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Etude de l'interaction entre

performance financière et performance sociétale :


le cas des sociétés françaises cotées (1998-2000)
2003 - 106

Charles-Henri D'ARCIMOLES
CERMAT – IAE de Tours
Université François Rabelais

Stéphane TRÉBUCQ
Université Montesquieu-Bordeaux IV

Etude de l’interaction entre performance financière et performance sociètale : le cas des


sociétés françaises cotées (1998-2000)

Résumé:
Selon de récentes recherches empiriques menées en gestion financière et stratégique, la
relation entre les performances sociétale et financière peut s'avérer positive, neutre ou
négative. Cet article présente les premiers résultats pour la France, à partir d’une nouvelle
source de données, formée de ratings, permettant d'apprécier la performance sociétale.
L'étude permet de confirmer l'intérêt de vérifier la bonne spécification des modèles
économétriques utilisés. Afin d'atténuer les risques d'opportunisme, un mécanisme d'options
sociétales sur titres est proposé.

Mots clés : Performance sociétale, performance financière, parties prenantes, recherche et


développement, France, options sociétales sur titres

Corporate social performance and financial performance : first results for France

Abstract :
Recent scholarship in financial and strategic management suggests that there is a positive,
neutral, or negative relationship between corporate social performance and financial
performance. Using a new source of data on corporate social performance, this paper reports
first results for France.
This study also confirms the necessity to control the good specification of econometric
models. A mechanism, based on social stock-options, is proposed in order to solve
opportunism problems.

Keywords : Corporate social performance, financial performance, stakeholders, research and


development, France, social stock-options

99
La création de valeur partenariale, malgré son audience croissante parmi les entreprises
françaises cotées, reste un objet d'étude empirique encore peu fréquent. Le lancement en 1999
d'une agence française de rating, centrée sur les aspects sociaux et environnementaux, ainsi
que l'adoption en 2001 d'une loi sur les nouvelles régulations économiques, appelant à la
publication d'un rapport sur les conséquences sociales et environnementales de l'activité de
l'entreprise, viennent nourrir l'intérêt pour ce champ d'analyse. Nonobstant, aucune étude n'a
pu encore tester empiriquement, et confirmer sur le marché français, l'avantage financier de
s'engager dans une démarche sociétale. Cet aspect mérite pourtant une attention toute
particulière pour espérer mieux comprendre les mécanismes de gouvernance, étendus à
l'ensemble des partenaires. A ce sujet, de récentes études françaises sur l'éthique d'entreprise,
mais également plus directement sur l'investissement socialement responsable, sont
particulièrement incitatives. Elles conduisent à s'interroger, selon une logique d'investisseur et
dans une optique de placement de portefeuille, sur l'intérêt d'intégrer des critères sociétaux au
niveau de la sélection ou encore de l'exclusion de certaines valeurs (d'Arcimoles 1999, Dupré
et Girerd-Potin 2002). Parallèlement, d'autres recherches remettent en cause la pertinence
même de certaines recherches académiques explorant les liens observables entre performance
financière et sociétale (Gond 2001). Ainsi la question demeure-t-elle entière d’une interaction
supposée, mais restant à prouver, entre performance financière et performance sociétale.

De nombreux travaux académiques, parmi lesquels ceux de Charreaux et Desbrières


(1998) en France, montrent l'intérêt de la prise en compte de l'ensemble des parties prenantes
lorsqu'il s'agit de maximiser la valeur actionnariale. La confirmation empirique semble en être
apportée sur le marché américain par certaines recherches, comme celle de Waddock et
Graves (1997). Ces derniers trouvent, en effet, une relation positive entre performance
financière et sociétale, et montrent qu'elles se renforcent mutuellement. Ils n'hésitent point,
dans ces conditions, à parler de "cercle vertueux". Cependant, les commentaires et tests
complémentaires effectués par McWilliams et Siegel (2000) tendent à nuancer le propos,
estimant que le modèle économétrique testé par Waddock et Graves (1997) a pu omettre
certaines variables cruciales, comme par exemple celle des frais de recherche et
développement.

Le présent article est consacré à l'approfondissement, sur le marché français, de ces


résultats émergents de la recherche en gestion. Dans cette perspective, une revue de la
littérature de gestion permettra d’énoncer des hypothèses relatives aux interactions entre
performance financière et performance sociétale. Ces hypothèses seront ensuite testées sur
une période récente (1998-2000), à partir d'un échantillon d'entreprises françaises cotées,
appartenant à l'indice SBF120.

1. Relations entre performance financière et sociétale


Les résultats des recherches en gestion financière et stratégique ayant trait à la
performance sociétale sont aujourd'hui majoritairement anglo-saxons. Ils font apparaître les
effets financiers positifs, quoiqu'incertains, résultant d'un engagement de l'entreprise en faveur
des différentes parties prenantes. Cependant, avant de présenter un bilan de ces recherches, il
est utile de préciser, d’une part, les différentes modalités d'approche et de mesure de la
performance sociétale et, d’autre part, les hypothèses sur les relations possibles entre
performance financière et sociétale.

100
1.1. Les différentes mesures de la performance sociétale

L'intérêt de prendre en compte les différentes parties prenantes afin de gérer l'entreprise
que ce soit d'une façon responsable et éthique, ou bien encore dans une optique de
développement durable, renvoie tout naturellement à des questions opérationnelles et très
concrètes de mesure de la performance dite sociétale. Celle-ci englobe des aspects non
financiers, de nature sociale et environnementale, et conduit à envisager les relations vis-à-vis
des principales parties prenantes que constituent les salariés, l'environnement, les clients, les
fournisseurs, les actionnaires, et la société civile. Cela revient à aborder et à traiter des thèmes
aussi variés que la gestion des ressources humaines, la pollution, la qualité des produits, le
respect du droit des enfants, ou encore le gouvernement d'entreprise ou le mécénat. Face à une
telle diversité, une méthodologie spécifique de collecte et de traitement des données s'avère
nécessaire si l'on souhaite comparer les entreprises entre elles. La difficulté majeure est
d'élaborer un diagnostic, formant le construit de la performance sociétale, censé représenter et
résumer l'ensemble de ces informations. Pour une tâche aussi délicate, les chercheurs ont pu
recourir à diverses pratiques.

La première, mise en œuvre dès le milieu des années 70, a consisté à analyser les éléments
de "comptabilité sociale et sociétale" (Capron 2000:408) inclus dans les états financiers. Les
premières recherches américaines recourant à ce procédé sont celles de Beresford (1974) qui
relève les passages consacrés à l'environnement, à l'emploi de minorités, à l'amélioration des
produits, ainsi qu'aux activités en faveur de la société civile ; Bowman et Haire (1975) qui
observent le nombre de lignes du rapport annuel consacrées aux externalités positives ou
négatives ; Belkaoui (1976) qui retient les entreprises publiant les dépenses consacrées au
contrôle de la pollution.
Cependant, l'information publiée, le plus souvent d'une façon volontaire, s'avère parfois
insuffisante pour procéder à une évaluation satisfaisante de la performance sociétale de
l'entreprise dans toutes ses dimensions. En tout état de cause, l'absence de normalisation et de
certification de l'information rend hasardeux sinon impossible toute tentative de comparaison.

