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LE MAGHREB
DÉCHIRÉ
LE MAGHREB DECHIRE
Tradition, Folie et Migration
Observation 1
Quand je reçois M. Saïd, c’est déjà sa seconde hospitali¬
sation. Agé de 65 ans, il se présente à la consultation pour
faire renouveler son ordonnance. Il se plaint de douleurs
dans tout le corps: sa colonne vertébrale ne le soutient
plus, ses jambes n’ont plus de force, à l’intérieur de son
corps tout se détraque et sa tête bouillonne. Sa plainte
hypocondriaque envahit tout le discours et j’ai du mal à
l’interrompre.
Je prends connaissance de son dossier où il est noté:
«bouffée délirante avec hallucinations auditives. Dit que sa
femme veut l’empoisonner, qu’elle l’a ensorcelé». C’était
huit mois auparavant, et il était alors en instance de divorce
avec sa jeune femme (24 ans). L’hospitalisation avait duré
onze jours, les symptômes avaient disparu et il avait donc
quitté l’hôpital.
Je lui rappelle cette hospitalisation et le questionne sur
sa femme; il m’apprend qu’elle venait d’obtenir le divorce
(deux jours auparavant). C’est probablement là l’élément
qui l’avait conduit à l’hôpital : chassé au dehors, le persé¬
cuteur revenait de l’intérieur.
Cet homme âgé qui avait divorcé plusieurs fois dans le
passé, sur sa demande, se trouve confronté à une situation
dévalorisante où sa femme demande et obtient le divorce.
En effet, une nouvelle législation permet aux femmes
d’intenter une procédure de divorce en cas de plaintes
contre le mari. C est cette situation nouvelle et atypique
Maroc, maladie et culture 43
Observation 2
F. Jilali. Avec sa longue barbe blanche et sa tête entur-
bannée, il ressemble aux sages et aux illuminés; il semble
plus à l’aise, assis sur sa chaise entre deux infirmiers souriants,
que le psychiatre qui lui fait face.
Voici son histoire: en février 1972, il est amené à l’hô¬
pital pour un placement d’office. Il est dans un grand état
d’agitation; il se dit endiablé, possédé par les jnounn mais le
contenu délirant est pauvre. Après douze jours, il est à
même de sortir; seules les démarches administratives retar¬
dent d’une semaine sa sortie. Il est réhospitalisé en avril de
la même année, avec la même symptomatologie; l’hospita¬
lisation dure une semaine.
Quand je le vois, nous sommes en juin 1972, et d’autres hos¬
pitalisations ont eu lieu entre-temps : maintenant il se dit le
gardien des valeurs traditionnelles, représentant du Prophète;
il a eu plusieurs altercations avec des touristes étrangers et
insulte les jeunes filles habillées à l’européenne.Dansl’hôpital,
il est devenu un hôte de marque : les infirmiers reconnaissent
sa grande culture coranique, mais pensent que son comporte¬
ment est exagéré. Malgré de nombreux placements d’office,
à cause de troubles graves sur la voie publique, il circule
librement à l’intérieur comme à l’extérieur de l’hôpital.
Jilali exerce une grande influence sur le personnel et sur les
autres malades. On en rit parfois, mais peu de son discours
est rapporté au psychiatre. Le fait même qu’il soit français
influe, à certains moments, sur le comportement du malade
44 Le Maghreb déchiré
Observation 3
Hacène est amené par sa famille (parents, frère aîné, sœur
et beau-frère) dans un état d’agitation qui s’est déclaré
depuis deux jours. Il a interrompu ses études secondaires
deux années auparavant, ü n’a pais d’activité professionnelle
et occupe ses journées à fumer du kif. Très rapidement au
cours des six jours qu’il passe à l’hôpital, il se lie avec d’au¬
tres malades, se montre sociable et curieux de son entourage.
Il s’adapte à l’hôpital malgré des conditions d’hospitalisation
peu favorables. Au cours d’un second entretien, il parle peu
de son milieu familial, mais décrit avec beaucoup de préci¬
sions le groupe de jeunes dont il fait partie : ils aiment la
musique moderne, fument du kif et passent des journées
entières chez l’un d’entre eux à attendre l’heure tardive
à laquelle ils rentrent se coucher. Bien qu’il parle facile¬
ment et sans réticence, il ne m’apprend rien sur lui-même,
et se contente de me tracer un contour de ce qu’il peut être
sans jamais m’informer de ce qu’il est vraiment. Un grand
vide affectif semble planer sur toutes ses activités.
