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Revue internationale de

botanique appliquée et
d'agriculture tropicale

L'origine de l'Olivier cultivé et ses variations


Auguste Chevalier

Citer ce document / Cite this document :

Chevalier Auguste. L'origine de l'Olivier cultivé et ses variations. In: Revue internationale de botanique appliquée et
d'agriculture tropicale, 28ᵉ année, bulletin n°303-304, Janvier-février 1948. pp. 1-25.

doi : 10.3406/jatba.1948.2098

http://www.persee.fr/doc/jatba_0370-5412_1948_num_28_303_2098

Document généré le 16/10/2015


Revue internationale de Botanique Appliquée
& D'AGRICULTURE TROPICALE
Revue mensuelle
Organe de documentation scientifique pour l'Agriculture et les recherches forestières
pour les pays tropicaux et subtropicaux

28e Année JANVIER-FÉVRIER 1948 n° 303-304

ÉTUDES & DOSSIERS

L'origine de l'Olivier cultivé et ses variations.


Par Amg. CHEVALIER.

Le genre Olea L., renfermant tous les vrais Oliviers, comprend


environ 60 espèces localisées dans l'Ancien Monde (Océanie
comprise) dans les régions tropicales et subtropicales, principalement
sur les montagnes. Il manque en Amérique. Par contre, il existe des
espèces d'Olea en Afrique, en Asie, aux Ilçs Mascareignes, en
Océanie et jusqu'à la Nouvelle-Zélande et la Nouvelle-Calédonie. Ce
sont des arbres ou des arbustes à feuilles persistantes donnant des
bois denses à grain fin. Une seule espèce VOlea europaea L., est
cultivée sur une très grande échelle dans toute la région
méditerranéenne depuis la plus haute antiquité pour l'huile fournie par ses
fruits. Depuis un siècle sa culture a été introduite aussi en Amérique,
en Afrique du Sud et en Australie. On en connaît mal l'origine.
A. de Candolle suppose que la culture a pris naissance en
Palestine, ou plus à l'E encore à l'intérieur de l'Asie. La culture s'étend
en effet au S du Caucase, à l'Iran, à l'Anatolie, à la Syrie, à la
Mésopotamie, à l'Arabie, au Punjab. La plupart des noms que porte
l'Olivier en Asie sont d'origine sémitique; les Anciens Egyptiens
l'ont peu cultivé, mais du temps d'Homère sa culture était déjà
très répandue en Grèce; elle s'est développée en Italie au vie siècle
avant J.-C. ; de là elle a gagné le N de l'Afrique, le S de la Gaule et la
péninsule ibérique. Il existe actuellement des milliers de variétés
cutivées; chaque région a les siennes mais on ignore si ces variétés
ont pris naissance en des régions particulières d'où elles se seraient
ensuite disséminées, ou s'il a existé plusieurs foyers de
domestication.
Le problème de l'origine est en effet très complexe (voir outre
A. de Candolle : Origine des Plantes cultivées, T. Fischer in
Petermann's Mitteilungen Ergânzungsheft 147, 1904 et Laufer :
Sinoiranica, 1919, p. 415). Olea europaea L. est une espèce collec-
_.Bev. de Bot. Appl. 1
— 2 —

tive cultigène qui groupe un grand nombre de variétés améliorées


multipliées par bouturage ou par greffe et non connues à l'état
sauvage. Ces variétés se distinguent par le port, la forme des feuilles
et des fruits, etc. On les réunit souvent sous le nom d'Olea sativa
Hoffmg. et Link. On réserve le nom d'Olea Oleaster Hoffm. et Link
= O. sylvestris Mill, pour des formes d'apparence spontanée, en
buissons souvent épineux et à fruits ordinairement petits. Ceg
formes sont répandues notamment en Espagne, au Portugal, dans
l'Afrique du N, en Sicile, en Crimée, au S du Caucase, en Arménie,
en Syrie, etc. En Algérie, les colons donnent le nom d'Oléastre à
ces plantes mais elles sont plutôt subspontanées que spontanées.
On les regarde comme provenant de rejets de plants anciens ou de
graines perdues d'Oliviers cultivés dont la plupart des variétés
peuvent s'hybrider entre elles. Ce ne sont donc pas des races
primitives. Pour le S de la Russie des travaux remarquables sur les
variétés cultivées ont été publiées dans ces dernières années. Nous
citerons particulièrement les deux suivants : V. V. Marcovitch :
L'Olivier sur la côte caucasienne de la Mer Noire : U. R. S. S.
Bullet, of Appl. Bot. vol. XXIV, n° 4, p. 1-90 (résumé anglais p. 91-93)
et V. A. Monuchko : L'Olivier et sa répartition en U. R. S. S.
Bullet, of Appl. Bot. vol. XXI, p. 245-345. U faut plutôt rechercher les
ancêtres de VOlea sativa dans les populations d'Olea proches de
Yeuropaea bien spontanées dont on connaît quelques représentants
en Afghanistan, en Syrie et en Arabie.
Nous conservons le nom d'Olea europaea L. pour désigner
l'espèce cultigène commune depuis des siècles dans la région
méditerranéenne et dont les individus se présentent soit comme plantes
cultivées,, multipliées le plus souvent par greffage ou bouturage
(variétés d'élite ayant des noms vernaculaires) , soit comme plantes
d'apparence sauvage mais en réalité subspontanées et dérivant
d'ancêtres introduits par la culture aussi bien dans l'Afrique du
Nord que dans l'Europe austro-occidentale. Rien ne permet de
dire que YO. europaea a vécu en Europe méditerranéenne pas plus
qu'en Berbérie au pleistocene ni même au début du néolithique. Les
plants que l'on trouve à l'état sauvage sur les coteaux ou dans les
forêts, dont on fait habituellement la sous-espèce O. silvestris Mill,
ou 0. Oleaster H. et L. descendent de O. sativa Hoffm. et Link,
importé par l'homme. L'origine de O. europaea sativa est sans nul
doute asiatique. Il a d'abord été cultivé en Asie austro-occidentale,
à l'W du 50° de long. E, c'est-à-dire dans les pays compris entre
la Méditerranée orientale, la Mer Noire, la Caspienne et le golfe
Persique (Asie mineure, Arménie, Kurdistan, Mésopotamie, Arabie).
O. chrysophylla, Lamk. sous la forme O. ferruginea et O. albida vit
encore sur les montagnes à proximité (en Arabie et au Balutchistan) .
Des formes proches des variétés cultivées se rencontrent encore
dans les forêts couvrant les collines de ces contrées (par ex. O.
europaea linarifolia Chev.). On cultive de nos jours en Syrie et en
Anatolie des formes à feuilles tantôt assez larges, tantôt presque
linéaires qui se rattachent de près à des formes ancestrales. Elles
ont toutes les feuilles argentées en dessous comme le vrai Olivier de
la Méditerranée occidentale. Il ne semble pas que des races à
feuilles dorées ou ferrugineuses (var. eu-chrysophylla Chev.) aient
3
jamais été cultivées pour produire des fruits, on les a cultivées
seulement comme plantes fourragères vers le désert Hindou et
dans le Punjab. Un autre Olivier à feuilles larges argentées, peut-
être disparu à l'état sauvage, a dû jouer un rôle et c'est
vraisemblablement de l'hybridation de diverses races anciennes que
dérivent tous les Oliviers cultivés pour leurs fruits oléagineux (1).
Nous le décrivons plus loin.

I. OLIVIERS SAUVAGES
PROCHES PARENTS DE L'OLIVIER CULTIVE

Les Oleastres sauvages de l'Asie mineure et de l'Afrique du Nord


sont-ils les ancêtres des innombrables variétés d'Oliviers cultivés?
Ne sont-ils pas plutôt comme ceux de l'Europe méridionale les
descendants d'arbres plantés, comme le sont la plupart des Poiriers
et des Pommiers de nos forêts de France, les formes que l'on
nomme égrains ou sauvageons qui proviennent des pépins perdus
ou d'arbres cultivés antérieurement et abandonnés, donnant des
populations d'arbres qui retournent à l'état sauvage. Ce qui fait
croire qu'il en est réellement ainsi c'est qu'il existe, dans les forêts
des régions où on cultive l'Olivier (Algérie, Tunisie, Syrie, etc.), des
formes innombrables d'Oléastres se différenciant par le port, la
forme des feuilles, les époques de floraison et de fructification, etc..
Si l'Oléastre était une forme primitive il serait vraisemblablement
monomorphe, au moins dans chaque région. On rencontre du
reste dans les bois des Oleastres qui ont tous les caractères de
plantes améliorées : fruits gros, riches en exocarpe charnu, etcr
II semble donc qu'on se trouve en présence d'arbres déjà
sélectionnés et les individus d'Oléastres à branches épineuses ou
donnant de très petits fruits inutilisables, c'est-à-dire d'apparence
sauvage, sont le résultat de la ségrégation dans la descendance de
sujets hétérozygotes dont le partrimoine héréditaire est déjà très
complexe. Ce sont bien des formes retournant à l'état sauvage, mais
en raison de leur hérédité chargée en gênes, elles constituent des
écotypes nouveaux aussi difficiles à classer que le sont la plupart
des plantes cultivées dont la constitution génétique nous échappe.
Il arrive fréquemment du reste qu'un Oléastre, dès qu'il reçoit des
soins d'entretien : labour de la terre, fumures, taille de l'arbre,
prend un tout autre aspect. Ses fruits deviennent plus gros, son
port se modifie; il n'émet plus de buissons épineux au pied. Il
peut alors être exploité et il peut être classé dans le groupe des
0. saliva.