Simultanément, une autre démarche fut de recourir à des mesures ou des classements,
rendus publics et réalisés par des organismes ou des chercheurs indépendants, sur la base
d’une évaluation commune et normalisée des entreprises.
Les travaux de Bragdon et Marlin (1972), Fogler et Nutt (1975) et Spicer (1978) sont en
pionniers en ce domaine, dans le secteur du bois et de la pâte à papier, exploitant des données
sur la pollution collectées par le Council of Economic Priorities (CEP). Cette approche est
toutefois un peu réductrice car elle n’intègre que la composante environnementale de la
performance sociétale.
D'autres chercheurs, à l'instar de Moskowitz (1972), se sont livrés à leur propre sélection
d'entreprises, après avoir analysé méticuleusement leurs pratiques sociétales. Ce classement a
servi de référence pour les recherches ultérieures de Vance (1975), de Sturdivant et Ginter
(1977) ou de Cochran et Wood (1984).
Plus récemment, dans les années 80, certains critères utilisés dans les classements de
réputation, tel celui du magazine Fortune, ont été pris en considération. Les résultats de ce
classement sont établis annuellement à partir de l'interview de 3000 cadres, consultés à propos
des dix grosses entreprises, relevant de leur propre secteur d'activité. Les entreprises sont
appréciées à partir de critères diversifiés au nombre desquels figurent les initiatives prises en
faveur de l'environnement et de la société civile. Les premiers travaux ayant exploité cette
source de données sont ceux de Spencer et Taylor (1987) ou encore de McGuire et al. (1988).
Toutefois, l'utilisation de ces données a fait l'objet de vives controverses, notamment à propos

101
de leur manque d'objectivité, du fait que les interviews ont été exclusivement opérées auprès
de cadres (Wood 1995). Il leur a également été reproché un manque de validité, en raison de
la présence d'effets de halo1 (Fryxell et Wang 1994, Baucus 1995, Szwajkowski et Figlewicz
1997).

Les polémiques engagées au sujet de la validité du classement Fortune ont finalement


stimulé la communauté scientifique dans sa quête de sources de données fiables et valables.
Mais s’il revient effectivement aux chercheurs de produire des mesures valables et fiables des
construits recouvrant la performance sociétale (Wood, 1995), il leur faut aussi garder un
regard critique pour élaborer et confirmer de meilleures théories. En 1999, les réviseurs de
l'Academy of Management Journal ont reçu 49 propositions d'articles dans le cadre de la
parution d'un numéro spécial consacré à l'examen empirique de la théorie partenariale.
Harrison et Freeman (1999) ont relevé à cette occasion la présence de trois méthodologies
principales fondées sur des bases de données, des études de cas, ou des études d'événements.
Si les études de cas peuvent être utilisées lorsqu'il s'agit de compléter les théories existantes,
en revanche les études d'événements ne semblent pas faire l'unanimité lorsqu'on se propose
d'étudier les problèmes de responsabilité sociétale. Cette réserve est partagée par McWilliams
et Siegel (1997), qui ne dissimulent pas leur scepticisme quant au degré de sophistication des
investisseurs, et à leur capacité d'analyser des informations de nature sociétale.

Pour l'heure, l'exploitation des bases de données existantes reste le moyen privilégié dans
l'étude de la performance sociétale. La source unanimement reconnue par les chercheurs
américains, et connue sous l'appellation SOCRATES, est désormais disponible depuis le
début des années 90. Sa mise à jour est régulièrement effectuée par une équipe d'analystes
expérimentés, employés à plein temps par la société KLD (Kinder, Lydenberg, Domini &
Co.). Les ratings sont établis à partir de diverses sources de données (analyse des états
financiers, articles de presse, questionnaires auprès des entreprises, interviews des dirigeants,
point de vue des représentants de syndicats, d'associations, de fondations et d'autres
organisations non gouvernementales). Après avoir écarté des secteurs liés à l'alcool, aux jeux,
au tabac, à l'armement, et au nucléaire, la société KLD note annuellement quelque 650
entreprises américaines, en termes de forces et de faiblesses, et selon sept critères distincts2.
Ces notes, non divulguées publiquement, sont généralement commercialisées auprès de fonds
éthiques, tout en demeurant accessibles aux chercheurs.

Ces sources de données, utilisées, principalement aux Etats-Unis, aux fins d'appréciation
de la performance sociétale, ont évolué sur un plan quantitatif et qualitatif. Margolis et Walsh
(2001) ne relèvent pas moins de 27 sources de données différentes. Quant au travail de
mesure et d'appréciation de la performance sociétale, il s'est fortement professionnalisé au
cours de ces dernières années, et la source américaine faisant référence actuellement
correspond aux ratings KLD.

1
Cet effet, qui se traduit par une forte multicolinéarité entre les composantes de l'indice de réputation, est la
résultante du procédé d'interview consistant à interroger dans un court laps de temps les mêmes personnes sur
des dimensions comme celle de la solidité financière et de la gestion environnementale. Les répondants peuvent
alors être tentés de citer les mêmes entreprises, quelle que soit la dimension évoquée. Dans ces conditions, la
corrélation obtenue entre la performance financière et la réputation environnementale est par construction
biaisée.
2
Cinq notes sont consacrées à l'appréciation des relations opérées avec les parties prenantes (salariés,
environnement, consommateurs, minorités, société civile). Deux autres notes ont trait à d'autres aspects sociaux
(activités hors Etats-Unis, et problèmes divers liés à une rémunération excessive des dirigeants ou des
comportements préoccupants d'entreprises associées au groupe).

102
1.2. Les liens envisageables entre performance financière et sociétale

Preston et O'Bannon (1997) ont fourni un effort très appréciable de formalisation des
différentes hypothèses sur les relations possibles entre performance financière et performance
sociétale3. Les auteurs posent, à ce propos, les problèmes de la direction et de la causalité.
Autrement dit, ils se demandent si la performance financière et sociétale sont associées
positivement, négativement ou de façon neutre. Quoiqu'il en soit, dans l'éventualité où
l'existence d'une telle relation est démontrée, il importe de savoir si c'est la performance
sociétale qui induit la performance financière, ou réciproquement. On peut aussi se demander
si l'on a à faire à une interaction de ces phénomènes. La combinaison de ces questionnements
amène Preston et O'Bannon (1997) à proposer un jeu de six hypothèses (cf. tableau 1).

Tableau 1 – Hypothèses sur les relations possibles entre performance financière et sociétale
Signe de la relation

Performance sociétale ⇒ Performance financière


Schéma causal (unidirectionnel ou interactif) + (positif) - (négatif)
H1: Hypothèse du bon H2: Hypothèse de
(La performance sociétale influe sur management l'arbitrage

Performance financière ⇒ Performance sociétale


la performance financière)
H3: Hypothèse du H4: Hypothèse de
(La performance sociétale influe sur slack organisationnel l'opportunisme

Performance sociétale ⇔ Performance financière


la performance financière)
H5: Hypothèse du H6: Hypothèse de la
(Performance sociétale et performance financière cercle vertueux synergie négative
agissent l'une sur l'autre)

L'hypothèse 1 suppose qu'un bon management des différentes parties prenantes entraîne
une augmentation de la performance financière. Il s'agit là d'une idée conforme aux énoncés
classiques de la théorie partenariale, et défendant la nécessité de prendre en considération les
intérêts des différentes parties prenantes si l'on désire au bout du compte maximiser la valeur
actionnariale. Toutefois, dans un environnement concurrentiel, les coûts d'un engagement
sociétal peuvent réduire la performance financière. L'hypothèse 2 retient par conséquent le cas
de figure où les coûts engagés dans les actions sociétales dépassent les gains financiers
obtenus. En l'occurrence, un niveau supérieur de performance sociétale se traduit en
conséquence par une baisse du niveau de performance financière, introduisant ainsi la notion
d'arbitrage.

Si l'on écarte l'idée d'une influence de la performance sociétale sur la performance


financière, cela n'exclut pas pour autant l'existence d'une influence inverse. On peut en effet
concevoir que des dirigeants d'entreprises performantes puissent engager des actions
coûteuses en matière sociétale, telles par exemple que des augmentations de salaires, une
protection de l'environnement supérieure aux seules exigences réglementaires, une baisse des
prix en faveur des consommateurs ou la proposition d'un meilleur rapport qualité-prix, l'offre
aux fournisseurs d'une plus grande pérennité des relations, ou encore des dépenses plus
importantes de mécénat. En revanche, les entreprises les moins performantes seront
incapables d'engager de telles actions. Dans le cadre de cette hypothèse, dite du "slack"
organisationnel, il est important de rappeler que l'amélioration de la performance sociétale
demeure sans incidence sur la performance financière. Il est également envisageable que les
entreprises les plus performantes sur un plan financier soient les moins bien placées en termes
3
Ces hypothèses ont été formulées préalablement à la réalisation d'une recherche empirique portant sur un
échantillon de 67 grandes entreprises américaines classées par le magazine Fortune sur la période 1982-1992.

