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ANNEE 2022/2023

CONTENTIEUX DU DROIT DE
L’URBANISME

SUPPORT DE FORMATION
L’INTRODUCTION DU RECOURS
I. LA JURIDICTION COMPETENTE

II. L’ACTE ATTAQUE

CE, 25 mars 2020, Sté Parc du Béarn, n° 409675 :

« 2. D'une part, aux termes de l'article L. 425-4 du code de l'urbanisme, dans sa rédaction issue de
l'article 39 de la loi du 18 juin 2014 relative à l'artisanat, au commerce et aux très petites entreprises : "
lorsque le projet est soumis à autorisation d'exploitation commerciale au sens de l'article L. 752-1 du
code de commerce, le permis de construire tient lieu d'autorisation dès lors que la demande de permis
a fait l'objet d'un avis favorable de la commission départementale d'aménagement commercial ou, le
cas échéant, de la Commission nationale d'aménagement commercial (...) ". Aux termes de l'article L.
752-17 du code de commerce : " I.- Conformément à l'article L. 425-4 du code de l'urbanisme, le
demandeur, le représentant de l'Etat dans le département, tout membre de la commission
départementale d'aménagement commercial, tout professionnel dont l'activité, exercée dans les limites
de la zone de chalandise définie pour chaque projet, est susceptible d'être affectée par le projet ou
toute association les représentant peuvent, dans le délai d'un mois, introduire un recours devant la
Commission nationale d'aménagement commercial contre l'avis de la commission départementale
d'aménagement commercial. / La Commission nationale d'aménagement commercial émet un avis sur
la conformité du projet aux critères énoncés à l'article L. 752-6 du présent code, qui se substitue à celui
de la commission départementale. En l'absence d'avis exprès de la commission nationale dans le délai
de quatre mois à compter de sa saisine, l'avis de la commission départementale d'aménagement
commercial est réputé confirmé. / A peine d'irrecevabilité, la saisine de la commission nationale par
les personnes mentionnées au premier alinéa du présent I est un préalable obligatoire au recours
contentieux dirigé contre la décision de l'autorité administrative compétente pour délivrer le permis de
construire (...) ". Ces dispositions sont entrées en vigueur le 15 février 2015, en application des
dispositions de l'article 6 du décret du 12 février 2015 relatif à l'aménagement commercial. […]

4. Il résulte des dispositions citées au point 2 que l'avis de la Commission nationale


d'aménagement commercial a désormais le caractère d'un acte préparatoire à la
décision prise par l'autorité administrative sur la demande de permis de construire
valant autorisation d'exploitation commerciale, seule décision susceptible de recours
contentieux. Il en va ainsi que l'avis de la Commission nationale d'aménagement commercial soit
favorable ou qu'il soit défavorable. Dans ce dernier cas, la décision susceptible de recours contentieux
est la décision, le cas échéant implicite en application des dispositions citées au point 3, de rejet de la
demande de permis de construire valant autorisation d'exploitation commerciale.

5. Il résulte de ce qui précède que la présidente de la 1ère chambre de la cour administrative d'appel n'a
pas commis d'erreur de droit en jugeant que la requête formée par la société Le Parc du Béarn
contre l'avis défavorable de la Commission nationale d'aménagement commercial était
dirigée contre un acte insusceptible de faire l'objet d'un recours, pour en déduire que
cette requête était manifestement irrecevable. La société Le Parc du Béarn n'est, dès lors, pas
fondée à demander l'annulation de l'ordonnance qu'elle attaque. »

CE, 12 juin 2020, GISTI, n° 418142 :

« 1. Les documents de portée générale émanant d'autorités publiques, matérialisés ou non, tels que les
circulaires, instructions, recommandations, notes, présentations ou interprétations du droit positif
peuvent être déférés au juge de l'excès de pouvoir lorsqu'ils sont susceptibles d'avoir des effets
notables sur les droits ou la situation d'autres personnes que les agents chargés, le cas
échéant, de les mettre en oeuvre. Ont notamment de tels effets ceux de ces documents qui
ont un caractère impératif ou présentent le caractère de lignes directrices.
2. Il appartient au juge d'examiner les vices susceptibles d'affecter la légalité du document en tenant
compte de la nature et des caractéristiques de celui-ci ainsi que du pouvoir d'appréciation dont dispose
l'autorité dont il émane. Le recours formé à son encontre doit être accueilli notamment s'il
fixe une règle nouvelle entachée d'incompétence, si l'interprétation du droit positif qu'il
comporte en méconnaît le sens et la portée ou s'il est pris en vue de la mise en oeuvre
d'une règle contraire à une norme juridique supérieure. »

CE, 13 mars 2015, Ciaudo, n° 358677 :

« 2. Considérant, en premier lieu, que l'administration ne peut assortir une autorisation d'urbanisme
de prescriptions qu'à la condition que celles-ci, entraînant des modifications sur des points précis et
limités et ne nécessitant pas la présentation d'un nouveau projet, aient pour effet d'assurer la
conformité des travaux projetés aux dispositions législatives et réglementaires dont l'administration
est chargée d'assurer le respect ; que le titulaire d'une autorisation d'urbanisme est
recevable à demander l'annulation d'une ou de plusieurs prescriptions dont celle-ci est
assortie ; qu'il peut utilement soulever à l'appui de telles conclusions tout moyen relatif
au bien-fondé des prescriptions qu'il critique ou au respect des exigences procédurales
propres à leur édiction ; que, toutefois, le juge ne peut annuler ces prescriptions,
lorsqu'elles sont illégales, que s'il résulte de l'instruction qu'une telle annulation n'est
pas susceptible de remettre en cause la légalité de l'autorisation d'urbanisme et qu'ainsi
ces prescriptions ne forment pas avec elle un ensemble indivisible ;

3. Considérant qu'en estimant que Mme A... demandait l'annulation de l'arrêté de non-opposition à sa
déclaration préalable dans son entier et non en tant seulement qu'il était assorti de la prescription
relative à la peinture de la face externe des fenêtres, alors qu'il résulte de ce qui précède que Mme A...
était recevable à demander l'annulation de cette seule prescription, le président de la 3ème chambre
du tribunal administratif de Nice s'est mépris sur la portée des conclusions de la requérante ».

CE, 6 juin 2012, Epx Vidal, n° 329123 :

« Considérant qu'aux termes de l'article L. 410-1, dans sa rédaction applicable à l'espèce, issue de la loi
du 13 décembre 2000 relative à la solidarité et au renouvellement urbains : " Le certificat d'urbanisme
indique les dispositions d'urbanisme et les limitations administratives au droit de propriété et le
régime des taxes et participations d'urbanisme applicables à un terrain ainsi que l'état des
équipements publics existants ou prévus. / Lorsque la demande précise l'opération projetée, en
indiquant notamment la destination des bâtiments projetés et leur superficie de plancher hors oeuvre,
le certificat d'urbanisme précise si le terrain peut être utilisé pour la réalisation de cette opération. /
Lorsque toute demande d'autorisation pourrait, du seul fait de la localisation du terrain, être refusée
en fonction des dispositions d'urbanisme et, notamment, des règles générales d'urbanisme, la réponse
à la demande de certificat d'urbanisme est négative (...) / Si la demande formulée en vue de réaliser
l'opération projetée sur le terrain, notamment la demande de permis de construire prévue à l'article L.
421-1 est déposée dans le délai d'un an à compter de la délivrance d'un certificat d'urbanisme et
respecte les dispositions d'urbanisme mentionnées par ledit certificat, celles-ci ne peuvent être remises
en cause (...) " ; qu'eu égard aux effets qu'ils sont susceptibles d'avoir pour leurs
destinataires et pour les tiers intéressés, les certificats d'urbanisme délivrés sur le
fondement de ces dispositions doivent être regardés, que la demande à laquelle ils
répondent ait ou non précisé une opération particulière, comme des décisions
administratives susceptibles de faire l'objet d'un recours pour excès de pouvoir ;

Considérant que pour juger, par l'arrêt attaqué, que les conclusions de M. et Mme B dirigées contre le
certificat d'urbanisme qui leur avait été délivré par le maire d'Aubignan étaient irrecevables, la cour
administrative d'appel de Marseille s'est fondée sur ce que ce certificat, qui ne statuait sur aucune
opération précise et se bornait à informer les intéressés que leurs parcelles étaient situées dans une
zone dans laquelle les constructions neuves étaient interdites, présentait de ce fait un caractère
purement informatif et n'était, dès lors, pas susceptible de faire l'objet d'un recours pour excès de
pouvoir ; qu'il résulte de ce qui précède qu'elle a, ce faisant, commis une erreur de droit ; que, par
suite, son arrêt doit être annulé en tant qu'il statue sur les conclusions d'excès de pouvoir de M. et
Mme B dirigées contre le certificat d'urbanisme du 20 avril 2004 ».

III. L’INTERET A AGIR

Article L. 600-1-2 du code de l’urbanisme :

« Une personne autre que l'Etat, les collectivités territoriales ou leurs groupements ou une association
n'est recevable à former un recours pour excès de pouvoir contre une décision relative à l'occupation
ou à l'utilisation du sol régie par le présent code que si la construction, l'aménagement ou le
projet autorisé sont de nature à affecter directement les conditions d'occupation,
d'utilisation ou de jouissance du bien qu'elle détient ou occupe régulièrement ou pour lequel elle
bénéficie d'une promesse de vente, de bail, ou d'un contrat préliminaire mentionné à l'article L. 261-
15 du code de la construction et de l'habitation.

Le présent article n'est pas applicable aux décisions contestées par le pétitionnaire. »

CE, 20 octobre 2017, Association de défense de l’environnement et du cadre de


vie dans le quartier de l’Epi d’or, n° 400585 :
« 1. Il ressort des pièces du dossier soumis au juge du fond que l'Association de défense de
l'environnement et du cadre de vie du quartier " Epi d'or " - Saint-Cyr-l'Ecole, qui regroupe des
habitants de ce quartier, a pour objet, aux termes de l'article 2 de ses statuts, " la mise en oeuvre de
tous les moyens disponibles pour la sauvegarde et l'amélioration du cadre de vie des habitants de l'Epi
d'or ". Pour écarter comme irrecevable la demande qui lui était présentée par cette association, le
président de la 3ème chambre du tribunal administratif de Versailles a jugé qu'un tel objet restait "
trop général et éloigné des considérations d'urbanisme " pour lui conférer un intérêt lui donnant
qualité pour agir contre le permis, accordé par le maire de la commune de Saint-Cyr-l'Ecole le 17
novembre 2015 à la société civile immobilière Marceau et modifié le 29 février suivant, de construire
trois maisons d'habitation d'une surface de plancher de 461 mètres carrés sur un terrain de ce quartier
situé 6 ter, rue de Bièvres et jusqu'alors non bâti. En se fondant sur ce motif alors qu'il
ressortait des pièces du dossier qui lui était soumis que le projet autorisé, par sa nature,
le nombre de constructions autorisées, le choix d'implantation retenu et la densification
qu'il induisait, était susceptible de porter atteinte au cadre de vie des habitants du
quartier de l'Epi d'or, dont l'association requérante avait pour objet d'assurer la
sauvegarde, le président de la troisième chambre du tribunal a inexactement qualifié les
faits de l'espèce. L'association requérante est, par suite, fondée à demander l'annulation de
l'ordonnance attaquée. »

CE, 18 mars 2019, Cne de Montségur sur Lauzon, n° 422460 :


« 2. L'article L. 600-1-2 du code de l'urbanisme prévoit que : " Une personne autre que l'Etat, les
collectivités territoriales ou leurs groupements ou une association n'est recevable à former un recours
pour excès de pouvoir contre un permis de construire, de démolir ou d'aménager que si la
construction, l'aménagement ou les travaux sont de nature à affecter directement les conditions
d'occupation, d'utilisation ou de jouissance du bien qu'elle détient ou occupe régulièrement ou pour
lequel elle bénéficie d'une promesse de vente, de bail, ou d'un contrat préliminaire mentionné à
l'article L. 261-15 du code de la construction et de l'habitation ". Il résulte de ces dispositions qu'il
appartient à tout requérant qui saisit le juge administratif d'un recours pour excès de
pouvoir tendant à l'annulation d'un permis de construire, de démolir ou d'aménager, de
préciser l'atteinte qu'il invoque pour justifier d'un intérêt lui donnant qualité pour agir,
en faisant état de tous éléments suffisamment précis et étayés de nature à établir que
cette atteinte est susceptible d'affecter directement les conditions d'occupation,
d'utilisation ou de jouissance de son bien. Il appartient au défendeur, s'il entend
contester l'intérêt à agir du requérant, d'apporter tous éléments de nature à établir que
les atteintes alléguées sont dépourvues de réalité. Le juge de l'excès de pouvoir apprécie
la recevabilité de la requête au vu des éléments ainsi versés au dossier par les parties, en
écartant le cas échéant les allégations qu'il jugerait insuffisamment étayées mais sans
pour autant exiger de l'auteur du recours qu'il apporte la preuve du caractère certain
des atteintes qu'il invoque au soutien de la recevabilité de celui-ci.
3. Pour admettre que M. B...justifie d'un intérêt lui donnant qualité pour demander l'annulation du
permis de construire délivré aux épouxC..., l'ordonnance attaquée, après avoir notamment constaté
que la propriété du requérant, située dans un secteur demeuré à l'état naturel, est séparée de celle des
bénéficiaires du permis par une parcelle longue de 67 mètres et que sa maison est distante d'environ
200 mètres de la maison d'habitation dont la construction est autorisée par ce permis, relève que les
boisements présents sur les terrains en cause ne suffisent pas pour " occulter toute vue et tout bruit "
entre le terrain d'assiette de la construction et la propriété du requérant et que celui-ci indique avoir
acquis cette propriété en raison de l'absence de voisinage. En se fondant sur de tels éléments,
qui n'étaient pas à eux seuls de nature à établir une atteinte directe aux conditions
d'occupation, d'utilisation ou de jouissance de son bien par M.B..., le juge des référés a
commis une erreur de droit. L'ordonnance attaquée doit par suite être annulée, sans qu'il soit
besoin d'examiner les autres moyens du pourvoi. »
CE, 17 mars 2017, Malsoute, n° 396362 :
« 4. Aux termes de l'article L. 600-1-2 du code de l'urbanisme : " Une personne autre que l'Etat, les
collectivités territoriales ou leurs groupements ou une association n'est recevable à former un recours
pour excès de pouvoir contre un permis de construire, de démolir ou d'aménager que si la
construction, l'aménagement ou les travaux sont de nature à affecter directement les conditions
d'occupation, d'utilisation ou de jouissance du bien qu'elle détient ou occupe régulièrement ou pour
lequel elle bénéficie d'une promesse de vente, de bail, ou d'un contrat préliminaire mentionné à
l'article L. 261-15 du code de la construction et de l'habitation ".
5. Il résulte de ces dispositions qu'il appartient, en particulier, à tout requérant qui saisit le juge
administratif d'un recours pour excès de pouvoir tendant à l'annulation d'un permis de construire, de
démolir ou d'aménager, de préciser l'atteinte qu'il invoque pour justifier d'un intérêt lui donnant
qualité pour agir, en faisant état de tous éléments suffisamment précis et étayés de nature à établir que
cette atteinte est susceptible d'affecter directement les conditions d'occupation, d'utilisation ou de
jouissance de son bien. Lorsque le requérant, sans avoir contesté le permis initial, forme un recours
contre un permis de construire modificatif, son intérêt pour agir doit être apprécié au regard de la
portée des modifications apportées par le permis modificatif au projet de construction initialement
autorisé. Il appartient dans tous les cas au défendeur, s'il entend contester l'intérêt à agir du requérant,
d'apporter tous éléments de nature à établir que les atteintes alléguées sont dépourvues de réalité. Le
juge de l'excès de pouvoir apprécie la recevabilité de la requête au vu des éléments ainsi versés au
dossier par les parties, en écartant le cas échéant les allégations qu'il jugerait insuffisamment étayées
mais sans pour autant exiger de l'auteur du recours qu'il apporte la preuve du caractère certain des
atteintes qu'il invoque au soutien de la recevabilité de celui-ci. Eu égard à sa situation particulière, le
voisin immédiat justifie, en principe, d'un intérêt à agir lorsqu'il fait état devant le juge, qui statue au
vu de l'ensemble des pièces du dossier, d'éléments relatifs à la nature, à l'importance ou à la
localisation du projet de construction.
6. En jugeant, pour rejeter leur demande comme manifestement irrecevable, que M. et Mme D...ne
justifiaient pas d'un intérêt à agir contre le permis de construire modificatif attaqué, alors qu'ils
avaient établi être propriétaires d'une maison à usage d'habitation située à proximité
immédiate de la parcelle d'assiette du projet et avaient produit la décision attaquée, de
laquelle il ressortait que le permis litigieux apportait des modifications notables au
projet initial, affectant son implantation, ses dimensions et l'apparence de la
construction, ainsi que divers clichés photographiques, pris depuis leur propriété,
attestant d'une vue directe sur la construction projetée, la présidente de la 1ère chambre du
tribunal administratif de Toulon a inexactement qualifié les faits de l'espèce. »

