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décembre 2021
Les Aztèques
La religion aztèque
Aperçu Les temples, le clergé Les sacrifices et les fêtes
Durkheim et Mauss ont montré que cette division du monde correspond à une
division de la société en clans, possédant certains totems, certaines divinités
qui peuvent agir sur les forces naturelles des diverses parties de l'espace. C'est
la forme de la société elle-même qui détermine la conception qu'un peuple se
fait du monde.
Nul doute que les quatre grands quartiers de Mexico n'aient été considérés, à
une époque très reculée, comme correspondant aux quatre quartiers du
monde, et, de même, les vingt calpullis.
Il est probable que le classement des dieux suivit une évolution parallèle et que,
tout d'abord, chaque quartier du monde terrestre eut son dieu particulier;
l'organisation sociale des Mexicains gardait, au moment de la conquête, un
souvenir de ce temps, puisqu'il existait encore un tlamacazqui ou prêtre
principal pour chacun des « barrios » : mais le nom des dieux des quatre points
cardinaux ne nous a pas été conservé. Les sept clans, dont nous avons parlé
plus haut et qui représentent la première division des « barrios », avaient
chacun leur dieu, dont les chroniqueurs nous ont conservé les noms. Ce sont :
Veytia et Tezozomoc qui nous donnent cette liste ne sont en désaccord que
pour la divinité du clan Tlacochcalca : le premier nous donne Tlazolteotl et le
second Oxomoco. A ces dieux vinrent s'en ajouter d'autres de telle sorte que la
mythologie de Mexico comptait, à l'époque de la conquête, une multitude de
divinités, anciennes et modernes.
Elles étaient groupées suivant les sept points de l'espace, mais leur place
n'était pas absolument fixe. Un manuscrit des plus précieux, le Codex
Féjervary-Mayer, nous nontre leur répartition, qui change d'après la figure
divine qui est supposée occuper le milieu. C'est ainsi que Tlaloc est attribué à
l'Ouest, à l'Est ou au Sud, suivant que la divinité centrale est le dieu du feu
Xiuhtecuhtli, le dieu Macuilxochitl ou une divinité dont l'effigie est effacée sur le
manuscrit. De plus certaines formes de la divinité peuvent occuper des places
qui
diffèrent de celle du dieu principal dans un même groupement; Tetzcatlipoca,
sous le nom de Huitznahnacteotl occupe le Sud, mais il régit aussi le Nord sous
l'épithète de Tlacochcalco yaotl. Mictlantecuhtli, « le seigneur des enfers », est
aussi une divinité du Nord, etc. On ne saurait donner actuellement une
explication entièrement satisfaisante de ce « roulement ». Il est très probable
qu'à Mexico, pour chaque calpulli les anciens dieux de clans occupaient la
place centrale, et que les autres dieux leur étaient subordonnés; changeant de
clan et par conséquent de point cardinal, ils étaient classés ailleurs, à un point
cardinal plus ou moins honorable, suivant leur importance'. Enfin, les anciens
Aztèques cultivaient l'astrologie et il est naturel que, suivant les heures du jour
et les jours du mois, les dieux, tous plus ou moins assimilés à des astres, aient
agi sur des régions différentes du ciel. (H. B.).
Pour expliquer ou prévenir les complications et les conflits qui naissaient des
pouvoirs d'un si grand nombre de dieux, il fallait posséder une science que les
prêtres étaient seuls à même d'acquérir; ils trouvaient dans une forme d'astrologie,
c'est-à-dire de divination basée sur les cycles des astres, des solutions à ces
difficiles problèmes. Il est juste d'ajouter que beaucoup de divinités ne sont que les
émanations, sous des vocables distincts, d'une même puissance; tel est le cas pour
la plus importante d'entre elles, le Soleil.
Les cérémonies collectives et les actes individuels religieux tenaient une grande
place dans la vie des Aztèques. Les rites de purification s'accomplissaient souvent;
ils consistaient d'ordinaire à se tirer du sang de diverses parties du corps,
principalement des oreilles. Les dieux, pensait-on, avaient besoin de sang pour
subsister, et cette croyance provoqua un développement énorme de l'effusion du
sang, allant, jusqu'aux sacrifices humains, les uns librement consentis, les autres
inconscients, comme ceux des enfants en bas-âge, ou contraints comme ceux des
prisonniers de guerre C'est par milliers chaque année que se comptaient les
victimes. Celles-ci amenées en grande pompe au pied de la pyramide servant de
piédestal monumental au temple, en gravissaient les marches et parvenues à la
plateforme supérieure, chacune d'elles, à tour de rôle, était jetée sur une table de
pierre et tandis que des aides lui faisaient bomber le thorax le prêtre, d'un seul coup
de son large couteau d'obsidienne lui ouvrait la poitrine et lui arrachait le coeur. Le
rite voulait que l'effusion du sang fût aussi complète et rapide que possible. Le
coeur se plaçait dans une cavité spéciale nommée « coupe des aigles », tandis que
le corps roulait au piéd de l'édifice. Le soir les prêtres réunissaient les cadavres et
en faisaient un repas purement rituel, l'anthropophagie n'étant pratiquée au
Tonatiuh.