103
de performance sociétale. Cela pourrait alors tenir essentiellement au comportement, ou à
l'attitude, opportuniste des dirigeants cherchant à maximiser, à court-terme, leur propre
fonction d'utilité, et notamment leur rémunération indexée sur les résultats financiers.

Restent enfin des schémas possibles d'interaction entre performance financière et


sociétale, mais qui s'avèrent plus difficiles à établir. Preston et O'Bannon (1997) ne sont
d'ailleurs guère explicites sur la formulation des hypothèses 5 et 6. L'hypothèse 5 correspond
en fait à la réunion des hypothèses 1 et 3. Dans ce cas, l'engagement sociétal dégage un
surplus dont une partie est réaffectée aux différentes parties prenantes. L'hypothèse 6 suppose,
inversement, que l'engagement sociétal se solde par une réduction de la performance
financière, dégradant par là même la capacité à améliorer la performance sociétale. D'autres
enchaînements pourraient probablement être envisagés, notamment lorsque les dirigeants
changent subitement leur stratégie de redistribution de richesses en fonction de l'évolution des
modes de gestion ou des centres d'intérêt des marchés financiers, voire même de la
conjoncture économique.

Le rejet des hypothèses 1 à 6 conduit finalement à observer une relation neutre entre la
performance financière et la performance sociétale. Un tel état de fait peut correspondre à une
neutralité effective (hypothèse 7 proposée par McWilliams et Siegel 2001), à des problèmes
de mesures et à la complexité des relations envisagées (Ullman 1985). Mais il peut également
provenir d'une très grande diversité des situations observées correspondant en réalité aux cas
décrits dans les hypothèses 1 à 6.

1.3. Les liens observés entre performance financière et sociétale

Un important travail consacré à la littérature traitant de la relation entre performance


financière et sociétale a été effectué par Griffin et Mahon (1997). Ces derniers ont référencé
16 études pour les années 70, 27 pour les années 80, et 8 pour le début des années 90. Les
résultats de leur classement montrent la difficulté d'obtenir une tendance globale et claire,
d'autant plus que certaines études aboutissent à des résultats contradictoires. Les auteurs
dénombrent finalement 33 observations empiriques de relations positives, 20 de relations
négatives et 9 de relations neutres.

Roman et al. (1999) ont remis en question ce premier classement, et ce à plusieurs titres.
Ils ont tout d'abord procédé à une redéfinition du champ de l'analyse, en excluant 11 études
prenant en considération des aspects trop fragmentaires de la performance sociétale, et en
intégrant 4 études plus récentes. Par ailleurs, ils ont précisé la notion de relation positive ou
négative. Une faible performance financière associée à une faible performance sociétale doit
être interprétée comme une corrélation positive. Ainsi, des rentabilités anormales négatives
enregistrées à l'occasion d'un rapport défavorable sur la pollution conduisent-elles à un
classement dans la catégorie "relation positive". La relecture de Roman et al. (1999) aboutit à
un bilan sensiblement différent, référençant 32 observations empiriques de relations positives,
contre 5 seulement de relations négatives, et 14 de relations neutres.

L'ouvrage de Margolis et Walsh (2001) représente, à notre connaissance, la revue de la


littérature la plus aboutie sur le sujet, avec un inventaire de 95 recherches effectuées sur la
période 1972-2000, dont 85 strictement consacrées à la question de la performance. La variété
des études analysées, en termes de définitions, de méthodologies et d'échantillons est telle,

104
que les auteurs sont finalement conduits à une très grande prudence, même s'ils identifient une
majorité d'études validant une relation positive4.

Finalement, si l'on adopte des critères plus restrictifs de sélection des recherches, avec
pour condition nécessaire la présence d'une mesure fiable et valide de la performance
sociétale, intégrant de surcroît l'ensemble des parties prenantes, le nombre d'études à retenir se
réduit considérablement. La recherche empirique réalisée par Waddock et Graves (1997) a
permis, en ce sens, une avancée significative. Elle se réfère en effet aux ratings KLD, mieux
acceptés par la communauté scientifique et dont la validité de construit semble attestée par les
résultats obtenus par Sharfman (1996). Waddock et Graves (1997) concluent en faveur d'un
cercle vertueux (hypothèse 5), après avoir obtenu des résultats conformes aux hypothèses 1 et
3. Toutefois, McWilliams et Siegel (2000) ont réfuté cette thèse en introduisant, dans l'un des
modèles utilisés par Waddock et Graves (1997), une variable explicative supplémentaire
correspondant aux frais de recherche et développement exprimés en pourcentage du chiffre
d'affaires. Ce seul ajout conforte l'hypothèse 7 tout en réfutant la validation de l'hypothèse 1,
et remet en question, par voie de conséquence, l'abondante littérature stratégique mettant en
exergue les avantages compétitifs résultant d'un bon management des parties prenantes (voir
la synthèse réalisée par Hillman et Keim 2001)5. Il peut paraître surprenant que des travaux
empiriques publiés ultérieurement, tels ceux de Hillman et Keim (2001) ou encore de Ruf et
al. (2001), même s'ils contribuent à valider l'hypothèse 1, ne tiennent aucun compte des
avertissements et recommandations de McWilliams et Siegel (2000). Ces derniers mettent
pourtant en garde les futurs chercheurs quant à la nécessité de bien spécifier leurs modèles, et
d'intégrer la variable R&D.

En définitive, si l’on se réfère à l’état actuel des connaissances, ainsi qu’aux résultats
encore incertains des recherches empiriques effectuées, la question de l'interaction entre
performance financière et performance sociétale reste posée. L’objet de la partie empirique
suivante va consister, par conséquent, à tester si, toutes choses égales par ailleurs, une
meilleure performance sociétale conduit à une meilleure performance financière (hypothèse 1,
conforme aux résultats obtenus par Waddock et Graves 1997), si une meilleure performance
financière conduit à une meilleure performance sociétale (hypothèse 3, conforme aux résultats
obtenus par Waddock et Graves 1997), ou bien encore si la relation entre les performances
financière et sociétale est neutre (hypothèse 7, conforme aux résultats obtenus par
McWilliams et Siegel 2000).

4
Les difficultés pour établir un lien clair entre performance financière et sociétale n'annulent pas pour autant,
selon Margolis et Walsh (2001), l'intérêt de ce champ de recherche. Ces auteurs notent d'ailleurs que l'attention à
porter à la performance sociétale n'est pas nécessairement liée à son rapport coûts-bénéfices. On pourrait
également estimer que les avantages financiers retirés d'un engagement sociétal, quand bien même seraient-ils
démontrés, n'en seraient pas pour autant suffisants pour justifier toutes les actions relevant d'une logique
sociétale.
5
On pourra également se reporter aux publications de Freeman 1984, Aupperle et al. 1985, Wartick et Cochran
1985, McGuire et al. 1988, Freeman et Evan 1990, Starik et Carroll 1991, Hill et Jones 1992, Donaldson et
Preston 1995, Clarkson 1995, Wood et Jones 1995, ou encore Stanwick et Stanwick 1998.

105
2. Recherche empirique sur les entreprises du SBF120

L'échantillon étudié est constitué des entreprises françaises cotées, notées par l'agence
AReSE6 et appartenant à l'indice SBF120, ce dernier indice étant conçu pour être représentatif
des différentes activités de l'économie française. Après une présentation des données
empiriques et de la méthodologie (2.1.), les résultats obtenus seront exposés (2.2.) et feront
l'objet d'une discussion (2.3.).