*** CE, 13 avril 2016, Bartolomei, n° 389798 :


« 1. Considérant, d'une part, qu'aux termes de l'article L. 600-1-2 du code de l'urbanisme : " Une
personne autre que l'Etat, les collectivités territoriales ou leurs groupements ou une association n'est
recevable à former un recours pour excès de pouvoir contre un permis de construire, de démolir ou
d'aménager que si la construction, l'aménagement ou les travaux sont de nature à affecter directement
les conditions d'occupation, d'utilisation ou de jouissance du bien qu'elle détient ou occupe
régulièrement ou pour lequel elle bénéficie d'une promesse de vente, de bail, ou d'un contrat
préliminaire mentionné à l'article L. 261-15 du code de la construction et de l'habitation " ;

2. Considérant qu'il résulte de ces dispositions qu'il appartient, en particulier, à tout requérant qui
saisit le juge administratif d'un recours pour excès de pouvoir tendant à l'annulation d'un permis de
construire, de démolir ou d'aménager, de préciser l'atteinte qu'il invoque pour justifier d'un intérêt lui
donnant qualité pour agir, en faisant état de tous éléments suffisamment précis et étayés de nature à
établir que cette atteinte est susceptible d'affecter directement les conditions d'occupation, d'utilisation
ou de jouissance de son bien ; qu'il appartient au défendeur, s'il entend contester l'intérêt à agir du
requérant, d'apporter tous éléments de nature à établir que les atteintes alléguées sont dépourvues de
réalité ; que le juge de l'excès de pouvoir apprécie la recevabilité de la requête au vu des éléments ainsi
versés au dossier par les parties, en écartant le cas échéant les allégations qu'il jugerait insuffisamment
étayées mais sans pour autant exiger de l'auteur du recours qu'il apporte la preuve du caractère certain
des atteintes qu'il invoque au soutien de la recevabilité de celui-ci ; qu'eu égard à sa situation
particulière, le voisin immédiat justifie, en principe, d'un intérêt à agir lorsqu'il fait état
devant le juge, qui statue au vu de l'ensemble des pièces du dossier, d'éléments relatifs à
la nature, à l'importance ou à la localisation du projet de construction »

CE, 24 février 2021, Syndicat des copropriétaires de la Résidence la Dauphine


et a., n° 432096 :
« 5. Aux termes des dispositions de l'article L. 600-1-2 du code de l'urbanisme : " Une personne autre
que l'Etat, les collectivités territoriales ou leurs groupements ou une association n'est recevable à
former un recours pour excès de pouvoir contre un permis de construire, de démolir ou d'aménager
que si la construction, l'aménagement ou les travaux sont de nature à affecter directement les
conditions d'occupation, d'utilisation ou de jouissance du bien qu'elle détient ou occupe régulièrement
ou pour lequel elle bénéficie d'une promesse de vente, de bail, ou d'un contrat préliminaire mentionné
à l'article L. 261-15 du code de la construction et de l'habitation ".
6. Il résulte de ces dispositions qu'il appartient, en particulier, à tout requérant qui saisit le juge
administratif d'un recours pour excès de pouvoir tendant à l'annulation d'un permis de construire, de
démolir ou d'aménager, de préciser l'atteinte qu'il invoque pour justifier d'un intérêt lui donnant
qualité pour agir, en faisant état de tous éléments suffisamment précis et étayés de nature à établir que
cette atteinte est susceptible d'affecter directement les conditions d'occupation, d'utilisation ou de
jouissance de son bien. Il appartient au défendeur, s'il entend contester l'intérêt à agir du requérant,
d'apporter tous les éléments de nature à établir que les atteintes alléguées sont dépourvues de réalité.
Le juge de l'excès de pouvoir apprécie la recevabilité de la requête au vu des éléments ainsi versés au
dossier par les parties, en écartant le cas échéant les allégations qu'il jugerait insuffisamment étayées
mais sans pour autant exiger de l'auteur du recours qu'il apporte la preuve du caractère certain des
atteintes qu'il invoque au soutien de la recevabilité de celui-ci. Eu égard à sa situation
particulière, le voisin immédiat, justifie, en principe, d'un intérêt à agir lorsqu'il fait état
devant le juge, qui statue au vu de l'ensemble des pièces du dossier, d'éléments relatifs à
la nature, à l'importance ou à la localisation du projet de construction. Il en va de même
lorsque le requérant est un syndicat de copropriétaires. »
CE, 10 février 2016, Peyret, n° 3875047 :

« 3. Considérant qu'aux termes de l'article L. 600-1-2 du code de l'urbanisme : " Une personne autre
que l'Etat, les collectivités territoriales ou leurs groupements ou une association n'est recevable à
former un recours pour excès de pouvoir contre un permis de construire, de démolir ou d'aménager
que si la construction, l'aménagement ou les travaux sont de nature à affecter directement les
conditions d'occupation, d'utilisation ou de jouissance du bien qu'elle détient ou occupe régulièrement
ou pour lequel elle bénéficie d'une promesse de vente, de bail, ou d'un contrat préliminaire mentionné
à l'article L. 261-15 du code de la construction et de l'habitation " ; qu'il résulte de ces dispositions qu'il
appartient à tout requérant qui saisit le juge administratif d'un recours pour excès de pouvoir tendant
à l'annulation d'un permis de construire, de démolir ou d'aménager, de préciser l'atteinte qu'il invoque
pour justifier d'un intérêt lui donnant qualité pour agir, en faisant état de tous éléments suffisamment
précis et étayés de nature à établir que cette atteinte est susceptible d'affecter directement les
conditions d'occupation, d'utilisation ou de jouissance de son bien ;

4. Considérant que les écritures et les documents produits par l'auteur du recours doivent faire
apparaître clairement en quoi les conditions d'occupation, d'utilisation ou de jouissance de son bien
sont susceptibles d'être directement affectées par le projet litigieux ; qu'il ressort des pièces du dossier
soumis aux juges du fond que, pour justifier de leur intérêt à agir, les requérants se sont bornés à se
prévaloir de leur qualité de " propriétaires de biens immobiliers voisins directs à la parcelle destinée à
recevoir les constructions litigieuses " ; que, par ailleurs, les pièces qu'ils ont fournies à l'appui de leur
demande établissent seulement que leurs parcelles sont mitoyenne pour l'une et en co-visibilité pour
l'autre du projet litigieux ; que, le plan de situation sommaire des parcelles qu'ils ont produit ne
comportait que la mention : " façade sud fortement vitrée qui créera des vues " ; qu'invités par le
greffe du tribunal administratif, par une lettre du 28 août 2014, à apporter les
précisions nécessaires à l'appréciation de l'atteinte directe portée par le projet litigieux
à leurs conditions d'occupation, d'utilisation ou de jouissance de leur bien, ils se sont
bornés à produire, le 5 septembre suivant, la copie de leurs attestations de propriété
ainsi que le plan de situation cadastral déjà fourni ; que, dans ces conditions, la
présidente de la deuxième chambre du tribunal administratif de Marseille a procédé à
une exacte qualification juridique des faits en jugeant que les requérants étaient
dépourvus d'intérêt à agir contre le permis de construire litigieux ; que c'est sans
commettre d'erreur de droit ni méconnaître l'article 6 paragraphe 1 de la convention
européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales ni
aucun principe qu'elle a rejeté leur demande comme manifestement irrecevable par
ordonnance, sans audience publique, sur le fondement du 4° de l'article R. 222-1 du
code de justice administrative ; ».

CE, 14 octobre 2021, M. Périnet, n° 441415 :

« 1. Aux termes de l'article R. 612-1 du code de justice administrative : " Lorsque des conclusions sont
entachées d'une irrecevabilité susceptible d'être couverte après l'expiration du délai de recours, la
juridiction ne peut les rejeter en relevant d'office cette irrecevabilité qu'après avoir invité leur auteur à
les régulariser. / (...) / La demande de régularisation mentionne que, à défaut de régularisation, les
conclusions pourront être rejetées comme irrecevables dès l'expiration du délai imparti qui, sauf
urgence, ne peut être inférieur à quinze jours (...) ". Aux termes de l'article R. 222-1 du même code : "
Les présidents de tribunal administratif et de cour administrative d'appel, les premiers vice-présidents
des tribunaux et des cours, le vice-président du tribunal administratif de Paris, les présidents de
formation de jugement des tribunaux et des cours et les magistrats ayant une ancienneté minimale de
deux ans et ayant atteint au moins le grade de premier conseiller désignés à cet effet par le président
de leur juridiction peuvent, par ordonnance : / (...) 4° Rejeter les requêtes manifestement irrecevables,
lorsque la juridiction n'est pas tenue d'inviter leur auteur à les régulariser ou qu'elles n'ont pas été
régularisées à l'expiration du délai imparti par une demande en ce sens (...) ". Aux termes de l'article L.
600-1-2 du code de l'urbanisme : " Une personne autre que l'Etat, les collectivités territoriales ou leurs
groupements ou une association n'est recevable à former un recours pour excès de pouvoir contre une
décision relative à l'occupation ou à l'utilisation du sol régie par le présent code que si la construction,
l'aménagement ou le projet autorisé sont de nature à affecter directement les conditions d'occupation,
d'utilisation ou de jouissance du bien qu'elle détient ou occupe régulièrement ou pour lequel elle
bénéficie d'une promesse de vente, de bail, ou d'un contrat préliminaire mentionné à l'article L. 261-15
du code de la construction et de l'habitation ".

2. Les requêtes manifestement irrecevables qui peuvent être rejetées par ordonnance en
application des dispositions de l'article R. 222-1 citées au point 1 sont, tout d'abord,
celles dont l'irrecevabilité ne peut en aucun cas être couverte, ensuite, celles qui ne
peuvent être régularisées que jusqu'à l'expiration du délai de recours, si ce délai est
expiré et, enfin, celles qui ont donné lieu à une invitation à régulariser, si le délai que la
juridiction avait imparti au requérant à cette fin, en l'informant des conséquences
qu'emporte un défaut de régularisation comme l'exige l'article R. 612-1 du code de
justice administrative, est expiré.