Dix jours après sa sortie de l’hôpital, il est ramené de
nouveau et présente, cette fois, un délire de sorcellerie
concernant sa famille. Ce délire est apparu au moment où
les parents ont fait venir au domicile des guérisseurs tradi-
Maroc, maladie et culture 45
Observation 4
T. Rida, 36 ans. Il est sans travail quand il arrive à la
consultation en septembre 1972. Il présente un délire
hallucinatoire avec éléments persécutifs. Arrivé depuis
peu à Casablanca, il occupait un emploi de manutention¬
naire, difficile et peu rémunérateur, dont il se fait renvoyer
sans qu’on puisse en connaître les raisons.
Il totalise six hospitalisations en mai 1974, époque à
laquelle je fais le relevé des cas traités au cours de mon
stage en 1972. De nouveaux éléments sont apparus: canna¬
bisme et alcoolisme important qui étaient totalement
absents lors de la première hospitalisation. Chaque fois, il
46 Le Maghreb déchiré
Observation 5
A. Chérif, 18 ans, lycéen en classe terminale. Il est
hospitalisé au cours des vacances de Pâques, peu de jours
avant la rentrée des classes; il est alors très agressif et présente
des éléments obsessionnels. Les premiers jours, son état
s’améliore puis c’est un épisode délirant: ne parle plus un
seul mot de français, psedmodie des versets du Coran à
longueur de journée, veut remettre des vêtements tradi¬
tionnels, soliloque; on observe également l’apparition de
stéréotypies. Il quitte l’hôpital au bout de deux mois.
En 1974 (deux ans plus tard), il est de nouveau hospita¬
lisé et l’on note une «régression anxieuse sous forme de
psychose délirante». Au cours de ces deux années, il a quitté
le lycée sans terminer ses études et a entrepris de faire du
Maroc, maladie et culture 49
Observation 6
M. Kader, 20 ans. L’hospitalisation qui a lieu en 1972 est
la septième depuis juin 1966. Le dossier comporte très peu
de renseignements sur les admissions précédentes, si ce n’est
qu’il s’agit d’un lycéen de bon niveau scolaire qui, quelques
jours avant les examens de fin d’année, présente un état
délirant avec comportement opposant, agressif et incohérent.
Il s’était enfui de chez son oncle où il vivait afin de
rejoindre sa famille en province. Bon élève dès son jeune âge,
son oncle lui fait quitter le village natal et l’a entièrement
pris en charge en l’amenant à Casablanca. Cet oncle n’ayant
pas de fils, M. est considéré comme l’aîné de la famille et
doit épouser une des filles de son oncle lorsqu’il sera à même
de travailler.
En 1969, il est rayé du contrôle militaire alors qu’il est
déjà sous les drapeaux, et est réhospitalisé dans un état
délirant; c’est à ce moment que le dossier mentionne
«état psychotique stabilisé chez un schizophrène».
Lorsqu’il est hospitalisé en février 1972, on note une
détérioration importante' avec troubles de la sexualité.
Alors que pour les premières hospitalisations, son oncle
vient le chercher au bout de quelques jours, il semble
qu’actuellement il soit abandonné à lui-même et voyage
constamment entre son village natal et Casablanca.
Observation 7
H. Embarek, 19 ans. Hospitalisé pour une expertise
médico-légale. H. paraît moins que son âge, chétif, il a
l’apparence d’un toxicomane de longue date. Il est accusé
50 Le Maghreb déchiré
a) La rechute cannabique
L’étude du haschich a d’emblée été intégrée par Moreau
de Tours à l’étude de l’aliénation mentale : «... un moyen
puissant, unique, d’exploration en matière de pathogénie
mentale» (85, p. 29).
Sa faculté hallucinogène, son influence sur le compor¬
tement et la personnalité présentent une particularité très
riche pour le clinicien. Ainsi, le rapport La Guardia (1944)
cité par Sami Ali, note :
«Sous l’influence de la marihuanal, la structure
de base de l’individu ne se modifie pas, tandis que des
aspects superficiels de son comportement subissent
un changement» (97, p.20).
Et d’autre part:
« La désinhibition produite par la marihuana libère
chez l’individu des pensées et des émotions latentes,
mais elle ne suscite pas des réactions qu’il considérerait,
en son état normal, comme tout à fait étrangères» (97).
On note aussi que les phénomènes observés varient selon
le terrain, la race (classe sociale), la culture et l’influence des
circonstances extérieures. Par exemple, en Afrique du Nord,
il y a prédominance de «l’extase onirique» et d’un état
de «confusion mentale avec illusions et hallucinations » (97).
Nous retrouvons ces éléments dans le tableau de la bouffée
délirante comme nous l’avons vu précédemment. L’autre
élément qui va dans le sens de mon hypothèse est la diminu¬
tion de l’agressivité et du comportement anti-social sous
cannabis.