2.1. Données empiriques et méthodologie

Afin de tester les trois hypothèses énoncées en fin de première partie, l'étude a porté sur un
échantillon de 99 entreprises cotées, pour lesquelles les ratings sociétaux AReSE, de l'année
1999, étaient disponibles. Notre recherche a consisté à reproduire pour la France la
méthodologie utilisée par Waddock et Graves (1997) aux Etats-Unis, en tenant compte des
remarques de McWilliams et Siegel (2000), pour tester ainsi la stabilité des résultats après
intégration de la variable explicative R&D.

Le premier modèle utilisé pour identifier, à partir de régressions linéaires, l'influence


positive de la performance sociétale sur la performance financière (hypothèse 1), correspond à
la forme suivante :

Modèle 1
Performance financière(t+1) = Performance sociétale(t) + Variables de contrôle(t) + cste.

L'existence d'un décalage temporel d'une année, entre la variable expliquée (en t+1) et les
variables explicatives (en t)7, permet d'assurer le test de la relation dans un sens déterminé. La
performance financière est ainsi considérée comme la résultante possible des variables
explicatives, parmi lesquelles se trouve la performance sociétale.

De même, afin de tester l'influence positive de la performance financière sur la


performance sociétale (hypothèse 3), le second modèle utilisé est de la forme suivante :

Modèle 2
Performance sociétale(t) = Performance financière(t-1) + Variables de contrôle(t-1) + cste.

La mise en œuvre de ces modèles laisse apparaître certaines divergences entre les auteurs,
notamment en matière de performance sociétale. C'est ainsi, par exemple, que Waddock et
Graves (1997) retiennent dans les modèles de type 1 et 2 une pondération des différents
critères KLD, à partir d'interviews d'experts. Partant, ils peuvent attribuer une note globale
représentant la variable de performance sociétale appelée CSP (Corporate Social
Performance). Pour leur part, McWilliams et Siegel (2000) s'en tiennent à l'utilisation du
modèle 1, avec une variable CSP binaire ou dichotomique, correspondant à l'appartenance
(codée 1) ou non (codée 0) des entreprises au 'Domini 400 Social Index'. Cet indice boursier
est composé de sociétés jugées exemplaires en termes de performance sociétale. Quant à
Hillman et Keim (2001), ils recourent à une troisième solution en introduisant dans un modèle

6
L'agence AReSE, créée en 1999, représente l'équivalent français de l'agence de notation sociétale américaine
KLD.
7
Dans le cadre de cette recherche, la période de référence t correspond à l'année 1999.

106
de type 1, non pas la mesure globale de la performance sociétale, mais les 5 composantes
principales qui la constituent. Il s'agit, en l'occurrence des ratings KLD, relatifs aux critères de
ressources humaines, d'environnement, de produit, de minorités et de société civile.

Dans le cadre de la présente recherche, ces trois variantes ont été prises en considération.
A défaut de disposer d'un système précis de pondération des critères AReSE, la méthodologie
adoptée afin d'élaborer le construit global de la performance sociétale (CSP) est analogue à
celle qui fut utilisée lors du lancement de l'indice ASPI (AReSE Sustainable Performance
Index)8. En fait, il s'agit de la moyenne géométrique9 des cinq critères notés par AReSE (voir
tableau 2 b pour une illustration):
- Le critère RH : évaluation des choix, pratiques et résultats de la gestion des
ressources humaines, dans une perspective de développement durable ;
- Le critère ENV : évaluation des différents efforts de prise en compte et de protection
de l'environnement ;
- Le critère QUAL : évaluation des relations établies par l'entreprise avec ses clients et
ses fournisseurs ;
- Le critère ACT : évaluation du gouvernement d'entreprise, avec une attention toute
particulière portée au respect du droit des actionnaires et à la qualité de leur
information ;
- Le critère SC : évaluation des relations établies avec la société civile, dans des
domaines aussi divers que la culture, la santé et l'assistance médicale, l'aide
humanitaire, la lutte contre l'exclusion ou encore le soutien à des actions de
développement local.

Chacun de ces critères est noté de "- -" à "++", soit encore une échelle ordinale de 0 à 4.
La note 0 (ou "- -") représente une absence totale d'engagement, la note 1 (ou "-") indique un
niveau en deçà de la moyenne du secteur, la note 2 (ou "=") signifie un niveau conforme à la
moyenne du secteur, la note 3 (ou "+") correspond à un niveau supérieur, et enfin la note 4
(ou "++") signale la position de niveau avancé dans le domaine. Le niveau global est alors

CSP = Moyenne géométrique de {RH, ENV, QUAL, ACT, SC}, soit encore :
calculé de la manière suivante :

CSP = (RH*ENV*QUAL*ACT*SC)^(1/5)

La deuxième mesure opérationnelle de la performance sociétale correspond à


l'appartenance ou non à l'indice ASPI10, tel que :
CSPB = 1 si l'entreprise appartient à l'indice ASPI
0 si l'entreprise n'appartient pas à l'indice ASPI

Enfin, la troisième solution a consisté à prendre en considération chacun des cinq critères
AReSE.

8
Cet indice est l'équivalent français de l'indice américain intitulé 'Domini 400 Social Index'.
9
Ce système de calcul, fondé sur la moyenne géométrique, conduit à pénaliser les sociétés peu performantes sur
l'un quelconque des critères et favorise au contraire les sociétés homogènes sur l'ensemble des critères (voir
l'illustration du tableau 2b).
10
L'indice ASPI (AReSE Sustainable Performance Index) a été lancé tardivement en juin 2001. Cependant
l'appartenance à cet indice peut être utilisée de manière rétroactive pour la période 1999. Les tests non-
paramétriques de moyenne (U-Mann Withney ou Kolmogorov Smirnov) permettent de conclure que les
entreprises appartenant à l'indice (ASPI=1) disposent d'un niveau de performance sociétale (variable CSP pour
l'année 1999) significativement supérieur (p = 0,000) à celui des entreprises exclues de l'indice (ASPI=0).
= 2,15 =1,78
ASPI =1 ASPI = 0
On a, en effet, CSP et CSP .

107
Ces trois modes de calcul de la performance sociétale nous ont conduit à tester différentes
variantes des modèles 1 et 2.

En matière de performance financière et de variables de contrôle, les choix opérés sont


identiques à ceux de Waddock et Graves (1997) (voir tableau 2a). L'appréciation de la
performance financière a été réalisée à partir de trois mesures comptables correspondant
respectivement à la rentabilité sur actifs, aux fonds propres et au cash flow sur chiffre
d'affaires. Quant aux variables de contrôle sélectionnées, elles correspondent aux facteurs
influençant à la fois la performance financière et sociétale, c'est-à-dire la taille11, le risque et le
secteur (Ullman 1985).

S'agissant de la prise en considération des remarques de McWilliams et Siegel (2000),


l'usage de la variable R&D, compte-tenu des données manquantes, a entraîné une forte
réduction de la taille de l'échantillon, celle-ci se réduisant in fine à 34 entreprises. Pour cette
raison, les modèles utilisés par Waddock et Graves (1997) ont été appliqués à l'échantillon
initial de 99 entreprises françaises cotées, puis à l'échantillon réduit en intégrant la variable
R&D, selon la formule de McWilliams et Siegel (2000).

Tableau 2(a) - Liste des variables retenues


Performance financière
ROA Rentabilité sur actifs ('return on assets') (source Worldscope-Osiris)
ROE Rentabilité financière ('return on equity') (source Worldscope-Osiris)
CFS Cash flow sur chiffre d'affaires ('cash flow on sales') (source Worldscope-Osiris)
Performance sociétale
CSPB Appartenance de la société à l'indice ASPI (oui =1 ; non=0)
CSP Performance sociétale correspondant à la moyenne arithmétique des cinq ratings AReSE
Composantes de la performance sociétale
- RH Notation ou rating sur le critère Ressources Humaines (année 1999)
- ENV Notation ou rating sur le critère Environnement (année 1999)
- QUAL Notation ou rating sur le critère relations avec les Clients & Fournisseurs (année 1999)
- ACT Notation ou rating sur le critère Gouvernement d'Entreprise (année 1999)
- SC Notation ou rating sur le critère Société Civile (année 1999)
Variables de contrôle
CA Chiffre d'affaires (source Worldscope-Osiris)
Actifs Total Actifs (source Worldscope-Osiris)
Nb. Empl. Effectif employé (source Worldscope-Osiris)
D/C Dette totale sur fonds propres (source Worldscope-Osiris)
R&D Dépenses de recherche et développement sur chiffre d'affaires (source Worldscope-Osiris)
S01 à S11 Variables binaires d'appartenance aux secteurs définis par Euronext

11
Toutefois, selon la méta-recherche réalisée par Orlitzky (2001), la variable de taille ne semble pas représenter
un facteur de confusion majeure dans l'examen de la relation entre les performances financière et sociétale.

