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Cours d’Elaboration et utilisation des alliages métalliques – Partie 2 : Production des métaux non-ferreux (META011)
L’aluminium est le métal le plus abondant de l’écorce terrestre (8,13 %) ; c’est le troisième
élément après l’oxygène et le silicium. Il n’existe pas à l’état natif.
Extrait de la bauxite, l’aluminium est principalement produit en Chine, en Amérique du Nord
et en Russie.
La production d’aluminium primaire (première fusion) a été de 33,87 millions de tonnes en
2006 (Chine (27 %), Russie (11 %), Canada (9 %), États-Unis (6,7 %), Australie (5,6 %)) pour
une consommation de 34,11 millions de tonnes (Chine (25 %), États-Unis (18 %), Japon (7 %),
Allemagne (5,3 %)).
Les minerais exploités industriellement pour l’obtention d’alumine sont essentiellement des
bauxites (dont le nom provient de « Les Baux » près de Arles en France où elles ont été
découvertes par Berthier en 1821) : alumine hydratée impure (45 à 60 % d’Al2O3 ; 15 à 30 %
d’oxyde Fe2O3 ; un solde de silice et d’oxyde de titane et d’eau) contenant de la boehmite
(AlO(OH)° et du diaspore (Al2O3.H2O) et les latérites bauxitiques (contenant la gibbsite
Al2O3.3H2O).
En 2006, l’extraction de bauxite (premier maillon de la chaîne) s’élève à 178 Mt. Les
premiers producteurs sont : l’Australie, le Brésil, la Chine, la Guinée et la Jamaïque. Les
perspectives d’extraction en Afrique (Guinée principalement) sont importantes.
Les ressources de bauxite sont estimées entre 55 et 75 milliards de tonnes. Les principales
ressources sont l’Amérique du Sud (Jamaïque, …) (33 %), l’Afrique du Sud (Guinée, …)
(27 %), l’Asie (17 %) et
l’Océanie (Australie, …)
(13 %)
La composition moyenne
de la bauxite australienne
est de 55 % d’Al2O3, de 5 %
de SiO2 et de 15 % de
Fe2O3.
Environ 95 % de la
bauxite utilisée dans le
monde est destinée à la
fabrication de Al2O3, le
reste est utilisé dans les
industries des ciments,
réfractaires, abrasifs.
Le procédé de
transformation de
l’aluminium à partir de la
bauxite est constitué de trois
étapes principales
(Figure 1) :
1. Extraction de l’alumine
(Al2O3) de la bauxite par Figure 1 : Elaboration de l’aluminium : process
L’extraction de l’alumine par le procédé Bayer (durée de l’attaque : 2 jours) consiste en une
lixiviation alcaline de la bauxite.
a) Principe de base
Le procédé d’extraction de l’aluminium par électrolyse a été breveté en 1886 par Héroult en
France et Hall aux Etats-Unis.
Il consiste à décomposer l’alumine en
dissolution dans un bain de cryolithe en
fusion par un courant électrique continu,
d’une part, au moyen d’une électrode (la
cathode) en contact avec le creuset
(contenant la cryolithe) et d’autre part, au
moyen d’une autre électrode (l’anode)
comme la première plongeant dans le bain
(Figure 3).
Il en résulte : une décomposition de
l’alumine ; l’oxygène se rend à l’anode et
brûle avec elle en formant principalement des
bulles de CO2 ; l’aluminium se dépose sur les
parois du creuset (à la cathode). Figure 3 : Cuve d’électrolyse [PHILIBERT]
D’une manière schématique, le
mécanisme d’électrolyse peut donc être représenté par les équations suivantes :
Cathode : 2 Al 3 + + 6e − ⇒ 2 Al (liquide )
3
Anode : 3O 2 − ⇒ 6e − + O2
2
L’aluminium produit à la cathode est liquide et bien séparé de l’électrolyte par densité.
La cellule est alimentée quasi en continu par l’alumine contenue dans une trémie.
L’aluminium liquide est soutiré périodiquement par syphonnage sous vide.
L'anode consommée est remplacée après sa combustion. Sa position est réglée en hauteur de
manière à maintenir constante la distance qui la sépare de la cathode.
