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Les défaillances de marché (asymétrie d’information, bien public)

Contents
1 Les asymétries d’information 2
1.1 Les fondements de l’économie de l’information . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.1.1 Concepts clés et mécanismes de base . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.1.1.1 L’économie de l’information . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.1.1.2 Market for lemons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.1.2 Résoudre la sélection adverse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.1.2.1 La certification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.1.2.2 Asymétrie d’information et marché de l’assurance . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.1.2.3 La théorie du signal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.2 L’aléa moral et le contrat optimal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.2.1 La théorie de l’agence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.2.1.1 Le problème du principal et de l’agent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.2.1.2 Définitions et principes de l’agence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2.1.3 Les hypothèses du modèle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2.1.4 L’optimum social . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2.1.5 La réalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2.1.6 Le contrat optimal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2.1.7 Les difficultés d’implémentation des contrats incitatifs . . . . . . . . . . . . . 6
1.2.1.8 Les modèles d’agents multitâches . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

2 Les biens publics 7


2.1 Définition, fonctionnement et financemement des biens publics . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2.1.1 Qu’est-ce qu’un bien public ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2.1.1.1 Une approche générale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2.1.1.2 Une typologie des biens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2.1.1.3 Une provision sous-optimale de biens publics . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2.1.1.4 L’allocation optimale de bien public . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2.1.1.5 L’analyse coût-bénéfice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.2 Cas d’étude : des biens de clubs ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

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2.2.1 L’éducation et le marché . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.2.1.1 Le marché éducatif à la Friedman . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.2.1.2 Un quasi-marché dans les faits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.2.1.3 Des contraintes et des externalités positives qui justifient l’intervention de
l’Etat dans l’éducation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.2.1.4 Massification = saturation ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

1 Les asymétries d’information

1.1 Les fondements de l’économie de l’information

1.1.1 Concepts clés et mécanismes de base

1.1.1.1 L’économie de l’information

La microéconomie de base raisonne avec l’hypothèse d’information parfaite : les agents connaissent leurs
objectifs, ceux des autres, les payoffs associés. Or, de nombreuses situations (sinon presque toute) présentent
des situations d’information imparfaite pour des raisons diverses.
En particulier, l’information peut être inégalement répartie inégalement : l’informaticien sait comment
fonctionne l’ordinateur et quelles sont les raisons de la panne quand le particulier ne le sait pas. On parle
d’asymétrie d’information. L’asymétrie d’information constitue pour celui qui la détient un avantage, qui le
conduira à modifier son comportement et à l’utiliser à son profit. On parle de « rente informationnelle ».
Les deux concepts clés en économie de l’information, que l’on détaillera, sont :

• la sélection adverse. Certaines caractéristiques d’un bien, d’un individu, ou d’une entreprise sont
cachées à certains agents. Le comportement des agents qui disposent de l’information va être déterminé
en fonction de celle-ci, conduisant dans certaines à situations à éliminer du marché les biens ou les
agents avec les caractéristiques les moins favorables.
• l’aléa moral. Lorsque les actions des agents ne sont pas observables par les autres (ou pas vérifiables
par un tiers), un agent peut être amené à modifier son comportement et à effectuer, par exemple, des
efforts sous-optimaux.

1.1.1.2 Market for lemons

G. Akerlof, Market for Lemons, 1970. C’est l’article fondateur sur les asymétries d’information. G. Akerlof
montre que lorsqu’une voiture neuve a été utilisée, même très peu de temps, elle perd instantanément de
la valeur dans des proportions importantes. Cette baisse de prix vient de la défiance des acheteurs qui ne
connaissent pas la raison pour laquelle le vendeur revend son bien : la voiture peut être de bonne qualité,
mais inutile à son vendeur, ou alors elle a un défaut caché et le vendeur cherche à s’en débarrasser. Quels
sont les mécanismes de marché à l’œuvre ?
Sur le marché de l’occasion, il peut alternativement y avoir des voitures de bonne et de mauvaise qualité. Les
acheteurs ne savent pas quelle est la qualité de la voiture avant de l’avoir acheté. Pour les bonnes voitures, ils
sont prêts à payer, mettons 2500 euros, alors que pour les mauvaises, ils ne voudraient payer que 1500 euros.
Les vendeurs de bonnes voitures souhaitent obtenir 2100 euros, alors que ceux qui vendent des mauvaises
voitures n’en espèrent que 1200 euros. Comme les acheteurs ne savent pas sur quelle voiture ils vont tomber,
ils ne seront prêt à payer le prix qui inclut le risque de tomber sur la mauvaise voiture. A supposer que la

