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Christelle Vernaire / M2 MEEF A Lettres Modernes

Séance d’éducation aux médias


Contexte : Cette séance d’éducation aux médias et à l’information se déroule en classe de quatrième,
dans le cadre du cours de français. Cette séance intervient au cours de la séquence d’étude de l’œuvre
de Victor Hugo : Les Misérables, séquence au cours de laquelle l’intérêt est porté autour de la
représentation sociale au XIXème siècle et la critique qui en est faite

Titre de la séance : Cosette, du personnage au symbole.

Connaissances et compétences travaillées au cours de la séance :


- Domaine 1 : caractériser les médias et les langages médiatiques
 Mettre en évidence la notion de cible médiatique
 Exprimer ses goûts et en débattre
- Domaine 2 : caractériser les médias et les langages médiatiques
 Connaître les principaux langages médiatiques et les principales caractéristiques
de mise en œuvre.
 Connaître les différents types de messages médiatiques.
- Domaine 4 : produire des messages médiatiques
 Connaître les éléments constitutifs d’une situation d’énonciation
 Exprimer une opinion argumentée
- Domaine 5 : être conscient de la place et du rôle des médias
 Connaître et identifier les différentes fonctions sociales des médias
 Intégrer des apparts médiatiques à différents domaines de savoirs

Résumé de l’intention pédagogique :


Cette séance d’éducation aux médias est orientée plus particulièrement autour de l’éducation à
l’image : elle présente quatre objectifs principaux
- La mise en évidence des différents types d’images (illustration, affiche, photographie) ainsi que
les différentes fonctions que chacune remplissent.
- L’étude du rapport texte-image : il s’agit d’étudier la représentation sur un support visuel du
personnage de Cosette à partir du texte de V. Hugo
- L’étude de la construction d’une photo-reportage.
- La sensibilisation des élèves à la persistance du travail des enfants à l’heure actuelle : à travers
l’étude des photographies-reportages, sont mises en évidence l’évolution des moyens de
dénonciation d’une réalité choquante mais également la transformation d’un personnage de
roman en un véritable symbole.

Supports et ressources : la séance prendra appui sur un support textuel et quatre supports visuels :
- HUGO, Victor, Les Misérables, Partie 1 chap. 6 et Partie 2, chap. 1, 1862
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- BAYARD, Emile, Cosette, illustration des Misérables de Victor Hugo, vers 1880
- Affiche des Misérables pour la comédie musicale d’Alain Boublil et Claude-Michel Schönberg
réalisée en 1980
- WICKES HINE, Lewis, Petite fille transportant un sac de coton, photographie, Etats-Unis, Etat de
l’Oklahoma, 1916
- ELBAZ, Sophie, Petites filles employées à transporter des plaques d’ardoise, photographie, Inde,
1990

Déroulement de la séance :
La séance s’inscrit dans la séquence en tant que séance d’éducation aux médias et séance d’histoire
des arts. Elle permet une première approche des médias qui sera approfondie notamment à l’occasion
de la semaine de la presse (travail autour du journal sous toutes ses formes).

Les élèves travailleront par groupe de quatre sur chacun des documents. Un rapporteur sera désigné
dans chaque groupe pour faciliter la mise en commun.

La séance sera organisée autour de cinq grands temps :

- L’étude du texte de Victor Hugo (document 1)


- L’étude de l’illustration d’E. Bayard (document 2)
- L’étude de l’affiche pour la comédie musicale (document 3)
- L’étude des photos-reportages (document 4)
- Un retour sur les impressions suscitées par les documents et le sujet qu’ils traitent

