Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
CONTENTIEUX DU DROIT DE
L’URBANISME
SUPPORT DE FORMATION
L’INTRODUCTION DU RECOURS
I. LA JURIDICTION COMPETENTE
« 2. D'une part, aux termes de l'article L. 425-4 du code de l'urbanisme, dans sa rédaction issue de
l'article 39 de la loi du 18 juin 2014 relative à l'artisanat, au commerce et aux très petites entreprises : "
lorsque le projet est soumis à autorisation d'exploitation commerciale au sens de l'article L. 752-1 du
code de commerce, le permis de construire tient lieu d'autorisation dès lors que la demande de permis
a fait l'objet d'un avis favorable de la commission départementale d'aménagement commercial ou, le
cas échéant, de la Commission nationale d'aménagement commercial (...) ". Aux termes de l'article L.
752-17 du code de commerce : " I.- Conformément à l'article L. 425-4 du code de l'urbanisme, le
demandeur, le représentant de l'Etat dans le département, tout membre de la commission
départementale d'aménagement commercial, tout professionnel dont l'activité, exercée dans les limites
de la zone de chalandise définie pour chaque projet, est susceptible d'être affectée par le projet ou
toute association les représentant peuvent, dans le délai d'un mois, introduire un recours devant la
Commission nationale d'aménagement commercial contre l'avis de la commission départementale
d'aménagement commercial. / La Commission nationale d'aménagement commercial émet un avis sur
la conformité du projet aux critères énoncés à l'article L. 752-6 du présent code, qui se substitue à celui
de la commission départementale. En l'absence d'avis exprès de la commission nationale dans le délai
de quatre mois à compter de sa saisine, l'avis de la commission départementale d'aménagement
commercial est réputé confirmé. / A peine d'irrecevabilité, la saisine de la commission nationale par
les personnes mentionnées au premier alinéa du présent I est un préalable obligatoire au recours
contentieux dirigé contre la décision de l'autorité administrative compétente pour délivrer le permis de
construire (...) ". Ces dispositions sont entrées en vigueur le 15 février 2015, en application des
dispositions de l'article 6 du décret du 12 février 2015 relatif à l'aménagement commercial. […]
5. Il résulte de ce qui précède que la présidente de la 1ère chambre de la cour administrative d'appel n'a
pas commis d'erreur de droit en jugeant que la requête formée par la société Le Parc du Béarn
contre l'avis défavorable de la Commission nationale d'aménagement commercial était
dirigée contre un acte insusceptible de faire l'objet d'un recours, pour en déduire que
cette requête était manifestement irrecevable. La société Le Parc du Béarn n'est, dès lors, pas
fondée à demander l'annulation de l'ordonnance qu'elle attaque. »
« 1. Les documents de portée générale émanant d'autorités publiques, matérialisés ou non, tels que les
circulaires, instructions, recommandations, notes, présentations ou interprétations du droit positif
peuvent être déférés au juge de l'excès de pouvoir lorsqu'ils sont susceptibles d'avoir des effets
notables sur les droits ou la situation d'autres personnes que les agents chargés, le cas
échéant, de les mettre en oeuvre. Ont notamment de tels effets ceux de ces documents qui
ont un caractère impératif ou présentent le caractère de lignes directrices.
2. Il appartient au juge d'examiner les vices susceptibles d'affecter la légalité du document en tenant
compte de la nature et des caractéristiques de celui-ci ainsi que du pouvoir d'appréciation dont dispose
l'autorité dont il émane. Le recours formé à son encontre doit être accueilli notamment s'il
fixe une règle nouvelle entachée d'incompétence, si l'interprétation du droit positif qu'il
comporte en méconnaît le sens et la portée ou s'il est pris en vue de la mise en oeuvre
d'une règle contraire à une norme juridique supérieure. »
« 2. Considérant, en premier lieu, que l'administration ne peut assortir une autorisation d'urbanisme
de prescriptions qu'à la condition que celles-ci, entraînant des modifications sur des points précis et
limités et ne nécessitant pas la présentation d'un nouveau projet, aient pour effet d'assurer la
conformité des travaux projetés aux dispositions législatives et réglementaires dont l'administration
est chargée d'assurer le respect ; que le titulaire d'une autorisation d'urbanisme est
recevable à demander l'annulation d'une ou de plusieurs prescriptions dont celle-ci est
assortie ; qu'il peut utilement soulever à l'appui de telles conclusions tout moyen relatif
au bien-fondé des prescriptions qu'il critique ou au respect des exigences procédurales
propres à leur édiction ; que, toutefois, le juge ne peut annuler ces prescriptions,
lorsqu'elles sont illégales, que s'il résulte de l'instruction qu'une telle annulation n'est
pas susceptible de remettre en cause la légalité de l'autorisation d'urbanisme et qu'ainsi
ces prescriptions ne forment pas avec elle un ensemble indivisible ;
3. Considérant qu'en estimant que Mme A... demandait l'annulation de l'arrêté de non-opposition à sa
déclaration préalable dans son entier et non en tant seulement qu'il était assorti de la prescription
relative à la peinture de la face externe des fenêtres, alors qu'il résulte de ce qui précède que Mme A...