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probabilité d’obtenir une mauvaise voiture est de 50 %, ils calculent l’espérance (0.52500 + 0.5 1500 = 2000
euros). Or, les vendeurs de bonnes voitures ne sont prêt à vendre uniquement pour 2100 euros. Ce faisant, ils
ne proposent pas leur voiture sur le marché, ne laissant plus que les « lemons » (les mauvaises voitures) pour
lesquelles les vendeurs obtiennent un surplus par rapport au prix auquel ils les auraient vendus initialement.
Ce mécanisme résulte du processus d’anti-sélection : le marché opère une sélection négative où les meilleures
voitures vont se retirer.
Dans certains secteurs, comme celui de l’élevage, il est difficile d’observer la qualité d’un bien ex ante. Et ce
n’est qu’ex post que la qualité est observable, après la révélation d’un scandale (Spanghero et la viande de
cheval par exemple). La présence de biens de bonne ou de mauvaise qualité n’affecte pas nécessairement le
marché si les consommateurs font confiance à la plupart des produits, et les prix de marché permettent aux
producteurs de qualité de rester sur le marché. Cependant, si les consommateurs découvrent des pratiques
condamnables, ils diminuent leur propension à payer, ce qui réduit l’incitation à pratiquer de l’élevage de
qualité, conduisant à un cercle vicieux : la baisse de prix fait baisser la qualité et inversement.

1.1.2 Résoudre la sélection adverse

1.1.2.1 La certification

Il est possible de résoudre le problème d’asymétrie d’information et de sélection adverse dans certains cas
par une certification. Par exemple, sur le marché des véhicules d’occasion, la mise en place de contrôles
techniques par des sociétés privées permettrait de garantir la qualité d’un véhicule. Dans l’agro-alimentaire,
les labels « bios » peuvent également servir à mieux informer les consommateurs. Cependant, les labels
eux-mêmes ne sont pas toujours établis selon des critères qui correspondent à la qualité des produits, en plus
d’être une méthode qui ne peut s’appliquer à tous les marchés.

1.1.2.2 Asymétrie d’information et marché de l’assurance

Soit le marché de l’assurance privée. Soient deux types d’agents H et L (high and low risks). La probabilité
annuelle d’accident d’un agent à faible risque est de pL = 0.0001 et pH = 0.001 = 10 × pL la probabilité d’un
agent à fort risque. Les agents s’assurent pour le montant réel de l’accident, C = 100 000 euros.
En situation d’information complète, et si l’assurance privée ne fait pas de marges, la prime d’assurance pour
les low risks devrait être : 0.0001 × 100000 = 10 et donc 100 pour les high risks. Puisque le risque d’accident
est 10 fois plus élevé pour un groupe, l’agent paie 10 fois plus cher son assurance.
En information complète, en supposant que les deux types sont répartis de la même façon dans la population,
le contrat moyen aurait une prime de (100 + 10)/2 = 55. Ces 55 euros sont supérieurs aux 10 euros du
groupe L, mais inférieurs aux 100 euros du groupe H. Ce faisant, les low risks n’ont plus intérêt à s’assurer, ce
qui conduit seulement les high risks à souscrire à l’assurance (ce qui représente un gain), mais cela déstabilise
le marché : il n’y aura plus que les mauvais risques qui sont assurés (conduisant potentiellement à la faillite
de l’assureur).
Quelles solutions ?

• La discrimination statistique. À partir de données sur les accidents, on identifie les agents les
plus risqués. Par exemple, la MAIF a des tarifs différents pour l’assurance contre le vol de voiture,
selon le taux de vol de voitures par départements. Cependant, la discrimination statistiques posent de
nombreux problèmes éthiques, en plus d’une difficulté à identifier quelle catégorie d’agents est associé
à un risque spécifique (corrélation n’est pas causalité).
• Les menus de contrats. L’assurance peut proposer des contrats avec des primes différentes, et les
individus, qui connaissent leurs types de risques, sélectionnent le contrat le plus approprié.

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• Rendre l’assurance obligatoire. On oblige tout le monde à s’assurer. Cela suppose souvent une
mutualisation au niveau de la population. Par exemple, pour l’assurance-chômage et l’assurance mal-
adies, la cotisation est obligatoire pour les travailleurs, quelle que soit leur profession. Cependant, le %
de cotisation peut varier avec le taux de chômage : les intermittents du spectacle cotisent près de 50 %
de leur salaire afin d’assurer les chômeurs de la profession, au vu des forts aléas associé à l’activité.

