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Charles-Henri D'ARCIMOLES
CERMAT – IAE de Tours
Université François Rabelais
Stéphane TRÉBUCQ
Université Montesquieu-Bordeaux IV
Résumé:
Selon de récentes recherches empiriques menées en gestion financière et stratégique, la
relation entre les performances sociétale et financière peut s'avérer positive, neutre ou
négative. Cet article présente les premiers résultats pour la France, à partir d’une nouvelle
source de données, formée de ratings, permettant d'apprécier la performance sociétale.
L'étude permet de confirmer l'intérêt de vérifier la bonne spécification des modèles
économétriques utilisés. Afin d'atténuer les risques d'opportunisme, un mécanisme d'options
sociétales sur titres est proposé.
Corporate social performance and financial performance : first results for France
Abstract :
Recent scholarship in financial and strategic management suggests that there is a positive,
neutral, or negative relationship between corporate social performance and financial
performance. Using a new source of data on corporate social performance, this paper reports
first results for France.
This study also confirms the necessity to control the good specification of econometric
models. A mechanism, based on social stock-options, is proposed in order to solve
opportunism problems.
99
La création de valeur partenariale, malgré son audience croissante parmi les entreprises
françaises cotées, reste un objet d'étude empirique encore peu fréquent. Le lancement en 1999
d'une agence française de rating, centrée sur les aspects sociaux et environnementaux, ainsi
que l'adoption en 2001 d'une loi sur les nouvelles régulations économiques, appelant à la
publication d'un rapport sur les conséquences sociales et environnementales de l'activité de
l'entreprise, viennent nourrir l'intérêt pour ce champ d'analyse. Nonobstant, aucune étude n'a
pu encore tester empiriquement, et confirmer sur le marché français, l'avantage financier de
s'engager dans une démarche sociétale. Cet aspect mérite pourtant une attention toute
particulière pour espérer mieux comprendre les mécanismes de gouvernance, étendus à
l'ensemble des partenaires. A ce sujet, de récentes études françaises sur l'éthique d'entreprise,
mais également plus directement sur l'investissement socialement responsable, sont
particulièrement incitatives. Elles conduisent à s'interroger, selon une logique d'investisseur et
dans une optique de placement de portefeuille, sur l'intérêt d'intégrer des critères sociétaux au
niveau de la sélection ou encore de l'exclusion de certaines valeurs (d'Arcimoles 1999, Dupré
et Girerd-Potin 2002). Parallèlement, d'autres recherches remettent en cause la pertinence
même de certaines recherches académiques explorant les liens observables entre performance
financière et sociétale (Gond 2001). Ainsi la question demeure-t-elle entière d’une interaction
supposée, mais restant à prouver, entre performance financière et performance sociétale.
100
1.1. Les différentes mesures de la performance sociétale
L'intérêt de prendre en compte les différentes parties prenantes afin de gérer l'entreprise
que ce soit d'une façon responsable et éthique, ou bien encore dans une optique de
développement durable, renvoie tout naturellement à des questions opérationnelles et très
concrètes de mesure de la performance dite sociétale. Celle-ci englobe des aspects non
financiers, de nature sociale et environnementale, et conduit à envisager les relations vis-à-vis
des principales parties prenantes que constituent les salariés, l'environnement, les clients, les
fournisseurs, les actionnaires, et la société civile. Cela revient à aborder et à traiter des thèmes
aussi variés que la gestion des ressources humaines, la pollution, la qualité des produits, le
respect du droit des enfants, ou encore le gouvernement d'entreprise ou le mécénat. Face à une
telle diversité, une méthodologie spécifique de collecte et de traitement des données s'avère
nécessaire si l'on souhaite comparer les entreprises entre elles. La difficulté majeure est
d'élaborer un diagnostic, formant le construit de la performance sociétale, censé représenter et
résumer l'ensemble de ces informations. Pour une tâche aussi délicate, les chercheurs ont pu
recourir à diverses pratiques.
La première, mise en œuvre dès le milieu des années 70, a consisté à analyser les éléments
de "comptabilité sociale et sociétale" (Capron 2000:408) inclus dans les états financiers. Les
premières recherches américaines recourant à ce procédé sont celles de Beresford (1974) qui
relève les passages consacrés à l'environnement, à l'emploi de minorités, à l'amélioration des
produits, ainsi qu'aux activités en faveur de la société civile ; Bowman et Haire (1975) qui
observent le nombre de lignes du rapport annuel consacrées aux externalités positives ou
négatives ; Belkaoui (1976) qui retient les entreprises publiant les dépenses consacrées au
contrôle de la pollution.
Cependant, l'information publiée, le plus souvent d'une façon volontaire, s'avère parfois
insuffisante pour procéder à une évaluation satisfaisante de la performance sociétale de
l'entreprise dans toutes ses dimensions. En tout état de cause, l'absence de normalisation et de
certification de l'information rend hasardeux sinon impossible toute tentative de comparaison.
Simultanément, une autre démarche fut de recourir à des mesures ou des classements,
rendus publics et réalisés par des organismes ou des chercheurs indépendants, sur la base
d’une évaluation commune et normalisée des entreprises.