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FICHE ELEVE
Séance *** : Cosette, du personnage au symbole.
Supports :
- HUGO, Victor, Les Misérables, Partie 1 chap. 6 et Partie 2, chap. 1, 1862
- BAYARD, Emile, Cosette, illustration des Misérables de Victor Hugo, vers 1880
- Affiche des Misérables, pour la comédie musicale d’Alain Boublil et Claude-Michel Schönberg réalisée en 1980
- WICKES HINE, Lewis, Petite fille transportant un sac de coton, photographie, Etats-Unis, Etat de l’Oklahoma, 1916
- ELBAZ, Sophie, Petites filles employées à transporter des plaques d’ardoise, photographie, Inde, 1990

DOCUMENT 1 :
Cosette a été confiée par sa mère Fantine à un couple d’aubergiste (les Thénardier) alors qu’elle était encore
très jeune …
Tant que Cosette fut toute petite, elle fut le souffre-douleur des deux autres enfants ; dès qu’elle
se mit à se développer un peu, c’est-à-dire avant même qu’elle eût cinq ans, elle devint la servante
de la maison. On fit faire à Cosette les commissions, balayer les chambres, la cour, la rue, laver la
vaisselle, porter même des fardeaux1. […]
5 Dans le pays on l’appelait l’Alouette. Le peuple, qui aime les figures, s’était plu à nommer de ce
nom ce petit être pas plus gros qu’un oiseau, tremblant, effarouché2 et frissonnant, éveillé le premier
chaque matin dans la maison et dans le village, toujours dans la rue ou dans les champs avant
l’aube ;
Seulement la pauvre alouette ne chantait jamais. […]

10 La Noël de l’année 1823 fut particulièrement brillante à Montfermeil. […] Thénardier venait de
dépasser les cinquante ans ; Mme Thénardier touchait à la quarantaine.
Cet homme et cette femme, c’était ruse et rage mariées ensemble. Cosette était entre eux,
subissant la double pression, comme une créature qui serait à la fois broyée par une meule et
déchiquetée par une tenaille. L’homme et la femme avait chacun une manière différente ; Cosette
15 était rouée de coups, cela venait de la femme ; elle allait pieds nus l’hiver ; cela venait du mari.
Cosette montait, descendait, lavait, brossait, frottait, balayait, courait, trimait, haletait, remuait des
choses lourdes, et, toute chétive, faisait des grosses besognes. Nulle pitié ! une maîtresse farouche,
un maître venimeux. La gargote3 Thénardier était comme une toile où Cosette était prise et tremblait.

HUGO, Victor, Les Misérables, Partie 1 chap. 6 et Partie 2, chap. 1, 1862

1) Quelles sont les conditions de vie de Cosette ?


2) Quelle est l’opinion du narrateur qui transparaît dans ce récit ? Justifiez.

1 Poids très lourds


2 Effrayée
3 Restaurant bon marché, où la cuisine est médiocre

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DOCUMENT 2 :

1) Décrivez l’image : n’oubliez pas de


vous servir des notions revues dans
les cours précédents (plan, couleurs,
lumière, etc.)
2) Quels détails soulignent la misère de
l’enfant ?
3) Cherchez dans le dictionnaire la
définition d’illustration.
4) Comparez les documents 1 et 2 : quels
sont les éléments qui permettent
d’affirmer que le document 2 est une
illustration ?
5) Comment l’illustrateur dénonce-t-il le
travail des enfants ?

BAYARD, Emile, Cosette, illustration des Misérables de Victor


Hugo, vers 1880

DOCUMENT 3 :

1) De quelle représentation de Cosette


(dans le dossier) cette affiche s’est-
elle inspirée ?
2) Quelles sont les modifications qui ont
été apportées ?
3) En quoi Cosette peut-elle devenir le
symbole du roman tout entier ?

Affiche des Misérables, pour la comédie musicale d’Alain


Boublil et Claude-Michel Schönberg réalisée en 1980

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DOCUMENT 4 ET 5

WICKES HINE, Lewis, Petite fille transportant un sac de coton, photographie,


Etats-Unis, Oklahoma, 1916

1) Décrivez précisément chacune des


deux photographies (plan, cadrage,
angle de prise de vue, etc.)
2) De quel type d’image de presse s’agit-
il : photo-reportage, image illustration,
infographie ou caricature ?
3) Quels éléments permettent de dire
qu’il s’agit de la représentation de
« Cosette moderne » ?
4) Comment chaque photographe
dénonce-t-il le travail des enfants ?