« Il ne faut pas oublier non plus que les effets du
cannabis sont conditionnés, dans une mesure considérable,
par ce que chaque sujet attend de la consommation de
la drogue, ainsi que par le milieu social ou culturel» (97).
Observation 8
E. Bouazza réclame le statut de réfugié politique. Etudiant,
son école a été fermée à la suite de manifestations. Il aurait
été poursuivi par la «police militaire» et obligé de quitter
le pays. Depuis, la police de son pays le fait suivre dans
chaque pays qu’il traverse (Allemagne, Belgique). La France
lui a toujours paru être une terre d’accueil, une terre protec¬
trice.
Dans ce cas, le délire, bien que discret, apparaît rapide¬
ment. B. présente déjà dems son pays un comportement
délirant. Son « militantisme » politique consiste en une
participation, une seule fois, à une manifestation étudiante
pro-palestinienne; le reste du temps, il se contente de
présenter un délire persécutif.
La France, par le rôle qu’elle a eu en Algérie, lui apparaît
comme le lieu de «l’humanisme» et de «la civilisation»
occidentale. Il s’est présenté à la Préfecture en demandant
le statut de réfugié politique, et un poste de fonctionnaire.
Ses papiers de résidence lui ayant été refusés, au moment
où il se présente à la consultation, la police française est
intégrée au délire, et il parle d’aller aux Etats-Unis.
Nous voyons, dans cet exemple, l’impossibilité d’une
insertion sociale, indépendamment de toute condition de
transplantation. La psychopathologie d’apport (névroses,
troubles caractériels, oligophrénies, schizophrénies, etc.),
si elle relève de la nosographie classique, n’en est pas moins
présentée à travers une symptomatologie particulière,
dont on a parlé précédemment. La majorité des cliniciens
s’entendent pour dire que la pathologie de la transplantation
est moins classique, et correspond à un champ spécifique de
la pathologie (même du point de vue somatique, dans cer¬
tains casl ). Elle est intimement liée aux nouvelles références
Observation 9
L. Omar, 62 ans, trois enfants, laveur d’autobus, arrive en
France en 1937. Envoyé à la consultation par son assistante
sociale pour une attitude revendicative intense, malgré
une situation sociale actuellement fort claire. A part une
fatigabilité, on ne note aucun symptôme qui puisse faire
penser à des troubles profonds.
Sa situation est exemplaire, nous allons le voir. De 1937
à 1940, il est rapatrié en Algérie; on n’en connaît pas la
raison.
Il revient en 1947 et travaille comme ramoneur. En 1948,
il se brûle gravement et passe 14 mois à l’hôpital. On ne
sait rien des années qui suivent, si ce n’est qu’en 1958, il
est emprisonné pendant un an (c’était au moment où la
guerre d’Algérie rendait difficile la vie des algériens résidant
en France). A sa libération, il se rend à Paris et s’inscrit
au chômage.
En 1960, il travaille comme colleur d’affiches et, de
nouveau fait un accident de travail; comme précédemment,
ce sont des brûlures. Hospitalisé 27 jours à L., à sa sortie
Origine ethnique et migration Ib
Observation 10
Abdellah E., 34 ans, célibataire. Sans domicile fixe. Muni
d’un contrat de travailleur agricole. Arrive en France en
1970. Il travaille 4 mois dans une usine, ensuite un an chez
Peugeot. En 1972, s’inscrit au chômage pendant 4 mois,
puis il reprend un travail 2 mois, il a un accident de travail,
qui nécessite une hospitalisation jusqu’en août 1973. Il se
rend à Paris où il exerce plusieurs emplois.
Il nous est envoyé par un service social dont voici la lettre.
«Monsieur E. s’est présenté à notre service le 7 septembre
1973. Il venait d’Amiens où il était suivi régulièrement
par un service social d’aide aux émigrants.
« Ce marocain a travaillé longtemps pour les Ets Chausson
de Creil. A la suite d’un arrêt de travail pour maladie, il
est arrivé à Amiens où il a travaillé suffisamment pour
ouvrir ses droits à la Sécurité Sociale, mais pas assez pour
avoir droit au chômage.
« Ma collègue avait vu sur Amiens le problème de travail,
le problème d’hébergement, mais elle s’était vu petit à petit
fermer toutes les portes; elle le définissait comme instable,
s’attachant sans mesure à la personne qui s’occupe de son
problème, «usant». En fait, son comportement est le même
avec moi.
«Depuis septembre. Monsieur E. a pu mettre en règle
tous ses documents sur Paris et la région parisienne, grâce
à la collaboration d’un prospecteur d’emploi de Montreuil.
Cependant, il travaille très irrégulièrement et, depuis le 13
mars, il est en arrêt maladie.