1.1.2.3 La théorie du signal

Une autre façon de résoudre le problème d’asymétrie d’information est de se signaler spontanément (montrer
que l’on est d’un certain type de risque, que la voiture est de qualité, etc.) Pour ce faire, il faut que le
message soit crédible, donc qu’il soit coûteux. Par exemple, les grèves permettent d’envoyer un signal fort
aux dirigeants en montrant que les salariés sont prêts à renoncer à plusieurs jours de salaire afin de négocier
une augmentation, et prouvent ainsi leur détermination.
Pour H. Spence (Job market signaling, 1973), l’éducation n’a aucun impact sur la productivité. Le niveau
d’effort éducatif effectué par un individu joue un rôle essentiel de signalement de ses qualités intrinsèques
(intelligence, goût de l’effort, ou talent). Ce faisant, un individu qui détiendra un diplôme sélectif informe
les employeurs sur des caractéristiques difficiles à observer autrement. C’est le cas des longues études en
médecine : on est rassuré par le fait que le chirurgien qui nous opère a passé de nombreux diplômes,
indépendamment de savoir si ces connaissances lui servent réellement à quelque chose.
S’il y a deux types d’individus dans la population, les productifs et les non-productifs, ces derniers une
productivité réelle qui correspondra à un salaire (mettons 4000 pour les productifs et 1000 pour les non-
productifs). Ils auront également un coût différent pour passer le même diplôme (au vu de leurs capacités,
disons 1000 pour les productifs et 1200 pour les non-productifs). Les individus ne passent pas le diplôme
uniquement s’ils parviennent à rentabiliser son coût, ce faisant seul les productifs passeront le diplôme.
De plus, si la valeur absolue du diplôme est trop élevée, aucun des agents ne sera incité à le passer, ou bien
si elle est trop faible, tout le monde le passera, et on retournera à une situation où on ne pourra plus faire
la différence entre les agents.

1.2 L’aléa moral et le contrat optimal

1.2.1 La théorie de l’agence

1.2.1.1 Le problème du principal et de l’agent

L’intuition de ce problème vient principalement du livre A. Berle et G. Means (The Modern Corporation
and the Private Property, 1932) : les actionnaires ne sont pas les véritables dirigeant des entreprises, ce sont
les managers qui grâce à leur accès aux informations de terrain vont prendre les décisions, et les intérêts de
ces derniers ne vont pas nécessairement dans le sens de l’entreprise.
Ici, le principal est l’individu ou le groupe qui a le contrôle formel sur l’entreprise, mais qui ne dispose pas
de toute l’information (les actionnaires). Le principal veut inciter son agent, c’est-à-dire la personne qu’il
emploie pour effectuer la gestion de l’entreprise, à agir d’une certaine façon, mais ne peut pas l’y obliger.
Éventuellement, il peut donner des incitations à l’agent sans sûr de leur efficacité. L’agent est celui qui détient
l’information, et qui va l’utiliser à son profit de façon rationnelle pour poursuivre ses propres objectifs.
Le principe sous-jacent à la relation d’agence est celui de l’aléa moral. Les actionnaires (le principal) et
le manager (l’agent) sont dans une relation biaisée par l’aléa moral : la qualité de l’effort effectué par un
manager n’est pas directement observable. Il faudrait un immense coût de surveillance pour être sûr que le
manager agit bien dans l’intérêt des actionnaires.
L’aléa moral, pour rappel, est une situation dans laquelle un agent agit différemment selon que les actes
qu’il effectue dans le cadre de sa relation avec le principal soient observés ou non. Un exemple possible

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serait celui d’une garderie où des webcams permettraient de voir si les assistantes maternelles se comportent
conformément aux attentes des parents.

1.2.1.2 Définitions et principes de l’agence

Une relation d’agence est définie par M. Jensen et W. Meckling (1976) comme « un contrat par lequel une ou
plusieurs personnes (le principal) engage une autre personne (l’agent) pour exécuter en son nom une tâche
quelconque qu’implique une délégation d’un certain pouvoir de décision à l’agent ».
L’enjeu pour le principal est de trouver une solution pour que l’agent révèle son information privée. Elles
impliquent toujours une solution dite de « second rang », c’est-à-dire une solution qui n’est pas pareto-
optimal. L’optimum de second rang est obtenu en introduisant à une contrainte d’utilité une contrainte
d’incitation afin d’inciter l’agent à fournir un certain niveau d’effort.
La relation d’agence entraîne des coûts d’agence. Les coûts d’agence sont les coûts monétaires et non-
monétaires que supportent les deux parties du fait de la nécessité de mettre en place des systèmes d’obligation
et de contrôle (les dépenses de surveillance et d’incitation„ les coûts d’obligations qui sont supportées par
l’agent pour garantir qu’il ne fera pas certaines actions pouvant léser le principal ou pour le dédommager
le cas échéant, la perte résiduelle qui est l’écart entre le résultat de l’action de l’agent pour le principal et
qu’aurait donné un comportement conduisant à une maximisation effective du bien-être du principal).
Le contrat optimal est le contrat qui permet de minimiser les coûts d’agence tout en obtenant l’objectif
voulu.