était recevable à demander l'annulation de cette seule prescription, le président de la 3ème chambre
du tribunal administratif de Nice s'est mépris sur la portée des conclusions de la requérante ».
« Considérant qu'aux termes de l'article L. 410-1, dans sa rédaction applicable à l'espèce, issue de la loi
du 13 décembre 2000 relative à la solidarité et au renouvellement urbains : " Le certificat d'urbanisme
indique les dispositions d'urbanisme et les limitations administratives au droit de propriété et le
régime des taxes et participations d'urbanisme applicables à un terrain ainsi que l'état des
équipements publics existants ou prévus. / Lorsque la demande précise l'opération projetée, en
indiquant notamment la destination des bâtiments projetés et leur superficie de plancher hors oeuvre,
le certificat d'urbanisme précise si le terrain peut être utilisé pour la réalisation de cette opération. /
Lorsque toute demande d'autorisation pourrait, du seul fait de la localisation du terrain, être refusée
en fonction des dispositions d'urbanisme et, notamment, des règles générales d'urbanisme, la réponse
à la demande de certificat d'urbanisme est négative (...) / Si la demande formulée en vue de réaliser
l'opération projetée sur le terrain, notamment la demande de permis de construire prévue à l'article L.
421-1 est déposée dans le délai d'un an à compter de la délivrance d'un certificat d'urbanisme et
respecte les dispositions d'urbanisme mentionnées par ledit certificat, celles-ci ne peuvent être remises
en cause (...) " ; qu'eu égard aux effets qu'ils sont susceptibles d'avoir pour leurs
destinataires et pour les tiers intéressés, les certificats d'urbanisme délivrés sur le
fondement de ces dispositions doivent être regardés, que la demande à laquelle ils
répondent ait ou non précisé une opération particulière, comme des décisions
administratives susceptibles de faire l'objet d'un recours pour excès de pouvoir ;
Considérant que pour juger, par l'arrêt attaqué, que les conclusions de M. et Mme B dirigées contre le
certificat d'urbanisme qui leur avait été délivré par le maire d'Aubignan étaient irrecevables, la cour
administrative d'appel de Marseille s'est fondée sur ce que ce certificat, qui ne statuait sur aucune
opération précise et se bornait à informer les intéressés que leurs parcelles étaient situées dans une
zone dans laquelle les constructions neuves étaient interdites, présentait de ce fait un caractère
purement informatif et n'était, dès lors, pas susceptible de faire l'objet d'un recours pour excès de
pouvoir ; qu'il résulte de ce qui précède qu'elle a, ce faisant, commis une erreur de droit ; que, par
suite, son arrêt doit être annulé en tant qu'il statue sur les conclusions d'excès de pouvoir de M. et
Mme B dirigées contre le certificat d'urbanisme du 20 avril 2004 ».
« Une personne autre que l'Etat, les collectivités territoriales ou leurs groupements ou une association
n'est recevable à former un recours pour excès de pouvoir contre une décision relative à l'occupation
ou à l'utilisation du sol régie par le présent code que si la construction, l'aménagement ou le
projet autorisé sont de nature à affecter directement les conditions d'occupation,
d'utilisation ou de jouissance du bien qu'elle détient ou occupe régulièrement ou pour lequel elle
bénéficie d'une promesse de vente, de bail, ou d'un contrat préliminaire mentionné à l'article L. 261-
15 du code de la construction et de l'habitation.