Origine ethnique et migration 77
Observation 11
Rabah A., né en 1932, Algérien. Arrive en France en
1958 et, en un an, occupe quatre emplois différents et se
fait renvoyer du dernier. A la suite de cela, rentre à l’hôpi¬
tal Clermont de l’Oise. Il y avait été admis en 1959 pour un
état délirant à thème de puissance et d’empoisonnement.
Il est, à l’heure actuelle, toujours hospitalisé à Clermont,
malgré un certificat médical sur lequel est notée une prise
de distance à l’égard des idées délirantes et aucun trouble
du comportement. Monsieur Rabah a perdu tout contact
avec l’Algérie, et n’a gardé aucune relation avec sa famille.
On note une parfaite adaptation au milieu hospitalier
dans lequel il s’occupe de la cafétéria, depuis de nombreuses
années. De plus, il parle fort correctement le français,
et a un comportement sociable. N’a aucun désir de retour
en Algérie malgré les souhaits du médecin traitant. Il n’envi¬
sage pas non plus de reprendre une vie active, et aimerait
rester à l’hôpital: «je connais tout le monde, et tout le
monde me connaît».
Observation 12
E. Sghir, 26 ans, marocain. Monsieur Sghir est adressé
par son médecin traitant à l’hôpital qui l’adresse au C.P.
O.A. (Henri Rousselle), d’où il est adressé au Dispensaire
de secteur, qui nous l’adresse.
Voici l’histoire de son périple :
«Cher Confrère. Je vous adresse Mr. E. Sghir qui présente
une maladie de Scheuerman discrète, et qui a présenté une
tuberculose médiastinale qui est guérie. (...) Actuellement,
les problèmes qu’il pose sont d’ordre psychique».
Après quelques jours d’hospitalisation, l’hôpital L. l’envoie
au C.P.O.A. avec la lettre suivante :
«Mon cher Confrère. Je vous adresse Mr. E. Sghir (...)
admis dans le service pour un syndrôme dorsalgique, point
90 Le Maghreb déchiré
Observation 13
« Monsieur. Je me permets de vous adresser le dossier
de Mr. A. Compte-tenu des difficultés linguistiques, il nous
paraît souhaitable de vous envoyer le dossier, afin qu’un
psychiatre parlant arabe le prenne en charge.
« Il s’agit d’un marocain de 32 ans, qui ne travaille plus
depuis qu’il a eu un ’bouton’ à l’œil droit. Il est au chô¬
mage depuis trois ans, et espère obtenir une pension d’inva¬
lidité. Il est suivi par plusieurs médecins, consulte souvent
les services hospitaliers. Une psychothérapie a été entreprise,
mais rapidement abandonnée, car Mr. A. comprend diffi¬
cilement. Il a été vu au rythme d’une fois par semaine
pendant presque deux mois, mais rien n’a changé au niveau
des plaintes somatiques, notamment la phrase ’depuis ce
jour, c’est fini pour ma tête’. Croyez, Monsieur, en mes
sentiments les meilleurs ».
Ce patient nous a été adressé par un dispensaire d’hygiène
mentale qui l’a suivi et a, par ailleurs, prescrit un traitement
chimiothérapique. La lettre précédente est celle de l’assis¬
tante sociale.
Voici celle du médecin :
«Monsieur et cher Confrère. Je vous adresse Mr. A. qui
présente des troubles psychopathologiques diffus : asthénie,
insomnie, ralentissement psychique. Pourriez-vous le prendre
en charge? Je le déclare^inapte pour un mois. Bien confra-
temellement.»
Du dossier qui l’accompsigne, nous apprenons les éléments
suivants: en France depuis 1958, sa femme et ses quatre
enfants sont au pays. Très « gentil», il accepte tout ce qu’on
lui propose. Il vient parce que ça ne va pas depuis 3 ans, fait
des cauchemars, ne dort plus, n’arrive plus à travailler.
De l’âge de 17 ans à 29 ans, tout allait très bien, puis, à
la visite médicale du travail, on a trouvé une sorte de bouton
à l’œil droit; «depuis ce jour-là, c’est fini ma tête», «je
98 Le Maghreb déchiré
Observation 14
H. Mohamed, 25 ans. Algérien. Arrivé en France en 1971,
il occupe plusieurs emplois (cinq employeurs différents en
trois ans). Quand nous le recevons, il est hospitalisé depuis
13 jours au service de médecine de l’hôpital B.
«Monsieur. Pourriez-vous avoir l’obligeance de voir Mr.
H. Mohamed, entré dans le service pour obésité récente
diffuse dont le début, d’après le malade, est très précis:
le 9 août où il dit avoir eu des céphalées, vertiges et impuis¬
sance sexuelle brutale.
«Il nous est difficile de comprendre et de faire parler ce
malade, peut-être serait-il plus en confiance avec vous. De
plus, son obésité est-elle réactionnelle à cette impuissance
qui a l’air d’avoir beaucoup marqué ce malade?
