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Jeudi 23

décembre 2021

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L'histoire de l'Amérique > les Aztèques ]

Les Aztèques
La religion aztèque
Aperçu Les temples, le clergé Les sacrifices et les fêtes

La religion aztèque était un polythéisme, riche d'un nombre exceptionnel de


divinités. D'autant plus riche, d'ailleurs, qu'à leurs dieux propres, les Aztèques
prirent coutume d'adjoindre ceux des peuples qu'ils venaient de vaincre et dont ils
ramenaient l'effigie prisonnière à Mexico. Leur panthéon s'accrut ainsi de
nombreuses puissances plus ou moins hiérarchisées sur le fond desquelles se
détachent les grands dieux de la confédération.

Le premier d'entre eux se nomme Huitzilopochtli, dieu du Soleil et de la guerre. Des


exploits fameux justifiaient son titre. On lui sacrifiait chaque année des milliers
de victimes humaines, principalement des prisonniers, car il avait soif de sang.
Tetzcatlipoca, autre grande divinité, personnifiait le Soleil d'été, la force qui mûrit les
fruits de la terre, mais qui apporte aussi la sécheresse. Il présidait aux ébats des
jeunes guerriers et inspirait les musiciens et les danseurs. Son culte réclamait aussi
des sacrifices humains. Quetzalcouatl, le « Serpent à plumes », avait été la grande
puissance adorée par les Toltèques, son effigie se retrouve sur tous les vieux
monuments attribués aux Nahuatlacas (c'est-à-dire au groupe de populations dont
sont issus les Aztèques) . Les Aztèques l'avaient placé au rang de leurs dieux; il
gouvernait les vents et protégeait les orfèvres et les sculpteurs. Tlaloc avait
appartenu d'abord aux Otomis; il personnifiait l'eau sous ses formes de pluie, de
source, d'humidité fécondante. Son séjour était souterrain.

A ces divinités principales, il y a lieu d'ajouter de nombreuses puissances de


second ordre régnant les unes dans les airs, les autres dans les entrailles de la
Terre, se partageant l'espace selon ses grandes divisions, ce qui justifie
l'importance attachée par les Mexicains à la détermination des quatre points
cardinaux et à l'orientation des temples.
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Les cultes et les clans

Une particularité du panthéon mexicain est la répartition des divinités suivant


les « quartiers » de l'espace. Cette notion de la division du monde suivant les
points cardinaux existe chez la plupart des peuples de l'Amérique du Nord.
Chez les Indiens Pueblos modernes, et surtout chez les Zuñis, elle devient un
système, qui régit la vie religieuse et, en partie, la vie civile.

Durkheim et Mauss ont montré que cette division du monde correspond à une
division de la société en clans, possédant certains totems, certaines divinités
qui peuvent agir sur les forces naturelles des diverses parties de l'espace. C'est
la forme de la société elle-même qui détermine la conception qu'un peuple se
fait du monde.

Nul doute que les quatre grands quartiers de Mexico n'aient été considérés, à
une époque très reculée, comme correspondant aux quatre quartiers du
monde, et, de même, les vingt calpullis.

A l'origine, les divisions de l'espace furent probablement au nombre de quatre


(les quatre directions du plan terrestre); puis, on distingua le haut (zénith) et le
bas (nadir), ainsi que le centre ou milieu, d'où l'existence de combinaisons
cabalistiques où les nombres 6 et 7 jouèrent un grand rôle. Plus tard, la
spéculation sacerdotale en vint à considérer le haut et le bas comme (les plans,
analogues au plan terrestre et dans lesquels on distingua également quatre

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directions, d'où le rôle joué dans la cosmologie mexicaine par les nombre 9) (2
plans à quatre directions + le milieu) et 13 (3 plans à 4 directions + le milieu).

Il est probable que le classement des dieux suivit une évolution parallèle et que,
tout d'abord, chaque quartier du monde terrestre eut son dieu particulier;
l'organisation sociale des Mexicains gardait, au moment de la conquête, un
souvenir de ce temps, puisqu'il existait encore un tlamacazqui ou prêtre
principal pour chacun des « barrios » : mais le nom des dieux des quatre points
cardinaux ne nous a pas été conservé. Les sept clans, dont nous avons parlé
plus haut et qui représentent la première division des « barrios », avaient
chacun leur dieu, dont les chroniqueurs nous ont conservé les noms. Ce sont :

Pour le clan Topica le dieu Quetzalcohuatl


- Tlacochcalca - Tlazolleotl ou Oxomoco
- Huitznahuac - Macuilxochitl
- Cihuatecpaneca - Chichilticcenteotl
- Chalmeca - Piltzintecuhtli
- Tlacatecpaneca - Telzcatlipoca
- Itzcuintecatl - Mictlantecutli

Veytia et Tezozomoc qui nous donnent cette liste ne sont en désaccord que
pour la divinité du clan Tlacochcalca : le premier nous donne Tlazolteotl et le
second Oxomoco. A ces dieux vinrent s'en ajouter d'autres de telle sorte que la
mythologie de Mexico comptait, à l'époque de la conquête, une multitude de
divinités, anciennes et modernes.

Elles étaient groupées suivant les sept points de l'espace, mais leur place
n'était pas absolument fixe. Un manuscrit des plus précieux, le Codex
Féjervary-Mayer, nous nontre leur répartition, qui change d'après la figure
divine qui est supposée occuper le milieu. C'est ainsi que Tlaloc est attribué à
l'Ouest, à l'Est ou au Sud, suivant que la divinité centrale est le dieu du feu
Xiuhtecuhtli, le dieu Macuilxochitl ou une divinité dont l'effigie est effacée sur le
manuscrit. De plus certaines formes de la divinité peuvent occuper des places
qui
diffèrent de celle du dieu principal dans un même groupement; Tetzcatlipoca,
sous le nom de Huitznahnacteotl occupe le Sud, mais il régit aussi le Nord sous
l'épithète de Tlacochcalco yaotl. Mictlantecuhtli, « le seigneur des enfers », est
aussi une divinité du Nord, etc. On ne saurait donner actuellement une
explication entièrement satisfaisante de ce « roulement ». Il est très probable
qu'à Mexico, pour chaque calpulli les anciens dieux de clans occupaient la
place centrale, et que les autres dieux leur étaient subordonnés; changeant de
clan et par conséquent de point cardinal, ils étaient classés ailleurs, à un point
cardinal plus ou moins honorable, suivant leur importance'. Enfin, les anciens
Aztèques cultivaient l'astrologie et il est naturel que, suivant les heures du jour
et les jours du mois, les dieux, tous plus ou moins assimilés à des astres, aient
agi sur des régions différentes du ciel. (H. B.).

Pour expliquer ou prévenir les complications et les conflits qui naissaient des
pouvoirs d'un si grand nombre de dieux, il fallait posséder une science que les
prêtres étaient seuls à même d'acquérir; ils trouvaient dans une forme d'astrologie,
c'est-à-dire de divination basée sur les cycles des astres, des solutions à ces
difficiles problèmes. Il est juste d'ajouter que beaucoup de divinités ne sont que les
émanations, sous des vocables distincts, d'une même puissance; tel est le cas pour
la plus importante d'entre elles, le Soleil.

Les cérémonies collectives et les actes individuels religieux tenaient une grande
place dans la vie des Aztèques. Les rites de purification s'accomplissaient souvent;
ils consistaient d'ordinaire à se tirer du sang de diverses parties du corps,
principalement des oreilles. Les dieux, pensait-on, avaient besoin de sang pour
subsister, et cette croyance provoqua un développement énorme de l'effusion du
sang, allant, jusqu'aux sacrifices humains, les uns librement consentis, les autres
inconscients, comme ceux des enfants en bas-âge, ou contraints comme ceux des
prisonniers de guerre C'est par milliers chaque année que se comptaient les
victimes. Celles-ci amenées en grande pompe au pied de la pyramide servant de
piédestal monumental au temple, en gravissaient les marches et parvenues à la
plateforme supérieure, chacune d'elles, à tour de rôle, était jetée sur une table de
pierre et tandis que des aides lui faisaient bomber le thorax le prêtre, d'un seul coup
de son large couteau d'obsidienne lui ouvrait la poitrine et lui arrachait le coeur. Le
rite voulait que l'effusion du sang fût aussi complète et rapide que possible. Le
coeur se plaçait dans une cavité spéciale nommée « coupe des aigles », tandis que
le corps roulait au piéd de l'édifice. Le soir les prêtres réunissaient les cadavres et
en faisaient un repas purement rituel, l'anthropophagie n'étant pratiquée au

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Mexique que dans ce cas particulier. Recevoir la mort sur l'autel était un honneur
comparable à celui de tomber, les armes à la main, en combattant; le guerrier quasi
divinisé montait au zénith, près du Soleil. La femme morte en couches partageait le
même sort enviable.

Tonatiuh.

Tonatiuh, dieu du Soleil. Il était assoiffé de sang, et patronait les sacrifices humains.

Cosmogonie

D'après les Nahuatlacas, il existait, avant la création de l'univers, un ciel où vivaient


Tonacatécuhtli et son épouse Tonacacihuatl qui, à la longue, procréèrent quatre fils.
L'aîné, Tlatlauhquitezcatlipoca, avait la peau rouge; le deuxième, Yayauhqui, naquit
avec une peau noire et de mauvais instincts; le troisième, Quetzacoatl, possédait
une peau blanche; enfin le cadet, Huitzilopochtli, fut un simple squelette couvert
d'une peau jaune.

Après six cents ans d'inactivité, ces dieux résolurent d'agir. Ils nommèrent
exécuteurs de leurs volontés Quetzacoatl et Huitzilopochtli, qui créèrent aussitôt le
feu, puis un demi-soleil. Ils créèrent ensuite un homme, Oxomoco, et une femme,
Cipactonatl, auxquels ils ordonnèrent de cultiver avec soin la terre. Cipactonatl, qui
devait, en outre, filer et tisser, fut encore dotée du don de prophétie. Elle recevait,
comme récompense de ses oracles, des grains de maïs destinés à l'alimentation de
ses descendants. Les dieux formèrent alors Mictlanteuctli et sa compagne,
Mictlancihuatl, qu'ils nommèrent souverains des enfers. Cela fait, ils divisèrent le
temps en jours, en mois et en années.