(1) L'étude cytogénétique des formes spontanées et cultivées d'Olea


chrysophylla et O. europaea pourrait apporter quelques clartés sur
l'enchaînement de ces formes, mais elle n'a pas encore été faite. Nous
•savons seulement que chez un Olivier cultivé en Amérique on a trouvé :
2 n = 46 chromosomes (Sax et Abbe, 1932) et ce chiffre est fréquent
chez les Oléacées.
4

IL LE TYPE SAUVAGE D'OLEA D'OU DERIVE L'OLIVIER

Les divers Olea décrits comme espèces distinctes de 0. europaea


L. mais qui en sont très proches sont peu nombreux; les formes
qui suivent décrites comme espèces ne se distinguent probablement
pas spécifiquement les unes des autres. Elles se groupent ainsi par
ordre d'ancienneté :
1° Olea chrysophylla Lamk. III, 29 (1791) et Diet. IV, 544 (1794).
Maurice, Réunion, Madagascar, Afrique tropicale, orientale,
australe, Afr. S W, Haute-Egypte, Arabie.
. 2° 0. verrucosa Link. Enumer. Hort. Berol. I, 33 (1827) = O.
europaea Thunb. non L. = O. similis Burchell, Afrique australe,
Natal, Transvaal, Basutoland.
3° O. ferruginea Royle, Illustr. Bot. Hinial. 267 et tabl. 65 (1839)
F O. cuspidata Wall. n° 2817 (1828) nom. nud. G. Don D C. Prod.
VIII, 285 (1844) Inde orientale (Cachemire, Sind, Kamaon, Punjab),
Afghanistan, Belutchistan, Népaul de 700 à 2 000 m. d'alt., S E du.
Thibet et S W de la Chine (G. Forrest). Cette forme et les deux
précédentes étaient déjà décrites comme trois espèces distinctes
par A.-P. de Candolle dans le Prodrome vol. VIII, p. 285 (1844).
C'est probablement pour cette raison qu'on a continué dans les
Flores à les maintenir. En vérité ce sont à peine des variétés (ce
sont des variétés géographiques si l'on veut) d'un même type
spécifique d'où dérivent toutes les races cultivées de O. europaea.
4° O. somaliensis Baker in Th. Dyer FI. trop. Afr. IV1, 18 (1902),
Somalie britannique, montagnes de 1 000 à 2 000 m. (Hildebrandt).
Nous pensons que cette forme qui est aussi du type O. chrysophylla
marque le passage avec la variété maderensis mentionnée ci-après.
Un examen approfondi de nombreux spécimens de l'Herbier du
Muséum de Paris appartenant à ces quatre prétendues espèces
(sauf O. somaliensis Bak. que nous n'avons vu qu'en un seul
exemplaire récolté au Mont Verdala en Somalie) nous a convaincu qu'il
n'existe qu'une seule espèce très homogène (beaucoup plus que
toutes les races cultivées de O. europaea L.).
Nous rattachons aussi à la même espèce comme simple race la
forme suivante bien spontanée, décrite tantôt comme simple variété
de O. europaea, tantôt regardée comme espèce distincte :
5° P. Laperrini Battandier et Trabut Bull. Soc. Bot. France (1911)
p. 672 = O. europaea var. maderensis Lowe Novit. FI. Mader. (1938)
p. 15 et Man. FI. Mad. vol. II, part. I, p. 2 (1840) ! = O. europaea L.
var. cerasiformis Webb et Berthel. Phyt. canar. III, 162 (1840) =
O. europaea L. var. canariensis Willd. sec Webb loc. cit.
Darfour : Djebel Marra. Sahara central : Hoggar. Grand Atlas
(Maroc). Archipel macaronesien : Madère, Canaries, îles du Cap
Vert. A nos yeux cet ensemble assez homogène ne constitue qu'une
seule espèce.
— 5 —

En tenant compte des règles de priorité, cette unique espèce peut


donc être classée et décrite de la manière suivante :
Olea chrysophylla Lamk. (1791), O. ferruginea Royle, 0. cuspidata
Wall, in G. Don, O. verrucosa Link., O. similis Burch., O. soma-
liensis Baker, O. monticola Gandoger, O. Schimperi Gandoger, Ô.
curopaea L. var. nubica Schweinf. ex. Baker, O. somaliensis
Baker, etc.
Arbre pouvant atteindre 10 à 12 m. mais n'ayant que 4 à 5 m. de haut
et restant aussi parfois buissonnant et stérile; rameaux des branches
adultes arrondis, les stériles subquadrangulaires, recouverts de petites
écailles apprimées, rousses ou blanchâtres; feuilles de forme spécifique
(ne s'établissant que quand l'arbre est adulte) lancéolées-linéaires, très
atténuées aux deux extrémités, cuspidées au sommet, longues de 5 à
10 cm., larges de 8 à 18 mm., subcoriaces, d'un vert mat et glabres en
dessus, ferrugineuses ou dorées en dessous, parfois d'un blanc argenté,
les poils écailleux qui tapissent la face inférieure du limbe étant
diversement colorés suivant l'exposition et l'âge de l'arbre. Pétiole très court.
Panicules insérées à l'aisselle des feuilles et parfois aussi à l'extrémité
des rameaux, ordinairement moitié plus courtes que les feuilles axil-
lantes grêles, formées de petites cymes florales â fleurs peu rapprochées
(beaucoup moins serrées que dans la plupart des variétés de O eurn-
pnea). Rachis finement écailleux argentés. Bractées très petites. Calice
glabre campanule de 1 mm. de long, 4-denté. Corolle blanche ou d'un
blanc-jaunâtre, à lobes obtus, de 2 à 3 mm. de long; fleurs
hermaphrodites mais chez certains individus, aux fleurs bisexuées, s'entremêlant de
fleurs mâles (ovaire mal conformé). Drupe globuleuse ou ovoïde de 4 à
8 mm. de diamètre à l'état frais (3 à 5 mm. sur le sec) très peu charnue.
Noyau ovoïde, petit, à coque assez épaisse très dure, sans ornementations
à sa surface.
Ne fleurit qu'à un âge avancé et pas tous les ans. Les buissons
stériles portent, de même que les buissons stériles d'Oléastres des
feuilles très différentes de celles qui se trouvent sur les sujets
fertiles adultes. Elles sont souvent très petites, orbiculaires ou
oblongues, de 6 mm. à 15 mm. de long, entièrement vertes ou
légèrement argentées en dessous. Leur forme rappelle celle de O. euro-
paea var. myrtifolia (Ait.) . Les rameaux de ces buissons constituent
un état juvénile comme celui qui s'observe dans certains Juniperus.

Distribution géographique de 0. chrysophylla sensu lato : Région


Himalayenne
n° 26 007). Fréquent
et Inde. E
dans
du l'Himalaya
Thibet et S N
WWde et
la le
Chine
Cachemire
(G. Forest,
de
2 000 à 6 000 pieds, Kuraaon : vallée de Suhnah (Jacquemontt)
Belutchistan,
n° 20 415!), Népaul
Afghanistan
: Caboul,
(Griffith!
Transindus,
Wallich!)
Sindh,
, Punjab
etc. (Drummond,
Croît sur les montagnes de l'Inde occidentale, à l'W du 70° de
long, et entre 25 et 35° de lat.
Cultivé dans les plaines de Trans-Indus comme arbre fourrager.
Vernac. : Zaitun (Afgh.), Kaho, Kan (Himal.), Wi (Kunawar).
Arabie. — Ar. heureuse : Manacha (G. Schweinfurth, n° 1 687 !).
Vernac. : Atum'm (arabe).
Yémen : ouadi Hiljan (Deflers, n° 246!).
Haute-Egypte : Djebel Elba, alt. I 660 m. (Mohamed Drar!) par
22° de lat. N.
Nubie : Erkowit, près Suakim (G. Schweinfurth, n° 249!). Planté
au Caire (M. Drar!).
_ 6 —