«Quels problèmes profonds auraient pu entraîner cette
impuissance, ou n’est-ce qu’un accident malheureux, pouvez-
vous le lui expliquer? Merci de ce que vous' pouvez faire
pour ce malade. »
Cette lettre est envoyée par le médecin. En effet, la date
du 9 août semble le point de départ de la maladie de Mr. H.
Ce jour-là, alors qu’il travaille en haut d’un échafaudage, il
est pris de vertiges et d’une forte migraine. Au cours de
l’entretien, il signale que son poids habituel est de 90 kg.
Il pèse actuellement 93 kg. D’autre part, ce n’est pas d’une
impuissance sexuelle brutale qu’il s’agit, mais qu’il ne peut
plus performer plusieurs rapports sexuels successifs, et qu’il
100 Le Maghreb déchiré
Observation 15
C. Ali, 44 ans. Algérien. Ce patient nous est adressé par
le S.S.A.E. (Service Social d’Aide aux Emigrants) «afin
qu’il puisse parler en arabe».
«Mr. C. est en France depuis 1963, il a subi plusieurs
accidents de travail (non reconnus). Il a été opéré trois fois
d’une hernie inguinal droite: en 1971 à l’hôpital de N.,
Origine ethnique et migration 101
Observation 16
B. Azzedine, 27 ans. Algérien. Il est envoyé par son em¬
ployeur, et se présente em demandant à « aller en maison de
repos pour y suivre un traitement ».
«J’ai un complexe formidable, je rate ma vie. Je voulais
voir un psychiatre»; «je ne peux pas réussir dans mon
métier car, dès que je travaille, je suis sensible et très vite
je m’accroche avec quelqu’un».
Arrivé en France en 1972, il occupe plus de dix emplois
différents et n’a jamais travaillé plus de 4 mois au même
endroit (parfois il s’en allait au bout de quatre jours). Il
travaille quelque temps en province avant d’arriver à Paris.
102 Le Maghreb déchiré
Observation 17
Z. Ahmed, 37 ans. Algérien. Il nous est adressé par
l’hôpital A.; nous recevons d’autre part un compte-rendu
d’examen psychologique.
«Il nous est difficile d’explorer les possibilités intellec¬
tuelles de Mr. Z. car les épreuves dont nous disposons ne
Origine ethnique et migration 103
Observation 18
D. Abdelkader, 32 ans. Ce patient, né en Algérie, est de
nationalité française: arrivé en France en 1962, il fait
son service militaire jusqu’en 1964 à Rouen. Il prend un
travail de manutentionnaire de 1964 à 1965. A cette
époque, il fait une maladie dont on sait très peu de choses:
il aurait été frappé par des noirs, et hospitalisé par la suite à
cause de douleurs à l’estomac qui lui donnaient des « dépres¬
sions nerveuses». Après quelques mois de travail à la SNCF,
il démissionne à cause d’une «maladie à la tête». Il travaille
par la suite 15 jours dans les usines SIMCA et quitte « à
cause des musulmans» (il est lui-même musulman). Après
plusieurs entreprises, il faitl un accident de travail en 1973.
Au bout de neuf mois de maladie, il reprend un travail
pour trois mois, jusqu’en juillet 1973.
Nous le recevrons en février 1974, sur la demande du
psychiatre qui le suit. Mr. D. supporte très mal sa nationa¬
lité française et dit qu’il vit «dans la misère depuis 1969»
(date des accords entre l’Algérie et la France). Il souffre
d’insomnies, pense qu’on lui fait prendre des drogues,
qu’on l’ensorcèle; il dit qu’on l’oblige à travailler et qu’on
Observation 19
A. Hadi, 41 ems, Tunisien. Mr. A. nous est adressé pzir la
consultation de psychiatrie du Centre hospitalier de L.
« Mon cher confrère. Je vous adresse en consultation
Mr. A. Hadi, hospitalisé dans notre service pour troubles
caractériels.
« Il est tunisien, en France depuis 4 mois et présente par
moments des phénomènes hallucinatoires : il croit voir sa
femme sortir avec quelqu’un d’autre, et qu’elle cherche à
l’empoisonner.
« D’après ses camarades, il a déjà été hospitalisé il y a
5 mois, en Tunisie, pour ces troubles. Malheureusement
je n’ai pu connaître ni le traitement, ni le diagnostic.
« En vous remerciant de ce que vous pourrez faire pour
lui... ».
En fait, Mr. A. est en France depuis 1969. Marié en
Tunisie, il a très peu vécu avec sa femme. Il y a quelques
mois, sa famille lui envoie une lettre recommandée pour
l’informer que sa femme le trompe. Resté huit jours « dépri¬
mé», il repart en Tunisie vpulant tuer sa femme. Il est
hospitalisé pendant 13 jours à Tunis.
