Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Introduction
En France, l’image du béton auprès de l’opinion publique
n’est pas des plus flatteuse. Si le béton est notoirement
considéré comme un matériau « robuste » il n’en demeure
pas moins que son image est souvent associée à la
« laideur ».
Cette situation est d’autant plus paradoxale que le
développement économique et social dépend du
développement des infrastructures de transport tels que les
ponts, viaducs, tunnels et aéroports réalisés pour une
grande partie en béton. Pourtant, de belles réussites ne
manquent pas dès lors que les moyens techniques sont
consentis. Toutefois, la tendance à la dévolution des
marchés publics au « moins-disant » a poussé à un certain
désengagement générateur de perte de savoir faire de
certains acteurs.
La qualité des parements de béton a été relancée au
travers d’opérations motivées par les pouvoirs publics
Français (programme QUALIBE) et joignant les efforts des
maîtres d’ouvrages, architectes, laboratoires, producteurs
de matériaux et les entreprises de construction.
Il est vrai que la surface du béton, sa « peau », constitue le
premier rempart contre les agents agressifs extérieurs et
requiert une attention particulière. A ce propos, on peut oser
un parallèle avec une problématique humaine de protection,
d’entretien et, finalement, de cosmétique de la peau du
béton.
Problématique
Des publications internationales font référence à la qualité des parements depuis au moins les années
1970 (le rapport n°24 du Comité International du Béton a été rédigé en 1973). En France, ce n’est qu’à
partir de 1985 que les textes réglementaires, notamment les textes concernant les marchés publics,
attirent l’attention des maîtres d’ouvrage sur l’aspect des parements en béton.
Jusqu’à lors, seules les performances physiques (perméabilité, densité, rhéologie à l’état frais) et
mécaniques (résistance, élasticité, fluage) du béton étaient considérées par les professionnels.
L’absence de spécification de la qualité des parements dans les cahiers des charges techniques
particulières (CCTP) jointe au principe de dévolution des marchés publics au mieux-disant a généré un
certain nombre de situations de graves problèmes d’aspect. Certains constructeurs prétextaient même
que le béton étant hétérogène, il devait présenter de nombreux défauts comme preuve de son
caractère. Cette situation a conduit un moment les architectes à se détourner ou à se défier du béton
architectonique et aujourd’hui encore subsiste un doute quant au savoir-faire des entreprises en la
matière.
Cependant, depuis 1985, des progrès ont été réalisés tant sur le plan des spécifications sur la base de
nouveaux textes réglementaires et sur le plan de la sensibilisation des acteurs. D’abord abordée sur un
plan technologique et économique, la problématique de la maîtrise des parements de béton a ensuite
été traitée sur un plan plus scientifique, dans le cadre de programmes nationaux orchestrés par les
pouvoirs publics ou de thèses universitaires à l’initiative d’industriels de la construction.
Aujourd’hui il apparaît comme évident que le parement constitue la peau et donc la première protection
du béton en matière de durabilité, raison pour laquelle les questions touchant à la surface du béton, y
compris son aspect, ont un regain d’intérêt : il y a convergence d’intérêt entre les architectes et les
maîtres d’ouvrage.
A noter que la question de l’esthétique des bétons reste ouverte d’autant plus que de nouveaux
matériaux et de nouvelles techniques de mise en œuvre apparaissent sur le marché (bétons de poudre
réactive, béton auto-plaçant). Il convient de remarquer la prudence des instances professionnelles car si
la normalisation concernant le béton tend vers une Européanisation (norme EN 206-1 depuis 2003), les
textes n’abordent pas explicitement l’esthétique des parements.
Réglementation
Textes applicables en France
En France quatre textes peuvent être appliqués en matière d’esthétique des parements (tableau I).
Chacun d’eux envisage les parements sous trois aspects :
• Les tolérances de forme,
• La texture,
• La « teinte » (bien qu’aucun des documents ne fasse réellement état de la couleur mais
uniquement de la clarté).