Erythrée et Somalie : Erythrée, de 2 000 à 3 000 m. (G. Schwein-


îurth), Mt. Ira Nuret, 2 000 d'alt. (Pappi, n' 910) : Mont Goudah,
1 700 m. d'alt. (Aubert de la Rue! cf. R.B.A., 1939, p. 670), Somalie
anglaise : env. de Maid, 1 000 à 1 500 m. ait. (Hildebrandt)'. Rouégué
<Somalie).
Soudan anglo-égyptien. Djebel Marra au Darfour (M. Drar, n°
2 265!). Vern. : Ditli.
Abyssinie : Commun sur les montagnes de 1 000 à 3 000 m. (W.
Schimper, Quartin-Dillon, Petit, etc.).
Iles Mascareignes : Maurice et La Réunion : près St-Denis, à
moins de 1 000 m. alt. (Commerson, Boivin, J. de Cordemoy, etc.).
Vern. : Bois d'olive rouge, Madagascar (Bréon).
Afrique orientale: Usambara (Holst), Mozambique.
Afrique du Sud : Le Cap (Sonnerat!), Natal, près Durban,
Rhodesia Sud, Transvaal, Griqualand (Cf. Harvey FI. Cap, TV, I, p. 48^
(1905).
Afrique Sud-Ouest : Basutoland (Dieterlen, n° 1242).
Cette enumeration montre la large distribution de O. chfyso-
phylla. Il vit sur les montagnes de 1 000 à 3 000 m. depuis l'Himalaya
jusqu'au Cap. Il peut vivre toutefois à l'état cultivé dans les régions
basses (Inde, Egypte). H descend aussi à de très basses altitudes
en Afrique du Sud.
A cette espèce présentant diverses variétés s'ajoute la forme (ou
sous-espèce) ouest-africaine suivante :
O. Laperrini Batt. et Trabut = O. europaea L., var. maderensis
Lowe.
C'est un Olivier sauvage qui vit sur les montagnes du Sahara (de
1 000 à 2 000 m.) ainsi que dans les îles de Macaronésie, tantôt sur
les montagnes, tantôt presque au niveau de la mer. Il nous paraît
devoir être rattaché à O. chrysophylla comme simple variété (éco-
type) ou tout au plus comme sous-espèce.
En voici la synonymie (d'après les règles de priorité) et la
description :
O. chrysophylla Lamk. var. maderensis (Lowe) comb, nov., O.
europaea L. var. cerasoformis Webb et Berth. Phyt. Canar. III, 162
(1840), O. europaea L. var. canariensis Willd., O. Laperrini Batt.
et Trabut, Bull. Soc. Bot. France LVIII (1911), p. 672 et R. Maire
Mission du Hoggar, 1933, p. 62.
Petit arbre de 3 à 5 m., en général non épineux, même sur les
repousses stériles. Feuilles lancéolées-linéaires, apiculées, souvent
étroitement linéaires, assez coriaces, vertes en dessus, argentées ou grises en
dessous ou parfois d'un roux fauve sur les jeunes pousses, longues de
3 cm. 5 à 7 cm. 5, larges de 5 à 7 mm. Inflorescences axillaires et parfois
terminales, en cymes simples, ou moitié plus petites que dans O.
europaea, composées, lâches, longues de 2 cm. 5 à 5 cm., à fleurs éparses et
non rapprochées comme dans O. europaea, souvent d'un blanc-jaunâtre
(Lowe). Fruit globuleux ou ovoïde, petit (de 5 à 8 mm. de diam.), noir
à maturité et très peu charnu, dressé et non pendant, à coque ovoïde,
lisse, plus ou moins dure et mince, presque lisse.
Lowe a décrit comme O. europaea var. buxifolia Lowe 1. c. p. 23
(non Ait. nec Steudel) une forme stérile, à petites feuilles ovales ou
arrondies qui croît dans l'île Déserta (Archipel de Madère) et est
tout à fait l'homologue de certains Oléastres et de 0. europaea var.
nubica Schwf. (= 0. chrysophylla stérile! d'après Mohamed Drar.).
Cette forme buxifolia se rattache aussi à la race maderensis.
Aire géogr. — Sahara, oasis algériens montagneux : Tefedest
(Lhote), Tassili des Adjer et Anachef (C. Kilian). Massif du Hog-
gar : A. I. de 1 000 à 2 700 m. d'alt. Souvent exploité en têtard pour
nourrir le bétail (Laperrine, T. Monod!, R. Maire, etc.).
Maroc : Sud du Grand Atlas, vers 800 m. d'alt., région de Mentaga

Fig. 1. — Diverses formes de fruits de O. Laperrini (très grossis) :


Spécimens du Hoggar communiqués par M. Th. Monod.

dans les forêts d'Argania et de Callitris (Maire, avec doute en


l'absence de fruits).
Archipel de Madère : roches maritimes sur la côte S, Cabo Guao,
îles de Porto da Cruz et de Déserta.
Canaries : Ténérife, etc.; Archipel des îles du Cap Vert : Iles de
Fogo et S. Nicolao (Lowe!), îles de S Antao, S. Thiago et Fogo,
depuis le littoral jusqu'à 1 000 m. d'alt. (A. Chevalier, R. B. A., 1935,
p. 921).
Connu aux îles portugaises sous le nom de OUveira brava ou Sam-
bouch. Les Canariotes le regardent comme distinct de l'Olivier
introduit.

III. PRODUITS UTILES DE L'OLEA CHRYSOPHYLLA


ET DE SES VARIETES

L'Olivier à feuilles dorées a de multiples emplois. Ses fruits sont


trop pauvres en huile pour être utilisés. Pourtant dans le Punjab,
province de l'Inde, on les recueille parfois pour les passer à la
meule et en retirer une petite quantité de substance oléagineuse.
C'est YIndian Olive qui, d'après Hooper, est parfois exploitée.
— 8 —

O. ferruginea forme indienne de 0. chrysophylla est encore assez


répandu dans les forêts xérophiles du N W de l'Inde, bien que la
plupart de ces forêts aient été détruites par les feux de brousse,
mais on a commencé à en faire des replantations.
D'après Pearson et Brown le bois très dense est très apprécié
dans les Indes, et à juste titre, pour le façonnage des tourneurs,
pour la fabrication des manches de marteaux, de cannes de voyage,
de peignes et de charrues. Troup dit qu'il est utilisé dans le Punjab
pour les machines à égrener le coton. Les chemins de fer du N W
l'emploient abondamment pour toutes sortes de manches d'outils
et c'est une branche dans laquelle son emploi pourrait être étendu.
C'est un beau bois qui varie considérablement en couleur, du brun
clair au noir, les variétés à bois clair étant rayées de lignes plus
sombres, brunes ou rougeâtres. Suivant Pearson et Brown « on
devrait utiliser les nuances plus foncées pour les travaux de
marqueterie et la fabrication de bibelots et les bois à nuance claire
pour les boiseries, la fabrication d'instruments de mathématiques
(équerres, règles, instruments gradués, etc.) et comme contreplaqué
dans les cabinets de travail. Il produit un excellent bois de
chauffage. Il faut en encourager la conservation et la culture dans les
forêts en raison des nombreux voyages possibles ».
Malheureusement la croissance est très lente et l'arbre est
souvent mutilé par de nombreux élagages à cause de l'utilisation des
branches employées comme fourrage. Dans le Punjab et le
Cachemire, l'Olivier ferrugineux est souvent planté et exploité en têtard
pour la nourriture du bétail.
En Abyssinie, d'après A. Richard : Tentamen FI. Abyss. II (1851)
p. 29, YO. chrysophylla nommé Aulé (en tigré) Ouera en Veyera en
amharique est commun sur les montagnes du Tigré. C'est un grand,
arbre dont le tronc a jusqu'à 6 pieds de tour. On le plante dans les
cimetières et autour des églises. Le bois très dur est employé pour
faire des massues. On en fait aussi des grains de chapelets que les
prêtres portent roulés autour des poignets. A. Richard ajoute que les
fruits à peine charnus ne fournissent pas d'huile.
D'après une note manuscrite de W. Schimper jointe à un
spécimen récolté au Tigré le 6 novembre 1851 (n° 24) et conservé dans
l'Herbier du Muséum de Paris, O. chrysophylla se nomme Ouéra,
Woyéra ou Woyera en amharique, Aoulé ou Aulé en langue du Tigré,
Edirssa en galla, Saoufetch en abyssin. Il est abondant aux stations
comprises entre 6 000 et 9 000 pieds et W. Schimper se demande si
ce ne sont pas les Portugais qui l'ont introduit dans les basses
régions. On n'utilise pas les fruits, mais les feuilles sont employées
comme vermifuge et laxatif; elles agissent aussi comme émétique.
Habituellement on ajoute quelques feuilles d'Aulé au Kousso (Hage-
nia abyssinica Willd. = Brayara anthelmintica Kunth), plante
anthelminthique d'un usage général en Abyssinie. L'absorption de
ce médicament provoque certains troubles. On sait du reste que
l'extrait total de feuilles de l'Olivier d'Europe est aussi toxique
(Cf. Em. Perrot Mat. prem. Règne végétal, p. 1756).
A la Réunion Olea chrysophylla, qui croît dans les forêts des
environs de Saint-Denis, donne un bois d'ébénisterie connu sous le
nom de Bois d'olive rouge.
— 9 —

La variété du Hoggar (O. Laperrini) donne aussi un bois de


construction mais l'arbre est surtout exploité en têtard pour les branches
fourragères et il est l'objet de mutilations analogues à celles
constatées dans l'Inde pour le type.
A Madère et aux Canaries les vieux pieds de 0. chrysophylla var.
cahariensis laissent exsuder une substance blanche granuleuse,
sorte de manne analogue à la gomme de Lecca produite par O.
europaea dans le S de l'Italie.

