Cours de Dr SAIBOU
Introduction
Toute organisation est menacée de subir un jour une crise qu'elle soit d'origine
naturelle ou humaine, qu'elle ait une cause interne ou externe, de par sa
responsabilité ou par contrecoup, par suite d'un aléa matériel ou d'une atteinte à sa
réputation, etc. Préparation et gestion de crises sont désormais des composantes de
la gestion des entreprises et des administrations.
C’est pourquoi il est important de doter l’entreprise d’un processus de décision qui
lui permette en contexte de crise d’intégrer simplement la multitude de parties
prenantes, d’évaluer les différents scénarios avec un maximum d’objectivité, de
prendre des décisions rapides. Cet outil d’aide à la décision permettra aux
dirigeants de minimiser et de contrôler les conséquences d’une crise qui peuvent
être la baisse du cours de la bourse, la mauvaise image ou encore la perte de parts
de marché.
Avec le durcissement des relations interentreprises (liées à la crise et à la
globalisation des échanges), il faut constamment inciter les entreprises à se
préparer aux crises qui dépassent leur univers immédiat. Les études sur la gestion
des situations de crise montrent qu'à quelques exceptions près, tous les types de
crise peuvent se produire dans toutes les entreprises indépendamment de leur
secteur d'activité. La seule chose que l'on ne peut pas prévoir est la forme exacte
que prendra la crise. Les collectivités territoriales avec notamment les pôles de
compétitivité peuvent servir d’appui à la gestion de crise pour les entreprises. Elles
ne doivent donc pas hésiter à accroître le lien public-privé dans la gestion
d’événements exogènes afin d’en assurer sa gestion en minimisant ses
conséquences à court, moyen et long terme.
I-DÉFINITIONS
Pour (Ogrizek 97) la crise est un concept flou. C’est l’instant où tout bascule de
façon accélérée et irréversible » Urgence : Catastrophe, risque majeur. La
crise est un bouleversement, une épreuve, une rupture, une opportunité. Pour
Edgard Morin : « Crise signifie indécision : c’est le moment où, en même temps
qu’une perturbation, surgissent les incertitudes.
La divergence : la crise ébranle les références les plus essentielles d’un système,
les choix collectifs fondamentaux des acteurs concernés.
De type « humain », elle peut être due à des évènements intentionnels (les
personnes d'une entreprise qui souhaitent vivement provoquer une situation de
crise pour en tirer profit) ou accidentels (aucune partie prenante d'une entreprise
n'a voulu ou souhaité créer une situation de crise pour sa firme).
Selon Laguadec:
La crise « inimaginable » : Une crise que l’on n’imaginait pas au départ et qui,
pourtant, survient.
La crise « négligée » : Une crise dont les causes étaient connues de l’entreprise,
mais qu’elle a négligées.
La crise « quasi inévitable » : l’entreprise ne pouvait absolument rien faire.
La crise « compulsive » : qui résulte d’une sorte d’inaptitude congénitale à faire de
la bonne gestion (on s’y prend de telle manière que la crise survient).1
La crise voulue : la crise est provoquée sciemment par l’entreprise. La crise voulue
semble de plus en plus utilisée aujourd’hui par des entreprises souhaitant faire du
« buzz ».
1
Uriel Rosenthal, Michael T. Charles, Paul ‘T Hart, Alexander Kouzmin, Alan Jarman, 1989, p. 445-447.