Le courant produit assez de chaleur pour maintenir l’alumine en fusion (I peut valoir jusque
300000 A).
La température du système varie dans une large mesure : elle peut atteindre les 970°C ou plus
suivant la composition du mélange cryolithe-alumine. Cependant, une basse température
augmente l’efficacité du procédé et diminue le prix de revient de l’aluminium métallique (en
général, l’alumine est électrolysée vers 950-960°C).
b) La cuve d’électrolyse
- Un ensemble cathodique : celui-ci est constitué d’une part d’un caisson métallique aux parois
latérales renforcées par des profilés rigides pouvant résister aux sollicitations
thermomécaniques, et d’autre part d’un brasquage comportant le briquetage en matériaux
réfractaires et isolants et de la cathode carbonée conductrice de courant et assurant
l’étanchéité du creuset ;
- Un ensemble anodique : comporte une seule anode dans le cas des cuves Söderberg et
plusieurs anodes dans le cas des cuves à anodes précuites ;
- Le creuset : représente une cuvette formée par des blocs cathodiques au fond ;
- Le dispositif de captation des gaz sur la cuve : Les gaz émis à l’anode entraînent des matières
volatiles comprenant des produits fluorés. Ces gaz sont captés à leur émission et épurés.
Parmi les composés fluorés identifiés dans les gaz, on note : NaAlF4, Na2AlF5, NaF,
Na2Al2F8 et probablement d’autres émissions de gaz peuvent se manifester, à savoir : du
fluor moléculaire (F2), du CF4 et de l’acide fluorhydrique résultant de la réaction :
Il existe deux grandes familles de cuves d’électrolyse qui diffèrent par leur système anodique:
les cuves à anode Söderberg à goujons verticaux et les cuves à anodes précuites (Figure 4) de
conception plus récente qui tendent à s’imposer pour des raisons environnementales et
économiques.
Dans la cuve à anode Söderberg, la cuisson de la pâte carbonée destinée à constituer l’anode
active s'effectue in situ, la cuisson et la carbonisation du brai liant se faisant à partir de la chaleur
dégagée dans la cuve même. Le contact électrique à l'anode est assuré par des goujons en acier
introduits dans la pâte carbonée.
Pour les cuves à anodes précuites, les anodes sont réalisées à partir de coke de pétrole et de
brai, par pressage et cuisson. Chaque cuve comporte un nombre variable d’anodes qui doivent
être remplacées après usure.
L’épaisseur de la couche du bain entre anode et cathode (ou distance interpolaire) est l’un des
principaux facteurs de l’électrolyse. Elle doit être suffisamment grande pour assurer un bon
rendement de courant et suffisamment faible pour que le rendement en énergie reste convenable.
La composition chimique du bain, sa température, la forme des talus de bain figé, sont les autres
facteurs du bon fonctionnement de l’électrolyse.
L’électrolyse est réalisée par un mélange à base de cryolite (AlF6Na3). Cette dernière est
produite par la réaction suivante : 6 HF + 2 NaOH + NaAlO2 ⇒ Na3AlF6 + 4 H2O ; sa
consommation est de l’ordre de 15-30 kg/t Al.
Deux autres fluorures sont ajoutés pour améliorer les caractéristiques physico-chimiques du
bain :
En pratique, le mélange industriel est donc souvent formé de quatre entités, à savoir : la
cryolithe 3 NaF.AlF3 (75 à 90 %), l’alumine Al2O3 (1 à 8 %), le fluorure d’aluminium AlF3 (5-
15 %) et le fluorure de calcium CaF2 (4-8 %). Les quantités des divers composants ont évolué au
cours du temps, les installations récentes fonctionnant souvent avec des teneurs en Al2O3 de 2 à
4 % et en AlF3 de 10 à 13 %.
Signalons que certains bains électrolytiques contiennent également du LiF et du MgF2 (0 à
5 %).
Le bain cryolithique plus léger que l’aluminium produit surnage celui-ci, ces deux phases
collectant diverses impuretés provenant des matières premières : cryolithe, alumine, carbone de
l’anode, creuset.
Ces impuretés peuvent être classées en deux catégories :
- Eléments chimiques plus électropositifs que l’aluminium (Na, Ca, Li, Mg, ...) qui
s’accumulent dans le bain électrolytique, influent sur sa composition et peuvent conduire
à des réactions secondaires ;
- Eléments chimiques moins électropositifs que l’aluminium (Si, Fe, Mn, Ni, V, Zn, ...) qui
passent en totalité dans l’aluminium liquide et influent sur les propriétés du bain et sur la
pureté du métal produit : il est donc nécessaire de contrôler les matières premières.
QUALITE Al Fe Si
ème
3 98.5/99 0.86 0.47
ème
2 99/99.5 0.44 0.35
ère
1 >99.5 0.12 0.11
Tableau 1 [BENARD]
Bien que l’ion Na+ soit le principal porteur de charge, ce n’est pas lui qui se décharge à la
cathode suivant la réaction Na+ + e- Na↑.