IV. L'OLEA EUROPAEA ET SES AFFINITES


AVEC DES FORMES SPONTANEES ACTUELLES
Nous conservons le nom d'Olea europaea L. pour englober toutes
les formes cultivées d'Olivier ou les Oliviers dits Oléastres, arbres
d'apparence spontanée mais descendant de formes cultivées
naturalisées par ensemencement naturel ou par abandon de cultures
dans une zone assez étroite qui encercle toute la Méditerranée.
L'Olivier a été cultivé dans cette zone depuis des millénaires mais-
il est très probable qu'il n'a été spontané au début de sa culture
que dans une partie très restreinte de l'aire actuelle, partie située
à l'Orient.
Il offre des affinités si étroites avec O. chrysophylla Lamk. et
surtout avec ses variétés arabo-saharo-macaronésiennes, au point
qu'on ne peut dire où commence O. europaea et où finit O.
chrysophylla. Ayant décrit plus haut cette dernière espèce, examinons les
caractères les plus marquants de l'espèce cultigène O. europaea.
Arbre de moyenne grandeur (3 à 7 m., parfois 10 à 12 m. de haut),
tronc sur les vieux exemplaires pouvant atteindre jusqu'à 2 m. de
diamètre (sur les très vieux exemplaires parfois âgés de plus de 2.000 ans)
port très variable suivant les variétés : tantôt pyramidal, tantôt étalé
en parasol, parfois pleureur; tronc produisant souvent à sa base des
rejets épineux ou inermes. Feuilles très variables dans leurs dimensions
et leur forme suivant les variétés (ovales, ovales-oblongues, lancéolées-
oblongues, quelquefois presque linéaires), variant de 3 à 8. cm. de long,
1 à 2 cm. 5 de large, d'un vert terne et souvent ponctuées de blanc en
dessus, blanches ou argentées en dessous, par la présence de poils en
écusson très rapprochés, rarement grisâtres, jamais rousses du moins
dans les régions occidentales. Inflorescences en petites cymes axillaires,
sessiles ou ramifiées, faiblement pédonculées, à fleurs en glomérules
oblongs, assez rapprochés. Drupe ovoïde rarement subglobuleuse ou
oblique (bosselée à la base ou à pointe de côté), assez grosse (10 à
30 mm. de long suivant les variétés, à mésorcarpe charnu et oléagineux,
de 2 à 8 mm. d'épaisseur, fruit souvent pendant, noir, rouge, violacé ou
blanc suivant les variétés) ; noyau oblong, aiténué en pointe aux deux
extrémités, ordinairement sillonné longitudinalement; le poids de la
pulpe dans les variétés les plus améliorées représente jusqu'à 75 à 86 %
du poids total.
Or, une grande partie de ces caractères sont aussi ceux de O.
chrysophylla, sauf en ce qui concerne la dimension des fruits et
l'épaisseur de la pulpe. Le port est également variable; le tronc présente
aussi des rejets aux pieds avec de petites feuilles ovales ou même
rondes (caractère des rejets de l'Oléastre dont on a fait la variété
myrtifolia Ait). Les feuilles de O. chrysophylla sont aussi de forme
variable mais en général linéaires et plus étroites que dans O. euro-
— 10 —

paea mais pas toujours : 0. europaea var. linarifolia a aussi des


feuilles linéaires) ; en outre, au lieu d'être blanches argentées en
dessous, elles sont d'un roux-ferrugineux ou d'un gris terne; toutefois
dans les variétés arabo-saharo-macaronésiennes l'indument de la
face inférieure est également blanchâtre (var. albida Chev.).
Dans O. europaea, comme dans 0. chrysophylla, il existe trois
sortes de fleurs dans les mêmes inflorescences : des fleurs
hermaphrodites, des fleurs physiologiquement mâles et d'autres femelles,
de sorte qu'un grand nombre de fleurs avortent. (D'après A. Moret-
tini, dans la var. Santa Caterina de O. europaea 70 à 80 % des
fleurs sont auto-stériles, dans d'autres variétés par contre il n'y en
a que 5 à 10 %.)
Les seuls caractères nets qui distinguent les deux espèces, c'est
que dans O. chrysophylla les fleurs sont plus lâches, plus espacées et
les pédoncules sont plus grêles et plus longs, souvent ramifiés. Enfin
le fruit est très petit (4 à 8 mm. de diam.), ovoïde ou subglobuleux,
noir à maturité, à mésocarpe très mince, à peine huileux. Le noyau
est aussi très petit et lisse.

V. PAYS D'ORIGINE DE LA CULTURE DE L'OLIVIER


Pour A. de Candolle, la patrie préhistorique de l'Olivier serait
la Syrie et les pays avoisinants. Les moulins à huile étaient très
répandus dans cette contrée à l'époque phénicienne. Vers l'E, en
Mésopotamie et aussi en Iran, les Oliviers sont très clairsemés et
probablement d'introducjion assez récente. Vers le S E au contraire,
sur les confins du désert syrien on en trouve encore. En plein désert,
à Palmyre et à Sokhné existent encore de vieux Oliviers. Ils sont
sans doute cultivés mais sur les montagnes qui s'étendent aux
parties N E de l'Arabie ou existent encore peut-être des Olea sauvages
proches parents à la fois de O. chrysophylla (spontané en Arabie)
et de certaines formes ancestrales, tel l'Olivier de Mascate.
En Syrie même les Oliviers regardés comme spontanés ne sont
pas rares sur les Djebel qui avoisinent la Méditerranée, notamment
dans l'Antiliban et aux environs de Tripoli et de Homs. On les
déterre dans la montagne et on en fait des porte-greffes. Certaines
formes cultivées en Syrie, décrites par E. Achard ont des caractères
primitifs, telle la var. Roumani, petit Olivier qui n'atteint que 5 à
6 m. de haut ou la var. Souri cultivée près Damas, arbre qui atteint
jusqu'à 12 m., monte jusqu'à 500 m. d'alt. et se multiplie par éclats
racines de vieux arbres; elle donne des fruits noirs à
maturité avec des points roussâtres comme chez O. ferruginea. Dans les
Etats Alaouites près Lattaquié vit un Olivier sauvage, constituant
la var. Zeitboun Bari cultivée parfois et produisant des fruits très
petits mais donnant cependant une huile fine. L'Olivier fut sans
doute cultivé dans ces contrées au début de l'époque néolithique
et même il fut cultivé en Arabie dans des parties aujourd'hui
transformées en déserts mais qui recevaient à cette période suffisamment
de pluies pour que notre arbre pût y prospérer et y constituer des
forêts.
La culture de l'Olivier domestique a dû prendre naissance en
_ 11 _