Il dit qu’actuellemerit sa femme est en France : « elle
fait l’amour à Barbés avec les arabes, les algériens, les
tunisiens, les portugais, tout le monde». Elle lui a fait des
« s’hors » et tout le monde en parle.
C’est à la suite d’une crise élastique dans son foyer que
ses camarades le transportent à l’hôpital.
Observation 20
A. Ali, 37 ans, Tunisien. Ce patient nous est adressé par
le C.P.O.A. (Hôpital Henri-Rousselle) après que l’interne du
service ait avisé notre service social. Voici la lettre qui
accompagne le patient :
«Cher confrère. J-’ai vu aujourd’hui Mr. A., hospitalisé au
pavillon X... du 27 mars au 24 mai 1976. D’après les docu¬
ments entre mes mains, il avait été convenu que ce malade
soit suivi au Centre Minkowska, étant donné sa fcdble
compréhension du français. Il tenait cependant à revenir
au C.P.O.A. où il reçoit des médicaments (!), mais où il
voit, à chaque fois, un médecin différent.
«Pour l’immédiat, je lui fait un arrêt de travail de 3
semaines avec une ordonnance comprenant Akinéton,
Périactine, Théralène. Nous lui avons fait une injection de
75 mg de Moditen, son traitement habituel étant le Modécate.
Je lui ai demandé de consulter à votre centre dès que
possible. »
Les « documents » cités déms cette lettre se trouvent être
la réponse que nous avons écrite au service en question,
qui nous avait adressé ce patient hospitalisé pour « bouffée
délirante aiguë et risque d’évolution vers une psychose
hallucinatoire ».
Dans cette première lettre, le psychiatre ajoute ;
« Mr. A. viendra régulièrement à Henri Rousselle pour
son traitement neuroleptique retard (75 mg toutes les
3 semaines) mais, en raison de l’obstacle linguistique, je
préfère vous l’adresser ».
Origine ethnique et migration 109
27/3/1976.
« Vient au C.P.O.A., accompagné par deux frères. ’Je
ne mange pas beaucoup, cigarettes beaucoup’. A repris
son travail de plongeur. Depuis une semaine, dit que ’ça
ne va pas dans la tête’. Raconte à son frère qu’en Tunisie,
ça ne va pas. Reste très figé toute la journée, le regard fixe,
quasi mutique. Sur le plan social ; vit chez son frère (celui-ci
a été traité dans le même service en 1975); ce frère paraît
très content des soins reçus à X... et aimerait qu’on fasse
aussi bien pour son frère. A admettre pour observation.
Mr. A. est assez réticent pour rester. »
29/3/1976.
« Accident de la circulation en avril 1975 avec, semble-t-il,
un traumatisme crânien et une fracture de la jambe. Le
début des troubles remonterait à cette époque. Eléments
délirants à thème d’empoisonnement : ’On me donne de la
viande de porc au lieu de bœuf, l’eau est transformée en
vin’. Ses parents et ses enfants ne vont pas bien. Syndrome
d’influence, sentiment que les gens l’entendent et qu’il les
entend. ’Ça ne va pas dans ma tête’. Hallucinations. Diffi¬
culté de verbalisation, et n’arrive pas à préciser ses diffi¬
cultés... »
Conclusion: «Délire à thème persécutif et d’empoison¬
nement, syndrome d’influence avec déclenchement des
troubles après un traumatisme crânien chez un travailleur
immigré ».
7/4/1976.
Cette fois c’est un médecin-psychiatre algérien qui le
voit en entretien; il écrit ceci :
« Contact très facile avec le patient, grandement facilité
par ma qualité de compatriote et par usage de la langue
arabe. Parle en effet très longuement, et sans réticence
aucune, des problèmes qu’il connaît depuis 8 mois. Tout
remonte en effet à un accident de la voie publique survenu
110 Le Maghreb déchiré
20/5/1976.
«Après concertation avec le Dr. D., nous décidons de ten¬
ter une réinsertion professionnelle selon le désir du patient.
Syndrome d’automatisme mental. Thème ; persécution. »
C’est donc la dernière observation qui précède de quelques
jours la consultation au Centre F. Minkowska.
Avant d’arriver à l’entretien que nous avons eu avec
Mr. A., je reprendrai les différents moments de son hospi¬
talisation et les conclusions qui en sont tirées par chaque
médecin.
En deux mois d’hospitalisation, Mr. A. va être vu par
six psychiatres qui, chacun de leur côté, établissent une
observation, voire un diagnostic.
