Transitoire
MS Ministère de la Santé
OIT Organisation Internationale du Travail
OMD Objectif(s) du Millénaire pour le Développement
OMS Organisation Mondiale de la Santé
ONDE Observatoire National des Droits de l’Enfant
ONG Organisation Non Gouvernementale
PSP Polyclinique de Santé Publique
SEFEPH Secrétariat d’Etat chargé de la Famille, de l’Enfance et des Personnes
Handicapées
SNLCVF Stratégie Nationale de Lutte contre la Violence à l’égard des Femmes
SNPM Syndicat National de la Presse Marocaine
SSR Santé Sexuelle et Reproductive
UACC Union des Agences Conseils en Communication
UNFPA Fonds des Nations Unies pour la Population
VFG Violence Fondée sur le Genre

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Documents
annexes

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

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Annexe 1

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Normes et Standards pour la prise en charge des
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Annexe 2

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GUIDE DE REFERENCE

Annexe 3

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GUIDE DE REFERENCE

Annexe 4

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Relevés physiques
Décrire systématiquement, en le notant sur le pictogramme ci-joint, l’emplacement exact des
blessures, des abrasions, des pétéchies, des marques, etc. documenter le type, les
dimensions, la couleur et la forme. Se limiter à une description sans essayer d’interpréter ce qui
a été relevé.

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Profil Droit Profil Gauche

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

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GUIDE DE REFERENCE

Annexe 5

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Normes et Standards pour la prise en charge des
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Annexe 6

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GUIDE DE REFERENCE

Annexe 7

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GUIDE DE REFERENCE

Annexe 8

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femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Annexe 9
Rôle de l’assistante sociale dans la prise en charge des femmes victime de violence.
Accueil
Les victimes arrivent à l’hôpital traumatisées, déprimées, désespérées, apeurées, souvent chassées, ou enfuies du
domicile conjugal à une heure tardive, sans ou avec des enfants à charge, sans moyens, et sans aucun soutien
familial.
Elles doivent trouver chez l’assistante sociale tout le réconfort, le soutien et l’aide appropriée, ce qui leur permettra
d’être en confiance et de s’exprimer avec aisance.
De ce fait l’accueil devra être chaleureux, respectueux et sécurisant.
Il faut donc :
- Etre disponible pour écouter
- Accepter la personne telle qu’elle est sans jugement préalable
- Et respecter la confidentialité
Entretien
Entrer en relation avec la personne pour comprendre son problème et sa demande, ceci suppose :
- une écoute active
- une attitude objective
- une attitude d’empathie
- une attention pour décoder un problème ou une demande sous-jacente.
Evaluation de la situation
Pour voir la conduite à tenir, en tenant compte des potentialités de la personne et de son environnement.
Information et renseignements
Sur les possibilités d’aide existantes (à l’intérieur et à l’extérieur de l’hôpital)
Accompagnement social
- Accompagnement dans toutes les démarches nécessaires à l’hôpital pour lui permettre de bénéficier des soins
adéquats dans les meilleurs délais.
- Assistance pour les soins et le certificat médico-légal (gratuité), médicaments, vêtements, béquilles, chaises
roulantes et le transport.
- Visite au chevet des victimes en cas d’hospitalisation.
Orientation
- vers un service à l’intérieur ou à l’extérieur de l’hôpital (selon l’indication du médecin de la cellule)
- vers les centres d’écoute pour une assistance juridique
- vers le tribunal ou le commissariat pour déposer une plainte
Ceci se fait à la demande de la victime.
Facilitation des démarches A l’extérieur de l’hôpital :
- Par liaison ou contact téléphonique avec les différents partenaires externes (centres d’écoute, assistantes
sociales ou médecins des hôpitaux spécialisés.. ....)
- Intervention dans les cas où la victime a besoin d’hébergement sécurisé (à sa demande), par contact avec les
centres d’hébergement appropriés s’ils existent..
Suivi
Assurer le suivi de la situation quand c’est possible en maintenant le lien avec les différents partenaires (membres
du réseau local identifié) pour avoir un feedback.
Travaux rédactionnels
- Recueil des informations sur un support approprié
- Rédaction des enquêtes sociales
- Etablissement des rapports statistiques
- Archivage des documents