Asie mineure ou en Arabie à une époque où 0. chrysophylla avec


des formes nombreuses y vivait à l'état sauvage et y était abondant
sur les montagnes. C'est probablement à l'époque où débutait aussi
la culture des céréales dans les régions sub désertiques avoisinantes
et celle des Jujubiers producteurs de farine. Il est possible aussi
que d'autres espèces d'Olea aujourd'hui disparues à l'état spontané
aient pu également intervenir. Il est à noter qu'on ne connaît pas
d'Olivier du groupe europaea à feuilles ferrugineuses ou dorées
comme dans le type de la plante sauvage de l'Himalaya, du S de
l'Arabie orientale. Mais la variété maderensis témoigne qu'il existe
encore des formes sauvages à feuilles blanches-argentées en
dessous comme les 0. europaea (Oléastre et variétés cultivées).
Il semble que l'Olivier n'existait pas en Europe sur le littoral
méditerranéen avant son introduction par l'homme (1). Il est
complètement inconnu à l'état fossile depuis le Pliocène jusqu'à la fin
du Quaternaire. Par contre, Schimper signale 9 espèces dans le
Miocène d'Europe centrale.
0. chrysophylla est sans doute une espèce très ancienne comme
le prouve son aire très vaste qui s'étend de l'Himalaya au Cap de
Bonne Espérance et de l'Inde aux Iles du Cap Vert. De l'E à l'W
l'espèce est restée localisée sur les montagnes de la zone
subdésertique ou dans des îles peu habitées.
L'homme quaternaire Blanc a mis en culture à l'origine des Olea
ayant un mince mésocarpe charnu oléagineux tout comme le Noir
africain a mis en culture le Palmier Elaeis à petits fruits qui
fournissait aussi une huile comestible. Mais l'Olivier a sur le Palmier
à huile l'immense avantage de pouvoir être multiplié par
bouturage à l'aide des nodosités qui naissent sur les racines et au pied
de l'arbre que l'on détache pour en faire de nouveaux plants. Ainsi
il devenait possible de multiplier les individus avantageux nés par
hybridation ou mutations. Ces nodosités, véritables boutures
dormantes, pouvaient ainsi être transportées au loin sans périr. C'est
plus tard que fut inventée la greffe. Contenau écrit que les
Phéniciens, en Babylonie, savaient extraire de l'huile des Oliviers
sauvages avant de les cultiver, 3 000 ans avant J.-C, mais c'est
une pure hypothèse. Il est plus probable que la culture est née dans
des régions montagneuses, habitat des Oliviers sauvages du groupe
0. chrysophylla
II y a vraisemblablement plus de 6 000 ans que des variétés déjà
cultivées de O. europaea transportées par souches sur des
embarcations ou par caravanes au cours des migrations et invasions ont
essaimé sur les deux rives de la Méditerranée en partant de l'Asie
mineure. Puis de nouvelles variétés sont apparues successivement
dans les pays où l'Olivier étai,t introduit et cultivé et ces morphoses
nouvelles ont été le point de départ non seulement des races
cultivées mais aussi des Oléastres d'apparence sauvage. Pour nous, la

(1) Battandier et Trabut, Flore d'Algérie, 1888, p. 581, considèrent


l'Oléastre d'Algérie comme certainement spontané « et une des essences
forestières la plus généralement répandue en dehors de toute action de
l'homme. » Nous n'en sommes pas aussi convaincu, ayant constaté avec
quelle rapidité certaines plantes importées se naturalisent, se répandent
«t prennent l'aspect de plantes sauvages.
— 12 —

culture n'a pas pris naissance en divers points de la région


Méditerranéenne mais il a existé un berceau de cette culture et ce
berceau se trouve dans une région où devaient exister des formes de
O. chrysophylla donnant des fruits un peu charnus.
Les descendants des premiers plants cultivés ont par la suite
varié à l'infini en produisant des mutations ou en s'hybridant
entre eux et même en se croisant avec les écotypes sauvages ou
naturalisés près desquels ils étaient plantés, ces plantes se croisant
constamment entre elles et augmentant encore le polymorphisme^
II existe à l'heure actuelle des milliers de variétés d'Olea euro-
paea. Celles d'Italie, de France, d'Espagne commencent à être
connues. On a déjà cherché à les classer. Celles d'Orient (Syrie,
Liban, Mésopotamie) seraient les plus intéressantes à connaître,,
qu'elles soient cultivées ou subspontanées car elles sont
probablement les formes ancestrales primitives et elles pourraient
vraisemblablement nous donner la clef de l'origine de la culture et des
transformations successives. Malheureusement elles sont très mal
connues. D'après ce que nous savons, il semble que c'est en région
méditerranéenne occidentale que se trouvent actuellement les
variétés les plus méritantes et les plus productives, c'est donc loin
du berceau de la culture, comme pour le Palmier Elaeis, que
l'homme a réalisé les plus belles sélections.

VI. LA CLASSIFICATION DES OLIVIERS CULTIVES


ET LEUR GRANDE VARIABILITE
Depuis qu'elles ont été mises en culture, les formes dérivées
de O. chrysophylla et d'écotypes voisins se sont croisées et ont
varié à l'infini. L'homme a choisi les variétés les plus méritantes
pour les répandre par bouturage et par greffe. Aucune classification
méthodique de ces variétés cultivées dans le monde n'a été tentée
jusqu'à ce jour. D'innombrables sortes ont été décrites se
différenciant par le port de l'arbre, sa taille et sa végétation, la direction
des rajneaux, la forme, la dimension et l'indumentum des feuilles,
la disposition et la densité des inflorescences, la forme et la
grosseur des fruits, leur richesse en huile, leur couleur à complète
maturité et la dimension des noyaux lisses ou striés.
En France, seulement une centaine de variétés cultivées sont
connues aujourd'hui (Ruby).
Lamarck, dans le Tome IV de l'Encyclopédie (an IV)
rassemblant les données de Tournefort, Duhamel, Gouan, Rozier, citait
une trentaine de variétés pour la France. Il se demande si ce sont
les mêmes qui existent en Espagne, .en Italie, en Grèce. La chose
importe peu, dit-il, « mais il ajoute que le cultivateur a besoin
d'être assuré par l'expérience que telle ou telle espèce résiste
mieux au froid que telle autre, que l'une donne beaucoup de fruits
et ces fruits beaucoup d'huile, etc. »
Notre ignorance est encore grande sur ces points malgré des
travaux nombreux poursuivis depuis un siècle. La plupart des
variétés ne sont maintenues que par la culture (greffage ou
bouturage). Du temps de Virgile et Columelle « le nombre des variétés-
— 13 —

existant en Italie égalait déjà la quantité de grains de sables dans


le désert. « Actuellement on répartit les sortes d'olives en deux
catégories : 1° olives provenant d'arbres cultivés et greffés dont
les huiles sont douces et fines (c'est la catégorie d'O. sativa) ;
2° olives d'arbres incultes produisant des huiles amères ou âpres
(c'est la catégorie d'O. sylvestris ou Oléastre). Mais d'après divers
oléiculteurs : « en donnant à l'Oléastre des soins attentifs et
prolongés (en le taillant et en labourant le soi aux alentours) on arrive
à l'améliorer jusqu'à lui faire produire des fruits charnus
exploitables et par contre des O. sativa abandonnés à eux-mêmes, sans
soins, ne produisent plus que des fruits petits semblables à ceux
de l'Oléastre. » (E. Verdier) .
Cette assertion n'est pas entièrement exacte. Chaque variété
cultivée, quand elle est laissée sans soins, conserve certainement
ses caractères systématiques si elle perd ses qualités culturales. De
même un Oléastre sauvage gardera ses caractères primitifs même
en culture. S'il s'améliore en culture et donne des fruits charnus,
plus gros, exploitables, c'est qu'il avait antérieurement ces
caractères et qu'il appartient à une race « saliva ».
Les vrais Oléastres, à petits fruits à peine charnus ne sont guère
améliorables et ne peuvent servir que de porte-greffes. Ils sont
l'analogue des égrains ou surets de Pommiers par rapport aux
sortes de Pommiers à cidre cultivées dans nos vergers de
Normandie.
Les meilleures variétés d'O. sativa cultivées en Italie, en France,
en Espagne, en Afrique du N sont bien connues, mais il est
difficile de les classer. Pourtant elles diffèrent parfois par des
caractères importants qui seraient parfois suffisants pour les classer
comme espèces s'il s'agissait de plantes sauvages. Il existe de
nombreux essais de classification.
E.-A. Duchesne (Repert. PI. utiles, 1836) cite 42 variétés
désignées sous les noms latins de O. europaea alba, O. eur. amygdalina,
O. eur. hispanica, O. eur. praecox, O. eur. latifolia, etc.; mais il
n'en donne pas les descriptions.
Depuis une cinquantaine d'années divers travaux ont été publiés
sur les variétés d'Italie. Le Pr Campbell de Sora avait présenté au
Congrès international d'Oléiculture, tenu à Toulon en 1908
(L'Oléiculture mondiale, 1909) un essai de classification des Oliviers
basé sur l'inflorescence étudiée chez de nombreuses variétés, mais
il en est fait simplement mention et nous ignorons si elle a été
publiée.
Vers la même époque Savastero et le Dr M. Marinucci se sont
occupés de classer les races cultivées en Italie méridionale.
Savastero divise d'abord les Olea cultivés en deux sections, la
sect. A) comprenant les sortes ayant un sarcocarpe oléagineux,
et la sect. B) comprenant les sortes dont le sarcocarpe est
simplement charnu avec très peu d'huile. La première série est ensuite
divisée en trois groupes, d'après la forme du fruit : 1° drupe
arrondie, 2° drupe ovoïde, 3° drûpe irrégulière. Dans la série B
il distingue aussi des formes à drupe arrondie et des formes à
drupe ovoïde.
Pour Marinucci c'est le noyau qui est à la base de la classifl-
14
cation et il distingue quatre catégories suivant que le noyau est
fusiforme, oblong, elliptique, obovale.
Les classifications faites en France reposent surtout sur la forme
des feuilles et les rapports entre la longueur et la largeur de
celles-ci.
C. Flahault, da.ns sa préface à l'étude des variétés d'Olivier de
Degrully et Viala (1886) a tenté un premier classement.
Dans son Plantae europae, tome XV (1888) M. Gandoger groupe
les O.
1° spécimens
polymorpha
d'Olea
Risso
de son
(renfermant
Herbier toussous les
les 0.
trois
cultivés),
appellations
2° 0.:
Oleaster H. et Link. (= 0. commuais Ait.), 3° O. silvestris Mill,
(synonyme de 2° d'après d'autres botanistes). Dans le premier
groupe, Gandoger mentionne 28 espèces nouvelles sous des noms
latins, mais on sait que toutes les sortes définies par cet auteur
dans son vaste ouvrage sur la Flore d'Europe n'ont aucune valeur
scientifique. Ses appellations n'ont d'autre but que de donner des
noms à des spécimens d'herbier. En débutant, il répartit ses espèces
en séries basées, d'abord sur la largeur des feuilles (de 6 mm.,
8 mm., 10 mm., 12 mm., 14 mm.). Il n'est pas douteux que toutes
ces largeurs peuvent se trouver sur un même arbre, suivant la
position de la feuille ! Cela suffit pour montrer comment une telle
classification est peu sérieuse.
En 1918, J. Ruby a tenté une classification des variétés d'Oliviers
cultivés en France sur des bases un peu plus rationnelles. En
premier lieu il se sert du rapport de la largeur à la longueur des
feuilles
2° :la1 °longueur
largeur moins
du limbe
de quatre
égale defois
4 àla5 longueur
fois sa largeur
(feuilles(f.oblongues)
oblongues-;
linéaires) ; 3° la longueur du limbe dépasse cinq fois sa largeur
(feuilles linéaires). Il les classe ensuite d'après la grosseur des fruits
et leur longueur (ronds, ovoïdes, cylindracées, asymétriques) et
enfin d'après les caractères des noyaux (à 8 sillons ou moins de 8,
de 8 à 10 sillons, ou 10 sillons ou davantage). C'est toutefois la
forme, la grosseur et la couleur des fruits à maturité, leur richesse
en huile qui fournissent les caractères les plus importants. Enfin,
il est tenu compte aussi de la disposition des fruits tantôt en
grappes, tantôt par drupes isolées. La couleur à maturité est très
variable. Il existe des variétés à fruits noirs, d'autres à fruits rouges
ou noir-violacé. L'olive albigera d'Italie est blanche comme de
l'ivoire à maturité, l'olive verdéal est verte même à l'état mûr.