108
Tableau 2(b) – Illustration du calcul de la note globale de performance sociétale à l'aide
d'une moyenne géométrique (méthodologie de l'indice ASPI)
RH ENV QUAL ACT SC Total des CSP
cinq notes (Moyenne
géométrique)
Société A 3 3 3 3 3 15 3,00
Société B 4 2 4 2 3 15 2,86
Société C 4 2 4 1 4 15 2,64

2.2. Résultats de la recherche

2.2.1. Statistiques descriptives


Le tableau 3 présente les statistiques descriptives de la variable CSP pour les douze
secteurs de la classification Euronext. Comme le confirme un test non-paramétrique de
Kruskal Wallis, la moyenne de la variable CSP est similaire, quels que soient les secteurs. Les
notations ont d'ailleurs été conçues par l'agence AReSE pour être désectorialisées. En d'autres
termes, il n'existe pas de différence significative de moyenne de la variable CSP entre les
différents secteurs. C'est là un point de différence avec la méthodologie mise en œuvre par
l'agence KLD12.

Tableau 3 – Composition sectorielle de l'échantillon, et performance sociétale


Secteur global Code Secteurs N CSP CSP CSP
moyenne minimum maximum
INDUSTRIEL (01-07) 01 Energie 3 1,90 1,64 2,05
02 Produits de base 6 2,15 1,64 3,00
03 Construction 9 1,92 1,32 2,55
04 Biens d'équipement 12 2,00 1,15 2,55
05 Automobile 8 1,86 1,15 2,55
06 Biens de consommation 9 1,98 1,15 2,77
07 Agro-alimentaire 5 2,04 1,43 3,00
SERVICES (08-09) 08 Distribution 8 1,69 1,00 2,41
09 Autres services 23 1,86 1,32 2,55
FINANCIER (10-12) 10 Immobilier 5 2,02 1,52 2,55
11 Services financiers 10 1,91 1,43 2,55
12 Compagnies d'investissement 1 1,52 1,52 1,52
Test de Kruskal Wallis : khi-deux = 4,598 à 11 degrés de liberté avec p=0,949.

Le tableau 4 recense les propriétés de l'échantillon observé, notamment en matière de


performance comptable et d'endettement. De plus, il confirme la taille importante des sociétés
de l'indice SBF120, notées par l'agence AReSE.

Tableau 4 – Statistiques descriptives


Variable (1999) N Moyenne Ecart-type
Performance sociétale (CSP) 99 1,92 0,44
Eentabilité sur actifs (ROA) 96 5,72 5,26
Rentabilité financière (ROE) 97 14,94 13,93
Cash Flow sur chiffre d'affaires (CFS) 97 12,03 10,03
Endettement (D/C) 96 32,59 20,16
Chiffre d'affaires (CA) 98 8 886,67 M€ 12 952,93 M€
Total actifs (Actifs) 98 31 122,56 M€ 98 081,89 M€
Effectif employé (Nb. Empl.) 97 46,247 milliers 67,353 milliers

12
Un tableau de statistiques descriptives figurant dans l'article de Waddock et Graves (1997), similaire au
tableau 3 que nous présentons, fait effectivement apparaître des différences sensibles entre divers secteurs pour
les notations KLD.

109
Le tableau 5 permet de tester le degré de corrélation entre les différents critères de
l'agence AReSE. Ces statistiques sont rarement présentées dans les publications américaines
ayant recours aux ratings KLD, hormis celle de Berman et al. (1999). Si l'on compare les
statistiques obtenues par Berman et al. (1999) à partir des ratings KLD à celles du tableau 5
issues des ratings AReSE pour la France, on peut noter, dans les deux cas, que les corrélations
croisées sont toutes positives, qu'elles soient statistiquement significatives ou non. Le
deuxième point commun correspond au critère RH qui apparaît, aux Etats-Unis comme en
France, significativement corrélé aux autres critères. Toutefois, l'analyse des ratings AReSE
montre par ailleurs que les critères QUAL et ACT sont statistiquement indépendants des
dimensions ENV et SC. Les notations AReSE ne semblent donc pas souffrir, pour l'année
1999, de l’effet de halo déploré dans le cas du classement américain Fortune.

Tableau 5 – Matrice des corrélations croisées entre les ratings sociétaux (1999)
RH ENV QUAL ACT SC
RH 1,000 *** 0,399 *** 0,268 *** 0,289 ** 0,245
ENV 1,000 0,072 0,018 0,164
QUAL 1,000 * 0,185 - 0,007
ACT 1,000 0,135

* p ≤ 0,10 ; ** p ≤ 0,05 ; *** p ≤ 0,01


SC 1,000

2.2.2. Test pour la France des modèles utilisés par Waddock et Graves (1997)
Afin de tester l'hypothèse 1, conformément à la méthodologie suivie par Waddock et
Graves (1997), nous avons utilisé un modèle linéaire de la forme suivante :

PERFt+1,i = f(CSPt,i, D/Ct,i, TAILLEt,i, INDi) (modèle 1a)


avec :

PERFt,i = performance financière (return on assets, return on equity, or cash flow on


sales),
CSPt,i = notation globale de la performance sociétale de l'année précédente (établie
à partir de la moyenne géométrique des cinq ratings AreSE)
D/C t-1,i = mesure d'endettement représentant le niveau de risque de l'année
précédente (dette/total capital)
TAILLE t-1,i = mesure de taille de l'entreprise de l'année précédente (chiffre d'affaires,
total actif, nombre d'employés)
INDi = secteur de l'entreprise (variables binaires correspondant à la codification
sectorielle Euronext)
Les résultats, reproduits dans les tableaux 6a et 7, ne permettent pas de conforter
l'hypothèse 1.

Tableau 6(a) – Matrice des corrélations croisées entre les données financières (2000) et la
performance sociétale (1999), ainsi que les autres variables de contrôle (1999)
CSP ROA ROE CFS D/C CA Actifs Nb. empl
CSP 1,000 -0,012 -0,144 0,107 -0,006 0,063 -0,038 0,149
ROA 1,000 *** 0,650 *** 0,293 *** - 0,408 ** - 0,209 ** - 0,243 -0,135
ROE 1,000 * 0,178 ** - 0,204 0,114 0,088 0,055
CFS 1,000 0,077 - 0,061 0,045 -0,150
D/C 1,000 0,166 ** 0,219 ** 0,220
CA 1,000 *** 0,633 *** 0,658

* p ≤ 0,10 ; ** p ≤ 0,05 ; *** p ≤ 0,01 (Corrélations de Pearson)


Actifs 1,000 * 0,189

110
Tableau 7 – Régressions (modèles 1a_n°1 à 1a_n°9) avec la performance financière en
variable expliquée (2000) et la performance sociétale (1999) en principale variable
explicative

Variable expliquée : Rentabilité sur actifs (ROA) Modèle 1a_n°1 1a_n°2 1a_n°3
Variable explicative : CSP - 0,382 - 0,446 - 0,336

Variables de contrôle
D/C - 0,068 *** - 0,069 *** -0,067 ***
CA - 1,84 E-05
Actifs -2,36 E-06
Nb. Empl. -2,32 E-06
S01 à S11 … … …
R² 0,293 0,292 0,292
R² Ajusté 0,168 0,167 0,166
F 2,339 *** 2,332 *** 2,326 ***