En pratique, la réaction qui produit de l’aluminium liquide à la cathode est [PHILIBERT] :
[AlF4]- + 3 e- Al(liquide) + 4 F-
Divers mécanismes ont été proposés pour justifier cette réaction dont l’un consiste à admettre
que le sodium produit par la réaction de réduction de Na+ réagit avec l’anion [AlF4]- selon
3 Na + [AlF4]- 3 Na+ + 4 F- + Al.
Cependant, un peu de métal est dissous dans l’électrolyte et peut être réoxydé par le CO2
formé à l’anode, suivant la réaction : 2 Al (liquide) + 3 CO2 (gaz) Al2O3 (solution) + 3 CO (gaz)
Cette deuxième réaction a pour effets de diminuer le rendement du courant, de générer du
monoxyde de carbone dans les gaz d'anode et d'augmenter la consommation de carbone par unité
de métal produit.
e) Rendements de l’électrolyse
L’électrolyse est régie par la loi de Faraday : le passage de 96500 coulombs correspond au
dépôt à la cathode d’une valence de gramme de métal, soit 9 grammes d’aluminium. Pour un
kilo d’aluminium, cela correspond à 2980 A.h.
Par suite des phénomènes parasites, le poids recueilli à la cathode est plus faible.
La quantité d’aluminium produite par unité de temps est donc proportionnelle à l’intensité du
courant I et au rendement d’électrolyse r.
On définit le rendement en courant r comme le rapport du poids réel au poids théorique (on
obtient actuellement des rendements voisins de 95 %).
Pour obtenir un bon rendement, on doit minimiser la relation parasite 2 Al + 3 CO2 Al2O3
+ 3 CO, ce qui conduit à augmenter l’épaisseur du bain ou la distance interélectrode.
En pratique, celle-ci doit être supérieure à une valeur minimale voisine de 4 cm en deçà de
laquelle le rendement chute de manière linéaire. Au-delà de cette valeur, le rendement est
constant mais la tension augmente ce qui élève la consommation énergétique comme on va le
voir par après.
L’intensité du courant I est égale au produit de la densité de courant anodique multiplié par
l’aire S des électrodes, soit I = i × S.
Les densités de courant actuelles des cuves sont voisines de 0,7 A/cm2.
Elles sont fixées par les surtensions η qui doivent être appliquées aux électrodes et qui sont
fonctions de i. Pour i= 0,7 A/cm2, la surtension totale η(i) (qui est essentiellement anodique) est
de l’ordre de 0,6 V.
La relation (a) montre que pour une cellule de taille donnée (à aire S des anodes et résistance
des électrodes fixées) et une production horaire donnée (donc une densité de courant fixée), on
peut optimiser la consommation énergétique en agissant sur la tension de la cellule V.
Cela revient donc à jouer sur la résistance R du bain électrolytique (RBE relation a) qui dépend
de la distance interélectrode D et de la résistivité du bain électrique ρBE.
(a) s’écrit alors : Vcellule = FEM + η(i) + i × S × ρBE × D/S + I × S × Rélectrodes (a)
Les stocks mondiaux d’aluminium primaire sont en légère hausse. En 2006, la demande
mondiale a progressé de 6,6 % à 34,11 millions de tonnes, et la production mondiale de 6,1 % à
33,87 millions de tonnes. La tendance des cours de l’aluminium est à la croissance, sans les
excès toutefois du cuivre et du zinc. Le prix du métal coté à Londres a progressé de 23 % en
2006. Ayant terminé l’année à 2854 dollars la tonne, il n’a pas réussi, en 2007, à renouer avec
son record de mai 2006, au-dessus de la barre des 3000 dollars. En mars 2009, il est coté
1270 $/tonne.
3. Raffinage de l’aluminium
- une extraction des impuretés métalliques (Na et Li) et non métalliques par insufflation
d’un mélange d’argon et de chlore ;
- une extraction des inclusions par flottation et filtration.
L’aluminium liquide, éventuellement allié avec différents éléments d’addition afin d’obtenir
l’alliage désiré, est coulé par les procédés suivants (Figure 1 page 1) :
• soit par le procédé de coulée semi-continue sous forme de plaques pour laminage ou de
billettes ;
• soit par un procédé de coulée et laminage continu sous forme de fil machine de diamètre
de 7 à 25 mm ;
• soit directement dans des lingotières afin d’obtenir des lingots en aluminium ou alliages
de moulage.