Se remettant bientôt à l'oeuvre, ils créèrent un premier ciel qu'habitèrent deux


étoiles, l'une mâle et l'autre femelle, puis un second qu'ils peuplèrent de
Tétzahaucihuatl (femmes squelettes) destinées à dévorer les humains lorsque la fin
du monde arriverait. Dans le troisième ciel, ils placèrent quatre cents hommes
jaunes, noirs, blancs, bleus et rouges. Le quatrième ciel servit de résidence aux
oiseaux, qui de là descendaient sur la terre; dans le cinquième, peuplé de serpents
de feu, naissaient les comètes et les étoiles filantes. Le sixième devint l'empire du
vent, le septième celui de la poussière, et les dieux se logèrent dans le huitième. Au
delà, on ignorait ce qui existait jusqu'au treizième ciel, résidence de l'immuable
Tonacatécuhtli.

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Dans cette création, l'eau reçut une organisation particulière, car les dieux se
réunirent pour former Tlalocaltécuhtli et son épouse Chalchiuhtlicue, qui devinrent
maîtres de l'élément liquide. Dans la demeure habitée par les deux époux, se
trouvaient quatre étangs pleins d'eaux diverses. Celle du premier étang facilitait la
germination, celle du deuxième flétrissait les semences, l'eau du troisième les
gelait, et celle du quatrième les desséchait. Tlaloc, à son tour, créa une multitude de
petits ministres chargés d'exécuter ses ordres. Munis d'une amphore et armés d'un
bâton, ceux-ci portaient l'eau où le dieu le leur commandait, et la répandaient en
pluie. Le tonnerre se faisait entendre lorsque l'un d'eux brisait son amphore, et la
foudre qui frappait les hommes n'était qu'un fragment du vase rompu. Dans le
mélange des eaux, avait été créé un grand poisson nommé Cipactli, chargé de
soutenir la terre et de la diriger.

La première femme eut un fils; comme il n'avait pas de compagne, les dieux lui en
fabriquèrent une avec un cheveu. Le demi-soleil éclairant imparfaitement la terre,
Tezcatlipoca se chargea de façonner un astre complet. Pour les Nahuatlacas, le
soleil et la lune erraient dans le vide, sans jamais toucher aucun ciel. Le soleil,
curieux détail, parcourait la moitié de l'espace ouvert devant lui, puis rétrogradait.
Son image, à l'occident, n'était que son reflet.
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Tezcatlipoca et Quetzalcoatl.

La dualité Tezcatlipoca/Quetzalcoatl, les deux frères ennemis qui se disputent la domination du


monde au cours des ères cosmiques a aussi été interprétée comme le symbole de l'alternance
du masculin et du féminin que l'un et l'autre dieu peut icarner tour à tour. Codex Borbonicus.

Les cinq soleils.


Les Aztèques pensaient que le cosmos avait traversé quatre âges successifs,
correspondant à quatre soleils successifs. Le nombre quatre structurant ici le
temps, comme il structure par ailleurs l'espace avec les quatre points cardinaux).
Chacun de ces soleils correspond au règne d'une divinité et s'achève par une
catastrophe suscitée par une guerre que se livrent les dieux et qui détruit
complètement ou partiellement l'humanité. Nous vivvons aujourd'hui sous l'empire
du cinquième Soleil. Il se terminera par un tremblement de terre.

Ocelotonatiuh, le Soleil du Jaguar.


Le Premier Soleil, nommé Ocelotonatiuh (Soleil de Jaguar) ou Nahui-Ocelotl
(Quatre-jaguar), que l'on appelle aussi le Soleil de Terre, est celui du règne céleste
de Tezcatlipoca, devenu le soleil. Les autres dieux créent les Géants. Huitzilopochtli

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vit alors ses os se couvrir de chair. C'est aussi à cette époque que Quetzalcoatl
combat et vainc Tezcatlipoca. Ce dernier se transforme alors en jaguar et envoie
ses émissaires les jaguars terrestres pour dévorer tous les Géants.

Ehecatonatiuh, le Soleil de vent.


Le Deuxième Soleil est nommé Ehecatonatiuh (Soleil de vent) ou Nahui-Ehecatl
(Quatre-Vent). Cet âge est celui du règne de Quetzalcoatl. Celui-ci, devenu le
Soleil, rendit les récoltes abondantes et les humains heureux. Tezcapotla,
transformé en jaguar, détrôna Quetzacoatl qui, en tombant du ciel, déchaîne une
gigantesque tempête. Les humains furent emportés par ce vent terrible; seuls
quelques-un survécurent sous la forme de singes. Une nouvelle humanité va lors
être créée sous la tutelle de la dualité fondamentale, Ometeuctli et Omecihuatl.
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Création de la deuxième humanité

Ometeuctli et Omecihuatl, deux divinités mâle et femelle, habitaient une ville


superbe, située dans le douzième ciel. La déesse, après avoir eu un grand
nombre d'enfants, accoucha d'un caillou, que ses autres enfants jetèrent sur la
terre, où il se brisa en morceaux. Il en sortit seize mille héros. Ceux-ci ,
connaissant leur noble origine, et voyant qu'ils n'avaient personne pour les
servir, parce que le genre humain avait été détruit par les ouragans, envoyèrent
une ambassade à leur dieu Omecihuatl, pour la prier de leur accorder le
pouvoir de créer des hommes pour les servir.

Celle-ci leur répondit que, s'ils avaient eu des sentiments plus élevés, ils
auraient cherché à mériter d'être reçus dans le ciel; mais que, puisqu'ils
consentaient à habiter la terre, il fallait aller trouver Mictlanteuctli, le dieu de
l'enfer, et en obtenir un os des hommes qui avaient péri dans la destruction
universelle, et que, quand ils l'auraient arrosé de leur sang , il en sortirait un
homme et une femme qui en produiraient d'autres. Elle les avertit en même
temps de se défier de Mictlanteuctli, qui, après avoir accordé l'objet de leur
demande, pourrait bien s'en repentir. Xolotl, un de ces héros, se mit en route
pour exécuter ces ordres, et pénétra dans les abîmes. Mictlanteuctli lui accorda
sa demande; mais à peine Xolotl se fut-il mis en route avec l'os qu'il en avait
obtenu, que le dieu de l'enfer, se repentant de sa condescendance, comme
Omecihuatl l'avait prévu, se mit à sa poursuite pour le lui reprendre.

Xolotl tomba en hâtant sa course et brisa l'os en plusieurs morceaux : il eut


cependant le temps de les ramasser et échappa à Mictlanteuctli qui le
poursuivit jusqu'à la surface de la terre. Il se rendit en toute hâte à l'endroit où
ses frères l'attendaient. Ils réunirent dans un vase tous les morceaux d'os qu'il
avait apportés et les arrosèrent du sang qu'ils se tirèrent des différentes parties
du corps. Le quatrième jour, il en sortit un garçon, et trois jours plus tard une
fille qui furent les premiers parents de l'espèce humaine actuelle. C'est parce
que l'os fut brisé en plusieurs morceaux que les hommes n'ont plus la haute
stature qu'ils avaient autrefois, et qu'ils sont d'une taille inégale. C'est aussi en
souvenir de cet événement que les hommes sacrifient aux dieux en se tirant du
sang des différentes parties du corps.

Les noms d'Ometeuctli et d'Omecihuatl ne se trouvent nulle part ailleurs dans la


mythologie mexicaine; mais on pourrait les expliquer par l'étymologie. Ome
signifie deux en nahuatl, et tous les auteurs sont d'accord pour traduire
littéralement leur nom par deux seigneurs et deux dames : il paraît plus
vraisemblable que cela doit se traduire par seigneur divisé en deux. Nous
retrouverions alors une idée reçue chez les Hindous et chez divers autres
peuples de l'antiquité qui ne comprenaient la création qu'au moyen de la
génération; à savoir, que la divinité se divisa en deux personnes de sexe
différent, et produisit ainsi les héros en lançant sur la terre une étincelle du feu
divin figuré par le caillou, symbole du feu.

Les héros ayant obtenu des hommes pour les servir, s'occupèrent aussitôt des
moyens d'éclairer le monde; car le soleil avait péri dans le désastre universel.
Ils se rassemblèrent dans un endroit nommé Teotihuacan (l'habitation des
dieux) et se demandèrent : comment ferons-nous pour éclairer le monde? Ils
allumèrent alors un grand feu et décidèrent que celui qui oserait s'y jeter
volontairement serait entièrement purifié et prendrait la place du soleil. Jaloux
de mériter une aussi brillante destinée, une violente querelle s'éleva entre eux
pour savoir qui aurait la préférence. Au moment où la querelle était le plus
animée, l'un d'eux qui se nommait Nanacatzin ( = le Lépreux) auquel personne
ne faisait attention, et que tout le monde méprisait parce qu'il était infirme et
lépreux, s'approcha du bûcher et s'y précipita : un autre dieu nommé
Tezcatecatl suivit son exemple, et c'est lui qui est la lune.

Sahagun raconte la même histoire avec des détails différents. Il dit que
Tezcaztecatl et Nanacatzin furent choisis par les autres dieux, mais que , le
premier ayant trois fois reculé de crainte avant de se jeter dans les flammes,
Nanacatzin s'y précipita avant lui.

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Quoi qu'il en soit, leur corps devint lumineux et brillant, et finit par disparaître
entièrement.

Les dieux discutèrent entre eux pour savoir de quel côté le soleil paraîtrait, mais
ils ne pouvaient le deviner, car le ciel était éclairé de tous les côtés par les
flammes du bûcher. Ils se prosternèrent donc les uns vers le midi, les autres
vers le nord ou l'occident; mais il n'y en eut que très peu qui se tournèrent du
côté de l'orient; parmi eux étaient Quetzalcoatl, Totec et Tezcatlipoca.