1.2.1.3 Les hypothèses du modèle

Soit une situation où un propriétaire (principal) embauche un fermier (agent) pour exploiter sa terre.

• La récolte y dépend à la fois d’un effort e et de facteurs aléatoires a (y = e + a).


• L’agent fait un effort e. Cet effort est inobservable, sauf en-dessous d’un certain seuil minimal noté
em in : si l’effort est sous ce seuil, il est possible à toute partie de constater l’effort. Par exemple ne
pas venir au travail serait observable. Par contre, le fait de venir travailler mais de faire semblant de
travailler la moitié du temps apparaît identique aux yeux de l’observateur.
• L’agent et le principal savent que l’espérance de récolte pour cet effort est y(e) avec y une fonction
croissante et concave de l’effort. On note R(e) = p × y(e)l’espérance de recette.
• Le principal observe le résultat de l’effort, mais ne peut pas utiliser la récolte pour déduire l’effort exact
de l’agent.
• Comme l’effort n’est pas observable, le contrat entre le principal et l’agent ne peut pas être dépendant
de l’effort.
• Le coût de l’effort pour l’agent est C(e), croissant et convexe. La cinquantième heure de travail est
plus fatigante que la première, le coût marginal de l’effort est croissant.

1.2.1.4 L’optimum social


Supposons que l’agent et le principal ne soit qu’une seule et même personne. La fonction de bien-être est
la recette totale de la récolte, inconnue à l’avance, diminuée du coût de production. Soit R(e) – C(e).
La microéconomie, comme toujours, nous indique que l’effort optimal pour un agent est tel que le revenu
marginal soit égal au coût marginal.

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1.2.1.5 La réalité

Le principal et l’agent ont des objectifs différents. Le principal veut maximiser ses revenus espérés qui sont
constitués de l’espérance de la partie des recettes qu’il reçoit. Le fermier veut maximiser son utilité, qui est
l’espérance des recettes diminuées de la part du principal, moins le coût de l’effort (qui est certain).
Cette différence d’objectifs peut conduire à une inefficacité, c’est-à-dire à un effort différent de l’effort optimal.
Soit w la rémunération fixe du fermier. Le salarié cherche à maximiser son utilité qui est donnée par :
U = w − C(e)
Comme la rémunération est constante, il n’a aucune incitation à faire le moindre effort, il doit simplement
fournir le minimum pour ne pas être renvoyé. D’où : U = w − C(em in)
Pour rendre ce contrat initial plus incitatif, il pourrait être possible de verser un salaire uniquement si un
certain niveau de récole est fourni. Cependant, comme l’output dépend de variables aléatoires (la météo par
exemple), il est possible que l’agent fasse un effort important, mais qu’une sécheresse ne lui permette pas
d’atteindre le quota fourni, et qu’il ne reçoive pas de salaire.

1.2.1.6 Le contrat optimal

Si on revient à l’optimum (le coût marginal de l’effort est égal à la recette marginale), un contrat optimal
consisterait à déléguer entièrement la production à l’agent, et en contrepartie lui donner l’intégralité du
revenu marginal. Cela permettrait d’assurer un niveau d’effort optimal du point de vue du principal et de
l’agent.
Soit w(e) la rémunération espérée de l’agent en fonction de son propre effort. Il cherche alors à maximiser
R(e) – C(e), ce qui conduit à écrire : C ′ (eopt ) = w′ (eopt ) = R(eopt ) . Comme l’agent perçoit l’intégralité du
revenu marginal, il est conduit à optimiser son effort de sorte à maximiser cette recette, et donc à égaliser
le coût marginal de l’effort à la recette marginal.la contrainte d’incitation est celle qui impose que l’agent
préfère agir d’une façon souhaitée par le principal (effectuer l’effort optimal pour le principal) par rapport à
toute autre façon d’agir.
En contrepartie, cependant, les agents doivent verser un loyer au principal (auquel cas le principal ne
toucherait aucun revenu). Le loyer fixé par le principal ne doit pas être trop élevé de sorte que l’utilité
de l’agent à travailler pour le principal reste supérieur à celle de travailler ailleurs (que l’on noté U). C’est
la contrainte de participation, notée : R(eopt ) − C(eopt ) − L >= U avec L le loyer versé au propriétaire.
Cette solution est appelée la franchise. Par exemple, McDonald’s franchise ses magasins pour éviter d’avoir
à contrôler l’effort du manager, mais perçoit un loyer pour l’exploitation de la marque.
La perception du revenu marginal par l’agent, dans ce type de contrat, fait de l’agent un « créancier résiduel
» : l’agent est bénéficiaire d’un droit issu du contrat.