2
http://http://holtz.com/blog/crisis-communication/crisis_communication_fundamentals/2256/0
La crise dite de « prédation » : quelque chose qui était censé rester secret dans
l’entreprise est révélé au public par un « prédateur ». L’entreprise n’est dès lors
plus victime et aura très difficile à être crédible si elle reste dans la négation
La crise de « détérioration » : il s’agit d’une crise où l’entreprise a négligé des
aspects ou encore où l’entreprise n’est pas performante sur plusieurs aspects
En plus de ces trois types de crises, il ajoute un autre type de crise :
La crise « persistante » : c’est une crise qui peut être de prédation, météorique ou
de détérioration, mais qui perdure dans le temps
En effet, une crise peut être de deux types à la fois. (Exemple : une crise qui est la
cause d’une détérioration de l’entreprise, mais qui est révélée par un « prédateur »)
Les crises prévues mais dont la gravité dépasse ce que l’on attendait et qui
rendent caduques les dispositifs de gestion de crise. C’est par exemple Katrina qui
n’aurait pas dû prendre au dépourvu les responsables, tant fédéraux que locaux,
puisque le cyclone était attendu depuis des années. Pour preuve les centaines de
milliers de dollars dépensés en études, entraînements, plans d’urgences et
scénarios. Et pourtant, ils n’ont pas su répondre à la nécessité d’assurer un abri à
des milliers de sinistrés pas plus qu’à celle d’évacuer la population à mobilité
réduite.
Dans une typologie récente, Thierry Libaert classe les crises en 4 sphères :
La sphère économique
Secteur industriel : une difficulté dans le secteur industriel de l’entreprise.
Secteur structurel : exemple : une OPA hostile.
Secteur financier : exemple : le cours de bourse diminue.
Secteur social : exemple : la grève.
La sphère technique : Crise liée à l’entreprise Crise liée au produit
La sphère politique : Crise réglementaire, Crise judiciaire
La sphère corporate : Image de la marque
Lorsque la crise survient, les acteurs sont pris en défaut et la gèrent de manière
contre-productive. Ils ont les mauvais réflexes. Ils nient le phénomène ou tout du
moins l’ampleur du phénomène et les capacités de mobilisations sont tardives. De
Katrina en passant par le Tsunami en Asie le constat est identique : manque de
réactivité, déni, repli sur soi au lieu de développer les contacts et de faciliter la
communication. Tous ces éléments ne viennent qu’aggraver le contexte de crise
existant et prolonger la crise. Cela se traduit par ce que l’on nomme en physique,
un phénomène d’hystérésis
Le cycle de vie d’une crise comporte quatre (4) phases que sont :
La phase de gestation : Elle est caractérisée par une série de dysfonctionnements
et d'erreurs. Si ces signaux sont pris en compte par les dirigeants, la crise peut être
anticipée et ses effets minimisés.
La phase aigue : Durant cette phase, il est essentiel d'avoir un suivi presse pour
savoir comment réagir aux propos des médias. Il convient d'opérer un travail de
rapprochement entre les infos, les acteurs et la surcharge de médiatique pour
garder une vision globale de la situation.
La phase chronique : Lors de cette phase, les médias se focalisent sur le sujet de la
crise. La durée du traitement médiatique dépend alors des autres sujets d'actualité
pouvant détourner l'attention des médias.
La phase de cicatrisation : Le cycle de vie de la crise s'achève. On constate alors
une atténuation de la crise ainsi qu'une chute progressive de l'attention des médias.
Cette phase ne doit pas être négligée. En effet, les managers doivent maintenir leur
vigilance et maintenir une relation privilégiée avec la presse.
L’une des erreurs classiques des managers qui manquent de vision stratégique est
de penser qu’une crise est l’occasion de lâcher un peu de lest pour permettre à
leurs équipes de gagner en sérénité. S’il est évidemment indispensable de prendre
soin de son équipe, la baisse du niveau d’exigence peut amener l’entreprise
à réduire la qualité de ses prestations ou de ses produits, et ainsi affaiblir une
position qu’elle a peut-être déjà des difficultés à maintenir en temps normal. La clé
est donc de conserver un niveau d’exigence équivalent, si n’est supérieur, tout
en se recentrant sur ses fondamentaux et sa clientèle. L’objectif étant finalement
de faire mieux avec moins.
Difficile de garder le moral au beau fixe en ces temps incertains ? Il est pourtant
important de s’efforcer de garder un état d’esprit positif afin de préserver son
équipe, autant que faire se peut, des événements sur lesquels elle n’a aucune prise.