Les travaux de Bragdon et Marlin (1972), Fogler et Nutt (1975) et Spicer (1978) sont en
pionniers en ce domaine, dans le secteur du bois et de la pâte à papier, exploitant des données
sur la pollution collectées par le Council of Economic Priorities (CEP). Cette approche est
toutefois un peu réductrice car elle n’intègre que la composante environnementale de la
performance sociétale.
D'autres chercheurs, à l'instar de Moskowitz (1972), se sont livrés à leur propre sélection
d'entreprises, après avoir analysé méticuleusement leurs pratiques sociétales. Ce classement a
servi de référence pour les recherches ultérieures de Vance (1975), de Sturdivant et Ginter
(1977) ou de Cochran et Wood (1984).
Plus récemment, dans les années 80, certains critères utilisés dans les classements de
réputation, tel celui du magazine Fortune, ont été pris en considération. Les résultats de ce
classement sont établis annuellement à partir de l'interview de 3000 cadres, consultés à propos
des dix grosses entreprises, relevant de leur propre secteur d'activité. Les entreprises sont
appréciées à partir de critères diversifiés au nombre desquels figurent les initiatives prises en
faveur de l'environnement et de la société civile. Les premiers travaux ayant exploité cette
source de données sont ceux de Spencer et Taylor (1987) ou encore de McGuire et al. (1988).
Toutefois, l'utilisation de ces données a fait l'objet de vives controverses, notamment à propos
101
de leur manque d'objectivité, du fait que les interviews ont été exclusivement opérées auprès
de cadres (Wood 1995). Il leur a également été reproché un manque de validité, en raison de
la présence d'effets de halo1 (Fryxell et Wang 1994, Baucus 1995, Szwajkowski et Figlewicz
1997).
Pour l'heure, l'exploitation des bases de données existantes reste le moyen privilégié dans
l'étude de la performance sociétale. La source unanimement reconnue par les chercheurs
américains, et connue sous l'appellation SOCRATES, est désormais disponible depuis le
début des années 90. Sa mise à jour est régulièrement effectuée par une équipe d'analystes
expérimentés, employés à plein temps par la société KLD (Kinder, Lydenberg, Domini &
Co.). Les ratings sont établis à partir de diverses sources de données (analyse des états
financiers, articles de presse, questionnaires auprès des entreprises, interviews des dirigeants,
point de vue des représentants de syndicats, d'associations, de fondations et d'autres
organisations non gouvernementales). Après avoir écarté des secteurs liés à l'alcool, aux jeux,
au tabac, à l'armement, et au nucléaire, la société KLD note annuellement quelque 650
entreprises américaines, en termes de forces et de faiblesses, et selon sept critères distincts2.
Ces notes, non divulguées publiquement, sont généralement commercialisées auprès de fonds
éthiques, tout en demeurant accessibles aux chercheurs.
Ces sources de données, utilisées, principalement aux Etats-Unis, aux fins d'appréciation
de la performance sociétale, ont évolué sur un plan quantitatif et qualitatif. Margolis et Walsh
(2001) ne relèvent pas moins de 27 sources de données différentes. Quant au travail de
mesure et d'appréciation de la performance sociétale, il s'est fortement professionnalisé au
cours de ces dernières années, et la source américaine faisant référence actuellement
correspond aux ratings KLD.
1
Cet effet, qui se traduit par une forte multicolinéarité entre les composantes de l'indice de réputation, est la
résultante du procédé d'interview consistant à interroger dans un court laps de temps les mêmes personnes sur
des dimensions comme celle de la solidité financière et de la gestion environnementale. Les répondants peuvent
alors être tentés de citer les mêmes entreprises, quelle que soit la dimension évoquée. Dans ces conditions, la
corrélation obtenue entre la performance financière et la réputation environnementale est par construction
biaisée.
2
Cinq notes sont consacrées à l'appréciation des relations opérées avec les parties prenantes (salariés,
environnement, consommateurs, minorités, société civile). Deux autres notes ont trait à d'autres aspects sociaux
(activités hors Etats-Unis, et problèmes divers liés à une rémunération excessive des dirigeants ou des
comportements préoccupants d'entreprises associées au groupe).
102
1.2. Les liens envisageables entre performance financière et sociétale
Preston et O'Bannon (1997) ont fourni un effort très appréciable de formalisation des
différentes hypothèses sur les relations possibles entre performance financière et performance
sociétale3. Les auteurs posent, à ce propos, les problèmes de la direction et de la causalité.
Autrement dit, ils se demandent si la performance financière et sociétale sont associées
positivement, négativement ou de façon neutre. Quoiqu'il en soit, dans l'éventualité où
l'existence d'une telle relation est démontrée, il importe de savoir si c'est la performance
sociétale qui induit la performance financière, ou réciproquement. On peut aussi se demander
si l'on a à faire à une interaction de ces phénomènes. La combinaison de ces questionnements
amène Preston et O'Bannon (1997) à proposer un jeu de six hypothèses (cf. tableau 1).