1.2.1.7 Les difficultés d’implémentation des contrats incitatifs

• Ce type de contrat implique un partage du risque défavorable à l’argent. En effet, dans le cas de
l’exploitation de la ferme, si la récolte est bonne, l’agent reçoit un revenu élevé, mais si la récolte est
mauvaise son revenu brut est faible et son revenu net (brut – loyer et autres coûts) peut être négatif.
L’agent subit toutes les fluctuations de revenu et le principal ne subit aucun risque dans cette situation.
Le contrat est optimal pour la société, car l’effort est optimal. Cependant, il peut s’avérer inégalitaire
en raison des divers aléas. H. Holström et P. Milgröm (Aggregation and Linearity in the Provision
of Intertemporal Incentives, 1987) propose un contrat optimal consistant à partager le produit de la
récolte entre l’argent et le principal, en vertu de quoi le loyer sera plus fiable, nul ou même négatif.
L’agent reçoit une rémunération égale, en espérance, à :

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w(e) = α × R(e) − L
où α est la part de la recette marginale reçue par l’agent. Comme l’agent cherche à maximiser w(e), on a
comme condition du premier ordre : w′ (e) = α × R′ (e)
Selon la valeur d’alpha, l’effort sera différent. Lorsque alpha vaut 1, on revient à la situation précédente. Si
alpha vaut 0, on est dans le cadre du salariat, et le loyer devient un salaire versé à l’agent. Enfin si alpha est
inférieur à 1, le principal récupère une proportion du produit. On peut démontrer (voire d’autres manuels, la
démonstration a peu d’intérêt), que la maximisation de l’utilité de l’agent revient à la condition d’équilibre
suivante : αR′ (eopt ) = C ′ (eopt ). En gros, l’effort choisi est tel que le revenu marginal perçu par l’agent est
égal au coût marginal de l’effort fourni. Plus alpha sera proche de 1, plus l’effort sera grand. Ce faisant, plus
la protection de l’agent contre le risque est forte, moins l’agent sera susceptible de faire un effort optimal, au
sens de l’optimum social. Il y a un arbitrage entre efficacité et équité, ou plus précisément dans ce contexte
entre efficacité et sécurité pour l’agent.

1.2.1.8 Les modèles d’agents multitâches

Dans la réalité, les agents doivent effectuer des tâches variées. Cependant, certaines tâches sont faciles à éval-
uer pour le principal et d’autres non. Un salarié d’un centre d’appel peut être évalué sur la quantité d’appels
résolus, et également sur la qualité du service. Or, la qualité du service est difficilement mesurable. La
théorie microéconomique montre que l’agent a davantage intérêt à se concentrer sur la dimension facilement
évaluable et moins sur celle difficilement évaluée. Cet arbitrage peut conduire à des problèmes organisa-
tionnels. Ainsi, dans le système universitaire français, les enseignants-chercheurs sont davantage évalués sur
leur capacité à publier des articles scientifiques que sur la qualité de leur enseignement, et ils se concentrent
mécaniquement plus sur la recherche que sur les cours qu’ils donnent.
P. Milgrom et J. Robert montrent dans Economics Organization and Management (1992) que l’ex-Union
soviétique s’est effondré faute d’incitation monétaire réelle au sein des entreprises. Ainsi, comme les ouvriers
n’avaient qu’à remplir des objectifs de l’usine sur un mois donné (par exemple une quantité de téléviseur),
ils allaient à une cadence très lente en début de mois et accéléraient la cadence en bâclant la confection,
conduisant à la production de biens d’équipement défectueux. C’est la blague russe « Camarade, nous avons
rempli l’objectif que tu nous avais fixé, qui était de produire une tonne de clous cette semaine. Voici donc le
clou que nous avons produit, il pèse bien une tonne. ».
Les incitations ne sont toutefois pas uniquement monétaire. Cf cours sur la micro du consommateur.