Développer un discours rassurant, sans toutefois tomber dans une naïveté contre-
productive, et l’inscrire dans une vision à long terme pour permettre aux salariés
de se projeter sur une résolution de la situation.
Le stress possède certes une utilité sur le court terme (son effet galvanisant n’est
plus à démontrer), mais ce pic d’adrénaline peut rapidement devenir toxique si on
le laisse s’installer trop durablement. Pour être en mesure de garder son sang-froid
lors qu’il se trouve au contact de ses collaborateurs, de ses clients ou de ses
fournisseurs, le manager en charge de la gestion d’une situation de crise doit
veiller à s’accorder des moments de détente : famille, sport, nature, méditation,
loisirs en tout genre… tous les moyens sont bons pour décompresser et refaire le
plein d’énergie et d’ondes positives. Attention à ne pas négliger son réseau.
Certains contacts, qu’ils aient déjà vécu des situations similaires ou non, peuvent
vous aider à prendre du recul grâce à leurs conseils et leurs retours d’expérience.
Anticiper la crise pour mieux s’y préparer
Pour certains, la crise est semblable à un arbre qui s’effondre sur une maison au
passage d’une tempête ; brutale et imprévisible. Pour d’autres, il est possible
d’anticiper ce genre de situation, à l’image de certaines chutes d’arbres.
Lorsqu’une crise s’annonce, plutôt que de faire l’autruche en espérant qu’elle
n’impacte pas l’entreprise, le manager doit à l’inverse faire preuve de prévoyance
et de perspicacité pour éviter que la sidération ne l’importe sur une prise de
décision rapide et judicieuse. C’est d’ailleurs l’un des principes qui permet à
certaines organisations de sortir du lot en transformant un obstacle en apparence
insurmontable en véritable tremplin.
(2) Une évaluation de la vulnérabilité inclut aussi les moyens de récolter des
données structurées, visant à une compréhension du niveau des menaces
potentielles, des besoins et des ressources disponibles immédiatement. Avant
d'élaborer une stratégie, il faut évaluer la situation. Selon Jean-Pierre Piotet3
L'évaluation de la situation prendra en compte les notions suivantes :
3
Cité par T.Libaert dans « La Communication de Crise », Dunod).
La médiatisation : suivant l'importance des médias qui s'intéressent à l'affaire,
l'ampleur de la crise ne sera pas la même.
Le déroulement prévisible de la crise : évaluer l'importance de la crise pour
adapter sa stratégie de communication.
La responsabilité de l'entreprise : l'entreprise doit s'interroger sur sa
responsabilité.
Le temps : la crise se caractérise par une accélération du temps.
(3) D’un point de vue technique, les évaluations de vulnérabilité servent de point
de départ dans la détermination des types de plans de secours qui seront mis en
place. La planification est le cœur de la préparation contre les crises. Un des
objectifs est de mettre en place des plans sur lesquels on s’est entendu, qui sont
praticables, et pour lesquels un engagement et les ressources nécessaires sont
assurés. Par ailleurs, le plan doit non seulement envisager comment secourir les
gens mais également comment gérer leur traumatisme (assistance psychologique)
et assurer la redéployabilité de l’activité mise à mal ou encore la reconstruction de
ce qui a été détruit.
(6) Comme c’est le cas pour la plupart des simulations, les entraînements ne
peuvent pas reproduire pleinement la crise et les problèmes rencontrés par les
équipes de secours, notamment les problèmes de coordination entre les différents
acteurs et les temps réels de réaction. Néanmoins, ils sont nécessaires car ils
peuvent révéler les points faibles du dispositif ou les lacunes. Ils permettent
également de faire vivre le plan de secours mis en place, enfin les entraînements
donnent une idée de la réalité, permet aux gens de se préparer au pire.
Les entraînements, les plans ou encore la formation des personnels de secours sont
indispensables, mais il est nécessaire également d’avoir conscience que tout cela
sera insuffisant en période de crise. L’incertitude est telle dans ce type de période
troublée qu’il convient d’avoir des hommes formés faisant preuve de leadership
capables de faire preuve d’initiatives de changement par rapport aux plans de
secours proposés.
