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Remarque liminaire
Parce que je suis l’un des auteurs du manuel Connexions, il m’a semblé préférable de ne pas l’inclure
dans mon corpus de manuels ayant servi de base à mon étude.
Introduction
Tous les manuels d’enseignement du FLE désormais publiés en France font mention du Cadre européen
commun de référence pour les langues [maintenant CECR] dans leur préface ou avant-propos. Ainsi, dès
l’année 2000, Forum 1 (Baylon Ch., 2000 :5), « intègre les éléments de réflexion mis en œuvre dans “le
cadre européen commun de référence” » et Escales 1 (Blanc J., 2001 : 3) : « s’inspire largement des
propositions du Conseil de l’Europe ».
Plus tard, « les objectifs » de Campus 2 (Girardet J., 2002 : 3) « s’inscrivent dans le cadre commun de
référence du Conseil de l’Europe » et ceux de Studio 100, niveau 1 (Lavenne Ch., 2001 : 3) « ont été
déterminés à partir des travaux » du même Conseil. Taxi ! 1 (Capelle G., 2003 : 3) « suit les
recommandation du niveau A2 », Alter Ego 1 (Berthet A., 2006 : 3), je cite, « intègre les principes du
CECR et reflète ses trois approches : apprendre, enseigner, évaluer », Tout va bien ! 1 (Augé H., 2004b :
quatrième de couverture) respecte « scrupuleusement les recommandations » du CECR, quant au manuel
Rond Point 1, (Denyer M. : 2004 : 3), il « adopte la perspective d’apprentissage par les tâches ».
Tous les auteurs de manuel de FLE semblent donc avoir pris connaissance du CECR et tous s’appliquent
à en tirer profit dans l’élaboration de leurs ouvrages.
Je vous invite à vous mettre pendant quelques minutes à la place d’un auteur. Pour ce faire, nous verrons
d’abord ce que, en tant qu’auteur, vous devez retenir du CECR. Nous verrons ensuite ce que certains de
vos collègues ont fait des apports du CECR et comment ils les ont incorporés à leur productions. Enfin,
parce que nous ne retrouvons pas systématiquement tout le CECR dans les manuels, nous verrons quels
sont vos limites et vos contraintes d’auteurs.
3. Limites et contraintes
3.1. L’éditeur
Les premières limites sont sans nul doute des limites éditoriales.
Le manuel doit d’abord avoir une vocation internationale. Il n’est donc pas destiné à un public spécifique,
spécifique au minimum par sa langue maternelle. Les auteurs ne peuvent donc prendre en compte les
caractéristiques du public pour proposer des matériaux adaptés à ce public.
Par ailleurs, le mode de fabrication des manuels impose généralement un nombre de pages. Si l’éditeur
vous annonce que le manuel fera 192 pages, il n’en aura pas 193 ou 217. Pour des raisons de coût de
revient, et donc de vente, il y a peu de chances également que l’éditeur accepte de sortir un ouvrage de
224 ou 256 pages. La place dont les auteurs disposent pour présenter leurs activités est limitée et ils sont
amenés à faire des choix.
D’autant qu’ils ne choisissent pas seuls le contenu des pages. L’éditeur a son mot à dire sur l’organisation
du manuel, sur les photos et images, sur les titres, sur la mise en avant de pratiques méthodologiques. Il y
a des choix éditoriaux qui sont imposés aux auteurs.
C’est également l’éditeur qui décide s’il va adjoindre au manuel un cahier d’activités pour le DELF (Alter
ego en propose un), une vidéo, un disque audio pour le cahier, un portfolio, etc. L’ensemble de ces choix
éditoriaux a une influence certaine sur l’élaboration du manuel.
3.2. La langue
Les manuels publiés en France le sont en français. C’est une bonne chose parce que l’apprenant découvre
sa langue cible chaque fois qu’il ouvre le manuel et aucune autre langue. C’est sans doute moins bien, au
niveau débutant en particulier, pour toutes les activités qui pourraient amener l’apprenant vers une
autonomisation et pour le portfolio : il me semble clair qu’il est plus facile d’avoir une réflexion
métacognitive sur l’apprentissage qui soit faite dans sa langue maternelle : moi qui ai un niveau A1 en
allemand, j’ai bien du mal à remplir un portfolio en allemand. Les auteurs peuvent bien évidemment
simplifier à l’extrême les portfolios pour les rendre compréhensibles, mais ceux-ci gardent-ils alors toute
leur pertinence ?