3. Pour rejeter comme manifestement irrecevable, par une ordonnance prise sur le fondement du 4° de
l'article R. 222-1 du code de justice administrative, la demande de M. G... tendant à l'annulation du
permis de construire délivré le 5 juin 2019 par le maire de Puteaux à la SCI JNH Holding, la présidente
de la 1ère chambre du tribunal administratif de Cergy-Pontoise a retenu que le demandeur ne justifiait
pas d'un intérêt pour agir. Il résulte de ce qui a été dit au point précédent qu'en statuant ainsi sans
avoir au préalable invité le requérant à régulariser sa requête en apportant les précisions permettant
d'en apprécier la recevabilité au regard des exigences de l'article L. 600-1-2 du code de l'urbanisme et
sans l'avoir informé des conséquences qu'emporterait un défaut de régularisation dans le délai imparti
comme l'exige l'article R. 612-1 du code de justice administrative, l'auteur de l'ordonnance attaquée a
commis une erreur de droit. »
IV. LES DELAIS DE RECOURS
*** CE, 13 juillet 2016, Czabaj, n° 387763 :
« 5. Considérant toutefois que le principe de sécurité juridique, qui implique que ne puissent être
remises en cause sans condition de délai des situations consolidées par l'effet du temps, fait obstacle à
ce que puisse être contestée indéfiniment une décision administrative individuelle qui a été notifiée à
son destinataire, ou dont il est établi, à défaut d'une telle notification, que celui-ci a eu connaissance ;
qu'en une telle hypothèse, si le non-respect de l'obligation d'informer l'intéressé sur les
voies et les délais de recours, ou l'absence de preuve qu'une telle information a bien été
fournie, ne permet pas que lui soient opposés les délais de recours fixés par le code de
justice administrative, le destinataire de la décision ne peut exercer de recours
juridictionnel au-delà d'un délai raisonnable ; qu'en règle générale et sauf circonstances
particulières dont se prévaudrait le requérant, ce délai ne saurait, sous réserve de
l'exercice de recours administratifs pour lesquels les textes prévoient des délais
particuliers, excéder un an à compter de la date à laquelle une décision expresse lui a
été notifiée ou de la date à laquelle il est établi qu'il en a eu connaissance ;
6. Considérant que la règle énoncée ci-dessus, qui a pour seul objet de borner dans le temps les
conséquences de la sanction attachée au défaut de mention des voies et délais de recours, ne porte pas
atteinte à la substance du droit au recours, mais tend seulement à éviter que son exercice, au-delà d'un
délai raisonnable, ne mette en péril la stabilité des situations juridiques et la bonne administration de
la justice, en exposant les défendeurs potentiels à des recours excessivement tardifs ; qu'il appartient
dès lors au juge administratif d'en faire application au litige dont il est saisi, quelle que soit la date des
faits qui lui ont donné naissance ;
7. Considérant qu'il résulte de l'instruction que M. B...a reçu notification le 26 septembre 1991 de
l'arrêté portant concession de sa pension de retraite du 24 juin 1991, comme l'atteste le procès-verbal
de remise de son livret de pension, et que cette notification comportait mention du délai de recours de
deux mois et indication que l'intéressé pouvait former, dans ce délai, un recours contentieux ; que si
une telle notification était incomplète au regard des dispositions de l'article R. 421-5 du code de justice
administrative, faute de préciser si le recours pouvait être porté devant la juridiction administrative ou
une juridiction spécialisée, et si, par suite, le délai de deux mois fixé par l'article R. 421-1 du même
code ne lui était pas opposable, il résulte de ce qui précède que le recours dont M. B...a saisi le tribunal
administratif de Lille plus de vingt-deux ans après la notification de l'arrêté contesté excédait le délai
raisonnable durant lequel il pouvait être exercé ; que sa demande doit, en conséquence, être rejetée
comme tardive ; qu'il en résulte que les conclusions présentées par M. B...sur le fondement de l'article
L. 761-1 du code de justice administrative doivent également être rejetées ; »
CE, 16 octobre 2019, Gaillard et Tepelian, n° 419756 :
« 2. L'article R.* 600-2 du code de l'urbanisme dispose que : " Le délai de recours contentieux à
l'encontre d'une décision de non-opposition à une déclaration préalable ou d'un permis de construire,
d'aménager ou de démolir court à l'égard des tiers à compter du premier jour d'une période continue
de deux mois d'affichage sur le terrain des pièces mentionnées à l'article R. 424-15 ". Aux termes de
l'article R.* 424-15 du même code : " Mention du permis explicite ou tacite ou de la déclaration
préalable doit être affichée sur le terrain, de manière visible de l'extérieur, par les soins de son
bénéficiaire, dès la notification de l'arrêté (...) / Un arrêté du ministre chargé de l'urbanisme règle le
contenu et les formes de l'affichage ". L'article A. 424-16 de ce code dans sa rédaction applicable au
litige dispose que : " Le panneau prévu à l'article A. 424-1 indique le nom, la raison sociale ou la
dénomination sociale du bénéficiaire, la date et le numéro du permis, la nature du projet et la
superficie du terrain ainsi que l'adresse de la mairie où le dossier peut être consulté. / Il indique
également, en fonction de la nature du projet : / a) Si le projet prévoit des constructions, la surface de
plancher autorisée ainsi que la hauteur de la ou des constructions, exprimée en mètres par rapport au
sol naturel ; / (...) ".
3. En imposant que figurent sur le panneau d'affichage du permis de construire diverses informations
sur les caractéristiques de la construction projetée, les dispositions citées au point 2 ont pour objet de
permettre aux tiers, à la seule lecture de ce panneau, d'apprécier l'importance et la consistance du
projet, le délai de recours contentieux ne commençant à courir qu'à la date d'un affichage complet et
régulier. Il s'ensuit que si les mentions prévues par l'article A. 424-16 doivent, en
principe, obligatoirement figurer sur le panneau d'affichage, une erreur affectant l'une
d'entre elles ne conduit à faire obstacle au déclenchement du délai de recours que dans
le cas où cette erreur est de nature à empêcher les tiers d'apprécier l'importance et la
consistance du projet. La circonstance qu'une telle erreur puisse affecter l'appréciation
par les tiers de la légalité du permis est, en revanche, dépourvue d'incidence à cet égard,
dans la mesure où l'objet de l'affichage n'est pas de permettre par lui-même d'apprécier
la légalité de l'autorisation de construire.
4. Ainsi, en retenant, après avoir constaté que le panneau d'affichage renseignait les tiers sur la nature
de la construction et le nombre de logements prévus, sur la surface de plancher autorisée, sur la
hauteur du bâtiment et sur l'identité du bénéficiaire et après avoir souverainement jugé que les tiers
avaient, en l'espèce, été mis à même d'apprécier la portée et la consistance du projet en dépit du
caractère erroné de la mention relative à la superficie du terrain d'assiette, la cour administrative
d'appel de Lyon n'a pas commis d'erreur de droit en jugeant que l'erreur de mention n'avait pas été de
nature à faire obstacle au déclenchement du délai de recours contentieux. »

CE, 16 octobre 2020, Sté chemin de Trabacchina, n° 429357


« 2. L'article R.* 600-2 du code de l'urbanisme dispose que : " Le délai de recours contentieux à
l'encontre d'une décision de non-opposition à une déclaration préalable ou d'un permis de construire,
d'aménager ou de démolir court à l'égard des tiers à compter du premier jour d'une période continue
de deux mois d'affichage sur le terrain des pièces mentionnées à l'article R. 424-15 ". Aux termes de
l'article R.* 424-15 du même code : " Mention du permis explicite ou tacite ou de la déclaration
préalable doit être affichée sur le terrain, de manière visible de l'extérieur, par les soins de son
bénéficiaire, dès la notification de l'arrêté (...) / Un arrêté du ministre chargé de l'urbanisme règle le
contenu et les formes de l'affichage ". L'article A. 424-16 de ce code dans sa rédaction applicable au
litige dispose que : " Le panneau prévu à l'article A. 424-1 indique le nom, la raison sociale ou la
dénomination sociale du bénéficiaire, la date et le numéro du permis, la nature du projet et la
superficie du terrain ainsi que l'adresse de la mairie où le dossier peut être consulté (...) ".
3. En imposant que figurent sur le panneau d'affichage du permis de construire diverses informations
sur le permis et le lieu de consultation du dossier, les dispositions citées au point précédent ont
notamment pour objet de mettre les tiers à même de consulter le dossier du permis. Il s'ensuit que, si
les mentions relatives à l'identification du permis et au lieu de consultation du dossier prévues par
l'article A. 424-16 du code de l'urbanisme doivent, en principe, figurer sur le panneau d'affichage, une
erreur ou omission entachant l'une d'entre elles ne conduit à faire obstacle au
déclenchement du délai de recours que dans le cas où cette erreur est de nature à
affecter la capacité des tiers à identifier, à la seule lecture du panneau d'affichage, le
permis et l'administration à laquelle il convient de s'adresser pour consulter le dossier.
4. Pour juger que l'affichage du permis de construire litigieux sur le terrain n'était pas régulier et
n'avait pu ainsi déclencher le délai de recours contentieux à l'égard des tiers, le tribunal administratif
de Bastia a relevé que le panneau ne mentionnait pas l'adresse de la mairie où le dossier pouvait être
consulté et que, compte tenu de la taille de la commune d'Ajaccio et de la dispersion des services
municipaux sur le territoire de la commune, une telle mention revêtait un caractère substantiel. En
statuant ainsi, alors qu'en mentionnant la mairie d'Ajaccio le panneau d'affichage renseignait les tiers
sur l'administration à laquelle s'adresser, le tribunal administratif a commis une erreur de droit. »

CE, 16 octobre 2020, Campbell-Lendrum, n° 424775


« 2. Lorsque le juge de l'excès de pouvoir est saisi par un tiers d'une décision d'autorisation qui est, en
cours d'instance, soit remplacée par une décision de portée identique, soit modifiée dans des
conditions qui n'en altèrent pas l'économie générale, le délai ouvert au requérant pour contester le
nouvel acte ne commence à courir qu'à compter de la notification qui lui est faite de cet acte.
3. Il ressort des pièces du dossier soumis aux juges du fond que le permis de construire, délivré le 29
novembre 2016, à la société HPL Allemognes, porte sur un projet de construction de quinze logements
locatifs conventionnés pour une surface de plancher autorisée de 1325,35 m², qui est conçu par le
même architecte et concerne la même parcelle que le permis délivré le 17 novembre 2015 à la société
HPL Allemogne, qui est domiciliée à la même adresse et représentée par la même personne, et est
comparable à celui-ci. Dans ces conditions, ce nouveau permis de construire doit être regardé comme
remplaçant, implicitement mais nécessairement, le permis précédent ou comme modifiant, dans des
conditions qui n'en altèrent pas l'économie générale, le permis délivré le 17 novembre 2015 à la société
HPL Allemogne.
4. Il en résulte qu'en jugeant que ni la commune, ni la société bénéficiaire du permis de
construire du 29 novembre 2016 n'étaient tenues de notifier ce permis à M. et Mme C...,
dans le cadre d'une instance engagée à l'encontre du permis du 17 novembre 2015,
délivré à une société différente même si de très fortes analogies existaient dans les
projets autorisés et les dénominations des sociétés qui les portaient et en en déduisant
que la requête de M. et Mme C... était tardive faute d'avoir été contestée dans le délai de
deux mois à compter du premier jour d'affichage du permis sur le terrain, le tribunal
administratif a entaché son jugement d'erreur de droit. »

Article L. 2131-2 du code général des collectivités territoriales


« I.- Sont transmis au représentant de l'Etat dans le département ou à son délégué dans
l'arrondissement, dans les conditions prévues au II :
1° Les délibérations du conseil municipal ou les décisions prises par délégation du conseil municipal en
application de l'article L. 2122-22 à l'exception :
a) Des délibérations relatives aux tarifs des droits de voirie et de stationnement, au classement, au
déclassement, à l'établissement des plans d'alignement et de nivellement, à l'ouverture, au
redressement et à l'élargissement des voies communales ;
b) Des délibérations relatives aux taux de promotion pour l'avancement de grade des fonctionnaires, à
l'affiliation ou à la désaffiliation aux centres de gestion ainsi qu'aux conventions portant sur les
missions supplémentaires à caractère facultatif confiées aux centres de gestion.
2° Les décisions réglementaires et individuelles prises par le maire dans l'exercice de son pouvoir de
police. En sont toutefois exclues :
-celles relatives à la circulation et au stationnement, à l'exception des sanctions prises en application
de l'article L. 2212-2-1 ;
-celles relatives à l'exploitation, par les associations, de débits de boissons pour la durée des
manifestations publiques qu'elles organisent ;
3° Les actes à caractère réglementaire pris par les autorités communales dans tous les autres domaines
qui relèvent de leur compétence en application de la loi ;
4° Les conventions relatives aux emprunts, les marchés et les accords-cadres d'un montant au moins
égal à un seuil défini par décret, les marchés de partenariat ainsi que les contrats de concession, dont
les délégations de service public, et les concessions d'aménagement ;
5° Les décisions individuelles relatives à la nomination, au recrutement, y compris le contrat
d'engagement, et au licenciement des agents non titulaires, à l'exception de celles prises pour faire face
à un besoin lié à un accroissement temporaire ou saisonnier d'activité, en application des 1° et 2° de
l'article 3 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction
publique territoriale ;
6° Le permis de construire et les autres autorisations d'utilisation du sol et le certificat d'urbanisme
délivrés par le maire ou le président de l'établissement public de coopération intercommunale,
lorsqu'il a reçu compétence dans les conditions prévues aux articles L. 422-1 et L. 422-3 du code de
l'urbanisme ;
7° Les ordres de réquisition du comptable pris par le maire ;
8° Les décisions relevant de l'exercice de prérogatives de puissance publique, prises par les sociétés
d'économie mixte locales pour le compte d'une commune ou d'un établissement public de coopération
intercommunale.
II.- La transmission prévue au I peut s'effectuer par voie électronique, selon des modalités fixées par
décret en Conseil d'Etat. Pour les communes de plus de 50 000 habitants, cette transmission est
réalisée selon ces modalités. La transmission des décisions individuelles intervient dans un délai de
quinze jours à compter de leur signature.
La preuve de la réception des actes par le représentant de l'Etat dans le département ou son délégué
dans l'arrondissement peut être apportée par tout moyen. L'accusé de réception, qui est
immédiatement délivré, peut être utilisé à cet effet mais n'est pas une condition du caractère
exécutoire des actes. »

Article L. 411-2 du code des relations entre le public et l’administration


« Toute décision administrative peut faire l'objet, dans le délai imparti pour l'introduction d'un recours
contentieux, d'un recours gracieux ou hiérarchique qui interrompt le cours de ce délai.
Lorsque dans le délai initial du recours contentieux ouvert à l'encontre de la décision, sont exercés
contre cette décision un recours gracieux et un recours hiérarchique, le délai du recours contentieux,
prorogé par l'exercice de ces recours administratifs, ne recommence à courir à l'égard de la décision
initiale que lorsqu'ils ont été l'un et l'autre rejetés. »
CE, 22 juillet 2021, Sté les Grenadines, n° 436105
« 2. Aux termes du premier alinéa de l'article L. 2131-6 du code général des collectivités territoriales : "
Le représentant de l'Etat dans le département défère au tribunal administratif les actes mentionnés à
l'article L. 2131-2 qu'il estime contraires à la légalité dans les deux mois suivant leur transmission ".
Aux termes de l'article L. 2131-8 du même code : " Sans préjudice du recours direct dont elle dispose, si
une personne physique ou morale est lésée par un acte mentionné aux articles L. 2131-2 et L. 2131-3,
elle peut, dans le délai de deux mois à compter de la date à laquelle l'acte est devenu exécutoire,
demander au représentant de l'Etat dans le département de mettre en oeuvre la procédure prévue à
l'article L. 2131-6 ". Les actes mentionnés à l'article L. 2131-2 sont les actes pris par les autorités
communales qui sont soumis aux dispositions de l'article L. 2131-1, c'est-à-dire qui sont exécutoires de
plein droit dès qu'il a été procédé, en plus de leur publication, affichage ou notification, à leur
transmission au représentant de l'Etat dans le département ou à son délégué dans l'arrondissement.
Ceux mentionnés à l'article L. 2131-3 sont les actes pris par les autorités communales autres que ceux
mentionnés à l'article L. 2131-2, qui sont exécutoires de plein droit sans avoir à être transmis au
représentant de l'Etat mais dont celui-ci peut demander la communication et qu'il peut également
déférer au tribunal administratif.
3. Ces dispositions permettent à une personne qui s'estime lésée par un acte d'une autorité communale
relevant du contrôle de légalité du représentant de l'Etat dans le département de saisir ce dernier en
vue qu'il le défère au tribunal administratif. Cette saisine n'ayant pas pour effet de priver cette
personne de la faculté d'exercer un recours direct contre cet acte, le refus du préfet de déférer
celui-ci au tribunal administratif ne constitue pas une décision susceptible de faire
l'objet d'un recours pour excès de pouvoir. En revanche, si elle a été formée dans le délai
du recours contentieux ouvert contre cet acte, la demande ainsi présentée au préfet a
pour effet de proroger ce délai jusqu'à l'intervention de la décision explicite ou implicite
par laquelle le préfet se prononce sur ladite demande.
4. Il revient au juge administratif, lorsqu'il est appelé à qualifier une demande adressée à
l'administration, d'apprécier la portée de cette demande au vu des termes dans lesquels elle est
formulée mais aussi de l'ensemble des circonstances de l'espèce, en s'attachant à donner à la saisine de
l'administration un effet utile. »