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

164
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Bibliographie
- American Public Health Association (AMPH): “Control of communicable diseases
manual”., 1995. Washington DC. 1995.
- Benhadid Faiza : “Intégration des outils du genre dans la santé reproductive : module de
formation : Genre, Santé et Développement”. Services et Gestion des Programmes -
CTS/Amman/FNUAP, mai-juin 2001 (non publié).
- Biggs M, Stermac L.E, Divinsky M.: “Genital injuries following sexual assault of women
with and without prior sexual experience”. Canadian Medical Association Journal, 1998,
159:33-37.
- Bowyer L, Dalton ME: “Female victims of rape and their genital injuries”. British Journal
of Obstetrics and Gynaecology, 1997, 104:617-20
- Conférence de consensus de la Société Francophone de Médecine d’Urgence :
“Maltraitance : dépistage, Conduite à tenir aux urgences (en dehors des maltraitances
sexuelles) “. Nantes 3 décembre 2004.
- Consortium for Emergency Contraception: “Emergency contraceptive pills: medical and
service delivery guidelines”. Seattle. WA, 2000.
- Ministère de la Santé : “Guide du prestataire pour la prise en charge syndromique des
infections sexuellement transmissibles”. Programme National de Lutte contre les
IST/SIDA, Ministère de la Santé. Maroc
- Ministère chargé de la condition de la femme, de la famille et de l’intégration des
handicapés : “Violence contre les femmes” (Syllabus). Atelier de testing, 2002.
- Ministère de la santé - Direction de la Population : “Analyse de la situation de l’enfance
au Maroc : 2001 - 2005”. Partie Droit à la survie, 2006
- Ministère de la santé - Direction de la Population : “Communication interpersonnelle
appliquée à la santé maternelle et infantile”, module pour formateurs, 1996.
- OMS : “Etude des Nations Unies sur la violence à l’encontre des enfants”. Rapport de
l’expert indépendant (A/61/299). Genève, août 2006.
- OMS : “Guide pour la prise en charge des infections sexuellement transmissibles”.
(Classification NLM: WC 142), 2005.
- OMS: “Guidelines for medico-legal care for victims of sexual violence”. (NLM
classification: W 795), 2003.
- OMS : “Rapport mondial sur la violence et la santé”. Genève, 2002.
- OMS: “La violence à l’encontre des femmes”. Aide mémoire n° 239, Juin 2000.
- OMS, Haut Commissariat des Nations Unis pour les Réfugiés (UNHCR) : “Gestion
clinique des victimes du viol”. Guide pour le développement des protocoles à adopter
avec les réfugiés et les personnes déplacés dans leurs propres pays. Genève, 2002.
- SEFEPH/UNFPA : “Plan Opérationnel de LCVEF”, 2005.

165
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

- SEFEPH /UNICEF : “Plan d’Action National de l’Enfant”, 2006-2015.


- SEFEPH/UNFPA/UNIFEM : “3 et 4émes rapports du Maroc relatifs à la mise en oeuvre
de la Convention sur l’Elimination de toutes formes de discrimination à l’égard des
femmes-CEDAW-”. Juin 2006.
- SEFEPH/UNFPA/ UNIFEM : “Stratégie nationale de Lutte contre la Violence à l’égard
des Femmes”, 2002.
- UNFPA: “Comment aborder en pratique la violence liée au sexe”. Guide programmatique
à l’intention des praticiens et gestionnaires de santé. 2003
- UNFPA/Bureau Rabat : Guide non publié, Prise en charge de la Violence à l’égard des
Femmes, Projet Genre et Développement (GEDI), 2003
- UNICEF: “L’exploitation sexuelle de l’enfant : cas de Marrakech”. Rabat, 2003
- .... : “Lutter contre la violence au sein du couple : le rôle des professionnels”. Éditions
Sicom, Juin 2006
- W.W.W.Wildaf-go.org : “Etude sur les violences conjugales et les autres formes de
violences faites aux femmes au Togo”. Wildaf-Togo, octobre 2000.
- W.W.W.Wildaf-go.org : “Pour une société sans violence au Burkina Faso”.
Wildaf/Feddaf-BSRAO, juillet 2002 Wildaf-

166
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Remerciements
Ce guide est le fruit de plusieurs mois de travail et répond à un besoin grandement
ressenti par les professionnels de santé. Sa rédaction a été rendue possible grâce à
la contribution des personnes et des institutions nommées ci-dessous.