Tableau 1 – Hypothèses sur les relations possibles entre performance financière et sociétale
Signe de la relation
L'hypothèse 1 suppose qu'un bon management des différentes parties prenantes entraîne
une augmentation de la performance financière. Il s'agit là d'une idée conforme aux énoncés
classiques de la théorie partenariale, et défendant la nécessité de prendre en considération les
intérêts des différentes parties prenantes si l'on désire au bout du compte maximiser la valeur
actionnariale. Toutefois, dans un environnement concurrentiel, les coûts d'un engagement
sociétal peuvent réduire la performance financière. L'hypothèse 2 retient par conséquent le cas
de figure où les coûts engagés dans les actions sociétales dépassent les gains financiers
obtenus. En l'occurrence, un niveau supérieur de performance sociétale se traduit en
conséquence par une baisse du niveau de performance financière, introduisant ainsi la notion
d'arbitrage.
103
de performance sociétale. Cela pourrait alors tenir essentiellement au comportement, ou à
l'attitude, opportuniste des dirigeants cherchant à maximiser, à court-terme, leur propre
fonction d'utilité, et notamment leur rémunération indexée sur les résultats financiers.
Le rejet des hypothèses 1 à 6 conduit finalement à observer une relation neutre entre la
performance financière et la performance sociétale. Un tel état de fait peut correspondre à une
neutralité effective (hypothèse 7 proposée par McWilliams et Siegel 2001), à des problèmes
de mesures et à la complexité des relations envisagées (Ullman 1985). Mais il peut également
provenir d'une très grande diversité des situations observées correspondant en réalité aux cas
décrits dans les hypothèses 1 à 6.
Roman et al. (1999) ont remis en question ce premier classement, et ce à plusieurs titres.
Ils ont tout d'abord procédé à une redéfinition du champ de l'analyse, en excluant 11 études
prenant en considération des aspects trop fragmentaires de la performance sociétale, et en
intégrant 4 études plus récentes. Par ailleurs, ils ont précisé la notion de relation positive ou
négative. Une faible performance financière associée à une faible performance sociétale doit
être interprétée comme une corrélation positive. Ainsi, des rentabilités anormales négatives
enregistrées à l'occasion d'un rapport défavorable sur la pollution conduisent-elles à un
classement dans la catégorie "relation positive". La relecture de Roman et al. (1999) aboutit à
un bilan sensiblement différent, référençant 32 observations empiriques de relations positives,
contre 5 seulement de relations négatives, et 14 de relations neutres.
104
que les auteurs sont finalement conduits à une très grande prudence, même s'ils identifient une
majorité d'études validant une relation positive4.
Finalement, si l'on adopte des critères plus restrictifs de sélection des recherches, avec
pour condition nécessaire la présence d'une mesure fiable et valide de la performance
sociétale, intégrant de surcroît l'ensemble des parties prenantes, le nombre d'études à retenir se
réduit considérablement. La recherche empirique réalisée par Waddock et Graves (1997) a
permis, en ce sens, une avancée significative. Elle se réfère en effet aux ratings KLD, mieux
acceptés par la communauté scientifique et dont la validité de construit semble attestée par les
résultats obtenus par Sharfman (1996). Waddock et Graves (1997) concluent en faveur d'un
cercle vertueux (hypothèse 5), après avoir obtenu des résultats conformes aux hypothèses 1 et
3. Toutefois, McWilliams et Siegel (2000) ont réfuté cette thèse en introduisant, dans l'un des
modèles utilisés par Waddock et Graves (1997), une variable explicative supplémentaire
correspondant aux frais de recherche et développement exprimés en pourcentage du chiffre
d'affaires. Ce seul ajout conforte l'hypothèse 7 tout en réfutant la validation de l'hypothèse 1,
et remet en question, par voie de conséquence, l'abondante littérature stratégique mettant en
exergue les avantages compétitifs résultant d'un bon management des parties prenantes (voir
la synthèse réalisée par Hillman et Keim 2001)5. Il peut paraître surprenant que des travaux
empiriques publiés ultérieurement, tels ceux de Hillman et Keim (2001) ou encore de Ruf et
al. (2001), même s'ils contribuent à valider l'hypothèse 1, ne tiennent aucun compte des
avertissements et recommandations de McWilliams et Siegel (2000). Ces derniers mettent
pourtant en garde les futurs chercheurs quant à la nécessité de bien spécifier leurs modèles, et
d'intégrer la variable R&D.
En définitive, si l’on se réfère à l’état actuel des connaissances, ainsi qu’aux résultats
encore incertains des recherches empiriques effectuées, la question de l'interaction entre
performance financière et performance sociétale reste posée. L’objet de la partie empirique
suivante va consister, par conséquent, à tester si, toutes choses égales par ailleurs, une
meilleure performance sociétale conduit à une meilleure performance financière (hypothèse 1,
conforme aux résultats obtenus par Waddock et Graves 1997), si une meilleure performance
financière conduit à une meilleure performance sociétale (hypothèse 3, conforme aux résultats
obtenus par Waddock et Graves 1997), ou bien encore si la relation entre les performances
financière et sociétale est neutre (hypothèse 7, conforme aux résultats obtenus par
McWilliams et Siegel 2000).
4
Les difficultés pour établir un lien clair entre performance financière et sociétale n'annulent pas pour autant,
selon Margolis et Walsh (2001), l'intérêt de ce champ de recherche. Ces auteurs notent d'ailleurs que l'attention à
porter à la performance sociétale n'est pas nécessairement liée à son rapport coûts-bénéfices. On pourrait
également estimer que les avantages financiers retirés d'un engagement sociétal, quand bien même seraient-ils
démontrés, n'en seraient pas pour autant suffisants pour justifier toutes les actions relevant d'une logique
sociétale.