III-COMMUNICATION DE CRISE
En période de crise, une entreprise se doit de communiquer afin de préserver au
mieux son image. La communication de crise n’est pas une science exacte. Elle
date du début du XIX siècle, Ivy Lee est considéré comme le fondateur de celle-ci,
il a notamment travaillé sur la conduite à tenir en cas d’accident ferroviaire aux
Etats Unis.
Au plan informationnel une crise est caractérisée par une demande importante
d'informations. L'entreprise se trouve face à face avec de nouveaux interlocuteurs
qui demandent des explications, expriment leur opinion sur le sujet. Mais, on peut
aussi s'apercevoir du nombre croissant de demandes d'informations aussi bien en
interne (salarié, syndicats...) qu'en externe (élus, syndicalistes, journalistes, public,
consommateurs...). Les canaux de communication sont vite saturés. On note 3
types de manipulation en cas de crise :
Information : avis négatifs, diffusion de fausses informations, rumeurs et
dénigrement
Identité : détournement de logos, usurpation ou détournement de marques,
usurpation d’identité contrefaçon de marques.
Technique : phishing, smishing, cybersquatting, flogs/splogs et piratage de site.
3.1.Rumeur
La rumeur est une proposition liée aux évènements du jour, destinée à être crue,
colportée de personne en personne, d’ habitude par le bouche à oreille, sans qu’il
existe de donnée concrète permettant de vérifier son exactitude. C’est une
déclaration destinée à être crue, se rapportant à l’actualité et répandue sans
vérification officielle. Un compte-rendu ou une explication non vérifiés, circulant
de personne à personne et portant sur un objet, un événement ou une personne
d’intérêt public. Elle s’installe et s’aggrave lorsque les populations ne gardent pas
une confiance totale dans les medias officiels et sont donc tentés d’aller voir
ailleurs. Elle se développe lorsque le public ne garde pas une foi totale dans ses
dirigeants et que la population à l’écart de l’oisiveté.
Pour Kapferer le processus de la rumeur se met en route parce que des personnes
croient vraie une information et l’estiment suffisamment importante pour en
reparler autour d’elles. « Nous appellerons rumeur l’émergence et la circulation
dans le corps social d’informations soit non encore confirmées publiquement par
les sources officielles, soit démenties par celles-ci. » La rumeur est un rapport à
l’autorité. C’est un contre-pouvoir. Rupture d’un secret, elle est rare, donc chère.
Sa réactualisation tient à l’appauvrissement inéluctable de la valeur dune
information. La rumeur est un phénomène défini par sa source (non officielle),
son processus (diffusion en chaîne), et son contenu (c’est une nouvelle, elle porte
sur un fait d’actualité). Elle est différente de :
Bruit : isolé, décousu, limité localement, insignifiant
Ragot : jugement subjectif sur le contenu
Commérage : définition par la source et jugement subjectif
Potin : définition par l’objet : une personne Information
Le même terme de sensible peut être utilisé en référence une réaction chimique. La
sensibilité indique ici la capacité d’ultra-réaction et s’applique parfaitement à notre
domaine d’étude où le moindre grain de sable peut ruiner l’ensemble d’un
dispositif communicationnel pourtant éprouvé.
-La reconnaissance
- Le refus
La stratégie du refus consiste à affirmer qu'il n'y a pas de crise. Il s'agit alors d'une
posture que l'entreprise doit être capable de tenir. Quatre possibilités s'offrent à
l'entreprise dans ce scénario :
- Garder le silence dès le début de la crise, Exemple : C’est la stratégie choisie par
les autorités russes lors de l'accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl.
- Cesser de parler à partir d'un moment précis et donc ne plus alimenter la crise.
- Avancer le principe du chaînon manquant, pour laisser subsister le flou sur le
donneur d'ordre initial.
- Minimiser les effets de la crise, à condition d'être le seul interlocuteur à disposer
des données.