L’aluminium et ses alliages se prêtent bien aux différents modes de transformation (Figure 1
page 1) :
L’aluminium est aussi hautement réflectif de l'énergie radiante : la lumière visible, la chaleur
et les ondes électromagnétiques.
Il possède de bonnes conductivités électrique (65 % de celle du cuivre) et thermique (λ =
217,6 W.m-1.K-1 à 20°C).
C’est un métal non ferromagnétique, une propriété importante dans les applications
électriques et électroniques.
Il possède des propriétés de non étincelage, ce qui est important près des matériaux
inflammables ou explosifs.
Il est non toxique, le rendant apte à être utilisé avec des aliments ou des boissons.
Son fini de surface naturel, qui peut être mat ou brillant est attractif. Il peut être également
coloré ou texturé artificiellement par anodisation.
L’aluminium est également résistant : certains alliages d’aluminium possèdent des résistances
mécaniques semblables à celles d’aciers structuraux.
V. Classification : rappels
L’aluminium et ses alliages offrent une étendue très grande d’applications, avec une
combinaison unique d’avantages qui en font un matériau de choix pour de nombreux produits et
marchés.
Ils peuvent être distingués en deux catégories :
Les qualités recherchées pour les alliages de fonderie sont différentes de celles d’un alliage
corroyé. Les zones à usiner exceptées, les pièces de fonderie ont leur forme définitive après
démoulage ; elles ne subissent pas de déformation plastique. Les qualités particulières des
alliages de fonderie sont la coulabilité, l’absence de criques et la bonne répartition de la porosité
due au retrait qui accompagne la solidification.
Les produits manufacturés (ou alliages corroyés) en aluminium sont des produits qui ont été
soumis à des déformations plastiques par déformation à chaud ou à froid et qui transforment les
lingots d'aluminium en produits possédant une forme particulière (plat, rond, tube, fil, extrudé,
etc.). Les changements microstructuraux associés à la déformation et aux traitements thermiques
associés, quels qu’ils soient, sont utilisés pour contrôler les propriétés et les caractéristiques des
produits et alliages corroyés.
NON-TREMPANTS
et plus chimique et plus rotors
3xxx Al-Mn Applications
architecturales et
produits divers
4xxx Al-Si Feuillages de soudage 4xx.x Al-Si
5xxx Al-Mg Pour produits exposés 5xx.x Al-Mg
à un environnement
marin
2xxx Al-Cu (-Mg) Aéronautique 2xx.x Al-Cu
3xx.x Al-Si (-Cu, Représente 90 % de
-Mg) la production de
TREMPANTS
TREMPANTS
pièces moulées
6xxx Al-Mg-Si Extrusions 6xx.x Non utilisé
architecturales
7xxx Al-Zn(-Mg, Aéronautique et 7xx.x Al-Zn (-Cu,
-Cu,-Cr,-Zr) applications sous -Mg)
tension
8xxx Al-Sn-Li 8xx.x Al-Sn
Tableau 2 : Les alliages d’Al selon la norme AA [44, 77]
Les alliages d’aluminium peuvent subir divers traitements thermiques permettant d’optimiser
leurs propriétés mécaniques. Ces traitements comportent en général les opérations suivantes :
fins précipités dans le cas des alliages trempants. Le recuit appliqué aux alliages non
trempants permet d’obtenir un adoucissement de la structure et d’augmenter la ductilité.
• Revenu : on chauffe modérément l’alliage, puis on le refroidit lentement pour lui
permettre de relaxer les tensions internes introduites par la précipitation d’une phase
secondaire.
• Trempe : refroidissement brutal d’un alliage en le plongeant dans un fluide de trempe
(eau, huile, …) afin de le durcir en figeant sa structure dans un état métastable.
On distingue les états métallurgiques par une lettre (F, O, H, W, T) suivie ou non d’un chiffre
(Tableau 3). Mentionnons également l’existence de traitements complémentaires de relaxation
finale (Tableau 4).
Traction Tx51
Compression Tx52
Traitement thermique Tx53
Tableau 4 : Traitements complémentaires de relaxation des alliages d’Al
Les applications des alliages d’aluminium sont nombreuses et en relation avec ses propriétés :
apparence, légèreté, facilité de fabrication, conductivité‚ électrique élevée, résistance à la
corrosion, bonnes propriétés mécaniques.