Lorsqu’il arrive à la consultation, le psychiatre se contente
de l’hospitaliser pour «observation». Deux jours plus tard,
on note des éléments délirants, syndrome d’influence,
hallucinations et, en même temps, une difficulté de verba¬
lisation. En fait, le psychiatre ne comprenant pas l’arabe
et le malade parlant peu le français, il s’agit plus d’incom¬
préhension que de difficultés à verbaliser. Ceci est vérifié
par l’entretien qui a lieu 8 jours plus tard avec un psychiatre
algérien qui note : « contact très facile », « parle longuement
et sans réticence ».
De quoi s’agit-t-il dans cet entretien? Le patient invoque
l’accident de travail pour justifier un «délire» qui, cette
fois, s’exprime en termes culturels. Alors qu’au psychiatre
français, il dit qu’«on transforme la viande en porc», qu’il
entend «des voix», au psychiatre algérien, il dit qu’il est
ensorcelé par sa belle-sœur, qu’il entend « des Jnounn » et
ceci, sans aucune réticence.
Ceci est essentiel à la compréhension du cas. Car là non
plus, le patient ne parle pas de la réalité de son conflit. Il ne
fait que s’exprimer de manière elle aussi standardisée,
comme il le ferait avec un guérisseur traditionnel : au psy¬
chiatre algérien, il parle de manière culturelle, à travers
des modèles culturels : les Jnounn, l’ensorcèlement. Et
c’est comme cela que le psychiatre l’entend car il conclut :
« bouffée délirante à thème d’influence... typique chez les
nord-africains ».
112 Le Maghreb déchiré
Observation 21
A. Mohamed, 45 ans. Algérien. Il nous est adressé par
l’hôpital psychiatrique de V.
Arrivé en France en 1973, il travaille quelques mois
et fait un accident de travail en décembre de la même
année. Il part en Algérie après avoir été hospitalisé quelques
semaines, et ne revient qu’en avril 1976 pour se faire hospi¬
taliser directement. Il nous est adressé en mai 1976 par
l’hôpital, avec la lettre suivante:
«Mon cher confrère. Comme convenu, je vous adresse
Mr. A. Pourriez-vous lui transmettre l’information suivante:
un médecin expert va être nommé prochainement pour
déterminer si la rechute actuelle est en rapport avec l’acci¬
dent de travail de 1973, et décider s’il y a lieu de lui verser
une pension, La famille est très revendicante à ce propos,
mais, quoi qu’il en soit, je ne vous cacherai pas que je suis
moi-même partisan qu’une indemnité, même minime, soit
attribuée à Mr. A. étant donné la structure familiale et la
place d’aîné qu’il occupe (ce qui ne l’a pas empêché de partir
en France, laissant la famille au frère cadet,,.). Il me semble
donc que Mr. A. est au-delà de toute thérapeutique, tant
médicamenteuse que psychothérapique, et je crains que
révolution ne se fasse vers une augmentation de la sympto¬
matologie psychiatrique — ce qui serait un moindre mal —,
114 Le Maghreb déchiré
Observation 22
Z. Lahcen, 31 ans, Marocain. Il nous est adressé par le
Consulat du Maroc avec cette lettre du médecin.
«Mon cher confrère. Mr. Z. Lahcen, âgé de 31 ans, a
présenté un accident de travail le 1/7/75: traumatisme du
pouce gauche, sans séquelles appréciables. Je l’ai vu cinq ou
six fois avec des confrères vacataires spécialisés et parlant
également sa langue régionale pour le persuader de reprendre
son travail, nous n’avons pu avoir aucune emprise sur lui : je
pense que vous aurez plus de chance que nous au point de
vue traitement adéquat et psychothérapie éventuelle.
« Un certificat médical fait par vos soins pourrait déclen¬
cher une expertise psychiatrique, et aider à résoudre le cas
de Mr. Z. qui paraît très complexe... »
Origine ethnique et migration 115
3. PSYCHOTHERAPIE ET ETHNOPSYCHANALYSE
Si à certains moments dans cet ouvrage, l’individu semble
passer au second plan, laissant la place à des préoccupations
plus ethnologiques, ce n’est que pour mieux y revenir
sans jamais oublier que l’individu est toujours inscrit dans
un groupe et une culture à travers lesquels il se reconnaît.
De même que l’inconscient ne se promène pas « tout nu»,
qu’il s’exprime à nous dans les rêves, les comportements ou
le langage, en fin de compte à travers un matériel culturel,
il nous faut reconnaître à ce langage culturel (coutumes,
croyances, mythes, religions, ...) la capacité d’exprimer
au moins en partie la structure psychologique de l’individu.