Variable expliquée : Rentabilité financière (ROE) 1a_n°4 1a_n°5 1a_n°6


Variable explicative : CSP -5,382 -4,627 -6,013

Variables de contrôle
D/C -0,199 ** -0,188 ** -0,219 ***
CA 02,17 E-04
Actifs 2,31 E-05
Nb. Empl. 4,13 E-05
S01 à S11 … … …
R² 0,198 0,184 0,199
R² Ajusté 0,056 0,040 0,057
F 1,397 1,277 1,399

Variable expliquée : Cash flow sur chiffre d'affaires 1a_n°7 1a_n°8 1a_n°9
(CFS)
Variable explicative : CSP 1,317 1,439 1,188

Variables de contrôle
D/C -0,058 -0,056 -0,062
CA 2,11 E-05
Actifs -9,56 E-06
Nb. Empl. 5,73 E-06
S01 à S11 …*** … *** … ***
R² 0,569 0,572 0,569
R² Ajusté 0,487 0,492 0,488

* p ≤ 0,10 ; ** p ≤ 0,05 ; *** p ≤ 0,01


F 6,969 *** 7,066 *** 6,984 ***

Pour une raison de place et afin d'alléger la présentation, les coefficients affectés aux variables sectorielles S01 à
S11 ne sont pas reportés ci-dessus.

Afin de tester l'hypothèse 3, conformément à la méthodologie suivie par Waddock et


Graves (1997), nous avons utilisé un modèle linéaire de la forme suivante :
CSPt,i = f(PERFt-1,i, D/C t-1,i, TAILLEt-1,i, INDi) (modèle 2a)
Les résultats, reproduits dans les tableaux 6b et 8, ne permettent pas de conforter
l'hypothèse 3.

111
Tableau 6(b) – Matrice des corrélations croisées entre les données financières (1998) et les
autres variables de contrôle (1998), ainsi que la performance sociétale (1999)
CSP ROA ROE CFS D/C CA Actifs Nb. empl
CSP 1,000 -0,032 -0,040 0,167 -0,014 0,073 -0,076 0,162
ROA 1,000 *** 0,739 0,162 ** - 0,220 *** - 0,274 *** - 0,293 * - 0,199
ROE 1,000 0,027 - 0,105 - 0,071 - 0,096 - 0,098
CFS 1,000 0,152 - 0,017 0,080 - 0,162
D/C 1,000 0,161 *** 0,264 0,148
CA 1,000 *** 0,689 *** 0,650

* p ≤ 0,10 ; ** p ≤ 0,05 ; *** p ≤ 0,01 (Corrélations de Pearson)


Actifs 1,000 ** 0,205

Tableau 8 – Régressions (modèles 2a_n°1 à 2a_n°9) avec la performance sociétale en


variable expliquée (1999) et la performance financière (1998) en principale variable
explicative
Variables expliquée : Modèle 2a_n°1 2a_n°2 2a_n°3
Performance sociétale (CSP)
Variable explicative : ROA -0,008 -0,011 -0,006

Variables de contrôle
D/C 8,45 E-04 0,001 4,83 E-04
CA 5,68 E-06
Actifs -9,00 E-09
Nb. Empl 1,71 E-06 **
S01 à S11 … … …
R² 0,122 0,101 0,144
R² ajusté -0,033 -0,059 -0,009
F 0,785 0,632 0,941

2a_n°4 2a_n°5 2a_n°6


Variable explicative: ROE -0,004 -0,004 -0,003

Variables de contrôle
D/C 0,001 0,001 6,34 E-04
CA 5,86 E-06
Actifs 7,56 E-08
Nb. Empl 1,70 E-06 *
S01 à S11 … … …
R² 0,128 0,104 0,147
R² ajusté -0,031 -0,058 -0,010
F 0,806 0,641 0,934

2a_n°7 2a_n°8 2a_n°9


Variable explicative: CFS 0,006 0,005 0,006

Variables de contrôle
D/C 9,75 E-04 0,001 5,15 E-04
CA 6,49 E-06
Actifs 2,43 E-07
Nb. Empl 1,84 E-06**
S01 à S11 … … …
R² 0,128 0,100 0,152
R² ajusté -0,026 -0,059 0,000

* p ≤ 0,10 ; ** p ≤ 0,05 ; *** p ≤ 0,01


F 0,829 0,627 0,999

Pour une raison de place et afin d'alléger la présentation, les coefficients affectés aux variables sectorielles S01 à
S11 ne sont pas reportés ci-dessus.

112
Ainsi, en reproduisant le plus fidèlement possible la méthodologie suivie par Waddock et
Graves (1997), on ne peut conclure, à l'instar de ces auteurs, en faveur de l'hypothèse 5, qui
suppose l'existence d'un cercle vertueux entre performance financière et performance
sociétale.

2.2.3. Test pour la France du modèle 1a modifié par McWilliams et Siegel (2000)
L'hypothèse 1 n'étant pas validée à partir du modèle 1a, les remarques de McWilliams et
Siegel (2000) semblent d'un intérêt restreint. Toutefois, nous avons bien modifié le modèle 1a
comme suit :

PERFt+1,i = f(CSPt,i, R&Dt,i, D/Ct,i, TAILLEt-1,i, INDi) (modèle 1a')


avec :
R&Dt-1,i = Intensité des frais de recherche et développement (frais de recherche et
développement passés en compte de résultat / chiffre d'affaires)

A nouveau, les résultats obtenus à partir du modèle 1a' (voir tableau 9) ne permettent pas de
conforter la première hypothèse. Finalement, ils conduisent à conforter l'hypothèse 7, validée
par McWilliams et Siegel (2001), d’une neutralité de la relation entre les performances
financière et sociétale.

113
Tableau 9 – Régressions (modèles 1a'_n°1 à 1a'_n°9) similaires à celles du tableau 7, avec
l'introduction en variable explicative des dépenses de recherche et développement (R&D)

Variable expliquée : rentabilité sur actifs (ROA) Modèle 1a'_n°1 1a'_n°2 1a'_n°3
Variables explicatives :
CSP 1,886 1,889 1,697
R&D 0,524 ** 0,516 ** 0,525 **

Variables de contrôle
D/C -0,095 -0,095 -0,094
CA 5,98 E-05
Actifs 2,65 E-05
Nb. Empl. 1,43 E-05
S01 à S11 … … …
R² 0,452 0,448 0,452
R² ajusté 0,178 0,172 0,178
F 1,651 1,624 1,651

Variable expliquée : rentabilité financière (ROE) 1a'_n°4 1a'_n°5 1a'_n°6


Variables explicatives :
CSP 2,723 2,889 1,098
R&D 0,552 0,476 0,555

Variables de contrôle
D/C -0,386 -0,412 -0,413
CA 4,41 E-04
Actifs 2,42 E-04
Nb. Empl. 1,36 E-04
S01 à S11 … … …
R² 0,229 0,223 0,256
R² ajusté -0,156 -0,166 -0,116
F 0,595 0,574 0,689

Variable expliquée : Cash Flow sur chiffre d'affaires 1a'_n°7 1a'_n°8 1a'_n°9
(CFS)
Variables explicatives :
CSP 2,655 2,762 2,202
R&D 0,843 ** 0,807 ** 0,846

Variables de contrôle
D/C -0,115 -0,133 -0,112
CA 1,53 E-04
Actifs 9,97 E-05
Nb. Empl. 3,35 E-05
S01 à S11 … … …
R² 0,436 0,442 0,432
R² ajusté 0,141 0,150 0,134

* p ≤ 0,10 ; ** p ≤ 0,05 ; *** p ≤ 0,01


F 1,478 1,513 1,449

Pour une raison de place et afin d'alléger la présentation, les coefficients affectés aux variables sectorielles S01 à
S11 ne sont pas reportés ci-dessus.