REGLEMENTS
différentes classes de parements en béton
Recommandations du CCTG AFNOR
DTU 23
rapport n°24 du CIB Fascicule 65 A NF P18 503
Texte généraliste Travaux de maçonnerie Texte généraliste
Ouvrages d’art
comité international des marchés publics inspiré du rapport n°24
parements parements parements parements
Grossiers Elémentaires Non pris 0
ordinaires ordinaires En compte 1
courants Soignés simples 2
soignés
Soignés fins 3
soignés
spéciaux Soignés 4
ouvragés
Bien que ces différents textes coexistent, ils ne sont pas rigoureusement équivalents et diffèrent dans la
terminologie et dans la correspondance des classes de qualité.
Toutefois ces documents possèdent une structure commune qui peut donc être commentée au travers
de l’analyse de l’un d’eux, notamment le rapport n°24 du Conseil International du Bâtiment qui présente
l’avantage d’être transnational.
Défauts de texture
Pour la plupart, les défaut de texture prennent leur origine au cours du bétonnage ou dans les phases
immédiatement amont (préparation) ou aval (durcissement) ; ils sont résumé dans le tableau IV.
Ils doivent être prévenus car la réparation des défauts de texture est très difficile à réparer : l’utilisation
de produits de ragréage constitue rarement une solution compatible avec l’esthétique d’un parement
architectonique.
Figure 4 - le microbullage à la surface d’un Figure 5 – bullage trahissant l’accumulation d’air le long
béton contribue à conférer un aspect du coffrage dans un process mal maîtrisé
minéral du parement
Défauts de teinte
Les défauts de teinte (tableau V) qui surviennent lorsque l’ouvrage est décoffré ou en service peuvent
nécessiter un traitement de nettoyage et l’application d’une solution préventive.
La correction des défauts éventuels de teinte peut être envisagée sans dommage pour l’aspect minéral
du béton par l’application d’une lasure d’imprégnation colorée, semi transparente à condition que celle-
ci soit correctement formulée (cf. la lecture de l’après midi).
Objectiver l’inspection
Le but de ce paragraphe est de montrer comment l’utilisation de techniques « modernes » telles que
l’analyse d’image permet de rendre un rapport d’inspection de parement objectif et parfaitement
quantifié. L’idée est de montrer que les prescriptions peuvent être vérifiées a posteriori pourvu que l’on
dispose de moyens adéquats.
Afin d’illustrer le propos, la caractérisation du bullage est abordée pour l’exemple. Elle s’opère, dans
son principe général, en une suite d’étapes décrites ci-après.
1. L’opérateur prend une prise de vue à l’aide d’un dispositif de numérisation d’images (appareil
photographique haute définition ou caméra numérique) dans des conditions naturelles
d’éclairage (fig.8).
Dans l’exemple proposé, le bullage est ainsi classé entre les classes 3 et 4 de la planche
« normalisée ».
L’analyse d’images permet d’aller plus loin dans l’expertise du parement et peut servir, par exemple, à
établir de véritables cartographies du bullage établi en classes.
H-
H-
H-
Eau repoussée
H-
H-
O2+
+
O2
+
O2
Tête hydrophobe & lipophobe
Molécule
hydrophobe
Queue adsorbée par le matériau
support
Conclusion
Le béton architectonique apparent répond à une exigence d’esthétique
pour les architectes qui apprécient l’animation de la matière, l’aspect
pierreux et les formes maîtrisées qu’offre le béton.
Le succès d’un béton architectonique réussi dépend de la bonne
concertation entre le maître de l’ouvrage, le maître d’œuvre, le bureau
d’étude et l’entrepreneur.
L’architecte doit être capable de prescrire rigoureusement ses critères de
qualité ; l’entrepreneur doit être capable de s’y conformer. Pour cela les
professionnels peuvent s’appuyer sur des textes en les adaptant suivant les
circonstances.
L’analyse d’image constitue un bon moyen d’investigation objectif à l’usage
du professionnel dans son travail d’inspection.
La qualité a un coût qui doit être pris en compte dans l’élaboration du projet ; dès lors l’investissement
mérite d’être pérennisé en protégeant les surfaces exposées à toutes sortes d’agressions naturelles ou
non. Les lasures d’imprégnation siliconées voire fluorocarbonées présentent le plus large panel de
qualité à cette fin. Le marché voit ainsi apparaître des lasures colorées combinant des fonctionnalités
de protection hydrophobes et anti-taches avec des finalités décoratives.