Le présent article n'est pas applicable aux décisions contestées par le pétitionnaire. »
2. Considérant qu'il résulte de ces dispositions qu'il appartient, en particulier, à tout requérant qui
saisit le juge administratif d'un recours pour excès de pouvoir tendant à l'annulation d'un permis de
construire, de démolir ou d'aménager, de préciser l'atteinte qu'il invoque pour justifier d'un intérêt lui
donnant qualité pour agir, en faisant état de tous éléments suffisamment précis et étayés de nature à
établir que cette atteinte est susceptible d'affecter directement les conditions d'occupation, d'utilisation
ou de jouissance de son bien ; qu'il appartient au défendeur, s'il entend contester l'intérêt à agir du
requérant, d'apporter tous éléments de nature à établir que les atteintes alléguées sont dépourvues de
réalité ; que le juge de l'excès de pouvoir apprécie la recevabilité de la requête au vu des éléments ainsi
versés au dossier par les parties, en écartant le cas échéant les allégations qu'il jugerait insuffisamment
étayées mais sans pour autant exiger de l'auteur du recours qu'il apporte la preuve du caractère certain
des atteintes qu'il invoque au soutien de la recevabilité de celui-ci ; qu'eu égard à sa situation
particulière, le voisin immédiat justifie, en principe, d'un intérêt à agir lorsqu'il fait état
devant le juge, qui statue au vu de l'ensemble des pièces du dossier, d'éléments relatifs à
la nature, à l'importance ou à la localisation du projet de construction »
« 3. Considérant qu'aux termes de l'article L. 600-1-2 du code de l'urbanisme : " Une personne autre
que l'Etat, les collectivités territoriales ou leurs groupements ou une association n'est recevable à
former un recours pour excès de pouvoir contre un permis de construire, de démolir ou d'aménager
que si la construction, l'aménagement ou les travaux sont de nature à affecter directement les
conditions d'occupation, d'utilisation ou de jouissance du bien qu'elle détient ou occupe régulièrement
ou pour lequel elle bénéficie d'une promesse de vente, de bail, ou d'un contrat préliminaire mentionné
à l'article L. 261-15 du code de la construction et de l'habitation " ; qu'il résulte de ces dispositions qu'il
appartient à tout requérant qui saisit le juge administratif d'un recours pour excès de pouvoir tendant
à l'annulation d'un permis de construire, de démolir ou d'aménager, de préciser l'atteinte qu'il invoque
pour justifier d'un intérêt lui donnant qualité pour agir, en faisant état de tous éléments suffisamment
précis et étayés de nature à établir que cette atteinte est susceptible d'affecter directement les
conditions d'occupation, d'utilisation ou de jouissance de son bien ;
4. Considérant que les écritures et les documents produits par l'auteur du recours doivent faire
apparaître clairement en quoi les conditions d'occupation, d'utilisation ou de jouissance de son bien
sont susceptibles d'être directement affectées par le projet litigieux ; qu'il ressort des pièces du dossier
soumis aux juges du fond que, pour justifier de leur intérêt à agir, les requérants se sont bornés à se
prévaloir de leur qualité de " propriétaires de biens immobiliers voisins directs à la parcelle destinée à
recevoir les constructions litigieuses " ; que, par ailleurs, les pièces qu'ils ont fournies à l'appui de leur
demande établissent seulement que leurs parcelles sont mitoyenne pour l'une et en co-visibilité pour
l'autre du projet litigieux ; que, le plan de situation sommaire des parcelles qu'ils ont produit ne
comportait que la mention : " façade sud fortement vitrée qui créera des vues " ; qu'invités par le
greffe du tribunal administratif, par une lettre du 28 août 2014, à apporter les
précisions nécessaires à l'appréciation de l'atteinte directe portée par le projet litigieux
à leurs conditions d'occupation, d'utilisation ou de jouissance de leur bien, ils se sont
bornés à produire, le 5 septembre suivant, la copie de leurs attestations de propriété
ainsi que le plan de situation cadastral déjà fourni ; que, dans ces conditions, la
présidente de la deuxième chambre du tribunal administratif de Marseille a procédé à
une exacte qualification juridique des faits en jugeant que les requérants étaient
dépourvus d'intérêt à agir contre le permis de construire litigieux ; que c'est sans
commettre d'erreur de droit ni méconnaître l'article 6 paragraphe 1 de la convention
européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales ni
aucun principe qu'elle a rejeté leur demande comme manifestement irrecevable par
ordonnance, sans audience publique, sur le fondement du 4° de l'article R. 222-1 du
code de justice administrative ; ».