VII. RENDEMENTS ET SELECTION

Les olives des variétés cultivées les plus courantes pèsent à l'état
frais de 1 gr. 50 à 2 gr. et représentent en poids 4 parties de pulpe
pour une partie de noyau mais il en existe de beaucoup plus grosses.
L'olive de Raguse pèse 3 à 4 gr. La variété royale ou triparde (var.
regia auct.) à gros fruit très oblong pèse jusqu'à 10-12 gr. mais son
noyau est gros, fusiforme, strié. De même la var. Tefah d'Algérie
donne aussi de grosses olives pesant jusqu'à 12 gr. Le record de
taille et de poids est tenu par la var. Judiaca du Portugal qui donne
des olives de 13 à 15 gr. et de 36 mm. de longueur. Ce ne sont pas
_ 15 _

du reste les variétés donnant les plus gros fruits qui sont les plus
estimées. Dans le Sahel de Sousse (Tunisie) la var. Chemlali qui
donne des olives petites, ovoïdes, réunies en grappes à noyau petit
et lisse et à forte proportion de pulpe est très appréciée. Certains
arbres donnent jusqu'à 6 hl. 5 d'olives par récolte mais ils ne
produisent habituellement que tous les deux ans,
Dans la province de Bari et dans celle de Lecce en Italie on
obtient parfois dans un hectare planté en bonne variétés, avec des
arbres soignés jusqu'à 1 000 kg. d'huile par an, mais c'est très
exceptionnel. On considère que dans des olivettes adultes et bien
entretenues un rendement de 300 à 400 kg. d'huile à l'hectare est
satisfaisant et dans bien des cas il faut se contenter de 80 à 150 kg.
On sait qu'en passant les olives dans le pressoir on obtient l'huile
de la pulpe mais aussi celle contenue dans la coque et l'amande
(moins ce qui reste dans les grignons).
La teneur de la pulpe en huile varie de 10 à 34 %, la teneur des
amandes 30 à 50 % (en moyenne 45 %). Une olive avantageuse doit
contenir 25 à 30 % de son poids total en huile. On compte que les
fruits bien mûrs d'une variété de choix doivent avoir environ 80 %
de pulpe et 20 % de noyau mais il n'en est pas ainsi dans beaucoup
de variétés, ainsi la var. Petit Chemlal d'Algérie a un noyau qui
pèse 54 % du poids de l'olive.
D'une manière générale, on doit considérer qu'un rendement en
huile de 20 à 25 % du poids total des olives est un rendement
excellent et dans la pratique on ne peut extraire que 18 % d'huile et
même 14 à 15 % si l'on ne dispose que de machines peu
perfectionnées. '
En Italie, dans les régions où les olivettes étaient bien
entretenues on estimait, avant la guerre de 1914, qu'un Olivier en plein
rapport, de l'âge de 30 à 40 ans, donne en moyenne de 30 à 40 kg-
d'olives qui produisent 8 à 10 kg. d'huile. S'il est plus jeune il n'en
produira que la moitié.
Les olives riches en huile ne sont pas les p'ius recherchées comme
olives de conserve. Celles-ci sont fournies par des variétés spéciales
donnant des fruits gros ou moyens à noyau aussi réduit que
possible. La cueillette doit se faire à la main et les* fruits pour être
mis en conserve doivent être de même grosseur et passer par des
machines à calibrer. Aussi est-il nécessaire de rechercher par
sélection des variétés donnant des fruits homogènes. L'homogénéité est
le résultat non seulement d'une sélection dans la variété cultivée
mais aussi du bon entretien des plantations.
Malgré cette sélection et les soins, les olives d'une même variété
présentent des variations importantes dans leur teneur en huile
suivant les années.
Chaque variété a aussi un comportement spécial suivant le climat,
le sol, l'exposition. Certaines variétés sont plus résistantes que
d'autres aux froids hivernaux. Il en est par contre qui
s'accommodent de la vie dans les oasis et l'on peut se demander s'il ne serait
pas possible de sélectionner des variétés s'accommodant du climat
saharien méridional et même peut-être du climat sahélien du N du
Soudan. On arrivera même probablement à cultiver des variétés
améliorées d'Olivier dans les pays tropicaux à longue saison sèche..
— 16 —

O. chrysophylla, l'ancêtre, n'est-il pas spontané dans toute l'Afrique


orientale?

VIII. RESUME ET CONCLUSION


Olea europaea L. est un groupe cultigène de formes nées par
mutation ou hybridation et adaptées par la culture à certaines
conditions de climat, de sol, de chaleur, d'éclairage. Elles ne se
maintiennent pas transportées dans d'autres régions où le climat est un
peu différent. Leur plasticité est grande; aussi, multipliées par
semis, elles se modifient d'autant plus que la plupart sont
hétérozygotes. Elles présentent aussi un certain nombre d'accommodats
déterminés par le milieu et non héréditaires. Suivant l'âge même,
elles se modifient. Les feuilles caractérisant chaque variété ne
s'établissent souvent que quand l'arbre est adulte et que ses
branches sont bien exposées à la lumière et en état de fleurir. Les
feuilles sur plants juvéniles ou sur repousses sont souvent très
différentes de celles de l'individu adulte. Toutes les variétés et les Olé-
astres sont issus d'un type spécifique ancien présentant lui-même
des formes nombreuses, 0. chrysophylla Lamk. qui vit encore à
l'état spontané sur une aire très vaste s'étendant sur l'Asie S W et
sur l'Afrique orientale ou australe et sur la Macaronésie est cet
ancêtre. La culture a pris naissance en Asie mineure et en Arabie.
L'espèce O. chrysophylla Lamk. vit sur un territoire immense
allant de l'Himalaya au Cap de Bonne-Espérance et de l'Arabie aux
îles Canaries et aux îles du Cap Vert et à l'Ouest de l'Afrique sur la
côte E de Madagascar et sur les Mascareignes. Sur cette vaste
étendue elle présente des formes nombreuses qui sont plutôt des adap^
tations écologiques que des jordanons héréditaires (1). C'est ainsi
que dans la zone tropicale et sur les montagnes soumises aux
pluies des moussons les feuilles sont sur la face inférieure d'un
ocre-ferrugineux, tandis qu'elles sont d'un blanc-argenté dans les
régions arides où il pleut très peu.
(1) Ces variétés sont conservées presque exclusivement par la greffe.
On peut les greffer non seulement sur des Olea europaea francs de pied,
mais aussi sur O. chrysophylla et ses variétés. On se sert parfois de
celui-ci dans l'Inde, en Erythrée et à Madère comme porte-greffe de
l'Olivier cultivé.