Article L. 424-5 du code de l’urbanisme


« La décision de non-opposition à une déclaration préalable ou le permis de construire ou d'aménager
ou de démolir, tacite ou explicite, ne peuvent être retirés que s'ils sont illégaux et dans le délai de trois
mois suivant la date de ces décisions. Passé ce délai, la décision de non-opposition et le permis ne
peuvent être retirés que sur demande expresse de leur bénéficiaire.
La délivrance antérieure d'une autorisation d'urbanisme sur un terrain donné ne fait pas obstacle au
dépôt par le même bénéficiaire de ladite autorisation d'une nouvelle demande d'autorisation visant le
même terrain. Le dépôt de cette nouvelle demande d'autorisation ne nécessite pas d'obtenir le retrait
de l'autorisation précédemment délivrée et n'emporte pas retrait implicite de cette dernière. »

CE, 5 février 2018, Sté Cora, n° 407149


« 2. Il ressort des pièces du dossier soumis aux juges du fond que la société Placi a obtenu le 24 février
2014 un permis de construire en vue de la réhabilitation et de la surélévation d'un hôtel particulier
situé 6 avenue Foch à Paris. Par un recours gracieux reçu par la mairie de Paris le 3 août 2015, la SCI
Cora a demandé le retrait de ce permis de construire, au motif que la société bénéficiaire l'aurait
obtenu après une manoeuvre frauduleuse. La SCI Cora se pourvoit en cassation contre le jugement du
23 novembre 2016 par lequel le tribunal administratif de Paris a rejeté sa demande d'annulation de ce
permis et de la décision implicite du maire de Paris rejetant sa demande.
3. Aux termes du premier alinéa de l'article R. 421-1 du code de justice administrative, dans sa
rédaction applicable au litige : " (...) la juridiction ne peut être saisie que par voie de recours formé
contre une décision, et ce, dans les deux mois à partir de la notification ou de la publication de la
décision attaquée ". Aux termes de l'article R. 600-2 du code de l'urbanisme : " Le délai de recours
contentieux à l'encontre d'une décision de non-opposition à une déclaration préalable ou d'un permis
de construire, d'aménager ou de démolir court à l'égard des tiers à compter du premier jour d'une
période continue de deux mois d'affichage sur le terrain des pièces mentionnées à l'article R. 424-15 ".
Aux termes du second alinéa de l'article L. 424-5 du même code, dans sa rédaction applicable au litige :
" Le permis de construire, d'aménager ou de démolir, tacite ou explicite, ne peut être retiré que s'il est
illégal et dans le délai de trois mois suivant la date de cette décision. Passé ce délai, le permis ne peut
être retiré que sur demande explicite de son bénéficiaire ".
4. Si, ainsi que le prévoit désormais l'article L. 241-2 du code des relations entre le public et
l'administration, la circonstance qu'un acte administratif a été obtenu par fraude permet à l'autorité
administrative compétente de l'abroger ou de le retirer à tout moment, elle ne saurait, en revanche,
proroger le délai du recours contentieux. Le tribunal administratif a relevé, au terme d'une
appréciation souveraine qui n'est pas arguée de dénaturation, que le permis de construire délivré à la
société Placi le 24 février 2014 avait été affiché, conformément aux dispositions de l'article R. 424-15
du code de l'urbanisme, du 11 avril au 11 juin 2014. Il n'a pas commis d'erreur de droit en en déduisant
que le recours administratif de la SCI Cora, reçu par le maire de Paris le 3 août 2015, n'avait pu
préserver le délai du recours contentieux contre ce permis et que, dès lors, cette SCI n'était plus
recevable à en demander l'annulation pour excès de pouvoir par une requête enregistrée au greffe du
tribunal le 27 octobre 2015.
5. En revanche, un tiers justifiant d'un intérêt à agir est recevable à demander, dans le
délai du recours contentieux, l'annulation de la décision par laquelle l'autorité
administrative a refusé de faire usage de son pouvoir d'abroger ou de retirer un acte
administratif obtenu par fraude, quelle que soit la date à laquelle il l'a saisie d'une
demande à cette fin. Dans un tel cas, il incombe au juge de l'excès de pouvoir, saisi de
moyens en ce sens, d'une part, de vérifier la réalité de la fraude alléguée et, d'autre part,
de contrôler que l'appréciation de l'administration sur l'opportunité de procéder ou non
à l'abrogation ou au retrait n'est pas entachée d'erreur manifeste, compte tenu
notamment de la gravité de la fraude et des atteintes aux divers intérêts publics ou
privés en présence susceptibles de résulter soit du maintien de l'acte litigieux soit de son
abrogation ou de son retrait.
6. Par suite, la SCI CORA est fondée à soutenir que le tribunal administratif a commis une erreur de
droit en jugeant qu'à supposer que son recours gracieux du 3 août 2015 doive être regardé comme
tendant à ce que le maire de Paris fasse usage de son pouvoir de retrait d'un permis de construire
obtenu par fraude au-delà du délai de trois mois prévu par les dispositions de l'article L. 424-5 du code
de l'urbanisme, ses conclusions dirigées contre la décision implicite de rejet opposée à cette demande
n'étaient pas recevables. »

Article R. 600-1 du code de l’urbanisme


« En cas de déféré du préfet ou de recours contentieux à l'encontre d'un certificat d'urbanisme, ou
d'une décision relative à l'occupation ou l'utilisation du sol régie par le présent code, le préfet ou
l'auteur du recours est tenu, à peine d'irrecevabilité, de notifier son recours à l'auteur de la décision et
au titulaire de l'autorisation. Cette notification doit également être effectuée dans les mêmes
conditions en cas de demande tendant à l'annulation ou à la réformation d'une décision
juridictionnelle concernant un certificat d'urbanisme, ou une décision relative à l'occupation ou
l'utilisation du sol régie par le présent code. L'auteur d'un recours administratif est également tenu de
le notifier à peine d'irrecevabilité du recours contentieux qu'il pourrait intenter ultérieurement en cas
de rejet du recours administratif.
La notification prévue au précédent alinéa doit intervenir par lettre recommandée avec accusé de
réception, dans un délai de quinze jours francs à compter du dépôt du déféré ou du recours.
La notification du recours à l'auteur de la décision et, s'il y a lieu, au titulaire de l'autorisation est
réputée accomplie à la date d'envoi de la lettre recommandée avec accusé de réception. Cette date est
établie par le certificat de dépôt de la lettre recommandée auprès des services postaux.
Les dispositions du présent article ne sont pas applicables en cas de contestation d'un permis
modificatif, d'une décision modificative ou d'une mesure de régularisation dans les conditions prévues
par l'article L. 600-5-2. »

CE, avis du 8 avril 2019, Cne de Le Grand Village Plage, n° 427729


« 1. D'une part, aux termes de l'article R. 600-1 du code de l'urbanisme, dans sa rédaction du décret du
5 janvier 2007 : " En cas de déféré du préfet ou de recours contentieux à l'encontre d'un certificat
d'urbanisme, d'une décision de non-opposition à une déclaration préalable ou d'un permis de
construire, d'aménager ou de démolir, le préfet ou l'auteur du recours est tenu, à peine d'irrecevabilité,
de notifier son recours à l'auteur de la décision et au titulaire de l'autorisation. Cette notification doit
également être effectuée dans les mêmes conditions en cas de demande tendant à l'annulation ou à la
réformation d'une décision juridictionnelle concernant un certificat d'urbanisme, une décision de non-
opposition à une déclaration préalable ou un permis de construire, d'aménager ou de démolir. L'auteur
d'un recours administratif est également tenu de le notifier à peine d'irrecevabilité du recours
contentieux qu'il pourrait intenter ultérieurement en cas de rejet du recours administratif. / (...) ".
2. Ces dispositions visent, dans un but de sécurité juridique, à permettre au bénéficiaire
d'une autorisation d'urbanisme, ainsi qu'à l'auteur de cette décision, d'être informés à
bref délai de l'existence d'un recours contentieux dirigé contre elle et doivent, à cet
égard, être regardées comme s'appliquant également à un recours exercé contre une
décision juridictionnelle constatant l'existence d'une telle autorisation. »

LES MOYENS D’ANNULATION


I. LES MOYENS INOPERANTS
Article L. 421-6 du code de l’urbanisme :
« Le permis de construire ou d'aménager ne peut être accordé que si les travaux projetés sont
conformes aux dispositions législatives et réglementaires relatives à l'utilisation des sols,
à l'implantation, la destination, la nature, l'architecture, les dimensions,
l'assainissement des constructions et à l'aménagement de leurs abords et s'ils ne sont pas
incompatibles avec une déclaration d'utilité publique.
Le permis de démolir peut être refusé ou n'être accordé que sous réserve de l'observation de
prescriptions spéciales si les travaux envisagés sont de nature à compromettre la protection ou la mise
en valeur du patrimoine bâti ou non bâti, du patrimoine archéologique, des quartiers, des monuments
et des sites. »

CE, 6 décembre 1993, n° 96458


« Considérant qu'il résulte des dispositions combinées des articles L. 421-3 et L. 111-3 du code de
l'urbanisme que le permis de construire est accordé si le demandeur s'engage à respecter les règles
générales de construction applicables aux bâtiments d'habitation ; que, par suite, les dispositions de
l'article R. 111-15 du code de la construction et de l'habitation ne sont pas au nombre de celles dont il
appartient à l'administration d'assurer le respect lors de la délivrance du permis de construire ; »

CAA Marseille, 31 octobre 2018, n° 16MA03147


« 2. L'article L. 422-1 du code de l'urbanisme dispose que : " L'autorité compétente pour délivrer le
permis de construire, d'aménager ou de démolir et pour se prononcer sur un projet faisant l'objet
d'une déclaration préalable est :/ a) Le maire, au nom de la commune, dans les communes qui se sont
dotées d'un plan local d'urbanisme ou d'un document d'urbanisme en tenant lieu... ". L'article L. 422-5
du même code alors en vigueur précise que : " Lorsque le maire [...] est compétent, il recueille
l'avis conforme du préfet si le projet est situé :/ a) Sur une partie du territoire
communal non couverte par une carte communale, un plan local d'urbanisme ou un
document d'urbanisme en tenant lieu ". En application de ces dispositions, le préfet des
Bouches-du-Rhône a émis un avis défavorable au projet le 2 décembre 2014 en se fondant sur le fait
qu'" eu égard à l'importance du projet, soit la transformation d'une remise agricole en logement, les
caractéristiques et le gabarit des voies du hameau de Mauran, sur lesquelles l'opération prend accès,
ne permettent pas de supporter la circulation et le stationnement de véhicules supplémentaires. Le
projet ne respecte pas les dispositions de l'article R. 111-5 du code de l'urbanisme . " Le maire de
Berre l'Etang était dès lors tenu, en application des dispositions précitées de l'article L.
422-5 du code de l'urbanisme, de se conformer à cet avis, dont la légalité n'était pas
contestée en première instance par M. B.... Le tribunal a dès lors pu à bon droit écarter le
moyen tiré de ce que l'arrêté attaqué méconnaissait l'article R. 111-5 du code de l'urbanisme.

3. Le requérant excipe en appel de l'illégalité de l'avis du préfet du 2 décembre 2014 qui méconnaît
l'article R. 111-5 du code de l'urbanisme qui disposait, à la date de la décision attaquée : " Le projet
peut être refusé sur des terrains qui ne seraient pas desservis par des voies publiques ou privées dans
des conditions répondant à son importance ou à la destination des constructions ou des
aménagements envisagés, et notamment si les caractéristiques de ces voies rendent difficile la
circulation ou l'utilisation des engins de lutte contre l'incendie... ". D'une part, lorsque la
délivrance d'une autorisation administrative est subordonnée à l'avis conforme d'une
autre autorité, le refus d'un tel accord, qui s'impose à l'autorité compétente pour statuer
sur la demande d'autorisation, ne constitue pas une décision susceptible de recours,
mais des moyens tirés de sa régularité et de son bien-fondé peuvent, quel que soit le
sens de la décision prise par l'autorité compétente pour statuer sur la demande
d'autorisation, être invoqués devant le juge saisi de cette décision. D'autre part,
l'administration et le juge administratif doivent, pour l'application des règles d'urbanisme relatives à la
desserte et à l'accès des engins d'incendie et de secours, s'assurer de l'existence d'une desserte
suffisante de la parcelle par une voie ouverte à la circulation publique et, le cas échéant, de l'existence
d'un titre créant une servitude de passage donnant accès à cette voie. »

II. LES MOYENS DE LEGALITE EXTERNE


*** CE, 23 décembre 2011, Danthony, n° 335477 :
« Considérant que l'article 70 de la loi du 17 mai 2011 dispose que : " Lorsque l'autorité administrative,
avant de prendre une décision, procède à la consultation d'un organisme, seules les irrégularités
susceptibles d'avoir exercé une influence sur le sens de la décision prise au vu de l'avis rendu peuvent,
le cas échéant, être invoquées à l'encontre de la décision " ;
Considérant que ces dispositions énoncent, s'agissant des irrégularités commises lors de la
consultation d'un organisme, une règle qui s'inspire du principe selon lequel, si les actes
administratifs doivent être pris selon les formes et conformément aux procédures
prévues par les lois et règlements, un vice affectant le déroulement d'une procédure
administrative préalable, suivie à titre obligatoire ou facultatif, n'est de nature à
entacher d'illégalité la décision prise que s'il ressort des pièces du dossier qu'il a été
susceptible d'exercer, en l'espèce, une influence sur le sens de la décision prise ou qu'il a
privé les intéressés d'une garantie ; que l'application de ce principe n'est pas exclue en cas
d'omission d'une procédure obligatoire, à condition qu'une telle omission n'ait pas pour effet d'affecter
la compétence de l'auteur de l'acte ».