ELBAZ, Sophie, Petites filles employées à transporter


des plaques d’ardoise, photographie, Inde, 1990

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FICHE DU PROFESSEUR
DOCUMENT 1 :

1) Quelles sont les conditions de vie de Cosette ?


2) Quelle est l’opinion du narrateur qui transparaît dans ce récit ? Justifiez.

1) Les conditions de vie de Cosette ne sont pas celles qu’on attendrait pour un enfant : dès ses cinq
ans, elle tient le rôle de servante des Thénardier. Les aubergistes l’exploitent et lui confient des
tâches qui sont bien trop lourdes pour elle, alors qu’elle apparaît comme une jeune fille frêle.
Dans le texte, on relève : les accumulations (lignes 3 et 4 ; lignes 17 et 18), des termes comme
« fardeau » (l. 4), « choses lourdes » (l.18)
2) Le narrateur porte un jugement sur la manière dont les Thénardier traitent Cosette. Son point de
vue transparaît notamment à travers les expressions qu’il emploie pour caractériser Cosette et
les Thénardier :
 Cosette : elle est comparée à une alouette qui est qualifiée de « pauvre », à une
« créature » sans défense.
 Les Thénardier : ils sont associés à « la ruse et la rage », et sont comparés à une
meule et une tenaille (l. 13-14) ; des expressions telles que « maîtresse farouche »
et « maître venimeux » soulignent également la condamnation du narrateur.

DOCUMENT 2 :

1) Décrivez l’image : n’oubliez pas de vous servir des notions revues dans les cours
précédents (plan, couleurs, lumière, etc.)
2) Quels détails soulignent la misère de l’enfant ?
3) Cherchez dans le dictionnaire la définition d’illustration.
4) Comparez les documents 1 et 2 : quels sont les éléments qui permettent d’affirmer
que le document 2 est une illustration ?
5) Comment l’illustrateur dénonce-t-il le travail des enfants ?

1) Ce que je vois :
 L’image est en noir et blanc
 Au centre, et au premier plan, une fillette vêtue de haillons, qui porte une coiffe sur
les cheveux ; elle tient un balai bien trop grand pour elle et semble avoir du mal à
s’en servir. Elle est pieds nus. Elle balaie sur un sol visiblement humide. Elle a le
regard tourné vers le spectateur, avec un air triste.
 A l’arrière-plan, la façade d’un bâtiment (maison) : sur la façade on peut lire
« Confier c’est quelque fois livrer ».
2) Les détails qui soulignent la misère de l’enfant sont le fait qu’elle soit vêtue de vêtements
visiblement trop grands pour elle et dans un piteux état, mais également qu’elle soit pieds nus
alors qu’il s’agit d’une scène d’extérieur.
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3) Illustration : Une illustration est une représentation visuelle de nature graphique ou picturale dont
la fonction essentielle sert à amplifier, compléter, décrire ou prolonger un texte. (Todorov, art. « Texte
», Dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, 1972 – citation sur Wikipédia)
4) Le document 2 est bien une illustration du document 1 car le cadre qui est représenté semble
correspondre à l’auberge des Thénardier ; la fillette est vêtue de haillons et ne porte pas de
souliers, alors même qu’elle est dehors ; la fillette est représentée en train d’accomplir une tâche
laborieuse qui n’est pas du tout adapter à son jeune âge.
5) E. Bayard dénonce le travail des enfants en représentant une fillette avec un balais démesurément
trop grand pour elle. Cette différence de taille entre l’objet et la fillette accentue l’inadéquation
entre la tâche demandée et celle qui l’accomplit.