Quand le soleil parut à l'Orient, il était si brillant que personne ne pouvait en


supporter l'éclat. La lune parut bientôt à côté de lui, mais elle était alors aussi
brillante que le soleil. Les dieux ne croyant pas qu'il fût convenable qu'il y eût
deux soleils égaux, l'un d'eux alla chercher un lapin, et le lança à la face de la
lune, ce qui ternit son éclat. D'autres ont dit que Tezcatzoncatl s'étant jeté le
dernier dans le bûcher, il subit moins longtemps l'effet des flammes, et que c'est
à cause de cela qu'il ne devint pas aussi brillant.

Bientôt le soleil s'arrêta dans sa course, et déclara aux dieux que tous ceux qui
ne l'avaient pas adoré en se tournant vers l'orient devaient mourir. L'un deux
nommé Citli voulut essayer de se défendre, il saisit son arc et lança
successivement au soleil trois flèches que celui-ci évita en baissant la tête. Le
soleil irrité lui renvoya sa dernière flèche, et le frappa au front avec tant de
force, qu'il l'étendit mort.

Les autres dieux effrayés de la chute de leur frère, et voyant qu'ils ne pouvaient
échapper à la vengeance du soleil, prièrent Xolotl de leur donner la mort, ce
qu'il fit, et il mit ensuite lui-même un terme à ses jours.

Sahagun dit au contraire que ce fut Quetzalcoatl qui fut chargé de les
exterminer, et que Xolotl ne voulant pas mourir prit successivement la forme
d'un épi de maïs et d'un agave (maguey), et que, découvert par Quetzalcoatl, il
finit par se précipiter dans l'eau sous la forme d'un poisson (en fait un
amphibien urodèle) nommé Axolotl , et que, sous cette forme, il fut pris et tué
par le dieu de l'air. Malgré ce massacre, le soleil n'avançait pas; mais
Quetzalcoatl se mit à souffler avec tant de force qu'il le poussa en avant.

Les Mexicains prétendaient qu'avant de mourir, les dieux avaient donné leurs
manteaux aux hommes qui les servaient, et Andrés de Olmos, cité par
Torquemada, dit qu'il trouva en effet quelques-uns de ces manteaux à moitié
pourris pour avoir été longtemps cachés dans la terre et qu'il les livra aux
flammes.

Tezcatlipoca, un des dieux qui avaient échappé, voyant que les hommes étaient
très tristes de la mort de leur maître, ordonna à l'un d'eux de se rendre à la
maison du soleil et d'en ramener des joueurs d'instruments pour célébrer sa
fête. Comme il devait y aller par mer, le dieu ordonna aux poissons et aux
tortues de se réunir pour lui former un pont, et lui enseigna une chanson qu'il
devait chanter tout le long du chemin pour les empêcher de se séparer. Les
Aztèques prétendaient que c'était depuis cette époque qu'ils célébraient la fête
de leurs dieux par des chants et des danses, et que les sacrifices humains
venaient du massacre que Xolotl avait fait de ses frères.

Quiauhtonatiuh, le Soleil de pluie.


Le Troisième Soleil se nomme Quiauhtonatiuh (Soleil de pluie [de feu]) ou Nahui
quiahuitl (Quatre-pluie). A cette époque les humains se livrent aux excès et aux
crimes. Tlaloc le dieu de la pluie qui est le nouveau soleil, ordonne alors au dieu du
feu Xiuhtecuhtli de lancer une pluie de feu contre l'humanité qui, près de
disparaître dans un immense brasier venu du ciel, prie les dieux de l'épargner. En
réponse, la plupart des humains furent transformés en dindons et en autres oiseaux
qui se sauvèrent ainsi en volant. Un seul couple resté humain survécut en se
réfugiant dans une grotte.

Atonatiuh, le Soleil d'eau.


Sur décision de Huitzilopochtli, le Quatrième Soleil, Atonatiuh (Soleil d'eau) ou
Nahui-Atl (Quatre-Eau), est placé sous le règne de Chalchiuhtlicue ( = Celle aux
jupes d'Emeraude). Il se termina par un déluge qui résulta d'une rupture d'équilibre
dans le ciel. Les humains, qui avaient de nouveau peuplé Tlalticpac, cette partie
plate du cosmos que nous appelons la Terre, furent transformés en poissons, sauf
un couple d'humains qui survécut en se réfugiant dans un arbre ou sur la montagne
de Colhuacan. L'homme se nommait Coxcox, et la femme, Téocipatli. Les deux
fugitifs eurent par la suite beaucoup d'enfants, qui tous naquirent et demeurèrent
muets, jusqu'au jour où une colombe, du haut d'un arbre, leur apprit à chacun une
langue différente.

Nahui Ollin, Quatre-tremblement de terre ou Quatre-mouvement.


Le Cinquième Soleil correspond à la période actuelle. Il résulte de l'entente finale

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des dieux, qui ne demanderont pour garantir la pérennité du monde que leur tribut
de sang. Cet âge aura cependant une fin. Il se terminera par un immense séisme
qui engloutira la Terre entière et les Tétzahaucihuatl viendront alors dévorer les
humains. Les Mexicains étaient persuadés que cet événement était prochain, et
qu'il devait arriver à la fin d'un de leurs cycles de cinquante-deux ans. Au
renouvellement du cycle, tous les prêtres revêtus du costume de leur dieu se
rendaient en procession et suivis d'une foule innombrable sur une montagne près
de Mexico. On immolait un esclave en lui arrachant le coeur, et l'on allumait du feu
en frottant deux morceaux de bois sec dans la blessure même. Aussitôt qu'ils
étaient enflammés, on s'en servait pour allumer un grand bûcher dans lequel on
jetait le corps de la victime. Aussitôt tous les environs retentissaient de cris
d'allégresse, car on croyait le monde assuré contre la destruction pour une autre
période de cinquante-deux ans. Cette fête fut célébrée pour la dernière fois en l'an
1517, le 7e du règne de Montezuma.

La vie après la mort

A l'exception des Otomis, les diverses populations du Mexique croyaient à une


vie après la mort. D'après les Aztèques, trois lieux principaux servaient de refuge
aux âmes séparées des corps qu'elles avaient habités : la demeure du Soleil, le
Tlalocan et le Mictlan.

La demeure du Soleil.
L'âme des soldats morts en combattant, celle du prisonnier sacrifié par l'ennemi et
celle de la femme qui succombait durant le travail de l'enfantement étaient
transportées dans la demeure du Soleil, pour y jouir d'une vie de délices.

Chaque matin, ces âmes célébraient le lever de l'astre par des hymnes, des
danses, des concerts et des cris d'allégresse. Celles des hommes qui habitaient
l'Orient l'accompagnaient jusqu'au point culminant de sa course. Là, des âmes de
femmes, venues à sa rencontre depuis l'Occident qu'elles habitaient, escortaient à
leur tour le dieu jusqu'à son coucher, avec les mêmes démonstrations d'allégresse.

Après quatre années de cette vie « glorieuse », les âmes allaient animer les
nuages, les oiseaux à voix harmonieuses et à plumage éclatant; libres de s'élever
dans les profondeurs du ciel ou de descendre sur la Terre pour y savourer le nectar
des fleurs ou chanter.

Ces derniers privilèges, les Tlaxcaltèques ne les accordaient qu'à l'âme des nobles,
qui, outre le corps des oiseaux chanteurs ou à riche plumage, vivifiaient, d'après
eux, celui des quadrupèdes doués d'instincts généreux. Quant aux âmes des
plébéiens, elles se réfugiaient dans le corps des scarabées ou d'autres bêtes
infimes.

Tlalocan.
Toujours d'après les Aztèques, l'âme de ceux qui mouraient frappés de la foudre,
noyés, ou par suite de tumeurs, d'hydropisie, de blessures et d'autres maladies,
ainsi que celles des enfants qui étaient sacrifiés à Tlaloc, dieu des eaux,
s'envolaient dans un séjour frais et agréable nommé Tlalocan, où ce dieu résidait et
où ils trouvaient des festins et toutes sortes de plaisirs : ils passaient ensuite dans
le corps d'animaux moins nobles, tandis que ceux qui étaient envoyés en enfer
animaient ensuite des insectes et des reptiles.

Dans l'enceinte du grand temple de Mexico, existait un lieu réservé où, certain jour
de l'année, disait-on, toutes les âmes des enfants se réunissaient.
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Mictlantecuhtli, dieu aztèque de la mort.

Mictlantecuhtli, dieu de la mort.

Mictlan
Enfin il y avait un enfer, nommé Mictlan, qui servait de résidence au dieu
Mictlanteuctli et à sa lieutenante, la déesse Mictlancihuatl. Dans cet enfer, situé au
centre de la Terre, les âmes n'avaient à souffrir que d'une seule peine, terrible pour
des gens accoutumés aux splendeurs du soleil tropical : celle de vivre dans
l'obscurité.

Pour y aller, il fallait d'abord passer entre deux montagnes qui frappaient sans
cesse l'une contre l'autre, traverser deux endroits dont l'un était gardé par un
serpent, et l'autre par un lézard vert, franchir huit collines et parcourir une vallée où
le vent était si fort qu'il lançait à la figure des morceaux de cailloux tranchants. On
arrivait ensuite en présence de Mictlanteuctli, auquel les morts offraient les objets
qui avaient été enterrés avec eux à cet effet.

Pour sortir de ce lieu, il fallait traverser une rivière nommée Chicunappa (neuf fois),
qui faisait neuf fois le tour du Mictlan. On n'en venait à bout qu'avec l'aide d'un
chien roux, que l'on tuait chaque fois que l'on enterrait un mort, et qui allait attendre
l'âme dans cet endroit pour la passer sur l'autre rive.