LÉGENDE DE LA PLANCHE I
A. Olea europaea L. (cultivé) :
1. Rameau avec jeunes fruits. — 2. Fleur commençant à s'épanouir. —
4. Fruit développé (olive) en coupe longitudinale. — 5. Fleur (corolle
enlevée) en coupe longitudinale. — 6. Rameau en fleurs (4 et 5, d'après
Knoblauch in Engler et Prantl. : Pflanzenfamilien IV, 2, p. 12).
B. Olea chrysophylla Lamk. d'Abyssinie montrant l'analogie avec
O. europaea.
C. Olea Laperrini Batt. et Trabut. — 1. Rameau stérile. — 2. Rameau
portant quelques fruits. — 3. Coupe du fruit avec un petit noyau et
endocarpe mince.
D. Olea chrysophylla Lamk. d'Erythrée (d'après A. Fiori, Boschi piante
dell'Erithrea, 1912, p. 298) pour montrer la presque identité avec les
dessins B et C.
Chevalier Aug. : Olea. Planche I.

Songe

Rev. de Bot. Appl


— 18 —

Les formes les plus remarquables qui méritent d'être retenues


sont :
Var. euchrysophylla Chev. C'est la forme typique de l'Afrique
tropicale, à feuilles oblongues, lancéolées ou parfois lancéolées
linéaires, d'un beau roux-doré en dessous. Toute l'Afrique orientale,
depuis l'Erythrée jusqu'au Zambèze sur les montagnes, Madagascar
et La Réunion.
Var. somaliensis (Baker) Chev. = Olea somaliensis Baker. Feuilles
oblancéolées-oblongues, rétrécies à la base, subcoriaces, luisantes en
dessus, d'un blanc mat en dessous.
Somalie britannique de 1 000 à 2 000 m. d'alt. Ahl mountains
(Hildebrandt), Mont Berdale (Gillett).
Var. hubica (Schwf.) Chev. = 0. europaea var. nubica
Schweinfurth ex Baker. Feuilles ovales ou oblongues obtuses, d'un vert mat
en dessus, d'un blanc roussâtre en dessous.
Nubie : Mont Erkowit près Suakim (Schweinfurth, n° 249). N'est
probablement qu'un état juvénile du type.

Var. albida Chev. Feuilles lancéolées-linéaires, atténuées aux deux


extrémités, d'un vert mat en dessus, d'un blanc mat en dessous, les
jeunes feuilles seules couvertes d'un revêtement roux très pâle.
Arabie : Msil dans le Yémen (A. Deflers, n° 246).

Var. Aucheri Chev. Feuilles coriaces, ovales oblongues, ou


lancéolées-linéaires, d'un vert mat en dessus, d'un blanc roux très pâle en
dessous.
Arabie : Djebel Akadar près Mascate (Aucher-Eloy, n° 4918).
Var. ferruginea (Royle) Chev. = O. ferruginea Royle = 0. cuspi-
data Wall. Feuilles oblongues ou oblongues linéaires, longuement
atténuées aux deux extrémités, luisantes en dessus, d'un
roux-ferrugineux en dessous.
Inde : N W de l'Himalaya, Cachemire, Punjab, Afghanistan et
Beloutchistan.

LEGENDE DE LA PLANCHE II
Groupe de VOlea chrysophylla du Cap, d'Abyssinie et de l'Inde :
A. O. chrysophylla var. verrucosa (Link.) Chev. — 1. Rameau en fleurs. —
2. Fleur épanouie grossie. — 3. Rameau en fruits (1 à 3, d'après O.
verrucosa Link, du Cap, Coll. Drège in Herb. Mus. Paris).
B. O. chrysophylla Lamk. d'Abyssinie (W. Schimper, n° 24 et Quartin-
Dillon, n° 90. — 1. Rameau en fleurs. — 2. Fleur en bouton. — 3 et 4.
Fleur ouverte. — 5. Etamines. — 6. Corolle étalée avec les étamines. —
7. Fleur en coupe longitudinale. — 8. Fleur avec la corolle enlevée
montrant le pistil. — 9. Fruit.
C. Olea chrysophylla var. cuspidata (Wall.) Chev. de l'Inde. — 1.
Rameau en fleurs. — 2. Fleur épanouie. — 3. Rameau en fruits. — 4. Fruit
en coupe longitudinale (1, d'après Herb. Hooker et Thomson; 3, d'après
Herb. Jacquemont).
Chevalier Aug. : O/ea. flanche II.

BO-J.
— 20 —

Var. verrucosa (Willd.) Chev. = 0. europaea var. verrucosa


Willd. = O. verrucosa Link = 0. similis Burchell = 0. africana
Miller.
Feuilles oblongues-linéaires ou parfois linéaires, luisantes en des
sus, d'un blanc mat ou parfois d'un roux pâle en dessous.
Afrique du Sud et Basutoland. Cette forme doit son nom «
verrucosa » à la présence (parfois) sur les rameaux de petites nodosités
ligneuses dues à la piqûre d'un insecte ou peut-être à des tumeurs
causées par Bacterium savastanoi.

Var. maderensis (Lowe) Chev. = 0. europaea var. maderensis


Lowe = O. Lapèrrini Batt. et Trabut. Feuilles lancéolées-linéaires
et souvent même étroitement linéaires vertes en dessus, argentées
-ou grises en dessous, parfois d'un roux fauve clair sur .les jeunes
pousses.
Sahara centrai : Hoggar, Madère, Canaries, îles du Cap Vert.
Présente parfois à Madère des repousses à petites feuilles ovales-
elliptiques (var. buxifolia Lowe).

Var. Mandoni Chev. Feuilles lancéolées-linéaires, longuement


atténuées aux deux extrémités, ayant jusqu'à 8 cm. de long et 5 mm.
de large, sombres et luisantes en dessus, d'un blanc-grisâtre en
dessous, d'un roux-clair sur les jeunes pousses. Inflorescences
dressées, très lâches. Fruits dressés, ovoïdes-allongés, asymétriques
(plus bombés d'un côté), assez gros (10-15 mm. X 5 à 8 mm.) munis
d'un petit mamelon au sommet, à partie charnue très mince,
recouvrant un gros noyau.
Madère : pico da Neve, dans les rochers (G. Mandon, Plantae
Haderenses, 1865, n° 174 in Herb. Mus. Paris).
Il y a de grandes probabilités pour que cette forme soit un
hybride : O. chrysophylla maderensis X O. europaea.
Ce spécimen est le seul exemplaire que nous ayons vu dont la
position systématique s'intercale entre l'Olivier cultivé et O.
chrysophylla. Cette espèce a donc perdu par la culture ses caractères
primitifs. Du reste la sélection n'a porté que sur les formes
orientales à feuilles blanchâtres en dessous (var. nubica, albida, Aucheii).

LÉGENDE DE LA PLANCHE III


Groupe de O. chrysophylla et formes voisines :
A. O. europaea L. var. linarifolia Chev. d'Anatolie (coll. Wiedemann in
Hb. Mus. Paris).
B. O. europaea var. maderensis Lour. — 1. Rameau fleuri. — 2 et 3.
Inflorescences. Spécimens de Ténérife coll. Bourgeau n° 261 in Herb. Mus,
Paris.
C. O. europaea L. var. maderensis Lowe (ou cerasiformis Webb, de
Grande Canarie. Coll. Bornmiiller n° 951 in Herb. Mus. Paris. — 1.
Rameau. — 2 et 3, Fleurs.
D. O. europaea L. var. Mandoni Chev. Madère, Pico de Neve. Coll.
Mandon, n° 174 in Herb. Mus. Paris. — 1. Rameau stérile. — 2. Racème avec
un fruit.
Chevalier Aug. : Olea. Planche III.