CE, 24 mars 2014, Cne de Luc-en-Provence, n° 356142 :


« 2. Considérant qu'aux termes du premier alinéa de l'article 24 de la loi du 12 avril 2000 : " Exception
faite des cas où il est statué sur une demande, les décisions individuelles qui doivent être motivées en
application des articles 1er et 2 de la loi n° 79-587 du 11 juillet 1979 relative à la motivation des actes
administratifs et à l'amélioration des relations entre l'administration et le public n'interviennent
qu'après que la personne intéressée a été mise à même de présenter des observations écrites et, le cas
échéant, sur sa demande, des observations orales (...) " ; qu'il résulte de ces dispositions qu'il
appartient à l'autorité administrative compétente pour adopter une décision individuelle entrant dans
leur champ de mettre elle-même la personne intéressée en mesure de présenter des observations ; que
dans l'hypothèse où un maire envisage de retirer un permis de construire, la notification au
bénéficiaire de ce permis d'un recours administratif formé par un tiers ou par le préfet agissant dans le
cadre du contrôle de légalité contre ce permis ne saurait tenir lieu du respect, par le maire, de la
procédure prévue par les dispositions précitées ;
3. Considérant que la cour a relevé que si M. A...avait été destinataire du recours gracieux formé par le
sous-préfet de Draguignan, qui lui avait été notifié en application des dispositions de l'article R. 600-1
du code de l'urbanisme, et s'il avait présenté à la commune des observations répondant à ce recours, le
maire de la commune ne l'avait pas lui-même informé de son intention de procéder au retrait du
permis de construire et ne l'avait pas mis à même de présenter ses observations sur son projet ; qu'elle
a pu, sans erreur de droit, en déduire que la décision de retrait du maire avait été prise à l'issue d'une
procédure irrégulière ;
4. Considérant, toutefois, qu'un vice affectant le déroulement d'une procédure
administrative préalable n'est de nature à entacher d'illégalité la décision prise que s'il
ressort des pièces du dossier qu'il a été susceptible d'exercer, en l'espèce, une influence
sur le sens de la décision prise ou qu'il a privé les intéressés d'une garantie ; que le
respect, par l'autorité administrative compétente, de la procédure prévue par les
dispositions de l'article 24 de la loi du 12 avril 2000, constitue une garantie pour le
titulaire du permis que le maire envisage de retirer ; que la décision de retrait prise par
le maire est ainsi illégale s'il ressort de l'ensemble des circonstances de l'espèce que le
titulaire du permis a été effectivement privé de cette garantie ;
5. Considérant que la cour a jugé que la méconnaissance des dispositions de l'article 24 de la loi du 12
avril 2000 par le maire du Luc-en-Provence entachait d'illégalité la décision de retrait, sans rechercher
si, dans les circonstances particulières de l'espèce qui lui était soumise, et compte tenu, en particulier,
des observations que M. A...avait adressées à la commune et qui, ainsi qu'il ressortait des pièces du
dossier qui lui était soumis, portaient notamment sur le motif même qui a conduit le maire à procéder
au retrait du permis de construire, l'intéressé avait été effectivement privé de la garantie prévue par la
loi ; qu'elle a ainsi commis une erreur de droit ; que son arrêt doit, par suite, être annulé ; »

CE, 26 janvier 2015, n° 362019,


« 2. Considérant, en premier lieu, que les insuffisances ou omissions entachant un dossier de demande
de permis de construire ne sont, en principe, susceptibles de vicier la décision prise, compte tenu des
autres pièces figurant dans ce dossier, que si elles ont été de nature à affecter l'appréciation à laquelle
se sont livrées les autorités chargées de l'examen de cette demande ;

3. Considérant, d'une part, qu'aux termes de l'article R. 431-6 du code de l'urbanisme, dans sa
rédaction alors en vigueur : " Lorsque le terrain d'assiette comporte des constructions, la demande
précise leur destination, par référence aux différentes destinations définies à l'article R. 123-9, leur
surface hors oeuvre nette et indique si ces constructions sont destinées à être maintenues et si leur
destination est modifiée par le projet. " ; que, pour écarter le moyen tiré ce que la demande de permis
ne comportait pas la mention de la surface hors oeuvre nette d'une construction située sur le terrain,
en méconnaissance de ces dispositions, la cour a relevé, au terme d'une appréciation souveraine des
pièces du dossier, que l'administration n'avait pu être influencée par cette omission dès lors, d'une
part, que le plan masse et la notice descriptive du projet faisaient apparaître l'existence d'une villa et,
d'autre part, qu'aucune disposition relative à la densité des constructions n'était applicable sur le
territoire de la commune ; qu'en statuant ainsi, la cour a suffisamment motivé son arrêt et n'a commis
aucune erreur de droit ; »
CE, 21 décembre 2015, n° 393134
« 4. Considérant que la circonstance que le dossier de demande de permis de construire ne
comporterait pas l'ensemble des documents exigés par les dispositions du code de
l'urbanisme, ou que les documents produits seraient insuffisants, imprécis ou
comporteraient des inexactitudes, n'est susceptible d'entacher d'illégalité le permis de
construire qui a été accordé que dans le cas où les omissions, inexactitudes ou
insuffisances entachant le dossier ont été de nature à fausser l'appréciation portée par
l'autorité administrative sur la conformité du projet à la réglementation applicable ;
5. Considérant qu'il ressort des pièces du dossier que la demande de permis de construire déposée par
la société Arc Promotion Île-de-France comportait une note de présentation décrivant la construction
envisagée, notamment son gabarit et son implantation au sein de la zone d'aménagement concertée de
la Petite Range et montrant sa proximité avec les constructions anciennes situées dans l'impasse de la
Petite Range ; que le dossier comportait en outre un document intitulé " volet paysager ", dans lequel
figurait une vue aérienne du terrain, une description de l'intégration paysagère du projet, précisant,
notamment, que l'immeuble serait bordé par trois rues dont l'impasse de la Petite Range, et des
photographies qui permettaient d'apprécier l'insertion du projet dans son environnement ; que si les
requérants soutiennent que les documents figurant au dossier de demande de permis de construire
auraient été insuffisants, il ressort des pièces du dossier que l'autorité administrative a été mise en
mesure de porter, en connaissance de cause, son appréciation sur l'insertion du projet dans son
environnement ; que par suite, c'est à bon droit que le tribunal administratif a écarté le moyen tiré de
la méconnaissance des dispositions précédemment citées du code de l'urbanisme ; »

III. LES MOYENS DE LEGALITE INTERNE


CE, 10 juillet 1996, Sté Le Saint Alexis et Cne de Saint-Paul de la Réunion,
n° 139435 :
« Considérant que, par un jugement du 18 septembre 1991, le tribunal administratif de Saint-Denis de
la Réunion a ordonné le sursis à exécution du permis de construire qui avait été délivré le 13 novembre
1985 à la SOCIETE "LE SAINT ALEXIS" ; qu'après le retrait de ce permis par le maire de Saint-Paul de
la Réunion le 17 octobre 1991, la SOCIETE "LE SAINT ALEXIS" a déposé, le 21 octobre 1991, à la
mairie de Saint-Paul de la Réunion, une nouvelle demande de permis portant sur un projet
substantiellement modifié ; que dès le 22 octobre 1991, le maire a délivré le permis de construire
sollicité ; que, compte tenu de l'extrême brièveté du délai qui a séparé le dépôt de la demande de
l'autorisation accordée, celleci n'a pas pu avoir d'autre objet que de permettre la reprise des travaux
interrompus par le jugement du tribunal administratif du 18 septembre 1991 ; qu'ainsi, l'arrêté du 22
octobre 1991 est entaché de détournement de pouvoir ; que la COMMUNE DE ST PAUL DE LA
REUNION et la SOCIETE "LE SAINT ALEXIS" ne sont, dès lors, pas fondées à soutenir que c'est à tort
que, par le jugement attaqué, le tribunal administratif de Saint-Denis de la Réunion en a prononcé
l'annulation ; »

Article L. 600-12 du code de l’urbanisme


« Sous réserve de l'application des articles L. 600-12-1 et L. 442-14, l'annulation ou la déclaration
d'illégalité d'un schéma de cohérence territoriale, d'un plan local d'urbanisme, d'un document
d'urbanisme en tenant lieu ou d'une carte communale a pour effet de remettre en vigueur le schéma de
cohérence territoriale, le plan local d'urbanisme, le document d'urbanisme en tenant lieu ou la carte
communale immédiatement antérieur. »

Article R-600-5 (1°) du code de l’urbanisme :


« Par dérogation à l'article R. 611-7-1 du code de justice administrative, et sans préjudice de
l'application de l'article R. 613-1 du même code, lorsque la juridiction est saisie d'une requête relative à
une décision d'occupation ou d'utilisation du sol régie par le présent code, ou d'une demande tendant à
l'annulation ou à la réformation d'une décision juridictionnelle concernant une telle décision, les
parties ne peuvent plus invoquer de moyens nouveaux passé un délai de deux mois à compter de la
communication aux parties du premier mémoire en défense. Cette communication s'effectue dans les
conditions prévues au deuxième alinéa de l'article R. 611-3 du code de justice administrative. »

CE, 31 janvier 2022, Assoc. le comité de quartier des Aubes, n°437455


« 1. Il ressort des pièces du dossier soumis aux juges du fond que, par un arrêté du 27 août 2018, le
maire de Montpellier (Hérault) a délivré à la société Boulevard Ernest Renan MTP un permis de
construire portant sur la réalisation d'un collectif de trente-deux logements sur un terrain situé 25
allée Paul Genelot. Par un jugement du 7 novembre 2019 contre lequel l'association " le comité de
quartier les Aubes " et autres se pourvoient en cassation, le tribunal administratif de Montpellier a
rejeté leur demande tendant à l'annulation de ce permis de construire et de la décision implicite
rejetant leur recours gracieux.
2. D'une part, aux termes de l'article R. 600-5 du code de l'urbanisme : " Par dérogation à l'article R.
611-7-1 du code de justice administrative, et sans préjudice de l'application de l'article R. 613-1 du
même code, lorsque la juridiction est saisie d'une requête relative à une décision d'occupation ou
d'utilisation du sol régie par le présent code, ou d'une demande tendant à l'annulation ou à la
réformation d'une décision juridictionnelle concernant une telle décision, les parties ne peuvent plus
invoquer de moyens nouveaux passé un délai de deux mois à compter de la communication aux parties
du premier mémoire en défense. Cette communication s'effectue dans les conditions prévues au
deuxième alinéa de l'article R. 611-3 du code de justice administrative (...) / Le président de la
formation de jugement, ou le magistrat qu'il désigne à cet effet, peut, à tout moment, fixer une
nouvelle date de cristallisation des moyens lorsque le jugement de l'affaire le justifie. / Le présent
article n'est pas applicable aux décisions contestées par le pétitionnaire ". Ces dispositions font
également obstacle à ce qu'un intervenant puisse invoquer des moyens nouveaux après
l'expiration d'un délai de deux mois à compter de la communication aux parties du
premier mémoire en défense.
3. D'autre part, aux termes du deuxième alinéa de l'article R. 611-3 du code de justice administrative : "
(...) il est procédé aux notifications de la requête, des demandes de régularisation, des mises en
demeure, des ordonnances de clôture, des décisions de recourir à l'une des mesures d'instruction
prévues aux articles R. 621-1 à R. 626-3 ainsi qu'à l'information prévue à l'article R. 611-7 au moyen de
lettres remises contre signature ou de tout autre dispositif permettant d'attester la date de réception ".
Il résulte de la combinaison de ces dispositions et de celles citées au point précédent que
la date de communication aux parties du premier mémoire en défense au sens de
l'article R. 600-5 du code de l'urbanisme est celle de sa notification.
4. Il ressort des pièces du dossier soumis aux juges du fond que le premier mémoire en défense,
produit par la société Boulevard Ernest Renan MTP, a été enregistré le 19 avril 2019 et communiqué
aux parties les 25 et 26 avril suivants. Dès lors, en jugeant que Mme L..., dont le premier mémoire en
intervention au soutien de la requête a été présenté le 26 juin 2019, soit moins de deux mois après
communication aux parties du premier mémoire en défense, n'était pas recevable à invoquer des
moyens nouveaux, le tribunal administratif de Montpellier a dénaturé les pièces du dossier.

5. Il résulte de ce qui précède, sans qu'il soit besoin de se prononcer sur les autres moyens du pourvoi,
que l'association le comité de quartier les Aubes et autres sont fondés à demander l'annulation du
jugement qu'ils attaquent. »

CE, 8 avril 2022, M. et Mme J., n° 442700


« 1. Il ressort des énonciations du jugement attaqué que, par un arrêté du 16 octobre 2018, la maire de
Paris a accordé à la société BBR Bizot un permis de construire en vue de la surélévation d'un
immeuble. M. et Mme M... se pourvoient en cassation contre le jugement du 18 juin 2020 par lequel le
tribunal administratif de Paris a rejeté leur demande tendant à l'annulation pour excès de pouvoir de
cet arrêté.
2. Aux termes de l'article R. 600-5 du code de l'urbanisme : " Par dérogation à l'article R. 611-7-1 du
code de justice administrative, et sans préjudice de l'application de l'article R. 613-1 du même code,
lorsque la juridiction est saisie d'une requête relative à une décision d'occupation ou d'utilisation du
sol régie par le présent code, ou d'une demande tendant à l'annulation ou à la réformation d'une
décision juridictionnelle concernant une telle décision, les parties ne peuvent plus invoquer de moyens
nouveaux passé un délai de deux mois à compter de la communication aux parties du premier
mémoire en défense. Cette communication s'effectue dans les conditions prévues au deuxième alinéa
de l'article R. 611-3 du code de justice administrative. / Le président de la formation de jugement, ou le
magistrat qu'il désigne à cet effet, peut, à tout moment, fixer une nouvelle date de cristallisation des
moyens lorsque le jugement de l'affaire le justifie (...) ".
3. Il résulte de ces dispositions qu'un moyen nouveau présenté après l'expiration d'un
délai de deux mois à compter de la communication aux parties du premier mémoire en
défense est, en principe, irrecevable. Lorsqu'est produit un mémoire comportant un tel
moyen, le président de la formation de jugement ou le président de la chambre chargée
de l'instruction doit informer les parties de son irrecevabilité, en application de l'article
R. 611-7 du code de justice administrative, sauf s'il décide de fixer une nouvelle date de
cristallisation des moyens, postérieure à la production du mémoire en cause. Il est
toujours loisible au président de la formation de jugement de fixer une nouvelle date de
cristallisation des moyens s'il estime que les circonstances de l'affaire le justifient. Il
doit y procéder dans le cas particulier où le moyen est fondé sur une circonstance de fait
ou un élément de droit dont la partie concernée n'était pas en mesure de faire état avant
l'expiration du délai de deux mois à compter de la communication aux parties du
premier mémoire en défense et est susceptible d'exercer une influence sur le jugement
de l'affaire.
4. Il ressort des pièces du dossier soumis aux juges du fond que la demande de M. et Mme M...,
tendant à l'annulation pour excès de pouvoir du permis de construire délivré à la société BBR Bizot, a
été enregistrée le 15 avril 2019 et que le délai de deux mois à compter de la communication aux parties
du premier mémoire en défense, prévu par l'article R. 600-5 du code de l'urbanisme, a commencé de
courir le 14 juin 2019. Le tribunal administratif de Paris, par le jugement attaqué, a écarté les moyens
tirés de la méconnaissance des articles UG.12.3 du règlement du plan local d'urbanisme, des articles L.
111-7 et R. 111-8 du code de la construction et de l'habitation et de l'article 6 de l'arrêté du 24 décembre
2015 relatif à l'accessibilité aux personnes handicapées des bâtiments d'habitation collectifs et des
maisons individuelles, au motif qu'ils avaient été invoqués par M. et Mme M... dans un mémoire
enregistré le 17 octobre 2019, soit après l'expiration du délai prévu par l'article R. 600-5 du code de
l'urbanisme, et étaient, par suite, irrecevables. Il résulte toutefois des pièces du dossier de la procédure
que M. et Mme M... avaient sollicité à plusieurs reprises la transmission du dossier du permis de
construire, qu'ils n'ont pu en disposer que le 19 septembre 2019 à la suite d'une mesure d'instruction
diligentée par le tribunal et qu'ils ont fait valoir devant le tribunal administratif qu'ils n'avaient pu,
avant cette date, être à même d'invoquer les moyens nouveaux formulés dans leur mémoire du 17
octobre 2019.
5. En écartant comme irrecevables les moyens invoqués pour la première fois par les demandeurs dans
leur mémoire du 17 octobre 2019, au motif que ces moyens étaient nouveaux et présentés
postérieurement à l'expiration du délai imparti par les dispositions de l'article R. 600-5 du code de
l'urbanisme, sans rechercher si, ainsi qu'il était soutenu, ces moyens étaient fondés sur des
circonstances de fait ou des éléments de droit dont les requérants n'étaient pas, jusqu'alors, en mesure
de faire état faute d'accès au dossier de permis de construire, et s'ils étaient susceptibles d'exercer une
influence sur le jugement de l'affaire, le tribunal a commis une erreur de droit. »
Suite de la partie I relative aux moyens de légalité :

!!! TA de Toulouse, 30 mars 2021, n° 1902329 et a.

