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SES IMAGOTAG : APRÈS L'ATTAQUE

DE GOTHAM CITY RESEARCH, SES-


IMAGOTAG S'EFFONDRE EN BOURSE
vendredi 23 juin 2023 à 09h58

(BFM Bourse) - Le spécialiste des étiquettes


électroniques a répondu à la note de recherche au vitriol
du vendeur à découvert, jugeant qu'elle comportait des
inexactitudes grossières. A la Bourse de Paris, l'action,
qui était suspendue jeudi lors de la parution de la note de
Gotham City, chute de moitié.
Sans trop de surprise, l'action SES-imagotag encaisse mal le choc. Le titre
du spécialiste des étiquettes électroniques pour la distribution plonge ce
vendredi. Vers 9h50, l'action chutait de 51,4% à 81 euros.

Comme souvent, le marché prend peur après qu'un groupe a été attaqué par
un vendeur à découvert. C'est le cas de SES-imagotag, victime de Gotham
City Research, fonds d'investissement qui a publié jeudi une longue étude
au vitriol sur le groupe français. Ce qui a amené l'action à être réservée à
la baisse jeudi puis suspendue à la demande de la société.
"Les informations du rapport vont désormais susciter durablement la
défiance, quand bien même la société va chercher à contre-attaquer", juge
Invest Securities.

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Gotham City Research, qui parie financièrement sur la chute de l'action via
la vente à découvert, affirme avoir identifié des "irrégularités comptables, qui
nous amènent à penser que les états financiers de (SES Imagotag) devront
être rectifiés". Il considère ainsi que le chiffre d'affaires sur la période 2020-
2022 est surévalué d'au moins 7% à 13% et l'Ebitda de 2022 de 106%,
précisant qu'une enquête "indépendante et exhaustive" devrait confirmer ses
conclusions.

Des accusations de gonflement des comptes

Pour simplifier, Gotham City Research met en cause des transactions avec
BOE Technology Group, une société chinoise alliée de SES-imagotag
(également son plus important fournisseur et l'un de ses clients) et qui
possède 32% du capital de l'entreprise française via une filiale, jugeant que
ces transactions constituent des boucles et gonflent "artificiellement" le
chiffre d'affaires de la société. En d'autres termes, Gotham City Research
soupçonne ces ventes d'êtres fictives.

Le fonds considère par ailleurs que le récent contrat avec Walmart n'est pas
profitable pour SES-imagotag. Il estime aussi que l'action devrait se traiter
entre 15 et 30 euros si le titre de l'entreprise devait s'échanger sur la base
de ses comparables (contre 166,8 euros actuellement).

La société a réagi dans un communiqué publié après la clôture du marché


assurant que le rapport de Gotham City Research comporte "de nombreuses
inexactitudes grossières et/ou incompréhensions, auxquelles la société
répondra dans les prochains jours".

SES riposte

SES-imagotag a toutefois déjà commencé à répondre aux accusations


portant sur ses transactions avec BOE Technology.

"L’ensemble des opérations entre SES-imagotag et BOE ont été


correctement portées à la connaissance des investisseurs, conclues à des
conditions de marché et, le cas échéant, soumises aux procédures prévues
en droit français en matière d’opérations avec les parties liées", fait valoir le
locataire du SBF 120.

"En outre, les opérations avec BOE enregistrées en chiffre d’affaires dans
les comptes sociaux de SES-imagotag sont éliminées dans les comptes
consolidés de SES-imagotag, conformément aux règles comptables
applicables. Ces opérations n’ont pas d’impact sur le chiffre d’affaires ou
l’Ebitda [résultat brut d'exploitation) du groupe", poursuit l'entreprise;

SES-imagotag souligne aussi que Gotham City Research détient des


positions à découvert sur son titre et qu'il est donc dans son intérêt que le
cours baisse. C'est même le principe de ces fonds de ventes à découvert:
identifier des sociétés présentant selon eux d'importants soucis et parier sur
une baisse de l'action en révélant leurs problèmes.

SES-imagotag indique également se réserver la possibilité "d'exercer ses


droits en vue d'actions en justice ultérieures, si nécessaire".

Des exemples d'attaques fondées

Il est évidemment difficile à stade de savoir jusqu'où l'attaque virulente de


Gotham City Research City ira.

Dans une note publiée vendredi matin, Stifel estime que plusieurs arguments
du fonds semblent "peu convaincants" à savoir ceux portant sur les boucles
de revenus avec BOE Technology, la remise en cause du business model
de la société, ainsi que son point de vue sur le contrat avec Walmart.

"Nous pensons que la stratégie et le modèle d'entreprise de SESL (SES-


imagotag) restent tout à fait pertinents.De même, même sans les détails du
contrat Walmart, nous disposons de suffisamment d'éléments pour le
considérer comme rentable", explique le bureau d'études.

Stifel ne se prononce pas en revanche sur les suspicions d'irrégularités


comptables émises par Gotham City Research, expliquant être "incapable à
ce stade" de les commenter.

Plusieurs exemples récents d'attaques de vendeurs à découvert montrent


que leurs critiques ne doivent pas être négligées car elles ont parfois permis
de mettre au jour des scandales financiers parfois retentissants. Dès 2016,
Zatarra Research avait émis de sérieux doutes sur les pratiques de Wirecard,
groupe allemand de paiements qui a fini par faire faillite en juin 2020 à la
suite d'énormes irrégularités comptables. Ce dossier a constitué un
cataclysme pour la finance d'outre-Rhin, car Wirecard était devenue une
étoile montante de la Bourse de Francfort au point d'intégrer le Dax.
Pour revenir à Gotham City Research, le fonds s'était fait connaître en
démontrant en 2014 que le chiffre d'affaires flatteur du spécialiste espagnol
du Wifi public Gowex était presque entièrement fictif. Ce qui a abouti à la
faillite de la société et à sa radiation de la cote en 2018.

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