Les conséquences d'une telle stratégie peuvent s'avérer extrêmement
dommageables, aux niveaux juridique et médiatique, si les faits ressurgissent à
plus ou moins long terme et avec une nouvelle lecture des événements.
Concrètement, ce scénario du pire se traduira dans la plupart des cas par une perte
de crédibilité.
Tout est mis en place pour que l'entreprise regagne son "capital-image" et son
"capital-force" auprès des consommateurs et qu'elle puisse de nouveau, très
rapidement, vendre et générer du profit. L'essentiel est de tirer un enseignement de
cette crise et de la traiter comme si elle fût un des clients les plus importants
jamais traité.
Enfin, une crise doit permettre d'avancer et de conclure sur de nouveaux objectifs
et ainsi aider à la reconstruction de l'image de l'entreprise par des initiatives fortes.
Le management du risque conduit l'entreprise à une réflexion essentielle sur elle-
même.
Bien qu’on n’ait aucune influence sur le moment, le lieu et la manière dont
l’entreprise est touchée par une crise, on a un contrôle total sur sa réaction aux
événements. C'est pourquoi il faut préparer un plan de communication de crise, qui
devrait être revu et mis à jour régulièrement.
Étape 1. Examiner et sélectionner les types de crises auxquelles on veut faire
face
La première étape consiste à rassembler tout ce qui pourrait aller mal. Parce qu'il
n'est pas facile de se préparer à des situations inattendues: les catastrophes
naturelles, la perturbation des opérations commerciales habituelles, les blessures
subies par les clients ou les employés, ou encore la falsification de produits. Il
s’agit, dans un deuxième temps, d’évaluer le risque pour chaque situation de crise
possible, et d’assigner les points de contact adaptés à tous les scénarios. Si on
estime que certaines situations peuvent être évitées, il faut prendre les mesures
nécessaires à l'avance.
Toutes les mauvaises notes sur Internet ou les critiques dans la presse ne sont pas
des crises. Il faut décider avec les personnes impliquées quelles situations doivent
être classées comme un problème ou comme une crise. Un problème peut faire des
vagues, mais ne pas nuire à la marque à long terme. D'autre part, une crise ternit
durablement l’image de la marque, et peut même entraîner un manque à gagner.
Une fois définie la différence entre les crises et les problèmes pour l’entreprise,
on peut faire des plans plus efficaces et utiliser ses ressources plus efficacement en
temps de crise.
Étape 2. Identifier toutes les parties concernées et créer une hiérarchie pour
l'échange d'informations sur une crise
Dresser une liste de tous les acteurs qu’on souhaite tenir informés d'une crise.
Cette liste est susceptible d'inclure des employés, des clients et des utilisateurs, des
partenaires, des investisseurs, des médias, le gouvernement et le grand public. Elle
inclut également les personnes qui se trouvent à proximité en cas de crise liée au
site. On doit également inclure dans le plan toutes les informations de
contact nécessaires pour chacun de ces groupes.
La personne ou l'équipe qui signale une crise n'est pas toujours responsable de la
communication de crise. Par conséquent, une hiérarchie pour l'échange
d'informations au sein de l'entreprise doit être établie dans le plan. De cette
façon, toute personne qui remarque la crise émergente sait qui contacter en
premier.
Cet ordre dépend de la structure de l’équipe. La première étape peut consister à en
informer le PDG de l’entreprise, puis le responsable de la communication. Le plan
doit également préciser quelles informations seront partagées avec ces parties. Il
peut s'agir de détails connus sur la crise et de toute réaction disponible.
Étape 3. Identifier un porte-parole et former l’équipe régulièrement
Il importe de sélectionner les employés ayant les bonnes compétences. Certains
sont spécialisés dans les médias sociaux, tandis que d'autres peuvent gérer les
foules, mais peuvent facilement devenir nerveux lors d'un entretien individuel. On
doit le savoir à l'avance et affecter les employés en fonction de leurs points
forts. En outre, il convient d’organiser régulièrement des sessions de formation
pour les employés sur les crises dans les médias classiques et sociaux.