5
On pourra également se reporter aux publications de Freeman 1984, Aupperle et al. 1985, Wartick et Cochran
1985, McGuire et al. 1988, Freeman et Evan 1990, Starik et Carroll 1991, Hill et Jones 1992, Donaldson et
Preston 1995, Clarkson 1995, Wood et Jones 1995, ou encore Stanwick et Stanwick 1998.
105
2. Recherche empirique sur les entreprises du SBF120
L'échantillon étudié est constitué des entreprises françaises cotées, notées par l'agence
AReSE6 et appartenant à l'indice SBF120, ce dernier indice étant conçu pour être représentatif
des différentes activités de l'économie française. Après une présentation des données
empiriques et de la méthodologie (2.1.), les résultats obtenus seront exposés (2.2.) et feront
l'objet d'une discussion (2.3.).
Afin de tester les trois hypothèses énoncées en fin de première partie, l'étude a porté sur un
échantillon de 99 entreprises cotées, pour lesquelles les ratings sociétaux AReSE, de l'année
1999, étaient disponibles. Notre recherche a consisté à reproduire pour la France la
méthodologie utilisée par Waddock et Graves (1997) aux Etats-Unis, en tenant compte des
remarques de McWilliams et Siegel (2000), pour tester ainsi la stabilité des résultats après
intégration de la variable explicative R&D.
Modèle 1
Performance financière(t+1) = Performance sociétale(t) + Variables de contrôle(t) + cste.
L'existence d'un décalage temporel d'une année, entre la variable expliquée (en t+1) et les
variables explicatives (en t)7, permet d'assurer le test de la relation dans un sens déterminé. La
performance financière est ainsi considérée comme la résultante possible des variables
explicatives, parmi lesquelles se trouve la performance sociétale.
Modèle 2
Performance sociétale(t) = Performance financière(t-1) + Variables de contrôle(t-1) + cste.
La mise en œuvre de ces modèles laisse apparaître certaines divergences entre les auteurs,
notamment en matière de performance sociétale. C'est ainsi, par exemple, que Waddock et
Graves (1997) retiennent dans les modèles de type 1 et 2 une pondération des différents
critères KLD, à partir d'interviews d'experts. Partant, ils peuvent attribuer une note globale
représentant la variable de performance sociétale appelée CSP (Corporate Social
Performance). Pour leur part, McWilliams et Siegel (2000) s'en tiennent à l'utilisation du
modèle 1, avec une variable CSP binaire ou dichotomique, correspondant à l'appartenance
(codée 1) ou non (codée 0) des entreprises au 'Domini 400 Social Index'. Cet indice boursier
est composé de sociétés jugées exemplaires en termes de performance sociétale. Quant à
Hillman et Keim (2001), ils recourent à une troisième solution en introduisant dans un modèle
6
L'agence AReSE, créée en 1999, représente l'équivalent français de l'agence de notation sociétale américaine
KLD.
7
Dans le cadre de cette recherche, la période de référence t correspond à l'année 1999.
106
de type 1, non pas la mesure globale de la performance sociétale, mais les 5 composantes
principales qui la constituent. Il s'agit, en l'occurrence des ratings KLD, relatifs aux critères de
ressources humaines, d'environnement, de produit, de minorités et de société civile.
Dans le cadre de la présente recherche, ces trois variantes ont été prises en considération.
A défaut de disposer d'un système précis de pondération des critères AReSE, la méthodologie
adoptée afin d'élaborer le construit global de la performance sociétale (CSP) est analogue à
celle qui fut utilisée lors du lancement de l'indice ASPI (AReSE Sustainable Performance
Index)8. En fait, il s'agit de la moyenne géométrique9 des cinq critères notés par AReSE (voir
tableau 2 b pour une illustration):
- Le critère RH : évaluation des choix, pratiques et résultats de la gestion des
ressources humaines, dans une perspective de développement durable ;
- Le critère ENV : évaluation des différents efforts de prise en compte et de protection
de l'environnement ;
- Le critère QUAL : évaluation des relations établies par l'entreprise avec ses clients et
ses fournisseurs ;
- Le critère ACT : évaluation du gouvernement d'entreprise, avec une attention toute
particulière portée au respect du droit des actionnaires et à la qualité de leur
information ;
- Le critère SC : évaluation des relations établies avec la société civile, dans des
domaines aussi divers que la culture, la santé et l'assistance médicale, l'aide
humanitaire, la lutte contre l'exclusion ou encore le soutien à des actions de
développement local.
Chacun de ces critères est noté de "- -" à "++", soit encore une échelle ordinale de 0 à 4.
La note 0 (ou "- -") représente une absence totale d'engagement, la note 1 (ou "-") indique un
niveau en deçà de la moyenne du secteur, la note 2 (ou "=") signifie un niveau conforme à la
moyenne du secteur, la note 3 (ou "+") correspond à un niveau supérieur, et enfin la note 4
(ou "++") signale la position de niveau avancé dans le domaine. Le niveau global est alors
CSP = Moyenne géométrique de {RH, ENV, QUAL, ACT, SC}, soit encore :
calculé de la manière suivante :
CSP = (RH*ENV*QUAL*ACT*SC)^(1/5)
Enfin, la troisième solution a consisté à prendre en considération chacun des cinq critères
AReSE.