Les applications majeures de l’aluminium peuvent être classées en ordre décroissant de taille
de marché et concernent la construction (menuiserie, toitures, panneaux décoratifs, etc.),
l’emballage (boîte pour boissons, emballages en feuilles minces, boîtes de conserve), le transport
(structure, bloc-moteur, roues, aéronautique : alliages Al-Cu : série 2000 et Al-Zn : série 7000),
les applications électriques (câbles, transformateurs), les biens de consommation, les machines et
équipements.
Par conséquent, l’Al est concurrencé par les plastiques et les matériaux composites, mais il
tend toujours à remplacer l’acier et la fonte dans l’automobile et la construction ainsi que le
cuivre dans l’électrotechnique : 1 kg d’Al assure les mêmes fonctions électriques que 2 kg de Cu.
Les tableaux 5 et 6 donnent les propriétés mécaniques moyennes et des exemples d’utilisation
pour les deux grands types alliages, les alliages à durcissement structural (2xxx, 6xxx et 7xxx) et
ceux qui ne le sont pas (1xxx, 3xxx, 5xxx).
Dans le cadre de ce cours, les séries 1xxx et 5xxx, alliages non trempants, et 6xxx et 7xxx,
alliages à durcissement structural, sont explicitées plus en détails.
a) La série 1xxx
Les alliages de cette série sont des aluminiums dont la pureté commerciale est d’au moins
99 %.
Ces nuances d’aluminium sont caractérisées par une excellente résistance à la corrosion, des
conductivités thermique et électrique élevées, de faibles propriétés mécaniques mais une
excellente usinabilité. Une légère augmentation en résistance peut être obtenue par la réalisation
d’un durcissement d’écrouissage (Figure 10). Ils se prêtent facilement à la mise en forme par
déformation plastique à froid (emboutissage, filage par choc, chaudronnerie).
Les impuretés majeures sont Fe et Si.
Figure 10 : Durcissement par travail à froid de l’Al Figure 11 : Influence des éléments d’addition sur
pur la conductivité électrique de l’Al
Les utilisations principales sont : les équipements chimiques, les réflecteurs, les échangeurs
de chaleur (tubes d’évaporateurs et de radiateurs), les conducteurs (câbles aériens, fils) et
capacités électriques, les feuilles d’emballage, les applications architecturales et garnitures
décoratives.
L’aluminium 1199, dénommé souvent « aluminium raffiné », est la plus pure des nuances
d’Al habituellement commercialisée (Al ≤ 99,99 %). Ses principales applications concernent la
décoration, la bijouterie fantaisie, les réflecteurs, les condensateurs électriques, l’électronique, …
L’aluminium 1080A présente également de très beaux états de surface après brillantage et
anodisation ainsi qu’une excellente résistance à la corrosion. Moins coûteux que le 1199, il tend
à le remplacer toutes les fois que ses propriétés s’avèrent suffisantes : industries chimique,
alimentaire, décoration.
Les aluminiums 1050A, 1100 ou 1200 sont les plus couramment utilisés dans les domaines
suivants : le bâtiment (couverture, bardage, bandes pour calorifugeage), le chaudronnage-
soudage, l’emballage (aérosols, tubes, boîtes, papiers, …), les ustensiles ménagers, …
L’aluminium 1370 est spécialement réservé aux applications électriques. Obtenu par coulée
et laminage continus, il subit à l’état liquide un traitement spécial d’affinage au bore afin
d’obtenir une bonne conductivité électrique ≥ 61 % IACS (la résistivité électrique à 20°C de Cu
vaut 1,72 µOhm.cm qui est la valeur étalon dite 100 % I.A.C.S (International Annealed Copper
Standard)). En effet, la présence d’élément d’addition diminue sensiblement la conductivité
électrique de l’Al pur (Figure 11). L’Al 1370 est utilisé d’une façon intensive pour la fabrication
des conducteurs nus aériens de transport et de distribution d’énergie, ainsi que pour les fils et
câbles isolés.
En résumé :
b) La série 5xxx
c) La série 6xxx
Les alliages de cette série contiennent du silicium et du magnésium en quantité adéquate pour
obtenir la formation de Mg2Si, rendant ainsi ces alliages susceptibles de durcissement structural
de précipitation. Ces alliages ne sont pas aussi résistants que ceux de la série 2xxx ou 7xxx mais
ils possèdent une bonne déformabilité, soudabilité, usinabilité et une bonne résistance à la
corrosion avec une résistance moyenne.
Ils ont également une bonne aptitude au brillantage et à l’oxydation anodique.