« 1. Aux termes de l'article R. 612-1 du code de justice administrative : " Lorsque des conclusions sont
entachées d'une irrecevabilité susceptible d'être couverte après l'expiration du délai de recours, la
juridiction ne peut les rejeter en relevant d'office cette irrecevabilité qu'après avoir invité leur auteur à
les régulariser. / (...) / La demande de régularisation mentionne que, à défaut de régularisation, les
conclusions pourront être rejetées comme irrecevables dès l'expiration du délai imparti qui, sauf
urgence, ne peut être inférieur à quinze jours (...) ". Aux termes de l'article R. 222-1 du même code : "
Les présidents de tribunal administratif et de cour administrative d'appel, les premiers vice-présidents
des tribunaux et des cours, le vice-président du tribunal administratif de Paris, les présidents de
formation de jugement des tribunaux et des cours et les magistrats ayant une ancienneté minimale de
deux ans et ayant atteint au moins le grade de premier conseiller désignés à cet effet par le président
de leur juridiction peuvent, par ordonnance : / (...) 4° Rejeter les requêtes manifestement irrecevables,
lorsque la juridiction n'est pas tenue d'inviter leur auteur à les régulariser ou qu'elles n'ont pas été
régularisées à l'expiration du délai imparti par une demande en ce sens (...) ". Aux termes de l'article L.
600-1-2 du code de l'urbanisme : " Une personne autre que l'Etat, les collectivités territoriales ou leurs
groupements ou une association n'est recevable à former un recours pour excès de pouvoir contre une
décision relative à l'occupation ou à l'utilisation du sol régie par le présent code que si la construction,
l'aménagement ou le projet autorisé sont de nature à affecter directement les conditions d'occupation,
d'utilisation ou de jouissance du bien qu'elle détient ou occupe régulièrement ou pour lequel elle
bénéficie d'une promesse de vente, de bail, ou d'un contrat préliminaire mentionné à l'article L. 261-15
du code de la construction et de l'habitation ".
2. Les requêtes manifestement irrecevables qui peuvent être rejetées par ordonnance en
application des dispositions de l'article R. 222-1 citées au point 1 sont, tout d'abord,
celles dont l'irrecevabilité ne peut en aucun cas être couverte, ensuite, celles qui ne
peuvent être régularisées que jusqu'à l'expiration du délai de recours, si ce délai est
expiré et, enfin, celles qui ont donné lieu à une invitation à régulariser, si le délai que la
juridiction avait imparti au requérant à cette fin, en l'informant des conséquences
qu'emporte un défaut de régularisation comme l'exige l'article R. 612-1 du code de
justice administrative, est expiré.
3. Pour rejeter comme manifestement irrecevable, par une ordonnance prise sur le fondement du 4° de
l'article R. 222-1 du code de justice administrative, la demande de M. G... tendant à l'annulation du
permis de construire délivré le 5 juin 2019 par le maire de Puteaux à la SCI JNH Holding, la présidente
de la 1ère chambre du tribunal administratif de Cergy-Pontoise a retenu que le demandeur ne justifiait
pas d'un intérêt pour agir. Il résulte de ce qui a été dit au point précédent qu'en statuant ainsi sans
avoir au préalable invité le requérant à régulariser sa requête en apportant les précisions permettant
d'en apprécier la recevabilité au regard des exigences de l'article L. 600-1-2 du code de l'urbanisme et
sans l'avoir informé des conséquences qu'emporterait un défaut de régularisation dans le délai imparti
comme l'exige l'article R. 612-1 du code de justice administrative, l'auteur de l'ordonnance attaquée a
commis une erreur de droit. »
IV. LES DELAIS DE RECOURS
*** CE, 13 juillet 2016, Czabaj, n° 387763 :
« 5. Considérant toutefois que le principe de sécurité juridique, qui implique que ne puissent être
remises en cause sans condition de délai des situations consolidées par l'effet du temps, fait obstacle à
ce que puisse être contestée indéfiniment une décision administrative individuelle qui a été notifiée à
son destinataire, ou dont il est établi, à défaut d'une telle notification, que celui-ci a eu connaissance ;
qu'en une telle hypothèse, si le non-respect de l'obligation d'informer l'intéressé sur les
voies et les délais de recours, ou l'absence de preuve qu'une telle information a bien été
fournie, ne permet pas que lui soient opposés les délais de recours fixés par le code de
justice administrative, le destinataire de la décision ne peut exercer de recours
juridictionnel au-delà d'un délai raisonnable ; qu'en règle générale et sauf circonstances
particulières dont se prévaudrait le requérant, ce délai ne saurait, sous réserve de