Le panthéon aztèque-

On l'a dit, la mythologie aztèque comprenait un nombre énorme de divinités sans


cesse accru. Les Aztèques, suivant une forme de syncrétisme qui rappelle celui des
Romains, estimaient qu'ils devaient vénérer les dieux des peuples vaincus. Ainsi
s'implantaient des cultes nouveaux. Plusieurs de leurs grands dieux ont cette
origine, en particulier Quetzalcoatl d'origine toltèque ; Tlaloc, vieille divinité Otomie;
Camaxtli , ancien dieu des Chichimèques; Xilonen déesse du maïs, divinité des
Huastèques, etc.

Comme chez les Indiens de l'Amérique du Nord, le panthéon mexicain a la


particularité de répartir les dieux par quartiers de l'espace, auxquels sont associés
des couleurs. Au nord était la résidence de Tezcatlipoca, associé au noir; au sud,
celle de Huitzilopochtli, associé au bleu; à l'est, celle de Tonatiuh (ou celle de Xipe
Totec) associés au rouge et, à l'ouest, celle de Quetzalcoatl, associé au blanc.

Les autres populations de l'Anahuac vénéraient à peu près les mêmes dieux que

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les Aztèques, seulement, elles ne les adoraient pas toujours de la même façon. Si,
à Mexico, le dieu principal était Huitzilopochtli, c'était Quétzacoatl à Cholula,
Centéotl chez les Totonaques, Mixcoatl chez les Otomis. Les Tlaxcaltèques, rivaux
des Aztèques, adoraient néanmoins les mêmes dieux; mais chez eux Huitzilopochtli
portait le nom de Camaxtlé.
-

Les principes créateurs


• Centeotl (de centli = maïs mûr, et teotl =
• Ometecuhtli ou Ometeuctli (deux-seigneur) divinité), est une divinité dont le genre - masculin
et Omecihuatl (deux-femme) étaient les ou féminin - différait selon les traditions ou les
essences masculine et féminine du principe auteurs. La forme masculine portait les noms de
créateur Ometeotl, qui, dans le ciel le plus Cintéotl et Centeotltecuhtli (le Seigneur du maïs),
haut, nommé Ilhuicatl-Omeyocan (le ciel de la sa forme féminine ceux de Chicomecóatl et de
dualité), habitaient la cité enchantée Centeotlcíhuatl (la Dame du maïs). Ce dieu ou
d'Omeyecualiztli, séjour de tous les plaisirs. De déesse était qualifié de tonacayohua (= soutien
là, ces divinités, marquées du signe de la de notre chair). Outre la divinité du maïs, Centeotl
dualité (ome = deux) veillaient sur le monde. était aussi la divinité de l'ébriété et celle des
Ometecuhtli était chargé de donner aux lapidaires, car elle passait pour être l'un des
hommes leurs inclinations, et Omecihuatl de quatre inventeurs de l'art de tailler les pierres
présider à celles des femmes. précieuses. Sa chapelle était la quarante-
cinquième du grand temple de Mexico; on y
On racontait qu'Omecihuatl, déjà mère de sacrifiait chaque année un jeune homme portant
nombreux enfants, mit un jour au monde un ses insignes, ainsi que des captifs. Certains lui
couteau de silex que ses fils indignés donnaient pour mère (ou bien pour épouse)
lancèrent sur la terre. En tombant, le couteau Xochiquétzal, déesse associée à la sexualité,
donna naissance à mille six cents demi-dieux. patrone des accouchements et des artisans et
Ceux-ci, ne trouvant personne pour les servir - des artistes, et pour père Piltzintecuhtli , dieu du
la terre venait d'être dépeuplée par un fléau - soleil naissant et des substances hallucinogènes.
envoyèrent une ambassade à leur mère pour
lui demander le don de créer des hommes. Sous sa forme féminine, c''était une sorte de
Déméter était surtout adorée par les Totonaques,
La déesse répondit que, si leurs pensées habitants du littoral de Veracruz, qui voyaient en
eussent été dignes de leur origine, ils seraient elle leur principale protectrice. Ils lui édifièrent au
venus habiter près d'elle. Étant donné qu'ils sommet d'une montagne un temple imposant
préféraient vivre sur la terre, ils devaient avoir desservi par de nombreux prêtres, temple dans
recours à Mictlanteuctli, dieu des enfers, afin lequel se rendaient des oracles. Les Totonaques
d'obtenir de lui des os humains qu'ils affectionnaient cette divinité qui repoussait les
arroseraient de leur sang et desquels victimes humaines et se contentait de
naîtraient un homme et une femme qui se l'immolation de cailles, de tourterelles et de
multiplieraient. Elle les engagea à se méfier du lapins. Ils croyaient qu'elle les défendait contre
dieu des enfers, qui, après avoir accédé à leur les dieux qui réclamaient du sang.
demande, pourrait se repentir de sa
complaisance. Suivant le conseil de sa mère, A Mexico, c'est pendant le quatrième mois,
un des demi-dieux, Xolotl, descendit au centre Hueytozotli, que l'on célébrait la fête de Centeotl.
de la terre. Après avoir obtenu ce qu'il désirait, Après avoir présenté à sa statue les prémices du
il s'éloigna en courant. Mis en méfiance par maïs, on célébrait devant la divinité une espèce
cette fuite, Mictlanteuctli le poursuivit; mais, de combat simulé. Dans le huitième mois, nommé
n'ayant pu l'atteindre, il rentra dans son Hueytecuhilhuitl, on la fêtait de nouveau sous le
empire. nom de Xilonen. A cette époque, le roi et les
nobles offraient des festins au peuple pendant
Dans sa fugue précipitée, Xolotl fit une chute l'espace de huit jours, au bout desquels on
et rompit en plusieurs morceaux d'inégale sacrifiait une femme qui portait son costume et à
grandeur l'os qu'il portait. Il ramassa ces qui l'on donnait son nom.
débris, rejoignit ses frères, puis, les précieux
fragments ayant été placés au fond d'un vase, Lors des fêtes de Centeotl, le seuil des maisons
chacun les arrosa de son sang. Le quatrième était arrosé, dès le matin, par le sang que chacun
jour naquit un garçon, et le septième jour une de leurs habitants devait se tirer des oreilles; en
fille, enfants que Xolotl se chargea de nourrir outre, toutes les portes se garnissaient de palmes
avec du suc de chardon. De cette tradition est ou de joncs, coutume qui rappela aux Espagnols
née la coutume, si commune parmi les celle du jour des Rameaux. Bien que Centéotl,
populations de l'Anahuac, de se saigner chez les Totonaques, se contentât d'offrandes de
fréquemment sur quelque partie du corps. En fleurs, de fruits et plus particulièrement d'épis de
outre, la cause de la différence de taille qui se maïs, les prêtres aztèques n'hésitaient pas à lui
remarque parmi les hommes s'expliquait, pour
sacrifier des animaux et des victimes humaines.
les Aztèques, par la grosseur inégale des
fragments de l'os brisé.

Ométeuctli se nommait aussi Citlatonac, et • Xoalteuctli , dieu de la nuit, était, selon les uns,
Omecihuatl, Citlaticue. Ométeuctli est le père une personnification de la lune, selon les autres,
des quatre dieux ordonnateurs du monde, une divinité distincte, Xoaticitl (déesse des
auxquels ont assignées de couleurs et des berceaux). Il protégeait particulièrement les
directions de l'espace : Tezcatlipoca prêtres qui étaient chargés de veiller la nuit dans
(Tezcatlipoca noir) au Nord, Quetzalcoatl les temples, et l'on croyait que c'était lui qui
(Tezcatlipoca blanc) à l'Ouest, et Huitzilopochtli envoyait les songes. Son nom signifie le médecin
(Tezcatlipoca bleu) au Sud, et Xipe-Totec nocturne, et il était le dieu des enfants au
(Tezcatlipoca rouge) à l'Est. berceau.

Les grands dieux

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• Tezcatlipoca (miroir luisant) était, avec
Huitzilopochtli, Quetzalcoatl et Xipe Totec, l'un
des quatre dieux organisateurs du monde, et
les images qui le représentaient tenaient
toujours un de ces instruments à la main. On Les dieux secondaires
le nommait aussi «-Ame du monde », car il
passait pour le créateur du ciel et de la terre, • En tête des dieux considérés comme
pour le maître de toutes choses, pour la secondaires par la mythologie aztèque, vient se
Providence. On le personnifiait sous les traits ranger Xacateuctli ou Yacatécutli (celui qui
d'un jeune homme, car les ans ne pouvaient guide), lequel présidait au commerce. Les
rien sur lui, et pour cette raison on le nommait négociants aztèques, très nombreux et très bien
aussi Telpuctli. C'était ce dieu qui organisés, le fêtaient deux fois par an, par des
récompensait les justes, et qui châtiait les sacrifices et des banquets.
méchants en les affligeant de maladies.
Cependant, sous le nom de Nécoc-Yaotl
(semeur de discordes), il passait pour armer
les hommes et les porter à s'entre-détruire. • Mixcoatl (Serpent des nuages) était la
Dans les villes, à l'encoignure des rues, principale divinité et le dieu de la chasse des
existaient des sièges de pierre ornés de Otomis, qui, vivant dans les forêts, étaient
verdure destinés à lui servir de lieu de repos, presque tous chasseurs. Les Aztèques le
sièges sur lesquels il était défendu de regardaient aussi comme le dieu de la chasse, et
s'asseoir. On le disait descendu du ciel à l'aide célébraient sa fête dans le quatorzième mois,
nommé Quetcholli, par une chasse générale dont
d'un fil d'araignée. A son arrivée sur la terre, il
avait combattu, poursuivi et chassé de on lui offrait les prémices. On lui immolait aussi
l'Anahuac Quetzacoatl. des enfants, et l'on croyait que les âmes de ceux
qui avaient été ainsi sacrifiés venaient tous les
La principale image de Tezcatlipoca, richement ans conduites par un serpent nommé Xiuhcoatl ,
parée, était en teotetl (pierre divine), sorte de pour assister à sa fête. Ce dieu possédait deux
marbre noir brillant. Ses oreilles étaient ornées temples à Mexico.
d'anneaux d'or, et de sa lèvre inférieure
pendait un tube de cristal renfermant une
plume verte ou bleue simulant une pierre
• Opochtli (Main gauche ou celui qui est à
précieuse. Ses cheveux étaient retenus par un
gauche) était aussi un dieu de la chasse et de la
cordon d'or auquel pendait une oreille du
pêche : on croyait que c'était lui qui avait inventé
même métal, emblème de la prière des
les filets et autres engins destinés à capturer le
affligés. Sa poitrine était couverte d'or massif,
poisson, ainsi que l'usage des rames. Son idole
et ses bras portaient des bracelets également
était noire et vêtue d'une étole verte. Quelques
en or. Une émeraude figurait son nombril, et il
auteurs l'ont confondu avec Amimitl, divinité des
tenait de la main gauche un éventail d'or garni
de plumes multicolores, figurant un miroir à Otomis.
l'aide duquel il voyait ce qui se passait sur la
terre. Parfois, pour symboliser sa justice, on le
montrait assis sur un banc, enveloppé d'une • Amimitl, adoré particulièrement à Cuitlahuac,
étoffe rouge sur laquelle étaient brodés des ville située dans une petite île du lac Chalco, était
crânes et des ossements humains. Il tenait considéré comme le dieu de la pêche. On le
alors de la main gauche un bouclier et quatre redoutait beaucoup, parce qu'on croyait que
flèches, tandis que sa main droite, levée, se c'était lui qui envoyait les dysenteries, les
disposait à lancer un dard. Tout son corps était maladies de poitrine et en général toutes celles
peint en noir, et sa tête couronnée de plumes qui sont causées par l'humidité.
de perdrix.