3.3 L’enseignant
L’enseignant est un élément important dans l’apprentissage. Quel que soit le manuel, il faut que
l’enseignant soit bon pour que l’apprentissage se déroule correctement. Si le manuel propose un éventail
d’activités à mener en classe, il est certaines tâches qui sont réservées à l’enseignant. L’enseignant
connaît ses apprenants et est donc le seul à pouvoir répondre de façon personnelle à leurs besoins et
souhaits. L’enseignant est l’intermédiaire qui permet d’adapter le manuel au contexte particulier du
groupe d’apprenants.
En outre, si des savoirs et savoir-faire peuvent être apportés par le manuel, le développement des savoir-
être relève essentiellement de l’enseignant. Le manuel peut offrir des documents d’études et des pistes
d’apprentissage, mais il y a un savoir-faire professoral nécessaire pour l’amélioration des compétences de
l’apprenant.
Enfin, même si le manuel peut mettre en avant des démarches méthodologiques, il n’y a aucune assurance
que ces démarches seront mises en place. J’ai rencontré des collègues qui ne comprenaient pas comment
on pouvait laisser les apprenants découvrir la langue-culture, certains qui ne savaient pas utiliser une
grille d’évaluation critériée, d’autres qui confondaient savoirs culturels et démarche interculturelle, et
beaucoup enfin qui n’avaient que faire des portfolios et des autoévaluations parce que faire réfléchir
l’apprenant sur son apprentissage pourrait l’amener, insidieusement, à réfléchir aussi sur l’enseignement.
Conclusion
J’ai essayé de montrer que les manuels essaient, chacun à sa façon, de faire leurs les principes présentés
dans le CECR. Il y a, dans certains manuels, des absences importantes, des manques, des points négatifs,
des contradictions parfois.
Le CECR a maintenant dix ans. Il est clair qu’il est devenu une référence pour tous les auteurs de manuels
en France et que lesdits auteurs essaient, autant que faire se peut, de prendre en compte le CECR dans
l’élaboration de leurs ouvrages. Nous pouvons nous en féliciter, même si les manuels ont encore des
défauts.
Bibliographie
Ouvrages de référence
Beacco J.-Cl., et alii, 2004, Niveau B2 pour le français (utilisateur/apprenant indépendant), Un
référentiel, Paris : Didier
Beacco J.-Cl., et alii, 2004, Niveau B2 pour le français(utilisateur/apprenant indépendant), Textes et
références, Paris : Didier
Conseil de l’Europe, 2001, Cadre européen commun de référence pour les langues : apprendre,
enseigner, évaluer, Paris : Didier
Goullier Fr., 2005, Les outils du Conseil de l’Europe en classe de langue, Cadre européen commun et
Portfolios, Paris : Didier
Puren Ch., 2006, « De l'approche communicative à 1a perspective actionnelle », Le français dans le
monde, n°347, septembre-octobre, p.37-40
Manuels
Augé H., et alii, 2005, Tout va bien ! 3, Paris : CLE international
Augé H., et alii, 2004a, Tout va bien ! 2, Paris : CLE international
Augé H., et alii, 2004b, Tout va bien ! 1, Paris : CLE international
Baylon Ch., et alii, 2000, Forum 1, Paris : Hachette
Berthet A., et alii, 2006, Alter ego 1, 2& 3, Paris : Hachette
Berthet A., et alii, 2003, Taxi ! 2, Paris : Hachette
Blanc J., 2001, Escales 1 & Escales 2, Paris : CLE international
Breton G., et alii, 2002, Studio 100 niveau 2, Paris : Didier
Campa A., et allii, 2001, Forum 2, Paris : Hachette
Costanzo E., et alii, 2003, Campus 3, Paris : CLE international
Denyer M., 2004, Rond point 1 – Guide pédagogique, Grenoble : PUG/Difusión
Dollez C., Pons S., 2002, Reflet 3, Paris : Hachette
Gallon F., et alii, 2006, Le Mag 2, Paris : Hachette
Girardet J., Pécheur J., 2002, Campus 2, Paris : CLE international
Guédon P., 2003, Taxi ! 2 – Guide pédagogique, Paris : Hachette
Heu É., Mabilat J.-J., 2006, Edito, Paris : Didier
Kizirian V., et alii, 2006, Alter ego 2 – Guide pédagogique, Paris : Hachette
Labascoule J., et alii, 2004, Rond point 1, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble
Menand R., 2003, Taxi ! 1, Paris : Hachette
Menand R., et alii, 2004, Taxi ! 3, Paris : Hachette
Menand R., et alii, 2002, Forum 3, Paris : Hachette
Monnerie-Goarin A., Saintenoy Sy S., 2006, Métro St Michel 2, Paris : CLE international
Poisson-Quinton S., 2006, Festival 2, Paris : CLE international
Poisson-Quinton S., 2005, Festival 1, Paris : CLE international