2 Les biens publics

2.1 Définition, fonctionnement et financemement des biens publics

2.1.1 Qu’est-ce qu’un bien public ?

2.1.1.1 Une approche générale

Il existe des biens qui pour par leur nature intrinsèque ne peuvent pas être offert par le secteur privé. Le
marché est défaillant. Ainsi, on peut remarquer que les routes, les ponts, l’éducation sont le fruit de l’action
publique (dans un premier temps au moins).
Ce sont des biens caractérisés par de fortes externalités positives, dont la sous-production ou l’absence de
production serait dommageable pour l’économie. Les biens publics ont des caractéristiques communes : la
production est sujette à de fortes économies d’échelle, ils sont partagés par tout le monde, et tout le monde
peut y avoir accès sans être exclus, et les droits de propriété sont inexistants, vagues ou non-respectés.

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On emploie parfois le terme de provisions de biens publics au lieu de production. Il est parfois difficile
de distinguer un bien public d’une externalité positive. Par exemple, la santé publique n’est pas un bien
public, car le coût marginal de soigner une personne supplémentaire n’est pas négligeable. Par exemple, la
santé publique n’est pas un bien public, car le coût marginal de soigner une personne supplémentaire n’est
pas négligeable, alors que le coût pour la Défense nationale de protéger une personne supplémentaire est
nul.Cependant, la santé a des effets externes positifs puisqu’elle permet d’éviter (ou non) les épidémies, et
améliorer le bien-être des individus. De même, l’éducation n’est pas à proprement parler un bien public,
mais elle a bien des effets externes positifs sur l’ensemble de la population.

2.1.1.2 Une typologie des biens

On peut caractériser les biens publics des biens privés à partir de deux critères.

• Lorsque le coût de fourniture d’une unité additionnelle du bien est nul, on parle de non-rivalité. Par
exemple, lorsqu’un phare est construit et allumé, le coût pour éclairer un bateau additionnel est nul.
A l’inverse, une banane est un bien rival : une seule personne en personne en profite. Il ne faut pas
confondre le coût d’un consommateur additionnel (qui est nul) avec le coût marginal de fabrication du
bien (qui n’est pas nul). Pat exemple, le coût marginal de fabrication d’une autoroute est croissant avec
la densité du réseau autoroutier, mais une fois le réseau construit, le coût associé à la consommation
du bien est nul.
• Lorsque le producteur ne peut pas exclure des consommateurs potentiels, on parle de non-exclusion.
On ne peut pas exclure quelqu’un de bénéficier de l’éclairage public.

On a alors le tableau suivant :


Rivalité / Exclusion : Biens privés purs (vêtements, glaces)
Rivalité / Non-exclusion : Biens publics impurs, dits biens communs (ressources naturelles)
Non-Rivalité / Exclusion :Biens publics impurs, dits biens de club (chaîne de câble, piscine, éducation)
Non-rivalité / Non-exclusion : Biens publics purs (défense nationale, savoir universel)
les biens communs sont analysés en détail dans le cours sur l’environnement.

2.1.1.3 Une provision sous-optimale de biens publics

La théorie des jeux (cf. annexe de deuxième année) montre que les individus ont une incitation naturelle à
adopter un comportement de « passager clandestin » qui conduit à une situation sous-optimale pour tous.
La poursuite de l’intérêt propre va alors à l’encontre de l’intérêt collectif, contrairement à l’argument de la
main invisible.
L’idée est simple : si deux individus dans une économie ont intérêt à la provision d’un public, ils ont également
tout intérêt à laisser l’autre agent le financer pour bénéficier de l’éclairage sans avoir à y participer. Comme
chacun des agents adopte ce raisonnement, le bien public n’est jamais produit.
Ce faisant, la solution est de laisser l’État produire, mais de rendre la contribution au bien public obligatoire.

2.1.1.4 L’allocation optimale de bien public

Une fois qu’il est décidé par l’État qu’un bien public doit être fourni, il faut déterminer la quantité optimale.
Sur le marché d’un privé, pour un prix donné, chacun consomme une quantité optimale du bien. Pour
un bien public, la question est plutôt de savoir pour une quantité donnée du bien public (en raison de la

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non-rivalité), quel est le prix à faire payer ? Ce prix, pour un individu, est le montant de sa contribution
par l’impôt.
La règle de Samuelson stipule qu’il faut que la somme des dispositions individuelles à payer (qu’on appelle
ici bénéfices marginaux) soit égal au coût de fabrication du bien public. Concrètement, chacun finance à la
hauteur du bénéfice qu’il retire de la consommation du bien public. Par exemple, si un bien public coûte 100,
et qu’un agent A est prêt à payer 70 et un agent B est prêt à payer 30, la quantité produite sera optimale,
car la somme des volontés à payer est égale au coût de production.
Une entreprise privée ne pourrait pas financer ce service en faisant payer chacun à sa disposition à payer, à
cause du problème de passager clandestin et des préférences non-révélées. L’État pourra utiliser son pouvoir
de coercition pour faire payer chacun une fois la quantité optimale produite. Néanmoins, il reste difficile
d’évaluer combien chacun doit payer, l’État est lui aussi confronté à l’asymétrie d’information.