• Les nombreuses salines qui existent encore


• Le dieu de l'air, chez toutes les nations de autour de Mexico occupaient de nombreux
l'Anahuac, se nommait Quetzacoatl, c'est-à- ouvriers, et ils avaient pour protectrice
dire serpent orné de plumes. C'était le fils Huixtocihuatl, déesse du sel, à laquelle on
d'Ométeuctli et de Chalchiuitztli ( = Pointe sacrifiait des jeunes filles.
d'émeraude) On racontait qu'il avait été grand
prêtre de Tula, que c'était un homme à peau
blanche, de haute taille, au front large, aux • La déesse Tlapotlazénan ou Tzapotzaltenan
grands yeux, aux cheveux noirs et longs, à la présidait à l'art de guérir. On lui avait donné ce
barbe touffue. Par décence, il portait toujours nom, parce qu'elle était la principale divinité de
d'amples vêtements, et il était si riche qu'il Tuapula et on lui attribuait la découverte des
possédait des palais d'argent et de pierres principaux médicaments en usage, et surtout
fines. Industrieux, il avait inventé l'art de fondre celle de l'uxitl, sorte de térébenthine qui servait de
les métaux et celui de travailler la pierre. Les
base aux onguents.
lois qu'il avait données aux hommes
prouvaient son savoir, et sa vie austère sa
sagesse. Tous les hommes étaient riches alors
et les Aztèques croyaient que le règne de • Ixtlilton (Visage noir), nommé aussi Tlatetecuin
Quetzacoatl avait été l'âge d'or de la contrée ou Tlaltecuin (Celui qui frappe ou creuse la
qu'ils habitaient. terre), semble avoir présidé aussi à la médecine.
Les pères portaient dans son temple leurs enfants
Au milieu de sa prospérité, Tezcatlipoca, pour malades, et s'efforçaient de faire danser les
une raison inconnue, lui apparut sous la forme pauvres petits devant l'idole, leur dictant les
d'un vieillard et lui révéla que la volonté des prières qu'ils devaient réciter pour recouvrer la
dieux ordonnait qu'il se rendît dans le royaume santé. Après cette cérémonie, les enfants
(imaginaire) de Tlapallan. Il se mit aussitôt en buvaient une liqueur préparée par les prêtres.
route, escorté de nombre de ses partisans qui
chantaient des hymnes. Lorsque Quetzacoatl
atteignit Cholula, les habitants de cette ville lui
• Tezcatzoncatl, dieu du vin, était désigné sous
confièrent le pouvoir suprême. Les
plusieurs noms peignant les effets de l'enivrante

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Cholultèques apprirent de lui à fondre les boisson qu'il avait inventée. On l'appelait
métaux, art qui les rendit célèbres par la suite.
Téquéchmécaniani (celui qui étrangle) ou
Téotlahuiani (celui qui submerge). Trois cents
Après un séjour de vingt années à Cholula, prêtres, dans la seule ville de Mexico, étaient
Quetzacoatl résolut de continuer son voyage consacrés à son culte. Le jour où l'on célébrait sa
vers Tlapallan. Les Cholultèques confièrent le fête, le prêtre chargé de le représenter se
gouvernement de leur ville aux mandataires de chaussait de sandales blanches, parait ses
leur bienfaiteur, en souvenir de l'amitié qu'il cheveux de plumes de héron, et ornait le
avait pour eux. Peu à peu, le bruit de la mort manteau dont il se. couvrait les épaules de petits
de Quetzacoatl se répandit; il fut alors coquillages blancs.
proclamé dieu par les Toltèques de Cholula,
puis déclaré protecteur de leur cité, au centre
de laquelle ils élevèrent en son honneur une
haute montagne qu'ils couronnèrent d'un • Coatlicue ou Coatlantona (Jupe de couleuvre),
temple. De Cholula, le culte de Quetzacoatl, déesse de la terre cultivée et des fleurs, était la
vénéré comme dieu de l'air, s'étendit dans tout mère de Huitzilopochtli. Les jardiniers, à l'entrée
le pays. Quetzalcoatl avait disparut en du printemps, lui offraient des guirlandes de fleurs
annonçant son retour à la tête d'hommes au habilement tressées, art charmant dans lequel les
visage blanc, et, comme on sait, les Indiens Indiens excellent encore.
crurent sa prophétie accomplie lors du
débarquement des Espagnols sur les côtes de
leur pays. • Coyolxauhqui ou Cojolxauqui (= Celle qui a des
grelots peints sur le visage) est la déesse aztèque de la
D'après Sahagun, les ornements les plus Lune. Elle est la sœur des Centzon Huitznahua (les 400
ordinaires des images de Quetzacoatl étaient astres du Sud), avec qui elle s’est associée pour
une mitre tachetée comme la peau d'un tigre, combattre leur frère Huitzilopochtli. Décapitée à la fin,
une chemisette brodée, des boucles d'oreilles elle est le symbole du triomphe du Soleil sur les
en turquoises, puis un collier d'or supportant
ténèbres.
de fins coquillages. Les jambes de ces images
étaient serrées dans des guêtres en peau de
tigre, et
leurs pieds chaussés de sandales noires. A • Tlazoltéotl ou Tlacalteutli se nommait aussi
leur bras gauche pendait un bouclier, et elles Ixquina ( = la Dernière) et Tlaquani (= la
tenaient de la main droite un sceptre garni de Mangeuse d’immondices). C'est une déesse
pierres précieuses, insigne dont l'extrémité se venue du nord de la côte du Golfe du Mexique et
recourbait comme celle de la crosse d'un tardivement introduite dans le panthéon aztèque.
Incitatrice à la luxure, elle est associée à tout ce
évêque.
qui est charnel. Et à ce titre, elle préside aussi à
l'enfantement.

Ses prêtres, au nom de Tezcatlipoca, avaient le


• Huitzilopochtli, Uitzilopochtli ou Mexitli, le
droit d'accorder un pardon absolu aux coupables
terrible dieu de la guerre, dont le nom signifie
qui venaient leur avouer leurs erreurs ou leurs
le guerrier gaucher, était sans contredit la
crimes, et c'était là une véritable confession
divinité la plus honorée chez les Aztèques, qui
auriculaire. Le pénitent devait éviter de retomber
se considéraient comme ses protégés
dans les péchés dont il avait obtenu l'absolution,
spéciaux. Les uns prétendaient que ce dieu
car Tezcatlipoca ne pardonnait la même faute
était un pur esprit, d'autres qu'il était de nature
qu'une seule fois.Des sacrifices humains lui
humaine. Sa mère, Coatlicue, avait été mise
étaient également offerts (on revêtait la statue de
enceinte par une boule de plumes. Les fils de
la déesse de la peau de la victime).
celle-ci, redoutant la honte qui rejaillirait sur
eux de sa délivrance, résolurent de la tuer.
Tlazoltéotl avait quatre soeurs, qui comme elle
Excités par leur soeur Coyolnauhqui, plus
étaient les déesses de l'amour charnel :
exaltée qu'eux, ils sedisposaient à commettre
Tiacapan, Teicu (la cadette), Tlaco (de Tlacotla =
le crime qu'ils avaient prémédité, lorsque
aimer) et Xocoyotzin ou Xucotzin. Elles
naquit Huitzilopochtli, un bouclier dans la main
correspondaient, par leurs attributions, à la Vénus
gauche, un dard dans la main droite, la tête
surmontée d'un panache vert, le visage rayé impudique des Anciens.
d'azur, la jambe gauche ornée de plumes.
Aussitôt né, il fit apparaître un serpent qui,
transformé en torche, consuma Coyolnauhqui,
comme la plus coupable. Éclairé par ce • Cihuacoatl (= Femme-serpent) est la déesse de la
flambeau, le dieu se précipita lui-même sur terre-mère, elle préside aux naissances. Elle est
ses frères et les massacra. Ces faits également la protectrice des femmes mortes en
consternèrent ceux qui en furent témoins et couches.
valurent au terrible nouveau-né le nom de
Tétzahuitl (épouvante).
• Napateuctli (Quatre fois seigneur) possédait
Protecteur attitré des Aztèques, ce fut une chapelle - deux d'après Sahagun - dans le
Huitzilopochtli, selon leurs traditions, qui les grand temple de Mexico. Il était le protecteur des
amena près des lacs au milieu desquels ils ouvriers en sparterie. On le disait bon, libéral et
fondèrent la ville de Mexico. Là, ils érigèrent toujours prêt à pardonner les injures, il passait
cet immense temple si vanté par les
pour être un des ministres de Tlaloc.
Espagnols, où se dressait une statue colossale
de la féroce divinité. Cette statue était de bois
et d'une taille gigantesque; elle le représentait
assis sur un siège peint en bleu, aux quatre • Omacatl ou Oméacatlomacatl (Deux-roseau)
angles duquel sortait un serpent monstrueux. est appelé par Sahagun le dieu de la joie mais
Son front était peint de même en bleu, sa des réjouissances. Il assistait, du moins en
figure et le derrière de sa tête étaient couverts image, aux banquets que donnaient les grands
d'un masque d'or, au-dessus duquel un seigneurs. Dans ces occasions on empruntait au
second était attaché à la nuque. Sur sa tête, il temple la statue consacrée à ce dieu, et on la
portait un casque de la forme d'un bec plaçait au milieu des convives. Négliger ce soin,