l'exercice de recours administratifs pour lesquels les textes prévoient des délais
particuliers, excéder un an à compter de la date à laquelle une décision expresse lui a
été notifiée ou de la date à laquelle il est établi qu'il en a eu connaissance ;
6. Considérant que la règle énoncée ci-dessus, qui a pour seul objet de borner dans le temps les
conséquences de la sanction attachée au défaut de mention des voies et délais de recours, ne porte pas
atteinte à la substance du droit au recours, mais tend seulement à éviter que son exercice, au-delà d'un
délai raisonnable, ne mette en péril la stabilité des situations juridiques et la bonne administration de
la justice, en exposant les défendeurs potentiels à des recours excessivement tardifs ; qu'il appartient
dès lors au juge administratif d'en faire application au litige dont il est saisi, quelle que soit la date des
faits qui lui ont donné naissance ;
7. Considérant qu'il résulte de l'instruction que M. B...a reçu notification le 26 septembre 1991 de
l'arrêté portant concession de sa pension de retraite du 24 juin 1991, comme l'atteste le procès-verbal
de remise de son livret de pension, et que cette notification comportait mention du délai de recours de
deux mois et indication que l'intéressé pouvait former, dans ce délai, un recours contentieux ; que si
une telle notification était incomplète au regard des dispositions de l'article R. 421-5 du code de justice
administrative, faute de préciser si le recours pouvait être porté devant la juridiction administrative ou
une juridiction spécialisée, et si, par suite, le délai de deux mois fixé par l'article R. 421-1 du même
code ne lui était pas opposable, il résulte de ce qui précède que le recours dont M. B...a saisi le tribunal
administratif de Lille plus de vingt-deux ans après la notification de l'arrêté contesté excédait le délai
raisonnable durant lequel il pouvait être exercé ; que sa demande doit, en conséquence, être rejetée
comme tardive ; qu'il en résulte que les conclusions présentées par M. B...sur le fondement de l'article
L. 761-1 du code de justice administrative doivent également être rejetées ; »
CE, 16 octobre 2019, Gaillard et Tepelian, n° 419756 :
« 2. L'article R.* 600-2 du code de l'urbanisme dispose que : " Le délai de recours contentieux à
l'encontre d'une décision de non-opposition à une déclaration préalable ou d'un permis de construire,
d'aménager ou de démolir court à l'égard des tiers à compter du premier jour d'une période continue
de deux mois d'affichage sur le terrain des pièces mentionnées à l'article R. 424-15 ". Aux termes de
l'article R.* 424-15 du même code : " Mention du permis explicite ou tacite ou de la déclaration
préalable doit être affichée sur le terrain, de manière visible de l'extérieur, par les soins de son
bénéficiaire, dès la notification de l'arrêté (...) / Un arrêté du ministre chargé de l'urbanisme règle le
contenu et les formes de l'affichage ". L'article A. 424-16 de ce code dans sa rédaction applicable au
litige dispose que : " Le panneau prévu à l'article A. 424-1 indique le nom, la raison sociale ou la
dénomination sociale du bénéficiaire, la date et le numéro du permis, la nature du projet et la
superficie du terrain ainsi que l'adresse de la mairie où le dossier peut être consulté. / Il indique
également, en fonction de la nature du projet : / a) Si le projet prévoit des constructions, la surface de
plancher autorisée ainsi que la hauteur de la ou des constructions, exprimée en mètres par rapport au
sol naturel ; / (...) ".
3. En imposant que figurent sur le panneau d'affichage du permis de construire diverses informations
sur les caractéristiques de la construction projetée, les dispositions citées au point 2 ont pour objet de
permettre aux tiers, à la seule lecture de ce panneau, d'apprécier l'importance et la consistance du
projet, le délai de recours contentieux ne commençant à courir qu'à la date d'un affichage complet et
régulier. Il s'ensuit que si les mentions prévues par l'article A. 424-16 doivent, en
principe, obligatoirement figurer sur le panneau d'affichage, une erreur affectant l'une
d'entre elles ne conduit à faire obstacle au déclenchement du délai de recours que dans
le cas où cette erreur est de nature à empêcher les tiers d'apprécier l'importance et la
consistance du projet. La circonstance qu'une telle erreur puisse affecter l'appréciation
par les tiers de la légalité du permis est, en revanche, dépourvue d'incidence à cet égard,
dans la mesure où l'objet de l'affichage n'est pas de permettre par lui-même d'apprécier
la légalité de l'autorisation de construire.