Tonatiuh, dieu du Soleil. Il était assoiffé de sang, et patronait les sacrifices humains.
Cosmogonie
Après six cents ans d'inactivité, ces dieux résolurent d'agir. Ils nommèrent
exécuteurs de leurs volontés Quetzacoatl et Huitzilopochtli, qui créèrent aussitôt le
feu, puis un demi-soleil. Ils créèrent ensuite un homme, Oxomoco, et une femme,
Cipactonatl, auxquels ils ordonnèrent de cultiver avec soin la terre. Cipactonatl, qui
devait, en outre, filer et tisser, fut encore dotée du don de prophétie. Elle recevait,
comme récompense de ses oracles, des grains de maïs destinés à l'alimentation de
ses descendants. Les dieux formèrent alors Mictlanteuctli et sa compagne,
Mictlancihuatl, qu'ils nommèrent souverains des enfers. Cela fait, ils divisèrent le
temps en jours, en mois et en années.
La première femme eut un fils; comme il n'avait pas de compagne, les dieux lui en
fabriquèrent une avec un cheveu. Le demi-soleil éclairant imparfaitement la terre,
Tezcatlipoca se chargea de façonner un astre complet. Pour les Nahuatlacas, le
soleil et la lune erraient dans le vide, sans jamais toucher aucun ciel. Le soleil,
curieux détail, parcourait la moitié de l'espace ouvert devant lui, puis rétrogradait.
Son image, à l'occident, n'était que son reflet.
-
Tezcatlipoca et Quetzalcoatl.
Celle-ci leur répondit que, s'ils avaient eu des sentiments plus élevés, ils
auraient cherché à mériter d'être reçus dans le ciel; mais que, puisqu'ils
consentaient à habiter la terre, il fallait aller trouver Mictlanteuctli, le dieu de
l'enfer, et en obtenir un os des hommes qui avaient péri dans la destruction
universelle, et que, quand ils l'auraient arrosé de leur sang , il en sortirait un
homme et une femme qui en produiraient d'autres. Elle les avertit en même
temps de se défier de Mictlanteuctli, qui, après avoir accordé l'objet de leur
demande, pourrait bien s'en repentir. Xolotl, un de ces héros, se mit en route
pour exécuter ces ordres, et pénétra dans les abîmes. Mictlanteuctli lui accorda
sa demande; mais à peine Xolotl se fut-il mis en route avec l'os qu'il en avait
obtenu, que le dieu de l'enfer, se repentant de sa condescendance, comme
Omecihuatl l'avait prévu, se mit à sa poursuite pour le lui reprendre.
Les héros ayant obtenu des hommes pour les servir, s'occupèrent aussitôt des
moyens d'éclairer le monde; car le soleil avait péri dans le désastre universel.
Ils se rassemblèrent dans un endroit nommé Teotihuacan (l'habitation des
dieux) et se demandèrent : comment ferons-nous pour éclairer le monde? Ils
allumèrent alors un grand feu et décidèrent que celui qui oserait s'y jeter
volontairement serait entièrement purifié et prendrait la place du soleil. Jaloux
de mériter une aussi brillante destinée, une violente querelle s'éleva entre eux
pour savoir qui aurait la préférence. Au moment où la querelle était le plus
animée, l'un d'eux qui se nommait Nanacatzin ( = le Lépreux) auquel personne
ne faisait attention, et que tout le monde méprisait parce qu'il était infirme et
lépreux, s'approcha du bûcher et s'y précipita : un autre dieu nommé
Tezcatecatl suivit son exemple, et c'est lui qui est la lune.
Sahagun raconte la même histoire avec des détails différents. Il dit que
Tezcaztecatl et Nanacatzin furent choisis par les autres dieux, mais que , le
premier ayant trois fois reculé de crainte avant de se jeter dans les flammes,
Nanacatzin s'y précipita avant lui.