8
Cet indice est l'équivalent français de l'indice américain intitulé 'Domini 400 Social Index'.
9
Ce système de calcul, fondé sur la moyenne géométrique, conduit à pénaliser les sociétés peu performantes sur
l'un quelconque des critères et favorise au contraire les sociétés homogènes sur l'ensemble des critères (voir
l'illustration du tableau 2b).
10
L'indice ASPI (AReSE Sustainable Performance Index) a été lancé tardivement en juin 2001. Cependant
l'appartenance à cet indice peut être utilisée de manière rétroactive pour la période 1999. Les tests non-
paramétriques de moyenne (U-Mann Withney ou Kolmogorov Smirnov) permettent de conclure que les
entreprises appartenant à l'indice (ASPI=1) disposent d'un niveau de performance sociétale (variable CSP pour
l'année 1999) significativement supérieur (p = 0,000) à celui des entreprises exclues de l'indice (ASPI=0).
= 2,15 =1,78
ASPI =1 ASPI = 0
On a, en effet, CSP et CSP .
107
Ces trois modes de calcul de la performance sociétale nous ont conduit à tester différentes
variantes des modèles 1 et 2.
11
Toutefois, selon la méta-recherche réalisée par Orlitzky (2001), la variable de taille ne semble pas représenter
un facteur de confusion majeure dans l'examen de la relation entre les performances financière et sociétale.
108
Tableau 2(b) – Illustration du calcul de la note globale de performance sociétale à l'aide
d'une moyenne géométrique (méthodologie de l'indice ASPI)
RH ENV QUAL ACT SC Total des CSP
cinq notes (Moyenne
géométrique)
Société A 3 3 3 3 3 15 3,00
Société B 4 2 4 2 3 15 2,86
Société C 4 2 4 1 4 15 2,64
12
Un tableau de statistiques descriptives figurant dans l'article de Waddock et Graves (1997), similaire au
tableau 3 que nous présentons, fait effectivement apparaître des différences sensibles entre divers secteurs pour
les notations KLD.
109
Le tableau 5 permet de tester le degré de corrélation entre les différents critères de
l'agence AReSE. Ces statistiques sont rarement présentées dans les publications américaines
ayant recours aux ratings KLD, hormis celle de Berman et al. (1999). Si l'on compare les
statistiques obtenues par Berman et al. (1999) à partir des ratings KLD à celles du tableau 5
issues des ratings AReSE pour la France, on peut noter, dans les deux cas, que les corrélations
croisées sont toutes positives, qu'elles soient statistiquement significatives ou non. Le
deuxième point commun correspond au critère RH qui apparaît, aux Etats-Unis comme en
France, significativement corrélé aux autres critères. Toutefois, l'analyse des ratings AReSE
montre par ailleurs que les critères QUAL et ACT sont statistiquement indépendants des
dimensions ENV et SC. Les notations AReSE ne semblent donc pas souffrir, pour l'année
1999, de l’effet de halo déploré dans le cas du classement américain Fortune.
Tableau 5 – Matrice des corrélations croisées entre les ratings sociétaux (1999)
RH ENV QUAL ACT SC
RH 1,000 *** 0,399 *** 0,268 *** 0,289 ** 0,245
ENV 1,000 0,072 0,018 0,164
QUAL 1,000 * 0,185 - 0,007
ACT 1,000 0,135
2.2.2. Test pour la France des modèles utilisés par Waddock et Graves (1997)
Afin de tester l'hypothèse 1, conformément à la méthodologie suivie par Waddock et
Graves (1997), nous avons utilisé un modèle linéaire de la forme suivante :
Tableau 6(a) – Matrice des corrélations croisées entre les données financières (2000) et la
performance sociétale (1999), ainsi que les autres variables de contrôle (1999)
CSP ROA ROE CFS D/C CA Actifs Nb. empl
CSP 1,000 -0,012 -0,144 0,107 -0,006 0,063 -0,038 0,149
ROA 1,000 *** 0,650 *** 0,293 *** - 0,408 ** - 0,209 ** - 0,243 -0,135
ROE 1,000 * 0,178 ** - 0,204 0,114 0,088 0,055
CFS 1,000 0,077 - 0,061 0,045 -0,150
D/C 1,000 0,166 ** 0,219 ** 0,220
CA 1,000 *** 0,633 *** 0,658
110
Tableau 7 – Régressions (modèles 1a_n°1 à 1a_n°9) avec la performance financière en
variable expliquée (2000) et la performance sociétale (1999) en principale variable
explicative
Variable expliquée : Rentabilité sur actifs (ROA) Modèle 1a_n°1 1a_n°2 1a_n°3
Variable explicative : CSP - 0,382 - 0,446 - 0,336
Variables de contrôle
D/C - 0,068 *** - 0,069 *** -0,067 ***
CA - 1,84 E-05
Actifs -2,36 E-06
Nb. Empl. -2,32 E-06
S01 à S11 … … …
R² 0,293 0,292 0,292
R² Ajusté 0,168 0,167 0,166
F 2,339 *** 2,332 *** 2,326 ***
Variables de contrôle
D/C -0,199 ** -0,188 ** -0,219 ***
CA 02,17 E-04
Actifs 2,31 E-05
Nb. Empl. 4,13 E-05
S01 à S11 … … …
R² 0,198 0,184 0,199
R² Ajusté 0,056 0,040 0,057
F 1,397 1,277 1,399
Variable expliquée : Cash flow sur chiffre d'affaires 1a_n°7 1a_n°8 1a_n°9
(CFS)
Variable explicative : CSP 1,317 1,439 1,188
Variables de contrôle
D/C -0,058 -0,056 -0,062
CA 2,11 E-05
Actifs -9,56 E-06
Nb. Empl. 5,73 E-06
S01 à S11 …*** … *** … ***
R² 0,569 0,572 0,569
R² Ajusté 0,487 0,492 0,488
Pour une raison de place et afin d'alléger la présentation, les coefficients affectés aux variables sectorielles S01 à
S11 ne sont pas reportés ci-dessus.