4. Ainsi, en retenant, après avoir constaté que le panneau d'affichage renseignait les tiers sur la nature
de la construction et le nombre de logements prévus, sur la surface de plancher autorisée, sur la
hauteur du bâtiment et sur l'identité du bénéficiaire et après avoir souverainement jugé que les tiers
avaient, en l'espèce, été mis à même d'apprécier la portée et la consistance du projet en dépit du
caractère erroné de la mention relative à la superficie du terrain d'assiette, la cour administrative
d'appel de Lyon n'a pas commis d'erreur de droit en jugeant que l'erreur de mention n'avait pas été de
nature à faire obstacle au déclenchement du délai de recours contentieux. »
3. Le requérant excipe en appel de l'illégalité de l'avis du préfet du 2 décembre 2014 qui méconnaît
l'article R. 111-5 du code de l'urbanisme qui disposait, à la date de la décision attaquée : " Le projet
peut être refusé sur des terrains qui ne seraient pas desservis par des voies publiques ou privées dans
des conditions répondant à son importance ou à la destination des constructions ou des
aménagements envisagés, et notamment si les caractéristiques de ces voies rendent difficile la
circulation ou l'utilisation des engins de lutte contre l'incendie... ". D'une part, lorsque la
délivrance d'une autorisation administrative est subordonnée à l'avis conforme d'une
autre autorité, le refus d'un tel accord, qui s'impose à l'autorité compétente pour statuer
sur la demande d'autorisation, ne constitue pas une décision susceptible de recours,
mais des moyens tirés de sa régularité et de son bien-fondé peuvent, quel que soit le
sens de la décision prise par l'autorité compétente pour statuer sur la demande
d'autorisation, être invoqués devant le juge saisi de cette décision. D'autre part,
l'administration et le juge administratif doivent, pour l'application des règles d'urbanisme relatives à la
desserte et à l'accès des engins d'incendie et de secours, s'assurer de l'existence d'une desserte
suffisante de la parcelle par une voie ouverte à la circulation publique et, le cas échéant, de l'existence
d'un titre créant une servitude de passage donnant accès à cette voie. »
3. Considérant, d'une part, qu'aux termes de l'article R. 431-6 du code de l'urbanisme, dans sa
rédaction alors en vigueur : " Lorsque le terrain d'assiette comporte des constructions, la demande
précise leur destination, par référence aux différentes destinations définies à l'article R. 123-9, leur
surface hors oeuvre nette et indique si ces constructions sont destinées à être maintenues et si leur
destination est modifiée par le projet. " ; que, pour écarter le moyen tiré ce que la demande de permis
ne comportait pas la mention de la surface hors oeuvre nette d'une construction située sur le terrain,
en méconnaissance de ces dispositions, la cour a relevé, au terme d'une appréciation souveraine des
pièces du dossier, que l'administration n'avait pu être influencée par cette omission dès lors, d'une
part, que le plan masse et la notice descriptive du projet faisaient apparaître l'existence d'une villa et,
d'autre part, qu'aucune disposition relative à la densité des constructions n'était applicable sur le
territoire de la commune ; qu'en statuant ainsi, la cour a suffisamment motivé son arrêt et n'a commis
aucune erreur de droit ; »
CE, 21 décembre 2015, n° 393134
« 4. Considérant que la circonstance que le dossier de demande de permis de construire ne
comporterait pas l'ensemble des documents exigés par les dispositions du code de
l'urbanisme, ou que les documents produits seraient insuffisants, imprécis ou
comporteraient des inexactitudes, n'est susceptible d'entacher d'illégalité le permis de
construire qui a été accordé que dans le cas où les omissions, inexactitudes ou
insuffisances entachant le dossier ont été de nature à fausser l'appréciation portée par
l'autorité administrative sur la conformité du projet à la réglementation applicable ;
5. Considérant qu'il ressort des pièces du dossier que la demande de permis de construire déposée par
la société Arc Promotion Île-de-France comportait une note de présentation décrivant la construction
envisagée, notamment son gabarit et son implantation au sein de la zone d'aménagement concertée de
la Petite Range et montrant sa proximité avec les constructions anciennes situées dans l'impasse de la
Petite Range ; que le dossier comportait en outre un document intitulé " volet paysager ", dans lequel
figurait une vue aérienne du terrain, une description de l'intégration paysagère du projet, précisant,
notamment, que l'immeuble serait bordé par trois rues dont l'impasse de la Petite Range, et des
photographies qui permettaient d'apprécier l'insertion du projet dans son environnement ; que si les
requérants soutiennent que les documents figurant au dossier de demande de permis de construire
auraient été insuffisants, il ressort des pièces du dossier que l'autorité administrative a été mise en
mesure de porter, en connaissance de cause, son appréciation sur l'insertion du projet dans son
environnement ; que par suite, c'est à bon droit que le tribunal administratif a écarté le moyen tiré de
la méconnaissance des dispositions précédemment citées du code de l'urbanisme ; »
5. Il résulte de ce qui précède, sans qu'il soit besoin de se prononcer sur les autres moyens du pourvoi,
que l'association le comité de quartier les Aubes et autres sont fondés à demander l'annulation du
jugement qu'ils attaquent. »
CE, 7 mars 2022, Sté d’exploitation du parc éolien du Moulin Neuf, n° 440245
« 1. Il ressort des pièces du dossier soumis aux juges du fond que, par un arrêté du 5 octobre 2018, le
préfet du Morbihan a délivré à la société d'exploitation du parc éolien du Moulin Neuf une autorisation
unique pour la réalisation d'un parc éolien sur le territoire de la commune de Malansac (Morbihan).