DOCUMENT 3 :

1) De quelle représentation de Cosette (dans le dossier) cette affiche s’est-elle


inspirée ?
2) Quelles sont les modifications qui ont été apportées ?
3) En quoi Cosette peut-elle devenir le symbole du roman tout entier ?

1) L’affiche est inspirée de l’illustration d’E. Bayard (document 2)


2) On remarque les modifications suivantes :
 Sur l’affiche, il y a un plan rapproché sur Cosette.
 A la place du balai, on remarque un drapeau français à la droite. Il y a une fusion
entre le visage de Cosette et le drapeau français.
3) Cosette est le symbole du roman tout car elle représente la misère dans tout son dénuement. Elle
représente également la simplicité morale. La fusion entre son visage et le drapeau français
transforme en symbole : elle symbolise ici le peuple français.

DOCUMENTS 4 ET 5 :

1) Décrivez précisément chacune des deux photographies (plan, cadrage, angle de prise
de vue, etc.)
2) De quel type d’image de presse s’agit-il : photo-reportage, image illustration, infographie
ou caricature ?
3) Quels éléments permettent de dire qu’il s’agit de la représentation de « Cosette
moderne » ?
4) Comment chaque photographe dénonce-t-il le travail des enfants ?

1) Document 4 :
 La photo est en noir et blanc.
 Il s’agit d’un plan italien sur une jeune fille, pris à hauteur de regard : la jeune fille
est vêtue une sorte de blouse blanche avec une coiffe assortie. Elle porte un grand

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sac sur son épaule (le sac est quasiment aussi grand qu’elle). Son regard est fixé
sur le spectateur : elle semble nous regarder d’en bas (ses yeux sont vers le haut)
car son corps est courbé sous l’effort. Le visage de la jeune fille est fermé.
 En arrière-plan : un champ de coton, dans lequel la jeune fille travaille.
Document 5 :
 La photo est en couleur.
 Il s’agit d’un plan italien sur de jeunes Indiennes qui transportent des plaques
d’ardoise sur leur tête. Au premier plan, on voit deux jeunes filles vêtues
simplement qui empilent les plaques d’ardoise sur leur tête. Leur regard est tourné
vers la droite ; leur visage est grimaçant.
 A l’arrière-plan, on voit deux autres Indiennes plus grandes que les deux premières
transportant une pile importante de plaque d’ardoise.
2) Il s’agit de photo reportage : elles ont pour but de véhiculées une information décrite dans leur
titre.
3) Les deux photographies mettent en scène des enfants au travail. On peut dire qu’il s’agit de
« Cosette moderne » dans la mesure où ses photographies témoignent de la difficulté de la tâche
qui est demandée à de très jeunes filles : le travail n’est absolument pas approprié (sac de coton
aussi grand que la jeune fille ; plaque d’ardoise trop lourdes).
4) Les deux photographies témoignent de l’engagement des photographes en faveur de l’abolition
du travail des enfants : le document 4 interpelle le spectateur car la jeune fille le fixe directement
avec un regard de colère ; le spectateur en peut se détacher du regard de la jeune fille.
Le document 5 dénonce le travail des enfants en soulignant l’extrême jeunesse des deux fillettes
au premier plan par opposition aux jeunes femmes en arrière-plan.

PISTES POUR L’EVALUATION :


- Les élèves cherchent une photo-reportage dénonçant une injustice sociale et la présentent au
reste de la classe sous forme d’exposé oral ; l’exposé comportera une introduction qui présente
le photographe ainsi que la photographie choisie, la description de la photo puis son analyse (quel
est le point de vue adopté, quel est l’intention du photographe)
- A partir du document 4 ou du document 5, les élèves rédigent le récit de la vie de ces jeunes filles,
en laissant transparaître leur point de vue sur la question du travail des enfants (comme le fait V.
Hugo).

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