111
Tableau 6(b) – Matrice des corrélations croisées entre les données financières (1998) et les
autres variables de contrôle (1998), ainsi que la performance sociétale (1999)
CSP ROA ROE CFS D/C CA Actifs Nb. empl
CSP 1,000 -0,032 -0,040 0,167 -0,014 0,073 -0,076 0,162
ROA 1,000 *** 0,739 0,162 ** - 0,220 *** - 0,274 *** - 0,293 * - 0,199
ROE 1,000 0,027 - 0,105 - 0,071 - 0,096 - 0,098
CFS 1,000 0,152 - 0,017 0,080 - 0,162
D/C 1,000 0,161 *** 0,264 0,148
CA 1,000 *** 0,689 *** 0,650
Variables de contrôle
D/C 8,45 E-04 0,001 4,83 E-04
CA 5,68 E-06
Actifs -9,00 E-09
Nb. Empl 1,71 E-06 **
S01 à S11 … … …
R² 0,122 0,101 0,144
R² ajusté -0,033 -0,059 -0,009
F 0,785 0,632 0,941
Variables de contrôle
D/C 0,001 0,001 6,34 E-04
CA 5,86 E-06
Actifs 7,56 E-08
Nb. Empl 1,70 E-06 *
S01 à S11 … … …
R² 0,128 0,104 0,147
R² ajusté -0,031 -0,058 -0,010
F 0,806 0,641 0,934
Variables de contrôle
D/C 9,75 E-04 0,001 5,15 E-04
CA 6,49 E-06
Actifs 2,43 E-07
Nb. Empl 1,84 E-06**
S01 à S11 … … …
R² 0,128 0,100 0,152
R² ajusté -0,026 -0,059 0,000
Pour une raison de place et afin d'alléger la présentation, les coefficients affectés aux variables sectorielles S01 à
S11 ne sont pas reportés ci-dessus.
112
Ainsi, en reproduisant le plus fidèlement possible la méthodologie suivie par Waddock et
Graves (1997), on ne peut conclure, à l'instar de ces auteurs, en faveur de l'hypothèse 5, qui
suppose l'existence d'un cercle vertueux entre performance financière et performance
sociétale.
2.2.3. Test pour la France du modèle 1a modifié par McWilliams et Siegel (2000)
L'hypothèse 1 n'étant pas validée à partir du modèle 1a, les remarques de McWilliams et
Siegel (2000) semblent d'un intérêt restreint. Toutefois, nous avons bien modifié le modèle 1a
comme suit :
A nouveau, les résultats obtenus à partir du modèle 1a' (voir tableau 9) ne permettent pas de
conforter la première hypothèse. Finalement, ils conduisent à conforter l'hypothèse 7, validée
par McWilliams et Siegel (2001), d’une neutralité de la relation entre les performances
financière et sociétale.
113
Tableau 9 – Régressions (modèles 1a'_n°1 à 1a'_n°9) similaires à celles du tableau 7, avec
l'introduction en variable explicative des dépenses de recherche et développement (R&D)
Variable expliquée : rentabilité sur actifs (ROA) Modèle 1a'_n°1 1a'_n°2 1a'_n°3
Variables explicatives :
CSP 1,886 1,889 1,697
R&D 0,524 ** 0,516 ** 0,525 **
Variables de contrôle
D/C -0,095 -0,095 -0,094
CA 5,98 E-05
Actifs 2,65 E-05
Nb. Empl. 1,43 E-05
S01 à S11 … … …
R² 0,452 0,448 0,452
R² ajusté 0,178 0,172 0,178
F 1,651 1,624 1,651
Variables de contrôle
D/C -0,386 -0,412 -0,413
CA 4,41 E-04
Actifs 2,42 E-04
Nb. Empl. 1,36 E-04
S01 à S11 … … …
R² 0,229 0,223 0,256
R² ajusté -0,156 -0,166 -0,116
F 0,595 0,574 0,689
Variable expliquée : Cash Flow sur chiffre d'affaires 1a'_n°7 1a'_n°8 1a'_n°9
(CFS)
Variables explicatives :
CSP 2,655 2,762 2,202
R&D 0,843 ** 0,807 ** 0,846
Variables de contrôle
D/C -0,115 -0,133 -0,112
CA 1,53 E-04
Actifs 9,97 E-05
Nb. Empl. 3,35 E-05
S01 à S11 … … …
R² 0,436 0,442 0,432
R² ajusté 0,141 0,150 0,134
Pour une raison de place et afin d'alléger la présentation, les coefficients affectés aux variables sectorielles S01 à
S11 ne sont pas reportés ci-dessus.