Les dieux discutèrent entre eux pour savoir de quel côté le soleil paraîtrait, mais
ils ne pouvaient le deviner, car le ciel était éclairé de tous les côtés par les
flammes du bûcher. Ils se prosternèrent donc les uns vers le midi, les autres
vers le nord ou l'occident; mais il n'y en eut que très peu qui se tournèrent du
côté de l'orient; parmi eux étaient Quetzalcoatl, Totec et Tezcatlipoca.
Bientôt le soleil s'arrêta dans sa course, et déclara aux dieux que tous ceux qui
ne l'avaient pas adoré en se tournant vers l'orient devaient mourir. L'un deux
nommé Citli voulut essayer de se défendre, il saisit son arc et lança
successivement au soleil trois flèches que celui-ci évita en baissant la tête. Le
soleil irrité lui renvoya sa dernière flèche, et le frappa au front avec tant de
force, qu'il l'étendit mort.
Les autres dieux effrayés de la chute de leur frère, et voyant qu'ils ne pouvaient
échapper à la vengeance du soleil, prièrent Xolotl de leur donner la mort, ce
qu'il fit, et il mit ensuite lui-même un terme à ses jours.
Sahagun dit au contraire que ce fut Quetzalcoatl qui fut chargé de les
exterminer, et que Xolotl ne voulant pas mourir prit successivement la forme
d'un épi de maïs et d'un agave (maguey), et que, découvert par Quetzalcoatl, il
finit par se précipiter dans l'eau sous la forme d'un poisson (en fait un
amphibien urodèle) nommé Axolotl , et que, sous cette forme, il fut pris et tué
par le dieu de l'air. Malgré ce massacre, le soleil n'avançait pas; mais
Quetzalcoatl se mit à souffler avec tant de force qu'il le poussa en avant.
Les Mexicains prétendaient qu'avant de mourir, les dieux avaient donné leurs
manteaux aux hommes qui les servaient, et Andrés de Olmos, cité par
Torquemada, dit qu'il trouva en effet quelques-uns de ces manteaux à moitié
pourris pour avoir été longtemps cachés dans la terre et qu'il les livra aux
flammes.
Tezcatlipoca, un des dieux qui avaient échappé, voyant que les hommes étaient
très tristes de la mort de leur maître, ordonna à l'un d'eux de se rendre à la
maison du soleil et d'en ramener des joueurs d'instruments pour célébrer sa
fête. Comme il devait y aller par mer, le dieu ordonna aux poissons et aux
tortues de se réunir pour lui former un pont, et lui enseigna une chanson qu'il
devait chanter tout le long du chemin pour les empêcher de se séparer. Les
Aztèques prétendaient que c'était depuis cette époque qu'ils célébraient la fête
de leurs dieux par des chants et des danses, et que les sacrifices humains
venaient du massacre que Xolotl avait fait de ses frères.
La demeure du Soleil.
L'âme des soldats morts en combattant, celle du prisonnier sacrifié par l'ennemi et
celle de la femme qui succombait durant le travail de l'enfantement étaient
transportées dans la demeure du Soleil, pour y jouir d'une vie de délices.
Chaque matin, ces âmes célébraient le lever de l'astre par des hymnes, des
danses, des concerts et des cris d'allégresse. Celles des hommes qui habitaient
l'Orient l'accompagnaient jusqu'au point culminant de sa course. Là, des âmes de
femmes, venues à sa rencontre depuis l'Occident qu'elles habitaient, escortaient à
leur tour le dieu jusqu'à son coucher, avec les mêmes démonstrations d'allégresse.
Après quatre années de cette vie « glorieuse », les âmes allaient animer les
nuages, les oiseaux à voix harmonieuses et à plumage éclatant; libres de s'élever
dans les profondeurs du ciel ou de descendre sur la Terre pour y savourer le nectar
des fleurs ou chanter.
Ces derniers privilèges, les Tlaxcaltèques ne les accordaient qu'à l'âme des nobles,
qui, outre le corps des oiseaux chanteurs ou à riche plumage, vivifiaient, d'après
eux, celui des quadrupèdes doués d'instincts généreux. Quant aux âmes des
plébéiens, elles se réfugiaient dans le corps des scarabées ou d'autres bêtes
infimes.
Tlalocan.