Qu’elles soient toutes vivement remerciées pour la qualité de leur travail. Nous
voudrions remercier tout particulièrement l’Observatoire National des Droits de
l’Enfant, l’UNFPA et l’UNICEF pour leur soutien technique et financier.

Observatoire National des Droits de l’Enfant :


* Pr Amina Malki Tazi
* Mr Said Raji

Facultés de Médecine et de pharmacie :


* Pr Badra Benjaloun Rabat
* Pr Mounaaim Aboussaad Marrakech
* Pr Hicham Benyaich Casablanca
* Pr Hassan Kissra Rabat

Ministère de la Santé :
* Dr Fouad Hamadi
* Dr Mustapha Tyane
* Dr Abdelwahab Zerrari
* Dr Mohammed Charradi
* Dr Hamid Chekli
* Mme Loubaba Laraki
* Mr Abdelouadoud Kharbouch
* Melle Jamila Bia
* Mme Malika Mazzine
* Dr Ahmed Aziz Tanjawi Jazouli
* Dr Nawal Hamdouna Grand Casablanca
* Dr Jamal Ghezoune Marrakech
* Dr Meriem Elkhalil Marrakech
* Mme Najat Dardari Marrakech

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

CH Ibn Sina :
* Dr Aicha Bouzeqraoui
* Mme Zahra Chehbouni

UNFPA
* Dr George Georgi
* Mme Faiza Benhadid
* Dr Redoune Belouali
* Mme Moumena Benamar

UNICEF
* Mme Maie Ayoub
* Mme Rajae Berrada
* Mme Touria Barakat

Consultants
* Dr Najia Hajji
* Mr Abdelkader Berdaoui

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Sommaire

Introduction.
Préambule.
- Introduction
- Raison d’être du guide.
- Objectifs.
- Utilisation du guide.
- Présentation du guide.

P R E M I È RE P A R T I E : VIOLENCE ET DROITS HUMAINS

CHAPITRE 1 : PROBLEMATIQUE DE LA VIOLENCE A L’EGARD


DES FEMMES ET DES ENFANTS : ETAT DES LIEUX

1. Le contexte universel : ampleur du problème......................................................21


1.1. Données épidémiologiques.......................................................................21
1.2. La culture du silence.................................................................................22
2. L e contexte marocain : état des lieux................................................................. 23
2.1. Pour la femme.......................................................................................... 23
2.2. Pour l’enfant..............................................................................................25

CHAPITRE 2 : CADRE CONCEPTUEL DE LA VIOLENCE: VIOLENCE


FONDEE SUR LE GENRE/VFG ET MALTRAITANCE
A L’ENCONTRE DES ENFANTS

Section 1 : Violence à l’égard des femmes / VFG.


1. Qu’est ce que la violence......................................................................................29
2. La VFG : définitions..............................................................................................29
3. Qu’est ce qu’une survivante à la VFG..................................................................30

169
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

4. Les différentes formes de VFG............................................................................ 31


5. Les déterminants de la violence contre les femmes............................................32
6. Les conséquences de la VFG sur la santé..........................................................32
7. VFG/VCF à travers l’approche cycle de vie: une vision globale..........................34
8. Les conséquences de la VFG à travers l’approche cycle de vie........................34
9. Les conséquences sur la Santé Sexuelle et Reproductive/SSR......................... 36
10. Impact sur l’économie........................................................................................ 37
SECTION 2 :Violence et maltraitance envers l’enfance.
1. Maltraitance de l’enfant : définitions.....................................................................39
2. Les formes de violence envers l’enfant................................................................39
3. Les enfants à risque.............................................................................................40
4. Effets psycho-affectifs de la violence sur le développement de l’enfant.............40