2.1.1.5 L’analyse coût-bénéfice

Face au problème de l’information, l’État peut effectuer une analyse coût-bénéfice, en procédant au décompte
de tous les bénéfices et tous les coûts (monétaires et non-monétaires) pour la collectivité associés à une
certaine quantité de bien public. Cependant, sans prix, comment estimer les coûts et les bénéfices pour la
société ?
Par exemple, les décideurs politiques doivent se prononcer sur l’amélioration de la sécurité et de la salubrité
(lieu de travail, circulation, loisirs) et le projet peut nécessiter des coûts qu’il faut mettre en balance avec
des vies sauvées. Cependant, quelle valeur donner à la vie humaine ?

• On peut utiliser le capital humain, avec comme indicateur le niveau de diplôme. Cependant, cela
conduit absurdement à valoriser des personnes qualifiées au détriment des non qualifiés.
• On peut utiliser les dépenses de sécurité (airbag, freins ABS, extincteur, dépenses d’assurance-vie. . . )
comme façon de révéler les préférences et l’évaluation de la vie humaine. Mais ce n’est pas sûr que cela
soit un bon indicateur.

De plus, la valeur du présent est plus forte que la valeur du futur du point de vue individuel (escompte
du futur). De fait, les bénéfices futurs d’un investissement dans un bien public auront tendance à être
sous-estimés par rapport à ses coûts présents. Cela suppose de choisir un bon taux d’actualisation.
Est-ce qu’il y a un sens réel à donner une valeur monétaire à la vie humaine ? Pas forcément. D’un point de
vue philosophique, cela devrait relever du sacré et donc avoir une valeur infinie d’un point de vue monétaire.
De même, certaines études ont estimé la valeur monétaire de l’action des abeilles comme ayant un très fort
impact positif sur le PIB. Ces études sont-elles réellement censée ?
Un autre exemple d’évaluation est le gain en euros de Wikipédia : l’accès facilité à l’information par Wikipédia
représente des milliards, du fait de l’économie de temps de recherche pour les individus. Ici, l’évaluation a
un sens, mais précisément, Wikipédia est financé principalement par des dons et des subventions.

2.2 Cas d’étude : des biens de clubs ?

Il existe des biens publics impurs : les biens de clubs. Ils sont excluables mais non-rivaux. Certains biens de
clubs sont fournis par des privés, d’autres par l’État. Les pratiques peuvent être très différentes de pays à
pays, car des considérations d’équité entrent également en ligne de compte.
La congestion et la réduction de qualité concomitante réintroduisent une certaine rivalité entre les consom-
mateurs et un rationnement du service en question, qui correspond à une forme d’exclusion.

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2.2.1 L’éducation et le marché

• L’éducation est publique à des degrés divers dans différents pays.


• Souvent, l’éducation est fournie à un prix inférieur au coût de production pour des questions de
redistribution. L’accès égal à la formation est une manière de favoriser la mobilité sociale. L’éducation
est également fournie par le secteur public en raison des externalités positives qu’elle véhicule.
• En cas de congestion, l’objectif redistributif est réduit, car les personnes ayant plus de ressources
peuvent substituer l’éducation publique par l’éducation privée, si celle-ci est de meilleure qualité.

2.2.1.1 Le marché éducatif à la Friedman

Pour M. Friedman (Capitalism and Freedom, 1962), le système scolaire public est inefficace du fait de
l’absence de concurrence. Il propose alors le fonctionnement suivant : toutes les écoles sont privées et
sont mises en concurrence. On subventionne l’accès à ces écoles par des « vouchers » pour les familles, en
particulier défavorisées, et on laisse la concurrence jouer. Concrètement, la mise en concurrence des écoles va
les conduire à améliorer leur fonctionnement afin de ne pas perdre d’élèves, et de pouvoir continuer d’exister.
Cette idée a inspiré le fonctionnement du système éducatif chilien depuis les années 1980, où la part du
public dans le système est seulement de 40 %.
Cependant, ce raisonnement se heurte à une limite majeure : la qualité de l’école est en partie déterminée
par les élèves qui la composent (bien que des effets-profs et des effets-établissements peuvent jouer, mais
marginalement, et ils sont très difficiles à évaluer). Si les qualités des écoles, qu’elles soient publiques ou
privées, sont déjà données alors toutes les familles demanderont à accéder à la meilleure disponible, conduisant
soit à une forme de monopole (et donc dans la perspective libérale, à une inefficacité), soit à une dégradation
de la qualité de l’école allant contre l’effet initial. Enfin, il ignore la ségrégation résidentielle : la présence de
vouchers n’effacerait pas la concentration d’élèves défavorisés dans quartiers défavorisés, vu que la plupart
des écoles de quartiers resteraient les mêmes (contraintes de places notamment).
Par exemple, en France, J. Grenet et Y. Souidi (2019) ont montré que lorsque les procédures d’affectations
au lycée à Paris donne un avantage de fait à tous les boursiers dans le choix, ces derniers ont tous choisis en
2017 le même lycée (Turgot) conduisant à un déséquilibre quantitatif, mais également en termes de mixité
sociale : on est passé à un lycée composé minoritairement de boursiers à un lycée composé majoritairement
de bousiers, allant contre l’effet d’un meilleur équilibre de mixité sociale.