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d'oiseau, orné de plumes; au cou, un collier c'eût été s'exposer à un malheur. La description
composé de dix coeurs humains en or. Il que Sahagun fait de sa représentation est
tenait dans la main droite une grosse massue presque entièrement semblable à celle de
bleue ou une sorte de sceptre torse bleu, et à Xiutécuhtli, le dieu du feu.
la gauche, un bouclier orné de cinq bouquets
de plumes, figurant une croix.
• Tonantzin (Notre mère) est considérée comme
la mère du maïs. Son temple s'élevait près d'une
colline, à 3 kilomètres de Mexico. Presque au
• Xipe Totec (le chauve ou l'écorcheur, de
même endroit se dresse aujourd'hui le sanctuaire
Xipeua = écorcher) était était seulement
catholique de Notre-Dame de Guadalupe, vierge
considéré par les Aztèques comme le dieu des
prétendument apparue à l'Indien Juan Diégo, et
orfèvres; mais il était la principale divinité des
que les Mexicains modernes ont adoptée pour
populations qui habitaient les bords de la mer;
patronne. Jusqu'en 1853, le clergé toléra que les
il tirait son origine de Zapotlan dans la
Indiens, vêtus comme ils l'étaient au temps de
province de Jalisco.
Montezuma, se livrassent à la danse dans
l'intérieur même de la chapelle. Par la suite,
On le vénérait d'autant plus qu'il se vengeait
l'archevêque de Mexico a cru devoir interdire ces
de ceux qui négligeaient son culte en les
divertissements, qui s'exécutaient autrefois en
affligeant de maux de tête et d'ophtalmies,
l'honneur de Tonantzin. Mais les Indiens sont
sans compter la gale et les abcès. On lui
tenaces dans leurs coutumes : chassés de
immolait tous les ans un grand nombre de
victimes humaines. On traînait par les cheveux l'église, ils dansent maintenant sur son parvis.
les victimes destinées à ses autels. Les
prêtres, après les avoir écorchées, se
revêtaient de leur peau et célébraient devant • Téotéoïnan, comme l'indique le sens aztèque
sa statue une espèce de tournoi ou de jeu de de son nom, était la mère des dieux; les
cannes. C'était là, paraît-il, une menace à blanchisseuses l'invoquaient sous le nom de
l'adresse de ceux qui dérobaient de l'or ou de Técitzin.
l'argent, et que l'on châtiait par ce terrible
supplice.

Il était représenté moitié jaune et moitié fauve, • Chicomecoatl (= Sept-Serpent) est la déesse de
et vêtu d'une peau humaine, et tenait à deux l’eau et du maïs. On lui suppose une forme archaïque à
mains un sceptre qui se terminait par une tête Teotihuacàn où l’on a découvert une tablette ornée
de pavot d'où sortait un carquois rempli de d’un oeil de serpent accompagnée du chiffre sept.
flèches.

• Ilamateuctli (la Vieille déesse). On lui sacrifiait


une femme dans le dix-septième mois, nommé
• Tlaloc est le dieu de la pluie et du tonnerre. Tititl. Peut-être une autre désignation de Centeotl
Il porte un masque. C’est le protecteur des (ou la Terre). Quelques auteurs, induits en erreur
paysans. Il avait pour compagne par son nom, l'ont prise pour la déesse de la
Chalchiuhtlicue et était le frère de Tezcatlipoca,
vieillesse.
avec lequel ou le confond parfois. Garcilaso de
la Vega dit qu'ils partageaient entre eux le
pouvoir souverain sur la guerre, et qu'ils
étaient égaux en forces et uniformes en • Aguar, selon Cabeza de Vaca, était la divinité
volonté. C'est pourquoi, ajoute-t-il, on ne Ieur principale de la province de Jalisco. On croyait
offrait, à tous deux qu'une même victime, et les qu'il avait créé toutes choses et demeurait dans le
prières s'adressaient également à l'un et à ciel; mais ils n'en avaient pas de représentation ,
l'autre. II apparaît cependant que les et on le regardaient comme un pur esprit.
attributions des deux frères étaient plus
distinctes que ne le fait entendre cet auteur.
• Iacateuctli (le Seigneur qui nous guide) était le
Tlaloc habitait sur la crête des montagnes, et
dieu du commerce. On le représentait en costume
sa demeure, Tlalocan, était abondamment
de voyage, et un bâton à la main. Sa figure était
pourvue de nourriture. Là habitaient les
tachetée de blanc et de noir, ses oreilles étaient
déesses des céréales et, en particulier, du
en or, et il portait sur la tête deux panaches de
maïs.
plumes vertes. Il était vêtu d'un manteau bleu,
couvert d'un filet noir et brodé de quelques fleurs.
Tlaloc possédait quatre cruches contenant
Il avait aux pieds des sandales bien travaillées,
l'eau dont il se servait pour arroser la terre.
attachées par des courroies de cuir jaune ornées
L'eau de la première était bonne et faisait
de coquillages. D'après Sahagun, il avait cinq
pousser le maïs et les fruits; celle de la
frères, nommnés Chiconquiahuitl, Xomoquil,
deuxième faisait naître les toiles d'araignée et
Nacxitl, Cochimetl et Yacopitzaoatl. Ce ne sont
provoquait la maladie des céréales; celle de la
peut-être que des surnoms de la même divinité.
troisième se transformait en gelée et celle de
Sa fête de se célébrait dans le neuvième mois,
la dernière faisait périr tous les fruits.
nommé Tlaxuchimaco. On y sacrifiait un grand
nombre de victimes, et cette fête était d'autant
Le culte de Tlaloc était le plus horrible de
plus brillante que les marchands étaient très
tous. Quantité d'enfants et de nourrissons lui
riches et très considérés. Ils regardaient aussi
étaient sacrifiés. Pour les fêtes en son
leurs bâtons de voyage comme des espèces de
honneur, les prêtres partaient à la recherche
dieux pénates, et, à la fin de chaque journée, ils
d'un grand nombre de bébés et les achetaient
les réunissaient en un faisceau, et leur sacrifiaient
à leurs mères. Après les avoir tués, ils les
en se tirant du sang de diverses parties du corps
faisaient cuire et les mangeaient. Si les
enfants pleuraient et versaient d'abondantes avec des épines d'agave.
larmes, les spectateurs s'en réjouissaient et
disaient que la pluie était proche.
• Macuilxochitl (Cinq fleurs) était, selon les uns,
un des surnoms de la déesse Chalchiuhtlicue,

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compagne de Tlaloc, et, selon d'autres, une
• Le soleil et la lune, le premier sous le nom de divinité particulière qui présidait aux fleurs. On le
Tonatiuh, la seconde sous celui de Mezili, représentait sous la figure d'un homme écorché
furent divinisés par les Aztèques. Le genre ou peint en rouge; sa bouche et sa barbe étaient
humain reconstitué, tous les demi-dieux eurent peintes de noir, de blanc ou de bleu clair. Il portait
leurs serviteurs et leurs partisans. Mais le une couronne d'un vert clair avec un panache de
soleil primitif s'étant éteint, ils se réunirent à la même couleur. Il avait autour du corps une
Teotihuacan autour d'un grand feu, et pièce d'étoffe rouge qui lui pendait jusqu'au milieu
déclarèrent à leurs serviteurs que celui d'entre des cuisses. Ce dieu portait au bras gauche un
eux qui oserait se jeter dans ce brasier serait bouclier blanc, sur lequel étaient quatre pierres
transformé en soleil. placées deux par deux; il tenait dans la main
droite un coeur, surmonté d'un panache vert d'où
Aussitôt un homme plus intrépide que ses pendaient des houppes de plumes vertes et
compagnons, Nanahuatzin, se précipita dans jaunes.
les flammes et descendit en enfer. Les
assistants demeurèrent dans l'attente, très
anxieux de savoir sur quel point du ciel allait • Nappatecachtli (Quatre fois seigneur) était le
apparaître le nouveau soleil. Enfin, l'astre se dieu des fabricants de nattes. Son image était
leva du côté nommé depuis lors orient, puis, à toute noire avec des taches blanches sur la
peine au-dessus de l'horizon, il se tint figure. Sa tête était ornée d'une couronne blanche
immobile. Les demi-dieux l'invitèrent à et noire, surmontée de trois panaches de plumes
continuer sa course, et le soleil répondit qu'il le vertes; elle avait autour des reins une étoffe
ferait lorsqu'ils seraient tous morts. blanche et noire qui pendait jusqu'aux genoux;
ses sandales étaient blanches : il portait dans la
Cette réponse consterna les demi-dieux; un main gauche une feuille de nénuphar, et dans la
d'eux, nommé Citli, saisit son arc avec colère droite une écharpe blanche peinte de fleurs
et lança vers le soleil une flèche que celui-ci
noires.
évita en s'inclinant. Citli, sans plus de succès,
lança deux autres flèches. Irrité à son tour, le
soleil repoussa un des dards vers le
provocateur et le lui cloua sur le front, blessure • Miquizili, la Mort, semble n'avoir été rataché à
dont mourut l'audacieux. Consternés du aucune mythe. Cette divinité était pourtant adorée
malheur arrivé à leur frère et ne pouvant lutter et figurée par un monstre prêt à saisir une
contre le soleil, les demi-dieux résolurent de invisible proie.
mourir par la main de Xolotl, qui, après leur
avoir ouvert à tous la poitrine, se tua ensuite
lui-même.
• Ehecatl est le dieu huastèque du vent. On le
Les hommes demeurèrent attristés de la mort représente sous la forme d’un singe (ozomatli) dans la
de leurs maîtres. Mais bientôt Tezcatlipoca culture aztèque, où il est rapproché de Quetzalcoatl.
ordonna à l'un d'eux de se rendre au séjour du
soleil et de le prévenir que, pour le voyage qu'il
devait entreprendre sur la mer, on lui • Yocipa, que l'on nommait aussi Otonteuctli ,
disposerait un pont de baleines et de tortues.
n'était adoré que chez les Otomis.
Le dieu apprit lui-même au messager une
chanson que celui-ci devait chanter durant sa
mission. De là, selon les Aztèques, venait non
seulement la découverte de la musique, mais • Xochipilli (= Prince des fleurs) est le dieu du
leur coutume de célébrer la fête de leurs dieux printemps, de la danse, de la musique, de la
par des chants et des danses. poésie et de l’amour.