CHAPITRE 3 : CADRE NORMATIF : GENRE, ENFANCE


ET DROITS HUMAINS
Section 1 : Aperçu général sur les droits humains.
1. Principes généraux de droits humains................................................................45
2. Types de droits.....................................................................................................45
3. Principes fondamentaux des droits humains....................................................... 46
4. Signification des droits humains...........................................................................46
5. Modèle de Droits Humains...................................................................................47
5.1. Revendication - obligation.........................................................................47
5.2. Devoirs - obligations..................................................................................48

Section 2 : Droits humains et législation en matière de protection des


droits de la femme et de l’enfant.
1. Législation internationale :
1.1. La Convention des Nations Unies sur l’élimination de toutes
les formes de discrimination contre des femmes.....................................49
1.2. Convention des Droits de l’Enfant (CDE)................................................ 50
1.3. Engagements du Maroc sur le plan international..................................... 51
2. Législation nationale :

170
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

2.1. Protection des droits humains des femmes..............................................52


2.2. Protection des droits humains de l’enfant.................................................53
2.3. Structures d’application et responsabilisation...........................................53
2.4. Modalités médico-légales et déontologiques de prise en charge............54
2.5. Impact de la violence sur les droits humains............................................55

Section 3 : Approche Droits Humains et Genre pour la programmation.


1. Cadre méthodologique et outils de l’approche Droits Humains :
1.1. Une compréhension commune.................................................................60
1.2. Résultats et Standards des Droits Humains............................................60
1.3. Processus : Principes des Droits Humains...............................................60
1.4. Besoins vs. Droits..................................................................................... 60
1.5. Caractéristiques essentielles et uniques de l’approche............................61
2. Grandes lignes de l’ADHP :
2.1. Analyse causale........................................................................................61
2.2. Analyse des rôles/patterns........................................................................61
2.3. Développement des capacités..................................................................62
2.4. Analyse des besoins en capacités............................................................62

CHAPITRE 4 : CADRE POLITIQUE : STRATEGIES ET PROGRAMMES


D’ACTIONS.
Section 1: Programme d’action des conférences internationales
1. Conférence Internationale des Nations Unies sur la Population et
le Développement (CIPD)....................................................................................65
2. Conférence Mondiale des Droits de la personne.................................................65
3. Quatrième Conférence Mondiale des Nations Unies sur les Femmes................66
4. Sommet de l’Enfance...........................................................................................66
5. Déclaration du Millénaire......................................................................................66

Section 2 : Programmes d’actions au niveau national


1. Pour la femme :
1.1. Dispositif politique et stratégique en matière de lutte contre la violence
à l’égard des femmes et dans le domaine de l’équité et de l’égalité
entre les sexes.........................................................................................67
1.2. Programmes d’actions: mobilisation sociale et plaidoyer......................... 72

171
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

1.3. Structures d’offre de services : secteur public et société civile................ 72


2. Pour l’enfant :
2.1. Politiques et stratégies d’actions...............................................................74
2. 2. Programmes.............................................................................................75
2.3. Plan d’Action National pour l’Enfance (2006 - 2015)........................................76

DEUXIEME PARTIE:
PRISE EN CHARGE AU NIVEAU DES STRUCTURES DE SANTE

CHAPITRE 1 : PRISE EN CHARGE DES FEMMES SURVIVANTES A LA


VIOLENCE

Section 1 : Les aspects cliniques de la prise en charge.


1. Accueil des femmes survivantes à la violence.......................................................83
2. Recueil de l’histoire/anamnèse............................................................................ ..84
3. Examen clinique.....................................................................................................86
4. Evaluation du retentissement psychologique et émotionnel..................................89
5. Traitement médical et suivi des femmes survivantes à la violence :
5.1. Traitement médical......................................................................................90
5.2. Suivi.......................................................................................................... ..93
6. Counselling.............................................................................................................94

Section 2 : Les aspects médicaux et légaux de la prise en charge.