« En ce qui concerne les vices affectant la délibération dans son ensemble :


13. D’une part, aux termes de l’article L. 151-4 du code de l’urbanisme dans sa rédaction
applicable au litige : « Le rapport de présentation explique les choix retenus pour
établir le projet d'aménagement et de développement durables, les orientations
d'aménagement et de programmation et le règlement. / Il s'appuie sur un diagnostic
établi au regard des prévisions économiques et démographiques et des besoins
répertoriés en matière de développement économique, de surfaces et de développement
agricoles, de développement forestier, d'aménagement de l'espace, d'environnement,
notamment en matière de biodiversité, d'équilibre social de l'habitat, de transports, de
commerce, d'équipements et de services. / Il analyse la consommation d'espaces
naturels, agricoles et forestiers au cours des dix années précédant l'approbation du
plan ou depuis la dernière révision du document d'urbanisme et la capacité de
densification et de mutation de l'ensemble des espaces bâtis, en tenant compte des
formes urbaines et architecturales. Il expose les dispositions qui favorisent la
densification de ces espaces ainsi que la limitation de la consommation des espaces
naturels, agricoles ou forestiers. Il justifie les objectifs chiffrés de modération de la
consommation de l'espace et de lutte contre l'étalement urbain compris dans le projet
d'aménagement et de développement durables au regard des objectifs de
consommation de l'espace fixés, le cas échéant, par le schéma de cohérence territoriale
et au regard des dynamiques économiques et démographiques. / (…) ». D’autre part, selon
l’article L. 151-5 du même code : « Le projet d'aménagement et de développement durables définit : /
1° Les orientations générales des politiques d'aménagement, d'équipement, d'urbanisme, de paysage,
de protection des espaces naturels, agricoles et forestiers, et de préservation ou de remise en bon état
des continuités écologiques ; / 2° Les orientations générales concernant l'habitat, les transports et les
déplacements, les réseaux d'énergie, le développement des communications numériques,
l'équipement commercial, le développement économique et les loisirs, retenues pour l'ensemble de
l'établissement public de coopération intercommunale ou de la commune. / Il fixe des objectifs
chiffrés de modération de la consommation de l'espace et de lutte contre l'étalement urbain. / (…) ».
14. En premier lieu, il ressort du livret 1B1 du rapport de présentation du PLUIH de Toulouse
Métropole, relatif au diagnostic socio-économique, que l’évolution passée des espaces urbanisés a été
étudiée à partir de plusieurs sources et notamment à l’aide de photographies satellitaires et aériennes
réalisées sur la période de 2007 à 2013. L’analyse a fait apparaître une progression de ces espaces de
l’ordre de 1 000 hectares sur cette période de six ans, soit une moyenne d’environ 170 hectares par an,
répartis en 110 hectares à vocation mixte et 60 hectares à vocation économique. Le rapport de
présentation fait état du constat d’un ralentissement du rythme de consommation
d’espace au cours de la période : il est précisé que l’évolution a été de l’ordre de 181 hectares par
an entre 2007 et 2010, mais de seulement 154 hectares par an entre 2010 et 2013. Le document
explique ce ralentissement par un phénomène conjoncturel, à savoir les conséquences
de la crise économique de 2008, mais également par des phénomènes plus structurels,
notamment l’augmentation du coût du foncier et des transports. Le bilan de cette période
montre que 72 % des nouveaux espaces urbanisés ont été prélevés sur des espaces naturels, agricoles
ou forestiers, tandis que 28 % l’ont été sur des espaces libres en milieu urbain. Le rapport précise enfin
que, sur la période 2010/2013, la consommation d’espace a été en moyenne de 200 m2 par logement
neuf, avec un écart notable entre la commune de Toulouse, où le ratio est de 88 m2 par logement, et
les communes périphériques, où il s’élève à 385 m2. Il est relevé une tendance à la diminution de la
taille moyenne des parcelles sur les dernières années, laquelle est surtout imputée à une recherche de
rentabilité et aux évolutions législatives.
15. Pour estimer la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers opérée sur
le territoire de la métropole au cours des dix années précédant l’approbation du PLUIH,
ainsi que l’exigeaient les dispositions précitées de l’article L. 151-4 du code de
l’urbanisme dans leur rédaction applicable au litige, les auteurs du document indiquent
avoir défini les données à prendre en compte pour la période 2014/2018 en procédant à
une extrapolation basée sur la reconduction de la consommation moyenne observée sur
la période 2007/2013 et en projetant, par suite, une extension de 167 hectares par an sur les cinq
dernières années de la période de référence décennale. Le rapport présente donc bien une analyse de la
consommation des espaces naturels, agricoles et forestiers au cours des dix années précédant
l’approbation du plan, soit la période 2009/2018, sachant que les dispositions alors en vigueur
imposaient nécessairement de réaliser une extrapolation pour les années les plus récentes. Dans leur
requête n° 1905598, Mme Xbj et autres contestent la pertinence de la projection opérée
pour les années 2014 à 2018, en relevant que les données postérieures à 2013 ont
confirmé la poursuite de la baisse de la consommation d’espace et en reprochant à la
métropole de ne pas en avoir tenu compte. Il ressort en effet des pièces du dossier
qu’une nouvelle analyse de la consommation d’espace a été réalisée en 2016 en suivant
la même méthode d’observation que les précédentes et que ses résultats ont été publiés
en 2017 dans le cadre de l’outil de veille mis en place pour suivre le schéma de cohérence
territoriale (SCOT). Le document relatif au bilan de ce schéma 2008/2018 permet de constater que
cette consommation a été évaluée à 103 hectares par an en moyenne sur la période 2013/2016 à
l’échelle du territoire métropolitain. Les données issues de cette analyse permettaient donc de
confirmer une poursuite et même une amplification de la dynamique de réduction de la consommation
d’espaces naturels, agricoles et forestiers après l’année 2013. La métropole fait valoir que ces données
n’étaient pas encore disponibles lorsque le diagnostic initial a été réalisé en 2015/2016, mais ne
conteste pas que les résultats de l’analyse conduite en 2016 étaient connus au moins lors de l’arrêt du
projet de PLUIH, soit le 3 octobre 2017. Elle n’apporte cependant aucune explication
convaincante sur les raisons pour lesquelles les projections de consommation d’espace
n’ont pas été revues pour les années 2014 à 2018 de manière à les rendre plus
cohérentes avec les dernières tendances observées, lesquelles faisaient ressortir une
consommation moyenne annuelle inférieure de plus de 38 % à celle qui avait été retenue pour
l’extrapolation initiale. De surcroît, le rapport de présentation ne précise pas non plus pour quels
motifs, alors que le diagnostic avait déjà mis en évidence une nette tendance au ralentissement de la
consommation d’espace et que cette diminution était imputée au moins en partie à des phénomènes
structurels, les auteurs du document n’ont pas d’emblée projeté une poursuite de la dynamique de
baisse pour les années postérieures à 2013. Dans son avis sur le projet de PLUIH, la mission
régionale d’autorité environnementale (MRAE) avait d’ailleurs remis en cause la
pertinence de la méthode d’extrapolation retenue, en notant que « le rapport
n’apport(ait) pas d’élément sur la reprise du rythme de consommation d’espace entre
2013 et 2018 permettant de justifier l’estimation finale sur les 11 années » et en
recommandant à la métropole « d’étayer l’estimation de la consommation d’espace sur
la base de données plus récentes que 2013, afin de vérifier la fiabilité de l’extrapolation
entre 2013 et 2018 ».
16. Eu égard à l’ensemble de ces éléments, le rapport de présentation ne peut pas être regardé comme
justifiant correctement du bien-fondé de l’extrapolation réalisée pour les cinq années précédant
l’approbation du PLUIH ni, par conséquent, de la pertinence de l’analyse de la consommation
d’espaces naturels, agricoles et forestiers présentée pour la période de dix ans précédant cette
approbation, laquelle repose sur des données significativement surévaluées par rapport à la réalité
observée. Le document est donc effectivement entaché d’insuffisance, sur ce premier point, au regard
des exigences issues de l’article L. 151-4 du code de l’urbanisme. […]
20. Il résulte de tout ce qui vient d’être développé que le rapport de présentation du
PLUH de Toulouse Métropole présente plusieurs insuffisances significatives s’agissant
tant de l’analyse de la consommation passée des espaces naturels, agricoles et forestiers
que de la présentation et de la justification de l’objectif chiffré retenu pour la période à
venir. L’absence de prise en compte des données disponibles les plus récentes a conduit
les auteurs du document à surestimer de manière non négligeable la consommation
d’espace passée, mais aussi à surévaluer les besoins fonciers résultant des prévisions
démographiques et économiques. L’objectif fixé pour la consommation future a été présenté à
tort comme traduisant une réduction du rythme de la consommation d’espace et un accroissement de
l’effort demandé par le SCOT. Enfin, les projections de consommation potentielle n’ont pas été
calculées d’une manière permettant de s’assurer de leur cohérence avec l’objectif défini. Le rapport de
présentation ne satisfait donc pas, sur ces différents points, aux exigences de l’article L. 151-4 du code
de l’urbanisme.
21. Eu égard à ces mêmes considérations, l’objectif chiffré retenu au sein du PADD
n’apparaît pas de nature à induire une « modération » effective de la consommation
d’espace, puisqu’il représente, à l’inverse, sans justification probante, une
augmentation du rythme de prélèvement par rapport à la moyenne réellement observée
par Toulouse Métropole pendant la période antérieure. Il s’ensuit que les requérants sont
également fondés à soutenir que le PADD méconnaît à cet égard, sur le terrain de la légalité interne, les
dispositions précitées de l’article L. 151-5 du code de l’urbanisme. Plusieurs personnes publiques
consultées pour l’élaboration du PLUIH avaient au demeurant relevé les carences du projet sur ce
point. La MRAE avait ainsi regretté que « le projet demeure fortement consommateur d’espace » et
que « le scénario retenu s’inscri(ve) dans la stricte continuité de la consommation moyenne constatée
sur la période 2008/2013 » sans « aucun effort supplémentaire en matière de consommation par
logement et de mobilisation du potentiel de renouvellement urbain ». La même autorité avait d’ailleurs
fait remarquer que ce scénario s’avérait « peu ambitieux » par rapport aux objectifs fixés par d’autres
métropoles de dimension comparable. De la même manière, le préfet de la Haute-Garonne avait relevé
que l’objectif retenu « demeur(ait) excessif au regard des politiques de modération de la
consommation d’espace ». La chambre d’agriculture avait également émis des réserves en ce sens.
Pour contester l’ensemble de ces appréciations, Toulouse Métropole s’est prévalue pour la première
fois, lors de l’audience publique, de données publiées par l’observatoire national de l’artificialisation,
lesquelles étaient pourtant déjà disponibles avant la clôture de l’instruction s’agissant de la période
2009/2018 à laquelle devait se référer le PLUIH. En tout état de cause, les analyses produites par cet
observatoire sont issues d’une méthodologie différente de celle retenue par Toulouse Métropole pour
élaborer son document d’urbanisme et ne sont donc pas de nature à remédier aux insuffisances et
incohérences constatées aux points précédents.
22. En conclusion de tout ce qui précède, les requérants sont fondés à soutenir, d’une
part, que le rapport de présentation est entaché d’insuffisances substantielles au regard
des prévisions de l’article L. 151-4 du code de l’urbanisme et, d’autre part, que les
dispositions de l’article L. 151-5 dudit code ont été méconnues. Eu égard à leur nature et
à leur portée, les deux vices ainsi relevés n’apparaissent pas régularisables sur le
fondement de l’article L. 600-9 de ce même code et sont de nature à entraîner
l’annulation totale du document d’urbanisme. »

CE, 7 mars 2022, Sté d’exploitation du parc éolien du Moulin Neuf, n° 440245
« 1. Il ressort des pièces du dossier soumis aux juges du fond que, par un arrêté du 5 octobre 2018, le
préfet du Morbihan a délivré à la société d'exploitation du parc éolien du Moulin Neuf une autorisation
unique pour la réalisation d'un parc éolien sur le territoire de la commune de Malansac (Morbihan).
Par un arrêt du 28 février 2020 contre lequel M. B... et autres se pourvoient en cassation, la cour
administrative d'appel de Nantes, compétente pour en connaître en premier et dernier ressort, a rejeté
leur demande tendant à l'annulation de cette autorisation. […]
8. En cinquième lieu, aux termes de l'article 2 de l'ordonnance du 20 mars 2014 relative à
l'expérimentation d'une autorisation unique en matière d'installations classées pour la protection de
l'environnement, applicable à l'autorisation unique contestée : " Les projets mentionnés à l'article 1er
sont autorisés par un arrêté préfectoral unique, dénommé "autorisation unique" dans le présent titre. /
Cette autorisation unique vaut autorisation au titre de l'article L. 512-1 du code de l'environnement et,
le cas échéant, permis de construire au titre de l'article L. 421-1 du code de l'urbanisme, autorisation de
défrichement au titre des articles L. 214-13 et L. 341-3 du code forestier, autorisation d'exploiter au
titre de l'article L. 311-1 du code de l'énergie, approbation au titre de l'article L. 323-11 du même code
et dérogation au titre du 4° du I de l'article L. 411-2 du code de l'environnement./ L'autorisation
unique tient lieu des permis, autorisation, approbation ou dérogation mentionnés à l'alinéa précédent
pour l'application des autres législations lorsqu'ils sont requis à ce titre. / Lorsque les projets
mentionnés à l'article 1er sont soumis, en raison de leur emplacement, de leur utilisation ou de leur
nature, à un régime d'autorisation ou à des prescriptions prévus par d'autres législations ou
réglementations, l'autorisation unique tient lieu d'autorisation au titre de ces législations ou
réglementations dès lors que la décision a fait l'objet d'un accord de l'autorité administrative
compétente. Le silence gardé pendant deux mois par l'autorité administrative compétente vaut accord.
/ Les articles L. 214-7 et L. 414-4 du code de l'environnement sont applicables aux installations faisant
l'objet d'une autorisation unique en application du présent titre ".