Étape 4. Préparer les déclarations et les réponses aux questions fréquemment
posées
Dans chaque crise, qu'elle soit petite ou grande, les gens se posent des questions.
Qu'il s'agisse de défenseurs des intérêts des clients ou de journalistes, le public
voudra découvrir la vérité. En effet, dans la plupart des cas, les entreprises sont
considérées comme coupables jusqu'à ce que leur innocence soit prouvée. C'est
pourquoi une communication proactive en période de crise est essentielle. Pour
assurer la plus grande transparence possible, l’équipe doit se concentrer sur la
diffusion d'informations sur la crise.
Dans la communication de crise, l'émission d'un avis est presque toujours la
première étape. Par conséquent, dans la phase de planification, l’on doit préparer
des déclarations pour les situations d'urgence définies en amont afin de
pouvoir les adapter rapidement à la crise en cas d'urgence, puis les publier. Les
déclarations doivent être courtes et concises, informer le public que l'entreprise
enquête sur la question et présentera de nouvelles conclusions à un moment précis.
Les plans de communication de crise peuvent aider à identifier et à répondre aux
questions auxquelles on peut s’attendre dans les scénarios de crise. Par exemple,
lorsqu'une catastrophe naturelle frappe votre siège social, on peut vous poser des
questions telles que « Quelqu'un a-t-il été blessé lors de l'incident ? » et « Combien
de temps faudra-t-il pour que les activités commerciales reprennent leur cours
normal ? »
Étape 5. Simuler les situations de crise qui ont été résolues pour l’entreprise
Des simulations de crises montrent à quel point on est êtes bien préparé à une
situation d'urgence. On peut effectuer de telles simulations de crise avec l'aide de
fournisseurs externes. Ces exercices sont destinés à former les processus et à
consolider les connaissances des personnes concernées. En même temps, les
aperçus des personnes à contacter dans les différents domaines, la disponibilité et
les sources d'information nécessaires sont mis à jour. En outre, des intervalles de
mise à jour réguliers devraient être définis.
Étape 6. Surveiller l'opinion publique
Il est important d’utiliser des outils pour surveiller les médias sociaux et aussi
revoir les analyses. Ces statistiques permettent de prévoir les crises avant qu'elles
n'aient atteint leur pleine ampleur et ne deviennent visibles pour le grand public.
Une communication réactive est tout aussi importante. Toute mention négative
dans les médias sociaux doit être traitée immédiatement et de façon cohérente.
Une partie de votre plan doit être consacrée exclusivement à la gestion de la crise
dans les médias sociaux, car une communauté déjà établie peut être utilisée pour
diffuser rapidement un message.
b-Pendant une crise
Le suivi d'une crise qui a été surmontée est tout aussi important qu'avant et
pendant celle-ci. Car une chose est sûre : la prochaine crise ne manquera pas
d'arriver. L'application pratique du plan doit faire l'objet d'un suivi approprié afin
d'intégrer les enseignements tirés de la crise dans une planification ultérieure. Cela
permet de sensibiliser les employés à la gestion des crises et de produire
de meilleures pratiques basées sur l'expérience spécifique de l’entreprise.
Étape 1. Informer le public sur les modifications apportées
Un avis seul est rarement suffisant pour la gestion d'une crise. Les paroles doivent
être suivies d'actes, sinon le public ne prendra pas les responsables de l’entreprise
au sérieux.
Étape 2. Vérifier les statistiques
Après la crise, on doit absolument faire le point sur les chiffres afin de réviser le
plan de communication de crise, voire même toute la stratégie de relations
publiques. On doit également fonder les rapports destinés aux interlocuteurs sur
les données recueillies lors de la crise.
Étape 3. Mettre à jour le plan de communication de crise
Identifier les faiblesses du plan de communication après une crise pour y
remédier et être encore mieux préparé pour la prochaine urgence. Un suivi continu
est important pour intégrer les meilleures pratiques de l’entreprise et pour prendre
en compte les nouvelles stratégies du secteur.