1. Recueil des preuves médico-légales................................................................... ..96
2. Certificat médico-légal............................................................................................99
3. Signalement judiciaire.......................................................................................... 101

CHAPITRE 2 : PRISE EN CHARGE DES ENFANTS SURVIVANTS


A LA VIOLENCE
Section 1 : Les aspects cliniques de la prise en charge
1. Accueil et préparation de l’enfant.........................................................................105
2. Anamnèse.............................................................................................................105
3. Examen clinique...................................................................................................108
3.1. Examen somatique................................................................................... 108

172
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

3.2. Examens complémentaires et prélèvements à réaliser............................112


4. Evaluation du retentissement psychologique et émotionnel................................113
5. Traitement et suivi................................................................................................114
5.1. Traitement curatif...................................................................................... 114
5.2. Traitement prophylactique.........................................................................115
5.3 Hospitalisation............................................................................................116

Section 2: Les aspects médico-légaux de la prise en charge


1. Recueil des preuves médico-légales.................................................................. 117
2. Certificat médico-légal.........................................................................................118
3. Le signalement judiciaire.....................................................................................120

CHAPITRE 3 : NIVEAUX DE PRISE EN CHARGE


1. Les différents niveaux.......................................................................................... 125
2. Définitions des tâches par niveau et par profil de professionnels....................... 125
3. La référence/contre référence entre les différents niveaux................................. 127

TROISIEME PARTIE:
CADRE OPERATIONNEL: SYSTEME D’ORGANISATION ET DE COORDINATION DES
STRUCTURES DE PRISE EN CHARGE

CHAPITRE 1 : ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT DES UNITES.

1. Les fonctions des unités de prise en charge....................................................... 133


2. Organisation des unités....................................................................................... 134
2.1. Lieux d’implantation des unités.................................................................134
2.2. Les ressources humaines.........................................................................135
2.3. Les ressources matérielles et pharmaceutiques...................................... 135
2.4. La gestion budgétaire............................................................................... 135
3. Fonctionnement de l’unité....................................................................................136
3.1. Horaires de travail.................................................................................... 136
3.2. Circuit et attributions des prestataires...................................................... 136
3.3. Transcription des données........................................................................136
4. Système d’information..........................................................................................136
4.1. Procédures et outils d’enregistrement interne.......................................... 136

173
Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

4.2. Le système d’information externe...............................................................137


4.3. Collecte et utilisation des données........................................................... ..138
4.4. Système de suivi et d’évaluation.............................................................. ..138

CHAPITRE 2 : MECANISMES DE COORDINATION ET DE COLLABORATION


1. Les principaux intervenants et leur rôle................................................................. 141
1.1. Les principaux intervenants...................................................................... ..141
1.2. Les rôles des intervenants..........................................................................141
2. Le système de référence pour la prestation multisectorielle (police, justice,
santé,ONG/centre d’écoute et d’hébergement)....................................................143
2.1. Les niveaux d’orientation et les circuits......................................................143
2.2. Système de référence pour la femme...................................................... ..144
2.3. Orientation de l’unité de prise en charge médicale, psychologique
et sociale vers les centres d’écoute et d’orientation (ONG)......................144
2.4. Orientation de l’hôpital vers le système judiciaire (tribunaux, police)
et gendarmerie......................................................................................... ..144
3. Le cadre et les mécanismes de coordination........................................................ 144
3.1. Les structures de coordination................................................................... 144
3.2. Cadre, composition et fonctionnement....................................................... 145
4. Autres partenaires : Réseaux communautaires.................................................... 146

Références bibliographiques

Abréviations

Documents annexes

Annexe 1 Principaux instruments internationaux juridiques, politiques et


pratiques contre la violence à l’égard des femmes............................ 151
Annexe 2 Droits sociaux et économiques relatifs aux droits des femmes Droits
sociaux et économiques relatifs aux droits de l’enfant.......................152
Annexe 3 Exemple de formulaire de consentement ............................................. 153
Annexe 4 Formulaire d’anamnèse et d’examen..................................................... 154
Annexe 5 Classification médico-légale des blessures........................................... 159
Annexe 6 Contraception d’urgence Administration du vaccin antitétanique
(VAT) et du sérum antitétanique.............................................................. 160

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Normes et Standards pour la prise en charge des
femmes et des enfants survivants à la violence

GUIDE DE REFERENCE

Annexe 7 Modèle de certificat médical pour violence physique, Modèle


de certificat médical pour violence sexuelle.........................................161
Annexe 8 Modèle de signalement d’une personne en danger............................162
Annexe 9 Rôle de l’assistante sociale dans la prise en charge des femmes
victimes de violence.................................................................................163
Bibliographie .................................................................................................................165

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