Par un arrêt du 28 février 2020 contre lequel M. B... et autres se pourvoient en cassation, la cour
administrative d'appel de Nantes, compétente pour en connaître en premier et dernier ressort, a rejeté
leur demande tendant à l'annulation de cette autorisation. […]
8. En cinquième lieu, aux termes de l'article 2 de l'ordonnance du 20 mars 2014 relative à
l'expérimentation d'une autorisation unique en matière d'installations classées pour la protection de
l'environnement, applicable à l'autorisation unique contestée : " Les projets mentionnés à l'article 1er
sont autorisés par un arrêté préfectoral unique, dénommé "autorisation unique" dans le présent titre. /
Cette autorisation unique vaut autorisation au titre de l'article L. 512-1 du code de l'environnement et,
le cas échéant, permis de construire au titre de l'article L. 421-1 du code de l'urbanisme, autorisation de
défrichement au titre des articles L. 214-13 et L. 341-3 du code forestier, autorisation d'exploiter au
titre de l'article L. 311-1 du code de l'énergie, approbation au titre de l'article L. 323-11 du même code
et dérogation au titre du 4° du I de l'article L. 411-2 du code de l'environnement./ L'autorisation
unique tient lieu des permis, autorisation, approbation ou dérogation mentionnés à l'alinéa précédent
pour l'application des autres législations lorsqu'ils sont requis à ce titre. / Lorsque les projets
mentionnés à l'article 1er sont soumis, en raison de leur emplacement, de leur utilisation ou de leur
nature, à un régime d'autorisation ou à des prescriptions prévus par d'autres législations ou
réglementations, l'autorisation unique tient lieu d'autorisation au titre de ces législations ou
réglementations dès lors que la décision a fait l'objet d'un accord de l'autorité administrative
compétente. Le silence gardé pendant deux mois par l'autorité administrative compétente vaut accord.
/ Les articles L. 214-7 et L. 414-4 du code de l'environnement sont applicables aux installations faisant
l'objet d'une autorisation unique en application du présent titre ".
« 1. Il ressort des pièces des dossiers soumis aux juges du fond que le syndicat des copropriétaires de
l'ensemble immobilier " Univers 21 " et Mme B... D..., d'une part, et le syndicat des copropriétaires du
53, rue de Montreuil, d'autre part, ont demandé au tribunal administratif de Paris d'annuler pour
excès de pouvoir les arrêtés du 4 juillet et du 6 décembre 2016 par lesquels la maire de Paris a délivré à
M. C... A... un permis de construire et un permis de construire modificatif pour la construction, en
fond de parcelle, d'une maison individuelle d'un étage sur un niveau de sous-sol au 53, rue de
Montreuil, dans le onzième arrondissement de Paris. Par un jugement du 1er juin 2018 contre lequel la
Ville de Paris se pourvoit en cassation, le tribunal administratif de Paris a annulé ces deux arrêtés.
11. En premier lieu, aux termes de l'article R. 423-1 du code de l'urbanisme : " Les demandes de
permis de construire, d'aménager ou de démolir et les déclarations préalables sont adressées par pli
recommandé avec demande d'avis de réception ou déposées à la mairie de la commune dans laquelle
les travaux sont envisagés : / a) Soit par le ou les propriétaires du ou des terrains, leur mandataire ou
par une ou plusieurs personnes attestant être autorisées par eux à exécuter les travaux ; / b) Soit, en
cas d'indivision, par un ou plusieurs co-indivisaires ou leur mandataire ; / c) Soit par une personne
ayant qualité pour bénéficier de l'expropriation pour cause d'utilité publique ". Aux termes du dernier
alinéa de l'article R. 431-5 du même code : " La demande comporte également l'attestation du ou des
demandeurs qu'ils remplissent les conditions définies à l'article R. 423-1 pour déposer une demande
de permis ". En vertu de l'article R. 431-4 du même code, le dossier est réputé complet lorsqu'il
comprend les informations et pièces limitativement énumérées aux articles R. 431-5 à R. 431-33-1,
aucune autre information ou pièce ne pouvant être exigée par l'autorité compétente. Par ailleurs,
comme le rappelle le dernier alinéa de l'article A. 428-4 du même code, le permis est délivré sous
réserve du droit des tiers, il vérifie la conformité du projet aux règles et servitudes d'urbanisme, il ne
vérifie pas si le projet respecte les autres réglementations et les règles de droit privé. Toute personne
s'estimant lésée par la méconnaissance du droit de propriété ou d'autres dispositions de droit privé
peut donc faire valoir ses droits en saisissant les tribunaux civils, même si le permis respecte les règles
d'urbanisme.