Étape 4. Partager la version mise à jour du plan avec toute votre équipe
Enfin, la version révisée du plan de communication de crise doit être distribuée à
tous les employés en rendant le plan actuel disponible sous forme numérique sur
l'Intranet de l’entreprise. En outre, tous les membres de l'équipe de communication
doivent recevoir une copie imprimée. L’équipe aura alors toutes les informations
importantes à portée de main, même en cas de défaillances techniques.
On peut tirer des leçons de ces succès. Mais il est également utile d'examiner les
erreurs commises lors des crises passées. Voici deux exemples de plan de
communication de crise qui peuvent servir de modèles pour une communication
de crise réussie.
Exemple 1. Southwest : plan de communication de crise après un accident
mortel
Southwest est l'une des compagnies aériennes les plus sûres au monde. Toutefois,
cela ne signifie pas que l'entreprise n'a pas eu d'accidents. Sur un vol, une panne de
moteur a entraîné la mort d'un passager, le premier décès enregistré au cours d'un
vol. Gary Kelly, le PDG de l'entreprise, a immédiatement réagi à la situation en
présentant ses excuses à la famille de la victime. Il a ensuite fait retirer toute la
publicité des médias sociaux de la compagnie et a personnellement téléphoné aux
passagers pour leur offrir soutien et conseils. Bien que Southwest n'ait jamais eu
un tel accident auparavant, le PDG était préparé à la situation et a montré
un regret sincère tant par ses paroles que par les actions de son entreprise.
Exemple 2. KFC : plan de communication de crise pour les restaurants
-En crise institutionnelle, les pressions sur les journalistes, rédactions, et les
référés peuvent marcher mais sont très dangereux
Lors d’une crise, les entreprises continuent à souhaiter se développer, mais dans
les faits, leur survie devient souvent le principal objectif. Ceci démontre
l’importance d’avoir de bonnes relations avec les médias en périodes de crise.
L’envie d’être le premier à révéler une affaire complique encore la tâche de
l’entreprise et des journalistes enquêtant sur cette crise. Le dilemme, dans ce
contexte, est de prendre le temps de rassembler les faits afin que le reportage soit
exact. Par conséquent, le souhait d’informer rapidement peut se faire au détriment
de l’exactitude, l’exhaustivité et la crédibilité.
Il faut donc que l’entreprise ait une approche proactive dans ses relations avec les
médias, qui fonctionne dans les bons comme dans les mauvais moments. Elle doit
collaborer avec les médias avant, pendant et après une crise. Une telle approche de
la communication sera bénéfique pour l’entreprise et les parties concernées,
quelles que soient la nature et l’ampleur de la crise.
Bien qu’il puisse sembler que les relations avec les médias ne soient nécessaires
que lorsqu’une crise a lieu, cette approche purement réactive peut avoir des
conséquences néfastes pour l’entreprise. En effet, en fonctionnant de cette
manière, une entreprise peut être victime, non seulement de la crise, mais aussi des
conséquences de sa mauvaise gestion des relations avec les médias pendant et
après la crise.
Bien que la plupart des activités des relations médias soient liées aux médias
traditionnels, c’est-à-dire journaux, radio et télévision, l’importance des réseaux
sociaux dans une crise ne doit pas être sous-estimée.
En résumé, collaborer avec les médias pendant les trois phases de la crise est un
élément essentiel du plan de gestion de crise de l’entreprise. En adoptant une
approche proactive dans ses relations avec les médias, une entreprise confrontée à
une crise peut grandement augmenter ses chances de traverser l’orage sans
encombre et assurer son avenir. Toutes les entreprises et leurs cadres dirigeants
doivent comprendre l’importance de la gestion de la réputation et de collaborer
avec les médias avant, pendant et après une crise.