Un mythe à peu près semblable à celui qui se


rapportait à la naissance du soleil avait cours • Tlahuizcalpantecuhtli (= Seigneur de la
pour celle de la lune. Imitant l'exemple de maison de l’aube) est le dieu de l’étoile du matin
Nanahuatzin, un homme s'était jeté dans le (planète Vénus), il est identifié à Quetzalcoatl,
foyer allumé à Teotihuacan; seulement, les seigneur de l’Aurore. Parfois divinité de mauvais
flammes ayant diminué d'intensité, il en sortit augure, propagateur des maladies .
moins brillant que son prédécesseur, et fut
transformé en lune. Dans les plaines de
Teotihuacan, existent les ruines des deux
temples dont l'un (la "Pyramide du soleil"),
dédié à l'astre du jour et l'autre (la "Pyramide
de la lune") à celui de la nuit, consacraient
cette antique tradition.
Groupes de divinités

• Les Cihuapipilli étaient les femmes mortes en


• Alors que Tezcatlipoca était la
couches. Après leur mort elles allaient par bandes
personnification du bon principe, et
dans l'air et donnaient des paralysies et d'autres
Mictlanteuctli était celle du mauvais. Lui et
maladies aux enfants, en entrant dans leur corps.
Mictlancihuatl, sa soeur et sa compagne (car
C'était particulièrement dans les carrefours
il ne paraît pas que les Mexicains aient jamais
qu'elles exerçaient leurs maléfices. Pour les éviter
regardé leurs dieux comme mariés), étaient
il y avait des jours de l'année où les parents ne
des divinités infernales. On croyait qu'ils
laissaient pas sortir leurs enfants. Pour les
habitaient un lieu obscur et froid, situé vers le
apaiser, on leur offrait, dans leurs temples et dans
nord ou dans les entrailles de la terre : on
les carrefours, des pains qui avaient la forme de
nommait aussi le dieu des Enfers Tzanternac,
divers animaux. On les représentait pâles et
ce qui, d'après Torquemada , signifie celui qui
vêtues de blanc rayé de noir; leurs cheveux
baisse la tête, mais qui semble pouvoir faire
étaient relevés sur leur front, de manière à former
dériver plus naturellement du mot tzantetl, qui
signifie rebelle. des cornes qui se croisaient.

Le temple de ces dieux, sur lequel les

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Espagnols nous ont donné, d'ailleurs, fort peu
de détails, se nommait Tlaxica, ou le nombril • Les Tepitoton (= les petits dieux) étaient des
de la terre. Mictlanteuctli et Mictlancihuatl, dieux domestiques, sortes de pénates, que l'on
étaient très honorés. On leur offrait des représentait par des figurines. Les rois devaient
sacrifices nocturnes, et leur grand prêtre se posséder six de ces statuettes dans leur
peignait le corps en noir pour remplir ses demeure, les nobles quatre et les plébéiens deux.
fonctions. Sur les routes et dans les rues des villes, ces
images se voyaient par centaines. Il semble
qu'ils représentaient les compagnons de Tlaloc.

• Xiutécuhtli, le dieu Turquoise, est le dieu du


feu et de l'année. On l'appelle aussi l'Ancien [Les "Centzon" ou "400" , autrement dit "les
dieu (Huehueteotl) ou encore Xiuhcoatl (= Innombrables" :]
Serpent de feu) est le dieu qui guide le Soleil dans
sa course. C’est également le dieu du feu et du • Les Centzon Huitznahua ou
foyer. Il porte une couronne d’étoiles. Le serpent Centzonhuitznahua (= les quatre cents astres du
turquoise fournit ses vêtements et il est sud) sont les fils de la déesse Coatlicue, frères de
représenté avec un visage rouge ou jaune. Les Coyolxauhqui et de Huitzilopochtli. Ils voulaient
trois pierres du foyer sur lesquelles reposent la mettre à mort leur mère parce qu'elle avait conçu
plaque de cuisson et la marmite lui sont miraculeusement le dieu Huitzilopochtli, mais ils
consacrées. Il descendit sur la terre dans l'âge furent égorgés par celui-ci. Leurs représentants,
du feu, ou second cycle, appelé Tlatonatiuh, ainsi qu'un grand nombre de captifs, étaient
ou l'âge rouge. annuellement sacrifiés en l'honneur de leur
vainqueur, lors de la fête panquetzaliztli, dans la
17e chapelle du grand temple de Mexico, appelée
Huitznahuac teocalli.
• Cihuacoatl ou Cihuacohuatl (Femme-
serpent). était considérée comme la première • Les Centzon Mimixcoa (= les quatre cents
femme qui eût enfanté, et elle mettait serpents des Nuages) étaient les frères des
invariablement au monde des jumeaux. Elle se Centzon Huitznahua. Ils pésidaient aux astres du
laissait souvent voir, toujours richement parée Nord.
et chargée d'un berceau au fond duquel
reposait un nouveau-né; cette apparition • Les Centzon Totochtin ou Centzontotochtin
présageait un malheur. Les Aztèques voyaient (= les quatre cents lapins) sont les quatre cents
une incarnation de cette déesse dans le tabac. dieux de l’ivresse provoquée par l’absorption de
pulque (sève d’agave fermentée). Ce sont les
compagnons de Tezcatzoncatl. Quelques villes
leur offraient des esclaves en sacrifice. Il semble
que c'étaient celles où l'on cultivait l'agave pour la
fabrication du pulque. La 44e et la 65e chapelles
du grand temple de Mexico leur étaient
consacrées et on y sacrifiait, la nuit, lors de la fête
de Tepeilhuitl, trois captifs auxquels on donnait
les noms de tepuztecatl, toltecalt et papaztac.

La figuration des dieux.


Les divinités grecques, selon la juste remarque de Orozco, laissaient admirer à
leurs dévots leurs formes correctes, caressées avec amour par le pinceau des
peintres ou le ciseau des sculpteurs, et les déesses montraient avec une impudique
placidité leurs grâces plastiques. Chez les Aztèques, les images des dieux sont
effrayantes, et le plus souvent défigurées par un symbolisme fantastique. Les
représentations des dieux aztèques sont chastes d'attitude et toujours couvertes de
vêtements. Elles portent l'empreinte d'imaginations sévères, rudes, mélancoliques,
qui ne sacrifient pas aux raffinements sensuels, et cherchent le respect dans la
terreur.
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Mictlantecuhtli, dieu aztèque de la mort.

Mictlantecuhtli, dieu de la mort.

Les métamorphoses.
Il y a, dans la mythologie mexicaine, quelques exemples de métamorphoses. Ainsi
l'on racontait qu'un nommé Xapan, ayant résolu de faire pénitence sur une
montagne, fut tenté par une femme et commit un adultère. Il fut aussitôt décapité
par Xaotl, que les dieux avaient chargé de veiller sur sa conduite. Non content de
ce châtiment, Xaotl poursuivit la femme, qui fut transformée en scorpion. Les dieux,
considérant alors que leur mandataire avait outrepassé sa mission, le
métamorphosèrent à son tour en sauterelle. C'est à la honte du délit qui lui avait
valu sa transformation que les Aztèques attribuaient la coutume, bien connue des
naturalistes, qu'a le scorpion de se cacher sous les pierres et de fuir la lumière.

Le calendrier aztèque

Outre les dieux que nous venons d'énumérer, la mythologie mexicaine en comptait
deux cent soixante autres auxquels étaient consacrés autant de jours de l'année.
Les noms des jours des treize premiers mois du calendrier aztèque sont aussi ceux
de divinités secondaires.

La nécessité de bien connaître les jours heureux ou néfastes et de fixer les


nombreuses fêtes de leur religion, a poussé les Aztèques à un calcul précis du
temps.

Mais des considérations astrologiques ont singulièrement compliqué leur système


de computation. En voici un très sommaire aperçu : l'année mexicaine, ou
tonalpohaualli, se composait de 365 jours, répartis en 18 vingtaines, auxquelles on
ajoutait 5 unités complémentaires. Ces vingtaines, appelées faussement mois par
les Espagnols, portaient le nom de la fête qui se célébrait leur dernier jour. Elles
provenaient d'un cycle, nommé tonalamatl, sans doute employé antérieurement à
l'année solaire et auquel les Mexicains restaient très attachés. Il était formé de 260
jours groupés à la fois en 20 treizaines de chiffres et en 13 vingtaines de signes.
Parvenu à la fin du cycle, on reprenait les séries à leur origine. Chaque jour était
ainsi pourvu d'un signe et d'un chiffre dont on continua à se servir pour marquer les
dates de l'année solaire. Par ce système le premier jour de l'année ne reprenait le
même chiffre et le même signe que tous les 52 ans. Mais pour distinguer au cours
de l'année le 1er jour du 261e ou par exemple le 8e du 268e, portant respectivement

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les mêmes caractéristiques, les Aztèques faisaient intervenir 9 divinités qui
régissaient à tour de rôle la destinée des jours, les Yohualtecuhtin, ou « Seigneurs
de la nuit », dont l'une des effigies, placée successivement devant les chiffres et les
signes journaliers du calendrier, évitait toute confusion (260 n'étant pas divisible par
9, le 261e jour n'avait pas la même effigie que le Ier).