B
— 22 —

Nous avons toutefois décrit une variété longifolia de 0. europaea,


d'Anatolie qui a conservé des feuilles linéaires blanches en dessous
mais dont le fruit n'est pas connu. A l'E du berceau de la culture
de l'Olivier dans l'Inde, on continue à multiplier comme arbre
fourrager un 0. chrysophylla typique qui donne de tout petits
fruits et a conservé ses feuilles très rousses en dessous. Cette forme,
voisine de celles d'Erythrée, de Nubie, d'Abyssinie, des Masca-
reignes, de l'Afrique australe aurait pu aussi sans doute être
améliorée par la sélection, en vue d'obtenir des fruits plus gros et à
pulpe épaisse et riche en huile. Seuls les hommes anciens de l'Orient
méditerranéen ont été capables de créer en partant d'un arbre
sauvage à petits fruits, un Olivier oléifère, mais la culture de l'Olivier
aurait pu tout aussi bien prendre naissance sur les montagnes de
l'Afrique orientale tropicale, aux Mascareignes, en Afrique australe,
en Macaronésie, dans le Sahara même, si ces contrées avaient
possédé aussi des groupements humains suffisamment évolués,
intelligents et observateurs pour améliorer la production végétale
particulièrement lente et difficile pour les arbres. Comme l'écrit A. de
Candolle dans « L'origine des Plantes cultivées », pour avoir l'idée
de mettre en culture une plante sauvage, il faut un climat favorable,
un certain degré de sécurité et de fixité, enfin une nécessité
pressante. Mais il fallait aussi, ce que ne dit pas de Candolle, un génie
spécial, cette merveilleuse réussite de YHomo mediterraneus orien-
talis, ce pouvoir intellectuel de création et de volonté qu'il a eu
dès un lointain passé préhistorique, en inventant l'agriculture et
la sélection des plantes. C'est bien de ce domaine syrio-iranien et
des terres environnantes qu'est partie la culture de presque tous
les arbres fruitiers et en particulier celle de l'Olivier. Cette culture
allait ensuite s'étendre vers l'Occident, sur les deux rivages de la
Méditerranée en réalisant des progrès tels que dans cette région du
globe l'Olivier ne peut plus sans doute être amélioré tant il existe
de variétés perfectionnées et bien adaptées à ce climat méditer-

LEGENDE DE LA PLANCHE IV
Croupe de O. chrysophylla, formes d'Arabie, de Somalie et du Basutoland:
n° A.246
O. inchrysophylla
Herb. Mus. var.
Paris.
albida
— 1.Chev.
Rameau.
Msil —
au 2.
Yémen.
Fleur Coll.
en boutons.
A. Deflers,

3. Fleur avec la corolle coupée en deux et le pistil.
B. O. chrysophylla var. Aucheri Chev. Djebel Akader près Mascate en
Arabie. Coll. Aucher, n° 4918 in Herb. Mus. Paris.
C. O. chrysophylla var. verrucosa (Link.) Chev. Basutoland. Coll. Die-
terlen in Herb. Mus. Paris. — 1 et 2. Rameaux en fleure et en fruits. —
3. Fruit. — 4. Noyau.
D. O. europaea var. buxifolia Lowe (repousse stérile de O. europaea
maderensis) . Madère : îles Désertes Coll. Mason, n° 205 in Herb. Mus.
Paris. D'après le spécimen de l'Herbier! 0
E. O. europaea var. nubica Schwf. (= O. chrysophylla, repousse stérile)
Souakim, Nubie (coll. Schweinfurth, n° 249 in Herb. Mus. Paris). —
Rameau stérile.
F. O. somaliensis Baker (= O. chrysophylla) Somaliland Coll. J. B. Gil-
lett, n° 4683 in Herb. Mus. Paris. — Rameau en fruit.
Chevalier Aug. : Olea. Planche IV.
— 24 —

ranéen, tandis que dans d'autres régions, où des races de 0. chryso-


phylla pourraient sans doute se cultiver après améliorations, tout
reste encore à faire.
Cet exemple ne suffit-il pas à montrer l'étonnante, la merveilleuse
réussite de l'Homme brun, puis de l'Homme blanc méditerranéen!
N'est-ce pas une chose prodigieusement remarquable que d'un
arbre qui croît très lentement, donne peu de fleurs fertiles à l'état
sauvage, produit des fruits tout petits et à peine charnus et d'un
poids minime (il en faut 10 à 20 pour peser un- gramme), on soit
arrivé à obtenir une variété cultivée, telle la Grosse Olive d'Espagne
(0. hispanica Miller) dont le fruit mûr, ovoïde, atteint 5 cm. de
long et le poids de 15 grammes, soit une taille 150 à 200 fois plus
grosse que celle des fruits de l'espèce qui a été le point de départ
de tous les Oliviers cultivés.

Note complémentaire sur les espèces et variétés d'Olea


citées et figurées dans nos Planches.

Olea europaea L. Sp. Plant. 8. — Suivant son habitude, Linné


n'a donné aucune précision sur les plantes qu'il admettait sous ce
vocable spécifique, mais il n'est pas douteux qu'il y faisait rentrer
toutes les variétés d'Olivier connues de son temps, y compris l'Olé-
astre. La seule autçe espèce d'Olea qu'il ait connue est O. capensis
L., plante toute différente.
Tournefort (Inst. R. H.), avait par contre énuméré une dizaine
de variétés cultivées et Olea sylvestris folio duro subtus incano qui
était POléastre du Midi de la France. Dans l'édition 4e du Species
PJantarum (1797) Wildenow rattache à O. europaea plusieurs
variétés, la plupart empruntées à Aiton (Hort. Kewensis). Parmi elles
une var. verrucosa Willd. I, 44 (1797) du Cap est celle qui allait
être décrite plus tard comme espèce sous le nom de O. verrucosa.
Une autre forme, O. europaea var. longifolia (foliis lineari lanceo-
latis planis, subtus argenteis), est probablement celle que nous
avons figurée (PI. II A) provenant d'Anatolie.
Planche L — Le type que nous avons représenté (fig. 1 et 6) est
une des formes courantes de l'Olivier d'Algérie (Herb. CossonK
La figure du noyau est empruntée à Engler et Prantl. On
remarquera l'épaississement sur un côté qui n'existe pas sur les formes
sauvages qui ont le noyau lisse sans carène.
O. chrysophylla Lamk. — Le type de Lamarck a été récolté par
Commerson à la Réunion. La description que donne Lamarck est
vague mais le spécimen qui lui a servi pour la description existe
encore dans son Herbier. Il est tout à fait identique aux formes
sauvages qui se rencontrent en Afrique orientale depuis l'Erythrée
jusqu'à la Zambézie ainsi qu'à celles de la Réunion et Maurice. Le
spécimen dessiné (PI. II, B) provient d'Abyssinie; il a aussi les
feuilles très dorées à la face inférieure, il en est de même du dessin
D. emprunté à Fiori (plante de l'Erythrée).
Enfin sur la Planche dans le dessin C nous avons figuré O. Laper-
— 25 —

rini Batt. Les fig. 2 et 3 représentent un rameau fructifère et une


petite olive grandeur naturelle rapportée du Hoggar dans l'alcool
par T. Monod. Nous voyons qu'à part la taille des fruits, toutes ces
plantes se ressemblent beaucoup.
Planche II. — Nous avons représenté côte à côte le O. chryso-
phylla semblable au spécimen de l'île Maurice existant dans
l'Herbier Lamarck et côte à côte, O. ferruginea du Cachemire (coll. Jac-
quemont) et O. verrucosa du Cap (coll. Drège). On voit que ces
plantes sont presque identiques et ne font certainement qu'une
seule espèce.
Planche III. — Nous avons représenté aussi sur la même planche
pour montrer leur extrême ressemblance O. chrysophylla var. Au-
cheri des environs de Mascate, O. chrysophylla var. albida du
Yemen, O. chrysophylla var. somaliensis. Nous y avons joint le
dessin de rameaux stériles (repousses?) de O. chrysophylla var.
nubica de la Haute Egypte et O. chrysophylla buxifolia de l'île
Déserta qui présentent aussi une grande ressemblance. c
Planche IV. — Sur cette planche sont groupés des spécimens de
régions éloignées mais présentant de grandes analogies et
appartenant sans nul doute au même type spécifique O. europaea var. linea-
rifolia d'Anatolie, O. chrysophylla var. maderensis de Ténérife, O.
chrysophylla var. Mandoni de Madère (à fruits un peu plus gros et
oblongs) et O. chrysophylla var. verrucosa du Basutoland
ressemblant à O. verrucosa du Cap mais ayant les feuilles linéaires et
argentées en dessous comme les formes du Sahara et des îles Maca-
ronésiennes.
Il nous a semblé utile de publier des dessins de toutes ces formes
pour montrer qu'elles sont à peu près identiques et qu'elles se
rapportent certainement à un même type spécifique qui occupe une
aire très vaste. On ne s'est mis à varier que quand on s'est mis à
cultiver.

L'avenir de la culture du Poivrier en Indochine.

des Recherohes
Rapport
Directeur
présanté
Agronomiques
depar
l'Institut
M. de
ROULE,
l'Indochine.

L'exposé ci-joint fut établi à Saigon, en avril 1946 à la demande


du Directeur de l'Agriculture et de l'Elevage. On en a résumé ci-
dessous les conclusions :
Aucune augmentation de la production n'est à envisager tant que
le problème de la maladie du Poivrier ne sera pas résolu. Une seule
solution à ce problème : l'introduction massive de boutures de la
variété de Poivrier de Java-Sumatra résistant à la maladie. Il faut

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