2.3. Discussion et résultats complémentaires

Dans les limites des biais toujours envisageables tels que la période d'analyse ou la taille de
l'échantillon observé, cette duplication conjuguée des recherches de Waddock et Graves
(1997) et McWilliams et Siegel (2000) permet d’établir une première série de résultats
intéressants sur données françaises. On observe tout d’abord que les hypothèses 1 et 3 n’ont

114
pu être validées. Ainsi ne peut-on pas conclure sur l’existence et le sens d’une relation entre
les performance financière et sociétale. L’hypothèse d’une neutralité semble alors la plus
recevable.
Toute conclusion définitive semble toutefois très prématurée et ces premiers résultats
suggèrent surtout de poursuivre le travail critique engagé par McWilliams et Siegel, en
recherchant non seulement de nouvelles variables explicatives comme la R&D, mais aussi de
nouvelles mesures opérationnelles de la performance financière et sociétale. Cette dernière
voie est explorée ci-après, permettant ainsi d’apporter quelques compléments aux précédents
résultats. D’autres approches de la performance sociétale permettent en effet d’établir
quelques relations significatives, à la fois sur les hypothèses 1 et 2.

2.3.1. Tests complémentaires sur H1 : performance sociétale et niveau des cash-flows


Afin de procéder à des tests complémentaires de l'hypothèse 1, nous avons utilisé les
formulations de la performance sociétale retenues respectivement par McWilliams et Siegel
(2000) et Hillman et Keim (2001), telles que :
PERFt+1,i = f(CSPB,i, D/Ct,i, TAILLEt,i, INDi) (modèle 1a"1)
ou encore,
PERFt+1,i = f(RHt,i, ENVt,i, QUALt,i, ACTt,i, SCt,i, D/Ct,i, TAILLEt,i, INDi) (modèle 1a"2).

Les résultats significatifs de ces différentes variantes du modèle 1 sont les suivants :
- pour le modèle 1a"1, une seule régression – celle retenant comme variable de taille
le total actif – permet de constater une influence positive de la variable CSPB sur la
variable CFS, avec un coefficient égal à 3,431 (voir tableau10a) ; cette influence est
confirmée lorsque l'on ajoute la variable R&D comme variable explicative ;

Tableau 10(a) – Régressions (modèle 1a"1) indiquant une influence positive significative de
la performance sociétale sur la performance financière

Variable expliquée : Cash Flow sur chiffre d'affaires Modèle 1a"1_n°8


(CFS)
Variables explicatives :
CSPB 3,431 *

Variables de contrôle
D/C -0,072
Actifs -1,44 E-05
S01 à S11 …
R² 0,586
R² ajusté 0,508
F 7,49 ***
Variable expliquée : Cash Flow sur chiffre d'affaires Modèle 1a"1_n°8
(CFS) (avec R&D)
Variables explicatives :
CSPB 5,981 *
R&D 0,727 **

Variables de contrôle
D/C -0,161
Actifs 6,66 E-05
S01 à S11 …
R² 0,504
R² ajusté 0,245

* p ≤ 0,10 ; ** p ≤ 0,05 ; *** p ≤ 0,01


F 1,943 *

115
- pour le modèle 1a"2, deux régressions permettent de constater une relation
d'influence négative du critère clients & fournisseurs (QUAL) sur la rentabilité
financière (ROE), avec un coefficient de 4,2 (voir tableau 6a' et 10b). Il est à noter
cependant que cette influence n'est plus observée lorsque l'on ajoute la variable R&D
comme variable explicative.

Tableau 6(a') – Matrice des corrélations croisées entre les données financières (2000), et les
composantes de la performance sociétale ainsi que les frais de recherche et développement
(1999)
ROA ROE CFS
R&D 0,020 -0,006 0,032
RH 0,038 -0,114 0,004
ENV 0,107 -0,046 0,136
QUAL -0,050 * -0,172 -0,054
ACT -0,134 -0,083 -0,006

* p ≤ 0,10 ; ** p ≤ 0,05 ; *** p ≤ 0,01 (Corrélations de Spearman)


SC -0,042 0,053 ** 0,255

La taille de l'échantillon est de 34 entreprises pour les corrélations croisées incluant la variable R&D.

Tableau 10(b) – Régressions (modèle 1a"2) indiquant une influence négative significative de
la performance sociétale (critère clients & fournisseurs) sur la performance financière

Variable expliquée : Rentabilité financière (ROE) Modèle Modèle


1a"2_n°5 1a"2_n°6
Variables explicatives :
RH -1,587 -1,568
ENV 2,684 1,899
QUAL -4,295 * -4,191 *
ACT -0,056 -1,029
SC -1,618 -1,376

Variables de contrôle
D/C -0,185 ** -0,210 **
Actifs 2,49 E-05
Nb. Empl. 3,50 E-05
S01 à S11 … …
R² 0,231 0,235
R² ajusté 0,047 0,052

* p ≤ 0,10 ; ** p ≤ 0,05 ; *** p ≤ 0,01


F 1,253 1,282

Pour une raison de place et afin d'alléger la présentation, les coefficients affectés aux variables sectorielles S01 à
S11 ne sont pas reportés ci-dessus.

Compte tenu de ces résultats complémentaires, l'hypothèse 1 ne peut être rejetée. En effet, on
peut observer un niveau plus élevé de cash flow sur chiffre d'affaires (CFS) pour les
entreprises disposant d'une meilleure notation sociétale. Il n'est donc par exclu que certains
bénéfices puissent résulter d'un bon management des parties prenantes.

2.3.1. Tests complémentaires sur H3 : performance financière et gestion des parties


prenantes

Dans le cadre des tests complémentaires consacrés à l'hypothèse 3, le modèle 2 a été


reformulé selon les variantes suivantes :

116
CSPBt,i = f(PERFt-1,i, D/C t-1,i, TAILLEt-1,i, INDi) (modèle 2a"1)13
ainsi que,
RHt,i = f(PERFt-1,i, D/C t-1,i, TAILLEt-1,i, INDi) (modèle 2a"2.1)
ENVt,i = f(PERFt-1,i, D/C t-1,i, TAILLEt-1,i, INDi) (modèle 2a"2.2)
QUALt,i = f(PERFt-1,i, D/C t-1,i, TAILLEt-1,i, INDi) (modèle 2a"2.3)
ACTt,i = f(PERFt-1,i, D/C t-1,i, TAILLEt-1,i, INDi) (modèle 2a"2.4)
SCt,i = f(PERFt-1,i, D/C t-1,i, TAILLEt-1,i, INDi) (modèle 2a"2.5).

Les résultats significatifs de ces différentes variantes du modèle 2 donnent :


- pour le modèle 2a"2.2, cinq régressions faisant apparaître une influence positive
significative de la performance financière (ROA, ROE, CFS) sur le critère
environnement (ENV) (voir tableaux 6b' et 11a) ; toutefois, cette influence n'est plus
observée lorsque l'on ajoute la variable R&D comme variable explicative ;

Tableau 6(b') – Matrice des corrélations croisées entre les données financières, les frais de
recherche et développement (1998), et les composantes de la performance sociétale (1999)

RH ENV QUAL ACT SC


R&D 0,103 0,223 0,105 *** -0,449 -0,076
ROA 0,038 *** 0,271 -0,102 *** -0,283 -0,079
ROE -0,020 ** 0,232 * -0,192 *** -0,272 -0,123

* p ≤ 0,10 ; ** p ≤ 0,05 ; *** p ≤ 0,01 (Corrélations de Spearman)


CFS 0,122 ** 0,237 0,018 0,043 0,135

La taille de l'échantillon est de 34 entreprises pour les corrélations croisées incluant la variable R&D.

13
La mise en œuvre du modèle 2a"1 nécessite de recourir à une technique de régression logistique compte tenu
de la variable expliquée binaire.