En dehors du tonalamatl et de l'année solaire, la révolution synodique de Vénus


servait aussi aux Aztèques pour mesurer le temps. L'année vénusienne compte 584
jours. La combinaison de ces trois cycles créait d'autres périodes dans le détail
desquelles nous ne pouvons entrer ici.

Le calendrier réglait la vie rituelle marqué par de nombreux sacrifices humains,


destinés à régénérer le Soleil et à retarder la fin du monde en nourrisant avec du
sang les dieux garants de l'ordre cosmique; le sang étant considéré comme
l'énergie à la fois des corps et du cosmos.

Les sacrifices humains

Tous les historiens conviennent que nulle part les sacrifices humains n'ont été
organisés plus en grand que dans le Mexique, et particulièrement chez les
Aztèques. C'était dans la vue d'immoler paisiblement des hommes à leurs dieux
que les Aztèques épargnaient le sang de leurs ennemis pendant la guerre, et qu'il
s'efforçaient de faire un grand nombre de prisonniers. Montezuma ne fit pas
difficulté d'avouer à Cortez que, malgré le pouvoir qu'il avait de conquérir une fois
pour toutes la province de Tlaxcala, il se refusait cette gloire, pour ne pas manquer
d'ennemis, c'est-à-dire pour assurer des victimes à ses temples.

Herrera nous fournit les détails des cérémonies du sacrifice. On rangeait les
victimes sur une longue file environnée d'une multitude de gardes. Un prêtre
descendait du temple, vêtu d'une robe blanche, bordée par le bas de gros flocons
de fil, et portant dans ses bras la représentation d'une divinité composée de farine
de maïs et de miel. Elle avait les yeux verts et les dents jaunes. Le prêtre
descendait les degrés du temple avec beaucoup de précipitation. Il montait sur une
grande pierre qui était comme attachée à une plate-forme fort haute, au milieu de la
cour, et qui se nommait quahtixicali. Il passait sur la pierre par un petit escalier,
tenant toujours la statuette entre ses bras; et se tournant vers les captifs, il la
montrait à chacun, l'un après l'autre, en leur disant : « c'est ici votre dieu. »

Ensuite descendant de la pierre par un second escalier opposé à l'autre, il se


mettait à leur tête, pour se rendre par une marche solennelle au lieu de l'exécution,
où ils étaient attendus par les ministres du sacrifice. Le grand temple de Mexico en
avait six, qui étaient revêtus de cette dignité; quatre pour tenir les pieds et les mains
de la victime, le cinquième pour la gorge et le sixième pour ouvrir le corps. Ces
offices étaient héréditaires et passaient aux fils aînés de ceux qui les possédaient.

Celui qui ouvrait le sein des victimes tenait le premier rang, et portait le titre
suprême de Topilzin. Sa robe était une sorte de tunique rouge et bordée de flocons.
Il avait sur la tête une couronne de plumes vertes et jaunes, des anneaux d'or aux
oreilles, enrichis de pierres vertes, et sur la lèvre inférieure, un petit tuyau de pierre,
de couleur bleu céleste. Les cinq autres avaient la tête couverte d'une chevelure
artificielle, fort crépue et renversée par des bandes de cuir qui leur ceignaient la
moitié du front. Ces bandes soutenaient de petits boucliers de papier peints de
différentes couleurs qui ne passaient pas les yeux. Leurs robes étaient des tuniques
blanches entremêlées de noir. Le topilzin avait la main droite armée d'un couteau
de caillou, fort large et fort aigu. Un autre prêtre portait un collier de bois de le forme
d'un serpent replié en cercle.

Aussitôt que les captifs étaient arrivés à l'amphithéâtre des sacrifices, on les faisait
monter, l'un après l'autre, par un petit escalier, nus et les mains libres. On étendait
successivement chaque victime sur une pierre. Le prêtre de la gorge lui mettait le
collier; et les quatre autres la tenaient par les pieds et les mains. Alors le topilzin
appuyait le bras gauche sur son estomac; et lui ouvrant le sein, de la main droite, il
en arrachait le coeur, qu'il présentait au Soleil pour lui offrir la première vapeur qui
s'en exhalait, après quoi se tournant vers la représentation du dieu, qu'il avait
quittée pendant l'opération, il lui en frottait la face, en accompagnant cette
cérémonie de quelques invocations mystérieuses. Les autres prêtres jetaient le
corps du haut de l'escalier, sans y toucher autrement qu'avec les pieds; et les

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degrés étaient si raides, qu'il était précipité dans un instant. Tous les captifs
destinés au sacrifice recevaient le même traitement jusqu'au dernier. Ensuite, ceux
qui les avaient pris, et qui les avaient livrés aux prêtres, enlevaient les corps pour
les distribuer entre leurs amis, qui les mangeaient solennellement.

Dans toutes les provinces de l'empire, ce cruel usage était exercé avec la même
ardeur. On voyait des fêtes, où le nombre des victimes était de cinq mille,
rassemblées soigneusement pour un si grand jour. Il se faisait des sacrifices à
Mexico, qui coûtaient la vie à plus de vingt mille captifs. Si l'on mettait trop
d'intervalle entre les guerres, le topilzin portait les plaintes des dieux à l'empereur,
et lui représentait qu'ils mouraient de faim. Aussitôt on donnait avis à tous les
caciques, que les dieux demandaient à manger. Ainsi commençait la xoxiyaoyotl ou
guerre fleurie : toute la nation prenait les armes; et sous quelque vain prétexte, les
peuples de chaque province commençaient à faire des incursions sur leurs voisins
pour des razzias destinées à ramenées le plus de captifs possible.
-

Sacrifice à Huitzilopochtli.

Sacrifice humain : un prêtre aztèque arrache le coeur


de la victime pour l'offrir à Huitzilopochtli.

Il y avait d'autres sacrifices qui ne se faisaient qu'à certaines fêtes, et qui se


nommaient Racaxipe Velitzli, c'est-à-dire écorchement d'hommes. On prenait
plusieurs captifs que les prêtres écorchaient, et de leurs peaux ils revêtaient autant
de ministres subalternes, qui se distribuaient dans tous les quartiers de la ville, en
chantant et dansant à la porte des maisons. Chacun devait leur faire quelque
libéralité; et ceux qui ne leur offraient rien étaient frappés au visage, d'un coin de la
peau qui leur laissait quelques traces de sang. Cette cérémonie, qui ne finissait que
lorsque la peau commençait à se corrompre, donnait aux prêtres le temps
d'amasser de rapides richesses.

Dans quelques autres fêtes, il se faisait un défi entre le sacrificateur et la victime. Le


captif était attaché par un pied à une grande roue de pierre. On l'armait d'une épée
et d'une rondache. Celui qui s'offrait pour le sacrifie, paraissait avec les mêmes
armes; et le combat s'engageait à la vue du peuple. Si le captif demeurait
vainqueur, non seulement il échappait au sacrifice, mais il recevait le titre et les
honneurs que les lois du pays accordaient aux plus fameux guerriers; et le vaincu
servait de victime.

Enfin dans les grands temples on nourrissait pendant toute l'année un esclave qui
représentait la principale divinité, et dont le sort, après avoir joui des honneurs de
l'adoration, était d'être sacrifié à la fin de son règne.

Quoiqu'une partie des victimes humaines fût sacrifiée, dans le grand temple, et que
les Aztèques eussent l'usage de manger la chair, ils réservaient les têtes, soit
comme un trophée qui faisait honneur à leurs victimes, soit, à en croire Herrera,

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pour se familiariser avec l'idée de la mort.

Le lieu qui contenait ce dépôt était devant la principale porte du temple, à la


distance d'un jet de pierre. C'était une espèce de théâtre, de forme longue, bâti de
pierres, à chaux et à ciment. Les degrés par lesquels on y montait étaient aussi de
pierres, mais entremêlés de têtes d'hommes , dont les dents s'offraient en dehors.
Aux côtés du théâtre, il y avait quelques tours, qui n'étaient composées que de
têtes, en plusieurs compartiments; et, de quelque côté qu'on y jetât les yeux, on ne
voyait que des images de mort. Sur le théâtre même, plus de soixante poutres,
éloignées de quatre ou cinq palmes les unes des autres, et liées entre elles par de
petites solives qui les traversaient , offraient une infinité d'autres têtes, enfilées
successivement par les tempes. Le nombre en était si grand, que les Espagnols en
comptèrent plus de 130,000, sans y comprendre celles dont les tours étaient
fabriquées.

La ville entretenait plusieurs personnes, qui n'avaient d'autre fonction que de


replacer les têtes qui venaient à tomber, d'en remettre de nouvelles, et de
conserver l'ordre établi dans cet abominable lieu.

Le nagualisme

Ajoutons qu'au Mexique et ailleurs en Amérique centrale existait une forme de


totémisme individuel qui était en même temps une forme de chamanisme, appelé
nagualisme par les anthropologues, où l'homme se sentait, à la suite d'un rêve
révélateur, vivre en étroite communion avec une sorte de double, appelé son nagual
ou nahual (ou encoure chulel chez les Mayas), un métamorphe qui apparaissait
généralement sous la forme d'un animal, mais parfois aussi d'une chose ou même
d'un être humain capable de jeter des sorts. (L. Biart / A. Bertrand / R. d'Harcourt).

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Dictionnaire Religions, mythes, symboles


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©Serge Jodra, 2019. - Reproduction interdite.

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