Dans les limites des biais toujours envisageables tels que la période d'analyse ou la taille de
l'échantillon observé, cette duplication conjuguée des recherches de Waddock et Graves
(1997) et McWilliams et Siegel (2000) permet d’établir une première série de résultats
intéressants sur données françaises. On observe tout d’abord que les hypothèses 1 et 3 n’ont
114
pu être validées. Ainsi ne peut-on pas conclure sur l’existence et le sens d’une relation entre
les performance financière et sociétale. L’hypothèse d’une neutralité semble alors la plus
recevable.
Toute conclusion définitive semble toutefois très prématurée et ces premiers résultats
suggèrent surtout de poursuivre le travail critique engagé par McWilliams et Siegel, en
recherchant non seulement de nouvelles variables explicatives comme la R&D, mais aussi de
nouvelles mesures opérationnelles de la performance financière et sociétale. Cette dernière
voie est explorée ci-après, permettant ainsi d’apporter quelques compléments aux précédents
résultats. D’autres approches de la performance sociétale permettent en effet d’établir
quelques relations significatives, à la fois sur les hypothèses 1 et 2.
Les résultats significatifs de ces différentes variantes du modèle 1 sont les suivants :
- pour le modèle 1a"1, une seule régression – celle retenant comme variable de taille
le total actif – permet de constater une influence positive de la variable CSPB sur la
variable CFS, avec un coefficient égal à 3,431 (voir tableau10a) ; cette influence est
confirmée lorsque l'on ajoute la variable R&D comme variable explicative ;
Tableau 10(a) – Régressions (modèle 1a"1) indiquant une influence positive significative de
la performance sociétale sur la performance financière
Variables de contrôle
D/C -0,072
Actifs -1,44 E-05
S01 à S11 …
R² 0,586
R² ajusté 0,508
F 7,49 ***
Variable expliquée : Cash Flow sur chiffre d'affaires Modèle 1a"1_n°8
(CFS) (avec R&D)
Variables explicatives :
CSPB 5,981 *
R&D 0,727 **
Variables de contrôle
D/C -0,161
Actifs 6,66 E-05
S01 à S11 …
R² 0,504
R² ajusté 0,245
115
- pour le modèle 1a"2, deux régressions permettent de constater une relation
d'influence négative du critère clients & fournisseurs (QUAL) sur la rentabilité
financière (ROE), avec un coefficient de 4,2 (voir tableau 6a' et 10b). Il est à noter
cependant que cette influence n'est plus observée lorsque l'on ajoute la variable R&D
comme variable explicative.
Tableau 6(a') – Matrice des corrélations croisées entre les données financières (2000), et les
composantes de la performance sociétale ainsi que les frais de recherche et développement
(1999)
ROA ROE CFS
R&D 0,020 -0,006 0,032
RH 0,038 -0,114 0,004
ENV 0,107 -0,046 0,136
QUAL -0,050 * -0,172 -0,054
ACT -0,134 -0,083 -0,006
La taille de l'échantillon est de 34 entreprises pour les corrélations croisées incluant la variable R&D.
Tableau 10(b) – Régressions (modèle 1a"2) indiquant une influence négative significative de
la performance sociétale (critère clients & fournisseurs) sur la performance financière
Variables de contrôle
D/C -0,185 ** -0,210 **
Actifs 2,49 E-05
Nb. Empl. 3,50 E-05
S01 à S11 … …
R² 0,231 0,235
R² ajusté 0,047 0,052
Pour une raison de place et afin d'alléger la présentation, les coefficients affectés aux variables sectorielles S01 à
S11 ne sont pas reportés ci-dessus.
Compte tenu de ces résultats complémentaires, l'hypothèse 1 ne peut être rejetée. En effet, on
peut observer un niveau plus élevé de cash flow sur chiffre d'affaires (CFS) pour les
entreprises disposant d'une meilleure notation sociétale. Il n'est donc par exclu que certains
bénéfices puissent résulter d'un bon management des parties prenantes.
116
CSPBt,i = f(PERFt-1,i, D/C t-1,i, TAILLEt-1,i, INDi) (modèle 2a"1)13
ainsi que,
RHt,i = f(PERFt-1,i, D/C t-1,i, TAILLEt-1,i, INDi) (modèle 2a"2.1)
ENVt,i = f(PERFt-1,i, D/C t-1,i, TAILLEt-1,i, INDi) (modèle 2a"2.2)
QUALt,i = f(PERFt-1,i, D/C t-1,i, TAILLEt-1,i, INDi) (modèle 2a"2.3)
ACTt,i = f(PERFt-1,i, D/C t-1,i, TAILLEt-1,i, INDi) (modèle 2a"2.4)
SCt,i = f(PERFt-1,i, D/C t-1,i, TAILLEt-1,i, INDi) (modèle 2a"2.5).
Tableau 6(b') – Matrice des corrélations croisées entre les données financières, les frais de
recherche et développement (1998), et les composantes de la performance sociétale (1999)
La taille de l'échantillon est de 34 entreprises pour les corrélations croisées incluant la variable R&D.