117
Tableau 11(a) – Régressions (modèle 2a''2.2) indiquant une influence positive significative
de la performance financière sur la performance sociétale (critère environnement)

Variables expliquée : Modèle


Performance sociétale (ENV) 2a''2.2_n°3
Variable explicative : ROA 0,039 *

Variables de contrôle
D/C -0,002
Nb. Empl 2,48 E-06 *
S01 à S11 …
R² 0,182
R² ajusté 0,036
F 1,242

2a''2.2_n°6
Variable explicative: ROE 0,013 *

Variables de contrôle
D/C -0,001
Nb. Empl 2,08 E-06
S01 à S11 …
R² 0,179
R² ajusté 0,027
F 1,182

2a''2.2_n°7 2a''2.2_n°8 2a''2.2_n°9


Variable explicative: CFS 0,024 ** 0,022 ** 0,024 **

Variables de contrôle
D/C - 0,003 -0,002 -0,003
CA 6,69 E-06
Actifs -5,11 E-07
Nb. Empl 2,11 E-06
S01 à S11 … … …
R² 0,185 0,175 0,200
R² ajusté 0,041 0,029 0,056

* p ≤ 0,10 ; ** p ≤ 0,05 ; *** p ≤ 0,01


F 1,281 1,200 1,391

Pour une raison de place et afin d'alléger la présentation, les coefficients affectés aux variables sectorielles S01 à
S11 ne sont pas reportés ci-dessus.

- pour le modèle 2a"2.3, six régressions faisant apparaître une influence négative
significative de la performance financière (ROA, ROE) sur le critère clients &
fournisseurs (QUAL) (voir tableau 6b' et 11b); cette influence est confirmée lorsque
l'on ajoute la variable R&D comme variable explicative ;

118
Tableau 11(b) – Régressions (modèle 2a''2.3) indiquant une influence négative significative
de la performance financière sur la performance sociétale (critère clients et fournisseurs)

Variables expliquée : Modèle


Performance sociétale (QUAL) 2a''2.3_n°1 2a''2.3_n°2 2a''2.3_n°3
Variable explicative : ROA - 0,054 ** -0,051 ** -0,52 **

Variables de contrôle
D/C 0,006 0,006 0,006
CA -1,13 E-05 *
Actifs -1,69 E-06
Nb. Empl -1,47 E-06
S01 à S11 … … …
R² 0,199 0,184 0,181
R² ajusté 0,058 0,040 0,034
F 1,406 1,273 1,233

2a''2.3_n°4 2a''2.3_n°5 2a''2.3_n°6


Variable explicative: ROE -0,020 *** -0,019 *** -0,020***

Variables de contrôle
D/C 0,006 0,006 0,006
CA -8,83 E-06
Actifs -1,28 E-06
Nb. Empl -1,16 E-06
S01 à S11 … … …
R² 0,201 0,191 0,190
R² ajusté 0,056 0,043 0,040

p ≤ 0,10 ; ** p ≤ 0,05 ; *** p ≤ 0,01


F 1,386 1,295 1,269

Pour une raison de place et afin d'alléger la présentation, les coefficients affectés aux variables sectorielles S01 à
S11 ne sont pas reportés ci-dessus.

- pour le modèle 2a"2.4, trois régressions indiquant l'influence négative de la


performance financière (ROA) sur le critère de gouvernement d'entreprise (ACT)
(voir tableau 6b' et 11c) ; cette influence est confirmée lorsque l'on ajoute la variable
R&D comme variable explicative.

119
Tableau 11(c) – Régressions (modèle 2a''2.4) indiquant une influence négative significative
de la performance financière sur la performance sociétale (critère de gouvernance
d'entreprise)

Variables expliquée : Modèle


Performance sociétale (ACT) 2a"2.4_n°1 2a"2.4_n°2 2a"2.4_n°3
Variable explicative : ROA -0,033 * -0,038 ** -0,030 *

Variables de contrôle
D/C -0,004 -0,004 -0,005
CA 1,04 E-05 *
Actifs 1,03 E-06
Nb. Empl 3,11 E-06 ***
S01 à S11 … … …
R² 0,221 0,194 0,256
R² ajusté 0,083 0,051 0,122

p ≤ 0,10 ; ** p ≤ 0,05 ; *** p ≤ 0,01


F 1,600 * 1,357 1,912 **

Pour une raison de place et afin d'alléger la présentation, les coefficients affectés aux variables sectorielles S01 à
S11 ne sont pas reportés ci-dessus.

Dans ces conditions, l'hypothèse 4 (voir tableau 1) ne peut être totalement rejetée. Il est donc
envisageable que les entreprises les plus performantes en profitent pour réduire ultérieurement
leurs relations partenariales vis-à-vis de leurs clients et fournisseurs, ou encore des
actionnaires, notamment en matière de gouvernement d'entreprise14. Dans le premier cas, les
dirigeants performants utiliseraient l’appui de leurs actionnaires pour durcir leur position vis à
vis des clients ou des fournisseurs, espérant accroître ainsi la performance. Dans le second, ils
profiteraient de leur position pour renforcer leur propre pouvoir vis à vis du contrôle
actionnarial.
Ces deux hypothèses restent bien sûr à vérifier. Elles suggèrent cependant que la performance
sociétale, pour n’être pas instrumentée et détournée, puisse être explicitement intégrée aux
dispositifs d’incitations. Un mécanisme d'options sociétales pourrait en ce sens être utile,
l’exercice de l’option étant alors subordonné à l’amélioration des notations sociétales. On
pourrait ainsi éviter des transferts opportunistes de richesses, au détriment de certaines parties
prenantes, lorsque la performance financière est élevée. Il n’est pas exclu que ce dispositif, ou
d’autres comparables, se mettent en place, avec la multiplication du nombre d'agences de
ratings sociétaux15 et la diffusion croissante de concepts tels que la gouvernance, la création
de valeur partenariale, le développement durable ou encore la responsabilité sociétale des
entreprises.

14
La corrélation négative et significative entre les variables R&D (1998) et ACT (1999) semble confirmer les
réticences des entreprises les plus engagées dans des dépenses d'innovation, lorsqu'il s'agit de dévoiler leur
stratégie et de respecter pleinement les règles du gouvernement d'entreprise (voir tableau 6b').
15
Pour la France, on relève désormais l'existence de trois agences, avec Vigéo (ex-agence AReSE), Core Ratings
(filiale du groupe Fimalac et Fitch Ibca), et enfin Innovest (bureau français de l'agence américaine Innovest). A
cela s'ajoute certaines agences étrangères couvrant certaines valeurs françaises, comme l'agence suisse SAM
(Sustainable Asset Management).

120
Conclusion

Le but premier de la présente recherche était d'infirmer ou de confirmer l'interaction entre


performance financière et performance sociétale.
A ce titre, l'étude ne permet pas de conclure, sur le marché français, à une absence totale de
relations significatives, entre performance financière et performance sociétale. Il n'est pas
exclu que les entreprises, qui affichent une meilleure performance sociétale, puissent en tirer
quelques avantages financiers.
Par ailleurs, l'hypothèse de l'opportunisme des dirigeants ne peut être totalement rejetée. Il
est, en effet, envisageable que certains décideurs, une fois atteint un niveau supérieur de
performance financière, puissent en profiter pour réduire leur engagement partenarial vis-à-vis
des clients et des fournisseurs, ou bien encore des actionnaires.
Une telle défaillance pourrait être écartée grâce, entre autres, à la création d'options sur
titres, comportant des clauses d'exercice indexées sur la progression des notations de
performance sociétale. Cela constituerait pour les dirigeants une forte incitation à prendre en
considération l'amélioration des relations établies avec l'ensemble des parties prenantes.
Nonobstant l'intérêt de tels résultats, le thème de la performance sociétale peut
probablement nourrir de nombreux axes de recherches complémentaires. C'est ainsi que l'on
pourrait envisager de tester la validité de construit des mesures actuellement disponibles en
matière de performance sociétale. Par ailleurs, une identification précise des parties prenantes
considérées comme prioritaires - sachant qu'elles peuvent varier en fonction des entreprises,
des secteurs ou des cycles économiques - pourrait également constituer une base de recherche,
de tout premier ordre, permettant d'affiner la mesure de la performance sociétale.

121
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