9. Si aux termes du III de l'annexe 5 du règlement départemental de la voirie du Morbihan approuvé


par la délibération de la commission permanente du conseil départemental du Morbihan du 16
septembre 2016 et relatif à l'implantation d'éoliennes en bordure de la voie publique : " Les éoliennes
devront être implantés à une distance au moins égale à leur hauteur (mât + pale) prise à partir de
l'emprise de la voie sans pouvoir être inférieure aux marges de recul édictées par le document
d'urbanisme applicable sur le territoire de la commune d'implantation des ouvrages ", ces
dispositions, qui n'appellent l'intervention d'aucune décision administrative dont
l'autorisation unique aurait été susceptible de tenir lieu, au sens du quatrième alinéa de
l'article 2 de l'ordonnance du 20 mars 2014 cité au point précédent, ne sont pas opposables à une
autorisation unique, y compris en tant qu'elle tient lieu d'autorisation d'urbanisme. Par
suite, en écartant les moyens tirés de la méconnaissance du règlement départemental de voirie au
motif que, en application du principe d'indépendance des législations, les règles qu'il fixe n'étaient pas
opposables à l'autorisation unique contestée, la cour n'a pas commis d'erreur de droit. »

CE, 3 avril 2020, Syndicat des copropriétaires de l’ensemble immonilier


Universe 21, n° 422802

« 1. Il ressort des pièces des dossiers soumis aux juges du fond que le syndicat des copropriétaires de
l'ensemble immobilier " Univers 21 " et Mme B... D..., d'une part, et le syndicat des copropriétaires du
53, rue de Montreuil, d'autre part, ont demandé au tribunal administratif de Paris d'annuler pour
excès de pouvoir les arrêtés du 4 juillet et du 6 décembre 2016 par lesquels la maire de Paris a délivré à
M. C... A... un permis de construire et un permis de construire modificatif pour la construction, en
fond de parcelle, d'une maison individuelle d'un étage sur un niveau de sous-sol au 53, rue de
Montreuil, dans le onzième arrondissement de Paris. Par un jugement du 1er juin 2018 contre lequel la
Ville de Paris se pourvoit en cassation, le tribunal administratif de Paris a annulé ces deux arrêtés.

11. En premier lieu, aux termes de l'article R. 423-1 du code de l'urbanisme : " Les demandes de
permis de construire, d'aménager ou de démolir et les déclarations préalables sont adressées par pli
recommandé avec demande d'avis de réception ou déposées à la mairie de la commune dans laquelle
les travaux sont envisagés : / a) Soit par le ou les propriétaires du ou des terrains, leur mandataire ou
par une ou plusieurs personnes attestant être autorisées par eux à exécuter les travaux ; / b) Soit, en
cas d'indivision, par un ou plusieurs co-indivisaires ou leur mandataire ; / c) Soit par une personne
ayant qualité pour bénéficier de l'expropriation pour cause d'utilité publique ". Aux termes du dernier
alinéa de l'article R. 431-5 du même code : " La demande comporte également l'attestation du ou des
demandeurs qu'ils remplissent les conditions définies à l'article R. 423-1 pour déposer une demande
de permis ". En vertu de l'article R. 431-4 du même code, le dossier est réputé complet lorsqu'il
comprend les informations et pièces limitativement énumérées aux articles R. 431-5 à R. 431-33-1,
aucune autre information ou pièce ne pouvant être exigée par l'autorité compétente. Par ailleurs,
comme le rappelle le dernier alinéa de l'article A. 428-4 du même code, le permis est délivré sous
réserve du droit des tiers, il vérifie la conformité du projet aux règles et servitudes d'urbanisme, il ne
vérifie pas si le projet respecte les autres réglementations et les règles de droit privé. Toute personne
s'estimant lésée par la méconnaissance du droit de propriété ou d'autres dispositions de droit privé
peut donc faire valoir ses droits en saisissant les tribunaux civils, même si le permis respecte les règles
d'urbanisme.

12. Il résulte de ces dispositions que, sous réserve de la fraude, le pétitionnaire qui fournit l'attestation
prévue à l'article R. 431-5 du code de l'urbanisme selon laquelle il remplit les conditions fixées par
l'article R. 423-1 du même code doit être regardé comme ayant qualité pour présenter sa demande. Il
résulte également de ces dispositions qu'une demande d'autorisation d'urbanisme
concernant un terrain soumis au régime juridique de la copropriété peut être
régulièrement présentée par son propriétaire, son mandataire ou par une ou plusieurs
personnes attestant être autorisées par lui à exécuter les travaux, alors même que la
réalisation de ces travaux serait subordonnée à l'autorisation de l'assemblée générale de
la copropriété, une contestation sur ce point ne pouvant être portée, le cas échéant, que
devant le juge judiciaire. Une telle contestation ne saurait, par elle-même, caractériser
une fraude du pétitionnaire entachant d'irrégularité la demande d'autorisation
d'urbanisme.

13. Par le jugement attaqué, le tribunal administratif a jugé qu'en attestant de sa qualité pour déposer
sa demande de permis de construire modificatif, alors même que l'introduction d'un recours gracieux
et d'une requête par le syndicat des copropriétaires de l'ensemble immobilier " Univers 21 " et par
Mme D... l'avait alerté sur la nécessité d'obtenir au préalable l'autorisation de l'assemblée générale des
copropriétaires, M. A... s'était livré à une manoeuvre frauduleuse entachant d'irrégularité le permis de
construire modificatif qui lui a été délivré. Il résulte de ce qui a été dit au point 12 ci-dessus qu'en
statuant ainsi, le tribunal administratif a entaché son jugement d'une erreur de droit. »

CE, 17 juillet 2013, Sté SFR, n° 350380

« 6. Considérant que, pour prononcer l'annulation totale de la délibération du 31 janvier 2007


approuvant la révision du plan local d'urbanisme, le tribunal administratif s'est fondé sur l'absence
d'envoi aux conseillers municipaux, avant la séance du conseil municipal du 31 janvier 2007, d'une
note de synthèse répondant aux exigences de l'article L. 2121-12 du code général des collectivités
territoriales ;

7. Considérant qu'aux termes de cet article : " Dans les communes de 3 500 habitants et plus, une note
explicative de synthèse sur les affaires soumises à délibération doit être adressée avec la convocation
aux membres du conseil municipal (...) " ; qu'il ressort des pièces du dossier que la " note du
rapporteur ", tenant lieu de note explicative de synthèse, transmise aux membres du conseil municipal
avec le projet de délibération, rappelle, en des termes généraux, les objectifs poursuivis, les étapes de
la procédure ainsi que les recommandations du commissaire-enquêteur, mais ne comporte aucune
explication relative aux choix ayant présidé à la révision du plan local d'urbanisme ;
que, dans ces conditions, cette note, qui n'éclaire pas le sens et la portée des
dispositions du plan local d'urbanisme soumises à l'approbation des conseillers
municipaux, ne satisfait pas aux exigences de l'article L. 2121-2 du code général des
collectivités territoriales ;

8. Considérant, toutefois, que si les actes administratifs doivent être pris selon les formes et
conformément aux procédures prévues par les lois et règlements, un vice affectant le déroulement
d'une procédure administrative préalable, suivie à titre obligatoire ou facultatif, n'est de nature à
entacher d'illégalité la décision prise que s'il ressort des pièces du dossier qu'il a été susceptible
d'exercer, en l'espèce, une influence sur le sens de la décision prise ou qu'il a privé les intéressés d'une
garantie ; que le conseil municipal d'Arcachon avait, dans la même composition, délibéré
moins de sept mois auparavant sur le projet de révision du plan local, qui comportait
l'ensemble des éléments exigés par le code de l'urbanisme ; que, par ailleurs, la " note
du rapporteur " mentionnée ci-dessus fait état des avis des personnes publiques
consultées et des suites qui leur ont été réservées, en explicitant la modification
apportée au plan soumis à approbation par rapport au projet de révision ; qu'ainsi,
l'insuffisance de la note de synthèse n'a pas, dans les circonstances particulières de
l'espèce, exercé d'influence sur le sens de la délibération et n'a pas, par elle-même, privé
les membres du conseil municipal d'une garantie ; que, par suite, c'est à tort que le tribunal
administratif a jugé que les dispositions de l'article L. 2121-12 du code général des collectivités
territoriales avaient été méconnues et qu'il a, pour ce motif, annulé la délibération du 31 janvier 2007

LES POUVOIRS DU JUGE

I. POUVOIR D’ANNULATION, ASSORTIE LE CAS ECHEANT D’UNE


INJONCTION D’EXECUTION
CE, 11 mai 2004, Association AC !, n° 255886 :
« Sur les conséquences de l'illégalité des arrêtés attaqués :
En ce qui concerne l'office du juge :
Considérant que l'annulation d'un acte administratif implique en principe que cet acte
est réputé n'être jamais intervenu ; que, toutefois, s'il apparaît que cet effet rétroactif de
l'annulation est de nature à emporter des conséquences manifestement excessives en
raison tant des effets que cet acte a produits et des situations qui ont pu se constituer
lorsqu'il était en vigueur que de l'intérêt général pouvant s'attacher à un maintien
temporaire de ses effets, il appartient au juge administratif - après avoir recueilli sur ce
point les observations des parties et examiné l'ensemble des moyens, d'ordre public ou
invoqués devant lui, pouvant affecter la légalité de l'acte en cause - de prendre en
considération, d'une part, les conséquences de la rétroactivité de l'annulation pour les
divers intérêts publics ou privés en présence et, d'autre part, les inconvénients que
présenterait, au regard du principe de légalité et du droit des justiciables à un recours
effectif, une limitation dans le temps des effets de l'annulation ; qu'il lui revient d'apprécier,
en rapprochant ces éléments, s'ils peuvent justifier qu'il soit dérogé à titre exceptionnel au principe de
l'effet rétroactif des annulations contentieuses et, dans l'affirmative, de prévoir dans sa décision
d'annulation que, sous réserve des actions contentieuses engagées à la date de celle-ci contre les actes
pris sur le fondement de l'acte en cause, tout ou partie des effets de cet acte antérieurs à son
annulation devront être regardés comme définitifs ou même, le cas échéant, que l'annulation ne
prendra effet qu'à une date ultérieure qu'il détermine ; »

CE, 1er juillet 2009, SCI Château de ledeuix, n° 309133 :


« Considérant, dès lors, qu'en jugeant que les travaux d'ouverture en façade sud du château de Ledeuix
portaient atteinte à la perspective monumentale qui s'offrait sur cette même façade, le tribunal
administratif n'a pas entaché son jugement d'une erreur de droit ; qu'il n'a pas dénaturé les pièces du
dossier en estimant que l'autorisation de travaux correspondante était, en conséquence, entachée
d'erreur manifeste d'appréciation ; qu'en refusant de faire usage des pouvoirs du juge de l'excès de
pouvoir visant à limiter les effets dans le temps d'une annulation, au motif que la société requérante ne
faisait état d'aucun élément permettant de déterminer les conséquences de la rétroactivité de
l'annulation contentieuse sur les intérêts publics et privés en présence, il n'a pas commis d'erreur de
droit ; »

!!! TA de Toulouse, 20 mai 2021, n° 1902329 et a. :