Les médias traditionnels complètent leurs reportages en utilisant des sites Internet
et réseaux sociaux, en respectant les mêmes principes éthiques du journalisme que
pour d’autres sources. Mais la possibilité offerte à chacun de diffuser des
informations sur une crise, réelle ou prétendue telle, doit être prise en compte par
les entreprises et les médias. Les entreprises doivent donc effectuer un suivi
d’Internet et des réseaux sociaux lors d’une crise afin d’identifier les informations
inexactes ou trompeuses et de prendre les mesures nécessaires pour y remédier.
La gestion de crise s'appuyant sur les réseaux sociaux, ou suscitée par ces derniers
semble être une des dimensions émergentes du XXIe siècle. En effet, avec
l'avènement du Web 2 .0 et de réseaux sociaux de grande étendue et
potentiellement très réactifs, tels que Facebook ou Twitter, de nouvelles façons de
communiquer ont vu le jour.
Les réseaux sociaux et leurs solidarités ont toujours contribué à la résolution ou à
l'atténuation de crises graves. Avec les NTIC, ils peuvent le faire plus rapidement,
de manière down-up (à l'initiative d'internaute et d'usagers de téléphones mobiles
par exemple) ou top-down (à l'initiative de l'entité qui est en crise). Ils peuvent
aussi être utilisés par une organisation en crise pour communiquer sur la crise et
son évolution (de manière plus ou moins objective et transparente selon les cas,
deux paramètres qui peuvent influer sur la confiance que les "récepteurs"
accorderont à l'information qu'ils recevront par ces réseaux). Ils permettent une
communication multimédia, latérale et en réseaux, parfois très rapide,
éventuellement régulière voire quotidienne ou quasi instantanée. Ils permettent
aussi une communication avec des feed-backs plus rapides.
Certaines crises peuvent rapidement dégrader ou améliorer l'image d'entités, de
marques ou de personnes concernées, ce pourquoi la communication de
crise intègre maintenant dans certains cas une dimension e-réputation et donc de
veille.
Conclusion
L’histoire est parcourue de crises extrêmes : crises sanitaires, catastrophes
naturelles, catastrophes humaines… Par conséquent, il convient de discuter le
caractère inédit des crises actuelles. Au XIVe siècle, la peste a fait des millions de
morts. Le tremblement de terre de Lisbonne au XVIIIe siècle a détruit
complètement la ville. Les crises du passé n’ont donc a priori rien à envier à nos
crises actuelles. Pourtant, force est de constater que les crises d’aujourd’hui sont
très différentes car nous sommes dans un monde à la fois interdépendant,
multiple et fluide.
Il est important d’avoir conscience que les crises dans un point du globe peuvent
avoir des incidences sur l’ensemble du globe. Dans certains pays, les
consommateurs peuvent se fédérer en class actions et faire trembler les
multinationales. De même, les médias, qui prolifèrent en raison de la
multiplication des supports d’informations (TV, Internet…), ont tendance à faire
de chaque crise un événement exceptionnel et inédit en termes de gravité.
Enfin, le monde est fluide. Les flux de biens et de personnes à travers le monde
progressent année après année que cela soit grâce au développement du tourisme
ou à l’approfondissement de la division internationale du travail. Dans un monde
fluide, les crises sont censées mieux s’exporter. La crise du COVID qui a débuté
en Chine montre que dans un monde interdépendant, multiple et fluide, la crise
n’a plus la même dimension. La gestion et la communication ne supportent donc
aucune règle absolue pour leur bonne conduite. Elles nécessitent en revanche une
formation des acteurs leur permettant alors de se préparer à gérer une situation
exceptionnelle au mieux, voire à anticiper certaines situations en gérant mieux les
risques. Elles impliquent alors de disposer d’une « culture de crise » pour pouvoir
non seulement pro-agir, mais également réagir dans les meilleures conditions face
à des situations qui n’auraient pas pu être envisagées a priori.
Références bibliographiques :
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Beck U., La société du risque, sur la voie d'une autre modernité, Aubier 2001
Godard O., Henry C., Lagadec P., Michel-Kerjean E., Traité des nouveaux risques,
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