Les mécanismes inconscients mis en jeu dans telle ou telle
pratique culturelle nous renseigne sur les processus défensifs
les plus facilement utilisables dans ce groupe. La capacité de
l’individu à faire usage de ces défenses culturelles nous
renseigne plus sur son adaptabilité au groupe, que sur son
identité.
Si j’ai fait appel tout au long des chapitres précédents
aux concepts ethnopsychiatriques, c’est pour illustrer ces
120 Le Maghreb déchiré
Observation 23
Madame Bemous est envoyée par un hôpital parisien
après un séjour de quelques jours en observation; elle avait
fait une crise chez elle, les voisins ont appelé Police-Secours
qui l’a conduite à l’hôpital.
Après ces quelques jours d’observation, on a conclu à
une crise de type hystériforme chez une jeune marocaine
récemment transplantée. Elle a été renvoyée chez elle,
avec un traitement de Valium 5 et un rendez-vous pris
pour la consultation de notre service. Ces éléments nous
sont donnés par l’hôpital lors de la demande de rendez-vous.
Pour le premier entretien. Madame Bemous est accom¬
pagnée par une assistante sociale. Madame B. est une jeune
femme de dix neuf ans née à Casablanca (Maroc) et arrivée
en France depuis un an, pour y suivre l’homme qu’elle
vient d’épouser. Jolie, elle est habillée harmonieusement
et semble détendue. Elle s’exprime facilement et possède
un vocabulaire très riche, preuve d’un bon niveau socio¬
culturel! .
J’apprends qu’elle a fait des études en arabe classique
d’un niveau équivalent' à un premier cycle secondaire.
Fille aînée d’une famille de cinq enfants, elle n’avait jamais
quitté la maison de son père jusqu’à son mariage. Elle
avait même poursuivi ses études chez elle, avec l’aide de
son père, à l’exception de deux années à l’école primaire.
Elle ne sortait qu’accompagnée, et le plus souvent pour des
promenades familiales. La maison paternelle possédait un
Second entretien
Madame Bemous est accompagnée par son mari et le jeu¬
ne enfant. Le couple entre dans mon bureau, et je suis frappé
par le changement d’attitude dans la présence de Madame
Bemous. Elle me semble tendue, prostrée dans son fauteuil,
elle garde les yeux baissés et ne dit pas un mot. Le mari, au
contraire, est très à l’aise et me regarde avec un petit sourire.
Après quelques minutes. Madame Bemous sort de son
silence pour me dire que ça va un peu mieux, mais qu’elle
a toujours des nausées et se sent faible. Je lui dis que je la
trouve plus tendue que la fois précédente. Le mari inter¬
vient en disant que, pour cette maladie, l’une des choses
qui soignent bien sont les injections.
Je lui demande ce qui lui fait dire cela: il répond qu’il
sait de quoi sa femme est malade, il sait aussi comment la
guérir, mais qu’il ne peut rien dire devant elle. A ce moment.
Madame Bemous montre des signes d’angoisse, bouge dans
son fauteuil et demande à sortir. Je la laisse faire.
Le mari se lance alors dans une longue explication. Sa
femme est possédée par les Jnounn et il le sait depuis
longtemps. C’est à lui qu’ils en veulent, mais comme il est
trop puissant, les Jnounn s’attaquent à son entourage.
C’est pour cela que sa première femme est devenue folle.
Pour protéger son fils, il l’a mis chez une nourrice française
pour que les Jnounn ne le trouvent pas. Il sait tout, me dit-il.
Il connaît les Jnounn, un par un; ceux qui s’attaquent à sa
femme sont des «musulmans», ils n’osent pas s’attaquer à
lui. Il est seul à pouvoir guérir sa femme, mais pour l’ins¬
tant il ne le peut pas, alors il faut maintenir les Jnounn
inoffensifs par les injections. Il comprend le langage des
Jnounn et les pressent avant leur arrivée.
126 Le Maghreb déchiré
Troisième entretien
Madame Bemous est anxieuse car ses symptômes sont
réapparus malgré le traitement médicamenteux qu’elle
poursuit. Elle n’a envie de voir personne et reste toute la
journée chez elle sans se changer, ni même se coiffer. Elle
ne sort de chez eUe que pour aller chercher l’enfant à
l’école.
128 Le Maghreb déchiré
Discussion
Elle porte sur ces premiers entretiens que je considère
essentiels pour la mise en place de la thérapie, et au cours
desquels le discours de la patiente s’est peu à peu transformé,
allant du tableau de la conversion hystérique à celui d’un
Origine ethnique et migration 129
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Bibliographie 149
CONCLUSION .s.137
BIBLIOGRAPHIE 147
Achevé d’imprimer sur les presses d’Edit’Offset à Saint-Etienne (Loire)
D.L., 2-1980 - Imprimeur n°90 6
Imprimé en France
Le Maghreb déchiré