« Sur la modulation des effets de l’annulation dans le temps :
1. L’annulation d’un acte administratif implique en principe que cet acte est réputé
n’être jamais intervenu. Toutefois, s’il apparaît que cet effet rétroactif de l’annulation
est de nature à emporter des conséquences manifestement excessives en raison tant des
effets que cet acte a produits et des situations qui ont pu se constituer lorsqu’il était en
vigueur, que de l’intérêt général pouvant s’attacher à un maintien temporaire de ses
effets, il appartient au juge administratif - après avoir recueilli les observations des
parties et examiné l’ensemble des moyens, d’ordre public ou invoqués devant lui,
pouvant affecter la légalité de l’acte en cause - de prendre en considération, d’une part,
les conséquences de la rétroactivité de l’annulation pour les intérêts publics ou privés
en présence et, d’autre part, les inconvénients que présenterait, au regard du principe
de légalité et du droit des justiciables à un recours effectif, une limitation dans le temps
des effets de l’annulation. Il lui revient d’apprécier, en rapprochant ces éléments, s’ils peuvent
justifier qu’il soit dérogé au principe de l’effet rétroactif des annulations contentieuses et, dans
l’affirmative, de prévoir dans sa décision d’annulation ou, lorsqu’il a décidé de surseoir à statuer sur
cette question, dans sa décision relative aux effets de cette annulation, que, sous réserve des actions
contentieuses engagées à la date de sa décision prononçant l’annulation contre les actes pris sur le
fondement de l’acte en cause, tout ou partie des effets de cet acte antérieurs à son annulation devront
être regardés comme définitifs ou même, le cas échéant, que l’annulation ne prendra effet qu’à une
date ultérieure qu’il détermine dans sa décision.
2. En premier lieu, aux termes de l’article L. 600-12 du code de l’urbanisme : « Sous réserve de
l'application des articles L. 600-12-1 et L. 442-14, l'annulation ou la déclaration d'illégalité d'un
schéma de cohérence territoriale, d'un plan local d'urbanisme, d'un document d'urbanisme en tenant
lieu ou d'une carte communale a pour effet de remettre en vigueur le schéma de cohérence
territoriale, le plan local d'urbanisme, le document d'urbanisme en tenant lieu ou la carte
communale immédiatement antérieur ». En application de ces dispositions, l’annulation du
PLUIH de Toulouse Métropole aura pour conséquence de remettre en vigueur les 30
plans locaux d’urbanisme et 7 plans d’occupation des sols immédiatement antérieurs. Il
n’en résultera donc pas une situation de vide juridique et, pour les 30 communes
concernées, les plans locaux d’urbanisme pourront faire l’objet des procédures de
révision ou de modification qui se révèleraient nécessaires dans l’attente de
l’approbation d’un nouveau document intercommunal. Il est vrai qu’en application des
dispositions de l’article L. 174-6 du code de l’urbanisme, les plans d’occupation des sols
remis en vigueur dans les sept communes restantes ne demeureront applicables que
pour une durée de deux ans, sans pouvoir faire l’objet d’évolutions, avant d’être
remplacés par les règles nationales d’urbanisme si le nouveau PLUIH n’a pas pu être
adopté dans l’intervalle. Il ressort toutefois des pièces du dossier que ces sept
communes ne représentent que moins de 10 % de la superficie totale de la métropole et
moins de 5 % de sa population.
3. En deuxième lieu, aux termes de l’article L. 600-12-1 du code de l’urbanisme : « L'annulation ou la
déclaration d'illégalité d'un schéma de cohérence territoriale, d'un plan local d'urbanisme, d'un
document d'urbanisme en tenant lieu ou d'une carte communale sont par elles-mêmes sans incidence
sur les décisions relatives à l'utilisation du sol ou à l'occupation des sols régies par le présent code
délivrées antérieurement à leur prononcé dès lors que ces annulations ou déclarations d'illégalité
reposent sur un motif étranger aux règles d'urbanisme applicables au projet ». En adoptant les
dispositions précitées, le législateur a permis de limiter le nombre d’autorisations d’urbanisme
susceptibles de voir leur légalité impactée à la suite de l’annulation contentieuse d’un document
d’urbanisme. Toulouse Métropole a versé au dossier la liste des autorisations accordées non encore
devenues définitives, mais il n’est pas établi qu’un nombre excessif de ces décisions seraient remises en
cause au regard des motifs d’annulation retenus par le tribunal et des possibilités de construction
prévues par les documents d’urbanisme remis en vigueur. Par ailleurs et en tout état de cause, il
n’est pas non plus établi qu’un nombre important de demandes ou de projets en cours
d’instruction pourraient se trouver compromis ou retardés de manière significative en
raison du retour à la règlementation locale antérieure.
4. En troisième lieu, pour prononcer l’annulation totale de la délibération litigieuse, le tribunal a
considéré que le rapport de présentation du PLUIH était entaché d’insuffisances
s’agissant de l’analyse de la consommation passée d’espaces naturels, agricoles et
forestiers et de la justification de l’objectif retenu par le PADD pour la période à venir,
lequel n’apparaissait dès lors pas de nature à induire une modération effective de cette
consommation. Sur ce point, la métropole soutient que le retour aux documents
d’urbanisme communaux serait susceptible de permettre une consommation d’espace
supérieure à celle résultant d’un maintien en vigueur du PLUIH en se prévalant de la
réduction de la surface des zones à urbaniser opérée par ce dernier, mais les indications
du rapport de présentation ne confirment pas cette analyse. En particulier, il ressort du livret
1B1 (diagnostic socio-économique) que, sur les 2 985 hectares de zones AU prévues dans les
documents locaux antérieurs, 2 374 hectares restaient disponibles en 2015. Il est vrai que cette surface
est sensiblement supérieure à la superficie totale des zones AU instituées par le PLUIH, laquelle est de
1 713 hectares selon le tableau du livret 1C (justification du projet). Il apparaît toutefois que, sur
l’ensemble des zones AU encore disponibles en 2015, 819 hectares seulement relevaient d’un
classement en zone AU « ouverte », immédiatement urbanisable, dont 112 hectares réservés à des
activités de loisirs, alors que la superficie restante de 1 555 hectares relevait d’un classement en zone
AU « fermée », dont l’urbanisation demeure en toute hypothèse subordonnée à une évolution du
document d’urbanisme à l’initiative de la collectivité. Dans le PLUIH, sans même tenir compte des
surfaces vacantes dans les zones urbaines, la superficie des zones AU « ouvertes » est de 748 hectares,
ce qui représente une réduction de moins de 9 % par rapport à la situation de 2015 et même une
progression de 10 % si l’on exclut du calcul les zones réservées aux loisirs. Le maintien en vigueur du
PLUIH n’est donc pas de nature à garantir une moindre consommation d’espace que le retour aux
précédents documents d’urbanisme.
5. En quatrième lieu, si Toulouse Métropole invoque les inconvénients susceptibles de
résulter de l’annulation du PLUIH en matière de production de logements sociaux, il
n’en reste pas moins que les communes soumises à des obligations législatives en la
matière demeureront tenues de les respecter, que les objectifs fixés par le programme
d’orientations et d’actions pour les autres communes ne revêtaient pas un caractère
opposable et que la majorité des documents locaux antérieurs comportaient déjà des
prescriptions règlementaires sur ce point. Par ailleurs, même si les auteurs du PLUIH ont
entendu recourir de manière plus volontariste aux instruments règlementaires de protection des
espaces verts et restreindre les possibilités de construction en zone naturelle par rapport à certains
plans communaux, ces circonstances ne sont pas suffisantes pour justifier une limitation des effets de
l’annulation dans le temps. En outre, les dispositions de l’article L. 153-11 du code de l’urbanisme
permettront aux autorités compétentes de surseoir à statuer sur les demandes d’autorisation
susceptibles de porter atteinte à ces objectifs d’intérêt général dès qu’un nouveau débat aura eu lieu
sur les orientations générales du PADD.
6. Eu égard à l’ensemble de ces éléments, il ne ressort pas des pièces du dossier que
l’annulation rétroactive de la délibération approuvant le PLUIH de Toulouse Métropole
serait de nature à emporter des conséquences manifestement excessives au regard des
intérêts publics et privés en présence et des inconvénients que présenterait le recours
aux possibilités dérogatoires rappelées au point 1 du présent jugement. Par voie de
conséquence, il n’y a pas lieu de moduler les effets dans le temps de l’annulation
prononcée par le jugement du 30 mars 2021. »

Article L. 600-5 du code de l’urbanisme :


« Sans préjudice de la mise en œuvre de l'article L. 600-5-1, le juge administratif qui, saisi de
conclusions dirigées contre un permis de construire, de démolir ou d'aménager ou contre une décision
de non-opposition à déclaration préalable, estime, après avoir constaté que les autres moyens ne sont
pas fondés, qu'un vice n'affectant qu'une partie du projet peut être régularisé, limite à cette partie la
portée de l'annulation qu'il prononce et, le cas échéant, fixe le délai dans lequel le titulaire de
l'autorisation pourra en demander la régularisation, même après l'achèvement des travaux. Le refus
par le juge de faire droit à une demande d'annulation partielle est motivé. »

CE, 29 juillet 2021, Sté HLM Erilia, n° 439704


« 8. Aux termes de l'article L. 600-5 du code de l'urbanisme, dans sa rédaction issue de la loi du 23
novembre 2018 portant évolution du logement, de l'aménagement et du numérique : " Sans préjudice
de la mise en oeuvre de l'article L. 600-5-1, le juge administratif qui, saisi de conclusions dirigées
contre un permis de construire, de démolir ou d'aménager ou contre une décision de non-opposition à
déclaration préalable, estime, après avoir constaté que les autres moyens ne sont pas fondés, qu'un
vice n'affectant qu'une partie du projet peut être régularisé, limite à cette partie la portée de
l'annulation qu'il prononce et, le cas échéant, fixe le délai dans lequel le titulaire de l'autorisation
pourra en demander la régularisation, même après l'achèvement des travaux. Le refus par le juge de
faire droit à une demande d'annulation partielle est motivé. " Aux termes de l'article L. 600-5-1, dans
sa rédaction issue de la même loi : " Sans préjudice de la mise en oeuvre de l'article L. 600-5, le juge
administratif qui, saisi de conclusions dirigées contre un permis de construire, de démolir ou
d'aménager ou contre une décision de non-opposition à déclaration préalable estime, après avoir
constaté que les autres moyens ne sont pas fondés, qu'un vice entraînant l'illégalité de cet acte est
susceptible d'être régularisé, sursoit à statuer, après avoir invité les parties à présenter leurs
observations, jusqu'à l'expiration du délai qu'il fixe pour cette régularisation, même après
l'achèvement des travaux. Si une mesure de régularisation est notifiée dans ce délai au juge, celui-ci
statue après avoir invité les parties à présenter leurs observations. Le refus par le juge de faire droit à
une demande de sursis à statuer est motivé. "
9. Il résulte de ces dispositions, éclairées par les travaux parlementaires, que lorsque le ou les vices
affectant la légalité de l'autorisation d'urbanisme dont l'annulation est demandée, sont susceptibles
d'être régularisés, le juge doit surseoir à statuer sur les conclusions dont il est saisi contre cette
autorisation. Il invite au préalable les parties à présenter leurs observations sur la possibilité de
régulariser le ou les vices affectant la légalité de l'autorisation d'urbanisme. Le juge n'est toutefois pas
tenu de surseoir à statuer, d'une part, si les conditions de l'article L. 600-5 du code de l'urbanisme sont
réunies et qu'il fait le choix d'y recourir, d'autre part, si le bénéficiaire de l'autorisation lui a indiqué
qu'il ne souhaitait pas bénéficier d'une mesure de régularisation. Un vice entachant le bien-fondé
de l'autorisation d'urbanisme est susceptible d'être régularisé, même si cette
régularisation implique de revoir l'économie générale du projet en cause, dès lors que
les règles d'urbanisme en vigueur à la date à laquelle le juge statue permettent une
mesure de régularisation qui n'implique pas d'apporter à ce projet un bouleversement
tel qu'il en changerait la nature même.
10. Pour juger qu'il n'y avait pas lieu de faire application de ces dispositions des articles L. 600-5 et L.
600-5-1 du code de l'urbanisme, le tribunal administratif a considéré que la délivrance d'un permis de
construire modificatif conforme aux prescriptions relatives à la trame TH6 nécessiterait d'apporter au
projet des modifications qui remettraient en cause sa conception générale. En statuant ainsi, alors qu'il
lui incombait seulement de rechercher si la mesure de régularisation impliquerait d'apporter au projet
un bouleversement tel qu'il en changerait la nature même, le tribunal administratif a entaché sa
décision d'erreur de droit. Dès lors, sans qu'il soit besoin de se prononcer sur les autres moyens dirigés
contre les motifs du jugement relatifs à l'application des articles L. 600-5 et L. 600-5-1 du code de
l'urbanisme, le jugement doit être annulé en tant qu'il statue sur ce point.
11. Il résulte de tout ce qui précède qu'il y a lieu d'annuler le jugement attaqué en tant seulement qu'il
rejette les conclusions de la société Erilia tendant à l'application des dispositions des articles L. 600-5
et L. 600-5-1 du code de l'urbanisme et en tant qu'il statue sur les conclusions présentées au titre de
l'article L. 761-1 du code de justice administrative. »
II. POUVOIR DE PROCEDER A UNE SUBSTITUTION DE BASE LEGALE OU DE
MOTIFS
CE, 7 juillet 2010, EARL des Noëls, n° 311477
« Considérant que lorsqu'il constate que la décision contestée devant lui aurait pu être
prise, en vertu du même pouvoir d'appréciation, sur le fondement d'un autre texte que
celui dont la méconnaissance est invoquée, le juge de l'excès de pouvoir peut substituer
ce fondement à celui qui a servi de base légale à la décision attaquée, sous réserve que
l'intéressé ait disposé des garanties dont est assortie l'application du texte sur le
fondement duquel la décision aurait dû être prononcée ;
Considérant qu'en vertu du premier alinéa de l'article L. 332-8 du code de l'urbanisme : Une
participation spécifique peut être exigée des bénéficiaires des autorisations de construire qui ont pour
objet la réalisation de toute installation à caractère industriel, agricole, commercial ou artisanal qui,
par sa nature, sa situation ou son importance, nécessite la réalisation d'équipements publics
exceptionnels. ; qu'aux termes du premier alinéa de l'article L. 332-15 du même code dans sa rédaction
applicable à la date de la décision attaquée : L'autorité qui délivre l'autorisation de construire (...)
exige, en tant que de besoin, du bénéficiaire de celle-ci la réalisation et le financement de tous travaux
nécessaires à la viabilité et à l'équipement de la construction (...), notamment en ce qui concerne la
voirie, l'alimentation en eau, gaz et électricité (...) ;
Considérant qu'il ressort des pièces du dossier soumis aux juges du fond que la décision attaquée, qui
impose à l'EARL DES NOELS de verser à la commune de Dosches une participation financière pour la
réalisation des travaux de viabilité et d'équipement propres à la construction autorisée, trouve son
fondement légal dans les dispositions de l'article L. 332-15 du code de l'urbanisme ; qu'en jugeant que
ces dispositions peuvent, à la demande de la commune, être substituées à celles de l'article L. 332-8 du
même code qui concernent la réalisation d'équipements publics exceptionnels nécessitées par la
construction envisagée, la cour administrative d'appel de Nancy n'a pas commis d'erreur de droit dès
lors, en premier lieu, que la délivrance du permis de construire est subordonnée au versement de
participations financières pour l'aménagement du chemin d'accès au nouveau bâtiment et sa desserte
en électricité, en deuxième lieu, que cette substitution de base légale n'a pour effet de priver l'intéressé
d'aucune garantie et, en troisième lieu, que l'administration dispose du même pouvoir d'appréciation
pour appliquer l'une ou l'autre de ces deux dispositions ; ».

CAA Marseille, 24 janvier 2022, n° 20MA03352


« 5. Aux termes de l'article 1.2 du règlement du PPRT, applicable aux constructions situées dans la
zone rouge : " sont interdits : le mobilier urbain vitré ; les structures en verre (serres, châssis...) ; les
grandes surfaces vitrées de ou des façades exposées (vérandas, verrières...) ". Il ressort des pièces du
dossier que la surface supérieure des panneaux photovoltaïques est composée de plaques de verre de
sorte que le projet litigieux méconnaît les règles de construction ci-dessus définies, qui interdisent la
création de structures en verre et de grandes surfaces vitrées, et pas seulement le mobilier dont la
structure est essentiellement en verre. L'économie générale de ces dispositions ne conduit pas
davantage à exclure les installations qui n'auraient pas la nature de bâtiments.
6. Aux termes de l'article R. 111-2 du code de l'urbanisme : " Le projet peut être refusé ou n'être accepté
que sous réserve de l'observation de prescriptions spéciales s'il est de nature à porter atteinte à la
salubrité ou à la sécurité publique du fait de sa situation, de ses caractéristiques, de son importance ou
de son implantation à proximité d'autres installations ". Il appartient à l'autorité d'urbanisme
compétente et au juge de l'excès de pouvoir, pour apprécier si les risques d'atteintes à la salubrité ou à
la sécurité publique font obstacle à la délivrance d'un permis de construire sur le fondement de ces
dispositions, de tenir compte tant de la probabilité de réalisation de ces risques que de la gravité de
leurs conséquences, s'ils se réalisent. Le risque pour la sécurité publique au sens des dispositions
précitées concerne aussi bien ceux auxquels les occupants de la construction ou les tiers peuvent être
exposés que ceux que peut subir la construction elle-même.
7. S'agissant des risques technologiques, il ressort des pièces du dossier que le projet litigieux est situé
à proximité immédiate de l'établissement Butagaz, source du risque, au sein de la zone rouge du PPRT
caractérisée par l'exposition de la vie humaine à des effets létaux compte tenu des aléas thermiques de
niveau fort à très fort et de surpression de niveau faible à très fort. Compte tenu de la structure en
verre composant les nombreux panneaux photovoltaïques de la centrale solaire, matériau de
construction au demeurant interdit dans la zone rouge, et du risque pour la sécurité des biens et des
personnes qu'est susceptible d'induire la fragmentation et la dispersion du verre en cas de surpression,
et comme l'a jugé le tribunal qui n'a pas méconnu son office et a suffisamment caractérisé les risques
encourus, le préfet a légalement pu refuser le permis en raison de l'atteinte que le projet est susceptible
de porter à la sécurité publique au sens de l'article R. 111-2 du code de l'urbanisme ».

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