2.2.1.2 Un quasi-marché dans les faits

Il est possible d’envisager le système scolaire comme un quasi-marché (Glennerster, 1991). D’une part, la
mise en concurrence des établissements scolaires, par le libre-choix des parents à choisir l’école de leurs
enfants et la dépendance du financement des établissements au nombre d’étudiants, doit en théorie accroître
l’efficacité de ces écoles pour éviter qu’elles ne perdent trop d’élèves. Ce libre-choix en France a été, en partie
facilité, par l’assouplissement de la carte scolaire depuis 2007, et l’existence d’un secteur privé. Pour autant,
le choix n’est pas entièrement libre vu qu’il est encore déterminé par la carte sclaire.
D’autre part, le système scolaire échappe à l’analyse marchande néoclassique dans la mesure où l’offre
scolaire est gratuite, car l’éducation est un service non-marchand. Plus encore, en France, l’offre scolaire
est censée être uniforme par l’établissement de curriculum communs à la nation. Pour G. Perouzis et J.
Perroton (2007), ce quasi-marché est régulé par les jugements des demandeurs qui s’appuient sur des réseaux
d’informations afin de connaître la qualité éducative de chaque établissement. Ces jugements sont fondés
sur la réputation des établissements dont l’un des déterminants principaux est le niveau scolaire des élèves.
De plus, le financement de chaque établissement est déterminé par le nombre d’élèves (en France, le conseil
régional décide du budget des lycées d’une région). Par conséquent, les établissements ont davantage intérêt
à améliorer leur réputation que de renforcer l’efficacité de leurs pratiques éducatives.

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Le marché conduit inévitablement à une dualisation de l’offre scolaire entre un marché primaire avec une
offre de bonne qualité qui regroupe les meilleurs élèves d’une part, et un marché secondaire concentrant des
élèves issus de familles défavorisés et proposant une offre de moindre qualité d’autre part. Cela renforce la
ségrégation sociale et spatiale. Dès lors, les effets de marché induisent le public de l’école qui détermine à
son tour l’efficacité scolaire
Il faut noter que la ségrégation résidentielle a un rôle important dans le fonctionnement du marché. Ainsi, J.
Grenet et G. Fack (2007) ont montré que la présence d’un « bon » collège ou lycée est associée à une hausse
du prix de l’immobilier dans le quartier. La carte scolaire a donc une influence sur le prix de l’immobilier, et
les ménages les plus riches auront accès aux établissements les plus prestigieux par leurs choix résidentiels.

2.2.1.3 Des contraintes et des externalités positives qui justifient l’intervention de l’Etat
dans l’éducation

L’éducation a de nombreuses externalités positives. Les nombreux travaux de R. G. Fryer (2005, 2013, 2015)
ont montré l’importance des performances scolaires dans la réduction de la probabilité d’être délinquant, et
à l’augmentation du niveau de salaire à long-terme. L’augmentation du niveau de capital humain a des effets
bénéfiques sur l’ensemble de la société.
D’un point de vue générale, l’éducation doit être financée par l’État, car l’imperfection du marché du crédit
empêche les agents de financer correctement leurs études. C’est en partie une des raisons (théorique) de la
quasi-gratuité du système universitaire en France.

2.2.1.4 Massification = saturation ?

L’augmentation quantitative du nombre d’élèves a conduit à une saturation des classes. Les travaux de T.
Piketty et M. Valdenaire (2004) ont montré que le dédoublement des classes de CP (on passe d’effectifs de 40
à des effectifs de 20) a permis une amélioration des performances scolaires des élèves, ce qui est susceptible
d’avoir un impact de long-terme. D’un point de vue de l’analyse des biens, cela montre que l’éducation peut
être un service saturé, et dont la saturation affecte la qualité du service initialement proposé.

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