13
La mise en œuvre du modèle 2a"1 nécessite de recourir à une technique de régression logistique compte tenu
de la variable expliquée binaire.
117
Tableau 11(a) – Régressions (modèle 2a''2.2) indiquant une influence positive significative
de la performance financière sur la performance sociétale (critère environnement)
Variables de contrôle
D/C -0,002
Nb. Empl 2,48 E-06 *
S01 à S11 …
R² 0,182
R² ajusté 0,036
F 1,242
2a''2.2_n°6
Variable explicative: ROE 0,013 *
Variables de contrôle
D/C -0,001
Nb. Empl 2,08 E-06
S01 à S11 …
R² 0,179
R² ajusté 0,027
F 1,182
Variables de contrôle
D/C - 0,003 -0,002 -0,003
CA 6,69 E-06
Actifs -5,11 E-07
Nb. Empl 2,11 E-06
S01 à S11 … … …
R² 0,185 0,175 0,200
R² ajusté 0,041 0,029 0,056
Pour une raison de place et afin d'alléger la présentation, les coefficients affectés aux variables sectorielles S01 à
S11 ne sont pas reportés ci-dessus.
- pour le modèle 2a"2.3, six régressions faisant apparaître une influence négative
significative de la performance financière (ROA, ROE) sur le critère clients &
fournisseurs (QUAL) (voir tableau 6b' et 11b); cette influence est confirmée lorsque
l'on ajoute la variable R&D comme variable explicative ;
118
Tableau 11(b) – Régressions (modèle 2a''2.3) indiquant une influence négative significative
de la performance financière sur la performance sociétale (critère clients et fournisseurs)
Variables de contrôle
D/C 0,006 0,006 0,006
CA -1,13 E-05 *
Actifs -1,69 E-06
Nb. Empl -1,47 E-06
S01 à S11 … … …
R² 0,199 0,184 0,181
R² ajusté 0,058 0,040 0,034
F 1,406 1,273 1,233
Variables de contrôle
D/C 0,006 0,006 0,006
CA -8,83 E-06
Actifs -1,28 E-06
Nb. Empl -1,16 E-06
S01 à S11 … … …
R² 0,201 0,191 0,190
R² ajusté 0,056 0,043 0,040
Pour une raison de place et afin d'alléger la présentation, les coefficients affectés aux variables sectorielles S01 à
S11 ne sont pas reportés ci-dessus.
119
Tableau 11(c) – Régressions (modèle 2a''2.4) indiquant une influence négative significative
de la performance financière sur la performance sociétale (critère de gouvernance
d'entreprise)
Variables de contrôle
D/C -0,004 -0,004 -0,005
CA 1,04 E-05 *
Actifs 1,03 E-06
Nb. Empl 3,11 E-06 ***
S01 à S11 … … …
R² 0,221 0,194 0,256
R² ajusté 0,083 0,051 0,122
Pour une raison de place et afin d'alléger la présentation, les coefficients affectés aux variables sectorielles S01 à
S11 ne sont pas reportés ci-dessus.
Dans ces conditions, l'hypothèse 4 (voir tableau 1) ne peut être totalement rejetée. Il est donc
envisageable que les entreprises les plus performantes en profitent pour réduire ultérieurement
leurs relations partenariales vis-à-vis de leurs clients et fournisseurs, ou encore des
actionnaires, notamment en matière de gouvernement d'entreprise14. Dans le premier cas, les
dirigeants performants utiliseraient l’appui de leurs actionnaires pour durcir leur position vis à
vis des clients ou des fournisseurs, espérant accroître ainsi la performance. Dans le second, ils
profiteraient de leur position pour renforcer leur propre pouvoir vis à vis du contrôle
actionnarial.
Ces deux hypothèses restent bien sûr à vérifier. Elles suggèrent cependant que la performance
sociétale, pour n’être pas instrumentée et détournée, puisse être explicitement intégrée aux
dispositifs d’incitations. Un mécanisme d'options sociétales pourrait en ce sens être utile,
l’exercice de l’option étant alors subordonné à l’amélioration des notations sociétales. On
pourrait ainsi éviter des transferts opportunistes de richesses, au détriment de certaines parties
prenantes, lorsque la performance financière est élevée. Il n’est pas exclu que ce dispositif, ou
d’autres comparables, se mettent en place, avec la multiplication du nombre d'agences de
ratings sociétaux15 et la diffusion croissante de concepts tels que la gouvernance, la création
de valeur partenariale, le développement durable ou encore la responsabilité sociétale des
entreprises.
14
La corrélation négative et significative entre les variables R&D (1998) et ACT (1999) semble confirmer les
réticences des entreprises les plus engagées dans des dépenses d'innovation, lorsqu'il s'agit de dévoiler leur
stratégie et de respecter pleinement les règles du gouvernement d'entreprise (voir tableau 6b').
15
Pour la France, on relève désormais l'existence de trois agences, avec Vigéo (ex-agence AReSE), Core Ratings
(filiale du groupe Fimalac et Fitch Ibca), et enfin Innovest (bureau français de l'agence américaine Innovest). A
cela s'ajoute certaines agences étrangères couvrant certaines valeurs françaises, comme l'agence suisse SAM
(Sustainable Asset Management).
120
Conclusion
121
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