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Correspondance :
Frédérique Déjean
107, avenue du Général Leclerc
92340 Bourg La Reine
E-mail : f.dejean@libertysurf.fr
Résumé : Cette contribution se pro- Abstract : This paper proposes to
pose de confronter le point de vue confront theoretical and professional
théorique et le point de vue des prati- perspectives on corporate social re-
ciens sur le concept de responsabilité sponsibility (CSR), which is the sub-
sociétale des entreprises (RSE). ject of renewed interest by both aca-
Après avoir esquissé les fondements demics and practitioners. After out-
théoriques et montré l’importance lining the conceptual bases and show-
stratégique des dimensions sociétales ing the strategic importance of social
de la gestion dans le contexte dimensions in the contemporary con-
contemporain, nous analysons les text, we study the degree of conver-
convergences entre les problèmes gence between theoretical and mana-
théoriques et managériaux liés à la gerial problems related to the defini-
définition, la mesure et l’impact fi- tion, as well as the measurement and
nancier de la RSE. Cette analyse nous the financial impact of CSR. This
conduit à proposer de nouveaux mo- analysis emphasizes the necessity to
des d’investigation de la responsabili- better account for the role of various
té sociétale tenant mieux compte du actors by viewing CSR as a social
rôle des acteurs. and cognitive construction.
* Cet article a fait l’objet d’une communication aux 16e Journées des IAE en 2002, il a
été sélectionné par le comité scientifique pour faire partie d’un ouvrage collectif repre-
nant une partie des actes du colloque. Les auteurs sont respectivement doctorante au
CREFIGE (Université Paris Dauphine) et Attaché Temporaire d’Enseignement et de
Recherche au LIRHE (Université Toulouse 1, Sciences Sociales).
(Danziger, 1997 ; CES, 1999 ; Zardet, 1997), les débats et les expé-
riences qui lui avaient été préalables restent d’une étonnante actualité.
Ainsi, les questions de la quantification et de la mesure des aspects so-
ciétaux (Churchill, 1977 ; Rey, 1977), des limites de la responsabilité
sociétale (Peretti et Roy, 1977) et des moyens de gérer cette responsa-
bilité à travers un reporting et/ou un bilan sociétal étaient déjà posées
(Igalens et Nioche, 1977). Car c’était bien l’ensemble des relations
avec les stakeholders qu’il s’agissait alors de gérer (Blind, 1977) et les
expériences de mises en œuvre du bilan social dans des entreprises tel-
les que Singer (Rey, 1977) allaient beaucoup plus loin dans la prise en
compte de l’environnement de l’entreprise que l’unique dialogue entre
employeur et employés auquel se cantonnera le bilan social. Le bilan
social « juridique » apparaît donc comme le produit d’une restriction
du périmètre et de la portée de ce qui fut à l’origine un véritable « bilan
sociétal ». De la même façon, le surplus de productivité globale, mode
spécifique d’évaluation de la productivité des entreprises, qui synthé-
tise les relations économiques de l’entreprise avec ses parties prenan-
tes, a connu un succès considérable dans les années 70, et préfigurait
déjà l’élaboration du bilan sociétal.
Bien sûr, ces expériences ne seront pas toutes suivies, mais elles
donneront lieu au développement de travaux centrés sur la comptabilité
sociale et sociétale (Marquès, 1977 ; Rey, 1974 ; Capron, 2000), qui
constituent des éléments appréciables pour appréhender les modalités
de gestion de la responsabilité sociétale.
2 Ainsi Borzeix notait en 1986 dans son avant propos au numéro 3-86 de Sociologie du
Travail que « L’entreprise demeure un lieu plutôt qu’un objet d’étude à part entière
pour la majorité des sociologues – des sociologues du travail en particulier ».
10 La responsabilité sociétale des entreprises …
4 Pour une analyse historique plus exhaustive des définitions de la RSE, se reporter à
Carroll (1999).
Frédérique Déjean, Jean-Pascal Gond 15
5 Pour une analyse théorique de la RSE comme néo-paternalisme, voir Ballet et De Bry
(2001)
16 La responsabilité sociétale des entreprises …
6 Sur les critères d’évaluation des entreprises par les organismes d’analyse sociétale,
voir Ademe (2001) et Férone et al.(2001).
Frédérique Déjean, Jean-Pascal Gond 17
1. Gérant « Une société qui est bien avec ses salariés, avec son actionnariat, avec ses clients,
de fonds ses fournisseurs et puis avec tous les gens qui travaillent avec elle, doit normalement
éthique A assurer des bases solides pour croître durablement et avoir des performances finan-
cières élevées »
2. Gérant de « Je pense qu’une société qui gère de manière intelligente des problèmes sociaux et
fonds éthi- environnementaux est une société dans laquelle il y a une dynamique beaucoup plus
que B forte, où les gens sont plus productifs, et cela a une influence énorme sur la rentabili-
té des sociétés. Pour le social c’est une évidence, une société qui est bien gérée sur le
plan social ne peut pas faire autrement que d’avoir des bonnes performances, enfin
on va dire des performances économiques au moins supérieures à ses concurrentes
mal gérées, ça ne veut pas dire que ce sera extraordinaire mais ça sera supérieur, ça
c’est tout à fait évident. »
3. Gérant de « C’est un jugement sur des sociétés qui allonge leur durée de visibilité, c'est-à-dire
fonds éthi- qu’on pense que ce sont des sociétés qui se projettent non pas sur les résultats finan-
que C ciers des six mois prochains mais qui se projettent à long terme. Et comme nous on
est des investisseurs très fondamentaux, comme ce qui nous intéresse c’est d’investir
dans des sociétés qui ont des fondamentaux très solides, on pense que ça nous donne
une vision plus complète de la société »
4. RSE Eu- « Pourquoi la RSE ? Les récompenses sont énormes. Il a été démontré que la RSE est
rope une stratégie qui fonctionne. »
Un encadré liste ensuite l’ensemble des bénéfices que la RSE est susceptible de pro-
curer : performance financière accrue, des coûts de gestion réduits, un renforcement
de la valeur de l’entreprise et de sa réputation, etc..
5. Business Le document disponible sur le site Internet de l’organisme et intitulé « Introduction à
for Social la RSE » commence par détailler l’ensemble des impacts positifs susceptibles d’être
Responsibil- générés par la RSE, au premier rang desquels figure l’idée d’un renforcement de la
ity performance financière. À l’appui de chacun des impacts, un grand nombre d’études
empiriques montrant l’existence d’un impact positif de la RSE sont citées.
7 Pour une présentation détaillée de la diversité des cadrages théoriques, voir Gond
(2001).
Frédérique Déjean, Jean-Pascal Gond 21
9 Dans sa contribution, Padioleau assimile à l’éthique des affaires les concepts de res-
ponsabilité sociale et de sensibilité sociale.
Frédérique Déjean, Jean-Pascal Gond 25
Conclusion
Bibliographie