Toujours d'après les Aztèques, l'âme de ceux qui mouraient frappés de la foudre,
noyés, ou par suite de tumeurs, d'hydropisie, de blessures et d'autres maladies,
ainsi que celles des enfants qui étaient sacrifiés à Tlaloc, dieu des eaux,
s'envolaient dans un séjour frais et agréable nommé Tlalocan, où ce dieu résidait et
où ils trouvaient des festins et toutes sortes de plaisirs : ils passaient ensuite dans
le corps d'animaux moins nobles, tandis que ceux qui étaient envoyés en enfer
animaient ensuite des insectes et des reptiles.
Dans l'enceinte du grand temple de Mexico, existait un lieu réservé où, certain jour
de l'année, disait-on, toutes les âmes des enfants se réunissaient.
-
Mictlan
Enfin il y avait un enfer, nommé Mictlan, qui servait de résidence au dieu
Mictlanteuctli et à sa lieutenante, la déesse Mictlancihuatl. Dans cet enfer, situé au
centre de la Terre, les âmes n'avaient à souffrir que d'une seule peine, terrible pour
des gens accoutumés aux splendeurs du soleil tropical : celle de vivre dans
l'obscurité.
Pour y aller, il fallait d'abord passer entre deux montagnes qui frappaient sans
cesse l'une contre l'autre, traverser deux endroits dont l'un était gardé par un
serpent, et l'autre par un lézard vert, franchir huit collines et parcourir une vallée où
le vent était si fort qu'il lançait à la figure des morceaux de cailloux tranchants. On
arrivait ensuite en présence de Mictlanteuctli, auquel les morts offraient les objets
qui avaient été enterrés avec eux à cet effet.
Pour sortir de ce lieu, il fallait traverser une rivière nommée Chicunappa (neuf fois),
qui faisait neuf fois le tour du Mictlan. On n'en venait à bout qu'avec l'aide d'un
chien roux, que l'on tuait chaque fois que l'on enterrait un mort, et qui allait attendre
l'âme dans cet endroit pour la passer sur l'autre rive.
Le panthéon aztèque-
Les autres populations de l'Anahuac vénéraient à peu près les mêmes dieux que
Ométeuctli se nommait aussi Citlatonac, et • Xoalteuctli , dieu de la nuit, était, selon les uns,
Omecihuatl, Citlaticue. Ométeuctli est le père une personnification de la lune, selon les autres,
des quatre dieux ordonnateurs du monde, une divinité distincte, Xoaticitl (déesse des
auxquels ont assignées de couleurs et des berceaux). Il protégeait particulièrement les
directions de l'espace : Tezcatlipoca prêtres qui étaient chargés de veiller la nuit dans
(Tezcatlipoca noir) au Nord, Quetzalcoatl les temples, et l'on croyait que c'était lui qui
(Tezcatlipoca blanc) à l'Ouest, et Huitzilopochtli envoyait les songes. Son nom signifie le médecin
(Tezcatlipoca bleu) au Sud, et Xipe-Totec nocturne, et il était le dieu des enfants au
(Tezcatlipoca rouge) à l'Est. berceau.
Il était représenté moitié jaune et moitié fauve, • Chicomecoatl (= Sept-Serpent) est la déesse de
et vêtu d'une peau humaine, et tenait à deux l’eau et du maïs. On lui suppose une forme archaïque à
mains un sceptre qui se terminait par une tête Teotihuacàn où l’on a découvert une tablette ornée
de pavot d'où sortait un carquois rempli de d’un oeil de serpent accompagnée du chiffre sept.
flèches.
Les métamorphoses.
Il y a, dans la mythologie mexicaine, quelques exemples de métamorphoses. Ainsi
l'on racontait qu'un nommé Xapan, ayant résolu de faire pénitence sur une
montagne, fut tenté par une femme et commit un adultère. Il fut aussitôt décapité
par Xaotl, que les dieux avaient chargé de veiller sur sa conduite. Non content de
ce châtiment, Xaotl poursuivit la femme, qui fut transformée en scorpion. Les dieux,
considérant alors que leur mandataire avait outrepassé sa mission, le
métamorphosèrent à son tour en sauterelle. C'est à la honte du délit qui lui avait
valu sa transformation que les Aztèques attribuaient la coutume, bien connue des
naturalistes, qu'a le scorpion de se cacher sous les pierres et de fuir la lumière.
Le calendrier aztèque
Outre les dieux que nous venons d'énumérer, la mythologie mexicaine en comptait
deux cent soixante autres auxquels étaient consacrés autant de jours de l'année.
Les noms des jours des treize premiers mois du calendrier aztèque sont aussi ceux
de divinités secondaires.