Les alliages de la série 6xxx peuvent subir un traitement thermique de mise en solution sans
traitement de précipitation et être déformés dans cet état. Ensuite, ils peuvent subir un traitement
de précipitation après mise en forme pour obtenir le maximum de résistance.
Les applications concernent l’architecture, les équipements de transport, les garde-fous de
ponts et des structures soudées.
On distingue les alliages ci-après :
En résumé : Série 6000 : ajout de Mg (0,3 à 1,2 %), Si (0,3 à 1,3 %).
d) La série 7xxx
Le zinc en quantité de 4 % à 8 % est l’élément d’alliage principal. Lorsqu’il est associé à une
faible quantité de magnésium (Al-Zn-Mg ou Al-Zn-Mg-Cu), on obtient un alliage qui est
susceptible de durcissement structural par précipitation (composé η’ MgZn2 ou la phase T-
Al2Zn3Mg3) avec des propriétés mécaniques variant de moyennes à très élevées.
Souvent, d’autres éléments comme le cuivre, le chrome ou le zirconium sont ajoutés en faible
quantité. Ces éléments permettent d’améliorer la résistance à la corrosion et inhiber la
recristallisation par formation de dispersoïdes comme Zr3Al.
Les alliages de la série 7xxx sont utilisés pour des structures d’avions, des équipements
mobiles et d’autres pièces fortement sollicitées.
Ces alliages se subdivisent donc en deux groupes : les alliages Al-Zn-Mg et les Al-Zn-Mg-
Cu.
1. Les alliages Al-Zn-Mg ne comportent pas de Cu. L’alliage représentatif est le 7020 qui se
caractérise par son autotrempabilité et sa bonne soudabilité qui permet d’obtenir sur
assemblages soudés, et après simple maturation à l’air après soudage, une résistance
mécanique proche de celle du métal de base ;
2. Les alliages Al-Zn-Mg-Cu sont de loin les plus importants de la série 7xxx. L’alliage
7075 est l’alliage traditionnel, utilisé dans le monde entier depuis de nombreuses années
Alliage Série
Al pur 1xx.x
Al-Cu 2xx.x
Al-Si-Mg 3xx.x
Al-Si-Cu 3xx.x
Al-Si 4xx.x
Al-Mg 5xx.x
Al-Zn 7xx.x
Al-Sn 8xx.x
Tableau 8 : Désignation
des alliages d’Al
(Aluminium Association)
[DORLOT]
Tableau 7 : Composition et propriétés mécaniques de quelques alliages
d’aluminium coulés [DORLOT]
La filière du recyclage est importante pour l’aluminium. Ce métal se recycle très bien et le
processus de recyclage est bien moins coûteux (95% d’énergie consommée en moins par rapport
à la production primaire). Il suffit, en théorie, de refondre le métal, de faire des corrections
éventuelles des éléments perdus au cours de cette fusion et de couler le métal dans la forme
désirée (Figure 1 page 1).
Le recyclage de l’aluminium, comme celui de beaucoup de métaux, peut être classé en deux
grands types :
1. le premier est le recyclage interne des chutes et des rebuts (à l’intérieur du processus de
fabrication) ;
2. le second est le recyclage externe où il s’agit de toutes sortes de déchets, débris, pièces
usagées.
a) Recyclage interne
Il s’agit du recyclage depuis la fonderie qui coule le métal à la forme voulue jusqu’à la
transformation qui peut être proche de l’utilisation finale. C’est ainsi que les chutes de billettes,
des tôles et plaques en cours de laminage, les chutes des découpes, les rebuts sont recyclés à
l’intérieur du processus de fabrication.
b) Recyclage externe
C’est le recyclage des déchets de fabrication, des débris et des pièces usagées, en dehors d’un
processus habituel de fabrication (tournures et copeaux dus à l’usinage, chutes provenant des
découpes de planches ou tôles).
Les déchets provenant du recyclage externe sont directement valorisés lorsqu’ils sont bien
triés, à la fois des autres alliages ferreux ou non ferreux, et s’ils sont triés par famille.
Dans le cas contraire, ils sont recyclés sous la forme d’alliages de deuxième fusion ou
d’affinage après tri et broyage.
Leurs taux d’impuretés étant plus élevés, ils coûtent moins chers et sont utilisés pour des
applications ne demandant pas des caractéristiques mécaniques très élevées ni très serrées
(alliages AS9U3 à 1 de Zn pour la fonderie sous pression).
Les alliages de seconde fusion sont également utilisés par la sidérurgie pour désoxyder l’acier.