12. Il résulte de ces dispositions que, sous réserve de la fraude, le pétitionnaire qui fournit l'attestation
prévue à l'article R. 431-5 du code de l'urbanisme selon laquelle il remplit les conditions fixées par
l'article R. 423-1 du même code doit être regardé comme ayant qualité pour présenter sa demande. Il
résulte également de ces dispositions qu'une demande d'autorisation d'urbanisme
concernant un terrain soumis au régime juridique de la copropriété peut être
régulièrement présentée par son propriétaire, son mandataire ou par une ou plusieurs
personnes attestant être autorisées par lui à exécuter les travaux, alors même que la
réalisation de ces travaux serait subordonnée à l'autorisation de l'assemblée générale de
la copropriété, une contestation sur ce point ne pouvant être portée, le cas échéant, que
devant le juge judiciaire. Une telle contestation ne saurait, par elle-même, caractériser
une fraude du pétitionnaire entachant d'irrégularité la demande d'autorisation
d'urbanisme.
13. Par le jugement attaqué, le tribunal administratif a jugé qu'en attestant de sa qualité pour déposer
sa demande de permis de construire modificatif, alors même que l'introduction d'un recours gracieux
et d'une requête par le syndicat des copropriétaires de l'ensemble immobilier " Univers 21 " et par
Mme D... l'avait alerté sur la nécessité d'obtenir au préalable l'autorisation de l'assemblée générale des
copropriétaires, M. A... s'était livré à une manoeuvre frauduleuse entachant d'irrégularité le permis de
construire modificatif qui lui a été délivré. Il résulte de ce qui a été dit au point 12 ci-dessus qu'en
statuant ainsi, le tribunal administratif a entaché son jugement d'une erreur de droit. »
7. Considérant qu'aux termes de cet article : " Dans les communes de 3 500 habitants et plus, une note
explicative de synthèse sur les affaires soumises à délibération doit être adressée avec la convocation
aux membres du conseil municipal (...) " ; qu'il ressort des pièces du dossier que la " note du
rapporteur ", tenant lieu de note explicative de synthèse, transmise aux membres du conseil municipal
avec le projet de délibération, rappelle, en des termes généraux, les objectifs poursuivis, les étapes de
la procédure ainsi que les recommandations du commissaire-enquêteur, mais ne comporte aucune
explication relative aux choix ayant présidé à la révision du plan local d'urbanisme ;
que, dans ces conditions, cette note, qui n'éclaire pas le sens et la portée des
dispositions du plan local d'urbanisme soumises à l'approbation des conseillers
municipaux, ne satisfait pas aux exigences de l'article L. 2121-2 du code général des
collectivités territoriales ;
8. Considérant, toutefois, que si les actes administratifs doivent être pris selon les formes et
conformément aux procédures prévues par les lois et règlements, un vice affectant le déroulement
d'une procédure administrative préalable, suivie à titre obligatoire ou facultatif, n'est de nature à
entacher d'illégalité la décision prise que s'il ressort des pièces du dossier qu'il a été susceptible
d'exercer, en l'espèce, une influence sur le sens de la décision prise ou qu'il a privé les intéressés d'une
garantie ; que le conseil municipal d'Arcachon avait, dans la même composition, délibéré
moins de sept mois auparavant sur le projet de révision du plan local, qui comportait
l'ensemble des éléments exigés par le code de l'urbanisme ; que, par ailleurs, la " note
du rapporteur " mentionnée ci-dessus fait état des avis des personnes publiques
consultées et des suites qui leur ont été réservées, en explicitant la modification
apportée au plan soumis à approbation par rapport au projet de révision ; qu'ainsi,
l'insuffisance de la note de synthèse n'a pas, dans les circonstances particulières de
l'espèce, exercé d'influence sur le sens de la délibération et n'a pas, par elle-même, privé
les membres du conseil municipal d'une garantie ; que, par suite, c'est à tort que le tribunal
administratif a jugé que les dispositions de l'article L. 2121-12 du code général des collectivités
territoriales avaient été méconnues et qu'il a, pour ce motif, annulé la délibération du 31 janvier 2007
;»