Tous les historiens conviennent que nulle part les sacrifices humains n'ont été
organisés plus en grand que dans le Mexique, et particulièrement chez les
Aztèques. C'était dans la vue d'immoler paisiblement des hommes à leurs dieux
que les Aztèques épargnaient le sang de leurs ennemis pendant la guerre, et qu'il
s'efforçaient de faire un grand nombre de prisonniers. Montezuma ne fit pas
difficulté d'avouer à Cortez que, malgré le pouvoir qu'il avait de conquérir une fois
pour toutes la province de Tlaxcala, il se refusait cette gloire, pour ne pas manquer
d'ennemis, c'est-à-dire pour assurer des victimes à ses temples.
Herrera nous fournit les détails des cérémonies du sacrifice. On rangeait les
victimes sur une longue file environnée d'une multitude de gardes. Un prêtre
descendait du temple, vêtu d'une robe blanche, bordée par le bas de gros flocons
de fil, et portant dans ses bras la représentation d'une divinité composée de farine
de maïs et de miel. Elle avait les yeux verts et les dents jaunes. Le prêtre
descendait les degrés du temple avec beaucoup de précipitation. Il montait sur une
grande pierre qui était comme attachée à une plate-forme fort haute, au milieu de la
cour, et qui se nommait quahtixicali. Il passait sur la pierre par un petit escalier,
tenant toujours la statuette entre ses bras; et se tournant vers les captifs, il la
montrait à chacun, l'un après l'autre, en leur disant : « c'est ici votre dieu. »
Celui qui ouvrait le sein des victimes tenait le premier rang, et portait le titre
suprême de Topilzin. Sa robe était une sorte de tunique rouge et bordée de flocons.
Il avait sur la tête une couronne de plumes vertes et jaunes, des anneaux d'or aux
oreilles, enrichis de pierres vertes, et sur la lèvre inférieure, un petit tuyau de pierre,
de couleur bleu céleste. Les cinq autres avaient la tête couverte d'une chevelure
artificielle, fort crépue et renversée par des bandes de cuir qui leur ceignaient la
moitié du front. Ces bandes soutenaient de petits boucliers de papier peints de
différentes couleurs qui ne passaient pas les yeux. Leurs robes étaient des tuniques
blanches entremêlées de noir. Le topilzin avait la main droite armée d'un couteau
de caillou, fort large et fort aigu. Un autre prêtre portait un collier de bois de le forme
d'un serpent replié en cercle.
Aussitôt que les captifs étaient arrivés à l'amphithéâtre des sacrifices, on les faisait
monter, l'un après l'autre, par un petit escalier, nus et les mains libres. On étendait
successivement chaque victime sur une pierre. Le prêtre de la gorge lui mettait le
collier; et les quatre autres la tenaient par les pieds et les mains. Alors le topilzin
appuyait le bras gauche sur son estomac; et lui ouvrant le sein, de la main droite, il
en arrachait le coeur, qu'il présentait au Soleil pour lui offrir la première vapeur qui
s'en exhalait, après quoi se tournant vers la représentation du dieu, qu'il avait
quittée pendant l'opération, il lui en frottait la face, en accompagnant cette
cérémonie de quelques invocations mystérieuses. Les autres prêtres jetaient le
corps du haut de l'escalier, sans y toucher autrement qu'avec les pieds; et les
Dans toutes les provinces de l'empire, ce cruel usage était exercé avec la même
ardeur. On voyait des fêtes, où le nombre des victimes était de cinq mille,
rassemblées soigneusement pour un si grand jour. Il se faisait des sacrifices à
Mexico, qui coûtaient la vie à plus de vingt mille captifs. Si l'on mettait trop
d'intervalle entre les guerres, le topilzin portait les plaintes des dieux à l'empereur,
et lui représentait qu'ils mouraient de faim. Aussitôt on donnait avis à tous les
caciques, que les dieux demandaient à manger. Ainsi commençait la xoxiyaoyotl ou
guerre fleurie : toute la nation prenait les armes; et sous quelque vain prétexte, les
peuples de chaque province commençaient à faire des incursions sur leurs voisins
pour des razzias destinées à ramenées le plus de captifs possible.
-
Sacrifice à Huitzilopochtli.
Enfin dans les grands temples on nourrissait pendant toute l'année un esclave qui
représentait la principale divinité, et dont le sort, après avoir joui des honneurs de
l'adoration, était d'être sacrifié à la fin de son règne.
Quoiqu'une partie des victimes humaines fût sacrifiée, dans le grand temple, et que
les Aztèques eussent l'usage de manger la chair, ils réservaient les têtes, soit
comme un trophée qui faisait honneur à leurs victimes, soit, à en croire Herrera,
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